Chapitre 19 A - K Égypte - Grèce - Moyen Orient |
AINSI
ÉTAIT ZARATHUSTRA- SON HISTOIRE – SA PERSONNALITÉ – SES
INFLUENCES |
LIONEL
DUMARCET |
ÉDITION
DE VECCHI |
2000 |
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Zarathoustra
père fondateur du zoroastrisme : Le nom Zarathoustra signifie
« celui à la lumière brillante » ; c’est le nom avestique de
Zoroastre, prêtre, prophète et fondateur du zoroastrisme, l’ancienne
religion perse. Le zoroastrisme est une réforme du mazdéisme,
réforme prophétisée par Zarathoustra, dont le nom a été
transcrit Zoroastre par les Grecs
(Ζωροάστρης,
Zōroastrēs). Cette réforme, fondée au cours du Ier millénaire
avant J.C. dans l’actuel Kurdistan iranien (Iran occidental), est devenue
la religion officielle des Perses sous la dynastie des Sassanides (224-651),
jusqu’à ce que l’islam
arrive, même si cette religion a réussi à se fondre dans le patrimoine
culturel iranien. En effet, les iraniens indépendamment de leur religion,
accordent beaucoup d’importance aux fêtes zoroastriennes. Nous savons que
tout au long de l’histoire, les adeptes de la religion zoroastrienne se
verront affublés de l’appellation aussi approximative que restrictive d’«
adorateurs du feu », que cela soit en grec pursolatreia, en lat. ignicoles,
en arménien moxrapašt3 « adorateurs de cendres », ou encore en persan
moderne ātaš parast. Les Parsis : La plupart des Perses se convertirent à l’Islam mais le culte zoroastrien persista chez les Guèbres, au centre du plateau iranien, à Yazd et Kerman. Cependant, de nombreux Persans s’installèrent en Inde, tout particulièrement à Bombay. Ils contribuèrent à développer la ville qui devint leur centre religieux. Ces Persans y furent appelés Pârsîs. Il existe d’autres petites communautés parsies aux États Unis et dans le monde anglo-saxon. Leur population décroît cependant régulièrement partout car les Pârsîs refusent les conversions et pratiquent un mariage obligatoire strictement endogamique.
La
place du feu dans le culte zoroastrien : Pour le comprendre,
il faut savoir que le feu fait l’objet d’une représentation idéologique
complexe et solidement élaborée, qui s’est transmise depuis la préhistoire
jusqu’ à nos jours. Ces textes sont principalement mis par écrit dans deux
langues : l’avestique, langue de l’Avesta, et le moyen-perse, langue des
commentaires de l’Avesta et ancêtre du persan moderne. On peut en compter au
moins cinq rôles et représentations sacrées du feu : 1. le feu
cosmique ; 2. le feu divin ; puis deux feux terrestres : 3. le feu rituel et
4. le feu domestique ; et enfin 5. le feu de
l’ordalie. Comment maintient-on un feu ? Les textes moyen-perses attestent à
plusieurs reprises que le feu, dans sa forme corporelle, doit recevoir trois
choses : zōhr « libation », bōy « l’encens », et ēsm
« combustible », du grenadier de préférence car il brûle lentement, ou à
défaut, de l’abricotier ou du pistachier, bien que les Parsis préfèrent
l’acacia (babul tree). Dans le rituel d’aujourd’hui, seules les offrandes
d’encens et de bois sont encore conservées. L’ordalie
par le feu : Comme
la plupart des grandes religions, le zoroastrisme est une doctrine du salut
et l’on aspire avant tout au bonheur eschatologique. Mais contrairement à ces
religions, le séjour au paradis ou en enfer n’est pas éternel. 12000 ans
après la création, les morts seront ressuscités et rejoints par leurs âmes.
Cette réunification donne lieu à une nouvelle existence corporelle nommé Tan
ī Pasēn « le Corps Futur ». Puis, il y a une intervention du
feu : tout l’univers est immergé dans une rivière de métal fondu pour une
ultime purification avant de se fondre pour l’éternité dans la lumière
d’Ahura Mazdâ. Les tours
du silence : Les
zoroastriens n’enterrent pas leurs morts : le corps est impur, il ne
faut pas souiller la terre nourricière. Les dépouilles des défunts sont
placées dans des tours, où ils sècheront au soleil et seront déchiquetés par
les oiseaux de proie. Le sol de la tour est couvert d’un dallage de pierre,
afin de protéger la terre de toute souillure. Seuls les os (ou ce qu’il en
reste) pourront être ensevelis dans le trou circulaire situé au milieu de la
tour. Cette coutume funéraire est encore pratiquée en Inde (à Bombay) mais
interdite en Iran. Le temple actuel de Yazd (photo ci-dessus) a
été construit dans les années 1930 selon le modèle architectural des Parsis
d’Inde (la construction a d’ailleurs été possible grâce à leurs dons) et le
feu peut y être aperçu par les fidèles ou les touristes à travers une vitre.
Yazd est encore le lieu de vie et de culte des zoroastriens en Iran. |
ainsi parlait zaratousthra |
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Edition J. de Bonnot |
1986 |
Zarathoustra (aussi orthographié Zoroastre) est
un grand penseur du monde antique. Il serait né dans une région correspondant
à l'Iran ou à l'Afghanistan actuels, au VIIe siècle av. J.-C. Il est le
créateur du zoroastrisme, une religion monothéiste. On sait peu de choses de
ce personnage considéré comme un prophète et à l'origine de nombreux mythes.
Zarathoustra se battit notamment contre le culte de dieux multiples et pour
une foi plus pure, centrée autour de la lutte entre le bien et le mal. Selon
Zarathoustra, il y a en tout homme une part de bien et une part de mal, et
que c'est à chacun de choisir le côté du bien. Selon la légende, il aurait
été assassiné à l'âge de 77 ans, alors qu'il était en plein recueillement. Zoroastre a vécu il y a 2500 ou 3000 ans. Les
dates de 628 à 551 avant J.C. ou 630 à 550 ou 660 à 583 sont souvent
avancées, d'autres auteurs parlent de 800 à 1000 avant J.C.Zoroastre
a été un instructeur spirituel iranien de haut niveau, avant Bouddha,
Confucius et Lao Tseu. Il est connu comme Zoroastre, nom grec signifiant astre
d'or utilisé par Platon qui l'a fait connaître en occident ; il est aussi
connu sous le nom de Zarathoustra ou Zarathustra ou
encore Zarathushtra c'est-à-dire celui à la lumière brillante. Sa
famille habitait le nord-est de l'Iran (alors appelé Perse), dans une région
montagneuse. Jeune prêtre, il a eu des révélations d'Ahura Mazdah, le Seigneur Sage, régnant sur la création
entière, recueillies dans les Gathas, partie du texte sacré Avesta. La doctrine proposée par Zoroastre (zoroastrisme
ou mazdéisme) a mis beaucoup de temps avant de se répandre, par suite de
l'opposition des prêtres des cultes existants. Zoroastre a condamné les rites
et les sacrifices traditionnels offerts aux dieux par les Perses,
rétablissant la pureté de la doctrine et du culte, altérés par de mauvais
prêtres; mais il a gardé la tradition du culte du feu. Il a indiqué que seul
Ahura Mazdah était digne de vénération. Un des fils
d'Ahura Mazdah, Ahriman, ayant opté pour le mal, la
dualité est née entre l’Esprit Saint (Vohu Manah, la Bonne Pensée) et l’Esprit Mauvais (Angra Mainyu). La profondeur intellectuelle de son système a
exercé une grande influence sur les doctrines judéo-chrétiennes (influence
mentionnée dans le Manuel de discipline trouvé parmi les rouleaux de la mer
Morte) et sur le plan philosophique en occident : en Grèce, sur Platon
notamment, en France, sur Voltaire, en Allemagne, sur Nietzsche,
comme en témoigne son essai Ainsi parlait Zarathoustra (dualisme
éthique opposant le bien au mal) mis en musique, soit dit en passant, par
Richard Strauss. Aujourd'hui il existe environ 100 000
fidèles, les parsis (venant de Perse) en Inde, aux USA et en Europe
essentiellement. Le rituel du feu sacré est au cœur de toute cérémonie
mazdéenne. Le feu sacré est conservé à l'abri du soleil et des regards impurs
dans les « Temples du Feu », dont le plus important est
situé à Bombay. A Paris dans les temples Mazdéens, brule une petite flamme
éternelle, dans un encensoir rouge. Les zoroastriens admettent une vie après la
mort et un jugement des âmes, chaque être humain étant jugé selon ses
mérites. Si les bonnes actions l'emportent sur les mauvaises, l'âme monte au
ciel par un pont au-delà duquel l'attend le Seigneur de la Lumière. Dans le
cas contraire, il s'agit d'une descente en Enfer. Lorsqu'enfin l'Enfer
lui-même sera purifié, le royaume de Dieu s'installera sur Terre. Les morts
ne sont pas enterrés ni incinérés mais laissés aux vautours. La doctrine de
Zoroastre s'est transmise oralement puis un ensemble
de textes, l'Avesta, a été écrit. |
ainsi vont les enfants de zarathoustra |
M. zetlaoui |
Edition
IMAGO |
2003 |
Les
disciples de Zarathoustra – ce prophète aurait précédé Bouddha de mille ans
et Moïse de deux cents ans – n’ont pas disparu. Zartushtis
d’Iran, qui refusèrent l’islamisation de la Perse et résistèrent tant bien
que mal aux brimades, et Parsis qui choisirent l’exil en Inde, où ils
connurent paix et stabilité, pratiquent toujours une des plus vieilles
religions du monde.
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AINSI VA…LES LIVRES DE L’AVESTA – LES TEXTES SACRḖS DES ZOROASTRIENS OU MAZDḖENS |
Pierre Lecoq |
Edition du Cerf |
2017 |
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Alors que le Veda
n'est pas un livre, mais une bibliothèque tout entière, l'Avesta
représente à peu près un livre de poche classique de 250 pages, si bien que
l'analyse se trouve embarrassée, non par l'abondance inhumaine du matériel à
traiter, mais par sa ladrerie, qui refuse trop souvent la confrontation de
passages parallèles, seule technique d'éclairage possible quand il n'y a pas
évidence linguistique. Le texte est aussi beaucoup plus mal transmis, non par
déficience des techniques iraniennes de transmission orale mais parce que la
tradition mazdéenne a connu, semble-t-il, des crises et des solutions de
continuité. L'une, en tout cas, est sûre et décisive. La conquête arabe et
l'islamisation de l'Iran, au VIIe siècle, ont provoqué la dispersion des
écoles théologiques et entraîné une irrémédiable décadence de l'élocution
liturgique. En dépit de tous les efforts accomplis par les communautés
restées fidèles à la vieille religion, qu'elles soient demeurées en Iran ou
aient migré vers l'Inde, pour conserver à leur doctrine une certaine qualité
théorique, la transmission orale et, à cette époque, écrite de l'Avesta
n'a cessé de se détériorer jusqu'à l'intervention, au siècle dernier, de
l'érudition scientifique. Alors que le Veda est un texte
irréprochable, où les fautes sont exceptionnelles, l'Avesta est
corrompu et, pour être compris, doit faire l'objet d'un travail lent et
difficile de restitution philologique, travail parfois désespéré et, en
raison de l'indigence des faits qui nourrissent l'argumentation, toujours
guetté par l'arbitraire. Ces vicissitudes,
jointes à l'absence de tout témoignage extérieur, expliquent que nous
connaissions si mal l'histoire de l'Avesta, depuis sa composition
jusqu'à son exhumation par Anquetil-Duperron, et encore les quelques choses
sûres que nous sachions ont-elles bien souvent été acquises tout récemment.
L'édition critique de l'Avesta, qui a été faite par Karl-Friedrich Geldner dans les dernières années du XIXe siècle,
est fondée sur l'ensemble de la documentation significative provenant des
communautés parsies. Tous les manuscrits importants et la plus grande partie
des manuscrits secondaires ont été dépouillés et il est totalement exclu que
nous recueillions, dans l'avenir, la manne d'un matériel nouveau. Le
classement des manuscrits par famille et la détermination de leurs liens de
filiation a mis en lumière le caractère récent de la tradition manuscrite qui
nous est parvenue. Les deux plus anciens des manuscrits importants (J2 et K5)
ont été écrits par le même copiste et sont datés de 1323, le plus vieux
manuscrit (K7a) pourrait remonter, selon l'estimation la plus extrême, à 1268
et la mémoire des scribes ne va pas au-delà d'un modèle perdu qu'on peut
situer aux environs de 1020. De plus, des fautes généralisées démontrent à
l'évidence que tous les manuscrits sans exception dérivent d'un original
perdu qu'on appelle le « manuscrit de base » et que ses
imperfections invitent à situer à l'époque troublée de la migration vers
l'Inde, c'est-à-dire entre le VIIIe et le Xe siècle. Il est donc vain de
se bercer de l'espoir qu'un manuscrit ait pu conserver, contre tous les
autres, la leçon miracle. Tous sont pareillement les rejetons du manuscrit de
base et leur confrontation ne permet rien de plus que la restitution d'une
version déjà corrompue de la fin du premier millénaire. Non seulement la
tradition manuscrite est récente mais elle est aussi extraordinairement
ténue. Un progrès
significatif a été accompli à la fin des années soixante lorsque Karl
Hoffmann, par une analyse paléographique rigoureuse, a pu remonter aux
sources de la transmission manuscrite. Par sa structure et les
caractéristiques formelles de ses signes, l'alphabet avestique est clairement
une invention érudite ad hoc de l'époque sassanide. Il n'est pas le fruit de
l'évolution historique aveugle d'un système d'écriture, mais une création
délibérée menée dans le but exclusif de mettre l'Avesta par écrit.
L'inventeur s'est inspiré de deux modèles. Du point de vue de la forme, il a
puisé l'essentiel du stock de ses signes dans l'écriture du pehlevi des
livres – une forme particulière du dialecte moyen-perse –, elle-même dérivée
de l'écriture araméenne. Mais, alors que celle-ci ne note pas les voyelles et
va jusqu'à confondre plusieurs consonnes sous le même signe, il a adopté le
principe typologique « un signe égale un son » des alphabets grecs
et latins, qu'il connaissait et auxquels il a d'ailleurs emprunté deux
signes. Ce principe de travail fournit de précieuses indications. Une
indication chronologique tout d'abord : les caractéristiques formelles
de l'écriture pehlevie que l'alphabet avestique
reproduit n'ont été acquises qu'au début du VIIe siècle. Le fait que l'inventeur anonyme ait pris
pour modèle le système alphabétique gréco-latin et une écriture qui servait à
noter le dialecte moyen-perse suggère qu'il a travaillé dans une ambiance
« occidentale », c'est-à-dire en Perse, qui était la province
autochtone du pouvoir politique sassanide. L'alphabet avestique n'a jamais
été utilisé pour un autre texte que l'Avesta. Il a très probablement
servi à mettre par écrit un exemplaire unique du canon – disons :
l'archétype sassanide –, déposé en lieu sûr, auquel le clergé pouvait se
référer en ultime recours pour dénouer d'éventuelles controverses
théologiques. La minutie véritablement maniaque avec laquelle il rend les
plus subtiles variations phonétiques montre qu'il a été prévu pour transcrire
finement les nuances de l'élocution liturgique solennelle. L'alphabet
avestique a été inventé pour donner une forme écrite à un texte récité :
ceci démontre qu'il n'y eut jamais auparavant de tentative pour mettre l'Avesta
par écrit. Ajoutons que tous les textes connus n'ont sans doute pas été
confiés à l'écriture et que ceux qui ont été mis par écrit ne l'ont
probablement pas été avant la conquête arabe. |
AINSI VA… ZARATHOUSTRA, LE PROPHḔTE DE L’IRAN |
Jean
Varenne |
Edition
Dervy |
2012 |
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A leur suite, les Romains
s'intéresseront davantage à l'organisation politique et militaire de leurs
adversaires perses qu'aux croyances de ceux qu'ils tenaient pour des
Barbares. Ainsi se perpétuèrent les équivoques jusqu'à ce que l'implantation
de l'islam dans tout le Moyen-Orient anéantisse la foi zoroastrienne (sauf
quelques survivances sur place et en Inde).L'intérêt porté à la personne et
aux doctrines de Zoroastre ne se dément pourtant pas en Europe, de Platon aux
philosophes du XVIIIe siècle. Par-delà les idées fausses que l'on se faisait
de sa «magie» et de son «astrologie» s'affirmait la croyance que le Prophète
iranien était un philosophe, un gnostique, détenteur de secrets divins et
faiseur de miracles extraordinaires. Pline affirmait que Zoroastre
avait été le seul enfant au monde à «rire le jour de sa naissance» quand tous
les autres bébés pleurent : signe qu'il était béni des dieux et préservé de
tout mal. Notre Moyen Age crut qu'il avait été l'initiateur et l'instructeur
de tous les penseurs grecs, à commencer par Platon et Pythagore. D'aucuns
même se risquaient à suggérer que Jésus lui-même avait pu dans sa jeunesse se
rendre en Orient pour se mettre à l'école des sectateurs de Zoroastre. D'où
enfin l'engouement du XVIIIe siècle ; Jean-Philippe Rameau ne compose-t-il
pas un Zoroastre en 1749 (repris à l'Opéra-Comique en 1964) à une époque où
philosophes et occultistes se disputent cet initié des temps anciens que l'on
imagine sous les traits d'un sage, détenteur de la Vérité éternelle ? Aussi
Voltaire et ses amis saluent-ils avec enthousiasme l'initiative du Français
Anquetil-Duperron qui décide de se rendre en Inde, où il a entendu dire que
subsistait une communauté de zoroastriens, afin de recueillir de leur bouche
l'enseignement du Maître, et peut-être même d'en rapporter les livres sacrés
si toutefois ceux-ci existent vraiment. Le
zoroastrisme est la religion monothéiste révélée la plus ancienne et pourtant
la plus méconnue. Les zoroastriens sont environ cent-mille dans le monde.
Leur sagesse vise l’harmonie en trois mots : Humata, Hukhta, Huvarshta,
« bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions ». Il est toujours interdit aux non-zoroastriens de pénétrer
dans un « Temple de Feu » et personne ne peut se convertir à leur
religion. On naît zoroastrien – ou Parsi –, d’un père zoroastrien. Zoroastre,
l’« enfant né en riant » environ 1400 ans avant la naissance du
Christ – l’époque à laquelle il vécut est sujette à discussions –, enseignait
que la seule conversion qui vaille est la conversion du cœur et de la
conscience. Le feu de la sagesse
éternelle d’Ahura Mazda, le Dieu absolu, ne s’est ainsi jamais éteint.
Il continue d’illuminer la vie quotidienne des Parsis qui vivent leur
religion sans jamais renoncer au monde, mais en s’engageant dans l’action
professionnelle et sociale avec de « bonnes pensées », sans
prosélytisme, et en rejetant toute forme de violence, d’idolâtrie ou
d’oppression. Zoroastre donnait des directions spirituelles, sans dogmatisme
ni fatalisme. La
moitié des cent-mille zoroastriens
vit aujourd’hui à Bombay. Chez ceux qu’il m’est donné de fréquenter dans la
mégapole indienne depuis des années, la tradition occupe toujours une place
centrale. Zoroastre orne les murs de chaque maison, comme s’il gardait un œil
bienveillant sur les manifestations de ses propres enfants. Le « Feu
originel », apporté de l’Iran, continue de brûler à Udvada, un petit
village en bord de mer, de l’État du Gujarat, qui demeure le principal lieu
de pèlerinage des fidèles. L’enseignement de Zoroastre – qui inspira à
Nietzsche son célèbre Ainsi parlait Zarathoustra en 1885 –, si ancien et
moderne à la fois, insiste sur l’importance de la prière, de l’humilité, du
don de soi et de la bonne humeur, clés essentielles d’une vie spirituelle,
comme en témoignent encore les Parsis : « Ne ratez jamais une
occasion de faire une bonne action. L’art de prier est de ne jamais prier
pour soi-même mais toujours pour son prochain. Soyez joyeux, riez autant
que possible. Le rire est le meilleur médicament ». L’humour,
omniprésent dans la communauté, m’est toujours apparu comme une voie royale
vers le rappel de cette humilité essentielle, impersonnelle, vide de sa
propre personne. Selon le
Dr Ramiyar Karanjia, qui forme les jeunes prêtres
zoroastriens, quel était le sens de la sagesse et de l’éveil dans cet enseignement :
« La sagesse est la capacité permettant à l’esprit de prendre des
décisions basées sur l'information accumulée et les expériences passées. Elle
implique également la connaissance de soi, de ses origines et de sa vie. Nos
décisions évoluent avec notre niveau d’information. Quand l’esprit a intégré
et converti en sagesse suffisamment de connaissances, la sagesse intérieure
commence à se dévoiler avec l’aide de l’Intelligence Universelle. Un moment
arrive où tout paraît rentrer dans l'ordre et l'univers entier semble être un
seul organisme. Tout ce qui n'est pas significatif se fondra automatiquement
dans l’insignifiance. Cet état est appelé Éveil, Illumination. » Les
rites de passage ponctuent la vie du zoroastrien pour le rappeler sans cesse à son devoir. À sa mort, il
sera conduit à la « Tour de Silence », et son corps donné en
offrande aux oiseaux, le temps que l’âme puisse prendre son envol vers le
grand soleil. Toute sa vie, l’enfant de Zoroastre s’est répété que « la
vertu élève le Grand prêtre et le rend aussi puissant qu’un roi », car
« heureux sont ceux qui ne travaillent pas pour eux mais pour Dieu, car
ils atteindront la divinité ». Extraite de l’Avesta – le livre sacré des
zoroastriens, composé 600 ans avant notre ère en iranien ancien –, cette
prière résume bien la sagesse des Parsis. « Quiconque chante le Yathâ
Ahû Vairyô, enseigna Ahura Mazda à Zoroastre, je le protègerai comme mille
soldats protège un homme. Celui qui chante cette
prière et vie sa vie selon sa signification, son âme sera portée au
Paradis ». |
akhenaton –
du mystÈre À la lumiÈre |
Marc
gabolde |
Edition
GALLIMARD |
2005 |
Dans
une Égypte façonnée par des siècles de polythéisme, Akhenaton bouleverse l’ordre
établi et instaure, vers 1350 av. JC, le culte d’un dieu unique : le soleil.
S’opposant au clergé traditionnel, le pharaon délaisse la capitale, Thèbes,
pour fonder sur le site de Tell el-Amarna la nouvelle cité royale dédiée à
Aton. Ses habitants y vivent au rythme des dévotions du pharaon et de sa
reine, la belle Néfertiti. Un
courant artistique inédit s’épanouit dont les œuvres, reconnaissables entre
toutes, se distinguent par leur sensualité. Après la mort d’Akhenaton, ses
successeurs se hâtent de rétablir les cultes polythéistes et persécutent la
mémoire du roi « rebelle », martelant son nom et ses représentations. Sorti
de l’oubli grâce aux fouilles entreprises aux XIXème et XXème siècles à
Thèbes et Telle el-Amarna, ce pharaon subversif, inventeur du premier
monothéisme, fascine et inquiète.
L’égyptologue
Marc Gabolde retrace les grands moments du règne
d’Akhenaton, éclaire sa vision religieuse et démêle l’écheveau de sa
succession jusqu’à l’avènement de son fils, Toutankhamon. |
akhenaton
– le dieu maudit |
Gilbert
sinouÉ |
Edition
GALLIMARD |
2005 |
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Comme
eux, ils sont associés dans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art
officiel les représente dès le début dans des scènes familiales jugées
jusque-là trop intimes pour être montrées. C’est en l'an 2 de son règne
qu'Amenhotep IV donne à Aton la place qu'occupait Amon-Rê. En l'an 5 de son
règne, il procède à la fondation de la nouvelle capitale qu'il appelle
Akhetaton, " l'Horizon du Disque " et marque le site de quatorze
stèles frontières. La réforme religieuse : Depuis le début de la XVIIIe dynastie, la montée
des cultes héliopolitains tend à concentrer autour de Rê la création et
l'entretien de la vie, sans toutefois écarter les autres dieux. Il serait
donc exagéré de parler de monothéisme mais plutôt d'une fusion de compétences
multiples dans le Créateur par excellence qu'est le soleil. Amenhotep IV
choisit d'en adorer l'aspect sensible, le Disque. Le résultat donne un ton
universaliste qui présente les apparences du monothéisme. L'originalité
d'Akhenaton est d'avoir fourni une image facile à appréhender en évitant le
détour par le clergé spécialisé, seul capable de servir d'intermédiaire entre
les hommes et un dieu impénétrable. Aton permet la perception immédiate du
divin, par opposition à Amon, le dieu " caché ". Le Disque est une
forme du Créateur dont le roi est l'équivalent terrestre. Il prend également
en charge les morts, même si Osiris reste à l'honneur. L'impact de cette
réforme sur la population est quasiment nul. D'abord parce que la Cour se
confine très vite à Akhetaton. Ensuite parce que le peuple, écarté de ce qui
se passait dans les palais et les temples, continue à vivre sur les bases
religieuses traditionnelles. L'originalité de l'image d'Akhenaton est moins
importante qu'on ne pourrait le croire. Il conserve tout l'apparat
phraséologie de ses prédécesseurs. Ainsi, il se fait représenter en train de
massacrer des ennemis vaincus. Il ne touche pas aux structures de
l'administration. Sur le plan politique, sa " révolution " renforce
l'absolutisme théocratique : le roi est l'intermédiaire obligé entre les
hommes et le Disque Solaire RÂ
.La réforme a des
effets dans deux domaines surtout : l'économie et l'art. Akhenaton ferme
certains temples ou limite leurs activités et rattache les biens cléricaux à
la Couronne. La construction de la nouvelle capitale et des nouveaux temples
se fait au détriment de l'économie en général et de l'économie divine en
particulier. Les conséquences de l'atonisme sur les arts et les lettres sont
plus spectaculaires et plus durables. Une plus grande liberté se manifeste
dans les œuvres contemporaines, surtout dans les compostions poétiques :
hymnes et litanies divins et royaux. La langue parlée est introduite dans les
textes officiels et dans les grandes œuvres. Dès le règne d'Amenemhat III,
l'idéalisme officiel cède le pas à un réalisme plus sensuel qui n'hésite pas
à souligner les formes du corps par des techniques comme celle du " drapé
mouillé ". Ce traitement plus généreux des volumes apparaît aussi dans
le dessin où l'usage de la ligne est moins rigoureux, l'emploi des couleurs
plus souple. La mode évolue également : nouveaux costumes, nouvelles
coiffures…Des détails stylistiques sont caractéristiques de la période :
l'inclinaison de l'œil dans l'orbite et l'étirement des lignes qui produira
les fameux yeux " en amandes " d'Akhenaton, les plis dans le cou,
les oreilles percées, etc. Akhenaton radicalise la tendance pour lui-même et
sa famille dès la deuxième année de son règne en poussant le réalisme jusqu'à
la caricature : l'affaissement des chairs prend une apparence pathologique.
Au fil des ans, le trait s'adoucit et, à la fin du règne, les études d'après
nature l'emportent, comme la célèbre tête de Néfertiti de Berlin. De nouveaux
thèmes apparaissent : l'image de la famille, omniprésente dans toutes les
scènes, y compris et surtout celles du culte.
La famille royale : La construction et la première occupation de la ville se
font entre l'an 5 et l'an 6 du règne d'Akhenaton. En l'an 12, la reine Tiy s'installe à la cour d'Armana.
Cette installation a été interprétée comme la preuve qu'Akhenaton n'a régné
seul qu'à partir de cette date. Cette même année, l'une des six filles du
couple royal, Mékétaton, meurt. Néfertiti semble
jouer un rôle moins important après l'an 12. Elle se serait même séparée de
son mari si l'on en juge que l'une de ses filles, Méritaton,
la remplace dans les cérémonies auprès du roi. Les trois années de la fin du règne
sont troubles : le pays est livré aux persécutions anti-amoniennes
qui se traduisent par le martelage des noms du dieu, martelage que subiront à
leur tour Akhenaton et son dieu quelques années plus tard. Peut-être y a-t-il
eu une corégence avec Néfernéférouaton? Smenkhkarê a d'ailleurs été attesté comme roi, son règne
devant se situer entre ceux d'Akhenaton et de Toutankhamon pour une durée
possible de deux ans. Le corps de Smenkhkarê a été
retrouvé dans une tombe qui lui a été consacrée dans la Vallée des Rois. Tout
indique qu'il s'agit d'un ré ensevelissement hâtif. Dans cette tombe, on a
retrouvé d'autres restes qui sont peut-être ceux de la reine Tiy. On pense généralement que toute la famille royale a
ainsi été transférée sous le règne de Toutankhamon.
Il est probable que Smenkhkarê
puis Toutankhamon étaient des cousins ou des neveux d'Akhenaton qui
légitimèrent leur montée sur le trône en épousant chacun l'une des filles du
roi. Lorsqu'il succède à Smenkhkarê, Toutankhamon
est âgé d'environ neuf ans. Il épouse la princesse Ankhesenpaaton.
Très rapidement, il quitte Amarna pour Memphis. La ville d'Akhetaton
est abandonnée après seulement une trentaine d'années d'existence. Le retour
à l'orthodoxie amonienne se fait sous Toutankhamon,
probablement sous l'influence du divin père Ay. Le jeune roi commence par
changer son nom en Toutankhamon. Il meurt à environ dix-neuf ans sans avoir
eu d'enfant de son épouse Ankhesenamon : avec lui
s'éteint la lignée d'Ahmosis. Sa veuve supplie le roi hittite Suppiluliuma de
lui envoyer un de ses fils pour l'épouser et en faire le pharaon d'Egypte. Le
prince n'arrivera jamais et l'union entre les empires Hittites et égyptiens
ne se fera pas. Ankhesenamon épouse peut-être le
vizir de son défunt mari, Ay qui, lui-même, ne régnera que durant quatre ans.
La réelle coupure dynastique a lieu lorsque le commandant en chef de l'armée,
Horemheb, prend le pouvoir et se présente comme restaurateur de l'ordre
établi. Il fut un grand constructeur, surtout à Karnak. Après vingt-sept ans
de règne, il sera enterré à Thèbes, dans la Vallée des Rois. N'ayant pas
d'héritier mâle, Horemheb transmet le pouvoir à un autre militaire, un
général originaire du Delta qui va fonder une nouvelle dynastie, celle des
Ramsès. |
à la recherche de l’Égypte oubliÉe |
Jean vercoutter |
Edition
GALLIMARD |
1986 |
Un
monde de pierres. Pierres des pyramides, pierres des temples, pierres des
statues, noyées dans les sables, enlisés, oubliés. Un monde de signes. Signes
gravés, signes peints. Mystérieux, incompris. Un monde qui va reprendre vie
sous le regard, le crayon, la truelle de voyageurs, d’aventuriers, de
savants, d’archéologues. Un
monde qui va enfin dévoiler ses secrets, en 1822, grâce à Jean-François
Champollion. La
civilisation égyptienne, qui s’est déroulée sur plus de 3000 ans, a été l’un
des berceaux de l’humanité dans le domaine social, technique et scientifique,
et notamment en médecine. Le cœur était considéré par les Égyptiens à la fois
comme un organe anatomique, doté d’une importante fonction vitale, et comme
un symbole spirituel et religieux. Il constituait l’un des huit composants de
l’être humain. C’est le seul viscère que les embaumeurs devaient
impérativement laisser en place après la mort. La conception égyptienne du cœur
englobait trois concepts : le cœur-haty, ou muscle cardiaque, le cœur-ib ou intérieur-ib, correspondant
au reste de l’organisme, et le cœur spirituel, centre du caractère, de la
pensée et de la mémoire. Les Égyptiens ont réalisé dès la première dynastie
des représentations du cœur d’une précision anatomique remarquable. Ils ont
posé les jalons d’une physiopathologie cardiovasculaire tout à fait novatrice
qui a perduré pendant plus de trente siècles.
|
alexandrie
iiième siḔcle avant jḖsus-christ – tous les savoirs du
monde ou le rÊve d’universalitḖ des ptolémḖe |
Divers
Auteurs |
Edition
AUTREMENT |
1992 |
||||||||||||
Ville-palais, héritières des ambitions
d’Alexandre, résidence de la dynastie lagide greffée sur la souche
immémoriale des généalogies pharaoniques, Alexandrie, dans les premières
décennies du IIIème siècle avant J.C., est la plus grande cité de
la Méditerranée orientale.
|
alexandrie
– hier & demain |
Jean-Yves empereur |
Edition
GALLIMARD |
2001 |
«
Alexandrie semble macadamisée avec les ruines pulvérisées de mille cités.
Chaque arpent de terre tourné et retourné. Le sol, humus épais, paraît
historique », écrivait Herman Melville en 1857. Toute vision d’Alexandrie
passe par un cortège d’images symboliques : le tombeau d’Alexandre, le Phare,
la Bibliothèque, Antoine et Cléopâtre, Cavafy et Durell,
l’hôtel Cecil et le Sporting Club, souvenirs de sa
splendeur et de son rayonnement culturel.
À
partir de 1820, avec Mohamed Ali, elle se réveille, pour accueillir toutes
les communautés, toutes les religions, toutes les langues, en un modèle de cosmopolitisme
dont beaucoup gardent la nostalgie. Jean-Yves EMPEREUR, archéologue et
Alexandrin de cœur, accompagne au quotidien la renaissance de la ville et
témoigne ici de son universalité retrouvée.
Un hommage à Alexandrie, en plus de 160 illustrations. |
apollonius de tyane
– sa vie, ses voyages, ses prodiges |
philostrate |
Edition
Sand |
1995 |
||
Il
a visité Antioche, Éphèse, Pamphylie et d’autres lieux, il s’est
dirigé, seul, sur la route de Babylone à l’Inde, puisque ses disciples
intimes l'avaient abandonné par crainte de se rendre à la « Terre des
Enchantements ». Toutefois, un disciple imprévu, Damis, qu’il a rencontré sur
son chemin, l’a accompagné dans ses voyages. À Babylone, il a été initié par
les Mages Chaldéens, comme le relate Damis, dont le récit a été transcrit par
un certain Philostrate, cent ans plus tard. Après
son retour en Inde, il se présenta comme un véritable Initié. Les épidémies
de peste et les tremblements de terre, le décès de rois et d'autres
événements qu’il a prophétisés, se succédèrent régulièrement. Il prêcha, dans
la ville d'Athènes et dans d’autres villes, la morale la plus pure et noble,
et les phénomènes qu'il a réalisés furent aussi admirables et extraordinaires
que nombreux et bien prouvés. Ses
dialogues avec le corinthien Ménippe nous donnent vraiment le Catéchisme
Ésotérique, et dévoilent (quand on les comprend) plus d’un Mystère de la
Nature. Vers la fin de sa vie grandiose et prodigieuse, il a ouvert une École
ésotérique à Éphèse, et il est mort vers l'âge de cent ans. |
arcanes Égyptiens au royaume
d’osiris, isis & horus |
S.
JANKOVICH |
Edition
DU SIGNAL |
1994 |
Le mystique des anciens Egyptiens a toujours fasciné cet auteur.
Il lui fut enfin donné de visiter l'Egypte en « Pèlerin », non plus en
touriste, en compagnie d'un ami architecte et égyptologue. Il put visiter les
grands sites initiatiques. Il a spontanément enregistré ou noté les émotions
qu'il a ressenties. Ainsi ce livre traduit-il des impressions fugaces, des
sensations et des pensées, sans prétendre à l'exhaustivité ni à la réalité
historique, pas plus qu'à l'exactitude scientifique. Les choses vues firent
surgir des pensées profondément enfuies en lui, voire des souvenirs de vies
antérieures. Ces résurgences correspondaient aux expériences vécues en état
de mort clinique à la suite d'un grave accident de voiture. Isis est
une reine mythique et la déesse-mère de l’Égypte antique. Elle est
représentée, le plus communément, comme une jeune femme affublée d’un trône
au-dessus de la tête ou, à la ressemblance d’Hathor, coiffée d’une perruque
surmontée par un disque solaire inséré entre deux cornes
de bovidé. Isis est l’une des déesses les plus populaires du panthéon
égyptien. Le culte d’Isis est actif tout au long de l’histoire de
l’Égypte antique et ne s’éteint qu’au cours des ve et vie siècles.
Rusée et grande magicienne, Isis est la sœur et l’épouse du
roi Osiris, un être divin dont le règne généreux et civilisateur fut
placé sous le signe de l’harmonie cosmique. Plutarque rapporte qu’Osiris
enseigna à son peuple les manières civilisées (mariage ?) afin que les hommes
ne ressemblent plus à des bêtes sauvages (patriarcat ?). Il leur enseigna
l’agriculture ainsi que le respect des dieux et des lois (patriarcales ?).
Horus fils d’Isis et vengeur d’Osiris assassiné par Seth, réussit à se faire
reconnaître comme le successeur légitime de son père, devenant par-là, le
prototype idéal du pharaon. Dans la
société égyptienne, le statut de la femme est très élevé. Or universellement,
plus le statut de la femme est élevé, plus la filiation est maternelle et non
paternelle, plus le rôle de l’oncle maternel prime sur celui du père, et
moins le mariage n’a d’importance. La transmission se fait de mère en fille,
et d’oncle à neveux maternel, et non de père en fils. Ainsi, cette coutume
matrilinéaire est encore vivace en Afrique, et l’était bien d’avantage du
temps des pharaons : le souverain règne avec sa mère et sa sœur, et lègue son
trône à son neveu maternel sans en être le géniteur. Pourquoi la société
égyptienne ferait exception ? Osiris étant le frère d’Isis, et l’oncle
maternel d’Horus, est-il réellement l’amant de la première, et le père du
deuxième ? Dès
les Textes des Pyramides de l’Ancien Empire égyptien, il
serait attesté que le dieu faucon Horus est le fils du couple que
forment Osiris et Isis. Dans les pyramides à textes, ces
écrits sont gravés en colonnes sur les murs des corridors, des antichambres
et des chambres funéraires. Les chapitres 366 et 593 des Textes des
Pyramides, très proches dans leur rédaction, relatent la naissance et la
conception d’Horus. Il y apparaît que ses parents seraient Osiris
et Isis. On retrouve à travers les croyances
égyptiennes des éléments démontrant la place importante qu’occupaient les
femmes dans la société. Ainsi, la triade principale n’est pas composée du
père, du fils et du Saint-Esprit comme dans le catholicisme, mais :
Isis est la
lointaine héritière de la Grande Déesse préhistorique. Si ses pouvoirs sont
identiques, protection et fertilité, son apparence est radicalement
transformée. La jeune beauté aux seins fermes a pris la place de la mère
originelle aux seins lourds et au ventre déformé par les accouchements. Au
premier siècle de l’empire romain, le culte de la belle déesse africaine
s’étend à l’ensemble du bassin méditerranéen, remontant jusqu’au nord de la
Gaule. En bien des cités, les temples d’Isis attiraient plus de fidèles que
ceux des divinités gréco-latines. La rencontre des cultures grecques et
égyptiennes durant la période ptolémaïque a donné naissance aux Mystères
d’Isis, un culte de la déesse basé sur des événements festifs publics et sur
des cérémoniels plus confidentiels. Ces derniers ne sont accessibles qu’aux
individus ayant entrepris un enseignement spirituel inauguré par une
initiation aux mythes et symboles de la croyance en Isis durant des épreuves,
nocturnes et secrètes, tenues dans l’enceinte des temples isiaques. « À
Saïs, la statue assise d’Athéna, qu’ils identifient à Isis, porte cette
inscription: « Je suis tout ce qui a été,
qui est et qui sera, et mon voile (peplos), aucun mortel ne l’a encore
soulevé. » L’inscription
de Saïs est évoquée, une seconde fois, au ve siècle, par
le grec Proclus dans son Commentaire du Timée de Platon mais
sous une forme différente et plus développée: « Ce qui est, ce qui sera, ce qui a été, je le suis. Ma
tunique (chitôn), personne ne l’a soulevée. Le fruit que j’ai engendré, c’est
le soleil. » L’expression « aucun
mortel n’a jamais soulevé mon voile » qu’adopte Plutarque prête à
confusion. Il est tentant d’imaginer une statue d’Isis, le visage caché sous
un châle que l’initié soulève tel un époux le jour des noces lorsque se
présente à lui son épouse voilée ; le dévoilement signifiant la
découverte des mystères cachés. Cette interprétation est peu crédible, les
égyptiens ne voilant pas leurs déesses. Plutarque parle plutôt d’une
tunique, le peplos étant un lourd vêtement en laine, tandis
que le soulèvement de la robe et le dévoilement du sexe féminin d’Isis (ou
des déesses qui lui sont identifiées) est un motif mythique et iconographique
attesté en Égypte. Isis, la déesse des anciens Égyptiens, la mère des dieux,
est venue d’elle-même ; elle est aussi la déesse vierge ; ses temples à Saïs,
la ville sainte, portaient cette fière inscription : »Personne n’a jamais relevé ma robe,
le fruit que j’ai enfanté est le Soleil ». L’orgueil de
la femme éclate dans ces paroles sacrées ; elle se proclame indépendante de
l’homme, elle n’a pas besoin de recourir à sa coopération pour procréer. La
Grèce répliquera à cette insolente assertion. Jupiter, le père des dieux,
enfantera Minerve sans le secours de la femme, et Minerve, la déesse « qui n’a pas été conçue dans les
ténèbres du sein maternel », sera l’ennemie de la suprématie
familiale de la femme. Entre la fin
du ive siècle
av. J.-C. et la fin du ive siècle ap.
J.-C., le culte d’Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un
nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et
en Italie. En ces nouveaux lieux, les rites égyptiens voués à la déesse
sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine. L’iconographie et le culte
d’Isis s’hellénisent, et, par un rapprochement avec la quête de Perséphone par Déméter (Mystères
d’Éleusis) se créent les Mystères d’Isis organisés sous la forme
d’un cérémonial initiatique, progressif et secret. À partir de la fin du ive siècle av. J.-C.,
le culte de la déesse Isis est attesté sur le sol grec. À partir de la fin
du IIe siècle av. J.-C.,
le culte d’Isis se répand largement en Italie et autour de
la méditerranée occidentale. Durant plus
de sept siècles, entre la fin du ive siècle av. J.-C. et
la fin du ive siècle ap. J.-C., les cultes d’Isis,
de son parèdre Sérapis (forme hellénisé d’Osiris), de leur
fils Harpocrate et d’Anubis (le dieu chacal) se sont diffusés
hors d’Égypte tout autour du bassin méditerranéen et même au-delà,
en Arabie, dans l’Empire kouchan (Inde), en Germanie et
en Bretagne. Ce phénomène religieux est l’un des plus remarquables des
époques hellénistique et romaine. La déesse Isis est la figure
centrale de ce panthéon et de nombreuses cités grecques et romaines lui
voueront un culte officiel. Dans la littérature scientifique moderne, cette
diffusion de la croyance égyptienne prend les noms de « cultes
égyptiens », « cultes alexandrins »,
« cultes nilotiques » ou « cultes isiaques ».
Dès le ier siècle av. J.-C.,
le culte d’Isis se répand en dehors de la péninsule italienne vers le reste de
l’occident européen par les routes alpines et vers l’Orient grâce aux marins
et marchands égyptiens et syriens. En Gaule, en Germanie et
en Bretagne, l’implantation du culte d’Isis est la conséquence de la
colonisation romaine et la pénétration du culte correspond aux grands axes
marchands, principalement la vallée du Rhône, dans celle du Rhin,
et dans les provinces danubiennes (Dacie,Pannonie). En Afrique
du Nord, la présence de la déesse reste modeste et se cantonne le long des
côtes dans la région de Carthage. En Ibérie, sa présence se
remarque dans quelques vallées fluviales (Guadiana et Douro). |
aristote |
Louis
millet |
Edition Bordas |
1987 |
||
A la mort d'Alexandre (323), Aristote, resté
en butte à la calomnie de ses envieux et aux attaques des ennemis du roi de
Macédoine, se vit accusé d'impiété : il sortit d'Athènes sans attendre le
jugement, voulant, disait-il, épargner un nouveau crime aux Athéniens, déjà
coupables de la condamnation de Socrate, Il alla s'établir à Chalcis en
Eubée, où il mourut peu après, en 322, âgé de 62 ans. Aristote est le génie le plus vaste de l'Antiquité;
il a embrassé toutes les sciences connues de son temps et en a même créé
plusieurs. Le mérite d'Aristote en philosophie fut de donner à la
science une base plus solide que n'avaient fait ses prédécesseurs, et
d'accorder davantage à l'expérience, mais sans méconnaître le rôle de la
raison. Il rejeta la doctrine de l'idéal, qu'avait professée Platon, et concentra
toute réalité dans les objets individuels. La philosophie est pour lui la science des choses
par leurs causes. Selon lui, les points de vue sous lesquels les objets
doivent être envisagés, quand on veut les connaître et les expliquer, se
réduisent aux suivants : ce dont une chose est composée, sa nature intime ou
son essence, sa cause, et le but ou la fin vers laquelle elle tend; d'où la
distinction de quatre principes, la matière, la forme, la cause efficiente et
la cause finale.
|
ARISTOTE - ÉTHIQUE DE
NICOMAQUE |
Traduction
et notes de JEAN VOILQUIN |
Edition
FLAMMARION |
1965 |
Aristote (384-322 av. J.C.). Ce grand philosophe, fonda l’école
ou académie péripatéticienne (racine : péripatos
qui veut dire lieu de promenade, car il enseignait en se promenant) à
proximité du temple d’Apollon Lycien. Nicomaque étant son fils, il lui
dédicaça cette lettre en forme d’éthique. Aristote
aurait écrit plus de 400 traités, seulement 47 ouvrages complets et quelques
fragments d’autres nous sont parvenus. Quatre traités de morale lui
sont attribués : Ethique de Nicomaque, Ethique d’Eudème, Grande Morale
et le traité des vertus et des vices. Dès
les premières pages de la morale de Nicomaque, on découvre chez le penseur
son intention bien arrêtée d’admettre dans son audience la foule, les
vieillards, et les sages, c'est-à-dire de fonder son étude sur l’expérience
de ne pas se laisser égarer par les abstractions platoniciennes. Pour lui le
but de la morale et de l’éthique ne peut passer que par le bonheur (eudémonisme), et ce bonheur dit il
ne passe que par une activité qui lui est personnelle, et passe par l’âme
qui est douée de raison. |
ARISTOTE ET SON ÉCOLE |
JOSEPH MOREAU |
Edition PUF |
1985 |
Aristote a été pendant des siècles l’oracle de la philosophie et son œuvre était regardée comme la somme des connaissances humaines ; ce n’est qu’en secouant son autorité que la science moderne a pu se mettre en marche et que la philosophie s’est frayé des voies nouvelles. Cependant si elle avait fini par se scléroser en une scolastique, la pensée aristotélicienne n’en était pas moins à sa source, animée d’une immense curiosité scientifique et d’un vigoureux esprit critique. La rencontre de Platon et d’Aristote, le disciple qui perpétue l’action du Maître, non par docilité, mais par l’originalité de sa réplique, est un événement capital dans l’histoire de la philosophie ; c’est aussi un moment décisif dans la carrière d’Aristote. Aristote a laissé une œuvre immense qui comprend deux sortes d’écrits : 1°/ Les ouvrages exotériques, destinés à la publication, souvent sous forme de dialogues, imités de ceux de Platon, et dont la forma littéraire était très apprécié des Anciens 2°/ Les ouvrages acroamatiques, c'est-à-dire composé pour un auditoire. Le contenu du corpus aristotelicum se présente de la forme suivante Les catégories, ou termes du langage et les éléments du discours Le De Interpretatione, qui traite du jugement et de la proposition Les Analytiques, qui traitent de la démonstration ou du raisonnement Les Topiques, en 8 livres, qui exposent une méthode d’argumentation générale et applicables en tous domaines Les écrits d’Organon, traités de logique Au sommaire de cet ouvrage Chapitre 1 : Dans le sillage de Platon – Les dialogues d’Aristote et la critique des idées platoniciennes Chapitre 2 : Le savoir –la science et l’opinion – la dialectique et le syllogisme – Chapitre 3 : la démonstration et les principes – définition et classification Chapitre 4 : la Métaphysique – l’être et les catégories Chapitre 5 : Ontologie et théologie – L’aporie – la substance Chapitre 6 : Le devenir et la forme – la nature et l’art – la cosmologie finaliste – l’éternité du mouvement – Chapitre 7 : Le monde et Dieu – cosmologie et ontologie – immanence et transcendance de l’acte pur Chapitre 8 : L’être et l’essence – Individuation par la matière et par la forme – Chapitre 9 : L’âme et le corps – l’intellect – l’imagination – l’intuition – Chapitre 10 : La vie humaine –le bonheur – le problème moral – la vertu – la vie sociale – la poésie Chapitre 11 : L’école d’Aristote, son héritage – Théophraste – Aristoxène – Dicéarque – les épicuriens - la tradition péripatéticienne – |
ARISTOTE- INVITATION À UNE PHILOSOPHIE |
JACQUES
FOLLON |
ÉDITION
MILLE ET UNE NUITS |
2005 |
Aristote meurt en 322 avant J.C., exilé à Chalcis. Jamblique
philosophe néo-platonicien va alors entreprendre la rédaction de très longs
fragments de l’œuvre d’Aristote, dont cette invitation à la philosophie. On
y découvre un jeune Aristote, encore à l’académie et sous l’influence de
Platon. Il s’adresse à Thémison, roi
d’une cité-état de Chypre, pour essayer de le convertir à la philosophie.
Très populaire dans l’antiquité, ce texte exerça une profonde influence sur Epicure
et sur Cicéron, il modela la grande tradition philosophique
occidentale. Un
petit livre (60 pages- 3€) mais qui nous apprend beaucoup de chose sur
Aristote, son enseignement et les bases philosophiques qui sont encore en
vigueur. |
aristote
le philosophe |
Donald
J. ALLAN |
Edition
LE LIVRE DE POCHE |
1970 |
||
Mais si le réalisme se définit comme visée du réel, il se trouve affecté d'une énorme ambiguïté puisque la réalité est ce que tente d'exprimer toute philosophie. Une inspiration philosophique va donc se caractériser par le lieu particulier où elle invente de situer ce réel énigmatique; si Aristote ramène la philosophie du ciel sur la terre c'est parce que, refusant de voir ce réel dans un monde idéal séparé, il veut lire l'essence dans les choses de ce monde, les pragmata. Le recours ici fait, à travers la pensée d'Aristote, au sens ancien de pragma vise à revaloriser la notion de chose, à lui redonner l'ampleur qu'elle a perdue en se bornant à désigner de nos jours l'objet simplement inerte ». (Les choses mêmes, La pensée du réel chez Aristote. Dialectica, L'Âge D'Homme, Lausanne, 1983).
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ARISTOTE -
L’ART DU BONHEUR |
Brigitte Boudon |
Edition Maison de la Philosophie |
2016 |
Dans la collection « Petites conférences
philosophiques » Brigitte Boudon en 70 pages, nous parle de la méthode,
de la pensée, de la philosophie et de l’Art d’Aristote. Elle nous donne les
clefs importantes de compréhension de ce philosophe et ainsi nous éclaire et
nous guide pour comprendre l’oeuvre de
ce penseur Tout
le monde connaît le fameux proverbe : « Une hirondelle ne fait pas le
printemps. » Mais qui sait que c'est Aristote, le philosophe grec, qui a
écrit cette phrase ? Aristote se pose de multiples questions sur le bonheur.
Il nous étonne par ses réponses directes, loin de notre société de
consommation et de ses jouissances immédiates. Pour lui, le bonheur est lié
au choix d'une vie morale en société, dans une relation d'amitié authentique
à la portée de chacun. Le bonheur dépend de notre capacité à tisser des liens
durables avec les autres et non de courir après des plaisirs passagers. Fils de Nicomaque, médecin d’Amyntas
III de Macédoine, il vint suivre les cours de Platon à l’Académie à l’âge de
18 ans (vers 367). Il y resta jusqu’en 348, puis devint le précepteur
d’Alexandre le Grand. Il s’acquiert à la cour du roi de Macédoine, Philippe,
de nombreuses amitiés. Il fonde ensuite le Lycée, également appelé École
péripatéticienne, à Athènes en 335. Menacé par le parti anti-macédonien à la
mort d’Alexandre le Grand, il fuit Athènes et meurt à Chalcis en 323. Son œuvre nous est parvenue sous
forme de notes de cours, ce qui explique le caractère parfois inintelligible
de certains de ses écrits. On sait cependant qu’il écrivit de son vivant des
dialogues à la manière de Platon, dont il ne nous reste que de rares
fragments (Eudème, Protreptique, La Philosophie, ou Du Bien). Cicéron parle
« d’un fleuve d’or de son éloquence », et les
juge mieux écrits que ceux de Platon. Ces dialogues représentent
l’œuvre exotérique d’Aristote, destinée à un public vaste. Les notes de cours
que nous possédons sont l’œuvre ésotérique d’Aristote, destiné au Lycée. On a
parfois pu penser que l’œuvre d’Aristote contenait des enseignements secrets,
du fait de ce qualificatif d’ésotérique. Or ésotérique a d’abord signifié les
œuvres d’Aristote destinées au public du Lycée, et ensuite seulement un
enseignement secret réservé à quelques initiés. Ainsi, les ouvrages
d’Aristote tels que nous les connaissons n’ont en fait pas été pensés par
Aristote lui-même. Le classement de ces notes en volumes, nous le devons à
Andronicos de Rhodes, le premier éditeur d’Aristote, qui vécut vers le II°
siècle av. JC. Après sa mort, son œuvre perdure
grâce à de nombreux continuateurs, comme Théophraste. C’est à Andronicos de
Rhodes que nous devons les titres des ouvrages d’Aristote, comme Éthique à
Nicomaque ou Métaphysique. Il importe de noter qu’Aristote lui-même n’avait
pas pensé ces œuvres : ses cours ont été compilés en fonction des thèmes
qu’ils abordaient. Mais à la disparition du Lycée, certains travaux
d’Aristote subirent une éclipse ; des ouvrages furent perdus (dont une
partie lors de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie), et la
Métaphysique ne fut éditée que très tardivement. Au Moyen Âge, sa philosophie
spéculative fut redécouverte, dans un contexte de rivalités d’écoles, grâce
aux philosophes Arabes (en particulier à Averroès), et traduite mot à mot en
latin par Albert le Grand et par Guillaume de Moerbeke, proche de Thomas
d’Aquin. La philosophie aristotélicienne, transformée par Thomas en doctrine
officielle de l’Église catholique, devint alors la référence scientifique et
philosophique de toute réflexion sérieuse, donnant ainsi naissance à la
scolastique et au thomisme. Son succès fut si grand qu’on le nommait
simplement le Philosophe. Cette grande influence de l’œuvre
s’explique sans doute en partie par son caractère encyclopédique, qui tente
de totaliser le savoir. Dans son Histoire de la philosophie grecque,
Jean-François Revel nomme le chapitre consacré à Aristote : L’homme qui
pouvait tout expliquer. Pourtant, si l’on a pu considérer Aristote comme la
synthèse incarnée de toute la culture philosophique et scientifique grecque,
on ne voit plus aujourd’hui sa philosophie comme un système ayant réponse à
tout : au contraire, la lecture attentive de ses œuvres montrent
qu’Aristote avait conscience de ce qu’il peut y avoir d’interminable dans la
recherche de la vérité, et que certaines questions d’ordre métaphysique
restent ouvertes. C’est la postérité d’Aristote qui en fera un dogmatique ayant réponse à tout, et c’est cette image
qui sera combattue par Francis Bacon dans son Nouvel Organon. Platon l’appelait le lecteur. Il
faudra attendre Roger Bacon, puis Galileo Galilei et enfin Toricelli et
Blaise Pascal pour que sur des bases expérimentales quelques-uns de ses
enseignements soient contestés : suicide du scorpion entouré de flammes,
vitesse de chute des corps proportionnelle à leur poids, horreur de la nature
pour le vide, etc. Historiquement, Aristote apparaît comme le premier auteur
effectuant des classifications hiérarchiques du savoir de façon systématique.
Ce mode de classement, qui pourrait être de son invention (il était en tout
cas inconnu des bibliothécaires de Sumer), a survécu jusqu’à nos jours et
nous ne commençons à nous en détacher qu’avec les bases de données
relationnelles. L’œuvre d’Aristote ne forme pas un
tout aussi homogène qu’on pourrait le croire : de même que pour de
nombreux autres philosophes, elle est connait des
modifications comme la pensée d’Aristote se transformait, s’adaptait à ses
nouveaux sujets d’étude. Néanmoins, il se base toujours sur le même réseau de
concepts, qui sont définis dans les livres Alpha et Delta de la Métaphysique. |
ARISTOTE - TRAITḖ DE L’ÂME |
Commentaire
de G. Rodier |
Édition
Vrin |
1985 |
L’importance
historique du Traité de l’âme n’a pas besoin d’être démontrée, sa valeur
dogmatique n’est guère contestée et le serait moins encore s’il était mieux
connu. Il peut y avoir dans la psychologie d’Aristote des obscurités et, si
l’on veut même, des contradictions, au moins apparentes, mais elle est plus
profonde et plus conséquente que notre psychologie classique, mélange
incohérent de doctrines cartésiennes et péripatéticiennes, auxquelles on
ajoute parfois comme pour accroitre la confusion, des lambeaux du système
kantien. Le but de cet ouvrage et de ses commentaires et de faire connaitre
le De anima (traité de l’âme) dans
sa vérité historique avec ses contradictions et ses difficultés. Comment caractériser
ontologiquement l’âme ? Celle-ci est-elle une substance, une qualité, une
quantité, ou encore une autre catégorie ? Est-elle en puissance ou en
entéléchie ? Divisible ou indivisible, sans partie ? Peut-on dire que l’âme
du cheval est la même que celle de l’homme, ou chaque espèce a-t-elle un
genre d’âme différent ? L’âme est-elle immortelle ? Aristote propose
un argument pour commencer à répondre à la question : si l’âme a une fonction
qui lui est propre, et qui reste indépendante du corps, alors elle est
immortelle. Si tel n’est pas le cas, l’âme ne pourra pas subsister
indépendamment du corps. La pensée est l’opération qui
semble propre à l’homme ; mais si celle-ci n’est qu’une espèce d’imagination,
elle est liée au corps de façon irrémédiable, car l’imagination suppose la
sensation et par suite le corps. Toutes les affections de l’âme (ce qu’elle
subit) sont données avec un corps. Aristote prend l’exemple du courage ou de
la douceur. S’il en est ainsi, alors les affections sont des formes engagées
dans la matière et l’étude de l’âme relève du physicien. On pourra alors
expliquer les phénomènes psychologiques en dialecticien ou en physicien,
selon qu’on prenne en considération la forme ou la matière de l’affection
considérée. Le dialecticien expliquera la colère par le désir de rendre
l’offense, par exemple, tandis que le physicien dira qu’il s’agit d’une
ébullition du sang qui entoure le cœur. S’il existe des propriétés de
l’âme qui ne dépendent ni du corps ni de la matière, elles sont l’objet
d’étude du métaphysicien. Aristote, comme à son habitude, que l'on retrouve
par exemple dans la Physique, commence par rappeler l’historique des
doctrines sur l’âme formulées par ses prédécesseurs (les présocratiques et
Platon). La plupart semblent s’accorder sur un point : l’âme est animée. Or
l’animé diffère de l’inanimé par deux caractères : le mouvement et la
sensation. Le mouvement semble en effet appartenir à l’âme de l’avis de ces
philosophes, et beaucoup (Démocrite, Leucippe, certains pythagoriciens,
Anaxagore) disent que l’âme est par excellence et primordialement le moteur.
L’âme meut les choses, et en premier lieu le corps, et se meut elle-même, ce
pourquoi Démocrite l’assimilait à une sorte de feu ou de chaleur, tandis
qu’Anaxagore soutenait que l’intelligence a imprimé le mouvement à l’univers. Xénocrate
lui la définissait comme un nombre qui
se meut lui-même, tandis qu’Héraclite affirmait que c’est parce que l’âme est
mouvement qu’elle peut connaître les choses, qui sont dans un flux perpétuel
(le mû est connu par le mû). Pourtant, cette unanimité n’empêche pas Aristote
de critiquer cette théorie. Il refuse absolument que le mouvement puisse
appartenir à l’âme. Pour lui l’animal se décompose en un mobile, le corps, et
un moteur, l’âme, qui est immobile. Aristote expose ici des théories développées
dans un autre ouvrage, la Physique. Tout d’abord le moteur n’est pas
nécessairement mû lui-même : rappelons-nous sa
célèbre définition de l’intellect agent -qui a créé le monde- comme d’un
moteur immobile. Ensuite, tout mobile peut se mouvoir par lui-même, ou par
autre chose (autrement dit, par accident, comme les matelots qui bougent en
même temps que leur navire). Enfin, il rappelle les quatre espèces de
mouvements identifiés dans la Physique : translation, altération,
diminution et accroissement. |
ASPECTS DE GÉOGRAPHIE SACRÉE, L’ORIENTATION
SOLSTITIALE ET ÉQUINOXIALE |
MARCO
BAISTROCCHI |
Edition
ARCHḖ MILAN |
1981 |
||
Pour
les anciens Égyptiens, le paradis se trouvait dans le ciel et s'étendait sur
un immense plateau de fer ou sur une coupole. Ce plateau, rectangulaire,
était soutenu à chacun des quatre angles par un pilier ou une colonne. Aux
époques les plus reculées, ces quatre piliers étaient identifiés aux
"anciens quatre Khôls qui vivent dans les cheveux d'Horus" et qui
sont aussi les "quatre dieux qui sont à côté des sceptres-piliers du
Ciel". Ces
quatre dieux sont "les fils d'Horus" et s'appellent Amset (ou Mesti), Hâpi, Douamoutef et Qebehsenouf.
Ils présidaient aux quatre régions du monde et furent identifiés par la suite
aux dieux des points cardinaux. Les correspondances relevées entre les quatre
déesses des points cardinaux, protectrices des angles, Isis, Nephtys, Neith
et Selkit et les quatre fils d'Horus permettent de
déterminer les associations des quatre fils d'Horus avec leurs points
cardinaux respectifs. A partir du Moyen Empire, vers 2000 av. J.-C., ces
correspondances sont les suivantes : Hâpi-Nephtys : ouest -
Douamoutef-Heith : nord Mesti-Isis : est
- Qebehsenouf-Selkit
: sud. Ce
sont ces mêmes quatre déesses qui se retrouvent autour du sarcophage de
Toutankhamon. Ces correspondances se trouvent confirmées par un document qui
décrit la Maison de Vie, institution composée de scribes et de mages, chargée
de la conception et de la rédaction des textes sacrés. |
ASPECT DE LA PENSÉE RELIGIEUSE DE L’ÉGYPTE ANCIENNE |
PAUL
BARGUET |
ÉDITION
LA MAISON DE VIE |
2001 |
Dans
cet ouvrage sont rassemblés des articles fondamentaux publiés par Paul Barguet dans diverses revues scientifiques. De
l’essai d’interprétation du Livre des deux chemins à la naissance de la
Lumière dans les textes des Pyramides en passant par l’étude du cycle lunaire
et des dimensions du temple d’Edfou, le lecteur découvrira un univers
symbolique décrypté avec rigueur et finesse. Grâce aux travaux de Paul Barguet, ce sont de nombreux aspects de la pensée de
l’ancienne Egypte qui deviennent perceptibles. Du
plus ancien corpus, les textes des Pyramides,
jusqu’aux ultimes témoignages des temples ptolémaïques, Paul Barguet a scruté tous les modes d’expression de cette
pensée d’une inépuisable richesse qu’il a explorée et déchiffrée tout au long
de ses années de recherche et d’enseignement tant en Egypte qu’à Paris. On
peut parler de trois publications majeures à l’intérieur de son œuvre
monumentale : En 1962 parait au Caire Le
Temple d’Amon-Rê à Karnac. Essai
d’exégèse qui, en dépit des découvertes ultérieures, demeure un véritable
manuel pour découvrir cet immense édifice et apprendre à le déchiffrer. En
1967, il publie Le Livre des Morts des Anciens
Égyptiens, Introduction et commentaire. L’ouvrage est le fruit
d’un travail de longue haleine et il demeurera longtemps la base de toute
recherche sur ce texte célèbre et complexe. Contrairement à une opinion
souvent admise, l’auteur démontre que le Livre des Morts n’est pas un fatras
de formules rassemblées au hasard, mais qu’il répond à une architecture
précise, notamment d’ordre culturel, dont le but ultime est « la sortie du jour », à savoir la
résurrection dans la lumière étroitement liée à la puissance de la parole. C’est
en 1986 que Paul Barguet publie une traduction très
attendue des Textes des sarcophages du Moyen
Empire, dont la difficulté exige une grande maîtrise de la langue
hiéroglyphique et une profonde connaissance de la pensée Egyptienne. De
nouveau il démontre que les sakhou « les
formules de glorification » ne sont pas distribuées de
n’importe quelle façon par les rédacteurs mais suivent une logique symbolique
en fonction des diverses parties du sarcophage, cette « maison à l’image du monde » dans
laquelle le ressuscité va vivre une vie nouvelle. Avec
ces trois Œuvres majeures et d’autres publications, Paul Barguet
offre aux spécialistes et aux amoureux de l’Égypte ancienne, un paysage spirituel
que l’on ne finira jamais d’explorer. Le directeur de l’institut Ramsès doit
être remercié pour avoir mené à bien cette publication en hommage à un grand
égyptologue, digne successeur de Champollion. Sujets traités dans cet ouvrage : Le Livre des deux Chemins
- Les textes spécifiques des différents panneaux des sarcophages du
Moyen Empire - Le Livre des Cavernes et la reconstitution du
corps divin - Le rituel archaïque de fondation des temples de
Médinet-Habou et de Louxor - Un groupe d’enseignes en rapport
avec le nom du roi - La base du reliquaire abydénien
- Le cycle lunaire d’après deux textes d’Edfou - Un aspect
religieux du Grand Majordome de la Divine Adoratrice - La
décoration extérieure du pronaos du temple d’Edfou - Les dimensions
du Temple d’Edfou et leur signification - Parallèle égyptien à la
légende d’Anthée - Philosophie religieuse du temple
égyptien - Remarques sur quelques scènes de la salle du
sarcophage de Ramsès VI - Khnoum-Chou patron des arpenteurs
- L’origine et la signification du contrepoids du collier-manat
- La cour du temple d’Edfou et le cosmos - Une statuette de
Senenmout au musée du Louvre - Les
chapitres 313-321 des textes des Pyramides et la naissance de la Lumière
- Traducteur des textes des sarcophages et du Livre des morts,
auteur d’un ouvrage de référence sur le temple de Karnac,
Paul Barguet est l’un des grands égyptologues
français de ce siècle et l’un des meilleurs connaisseurs des textes
religieux. Né en 1915. Docteur ès-lettres et officier des palmes académiques,
Paul Barguet fut chargé de recherches au CNRS,
conservateur au département des antiquités Egyptiennes du musée du Louvre,
Professeur d’épigraphie, Maître de conférences, directeur de l’institut
d’Égyptologie de l’Université de Lyon et directeur scientifique de la Mission
Permanente en Égypte, dont il en est le membre permanent depuis 1974. |
AVICENNE
OU LA ROUTE D’ISPAHAN
|
Gilbert
Sinoué
|
Edition
Gallimard
|
2015
|
Moi,
Abou Obeïd el-Jozjani, je te livre ces mots. Ils m'ont été confiés par celui
qui fut mon maître, mon ami, mon regard, vingt-cinq années durant : Avicenne,
prince des médecins, dont la sagesse et le savoir ont ébloui tous les hommes.
De Samarkand à Chiraz, des portes de la Ville-Ronde à celles des
soixante-douze nations, résonne encore la grandeur de son nom..." Ainsi
commence le récit consacré à l'une des plus hautes figures de la pensée
universelle. Né en 980 à Boukhara, Avicenne, ou Ibn Sina, est à dix-huit ans
le médecin le plus renommé de son temps. Pris dans les remous et les guerres
qui agitent les confins de la Turquie et de la Perse du XIe
siècle, il est tour à tour nomade, exilé, vizir. Sa dernière étape le conduit
à Ispahan, cité sublime, où il meurt à cinquante-sept ans après avoir bu,
jusqu'à l'ivresse, à la coupe du savoir et de l'amour. De son vrai nom Abu Ali al-Husayn ibn Abd-Allah Ibn Sina,
Avicenne est un médecin et philosophe né en en 980 près de Boukhara
(Ouzbékistan actuel) et mort en 1037 à Hamadan (ville d’Iran). Sa carrière et
ses écrits s’inscrivent dans un âge d’or culturel de l’islam. Sa biographie
est connue grâce au récit qu’a laissé son secrétaire, disciple et ami
al-Djourdjani. Ibn Sina est né près de Boukhara, dans le Khorasan, dans une
famille de hauts fonctionnaires proches des milieux du pouvoir samanide. Sa
famille est chiite, de la branche ismaélienne ; quant à lui, il se
convertira au chiisme duodécimain. Il fait des études brillantes, d’abord
dans son village, puis à Boukhara. Il a notamment pour professeur Abu Mansur
al-Hasan ibn Nuh al-Qumri, médecin à la cour du prince de Boukhara, qui lui
dédie son traité de médecine. Doté d’une mémoire prodigieuse, il reçoit
l’enseignement de grands maîtres, Boukhara étant à l’époque une grande
métropole, riche et puissante, attirant artistes et intellectuels. Son père
lui paye les meilleurs professeurs disponibles. Il étudie le droit religieux
(le fiqh), la culture de cour (l’adab), le Coran, mais aussi la
philosophie gréco-romaine que le monde arabe découvre et traduit à la même
époque. Il aurait ainsi relu plus de quarante fois la Métaphysique
d’Aristote, et il avoue qu’il a eu le plus grand mal à comprendre ce
texte : il se serait aidé d’un traité d’Al-Farabi, célèbre philosophe
arabe. Sa carrière est fulgurante : à 16 ans, il est déjà un médecin
célèbre, et il rédige son premier traité de philosophie à 21 ans. Il n’a
cependant pas le triomphe modeste : il écrit ainsi « la médecine
n’étant pas une des sciences difficiles, j’y montrais donc promptement ma
supériorité, si bien que des médecins éminents l’étudièrent bientôt sous ma
direction ». Il a la chance de guérir le prince samanide de Boukhara,
Nuh ibn-Mansûr : celui-ci le récompense en le nommant médecin du palais,
ce qui lui donne accès à la très riche bibliothèque du palais. Cette charge
était généralement réservée à un chrétien, qu’on pensait moins susceptible de
vouloir empoisonner le prince : le fait que Ibn Sina obtienne ce poste
est révélateur de son talent. Quelques années plus tard, la mort du prince
coïncide avec la mort du père de Ibn Sina, ce qui le pousse à quitter
Boukhara et à se lancer dans une vie itinérante. Il voyage un peu partout
autour de la mer d’Aral, et notamment dans le Kharezm, qui est à l’époque un
petit Etat indépendant. A Hamadan, en Perse, il est nommé vizir par l’émir
bouyide Chams al-Dawla. Au plus proche du pouvoir, Ibn Sina est lié aux
intrigues de cour : lorsque Chams meurt en 1021, et que les soldats de
la ville se rebellent contre le nouveau prince, Ibn Sina est jeté en prison.
Il réussit à s’enfuir, déguisé en derviche, et se réfugie à Ispahan, en
Perse. Il y redevient vizir, et le restera jusqu’à la fin de sa vie.
Véritable bourreau de travail, il réussit à concilier les devoirs des plus
hautes charges de l’Etat et ses travaux littéraires, rédigeant des centaines
d’œuvres, de logique, de médecine, de métaphysique. Sa réputation est très
étendue : des princes de tout le Dar al-Islam le consultent, des élèves
viennent suivre son enseignement. Sa réputation devient internationale :
dès la fin du XIème siècle, Constantin l’Africain, un moine du monastère du
Mont-Cassin (en Italie), traduit des textes de médecine arabe, et note
« on parle beaucoup d’un nouveau prodige de la médecine, né parmi les
païens, mais je n’ai pu me procurer ses écrits ». Ibn Sina meurt en
1037, alors qu’il mène une expédition militaire contre Hamadan, d’une crise
intestinale – qu’il n’a pas su soigner –, épuisé par l’excès de travail, mais
aussi de plaisirs. Sa sépulture devient très vite le lieu d’une vénération
populaire, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Avant même d’être un homme politique, Ibn Sina est un
médecin, remarquablement doué. Il traduit lui-même certaines œuvres de Galien
et d’Hippocrate, pratique la dissection pour « pénétrer les secrets du
corps humain ». Son apport en médecine est fondé avant tout sur ses
propres observations, sur son expérience directe, mais aussi sur une utilisation
rigoureuse de la logique (il pose des prémisses dont il déduit ensuite les
conséquences logiques). Son œuvre majeure reste le Canon de médecine (Kitâb
al-Qanûn fi Al-Tibb, littéralement le Livre des lois médicales).
Ce livre, ramené en Occident par les croisés, et traduit en latin entre 1150
et 1171 par Gérard de Crémone, aura une influence clé en Occident, remplaçant
Galien, jusqu’à ce que les savants de la Renaissance le contestent (Léonard
de Vinci notamment). Ses travaux marquent de grandes avancées dans plusieurs
domaines : en gynécologie, par exemple, ou encore en ophtalmologie, un
domaine extrêmement investi par les savants arabes qui multiplient les
recherches sur l’optique et la lumière. Ibn Sina expose avec précision le
rôle du cœur dans la circulation du sang, pressent le rôle des rats dans la
propagation de la peste, multiplie les expériences pharmacologiques : le
livre IV de son canon énumère ainsi plus de 760 médicaments. Ibn Sina mène
également de complexes recherches en mathématiques (notamment sur les corps
infinitésimaux) ou en physique. Il porte une grande attention à la
prophylaxie : « la médecine est l’art de conserver la santé, et
éventuellement de guérir la maladie » écrit-il ainsi. Il rédige un
« poème de médecine » (Urdjuza fi-tib) destiné aux princes,
dans lequel il expose les meilleurs moyens de conserver la santé au sein du
peuple. Par ces recherches, Ibn Sina est au plus près de l’actualité :
le monde arabe a d’immenses villes (Bagdad est la plus grande ville du monde
à l’époque) dans lesquels les maladies se multiplient. Ibn Sina est également
l’un des premiers à s’intéresser aux maladies psychiatriques, dont il
identifie rigoureusement les symptômes, et parmi lesquelles il classe
l’amour, comparé à la mélancolie ou à l’amnésie. Ses propos ne sont pas toujours très originaux, mais sa
force réside surtout dans leur ordonnancement rigoureux, chaque partie étant
subdivisée en plusieurs sous-parties et sous-sections. C’est ce qui va
séduire les philosophes socratiques occidentaux : Roger Bacon le
qualifie par exemple de « prince des philosophes », pas des
médecins. Le monde arabe est à l’époque animé par un intense mouvement de
traduction des textes grecs et latins, philosophiques ou scientifiques (voir
l’ouvrage de D. Gutas). Les premiers califes, qui ont découvert le papier au
milieu du VIIIème siècle, font traduire des centaines d’ouvrages, et attirent
auprès d’eux scientifiques et intellectuels. Les différents princes, pour les
imiter, se font eux aussi mécènes. C’est à cette époque, en particulier à
Bagdad, que se forme la culture arabe classique, divisée entre adab
(culture littéraire), ‘ilm (culture religieuse) et hikma
(sciences profanes, dont la médecine et la philosophie). On a vu que Ibn Sina
s’y inscrivait en plein : il traduit lui-même des textes, et est à la
fois grand médecin et grand philosophe. Cet âge d’or culturel profite aussi
de l’émulation entre culture arabe et culture persane : le persan est la
langue vernaculaire d’Ibn Sina, mais il écrit le plus souvent en arabe classique.
Enfin, le savoir est à l’époque extrêmement valorisé socialement : Ibn
Sina accède à de hautes charges politiques grâce à ses qualités
intellectuelles. Dans cette redécouverte de la culture antique, Aristote
occupe une place clé. Il est surnommé « le premier maître » :
al-Farabi est le second maître, et Ibn Sina sera le troisième. Celui-ci écrit
notamment une immense Philosophie orientale, composée de 28 000
réponses à autant de questions, qui disparait lors du sac d’Ispahan en 1034.
Sa philosophie métaphysique est articulée autour de la distinction entre
essence et existence, et il développe une complexe théorie faisant de Dieu,
« l’Être nécessaire », la force première inspirant l’intelligence
de l’homme. C’est notamment cette construction, qui interroge l’unicité
divine et son rapport à l’humanité, que l’Occident découvrira avec intérêt,
la croisant avec celle d’Averroès : on parle de l’avicennisme, un
courant d’idées qui influence notamment Guillaume d’Auxerre. Ibn Sina reprend
l’héritage d’Aristote, par exemple pour la philosophie politique :
l’être humain est pensé comme un animal social. On pourrait dire qu’il passe
l’aristotélisme au filtre du monothéisme : c’est grâce à de telles
réflexions que le monde arabe intègre et s’approprie la philosophie antique.
Ses propos se font aussi avis politique, lorsqu’il écrit par exemple que le
successeur du prophète, le calife, doit être désigné par le Prophète
lui-même, et régner avec l’accord du peuple : c’est là un problème qui a
divisé l’Etat islamique depuis ses débuts. Ibn Sina est aussi un professeur,
avec des élèves qui le suivent un peu partout. Dans ses écrits, il dit que
former de nouveaux esprits est le devoir du scientifique : « ainsi,
comme médecin, je soignais le corps de mes patients et, comme professeur, je
préparais l’âme de mes élèves ». On reconnaît là l’influence de Platon.
Il rédige de petites fables philosophiques pour développer ses idées d’une
façon pédagogique, et développe également toute une réflexion sur
l’éducation, sur les soins à apporter aux enfants, liant pédiatrie et
pédagogie. Il construit une véritable paideia (réflexion sur la place
de la musique et du sport dans l’éducation des jeunes enfants, sur les
différents âges de la vie, sur l’équilibre entre le corps et l’esprit, ce qui
donne au philosophe un rôle clé dans la cité. Ibn Sina incarne l’âge d’or culturel de l’Islam, par ses
qualités personnelles, l’ampleur de ses recherches, sa brillante carrière. Sa
réflexion participe de l’intégration de l’héritage gréco-romain et de la
formation de la culture arabe classique. Très vite, il est connu dans tout le
monde arabe, voire même au-delà, et ses écrits médicaux et philosophiques
auront une grande influence par la suite, notamment en Occident. « Quand
je grandis, aucune cité ne fut à ma mesure » écrit-il lui-même. |
au commencement Étaient les dieux |
Jean
bottero |
Edition
TALLANDIER |
2004 |
"Jean
est le contraire d’un scientifique desséché analysant de la poussière
obscure. Avec les hommes et les femmes d’autrefois, et particulièrement avec
les habitants de cette Mésopotamie qu’il a tant contribué à nous faire
connaître, il a un rapport direct, immédiat, une relation de voisin à
voisin."
|
19 B
B.A-BA
DE LA TRADITION GRECQUE |
BERNARD
MARILLIER |
Edition
PARDES |
2002 |
||
|
19 C
cagliostro & le rituel de la
maçonnerie Égyptienne |
Robert amadou |
Edition
SEEP |
1996 |
Cagliostro
est le Grand Cophte, ou le Grand Copte. Le Grand Cophte c’est-à-dire à la fois
l’indigène et le chrétien de Misraïm, chrétien à la mode de Misraïm et encore
un degré éminent ; autrement l’initié par excellence, et même, renchérit
l’épithète, un maître d’initiation avec ses disciples, son ordre, son rituel.
Le
rite est le corpus global d’une transmission immémoriale, toujours
d’actualité et sans finalité. Il est la résultante du Chemin emprunté par
l’Humanité, et plus particulièrement dans le cas du Rite Oriental de Misraïm,
d’une route jalonnée par tous les grands initiés qui, depuis la nuit des
temps, nous rappellent la Tradition Primordiale. Depuis des milliers d’années
(certains parlent symboliquement de millions d’années.), des transmetteurs et
des veilleurs, des « cherchants », des prêtres et des architectes, des
pharaons et des philosophes se transmettent le dépôt qu’ils ont reçu. Cette
route fut certainement chaotique, sinueuse, entrecoupée d’obstacles. On peut
même imaginer que parfois elle se soit tout simplement perdue. Mais la
richesse du Rite Oriental de Misraïm est d’avoir su retrouver, réunir, voire
substituer la secrète transmission des valeurs fondatrices de l’Initiation et
du tracé de la voie lumineuse vers la Connaissance, et ce faisant vers la
libération de l’Humanité, enténébrée suite à sa chute il y a fort longtemps.
Le
rituel est la partie dont il est le plus difficile de parler, puisque nous
sommes désormais très proches du secret pour lequel un Maçon prête un Serment
inaliénable. Le Rituel de Misraïm est tout d’abord, comme tous les autres
Rituels maçonniques, un RIT (Rituel d’Introduction des Travaux). Il codifie
les cérémonies qui rythment la vie du Maçon et il permet la bonne exécution
des travaux requis par le Chemin Initiatique. Il plante le décor, fait vivre
les mythes et les symboles correspondants à l’avancement de chacun. En cela
il est déjà un outil irremplaçable, mais mieux encore il est une sorte de
boîte à outils dans laquelle le Maçon trouvera toujours la réponse qu’il
cherche sans qu’elle ne soit jamais écrite ni imposée. Sa juste exécution
garantit la qualité et la sérénité des Travaux. Comparé à d’autres Rituels,
Le Rite Oriental de Misraïm propose à ceux de ses membres qui le souhaitent
une forme supérieure de sacralité et de spiritualité. |
champollion –
grammaire Égyptienne |
champollion le jeune |
Edition
J. DE BONNOT |
1994 |
À
la suite de l’expédition de Bonaparte en Égypte, de multiples souvenirs
furent rapportés en France par les militaires rapatriés. C’était le plus
souvent des fragments de statues et d’objets artistiques, des éléments de
mobiliers funéraires et même des momies. Mais les savants ne réussissaient
pas à interpréter la mystérieuse écriture qui les accompagnait. Ces textes
restaient pour eux lettre morte, ce qui les empêchait entre autres de pouvoir
dater ces étonnantes reliques.
|
champollion
– panthÉon Égyptien |
champollion le jeune |
Edition J. de Bonnot |
2006 |
||
Chargé
d’une mission officielle en Égypte par le roi Charles X, Champollion discute
avec le « Napoléon de l’Orient » (Victor Hugo), le fameux khédive ottman Mehemet Ali, qui lui
fait don pour la France de l’obélisque de la place de la Concorde, descend le
Nil, repère, visite tous les sites antiques et lance des fouilles… L’auteur
refait l’itinéraire perdu des pharaons avec autant de culture que de ferveur.
|
CHRONOLOGIE DEs PHARAONS |
Claude
baillon |
a compte d’auteur |
2002 |
Une
plaquette très agréable à lire, et qui fait la chronologie de toutes les
dynasties pharaoniques avec des schémas et des photos couleur. Une
véritable initiation à l’Égypte ancienne. Instructif, agréable et
pédagogique. |
1177 AVANT JḖSUS-CHRIST
– LE JOUR OṸ LA CIVILISATION S’EST EFFONDRḖE |
Eric Cline |
Ed. La Découverte |
2015 |
||
Que se passe-t-il lorsque, dans un monde déjà
interconnecté, les empires s’écroulent les uns après les autres ? L’auteur, dès la préface et l’introduction, pose
clairement la question inscrite au cœur de son enquête : pourquoi des
civilisations vieilles de plusieurs centaines d’années, organisées dans des
empires stables et puissants, se sont-elles rapidement effondrées ?
Quels facteurs faut-il incriminer ? La réponse à la question s’articule
en quatre chapitres, allant du XIVe siècle
au XIIe siècle avant
notre ère. D’emblée, l’auteur s’attache à présenter le monde dans lequel on
s’inscrit : si certaines civilisations sont relativement bien connues
des lecteurs contemporains, comme l’Égypte du Nouvel Empire, d’autres le sont
moins, et l’empire hittite, la Crète, la Grèce de Mycènes, sont ici fort bien
présentées, au fil des sources. L’auteur part systématiquement d’une
découverte archéologique – une épave, des lettres, une tablette d’argent –
pour ensuite présenter la civilisation qui est à son origine. Ou plutôt les
civilisations, car c’est le leitmotiv du livre : le monde de
l’âge du bronze tardif était un monde « globalisé », autrement dit
densément connecté. Les différentes civilisations étaient liées par le
commerce, la guerre, la diplomatie. L’auteur sait, en particulier dans les
deux premiers chapitres, faire voir ces liens qui unissaient les différentes
régions : des tablettes hittites mentionnent l’emploi de mercenaires
grecs, des fresques égyptiennes représentent des marchands asiatiques, une épave
transporte des marchandises venues de l’ensemble du monde méditerranéen. Et
ce monde disparaît soudainement, relativement rapidement, au tournant du XIIe siècle avant
J.-C. De très nombreuses explications ont été avancées pour
comprendre cet effondrement, les hypothèses proposées allant d’invasions par
des peuples extérieurs à un changement climatique rapide en passant par une
série de catastrophes naturelles de grande ampleur. Comme le note
E. Cline, aucune de ces explications n’est pleinement satisfaisante.
C’est en fait dans ces liens multiples et entrelacés que se cache la réponse
à la question : chaque civilisation dépendait des autres, pour son
approvisionnement en nourriture (l’empire hittite importait du blé d’Égypte)
ou en matières premières (l’étain nécessaire à la fabrication du bronze
venait d’Afghanistan). Bref, ce monde formait un système, interconnecté,
interdépendant, alimenté par un dense réseau. Les crises traversées par ces
formations politiques se sont donc nourries les unes des autres, leurs effets
se sont cumulés, et, quand les routes commerciales se sont effondrées, c’est
l’ensemble de ce monde global qui a suivi. La thèse de l’auteur est intéressante, et elle résonne,
évidemment, aux oreilles du lecteur contemporain, vivant lui-même dans un
monde globalisé qui s’inquiète de ses matières premières et du changement
climatique. L’une des références très fortes de l’auteur, citée au moins cinq
fois dans l’ouvrage et présente dès le titre, est l’ouvrage de Jared Diamond,
Effondrement1 :
on retrouve chez les deux auteurs une volonté d’inscrire l’histoire ancienne
dans un cadre contemporain, de faire des parallèles, d’interpeller le lecteur
en lui montrant que ces mondes disparus pouvaient, par bien des aspects,
ressembler au nôtre. La leçon de l’auteur est résolument politique : ce
que nous disent les sociétés de l’âge du bronze, c’est que plus les
civilisations sont connectées, plus les crises – politiques, économiques, sociales
– se diffusent rapidement. À âge global, effondrement systémique. Si cette volonté de rapprochement est louable, il nous
semble qu’elle conduit trop souvent l’auteur à faire des comparaisons parfois
légères, voire anachroniques : il n’est ainsi pas fondé de dire que les
pays de l’époque formaient des États-nations , alors qu’on sait bien que
c’est là une notion fondamentalement contemporaine, ou de souligner en
passant que le commerce international du XIVe siècle
avant J.-C. n’était « pas si différent » de notre économie
mondialisée actuelle . De même, selon notre point de vue, l’auteur exagère
largement lorsqu’il parle de cette époque comme d’un âge global : si on
peut éventuellement avancer, avec prudence, que les civilisations de la
Méditerranée orientale de l’âge du bronze étaient alors si connectées
qu’elles en sont venues à former un système, il est tout simplement absurde
de parler « d’âge d’or de l’internationalisation et de la
globalisation » ou de dire que
cette époque formait « le premier véritable âge global ». D’abord
parce que l’idée même d’internationalisation est anachronique à une époque où
n’existent pas encore de nations ; ensuite parce qu’une globalisation
qui laisse de côté l’immense majorité du monde – la Chine, l’Inde, l’Afrique,
sans même parler de l’Amérique – n’en est pas une. L’ouvrage fondamental
dirigé par Patrick Boucheron, Histoire du monde au XVe siècle2, prouve précisément que ce n’est
qu’au XVe siècle
après Jésus-Christ, avec la découverte de l’Amérique, que commence
véritablement à se mettre en place un système globalisé dont notre
mondialisation actuelle est l’héritière directe. Les échanges commerciaux et
diplomatiques entre Hittites, Égyptiens, Chypriotes et Grecs de l’âge du
bronze ne peuvent pas soutenir la comparaison. La globalisation est un
concept fort, qui ne gagne rien à être ainsi inconsidérément étendu. Au niveau de l’écriture même du livre, on peut aussi,
selon nous, critiquer la mise en intrigue, permanente, et au fond assez
inutile. Pas de chapitres ici mais des « actes », pas de conclusion
mais un épilogue, et une volonté constante de raconter. Cela pousse
E. Cline à porter une grande attention aux différents contextes de
découverte des témoignages archéologiques présentés, ce qui est un net
avantage sur le plan pédagogique. Mais cela le conduit aussi à dramatiser
l’histoire : l’auteur parle d’intrigue, de dénouement, de suspects... Il
cherche aussi à raccrocher son récit à l’Iliade ou à l’Exode des Hébreux
hors d’Égypte, deux événements célèbres qui se seraient produits pendant
cette période, même si leur historicité reste improuvable : on touche là
aux parties les moins convaincantes et les moins neuves de l’ouvrage. La
référence à Sherlock Holmes est assez
significative : on est moins dans une enquête historique, conduite avec
prudence et esprit critique, que dans une enquête policière qui cherche le
« coupable ». D’où ma dernière critique : le vocabulaire
utilisé par l’auteur n’est pas un vocabulaire d’historien. Le titre à lui seul fait tiquer : outre la
dramatisation dont on vient de parler, renforcée par la couverture de
l’ouvrage qui reprend un tableau du XVIe représentant
la chute de Troie, l’emploi du mot « civilisation » intrigue.
L’auteur joue en fait, consciemment ou inconsciemment, sur la confusion entre
civilisations, au pluriel, et civilisation, au singulier :
l’effondrement des civilisations de l’âge du bronze, incontestable, est dès
lu comme un « retour en arrière de la civilisation », l’auteur
allant même jusqu’à écrire que « la civilisation elle-même avait été
rayée de la carte de presque toute la région ». On sort ici complètement
de l’enquête historico-archéologique : Cline parle de catastrophe, de
perte, d’histoire tragique. Il faut sans doute le redire : l’historien
n’a pas à distribuer les bons et les mauvais points, il doit s’abstenir de
porter un jugement axiologique, et devrait s’en tenir aux civilisations au
pluriel, sans utiliser ce dangereux singulier. |
COMMENT A DISPARU LA CIVILISATION DE L’ÉGYPTE ANCIENNE |
Jean-Paul de Lagrave |
Edition Maison de Vie |
2014 |
En dépit d’une occupation grecque puis romaine de plusieurs siècles, la vitalité de la civilisation égyptienne demeure intacte en cette fin de IVe siècle : les temples sont ouverts et actifs, les « maisons de vie » dans lesquelles on recopie sans relâche des textes hiéroglyphiques anciens sont toujours en activité. Le culte des dieux se poursuit et la déesse Maât, garante de l’harmonie de la société, est toujours présente et vénérée. Cet ouvrage, relate les dramatiques événements consécutifs à l’édit de l’empereur Théodose qui, pour accélérer le développement de la nouvelle religion chrétienne en Egypte, va interdire sous peine de mort, la pratique du culte égyptien. Cette terrible décision va détruire le fondement même de cette brillante civilisation, vieille de plus de trois millénaires. Dès la publication de l’édit, le 16 Juin 391, le patriarche-archevêque d’Alexandrie : Théophile, à la tête d’un bataillon de « moines noirs » fanatisés (les barbes noires) détruit les temples et tue les fidèles d’Alexandrie. Cette action débuta par l’attaque du prestigieux temple d’Isis et d’Osiris à Alexandrie en 392 et se poursuivit en Haute Egypte avec le terrible Chénouti. Malgré une résistance farouche de la part des Blemmyes (les fidèles adorateurs d’Isis), les moines noirs et les troupes de l’empereur prirent d’assaut le temple de Philae et incendièrent diverses bibliothèques. Sans ces milliers de moines noirs, porteurs d’une violence sanguinaire, la volonté de Théodose d’anéantir la religion traditionnelle égyptienne, n’aurait pu s’accomplir. C’est dans le désert que se formeront ces hommes nouvellement converti au christianisme et qui encadrés durement dans le désert, vont devenir très vite entre les mains des évêques fanatiques une machine de guerre redoutable. C’est Pakome qui voyant ces gens errer dans le désert eu l’idée de les regrouper dans des monastères et de les éduquer dans cette haine de l’autre. Cette folie meurtrière ne s’arrête qu’en 551, une fois l’antique religion égyptienne complètement éradiquée. Avec elle disparaissait du même coup la prodigieuse civilisation des bords du Nil. Moins de 100 ans plus tard, Cyrus, patriarche-archevêque d’Alexandrie et gouverneur de l’Egypte, offrait la capitulation du pays à l’émir ben Al-As, à la tête de 4000 « cavaliers d’Allah ». Malgré le génocide de son peuple d’initiés, l’âme de la civilisation de l’ancienne Egypte est d’une telle puissance qu’elle a survécu, ses destructeurs étaient convaincus qu’il n’en resterait rien, et de fait ce fut un silence de plus de 1000 ans. Soudain les pharaons les plus prestigieux du Nouvel Empire s’éveillèrent de leur long sommeil, et leurs momies à l’abri des pillards, rendirent témoignages de la grandeur de leur civilisation, une belle revanche que les nations actuelles saluèrent en s’unissant pour sauver les temples menacés par la montée des eaux du Nil, et par la redécouverte de cette Egypte immortelle. Au sommaire de cet ouvrage : L’édit fatal - Les terribles moines noirs - Les pharaons ecclésiastiques - Une doctrine bouleversante - Le règne de Maât - La déesse universelle - La guerre des Blemmyes - Choc en retour - Des témoignages pour l’humanité - Un message immortel - Fraternité solaire de Ramsès - Le règne universel d’Isis - |
CROIX DE VIE ÉGYPTIENNE, SES FABULEUX POUVOIRS |
Marie Delclos |
Edition Trajectoire |
1998 |
||
Replaçant l’Ankh dans l’extraordinaire
contexte de la mythologie égyptienne toute entière, cet
ouvrage est également un tremplin pour ceux qui désirent aller plus loin et
utiliser cette connaissance de manière résolument pratique. De la magie
talismanique aux puissants rituels liés à l’Ankh, nous restituant toute la
force des pratiques occultes de l’Egypte ancienne, afin de dynamiser tous les
domaines de notre vie, aucun aspect n’est passé sous silence des merveilleux
pouvoirs de l’Ankh. L’Ankh comme clé et croix : Le
livre des ports égyptiens donne une explication sur l’Ankh comme symbole
ésotérique « Quiconque possédait la clé géométrique des mystères
ésotériques, dont le symbole était précisément cette croix ansée, savait
ouvrir les portes du monde des morts et pouvait pénétrer le sens caché de la
vie éternelle » Lorsqu’il est tenu par l’anse, l’Ankh
évoque une clé, c’est l’une des raisons pour lesquelles on nomme ce symbole
« clé de vie ». L’Ankh est donc ce qui ouvre, c’est la clé des
mystères, celle qui fait pénétrer l’initié dans le monde des symboles, c’est
la clé qui permet de décrypter l’iconographie égyptienne, qui se présente
comme un immense livre ésotérique, une immense bande dessinée codée dans
laquelle rien n’est laissé au hasard, rien n’est laissé à l’imagination ou à
la sensibilité des artistes qui la peignirent, la gravèrent ou la sculptèrent. L’Ankh est une clé qui ouvre de
nombreuses serrures, et comme tout symbole, il possède plusieurs niveaux de
lecture mais il semble en plus être au centre de tous les autres. L’Ankh est donc la puissance de la vie,
aussi bien celle qui fait germer l’épi d’orge, que celle qui fait lever le
soleil. L’Ankh est l’esprit qui est partout, aussi l’Ankh n’est-il pas là
seulement pour donner aux humains une vie terrestre longue et prospère, mais
pour lui assurer la vraie vie, la Vie éternelle, la Vie dans l’Au-delà. C’est à cette Vie éternelle que les
Egyptiens aspiraient avant tout, ainsi que le montre le texte de l’historien
grec Diodore de Sicile à leurs propos : »…la croyance des habitants
qui regardent la vie actuelle comme fort peu de chose, mais qui estiment
infiniment les vertus dont le souvenir se perpétue après la mort. Ils
appellent leur habitation « hôtellerie », vu le peu de temps qu’on
y séjourne, tandis qu’ils nomment les tombeaux « demeures
éternelles » car les morts vivent dans les enfers pour l’éternité, c’est
pourquoi ils apportent à la réalisation de leur tombe plus de soins et de
travail qu’à celle de leur maison » Naturellement, il s’agit là d’un
premier niveau de lecture : pour les initiés : les enfers étaient
le ciel, et la vie éternelle se trouvait parmi les astres ; là encore,
il ne s’agissait que d’une forme symbolique recouvrant un dernier niveau de
lecture, le dernier mystère auquel peu avaient accès. Essayons donc d’aller
plus loin et faisons appel à Petosiris, qui fut
grand prêtre de Thoth à Hermopolis Magna ; il était considéré comme l’un
des hommes les plus savants de l’Egypte, tes instruit des sciences
hermétiques, alchimiques, symboliques, astrologiques et en magie, c’est lui
qui avait enseigné au pharaon Nechepso, roi de Saïs,
et c’est donc lui qui expliquera aux égyptiens comment se comporter durant
leur vie terrestre afin d’accéder à la vraie Vie, à l’Ankh, je cite : « Ô vivants actuellement sur terre, je viendrais vers
vous et je ferais que vous soyez instruit des volontés de Dieu….. Venez, je
vous guiderais vers le chemin de la Vie….. Si je suis arrivé ici, à la ville
de l’Eternité, c’est que j’ai fait le bien sur terre et que mon cœur s’est
complu sur le chemin de Dieu depuis mon enfance jusqu’à ce jour… J’ai pratiqué
la justice, suivie et respecté l’Ankh, je n’ai fait de mal à personne, je
n’ai rien pris à autrui, je n’ai fait de mal à personne et j’ai toujours
suivi les préceptes de Dieu, j’ai fait tout cela en pensant que j’arriverais
à Dieu après ma mort et que je savais que viendrait le jour des Seigneurs de
la justice quand ils feront le partage lors du jugement. Heureux celui qui
aime Dieu, il arrivera à sa tombe sans accident… » Texte des sarcophages chapitre 83 - « C’est la connaissance qui donne la vie éternelle
« Tout être qui est connaissant ne mourra pas de la seconde mort. Ses
ennemis n’exerceront aucune influence sur lui et nulle magie ne le retiendra
sur terre » -Texte des sarcophages Chapitre 85 – Ces textes sont très clairs et lorsqu’on parle de « Nem Ankh », il s’agit bien de la Vie éternelle divine, de la survie dans l’autre monde, de la renaissance et des cycles de la vie : « la mort est donnée à l’inique », malgré tout suivre des préceptes moraux était bien, mais l’insistance était donné vers la Connaissance. |
CYRUS - DE L’IRAN A LA PERSE – 2500 ANS
D’HISTOIRE |
Ardavan Amir- Aslani |
Edition de l’Archipel |
2018 |
Malgré l’excellent Henri
Corbin, la culture persane et l’islam iranien sont aujourd’hui oubliés,
parfois rejetés. Ardavan Amir-Aslani,
qui enseigne la géopolitique du Moyen-Orient à l’Ecole de guerre économique
rend compte dans cet ouvrage passionnant de l’héritage perse et du
rayonnement d’une civilisation dont nous avons tout autant besoin aujourd’hui
que par le passé, malgré la période sombre que nous traversons. Ardavan Amir-Aslani nous
conduit dans la complexité et la richesse paradoxale de la pensée persane qui
influe sur de nombreux domaines : philosophie, métaphysique, art,
spiritualité… « Ce qui fait le
génie iranien, nous dit-il, c’est qu’il a rayonné bien au-delà de ses
frontières. L’iranité est trop vaste pour la borner aux frontières actuelles
de l’Iran. On ne peut pas la limiter à un peuple et un
territoire uniques : l’Iran est une terre centrale qui sépare les
mondes, une terre de jonction entre le monde méditerranéen et asiatique, qui
relie l’Europe à l’Inde et à la Chine. » La vaste culture persane se
heurte à la dépréciation par les autres musulmans, en particulier Arabes. Ce
positionnement hostile est un facteur déterminant pour comprendre les
conflits actuels. Ignorer l’héritage persan c’est hypothéquer l’avenir de la
région. Le berceau de la civilisation perse pourrait être en Bactriane ou en
Sogdiane. L’observation des langues permet d’identifier les peuples issus de
cette matrice qui donna naissance à trois branches, l’une nordique,
quasi-disparue, une deuxième occidentale, la plus répandue avec le farsi, le
persan et peut-être le kurde et le balouchte, et
une troisième dite orientale avec le sogdien, le patchoune,
le dari. Ardavan Amir-Aslani
remarque que le persan d’aujourd’hui est le même qu’il y a mille ans.
L’influence culturelle de l’Iran est vaste, de la Turquie à l’Inde. Ceci se
remarque notamment par la célébration du Nouvel An iranien, Norouz, dans quatorze pays autres que l’Iran dont la
Turquie, la Géorgie, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, la Chine… Ardavan Amir-Aslani déploie pour le lecteur le panorama de l’histoire
perse jusqu’à l’invasion arabe et après celle-ci. La Perse connut un nouvel
âge d’or deux siècles après cette invasion grâce à une résistance culturelle
à l’arabisation. La langue persane resurgit et avec elle la production de chefs
d’œuvres littéraires exemplaires. La culture perse va également irriguer la
culture arabe. Il présente avec clarté la problématique entre sunnites et
chiites. Les Arabes apportèrent le chiisme à l’Iran. Si les chiites, dont les
soufis et les ismaéliens, sont largement minoritaires, leur importance est
considérable dans le jeu politique. L’islam iranien, continuateur de la
pensée persane, si profond et en perpétuel évolution, s’oppose à un sunnisme
figé depuis des siècles. Nous avons une religion d’amour d’un côté, le
chiisme et une religion de la loi de l’autre, le sunnisme. Enfin, Ardavan Amir-Aslani nous
intéresse à la trace zoroastrienne jusqu’à nos jours. On trouve au sein du
chiisme des références zoroastriennes. Le soufisme a intégré des éléments de
mystique iranienne. Le soufisme trouva sa place dans les régions où des
siècles auparavant s’était installé le zoroastrisme, notamment en Bactriane
et en Sogdiane. Sohrawardî (1155-1191) opéra une véritable résurrection
de la sagesse zoroastrienne. L’auteur, en nous introduisant à la beauté d’une
culture que nous n’abordons le plus souvent qu’à travers le prisme de
préjugés tenaces, en redonnant à la Perse et à l’Iran la place qui est la
leur dans l’histoire, appelle aussi à une révision des politiques
liberticides et toxiques de l’Occident envers l’Iran et, plus largement, au
Moyen-Orient. C’est en prenant appui sur cet héritage culturel persan
considérable qu’un nouveau modèle peut surgir, porteur d’espoirs. L'installation des
Perses dans l'actuel golfe Persique demeure mal connue. Vers 560 av. J.-C.,
un homme nommé Cyrus, appartenant à la famille des Teispides,
devient « roi de l'Anshan », parvient à agréger des territoires à
son royaume puis affronte son suzerain Astyage, roi des Mèdes, alors en
difficulté. Cyrus vainqueur laisse la vie sauve à Astyage et se présente
comme son successeur légitime, ce qui le conduit à se heurter aux puissances
voisines de Lydie et de Babylone. Crésus, roi de Lydie, inquiet de
l'influence grandissante des Perses, attaque Cyrus en 547-546 mais ce dernier
sort vainqueur et capture son royaume. Cyrus se tourne ensuite vers Babylone
qu'il prend en 539. Les étapes des conquêtes perses restent obscures pour les
historiens. Le roi perse se révèle un administrateur habile, respectant les
traditions locales et gagnant la sympathie des élites, ce qui lui permet de
consolider son pouvoir. Le fils de Cyrus,
Cambyse, conquiert l’Égypte de 525 à 522, alors dernière grande puissance de
la région. Les revenus de biens fonciers que perçoivent les temples égyptiens
diminuent fortement, entraînant le mécontentement des administrateurs de ces
sanctuaires. Cela et les deux révoltes égyptiennes qui suivent sa mort (522)
lui valent une légende noire, Hérodote le décrivant comme un despote fou et
brutal. Il s'ensuit une crise politique en Perse qui aboutit à la prise du
pouvoir de Darius Ier, appartenant à une autre lignée que Cyrus et Cambyse,
les Achéménides. Le nouveau roi doit employer son ingéniosité pour rattacher
sa famille à celle de ses prédécesseurs, pour se présenter comme leur
successeur légitime. Après avoir maté plusieurs rebellions
dans l'Empire, Darius s'attaque à la Grèce mais échoue à Marathon en 490, ce
qui le contraint à limiter l'Ouest de son empire à l'Asie Mineure.
Darius III, dernier roi achéménide, arrive sur le trône en
336 à la suite de complots politiques. Ayant peu d'expérience dans le
gouvernement de l'empire, il parvient néanmoins à ramener l'ordre en Egypte.
Au printemps 334, la conquête d'Alexandre commence : ce dernier traverse
l'Hellespont sans que Darius ne prenne la mesure du danger. Les Perses sont
battus une première fois à la bataille du Granique (mai 334) puis une seconde
fois à la bataille d'Issos (novembre 333) où Darius commande l'armée en
personne. Il prend la fuite et ne peut empêcher Alexandre de s'emparer de la
Phénicie et de l'Egypte. Le souverain perse en profite pour rassembler une
nouvelle et imposante armée comprenant des éléphants de guerre mais il est
définitivement battu à la bataille de Gaugamèlès le
1er octobre 331. Abandonné par ses fidèles, il est assassiné par plusieurs
satrapes en 330. L'empire achéménide prend fin avec la mort de Darius III. La chute de l'empire achéménide est moins due à des
troubles politiques qu'à la capacité militaire exceptionnelle d'Alexandre.
Alexandre va se présenter, non comme le libérateur des peuples dominés par
les Perses, mais comme le successeur naturel du dernier achéménide, Darius
III. La Perside reste calme après la mort
d'Alexandre, en revanche, en Bactriane, Inde et Médie, des rebellions
éclatent. Séleukos Ier, l'un des généraux
d'Alexandre, marié à une princesse iranienne nommée Apama,
conquiert la Mésopotamie et l'Iran depuis sa base en Babylonie entre 312 et
301 av. J.-C. Ainsi s'ouvre la période séleucide. A l'époque achéménide, le
roi perse tient avec sa famille une place centrale dans l'empire, mais
celui-ci s'appuie aussi sur les élites indigènes locales dont il s'assure la
fidélité en distribuant des cadeaux, récompenses et honneurs à ceux qui sont
de bons serviteurs. Le roi tient son pouvoir du dieu Ahurmazda
sans être pour autant de descendance divine ; ce pouvoir est absolu et
comprend la désignation de son successeur. Les souverains mènent une
politique de tolérance religieuse, à condition que les croyances des sujets
n'aient pas de conséquences néfastes sur le bon fonctionnement de l'empire.
Il n'y a pas de véritable religion d'Etat même si les rois successifs
détournent certains concepts du zoroastrisme à des fins politiques. La personne à la tête de circonscriptions territoriales
s'appelle le « satrape » (littéralement « celui qui protège le
pouvoir/l'empire »). Il est le représentant du roi à l'échelon régional.
Sa Cour est organisée de la même façon que la Cour royale, il dispose de sa
propre chancellerie, de sa propre trésorerie et commande sa garnison. De
nombreux fonctionnaires sont placés sous ses ordres. Sous Darius Ier, on
compte au moins vingt satrapies. Le satrape est surveillé par des inspecteurs
royaux, agents parcourant l'empire accompagnés de troupes en cas de nécessité
d'intervention immédiate. |
cyrus le grand fondateur de l’empire
perse |
Gérard israel |
Edition
Fayard |
1997 |
||
Un nouvel horizon s’ouvre
à la lumière de la Torah. Ce qui est important, pour eux, c’est la sagesse
que Dieu inspire au cœur des hommes de bonne volonté, qui ont envie de faire
le bien. Isaïe chante donc les qualités inattendues de ce roi païen Cyrus,
arrivé au pouvoir en Perse en profitant des bagarres entre adeptes du
dieu-lune et adeptes du dieu baal. Alors pourquoi ce roi
est-il appelé Messie ? Sans doute parce qu’il veut tracer des chemins
nouveaux vers l’entente entre les peuples, et qu’il ouvre la voie vers de
nouvelles manières de vivre les uns avec les autres sans violences. Pas de
massacres des ennemis, pas de villes détruites. Au contraire, car Cyrus
attribue de l’argent aux juifs pour qu’ils retournent reconstruire leur
temple en Israël. Même si Cyrus ne partage pas leur foi, il veut leur faire
du bien. Il sait que les juifs croient au Dieu créateur et sauveur, et que
pour eux, en dehors des commandements de ce Dieu, il n’y a pas d’autre voie
d’humanité fiable. Même si à Babylone on adore Baal, Cyrus écoute les juifs
lui parler du Dieu unique, le Dieu d’Israël, et il respecte leur culte! Aujourd’hui, il y a
toujours des idoles dans notre monde. L’argent, le pouvoir, l’égoïsme,
l’esclavage des objets, les maltraitances, les pièges de toutes sortes qui
enlaidissent les vies humaines et font régner l’obscurité au lieu de la
lumière. Le phénomène s’amplifie par le jeu des médias. Il n’y a pas beaucoup
de Cyrus modernes pour vouloir le bien des juifs et défendre Israël menacé
par les adeptes du croissant de lune. Pourtant, il existe encore des hommes
des femmes qui ne partagent pas la foi biblique, mais qui – comme Cyrus – ont
envie de faire le bien. Certains s’engagent pour les plus fragiles, pour les
plus pauvres, pour la planète. Il y a aujourd’hui des Cyrus qui participent à
la venue du règne de Dieu à leur manière, même s’ils n’y croient pas. Ils
sont eux aussi des serviteurs de la Vérité qui font avancer la justice, la
paix à partir de leur sphère d’influence. Ecoutons Isaïe :
« c’est à cause de mon serviteur Jacob, oui, Israël mon élu, que je t’ai
appelé par ton nom ! » Cyrus est donc, sans le savoir,
« appelé par Dieu » ; dans cette optique, il acquiert un nom,
un rôle à jouer, une destinée pour lui et pour les autres. En effet,
l’Ecriture nous dit que la descendance d’Abraham, de Joseph et Jacob
apportera la bénédiction au peuple de Dieu mais aussi à toutes les nations du
monde, peuples païens y compris. C’est grâce à cette bénédiction divine
universelle que Cyrus est inspiré et qu’il concrétise sa mission de bienveillance,
en se montrant comme un véritable bienfaiteur messianique pour le peuple de
Dieu plutôt qu’un persécuteur, haïsseur de juifs. Aujourd’hui, croyants
et incroyants engagés dans le sens du bien des autres, tous peuvent se faire
« bénédiction » dans cette société obscurcie par les idoles et qui
a tellement besoin de lumière. L’enjeu est le respect de la dignité de chacun
et la viabilité du vivre ensemble. Reliés à l’alliance, ou simplement
humanistes, nos contemporains pourraient être – comme Cyrus – des
« messies », en dénonçant les injustices et en édifiant un monde où
l’on s’aime et se respecte. Il faut aujourd’hui des Cyrus du 21ème siècle qui
au sein même du monde idolâtre jouent leur rôle constructif dans l’avènement
du Royaume de Dieu pour le bien de tous. |
19 D
DEIR EL – MEDINEH - LE TEMPLE DES BÂTISSEURS DE LA
VALLÉE DES ROIS
|
ANDRÉ
FERMAT |
ÉDITION
MAISON DE VIE |
2010 |
Sur
la rive ouest de l’ancienne Thèbes (Louxor), à 726 Km du Caire, le
site exceptionnel de Deir el Medineh
(le couvent de la ville) abrite le village d’artisans qui bâtirent les
célèbres tombes de la Vallée des Rois, mais aussi leurs propres « demeures
d’éternité » et un remarquable petit temple où ils célébraient leurs
rites. Bien
que d’époque tardives, cet édifice est à l’image de sanctuaires anciens. Il
est l’un des joyaux de l’architecture pharaonique et présente de nombreux
textes dont André Fermat donne, pour la première fois, une traduction
intégrale. Dédié
à deux déesses, Hathor, souveraine de l’amour et Maât,
incarnation de la règle d’harmonie de l’univers, ce sanctuaire nous permet de
mieux percevoir la symbolique et l’esprit créateur qui animaient les
bâtisseurs de Pharaon. Le
temple de Deir el-Medineh est précieux car il offre une vision synthétique du
parcours initiatique depuis la porte de l’enceinte du temple jusqu’au
sanctuaire et sa chambre du milieu (pronaos) constitué par les trois
chapelles. Tout
au long de ce parcours, les murs sont gravés et peint de hiéroglyphes expliquant le cheminement
initiatique de l’initié. La
lecture de cette traduction nous fait pénétrer dans un livre de pierre et
nous fait assister au culte pratiqué en ce lieu sacré où s’expriment les
dieux. |
DE LA GRÈCE Ẵ L’ORIENT - ALEXANDRE LE GRAND |
Pierre
BRIANT |
Découvertes
GALLIMARD |
1996 |
||
Montesquieu
et ses épigones britanniques développent cette image positive d'Alexandre,
dont ils empruntent les traits principaux à Plutarque, mais également à
Arrien, qui écrivit sous l'Empire romain en étant confronté, en tant
qu’administrateur de province, à des questions qu'il juge analogues à celles
rencontrées par Alexandre. A l'inverse, Sénèque a défini les traits du modèle
opposé, extrêmement défavorable au conquérant, présenté comme celui qui
détruit et dévaste, qui se laisse mener par l'ambition et la démesure,
n'ayant en vue que sa propre gloire, sans souci des conséquences funestes sur
les populations conquises. Cette image est reprise, d'abord par Bossuet, mais
surtout, dans les années 1730, par Rollin, dont l'audience va s'étendre
durant plus d'un siècle dans toute l'Europe, et se développe chez Herder et
bien d'autres en Allemagne. C'est la
permanence de ces images qui me frappe, même si, le plus souvent, leur
généalogie est ignorée. Les représentations de l'Antiquité ne cessent en
effet d'être réinvesties dans les différents moments de l'histoire
contemporaine. C'est à travers Alexandre que l'on ne cesse de penser les
rapports de l'Occident et de l'Orient, que ce soit pour justifier la mission
supposée civilisatrice de la conquête, pour mettre en garde contre la perte
d'identité possible de l'Europe sous l'effet de l'influence en retour des
peuples soumis ou pour dénoncer l'injustice et la violence dévastatrice des
dominations. Ainsi la guerre d'Irak et plus récemment celle d'Afghanistan
ont-elles réactivé les références négatives au conquérant destructeur. De
multiples publications expliquent par exemple que la guerre d'Afghanistan est
perdue d'avance, parce qu'on retrouve, depuis le temps d'Alexandre, les mêmes
montagnards qui n'accepteront jamais aucune domination étrangère. Parallèlement,
dans des études consacrées à l'Alexandre "réel", il arrive que
l'incendie de Persépolis soit comparé à Ground Zero ou qu'on se demande -
même sans avoir lu ni Rollin ni Sénèque - si
Alexandre mérite d'être appelé "le Grand"... En fait, le présent ne
cesse de réutiliser mots et images venus du passé. Que ce soit dans ces
analyses politiques, dans le film d'Oliver Stone sur Alexandre en 2004, qui
se situe résolument dans les pas du "civilisateur" macédonien, ou
bien dans les images de propagande, qui, de Thessalonique à Skopje, se
disputent au contraire l'héritage du conquérant européen de l'Orient, la
présence moderne d'Alexandre est partout, et chacun se la réapproprie selon son
idéologie. Au contraire
! Dans tous les ouvrages sur Alexandre, pratiquement depuis le début des
temps, un personnage n'apparaissait jamais : l'Empire achéménide, celui qu'il
conquiert. On parlait de la conquête, pas de l'empire. Il y a seulement
trente ou quarante ans, on ne disposait presque que des sources grecques
classiques. Aujourd'hui, on a déchiffré des décrets, des correspondances
administratives, des centaines d'inscriptions, relevées sur des tombeaux,
villes et champs. Si on rassemble toutes ces données, il devient possible de
sortir des jugements sur le "bon" ou le "méchant"
Alexandre, et de replacer sa personnalité dans un contexte qui l'explique et
surtout la dépasse. |
DESCRIPTION DE L’Égypte
– publiÉ par Les Ordres de NapolÉon Bonaparte |
|
Edition
INSTITUT D’ORIENT |
1994 |
||
L’expédition d’Egypte a avant tout
un but militaire et stratégique : affronter de façon indirecte la
Grande-Bretagne. Le Directoire, à la tête de la France, estime qu’il est
difficile de l’attaquer de front et de remporter la victoire. Une autre
solution est alors trouvée, proposée par Talleyrand : empêcher les
Britanniques d’accéder à la route des Indes et de contrôler la Méditerranée
en prenant l’Egypte, partie de l’Empire ottoman et contrôlée en grande partie
par le pouvoir concurrent des Mamelouks. Outre ces considérations militaires
et stratégiques, des considérations culturelles sont également à l’origine de
l’Expédition d’Egypte, faisant de celle-ci non pas une simple campagne
militaire mais également une expédition scientifique et culturelle, porteuse
d’une dimension civilisatrice. Il existe en effet à cette époque en France
une culture de l’orientalisme et une véritable fascination pour l’Orient et
plus particulièrement pour l’Egypte, considérée comme le berceau de la
première grande civilisation. Certains envisagent d’y apporter les Lumières
et les acquis de la Révolution. Les préparatifs de l’expédition se
font dans le plus grand secret afin de garder l’avantage de la surprise.
Bonaparte, auréolé de ses succès militaires en Italie et de la signature du
traité de paix de Campoformio avec l’Autriche le 17 octobre 1797, et partisan
d’une intervention en Egypte plutôt qu’en Angleterre, est choisi pour mener
cette expédition. Cela permet également au Directoire de l’écarter du pouvoir
et de toute velléité de coups d’Etat. Bonaparte s’entoure de huit officiers
dont Kléber et arrive à Toulon le 9 mai 1798, où doit embarquer la flotte
française. Bonaparte dispose d’une flotte importante composée de 13 vaisseaux
de ligne, de 6 frégates et de 35 autres bâtiments ainsi que de
cinquante-quatre mille hommes. La flotte quitte Toulon le 19 mai et débarque
à Malte 10 juin 1798. Bonaparte en prend facilement le contrôle, permettant
ainsi aux Français de conserver un avant-poste en Méditerranée, et arrive en
vue d’Alexandrie au début du mois de juillet. Le 2 juillet 1798, Bonaparte
débarque à Alexandrie avec son armée : commence alors l’expédition
d’Egypte. Par une proclamation adressée aux Egyptiens, il se pose en
libérateur du peuple oppressé par les Mamelouks et en ami du sultan ottoman,
afin d’éviter que ce dernier n’entre en guerre contre la France. Dans un
premier temps, cette tactique de dissociation entre les deux pouvoirs
concurrents opère, d’autant plus que Bonaparte veille à se montrer
respectueux de l’islam et à donner le sentiment qu’il s’érige en protecteur
de la foi des Egyptiens. Une fois la ville d’Alexandrie prise, Bonaparte en
laisse le commandement à Kléber, fait installer la flotte dans la rade
d’Aboukir et se met en marche pour rejoindre le reste de l’armée. Le 8
juillet, celle-ci est réunie à Demenhour et
s’apprête à marcher vers Le Caire. Le 21 juillet a lieu la bataille des
Pyramides, première victoire de taille de Bonaparte, durant laquelle ses
hommes repoussent les attaques des Mamelouks et des Egyptiens. L’expédition
connaît cependant des difficultés : les soldats de Bonaparte se trouvent
en terre inconnue et souffrent de la chaleur et de la soif. Au Caire, avant
que les troupes françaises ne livrent bataille, les notables, qui n’ont pas fuit la ville, se rendent pour éviter des combats
meurtriers : Bonaparte s’empare donc du Caire, la plus grande ville
d’Egypte. Il cherche alors à mettre la flotte à l’abri mais le fait trop
tard : les Britanniques, ayant découvert la flotte dans la rade
d’Aboukir, l’attaquent et la détruisent lors de la bataille navale d’Aboukir
menée par l’amiral Nelson le 1er août. Les pertes sont importantes pour la
France : 4 vaisseaux sont coulés et 9 sont pris par les Britanniques. Pendant ce temps, Bonaparte
entreprend de transformer Le Caire en ville européenne malgré les révoltes
populaires, déclenchées à la suite de l’augmentation des impôts destinés à
entretenir l’armée française. L’administration du Caire est confiée à un
Divan constitué de notables égyptiens choisis dans l’Egypte entière. De plus,
Bonaparte crée le 22 août l’Institut d’Egypte qui regroupe de nombreuses
institutions culturelles, ainsi que deux journaux : la Décade
Egyptienne et le Courrier de l’Egypte. Le 21 octobre, une révolte
éclate au Caire, appelée la Fitna, violemment réprimée par Bonaparte : tous
les révoltés sont enfermés dans la grande Mosquée du Caire où ils sont
massacrés. Les Cheiks suspectés d’avoir pris part au complot sont également
exécutés. Commence alors la deuxième phase
de l’Expédition d’Egypte, c’est-à-dire le départ de Bonaparte pour la Syrie.
Début janvier 1799, Bonaparte apprend que le Pacha de Syrie et ses troupes se
sont emparés du fort d’el Arich, situé à quelques
kilomètres de la frontière égyptienne : il décide alors de se rendre en
Syrie afin de consolider son pouvoir en Egypte. Dans le même temps, la
sublime Porte a déclaré la guerre contre la France le 9 septembre, montrant
ainsi que la tentative de Bonaparte de dissocier le pouvoir des Mamelouks
(auquel il s’opposerait) du pouvoir de l’Empire ottoman (dont il serait l’ami
et même le protecteur) a échoué. Avec environ 13 000 hommes, Bonaparte
entre en Syrie. La ville de Jaffa est prise en deux jours de combats. Sur les
5 000 hommes qui défendaient la ville, près de la moitié sont tués.
Bonaparte y fait installer un Divan comme au Caire et y crée un hôpital pour
les soldats pestiférés. L’armée se dirige ensuite vers Saint Jean d’Acre. La
ville, tenue par Jazzar Pacha, résiste durant un
long siège en mars 1799 et, au moment où les Français parviennent à le
briser, les troupes britanniques arrivent en renfort, permettant à la ville
de continuer à résister. Bonaparte décide de renoncer et de rentrer en Egypte
plutôt que de s’engager dans une guerre longue et coûteuse dont la victoire
n’est pas assurée. En Egypte, Mourad Bey qui contrôle
la Haute-Egypte, décide de descendre vers Le Caire en même temps que les
Britanniques menacent Aboukir et Alexandrie. Le 25 juillet 1799 a lieu la
bataille terrestre d’Aboukir, qui se solde par une victoire française. C’est
alors que Bonaparte prend la décision de rentrer en France : il
considère en effet que son œuvre en Egypte est terminée et qu’il est auréolé
des succès qu’il a souhaités. De plus, il se rend compte du rôle qu’il peut
jouer en France s’il réussit à s’emparer du pouvoir. Le 23 août 1799, il
transmet ses pouvoirs à Kléber. Il arrive à Fréjus le 8 octobre 1799, ayant
évité les Britanniques qui sillonnent la Méditerranée. Le 9 novembre,
c’est-à-dire le 18 brumaire de l’an VIII, Bonaparte instaure le Consulat à la
suite d’un coup d’Etat. En Egypte, Kléber poursuit les
combats contre les Ottomans et remporte la victoire le 20 mars 1800 à
Héliopolis. Il est assassiné le 14 juin 1800 et Menou prend le commandement
de l’expédition. Suite à un long siège du Caire,
seule ville d’Egypte dont les Français étaient réellement maîtres, ces
derniers capitulent le 31 août 1801. Ils acceptent de rentrer en France à la
condition que la flotte britannique leur assure le transport. L’expédition
d’Egypte, qui visait à la fois à couper la route des Indes aux Anglais et à
apporter l’Influence Française en Egypte et les Lumières
« civilisatrices » en Orient, a eu plusieurs conséquences. Menée en
grande partie par Bonaparte, les succès militaires de celui-ci, qui voulait
suivre les traces d’Alexandre le Grand, lui ont permis de revenir en France
victorieux, et de créer les conditions favorables à sa prise de pouvoir. En
Egypte, le départ des Français après quatre ans de domination et de combats,
a laissé place à une situation politique compliquée, où le pouvoir restait
divisé entre les Mamelouks et l’Empire ottoman et où les Britanniques
cherchaient à maintenir leur influence. Le principal bénéficiaire de cette
situation est Méhémet Ali qui arrive à s’imposer au
terme de plusieurs années en tant que Pacha d’Egypte. Des
milliers d’aquarelles et de dessins sur l’état de l’Égypte en 1800.
Grandiose. |
dictionnaire amoureux de la grÈce |
Jacques
lacarrière |
Edition
PLON |
2001 |
Un
dictionnaire amoureux ? L’amour peut-il vraiment s’épeler de A à Z ou,
lorsqu’il s’agit d’un dictionnaire amoureux de la Grèce, d’alpha à oméga ?
Qu’auraient dit en leur temps Artémise, Aphrodite, Cléopâtre, Ismène et
Théodora, si je leur avais murmuré vous êtes l’alpha ou
vous êtes l’oméga de ma vie ? J’imagine déjà leur rire olympien ! Et
pourtant, depuis que j’ai entrepris l’écriture de ce dictionnaire, j’ai
rarement éprouvé un tel plaisir à construire, inventer un livre en
choisissant amoureusement les mots qui lui conviennent. À l’inverse de
l’essai, du récit ou du roman, le dictionnaire n’implique aucune continuité
dans son parcours et l’on peut parfaitement – ce qui fut mon cas - rédiger un
texte sur Pégase sans être obligé pour autant de continuer par Périclès ! Ce
type de livre procure donc une liberté à la fois totale et révélatrice. Totale
dans la mesure où l’on est seul juge des mots à dire – ou en l’occurrence à
écrire – et libératrice en cela qu’il permet de s’attarder sur des mots
inconnus, oubliés, voire intimes et d’éviter, de refuser tout sujet
stéréotypé, tout guide académique ou parcours universitaire. Cela
devient et cela est un inventaire personnel, c’est-à-dire subjectif, de
lieux, thèmes, objets, personnages réels ou légendaires, êtres et amis aimés.
Il y a donc fatalement des absences qui ne sont pas des manques puisqu’elles
sont volontaires et des présences inattendues.
|
dictionnaire amoureux de l’Égypte |
Robert
solḖ |
Edition
PLON |
2001 |
Le
coup de foudre m’était interdit. Né sur les bords du Nil, où j’ai vécu jusqu’à
l’âge de dix-sept ans, je ne pouvais être de ceux que l’Égypte saisit
brutalement et ensorcelle. C’est un amour d’enfance, qui a pris avec le temps
une autre dimension.
|
19 E
Égypte
Éternelle et HIÉROGLYPHES |
Dominique marie |
Edition
ÉDITA |
1995 |
||
Au
total, les archéologues en découvrent un peu moins de deux cents dans une
tombe, appelée U-j, à Abydos, ville située près du Nil dans le centre de
l'Égypte actuelle. La découverte fait sensation. Car datée de 3250 av. J.-
C., elle repousse de plusieurs centaines d'années l'apparition de l'écriture
en Égypte. Mieux, selon certains résultats de datation, ces inscriptions
devanceraient de près d'un siècle les plus anciennes connues pour la
Mésopotamie, les tablettes proto-cunéiformes d'Uruk. Les
Égyptiens auraient-ils donc eux aussi inventé l'écriture, comme le supposent
alors les archéologues qui découvrent ces inscriptions ? Ou s'agit-il d'un
emprunt, comme vont continuer de le penser de nombreux spécialistes de la
Mésopotamie : les Égyptiens auraient découvert chez leurs voisins
mésopotamiens l'utilité d'un système de notation, et l'auraient ensuite
adapté à leurs besoins et à leurs habitudes graphiques. Sur cette question,
les datations ne sont d'aucun secours. Elles ne permettent pas de dire si une
écriture a précédé l'autre. Les dates qui font de l'écriture égyptienne la
plus ancienne sont contestées par certains spécialistes. En outre, personne
ne sera jamais certain d'avoir en main « le » premier document écrit, qu'il
soit de Mésopotamie ou d'Égypte. Et, du fait de la situation politique
actuelle de l'Irak, peu de nouvelles découvertes sont possibles pour le
moment du côté mésopotamien. C'est
pourquoi les égyptologues se sont tournés vers les inscriptions
hiéroglyphiques elles-mêmes. Ils ont cherché à déterminer s'ils pouvaient y
déceler une influence étrangère, ou si elles semblaient plutôt le fruit d'une
invention égyptienne. À commencer par les toutes premières, celles de la
tombe U-j. Cette tombe était celle d'un souverain, inconnu lors de la
découverte, dont certaines des inscriptions mentionnaient le nom : le roi
Scorpion. Depuis quelques générations, l'Égypte était en effet gouvernée par
un seul souverain, qui ne portait pas encore le titre de pharaon. Sa capitale
était Abydos. Depuis la découverte de ces inscriptions, le débat sur leur
signification n'a pas cessé. Que notent ces étiquettes ? Des noms de rois, a
d'abord pensé Günter Dreyer, car ils sont fréquents dans les tombes royales
en Égypte. Des noms de villes, ont proposé ensuite d'autres chercheurs. Plus
récemment, Günter Dreyer a suggéré qu'il s'agirait des noms de domaines
royaux d'où proviennent les denrées contenues dans les jarres. En tout cas,
ce qui est certain, c'est que les inscriptions d'U-j sont très courtes,
composées de quelques signes qui forment un ou deux mots. Pendant les siècles
suivants, les inscriptions resteront d'ailleurs tout aussi laconiques. Des
épigraphistes ont néanmoins déchiffré certaines des inscriptions datant des
premiers siècles après celles d'U-j. En effet, elles utilisent des signes
dont le sens est connu car ils sont restés en usage aux époques plus
récentes. C'est le cas d'une étiquette, en ébène ou en ivoire, trouvée aussi
à Abydos, mais dans la tombe du roi Den, qui a régné plus d'une centaine
d'années après le roi Scorpion. Fixée à une jarre, elle en précise le contenu
(de l'huile de première qualité), la quantité et la provenance (une région
proche de la Libye actuelle). Elle mentionne également le nom du roi et celui
du haut fonctionnaire chargé de la commande de l'huile (« Hemaka
»). Le plus frappant est que, dès ces premières inscriptions, tout le système
hiéroglyphique égyptien est presque déjà en place. Car ce ne sont pas de
simples rébus. La plupart des signes peuvent être lus comme un idéogramme ou
comme un son. Par exemple, le dessin d'une oie peut se lire comme le mot oie,
qui se dit « sa » en égyptien, ou comme le mot fils, qui se prononce aussi «
sa ». Comme dans les hiéroglyphes classiques, ces deux manières d'utiliser
les signes, idéographiques et phonétiques, se combinent pour former des mots. L'étude
de ces anciennes inscriptions montre que, loin d'être influencée par la
Mésopotamie, l'écriture égyptienne semble avoir dès le départ sa propre
identité. Par exemple, la comparaison des plus anciennes inscriptions de
Mésopotamie et d'Égypte montre qu'il n'y a aucun emprunt direct de signes
d'une écriture à l'autre. En outre, elles notent les mots très différemment.
Par exemple, la ration alimentaire journalière, s'écrit avec un visage de
profil et un bol en Mésopotamie, et avec un pain et une bière en Égypte. En
outre, pour compter, les Égyptiens se fondent comme nous sur les chiffres de
1 à 10, tandis que les Mésopotamiens utilisent un autre système basé sur 60.
Surtout, les premières inscriptions égyptiennes ne surgissent pas ex
nihilo. Leur dessin est en effet très similaire, voire identique, au
style développé par l'art de l'Égypte de cette époque. Elles s'inscrivent
dans la continuité des images que ce dernier produit alors depuis plusieurs
siècles : l'écriture semble l'aboutissement d'un processus entamé 700 ou 800
ans plus tôt. Des photos couleurs somptueuses en grand format pour ce très
beau livre sur l’Égypte. |
Égypte – Le livre des morts |
Traduit
par wallis budge |
Edition
Hazan |
2001 |
Version
abrégée du livre des morts avec des photos sur des détails, des fresques et
des explications sur son ésotérisme. Le
«Livre des Morts », dont le vrai titre en égyptien est « Livre
de la Sortie au Jour » est certainement le texte le plus connu
que nous ait laissé l'ancienne Égypte. Comme son titre l'indique « Livre
de la Sortie au Jour », décrit le chemin qui mène des ténèbres à la
lumière. Cette phrase, à elle seule, résume tout le contenu du livre, l’Osiris
(le défunt) est plongé dans les ténèbres de la tombe et grâce aux
instructions du livre retrouvera ou plutôt trouvera la Lumière. Il s'agit
bien évidemment de la vie après la mort, mais s'agit-il seulement de cela? |
Égypte –
orient – grÈce
|
Maurice meuleau |
BORDAS |
1967 |
Très belle étude
de ces 3 pays sur le plan religieux et social. Importante iconographie. Si abondante
qu'elle soit par les œuvres conservées, si étendue qu'elle ait été dans le
temps, puisqu'elle s'étale du viiie siècle avant J.-C. au vie siècle de notre ère,
la littérature grecque ancienne s'est concentrée essentiellement
– à une exception majeure près, celle d'Homère – sur une courte
période, le ve siècle avant
J.-C., et sur la seule terre privilégiée de l'Attique : c'est là, et
alors, que naissent la plupart des chefs-d'œuvre ; après une brève
floraison, presque tous les genres s'y épuisent. Certes, en ondes
concentriques, l'écho s'en répercute bien au-delà des murs d'Athènes et
du siècle de Périclès, jusque dans la littérature latine d'abord, jusque
dans une bonne partie de la littérature occidentale ensuite ; mais
l'important a été dit. Le succès de cette littérature s'explique avant tout
par l'intérêt qu'elle a porté à l'homme et au sens de sa destinée. Si elle
n'a pas résolu toutes les questions, du moins les a-t-elle presque toujours
posées correctement. Mais
son rationalisme l'a poussée à idéaliser certains aspects
essentiels de l'être humain, tandis qu'elle négligeait l'importance des
sentiments individuels. Ombres sans doute, mais surtout lumières d'un des moments
les plus exaltants de l'histoire de l'humanité. Deux mouvements
complémentaires y évoluent parallèlement : d'une part, la poésie,
recherchée dans sa langue et étroitement subordonnée dans sa forme à la
musique, dont hélas ! on ne perçoit presque rien ; de l'autre, la
prose, faite pour être lue – et goûtée – à voix haute. Mais, en
toutes deux, l'art se veut présent |
Égypte
– qui est le sphinx ? – suivi du mystÈre de la tour de babel – film dvd |
|
Edition
JUPITER |
2002 |
||
En
réalité, l’explication donnée de l’émergence des langues et des races au
départ de la Tour de Babel peut aisément être démontrée par l’archéologie, la
linguistique et la génétique. D’après
les écrits sumériens, les temples-tours de Mésopotamie servaient à
communiquer avec d’anciens astronautes, ou les dieux. D’autres sources
affirment qu’elles servaient à communiquer plutôt avec le monde spirituel des
démons et des anges déchus. Les
preuves archéologiques sous forme de tablettes cunéiformes et de reliefs
trouvés sur des restes de plateaux et d’urnes établissent l’existence de la
Tour de Babel en dehors du récit biblique.
Aujourd’hui tout ce qui reste de la Tour de Babel est un tertre qui se
dresse à environ 50 mètres de hauteur au milieu d’une plaine. Sphinx est une créature mythique
hybride qui apparaît dans les civilisations égyptienne, grecque,
mésopotamienne ou encore asiatique. La statue de Gizeh se distingue par ses
dimensions hors normes. Elle mesure 73,5 mètres de long, 14 mètres de large
et 20 mètres de haut, soit un immeuble de six étages. Soumis à une érosion
constante depuis des millénaires, ce monument s’est fortement abîmé.
Certaines détériorations sont néanmoins imputées à l’homme. La bouche et le
nez du Sphinx de Gizeh auraient été la cible de tirs de canon sous le règne
des Mamelouks païens au Moyen Âge. Des débris de la barbe postiche sont
conservés au British Museum à Londres. Autre particularité du Sphinx : c’est
le plus grand monolithe au monde. En effet, il est taillé dans un seul énorme
bloc de calcaire, à l’intérieur de la carrière qui a servi à construire les
pyramides voisines. Seules les longues pattes antérieures ont été ajoutées en
maçonnerie. D’après quelques traces et descriptions antiques, un revêtement
en plâtre peint ornait la statue. Le visage et le corps étaient rouges. Quant
à la coiffe emblématique des pharaons, elle était vraisemblablement bleue et
jaune. Un uræus, le cobra menaçant les ennemis, est toujours visible
sur le front. Les historiens n’ont retrouvé
aucune mention de ce monument dans les textes de l’Égypte antique. Il aurait
probablement été édifié en même temps que les pyramides, vers 2500 avant
J.-C. Même s’il s’agit d’un des monuments les plus célèbres du pays, il
demeure une énigme. De nombreuses incertitudes concernent sa datation, sa
fonction et son commanditaire. À l’exception des spéculations farfelues,
quatre explications majeures s’affrontent. La première se fonde surtout sur la
disproportion entre la tête et le corps. Elle affirme que la statue est bien
antérieure aux pyramides et qu’elle était à l’origine surmontée d’une tête de
lion. Les autres théories attribuent chacune la réalisation du Sphinx à un
pharaon différent. La plus grande des trois pyramides de Gizeh abrite la
tombe de Khéops. Celui-ci aurait pu faire construire le Sphinx avec son
visage pour veiller sur l’entrée du complexe funéraire. Selon d’autres
archéologues, la statue serait l’œuvre de Djédefrê, fils de Khéops, dans le
but d’honorer la mémoire de son père. La thèse la plus
récente attribue la construction du Sphinx de Gizeh à un autre fils de
Khéops, Khéphren. Elle est soutenue par la découverte des vestiges d’un
temple dédié au culte de ce pharaon, à 15 mètres de la statue. Lors des deux
équinoxes annuels, les ombres du temple, du Sphinx et de la pyramide de
Khéphren à l’arrière sont parfaitement alignées au lever et au coucher du
soleil. La statue, orientée plein Est, aurait donc possédé une fonction religieuse.
À cette époque, le dieu-soleil était vénéré et le lion symbolisait l’astre
principal. La stèle disposée entre les pattes de la statue rapporte la
légende de Thoutmôsis IV au XIVe siècle avant notre ère. Il se serait étendu
à l’ombre de la tête qui dépassait du sable après une partie de chasse. Le
Sphinx lui serait alors apparu en rêve pour lui demander de désensabler son
corps en échange du trône d’Égypte. Thoutmôsis s’est exécuté au cours d’un
chantier titanesque, puis est effectivement devenu pharaon. Aujourd’hui,
plus de 4500 ans au moins après sa construction, le Sphinx de Gizeh intrigue
toujours autant les chercheurs et continue d’émerveiller les visiteurs. |
Égypte
– ses pyramides & leur mystÈre – film dvd |
Jan
roeloffs |
Edition
JUPITER |
2002 |
||
•
Les Égyptiens nous ont légué quelque 3 000 ans d’histoire écrite et
picturale, couvrant pratiquement tous les événements qui ont eu lieu dans
leur civilisation, de la naissance d’enfants au labourage et aux récoltes, en
passant par la construction, le tissage, les sacrifices, les prières,
l’embaumement mais pas la moindre allusion aux pyramides de Gizeh.
|
ÉLEUSIS ET SES MYSTÈRES |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA |
2003 |
Eleusis lieu sacré de la Grèce est situé à environ 20 kms à l’ouest
d’Athènes. C’est dans cette région que va se déroulait vers -500 ans avant
J.C- les plus célèbres des mystères initiatiques. Déméter
déesse
de l’agriculture a une fille : Koré
(Perséphone), et un jour en se promenant, Perséphone fut enlevée
par Pluton (Hadès) dieu des Enfers. Déméter sa mère, la
recherche durant 9 jours et finalement Hélios lui apprend que sa
fille est au royaume des Enfers sur ordre de Zeus, qui veut la marier
à Pluton son frère. Furieuse, elle retourna à Eleusis et s’assit près du
puits des Vierges. Elle décide que plus rien ne poussera sur terre et refuse
de siéger sur l’Olympe, malgré les appels de Zeus, elle refuse toutes
concessions tant que sa fille ne remonterait pas des Enfers. Zeus se vit
forcer de demander à Pluton de faire remonter Perséphone, mais avant qu’elle
ne remonte, Pluton/Hadès va lui faire avaler des
graines de grenades, ce qui va agir comme une addiction et ainsi
Perséphone chaque année remontera 8 mois sur terre et retournera 4 mois dans
le monde souterrain. Déméter ainsi fera reverdir la terre et les semailles
reprendront. Puis elle va révéler ses mystères et rites à Triptolème,
Dioclès et Célée, qui eux vont se charger de
créer ces mystères et les mettre en application. Et c’est ainsi que la Grèce
pratiqua avec ferveur ces « Rites augustes qu’il est impossible de
transgresser, de pénétrer, ni de divulguer » Non
seulement le grain de blé qui pourrit mais revit plus fort en donnant plus de
blé et qui donne l’alternance des saisons, est au centre de ces rites,
mais aussi celui des grains de grenades dont le thème mythique est largement
répandu : Celui qui goûte les mets de l’autre monde ne peut plus revenir
parmi les vivants dans la même forme. Jean
Servier
nous explique ces mythes avec ses déesses dans la Grèce ancienne, il nous
fait partager les cérémonies à Eleusis, la finalité de ces mystères, et nous
resitue l’initiation maçonnique par rapport aux initiations d’Eleusis, on est
dans les petits et grands mystères de ces rites, on connaît leur calendrier
et la tèlètê (1e grade de
l’initiation), on assiste à l’époptie ( cérémonie suprême) et cœur du
mystère Mircéa
Eliade,
spécialiste des mythes, explique le mythe de Perséphone dans les enfers, son
rôle d’intermédiaire entre les royaumes des vivants et des morts, médiatrice
entre les deux mondes divins, elle pouvait dorénavant intervenir dans la
destinée des humains. H.
Danesi nous replonge dans les fondamentaux de la
Franc-Maçonnerie et des discours du Chevalier Ramsay qui en recadrant les
qualités requises pour devenir franc-maçon, parle des beaux-arts et des
mystères d’Eleusis. Il fait le parallèle entre ces mystères et nos mystères,
qui au fond sont les mêmes, avec des mots réactualisés. Udo
Toll nous plonge dans l’histoire tourmentée de
cette Grèce antique, souvent en guerre, mais pour qui les mystères d’Eleusis
ou d’Orphée avaient une très grande importance, car ils faisaient le lien
avec l’Olympe assez lointain, et ces mystères proches des humains, ils
participaient à une fraternité initiatique, ils donnaient un but et un
espoir. Daniel
Béresniak
retrace les dialogues entre les acteurs de ces rites (ce que font les
rituels actuels), les jeux de mimes dans une descente aux enfers, et la
renaissance de la nature au printemps. Claude
Guérillot
retrace dans une grande fresque tous ces mystères. Il insiste sur cette
notion du secret qui a perduré jusqu’à nous puisque peu de choses ont filtrés
de ces mystères, malgré les écrits de Platon, Sophocle, Pindare, Aristophane,
Aristote, Plutarque, Cicéron et autre Tite-Live. Il revisite les
temples, l’enjeu de ces mystères, les fêtes publiques et les initiations. |
ÉPICTÈTE - MANUEL |
ARRIEN,
DISCIPLE D’ÉPICTÈTE |
EDITION
LE LIVRE DE POCHE |
2004 |
Epictète né à Hiérapolis en
Phrygie (Turquie actuelle) vers l’an 50. Il est de mère esclave et lui-même est
esclave d’un dénommé Epaphrodite, qui fut le
secrétaire de Néron et l’aida à se suicider. Epictète suivi les leçons du
philosophe stoïcien Musonius Rufus, avec
l’autorisation de son maître. On ne sait pas quand Epictète fut affranchi,
mais il le fut et ouvrit à Rome vers l’an 82 une école de philosophie. Il fut
exilé par Domitien en 90, et se fixa à Nicopolis. On pense qu’il mourut en
130. Epictète, esclave malmené par un
maître brutal, philosophe méprisé par le pouvoir impérial… Il s’en est fallu
de peu que sa pensée ne réussisse pas à traverser les siècles. C’eût été une
perte considérable pour le stoïcisme qu’il modernisa et rendit accessible à
une génération de disciples passionnés. Mais aussi pour nous, qui avons
besoin de mettre à distance nos maux afin d’apprécier la vie. Loin de se
résumer à l’attitude stoïque par laquelle il s’illustra en laissant son
maître lui casser la jambe sans manifester d’émotion, la sagesse d’Epictète
déborde largement la résistance passive à toutes les formes du mal. Elle nous
encourage à nous blinder activement contre les obstacles qui se dressent
devant nous. Etre stoïque nécessite une vigueur
sans faille. Penseur épris de liberté, l’auteur de la célèbre maxime « Supporte et abstiens-toi » fonde tous ses espoirs dans la force de la
raison et la puissance de la volonté. Moins connu que Marc Aurèle, qui
rédigea pourtant ses “Pensées” sous son influence, il nous laisse, grâce au
travail de retranscription de l’un de ses disciples, son “Manuel”. Un bijou,
à avoir toujours sous la main pour atténuer nos raisons d’être malheureux. Quelques Pensées de ce Philosophe
Stoïcien : Discerner ce qui dépend de
nous : « Ce qui dépend de nous, ce sont
nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions : en un mot, toutes
les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est notre
corps, c’est la richesse, la célébrité, le pouvoir : en un mot, toutes les
œuvres qui ne nous appartiennent pas. » Cette distinction est fondatrice de
la pensée d’Epictète. De ce découpage qui scinde le monde intelligible en
deux camps irréconciliables, découlent tous nos choix et la qualité de notre
existence. Car la plupart de nos difficultés se résument au fait que nous
croyons pouvoir agir sur des choses qui, en réalité, ne dépendent pas de
nous. La modestie comme vertu
suprême : Valeur fondamentale de la morale
stoïcienne, la modestie est la qualité qui nous permet d’identifier nos
limites et de remplir le plus honnêtement possible notre mission d’homme.
Ayant fait vœu de pauvreté, Epictète se tenait à l’écart de la foule et de
ses passions. Une distance nécessaire à tout homme désireux de trouver sa
juste place dans le monde terrestre. « Si tu prends un rôle au-dessus de tes
forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu
remplir, tu le laisses de côté. […] Applique-toi donc à ce que tu peux. » La force de l’âme : Comment l’homme peut-il affronter les événements qui
bouleversent sa vie ? En fortifiant son âme quotidiennement par l’exercice
moral. « Mort, exil, tout ce qui paraît terrible : qu’ils soient devant tes
yeux chaque jour […] ; et tu n’auras jamais rien de bas dans l’esprit ni
aucun désir excessif pour quoi que ce soit. » En habituant mon âme à
affronter l’idée de la mort et de la perte en général, je m’endurcis, je m’éloigne
de mes vains désirs, je me rends plus apte à apprécier ce que j’ai et à le
préférer à ce que je n’ai pas. La quête de liberté : Avant d’être affranchi de l’esclavage, Epictète s’était
libéré grâce à sa pensée. Il était naturel que sa réflexion le conduise par
la suite à approfondir cette quête de la véritable émancipation. « Tu peux
être invincible si tu ne t’engages dans aucune lutte, où il ne dépend pas de
toi d’être vainqueur. » Autrement dit, avant de s’engager dans un combat,
Epictète conseille de bien mesurer les enjeux de ce combat et éventuellement
notre aptitude à en sortir vainqueur. En respectant ce principe, notre raison
pourra évaluer sereinement les obstacles que notre volonté se chargera de
surmonter (en connaissance de cause) pour atteindre la liberté. Le bien et le mal sont en
nous-mêmes : La représentation que nous nous
faisons des choses extérieures détermine l’effet que ces choses ont sur nous.
« Nul ne peut te léser, si tu ne le veux point, car tu ne seras lésé que si
tu juges que l’on te lèse. […] Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les
choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. » Rien n’est jamais
autant néfaste que la représentation que nous nous en faisons. C’est donc
notre point de vue sur les événements qu’il s’agit de modifier pour ne pas se
laisser envahir par le chagrin, la déception et le désespoir. Ainsi, le
bonheur est à la portée de tous. |
ÉPICTÈTE - MAXIMES
ET PENSÉES |
ÉPICTÈTE |
EDITION
DU ROCHER |
2003 |
||
|
ÉPICURE |
|
Edition PUF |
1940 |
Sa
vie, son œuvre, sa philosophie. Philosophe
grec, né à Samos, élève de Xénocrate. Vers 311, il crée une école de
philosophie à Mytilène (île de Lesbos), puis deux ou trois années plus tard,
il prend la direction d'une école à Lampsacus (Lâpseki, Turquie). En 306, il s'installe définitivement à
Athènes pour professer sa doctrine à ses disciples fidèles dans son jardin.
Cette école, ouverte à tous, est surnommée "le Jardin". |
ḖPICURE
- L’ART
DE L’AMITIḖ |
Brigitte Boudon |
Edition Maison de la philosophie |
2016 |
||
" Que
nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la
philosophie. Car il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour
assurer la santé de l'âme. Celui qui dit que le temps de philosopher n'est
pas encore venu ou qu'il est passé, est semblable à celui qui dit que le
temps du bonheur n'est pas encore venu ou qu'il n'est plus. De sorte que ont à philosopher et le jeune et le vieux, celui-ci
pour que, vieillissant, il soit jeune en biens par la gratitude de ce qui a
été, celui-là pour que, jeune, il soit en même temps un ancien par son
absence de crainte de l'avenir. Il faut donc méditer sur ce qui procure le
bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et, lui absent, nous faisons
tout pour l'avoir. Ce que je te conseillais sans cesse, ces enseignements-là,
mets-les en pratique et médite-les, en comprenant que ce sont là des éléments
du bien vivre." L'éthique
d’Epicure est un hédonisme qui se fonde sur la thèse selon laquelle "le
plaisir est le principe et la fin de la vie heureuse". Epicure entendait
par "plaisir" essentiellement les plaisirs corporels, ceux de la
chair, du ventre. Mais il ne s'agit pas pour autant de plaisirs grossiers ou vulgaires,
de débauche, ni de plaisirs "en mouvement", qu'il faut sans cesse
satisfaire, comme on pouvait les trouver chez les successeurs d'Aristippe de
Cyrène, pour qui seule la recherche de la jouissance était la vraie fin à
suivre. Bien au contraire, le plaisir, essentiellement corporel, est celui
qui est conséquent avec la philosophie atomiste; celle-ci postule en effet
que tout ce qui est doit exister dans la plénitude de son être pour peu que
rien ne vienne le troubler; lorsque rien ne manque au corps, qu'il possède
tout ce qui lui est nécessaire, il peut jouir d'un plaisir stable, en repos,
c'est-à-dire d'un plaisir "catastèmatique",
constitutif, et qui est l'expression de l'équilibre des atomes qui le
composent. Aussi
faut-il viser à l'absence de troubles en nous, à l'ataraxie qui, seule, nous
donne la paix de l'âme en supprimant les craintes et l'agitation des désirs,
en se subordonnant à cette seule fin véritablement estimable qu'est le
plaisir catastèmatique. La recherche du plaisir
comme "absence de douleur" ne doit donc pas être entendue
négativement, comme quelque chose que l'on retranche à ce qui est, mais
positivement, comme ce qui traduit un équilibre corporel qui nous fait vivre
en harmonie avec nous-mêmes aussi bien qu'avec la nature. Tout plaisir est,
par essence, physique, naturel, et ceux de l'âme n'en sont que des variétés;
celle-ci est capable, grâce aux sensations, d'anticipation et de
délibération, elle nous permet de choisir parmi les plaisirs ceux qui
excluent toute souffrance à venir, car "aucun plaisir n'est en soi un
mal, mais les effets de certains plaisirs apportent avec eux de nombreux
troubles plus intenses que les plaisirs qui les ont causés".
|
ḖPICURE
- LETTRE
A MḖNḖCḖE |
Epicure |
Edition Flammarion |
2009 |
Epicure (341 av J-C - 270 av J-C)
Après une jeunesse à Samos, il s'installe à Athènes et fonde l'école du Jardin
qui devient le centre des études épicuriennes. Le secret du bonheur ? C'est
ce que promet Epicure dans la Lettre à Ménécée. N'ayons peur ni des dieux, ni
de la mort, ni de la douleur ou de la mauvaise fortune. Recherchons le
plaisir, parce qu'il est conforme à la nature. Mais pour ce faire, nous
devons nous libérer des idées fausses que produisent en nous les préjugés,
les opinions courantes ou les croyances superstitieuses. Il faut donc
recourir à la raison et à l'exercice pour suivre la nature. Telle est
précisément la tâche de la philosophie : elle définit la discipline
rationnelle nécessaire au bonheur. La Lettre à Ménécée, texte fondateur de
l'épicurisme, exercera une influence décisive dans l'Antiquité comme dans la
pensée moderne et contemporaine : sur le poète romain Lucrèce - qui fait
l'objet de notre dossier -, mais aussi sur tous ceux qui revendiquent une
éthique réconciliant le plaisir et la raison. Lorsqu’Épicure, fonde dans la
banlieue d’Athènes son école, nommée le Jardin, il s’inscrit dans un
environnement particulier. À cette époque, en effet, la cité échoue à assurer
le bonheur de ses citoyens, qui ne peut plus être envisagé comme un état
collectif. Quand la vie politique n’est plus que troubles, c’est dans un
contexte plus confidentiel que l’on recherche le bonheur. Voilà l’objectif du
Jardin, une communauté d’amis cherchant à s’isoler de la cité afin de
préserver la tranquillité de l’âme dans une sociabilité restreinte. Si Épicure écrit la Lettre à
Ménécée – l’un des rares écrits qui nous soient parvenus d’une œuvre
considérable mais perdue –, c’est avant tout pour inviter ses disciples à
méditer sur les causes du bonheur. Et philosopher, c’est, avant toute chose,
se donner les moyens de parvenir au bonheur : « Qu’on ne remette pas la
philosophie à plus tard, parce qu’on est jeune, et qu’on ne se lasse pas de
philosopher, parce qu’on se trouve être vieux. Il n’est en effet, pour
personne, ni trop tôt ni trop tard lorsqu’il s’agit d’assurer la santé de
l’âme. Or celui qui dit que le moment de philosopher n’est pas encore venu,
ou que ce moment est passé, est semblable à celui qui dit, s’agissant du
bonheur, que le moment n’est pas encore venu ou qu’il est passé », dit
Épicure. Seul le bonheur donne sens à notre existence, et la philosophie est
le moyen de l’atteindre. Si le bonheur se recherche dans un contexte privé, il n’en reste pas
moins une quête universelle. Il n’est pas un homme qui ne le poursuive,
cherchant l’amour, l’argent, la beauté, la réussite… Mais les objectifs ne
constituent pas le bonheur : ils sont des moyens pour atteindre ce bonheur
qui seul est la fin, le but unique de toute existence. Comme le dit Pascal
dans les Pensées, « tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est
sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent
tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres
n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagnés de
différentes vues. […] C’est le motif de toutes les actions de tous les
hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre ». Certes, cette quête peut paraître
vaine et décourageante. Ce bonheur tant espéré échappe le plus souvent à
l’homme, ne se présentant que pour mieux fuir. Il semble inaccessible. Voilà
sans doute pourquoi le bonheur est souvent associé à un mythe ou à un
fantasme, car l’insatisfaction semble bien être le lot de la nature humaine.
Et pourtant, s’il était possible de trouver le bonheur sans se tromper de
direction ? Et si l’incapacité de l’homme à le saisir venait simplement du
fait qu’il s’y prend mal ? C’est là la promesse d’Épicure. Le
bonheur est accessible et la pratique de la philosophie en est la voie royale.
Elle consisterait en cette réflexion sur les moyens de vaincre ce qui, dans
la vie de tous les jours, nous empêche d’être véritablement et durablement
heureux. Là pour soigner l’âme, la philosophie est une thérapeutique grâce à
laquelle le bonheur n’est plus une affaire de chance, de hasard. Un mode de
vie précis permet à chacun d’atteindre cet état divin. Voilà une promesse
alléchante. Mais que faut-il entendre par « être heureux » ? Avant toute
autre précision, il convient d’écarter un contresens que l’on pouvait déjà
soupçonner : le bonheur dont parle Épicure n’est pas celui que l’on imagine à
partir de la signification donnée habituellement au qualificatif d’«
épicurien ». |
ḖPICURE - LA VOIX DE LA
NATURE |
Renée Koch Piettre |
Edition Entrelacs |
2017 |
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Il bâtissait une forteresse paradoxale,
ouverte à tous les courants d’air, aérienne et invisible, au moyen d’une
doctrine physique et cosmologique, appelée physiologia,
elle-même appuyée sur de rigoureux principes d’observation et de logique. Les
apprentissages, les démonstrations, jusque dans le dialogue amical et les
lettres échangées, visaient à supprimer toute crainte métaphysique, celle de
la douleur, de la mort et des dieux. L’éradication devenue définitive – et
ce, de manière non seulement idéale, mais encore bien concrète –dès lors que,
à force de leçons et de discussions pied à pied, l’élève aboutissait au saut
d’une forme de conversion où il reconnaissait en son maître l’égal d’un
Olympien par la sérénité tirée de sa doctrine et le rejoignait du même coup
en son Olympe. » L’enseignement au Jardin était pluriel. La
rhétorique était délaissée pour « une langue seulement limpide et vraie,
transparente à ses objets ». La physique se voit subordonnée à l’éthique. Il
s’agit de vivre ensemble et de vivre heureux, dégagé des préjugés sociaux,
rejetant aussi bien la posture des stoïciens face à la douleur que la culture
traditionnelle construite autour des mythes. La doctrine, sensualiste, la
physique, visaient à trouver la sérénité. Epicure étonne par ses découvertes : « Epicure
avait accédé lui aussi à la notion d’atome, de particule d’atome et d’univers
multiples. Il s’était même donné la peine de détailler par le menu la manière
dont il était possible d’envisager sans le moindre instrument d’optique ou de
mesure, une pareille structure de l’univers et de l’infiniment petit. Plus
hardi que nos physiciens, il était allé jusqu’à intégrer à ce système, fondé
sur l’observation de la nature à notre portée, une physique de la nature des
dieux. Mais les conséquences qu’il en tirait étaient diamétralement opposées
aux nôtres : il ne croyait pas, bien sûr, devoir étendre le pouvoir de
quelque technoscience ni concevoir et fabriquer un vaisseau intergalactique
pour visiter les exo planètes. C'est depuis Colophon, Mytilène, Lampsaque ou
Athènes, depuis les rives de la Méditerranée orientale, qu’il estimait
suffisant d’envoyer des courriers d’une cité à l’autre pour faire avec ses
disciples le tour de l’univers, autant de fois qu’on pouvait le désirer.
C’est qu’il n’est pas mû par une absurde volonté de puissance : son but n’était
que d’atteindre la sagesse et la sérénité au milieu des tourbillons de la
nature et de l’histoire, et de l’atteindre non pas seul, mais dans une
philanthropie modeste dans son offre de familiarité et sans limite ni
exclusion, au milieu de troupes d’amis qu’il emmenait jouir en sa compagnie
de son havre de sécurité et suivi des foules qui, même après lui, allaient
encore pouvoir profiter de ses leçons de physique. » Au fil des pages, Renée Koch Piettre dessine
la grande actualité d’Epicure. Les leçons du Jardin sont bien des leçons pour
aujourd’hui pour « un bonheur à la portée des hommes », une sagesse du
quotidien par la connaissance et le respect de « la loi naturelle du bonheur
et du plaisir ». La seconde partie de l’ouvrage, une anthologie, met à la
disposition du lecteur les Maximes capitales, des Fragments de
lettres à ses proches et familiers, une Lettre à Hérodote et une Lettre
à Ménécée, autant de sources précieuses. |
ÉPICURE. LETTRES, MAXIMES, SENTENCES. |
|
LIVRES
DE POCHE |
1994 |
L’épicurien
a toujours fait rêver, mais la démarche est difficile si l’on veut le faire à
la lettre. L'épicurisme
est un art du bonheur. Qu'est-ce que le bonheur ? La réponse épicurienne est
bien connue : une vie de plaisir. Thèse souvent mal comprise car loin de
faire l'apologie de tous les plaisirs, Épicure ne recommande que les plaisirs
simples. Le mode de vie frugal et raisonnable qu'il prône est tout le
contraire d'une vie de débauche.
|
19 G
gÉographie sacrÉe du monde grec |
Jean
RICHER |
Edition
Trédaniel |
1995 |
||
D’autre part, si on étudie le calendrier agricole décrit par Hésiode dans les Travaux et les Jours, on voit qu’il repose sur l’observation du lever héliaque ou du coucher des constellations (les Pléiades, Orion) et des étoiles de première grandeur: Aldébaran, Sirius, Spica. Au reste, comme l’a montré Martin P. Nilsson, l’année peut avoir un nombre quelconque de mois. Chaque
cité grecque avait son propre calendrier, si bien qu’il fallait envoyer des
messagers dans tout le pays et longtemps à l’avance, pour organiser les
assemblées de Delphes ou d’Olympie. Dans le zodiaque grec, tel que je l’ai reconstitué, les symboles de certains signes sont d’origine égyptienne, les autres proviennent de Mésopotamie, ils semblent avoir joué le rôle de relais d’une part Ourartou, d’autre part la Phénicie.
Dans
l’état actuel de mes recherches, un point de départ est représenté par Toushpa, sur le lac de Van, ancienne capitale d’Ourartou,
qui est sur le parallèle de Sardes et de Delphes. On a trouvé en Ourartou de
grands chaudrons ornés de têtes de dragons et des objets identiques ont été
mis au jour d’une part à Samos, d’autre part à Olympie (et même à Préneste,
an Italie). Il s’agit très probablement d’objets cultuels à signification
zodiacale: le dragon est le gardien du nord et du solstice d’hiver. Les
sirènes, qui se retrouvent aussi dans les trois endroits cités ont la même
signification D’autres
chaudrons analogues, décorés de têtes de taureaux, renvoient à l’équinoxe de
printemps. En Mésopotamie, le système de projection selon les grandes
directions de l’espace a joué un rôle important dans la construction des
villes (Ninive ou Babylone par exemple). Je n’ai pas l’impression qu’il ait
été appliqué au pays considéré dans son ensemble. En Egypte, la configuration
du pays ne se prêtait pas à un système de projection zodiacale, mais la
division du pays en nomes est associée à l’ordre du ciel. Les douze tribus
d’Israël sont en relation symbolique avec le zodiaque, sans qu’on puisse à ce
propos parler de projection zodiacale rigoureuse. L’exemple, finalement, est
peut-être venu de l’Occident car, sans tomber dans le «pan-celtisme», on ne
peut esquiver le problème des alignements mégalithiques et il est clair que
Carnac correspond au point vernal par rapport à l’omphalos des Gaules. Le
système, avec pour grands centres Sardes, Délos et Delphes, que j’ai décrit
en détail, semble remonter au huitième siècle avant notre ère. Il est
probable que pour orienter les grands sanctuaires on a tendu la corde comme
on le faisait en Egypte pour s’orienter par rapport à un lever héliaque, à
une certaine époque de l’an. Ainsi une ville ou un temple se trouvait mis en
relation avec une région déterminée du ciel. Mais il faut, dans chaque cas,
rechercher l’état ancien du ciel, ce qui est travail d’astronome, et il y a
en général beaucoup d’inconnues… Pour les
Anciens, d’ailleurs, les constellations circumzodiacales
avaient autant d’importance que celles qui sont exactement situées sur l’écliptique.
On possède une table calendaire du IVe siècle, trouvée à Milet,
qui donne les levers et couchers d’étoiles remarquables pour 18 jours du
Verseau sur trente. (Les autres jours, où on ne note rien de ce genre, sont
marqués par un simple point). Les signes du zodiaque, correspondent aux
positions successives du soleil sur l’écliptique. L’idée fondamentale
était de faire de la terre une image du Ciel, comme un être vivant en
harmonie avec un autre être vivant. Autrement dit, à l’arrière-plan de cet
immense effort d’unification de l’univers, se situe un panvitalisme, qui
trouvera son expression philosophique dans l’admirable Epinomis
(dont l’attribution à Platon n’est plus contestée.)
Et c’est pourquoi l’art grec, comme je me suis efforcé de l’établir, nous
propose, pour l’essentiel, tout un ensemble de symboles cosmiques ou de
scènes symboliques à signification astrale. Pourquoi,
lorsqu’on arrive à Delphes, venant d’Athènes, trouve-t-on d’abord à gauche,
en contrebas de la route, au lieudit «Marmaria»,
une série de temples d’Athéna ? Pourquoi a-t-on construit le temple de Bassée
si haut en altitude et pourquoi son entrée est-elle tournée vers le nord-est
? J’ai d’abord déterminé les grandes loxodromies, ou les grands alignements,
après l’intuition fondamentale (rapportée dans Delphes, Délos et Cumes). J’ai
ensuite attendu deux ans avant de considérer qu’il s’agissait bien d’une
projection du zodiaque. Et, alors j’ai compris que les temples d’Athéna de
Delphes désignaient le signe de la Vierge, que le temple de Bassée était
tourné vers Delphes et correspondait au signe du Cheval ou Gémeaux. Les
symboles monétaires m’ont apporté des séries de confirmations. Comme certains
ont cru devoir le rappeler, les Anciens ne possédaient évidemment pas des
cartes géographiques comparables aux nôtres. Mais ils disposaient sans doute
de moyens de connaissance que nous avons perdus. Ils
établissaient leurs loxodromies, principalement à partir de feux allumés sur
les lieux élevés. Par ailleurs, l’existence du grand parallèle des Heraia: Olympie, Heraion
d’Argos, Samos, permet de supposer que le problème des alignements en
latitude a été résolu beaucoup plus tôt qu’on ne le dit en général. Très
souvent, on observe l’existence d’une sorte de faisceau de lignes avec de proches
parallèles. C’est ainsi que le méridien de Delphes ne se confond pas
exactement avec celui de l’Olympe. Je pense aussi que la perception intuitive
a joué un rôle: tout se passe comme si certains «voyants» avaient possédé une
vision panoramique des sites, qu’ils traduisent |
19 H
HÉsiode
– la thÉogonie. les travaux et les jours et autres poÈmes |
|
livre de poche |
1999 |
||
La Terre et la Mer, à leur tour, et, dans
une génération suivante, Océan et Téthys donnent naissance à de nombreuses
familles d'êtres où se personnifient les qualités, les mouvements et les
productions des flots. Le mythe universellement connu de la mutilation
d'Ouranos par son fils Kronos se présente dans le texte d'Hésiode, entremêlé
dans la suite des générations divines, immédiatement après la naissance des
Cyclopes et des Hécatonchires, qui est l'occasion du méfait. Le récit, qui
est d'une mythologie complexe, appelle deux rapprochements importants: le
premier avec la lutte d'Indra contre le Nuage dans le Rigvéda,
— quoique l'analogie soit plus visible dans une autre lutte, qui vient plus
tard, de Zeus contre Kronos et les Titans; — le second, avec les mythes
d'origine sémitique sur la guerre déclarée à Ciel par son fils El ou Kronos;
sur le sacrifice que celui-ci fait de son propre fils, et de la circoncision qu'’il s’impose ainsi qu'’à
son propre père. Selon la version d'Hésiode, Ouranos prend en
haine les plus puissants de ses fils, les Cyclopes et les Hécatonchires dont
le caractère n'est pas peint en traits favorables par le poète. À peine nés,
il les ensevelit, les privant de la lumière, dans les profondeurs de la
terre, tandis qu'il a respecté ses premiers enfants, Océan et les autres,
dont Kronos était le dernier-né. Mais Gaïa, leur mère à tous, s'afflige du
sort de ses enfants les moins intéressants, excite leurs frères à la
vengeance et fournit une faux pour arme à Kronos, qui seul embrasse sa cause.
Celui-ci saisit le moment où Ouranos s'approche de son épouse; il moissonne
(de sa faux) ses parties génitales et les jette dernière lui, Si de tous les
traits de ce mythe on ne conservait que l'idée principale de quelque chose
qui reste caché dans les entrailles de la terre par la mauvaise volonté
d'Ouranos, — ce seraient, pour l'interprétation, les plantes et les fruits
que l'eau du ciel engendre, — et, d'une lutte qui a lieu dans le ciel et en
fait descendre le principe fécondant, — ce serait alors la pluie qui s'échappe
des nuages déchirés, à la grande satisfaction de la terre qui a perdu sa
parure, — et enfin de l'apparition de la grâce et de la beauté à la surface
de la mer elle-même, rassérénée après l'orage, il serait possible de
reconnaître dans le tout un souvenir lointain du mythe védique accommodé à
des dieux nouveaux..
Il y a plus, c'est que non seulement l'idée
du sacrifice est absente de la légende d'Hésiode, mais elle y est remplacée
par ce qui en est le contraire, dans l'espèce, et qui, cette fois, porte la
marque de l'esprit moral de la Grèce. En un mot, le poète qualifie nettement
de criminel l'acte de la mutilation d'Ouranos. Il se place, pour l'envisager,
dans un ordre tout psychologique de passions humaines. Le grief de Gaïa
contre son époux est juste en lui-même: «Mes chers enfants, fils d'un père
coupable, dit-elle, si vous voulez obéir, nous tirerons vengeance de l'action
injurieuse de votre père, car, le premier il a médité un dessein cruel.
— Elle parla ainsi, et la crainte les envahit tous, et aucun d'eux ne parla.
Enfin, ayant repris courage, le grand et subtil Kronos répondit ainsi à sa
mère vénérable: «Mère, certes, je le promets, j'accomplirai cette vengeance.
En effet, je n'ai plus de respect pour notre père, car, le premier, il
a médité un dessein cruel. Il parla ainsi et la grande Gala se réjouit en son
cœur.»
Après des combats longs et terribles qui
menacent de replonger le monde dans le chaos, Zeus parvient à précipiter ses
ennemis dans le Tartare, aussi loin, sous la surface de la terre, que la
terre elle-même est loin du ciel, à une distance qu'une enclume d'airain qui
tomberait mettrait neuf nuits et neuf jours à parcourir. C'est dans ce
gouffre horrible et sans issue, fermé par des portes d'airain, que les
Hécatonchires, sûrs gardiens de Zeus, retiennent les Titans vaincus. C'est de
là que Nys et Hèméra partent, entrant ou sortant
tour à tour pour venir sur la terre; et, tout au fond, sont les demeures du
puissant Aidés et de la terrible Perséphone. Le caractère moral de cet enfer
hellénique dont tant de poétiques traits matériels sont inutiles à rappeler,
car ils sont connus de tous, est marqué entre autres par le curieux emploi
qui est fait d'un produit de ce sombre séjour pour être la sanction de la
vérité dans la société des dieux. Un dieu qui s'est parjuré parmi les
immortels reste un an engourdi, muet, sans haleine, ne goûtant plus ni
l'ambroisie ni le nectar, dit Hésiode, et, quand ce mal a cessé: «Pendant
neuf ans il est relégué loin des dieux toujours vivants, et jamais il ne se
mêle ni à leurs conseils ni à leurs repas, et la dixième année seulement, il
prend part à l'assemblée des dieux.» Or une partie des eaux glacées qui
coulent de la source du Styx est réservée pour être le «grand châtiment des
dieux», quand ils mentent en faisant des libations de cette eau que Zeus
envoie prendre par la divine messagère Iris. C'est le serment par le Styx.
Après l'établissement du règne des
Olympiens, nous passons, en omettant le mythe de Typhon, qui parait n'être
qu'une autre forme de la titanomachie, à l'origine et aux premiers destins de
la race humaine, avec l'histoire mythique des Japètides.
Ce ne sont pas les Olympiens qui, dans la théogonie d'Hésiode, mettent les
hommes au monde. Ceux-ci descendent des Uranides, ancêtres eux-mêmes des
dieux. On peut au moins le supposer, puisque leur existence est admise
implicitement au cours du mythe de la querelle de Zeus et de Promètheus, qui lui-même est le bienfaiteur des mortels,
et dont le frère, Épimètheus, épousant Pandore,
femme factice, don fatal des dieux, devient le père d'une race misérable.
L'anthropomorphisme radical, qui est au fond de tous ces mythes, a pour
conséquence des relations passionnelles imaginées non seulement entre les
dieux, mais encore entre eux et l'homme, et, par suite, une lutte, chez
l'homme, qui recourt à des moyens illégitimes pour améliorer sa condition
dans le milieu imparfait où le renferment les dieux; de l'autre, chez le
dieu, le droit et la puissance, et aussi la jalousie et la prépotence. Telles
sont les notions morales. Il s'en dégage le sentiment très sensible d'une
destinée humaine supérieure à conquérir par une lutte de l'art et de la
science contre la primitive condition faite à l'homme sur la terre. |
HḖLIOPOLIS |
Bruwui et Vanloo |
Edition Fonds Mercator |
2010 |
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On y vénérait aussi Nebethetepet
"La Dame de la satisfaction" Déesse coiffée de cornes de
vache entourant un disque solaire, Elle fut créée tardivement en tant que
contrepartie féminine d'Atoum, au même titre que la Déesse Ioûsas. À l'Ancien Empire (2647-2150) les cultes d'Atoum
et de Ré entrèrent en concurrence avec celui du Dieu Ptah, adoré dans la
ville voisine de Memphis et dont le culte est attesté dès la Période Thinite (v.3150-2647). La cité se développa surtout sous
le Nouvel Empire (1549-1080), comme capitale religieuse, lorsque Ré, sous le
nom d'Amon-Ré, devient le Dieu principal du panthéon Égyptien. Le mythe
d'Atoum lui aussi fusionna à cette époque dans le Panthéon avec celui de Ré,
qui était également le créateur et un Dieu solaire, sous le nom d'Atoum-Ré,
sous l'aspect d'un vieillard courbé. Pour la
fraternité des frères d’Héliopolis, société mystérieuse, Héliopolis est le
nom d’une cité sainte bâtie dans le delta du Nil environ 4.500 ans av JC par
la race fondatrice de l’Egypte ancienne: les Shem-sou Hor soit littéralement
ceux qui suivent Horus. Ce peuple n’était constitué ni de guerriers, ni de
prêtres, ni de rois, ils étaient orfèvres et forgerons, et les derniers
survivants d’un continent englouti. Le Maitre et Adepte Fulcanelli s’est
employé à faire revivre cette fraternité mythique au travers de différents
portraits de ceux qui insufflèrent par leur art et leur témoignage dans la
pierre l’antique message qui autrement se serait effacé de la mémoire des
hommes. Il appela ces legs et dépôts des demeures
philosophales et l’ensemble de celles-ci forment la cité invisible
d’Héliopolis. Ceux qui reprirent le flambeau se revendiquaient sous la
bannière des frères en Héliopolis ou encore Rose Croix et le nom de leur cité
devint Christianapolis. Nul doute que l’Adepte les
a connu tant il les cite à longueur d’ouvrage : «
Invisibles parce qu’inconnus ». C’était le sort qu’il s’était réservé mais le
grand homme de science qu’il était a laissé assez de traces par l’œuvre
accomplie sur ce plan pour que nous puissions aussi dresser le portait émouvant d’un homme de cœur et d’esprit dont la
culture n’avait d’égale que sa probité et sa modestie. Au-delà de l’alchimie
la filiation ininterrompue fut maintenue au travers de cet homme dont nous
racontons l’histoire avec des éléments dévoilés pour la première fois.
|
HOMÈRE - GUIDE DES CITATIONS RÉUNIES ET CLASSÉES |
Olivier MEYER |
Edition PARDÈS |
2011 |
Se
réapproprier Homère, c’est renouer avec
le fil de la tradition européenne grâce auquel l’Europe redeviendra une vraie
civilisation et ne sera plus seulement un Marché commun. « Si nous
n’avions jamais connu ni les péchés de Sodome, ni les chimères de l’Egypte et
de Babylone » disait Goethe, Homère « serait resté notre
Bible ». Et, de fait, à l’époque de la Grèce classique, les écoliers
apprennent à lire et à écrire avec lui, récitant : « Homère
n’est pas un homme, c’est un Dieu » Tout au long de sa vie, le grec
ancien se réfère à Homère –qu’il connaît par cœur- comme à un code de valeurs
aristocratiques, guidant son action au quotidien. Voilà le secret, le cœur,
de ce que les modernes appelleront « Le miracle grec ». Selon la
célèbre formule de Platon, Homère est « l’éducateur de la Grèce ». Il
ne tient qu’à nous qu’il redevienne l’éducateur de l’Europe. Les
citations réunis dans ce guide sont tirées de l’Iliade et de l’Odyssée, dans
la fidèle traduction de Leconte de Lisle. Classées
par thème (de A comme action à V comme Virilité), elles constituent un
viatique pour l’excellence européenne ; à l’image d’Alexandre le Grand
qui ne se séparait jamais de son exemplaire de l’Iliade. Dans
ce guide des citations d’Homère, l’auteur n’a qu’une ambition : redonner
à l’aède grec sa première place aux yeux des européens ; renouant alors
avec leur plus longue mémoire –leurs livres sacrés, l’Iliade et l’Odyssée -,
ils redeviendront un peuple jeune à la vitalité créatrice d’avenir. Ce
guide se veut complet, mais ne prétend pas à l’exhaustivité. Rien ne
remplacera, en effet la lecture intégrale de l’œuvre. Toutefois, si le guide
peur inciter les lecteurs à replonger dans l’œuvre du poète, il n’aura pas
été inutile. Son intérêt consiste aussi dans le classement thématique des
citations, qui permet un accès facile et direct au lecteur, au gré de ses
recherches du moment. Les citations au sein d’un thème, sont classées dans
l’ordre de la progression du récit de l’Iliade et de l’Odyssée. Index des mots et des citations dans cet ouvrage : Action – Agôn (instinct de combat – Akhilleus (Achille) – Alimentation – Ami – Amour – Apollon - Arétê (excellence ) – Armes – Athèna – Augure – Beauté – Bienveillance – Chasse – Chant – Combat – Alexandre – Ménélas – Pandore – Ainéias – Diomède – Enée – Sarpèdon – Tlépolème – Ajax – Hector – Patroklos – Euphorbe – Akhilleus (Achille) – Hector – Astéropée – Agénor – Courage – Danse – Destin – Deuil – Dieux – Discorde – Duel – Enfant – Femme – Fidélité – Funérailles – Génocide – Gloire – Gouverner – Guerre – Hérédité – Hiérarchie – Homme – Honneur (timé) – Honte – Hospitalité – Hygiène – Incinération - Jeunesse – Lâche – Laideur – Lutte – Marchands – Mauvais – Mètis (intelligence rusée) – Mort – Muses – Odysseus (Ulysse) – Olympos (Olympe) – Oubli – Paroles – Patiente – Patrie – Parjure – Phalanges – Pitié – Pugilat – Race – Renommée – Richesses – Rire – Sacrifice – Sagesse – Vengeance – Vérité – Vertu – Vie – Vieillesse – Virilité - |
images & rites de la mort dans
l’Égypte ancienne |
Jan assmann |
Edition
CYBELE |
2000 |
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La conception de la mort dans
l’Egypte antique (cf sujet en relation) ne signifie pas la fin de l’existence
humaine, mais bien le passage entre deux formes d’existence, deux parties de
la vie de l’homme bien distinctes. C’est bien lorsque l’on a pris
connaissance de cette interprétation de la mort par les égyptiens de
l’antiquité que l’on peut comprendre et interpréter plus justement la
momification: la conservation du corps est en réalité une négation de la mort
de l’individu. En effet, pour que l’être humain qui vient de mourir puisse
accéder à cette « seconde étape » de sa vie, la condition sine qua
non est la conservation de son enveloppe charnelle qui va permettre à son âme
d’avoir toujours un point d’attache, dans le cas contraire la mort serait
alors définitive. Cependant la momification, si elle est bien une condition
essentielle pour la survie du défunt, ne suffit pas: elle doit être complétée
par des rites funéraires. (cf sujet en relation) Concernant la technique de
l’embaumement, sa mise au point fut extrêmement longue, s’étendant ainsi de
l’Ancien empire au Nouvel empire. Le terme même de « momie » est
réservé aux corps ayant subi un traitement spécifique en vue de cette
conservation, si celle-ci est fortuite elle ne doit pas théoriquement
recevoir cette appellation. La longue mise au point de la technique peut en
partie s’expliquer par l’argument suivant: dans l’Ancien empire (2700-2200
av. J.-C.), seul le pharaon et certains de ses proches recevaient ce
traitement c’est-à-dire un groupe très restreint de personnes, ce manque de
pratique expliquerait ainsi aisément la lente progression de ce rite. Autre
argument: il s’agit d’un procédé long et couteux. Le corps du défunt doit ainsi
subir un premier lavage (coutume commune à presque toute l’humanité), suivra
l’éviscération crânienne (le cerveau est sorti par les voies nasales grâce à
une tige de bronze, et l’on dépose à sa place une résine ou même quelquefois
des morceaux de linge), puis l’éviscération abdominale où les organes vitaux
tels que le foie, les poumons et les intestins seront sortis pour être
traités, seul le cœur, organe considéré comme essentiel reste à sa place. Le
corps est ensuite plongé dans un bain de natron (carbonate naturel de sodium
se rencontrant à l’état naturel dans les terrains désertiques des pays chauds ce qui va permettre le desséchement de ce dernier, condition
principale de sa bonne conservation, les organes sorties au préalable
subissent aussi ce traitement avant de retrouver leur place dans le corps ou
d’être conservés dans des récipients individuels: les vases canopes. Un
second lavage du corps précède l’étape ultime: le bandelettage. La momie
ainsi préparée peut enfin avoir des funérailles et être mise dans son
sarcophage dont les formes sont ici très variées (cf sujet en relation). Le
processus que nous venons de décrire est celui de la momification que l’on
pourrait dire de « première classe », toutes les momies n’étaient
pas traitées avec autant de soin. Si, nous l’avons vu, la momification est attestée sous
l’Ancien empire, la pratique connaît son apogée sous le Nouvel empire. On
note une augmentation du nombre de corps momifiés au Ier millénaire et de
nouveaux procédés font leur apparition: au-delà de la simple conservation du
corps, l’on va désormais s’attacher à rendre à celui-ci un aspect le plus
vivant possible: par exemple on insère des copeaux de bois, des linges sous
la peau pour lui redonner un certain volume. Enfin, on note la généralisation
de la coutume à l’époque ptolémaïque et romaine à toutes les classes de la
société. Ce phénomène peut sans doute s’expliquer par la mise au point de
techniques plus rapides et moins coûteuses. Un fait atteste cette théorie: la
momification de très nombreuses espèces animales: soit que l’animal en
question est la représentation directe d’un dieu, soit il s’agit d’un
ex-voto, ou encore de l’animal du défunt. Comme nous avons pu l’appréhender dans l’article
concernant la momification, les Egyptiens avaient une vision particulière de
la mort, qui ne symbolisait en aucun cas la fin de la vie mais plutôt sa
continuité, d’où le rôle primordial de l’embaumement qui en permettant la
préservation du corps du défunt, lui permettait d’accéder à sa seconde vie,
et servait de réceptacle aux trois éléments immatériels qui constituent
l’homme: le Ba (la pensée), l‘Akh (l’esprit lumineux) et le ka
(la force vitale). Seulement, la momification à elle seule n’était nullement
suffisante: elle se voyait accompagné de nombreux rituels religieux et
magiques qui étaient indissociables de celle-ci pour la renaissance du
défunt. Les actes qui accompagnent directement
l’embaumement : Les vases canope : Il s’agissait de petits
vases, à têtes d’animales ou d’homme, qui renfermaient les organes considérés
comme essentiels et vitaux, et dont la bonne préservation assuraient
la survie de l’embaumé. Ces vases sont traditionnellement au nombre de
quatre, contenant chacun un organe spécifique, reconnaissable par le
couvercle de chaque vase qui représente l’une des deux divinités
protectrices. Ainsi, les couvercles étaient dédiés aux fils d‘Horus: Douamoutef,
symbolisé par une tête de chacal est, avec la déesse Neith, le
protecteur de l’estomac; Hâpi (représenté sous les traits d’un
babouin) et Nephtys conservent les poumons; Amset (revêt une
apparence humaine momifiée) en compagnie d’Isis garde le foie; et enfin Qebehsennouef
(le faucon) est avec la déesse Serket le protecteur des intestins. Les vases
canopes étaient déposés dans un coffre, placé auprès du sarcophage.
L’importance de la bonne conservation de ces organes considérés comme vitaux
et le symbole de leur protection divine complètent directement le rituel de
l’embaumement: on conserve au mieux l’enveloppe charnelle du défunt, premier
élément pour lui permettre d’accéder à sa « seconde vie Amulettes et bijoux : Si la religion joue un rôle
essentiel dans les rites funéraires, ceux-ci ne sont cependant pas dépourvus
de magie. Il en va ainsi des amulettes et autres bijoux que l’on plaçait
directement sur le corps momifié, entre les bandelettes, et qui étaient
destinés à assurer une protection magique au mort. Ces bijoux et amulettes
pouvaient être ceux portés par le défunt au cours de sa vie, mais il
s’agissait le plus souvent d’objets créés à cet effet. La protection magique
était assurée et symbolisée soit par la simple préciosité des matériaux
utilisés, ou encore par la signification attribuée à leurs formes ou à leur
couleur (blanc comme la lumière, noir comme la vie éternelle, vert comme
« vigoureux » ou jaune comme l’or…). La forme la plus emblématique
et répandue est le large collier à plusieurs rangs appelé ousekh. Les
amulettes et les bijoux, pour assurer leur rôle protecteur, étaient placés à
des endroits précis: les poignets, les chevilles, la taille et l’incision
faite sur le flanc lors de l’embaumement. Le « rituel de l’ouverture de la bouche » : Une fois le corps embaumé,
les funérailles pouvaient avoir lieu. Un rituel extrêmement important
intervenait dès lors : « le rituel de l’ouverture de la bouche »
(attesté dès l’Ancien Empire, et se propage au Nouvel Empire) qui pouvait
intervenir sur le cercueil/sarcophage du mort ou bien être pratiquée sur la
statue représentant ce dernier. En effet, l’architecture du tombeau était
divisée en deux parties, la chambre funéraire où reposait le corps, et la
chapelle où avaient lieu les offrandes, les visites des proches et les
différents rites ultérieurs. Une statue représentant le défunt faisait le
lien entre ces deux parties du monument funéraire et c’est sur celle-ci que
le prêtre pouvait procéder au rituel: l’officiant « ouvrait » de
façon magique la bouche et les yeux de la statue à l’aide d’un long
instrument incurvé (cf figure 2), et complétait ce geste symbolique par des
fumigations purificatoires, des lustrations et la récitation de formules.
Tout cela avait pour but « d’animer » la statue, de redonner au défunt
l’usage de ses sens pour qu’il puisse désormais profiter des offrandes de
nourriture et de parfum faites par ses proches, et la statue en question
devenait dès lors le lien entre le monde des morts et le monde réel,
permettant ainsi au défunt d’intervenir directement dans le monde des
vivants. |
ISIS contre MOÏSE - Des secrets de la déesse du bonheur à la vengeance du dieu jaloux |
Jean-Paul de Lagrave |
Edition Maison de Vie |
2012 |
Isis victorieuse de la mort, a « inventé » la mort,
hors de toute croyance et de tout dogmatisme. Son monde fut celui de la joie
de vivre et de renaître. Avec la venue de Moïse, prêtre renégat d’Héliopolis,
tout change. De l’assassinat des derniers fidèles de Philae jusqu’à
l’inquisition, c’est un monde bien différent qui s’impose. L’auteur propose
de redécouvrir l’ampleur de l’idéal isiaque, d’en mesurer la portée et
l’actualité afin d’espérer une prise de conscience. La déesse Isis est mentionnée pour la première fois dans
les textes des Pyramides datant de 2500 ans av. J.C. L’origine de ces textes
est même beaucoup plus ancienne et remonte sans doute à la naissance même de
la civilisation Egyptienne. Ce furent les sages de la ville d’Iounou (les grecs la baptisèrent Héliopolis) qui
conçurent et formulèrent cette extraordinaire vision spirituelle. Isis y est
victorieuse de la mort et offre aux hommes le secret de la vie en éternité
« Isis vient joyeuse, par amour d’Osiris » dont la semence jaillit
en elle, elle qui est Sothis. C’est
cette déesse, l’une des plus importantes du panthéon universel, qui est au
cœur de cet ouvrage. Isis fut adorée non seulement en Egypte et en Grèce mais
également dans tout l’empire romain, qui longtemps fut vénérée dans son
temple Egyptien de Philae. Les pharaons grecs Ptolémées étendirent le culte
d’Isis dans la totalité du monde et lui donnèrent une dimension universelle
de Justice, d’initiatrice, d’organisatrice, elle venait au secours des
malheureux et apportait le réconfort et la compassion, de plus elle donnait
la promesse d’une renaissance spirituelle. L’idéal
isiaque de Plutarque demeure une tradition lumineuse, la source vivante d’un
enseignement tiré d’une Egypte éternelle, qui est l’enchantement de
chercheurs inlassables. Au sommaire de cet ouvrage est développé : L’amour d’Isis – La maison d’Isis –
le chemin des étoiles – les Ptolémées – César l’égyptien – la beauté de la
déesse - ailes protectrices – l’antique guérisseuse – Déesse du soleil
– la grand hymne d’Osiris – appel isiaque – vaincre la chaos – le cœur d’Ialou
– ravissement de l’initiation - - le salut d’Isis - l’enfant solaire –
Rome et Athènes – la piété de Plutarque – Déesse universelle – les
métamorphoses – la belle Photis – les roses d’Isis
– la vengeance de Seth – Le prêtre Moïse – Domaine de Seth – Le veau d’or –
Moïse assassiné – Héliopolis - Texte des Pyramides – Osiris – Jalousie
de Seth – La résurrection – L’immortalité – Le désert et le culte de Seth –
Les forces maléfiques – L’âne d’or de Jérusalem – Les Hyksos – Yahvé -
Menaces et massacres – Divinité assoiffée de sang – Ramsès II – Mérenptah – Le pharaon Séti – Le désert du Sinaï – Dame à
la turquoise – L’édit de Constantin – Maintien du culte solaire – La nouvelle
Rome – Détruire la pensée antique – Hypatia et Isis
– Des nomades auprès d’Isis – Guerre contre Byzance – La paix d’Isis – Chute
de Koush – Les Nobades
- Kalabchah – Philae – Le Naos – Le secret du
temple – L’île d’Osiris – Le terrible Justinien - Le cruel eunuque –
Des Blemmyes aux Bedjas – Paganocide – Le silence
des hiéroglyphes – Le Paris d’Isis – La flûte enchantée – L’Egypte des sages
– Hermès Trismégiste - Enfants des étoiles – Paroles d’Isis – Naissance
du diable – Redécouvrir la pensée antique – Terre aimée des dieux – Centrale
d’énergie spirituelle –L’Egypte inspiratrice pour l’équilibre du monde – une
tradition lumineuse qui se redécouvre – Docteur en Histoire et lettres, historien des idées, J. P. de Lagrave a publié des biographies de Sophie de Condorcet et de Benjamin Franklin. Il se spécialise aujourd’hui dans l’étude du paganisme, notamment de la tradition isiaque, face aux monothéismes. |
isis
& osiris |
plutarque |
Edition
TREDANIEL |
2001 |
Entre
toutes les Œuvres morales de Plutarque, s’il en est une qui caractérise
indubitablement le mouvement d’idées que cet écrivain représente, et qui
porte la marque indélébile des préoccupations du temps durant lequel écrivit
et vécut ce prêtre d’Apollon, c’est assurément le traité qu’il intitula Sur
Isis et Osiris. Elle
prit pour guide, il semble, ce précepte de Pythagore, que le devoir de
l’homme est moins d’offrir des sacrifices matériels que de mener une vie pure
et sans tache, et d’imiter ainsi la divinité, philosophie très haute, sorte
de culte spirituel en esprit et en vérité qui, sans toucher au panthéon
national, permettait d’avoir sur Dieu des idées très élevées et de se mettre
en rapport d’union avec lui, par la pureté de vie et par des initiations. » Cette
vérité, la Providence l’avait implantée avec la vie dans toutes les âmes
humaines, et accordée dans sa justice à tous les peuples du monde. En vertu
de ce don et de cette révélation, les religions de toutes les nations, comme
toutes leurs sagesses, sous des dehors variés et des mots plus ou moins
différents manifestaient la même connaissance comme à tous les hommes. |
ISIS et OSIRIS, la LÉGENDE ou La Victoire de l’Amour sur la Mort |
Christian Jacq |
Edition Maison de Vie |
2010 |
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Qu’enseignaient
les mystères d’Isis et d’Osiris ? La nécessité de devenir un Osiris de
son vivant, afin de connaître la signification profonde des mythes et des
rites « inaltérables, non soumis à la corruption, exempt de l’impureté
des individus périssables, Osiris séjourne fort loin de la terre, mais reste
la Pyramide. » L’enjeu est d’importance, puisque seule une connaissance
ésotérique permet de former un être à l’exercice de la royauté. Bien qu’issue
de la confrérie des guerriers, il était initié à la sagesse des ritualistes
dont l’enseignement est caché par des mythes qui laissent percevoir la vérité
en la dissimulant. Les
témoignages des auteurs de l’Antiquité convergent : l’initiation permet
d’accéder à la connaissance du dieu primordial et de participer à sa nature
immortelle. Et Plutarque résume ainsi la vision spirituelle des initiés aux
mystères : « C’est à la connaissance réelle des dieux qu’il
faut s’attacher ; il n’y a rien de plus essentiel que la vérité, à
savoir la vérité qui concerne les dieux. Eux seuls possèdent l’intégralité de
l’intelligence et de la pensée. L’humain n’en dispose que partiellement, et
le Divin ne relève pas des biens matériels, fut-ce l’argent ou l’or, ni des
forces naturelles, mais de la connaissance et de la pensée. La divinité
possède le bonheur de la vie en éternité, à savoir la connaissance de ce qui
sera ; sans cette connaissance de l’être, l’immortalité ne correspondrait
plus à la Vie, mais se réduirait au simple phénomène du temps qui
s’écoule ». Apulée, auteur du roman L’âne d’or, parle de l’initiation égyptienne
et fait dire à son héros Lucius au moment crucial de son
initiation : « En pleine nuit,
j’ai vu le soleil briller d’une lumière étincelante. » et Sophocle
de renchérir : « Trop heureux ceux des mortels qui
contemplèrent les rites initiatiques avant de mourir ! Pour eux
seulement, il y a une vie dans l’autre monde ; pour les autres il n’y a
que des maux » Jamblique, grand initié aux
mystères d’Isis et grand connaisseur de l’Egypte, leur consacra un traité, et
rappela l’un des enseignements majeur
d’Abydos : si la puissance bénéfique d’Osiris demeure intacte et pure,
les parties du Tout demeurent en ordre. Le
livre de morts égyptiens précise au chapitre 75 : « Lorsque le monde retournera dans l’océan primordial
d’où il est issu, il ne subsistera que la lumière divine d’Osiris ». Au sommaire de cet ouvrage : La naissance d’Osiris et d’Isis - Le règne heureux d’Osiris et d’Isis - Le complot de Seth et l’assassinat d’Osiris - La première quête d’Isis et la découverte du lieu du crime - Le voyage d’Isis à Byblos et la découverte d’Osiris-arbre - Le retour à Abydos et les rites de deuil - Le second assassinat d’Osiris, la dispersion de son corps et la seconde quête d’Isis - La reconstitution du corps d’Osiris - La création du corps noble d’Osiris et sa résurrection - La fécondation d’Isis-oiseau par Osiris ressuscité - Les tombeaux d’Osiris - Le nouveau règne d’Osiris ressuscité - Naissance et survie d’Horus, fils d’Isis et d’Osiris - Identification du meurtrier : Seth le perturbateur - Le combat d’Horus contre Seth - Le triomphe d’Horus et de l’institution pharaonique - Pourquoi Isis créa l’initiation - L’éternité d’Isis et d’Osiris - |
ISIS - la quÊte d’isis |
Jurgis baltrusaitis |
Edition flammarion |
1985 |
A
partir du mythe d’Isis, l’auteur démontre comment toutes les civilisations
universelles se sont accaparées ce thème et en ont
fait un mythe fondateur à leur façon. On y trouve les théogonies, égyptiennes
durant la Révolution Française et dans l’Histoire de France. Isis et les
Francs-Maçons. Isis en Allemagne, en Angleterre, en Chine, aux Indes
occidentales et orientales et en Italie. La
première quête d’Isis : Le coffre contenant le cadavre d’Osiris dérive jusqu’à
Byblos où il est emprisonné dans le tronc d’un tamaris. Le souverain local
fait couper l’arbre qui devient une colonne du palais royal. Ceci explique le
lien très profond entre Osiris et les arbres qui agrémentent toujours ses
cénotaphes. Après de multiples péripéties, Isis archétype de l’épouse
exemplaire, réussit à retrouver le cadavre de son frère et mari, et le ramena
dans les marais du Delta où elle le pensait à l’abri de la malveillance de
Seth. Malgré toutes ses précautions, ce dernier retrouva le cadavre, alors
qu’Isis était absente. Dans sa colère, et pour interdire à son frère une
sépulture digne de ce nom, il découpa le cadavre en morceaux dont le nombre
varie selon les textes : 14 (un demi-mois lunaire),
16 (16 coudées est la hauteur idéale de la crue) ou 42 (correspondant au
nombre des nomes d’Égypte). Il dispersa ensuite les morceaux, pensant ainsi
se débarrasser définitivement de sa victime. Excepté le précieux phallus qui
avait été jeté dans le Nil et avalé par le poisson, oxyrhinque. La
deuxième quête d’Isis : Isis ne s’avoua pas vaincue et entreprit de
recueillir les morceaux épars de son époux disséminés dans toute l’Égypte. La
Grande Magicienne, avec l’aide de sa sœur Nephtys et d’Anubis son neveu
réussit à reconstituer l’intégrité physique d’Osiris qui représente la
première momie. Anubis en recomposant le corps décomposé de son défunt Tonton
devint le dieu des embaumeurs. Isis par la magie de son verbe, réanime alors
son époux et après s’être transformée en milan lui redonne le souffle en
battant des ailes au-dessus de son sexe dressé et déstressé, car elle a
réussi à reconstituer magiquement le phallus, elle est fécondée afin de
concevoir un fils, son héritier, Horus le jeune qui devint l’archétype du
pharaon. Osiris
semble être à l’origine un Dieu en rapport avec la végétation renaissante,
auquel on attribue les destins annuels du sol terrestre. Quand vient
l’inondation, Osiris est aussi l’eau nouvelle qui fait reverdir les champs.
Lorsque les plantes flétrissent et meurent, on dit qu’Osiris est mort. Mais
il n’est pas tout à fait mort puisque l’année suivante les herbes poussent de
nouveau de la terre (son corps) prouvant ainsi qu’il est toujours vivant. Les
chairs du Dieu peuvent être représentées de ce fait en vert, couleur de la
végétation renaissante, ou en noir couleur du limon fertile. Isis, comme mère
d’Horus, était par extension considérée comme mère et protectrice des
pharaons. Le lien entre Isis et Horus a aussi influencé la conception
chrétienne du rapport entre Marie et l’enfant en bas âge Jésus Christ. La
description de la tenue assise ou l’allaitement de l’enfant Horus est
peut-être à l’origine de l’iconographie de Marie et Jésus. C’est une
représentation universelle de la maternité allaitante parfois haletante. La
déesse Flore est aussi Hathor la déesse au sycomore dans le panthéon
égyptien. Isis est la grande prêtresse des insondables mystères, ceux qui ne
peuvent être dévoilés à de simples mortels : «Je suis tout ce qui a été, tout
ce qui est et tout ce qui sera, et mon voile aucun mortel ne l’a encore
soulevé». « En montant sur le trône, Osiris fit renoncer aussitôt les
Égyptiens à leur existence de privations et de bêtes sauvages. Il leur montra
comment on se procure les fruits ; il leur donna des lois et leur apprit à
honorer des dieux. Plus tard il parcourut l’univers entier y portant les
bienfaits de la civilisation. Il n’eut que très rarement besoin de recourir
aux armes : ce fut par la persuasion, le plus souvent, et par la raison, en y
joignant l’attrait des chants et de toute sorte d’harmonie, qu’il attirait
les hommes. C’est pour cela que les Grecs croient qu’il est le même que
Bacchus. Typhon, en l’absence d’Osiris, n’avait rien innové, parce qu’Isis
exerçait une active surveillance et maintenait vigoureusement toutes choses
en leur état ». Un
très beau livre de référence avec une nombreuse iconographie. |
ISIS - le mythe d’isis & d’osiris
& sa relation avec le symbolisme hermÉtique |
Jorge camacho |
Edition
LA TABLE D’ÉMERAUDE |
1995 |
Si
depuis le Moyen Âge jusqu’à la première moitié du XXème siècle, du pseudo
Albert Le Grand à Fulcanelli en passant par Dom Pernety nombreux furent les
auteurs à soulever le voile sur ce qui constitue « le substratum positif qui
est l’assise des sanctuaires de tous les cultes répandus sur la terre »,
personne encore n’avait proposé une lecture alchimique du mythe central de
l’ancienne Égypte, tel que depuis Champollion il nous est devenu possible de
l’aborder.
Osiris était fils de Geb,
dieu de la terre, et de Nout, déesse du ciel. Il
était aussi le frère de Seth. Or à sa mort, Geb
décida de partager son royaume en deux. Partage bien inégal puisqu’il confia
à Osiris les terres fertiles, et à Seth les terres rouges du désert. De quoi,
on le comprendra, nourrir beaucoup de rancune chez l’infortuné Seth. Puis
Osiris épousa Isis et on dit que leur union fut heureuse. Ils dispensèrent
leurs bienfaits aux hommes, Osiris leur apportant la culture du blé, la
pêche, et Isis la médecine, le tissage. Mais Seth ne s’avoua pas vaincu, et il
attendit patiemment son heure. Lors d’un banquet auquel il avait convié 72 de
ses amis, il proposa à chacun des convives de s’allonger dans un coffre
promettant de l’offrir à celui qui y tiendrait parfaitement. Les complices de
Seth s’y essayèrent mais aucun d’eux n’avait la taille voulue. C’est lorsque
le tour d’Osiris arriva que tous purent constater qu’il y tenait à merveille,
le coffre semblait fait pour lui. En vérité il l’était. Tant et si bien que
les auteurs du complot, Seth en tête, fermèrent le coffre sur lui puis le
jetèrent dans les eaux du Nil non loin de Byblos. Osiris s’y noya. Mais Isis,
épouse fidèle, n’avait pas dit son dernier mot. Elle partit en quête de son
corps et, finit par le trouver. Elle le ramena en Egypte. Toutefois Seth
profita d’un moment de relâchement pour découper le corps et en éparpiller
les morceaux. Isis partit une nouvelle fois à leur recherche et à chaque fois
qu’elle en trouva une partie, l’ensevelit sur place. C’est ainsi qu’elle enterra la tête à Abydos,
le cou à Héliopolis, et ainsi de suite. Seul son sexe avait été avalé par un
crocodile. Puis elle reconstitua son corps, et grâce à l’aide d’Anubis, se fit
féconder. Horus devait naître de leur union. Elle embauma le corps, initiant
la première momie, et c’est ainsi qu’Osiris devint le seigneur de l’Au-delà,
présidant à la pesée des âmes, assisté de Thot et Anubis. Quant à Horus, dieu
à tête de faucon, dont le nom signifie « vengeur de son père », il
s’opposa bientôt à Seth, dans une lutte sans merci. Il devait y perdre un œil
mais y gagner l’admiration de tous, devenant ainsi le symbole de la piété
filiale. En
Égypte antique, l'une des premières Écoles de Mystères fut l'école osirienne.
Ses enseignements portaient sur la vie, la mort et la résurrection du dieu
Osiris. Ils étaient présentés sous la forme de pièces théâtrales ou, plus
exactement de drames rituels. Seules les personnes ayant donné la preuve de
leur désir sincère de connaissance pouvaient y assister. Au cours des
siècles, les Écoles de Mystères ajoutèrent une dimension encore plus
initiatique au savoir qu'elles transmettaient. Leurs travaux mystiques
prirent alors un caractère plus fermé et se tinrent exclusivement dans les
temples qui avaient été construits dans ce but. D'après les enseignements
rosicruciens, les plus sacrés aux yeux des Initiés étaient les grandes
pyramides de Gizeh Ainsi, contrairement à ce qu'affirment la plupart des
historiens, ces pyramides n'ont pas été construites pour servir de tombeau à
quelque pharaon. Elles étaient à l'origine des lieux d'études et
d'initiations mystiques. Les
initiations aux Mystères égyptiens comprenaient une phase ultime durant
laquelle le candidat faisait l'expérience d'une mort symbolique. Allongé dans
un sarcophage et maintenu par des procédés mystiques dans un état
intermédiaire, il lui était donné de se dédoubler, c'est-à-dire de connaître
une séparation momentanée entre son corps et son âme. Cette séparation avait
pour but de lui montrer qu'il était bien un être double. L'ayant
expérimentée, il ne pouvait plus douter que l'homme possède une nature
spirituelle et qu'il est destiné à réintégrer le Royaume Divin. Après avoir
fait la promesse de ne rien dévoiler de cette initiation et s'être engagé à
suivre le sentier du mysticisme, il était graduellement instruit des
enseignements les plus ésotériques qu'un mortel puisse recevoir. Les
Initiés de l'ancienne Egypte résumèrent une partie de leur sagesse sur les
murs de leurs temples et sur de nombreux papyri. Une autre partie, non moins
importante, fut secrètement transmise de bouche à oreille |
ISIS L’ÉTERNELLE - Biographie d’un mythe féminin |
Florence Quentin |
Edition Albin MICHEL |
2012 |
||
Ce
livre nous montre à quel point nous sommes imprégnés de cette figure idéale
de la Femme salvatrice, née il y a plus de 5000 ans, et qui aura fait tant
rêver. Après nous avoir introduits à la « vraie Isis », c’est à
dire celle de l’Egypte pharaonique, l’auteur s’attache à en suivre les
transformations au cours de l’histoire, et à nous faire comprendre comment
chaque période s’en est emparée selon les pentes de son imagination : où
l’on constate que la « Mère Universelle » était l’écran
parfait pour toutes nos projections. C’est ainsi qu’Isis va passer dans la
culture gréco-latine en abandonnant son statut solaire (mais aussi en agrégeant
sous son nom tout ce que le bassin méditerranéen comptait de visages de la
« Grande Déesse ») et en devenant de ce fait la gouvernance
de ces mystères sur lesquels, des siècles après, nous ne cessons d’élucubrer.
Puis viennent les Vierges noires du Moyen-âge, la redécouverte de l’Egypte à
la Renaissance, les accointances d’Isis avec l’efflorescence de l’alchimie,
le surgissement de l’ésotérisme au XVIIIe siècle, comme on peut le trouver
dans la flûte enchantée de Mozart. Enfin
c’est l’Isis voilée de Novalis, visage de cette nature dont il nous
est interdit de pénétrer le secret, thème qui va irriguer la philosophie
romantique allemande et dont on va retrouver les échos divers en France chez Gérard
de Nerval, Michelet ou Victor Hugo. Sans oublier bien sûr, tout
« l’ésotérisme moderne », qui va s’abreuver à cette source sans
fin. Ainsi va le mythe, et c’est le mérite de F. Quentin, avec une érudition
très sure qui n’exclut pas le sens du symbole, de brosser un panorama qui ne
laisse pas de nous interroger. Car
reste à éclaircir ce point : pourquoi cette déesse si féminine, si
maternelle, si compatissante, si liée aux mystères du cosmos, nous a-t-elle
ainsi fascinés ? Peut-être parce qu’elle représentait une essence du
féminin sacré qui ne cessait de faire retour dans une culture faite par et
pour les hommes ? ou est-ce autre chose ? Au sommaire de cet ouvrage est développé : Asèt l’Egyptienne - Isis l’Alexandrine - La Déesse romaine aux dix mille noms - Vierge Marie céleste - Au service d’un songe - Déesse des lumières - La nature voilée - Lilith, sainte et fée - Isis dans tous ses états - |
JERPHAGNON
- Ẵ L’ḖCOLE DES ANCIENS - |
Lucien Jerphagnon |
Edition
Perrin |
2014 |
Se
définissant lui-même comme « barbouze de l’Antiquité », le grand historien
Lucien Jerphagnon (1921-2011) n’a cessé d’interroger l’histoire avec le
savoir pénétré d’ironie et d’érudition du sage, et de questionner les
philosophes, qu’il a su replacer dans leurs époques, et dont il nous a donné
à respirer « l’air du temps ». Platon, Plotin et saint Augustin sont les
héros de ce livre constitué de textes inédits. Avec son art fulgurant
d’exhumer le passé et d’incarner les textes, Lucien Jerphagnon nous redit que
ce qu’il faut voir, c’est précisément ce qui nous fait voir : leur lumière, à
l’origine de la vision de notre monde. D’une
grande figure de l’Antiquité à l’école de pensée qui s’en réclame, des
maîtres aux disciples, d’un discours sur sa méthode à une leçon sur
l’histoire, nous voilà plongés aux sources les plus vives de notre temps et
de notre culture. De page en page, ce grand humaniste nous rappelle pourquoi
les penseurs de l’Antiquité ont porté jusqu’à nos jours une initiation à tout
ce qui est la vie de l’esprit, à tout ce qui rend vivant et digne d’être
humain. D'outre-tombe,
Lucien Jerphagnon nous livre ici un « dernier livre », en fait un recueil
d'articles exhumés et ordonnés par l'éditeur. On ne fera pas la fine bouche,
tellement on y retrouve condensé le gai savoir de cet abîme d'érudition.
L'auteur des Divins Césars fut si intime du monde antique qu'il sut redonner
vigueur et fraîcheur à des auteurs trop souvent figés dans le marbre. Avec
lui, les « Anciens » deviennent des vivants au sourire en coin. En partant du
pouvoir de « suggestion » d'Héraclite, Jerphagnon passe en revue philosophes
et philosophies. Il ne nous cache pas que ces dernières, systématisées,
purent ressembler à un rayon de supermarché : platonisme, aristotélisme,
stoïcisme, cynisme, épicurisme, narcissisme (cherchez l'erreur)... Mais les
grands maîtres, par leur hauteur de vue, échappent à cela. Ainsi en est-il de
Plotin, qui a illuminé la vie de Jerphagnon. Pour
Plotin, tout procède de l'Un. « Quel discours est possible, énonçait le grand
esprit gréco-romain, lorsqu'il s'agit de l'absolument simple ? » Ce qui
n'empêche pas Plotin de rester très humain, puisque, pris de frousse, il
déguerpit d'un champ de bataille. Ne pas être un héros : une épine dans la
chair de cet intellectuel mystique. Sur saint Augustin, qu'il a édité en
trois volumes à la Pléiade, Jerphagnon nous incite à nous défaire de clichés.
Plutôt qu'à un flambeur, le futur docteur de l'Église lui fait penser à un
jeune homme rangé qui, à peine reçu dans une grande école, ne rêve déjà que
de sa fin de carrière. Le petit arriviste arriva, mais ailleurs Au sommaire de cet ouvrage : Les Maîtres :
Héraclite - Empédocle -
Socrate - Platon et le platonisme
- Epicure te l’épicurisme - Les
stoïciens - Le néoplatonisme
- Les disciples :
Plotin, intellectuel et mystique - Le Parménide de
Platon - Platonopolis ou Plotin entre le siècle et le
rêve - Narcisse - Epiphanie
du ‘’Noûs’’ - Sur Saint Augustin : Le religieux, le mystique et le
rationnel -
Le confessio laudis d’Augustin
- Lettre à un ami historien - |
JERPHAGNON - CONNAIS-TOI TOI-MÊME ET
FAIS CE QUE TU AIMES |
Lucien Jerphagnon |
Edition Albin Michel |
2012 |
||
Cette
église fut bâti sur des ruines d’autres temples,
elle est venue se superposer au IIe siècle sur un temple de Mithra, qui fut
rival de la chrétienté, on peut voir la pierre qui représente le sacrifice
d’un taureau (le taurobolium) et qui se déroulait
dans les entrailles de la terre, sous la crypte. Lorsque deux civilisations
se rencontrent, cela occasionne des frictions et des guerres, Rome
rencontrant la Grèce n’échappe pas au processus, mais l’intelligence des
deux, fit qu’ils y trouvèrent chacun leur compte, car chacun avait ses
spécificités, d’où la création d’un empire « gréco-romain ».
Fascinant
affrontement de deux consciences collectives ! D’un côté les
Romains sûrs, comme le chante Virgile, d’être mandatés par les dieux pour
gouverner le monde. De l’autre les grecs, se sachant l’unique peuple, dont la
civilisation s’impose d’elle-même. Heureux face à face entre deux
complexes de supériorité, dont chacun des partenaires saura tirer parti et
comme dit Horace : C’est Rome hellénisée qui hellénisera l’Occident, car
là où Rome règne, Athènes rayonnera. Dans
son film « Au nom de la rose »,
Umberto Eco, retrace bien l’ambiance de cette époque (1327) où
l’émergence du laïcat creuse un fossé entre les paysans, les marchands, les
clercs et les Seigneurs. Le clergé enrichi prêche la vertu aux indigents…
C’est pourquoi on n’a jamais représenté autant d’Apocalypses, de Jugements
derniers, de diables convoyant aux Enfers, bourgeois, seigneurs et prélats.
Des mouvements contestataires se lèvent, appelant à la pénitence, à la
sainteté de la Primitive Eglise. Des mouvements hérétiques contestent l’Eglise
et appellent à un retour des vertus, même au sein de l’Eglise la contestation
gagne du terrain, certains comme Giordano Bruno seront brulés,
d’autres devront faire amende honorable (Maitre Eckhart) Au sommaire de ce voyage dans le temps : La lumière grecque - Platon, la carrière d’un philosophe - Faut-il réhabilité les sophistes - Plotin et la figure de ce monde - Platon, Denys l’Aréopagite et les autres - Que devons-nous à Rome ? - Sénèque au cœur du siècle - Psychopates et médecins au temps des Césars - Constantin sans péplum - Religion romaine et religion chrétienne - Saint Augustin à l’école de Plotin - D’Homère à saint Augustin - Le sac de Rome par Alaric - Les secrets des gnostiques - Arius sème la zizanie pour deux siècles - Donat et les circoncellions - Pélage ou l’attrait de l’insoluble - Philosophie bergsonienne du banal - Vladimir Jankélévitch - Petits meurtres entre moines : au sujet d’Umberto Eco - Goudji, l’or et les pierres - Du politiquement correct à la bonne conscience - Dis-moi qui tu adores… - Séquence cinéma avec Gladiator et Alexandre - A propos d’Agora |
JERPHAGNON - HISTOIRE DE LA PENSḖE - D’HOMḔRE Ẵ JEANNE D’ARC - |
Lucien Jerphagnon |
Edition Fayard |
2011 |
D’Héraclite à Guillaume
d’Ockham, tour à tour féroce et chaleureux, hilare et navré, Lucien
Jerphagnon retrace dans cet ouvrage l'histoire des grands courants et des
grandes idées de la philosophie occidentale antique et médiévale. Il embrasse
avec son habituelle érudition l’immense aventure de l’esprit : les origines
de la philosophie, les premiers physiciens, Socrate ou la conscience dans la
cité, Platon ou la politique sous l’angle de l’éternel, Aristote ou le
Macédonien surdoué, les cyniques et les cyrénaïques, les épicuriens, les
stoïciens, philosophes pour un monde nouveau, Plotin ou l’absolu entrevu,
Augustin ou les cieux nouveaux, la scolastique ou le retour d’Aristote... Il
ne s’agit pas d’une progression de la pensée siècle après siècle vers la
Vérité absolue, mais davantage d’un foisonnement, d’un buissonnement touffu
dont les rameaux s’emmêlent, poussant chacun vers un peu plus de lumière. Pourquoi
éprouve-t-on à la lecture de cet ouvrage un plaisant vertige ? De
prime abord, nous sommes marqués par la hauteur du projet, qui propose de
rendre compte des foisonnements multiples de la pensée depuis les
rivages de la Grèce antique jusqu’aux chaires des prestigieuses universités
médiévales. A peine 2000 ans de cheminements philosophiques nous
contemplent ici, et il faudrait pouvoir les saisir en quelques centaines
de pages ? Lucien Jerphagnon, notre guide, parvient à nous donner ce
sentiment, sans esbroufe, comme un amoureux de la nature, comme un grand
arpenteur qui sait lire et faire voir les paysages. Rien d’étonnant donc
qu’on trouve parmi les plus belles pages de ce livre, la présentation de
Lucrèce ; qui écrivait lui-même : Comme notre doctrine ne
semble pas très drôle à ceux qui ne l’ont pas mise en pratique, et comme la
masse recule devant elle avec le frisson, pour toi j’ai voulu l’exposer dans
la langue suave des Muses. Tout un programme… que Lucien Jerphagnon
prolonge un peu plus loin : Et c’est ainsi qu’en des vers admirables
Lucrèce expose la physique d’un Grec merveilleux qui a désarmé les
vieilles légendes. Tout le
projet est là, aussi bien celui de Lucrèce que celui de Lucien Jerphagnon.
La physique d’un grec merveilleux… Bien sûr, il y a d’abord ce style
et puis cette passion du savoir, cette envie de rendre compte de
l’importance de la philosophie grecque antique, passée ensuite à Rome, cette
bourgade de culs-terreux héroïques, intellectuellement nuls au départ
qui ont pourtant su assimiler, par les armes et par les mots, bien des
mondes, et former, par les armes et par les mots, un empire et une grande
civilisation. Cet empire prit la pensée grecque en héritage et en son
sein contribua — malgré lui, avec lui et contre lui — à modeler les pensées
chrétiennes. Car cette doctrine, puisqu’il faut bien l’appeler chrétienne
— scandale pour les juifs et folie pour les païens -
a contaminé la pensée classique, l’a secouée, éprouvée et orientée
vers de nouvelles perspectives. Impossible ici, en quelques lignes, de
rendre compte de la vitalité de ces siècles romains. Cette vitalité intellectuelle
fascine et obsède Lucien Jerphagnon, qui exulte à raconter la dynamique
intellectuelle qui se permet tout ; il donne ainsi autant de place
aux pensées de « référence » qu’à celles qui n’ont pas eu de postérité.
Toutes les pensées décrites sont fortes, réfléchies et autonomes, appuyées
mais affranchies, et définitivement inscrites dans la vie même
c’est-à-dire dans leur temps. Ce
récit de ce temps long de la pensée ne masque ni les ruptures ni les
impasses : Tout un pan du passé humain s’est ainsi écroulé, cela
atteste qu’on peut encore trouver du bonheur à en inventorier les ruines.
Terribles ont été les moments d’oublis. Ces périodes noires où l’on savait
plus quoi faire de ce « cadastre culturel » laissé par les anciens
philosophes. De l’avoir oublié, comme on peut mourir parce qu’on
a oublié de respirer… Avec les grandes invasions, tout devint
vieillerie plutôt que vestige ». Ce fut le déluge, le grand chambardement,
obsédant, car plus rien ne sera plus à sa place. On se rend compte que même
les pensées les plus profondes, les plus fondatrices, pouvaient être
éphémères et fragiles, voire perdues. Toute la pensée du Moyen– Age
a consisté à donner vie et lecture, dans le cadre d’un cahier des
charges doctrinaire et religieux parfois bien contraignant — voire sclérosant
— à ce bric à brac de pensées antiques. Alors
retour à la question de départ : pourquoi éprouve-t-on à la lecture
de cet ouvrage un plaisant vertige ? Parce que le sol se dérobe sous
nos pieds, comme sur une falaise attaquée par la mer et par les vents. Vous
avez oublié ? Désarmer les vieilles légendes… Ce sol, il est constitué
par des systèmes de pensées, plus ou moins choisis, plus ou moins prêts à
penser, qui fondent nos certitudes. Is ne dureront qu’un temps, forcément
remplacés, modifiés par d’autres, plus aboutis, mieux pensés, forcément…
Alors, saisis par cet éphémère, pour éviter de tomber, on regarde vers le
haut, vers le ciel, cet absolu. Lucien Jerphagnon raconte cette quête de
l’UN, de cette entité rassurante qui préexisterait et donnerait donc à
notre monde, à nous, à ce qui existe, un semblant d’ordre et de logique. Or
de tous ces systèmes, pondus et travaillés sur deux millénaires, qui ont
cherché à le dire, lequel est le bon ? Devant
ce foisonnement de pensées multiples, qui exigeaient l’absolu et qui
pourtant s’annulent plus ou moins, on baisse la tête et on voit encore le
vide. Troisième raison d’avoir le vertige. Il est impossible alors de ne
pas se poser la question absurde : « et moi ? » « et moi ? » « et
moi ? » Ne comptez pas sur l’auteur pour vous dire ce qu’il en
est, car il vous dira — au mieux — ce qu’il en a été, et il vous laissera
donc seul — et libre : Accueillons donc sans réticence l’envie
d’être ceci, cela ou autre chose le temps d’une lecture. Au moins jusqu’à ce
soir, car demain est un autre jour. Vous verrez bien. Il n’y
a pas de pensée définitive, où l’univers serait donné en gloire,
comme dans le paradis de Dante. En fait, il n’y a de pensée définitive
que pour ceux qui ne pensent plus. On n’a jamais fini de mourir et de
renaître à la pensée, et cela même ne va pas sans angoisse ni lassitude.
Comme le Christ de Pascal, l’esprit des hommes est à l’agonie jusqu’à la fin
du monde ; il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. Même si parfois
l’envie nous en prend, et si le sommeil, dogmatique ou pas, nous paraît
une bonne solution. Quelle invitation, qui fait si bien la part des
choses entre l’héritage, le savoir et la liberté… Livrés
à nous-mêmes, face à de grands vestiges et ce livre qui nous les raconte,
dans une édition toute neuve, on se trouve comme ces petits bonhommes de la
couverture, pris dans le décor immense de l’architecture fantastique de
Monsu Désiderio. Cette architecture qui nous éloigne, pour notre plus grand
bonheur, de ces quartiers d’affaires contemporains aux superficies de
verre accomplies qui se contentent de se projeter dans le ciel sans gagner
en profondeur, imposantes et narcissiques. |
JERPHAGNON -
L’AU DELẴ DE TOUT |
Lucien Jerphagnon |
Edition Robert Laffont |
2017 |
||
Passionné par l’histoire
de la philosophie, ce disciple de Jankélévitch entend la rendre accessible,
avec humour si possible. Il parle de
Platon, Plotin ou saint Augustin comme un conteur qui serait des leurs. « Barbouze »
de la pensée antique, comme il le dit lui-même, Lucien Jerphagnon sait rendre
accessible la plus érudite des sommes théologiques. Et avec lui, comme
à l’époque du Jardin ou du Portique, les dieux ne sont jamais loin. Entre
Pierre Dac et Maître Eckhart, l’humour affleure toujours derrière une
profondeur. Professeur émérite
des Universités, membre de l’Académie d’Athènes, lauréat de l’Académie
française et de l’Académie des sciences morales et politiques, il est un
spécialiste incontesté de la pensée grecque et romaine, admiré aussi bien par
Michel Onfray que par Luc Ferry. Sans doute en raison de son gai savoir mêlé à son insatiable quête de spiritualité. Après la
Seconde Guerre mondiale, la mode était au marxisme, à l’existentialisme, au
structuralisme ou au personnalisme. Mais, plutôt que de rejoindre un nouvel
« -isme » ou d’inventer le sien, Lucien
Jerphagnon, tel saint Augustin- devant les textes de Plotin, tomba sur les
écrits de Vladimir Jankélévitch. Le choc fut immense. Dans un style haletant,
celui que ses étudiants appelaient « Janké »
attaquait « l’éclat des certitudes inoxydables ». Lucien
Jerphagnon ne cesse depuis de se tenir à distance des « penseurs
sachant penser », avec leurs systèmes impérieux et leur prétention à
dire le Vrai, pour se consacrer à l’histoire de la pensée. L’absolu, il en a
fait l’expérience à l’âge de 4 ans, lors d’un « Pompéi
métaphysique » qui lui fit entrevoir l’étrangeté du monde, la
présence du divin et la conviction de ne pouvoir rien en conclure de certain.
Rencontre avec un joyeux promeneur érudit. |
JERPHAGNON
- DE L’AMOUR, DE LA MORT, DE DIEU ET AUTRES BAGATELLES - |
Lucien jerphagnon |
Edition
LGF |
2013 |
Dans
De l'amour, de la mort, de Dieu et autres bagatelles, son ultime
ouvrage, l'historien Lucien Jerphagnon évoque dans un entretien avec Christiane
Rancé, son itinéraire intellectuel tiraillé entre fascination païenne
et tentation chrétienne. Historien
de grande notoriété, notamment grâce à une Histoire de la Rome antique
considérée comme un classique, Lucien Jerphagnon était aussi philosophe ou
plutôt «historien de la philosophie». Ainsi se qualifiait-il dans un ouvrage
d'entretiens publié quelques jours avant sa mort, réalisé avec Christiane
Rancé et intitulé: De l'amour, de la mort, de Dieu et autres bagatelles.
C'est
par une évocation de son enfance bordelaise, entre les deux guerres, que
l'auteur entame ce livre. «J'ai grandi dans le Bordeaux des Mauriac, père et
fils. La nuit tombée, l'air sentait les pins Le fleuve maintenant que
j'y songe était présent dans nos têtes et la fenêtre ouverte il m'arrivait
d'entendre de mon lit le brame des grands vapeurs en partance.» L'intérêt
de ce récit provient de son ton de sincérité désarmée. Comme si la proximité
de la mort nous rapprochait de la vérité. Jerphagnon, qui a vécu la guerre,
et l'Occupation, livre ici quelques clés de son itinéraire. Il évoque les
penseurs qui l'ont le plus marqué, depuis Paul Veyne, qui lui a enseigné le
scepticisme dans le domaine de l'histoire et l'a vacciné de l'idéologie, à
Vladimir Jankélévitch, qui va stimuler son goût pour le questionnement
infini. Il est aussi question de politique, mais surtout d'amour et de religion. La sensibilité de Jerphagnon, qui parle aussi bien de Julien l'Apostat, qui combattit le christianisme à Rome, que de saint Augustin, dont il a supervisé la publication des œuvres complètes, n'est pas sans évoquer ce que Montherlant nommait «l'alternance» : ce jeu de balancier entre deux tendances de notre personnalité que nous ne parvenons pas à sacrifier l'une à l'autre, parce qu'elles nous constituent. On sent chez ce grand érudit une tension entre ce que Péguy appelait «notre âme païenne» et «notre âme chrétienne», tension qui fait la teneur et le charme de ce livre. Pour autant cet éclectisme n'aboutit pas au neutralisme. Il y avait chez cet amoureux de saint Augustin un parti pris contre le néant qui faisait de lui un homme de foi. «Mais pour moi demeura toujours l'étonnement, qui conjure l'absurde par l'espérance.» Au
sommaire de cet ouvrage : De l’entre-deux-guerres
- Une vision du monde - Trois hommes
- De la présence de la banalité - Des
mythes - D’Athènes, de Rome et de saint
Augustin - De Blaise Pascal -
Deux figures paradoxales : Julien L’Apostat et le cardinal
Baudrillard - Culture et philosophie -
L’amour et le progrès - Du malheur et de la
mort - L’éternité et Dieu - |
JERPHAGNON
- L’HOMME QUI RIAIT AVEC LES DIEUX - |
Lucien Jerphagnon |
Edition
Le livre de poche |
2015 |
||
Il
s’agit ici de quelques-uns des tapuscrits et/ou manuscrits inédits laissés
par l’auteur, se rangeant tous dans les rubriques et orientations de ses
intérêts et spécialités : une correspondance fictive dont le titre est
le pastiche de Sénèque, « Lettres à Lucilius de Lutèce » , cinq
essais « Sur le temps, l’histoire et l’éternité » , cinq autres
« Sur les mythes, Rome et les chrétiens » , trois sur « Dieu,
chemin faisant » , trois encore sur l’amitié : « De Amicitia », suivis d’un « Épilogue La sagesse…
Quelle sagesse ? » En
tout cela, l’auteur nous fait partager sa profonde familiarité de la pensée
antique, tout spécialement du néoplatonisme et de saint Augustin, avec tous
leurs ascendants et leurs lignages, et, bien entendu, de ce qu’il y cherche
et y trouve pour étoffer et questionner son propre catholicisme, dans les
perspectives historiques qu’il suppose, comme dans sa situation à notre
époque, le tout sans plus de timidité que de bigoterie : lecture
décapante et démystifiante, aussi bien, par exemple, vis-à-vis des clichés
sur « l’Antiquité » ou sur « Rome », que de
l’histoire du christianisme, sur les premiers chrétiens et les persécutions)
et des querelles théologiques. Au long de ces parcours, comme l’annonçait le
titre, et l’épigraphe tirée de Kierkegaard, faisant écho au fameux rire
homérique, Lucien Jerphagnon ne cesse de pratiquer, dans un style étincelant,
un humour aussi réjouissant que savant : voilà un livre qu’on peut
avoir envie de lire, en s’amusant, en s’émouvant, pour s’instruire, et pour
penser. La Caverne de Platon : Dans une demeure
souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais
vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible
rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes,
ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par
un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos.
« Pourtant, ils nous ressemblent ». Que l'un d'entre eux soit libéré
de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d'abord
cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il
souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à
percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, Ne voudra-t-il pas revenir
à sa situation antérieure ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il
pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition
antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses
semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le
recevront très mal et refuseront de le croire : « Ne le tueront ils
pas ? ». La
caverne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à
la vérité par leurs sens. Mais cette vie ne serait qu'illusion. Le philosophe
vient en témoigner par une interrogation permanente, à laquelle Platon se
livre tout au long de l'œuvre, ce qui lui permet d'accéder à l'acquisition
des connaissances associées au monde des idées comme le prisonnier de la
caverne accède à la réalité qui nous est inhabituelle. Mais lorsqu'il
s'évertue à partager son expérience avec ses contemporains, il se heurte à
leur incompréhension conjuguée à l'hostilité des personnes bousculées dans le
confort (illusoire) de leurs habitudes. L'allégorie
de la caverne expose sa théorie de l'acquisition des connaissances. Platon
montre que la connaissance des choses nécessite un travail, des efforts pour
apprendre et comprendre. Il en vient à démontrer que les dirigeants de la
cité doivent être formés pour ne venir au pouvoir que par nécessité
non par l'attrait que peut représenter l'exercice de l'autorité :
« Il ne faut pas que les amoureux du pouvoir lui fassent la cour,
autrement il y aura des luttes entre prétendants rivaux. » La création
d'une cité juste est la fin ultime de Platon dans La République,
laquelle est elle-même la condition de la justice dans les individus. Or,
cela n'est possible que si les philosophes prennent le contrôle de l'État ou,
selon la formule de Platon, uniquement si les rois se font philosophes ou les
philosophes se font rois. Cette idée tient à ce que, selon Platon, seuls les
philosophes disposent des compétences nécessaires pour diriger la Cité par
leur connaissance des Idées, et plus particulièrement de l'Idée de Bien. L'allégorie
de la caverne est introduite par Socrate afin de faire comprendre à ses
interlocuteurs la nature de l'Idée de Bien et, malgré sa portée ontologique
et épistémologique, elle est inséparable du contexte politique et éthique de La
République. Platon a recours à trois figures de rhétorique dont les deux
premières ont un caractère introductif à la troisième, l'allégorie de la
caverne. Il s'agit de l'analogie du soleil et le symbole de la ligne dans le
livre VI, analogies qui expliquent la signification ontologique,
épistémologique et métaphysique de l'allégorie de la caverne. La phrase
introductive établit clairement la nature allégorique (c’est-à-dire
métaphorique) du propos. Socrate dit à Glaucon : « Représente-toi
de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction et
à l'ignorance ». Néanmoins
on découvre, dans d'autres dialogues, notamment dans le Phédon, que Socrate
considère le monde sensible comme la prison de l'âme. Quant au monde intelligible,
auquel peut accéder l'âme par la philosophie, il est la seule réalité
authentique. L'allégorie de la caverne est pour Platon plus qu'une simple
métaphore, mais en aucun cas un mythe4.
Il s'agit d'une représentation de la réalité de ce que peut vivre une
personne ayant fait son chemin de réflexion, d'élévation d'elle-même,
c'est-à-dire son propre parcours initiatique qu'elle ne doit pas réserver
pour elle-même mais qu'elle doit savoir offrir aux autres, jusque dans
l'accomplissement d'un devoir auprès de ses semblables, devoir de prise de
responsabilités publiques. Au sommaire de cet ouvrage : Avant-propos de Stéphane Barsacq
- Lettres de Lucilius de Lutèce - La pensée
grecque - le matin des tragédiens - D’une
certaine perspective éternitaire sur la philosophie
antique - Du temps et de
l’éternité - Sur les mythes, Rome et les
chrétiens - Mystère et vérité - Le
mythe démocratique dans l’empire romain -
Quelle Rome ? - Remarques sur Pline
l’Ancien - Les premiers chrétiens, du cirque à la
pourpre - Jésus et les paraboles -
Commentaires sur Calvin - De la foi
- De Amicitia
- Sur Aurelius Augustinus - Sur Vladimir Jankélévitch - Sur
Paul Poupard - La Sagesse et quelle
sagesse ? - |
JERPHAGNON - les dieux ne sont jamais loin |
Lucien
JERPHAGNON |
Edition
Desclée de Brouwer |
2003 |
Ce
livre traverse de façon plaisante les mythes de l’antiquité, pour lesquels il
constitue déjà en soi une excellente introduction. Mais à travers cet inventaire
c’est une approche de la pensée mythique qu’il propose, allant de pair avec
le constat de sa cruelle absence aujourd’hui. Les
Anciens allaient et venaient, du mythe à la philosophie, de la légende à
l’histoire, mais avec l’avènement du monothéisme, ce va et vient souple s’est
durci en deux pôles contraires, prétendant chacun à la vérité : la
religion et la science. Partant,
c’est l’intelligibilité même de la pensée antique, mais aussi de la nature
humaine, qui nous a peu à peu échappé. L’accélération de l’histoire semble
nous avoir fait naviguer entre deux écueils : celui d’une domestication
de la raison par la foi et celui d’une exclusion du mythique et du religieux
par la raison. Ce combat mortifère nous a finalement rendus exsangues, spectateurs
impuissants d’une lutte entre les « fous de Dieu » et les apôtres
du marché universel où tout se trouve. L’auteur
reprend donc, avec humour et érudition, le chemin des mythes, et nous invite
à entendre autrement ces légendes qui, au détour d’une histoire de
Déluge ou de métamorphoses, nous plongent au cœur de l’homme. Au sommaire de ce livre : C’est un mythe… - La nuit des temps et le temps de
la nuit - Et les mots pour le dire… - L’aurore des
dieux - La rançon de l’espérance - Des dieux et des
hommes - « mors et vita »
- Le matin des philosophes - L’intelligence des
mythes - Les mythes au fil du temps -
Quand parlent les dieux - Le merveilleux au jour le
jour - Ce que parler veut dire
- « Tenter d’apaiser l’impossible »
- Le cru et le su -
L’espérance du savoir et le savoir de l’espérance -
Le chant d’Orphée - |
JERPHAGNON
- LES MISCELLANḖES D’UN GALLO-ROMAIN - |
Lucien jerphagnon |
Edition
Perrin |
2014 |
||
Et en
ces périodes de disette intellectuelle et de d’indigence éthique, se plonger
dans le travail du spécialiste de l’Antiquité Lucien Jerphagnon représente
une respiration salutaire. Ces
miscellanées rassemblent l’arsenal critique publié par l’auteur. Ces
critiques permettent de se rendre compte de la formidable richesse des
recherches sur l’Antiquité et donne envie d’aller découvrir les essais
chroniqués pour y retrouver l’enthousiasme que partage avec nous le
professeur Jerphagnon. Dans ces
courts textes, l’auteur nous laisse entrevoir les multiples facettes d’une
recherche qui de la Grèce aux prémices du christianisme, en passant par
les bases de l’Empire romain, semble en perpétuelle ébullition. On
trouve également quelques incursions dans l’époque contemporaine, mais c’est
vraiment dans l’Antiquité que le voyage se déroule. Quand la critique
s’incarne dans des textes aussi subtils et passionnés, on se trouve en
présence de l’essence même du travail critique. |
JERPHAGNON
- augustin & la sagesse |
Lucien jerphagnon |
Edition
DESCLḖE DE BROUWER |
2006 |
À travers les
livres, les mots et les siècles, saint Augustin continue de nous parler. À sa
manière, il est bien cet éternel contemporain qui s'adresse au lecteur
d'aujourd'hui. Car Augustin sait comme nul autre partager à la fois son
parcours d'homme et de croyant, ses doutes et ses émerveillements, son
angoisse devant la fin d'un monde et son espérance d'une cité nouvelle. Ce chemin de
sagesse, tel que saint Augustin le conçoit comporte plusieurs étapes. Elles
sont au nombre de sept. Il conviendrait peut-être même mieux de parler de
sept degrés, car la vie spirituelle est conçue par saint Augustin comme
l’ascension d’une montagne, dont la cime est constituée de la perfection de
la sagesse et de l’assimilation au Christ. Nous trouvons une confirmation de
ce schéma dans le psaume 11 qui parle d’une purification septénaire : eloquia Domini, eloquia
casta, argentum igne probatum terrae purgatum septuplum :
« les paroles du Seigneur son des paroles chastes, argent affiné avec le
feu de la terre, purifié sept fois » Ces degrés sont perçus par saint
Augustin comme les vertus et les dispositions que l’âme assume
progressivement en vertu des sept dons de l’Esprit Saint et en s’inspirant
des béatitudes de l’évangile (ramenées de huit à sept par Augustin) pour
suivre et imiter le Christ Il est
probable que saint Augustin s’inspira ici de saint Ambroise. En effet,
l’évêque de Milan, dans son commentaire à l’évangile de Luc, avait
combiné les quatre béatitudes de cet évangile avec les quatre vertus
cardinales, en les considérants comme autant d’échelons de l’ascèse morale.
En outre, il avait ajouté que les huit béatitudes de l’évangile de Matthieu,
outre le fait d’avoir le même sens d’échelle des vertus, étaient un nombre
symbolique de perfection. Puis, le même évêque, dans son Commentaire au
psaume 118, avait présenté les sept dons de l’Esprit comme les échelons
pour s’élever de la crainte de Dieu à la sagesse, c’est-à-dire en inversant
l’ordre des dons que le prophète Isaïe applique au rejeton, issu de la racine
de Jessé : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, l’Esprit de Sagesse et
d’Intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de
Piété ; et l’Esprit de Crainte du Seigneur le remplira » (Is 11, 2-3).
La sagesse est ici présentée comme la plus haute des prérogatives à laquelle
puisse être élevée l’âme humaine, tandis que la crainte de Dieu, selon
l’Écriture, n’est que l’ébauche de cette divine qualité. « Le
commencement de la sagesse c’est la crainte du Seigneur » Augustin va
montrer que si pour le Christ, il convient d’appliquer en premier lieu à son
âme humaine le don de sagesse qui la maintient unie à la personne du Verbe,
en ce qui nous concerne c’est l’inverse. Nous ne sommes pas établis dans la
Sagesse mais nous avons à nous élever vers elle pour nous unir à Dieu. Et
cela nous le pouvons au moyen des dons de l’Esprit-Saint conférés au Baptême,
et que nous recevons à nouveau dans le sacrement de la réconciliation,
lorsque nous avons perdu la grâce sanctifiante par un péché mortel. Dès lors,
sur la base de ce nouveau schéma ascensionnel, saint Augustin va rapprocher les
dons de l’Esprit Saint avec chacune des béatitudes. Ainsi, lisons-nous sous
la plume du docteur d’Hippone : « La première béatitude est celle qui
provient de l’humilité : « Bienheureux les pauvres d’esprit,» c’est-à-dire
ceux qui ne sont point enflés, dont l’âme se soumet à l’autorité divine, et
craint d’être livrée au supplice après la mort, bien qu’elle puisse peut-être
s’estimer heureuse en cette vie. De là, elle arrive à la connaissance des
saintes Écritures, où elle doit se montrer douce par esprit de piété, pour ne
pas s’exposer à blâmer ce que des ignorants traitent d’absurde et devenir
indocile par d’opiniâtres discussions. Dès lors elle commence à comprendre
par quels nœuds elle est enchaînée à ce siècle au moyen de l’habitude et du
péché; par conséquent, dans ce troisième degré, qui est celui de la science,
elle pleure la perte du souverain bien, en se voyant retenue à l’autre
extrémité. Le quatrième
degré est celui du travail, des violents efforts que l’âme fait pour
s’arracher au plaisir empoisonné qui la captive. Là on a faim et soit de la
justice, et le courage est grandement nécessaire, parce qu’on ne quitté pas
sans douleur ce qu’on possède avec joie. Dans le cinquième degré, on donne à
ceux qui ont persévéré dans le travail un conseil pour s’en délivrer; car,
sans le secours d’une puissance supérieure, personne n’est capable de se
débarrasser de misères si grandes et si compliquées ; et ce conseil si juste,
c’est de venir en aide à la faiblesse d’un inférieur, si l’on veut recevoir
du secours d’un supérieur ; par conséquent : « Bienheureux les
miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde. » Le sixième degré
consiste dans la pureté du cœur qui, forte de la conscience des bonnes
œuvres, est capable de contempler le souverain bien, qui n’est viable que
pour l’intellect serein. Le septième
est la sagesse même, c’est-à-dire la contemplation de la vérité, qui pacifie
l’homme tout entier, et le rend semblable à Dieu ; d’où cette conclusion: «
Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de
Dieu. Nous trouvons une autre explication globale de l’ascension
spirituelle en lien avec les dons de l’Esprit Saint dans le Discours
347 de saint Augustin. En réalité, le chemin spirituel, basé sur les dons de l’Esprit Saint et sur les béatitudes de l’évangile permet à Augustin d’articuler de la meilleure manière possible les aspects principaux de la spiritualité chrétienne et de sa propre spiritualité. Il trouvait là le schéma le meilleur pour faire concorder l’action intérieure de l’Esprit Saint dans la sanctification et l’engagement personnel du croyant dans une vie selon les béatitudes évangéliques dans la sequela et l’imitation du Christ. Car si la grâce de Dieu, nous sanctifie à travers l’action de l’Esprit, elle ne le fait cependant pas sans nous, sans notre collaboration. |
JERPHAGNON - PORTRAITS DE L’ANTIQUITḖ – PLATON –
PLOTIN – ST AUGUSTIN ET LES AUTRES - |
Lucien Jerphagnon |
Edition
Flammarion |
2015 |
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On distingue quatre grandes phases de
l’art grec : les périodes géométrique, archaïque, classique et hellénistique. La période géométrique
La période classique On retient de la
période classique (483 - 338 av. J.-C.) quelques grands noms, parmi lesquels
: Phidias, Polyclète ou Praxitèle. Véritable âge d’or de la civilisation
grecque, cette époque se caractérise par l’hégémonie d’Athènes et par un
développement extraordinaire de la production artistique. De nombreux travaux
sont entrepris sous Périclès, dont les plus fameux concernent la
reconstruction de l’Acropole (saccagée par les Perses en 480 av. J.-C.).
Formellement, deux tendances se développent de manière parallèle. D’une part,
la recherche d’une harmonie parfaite se traduit notamment par la mise en
place du canon de Polyclète qui règle les proportions idéales du corps humain
(en adéquation avec les sujets représentés : dieux, héros et athlètes).
D’autre part, le goût pour l’illusion et la mise en concurrence de la
représentation et de la réalité se lit dans la pratique très poussée de
l’imitation (mimesis). Les bases du débat entre idéalisme et réalisme sont
ainsi posées, tandis que le style de la sculpture évolue vers de plus en plus
de maniérisme (virtuosité technique du marbre au service d’une sensualité
inédite des corps).
En 31 av. J.-C., la bataille d’Actium
marque la chute du monde grec et annonce la suprématie politique et
économique de Rome. Pour autant, par-delà la civilisation qui l’a vu naître,
l’art grec n’a cessé depuis lors de constituer une source d’inspiration pour
les artistes. De son appropriation immédiate par les Romains jusqu’aux
nombreux retours au classicisme qui ponctuent l’histoire de l’art, sans
oublier la Renaissance italienne, le répertoire de formes de l’antiquité
grecque s’est imposé comme une référence universelle de l’art occidental.
S’il est injuste et erroné de considérer l’art romain comme un simple et pâle
imitateur de l’art grec, force est de constater qu’il existe entre ces deux
mondes antiques des liens de parenté évidents et revendiqués. Selon la
légende, c’est Enée, fils d’Aphrodite et héros de la guerre de Troie, qui, au
terme d’une longue errance en Méditerranée, s’installe dans le Latium (XIIe
siècle av. J.-C.). L’un de ses descendants, Romulus, fondera Rome en 753 av.
J.-C.
L’art de la République. Au cours de la
République, c’est surtout à travers le défilé triomphal des butins de guerre
pris aux cités grecques vaincues que se développe le goût pour les formes
helléniques. Séduits par les peintures et les sculptures grecques, les
Romains s’emparent aussi bien concrètement que symboliquement d’un patrimoine
riche et luxueux : la prise de guerre vaut pour une appropriation de l’esprit
de l’ennemi.
Au sommaire de cet
ouvrage : Les Maîtres :
Héraclite - Empédocle -
Socrate - Platon et le platonisme
- Epicure te l’épicurisme - Les
stoïciens - Le néoplatonisme
- Les disciples :
Plotin, intellectuel et mystique - Le Parménide de
Platon - Platonopolis ou Plotin entre le siècle et le
rêve - Narcisse - Epiphanie
du ‘’Noûs’’ - Sur Saint
Augustin : Le religieux, le mystique et le rationnel - Le confessio laudis d’Augustin
- Lettre à un ami historien -
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JERPHAGNON
- L’ASTRE MORT
|
Julien
Jerphagnon
|
Edition
R. Laffont
|
2017
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Inédit pendant plus
d'un demi-siècle, ce récit autobiographique révèle le secret intime de Lucien
Jerphagnon, la mutation mystique et philosophique qui fut à la source de son
oeuvre, et dévoile tout un pan de sa vie marqué par un engagement religieux
qui a beaucoup compté pour lui. Ce roman relate le parcours initiatique d'un
autre lui-même qui rapporte de ses errances autant d'expériences humaines
immédiates et sensibles. Lucien Jerphagnon y livre, avec humour et
mélancolie, ses pensées, ses humeurs, ses observations dans un cheminement
sans but apparent, mais qui accompagne en réalité une métamorphose
personnelle. Hanté par le souvenir
de sa mère, " l'astre mort ", disparue alors qu'il était encore
enfant, le héros solitaire de ce périple intérieur est un anxieux, à l'image
de Pascal. Ce qu'il recherche, lui que la grâce chrétienne héritée de son
enfance et de son éducation semble avoir déserté, c'est une autre forme
d'apaisement mystique. Il accédera peu à peu à une révélation qu'il compare à
un rêve éveillé, au cœur de la vie même. |
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