| Chapitre 23  M -
  Z     (Travaux divers) | 
  
23 M
| renaissance
  traditionnelle | désaguliers
  – danchez – mollier | R.T. | 1970 | 
| Revue maçonnique et métaphysique de très grande qualité. Elle fut fondée en 1970 par René DÉSAGULIERS. Complet de n° 1 (1970) à aujourd’hui. Pour voir la thématique des articles et auteurs parus depuis le n° 1. clique ICI ! | |||
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  LE RETOURNEMENT DU COMPAGNON | 
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 | 2015 | 
| La
  cérémonie de l’Élévation commence par l'introduction du Compagnon, qui se présente
  à la porte du Temple de dos par rapport à l'Orient. Les quelques pas qu'il
  effectue alors en marche arrière, font 
  que cette déambulation spécifique et unique, soit appelée
  couramment  «  marche à
  reculons ». Pour
  ne pas se laisser prendre au piège des mots ou à celui  d'une interprétation à résonance négative,
  il est préférable de parler du «  Retournement du Compagnon ». Cette
  phase de la cérémonie se décompose donc en deux temps, qui ont chacun leur
  raison d'être et leur spécificité, mais qui sont indissociables : la
  marche à reculons et le retournement. Pourquoi
  se présenter de dos à la Loge ? La
  marche à reculons n'est absolument pas une régression, bien au contraire.
  Tourné vers l'extérieur du Temple, le Compagnon est appelé à passer à rebours
  sur le chemin déjà parcouru, pour mieux le voir ,mieux  l'assimiler, et en avoir un meilleur point
  de vue sous un éclairage différent. Loin de signifier une rétrogradation, la
  marche à reculons réveille la mémoire récapitulative et agissante du
  candidat, lui rappelant l'enseignement acquis au fil des deux premiers
  degrés, indispensable pour lui permettre d'aller au-delà : les
  lumières du passé éclairent notre avenir. La
  marche à reculons est également d'une certaine manière, une descente en soi,
  vers son intériorité, pour faire un bilan des acquis : c'est la
  contemplation de l’œuvre accomplie. Il s'agit donc, non pas d'un recul, mais
  bien d'une prise de recul par rapport au passé, et aussi vis à vis de
  soi-même. Cette
  réflexion assimilable à un examen de conscience,  est nécessaire pour effectuer un
  retournement complet et opérer un changement d'état irréversible. On
  peut également voir dans cette déambulation en marche arrière une façon de
  préserver le candidat, en lui évitant une confrontation brutale et non
  préparée à la mort. L’Étoile
  Flamboyante En
  pénétrant ainsi dans le Loge, le Compagnon va être plongé dans une atmosphère
  de deuil, de désolation et de chaos total. Seule, une lumière brille, celle
  de l'Etoile Flamboyante située à l'occident, au-dessus de la porte. Sa
  brillance est voilée, elle n'est plus aussi lumineuse que lorsque le
  compagnon « l'a vu » pour la première fois à l'Orient, lors de son
  passage. Si la lumière qu'elle diffuse est plus faible, c'est qu'à ce stade,
  le compagnon est sensé l'avoir traversé et intégré. D'ailleurs,
  cette E.F située au-dessus de la porte, est-elle vraiment à l'occident. On
  peut penser qu'elle n'y est que pour les besoins de la disposition de la
  Loge, mais qu'en réalité, elle est en nous, 
  que nous sommes en elle, que nous l'avons totalement intégrée à
  tout jamais. Sa brillance des premiers temps est physiquement réduite,
  mais elle est toujours aussi lumineuse dans notre intériorité. Cette faible
  lueur que contemple le compagnon doit l'interpeller sur l'assimilation
  qu'il  en a fait. Elle est désormais
  son guide intérieur et il est nécessaire de lui  donner le temps de la réflexion pour aller
  du passé vers son futur. Il
  est donc important, lors de la cérémonie, que la contemplation de cette E.F
  se fasse dans un silence absolu, et soit suffisamment longue pour provoquer
  une réaction psychologique  du candidat
  à l'élévation. En effet, le pic de la cérémonie, l’endroit où le choc
  psychologique  prend racine, ne réside-t-il pas justement dans temps
  de contemplation de l’étoile, symbole paisible d’un itinéraire déjà pratiqué,
  rendant plus percutante, dès le retournement effectué, l’inquiétante vision
  du chaos de la Loge plongée dans les ténèbres ? Effet de chaud et froid
  garanti, amené par la mise en scène théâtrale et dramatique du rituel qui
  cherche à impressionner le Compagnon et dès lors, ne plus le préserver, bien
  au contraire ! Vient
  ensuite le temps du retournement proprement dit. Au-delà
  de son aspect gestuel ou physique, ce Retournement est avant tout psychologique.
  Ce n'est pas encore un changement d’état de conscience, mais il y prépare le
  candidat. Il s'agit de tourner le dos à son ancienne condition pour faire
  face à une nouvelle. Comme le fœtus se retourne dans le ventre de sa mère
  pour se préparer à la naissance, le compagnon se retourne pour se préparer à
  une Re-naissance. En tournant le dos au passé, il abandonne ses valeurs et
  ses illusions pour aller vers davantage de Lumière, Lumière intérieure à
  découvrir en soi. Il
  se prépare à un événement majeur qui est celui de la mort (symbolique) suivi
  d'une palingénésie. « 
  Meurs et deviens » (Goethe) Ce
  retournement intérieur est indispensable à l'expression du Maître intérieur
  qui va suivre lors du relèvement.  C'est
  d’ailleurs grâce à cette palingénésie que va s'opérer le retour à l'ordre. Le
  Maître reparaît, plus radieux que jamais, et ce changement d'état de
  conscience replace chaque chose à sa place, réunit ce qui est épars. Le
  retournement intérieur prépare le candidat à l'élévation au passage des
  «  Petits Mystères » aux «  Grands Mystères » des anciens
  grecs. Pour le Franc-Maçon cherchant et en quête, il permet le passage de la
  forme à l'essence. ADDENDUM Il est aussi intéressant de ne pas oublier dans cette
  désolation, ce deuil, la lumière principielle sur la colonne Sagesse.
  Elle est toujours là !  Le compagnon se retourne,
  Hiram est mort mais cette Lumière (Divin, Esprit d’Hiram, A-venir de l’Etoile
  flamboyante) est ici, en quelque sorte « en attente ». Après que
  les neuf maitres aient tourné autour du cadavre d’Hiram, 9+1 (La Lumière), se
  réalise alors l’élévation (ou
  mieux l’assurection) du maître « plus radieux que jamais… » :
  la palingénésie, le  10…. N’est-ce pas ça aussi ce Retournement annoncé en début de la cérémonie. | |||
| mYTHES
  ET MYTHOLOGIE | Arcadia | 
 | 2014 | 
| Il faut
  distinguer mythe et mythologie. Le mythe entend exprimer, souvent sous forme
  de récits, des vérités ou des réalités qui ne relèvent pas du savoir ordinaire.
  Il nous ouvre à des mystères qui à la fois nous touchent, nous atteignent et
  nous dépassent. Ainsi, les récits de la création, au début de la Genèse, sont
  mythiques. Personne ne le conteste sérieusement. Cela n'enlève rien à leur
  valeur. Il ne faut pas assimiler le mythique avec la fabulation ou la
  tromperie. Il traduit des convictions existentielles et des expériences
  spirituelles qu'on ne peut pas formuler autrement, parce qu'il s'agit d'autre
  chose que de connaissances proprement dites. La mythologie
  constitue une déviation et une perversion du mythe. Elle tente de faire du
  mystère, exprimé par le mythe, un savoir. Elle le met sur le même plan que
  les connaissances ordinaires. Elle le ramène à des faits empiriques, au lieu
  d'y voir un langage pour transmettre un sens qui se situe sur un plan
  différent. Ainsi, elle fait des premiers chapitres de la création un rapport
  historique qui décrirait ce qui s'est passé autrefois, de la même manière que
  l'on pourrait raconter ce qu'on a vécu durant la journée d'hier, ou qu'un
  historien établirait la chronologie de la seconde guerre mondiale. Le mythe
  préserve le mystère tout en le dévoilant. La mythologie le supprime en le
  mettant au même niveau que les autres connaissances et expériences. Alors que
  le mythe ouvre l'intelligence à ce qui le dépasse sans pour cela la
  supprimer, la mythologie conduit à des croyances aveugles et absurdes, et
  exige de l'intelligence qu'elle s'y soumette. Deux tentations menacent
  toujours la religion : la superstition et l'obscurantisme. Le mythe, bien
  compris, permet de leur échapper; la mythologie, au contraire, tombe dans ces
  deux erreurs et déviations. >> | |||
|                                                                                                
  LA  MḖLANCOLIE |  | Solange  Sudarskis | 2014 | 
| La mélancolie est comme une nature
  infinie qui vous submerge jusqu’à la félicité. Lorsque le soir tombe, je suis souvent prise de
  mélancolie, un bonheur d’être triste comme dirait Victor Hugo, devant la
  beauté du monde ; moi qui voudrais mourir en regardant la mer. Est-ce une
  passion triste? Est-ce l’attente d’une compréhension du sens de la vie qui me
  procurerait la sérénité de notre finitude ? J’ai trouvé dans une gravure
  d’Albrecht Dürer l’expression vertigineuse de ces mêmes questionnements, une
  illustration qui ré enchante mes souvenirs imagés de contes de fée. Cette
  disposition d'âme a occupé l'Occident en touchant au cœur des problèmes
  auxquels l'homme est aujourd'hui sensible en passant de l'histoire à la
  philosophie, de la médecine à la psychiatrie, de la religion à la théologie,
  de la littérature à l'art. L'iconographie de la mélancolie est d'une infinie
  richesse et il n'est donc pas étonnant que ce soit l'histoire de l'art qui
  ait su la première fournir les bases de cette nouvelle approche de l'histoire
  culturelle du malaise saturnien. La mélancolie a fait, tout
  d’abord, l'objet, sous son appellation de " dépression ", d'une
  approche médico-scientifique. Les médecins de l’antiquité n’y voyaient en
  général qu’une maladie. Ils considéraient la mélancolie comme l’une des
  quatre humeurs (sanguine, cholérique, mélancolique, lymphatique),
  tempéraments qui affectent tous les êtres humains. Mais si une d’entre elles
  domine trop, elle peut conduire au vice et même à la folie. Du grec pathos,
  puis du latin patior, souffrir, pâtir, les passions tristes sont des
  états affectifs qui sont excités dans l’âme sans le secours de la volonté
  (Descartes). Les passions se distribuent en sentiments positifs (affection,
  amour...) et négatifs (haine, envie ressentiment…). Passions tristes, cette
  expression est employée par Spinoza dans L’Éthique. Les passions
  tristes, par opposition aux passions joyeuses, diminuent le pouvoir d’agir.
  Ce sont toutes les passions associées à l’idée de quelque chose qui va à
  l’encontre du conatus, c’est-à-dire de l’effort physique, intellectuel
  ou moral, telle la haine, la crainte, l’envie, la colère, la honte, la pitié.
  Par nature mauvaises, elles diminuent la puissance d’agir et tendent à rendre
  les hommes ombrageux et inconséquents. Nous éprouvons de la tristesse lorsque
  nous rencontrons un corps qui ne convient pas avec le nôtre, tout se passe
  comme si la puissance de ce corps s'opposait au nôtre. Notre puissance d'agir
  c'est-à-dire notre conatus en est empêché. Nous éprouvons alors de la
  tristesse. Cette « torpeur de l’esprit qui ne
  peut entreprendre le bien » n’était pas une simple paresse au sens de
  fainéantise, elle était considérée par les chrétiens comme un grave péché.
  Les passions tristes sont reprises par le christianisme sous la forme des 7
  péchés capitaux identifiés par Thomas d'Aquin comme : l’acédie (l’ennui) ou
  paresse spirituelle, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la
  colère et l’envie). De l’ennui existentiel, Baudelaire poétisant le spleen,
  écrit : Dans la ménagerie infâme de nos vices, Il en est un plus laid,
  plus méchant, plus immonde ! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands
  cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement
  avalerait le monde ; C'est l'Ennui ! Nietzsche trouve un remède à la
  mélancolie en assignant à la musique, non pas la gaieté à tout prix, mais la
  perfection, l’achèvement des états du corps et du désir, surtout des affects,
  sentiments et passions, y compris par le jeu cathartique et reposant (ou
  apaisant) de la mélancolie. Les passions doivent ainsi se « spiritualiser »
  ou se « sublimer » par les rythmes, les mélodies et les harmonies de la
  musique. C’est ainsi que le corps et l’âme deviennent légers, « de belle
  humeur », autrement dit, la musique est non point un narcotique, un opium du
  peuple, mais le moyen du dépassement de soi, de l’accomplissement physique et
  moral sans négation de soi et sans négation de la vie ni du corps. Cette paix
  de l’accomplissement, Nietzsche l’appelle parfois aussi le bonheur. De même,
  Rousseau fait-il dire à l’un de ses personnages, à propos d’un autre : La
  musique remplira les vides du silence, le laissera rêver, et changera par
  degrés sa douleur en mélancolie. Cependant, la mélancolie, par
  tradition cause de souffrance et de folie, est aussi considérée depuis
  l'Antiquité comme le tempérament des hommes marqués par la grandeur ; sa
  désignation comme " maladie sacrée " induit cette dualité. Marsile
  Ficin, humaniste de la Renaissance, décrivit la mélancolie comme faisant
  alterner, voire coexister, des états de détresse et d'ardeur enthousiaste qui
  métamorphosent l'individu en être supérieur inspiré, divin et sinistre à ses
  heures, à la fois angélique et démoniaque. La mélancolie, pour moi, n’est pas
  une pathologie, mais un sentiment à la fois intense et ambigu. Elle est une
  plénitude équivoque : il semble que coexistent, en elle, la tristesse et la
  joie. Un tel ressenti conduit à une tentative de saisir ce qui a lieu dans
  cette intensité et à expliquer pourquoi c’est à la fois saisissant et
  insaisissable comme une expérience initiatique. Ma mélancolie serait plutôt
  celle du romantisme, elle est douce mélancolie, vague mélancolie, ineffable
  mélancolie ; elle ne peut être dite qu’en disant : elle est un je-ne-sais-quoi. Durer a transcrit ce «
  je-ne-sais-quoi» dans sa célèbre gravure sur cuivre. La scène se situe sur un
  lieu en hauteur, offrant une vue… sur la mer et une côte urbanisée. Un
  personnage ailé occupe une moitié diagonale de l’espace, captant le regard
  par l’importance spatiale de sa représentation ; la robe, dont il est vêtu,
  et son visage évoquent une femme, sa silhouette massive le rende étrangement
  masculin, ni homme, ni femme, forcément, parce que c’est un ange. Assis
  devant un bâtiment sans fenêtre, le coude gauche appuyé sur son genou, l’ange
  tient sa tête dans une pose triste ou pensive. Dans sa main droite il tient
  un compas, l’avant-bras prenant appui sur une tablette, l’esprit ailleurs, le
  regard perdu dans le lointain. Le regard sérieux, la créature a dû écrire
  quelque chose sur cette tablette avec la pointe du compas, maintenant le
  regard est pensif, peut-être même triste. A l’arrière-plan, le rivage au
  soleil couchant est couronné d’un arc-en-ciel blanc et sur un phylactère,
  présenté dans le ciel par une créature ailée, genre chauve-souris ou dragon
  volant, on peut lire : Melencolia § I Aux pieds de l’ange un chien, un
  lévrier, est allongé, semblant s’ennuyer. A côté, traversant la gravure en
  diagonale, comme pour séparer le premier plan du second, une échelle repose
  contre le mur de la bâtisse. Et voici un second personnage, un angelot, un
  putto, assis sur une roue de meunier recouverte d’un tapis qui s’appuie à
  cette échelle et, par opposition à la rêverie de l’ange, lui, il est
  concentré car il est en train d’écrire. Fait-il des devoirs donnés par l’ange
  ? Écrit-il parce que plus inspiré, plus savant que l’ange qui s’est arrêté
  dans la perplexité, faute de savoir poursuivre ? L’ange lui a-t-il confié
  quelque chose qu’il serait en train d’enregistrer ? Parce qu’enfantin, le
  putto est-il disciple de l’ange adulte ? Et surtout, des objets posés au sol
  ou accrochés au bâtiment proposent un décor énigmatique. Aux pieds des
  personnages, oh les beaux outils ! : un soufflet, des clous, une scie, un
  rabot, un marteau, une règle, une sphère, des pots en étain, une tenaille
  dépassant à peine de dessous des plis de la robe de l’ange, tous objets de
  bois et métal.  Derrière l’ange, un énorme bloc,
  peut-être de marbre, d’une pierre taillée à 8 faces irrégulières, dont 4
  visibles, empêche l’accès à l’échelle en étant levé contre elle. Si on tente
  de construire physiquement ce polyèdre, on a l’impression qu’il s’agit d’un
  volume « impossible », qui n’existe qu’à la limite d’un rhomboèdre
  partiellement tronqué avec un art consommé de stéréotomie. L’importance de ce
  volume vient de ce qu’on ne peut dire, de prime abord, si la direction du
  regard interrogatif et pensif du personnage central est orientée vers le
  phylactère ou vers cette énorme pierre. L’ange n’est pas dans un état de
  somnolence mais bien plutôt en état de super-éveil. Son visage sombre et son
  regard fixe expriment une interrogation intense. Il a suspendu son travail,
  non par indolence, mais parce qu’il est devenu en attente de sens. Comme le
  formule Panofsky : « Ce n’est pas le sommeil qui paralyse son énergie,
  c’est la pensée ».  Dans sa Septième lettre,
  Marsile Ficin reprend la métaphore de Platon où il conte que « notre âme,
  après avoir contemplé les idées (justice, beauté, sagesse, harmonie) à l’état
  pur dans les cieux, se retrouve dégradée par les désirs des choses
  terrestres. Pour y échapper, l’âme peut s’envoler grâce à deux ailes, deux
  vertus : la justice qu’on obtient grâce à un comportement moral actif
  représentée sur le mur de la gravure par une balance à fléau, et la sagesse,
  comportement contemplatif. Le fait que Dürer représente sa Mélancolie avec
  des ailes pourrait en être un écho. Sur le mur de la bâtisse, un sablier, une
  cloche, un cadran solaire et un carré magique de 4x4. Le carré magique est
  situé dans le coin supérieur droit de la gravure. Les numéros 15 et 14
  apparaissent dans le milieu de la rangée du bas, indiquant la date de la
  gravure, 1514. Le 5, placé la tête en bas, peut s’expliquer par le fait que
  les chiffres arabes, d’abords utilisés dans l’abaque, n’étaient pas encore
  stabilisés, cela ne peut s’appliquer au 9, gravé à l’envers comme vu dans un
  miroir. D’autant qu’il existe un second état de la même gravure plus
  largement diffusé, où la position du 9 a été rectifiée.  Le carré chiffré n’est pas
  accroché au mur comme le sont la cloche, le sablier ou la balance, il en fait
  partie, construit comme une fenêtre selon les plans de l’architecte. Selon la
  remarque d’un proche de Dürer, qui traduisit en latin sa théorie de la
  proportion humaine. : il faut observer à la presque fenêtre la toile
  des araignées, ainsi les nombres, comme des araignées dont le rôle est de
  tisser un diagramme à l’aide d’un fil, vont de 1 à 16 structurant un gnomon
  carré magique ; les sommes dans chacune des lignes, colonnes et
  diagonales, ainsi que la somme des quatre nombres du milieu, sont toutes de
  34. En outre, toute paire de nombres placés de façon symétrique par rapport
  au centre du carré conduit à la somme 17, une propriété qui rend le carré
  encore plus magique. Et je vous passe toutes les combinaisons possibles
  donnant une somme magique. Les astrologues de la Renaissance pensaient que le
  carré magique pouvait servir de traitement contre la mélancolie perçue comme
  état dépressif. Cet être ailé est donc entouré d’une collection d’objets et
  d’instruments ayant un rapport à la géométrie (un compas, une règle, une
  sphère, un polyèdre), au travail artisanal ou alchimique (un rabot, un
  gabarit pour moulures, un marteau, des clous, des tenailles, une scie, un creuset,
  une échelle, une balance, un sablier avec un cadran solaire), aux nombres (un
  carré magique), à la littérature (un encrier, un livre fermé, une tablette)
  et à la musique (une cloche), collection d’objets qui donnent à penser aux
  arts libéraux. Symboliquement, Dürer a réuni tout cela dans une image,
  symboliquement  Selon ses propres notes
  accompagnant un dessin préparatoire du putto, Durer nous apprend que, dans Melencolia
  I, les accessoires sont tous chargés d’un sens emblématique : «Schlüssel
  beteut Gewalt, Beutel beteut Reichtum ». Cette courte inscription, que l’on
  peut traduire par « la clef désigne le pouvoir, la bourse la fortune » est le
  seul commentaire qu’il fit. Cela est à déchiffrer dans la gravure avec le
  ruban, qui pend de la ceinture de l’ange, avec, à son bout, un trousseau de
  clefs et dans les replis de la robe, comme tombée, une bourse. Mais, aussi
  laconique qu’elle puisse paraître, cette note confère à chaque objet une
  signification symbolique et nous livre la formule qui commande à leur
  répartition. Dürer considère la richesse comme revenant de droit à l’artiste.
  Dans ses instructions à l’usage des peintres il affirme : « Si tu es pauvre
  tu peux atteindre à beaucoup de pouvoir par cet art », et : « Dieu donne un
  grand pouvoir aux hommes de talent ». Dürer dessine un ange qui est familier
  de l’esprit des mathématiques et de la géométrie ainsi que des possibilités
  techniques qui en découlent mais qui se fige dans la contemplation face à
  l’infini. Nous savons, aujourd’hui, que Dürer exprimait aussi sa propre
  résignation devant l’impossibilité de pouvoir trouver le secret de la beauté
  avec les seuls moyens de la rationalité, des mathématiques et des mesures.
  Dürer s’interroge sur les limites des actions et du savoir humains avec le
  doute d’un artiste, perpétuellement inquiet ; il écrivait : « il n’appartient
  qu’à Dieu de soumettre, à la mesure, la beauté absolue». Lucidité,
  scepticisme ou pessimisme de Dürer dans un temps qui affirme au contraire un
  humanisme triomphant. Dans le dédale de ces
  interprétations, aucun commentateur n'a encore
  réussi à donner une explication qui fasse l'unanimité. Pourtant cette réponse
  existe. Elle correspond au génie plus géométrique que mathématique de Dürer
  dont le dessin suit toujours un plan précis. Ceci est vrai non seulement pour
  Melencolia §I mais aussi pour trois autres de ses gravures : Adam et Eve ;
  Le Chevalier, la Mort et le Diable et Saint Jérôme dans sa cellule.
  Ensembles, elles constituent une tétralogie fondée sur l’ancienne théorie des
  quatre humeurs comme l’atteste le titre inscrit par son auteur sur les ailes
  déployées du petit dragon volant : Melencolia §I, attribuée à
  Saturne parce que cet astre était alors considéré comme la première et la
  plus haute des planètes. L’anagramme de Melencolia, limen caelo, ou «
  porte vers le ciel », est l’image que l’on retrouve sur le blason familial de
  Dürer. Alors j’ai tiré des traits, une
  échelle s’est dressée sur le corps du personnage principal, parallèle à celle
  contre le mur ; l’ange, qui est bien en train de lire le phylactère, a son
  regard pointant sur le O ; j’ai trouvé des contours de cercles de rayon
  identique à celui de la sphère, délimitant ainsi des régions d’importance, le
  visage de l’ange, sa main qui tient le compas, le visage du putto, le cœur de
  la pierre, le soleil ; j’ai articulé le carré pour qu’il devienne carrés
  longs. L’ensemble des symboles, ceux de la pierre, des outils, les références
  aux nombres, la présence d’un astre, les mystères font, pour moi, de cette
  gravure une hypostase d’un tableau de loge. Cela a enchanté ma rêverie, ma
  recherche m’a donné un peu plus d’intimité avec l’ange avec qui je me suis
  mise à dialoguer, il me dit : tu vois le dragon là-bas, il ricane dans la
  lumière, il croit que ma mélancolie est de n’avoir pu réaliser plus de
  beauté, de n’être que ce dont je suis capable, de n’être pas un ravissant et
  studieux putto, de n’être qu’un rêveur qui ne sait même pas guérir. Mais non, lui dis-je, le dragon
  n’est qu’une chauve-souris, il nomme seulement ce que tu ressens, il ne sait
  pas ce qu’il en est. C’est vrai, poursuivit l’ange, dans le fond, pourquoi
  écouter le ciel, ici tout peut être sagesse, force et beauté. J’étais avec
  l’ange qui avait fait une pause dans son travail. Le regard au loin qui
  regardait sans voir, il n'était pas dans la vacuité, il vivait charnellement
  le temps présent qu’il avait saisi. Peu à peu, je devenais lui, mon
  âme-frère, j’étais au pays des enchantements, le temps s’est arrêté et j’ai
  vu la mer. | |||
| RÉFLEXIONS
  SUR  LES DEUX  COLONNES  ET
  LE TEMPLE                                                                                                                           
  Roland  Bermann | 
| Parler des colonnes ne peut se dissocier
  de l’orientation du Temple et de son agencement. Pour une description
  complète un plan du Temple de Jérusalem et des vues “en situation”, voir le
  site : La situation des colonnes découle
  de l'orientation du Temple. Pour les uns, selon les commentateurs de notre
  ère, le Temple était orienté le long d'un axe Est - Ouest et pour les autres
  Ouest - Est. Or si l’on se réfère à la Bible, il ne devrait pourtant pas y
  avoir d'ambiguïté sachant qu'en hébreu “droite” signifie toujours Sud et
  “gauche” Nord, de ce fait on a l’indication d'une orientation tournée vers
  l'est, ce qui se retrouve clairement dans les commentaires hébreux. Il est à
  noter que plusieurs termes sont utilisés pour exprimer Nord et Sud, mais cela
  nous conduirait à une recherche philologique qui n’est pas de mise ici. De
  plus, les Chroniques mentionnent: “quant à la Mer d’airain, il l'avait placée
  à distance du côté droit (sud-est), du côté de Jakin”. En
  conséquence, le Temple était construit comme indiqué sur le schéma
  suivant : Notons que
  dans les Rites Maçonniques la Loge se trouve être orientée selon l'axe Ouest
  – Est, le V\M\étant à l’Orient, cette orientation étant calquée sur celle des
  églises occidentales orientées vers Jérusalem, donc vers l’Est. C’est une
  orientation inverse de celle du Temple Jérusalem. C’est là un phénomène
  culturel absolument normal, mais il convient de se souvenir que Loge et
  Temple sont deux notions différentes, particulièrement au RER.  Pour ce
  qui est de la signification attribuée aux noms des deux colonnes nous
  avons : ·        
  Boaz [בעז] (dans la force, la puissance) traduit la force, mais autre
  que physique. Elle évoque une force supérieure, la force spirituelle de
  conscience de l'indestructibilité de l'être réel, l'Esprit.  ·        
  Jakin [יכין] (Dieu le soutient) exprime la solidité,
  la stabilité; elle signifierait que l'initié a dépassé le stade des
  fluctuations humaines et atteint l'état de l'Être se tenant dans l'éternel
  présent. La
  position des deux colonnes a souvent été mise en rapport avec les positions
  solsticiales des deux St Jean, positions qualifiées de Portes des dieux et de
  Porte des hommes. Voir à ce propos Jean Tourniac “Symbolisme maçonnique et
  tradition chrétienne” Dervy, chapitres traitant des deux Saint Jean. Nous
  pouvons, à partir de là, trouver, dans l'identification de Jakin et Boaz faite
  respectivement à la porte
  des dieux et à la porte
  des hommes une confirmation de leur dénomination. On peut
  alors établir le schéma suivant en considérant l’orientation du Temple, il
  est à inverser en prenant celle de la Loge : L'angle formé par les deux
  directions associées au lever du soleil aux solstices d'hiver et d'été dépend
  de la latitude du lieu de l'observateur. On a
  beaucoup glosé sur le symbolisme de la position des colonnes et de son inversion
  selon les Rites. La réalité historique de cette inversion résulte très
  simplement de ce qui s'est produit Grande-Bretagne lors du conflit entre
  Ancients et Moderns. Suite aux diverses divulgations, les Moderns ont inversé
  les colonnes et c'est ce qu'ont repris les rites continentaux dits modernes :
  RF et RER. Pour l'histoire de cet épisode voir René Désaguliers “Les deux
  grandes colonnes de la Franc-maçonnerie” Editions Dervy En ce qui concerne le RER et le
  RF, Jakin et Boaz sont situées respectivement au nord-ouest et au sud-ouest.
  En conséquence, l’on peut envisager que Jakin est associée au solstice d'été
  et Boaz au solstice d'hiver. Cette inversion par rapport à la disposition du
  Temple de Jérusalem correspondrait à une vision exclusivement terrestre (au
  lieu de céleste) où la voie de la clarté est tournée vers la pleine lumière
  ou le sud terrestre (au lieu du Nord céleste) et la voie de l'obscurité
  orientée en direction des ténèbres ou du nord terrestre (au lieu du Sud
  céleste). En effet, cette inversion serait conforme à la “Table d'émeraude”
  qui stipule: “ce qui est en haut (dans l'ordre céleste) est comme ce qui est
  en bas (dans l'ordre terrestre)” et inversement. Ou encore selon les paroles
  de l'évangile, “les premiers (au Ciel) seront les derniers (sur Terre)”. Mais
  ces considérations ne sont que des stipulations modernes et ne sont très
  certainement jamais intervenues dans l’établissement originel des
  orientations dans nos rituels. 
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| LA TOLÉRANCE                                                                   SAM  ECHED | 
| SI TU DIFFÈRES DE MOI MON FRÈRE, LOIN DE ME LÉSER, TU M'ENRICHIS
  " (A.de St. Exupéry).  Les Francs-maçons enseignent et proclament qu'ils doivent être
  tolérants. Comment devons nous introduire et pratiquer cette tolérance dans
  notre vie quotidienne ? La tolérance pour les maçons, n'est  pas seulement une
  façon de vivre dans le cadre de notre ouverture sur le monde ainsi que nos
  réactions, visions et nos propres idées sur le Divin, sur l'humain, le social
  et de ce que devrait être la communication avec nos frères ou notre prochain
  en général. Ces visions et ces idées se confondent et sont généralement
  intégrées les unes aux autres. Dés la prime enfance, nous
  commençons à réagir aux premières images que nous recevons de notre
  entourage, et aux signaux que nous percevons  à l'état brut, avec nos
  cinq sens, ... comme ils nous viennent de l'Autre et de la société qui nous
  entoure. A un stade plus avancé, arrivent les expériences, venues du monde
  non sensoriellement perceptible. Tout ceci est défini et formé à partir de
  nos gênes, notre personnalité innée, de nos capacités propres, de la qualité
  de notre éducation et de la première communication entre nous et nos parents. Un homme sain et normal, est programmé par ses gênes, ses
  composants de base et ses premières impressions, pour percevoir l'Être
  Suprême, ses prochains et la société dont il fait partie ; comme une totalité
  harmonieuse, lui donnant confiance, …  et en son entourage, … et en
  lui-même. Cet homme, sain d'esprit, ne se sentira jamais menacé. Chaque homme
  vivra des hauts et des bas et son mode de réaction sera une image dynamique
  et vivante, basée sur des impressions, des perceptions et des événements se
  renouvelants sans cesse. Pour l'homme d'aujourd'hui, ce fardeau est devenu encore plus
  lourd que par le passé. Jamais de mémoire d'homme, il n'y eu un tel afflux
  d'informations, ... par la presse parlée ou écrite, la télévision, Internet
  ... e-mail … et j’en passe La majeure partie de cette information est ressentie
  comme agressive et menaçante. ... L'homme, parti de la vie en société,
  continue sa tâche et son devoir d'amour de sa famille et du prochain. Il
  réagit selon ses moyens, à tout ce qui lui arrive de cette société, et
  certainement à tout ce qui se passe dans son propre voisinage. Certains osent appeler tolérance, une condescendance, un
  isolement délibéré, tant envers son entourage qu'’envers les autres, aussi
  bien par la parole et que par la conduite. Cette condescendance, cet  isolement
  ou cette inertie,...  cette lâcheté,... reçoit bien à tort une fausse
  connotation de haute moralité. La plupart d'entre nous accepteront, tout
  naturellement, que la tolérance est de rigueur, quand il s'agit de religion
  ou de philosophie. La tolérance raciale ou sociale par contre, a malheureusement
  ses limites pour beaucoup d'entre nous. Elle s'arrête lâchement là où nous
  pensons que notre propre façon de penser et de vivre est menacée, scandant le
  slogan : Je ne touche pas à ton mode de réflexion ou à ton mode de vie, si tu
  ne touches pas au miens ". Une société humaine, divisée en races, en castes, en rangs, en
  niveaux, ou en échelle sociale, peut sembler ordonnée, mais elle est vraiment
  inhumaine. Chaque barricade, conduit à des divisions et à des frontières
  Nord/Sud, à l'exemple du 38e parallèle Coréen, aux murs de Berlin ou de
  Jérusalem, et même ces derniers, ne se sont pas avérés imperméables, aux
  hommes, aux livres, aux images ou même aux idées. La tolérance active voit le
  jour, quand il y a en nous un espace actif d'écoute et d'interrogation et
  quand il y a une possibilité de communication entre humains, ou quand il
  existe la volonté de rechercher ce qui unit les gens et non ce qui les
  sépare. ... Nous devons être à écoutes de notre prochain et le voir, avec
  les oreilles et les yeux du cœur, donc avec amour. Pour cela, il nous faut
  d'abord faire une toute petite place dans notre pensée et notre cœur, ... et
  ainsi pouvoir étudier la possibilité minimale, que cet homme, qui pense si
  différemment de nous, peut nous apporter quelque-chose qui nous est encore
  inconnu, mais qui vaut peut-être la peine, qu'on en prenne connaissance sans
  préjugé. C'est seulement a ce moment là, que peut s'épanouir et se développer;
  la vraie tolérance, parce que nous remettons en question, une partie de nous
  même et de nos propres convictions. Alors seulement, peut germer l'idée, que notre soi-disant
  opposant a découvert, sur sa route, une petite fleur que nous n'avions pas
  remarquée. Peut-être a-t-il mieux perçu un phénomène ou l'a-t-il mieux interprété
  ?.... Cette interaction réciproque s'avérera toujours enrichissante et
  fructueuse. Pour cela, nous devons laisser agir sur nous les valeurs, vérités
  et réalités de chacun, sans nous cabrer uniquement sur nos propres points de
  vue et valeurs. Car nous devons partir du principe, que personne ne possède
  la vérité absolue. À côté de notre façon de vivre et de penser, il existe une
  quantité innombrable de variations et de choix, et chacun, quel qu'il soit, a
  droit à sa propre réalisation, dans sa quête vers la maximalisation du
  bonheur humain. Ceci est totalement différent de la tolérance passive actuelle,
  qui dans la pratique quotidienne est beaucoup plus difficile et compliquée
  à exercer que la fameuse tolérance maçonnique que nous exerçons dans
  l'intimité douillette d'une loge, avec un nombre restreint de frères qui sont
  passés par le même crible que nous, et qui ont donc le même modèle de pensée
  et de communication que nous  En résumé : la
  tolérance pour être enrichissante, ne peut-être qu’active. Nous devons
  accepter et défendre le droit de chacun à la différence et ne pas vouloir à
  tous prix, amener ou niveler l’Autre, à nos valeurs. Rappelez-vous, que
  d’après nos Sages, Sodome à été détruite par le GADLU, uniquement parce que
  son inhumanité consistait à niveler tous le monde à
  leur mesure. D’après le Talmud, ils  avaient un lit spécial sur la
  Grand-Place. Ceux qui à son aune étaient trop petits, étaient écartelés et
  ceux qui étaient trop grand, étaient découpés à ses mesures. | 
 
|  DURKHEIM
  - DE  DURKHEIM  A 
  MAUSS -  L’INVENTION DU
  SYMBOLIQUE |  Camille Tarot |  Edition Au bord de l’eau |      2015 | 
| S'il fallait résumer d'un mot ce qui fait le propre de la
  pensée française vivante du XXe siècle, on devrait dire, à coup sûr, qu'elle
  a été, qu'elle est encore une pensée du symbolique. Qu'on pense simplement à
  l'analyse par Claude Lévi-Strauss de la " fonction symbolique ", ou
  à l'opposition établie par Jacques Lacan entre le réel, l'imaginaire et le
  symbolique. Or, montre ici de façon lumineuse Camille Tarot, c'est dans le
  creuset de l'Ecole sociologique française que l'acception moderne du terme a
  été forgée, et c'est grâce à la lente et subtile évolution que Marcel Mauss a
  fait subir aux analyses durkheimiennes du sacré, de la religion et des
  représentations collectives, qu'il en est venu à prendre toute sa portée.  C'est l'histoire passionnante de cette invention du concept de
  symbolique que nous livre le présent ouvrage, dans un style à la fois limpide
  et époustouflant. Au-delà d'une reconstitution sans précédent de la pensée
  des deux plus grands représentants de l'Ecole, Durkheim et Mauss, elle nous
  offre, en prime, une histoire de l'ethnologie, des sciences du langage et des
  sciences de la religion jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Ainsi des liens
  intelligibles sont-ils à nouveau établis entre la pensée française des
  soixante dernières années et ce qui l'a précédé. Et peu à peu, on se prend à
  rêver d'une reprise du dialogue entre philosophes, ethnologues,
  psychanalystes, sociologues, spécialistes de la littérature ou de la
  religion, qui trouveront tous ici également matière à nourrir leurs
  réflexions. Car ce que C. Tarot nous restitue comme s'il y était, comme si
  nous y étions, c'est l'exceptionnel travail collectif de la pensée . | |||
|                                                                                        
  CONTE SOUFI 
  A  MḖDITER | Arcadia |  | 2014 | 
| Il était une fois un vieux sultan
  qui, pressentant la mort approcher, réclama son fils à son chevet afin de lui
  léguer ce qu’il avait de plus précieux : un bel anneau d’or surmonté d’une
  volumineuse pierre bleue sous laquelle on pouvait dissimuler une mèche de
  cheveux, le souvenir d’un être aimé ou du poison destiné à tuer un ennemi.  « Tu vois cette bague, dit le
  sultan, à l’intérieur tu trouveras la solution au pire des problèmes de
  l’existence. Passe-la à ton doigt et promets-moi de
  ne l’ouvrir qu’au moment où tu n’auras pas d’autre choix, car la solution
  magique qu’elle contient ne te servira qu’une seule fois ». A peine eut-il prononcé ces mots, le vieux sultan rendit son
  dernier soupir. Quelques années plus tard, le
  nouveau sultan régnait sur un royaume prospère et en paix. La favorite de ses
  épouses s’apprêtait à donner naissance à un fils, un héritier pour le trône.
  Malheureusement, la jeune femme mourut en couches. Désespéré, le monarque
  resta prostré au fond de ses appartements durant de nombreuses semaines. Il
  refusait de s’alimenter et plusieurs fois il pensa à se donner la mort. La
  tentation de soulever la pierre bleue qu’il portait à son doigt était grande.
  Pourtant, il se rappela la promesse faite à son défunt père : il n’ouvrirait
  la bague qu’en cas d’extrême nécessité. Il décida donc de la garder close
  car, au fond de lui, il sentait qu’il pourrait se relever de la douloureuse
  épreuve qui l’accablait. Les années passèrent. Jusqu’au
  jour où, soudainement, le petit prince héritier fut atteint d’un mal
  mystérieux et décéda. La douleur du sultan fut très grande. La perte de son
  enfant chéri raviva la blessure causée par la mort de son épouse bien aimée.
  La vie ne semblait avoir aucun sens. Qu’avait-il fait pour mériter un sort
  aussi cruel ? L’homme sombra dans une profonde dépression. Aucune de ses
  épouses n’arriva à le consoler. Aucun de ses amis ne trouva les mots capables
  de lui redonner l’envie de vivre. Aucun de ses ministres ne fut autorisé à
  l’approcher. Les affaires du royaume se dégradèrent dangereusement. Le sultan tomba malade. Le
  médecin appelé à son chevet lui proposa d’ouvrir la belle bague bleue. Le
  sultan refusa. Il n’avait pas oublié sa promesse. « Laisse-moi du temps,
  dit-il à son médecin. Je sens que j’ai en moi la force de trouver le chemin
  qui me reconduira à la vie. »Le sultan renoua avec la vie. Certes, il n’était
  plus tout à fait le même. Son visage affichait un air grave. Cependant, au
  fond de lui, il se sentait plus solide. Deux fois, il était tombé ; deux
  fois, il s’était relevé. Un léger sourire trahissait la confiance qu’il avait
  gagnée au cours de ses épreuves. Puis l’impensable se produisit :
  une révolution au palais. En quelques heures toute la famille du monarque fut
  décimée. Ses épouses égorgées, ses enfants empalés et, lui, jeté au fond d’un
  cachot. Anéanti, le sultan remarqua soudain l’éclat de sa bague dans
  l’obscurité. Quel espoir lui restait-il ? Sa mort était proche. Le temps
  était donc venu de soulever la belle pierre bleue. C’est ainsi que le sultan
  décida d’ouvrir la bague de son père. À l’intérieur, se trouvait une
  plaquette en ivoire. Sur celle-ci, il était gravé en lettres d’or : « Ne
  t’en fais pas. Cela aussi va passer ! » | |||
|  RḖFLEXION SUR LA 
  SOLITUDE | 
 | Arcadia | 2014 | 
| La solitude a au moins
  deux sens. Elle implique souvent un isolement douloureux, certainement
  ressenti par beaucoup d’entre nous. Et comme chaque expérience personnelle a
  un intérêt pour tous, il serait bon que ceux qui l’ont éprouvée nous en
  fassent part. Trois sens connexes peuvent être donnés au mot solitude : 1°
  son aspect psychologique, émotionnel, 2° l’isolement dans le sens
  d’indépendance pouvant être ressenti agréablement lorsqu’on vit dans un cadre
  oppressant, fût-ce celui de la famille, 3° la solitude, manque de contact
  avec les autres, mais aussi le sentiment d’être un être en soi et à la limite
  l’absence de l’autre n’est plus éprouvée comme bonne ou mauvaise, parce que
  la différence entre les êtres et les choses est abolie. . Voici quelques
  réflexions :  On ressent la solitude quand on n’est pas
  sur le même plan que les autres. Elle n’est pas une souffrance pour tout le
  monde. Ma solitude n’est pas d’ordre humain, mais divin, il manque le contact
  que l’on pourrait avoir, mais comment l’atteindre ?  Est-ce vraiment d’ordre spirituel ? N’est-ce
  pas l’angoisse éprouvée lorsqu’on fuit une zone de sécurité et qu’on est
  obligé, seul, d’affronter quelque chose de nouveau ?  Pour un autre cette solitude n’est pas
  encore vraiment ressentie. La recherche se fait seul
  dans son coin. Dans la vie on est toujours seul quelles que soient la
  situation ou la famille. C’est une bonne chose qui oblige à se scruter
  soi-même et qui peut amener à Dieu, à son omniprésence. D’autre part on n’est
  jamais seul quand on peut rendre service à d’autres.  Il ne devrait pas y avoir de solitude
  spirituelle, je ressentais la solitude lorsque j’étais dépendant de toute
  partie physique, émotionnelle, pulsionnelle en moi. Il était nécessaire que
  j’acquière une certaine indépendance et que je fasse une coupure brutale avec
  la notion du père et de la mère. Et alors cette solitude devenait satisfaisante,
  mais parfois angoissante. Ce qui me préoccupe, c’est la différence entre
  indépendance et autonomie, cette dernière ne m’obligerait pas à me couper des
  autres et m’apporterait un contact avec la Réalité, car je suis arrivé à
  cette conviction que « les autres » sont ce qui n’est pas encore moi, je ne
  les ai pas encore intégrés.  N’est-ce pas le monde qui doit vous intégrer
  ?  C’est précisément dans ces différentes
  nuances que se situe ma recherche. Il ne faut pas d’aliénation ni d’un côté
  ni d’un autre. C’est difficile à expliquer.  Il y a deux niveaux de communication,  celle sur le plan humain, sur le plan
  moral, elle est rare, et peu de gens ont de vrais amis. L’autre est celle où
  l’on est à l’écoute de l’écho qui peut venir. On écoute le silence de
  l’autre. Celui qui part dans une
  recherche est isolé, le comportement avec les autres en est souvent altéré,
  parce qu’on se croit nettement divergent. L’étude de la pensée traditionnelle
  opère un changement dans l’inconscient qui fait que c’est beaucoup moins soi
  qui pense. Il y a aussi une certaine implantation dans l’être qui pense
  autrement que ne pense le moi courant. On vit sur deux plans, celui de
  l’expérience avec l’ensemble des réactions psychiques que comprend ce
  sentiment d’isolement, et simultanément on est conscient que cela a un
  certain cachet d’irréalité et là alors il n’y a plus de solitude en tant que
  sentiment d’isolement, on se rend compte que ce n’est qu’un filet d’eau dans
  tout le torrent de l’existence sensorielle et psychique qui est alors vécue
  comme un provisoire. Il y a une certaine préhension du caractère
  non-essentiel du vécu au profit du non-vécu. Dans la pratique de la
  méditation la solitude n’est pas ressentie, mais une certaine indépendance.
  C’est l’état sans penser qu’on appelle « dhyana ». A ce moment il n’y a plus
  ni moi, ni les autres. On sent bien que quand on a quitté cet état, le monde
  est toujours là et se repolarise en intensité et en exigence et que la
  présence du monde et son élimination sont jusqu’à un certain point, soumis à
  la volonté ; et on découvre que la pensée, la partie du monde la plus fugace,
  est la moins nécessaire. En résumé, on peut très bien être à la fois en état
  d’isolement et se rendre compte qu’il y a autre chose. A ce moment on
  travaille sur deux plans. Et, en troisième lieu il y a la méditation qui
  permet d’expérimenter ces choses.  Il y a un premier sentiment d’isolement
  quand on rompt avec les sentiers battus des traditions et qu’on est obligé de
  se reconstruire intérieurement. Puis au fur et à mesure que se précise la
  recherche, il se produit un retournement des valeurs et on ne parle plus le
  même langage que le commun des autres. Finalement s’établit une communication
  avec les autres, quelle que soit leur attitude dans la vie, du fait que nous
  sommes tous d’une même essence et que malgré toutes ces divergences, il y a
  quelque chose qui joue, qui perçoit l’essence des êtres et alors il n’y a
  plus de solitude.  Ne pourrait-on dire que la Réalité qui est
  inconsciente dans l’être, s’exprime à travers la manifestation qui n’est
  qu’un aspect de la Réalité. Et comme nous nous identifions à cette apparence,
  nous sommes frustrés. Mais à travers cette frustration et les avatars de
  l’existence se produit un déclenchement de la conscience qui se rend compte
  que tout cela n’est pas la Réalité.  Nous ne voyons pas le Réel, nous ne voyons
  que la façon dont il se manifeste. Lorsque nous voyons un objet en bois, nous
  ne voyons que l’objet qu’il représente et non le bois. Or finalement c’est du
  bois et non un objet. Il y a une intuition qui nous permet de constater
  l’existence des choses et non du monde et de voir que celui-ci n’est pas
  aliénant, parce qu’il ne manifeste rien qu’un même inconnaissable, mais qui
  est tout ce qui est connu. La conscience individuelle est aussi un de ces
  objets. De quoi est-elle faite ? C’est une question qui s’impose quand on
  fait beaucoup de méditations, on se demande « qui est-ce qui voit ? » Il y a
  un être psychique qui voit, une conscience, et puis il y a quelque chose qui
  est vu. Dans le silence, les yeux fermés, le spectateur et ce qui est vu sont
  réduits à leur plus simple expression, c’est-à-dire une sensation confuse
  d’identification. Le monde nous ne savons pas ce qu’il est, nous
  l’expérimentons et cette expérimentation du monde est un certain type
  d’expérience de nous-mêmes en tant qu’expérience et non d’expérimenté. Ce
  sont des expériences différentes je parle ou j’entends. Dans la méditation le
  courant sensoriel qui nous irradie sans cesse est sensiblement ralenti, nous nous
  apercevons qu’il n’est pas essentiel et nous prenons simplement notre esprit
  comme un écran qui n’est pas seulement à trois dimensions, mais qui a toutes
  les dimensions qu’ont nos sens. Le monde c’est cela pour nous, nous
  l’absorbons, nous le possédons, le monde c’est nous.   Le terme solitude spirituelle n’est-il pas
  un peu faux et ne pourrait-on pas parler de solitude sur le chemin ? On ne
  s’arrête pas pour contempler, la recherche continue, mais dans un sens assez
  déterminé. Certains, très rares, s’arrêtent comme ce fut le cas pour le
  Maharshi. Il y a là une ascèse. C’est un travail d’autodestruction qui ne
  peut aboutir qu’à la mort des instincts, des désirs. C’est la mort de
  soi-même et c’est dans cette mort qu’il y a la résurrection. Le Maharshi a dit
  « La solitude est une attitude mentale. L’homme attaché aux choses de ce
  monde ne peut l’obtenir où qu’il soit. » Après quelques années de recherche,
  il n’y a plus de solitude sur le chemin, car l’on rencontre des gens qui sont
  du même bord. Cela prend du temps | |||
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  RÊVES  D’ABORIGḔNES  EN 
  AUSTRALIE |  Arcadia |  2015 | |
| Chez les Aborigènes
  d’Australie, le « temps du rêve » est le mythe fondateur de la société
  humaine et en même temps sa référence, son idéal. Le rêve, lui, est un
  contact établi entre les hommes et le monde divin, et l’interprétation des
  rêves une tâche noble et difficile qui permet de cheminer vers le divin. Le monde est né d’un rêve : « Chez les
  Aborigènes d’Australie, avec quelques variantes suivant le peuple concerné,
  l’activité onirique s’intègre dans le réel où elle joue un rôle actif. Comme elle
  l’a fait au début des temps. Car c’est d’un rêve que le monde est né. D’un
  rêve de Balamé, le Grand Esprit, l’Intelligence suprême, qui envoya sur terre
  une pluie de parcelles de cette intelligence afin qu’elles matérialisent les
  images reçues pendant son sommeil. Le rêve des humains est donc lui aussi
  important et, à sa manière, créateur. Il est l’un des liens qui relient les
  hommes avec le Temps du Rêve, référence à un monde parallèle exemplaire qui
  corrige et régularise sans cesse le monde des hommes. » La Genèse
  aborigène : « Le rêve étant indissociable de ce Temps primordial, il
  nous faut définir ce dernier pour mieux faire comprendre le premier. Le Temps
  du Rêve représente un ordre cosmologique, l’Essence qui anime l’univers.
  C’est un passé qui n’a jamais commencé, qui est le présent et déjà le futur,
  un exemple de vie, et dont la perpétuelle mouvance doit se refléter sur
  terre. » Les premiers
  écologistes : « Le devoir de maintenir vivant le Temps primordial par
  des rites menant d’un site sacré à un autre imposait aux Aborigènes une vie
  d’éternels pèlerins. Ils allaient, tout au long de l’année, séparés par
  petits groupes, certains de trouver leur nourriture en quelques heures grâce
  à la générosité de la Terre-mère. Leur origine commune avec les autres formes
  de vie, empreintes comme eux de l’Energie vitale sacrée des Entités
  premières, avait créé entre eux et ces dernières une parenté parfois plus
  forte qu’une parenté de sang. » Un paradis
  accessible aux humains : « Ce passé fabuleux continue d’exister. Sans
  lui, le présent ne pourrait être puisque « le présent EST le passé latent qui
  existe toujours en puissance ». (7) C’est un Espace-temps exemplaire qui
  permet de critiquer la vie temporelle pour remédier à ses défaillances ; ceci
  en trouvant dans la succession des événements qui créèrent le monde,
  (événements répertoriés dans les mythes), la manière d’accorder la
  transformation du monde temporel à celle du Temps du Rêve. Il maintient les
  individus dans le droit chemin car, s’il sécurise, il punit aussi tout
  comportement contraire à ses règles morales. Il représente la Loi. Une loi
  souple quant à la forme, implacable quant au fond. (…) Aujourd’hui,
  chaque homme est certain d’avoir séjourné, lors de sa préexistence, dans
  l’une des réserves d’esprits laissées sur son territoire par un Héros des
  Temps mythiques, son « Rêve » ou totem ; chaque homme est certain d’avoir été
  autrefois ce Héros. Pour le redevenir fugitivement, pour retrouver en partie
  Sa mémoire il lui faudra de longues années d’initiation. Il lui faut tout
  d’abord subir une deuxième naissance, celle de son corps spirituel, son yowie
  (8) invisible. Les Aborigènes pensent en effet que l’humain est formé de deux
  corps. » PLACE ET FONCTIONS DU REVE/ Le rêve, assistant de la loi : « Les
  Aborigènes ignorent ou se moquent de nos hypothèses, de notre méconnaissance
  des expériences oniriques. Pour eux, le rêve représente « la mémoire du passé
  et la source des métamorphoses de la société ». » Le rêve, révélateur de
  l’inconscient collectif? « Les rêves sont
  classés suivant les messages qu’ils transmettent. On peut citer les rêves
  anodins, oubliés dès le réveil, les rêves amusants, les rêves médiateurs, et
  les rêves révélateurs/innovateurs. Tous jouent un rôle dans de multiples
  domaines de la vie temporelle. » « Les
  rêves-médiateurs interviennent lors de décisions politiques ou de toute autre
  action qui s’avère litigieuse. Par exemple, le changement de personnages
  importants, comme celui d’un maître de cérémonie, peut se faire lorsque un tel changement a été vécu en songe. Ne peut-on
  voir l’origine de ce rêve dans un désir collectif inconscient d’un tel
  changement ; désir tout aussi inconsciemment capté par un individu qui, un
  jour ou l’autre, l’extériorise par un songe. Quoi qu’il en soit, la «
  modification » se fait avec l’accord de tous, même de celui du dépossédé: on
  ne discute pas la Loi venue du monde des songes. » L’art: le thème
  onirique le plus fréquent : « Quant aux rêves-révélateurs-innovateurs,
  ils font connaître un événement du passé, du présent ou de l’avenir. Certains
  de ces rêves sont très importants car ils concernent le maintien de la force
  d’action transcendante de toutes les formes d’art et d’objets sacrés qui
  participent aux rites ; ils concernent également le maintien du pouvoir des
  armes. C’est un songe qui révèlera à un homme ou à une femme quelle «
  technique » doit être utilisée. Le rêveur recevra l’image du nouveau symbole
  à graver sur le tjuringa (…) » Le rêve, facteur
  d’immortalité d’une civilisation : « En imposant une perpétuelle transformation
  des formes du rite, le rêve est sans doute l’un des facteurs qui contribue à
  maintenir intacte la foi des Aborigènes depuis des dizaines de milliers
  d’années. En effet, en réactualisant leur liturgie, c’est-à-dire en «
  modernisant » les « techniques » de leurs parents, ces hommes surent éviter
  la lassitude pour des pratiques rituelles trop anciennes. Transformées un
  tant soit peu, elles deviennent autres ; ils les perçoivent alors comme leur
  Création. » Le rêve, un monde
  où vivants et morts dialoguent ‘ : « C’est également pendant le séjour
  dans le monde du rêve que les vivants rencontrent les morts. » L’assistant des
  poètes : « D’autres rêves, les rêves-totems, souvent rêves-poésie, sont
  perçus comme les assistants des « songmen » et des
  Grands Sages. En effet, ils leur apprennent de nouvelles chansons, de
  nouveaux vers, vers masculins ou féminins suivant le sexe du dormeur : ici,
  la poésie joue un rôle important et ses règles sont subtiles. » L’INTERPRÉTATION DES REVES : Une clé des songes flexible : « Le
  rêveur interprète certains de ses songes lui-même. Par exemple, s’il rêve
  d’une dispute avec l’une de ses épouses, il traduit par une dispute à venir.
  S’il rêve de l’infidélité de sa femme, c’est une dénonciation venue du monde
  invisible. En ce cas l’expérience onirique joue deux rôles, celui de
  révélateur mais aussi de modérateur des pulsions humaines car, dans un
  couple, la possibilité d’un tel songe accusateur modère évidemment les
  aventures extra-conjugales. Notons que certains peuples aborigènes pensent
  que les évènements de la vie quotidienne ne peuvent exister avant d’avoir été
  vécus dans le monde des songes. L’interprétation
  des rêves varie d’une région à l’autre. Partout elle est fort souple, tenant
  compte du lieu où s’est fait le songe, des évènements des jours précédents,
  de la cérémonie à venir, etc. De plus, elle peut être reconsidérée après
  quelques jours. Il ne semble donc pas exister de clés des songes définitives.
  » L’homme des mondes
  invisibles : « Cet homme, à l’intelligence supérieure, est un personnage
  aux pouvoirs fabuleux, respecté de tous ; un médium entre le monde des
  vivants et des morts. Chez l’un des peuples du centre, son statut de Grand
  Sage, d’homme de Grand Savoir, lui vient d’un rêve, un rêve très particulier
  sur la mort, qui clôture de longues et difficiles années d’enseignement.
  Mieux que tous les autres, le Grand Sage a su retrouver sa mémoire du Temps
  du Commencement. » | |||
|                                                             
  CASTOR ET POLLUX  -   | DIVERS  AUTEURS | ARCADIA |  2010 | 
| De
  quoi je vous parle? Qui sont ces «moi»? Comment les voir?
  En quoi entrent-ils en résonance avec moi? Pourquoi le font-ils? Comment le
  font-ils? Comment et pourquoi les rassembler sous une même volute? Comment
  les pousser dans un égrégore unifié afin de ne plus pouvoir vous accrocher,
  de ne plus être en état de parler par vous et de faire porter leurs désirs
  sur vous? Voilà bien des questions à répondre pour activer, chez vous, une
  action volontaire et consciente vers la compréhension de l’arcane XIX, l’oeuvre solaire permettant votre descente vers
  l’Essence pour atteindre l’Être. Verrons-nous la différence avec le mythe de
  Castor et Pollux et celui de L’Arcane XIX ou celui de La Belle Et La Bête
  pour atteindre l’état Androgyne? Cet état unifie le haut et le bas de l’Arbre
  de Vie en vous, non pas le moi inférieur embrasé dans le Feu du Père mais l’essence logée dans le moi inférieur incarnant le
  Moi supérieur dans l’essence de l’Être. Je cite un rappel de cet arcane du
  Tarot du Sepher de Moïse. «Dans la représentation
  hiéroglyphique de ce Nombre Dix-Neuf, dans la lame du livre de Thoth, nous
  voyons Le Soleil à son zénith au-dessus de deux enfants, l’un mâle et l’autre
  femelle et qui se réunissent par les bras, symbolisant ce mariage alchimique
  des contraires, et la réunion d’Adam et Ève, de l’époux et l’épouse du
  Cantique des cantiques de Salomon, ce retour à
  l’androgyne qui est l’état homogène de la Conscience. À leurs pieds un
  parterre fleuri en forme de cercle, indique la sortie possible du cycle des
  réincarnations par ce retour à l’homogène (l’Universel). La maîtrise des
  Dix-Huit premiers Nombres, et leur synthèse par l’analogie des contraires
  fait de ce Nombre Dix-Neuf, celui de la Sagesse, l’intelligence en action par
  la maîtrise des Puissances et des Vertus». Quant au mythe de Castor et
  Pollux, il rétablit la même union : ils ne sont pas la représentation lunaire
  et solaire mais ils sont l’Homme, l’Adam d’avant
  la chute, à la fois Ange et Bête. Cet état survint lorsque Castor eut
  rejoint cet ancêtre divin Adam et la source suprême (Zeus), les deux dioscures n’en firent
  plus qu’un. C’est en souvenir de cette victoire mémorable, que Zeus
  fit la constellation des Gémeaux.» (R.Emmanuel, La
  Mythologie de la Grèce Antique, p.123) Castor et Pollux Les enfants
  de Leda :  
  Voici un bref aperçu de l’histoire de Castor et Pollux. «À Sparte :
  Zeus s’unit à Leda et de cette union naîtra Castor
  et Pollux, les deux dioscures, et Hélène à
  l’éclatante beauté. Leda est donc la Mère Cosmique
  qui s’unit au Grand Architecte de l’univers et qui va couver le grand oeuf du monde, le Chaos. Du point de vue cosmogonique,
  Castor et Pollux représentent la Création sous le signe des Gémeaux. Mais
  cette création va descendre fort loin dans la manifestation. En effet, Castor
  et Pollux symbolisent la Dualité entre l’Esprit et
  la matière ; dans l’homme, le corps et les principes divins. Ce mythe
  représente donc un raccourci de la création. … Il fait descendre
  l’Esprit directement parmi les hommes, tout au moins parmi les héros.» (Idem,
  p.122). Ils vivent une dualité, des contraires : «ils s’entraînent au
  pugilat, montent le même cheval (le corps physique) et leurs javelots sont
  semblables. On les présentait également chacun sur un cheval mais, les
  chevaux vont dans une direction opposés (le corps va vers le monde matériel,
  l’Esprit lui, ne connait qu’une direction : le ciel. Pollux l’emportait sue
  son frère au pugilat (L’Esprit est plus fort que l’homme…) Castor excellait dans l’art de
  dompter les cheveux (le cheval symbolise les passions astrales ou le corps
  physique)…. Lorsque Castor meurt, son frère demande à Zeus de le faire mourir
  lui aussi; Zeus répond qu’il ne peut mourir entièrement car il est de race
  divine, mais s’il tient absolument à partager tout avec son frère, il devra
  se contenter d’une demi-immortalité, il vivra donc comme son frère soit :
  moitié de son existence sur la terre, l’autre moitié dans les demeures dorées
  du ciel. Bien entendu, le corps physique se réincarne comme tous les corps
  physiques et la dualité Castor-Pollux reprend avec l’alternance du jour et de
  la nuit. Les dioscures vivront donc ainsi : Castor
  de jour et Pollux la nuit. » On sait que le corps physique et le corps
  éthérique se fatiguent dans le vécu de l’état de veille. Lorsque le corps
  dort, il y a une séparation du corps astral de ceux-ci. Alors, le corps
  éthérique, libéré du plan astral, peut réparer ou arriver à réparer le corps
  physique.  Ce qui est remarquable, c’est
  que ce mythe est humain et astrologique. D’abord ce mythe est humain par sa
  vie de désirs et par le mental qui les active. Il rappelle le mythe de
  Prométhée. Prométhée dont le corps physique (et le
  foie, organe du plan astral) se fatigue pendant le jour car il est soumis aux
  passions astrales qui lui rongent le foie. La différence entre Pollux et
  Prométhée, c’est que le divin Pollux va rejoindre sa famille divine, le Moi
  Supérieur, pendant la nuit, alors que Prométhée se fait détruire le foie sans
  pouvoir finalement se sortir de ce processus d’enfer. C’est le parfait
  exemple de celui qui ne se sort pas de ses croyances : il est mangé par ses
  passions et il ne peut plus se réparer car les autres corps sont aussi
  coincés par les croyances sous les passions et désirs. Alors que Prométhée
  renaissait pendant la nuit, le jour, le vautour des passions le dévorait.
  Pollux, lui, lorsque Castor dort, il va se retremper dans sa patrie.  Ce qui est remarquable aussi,
  c’est que le «divin» Pollux est prisonnier de son corps physique, donc de
  Castor qui vit de jour, nous donnant ainsi l’image parfaite de la descente du
  Moi vers l’essence dans le corps physique, là où l’Ange et la Bête se
  rencontrent. « La grande tradition
  nous l’explique : Castor vit de jour dans son corps physique et celui-ci est accompagné
  de tous ses corps subtils, soit l’astral, le mental et le moi; Pollux est
  donc le prisonnier du corps physique. Il est coupé de son monde à lui, le
  monde de l’Esprit. Castor fait ce qu’il lui plait avec son corps physique. Le
  pouvoir de son frère est réduit à peu de chose, il ne peut agir que par la
  voix de la conscience et Castor est libre d’écouter cette voix ou de
  l’ignorer. C’st pourquoi il est dit que Castor vit
  durant le jour. La nuit, il en va tout autrement, le corps physique dort.
  Autrement dit, il perd connaissance, la vie physique de
  Castor s’est éteinte. Pollux s’échappe du corps qui le retient
  prisonnier avec les corps subtils et va vivre dans sa céleste patrie. Il est le
  maître de la vie véritable à son tour, et tourne le dos à la vie terrestre (dioscures à cheval en direction opposée). Pollux est la
  vie divine incarnée dans l’homme. C’est pourquoi il se sacrifie pour le salut
  de son frère qui, lui, est maître dans l’art de dompter les chevaux. Nous
  avons vu que le cheval était le symbole de l’intelligence et qu’il représente
  le corps physique qui est le cheval de l’âme, que celle-ci utilise pour
  évoluer | |||
|   SYMBOLISME DE LA MEZOUZA  JUIVE |  ARCADIA |  2016 | |
| Et tu les écriras
  [les mots du Chema] sur les montants des portes de ta maison et à tes
  portails. - Deutéronome 6,9 ; 11,20 Le Judaïsme n’est pas une foi confinée dans les
  synagogues. Dans le confort et l’intimité de nos maisons, nous aspirons
  également au spirituel. Une Mézouza apposée au montant de la porte identifie
  la maison comme juive, nous rappelant notre lien avec Dieu et notre héritage. Une Mézouza n’est pas, contrairement à une croyance
  populaire, l’étui extérieur. La Mézouza est en réalité le parchemin qui se
  trouve à l’intérieur, calligraphiée par un scribe expert que l’on appelle un sofer.
  Elle contient le « Chema », un passage biblique proclamant
  l’unicité de Dieu et la dévotion du peuple juif envers le Tout Puissant. La
  Mézouza est alors placée dans un étui ou un boîtier en verre, bois, métal ou
  tout autre matériau puis, après la récitation d’une bénédiction, est fixée au
  montant de la porte. En plus de son rôle comme expression et rappel de notre
  foi, la Mézouza est aussi le symbole de la protection que Dieu accorde à
  cette maison et à ses habitants. Le nom de Dieu, Cha-daï, qui apparaît
  au verso du parchemin est l’acronyme des mots hébraïques signifiant
  « Gardien des portes d’Israël ». La présence d’une Mézouza aux
  portes d’une habitation ou d’un bureau en protège les habitants, qu’ils s’y
  trouvent ou non. Nous témoignons de notre révérence envers la Mézouza en la
  touchant du bout des doigts et en embrassant ces derniers lorsque nous
  passons par une porte qui a une Mézouza. À travers l’observance de cette
  Mitsva (commandement divin), nous introduisons une mesure de spiritualité et
  de sécurité dans nos foyers. La Torah nous promet également que quiconque
  accomplit scrupuleusement la Mitsva de Mézouza vivre une vie plus longue et
  plus prospère, de même que ses descendants, comme le dit le verset
  Deutéronome 11, 21 : « De sorte que se multiplient vos jours et
  ceux de vos enfants... » Une Mézouza désigne une maison ou une chambre comme
  "juive" marquant ainsi la dimension vraie du lieu auquel elle
  introduit. Elle doit être fixée sur le linteau droit de chaque porte de la
  demeure (à l'exception des sanitaires). Le Nom divin de Shaddaï-i qui
  apparaît à l'extérieur de chaque Mézouza, est expliqué par nos Sages : Dieu
  est "le gardien des portes d'Israël". La Mézouza protège la maison
  et ses occupants. Il faut veiller à ce qu'elle soit cachère : d'abord en en
  faisant l'acquisition auprès d'un sofer (un scribe) compétent, ensuite en la
  donnant régulièrement à vérifier, son écriture pouvant subir les dommages du
  temps. La Mitsva de Mézouza nous indique clairement que la
  synagogue et la maison d'étude ne sont pas les seuls endroits saints. Bien au
  contraire, notre foyer peut et doit être un sanctuaire sacré. La
  Mézouza, c'est ce petit rouleau de parchemin, sur lequel les caractères
  manuscrits ont une forme particulière, et que l'on fixe au fronteau droit de
  chaque pièce de la maison. Elle symbolise la sainteté du foyer juif. Elle manifeste que Dieu veille sur cette maison et sur
  tous ceux qui s'y trouvent. Elle rappelle à celui qui entre que «cette
  demeure est un sanctuaire de Dieu». La Mézouza contient deux passages de la Bible qui
  mentionnent ce commandement : «Chema» et Vé haya» (Deut. 6:4-9; 11:13-21).
  «Chema» affirme le principe de l'unité de Dieu et rappelle notre devoir
  éternel et sacré de ne servir nul autre que Lui. «Véhaya» exprime la promesse
  de Dieu de nous récompenser parce que nous aurons respecté les préceptes de
  la Torah, et de nous rétribuer selon nos actes si nous leur avons désobéi. Au
  verso du parchemin apparaît le nom de Dieu CHADAI. Ce nom correspond aux
  initiales de trois mots en hébreu : Chomer Daltot Israël, c'est-à-dire
  Gardien des portes d'Israël». Comment la poser? Avant
  de fixer une Mézouza à sa porte, il faut dire la bénédiction suivante : Barou'h
  Ata A-do-naï Elo-hénou Mélé'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vétsivanou
  Likboa Mézouza. Béni sois-Tu Eternel notre Dieu, Roi de l'univers, Qui
  nous as sanctifiés par Ses Commandements et nous as ordonné de fixer une
  Mézouza. Si l'on pose plus d'une Mézouza en même temps, on ne dira
  qu'une bénédiction. La Mézouza doit être fixée : ·       
  En position
  inclinée la partie supérieure vers l'intérieur de la pièce. ·       
  A la droite de
  la porte, dans le sens de l'entrée. ·       
  En bas du tiers
  supérieur de la hauteur de la porte. (1) ·       
  Sur
  l'encadrement extérieur de la porte. Quelques lois ·       
  La porte
  d'entrée n'est pas la seule porte de la maison où une Mézouza doit être
  posée. En effet, il faut fixer une Mézouza à la porte de chacune des pièces
  de la maison mesurant au moins quatre coudées sur quatre (une coudée
  correspond à environ 50 cm). ·       
  Si la
  superficie de la pièce dépasse 16 coudées carrées, alors que sa largeur est
  inférieure à quatre coudées, on posera une Mézouza sans dire de bénédiction. ·       
  On ne met pas
  de Mézouza à la porte d'une salle de bains. ·       
  Une maison, ou
  un appartement, que l'on prend en location ne réclame de Mézouza qu'au bout
  de 30 jours. Cependant, en Israël, il faut poser une Mézouza immédiatement, y
  compris dans ce cas. ·       
  S'il n'y a pas
  réellement de porte mais seulement une ouverture, il faut fixer une Mézouza
  mais sans dire la bénédiction. ·       
  On a l'habitude
  de poser la main sur la Mézouza en entrant et en sortant. Pour la prière
  avant d'aller dormir, juste avant de se mettre au lit, on a l'usage de faire
  de même. ·       
  La Mézouza peut
  être posée le jour ou la nuit tous les jours de la semaine sauf Chabbat et
  Yom Tov. ·       
  La Mézouza peut
  être posée par un homme ou bien par une femme. ·       
  Une Mézouza
  doit être vérifiée au moins deux fois en sept ans. Il vaut pourtant mieux le
  faire plus souvent. De toutes les manières, cette vérification doit être
  effectuée par une personne qualifiée Une double protection Le
  roi David dit dans les Psaumes : «Dieu te gardera quand tu sortiras
  et tu entreras, aujourd'hui et pour toujours ». Ainsi, Dieu protège l'homme qui se trouve dans la maison.
  Mais Il le protège aussi quand il sort de chez lui, par la Mézouza fixée à sa
  porte. Le Talmud nous rapporte l'histoire de Rabbi Yehoudah Hanassi (le
  «Prince»). Il nous raconte qu’Artaban, le roi des Parthes, voulut lui offrir
  un cadeau. Il lui envoya une perle magnifique. Rabbi Yéhouda, pour le
  remercier, lui fit porter également un cadeau : une Mézouza. Le roi
  pensa que Rabbi Yéhouda se moquait de lui; il lui dit : «Ton cadeau est
  une offense! Je t'ai envoyé un présent d'une valeur inestimable, et toi, tu
  me fais porter une babiole insignifiante!»  Rabbi Yéhouda lui expliqua alors : «La perle que tu
  m'as envoyée est si précieuse que je dois la mettre sous bonne garde. Mais le
  cadeau que je t'ai offert, au contraire, te protège constamment, même
  pendant ton sommeil!» Le Talmud nous raconte qu'un personnage important de
  l'Empire Romain, Onkélos, fils de Kalonimos, s'était converti au judaïsme.
  Cela avait tant soulevé la colère de César qu'il lui envoya une troupe de
  soldats chargés de le «ramener à la raison». Mais Onkélos parvint à les
  persuader de se convertir à leur tour. César décida d'envoyer un autre
  groupe. Mais il les mit soigneusement en garde, leur ordonnant de refuser toute
  discussion avec Onkélos. Les soldats arrêtèrent ce dernier et voulurent
  l'amener à César. Mais, Onkélos, à la porte de sa maison, mit la
  main sur la Mézouza et sourit. Les soldats demandèrent une explication.
  Onkélos leur dit : «Habituellement, les rois restent
  au fond de leur palais et leurs serviteurs doivent, au-dehors, monter la
  garde. Mais notre Roi, le Roi de l'univers, laisse Ses serviteurs dans leur
  maison et c'est Lui Qui veille à l'extérieur»  | |||
| JANUS DIEU 
  ROMAIN | ARCADIA |  2010 | |
| Janus est un dieu exclusivement romain, protecteur de la
  ville de Rome. Il est souvent associé à Vesta (déesse des foyers) et Saturne
  (Chronos dans la mythologie grecque). Origines : Les origines de
  Janus sont troubles : différents auteurs se disputent l’endroit de sa
  naissance et son statut véritable, de prince grec à demi-dieu, mais il est
  certain qu’il venait de Grèce, et qu’il n’était pas un dieu du panthéon grec.
  Il prépara une flotte, se rendit en péninsule italique, alors occupée par
  différents peuples, et conquit entre autres le Latium (où vivaient les
  Latins, futurs Romains). Il y fonda la ville de Janicule. Lorsque Saturne fut
  déchu et que son fils Jupiter prit la tête du panthéon romain, il chercha
  refuge et le roi Janus l’accueillit avec hospitalité. Ils s’associèrent pour
  régner sur le Latium, apportant prospérité et richesse au pays. En mémoire de
  cet Age d’Or, on fêta longtemps les Saturnales, trois jours de Décembre où
  tous étaient égaux, sans rang d’esclave ou de maître, dans l’abondance. Je n’ai trouvé aucune information
  sur comment il est devenu un dieu, mais je manque de sources sûres. Toujours
  est-il qu’à l’époque romaine, il était devenu un dieu puissant, de premier
  ordre dans la mythologie romaine, à l’égal de Saturne et de ses fils. L’étymologie
  la plus courante de Janus vient du latin ianua
  (portes) et ianitor (portier). Les deux visages : En
  remerciement de son hospitalité, Saturne offrit à Janus un don précieux :
  celui de voir le passé comme l’avenir. C’est pour cela qu’il est représenté
  avec deux têtes regardant dans deux directions opposées. On l’appelle alors
  Janus bifrons (deux têtes, en latin). L’une de ces têtes
  était barbue et l’autre imberbe, représentant la dualité Soleil-Lune. Mais,
  avec le temps, les deux têtes devinrent barbues. Les devins qui en référaient
  à ce dieu, les janides, pouvaient lire l’avenir dans les
  entrailles d’animaux sacrificiels. Il est également le dieu des
  portes et des fenêtres, qui s’ouvrent à la fois sur l’intérieur et sur
  l’extérieur, qui s’ouvrent et qui se ferment, et correspondent donc
  parfaitement à la dualité de Janus. En cela, il est avec les Heures le
  gardien des Portes Célestes, ses deux visages lui permettant de surveiller
  l’ensemble de l’univers sans bouger. D’ailleurs, à Rome, son temple principal
  avait la particularité d’ouvrir ou de fermer ses portes selon que Rome était
  en guerre ou non : en temps de guerre, ses prêtres ouvraient les portes pour
  signifier que Janus était parti au combat pour protéger son peuple, et en
  temps de paix, les portes étaient fermées, parce que le dieu était de retour
  chez lui. Par extension, il devint donc le dieu protecteur de la ville et un
  des dieux de la paix. Janus quadrifrons : Plus
  tard, Janus fut parfois représenté avec quatre visages. Il était alors la
  représentation des quatre saisons, et donc du cycle de l’année, présent à son
  commencement et à sa fin. Par extension, il devint le dieu des commencements
  : il préside encore aujourd’hui au début de l’année, puisque Janvier porte
  son nom. Il présidait à chaque début temporel : premier mois de l’année,
  premier jour de chaque mois, première heure de chaque jour, et bien sûr le
  début de la vie ; il était souvent le dieu appelé en premier lors des
  cérémonies, même celles concernant d’autres dieux, plus importants ou non. Représentations et interprétations de Janus : Protecteur
  de Rome, Janus était présent un peu partout dans la ville. En plus du temple
  principal qui lui était consacré (celui aux portes qui s’ouvrent en temps de
  guerre), on avait consacré, au-delà de la porte du Janicule, douze temples à
  Janus, un pour chaque mois de l’année. On trouve aussi certains temples
  consacrés spécifiquement à Janus quadrifrons, comme la
  célèbre Arche, à Rome.Dans le domaine littéraire,
  Ovide a consacré le premier livre des Fastes, qui correspond au
  mois de Janvier, à ce dieu. Il y identifie Janus comme étant le Chaos
  originel des grecs. Lorsque ce chaos se sépara pour former les quatre
  éléments primitifs (terre, air, eau, feu), il en émergea un dieu, Janus, dont
  le double visage est la seule trace de la confusion qui régnait jusqu’alors.Janus est un dieu pacifique,
  généralement classé hors du panthéon romain (c’est un dieu local et non
  cosmogonique), mais puissant et protecteur. Sa fonction de portier et de dieu
  des commencements en font un dieu essentiel de toute cérémonie, à commencer
  par celle qui ouvre l’année. C’est cet aspect du dieu qu’on retient le plus
  souvent, contrairement à sa capacité de voir le passé comme l’avenir. Mais
  dans tous les cas, il est lié au passage, du temps comme de l’espace.Le nom de Janus est assimilable à un nom commun
  signifiant « passage ». L'irlandais a dérivé de la même racine le
  mot désignant le « gué » et la porte d'une maison se dit en latin janua ;
  inutile sans doute de recourir au dieu étrusque Ani pour expliquer le Janus
  latin. Il est le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un
  autre. Dans l'espace d'abord : il veille sur le seuil de la maison,
  protégeant le passage de l'intérieur à l'extérieur et inversement ; il
  préside au passage de la paix à la guerre et inversement, c'est-à-dire au
  départ de l'armée pour l'espace extérieur à la ville et à son retour vers
  l'espace intérieur de la même ville ; il assure enfin le passage du monde
  des hommes à celui des dieux et, à ce titre, est toujours invoqué au début de
  toute prière rituelle.Dans le temps ensuite : il est le dieu du
  matin ; on l'honore le premier jour du mois, aux calendes, et il a donné
  son nom au mois qui devait devenir le premier de l'année, januarius
  (janvier). Il préside de même au passage à l'histoire, comme premier roi
  légendaire du Latium, ce qui a justifié son assimilation au Chaos des Grecs.
  Sa représentation iconographique traditionnelle résume ces deux
  aspects : les deux visages de la statue évoquent le présent comme
  transition du passé au futur et il est paré des emblèmes du portier, le bâton
  et la clé. Dans l'être enfin : il veille sur la naissance comme passage
  du néant à la vie. En fait, si la notion de passage reste partout sensible,
  elle se confond parfois avec celle de commencement, en particulier à
  l'occasion de la naissance et des calendes ; d'où des interférences avec
  d'autres divinités, Junon entre autres. | |||
|                                                                                                 « 
  LE  RAPPEL  DE 
  SOI »  |   
  ARCADIA |  2014 | |
|          Souvenez-vous ce que
  disent les maitres soufi … Le
  plus grave dans la vie est de s'oublier de soi-même. Donc il est nécessaire
  de transformer les impressions, et ceci est seulement possible en interposant
  l’Être entre les différentes vibrations du monde extérieur et le mental.
  Quand on interpose entre les impressions et le mental ce que nous appelons la
  Conscience, il est évident que les impressions se transforment en des Forces
  et des Pouvoirs d'Ordre Supérieur. Il
  est très facile d'interposer la Conscience entre les impressions et le
  mental. Pour recevoir les impressions avec la Conscience, et non avec le
  mental, on a besoin seulement de ne pas s'oublier de nous-mêmes à un moment
  donné (…) Nous devons être concentrés sur l'Être, pour que soit l’Être, la
  Conscience Superlative de l'Être, celle qui reçoit les impressions et qui les
  digère correctement. On évite ainsi les réactions horripilantes que tous, les
  uns et les autres, avons devant les impacts provenant du monde extérieur. On
  transforme ainsi complètement les impressions, et transformées, elles nous
  développent merveilleusement. Parce
  que si on s'oublie de son propre Être Intérieur en présence d'un insulteur,
  on termine en l’insultant ; si on s'oublie de soi-même, de son propre Être,
  en présence d'un verre de vin, on finit en ivrogne ; si on s'oublie de
  soi-même, de son Être propre en présence d'une personne du sexe opposé, on
  finit en fornicateur. Quand
  on apprend à vivre en état d’Alerte Perception, d’Alerte Nouveauté, quand on
  se rappelle à soi-même d’instant en instant, (…), quand on ne s'oublie jamais
  de soi-même, il est indubitable que nous devenons conscients. Au moment d’une
  tentation rigoureuse, d’un découragement et d'une peine, on doit avoir
  recours au rappel intime de soi-même. Quand
  soi-même, on se donne le choc du "Rappel de Soi", un changement
  miraculeux se produit réellement dans tout le travail du corps, de sorte que les
  cellules reçoivent un aliment différent. Dans le fond de chacun nous, la
  Tonantzin aztèque, la Stella Maris, l'Isis égyptienne, Déesse Mère, nous
  attend pour guérir notre coeur endolori. Aucun
  homme n'est un véritable croyant, à moins qu'il ne désire pour son frère
  autant qu'il désire pour lui-même. Dieu ne donnera pas son affection à cet
  homme qui ne donne pas la sienne propre à ses créatures. Le préféré de Dieu
  est celui qui fait le bien à Ses créatures. Le meilleur parmi les hommes,
  c'est celui qui augmente le bien de l'humanité. Toutes les créatures de Dieu
  sont sa famille. Le plus aimé par Dieu est celui qui essaie de faire un bien
  plus grand à Ses créatures. Il nourrit l’affamé, visite le malade et libère
  le captif quand injustement il a été emprisonné. Il aide toute personne
  opprimée, qu'elle que soit sa religion, son origine.... Il aime avant tout
  son prochain. Tout
  homme peut atteindre la libération au moyen de sa foi et de ses bonnes
  actions (…) Annihilez votre ego. Servez l'humanité souffrante. Sacrifiez
  votre argent, votre temps et votre énergie au service des pauvres et des
  opprimés. Ceci en effet vous fournira le salut ou la liberté.  Dans la vocation missionnaire, il y a du
  sacrifice, et que “si nous ne faisions
  rien pour porter la lumière de la connaissance à d'autres gens, à d’autres
  peuples et à d’autres langues, nous tomberions dans un égoïsme spirituel,
  très raffiné, qui nous empêcherait toute avance intérieure”. Aimer sans
  demander rien en échange, éliminer la rancœur, pardonner droitement les
  défauts d'autrui, donner sa vie pour le prochain, tout véritable sacrifice
  est récompensé par Dieu.  | |||
 
| RḖFLEXION SUR LE  PETIT PRINCE ET L’INITIATION PAR LE CONTE | Walter Boralis |  2005 | |
| Conte
  initiatique et humaniste, qui interroge notre être profond et notre
  civilisation. Texte littéraire reconnu dans le monde entier comme un joli
  conte pour enfant, il est aussi porteur d’une critique forte et engagée de
  l’homme contemporain et du monde qui l’entoure. Il réaffirme la nécessité de
  solidarité, d’amour, d’ouverture à l’autre. C’est aussi une invitation
  d’Antoine de Saint-Exupéry à retrouver l’enfant en soi, conte philosophique
  tout en tendresse et poésie. Le roi, le vaniteux, le buveur, le businessman,
  l’allumeur de réverbère, le géographe, le serpent, l’écho, le renard etc…
  tous seront sur la route du Petit Prince, petit bonhomme à l’écharpe dorée,
  au regard candide, neuf. Le
  Petit Prince est sans aucun doute un des plus beaux plaidoyers jamais écrits
  contre le nihilisme et pour le réenchantement de la vie. C'est un
  chef-d'œuvre, une consolation, un puits dans le désert du monde, une
  promesse... " Lorsqu’en
  1942 Curtice Hitchcock, l’éditeur américain de Saint-Exupéry, lui demande de
  rédiger un « conte de Noël », il cherche à exploiter sa notoriété immense aux
  États-Unis pour réaliser une opération commerciale. Saint-Exupéry s’attelle à
  la tâche, mais, préoccupé par d’autres questions d’ordre existentiel, il va
  alors faire évoluer l’idée initiale vers un projet autrement plus ambitieux :
  Le Petit Prince dépasse le cadre du conte pour devenir un mythe.  La
  reprise de la structure du conte philosophique : Le Petit Prince reprend le schéma du conte philosophique tel
  que Voltaire a pu l’inventer, avec « Candide » ou « Micromégas » par exemple
  : comment ne pas voir en effet dans le voyage intersidéral du petit prince
  une réécriture de la visite de la terre par un extraterrestre venu d’une
  planète proche de l’étoile Sirius, conte qui s’inspirait lui-même de la mode
  des voyages extraordinaires ? Les visites successives des six planètes
  puis de la terre par le petit prince, où chaque planète constitue une étape
  dans la formation du petit prince, donne ainsi au récit une dimension
  clairement initiatique qui l’enracine dans le genre du conte
  philosophique.  La
  reprise des codes du conte philosophique : Mais surtout Le Petit Prince s’inscrit dans la dimension
  satirique propre au conte philosophique. En effet, Saint-Exupéry reprend
  également la technique du regard étranger, inaugurée par Montesquieu dans ses
  Lettres persanes, où le regard perçant des Persans rend soudain visible les
  bizarreries du mode de vie français que les Français, anesthésiés par
  l’habitude, n’arrivent plus à déceler : le regard étranger par sa naïveté
  feinte porte une critique de la société et Voltaire exploitera ce procédé du
  regard candide et ingénu dans… Candide et L’ingénu. Le point de vue naïf
  et innocent, typique du regard enfantin que porte le petit prince, se
  manifeste dans la conclusion de la visite de chaque planète : « Les grandes
  personnes sont décidément très bizarres » et permet de dénoncer aussi bien le
  comportement du roi que du vaniteux, du buveur, du businessman ou du
  géographe – personnages croqués qui ne sont pas sans rappeler les portraits
  de La Bruyère dans Les caractères (d’où leur absence de nom). Une parodie de conte philosophique : Saint-Exupéry dépasse cependant le simple
  cadre du conte philosophique et le réécrit parfois de façon parodique : « [Un
  astronome turc] avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à
  un congrès international d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause
  de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement, pour la
  réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous
  peine de mort, de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa
  démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le
  monde fut de son avis ». Cet épisode constitue une réécriture du célèbre «
  Comment peut-on être Persan ? » de Montesquieu, mais sur un mode dégradé :
  peut-être peut-on voir Mustapha Kemal Attatürk dans la figure du dictateur
  turc mais c’est surtout l’antiphrase “ heureusement ” qui donne tout son caractère
  ironique à ce passage…  Un conte à la frontière du mythe : Mais à partir de la rencontre avec le renard
  le texte change de dimension et quitte le conte pour entrer dans le mythe. Le
  petit prince ne rencontre plus des personnages humains mais des animaux
  symboliques (le renard et le serpent), qui vont lui dévoiler des vérités
  éternelles – à la différence du conte où le parcours initiatique dévoile des
  vérités personnelles sur le héros : « l’essentiel est invisible pour les yeux
  » (qui reprend la théorie de Platon sur le monde des Idées qu’illustre
  l’éléphant caché dans le boa) et « on ne voit bien qu’avec le cœur » (qui
  reprend la distinction de Pascal sur les vérités sensibles au cœur,
  c’est-à-dire à l’intuition, par opposition aux vérités que l’on peut
  atteindre par la déduction et la raison).  Paradoxalement, c’est ce petit livre, tant décrié à sa
  parution en 1943 et que l’on taxa de futilité en temps de guerre, qui assure
  aujourd’hui la notoriété de l’auteur ; peut-être parce que – plutôt que de
  chercher à être immédiatement utile – il s’est intéressé à ce que l’amitié,
  l’amour et la mort peuvent avoir d’universel. Évidemment Saint-Exupéry a
  bien choisi les titres de ses livres ! ... "Vol de nuit", "Courrier sud"... Les mots
  et les images évoqués ainsi concourent tous à exprimer cette direction unique
  et essentielle de son message, la ligne de force de toute son œuvre : la
  découverte, le maintien conscient et le partage du Mouvement bien ordonné... Quel message intégral, rappelant le symbole du "Serpent
  Ouroboros" de l'alchimie! Ne pouvons-nous pas résumer ainsi : la ligne
  de force de son œuvre, c'est le rappel des Lignes de Forces de la Vie...Le
  voici déjà, lui qui, pionnier de l'aéronautique ouvre des terrains et des
  lignes d'aviation, de l'aéropostal "la ligne" et autres itinéraires
  aériens à travers le monde..., comme si ses conceptions, ses intimes pulsions
  de vie s'incarnaient ainsi dans la matière. Préoccupation naturelle se
  "somatisant" pourrait-on dire, en occupation contraire: un couple intérieur-extérieur
  si souvent antagoniste chez les êtres qui n'ont pas su, ou accepté de, relier
  déjà leur cœur et leur tête... et dont le métier est douloureusement sans
  rapport avec leur idéal et leurs souhaits ! Saint-Exupéry a constaté cette nécessité d'incarnation; il
  l'explique très nettement ainsi : "Tu ne trouveras point la paix si
  tu ne te fais véhicule, voie et charroi". Mouvement vers... la
  "Terre des Hommes"; vers la découverte, le maintien conscient et le
  partage d'"un sens à la vie", comme ses autres ouvrages nous
  le font de nouveau découvrir par leurs titres. Mais attention! "Vol de Nuit", "Pilote de
  Guerre": tant de difficultés dans ce cheminement obscur et violent de
  l'existence! Il faudra prendre ses distances, voir les choses "d'en haut"
  : Le cheminement devient alors épreuve initiatique, Cheminement initiatique;
  dans le cas contraire le résultat est terrible : "myope et le nez
  contre, je n'ai rien vu jamais que lâcheté, sottise et lucre. Mais de la
  montagne où je m'assieds, voici que j’aperçois l'ascension d'un
  temple dans la lumière". Ayant pris ses distances vis-à-vis des relativités terrestres,
  grâce à son avion comme par l'intermédiaire du désert, Saint-Exupéry, comme
  tous les guides dignes de ce nom, les "voyants", les connaissant de
  quoi que ce soit, a "vu quelquefois ce que l'homme cru
  voir" (Rimbaud); il peut le révéler pour ses lecteurs, pour ses
  "amis" au sens phonétiquement cabalistique du mot, pour ceux dont
  l'âme est déjà proche de la sienne... Qui n'a jamais connu, au lycée ou dans "les chemins de
  grand vagabondage", une telle rencontre, un tel lien intellectuel et
  affectif, de "cœur", avec un auteur qui expose pour lui les lignes
  de force de l'existence, est fort à plaindre! Qui n'a jamais perçu ainsi,
  comme Dante: Béatrice et Virgile, comme tant de troubadours: la
  "Dame" comme tant d'autres : des "stars"- modèles,
  "une étoile pour guider sa marche", aura beaucoup à peiner, à se
  fourvoyer pour redécouvrir, solitaire, "ce champ de force qui seul l'anime",
  qui est " direction et tendance vers". "tout le monde n'a pas
  eu un ami" constate Saint-Exupéry dans le "Petit Prince". Lui, tout comme il lançait des lignes à travers le désert pour
  transporter les messages des hommes (l'Aéropostale), le voici qui lance, dans
  tous ses ouvrages, ces "lignes de force", ces
  "structures" essentielles pour aider dans la traversée d'un désert
  tant intérieur ("On ne voit rien. On entend rien" (P.P) "le
  désert c'est moi" (Terre des Hommes) qu'extérieur ("à mille milles de
  toute terre habitée"... "Où sont les hommes" (P.P). C'est bien
  là ce que tente de faire tout ouvrage initiatique, toute voie initiatique,
  diamétralement opposée en cela aux romans "à l'eau de rose", aux
  récits de cas psychanalytiques et autres ouvrages ("créations" ou
  conseils ) concluant à la faiblesse inhérente à l'être humain ou à l'ineptie,
  à l'absurdité de l'existence ; à l'aliénation (alien?)... Saint-Exupéry affirme bien clairement, lui l'existence de
  liens : "Comptent pour l'homme d'abord et avant tout la tension des
  lignes de force dans lesquelles il trempe". Pas les impulsions des
  désirs personnels! Les pulsions sous-tendant celles-ci : il ne s'agit pas
  "de cultiver tes désirs. Car si rien ne s'y meut, il n'est point de
  lignes de force"... Ainsi, comprenons-le bien, pas de mouvements vers "le
  repos du 7ème jour", les "diamants en vrac", "les femmes
  (qui) se vendent", "l'île heureuse" qui rendraient l'être
  semblable au "bétail morne"... Non! Le mouvement est en direction
  des hauteurs de soi-même, de l'origine de soi-même (sens véritable
  d'"initiation"), vers la "connaissance du nœud divin qui
  noue les choses", vers le Maître du champ des forces, ce point
  mystérieux que Saint-Exupéry nomme tout-à-tour "Seigneur",
  "Dieu", "Eau, Désert", etc...  Il s'explique plus catégoriquement à ce sujet : "Les
  lignes de force créées doivent te dominer de plus haut pour que tu y trouves
  tes pentes et tes tensions et tes démarches (...) et (pour te) rassembler à
  quelque chose qu'il n'est point de toi de comprendre". Heureux ceux
  qui le réalisent et vivent ainsi! Les autres sont en "exil" - et
  Saint-Exupéry, exilé en Angleterre, incompris de ses amis, calomnié par
  d'autres sait de quoi il parle! La terre est alors pour eux, comme pour le
  Petit Prince, un véritable désert... "les grandes personnes (elles),
  s'imaginent tenir beaucoup de place" (P.P); mais celui qui n'est ni
  mégalomane, comme le roi rencontré par le Petit Prince, ni un vaniteux
  schizoïde, ni un drogué s'auto-justifiant toujours, ni un "responsable"
  de futilités, ni un obsédé de travaux inutiles, ni un... "mouton",
  sera bien vite amené à "ne voir personne" (P.P passim) sur la
  terre...Il ne rencontrera que ce qu'il cherche véritablement, même si
  inconsciemment: un sage renard pour le guider, un Petit Prince qui
  "réveille" ou un Aviateur en quête, comme lui, de cet "essentiel
  (...) invisible pour les yeux" (P.P); le Maître n'arrive-t-il pas,
  comme le révèlent aussi bien le Bouddhisme que la théorie des champs
  morphogénétiques, lorsque l'élève est prêt ? Les "lignes de force" qui sous-tendent l'existence
  ne sont-elles pas toujours présentes, actives et utilisables pour l'être qui
  ne s'enfourne pas, pour les éviter ou les contrer, dans les
  "trains" où il va "bailler", "dormir", pour
  l'être qui ne cherche pas à faire "des économies de temps" ? (P.P).
  Et ne sont-elles pas données à l'être dès sa naissance? Les familiers du
  "Petit Prince" ou des héros de " l'Oiseau Bleu" de
  Maeterlinck iront plus loin dans ce constat: ils réaliseront vraiment que
  l'on puisse "profiter d'une migration d'oiseaux sauvages", de
  lignes de forces naturelles pour changer de planète! Ce sont de solides champs de forces que révèlent toutes les
  aventures- devenant ainsi épreuves-aides "initiatiques" - relatées
  par l'auteur, " des lignes de force dans lesquelles il trempe" lui,
  comme tous les êtres humains ou les animaux... Leur solidité de base, leur
  inné consciemment perçu! Voilà bien alors pourquoi le Pilote de ligne
  s'exclame : "J'ai toujours connu comme tristes les émigrés"...
  Aujourd'hui, ajoute-t-il, "les hommes manquent de racines"
  (P.P) car ils les ont quittées pour les "remous contradictoires"
  de leurs "pentes naturelles", c'est-à-dire de leurs désirs
  égotiques de leurs "fausses structures (qu'ils) inventent par
  jeu"..."Ils ont tout désaimanté" (Et le mot, ambigu
  dans son double-entendement, maintenu par la langue des Oiseaux sacrée, est
  fort parlant) "en défaisant ce nœud divin qui noue les choses". Les retrouver, les maintenir, ces coutumes, ces traditions,
  ces fêtes, ces lois et ce langage de l'"empire" c'est sauver
  la "citadelle", la "demeure" et ses
  habitants "des projets de sable", de "l'effritement
  des choses", de l'existence ou l'on vit "seul, sans personne
  avec qui véritablement parler" et "tellement triste"  "Je t'ai dit qu'il fallait des
  objets reliés", lance Saint-Exupéry...  Reliés avec le passé... liens, par là, avec ce que
  Saint-Exupéry nomme "Dieu", "Rose", "Renard",
  "Petit Prince", c'est-à-dire lien avec un état édénique que l'on a
  connu imagé par des êtres, des choses, des mots "imagerie",
  "symboles", "concepts", qui rappellent, comme "le
  blé qui est doré" fera "souvenir (...) des cheveux couleur
  d'or" du Petit Prince et ("Ce sera merveilleux" !) de lui, par
  conséquent, de son amitié... L'existence est ainsi ritualisée... et Saint-Exupéry est
  formel : "il faut des rites. un rite c'est quelque chose de trop
  oublié". C'est un cérémonial "à la façon d'un conte de fées
  pour ceux qui comprennent la vie", ou, comme tous les "livres de
  l'enfance, (...) notant tout le long les prières, les concepts charriés par
  cette imagerie" réitération de légendes au sens étymologique de
  "liens", une ligne de force qui "charrie" partout et
  toujours des "vérités" symboliques", des " concepts strictement
  religieux" (étymologiquement encore : qui relient !), " l'amour,
  les trésors invisibles, le sacrifice, l'universel". Nous trouvons ainsi : le Puits du Village, le Désert, le
  Serpent, le Baobab, la Rose, le Volcan, le Petit Prince, l'Avion, les
  Etoiles, la Maison, l'Eau, dans "le petit prince" et, ailleurs, la
  Sentinelle, la Jeune Femme criminelle, le Père, les Courtisanes, la Panne, le
  Berger, le Forgeron...Tous sont, dans le cheminement initiatique,
  "souvenirs d'étapes et d'efforts et de sacrifices", objets qui
  rayonnent, comme le "puits dans le désert" d'une "invisible
  (...) beauté", de cet "essentiel (...) invisible pour les
  yeux" mais qui touche "le cœur", "embellit",
  chante, révèle en fin de compte " le nœud" entre les choses. Il y a
  en effet, conclut Saint-Exupéry, "ta présence au travers qui me
  permet d'y déchiffrer" une construction future, car "les
  objets sont vides et morts s'ils ne sont point d'un royaume spirituel". Ainsi, on l'aura compris par ces exemples, "les rites
  sont dans le temps ce que la demeure est dans l'espace" : des images
  éternelles qui, comme des fils invisibles, me relient éternellement à ma "vérité
  (qui) se creuse comme un puits", à ce qui "rassemble",
  à la "semence" qui fait espérer les moissons et "se
  réjouir de la croissance des moissons", aux "assises de la
  citadelle", à cette Terre que "la corde du puits
  accouche" et qui "redonne le goût des victoires".. On demeure ainsi, par ces vecteurs, ces lignes de force entre
  la réalité profonde originelle et le présent, dans l'intimité et la
  plénitude, chez soi, dans la sérénité, dans la conscience cependant de
  la nécessité de maintenir et cette connaissance, et le processus de
  création pour les générations futures. Oui! "tout s'ouvre sur plus
  vaste que soi" : "la manivelle rouillée est cantique",
  "un puits porte loin... comme l'amour" (Terre des Hommes),
  et tout objet ainsi re-sacralisé, relié par cette conscience des Rites fera
  le même. Mais ce sont là, bien entendu, des liens ainsi et aussi entre
  les hommes : liens entre le Pilote et le Petit Prince, entre le Petit Prince
  et le serpent ou le Renard (très humanisés !), entre Saint-Exupéry et ses
  lecteurs à qui il s'adresse personnellement, les priant de lui écrire...C'est
  ce qu'il veut établir car si les hommes "ne savent plus ce qu'ils
  cherchent", lui, Saint-Exupéry, sait que ce qu'ils cherchent "pourrait
  se trouver dans un peu d'eau ou dans une rose" : "soyez
  mes amis", crie le Petit Prince ! "Créez des liens"
  conseille le Renard, car "il n'existe point de marchands d'amis, les
  hommes n'ont plus d'amis" (P.P)! Il faut donc apprendre à
  "apprivoiser" : "cela signifie créer des liens"... mais
  cela peut-il se faire avec des "gens sérieux" qui ne parlent que de
  "bridge, de golfe, de politique et de cravates"? Non! Il faut "organiser", "opposer son arbitraire
  à cet effritement des choses et n'écouter point ceux qui parlent des pentes
  naturelles" : " je les sollicite de m'aider"
  conclut Saint-Exupéry, comme le renard avait prié le Petit Prince de suivre
  le rituel de l'approche, des horaires..."Seuls sont frères les hommes
  qui collaborent" explique Saint-Exupéry ; aussi va-t-il inventer "un
  empire ou tout soit fervent", soutendu par les forces vives des
  êtres humains qui doivent s'en ressentir "dominés". Il les
  invite à la soumission, ainsi, à leurs intimes moteurs; non à la passivité! "les
  sédentaires de cœur (...) qui n'échangent rien ne deviennent rien"
  affirme-t-il, tout comme Nietzsche ("tout n'est que passages que Dieu
  emprunte") ou Teilhard de Chardin, un de ses auteurs favoris ("arrière
  les immobilistes! La vie n'est que perpétuelle découverte"!)... Éternel message des enseignements initiatiques : Yin et Yang
  de l'androgynat, Détachement et "extinction de l'extinction": "Il
  faut se soumettre pour survivre" mais "il faut lutter pour continuer
  de vivre». Nous le constatons, si nous résumons ainsi son œuvre par cette
  phrase synthétique, Saint-Exupéry prône en fait le seul :  LIEN AVEC SOI...Lien avec ses racines, car l'être "vaut, dans le désert,
  ce que valent (ses) divinités" Lien avec son monde extérieur auquel il
  confie des images utiles ("s'ils voyagent un jour ca pourra leur
  servir") (P.P) des mots d'ordre "urgents" "pour
  avertir ses amis d'un danger qu'ils frôlaient depuis longtemps sans le
  connaître", des conseils ("Ne vous pressez pas, attendez un
  peu sous l'étoile"), de justes catalyseurs ("ma maison
  cachait un secret au fond de son coeur") (P.P).Voilà bien une
  nourriture vitale sous forme d'aliments des sens physiques, émotionnels et
  mental pour qu'elle "se fasse aliment pour le coeur") (P.P).
  Lien avec le monde intérieur, avec ce "cœur" pour qui l'eau trouvée
  dans le désert, la Source de la Vie, est bonne; avec ce cœur pour qui cette
  "eau-là" doit être cherchée (P.P), cette eau merveilleuse, cette
  "bonne eau" de Byron, transfigurée par le don ("la différence
  réside dans le don (...) acte de baigner de son amour") : dans le lien
  d'amour au-delà des formes, cet "amour exprimé", seulement là...
  Car " quel serait ton bonheur si tu n’avais pas ceux que tu éclaires?
  ", questionne Nietzsche ; l'essentiel du cierge n'est point la cire qui
  laisse des traces mais la lumière" explique Saint-Exupéry. LIEN AVEC L'ESSENTIEL... "Quiconque demeure logique tue en lui la vie"... et c'est pourquoi Saint-Exupéry nous
  avertit que ce lien d'Amour est "mystérieux" : il relie à l'unité
  ontologique de tout, dans la source initiale où l'Initiation est censée faire
  pénétrer; il est ligne de force entre l'homme et le terre-Mère ("Celui
  qui épouse le puits épouse la terre" ), entre la terre et
  "dieu" ("la marche vers Dieu"), Dieu étant dit
  également "Citadelle, Épanouissement, Mystérieux Rayonnement", le
  nœud divin qui noue les choses, le Centre des "liens avec le monde"
  : "je te conduirais à l'épanouissement de toi-même" à
  la "drôle de petite voix qui réveille et qui sait" (P.P)
  écrit l'auteur...Évidemment ce nœud octroie la toute conscience et la toute
  connaissance : Comment le Petit Prince connaîtrait-il autrement l'existence
  des moutons, absents de sa planète? Comment devinerait-il que la panne est
  réparée ("Comment sais-tu?" questionne le pilote) ou que
  l'heure de quitter la terre est arrivée? "On ne voit bien qu'avec les
  yeux du cœur" : mais ce "Cœur", Saint-Exupéry ne cesse de
  la rappeler, n'est pas le cœur des désirs! En cette source même la faim et la
  soif n'existent pas : le Pilote le remarque bien au sujet du Petit prince
  qui, de plus, " ne mesure pas le danger" et ne craint pas la mort. Ainsi tout le cheminement de l'existence, consciemment vécu,
  donc en état de "bonheur" ("démarche d'obtenir") se perçoit
  comme une remontée par des filières, des lignes de force, des images, des
  symboles, des héros reliés entre eux par des mythes, des légendes, vers
  l'ouverture "sur plus vaste que soi", sur la délivrance qui
  permet la seule vraie création. Ces lignes, ces fils lumineux, ces
  "émanations" Don Juan les a évoqués pour Castaneda au cours du
  cheminement initiatique de ce dernier; n'est-ce pas une image similaire que
  le Christ, à ce que rapportent les Évangiles, utilise pour envoyer ses
  disciples pêcher les âmes? "Les Noces Chymiques" de Christian
  Rosencreutz ne parlent-elles pas de même d'une pêche à l'homme au moyen d'une
  corde lancée du sommet de la grotte où il attend ?... Saint-Exupéry, en révélant aussi vigoureusement leur présence,
  réveille et révèle leur souvenir dans la pensée du lecteur, leur présence au
  coeur des choses les plus anodines ou dégénérées. En leur exposant les lignes
  de force dont sont issues les "pierres avec lesquelles ils bâtissent la
  haine", peut-être s'en serviront ils pour "bâtir l'amour",
  pour suivre les souhaits réels, les pulsions non égocentriques et non les
  impulsions individuelles; au-delà, donc, "des biens en grand nombre (où)
  il est offert aux hommes plus de chances de se tromper sur la nature de leurs
  joies" ? Car "il ne s'agit point de nous; nous sommes ensemble
  passage pour Dieu qui emprunte un instant notre génération et l'use"...Ils
  atteindront alors à la "perfection de l'état de l'homme", à cette
  créativité de la Nature naturante en eux; de même, "le cèdre se
  nourrit de la boue du sol, mais la change en épais feuillage qui se nourrit,
  lui de soleil"... Ainsi replacé en sa juste filière originelle, "l'orgueil
  (des hommes) devient tour et temple et rempart" de la "citadelle";
  "leur cruauté devient grandeur et rigueur dans sa discipline. Et voilà
  qu'ils servent une ville née d'eux-mêmes et contre laquelle ils se sont
  échangés dans leur cœur". La Voie initiatique, c'est donc faire
  "germer et croître" l'être humain, mais lui accorder, de plus, la
  conscience de son action: telle est la plénitude à laquelle l'homme peut
  atteindre si un maître du désert peut le nouer à ces lignes de vie,
  l'apprivoiser, le faire "collaborer" ("tous à travers tous
  et à travers chacun" à l'"œuvre" et le rendre "responsable d'un
  empire qui n'est pas des choses mais du sens des choses   L'appel de ce maître : " Je suis la clé
  de voûte d'un certain goût des choses et je te noue. Et s'en est
  fini de ta solitude". C'en est fini alors du "Mozart
  assassiné", de la "belle promesse de la vie" en l'homme "marquée
  par la machine à emboutir de la civilisation"... C'en est fini alors "des
  fourmis pour la vie de la fourmilière", des feux "sans
  emploi ni règle" (toujours prêts à éclater comme des volcans
  longtemps réprimés). "Bien ramonés de leurs connaissances mortes",
  de leur ironie de cancre", de leurs liens avec les biens matériels, de
  leur mensonge et délation, de leur racornissement hors échange, les êtres
  humains brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions"... "grand
  miracle de la mue et du changement de soi-même". Ultime épreuve du
  Cheminement initiatique, si l'expression "soi-même" est justement
  comprise, non comme entité profonde mais comme entité globale! Ultime épreuve
  à laquelle Saint-Exupéry nous convie par chacune de ses lignes dont nous avons
  tenté de dégager, en quelques lignes, les grandes lignes! De là, tout
  commence alors de la vraie Vie où "tous les pas ont un sens" et
  qui se synthétise ainsi : "je protège celui qui de son aïeul le
  chanteur hérite le poème anonyme et, le redisant à son tour, y ajoute son
  suc, son usure, sa marque. Car je suis d'abord celui qui habite (...) et les
  sollicite (tous ses semblables) de m'aider"...  Cheminement initiatique, pour Saint-Exupéry comme pour son
  lecteur, à travers les lignes qui sous-tendent et rassemblent les
  images-clefs de tout quotidien; lignes de parcours "aérien" pour
  lui comme pour le lecteur; seulement en densités différentes pour l'un et
  pour l'autre, suivant le degré d'incarnation ou de simple constat
  intellectuel de chacun... Voie opérative ou spéculative de l'Alchimie...
  Préhension ou compréhension pour la future conjonction des deux;
  respectivement volatilisation du fixe (solve) ou fixation du volatil
  (coagula)... réseau de lignes d'aviation ou immense réseau international de
  tous les passionnés, de tous ceux qui offrent à leurs amis leur livre de
  chevet, ce "Petit Prince" l'un des ouvrages les plus traduits au
  monde... Nous le percevons bien: toute l'œuvre de Saint-Exupéry est
  ésotérique, c'est-à-dire qu'elle contient non un enseignement
  "caché" mais l'Enseignement de ce qui est caché sous les formes de
  la nature. Enseignement, donc, initiatique, c'est-à-dire aidant à la
  découverte, sous ces formes, de "l'essentiel invisible pour les
  yeux", de l'importance des choses au-delà de leurs beautés
  "vides", ce que les aveugles, les "sans-cœur" nient, ne
  l'ayant point perçu et qui, par conséquent, n'est pas un enseignement
  généralisé..."C'est pourquoi tu ne sauras point, si nul ne descend
  vers toi de sa montagne et ne t'éclaire, quelle route à suivre te sauvera. De
  même que tu ne croiras point aussi savamment que l'on te raisonne, quel homme
  naîtra de toi ou s'y éveillera puisqu'il n'y est point encore. C'est pourquoi
  ma contrainte est puissance de l'arbre et par elle, libération de la rocaille"... En cette fin de XXème siècle, beaucoup préfèrent suivre la
  pente de leurs désirs personnels, refusant "le chef, le maître, le
  responsable" : et cela se comprend! Les jeunes, notamment éprouvent une
  immense soif de liberté individuelle, traumatisés, castrés, ou voyant les
  autres l'être, par de fausses structures" dont "faible et pitoyable
  est la joie que l'on tire, par la machine à emboutir...Observons : à ceux qui
  posent des questions sur les "énigmes", la réponse des
  "marchands de pilules perfectionnées", des "gens
  sérieux", des gens qui se disent "qualifiés", n'est jamais : "Tu
  deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé", "On
  ne voit bien qu'avec le cœur", "les enfants seuls savent ce
  qu'ils cherchent"  Non! Avec "opportunisme", créateurs de "faux
  litiges", de clans, de sectes, de partis, et de factions, comme des
  chiens qui tournent autour de l'auge" qu'ils convoitent, car
  "n'ayant point encore compris, ils s'indignent ; et ils exposent
  "leurs mauvaises raisons", les matériaux de leur vaine justice...Ne
  sont-ils pas, eux, "soumis aux illusions de leur langage",
  inconscients du "seul patrimoine à sauver", agglutinés qu'ils sont
  aux "temples auxquels ils tiennent" ? Ils condamnent alors
  l'attitude "élitiste", voire la "mégalomanie" de celui
  qui a des réponses simples à tout. D'autres que Saint-Exupéry avaient déjà
  transmis de telles réponses; d'autres de ces porteurs de lumière, de
  solutions aux questions humaines vitales; il fut suivi également d'autres
  personnages à fonction d'"ami «-qui-prend-par-la-main, "car le
  véritable enseignement n'est point de te parler mais de te conduire". Certains
  les nommeraient sans nul doute aujourd'hui, avec dédain, des
  "gourous", si un phénomène de mode... ou de conscience faisait
  redécouvrir "en grand" les Gide, les Rimbaud, Georges Sand, etc...
  qui avaient tenté de véhiculer certaines vérités de base... Et les
  calomnieraient, leur lançant des traits, des flèches -lignes de tir en
  contre-offensive de ceux à qui leurs lignes de conduite ou leurs lignes "inspirées"
  déplaisaient! Les calomnies dont il est l'objet... Ses ennemis... notent les
  éditeurs de Citadelle : ce sont d'autres lignes de force, celles de
  "celui qui cherche à connaître"...Celles de Saint-Exupéry sont
  celles de celui qui "sait que l'esprit seul gouverne les hommes et
  qu'il les gouverne absolument" et voit
  "l'arrangement". Lui, il demeure serein, éternel, rappelant
  éternellement : "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés ( ), pour
  te faire communiquer avec des trésors de plus en plus vastes". Les
  autres "s'écorchent aux ronces, luttent contre le fouet des
  rafales" ; "leur liberté, c'est la liberté de n'être
  point"; On n'est "plus que partage de provisions dans une
  réalité haineuse", "dans la hargne de son voisin, la
  jalousie de son égal, l'égalité avec la brute". Non! Crie Saint-Exupéry à longueur de page, à toutes les
  lignes : "J'espère, moi, que l'on me donne le meilleur. Car, alors
  seulement, vous voilà grands". Que l'on crée le meilleur! "Il
  s'agit de la soumission, non de chacun à tous mais de chacun à l'œuvre et
  chacun force les autres de grandir". Pas pour paraître, pas pour
  gagner de l'argent, de la considération, du pouvoir; pas pour être mieux dans
  sa société "fourmilière"! Non! Pour la seule plénitude, la seule
  force manifestée pour "inventer un empire où tout simplement tout soit
  fervent", où tout soit lié par "le nœud divin qui noue les
  choses" : Au-delà du psychologique, du personnel, de la
  personnalité, de l'"humain"!  La perfection tout simplement!
  Et "la perfection", c'est l'échange en Dieu... et c'est
  l'initiation au sens véritable du mot et du concept | |||
|  LA
  LAME DE LA DAGUE DE TOUTANKHAMON EST EN MḖTAL EXTRATERRESTRE |   Divers |   Arcadia |      2015 | 
| Toutânkhamon, le 11e pharaon de la 18e dynastie, qui régnait sur l’Egypte
  il y a plus de 3000 ans, avait une dague très précieuse. Tellement
  précieuse qu’elle était enterrée avec lui. Imaginez un peu, la dague a
  un fourreau en or, la poignée se termine par un cristal de roche et la lame
  est en fer. Du moins c’est ce qu’on croyait jusqu’à ce qu’une étude prouve
  que le fer utilisé pour forger la lame est d’origine extraterrestre.  En utilisant une technologie non-destructive
  (la spectrométrie de fluorescence des rayons X), une équipe de
  chercheurs italiens et égyptiens a confirmé que le fer de la dague qui
  se trouvait contre la cuisse du jeune pharaon avait des origines météoritiques.L’équipe
  qui inclut des chercheurs de l’école de Polytechniques de Milan, de
  l’Université de Pise et du Musée égyptien du Caire, a publié ses résultats
  dans la revue Meteoritics and Planetary
  Science. L’arme est actuellement exposée au Musée du Caire. Elle
  est faite d’un métal homogène non rouillé. Le fourreau est orné d’un motif
  floral et d’un motif de plumes Daniela Comelli, du
  département de Physique de Milan Polytechnic, a
  déclaré a Discovery
  News que : « Le fer météoritique est clairement indiqué par la
  présence d’un haut pourcentage de nickel ». Puisqu’en effet, les
  météorites ferreuses sont principalement composées de fer et de nickel avec
  de faibles quantités de cobalt, de phosphore, de souffre et de carbone. Les autres artefacts en fer affichaient 4% de nickel au
  mieux, alors que la dague du Pharaon en contenait près de 11%. Mais ce qui a
  permis de confirmer l’origine météoritique de la lame, c’est le cobalt. Les
  taux de cobalt et de  nickel dans la lame
  sont cohérents avec ceux trouvés dans les météorites de fer. Comelli et son équipe ont même essayé de retrouver la source
  possible de la lame en fer. « Nous avons cherché toutes les
  météorites répertoriées dans un périmètre de 2000 km autour de la Mer Rouge,
  et nous avons fini avec 20 météorites de fer. Il n’y en a qu’une, nommée
  Kharga, qui est possiblement cohérente avec la
  composition de la lame. » Ce fragment de météorite a été retrouvé
  en 2000 sur un plateau de Marsa Matruh,
  un port maritime à plus de 250 km d’Alexandrie. L’étude montre que les
  Égyptiens apportaient une grande valeur au fer météoritique pour produire
  des objets précieux. Il pensaient peut-être que ces
  morceaux de fer qui tombaient du ciel étaient divins.Les
  plus anciens artefacts égyptiens en fer, neuf petites perles trouvées dans
  une tombe sur la rive droite du Nil et datant de 3200 avant JC, étaient
  aussi en fer de météorite.      Et la dague n’est pas le seul élément d’origine céleste trouvé
  dans le tombeau de Toutankhâmon. Son pectoral
  présente une amulette en forme de scarabée qui est en verre. Ce verre n’a pas
  les caractéristiques verdâtre ou jaune de la calcédoine. Il proviendrait
  de verre de silice naturel que l’on ne trouve que dans les
  déserts lointains et inhospitaliers proches de la Libye. Ce verre était
  produit par l’impact sur le sable d’une météorite ou d’une comète. c’est
  toujours impressionnant de constater que 14 siècles avant JC,
  les météorites et l’espace fascinaient déjà les hommes. S'il
  fallait résumer d'un mot ce qui fait le propre de la pensée française vivante
  du XXe siècle, on devrait dire, à coup sûr, qu'elle a été, qu'elle est encore
  une pensée du symbolique. Qu'on pense simplement à l'analyse par Claude
  Lévi-Strauss de la " fonction symbolique ", ou à l'opposition
  établie par Jacques Lacan entre le réel, l'imaginaire et le symbolique. Or, montre
  ici de façon lumineuse Camille Tarot, c'est dans le creuset de l'Ecole
  sociologique française que l'acception moderne du terme a été forgée, et
  c'est grâce à la lente et subtile évolution que Marcel Mauss a fait subir aux
  analyses durkheimiennes du sacré, de la religion et des représentations
  collectives, qu'il en est venu à prendre toute sa portée.  C'est
  l'histoire passionnante de cette invention du concept de symbolique que nous
  livre le présent ouvrage, dans un style à la fois limpide et époustouflant.
  Au-delà d'une reconstitution sans précédent de la pensée des deux plus grands
  représentants de l'Ecole, Durkheim et Mauss, elle nous offre, en prime, une
  histoire de l'ethnologie, des sciences du langage et des sciences de la
  religion jusqu'au premier tiers du XXe siècle. Ainsi des liens intelligibles
  sont-ils à nouveau établis entre la pensée française des soixante dernières
  années et ce qui l'a précédé. Et peu à peu, on se prend à rêver d'une reprise
  du dialogue entre philosophes, ethnologues, psychanalystes, sociologues,
  spécialistes de la littérature ou de la religion, qui trouveront tous ici
  également matière à nourrir leurs réflexions. Car ce que C. Tarot nous
  restitue comme s'il y était, comme si nous y étions, c'est l'exceptionnel
  travail collectif de la pensée . | |||
|                                  
  Qu’est-ce que la parole perdue ? |  | Solange Sudarskis | 2016 | 
| L'expression la parole perdue apparaît dans des
  rituels du 3e degré, où l'on parle aussi de la perte des
  secrets véritable du maître maçon. Il semble toutefois que les deux
  expressions soient relativement interchangeables ; ainsi le document Prichard
  de 1743 et l'instruction au 3e degré au rite écossais de la Mère
  Loge Écossaise de l'Orient d'Avignon de 1774 disent-ils. Un homme meurt,
  refusant de livrer un banal mot de passe pour se faire payer, connu de tous
  les maîtres, et un secret dont il était détenteur, par ailleurs, disparaît.
  Le secret n’est donc pas le mot de passe. Alors, est-ce un savoir que lui
  seul possède ? Est-ce une partie d’un mot à prononcer avec d’autres pour
  qu’il soit complet et efficient ? La parole d’Hiram serait-elle autre chose
  que celle d’un seul homme ? Que peut-être cette parole pour le franc-maçon
  d’aujourd’hui ? N’oublions pas que le mot Hiram porte en lui-même des
  mystères et parmi ses nombreuses traductions de l’hébreu, il peut aussi être
  lu comme HaReM qui désigne la chose cachée.   Le savoir personnel : Quel serait ce savoir ? Au Rite York, à la mort d’Hiram, il
  est dit : « Il n'y a pas de plans sur la planche à tracer pour permettre aux
  ouvriers de poursuivre leur travail, et le G :. M :. H :. A :.  a
  disparu ». Sur la planche, le maître d’œuvre modifie le plan selon lequel la
  construction du Temple devra s'effectuer. Cette planche sert en permanence de
  point de repère pour l’ouvrage qui va être réalisé au fur à mesure de
  l’avancée des travaux. Lorsque l’ouvrage est terminé, il doit se superposer
  exactement au tracé qui est sur la planche. La conception théologique de
  l'art de la construction peut se résumer en une recherche de méditation
  parfaite entre la beauté pure qui n'appartient qu'à Dieu et le miroir que
  doit lui offrir, par son œuvre, l’architecte afin qu'elle se révèle aux yeux
  des hommes. Concrètement, ce qui fut perdu serait-ce cette capacité
  architecturale de concevoir l’édifice et de terminer l’œuvre ?  ·        
  Mais allons
  plus loin. Hiram, a été envoyé par le roi de Tyr à Salomon pour ses savoirs
  aussi particuliers que ceux que possédait Betsaleel, le constructeur de
  l’Arche d’alliance du désert : il était habile pour les ouvrages en or, en
  argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en
  pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce
  de sculptures et d'objets d'art qu'on lui donne à exécuter (II Chroniques, 2,
  13 et 14). C’est grâce à 3 vertus que le premier temple fut construit
  par Betsaleel car il est écrit en Exode 31,3 : «Je [dieu] l’ai rempli
  de l’esprit d’Élohim en sagesse, en intelligence et en savoir», " ,
  vertus que l’on retrouve en Hiram dans I Roi 7, 14 « rempli de
  sagesse, d’intelligence et de savoir » Ces trois vertus, concepts, attributs
  divins, types de forces, ou niveaux de conscience, sont les processus à
  l'œuvre des structures vivantes, correspondant aux 3 Séphiroth  :
      Hokhmah, la sagesse ; Tébouna, alias Binah,
  l’intelligence ; Daath, le savoir, la connaissance. La somme de leurs
  valeurs guématrique, après réduction, est équivalente à ce qui relie les 2
  colonnes Yakin et Boaz [1] qu’Hiram a fondues. La parole perdue serait-elle
  l’esprit d’Elohim, cette capacité de création, comme celle du maharal de
  Prague avec son Golem dont aurait été doté Hiram ? John Yarker qui, dans un article sur Le rite d’York et
  l’ancienne maçonnerie en général, remarque qu’«en vérité, des ouvriers
  complotèrent illégalement pour extorquer d’Hiram Abif un secret, celui de
  l’animal étonnant qui avait le pouvoir de couper les pierres.  Le secret
  qui a été perdu par les trois Grands Maîtres est celui de l'insecte shermah
  (shamir), qui a été employé pour donner un parfait polissage aux pierres.
  Considérant cette remarque de Yarker, le secret opératoire du
  shamir serait-il «ce qui a été perdu» ? De même, dans la
  présentation du rituel Wooler, qui ressemble au texte de Yarker, on
  lit dans un catéchisme du troisième degré : «Après la construction du Temple,
  les ouvriers du plus haut degré, connus sous le nom de« Most «Excellent», ont
  accepté les grands secrets concernant le noble In… Sh…, qui était ce qui
  constituait le secret des trois Grands Maîtres et [pour] lequel HAB fut tué »
  ; l'utilisation d'abréviations prouvant le caractère autrefois ésotérique, ou
  supposé tel, de l'information.  Dans son Miscellanae Latomorum, le Dr William Wynn
  Westcott propose un passage d'un vieux rituel qui parle précisément du secret
  de l’insecte shamir et des trois Grands Maîtres. Voilà notre intérêt
  maçonnique éveillé.  Cette tradition maçonnique est ignorée de nos jours, mais
  intéressons-nous à ce shamir ; essayons de trouver quelques sources à cette
  incroyable histoire. Ce shamir miraculeux aurait été spécialement créée au
  début du monde pour cette utilisation opératoire. Selon cette légende, quand
  Salomon demanda aux rabbins comment construire le Temple sans utiliser
  d'outil de fer, pour se conformer, bien sûr, à l'injonction du Deutéronome
  (Exode, 20,21 ; Si toutefois tu m'ériges un autel de pierres, ne le
  construis pas en pierres de taille; car, en les touchant avec le fer, tu les
  as rendues profanes), ils attirèrent son attention sur le shamir par
  lequel Moïse avait gravé le Nom des tribus sur le pectoral du grand prêtre.  Voyons cela de plus près. Ranulf Higden (1300-1363), dans
  son Polychronicon, cite la légende du ver de fendillement de pierre,
  qu'il nomme thamir. Dans l’Encyclopédie juive on trouve cette légende
  qui raconte que, sur la recommandation des rabbins et afin de ne pas utiliser
  le fer, Salomon taillait les pierres au moyen du shamir, un animal, un ver
  dont le seul contact fendait la pierre. On retrouve cette légende également
  dans la littérature arabe et même dans  le Coran. Dans la littérature
  talmudique, il existe de nombreuses références à Shamir. Des qualités
  inhabituelles lui ont été attribuées. Par exemple, il pourrait désintégrer
  quoi que ce soit, même dur comme des pierres. Parmi ses possessions, Salomon
  la considérait comme la plus merveilleuse. Le roi Salomon était désireux de
  posséder le Shamir parce qu'il en avait entendu parler. La connaissance du
  Shamir est en fait attribuée par des sources rabbiniques à Moïse. Après avoir
  beaucoup cherché le Shamir de la taille d'un grain d'orge, il a été trouvé
  dans un pays lointain, au fond d'un puits, rapporté à Salomon, mais
  étrangement, il perdra ses capacités et est deviendra inactif plusieurs
  siècles plus tard, à peu près au moment où le Temple de Salomon a été détruit
  par Nabuchodonosor. Étonnant et curieux Shamir ? Qu’est-ce donc ? Selon
  les auteurs médiévaux, Rachi, Maimonide et d'autres, Shamir était une
  créature vivante, un ver ; soutenant que Shamir ne pouvait pas
  être un minéral parce qu'il était actif. Ce ver magique était doté du pouvoir
  de modifier la pierre, le fer et le diamant, par son simple regard. Par
  ailleurs, les sources rabbiniques ont transmis la description de la gravure
  des noms des douze tribus sur les douze pierres précieuses de la cuirasse du
  grand-prêtre (le pectoral) ; Moïse le fit non pas par sculpture, mais en
  écrivant avec un certain fluide et en les «montrant» à Shamir, ou en
  les exposant à son action. De l'avis des auteurs modernes, l'expression
  «montré à Shamir » indique clairement que c'était le regard d'un être
  vivant qui a effectué la division de bois et de pierres. On admet cependant
  que dans les sources talmudiques et midrashiques, on ne dit jamais
  explicitement que le Shamir était une créature vivante. 3
  Alors Shamir/ schamir/ samur, comme on en trouve l’expression, un ver de la
  taille d’un grain, ou autre chose, une pierre selon les différentes sources
  littéraires ?  Une vieille source, La Légende de Soliman et testament
  de Salomon [2], ouvrage écrit en grec, probablement au début
  du troisième siècle de l'ère actuelle, se réfère à Shamir comme
  une «pierre verte», page 10 note 31 : le shamir serait une pierre de cristal
  vert de grande puissance. Le nom dérive probablement de samir/ épine ou
  tranchant. Un seul shamir est reconnu avoir existé. Il est sculpté en forme
  de coléoptère, scarabée de l’espèce sacer ateuchus. C’est la raison
  pour laquelle on a confondu le shamir avec un insecte.  Mais comment une pierre verdâtre
  aurait-t-elle pu couper le plus dur des diamants avec son seul regard ?
  Reprenons ce que raconte Louis Guinzberg, en 1909, dans Les légendes des
  juifs, qui, inspiré par l’exégèse rabbinique, rapporte l’histoire de
  manière très fantastique : le shamir fut créé au crépuscule du sixième jour
  avec d’autres choses extraordinaires. Il n’était pas plus grand qu’un grain
  d’orge et possédait le pouvoir remarquable de tailler les diamants les plus
  durs. C’est pour cette raison qu’il fut utilisé pour les pierres du pectoral
  porté par le grand prêtre. D’abord on traça à l’encre les noms des douze
  tribus sur les pierres qui devaient être serties dans le pectoral ensuite le
  shamir fut conduit sur les lignes tracées et celles-ci furent ainsi gravées.
  Circonstance miraculeuse, le tracé ne porta aucune particule de pierre. On
  avait également utilisé le shamir pour tailler les pierres dont fut construit
  le Temple, car la loi interdisait d’utiliser des ustensiles de fer pour tout
  ouvrage destiné au Temple. Pour le conserver, il ne faut placer le shamir
  dans aucun réceptacle de fer, ni d’aucun métal, il le ferait éclater. On le
  conserve enveloppé dans une couverture de laine qui à son est tour est placée
  dans une corbeille de plomb remplie de son d’orge. Le shamir fut gardé au
  Paradis jusqu’au jour où Salomon eut besoin de lui. Il envoya l’aigle pour y
  chercher le ver. Lors de la destruction du Temple, le shamir disparut [3].  La manière dont Shamir était gardé en sûreté peut
  nous donner un indice: «Le Shamir ne peut être mis dans un vase de fer
  pour la garde, ni dans aucun vaisseau métallique: il éclaterait un tel
  récipient. Il est gardé enveloppé dans de la laine à l'intérieur d'une boîte
  de plomb rempli de son d'orge. Cette phrase est tirée du chapitre 48b du
  Talmud de Babylone et contient un indice important ; car, avec la
  connaissance actuelle nous pouvons facilement deviner qui ou plutôt ce
  qu’était Shamir : c'était une substance radioactive ; les sels de radium, par
  exemple, agissant sur certaines autres substances chimiques, peuvent émettre
  une luminescence de couleur jaune-vert. Cela expliquerait comment le pectoral
  du grand-prêtre avait été gravé : les lettres étaient écrites à l'encre, et
  les pierres étaient exposées l'une après l'autre au «regard» ou au
  rayonnement du Shamir. Cette encre devait contenir du plomb en poudre
  ou des oxydes de plomb. Les parties des pierres qui n'étaient pas protégées
  par le plomb se désintégrèrent sans laisser de particules de poussière qui,
  selon ce Talmud, paraissaient particulièrement merveilleuses. Les parties
  protégées par de l'encre de plomb se dressaient en relief sur la surface des
  pierres précieuses [4]. La possession la plus précieuse de Salomon, son Shamir,
  n'a pas survécu avec le temps, il est devenu inactif. La version habituelle
  de l'histoire, « le Shamir disparu », ne correspond pas à la
  traduction exacte texte hébreu. Le mot batel utilisé pour décrire la
  fin, ou la disparition, de Shamir  n'a qu'une seule signification
  : "Pour devenir inactif.". Dans les quatre cents ans qui ont
  passé de la construction du premier Temple à sa destruction par
  Nabuchodonosor en -587, une substance radioactive aurait pu devenir inactive [5].  Le secret
  d’Hiram serait-il celui de l’utilisation d’une sorte de laser radioactif [6] ?   Et si la « parole » était un ensemble d’éléments répartis
  entre plusieurs détenteurs dont la méconnaissance d’un seul entraînerait
  l’inefficacité du tout ? Un morceau de code en somme, un morceau de symbole !
  Dans la légende, de fait, trois personnes forment un triangle : Salomon, le
  roi de Tyr et Hiram, les trois grands maîtres, chacun assigné à un rôle
  particulier et indispensable dans la construction du Temple. La légende dit
  que le Roi Salomon, Hiram Abiff, Roi de Tyr (1 Rois: 7:13), et Hiram
  Abi de la tribu de Dan (2 Chr.: 2:13) se sont réunis pour concevoir les
  plans de la construction du Temple, Salomon conçut, Hiram de Tyr fournit les
  moyens et Hiram réalisa l’œuvre. Nous apprenons que le grand savoir devait
  être gardé par ces trois personnes jusqu'au parachèvement du Temple. La
  parole leur aurait-elle été confiée en trois parties. Chaque membre du
  ternaire serait détenteur du mot sacré ou d’une fraction de celui-ci. Il
  fallait le concours des « trois premiers Grands-Maîtres », de sorte que
  l’absence ou la disparition d’un seul d’entre eux rendait cette communication
  impossible, et cela aussi nécessairement qu’il faut trois côtés pour former
  un triangle. Cela veut dire que chaque membre du triangle constitue la pointe
  d’une figure doté d’un centre commun. Ce centre, c’est le point de
  concordance des trois sensibilités magique, spirituelle et rationnelle qu’ils
  incarnent. Ce centre est donc l’essence de l’homme et de la nature
  c’est-à-dire l’essence de la vie qui se traduit concrètement en force de vie
  ou élan vital. Comment se fait-il que, sachant que la parole ne pouvait
  être que par la réunion du 3 (le roi Salomon, le roi de Tyr et Hiram),
  comment se fait-il qu'aucun d'entre eux n'ait pensé à transmettre sa propre
  connaissance à un disciple pour que la chaîne ne se brise pas en cas de
  disparition? Était-ce se croire immortel ? Les exégètes des rituels
  assimilent la prononciation du Tétragramme à la « parole perdue ».
  Elle devait être trisyllabique. La syllabe est l’élément réellement
  indécomposable de la parole prononcée, même si elle s’écrit naturellement en
  quatre lettres. En effet, quatre (4) se rapporte ici à l’aspect « substantiel
  » de la parole et 3 à son aspect « essentiel ». Il est d’ailleurs à remarquer
  que le mot substitué  lui-même, dans sa prononciation rituelle, sous ses
  différentes formes, est toujours composé de trois syllabes qui sont énoncées
  séparément. Considérant que chez les Hébreux, le grand prêtre, le Cohen
  Gadol, était seul détenteur de la prononciation recta dictio et
  totale du mot sacré qu'il vocalisait une fois par an dans le saint des
  saints, cela pourrait vouloir dire que la parole ne fut pas perdue et
  que si Salomon la substitua, c'est qu'il pensait que son Maître d'œuvre avait
  cédé à la pression de ses agresseurs en la dévoilant : il fallut donc changer
  cette parole.   Dans ce même registre, on remarquera que lors de la
  destruction du Temple de Jérusalem et de la dispersion du peuple juif, la
  véritable prononciation du Nom tétra grammatique fut perdue ; il y eut bien
  un nom substitué, celui d’Adonaï, mais il ne fut jamais regardé comme
  l’équivalent réel de celui qu’on ne savait plus prononcer. En effet, la
  transmission régulière de la prononciation exacte du principal nom divin,
  désigné comme ha-Shem ou le Nom par excellence, était essentiellement
  liée à la continuation du sacerdoce dont les fonctions ne pouvaient s’exercer
  que dans le seul Temple de Jérusalem ; serait-il le centre spirituel de la
  tradition qui fut perdu ? Les mystères des sociétés initiatiques de
  l'Antiquité perpétuaient les premières traditions du genre humain et les
  nouveaux acquits des corps savants pour élever, au-dessus de leurs
  semblables, des initiés jugés aptes à en faire un usage utile pour tous. Cet
  enseignement leur était donné de bouche à oreilles après avoir pris
  l'engagement, par un serment menaçant, de ne le transmettre à d'autres
  initiés que sous les mêmes formes et conditions. Il est raconté qu'ils
  étaient possesseurs de secrets scientifiques redoutables et bienfaisants,
  dont leur haute morale imposait le respect, mais susceptibles, étant
  détournés de leur action bénéfique, d'être transformés dans un but
  malfaisant. Les initiations furent interrompues ; des initiés s'éteignirent,
  emportant dans la mort les secrets qui leur avaient été confiés. Les secrets
  des rites initiatiques pour l'intromission des pharaons, véritables mystères
  de la lignée royale d’Égypte, furent définitivement perdus à la mort du roi
  Sekenenrê Taâ qui mourut sans les avoir dévoilés à son ennemi qui voulait les
  lui arracher.    Dans certains cas, au lieu de la perte d’une langue, il
  est parlé seulement de celle d’un mot, tel qu’un nom divin par exemple, caractérisant
  une certaine tradition et la représentant en quelque sorte synthétiquement ;
  et la substitution d’un nouveau nom remplaçant celui-là marquera alors le
  passage d’une tradition à une autre. Quelquefois aussi, il est fait
  mention de « pertes » partielles s’étant produites, à certaines époques
  critiques, dans le cours de l’existence d’une même forme traditionnelle :
  lorsqu’elles furent réparées par la substitution de quelque équivalent, elles
  signifient qu’une réadaptation de la tradition considérée fut alors
  nécessitée par les circonstances ; dans le cas contraire, elles indiquent un
  amoindrissement plus ou moins grave de cette tradition auquel il ne peut être
  remédié ultérieurement[7].   Que peut-être la parole perdue pour un F\M\ d’aujourd’hui
  ? Les remarques que nous venons de
  faire montrent que la parole perdue serait soit un savoir, soit une
  prononciation, soit une connaissance spirituelle ou magique soit encore la
  trace du passage d’une tradition à une autre. La parole perdue du F\M\ me
  paraît un peu différente. Nous ne pouvons faire l'erreur des mauvais compagnons
  qui croyaient que le secret du maître maçon relevait de la communication d'un
  savoir ; notre recherche est bien différente puisqu'elle se place sur le plan
  de la Connaissance, celui de l'être et du spirituel, de l'immanence et de la
  transcendance. Dans l’exotérisme judaïque, le mot qui est substitué au
  Tétragramme qu’on ne sait plus prononcer est un autre nom divin, Adonaï,
  qui est formé également de quatre lettres, mais qui est considéré comme moins
  essentiel ; il y a là quelque chose qui implique qu’on se résigne à une perte
  jugée irréparable, et qu’on cherche seulement à y remédier dans la mesure où
  les conditions présentes le permettent encore. Dans l’initiation maçonnique,
  au contraire, le « mot substitué » est une question qui ouvre la possibilité
  de retrouver la « parole perdue », donc de restaurer l’état antérieur à cette
  perte. La parole perdue met en relief la nécessité d’une nouvelle perception
  et d’un nouveau langage relatif à la notion d’essence et de présence au-delà
  de la forme. Elle n’est pas à comprendre comme uniquement une perte dans la
  transmission, mais comme le commencement d’un apprentissage d’autres éléments
  de langages. Il nous reste à nous interroger sur comment trouver cette
  parole  ou comment lui en substituer
  une autre de même puissance. Notes
  de lecture :  [1] Si, comme en guématrie simple on ne donne pas une valeur
  particulière aux lettres finales : Yakin s’écrit  «יָכִין» yod, kaph, yod, noun et a une
  valeur de 10+20+10+50 = 90 ; Bo’az s’écrit « בֹּעַז» beth, eïn,
  zaïn et a une valeur de 2+70+7 = 79.  Entre les deux il y a une différence, une présence de 11.
   Hakhmah, « חָכְמָה»,
  la sagesse , (heith, kaph, mem, hé) soit 8+20+40+5 =
  73 Tébouna, alias Binah, «תְבוּנָה
  »l’intelligence (tav, beith, vav, noun, hé) soit
  400+2+6+50+5 = 463 Daath, « דַעַת
  » le savoir, la connaissance (dalethh, eïn, tav) soit 4+70+400 = 474 L’ensemble des  3 vertus : 73+463+474 = 1010 soit en
  réduction 11 [2] D’après les chroniques de Tabari Me d Ibn Djarir, Sabine
  Baring-Gould, Ahimaaz bin Tsadok,
  Louis Ginzberg, John D. Seymour. https://books.google.fr/books?id=-oEaEmuYFPoC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false [3] À rapprocher de l’Ourim et le Thoummim
  qui sont généralement considérés comme des objets ayant trait à l'art de la
  divination. En hébreu, le mot ourim signifie
  lumières, et thoummim, perfections, parfois
  traduit par vérité. Les érudits juifs les décrivent comme un instrument qui
  servait à donner la révélation et à déclarer la vérité. Ils disparurent avec
  la destruction du 1er Temple, le shamir, quant 
  lui, disparut avec la destruction du second Temple. Ils sont tous en rapport
  avec le pectoral porté par le Grand prêtre d'Israël. [4] La plupart des gemmes, tels que le diamant, le saphir,
  l’émeraude ou la topaze, sont décolorés par la radioactivité. D’autres
  pierres précieuses, comme l’opale, sont constituées de cristaux de silice
  hydratée. Le rayonnement alpha les désintègre en rompant la liaison avec
  l’eau ; celle-ci se volatilise sans laisser de résidu. [5] Le radium perd environ un pour cent de sa radioactivité
  tous les 25 ans [6] Pour compléter cet aspect :
  http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=1424&mode=print [7] La mort d’Hiram et la Parole perdue de René Guénon | |||
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