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Chapitre 4  A - K     (René Guenon)

 

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4 A

 

A   LA   SUITE  DE  RENÉ   GUÉNON   ,   ÉTUDES ET RECHERCHES   TRADITIONNELLES

JEAN  REYOR

Edition TRADITIONNELLES

 1991

En 1928   René  Guénon  accordait sa collaboration régulière au Voile D’Isis  et, conjointement avec les frères Chacornac, se préoccupait de donner une orientation nettement traditionnelle à cette revue (qui s’intitula par la suite Etudes Traditionnelles)

 

C’est alors que Guénon fit comme une obligation à Jean Reyor d’écrire dans le Voile d’Isis ; il lui suggéra, pour commencer, un certain nombre de sujets de recherches dignes d’être abordés pour les lecteurs des années 1929 et suivantes.


Le présent recueil rassemble ces premiers écrits de Jean Reyor (qui au début signa Jean Clavelle). Exclusivement consacrées à des exposés sur certains aspects doctrinaux et historiques de l’ésotérisme, ces contributions s’inspirèrent toutes de la perspective traditionnelle que les ouvrages de Guénon lui avaient antérieurement révélée.

 

Leur diversité, leur abondante documentation et la perspicacité de leur rédacteur apportent de nouveaux et précieux éclairages sur des points  peu ou mal connus des doctrines ésotériques. Ces premières études ont traité de divers auteurs ayant admis au XIXe siècle la notion de tradition primordiale  et  l’universalité du symbolisme.

Certaines abordent également des sujets tels que le Rosicrucianisme et les Rose+ Croix, Nicolas Flamel, Jacob Boehme…D’autres apportent d’utiles compléments sur des questions abordées par René Guénon lui-même, comme l’Hermétisme, le compagnonnage….


On rappellera que Jean Reyor se vit confier dès 1932 la responsabilité de la rédaction du Voile d’Isis et l’assuma  jusqu’en 1960

 

On trouvera dans ce livre:

Pythagore, F. de Rougemont, St Yves d’Alveydre avec ses différentes Missions et son Archéomètre, le poète tibétain Milarépa,  l’Ordre du Temple et les deux pontificats,  des couleurs symboliques depuis l’antiquité, la couleur verte, De Maistre, Flamel et dame Pernelle,  le comte Cagliostro, Melchisédech, les Rose+Croix,  John Dee, Hermès, le Saint Empire,  Jacob Boehme,  Jeanne d’Arc, prophéties et prédictions.

 

A LA SUITE DE RENÉ GUÉNON…  SUR LA ROUTE DES MAÎTRES-MAÇONS

JEAN   REYOR

EDITIONS TRADITIONNELLES

 1989

Jean Reyor (1905-1988) fit la connaissance de René Guénon en 1928, et resta en constantes relations avec lui jusqu’à sa disparition Totalement acquis au message traditionnel de R.G,  Jean Reyor, s’attacha à développé son message et ses implications pratiques à l’intention de ceux qui se sentaient appelés sur les voies de l’ésotérisme et de l’initiation.


Les études rassemblées dans ce premier livre (un second tome suivra en 1991), sont axées sur des questions de symbolisme, de rituel, et d’histoire de la Franc Maçonnerie. Le point de vue qui les inspire est celui-là même qu’avait développé R.G pour qui la Maçonnerie était une organisation authentiquement initiatique, héritière des constructeurs du  Moyen- Âge.

 

Y est développé :
Lettre ouverte à Marius Lepage
René Guénon et la Franc Maçonnerie, sur la route des Maîtres Maçons
A propos des rites maçonniques, l’initiation, libre et de bonnes  mœurs
La première grande Lumière, validité et régularité initiatique
L’initiation féminine,
Les noms du Maître, a propos des colonnes du Temple, le Temple et la loge
Tradition Hébraïque, Christianisme et Maçonnerie
A propos de la lettre G  et de la Swastika
Le manuscrit Dumfries, ses origines chrétiennes, corporatistes et religieuses
L’Ordre et les Obédiences, a propos de Jean Palou
Les trois  F.M – dogmatique, spéculative et opérative

 

aperçus historiques touchant à la fonction de RenÉ guÉnon

Pierre feydel

Edition Arché- Milan

 2003

Abd el-Kader et René Guénon (cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ) représentent deux destins historiques pour une même modalité d’itinéraire spirituel. Cette spiritualité se pose comme mécanisme de défense de la « Tradition » métaphysique, face à l’irruption d’une modernité occidentale aliénante et subversive.

 

L’action publique et l’expérience intime, indissociables, signent et signifient une « présence » de deux grandes figures du rapprochement et de la convergence des « traditions », en tant que contextes socio-historiques particuliers. L’historicité de leurs profils respectifs représente deux aspects d’une même modalité de réalisation spirituelle : la réalisation « descendante ».

 

 Le renouvellement spirituel de l’Occident passe par la constitution d’une « élite » dont les fondations se lisent dans les modèles expérientiels d’Abd el-Kader et de Guénon. Une même identité spirituelle prenant deux formes expressives sous-tendues par des contextes socio-historiques différents

 

Y est développé :

 

R. Guénon et la H.B. of L. L’ordre du temple rénové. Les liens initiatiques de R. Guénon. Les polaires. Les Mahatmas et une visite de R. Guénon en Alsace.

 

aperçu sur l’ÉsotÉrisme chrÉtien

René GUÉNON

Editions Traditionnelles

 1993

L’ésotérisme chrétien est une voie symbolique où l’Occident n’a rien à envier à l’Orient. Elle se suffit à elle-même, tout en s’enrichissant de ses contacts avec l’Orient et son ésotérisme. Il y est question d’une queste, de rechercher quelque chose de perdu, de retrouver un principe, une essence, une Tradition.  Les formes successives de la grande religion traditionnelle née en Occident, il y a quelques millénaires sont toutes reliées au même ésotérisme que l’on retrouve immuable à travers elles (L’Église romaine actuelle néglige de révéler, tout au moins à une élite, le sens profond de ses symboles, comme si elle en avait perdu elle-même la signification).

Cet ésotérisme en constitue le cadre indéformable, la trame sur laquelle elles sont construites. Celui qui a pénétré dans les parties souterraines de l’édifice s’aperçoit que c’est sur les mêmes fondations que s’élèvent les temples successifs où les hommes sont venus prier. (Ex : Chartres -  Crypte – puits sacré druidique). En réalité, les fondations spirituelles de l’Église sont invisibles mais ce sont les mêmes qui servent depuis 6000 ans déjà.

René Guénon explique dans son « Aperçu sur l’Ésotérisme Chrétien » : « Concernant la disparition du Graal, que celui-ci ait été enlevé au ciel, suivant certaines versions, ou qu’il ait été transporté dans le Royaume du Prêtre Jean, suivant d’autres versions, cela signifie la même chose. Il s’agit là du même retrait de l’extérieur vers l’intérieur en raison de l’état du monde à une certaine époque ; ce retrait ne s’applique d’ailleurs qu’au côté ésotérique de la tradition (c’est précisément par ce côté que sont établis et maintenus les liens effectifs et conscients avec le Centre suprême). »

Il est vraisemblable que des civilisations sur le point de s’éteindre, aient transmis leurs enseignements cachés à la masse populaire, afin que celle-ci, par ses légendes, mythes et autres, continue de transmettre sans le comprendre l’essentiel du message.

Introduction aux évangiles : Un sujet compliqué quant on connaît l’obscurité qui entoure les premiers temps du Christianisme et les diverses modifications qui ont été apportées à toutes les époques dans les Évangiles. Quel constat,  peut-on  faire ? Nous avons aujourd’hui une religion et une tradition exotérique, qu’en était- il, au commencement du Christianisme ?

Une modification fut opérée dans les premiers siècles, d’un message ésotérique, dispensé par le Christ, nous retrouvons un peu plus tard, un message dilué plus lissé pour permettre au plus grand nombre de s’identifier à cette nouvelle religion. Ce qui va permettre de supplanter bientôt l’ancienne religion gréco-romaine, qui n’était plus adaptée aux contingences de ce temps nouveau.

L’Église Chrétienne dans ces premiers temps devait être une organisation fermée est réservée aux personnes qualifiées pour recevoir « l’Initiation Christique » avec ces Rites et Sacrements Initiatiques. Mais par la suite, l’admission d’un grand nombre d’individus non qualifié pour participer aux rites et sacrements de cette nouvelle église, ne fut plus compris  dans son essence et par-là même plus aussi opératif, bien que la Magie quant à elle fut toujours présente et disponible à ceux qui en avaient les Clefs.

Nous comprenons là, le caractère inéluctable et le passage nécessaire d’une Tradition ésotérique à une Tradition exotérique pour permettre à la religion Chrétienne originelle de s’implanter dans ce « Temps Nouveau » en accord avec les Lois Cycliques. On peut supposer que le Christianisme tel qu’on le connaît aujourd’hui dans sa forme traditionnelle, garde toujours en son sein une initiation spécifiquement Chrétienne réservée à une élite qui ne peut  s’en tenir aux limitations inhérentes à la vision exotérique de la Tradition.

En réalité les enseignements du Christ dans les Évangiles ont été modifiés sur la forme mais pas sur le fonds.

Cet ouvrage traite de l’ésotérisme chrétien avec St Bernard et Dante. Les organisations initiatiques médiévales détentrices selon l’auteur de l’enseignement et des méthodes ésotériques. L’auteur y traite de la religion sous son double aspect religieux et initiatique. On y parle de l’ordre du temple des fidèles d’amour et de la chevalerie du St Graal.

 

aperçus sur l’ÉsotÉrisme islamique et le taoïsme

René GUÉNON

Edition Gallimard

 1986

C’est un livre qui réunit des articles de R. Guénon traitant du soufisme et du taoïsme. R. Guénon présente l’ésotérisme comme étant partout le même, c’est une multiplicité des voies qui conduisent toutes à un but unique.

Une partie est consacrée au taoïsme et au confucianisme, dernier livre de René Guénon traitant de la civilisation chinoise.

 

Ce livre démontre que ces ésotérismes ne sont nullement des sectes, mais le cœur, le noyau de la tradition islamique. Il s'agit là, bien entendu, du soufisme orthodoxe qui implique une transmission initiale remontant au Prophète et non de pseudo-organisations qui ne peuvent revendiquer une filiation valable.

Le dernier chapitre est consacré au Taoïsme et au Confucianisme de même qu'à la permanence du Tao, en dépit de la destruction plus ou moins complète de l'aspect extérieur de la tradition chinoise. Pour René Guénon, quelle que soit la diversité des méthodes, l'ésotérisme est partout et toujours le même.

 

Les hindous n'ont pas une loi mais plusieurs, en fonction du cheminement spirituel de chacun.
C'est une religion ancienne est complexe, difficile à résumer en quelques interdits ou obligations.
Il y a plusieurs sectes, cultes et sous-cultes, avec quelques grandes tendances (Vishnouisme, Shivaïsme, shaktisme notamment. Chacun à ses rites et ses obligations, plus ou moins strictes également selon la caste.

On peut cependant noter des points récurrents. L'hindouisme tend vers le végétarisme, refusant également les œufs fécondés. Certains brahmanes, membres de la caste sacerdotale suivent même un régime purement végétalien. Mais ce n'est pas une obligation au sens strict, à l'exception peut être des brahmanes (qui, en tant que clercs, ont des obligations religieuses plus strictes).

L'un des interdits majeurs semble celui de tuer une vache. Ces animaux sont considérés comme sacrés, représentantes de la bonté absolu (pour le lait qu'elles donnent). Certains hindous vont jusqu'à leur laisser la priorité sur les routes (et si une vache décide de s'installer en plein milieu, bonjour le carambolage)

Pour ce qui est des métiers, c'est assez particulier : je me rappelle d'un reportage décrivant la vie d'un chauffeur de taxi brahmane. Il est possible que l'évolution récente de la société, notamment sous l'influence britannique, ait modifié les rapports, mais la caste définit plus ou moins les métiers auxquels on peut accéder.

Il y a plusieurs grands pèlerinages, notamment le pèlerinage vers le Gange qui réunit de grandes foules. Se baigner dans le fleuve sacré est un rite important mais pas nécessaire. Le jeune n'est pas une obligation mais il est assez courant dans les pratiques ascétiques, elles même très fréquentes.

D'une manière générale l'hindouisme a peu d'interdits et d'obligations strictes, mais plutôt des recommandations qui dépendent du chemin que l'on choisit de suivre. Selon l'état de la personne, une action peut être bonne ou mauvaise. De la même façon les devas et asuras ne peuvent pas vraiment être séparés entre bon et mauvais, et peuvent passer d'un camp à l'autre selon les lieux.

 

aperçu sur l’initiation

René GUÉNON

Editions Traditionnelles

 1996

L’auteur nous invite à connaître les différences fondamentales qui résident entre la voie mystique et la voie initiatique. Il met également en garde des dangers que peuvent représenter des organisations pseudo-initiatiques.

 

Voici l’une des réflexions de René Guénon sur l’initiation : « Cette préparation théorique, si indispensable qu’elle soit en fait, n’a pourtant en elle-même qu’une valeur de moyen contingent et accidentel; tant qu’on s’en tient là, on ne saurait parler d’initiation effective, même au degré le plus élémentaire.

 

S’il n’y avait rien de plus ni d’autre, il n’y aurait là en somme que l’analogue, dans un ordre plus élevé, de ce qu’est une « spéculation » quelconque se rapportant à un autre domaine ; car une telle connaissance, simplement théorique, n’est que par le mental, tandis que la connaissance effective est « par l’esprit et l’âme », c’est-à-dire en somme par l’être tout entier.

 

C’est d’ailleurs pourquoi, même en dehors du point de vue initiatique, les simples mystiques, sans dépasser les limites du domaine individuel, sont cependant, dans leur ordre qui est celui de la tradition exotérique, incontestablement supérieurs non seulement aux philosophes, mais même aux théologiens, car la moindre parcelle de connaissance effective vaut incomparablement plus que tous les raisonnements qui ne procèdent que du mental.

Tant que la connaissance n’est que par le mental, elle n’est qu’une simple connaissance e par « reflet », comme celle des ombres que voient les prisonniers de la caverne symbolique de Platon, donc une connaissance indirecte et tout extérieure; passer de l’ombre à la réalité, saisie directement en elle-même, c’est proprement passer de l’ « extérieur » à l’« intérieur », et aussi, au point de vue où nous nous plaçons plus particulièrement ici, de l’initiation virtuelle à l’initiation effective.

 

Ce passage implique la renonciation au mental, c’est-à-dire à toute faculté discursive qui est désormais devenue impuissante, puisqu’elle ne saurait franchir les limites qui lui sont imposées par sa nature même; l’intuition intellectuelle seule est au delà de ces limites, parce qu’elle n’appartient pas à l’ordre des facultés individuelles. On peut, en employant le symbolisme traditionnel fondé sur les correspondances organiques, dire que le centre de la conscience doit être alors transféré du « cerveau » au « cœur »; pour ce transfert, toute « spéculation » et toute dialectique ne sauraient évidemment plus être d’aucun usage; et c’est à partir de là seulement qu’il est possible de parler véritablement d’initiation effective.

 

 Le point où commence celle-ci est donc bien au delà de celui où finit tout ce qu’il peut y avoir de. relativement valable dans quelque t spéculation que ce soit; entre l’un et l’autre, il y a un véritable abîme, que la renonciation au mental, comme nous venons de le dire, permet seule de franchir. Celui qui s’attache au raisonnement et ne s’en affranchit pas au moment voulu demeure prisonnier de la forme, qui est la limitation par laquelle se définit l’état individuel; il ne dépassera donc jamais celui-ci, et il n’ira jamais plus loin que l’ « extérieur », c’est-à-dire qu’il demeurera lié au cycle indéfini de la manifestation.

 

Le passage de l’« extérieur » à l’ « intérieur », c’est aussi le passage de la multiplicité à l’unité, de la circonférence au centre, au point unique d’où il est possible à l’être humain, restauré dans les prérogatives de l’ « état primordial », de s’élever aux états supérieurs et, par la réalisation totale de sa véritable essence, d’être enfin effectivement et actuellement ce qu’il est potentiellement de toute éternité. Celui qui se connaît soi-même dans la « vérité » de l’ « Essence » éternelle et infinie , celui-là connaît et possède toutes choses en soi-même et par soi-même, car il est parvenu à l’état inconditionné qui ne laisse hors de soi aucune possibilité, et cet état, par rapport auquel tous les .autres, si élevés soient-ils, ne sont-réellement encore que des stades préliminaires sans aucune commune mesure avec lui, cet état qui est le but ultime de toute initiation, est proprement ce qu’on doit entendre par l’ « Identité Suprême ».

 

articles & comptes rendus

René guÉnon

Editions TRADITIONNELLES

 2002

L’ouvrage que nous présentons est constitué par la reproduction de comptes rendus de René Guénon parus dans Le Voile d’Isis puis dans les Études Traditionnelles et n’ayant pas trouvé place dans les rassemblements déjà effectués.


Figurent également dans cet ouvrage outre l’article compte rendu du livre de Sirdar Ikbal Ali Shah, plusieurs articles, les notices nécrologiques ainsi que divers post-scriptum publiés également dans Le Voile d’Isis de 1925 à 1935 ou dans les Études Traditionnelles de 1936 à 1950.


Même si la matière de certains de ces articles a été réemployée par René Guénon, leurs formes suffisamment différentes en justifient la réédition.

 

autoritÉ spirituelle et pouvoir temporel

René GUÉNON

Edition Tredaniel

 1984

L’auteur expose ici le caractère fondamental de la primauté de l’autorité spirituelle et du respect de la hiérarchie dans une société traditionnelle. Il expose les relations qui doivent unir les fonctions sacerdotales et royales.

Un exposé incontournable sur les sources de toutes les organisations humaines. Phrase dans laquelle Guénon explique pourquoi il y a dans son œuvre un manque générale d’anecdotique: “Nous n’avons pas l’habitude, dans nos travaux, de nous référer à l’actualité immédiate, car ce que nous avons constamment en vue, ce sont les principes, qui sont, pourrait-on dire, d’une actualité permanente, parce qu’ils sont en dehors du temps; et, même si nous sortons du domaine de la métaphysique pure pour envisager certaines applications, nous le faisons toujours de telle façon que ces applications conservent une portée tout à fait générale.”

 

Le livre est consacré aux rapports existants entre la religion et la politique, qui ne sont qu’une version du rapport du spirituel et du temporel. Guénon avertit que ce ne sont pas les faits, les événements, qui doivent diriger la pensée et la pousser à obtenir des conclusions: “Tout ce qui nous dirons ici, nous l’aurions dit tout aussi bien, et exactement de la même façon, si les faits qui appellent aujourd’hui l’attention sur la question du temporel ne s’étaient pas produits; il faut toujours situer les questions sur leur véritable terrain, il faut les distinguer d’une façon précise entre l’essentiel et l’accidentel, entre les principes nécessaires et les circonstances contingentes. Malheureusement, la confusion moderne frappe aussi les représentants des autorités spirituelles authentiques, qui perdent de vue leur véritable force: la transcendance de la doctrine au nom de laquelle ils sont qualifiés de parler.


L’esprit dont tout dépend est l’esprit traditionnel. Malheureusement, les tendances spécifiquement modernes sont l’antithèse ou la négation de l’esprit traditionnel. Les erreurs modernes ne sont pas nouvelles, mais jamais elles n’ont eu, comme aujourd’hui, une telle portée jusqu’à ce qu’elles deviennent inhérentes à la mentalité commune.


Guénon témoigne le fait que sa seule et unique intention est la restauration de l’esprit traditionnel. Son point de vue est exclusivement doctrinaire. Réitération de sa position purement intellectuelle, avec annonce de la thèse: “C’est, nous le répétons, notre indépendance même qui nous permet de faire cette mise au point en toute impartialité, sans concessions ni compromissions d’aucune sorte; et, en même temps, elle nous interdit tout autre rôle que celui que nous venons de définir, car elle ne peut être maintenue qu’à la condition de demeurer toujours dans le domaine purement intellectuel, domaine qui, d’ailleurs, est celui des principes essentiels et immuables, par conséquent celui dont tout le reste dérive plus ou moins directement, et par lequel doit forcément commencer le redressement dont nous parlions tout à l’heure: en dehors du rattachement aux principes, on ne peut obtenir que des résultats tout extérieurs, instables et illusoires; mais ceci, à vrai dire, n’est pas autre chose qu’une des formes de l’affirmation même de la suprématie du spirituel sur le temporel’’.


Dans toutes les traditions existent des témoignages d’opposition entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Quand même, cette opposition n’est pas «vieille comme le monde», elles ne datent que d’une phase assez éloignée de la pure spiritualité primordiale. D’ailleurs, à l’origine, les deux pouvoirs étaient contenus dans le principe commun dont ils procèdent tous deux, et incarnés par la même personne. Les hindous disent qu’à l’origine il n’y avait qu’une seule caste, Hamsa, qui avait un degré spirituel très élevé, aujourd’hui tout à fait exceptionnel. La même idée se retrouve dans Lao-Tseu: “Les Anciens, maîtres, possédaient la Logique, la Clairvoyance et l’Intuition; cette Force de l’Ame restait inconsciente; cette Inconscience de leur Force Intérieure rendait à leur apparence la majesté… Qui pourrait, de nos jours, par sa clarté majestueuse, clarifier les ténèbres intérieures? Qui pourrait, de nos jours, par sa vie majestueuse, revivifier la mort intérieure? Eux, portaient la Voie (Tao) dans leur âme et furent Individus Autonomes; comme tels, ils voyaient les perfections de leurs faiblesses”

 

Le principe des institutions des castes, incompris des Occidentaux, est basé sur la différence de nature qui existe entre les individus humains. A l’opposition, le principe égalitaire chéri par les modernes ne correspond à aucune réalité. Les mots qui servent à désigner les castes en Inde se traduisent par “nature individuelle”. La distinction des castes constitue dans l’espèce humaine “une véritable classification naturelle”  Le principe de l’ordre dans les castes (chacun à sa place): “En effet, chaque homme, en raison de sa nature propre, est apte à remplir telles fonctions définies à l’exclusion de telles autres; et, dans une société établie régulièrement sur des bases traditionnelles, ces aptitudes doivent être déterminées suivant des règles précises, afin que, par la correspondance des divers genres de fonctions avec les grandes divisions de la classification des «natures individuelles», et sauf des exceptions dues à des erreurs d’application toujours possibles, mais réduites en quelque sorte au minimum, chacun se trouve à la place qu’il doit occuper normalement, et qu’ainsi l’ordre social traduise exactement les rapports hiérarchiques qui résultent de la nature même des êtres.”


Le principe des castes a présidé toutes les sociétés traditionnelles. La distinction des castes résulte d’une rupture de l’unité primitive. Le pouvoir spirituel correspond à la première caste, celle des Brâhmanes, le pouvoir temporel - aux Ksatriyas. L’harmonie n’est en somme qu’un reflet ou une image de la véritable unité.” L’harmonie: “n’est rien d’autre que le reflet de l’unité principielle dans la multiplicité du monde manifesté.” Cette correspondance entre l’unité principielle et la multiplicité de la manifestation est “le véritable fondement du symbolisme”.


Les lois du domaine inférieur sont le symbole d’un ordre supérieur, dans lequel elles ont leur véritable motivation, leur principe et leur fin. L’interprétation “naturaliste” des modernes renverse purement et simplement la hiérarchie des rapports entre les différents ordres de réalités. Par exemple: “ les symboles et les mythes n’ont jamais eu pour rôle de représenter le mouvement des astres, mais ce qui est fait, c’est qu’on y trouve souvent des figures inspirées de celui-ci et destinées à exprimer analogiquement tout autre chose, parce que les lois de ce mouvement traduisent physiquement les principes métaphysiques dont elles dépendent; et c’est là-dessus que reposait la véritable astrologie des anciens.”


L’inférieur symbolise le supérieur, jamais l’inverse. La fonction du symbole: “est de rendre la vérité plus accessible à l’homme en fournissant un «support» à sa conception?” Les faits historiques, tout comme les phénomènes astronomiques, ont une réalité visible, doublée d’une réalité symbolique. Chaque connaissance doit envoyer au sacré: “ l’histoire, à la condition d’être envisagée comme il convient, a, comme tout le reste, sa place dans la connaissance intégrale, mais elle n’a de valeur, sous ce rapport, qu’en tant qu’elle permet de trouver, dans les contingences mêmes qui sont son objet immédiat, un point d’appui pour s’élever au-dessus des contingences.”

L’opposition du spirituel et du politique est une des lois cycliques. Dans l’Inde cet antagonisme se retrouve sous la forme du conflit entre des Brâhmanes et des Ksatriyas. Dans l’Europe du moyen âge c’est la querelle du Sacerdoce et de l’Empire. En Chine – les luttes entre les Taoïstes et les Confucianistes, dont les doctrines se rapportent aux domaines des deux devoirs. Au Tibet, l’hostilité des rois envers le Lamaïsme, qui triomphe et absorbe complètement le pouvoir temporel dans l’organisation théocratique qui existe encore.


L’essence de la lutte entre les deux pouvoirs: “nous voyons les guerriers, détenteurs du pouvoir temporel, après avoir été tout d’abord soumis à l’autorité spirituelle, se révolter contre elle, se déclarer indépendants de toute puissance supérieure, ou même chercher à se subordonner cette autorité dont ils avaient pourtant, à l’origine, reconnu tenir leur pouvoir, et à en faire un instrument au service de leur propre domination.”

4 B

bÊtes, hommes et dieux l’Énigme du roi du monde

FERDINAND  OSSENDOWSKI

J’ai Lu

 1969

Nous sommes en 1920, la Russie est secouée par les séquelles de la Révolution de 1917. L’auteur fuit le pays et se réfugie en Mongolie ; là il rencontre un extraordinaire personnage. « Le Roi du Monde » : ce livre retrace ce voyage. R. Guénon fait de nombreuses références à cet auteur pour son livre « Le Roi du Monde ».

 

Voici un livre culte.  Publié dans les années 20 à Londres et à Paris, il influencera rien moins que Cendrars et Kessel. Hugo Pratt s'en inspirera pour son Corto Maltese en Sibérie, notamment pour l'énigmatique et sulfureux personnage du baron Ungern von Sternberg. A l'exception d'un bref passage (1969) en collection de poche, le livre disparaît. Il faut attendre 1994, avec la réédition chez Phébus libretto, pour (re)découvrir Ferdinand Ossendowsky et lire son fabuleux mais authentique récit.

 


Ferdinand Ossendowsky (1878-1945) est polonais - autant dire pour l'époque que notre homme n'est de nulle part. Prospecteur minier, il sillonne la Sibérie orientale jusqu'en 1920. Homme de terrain donc, scientifique, géologue… Libéral, favorable aux idées de changement, il sympathise avec la Révolution dans un premier temps. Puis la guerre civile Rouges-Blancs fait tout basculer. Du jour au lendemain, condamné à mort par la terreur Bolchevik, il doit fuir. Sa fuite dure 18 mois, 1920-1921, et c'est précisément cette odyssée à travers la Sibérie, la Mongolie, le Tibet et jusqu'à Pékin, d'où il regagne la Pologne, qu'Ossendowsky va nous raconter. Des milliers de verstes, à pied, à cheval, à dos de chameau, à travers steppes, forêts, marécages, déserts (le Gobi), monts et massacres…

 

Un récit à couper le souffle. Mené d'une plume vive, alerte et précise comme le danger appelle, rythmé au son des tambours mongols qui, c'est bien connu, étaient faits avec de la peau humaine.
Bêtes, Hommes et Dieux se lit comme un roman d'aventures, dans le genre c'est même le parfait chef-d'œuvre. Sauf que c'en n'est pas un, roman d'aventures, ou pas seulement : voici un document exceptionnel, une fresque unique et descriptive, ethnologique, sur les peuples Soyottes, Tartares, Torgout et autres Mongols d'Asie centrale. Voici une épopée digne des grands khans, dont l'Occident a pour définitifs souvenirs des noms comme Gengis ou Attila…

 

Voici une vision aguerrie des mœurs révolutionnaires et des pratiques humaines en périodes de grands troubles. On l'aura compris, l'horreur domine dans ce livre. Minutieusement décrite, elle se pare des atours de la poésie, afin de mieux révulser : "un bouquet de saules, le long de la rive, avait arraché au flot et gardé entre ses branches tombantes, comme entre les doigts d'une main, des corps humains de tous les aspects et dans toutes les attitudes, leur conservant par-delà la mort une apparence de naturel qui grava à jamais dans mon esprit le souvenir de cette vision d'épouvante. Dans ce groupe macabre je comptai soixante-dix cadavres."
Aux horreurs de la modernité vient se rallier le monde archaïque, celui du chamanisme, de la toute puissante Nature, du bouddhisme tantrique ; le récit d'Ossendowsky est aussi et enfin une quête spirituelle, un cheminement initiatique.


Une rencontre domine dans ce livre (et mériterait à elle seule le détour), celle du baron Ungern von Sternberg. Sanguinaire, certes et ô combien, le sinistre baron n'en est pas moins fascinant. Ungern, dans sa lutte contre l'Armée Rouge, a tenté d'unifier les tribus mongoles et de perpétuer la tradition des grands khans… L'oppresseur sino-soviétique lui donnait, il est vrai, certains arguments. Approcher, grâce à notre héros narrateur, un tel mythe en chair et en os, monter dans son automobile, l'entendre s'exprimer dans ses circonvolutions esthético-meurtrières, est du plus singulier effet.

Un livre énigmatique et fascinant.

4 C

comptes rendus

René GUÉNON

Editions Traditionnelles

 2000

Édité en 1973, ce livre est un recueil des livres de R. Guénon sur la contre-initiation et les erreurs doctrinales. Des articles élogieux de René Guénon sont consacrés aux livres d’A. Coomaraswamy.

 

Pour Guénon, le symbolisme a une importance fondamentale, sur laquelle il insiste dès son premier livre : le symbole est « la langue métaphysique par excellence » il possède par ailleurs, ajoute-t-il, une efficacité réelle en tant que moyen de réalisation spirituelle : les rites, qui « ont un caractère éminemment symbolique », facilitent la réalisation métaphysique, « c’est-à-dire la transformation de cette connaissance virtuelle qu’est la simple théorie en une connaissance effective. ».

 

Du symbolisme, Guénon va principalement évoquer trois aspects, pour lui indissociables. D’abord, et si l’on suit l’ordre chronologique d’apparition de ces thématiques dans son oeuvre, il souligne l’emploi des symboles dans l’enseignement initiatique et traditionnel.

 

Ce thème est déjà présent dans une conférence publiée comme article en 1913 et consacrée à « L’enseignement initiatique » ; il apparaît ensuite régulièrement dans les textes des années 1920 pour connaître un développement particulier dès 1932, dans les articles qu’il consacre aux principes et aux méthodes de l’initiation.

Ensuite, une métaphysique du symbole, qu’il esquisse dans des articles de Regnabit en 1925-1926 et à laquelle il va donner une dimension plus vaste en 1931 avec Le symbolisme de la croix, en exposant une théorie des degrés de la réalité universelle, fondement du symbolisme. Enfin, le comparatisme des symboles traditionnels, qui vise à montrer l’existence d’une tradition primordiale, source unique et non-humaine de tous les symboles traditionnels manifestés dans l’histoire.

 

 Ce comparatisme apparaît de manière systématique dès 1925 avec L’ésotérisme de Dante et les articles de Regnabit, et se poursuit par la suite jusqu’aux derniers livres et articles. Dans l’oeuvre guénonienne, ces trois aspects de la question du symbolisme sont indissociables et elles commandent la logique interne de ses exposés : lorsque Guénon explicite tel symbole, c’est à la fois pour évoquer une doctrine métaphysique, suggérer la concordance des traditions et leur rattachement à la tradition primordiale, et donner au lecteur des clés intellectuelles susceptibles d’éveiller en lui une intelligence profonde des traditions. Nous allons à présent détailler ces trois aspects, en développant plus particulièrement le comparatisme des symboliques.

Dans un article de janvier 1913, publié dans Le Symbolisme et consacré à « L’enseignement initiatique », Guénon affirme que le symbolisme « est comme la forme sensible de tout enseignement initiatique ». Il est « la représentation synthétique et schématique de tout un ensemble d’idées et de conceptions que chacun pourra saisir selon ses aptitudes intellectuelles ». Il constitue par ailleurs le seul moyen de transmettre « tout cet inexprimable qui constitue le domaine propre de l’initiation ». Dans ses articles de Regnabit, il évoque à plusieurs reprises la nécessité du symbole pour accéder aux réalités métaphysiques. Dans « Cœur et cerveau » (janvier 1927), il affirme en substance que le symbole est le moyen traditionnel permettant à l’homme de parvenir à une connaissance supra-rationnelle. Dans un article d’octobre 1930, on peut lire que le symbole est destiné à éveiller la faculté intuitive et à permettre la connaissance initiatique, définie par notre auteur comme « une communication établie consciemment avec les états supérieurs ». Dès 1932, dans le cadre de sa série d’articles sur l’initiation, Guénon revient à plusieurs reprises sur la question du symbolisme, en précisant des idées que l’on trouve néanmoins exprimées antérieurement sur l’importance des symboles et des rites dans la démarche initiatique.

« Si le monde est l’effet de la Parole divine proférée à l’origine des temps, la nature entière peut être prise comme un symbole de la réalité surnaturelle. Tout ce qui est, sous quelque mode que ce soit, ayant son principe dans l’Intellect divin, traduit ou représente ce principe à sa manière et selon son ordre d’existence ; et, ainsi, d’un ordre à l’autre, toutes choses s’enchaînent et se correspondent pour concourir à l’harmonie universelle et totale, qui est comme un reflet de l’Unité divine elle-même »

 

Il en résulte pour Guénon que l’inférieur symbolise le supérieur, et non l’inverse : « le sensible peut symboliser le suprasensible ; l’ordre naturel tout entier peut, à son tour, être un symbole de l’ordre divin ». Le principe du symbolisme repose selon lui sur la structure hiérarchisée de l’existence universelle : chaque degré d’existence symbolise le degré qui lui est supérieur selon une loi d’analogie. Le symbole, qu’il s’agisse de la nature, des symboles traditionnels ou même des faits historiques, comprend des significations superposées correspondant aux degrés superposés de l’existence universelle issue de l’Être. C’est ce que Guénon va particulièrement développer dans Le symbolisme de la croix en 1931, et notamment dans l’avant-propos qui condense en quelques pages une théorie métaphysique du signe.

 

CONTRE  GUÉNON 

JEAN VAN  WIN 

ÉDITION  DE  LA  HUTTE

 2010

S’il est un auteur adoré, vénéré, intouchable dans les milieux de l’ésotérisme, c’est bien René Guénon. Depuis plus d’un demi-siècle, il fait l’objet d’un véritable culte. Impossible de formuler la moindre objection contre ses vues ou son œuvre considérable, la plus petite réserve sur un détail ou un autre, sans subir le mépris, voire les injures de ceux que de rares commentateurs courageux ont appelés les « guénolâtres »

 

Comment les inconditionnels ont-ils pu perdre tout sens critique, donc toute liberté ? Comment les autres auraient ils à craindre de lire avec une vision différente, un regard  neuf ? Pour une fois quelqu’un s’attèle à radiographier sans concession l’œuvre et la personne du paradoxal auteur du Roi du Monde

 

Sujets traités dans ce livre :

 

Existe-t-il un « guénonisme » en Franc-maçonnerie ?

Opinions négatives émises à l’égard de la personne et de l’œuvre de René Guénon

Les Précurseurs troubles ayant influencé la pensée guénonienne

Les sources de R. Guénon. La Tradition Primordiale

La crise du monde moderne et la pensée traditionnelle.

L’opposition Orient-Occident. Les états multiples de l’être.

L’initiation magique. Pseudo-initiation, contre initiation, complot mondial.

La contre initiation satanique. Guénon Franc-maçon.

La curieuse idée que Guénon se fait de la Franc-maçonnerie

Les grands mépris de Guénon

Les idées fixes et obsessionnelles de Guénon

Les certitudes de la croyance. Les grandes sympathies de Guénon

Conclusion. Les œuvres et ouvrages de René Guénon

4 D

dictionnaire de renÉ guÉnon

 J.M. vivenza

Edition LE MERCURE DAUPHINOIS

 2002

Le rayonnement incontestable de la pensée de René Guénon, qui n’a fait que s’accroître depuis sa disparition le 7 janvier 1951 et l’influence profonde de son œuvre sur tous les domaines de la pensée traditionnelle : Métaphysique, symbolique ou initiatique appelaient à ce qu’un véritable outil pratique, un dictionnaire présentant les différents termes utilisés par Guénon dans ses multiples ouvrages, soit enfin mis à la disposition du public afin de lui faciliter l’accès à cette pensée majeure.


Véritable instrument de connaissance, le « Dictionnaire de René Guénon », sera le guide idéal pour ceux qui désirent aborder l’œuvre de René Guénon et qui avaient peut-être jusqu’à présent hésité à le faire, le complément fidèle et bienvenu de ceux qui la pratiquent depuis longtemps et en sont devenus intimes.

 

Il deviendra également l’outil par excellence des chercheurs et curieux qui y trouveront enfin l’indispensable exposé du « vocabulaire guénonien », qui était devenu plus que nécessaire pour une parfaite intelligence des concepts fondamentaux de la Tradition.

 

DE  RENḖ GUḖNON AU SHEIKH ABD AL-WAHID YAHIA     L’HOMME,  LE SENS DE LA VḖRITE  -    TOME  1

 Slimane Rezki

Edition Albouraq

 2016

René Guénon est déjà l'objet de nombreuses études, mais le présent travail, qui est le premier pan d'une trilogie, a pour but de démontrer les liens étroits existant entre sa vie et son oeuvre. Il se destine aussi à clarifier le cadre duquel René Guénon s'exprimait. Au nom de quelle réalité et dans quel but furent mises en oeuvre ses actions en France et en Égypte. Exposer ce qui met en évidence la logique de son appartenance à divers mouvements, groupements, obédiences, ou revues est l'objet de ce livre.

 

Plusieurs aspects d'une vie pouvant paraître paradoxaux sont reliés à la lumière de la Tradition primordiale en dehors de laquelle, ni la vie ni l'oeuvre, de René Guénon n'ont de sens. S'il fut un homme simple, il fut aussi une personne exceptionnelle à plus d'un titre. Sa vie fut mise au service de la Vérité la plus universelle, ce qui lui coûta parfois bien cher.

 

Un des fils de René Guénon, a créé une fondation en mémoire de son père, et a réuni une très nombreuse documentation, c’est à partir de ces archives que l’auteur va apporter à travers 3 tomes des explications, des détails et des moments peu connu de la vie de René Guénon et de son oeuvres.

 

Au sommaire de cet excellent ouvrage :

 

Les origines  -  les études   -  premiers contacts avec les milieux néo-spiritualistes  -   La Hermetic Brotherhood of Luxor, 1906   -  L’Ordre du Temple   -   L’église gnostique   -  les sources du Maître   -  la mission de René Guénon   -  la Gnose  1909   -  la Franc-maçonnerie   -  Rattachement à l’Islam   -   premier mariage avec Berthe Loury   -  la Loge Thébah  1912    -  les milieux néo-thomiste  -  L’Algérie  1917  -  Regnabit   -  le Voile d’Isis  -  les Polaires   -  Madame Dina Britt   -   Paraclet   -  L’Egypte   -  la tariqah Schuon  -   Hagga Fatma  -  Etudes Traditionnelles   -   la Grande Triade   -  les Trois anneaux   -  

 

DIVERSITÉ ET UNITÉ DES RELIGIONS CHEZ RENÉ GUÉNON ET FRITHJOF SCHUON

PATRICK  RINGGENBERG

ÉDITION   L’HARMATTAN

 2010

René Guénon (1886-1951) et l’un de ses héritiers les plus importants, Frithjof Schuon (1907-1998), ont profondément rénové l’idée d’une unité essentielle des religions de l’humanité : le premier en parlant d’une Tradition Primordiale, dont toutes les traditions spirituelles seraient historiquement dérivées, le second en proposant, sous le nom de Sophia perennis, une forme de clé universelle de métaphysique et de spiritualité.

 

A la différence de nombreux courants philosophiques, occultistes ou néo spiritualistes, nés entre la Renaissance et le début du XXe siècle, ces deux auteurs ont par ailleurs conçu leur universalisme au sein d’une vision métaphysique rigoureuse, qui a entièrement renouvelé la perception des religions, du symbolisme, de la spiritualité et de l’initiation, de l’histoire et des civilisations. La force de leur message a influencé plus ou moins profondément plusieurs générations de lecteurs, et a donné naissance à une pensée dite « traditionnelle » parfois appelée « perenialism » dans le monde anglo-saxon. Or les thèses universalistes de ces auteurs, qui ont semblé à beaucoup apporter une solution définitive au problème de la diversité et de l’unité des religions, ont été peu discutées, même dans les milieux universitaires. La présente étude aimerait pallier ce manque, en présentant de manière détaillée les pensées respectives de Guénon et de Schuon, avec leurs points communs et leurs différences, et en dressant surtout un bilan critique de leur universalisme, avec ses problématiques, sa fécondité, ses limites et ses enjeux.

 

Cet ouvrage développe les thèmes suivants :

 

La Tradition Primordiale chez René Guénon  -  L’époque de la Gnose  -  Les doctrines Hindoues et l’ésotérisme de Dante  -  Les articles de la revue Regnabit  -  Le développement cyclique de l’histoire et des traditions  -  Les traces de la Tradition Primordiale dans les diverses traditions et les symboles  -  Exotérisme et ésotérisme  -  La réalisation par la connaissance  -  L’initiation  -  Les traditions et la Tradition  - 

La sophia perennis chez Frithjof Schuon  -  Sa vision de la Tradition Primordiale et ses rapports avec René Guénon  -  La philosophia perennis  - la religio perennis et la sophia perennis  -  La sophia perennis comme ésotérisme suprême, comme doctrine et comme spiritualité  -  La connaissance de l’unité des religions  -  Guénon et Schuon : Deux visions d’un universalisme  -  Les religions comme révélation du Verbe et comme renouvellement de l’Âge Primordial  -  Les manifestations diverses de l’exotérisme et de l’ésotérisme  -  La mystique, l’ésotérisme, la sophia perennis et l’intellect  -  Vertus, prières et méditations  -  La tariqa schuonienne  -  Synthèse et syncrétisme chez René Guénon et chez Frithjof Schuon  -

4 E

Écrits pour regnabit

 René GUÉNON

Edition Arche Milan

 1999

La participation de R. Guénon à la revue catholique Regnabit mérite une grande attention. Tous les articles réalisés et publiés par R. Guénon entre 1925 et 1927 sont ici intégralement retranscrits dans leur ordre chronologique qui restitue la logique du développement conceptuel de cette partie de l’œuvre de R. Guénon. Ce livre rassemble tous les écrits publiés par René Guénon dans la revue catholique Regnabit de 1925 à 1927.Cette période fut pour René Guénon particulièrement prolixe puisqu'il publia une dizaine de livres fondamentaux. Dans ces textes, Guénon a voulu démontrer "le parfait accord entre la tradition chrétienne et les autres formes de la tradition universelle.

 

Voici la liste des sujets traités et des articles rassemblés dans ce livre : Le Sacré-Cœur et la légende du Saint-Graal - Le Chrisme et le Cœur dans les anciennes marques corporatives - A propos de quelques symboles hermético-religieux - Le Verbe et le Symbole... - A propose des signes corporatifs et de leur sens originel - Les Arbres du Paradis - Le Cœur rayonnant et le Cœur enflammé - L'Idée du Centre dans les traditions antiques - La Réforme de la Mentalité moderne - L'Omphalos, symbole du Centre - Le Cœur du Monde dans la kabbale hébraïque.

Les thèmes traités ici sont essentiels au christianisme mais aussi aux diverses dimensions initiatiques traditionnelles, celui du Centre tout particulièrement qui renvoie à l'Être. Si certains articles ont une portée surtout culturelle, d'autres comportent des éléments de choix pour une approche résolument opérative.

Pour Guénon, le symbolisme est inséparable d’une conception métaphysique. Dans l’addendum de son premier article pour Regnabit (Addendum à « Le Sacré-Cœur et la légende du Saint Graal », Regnabit, décembre 1925,) il note que les significations multiples des symboles expriment « les applications d’un même principe à des ordres divers, selon une loi de correspondance sur laquelle se fonde l’harmonieuse multiplicité des sens qui sont inclus dans tout symbolisme. » Dans son article suivant, « Le Verbe et le Symbole » (janvier 1926), il entend apporter « quelques précisions complémentaires » sur la question du symbolisme. Il remarque d’abord que le symbole est particulièrement adapté aux exigences de la nature humaine, car c’est à partir de formes sensibles que l’homme peut accéder aux réalités supérieures. Il reprend des idées déjà exprimées en écrivant que le symbole, avec ses sens multiples et son caractère synthétique, s’adresse à l’intuition intellectuelle. Puis, il évoque une métaphysique du symbolisme en affirmant que le symbole « a son fondement dans la nature même des êtres et des choses »

 

 En effet, si le monde est l’effet de la Parole divine proférée à l’origine des temps, la nature entière peut être prise comme un symbole de la réalité surnaturelle. Tout ce qui est, sous quelque mode que ce soit, ayant son principe dans l’Intellect divin, traduit ou représente ce principe à sa manière et selon son ordre d’existence ; et, ainsi, d’un ordre à l’autre, toutes choses s’enchaînent et se correspondent pour concourir à l’harmonie universelle et totale, qui est comme un reflet de l’Unité divine elle-même

Il en résulte pour Guénon que l’inférieur symbolise le supérieur, et non l’inverse : « le sensible peut symboliser le suprasensible ; l’ordre naturel tout entier peut, à son tour, être un symbole de l’ordre divin » (SSS, 18). Le principe du symbolisme repose selon lui sur la structure hiérarchisée de l’existence universelle : chaque degré d’existence symbolise le degré qui lui est supérieur selon une loi d’analogie. Le symbole, qu’il s’agisse de la nature, des symboles traditionnels ou même des faits historiques, comprend des significations superposées correspondant aux degrés superposés de l’existence universelle issue de l’Être. C’est ce que Guénon va particulièrement développer dans Le symbolisme de la croix en 1931, et notamment dans l’avant-propos qui condense en quelques pages une théorie métaphysique du signe

Les symboles traditionnels comme traces de la tradition primordiale : Presque simultanément avec les premières esquisses d’une métaphysique du symbole dans Regnabit, Guénon inaugure une série d’études, dans lesquelles il se propose de rendre compte de l’existence d’une tradition primordiale en montrant la concordance des symboles appartenant à des traditions différentes. Dans son premier article de Regnabit, « Le Sacré-Cœur et la Légende du Saint Graal » (août-septembre 1925), il étudie la symbolique du Graal et ses correspondances avec celle du vase sacré en Orient. En conclusion, il considère que les rapprochements qu’il vient d’établir tendent à montrer l’existence d’une tradition primordiale qui serait l’origine unique des symboles traditionnels. Dans L’ésotérisme de Dante, publié la même année, les similitudes qu’il relève entre le voyage céleste de Dante et les conceptions islamiques, persane et indiennes « ne montrent pas autre chose que l’unité de la doctrine qui est contenue dans toutes les traditions ».

 

Dans le « Verbe et le Symbole » (Regnabit, janvier 1926), il fait le lien entre le principe métaphysique des symboles et les symboles traditionnels manifestés dans l’histoire. Il insiste sur l’origine non-humaine du symbolisme et sur le rattachement des symboles au Verbe, auteur de la Création comme de la Révélation primordiale. Le symbole, écrit-il, a son origine dans le Verbe divin et, par rapport à la présente humanité, dans la « Révélation primordiale », c’est-à-dire dans la tradition primordiale énoncée par le Verbe. Dans le cours de l’histoire, cette Révélation s’est incorporée « dans des symboles qui se sont transmis d’âge en âge depuis les origines de l’humanité ». Toujours dans Regnabit, en mai 1926 (« L’idée du Centre dans les traditions antiques »), il évoque les symbolismes graphiques rattachés à l’idée de Centre, d’origine et d’unité primordiale : le point au centre d’un cercle, dont il fait l’image du Principe (le centre) et du Monde, et le motif du swastika, qui exprime selon lui l’idée de giration autour d’un centre immuable. Il souligne l’universalité de ces symboles, rencontrés un peu partout dans le monde et depuis des époques préhistoriques : preuve, pour lui, que ces signes se rattachent à la tradition primordiale et qu’ils expriment des vérités universelles propres à toutes les traditions.

 

ÉsotÉrisme & christianisme autour de renÉ guÉnon

M.F. james

NOUVELLES ÉDITIONS LATINES

 1981

L’ésotériste René Guénon a-t-il été ignoré des milieux catholiques de son temps ? Son œuvre a-t-elle été passée sous silence par les critiques chrétiens ?


Dans cet ouvrage M.F. James prouve le contraire. Elle explore les relations de Guénon avec les milieux catholiques à travers sa famille, sa formation scolaire, ses amitiés et sa collaboration avec diverses revues se réclamant du christianisme ainsi que les articles fournis par des catholiques aux revues qu’il a fondées ou dirigées ou ceux qu’il a fournis lui-même à des publications de même esprit. Elle expose les influences qu’il a subies, donne de nombreux inédits, situe l’imbrication de sa vie et de son œuvre avec les courants néo-thomiste et antimaçonnique-occultiste.


Œuvre fondamentale pour tous ceux qui s’intéressent au « codificateur de l’ésotérisme doctrinal du XXème siècle » et sont soucieux d’un discernement chrétien sur ce philosophe qui, après avoir longtemps et sincèrement cherché et changé, a fini par se convertir à l’Islam.

 

ÉsotÉrisme guÉnonien et mystÈre chrÉtien

Jean BORELLA

Edition Delphica

 1997

Si l’auteur, chrétien convaincu et guénonien de la première heure, récuse le « christianisme guénonien » il n’en demeure pas moins qu’en tant que philosophe du religieux, il s’efforce d’écouter les résonances des conceptions ésotériques et métaphysiques de René Guénon et essaie de les placer sinon les étudier dans le cadre d’un ésotérisme chrétien.

 

Au sujet de la gnose guénonienne, l’auteur écrit : On estimera sans doute que la question de la gnose et du gnosticisme n’occupe, chez René Guénon, qu’une place très secondaire. Et c’est tout à fait exact, si l’on s’en tient aux textes, puisqu’il n’a consacré expressément à cette question aucun article. Pourtant, si l’on observe que la gnose ne désigne rien d’autre que la connaissance métaphysique ou science sacrée, force est alors d’admettre que Guénon ne traite pour ainsi dire que de cela, et qu’elle représente l’axe essentiel de toute son œuvre. C’est de la gnose pure et véritable, telle que Guénon s’est efforcé de nous en communiquer le sens, que nous voudrions ici parler, parce que nous croyons qu’il n’y a pas, en Occident, de notion qui soit plus méconnue, ou plus mal comprise, que celle-là, ce dont nous a convaincu l’étude attentive de la théologie et de la philosophie européenne.

 

L’une des raisons majeures de cette incompréhension presque totale tient au fait, comme nous l’avons déjà signalé, que le terme de gnose fut d’emblée discrédité par l’usage dévié qu’en firent certaines écoles philosophico-religieuses du IIe siècle après J.C. qui, pour cette raison, ont été rangées sous la dénomination générale de gnosticisme. Au regard de la foi chrétienne, les deux choses paraissent à ce point liées qu’on ne saurait concevoir l’une sans l’autre, et l’on affirmera qu’il n’y a pas en réalité d’autre gnose que celle dont le gnosticisme aux cents visages nous donne l’exemple. Mais, par une conséquence qui n’a au fond rien d’étonnant, les adversaires du christianisme adopteront la même attitude, et revendiqueront dans le gnosticisme, qu’ils identifient à la gnose véritable, la possession d’une tradition antérieure et supérieure à toute religion révélée.

 

Ce ne sont d’ailleurs pas seulement christianisme et anti-cléricalisme qui professent la confusion de la gnose et du gnosticisme ; Guénon lui-même, dans la première partie de sa vie adulte ne s’est-il pas employé à ressusciter le gnosticisme, du moins sous sa forme cathare, en participant à la constitution d’une « Eglise » gnostique, dont il fut (validement ou non) l’un des évêques ? Lui qui semble toujours vouloir distinguer la pureté de la gnose des impuretés du gnosticisme, n’a-t-il pas été membre d’une organisation néo-gnostique, héritière prétendue d’une ancienne tradition, animée au demeurant d’un anti-catholicisme sans équivoque ?

 

Y a-t-il eu changement dans l’attitude guénonienne ? Ou bien faut-il admettre que, comme il l’écrivit lui-même à Noëlle Maurice-Denis Boulet, il « n’était entré dans ce milieu de la Gnose que pour le détruire » ? Nous verrons qu’à s’en tenir aux textes, il y a bien eu changement, à certains égards, ce qui ne saurait exclure toute continuité, tant s’en faut. Nous estimons en effet que, pour ce qui est de la doctrine essentielle, de la métaphysique pure, Guénon n’a jamais varié, pour la raison qu’une telle variation est tout simplement impossible : ce que l’intellect perçoit est, dans son essence la plus radicale, immuable évidence. On ne s’étonnera même pas qu’une telle perception apparaisse chez un tout jeune homme ; tout au contraire, c’est là chose normale : l’âme jeune est ouverte quasi naturellement aux lumières qui rayonnent de l’Esprit-Saint  tandis qu’avec l’âge viennent presque toujours le durcissement et l’oubli. En revanche, les formes dans lesquelles on tente d’exprimer ces intuitions peuvent varier considérablement, car tout langage est tributaire d’une culture, et donc d’une histoire, c’est-à-dire d’une dialectique et d’une problématique, éventuellement inadéquate ». Le choix des expressions relève alors d’un calcul d’opportunité où il est presqu’impossible de gagner, et qui dépend lui-même de la connaissance que l’on prend de cette culture et de cette histoire.

 

Une telle connaissance, portant sur des faits, ne peut être que progressive et empirique ; elle dépend aussi, et nécessairement d’une certaine affinité du sujet connaissant avec l’objet connu. Si bien que, en dehors de l’orthodoxie religieuse qui est garantie par l’autorité de la Tradition magistérielle, la signification d’aucune forme culturelle ne saurait être immuablement définie ; elle change avec l’exactitude de nos informations et nos prédispositions individuelles, ou peut même être définitivement suspendue lorsque, décidément, la question est trop embrouillée. Et l’on sait de reste que Guénon ne s’est jamais attardé là où il ne lui paraissait pas possible d’obtenir une lumière suffisante

 

Les considérations précédentes nous dictent notre plan. Avant toute chose, nous devons nous interroger sur la nature véritable de ce phénomène historique que fut la gnose et le gnosticisme, car, en ce domaine tout particulièrement, les passions partisanes le disputent trop souvent à l’ignorance. Nous pourrons alors mieux apprécier ce que fut la période « gnosticisante » de René Guénon, entre 1909 et 1912, qui nous retiendra en second lieu. Enfin nous nous efforcerons de montrer pourquoi la gnose « guénonienne » n’est précisément pas du gnosticisme, car c’est là, au fond, tout l’essentiel, et peut-être ne l’a-t-on encore jamais bien expliqué.

 

Études sur la franc-maçonnerie & le compagnonnage2 TOMES -

René guḖnon

Editions TRADITIONNELLES

 1991

Ce recueil posthume (en deux tomes) est fait d’articles et de comptes rendus de livres ou de revues se rapportant aux deux organisations initiatiques les plus connues d’Occident. Ces courts textes constituent une mine de renseignement sur bien des points d’histoire ou de symbolisme maçonnique. Inlassablement, René Guénon montre que la Franc-maçonnerie demeure potentiellement une voie spirituelle, en dépit de l’indifférence de la grande majorité de ses membres et malgré l’amoindrissement qu’elle a subi lorsque, d’opérative, elle est devenue seulement spéculative. L’article Parole perdue et mots substitués intéressera tout particulièrement les Maçons soucieux d’entamer un travail en vue de la réalisation spirituelle.

 

Pour les profanes, l’emploi d’un emblème identique – l’équerre et le compas entrecroisés – renforce l’idée, induite par le côté mystérieux et élitiste des deux organisations, qu’elles seraient en quelque sorte deux visages d’une même entité occulte. Pour les francs-maçons, il y a l’intime conviction qu’il existe une étroite parenté et qu’ils seraient cousins germains des Compagnons. Nombreux admettent même l’idée que la franc-maçonnerie a emprunté l’essentiel de ses grades bleus au compagnonnage… Le fait que depuis quelque temps des historiens de ces deux sociétés combattent cette idée, perturbe quelque peu les esprits sans pour autant parvenir à faire table rase des idées reçues. Les francs-maçons restent fascinés par les descendants des bâtisseurs de cathédrales que seraient les Compagnons, héritage au demeurant évident pour l’esprit mais qui reste à prouver sur le plan historique pour ce qui est des filiations initiatiques. Sans remonter jusqu’à ces temps anciens pour lesquels les archives manquent cruellement, qu’en est-il exactement de cette parenté entre compagnonnage et franc-maçonnerie ? Faisons le point sur quelques aspects de cette question complexe.

 

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler au préalable que de nos jours, les obédiences maçonniques et les sociétés compagnonniques n’entretiennent aucun lien. Et même qu’un grand nombre de Compagnons cultivent un anti-maçonnisme pour le moins solide — attitude héritée de la période vichyste durant laquelle le compagnonnage français a connu un profond chamboulement et des clivages. Ainsi, dans un grand nombre de sociétés du Devoir, la double affiliation est-elle strictement interdite et découvrir que cette règle a été transgressée conduit à une radiation. Dans d’autres compagnonnages, c’est un choix qui relève fort heureusement de la liberté individuelle et n’appelle d’autre remarque que le fait de mettre en garde le Compagnon voulant devenir Franc-maçon de la difficulté qu’il pourra rencontrer à satisfaire à toutes ses obligations, tant compagnonniques et maçonniques que familiales. Sage attitude s’il en est… On peut aussi remarquer que la double appartenance est, pour ainsi dire, de tradition au sein de certains cercles de l’Union Compagnonnique (nombre de ses fondateurs en 1889 étaient francs-maçons), tandis qu’elle est plus rare au sein de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment, y compris chez les Gavots (les Compagnons menuisiers ou serruriers du Devoir de Liberté, auxquels était affilié le célèbre Agricol Perdiguier, lui-même reçu en Maçonnerie en 1845).

 

Si on remonte dans le passé, ce phénomène de la double appartenance a connu de sensibles variations, selon les métiers et les rites compagnonniques, et aussi selon les périodes. Ainsi, durant tout le XIXe siècle, l’adhésion à la franc-maçonnerie est-elle très fréquente, pour ne pas dire quasi systématique, chez les Compagnons Étrangers tailleurs de pierre (la branche qui se réclame de Salomon) tandis que, relativement répandue chez les Compagnons Passants tailleurs de pierre (l’autre branche, celle des « enfants » de Maître Jacques) avant la Révolution de 1789 et jusque sous l’Empire, elle devient très rare ensuite. Idem chez les Compagnons charpentiers, où la double appartenance est monnaie courante chez les « Indiens », sans pour autant être inconnue chez les « Soubise ».

 

Quelles sont les raisons de la double appartenance autrefois ? S’agit-il de la reconnaissance implicite d’une parenté ? Non. Deux cas principaux semblent se dégager de l’étude des sources documentaires : d’une part, c’est un fait relativement bien connu à partir du milieu du XIXe, le désir pour des Compagnons ayant terminé leur Tour de France et n’ayant par conséquent, à cette époque, plus de contacts suivis avec leur société, de cultiver une sociabilité fraternelle fondée sur des symboles en partie communs ; d’autre part, et c’est là un fait qui n’a pas encore été mis en évidence, le besoin pour l’ouvrier itinérant de disposer d’un maximum de « réseau » afin de faire face aux aléas du Tour de France. En clair, nombre de Compagnons du début du XIXe siècle entrent en Maçonnerie avant même leur départ sur le trimard ou durant celui-ci, histoire de disposer non pas d’un réseau d’assistance mutuelle – c’est la vocation première des sociétés compagnonniques – mais de deux ! Dans une ville où leur compagnonnage ne possède pas de siège et où ils ne pourront donc pas recevoir de secours de route s’ils sont sans embauche – précieux viatique qui leur est « dû » s’ils sont en règle –, il leur reste alors le recours à la fraternité maçonnique… Ajoutons à ces deux raisons, pour la période de l’Empire, l’entrée en Maçonnerie via les loges militaires, nombre de Compagnons ayant transité par les armées.

 

S’il est incontestable que l’emblème basique de l’équerre, de la règle et du compas entrecroisés, accompagnés chez les Compagnons d’autres éléments caractérisant le métier, était employé par certains compagnonnages dès avant l’arrivée de la franc-maçonnerie en France, il faut se garder de voir là l’indice d’une influence de l’un sur l’autre, et encore moins la preuve d’une origine compagnonnique de la Maçonnerie. En réalité, les Compagnons comme les Francs-maçons emploient ce symbole pour faire allusion au cinquième Art libéral, la Géométrie, qui pour les uns comme pour les autres est fondamental. Pourquoi envisager ce symbole commun comme étant l’indice d’une parenté organique, alors qu’il est tout simplement l’un des signes de l’existence d’un substrat culturel commun, celui de l’architecture ? Ces mêmes instruments géométriques ont été employés, à cette époque comme plus récemment, comme symboles des arts et des sciences, ou comme emblemata moraux, sans que pour autant cela soit l’emblème d’organisations peu ou prou initiatiques. N’oublions pas que le compas est, comme le serpent, l’emblème de la Prudence…

 

Plus troublant pour les Maçons sont les quelques extraits de rituels compagnonniques qui ont été publiés, notamment en 1901 dans l’ouvrage classique d’Étienne Martin Saint-Léon, Le Compagnonnage. Des pans entiers de rituel peuvent être mis en parallèle avec le rituel maçonnique ! Damned! N’est-ce pas là, comme le croyait Jean-Pierre Bayard, la preuve incontestable de la parenté entre les deux ordres ? Non, c’est tout simplement celle des nombreux emprunts effectués par les compagnonnages, tout le long du XIXe siècle, aux sources maçonniques, qu’elles soient rituelles, légendaires ou iconographiques. Car contrairement aux idées reçues d’une majorité de Maçons, ce sont les Compagnons qui ont « piqué » dans leurs traditions, et non l’inverse !

 

Pourquoi ? Ces emprunts sont-ils le résultat du phénomène de double appartenance évoqué plus haut ? Ce faisant, les Compagnons auraient-ils reconnu l’antériorité de la tradition maçonnique sur la leur ? Non et encore non… Il n’était nul besoin que des Compagnons « double-casquette » trahissent leur serment maçonnique : dès la fin du XVIIIe siècle, il était possible à n’importe qui sachant lire de se procurer en librairie l’essentiel des rituels maçonniques. Et nombre de Compagnons savaient lire… En témoignent dans les bibliothèques des exemplaires de grands classiques, tels les ouvrages de Guillemain de Saint-Victor, revêtus d’ex-libris compagnonniques. Un peu plus tard, ils feront de l’Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes anciennes et modernes de Clavel (1843) un de leurs livres de chevet, ainsi qu’en attestent les emprunts que font les estampes compagnonniques de cette époque aux belles gravures illustrant cet ouvrage (cf. Laurent Bastard, Images des Compagnons du Tour de France).

 

Pourquoi ces emprunts ? Les anciens rites et légendes compagnonniques étaient relativement sobres, d’essence chrétienne. Ce qui est décrit dans la Résolution des docteurs de la Sorbonne, en 1655, concernant les « pratiques impies, sacrilèges et superstitieuses » des Compagnons selliers, cordonniers, couteliers, chapeliers et tailleurs d’habits, ce sont pour l’essentiel des mises en scène de la Passion, le récipiendaire étant assimilé au Christ devant souffrir avant de mourir puis de renaître. L’arrivée de la franc-maçonnerie spéculative et l’évolution des mentalités sous la Révolution va chambouler cette trame rituelle restée stable jusque vers la fin du XVIIIe siècle. Tout naturellement, les Compagnons vont chercher à accorder leurs rites et leurs légendes à la mode et à la mentalité de leur époque, à les enrichir de moult détails et péripéties. Un peu avant 1870, on lit ainsi dans un courrier de Jules-Napoléon Bastard, un Compagnon tanneur, qui ne deviendra franc-maçon que quelques années plus tard, les lignes suivantes relatives aux réformes qu’il convient d’introduire dans sa société compagnonnique (notamment amplifier la réception pour lui donner plus de charge émotionnelle) et qui résument bien la fascination qu’exerce alors le modèle maçonnique sur les Compagnons 

 

Études sur l’hindouisme

René GUÉNON

Editions Traditionnelles

 1989

Cet ouvrage rassemble une série d’articles et de comptes-rendus de livres parus dans différentes revues – voiles d’Isis et Etudes Traditionnelles – sous la plume de R. Guénon. Il parle de la contemplation, du sens de la Bhagavad-Gita, la magie utilisée dans le tantrisme et bien sur tous les supports pouvant servir à la réalisation spirituelle malgré le système de castes.

 

La tradition hindoue est omniprésente dans l’œuvre de René Guénon, qui la considérait comme « l’héritage le plus direct de la Tradition primordiale ». S’il n’a consacré que deux ouvrages à l’hindouisme proprement dit (plus un recueil posthume d’études et de comptes rendus), il n’est aucun de ses autres livres où l’Inde – sa métaphysique, sa cosmologie, ses sciences traditionnelles, son organisation sociale – n’apparaisse comme une référence majeure, quasi absolue, à tel point que certains ont pu se demander pourquoi, dans sa voie personnelle, il n’avait pas embrassé l’hindouisme plutôt que l’islamisme.

 

 Paul Chacornac, son premier biographe, nous fournit une réponse dont beaucoup se sont contentés : « Les modalités d’initiation hindoue étant liées à l’institution des castes, on ne voit pas comment un Occidental, par définition sans caste, pourrait y accéder. D’autre part, le rituel hindou ne se prête, en aucune manière, à la vie occidentale, tandis que le rituel islamique, quelles que soient les difficultés pratiques qu’il présente, n’est tout de même pas incompatible avec la vie de l’Occidental moderne. » A quoi l’on peut objecter qu’il y a eu malgré tout des exemples, rares mais non douteux, d’Occidentaux qui se sont intégrés dans l’hindouisme ; eût-il décidé de vivre en Inde que Guénon eût certainement mené la vie rituelle d’un hindou, tout comme, établi en Egypte, il a mené la vie rituelle d’un musulman.

On ne voit donc pas, dans son cas si exceptionnel, d’impossibilité radicale à « devenir hindou », la notion de « caste » s’effaçant dans certains types d’initiation et n’ayant plus le moindre sens dans le cas du samnyâsin. Un peu moins vaine mais aussi peu résoluble apparaît cette question maintes fois posée : Guénon, dans ses années de formation parisiennes, a t-il eu un ou des maîtres hindous ? Quels que fussent ses dons intellectuels, il est difficile de croire qu’il ait pu parvenir seul ou juste avec l’aide de quelques livres à cette compréhension lumineuse du Vêdânta qu’il manifeste dès l’âge de vingt-trois ans, lors de ses premiers articles publiés sous le nom de Palingenius dans la Gnose. A moins d’aller chercher des explications fantastiques, il faut donc supposer une rencontre et un contact humain, une transmission orale et directe. Or celle-ci ne pouvait assurément pas venir des indianistes français, auprès desquels Guénon a pris quelques cours, ni des membres de la Société théosophique, dont l’enseignement était extravagant, ni d’autres individualités néo-spiritualistes vivant alors dans la capitale.

 

On inclinera donc à croire Chacornac lorsqu’il affirme : « Guénon a eu un Maître ou des Maîtres hindous. Il nous a été impossible d’avoir la moindre précision sur l’identité de ce ou ces personnages, et tout ce qu’on peut en dire avec certitude, c’est qu’il s’agissait en tout cas d’un ou de représentants de l’école Védânta adwaita, ce qui n’exclut pas qu’il y en eut d’autres. » Ce que vient corroborer le témoignage du Hollandais Frans Vreede, qui fut un ami très proche de Guénon pendant trente ans : « Il [Guénon] fut initié par une personnalité hindoue, affiliée à une branche régulière d’un ordre initiatique remontant à Shankarâchârya .»

 4 F

formes traditionnelles et cycles cosmiques

René GUÉNON

Edition Gallimard

 1993

Ce recueil posthume éclaire quelques épisodes de l’histoire du cycle humain. L’auteur y parle de la tradition hyperboréenne, l’Atlantide, l’hermétiste, l’Égypte, la Kabbale et donne son point de vue sur l’histoire sacrée de notre humanité, en contradiction comme on s’en doute avec les hypothèses scientifiques.

 

L’étude de la doctrine métaphysique, et en particulier de ce qui se rapporte à la manifestation en tant que détermination d’une possibilité particulière dans l’Absolu du Principe suprême, permet de remarquer des lois cosmiques générales que l’on peut particulièrement comparer à des fractales mathématiques.

 

René Guénon en parle clairement dans son œuvre, en particulier lorsqu’il présente la doctrine des cycles cosmiques. Il dit ainsi qu’un cycle quelconque peut être « considéré comme une fraction d’un autre cycle plus étendu ; mais, en vertu d’une certaine loi de correspondance, chacun des cycles secondaires reproduit, à une échelle plus réduite, des phases qui sont comparables à celle des grands cycles dans lesquels il s’intègre. Ce qui peut être dit des lois cycliques en général trouvera donc son application à différents degrés : cycles historiques, cycles géologiques, cycles proprement cosmiques, avec des divisions et des subdivisions qui multiplient encore ces possibilités d’application. D’ailleurs, quand on dépasse les limites du monde terrestre, il ne peut plus être question de mesurer la durée d’un cycle par un nombre d’années entendu littéralement ; les nombres prennent alors une valeur purement symbolique et ils expriment des proportions plutôt que des durées réelles. »

 

Il s’agit bien ici de la description d’un principe fractal et c’est ce qui permet de justifier, si besoin était encore, l’emploi de l’analogie ou de la correspondance, et l’usage de symboles pour signifier des concepts métaphysiques élevés et souvent inexprimables, par le constat que le plus petit peut symboliser le plus grand, par loi d’analogie.Mais penchons-nous maintenant sur la « structure » même du cycle cosmique. René Guénon dit ainsi qu’« un cycle quelconque peut être partagé en deux phases, qui sont, chronologiquement, ses deux moitiés successives ; mais en réalité, ces deux phases représentent respectivement l’action de deux tendances adverses, et d’ailleurs complémentaires ; et cette action peut évidemment être simultanée aussi bien que successive. » et de préciser : « On peut diviser l’ensemble en deux phases, l’une descendante, allant dans le sens d’une différenciation de plus en plus accentuée, et l’autre ascendante, en retour vers l’état principiel. Ces deux phases, que la doctrine hindoue compare à celles de la respiration, se retrouvent également dans les théories hermétiques, où elles sont appelées ‘coagulation’ et ‘solution’ »

 

Le principe même de la dualité dans tout cycle cosmique symbolise en fait le Principe suprême et absolu, Infini indescriptible et inexprimable, Possibilité universelle dont une des déterminations, l’Être métaphysique, est la source de notre manifestation. Par opposition, ce qui n’est pas Être peut être appelé Non-Être, ou l’ensemble de possibilités non-manifestables, ou manifestables mais non encore déterminées…

 

Les cycles cosmiques symbolisent donc le passage du non-manifesté au manifesté, et le retour du manifesté à l’indétermination du non-manifesté. C’est pourquoi nous retrouvons ces deux phases de manière symbolique dans la correspondance avec la circulation sanguine (sang neuf partant du cœur, vieux sang retournant au cœur), dans la respiration (expiration du souffle, inspiration du souffle), dans la digestion (excrétion, ingestion), dans le flux et le reflux de la marée des océans, dans l’expansion et la concentration, dans l’alternance entre la vie et de la mort pour toutes les espèces animales, dans le va et vient du métier à tisser, dans l’araignée tissant et réabsorbant sa toile, dans le Phénix mourant et ressuscitant, dans l’alternance de l’éveil et du sommeil profond… pour n’en citer que quelques-uns parmi une indéfinité d’autres.

 

Car tout ce qui est naturel en ce monde suit cette loi des cycles cosmiques, quelle que soit sa dimension ou sa durée. Tout est ainsi en harmonie avec le Principe suprême, de l’indéfiniment petit à l’indéfiniment grand…

 

FRAGMENTS DOCTRINAUX DE RENÉ GUÉNON

René Guénon

Edition Rose-cross Books Toronto

 2013

Cet ouvrage de 380 pages représente environ 600 lettres que René Guénon a expédiées à une trentaine de correspondants au cours de sa vie. Ces lettres ont été organisées suivant les principaux thèmes traités par l’auteur et reprenant les titres de ses principaux ouvrages.

Au sommaire de cet ouvrage :

Avant propos de Mircea A. Tamas

1e partie : Les états multiples de l’être - L’infini - l’intellect -- la métaphysique - le manifesté et le non-manifesté - l’être et le non-être - la possibilité universelle - l’être humain - la conscience - songes et divinations - les influences errantes -

2e partie : Formes traditionnelles et cycles cosmiques - la cosmogonie et les cycles cosmiques - la fin du monde - Formes traditionnelles - le Judaïsme et l’islam - le chamanisme - le bouddhisme - le tantrisme - l’hermétisme - Plotin -

3e partie : Le Roi du monde - Aggartha - le centre - sur la divulgation - Autorité spirituelle et pouvoir temporel - Dieux et prophètes - la doctrine des Avataras - les sciences traditionnelles - les portes fermées de l’Aggartha -

4e partie : Aperçu sur l’ésotérisme chrétien - la langue sacrée - le baptême et les rites - L’église d’Orient - les templiers - le Graal - Dante - Les Rose+Croix - la Réforme - Padre Pio - le soleil de minuit

5e partie : Etude sur la Franc-maçonnerie - les Hauts grades - le symbolisme maçonnique - initiation maçonnique - la grande Triade - la loge Thébah -

6e partie : Initiation et Réalisation spirituelle - Réalisation métaphysique et réalisation mystique - Esotérisme et exotérisme - Mystère, amour et initiation - le pèlerinage et les voyages initiatiques - l’initiation exceptionnelle - la Réalisation et la Délivrance - les possibilités d’initiation subsistant encore dans le monde -

7e partie : Symboles de la Science sacrée - les symboles géométriques - les symboles animaliers - les symboles floraux - le Nom - la symbolique des Nombres, des Lettres et des Mots - les armes symboliques - le tonnerre et la pluie - Sacrifice et sang symbolique - Personnages historiques -

8e partie : La crise du monde moderne - René Guénon : pertinet ad orientem - Occidens ou le monde moderne - sur la traduction - la philosophie - Oriens et l’orientalisme - la gnose et le gnosticisme - le Kali-Yuga - vers la dissolution - mécanicisme et matérialisme - des vestiges initiatiques - les manifestations traditionnelles en Roumanie - occultisme - la réincarnation - Frithjof Schuon - du profane à l’antitradition, de l’antitradition à la contre-initiation - l’Antéchrist -

9e partie : Comptes rendus -

4 G

guÉnon ou le renversement des clartÉs

Xavier accart

Edition ARCHE Milan

 2005

Queneau, Artaud, Gide, Paulhan, Dumal, Bosco, Drieu la Rochelle, Pauwels, Daniel Halevy, Léon Daudet, Jean Grenier, Simone Weil… Autant d’écrivains qui lurent passionnément l’œuvre de René Guénon (1886 – 1951).

 

La présente étude établit que l’initiateur de la pensée « traditionnelle » a exercé sur ses contemporains une influence beaucoup plus profonde et étendue qu’on ne l’avait d’abord cru ; elle tente d’expliquer ce phénomène paradoxal : comment une œuvre aussi étrangère au monde intellectuel de son temps a-t-elle pu le marquer à ce point ?


Loin d’être seulement due à sa critique de la modernité, l’audience de Guénon eut pour principal ressort sa vision de l’Universalité. D’une part, l’idée d’une connaissance supra-rationnelle marqua profondément de jeunes écrivains, las du divorce entre les mots et les choses et assoiffés d’expérience.

 

D’autre part, la présentation des doctrines spirituelles de l’Inde et de l’Islam, ainsi que l’affirmation de leur identité foncière avec celle du christianisme, ont fait apparaître ce métaphysicien comme un passeur entre les mondes, un artisan de paix entre des peuples qui se haïssaient faute de se connaître.


Cette enquête, à laquelle les grands événements du siècle passé donnent un caractère dramatique, restitue une veine de l’histoire littéraire française à la fois méconnue et déterminante.

Ce faisant, elle met en évidence les préoccupations spirituelles – généralement ignorées – d’écrivains de premier plan.

Fruit de dix années de recherche, elle contribue également à éclairer les étapes du développement de l’œuvre de Guénon et sa stratégie éditoriale, de ses années parisiennes à sa retraite du Caire.

Comme l’écrit Antoine Compagnon dans sa préface : « Guénon s’avère dans ce livre une figure fascinante, toujours et partout présente à l’arrière-plan de l’époque, […]. Xavier Accart a donné, réalisé sur lui un magnifique exercice d’histoire intellectuelle du XXème siècle, toujours intéressant et stimulant ».


Un pavé de 1124 pages avec de nombreuses illustrations.

Un livre de références.

4H

HIÉRARCHIE  ET  DÉMOCRATIE

RENÉ GUÉNON ET JULIUS EVOLA

ÉDITION DE L’HOMME LIBRE

 2003

L’évolutionnisme repose totalement sur une impossibilité logique, à savoir qu’il est impossible que le plus puisse provenir du moins, pas plus que le supérieur ne le pourrait de l’inférieur. La réponse qu’on peut donner à une telle interrogation, dans laquelle se résume le sens même du « problème de la décadence », est que l’unique cause déterminante, dans le processus de destruction spirituelle, consiste en une « décision métaphysique » de révolte contre le principe hiérarchique inhérent à la nature humaine :

La négation de la hiérarchie en soi représente un stade préliminaire à la négation de la hiérarchie dans l’ordre politique. La démocratie, comme les autres formes historiques dans lesquelles apparaît l’esprit anti traditionnel, se révèle une conséquence directe de ce « meurtre de la hiérarchie ».

Ceci se rapporte donc à un complet renversement de l’ordre normal, c'est-à-dire à la suprématie du nombre, laquelle n’existe que dans le seul monde de la quantité. Une opposition radicale à la mentalité démocratique ne peut faire abstraction d’un retour de l’esprit aristocratique, dont la substance « Olympienne » caractérisait l’authenticité par rapport aux contrefaçons bourgeoises de l’élitisme. « Ascèse de la puissance » : Telle est la formule qui exprime les effets de l’esprit aristocratique dans le domaine politique.

Je cite : « …Ainsi se pourrait créer un nouveau groupement dirigeant, anti-intellectuel, ascétique et héroïque, quasi féodal et barbare dans sa dureté et intransigeant quant à sa forme, silencieux, clos hermétiquement et impersonnel comme un ordre… »


Un article de René Guénon et deux de Julius Evola sur ce sujet remplissent ce petit livre de 60 pages sur ce sujet de la hiérarchie et de la démocratie.

4 I

in – memoriam

René GUÉNON

 Arche Milan

 1981

Petite plaquette post mortem sur un condensé bref de la doctrine de R. GUENON.

 

initiation & rÉalisation spirituelle

René guÉnon

TRADITIONNELLES

1998

Cet ouvrage est la suite d’Aperçus sur l’initiation. René Guénon se propose d’apporter quelques éclaircissements et justifications doctrinales à certaines notions relatives à l’initiation. Rituels véritablement initiatiques contre cérémonies imitatives ; faux gurus dénoncés par la définition du rôle d’un authentique mythe spirituel ; Contemplation et sagesse véritables érigées face au mysticisme dépourvu d’une guidance.

L’ouvrage se termine par un exposé à propos de la réalisation complète et véritable. L’auteur transmet une véritable grille de lecture pour reconnaître les diverses contrefaçons des traditions authentiques. Clair et indispensable.

 

 

Pour l'homme, deux fins sont concevables: la perfection de l'état humain et la perfection de l'état divin, puisqu'il y a en lui quelque chose de Dieu. Toutes les religions se proposent la première, que Guénon désigne par le terme de salut. Elles s'adressent à tous les hommes pour sauver tout l'homme. Pour atteindre la seconde fin, que l'Inde appelle "délivrance", il faut un rite spécial, donné seulement à ceux qui sont "qualifiés", prêts à le recevoir, et que Guénon appelle un rite initiatique (de initium commencement) parce qu'il inaugure le début de la voie spirituelle et qu'il confère le germe de la déification. Cette initiation n'a donc rien à voir avec les rites ésotériques vulgaires.

Les chemins qui conduisent à cette réalisation spirituelle sont triples, ils passent par la métaphysique, la tradition et le symbolisme. La métaphysique - le supra physique et donc, le surnaturel - n'est pas un exercice profane de la raison spéculant sur des données empiriques, mais une doctrine revue - révélée - intrinsèquement sacrée et toujours encadrée par la forme traditionnelle (une des religions authentiques, qu'elle soit hindoue, chinoise, islamique ou chrétienne).

L'accès à cette doctrine sacrée exige une véritable réforme de l'homme moderne, un changement radical de ses repères mentaux qui lui fassent oublier les erreurs et les illusions du monde profane (idéologie du progrès qui fait condamner tout ce qui a précédé au nom de la supériorité de ce qui suit: superstition ce la science qui prétend constituer la seule forme de savoir authentique: illusion de la vie ordinaire qui survalorise le travail, la production, la consommation, le plaisir et écarte la religion) et les séductions des impostures religieuses et des parodies de l'ésotérisme (spiritisme, théosophisme, satanisme et autres charlatanismes provoqués par le refus de la tradition et l'ignorance de la doctrine métaphysique en Occident).

Quant à la tradition (du latin tradere, livrer, transmettre), elle comprend tout ce que l'homme n'a pas inventé mais reçu à l'origine des temps. Elle trouve donc son point de départ dans l'origine supra humaine de toutes choses dans le "Paradis terrestre", avant de prendre des formes multiples au cours des âges, selon les mentalités, formes qui correspondent à toutes les religions du monde résultant d'une révélation divine, chacune d'elles se trouvant donc sur un pied d'égalité quant à son but qui est de délivrer la vérité essentielle. La tradition est donc la marque distinctive de toutes les civilisations non modernes.

 

Mais elle n'est pas fixe ni rigide pour autant: elle évolue en fonction des cycles cosmiques qui régissent l'histoire humaine. Les cycles se suivent mais ne se répètent pas à l'identique, si bien que la tradition est en somme ce qui reste à travers ce qui se passe et se perd au cours des cycles. Selon ce point de vue et les traditions révélées, nous serions en ce moment à la fin de l'âge de fer - ou des conflits, selon les Hindous - où l'obscurcissement spirituel atteint sa limite.

Les symboles enfin sont un moyen de connaissance et de réalisation spirituelle. Fondés sur la nature des choses, ils mettent réellement en relation l'être sensible et corporel avec les états supérieurs et donc avec Dieu L'existence du symbolisme sacré - à travers les arts, les textes, les rites traditionnels - est à l'origine de la distinction entre ce qu'il y a de relativement extérieur, de public, d'évident pour tous dans une tradition, et ce qu'il y a de plus intérieur, de plus caché sous les apparences, et que seul un enseignement ésotérique permet de saisir.

 

introduction gÉnÉrale à l’Étude des doctrines hindoues

René GUÉNON

Trédaniel

 1987

Ce livre écrit en 1921 résume les idées principales de l’œuvre de R. Guénon. Il montre la nécessité d’un rapprochement entre Orient et Occident.

Il dénonce les thèses des orientalistes qui par « inaptitude métaphysique » sous estiment la vérité des doctrines ésotériques orientales. La vraie métaphysique s’entend comme illimitée et absolue et s’accomplit pour l’homme à travers la recherche de l’unicité.

 

C'est un lieu commun de la littérature publicitaire que d'affirmer que le contenu d'un ouvrage dépasse les promesses de son titre.

 

Pourtant c'est bien ce qu'il nous faut dire ici pour être véridique. Si Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, dans ses troisième et quatrième parties renferme bien tout ce qu'il est indispensable de connaître pour aborder la tradition hindoue, ses deux premières parties constituent non seulement une introduction à l'étude des doctrines orientales en général, mais encore une introduction à l'étude de la Tradition tout court, sous les différents vêtements qu'elle a pris suivant les époques et les pays, et ouvrent une voie d'accès vers une plus parfaite compréhension du Christianisme comme du Judaïsme, de l'Islamisme comme du Lamaïsme et du Taoïsme.

D’autre part, le rituel hindou ne se prête, en aucune manière, à la vie occidentale, tandis que le rituel islamique, quelles que soient les difficultés pratiques qu’il présente, n’est tout de même pas incompatible avec la vie de l’Occidental moderne. »

A quoi l’on peut objecter qu’il y a eu malgré tout des exemples, rares mais non douteux, d’Occidentaux qui se sont intégrés dans l’hindouisme ; eût-il décidé de vivre en Inde que Guénon eût certainement mené la vie rituelle d’un hindou, tout comme, établi en Egypte, il a mené la vie rituelle d’un musulman. On ne voit donc pas, dans son cas si exceptionnel, d’impossibilité radicale à « devenir hindou », la notion de « caste » s’effaçant dans certains types d’initiation et n’ayant plus le moindre sens dans le cas du samnyâsin.

 

La « conversion » à l’islam – bien antérieure, comme on le sait, à l’installation en Egypte - s’explique peut-être par la place « intermédiaire » entre l’Orient et l’Occident qu’occupe cette tradition, en accord avec la propre fonction intermédiaire de Guénon, et aussi par le caractère « ultime » de la religion du Prophète, en correspondance avec le caractère ultime du message guénonien. Ce seraient là néanmoins, reconnaissons-le, des motivations assez abstraites, même pour un homme dont la vie revêt un incontestable « symbolisme » et que l’on a de plus en plus tendance à « mythifier ». La véritable raison du « choix » d’une forme traditionnelle (choisit-on, est-on choisi ?) relève de l’intimité mystérieuse de chaque être et n’est pas comparable à une stratégie militaire ou à un mariage de raison.

 

Un peu moins vaine mais aussi peu résoluble apparaît cette question maintes fois posée : Guénon, dans ses années de formation parisiennes, a t-il eu un ou des maîtres hindous ? Quels que fussent ses dons intellectuels, il est difficile de croire qu’il ait pu parvenir seul ou juste avec l’aide de quelques livres à cette compréhension lumineuse du Vêdânta qu’il manifeste dès l’âge de vingt-trois ans, lors de ses premiers articles publiés sous le nom de Palingenius dans la Gnose.

 

 A moins d’aller chercher des explications fantastiques, il faut donc supposer une rencontre et un contact humain, une transmission orale et directe. Or celle-ci ne pouvait assurément pas venir des indianistes français, auprès desquels Guénon a pris quelques cours, ni des membres de la Société théosophique, dont l’enseignement était extravagant, ni d’autres individualités néo-spiritualistes vivant alors dans la capitale.

 

Le parcours atypique de René Guénon passa extérieurement par différents sentiers puisqu’il entra en contact avec les principaux milieux religieux, intellectuels, artistiques et spiritualistes de son époque. Cependant, cette apparente « dispersion » n’avait pour seul objectif que de lui permettre d’accomplir la fonction qui lui avait été assignée par la Providence divine : témoigner, auprès de ses contemporains, de l’unicité et de la transcendance de la Source qui alimente toutes les authentiques expressions de la sagesse, qu’elles proviennent d’Orient ou d’Occident. Inlassablement, René Guénon rappelait le fondement métaphysique des sciences du Sacré et les fâcheuses conséquences pour le monde occidental de l’éloignement de principes qui avaient toujours prévalu dans les sociétés humaines depuis des millénaires.

 

 Il s’agissait ainsi de tenter de « revivifier » la mentalité moderne en lui insufflant des aspects de la Vérité universelle qui avaient été jusque là presque complètement oubliés. Dans ce difficile challenge, René Guénon se délesta de toute ambition personnelle et resta scrupuleusement dans une position qui ne souffrait d’aucune ambiguïté : lui-même n’était pas un guide spirituel capable d’enseigner des disciples, mais un simple et dévoué « éveilleur » de consciences à partir du rappel d’une doctrine dont il n’était que l’humble transmetteur.

 

Au contact direct d’un environnement très influencé par des idées fort éloignées de son point de vue, il se heurta souvent à beaucoup d’hostilité envers sa propre personne et envers ses propos, mais il rencontra également quelques hommes et femmes de conviction qui furent touchées par la limpidité et la force d’un message étonnamment ancré dans les réalités du présent et qui pourtant semblait échapper au temps. Louis Charbonneau-Lassay fut incontestablement l’un d’entre eux et, stimulé par les échanges avec Guénon, il joua un rôle très actif pour exhumer et redonner un sens profond au patrimoine spirituel propre à la France chrétienne qui sommeillait dans l’indifférence quasi-générale

 

IL Y A 50 ANS -                RENÉ GUÉNON

Ouvrage commémoratif collectif

Edition Traditionnelles

 2001

Il a été demandé à quelques collaborateurs et fidèles de R. Guénon de confier dans un ouvrage   collectif les impressions et réflexions sur la place qu’occupe aujourd’hui la pensée de R.Guénon. René Guénon ne se rattachait à aucune école de pensée déterminée et refusait de se voir "classé" dans une catégorie quelconque de la pensée occidentale : sa seule quête était celle de la connaissance au sens vrai, passant par une redécouverte et une revivification de l’esprit traditionnel ou de la métaphysique pure qui n’est autre que la connaissance des principes immuables et universels dont les hommes ont progressivement oublié le sens et la portée au cours des siècles.

 

Il n’est donc pas l’élaborateur d’une pensée qui lui serait propre, mais davantage le "revivificateur" et l’interprète de la Tradition oubliée : "Les écrits de René Guénon sont la traduction, pour notre époque, de ce qui est contenu dans l’enseignement des maîtres spirituels des grandes Traditions de l’Humanité derrière le voile des apparences. «Un livre sympathique qui nous fait aussi découvrir certaines facettes de Guénon.

 

Parallèlement à son contenu ésotérique, le terme « traditionalisme » possède une ambiguïté politique, celui-ci renvoyant couramment à la notion de traditionalisme politique, comme les contre-révolutionnaires ou les traditionalistes catholiques proches de Monseigneur Marcel Lefebvre. En effet, le fondement du traditionalisme guénonien est l’incompatibilité entre « tradition » et « modernité ».

 

Pour Antoine Faivre, il s’agit même d’un point constitutif de la doctrine traditionnelle13. Cette ambiguïté se retrouve chez Guénon, dès ses premiers textes. Tous ses lecteurs honnêtes reconnaissent cette idée chez lui : il rejetait le monde issu des Lumières et de la Révolution française, ainsi que toute la culture occidentale moderne. Ainsi, la volonté de transparence des sociétés modernes participe selon lui à la décadence, à la contre-initiation.

Il refusait tout aussi violemment la sécularisation du monde, en particulier du monde occidental, cherchant dans un Orient largement idéalisé, des civilisations restées à l’état traditionnel : l’Inde et le monde arabo-musulman. René Guénon a également contribué, à la fin du xixe siècle, à la rupture entre l’ésotérisme et le progressisme de gauche et les idées socialistes. En effet, ses premiers écrits étaient « antidémocratiques et antisocialistes ». Par la suite, son discours se déplaça : il se mit à critiquer le technicisme des sociétés occidentales.

Si Guénon ne s’intéressait pas officiellement à la politique – il insistait sur le fait de ne pas « prendre parti », il n’en a pas moins condamné sans appel la modernité et le progressisme. Pour Guénon, le « mythe du progrès » est l’ultime idole d’une civilisation matérialiste en complète dégénérescence spirituelle dont la principale représentante est la société américaine. Il constatait dès 1924 que « matérialité et sentimentalité, bien loin de s’opposer, ne peuvent guère aller l’un sans l’autre […] nous en avons la preuve en Amérique, où […] les pires extravagances “pseudo-mystiques” naissent et se répandent avec une incroyable facilité, en même temps que l’industrialisme et la passion des “affaires” sont poussés à un degré qui confine à la folie. »

 

À l’opposé, toute son œuvre est marquée par une idéalisation du Moyen Âge et de sa société organique. Pour Guénon, le Moyen Âge, supposé traditionnel, fut le sommet de la civilisation européenne par son spiritualisme et son organicisme. Dès 1924, il écrit : « Ce que nous appelons une civilisation normale, c’est une civilisation qui repose sur des principes, au vrai sens du terme, et où tout est ordonné et hiérarchisé en conformité avec ces principes. » Dans le même texte, Guénon condamne la « chimérique égalité ». Ailleurs, il a pu écrire qu’« En effet, chaque homme, en raison de sa nature propre, est apte à remplir telles fonctions définies à l’exclusion de telles autres ; et, dans une société établie régulièrement sur des bases traditionnelles, ces aptitudes doivent être déterminées suivant des règles précises, afin que, par la correspondance des divers genres de fonctions avec les grandes divisions de la classification des “natures individuelles”, et sauf des exceptions dues à des erreurs d’application toujours possibles, mais réduites en quelque sorte au minimum, chacun se trouve à la place qu’il doit occuper normalement, et qu’ainsi l’ordre social traduise exactement les rapports hiérarchiques qui résultent de la nature même des êtres. »

 

Guénon considérait le « monde moderne », c’est-à-dire le monde issu de la Révolution française, comme essentiellement subversif et foncièrement décadent. Dans ce type de discours, la modernité devient une évolution aberrante, une dévolution, de la « Tradition primordiale ». En effet, Guénon soutient qu’il existe « un long déclin de l’esprit depuis la Révélation primordiale ». Radical, il voyait l’origine de cette dévolution dans l’apparition de l’humanisme, à la Renaissance. Cette thématique de la décadence, de la dévolution, au cœur de son œuvre, apparaît pour la première fois en 1927, dans La Crise du monde moderne. De fait, la pensée de Guénon fut influencée par Joseph de Maistre, comme l’ont montré les historiens Victor Nguyen et Piero Di Vona et le très droitier Jean-Marc Vivenza. Nous retrouvons dans ses textes les principaux thèmes antimodernes de la contre-révolution, mais transférés dans le domaine ésotérique et traditionaliste.

 

En ce sens, la pensée traditionaliste, en particulier celle de Guénon, s’inspire du catholicisme intransigeant. Celui-ci a été défini par Paul Airiau de la façon suivante : « refus des idéologies, des principes et des valeurs fondant le monde moderne (libéralisme philosophique : primauté et autonomie de l’individu et du sujet, usage de la raison, refus de l’autorité et de la tradition, impossibilité de parvenir à un accord sur la vérité et sur les questions métaphysiques ; libéralisme politique : souveraineté de la nation, séparation des pouvoirs, gestion temporelle sans faire appel à la métaphysique ; libéralisme économique : primauté de l’activité économique permettant la réalisation du sujet et de la domination du monde, liberté d’entreprendre, maximisation du profit). » la pensée de Guénon se place aussi dans la catégorie des discours antimodernes dont Antoine Compagnon a dégagé les six traits structuraux de l’antimodernité, qui se recoupent d’ailleurs souvent : la contre-révolution, l’hostilité aux Lumières, le pessimisme, la référence au péché originel, le choix d’une esthétique sublime et enfin l’adoption d’un style imprécatoire.

 

Ces « topoï apparus dès le lendemain de la Révolution française et revécus sous des formes variées » sont liés entre eux. Effectivement, la Révolution française, en consacrant la victoire de l’idéologie progressiste, des droits de l’homme, de la République et de la démocratie, a marqué la fin de la société d’Ancien Régime et a provoqué le rejet de la République par les contre-révolutionnaires. En retour, Guénon et ses disciples cherchent la restauration d’une société religieuse. Comme l’écrit Jean-Pierre Laurant, le « T » majuscule de la Tradition, fréquent dans l’écriture de Guénon « et omniprésent chez ses héritiers, souligne la parenté de la notion avec la Révélation ». De fait, la société des traditionalistes est une société paternaliste, conservatrice et hiérarchisée, structurée sur l’idée de l’origine divine du pouvoir : « Le pouvoir vient de la Divinité ; mais sociologiquement de la paternité. L’autorité paternelle est l’archétype du pouvoir politique, parce que la famille est l’archétype de la société. ».

 

À l’instar des contre-révolutionnaires, les traditionalistes réduisent la modernité à un processus de décadence et tentent de raccrocher Guénon à leur vision du monde. Cela est facilité, il est vrai, par le fait que certains légitimistes, tel Jean Baptiste Victor Coquille, annoncèrent « le traditionalisme absolu – celui de Guénon ou Evola qui contestent la “pseudo-renaissance anti traditionnelle” – lorsqu’il situe le début du processus involutif très en amont de 1789 ». Comme l’idéologie contre-révolutionnaire qui s’est construite en réaction aux Lumières des décennies avant la Révolution française, la « Tradition » est une création typiquement moderne, en ce sens qu’elle se présente comme un concept, involutif, en « miroir », de la modernité : l’Âge d’or n’est pas à venir mais à chercher dans le passé. La pensée traditionnelle s’est construite en opposition au monde moderne, et non indépendamment de la modernité : « la structure mythique s’oppose à la structure de l’histoire », selon Hans Blumenberg.

 

En ce sens, par la filiation idéologique et par la posture de ceux qui la formulent, la pensée traditionnelle s’inscrit aussi dans le cadre du romantisme, dont les prémisses étaient ouvertement une réaction aux Lumières et à la pensée libérale. Ces romantiques analysèrent et utilisèrent le mythe pour asseoir leurs idées. En effet, selon Hans Blumenberg, « Le romantique incline à considérer la présence du mythe comme son retour et non comme son histoire la plus récente, à comprendre son absence comme la possibilité et le postulat de son renouvellement.

 

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