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Chapitre11 L 
( Templiers - Compagnonnage - Chevalerie - Cathédrales - Architecture - Moyen Age )

 

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la cathÉdrale & le cloÎTre d’elne

Roger grau

LE PUBLICATEUR

 1996

Elne, du haut de son promontoire, installée face aux derniers contreforts des Pyrénées, domine la plaine du Roussillon. Riche d’un passé vieux de plus de vingt-cinq siècles, elle correspond peut-être à la plus ancienne cité du Roussillon… la légendaire cité de Pyrène, mentionnée dans les sources écrites de l’Antiquité, mais jamais encore localisée avec certitude, bien qu’elle ait laissé son nom à une chaîne de montagne…

À partir du Vème, et surtout durant les IVème et IIIème siècles avant notre ère, se développe dans notre région une civilisation venant d’Espagne, la civilisation ibère. Elle est présente surtout sur des habitats de hauteur, les oppida, et se distingue par des apports culturels importants, ainsi que par des productions de céramiques bien particulières.

La cité d’Elne couvre alors plus de dix hectares, et porte le nom d’Illibéris, qui signifie peut-être « ville nouvelle ». Sa rivale, Ruscino, distante d’une douzaines de kilomètres, est une ville d’égale importance. Les textes anciens décrivent le passage d’Annibal en Roussillon, en 218 av notre ère : après une première réunion à Ill ibéris, où ils reçoivent un émissaire du carthaginois, les chefs locaux se réunissent à nouveau, mais à Ruscino, pour finir par accepter le passage d’Annibal et de son armée, qui attendaient leur décision en campant au pied des murailles d’Elne.

Le cloître est une dépendance de la cathédrale à laquelle il est adossé. C’est le promenoir des chanoines du chapitre qui vivaient en communauté. Il a la forme d’un quadrilatère autour duquel se distribuent les salles capitulaires et les sacristies.

Pour des raisons financières sans doute, sa construction s’est poursuivie sur trois siècles, du XIIème au XIVème. Les maîtres d’œuvre successifs ayant toujours employé le même marbre blanc veiné de bleu, et la partie gothique ayant conservé le même type d’arcatures à plein cintre de la partie romane, l’ensemble présente un caractère d’unité architectonique qui ne manque pas de frapper le visiteur, unité qu’on ne peut retrouver dans la décoration sculptée.


Les voûtes actuelles du cloître sont le résultat de deux campagnes de construction. Dans les galeries ouest et nord, les voûtes sur nervures retombent sur des culots saillants, et son contemporaines de l’édification de ces galeries, au début et à la fin du XIIIème siècle. Les deux autres galeries on été voûtées au siècle suivant, en même temps que le cloître s’achevait. On remplaça alors les voûtes primitives (XIIème siècle) de la galerie sud, dont les formerets étaient placés plus bas. Les voûtes du XIVème siècle ont des nervures plus fines venant se fondre dans les murs et les piliers et non reposer sur des culots. Des bas-reliefs d’une élégante facture décorent ces retombées de nervures. Ils sont tous du XIVème siècle.


Aux quatre angles du cloître on trouvera les quatre évangélistes. Malgré leurs mutilations ces statuettes sont de magnifiques œuvres d’art. Il y subsiste, çà et là, des traces de la peinture qui, à l’origine, les rehaussait (sur les chapiteaux les traces de peinture ont presque totalement disparu).


Les murs des galeries sud et ouest sont aussi le cimetière des évêques et des chanoines, ou du moins de certains d’entre eux qui s’y firent enterrer, notamment aux XIIIème et au XIVème siècle.
Les locaux capitulaires et les sacristies datent du XIVème siècle. Une partie de ces bâtiments a été restaurée en 1981.


Cette galerie est la plus ancienne et la plus remarquable. Ses sculptures sont l’une des dernières manifestations des ateliers roussillonnais du XIIème siècle. L’harmonie des proportions, le modelé des volumes, la perfection du détail et le rendu un peu sec, mais nerveux et pur, font de ces sculptures une des plus belles productions de l’art roman, qu’on pourra comparer aux œuvres de Sant Miquel de Cuixà et de Serrabona.

 

LA CATHÉDRALE D’OLORON SAINTE-MARIE ou LE BANQUET CÉLESTE

Jean Sernin 

 Edition Maison de Vie

 2012

La Cathédrale d’Oloron Sainte-Marie, en Béarn, offre des sculptures d’une exceptionnelle importance pour qui s’intéresse à la symbolique médiévale dont le message reste très actuel.

Paroles de connaissance inscrites dans des pierres vivantes, ces sculptures nous invitent à découvrir les mystères du banquet céleste, la signification de l’Apocalypse, l’importance du feu secret et bien d’autres symboles, comme le taureau, le sanglier, le saumon, l’être aux trois visages…

A l’aide des textes alchimiques, de la légende du Graal et de sources éclairantes, Jean Sernin nous invite à déchiffrer un passionnant livre de pierre crée par une communauté de bâtisseurs désirant célébrer le festin de Dieu.

Le portail de la cathédrale d’Oloron Sainte-Marie raconte une histoire, celle du pèlerin en esprit qui part en quête des nourritures essentielles avec l’espoir de participer au banquet suprême, le festin de Dieu. N’est-ce pas une certaine sagesse, symbolisée par la pierre philosophale, qui est offerte à cette table, éternellement garnie de mets somptueux ?

A condition d’avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, l’auteur nous entraine dans un tourbillon historique, alchimique, ésotérique, hermétique, chevaleresque, templier, gnostique, symbolique, qui nous révèle le socle de notre tradition chrétienne.

L’univers animal, comme souvent au Moyen-Âge, occupe une place particulière, nous rencontrons l’agneau détenteur du feu secret, les griffons gardiens de la porte de la connaissance, les lions à trois têtes révélant les Nombres ; mais nous sommes également conviés à percevoir le message du parfum et de la musique, et à nous asseoir à la table du banquet céleste où s’accomplit l’Art Royal.

Ce livre de pierre est exceptionnel, tant par la richesse de son contenu que par la rareté d’un certain nombre de thèmes symboliques ; la présentation de l’ouvrage permet au lecteur de consulter aisément chaque détail et de pouvoir ainsi prolonger l’interprétation proposée par l’auteur.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : Le texte de l’Apocalypse et les vieillards autour du trône céleste

Chapitre 2 et 3 : Le Parfum depuis les textes égyptiens et la musique qui accompagne le parfum

Chapitre 4 : L’Agneau ou le feu secret

Chapitre 5 : La gueule monstrueuse, le gardien du seuil céleste.

Chapitre 6 : La descente de la croix, la lumière révélée et la transmission de la Tradition.

Chapitre 7 : Le Chrisme, soleil cachée de la lumière incréée

Chapitre 8 : Le taureau tirant la langue, ou le gardien du message de l’œuvre.

Chapitre 9 : Les scènes de la vie quotidienne : l’appel du Maître au banquet alchimique.

Chapitre 10 et 11 : Le sanglier, le porc et le saumon.

Chapitre 12 : L’homme entre deux griffons ou la porte de la connaissance

Chapitre 14 : Le Christ dans la mandorle entouré de deux lions, ou la porte de la plénitude

Chapitre 15 : Le lion dévorant l’homme ou le mystère de l’incarnation de la lumière divine.

Chapitre 16 : Le cavalier et son destrier, ou la royauté en esprit née du Ciel

Chapitre 17 : Les hommes entravés se tirant la barbe ou la découverte du volatil dans la matière

Chapitre 18 : Les hommes nus s’écartant la bouche de leur main, gardiens de la connaissance et de la transmission du Verbe.

Chapitre 19 : Les animaux hybrides, gardiens farouches du sanctuaire

Chapitre 20 : La femme nue à la chevelure abondante ou l’énergie indifférenciée de l’œuvre

Chapitre 21 : La face et les deux lionceaux ou la naissance de la Royauté du Verbe

Chapitre 22 : Le sagittaire et l’oiseau ou la rencontre de l’initié avec l’âme du Grand Œuvre

Chapitre 23 : Quatre lions à trois têtes ou un chemin par les Nombres

Chapitre 24 : Les hommes enchainés ou comment devenir une pierre de l’édifice sacré

Chapitre 25 et 26 : Le festin de Dieu. De Sainte Marie à Sainte-Croix

Chapitre 27 : Le serpent et l’arbre de la connaissance, ou la porte de l’initiation

Chapitre 28 : l’être aux trois visages ou l’offrande de la Vie

Chapitre 29 : Le Christ Maître d’œuvre et les oeuvrants, ou la communauté éternelle des bâtisseurs

Conclusion : La nourriture spirituelle sacralisée est puissance de vie sur cette terre afin de préparer l’éternité du ciel. Ecouter, entendre, voir et méditer sont des facteurs de préparation

 

LA CATHḖDRALE – SA CONSTRUCTION – SES LḖGENDES ET SES MYSTḔRES

Jean-François Blondel

Ed. J. Cyrille Godefroy

2018

Jean-François Blondel, spécialiste du Compagnonnage est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet : Légendes des cathédrales, Encyclopédie du Compagnonnage et Les Outils et leurs symboles. Avec ce nouveau livre, il exploite les connaissances nouvelles sur la construction des cathédrales issues des dernières recherches assistées par les technologies nouvelles, reconnaissance numérique et laser notamment.

 

Les cathédrales, véritables livres de pierre relèvent d’une géographie sacrée. Bâties et rebâties sur des sites privilégiés occupés d’abord par des temples préchrétiens, puis des églises mérovingiennes, avant les églises carolingiennes, puis gothiques, les constructions respectent des connaissances anciennes probablement cosmo-telluriques.

 

Avant de pénétrer dans ces « grandes flamboyantes » que sont les cathédrales, Jean-François Blondel invite le lecteur à se doter d’outils et de connaissances. « Les cathédrales, explique-t-il, sont des livres de pierres, et des livres muets. Mais aussi des livres d’images qu’il faut déchiffrer ; de gigantesques bandes dessinées dont il faut comprendre le sens, que nous avons peut-être perdu. Rôle explicatif qui incombait à l’Eglise du Moyen Âge d’enseigner au peuple illettré la signification des images (vitraux, statuaire) que cette « Bible du Pauvre » leur présentait : celle de l’Histoire sainte, montrant les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les sciences, les Arts libéraux (Trivium et Quadrivium), les métiers du Moyen Âge, la vie des champs à travers le zodiaque, la morale avec les vices et les vertus, la pesée des âmes et le jugement dernier, les élus et les damnés, les animaux fantastiques, la fin des temps… Toute la vie médiévale était représentée dans ce « Miroir du Monde » qu’était la cathédrale. »

 

La cathédrale est aussi, par le parvis, l’espace où se jouaient les mystères, le plus souvent la vie des saints que nous retrouvons dans la légende dorée. C’est donc le cœur de la vie chrétienne. La première partie de l’ouvrage traite de ce que l’on désigne comme le siècle des cathédrales, de 1130 à 1280, période qui a vu quatre-vingts cathédrales pointer vers le ciel depuis le sol français, un phénomène architectural exceptionnel et unique. Ces constructions gigantesques ont favorisé l’apparition des fraternités ouvrières dont est issu le Compagnonnage et le développement de connaissances, notamment la géométrie, l’architecture, art à la fois mystique et réaliste, le symbolisme. L’essor des cathédrales fut renforcé par les pèlerinages et le culte des reliques qui conduisaient en ces lieux sacrés.

La deuxième partie de l’ouvrage aborde la construction elle-même : le chantier, les outils, les armatures de fer, les financements mais aussi la nature et la fonction des fraternités initiatiques de métier. La technique ne suffisait pas, il fallait aussi une connaissance des symboles : « Pour être capable de sculpter des scènes religieuses (une Vierge, un Christ, etc.) avec toute la spiritualité que cela demande, en plus du talent dans l’exécution du chef-d’œuvre qui est réclamé, il fallait nécessairement avoir été instruit d’histoire biblique. Pour pouvoir exprimer dans la pierre le langage des symboles, qui était le mode d’enseignement de l’Eglise aux XIIème et XIIIème siècles, il fallait avoir été initié au monde des symboles. On peut donc penser qu’une initiation des imagiers et des tailleurs de pierre s’avérait indispensable. Celle-ci n’a pu se faire que sous l’influence des monastères par les religieux, qui ont peut-être créé un ordre de travailleurs, avec une règle, à l’image de celle des ordres monastiques. On peut donc dire que c’est la construction des cathédrales qui a « fait » le Compagnonnage, ou du moins qui a cristallisé en son sein des ouvriers venant de toutes parts, réunis là dans une œuvre commune et aussi dans une assistance mutuelle commune. »

 

La troisième partie aborde la cathédrale entre merveilleux et fantastique, le très riche et étonnant merveilleux chrétien, anges, démons, fous, chimères gargouilles et autres et les connaissances associées au labyrinthe, au zodiaque, à la lumière, à l’alchimie. L’ouvrage passionnant, très pédagogique et complet, permet au lecteur de saisir les multiples dimensions que recouvre la construction des cathédrales, de la technique à la mystique. Jean-François Blondel aspire à une renaissance des cathédrales afin qu’un rapport vivant soit restauré à tout ce qu’elles véhiculent et préservent. Le maçon a pour charge essentielle de monter les murs, c’est-à-dire d’asseoir la pierre, de la poser, de la coucher et enfin de la cimenter. Mais dans les textes du Moyen Âge, la confusion n'est pas rare entre les termes désignant le maçon et le tailleur de pierre. Car leurs tâches sont assez semblables  et la polyvalence des bâtisseurs fréquente sur les chantiers. En revanche, le maçon dit « supérieur », qui sait tailler la pierre, est nettement différencié du « maçon de moindre importance » dont les compétences se limitent à la pose des pierres sur les chantiers. Parfois, les maçons les plus fortunés endossent le rôle d’entrepreneur et dirigent à forfait de petits chantiers.

 

L'organisation du chantier médiéval : Les chantiers médiévaux regroupent un grand nombre d’artisans aux compétences diverses. Ainsi en 1253, sur le site de la cathédrale de Westminster, on dénombre 39 tailleurs de pierre, 15 marbriers, 26 maçons poseurs, 32 charpentiers, 2 peintres, 13 polisseurs de marbre, 19 forgerons, 14 verriers, 4 plombiers, soit en tout 167 artisans auxquels s’ajoutent plus de 200 manœuvres. En effet, les ouvriers spécialisés, les professionnels s’attachent un certain nombre de manœuvres pour les aider dans leur tâche ; on les appelle aides, serviteurs, compagnons, ou valets. Par exemple, les manœuvres secondent les tailleurs de pierre en leur apportant des pierres et aident les maçons en leur préparant le mortier. Les ouvriers œuvrent davantage en été qu’en hiver. La journée de travail s’adapte au rythme solaire, plus longue et mieux payée en été, plus courte en hiver. Le 11 novembre, la Saint-Martin marque la fin des chantiers d’été et le début d’une longue période de chômage pour de nombreux compagnons. Les travaux exécutés par les artisans de la construction sont rétribués sous quatre formes différentes : à la journée, à l’unité pour certaines fournitures de matériaux (en particulier la pierre de taille), au prix fait ou forfait pour de petits travaux.

 

Techniques de maçonnerie médiévales : Une fois les fondations creusées, le maçon ajuste et pose les murs de pierre brute et leurs parements en blocs taillés. Puis il scelle ceux-ci avec du mortier et vérifie à l’aide du niveau et du fil à plomb la verticalité et l’horizontalité des parois. Plusieurs procédés de montage des murs coexistent au Moyen Âge : La construction par assises horizontales se poursuivant sur tout le périmètre de l’édifice implique l’utilisation de blocs de pierre ajustés au fur et à mesure de la pose, et qui formeront des lits horizontaux nivelés pour obtenir des assises régulières. La construction verticale. En France à partir de 1200, quelques décennies plus tard en Angleterre, la construction horizontale est progressivement remplacée par une construction verticale, par empilement ou entassement. Les éléments architecturaux tels que les faisceaux de colonnes, les éléments de portail, les réseaux de fenêtres, etc., constituent alors les assises du mur et les éléments porteurs. Par exemple, lors de la construction de la cathédrale d’Amiens, les colonnes engagées ont été montées avant les murs. On arrive ainsi à un montage par travées et non plus par assises horizontales continues, et le maçon doit veiller à obtenir une concordance des assises entre elles. Cette technique de construction a pour atout de rendre progressivement utilisables les différentes parties du bâtiment.

 

Le maçon bénéficie de certains avantages ; on lui fournit des gants pour qu’il puisse protéger ses mains contre les brûlures de la chaux, et il reçoit parfois des gratifications à la fin d’un travail ou lors de la pose de la clef de voûte. Le maçon ne travaille pas l’hiver car la pose des pierres est arrêtée à cause du risque de la neige et du gel. Avant d’abandonner le chantier, les maçons prennent soin de recouvrir le sommet des murs de paille ou de fumier pour protéger les pierres et les joints des infiltrations d’eau de pluie. Il n’est pas rare que les maçons les plus habiles dans la taille de la pierre soient alors engagés pour préparer les blocs qui serviront à la reprise du chantier, à moins qu’ils ne prennent la route en quête de travail, ou encore exploitent l’exploitation rurale familiale qui, le reste de l’année, est conduite par leur femme.

 

Une loge par métier : La loge est un édicule généralement adossé à la cathédrale ou au bâtiment en construction. Suivant l’importance du chantier, une ou plusieurs loges pouvaient être édifiées. Ainsi en Angleterre, lors de la construction de l’abbaye de Vale Royal, Walter de Hereford fait élever par des charpentiers une première loge construite avec 1400 planches pour accueillir les tailleurs de pierre, puis l’année suivante, il en fait élever une seconde, plus petite, de 1000 planches. La loge est généralement en bois, mais elle peut parfois être construite en pierre. Les ouvriers n’y habitent point, mais, à l’heure du déjeuner, ils y prennent leur repas et, lors des grandes chaleurs, ils y font la sieste à la mi-journée et s’y réchauffent en hiver car il n’est pas rare qu’elle soit chauffée. Elle permet surtout de travailler à l’abri des intempéries et de ranger les matériaux une fois taillés ainsi que les outils. À York, un inventaire a permis de dresser une liste des outils qui y sont entreposés : une scie à main, une pince, 96 ciseaux de fer, 24 massettes, une hachette, une pelle, une brouette, deux seaux, un compas, deux planches à dessin, un grand et un petit chariot. À partir du XIVe siècle, les loges deviennent en même temps qu’un lieu de travail et de repos, un lieu où l’on discute des problèmes intéressant le métier. Petit à petit, les chapitres réglementent la vie des loges. La plus ancienne règle connue est celle dictée par le chapitre d’York en 1352.

 

Les outils du maçon : L’artisan peut posséder son outillage propre, mais tel n’est pas toujours la règle. Une partie des outils peut être fournie par les organisateurs du chantier. Ces derniers assuraient également l’entretien des outils (aiguisage, changement de manche, ré aciérage…) apportés par les tailleurs de pierre, les maçons ou les manœuvres. Il arrivait aussi à la fabrique de remplacer l’outillage lorsqu’il était abîmé au cours des travaux.
L’artisan pouvait acheter les outils nécessaires pour exercer son métier chez le forgeron (fabre), le serrurier ou encore le fustier (artisan travaillant le bois). Mais il est également possible de se procurer des pièces d’occasion lors de la vente des biens d’un collègue décédé. Il existe aussi un système très développé de prêt entre les constructeurs. Ce prêt prend la forme d’une mise en commun (entre deux associés), d’une entraide gracieuse ou d’une location. Ces pratiques ont pour avantage de permettre aux débutants de n’investir que progressivement dans leur matériel. De plus, en fin de contrat, l’apprenti reçoit parfois un lot d’outils plus ou moins important.
Le soin apporté au rangement des outils dans des râteliers, des caisses de bois, des paniers et des housses réservés à cet usage, comme leur conservation dans la chambre à coucher des artisans ou dans la loge fermée à clé, montrent qu’il s’agissait d’un véritable capital, non pas tant du fait de son coût mais parce qu’il représentait le moyen de gagner sa vie.

 

la chevalerie amoureuse, troubadours, fÉlibres et rose-croix

J.F. GIBERT

Edition La Table d’émeraude

 1991

L’auteur se dissimula toujours avec son ami Champagne sous un pseudonyme : Fulcanelli. Il nous dévoile ici la volupté de la chevalerie amoureuse. Volupté – volute qui est l’enroulement sur soi-même et l’art d’éluder, illusion, maya, dérobement féerie, mais aussi Arcane majeur des mystères D’Eleusis : la mystification. Une plongée dans les mystères du Moyen Âge avec en filigrane l’observation du secret.

 

Jacques-Emile Emerit et Henri Coton-Alvart, se rencontrèrent chez Pierre Dujols. Cet érudit libraire, en qui certains auteurs contemporains ont cru reconnaître Fulcanelli, leur enseigna les fondements de l'hermétisme. J : E. Emerit était médecin, H. Coton-Alvart chimiste.

 

Leur amitié perdura jusqu'à la mort d'Emerit. Pierre Dujols confia à Jacques-Emile Emerit un des deux manuscrits qu'il avait rédigés sur la chevalerie. Ce petit chef-d’œuvre étudie les liens secrets qui, des troubadours aux constructeurs de cathédrales et des Templiers aux Cathares, sont à l'origine d'un parler sacré.

 

Cette langue, dite "des oiseaux" par les initiés, puise sa conceptuelle aux sources les plus anciennes de la Grèce, de l'Egypte et, au-delà, de cet Orient des mages qui assista à la naissance de la pure Lumière : le Christ-Hermès, dont le pouvoir, clef de la gnose parfaite, rayonne au cœur des trois mondes.

 

la chevalerie initiatique ou la plaisante & amoureuse histoire du chevalier dorÉ

P. Girard augry

Edition PARDES

 1989

« Il était une fois un gentil chevalier et une gente pucelle… ». Ce roman pourrait ainsi commencer comme tout conte de fées, mais que le lecteur ne s’y trompe pas : Le Chevalier Doré et la pucelle surnommée Cœur d’Acier est bien un conte initiatique dont Gérard de Sorval a su parfaitement, dans sa préface, dévoiler les clefs qui en permettent une approche traditionnelle.

 

Ce n’est qu’après bien des épreuves et des errances que les deux amants seront menés, avec l’aide de la déesse Vénus, du château de l’Étrange Marche à la chambre nuptiale du Roi d’Écosse, et qu’ils se retrouveront, et retrouveront, par le fait même, leur Soi immortel.


Joutes, tournois, chevauchées, forêts profondes et mystérieuses, enchantements et songes, mais aussi épreuves, mort à soi-même, recouvrement de l’état originel et délivrance finale, il s’agit, à l’évidence, de la description d’une initiation chevaleresque pour le Chevalier Doré, et d’une initiation féminine de nature chevaleresque pour la pucelle surnommée Cœur d’Acier, qui nous viennent d’un Moyen Âge qui restera toujours notre part de rêve.

 

Et quand le lecteur saura que ce roman n’est qu’un épisode de la « somme » épique que constitue Perceforest, du XIVème siècle, il ne pourra qu’être émerveillé par sa richesse symbolique et ésotérique et ainsi il comprendra mieux pourquoi de telles œuvres médiévales peuvent encore guider la démarche initiatique de celui qui veut retrouver la voie menant au Royaume, avec l’aide d’Amour qui peut seul le conduire sur le chemin doré.


Mais l’apôtre saint Jean n’a-t-il pas dit que Dieu est amour et que la Cité Sainte, qui doit descendre du ciel, d’auprès de Dieu, « s’est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux » (Apocalypse 21, 2) ?

 

la chevalerie maçonnique

Pierre mollier

Edition DERVY

 2005

Les Loges du XVIIIème siècle sont un phénomène complexe, polymorphe… et paradoxal. Leurs huis clos abritent à la fois les échos des idées nouvelles et les vestiges de traditions séculaires.

 

Ainsi, certains « hauts grades » ne peuvent se comprendre que lorsqu’on les inscrit dans les idées, les rêves et les spéculations que la chevalerie ne cessa de susciter depuis sa disparition à la fin du Moyen-Âge. Au cœur du siècle des Lumières, la Franc-maçonnerie offrira un cadre accueillant à ceux qui voulaient redonner corps à une tradition alliant action et spiritualité.

 

Cette tentative de reconstruction d’une voie chevaleresque utilisa d’ailleurs des éléments très anciens. Cette étude se propose d’explorer les origines et les premières années de la Chevalerie maçonnique. Elle veut aussi montrer combien les loges ont été l’une des « sources occultes du romantisme ».

 

Cette étude se propose de montrer comment naquit, dans les milieux maçonniques du XVIIIe siècle, l’idée que l’Ordre du Temple n’avait pas été totalement détruit et que les descendants de ses survivants, réunis au sein de sociétés secrètes, continuaient à détenir des connaissances de nature ésotérique.

L’enquête que l’on va conduire s’engage donc sur une route inverse de celle empruntée par nombre de succès de librairie. Mais ses résultats promettent d'être presque aussi étonnants.

On va en effet découvrir comment a pu se constituer de toutes pièces, au siècle de Voltaire et de la saine raison, une légende promise à une grande rémanence dans l'imaginaire occidental moderne. Le mythe de la survivance secrète des Templiers, d’origine exclusivement maçonnique, a connu en trois siècles une diffusion dépassant largement l’univers des loges. Il s’agit d’un exemple curieux où la Maçonnerie est la source directe d’une figure devenue classique de l’imaginaire occidental. L’auteur retrace les étapes de la formation du mythe en exploitant des fonds jusque-là inexplorés, comme les fameuses « Archives russes » ces documents volés pendant la guerre et restitués en 2001 à la bibliothèque du Grand Orient de France.

 

Cette étude se propose aussi d’explorer les origines et les premières années de la Chevalerie maçonnique. Elle veut ainsi montrer combien les loges ont été l’une des « sources occultes du romantisme ». Les loges du XVIIIe siècle sont un phénomène complexe, polymorphe… et paradoxal. Leurs huis clos abritent à la fois les échos des idées nouvelles et les vestiges de traditions séculaires. Certains « hauts grades » ne peuvent se comprendre que lorsqu’on les inscrit dans les idées, les rêves et les spéculations que la chevalerie ne cessa de susciter depuis sa disparition à la fin du Moyen Âge. Au cœur du siècle des Lumières, la Franc-maçonnerie offrira un cadre accueillant à ceux qui voulaient redonner corps à une tradition alliant action et spiritualité. Cette tentative de reconstruction d’une voie chevaleresque utilisa d’ailleurs des éléments très anciens.

 


Pierre Mollier est directeur du service Bibliothèque- Archives – Musée / Études et Recherches Maçonniques du Grand Orient de France et rédacteur en chef de la revue d’études maçonniques et symboliques Renaissance Traditionnelle.

 

la conjuration

D. baudis

Edition GRASSET

 2001

« Je suis impatiente de te voir mort » : telles sont les dernières paroles qu’entendra le roi Amaury 1er sur son lit d’agonie, chuchotées à son oreille par la « Putain du royaume », Agnès, sa première épouse répudiée. Nous sommes le 11 juillet 1174 et le royaume de Jérusalem, fondé par les croisés en Terre Sainte, entre dans une décennie de décadence qui prélude à sa chute. Il se décompose à l’image, de Baudouin, fils d’Amaury et d’Agnès, enfant-roi lépreux qui accède au trône à quatorze ans.


La reine mère collectionne les amants et les propulse aux plus hautes fonctions, tissant le fil de la conjuration qui emprisonne peu à peu son fils. Pendant qu’à Jérusalem se déchirent clans et factions, Saladin rassemble autour de lui le monde musulman pour la Guerre Sainte…

Manœuvres d’alcôve et coups de théâtre, passions d’amour et de haine, tueurs de la secte des Assassins et conjurés du Saint Sépulcre, charges militaires au grand soleil du désert et gémissements dans les culs-de-basse-fosse où rampent les lépreux : au-delà des épisodes les plus romanesques, cette magnifique fresque éclaire les querelles qui déchirent aujourd’hui encore les trois religions du Livre.


Un excellent livre pour comprendre l’esprit des croisades, son côté religieux et les séquelles, pas tout à fait oublié aujourd’hui.

 

la franc-maçonnerie chrÉtienne et templiÈre des prieurÉs Écossais rectifiÉs

Johannes Eques A ROSA MYSTICA

Edition Sepp

 1997

Dans le contexte de l’époque, la proposition d’opter pour le plus petit dénominateur religieux ou spirituel commun, le Grand Architecte de l’Univers, apparaît donc d’une éclatante modernité. Les défenseurs des Églises établies et les détracteurs de la Franc-maçonnerie ne s’y sont pas trompés. Figure de l’épiscopat français, l’évêque de Marseille, Mgr de Belzunce condamne sans appel les conventicules maçonniques dans un mandement de 1742. Il stigmatise des « assemblées où sont indifféremment reçus gens de toute nation, de toute religion et de tout État. Et parmi lesquels ensuite une union intime qui se démontre en faveur de tout inconnu et de tout étranger dès lors que, par quelque signe concerté, il a fait connaître qu’il est membre de cette mystérieuse société ». Les deux bulles d’excommunication pontificales du XVIIIe siècle ne sont donc pas seules en cause. Des francs-maçons protestants sont en outre directement victimes de l’Inquisition.

 

On pense notamment au lapidaire John Coustos, fondateur de loge à Londres, Paris, ou encore Lisbonne, qui fait figure de véritable martyr de l’Ordre. Mais les persécutions et interdictions de toutes sortes – civiles et religieuses, catholiques et protestantes – ne font que renforcer la curiosité et l’intérêt des contemporains pour la Franc-maçonnerie. Si elle émerge du champ de la sociabilité confraternelle d’Ancien Régime et conserve ses saints patrons, des liens étroits avec les confréries – celles des Pénitents notamment –, elle s’inscrit dans un espace social et public en cours d’autonomisation. La démarche qui conduit l’impétrant à solliciter son adhésion est volontaire et individuelle, en rupture avec l’organisation de la société en corps et communautés. La référence au Grand Architecte de l’Univers – les francs-maçons travaillent sous ses auspices et à sa gloire – est particulièrement souple et permet toute une gamme d’interpré­tations, même si en réalité la plupart des francs-maçons du XVIIIe siècle identifient le Grand Architecte de l’Univers au dieu des chrétiens.

 

Il n’empêche, les conditions d’un dialogue entre les confessions chrétiennes sont permises dès la première moitié du XVIIIe siècle. En cela la Franc-maçonnerie répond aux attentes d’une partie des élites européennes et fait du temple un laboratoire. L’enjeu est d’autant plus important qu’on a trop tendance à oublier que si les Lumières françaises sont majoritairement déistes, elles sont le plus souvent chrétiennes à l’échelle de l’Europe. L’essor des hauts grades maçonniques d’essence chrétienne et chevaleresque à partir du mitan du siècle accentue le caractère chrétien de cette Europe maçonnique et crée du coup des espaces de dialogue interconfessionnel. On peut dans ces conditions s’intéresser aux relations qui s’établissent au sein de ce cosmos chrétien entre francs-maçons catholiques et protestants.

 

Force est de constater en premier lieu que les efforts de neutralisation de la sphère maçonnique sont manifestes, ce qu’atteste un franc-maçon interrogé par le tribunal de l’Inquisition de Lisbonne : « Il était défendu de parler de religion car il y avait des catholiques et des hérétiques ; on évitait donc toute discussion qui aurait pu altérer la bonne entente ». Éviter toute provocation, c’est entreprendre le difficile apprentissage de la différence et de son respect, sans pour autant renoncer à ses propres valeurs. Non seulement ouvrir le temple à tous les chrétiens, mais ne pas blesser les uns et les autres par une manifestation maladroite de sa foi qui puisse être mal interprétée, tels sont les sentiments qui président également en décembre 1774 à la rédaction par l’Aimable Concorde, orient de Rochefort, de son nouveau règlement intérieur :

 

Nous avons affaire ici à une loge représentative du conformisme social et politique des loges françaises de l’Ancien Régime. On notera qu’elle voue à la malédiction, au bannissement et à l’oubli tout membre coupable de félonie et de trahison à l’égard du prince ; en revanche, elle manifeste clairement sa volonté, y compris en s’adressant à l’obédience, de maintenir la concorde entre francs-maçons chrétiens. Les dissensions du monde profane doivent être contenues hors du temple. Ce faisant, la loge refuse de céder aux pressions qu’exercent localement les représentants des autorités politiques et religieuses. En effet, les protestants de Saintonge et d’Aunis sont en butte à la fin de l’Ancien Régime à l’hostilité de l’évêque de La Rochelle, Mgr de Crussol d’Uzès, qui, par un mandement épiscopal du 26 février 1788, dénonce l’Édit de Tolérance – édit royal de 1787 – comme une « loi qui semble confondre et associer toutes les religions et toutes les sectes, [qui] est une suite des nouveaux principes politiques humains qui sont aujourd’hui si communs suivant lesquels la population et le commerce font seuls la gloire et la prospérité des empires ». Pour sa part, l’intendant de Guyenne se montre défavorable à l’anoblissement par le roi du puissant négociant et célèbre franc-maçon de La Rochelle, Jean-Baptiste Nairac, en raison de sa foi réformée.

 

En terre protestante également, les francs-maçons doivent aussi se justifier auprès de leurs Églises. Dans ces conditions, certains frères de la Stricte Observance Templière, système ou régime maçonnique qui unit protestants et catholiques dans une conception résolument chrétienne et chevaleresque de l’Art Royal, ont cherché à faire du temple un laboratoire où catholiques et protestants prépareraient ensemble la « réunion des sectes chrétiennes ». Joseph de Maistre l’affirme dans son Mémoire au duc de Brunswick en 1782 : les francs-maçons ne doivent pas perdre l’occasion de sublimer leur Ordre cosmopolite en un Ordre œcuménique, travaillant à la gloire du Grand Architecte de l’Univers. On saisit par-là combien son projet de République universelle, de passeport maçonnique universel se distingue du chaos d’une « République universelle (avec) une liberté absolue des consciences » que stigmatise Nicolas Bergasse, intime de Madame de Krüdener, et on comprend mieux pourquoi l’Europe chrétienne de la Stricte Observance Templière a inspiré les fondateurs de la Sainte-Alliance.

 

Pour Joseph de Maistre, les sensibilités sont moins exacerbées, et l’indifférence religieuse croissante a au moins permis de désamorcer les tensions nées de la Réformation. Des tentatives de rapprochement, autrefois vouées à l’échec, sont donc envisageables: « Dans cet état de choses, ne serait-il pas digne de nous, Monseigneur, de nous proposer l’avancement du christianisme, comme un des buts de notre ordre ? Ce projet aurait deux parties, car il faut que chaque communion travaille sur elle-même et travaille à se rapprocher des autres Le moment est encore plus favorable, car les systèmes empoisonnés de notre siècle ont au moins produit cela de bon que les esprits, à peu près indifférents sur la controverse, peuvent se rapprocher sans se heurter. Il faut être de nos jours versé dans l’histoire pour savoir ce que c’est que l’Antéchrist, et la prostituée de Babylone. Les théologiens ne dissertent plus sur les cornes de la Bête. Toutes ces injures apocalyptiques seraient mal reçues aujourd’hui : chaque chose porte son nom. Rome même s’appelle Rome, et le pape, Pie VII ».

 

En affirmant que l’Ordre maçonnique est prédisposé par sa nature cosmopolite et chrétienne à prendre en charge la réunion des Églises chrétiennes, à s’investir dans le projet œcuménique qui s’affirme depuis la fin du XVIIe siècle, l’auteur du Mémoire au duc de Brunswick fait écho aux discours de plusieurs francs-maçons protestants de premier plan, parmi eux Frédéric-Rodolphe Saltzmann correspondant assidu de Jean-Baptiste Willermoz – négociant lyonnais et figure européenne de la Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle –, et médiateur culturel entre la France et l’Allemagne. De cette position de contact, il peut, en relation avec ses frères Jean et Bernard-Frédéric de Türckheim prendre conscience des enjeux d’un œcuménisme maçonnique et chrétien et des menaces qu’une rupture entre catholiques et protestants ferait courir à leur Ordre. « C’est le cœur plein de tristesse – écrit Saltzmann, fils de pasteur – que nous avons considéré longuement les scissions qui existent entre les différentes parties de l’Église chrétienne universelle... l’humanité entière devrait s’unir pour écarter les obstacles qui empêchent une réconciliation ».

 

De son côté, Bernard-Frédéric de Türckheim, futur président du Consistoire général de l’Église de la Confession d’Augsbourg, appelait catholiques, calvinistes et luthériens à dépasser les affrontements confessionnels, pour se retrouver dans la foi du Christ : « Mon cœur ne connut point de différence de confession : je fus persuadé que là où l’on adore le Seigneur J. Christ, il n’y a pas d’idolâtrie, que les formes extérieures des confessions sont des instituts des hommes, plus ou moins rapprochés du but essentiel ». Et d’adresser au Grand Maître de la Stricte Observance une vibrante profession de foi universaliste : « N’ayant jamais étudié les Dogmes religieux, ne connaissant pas même la source de la Division des humains, j’eus une tolérance maçonnique universelle, des principes religieux très universels ». Pour ces Strasbourgeois, membres de loges qui voyaient affluer à chaque assemblée – ou tenue – de nombreux étrangers, venus d’Angleterre, d’Allemagne, de Pologne, de Russie, de Suède et des provinces baltes, le cosmopolitisme maçonnique était une réalité tangible.

 

LA JÉRUSALEM  DÉLIVRÉE

Le tasse

Edition   LEDENTU  PARIS

 1840

Poème épique du Moyen-Âge sur l’histoire des croisades.

 

Une armée de héros qui, sous la conduite d'un chef vertueux, vient délivrer du joug des Infidèles une terre consacrée par la naissance et la mort d'un Dieu : le sujet de La Jérusalem, à le considérer dans ce sens, est le plus grand qu'on ait jamais choisi.

 

Le Tasse y a mis autant d'intérêt que de grandeur; son ouvrage est bien conduit, presque tout est lié avec art; il amène adroitement les aventures; il distribue sagement la lumière et les ombres; il fait passer le lecteur des alarmes de la guerre aux délices de l'amour, et de la peinture des voluptés il le ramène aux combats; il excite la sensibilité par degrés; il s'élève au-dessus de lui-même, de livre en livre; son style est presque partout clair et élégant; et, lorsque son sujet demande de l'élévation, on est étonné comment la mollesse de la langue italienne prend un nouveau caractère sous ses mains, et se change en majesté et en force.

 

Une langue qui est celle de Racine et de Baudelaire, mais plus déliée, plus extravagante et plus aventureuse; capable de décomposer indéfiniment les moindres émotions de la passion, et jusqu'aux moindres palpitations de la chair et de la voix.

Mais la grandeur première de la poésie du Tasse est d'être une poésie totale : musique et lumière, spectacle et chant, artifice et passion, enthousiasme et géométrie, délice et tourment, corps et âme, unité dans la variété,

 

LA MISE EN DEMEURE

Gérard de sorval & j.c. marol

Edition L’ORIGINAL

 1994

Dans la chevalerie on met en jeu sa vie, et c’est par ce jeu de vie et de mort que l’on trouve la liberté. Cette culture médiévale de la chevalerie trouve son exutoire dans le blason qui transcrit l’intention motrice de l’être et montre sa face cachée. Voilà le "privilège" auquel ce livre nous invite: être au monde de tout notre cœur ! Comme des enfants  Page à page, ce texte lumineux est conçu comme un face à face surprenant entre Marol et Sorval, une sorte de "tournoi" fraternel entre deux chevaliers modernes. "Nous assistons à un flamboyant tournoi de mots, de signes et de symboles ! C'est passionnant et mène à des horizons insoupçonnés."

 

Entretien avec Gérard de Sorval : En quoi le langage symbolique est-il la clé de la connaissance ? Une formation aux doctrines traditionnelles est-elle encore possible ?

Gérard de Sorval : Il me semble inutile de répéter ce qu’a dit et écrit René Guénon à ce sujet, notamment dans les Aperçus sur l’Initiation, propos auxquels je souscris entièrement. Il est évident que l’accès à la profondeur de la réalité passe par un au-delà des mots ; ou, si vous préférez, que le langage discursif et le raisonnement mental ne conduisent à rien d’autre qu’à permettre une analyse très fragmentaire, au mieux logique, des phénomènes perçus par les sens. Dans une perspective plus large, on peut considérer que toute langue n’est qu’un ensemble de signes symboliques renvoyant à un sens qu’il s’agit de saisir de l’intérieur par une intuition directe qui dépasse les formulations verbales – les poètes « disent » plus par leur chant, qui porte le souffle de l’âme, que par leur discours, qui ne fait qu’énoncer des constats factuels. La parole portée par le souffle du Logos est une parole créatrice et transfiguratrice qui révèle les harmoniques de l’essence des choses. Elle ne réduit pas les choses à leur apparence contingente immédiate mais en appelle à une vision beaucoup plus profonde…

 

Pour en revenir à l’utilisation des symboles comme voie d’enseignement « doctrinal », ou, si l’on veut, de moyen de communication d’une connaissance sapientielle faisant appel à l’Intelligence supra-sensible, on peut considérer, en un certain sens, toute la réalité créée (le cosmos, la nature, les êtres vivants, etc.) comme un symbole, l’apparence d’un « chiffre » voilé au-delà des choses, une « semblance » renvoyant à un modèle archétypal, une production externe qui renvoie aux causes sous-jacentes des formes. On peut donc se livrer à tout moment à une lecture symbolique de la réalité mais, si elle n’est pas guidée par le sens commun de la Tradition, elle risque de conduire à des impasses, à des contresens ou même à des inversions. Le monde du sens a aussi sa géographie sacrée et n’utilise pas n’importe quel symbole pour aller n’importe où ! Certains symboles « cardinaux » ont été sélectionnés par la Tradition universelle comme des accès privilégiés au centre de soi-même et du monde, comme des échelles aussi vers le Ciel. On ne « trafique » pas ces symboles : on les étudie patiemment et humblement, en suivant le fil d’Ariane de la Tradition primordiale – qui est le véritable langage commun de toute l’humanité.

 

 L’individu n’invente rien ; s’il veut apprendre, il doit se mettre à l’écoute de ce qu’enseigne la communauté traditionnelle, d’essence intemporelle et universelle, à laquelle il peut avoir accès en fonction des conditions propres à sa situation particulière en ce monde. Qu’il s’agisse de sa caste, de son église, de sa confrérie religieuse ou de métier, etc., il n’y a pas d’apprentissage sans une incorporation à une communauté traditionnelle vivante qui diffuse et illustre l’enseignement de préceptes moraux et doctrinaux et qui incarne aussi certains types de notions et de réalités symboliques fondatrices de l’éveil spirituel.  Dès lors, poser la question de la possibilité de trouver ce type d’enseignement dans les conditions actuelles du monde, c’est aussi d’une certaine manière y répondre, si l’on a tant soit peu conscience des conditions épouvantables dans lesquelles les « sociétés développées » enferment les hommes…

 

L’atomisation des sociétés modernes, le déracinement généralisé, l’ignorance de toutes les bases de l’histoire sacrée et de la notion même de tradition, l’absence d’horizon mental au-delà du plan du bien-être individuel ou collectif, la course frénétique à la consommation, le matraquage médiatique incessant, l’oppression totalitaire des instruments de « communication » ou d’« information » qui asservissent le cerveau humain aux mécanismes binaires des logiques marchandes, tous les carcans juridiques et administratifs du « règne de la quantité » stigmatisé par René Guénon, et tant d’autres choses dignes du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, rendent la perspective que vous évoquez pour le moins irréaliste. Pour parler comme René Guénon, les données de l’« ambiance » planétaire sont telles aujourd’hui qu’elles interdisent (sauf de rarissimes exceptions) l’indispensable distance par rapport au monde qui est le préalable sine qua non à tout travail de concentration, d’éveil intellectuel et d’ouverture de cœur à l’influx de la grâce divine.

 

Certes, on n’a peut-être jamais autant parlé de « spiritualité », mais ce que nos contemporains entendent par ce mot n’est le plus souvent qu’une aspiration au mieux-être individuelle sous couvert d’une démarche de « réalisation personnelle » qui, en fait, suit inévitablement tous les courants idéologiques et mentaux à la mode. Il y a maintenant un véritable marché de la « spiritualité » qui n’est rien d’autre qu’un produit de consommation parmi d’autres et l’illusoire « supplément d’âme » qu’une société entièrement dominée par l’esprit de rentabilité et de compétition, par l’impératif totalitaire du plus grand profit individuel, propose à ses membres. Ainsi, dans ce climat « néo spiritualiste », déjà annoncé et dénoncé par René Guénon dans Le Règne de la quantité et le signe des temps, chacun cherche désespérément à retrouver un sens à sa propre existence ou à retrouver la valeur authentique des choses, alors même que seul le prix est l’ultime référent de tout.

 

Naturellement, derrière cette apparente « liberté de pensée » où chacun peut avoir l’illusion de se construire sa propre religion, il existe bien évidemment une religion mondiale, qui ne dit pas son nom et dont le maître-mot pourrait être : « Défense au Ciel d’intervenir dans la conscience et les affaires des hommes ». Ce qui ne manque pas parfois d’avoir des conséquences réelles… Sans compter que, du côté des religions instituées, le pourrissement des esprits n’est pas moindre si l’on en juge par le développement des « fondamentalismes » littéralistes et des fanatismes mystico-sentimentaux de tous ordres. Les considérations générales sur l’ambiance de l’époque actuelle – et le caractère à certains égards infernal de la « toile d’araignée » mondiale de l’« information » qui emprisonne le pouvoir des mots dans une sphère terriblement réductrice et totalitaire – ne seraient pas complètes si l’on ne soulignait pas aussi un phénomène encore beaucoup plus préoccupant : je veux parler de l’inversion des symboles.

 

De nos jours, on voit proliférer partout, dans la publicité, sur les écrans des ordinateurs, des téléphones ou de n’importe quel autre support d’« annonce », des images qui se donnent comme des décalques ou des dérivés de signes idéographiques qu’on employait autrefois dans le langage muet des anciennes sociétés initiatiques traditionnelles. Les fantasmes occultistes qui inspirent ces choix ne sont pas innocents. Ces signes « dynamisés » par des effets de lumière et de couleur, ou des stylisations graphiques « modernes », deviennent des sortes de pentacles magiques à rebours, c’est-à-dire des instruments de suggestion mentale et d’hypnose collective. Il est par exemple, assez atroce de constater qu’on nomme maintenant « icônes » (par un abus du charabia anglo-américain des machines) des signes utilisés en informatique qui sont exactement l’inverse des supports de contemplation, d’intercession spirituelle et de sanctification que sont, dans le langage chrétien, les véritables icônes. La parodie du spirituel et l’utilisation à rebours des mots et des signes ne s’arrête pas là, on pourrait en multiplier les exemples.


 Parallèlement, le langage lui-même est atteint et se décompose de l’intérieur. Les mots perdent leur sens véritable, le vocabulaire s’appauvrit dans des proportions effarantes. La langue perd sa structure logique interne et aussi sa capacité à exprimer les nuances, à cerner avec finesse la diversité des registres de sens. Les stéréotypes d’un langage de plus en plus pauvre et « technocratique » atrophient l’amplitude et la profondeur de la pensée, après avoir obscurci la palette diaprée des sentiments et des sensations. L’« efficacité » du sabir anglo-américain qui domine aujourd’hui, de gré ou de force, tous les registres de communication de la planète, supplante maintenant les expressions les plus familières du français. Peut-on encore songer à l’avenir si votre voisin vous assène qu’il faut « penser le futur », et autres anglicismes du même acabit ? Cela n’a l’air de rien mais, d’habitudes de langage en tournures de pensée, on finit par perdre la faculté de saisir ce qui ressort du domaine de l’intellect pur ou de la métaphysique.

 

Dès lors qu’on ne s’entend pas à la base sur le sens des mots, comment peut-on envisager de communiquer ou de diffuser une « information » d’une quelconque valeur dans le domaine de la connaissance ? La Tour de Babel est là, et elle est bien là ! Dans ces conditions ceux qui « savent », comme dirait Lao Tseu, n’ont plus qu’à se taire, en attendant que le tumulte, effrayant de bêtise et de grossièreté, se calme un peu – si cela est encore possible !

 

LA PASSION DU LIVRE AU MOYEN-ÂGE

Sophie Cassagnes - Brouquet

Edition Ouest- France

2003

La passion du livre est bien un trait caractéristique du Moyen Age, un legs que cette période nous a transmis parmi tant d'autres. Les bibliothèques européennes renferment ainsi une grande part de notre patrimoine culturel et artistique, trop souvent méconnu. C'est cette relation passionnelle que les hommes et les femmes du Moyen Age ont entretenue avec le livre que cet ouvrage souhaite éclairer.

 

Les livres ne sont pas seulement un texte mais aussi un fabuleux répertoire d'images, ce qui explique la fascination qu'exercent encore sur nous les manuscrits médiévaux. Depuis cette période, l'histoire du livre est indissociable de celle de notre civilisation occidentale

 

Comme le souligne Sophie Cassagnes-Brouquet dans la conclusion de son livre, La passion du livre au Moyen Âge, « le prix astronomique atteint par les manuscrits les plus modestes au cours des dernières ventes publiques suffit à témoigner du maintien de cet engouement pour les manuscrits du Moyen Âge ». Si on peut ne pas être d’accord avec ses regrets que « bibliothèques ou collectionneurs privés conservent jalousement » de tels trésors, il faut saluer la qualité du travail de vulgarisation qu’elle propose dans son court et richement illustré ouvrage. Trois grands supports de l’écriture

 

Le livre se découpe en quatre parties, consacrées respectivement à la production des livres, aux bibliothèques, aux lecteurs, et aux rapports plus que fructueux entre les livres et les artistes. Dans la première partie, l’auteur circonscrit son propos entre l’invention du codex au premier siècle après Jésus-Christ et l’invention de l’imprimerie vers 1460. Elle rappelle que, au Moyen Âge, « trois grands supports de l’écriture » cohabitent, ou plutôt se succèdent : le papyrus, le parchemin, le papier.

Elle souligne l’importance du scribe, « grand spécialiste de l’écriture », et détaille sans érudition excessive ses pratiques et ses outils. Les scriptorium des monastères sont les lieux privilégiés de la production des livres avant que, au Xe siècle, le développement de la lecture silencieuse ne s’accompagne de celui des ateliers urbains, souvent liés aux grandes villes universitaires européennes.

Au Moyen Âge, le livre est un objet rare, cher et précieux, qu’il est donc difficile de conserver pour soi. Les premières bibliothèques se développent dans les monastères, puis dans les universités. Quoique précieux, le livre n’est pas toujours bien traité par ses lecteurs, et Sophie Cassagnes-Brouquet propose quelques témoignages savoureux sur les déprédations commises par les étudiants… Le livre est aussi objet de collection, de prestige, dont témoignent entre autres les fameuses Grandes heures de Jean de Berry, manuscrit du XVe siècle.

 

Quels livres, pour quels lecteurs ? La troisième partie, « Quels livres, pour quels lecteurs ? » est sans aucun doute la plus originale et la plus intéressante du livre. Rappelant la rupture que constitua le passage progressif de la lecture collective, à haute voix, à la lecture silencieuse, individuelle, l’auteur montre que, d’abord réservée aux moines, la lecture se répand bientôt dans d’autres classes de la société, et notamment chez les laïcs. Si les textes liturgiques en latin sont une part prépondérante des livres réalisés et lus, d’autres textes en « langue vulgaire » rencontrent bientôt un énorme succès, comme les « romans », notamment ceux tournant autour de la quête du Graal.

 

Enfin, l’auteur  insiste sur l’une des principales caractéristiques des manuscrits médiévaux et ce pourquoi ils sont encore si prisés : la présence d’enluminures au rôle à la fois décoratif et pédagogique – même si, l’auteur le rappelle aussi, tous les manuscrits médiévaux ne sont pas enluminés. Les enlumineurs sont souvent anonymes, ce qui n’empêche pas leur travail d’égaler en beauté celui des plus grands peintres du temps. L’enluminure accompagne aussi le passage de l’art roman à l’art gothique, les Très riches heures du duc de Berry pouvant être considéré comme le point d’aboutissement d’un art qui, avec l’avènement de l’imprimerie, va peu à peu disparaître.

 

Ouvrage de vulgarisation, La passion du livre au Moyen Âge vaut aussi pour la quantité et la qualité de ses illustrations. Des dizaines de reproductions de grande qualité, issues des plus grandes bibliothèques patrimoniales françaises, complètent et soulignent le texte. Pour une fois, le rapport qualité/prix est plus qu’en faveur d’un ouvrage si magnifiquement illustré qui, s’il n’apprendra rien à l’érudit, voire au bibliothécaire averti, sera une source inépuisable d’émerveillements pour le néophyte et pour l’amateur, décidément bien convaincus que le « moyen âge » porte bien mal son nom…

 

LA PENDULE A SALOMON

Raoul VERGES

Edition JULLIARD

 1974

Le chrisme appelé Pendule à Salomon est le plus ancien emblème du christianisme ; les compagnons du Tour de France l’utilisèrent pour leur cérémonie secrète et en firent un symbole universel qu’ils gravèrent sur de nombreuses églises.

 

Sait-on que le monde mal connu - parce qu'il est volontairement clandestin - des " compagnons du travail " existe toujours et qu'il n'a, en réalité, jamais cessé d'exister ?

 

Il se trouve qu'aujourd'hui, en face de la dure organisation industrielle, cette société secrète professionnelle autant que confessionnelle reprend toute sa vivacité, toute son importance sociale. Et le roman de Raoul Vergez, habile charpentier, constructeur de clocher, qui a toujours lutté pour sa foi et pour son oeuvre, a la saveur authentique des récits vécus, étayé par une érudition surprenante et animé par un élan généreux.

 

L’auteur compagnon du Tour de France, développe avec sa verve bien connue, les divers événements liés à ce Chrisme.

 

l’architecture sacrÉe

C. humphrey

Edition ALBIN MICHEL

 1998

L’architecture sacrée est pour l’homme le moyen d’exprimer sa quête de spiritualité et de liens avec le divin. Des cercles de pierres préhistoriques aux pyramides, des temples bouddhistes aux cathédrales moyenâgeuses et aux minarets, la symbolique et l’importance des formes sacrées nous montrent comment de tout temps, les différentes civilisations ont cherché à traduire leur foi à travers des œuvres d’architecture.

 

Le présent ouvrage offre un choix représentatif des édifices sacrés les plus fascinants au monde. On visite tous les continents et l’auteur avec des photos aux couleurs magnifiques, et des explications symboliques nous décrit ces demeures de dieux et de rêves.

 

On est au Mexique avec les mayas en Inde, en Égypte à Karnak, dans les sanctuaires Shinto, en Grèce avec le Parthénon et le Panthéon, St Pierre à Rome et bien d’autres.

 

Une postface de M.M. Davy enrichit cet ouvrage.

 

LA RENAISSANCE

Paul FAURE

Edition PUF

 1949

Elle débute aux 14-15° siècles et nous donne nos plus grands écrivains moralistes et écrivains.

 

Le mot Renaissance est employé pour la première fois au XVIe siècle par Giorgio Vasari, père fondateur de l’histoire de l’art des Temps modernes, dans le célèbre recueil Vies des plus célèbres peintres, sculpteurs et architectes, pour évoquer le courant artistique apparu en Italie deux siècles plus tôt. La Renaissance s’épanouit sur près de trois siècles, en trois périodes successives : le Trecento (XIVe siècle), le Quattrocento (XVe siècle) et le Cinquecento (XVIe siècle).

 

Dans son ouvrage, Vasari parle de trois âges : celui des précurseurs, Cimabue et Giotto, celui des initiateurs, Masaccio, Brunelleschi et Donatello, et enfin celui des maîtres accomplis, Bramante, Vinci, Raphaël et Michel-Ange, qui selon Vasari égalent et même dépassent ceux de l’Antiquité.

 

Il faudra attendre le XIXe siècle pour que les historiens Michelet et Burckhardt étendent le concept de Renaissance à l’ensemble d’une civilisation. La Renaissance artistique succède à l’esthétique médiévale, dont il remet en cause les codes et les canons. Cette nouvelle forme de culture se caractérise en premier lieu par le regard porté sur l’Antiquité. Sa singularité tient à la restauration d’une grandeur passée, à la recherche de la leçon antique.

Dès le Trecento, les hommes de lettres italiens Pétrarque et Boccace expriment une aspiration à la rénovation : cette reconquête trouve à Florence ses premières formes artistiques

François 1er est sans doute le roi le plus emblématique du 16e siècle français. Roi-guerrier, père de Chambord, c’était aussi un homme avide de culture toujours prêt à combler sa soif de découverte. Il succède au règne mémorable de Louis XII mais son dynamisme  lui permet de ne pas avoir à rougir de ce dernier, même si les finances royales vont en pâtir. Le futur roi voit le jour en 1494 en Charente. Il ne connaîtra pas son père car ce dernier décède alors qu’il  n’a que 2 ans. Sa mère, Louise de Savoie, l’élève donc seul au château d’Amboise A 9 ans, François a un grave accident d’équitation. Sa mère, malade, ne lutte pour sa survie que pour voir son fils se rétablir et accomplir sa destinée royale. L’enfant se remet puis reçoit une éducation approfondie sur les arts et lettres au moment où la culture italienne est en pleine essor. Ses précepteurs découvrent quelqu’un de curieux, courageux  et ouvert.   Louis XII, son beau-père après son mariage avec Claude, n’a pas enfanté d’héritier et compte donc sur lui pour lui succéder. En 1515, Louis XII s’éteint, François accède donc au trône et fait une entrée triomphale dans Paris. La salamandre, symbole du pouvoir sur le feu, devient alors l’emblème de la royauté.

 

Homme lettré, parlant l’italien  et débordant d’initiatives, il donnera l’impulsion de la renaissance en France, là où ses prédécesseurs  Charles VIII et  Louis XII n’ont pas su saisir ce mouvement venu entre autre de Florence. D’ailleurs, à sa demande, de nombreux artistes italiens viennent diffuser leurs pensées et leurs œuvres, notamment le plus célèbre d’entre eux, Léonard de Vinci. Cette collaboration entre les 2 hommes va rapidement se transformer en amitié profonde. La demeure royale est toujours à Amboise, et François 1er installe alors son ami à proximité, au Clos Lucé. De Vinci s’occupe alors des festivités royales et restera en France 3 ans avant de disparaître en 1519 dans le bras de sa majesté. La collection d’œuvres d’art des rois de France exposée aujourd’hui  au Louvre lui doit beaucoup, car François fait importer des œuvres de Michel-Ange, Titien et Raphael.

 

Le roi est également pour beaucoup dans l’essor et la mise en valeur de l’éducation et des lettres dans le royaume. A l’heure ou l’imprimerie se révèle au monde, il créé le collège royal, futur collège de France, grand foyer humaniste. Et fonde ensuite l’imprimerie royale. Cette initiative permet de multiplier les parutions de livres et des bibliothèques privées voient alors le jour en nombre. Mais au-delà de subventionner les arts et lettres, François 1er compose aussi plusieurs poèmes et protège divers auteurs comme clément Marot. La renaissance, c’est aussi une nouvelle forme d’architecture, et le  roi va mettre en chantier  ou rénover nombre d’édifices, comme Amboise et Blois avec son fameux escalier. Mais il restera à la postérité avec la construction du château de Chambord et ses 365 cheminées, dont on dit que certains plans sont l’œuvre de De Vinci. Au total, se sont ainsi 7 châteaux qui doivent leur changement ou leur naissance à François.

 

François 1er est opposé à un rival de poids en la personne de Charles Quint représentant les Habsbourg, qui dirige le saint empire et le royaume d’Espagne. Charles Quint lorgne sur le duché de Bourgogne ce qui n’est bien sûr pas du goût de François 1er qui lui se verrait bien gouverner  la province Milanaise. Ainsi, profitant de son sacrement en 1515, François fait mobiliser à Grenoble une armée de 30 000 hommes. Les troupes commencent alors leur marche vers l’Italie et doivent d’abord faire face à l’armée suisse. Mais certains, impressionnés par les moyens français, changent leur hallebarde d’épaule et se mettent au service du royaume de France.

 

Toujours est-il que près du village de Melegnano, les français se battent contre l’armée  suisse, mais ces derniers font retraite face à la puissance des canons adverses. C’est la fameuse victoire de Marignan qui vaut un grand prestige au roi après seulement quelques mois de règne. Ce succès lui permet aussi de prendre le contrôle de la Lombardie, de faire la paix en 1516 à Fribourg  avec les cantons suisses, de signer un accord avec la papauté qui confère au roi un surplus d’autorité par  la désignation des évêques, archevêques et cardinaux. La même année, Charles reconnaît la possession française du milanais par le traité de Noyon.

 

Mais, les 2 hommes, même s’ils n’en font rien paraître en public se détestent  et François tente en 1920 de rallier à sa cause Henri VIII, roi d’Angleterre. Malheureusement l’entreprise échoue et Henri signe finalement l’accord secret de Bruges avec Charles Quint. Pour conquérir la Bourgogne, les armées de l’empereur s’avancent en 1521 par le Nord et au Sud. Les forces françaises tiennent bon au Nord à Mézières, mais au Sud, la France perd milan  en 1522. En 1524, Claude de France décède. Pour effacer sa peine,  François 1er mène lui-même  la contre-offensive et fait marcher son armée vers le Sud, par-delà les Alpes, jusqu’à Pavie. La bataille tourne à l’avantage de l’empereur et François est fait prisonnier puis conduit à Madrid en 1525 pour être libéré un an plus tard. Il doit payer la somme de 2 000 000 d’écus or et laisse ses 2 fils en otages.  Puis, grâce à la tante de Charles et à la mère de François, les évènements s’apaisent et le traité à Cambrai  est signé en 1529. Le roi de France épouse l’année suivante  la sœur de Charles, Eléonore d'Habsbourg, et conserve également la Bourgogne. Eléonore succède à Claude, fille d’Anne de Bretagne et première épouse du roi. Les 2 souverains semblent chercher une certaine coopération, qui se traduit en 1537, lorsqu’un droit de passage sur le royaume est accordé à l’empereur Charles pour résorber une révolte à Gand. Ce dernier est reçu à Paris avec faste et chacune des 2 cours joue de grandeur et de séduction. François 1er propose d’ailleurs sa fille Louise en mariage à Charles mais celle-ci meurt prématurément.

 

Le roi aime le faste et accorde de copieuses subventions pour la recherche et les arts. Cela met à mal les finances du royaume et l’administration de ses 18 millions d’habitants. François a installé la cour au Louvre, qui devient alors le cœur du pouvoir, ou le protocole peut être parfois laxiste. Mais bien que conseillé par plusieurs ministres avisés, le souverain a toujours le dernier mot et entend bien tout contrôler. Son amour des châteaux et l’effort de guerre vident les caisses du royaume, le souverain n’a alors pas d’autre choix que d’augmenter les taxes. Il vend également des biens de la couronne et privatise des territoires royaux. Il permet également aux nobles, moyennant finances, d’accéder à de hautes fonctions administratives. Enfin le roi se permet d’évincer définitivement certains de ses gros créanciers, comme le baron de Semblançay, accusé à tort d’avoir détourné des fonds de l’État, et qui sera exécuté à Montfaucon après un pseudo procès.

 

De  plus, bien que considéré comme humaniste, François 1er n’hésite pas à réprimer dans le sang les divergents religieux. Les protestants sont bien sûr visés et plusieurs massacres s’exercent pendant la fin de son règne. Cela préfigure les guerres de religion qui vont secouer le royaume plus tard. A la fin de son règne lorsque l’on fait les comptes, les conquêtes françaises sont quasiment inexistantes en Europe, mis à part la province Milanaise.

La France possède une puissante flotte maritime mais concentre ses explorations au bassin méditerranéen. François 1er change la donne et affrète des navires qui partent naviguer sur les flots de l’Atlantique, et accostent bientôt à Terre-Neuve, découvrent les côtes de Floride et de la futur New-York, et enfin les Antilles. En 1535, c’est son envoyé Jacques Cartier qui remonte le fleuve St-Laurent et pose le pied au Québec. Les années suivantes voient la mise en place de colonies en Amérique du Nord, ce qui constitue une épine dans le pied de la suprématie coloniale des espagnols. 

François 1er s’éteint au château de Rambouillet en 1547, et est inhumé à la basilique St Denis aux côtés de sa femme Claude. Son second fils, Henry II, monte alors sur le trône de France. Il restera l’image d’un roi autoritaire et fastueux, homme à femmes, mais aussi d’un amoureux de la culture,  généreux mécène, protecteur des artistes et écrivains. . A sa mort, les finances du royaume sont à l’agonie, plombées par les  guerres  et les copieuses subventions accordées aux artistes et aux architectes. Sa gestion parfois impulsive et son égoïsme l’ont desservi, mais son charisme et son courage sont restés dans les esprits.

 

l’art des bÂtisseurs romans

Cahier de boscodon

n° 4.

 1975

La géométrie et les maîtres d’œuvre. La construction : les métiers et les outils. Étude effectuée d’après les mesures et les tracés des abbayes de Boscodon et Sénanque. On y parle du nombre 5 outils, de la nouvelle alliance, de l’ésotérisme, du nombre d’or, de l’art médiéval, grec et romain, du mandala, et des symboles géométriques et symboliques.

 

On qualifie de roman le style architectural, pictural et décoratif de la période qui a cours, en Europe, de l’avènement des Carolingiens (IXe siècle) jusqu’au XIe siècle (ou au XIIe siècle selon les pays). Le terme de roman, forgé au XIXe siècle, aurait été employé pour la première fois par l’archéologue normand Charles Duhérissier de Gerville. Cet art s’exprime à travers le caractère monumental de son architecture, mais aussi dans une riche sculpture et une peinture particulièrement précieuse. L’art roman emprunte à des sources variées : carolingienne, antique mais aussi byzantine, orientale et celtique. La circulation plus grande des hommes et des objets favorise en effet le renouvellement des visions et des images. La période romane voit l’émergence des phénomènes politico-religieux (croisades, pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle) qui relient les cités les plus importantes. Elle est aussi caractérisée par le culte des reliques. En France, l’art roman brille ainsi dès la seconde moitié du XIe siècle et se diffuse notamment depuis l’abbatiale de Cluny.

 

L’architecture : De multiples édifices, notamment un grand nombre d’abbayes et de monastères, illustrent le développement de l’architecture romane, presque exclusivement religieuse. C’est avant tout la rigueur qui caractérise ce style, ainsi qu’une relative austérité : dans une société toute entière tournée vers le divin, l’art se met au service du recueillement, de la prière et de la méditation. Partout, les espaces sont conçus en fonction de la liturgie. Le rôle de la lumière y est central : plus importante à l'Est, où est célébrée l’eucharistie, la lumière sublime le sanctuaire et fonctionne comme une émanation sacrée. L’art roman apparaît en Italie du Nord autour de l’an mil, avec des églises en forme de navire renversé. Cette image donnera le nom de nef au corps du bâtiment. Petit à petit, dès la fin du XIe siècle, de nouvelles églises ou monastères sont partout bâtis dans ce style. L’art roman suit également le développement des ordres mendiants (du Carmel, dominicain et franciscain). Les artistes, appelés par les grands abbés bâtisseurs comme ceux de Cluny (ordre bénédictin), par des évêques ou des rois, empruntent à l’Antiquité le mur romain, les frontons triangulaires et les colonnes supportant des entablements et à Byzance la construction des coupoles.

 

Les nombreux incendies qui ravagent les édifices plus anciens sont l’occasion d’une reconstruction mettant en pratique les progrès réalisés dans la construction appareillée. Tous ces lieux se couvrent de voûtes, dont l’ampleur et la hauteur sont alors conditionnées par le couvrement de charpente, système hérité des basiliques antiques. C’est précisément pour échapper aux incendies des charpentes que différentes voûtes en pierre (voûtes d’arêtes, voûtes d’ogives, en berceau, coupoles) sont alors créées avec leurs contrebutements. La surface murale tend à s’ouvrir de baies plus larges et plus nombreuses, faisant entrer la lumière dans l’espace du culte et réduisant l’aveuglement des façades. Qu’il s’agisse de grandes églises, de cathédrales monastiques ou de sanctuaires, les plans sont très variés. Si le plan basilical orienté (croix latine tournée vers l’Est) est le plus courant, il connaît de multiples variations. Le plan en croix grecque est fréquent en Italie, tandis que le Saint Empire romain germanique, dans les régions du Rhin, préfère les églises halles à nef simple, souvent remarquablement décorées, où les trésors d’ivoire et de bronze répondent à la richesse des décors sculptés.

 

La sculpture : La sculpture romane s’épanouit dans une iconographie mêlant mystique et onirisme, pédagogie et imaginaire. La vision des animaux étranges (dragons, griffons) qui l’envahit s’inspire de l’Orient et du folklore européen. Très intimement liée à l’architecture, la sculpture se développe essentiellement sur des éléments structurels du bâtiment. Qu’elle décore les chapiteaux dans les cryptes, ou agrémente les cloîtres et les églises, la sculpture romane cultive l’horreur du vide, c’est à dire l’adéquation des scènes représentées aux contraintes du support, également appelée la loi du cadre. Elle privilégie aussi la transmission des savoirs grâce au symbolisme des sujets, ou aux parallèles entre l’ancien et le nouveau testament. À la fin du XIe siècle, le décor sculpté prend place sur la façade des églises, à la manière des arcs de triomphe antiques, et marque symboliquement le passage du monde profane à l’enceinte sacrée. Chef d’œuvre de l’art roman, la basilique Saint-Sernin de Toulouse (classée au patrimoine mondial de l’UNESCO) conserve un remarquable ensemble de chapiteaux historiés.

 

Les foyers les plus importants de l’art roman rayonnent à partir de Cluny (Bourgogne, Auvergne, jusqu’à Compostelle en Espagne) ou depuis la Provence (Arles, Saint-Gilles-du-Gard). En Italie, les artistes romans tirent les leçons de l’Antiquité qu’ils connaissent bien grâce à la proximité des sites antiques et à la possibilité d’admirer les pièces de fouilles. Ils développent leur propre style figuré, en sculpture comme en peinture. S’affranchissant petit à petit des modèles byzantins et de leurs canons hiératiques, ils puisent directement à la source antique, créant ainsi les ferments d’une renaissance artistique. La peinture ornementale : entre classicisme et imaginaire Le succès de la peinture romane est attesté par la multiplicité des vestiges conservés. Les fresques des cryptes de l’église de Saint-Germain à Auxerre, inspirées par l’art paléochrétien, en sont un remarquable témoignage. Les domaines de la fresque, du vitrail et des arts précieux sont également particulièrement riches. Les artisans s’inspirent de l’Antiquité et de la renaissance carolingienne, mais aussi de l’Orient et des traditions barbares. L’enluminure est le terrain fertile de cette créativité nouvelle. Quelle que soit la technique adoptée, on perçoit un sens du réalisme et du naturalisme, notamment dans l’attention portée au détail. Les sujets, très souvent inspirés de manuscrits (comme Moralia in Job de Cîteaux, exécuté en 1100), sont souvent agrémentés de références tantôt quotidiennes, tantôt fabuleuses. Parallèlement, les grands thèmes iconographiques sacrés comme le Jugement dernier, la Pentecôte et l’Apocalypse, se développent sur les façades des édifices romans.


Les murs sont décorés non seulement par des fresques, mais également par des tapisseries. L’une des plus célèbres de l’art roman est la tapisserie dite de Bayeux (classée « mémoire du Monde » par l’UNESCO), broderie de soixante-dix mètres de long, réalisée au XIe siècle, qui relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, en 1066. Elle était conservée dans la cathédrale de Bayeux. On peut aujourd’hui l’admirer au musée de la Tapisserie de cette même ville. En Italie, et dans le Saint Empire romain germanique, la peinture romane, comme la sculpture avant elle, se caractérise par un certain classicisme. Ce style mesuré se retrouve dans les célèbres peintures de la Bible de Floreffe (Londres, British Library) et de l’Évangéliaire d’Averbode (Liège, bibliothèque de l’Université). Il se développe particulièrement en Italie du Nord, notamment au cours des différentes étapes des portes de bronze de Saint-Zénon à Vérone. Simultanément, l’abbaye de Cîteaux connaît un style marqué par davantage de spontanéité et d’exubérance.

 

L’épanouissement des arts précieux : L’essor de l’émaillerie marque, vers 1100, la France méridionale. L’autel d’albâtre du trésor de Conques en est un des exemples les plus célèbres. Il est pourvu d’une large bordure de cuivre doré où sont fixés des médaillons, avec un décor développant tout un bestiaire fantastique. En raison de leur éclat et de leurs couleurs, les émaux, qui se prêtent aussi bien à l’ornementation qu’à la narration, connaissent alors un extraordinaire succès. Les plaques (exécutées vers 1189-1190) qui proviennent de l’autel de Gramont, tout près de Limoges, constituent un des premiers chefs-d’œuvre de l’émaillerie. L’art roman domine l’Occident pendant presque deux siècles. Son exceptionnelle richesse créatrice fascine et étonne encore aujourd’hui.

 

L’ART TEMPLIER DES CATHÉDRALES. CELTISME ET TRADITION UNIVERSELLE.

Robert GRAFFIN

Edition Jean Michel GARNIER

 1995

Nos ancêtres égyptiens, atlantes, gaulois et autres savaient utiliser les énergies telluriques et cosmiques. Les Cisterciens et les templiers surent appliquer ces connaissances et l’ont vit fleurir entre le 10ème et le 13ème siècle des constructions extraordinaires issues de cette magie / alchimie qui a donné les arts roman et gothique. Après étude de quelques cathédrales l’auteur parle de ces énergies qui ont fait vibrer les hommes.

 

Dès l’An Mille et pendant deux siècles, l’Europe entière s’est drapée d’un blanc manteau de chapelles, d’églises et de cathédrales.  Après une période obscure et brutale que l’on connait mal, tout à coup, la lumière et l’abondance ont fait refleurir l’occident. Peu après une période très sombre – une grande peste et ses terribles ravages – une énorme campagne de grands travaux, à caractère sacré, mobilise les désœuvrés et relance l’économie.

 

Du travail pour tous, des artisans sans nombre, des prouesses partout. Les bourgs, les villes et les campagnes résonnent de coups de maillets, des tintements du fer contre la pierre.  Sur toutes les routes, des compagnons se rendent d’un chantier à l’autre, effectuant leur tour de France ou même d’Europe.

 

Les gendarmes sont des moines-soldats, vêtus de cottes de mailles et de blancs manteaux, montés sur des chevaux rapides. Ils font la police de la route et ils assurent aussi les urgences, l’hébergement des pèlerins et divers services bancaires, face aux énormes dépenses de tous ces chantiers. Ils s’appellent les Templiers. Le secret de leur réussite, unique dans l’histoire connue, s’explique sûrement par la modernité et la pertinence de leur démarche.

En fait, la clé magique d’un tel succès tient d’abord dans leur maîtrise plurimillénaire de la construction sacrée. De quoi s’agit-il ? La rotation de la terre produit sur sa surface un quadrillage énergétique, les réseaux Hartmann, et de vastes courants énergétiques, les flux sacrés. Une connaissance parfaite de ces énergies subtiles a permis jadis aux compagnons bâtisseurs d’ériger des monuments vierges de toute nocivité.

Ils avaient constaté que l’activité cosmotellurique engendre des résidus nocifs, un maillage qui nous englue dans la matière, véritable filet piégeur. Les bâtisseurs du moyen-âge ont agrandi les mailles du filet. Si l’on en croit l’auteur,Jacques Bonvin, Eglises romanes, lieux d’énergie ils ont traité ces énergies de deux façons différentes, qu’on appelle le style roman et le style gothique. Que le mot « style » n’égare pas le lecteur : la différence entre roman et gothique ne se limite pas à des particularités architecturales ou esthétiques ; c’est le traitement de la géo énergie qui est différent.

 

Dans les églises romanes, les réseaux Hou réseaux Hartmann sont repoussés jusque dans l’épaisseur des murs; ainsi la nef en est-elle purgée. Dans les cathédrales gothiques, les réseaux sont aspirés par la voûte et émiettés par des éclateurs : rosaces, sculptures, chapiteaux ou gargouilles. Dans les deux cas, les fidèles sont à l’abri de toute nocivité. Bien souvent, les romans et les gothiques ont participé ensemble à la réalisation de certains édifices majeurs. Les gothiques ont inventé l’ogive et la croisée d’ogives qui leur a permis de monter la voûte de la nef de plus en plus haute. Mais les gothiques n’ont pas étudié les cavernes et les cryptes, voûtes sous la tension terrible des milliers de tonnes de pierre qu’elles soutiennent. Ils ont laissé cette spécialité aux romans. Ainsi, même dans les cathédrales gothiques, toutes les cryptes sont-elles romanes ? La voûte, par la tension des pierres qu’elle supporte, est le lieu magique par excellence. La langue courante en a conservé la trace : quand quelqu’un est sous influence, ne dit-on pas qu’il est envoûté ?

 

Les bâtisseurs des cathédrales, pour se débarrasser de la nocivité naturelle et créer les conditions propices à l’élévation spirituelle, ont imaginé des cages de Faraday, où les pierres vives captent les rayonnements nocifs. Dans la construction sacrée, les pierres sont à polarité alternée pour transmettre le Vril, ou à polarité continue pour le diluer. Chaque élément architectural a sa fonction géobiologique. Rien n’est uniquement décoratif. Cet art s’est manifesté brusquement sur notre terre occidentale à partir du 11ème siècle. Comme nous l’avons dit, de très loin en arrière. Il venait des bâtisseurs mégalithiques. Ceux qui ont élevé les dolmens, les pyramides et les murs cyclopéens. Les dieux d’avant, les Atlantes… Les maçons médiévaux le savaient si bien qu’ils ont soigneusement édifié églises et cathédrales sur des hauts-lieux du mégalithisme. Ainsi, Notre-Dame du Puy ou Notre-Dame de Chartres sont bâties sur des dolmens. Comme la plupart des cathédrales… Plus que d’autres, ces lieux sont propices à l’élévation spirituelle. Et ceci en dehors de toute considération religieuse, par l’action conjuguée de l’architecture et des ondes cosmo-telluriques.

 

Il est intéressant de noter que si les bâtisseurs romans, avec leur arc en plein cintre, sont les héritiers directs des bâtisseurs romains, ces derniers n’ont jamais réussi, comme je l’ai dit plus haut, à construire des temples fonctionnels, en terme de géobiologie, ou en terme de sacré, puisque les deux domaines se recoupent largement. Comment se fait-il que la construction sacrée apparaît soudain, au 11e siècle, sans origine visible ? Pourquoi, tout à coup, après des siècles de barbarie apparente, l’architecture renaît à la fois du sud avec l’art roman, et du nord avec l’art romain germanique ? Tout se passe comme si il y avait eu un trou dans le temps 

 

la tradition cachÉe des cathÉdrales

J.P. bayard

Edition DANGLES

 1999

Majestueuses et orgueilleuses, les cathédrales médiévales dressent depuis des siècles leurs flèches audacieuses comme un hymne à toutes les forces de l’univers. Défiant le temps et les lois de la pesanteur, dans leur silence séculaire elles parlent à l’âme humaine. Au Moyen Âge, où le sacré se mêle intimement à la vie quotidienne, l’Église est la gardienne des valeurs traditionnelles.


Dans les différentes phases de sa construction – depuis les plans jusqu’à la décoration – tout était orchestré pour donner une parfaite unité à la réalisation finale ; un chantier de cathédrale était avant tout l’union de créateurs anonymes qui œuvraient pour le beau et le sacré, un chant d’amour au Divin.


Jean Pierre Bayard, docteur des lettres et ingénieur des travaux publics, grand spécialiste du symbolisme traditionnel, nous fait entrer dans ce monde d’union entre le matériel et le spirituel. Il nous fait retrouver l’intelligence intuitive de ces compagnons qui vivaient les symboles, évoquant pour nous ces merveilleux tracés régulateurs obtenus à partir de trois instruments simples (équerre, compas et règle), les mesures harmoniques et le module, la richesse symbolique de la décoration, toute la grandeur et la beauté sensuelle de ces navires de pierre édifiés à la gloire de Dieu.

 

Il nous fait revivre cet élan créateur à travers un texte abondamment documenté (plus de 300 photos et schémas), nous invitant ainsi à retrouver nos racines.

 

la voie chevaleresque et l’initiation royale dans la tradition chrÉtienne

Gérard de sorval

Edition Dervy

 1993

Ce traité met en lumière la doctrine spirituelle de la chevalerie et son ésotérisme. Il explique sa méthode initiatique permettant d’entrer activement dans la voie de la perfection.

Ses 3 règles majeures sont : la guerre sainte, l’amour de la beauté et le service de Dieu.

Très belle réflexion sur la chevalerie et la notion de Royauté sacrée en France au Moyen-Âge. Le livre de Gérard de Sorval nous ouvre à une manière de penser que nous avons oublié. Loin d'être la période obscure décrite par la propagande laïco-athée des 19ième et 20ième siècle, le Moyen Age est une période lumineuse où le rapport au monde s'inscrit dans une recherche constante du  sacré et du Créateur.

 

Cette quête du lien entre le Ciel et la Terre s'exprime constamment dans le langage symbolique présent à tous les niveaux de la société de l'époque mais surtout au sein de la caste chevaleresque. En effet, alors que l'adoubement est considéré comme un huitième sacrement de la Sainte Église, le chevalier incarne réellement les forces de Lumière dissipant les ténèbres et le mal.

 

L'auteur nous présente ici, étape par étape, l'initiation chevaleresque ou comment l'homme de simple guerrier fini par revêtir l'armure de lumière qui en fera un véritable défenseur du Bien.  Dans une seconde partie, Gérard de Sorval évoque l'initiation royale, couronnement de l'initiation chevaleresque. On découvre une conception de la royauté médiévale bien éloignée de la caricature qu'on en fait habituellement. Conception du Roi Très Chrétien, véritable médiateur entre Dieu et les hommes et hissant son royaume vers les portes du Royaume.

 

En conclusion, un livre auquel on se référera régulièrement tant il est riche de réflexions et de pistes à approfondir.

 

LE BAPHOMET – FIGURE DE L’ḖSOTḖRISME TEMPLIER ET DE LA FRANC-MAÇONNERIE

   Spartakus Freemann et D. S. Soror

Edition Hermesia

 2015

Depuis leur disparition tragique au 14e siècle, les templiers n’ont cessé d’alimenter ce qu’il est convenu d’appeler l’Histoire mystérieuse : empilement d’énigmes et d’extrapolations, serpentant dans les failles de l’Histoire officielle et dans lequel il est malaisé de distinguer le vrai du faux. Aux templiers, on a tout supposé 1 la possession du Saint-Suaire, celle du Graal, la découverte de l’Amérique, la jouissance d’un trésor fabuleux (matériel ou spirituel), des secrets alchimiques, la perpétuation de l’ordre dans des confréries occultes, des mœurs indécentes, des initiations clandestines, jusqu’à l’adoration du Diable.

 

Mystère des mystères, le Baphomet trône tout en haut de ce labyrinthe de conjectures. A l’origine, pièce parmi d’autres dans le procès, l’idole gagna le devant de la scène avec la naissance du templarisme maçonnique, vers le milieu du 18e siècle, alimentant à la fois le corpus mythique de la franc-maçonnerie et les thèses anti- maçonniques. Mais c’est à Eliphas Levi que reviendra l’honneur de lui donner la silhouette plutôt inquiétante d’un androgyne à tête de bouc, un flambeau planté entre les cornes, le front orné d’un pentagramme.

Tantôt diabolisé, tantôt réhabilité au gré des interprétations, Baphomet portera finalement toutes les couleurs du manteau bigarré que ses biographes lui ont tricoté au fil des siècles, en conservant toujours des bûchers templiers comme une odeur de roussi. S’efforçant de faire la part du mythe et de la réalité, cet ouvrage retrace la lente émergence du mythe. Remarquablement documenté, il fascinera les amateurs de mystère, mais également tous ceux que captivent les mythes jalonnant l’aventure humaine.

 

Nous arrivons à présent au coeur d’une figure mythique liant les rites secrets des Templiers à ceux des Ophites, nous voulons parler du Baphomet, ce « dieu » ou symbole des Templiers. Nous insistons ici pour que le lecteur comprenne bien que nous ne voulions pas lier la Baphomet en tant que fantasme au courant Naasène.

Nous voulons prendre distance avec ces rêveurs, chasseurs de gueuses considérations, qui, s’imaginant fils de Baphomet, pensent être les dieux de leurs frères humains. Nous voulons simplement montrer que le fluide coule depuis toujours, sub terraneus ou publicitaire, ayant traversé les fleuves du temps et de l’espace, afin de nous effleurer de ses vertes volutes. Les Chercheurs de Lumière ne ressentent que peu de plaisir dans les jeux généalogiques…

Le terme de Baphomet remonte au procès des Templiers, ce serait la fameuse « tête magique », prétendue idole des pauvres chevaliers du Christ. Cet objet du culte templier était tantôt une idole ayant une seule tête barbue et tantôt une idole possédant trois têtes, mais il n’est jamais fait mention – à notre connaissance – de son corps. Une de ces têtes sera d’ailleurs retrouvée avec l’inscription « CAPUT LVIII ». Dans les comptes rendus du procès, ces têtes étaient censées donner la richesse, le pouvoir et la santé aux chevaliers. Selon Hugh Schonfield, dans son « The Essene Odyssey », on ne peut qu’admettre, en considérant les implications de ces têtes et du décodage du Baphomet comme étant la Sagesse qu’« il ne peut y avoir que peu de doutes sur le fait que l’idole des Templiers représentait la Sophia en son aspect féminin et isiaque et qu’elle était liée à Marie Madeleine dans son aspect chrétien ». Baphomet n’en reste pas moins le champ psychique généré par l’ensemble des êtres vivants sur cette planète.

 

Depuis l’Ère Shamanique, on l’a souvent représenté comme Pan, Pangenitor, Pamphage, le Destructeur, Shiva-Kali – le phallus créateur et l’abominable et destructrice mère – comme Abrasax  comme le Démon du sexe et de la mort à tête d’animal, comme l’Archonte démoniaque qui dirige ce monde, comme Ishtar ou Astarté – déesse de l’amour et de la guerre – comme l’Anima Mundi ou Monde des Âmes ou simplement comme la « Déesse ».

 

D’autres représentations comprennent l’Aigle, ou le Baron Samedi, ou Thanateros, ou Cernunnos. Aucune image ne peut représenter la totalité de ce que cette force est, mais on la montre conventionnellement comme un dieu hermaphrodite, divinité sous la forme d’un homme qui comprend diverses caractéristiques mammaires ou reptiliennes. L’image contient souvent des éléments floraux et minéraux ainsi que des éléments ramenant au concept de la mort car cette force comprend aussi la mort. Vie et Mort ne sont que de simples phénomènes au travers desquels la force vitale se réincarne continuellement. Nier la mort c’est nier la vie. Les aspects de la divinité mâle et femme qu’est Baphomet sont toujours soulignés car c’est par le sexe que la vie est créée et la sexualité mesure la force vitale ou la vitalité, quelle que soit la manière dont elle est exprimée.

 

Presque toutes les mythologies gardent en mémoire des légendes relatives aux énergies reptiliennes qui précédèrent les dieux eux-mêmes. Ainsi, dans de nombreuses cosmologies, nous avons des serpents-Léviathans entourant l’univers, ou des Tiamat-dragons d’où émergent toutes les existences. Les dieux sont souvent décrits comme ayant emprisonné ces forces reptiliennes, ou cherchant à les détruire. Il existe un ensemble de documents templiers sur lesquels on peut examiner des symboles et des personnages dont l’essence remonterait aux cultes de Priape ou du Serpent. Sur l’un de ces documents, l’on peut examiner une figure nue portant une coiffure à la Cybèle  qui tient une chaîne de ses deux mains et qui est entourée de symboles divers, le soleil et la lune au-dessus d’elle, en dessous, le Pentagramme et l’Hexagramme et sous ses pieds un crâne humain. Cette chaîne est le symbole des anneaux du serpent et donc de la fraternité des Ophites.

 

On trouve aussi un texte en langue arabe que l’on ne peut traduire directement, mais toutefois, si l’on applique une grille de décodage, le sens est : « Que Meté soit loué ! Il fait germer et fleurir toutes choses ! Il est notre principe qui est un et sept ! Abjure ta foi et abandonne-toi à tous les plaisirs ».Sur un autre document, on peut examiner deux personnages androgynes : le premier est plutôt féminin mais pourvu d’un sexe masculin. Il tient une chaîne dans chaque main. – le second est de type masculin portant une barbe et ayant un sexe féminin. Il porte également une chaîne dans chaque main. Sur les côtés sont disposées 12 étoiles, à gauche en bas, il y a un Pentagramme et à droite un Hexagramme. Sous ses pieds, il y a un crâne humain.

 

Lisons à présent un extrait de « Les demeures philosophales » de Fulcanelli :« Dans l’expression hermétique pure, correspondant au travail de l’Oeuvre, Baphomet vient des racines grecques Bapheus, teinturier, et mès, mis pour mètè, la lune, à moins qu’on ne veuille s’adresser à mèter, génitif mètros, mère ou matrice, ce qui revient au même sens lunaire, puisque la lune est véritablement la mère ou la matrice mercurielle qui reçoit la teinture ou semence du soufre, représentant le mâle, le teinturier, Bapheus – dans la génération métallique. Baphè a le sens d’immersion et de teinture. Et l’on peut dire, sans trop divulguer, que le soufre, père et teinturier de la pierre, féconde la lune mercurielle par immersion, ce qui nous ramène au baptême symbolique de Mété exprimé encore par le mot baphomet. Celui-ci apparaît donc bien comme le hiéroglyphe complet de la science, figurée ailleurs dans la personnalité du dieu Pan, image mythique de la nature en pleine activité. Le mot latin Bapheus, teinturier, et le verbe meto, cueillir, recueillir, moissonner, signalent également cette vertu spéciale que possède le mercure ou lune des sages, de capter, au fur et à mesure de son émission, et cela pendant l’immersion ou le bain du roi, la teinture qu’il abandonne et que la mère conservera dans son sein durant le temps requis. C’est là le Graal, qui contient le vin eucharistique, liqueur de feu spirituel, liqueur végétative, vivante et vivifiante introduite dans les choses matérielles.

 

Quant à l’origine de l’Ordre, à sa filiation, aux connaissances et aux croyances des Templiers, nous ne pouvons mieux faire que citer textuellement un fragment de l’étude que Pierre Dujols, l’érudit et savant philosophe, consacre aux frères chevaliers dans sa « Bibliographie générale des Sciences occultes » . Les frères du Temple, dit l’auteur, – on ne saurait plus soutenir la négative, furent vraiment affiliés au Manichéisme. Du reste, la thèse du baron de Hammer est conforme à cette opinion. Pour lui, les sectateurs de Mardeck, les Ismaéliens, les Albigeois, les Templiers, les Francs-maçons, les Illuminés, etc., sont tributaires d’une même tradition secrète émanée de cette Maison de la Sagesse (Dar-el-hickmet), fondée au Caire vers le XIe siècle, par Hakem.

 

 L’académicien allemand Nicolaï conclut dans un sens analogue et ajoute que le fameux baphomet, qu’il fait venir du grec Baphomètos, était un symbole pythagoricien. Nous ne nous attarderons point aux opinions divergentes d’Anton, Herder, Munter, etc., mais nous nous arrêterons un instant à l’étymologie du mot baphomet. L’idée de Nicolaï est recevable si l’on admet, avec Hammer, cette légère variante : Baphè Mètèios, qu’on pourrait traduire par baptême de Mété. On a constaté, justement, un rite de ce nom chez les Ophites. En effet, Mété était une divinité androgyne figurant la Nature naturante. Proclus dit textuellement que Métis, nommé encore Epikarpaios, ou Natura germinans, était le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent. On sait aussi que les Hellènes désignaient, par le mot Métis, la Prudence vénérée comme épouse de Jupiter. En somme, cette discussion philologique avère de manière incontestable que le Baphomet était l’expression païenne de Pan. Or, comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptêmes : l’un, celui de l’eau, ou exotérique ; l’autre, ésotérique, celui de l’esprit ou du feu. Ce dernier s’appelait le baptême de Mété. Saint Justin et saint Irénée le nomment l’illumination. C’est le baptême de la Lumière des Francs-maçons.

 

LE MYSTḖRIEUX BAPHOMET -  TÊTE MAGIQUE DES TEMPLIERS   -

 J. Chopitel et C. Gobry

Edition Mercure Dauphinois

 2016

Le nom de Baphomet évoque le plus souvent une tête effrayante, cornue et barbue qui ressemble à l'image populaire du Diable, et qui est entourée d'histoires et de mystère. Baphomet est le nom donné par certains occultistes du XIXème siècle à l'idole mystérieuse que les chevaliers de l'Ordre du Temple furent accusés, à tort ou à raison, de vénérer et qui a été invoquée entre autres au procès arrangé pour justifier leur condamnation. Pourtant, «l'idole» ou «la tête magique» que les Frères ont été accusés d'adorer n'avait alors pas de nom. Qui plus est, ceux qui avouèrent, sous la menace ou la torture, qu'ils l'avaient vue et même touchée, l'ont dépeinte de manières très variées et souvent fantasques.

 

En outre, ces Frères n'ont pas su témoigner plus clairement de ses pouvoirs et de sa fonction dans les chapitres où ils ont affirmé qu'elle officiait. Et même, aucune sorte de Baphomet n'a pu effectivement être présentée comme pièce à conviction. Plus tard, on a bien trouvé dans les archives du Vatican, un rituel du Baphomet, mais celui-ci semble avoir été ignoré par les inquisiteurs. Les figures appelées de nos jours des Baphomets sont, en fait, des représentations ultérieures au procès. Si les descriptions du Baphomet sont multiples et énigmatiques, les hypothèses sur l'origine de son nom le sont tout autant. Elles prennent les apparences d'une sorte de rébus pour nous éclairer sur l'étendue de sa signification ésotérique et alchimique. Ainsi, le Baphomet nous ramène à la recherche de la Connaissance suprême, à la quête du Graal ou du secretum templi. Il se présente - selon l'expression de Fulcanelli - comme «l'image synthétique où les initiés du Temple avaient groupé tous les éléments de la Haute Science et de la Tradition». Il se montre comme la Face de Dieu dont la vision provoque la mort initiatique.

 

A travers l’Histoire de l’occultisme occidental, le nom mystérieux de Baphomet a souvent été invoqué. Même si ce nom devint connu du commun au treizième siècle, on trouve des références à Baphomet dans des documents qui ne datent pas moins du onzième siècle. Aujourd’hui, le symbole est associé à tout ce qui a trait à l’occultisme, aux rituels de magie, à la sorcellerie, au satanisme et à l’ésotérique. Baphomet surgit souvent dans la culture populaire pour identifier quoi que ce soit d’occulte.

 

Le portrait le plus célèbre de Baphomet se trouve dans Dogmes et rituels de la Haute Magie, d’Eliphas Lévi, un livre de 1897 qui devint une référence classique de l’occultisme moderne. Que représente cette créature ? Quelle est la signification des symboles qui l’entourent ? Pourquoi est-elle si importante à l’occultisme ? Pour répondre à certaines de ces questions, nous devons premièrement regarder ses origines. Nous examinerons en premier lieu l’histoire de Baphomet et à plusieurs exemples de références à Baphomet dans la culture populaire.

 

Les Origines de son nom : Il y a plusieurs théories concernant les origines du nom « Baphomet ». L’explication la plus répandue prétend que c’est une corruption du vieux français désignant le prophète de l’Islam (Muhammad, latinisé en « Mahomet »). Durant les croisades, les chevaliers Templiers restèrent pour des périodes prolongées dans les pays du Moyen-Orient où ils ont eu connaissance des enseignements du mysticisme arabe. Ce contact avec des civilisations orientales leur a permis de ramener en Europe les bases de ce qui deviendra plus tard l’occultisme occidental, ce qui inclut le gnosticisme, l’alchimie, la Kabbale et l’Hermétisme. L’affinité des Templiers avec les musulmans a conduit l’Eglise à les accuser de vénérer une idole appelée Baphomet, donc il y a des liens possibles entre Baphomet et Mahomet. Cependant, il existe d’autres théories à propos de l’origine de ce nom.

 

Eliphas Lévi, l’occultiste français qui a fait cette fameuse description de Baphomet, avança l’argument que le nom dérivait d’un code cabalistique : « Le nom Templier Baphomet, qui devrait être cabalistiquement écrit à l’envers, est composé de trois abréviations : Tem. Ohp. AB. : templi omnium hominum pacts abbas, « le père du temple de la paix entre les Hommes. » Arkon Daraul, un auteur et professeur de tradition et de pratique magique soufie, prétendait que Baphomet venait du mot arabe Abu fihama(t), ce qui signifie « le père de la Compréhension ».

 

Le Dr. Hugh Schonfield, dont les travaux sur les parchemins de la mer Morte sont bien connus, a développé une des théories les plus intéressantes. Schonfield, qui a étudié un code secret juif appelé le code d’Atbash, qui était utilisé lors de la traduction de certains des parchemins de la mer Morte, prétendait que lorsqu’un s’appliquait au mot « Baphomet », il renvoyait au mot grec « Sophia », qui signifie « sagesse, connaissance » et qui est aussi synonyme de « déesse ».

 

L’image moderne de Baphomet semble prendre racines dans plusieurs sources antiques, mais d’abord dans les dieux païens. Baphomet affiche une ressemblance à des dieux présents tout autour du globe, dont l’Egypte, l’Europe du Nord et l’Inde. En fait, un grand nombre de mythologies de civilisations anciennes comprennent un genre de déité cornue. Selon la théorie jungienne, Baphomet est la continuation de l’archétype du dieu cornu, étant donné que le concept d’une déité surmontée de cornes est présente universellement dans le psychisme de l’individu. Est-ce que Cernunnos, Pan, Hathor, le Diable (représenté par les Chrétiens) et Baphomet ont une origine commune. Certain de leurs attributs présentent une ressemblance frappante.

 

Au sommaire de cet ouvrage est développé :

 

Les chevaliers du Temple  -   la chevalerie universelle   -    les templiers et la Gnose  -   L’ordre intérieur du Temple et la règle de Roncelin   -     Contexte politico-religieux du procès des templiers    -     Chefs d’accusation et témoignages   -   D’où viendrait donc « Baphomet »    -   Les représentations baphométiques et leur localisation   -    Les saintes Faces du Christ non peintes de main d’homme  -       A propos de quelques têtes enchantées   -    L’Idole est une tête  -    Personnages et animaux polycéphales et autres monstres   -   Symbolisme des cornes   -  Les cornes du Cerf et la tradition celtique   -   Il est barbu et Androgyne, le Baphomet   -    Têtes sans corps et corps sans tête   -     Quelques saints décapités   -  Interprétation symbolique de la tête coupée   -     le Baphomet des Alchimistes   -   La Face de Dieu   -   la règle de Roncelin   -   Aleister Crowley et son pseudonyme : « le Baphomet »   -   Aperçus sur le Baphomet, roman de Tribulat Klossowski    -    Aperçus sur Tribulat Bonhomet, roman de Villiers de l’Isle Adam   -  

 

LES YEUX DU BAPHOMET  -  LES TEMPLIERS ET LE BAPHOMET

Divers auteurs

Edition  Rafael de Surtis 

 2004 

José Anes nous raconte les Templiers et leurs mythes ; les Templiers après leur disparition ont engendrés et mélangés l’histoire, les mythes et les légendes ; l’élaboration de ces mythes et légendes débuta donc après la tragique destruction du Temple sous les coups portés par le roi Philippe le Bel et le Pape, le point culminant étant le supplice de Jacques de Molay en 1314, qui fut en quelque sorte le bouc émissaire de cette volonté politique et religieuse d’éradiquer cet Ordre. Si l’on suit René Girard dans ses hypothèses, la destruction de cette victime, qui est l’Ordre du Temple, est essentielle à sa sacralisation, tout comme un roi n’est sacré qu’à sa mort.

 

Cette sacralisation ad aeternam a rendu l’Ordre bon pour être mythifier. Tout comme l’histoire est respectable, le mythe l’est tout autant, le mythe étant une élaboration imaginaire, ayant une existence réelle dans le monde, que le matérialisme dialectique nomme superstructure, laquelle interagit avec le monde historique des infrastructures. «  Le mythe est un opérateur logique qui résout des contradictions ». Dans le cas de l’Ordre du Temple, contradictions et paradoxes pourront trouver résolution dans les mythes templiers, ainsi :

La contradiction qui se manifeste dans la splendeur et la puissance de l’Ordre d’une part, sa fin sans gloire d’autre part

La contradiction apparente entre un Ordre chrétien et catholique reconnu et respecté et les accusations inquisitoriales d’hérésie

Le paradoxe de caractère occidental de l’Ordre dans un environnement oriental qui l’aurait finalement contaminé doctrinalement.

 

Nombreux furent ceux, comme Dante et sa Divine Comédie qui cherchèrent à innocenter l’Ordre du Temple et accusèrent le Pape et le roi de France de mauvaise foi et de calomnie, on trouvera avec lui la Stricte Observance et le baron Hund, Willermoz et le R.E.R, les grades dit de vengeance en F.M.  et d’autres.

 

Marc Petit raconte le Chevalier Abner qui en 1310 attendait au fond d’un cachot, la venue des gendarmes pour l’emmener à l’interrogatoire ; il était décider à tout nier compte rendu qu’il ne se sentait pas coupable, mais l’inquisition est redoutable et le supplice insupportable pour certain, alors que va-t-il dire ou avouer ?

 

Remi Boyer nous fait pénétrer dans cette assemblée présidait par Asmodée lors d’une lune noire fin de l’an 2003 et qui ouvre la séance par ces mots « Bienvenue à vous, pèlerins et vagabonds des profondeurs obscures et des méandres de l’Ombre, les travaux de la cour vont être ouvert pour le bien de l’obscurité »

 

Daniel Walther nous parle des yeux du Baphomet, et du supplice de Tristan de Pradines.

 

Alain Pierre Pillet, raconte l’histoire des deux frères Hugues et Geoffroy, leur enfance et plus tard ce sont eux fondèrent le Temple.

 

Bernard Jurth nous entraine dans les dernières années de l’Ordre, avec les barons du régime, certains qui furent tortionnaires des templiers, pour le plaisir, la cupidité, ou la soumission au pouvoir religieux et politique.

Anne Letoré nous parle de Gauthier d’Angoulême, chevalier apostat

 

Paul Sanda décrit le bûcher et donne les noms des très nombreux chevaliers qui y brulèrent.

 

Sarane Alexandrian explique les aveux du Chevalier de Fravaux

Jehan Van Langhenhoven nous entraine dans les touffeurs mortifères d’une Jérusalem exfoliée

Pierre Soletti et les marchands du Temple.

 

Georges-Olivier Chateaureynaud et les parfaits inconnus.

 

Eric Tessier et le feu de Saint Antoine

 

Anne Poiret nous raconte les légendes merveilleuses qui ont fleuries depuis 700 ans  sur : le Baphomet, Sorgues et l’alphabet.

 

LE  BESTIAIRE  DES  CATHÉDRALES 

PIERRE   RIPERT 

EDITION   DE VECCHI

 2010

Cet excellent livre nous dévoile le symbole et l’imagerie de la statuaire médiévale, la symbolique des monstres, gargouilles et autres chimères.

 

Qui n’a jamais été frappé par la vie et la malice des animaux et des monstres qui peuplent les frontons de pierre de nos églises ? Puisant à la fois dans l’imaginaire et dans l’observation la plus fine de la nature, les imagiers du Moyen Âge ont, avec eux, raconté les vices et les vertus des hommes, symbolisé les mystères de la vie et de la mort, du paradis et de l’enfer. Mais qui sait encore lire ces livres de pierre. La plupart des symboles cachés nous échappent aujourd’hui.

 

Dans ce livre passionnant, érudit mais très facile d’accès, fourmillant d’informations, Pierre Ripert décrypte pour nous le bestiaire des cathédrales. Il nous dévoile pierre après pierre, l’art de l’allégorie médiévale, qui s’est nourrie aux mythes les plus anciens, il montre la place de la nature et des monstres dans l’imaginaire occidental, avant de nous entraîner dans les labyrinthes de l’architecture sacrée, de Chartres à Reims, en passant par Paris, Lyon ou Amiens.

 

L’ouvrage se ferme sur un lexique, aussi insolite qu’exhaustif, de ces animaux, réels ou fabuleux.

 

Après avoir lu ce livre vous visiterez autrement les églises, et vous saurez les secrets symboliques de ces étranges gargouilles qui font, encore, le mystère des cathédrales.

Est développé :

 

Les monstres dans l’art avec : la naissance des monstres, le panthéon égyptien, les dragons grecs, les prodiges romains, les démons chrétiens.

L’homme médiéval et l’Eglise : Les premiers chrétiens, le gouvernement de l’Eglise, les rites et les fêtes, le Grand Miroir du monde, la grande encyclopédie de Chartres.

L’art statuaire chrétien des catacombes aux cathédrales : Les colombes des catacombes, les icônes brisées de Byzance, les livres de pierre des moines de Cluny, les splendeurs de l’Orient sur les piliers romans, les chimères du gothique.

 La cathédrale, livre d’images : Le langage universel de l’image, les sources des imagiers, les imagiers, les architectes, le spectacle est sur les murs, précis des figures animales sculptées.

Précis d’architecture : Auréoles, amandes, gloire, mandorle, nimbe, baptistères et fonts baptismaux. Les édifices avec les abbatiales, les basiliques, les cathédrales, les chapelles, les cryptes, les églises. Les divers styles : cistercien, clunisien, flamboyant, gothique, ogival, rayonnant, roman de transition. Les diverses sortes de vitraux, barlotière, grisaille et vitrail.

 

 LE BLASON.  LANGAGE DE L’HḖRALDIQUE

 Patrice de la Perrière et Stéphane Rossini

 Edition  Dervy

  2018

« Le Blason est aujourd’hui un langage qui nous semble peu accessible alors qu’il était probablement très partagé au XIIIème siècle. L’héraldique, nous dit d’emblée Michel Pastoureau, est la science qui a pour objet l’étude des armoiries. Celles-ci peuvent se définir comme des emblèmes en couleurs, propres à un individu, à une famille ou à une collectivité et soumis dans leur composition à des règles particulières qui sont celles du blason. C’est l’existence de ces règles – au reste peu nombreuses, moins complexes qu’on ne le croit généralement, et dont la principale concerne l’emploi des couleurs  - qui différencie le système héraldique européen de tous les autres systèmes d’emblèmes, antérieurs ou postérieurs, militaires ou civils. »

 

L’ouvrage de Patrice de la Perrière et Stéphane Rossini allie pédagogie et esthétique pour mettre à notre disposition un véritable cours, très progressif, d’héraldique qui intéressera tous ceux qui sont concernés par le sujet ou, plus généralement, ceux qui s’intéressent au blason pour ses dimensions philologique, artistique ou historique. Si les armoiries étaient à l’origine individuelles et privilèges des combattants, elles devinrent héréditaires et ne demeurèrent pas réservées aux seuls hommes d’armes. Dès le XIIIème siècle, note Michel Pastoureau, des femmes, des artisans, des ecclésiastiques, voire des paysans, présentent leurs armoiries. Jamais, les armoiries ne furent réservées à la noblesse, comme nous le pensons couramment. Les armoiries se développèrent et connurent leur apogée entre le XIVème siècle et le XVIIème siècle avant de connaître des destins divers selon les cultures européennes.

 

Les auteurs évoquent les blasons comme de véritables « armes parlantes » tant elles apportent des informations sur la vie quotidienne de celui qui les porte. Ils participent à la fois à l’identité et au devenir. La première partie de ce livre indispensable est consacré au blason lui-même : l’écu, les émaux (métaux et couleurs – règle chromatique – fourrures – gravures), les partitions, les pièces, les meubles. La deuxième partie étudie la syntaxe élémentaire : l’énoncé du blason, les variations des pièces et meubles, la lecture des armoiries, les écus composés, les armes parlantes et la création d’un blason.

La troisième partie développe les grands thèmes du monde médiéval comme la triple joie (chasse, amour courtois, guerre), le bestiaire, la flore du blason dont les plantes magiques et d’autres thématiques comme les animaux fabuleux (dragon, griffon et autre licorne).

Le reste de l’ouvrage traite des sceaux, ornements, armoriaux et enfin des tournois qui exaltèrent l’art du blason comme en témoigne le grand armorial équestre de la Toison d’Or, rassemblant les armes de l’ordre fondé par Philippe le Bon en 1430 à l’occasion de son mariage avec isabelle de Portugal. Cette partie de l’ouvrage est magnifiquement illustrée. L’art du Blason fut largement un art français et fait partie de l’héritage du pays, un héritage qu’il serait bon de se réapproprier afin d’accéder à la connaissance qu’enseigne sa riche symbolique

 

Les armoiries se composent de deux éléments : des figures et des couleurs. À l'intérieur de l'écu (dont la forme peut être variable), les unes et les autres ne peuvent pas être employées ni associées n'importe comment. Elles obéissent à des règles de composition, peu nombreuses mais permanentes et contraignantes. Ce fait est important car il met en valeur la différence essentielle qui existe entre l'héraldique européenne et les systèmes emblématiques utilisés par d'autres civilisations. C'est ainsi que les Japonais, les Mamelouks, les Incas, certaines ethnies africaines ou océaniennes ont, à un moment ou à un autre de leur histoire, utilisé des emblèmes présentant avec les armoiries occidentales des ressemblances certaines mais dont la composition n'a jamais été codifiée par des règles impératives.

La principale règle du blason concerne les couleurs. Celles-ci n'existent qu'en nombre limité et portent (en français) des noms particuliers qui soulignent leur caractère abstrait, conceptuel : or (jaune), argent (blanc), gueules (rouge), sable (noir), azur (bleu), sinople (vert) et pourpre (violet-gris). Ces couleurs ne peuvent pas s'employer indifféremment. Le blason, en effet, répartit ces sept couleurs en deux groupes : dans le premier sont rangés l'or et l'argent ; dans le second, le gueules, le sable, l'azur, le sinople et le pourpre. La règle interdit de superposer ou de juxtaposer deux couleurs appartenant au même groupe. Prenons l'exemple simple d'un écu dont la figure est un lion ; si le champ de cet écu est d'azur, le lion pourra être d'or ou d'argent, mais il ne pourra pas être de gueules, de sable, de sinople ou de pourpre. Inversement, si le champ est d'or, le lion pourra être de n'importe quelle couleur sauf l'argent. Cette règle fondamentale existe dès l'apparition des armoiries, c'est-à-dire dès le début du XIIe siècle. On suppose qu'elle a été empruntée aux bannières (dont l'influence sur les premières armoiries a été considérable)

 

LE CAVALIER BLEU ou LE DERNIER CHEVALIER DU GRAAL

Henri MONTAIGU

Edition DE NOEL

 1974

Une très belle légende sur fond de Graal et de recherche initiatique.

 

Un récit prenant qui nous amène à nous interroger sur notre propre cheminement et nous donne une raison de nous mettre en route

 

Le combat métapolitique d’Henry Montaigu se sera accompagné aussi pendant vingt ans de la publication d’une vingtaine de livres. Au beau milieu, en 1982 ce fut Le Cavalier bleu. « Ce livre rêvé depuis l’enfance, l’héritage Aquitaine, ma principauté de rêve ». Il apparaît comme la figure centrale et testamentaire de l’œuvre, en pleine coïncidence avec l’être profond de son auteur. « C’est un livre étendard et un livre labyrinthe … Il contient tout ce que je sais, tout ce qui m’est possible de transmettre à toutes sortes de niveaux. C’est un poème, un roman, une chronique et une doctrine … C’est une mise en action de la mythologie française. Pour moi c’est l’aboutissement de ma longue marche intérieure, entre l’Histoire et l’Apocalypse, toutes deux dépassées », confiait-il. »

 

Henry Montaigu (1936-1992) aura traversé un demi-siècle en navigateur solitaire même si quelques Amis  lui prêtèrent escorte. L’auteur du Cavalier bleu était une des dernières grandes figures qui incarnaient l’idée royale en France, sur les traces de Joseph de Maistre et de Georges Bernanos

 

LE combat des templiers

P. girard augry

Edition BAUDRY

 2003.

Les combats des Templiers furent-ils ceux des « fils de lumière contre les fils de ténèbres incarnés » au Moyen Âge par un Islam conquérant ? « Gardiens de la Terre sainte » et de l’omphalos ou centre spirituel de la tradition chrétienne, ils surent manier le « glaive à deux tranchants ».


Leur vocation monastique inspirée par la Règle cistercienne de saint Bernard conduisit le troisième grand maître de l’Ordre, Évrard des barres, à entrer comme moine à Clairvaux et à y finir ses jours.

 

Mais aussi moines-guerriers, combien furent-ils à périr en Terre sainte, massacrés ou décapités, sans ne jamais adjurer leur foi ? Que peut craindre le soldat du Christ, puisque « soit qu’il vive, soit qu’il meure, Jésus-Christ seul est sa vie et que, pour lui, la mort est un gain », comme l’écrivait aux chevaliers du Temple saint Bernard ?

Et la lutte du Bien contre le Mal est inscrite aussi bien dans l’Ancien et le Nouveau Testament que dans le Règlement de la guerre et de la fraternité des Esséniens. Le prince Arjuna lui-même, dans la BHAGAVAD-GÎTÂ indoue, ne se posait-il pas la même question : « A quoi bon tuer les miens dans la bataille !

 

Je ne désire ni victoires, ni royaumes, ni plaisirs » ? À quoi le Seigneur Krishna répondit, en lui dévoilant le suprême secret : «En Moi prends refuge, en toutes les voies de ton être, et par Ma grâce tu parviendras à la paix suprême et à la condition éternelle. »

 

Les Templiers ne sont pas les Cathares, bien sûr, et leur spiritualité s’est développée dans l’adaptation au monde et non dans le refus du monde, mais ils ne pouvaient méconnaître le catharisme qui leur était contemporain.

 

Bien plus, ils se sont nourris aux mêmes sources. L’exigence morale est chez eux tout aussi profonde, même si les voies empruntées pour la mettre en pratique sont différentes.

Il suffit de lire la Règle du Temple pour en prendre la mesure. Le don de soi (oblatio) est total, absolu. Dans le rituel de réception, la note est clairement donnée : Vous trouvez beau l'Ordre du Temple avec ses manteaux blancs, mais ce que vous voyez là, c'est l'écorce… Voyez-vous bien les duretés qui sont au dedans ? Vous avez envie, vous, d'aller ici ? on va vous envoyer ailleurs. Voulez-vous être en Europe ? on va vous envoyer outremer. Voulez-vous aller outremer ? attendez-vous à être affecté en Europe. Voulez-vous dormir ? vous allez veiller. Voulez-vous veiller ? il vous faudra rester à dormir. On ne prend pas assez la mesure de la rigueur de cette Règle. Les Templiers sont entrés dans l’Ordre pour agir, pour aller défendre la chrétienté, et c’est à ces gens-là qu’on va peut-être donner ordre de rester où ils sont.

 

Quand on parle du don de soi dans l'Ordre du Temple, il faut l’entendre au sens plein du terme. Le Templier, en entrant dans l'Ordre, dépose réellement et totalement toute volonté propre dans les mains de celui qui le reçoit au nom de l'Ordre tout entier. Plus que la pauvreté matérielle, c'est là l’exercice d’une pauvreté morale au sens le plus élevé, préfigurant la spiritualité franciscaine qui verra le jour un peu plus tard. Car les fils du « Petit Pauvre » sont pauvres de tout, pauvres de soi-même, pauvres de leur volonté, ils s'abandonnent, ils sont disponibles sans réserve. Les franciscains sont des pérégrins : ils vont sur les routes, ils vont prêcher, et, lorsque leur action ne donne pas de résultat, ils ne s’acharnent pas et s’en vont, comme disait Saint François, en secouant la semelle de leurs souliers. Les Templiers avaient exactement la même façon de vivre la spiritualité dans un esprit d’adaptation et donc dans une instabilité continuels. Un Templier n’est rien. Il n’est que pour l'Ordre et tout ce que demande l'Ordre, il doit l’accomplir du mieux qu’il peut. L’obéissance ainsi comprise s’étend à tous les domaines de la vie car, tout étant axé sur la mission de l’Ordre, les exigences sont aussi bien matérielles que sociales ou même spirituelles.

 

Un frère peut être appelé un moment à vivre une extrême pauvreté dans un obscur emploi, puis, quelque temps après, se trouver propulsé au premier rang. A celui qui est élu pour assumer la Grande Maîtrise, par exemple, il sera demandé de s’entourer d’un certain apparat, de fréquenter les seigneurs et les rois, de donner des ordres, et cela même s’il est entré dans le Temple pour vivre la pauvreté et l’obéissance. Travailler à vivre la pauvreté, s’entraîner à renoncer à tout désir matériel, c’est le travail de toute une vie. Il serait illusoire de penser que c’était plus facile au Moyen-Age qu’aujourd’hui. Et tout d'un coup, parce que l'Ordre l’aura jugé nécessaire à l’accomplissement de son œuvre, il va falloir faire le travail inverse, s’accoutumer ou se réaccoutumer à vivre sur un certain pied, à être en représentation, à manier de l'argent, à commander. Il faut savoir en outre que les Templiers étaient extrêmement mobiles, géographiquement comme dans la nature de leur service. Chacun d’entre eux était amené à s’affronter, au cours de sa vie dans l’Ordre, à ce genre de dilemme. « Serf, et esclave de la Maison », les mots du rituel de Réception ne sont pas des allégories. Ils représentent l’exacte réalité du Temple, la réelle « dureté » de la Règle.

 

LE COMPAGNON FRANC-MAÇON ET L’ART DU TRAIT

Julien BEHAEGHEL

Edition La Maison de Vie

 2001

L’art du trait révèle la loi d’harmonie qui du carré long à l’étoile va faire voyager l’initié à la recherche de la lumière.

Second degré de la hiérarchie initiatique masculine, ce grade n’est pas vraiment un progrès après celui d’Apprenti. Comme il y a un âge ingrat entre l’enfant et l’adulte, il est difficile à vivre. Il n’y a pas changement de tablier et le Compagnon s’éloigne du centre qu’avait commencé à percevoir l’Apprenti. Il a toutes les occasions de s’égarer dans l’étendue de la manifestation. Cependant son existence change car il se met à cesser toutes les choses qui ne le satisfont plus.

 Il ne laisse jamais tranquille son Premier Surveillant et son parrain pour accumuler beaucoup de savoir. Il est toujours étroitement uni à la Chambre du Trait qui rassemble l’ensemble des Compagnons. Ils forment une sorte d’association qui se met d’accord pour faire un coup dont l’objectif est d’aller plus loin dans les sciences. Ce sont des chercheurs, des explorateurs.

 C’est un grade d’enseignement, qui donne un caractère abstrait à la pensée. Le plan du Compagnon est de percevoir le monde des causes, le monde du concept, car sans concept rien ne peut être fait. Mais cela s’accomplit sur le mode opératif. Les activités spéculatives et opératives sont indissociables de l’œuvre car ne peut être vrai que ce qui est manifesté sur tous les plans.

Dans la franc-maçonnerie conventionnelle, ce grade est mal compris car il s’appuie sur un rituel très faible. Les points fondamentaux pour achever les Petits Mystères sont notamment : le Nombre Cinq, les sens immatériels, le Quatrième Pilier, le Nombre d’Or, l’Etoile Flamboyante, la Pierre Cubique et les corps platoniciens, la spirale.

 Le second degré comporte l’Art du Trait, la Magie et le don de la parole, sciences qui donnent les moyens d’aller au bout des Petits Mystères.  L’Art du Trait rend apte à affronter la matière et permet de découvrir l’intérieur de la Pierre Cubique qui contient les polyèdres. La pensée polyédrique est abstraite, précise et rigoureuse ; c’est celle du Grand Architecte de l’Univers.

  Le Compagnon connaît les mesures et les proportions. Il vit l’abstrait grâce à la Géométrie sacrée. Mais il se géométrise plus qu’il ne maîtrise cette science. Celle-ci enseigne tous les stades de la vie, sans déviation possible. Elle donne accès à la structure de la création et à ses lois. Elle permet de jouer avec les formes en toute rigueur et de faire vivre la pierre. Ainsi peut-on découvrir le secret du Nombre Cinq et suivre le chemin de l’Etoile après en avoir percé le secret.

 Cela permet d’accéder à la Magie créatrice, génératrice du vivant. Avoir une vision magique du monde revient à reconnaître les énergies à l’œuvre dans l’univers. Celles-ci se maîtrisent par l’Art du Trait.  Le Compagnon travaille sur la Pierre Cubique pour la rendre parlante. La parole est l’ascèse du Compagnon. Au Moyen-Age, il taillait les chapiteaux pour les faire s’exprimer. C’est un imagier qui donne un sens à la pierre et transmet un enseignement intangible dans une forme originale, cependant il trace sous la direction des Maîtres, étant incapable de le faire seul. Il lit et traduit le plan des Maîtres en un langage perceptible, mais en abordant des domaines inexplorés.

 Cette évolution intérieure se concrétise par l’exécution d’un Chef-d’œuvre, réalisation personnelle originale élaborée avec l’aide des Maîtres. Quelle qu’en soit la forme, écrite sur un sujet en rapport avec les Petits Mystères, construction, musique, peinture..., il laisse percevoir par les Maîtres que la connaissance des lois causales et des fonctions créatrices est effective. Si ce Chef- d’œuvre est  accepté par la Chambre du Milieu, le frère devient Compagnon Fini, en capacité de franchir la porte des Grands Mystères. Un Maître qui n’est pas passé réellement par ce stade est frappé d’une sorte d’infantilisme et n’a jamais accès aux Grands Mystères.

 

Les autres livres de Julien Behaeghel sont au chapitre  1 B  -

 

LEGUAY  -      ILLUMINATOR    –     LE septiEme PALAIS

 Jean-Luc Leguay

Edition  Dervy

 2014.

Ne pas tuer.» Enfant de Caïn, ces mots hantent mon âme.

Le désert ocre, pierreux, semble sans fin. Des rochers, monstres antédiluviens, se dressent sur un ciel implacable. La chaleur est intenable. Les corbeaux tournoient inlassablement et crient leur désespoir d'un paradis perdu.

À perte de vue, des remparts démesurés protègent une vaste cité. Sous les hautes murailles, des milliers de femmes, d'enfants, d'hommes, courbés par la fatalité, attendent en rang devant l'unique portique en ruine qui donne accès à la ville. En cette terre inhospitalière, des soldats armés de mitraillettes gardent la porte, seul refuge face à la mort inéluctable qui menace la foule.

Entre une double haie de vigiles, les militaires obligent les personnes à se déshabiller, courir nus, se coucher, marcher à quatre pattes, ramper, se mettre sur le dos, le ventre, se relever, s'asseoir et repartir. Les femmes ont l'ordre d'exécuter des mouvements gymniques, danses et sauts... Enfin, pour des raisons de sécurité, tout le monde s'accroupit et des experts fouillent chacun intimement. Depuis de nombreux jours, des rumeurs couraient parmi nous... «Dans certaines mégapoles, des terroristes commettraient des attentats sanglants.»

Rassurés par ces mesures de précaution, les gens se soumettent de bonne grâce aux contrôles. Les formalités de routine accomplies, tous se rhabillent. Un fonctionnaire demande les noms et prénoms, puis tamponne un formulaire de laissez-passer en double exemplaire.

À l'écart, non loin de la cité, j'attends depuis plusieurs semaines. Je bois avidement l'eau de ma gourde. Elle est chaude et ne parvient pas à étancher ma soif. La faim me tourmente mais, pour l'instant, je préfère garder mon dernier morceau de pain. Découragé, je pose mon bissac, mon bâton et m'assieds sur le sol poussiéreux. Par esprit d'indépendance, je refuse de me mélanger à cette file d'attente, au milieu de ces étrangers, et de me plier à des procédures avilissantes. Forcément une solution existe pour franchir le seuil de la ville.

Sans réponse, mes pensées déracinées flottent dans des méandres de nostalgie vers un état perdu. Les images succèdent aux images, les sentiments aux sentiments. «Pauvre vagabond de la vie, où te trouves-tu ? Comment es-tu arrivé en ce lieu de cauchemar ?»

 

Mon Maître m'a transmis de terribles secrets.
Dans les lambeaux de ma mémoire, ces débris de souvenirs se mêlent sans signification. Mon avenir est noir, sans espérance d'un ciel nouveau, d'une parcelle de bonheur qui justifierait mon existence. Prisonnier de la cité maudite, j'affronte les sombres allées de la mort. Mon bâton de voyageur, avec ses signes protecteurs, tracera mon chemin de vie.


Aux confins de lointaines contrées, le septième Palais m'attend dans la lumière. Ce centre primordial recèle une arme qui peut détruire ou rebâtir les mondes. Heureux le sort des hommes qui s'empareront de ce mystère. Le temps est venu d'accomplir ma mission. Je suis un rêveur d'éternité.

Premier laïc d'une longue chaîne de tradition, Jean-Luc Leguay est l'un des derniers maîtres enlumineurs. Il a publié chez Albin Michel-Ipomée, Perceval, Le livre de l'Apocalypse, la Divine Comédie, chez Dervy, Le maître de lumière, Le tracé du maître, Mutus liber et, en 2013, une nouvelle édition de La Divine Comédie enluminée.


Avec Illuminator, il nous propose aujourd'hui un roman d'aventure initiatique inspiré d'authentiques enseignements traditionnels

 

LEGUAY - la divine comÉdie enluminÉe  PAR    JEAN-LUC LEGUAY

dante - LEGUAY

Edition  Ipomée – Albin-Michel

 2003

Un très beau livre sur le chef d’œuvre ésotérique de Dante. Des enluminures du Maître enlumineur Jean Luc Leguay, d’une grande beauté sur ce chef d'oeuvre de la Divine Comédie. Les trois mondes sont revisités par l’image et les merveilleuses enluminures de J. L. Leguay

 

Avant de pénétrer d'abord dans les Cercles de l'enfer, il est indispensable de jeter un coup d'œil sur l'ensemble de la Divine Comédie afin de bien se représenter cet Univers imaginaire tel que Dante l'a décrit. 

 

Lucifer, chef des Anges rebelles, a été précipité par Dieu du haut du Ciel sur la Terre. Il y tombe, la tête la première, s'y enfonce jusqu'au centre du Globe où il est condamné à rester fixé dans d'énormes masses de glace. La Terre, occupant elle-même, d'après Ptolémée, le centre de l'Univers, Lucifer se trouve, par conséquent, précisément au centre de cet Univers.

 

Sur lui repose l'Enfer tout entier, que sa formidable chute a creusé dans la Terre sous la forme d'un cône renversé, d'un immense entonnoir, dont le grand côté — l'entrée — est à la surface de la Terre et le plus petit au centre. Le système cosmographique décrit par Dante n'est pas le fruit de sa seule imagination.

Il résulte aussi des données diverses de l'époque et des traditions antérieures. La Bible, la Mythologie, Aristote. Ptolémée, les Pères de l'Eglise, les écrivains de l'Antiquité et du Moyen Age, etc., ont fourni au poète les principaux matériaux de sa vision. 

 

L'Enfer est divisé en neuf Cercles concentriques superposés, sortes de galeries longeant les parois cylindriques du cône. Dans ces galeries sont placés les damnés, classés d'après leurs crimes. Ces Cercles, de plus en plus petits, comportent des tourments appropriés, de plus en plus terribles à mesure que l'on descend. Ils sont parfois subdivisés en autant de compartiments que le Vice général qui y est châtié offre d'espèces différentes. Au fond de l'Enfer se trouve l'entrée difficile (interdite et impossible aux damnés) d'un long souterrain, qui fait suite à l'Enfer et conduit au côté de la Terre opposé à celui où se trouve l'entrée de l'Enfer. Ce souterrain aboutit au pied d'une montagne colossale, entièrement entourée d'eau et située au centre de l'hémisphère désert de la Terre, aux antipodes de Jérusalem, qui occupe le centre de l'hémisphère habité.

 

Cette montagne, c'est le Purgatoire. Arrivé là, Dante a donc parcouru en entier le diamètre terrestre, dont le premier rayon est occupé par l'Enfer et le second par le souterrain de sortie. La montagne purgatoriale a été formée, d'un seul coup, par la masse terrestre chassée en dehors de la Terre par la violente chute de Lucifer. Il est donc compréhensible que le Purgatoire affecte la forme contraire à celle de l'Enfer: une montagne au lieu d'un cône renversé et vide. Au lieu de descendre, comme dans l'Enfer, on monte. Le Purgatoire est divisé aussi en sept Cercles ou girons (girone).

 

Au sommet est le Paradis terrestre ou jardin d'Éden. Une ligne droite partant de l'Éden et tirée jusqu'à Jérusalem passerait donc au centre de tous les Girons du Purgatoire et de tous les Cercles de l'Enfer, au centre de la Terre et de l'Univers. Dans chaque Cercle du Purgatoire les pécheurs trouvent successivement l'expiation de leurs fautes et la purification graduelle de leur âme en contemplant, sous diverses apparences, des exemples de la vertu opposée à leur vice. Le Paradis est divisé en neuf sphères dont la révolution autour de la s'opère Terre. Plus on s'élève de sphère en sphère, plus les Vertus qui s'y trouvent sont pures, plus leur félicité est grande, car ils sont plus rapprochés de Dieu. Enfin, au plus haut des Cieux résident la Trinité et les mystères chrétiens. C'est Béatrice qui vient, au seuil du Paradis, remplacer Virgile pour guider le Poète. Arrivé au haut du Paradis, Dante succombe à l'éclat d'une vision que ses regards humains sont impuissants à contempler; et, de même qu'un sommeil pesant l'a empêché de connaître la route qui l'a conduit dans l'Enfer, de même la splendeur divine qui l'éblouit l'empêche de connaître le chemin qui le ramène du Paradis à la Terre. 

 

Le titre donné par Dante à son poème n'est pas : La Divine Comédie, mais simplement : La Comédie. Par le mot Comédie, le poète entendait, suivant l'usage de son temps, une œuvre écrite en langue vulgaire moderne, par opposition à Tragédie, désignant une œuvre de l'Antiquité, écrite en une langue considérée comme plus savante et plus noble. De plus, la conclusion de son poème étant heureuse, justifiait aussi l'appellation de Comédie par opposition à celle qui se termine par une catastrophe. Ainsi quand il parle de l'Enéide (Enfer, XX, 113) il l'appelle Tragédie

 

LEGUAY  - Le livre de l’apocalypse – ENluminḖ par j .l.  leguay

Jean-Luc  Leguay – Bible de Jérusalem

Edition IPOMÉE – ALBIN - MICHEL

 1999

Un grand format et de somptueuses enluminures de Jean Luc Leguay pour cet écrit mythique, mystérieux et ésotérique.


Celui qui a des oreilles qu’il entende ! Clame sans cesse l’Ange de l’Apocalypse. Mais je n’entendais que le bruit assourdissant des trompettes, le fracas des armées du ciel et l’ardente colère de Dieu précipitant, vivants, Bête et faux prophète, dans un étang de soufre et de feu. Enchaîné pour mille ans, le Dragon, l’Antique Serpent ! Condamné à jamais l’Ange Rebelle, porteur de lumière, transmué en Satan !


C’est alors que Jean-Luc Leguay me montra ses premières enluminures. Je regardais. Oserais-je dire à la suite de Saint Jean « Et je vis ? » Non. Je pressentais toutefois que, si l’itinéraire qui nous était ici proposé, était toujours, comme dans Perceval, celui d’un apprentissage, celui-ci passerait par le Feu. Était-ce si étonnant ? La fin de l’enluminure n’est-elle pas de faire naître la lumière ? De révéler, ne serait-ce que très fugacement, cette Présence indicible qu’il nous arrive, parfois, de deviner en nous au plus profond de notre nuit ? Présence qui peut nous aider – si on l’accepte – à recréer le Verbe en nous et à entrer dans le temps des origines, celui des commencements ?
Lumen : lumière. Mineur : ministre, serviteur, mais aussi celui qui creuse à la recherche du minerai, de la lumière. Enlumineur : serviteur de la Lumière ? Chercheur, artisan de lumière travaillant dans l’ombre ? Les deux à la fois sans doute.


Pont de jonction entre le visible et l’invisible, l’enluminure est, peut-être, l’un de ces chemins qui permet d’instaurer un dialogue entre ce monde et l’Autre. Entre l’homme et Dieu ? L’enluminure est comme nos rêves. Telle une énigme, il faut apprendre à la décrypter et à la résoudre pour qu’elle puisse opérer en nous cet équilibre, cette harmonie intérieure à laquelle tout homme aspire.

 

LEGUAY -   LE MUTUS LIBER de L’INITIATION    -   ENLUMINURES DE JEAN-LUC LEGUAY

JEAN LUC  LEGUAY

ÉDITION  DERVY

 2010

A l’heure où le progrès et la science moderne occupent les pensées de nos contemporains, ce  « livre muet » nous permet d’établir un pont entre les profondeurs de notre Être et les différentes métaphysiques. Nos sociétés opposent science moderne et tradition, foi et raison, mais celles –ci sont complémentaires. Si la science donne des réponses sur les phénomènes, la tradition nous en révèle le sens caché.

 

Depuis des millénaires, l’homme crée des images de lumière pour se rapprocher de l’inexprimable, donner une forme à l’inconcevable, appréhender les mystères de la vie, de la mort et de l’au-delà.

 

Le « Livre muet de l’Initiation » est un ouvrage sans discours ni explication. Les enluminures, d’une grande richesse symbolique, cumulent plusieurs significations et ouvrent aux lecteurs les chemins de la contemplation. Tous les personnages, paysages, voûtes et dallages évoqués nous invitent au voyage, nous initient à voir au-delà du réel selon nos croyances et aiguisent nos sens physiques et spirituels. Ces représentations, construites selon la science ancestrale, véhiculent le sacré et permettent au lecteur de pénétrer les secrets de son origine et de sa tradition.

 

Enlumineur régulier, issu d’une chaîne de Maîtres italiens qui remonte au VIIIe siècle, Jean Luc Leguay est le dernier représentant de cette filiation et peint toutes ces enluminures comme à l’époque médiévale.

 

Il a été initié à l’Art de l’ornement traditionnel, véritable chemin qui mène à la connaissance, par un moine ermite franciscain. Pendant 10 ans cet ermite le guida progressivement, comme on élève un néophyte, semblable à un germe qui tend vers la clarté avec fragilité, il lui transmit les gestes du métier de sa filiation et lui enseigna tout le savoir des Anciens qui était en sa possession, du symbolisme à l’étude des textes fondamentaux, de l’Art des couleurs jusqu’à celui de la géométrie. Ainsi il lui donna les trois initiations qui mènent à la maîtrise et fut consacré « Maître imaginiez ».

 

Ce Mutus Liber sommeillait depuis 25 ans dans la mémoire de J.L Leguay, comme un rêve scintillant lointain, inaccessible, puis un jour les mystères de la vie lui ouvrirent les voies de l’accomplissement de l’œuvre et l’inconcevable devint possible. La réalisation de cet ouvrage et de ses enluminures lui demanda trois ans de travail, humblement immergé en un vide contemplatif, les fresques naissaient sous sa main, et l’enseignement de ses précurseurs et de son Maître l’ont accompagné.

 

Le codex original, sur parchemin en peau d’agneau, est bâti selon la proportion d’or et ses mesures sont aussi parfaites que celles d’une cathédrale. Les différentes couleurs de terres, de végétaux, de coquillages…proviennent de tous les continents de notre planète et lui donnent une dimension universelle.

 

L’action se déroule à l’intérieur d’un immense temple en construction. L’homme égaré au milieu des ténèbres, cherche les chemins de la transcendance. Par cet ouvrage, le lecteur, d’image en image, s’élèvera au sein de l’espace sacré vers le cœur du Principe. Le Livre Muet, ouvre des voies de lecture, de réflexions et de contemplation, et où le silence grâce à l’enluminure redevient Parole Primordiale.

 

Cet ouvrage de très grande qualité autant par ses enluminures, que par sa finition et ses matériaux, en fait un livre incontournable pour l’initié et un très beau livre de bibliophilie.

64 enluminures grand format (24 x 30) sur papier japon.  Un tirage confidentiel à 1000 exemplaires et une très belle reliure.

 

LEGUAY  -  le maÎtre de lumiÈre

Jean-Luc leguay

Edition  ALBIN-MICHEL

 2004

Quelle folie peut bien pousser un chorégraphe reconnu, comblé de succès et de conquêtes, à devenir le disciple d’un ermite italien ? Pourquoi l’artiste mondain aspire-t-il à se transformer en artisan du divin ? Quel irrésistible appel a-t-il entendu résonner dans cette bibliothèque de Turin, en ouvrant un antique manuscrit enluminé ?

 

Jean-Luc Leguay nous narre ici les étapes de sa métamorphose initiatique. Il nous décrit comment, sous la tutelle de son Maître de lumière, il s’astreint pendant des années à une discipline ascétique et à d’humbles travaux. Surmontant le découragement et le doute, il n’accédera au savoir-faire traditionnel qu’après trois grandes nuits d’initiation.

Premier laïc de cette chaîne de maîtres enlumineurs, Jean-Luc Leguay a publié de superbes éditions de Perceval, de l’Apocalypse, de La Divine Comédie, sur le Mutus Liber et sur l’Initiation

  

LEGUAY  -  le tracÉ du maÎtre

Jean-Luc leguay

EDITION DERVY

 2008

« Mon maître italien, ermite franciscain, est mort. Le livre de géométrie métaphysique qui devait constituer mon héritage a disparu. Dans ce manuscrit transmis de maître à disciple depuis des siècles, est consignée une des plus grandes énigmes de tous les temps, qui a fait rêver tant d’hommes en Occident, des constructeurs de cathédrales aux enlumineurs. Sur une feuille de parchemin oubliée se trouve peut-être la réponse… »

Entre récit et essai, le livre de Jean-Luc Leguay est une invitation faite aux hommes et aux femmes qui ne savent comment aplanir les sentiers et tracer leur chemin au milieu des difficultés de la vie, à sentir combien la transmission spirituelle des anciens est essentielle pour devenir eux-mêmes.

 

LEGUAY   -  perceval le gallois

Chrétien de troyes – enluminḖ par J.L. LEGUAY

Edition IPOMÉÉ – ALBIN – MICHEL

 1997

Cette nouvelle édition de Perceval en grand format est illustrée par de somptueuses enluminures de Jean-Luc Leguay.


Même si je dis que l’enlumineur est un artisan de lumière travaillant dans l’ombre, celui qui, tel un diamant réfractant cette lumière qui est à l’intérieur de chaque homme, la décompose, lui donne forme et couleur, cherchant ainsi à rendre perceptible ce monde invisible ; même si je dis que l’enluminure est l’image extérieure d’un certain degré d’illumination intérieure - inexplicable avec des mots – un de ces reflets du « monde d’en haut » ordonné en espace-temps, expression du Verbe à travers la Matière – la matière étant, le plus souvent, le support nécessaire à sa manifestation –, si je ne l’ai pas expérimenté, ressenti de l’intérieur, que sais-je de plus ?

 

Me reste alors la modeste mission non pas de dire ce que je sais, ni ce que j’ai appris – je suis trop bien placée pour savoir que « ce qui s’apprend ne mérite pas d’être su ! » -, mais de relater les événements. Initié par un moine italien à l’art de l’enluminure selon la Grande Tradition, Jean-Luc Leguay perpétue un art rare et méconnu qui nous ouvre les portes d’un monde infini, celui de la Connaissance.

 

Au début du roman de Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, Perceval n'est pas encore prédestiné à de hautes aventures. Héros sans nom, il n'est qu'un jeune garçon, naïf et fruste, élevé dans la forêt galloise et tenu par sa mère dans l'ignorance de tout ce qui concerne la chevalerie. Initié par Gornemant de Goort à la technique et aux règles du combat, il réussit dès sa première aventure à s'emparer des armes d'un chevalier redoutable, ennemi de la cour et, devenant ainsi le Chevalier Vermeil, il est intégré dans le monde arthurien qui le fascinait. Puis, en combattant pour défendre Blanchefleur, il découvre la dimension courtoise et morale de la chevalerie. Mais ce n'est qu'après son passage au château du Roi-Pêcheur, lorsqu'il prend conscience pour la première fois de sa conduite et de la faute qu'il a commise en oubliant sa mère, qu'il a soudain la révélation de son nom, Perceval le Gallois. Seul l'ermite rencontré le Vendredi Saint lui explique qu'il appartient à un haut lignage et qu'il est le parent non seulement du roi Arthur, mais aussi du Roi-Pêcheur. Le "saint homme" lui révèle également que, s'il a échoué et omis de poser les questions attendues sur la Lance et le Graal, c'est à cause du péché commis vis-à-vis de sa mère qu'il a abandonnée. Perceval alors se confesse, apprend la charité et fait pénitence...

 

Quelles questions aurait dû poser le jeune homme devant le Cortège au Château du Roi-Pêcheur ? Il devait demander et apprendre qui il sert – c'est-à-dire le roi –, et ce qu'il sert – une nourriture divine capable de préserver celui qui l'absorbe. Le roi, en effet, est blessé et la souveraineté de son royaume est anéantie. Perceval n'a pas compris qu'en ne posant pas de questions par timidité, il n'a pas réussi l'épreuve qui lui était proposée. Les continuateurs de Chrétien de Troyes – Gerbert de Montreuil en particulier – ont joué sur l'étymologie du nom de Perceval, jeu courant pour les clercs du Moyen Age, et Perceval devient pour eux celui qui "perce" le "val", c'est-à-dire qui découvre le château caché du Roi-Pêcheur et perce ainsi le secret de sa propre histoire en même temps que celui du cortège du Graal. 



Prédestination de Perceval ? Oui, si l'on se souvient qu'à son arrivée à la cour d'Arthur, selon Chrétien de Troyes, une prédiction se réalise : une jeune fille qui n'avait pas ri depuis six ans rit en voyant le jeune homme et reconnaît en lui un chevalier que "nul ne surpassera". Perceval apparaît alors, sinon comme le libérateur attendu par tout un lignage, du moins comme un chevalier promis à une destinée exceptionnelle. II est différent d'Erec, de Cligès, d'Yvain et même de Lancelot, dont la conduite est surtout commandée par des valeurs courtoises et chevaleresques. II n'est pas encore l'égal de Galaad, mais, avec Perceval qui a été confronté à la liturgie du Graal, la chevalerie se confond avec une éthique morale et trouve son couronnement dans la découverte des valeurs religieuses. Le sens profond de ce récit n'est-il pas que Perceval annonce que la chevalerie terrienne doit s'ouvrir à des valeurs spirituelles ?

Un livre merveilleux.

 

LEGUAY -  rituel de consÉcration d’une loge  -  enluminures de jean-luc leguay

 Jean-Luc leguay

Edition LEGUAY

 2008

Initié par un moine italien à l’art de l’enluminure, Jean-Luc Leguay perpétue un art rare et méconnu qui nous ouvre les portes d’un monde infini, celui de la « Connaissance ». C’est alors qu’il était directeur artistique de la Danse au Théâtre Regio de Turin qu’il fit la rencontre qui devait changer sa vie. Avec l’enluminure il passait du mouvement à l’immobilité, de l’éphémère à l’atemporel comme si, soudain, la gestuelle métaphysique de la danse avait trouvé son point d’ancrage.

 

Même si Jean-Luc Leguay, conformément à la règle des enlumineurs, marque son travail du nom qui lui a été donné lors de son initiation, il nous fait un signe qui n’est pas dans les usages de la règle de son ordre : à la mort de son maître, il s’est retrouvé seul, avec la mission de transmettre le savoir-faire.

 

Pour la première fois cette publication nous est proposée comme une des voies de lecteur où le verbe grâce à l’enluminure redevient lumière. Le texte retrouve sa propre fin et permet au lecteur de commencer sa propre quête.

 

Cinq ingrédients vont servir pour cette consécration, quant au pain, il est omniprésent dans les cérémonies de la cène ou de l’agape. Tous ces ingrédients sont ici étudiés à travers  plusieurs grilles de lecture : littérale, symbolique, philosophique, religieuse, anagogique et métaphysique.

 

Le  Blé : Il sert à la fabrication du pain, aliment essentiel. Dans le rituel de consécration le blé est synonyme de fécondité et d’abondance, c’est le 1e voyage, que font les officiers consacrants et c’est le Grand Maître qui le répand.

Dans les mystères d’Eleusis, le grain de blé est symbole de vie et de mort, il meurt en automne et renaît au printemps, c’est l’alternance des saisons, la fécondité, un don de Dieu et les mystères de la vie.

 

Le Pain : Aliment de base depuis que l’homme à découvert l’agriculture. Les grecs furent les pionniers et les grands spécialistes dans l’art d’inventer des diversités de pains, mais ce sont les hébreux qui trouvèrent la recette du levain, bien que l’Eternel ordonna à Moïse pendant la Pâque, de manger des azymes, pain sans levain, mince et léger. Autrefois, dans le bassin méditerranéen, les pains avaient la forme d’une boule, appelée boulens, par la suite au XVe siècle cette boulens donna le nom de boulanger. Jésus développa la symbolique du pain, que ce soit avec la multiplication des petits pains, ou avec la Cène. Bethléem signifie « La maison du pain ». Le pain est symbole de fraternité, d’amitié et de partage spirituel dans les voies initiatiques. Sur le plan religieux, la communion avec l’hostie, représente le grand mystère de la « transsubstantiation ».

 

L’huile : 3e voyage des consacrants, le 2e GSC verse de l’huile en disant : Je donne à cette loge l’onction d’huile, comme symbole de Paix et de Concorde. Cette symbolique nous relie aux investitures et consécrations des Prêtres et des Rois. Cette huile ou Saint- Chrême apportée par la colombe pour le baptême de Clovis, et qui par la suite servira pour toutes les royautés et le clergé. Souvent les huiles sont mélangées avec du miel, du poivre ou du lys. L’huile d’olive étant presque divinisée dans tout le bassin méditerranéen, que ce soit pour la cuisine, pour des onctions, ou des onguents. Les huiles essentielles font un retour en force, dans diverses pratiques culinaires ou de pharmacopée. L’oint du Seigneur, vient du mot hébreu : Messie, qui en grec se dit Christos, et si Jésus n’a pas reçu une onction d’huile matérielle, la descente du Saint-Esprit sur sa tête fait office d’onction spirituelle.

 

Le Vin : 2e voyage des consacrants. Le 1e GSC verse du vin et dit : Je verse du vin dans cette loge, en signe de joie et d’allégresse, puisse le bonheur envahir le cœur de tous les frères. Le vin nous ramène à Noé, qui eut quelques petits problèmes avec la vigne, à Dionysos, dieu du vin et des fêtes, à Jésus qui dit : je suis le cep, vous êtes les sarments, aux noces de cana, et la transformation de l’eau en vin, il est représentatif de l’amour, de l’immortalité,  même le cantique des cantiques fait l’éloge du vin, alors que l’islam interprète l’interdiction de boire du vin, les soufis au contraire prônent sa boisson et disent être des échansons, à la recherche de l’ivresse mystique. Le graal, et les mystères du moyen-âge encensaient le vin.

 

Le Sel : 4e voyage des consacrants. Le GMC verse du sel en disant : Je répands du sel dans cette loge pour symboliser l’hospitalité et l’amitié. Puissent la prospérité et le bonheur régner dans cette loge. Symbole avec le pain de partage et d’hospitalité, il est dit : tu mettras du sel sur toutes tes offrandes, signe d’alliance de ton Dieu. Sel purificateur, il chasse les démons ou énergies vibratoires néfastes et nuisibles, au Japon les Sumo lancent du sel à l’intérieur du cercle sacré, en guise de protection divine. Il a tout au long de l’histoire, servi de monnaie, il était d’ailleurs assez lourdement taxé (gabelle).Comme tous les symboles, il a aussi son contraire et le sel peut éroder et détruire  les hommes, et les éléments matériels.

 

L’Encens : 5e voyage : Le Chapelain ou l’Hospitalier consacrant, va alors entreprendre, sous la forme de 3 voyages, des encensements rituels comme action de purification. L’encens symbolise le parfum céleste de la sainteté et rappelle la fumée émanant des sacrifices accomplis sur l’autel du Temple. Les cultures anciennes employaient l’encens comme moyen d’entrer en contact avec les forces subtiles de la nature, d’en recevoir les messages et de mieux comprendre les liens qui la régissent. Les asiatiques et les animistes brulent de l’encens en permanence, c’est dans leur culture et leur tradition, ce sont des marques de prières, d’émanation de l’esprit divin, de purifications, et une façon d’enlever les charges négatives de son environnement. 

 


Ce livre se veut être une approche mais aussi à travers les somptueuses enluminures de Jean-Luc Leguay, un support à la méditation qui permet d’entrer dans la symbolique du Rituel de consécration d’une Loge.
Un texte, des images à méditer, à décrypter ou à contempler pour le simple bonheur des yeux. Écrit de la main de l’enlumineur.

 

le langage secret du blason

Gérard de sorval

Edition DERVY

 2003

Le langage du blason est avant tout un langage symbolique et sacré dévoilant des réalités secrètes. Parole aujourd’hui perdue pour beaucoup, et que ce livre essaie de restituer dans sa vie originelle et toujours présente.
L’héraldique n’est pas seulement une science historique réservées aux érudits, et trop souvent confinée dans les recherches archéologiques annexes de la généalogie ; aussi cet ouvrage ne s’adresse pas uniquement aux spécialistes mais à l’honnête homme d’aujourd’hui soucieux de comprendre le sens des armoiries transmises jusqu’à nos jours par le Moyen Âge.


Dans son langage, sa construction, ses couleurs, le blason enseigne une démarche initiatique étroitement apparentée aux mythes de la Queste du Graal et du Grand-Œuvre alchimique. Emblèmes mystérieux de la chevalerie médiévale, les écus d’armes révèlent dans leurs arcanes des idéaux, un code d’honneur et une voie de réalisation intérieure enracinés dans la spiritualité chrétienne, où la Croix du Sauveur transfigure le sacrifice guerrier.


L’éthique, la philosophie et la métaphysique vécues par la chevalerie traditionnelle d’Occident ont une portée universelle, et trouvent des correspondances dans d’autres expressions héraldiques analogues, notamment au Japon et au Proche-Orient, et des résonances jusque dans le monde contemporain.


Ce livre est donc une introduction au travail de déchiffrement symbolique des images mandalas que sont les blasons, et un guide pour comprendre et goûter la « substantifique moelle » de la Science Héroïque.

 

le livre des mystÈres et des rÉvÉlations

Alain desgris

Edition Trédaniel

 1998

L’Ésotérisme Templier : L’auteur nous entraîne sur les traces des Templiers avec toute sa symbolique. Leurs sciences sacrées, leur architecture, leur gnose, la lecture des pierres, des tableaux, et des graffitis nous est expliqué. Nous y trouvons leur origine, les légendes chevaleresques : table ronde, Graal etc…

 

La symbolique qu’ils véhiculaient objets, peintures, couleurs, nombres etc… La gestuelle et le costume. Symbolique des fleurs, plantes, pierres et de la nature en générale. Un bestiaire important de toute leur architecture.

 

Peu à peu, porté par la Parole et le travail spirituel, le regard que le chevalier porte sur le monde change, il se fait plus perçant, plus aigu jusqu’à ce qu’il se fasse adombrer par l’Esprit. Cette adombrement est aussi un adoubement car l’intellect de celui qui a été touché par l’Esprit est pareil à une épée.  Prompt à discerner, rempli d'une force qui n'est pas de ce monde, il tranche les illusions et les faux semblants, il sait séparer l’erreur de la vérité, il peut combattre l’ennemi, c'est-à-dire l’ombre en lui-même qui n’est ombre que parce qu’elle s’est éloignée de la Lumière.  Celui qui a reçu l’épée du Seigneur peut construire le Temple du Christ en étant vigilant et  en se gardant des ignorants et de la barbarie toujours prête à submerger le monde.

 

L’épée est une arme car celui qui marche sur le sentier doit toujours être vigilant afin de repousser les forces du mal extérieures (barbarie, tyrannie, injustice, fanatisme) mais aussi l’ennemi intérieur (vices, pulsion de mort, pulsion d’échec,…). Comme il est dit dans le Livre de Néhémie : « Ceux qui bâtissaient la muraille et ceux qui portaient et chargeaient les fardeaux travaillaient d'une main et de l'autre tenaient une arme.  Quant à ceux qui bâtissaient, chacun bâtissait, une épée attachée à ses reins. » (Ne 4 ; 11-12)

 

On bâtit le Temple, la truelle dans une main, l’épée dans l’autre.  L’épée est le symbole de l’action, de la protection des plus faibles par les plus forts et de la justice. L’épée est comme la torche, portée haut, elle reflète les rayons du soleil et fait reculer les ténèbres qui ne peuvent résister. L’épée est l’arme du combat intérieur, celle qui sert à terrasser nos démons, à faire rendre gorge à nos peurs, à nos préjugés, à nos aveuglements. 

 

La quête de Dieu est le but de toute vie sur Terre. Quête de la connaissance qui libère, elle se conquiert avec le cœur autant qu’avec la clarté d’esprit.  Quête de la transformation et de la transmutation, elle élève l’individu autant qu’elle le relie à ses semblables.  Quête de la victoire de la Lumière, elle demande la force intérieure : force d’être heureux, force de s’émerveiller, force de donner, force de servir son prochain, force de se dépasser, force de faire éclore les graines plantées en nous et surtout force de repousser les attaques de l’entropie, de la facilité et de la stagnation.

 

La quête spirituelle demande d’être bien armé.  Hommes de Bonne Volonté, adoubés par le Christ et ouvert à la Grâce, il appartient aux chevaliers de cœur et d'esprit de porter les armes de la Vie et de se battre pour le Royaume des Cieux, c’est-à-dire pour la transformation de la mort en Vie et la sublimation du monde qui nous a été confié.

 

le livre sculptÉ de la cathÉdrale de strasbourg

Benoît VAN DEN BOSSCHE

Edition de la Petite Pierre

 2000

Professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’université de Liège en Belgique, Benoît Van den Bossche n’en est pas à sa première publication sur la cathédrale de Strasbourg. Il avait déjà fait paraître en 1997, aux Editions du Zodiaque, une monographie sur cet édifice et, en 1999 et 2000 aux Editions de la Petite Pierre, Le livre sculpté de la cathédrale de Strasbourg.

Les douze Signes du Zodiaque de la cathédrale de Strasbourg et les douze Travaux des Mois, ainsi que d’autres travaux. Il nous livre à présent une vaste synthèse sur la façade occidentale et son programme iconographique pour en souligner son originalité, son unité et sa place dans l’art gothique européen.

Sujet vaste,  mais aussi ambitieux. On peut regretter qu’Annick Hoffet-Roquet ait abandonné ses travaux sur le style des sculptures des portails occidentaux. Sans doute une approche pluridisciplinaire aurait permis de mieux comprendre les sources d’inspiration des sculpteurs qui ont accompagné, dans une harmonie parfaite, les maîtres d’œuvre de la façade occidentale.

L’auteur s’applique  à livrer une étude méticuleuse sur l’authenticité iconographique de l’ensemble des sculptures pour en identifier les éléments originaux et les altérations successives, et en datant, autant que faire se peut, les restaurations qui ont été entreprises. Il sollicite les archives de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, les dessins et les gravures, ainsi que les différents fonds photographiques. Il attribue toutefois à tort les clichés les plus anciens à Charles Winter autour des années 1860, alors qu’une campagne photographique avait déjà été menée par Henri Le Secq en 1855.

Avec prudence, Benoît Van den Bossche s’interroge sur les origines stylistiques de la sculpture des portails occidentaux. Question complexe qu’il se garde bien de trancher, tout en notant les similitudes déjà relevées par les historiens de l’art et les rapprochements avec d’autres chantiers (Paris, Reims, Amiens, Troyes, Naumburg, etc.). Faute de repères, il en résulte une datation des sculptures relativement incertaine. Pour autant, l’auteur pense que l’année 1300 resterait malgré tout le terminus ad quem.

Le chapitre consacré à l’iconographie est particulièrement abondant, bien documenté et richement illustré par des photos en noir et blanc de bonne qualité. L’imagier strasbourgeois, qui réunit parfois plusieurs épisodes dans une même séquence, livre une composition narrative très expressive. Le tympan du portail septentrional, comme le relève l’auteur, met l’accent sur les rois mages comme thème essentiel de l’enfance du Christ, en laissant de côté la représentation traditionnelle de l’Annonciation, de la Visitation et d’autres scènes du Nouveau Testament. Pourquoi ? Sans doute, Benoît Van den Bossche aurait-il pu évoquer le sac de Milan par les troupes de Frédéric Barberousse ainsi que le rapt des fameuses reliques des rois mages de la basilique St-Eustorge ramenées à Cologne en 1164 par l’archevêque Raynaud de Dassel, archichancelier de l’empereur, en passant par Strasbourg.

Cet événement a certainement laissé des traces dans la mémoire collective locale en favorisant une dévotion populaire pour ces premiers pèlerins de Palestine venus jusqu’à Cologne. Cet épisode tiré de l’évangile de Matthieu participe ainsi à la catéchèse des illettrés, tout comme la mise en scène du mystère Stella des rois mages. L’auteur énumère les différentes identifications proposées par les nombreux spécialistes. Il semble rejoindre N. Gramaccini qui avait identifié le jeune homme de la niche centrale de l’ébrasement de gauche comme étant le poète latin Virgile dont la tradition chrétienne a vanté les prophéties, et non l’autoportrait « amusant »  d’Erwin de Steinbach comme le veut la tradition strasbourgeoise. Cette interprétation serait plus cohérente avec l’ensemble des prophètes représentés.

C’est aussi une description systématique, méthodique et comparative qui est réalisée à partir des différentes figurations. Il s’y ajoute une touche d’érudition théologique pour donner tout son sens à la représentation de l’histoire du salut. Lecture analytique en quelque sorte. « Si le vocabulaire utilisé est bien connu, la syntaxe est, par contre, nouvelle », note l’auteur. Faut-il pour autant suivre ce dernier lorsqu’il distingue dans les représentations un cycle « mariologique »  voyant dans la Vierge l’héritière de Salomon ? Ne serait-elle pas plutôt l’Epouse du Christ, c.-à-d. la personnification de l’Église préfigurant au sommet du gable la réunion des royaumes d’Israël et de Juda symbolisés par les deux grands lions se tenant debout ? Bernard de Clairvaux, venu à la cathédrale de Strasbourg en décembre 1146, avait déjà développé dans ses écrits un tel symbolisme mystique.

Il faut à présent s’interroger sur l’auteur d’un programme iconographique aussi élaboré. Alors que l’attribution du projet au célèbre dominicain Albert le Grand a été communément retenue par de nombreux auteurs, Benoît Van den Bossche considère que le contexte religieux strasbourgeois et les conflits entre les ordres mendiants et l’évêque de Strasbourg ne militent guère en faveur d’une telle hypothèse. L’auteur se livre à une longue analyse de toute la littérature disponible sur la question de la paternité spirituelle de l’iconographie. On ignore notamment quelle a été la diffusion de son vivant des écrits d’Albert le Grand († 1280) et si certaines singularités de ses œuvres ont été retenues par les imagiers. Ainsi l’illustre docteur n’aurait jamais traité de la psychomachie de Prudence, ce qui n’est pas en soi une preuve à contrario. Et l’auteur de conclure qu’il n’est pas établi que Albert le Grand soit le concepteur du projet iconographique, même si certaines sources d’inspiration pourraient le laisser croire.

L’auteur termine sa monographie par un important catalogue raisonné de l’ensemble des sculptures des portails occidentaux dont les sources d’inspiration et la paternité n’ont pu être vraiment élucidées. En tout cas, le livre de Benoît Van den Bossche, très documenté, fait le point sur l’état actuel des connaissances en la matière et reste un jalon indispensable pour de nouveaux travaux de recherche.

 

 

LE CHEMIN DE LUMIÈRE  - CATHḖDRALE DE STRASBOURG

Jean jacques MEFROYD

Edition COPRUR

 1998

Millénaire en 2015, Notre-Dame de Strasbourg est la plus vieille cathédrale gothique au monde. Sa flèche culmine à 142 mètres, ce qui en a fait la plus haute de tour du monde chrétien jusqu’en 1874. Les rares clochers qui l’ont surpassée en Europe avant cette date ont tous fini par céder sous leur propre poids ou à cause des intempéries et surtout de la foudre. Aujourd’hui, la cathédrale de Rouen est la plus haute en France et quelques autres la dépassent aussi en Allemagne.

L’édifice repose sur des fondations de 1015, uniques au monde : la cathédrale est posée sur un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois enfoncés dans la nappe phréatique. Au début du XXe siècle, quand la régularisation du Rhin a fait baisser la nappe phréatique, le système a été renforcé par des coulées de béton.

Conçue sur le modèle de Notre-Dame de Paris, avec deux tours carrées,  plus tard le beffroi a comblé le vide entre les deux tours, puis on a construit le clocher et la flèche sur le tour nord. À la fin du XVe siècle, le projet de la seconde tour à flèche n’a jamais abouti.

Comme de nombreuses églises catholiques de la ville, la cathédrale a été un lieu de culte protestant durant plus de 150 ans. Dès le début de la Réforme en 1517, Strasbourg a été l’une des premières villes à appeler au changement. Logiquement la cathédrale a été une place forte de cette révolution religieuse. Dès 1518, les thèses critiques de Luther ont été affichées sur ses portes. L’imprimerie a ensuite permis de largement les diffuser dans la région. La cathédrale a été utilisée par le culte protestant en 1529 et la ville a adhéré au luthéranisme en 1532. Ces bouleversements se sont suivis d’une véritable guerre entre les responsables protestants et les évêques  catholiques.

C’est Louis XIV qui a mis un terme à la domination protestante à Strasbourg, quand il s’est emparé de la ville après la guerre de Trente Ans. Le Roi a rendu la cathédrale aux catholiques en 1679, en même temps qu’une quarantaine d’églises de la cité.

Lors de la Révolution française, la cathédrale a dû affronter les assauts des Jacobins. Ses protecteurs ont rusé pour la préserver. En 1793, la flèche a été mise en procès devant un tribunal révolutionnaire car sa hauteur faisait « injure à l’égalité ». Pour la sauver de la destruction, le maître serrurier Stultzer a finalement convaincu les républicains de coiffer le clocher d’un bonnet phrygien géant, qui « vanterait les vertus de la Révolution jusqu’en Allemagne ». La cathédrale a donc porté la coiffe révolutionnaire de tôle rouge vif pendant neuf ans. Les Alsaciens l’on surnommé le Kàffeewärmer – la chaufferette à café. L’objet insolite, conservé par la suite à la bibliothèque municipale, a été détruit par les bombardements allemands en 1870.

Des centaines de statues ont été détruites pendant la Révolution et la plupart des cloches fondues pour faire des canons. En 1793, la cathédrale a été transformée en temple du culte de la Raison. Elle a été rendue aux catholiques en 1801 et les grands travaux de restauration ont débuté en 1813.

L’horloge astronomique est la grande attraction de la cathédrale. Son jeu d’automates attire trois millions de curieux chaque année, d’après le Fondation de l’oeuvre Notre-Dame. Il est visible tous les jours à 12h30. L’horloge indique l’heure, les calendriers civils et religieux et des données astronomiques. Elle a précisément relevé une éclipse de lune le 28 mars 2006. Elle est installée dans un buffet du XVIe siècle, mais son mécanisme ne date que de 1842.

Deux fois par an, la cathédrale est le théâtre d’un événement mystérieux : le rayon vert. À 11h38 lors de l’équinoxe de printemps, fin mars, et à 12h24 lors de l’équinoxe d’automne, fin septembre, le soleil traverse le pied de verre d’une représentation du patriarche Juda et projette une lumière verte sur la chaire, précisément au-dessus de la tête d’une statue du Christ.

Il a fallu attendre le nettoyage du vitrail en 1972 pour que l’ingénieur-géomètre Maurice Rosart découvre le phénomène. Le vitrail miraculeux avait pourtant été installé un siècle plus tôt. Aucune trace d’une intention des auteurs n’a jamais été trouvée.  Pour Maurice Rosart, le dessin de Juda, pointant du doigt son pied gauche découvert en regardant le soleil traduit avec évidence la volonté des auteurs d’attirer l’attention sur le rayon vert.

À deux exceptions près, les vitraux de la cathédrale sont d’origine, comme ceux de la cathédrale de Chartres. La majorité d’entre eux a été réalisée en série de l’époque gothique à la fin du Moyen-Âge. Ils suivent donc une logique d’ensemble, alors qu’ailleurs les vitraux sont souvent disparates, offerts individuellement. La rosace a été entièrement restaurée. Les bombardements américains de 1945 ont détruit les vitraux de l’abside, au fond du cœur. Pour les remplacer, le Conseil de l’Europe a offert en 1956 le vitrail de la Vierge.

La cathédrale de Strasbourg recèle le plus riche ensemble de cloches de France. Son système de double sonnerie est unique en Europe. À côté des quatre cloches simples pour les heures, elle dispose de 16 cloches de volées, pour les offices, les angélus et les glas, réparties entre le beffroi à l’avant et la tour Klotz, octogonale, érigée à l’arrière de l’édifice en 1878..

 

le miroir de la chevalerie

Pascal GAMVIRASIO D’ASSEUX

Edition Télètes

 1998

Préfacé par le Prince Henri de France, cet ouvrage parle de l’esprit chevaleresque qui doit habiter celui qui a une quête spirituelle et une tradition chrétienne.

Quelle puissance d'âme caractérise la chevalerie pour qu'elle conserve intacte, après la grande épopée médiévale, sa capacité d'émerveiller les cours à sa simple évocation ? Il n'est personne, effectivement, en Occident et même au-delà, qui n'ait le vivant souvenir, fut-ce à travers des images simplifiées de ses prouesses, de son sens aigu du dévouement pour la défense des plus humbles.

Certainement, au premier chef, la réponse tient en cette union du courage physique et moral et de la courtoisie, qui fait du chevalier un combattant d'élite et un homme d'honneur simple et vrai à l'élégance de vie qui est l'un des traits de caractère naturel de la noblesse de la cour. La chevalerie, certes, est un état, non une décoration ou un privilège car, de privilège, elle n'en confère qu'un seul, redoutable, qui est de servir au plus dur des combats, ceux du ""siècle"", lorsqu'ils sont justes ou ceux de l'ascèse spirituelle. Souvent, d'ailleurs, il s'agit de la même bataille.

Ainsi, en sa réalité la plus intérieure, la chevalerie répond à et assume une vocation spirituelle, propre à la Tradition chrétienne et à laquelle certains hommes sont appelés aujourd'hui comme hier. Elle est, à ce titre, une réelle voie initiatique, ce terme devant s'entendre dans son double sens : commencement dans la quête spirituelle par celui qui répond à sa vocation et intériorité de la démarche car il s'agit de découvrir son âme en rencontrant Dieu.

Le langage spécifique de la chevalerie, l'héraldique ou art du blason, a déjà fait l'objet d'un précédent ouvrage : ""La voie du blason. Lecture spirituelle des armoiries"". Ce nouveau livre entend poursuivre le cheminement du précédent en évoquant, cette fois, les voies spirituelles propres à l'âme chevaleresque.

 

le parcival de wolfram d’eschenbach & la lÉgende du st graal

G.A. HEINRICH

Edition Pardès

 1990

Cet ouvrage célèbre, relate le chemin initiatique d’un jeune homme qui, ayant abandonné la vie douillette de son enfance est fasciné par la chevalerie profane. Sa vie sera entièrement consacrée à la quête de la supra-humanité d’une chevalerie célestielle.

 

L’auteur nous restitue avec chaleur et érudition cette vie attachante et humaine par ses qualités et ses faiblesses.

 

Le Parzifal est l’une des œuvres les plus importantes de la littérature médiévale allemande. Il est l’un des témoins des relations particulièrement étroites entre la littérature française et allemande au Moyen Age, puisque Wolfram von Eschenbach reprend une œuvre capitale de Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte del Graal.

 

D’un côté, il y a le monde arthurien, qui n’est plus sans égal ; en face de lui, il y a le monde de l’Orient : la chevalerie est la forme idéale de vie aussi bien dans l’un que dans l’autre. En introduisant le monde de l’Orient dans son roman, Wolfram relativise l’importance du monde arthurien, qui n’est plus seul en son genre et qui perd par-là de son importance.

 

Schastel marveil fait partie du monde arthurien, et Gawan est son représentant idéal. Supérieur à ces deux mondes chevaleresques est le monde du Graal ; tous ses membres sont appelés directement par Dieu, sans l’intermédiaire de l’Église, pour servir le Graal et pour servir l’ensemble de la société humaine – dans la mesure où ils peuvent être envoyés dans des pays privés de souverains pour restaurer la paix, la justice et l’ordre.

Ils constituent une élite, qui est originaire des deux chevaleries profanes, de la chevalerie orientale dans la personne de Feirefiz, demi-frère de Parzifal, et de la chevalerie occidentale. Le fils de Feirefiz, Johann, fondera ensuite en Orient le pendant du monde du Graal. Sous le signe du Graal, Orient et Occident sont réunis.

De la sorte, Wolfram ébauche, à destination de la noblesse de son époque, un modèle idéal - utopique - de société, l’idéal d’une société aristocratique et chevaleresque universelle, englobant l’Orient et l’Occident, et libérée du dogme de l’Eglise. Wolfram a ainsi réussi à faire du roman inachevé de Chrétien un poème réunissant trois, voire quatre mondes : il a fait éclater le cadre du roman arthurien pour créer une cosmologie, une sorte d’histoire universelle.

 

LES ABBAYES DU SOLEIL –  LES SANCTUAIRES DU PEUPLE CATALAN

Jean CANTEINS

Edition PRIVAT

 1981

Les 4 Joyaux du pays catalans que sont : Serrabonne, Ste Marie D’Ares, ST Michel de Cuxa et ST Martin du Canigou.

 

Au pied du Canigou, Saint-Michel de Cuxa dresse son clocher, son église et son cloître roman. L’abbaye, lieu de vie d’une communauté monastique depuis plus de mille ans, est un monument insigne de l’histoire de la Catalogne,
Au XIème siècle, Oliba, à la fois abbé de Ripoll et de Cuxa régit l’abbaye pendant presque quarante ans et construisit de nombreux bâtiments dont ne subsistent aujourd’hui qu’un clocher et la crypte, avec la rotonde de la Crèche (Pessebre). Ces constructions appartiennent au premier art roman. Au XIIème siècle, on construisit sous l’abbé Grégoire un cloître en marbre. Cette oeuvre de sculpture est remarquable pour son bestiaire fantastique, ses motifs végétaux finement ciselés. On édifie aussi à Cuxa à cette époque une tribune-jubé, comparable à celle de Serrabona, détruite mais dont on conserve des fragments. Cloître et tribune sont des chefs d’œuvre de la sculpture romane en Occident.

 

En 1791, suite à la suppression des ordres religieux, les derniers moines partirent et l’abbaye vendue. La toiture de l’église s’effondra, le clocher nord s’écroula en 1838. Les marbres furent démontés et vendus peu à peu. Beaucoup furent exportés aux Etats-Unis : aujourd’hui un « cloître » de Cuxa est remonté aux Cloisters de New York.

 

En 1919, Cuxa redevint une abbaye. Sa restauration tout au long du XXème siècle fut une véritable renaissance : l’église retrouva un toit, le cloître fut reconstitué sur plus de la moitié grâce aux chapiteaux retrouvés, les cryptes furent dégagées. Dans les années 50, le célèbre violoncelliste catalan Pablo Casals, exilé à Prades, y avait donné des concerts et fondé le festival qui porte son nom. Depuis 1969, l’Association culturelle de Cuxa y fait vivre les études sur l’art roman. Une communauté de moines bénédictins de Montserrat poursuit dans ces lieux une vie monastique commencée il y a 11 siècles.

 

Située dans la vallée du Boulès au coeur des forêts de chênes verts, Sainte-Marie de Serrabona (Serra bona : la bonne montagne) est une église fondée au Xe ou au XIe siècle dont la première mention apparaît dans un document daté de  1069.  En 1082, une communauté observant la règle de Saint Augustin s'installe, sous le patronage de seigneurs locaux et du vicomte de Conflent, qui lui accordent biens et revenus. Un désaccord surgit alors entre les fondateurs et l'évêque d'Elne, révélateur des tensions engendrées par la "réforme grégorienne", qui entendait soustraire les nominations de clercs à l'autorité des laïques. L'évêque souhaite se réserver la désignation du prieur, mais les riches fondateurs refusent. Un compromis est trouvé, seuls les chanoines éliront leur supérieur.

 

Les religieux augustins, mènent à l'instar des moines, une vie communautaire mais assurent également le service paroissial. Dans la première moitié du XIIe siècle, à côté de l'église, ils construisent des lieux qui leur sont propres : cloître, salle capitulaire, réfectoire, dortoir... et dotent le prieuré d'une parure sculptée. Soixante-dix années s'écoulent avant que l'église rurale ne se transforme en prieuré. En 1151 le nouvel édifice est consacré, en présence d'évêques et d'abbés. L'évocation de cette cérémonie est matérialisée par des croix gravées dans les murs de la nef et de l'abside.

 

En 1592, tous les prieurés augustins d'Espagne sont supprimés. Un an plus tard, le prieuré et ses biens sont donnés au nouveau diocèse de Solsona, en Catalogne, qui le conservera jusqu'en 1896. L'application de cette décision est effective en 1612 à la mort de Jaume Serra, dernier prieur de Serrabona. L'église Sainte Marie reste pendant deux siècles la paroisse du petit village de Serrabona.

 

On signale que bergers et troupeaux se réfugient occasionnellement dans le cloître ou l'église. En 1819 un effondrement partiel de la nef se produit. En 1822 la commune de Serrabona, pauvre et dépeuplée, est supprimée. Remarquée par les archéologues, elle est visitée par Mérimée en 1834 : elle devient l'un des tout premiers "monuments historiques». A partir de 1836 les premiers travaux de consolidation sont réalisés, complétés au XXe siècle par de nombreuses campagnes de restauration qui vont assurer le sauvetage définitif de l'édifice. Offert au Département des Pyrénées-Orientales par la famille Jonquères d' Oriola en 1968, le Prieuré de Serrabona est depuis cette date ouvert au public.

 

La première église de Serrabona était constituée d'une nef unique, voûtée en berceau brisé. L'implantation de la communauté de chanoines entraîne au XIIe siècle un important chantier de transformation. Le chevet primitif est remplacé par un transept et trois absides. Une abside majeure, saillante à l'extérieur, est flanquée de deux absidioles encloses dans les murs. Les bâtisseurs ont aussi élevé une deuxième nef au nord et un clocher; au sud, une galerie cloître et un bâtiment en angle comprenant trois salles superposées. Les murs épais de la nef sont construits en schiste local débité en moellons allongés. L'appareillage de la seconde construction est plus élaboré, constitué de gros blocs de schiste taillés et ajustés avec soin. A Serrabona, les sculptures du cloître, du portail, de la fenêtre absidiale et de la tribune sont entièrement ouvragées en marbre rose du Conflent. Elles offrent un contraste étonnant avec le vert - gris du schiste.

 

LES ABBAYES DU SOLEIL – SERRABONALe cloÎtre – la chapelle et la tribune   -

  Divers   auteurs

Edition  Copylux

 2002

Le Prieuré de Serrabona est un des hauts lieux de la statuaire romane européenne. Les chanoines augustins le fondèrent au XIe siècle. Ce chef d’œuvre d’architecture et de sculpture fut décoré dans la première moitié du XIIe siècle d’une riche collection lapidaire.

 

Son cloître, sa fameuse tribune, ainsi que sa porte et sa fenêtre absidiale, intégralement sculptés dans un superbe marbre rose, se découpent sur le gris d’énormes blocs régulier de schiste. Leur représentation, témoin fidèle de temps féodaux, s’inspire tout à la fois des riches formes animalières des soieries de tradition sassanides et des récits apocalyptiques.

 

A ce bestiaire, exotique et fantastique, figé dans le marbre millénaire, répond le même imaginaire né du monde végétal. Les lions, les aigles, les singes, les griffons, un centaure et un sagittaire, s’abritent dans les champs fleuris des centaines de fleurs de lotus, de feuilles d’acanthes et de palmes.

 

Un Prieuré extraordinaire de par ses sculptures surtout sur l’Apocalypse, le tout juché à 600 mètres de hauteurs, et dominant la vallée, un lieu de tranquillité, de sérénité et de recueillement.

 

LES ABBAYES  MÉDIÉVALES EN FRANCE

MARC  DÉCENEUX- PHOTOGRAPHIES HERVÉ CHAMPOLLION

ÉDITION  OUEST- France

 2005

Le monde monastique du Moyen Âge est un univers fascinant, riche d’histoire, de spiritualité et de mystère. Les moines ont été durant toute l’époque médiévale, des acteurs essentiels dans l’élaboration d notre civilisation. Leurs abbayes, conçues et ressenties comme des idéaux microscopiques, offrent toujours à nos regards leurs formes architecturales savantes et raffinées, qui sont de puissantes invites à l’initiation spirituelle. Cet ouvrage propose les clefs principales pour ouvrir les portes de ce monde passionnant, dont les intemporelles leçons de sagesse sont toujours et plus que jamais d’actualité.

 

Cet ouvrage explique :

Le monde monastique au Moyen Âge –un millénaire d’histoire monastique et son rôle historique majeur _ explication sur le monastère, sa conception d’ensemble, les services, les moines convers, les lieux d’accueil, les auditoires, la règle de Saint Benoit, la règle de Saint Colomban, les jardins, les vergers, la salle des moines, le scriptorium et les ateliers.

Des explications et des photos des Abbayes de :

Obazine,  du Thoronet, de Beauport, de Moyne  Abbey (Irlande) – Tournus, Royaumont – Grammont – L’Abbaye cistercienne de Holycross – Ross – Saint Benoît s/ Loire – Lessay – Le rayonnement de Cluny et des cisterciens –Saint Bernard – Abbaye de Fontenay – Abbaye de Clairvaux- Abbatiale de Pontigny – Fontevrault – la Grande Chartreuse et les chartreux – Grandmont – Le monastère de la Lucerne de l’ordre de Prémontré – Saint Michel de Frigolet – les ordres mendiants des franciscains, des carmes et des dominicains – Abbaye de Cîteaux – le Mont Saint Michel – l’Abbatiale de Saint-Philbert de Grandlieu – Abbatiale de Saint Denis – Flavigny-sur-Ozerain-  Saint Martin du Canigou – Monastère de Lessay- Saint Rémy de Reims- Abbaye de Font-Calvi- Abbaye de Longpont- Abbaye de Fleury- L’Abbatiale du Vézelay (d’où St Bernard prêcha la 2e croisade)- Charroux- Monastère des Hiéronymites (Portugal)- Rievaux  et Glastonbury (Angleterre)- Fontfroide – Noirlac- Fontenay- Aiguebelle- Epau- Abbaye de la Chaise-Dieu-  Abbaye de la Bussiére- Mortain- La chartreuse de Villeneuve- lès- Avignon- Abbatiale de Murbach – Saint Honorat (Iles de lérins)-  Saint Michel de Cuxa – Le domaine monastique de Clos-de-Vougeot – Abbaye de Fontaine-Guérard- Hautecombe- Sénanque- Cerisy-la-forêt – Abbaye de la Romieu – L’Abbatiale de Ottmarshein – Serrabonne- Bec-Hellouin – Saint Philibert de Tournus-  Abbaye de Jouarre- Noirmoutier- Moissac- Abbaye de la Grasse- Saint Roman de l’Aiguille- Maubuisson- L’Abbaye de Meslay- Chaalis-

 

les aveux des templiers

Giorgio terrini

Edition J. de Bonnot

 1992

Les Templiers, Philippe Le Bel, un procès long et terrible, des aveux arrachés par la torture, des révélations bizarres. Toutes les minutes du procès sont là.

 

Guillaume de Nogaret (1260-1313), homme de loi, originaire du Languedoc est d’abords professeur de droit romain à l’université de Montpellier, avant de rentrer au service du roi vers 1292/1295. Son action politique est surtout d’étendre les droits du roi à l’intérieur de son propre royaume. En tant que légiste du roi, et garde du sceau, il est intransigeant et efficace, surtout lorsqu’il déclenche l’enquête sur les Templiers.

Nogaret sait qu’il est important de donner au peuple une procédure régulière à l’enquête. Celui-ci s’empresse alors de faire croire que c’est à la demande de l’Eglise que la procédure est engagée. C’est ensuite qu’il fait appel à l’Inquisition. L’Inquisition est un organisme judiciaire ecclésiastique institué par la papauté et confié à l’ordre des Dominicains en vue de réprimer et d’éradiquer dans toute la chrétienté, la sorcellerie et l’hérésie.

Le roi dans l’affaire des Templiers, ne fait que céder aux supplications de l’Eglise qui ne peut rester insensible à une attaque directe à la religion. Elle se doit donc de réagir et de prendre des mesures. Pour faire éclater la vérité quant aux accusations portées sur l’ordre, on propose aux Templiers, soit de parler et de confesser leurs péchés, soit ne rien dire et mourir sur le bûcher comme hérétiques.

Les inquisiteurs sont chargés d’interroger les templiers et d’utiliser la torture si cela est nécessaire. L’ordre d’arrestation est scellé le 22 septembre 1307 par le roi qui séjourne à l’abbaye de Maubuisson à Pontoise qu’il aime beaucoup. Cet ordre est gardé secret pendant un mois par les autorités régionales jusqu’à l’arrestation des membres de l’ordre, le 13 octobre 1307.

Le 13 octobre, à la même heure et dans tout le royaume de France, les Templiers sont arrêtés et tous leurs biens sont confisqués par les officiers royaux au nom de la Sainte et Infaillible Inquisition. En effet, l’ordre, ne relevant que du Pape, n’a de comptes à rendre à personne, ni même au roi de France. Ils vivent en vase clos, avec leurs supérieurs et leurs chapelains. Ni les évêques, ni les baillis n’ont d’autorité sur eux.

Cependant, bien vite, ils sont informés des rumeurs dont le Temple fait l’objet, et comprennent que la situation est bien plus grave qu’ils ne le croient. Le Grand Inquisiteur, Guillaume de Paris, demande à tous les prieurs dominicains de recevoir et d’interroger les Templiers qu’on leur amène. Guillaume de Nogaret, quant à lui, décide d’aller lui-même arrêter le Grand Maître du Temple : Jacques de Molay, qui se trouve dans le Temple de Paris.

Le garde du sceau (depuis 1307) demande la porte au nom du roi. Les membres de l’ordre sont ensuite emprisonnés en attendant qu’ils passent en jugement. Philippe Le Bel souhaite à présent, obtenir les aveux des Templiers, principalement de leurs dignitaires et de les rendre publics. Au plus vite car le roi ne parle pas de l’enquête au responsable principal de l’ordre : le Pape.

Clément V est outré par l’attitude du roi à l’égard du Saint-Siège. Il se doit de réagir. Il fait d’abord planer une éventuelle excommunication. Or le roi est en position de force car le Pape ne peut sanctionner un roi qui défend les principes de la religion catholique. Finalement, Clément V, et Philippe Le Bel aboutissent à un accord. Clément est prêt à officialiser par l’Eglise, l’arrestation des Templiers à condition de les placer, ainsi que leurs biens sous sa protection.

Le 22 Novembre, le Pape promulgue la bulle Pastoralis Praeeminentia. Celle-ci ordonne l’arrestation des Templiers, mais elle prévoit aussi que les biens sont restitués à l’ordre dans le cas où les Templiers sont jugés non-coupables. En faisant cela, le Pape tente de soustraire les Templiers à la justice du roi, ou tout au moins il le croyait.

Après l’arrestation des Templiers, le roi doit prouver qu’il a fait ce qu’il fallait. Publier des aveux est primordial, mais c’est sans compter sur l’intervention du Pape, qui après avoir été écarté de l’affaire, jusqu’ ‘ici, souhaite que les interrogatoires soient mis sous l’autorité de l’Eglise apostolique. Le roi doit prendre en compte ce fait, car il est lui-même le serviteur de Dieu.

L’annonce de l’arrestation des Templiers provoque un véritable choc au sein de la papauté. De plus, quelques Templiers éprouvés par la torture avouent rapidement les crimes pour lesquels ils ont été arrêtés. Pour Clément, le coup est terrible. L’Eglise toute entière est outragée. C’est pourquoi le Pape décide de convoquer le roi de France à Poitiers. Le Pape veut des explications. Le roi accepte cette réunion, mais il la repousse jusqu’en juin 1308.

 

les cagots – histoire d’un secret

René descazeaux

Edition PRINCI NEGUE

 2002

Voilà un groupe humain qui va subir, pendant un millénaire, une mise à l’écart, puis des vexations et des humiliations inouïes. Comment cela a-t-il été possible dans ces pays pyrénéens, plutôt ouverts, tolérants et conviviaux? Le mystère des origines des Cagots peut-il être sérieusement appréhendé ? Peu d’érudits ont relevé que le « ménage » avait été fait… « Par le vide ! » Des générations de chercheurs ont supputé, imaginé, fait des Cagots d’anciens Goths, d’anciens Sarrasins etc., pour expliquer l’horrible ostracisme auquel ils ont dû faire face au cours des âges. Et s’il y avait un secret des Cagots ? Un secret voulu, entretenu, puis quasiment perdu ?

 

Mis à l'écart pendant un millénaire, voilà un groupe humain qui subit vexations et humiliations à n'en plus finir par une population basque ou gasconne qui n'est pas reconnue comme particulièrement intolérante ou raciste. Et pourtant…Des hommes et des femmes, que l'on encadre et refoule comme des pestiférés, sont parqués dans des ghettos à l'extérieur des villages. Accusés de tous les maux de l'âme et du corps, le qualificatif de « lépreux » les poursuit et obligation leur est faite de porter sur l'épaule une patte d'oie de tissu rouge. Cela ne vous rappelle pas quelque sinistre épisode de la dernière guerre ? Le péché originel quoi…

 

Ils sont nombreux à avoir recherché les origines des chrestiaas, premier nom donné aux cagots. Anciens Goths ou Sarrasins, vrais lépreux «blancs », Ibériens misérables ayant suivi Charlemagne, Arabes « collaborationnistes », anciens Croisés revenus de Terre Sainte, anciens protégés des Templiers, anciens Cathares échappés de Montségur, descendants de juifs convertis ou de juifs marranes chassés par l'Inquisition, ladres de Syrie, maudits par Élysée, celui de l'histoire sainte, et j'en oublie.

 

Parmi les auteurs sérieux, René Descazeaux remarque que l'archevêque Pierre Marca explore largement l'histoire supposée des cagots dans son « Histoire du Béarn », au XVIIe siècle. Il aura fallu attendre 1640. Pour lui, les cagots-sarrasins réprouvés furent assimilés aux ladres-lépreux. Observateur, il remarque que les chrestiaas sont mentionnés, pour la première fois, dans le cartulaire de Lucq de Béarn, dès l'an mille et pas avant. En 1847, Francisque Michel présente toutes les races maudites de la France et de l'Espagne dont les cagots pourraient être les descendants.

 

Le premier chrestiaas - Christianus - s'appelle Auriol Donat. Il est originaire d'Ogenne, à peu de distance de Lucq. Il n'est pas serf, plutôt de famille aisée. C'est à Lucq de Béarn que s'organise la plus puissante crestiantat - cagoterie - connue. Peyroulet, son chef, signe avec Fébus des contrats de construction d'ouvrages pour sa défense militaire. Ce chef cagot traite d'égal à égal avec le prince flamboyant. Curieux pour un paria de la société…

 

Bizarrement, la cour des miracles de saint Vincent de Lucq parle une langue verte du compagnonnage. Le secret de l'histoire de ces malheureux doit être recherché dans l'origine de cette marque infamante du pied d'oie qui n'a rien d'ésotérique mais repose sur des faits oubliés que l'auteur a su assembler en une cohérente perspective.

 

LES  CAGOTS

Divers  auteurs

ARCADIA

 2005

Les cultures occidentales ont leurs intouchables : des individus exclus de la vie sociale ordinaire, se voyant attribuer un statut à part, en raison de leurs origines supposées (raciales et/ou religieuses), en raison également de leur métier. Localisés pour la plupart dans les Pyrénées, les cagots sont charpentiers, menuisiers, bûcherons…..

 

Leur sang est dit impur, leur répétition est mauvaise : ils empoisonnent les fontaines, ils transmettent une maladie mystérieuse, invisible, dont ils sont atteint, car leur figure compose avec celle légendaire du lépreux ou des hérétiques.

 

Jean Claude Paronnaud a regroupé une somme très importante de documents sur les cagots du Pays Basque et les a mis en dossiers séparés par thème suivants :

Les patronymes cagots, les habitats des cagots et leur localisation, leurs maisons, les relations des cagots avec les nobles et le clergé, leurs métiers, leur vie, les prêts d’argent,  l’évolution des cagots et leur dispersion.

Ces cagots qui vivaient principalement dans les Pyrénées (Gascogne, Pays Basque et Navarre) ont été objet de mépris et de ségrégation, ils ne pouvaient se marier qu’entre eux, dans les églises une porte leur était attribuée ainsi qu’un bénitier, l’hostie de la communion leur était donnée sur une palette de bois, on les appelait lépreux ou Tzigane ou chien de Goths en tant que descendant des Wisigoths.

 

Ils portaient sur l’épaule gauche une marque de drap rouge représentant une patte d’oie, ressemblant à la marque des lépreux. Cette patte d’oie était aussi un signe des compagnons charpentiers permettant de repérer les pièces de charpente à assembler entre-elles.

 

Cette marque trivium de l’oie ou de l’outarde arctique figure aussi sur le manteau des chamans lorsqu’ils entreprennent leur voyage extatique, cet oiseau leur permet de conduire l’âme des morts. Cette marque infamante des cagots nous rappelle la reine Pédauque et à la reine Austris épouse du roi Wisigoth de Toulouse, on songe également à la reine de Saba venu rendre visite à Salomon et qui aurait eu des jambes velues et des pieds palmés. Cette patte d’oie nous permet de mieux comprendre les signes mais nous rappelle le cygne (Zeus) et les chevaliers du Graal.

 

Witold Zaniewicki nous explique dans un long article le pourquoi et le comment de cette mise à l’index. La qualification de lépreux ou de chiens goths (caa goth). Le nom de galeux était courant dans les Landes.

Ces cagots forment une caste d’intouchables mais un étrange rapport avec le reste de la population va se faire au fil des ans, travaillant le bois ils vont devenir presque un passage obligé dans le journalier mais aussi dans le symbolisme, car ils règnent sur l’arbre et la forêt, comme des sorciers ou des chamans, avec le feu et la transformation du bois en charbon de bois, ils deviendront les charbonniers et les fendeurs, maîtres de leur art, mais redouté et craint comme les forgerons.

 

Ils sont tolérés au sein des vivants mais rejetés de la communauté des morts. Certains s’enrichissent, ce qui provoque des regains de jalousie. L’Eglise leur refuse toujours l’inhumation en terre sacrée et la communion, ce qui provoquera les révoltes de 1627 et 1724 et qui aboutira à des améliorations. Les cagots bénéficiaient d’énormes privilèges, ils sont exempts d’impôts et de service militaire et comme beaucoup s’étaient enrichi, l’Etat vers 1765 abolira toutes les lois et les interdits contre les cagots qui ainsi vont retrouver leur place au sein de la communauté mais devront payer des impôts et donner des recrues pour l’Armée.

Le mot cagot reste et restera lié à l’arbre et à la forêt par de multiples rapports, professionnels, religieux, sociaux et communautaire.

 

Pour approfondir cette communauté :

 

L’Enigme des cagots par Gilbert Loubès Edition Sud Ouest  1998

Le noble et le lépreux par Witold Zaniewicki  Edition L’Harmattan  2001

Les cagots. Histoire d’un secret. par René Descazeaux  Edition Princi Negue  2002

 

LES CAGOTS  - L’ÉNIGME DES CAGOTS

Gilbert LOUBES

Edition Sud Ouest

 1998

Qui sont-ils ? d’où viennent-ils ? Ils sont exclus de la société ; on leur prête la lèpre, le mauvais œil ; mais ils font des compagnons du Tour de France exceptionnels. Ils seront réintégrés début du 19éme siècle.

Les cagots : voilà un groupe d'humains qui subira pendant près de dix siècles une mise à l'écart, du Sud-ouest jusqu'en Navarre.

"Leur origine reste mystérieuse, plusieurs thèses sont évoquées, allant de wisigoths battus par Clovis à Poitiers, aux Sarazins, juifs, cathares, lépreux…Il est cependant probable qu'ils soient les descendants d'un peuple vaincu par les armes. Le nom même de " cagot " est d'origine incertaine, il peut venir de " cangoth ": les chiens de Ghoth. On retrouve aussi les termes de Gézitain, Chrestians, Gahets, Capots, Agots…

Le texte de Loubès, essaie d'ouvrir de nouvelles voies logiques et cohérentes, et de lever le voile sur l'énigme cagote. Dans une première partie, il développe l'histoire de leur rejet en nous rappelant les thèses précédentes. Il nous présente, ensuite, ses propres pistes de recherches. Elles lui permettent de localiser les "parias de l'Occident" de la Bretagne au Pays Basque et cible donc leur présence sur les chemins pèlerins de Compostelle. Il s'intéresse aussi à la seule activité qu'ils pouvaient exercer celle de charpentier ou des métiers du bois, dans laquelle ils constitueront une corporation puissante et organisée, d'où pour l'auteur leur origine compagnonnique.

L'approche essentiellement anthropologique de l’auteur démontre comment l'accumulation des croyances, des traditions et des mythes s'est superposée à la réalité historique pour concourir au processus d'exclusion de ce groupe. Texte essentiel, il ébauche une comparaison avec les "intouchables" du continent indien. Il approfondie sa recherche sur l'histoire de cette marginalité par une étude de l'organisation de l'espace de l'exclusion située à la périphérie du village. Il  tente alors de répondre à certaines questions : Comment des procédés discriminatoires s'installent et évoluent dans une société ouverte ? Comment se sont instaurés des critères de séparation envers une communauté, signalée par une marque d'appartenance : la patte de canard ou le tissu rouge cousu sur l'épaule ou le poitrail ?

L'énigme des cagots aux éditions Sud- Ouest est quant à lui un  texte documentaire portant en particulier sur le pays gersois. Une histoire de la lèpre peut conclure cette recherche si l'on souhaite redécouvrir le processus de fabrication d'une exclusion. Rejetés parce que contagieux, les lépreux étaient les "morts vivants" du moyen âge. Leur calvaire, annoncé par le son des crécelles, a traversé des décennies jusqu'à se confondre avec le destin des cagots.

Mais, les cagots ont toujours cherché à se soustraire avec détermination aux normes qui les reléguaient en marge de la société. Ils n'y a pas si longtemps qu'ils y sont parvenus. Il est enfin fini le temps où on les reconnaissait à leurs oreilles dépourvues de lobes, à leur odeur, à leurs yeux bleus ou lorsqu'ils se mouchaient car rien ne sortait de leur nez !

 

LES CAGOTS  -LE NOBLE ET LE LÉPREUX

Witold ZANIEWICKI

Edition l’HARMATTAN

 2001

La noblesse du pauvre et  du misérable des Ghettos, de Pologne aux cagots des Pyrénées. La noblesse dans toutes les couches de la société et dans tous les pays. Étude sociologique sur la noblesse. Dans ce recueil, Witold Zaniewicki aborde en pionnier la problématique de la " noblesse populaire ". Un thème provocateur, car l'historiographie française conserve une conception réductrice de la noblesse. L'auteur est parti d'un phénomène historique et anthropologique qu'il a personnellement observé en Pologne. Il s'appuie aussi sur le Pays Basque et l'Espagne du Nord.

 

Au début de notre ère, les foyers lépreux se situaient surtout au Moyen Orient, en Égypte surtout en Inde, en Asie. Mais la maladie s’était aussi infiltrée dans le monde Gréco-Romain et dans le bassin méditerranéen où elle restait sporadique. Elle ne s’en répandait pas moins peu à peu. Une étape nouvelle dans sa diffusion en Europe s’ouvrit avec l’essor des pèlerinages à Jérusalem, puis avec les croisades, et la multiplication des contacts commerciaux et humains entre Orient et Occident.

 

Au début du XIe siècle, les Turcs envahirent le proche orient qui était sous domination arabe, et mirent notamment la main sur la future Turquie. Bien qu’ils fussent les uns et les autres musulmans, si les Arabes toléraient les pèlerins chrétiens, les Turcs leur étaient hostiles. Or, le chemin de pèlerinage qui révélait, en Terre Sainte, les lieux mêmes de la vie, de la prédication, de la passion et de la Résurrection du Christ, et qui s’était imposé, des siècles durant comme la principale dévotion collective de la chrétienté romaine, ce chemin passait par cette même région. Il fallait donc libérer de la domination turque et le chemin du lieu saint, et le lieu saint lui-même, la ville de. Jérusalem.

D’où les croisades du XIIe siècle, la formation d’états croisés, et d’incessantes luttes, d’où encore la reprise des croisades pendant deux siècles... Pèlerinages, croisades, commerce aussi, bien d’autres échanges encore… : la lèpre, qui allait croissant partout ailleurs en terre musulmane, emboîta le pas sur cette nouvelle route, celle de l’Occident.

 

Les Occidentaux ne manquèrent pas de réagir face à cet adversaire imprévu, mais de manière plus complexe que par le seul dégoût apeuré. Certes, l'éclosion d'une véritable endémie lépreuse au XIIIe siècle en Europe, sur fond de pauvreté et d'hygiène défectueuse alarma partout les populations. Mais, il faut bien comprendre l'identité et le statut du lépreux à cette époque : il est impur, il doit expier une faute (quelle faute ?), il transpire la mort, une mort répugnante… mais si la lèpre est une punition, elle est aussi un outil de la Providence divine : le lépreux est un de ces petits, marqués, mais aussi remarqués, par le Christ dans les Béatitudes. Il est aussi, plus qu’un autre, une image vivante du Christ souffrant. On le craint, il suscite le dégoût, il est impur, mais c’est un frère, un frère souffrant.

 

Le problème du secours aux lépreux et même temps de leur subsistance va donc être un peu partout, et très tôt, à l’ordre du jour dans l’Eglise, à l’occasion surtout divers conciles locaux (assemblée des évêques d’une région). Dès 511, l’un d’entre eux fait obligation aux évêques de fournir le nécessaire à ces malheureux. Un synode (concile plus restreint) tenu à Orléans complète cette règle en 549. Puis un concile à Tours impose cette obligation aux cités, ainsi qu’aux villages, à leurs curés et à leurs habitants. Cette législation s’enrichit dans le temps, du VIII au XI s. Quand les papes reprennent à leur compte la pratique des Conciles généraux (en 1123, au Latran, etc.) ils n’oublient pas les lépreux, mais leurs dispositions sont désormais étendues à l’ensemble du monde chrétien : tel est le cas d’ un article de Latran III (1174) accordant aux « ladres » (lépreux ) vivant en commun la possibilité d’avoir une église, un cimetière et un prêtre particulier.

 

 partir du XIIe siècle le mal redouble, se répand partout : des pays croisés, créés après 1099 autour de Jérusalem, jusqu’à toutes les régions de l’Europe, sans en épargner aucune, et l’emprise du fléau ne cesse de s’y étendre, dans les villes, dans les campagnes, et frappe indistinctement gens modestes et, dans une moindre mesure, classes aisées, évêques, noblesse, et jusqu’aux monarques : rois de Norvège (Magnus, XIe siècle), de Portugal (XIIIe siècle), et, dès ses 12 ans, celui du royaume croisé de Jérusalem, Baudoin IV, déjà lépreux au moment du Sacre, monarque d’une abnégation et d’un courage exemplaires, et qui meurt exténué à 23 ans, en 1182. La haute noblesse paie aussi largement son lot : une duchesse de Bretagne, un comte de Chartres, un comte de Crépy et beaucoup d’autres.

 

Vu la gravité et la diffusion inexorables de la redoutable maladie, la préoccupation primordiale des contemporains, sans pour autant balayer toute compassion secourable, est désormais d‘éviter la contagion et pour cela, première précaution, d’éviter les lépreux eux-mêmes et, quand ils se déplacent, de les obliger à se signaler, et de le faire assez fort et assez tôt pour que chacun s’écarte. Mais le moyen le plus absolument sûr de les éviter est de les isoler, et cela de manière autant que possible permanente, en créant à cet effet des hospices (les maladreries) destinés à recevoir les malades, et eux seuls, et à les y cloîtrer. Cela étant, dans l’atmosphère ecclésiale et évangélique de l’époque, l’entrée en maladrerie (ou en cellule isolée) ne tarda pas à prendre un caractère religieux, au même titre que tous les grands actes de la vie chrétienne: naissance, mariage, sacerdoce, vœux monastiques. Il était normal pour l’Eglise, qui avait pris part à leur séparation du monde, que celle-ci soit accompagnée de prières solennelles adaptées à leur cas, celui de chrétiens malmenés par la Providence, mais qui s’en remettent totalement à Elle. La nouvelle condition qui est la leur se trouve ainsi régie par une règle de vie, conçue et spirituellement prise en charge par l’Eglise, comme l’est, par exemple, la condition monastique.

 

L’entrée en « clôture » se faisait avec solennité. Un prêtre allait chercher le lépreux dans sa demeure et le conduisait à l'église sur une civière et couvert d'un drap noir, tout comme un mort. Un voile également noir était tendu devant l’autel. Le ladre s’agenouillait, on le voilait, de noir toujours, et c’est là qu’il entendait la messe, puis participait à la liturgie appropriée. L’officiant versait sur lui trois pelletée de la terre du cimetière en prononçant en latin, la formule « sois mort au monde, revis en Dieu ». On lui lisait la nouvelle règle de vie qu’il aurait à suivre, on procédait à la vêture de son habit de ladre, et on lui remettait la crécelle qui signalerait partout sa présence lors de ses déplacements. Après quoi on sortait de l’église et une procession se formait pour le conduire à la maladrerie, ou à sa cabane. Une petite allocution du célébrant l’exhortait à la patience. S’il devait vivre seul, on plantait une croix – signe de la protection de son Rédempteur -, et un tronc était installé pour les aumônes. Une bénédiction couronnait le tout.

 

les chemins de compostelle en terre de france

P. huchet

Edition OUEST FRANCE

 1997

L’an 950, Gotescale, évêque du Puy-en-Velay, franchit à cheval les montagnes et les plaines jalonnant les mille six cents kilomètres séparant Le Puy de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est le premier pèlerin « officiel », ayant foulé ces chemins qui vont conduire des millions d’hommes et de femmes, de toute l’Europe, vers la lointaine Galice et le tombeau de l’apôtre Jacques.


Comment est né ce fabuleux pèlerinage ? Qui étaient ces valeureux pèlerins ? Comment vivaient-ils sur les chemins ? Quelles étaient les quatre grandes voies sillonnant la France ? Existaient-ils des chemins de saint Jacques en Bretagne, Pays de Loire ou Vendée ?


Telles sont quelques-unes des questions auxquelles Patrick Huchet tente de répondre dans cet ouvrage. Mais plus qu’une « encyclopédie » historique, c’est surtout une invitation à partir sur le « chemin de l’étoile » que vous convie l’auteur, comme il l’a vécu lui-même, du Puy-en-Velay à Conques, sur le GR 65, le chemin de saint Jacques.


Des images couleurs superbes.

 

les chemins de compostelle en terre d’espagne

P. huchet

Edition OUEST FRANCE

 1999

« Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à Puente la Reina, en territoire espagnol… Ces quelques lignes sont extraites du « Guide du pèlerin de Saint-Jacques » (vers 1135 – 1140), œuvre du moine poitevin Aimery Picaud, fort utile aux jacquets cheminant en nombre, au Moyen Âge, vers le tombeau de l’apôtre Jacques, à Santiago.


À l’aube du XXIème siècle, les pèlerins de Compostelle reprennent, chaque année plus nombreux, le Camino de Santiago : à pied, à vélo… ou à cheval, s’élançant de Saint-Jean-Pied-de-Port ou du col du Somport, eux aussi rejoignent la cité de Puente la Reina et son magnifique « puente de los peregrinos » (pont des pèlerins).


Puis c’est le « Camino francés », le grand chemin de Saint-Jacques, traversant l’immense plateau de la Meseta et les montagnes de Galice, qui les mènera à la ville sainte, Santiago de Compostela. À la suite des « Chemins de Compostelle en terre de France », Patrick Huchet et Yvon Boelle ont sillonné les chemins en terre d’Espagne, pour vous faire découvrir l’histoire, la beauté des paysages, les richesses artistiques des villages, villes et régions traversées par le Camino : Aragon, Navarre, Rioja, Castille-Léon et Galice.

 

S’aventurant sur le Camino Primitivo, ils mettent en valeur les itinéraires méconnus des plus anciennes voies du pèlerinage, au Pays basque, Cantabrie et Asturies. Dans la même veine que leur précèdent ouvrage, c’est non seulement un livre de culture mais c’est aussi une merveilleuse invitation à partir sur le Chemin de l’étoile.


Des photos couleur superbes.

 

Les chemins de compostelle – GUIDE EUROPḖEN  -

Jean bourdarias

Edition FAYARD

 1996

Très beau livre avec une iconographie importante et de belles images couleur sur le pèlerinage de St Jacques de Compostelle et de tous les chemins européens qui y mènent, avec le descriptif des villes, villages et site qu’ils traversent. Depuis l'origine du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (Santiago de Compostela en espagnol), les pèlerins ont emprunté les voies de communication de tous les autres voyageurs. Sauf à proximité immédiate des sanctuaires, il n'y avait donc pas à proprement parler de chemins de pèlerinages spécifiques.

 

C'est à partir de 1882 avec l'impression du dernier Livre du Codex Calixtinus, recueil composé au XIIe siècle, que s'est répandue la notion de chemins de pèlerinage. Ce livre commence en effet par ces mots : « Quatre chemins vont à Saint-Jacques ».

 

Très sommairement décrits, ces chemins sont désignés par les noms des villes qu'ils traversent Comme l'ensemble du manuscrit, ils sont décrits et dénommés en latin. L'habitude a ensuite été prise de donner des noms à consonance latine aux chemins contemporains. Ceci peut être justifié quand ils suivent d'anciennes voies romaines. C'est plus folklorique quand il s'agit de créations contemporaines.

 

Ce n'est qu'après la définition des Chemins de Compostelle comme premier itinéraire culturel européen, officialisé en 1987que de véritables itinéraires et chemins ont été plus ou moins arbitrairement tracés et balisés jusqu'aux confins de l’Europe.

 

Paru dans l'enthousiasme de cette décision européenne, un livre de référence leur a donné une existence et une notoriété accrues. Ce « Guide européen des chemins de Compostelle » est à la fois un guide sommaire pour les randonneurs et un guide routier pour les automobilistes et autres touristes contemporains.

 

 Son titre de « Guide des chemins » est trompeur. C'est cependant de lui que sont inspirées les descriptions pour les chemins européens. Elles correspondent à une vision contemporaine, conforme aux projets culturels et socio-économiques des institutions qui souhaitent à nouveau promouvoir les chemins vers Saint-Jacques de Compostelle  Un livre de documentation superbe.

 

les chemins de st jacques

 Divers auteurs

Edition ZODIAQUE

 1970

Les chemins de St Jacques de Compostelle avec des photos de voyage superbes, de deux pèlerins ayant suivi à pied la route de Vézelay à Compostelle.

Les premières questions qui viennent, lorsqu'on pense à partir sur les chemins de St-Jacques-de-Compostelle, sont d'abord techniques : Où et quand partir ? Quelle distance parcourir ? Que mettre dans son sac à dos ? Rapidement, surgissent aussi toutes les interrogations annexes : Comment identifier un ronfleur ? Puis-je rencontrer l'amour malgré la sueur ? Le bronzage de nuque est-il cool ? À la question la plus concrète ou la plus absurde, le guide Les Chemins de Compostelle donne les réponses indispensables à l’apprenti-pèlerin. Avec des quiz, des témoignages et des astuces, découvrez les dessous d'un chemin mythique qui attire les marcheurs du monde entier… Préparez-vous à l'aventure !

Pour se rendre au sanctuaire, de nombreux pèlerins traversent la France. « Les besoins spirituels et physiques des pèlerins furent satisfaits grâce à la création d'un certain nombre d'édifices spécialisés, dont beaucoup furent créés ou ultérieurement développés sur les sections françaises », selon le site de l'Unesco.

Les routes françaises de pèlerinage, décrites dans  son « guide du pèlerin » par Aimeri Picaud, moine poitevin du XIIe siècle, sont celles de Paris, Vézelay, Le Puy et Arles. Elles sont connues sous les appellations suivantes : la Via Tolosana (ou voie toulousaine, qui part d'Arles), la Via Podiensis (qui part du Puy et traverse notamment Cahors), la Via Lemovicensis (ou voie limousine, qui passe par Vézelay, Périgueux…) et la Via Turonensis aussi appelée le « Grand Chemin » (qui part de Paris et passe par Tours, Les voies de Paris, de Vézelay et du Puy se rejoignent au Pays Basque, au pied des Pyrénées, et, après avoir franchi la frontière, forment le Chemin de Navarre. En Espagne, à Puente la Reina, la voie d'Arles se greffe au Chemin de Navarre pour former le Chemin français.

Ces chemins permettent de découvrir des régions très riches, et des paysages magnifiques, grandioses et méconnus de France, des villages profondément attachants. Des quatre routes historiques, la plus ancienne et la plus riche en monuments romans est celle du Puy-en-Velay, haut lieu du pèlerinage.

De nombreux établissements pour accueillir les pèlerins (hospices, aumôneries, auberges…) et des monuments pour témoigner leur dévotion (basiliques, chapelles, statues, fresques…) sont érigés le long des routes ; 71 d'entre eux sont inscrits au patrimoine mondial.

Entre autres sites remarquables, l'église Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand, l'abbatiale Sainte-Foy de Conques, le pont sur le Lot et l'église Saint-Fleuret à Estaing, l'abbatiale Saint-Pierre et le cloître de Moissac, la cathédrale du Puy-en-Velay, la cathédrale Saint-Front à Périgueux, l'église Saint-Sauveur et la crypte Saint-Amadour à Rocamadour, la basilique Saint-Sernin de Toulouse, l'ancienne cathédrale Notre-Dame à Saint-Bertrand-de-Comminges, l'abbaye royale Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-d'Angély…

 

les chemins de st jacques de compostelle

 Divers

Edition MSM

 1999

Ouvrage de 320 pages avec des centaines d’illustrations couleur sur tous les chemins de St Jacques de Compostelle, à partir de toute l’Europe et du monde entier vers St Jacques.

La route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle a joué un rôle fondamental dans le développement et les échanges culturels et religieux à la fin du Moyen Âge, comme en témoignent magnifiquement les monuments inscrits sur la Liste du patrimoine, qui sont situés sur la route suivie par les pèlerins en territoire français.

La construction d'un certain nombre d'édifices spécialisés, dont beaucoup ont été conçus ou ultérieurement développés en France, devait répondre aux besoins spirituels et physiques des pèlerins qui se rendaient à Compostelle.

Après la prise de Jérusalem par le calife Omar, en 638, les chrétiens hésitèrent à se rendre en pèlerinage dans la ville sainte. Fondé vers 800, celui de Saint-Jacques-de-Compostelle, où se trouvait la tombe de l'apôtre saint Jacques le Majeur, qui introduisit le christianisme dans la péninsule Ibérique, bénéficia du déclin de Jérusalem.

 

Saint-Jacques devint un centre religieux local avec l'installation du siège d'un évêché vers 900, mais la renommée du site ne se répandit rapidement qu'après la visite en 951, de Godescalc, évêque du Puy et l'un des premiers pèlerins étrangers documentés. À partir du XIe  siècle, le pèlerinage de Compostelle connut son apogée. Des milliers de pèlerins, et parmi eux des rois ou des évêques, marchaient sur de longues distances pour aller prier sur la tombe de l'un des plus proches compagnons du Christ. Ce succès coïncida avec l'affirmation de l'ordre de Cluny qui encouragea ce culte en publiant les Vies des saints et les Recueils de miracles. Des églises se développèrent comme autant de relais le long de la route de pèlerinage, notamment en France entre le XIe et le XIIIe  siècle.

Les quatre principales routes de pèlerinage pour Saint-Jacques-de-Compostelle commencent à Paris, Vézelay, Le Puy et Arles, et chacune d'entre elles comportait un certain nombre de routes secondaires. Ainsi, vers la route de Paris convergeaient des routes provenant de Boulogne, de Tournai et des Pays-Bas, tandis que les routes provenant de Caen, du Mont-Saint-Michel et de Bretagne la rejoignaient à des points intermédiaires : Tours, Poitiers, Saint-Jean-d'Angély et Bordeaux, qui était le port des pèlerins venant par mer d'Angleterre ou des côtes de Bretagne et de Normandie. Le Puy assurait la liaison avec la vallée du Rhône, tandis que les pèlerins venus d'Italie passaient par Arles. Les trois routes occidentales convergeaient à Ostabat, en traversant par le col d'Ibaneta, tandis que la route orientale, depuis Arles, empruntait le col du Somport ; les deux routes se rejoignaient ensuite en Espagne à Puente la Reina.

Les lieux de culte situés le long des routes de pèlerinage en France sont aussi bien de grands édifices, comme Saint-Sernin à Toulouse ou la cathédrale d'Amiens, que des églises paroissiales. Ils ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial soit parce qu'ils figurent sur le guide d'Aymeric Picaud (cathédrale Saint-Front à Périgueux ou église Saint-Léonard de Noblat), soit parce qu'ils renferment d'importantes reliques ou d'autres objets qui les rattachent directement au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Certaines églises présentent des caractéristiques architecturales qui permettent de les désigner comme des « églises de pèlerinage ». Sainte-Foy à Conques, Saint-Sernin à Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle elle-même, en particulier, ont en commun de larges transepts et des chapelles absidiales ouvrant sur un spacieux déambulatoire, destinés à répondre aux besoins liturgiques des pèlerins.

Les pèlerinages médiévaux étaient extrêmement durs pour les pèlerins, qui nécessitaient souvent des soins médicaux. Les très rares centres de soin conservés sur la partie française de la route d'origine ont été inscrits sur la Liste. De nombreux ponts sont connus comme « ponts de pèlerins »; celui qui franchit la Borade à Saint-Chély-d'Aubrac porte même une image gravée de pèlerin. Le pont du Diable construit sur l'Hérault à Aniane, qui est l'un des plus anciens ponts médiévaux de France, et le magnifique pont fortifié construit au XIVe  siècle sur le Lot à Cahors, le pont Valentré, en sont les plus beaux exemples.

Tandis que le parcours des différentes routes est généralement connu, très rares sont les tronçons qui ont conservé une partie de leur physionomie d'origine. Sept d'entre eux ont été inscrits sur la Liste, tous sur la route du Puy dont ils représentent environ 20 % de la longueur totale. Ce sont des routes relativement secondaires, dont le tracé n'a pas changé de manière importante depuis le Moyen Âge ; elles sont également jalonnées de monuments associés au pèlerinage de Compostelle, comme des croix ou de modestes lieux de culte.

 

LES SECRETS DE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE

Philippe Martin

Librairie Vuibert Paris

2018

Le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle connaît un renouveau significatif. Ceux qui vivent sur l’un des chemins de Compostelle constatent l’augmentation du nombre de pèlerins qui se rendent en Galice, moins aujourd’hui pour contempler les reliques supposées de l’apôtre saint Jacques que pour vivre une expérience spirituelle profonde, celle du voyage initiatique. Croyants et sportifs se mêlent sur les routes pour une aventure à la fois individuelle et collective. Philippe Martin cherche pour nous les mythes et les secrets, nombreux, qui constituent la trame de ce pèlerinage exceptionnel qui attire des pèlerins du monde entier, solitaires ou en groupe. « En marchant, suggère l’auteur, les membres de cette communauté aspire à une conscience plus profonde de soi, de l’univers, du sacré… Les quêtes sont innombrables. Chacun est concentré sur son objectif, mais les moyens pour parvenir au but sont multiples. » De la méditation de pleine conscience à la mystique en passant par l’amour du patrimoine, les motivations sont multiples, comme les chemins.

 

Philippe Martin nous rappelle qui est saint Jacques. L’apôtre qui aurait évangélisé l’Espagne fut arrêté et décapité à Jérusalem lors d’un retour en Palestine. Ses disciples auraient ramené le corps à Compostelle. Cependant, rien ne permet d’affirmer que Jacques soit venu en Espagne. C’est au 7ème siècle que le mythe prend forme mais c’est avec Charlemagne et ses guerres espagnoles rendues célèbres par la geste de Roland,  que Compostelle  prend de l’importance. La découverte sous le règne de Charlemagne d’un tombeau entraîne « l’invention de saint Jacques ». De nombreuses polémiques entourent les reliques, leur authenticité, leur transfert, leur dispersion. C’est donc un « saint bien politique » que nous présente l’auteur.

 

Après l’invention du saint, vient l’invention du chemin, du pèlerinage, ou plutôt des chemins, via tolosana, via podiensis, via turonensis, via lemoviscensis : « Disons-le nettement, le Chemin, cette route unique qui aurait drainé les foules européennes vers l’apôtre, n’a jamais existé. Si, aujourd’hui, se développe une mystique du chemin, la circulation réelle est plus complexe. Il y a des étapes obligatoires, imposées par la topographie, comme le col de Roncevaux, pour traverser les Pyrénées, ou par les capacités d’accueil, à l’image de l’hôpital d’Aubrac. Entre ces points, chacun tente de trouver la route qui lui convient : parce qu’elle est facile, parce qu’il y trouvera un gîte, parce qu’il souhaite voir une relique, parce qu’il espère trouver un petit travail capable de nourrir son pécule »

 

C’est au XIXème siècle que se construit cette mystique du chemin. L’Eglise romaine verra tout l’intérêt à entretenir cette mystique et à l’organiser. L’interrogation des évidences opérée par l’auteur ne nuit pas à la magie de Compostelle et du pèlerinage. En effet, les mythes demeurent, indépendants des réalités. Reliques, miracles, symboles enrichissent la dimension imaginale du voyage jusqu’au face à face, bref, avec saint Jacques et l’obtention de la compostela, l’attestation accordée par les autorités ecclésiastiques. Mais, davantage que ce bout de papier, c’est le rapprochement avec soi-même, l’expérience de la persévérance, du silence, de la méditation dans la marche, les belles rencontres, qui font la valeur de ce voyage. Certains pousseront jusqu’au Cap Finisterre qui porte, comme tous les finistères, d’autres mythes, d’autres spiritualités anciennes à découvrir. Ce beau livre, de marcheur et d’historien, restitue la force du chemin de Saint Jacques de Compostelle, si vivant dans le temps et dans l’histoire, entre douleur et espérance.

 

Le pèlerinage est né de la découverte, dite miraculeuse d'un tombeau, faite en Galice vers l'an 800. Ce tombeau a été retrouvé par l'ermite Pelayo (ou Pelagius) qui aurait eu une révélation dans son sommeil. Il aurait été guidé par une étoile dans le ciel, d'où une des étymologies avancées pour Compostelle : Campus Stellae ou champ de l'étoile. Suite à cette révélation mystérieuse et après concertation, l'Église locale déclara qu'il s'agissait du tombeau de l’apôtre Jacques, frère de Jean l’évangéliste et premier apôtre martyr de la chrétienté. Les premiers écrits mentionnant la prédication de Jacques en Espagne remontent au VIIe siècle. Ils ont été repris au XIIe et incorporés au Codex Calixtinus. L'apôtre Jacques aurait quitté le Proche Orient au 1er siècle avec pour mission de prêcher la parole du Christ en Occident jusque dans la péninsule ibérique. Rentré en Palestine, il fut décapité sur ordre du roi Hérode Agrippa. Recueillie par ses compagnons, sa dépouille fut portée dans une embarcation. Guidée par un ange, l'esquif franchit le détroit de Gibraltar avant de s'échouer sur les côtes de Galice.Théodomire, évêque d'Iria-Flavia (aujourd'hui Padron), reconnut ce tombeau comme étant celui de Saint Jacques en 835 et le roi Alphonse II des Asturies y fit édifier une église. Il faudra toutefois attendre l'année 1884 pour que le pape Léon XIII confirme de son autorité, dans la lettre apostolique Deus Omnipotens, la reconnaissance des reliques de saint Jacques faite par l'archevêque de Compostelle.

 

En 1121, en pleine période de croisade (dont la première est lancée en 1095 par le Pape Urbain II à Clermont-Ferrand) et 3 ans après la fondation de l’ordre des Templiers en 1118 à Jérusalem par le pape Pascal II pour protéger le pèlerinage de Jérusalem, le pape Calixte II (dont le frère Raymond de Bourgogne est roi de Léon et de Galice par mariage avec Urraque de Castille, fille du roi de Castille Alphonse VI de Castille) fait de Saint-Jacques de Compostelle un archevêché. Il suscite le rassemblement de textes épars dans un manuscrit connu sous le nom de Codex Calixtinus pour assurer la dévotion à l'Apôtre et assure la promotion de Saint-Jacques de Compostelle.

 

Au cours du Xe et XIe siècle, le culte de saint Jacques étroitement lié en Espagne à la Reconquista commence à se répandre grâce à la légende de Charlemagne qui mobilise la chevalerie européenne. Suivant les routes commerciales de leur époque, des pèlerins de Saint Jacques, de tous rangs, mais surtout nobles, ecclésiastiques et marchands se rendaient en Galice de Paris, de Vézelay, du Puy en Velay et d’Arles. L'idée de l'existence de voies précises et de lieux de rassemblement est une idée contemporaine qui n'a pas encore trouvé son fondement historique. Les rois de Navarre et de Léon améliorèrent de leur côté les routes et construisirent des ponts afin de faciliter les échanges et le repeuplement du nord de l'Espagne après que les Sarrasins en eurent été chassés. S'ils bénéficièrent aux pèlerins, ces aménagements n'ont pas été faits que pour eux.

 

Le dernier livre incorporé au Codex Calixtinus est attribué à un moine poitevin, Aimery Picaud. Il y indique sommairement quatre routes en France, les chemins de Paris, de Vézelay, du Puy et d'Arles qui fusionnent pour trois d'entre eux à Ostabat dans les Pyrénées-Atlantiques, puis à Puente la Reina en Espagne, pour former le camino francés. Il y détaille les étapes, mais donne aussi des renseignements sur les régions traversées et leurs populations. Ce Livre n'a pratiquement pas été connu en Europe avant son impression (en latin) en 1882. C'est Jeanne Vielliard qui lui a donné le titre de Guide du pèlerin dans sa traduction de 1938. Depuis il est considéré, à tort, comme l'ancêtre des guides des pèlerins contemporains.

 

Les pèlerins avaient pour coutume de rapporter comme témoignage de leur voyage des coquilles de pectens, qu'ils fixaient à leur manteau ou à leur chapeau, d'où le nom de coquilles Saint-Jacques donné par la suite à ces mollusques. La coquille Saint-Jacques était le signe à l'issue du voyage que c'était un homme nouveau qui rentrait au pays. Elle deviendra l'un des attributs reconnaissables du pèlerin, avec le bourdon, la besace et le chapeau à larges bords. La coquille fut parfois gravée dans la pierre sur les frontons ou les chapiteaux des églises. Elle est le plus souvent un ornement architectural sans lien avec Compostelle. Au tout début de son histoire, la coquille Saint-Jacques n’a jamais été une preuve de l’arrivée à Compostelle.

 

Au commencement du Moyen Âge, les pèlerins étaient de pauvres gens et partaient sans vêtement de rechange. Le retour était très ardu, car les pénitences infligées à ces miséreux par les prélats de Saint-Jacques, consistaient à effectuer sur ce chemin du retour plusieurs fois par jour quelques centaines de mètres sur les genoux. Inutile de préciser que les culottes se trouaient rapidement. Une idée vint à un illustre inconnu d’utiliser les coquilles vides de "Pecten maximus" comme genouillères. Ces coquillages étaient percés de chaque côté de deux trous et maintenus par des cordelettes. Mais la dureté même de la coquille était plus douloureuse pour les genoux que la terre. Cette pratique dura quelques dizaines d’années et on la remplaça par une genouillère de cuir. C’est à partir de cette époque que la coquille perdit de son utilité vestimentaire pour un rôle plus noble, celui de preuve d'avoir été au bout de son chemin. Au fil du temps, les carnets de route faisant leur apparition, ils ne laissèrent à ce fameux coquillage qu'un rôle symbolique.

 

les chevaliers teutoniques

Laurent DAILLIEZ

Librairie Académique Perrin

 1979

L’histoire tumultueuse de ces chevaliers au blanc manteau à Croix noire, qui furent les chefs d’un véritable empire. Ils prirent corps durant les croisades avec les Templiers et les Hospitaliers, quelques bastions perdurent encore.

L'ordre Teutonique de l'Hôpital Sainte-Marie de Jérusalem – dit Ordo Sanctae Mariae Teutonicorum en latin et Deutscher Ritterorden en allemand – dont les chevaliers portent un manteau blanc avec une croix noire, fut créé en 1180 en Palestine, mais œuvra très tôt en Prusse et dans les pays Baltiques. S'il connut une puissance de premier rang du XIVe à la fin du XVIe, il surmonta néanmoins les aléas de l'histoire et survit de nos jours.

Pèlerins et croisés allemands sont nombreux à Jérusalem et dans les États latins d'Orient formés à l'occasion de la première croisade : vers 1120, un établissement hospitalier est fondé spécifiquement à leur usage. Des fouilles menées à Jérusalem en 1967 en ont révélé les structures ainsi que la belle église de style roman dédiée à sainte Marie. Cet établissement disparaît lorsque Saladin s'empare de la ville sainte en 1187. On sait que cet événement provoque la mobilisation des chrétiens d'Occident et c'est la troisième croisade. L'empereur Frédéric Ier Barberousse conduit les croisés allemands lorsqu'il meurt accidentellement dans la traversée de l'Asie Mineure.

Les Allemands rejoignent les Latins qui avaient mis le siège devant Acre – elle aussi reprise par Saladin – à la fin 1189. Sous les murs de cette ville, en 1190, deux marchands de Brême et de Lübeck fondent un hôpital de campagne pour leurs compatriotes ; une fois Acre prise par les chrétiens, cet hôpital reçoit une maison dans la ville. Quelques années plus tard, une autre croisade allemande, conduite par Frédéric de Souabe, neveu de Barberousse, arrive à Acre ; à l'instigation de Frédéric, l'hôpital des Allemands devient l'ordre religieux-militaire de Sainte-Marie des Teutoniques. Le pape Innocent III le reconnaît le 19 février 1199. La règle emprunte à celle des Templiers pour ce qui concerne la vie conventuelle et les activités militaires et à celle des Hospitaliers pour les activités de charité et d'assistance. Doté de biens en Terre sainte, recevant de nombreuses donations en Occident, le nouvel ordre connaît un essor décisif avec Herman de Salza, son quatrième grand maître (1210-1239).

En premier lieu, Salza a l'habileté de lier son ordre à la dynastie des Hohenstaufen et en particulier à Frédéric II, mais sans jamais rompre avec la papauté ; ensuite il accepte de s'engager en Prusse et en Livonie, pour lutter contre les païens des régions baltes que ni les missions, ni les croisades menées depuis 1147, ni l'action d'ordres religieux-militaires spécifiques comme l'ordre des Porte-glaive en Livonie, n'ont réussi à convertir au christianisme. La Terre sainte n'est pas abandonnée ; le quartier général de l'ordre y demeure jusqu'en 1291, au château de Montfort puis à Acre.

La conquête de la Prusse est difficile ; ce n'est pas avant les années 1280 que ses habitants sont soumis et convertis : villages de colonisation et châteaux quadrillent alors le pays qui, en vertu de la bulle de Rimini concédée par l'empereur Frédéric II en 1226, dépend entièrement des Teutoniques. Leur situation est différente en Livonie : ayant absorbé en 1237 l'ordre des Porte-Glaive, ils partageront toujours le pouvoir avec les évêques et les villes, principalement Riga. Ils doivent compter aussi avec les voisins.

Les Polonais, catholiques, ont été des alliés dans la conquête de la Prusse, mais la prise de la Poméranie occidentale (ou Pomérélie), avec le grand port de Gdansk-Danzig, par l'ordre au début du XIVe siècle entraîne une rupture définitive. En Livonie, ils ont affaire aux principautés russes de Pskov et Novgorod ainsi qu'aux Danois. La bataille sur la glace remportée par le prince de Novgorod, Alexandre Nevsky, en 1242 et rendue célèbre par le film d'Eisenstein n'a en réalité pas été décisive ; du moins la frontière est-elle stabilisée. Avec le Danemark, c'est le contrôle de l'Estonie qui est en jeu et les Teutoniques finissent par l'emporter. Enfin, entre Prusse et Livonie, la Lituanie constitue l'adversaire le plus redoutable.

Après 1291 et la chute d'Acre, l'ordre Teutonique, comme les Templiers et les Hospitaliers, reste présent à Chypre, en Arménie de Cilicie et dans le Péloponnèse latin (la principauté d'Achaie) ; il détient un patrimoine important en Sicile et Italie du Sud – l'empereur Frédéric II ayant été également roi de Sicile. Les Teutoniques hésitent : la Terre sainte ou la Baltique ? L'établissement de leur siège central à Venise, porte ouverte vers l'Orient et débouché des routes venant d'Europe du Centre-Est, repousse un choix délicat qui n'intervient, au prix d'une crise interne, qu'en 1309 : ce sera la Baltique et Marienburg devient leur nouveau quartier général – décision qui a des conséquences sur l'organisation de l'ordre.

Les années 1384-1386 marquent un tournant, de par l'union politique de la Lituanie et de la Pologne sur la base de la conversion de la première au catholicisme : le grand duc Jagellon devient roi de Pologne sous le nom de Ladislas II (1386-1434). Cette conversion, que les Teutoniques ne jugent pas sincère, enlève toute justification à leurs attaques contre la Lituanie. Reste alors un conflit de puissance au terme duquel l'ordre Teutonique disparaît de la région.

C'est d'abord, en 1410, l'écrasante défaite de Tannenberg face aux armées du roi Ladislas ; les conséquences territoriales sont minimes mais, moralement, l'ordre est touché : au concile de Constance, en 1415, il voit sa politique missionnaire mise en cause et condamnée. Plus grave est la crise financière, aggravée par la dépression économique qui frappe ces régions au XVe siècle et combinée à une crise sociale et politique en Prusse. Les villes et l'aristocratie s'unissent dans le Bund (1440) pour exiger des réformes et revendiquer une part du pouvoir. L'alliance du Bund avec la Pologne en 1354 entraîne la guerre de Treize Ans (1454-1466) qui s'achève par la défaite de l'ordre : la paix de Torun (1466) lui enlève toute la Poméranie, le réduisant à la seule Prusse orientale avec Königsberg ; et encore les Teutoniques sont-ils désormais les vassaux du roi de Pologne.

Cette évolution catastrophique amène les Teutoniques à faire appel à des alliés : ils offrent la maîtrise de l'ordre à des princes d'empire comme Albert de Brandenbourg (1510-1525), qui refuse de jurer hommage au roi de Pologne ; mais les progrès de la réforme luthérienne en Allemagne conduisent l'empereur Charles Quint à intervenir pour imposer le statu quo. Albert tente une autre manœuvre : il passe au luthéranisme et, en 1525, il sécularise l'ordre ; la Prusse devient un duché héréditaire.

En 1562, une évolution semblable se produit en Livonie où le maître Gotthard Keller devient duc de Courlande ; mais, comme précédemment Albert de Brandebourg, il doit jurer hommage au roi de Pologne. Situation paradoxale où deux princes protestants, fossoyeurs de l'ordre Teutonique catholique en Prusse et en Livonie, deviennent vassaux de la très catholique Pologne.

C'est en Allemagne, dans les États restés catholiques, qu'il va survivre. Protégé par les Habsbourg qui s'approprient la dignité de grand maître, il devient un ordre purement charitable. Ni la propagande soviétique – le film d'Eisenstein, si beau soit-il, en est un exemple – ni l'action des nazis qui, tout en se servant (en la déformant) de l'histoire des Teutoniques quasiment devenus ancêtres de la SS, abolissent l'ordre et emprisonnent ses dignitaires après l'Anschluss en 1938, ne le brise.

 

les chevaliers teutoniques

Henry bogdan

Edition Perrin

 2002

Si l’ordre religieux militaire des Chevaliers teutoniques est né en Terre sainte, c’est en Europe septentrionale et aux marches de l’Est qu’il a bâti sa gloire et sa légende. Dès le début du XIIIème siècle, l’ordre fut appelé à combattre les tribus slaves. Frédéric II de Hohenstaufen lui donna tous les privilèges des princes d’Empire et les Teutoniques se virent investis d’une double mission : la conversion des païens des régions baltiques et leur colonisation.

 

Dès lors, les Chevaliers teutoniques allèrent de conquête en conquête, créant un véritable Empire monastique, mais aussi politique et commercial. Cet impérialisme dressa contre eux la Pologne et la Lituanie qui, unies sous le sceptre des Jagellon, leur infligèrent la fameuse défaite de Tannenberg (1410), point de départ du déclin et de l’éclatement de l’ordre. On a fait des Teutoniques, fondateurs de la Prusse, les ancêtres du militarisme prussien et les nazis ont cherché à les « récupérer ». Henry Bogdan n’a voulu se fonder que sur des faits établis et aboutit à une réalité bien éloignée de cette caricature.

 

L'ordre Teutonique de l'Hôpital Sainte-Marie de Jérusalem – dit Ordo Sanctae Mariae Teutonicorum en latin et Deutscher Ritterorden en allemand – dont les chevaliers portent un manteau blanc avec une croix noire, fut créé en 1180 en Palestine, mais œuvra très tôt en Prusse et dans les pays Baltiques.

S'il connut une puissance de premier rang du XIVe à la fin du XVIe, il surmonta néanmoins les aléas de l'histoire et survit de nos jours.

Pèlerins et croisés allemands sont nombreux à Jérusalem et dans les États latins d'Orient formés à l'occasion de la première croisade : vers 1120, un établissement hospitalier est fondé spécifiquement à leur usage. Des fouilles menées à Jérusalem en 1967 en ont révélé les structures ainsi que la belle église de style roman dédiée à sainte Marie. Cet établissement disparaît lorsque Saladin s'empare de la ville sainte en 1187. On sait que cet événement provoque la mobilisation des chrétiens d'Occident et c'est la troisième croisade. L'empereur Frédéric Ier Barberousse conduit les croisés allemands lorsqu'il meurt accidentellement dans la traversée de l'Asie Mineure. Les Allemands rejoignent les Latins qui avaient mis le siège devant Acre – elle aussi reprise par Saladin – à la fin 1189.

 

Sous les murs de cette ville, en 1190, deux marchands de Brême et de Lübeck fondent un hôpital de campagne pour leurs compatriotes ; une fois Acre prise par les chrétiens, cet hôpital reçoit une maison dans la ville. Quelques années plus tard, une autre croisade allemande, conduite par Frédéric de Souabe, neveu de Barberousse, arrive à Acre ; à l'instigation de Frédéric, l'hôpital des Allemands devient l'ordre religieux-militaire de Sainte-Marie des Teutoniques. Le pape Innocent III le reconnaît le 19 février 1199. La règle emprunte à celle des Templiers pour ce qui concerne la vie conventuelle et les activités militaires et à celle des Hospitaliers pour les activités de charité et d'assistance.

 

Doté de biens en Terre sainte, recevant de nombreuses donations en Occident, le nouvel ordre connaît un essor décisif avec Herman de Salza, son quatrième grand maître (1210-1239). En premier lieu, Salza a l'habileté de lier son ordre à la dynastie des Hohenstaufen et en particulier à Frédéric II, mais sans jamais rompre avec la papauté ; ensuite il accepte de s'engager en Prusse et en Livonie, pour lutter contre les païens des régions baltes que ni les missions, ni les croisades menées depuis 1147, ni l'action d'ordres religieux-militaires spécifiques comme l'ordre des Porte-glaive en Livonie, n'ont réussi à convertir au christianisme. La Terre sainte n'est pas abandonnée ; le quartier général de l'ordre y demeure jusqu'en 1291, au château de Montfort puis à Acre.

 

La conquête de la Prusse est difficile ; ce n'est pas avant les années 1280 que ses habitants sont soumis et convertis : villages de colonisation et châteaux quadrillent alors le pays qui, en vertu de la bulle de Rimini concédée par l'empereur Frédéric II en 1226, dépend entièrement des Teutoniques. Leur situation est différente en Livonie : ayant absorbé en 1237 l'ordre des Porte-Glaive, ils partageront toujours le pouvoir avec les évêques et les villes, principalement Riga. Ils doivent compter aussi avec les voisins. Les Polonais, catholiques, ont été des alliés dans la conquête de la Prusse, mais la prise de la Poméranie occidentale (ou Pomérélie), avec le grand port de Gdansk-Danzig, par l'ordre au début du XIVe siècle entraîne une rupture définitive. En Livonie, ils ont affaire aux principautés russes de Pskov et Novgorod ainsi qu'aux Danois. La bataille sur la glace remportée par le prince de Novgorod, Alexandre Nevsky, en 1242 et rendue célèbre par le film d'Eisenstein n'a en réalité pas été décisive ; du moins la frontière est-elle stabilisée. Avec le Danemark, c'est le contrôle de l'Estonie qui est en jeu et les Teutoniques finissent par l'emporter. Enfin, entre Prusse et Livonie, la Lituanie constitue l'adversaire le plus redoutable.

 

Après 1291 et la chute d'Acre, l'ordre Teutonique, comme les Templiers et les Hospitaliers, reste présent à Chypre, en Arménie de Cilicie et dans le Péloponnèse latin (la principauté d'Achaie) ; il détient un patrimoine important en Sicile et Italie du Sud – l'empereur Frédéric II ayant été également roi de Sicile. Les Teutoniques hésitent : la Terre sainte ou la Baltique ? L'établissement de leur siège central à Venise, porte ouverte vers l'Orient et débouché des routes venant d'Europe du Centre-Est, repousse un choix délicat qui n'intervient, au prix d'une crise interne, qu'en 1309 : ce sera la Baltique et Marienburg devient leur nouveau quartier général – décision qui a des conséquences sur l'organisation de l'ordre.

 

les cloÎtres dÉmontÉS  de perpignan & du roussillon

Géraldine mallet

ARCHIVES COMMUNALES DE PERPIGNAN

 2000

L’ouvrage de Géraldine Mallet, consacré aux cloîtres élevés à Perpignan et en Roussillon entre les XIIème et XIVème siècles puis démontés, est un livre de grande qualité qui conjugue plusieurs mérites. Le premier d’entre eux est de recenser l’ensemble de ces monuments souvent mal connus et de nous permettre d’en saisir toute la richesse.


La recherche exhaustive effectuée, en second lieu, par un auteur visiblement passionné par son sujet a l’avantage de se suivre telle une enquête policière avec ses mystères, une intrigue soutenue, ainsi qu’un style alerte capable de tenir le lecteur en haleine tout au long de ce livre des plus conséquents.


La précision du travail nous amène parallèlement à comprendre le nombre incroyable d’actes de vandalisme, perpétrés souvent dans un but lucratif, pour une intelligence plus aigue du démontage et des destructions de ce patrimoine prestigieux avant son éparpillement aussi bien dans des collections privées ou publiques des États-Unis ou de départements de la région.


L’auteur a également le mérite de dresser une synthèse historique comme architecturale pour entendre l’esprit qui a animé la restauration et la reconstruction de ces cloîtres essentiellement gothiques. En prime, le livre de Géraldine Mallet nous offre, avec une élégante distance, un regard aigu sur la perception du Moyen Âge par nos contemporains.


Le Roussillon et d’une manière plus générale toute la Catalogne du Nord est célèbre par ses cloîtres médiévaux. Le prestige du marbre rouge des carrières de Villefranche-de-Conflent et des autres marbres locaux, la magnificence du cloître de Saint-Michel de Cuxa et le romantisme de celui de Saint-Martin du Canigou ont rendu célèbre cette région au moment où l’épanouissement du goût pour l’art roman n’avait plus de limites, au cours de la deuxième moitié du XXème siècle.


La célébrité du cloître de Cuxa n’est pas usurpée dans la mesure où sa sculpture, de belle qualité et assez bien datée, a permis de composer toute une théorie sur l’évolution de la sculpture romane pyrénéenne et catalane : c’est à Cuxa et Serrabonne que se seraient formés techniquement des sculpteurs dont l’art aurait rayonné, au cours de la deuxième moitié du XIIème siècle, vers Ripoll et d’autres centres de création artistique du versant sud des Pyrénées orientales. Si cette sculpture et l’art roman roussillonnais sont assez bien connus, même d’un public assez large, le présent ouvrage de Géraldine MALLET prend le parti, très inattendu mais judicieux et plein d’enseignements, d’étendre l’étude, non seulement aux cloîtres assez peu connus du XIIIème siècle, mais également à ceux qui, au cours du XIVème siècle, ont vu l’adaptation de l’art gothique à des habitudes de travail de sculpteurs et de tailleurs de pierre qui remonteraient à l’époque romane. C’est une continuité, présentée dans le cadre régional, que Géraldine Mallet a bien pris soin de distinguer en fonction des différentes communautés religieuses : cloîtres épiscopaux, augustins, paroissiaux ou mendiants.



Toute l’étude de l’art monumental du Moyen Âge devrait toujours être précédée d’une recherche systématique sur l’histoire du monument après l’époque médiévale, ses vicissitudes, destructions, restaurations ou dispersions. Cette enquête livrerait souvent des éléments pour connaître les attitudes face aux monuments au cours des siècles, mais surtout informerait le médiéviste sur ce qui est vraiment médiéval dans chaque monument conservé.
Les cloîtres du Roussillon sont emblématiques de ce point de vue : abandons, ventes, présence dans des musées étrangers ou dans des collections particulières, voilà les éléments d’une enquête que l’on se borne trop souvent à présenter seulement en relation avec les fragments du cloître de Cuxa exposés à New-York. Ce fut d’abord une suite d’histoires locales, de négligences ou de malveillances, au moment où l’art roman intéressait encore bien peu de gens. Le sculpteur américain Barnard y vit l’occasion d’offrir des modèles authentiques de sculpture médiévale pour que ses élèves du Nouveau Continent puissent s’appliquer dans l’apprentissage. Ensuite vint le Musée des Cloîtres. On a souvent tergiversé et accusé à tort ce personnage et toute l’Amérique de la perte d’une partie du patrimoine roman de la Catalogne. C’est plutôt aux autorités françaises du moment qu’il faudrait demander des explications, à ceux qui n’ont pas empêché que de telles œuvres d’art quittent le territoire. Aux États-Unis on n’a rien fait d’autre que d’ajouter à leur célébrité en les exposant dans plusieurs musées prestigieux.



Géraldine Mallet a fait sa spécialité de l’étude des dépôts lapidaires, les vraies cavernes d’Ali Baba des monuments du passé qui enferment de merveilleux trésors de l’art roman, notamment en France. C’est ainsi que récemment encore, au-delà de ses recherches à Perpignan et à Barcelone, elle nous a livré une étude sur le dépôt lapidaire d’un autre monument célèbre, cette fois-ci dans l’Hérault : l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert.
Mais au-delà des pierres, l’ouvrage de Géraldine Mallet, qui fut en un temps sa thèse de doctorat, s’intéresse aux hommes. À ceux du Moyen Âge qui ont conçu, construit et décoré ces cloîtres, et à ceux qui à l’époque moderne les ont sauvés d’une manière ou d’une autre. Sans oublier antiquaires et intermédiaires, érudits ou collectionneurs. L’étude des restaurations illustre également avec conviction à chaque fois un pan de l’histoire patrimoniale du Roussillon en dévoilant les connaissances, les arguments et les volontés de ceux qui nous ont précédés.


Car l’art médiéval que nous avons devant nous et que nous étudions n’est pas tel que les hommes du Moyen Âge auraient voulu le voir achevé ; loin de là. Nous voyons l’art médiéval aujourd’hui à travers les yeux de nos prédécesseurs les plus proches, à travers le regard des érudits du XIXème et du XXème siècle, à travers les connaissances et les moyens dont ils disposaient pour mener à terme les entreprises monumentales qu’ils envisageaient. C’est dire que le cloître de Saint-Michel de Cuxa, que les touristes admirent, pour prendre un exemple, n’est plus celui dans lequel les moines bénédictins priaient à l’époque romane. Il est le résultat de modifications faites en fonction des connaissances de chaque moment et que nous avons voulu adapter au goût de notre temps.

L’ouvrage de Géraldine Mallet, édité par la ville de Perpignan, service des Archives municipales, vient également combler une lacune de nos études sur les cloîtres médiévaux, trop souvent considérés, à tort, comme un art exclusivement de monastères, alors que c’est dans les couvents mendiants et les collégiales que ces ensembles ont également connu leur plus grande splendeur. L’auteur avait consacré, dès la fin des années quatre-vingt des recherches pionnières au dépôt lapidaire de l’ensemble collégial de Perpignan. On trouvera dans cet ouvrage le résultat des recherches sur le plus grand cloître-cimetière gothique du Roussillon, celui de Saint-Jean de Perpignan, dit Campo Santo. Dans le cadre de l’étude des cloîtres gothiques, une place de choix est faite aux Franciscains, Dominicains et Carmes de Perpignan. Autant de nouveautés, ainsi que les approches sur l’histoire moderne et les restaurations des cloîtres perpignanais.


La lecture de l’ouvrage de Géraldine Mallet permet de prendre conscience d’un autre problème, qui à mon sens sera essentiel au cours des prochaines décennies : celui des restitutions des œuvres d’art déplacées à un moment ou à un autre de leur histoire. Le jour où les marbres du Panthéon quitteront le British Museum de Londres pour rejoindre l’Acropole d’Athènes – et cela se produira bientôt j’en suis sûr – la porte aura été définitivement ouverte pour les demandes de restitutions de biens patrimoniaux qui, par le fait de la colonisation ou du pillage, de faits de guerre, du trafic et même du commerce légal, alors qu’ils appartiennent au patrimoine historique d’un pays ont été déplacés et se trouvent déposés, sous formes de propriétés fort variées et souvent parfaitement justifiées, dans un musée d’un autre pays, où ils sont ou non exposés. Un des problèmes majeurs de ces types interviendront. Les arguments seront nombreux et variés. L’Algérie réclamera à la France ses antiquités romaines et les trésors de l’ex-Congo belge exposés au Musée de Tervuren Bruxelles. C’est une réflexion que l’ouvrage de Géraldine Mallet permet d’anticiper car le cloître de Cuxa figure comme un exemple pionnier d’entente internationale pour un échange de fragments qui est venu enrichir la nouvelle présentation des vestiges dans la vénérable abbaye du Conflent.

Ci-joint les 18 cloîtres du Roussillon, étudiés dans ce livre :

St Michel de Cuxa

Collioure, Dominicains

St André de Sorède

Perpignan, Carmes

Canigou, St Martin

Elne, cathédrale

St Génis des Fontaines

Perpignan, St Jean

Espira de l’Agly

Ille sur Têt, La Rodona

Corneilla de Conflent

Villefranche, St Jacques

Perpignan, Franciscains (1)

Serrabonne, Ste Marie

Villefranche, Franciscains

Arles sur Tech, Ste Marie

Perpignan, Dominicains (1)

Monestir del Camp

 

LES COMPAGNONS EN FRANCE ET EN EUROPE.

 Garry

Edition Garry

 1973-1977

3 gros volumes grand format, relié cuir rouge pour cette saga des compagnons et des Francs-maçons. Tout y est expliqué, leurs histoires, leurs mythes, leurs travaux, tous les grands noms qui ont fait le compagnonnage, leurs légendes, la mère, les cayennes, leurs rites. 1 800 pages d’érudition. Un des 3 volumes est entièrement dédié à la Franc-maçonnerie et au rite Ecossais Ancien et Accepté, avec de très nombreuses photos de personnages mais aussi des 33 grades du rite avec les tabliers et les cordons du grade Un monument d’érudition

 

Fixer une date précise à la naissance du compagnonnage nécessiterait de lui donner une définition précise qu'il n'a jamais eue, et les archives des compagnonnages ne remontent guère avant le xviiie siècle. Il y eut probablement des organisations d'ouvriers et d'artisans dès les origines de ces métiers. L'étude comparée des religions et des traditions des différents pays du monde semblent montrer que ces artisans se sont transmis des connaissances plus ou moins secrètes, de génération en génération, depuis la plus haute antiquité. On en trouve des traces dans l'Égypte antique et dans l'antiquité romaine, par exemple. Le compagnonnage existait déjà lors de l’Age d'or des cathédrales, des signes particuliers aux compagnons y sont reconnaissables, ces compagnons voyageaient dans tous les pays d'Europe et principalement en France.

 

En France, l'organisation des métiers sous l'Ancien Régime est construite autour des corporations et de trois états: apprenti, compagnon et maître. Pour les compagnons, il était extrêmement difficile, à moins d'être fils ou gendre de maître, d'accéder à la maîtrise. De plus, le « livre des métiers », rédigé en 1268 à la demande de Louis IX, interdisait à tout ouvrier de quitter son maître sans son accord. C'est par réaction à ces mesures que seraient nées les premières sociétés de compagnons indépendantes des corporations. Elles ne prirent le nom de « compagnonnages » qu'au xixe siècle et se nommaient jusque-là des « devoirs ».La première mention indiscutable des pratiques compagnonniques remonte à l'année 1420, lorsque le roi Charles VI rédige une ordonnance pour les cordonniers de Troyes dans laquelle il est dit que :« Plusieurs compaignons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient de ville en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre, voir et savoir les uns des autres. »

Au XVIe siècle, les condamnations royales à l'encontre des devoirs se multiplient, sans parvenir à les faire disparaître. En 1539, par l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, François Ier reprend les interdictions de plusieurs de ses prédécesseurs : « Suivant nos anciennes ordonnances et arrêts de nos cours souverains, seront abattues, interdites et défendues toutes confréries de gens de métier et artisans par tout le royaume8. [...] défense à tous compagnons et ouvriers de s'assembler en corps sous prétexte de confréries ou autrement, de cabaler entre eux pour se placer les uns les autres chez les maitres ou pour en sortir, ni d'empêcher de quelque manière que ce soit lesdits maitres de choisir eux-mêmes leurs ouvriers soit français soit étrangers. »

 

Un procès-verbal judiciaire daté de 1540 recueille le témoignage d'un compagnon cordonnier natif de Tours qui reconnaît avoir mangé chez une femme nommée « la mère » à Dijon, et avoir voyagé pendant quatre ans à travers la France. C’est peut-être de cette époque que datent les dénominations au sein des compagnons de « Pays » (ouvrier pratiquant son métier sur le sol en atelier) et « Coterie » (ouvrier pratiquant son métier en hauteur, sur les échafaudages): Les gens du pays, ne souhaitant pas prendre de risques, auraient fait venir des gens de la côte pour réaliser les travaux dangereux sur les échafaudages.

 

À partir du XVIIe siècle, l'Église ajoute sa condamnation à celle du roi: En 1655, une résolution des docteurs de la faculté de Paris atteste en les condamnant l'existence dans les devoirs de pratiques rituelles non contrôlées par les autorités religieuses. Simultanément, l'Église tente de mettre en place un contre-devoir avec la création d’un ordre semi-religieux de frères cordonniers, qui se soldera rapidement par un échec total. En 1685, la révocation de l'Édit de Nantes aboutit à une scission du compagnonnage. Les protestants se regroupent dans un autre devoir qui prendra, au moment de la Révolution française, le nom de « devoir de liberté ».

 

L'apogée du mouvement compagnonnique : À partir du début du xviiie siècle, le compagnonnage présente deux fortes caractéristiques: Sa puissance en tant qu'organisation ouvrière devient considérable. Il organise des grèves parfois longues, contrôle les embauches dans une ville, établit des « interdictions de boutiques » contre les maîtres récalcitrant, va même parfois jusqu'à mettre l'interdit sur des villes entières, les privant de toute possibilité d'embauche et les menaçant par là-même de faillite généralisée. Et dans le même temps sa division est profonde et les rixes entre compagnons de devoirs rivaux font de nombreuses victimes.

 

Si la Révolution française concrétise en avril 1791 une très ancienne revendication du compagnonnage en mettant fin au système des corporations par le décret d'Allarde, deux mois plus tard la loi Le Chapelier interdit les associations ouvrières.1804 voit la fondation du « devoir de liberté » qui regroupe tous les compagnons qui ne se reconnaissent pas dans le catholique « Saint devoir de Dieu »: loups, étrangers, indiens, gavots. À cette même époque, le tout nouveau code pénal punit l'organisation d'une grève d'une peine de deux à cinq ans d'emprisonnement. Ceci n'empêche pas le compagnonnage de continuer à se renforcer en tant qu'organisation de protection et de revendication, malgré les luttes fratricides entre ses deux tendances. Les historiens évaluent à au moins 200 000 le nombre de compagnons en France dans la première moitié du xixe siècle. C'est l'époque où Agricol Perdiguier, dit « Avignonnais la Vertu » le popularise par ses ouvrages et tente de l'unifier.

 

Le déclin : La seconde moitié du xixe siècle voit le déclin du compagnonnage sous l'effet conjugué de la révolution industrielle qui met en place des procédés de fabrication moins dépendants des tours de main et secrets de métiers, de l'organisation de la formation par alternance, de l'échec de l'unification des compagnonnages et du chemin de fer qui bouleverse la pratique séculaire du Tour de France à pied. À partir de 1884, les syndicats, désormais autorisés, montent rapidement en puissance dans le monde ouvrier et tournent en dérision les pratiques ancestrales du compagnonnage, qui semble condamné à disparaître rapidement. Lucien Blanc, dit « Provençal le Résolu », crée en 1889 l'« Union compagnonnique des devoirs unis », mais ce mouvement ne parvient pas à rassembler tous les devoirs et à relancer le compagnonnage.

 

Le renouveau : Le compagnonnage survit cependant. Face à l'industrialisation, ses pratiques et ses valeurs ancestrales, si elles sont moquées par les modernistes, attirent entre les deux guerres l'attention des traditionalistes. Durant la dernière guerre, le compagnonnage se réorganise et des compagnons, dont Jean Bernard, créent l'« Association ouvrière des compagnons du devoir ». À la libération, l'Union compagnonnique reprend ses activités et les deux rites de charpentiers, indiens et soubise, fusionnent avant de donner naissance à la « Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment ».Malheureusement l’idée d’un compagnonnage des métiers unis ne tarde pas à se fissurer et pousser des compagnons à se regrouper en dehors des grandes institutions pour sauver, soit l’identité ou la tradition d’un rite, soit la spécificité d’un métier face à l’évolution tout azimut de l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir par exemple.

 

LE COMPAGNONNAGE ET LA FRANC-MAÇONNERIE

ÉTIENNE  MARTIN SAINT-LEON

ÉDITION  MAISON DE VIE

 2010

Célèbre pour avoir formé des générations d’artisans remarquables, le compagnonnage est une confrérie qui présente des aspects initiatiques liés à la Franc-Maçonnerie. L’historien Etienne Martin Saint-Léon a étudié les origines du compagnonnage, son organisation ancienne, ses rites initiatiques et ses symboles. Les résultats de ses recherches permettent de mieux percevoir l’insertion du compagnonnage dans la tradition initiatique et la profondeur de sa symbolique.

 

Est étudié et expliqué :

 

La légende, les trois rites et leurs fondateurs (les enfants de Salomon, les enfants de Maître Jacques et les enfants du Père Soubise), l’histoire du compagnonnage, le compagnonnage des origines jusqu’à sa condamnation en Sorbonne en 1655, comment on devenait compagnon avec sa réception et son parrainage, sa hiérarchie (aspirant, compagnon et capitaine), les pères et les mères, les archives, définition et rituel du Tour de France, l’arrivée d’un compagnon, la boutique, le rouleur, le levage d’acquit, le secours mutuel, les dettes des compagnons, les brûleurs, les amendes, les croyances religieuses des compagnons, un rituel de réception d’un compagnon du Devoir, le catéchisme compagnonnique comparé au rituel maçonnique, rituels et devoirs des compagnons cordonniers, tanneurs et boulangers, les écoles du trait, la vie en commun, fraternité et mutualité entre compagnons, justice pour les délits fait par des compagnons, secours aux malades, gratuité des soins et des médicaments, enterrement d’un compagnon, le topage et les diplômes, les cannes, les couleurs, les boucles d’oreilles, l’équerre et le compas, l’étoile, le livre et le maillet, les fêtes patronales, les pèlerinages,  comment sont choisis les Pères et les Mères, les conventions etc.

  

LES  COMPAGNONS  OU  L’AMOUR DE LA BELLE OUVRAGE

FRANCOIS   ICHER 

Edition GALLIMARD

 1995

Les compagnons du Tour de France sont la plus ancienne institution et association ouvrière en activité. Issus des corporations médiévales, les Compagnons ont mis en place des institutions qui défient le temps : des règlements fondés sur l’honneur et la solidarité, la pratique du voyage, la qualité du travail sanctionnée par le chef d’œuvre. Des figures emblématiques et vigoureuses comme Agricol Perdiguier rehaussent un message qui va bien au-delà de la haute technicité en s’adressant à l’Homme dans sa globalité. François Icher retrace l’histoire d’un compagnonnage qui a su préserver son identité et concerne aujourd’hui prés de 20.000 personnes en France.

 

Est expliqué et développé dans cet ouvrage :

 

1- Le temps des légendes : Le Temple de Jérusalem, Maître Hiram, le spirituel et le temporel, la chevalerie du travail, Maître Soubise le Charpentier, les enfants de Salomon, Maître Jacques, Marie Madeleine à la Sainte Baume.

2-Le temps de l’émergence : Les pierres sauvages, les premiers règlements, la main mise des corporations, une femme nommée la Mère, le langage des signes, le compagnonnage au ban de l’Eglise, Devoir et devoir de liberté.

3- Le temps des revendications : Le temps des cabales, des rixes voulues et entretenues, Edits et Ordonnances contre les Compagnons, A l’assaut de la Bastille, recevoir le Devoir, Liberté de choisir, sublimer les querelles.

4- Le temps du doute : Agricol Perdiguier le pacificateur, le temps des réformes, parcourir la France, les haltes avec leur solidarité, les vertus du voyage, les couleurs de l’honneur, visa pour un voyage, le passeport compagnonnique, la guilbrette qui ressemble aux 5 points parfaits de la maîtrise maçonnique, le chef d’œuvre, les étapes, la Cayenne, la Mère, serments et secrets, le bouleversement de l’ère industrielle et le défi de la modernité.

5 – Le temps de la Rénovation : Les premiers syndicats ouvriers, les lieux de rencontre, les nouveaux métiers, de fer de bois et d’osier, Périgord cœur loyal, l’épreuve, l’homme dont la conscience est ouverte à l’homme, le chef d’œuvre de métal, l’esprit Compagnon, un savoir faire prestigieux.

5- Témoignages et documents : Les inspirés du Tour de France, quand les compagnons prennent la plume, face aux syndicats, la confusion qui se fait entre le Compagnonnage et la Franc-Maçonnerie, la Règle du Devoir, être compagnon aujourd’hui.

 

les croisades vues par les arabes

Amin maalouf

Edition  J. C.  Lattes

 1983

Juillet 1096 : il fait chaud sous les murailles de Nicée. À l’ombre des figuiers, dans les jardins fleuris, circulent d’inquiétantes nouvelles : une troupe formée de chevaliers, de fantassins, mais aussi de femmes et d’enfants, marche sur Constantinople.

 

On raconte qu’ils portent, cousues sur le dos, des bandes de tissu en forme de croix.

 

Ils clament qu’ils viennent exterminer les musulmans jusqu’à Jérusalem et déferlent par milliers. Ce sont les « Franj ». Ils resteront deux siècles en Terre Sainte, pillant et massacrant au nom de Dieu. Cette incursion barbare de l'Occident au cœur du monde musulman marque le début d'une longue période de décadence et d'obscurantisme".


En effet, bien plus fin et subtil que ne le laissait présager sa quatrième de couverture et son sous-titre un brin racoleur ("la barbarie franque en Terre Sainte"), le récit d'Amin Maalouf n'est pas un simple réquisitoire, qu'on aurait pu envisager au service d'une idéologie (ceci dit sans aucune connotation péjorative),  mais bien un réel livre d'histoire.

Un ouvrage de vulgarisation (au sens le plus noble du terme), remarquablement documenté et bénéficiant, ô combien, des indéniables talents de conteur de l'écrivain.Car Amin Maalouf est un grand écrivain, doublé d'un érudit et d'un humaniste, un auteur sensible à la plume inspirée. Lauréat d'un prix Goncourt en 1993, pour son roman "le rocher de Tainos".

De fait, son récit des Croisades s'avère à la fois riche et vivant. Avec fluidité, il déroule sous nos yeux le récit incroyable de cette sanglante odyssée. Cet incroyable choc des civilisations qui, aujourd'hui encore, est resté vivace dans les consciences collectives.

Comme dans tout livre d'histoire qui se respecte, Maalouf nous raconte les chocs des batailles, les incertitudes et les compromissions des potentats locaux, les alliances diplomatiques. Il dresse le portrait des grands hommes et datifie méticuleusement chacun des grands événements qui jalonnèrent cette époque troublée.

Mais loin de s'en contenter, il va plus loin, s'attachant aux populations civiles, pour lesquelles il ressent une profonde empathie, et dont il nous fait partager les affres. A ses côtés, nous découvrons le ressenti de ces populations prises entre l'enclume et le marteau. Il nous fait partager leurs peurs et leurs espoirs. Leurs colères et leur incrédulité.

Avec verve, il nous fait pénétrer dans le secret des intrigues de palais, nous fait découvrir "l'envers du décor" : ce monde musulman dont les dirigeants sont corrompus et/ou englués dans leurs querelles dynastiques. Côté Franc, il nous rapporte les exactions commises, les serments non-tenus, les trahisons et l'absence de scrupules des grands chefs croisés.  Surtout, il lève le voile sur les incroyables actes de cruauté qui cimentèrent l'union des musulmans autour de plusieurs figures de proue : Saladin, bien entendu, mais aussi Imadeddin Zinki, Moureddin Mahmoud, Ibn Al-Kachab et bien d'autres encore.

Sans parti pris (sauf pour les populations civiles, rappelons-le), il nous relate les erreurs des uns et des autres, les jalousies, les trahisons, les mauvais choix tactiques, les alliances les plus improbables, les compromissions, au cours d'un récit captivant et sans cesse étonnant.

Indéniablement, plus qu'un "simple" conflit religieux qui aurait opposé chrétiens et musulmans, les croisades furent bien plutôt un violent choc des civilisations. Un séisme cataclysmique qui vint remettre en cause les fragiles équilibres  politico-militaires entre les différentes puissances présentes. Turcs, arabes, francs, chiites, sunnites,  coptes, orthodoxes, latins, juifs... Ce que l'on appelle la "Terre Sainte", c'est une incroyable mosaïque de peuples, de croyances, d'origines ethniques, de dynasties rivales, de califats en lutte depuis des décennies... Dans cet incroyable imbroglio, les occidentaux vinrent tout bouleverser, se taillant une place dans cet espace géopolitique à grands coups d'épée.

Ainsi, aux massacres et aux saccages de la Première Croisade succèderont des conflits beaucoup moins "tranchés" : d'incroyables intrigues politico-militaires, faites d'alliances fragiles, de trahisons, de complots internes et de coups de main sanglants. A mon sens, rien ne résume mieux l'absurdité (et l'ambigüité) des croisades que cette bataille de Tell Bacher (en octobre 1108), telle que nous la décrit Amin Maalouf (page 92) :

"Dans un camp, Tancrède d'Antioche, entouré de mille cinq cent chevaliers et fantassins francs (...) A leurs côtés se tiennent six cent cavaliers turcs aux longues tresses, envoyés par Redwan d'Alep.
Dans l'autre camp, l'émir de Mossoul, Jawali (...) dont l'armée comprend deux mille hommes répartis en trois bataillons : à gauche, des arabes, à droite, des turcs, et au centre des chevaliers francs, parmi lesquels Baudouin d'Edesse, et son cousin Jocelin, maître de Tell Bacher (...)

Décidément, on n'avait pas attendu longtemps pour voir les "Franj" devenir partenaires à part entière du jeu de massacre des roitelets musulmans !" Bref, ce livre, qui se lit comme un roman, quasiment d'une traite, s'avère être une lecture indispensable, pour tous les passionnés d'histoire.

 

FRḖDḖRIC DE HOHENSTAUFEN

 Jacques Benoist- Méchin

Edition Perrin

 1980

La destinée de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) a inspiré deux maîtres livres : l'exceptionnel ouvrage d'Ernst Kantorowicz et cette biographie, vite devenue un classique. Comme si Jacques Benoist-Méchin, grand connaisseur de l'Islam et de l'Allemagne, avait trouvé un héros qui incarnait ses rêves d'historien. Voilà un empereur couronné à Rome qui déteste le pape, s'intéresse à l'Islam et n'envisage de croisade que pacifique et diplomatique. Voilà aussi un souverain d'une immense culture, parlant plusieurs langues, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des savants juifs, musulmans et chrétiens, favorisant les arts et les sciences. Au fond, un homme trop grand pour son temps, deux fois excommunié par Grégoire IX, surnommé par ses contemporains l'Antéchrist et condamné à l'oubli après sa mort, tant le Saint-Siège ne cessa de vouloir effacer son œuvre et son nom.

 

Frédéric II a été moderne au XIIIème siècle et reste même aujourd'hui une personnalité exceptionnelle. Il a été tout ensemble chef de guerre, poète, cultivé, parlant plusieurs langues dont l’arabe ; rationalisateur de son État – principalement le royaume de Sicile - et philosophe.

 

Il a créé par exemple, à Naples, une université formant des fonctionnaires où les élèves étaient nourris et logés pendant leur scolarité. Innovation formidable pour l’époque, on n’y enseignait pas le droit canon. (Résultat : « sous l’impulsion de cette administration dynamique […] la Sicile connut avec le temps un puissant essor économique et devint le premier état unitaire et centralisé de l’Europe »). A Salerne, il crée une école de médecine où l’on pratiquait les dissections, encore interdites ailleurs par l’église.

 

C’est un pape, Grégoire IX, qui lui adresse une injure qui, lue aujourd’hui, fait un beau compliment : « ce roi de pestilence affirme ouvertement que l’homme ne doit croire que ce qui peut être démontré par l’expérience et la raison ». Cette ouverture d’esprit a amené Frédéric II à une relation de proximité et de confiance avec l’Islam, peut-être parce qu’il se serait bien vu, comme le Califat instauré par Mahomet, à la fois chef spirituel et temporel. Peut-être, en sens inverse, parce que l’Islam de l’époque est bien plus éclairé que le christianisme : « en résumé, on pouvait dire que, pour l’église chrétienne, le développement des connaissances n’aboutissait qu’à élargir le règne de Satan. Tandis que, pour l’Islam, l’élargissement de la connaissance des lois qui gouvernent le monde équivalait à un approfondissement de la connaissance de Dieu… »

 

Cette vie remémore aussi l’histoire complexe de l’Europe. Le Saint-Empire Romain germanique, alliance, pour faire simple, de l’Italie ; de la France de Marseille à l’Alsace en remontant le Rhône et de l’Allemagne, a été un objet politique étonnant dont la nostalgie demeure – les pages Europe de The Economist s’appellent Charlemagne, comme le prix de l’européen de l’année.

 

Il est cependant également méconnu et une annexe très bien faite sur l’histoire de l’empire, permet de comprendre le processus complexe de désignation de l’empereur : élection par la diète allemande, approbation du peuple romain (principalement la curie, donc le pape, en réalité), couronnement en Allemagne et sacre à Rome – l’approbation papale. On voit donc concrètement, à travers les nombreuses démêlées entre Frédéric II et plusieurs papes successifs (avec plusieurs excommunications de Frédéric), comment cette institution baroque était une tentative d’articulation entre pouvoir temporel et spirituel : disjoints dans leur exercice mais se rejoignant à chaque succession. On constate aussi le rôle très temporel joué par l’Eglise, notamment à travers la volonté papale de se conserver un territoire propre.

 

Ces dissensions internes n’empêchent pas que le couple papauté et empire forme l’armature de la chrétienté de l’époque – l’Angleterre et la France constituant déjà des entités particulières au sein de l’ensemble. L’unité se forme principalement contre l’extérieur, à l’occasion des croisades tout d’abord. Il est assez plaisant de voir comment Frédéric II prend Jérusalem en 1229 quasiment sans combat, avec l’assentiment du Sultan d’Egypte et de Syrie, Al-Kâmil. Il a fait patienter le pape huit années avant de consentir à partir en guerre, et a dû faire semblant d’affronter le sultan, son ami de longue date, pour donner à leur échange la face d’un honnête conflit religieux. On est effaré par la bêtise de l’église de l’époque, qui fait interdire le Saint-Sépulcre pour punir Frédéric, le jour même où le Sultan en personne fait visiter les lieux saints musulmans à l’empereur…

 

Le Castel del Monte : Situé près le de ville de Bari, dans les Pouilles, à mi-chemin entre les Murge et l'Adriatique, le Castel del Monte, puissant château solitaire à l'allure compacte et sévère, se dresse au sommet d'une colline dominant la plaine environnante. Elevé vers 1240 par l'empereur du Saint Empire, Frédéric II de Hohenstaufen, ce château est auréolé de légendes et de mystères relatifs à son histoire, sa construction et sa fonction. Exemple unique dans l'architecture militaire du Moyen Age, le Castel del Monte incarne la fusion harmonieuse d'éléments culturels provenant de l'Antiquité classique, de l'Orient musulman et du gothique cistercien d'Europe du Nord. Il est classé depuis 1996 au patrimoine mondial de l'humanité.


Fils d'Henri VI de Hohenstaufen et de Constance de Sicile, Frédéric hérita du royaume de Sicile, en 1197, à l'âge de 3 ans. Elu roi par les princes allemands à Mayence en 1212, il fut couronné empereur à Rome en 1220 par le pape Honorius III. Au cours de son règne, jusqu'en 1250, il fut un souverain habile qui restaura l'ordre économique et social dans son royaume de Sicile, alors plongé dans l'anarchie. Figure brillante, il inaugura une période d'intense activité culturelle connue sous le nom de « Renaissance méridionale » et fut considéré dès son époque comme un personnage extraordinaire, précurseur des premiers princes humanistes de la Renaissance. L'empereur s'intéressait en effet à tous les domaines de la connaissance et était familier des mathématiques, de l'astronomie et des sciences naturelles. Protecteur des arts, il parlait plusieurs langues et on connaît de lui quelques poésies en italien, des lettres en latin et un traité de vénerie. Dans sa résidence favorite de Palerme, il avait réuni une cour d'un faste tout oriental où se retrouvaient des savants chrétiens, juifs et arabes. Ses multiples talents lui valurent le titre de stupor mundi, « la merveille du monde ».

Frédéric II a construit un très grand nombre de puissantes forteresses à des fins défensives dans ses terres des Pouilles, de Calabre et de Sicile, mais la plus grande et la plus remarquable de ses réalisations architecturales fut, incontestablement, Castel del Monte. Il fut probablement édifié avant 1240 sur les ruines d'une ancienne forteresse lombarde puis normande, près de l'église Santa Maria del Monte aujourd'hui disparue. On ne connaît pas le nom de l'architecte qui l'a conçu même si la plupart des historiens pensent qu'il est l'œuvre de Frédéric II en personne. Par son plan, le Castel del Monte fait exception dans une série de quelques deux cents châteaux en forme de quadrilatère que le souverain fit construire en Italie à son retour de croisade. Bâti en pierre calcaire incrustée de quartz brillant, cet ouvrage présente un plan octogonal entourant une cour, il est flanqué de huit tours d'angle, elles-mêmes octogonales, de 24 mètres de haut. La corniche autour de l'enceinte correspond à la division entre les deux étages intérieurs. Chacun de ces étages comporte huit salles trapézoïdales de taille identique correspondant aux huit côtés de l'édifice. Chef-d’œuvre de perfection formelle, le monument dispose également d'un système hydraulique d'origine orientale extrêmement raffiné.

La fonction de ce château demeure mystérieuse, le lieu ne présentant pas les caractéristiques que l'on retrouve habituellement dans les édifices militaires de cette époque : un bastion extérieur, un pont-levis, des douves, des entrepôts, une chapelle. Dans ses tourelles les escaliers en colimaçon montent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et sont éclairés de meurtrières trop étroites d'où l'on ne peut tirer aucune flèche, on peut donc douter que Castel del Monte ait jamais eu un rôle défensif. L'absence d'écuries exclut aussi l'hypothèse d'une résidence de chasse.


Le monument, résultat d'une synthèse rigoureuse de connaissances poussées en mathématiques est un lieu complexe imprégné de symboles, qui a passionné de nombreux chercheurs. Ces derniers ont émis l'hypothèse que le Castel del Monte puisse avoir été un observatoire astronomique, un temple du savoir dédié à l'étude des sciences ou un lieu de culte, de retraite et de réflexion.


L'octogone, forme géométrique fortement symbolique, suggère le passage entre le carré, symbole de la terre, et le cercle, qui représenterait l'infinité du ciel. La forme de ce plan pourrait également provenir du Dôme du rocher à Jérusalem que l'empereur avait pu visiter au cours de la sixième croisade ou de la chapelle Palatine à Aix-la-Chapelle. Chargé de mystère, le Castel del Monte reste, à ce jour, une énigme non résolue, la fascinante forteresse ayant nourri l'imaginaire de nombreux cinéastes et écrivains, tel Umberto Eco qui s'en est fortement inspiré pour écrire son roman Le Nom de la Rose.

 

les deux corps du roi et l’empereur frÉdÉric ii

Ernst kantorowicz

Edition Gallimard

 2000

Sont réunis ici les deux chefs-d’œuvre de l’historiographie du XXème siècle. Frederic II empereur légendaire bâtit un empire et s’entoura de savants chrétiens, juifs et musulmans. En conflit avec la papauté il fut excommunié deux fois. Il laissa un héritage ésotérique et philosophique important. Pour les deux corps du Roi, il reprend l’enquête sur Frederic II et poursuit le fil des mutations de la doctrine médiévale de la royauté.

 

Le roi a deux corps : le premier est mortel et naturel, le second surnaturel et immortel. Parce qu'il est naturellement un homme mortel, le roi souffre, doute, se trompe parfois : il n'est ni infaillible, ni intouchable, et en aucune manière l'ombre de Dieu sur Terre comme le souverain peut l'être en régime théocratique. Mais dans ce corps mortel du roi vient se loger le corps immortel du royaume que le roi transmet à son successeur.

 

Telle est la fiction théologico-politique qui fonde le consentement à l'État : elle ne tient nullement à la transcendance, mais à la certitude d'une continuité souveraine de l'institution politique.

Avec un art gourmand de la mise en scène, Kantorowicz commence par exposer la métaphore du double corps telle qu'elle fut formalisée par les juristes d'Élisabeth Ire dans l'Angleterre du début du XVIIe siècle, et mise en scène dans le Richard II de Shakespeare. Puis il part à la recherche des fondements médiévaux de cette pensée. Dans la royauté des premiers siècles du Moyen Age, "fondée sur le Christ», le roi est déjà "humain par nature et divin par grâce». Mais cette royauté liturgique s'efface au XIIe siècle, "pour laisser la place à une nouvelle structure de royauté centrée sur la sphère du droit».

 

Dans un second temps, Kantorowicz analyse l'expression rituelle de cette idée : quand apparaissent des effigies en cire flanquant le corps mortel aux enterrements royaux cette pratique, attestée en Angleterre dès 1327, passe en France en 1422, à la mort d'Henri V. Quant au fameux cri "le roi est mort, vive le roi !" il n'apparaît que lors de l'enterrement de Louis XII, en 1515.

 

La fiction de la double corporéité du roi peut se retourner contre la royauté lors de la première révolution anglaise, on tue le roi Charles Ier au nom du Roi, mais aussi se passer d'elle : d'où le dernier chapitre du livre, consa­cré à la "souveraineté centrée sur l'homme». L'homme périssable porte en lui la forme perpétuelle de l'humanité. Ce qui prépare toutes les formes "républicaines" ou simplement parlementaires du dualisme corporel.

 

Qu'en reste-t-il ? Ernst Kantorowicz avouait dans la préface de son ouvrage que celui-ci avait sans doute dépassé son objet initial pour embrasser toute la théologie politique médiévale. C'est d'abord ainsi qu'il fut reçu.

 

Livre d'une érudition étourdissante, Les Deux Corps du roi fut cité longtemps avant d'avoir été lu - surtout en France, où l'on attendit plus de trente ans sa traduction. Aussi croit-on souvent le connaître sans en comprendre toutes les implications, et prend-on pour banale une interprétation générale qui fut, en son temps, révolutionnaire.

 

Les recherches récentes ont pu y apporter quelques ajustements : on a critiqué sa vision de la royauté christique du Haut Moyen Age, évoqué le précédent des funérailles impériales romaines, affiné et nuancé la chronologie des rituels princiers. Demeure l'idée centrale, intacte, qui fait écrire à Alain Boureau dans son autobiographie intellectuelle de Kantorowicz Gallimard, 1990 : il réalisa "le rêve de tout historien : faire apparaître un phénomène qui était demeuré inaperçu tout en laissant des traces observables par quiconque».

 

On y parle de Shakespeare, de Richard II, du Christ, du Phénix, des divers corpus royaux, de Dante, des lignées royales et des divergences entre les pouvoirs royal, politique, militaire et religieux.

 

les deux st jean et la chevalerie templiÈre

J. CHOPITEL & C. GOBRY

Edition LE MERCURE DAUPHINOIS

 2000

Au début du roman de Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal, Perceval n'est pas encore prédestiné à de hautes aventures. Héros sans nom, il n'est qu'un jeune garçon, naïf et fruste, élevé dans la forêt galloise et tenu par sa mère dans l'ignorance de tout ce qui concerne la chevalerie. Initié par Gornemant de Goort à la technique et aux règles du combat, il réussit dès sa première aventure à s'emparer des armes d'un chevalier redoutable, ennemi de la cour et, devenant ainsi le Chevalier Vermeil, il est intégré dans le monde arthurien qui le fascinait. Puis, en combattant pour défendre Blanchefleur, il découvre la dimension courtoise et morale de la chevalerie. Mais ce n'est qu'après son passage au château du Roi-Pêcheur, lorsqu'il prend conscience pour la première fois de sa conduite et de la faute qu'il a commise en oubliant sa mère, qu'il a soudain la révélation de son nom, Perceval le Gallois. Seul l'ermite rencontré le Vendredi Saint lui explique qu'il appartient à un haut lignage et qu'il est le parent non seulement du roi Arthur, mais aussi du Roi-Pêcheur. Le "saint homme" lui révèle également que, s'il a échoué et omis de poser les questions attendues

Les deux saint Jean et la Chevalerie templière de Jean Chopitel et Christiane Gobry est une sorte de contre évangile ésotérique de Jean. Là où ce dernier donnait à lire une version anti-judaïque de Jésus et opposait Eglise de Pierre et Eglise de Jean, Chopitel et Gobry, loin d'opposer Pierre et Jean, reconnaissent la nécessité de concilier les deux aspects – exotérisme et ésotérisme ; rigueur et spiritualité – afin de toucher à la compréhension parfaite du message du Christ. Ils démontrent aussi que les deux Jean (le baptiste et l'évangéliste) sont des manifestations ésotériques qui ouvrent le cœur et l'esprit à un autre niveau de conscience.

Les deux saint Jean sont descendants de David, premier chevalier du monde judéo-chrétien et vainqueur de Goliath. Ils sont, à ce titre, chevaliers. Dans son Apocalypse, l'Évangéliste apparaît d'ailleurs comme le chevalier parfait, voué à la défense de la Vérité et de la Justice. L'idéal des fondateurs de la chevalerie templière au Moyen Age reposait sur le principe de la chevalerie immémoriale. Aussi se considéraient-ils comme responsables de leur temple intérieur bien plus que gardiens du Temple et de la Terre Sainte. Leur consécration aux deux saint Jean (que l'on retrouve d'ailleurs chez les Compagnons du rite d'York) témoigne de la qualité de leur aspiration, qu'une filiation de chevaliers d'origines et de noms divers continue à transmettre et à défendre sans relâche.

Écrit avec le cœur, ce petit ouvrage – malgré quelques erreurs du à l'absence de notes justifiant les citations ou certaines affirmations – se révèle beau et ouvrira aux Chrétiens un espace poétique dans lequel ils pourront – et devraient ! – s'engouffrer afin de faire place en eux pour le vol de l'Aigle (animal symbolisant Jean) – c'est à dire pour que le Prologue de Jean puisse se faire entendre en eux

On y parle des deux St Jean, des Esséniens, des solstices, du prologue et de l’Évangile de St Jean, du prêtre Jean, de l’apocalypse, des icônes, du Solve et Coagula.

 

le secret de la chevalerie

V. Émile michelet

Edition Trédaniel

 1985

Michelet, partant de la Chevalerie Historique et légendaire, examine et discute quelques symboles ésotériques de la tradition occidentale, symboles qui ont été transmis de la Perse jusqu'à l'Égypte, et de la Grèce jusqu'à la Bretagne et l'Angleterre. Il critique l'habitude de considérer le Chevalier comme étant une créature, un phénomène du Moyen Âge. N'a-t-il pas existé de tout temps, dans toutes les nations nobles : Thésée, Sohrab, Achille, doivent être considérés comme des chevaliers au même titre que le Roi Arthur et Galaad…

 

Le cavalier des Gaules est instruit dans le Sanctuaire Druidique. Achille est initié par le Centaure Chiron, et partout ce sont les mêmes épreuves pour conquérir le même titre. Il n'y a pas de chevalerie véritable qui ne s'astreigne aux disciplines initiatiques. Une filiation secrète relie la Table Ronde (où s'est cristallisée la Tradition Celtique et la Queste du Graal).

 

A l'Ordre historique des Templiers. Par la même, l'esprit celtique se rattache étroitement au courant johannite et au manichéisme qui anima également l'Albigéisme et qu'on retrouve chez les Rose-Croix.

 

Le « Secret » hante les Cycles de la Chevalerie Militante et tous ses ordres légendaires et historiques, ce « secret » dont vivait chaque ordre. L'Ordre de Chevalerie Idéal préfigure l'Ordre de Chevalerie réalisé.

 

De même que le Thème de l'Épreuve Chevaleresque, illustré par les romans de Chevalerie, se retrouve dans le Ramayana et dans le Shad-Manach de Firedousi, de même l'Ordre des Templiers, né dans la Croisade, complète, à un demi-siècle de distance, l'ordre musulman des Assacis, du Vieux de la Montagne. Assacis et Templiers sont également les gardiens de la Symbolique Terre sainte, et l'on voit bien que les Chevaliers d'Occident sont allés simplement retrouver en Syrie et en Palestine une Initiation à laquelle l'Occident avait lui-même participé.

« La Société médiévale, comme la société antique, est construite sur la connaissance initiatique. Du haut en bas de la hiérarchie solide, elle aspire un souffle venu d'une crypte cachée (le monde n'est stable que par le « secret » dit le Zohar). « Toute chevalerie, toute corporation, toute cité, présente sa personnalité symboliquement formulée dans son blason, établi sur un calcul astrologique. » Aussi bien Gérard de Nerval a-t-il eu raison de dire que le Blason est la Clef de l'Histoire de France.

 

 Si les Assacis, plus éloignés de nous… touchent moins notre mémoire que les Templiers, en revanche, ils pèsent sur nos imaginations de tout le poids de leur auréole sanglante et de leurs secrets ensevelis. L'histoire a-t-elle connu un personnage plus impénétrable que leur premier grand maître, le Vieux de la Montagne, cet Hassan Sabah, qui, durant ses trente-cinq années de règne, avait agi sur les destins d'une partie du monde sans quitter une seule fois son château d'Alamont, n'étant sorti que deux fois de sa chambre pour aller sur sa terrasse.

 

L'Ordre musulman des Chevaliers Ismaéliens, dits Assacis, et l'ordre chrétien des chevaliers Johannites du Temple, sont constitués exactement sur le même modèle, et cela, non parce que le second, créé après le premier, imite son prédécesseur, mais parce que l'un et l'autre sont construits sur les mêmes doctrines secrètes ; sur un ésotérisme unique et invariable qui sourd à travers le monde sous des voiles différents, comme la lumière unique à travers le prisme se décompose en rayons multicolores… »

 

Les renseignements que possède Michelet sur le Vieux de la Montagne, et l'intérêt qu'il lui porte, sont sans doute dus à Villiers. Dans une note, il révèle que : « Villiers de l'Isle-Adam se proposait d'écrire une œuvre sur le Vieux de la Montagne » : « Il possédait à fond le sujet, dont il m'entretint plusieurs fois en d'éclatantes causeries, malheureusement oubliées. Il me montra même une malle pleine, disait-il, de documents concernant sa maison, dont certains avaient trait à l'Ordre des Hospitaliers et que son ancêtre Philippe de Villiers de l'Isle-Adam, Grand-Maître établit,  avait consigné.

 

Au sommaire de cet ouvrage : La symbolique du cheval, le secret de la chevalerie légendaire, le Graal, la chevalerie d’Orient et d’Occident, les assassins du Vieux de la montagne, Dante, les fidèles d’amour et les chevaliers du Paraclet sont quelques sujets étudiés.

 

le secret des templiers du xivème siÈcle

Nicolas de Bonneville

Edition du Prieuré

 1993

La trame de ce volume est de démontrer que, dans la disparité des rites chrétiens, un courant gnostique s’est de tout temps maintenu, reliant vraisemblablement les chevaliers templiers au contact des rabbins de Tibériade. Cette étude engagée, et parfois partiale tente de démêler les implications templières dans la maçonnerie du XVIIIème siècle. Certains éléments sont intéressants, d’autres inquiétants, d’autres encore critiques et humoristiques.

 

A leur tour, détenteurs de la Tradition primordiale, les Templiers se devront, au Moyen-Age, de retourner sur les lieux de la passion du Christ, afin, entre autres raisons, de récupérer les dépôts de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, symboliquement désignés par le terme un peu oublié de ‘Coupe du Savoir’. Selon les directives de Saint Bernard, et sous les ordres d’Hugues de Champagne, ils auraient retrouvé l’emplacement des sept dépôts sacrés de l’Ancienne Alliance, à Jérusalem, dissimulés dans les sous-sols du Temple de Salomon.

 

 Ils auraient procédé à la récupération de l’ensemble de ce dépôt sacré. A la suite de quoi ils auraient été en mesure de rapporter en France, l’Arche d’Alliance, les deux Tables de la Loi, la Verge d’Aaron, le Chandelier à Sept Branches, d’autres éléments précieux et aussi les sept dépôts de la Nouvelle Alliance. Une tradition persiste, encore aujourd’hui, affirmant que ces objets sacrés se trouveraient toujours en sécurité aux endroits prévus alors … et où ils seraient occultement protégés… Le temple, société de passage du médiéval, confirmerait, si besoin était, par cette reconstitution du Trésor initiatique par excellence son rôle de gardien, témoin, et de sa qualité d’héritier unique d’une connaissance sacrée phénoménale.

 

Ainsi l’Ordre apparaît-il comme Centre Spirituel, couvrant lui-même un Centre initiatique avec son Cercle Secret, ayant charge de garder et maintenir intact ce dépôt de la tradition sacrée. Détenteur de celle-ci, son devoir était donc de transmettre, à son époque, la sagesse primordiale à tous ceux se révélant aptes à la recevoir. Cette ‘Sagesse Eternelle’, dissimulée sous le manteau initiatique entourant l’ordre, était dispensée sous différentes formes. Elle supposait l’existence d’un Centre Unique, source du double pouvoir : sacerdotal et royal. Cette notion, logiquement, plaçait l’Ordre en position de cible désignée à la monarchie et à l’appareil romain… Le symbolisme en vigueur au sein de l’Ordre, outre différentes notions, évoque toujours le concept de Centres spirituel et initiatique réunis en un Centre unique générateur du double pouvoir. Trait d’union entre le spirituel et le matériel, le Temple exprime sa médiation temporo-spirituelle au travers de ses institutions les moins secrètes et quelques-uns des emblèmes les plus ostensibles. Ainsi le Collège élisant le Grand Maître est-il composé de douze membres, à l’image du Cénacle des Apôtres… de même que la règle prévoyait que le maître devait voir « deux frères chevaliers comme compagnons » !


Sur le Beaucéant, les deux couleurs héraldiques, sable et argent, découlent de la croix centrale... Croix du Beaucéant ou du blanc manteau -retranchant les Templiers du monde bien qu’ils soient mêlés étroitement aux affaires de ce monde- le symbolisme ‘central’ est encore accentué par les huit pointes, les huit rayons mettant en évidence la signification médiatrice du nombre huit. Jusqu’au sceau, avec son double cavalier sur un seul cheval, symbole-clé du voyage entre les mondes, véhicule de la Connaissance, tout évoque le Centre spirituel, la médiation et le double pouvoir.


Trait d’union entre le spirituel et le matériel, l’Ordre du Temple incarne donc sur terre la suzeraineté spirituelle par excellence, situation qui seule pourrait expliquer la fascination exercée par l’Ordre… chez les puissants de ce monde venant vers lui demandant leur affiliation… pour les humbles qui d’instinct se feront ‘ses hommes’… encore aussi des barons féodaux, riches seigneurs qui à l’heure du trépas feront ‘profession’ afin de participer aux ‘bienfaits de la maison’ dans l’autre monde… Suzeraineté implicite qui seule permettra à l’Ordre d’assumer avec grandeur et succès sa redoutable mission de pacification et conciliation. Tout ceci permet aux Templiers de s’affirmer en tant que gardiens d’un ordre divin sur terre qui dans son concept gagne toutes les manifestations du créé ainsi que toutes les sphères de l’existence. C’est pourquoi sa guerre ne peut qu’être légitime

 

Ce volume est un témoignage de première importance pour ceux qui veulent mieux approfondir les fondements et l’ambiance de la Maçonnerie des Lumières.

 

LES ENCLUMES DE CRISTAL

Raoul VERGEZ

Edition  J.M. GARNIER

 1997

Ce roman met en scène deux compagnons du Tour de France, Hyacinthe le chanceux et Clovis le malchanceux, de 1914 à nos jours, ils vont traverser l’histoire de France, les souvenirs et les mémoires, nos mémoires, en compagnie de nombreux personnages tout aussi pittoresques qu’eux.

 

Cette véritable épopée, odyssée moderne des Compagnons du Tour de France, est foisonnante en rebondissements et en intrigues.

 

Une bien belle histoire.

 

LES ENFANTS DE SALOMON -  APPROCHES HISTORIQUES ET RITUELLES SUR LES COMPAGNONNAGES ET LA FRANC-MAÇONNERIE

Hugues Berton et Christelle Imbert

 Edition Dervy

 2015

Cet ouvrage monumental, basé sur un travail de recherches de plusieurs années, présente des éclairages novateurs sur l histoire, les mythes et les rites au sein des compagnonnages et de la franc-maçonnerie, justifiés par un nombre important de textes originaux mis en annexe.

Les auteurs se sont attachés à étudier en parallèle et de manière distincte ces deux structures, sans confusion, tout en mettant en exergue les substrats culturels communs dans lesquels compagnonnages et franc-maçonnerie plongent leurs racines. Ces derniers puisent au cours de leur histoire dans les formes religieuses, politiques et sociétales de leur temps, et se singularisent chacun de leur côté pour donner naissance à des formes spécifiques.

Après avoir étudié les confréries religieuses, les communautés de métier, les mystères médiévaux, le lecteur découvrira l importance des arts libéraux et de l art de mémoire. Il entrera progressivement dans le mystère et les secrets des rituels de réception des universités, des métiers urbains, militaires et chevaleresques, des compagnonnages et de la franc-maçonnerie. Mots, nombres et noms se dévoilent... au travers de rites sans cesse revivifiés au cours des siècles, et la clef de la loge ouvre les portes de pratiques spirituelles, discrètes, permettant de construire le temple des Enfants de Salomon dans le cœur de l homme.

Comprenant de nouvelles perspectives sur les dimensions historiques, initiatiques et symboliques, cet ouvrage propose des pistes de réflexion et de recherches qui ne peuvent qu’enrichir le lecteur et l amener à l élévation morale, culturelle et spirituelle. Les enquêtes de terrain qu’ils ont menées les ont conduits tout d abord sur le territoire français, puis leur champ d’investigation s est progressivement élargi à l Éthiopie et au Moyen-Orient. Partisans d une ethnologie participative, ils s impliquent dans la pratique des rites qu’ ils étudient, afin de pouvoir accéder à certains aspects généralement considérés comme relevant du « secret », tout en gardant la discrétion et la distance nécessaire afin de restituer, le plus objectivement possible, les informations collectées. Il leur tient à c ur que la Connaissance puisse être transmise de génération en génération. Cette somme monumentale, tout à fait remarquable, de près de 1000 pages, sera rapidement un ouvrage de référence dans le domaine de la recherche sur l’histoire, les mythes et les rites au sein du Compagnonnage et de la Franc-maçonnerie.

Soulignons d’emblée, avec les auteurs de la préface, Pierre Mollier et Jean-Michel Mathonière, spécialistes, le premier de la Franc-maçonnerie, le second du Compagnonnage, que Hugues Berton et Christelle Imbert évite un premier écueil, malheureusement encore trop rarement évité par nombre d’auteurs, celui de ne pas séparer les deux courants traditionnels et d’entretenir une confusion qui perdure aujourd’hui. En s’inscrivant dans la démarche de ce que les historiens de Grande-Bretagne désigne comme « Ecole authentique », Hugues Berton font preuve de la rigueur indispensable à une telle étude, rigueur qui n’exclut ni l’originalité du propos ni les découvertes. Il s’agit donc d’une étude parallèle de ces deux courants qui se déploient en multiples structures à la recherche des racines et contextes religieux, politiques et sociétaux de leur temps. L’enjeu est considérable puisqu’il s’agit de mettre en évidence la matière des mythes qui peut servir l’opérativité des rites. Cette matière s’inscrit dans ce que Gilbert Durand désigne comme mythèmes.

En préliminaire, les deux auteurs précisent la fonction du mythe : « Le mythe définit une origine, point d’émergence du sacré, en relation avec un Principe. Le mythe a pour fonction de narrer ce qui est dans le monde en tant qu’espace sacré. Il a pour effet de préciser la manifestation et les modalités du passage du Non-Être à l’Être, de l’émergence de l’Être juste avant l’émergence de l’Histoire, ou encore du passage de l’Être au Non-Être, dans le cas de la mort et de la fin dernière, de l’eschatologie. Le mythe est l’expression métaphorique et dramaturgique des origines, récit fondateur et exemplaire d’un acte sacré, et par là même, réservé, car qui connaît l’origine des choses et des êtres peut agir à leur instar. Il met en jeu des dieux ou des héros représentatifs de la communauté, sous des formes souvent tragiques rappelant la perte subie par la collectivité lors du passage du temps des origines, paradis, âge d’or, à la décadence vécue dans le monde contemporain.

 Unificateur, le mythe est indissociable des rites et cérémonies qui constituent sa réactivation ici et maintenant et qui canalisent la violence sociale, image du chaos qui préexiste à l’émergence des êtres d’origine. Il transforme l’individu qui va, par identification, assimiler la nature de la divinité ou les capacités de l’ancêtre, du héros fondateur. Il fonde et justifie comportements, fonctions, et activités humaines dans les sociétés traditionnelles. Il est alors facteur d’ordre et de cohésion sociale, maintenant un équilibre entre les différentes composantes collectives et individuelles, dans l’espace et dans le temps. »

Les auteurs rappellent très justement le rôle dynamique essentiel des antinomies comme vecteur de traversée de l’opacité dualiste. La première partie de l’ouvrage est consacrée aux éléments historiques relatifs aux organisations de métiers, aux compagnonnages et à la Franc-maçonnerie. La deuxième partie traite de la pratique rituelle et de l’opérativité à travers les éléments symboliques et les rituels de divers compagnonnages, les Anciens Devoirs anglais, l’art de la mémoire et l’Ars notoria, les catéchismes et les rituels maçonniques enfin. Les distinctions apportées, entre rites de passage, qui marquent une appartenance, une adhésion, et rite initiatiques, qui libèrent, entre transmission verticale, directe, d’origine non humaine et transmission horizontale, temporelle, par un médiateur humain, entre mythes, légendes et histoire, permettent à la fois de dissiper nombre de malentendus mais aussi de restaurer « les possibilités d’accomplissement de l’être humain, dans toutes ses dimensions ».

L’ouvrage, étayé par de très nombreux documents, est davantage qu’une vaste synthèse née de l’alliance entre compétences d’historien et compétences d’ethnologue, la dimension initiatique, marquée par l’exclusivité, est toujours présente dans le propos : « Passant par des phases de construction, de destruction et de reconstruction, les initiés sont conduits à expérimenter, à se perfectionner, à s’élever sur le plan moral, intellectuel et spirituel au moyen des rites, rituels et symboles. La démarche initiatique est une démarche volontaire, libre et individuelle de l’homme en recherche de transcendance, de spiritualité et permet la découverte de l’harmonie. La pratique se révèle comme étant un élément essentiel. Donner et se donner, accepter de recevoir sans être en mesure d’en évaluer pleinement les conséquences, prendre le risque de se mesurer à l’inconnu, d’abandonner ses béquilles pour aller de l’avant : voilà la gageure à laquelle le cherchant doit accepter de se prêter. »

Au sommaire de cet important ouvrage sur le compagnonnage et la Franc-maçonnerie :

Eléments historiques relatifs aux organisations de métiers, aux compagnonnages et à la Franc-maçonnerie   -   les confréries  -  les communautés de métiers  dans les pays européens   -  Structure du compagnonnage en France  -   les compagnons du Devoir  -  les Gavots  -  compagnons étrangers  -   compagnons du Devoir e liberté  -   les enfants de Salomon  -   Maître Jacques  -  Le Père Soubise et le roi Salomon  -    maçons et tailleurs de pierre   -  

Pratique rituelles et opérativité  -   les éléments rituels et symboliques dans les compagnonnages   -  le depositio en université et chez les imprimeurs  -  les éléments chrétiens dans les rituels compagnonniques au 17e siècle  -   les serments  -  baptême  -  communion  -   enseignement  -  l’exemple des hérauts d’armes, des compagnies d’archers, d’arbalétriers er d’arquebusiers  -   les emprunts divers dans les rituels compagnonniques à partir du 18e siècle   -    le cas spécifique des rituels de Soubise   -  les charbonniers relèvent-ils d’un devoir ?   -  Les anciens devoirs anglais (old charges) et les développements mythiques   -  les différentes prières   -  les arts libéraux   -  

Histoire mythique de l’origine de la Franc-maçonnerie   -   Filiation mythique et influences spirituelles   -  l’antinomie de la double lignée  -   de la Palestine à la France  -   Naymus  -  Grecus  -  Charles Martel  -   saint Alban  -  Athelstan  -  Edwin  -  la légende d’York et l’organisation des loges  -   Le serment dans les anciens Devoirs   -   William Schaw   -  L’art de la mémoire   -  L’Ars notoria   -   catéchismes et rituels maçonniques   -  le mot de maçon  -  rituels et catéchismes écossais   -    Réceptions en loge des apprentis et des compagnons   -   la situation en Irlande   -   les différents niveaux d’exégèse   -     l’utilisation de la guématrie comme méthode exégétique   -    Hiram et ses prototypes   -  Noé  -  Betzeléel   -   Hiram   -   3 lumières  -  3 colonnes   -  cinq points   -  5 sens  -   5 ordres   -   sept rendent une loge juste et parfaite   -  7 et l’échelle de la connaissance  -    -  Sacrifice primordial  -   rites de fondation et le meurtre d’Hiram   -     la légende d’Hiram   -  la Parole perdue  -   signes et serments   -  les diverses pénalités  -   la Parole retrouvée   -   J et B  -  Jéhovah et IHVH  Auxilia   -   acacia  -   Shaddaï   -  triple voix et règle de trois  -    M. B.  -   la clef de la loge   -   Ouverture vers d’autres pratiques rituelles   -   Mythe et travail de mémoire   -  Pratiques de l’invocation du Nom dans les trois religions du Livre  

 

LE SERPENT COMPATISSANT  -   COMPAGNONNAGE-

J. Michel Mathonière

Edition La Nef de Salomon

 2001

Iconographie et symbolique du blason des compagnons tailleurs de pierre. Précédé des compagnons du St Devoir des bâtisseurs de Cathédrales. Ce livre de compagnonnage étudie les racines des tailleurs de pierre à travers l’iconographie et la symbolique des  blasons. C’est une quête historique pleine de suspens ou l’art Royal est permanent.

 

Ce livre rassemble donc plusieurs études consacrées à cette exploration des racines des tailleurs de pierres, compagnons du Tour de France. Si les sources documentaires les concernant avec certitude ne remontent pas pour l’instant, avant le début du XVIIe siècle, l’analyse de leurs emblèmes symboliques permet d’entrevoir combien les Compagnons tailleurs de pierres sont, ce qui pourrait sembler couler de source, les héritiers direct des bâtisseurs de cathédrales du XIIIe siècle et, peut être, comme le prétendent certaines de leurs légendes, d’un passé bien plus lointain.

 

Cette quête historique, pleine de suspens, permet de mieux comprendre la dimension spirituelle du Saint Devoir des Compagnons, la « véritable chevalerie artisanale », selon la belle expression de Georges Sand.

 

Le rôle prédominant de la géométrie, non seulement comme moyen technique mais aussi comme support symbolique, est également mis en évidence, tant par l’analyse des symboles du métier (équerre – compas et règle) que par des tracés qui ne doivent rien à l’imagination et à l’approximation.

 

Au fil des pages et des notes, très abondantes, le lecteur découvrira aussi l’expression « Art Royal » souvent appliquée à la tradition maçonnique, qui retrouve probablement par cette étude une nouvelle source opérative : Le livre VIII des Proverbes, attribué à Salomon et qui contient la majeure partie du substrat symbolique de la tradition initiatique des bâtisseurs.

 

Jean Michel Mathonière, compagnon tailleur de pierres, s’intéresse depuis 25 ans à cet art de la taille des pierres, il y a consacré des ouvrages et surtout collabore régulièrement avec des revues comme Renaissance Traditionnelle et la presse compagnonnique.

 

LES ḖTRANGES SYMBOLES DES CATHḖDRALES, BASILIQUES ET ḖGLISES DE LA FRANCE MḖDIEVALE

Christian Montésinos

Edition Dervy

2018

Christian Montésinos est historien, membre de la Société française de mythologie. Il met à notre disposition un travail considérable d’analyse symbolique des cathédrales. Il y a longtemps en effet que nous ne savons plus lire ces « livres de pierre ». Cet ouvrage nous propose de nous réapproprier le langage particulier, synthétique et puissant des cathédrales, que peu connaissent aujourd’hui hors de certains cercles du compagnonnage. En introduction, il précise le sens de sa démarche. Il constata que la richesse des cathédrales était généralement ignorée « au profit de l’anecdotique laïque, scolaire et républicain ».

 

« Ces constats m’incitèrent à rédiger un ouvrage, comme ceux que j’aurais voulu avoir en main alors que je découvrais sans les comprendre voici de nombreuses années les cathédrales et basiliques de France. La lecture du grand Emile Mâle fut pour moi une révélation. Ses ouvrages m’incitèrent à me plonger au cœur des auteurs anciens, puis à confronter les remarques du grand historien de l’art à d’autres ouvrages, en particulier ésotériques. Je remarquai, après bien des années, que chaque auteur, Mâle à part, avait surtout travaillé pour sa « boutique ». Le Mystère des Cathédrales de Dujols, alias Fulcanelli, ne voyait dans les quatre-feuilles d’Amiens, ou dans les écus de Notre-Dame de Paris, que des symboles alchimiques. Or, ces images, pour reprendre l’expression consacrée aux bas-reliefs médiévaux, ne sont pas exclusives. Elles sont à la fois profanes, religieuses, alchimiques et apologétiques, parce qu’au temps où elles furent créées, les clercs possédaient une telle vision. S’écarter de la mentalité médiévale pour interpréter des ornementations lapidaires peut conduire parfois à dire des banalités, ou pire, des sottises. »

 

C’est la distinction de ces niveaux logiques qui constitue la force de l’ouvrage et permet une lecture circonstanciée et différenciée des ensembles symboliques inscrits sur les murs des cathédrales. Christian Montésinos cherche à plonger dans les sources les plus anciennes pour retracer les chemins, souvent de détour, qui ont conduit aux images qui demeurent aujourd’hui sous nos yeux. Si les Lumières ont méprisé nos cathédrales, elles font heureusement aujourd’hui parti du patrimoine mondial de l’humanité. Edifiées en deux siècles seulement, elles témoignent d’une volonté spirituelle exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité qu’il nous est difficile de comprendre. Christian Montésinos évoque un art sacré. Les images choisies, dont Emile Mâle a retrouvé le plus souvent l’origine pré-chrétienne, s’adresse non à la vue mais à l’esprit à travers un glissement temporel fascinant des mythèmes.

 

Pour l’auteur, le plus grand mystère des cathédrales c’est celui de la Résurrection du Christ, car tout l’ensemble symbolique proposé concourt à la mise en œuvre de la « Vie Nouvelle », à l’édification du « Nouvel Homme » par une « Nouvelle Alliance ». « Les cathédrales, confie l’auteur, sont les vaisseaux de ce voyage fabuleux. Elles donnent véritablement les clés du royaume à ceux qui savent les trouver. Elles offrent aux pénitents, aux repentis, aux borgnes, aux aveugles, aux boiteux et à tous les infirmes de corps ou d’esprit la possibilité de la guérison. Elles proposent à l’homme la véritable transmutation, au sens propre, le changement au travers. Elles sont encore porteuses d’autres mystères comme celui de la Trinité, de la Communion, de la transmission de l’Esprit saint… »

 

Christian Montésinos nous offre des repères pour entreprendre le voyage : langue des oiseaux, orientation, marques, zodiaques et calendriers, avant de développer les grands thèmes présents comme les vices et les vertus, les arts libéraux, les Vierges allégoriques, et le foisonnement d’étranges créatures du hérisson d’Amiens à l’ouroboros en passant par les sirènes. Mais il traite aussi du labyrinthe, des emblèmes de l’alchimie chrétienne, des jeux d’ombre et de lumière, des couleurs et des matériaux…

 

l’âme des cathédrales existe ; l’étude de la symbolique le prouve. La symbolique, qui est la science d’employer une figure ou une image comme signe d’une autre chose, a été la grande idée du moyen âge, et, sans elle, rien de ces époques lointaines ne s’explique. Sachant très bien qu’ici-bas tout est figuré, que les êtres et que les objets visibles sont, suivant l’expression de Saint Denys l’Aréopagite, les images lumineuses des invisibles, l’art du moyen âge s’assigna le but d’exprimer des sentiments et des pensées avec les formes matérielles, variées, de la vitre et de la pierre et il créa un alphabet à son usage. Une statue, une peinture, purent être un mot et des groupes, des alinéas et des phrases ; la difficulté est de les lire, mais le grimoire se déchiffre. Des livres tels que le « Miroir du Monde » de Vincent de Beauvais, le « Speculum Ecclesiae » d’Honorius d’Autun, si bien mis en valeur par M. Male, le Spicilège de Solesmes, les apocryphes, la Légende dorée, nous donnent la clef des énigmes.

 

L’on comprendra cette importance attribuée à la symbolique, par le clergé, par les moines, par les imagiers, par le peuple même au XIIIe siècle, si l’on tient compte de ce fait que la symbolique provient d’une source divine, qu’elle est la langue parlée par Dieu même. Elle a, en effet, jailli comme un arbre touffu du sol même de la Bible. Le tronc est la Symbolique des Écritures, les branches sont les allégories de l’architecture, des couleurs, des pierreries, de la flore et de la faune, les hiéroglyphes des Nombres. Si ces diverses branches peuvent donner lieu à des interprétations plus ou moins sûres, il n’en est pas de même de la partie essentielle de la symbolique des Écritures, qui, elle, est claire et tenue pour exacte par tous les temps. Qui ne sait, en effet, nous déclare Saint Grégoire le Grand, que « l’Ancien Testament est la prophétie du Nouveau et le Nouveau la manifestation de l’Ancien », que, par conséquent, la religion Mosaïque contient en emblèmes ce que la religion catholique nous divulgue en réalité ? L’histoire sainte est une somme d’images ; tout arrivait aux Hébreux en figures affirme Saint Paul ; le Christ l’a rappelé maintes fois à ses disciples et lui-même s’est presque toujours servi, lorsqu’il haranguait les foules, de paraboles ou, si l’on aime mieux, de récits allégoriques qui lui permettaient, en montrant une chose, d’en dévoiler une autre.

 

Il n’est donc point surprenant que le moyen âge ait suivi la tradition que lui avaient, après les enseignements du Messie, transmise les Pères de l’Église et appliqué à la maison du Seigneur leurs procédés. Cela dit, nous devons ajouter qu’en sus de cette précaution d’enclore, dans une cathédrale, les vérités du dogme, sous les apparences des contours et les espèces des signes, le moyen âge a voulu traduire, en des lignes sculptées ou peintes, les Légendaires et les évangiles apocryphes, être en même temps aussi qu’un cours d’hagiographie et de pieux fabliaux, un sermonnaire narrant au peuple le combat des vertus et des vices, lui prêchant la sobriété, le travail, la nécessité évoquée par la parabole des vierges sages et des vierges folles, d’être toujours prêt à paraître devant Dieu, le menant, peu à peu, tout en l’exhortant le long de la route, jusqu’au jour de la mort qu’il lui découvrait brutalement, dès l’entrée même de la basilique, dans les tableaux du Jugement dernier et du pesage des âmes.

 

La cathédrale était donc un ensemble, une synthèse ; elle embrassait tout ; elle était une bible, un catéchisme, une classe de morale, un cours d’histoire et elle remplaçait le texte par l’image pour les ignorants. Nous voici loin, avec ces données, de l’archéologie de cette pauvre science de l’anatomie des édifices ! Voyons maintenant, en usant de la doctrine des symboles, ce qu’est Notre-Dame de Paris, quel est le sens de ses divers organes, quelles paroles elle profère, quelles idées elle décèle. Ses conceptions et son langage ne diffèrent pas de ceux de ses grandes sœurs de Chartres, d’Amiens, de Strasbourg, de Bourges, de Reims et autres. Tout au plus cache-t-elle une arrière-pensée qui sent un tantinet le fagot et que j’expliquerai plus loin ; — nous pouvons donc, pour elle comme pour les autres, l’étudier, en lui appliquant les théories générales du symbolisme

 

Un petit chapitre est consacré au regard des Francs-maçons sur les cathédrales afin de dissiper quelques illusions courantes. Ce livre érudit, agréable à la lecture, très bien illustré, sera un guide précieux pour explorer nos cathédrales et en extraire les connaissances traditionnelles que ceux qui les ont conçues et édifiées ont voulu transmettre à travers les temps..

 

les francs – juges de la sainte vehme

J.P. bayard

Edition DUALPHA

 2004

Les propos les plus contradictoires ont couru sur ce tribunal secret de la Sainte Vehme, né en Westphalie au 12ème siècle, avec les chevaliers teutoniques. La mort de Conrad IV en 1254 ouvre une période d’agitation. L’empire romain germanique s’émiette et de grands troubles envahissent l’Europe, pendant 20 ans aucun empereur ne sera désigné à cause de ces querelles. A Dortmund, les habitants sont excédés par le brigandage, ils décident de se substitué à la justice, ainsi nait la confrérie de la Sainte-Vehme et regroupe 14 échevins de la ville pour rendre la justice au nom de Dieu.

 

Beaucoup de monde passe devant ce tribunal, que ce soit pour vol, sorcellerie, crimes sexuels, homicides, hérésie, bref tout est bon pour entendre ces gens là. Le problème est comme toujours, qu’il y a deux poids et deux mesures, et selon vos moyens financiers des pots de vin sont donnés aux juges qui ferment les yeux pour certains et pendent les autres.

 

Cette sainte vision au départ  donne lieu à des tortures, des injustices, mais un semblant d’ordre s’amorce et donne l’idée à d’autres villes de Westphalie de créer leur propre tribunal de la Sainte-Vehme, cela se bouscule pour y siéger car la place est bonne et surtout évite des poursuites pour celui qui juge.

Au 14e siècle la confrérie compte plus de 100.000 membres, ces tribunaux sont placés sous l’autorité de l’archevêque de Cologne, et ils sont reconnus par l’Empereur. Ce sera Charles Quint vers 1510 qui incarnant le retour de l’autorité impériale interdira les activités de cette confrérie, qui aura duré près de 250 ans officiellement, car durant la guerre de trente ans, cette confrérie va ressurgir. Ce n’est qu’en 1811 que Jérôme Bonaparte, éphémère roi de Westphalie va dissoudre définitivement cette confrérie.

 

Les histoires qui circulent n’ont fait qu’alimenter l’horreur et l’effroi dans la littérature populaire. La justice était rendue dans des lieux assez reculés et les jugements étaient signés par un poignard planté dans l’arbre du supplicié, car la plupart des jugements étaient exécuté par pendaison. Ces pendaisons avaient lieu en secret, la nuit de préférence et la signature d’un couteau avertissait la population ce qu’il lui en couterait en cas de désobéissance à sa loi.

 

Au début du 20ème siècle, certaines sociétés secrètes, ont repris à leur compte ce nom pour en faire une machine de guerre et de terreur. L’auteur avec passion, dépoussière ce tribunal et rend la vérité à l’histoire.

 

les grands ordres militaires & religieux

Dominique lormier

Edition TRAJECTOIRE

 2006

L’affrontement du christianisme et de l’Islam débute au VIIIème siècle. Il atteint son paroxysme au XIème siècle avec la prise de Jérusalem par Godefroy de Bouillon en 1099. Le royaume latin qui se crée au Moyen Orient suscite le développement de nombreux ordres à la fois militaires et religieux, dont la vocation est de défendre les positions franques en Orient.

 

Les Templiers, officiellement reconnus par la papauté en 1129, sont de tous les combats. Leur règle, rédigée par St Bernard, fait de ces chevaliers du Christ un ordre tout puissant, dépendant directement du pape. Les Hospitaliers sont souvent à leurs côtés, quoique plus marqués par leur vocation caritative. Après la chute de Saint-Jean-D’acre en 1291, Templiers et Hospitaliers se replient en Europe. Ils sont devenus les banquiers des rois de France. Philippe IV le Bel est décidé à s’emparer de leur trésor.


Quant aux Chevaliers Teutoniques, également présents en Méditerranée, ils cherchent d’abord à christianiser la Prusse et la Livonie, d’où ils seront finalement chassés. L’auteur évoque également les destinées des Chevaliers de Malte (qui résistent aux Turcs), et des ordres espagnols (Santiago et Calatrava), sans oublier celui de Notre Dame de la Merci, dont les membres ont pour vocation de racheter les chrétiens capturés par les musulmans en Méditerranée (près de 500 000 d’entre eux seront ainsi sauvés).


Nés glorieux à l’époque des grandes croisades, tous ces ordres connaissent, à l’exception de celui de Malte, des destinées tragiques et souvent mystérieuses. C’est leur histoire, avec ses heurts et ses malheurs et ses nombreuses énigmes, que raconte ici Dominique Lormier.

 

LES LÉGENDES DE L’HÔPITAL DE ST JEAN DE JÉRUSALEM

Antoine CALVET

Edition  P.U.F.

 2000

 

En 1070 un hospice se crée en terre sainte pour les pèlerins. En 1099 les croisés prennent la Ville de Jérusalem et l’hôpital s’agrandit. En 1113 il obtint la reconnaissance papale. C’est tout un tissu de légendes qui entourent la création de l’hôpital, son histoire et sa survie.

 

Les Légendes de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem sont un récit qui narre comment l'Hôpital de Jérusalem fut fondé à la suite de plusieurs apparitions du Christ. Ces apparitions ou Miracles sont antérieures aux Croisades, à l'exception du dernier miracle qui, durant le siège de Jérusalem, tire d'un bien mauvais pas le fondateur de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Gérard.

 

Dans nombre de recueils de statuts des XIIIème-XIVème siècles, les Légendes sont copiées ainsi que la Règle. Cependant, dès les premiers temps,...  des versions latines des Légendes, ignorant la fondation miraculeuse de l'Ordre, apparaissent dans certains recueils. Cette tradition, plus conforme à la réalité, sera celle qui finalement sera reconnue par les officiels de l'Ordre.

 

Cet ouvrage, après une introduction historique, consiste en l'édition et en la traduction, précédée d'une analyse linguistique, de trois versions occitanes des Légendes dont l'une, écourtée du dernier miracle relatif aux Croisades, correspond à la version princeps des Légendes, dont nous avons perdu la trace. On pourra y ajouter l'édition des versions française et latine des Légendes à partir de deux manuscrits de la BnF.

 

les lÉgendes des cathÉdrales

J.F. BLONDEL

Edition  J.C. Godefroy

 2002

Le temps des Cathédrales évoque une période unique dans l’histoire de France. Durant trois siècles les chantiers se sont succédés avec leur foule d’ouvriers, et d’artistes. Cette œuvre grandiose a fait naître des légendes qui malheureusement ont été occultées par l’histoire.

Que ce soit dans leurs sculptures ou dans leurs vitraux, les cathédrales offrent au regard une luxuriante forêt d'images. Si certaines sont immédiatement déchiffrables car elles appartiennent aux thèmes les plus connus du christianisme – telles les représentations de la Crucifixion ou de la Nativité – d'autres intriguent le visiteur contemporain, en particulier le bestiaire fantastique qui culmine dans les gargouilles. D'aucuns ont été tentés d'y reconnaître des figurations à caractère ésotérique et il ne se passe guère d'année sans que paraisse un nouveau livre sur « le message secret des bâtisseurs de cathédrales 

Cependant, sans contester radicalement l'existence en certains cas d'un symbolisme à caractère ésotérique (d'ailleurs assez éloigné ce que l'on affuble habituellement aujourd'hui de ce terme), il convient de tout d'abord déchiffrer ces images en regard de la culture de l'époque qui les a produite.

Car si les cathédrales formaient une sorte de Livre muet accessible à l'immense cohorte de ceux qui alors ne savaient pas lire, leurs images reflètent avant tout la culture du Moyen Age. Au XIIIe siècle, en même temps que les cathédrales, fleurissent les encyclopédies : saint Thomas d'Aquin expose dans sa Somme théologique toute la doctrine chrétienne ; Jacques de Voragine rassemble dans sa Légende dorée toutes les légendes des saints ; Guillaume Durand explique dans son Rational des divins offices toute la liturgie ; Vincent de Beauvais embrasse et résume dans son Grand Miroir toute la science de l'univers. En fait, tenant compte également des réminiscences de quelques Évangiles apocryphes et des légendes populaires, quelquefois à substrat païen, il n'est guère besoin d'aller chercher ailleurs qu'en ces ouvrages les clefs de l'iconographie des cathédrales.

 

Porteuses de telles significations supérieures, les images obéissent à des règles où le figuratif s'estompe au profit du symbole et de l'allégorie, d'où le sentiment de mystère qui peut naître lorsque les règles qui régissent cette langue hiératique ne sont plus connues. Pour prendre un exemple très simple et, au demeurant, fondamental, la représentation d'une croix n'a pas pour objet final de figurer une quelconque croix, un assemblage de pièces de bois qui évoquerait l'art de la charpente : elle est l'image de la Croix par excellence, celle où s'accomplit le mystère de la Passion. De même, un agneau portant une croix est l'image de Jésus-Christ offert en sacrifice. Mais l'image est polysémique : sans la croix, ce même agneau est une figuration du chrétien, voire du pêcheur que le Bon Pasteur, sous la forme du berger, viendra ramener vers le troupeau (l'Église en tant que communauté des fidèles). Dans le contexte des calendriers, cet agneau pourra évoquer le temps de Pâques, tandis que le bélier figurera le signe zodiacal du même nom, moment de l'équinoxe de Printemps à partir duquel le jour l'emportera sur la nuit… et la lumière du Christ sur les ténèbres du paganisme.

 

Dans la cathédrale, les chapitres du Miroir de la Nature sont inscrits partout. Il n'est en effet guère de parties de l'édifice où ne se remarquent des plantes et des animaux. Le premier livre de l'Ancien Testament raconte la Genèse, les six jours de la Création que Dieu peupla de plantes et d'animaux avant d'y placer Adam. Toute cette végétation, généralement représentée dans sa phase de croissance, de pleine vigueur, représente également la puissance vitale du Verbe à l'œuvre dans le cœur des fidèles, ce grain qui, jeté en bonne terre, croît et fructifie. Rien dans la Création n'échappe au Moyen Age à cette vision mystique. Méditant sur une simple noix, Hugues de Saint-Victor écrit : « Qu'est-ce qu'une noix sinon l'image de Jésus-Christ. L'enveloppe verte et charnue qui la recouvre, c'est sa chair, c'est son humanité. Le bois de la coquille, c'est le bois de la croix où cette chair a souffert. Mais l'intérieur de la noix, qui est pour l'homme une nourriture, c'est sa divinité cachée. » La rose est quant à elle le symbole des martyrs ou du chœur des vierges. Pierre de Mora écrit à son sujet : « Quand elle est rouge, elle est le sang de ceux qui sont morts pour la foi, et quand elle est blanche, elle est la pureté virginale. Elle naît au milieu des épines, comme les martyrs s'élèvent au milieu des hérétiques et des persécuteurs, ou comme une vierge pure éclate au milieu de l'iniquité. » C'est aussi un symbole de la Lumière, du rayonnement du Verbe, et les grandes roses des cathédrales, constellées des couleurs de l'arc-en-ciel et des épisodes de l'Histoire sainte, en offrent le témoignage le plus éclatant.

 

L'immense foule des animaux et des êtres fantastiques qui peuple les cathédrales illustre tantôt des vices que doivent combattre les vertus chrétiennes, tantôt des fables héritées de l'Antiquité et décrivant des contrées lointaines que le résumé du monde qu'est la cathédrale ne saurait ignorer, à défaut de les connaître réellement. Ainsi des peuples fabuleux, tels les sciapodes qui n'ont qu'une jambe mais qui cependant peuvent courir à une vitesse prodigieuse, se reposant ensuite à l'ombre de leur pied immense. Ou encore du phénix, l'oiseau immortel qui se régénère par le feu, symbole qui fut effectivement très prisé des alchimistes.

 

Mais si dans l'esprit du Moyen Age tout est susceptible d'être symbole, il convient cependant de ne pas se laisser entraîner à vouloir trouver une signification hautement symbolique à toutes les représentations. Il n'est pas inutile de rappeler ici les termes très durs avec lesquels, à cette époque, saint Bernard, pourtant familier de la langue des symboles, traite le bestiaire fantastique : « Dans les cloîtres, sous les yeux des frères qui lisent, que viennent faire ces monstres ridicules […] De grâce, si on ne rougit pas de semblables inepties, qu'on regrette au moins la dépense. » Cette réaction montre bien que l'imagier, s'il obéissait pour l'essentiel à un programme iconographique dicté par les autorités ecclésiastiques, n'en prenait pas moins la liberté de laisser son imagination vagabonder chaque fois que cela lui était possible. N'oublions pas non plus que, construite sous l'autorité de la cité, la cathédrale n'était pas seulement la maison de Dieu où se déroulait la liturgie, c'était aussi celle du peuple dans laquelle se tenaient des réunions et des fêtes : le profane y avait donc aussi sa place et trop critiquer certaines figurations grotesques voire pornographiques, ou illustrant des fabliaux populaires, serait oublier les vertus spirituelles de l'humour…

 

LES MYSTÈRES TEMPLIERS

Louis CHARPENTIER

Edition  Robert LAFFONT

 1967

Héritier de la révélation christique, du savoir égyptien, grec et de la civilisation celte, l’ordre du Temple a pendant deux siècles, déposé les germes de ce qui aurait pu être la plus extraordinaire civilisation du monde moderne.

Il existe, entre Seine et Aube, un massif forestier au nom inattendu de « Forêt d'Orient », qu'entoure une ceinture de fermes portant les marques des mêmes constructeurs. C'est là que naquit, au début du XIIe siècle, le mystérieux, puissant, orgueilleux Ordre du Temple, dont Michelet a dit que la chute fut le plus grand cataclysme de l'Occident. Héritier de la révélation christique, du savoir égyptien et grec, de la tradition celtique, cet Ordre allait, pendant deux siècles, déposer les germes de ce qui aurait pu être la plus extraordinaire civilisation du monde moderne.


Par quels moyens techniques, avec quelles ressources financières est-il parvenu en quelques années à faire se dresser, à travers toute l'Europe chrétienne, les flèches de centaines de cathédrales ? À cette question, comme à tant d'autres tout aussi intrigantes, répond dans ce nouveau livre Louis Charpentier, l'auteur des Mystères de la Cathédrale de Chartres.


Avec lui, nous accompagnons en Terre Sainte les neuf Chevaliers qui avaient mission de retrouver l'Arche d'Alliance et les Tables de la Loi ; nous assistons à la création de ces premiers établissements agricoles, de ces premières hôtelleries, de ces premières banques que furent les Commanderies ; nous voyons partir de La Rochelle les vaisseaux qui, bien avant Christophe Colomb, allaient aborder en Amérique...


Cet ouvrage dévoile les secrètes et surprenantes missions d’un ordre auquel les bûchers de l’Inquisition devaient mettre fin. Mais en est-on sûr ?

 

les poÉmes Épiques du moyen-Âge

 

Union Latine d’édition

 1972

4 volumes
1. Guillaume d’Orange    2. Girard de Roussillon
3. Les 4 fils d’Aymon    4. La croisade albigeoise

 

C’est dans les dernières années du XIe siècle qu’apparaissent les chansons de geste, poèmes épiques traitant de hauts faits du passé, et destinés à être chantés ; en effet, geste vient du latin gesta, signifiant « exploits ». La plus ancienne des chansons de geste connue à ce jour est sans doute La Chanson de Roland dans la version du manuscrit d’Oxford, daté de 1098 environ.

La chanson de geste est composée de « laisses », sortes de strophes à longueur variable, dont les vers sont assonancés. Les chansons les plus tardives, quant à elles, sont rimées. Le mètre employé est le décasyllabe (vers épique par excellence), à césure mineure (4/6) ou majeure (6/4), mais le XIIe siècle verra l’apparition de chansons de geste rédigées en alexandrins.

La chanson de geste traite de faits guerriers, se déroulant toujours dans l’empire carolingien ; elle a souvent pour thème la guerre contre les sarrasins, et fait souvent office de propagande dans un contexte historique qui est celui des croisades : La Chanson de Roland, par exemple, aurait été rédigée durant la première croisade.

On connaît peu de choses sur ses origines ; depuis la fin du XIXe siècle, plusieurs théories s’opposent : en 1865, la théorie dite « traditionaliste », issue du Romantisme allemand, et soutenue notamment par Gaston Paris, voit à l’origine de la chanson de geste des chants populaires, nés spontanément après d’importants évènements, après la période des grandes invasions : les « cantilènes ». Ces courts chants, probablement d’origine germanique, auraient été rassemblés pour finalement donner naissance aux chansons de geste à proprement parler. C’est en 1884 que l’italien Pio Rajna soulignera l’improbabilité d’une origine populaire : l’épopée traite de faits aristocratiques et guerriers, souvent très mal connus du peuple. De plus, aucune cantilène n’a jamais été retrouvée, et il est probable qu’il n’en ait jamais existé.


Une autre théorie, celle dite de « l’individualisme », va être soutenue par Joseph Bédier dès 1908 ; il ne voit pas dans la chanson de geste le fruit d’une tradition, mais bien le travail d’un poète : les routes de pèlerinages étaient jalonnées de sanctuaires ; les moines, qui avaient tout intérêt à entretenir la renommée de leurs monastères, n’hésitaient pas à fournir des documents, des reliques, des « preuves » (le tout souvent faux) de hauts faits à des poètes et jongleurs de passages, afin qu’ils composent des poèmes sur ces héros. La chanson de geste serait née d’une collaboration moines/poètes, et ce, grâces aux routes : « Au commencement était la route », dira Joseph Bédier dans Les légendes épiques.


Ferdinand Lot, quant à lui, sera l’un des représentants du « néo-traditionalisme » : les chansons de geste ne naissent pas ex nihilo, mais sont le fruit de la confrontation de textes antérieurs, d’anciens thèmes qui vont se répondre, et évoluer sans cesse.

Encore aujourd’hui, la question des origines est obscure, et il semble peu probable que la vérité soit contenue entièrement par une seule de ces théories : la solution doit se trouver à mi-chemin.

 

L’ESPRIT DU COMPAGNONNAGE.     Histoire, traditions et valeurs morales

J. Pierre BAYARD

Edition DANGLES

 1994

On pourrait définir le compagnonnage par « l’amour du travail bien accompli ». Ce livre est un hommage au travail manuel des compagnons, compagnons qu’il a bien connu de par son métier et par une thèse qu’il a faite

Le compagnonnage, depuis ses origines médiévales, a toujours honoré le geste manuel en le replaçant dans son contexte sacré. C'est l'école de l'ouvrier d'élite, aujourd'hui encore très recherché dans de nombreuses professions. C'est l'école de la droiture, de la recherche altruiste des valeurs morales, de l'amour du travail bien accompli. Il est à la base des forces actives de notre nation.

Jean-Pierre Bayard, bien connu par ses études sur le symbolisme traditionnel, était aussi ingénieur des travaux publics, et fut donc souvent amené à travailler avec des compagnons ; il les avait bien connus et les fréquentait. En 1977, il avait d'ailleurs soutenu avec succès une thèse de doctorat ès lettres sur Le Compagnonnage en France (Université de Rennes).

 

Le présent ouvrage est le résultat d'une expérience vécue dans un contexte humaniste. L'auteur est donc particulièrement qualifié pour nous faire découvrir ce monde de l'exception : historique, rites, enseignements, formation ouvrière, éthique et valeurs morales... Il nous montre combien nos lois actuelles sur l'apprentissage devraient s'inspirer de leurs méthodes, et il rend un vibrant hommage au travail manuel, souhaitant sa réhabilitation pleine et entière dans notre système économique. Il nous décrit les structures contemporaines du compagnonnage en France et en Europe, nous indiquant toutes les adresses et les spécificités de chaque groupement. Enfin - et surtout - il nous propose de forts préceptes moraux, insistant sur la valeur des devoirs tout aussi importants que les droits.

A l'encontre de l'esprit égalitaire et d'uniformité qui nivelle notre monde actuel, l'étude du compagnonnage peut donner à chacun l'envie et la possibilité de se dépasser, de libérer ses potentialités latentes dans l'exercice d'un métier valorisant et reconnu.

Le système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche. Son originalité tient à la synthèse de méthodes et procédés de transmission des savoirs extrêmement variés : itinérance éducative à l’échelle nationale (période dite du « Tour de France ») voire internationale, rituels d’initiation, enseignement scolaire, apprentissage coutumier et technique. Le mouvement du compagnonnage concerne près de 45 000 personnes qui appartiennent à l’un des trois groupes de compagnons.

Les jeunes à partir de 16 ans qui veulent apprendre et/ou développer leurs compétences dans un métier donné peuvent demander à rejoindre une communauté de compagnons. La formation dure en moyenne cinq ans pendant lesquels l’apprenti change régulièrement de ville, en France et à l’étranger, pour découvrir divers types de savoirs et diverses méthodes de transmission de ces savoirs. Pour pouvoir transmettre son savoir, l’apprenti doit produire un « chef-d’œuvre » qui est examiné et évalué par les compagnons.

Le compagnonnage est généralement perçu comme étant le dernier mouvement à pratiquer et enseigner certaines techniques professionnelles anciennes, à assurer une formation à l’excellence dans le métier, à lier étroitement développement de l’individu et apprentissage du métier et à pratiquer des rites d’initiation propres au métier.

 

les rites magiques de la royautÉ

J.P. BAYARD & P. de la PERRIERE

Edition BELISANE

 1998

C’est en remontant aux origines de la royauté que les auteurs nous expliquent les pouvoirs magiques et les rites initiatiques de la fonction royale. Nous entrons dans leurs pouvoirs, leurs devoirs et leurs obligations.

 

On y côtoie le roi initié, Roi prêtre et chamane, les lieux privilégiés, le temple de Salomon, la vision d’Ezéquiel, l’axe du monde, Reims, Rome, l’abbaye de St Rémy, le palais du Tau, Jeanne d’Arc et St Nicaise, la couronne, les pierres précieuses, les talismans, le trône, la sainte ampoule, l’huile, les Lévites, l’onction, le roi guérisseur et les écrouelles.

 

Après la dislocation de l'Empire romain, la religion chrétienne triomphante privilégia les aspects spirituels et sacrés au détriment des aspects matériels de l'humanité. Le pouvoir ecclésiastique plaça la médecine savante sous haute surveillance. La hiérarchie sacerdotale maintint les médecins dans un rôle subalterne, leur interdisant l'expérimentation, et relégua les guérisseurs empiriques au rang de "sorciers".

 

Les seuls thaumaturges que l'Église toléra furent les prêtres guérisseurs, les saints faiseurs de miracles. Curieusement, selon une tradition qui remonte à Robert II le Pieux (996-1031), les rois de France (et d'Angleterre) acquéraient par la vertu du saint chrême dont ils étaient oints lors de la cérémonie du sacre, le pouvoir miraculeux de guérir les malades.

 

Les rois de France étaient censés guérir les écrouelles par le toucher, en prononçant la phrase "Le Roi te touche, Dieu te guérit", puis "Le Roi te touche, Dieu te guérisse". Au XVIIIe siècle, les souverains britanniques avaient le privilège de guérir l'épilepsie, les rois d'Espagne délivraient les possédés. Les rois de Hongrie faisaient disparaître la jaunisse et les rois de Bourgogne éloignaient la peste.

En France, Philippe Ier est le premier roi connu qui touche les écrouelles, ces adénites tuberculeuses. Mais à l'origine, rien ne dit que le pouvoir des rois de France ait été aussi limité. En Angleterre, Edouard le Confesseur fut le premier à effectuer ce rite, mais il ne le fit qu'une seule fois. Puis l'auteur évoque les origines du pouvoir guérisseur des rois. Les rois de France et d'Angleterre sont devenus des guérisseurs car ce sont des personnages perçus comme sacrés.

Or, pour la majorité des hommes du Moyen Age, qui ont une vision très matérielle de la religion, qui dit sacré dit guérir. Robert le Pieux est le premier roi qui a passé pour guérir les maladies. Sa réputation de piété l'a aidé. Ses successeurs ont ensuite récupéré ce don et sa spécialisation dans les écrouelles. En Angleterre, plus tard, c'est le roi Henri Beauclerc qui introduit la pratique thaumaturgique du toucher, au début du XIIe siècle.

 

La pratique du toucher est très populaire jusqu'à la fin du XVe siècle. Les malades viennent de différents pays d'Europe et le nombre important des sujets scrofuleux venant se presser auprès du souverain sont une marque de loyalisme. Surtout, le rite du toucher va triompher de l'opinion ecclésiastique. Au XIe siècle, la réforme grégorienne, qui souhaitait contrer l'importance du pouvoir politique, cherchait à dépouiller les princes de leur empreinte surnaturelle et les réduire ainsi à de simples êtres humains. Cependant, lorsque la France de Philippe le Bel devient une grande puissance, les auteurs utilisent le don thaumaturgique comme arme pour renforcer la popularité de la maison royale. En Angleterre aussi, le don est une arme pour s'affirmer face à la papauté. Les déclarations des partisans du pape évoquant des mensonges ou les rêveries de ceux qui croient au miracle royal restent exceptionnelles. Et au début du XIVe siècle, les guérisons royales s'imposent à tous, même à l'opinion ecclésiastique.


France et Angleterre ont le monopole du toucher des écrouelles. Quelques pays tentent d'imiter les deux monarchies, mais sans succès. Cependant, l'Angleterre se différencie de la France par l'existence d'un autre miracle, celui des anneaux médicinaux. Dans ce pays en effet, lors du Vendredi saint, le roi échangeait de belles pièces de monnaie qu'il posait sur l'autel de l'église avant de les récupérer pour ensuite faire fabriquer des anneaux qui avaient la capacité de guérir certaines maladies, en particulier l'épilepsie. Depuis l'antiquité les anneaux sont des objets de la magie, en particulier de la magie médicale.

 

La longévité de la pratique du toucher des écrouelles s'explique par l'atmosphère religieuse dont étaient entourés les rois. Ces derniers avaient un caractère presque sacré, d'abord par l'onction au moment du sacre. Ensuite, des légendes renforcent le caractère quasi sacerdotal des souverains, comme celle de la Sainte Ampoule, des fleurs de lys en France ou la légende de l'huile d'origine céleste en Angleterre. Enfin, des superstitions, en vogue dans l'opinion commune, nourrissent encore la croyance en l'existence du miracle royal. Ainsi, la conception d'une royauté sacrée a traversé tout le Moyen Age sans perdre sa vigueur.  Vers la fin du Moyen Age, Saint-Marcoul, un saint dont on sait seulement qu'il a vécu au VIe siècle, est associé à la dynastie royale. L'opinion commune en fait l'origine du pouvoir thaumaturgique des rois de France : c'est de lui que recevraient les monarques le pouvoir de guérir les écrouelles. La croyance est solidement établie dès le XVIe siècle. Une autre croyance vient se greffer sur celle en l'existence du miracle royal : le septième fils d'une famille serait un guérisseur-né. Ainsi, en France, cohabitent trois sortes de guérisseurs des écrouelles : les rois, les septénaires et Saint Marcoul. Chacun ont une origine distincte, mais les croyances populaires les ont amalgamés et un phénomène de contamination s'est produit. Du XVIe au XVIIIe siècle, la croyance au miracle royal perdure et reste forte.


Nous sommes dans le domaine de la croyance et de la foi. Ce sont les prédicateurs qui affirmaient : le roi a guéri tant de personnes en les touchant. C'est d'ailleurs aussi la prédication, seul moyen de communication, mais très puissant, du Moyen Age, qui popularise ce pouvoir thaumaturge. Parmi les gens touchés, certains croyaient à tort avoir cette maladie. D'autres mentaient, savaient qu'ils souffraient d'un autre mal mais que le toucher royal pouvait les guérir. Nous ne sommes pas dans le domaine de la médecine ! Ce qui a permis la naissance et la popularité de ce rite médiéval, c'est justement que le terrain médical était très peu occupé. A l'époque, la guérison relève du surnaturel. Le médecin en chef, c'est Dieu. Ce sont pourtant les saints qui font des miracles ! Le roi serait-il saint ? Nullement. Il est seulement sacré. Et ce don guérisseur est l'unique manifestation du caractère sacré de sa personne.

 

Mais l'Eglise surveille et prend soin que le monarque ne devienne pas un saint. Un miracle sur une maladie spécifique telle que les écrouelles, c'est très bien. Mais il ne doit pas aller au-delà.
Malgré l'influence toujours forte de l'Eglise, son impact faiblit. Les philosophes des Lumières s'en sont évidemment moqués. Voltaire rappelle que la princesse de Soubise, maîtresse de Louis XIV, ne fut pas guérie "quoiqu'elle eût été très bien touchée". La lente laïcisation des esprits, la Réforme aussi mettent le caractère sacral du roi à mal et le pouvoir thaumaturge en prend un coup. Au XVIIIe siècle, Louis XV n'est pas très assidu : à cause de ses maîtresses, il refuse de communier et ne peut toucher les écrouelles. Charles X, lors de son sacre, en 1825, tentera de ressusciter le rite. Il sera le dernier.

 

LES  SITES  TEMPLIERS ET HOSPITALIERS  DU  LARZAC ET LES COMMANDERIES DU  ROUERGUE 

JACQUES  MIQUEL

EDITION DU BEFFROI

 2002

Le Larzac demeure étroitement lié à une vocation militaire : Présence templière du XIIe au XIVe siècle, puis des Hospitaliers se substituant aux templiers de 1312 jusqu’à 1789. Depuis 1910 elle retrouve une fonction militaire à la Cavalerie avec le camp militaire du Larzac.

 

Le Larzac occupe environ 1000 km², de plus il se trouve sur la route naturelle  Sud/Sud Est vers le Nord /Nord Ouest, c’est pourquoi les Templiers s’y sont installés vers 1110, le Larzac possédant de vastes plaines avec des troupeaux de brebis immenses, qui ont pu approvisionner les soldats et les pèlerins de Terre Sainte, car toutes ces commanderies n’avaient comme but que cet approvisionnement, par la suite elles servirent de relais pour le courrier, la banque, les maisons de repos et le commerce.

 

La première commanderie qui se crée est Sainte Eulalie, et toutes les autres  qui se créeront par la suite vont en dépendre. Cet ouvrage nous fait voyager entre toutes ces commanderies et il nous explique la vie, les repas, les idéaux de ces moines soldats. Est développé la flore du Larzac, ses brebis, le pourquoi de ses constructions, la vie quotidienne des paysans. On visite la Cavalerie, la Couvertoirade, la ferme de Mascourbe qui était la plus grande exploitation agricole de la commanderie de Saint Félix de Sorgues. Saint germain qui dépendait de Millau, La bastide de La Clau, Bouloc, La commanderie des Canabières dépendant du Rouergue, Bégon et La Selve, Saint Martin de Limouse, l’église romane de Aboul près d’Espalion, l’église-château d’Anglars de Bedène, Villecomtal, Auzits et son retable, Rulhe, Lugan et Nigreserre.

 

Saint Jean d’Alcas mérite qu’on s’y arrête, car ce ne fut pas une commanderie mais plutôt une Abbaye cistercienne avec une abbesse. Cette abbaye qui dépendait de Nonenque, fut fortifiée et c’est à partir de 1356 qu’elle prit une réelle importance et vers 1439 elle possédait une architecture fortifiée importante qui la protégeait des bandes de routiers et de bandits, et malgré les guerres de religion et le temps, ce petit village a gardé un charme qui mérite le détour, car une excellente rénovation lui a fait garder son caractère moyenâgeux, tout en le mariant avec un modernisme intelligent. On visite le logis de l’abbesse de Nonenque, le donjon, le chemin de garde, les salles du conseil, l’église et les fortifications, ses ruelles et ses maisons du 15e siècle.

 

Un merveilleux et intéressant voyage dans le temps

 

LES TEMPLIERS. PROTECTEURS DES SECRETS DU GRAAL ET DE L’ARCHE D’ALLIANCE

Charly  Samson

Ed. L’Oeil du sphinx

 2017

Cet ouvrage relate de manière synthétique l’histoire de l’Ordre du Temple et de l’idée templière depuis le XIIème siècle jusqu’à nos jours. Charly Samson relève toutes les singularités qui accompagnent la fondation et l’activité de cet ordre jusqu’à sa disparition. Entre faits historiques et éléments de mythes croisés, Charly Samson adhère à la thèse des secrets du Temple (et du Graal), de la recherche de l’Arche d’Alliance et de découvertes spirituelles, scientifiques et techniques contribuant au développement et à la puissance de l’Ordre du Temple, puissance bien établie.

 

Il tente de distinguer quelques faits avérés des nombreuses légendes qui se sont édifiées autour de cette question. Le rôle central de Bernard de Clairvaux est mis en avant ainsi que la place obscure de l’Ethiopie dans cette aventure.

 

La partie la plus étayée est celle traitant de la fin de l’Ordre et du rôle terrible de l’Inquisition. Au passage, nous apprenons qu’en 1996, fut déclarée au Journal Officiel de la République Française une Association pour la restauration de l’Inquisition. La double trahison de Philippe le Bel et du Pape s’inscrit dans un contexte politique et économique particulier qui permit aux nombreuses jalousies envers l’Ordre du Temple de converger pour sa perte à travers une parodie de procès.

 

Aujourd’hui, la Charte de Chinon qui innocente les Templiers de toute hérésie a été retrouvée et publiée. Mais l’objectif de Philippe le Bel, à la tête d’un royaume endetté, était avant tout de s’approprier les biens de l’Ordre.

 

Dans la seconde partie de l’ouvrage, Charly Samson tente de suivre les nombreuses survivances, réelles, comme au Portugal et en Espagne, ou souvent fantasmées, de l’Ordre du Temple.

L’idée du Temple persiste d’abord à travers les lieux. Vrais vestiges templiers ou faux vestiges contribuent à la fois à l’histoire et à la légende. Le templarisme survit à l’Ordre, il l’avait d’ailleurs précédé comme l’a démontré Henri Corbin, notamment avec le cycle du Graal. L’histoire de l’Ordre du Temple, et les légendes qui l’entourent, comme les mystères du Graal, pointent vers une même réalité et finalité initiatiques.

 

Un chapitre traite des néo-templarismes, depuis la fausse résurgence de Fabré-Palaprat jusqu’aux « petites glorioles » d’aujourd’hui. Pour Charly Samson, l’idéal templier et la spiritualité templière perdurent, indépendamment de prétendues survivances historiques. Si l’Ordre du Temple, entre histoire et mystères, nourrit aujourd’hui un tourisme templier qui se porte bien, il continue aussi d’orienter certains courants traditionnels, par exemple en Franc-maçonnerie. Dans le chaos de ce début de millénaire, l’idéal chevaleresque porté par l’Ordre du Temple, ou que nous lui faisons porter aujourd’hui, véhicule des valeurs et une dynamique qui peuvent se révéler salutaires pour peu qu’on ne les laisse pas s’enliser dans les considérations personnelles.

 

Des tribunaux inquisitoriaux existaient dans toute l’Europe depuis le Moyen Âge.  L’Inquisition, le bras armé de l’Église dans la répression de l’hérésie, avait été fondée au XIIIe siècle pour éradiquer le catharisme dans le Sud de la France, à la suite de la Croisade contre les Albigeois. Elle s’implanta dans le royaume d’Aragon, mais pas en Castille ni au Portugal. Très active en sus débuts, cette Inquisition médiévale perdit rapidement de son dynamisme, freinée par les États qui ne voyaient pas d’un bon œil des juges pontificaux agir librement sur leur territoire. Car elle était en droit un tribunal romain totalement soumis au pouvoir pontifical.

 

L’inquisition espagnole avait vu le jour en 1478 à la demande des Rois catholiques eux-mêmes, qui souhaitaient réaliser ainsi l’unité non seulement politique, mais aussi et surtout religieuse de leurs États. Ils obtinrent des conditions qui sauvegardaient la juridiction royale : si le Souverain Pontife restait le chef suprême de l’institution, il déléguait la quasi-totalité de ses pouvoirs à un Inquisiteur général, choisi par les souverains. Le système devait paraître satisfaisant à Ferdinand, puisqu’il l’étendit aux territoires de la Couronne d’Aragon, où l’Inquisition nouvelle remplaça le tribunal médiéval, faisant ainsi du Saint-Office l’une des très rares institutions communes aux deux parties de la Monarchie.

 

L’Inquisition espagnole avait pour objectifs essentiels la défense de la foi catholique et la lutte contre toutes les hérésies. Le premier tribunal fut installé à Séville, en 1480. Rapidement, une vingtaine d’autres se créèrent qui couvraient l’ensemble du territoire de l’Espagne. L’Inquisition consacra les premières années de son existence à poursuivre les faux conversos. Il s’agissait de juifs qui, pour ne plus souffrir de l’antisémitisme ou, quelques années plus tard, pour échapper au décret d’expulsion qui les frappa en 1492, s’étaient apparemment convertis au catholicisme, mais néanmoins continuaient à pratiquer leur religion d’origine, à laquelle ils étaient restés. Ce fut une époque terrible. Plusieurs centaines, plusieurs milliers de personnes peut-être, furent brûlées en autodafé. Plusieurs dizaines de milliers furent « réconciliées », réintégrées dans le sein de L’Eglise, moyennant pénitence publique et confiscation de leurs biens ou forte amende. Tout ceci, d’ailleurs, au profit de l’État, qui encaissait les sommes ainsi perçues et se contentait de rétrocéder aux inquisiteurs l’argent nécessaire à leur entretien.

 

À partir de 1517, date du début de la Réforme, les tribunaux inquisitoriaux se mirent à poursuivre les protestants, qui, il faut le reconnaître, ne furent pas très nombreux en Espagne. À partir de 1525, l’Inquisition espagnole s’en prit aux alumbrados (ainsi nommés car ils se disaient directement éclairés par l’Esprit divin) qui niaient toute médiation spirituelle entre Dieu et les hommes et refusaient bon nombre de pratiques du catholicisme. L’Inquisition se tourna aussi vers les morisques, qui furent pour elle la grande affaire entre 1530 et 1610. En 1501, l’islam était donc presque intact et les morisques que l’on baptisait de force restaient tout aussi musulmans qu’auparavant. L’assimilation ne se produisait toujours pas. En 1609, la Monarchie décida une mesure radicale : l’expulsion. À nouveau, l’Inquisition perdait une de ses raisons d’être, mais elle n’en désarma pour autant. Elle fut utilisée pour surveiller des immigrants portugais, marchands, industriels et banquiers, souvent d’origine juive.

 

Depuis les années 1530, L’Inquisition consacrait une grande partie de son énergie à la poursuite d’individus qui n’appartenaient à aucune des minorités religieuses ci-dessus mentionnées, des « vieux-chrétiens ». Elle s’est attachée à lutter contre la sorcellerie, la sodomie, la bigamie, le blasphème,  certaines conduites des prêtres…L’Inquisition fut abolie définitivement en Espagne le 15 juillet 1834.L’Inquisition espagnole était une institution très hiérarchisée. Au sommet, l’organe central de cette institution, le Conseil Suprême de l’Inquisition (Consejo de la Suprema y General Inquisición –parfois appelé la Suprema) était présidé par un Inquisiteur général. Il s’agissait en fait d’un conseil de gouvernement, au même titre que les autres conseils administratifs.

 

Au niveau local, chacune des principales villes possédait un tribunal inquisitorial autonome, composé de deux inquisiteurs, un assesseur, d’un officier de police (alguacil), et d’un procureur (le fiscal), ainsi que de tout un personnel subalterne. Enfin, à la base de cette stricte hiérarchie, se trouvaient les « familiers de l’Inquisition » : ces derniers étaient de dénonciateurs bénévoles et laïques qui s’engageaient à traquer les hérétiques et à les livrer aux tribunaux su Saint-Office. On estime qu’ils étaient environ 20000 au XVIe siècle, ce qui représente un effectif important Les revenus de l’Inquisition provenaient principalement des confiscations des biens des condamnés, en effet, si un hérétique ne se repentait pas de ses erreurs, il était remis au bras séculier (relajado al brazo seglar) et brûlé à l’issue de l’autodafé. S’il se repentait, il était reconciliado avec l’Eglise, il était soumis à une pénitence, mais il ne retrouvait pas ses biens.

La procédure inquisitoriale comportait trois phases : le temps de grâce, le procès, la sentence. La première phase, dite du temps de  grâce, débutait lorsque les inquisiteurs s’installaient dans une ville. Les hérétiques étaient invités, dans un délai de trente à quarante jours, à se présenter devant eux pour se dénoncer ou en dénoncer d’autres. Cette procédure entraînait d’innombrables dénonciations, d’autant plus que les noms des délateurs restaient secrets. Les accusés d’hérésie étaient emprisonnés dans les prisons secrètes de l’Inquisition jusqu’au procès et on leur confisquait tous leurs biens afin de payer leur pension quotidienne dans les geôles dites de miséricorde.

L’accusé ne savait pas le motif de son arrestation, il était présumé coupable et devait prouver son innocence. Lorsque le procès s’ouvrait, le fiscal dressait un acte d’accusation qui était lu, puis il invitait l’accusé à confesser ses erreurs. Si ce dernier ne s’exécutait pas, il pouvait être torturé. Selon la gravité du crime commis, la sentence débouchait sur des peines plus ou moins sévères. Les moindres d’entre elles étaient le paiement d’une amende ou la condamnation à porter un vêtement d’infamie, le sambenito. L’échelle des peines se poursuivait par l’emprisonnement, ou l’assignation aux galères. La peine maximale pour les condamnés qui persistaient dans leur hérésie était la condamnation à mort sur le bûcher. Quelle que soit la sentence, le jugement s’achevait sur une dénonciation publique et spectaculaire, entourée d’un cérémonial rituel : l’autodafé

 

les templiers en amÉrique

J. de mahieu

Edition R. Lafond

 1980

Dans ce  livre passé Jacques Mahieu démontre que les Templiers connaissaient déjà l’Amérique (du Sud en tout cas) et y sont probablement allés à plusieurs reprises. C’est ainsi qu’ils ramenaient les tonnes d’argent qu’ils utilisaient comme monnaie en Europe. Or à l’époque des Templiers, personne en Europe (sauf peut-être quelques érudits, occultistes ou ésotéristes arabes ou juifs) n’imaginait le continent américain.

 On sait que lorsque les premiers Conquistadors arrivèrent en Amérique, ils furent d’abord pris pour des « dieux », selon une légende annonçant que des visiteurs grands roux et barbus reviendraient les voir dans le futur. Or pour des raisons trop longues à expliquer ici, cette prophétie pouvait aussi bien s’appliquer aux Templiers qu’aux Conquistadors, si l’on s’en tient aux seules apparences. Mais les premiers « dieux » ayant fait cette prédiction étaient venus du ciel, et non de la mer ! Les Templiers ont certainement eu connaissance de la prophétie et peut-être même ont-ils réussi à entrer en contact avec les « dieux ».

Plus encore, et, cette fois-ci, la preuve que les templiers connaissaient le continent que nous appelons aujourd'hui Amérique est définitive. On a récemment retrouvé, aux Archives nationales, les sceaux de l'Ordre, saisis par les gens de Philippe le Bel en 1307. Sur l'un deux apposé sur un document où un dignitaire inconnu donne des ordres au grand maître, on lit l’inscription Secretum Templi, "secret du Temple".

Au centre, on voit un personnage qui ne peut être qu'un Amérindien. Vêtu d'un simple pagne, il porte une coiffure de plumes, telle qu'on la trouve chez les indigènes de l'Amérique du Nord, du Mexique et du Brésil, ou du moins chez certains d'entre eux, et tient dans la main droite un arc dont la forme n'est pas très exacte sur le dessin que nous reproduisons. Il manque à ce dernier, par ailleurs, deux symboles que l'on voit clairement, à l’œil nu, sur l'original : à gauche, au-dessous de l'arc, un svastika aux branches recourbées, dont la forme est exactement celle qui prédominait en Scandinavie à l'époque des Vikings, et, à droite, à la même hauteur, un odala, ou rune d'Odin. 

Il est presque certain que les templiers connaissaient l'existence du "Nouveau Monde". Ce qui constituait leur secret. Un secret si important que l'Ordre s'était donné pour le garder et pour l'exploiter, une hiérarchie supérieure, du moins dans ce domaine, à celle du grand maître. Un secret au sein du secret dont la Règle, secrète au point que nous n'en avons qu'un seul exemplaire, faisait l'obligation, même vis-à-vis des autres frères, aux membres du chapitre.

Un secret dont l'origine nous est connu. Au Xe siècle, des vikings germano-danois avaient déjà passés vingt-deux ans au Mexique avant d'aller fonder, au Pérou, l'Empire de Tiahuanaco, et des Irlandais s'étaient déjà solidement établis dans l'Est des actuels États-Unis. Aux débuts du XIe siècle, des Vikings norvégiens avaient déjà fondé au Vinland, dans l'actuel Massachussetts, des colonies prospères qui maintenaient le contact avec leur mère patrie. Or, au XIe siècle, il n'y avait pas si longtemps que le jarl Hrolf, dit Rollon, s'était vu donner en fief la Normandie, dont les relations avec les terres du Nord n'avaient pas cessé par la suite.

Le service de renseignements du Temple avait dû entendre parler du continent lointain d'outre-océan. Quelque docte chapelain de l'Ordre, d'autre part, n'avait-il pas eu l'occasion, à Byzance, de consulter la Géographie de Ptolémée, où l'on raconte le voyage fait en Amérique du Sud, au Ier siècle de notre ère, par le capitaine grec Alexandre, parti, vers l'est, de la Chersonèse d'Or, c'est-à-dire de l'Indonésie ? Il serait bien étrange qu'il en eût été autrement. 

Reste à savoir si c'était bien de mines américaines que les Templiers tiraient leur argent.

 

les templiers – histoire & procÉs

Jules michelet & j.j. roy  

Edition J. de Bonnot

 1995

Les actes d’accusation et de défense des Templiers sont ici étudiés et décortiqués.

L'affaire des templiers : les archives du Trésor des chartes  S'il est une affaire qui a excité les imaginations et fait couler beaucoup d'encre, c'est à coup sûr l'arrestation des templiers et la suppression de l'ordre du Temple.

À l'initiative du roi de France, Philippe IV le Bel, les frères de la « pauvre chevalerie du Temple de Salomon » ont été emprisonnés, puis interrogés pour crime d'hérésie sous la direction de l'inquisiteur de France, Guillaume de Paris.


Ce dossier politique et religieux de première importance a suscité une abondante correspondance entre le roi et le pape Clément V qui a finalement pris la décision de supprimer le Temple et de réunir ses biens à l'ordre de l'Hôpital (1312). Mais la chute des templiers fut avant tout le résultat d'une belle machinerie policière et judiciaire.

Tout bien considéré, il reste peu de traces du suivi du dossier par le gouvernement et l'administration royale.  Néanmoins, quelques pièces substantielles méritent une attention particulière, comme l'ordre d'arrestation (14 septembre 1307), le rouleau d'interrogatoire des templiers à Paris (19 octobre - 24 novembre 1307), les inventaires de biens des maisons du Temple en Normandie (13 octobre 1307), ou encore le compte de transfert des prisonniers depuis Paris vers les châteaux d'Île-de-France et la province (24 janvier - 12 février 1308).

Par son volume et les détails biographiques qu'il livre sur 138 templiers, le rouleau des interrogatoires parisiens est un monument de l'histoire templière.  Les Archives nationales en donnent ici une reproduction de qualité, qui permet de retrouver facilement les interrogatoires de chacun des templiers questionnés par l'Inquisition, qu'il s'agisse des dignitaires, de frères sergents ou d'un simple berger.

 

les templiers – une chevalerie chrÉtienne au moyen – Âge

Alain demurger

Edition du SEUIL

2005

L’ordre du Temple est le premier exemple d’une création originale de la chrétienté médiévale occidentale : l’ordre religieux-militaire. Au XIIème siècle, dans le vaste mouvement de la réforme grégorienne et de la croisade, le nouveau chevalier du Christ, tel que saint Bernard l’a magnifié, prononce les vœux du moine, vit selon une règle, mais agit dans le siècle.

 

Et de quelle manière ! Puisque, pour sa foi, il combat, il tue et il meurt. Créé pour protéger les pèlerins de Jérusalem reconquise par les croisés, il étend sa mission à la défense des États latins d’Orient, puis à l’Espagne de la Reconquista.

 

Sa mise en accusation brutale, en 1307, par le roi de France Philippe le Bel, fut suivie d’un procès inique et de sa suppression en 1312. L’ordre du Temple est devenu le bouc émissaire d’un conflit qui le dépasse et qui fut exacerbé en France par la personnalité du roi et de ses conseillers : le conflit entre un pouvoir spirituel sur la défensive et l’État moderne qui s’affirme en Occident depuis le milieu du XIIIème siècle.

 

LES TOURS INACHEVÉS

Raoul VERGEZ

Edition  J.M. GARNIER

 1959

Cette saga montre comment cette corporation alliée aux Templiers fut à l’origine de la Croisade de la classe laborieuse contre le pouvoir royal.

 

Poursuivant son œuvre de glorification du compagnonnage et des anciennes corporations, Raoul Vergez ressuscite cette fois, dans Les Tours inachevées, la plus noble, la plus vaste de ces corporations : celle des maçons, artistes et maîtres d'œuvre qui ont bâti les cathédrales.

 

Il l'inscrit en même temps dans l'histoire générale et montre comment, alliée aux Templiers dans sa lutte contre le pouvoir royal, elle est à l'origine de la grande croisade de la classe laborieuse. Le talent robuste de l'auteur transfigure une documentation remarquablement riche en y introduisant la vie et les passions.

 

 Jusqu'au pied du bûcher où va périr Jacques de Molay, grand maître de l'ordre du Temple, le géant celte, Anséric, tailleur de pierre "estranger", bâtisseur de cathédrales, s'oppose aux sbires et aux baillis du roi de France, Philippe IV le Bel, qui veulent détruire l'ordre.  Anséric s'enfuit à travers le pays, y organise l'abandon des cathédrales en construction, puis conduit les maçons du sud de la Loire vers les églises d'Espagne dont ils deviendront les réalisateurs, ceux du nord vers l'Allemagne et les pays scandinaves.

 

Puis, dans la célèbre loge du Saint Empire germanique, à Strasbourg, Anséric prépare le premier couvent des bâtisseurs de cathédrales, d'où sortira un jour la franc-maçonnerie spéculative. A travers son aventure, Anséric le Celte, traqué par le roi Philippe, a perdu sa fille, Minna, qu'a retrouvée Stéphanus, l'imagier. Le couvent des tailleurs de pierre fait ressortir, cependant que les Tours demeureront inachevées, la rigueur et le courage des bâtisseurs immortels de cathédrales.

 

Une éloquence parfois prophétique, parfois visionnaire, soulève certaines pages de cette puissante chronique ouvrière et médiévale.

 

LE TESTAMENT DES TEMPLIERS A CHINON

Yvon ROY

Edition ORIOL

 2002

L’auteur après de patientes recherches à Chinon nous livre ses impressions sur le mystère templier ; surtout lors de leur procès et leur captivité à Chinon, où la pierre conserve la mémoire par des graffitis  des derniers templiers.

 Depuis la mort du roi de France (Philippe le Bel) et du pape (Clément V) à la suite de celle du grand maître de l’ordre du Temple (Jacques de Molay), les Templiers fascinent. La disparition du dernier maître sur le bûcher en mars 1314 restera à jamais auréolée de mystère. C’est pourquoi, au bout de sept siècles, leur pouvoir d’attraction et leur popularité demeurent intacts dans l’imaginaire du public.

 

Un épisode templier remarquable s’est déroulé à la forteresse de Chinon où les dignitaires de l’ordre furent emprisonnés peu après leur arrestation. La détention a duré plusieurs mois, de juin à août 1308. Dans la tour du Coudray, de nombreux graffitis pourraient être attribué aux templiers prisonniers.

 

Les sujets des graffitis s’y prêtent : des personnages stylisés, des croix et les instruments de la passion, ainsi que des figures géométriques… Outre les graffitis, les templiers ont laissé d’autres témoins matériels de leur passage à la forteresse. Auditionnés par les émissaires du pape dans le cadre de leur procès, ils ont confessé leurs fautes dans un parchemin resté inédit jusqu‘en 2001, le fameux parchemin de Chinon rédigé à la forteresse.

Une énigme passionnante qui donne une solution, mais est-ce la bonne ?

 

LE TOMBEAU DES DUCS DE BRETAGNE ET SON SYMBOLISME -  (Cathédrale de Nantes)

Thomas Grison 

Edition Rafael de Surtis

 2015 

Commandité par Anne de Bretagne pour honorer la mémoire de ses parents François II de Bretagne et Marguerite de Foix, le tombeau des ducs de Bretagne doit sans nul doute être considéré comme l'un des plus admirables joyaux que nous ait légués l'art français de la Renaissance en matière de sculpture.

 

Bien plus qu'un simple monument funéraire, le chef-d’œuvre réalisé par Michel Colombe entre 1502 et 1507 reste une oeuvre atypique, exceptionnelle et, pour tout dire, hors normes. Il est donc peu surprenant de constater que, depuis sa création, le tombeau ait ainsi suscité l'admiration de tant de voyageurs, d'écrivains ou de poètes.


Cependant, si les historiens de l'art semblent nous avoir tout dit ou presque concernant l'originalité de l'artiste et de son oeuvre, il fallut sans doute attendre que soit publié l'ouvrage éclairant de Fulcanelli (en 1929) pour que soit établie la nature toute "philosophale" du tombeau des ducs de Bretagne. De manière à la fois méthodique et érudite, Thomas Grison passe en revue tous les principaux aspects du symbolisme du monument réalisé par Michel Colombe.

Placé entièrement sous le signe combiné du Soufre et du Mercure, le tombeau semble ainsi à même de nous livrer quelques-unes des clés fondamentales d'un Grand Oeuvre alchimique qui, de par la nature toute christique de la quête qu'il nous propose, nous porte clairement sur la voie du salut, et nous invite à transformer notre plomb en or par l'exercice de la sagesse et de la vertu.

Les quatre angles du tombeau sont ornés de statues représentant les quatre vertus cardinales, Force, Tempérance, justice et prudence. Thomas Grison détaille ces quatre statues et explique les divers niveaux de lecture que l’on peut avoir, il en détaille l’historique, la gestuelle, la symbolique, le philosophique, le coté alchimique et l’anagogique. C’est un vrai bonheur de lire et de vivre ce théâtre de pierre car il porte en lui non seulement l’histoire de France mais également les mythes et les légendes de la Tradition.

 

Cet essai traite du symbolisme du tombeau de François II, dernier duc de Bretagne et de seconde épouse, Marguerite de Foix. Connu aussi sous le nom de « tombeau des Carmes » quand il était dans l’église des Carmes de Nantes, réalisé par le sculpteur Michel Colomb entre 1502 et 1507. Ce tombeau remarquable marque la période transitoire entre tradition gothique finissante et Renaissance. Très vite connu comme un chef d’œuvre de l’art sculptural, il intéressa également pour son symbolisme et sa dimension hermétiste. Il n’est pas rare que des tombeaux, à la demande du commanditaire ou à l’initiative du sculpteur, se révèlent de véritables livres d’alchimie par leur symbolisme. Certains spécialistes voient dans ce chef d’œuvre de la sculpture française l’influence de Jean Perréal qui ramena d’Italie nombre d’idées nouvelles.

Pour Thomas Grison, si la symbolique du tombeau autorise des interprétations variées selon le domaine choisi comme contexte, c’est dans le contexte particulier de l’alchimie que fut conçu le tombeau qui « célèbre les noces métalliques, et combien chrétiennes, du duc et de la duchesse, tels que ces derniers renvoient à l’évidence à l’union des deux principes « mâle » et « femelle » représentés par le Roi (le Soufre) et la Reine (le Mercure) : placée à la fois sous le signe de l’union et, par voie de conséquence, de cette loi de l’Amour dont témoigne les évangiles, l’image du couple sculpté dans la pierre par Michel Colombe semble clairement bâtie, comme nous allons tâcher de le montrer sur le modèle d’un Christ unificateur, totalisant et androgyne… »

 

L’une des spécificités du tombeau réside dans les quatre Vertus présentes aux quatre angles du tombeau, la Tempérance, la Force, la Justice, la Prudence dont l’auteur détaille le symbolisme avant de développer le quaternaire singulier qu’elles forment représentant les quatre essences divines issues de l’Un immuable. Thomas Grison approche ensuite le symbolisme des arabesques, souvent ignoré, avant de présenter celui, plus classique, des douze apôtres et des angelots ou celui, plus politique, du lion et du lévrier, avant de revenir sur le sens de ces gisants qui, malgré leur position couchée, évoquent l’axialité à laquelle conduit l’alchimie.

 

« Dans une interprétation qui laisse ainsi libre cours à l’alchimie, le tombeau de François II et de Marguerite de Foix, suggère l’auteur, semble en définitive annoncer une glorification, ou une transfiguration, qui passe en premier lieu par l’union des principes « mâle » (Soufre) et « femelle » (Mercure) qui ne sont autres que ce duc et cette duchesse en lesquels nous retrouvons les figures de l’Epoux (Sponsus) et de l’Epouse (Sponsa) tels qu’ils apparaissent dans le Cantique des cantiques.

 

Tout ceci doit nous permettre de comprendre que la relation Epoux-Epouse se joue ici sur deux niveaux bien distincts qui, loin de s’exclure l’un l’autre, nous paraissent bien au contraire entièrement complémentaires l’un vis-à-vis de l’autre. Si en effet, d’un point de vue qui nous paraît relever de l’horizontalité, cette relation se propose de passer de la dualité à l’unité en réunissant les principes « mâle » et « femelle » tels qu’ils sont associés au Soufre et au Mercure, du point de vue de la verticalité, c’est cette fois la relation entre l’homme et Dieu qu’il est question d’explorer. A travers la relation Epoux-Epouse, nous retrouvons ainsi en quelque sorte, les deux axes d’une croix dont il faut comprendre qu’elle relève d’un symbolisme qui va bien au-delà de la souffrance et du martyre de Jésus.

 

Cette médiation entre le haut et le bas et entre la gauche et la droite n’est possible que grâce à l’Amour, car c’est par l’Amour et par lui seul que pourra à nouveau s’accomplir cette Unité perdue dont nous avons parlé précédemment. » L’ouvrage, qui invite le lecteur à découvrir une œuvre somptueuse, propose aussi d’approcher le langage particulier de l’alchimie tel qu’il s’inscrit dans la statuaire de son époque

 


Au sommaire de cet excellent ouvrage :


Préface de Bernard Fauchille - Exégèse d’une œuvre - Qu’est-ce que l’alchimie ? - La Tempérance - la Force - La Justice - La Prudence - Le Quaternaire et ses implications -

Arabesques - Les douze apôtres - Sponsus et Sponsa - Le lion et le lévrier - Post face de Paul Sanda -

En annexes on y trouve : Le cas de Michel Colombe dans l’histoire de l’Art - Des extraits du Paradis de l’âme d’Albert le Grand - L’art religieux de la fin du Moyen Âge par Emile Mâle - Léon Palustre - des illustrations complètent cet ouvrage -


L'auteur : passionné par l'iconographie religieuse et le monde des symboles, Thomas Grison a signé une longue étude consacrée au Tarot de Marseille et à son symbolisme – Détail au chapitre 22 L - (Le Tarot de Marseille, l'ésotérisme chrétien à l'oeuvre, aux Editions de la Hutte) ; il est par ailleurs enseignant, musicien et poète.

 

le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc

E. herrigel

Edition  Dervy

 2003

Ce philosophe allemand est allé au Japon pour y étudier la philosophie Zen. Il s’est adonné au tir à l’arc – Art noble du Japon –. Pour le Japonais le tir à l’arc n’est pas une priorité de jouissance esthétique et sportive mais un moyen de former le mental et même de le mettre en contact avec la réalité ultime.

 

Si l’on veut réellement maitriser un art, les connaissances techniques ne suffisent pas, il faut passer au-delà de la technique, de telle sorte que cet art devienne « un art sans artifice » qui ait ses racines dans l’inconscient, en dehors de son ego et de ses pulsions habituelles.

 

Dans le cas du tir à l’arc, celui qui lance et celui qui reçoit ne sont plus deux entités opposés, mais une seule et même réalité.  L’archer n’a pas conscience de moi-même comme d’un être occupé à atteindre le centre de la cible devant lui, et cet état de non-conscience ne s’obtient que lorsque l’archer parfaitement vidé et débarrassé de son ego, ne fait plus qu’un avec l’amélioration de son habilité technique. Cet état nouveau est appelé Satori, il fait ressortit l’intuition prajnique (sagesse transcendantale), ce Satori consiste donc en un outrepassement des limites de l’ego, il permet de voir la synthèse de l’affirmation et de négation, métaphysiquement, c’est savoir par intuition que le devenir est l’être et l’être le devenir.

 

Ce sont les mêmes rapports que l’on trouve dans la préparation du thé, de l’escrime, de la pratique du Zen de l’arrangement des fleurs, de la danse et des beaux-arts en général.

 

l’Île des veilleurs

Alfred WEYSEN

Edition R. Laffont

 1986

C’est le récit de la découverte en Provence du légendaire temple du Saint-Graal, objet de la quête des chevaliers de la Table Ronde.

À travers le temple pythagoricien et celte, l’auteur nous fait remonter à l’hyperborée, révélée par Platon. Pêle-mêle on y trouve des traditions de Rose-Croix, de Franc-maçonnerie, de compagnonnage et de christianisme dont chacun aurait détenu des clefs de l’énigme. Le Verdon.... Un nom magique, un symbolisme étrange. Un site qui baigne dans le mystère. Quels étonnants secrets renferme cette contrée perdue aux confins du temps ?


- Un parcours initiatique ?
- L'entrée d'un monde souterrain ?
- Un héritage spirituel ?
- L'or des Templiers ?
Nous sommes en 1916, quelque part au sein de l'empire russe, un jeune polonais, Georges M, découvre dans la bibliothèque de son père, un billet manuscrit caché entre les feuillets d'un livre de prières en français. Sur ce billet était inscrit un message qui peut se traduire comme suit : "Dans le souterrains du vieux château de Val de Croix se trouve le trésor de l'Ordre des templiers.

Va et cherche. Le Saint et Vérité te montreront le chemin." Son père, un juge au service du Tsar, lui confirme l'authenticité de ce trésor et lui conseille de suivre son destin.


Intrigué par l'attitude de son père, une surveillance discrète lui montre que son père reçoit discrètement d'étranges personnages qu'il appelle "Frères". Des conspirateurs ? Des membres d'une fraternité initiatique ? La révolution bolchevique puis enfin la seconde guerre mondiale entraîne notre homme sur le chemin de l'exil. Pendant cet exil forcé, un de ses amis lui prête un livre dans lequel il apprend qu'en Provence, une forteresse templière fut défaite par les troupes du roi à proximité de Castellane. Etrange coïncidence qui relance son intérêt pour le sud de la France et le château inconnu.
Survient la libération, et voici notre homme sur les routes de France à la recherche de son château.


Il le trouve en 1952, dans une vallée perdue, à la limite du Var et des Basses-Alpes près de Trigance : Valcros, Vallée de la Croix en provençal, est un vieux château du XIème siècle, abandonné, presque en ruine avec, miraculeusement conservé, à l'intérieur de la chapelle un grand tableau d'un Saint avec l'inscription "Veritas".


Persuadé d'être sur les lieux même du message, il décide de rester là et achète la propriété ainsi que les terres environnantes. La chasse au trésor peut commencer...
Malgré l'aide de radiesthésistes, de voyants ainsi que la collaboration de grands chercheurs de trésor, celui-ci ne sera jamais découvert.


Une remarque en passant, le billet pourrait tout à fait indiquer d'autres lieux. Les ruines du château de Blanchefort par exemple, puisque nous savons qu'au XVIIIe siècle, on donnait aussi le nom de "Vallée des Croix" à Rennes les Bains.

 

Ce livre est le résultat des recherches de l’auteur, ingénieur et archéologue et féru d’ésotérisme.

 

l’Île des veilleurs – contre-enquÊte sur le trÉsor du temple

AMOROS – BUARDÈS & GARNIER

Edition  ARQA

 2007

Après 35 ans de silence et faisant suite aux découvertes d’Alfred Weysen qui en 1972 publie son best-seller l’Île des Veilleurs, trois chercheurs : Paul Amoros, Richard Buadès et Thierry Emmanuel Garnier, sous l’égide de Tim Wallace Murphy, l’auteur de Rex Deus et du Code Sacré, ont pour la première fois décidé de reprendre à zéro le travail édité à cette époque, ouvrage qui défraya la chronique de son temps.

 

Après dix années d’études sur le terrain et en bibliothèque, assorties de très nombreuses rencontres et de maints témoignages recueillis parmi les gens qui connurent très bien les dessous de cette mystérieuse affaire, les auteurs font profiter le lecteur de leur contre-enquête pour amener en un parcours haletant, de chapitres en chapitres, à réviser entièrement ce que l’on croyait savoir sur l’Île des Veilleurs, le mystère du Verdon et le Trésor des Templiers.

 

Une nouvelle donne qui non seulement reconduit totalement une lecture que l’on pensait acquise de l’œuvre d’Alfred Weysen mais de plus prolonge abondamment les pistes entrouvertes par de nombreuses révélations.

Un livre très attendu où les surprises ne manquent pas et où l’amour de ce lieu enchanté qu’est le Verdon se respire à chaque page…

 

livre de l’ordre de chevalerie       -                   Traduction par Patrick Gifreu

Raymond lulle

Edition La Différence

 1991

Le livre de l'Ordre de la chevalerie est un opuscule rédigé dans le dernier quart du XIIIe siècle par Raymond Lulle. Écrit par un vrai chevalier, il est le premier code de chevalerie dont nous disposons.

 

Les sept chapitres qui le composent traitent de l'origine du chevalier, de son rôle dans la société médiévale, des qualifications requises pour devenir un vrai chevalier, de la cérémonie d'adoubement, de la symbolique des armes, des règles de vie et de l'honneur...

 

Au XIIIe, Raymond Lulle vivait en plein âge d'or de la chevalerie. Cela n'empêche nullement l'auteur de porter sur son institution un regard aussi affûté que le fil d'une bonne épée et de dénoncer les abus commis par certains hommes qui n'ont de chevaleresque que les armes et le nom. Partant de là, l'auteur rappellera la grandeur spirituelle de l'ordre de la chevalerie voué à combattre le mal sous toutes ses formes. Car si la chevalerie est avant tout un métier de combat et d'action, il demande également une disposition intérieure du cœur afin d'agir sous la direction de l'Esprit.  Malgré un style médiéval parfois un peu surfait, ce petit traité sera d'une grande utilité à ceux qui veulent mener encore aujourd'hui une vie conforme aux nobles idéaux de la chevalerie.

 

Présenté et traduit par Patrick Gifreu, ce petit livre de R. Lulle est un véritable traité sur la chevalerie, son éthique et son rôle dans la société. La chevalerie y apparaît comme institutions sacrale et symbolique, et sa doctrine est dans l’Amour.

 

L’OMBRE DES TEMPLIERS. VOYAGE AU CŒUR D’UNE HISTOIRE DE FRANCE SECRḔTE ET MYSTḖRIEUSE

   Christian Doumergue

 Edition de l’Opportun

2015

La mort ne gagne jamais contre les bâtisseurs ! Quand on étouffe l'Histoire, celle-ci enfante des fantômes. Ces spectres transmutent alors une partie de la vérité en une multitude de légendes qui traverseront les siècles pour briser nos certitudes. Christian Doumergue parvient à nous envoûter et fait entrer ces chevaliers du Graal dans l'immortalité.» Didier Convard Quand Philippe Le Bel décide d'anéantir sauvagement l'ordre des Templiers et fait conduire leur chef Jacques de Molay sur le bûcher ce 18 mars 1314, il ne peut imaginer que les Templiers ne mourront pas !

 

Aujourd'hui encore, cet ordre mystérieux hante les esprits, nourrit les fantasmes et exerce une emprise réelle sur notre imaginaire. Mieux, les Templiers - à l'instar des Illuminati - nourrissent ce qu'il est convenu d'appeler «l'Histoire mystérieuse», plus passionnante que l'Histoire officielle !

 

«Il y a deux Histoires : L'Histoire officielle, menteuse, qu'on enseigne, et l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements...» Honoré de Balzac Quels secrets possédaient donc les Templiers pour que le pouvoir royal avec l'assentiment du Vatican les anéantissent avec autant de rage ? Ainsi, les Templiers sont devenus les acteurs incontournables de toute énigme... Rites, codes, sociétés secrètes et légendes : les spectres blancs des Templiers n'ont cessé de s'incarner dans l'encre noire. Christian Doumergue révèle une autre histoire en laquelle réside le profond magnétisme templier. Une histoire où il est parfois impossible de distinguer le vrai du faux... Historien passionné par les sociétés secrètes, Christian Doumergue est l'auteur du Secret dévoilé.

Au Moyen- Âge, cette double identité - moine et soldat - est nouvelle et fait grincer des dents. Que des réguliers, pour ainsi dire des moines, se donnent pour mission de tuer "l'infidèle", alors que le sang versé représente, pour un homme d'Eglise, la souillure capitale, cause scandale. La chrétienté ne serait pas unanime à l'idée de soutenir les Templiers. C'est l'analyse qu'en fait en tout cas l'auteur, en démontrant combien, rapidement et durablement, la milice fut attaquée. Il met ainsi en lumière le doute qui naît au sein de l'ordre. De même que les critiques sévères émanant d'hommes d'Eglise importants. Reste que ces reproches demeurent minoritaires, mais l'intérêt du livre est de montrer cette pluralité des positions, trop souvent effacée par une vision unanimiste de la société et de l'Eglise du Moyen Age. Comment peut-on porter la croix et en même temps le glaive ? Etre moine et privilégier l'action sur la contemplation ? L'ordre du Temple est le premier à affronter cette contradiction : voilà le vrai mystère des Templiers. Qu'ils aient pu se maintenir en constitue un autre.

 

En 1139, la bulle Omne datum optimum, du pape Innocent II, représente une étape essentielle dans l'évolution de l'ordre alors en plein essor. Cette fois, le pas est franchi : le Temple dépend directement du pape. L'ordre peut, là où il est en possession de domaines, lever des taxes qui, jusque-là, relevaient de l'épiscopat. Par ailleurs, aucun évêque ne peut excommunier un Templier, ni placer ses biens et ses chapelles en interdit. Les successeurs d'Innocent II ne cesseront de confirmer ou d'étendre les privilèges de l'ordre, jusqu'à la veille de son effondrement. Ce faisant, on comprend le pouvoir que s'attribue ainsi la papauté.

 

A partir de la reconnaissance de l'ordre à Troyes, on le sait, les donations des fidèles vont affluer. Parcelles de terre, péages et tonlieux (taxes), droits seigneuriaux ou féodaux, rentes de toutes sortes permettent rapidement aux Templiers de constituer un patrimoine important, réparti en France, en Angleterre, en Italie, en Espagne et, dans une moindre mesure, en Allemagne et en Europe centrale. Par achats et échanges, ils regroupent des parcelles et remembrent leurs domaines pour en rationaliser l'exploitation. Ils passent aussi pour être durs en affaires. Sans doute l'ont-ils été envers ceux qui s'adressent à eux pour obtenir un prêt d'argent et laissent en gage une terre ou un bien.

 

Riches, les Templiers le sont, de terres, de biens immobiliers. Mais pas plus que les Hospitaliers et autres grands ordres religieux. Ni conservateurs ni systématiquement innovateurs, ils exploitent leurs domaines avec rigueur et efficacité et s'adaptent au terrain. L'accumulation n'est pas ce qui les motive : elle constitue un moyen pour remplir leur mission. Pour faire face aux dépenses considérables en Orient comme en Espagne, les Templiers doivent transférer en Terre sainte, à partir des ports méditerranéens, hommes, armes, chevaux, vivres et argent. Ils pratiquent le transfert d'argent, soit en espèces, soit en utilisant le contrat de change. Si cela ne fait pas d'eux des banquiers, on les jalouse pourtant. Dès 1170, à peine cinquante ans après la création de l'ordre, on leur reproche leur puissance et leurs richesses, et on critique le pape qui, en le privilégiant, lèse le pouvoir et les bénéfices censés revenir à l'épiscopat. "Bien avant la procédure qu'intentât le roi de France Philippe IV à l'encontre des Templiers en 1307, figurent déjà, en germe, les griefs essentiels qui, à terme, les conduiront à leur perte : orgueil, indépendance, richesse", prévient Arnaud de la Croix.

 

Dès 1130, les Templiers prennent part aux combats des armées latines contre les forces musulmanes. Ils sont de toutes les batailles et leurs statuts détaillent leur organisation militaire et leurs méthodes de combat. Rompus aux usages tactiques des Turcs, ils sont de plus en plus chargés de défendre des forteresses et des villes fortes, défense que les princes et les seigneurs latins ne peuvent plus assurer, faute de moyens.

 

Les Etats latins, quasiment anéantis en 1187 par Saladin, reconstitués sur une base territoriale réduite à la bande côtière, dans la première moitié du XIIIe siècle, limités à des enclaves côtières éparses ensuite, furent tenus à bout de bras par les ordres militaires. Jusqu'à la chute finale d'Acre, en mai 1291. Repliés à Chypre, les Templiers et l'ensemble des forces latines de l'île tentent, en s'alliant avec le khanat mongol de Perse, de reprendre pied en Terre sainte. En vain. Ils n'ont pas abdiqué, mais dans ce contexte nouveau, l'ordre du Temple a-t-il encore un sens ? Au fil des pages, Arnaud de la Croix expose qu'il n'a pu durer que grâce aux croisades : " Le Temple n'est qu'un épiphénomène, un surgeon né, ayant vécu et disparu avec les croisades. L'histoire du Temple, de sa création, de son ascension, de sa chute s'explique essentiellement par des facteurs environnementaux. Le procès lui-même ne se comprend pas sur la base des griefs retenus, mais plutôt dans le contexte du XIVe siècle."

 

Ce n'est donc pas du côté du Temple qu'il faut chercher les causes de sa disparition, mais du côté de Philippe le Bel. Pour le roi, une institution indépendante et internationale de 15 000 hommes échappant à sa tutelle est une menace. A un second niveau, l'affaire du Temple est un bras de fer entre lui et Boniface VIII : ce pape, agressé dans son palais d'Agnani par les troupes françaises, avait excommunié Philippe le Bel. Ce dernier va alors se servir du Temple pour obtenir de Clément V, successeur de Boniface VIII, un règlement à son avantage : un procès en hérésie intenté à la mémoire de Boniface VIII, sans quoi il menace de quitter l'Eglise de Rome. En d'autres termes, le deal est : soit sauver l'unité de l'Eglise, soit sacrifier le Temple. Clément V se résout à sacrifier le Temple - on apprendra qu'il le condamne mais sans statuer sur sa culpabilité d'hérésie.

 

l’ordre du temple en roussillon

Robert vinas

Edition  TRABUCAIRE

 2001

Dans ce livre conçu en deux parties, l’histoire et les documents, Robert Vinas poursuit un double but. Il veut montrer la naissance, la vie et la mort d’une commanderie templière, celle du Mas Deu en Roussillon, en décrivant les multiples activités de la communauté religieuse qui l’habite.

 

Mais il a aussi le souci constant de nous montrer les hommes qui composent cette communauté, liés au siècle qui les entoure, à la vie de l’Ordre en général et aux péripéties politiques et religieuses de leur temps. Il s’adresse au chercheur passionné par l’histoire du Temple, mais également à tous les catalans soucieux de retrouver dans chaque village les plus infimes traces du passage de l’Ordre.

 

l’ordre du temple en roussillon & sa suppression

B. alart

Edition SCHRAUBEN

 1988

L’année 1138 marque définitivement l’établissement des Templiers dans les vallées du Roussillon ; C’est à cette époque en effet qu’ils fondent leur première maison, le MAS DEU, en Territoire de Villemolaque, grâce à la donation qui leur a été faite d’un champ où « … Jam edificatus et constructus mansus supradicte militie… qui opellatur a multis Dei… »


La conscience professionnelle de l’archiviste catalan Bernard Alart fait de cette étude l’un des travaux les plus précis qui puissent exister sur les Chevaliers de l’Ordre du Temple en Roussillon.

 

Connu malheureusement des seuls érudits en matière d’histoire médiévale, ce travail constitue toutefois pour l’époque de sa parution et pour l’heure actuelle une des bases fondamentales et incontournables de tout chercheur qui, de près ou de loin désire se pencher sur le destin peu ordinaire de ces fameux moines-soldats.

 

l’ordre noir des templiers

J. rolland

Editions TRADITIONNELLES

 1997

Un jour de l’an de grâce 1119, neuf chevaliers venus de France, sous la conduite d’Hugues de Payns, s’installèrent à Jérusalem et obtinrent d’être logés dans les écuries du Temple de Salomon. Ils y restèrent 9 ans et leurs travaux et recherches demeurèrent secrets. Ce qu’ils y trouvèrent, nul ne le sut jamais. Ils revinrent en Europe chargés de gloire et de mystères, leur retour coïncida, chose étrange, avec la construction des premières cathédrales… On les appela les Templiers.


Cependant, derrière l’Ordre du Temple, se profilent les figures mythiques de bien curieux personnages qui inspirèrent l’idéal synarchique templier en Orient en conjonction avec les Ismaéliens du Vieux de la Montagne, les Kabbalistes juifs de l’Espagne musulmane, les hordes d’or du Khanat de Gengis Khan et les cavaliers arabes de Saladin.

 

Cet élan spirituel synarchique sans précédent dans l’histoire médiévale constitue grâce aux importantes sources bibliographiques orientales le thème de cet ouvrage.


Il y eut donc les croisades et il y eut les Templiers qui poursuivirent un tout autre but que la reconquête de Jérusalem.

L’Ordre Noir se retrouve derrière les alliances et contre-alliances, les traités et les guerres et le développement économique et social du Moyen Âge, à travers une toute autre histoire événementielle que celle racontée jusqu’à ce jour.

11 M

 

MAGIE ET MERVEILLE AU MOYEN - ÂGE ET LEUR PORTḖE SYMBOLIQUE

Xavier-Laurent Salvador

Edition Signatura

 2015

La Magie au Moyen Âge recouvre un ensemble de techniques considérées par tous comme naturelles. Elle est à la fois une science et un artisanat, c’est-à-dire un savoir-faire. La Merveille quant à elle, c’est notre fantastique tel qu’il est conçu aujourd’hui : l’irruption dans le monde naturel d’un phénomène surnaturel comme les spectres ou les manifestations démoniaques.

 

Les moyens de contrôler ces phénomènes relèvent en revanche de la magie qui tire en partie la légitimité de sa persistance dans les récits bibliques et en particulier dans leur grande traduction française : la Bible Historiale (fin XIIIe siècle) dont Xavier-Laurent Salvador est l’éminent spécialiste. On y trouve, entre autres, de nombreux récits légendaires qui s’appuient sur l’idée d’un Moïse magicien, astronome et initié aux mystères. Parcourir le champ  actif de la merveille et de la magie en partant de ces récits, c’est ouvrir une fenêtre sur un univers ancien beaucoup plus complexe que nous pouvions le soupçonner.

 

Le merveilleux, la « merveille », c'est ce qui suscite l'étonnement. En lui-même, le mot n'implique pas nécessairement le surnaturel, pour la simple raison que la séparation entre naturel et surnaturel n'était pas alors aussi claire que pour nous. Le Moyen Âge voit une sorte de continuum des lois de la nature jusqu'à Dieu. Et Dieu fait ce qu'il veut des règles. Comme le dit Jean de Meun dans Le Roman de la Rose : « Nature est la chambrière de Dieu », elle est sa femme de sa chambre, elle est à son service.

 

Pour saint Augustin, Dieu a prévu dans la nature la possibilité de tous les effets possibles de toutes les causes possibles, mais pratiquement - et pour ne pas nous affoler ! - ce sont toujours les mêmes effets qui sont produits par les mêmes causes. Cela n'empêche pourtant pas Dieu de produire un effet inédit, que nous appelons « miracle ». Les formes que prend le merveilleux au Moyen-Âge sont très variées, souvent issues de la mythologie celtique et germanique. Il y a tout ce qui relève de la métamorphose, quand un personnage change son apparence ou prend celle d'un autre. Des objets magiques, comme l'anneau d'invisibilité d'Yvain, le cor d'Huon de Bordeaux, la « corne à vin » dont le héros ne peut boire le contenu sans le renverser que si sa femme lui est fidèle ou le « manteau mal taillé » qui ne s'ajuste à sa taille qu'à la même condition.

 

Des prisons magiques, comme celle où Niniène « entombe » Merlin ou le « val sans retour » dans lequel Morgain retient les amants volages. Il y a aussi tout le domaine des illusions. Ainsi, lorsque Lancelot, le « chevalier de la charrette », arrive au pont de l'épée, deux lions l'attendent sur l'autre rive, mais ils disparaissent quand il trouve la force de s'avancer sur le pont. Et puis les fées, les dragons, les bateaux sans pilote ou les animaux fées - de couleur blanche - qui entraînent le héros vers son destin. Sans parler du filtre d'amour et d'autres breuvages à la fois magiques et médicinaux. Ce n'est pas une distinction très facile à faire entre le merveilleux profane et le merveilleux religieux. Souvent, un même fond de croyances est utilisé dans les deux cas. Tout un merveilleux lié à la mythologie celtique a ensuite été christianisé. C'est le cas du Graal qui, au départ, est probablement un vase de fécondité - comme la corne d'abondance - et devient le calice de la Cène où Joseph d'Arimathie a recueilli le sang du Christ.

 

Si l'on veut à tout prix raisonner selon notre séparation moderne entre profane et religieux, on peut dire que le merveilleux religieux a la particularité de proposer un sens. Il prête à leçon, à enseignement, à correction… Ce qui n'est pas toujours le cas du merveilleux profane : on trouve dans certains récits un empilement d'histoires merveilleuses dont le sens finit par se diluer. Les médiévaux croyaient-ils à leur merveilleux ? C'est une question délicate. Ce qui est certain c'est que le merveilleux ne gênait pas leur foi, bien au contraire ! Plus il y a de miracles, plus il y a de manifestations directes de Dieu dans le monde visible à travers des phénomènes surprenants et déroutants, plus il leur est facile de croire. Dans les sermons, les exempla sont remplis de merveilleux. Et ce merveilleux-là, qu'il vienne de Dieu ou du diable, on y croit ! C'est sans doute la grande différence avec les modernes qui trouvent qu'il est bien difficile de croire, et que ça l'est plus encore s'il y a des miracles

 

Quant au merveilleux romanesque, c'est une autre histoire. Les médiévaux n'en sont pas dupes et savent comme nous que la poésie est faite pour qu'on y croie sans y croire. Les légendes arthuriennes étaient considérées comme des fariboles, des sornettes, des nugae, disait-on en latin. Ainsi dans cet exemplum du cistercien allemand César de Heisterbach : un abbé prêche au chapitre devant ses moines qui somnolent. Il s'arrête, change de ton et commence : « Il y avait autrefois un roi très puissant, qui s'appelait Arthur… » Aussitôt, tous les moines se réveillent et écoutent. Alors l'abbé les admoneste : « Vous écoutez ces fariboles et quand je vous raconte les merveilles du Christ, vous dormez ! » Cet exemple montre la force de séduction mais aussi la critique dont le merveilleux profane pouvait faire l'objet. On voit aussi certains auteurs, comme Chrétien de Troyes, faire appel au merveilleux, mais avec discrétion ou avec un demi-sourire, en suggérant qu'il peut cacher une explication psychologique ou rationnelle.

 

malte – exposition de l’histoire de l’Ordre Souverain de Malte

Le Comte Michel de pierredon

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

 1929

Bien que l’Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, puis de Malte, soit un Ordre international, la situation qu’il a occupée dans notre pays et le rôle particulier qu’il y a joué lui donnent pour nous un intérêt de toute première importance. Cet Ordre, en effet, a joui en France d’une organisation spéciale et, indépendamment des biens considérables qu’il y possédait, il a occupé dans notre histoire nationale une place importante que les faits suivants permettent de constater.


C’est sous le sceptre d’un roi français qu’il a pris naissance en tant qu’Ordre et en tant qu’institution militaire ; ses premières possessions, en dehors de la Terre Sainte, furent situées en France ; les trois langues ou provinces occupant hiérarchiquement les premières places dans l’Ordre étaient celles de Provence, d’Auvergne et de France ; la nation qui lui a donné le plus de membres, jusqu’à la Révolution, fut la France ; sur les soixante-quinze grands maîtres qu’il compte, quarante furent Français ; les faits d’armes les plus glorieux de son histoire eurent lieu sous des grands maîtres Français.

 

malte – histoire de l’ordre de malte

B. Galimard flavigny

Edition PERRIN

 2006

L’ordre souverain, militaire et hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Rhodes et de Malte, plus connu comme l’ordre de Malte, a neuf cents ans.

 

Consacré comme ordre religieux par une bulle du pape Pascal II, en 1113, il était voué aux soins donnés aux pèlerins.

 

À ses vœux, il ajouta une fonction militaire afin de protéger la Terre sainte. Rempart de l’Occident chrétien tant à Rhodes qu’à Malte, il n’a jamais cessé de suivre sa vocation hospitalière qu’il assume totalement aujourd’hui, où quelques onze mille chevaliers dans le monde sont placés sous l’autorité d’un prince et grand maître, un religieux qui a rang cardinalice dans l’Église.


Pour la première fois, l’aventure si particulière des chevaliers de Malte est abordée d’une manière thématique et chronologique depuis ses origines jusqu’à nos jours. On comprend ainsi combien l’histoire de l’Ordre se confond avec celle de l’Europe, tant religieuse ou maritime que politique ou artistique.

 

malte – histoire des chevaliers de malte

Abbé vertot

Edition ROLLIN

 1726

Édition originale en 6 volumes et en vieux Français. Elle est la référence pour l’étude de cet ordre. Les différentes nations infidèles qui avaient successivement occupé Jérusalem avaient laissé exister les lieux saints, en considération des tributs qu’ils tiraient des chrétiens qui venaient les visiter. Ils avaient même autorisé auprès du Saint Sépulcre la construction d’une chapelle qu’on appelait Sainte Marie de la Latine, pour la distinguer des églises où l’on célébrait l’office divin suivant le rite des Grecs : des religieux de St Benoît la desservaient.

 

On établit aussi, proche de leur couvent, deux hospices pour recevoir les pèlerins de l’un et de l’autre sexe, sains et malades ; des personnes séculières venues de l’Europe se dévouèrent dans cette maison au service des pauvres et des pèlerins, et cette pieuse fondation doit être considérée comme le berceau de l’ordre de St Jean.


(1097) Lorsque les croisés vinrent mettre le siège devant Jérusalem, l’administrateur de l’hôpital était un Français appelé Gérard, né dans l’île de Martigues en Provence. Le désir de visiter les lieux saints l’avait conduit à Jérusalem, et, après avoir été témoin de la charité qui s’exerçait dans l’hôpital de St Jean, touché d’un si grand exemple, il s’était dévoué au service des pèlerins, en même temps qu’une dame romaine d’une illustre naissance, nommée Agnès, qui gouvernait la maison destinée à recevoir les personnes de son sexe.

 

malte – histoire des chevaliers de malte

Abbé vertot

Edition MAME

 1841

Édition en bon Français et ornée de 4 gravures sur acier. L’Abbé Vertot est une référence pour l’histoire de cet ordre et cette édition ramenée en un volume est agréable à lire. L’ordre que nous appelons communément l’Ordre de Malte s’appelle officiellement. L’Ordre Souverain Militaire Hospitalier de St Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte.

 

L'Ordre participe en 1535 à la conquête de Tunis, mais subit en 1541 de lourdes pertes lors de la malheureuse expédition contre Alger et perd Tripoli de Barbarie en 1551. L'archipel est très vite menacé par les galères ottomanes et par les assauts des corsaires barbaresques. Élu Grand Maître en 1557, Jean Parisot de la Valette doit préparer méthodiquement sa défense car la prise de Djerba, survenue en 1560, annonce à coup sûr un assaut de grande envergure. Les remparts sont renforcés, on accumule des réserves d'eau et de vivres, des chevaliers affluent des divers prieurés et commanderies d'Europe pour venir affronter le Turc, et neuf mille hommes en âge de combattre sont mobilisés dans la population locale pour faire face au péril. C'est en mai 1565 que Mustapha Pacha amène à pied d'œuvre trente mille hommes, transportés par cent soixante galères, avec l'intention d'emporter ce qui constitue alors l'un des avant-postes de la chrétienté, indispensable à la défense des côtes italiennes et espagnoles. L'héroïque résistance du fort Saint-Elme, qui ne tombe que le 23 juin, permet de gagner les délais nécessaires et « d'user » les assaillants qui ont dû consentir de très lourdes pertes.

 

Rien ne parvient à briser la volonté des défenseurs des forts Saint-Ange et Saint-Michel et quand, le 7 août, les Turcs parviennent à pénétrer dans le Borgo, ils en sont finalement refoulés. Enfin, l'arrivée du « grand secours » dépêché par le vice-roi de Sicile Don Garcia de Toledo décide, au début de septembre, du sort de la bataille. L'apparition des tercios de Don Alvaro de Bazan décourage les chefs turcs qui doivent renoncer, à l'issue d'un siège de quatre mois très meurtrier pour leurs troupes. Célébrée dans toute l'Europe, cette victoire contre le Turc – ce « Verdun du XVIe siècle », pour reprendre la belle expression de Jacques Godechot – constitue une étape décisive dans la guerre pour la Méditerranée. Elle sera confirmée six ans plus tard, en octobre 1571, quand les flottes d'Espagne, de Venise, du Saint-Siège et de la plupart des principautés italiennes placées sous le commandement de Don Juan d'Autriche infligeront à Lépante un nouvel échec aux galères du « Grand Seigneur ». L'Ordre engagera quatre galères dans la bataille et soixante de ses chevaliers seront tués lors de cet affrontement majeur.

 

Entre-temps, à Malte, La Valette a rebaptisé le Borgo Citta Vittoriosa et créé une ville nouvelle qui prendra son nom. C'est l'architecte italien Francesco Laparelli qui, entre 1566 et 1571, est chargé de la réaliser en mobilisant dans ce but quatre-vingt mille ouvriers. Une fois élevée cette forteresse imprenable, Malte sera hors de portée des assauts ottomans et poursuivra pendant deux siècles une lutte efficace contre la piraterie barbaresque. Jusqu'à la seconde moitié du XVIIIe, c'est sur les galères de Malte, au cours des quatre « caravanes » – les campagnes navales – que doivent accomplir les chevaliers que se forment les maîtres de la guerre sur mer, tels d'Estrées, Tourville, Suffren ou de Grasse. Les navires barbaresques ont alors tout à craindre des « galères de religion », à l'époque où Jacques François de Chambray (1687-1756), surnommé le « Rouge de Malte », l'un des meilleurs marins de son temps, multiplie, au cours de ses vingt-quatre campagnes, prises et destructions. Redoutable instrument militaire, l'Ordre demeure fidèle à sa vocation hospitalière. Un premier hospice a été bâti à Malte entre 1530 et 1532 et un second, la « Sacrée Infirmerie », de 1575 à 1663. La capacité d'accueil des malades s'est accrue régulièrement, de trois cents lits au XVIIe siècle à cinq cent cinquante en 1789. Trois médecins, trois chirurgiens, un pharmacien y sont affectés, et les chevaliers accomplissent toujours, régulièrement, leur mission d'assistance auprès des malades.

 

 Malte possède ainsi, au XVIIIe siècle, le plus grand et le plus moderne des hôpitaux de toute l'Europe. Sous le Grand Maître Pinto de Fonseca, c'est une université de médecine qui succède aux écoles d'anatomie, de chirurgie et de pharmacie précédemment implantées et dotées, depuis 1687, d'une bibliothèque spécialisée qui fait l'admiration des contemporains. Le relâchement des mœurs, les progrès de l'irréligion, la vogue de l'orientalisme et des « turqueries » qui fait jeter un regard nouveau sur l'ennemi ottoman de la veille contribuent à la décadence de l'Ordre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les chevaliers, fils cadets des familles de la haute noblesse européenne, se consacrent désormais davantage aux plaisirs qu'à l'assistance aux malades ou aux campagnes navales.

 

Alors que le royaume de France fournissait près des deux tiers de l'effectif des chevaliers, la Révolution française porte un coup terrible à l'Ordre vieux de plus de sept siècles. L'Assemblée nationale de 1789 refuse de le considérer comme un État souverain possessionné en France où se trouvaient alors 358 de ses 671 commanderies. L'abolition des privilèges, la suppression des ordres de chevalerie et la mise en vente de leurs biens en septembre 1792 réduisent dans des proportions catastrophiques les revenus de l'ordre de Malte, au moment où le Grand Maître Emmanuel de Rohan-Polduc refuse de reconnaître le nouveau régime républicain. Son successeur Ferdinand de Hompesch, Allemand élu en 1797, tente d'intéresser au sort de l'Ordre le tsar Paul Ier de Russie mais aussi l'Angleterre, devenue la puissance dominante en Méditerranée, alors que le jeune général Bonaparte explique au Directoire « l'intérêt majeur » que présente l'île de Malte pour la France.

 

 L'expédition d'Égypte est l'occasion d'un débarquement français qui débouche le 12 juin 1798 sur la reddition signée par Hompesch, bientôt réfugié à Trieste alors que les chevaliers – dont certains ont rejoint l'armée d'Égypte – sont regroupés pendant plusieurs mois à Antibes avant de recouvrer leur pleine liberté. Dès 1800, les Anglais se substituent aux Français à Malte et, si le traité d'Amiens conclu en 1802 prévoit la rétrocession de l'île aux chevaliers, le gouverneur nommé par Sa Gracieuse Majesté ne veut rien entendre à ce propos. L'Angleterre se verra confirmer la possession de l'île lors du traité de Paris de 1814 et à l'occasion des congrès de Vienne et de Vérone en 1815 et 1822. Affaibli par les disputes nées des prétentions sans lendemain du tsar Paul Ier, l'Ordre, privé de territoire, est dirigé désormais par un « lieutenant du magistère » à qui le pape Léon XII concède un couvent et une église de Ferrare. Il revient pourtant s'installer à Rome en 1834, dans le palais de la Via dei Condotti, et renaît au cours du XIXe siècle, dans le cadre des associations nationales, jusqu'à la restauration de la Grande Maîtrise en 1879.

 

malte – l’Ḗglise st jean de la valette de malte

D. cutajar

Edition ARTE NUOVA

Malte

L’Église de St Jean figure parmi les monuments les plus artistiques de Malte. Cette église est mieux connue chez nous, les Maltais, comme la Co-cathédrale de St Jean mais son importance éminemment historique et artistique tient du fait que pendant les deux premiers siècles de son histoire elle servait d’église conventuelle de l’Ordre des Chevaliers Hospitaliers de St Jean de Jérusalem.

 

Les Chevaliers, eux-mêmes, se référaient à l’église comme « Notre église principale de la Sainte Religion de Jérusalem », devenue pratiquement leur siège religieux. Et ce fut la raison pour laquelle ils dépensèrent d’énormes sommes d’argent en déployant pas mal d’efforts pour ne l’enrichir que des meilleurs chefs-d’œuvre afin de la doter généreusement pour qu’elle devienne le joyau très précieux à des occasions solennelles ou officielles d’État et pour l’entretenir afin qu’elle garde toujours son éclat somptueux. Qu’il suffise de mentionner que l’entretien seul de la Co-Cathédrale de St Jean avait toujours la part du lion du budget annuel de l’Ordre.


L’église fut gérée par un Chapitre constitué de « cappellani maggiori » dont tous étaient membres ordonnés de l’Ordre de St Jean. Ce corps constitué était connu dans son ensemble comme « Venranda Assemblea » dont le chef fut un prieur ayant le privilège insigne de porter la mitre et la crosse.

Quant à sa position de dignitaire dans la hiérarchie il venait en troisième n’étant précédé que par le Grand Maître et l’Évêque de Malte. Il convient de noter que parmi le clergé local il y en avait beaucoup qui furent admis à titre de membres de cette « Veneranda Assemblea » et qu’un nombre d’entre eux furent élus prieurs de St Jean.


De somptueuses images couleur enjolivent cet ouvrage et nous font admirer entre autre les 375 pierres tombales qui ornent l’intérieur de cette Cathédrale.

 

malte – les chevaliers de malte – des hommes de fer & de foi

Galimard flavigny

Edition GALLIMARD

 1998

Issu des croisades, l’ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, plus connu aujourd’hui sous le nom d’ordre de Malte, est la plus ancienne association d’aide humanitaire.

 

Approuvé en 1113 par le pape, cet ordre religieux assura également des fonctions militaires pour protéger malades et pèlerins se rendant à Jérusalem. L’Ordre ne cessa de participer à l’histoire tant sous ses aspects politiques – il fut le rempart de la chrétienté contre les Ottomans –, diplomatiques, artistiques, qu’humanitaires.

 

Au début du XIVème siècle, il organisait un premier hôpital de Rhodes. En 1523, il mettait à flot un navire-hôpital. Puis à Malte, il instituait un service de chirurgie d’urgence. Chassé de Malte par Bonaparte, l’Ordre n’en meurt pas pour autant. Son Grand Maître, qui a rang de cardinal dans l’Église, est le souverain – élu – du plus petit État du monde qui échange des ambassadeurs avec 70 pays, émet timbre-poste et passeports, bat pavillon et monnaie.

Bertrand Galimard Flavigny nous fait connaître le passé et le présent de ces hommes de fer et de foi.

 

malte – les chevaliers de malte & la marine de philippe ii - 2 Tomes -

Jurien de la gravière

Edition PLON

 1887

2 volumes pour raconter la vie de cet ordre et son apogée maritime.


On sait que la puissante confrérie, fondé au cours du onzième siècle par des marchands compatissants, confrérie qui devait survivre au principe qu’elle représentait, aussi bien qu’aux services qu’elle n’était plus appelée à rendre, ne s’est écroulée que sous la pression de la Révolution française : ses richesses lui ont, pendant deux siècles de tiédeur et d’incrédulité, gardé des adhérents.

 

Les princes séculiers la dotèrent, en effet, à l’envie quand elle n’était encore qu’une société laïque de bienfaisance consacrée tout entière au soin des blessés et des malades. Après la prise de Jérusalem en 1099, la pieuse infirmerie commence par devenir un couvent : les Hospitaliers prononcent entre les mains du patriarche de Jérusalem les trois vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté. En l’année 1118, ils se décident, sans renier leur première vocation, à prendre les armes pour défendre contre les soldats du Soudan d’Égypte le tombeau du Sauveur. De cette époque date la constitution franche qui s’intitule La Religion.


L’Ordre de St Jean se partagera désormais en trois classes ; il se composera : de chevaliers exclusivement recrutés dans la noblesse, de chapelains chargés du service religieux, de frères servants condamnés par leur origine plébéienne à ne jamais sortir du rang inférieur qui leur est assigné.

 

Les chevaliers sont tenus de fournir les preuves de huit quartiers d’une noblesse sans tache.

 

malte – l’ordre de malte en mḖditerranḖe

c.e. engel

Edition DU ROCHER

 1957

Le 26 octobre 1530, Philippe de Villiers de l’Isle-Adam, Grand Maître de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, débarquait à Malte à la tête d’une petite flotte. C’était la fin de la longue épopée des royaumes latins d’orient. C’était aussi le début d’une autre, celle de l’Ordre en Occident.


L’Ordre de St Jean de Jérusalem était tout ce qui restait des Croisades et des conquêtes des territoires d’Outre-Mer. Fondé vers 1099 par un chevalier français, Gérard, dont l’œuvre fut poursuivie par Raymond DU PUY, sa mission première, consistait à soigner les pèlerins qui tombaient malades en Terre Sainte. Mais très vite, à cette tâche de non combattant avait dû s’en ajouter une autre, plus active, plus dangereuse : assurer la sécurité des routes parcourues par les pèlerins. Les Hospitaliers avaient été les premiers moines-soldats ; puis vinrent les Templiers. Pendant toutes les luttes en Terre Sainte, les deux ordres tinrent tête, héroïquement, subissant des pertes énormes, résistant sans espoir dans des situations impossibles.

 

L’Ordre des Chevaliers Hospitaliers de St Jean de Jérusalem, après avoir dû abandonner Jérusalem même, puis Margat, le Krak des Chevaliers, St Jean d’Acre, Chypre, reconquit Rhodes sur les Turcs et s’y installa. Peut-être est-ce cette volonté opiniâtre de demeurer en orient, coûte que coûte, qui lui épargna le sort des Templiers.

 

L’Ordre, poursuivait la tâche pour l’accomplissement de laquelle il avait été fondé : il créait des hôpitaux à Rhodes et défendait ce qu’on pouvait encore défendre du christianisme en Orient. Il était aussi moins riche que l’Ordre du Temple ou, du moins, sa fortune était d’une composition différente.

 

Les Hospitaliers possédaient des commanderies dans toute l’Europe, surtout en France. C’était un patrimoine considérable, mais qui n’avait pu les inciter aux spéculations financières qui firent la fortune, puis la perte des Templiers.

 

Lorsque ceux-ci finirent de façon terrible, une partie de leurs biens, en France et en Angleterre, notamment, fut donnée aux Hospitaliers avec qui on avait essayé, sans succès, de les fondre quelques années avant le début des persécutions de Philippe-Le-Bel.

 

MALTE - RHODES – LES CHEVALIERS DE  RHODES

Annina VALKANA

EDITION M. TOUBIS

 2008

Les chevaliers de l’Ordre de St Jean firent leur apparition sur l’île de Rhodes en 1306. Fort de l’appui de l’Occident, le grand Maître Foulques de Villaret s’empara en un premier temps des forteresses de Philerimos et Pharaklos, pour envahir ensuite, trois ans plus tard, la cité même de Rhodes, parachevant ainsi son installation dans les lieux.

 

Mais c’est le grand maître Helion de Villeneuve qui modernisa l’ordre et fit des alliances avec Venise, le Pape, Chypre et la France et ainsi consolida l’Ordre et enleva des citadelles aux Turcs.

 

De très nombreux combats contre les Turcs et les arabes émaillent l’histoire de ces chevaliers de Rhodes, notamment le siège de Rhodes en 1440 par les égyptiens, la ville ne fut pas prise, par contre elle tomba aux mains des turcs en 1455, mais vite reprise par les chevaliers.

 

En 1522 arrive au pouvoir Soliman le magnifique, qui la même année s’empare de Rhodes grâce à la trahison d’un dénommé André d’Amaral. Malgré certaines tentatives pour reconquérir l’île, elle resta aux mains des Turcs jusqu’en 1912, date qui vit les Italiens reprendre l’île aux turcs. Quant aux chevaliers de Rhodes ils quittèrent Rhodes pour aller à Malte en 1522.

La citadelle médiévale de Rhodes est l’un des rares ensembles monumentaux de l’époque franque que la Grèce ait pu conservé intacts. Cette petite ville où la vie coule paisiblement, imperturbable depuis près de six siècles a pu sauvegarder toute la beauté, la splendeur et le charme du Moyen Âge.

 

Rhodes, l’île illustre que vantait Horace, fut à travers son histoire l’un des centres les plus importants de la civilisation égéenne. Fille d’Aphrodite et épouse du dieu Hélios, Rhodes émergea de la mer pour être donnée en partage à Hélios, c’est du moins ce qu’en dit la légende.

 

montfort – le mythe templier

Marc mirault

Edition ARQA

 2007

Mais quel est donc ce Haut-lien où coule l’Argens et auquel la mémoire des Templiers de Provence est si attachée ? Quel est donc ce lieu où les Templiers de Chypre accédaient, où l’Alchimie opérative venue d’Orient se pratiquait, et l’on observa en 1968 un objet volant non identifié au-dessus du château de Montfort… Un château extraordinaire en réalité que celui de Montfort-sur-Argens auquel est attribué un nombre incalculable d’histoires rêvées ou véritablement vécues.

 

Entre brumes et brouillards, entre cornues et magie des campagnes, entre Templiers et Frères aînés, entre le XIIème et le XIVème siècle, la légende rattachée au lieu voudrait que les murs du château vécussent l’Initiation des Maîtres Secrets de l’Ordre du Temple… Et après ?

 

Le château de Montfort est bâti, en tous cas, sur une structure hors norme qui sollicite des échanges cosmo-telluriques extrêmement actifs. Est-ce là une des clés de l’énigme qui permet de décoder tous ces phénomènes surnaturels ? Marc Mirault qui fut un des proches de Jimmy Guieu, et qui entra avec le célèbre écrivain de Science-fiction, en 1969, dans le château de Montfort pour essayer de comprendre quels étaient les phénomènes paranormaux qui s’y produisaient, nous raconte savamment ici son témoignage et ses projets de recherches avec le géobiologue Roger de Lafforest, entre autres, et relate de façon précise nombre d’expériences vécues…

 

mystÈres & secrets des templiers du bÉzu

M. René maziḔres

Edition PÉGASE

 2005

Située à la vue du village de Rennes-Le-Château, la forteresse du Bézu émerge de la nuit des temps. On ne sait rient de ses bâtisseurs; quant à ses seigneurs feudataires, nul ne peut jamais les circonvenir, pas même Simon de Montfort, lors de sa sauvage campagne contre les Cathares. De ce château inexpugnable, véritable nid d’aigle, il n’en reste plus que des ruines. Des ruines, souvent environnées de brume, qui ont donné prises à toutes sortes de légendes. Ne dit-on pas que depuis sept cents ans, chaque nuit du 12 au 13 octobre, une cloche sonne, celle jetée dans un puits par les templiers pourchassés par Philippe le Bel et Simon de Montfort. C’est alors que des fantômes, vêtus du manteau des Templiers, montent en procession au Bézu…Lorsqu’ils arrivent au château la cloche ne sonne plus !!!!!


Bien avant l’extinction de l’Ordre du Temple, certains de ces moines-soldats y auraient séjourné, à l’invitation du maître des lieux. Quel a été le motif de leur venue ? Quelle mission secrète ont-ils accomplie ? On dit qu’ils seraient venus y cacher un trésor ; d’autres pensaient, au contraire, que ces Templiers étaient là pour en exploiter un… C’est à ces questions que M. L’Abbé Mazières a tenté de répondre, se fondant essentiellement sur des documents, des rapports de fouilles et une solide connaissance de l’histoire de la Haute-Vallée de l’Aude.

 

Au XIIème siècle, le seigneur de Bézu ainsi que deux frères de la famille de Redas deviennent Templiers. Hormis le Seigneur de Bézu, Bernardus Sismondi de Albezuno, lequel par testament se donne au Temple, l’on trouve dans les manuscrits du Moyen-Age deux frères qui sont également Templiers.  Ils se nommant « de Redas » et possédant des biens à Espéraza, un des lieux les plus proches de Reddas, furent-ils les seigneurs demeurant, ainsi que leur nom semble l’indiquer à Reddas, l’actuel Rennes-le-Château? (En général, on écrivait le nom de famille Redas avec un seul « d », et les noms des lieux, avec deux « dd ».

 

On a découvert aux archives de la Haute-Garonne les parchemins dans la série cotée « Fonds Malte. »  Pourquoi?  Parce que la majorité des biens ayant appartenu à la dite; « sainte milice des templiers de Salomon » furent attribués par le pape d’alors, Clément V, lors de la suppression de l’Ordre des Templiers, à, l’Ordre des Hospitaliers de St. Jean de Jérusalem, devenues plus tard, « Chevaliers de Malte. » 

Les documents et archives concernant pratiquement la quasi-totalité des titres de propriété des Templiers échouèrent tout naturellement chez ces nouveaux propriétaires. Ces manuscrits sont relatifs à des actes notariés concernant les possessions, achats, donations, échanges et autres.  En plongeant dans les écrits se XIIème et XIIIème siècles l’on y rencontre un certain notaire de Limoso (Limoux) qui signe; Petrus Busanaps, notaire public en Limoux et la demeure de la milice du temple en Razes, qui a cette charte écrit et signé.

 

Ces textes sont rédigés en latin, quelquefois en occitan. Parfois on y trouve des noms de lieux dans la langue du pays d’Oc, tels: Vallis-Dei (La Val Dieu), Carlati (Carla ou Carlat) et près de là, les roches de Laouzeto.  Puis il y a Cadrona, qui était anciennement uni au lieu de Campanha et où il y avait aussi un château.  Constantiano – Coustaussa, Albezuna, Le Bézu, Beate Marie de Reddis ou de Reddas, Sainte Marie de Rennes-le-Château), sancti Sebastiani de Campanha, Campagne sur Aude, Beate Marie de Kilhano, Quillan, Esperazano, etc. C’est possible de faire un arbre généalogique pour les frères – les éléments se trouvent dans les parchemins du XIIème et XIIIème siècle, 1133 – 1243.  A la première moitié du XIIème siècle, nous trouvons plusieurs actes faisant précisément état de l’appartenance à l’Ordre du Temple de Petrus et Bonneti de Redas, notamment à Esperaza.

 

De l’étude de ces textes il ressort également qu’apparemment Rennes et le Bézu se trouvent historiquement très liés, autant par la proximité géographique que par les liens parentaux.  Nous pensons qu’il s’agit de la même famille.
Outre ces personnages nommés de Redas, on trouve en 1151 un seigneur du Bézu dont le nom est Bernardus Sismondi de Albesuno.  Ce dernier rédige un testament stipulant qu’il se donne aux « frères du Temple » et qu’à l’heure de sa mort, il sera enseveli dans les locaux de ces derniers. Le lieu Templier le plus proche du Bézu étant la préceptorie de Campagne-sir-Aude, nous faisons même une relation avec les découvertes de sarcophages effectuées lors des travaux réalisés vers la deuxième moitié du XXème siècle par la municipalité au niveau du sol de la rue principale à l’interior du fort.  Les dalles de couvercle étaient gravées – rapporte René Mazières (membre de la Société d’Etudes Scientifique de l’Aude.)  Ce dernier déplore – à juste titre – que nulle trace n’en ait été gardé – ni photo, ni relevé. Cela aussi est bien regrettable pour la mémoire historique de ces contrées au passé tellement riche. Toutefois, rien n’empêche de penser que l’un de ces sarcophages ait fort bien pu être celui du Templier Bernardus Sismundi de Albesuno, seigneur de Bézu.

 

Et les deux frères de Redas?  Il semble que Bonnet de Redas a disparu, peut-être il est parti en terre d’Orient, et qu'’il y est mort . . . mais on reconnait qu’il était Templier entre 1140 et 1148. Pierre de Redas, sous le nom Pierre de St. Jean, était Templier de 1140;  1156, Magister du temple de Douzens; 1159 Procurator à Carcassonne et Reddensis jusqu’à 1169 et à Douzens jusqu’en 1172; Magister honoris militie notamment à Saint Jean de Karreira autour des Années 1168 – 1172. Quant au fait que Pierre de Redas ait choisi le nom Pierre de St. Jean, cela pourrait-être lié au lieu de St Jean de Karreira où ce personnage est également responsable, administrateur pourrions-nous dire, puisque certains actes où l’on trouve son nom est lié à ce site qui se situe sur la montagne d’Alaric, dans les Corbières, au sud de Barbaira, lieu dont il subsiste d’intéressants vestiges.

 

Dans les documents Templiers du pays Audois, on découvre un acte bien antérieur à la création de l’Ordre du Temple, acte relatif au lieu de St. Jean Baptiste de Karreira.  Il s’agit d’une donation effectuée en mars 1113, destinée au prieur et à ses clercs, qui résidaient en ces lieux et qui n’étaient pas Templiers, puisque cet Ordre n’existait pas encore. Quelques 50 ans plus tard, alors que ce lieu est propriété à part entière des Templiers, c’est bien Pierre de St. Jean, le frère de Bonnet de Redas qui est présent pour les différentes transactions, il est là en tant que magistri honoris militie . . . il est le Templier Petro de Paderno commendatori domus Sancti Johanni de Karreira. Parfois les documents donnent le vocable de Sancto Johanni Baptisti de Karreira.  On a l’impression qu’avec le temps, petit à petit, le terme de Baptisti s’est perdu et seule la forme de St. Jean de Karreira aura subsiste.

11 O

ordre militaire de notre-dame et de saint-lazare

 

Edition du PrieurÉ

 1992

Mémoires, statuts et rituels de 1649. Cet ordre remonterait peu avant les croisades et fut plus ou moins incorporé et assimilé à l’ordre des hospitaliers.

Cet ordre très catholique fait de chevaliers et d’hospitaliers, ressurgit en 1649.

 

A l'origine, l'ordre de Saint-Lazare était un institut hospitalier consacré aux lépreux, mais n'ayant jamais eu l'importance de l'hôpital Saint-Jean (futur « Malte ») et du Temple.

 

Ses membres n'ont pas eu de caractère militaire avant le 13e siècle. La maison de Saint-Lazare-hors-les-Murs de Jérusalem s'établit à Saint-Jean-D’acre (1187) et, après la chute de cette dernière ville (1291), l'ordre se réfugia sur ses terres d'Europe, se morcelant en organismes autonomes.

 

Ses possessions anglaises, allemandes et suisses furent spoliées par la Réforme. La commanderie de Boigny en Orléanais était à la tête des chevaliers établis en France, et c'est à Capoue, dans le royaume de Sicile, que siégeait un autre « grand maître », qui ne reconnaissait pas celui de Boigny.

 

Pie II donna par une bulle (1459) les biens de Saint-Lazare à Notre-Dame de Bethléem, puis Innocent VIII réunit Saint-Lazare à Saint-Jean (par une bulle de 1489), ce qui fut confirmé par Jules II (1505). Henri IV nomma un grand maître de l'ordre en 1604 ; mais, comme seuls quelques chevaliers subsistaient, il créa un nouvel ordre, religieux et militaire, celui de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, le grand maître en étant celui de Saint-Lazare ; Paul V approuva la naissance du nouvel ordre destiné à combattre l'hérésie et à faire progresser la religion.

 

L'ordre de Saint-Lazare étant plus ancien que celui de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, on prit l'habitude de parler du seul Saint-Lazare pour citer les deux ordres réunis. Louis XIV, qui désirait l'extinction de l'institution, finit par la laisser vivre : les conditions d'entrée des cent chevaliers varièrent puis se stabilisèrent (1773) à huit degrés de noblesse paternelle et trente ans d'âge. En 1757, on abolit les commanderies héréditaires puis on ne donna que la seule croix de Notre-Dame-du-Mont-Carmel aux meilleurs élèves de l'École militaire, ce qui était faire bon marché de la réunion des ordres, que Monsieur, comte de Provence, grand maître en 1773, mena à la faillite : le roi décida l'extinction par absence de nomination ; la dernière promotion eut lieu en 1788. En exil, le comte de Provence, qui était devenu Louis XVIII, conféra peu les ordres à des étrangers et, lors de son retour en France, continua de porter la croix verte à huit pointes ; mais il n'y eut plus de nomination.

 

L'extinction fut réaffirmée par une instruction du grand chancelier de la Légion d'honneur du 5 mai 1824 : « Depuis l'année 1788, ce dernier ordre ne se confère plus. »

11 P

PARCOURS INITIATIQUE ET REGARD SYMBOLIQUE – LA BASILIQUE DE SAINT-JUST DE VALCABRḔRE

Anne  Laroche de  Rosa

Edition les deux Océans

2017

L’art des bâtisseurs constitue un fleuron de la science traditionnelle des symboles. A travers la symbolique initiatique de la basilique de Saint-Just de Valcabrère, Anne Laroche de Rosa nous introduit à une culture initiatique singulière qui demeure tout en se renouvelant depuis l’antiquité, celle du Temple de l’Homme inscrite dans les temples de pierre.

 

« Chaque partie de la basilique – nef, chœur, transept, abside, absidioles, isoloir, tympans, etc. – résonne effectivement en harmonie et cohérence avec tel ou tel organe de notre double de l’éternité, si celui-ci ne souffre pas de dysfonctionnements fondamentaux. Le parcours initiatique qu’elle décrit est donc une voie essentielle pour appréhender l’état de notre couple duel, double de l’éternité/être direct, pendant que notre double parcourt son chemin de connaissance spécifique et que notre être direct tente d’appliquer les informations et les énergies vibratoires ainsi recueillies en parcourant son chemin de vie. »

 

Ce processus initiatique rappellera à juste raison à certains les voies dites du corps de gloire. Il exige à la fois l’appropriation d’une science des symboles multimillénaire et le dépassement de celle-ci pour laisser les symboles prendre vie dans une dynamique singulière.

 

« Basilique, nous rappelle l’auteur, veut dire : La Maison du Roi. La maison symbolise le corps physique que nous empruntons dans cette vie, le roi devient cette conscience reliée au divin régnant en ce corps. »

Anne Laroche de Rosa nous invite à devenir « acteurs dans la lecture des symboles » afin d’actualiser ou de conscientiser l’invisible jusque dans la manifestation. La basilique, lieu d’initiation, est propice à une alliance énergétique, à une réorientation dans une verticalité d’où la grâce n’est pas absente. Le chemin énergétique, serpentin, dans la basilique, est le plus court chemin de la terre au ciel. Ce chemin passe par la décapitation car ce n’est que sans tête, c’est-à-dire, sans mental, dans le silence, que la connaissance se déploie.

 

Anne Laroche de Rosa fait la démonstration du rapport intime au lieu sacré que nous pouvons instaurer si nous nous affranchissons des présupposés et préjugés communs. Une basilique est d’abord une expérience. Sa richesse symbolique porte les outils d’une alchimie à la fois traditionnelle et originale dans la rencontre, chaque fois unique, du voyageur qui sait se libérer des contraintes du temps.

 

PERCEVAL, DE PEREDUR A PARZIFAL UNE SOURCE DE LA SPIRITUALITḖ OCCIDENTALE

Robert Jacques THIBAUD

Edition DERVY

 1998

La quête du Graal est le résultat de deux courants de pensée en Europe au Moyen-Âge, la spiritualité celte et la démarche chevaleresque initiatique. Ces deux courants vont se transcender dans le mythe du Graal. Les personnages de Perceval, Peredur et Parzifal vont cristalliser l’idéal supérieur de la chevalerie.

 

Le Parzifal est l’une des œuvres les plus importantes de la littérature médiévale allemande. Il est l’un des témoins des relations particulièrement étroites entre la littérature française et allemande au Moyen Age, puisque Wolfram von Eschenbach reprend une œuvre capitale de Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte del Graal. D’un côté, il y a le monde arthurien, qui n’est plus sans égal ; en face de lui, il y a le monde de l’Orient : la chevalerie est la forme idéale de vie aussi bien dans l’un que dans l’autre.

 

En introduisant le monde de l’Orient dans son roman, Wolfram relativise l’importance du monde arthurien, qui n’est plus seul en son genre et qui perd par là de son importance. Schastel marveil fait partie du monde arthurien, et Gawan est son représentant idéal. Supérieur à ces deux mondes chevaleresques est le monde du Graal ; tous ses membres sont appelés directement par Dieu, sans l’intermédiaire de l’Église, pour servir le Graal et pour servir l’ensemble de la société humaine – dans la mesure où ils peuvent être envoyés dans des pays privés de souverains pour restaurer la paix, la justice et l’ordre.

Ils constituent une élite, qui est originaire des deux chevaleries profanes, de la chevalerie orientale dans la personne de Feirefiz, demi-frère de Parzifal, et de la chevalerie occidentale.

 

Le fils de Feirefiz, Johann, fondera ensuite en Orient le pendant du monde du Graal. Sous le signe du Graal, Orient et Occident sont réunis. De la sorte, Wolfram ébauche, à destination de la noblesse de son époque, un modèle idéal - utopique - de société, l’idéal d’une société aristocratique et chevaleresque universelle, englobant l’Orient et l’Occident, et libérée du dogme de l’Eglise. Wolfram a ainsi réussi à faire du roman inachevé de Chrétien un poème réunissant trois, voire quatre mondes : il a fait éclater le cadre du roman arthurien pour créer une cosmologie, une sorte d’histoire universelle.

 

prÉcis d’hÉraldique

Théodore veyrin – forrer

Edition LAROUSSE

 2004

L’héraldique est la science des armoiries : ornements qui, à l’origine, permettaient aux combattants, dissimulés sous leurs armures, de se distinguer les uns des autres, au moyen de signes soigneusement codifiés – couleurs, formes, dessins. Les règles de la présentation des armoiries se sont progressivement fixées, mais avec d’importantes variantes, parfois justifiées, parfois fantaisistes.


Le Précis de Théodore Veyrin – Forrer, paru pour la première fois en 1951, offre à l’amateur les connaissances lui permettant de maîtriser les rudiments de l’héraldique.


La présente édition, entièrement en couleurs, a été révisée avec le plus grand soin par M. Michel Popoff, secrétaire général de l’Académie internationale d’héraldique. Elle intègre les acquis d’un demi-siècle de recherche érudite et une abondante bibliographie a été ajoutée, faisant de ce traité, un véritable ouvrage de référence, à la fois clair et précis.


On y trouve de très nombreux blasons en couleur.

 

principes & problÈmes spirituels du rite Écossais rectifiÉ & de sa chevalerie templiÈre

Jean tourniac

Edition DERVY

 1969

Principes et problèmes spirituels du Rite Écossais Rectifié et de sa chevalerie templière est un classique des études maçonniques. Cette nouvelle édition permet de remettre en lumière certains aspects essentiels de l’ésotérisme chrétien.


L’ouvrage s’attache à montrer les liens spirituels et historiques entre un régime maçonnique à vocation chrétienne, apparu au XVIIIème siècle, la mission originelle de l’Ordre du temple et la gnose la plus orthodoxe des Pères de l’Église.


Consacré entièrement à la garde de la Cité Sainte, à la jonction de l’Orient et de l’Occident ou, si l’on veut, de l’« ésotérisme » et de l’« exotérisme », ce système particulier, un des plus anciens encore vivant, entendait se référer à la pureté d’une tradition première et se vouer à l’unité des Chrétiens, ainsi qu’à l’approfondissement des sources bibliques. Un programme d’une surprenante actualité en ce début de XXIème siècle. Cette étude, axée sur l’enquête historique et l’exégèse de l’Écriture Sainte, met notamment en évidence le rôle de Saint Bernard, celui de la tradition d’Élie et de l’Ordre des Carmes, les sources esséniennes, l’énigmatique continuation des « Fils de la vallée » et le symbolisme des rites et des nombres propres à cette voie.


Elle montre enfin la convergence « par en haut » entre la foi judéo-chrétienne, la Jérusalem sacrée et le monothéisme abrahamique, dans la Franc-maçonnerie croyante traditionnelle et dans cette chevalerie « célestielle » qui rappelle celle du Saint Graal.

11 R

RITES ET MYSTḔRES CHRḖTIENS DES COMPAGNONNAGES

Jean-François Ferraton

Edition Glénat

2016

Explications de l’auteur Jean-François Ferraton sur cet ouvrage :En 2010, les Compagnonnages français se sont vus honorés par l’UNESCO d’une reconnaissance internationale au titre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité car ils incarnent une organisation originale, multiséculaire, fondée sur la « transmission des savoirs et des identités par le métier ».Leurs méthodes de transmission ont été considérées autant pour la pédagogie spécifique de l’itinérance que pour les rites initiatiques de passage, comme l’admission* et la réception*.

Mais, paradoxalement, la réalité spirituelle véhiculée par ces rites pose aujourd’hui question à la nouvelle génération de Compagnons. Dans leur imaginaire, ceux-ci se voient comme les descendants des constructeurs de cathédrales, mais ils ont très peu d’outils pour explorer ce que recèle une telle identification. Comme lieu naturel de symbolisation pour les Compagnonnages, la cathédrale est interprétée dans cette étude comme continuité du Temple de Salomon, l’archétype majeur. Le passage de l’un à l’autre constitue une clef importante pour la compréhension des rites. Par ailleurs, le déchiffrement des légendaires des fondateurs mythiques que sont Salomon, Maître Jacques et le Père Soubise pose de nombreux problèmes. Le sujet est en effet difficile. Il fallait donc l’aborder, l’analyser, l’illustrer pour le remettre dans une perspective qui renouvelle la manière de l’envisager pour des Compagnons d’aujourd’hui. Ceux-ci sont immergés dans la réalité des métiers avec les nécessaires adaptations à notre époque et, simultanément, ils préservent les invariants d’une tradition qui façonne le cœur et l’intelligence de l’homme. Ce n’est pas sans difficulté. 

Eclairer les racines chrétiennes des Compagnonnages permet par ailleurs de comprendre certains aspects profonds de leur singularité. Ces racines justifient également la permanence de rites essentiels à leur identité.L’admission est le premier état par lequel un jeune homme présente un travail de métier qui va être critiqué dans ses aspects techniques et à travers ce qu’il révèle de la personnalité de celui qui le présente. En cas de succès, celui-ci est admis comme Aspirant et reçoit transmission des premiers éléments initiatiques.  La réception est l’état suivant qui découle de l’interprétation collective et scrupuleuse, par les Compagnons, d’un travail encore plus révélateur des capacités de l’Aspirant. Si ce travail indique et confirme les aptitudes et les qualités humaines de son porteur, celui-ci sera alors intégré dans la chaîne initiatique et recevra divers symboles importants comme ses couleurs et sa canne, ainsi qu’un nom compagnonnique qui indique son état. Avec l’aide de ceux qui l’ont reçu, il pourra alors commencer sa quête… 

Telles furent mes motivations initiales, essentiellement pédagogiques donc. Fraternelles également car c’est par le partage que les choses passent avec les plus jeunes. Je sais par ailleurs que les Compagnonnages suscitent un intérêt bien au-delà de leurs territoires car ils demeurent la dernière structure initiatique de métier. Il fallait donc construire le contenu en l'étayant avec une abondante illustration : lithographies, photos, dessins, tracés, manuscrits originaux ; comme vous le verrez dans les quelques extraits de présentation.

 

J’ai donc travaillé plus de trois ans sur le sujet et je me suis mis à la recherche d’un éditeur qui ne recule pas devant l’abondance des images ou les difficultés de mise en page et qui surtout accepte de faire un “beau livre“. Finalement c’est un ami Compagnon Tailleur de pierre, Bourguignon la Liberté, qui me mit en rapport avec les éditions Glénat. Le lien établi entre eux, suite à la restauration du siège de l’éditeur situé dans un ancien couvent à Grenoble, a permis la rencontre. Le courant avec Jacques Glénat passa immédiatement. L’accompagnement iconographique, nécessaire à cet ouvrage, fut estimé à sa juste valeur. Il n'en demeure pas moins que le contenu du livre, en dehors de la ligne éditoriale des éditions Glénat, soulève la question de sa commercialisation. Jacques Glénat m'a proposé d'expérimenter avec Ulule les nouveaux vecteurs d'émergence de projet qui auront sans doute une part importante dans l'avenir. J'ai donc accepté l'expérience avec le soutien de cet éditeur connu pour la qualité de son travail. Son savoir-faire me permettrait d’atteindre mes objectifs au niveau de la maquette, de l’impression et de la distribution. Reste à le persuader totalement par le recours à cette forme élargie et renouvelée de la souscription portée par Ulule. 

 

Mais voyons de plus près l’histoire du compagnonnage :

La controverse autour de l'unification des compagnon­nages en 1848 est à la fois un débat indissociable des valeurs attachées aux rituels et aux transformations du travail et un enjeu politique. Il apparaît, alors, que nombre de compagnons, à Paris, souhaitaient donner à leurs associations un caractère plus « moderne », plus proche des organisations fraternelles de la classe ouvrière. Ceci ne devait pas impliquer la disparition de l'énergie créative et du pouvoir de leurs rituels et de leurs traditions corporatives qui, souvent, remontaient au moins à la fin du seizième siècle. Les composantes et valeurs des compagnonnages relèvent de leurs milieux originels : l'église catholique, les confraternités et les pratiques artisanales des corps de métiers.

Toutefois, pendant la Révolution, les compagnons ne purent ni ne s'attachèrent à leurs habitudes et comportements traditionnels. Ils intégrèrent, dans leurs associations, certains modèles politiques d'organisations sociales révolutionnaires ou post-révolutionnaires. Tout en se référant toujours à leurs propres valeurs, ils choisirent de plus en plus, pour leurs associations, le nom de « sociétés » et adoptèrent des terminologies bureaucratiques. Celles-ci renforcèrent leur modalité de fonctionnement, d'organisation et de communication. Une transformation radicale vers leur unification n'eut pas lieu quoique, pendant les premiers mois de 1848, une telle possibilité ait existé.

 

Le 20 mars 1848, quelques huit à dix mille compagnons, relevant d'une vingtaine de sociétés, se rassemblèrent place de la République dans le but de réaliser une réconciliation historique entre les trois principales organisations compagnonniques. Leurs habits et chapeaux étaient richement ornés de rubans et d'écharpes colorés, autant de symboles de leurs nombreux métiers et sociétés. Dépassant ces particularités, les compagnons formèrent une longue colonne, bras joints, et s'avancèrent vers l'Hôtel de Ville. La presse était enthousiaste. La Gazette des tribunaux, un journal très critique vis-à-vis des rivalités et des querelles entre compagnonnages, considéra cette réconciliation comme : «  un des grands actes de l'histoire du compagnonnage, l’ordre le plus parfait n'a pas cessé une seconde d'être observé par cette belle légion de travailleurs. Ces milliers de “frères” réconciliés par un saint et solennel serment ont voulu rendre tout Paris témoin de ce grand acte. » Qui étaient ces compagnons, ces « frères » organisés dans ce qu'ils appelaient des « petites républiques » engagées dans la défense de la nouvelle République nationale, qu’ils nommaient « la Mère commune » ? Cette harmonie était un phénomène récent : moins de dix ans plus tôt, l'opinion publique considérait toujours les compagnons comme relevant d'un espace spécifique dans la société française, exotique et fascinant mais également dangereux.

 

Mais qu’en est-il des origines et des particularités initiatiques du compagnonnage ? Elles dépendent d’au moins trois champs spécifiques : de l'importance des textes et des pratiques (orales ou écrites) pour l’individu ; de l'importance de la communauté du compagnonnage, de ses liens et de ses oppositions et, finalement, de la nature historiquement construite et changeante de ses pratiques et textes présentés comme immuables. S'agissant de l'individu, l'expérience transformatrice de l'initia­tion est étroitement liée aux phases séquentielles des processus rituels. On ne peut la traiter à part, compte tenu de son rattachement aux origines narratives du compagnonnage et de son insertion dans le processus rituel. L'initiation n'a pas seulement pour but de transformer l'individu. Elle crée des liens entre les nouveaux venus, entre ces derniers et tous les autres membres et ce contre les sectes rivales et contre les travailleurs qui ne sont pas compagnons.

 

L'initiation, dans la plupart des sociétés compagnonniques, commence par la phase de séparation. Celle-ci extrait les novices de leurs habitudes sociales. La transition les prépare à leur future vie de compagnon. L'intégration les transporte dans une nouvelle société et leur enseigne pleinement les valeurs de celle-ci. Durant la phase liminale les traits du rituel sont ambigus. Ils ne relèvent pas ou peu de traits appartenant à un état antérieur ou futur. Ils ne peuvent être associés avec les rôles ou positions habituelles de la société d'où ils proviennent ou vers lesquels ils tendent. Dans le processus rituel, les novices perdent les liens normaux qui les unissaient à leur famille et parenté. Le rituel implique qu'ils oublient famille, pays, religion, en fait leur passé culturel et social. De plus, en tant que personne liminale, le novice ne possède plus rien. Les compagnons aspirants sont délestés en partie ou totalement de leurs biens ; leurs poches sont vidées, une partie de leurs vêtements est mise de côté. Ils ne doivent porter ni insigne ni titre pouvant être significatif. Les procédures humiliantes de l'initiation laissent les novices passifs, humbles et prêts à accepter les sanctions. De telles épreuves visent à effacer le statut antérieur du novice. L'effet cumulatif de ce stade a pour but de rabaisser la position des novices dans l'échelle sociale, leur retirant leurs anciens attributs sans leur en donner de nouveaux. Il faut préciser que ce statut infériorisant est passager, « un rabaissement pour aller plus haut ».

 

Réintégré dans une nouvelle société avec de nouveaux droits et obligations, il est attendu du compagnon qu'il s'implique. Ceci induit l'apprentissage des normes et des valeurs du compagnonnage telles qu'elles étaient définies dans les récits originels. Théoriquement, le nouveau compagnon est reconnu comme un égal dans cette puissante fraternité masculine. Toutefois, on le prévient contre tout abus qu'il pourrait faire de ses nouveaux privilèges et connaissances. Il peut s'élever hiérarchiquement mais il doit apporter aide et « amour » à ses frères. Néanmoins, et certainement au début du dix-neuvième siècle, cette fraternité a pris une tournure plus hiérarchique que précédemment. Ceci est déjà visible, comme en témoigne un des comptes rendus les plus complets d'une initiation au dix-huitième siècle : celle des compagnons tourneurs du Devoir. Les tourneurs accordent beaucoup plus d'importance aux aspects de rang, de hiérarchie et de symbolique catholique que ne le font d'autres associations compagnonniques du XVIIe ou XVIIIe siècles. Toutefois quoiqu'ils demandent à ce que leurs membres soient catholiques et récitent des prières, les compagnons tourneurs ne ressentent pas le besoin, par exemple, de remplacer, dans leur interprétation du catholicisme et de ses pratiques, la Trinité par Maître Jacques (« père fondateur » des compagnons du Devoir). De fait les compagnons s'approprient et transforment les pratiques et termes catholiques à leurs propres fins.

 

1L'initiation des tourneurs peut permettre d'illustrer le second et peut-être le plus fondamental but du processus rituel : la création d'une communauté de compagnons ayant pour fin de servir le mieux possible cette nouvelle société. Les récits de leurs origines et de leurs valeurs renforcent la structure de la communauté. L'analyse de ce rituel permet également d'étudier un troisième aspect : la nature historiquement construite et diverse de l'initiation des compagnons. Ce récit, tel qu'il est reproduit par Emile Coornaert, on le trouve dans les articles 41 et 42 du « Livre de règles des jolis compagnons tourneurs.» (1731). Lors de la fête de leur patron, saint Michel, tous les compagnons se réunissent pour la réception (aucun lieu ni époque ne sont indiqués). Les compagnons se tiennent suivant leur « tour (de rôle) et rang ». Toute personne ayant eu connaissance de quelques éléments pouvant aller à l'encontre de l'aspirant doit en rendre compte. Les candidats doivent être catholiques et en bonne santé. Le rôleur fait entrer le premier aspirant. Celui-ci se tient à la porte et doit demander, par trois fois, son entrée. A sa seconde demande, on lui met un bandeau sur les yeux et il reste ainsi durant la suite de la cérémonie, jusqu'à ce qu'il fasse son serment. L'aspirant a déjà retiré son chapeau et donné ses objets personnels, dont armes à feu et couteaux ! Chaque candidat est longuement interrogé sous la forme de questions et réponses chantés d'abord par le rôleur puis par le premier compagnon.

 

Le candidat a été prévenu que la cérémonie lui couterait 25 francs (sic) et qu'il serait exposé à de « grandes épreuves » et de « grands dangers ». L'aspirant, agenouillé, fait le signe de la croix, récite le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie », et se signe de nouveau. Après ces prières, l'aspirant doit parcourir sur les genoux la salle d'initiation, guidé par le rôleur et le « cottery » (ou coterie, terme proche de trésorier). Les épreuves sont ensuite effectuées « dans la manière accoutumée » mais le texte ne donne pas plus de détail. Puis le rôleur et le coterie retirent l'habit de l'aspirant, le disposent sur une table et allongent l'aspirant sur celle-ci. Tout ceci doit s'accomplir avec le plus grand sérieux. Les compagnons qui assistent doivent garder le silence sous peine d'amende, ce qui peut signifier que quelque relâchement puisse parfois avoir lieu. Le Premier nomme tous les compagnons présents et l'aspirant choisit un parrain. Vient alors le baptême : le Premier lève la main gauche au-dessus du visage de l'aspirant tout en prononçant les phrases suivantes : « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les Compagnons, Enfant ! je te baptise au nom de Maître Jacques ! au nom des Compagnons ! » Ayant reçu son nom, l'aspirant boit de l'eau et du sel que lui donne son parrain.

 

Lorsque, pour tous les aspirants, cette phase est terminée, on les conduit dans une autre pièce où chaque nouvel initié jure « serment de fidélité au Devoir ». La main sur un verre contenant de l'eau et du pain, ils promettent de ne jamais révéler « le Devoir ni à Père, ni à mère, ni à frères, ni à sœurs, ni parents, ni amis ou confesseurs, ni à qui que ce soit dans le monde sous peine de péché mortel ou damnation de mon âme !... » Les nouveaux compagnons répètent deux fois le serment avant de boire le vin, manger le pain et payer leur dû, puis tous les compagnons s'embrassent et se tutoient. Les plus anciens ont intronisé les nouveaux mais sans leur donner d'indication en ce qui concerne le statut de « compagnon fini », ce qui aura lieu dans une autre « Ville de Devoir ». Puis des cérémonies élaborées ont lieu, en liaison avec la fête de Saint Miche. Les pratiques des compagnons impliquent, généralement, pragmatisme et mystère et plus particulièrement pour ce qui touche aux serments et secrets. En cas de procédures judiciaires, les compagnons abjurent souvent tout comme ils peuvent refuser de répondre aux interrogatoires policiers et refuser de donner leurs vrais noms. Ils préféreront souvent « battre aux champs » ou s'enrôler dans l'armée plutôt que de se rendre aux autorités7. Ces éléments de mystère et de secret devinrent un des éléments de l'identité du compagnonnage. Ils suscitèrent des oppositions entre groupes rivaux, entre compagnons et maîtres et entre compagnons, églises et autorités officielles. Cette situation n'était cependant pas immuable. Des maîtres ont pu être compagnons, des religieux ont pu protéger certains d'entre eux, des compagnons quitter leur confrérie. Un usage même limité du secret n'en renforçait pas moins la solidarité endogène. Le caractère mystérieux qui entourait l'initiation allait de pair avec la perception d'un nouveau statut social partagé seulement avec des « frères » choisis.

 

Un sens plus large, politique, de la fraternité s'était développé pendant et après la Révolution, et les compagnons ne pouvaient pas y être insensibles. Par ailleurs, leur passage éventuel dans l'armée, à cette époque, ainsi que la compétition croissante, après 1815, venant d'autres associations de travailleurs telles que les sociétés d'aide mutuelle, conduisirent les compagnons à être moins obnubilés par leurs propres valeurs. Le rôle d'Agricol Perdiguier a été fondamental dans cette évolution. Ce compagnon du Devoir de liberté devenu critique et écrivain révéla certains secrets du compagnonnage. Son Livre du compagnonnage attira l'attention du public sur divers sectes et devoirs. Fortement influencé par les thèses sociales-démocrates et chrétiennes, Perdiguier s'attacha sans relâche à lutter contre les divisions du compagnonnage et ceci dans le but de susciter une association unifiée et puissante des travailleurs

 

RITUELS SECRETS DE LA F.M. TEMPLIÈRE ET CHEVALERESQUE

Pierre GIRARD- AUGRY

Edition DERVY

 1996

Les 17 rituels présents dans cet ouvrage témoignent d’un courant spiritualiste à la fois templier et chevaleresque qui préside à l’édification de la Franc-maçonnerie de tradition.  La stricte observance templière germanique et le régime écossais rectifié (R.E.R.) en sont les dépositaires y compris les chevaliers de Malte, la Croix-Rouge de Constantin, l’ordre du St Sépulcre et les chevaliers de Constantinople. Un sens plus large, politique, de la fraternité s'était développé pendant et après la Révolution, et les compagnons ne pouvaient pas y être insensibles. Par ailleurs, leur passage éventuel dans l'armée, à cette époque, ainsi que la compétition croissante, après 1815, venant d'autres associations de travailleurs telles que les sociétés d'aide mutuelle, conduisirent les compagnons à être moins obnubilés par leurs propres valeurs.

 

Le rôle d'Agricol Perdiguier a été fondamental dans cette évolution. Ce compagnon du Devoir de liberté devenu critique et écrivain révéla certains secrets du compagnonnage. Son Livre du compagnonnage attira l'attention du public sur divers sectes et devoirs. Fortement influencé par les thèses sociales-démocrates et chrétiennes, Perdiguier s'attacha sans relâche à lutter contre les divisions du compagnonnage et ceci dans le but de susciter une association unifiée et puissante des travailleurs

 

Ce grade dont nous ignorons la date exacte de composition – mais sans doute vers la fin des années 1740 – est pour l’essentiel une variante du grade d’Élu des Neuf, un classique grade de vengeance de la mort d’Hiram, l’un des plus anciens hauts grades, du reste. Mais au terme de ce rituel une instruction très détaillée révèle au candidat des secrets inédits. On lui enseigne trois choses : la première est que les Chevaliers Élus – et donc les maçons dont ils forment l’élite – descendent des Templiers ; la seconde est que ces derniers ne faisaient que poursuivre une longue lignée d’initiés remontant notamment aux Esséniens (« Esséens) ; la troisième est que la jonction entre la maçonnerie et les Templiers s’était faite en Écosse où ces derniers auraient trouvé refuge après la destruction de l’Ordre.

 

Ce tableau est saisissant car on voit que, dès cette époque, tous les éléments de la légende templière de la maçonnerie sont posés. Les grades d’inspiration templière qui apparaitront  ensuite ne feront que broder sur ce thème, arranger les détails, lier l’ensemble.

 

On voit au passage que le thème, déjà classique en 1750, de la vengeance de la mort d’Hiram – du reste déjà polémique car les grades vengeance, dits « à poignard », suscitèrent de nombreuses controverses tout au long du XVIIIème siècle – est ici simplement transposé au cas de Jacques de Molay – un autre « juste » persécuté. En outre, en « récupérant » l’Ordre du Temple, la maçonnerie, déjà convertie à l’idéal chevaleresque depuis quelques années, adoptait ou prétendait faire revivre un ordre à la fois glorieux et disparu – n’appartenant donc plus en propre à qui que ce soit, ce qui n’était évidemment pas le cas de l’Ordre des Hospitaliers mis en avant par Ramsay.

 

L’idée que les Templiers s’inscrivaient dans une longue chaine fut, quant à elle, peut-être inspirée par les légendes relatives aux « Neuf Preux », classiques depuis le Moyen Age, et qui faisaient même de certains héros de la Bible des « chevaliers » : notamment David – celui qui avait reçu de Dieu les plans du Temple de Jérusalem. Son bénéfice immédiat est évident : elle établit une ingénieuse et opportune liaison entre la Palestine antique et celle des croisades !

 

Enfin, troisième jonction, troisième transposition : celle qui passe des « Écossais » – on nommait ainsi depuis le milieu des années 1730, en France comme en Angleterre, les plus anciens maçons de hauts grades – à l’Écosse elle-même, devenue le refuge des Templiers.

 

Le plus extraordinaire est que cette synthèse « templaro-écossaise » présente deux particularités, comme l’a brillamment montré l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire maçonnique écossaise : tout d’abord, la légende prête aux Templiers un rôle qu’ils n’ont jamais joué en Écosse, ensuite et surtout cette légende elle-même ne fut connue des Écossais qu’à l’extrême fin du XVIIIème siècle et surtout au début du XIXème, et adoptée tardivement dans leur pays lors de l’arrivée de certains hauts grades exploitant ce thème. En d’autres termes, les maçons d’Écosse ne découvrirent que cinq siècles environ après les faits présumés, et par des « informations » venues du Continent, leur long compagnonnage supposé avec l’Ordre du Temple, sur lequel reposait toute l’histoire ! Il va de soi qu’aucun historien écossais ne lui accorde aujourd’hui le moindre crédit. Mais l’essentiel, en la matière, n’est pas la vérité de l’histoire, mais la vérité d’un désir de rattachement à une origine mythique, à la fois prestigieuse et secrète.

11 S

suger & la monarchie française au xiième siÈcle (1108 – 1152)

Alexandre huguenin

Edition SLATKINE

 1974

Il a vécu dans une petite chambre de l'abbaye de Saint-Denis et, de là, a même fini par diriger le royaume deFrance. Né en 1081 dans une famille de paysans aisés, l'abbé Suger est devenu, au fil des années, une figure du Moyen Age au point d'assurer la régence du royaume de France entre juin 1147 et novembre 1149, alors que le roi Louis VII combat dans la deuxième croisade.

 

Auparavant, cet enfant de Saint-Denis, entré au monastère à 10 ans, avait lancé l'oeuvre de sa vie : faire de sa cité et de son abbaye la seule nécropole des rois de France et le symbole d'un pouvoir royal renforcé. Il occupe de très nombreuses fonctions auprès de la monarchie :

chargé de missions diplomatiques auprès de souverains étrangers,

conseillé dans les grandes décisions ou durant les expéditions militaires,

il est aussi à l'origine du mariage de son fils Louis VII, futur roi de France, avec Aliénor d'Aquitaine en 1137.

C'est grâce à cet abbé bâtisseur charismatique, fin politique et un brin orgueilleux, que Saint-Denis connut son âge d'or, notamment en livrant au monde la première architecture gothique. Aujourd'hui, vous pouvez encore partir sur les pas du célèbre abbé, en commençant bien sûr par son chef-d’œuvre : la basilique. « La façade actuelle, on la lui doit, explique Serge Santos, administrateur du monument. Avec ces trois travées (espaces entre les colonnes), cet aspect massif, c'est plus qu'une façade. » Actuellement couverte d'échafaudages, elle retrouvera bientôt sa blancheur. Le portail nord est achevé, et le portail central, en phase de restauration, sera dévoilé cet automne.


A l'intérieur du prestigieux monument, l'abbé Suger a aussi laissé son empreinte. En 1140, à peine le massif de la façade terminé, il lance la construction du chevet (l'extrémité de l'église, derrière le chœur). « C'est un manifeste de l'art gothique, avec ses croisées d'ogives, poursuit Serge Santos. C'est aussi un espace surélevé par rapport à la nef, qui permet de voir du fond de l'église les reliques de Saint-Denis. » Le jour de la consécration, le roi Louis VII et son épouse Aliénor d'Aquitaine sont présents. C'était le 11 juin 1144, près de quatre ans après la pose de la première pierre. « Suger prétendra que le chevet a été édifié en trois ans, trois mois et trois jours, une référence religieuse. C'était aussi un grand communicant avant l'heure... », sourit Serge Santos.

 

L'importance de la lumière, avec des verrières beaucoup plus grandes, l'utilisation du bleu de cobalt, ou de vitraux en nombre, pourtant une fois et demie plus chers que la pierre, sont d'autres signes particuliers de l'oeuvre de Suger. Et c'est aussi dans sa crypte que l'abbé fut enterré, aux côtés des rois de France, à sa mort en 1151. Son nom, gravé dans le marbre de l'ossuaire des rois, mais aussi son visage restent présents dans la basilique : l'abbé s'y est représenté au pied du Christ, sur le tympan du portail central datant de 1140, et au pied de la Vierge, sur un vitrail de 1144.

Mais, même en dehors de la nécropole royale, sa trace persiste, et pas seulement grâce au lycée qui porte son nom. « Beaucoup d'objets de son époque, comme des chapiteaux (sculptures ornant des colonnes), des céramiques, des poteries, sont exposés dans les deux salles d'archéologie du musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis », précise Nicole Rodrigues, directrice de l'unité d'archéologie de la ville. Guidés par les bornes du parcours historique, vous pourrez vous y rendre en passant par des rues et des places qui ont jadis accueilli des artisans du Moyen Age. Comme un voyage à travers le temps.

Le style gothique, qui naissait alors en ce milieu de XIIe, reçoit grâce à cette magnifique réalisation une impulsion définitive : on peut ainsi affirmer que la construction de la basilique de Saint Denis en 1144 marque le début du style gothique. Cette Basilique, véritable nécropole accueillant les sépultures des rois de France, restera le monument symbolique de la monarchie française.

 

 

SYMBOLES   TEMPLIERS

THIERRY    GARNIER

Edition  ARQA

 2009

En ce tour d’horizon consacré aux symboles du Temple, nous avons voulu porter principalement notre attention au sein de l’odyssée templière, sur certains replis de l’étendard Baussant, sur des zones d’ombres rôdant devant le seuil de nos certitudes, afin de relever alentour contresens et demi mesures, contrefaçons et contrevérités, points de détails sans doute, mais qui permettent cependant de voir plus clairement une certaine lumière parfois enténébrée de poncifs convenus et de litanies ressassées. Clarté qui ne demandait qu’à se révéler et se dévoilée.

 

A partir de ces quelques aperçus symboliques, transperçant le médiéval, il nous est apparu opportun de contempler le Temple » comme eut dit Henri Corbin, d’arrimer au soc de la charrue labourant «  l’objectivité » de l’histoire, quelques ailes d’anges propices à nous convaincre qu’après tout, le Temple est bien de sable et d’argent, vermeille aussi, mouvant et réverbérant par delà l’histoire que les hommes se racontent dans le chaos du monde, dans la raison, dans le cœur flamboyant de l’étoile également, hors de nous et en nous et ce, tant que l’éternité se moquera des grains de  sable du sablier.

 

En quête de ces traces enchantées, nous avons désiré aussi bien aimer que savoir et proposer à celui qui voudra emprunter avec nous ce sentier parfumé de roses d’Ispahan, quelques récits venus d’un autre temps, où les croisés de Palestine croyaient encore dans la poussière des routes menant à Jérusalem, à la noblesse des âmes autant qu’à une chevalerie spirituelle, à l’architecture sacrée comme à la magie du chiffre  neuf.

 

synopsis sur la chronologie des ordres de chevalerie

Maurice GRIFFE

 

 1997

Superbe dépliant grand format en couleur, sur les ordres de chevalerie, avec leurs histoires et leur chronologie.

 

On y trouve les Templiers, les Hospitaliers appelés plus tard chevalier de Malte et les chevaliers Teutoniques.

 

Une grande fresque avec les trois ordres qui firent l’histoire durant 250 ans

11 T

TEMPLIERS  -  B.A-BA 

Bernard MARILLIER

Edition PARDES

 1998