Chapitre 8 M -
Z ( Christianisme ) |
8 M
ma’loula |
E.A.
nassrallah |
DAMAS |
2003 |
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Les Melkites ont reconnu à ce Concile : un seul et même Christ, Fils unique et Seigneur, en deux natures, sans confusion ou mutation, sans division ou séparation entre ces deux natures. Dans le nom de l’Eglise, le mot « Grec » vient du fait que les Pères de cette Eglise ont écrit leurs textes en langue grecque. Et le mot « Catholique » vient que cette Eglise s’est rattachée à Rome au XVIIIe siècle (séparation de l’Eglise grecque melkite orthodoxe). L'Eglise melkite fait partie de l'Eglise apostolique d'Antioche, fondée par saint Pierre. Située en Turquie près de la frontière avec la Syrie, elle a été la première ville païenne à recevoir l'Evangile : « C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens » Contrairement aux autres églises orientales, catholiques ou non, l'Église Melkite n'est pas une Église nationale. C'est une Église particulière, dans le sens canonique du mot. Elle est répandue dans tout le Proche-Orient arabe et dans une diaspora qui prend de plus en plus d'ampleur. En effet, plus de la moitié de ses fidèles vivent, aujourd’hui, en dehors des limites orientales du Patriarcat. La liturgie de l’Eglise melkite catholique est de rite Byzantin. Elle est célébrée principalement en arabe avec des parties en grec et en syriaque. En diaspora, elle peut être aussi célébrée dans la langue locale. L’Église Melkite doit son caractère d'Église particulière à deux fidélités, celle à l'Empire de Byzance et celle aux sept premiers conciles œcuméniques orthodoxes jusqu’au XVIIIe siècle, ils découvrirent le catholicisme par l’intermédiaire des missionnaires catholiques romains installés dans les Echelles du Levant (les ports et les villes de l'Empire ottoman). Reflet du Christianisme occidental, leur enseignement entraîna une nouvelle rupture dans l’Eglise Melkite (après celle du Concile de Constantinople en 1024). En 1724, suite à une querelle concernant l’élection d’un Patriarche, les Melkites se divisèrent en deux groupes : les Grecs Melkites Orthodoxes rattachés au Patriarche orthodoxe d’Antioche et les Grecs Melkites Catholiques dont le Patriarche est rattaché à Rome. En accord avec le pape de Rome, ces derniers conservèrent leur liturgie, leurs pratiques et leur hiérarchie ecclésiastique. A l’époque,
malgré leur reconnaissance par le Pontife Romain, les Grecs Melkites
Catholiques ne pouvaient avoir de lieux de culte. En effet, non reconnus
comme communauté religieuse par le Sultan, ils n’avaient aucune légitimité.
Ils étaient contraints de célébrer les offices dans les maisons. Ce n’est
qu’en 1837 que le Patriarche Maximos Mazloum leur obtint un statut. Il fallut
donc attendre le XIXe siècle pour voir les églises melkites catholiques se
développer en Orient comme en Occident. L'Église Grecque Melkite Catholique
s'organisa intérieurement. De nouveaux ordres monastiques furent fondés, un
clergé éduqué à Rome dispensait l'enseignement dans des écoles nouvellement
fondées. Un séminaire fut ouvert à Aïn Traz (1811). Le patriarche Grégoire
Joseph (1864-1897) durant 33 ans travailla à réaliser un vaste plan de
restauration de l’Église. En 1866, il rouvrit le séminaire d'Aïn Traz, mais
surtout, il fut à l'origine de celui de Sainte-Anne de Jérusalem (1882). L’Ordre Patriarcal de
la Sainte Croix de Jérusalem est un ordre de chevalerie dont
le Patriarche Melkite est le grand maitre. Cette institution du Patriarcat
melkite catholique aide moralement et financièrement les chrétiens de la
Terre-Sainte et de tout l’Orient et notamment l’Eglise Melkite catholique. A Marseille,
Saint
Nicolas de Myre est la première église catholique orientale
de Marseille et de France et l’une des premières églises grecques
catholiques. Créée à la demande des réfugiés grecs catholiques venus d’Egypte
et de Syrie, elle continue à être une terre d’accueil pour de nombreux
chrétiens orientaux. Construite en 1821 par l’archevêque de Myre, Mgr Maximos
Mazloum, cet édifice est original par son architecture typiquement orientale
et par sa décoration. Créée pour accueillir des catholiques français et
orientaux, elle apparaît comme un signe de la volonté des Melkites d’être un pont
entre l’Orient et l’Occident. Dès 1821, ses prêtres servirent de traducteurs
et d’intermédiaires entre les Orientaux et les pouvoirs publics. Une des
paroissiennes, Mariam Baouardy « la petite arabe »), devenue
carmélite (Sœur Marie de Jésus Crucifié), a été béatifiée en 1983 par
Jean-Paul II. Paris a reçu tout au long du XIXe siècle, d’Egypte
et des provinces arabes de l’Empire Ottoman (Liban, Palestine, Syrie), un
nombre croissant d’immigrants, parmi lesquels une proportion notable de
grecs-catholiques. Ces derniers obtinrent le 13 juillet 1886 l’autorisation
administrative d’ouvrir un lieu de culte de leur rite. Deux ans plus tard,
répondant aux pressantes sollicitations de ses fidèles, le patriarche
Grégoire Youssef chargea, en accord avec l’archevêque de Paris, le P. Alexis
Kateb, basilien chouérite, de constituer la paroisse et de lui trouver un
lieu de culte permanent. En attendant, les offices se tinrent dans l’église
Sainte-Elisabeth, au Marais. Fin 1888, l’Assistance Publique accepta de louer
l’église
Saint-Julien-le-Pauvre, ancienne chapelle de l’Hôtel-Dieu,
fermée depuis le transfert de ce dernier dans l’île de la Cité. Située alors
au fond d’une cour, dans un quartier sordide, l’église était dans un état
lamentable. Après remise en état, elle put être inaugurée solennellement au
rite byzantin le dimanche 5 mai 1889. Le célèbre ébéniste de Damas, M.
Georges Bittar (dont le procès de béatification est en cours) fit
l’iconostase en marqueterie mosaïque que l’on voit toujours dans l’église et
Monsieur David Corm (d’origine libanaise) a écrit les icônes de l’iconostase. Depuis plus
d’un demi-siècle, une petite communauté de moniales a créé le monastère de la
Théophanie. Situé dans un paysage d’une beauté saisissante il occupe l’Abbaye
d’Aubazine en Corrèze. Après avoir habité les bâtiments de
l’ancienne abbaye cistercienne, la communauté s’est retirée dans la ferme de
l’abbaye. Dans l’étable habitée par des vaches jusqu’en 1973, les sœurs ont
établi une véritable chapelle byzantine, avec des fresques et une iconostase
magnifique. La liturgie et les offices sont chantés en
français tout en conservant la musicalité arabe et grecque très mélodieuse
des chants de l’Eglise Melkite. Jouxtant le monastère, l’abbaye Saint-Etienne
(XXIIe siècle) a pour vocation d’être un-centre spirituel de l’Eglise melkite
en France, lien entre les spiritualités orientale et occidentale. Ce village, ou ce qu'’il en restera après
ce génocide de 2003-2016, parle encore araméen, comme au temps de Jésus - |
MYSTÈRES ET SYMBOLES CHRISTIQUES |
Jean
CANTEINS |
Edition
Du ROCHER |
1996 |
La
puissance évocatrice des symboles christiques essaie d’éclairer sous un angle
nouveau les mystères de la croix, de l’eucharistie, de la Ste Trinité etc… Qui était réellement Jésus-Christ ? Pourquoi sa vie et son
message représentent-ils encore l'un des plus grands mystères de la Création
? Les Evangiles et la Tradition apostolique sont-ils nos seules sources
fiables d'information ? Ne peut-on pas tirer d'enseignements d'une iconographie
qui, moins dogmatiquement que les textes sacrés, n'a pas hésité à utiliser
largement les Apocryphes ? Autant de questions auxquelles Jean Canteins
répond en analysant la puissance évocatrice des symboles christiques.
|
N
« Notre pÈre » |
Jean-Yves leloup |
Edition
ALBIN MICHEL |
2007 |
«
Je ne crois pas en Dieu. Dieu n’existe pas.
Mais je le prie tous les jours » : lorsqu’un ami lui confie cette
pensée, évoquant sa fidélité à la récitation du Notre-Père de son enfance,
Jean-Yves Leloup décide d’écrire ce livre. L’interprétation
plus philosophique que religieuse qu’il donne du Notre-Père peut étonner :
elle rejoint les questions fondamentales du monde contemporain, celles de
l’Origine, de la paternité, du Nom… celles de l’identité, de la nourriture,
de la dette et du pardon, de l’épreuve et de la perversion…
Le regroupement des livres de Jean-Yves Leloup est au chapitre
10 L |
NOUVEAU TESTAMENT PAR LES VISIONS
DE THḖRḔSE NEUMANN |
Gunther Schwarz |
Edition le jardin des livres |
2017 |
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La question de l’araméen, langue qui lui était
inconnue et qu’elle tenta de restituer de manière fragmentaire, est
particulièrement délicate et intéressante. Une grande partie de l’ouvrage
analyse ces fragments en araméen phonétique approximatif afin de retrouver le
ou les sens possibles. La troisième partie de l’ouvrage est consacrée
aux précisions techniques et linguistiques, aux querelles et polémiques
autour des visions, aux rapports et critiques divers, aux points de vue tant
de la religion que de la science. Cet ouvrage dresse un portrait complexe de
Thérèse Neumann, que certains ont pu rapprocher d’Anne Catherine Emmerich
(1774 – 1824) et analyse de manière très ouverte la question des visions. La vie de Thérèse
Neumann a été jalonnée de phénomènes étonnants. Nous avons rapidement
rapporté les guérisons extraordinaires dont Thérèse fut bénéficiaire. Nous
verrons plus loin sa stigmatisation et son jeûne qui dura 35 ans. Nous allons voir
ici quelques-uns des faits étranges
qui accompagnèrent Thérèse tout au long de son chemin terrestre. Thérèse,
pénétrant dans les desseins de Dieu, commença à réaliser qu'elle était
destinée à une vie de souffrance et de réparation, et elle voulut se charger
des épreuves du prochain. Un exemple: son père, Mr Neumann, ne pouvait plus
travailler à cause de ses rhumatismes. Thérèse demanda à Dieu de lui donner
le mal de son père : elle fut exaucée. Le père guérit, et Thérèse assuma
le rhumatisme... Les faits qui suivent
ont été rappelés par Anni Spiegl, une amie de Thérèse Neumann qui avait
assisté à de nombreux phénomènes extraordinaires vécus par cette
dernière : – Un jour, le Dr Wutz avait célébré sa messe dans son
oratoire privé et consacré deux hosties, pour Odile et Ferdinand, une sœur et
un frère de Thérèse. Au moment de la communion, il ne restait qu'une seule
hostie. Thérèse lui donna bientôt l'explication. Ayant été dans
l'impossibilité d'assister à la messe, malgré son immense désir de rencontrer
Jésus, elle se transporta en esprit dans l'oratoire de la maison Wutz, à
Eichstät, où célébrait le professeur. Thérèse assista à cette messe, en esprit,
et communia... C'est de la même façon qu'elle assista aux cérémonies du
couronnement du pape à Rome, et à diverses canonisations. Elle racontait
ensuite ce qu'elle avait vu, avec de nombreux détails qu'on pouvait ensuite
vérifier. Thérèse discernait les prêtres qui
avaient abandonné leur sacerdoce. Elle savait d'instinct si le
Saint Sacrement se trouvait dans l'église ou dans la chapelle où elle
entrait. Elle discernait les vraies reliques des saints, des fausses. Elle prédit,
longtemps à l'avance que le Dr Graber, professeur à l'université d'Eischtätt
serait un jour l'évêque de cette ville. Un jeune étudiant en théologie
était atteint d'une très grave tuberculose de la gorge. Prise de pitié,
durant les fêtes de Noël 1922, Thérèse pria le Sauveur de lui donner cette
maladie en échange de la guérison de ce jeune séminariste. Thérèse fut
aussitôt atteinte d'un mal de gorge qui la fit souffrir longtemps. Mais à
partir de ce jour, Thérèse ne put plus jamais avaler la moindre nourriture
solide. Le jeune étudiant guérit définitivement et fut ordonné prêtre. Le
jour où il célébra sa première messe, le 30 juin 1931, Thérèse fut délivrée
de son mal de gorge. Pendant la période
nazie, les amis de Thérèse du cercle de Konnersreuth avaient préparé une
action nocturne de propagande antinazie pour le soir même. Soudain Thérèse
fut ravie en extase; revenue à l'état normal elle s'écria : "Renoncez
à ce que vous avez l'intention de faire cette nuit, car il y a du
danger". Odile, sa sœur, fut consternée, mais elle brûla
immédiatement tous les documents qui avaient été si péniblement imprimés.
Heureusement, car le lendemain matin la Gestapo surgissait dans le magasin
d'Anni, recherchant les écrits contre le régime. Le jour de la
Toussaint, Thérèse voyait tous ses parents et amis décédés. Elle les voyait
sous les traits qu'elle leur avait connus, mais resplendissants de bonheur. Thérèse Neumann
vivait dans une intime union avec le Sauveur. Pendant trente-cinq ans, outre
les terribles visions de la Passion de Jésus-Christ, elle eut la grâce de
contempler la vie de Jésus sur la terre, et ses miracles. Elle vit le pays où
il vécut, travailla et se déplaça, ainsi que les gens qui l'entouraient. Elle
connut leurs habitudes et les entendit parler leur langage : l'araméen.
Elle vécut des scènes du voyage des mages, le massacre des innocents, la
fuite en Égypte, la vie à Nazareth et la plupart des épisodes de la vie
publique de Jésus. Thérèse contempla de nombreuses scènes de la vie de Marie
après la résurrection de Jésus, notamment à Éphèse avec Saint Jean, “puis
à Jérusalem où, à la fin de sa vie terrestre, elle fut élevée, corps et âme,
au Ciel”. Thérèse assista aussi à la lapidation de Saint Étienne. Elle
fut témoin de la prédication et du martyre des apôtres et de nombreux saints. Pendant ses extases,
Thérèse Neumann perdait conscience de ce qui l'entourait physiquement, mais,
curieusement, ses sens ressentaient ce qui se passait dans les lieux où
l'extase la transportait. Les expressions de son corps ou de son visage trahissaient
ce qu'elle éprouvait : le froid, la chaleur, les odeurs, etc... Thérèse
était présente, matériellement, comme spectatrice de la scène contemplée.
Ainsi, elle se penchait si un objet lui cachait ce qu'elle désirait voir. En
ce qui concerne le langage araméen qu'elle parlait et comprenait durant ses
extases, ainsi que de ses connaissances géographiques de Jérusalem à l'époque
du Christ, le baron Erwein von Aretin a pu écrire :"... Il est
établi que les extases révèlent des connaissances qui ne sont préexistantes
ni chez l'intéressée, ni chez aucun témoin. Resl apparaît ici comme étant
tout à fait sous l'emprise d'une force extérieure non perceptible par les
sens. Cela vaut aussi pour l'aspect de ses extases. Avec une brutalité sans
pareille, parfois en pleine conversation... ces extases éclatent en trombe,
l'arrachent de ses oreillers, souvent en des positions physiquement
invraisemblables selon les lois de la pesanteur... Toute sensibilité a
disparu de son corps. Malgré ses stigmates
et la Passion de Jésus qu'elle revivait chaque semaine du jeudi soir au
dimanche matin, malgré son jeûne total et prolongé, Thérèse vivait
normalement, recevant de nombreux visiteurs, prenant part aux travaux
des champs, soignant les malades, et se réservant le soin d'orner l'église.
Cependant, vers la fin de sa vie, on détecta une angine de poitrine. Est-ce à
cause de cela que, à partir de 1961, la miséricorde du Seigneur espaça les
visions douloureuses du vendredi ? Cependant les activités de Thérèse se
poursuivaient. Pendant l'été 1962, Mgr Rudolph Graber, l'évêque de
Konnersreuth demanda à Thérèse de travailler avec lui à l'érection d'un
monastère consacré à l'adoration perpétuelle. Elle choisit les Sœurs
du Carmel pour jeter les bases de la nouvelle congrégation. Deux dames de
Konnersruth lui donnèrent le terrain nécessaire pour construire le nouveau
couvent à Konnersreuth, et Thérèse réussit à trouver les fonds nécessaires
pour sa construction. Ce monastère fut appelé "Theresianum" en
l'honneur de la petite sainte Thérèse. La première pierre fut posée le 28
avril 1963. Cinq mois après la pose de la première pierre le Theresianum
était consacré, mais Thérèse Neumann était morte. Il est intéressant de citer
quelques lignes de Mgr Graber à propos de ce couvent : "Le Père
cherche des adorateurs... N'est-ce pas étrange qu'ici, justement devra
s'ériger ce lieu d'adoration, non loin du rideau de fer, donc non loin de ces
pays où Dieu n'est plus adoré et où on idolâtre la matière. Peu importe que
les ingénieurs fassent tant et tant d'autres découvertes, qu'ils envoient
leurs radiations sur la terre et que leurs fusées sillonnent les hémisphères
occidental et oriental : ces radiations mystiques de la prière et de la
grâce sont infiniment plus fortes que toutes les autres radiations
naturelles. Elles conduiront l'humanité à la vie, à la vie éternelle, à la
vie divine." |
NOUVEAU TESTAMENT B.A-BA |
Gérard
Chauvin |
Edition
Pardès |
2005 |
Jésus-Christ
n’a jamais rien écrit. Il a enseigné oralement, confiant à ses apôtres la
mission d’annoncer aux juifs et de répandre parmi les nations l’heureux
message, la « bonne nouvelle » : Dieu s’est
révélé en se donnant lui-même par son fils unique, pour le
salut intégral de l’humanité. C’est
le grand mystère de l’Incarnation qui fonde et valide la religion chrétienne
dans la diversité de ses formes confessionnelles. Le nom même de Jésus –terme
juif : Yeshoua ou grec : Iesous (Yeshoua l’Emmanuel
annoncé par le prophète Isaïe) signifie « Dieu avec moi ou Dieu en moi ». Cloué
devant Jérusalem sur le bois du sacrifice, « Dieu fait homme »
est mort. Il a été mis au tombeau et il a ressuscité au troisième jour.
Mystère de la Passion, donc de la mort, et miracle de la résurrection, donc
de la Vie, constituant le socle doctrinal de l’édifice chrétien. Les apôtres
témoins du Christ, transmirent et diffusèrent sa Parole, et ces témoignages
sont ceux d’une communauté indivise, non de tel ou tel groupe ou individualité. Le
Nouveau Testament, par l’incarnation du Christ et le don de sa vie, est le
fruit de la Nouvelle Alliance passée entre Dieu et les hommes. Venu pour
accomplir la prophétie, Jésus tourne la dernière page de l’Ancienne Alliance,
qui mettait entre Dieu et ses créatures un médiateur, un peuple messager, un
peuple élu. Issu lui-même de la lignée de David, Jésus, le Messie, apporte
aux hommes l’ultime message qui offre à chacun de suivre Dieu, de lui parler,
de le prier sans intermédiaire. Il est venu, empli d’amour et de compassion,
enseigner la parole divine, donner l’espérance aux plus humbles, aux malades,
à ceux qui sont perdus. Il est venu guérir les corps de quelques-uns et les
âmes de tous. Mais il est aussi venu exprimer la colère de son Père : il
répond aux pharisiens hypocrites, intransigeants sur la lettre mais oublieux
de l’esprit, chasse les marchands du Temple, donne la première place aux plus
petits, aux plus simples, aux plus pauvres. Trahi, moqué, supplicié, il boira
le calice jusqu’à la lie pour le rachat des hommes, avant de ressusciter dans
son corps glorieux et de délivrer son dernier et plus précieux message :
celui de la vie éternelle au Royaume des Cieux. Ceux
qui l’ont connu, ceux qui ont recueilli les témoignages sur sa vie, ceux qui
ont dispensé sa parole et rassemblé les premiers chrétiens ont ensemble posé
cette pierre, ce socle sur lequel repose son Église. Une Église qui
aujourd’hui vacille ; c’est pourquoi il est essentiel de retourner boire
à cette source première et de lire ou relire ce Nouveau Testament qu’Augustin
Crampon a si bien éclairé pour nous de ses commentaires. |
8 O
œuvres mystiques de st
bernard |
|
Edition
DU SEUIL |
1992 |
||
Bernard
avait commencé de bonne heure à dénoncer le luxe dans lequel vivaient alors
la plupart des membres du clergé séculier et même les moines de certaines
abbayes. Ses remontrances avaient provoqué des conversions retentissantes. -
Il intervient dans les conflits qui ont éclaté entre Louis le Gros et divers
évêques, et proteste hautement contre les empiètements du pouvoir civil sur
les droits de l’Église. - en 1130, des événements d’une toute autre gravité,
mettent en péril l’Église tout entière, divisée par le schisme de l’antipape
Anaclet II. C’est à cette occasion que le renom de Bernard se répandra dans
toute la Chrétienté. Les cardinaux, partagés en deux factions rivales,
avaient élu successivement Innocent II et Anaclet II. Le premier, contraint
de partir, en appelle à l’Église universelle. C’est la France qui répond la
première. Bernard est invité au concile convoqué par le roi à Étampes. Les
évêques et les seigneurs réunis suivent son avis (comme celui d’un envoyé de
Dieu), et reconnaissent la validité de l’élection d’Innocent II. Bernard
entreprend alors de nombreux voyages pour asseoir cette décision. Il parcourt
les principaux diocèses et est partout accueilli avec enthousiasme. L’abbé de Clairvaux se rend auprès du roi d’Angleterre et
triomphe promptement de ses hésitations; Il a aussi une part, au moins
indirecte, dans la reconnaissance d’Innocent II par le roi Lothaire et le
clergé allemand. Il rejoint ensuite l’Aquitaine pour combattre l’influence de
l’évêque Gérard d’Angoulême, partisan d’Anaclet II. En 1135, il réussit à
détruire le schisme en opérant la conversion du comte de Poitiers. Dans
l’intervalle, il doit se rendre en Italie, appelé par Innocent II qui y était
retourné avec l’appui de Lothaire, et qui le missionne pour accommoder les
deux cités rivales Pise et Gênes. Innocent peut enfin rentrer dans Rome, mais
Anaclet demeure retranché dans Saint-Pierre dont il est impossible de
s’emparer. Lothaire, couronné empereur à Saint-Jean de Latran, se retire
bientôt avec son armée. Après son départ, l’antipape reprend l’offensive, et
le pontife légitime doit s’enfuir de nouveau et se réfugier à Pise. C’est de l’Allemagne seule qu’on peut espérer un secours
efficace. Malheureusement, l’Empire est toujours en proie à la division, et
Lothaire ne peut retourner en Italie avant d’avoir assuré la paix dans son
propre pays. Bernard part pour l’Allemagne et travaille à la réconciliation
des Hohenstaufen avec l’empereur. Là encore, ses efforts sont couronnés de
succès. Il se rend ensuite au concile qu’Innocent II a convoqué à Pise.
Bernard est l’âme du concile, dans l’intervalle des séances, raconte un
historien du temps, sa porte est assiégée par ceux qui ont quelque affaire
grave à traiter, comme si cet humble moine avait le pouvoir de trancher à son
gré toutes les questions ecclésiastiques. Délégué ensuite à Milan pour ramener
cette ville à Innocent II et à Lothaire, il s’y voit acclamer par le clergé
et les fidèles qui, dans une manifestation spontanée d’enthousiasme, veulent
faire de lui leur archevêque, et il a la plus grande peine à se soustraire à
cet honneur. Il n’aspire qu’à retourner à son monastère. Il y rentre en
effet, mais ce n’est pas pour longtemps. Il doit se rendre en Sicile pour
concilier Lothaire et le roi Roger, qui s’affrontent en Italie méridionale.
Il entreprend et réussit la conversion d’un des principaux auteurs du
schisme, le cardinal Pierre de Pise, qu’il ramène avec lui auprès d’Innocent
II. Cette conversion porte sans délai un coup terrible à la cause de
l’antipape. En 1137, vers l’époque des fêtes de Noël, Anaclet meurt
subitement. Quelques-uns des cardinaux les plus engagés dans le schisme
élisent un nouvel antipape sous le nom de Victor IV. Mais leur résistance ne
peut durer longtemps, et, le jour de l’octave de la Pentecôte, tous font leur
soumission. Dès la semaine suivante, l’abbé de Clairvaux reprend le chemin de
son monastère.
- de 1140 à 1144, il doit protester contre les abus du roi
Louis le Jeune dans des élections épiscopales, puis intervenir dans un grave
conflit entre ce même roi et le comte Thibaut de Champagne. - en 1145, il
doit se rendre dans le Languedoc pour ramener à l’Église les hérétiques
néo-manichéens qui commencent à se répandre dans cette contrée. Au cours de tous ses voyages, des témoins oculaires rapportèrent de nombreuses guérisons miraculeuses,
qui étaient pour la foule comme des signes tangibles de sa mission. Mais
lui-même en parlait peu, attribuant sans doute à ces miracles une importance
secondaire, les considérant seulement comme un signe de la miséricorde
divine, palliant la faiblesse de la foi chez la plupart des hommes,
conformément à la parole du Christ : « Heureux ceux qui croiront
sans avoir vu. » Dans le domaine de la littérature, il lutte contre les
multiples hérésies, et rivalise avec les intellectuels de l’époque. Ses triomphes
ne furent pas moins éclatants, puisqu’ils furent marqués par la condamnation
de deux adversaires éminents, Abélard et Gilbert de la Porrée. Le premier
pour avoir soutenu que les philosophes et les dialecticiens jouissent d’une
inspiration habituelle qui serait comparable à l’inspiration surnaturelle des
prophètes. Le second, évêque de Poitiers, pour ses erreurs concernant le
mystère de la Trinité, provenant de ce
que leur auteur appliquait à Dieu la distinction réelle de l’essence et de
l’existence, qui n’est applicable qu’aux êtres créés. Les sermons de St
Bernard qui s’appellent « Traités de l’amour de Dieu » et ensuite les sermons
sur le « Cantique des Cantiques ».Œuvre majeure de saint Bernard, les Sermons
sur le Cantique développent tous les thèmes de sa doctrine spirituelle et
mystique. Par cette œuvre, Bernard a exercé une influence considérable sur
les grands auteurs spirituels des siècles à venir (Tauler, Ruusbroec, Ignace
de Loyola, Jean de la Croix, François de Sales, etc.). Les sermons 51-68
commentent les versets 2,5 à 2,16 du Cantique des Cantiques, c'est-à-dire les
gâteaux de raisin, les gazelles, les vignes, la colombe cachée au creux du
rocher, les petits renards... |
ŒUVRE ET VIE DE ST BERNARD L’ESPRIT CISTERCIEN |
Dom
JEAN LECLERCQ |
LES
MAÎTRES SPIRITUELS |
1998 |
Ce
géant du moyen âge voyagea beaucoup. Il prêcha une croisade, fonda des
monastères et écrivit énormément. Il eut le pouvoir religieux occulte tout en
étant un grand mystique. Sa démarche et son esprit son ici expliqués. Evolution
du contexte social : La croissance économique, après avoir enrichi les
moines, provoque une évolution sociale. Le commerce se développe, les villes
deviennent attractives. Il devient nécessaire de sortir du couvent pour agir.
De plus, la vie urbaine révèle des inégalités que les solidarités rurales
masquaient. La charité de parade des bénédictins traditionnels ne peut plus
suffire. De nombreux hôpitaux se développent. Enfin, l'apparition de
nombreuses hérésies rend nécessaire une remise en question. L'esprit
de Cîteaux :
Cîteaux propose une réforme. L'accent est mis sur une vie en communauté
isolée et sur l'ascétisme. Les cisterciens forment un ordre conservateur qui
ne remet pas en cause la société d'ordres et qui souhaite au contraire le
retour d'un monachisme à l'écart de la société. Ce conservatisme se mêle
cependant à des éléments de modernisme, notamment dans les relations entre
frères. Si chacun va à son rythme pour progresser vers Dieu, chaque moine est
continuellement aidé ou aide les autres (entraide inspirée de la chevalerie).
Le rite est intériorisé. Le but de chacun est avant tout de se connaître
lui-même, avec humilité. Si Cîteaux conserve les structures monacales
classiques, notamment la séparation entre les convers et les moines, ses
recrues ont un état d'esprit un peu différent en raison de leur contact avec
la chevalerie. On observe des restes de l'esprit courtois dans les
communautés, par exemple la tension continuelle vers la prouesse héroïque, même
si elle n'est pas de même nature que chez les chevaliers. Le modèle de
filiation entre Cîteaux et ses filles est calqué sur le lignage
aristocratique. Saint
Bernard :
Les cisterciens se heurtent à de nombreuses critiques. Pour certains, ils ne
vont pas assez loin dans l'idéal de dépossession et de pauvreté. Pour les
bénédictins traditionnels, ils vont au contraire trop loin, notamment en
travaillant de leur main, ce qui paraît contraire à la dignité monacale.
Saint Bernard fait cependant triompher les cisterciens. Issu de la petite
noblesse, il est tout de suite destiné à la vie monacale. Il est cependant
imprégné de l'esprit chevaleresque : c'est un combattant. Pour épurer son
âme, il méprise son corps et rejette tout orgueil ou parure. S'il possède
parfaitement l'art du discours, son éducation n'en fait pas un grand usager
de la dialectique (contrairement à Abélard). La parole, celle de Dieu, est
pour lui plus le vecteur principal de la foi, plus qu'aucun art visuel. C'est
pourquoi il veut chasser les trop riches sculptures des monastères (les
moines n'en n'ont pas besoin, ils savent lire) alors qu'il tolère le recours
à l'image dans les églises accessibles à tous (car le peuple a besoin de
l'image pour accéder à l'histoire sacrée). Comme Suger, il pense que l'art
doit aider chacun à retrouver en lui l'image de Dieu, en favorisant la
résurgence de cette image. Pourtant, il rejette les flamboiements
artistiques. C'est avant tout vers l'intérieur de soi que chacun doit se
retourner. Les
richesses de Cîteaux et leur utilisation : Le
développement du mouvement cistercien s'accompagne d'un développement des
constructions de monastères. Si ceux-ci présentent une grande unité de style,
l'uniformité n'est pourtant pas ce qui les caractérise. La construction de
ces bâtiments est coûteuse (achat de la pierre, appel à de la main-d’œuvre
extérieure). Les cisterciens refusent les seigneuries, mais ils ne refusent
pas les dons. Lorsque ces derniers sont faits sous forme d'orfèvrerie, ils
sont échangés contre de la monnaie, car les cisterciens refusent d'orner
leurs autels. Outre les dons, les ressources servant à construire les églises
viennent de l'exploitation de leurs domaines. La fortune cistercienne a peu
d'autres destinations : les monastères sont à l'écart, ils n'ont guère à
faire preuve d'hospitalité et de charité. L'argent se transforme donc en un
art qui symbolise les vertus de Cîteaux : la rigueur et le dépouillement. |
ORTHODOXIE B.A- BA |
Frédéric Luz |
Edition
PARDES |
2001 |
De
l’Orthodoxie, le public occidental n’a généralement qu’une image assez
vague : celle d’icônes rutilantes, d’églises aux bulbes dorés et de
prêtres barbus et mariés… Au-delà des clichés, cet ouvrage essaye d’esquisser
une approche globale d’un monde extrêmement riche mais encore méconnu.
Le premier fut celui de Nicée en 325, convoqué par l’empereur
Constantin |
ORTHODOXIE - LA SPIRITUALITÉ ORTHODOXE ET LA PHILOCALIE |
Placide Deseille |
Edition Albin Michel |
2003 |
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Le monachisme palestinien connut aux 5e et 6e siècles une efflorescence remarquable avec de grands moines comme saint Théodose le Cénobiarque (423-529), saint Euthyme (377-473) et saint Sabas (439-532) ; le monastère de saint Sabas fut le creuset où prit forme l’office liturgique byzantin ; mais ce milieu ne produisit pas d’écrits spirituels important. Ce fut la péninsule du Sinaï qui prit le relais de l’Egypte ; elle n’offrait plus à la retraite des moines de vastes étendues de sable, mais des montagnes abruptes, aux flancs hérissés d’éboulis et d’énormes blocs de granit rouge. D’importants souvenirs bibliques y sont attachés : la jeunesse de Moïse, le puits des filles de Jethro et le buisson ardent, l’Exode des Hébreux, l’ascension de Moise au sommet de la montagne, la vision divine, le don de la Loi. Dès le 4e siècle, des anachorètes vinrent s’y établir ; pour les protéger des incursions meurtrières des bédouins, l’empereur Justinien y fit construire en 527 un monastère fortifié, d’abord appelé monastère du Buisson (Batos), puis monastère Sainte- Catherine. Le premier auteur présenté dans la philocalie est saint Antoine le Grand, que toute la tradition chrétienne a présenté comme « Père des moines », il fut contemporain de l’empereur Dioclétien qui fut le pire persécuteur de l’église, mais aussi de l’empereur Constantin qui accorda la liberté de culte aux chrétiens. Ont suivi les pas de saint Antoine le Grand : Evagre le Pontique (346-399), saint Macaire d’Egypte et ses célèbres homélies spirituelles, puis saint Diadoque de Photicé, saint Isaïe l’anachorète, saint Marc l’ascète, les maîtres spirituels du désert de Gaza avec l’abbé Séridos, Barsanuphe, Jean le prophète, le moine Dorothée, l’abbé Philémon. Tous ces Pères chrétiens nous ont laissés des textes spirituels d’une très grande portée spirituelle et philosophique, ils forment l’anthologie de la Philocalie. On en retrouve d’ailleurs une grande partie dans les textes et apophtegmes des Pères du désert. Au sommaire de cet ouvrage de 300 pages, on y parle de : Historique : Les origines de l’hésychasme - l’âge des Pères du désert - l’expansion de l’hésychasme - Théologie et spiritualité à Byzance - L’hésychasme athonite - L’époque de la philocalie : Un initiateur : Saint Païssy Velitchkovski - les collyvades du Mont Athos et la philocalie grecque Anthologie thématique : La divinisation du chrétien - « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » - La divinisation de la personne - La voie hésychaste - les préalables et les étapes - L’influence de la spiritualité philocalique : La spiritualité en Grèce - le renouveau païssien en Russie - la tradition hésychaste en Roumanie - la philocalie en Occident - |
8 P
pADRE PIO - le Saint franÇois du 20e siḔcle
|
Péroni |
Edition
Saint Augustin |
1999 |
Premier prêtre stigmatisé, Padre Pio de
Pietrelcina, né Francesco Forgione, est l’héritier spirituel de saint
François d’Assise. Padre Pio, que Dieu a gratifié de charismes
particuliers, se consacra toute sa vie au salut des âmes. Des témoignages
de la sainteté du moine continuent de parvenir en grand nombre,
en raison de la gratitude des personnes qui ont fait appel à son intercession
pour obtenir la guérison du corps ou de l’âme. Francesco Forgione est né d’un foyer modeste
le 25 mai 1887 à Pietrelcina, au sud de l’Italie. Son père, Grazio
Forgione, et sa mère, Maria Giuseppa de Nunzio, avaient déjà d’autres
fils. Contrairement à une majorité d’enfants de son âge, Francesco éprouva très tôt le désir de consacrer sa vie à
Dieu. Mamma Peppa a raconté: «Il était sage et obéissant, ne se
permettant aucun caprice. Matin et soir, il allait à l’église prier
Jésus et la Sainte Vierge. Le jour, il ne sortait pas avec ses
amis. Quelquefois, ses frères lui disaient: «Francesco, tu devrais sortir
jouer». Mais il refusait, disant: «Je ne veux pas y aller parce qu’ils
blasphèment». Abbé Augustin de Saint-Marc-en-Lamis, qui fut
l’un des directeurs spirituels de Padre Pio, a écrit dans son journal que le
jeune Francesco avait connu, dès l’âge de cinq ans, des expériences
mystiques. En effet, les apparitions et les moments d’extase étaient si
fréquents, chez lui, qu’il croyait que les autres enfants en connaissaient
aussi. Francesco chérissait le rêve de donner sa vie
au Seigneur. Ce grand désir se réalisa quand, le 6 janvier 1903, à
l’âge de seize ans, il fut admis comme clerc dans l’Ordre des Capucins.
Le 10 Août 1910, il fut ordonné prêtre en la Cathédrale de Bénévent.
Ainsi commença sa vie sacerdotale mais, en raison d’une santé plutôt fragile,
il séjourna en divers couvents du sud de l’Italie. Ce n’est qu’à partir
du 4 septembre 1916 qu’il fut établi au couvent de San
Giovanni Rotondo, sur le Gargano, où il resta, hors quelques brefs et rares
voyages, jusqu’à sa mort, le 23 septembre 1968. Tout au long de cette
période, Padre Pio commençait sa journée très tôt, s’éveillant à l’aube pour
lire le bréviaire. Puis il descendait à l’église pour célébrer
l’Eucharistie, après laquelle il faisait action de grâces devant le Saint
Sacrement. Ses journées se partageaient entre l’oraison et la
confession. L’un des événements marquants de la vie de
Padre Pio se produisit le matin du 20 septembre 1918 alors que, priant
devant le crucifix, au sanctuaire de la vieille église, il reçut le don de
stigmates visibles, qui demeurèrent ouverts et sanglants pendant un
demi-siècle. Ce phénomène suscita l’intérêt, non seulement d’une légion de
médecins, de journalistes et de spécialistes, mais encore, l’attention de
gens simples qui, au fil des ans, se rendirent à San Giovanni Rotondo pour
rencontrer le saint moine. Dans sa lettre du 22 octobre 1918 à l’abbé
Benedetto, Padre Pio a écrit: «Comment vous décrire ma crucifixion … Je
me trouvais au sanctuaire, après avoir célébré la messe, lorsque je fus
envahi d’une paix qui ressemblait à un doux sommeil. Tous mes sens
entrèrent dans une quiétude indescriptible. Cela se produisit en
l’espace d’un éclair. M’apparut, au même moment, un mystérieux personnage
ressemblant à celui que j’avais vu le soir du 5 août, à la différence que ses
mains et son côté saignaient. Sa vue me saisit. Je ne saurais
dire ce que je ressentis à cet instant et je serais mort si le Seigneur
n’était pas intervenu pour soutenir mon cœur, qui bondissait dans ma
poitrine.» - «Le personnage disparut et je constatai que mes mains, mes pieds
et mon côté saignaient. Vous imaginez le tourment que j’éprouvai; d’ailleurs,
je le ressens encore, presque chaque jour. La plaie au côté saigne
continuellement, mais surtout du jeudi soir au samedi. Père, je me
meurs de peine pour le tourment et la confusion que je ressens en mon âme
... Jésus, si bon, me fera-t-il la grâce de soulager la confusion que
j’éprouve pour ces signes extérieurs? J’élèverai bien haut la voix, ne
cessant de le conjurer de retirer de moi, par son infinie miséricorde, non le
tourment, non la souffrance ... mais ces signes extérieurs qui me
causent une confusion et une humiliation quasi insupportables.» Pendant des années, des quatre coins du
monde, des fidèles vinrent requérir du prêtre stigmatisé son intercession
puissante auprès de Dieu. Pendant les cinquante années qu’il a vécues
dans l’humilité, la prière, le sacrifice et la souffrance, Padre Pio fonda deux
organismes: l’un vertical, vers Dieu, les Groupes de prière,
l’autre horizontal, vers son prochain, un hôpital moderne, La Maison du
Soulagement de la Souffrance. En septembre 1968, des milliers de fidèles et de dirigés spirituels de Padre Pio se réunirent à San Giovanni Rotondo pour célébrer le 50e anniversaire des stigmates et tenir le quatrième congrès international des Groupes de prière. Or, personne n’aurait imaginé qu’à 2h30, le 23 septembre 1968, la vie temporelle de Padre Pio de Pietrelcina allait prendre fin. |
papes Patronymes – Événements - Évolution |
Alain
grandel |
perpignan |
2001 |
Petit
livre dénombrant les 267 papes – de St Pierre au Pape J. Paul II – chaque
Pape a son évolution et est mis en exergue le (ou les) fait(s) marquant(s) de
son règne. Jules
II della Rovere meurt dans la nuit du 20 au 21 février 1513, son successeur
est élu le 11 mars, au terme d’un bref conclave: le cardinal Jean de Médicis
devient Léon X. Le nouvel évêque de Rome est âgé d’à peine 38 ans. Deuxième
enfant de Laurent le Magnifique et de Clarice Orsini, son éducation a été
faite par quantité d’intellectuels florentins et, dès 1489, il a été nommé
cardinal, ce qui ne l’a pas empêché de mener une vie parfaitement laïque. Mais
une fois élu pape, il faut de toute urgence l’ordonner prêtre (le 15 mars) et
évêque (deux jours plus tard), pour pouvoir procéder à son couronnement, le
19 mars 1513. Léon X meurt relativement jeune, le 1 décembre 1521 (le
commentaire est cette fois de l’Arétin : « Il ne put recevoir les
sacrements, les ayant depuis longtemps vendus. »), après avoir traversé,
presque indemne, une période troublée. Sans efforts excessifs, il parvient en
effet, favorisé par les circonstances, à entretenir des relations
relativement paisibles avec les trois grands souverains de l’époque moderne,
tous dotés d’une forte personnalité : François Ier de France, Henri VIII
d’Angleterre et le jeune empereur Charles Quint. Les commentaires à son sujet
soulignent tantôt sa bonté et sa tolérance, tantôt le fait que sa cour lui
coûte quelque 100 000 ducats par an. Ce
train de vie dispendieux vide rapidement les caisses pontificales et, selon
les mauvaises langues, l’oblige à mettre en vente jusqu’aux nominations au
cardinalat (certaines friseront en effet le scandale). Au cours de ce règne
étrangement tranquille, l’événement qui bouleverse le plus le pontife
florentin est la mort inopinée de Raphaël. Quant aux
« quatre-vingt-quinze thèses » dénonçant les indulgences, que
Martin Luther affiche sur la porte de l’église Ognissanti à Wittenberg, le 31
octobre 1517, Léon X n’y voit d’abord qu’un contretemps fâcheux mais passager
et les traite comme s’il s’agissait d’une affaire locale. Il ordonne à
Luther, sous peine d’excommunication, de retirer les quarante et une thèses
réfutées par Rome, puis il met sa menace à exécution le 3 janvier 1521 (bulle
Decet Roman um Pontificem). Dans les premiers temps de son pontificat, il a
réglé d’une manière autoritaire, centralisatrice et définitive les conflits
avec le gouvernement municipal de Rome et, en réalité, sa préoccupation
majeure est la consolidation des territoires de l’Eglise. |
PARAY-LE-MONIAL le hiÉron
du val d’or |
Félix
de ROSNAY |
Edition
Arma Artis |
2002 |
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Il
se pourrait d'ailleurs que certains membres du Hiéron aient connu l'activité
de la Compagnie et se soient voulus les continuateurs de cette Œuvre,
aujourd'hui toujours méconnue, bien que des recherches historiques récentes
tendent à redécouvrir l'ampleur de l'influence qu'elle exerça sur la société
du XVIIe siècle, à la veille des grands troubles idéologiques de la
révolution française. On peut considérer
l'Œuvre du Hiéron comme une tentative de revivification de l'esprit de cette
Compagnie, travaillant à réactiver le ferment chrétien dans le peuple autour
de la dévotion à l'Eucharistie et de la proclamation du Règne proche du
Christ-Roi, tout juste annoncé au XVIIe siècle. Que reste-t-il de tant de
peines prises pour le Royaume ?…Peu de choses semble-t-il… L'on sait que la
bibliothèque fut vendue au monastère jésuite de Louvain et éparpillée depuis,
ceci afin de rassembler des fonds pour réparer le toit du Musée ! Les pièces
de collection subirent le même sort que le précieux fonds de bibliothèque.
Certaines seraient conservées au Vatican, en quelque coin perdu – L'hommage
eucharistique, comme accès privilégié à la rénovation sociale par la
Connaissance et l'Amour, voilà l'intuition du Hiéron pour le XXe siècle et
les Temps de la Fin. Cette convergence des Sciences traditionnelles, héritées
de l'Antiquité, ordonnées à la révélation chrétienne comme à leur centre ;
cette allégeance de la sagesse et des initiations antiques à la Sagesse
incarnée et à l'initiation baptismale catholique, réalisent cet
accomplissement exprimé par le Christ : « Je ne suis pas venu abolir, mais
accomplir ». Ce projet, trop vaste
pour une seule génération de collaborateurs, ne fut pas soutenu par les évêques
de son temps. Loin de nous l'idée de nous en scandaliser. Le XXe siècle a
rassemblé toutes les forces les plus hostiles au Christianisme pour tenter
d'éteindre le Soleil eucharistique, aussi bien parmi les baptisés en voie de
paganisation que parmi les authentiques Chrétiens, laissés dans l'ignorance
des merveilles de leur Histoire et de la beauté surnaturelle des dogmes
catholique. Le Hiéron aurait
décelé des phénomènes lucifériens qui toucheraient certaines régions marquées
du sceau de l'Éternel en France. Phénomènes subtils, équivoques, exerçant une
attraction mal définie, mais combien efficace pour le dérèglement des esprits
! À la mort d'Alexis de Sarachaga, est désigné, selon sa volonté, pour
successeur à la direction de l'Œuvre, M. de Noaillat, assisté de son épouse,
Marthe, qui sera la principale promotrice de la fête du Christ-Roi, instituée
par le Pape Pie XI, le 11 décembre 1925. La mission publique
du Hiéron s'achève. L'Œuvre ne survivra que de peu à la mort de son
fondateur. D'autant plus que les deux dernières survivantes, Marthe Noaillat
et Jeanne Lépine-Authelain mourront accidentellement, en 1926. Cette dernière
disait de son fondateur : « M. de Sarachaga communiquait à ses fidèles ce
sixième sens, appelé par Raymond Lulle l'Affatus, et que plus
simplement notre maître vénéré nommait le sensum Christi. » Elle
définit la petite assemblée des pèlerins solitaires du Hiéron de « groupe qui
marche d'un pas sûr à la clarté éblouissante de l'Évangile et de la
tradition. » Il reste encore sur notre sol, béni du Christ et de la Vierge,
des lieux baignés de ces effluves spirituels où demeurent ces espaces sacrés,
les Hiérons indestructibles que le feu élémentaire ne peut atteindre,
réceptacle du Feu de l'Esprit-Saint qui, déjà, rassemble les siens pour une
nouvelle Pentecôte. |
paray- le- monial symbole
et prophÉtie du sacrÉ-cœur |
Henry
montaigu |
Edition Place Royale |
1979 |
Paray-le-Monial est une ville dédiée au Sacré-Cœur de Jésus.
Cela commence vers l’an 1 000 avec Cluny qui assume un rôle de médiateur
constructeur au centre de la chrétienté. Le Sacré – cœur de Jésus a toujours
été soutenu, promulgué, diffusé et défendu par une société tantôt officielle
et tantôt secrète qui a perduré malgré les vicissitudes de l’Histoire. Ce
n’est pas pour rien que le Hiéron du Val d’Or s’est installé à
Paray-le-Monial. Un livre qui dévoile les messages et les prophéties de ces
sociétés. Elle a de nombreuses
apparitions, authentifiées par son confesseur jésuite, saint Claude La
Colombière, qui la destinèrent par la suite à exercer un nouvel et véritable
apostolat du Sacré-Cœur. Les historiens comptent généralement quatre
"grandes apparitions" en dépit de quelques incertitudes sur les dates
exactes. Dans la première apparition, très probablement à la fin de 1673,
elle repose comme saint Jean sur la poitrine du Sauveur et reçoit le nom de
disciple bien-aimé du Sacré-Cœur. L’année
suivante, elle voit le Sacré-Cœur "comme dans un trône de flammes, plus
rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal" ; il était
entouré d’une couronne d’épines et surmonté d’une croix. Notons qu’il s’agit
bien là de l’authentique représentation du Sacré-Cœur, et non pas celle que
nous a imposé le siècle dernier. Dans cette apparition, sa mission est
précisée : honorer le cœur de chair du Sauveur et répandre la dévotion
au Sacré-Cœur afin de participer à la rédemption d’amour de tout le genre
humain. |
petit lexique des hÉrÉsies
chrÉtiennes |
Michel
thÉron |
Edition
ALBIN MICHEL |
2005 |
Qui
étaient les Agonyclites, les Condormants ou encore les Melchisédéciens, et en
quoi croyaient-ils ? Michel Théron, auteur des Deux visages de Dieu, une
lecture agnostique du Credo, répertorie ici près de deux cents de ces
hérésies, de la première moitié du Ier siècle aux dernières décennies du
XXème siècle, des plus exotiques aux plus profondes. Au commencement était
l’hérésie. Celle-ci n’est pas une déviance tardive par rapport à une foi
originelle unanime : au contraire, la religion chrétienne telle qu’on la
connaît aujourd’hui a émergé du foisonnement des opinions divergentes, voire
franchement contradictoires.
Des
dogmes aussi fondamentaux que la divinité du Christ ou la Trinité ne se sont
imposés que lentement, à coup d’édits impériaux et d’excommunications. Les
textes évangéliques eux-mêmes foisonnent d’ambiguïtés, de failles dans
lesquelles peuvent s’enraciner les lectures les plus contraires au
catéchisme. Un vaste panorama, aussi curieux qu’enrichissant, des mille
croyances qui ont pu se réclamer du christianisme.
|
PETIT TRAITḖ
DE LA PRIḔRE SILENCIEUSE
|
Jean-Marie Gueullette
|
Edition Albin Michel
|
2015
|
Le silence et l’intériorité
ne sont pas l’apanage de l’Orient, il existe une manière chrétienne très
simple de prier en silence, en tentant de se recentrer inlassablement sur la
présence de Dieu par la répétition intérieure de son Nom. Cette façon de
prier a une longue histoire, on en trouve des témoignages depuis les débuts
du christianisme, on l’a parfois appelée prière monologiste (prière sur un
mot) ou, plus récemment, prière du silence intérieur ou oraison de simple
regard. A certaines époques, comme dans le courant de la mystique rhénane ou
au XVIIe siècle en France, elle a constitué une façon de prier très répandue.
Aujourd’hui, une grande part de cette tradition, de ce patrimoine chrétien,
est tout à fait ignorée. L’enseignement proposé ici l a d abord été depuis plusieurs
années dans des sessions, où il a fait l’objet d’une mise au point
progressive, qui lui permet ajour hui d’être accessible au plus grand nombre. Il existe une manière chrétienne très simple de prier en
silence. Cette pratique, qui remonte aux origines du christianisme, consiste
à « s’asseoir et désirer Dieu » en tentant de se recentrer
inlassablement sur sa présence par la répétition intérieure de son Nom, ou
d’un nom de Dieu. A certaines époques (courant de la mystique rhénane ou
au XVIIe siècle en France), la prière du silence intérieur, ou oraison de
simple regard, a constitué une façon de prier très répandue. Aujourd’hui, une
grande part de cette tradition chrétienne, est tout à fait ignorée. « L’homme
libre n’attend rien de Dieu et Dieu n’attend rien de lui, car l’union ne se
situe pas dans la catégorie des choses que l’on donne et que l’on échange.
L’union de l’homme détaché avec Dieu est une relation où l’homme se donne
comme Dieu se donne. L’homme libre, le saint, n’attend rien de Dieu. Il vit
en Dieu. » Cette communion ouvre un chemin de liberté, dans la confiance et
la paix. Comment aborder cette façon de se recentrer sur
Dieu ? La présence de Dieu en nous est
au-delà de toute sensation. La prière silencieuse est un acte de foi :
choisir de désirer Dieu, nous donner entièrement, nous tenir présents. Cette
pratique n’est ni un monologue, ni une méditation sur des valeurs, elle
s’adresse à quelqu’un, à Dieu dont nous sommes le temple. Pour une fois, nous
sommes attentifs à sa présence, nous le rejoignons en nous. La relation à Dieu n’est-elle pas quelque chose de
compliqué ? Les chrétiens ne sont pas
spontanément réceptifs à un discours associant corps et prière, mais c’est
parfois un problème de lombaires ! et quand ils acceptent de tenter l’expérience,
ils sont stupéfaits de ce qu’ils sont capables de faire. Il suffit juste de
trouver la position qui convient et vouloir se tourner vers Dieu de tout son
être. À quoi « sert » le support du nom de Dieu ? Dieu est au-delà de ce que je peux dire de Lui. La
répétition du nom de Dieu aide à fixer l’attention, mais il faut y mettre
une intention : celle de se tourner vers quelqu’un. Le nom nous permet
un accès plus rapide à notre temple intérieur, lieu de silence où Dieu
réside. Cette prière silencieuse est-elle faite pour tout le
monde ? Le silence, le dépouillement, le
fait qu’il n’y ait pas besoin de se raconter rencontrent une demande. La
simplicité de cette prière parle à de nombreux croyants. Elle n’est pas
compliquée mais néanmoins exigeante. |
PIE XI – UN PAPE DE COMBAT, DE COURAGE ET
DE LIBERTḖ |
Launay Marcel |
Edition Le Cerf |
2018 |
On lui doit la consécration de Jeanne
d’Arc comme sainte patronne de la France, la canonisation de Bernadette
Soubirous, de Thérèse de Lisieux ou encore du curé d’Ars, la condamnation de
Charles Maurras, la réprobation du communisme, du fascisme et du nazisme. Cet
homme, c’était Pie XI (1857-1939) ; et il régna près de vingt ans avec
autorité et courage en combattant toutes les formes du mal.
Le
discours antifasciste que le pape voulait prononcer en février 1939, et que
son successeur a fait détruire, a été exhumé des archives vaticanes. : Le texte devait être lu en présence de Benito Mussolini,
le 11 février 1939, à l'occasion du dixième anniversaire du Concordat entre
l'Italie et le Vatican. Devant les évêques, le pape Pie XI avait ainsi prévu
de tenir urbi et orbi un discours très dur contre le fascisme et le
nazisme (lire ci-contre), s'en prenant notamment à une «presse qui agit
contre nous» et qui va jusqu'à «nier obstinément toute persécution en
Allemagne», mais encore en invitant les prêtres à se méfier des «délateurs».
Décédé durant la nuit du 10 février, le pape Achille Ratti (élu en 1922)
ne prononcera jamais ce texte de rupture avec le fascisme que l'historienne
Emma Fattorini vient de mettre intégralement en lumière provoquant une
sérieuse polémique dans les milieux catholiques. En fouillant dans les archives du
Vatican (ouvertes depuis septembre dernier pour la période allant jusqu'à
1939), cette universitaire reconnue, professeure à La Sapienza de Rome, a non
seulement retrouvé des passages inédits (les plus critiques) de ce discours
de février 1939 mais a acquis la preuve que le très controversé Eugenio
Pacelli alias Pie XII (1939-1958) aurait fait délibérément disparaître le
texte. A l'ombre de Saint-Pierre, la nouvelle fait l'effet d'une petite
bombe. Secrétaire d'Etat d'Achille Ratti, Pacelli-Pie XII est depuis les
années 60 critiqué pour ses «silences» durant la Seconde Guerre mondiale mais
ardemment défendu par une partie de l'Eglise. Dans son ouvrage intitulé Pie
XI, Hitler et Mussolini, la solitude d'un pape, Emma Fattorini affirme
qu'«à partir des nouveaux documents des archives secrètes du Vatican il
existe une preuve certaine que, le pape à peine mort, Pacelli ordonne la
destruction immédiate de toutes les copies de ce discours». Le livre
n'est sorti qu'hier matin en Italie, mais il fait déjà l'objet d'attaques et
de critiques venues principalement de partisans déclarés de Pie XII. La Ligue
catholique anti diffamation dénonce «une nouvelle tentative de tordre le
cou à la vérité à l'aide d'arguments captieux». L'Avvenire, le journal de l'épiscopat italien évoque la «confrontation
forcée» entre Pie XI et son successeur et nie toute «solitude» du
pape Ratti. Pour Emma Fattorini, il ne s'agit pas d'opposer de manière
radicale les deux papes, mais de constater, que, aujourd'hui comme hier, «il
existe deux conceptions différentes de l'Eglise. Il y a d'un côté une idée de
l'institution où c'est la dimension spirituelle qui prime et une autre
conception qui pense davantage à l'aspect politique des choses ».Fervent
anticommuniste et partisan d'un certain apaisement avec Hitler et Mussolini
sans être pronazi, Pie XII aurait ainsi suivi cette seconde voie. A
l'inverse, raconte l'universitaire, à partir de 1936, «Pie XI estime que
le totalitarisme est incompatible avec la foi. Il demeure un grand
conservateur, peu laïque, mais dès cette période il perçoit, et c'est l'un
des seuls, qu'Hitler est l'ennemi principal ou encore que la conférence de
Munich est une tromperie. En terme de danger imminent, le nazisme se
substitue pour lui au bolchévisme». En mai 1938, Hitler se rend en visite
officielle à Rome. Pie XI quitte alors ostensiblement le Vatican pour se
réfugier dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo. Le 5 septembre,
Mussolini publie un décret qui interdit aux enfants juifs de fréquenter
l'école. Le lendemain, devant un groupe de fidèles belges, le pape déclare
fortement et publiquement que « l'antisémitisme est inadmissible, car spirituellement
nous sommes tous sémites». Béatification. «La
question n'est pas tant la destruction du discours par Pie XII mais le fait
qu'il n'en a pas repris l'inspiration», insiste Emma Fattorini.
L'encyclique condamnant l'antisémitisme préparée sur la demande de Pie XI par
le jésuite américain La Farge restera aussi dans les tiroirs après la mort du
souverain pontife. Les révélations du livre interviennent quelques jours
seulement après l'avis favorable à la béatification d'Eugenio Pacelli émis
par la congrégation pour la cause des saints. Elles risquent de rouvrir la
controverse avec les communautés juives, qui demandent au Vatican de bloquer
la procédure tant que tous les documents concernant le pontificat de Pie XII
n'auront pas été rendus accessibles aux historiens. Seuls ceux allant jusqu'à
Pie XI sont désormais publics. Mais personne n'a encore pensé à béatifier ce
dernier. |
PORT ROYAL
INSOLITE - JANSḖNISME
|
Jean Lesaulnier
|
Edition Klinksleck
|
1994
|
Constitué pour l'essentiel de relations
de conversations tenues l'hôtel de Liancourt en 1670-1671, le Recueil de
choses diverses n'a sans doute pas, selon J. Mesnard, d'équivalent dans
l'ensemble des sources auxquelles peut puiser l'historien du XVIIe siècle. Il
fournit ainsi maints renseignements du plus haut intérêt sur Pascal et La
Fontaine, sur Antoine Arnauld, Pierre Nicole et Claude Lancelot, sur Bossuet,
Pierre-Daniel Huet et Richard Simon. Mais, s'il n'est connu que par une copie
médiocre et souvent très fautive, ce manuscrit nous invite porter, au-delà de
sa diversité déroutante, un regard familier, démystificateur sans irrespect
vulgaire, très éloigné de la prétendue solennité classique , sur la vie
quotidienne, intellectuelle et littéraire du temps. Il nous livre sur Port-Royal
un témoignage original, inédit et insolite Au début du XVIIe siècle, l'Église
française se préoccupe davantage de réformes et de renouveau spirituel que de
questions dogmatiques. Toutefois, la controverse avec les protestants a
ouvert un courant en Sorbonne – alors faculté de théologie – attaché à
l'étude des écrits des pères de l'Eglise, particulièrement saint Augustin,
pour les questions liées à la Grâce. La publication de l'Augustinus de
Cornelius Jansen (1640), son succès en France au moment de la mort de
Richelieu (décembre 1642) ouvre une ère de polémique dans les rangs des
théologiens français, avec, notamment, la publication, en août 1643, de la
Fréquente communion d'Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne et frère de la
mère Angélique. A la demande de la Sorbonne, le pape condamne, en 1653, cinq
propositions jugées extraites de l'Augustinus. Loin de clore la controverse,
la bulle Cum occasionne et attise une polémique violente, menée par Antoine
Arnauld. En 1655, dans sa Lettre à une personne de condition et sa Seconde
lettre à un duc et pair, Arnauld accepte la condamnation des Cinq
propositions, mais garde sur leur attribution à Jansénius un silence
respectueux. Obligée de prendre parti, la Sorbonne choisit d'exclure, en
1656, Antoine Arnauld et avec lui une centaine de docteurs – le tiers de ses
membres. Les débats orageux dont les Provinciales (1656-1657) se font l'écho,
font connaître à un plus large public le contenu du « Jansénisme », cette
hérésie condamnée par Rome. La première année de son règne
personnel en 1661, Louis XIV obtient de l'assemblée du Clergé de France, un
formulaire destiné au clergé séculier, consignant l'adhésion de cœur et
d'esprit à la condamnation pontificale de Cinq propositions. L'édit royal du
29 avril 1664 tente de mettre fin au silence respectueux et impose une
signature sans restriction du formulaire. Sous l'impulsion du pape Clément
IX, Rome obtient l'apaisement en France en 1668 pour une dizaine d'années.
Dès la paix de Nimègue signée en 1679, le roi de France reprend l'offensive ;
contre les protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685, puis contre les
jansénistes qui s'exilent massivement. Le jansénisme est un courant religieux qui se développa au
XVIIe siècle au sein de l’Église catholique, le jansénisme
trouve ses racines dans les écrits de saint Augustin sur la grâce. Quel est le rapport
entre Blaise Pascal et le jansénisme ?
Le philosophe Blaise
Pascal avait une sœur, Jacqueline,
religieuse à l’abbaye de Port-Royal depuis 1652. Il lui rendait donc visite
régulièrement, sans toutefois partager sa ferveur. Mais c’est dans ce lieu
qu’il se rend faire une courte retraite au lendemain de sa conversion
soudaine, le 23 novembre 1654. En janvier 1655, il s’installe
aux Granges, à côté de Port-Royal des Champs, « dans une cellule
exiguë, ne contenant qu’un lit dur, une chaise, une table et un
crucifix », avec les Solitaires, dits aussi Messieurs de Port-Royal,
ces hommes souhaitant se retirer temporairement du monde. En 1656, Antoine
Arnauld, frère des Mères Angélique Arnauld et Agnès Arnauld, successivement
abbesses de Port-Royal, est exclu de la faculté de théologie de la Sorbonne.
Ce brillant théologien, devenu chef de file des jansénistes après la mort de
Saint-Cyran, refusait d’attribuer à Jansénius les propositions condamnées par
Rome. Sur sa suggestion, Blaise Pascal écrit le 23 janvier une
« Lettre envoyée à un provincial par un de ses amis sur le sujet des
disputes présentes en Sorbonne », défendant la cause de la spiritualité
janséniste rigoriste, contre les idées des jésuites jugées trop laxistes.
C’est la première des 18 Provinciales publiées en 1656 et 1657. Un « chef-d’œuvre
de la polémique » qui eut un « impact considérable »,
pour qui « les jésuites ne s’en sont jamais remis ». Qu’a-t-on reproché
aux jansénistes ? Si
les thèses de Jansénius sont à plusieurs reprises condamnées par Rome,
notamment par la bulle Cum occasione du pape Innocent X en 1653, et
par la bulle Unigenitus de Clément XI en 1713, les jansénistes
eux-mêmes ne sont jamais déclarés hérétiques ou schismatiques. Ils sont dans
la droite ligne vaticane du concile de Trente, même si leurs thèses sur la
grâce les rapprochent des calvinistes. Ils adoptent peu à peu une tendance
gallicane, à une époque où l’infaillibilité pontificale n’est pas un dogme.
Au-delà des querelles théologiques sur la question de la grâce, le principal
problème posé par les jansénistes est politique. Leur persécution commence
avec le cardinal de Richelieu, engagé dans la guerre de Trente ans avec les
protestants, ce qui est dénoncé par les jansénistes. En 1638, Richelieu fait
alors emprisonner Saint-Cyran à Vincennes. Puis c’est Mazarin qui,
considérant les jansénistes comme frondeurs, convoque les évêques en 1654
puis en 1655 et leur fait signer un texte précisant que la doctrine de
Jansénius est condamnable. La persécution se poursuit sous Louis XIV qui
juge républicains ces opposants à l’absolutisme royal : le
9 mars 1661, il ordonne la dispersion des novices et des
pensionnaires des monastères de Port-Royal. Quels ont été les
développements du jansénisme ? « Plus le jansénisme a été condamné, plus il s’est
développé », selon l’auteur
pour qui deux épisodes ont ainsi contribué à le rendre vraiment populaire. En
1712, Louis XIV fait détruire le monastère et le cimetière de Port-Royal
des Champs, ce qui est très mal perçu par l’opinion. Puis, en 1746,
l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, veut en finir une bonne fois
pour toutes avec cette doctrine, en exigeant que les fidèles montrent un
billet de confession signé d’un prêtre favorable à la bulle Unigenitus
pour pouvoir recevoir les sacrements. C’est un scandale énorme. En réaction, « Paris
se réveille janséniste », Le Parlement impose alors aux clercs de
délivrer les sacrements sous peine de prison, alors que ceux-ci ont ordre de
leur archevêque de ne pas le faire. Pour l’historienne, « cet épisode
a certainement joué un rôle dans la déchristianisation du pays ». Au moment de la Révolution française, 10 % du clergé ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé est janséniste. Alors que beaucoup de prêtres réfractaires ont émigré, le clergé constitutionnel – dont la plupart des jansénistes –, resté en France, subit la déchristianisation et les persécutions. En 1832, les obsèques de l’Abbé Grégoire, fervent admirateur de Port-Royal, auxquelles assistent des milliers de personnes, marquent, en quelque sorte, le chant du cygne de l’influence janséniste. Dans ce texte, dont cinq propositions seront à plusieurs reprises condamnées par Rome (en 1643, 1653 et 1656), Jansénius explique que la grâce de Dieu, nécessaire au salut de l’âme humaine, est accordée ou refusée par avance, sans que les œuvres du croyant, tout entaché du péché originel, puissent changer le sort de son âme. Cette vision du salut s’oppose à celle soutenue à l’époque par les jésuites, qui plaident pour une grâce divine suffisante, laquelle apporte à l’homme tout ce qui lui est nécessaire pour faire le bien, mais ne peut faire effet que par la seule décision du libre arbitre de l’homme. Cette controverse voit le jour dans le sillage de la Réforme luthérienne, du concile de Trente et de la Contre-Réforme qui veulent répondre à l’aspiration au renouveau religieux qui traverse l’Europe depuis le XVe siècle. Elle prend une importance considérable en France, par l’intermédiaire de l’abbé de Saint-Cyran, un ami de Jansénius. Celui-ci fréquente la famille Arnauld, proche des abbayes de Port-Royal (dans la vallée de Chevreuse et à Paris), qui deviendront un foyer de la pensée janséniste. « Le jansénisme rencontre ainsi les élites du peuple chrétien français, et devient une mode dans le monde aristocratique », Les « jansénistes » ne se désignent eux-mêmes jamais sous ce vocable, se considérant simplement comme catholiques. Ce sont leurs adversaires qui emploient cette appellation |
PRIḔRE ET MḖDITATION
– RIEN DE MOINS QUE L’INFINI |
Anne
Ducrocq |
Edition
François Bourin |
2017 |
Une vie extérieure, active, nous savons
ce que c'est... Mais comment faire l'expérience de la vie intérieure ?
Expérience à nulle autre comparable où tout bascule, où tout se retourne, où
l'on passe du dehors au dedans ? Pour vivre cette aventure, deux voies
s'ouvrent à nous : celle de la méditation (au sens oriental du terme), et
celle de la prière. L'une et l'autre ont probablement le même âge que
l'humanité, même si la route à parcourir est tous les jours nouvelle. L'une
et l'autre proposent de sortir du mental pour rejoindre un silence habité.
Avec la méditation, qui est aussi une technique, on descend dans ses
profondeurs et, avec la prière, on rejoint le transcendant, le divin,
l'Autre. Ici je descends, là je monte. Dans les deux cas, l'on cherche ce qui
nous dépasse. Puisse ce livre entrouvrir avec simplicité quelques portes vers
cette vie intérieure et spirituelle. La
méditation est à la mode aujourd’hui. On en parle de plus en plus dans les
médias. Josée Blanchette signe un bel article sur ce sujet et la pleine
conscience dans Le Devoir du 30 novembre 2012, La vie en 3D. Elle
termine ainsi: "On découvre alors avec surprise que la liberté de
penser, c’est bien. Mais que la liberté de ne pas penser, c’est encore
mieux". On dirait du saint Jean de la Croix. Elle se garde bien de faire
des liens avec la spiritualité, la religion, la prière, l'adoration, Dieu. En
effet, pas besoin de croire en Dieu pour goûter le silence, la paix, la
relaxation, l'attention amoureuse, mais ça peut aider. Il faut dire que Les
mots « Dieu » et « religion » sont piégés de nos jours,
surtout depuis le 11 septembre 2001. Ce phénomène populaire de la
méditation nous vient surtout de l’Orient. Il va à contre-courant d’une
société technologique occidentale qui est de plus en plus consumériste et
ultra rapide. Pour plusieurs occidentaux, c’est « une alternative à la
pensée matérialiste et rationnelle ». La pratique de la méditation est
surtout apparue dans les années 60 avec ce qu’on a appelé « la
génération lyrique », la génération Peace and Love. Des jeunes
trouvaient dans la méditation et le yoga une exploration de leur moi
intérieur au même titre que les drogues psychédéliques et la musique rock. Aujourd’hui,
la méditation est vue par plusieurs comme une technique de relaxation, un
moyen de connaissance de soi, une expérience de la conscience, une forme de
prière, une rencontre avec Dieu. On la retrouve chez les grandes traditions
religieuses dans leur dimension mystique. La méditation répond au désir de
l’être humain de vivre unifié, pacifié, en harmonie avec ce qui l’entoure.
Cette expérience de l’absolu emprunte la voie de l’intériorité et procure
souvent un bien-être physique et mental. Elle se vit différemment selon les
conceptions que les personnes et les religions se font de l’être humain et de
Dieu. On peut tout de même se poser la question : qu'est-ce que méditer
dans ces grandes traditions, et quel est le lien avec la prière ? Dans
la tradition hindoue, bouddhiste et le taoïste, la méditation est un moyen
simple et direct d’atteindre le divin en soi. Mais c’est un chemin long et
exigeant comme l’est toute expérience spirituelle authentique. Comme s'y
prendre? Premièrement, il est important de choisir une posture du corps qui
nous convient, celle qu’on peut garder longtemps, sans faire d’effort, et qui
aide à rester immobile, concentré. Deuxièmement, on peut focaliser son
attention sur un objet intérieur ou extérieur, pour que l’esprit soit
concentré. Ce peut être une statue, une photo d’un maître spirituel. On peut
aussi se concentrer sur sa respiration, une formule ou un son primordial,
comme le mantra Om. En méditant chaque jour, le
fidèle arrive à l’expérience du Soi qui est son identité profonde. Les vagues
s’apaisent à la surface et la personne s’immerge dans les profondeurs de son
être profond, appelé aussi le cœur ou l’âme. Parmi les formes de méditation
issues de l’hindouisme, la Méditation Transcendantale est la plus connue.
Elle fut introduite dans les années 60 par le Maharishi Mahesh Yogi et
publicisée par les Beatles. Pour le Maharishi, la Méditation Transcendantale
est l’aspect pratique d’une science de la conscience. Cette pratique venue
des Indes transcende les religions et peut être utilisée par tous. Des études
scientifiques ont montré que cette forme de méditation hindouiste réduit le
stress et procure une relaxation en augmentant les ondes cérébrales alpha. La
pratique constante de la méditation, qu’elle soit hindoue, bouddhiste,
chrétienne, apporte normalement une vie plus éveillée. Elle conduit à la
pleine conscience de son être qui s’engage pour la paix et la compassion dans
le monde. Cela se vit dans l’attention au moment présent et aux émotions. La
méditation demande un arrêt pour mieux voir, une tranquillité pour mieux
accueillir, un lâcher-prise pour mieux s’abandonner. Elle est une vie pleinement
consciente qui s’ouvre à la totalité du monde. On inspire et on expire
consciemment en sachant que tout est interdépendant et que nous sommes reliés
les uns les autres. La méditation devient paix, éveil, libération. Dans la
tradition bouddhiste, le but est de se libérer de tout attachement paralysant
et d’atteindre le nirvana, la
pacification de tout notre être. Dans
le christianisme, la méditation signifie surtout deux choses : une forme
de prière intérieure et une manière de « ruminer » la Parole de
Dieu, appelée aussi "lectio divina", expression
latine et monastique qui signifie une lecture priante du texte biblique. On
médite ce qu’on lit pour que cette méditation se change en prière et en
contemplation. Ici, c’est la référence à Dieu qui importe. Dieu est vu
comme un être personnel et aimant qu’on peut rencontrer dans la prière. Prier
en chrétien, c’est parler avec amour à un Dieu Père, révélé en Jésus par
l’Esprit Saint. Prier, c’est écouter Dieu présent au fond du coeur, lui
demander quelque chose, lui rendre grâce, le supplier, l’adorer, l’aimer dans
le silence de la contemplation qui est une attention amoureuse à son mystère.
Prier n’est donc pas tant de faire le vide que de communier au
Christ. Jésus, qui se retirait souvent dans des lieux déserts pour
prier, ne dissociait pas prière individuelle et communautaire :
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu
d’eux ». (Matthieu 18, 20); « Mais toi, quand tu pries, retire-toi
au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans
le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le
revaudra ». (Matthieu 6, 6). On
peut également parler ici de l’oraison silencieuse, ou de la prière
contemplative, encore trop méconnue par nombre de chrétiens et qui se
rapproche des formes de méditation des sagesses orientales et des grandes
religions. John Main, moine bénédictin décédé en 1982, a enseigné cette forme
de prière qu’il a appelé « méditation chrétienne » et qui remonte
aux premiers siècles de l’Église. Il se réfère à des auteurs mystiques comme
Jean Cassien et Jean de la Croix. Le mot « méditation » veut dire
ici : se tenir au centre de notre être, c’est-à-dire en Dieu. Main va
s’appuyer sur un mantra, « Marana Tha » (mot araméen qui
signifie : « Viens, Seigneur Jésus ! » (1 Corinthiens 16,
22), qu’il suggère à tous, pour se tenir au centre de l’âme, malgré les
distractions et les images. Voici la manière de méditer qu’il propose
:"Assoyez-vous confortablement, le dos bien droit. Fermez les yeux et, très
calmement et sereinement, commencez à dire silencieusement votre mot dans
votre cœur : « Ma-ra-na-tha ». Oubliez le temps. Nous
méditerons environ vingt-cinq minutes. Pendant tout ce temps, il vous
faut être. Être en paix, être immobile, immobile de corps et immobile
d’esprit, ouvert à la vie et au Seigneur de la vie". (John Main, Le
chemin de la méditation) Le
moine cistercien Basil Pennington met aussi au point une technique de prière
qui consiste à se laisser rejoindre par Dieu au centre de l’être. Cette
« prière de recentrement », ou de « consentement », fut
aussi enseignée par un autre moine américain, Thomas Keating. Encore ici, il
y a un dépassement des pensées et des images pour mieux favoriser
l’intériorité en Dieu et faciliter le développement de la prière
contemplative qui trouve sa source dans la présence du Dieu trinitaire en
nous. Une autre forme de prière chrétienne et contemplative que l’on
redécouvre aujourd’hui est l’adoration eucharistique silencieuse. On voit de
plus en plus des chapelles d’adoration s’ouvrir dans les diocèses où les gens
peuvent aller méditer, prier, adorer en silence devant le Saint Sacrement,
jour et nuit. N'y a-t-il pas là un signe des temps qui répond à un besoin
d’intériorité, à une soif spirituelle? Que nous ayons la foi en Dieu ou non,
ces lieux sont des espaces de recueillement intérieur dans notre monde de
performance où tout va si vite, où nos pensées génèrent si souvent de
l'anxiété, « une plaie moderne, écrit Josée Blanchette, qui vient avec
le mal de dos et la tendinite du pouce ».Que ce soit oraison, prière
contemplative, méditation chrétienne, adoration eucharistique, il est
toujours question d’amour et de silence. Il s’agit de descendre de la tête au
coeur, et, pour le croyant, de mettre tout l’être entre les mains de Dieu,
sachant que l’on est aimé infiniment plus que nous le pensons. Prier, c'est
donc aimer et se laisser aimer. « Plus on aime, mieux on prie »,
écrit Charles de Foucauld. Et plus on se laisse aimer, plus l’on devient
prière. Le poète Patrice de la Tour du Pin résume cela en trois mots dans son
hymne En toute vie le silence dit Dieu : « Il
suffit d'être ». |
priÈre
& mÉditation dans le christianisme & le bouddhisme |
bourgeois & j.p. schnetzler |
Edition
DESCLEE DE BROUWER |
1999 |
||
D’abord je médite, pour me rendre
présent au moment, puis je prie. Il m’arrive aussi de simplement vouloir
méditer, sans avoir l’intention de prier. Je m’assieds, je ferme les yeux…
et, sans que je m’y attende, me voilà emporté. J’ai soudain le sentiment
d’appartenir au monde, l’impression que les frontières entre ma petite
personne et l’Univers deviennent poreuses, un sentiment d’interrogation
existentielle m’étreint : « Pourquoi suis-je ici à respirer ? »
Apparaissent ainsi parfois des états qui appellent la prière, les sentiments
de gratitude, de transcendance. Moi, je suis chrétien, donc je me dis :
« Tu as ouvert ton âme à plus grand que toi, tu ressens, de façon très
simple, que tu es un petit récepteur et qu’il existe un grand émetteur qui
envoie des signaux. » Je pense que la méditation est bonne pour la foi.
C’est une manière d’approfondir sa prière, de l’ouvrir à de nouvelles voies,
peut-être avec moins de mots et davantage de ressenti corporel. N’hésitez
pas, allez-y ! Chez les Bénédictins, j’ai
l’impression d’être un petit parasite qui bénéficie du grand corps
monastique. J’ai la chance d’être en contact avec des gens à la foi
extrêmement forte et qui, par leur présence, leurs chants, leurs prières et
leur façon de vivre, sont une voie et un exemple. Je ressens avec eux une
sorte d’osmose. Ils possèdent quelque chose que je touche par bribes ou par
moments. Je me sens un amateur au milieu de champions de la foi ! Je me
régale à leurs côtés. Ils se situent au-delà de la distinction entre méditation
et prière : ils accomplissent la réunion des deux. Les grands croyants
et les grands méditants ne font plus cette différence. Je pense que pour
nous, gens ordinaires, tout est affaire de régularité et de répétition. Par
exemple, lorsque l’on s’assoit face à la mer, on est d’abord dans la simple
présence apaisée. Mais si l’on reste un peu, on peut ressentir de la
reconnaissance envers le Dieu qui nous permet de vivre cet instant. Puis, si
l’on pousse encore un peu, le sentiment de Sa présence en nous et autour de
nous. Quand je médite, souvent, je
franchis trois étapes : corps, esprit, âme. Quoi qu’il arrive, je
commence par prendre conscience de mon corps : dans quel état il est,
ce que je ressens, comment je respire. Puis j’examine mes idées : de quoi
j’ai envie, ce qui me préoccupe. Parfois, tout cela suffit à nourrir ma
méditation, notamment quand je suis soucieux ou anxieux. Mais parfois, je
sens qu’il faut que je pousse encore plus loin. J’essaie de m’ouvrir à plus
grand que moi, de me dire : « Tout est bien. N’aie peur de rien,
continue d’avancer. » Parfois, je me dis : « De toute façon, tu es dans
la main de Dieu. Donc fais de ton mieux et accepte de te laisser porter.
Respire, souris, remercie pour tout ce qui t’a déjà été donné. » Là, je ne suis
pas dans la méditation pure, mais dans la prière. Je m’accroche au bas de la
robe de Dieu ! La méditation m’a considérablement
enrichie. Dès que l’on nourrit sa vie intérieure par la méditation, on
aboutit à des interrogations d’ordre spirituel. En ce sens, la méditation a
réactivé, nourri, multiplié mes temps de prière. Chaque soir, quand je songe
aux bonnes choses que j’ai vécues durant la journée, je passe rapidement « en
mode prière ». Je repense à trois moments agréables et je dis : « Merci,
Seigneur, Tu m’as permis de vivre cela. » Quand j’ai l’impression que
je peux mourir, et que cela n’a pas lieu, je Le remercie. Il y a quelque
temps, j’attendais des résultats médicaux à l’issue très incertaine. Je suis
allé prier dans la chapelle de l’hôpital. J’ai médité puis j’ai remercié.
J’ai dit : « Je ne sais pas ce qui va m’arriver, je Te fais
confiance. Mais quoi qu’il m’arrive, merci de m’avoir permis de vivre tout ce
que j’ai vécu. » Je crois vraiment que la méditation m’a aidé à aller
plus souvent à la rencontre de moments comme ceux-là. Après avoir médité, parfois je
prends la Bible. Je vais chercher des passages que j’explore à l’infini. Mes
préférés sont les Psaumes, le Livre des proverbes, l’Ecclésiaste et le Livre
de Jérémie. D’abord je médite, pour me rendre présent au moment, puis je
prie. Il m’arrive aussi de simplement vouloir méditer, sans avoir l’intention
de prier. Je m’assieds, je ferme les yeux… et, sans que je m’y attende, me
voilà emporté. J’ai soudain le sentiment d’appartenir au monde, l’impression
que les frontières entre ma petite personne et l’Univers deviennent poreuses,
un sentiment d’interrogation existentielle m’étreint : « Pourquoi
suis-je ici à respirer ? » Apparaissent ainsi parfois des états
qui appellent la prière, les sentiments de gratitude, de transcendance. Je suis chrétien, donc je me dis :
« Tu as ouvert ton âme à plus grand que toi, tu ressens, de façon très
simple, que tu es un petit récepteur et qu’il existe un grand émetteur qui
envoie des signaux. » Je pense que la méditation est bonne pour la foi.
C’est une manière d’approfondir sa prière, de l’ouvrir à de nouvelles voies,
peut-être avec moins de mots et davantage de ressenti corporel. N’hésitez
pas, allez-y ! Chez les Bénédictins, j’ai l’impression d’être un petit
parasite qui bénéficie du grand corps monastique. J’ai la chance d’être en
contact avec des gens à la foi extrêmement forte et qui, par leur présence,
leurs chants, leurs prières et leur façon de vivre, sont une voie et un
exemple. Je ressens avec eux une sorte d’osmose. Ils possèdent quelque chose
que je touche par bribes ou par moments. Je me sens un amateur au milieu de
champions de la foi ! Je me régale à leurs côtés. Ils se situent
au-delà de la distinction entre méditation et prière : ils accomplissent
la réunion des deux. Les grands croyants et les grands méditants ne font plus
cette différence. |
PRIER LA PAROLE –LECTURE ET MÉDITATION DES ÉCRITURES |
Enzo Bianchi |
Edition Albin Michel |
2014 |
Enzo Bianchi, fondateur de la communauté œcuménique de Bose, dans le Piémont, redonne ici au chrétien, et à tout lecteur engagé dans une recherche de sens, un accès aux Ecritures. Cet ouvrage est devenu un classique, il a permis la redécouverte en Occident de la lectio divina, riche tradition du premier christianisme et qui s’inscrit dans la lignée de Vatican II. L’ouvrage qui présente à la fois l’horizon historique des Pères de l’église et décrit le chemin à explorer au quotidien, sous la forme de lectures, de méditations et de prières, dévoile la Parole « comme réalité vivante, dynamique, efficace, capable d’alimenter la foi, d’inspirer la vie », ce livre invite à retrouver toute la saveur de la Révélation. Au sommaire de cet ouvrage : La lectio divina : L’approche de la Parole de Dieu aujourd’hui - la Parole de Dieu - la liturgie de la Parole - de la liturgie à la Parole - Formation de la lectio divina - demandez l’esprit, vous recevrez l’illumination - cherchez dans la lecture - vous trouverez par la méditation - frappez dans la prière - entrez dans la contemplation - Réalisez la Parole, vous témoignerez du Seigneur - Demandez l’Esprit saint - prends la Bible et lis - cherche à travers la méditation - contemple - conserve la Parole dans ton cœur - la lectio divina, expérience d’Israël et de l’église - un temps de silence pour que Dieu parle - invocation de l’esprit saint - lis, médite et prie - lettre de Guigues II le chartreux au frère Gervais sur la vie contemplative - l’échelle spirituelle et ses quatre degrés - fonction de la lecture, de la méditation, de la prière, de la contemplation - les signes de la venue de la grâce - comment l’âme doit-elle se comporter - |
8 Q
QUI
EST CHRḖTIEN ?
|
Hans Urs Von Balthazar
|
Edition Salvator Yves Briend
|
2001
|
Située
dans l’Arnold Böcklin-Strasse de cette ville de Bâle qui est depuis des
siècles un véritable creuset de théologie, de philosophie et d’aventures de
la pensée, la petite maison de Von Balthasar a cette grâce modeste et
discrète si caractéristique de la Suisse allemande. Un portail donne
sur un jardinet à peine plus grand qu’une plate-bande et en haut de
l’escalier, le vieux professeur nous accueille et nous guide vers une étude
jonchée de livres. En entrant, on ne peut s’empêcher de scruter les
murs pour y trouver des indices révélateurs sur notre hôte. En effet,
dans l’entrée elle-même, nous observons deux portraits révélateurs: Sainte
Thérèse de Lisieux et le masque mortuaire d’Ignace de Loyola (Von Balthasar
fut jésuite jusque 1948 avant de passer ensuite vers le clergé diocésain, mû
par un dessein d’apostolat bien précis). L’étude
est dominée par une grande statue en bois de la Vierge et au-dessus de la
porte est suspendue cette tragique Crucifixion de Grünewald devant laquelle
Dostoïevski tomba dans un délire épileptique : il s’agit sans doute de
l’œuvre picturale qui illustre le mieux que « Jésus agonisera jusqu’à la fin
du monde » comme l‘évoquait Blaise Pascal, cet autre grand maître à penser
très cher à Von Balthasar. Aux côtés de la Trinité, de Marie et de
l’Eglise le « cas sérieux » de la Croix trône au centre de sa réflexion comme
une sentence sur les optimismes humains trop faciles et superficiels. Sur son
bureau, devant une petite photo de Jean-Paul II, un exemplaire du Basel
Zeitung est ouvert. Il s’agit de l’un des nombreux journaux du
monde qui ont publié la dernière diatribe de Hans Küng contre le Pape et ses
plus proches collaborateurs. Au
début de l’entretien, je lui demande spontanément s’il a lu le texte de son
collègue qui, comme lui, est né dans le canton de Lucerne. Il hoche la
tête d’un air triste et se met à parler d’une voix basse en me fixant droit
dans les yeux : « Cela fait au moins dix ans que cet homme répète sans cesse
la même chose. La seule chose qui a changé c’est que son ton est de
plus en plus polémique. En réalité, depuis la publication de son livre
“Etre chrétien”, Hans Küng n’est plus chrétien. » Il suffit de lire
ses derniers livres, même le tout dernier dans lequel il parle des autres
religions. Kung n’est plus chrétien. Pour lui, Jésus n’était rien
d’autre qu’un prophète et le problème se réduit à une discussion pour savoir
s’il a été un prophète plus grand que le Bouddha, que Confucius ou que
Mahomet. Ce n’est pas par hasard que l’Ayatollah Khomeini l’a invité en
Iran pour donner des conférences dans lesquelles il a répété qu’il n’y avait
qu’un seul Dieu et de nombreux prophètes. Désormais, pour lui – et il
le dit d’ailleurs clairement dans son livre qui n’a pas encore été traduit en
italien – le christianisme n’est qu’une voie de salut parmi d’autres. » « Küng a lui-même choisi de sortir de
l’Eglise, il n’a plus donc rien à dire aux évêques. En réalité, il n’a
même plus rien à dire à personne, à commencer par les protestants. En
effet, depuis que son institut de théologie œcuménique a perdu la
reconnaissance officielle de l’Eglise catholique, Küng ne représente plus que
lui-même. Peut-être est-ce justement également à cause de la situation
dans laquelle il se trouve qu’il a déplacé son discours de l’œcuménisme entre
chrétiens vers l’œcuménisme avec les religions non chrétiennes. » « Il représente la pensée d’une certaine
intelligentsia mais avec de moins en moins de poids. Il a perdu
de l’influence en Allemagne et il n’est plus que rarement invité à des
conférences, surtout dans les universités. C’est la raison pour
laquelle il voyage à l’étranger : il a la réputation d’être un bon orateur et
surtout, d’être un ennemi de Rome. Ce statut lui attire de nombreuses
sympathies dans certains milieux. » La
virulence de son attaque contre l’actuel préfet de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi a même surpris ceux qui étaient au courant de ses
relations tendues avec le professeur Ratzinger lorsqu’ils enseignaient tous
les deux à Tübingen. |
8 R
RḖALISATION
INITIATIQUE ET MYSTḔRE CHRḖTIEN
|
Pascal Gambirasio
d’Asseux
|
Edition Télètes
|
2012
|
Pascal Gambirasio
d’Asseux
s’est imposé par la qualité et l’exigence de ses travaux sur la chevalerie et
l’héraldique. Il a également approfondi le christianisme dans da double
dimension exotérique et ésotérique. Il met régulièrement en garde dans ses
ouvrages comme dans ses conférences contre les interprétations déviantes du
christianisme à l’œuvre depuis le XIXème siècle pour rappeler
l’essentiel des mystères chrétiens. Toutes les traditions spirituelles connaissent un
enseignement réservé : une voie d'intériorité, un ésotérisme qui s'adresse au
petit nombre dont parle d'ailleurs l'Évangile. Les religions monothéistes
s'inscrivent dans cette réalité : le Judaïsme avec la Kabbale, l'Islam avec
les différentes branches du Soufisme. Le Christianisme, pour sa part, a
toujours connu un tel enseignement, même s'il a été souvent marginalisé à
cause des hérésies ou de mouvements plus récents. Mais cela ne doit pas
conduire à en nier l'existence ni la légitimité. En corollaire, cela ne
signifie pas davantage que cet enseignement contredise ou s'oppose à celui de
la théologie. Car il n'y a qu'une unique théologie : Théo-Logos, la Parole de
(et sur) Dieu ; toutefois, celle-ci ne se dévoile pas à tous selon une mesure
unique parce que tous les hommes ne sont pas désireux de la recevoir avec la même
intensité et ne présentent pas tous une aptitude semblable. Le caractère
original et unique du Christianisme réside en ce qu'il est simultanément
exotérisme et ésotérisme. C'est même l'un de ses Mystères majeurs. Ce livre a
pour ambition d'expliciter cette spécificité de la voie initiatique
chrétienne, son "secret ontologique". Dans cet ouvrage, il
oppose, sur les pas de René Guénon, un ésotérisme chrétien à l’idée d’un
christianisme ésotérique qui « impliquerait un enseignement
"parallèle" distinct (voire contraire) à la Révélation
évangélique. ». Il s’oppose de même à l’idée d’un au-delà impersonnel au
Dieu trinitaire : « Le chrétien, dit-il, croit à l’éternité de sa
personne spirituelle (non une simple identité profane, bien sûr), participant
"fondue et non confondue" comme fils dans et par le Fils à cet
océan originel (Dieu) car ce que Dieu donne par pur Amour (l’esprit immortel,
la personne), il ne le reprend jamais. » Il affirme que les philosophies
de l’éveil orientales ne sont pas supérieures à la Révélation monothéiste, ce
qui est une évidence et probablement un faux problème à condition de se
rappeler qu’affirmer l’inverse serait tout aussi erroné. Plus intéressant est le
développement des principes d’un christianisme qui demeure initiatique par un
approfondissement ininterrompu de l’intériorité. Ce chemin interne est
approché par l’auteur à travers la kabbale et ses lettres-nombres. Une partie
de l’ouvrage est consacrée à la Chevalerie et notamment à la question
centrale, souvent négligée ou incomprise de « la Garde de la Paix et de
la Justice ». La dernière partie étudie certains symboles habituellement
peu investis malgré leur richesse : L’œuf et la cloche. Couple pascal
et symboles universels – L’arbre et la pierre. Visage secret de la Nature –
Le jongleur et le tisserand. Images du Créateur – Le sculpteur et l’archer.
Figures de la geste initiatique – Le coq et le rossignol. Solstices et sceaux
du jour. « Le symbole,
insiste l’auteur, révèle "instantanément" l’Esprit dans la Forme et
l’Esprit de la Forme en tous ses aspects et degrés de vérité et de
compréhension. Il apparaît ainsi supérieur à tous les discours, puisqu’il
"expose" tout, en parfaite simultanéité, sans rien dévoiler aux
regards des profanes qui ne savent pas le déchiffrer. Tandis que le discours
s’adresse à l’intelligence discursive selon un développement logique et
chronologique, le symbole s’adresse à "l’œil du cœur", à la
perception spirituelle : il n’est pas un moyen de connaissance, au sens
livresque comme nous l’avons déjà évoqué, mais un principe, fulgurant,
d’éveil où l’être "est" ce qu’il connaît (co-naît). Dans cette
perspective, le symbole correspond à cette parole du Christ qui, au vrai,
s’adresse à chacun de nous : « Ephphatha « :
« ouvre-toi ! » en araméen (Marc VII, 34). » |
8 S
ST BENOÎT ET LA VIE MONASTIQUE |
Dom
Claude Jean NESMY |
Les
maîtres spirituels |
1959 |
||
Romain, un moine, le ravitaille en lecture et en nourriture au moyen d’une corde. Benoît a environ 20 ans et sa sainteté est déjà réputée. Les vieux moines du monastère voisin de Vicovaro rendent visite à l’ermite et lui demandent de devenir leur supérieur. Benoît accepte. Il tente de réformer la communauté, en proie au laisser-aller. Mais en vain car son action dérange à tel point que des religieux tentent de l’empoisonner en versant dans son verre de vin des plantes mortelles. Au moment où il la bénit la coupe d’un signe de croix, celle-ci se brise. Benoît reprend la route pour Subito. Il y construit douze monastères qui accueillent chacun douze moines – comme les apôtres. Son action et sa vertu le mettent de nouveau en danger. Ses exigences agacent et on tente encore de l’assassiner. Mais Benoît s’aperçoit que sa nourriture contient du poison quand un corbeau recrache les miettes de pain qu’il s’apprêtait à manger. En 529, Benoît et quelques moines s’installent dans une ancienne forteresse qu’ils transforment en monastère, sur le mont Cassin, à 529 mètres d’altitude. C’est sur ce promontoire rocheux qu’il terminera sa vie vers 547. La
règle de saint Benoît : C’est aussi sur le Mont Cassin que Benoît de Nursie
rédige sa règle vers 540. Celle-ci régit encore la vie de milliers de moines
aujourd’hui. Il s’agit d’une œuvre courte. Le rythme de la vie du moine y est
détaillé, entre prière, travail, charité fraternelle, accueil et repos. Son
quotidien s’y organise autour d’une vie de communauté dans laquelle l’abbé
est père et les religieux sont frères. Au fil de la journée s’égrènent les
offices de la liturgie des heures. La
célèbre formule "Ora et Labora" ne figure pas dans cette
règle. Elle fait référence à nombre de ses prescriptions "L’oisiveté
est ennemie de l’âme, c’est pourquoi, à certaines heures, les frères doivent
s’occuper au travail des mains et à certaines autres à la lectio
divina." "Ils sont vraiment moines lorsqu’ils vivent du
travail de leurs mains comme nos pères les apôtres." Mais la prière
prime : "Au premier signal de l’office, que chacun quitte son
travail." Cette règle aura régit la vie d’une multitude de moines. Comme
Abraham, saint Benoît est devenu le père de nombreux hommes qui, dans la
solitude, la prière et le silence, ont cherché Dieu comme unique but de leur
vie. Ses reliques ont été transférées en 703 jusqu’à Saint-Benoît-sur-Loire
(Loiret), dans l’abbaye de Fleury. Elles y sont toujours vénérées. Saint
Benoît, patron de l’Europe, des agriculteurs, des cavaliers, des conducteurs
de machines, des réfugiés et des spéléologues est fêté le 11 juillet. |
ST BENOÎT
- LA RḔGLE
|
Saint
Benoît
|
Edition du Cerf
|
2002
|
La
règle de saint Benoît, connue pour son exigence, se divise en 73 chapitres.
Si elle s’adresse à l’origine aux moines bénédictins, elle contient quelques
pépites pour aider chacun à sanctifier notre quotidien. Le fondateur d’un des
plus grands ordres monastiques de l’histoire de la chrétienté — dont on
célèbre la fête le 11 juillet — a laissé derrière lui un héritage
considérable, à commencer par la fameuse règle qui porte son nom. Certains de
ses articles méritent d’être mis en pratique par chacun, religieux ou non.
Sélection non exhaustive. Les instruments des bonnes
œuvres (chapitre 4) « Par
amour du Christ, prier pour ses ennemis. » -
« Ne rien préférer à l’amour du Christ.
» L’obéissance (chapitre 5) « Le premier degré d’humilité
est l’obéissance sans délai. » L’humilité (chapitre 7) « L’homme estimera que Dieu,
du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu’en tout lieu le regard de la
divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment.
» La révérence dans la prière
(chapitre 20) « Sachons bien que ce n’est
pas l’abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la
componction qui nous obtiendront d’être exaucés. » Les frères malades (chapitre 36) On
prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout. On les servira comme
s’ils étaient le Christ en personne, puisqu’il a dit : « J’ai été malade
et vous m’avez visité » (Mt 25, 36) Le travail manuel de chaque jour
(chapitre 48) « L’oisiveté est ennemie de
l’âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des
mains et d’autres à la lecture des choses divines. » La réception des hôtes (chapitre
53) « Tous les hôtes qui arrivent
seront reçus comme le Christ, car lui-même doit dire un jour : “J’ai demandé
l’hospitalité et vous m’avez reçu ». (Mt 25, 35)
» Les vêtements et les chaussures
des frères (chapitre 55) « Lorsqu’on en recevra de
neufs, on rendra toujours et immédiatement les vieux qui seront déposés au
vestiaire pour les pauvres. » Le bon zèle que doivent avoir les
moines (chapitre 72) « Ils supporteront avec une
très grande patience les infirmités d’autrui, tant physiques que
morales. » Ces dix petits conseils
glanés dans la règle bénédictine ont prouvé leur efficacité pendant plus de 1
400 ans. Ils ont pour but de remettre Dieu au centre des cœurs et des vies.
Une tâche longue et semée d’embûches certes, mais qui mène à coup sûr au don
de soi et à la sainteté. Bonnes œuvres, obéissance, soin des malades et des
voyageurs apprennent à reconnaître la main de Dieu dans le quotidien, et à
savoir mieux la saisir pour se laisser guider à sa sainte volonté. |
ST CHRISTOPHE successeur d’ANUBIS, D’HERMÈS et D’HERACLÈS |
Pierre Saintyves |
Edition Signatura |
2007 |
||
Peu
après Christophe se rendit à Samos afin de convertir les païens et aider les
chrétiens en butte aux persécutions du roi, lequel fit arrêter Christophe et
essaya de le détourner de sa foi, en finale, le roi fit décapiter Christophe,
qui dans un dernier geste de compassion guérit le roi de sa cécité, en
faisant mélanger de la boue à son sang ». Les
représentations les plus anciennes de Christophe
sont caractérisées par la tête de chien, la palme et le costume militaire.
Toutes ces caractéristiques sont réunies dans nombre de représentations d’Anubis. On retrouve effectivement des
peintures dans le Moyen Orient et au Mont Athos en particulier, avec
Christophe affublé d’une tête de chien, il ressemble ainsi à Anubis, divinité
égyptienne. Anubis, le dieu chacal ou dieu loup est celui qui ouvre le
chemin, il est psychopompe et veille sur l’embaumement pour que le défunt
puisse traverser sereinement son voyage sur le Nil nocturne. Il partage en
cela le rôle d’Hermès qui fut
chargé par Osiris de veiller sur l’éducation des militaires – Christophe est
souvent représenté en habit militaire -, il est avec Anubis responsable du
voyage des morts, devant veiller à ce que le défunt possède des connaissances
spirituelles. La
parenté d’Héraklès avec Anubis et Hermès,
pour être moins visible n’en est pas moins certaine et logique. Héraklès
présente de grandes analogies avec ses deux prédécesseurs, il faut se
rappeler que les dieux grecs viennent en grande partie des dieux égyptiens,
les grecs hellénisant seulement les noms et les lieux. Que ce soit Anubis,
Héraklès, Hermès ou Christophe, ils ont en commun, la force, la
lutte, le rôle de psychopompe, de passeur d’âme, de dévouement, de fidélité,
ils portent sur leurs épaules le poids de la transmission. Le
courant iconographique qui va d’Anubis à Christophe en embrassant Hermès et
Héraklès, Hermanubis et Herculanubis, apparaît donc considérable, et on peut
affirmer que les images de Christophe dérivent de ce vaste courant païen, et
qu’elles ont, tour à tour emprunté à Hermès et à Héraklès l’enfant divin, à
Héraklès et à Anubis, le palmier ou l’olivier, à Anubis enfin sa tête de
chien et le costume militaire. Yves Saintyves, de son vrai nom Emile Nourry (1870-1935) fut un célèbre éditeur et écrivain. Basé à Paris, il vit passé dans sa librairie durant 40 ans, tous les intellectuels de l’Hexagone, le président Edouard Herriot, était un de ses plus fidèles clients. Comme écrivain et essayiste, il participa à de nombreux journaux et revues ésotériques. |
ST
JEAN D’HIVER ET SAINT JEAN D’ÉTÉ |
Divers Auteurs |
ARCADIA |
2007 |
Dossier très
important sur cette symbolique des deux St Jean, qui se retrouve dans
tous les arcanes maçonniques, que ce soit sur les autels avec le prologue,
dans les planches tracées, sur les tableaux de loge et dans les
travaux, surtout à la période des solstices. La
référence la plus ancienne à Saint Jean chez les Maçons Opératifs remonte à
1427, où un manuscrit latin conservé à Oxford atteste d’une Assemblée à York
à la Saint-Jean, pour protester contre un Bill du parlement qui
voulait supprimer certaines assemblées de Francs-Maçons. La deuxième est une
réunion de grande loge présidée par Henry VII le 24 juin 1502, pour la pose
de la première pierre de la chapelle de Westminster. Enfin, à la Saint-Jean
d’hiver, le 27 décembre 1561, l’assemblée de la Confraternité fut perturbée
par des hommes d’armes de la reine Elizabeth 1e, qui voulait la dissoudre.
Les officiers invités à participer au rituel furent initiés et donnèrent un
rapport très favorable qui incita la reine à révoquer ses ordres, et à
devenir plus tard la protectrice des Maçons. Dans la Maçonnerie Spéculative, une importance est
donnée à la Saint-Jean dès le début, au commencement du XVIIIe siècle, comme
en témoigne la Constitution de la Grande Loge de Londres en 1717, qui choisit
le 24 juin, jour de la Saint-Jean Baptiste, pour réunir sous ce nom les
quatre Loges de Londres qui se réunissaient séparément dans quatre cabarets
d’où elles tiraient leur nom : L’Oie et le Gril, La Couronne, Le Pommier, Le
Gobelet et les raisins. C’est à cette date du solstice d’été que la nouvelle
Grande Loge a élu son Grand Maître Seyer. C’est encore un 24 juin, l’année
suivante, que Payne lui succèdera, avant d’être lui-même remplacé à la
Saint-Jean de 1720 par Désaguliers. Et celui-ci choisit le 24 juin 1721 pour
faire adopter le Livre des Constitutions d’Anderson. Bientôt, il est attesté par des textes, comme l’article 22
des Règlements d’Anderson, que les réunions et fêtes de la Franc-maçonnerie
peuvent aussi se tenir le 27 décembre, à la Saint-Jean du solstice d’hiver.
Les Francs-maçons de la Maçonnerie Opérative se rattachaient au
Moyen-âge aux Confréries des métiers libres, francs, d’où leur nom,
exemptes des contraintes corporatives, privilège de règle dans les censives
de l’Ordre des Templiers, et c’est dans leur domaine que les artisans de la
construction avaient choisi de s’installer pour bénéficier de ces privilèges.
L’Ordre dissous par Clément V en 1312, leurs biens et droits sont dévolus aux
Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, avant qu’ils deviennent les
Chevaliers de Rhodes, puis de Malte. A cette époque, ces francs-métiers
libres d’entraves corporatives étaient liés en Confréries au but religieux et
charitable, sous la protection d’un saint patron. Vu les circonstances, on ne
peut douter qu’il s’agissait déjà de Saint Jean. Pour Oswald Wirth, il est
même certain que les Loges de Saint-Jean dérivent de ces Confréries, déjà
présentes au Moyen-Age sous le nom de Confraternités de Saint-Jean. Il semble donc bien y avoir un lien entre le choix de
Saint Jean dans la Franc-maçonnerie et le lien des francs-métiers avec
l’Ordre des Templiers, dont Saint Jean l’Evangéliste était le patron, et qui
reste celui des Hospitaliers après la dissolution de l’Ordre. Déjà dans leur
invocation, les Templiers comme leurs successeurs confondaient la figure
johannique du Précurseur, et de l’Apôtre. La raison de cette association,
plutôt que confusion, est à chercher dans les affinités symboliques de ces
deux figures emblématiques du Nouveau Testament. La symbolique de Saint Jean Le Baptiste : Avant
d’évoluer, la Franc-maçonnerie a d’abord été religieuse, comme en atteste la
participation à la messe avant la tenue solennelle. Au fil du temps et des
évènements, elle ne garde des célébrations de la Saint-Jean d’été et d’hiver
que les enseignements ésotériques dans leur pureté symbolique. Saint Jean le
Baptiste est désigné aussi par le titre de Précurseur ou d’Envoyé, de Témoin.
Ce prêcheur du désert avec sa tunique en poils de chameau, que la tradition
ésotérique et iconographique a parfois remplacé par une toison d’agneau ou de
bélier vierge, est présenté comme un ascète, qui sera décapité pour
l’impudique Salomé, par Hérode. Il est présenté comme une figure de
l’incorruptibilité, de l’indépendance de pensée, mais aussi de renoncement.
N’est-il pas celui qui a dit de Jésus : « Il faut qu’il croisse et que je
diminue », et aussi : « Il vient après moi celui qui est plus grand
que moi. Je vous baptise d’eau, il vous baptisera de feu et du Saint Esprit ». Sa fête le 24 juin, jour du solstice d’été, rend bien
compte de ce rôle de Précurseur, qui reconnaît humblement ne pas être le
Messie, mais celui qui crie dans le désert de préparer sa venue. En effet, ce
jour-là, le soleil est à son apogée, mais il est aussi à ce point culminant
après lequel sa lumière commencera à décroître, comme Jean Baptiste devant le
Maître qu’il annonce. Comme le dira de lui précisément le deuxième Jean,
l’Evangéliste : « Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre
témoignage à la lumière ». Il est la figure symbolique qui donne une
représentation du Feu Principe, de la Lumière, qui n’est pas la Cause
Première mais son émanation, comme le Feu du Buisson Ardent qui manifeste la
présence de Dieu à Moïse, ou les flammes de Pentecôte qui rendent sensibles
la descente du Saint Esprit, avec ses dons qui sont en priorité Intelligence,
Connaissance et Amour. C’est ainsi que Jean Baptiste est devenu le cœur de la
célébration du solstice d’été, au milieu de l’embrasement des feux, rituel
qui a des racines dans les plus antiques traditions, en Inde, en Iran, en
Egypte, avant de passer en Grèce dans les Mystères d’Eleusis ou les feux de
joie de la fête de Jupiter Stator à Rome ou du culte de Mithra. Plus proche
de notre symbolique, il faut évoquer les feux de la fête solaire associé au
mythe d’Héraclès-Hercule, dont les 12 travaux sont assimilés dans certaines
traditions, à la marche du soleil dans les 12 Signes du Zodiaque, le 12e
travail correspondant au solstice d’été : Héraclès cueille les pommes d’or
des Hespérides, avant de se laisser piéger en revêtant la tunique imprégnée
du sang du Centaure Nessus, qui va lui communiquer le feu de son poison,
poussant le héros à se faire brûler sur un bûcher d’où, purifié, il accèdera
à l’immortalité des dieux. La mort d’Hercule apparaît donc déjà comme le
symbole de la mort de l’homme profane, suivi de la résurrection de l’initié
après le passage par le Feu de la Connaissance. Ce mythe a pris de l’importance dans la Gaule méridionale,
où Héraclès a été pris comme divinité tutélaire par les tailleurs de
pierre, ce qui en fait dans l’Antiquité une sorte de préfiguration
maçonnique de Saint Jean puisqu’il est pris pour maître par ceux dont le
culte professionnel revêt un caractère initiatique représenté par les 12
travaux du héros, jusqu’à son élévation finale. En considérant la force de ce
mythe dans cette activité, nous voyons que Saint Jean Baptiste se substitue
tout naturellement à Héraclès quand l’Eglise reprend les traditions anciennes
en fêtes chrétiennes .Il devient à la place du héros ancien le centre des
célébrations du culte de la victoire de la Lumière de la vie sur les Ténèbres
de la mort, après le passage par le feu purificateur. En lui sont exaltés le
Feu Principe, et la Connaissance qui ouvre le chemin vers Dieu à travers le
Bien, le Beau, l’Idéal, l’Absolu où l’on peut reconnaître la Quête de la
Franc-maçonnerie. L’Evangéliste : Dans l’Evangile qui porte son nom
Jean pose dès le Prologue le symbole de la Lumière, qui n’est pas la Cause
Première mais son émanation incréée, et l’origine de notre univers. En même
temps, il confirme le rôle du précurseur, son homonyme Jean, comme Témoin de
la Lumière. Parce qu’il insiste sur cette Lumière qui « luit dans les
ténèbres », il est naturel sur le plan symbolique que Jean l’Evangéliste
soit célébré au cœur des ténèbres du solstice d’hiver, où les feux à
l’extérieur ne sont plus le symbole de l’intensité de la lumière cosmique,
mais sont allumés au cœur de la maison pour repousser les ténèbres
extérieures, comme un symbole de la Lumière qui illumine le cœur de l’initié
pour repousser l’obscurantisme sous toutes ses formes. Sa fête, le 27 décembre, est
proche de la date traditionnellement attribuée à la naissance de Jésus, dans
la nuit du 24 au 25 décembre. Comme si le Logos, la Lumière réduite à sa plus
faible expression dans son incarnation sous la forme d’un bébé, avait un
besoin primordial du Témoin qui rappellerait, dans les deux jours qui
suivent, son origine transcendante : « Au commencement était le Verbe, et
le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » avant
d’évoquer l’incarnation « Et le Verbe a été fait chair et il a habité parmi
nous plein de grâce et de Vérité et nous avons contemplé sa gloire »... André
Chopard,
nous rappelle les valeurs maçonniques que développe la Franc-Maçonnerie, avec
trois termes forts que rappelle St Jean :
la Lumière, les Ténèbres et la fidélité. Claude
Tresmontant
sous le titre de « Qui était Jean ?»
retrace le côté ésotérique de Jean. René
Eloy explique
pourquoi l’appellation Loge de St Jean. François
Bertrand
dans une conférence qu’il a donné à Paris , fait la différence entre ces deux
Jean avec une petite préférence pour le
Baptiste(24 juin), son humilité et sa fin tragique, où la
décollation (29 Août) fait partie avec le baptême des deux symboles forts de
Jean. Jean le Baptiste est
d’ailleurs le Saint patron du Québec depuis sa création. Jean
Bourcelot
nous explique la tradition johannique, avec Jean, prophète de la Lumière,
Jean gardien du message christique, Jean et la Kabbale, Jean et sa prophétie
à travers l’Apocalypse, Jean et l’éthique. Gérard Abidh développe le
Johannisme, sa doctrine, son message, les fêtes solsticiales, le rapport
étroit avec le R.E.A.A, le témoin et l’aigle de Lumière. Jean
Constant Gaucher,
nous raconte les fêtes des solstices d’hiver et d’été, d’après les textes anciens
et la tradition populaire, avec les bûchers, les roues solaires, les chats,
les fêtes païennes, les superstitions, Noël et sa bûche, les Rois mages et
les cadeaux. Jean
Servier
nous conte le christianisme primitif, avec les deux Jean et déborde sur Janus, ce gardien des portes dans la Rome
antique. Les superstitions populaires nous apprennent les problèmes liés à la
Saint Jean d’hiver, avec des sentences qui paraissent venir du fond des âges. Dimitri
Davidenko
nous offre des explications ésotériques et spirituelles sur le Corpus Johannite, corpus constitué par L’Apocalypse
de Jean l’Aigle de Pathmos, l’Evangile de Jean et des épîtres. Les
cahiers du pélican
décortiquent l’évangile de Jean et son coté anagogique, et ainsi nous
rappelle les moments forts de cet enseignement. F.
Goerg
explique pourquoi l’évangile de Saint Jean est placé sur les autels des loges
au R.E.A.A. Alain
Juillet
nous explique l’exégèse chrétienne et maçonnique du prologue de Saint Jean. Jean
Batellier
continu par le symbolisme johannique du maçon, et des explications sur les
épîtres. Un mini dossier nous raconte la décollation de Jean le Baptiste, et les baptêmes qu’il faisait, dont celui de Jésus. Le solstice d’été est très largement commenté avec les célèbres feux de la Saint Jean et les diverses superstitions attachées à cette fête, qu’elle soit religieuse, populaire ou païenne. |
ST EPHREM LE SYRIEN - HISTOIRE DE SA VIE ET EXTRAITS DE SES ÉCRITS |
Anonymous |
Edition Théclassics |
2013 |
||
"La poésie -a déclaré Benoît XVI- lui permit
d'approfondir sa réflexion théologique au travers des paradoxes et des
images". Il donna à ses poèmes et hymnes liturgiques "un caractère
didactique et catéchistique...destiné à mieux diffuser la doctrine de l'Eglise
lors des fêtes liturgiques".
Saint
Ephrem le Syrien, un des Pères de l’Église, a été proclamé docteur de
l’Eglise par le pape Benoît XV en 1920, comme le rappelait le pape François
en proclamant le grand saint arménien Grégoire de Narek docteur de l’Eglise,
presque un siècle plus tard. Saint Ephrem, né à Nisibe (Turquie actuelle)
vers 306, est donc vénéré dans les Églises orientales, mais aussi en
Occident. Diacre, ce
grand théologien a écrit plus de 3 millions de vers pour louer Dieu et
combattre les hérésies de l’époque. Et il est considéré comme le premier
compositeur de chants sacrés pour les femmes, et comme l’un des plus grands
poètes de langue syriaque. Il est mort le 9 juin 373 à Edesse, où il a
vécu dix ans, après avoir contracté la peste en assistant les malades. Pour le jour de sa fête liturgique, voici une prière qu’il a composée et que l’on peut redire pour la paix en Syrie, et tout l’Orient, berceau du christianisme. Prière de saint Ephrem le Syrien : Seigneur notre Dieu, Tu as choisi l’Orient pour envoyer ton Fils unique et accomplir l’économie du salut. C’est une jeune fille orientale, la Vierge Marie, que tu as choisi pour qu’elle porte et enfante ton Fils unique. C’est en Orient qu’il a grandi, qu’il a travaillé, qu’il a choisi ses apôtres et ses disciples. C’est en Orient où il a transmis ta volonté et tes enseignements, où il a fait des miracles et des prodiges. C’est en Orient où il s’est livré. C’est en Orient où il a choisi de souffrir, de mourir et de ressusciter. C’est de l’Orient où il est monté au ciel et siégé à ta droite. Nous te prions d’accorder les forces nécessaires à tes enfants en Orient pour qu’ils soient affermis dans la foi et dans l’espérance de tes saints apôtres. Amen. |
SAINT
FRANÇOIS D’ASSISE - LES FIORETTI
(petites fleurs), suivi du cantique de Frère Soleil
|
Saint François d’Assise
|
Edition Jean de Bonnot
|
1989
|
Les Fioretti sont un recueil
d’histoires légendaires sur saint François d’Assise et ses premiers
compagnons, réunies par les franciscains du XIVe siècle. Célèbre pour sa
fraîcheur, sa saveur, son humour, ce florilège rassemble, sinon les paroles
et les gestes de saint François, du moins son « esprit », l’esprit
franciscain : il n’est pas un mot, pas un acte racontés qui soient étrangers
à ses véritables intentions. Outre Les Fioretti, cette
édition de référence contient : Les Considérations sur les stigmates,
qui racontent la stigmatisation de saint François ; La Vie de frère
Junipère, dont Rossellini s’est inspiré pour son film sur saint François
; La Vie ainsi que Les Dits du bienheureux Égide (Gilles) ;
divers récits sur les premiers franciscains et le fameux Cantique de frère
Soleil. Saint François d'Assise (29 avril 1182
- 3 octobre 1226), est un religieux catholique italien, fondateur de l'ordre
franciscain (ou ordre des frères mineurs, o.f.m.) caractérisé par la pauvreté
et la joie. Il a été canonisé dès 1228 par l'Église catholique romaine. Il
est fêté le 4 octobre dans le calendrier liturgique catholique. François est
issu d'une riche famille marchande d'Assise, en Ombrie. À sa naissance, sa
mère le fait baptiser sous le nom de "Giovanni" (Jean). De retour
de son voyage en France où il a fait de très bonnes affaires, son père,
Pietro Bernardone, lui donne le nom de Francesco (François), qu'il gardera et
par lequel il sera universellement connu. La jeunesse dissipée de Francesco
est marquée par les aspirations de son époque. Fils d'un riche commerçant, il
mène la belle vie et organise des fêtes avec ses condisciples. À l'époque des
révoltes et des communes, roturier, il fait la guerre à la noblesse d'Assise
et de Pérouse. La bataille de Ponte San Giovanni, en novembre 1202 sera pour
lui suivie d'une année d'emprisonnement. La maladie contractée durant sa
captivité continue après son retour à Assise et l'oblige à calmer ses
ardeurs. Il rêve alors de hauts faits d'armes
pour être adoubé chevalier et acquérir le rang de noblesse. Mais tandis qu'il
veut rejoindre l'armée de Gauthier de Brienne, un songe à Spolète lui fait
abandonner ce projet. De retour à Assise, il abandonne peu à peu ses
compagnons de fête et fréquente de plus en plus souvent les chapelles de la
vallée dite Val di Spoleto.En 1205 il a 23 ans. Alors qu'il est en prière
devant le crucifix de la chapelle Saint-Damien, Francesco entend une voix lui
demandant de "réparer son Église en ruine". Prenant l'ordre au pied
de la lettre, il vend à Foligno des marchandises du commerce de son père pour
pouvoir restaurer la vieille chapelle délabrée. Furieux des excentricités de son fils,
Pierre Bernardone exige qu'il lui rende des comptes et le convoque en
justice. Francesco, se réclamant d'un statut de pénitent qui le fait échapper
à la justice laïque, sera alors convoqué par l'évêque. Lors de son audition
sur la place d'Assise, au printemps 1206, François rend alors l'argent qui
lui reste, ainsi que ses vêtements et, se retrouvant nu, il dit à son père et
à la foule rassemblée: « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ;
désormais je peux dire : “ Notre Père qui êtes aux cieux, puisque c'est à Lui
que j'ai confié mon trésor et donné ma foi ». L'évêque d'Assise le prend
alors sous sa protection. François part pour Gubbio. Revenant à Assise vers
l'été 1206, il restaure successivement les chapelles de Saint-Damien, de
Saint-Pierre, et de la Portioncule. Au début de 1208, dans la chapelle de
la Portioncule, François comprend enfin le message de l'Évangile : « Dans
votre ceinture, ne glissez ni pièce d'or ou d'argent, ni piécette de cuivre.
En chemin, n'emportez ni besace, ni tunique de rechange, ni sandales, ni
bâton » (Matthieu 10,9). Il se retire dans une pauvreté absolue, se
consacrant à la prédication et gagnant son pain par le travail manuel ou
l'aumône. Il change son habit d'ermite pour une tunique simple. La corde
remplace sa ceinture. Il est probable que sa fréquentation des lépreux date
de cette époque et de la stabilité qu'il pouvait trouver auprès de la
léproserie voisine. Bernard, fils de Quintavalle, et Pierre de Catane le
rejoignent très vite, puis d'autres encore et François se retrouve à la tête
d'une petite communauté. En 1210, le pape Innocent III, qui l'a vu en rêve
soutenant la basilique Saint-Jean de Latran en ruines, valide verbalement la
première règle rédigée par François régissant la fraternité naissante. Rapidement, l'ordre franciscain tel que
l'avait conçu François est dépassé par son succès et s'organise contre les
vœux du fondateur, si bien qu'après un voyage en Égypte et une rencontre
étonnante avec le sultan Al-Kamel (1219), François confie la direction de
l'ordre à Pierre de Catane puis à Élie d'Assise. Il désapprouve également le
goût naissant des Franciscains pour l'étude et l'enseignement, si bien qu'il
refuse un jour d'entrer dans une maison conventuelle à Bologne lorsqu'il
apprend qu'elle est surnommée « Maison des frères » et qu'elle comporte une
école. En 1221, durant le Chapitre général, il couche sur le papier la règle
officielle qu'il veut donner à l'ordre. Ce texte, appelé aujourd'hui Regula
prima, est jugé trop long et trop flou pour être praticable. En 1222,
François se rend à Bologne où, à la demande de laïcs, il créera un troisième
Ordre après celui des frères mineurs et des sœurs pauvres : le Tiers-Ordre,
appelé aujourd'hui Fraternité séculière. En février 1223, François se retire
dans un ermitage pour reprendre la rédaction de la règle. Celle-ci sera
discutée au chapitre de juin puis approuvée par la bulle Solet annuere du
pape Honorius III, d'où son nom de Regula bullata. En août 1224, Francesco se retire avec
quelques frères au monastère de La Verna. Le 17 septembre (3 jours après la
fête catholique de la Croix glorieuse), il reçoit les stigmates. Désormais,
il est souvent malade, et est en proie à des crises d'angoisses. Il se
réfugie dans une hutte près de l'église Saint-Damien, où il avait commencé
son itinéraire spirituel et où vit la communauté des sœurs pauvres initiée
par Claire d'Assise. Il y écrit son « Cantique de frère soleil » (ou «
Cantique des créatures »), premier texte en italien moderne), célébration de
Dieu en sa création, et l'un des grands poèmes italiens. Il meurt le 3
octobre 1226, dans la chapelle du Transito (qu'on peut voir ainsi que la
chapelle du Portioncule, conservées intactes et englobées dans la basilique
Sainte Marie des Anges dans le Val di Spoleto non loin de la ville haute
d'Assise). Il laisse un testament où
il professe son attachement à la pauvreté évangélique et à la Règle. Sa vie est racontée notamment par
Thomas de Celano et par saint Bonaventure. Elle a également fait l'objet des
Fioretti, recueil anonyme du XIVe siècle contant sur ton naïf et humoristique
les miracles et petites histoires qui seraient advenus autour de François et
de ses premiers disciples. L'une des anecdotes les plus célèbres est la
conversion d'un loup qui aurait terrorisé la population de la ville de
Gubbio. Sa vie, enfin, a été peinte par Giotto dans l'église Santa Croce de
Florence, et à Assise même dans la basilique supérieure par ses fresques de
la vie de Saint François en 28 tableaux. François a été canonisé dès 1228 par
le pape Grégoire IX. Il fait partie des saints catholiques les plus
populaires et sans doute celui qui est le mieux accueilli parmi les non
catholiques ou non chrétiens. A la suite de la nuit qu'il célébra dans une
grotte à Greccio, l'usage de la crèche de Noël 's'est répandu dans la famille
franciscaine puis dans les foyers. À la suite de sa rencontre avec le sultan
à Damiette, l'annonce de la prière par les cloches, puis l'Angélus, se sont
répandu. François est le patron notamment des louveteaux (branche du
scoutisme réservée aux jeunes enfants), des écologistes et des animaux. Le pape Benoît XVI a déploré que la
figure de saint François ait subi les assauts de la sécularisation. Bien
qu'il se présente lui-même comme illettré, François a laissé de nombreux
écrits de genres variés. Certains d'entre eux nous sont parvenus comme
autographes, c'est-à-dire les originaux écrits par François lui-même.
D'autres sont des copies incluses dans des collections, tels que le
prestigieux "manuscrit 338" de la Bibliothèque communale d'Assise,
D'autres, enfin, sont tirés d'écrits divers dans lesquels ils avaient été
cités (par exemple la Règle de sainte Claire).Les études récentes ont permis
de déterminer les écrits que l'on peut attribuer à François, et à quel titre
on peut les lui attribuer. Certains textes ont été éliminés des éditions
récentes du fait de leur degré d'authenticité trop faible. Ainsi la célèbre
Prière pour la paix, appelée aussi Prière simple ou encore Prière de saint
François, ne fait partie d’aucune collection manuscrite. La trace la plus
ancienne de ce texte ne remonte pas avant 1913. La prière fut imprimée au dos
d'une image pieuse représentant saint François. Ce n'est qu'à partir de 1936
qu'on l'attribua à l'Assisiate. Son succès mondial est dû au sénateur
américain Tom Connally qui en fit lecture à la tribune de l'ONU en 1945 lors
de la conférence de San Francisco, ville placée dès sa création par les
Espagnols sous le patronage du saint. D'autres prières, autrefois fameuses,
ont récemment perdu du crédit auprès des chercheurs et ont disparu des
éditions critiques des écrits de François. Deux textes sont autographes (LLéon,
LD-BLéon). Pour d'autres, on a un témoignage attestant que François en est
l'auteur. Parfois, comme cela arrivait souvent au Moyen Âge, François a dicté
un texte à un secrétaire, plus ou moins habile. Certains textes commencent en
effet par "Écris comme...". Ceux-ci sont désignés opera dictata.
Certains textes semblent être des notes prises pendant des entretiens. La
règle (1Reg, 2Reg) est un écrit ayant évolué de 1208 à 1223, dans lequel
François tient certes une grande part, cependant une étude précise montre que
ce texte est l'oeuvre de la communauté franciscaine réunie en chapitre. La
classification de l'oeuvre de François est toujours artificielle. Les textes
mélangent les genres littéraires, notamment la Première Règle, à caractère
législatif qui contient des modèles d'exhortation (type Lettres) et des
prières. François d'Assise est l'une des figures comptant le plus de
biographes de 1230 à nos jours. Certains auteurs, tels Thomas de Celano, ont
même produit plusieurs biographies. L'histoire de la rédaction des
hagiographies de François et de leurs influences réciproques est ce que les
spécialistes ont appelé la Question franciscaine qu'on peut résumer comme
suit. Peu de temps après la mort de François
et sa canonisation, le pape commande une hagiographie (précisément une vie de
saint). Le travail est confié au frère Thomas de Celano qui part de l'enquête
de canonisation et des relations dont il dispose. Le schéma est celui d'un
jeune homme dévoyé qui, par grâce, est converti et devient saint. Certains
parmi les premiers frères réagissent à ce récit qu’ils trouvent peu conforme
à l'homme qu'ils ont connu. Le Chapitre général des franciscains commande
alors une seconde hagiographie. Une lettre est envoyée aux frères pour faire
parvenir par écrit les souvenirs qu'ils ont du saint fondateur. Parmi les
documents parvenus, il semble qu'un récit ait été fait par les frères Ange,
Léon et Ruffin, premiers compagnons de François. En effet une lettre
commençant par les mots Nos qui cum eo fuimus... (Nous qui étions avec lui)
accompagne un manuscrit que l'on appelle la Légende des trois Compagnons.
Certains experts mettent en cause le lien entre la lettre et la légende
(rappelons qu'une légende est un texte devant être lu au réfectoire, à
l'Office... et non un récit imaginaire). Ce récit témoigne, plus que les
biographies, de la vie de la communauté naissante. Thomas de Celano reçoit la charge de composer une seconde hagiographie officielle, c'est la Vita II. Il s'appuie sur les documents collectés. Le schéma est alors celui d'un jeune homme prédestiné dès sa naissance à être saint. Comme le Christ, sa naissance est prophétisée, comme le Christ, il naît sur la paille...Des dissensions se développent dans la communauté entre les partisans d'une pureté originale plutôt érémitique qui deviendra le parti des spirituels et la majorité des frères plus conventuelle et cléricale. Chacun s'appuyant sur son interprétation de l'intention du fondateur. Le Chapitre Général demande alors à Bonaventure de Bagnorea d'écrire une vie de François qui, tout en conceptualisant le franciscanisme, s'efforce de maintenir la cohésion. Ce frère savant s'appuie principalement sur le contenu des deux biographies de Thomas de Celano et n'apporte que peu d'éléments historiques nouveaux. Après quelque temps, les biographies antérieures seront interdites et l'on doit aux Ordres religieux voisins d'avoir sauvegardé des exemplaires de ces écrits et peut-être à quelques frères astucieux de les y avoir cachés. Il s'en est cependant fallu de peu, car aujourd'hui seul un manuscrit original de la Vita prima et deux de la Vita secunda existent encore. Plus tard, la querelle n'ayant pas disparu, des écrits apparaissent dans les milieux spirituels qui n'apportent que très peu d'éléments nouveaux sur François sinon une relecture spirituelle de l'expérience franciscaine. Dans cette veine se trouvent les très fameuses Fioretti au récit savoureux. |
SAINT GRÉGOIRE PALAMAS et LA MYSTIQUE ORTHODOXE |
Jean Meyendorff |
Edition du Seuil |
2002 |
Saint
Grégoire Palamas
et la mystique Orthodoxe, l’hésychasme est le cœur de la tradition
spirituelle de l’Eglise orthodoxe. Dans la contemplation, par la prière du
cœur où est invoqué sans relâche le nom de Jésus, l’hésychaste, ermite placé
sous la direction d’un Maître, tente de créer en lui-même la paix intérieure. Ce
petit livre est devenu un classique. Jean Meyendorff, qui fut l’un des
plus grands théologiens orthodoxe du XXe siècle, y déroule, autour de
Grégoire Palamas (1296-1359) qui en est la grande figure et le théoricien au
Moyen Âge, toute l’histoire de la mystique orthodoxe des origines à nos
jours. « Flambeau de l’orthodoxie, fondement et docteur de
l’Eglise, modèle des moines, allié invincible des théologiens, ô Grégoire
thaumaturge, orgueil de Thessalonique, hérault de la Grâce, que ta
supplication pour le salut de nos âmes ne s’interrompe jamais » Cet
hymne à saint Grégoire Palamas est chanté par l’Eglise orthodoxe dans
sa liturgie du second dimanche du Carême, pour vénérer celui qui, quelques
décades avant la chute de Byzance, sut intégrer dans une synthèse doctrinale
la tradition séculaire du monachisme contemplatif de l’Orient chrétien,
connue sous le nom d’ « hésychasme ». L’hésychasme
est un mouvement monastique dont les origines remontent aux Pères du désert
et il ne peut certes prétendre représenter à lui seul la « Mystique
orthodoxe » qui connut et connaît encore aujourd’hui des formes
diverses. Palamas, en particulier, ne peut se présenter comme un docteur de
mystique orthodoxe que dans la mesure où il dépassa les cadres d’une école
spirituelle et où il fit revivre dans son oeuvre, le mystère chrétien dans
son essence même. A
l’époque de Palamas, le monachisme oriental avait déjà une longue histoire.
Ses grands docteurs, lui avaient légué une vaste littérature ; il avait
connu ses tentations. Pour les contemporains, il jouissait d’une immense
autorité ; tout cet acquis du passé, Palamas l’acceptait sans réserve.
Son rôle consista cependant à dégager dans ce passé un élément doctrinal et
spirituel permanent, et cela à une époque om l’esprit de la Renaissance
commençait à souffler sur Byzance et où l’Occident chrétien subissait l’une
des transformations les plus radicales de son histoire. Les
temps modernes, en emportant dans une ruine définitive tant les valeurs que
le Moyen Âge avaient absolutisées, allaient-ils désagréger l’essence du
christianisme ? La cité nouvelle, après avoir obtenue l’autonomie de
l’intelligence et de la création, laisserait-elle une place à la vie
surnaturelle que le Christ avait apportée indépendamment de tous les
achèvements proprement humains ? C’est
à ces questions que l’œuvre de Palamas donne des réponses positives ;
voilà pourquoi son triomphe doctrinal à Byzance au XIVe siècle, fut considéré
par l’Eglise d’Orient non pas comme le triomphe d’une mystique particulière,
mais comme celui de l’orthodoxie elle-même. Cette approbation ecclésiastique
a ainsi dégagé ce qu’il y avait de permanent et d’universel dans une
tradition de spiritualité purement monastique. Au sommaire de cet ouvrage : La tradition spirituelle des moines d’Orient - Le monachisme primitif - Evagre le Pontique et la prière pure - Macaire et la mystique du cœur - La prière de Jésus - Doctrine de la déification - Grégoire de Nysse et Maxime - Syméon le nouveau théologien - L’hésychasme byzantin aux XIIIe et XIVe siècle - Grégoire Palamas, théologien de l’hésychasme - les jeunes années - La controverse avec Barlaam et Akindynos - Une théologie de l’hésychasme - Un existentialisme chrétien - L’hésychasme après Palamas - En Orient chrétien du XIVe siècle à nos jours - La tradition hésychaste en Russie - Cet ouvrage comporte une chronologie, un index, des noms propres et une bibliographie. |
ST JEAN DE LA CROIX - DÉCOUVRE-MOI TA PRÉSENCE |
Guido Stinissen |
Edition du Cerf |
1989 |
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Une âme de feu - Un guide qualifié - Une symphonie biblique - Les clés de la porte - Dieu, amoureux de l’homme - L’amour éveille l’amour - L’homme attentif à Dieu - L’appel et la montagne - Salés par le feu - La fête du Saint-Esprit - Au service de l’Eglise - Une mystique de libération - Pâques - Liberté et libération - Un très beau voyage spirituel |
ST JEAN DE LA CROIX ET LE PROBLÈME DE L’EXPÉRIENCE MYSTIQUE |
Jean Baruzi |
Edition Salvador |
1999 |
La
thèse de Jean Baruzi, soutenue en 1924 à la Sorbonne, ouvrit au jeune
professeur le Collège de France où il fut suppléant, puis successeur d'Alfred
Loisy (sans jamais devenir moderniste pour autant). L'édition de 1931,
republiée ici, fut «revue et augmentée» par l'auteur, qui ne fit, à ses
multiples détracteurs, que des concessions de détail. On se réjouira, avec le
préfacier, de voir l'ouvrage à partir duquel toutes les études sanjuanistes
se situent dès lors, redevenir accessible à nos contemporains. Dans ses deux
préfaces, Baruzi s'expliquait sur le sens de son travail: «nous demander
quelle serait la signification métaphysique d'une expérience mystique d'où
toute donnée partielle serait exclue» (50); ou encore: «j'ai constamment
cherché à montrer qu'il y a une métaphysique sous-jacente à la construction
et à l'expérience mystiques de Jean de la Croix». Or, note É. Poulat, c'est
là «tout le débat du siècle, sur la nature du mysticisme et les conditions de
son intelligence». Première «biographie critique du grand mystique espagnol»,
aux dires des Bollandistes de l’époque, l'ouvrage manquait encore d'une
édition critique des Oeuvres de Jean de la Croix, cependant lues dans le
texte, sur les manuscrits jugés les meilleurs. Le résultat reste, à nos yeux,
exceptionnel.
L’auteur part d’une interrogation de l’homme sur l’homme. Quelle contribution apporte l’expérience mystique à la solution du problème métaphysique de la connaissance de Dieu et du rapport à l’Absolu ? Ce n’était ni le problème ni le propos de St Jean de la croix, auxquels ses commentateurs catholiques ont quelques bonnes raisons de se tenir, mais dans cette confrontation entre la théologie classique et une anthropologie post-kantienne, l’auteur reste un auteur de référence.
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ST JEAN DE LA CROIX – LA MONTÉE DU CARMEL |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Comme toutes les autres œuvres de Saint Jean de la Croix, la montée du carmel a jailli de l’expérience du saint. Le cœur de l’œuvre, c’est d’abord un poème. Ce poème, qui est placé au début, est un cri, un chant, une expression lyrique et symbolique de l’expérience faite par Jean de la Croix, du cheminement de l’âme contemplative le long des sentiers abrupts de l’union mystique. Puis, sur la demande des frères et des sœurs des carmels dont s’occupait Jean, il dut expliquait, améliorer et rendre plus clair son texte, qui, il faut le reconnaitre était très ardu au départ, il le fit également dans un souci de charité pour ceux qui dans la détresse avaient besoin d’un texte spirituel pouvant les aider et les guider. Dans cet ouvrage, l’auteur suit le cheminement de sa propre vie spirituelle, en l’élargissant et en l’enrichissant des expériences dont il a été le témoin et le guide, de plus il met dans ces textes les influences de la vie intérieure de sainte Thérèse d’Avila. Le génie de Jean est d’avoir su mettre dans ce traité son esprit de synthèse et de clarté, car tout s’ordonne par le dedans, sans s’attarder aux considérations anecdotiques. Jean est une intelligence de type philosophique, percevant les thèmes essentiels et ne donnant des exemples que pour mieux dégager ses idées. Alors de quoi s’agit-il dans cette montée du carmel : C’est un itinéraire d’ascension, la montagne à gravir, ce mont carmel, où se tient Dieu dans la nuée, c’est la Transcendance divine, c’est escarpement vertical, dont l’aspect vertical, dont l’aspect épouvante. Que des hommes préfèrent s’installer dans la plaine, comme les Hébreux au pied du Sinaï, ou bien s’égarent à flanc de montagne, dans les sentiers faciles et sinueux (chemins d’esprit imparfaits) ou même redescendent (chemin d’esprit égaré), lui Jean, veut aller vite, il meurt de soif et veut grimper rapidement pour étancher cette soif jaillissante au sommet. Jean sait que qu’il est facile de se tromper de route, de se décourager et de ne plus rien comprendre, alors il trace et montre le chemin menant au sommet. Paradoxalement, plus l’âme s’élève plus elle risque de se perdre, mais à la nuit de la Transcendance divine, répond la nuit de la foi qui permet d’atteindre l’essence de Dieu. Pour atteindre cette Essence de Dieu, il faut rentrer dans son amour, il ne faut pas rester à une recherche de soi-même qui est un repliement, mais rechercher cette rencontre avec le divin qui est l’objectif final et qui par la suite va permettre à celui qui cherche cette rencontre de pouvoir mieux vivre, sans angoisse, sans doute, avec beaucoup de détachement, surtout celui des biens terrestres, il pourra ainsi se consacrer totalement à la divinité, avec cette montée du carmel, Jean développe et donne une direction qui permet de trouver l’équilibre et le bonheur. A cette générosité suscitée par l’appel de Dieu, répondra la générosité de Dieu, qui, se rendant présent à l’âme par sa Ténèbre même, désassimilera l’âme dans sa substance la plus intime, par une purification passive, acceptante, pour la libérer de son moi égoïste et aveugle (la nuit obscure), et la faire entrer dans la vibration du Don Absolu et Vivant dans la Vive Flamme d’Amour. Ce sont donc les premières étapes, actives, de cette désappropriation, que décrit la montée du carmel. Ne pouvant établir un ordre de succession dans ces différents états d’âme, Jean part du principe que l’action d’ascèse purificatrice dure autant que la vie. Le plan de la montée du carmel est le suivant : L’âme s’évade de la demeure des sens, des tendances, de l’agitation, de l’entendement, de la mémoire et de la volonté, seule la guide « la fumière qui brule en son cœur », la Foi, vivifiée par la Charité, confortée par l’Espérance ; c’est la nuit « la plus aimable que l’aurore », seul chemin non trompeur. Les œuvres de Saint Jean de la Croix sont au chapitre 8 |
st jean de la croix
& la mystique hindoue |
Robert kfouri |
Edition
LES DEUX OCEANS |
1996 |
Ce
livre analyse l’enseignement de Saint Jean de la Croix et dégage les
équivalences les plus importantes avec le Yoga Védanta, offrant ainsi au
lecteur un panorama général de la mystique hindoue. Mais ce qui rend ce livre
particulièrement intéressant, en ces temps de crise et de perte des valeurs,
c’est qu’il nous dévoile la richesse d’un patrimoine chrétien, qui contient
tout le nécessaire pour accéder à l’expérience mystique. Dans
les voies mystiques en général, et plus particulièrement dans celle de Saint
Jean de la Croix, nous trouvons les quatre étapes d’évolution spirituelles
suivantes : 1/ :
Le rejet de la création et le début de la quête : c’est « la montée
au carmel » chez Saint Jean de la Croix, la « montée de la
puissance divine » dans le Tantra, le « voyage » dans le Veda.
Autant d’expressions qui décrivent l’intériorisation de la recherche,
c'est-à-dire la plongée dans le silence de l’âme (Samadhi suivant le yoga).
Celle-là comprend le renoncement, la contemplation, la mise en condition et
l’ascèse qui accompagnent le « Nuit mystique » de Saint Jean de la
Croix. 2/ :
Le début de l’expérience spirituelle où Dieu est connu sous son aspect
d’amour (Bhakti) qu’il soit personnalisé ou pas. Cette phase caractérisée par
des « visites » que Dieu rend à l’âme et qui par conséquent ne sont
que temporaires, constitue les « fiançailles spirituelles » selon
Saint Jean de la Croix, la « conscience du Seigneur » (Bhagavad
Cétana) selon le Yoga de l’Amour. 3/ :
L’union permanente avec Dieu dans sa réalité aussi bien personnelle (Verbe ou
Shakti) qu’impersonnelle et au-delà des modes (Déité chez Jean, Brahman dans
le Vedanta). Ce sont des « Noces mystiques chez Jean et les Noces
de Shiva/ Shakti dans le Tantra Yoga 4/ :
Le retour à la création avec l’expérience de l’immanence de Dieu, celle de
l’unité fondamentale de l’âme, de toutes choses créées, et de Dieu. Cette
phase est aussi bien décrite dans le Tantra Yoga que dans le Vedanta, c’est
la perception de la création avec les yeux de Dieu »selon Jean de la
Croix, c’est l’ultime réalité une et non-duelle (advaïta) selon les
Upanishads. Au sommaire de cet ouvrage : La montée - Les
fiançailles - Les noces
- L’unité dans la création
- |
ST JEAN DE LA CROIX - LA NUIT OBSCURE |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1984 |
||
Le 15 Aout
1578, alors que Jean est enfermé depuis 9 mois dans un cul de basse fosse à Tolède,
aidé par son geôlier il s’évade de cette prison, il n’a avec lui que les
poèmes écrits en prison et qui seront les textes de ses futurs poèmes
mystiques. Dans
« la nuit obscure » Jean montre le rôle de l’initiative divine dans
la purification des sens et de l’esprit : nous sommes ici dans la voie
passive ; à ce point que Jean de la Croix prétend parfois se contenter
de faite œuvre de description ou de discernement. Il a résolu de livrer son
bilan : à la fois son expérimentation personnelle de la nuit et son
expérience de celle-ci, à l’écoute d’autrui dans les nombreuses et les plus
affectueuses directions spirituelles qu’il est eues à mener durant sa courte
vie. Jean nous
livre les règles strictes qu’il a systématiquement appliquées d’un passage de
la méditation à la contemplation, la nuit des sens permettant la connaissance
de soi, la nuit de l’esprit aboutissant à la connaissance de Dieu. Le
mystique dans le silence de la nuit devient le sujet d’une vision totale de
l’Absolu. Plus la
contemplation des choses divines paraît claire, plus elle est obscure et
cachée à l’âme. Il en est ici, comme de la lumière naturelle : plus elle
est claire, plus elle éblouit et obscurcit la papille du hibou ; plus on
veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on
la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l’œil. De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l’âme qui n’est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu’elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l’acte. C’est ce que les grands théologiens mystiques et saint Denis appellent cette contemplation infuse « un rayon de ténèbres ». |
ST JEAN DE LA CROIX - LA VIVE FLAMME D’AMOUR |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Saint
Jean de la Croix est un homme de l’exigence, son besoin constant de
perfection, au sens d’accomplissement, a mené toute sa vie ; il a été
homme d’action et homme de contemplation avec la même ténacité : il a
été réformateur au Carmel et a été l’écrivain mystique le plus accompli du 16e
siècle. Pourtant la vie intérieure n’allait pas de pair avec celle de fondateur et d’homme d’action… La maladie, la séquestration par ses propres frères, auraient pu gêner ou annuler sa recherche impétueuse de l’union de Dieu : non seulement elles lui servirent, mais le lecteur de l’œuvre de Jean ne saurait guère retrouver en elle beaucoup d’éléments biographiques, tant le travail ascétique et le jeu de l’esprit purifient les péripéties de la vie. Dona Ana del Mercado y Penalosa, accueille et abrite chez elle les carmélites venues fonder un monastère : Jean de la Croix est présent et dès cette date, une relation privilégiée s’établit entre eux, en 1586 grâce à sa fille spirituelle, il fonde le couvent de Ségovie, puis rédige sa dernière oeuvre écrite : ce sera La vive flamme d’amour. La vive flamme d’amour est le commentaire d’un poème, commentaire qui n’a rien de littéraire : à la fois prière ardente, témoignage enflammé et traité pédagogique, à la fois exhortation et testament, à la fois lyrique et familier, il peut dérouter, car il s’agit là d’une œuvre intime. Les démonstrations n’intéresse pas Jean de la Croix, le Mont Carmel n’est pas le Mont Horeb ni le Mont Thabor. Jean de la Croix ne cherche pas le spectaculaire : le champion mystique du flamboiement de l’amour divin ne parle jamais de la Transfiguration, sinon pour dire que le temps des révélations est clos avec Jésus. Quoiqu’il
en soit de la forme, la Vive Flamme d’Amour est sans doute l’œuvre où Jean de
la Croix, de façon spontanée, sans les reprises successives qui ont marqué
les livres précédents, a mis le plus de lui-même, de ses convictions, de ses
souffrances, de ses refus, de ses joies, de son expérience de Dieu, des
hommes et de ames. Il y a dans tout le texte quelque chose comme un feu d’artifice qui donne une émotion et une sensation de joie communicative. Ainsi s’explique peut-être la postérité de Jean de la Croix, en France notamment, avec une sorte de déferlante mystique avec Ste Thérèse d’Avila jusqu’à Ste Thérèse de Lisieux. |
JEAN DE LA
CROIX OU LE DÉSIR ABSOLU
|
Alain Cugno
|
Edition Albin Michel
|
2020
|
Que
cherche à transmettre Jean de la Croix (1542-1591) à travers son oeuvre : une
doctrine spirituelle, une théologie, une anthropologie ? Pour Alain Cugno,
ces poèmes uniques commentés par le poète lui-même sont plutôt « le
déploiement d'une expérience humaine d'une vivacité prodigieuse, parvenue à
la seule universalité qui compte : celle qu'on obtient en s'engageant
jusqu'au bout dans une voie singulière ». Rendre l’oeuvre de Jean de la Croix proche, malgré l’espace-temps qui nous sépare
du mystique espagnol, de l’aura
qui l’installe dans une pieuse
exception et surmontant la complexité
de sa pensée et de sa poésie, tel
est le pari que le philosophe Alain Cugno a réussi. “Fermer” ne signifie pas “facile”. Le commentaire
qu’il propose sur les principaux écrits du mystique espagnol est
précis et exigeant. Mais le philosophe parvient à transmettre la dynamique de son œuvre et
surtout à entraîner le lecteur
dans son sillage. Tout ce dont Jean de la Croix parle nous concerne, telle serait la note de fond du
bouquet sanjuanesque, dont la composition subtile cherche à exhaler le parfum de Dieu.” Si (l’œuvre de Jean de la
Croix) ne nous apprend rien
sur lui, elle nous apprend tout sur nous-mêmes ou plutôt sur l’invitation à nous adresser
pour que nous puissions vivre de manière absolument authentique, écrit Alain Cugno. Nous ne connaissons
que lui le pouvoir de nous transformer “ Cette analyse se rapproche le plus
possible du texte, escalade méthodiquement le vaste massif sanjuanesque, étudie ses plis et ses
projections. Le lecteur devra
accepter le rythme de cette patiente
exploration, sans fioritures. En progressant de cette manière, ce commentaire
déjoue de nombreuses idées fausses sur le mysticisme. Donc, sur les renonciations
et les privations, La Montée du mont Carmel est
bonne “Essentiellement le livre de la privation,
le refus actif de tout,
la coercition délibérée”,
mais si Jean de la Croix invite à ne pas se soucier du temporel, il invite
aussi “Ne pas s’embêter avec le spirituel”. “La chose est à prendre très au sérieux en l’éclairant de la disposition nécessaire
pour commencer le parcours: rester dans la grande nudité et en totale liberté d’esprit, note Alain Cugno. L’appropriation
requise concerne non
seulement les biens temporels,
mais tout autant, et peut-être même davantage, proportionnellement
à leur proximité avec les biens
spirituels essentiels –
la religion. “ Le commentaire rappelle également
le but de ce renoncement, sans lequel
il reste incompréhensible
ou devient pervers: il s’agit d’être libre, de “Quedar
en la suma desnudez y liberdad de espiritu”, de “Restez dans la plus grande nudité et liberté d’esprit”. Jean de la Croix est comme ça “Un homme incroyablement
libre”, insiste le philosophe. c’est pourquoi “Trouver son chemin, c’est aller là où il n’y a pas de chemin, car il n’y a pas d’autre règle que la liberté, le seul
guide fiable. Il faut aller
là où le goût de la liberté est le plus savoureux.”Autre erreur fréquente sur le mysticisme: le sujet croyant serait supposé disparaître, s’anéantir devant
Dieu. Au contraire, note Alain Cugno, il ne s’agit
pas de préférer le néant
à être “Mais plutôt d’aller
là où vous n’êtes rien, c’est-à-dire où vous ne mesurez pas votre être si vous le faites.” L’effacement de soi mystique
n’est pas une disparition de soi.
“La seule chose intéressante est ce qui m’arrive quand ce qui m’arrive
c’est Dieu”, formule le philosophe avec
finesse. De nombreuses analyses intéressantes nourrissent
le lecteur tout au long de ces pages: sur le désir,
la purification et l’expiation des fautes (qui ne sont pas primaires mais sont “au
contraire la conséquence de (l’immersion)
dans le bonheur et dans la joie”), la passivité (“
Surtout, ne faites rien, dit Jean de la Croix. Laissez-vous
traverser ce qui vous traverse! “) Ou le désintéressement de l’amour. On
peut notamment se souvenir du développement de la théologie de la création sanjuanique qui interprète la création comme “La trace du passage” du Bien-Aimé. Dans ce sillage, l’amour des créatures ne fait
pas des nombres avec l’amour
de Dieu, mais l’appelle, ce qui les sort d’une
relation de rivalité. “Entre le visible et l’invisible, aucune différence pour l’essentiel”,
résume Alain Cugno dans une belle formule. |
ST JEAN DE LA CROIX - LE CANTIQUE SPIRITUEL |
St Jean de la Croix |
Edition du Seuil |
1995 |
Le
Cantique spirituel, c’est l’heure de l’aube mystique. Après le renoncement,
le vide, le rien de la Nuit obscure, après la mortification que l’âme s’est
imposée, vient le moment de la rencontre joyeuse avec Dieu, celle de l’âme
« épouse » avec « l’époux ». Le
cantique spirituel est un poème du désir, une célébration de la sortie de la
nuit vers la joie de l’exaucement, le passage des dernières angoisses à
l’union des fiançailles et du mariage spirituel : « Là mon bien
aimé me donna son cœur, là il m’enseigna une science pleine de suavité, moi
je lui promis d’être son épouse ». Deux œuvres de Jean, la montée au carmel et la nuit obscure, décrivent, si l’on peut dire, le cheminement de l’âme vers Dieu à travers le renoncement, le vide, le rien. Cette « nuit » doit être complète, entière et vécue jusqu’au bout ; il s’agit d’un purgatoire mystique, appelé « la voie purgative » ; Jean montre comment la nuit est une mortification des sens et des tendances, puis comment elle concerne toute les facultés de l’âme : l’entendement, la mémoire et la volonté – ces facultés peuvent être guéries par la foi, l’espérance et la charité. A ces deux œuvres succèdent Le Cantique spirituel et la Vive Flamme d’amour qui sont la description de l’illumination de l’âme et de son union avec Dieu, à l’issue de la nuit obscure. Jean n’ayant pas écrit une œuvre systématique, il n’y a pas de chronologie dans ces quatre œuvres, malgré tout on peut y voir une certaine continuité, puisque ces œuvres partent de la rédaction d’un poème, qui par la suite sera commenté strophe par strophe. Dans le cantique spirituel, la contemplation fait suite à la privation, la présence à l’absence, la lumière à la nuit, même le style change, il est moins descriptif, moins médiéval, il est jubilatoire, plus caressant, parfois même, il se veut presque maniériste et lyrique. C’est que l’union de l’âme à Dieu est un véritable mariage, et le cantique spirituel, c’est d’abord un poème lyrique sur cette union de l’ame, c’est un épithalame mystique d’une quarantaine de strophes que Jean de la Croix a écrit dans sa prison de Tolède en 1578, mais le prieur de Grenade va rajouter quelques strophes, ce qui va embrouiller la lecture et sa compréhension globale. En réalité les œuvres de saint Jean de la Croix sont beaucoup moins spéculatives que descriptives, moins logiques qu’expérimentales, et beaucoup moins théoriques que dramatiques et poétiques : Le Cantique Spirituel n’échappe pas à cette règle, c’est un poème du désir, de la sortie de la nuit vers la joie de l’exaucement, des dernières angoisses vers l’union des fiançailles et du mariage. |
st jean de la croix
- mystique et maÎtre spirituel |
Federico
ruiz |
Edition
du Cerf |
1995 |
||
Maitre et écrivain : Les écrits - Poésie et
prose - Interrelation - Mystique de frontière : Siècle d’or - les
sources - l’expérience - Mystique et théologien
- Créateur original - Mystique et mystagogue -
attirance universelle - Union de Dieu : Union d’amour - Du Christ et
de l’église - Vie théologale - Synthèse doctrinale
- communion transcendante - Liberté et pureté -
Ascèse théologale - Processus et chemin : Vie en mouvement - idéal et
plénitude - Pédagogie de Dieu - Docilité et
engagement - Dieu personnel - Révélé et caché -
Présence - Le Christ est mien : Le Verbe fait homme -
les mystères du Christ - Révélateur et époux -
communion et images - Eglise, épouse et mère - Médiation des sens : Stratification de l’homme
- Régénération - Être et condition -
situation de conflit - L’Amoureuse mère - l’homme
sensible - Dieu se communique en foi : Mystère et attitude de la foi
en Dieu - Jésus-Christ, Parole de Dieu -
La voie surnaturelle - Mémoire et espérance : Don et promesse
- Pauvreté et générosité - purification du
souvenir - espérance du futur - Education de l’amour : tu aimeras ton Seigneur Dieu
- amour et joie - Biens de la terre et biens du ciel
- Oraisons contemplatives - Recueillement théologal
- contemplation initiale et dans la vie - agir
passivement - connaissance et amoureuse de Dieu - Nuit de passion : Dans la nuit obscure -
Expérience déconcertante - la main de Dieu - Passage
obligé - Route dans l’obscurité : Variété existentielle
- Esprit en ténèbres - nuits de l’humanité -
ardents désirs de Dieu - chercher le Bien-aimé -
aspirations et désirs - monde de transparence - Créés pour aimer : Union transformante
- Dons et vertus - Expérience mystique - Espaces
intérieurs - Glorification de l’amour - mourir
d’amour - la Très Sainte Trinité et sa demeure - |
St jean de la croix
– prince de la mystique (1542 – 1591) |
Mgr
cristiani |
France – empire |
1960 |
Saint
Jean de la Croix fut l’un des plus grands mystiques de l’histoire. Quelles
aventures dans la vie de cet homme extraordinaire qui vécut en plein 16e
siècle, à l’une des époques les plus troublées et certainement des plus
dangereuses de l’histoire de l’Europe. Son
père était mort de bonne heure, renié par les siens pour avoir épousé une
fille très pauvre. Né en vieille Castille, Jean devait, après maintes
tribulations, ayant revêtu l’habit des Carmes, rencontrer l’être privilégié
qui allait donner à sa vie une orientation définitive : Thérèse d’Avila.
L’humble Jean ne payait pas de mine : chétif mais vif, le visage émacié,
de fort petite taille. On oubliait vite cette disgrâce physique devant le
regard étincelant de ses yeux noirs, où passaient toutes les ardeurs de la
foi, d’un certain mysticisme et surtout du mépris de soi-même. Jean
et Thérèse (qui était beaucoup plus âgé que lui) étaient bien faits pour
s’entendre. La réforme catholique préconisée par Thérèse devait prendre un
essor grandiose, contre vents et marées, grâce à l’action simultanée,
conjuguée de ces deux ames exceptionnelles. Mais pour promouvoir l’effort
réformateur, Jean eut à braver l’incompréhension, les condamnations les plus
cruelles, une véritable persécution qui, à certaines périodes de son
existence, alla jusqu’à le priver de sa liberté, le blesser dans son corps et
le menacer dans sa vie. Ce furent les souffrances mêmes endurées pour la
croix, qui permirent à Jean d’approfondir l’expérience mystique. Sa
vie est racontée ici avec un sens du drame que rehausse une profonde sureté
théologique, l’auteur a quand même soin de laisser parler le Saint-poète,
dans l’ardeur d’une effusion qui perce la muraille de nos indifférences mais
nous entraine dans une histoire insensée de ce « prince de la
mystique » qui révolutionna la pensée chrétienne. Au sommaire de ce livre : Jean de Yépes - sur la route de Tolède
- Arevalo - Medina- del Campo - Frère Jean de
Saint-Mathias - au carmel - l’Ordre du carmel
- Au couvent de Sainte Anne - Salamanque
- La réforme du Carmel - Duruelo -
Mancera - Pastrana - Avila -
Grâces et exorcisme du saint - La prison de
Tolède - En Andalousie (1578-1586) -
Almodovar - Béas - La vie
spirituelle de Jean au Calvario - Baeza -
la peste de 1580 - Premiers écrits Maximes et
chansons - pourquoi et comment Jean écrivait
- le thème de la solitude - Chants de l’union à
Dieu - Doctrines mystique de Saint Jean de la Croix
- L’Union à Dieu - la lutte -
l’escalier obscur - les trois vertus
théologales - visions et révélations -
méditations et contemplations - purification de la
mémoire - l’escalier secret - les 7 péchés
capitaux spirituels - les fiançailles et les noces
spirituelles - le guide spirituel - le
chapitre d’Alcala - Voyage à Grenade - Chez les
carmélites - Thérèse d’Avila - la
stigmatisée de Lisbonne - Sur les chemins
d’Andalousie - Deux grands ouvrages et chef d’œuvre - le Cantique
spirituel - la Vive flamme d’amour - le
cantique de l’âme parfaite - Derniers combats et dernières
épreuves - Le Prieur de Ségovie - le
Christ de Ségovie - Madrid - Le Calvaire
final - 2 mois à la Penuela - procès
diffamatoire - vers la mort d’amour - les 17
conseils de Saint Jean de la Croix - Frère Elisée des
martyrs - Glorification - |
SAINT-paul, le pasteur |
Pierre
DEBERGÉ |
Edition du Cerf |
2004 |
||
Dans
ses lettres, nous découvrons quelques épisodes de sa vie mouvementée où son
statut d’apôtre fut souvent contesté mais peu de choses sur ses origines.
Dans les Actes des Apôtres, l’évangéliste Luc nous apprend qu’il s’appelait
Saul, était citoyen romain originaire de Tarse en Cilicie et raconte par
trois fois son `retournement’ sur la route de Damas. Peut-on faire confiance
à Luc ? À
la fin de sa course, Paul écrit à la communauté de Rome (qu’il n’a pas
fondée) une longue lettre exposant le coeur de sa théologie de façon
détaillée. Quel est l’objectif de cette lettre ? Pourquoi Paul part pour
Jérusalem alors qu’il voulait aller en Espagne ? Quels rapports peut-on
établir entre les lettres qui sont de sa main et les autres lettres de la
tradition paulinienne ? Ce cours cherchera à faire connaître l’homme Paul (en
lisant de nombreux passages de ses lettres) et à le situer dans le monde de
son temps pour mieux entrer dans ses grandes convictions théologiques. Sur le plan culturel, Paul est
très différent des apôtres qui étaient considérés par les autorités juives
comme des gens ignorants. Après la résurrection, lors de leur arrestation à
Jérusalem, Pierre et Jean seront jugés par les membres du Sanhédrin comme des
gens sans éducation : «Considérant l’assurance de Pierre et de Jean et se
rendant compte que c’étaient des gens sans instruction ni culture, les
membres du Sanhédrin étaient dans l’étonnement.» (Actes 4, 13) Paul parlait quatre langues :
l’Araméen, l’Hébreu, le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa
langue maternelle et le grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait
bien l’hébreu, la langue des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait
sans doute la langue des maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie
et la littérature de la Grèce, il excellait en géographie, en navigation et
en sport. Sa vaste culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de
ses ancêtres. Non seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager
: «Trois fois j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et
une nuit dans la mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs
un signe d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de
-428 à -348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni
nager». Paul a vécu dans un temps qui
favorise les voyages. Il a pu se déplacer librement grâce à la «pax romana»
établie sous l’empereur Auguste. Empruntant les nombreuses routes construites
par les Romains et profitant du réseau de navigation qui sillonnait la
Méditerranée, il parcourt des milliers de kilomètres. L’organisation de
l’Empire permettait non seulement aux armées mais aussi à la population en
général de se déplacer en sécurité. Pendant treize ans, il a voyagé sur mer
et entrepris de longs périples à travers collines et montagnes, sous la neige
en hiver et par 40¤ de chaleur en été. Pendant ses voyages, Paul a pu
profiter de la présence de nombreuses colonies juives réparties sur tout le
territoire de l’empire. Paul était un véritable citadin.
Il connaissait peu la campagne et la vie des fermiers de son temps, mais il
comprenait bien la vie urbaine, la vie militaire et les sports. Dans ses
lettres, il utilise des images de l’armée, de la politique urbaine et des
jeux olympiques. On y retrouve les expressions suivantes : poursuivre la
course, remporter le prix, obtenir la couronne de laurier, combattre sans
frapper dans le vide, courir dans la bonne direction. Il connaît les
privations et la discipline des athlètes. Paul était un personnage plus
grand que nature. Influencé par les valeurs du judaïsme, la profondeur de la
philosophie grecque, la rigueur de la culture romaine et la richesse de la
tradition chrétienne, il est devenu l’un des penseurs les plus originaux de
l’histoire du christianisme.
|
st paul
tout simplement |
Paul bony |
Edition
DE L’ATELIER |
1996 |
Saint
Paul… On connaît l’apôtre, sa conversion sur le chemin de Damas, ses
multiples voyages dans le monde méditerranéen, ses lettres aux communautés
chrétiennes naissantes. Pourtant dès qu’on aborde ses textes tout se
complique : sa pensée théologique passe pour être difficile. Comment
redécouvrir l’étonnante richesse du message de Saint Paul, l’homme qui, sans
avoir accompagné Jésus, mise sa vie sur lui ? Présentée par Paul Bony, la
théologie de l’apôtre est sans cesse mise en rapport avec les questions et problèmes
qui surgissent dans les premières communautés chrétiennes : faut-il devenir
juif pour être chrétien ? L’Évangile est-il fait pour les païens ? Si oui,
que devient alors la promesse donnée à Israël d’être le peuple choisi par
Dieu ? Autant de questions que l’auteur explicite en suivant le cheminement
de la pensée de Paul qui apparaît ainsi accessible et éclairante. Au bout de
ce voyage dans la théologie de Saint Paul, le lecteur saisira mieux le sens
et la force du témoignage de l’Apôtre : « Pour moi, vivre c’est le Christ. »
Cela devrait être vrai pour tout chrétien. Paul
est né vers l’an 8 de notre ère. Il serait donc d’une dizaine d’année plus
jeune que Jésus de Nazareth. De ses parents et de son enfance, nous savons
peu de choses. Dans ses lettres, il ne dit rien de sa famille. Saint Luc nous
indique que Paul avait une sœur mariée, demeurant à Jérusalem et un neveu qui
lui sauvera la vie (Actes 23, 16). Toute sa vie, il a maintenu son
appartenance au peuple juif : «Circoncis dès le huitième jour», « de la
race d'Israël», «de la tribu de Benjamin». Saul (prononcé «saule» en
français), est le nom hébreu qui lui a été donné à la circoncision. À ce nom
sémitique, il ajoutera plus tard celui de Paulus. Il n'a pas changé de nom
mais il porte un double nom : Saul-Paulus qui signifie «peu», «petit». Très
rapidement, il sera connu sous ce seul nom. Les
Actes de Paul, un petit livre rédigé vers le milieu du 2e siècle, nous
donnent le portrait suivant de l’apôtre des nations : « On vit venir Paul, un
homme de petite taille, à la tête dégarnie, les jambes arquées, vigoureux,
les sourcils joints, le nez légèrement aquilin. » À travers les siècles, la
tradition a conservé cette image de Paul : petit, maigre, énergique, chauve
et barbu. Paul n’avait peut-être pas un corps d’athlète, mais il était
propulsé par une force et une vigueur exceptionnelles. Dans la deuxième
lettre aux Corinthiens, il écrit : « Souvent j'ai été près de la mort.
Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois
j'ai été battu de verges par les Romains; une fois lapidé; trois fois j'ai
fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans la mer!
Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de
mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert,
dangers de la mer, dangers des faux frères ! Labeur et fatigue, veilles
fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité !» (2
Corinthiens 11, 25-27) Malgré son aspect fragile, il était d’une endurance à
toutes épreuves. Paul
est un homme d'une grande éducation. Paul est un homme d’une grande
éducation. Il a fait ses premières études à Tarse, sa ville natale, et
ensuite il a étudié à Jérusalem, avec le professeur juif le plus connu de son
temps : Gamaliel. Ceux qui le rencontraient se rendaient compte très
rapidement qu’il était une personne éduquée. Lors de son arrestation à
Césarée, le Procureur romain Porcius Festus dira à Paul : «Tu es fou,
Paul; ton grand savoir te fait perdre la tête». (Actes 26, 24) Sur
le plan culturel, Paul est très différent des apôtres qui étaient considérés
par les autorités juives comme des gens ignorants. Après la résurrection,
lors de leur arrestation à Jérusalem, Pierre et Jean seront jugés par les
membres du Sanhédrin comme des gens sans éducation : «Considérant
l’assurance de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens
sans instruction ni culture, les membres du Sanhédrin étaient dans
l’étonnement.» (Actes 4, 13) Paul parlait quatre langues : l’Araméen, l’Hébreu,
le Grec et probablement le Latin. L’araméen était sa langue maternelle et le
grec celle de Tarse et de l’Empire. Il connaissait bien l’hébreu, la langue
des Saintes Écritures. Citoyen romain, il parlait sans doute la langue des
maîtres de l’Empire. Il avait étudié la philosophie et la littérature de la
Grèce, il excellait en géographie, en navigation et en sport. Sa vaste
culture contrastait avec l’étroitesse de la religion de ses ancêtres. Non
seulement Paul savait lire et écrire, il savait aussi nager : «Trois fois
j’ai fait naufrage et il m’est arrivé de passer un jour et une nuit dans la
mer.» (2 Corinthiens 11, 25) Ceci était chez les Grecs un signe
d’éducation. Quatre siècle avant Jésus Christ, Platon qui a vécu de -428 à
-348 écrivait : «L’ignorant est un homme qui ne sait ni lire ni nager». La
vie de Paul se déroula sous le règne de cinq empereurs : Auguste, Tibère,
Caligula, Claude et Néron. Trois d’entre eux devinrent de véritables monstres
sanguinaires. Paul est né à Tarse, en Orient, il meurt à Rome, en Occident.
Paul a vécu dans un temps qui favorise les voyages. Il a pu se déplacer
librement grâce à la «pax romana» établie sous l’empereur Auguste. Empruntant
les nombreuses routes construites par les Romains et profitant du réseau de navigation
qui sillonnait la Méditerranée, il parcourt des milliers de kilomètres.
L’organisation de l’Empire permettait non seulement aux armées mais aussi à
la population en général de se déplacer en sécurité. Pendant treize ans, il a
voyagé sur mer et entrepris de longs périples à travers collines et
montagnes, sous la neige en hiver et par 40¤ de chaleur en été. Pendant ses
voyages, Paul a pu profiter de la présence de nombreuses colonies juives
réparties sur tout le territoire de l’empire. Paul
était un véritable citadin. Il connaissait peu la campagne et la vie des
fermiers de son temps, mais il comprenait bien la vie urbaine, la vie
militaire et les sports. Dans ses lettres, il utilise des images de l’armée,
de la politique urbaine et des jeux olympiques. On y retrouve les expressions
suivantes : poursuivre la course, remporter le prix, obtenir la couronne de
laurier, combattre sans frapper dans le vide, courir dans la bonne direction.
Il connaît les privations et la discipline des athlètes. Paul était un
personnage plus grand que nature. Influencé par les valeurs du judaïsme, la
profondeur de la philosophie grecque, la rigueur de la culture romaine et la
richesse de la tradition chrétienne, il est devenu l’un des penseurs les plus
originaux de l’histoire du christianisme. |
STE
THÉRÈSE D’AVILA -
LE CHÂTEAU DE l’ÂME OU LE LIVRE DES
DEMEURES |
THÉRÈSE
D’AVILA |
ÉDITION DU
SEUIL |
1997 |
||
A la demande du Père Gracian, son
directeur spirituel, Thérèse d’Avila va rédiger entre le 2 juin 1577 et le 29
novembre 1577 un traité sur l’oraison destiné aux moniales des couvents
réformés qu’elle a fondés « Las Moradas del Castillo interior » (Les demeures
du Château intérieur). En effet le Livre de la Vie se trouve depuis
deux ans entre les mains de l’Inquisition. Elle-même est assignée à résidence
au monastère Saint-Joseph du Carmel à Tolède, car sa réforme des couvents est
alors remise en question. La composition de l’ouvrage connaîtra une
interruption de trois mois, car elle est obligée de retourner à son couvent
de l’Incarnation d’Avila. Elle rédige donc cet ouvrage en deux mois
environ. Ses conditions de santé sont alors fort précaires : « Depuis
trois mois, j’ai tel bruit dans la tête que j’ai de la peine à écrire »
(Prologue). Ce qui frappe à la lecture, c’est la découverte d’un genre
littéraire peu familier chez la Madre : la poésie qui s’épanouit en une
métaphore filée tout au long de l’ouvrage. « Il s’agit de considérer que
notre âme est un château tout de diamant ou de pur cristal, qui se compose de
maintes pièces, tout comme il y a au ciel maintes demeures » (Chapitre
1). Au centre du château « se trouve la salle
principale où il se passe des choses du plus haut secret entre Dieu et l’âme
» (I ères demeures I, 3). La porte d’entrée de ce château est l’oraison.
Thérèse d’Avila avait déjà abordé ce sujet dans le Livre de la Vie dans une
sorte d’autobiographie spirituelle. Ici, elle suit les conseils du Père
Gracian : « Notez ce dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et
faites un nouveau livre, sans nommer la personne en qui ces choses se sont
passées. » Ainsi son expérience est transposée dans l’évocation des sept
demeures du parcours de l’âme jusqu’au centre du château, lieu intime du « mariage
spirituel ». Résumé du Château intérieur ou Demeures de
l’âme 1ères demeures : l’âme découvre le
mystère du mal et du péché qui consiste, de la part du démon, « à
refroidir l’amour et la charité des unes envers les autres ». Sont même
dénoncés ici comme une ruse du démon « les zèles (spirituels) intempestifs
» (I, II, 17). 2èmes demeures : l’accent est alors
mis sur la vertu de persévérance dans l’oraison, car « si mollement que
vous vouliez la pratiquer, Dieu en fait grand cas » (II, 3). L’aide
spirituelle peut venir de « voix et d’appels » tels que des paroles de
gens de bien, des sermons, de bonnes lectures, mais aussi des maladies ou des
épreuves. 3èmes demeures : les sécheresses
spirituelles, qui tarissent notre oraison, doivent être une école d’humilité
et non d’inquiétude. Cette humilité consiste à accepter cette épreuve et « à
soumettre en tout notre volonté à celle de Dieu » (II, II, 6). 4èmes demeures : « Comme à
présent ces demeures sont plus proches du lieu où se tient le Roi, grande est
leur beauté » (IV, I, 2). La distinction est faite entre les joies
naturelles et bénéfiques qui « ont leur source en nous et aboutissent à
Dieu » et « la jouissance (spirituelle) qui a sa source en Dieu »
(IV, I, 4). Ce vocabulaire nous prépare à la notion d’union mystique. 5èmes demeures : où il est traité
de la façon dont l’âme s’unit à Dieu dans l’oraison. « Sa Majesté
elle-même est notre demeure dans cette oraison d’union dont nous sommes,
nous, les ouvrières » (V, II, 5). « Oh, Seigneur, quelles épreuves nouvelles
attendent cette âme ! Qui aurait dit cela après une aussi haute faveur ?
Enfin, bref, d’une manière ou d’une autre, il y a forcément une croix à
porter tant que nous vivons » (V, II, 9). 6èmes demeures : « Où elle
montre comment, à mesure que le Seigneur accorde de plus hautes faveurs, les
épreuves se font plus rudes » (VI, I). L’âme va éprouver toutes sortes
d’épreuves intérieures et extérieures avant d’entrer dans la septième demeure
: persiflage ou éloges excessifs, très graves maladies sans compter les
peines intérieures. Cependant des signes indubitables montrent que l’âme a
bien expérimenté l’oraison d’union : d’abord la charge de puissance et
d’autorité des mots entendus, ensuite la grande quiétude qui demeure en
l’âme, enfin la persistance de ces paroles qui ne s’effacent
jamais. 7èmes demeures : c’est la
révélation du Mystère de la Très Sainte Trinité. « L’âme comprend avec une
absolue certitude que ces trois personnes distinctes sont une seule
substance, un seul pouvoir, un seul savoir et un seul Dieu » (VII, I, 6).
« L’âme voit de toute évidence qu’elle abrite ces trois Personnes en son sein,
tout à fait tout à fait à l’intérieur, au plus profond, sans pouvoir dire,
par manque d’instruction, comment elle ressent en elle cette divine compagnie
» (VII, I, 7). Tel est l’itinéraire mystique vécu par
Thérèse d’Avila qu’elle dévoile à ses moniales, ses filles spirituelles, par
le détour de l’image qui préserve le Sacré. |
STE THÉRÈSE D’AVILA - LE CHÂTEAU INTÉRIEUR |
THÉRÈSE
D’AVILA |
ÉDITION PAYOT |
1998 |
« J’ai considéré notre âme comme un château, fait d’un
seul diamant ou d’un cristal très pur, dans lequel il y a plusieurs
appartements : au centre, au milieu de nous, se trouve le principal, où
se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l’âme » Thérèse
d’Avila ou Thérèse de Jésus (1515-1582), canonisée en 1622, proclamée docteur
de l’Eglise en 1970, fondatrice de l’Ordre des carmes de déchaux, est à la
mesure du cadre historique de la Renaissance. Elle traite de la spiritualité
dans des ouvrages qui feront autorité, avec un accent profondément personnel
et un style qui en font un des plus grands écrivains mystiques. Après le
Livre de la vie, le Chemin de la perfection et le récit de ses fondations, en
1577, à la demande de ses supérieurs, elle commence à écrire Le Château Intérieur, itinéraire des progrès
spirituels depuis l’état précaire du chrétien qui côtoie le péché jusqu’à la
consommation suprême de la perfection. Le
Livre des Demeures ou le Château intérieur de sainte Thérèse est couramment considéré
comme le meilleur. Plus qu’une histoire, ce livre est une biographie, plus
encore, une autobiographie. Dans son dialogue avec Gratien, alors qu’ils
parlent du Livre de la Vie, celui-ci dit à la Sainte : « Notez ce
dont vous vous souvenez, ajoutez-y d’autres idées et faites un nouveau livre,
sans nommer la personne en qui ces choses se sont passées. » L’auteur
elle-même, satisfaite de son œuvre, donne sa préférence à celui-ci plutôt
qu’à l’autre : aux Demeures plutôt qu’à la Vie. En termes de joaillerie,
et bien que pour elle la Vie soit un bijou, le deuxième (le Château
intérieur) est plus précieux, avec plus de délicates parures et de labeurs.
Dit d’une autre manière et par elle-même : « Cet autre joyau est
bien supérieur, il me semble, au premier quoique le frère Domingo Bañez dise
qu’il n’est pas bon ; au moins, j’avais plus d’expérience que lorsque je
l’écrivis. » L’ordre d’écrire les Demeures lui vint de trois
côtés : du père Gratien, du docteur Velázquez et du grand « verrier » :
Jésus-Christ qui était par ailleurs son « livre vivant ». Les
conditions de santé que connaissait la Madre étaient très pénibles :
« Ma tête est si faible et il s’y fait un tel bruit que j’ai déjà bien
de la peine à écrire pour les affaires indispensables. » La situation de
l’Ordre était très périlleuse et Thérèse se trouvait elle-même confinée à
Tolède, en guise de prison. Mais la force de cette femme lui donne
l’équilibre nécessaire pour pouvoir écrire en grand. Et celle qui a mené à
terme tant de fondations sans santé et parmi tant de contradictions, va
maintenant construire son château avec la même force de volonté. L’heure de
la première pierre et celle de la dernière, c’est elle-même qui nous les
révèle : « Je commence donc à exécuter ce qu’elle me prescrit
(l’obéissance), aujourd’hui, fête de la très sainte Trinité de l’année 1577,
en ce monastère de Saint-Joseph du carmel de Tolède, où je me trouve
actuellement. » Ceci se trouve dans le prologue. Et dans la conclusion
du livre : « Cet écrit a été achevé au monastère de Saint-Joseph
d’Avila, l’année 1577, la veille de saint 3 André (29 novembre), pour la
gloire de Dieu, qui vit et règne dans tous les siècles. Amen. »
(épilogue, 4) En
tout, six mois moins deux jours entre le moment où elle a commencé à écrire
et celui où elle termine. Elle parle au moins deux fois d’une interruption de
la rédaction : « C’est que les affaires et mon peu de santé
m’obligent souvent à suspendre mon travail au meilleur moment » et
à un autre endroit elle dira : « Il s’est passé près de cinq mois
depuis que j’ai commencé à écrire, et comme l’état de ma tête ne me permet
pas de me relire, sans aucun doute il y aura dans ce travail un désordre
complet et peut-être des redites ». Elle revient à son manuscrit et
termine l’œuvre le 29 novembre. Le
livre achevé, elle regarde « pour bien employée la peine qu’il m’a
coûtée, peine d’ailleurs bien légère ». L’autographe des Demeures se
trouve au monastère des carmélites de Séville depuis octobre 1618. En 1622,
il fut porté en procession dans les rues de Séville à l’occasion des fêtes de
la canonisation de l’auteur. La dernière et la plus longue sortie du
manuscrit eut lieu en 1961 jusqu’à Rome où il fut convenablement restauré. Il
est retourné à Séville en 1962 où il est conservé au couvent des déchaussées,
dans un inappréciable reliquaire : les murailles d’Avila se sont
transformées en château pour enfermer et garder l’autographe du Château
intérieur. Cette œuvre ultime est due à l’idée et à la demande du Général de
l’Ordre de l’époque, le Père Anastasio Ballestrero. Les premières
destinataires sont ses moniales, comme elle le dit dans cette sorte de
dédicace : « JHS. Ce traité, intitulé “ le château intérieur ”, a
été écrit par Thérèse de Jésus, religieuse de Notre-Dame du Mont-Carmel, pour
ses sœurs et ses filles, les religieuses carmélites déchaussées. » |
STE THÉRÈSE D’AVILA - LE CHEMIN DE LA PERFECTION |
Préface
et Introduction du R.P GREGOIRE DE St JOSEPH |
ÉDITION
DU SEUIL |
1961 |
Peu
de femmes au monde ont mené une vie aussi active, aussi pratique, aussi
lucide, que Thérèse d’Avila. Toujours par monts et par vaux, dans cette
Espagne du 16e siècle où elle plantait les fondations de
communautés toutes neuves, elle n’oubliait cependant jamais le sens profond
de son action. A combien est-il donné d’échapper comme elle à ce
danger ? Son
secret n’en était pas un, car elle ne cessait d’en transmettre la
plénitude ; jour après jour, elle le disait, familièrement,
concrètement, à celles dont elle était responsable : seul l’amour de
Dieu est efficace, et il est exigeant. On lui demanda de
laisser tout cela par écrit, elle obéit, accepta de rédiger, pour transmettre
à ses sœurs son expérience, un petit livre : son librillo. Encore une action efficace ;
c’était un grand livre qui s’appelle : Le
chemin de la perfection. Divisé
en 44 chapitres cet ouvrage expose les conseils, les idées et la conception
que se faisait Thérèse d’Avila, de sa vie de moniale, de sa vie spirituelle
et de sa vision de Dieu sur terre. |
Ste THÉRÈSE D’AVILA - SA VIE |
Marcelle
auclair |
Edition
DU SEUIL |
1950 |
||
Vers 1560, Sainte Thérèse d'Avila souhaite
fonder un couvent où la règle primitive soit de nouveau strictement observée:
une vie rude consacrée à la contemplation de Dieu. Sainte Thérèse d'Avila
participe ainsi au vaste courant de réformes issu du concile de Trente
(1545-1563) qui secoue alors le monde chrétien. Toutefois, une telle
entreprise se heurte à une sévère opposition, qu'elle parvient à vaincre, en
1562, en fondant avec une trentaine de religieuses le couvent de Saint-Joseph
à Ávila. Durant cette période, elle entreprend la rédaction de sa première
œuvre littéraire: le Chemin de la perfection, qui paraîtra en 1583. |
STE THÉRÈSE D’AVILA - SA VIE, SA
PENSÉE, SON OEUVRE |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA |
2006 |
En
1492, lors de la chute de Grenade, les Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon
et Isabelle de Castille, ouvrent la réunion de leurs états, le siècle
d’Or espagnol commence. Charles Quint leur petit fils né en 1500,
scelle leurs espérances de suprématie européenne. Ainsi la seconde moitié du
XVIe siècle suscita sous la protection de Charles Quint puis de Philippe II
un fort élan spirituel en Espagne, qui se traduisit par trois aspects
essentiels. Le premier se développe au sein du clergé qui entreprend une
réforme en profondeur de l’Eglise. Le deuxième se manifeste à travers la foi ardente du
peuple espagnol, qui de la paysannerie à la noblesse est animé par un modèle
fanatique de la sainteté. Le troisième donne naissance à un fort courant mystique, dont l’objectif
essentiel consiste en la quête de l’union à Dieu, et qui se caractérise par
l’expression lyrique et passionnée de l’aventure intérieure. Deux
grandes figures réformatrices dominent cette période de fermentation : Ste
Thérèse d’Avila, puis Jean de la Croix. Il est souvent dit
que Jean de la Croix fut le maître spirituel de Thérèse d’Avila, alors que
c’est elle qui l’influença et le persuada de réformer l’ordre des carmes,
tout en regrettant ses excès mystiques. Mais l’histoire surtout religieuse étant
affaire d’homme, le politiquement correct a écrit le contraire. Thérèse
naquit en 1515 à Avila, elle prend l’habit en 1536, après mures réflexions,
et le choix du carmel de l’incarnation révèle une pensée déjà contemplative à
laquelle s’ajoute la prise de conscience des vanités du monde et de la
sécurité de la vie monastique, mais son véritable moteur est l’amour :
l’amour de sa famille qu’elle doit quitter, l’amour de Dieu auquel elle
aspire, et l’amour des autres qu’elle se donne comme mission d’expliquer et
de développer. Elle
apprend l’oraison, la contemplation, la lutte de la dualité, la lutte des
tentations, la lutte avec les résistances du moi. Les souffrances du
renoncement accompagneront toujours les états mystiques de Thérèse, et ce
jusqu’à sa mort. Elle apprend à décrypter ses visions, et à suivre la
capacité de son âme à s’anéantir, pour se laisser envahir en totalité par
l’amour divin. Elle
fonde des monastères, réforme les règles, voyage inlassablement dans toute
l’Espagne, entretient des correspondances avec beaucoup de religieux
dont Jean de la Croix (né en 1542), à qui elle demande de réformer certains
monastères qui ne suivent plus les règles, elle écrit beaucoup, dont son
œuvre centrale : le château intérieur ou
château de l’âme, est la synthèse de sa vie ésotérique,
religieuse, et réformatrice et son testament spirituel, magnifique et
toujours d’actualité. Dans
un très bel article Jean Tourniac, nous parle de ses descendances
juives, remontant aux marranes, ces juifs qui n’eurent que le choix de se
convertir ou de se faire tuer, puis il nous explique pourquoi l’enseignement
chrétien est souché sur l’ancien testament avec explications de la mystique
juive en filagramme des enseignements ésotériques et maçonniques. Gilles
Rouvillois
explique l’œuvre de Thérèse d’Avila et la possibilité de voir dans la
spiritualité chrétienne trois courants principaux. Le premier courant est
la Gnose représenté surtout par Maître Eckhart et Clément d’Alexandrie.
Le deuxième courant est la mystique chrétienne générale,
qui est une voie d’amour, représenté par Saint Bernard et Saint François
d’Assise. Le troisième courant est le « mysticisme » ou
« mystique passionnelle », cette voie est illustrée par les mystiques
rhénans et par Thérèse d’Avila et Jean de la Croix. Enfin
Emmanuel Delorme dans un superbe article de 65 pages détaille les 7
demeures que l’on trouve dans l’œuvre de Thérèse et son château intérieur. Il
commente ses écrits et nous emmène dans un voyage métaphysique dans le cœur
et l’intériorité de Ste Thérèse d’Avila. |
st thomas d’aquin
& la thÉologie |
M.D.
chenu |
Edition
Du Seuil |
1994 |
||
Plus
simplement encore, c’est la symbiose de la révélation et de la philosophie :
la synthèse du meilleur de notre connaissance de Dieu, nourrie à la fois de
la compréhension de ce que Dieu nous a révélé de lui-même (la révélation) et
de ce que nous-mêmes avons pu comprendre de Dieu à partir de notre
connaissance du monde (la philosophie). Dans cette symbiose, on peut même
dire que la philosophie se taille la part belle : Thomas
d’Aquin n’hésite jamais à laisser dire et à faire dire par la philosophie
tout ce qu’elle peut dire de Dieu. Quand une même vérité sur Dieu nous vient
à la fois de la philosophie et de la révélation, il est suffisant (et même
préférable) que ce soit la philosophie qui la dise ! Telle est la
pratique de la Somme de Théologie : par exemple, la partie I (qui porte sur
Dieu) commence par une démonstration purement philosophique de l’existence de
Dieu (Question 2). Et tout lecteur non prévenu de l’ensemble de cette
première partie aura l’impression irrésistible (et tout à fait vraie) qu’il
s’agit à 80% de pure philosophie... Il apparaît tout à fait naturel à Thomas d’Aquin que la
théologie chrétienne soit aussi « naturelle » que possible. Telle est la
pratique constante de Saint Thomas. Mais il existe un texte très important où
Saint Thomas s’exprime de façon claire et directe sur la question qui nous
occupe : en quoi théologie naturelle et théologie révélée sont-elles à
la fois différentes et profondément unies en théologie chrétienne ? Il
s’agit du Prologue de la Somme contre les Gentils (SG). Ce
prologue occupe les chapitres 1 à 9 du Livre I de la SG : nous
nous proposons ici de résumer l’enseignement de ces quelques chapitres et de
mettre en évidence ce qu’il a de particulièrement important. D’abord :
un mot sur la Somme contre les Gentils dans son ensemble. La principale
caractéristique de la SG, par rapport aux autres synthèses théologiques de
Saint Thomas, c’est son plan (son organisation) : ce qui relève de la
théologie naturelle (Livres I à III) est nettement distingué de ce qui relève
de la théologie révélée (Livre IV). La SG expose la même théologie que la Somme de Théologie,
mais en distinguant très soigneusement ce qui relève de la théologie
naturelle (de la philosophie) et ce qui relève de la théologie révélée (de la
foi, ou de la théologie au sens strict). Pourquoi une distinction aussi nettement tracée ? Il existe une réponse
traditionnelle : la SG serait ainsi construite parce que
c’est une œuvre à visée missionnaire, destinée avant tout à soutenir la
controverse avec les non-chrétiens (principalement les Juifs et les
Musulmans). La discussion avec les Musulmans ne peut se faire que sur une
base indépendante de la révélation chrétienne (donc au plan de la simple
raison) : c’est l’intérêt de tout le versant « théologie
naturelle ». Quant au versant « théologie révélée », il permet
de discuter principalement avec les Juifs, avec qui les Chrétiens partagent
la révélation de l’Ancien Testament (la question étant alors : le
message du Nouveau Testament, spécifique au christianisme, est-il en accord
avec celui de l’Ancien Testament ?) ; mais il permet aussi
accessoirement la discussion avec les Musulmans : Saint Thomas est très
attentif, dans le livre IV, à montrer que la révélation chrétienne, même si
elle dépasse la raison, est néanmoins compatible avec elle. Pour Saint
Thomas, la
sagesse consiste à comprendre et exposer la vérité de la foi catholique,
vérité suprêmement importante qui porte sur la chose la plus importante de
toutes. Mais en quoi consiste plus précisément une telle
vérité ? La première précision que Saint Thomas juge utile d’apporter
(chap. 3), c’est que cette vérité suprême présente deux versants :
il y a ce qui en elle dépasse toute capacité de la raison humaine (ordre de
la théologie révélée), et ce qui en elle peut être atteint même par la raison
(ordre de la théologie naturelle). Dans ce que nous professons sur Dieu, il y a des vérités
de deux sortes. Certaines vérités sur Dieu dépassent toute la capacité de
la raison humaine : par exemple, que Dieu soit trine et
un. D’autres,
en revanche, peuvent être atteintes même par la raison naturelle :
par exemple, que Dieu est, qu’il est un, et d’autres du même ordre ; et
celles-là, même les philosophes les ont prouvées démonstrativement, conduits
par la lumière de la raison naturelle. On serait peut-être tenté de conclure : donc la
théologie naturelle ne sert à rien ! Puisque les vérités
qu’elle expose relèvent aussi de la foi... On nous dit que la deuxième sorte
de vérités peuvent être atteintes même par la raison naturelle : cela
signifie qu’elles peuvent être atteintes et par la foi et par la raison ; ce
qui n’est pas le cas de la première sorte, qui n’est accessible qu’à la foi.
D’où logiquement, semble-t-il : la foi suffit pour faire de la
théologie ! Mais il est
tout à fait remarquable que telle n’est pas du tout la position de Saint
Thomas ! Pour lui, c’est plutôt l’inverse qui est
vrai : si une vérité divine est atteignable par la raison naturelle, il
suffit pour le théologien de l’atteindre de cette façon... En fait, pour
Saint Thomas, le point de vue central de la théologie demeure celui de la
raison : le travail de la théologie consiste à
comprendre et exposer tout ce que la raison peut naturellement saisir de
Dieu, et, concernant ce qui la dépasse, à en comprendre et exposer ce qu’elle
peut tout de même en saisir ! (Observons bien que les
« mystères » du christianisme, qui sont exposés dans le livre 4, ne
sont pas du tout exposés d’une façon « mystique », mais au
contraire d’une façon autant que possible rationnelle : quel est leur
contenu dans la mesure où il est saisissable, quelle est leur cohérence
interne (leur « consistance », dirait un logicien), quelle est leur
compatibilité, voire leur probabilité en fonction de ce que nous savons par
ailleurs des choses du monde,. Donc, pour Saint Thomas, si quelque chose devait suffire
pour faire de la théologie, ce serait plutôt la raison que la foi ! Il est en tout cas
manifestement évident pour lui que si une vérité concernant Dieu est
connaissable par la raison naturelle, il suffit au théologien de la connaître
de cette façon : ce qui montre que c’est évident à ses yeux, c’est qu’il
n’argumente absolument pas cette position. En effet, si on lit les chapitres
suivants (4 à 8), on constate qu’il argumente d’abord l’utilité de la foi
(chap. 4-6), puis l’utilité de la raison même dans les vérités qui ne
relèvent que de la foi (chap. 7-8) - mais qu’en revanche il ne se pose même
pas la question de l’utilité d’une connaissance purement rationnelle des
vérités divines qui relèvent de la raison naturelle ! S’il ne se pose
pas cette question, c’est simplement que cette utilité est pour lui
absolument évidente. |
ST THOMAS D’AQUIN – LECTURE DU
COMMENTAIRE DE THOMAS D’AQUIN SUR LE TRAITḖ DE L’ÂME D’ARISTOTE
- L’ÂME
SOUFFLE DE VIE |
Traduction Guy François Delaporte |
Edition L’Harmattan 1999 |
1999 - Réed-2015 |
On est à l’aube du XIIIe siècle. Le contexte pour un
surgissement de l'effervescence intellectuelle est florissant. La société
s’organise sur trois grands ordres. Le premier est constitué par les prêtres,
des prêtres qui prient, les Oratores; le second ordre est celui des
soldats, qui combattent et qu'on désigne sous le nom de Bellatores; le
troisième ordre de la société enfin est celui des paysans, qui travaillent,
et qu'on appelle pour cela les Laboratores. Au sein des Oratores,
on distingue deux branches : les réguliers, qu'on désigne ainsi parce qu'ils
vivent selon la règle de leur Ordre, les Bénédictins selon la règle de saint
Benoit, les Dominicains selon la règle de saint Dominique etc; le branche des
séculiers est celle des Oratores qui vivent dans le siècle, autrement
dit les curés de paroisse, leurs vicaires et tous ceux dont la mission les
porte au contact du monde. L’idéal de la vie apostolique est loin d’exister à
l’aube du XIIIe siècle, idéal qui s’identifie à la vie monastique. Lorsqu'apparaissent les Ordres
mendiants dominicain (1215) et franciscain (la première confrérie date de
1221), une rupture radicale s’introduit dans l’espace ecclésial. François,
bien avant que Bonaventure signe la constitution de l'Ordre franciscain à
Narbonne en 1260, déclare au pape Innocent III : “De règle, je n’en ai
point, ma seule règle, c’est l’Évangile”. L’Évangile devient la seule
règle de vie, la première des règles en quelque sorte. Le moine franciscain
se fait itinérant. Il sort donc de son monastère, va au monde. François
d’Assise fait éclater la clôture du monastère. Le cloître, c’est le monde.
Les Dominicains sont cause d’une rupture forte. Avant eux, ceux qui parlent
sont les évêques et les prêtres. Pas les moines. Les moines prient. Les
Dominicains, qui eux aussi vont au monde avec mission de prêcher, ont en
quelque sorte “volé” aux séculiers leur charge propre. Se produit alors ce qu'on est en
droit d'appeler un kaïros. Dans la philosophie grecque le kaïros
désigne une période critique, un temps opportun pour prendre une décision. Il
nous faut observer qu'en ce temps-là se manifestent des auteurs étonnants.
Dominique est contemporain de François d’Assise (1182-1226), mais aussi d’Alexandre
de Halès (1186-1245), orateur célèbre qui enseigne à l’école cathédrale de
Paris. À 51 ans celui-ci est invité par les Franciscains, ce qui a pour effet
de mettre tout Paris en émoi à cause de son entrée chez les Franciscains.
Alexandre de Halès devient le maître de Bonaventure au couvent des Cordeliers
où il enseigne la tradition augustinienne. Quand A. de Halès meurt,
Bonaventure, qui n’a pas encore terminé ses études, le remplace. Dominique, lui, a l’intuition, non
d'abord de la pauvreté, mais de la parole. Tandis qu'Albert le Grand est
converti par le premier secrétaire de Dominique, Alexandre introduit Aristote
dans la théologie. Quant à Thomas, sa force réside dans la transformation de
la philosophie d’Aristote pour l’utiliser dans une optique chrétienne. Thomas
d’Aquin est d’abord chrétien avant d’être aristotélicien. C’est dans la
lumière de la foi que Thomas d’Aquin utilise Aristote. L’intuition de Thomas
d’Aquin a besoin d’être conceptualisée, pour ne pas être aveugle et pour
durer. Remarquons qu’à l’inverse, un concept sans intuition est vide. Ce qui
est nouveau avec la philosophie de Thomas, et qui constitue un véritable et
double tour de force, c'est son exploitation théologique de la philosophie
d'Aristote. Là où Aristote parle d’un dieu conceptuel, Thomas d’Aquin
réintroduit le dieu “acte pur” qu'avait introduit Aristote pour le
faire surgir en Dieu de la foi, confessé, professé par le chrétien. D'autre
part sur la question de la nature (phusis, ou encore ousia en
patois athénien), Thomas d’Aquin pose la question du rapport de la nature à
la surnature Dominique de Guzman est Castillan,
clerc, chanoine augustinien, marqué par la pauvreté ambiante à Palencia (en
Castille-Léon). Il vend sa Bible pour donner l’argent aux pauvres. Autrement
dit Dominique fait don de la Parole. En 1203 Dominique rencontre, au cours
d'une halte à Toulouse, un aubergiste cathare. La discussion met en lumière
l’égarement de l’aubergiste. Dominique éprouve de la compassion à son égard
et il a le réflexe de poursuivre avec l’aubergiste la discussion pour le
convaincre de son égarement. À l’aube, l’aubergiste est revenu de sa croyance
cathare. Et Dominique prend conscience que la parole est une arme, et qu’il
n’est donc pas obligé d’user de l’arme de la croisade. C'est le premier acte
par lequel la Parole est donnée en partage. La parole est une épée
tranchante. Dominique pressent que la vocation du dominicain est de prêcher.
L’intuition de Dominique c’est que le monde n’est pas mauvais. Pour lui le
monde est lieu de la présence de Dieu. La théologie peut être propre à
convertir. Thomas d’Aquin, de son côté,
se demande si un ordre religieux peut être établi pour prêcher. “C’est une
œuvre plus relevée (...) que de protéger le peuple chrétien par les
armes matérielles. Aussi est-il convenable d’instituer un Ordre religieux
pour la prédication...”. Thomas d’Aquin s'interroge, dans le
prolongement, sur le travail des religieux. Si les religieux sont obligés de
travailler de leurs mains : “encore faut-il savoir que par travail manuel
on doit entendre toutes les industries humaines propres à assurer la
subsistance, qu’elles mettent en œuvre les mains, les pieds", "la
langue" aussi...” Thomas d’Aquin est un lecteur de la vie de
saint Dominique. On rencontre pour la première fois l'intérêt et la prise en
compte de l’interlocuteur. Le projet de la Somme contre
les Gentils, autrement dit contre les païens, est de réfuter les erreurs. Le
grand principe de Thomas d’Aquin : "ce que je trouve par ma raison à
propos de Dieu ne peut être contraire à ce que Dieu me dit par la
Révélation." L’enseignement peut-il être considéré comme un
acte de la vie active ou contemplative ?
Les disciples des maîtres en théologie sont dévolus à l’enseignement
dans les provinces. Théologiens, certes, mais nomades aussi ! Leurs lourds et
épais feuillets justifient qu’ils chargent des bêtes de somme pour être
transportés, c’est pourquoi les œuvres théologiques de Thomas, comme celles
d’Albert Le Grand ou de Pierre Lombard sont appelées des “Sommes”. Thomas organise sa Somme
d'une façon particulière. Il pose les questions attenantes à sa question
première ("Est-ce que...? Est-il nécessaire... ?). Autrement dit-
il présente la problématique de la question de départ. Aux réponses qu'il
avance il émet des objections (qu'il appelle des sentences), il les
argumente, oriente vers le dénouement, le lieu de la solution (sed contra).
Thomas en vient à donner sa réponse : “Je réponds en disant qu’il faut dire”,
apportant la solution des objections. Thomas réalise l’inclusion de la
théologie naturelle dans la théologie révélée, situant au-delà de la raison
ce qui relève de la Révélation, soit la Trinité, l'Incarnation, la
Résurrection. Thomas d'Aquin distingue trois sciences : la théologie
naturelle, ou capacité de la raison d’aller aux choses; la théologie révélée,
ou ce que la Révélation nous dit de Dieu; enfin la science de Dieu, soit la
béatitude ou la connaissance complète de Dieu. Pour Thomas la philosophie
est servante de la théologie. L’autonomisation progressive de la philosophie
est conséquente à une fausse interprétation de la servante. Au Moyen-âge, la
servante a le privilège de servir le maître, de se tenir près de lui, d’être
aussi celle en qui le maître peut mettre sa confiance. La servante n’est pas
une esclave. Une esclave cherche à s’affranchir. C’est l’interprétation des
tenants de l’autonomie de la philosophie. Jamais Thomas d’Aquin n’a envisagé
la philosophie comme esclave de la théologie, ni ne l’a voulue enfermée. Il
l’a haussée à sa plus grande dignité pour aider la Révélation à se
manifester. Et il n’y a pas plus grande et digne tâche pour le théologien que
de se mettre au service de la Révélation. Thomas d’Aquin considère l’action
de l’homme comme une cause seconde, qui prend part à l’action de Dieu qui
n’agit jamais sans l'homme (10). Dieu n’agit jamais autant que lorsque
l'homme agit, l'homme qui est à l’image de Dieu par sa propre capacité à
transformer le monde. |
ST THOMAS D’AQUIN -
L’HOMME ChrÉtien |
A.
MENNESSIER |
Edition
DU CERF |
1965 |
Un
livre sur St Thomas d’Aquin vu sous l’angle très chrétien. Né
dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du
Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères
Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et
enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années
plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie. Au bout d'un
an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre
les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert
le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à
l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié
à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon. Devenu
professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre.
Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et
la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose
dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme
Théologique". Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes
controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande
des Papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de
"Paris la grande ville", il dit préférer "le texte correct des
homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Mathieu". Il
meurt sur la route, en chemin vers Lyon où il devait participer au grand
concile de 1274.
|
sur les chemins de cÎteaux
– les moines cisterciens en terre de france |
M.
niaussat & F. thomas |
OUEST
FRANCE |
2000 |
||
|
8 T
tout est pur pour celui qui est pur |
Jean-Yves
leloup |
Edition
ALBIN MICHEL |
2005 |
Quelle
fut la nature des relations entre Jésus de Nazareth et la grande figure
féminine que la tradition chrétienne a nommée Marie-Madeleine ? Si « le Verbe
s’est fait chair », s’il faut prendre au sérieux le mystère de l’Incarnation,
peut-on imaginer que le Christ se soit interdit tout amour charnel ?
L’histoire, les Évangiles canoniques, les apocryphes et la théologie ont-ils
quelque enseignement à nous livrer à ce sujet ?
Les
livres de Leloup sont regroupés au chapitre 10 L - |
8 U
UNE LECTURE DE L’APOCALYPSE |
|
Edition
Du CERF |
1994 |
Réflexion
très chrétienne sur cette apocalypse. Signes, sceaux,
symboles, visions, trompettes, trônes, fléaux, anges, bêtes, têtes, cornes,
témoins, malheurs, guerres, nombres, multitudes, messages et mystères ! Ces termes, le
livre de l’Apocalypse les contient tous. Mais, que signifient-ils ? La
plupart des gens croient que le livre de l’Apocalypse est scellé, fermé à la compréhension.
On l’appelle le Livre à Mystère sans
signification. Et pourtant, tout le livre a une signification
importante — indispensable. Il est rempli de réponses. Les termes mentionnés
plus tôt peuvent
être dévoilés ! Ils peuvent être compris, et cette brochure révélatrice en
contient les clefs essentielles ! Vous serez
intrigué — voire fasciné — de la limpidité de ce que l’on peut connaître à partir du
livre de l’Apocalypse. Les événements se multiplieront, pour culminer à une
apogée ! Vous pouvez les connaître. Un tiers de la Bible est prophétique — le
futur écrit à l’avance ! Presque la moitié des livres de l’Ancien Testament
sont inclus dans les livres dit des prophètes
« majeurs » (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel) ou « mineurs » (Osée, Joël, Amos,
Jonas, Michée, etc.). L’apôtre Paul expliqua que l’Église du Nouveau
Testament est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Éph.
2:20). Reconnaissez que, puisque l’Église siège
sur les paroles des prophètes, les chrétiens doivent comprendre les
prophéties. Si Dieu ordonne aux hommes de vivre de « Toute Parole qui sort de
sa bouche » (Matth. 4:4; Luc 4:4; Deut. 8:3), Il n’en bannirait certainement pas
ce tiers qui est prophétique ! Dans Sa
prophétie sur la montagne des Oliviers, le Christ paraphrasa Daniel. Il
répondit à la question de Ses disciples quant à la séquence des événements du
« temps de la fin ». Il renforça la déclaration de Daniel au sujet de ces
événements, en disant: « Que celui qui lit comprenne » (Matth. 24:15 — Dieu a
ouvert — Révélé —
à Ses serviteurs ce qui doit arriver. Il veut que vous compreniez. Il ne veut pas que vous
soyez dans la confusion, l’ignorance, ou la crainte concernant l’avenir.
Mais, que
doivent comprendre les sages,
au juste ? Il existe des clefs importantes, qui ouvrent (ou révèlent) les
prophéties bibliques. Mais, le monde les ignore toutes ! Dès lors, il n’est
pas étonnant que plusieurs disent qu’il n’est pas possible de comprendre
l’Apocalypse: ils n’en possèdent pas les clefs ! L’humanité
refuse de rechercher et de consulter Dieu.
Lui seul peut révéler le futur. Les êtres humains ne peuvent pas, par leur
propre intelligence, leur raisonnement humain, ou par des découvertes
scientifiques, connaître ou discerner les événements à venir. De nombreux «
pratiquants » croient que le livre de l’Apocalypse ne leur est somme toute
d’aucune utilité, car, disent-ils, on ne peut pas le comprendre. Cependant,
Dieu est en
train d’accomplir un plan magistral — et les êtres humains en font partie. De
plus, Daniel ajoute qu’« aucun
des méchants ne comprendra », parce que
Dieu ne révèle Son plan qu’à ceux qui Lui obéissent ! Le Psaume 111:10 dit
que « tous ceux qui pratiquent
ses préceptes [gardent Ses Commandements] auront une bonne intelligence [comprendront] » (version
Darby). Ce discernement,
Dieu ne le donne qu’à ceux qui mettent en pratique Ses ordonnances ! Après que
Daniel eut achevé d’enregistrer la prophétie, il demanda à Dieu de lui en
donner l’explication. Bien qu’il fut choisi pour enregistrer le livre, lui-même ne le comprit pas: « J’entendis,
mais je ne compris pas. » Alors Dieu lui répondit: « Va…car ces paroles
seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la Fin. » Quoiqu’il ne
fût pas permis à Daniel de comprendre, en revanche ceux qui vivent aux temps
de la fin le peuvent !
Rappelez-vous que nous avons lu que les sages le peuvent ! Nous verrons que
cette grande prophétie sur ces événements futurs fut scellée de sept sceaux
distincts. Il est indispensable de comprendre un autre point majeur: les sept sceaux qui sont dans la main
de Dieu couvrent tous les chapitres du livre, sauf les deux derniers !
Les sept sceaux sont décachetés l’un après l’autre — chacun révélant des
événements futurs avant qu’ils ne se produisent. Seul le Christ est qualifié
pour décacheter les sept sceaux et ouvrir le livre à la compréhension. Apocalypse vient du grec apokalupsis et signifie révélation — révéler, et non dissimuler, cacher, voiler ou garder secret.
Les toutes premières paroles que Jean a rapportées du Christ, au début du
livre de l’Apocalypse, sont: « Révélation de
Jésus-Christ…pour
montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt. »
Et, vers la fin du même livre, dans Apocalypse 22:10, nous lisons: « Ne scelle point les
paroles de la prophétie de ce livre. Car le
temps est proche. » Comprenez bien ces paroles de l’apôtre Jean.
Le temps pour comprendre le livre de l’Apocalypse est maintenant proche
(c’est-à-dire, à portée de la main) ! Dieu révèle un moyen fondamental pour
comprendre les événements futurs. Ce moyen
est d’abord montré dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse. Le livre de
Daniel, qui fut enregistré plus de 500 ans auparavant, sert de base, pour
ainsi dire, au livre plus volumineux et plus détaillé qu’est celui de
l’Apocalypse, lequel décrit des événements que l’on ne retrouve nul part
ailleurs dans la Bible. |
UNE
HISTOIRE DE L’EUROPE PAÏENNE – A LA
DÉCOUVERTE DE NOS RACINES SPIRITUELLES
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Prudence Jones et Nigel Pennick
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Edition Dervy
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2019
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Une Bible ! L'expression peut paraître paradoxale au
regard du sujet, mais c'est ainsi qu'Une Histoire de l'Europe païenne a
rapidement été désignée et s'est imposée pour faire autorité parmi les
spécialistes de la matière dès sa parution, en 1995. Depuis longtemps, le
public français attendait la traduction de ce best-seller majeur et
essentiel. C'est maintenant chose faite. Des déesses aux serpents de la Crète
antique et des dieux du tonnerre au culte de la nature aujourd'hui à la
résurgence des religions indigènes en Europe depuis la fin du XXe siècle en
particulier, Une Histoire de l'Europe païenne est la première étude du genre
exhaustive et objective qui propose une perspective nouvelle sur l'Histoire
de l'Europe, son inconscient collectif et l'histoire des mentalités et de la
religion en général. Ce travail novateur, dense, richement illustré confirme
le paganisme comme une force persistante dans l'histoire européenne qui a
exercé et exerce encore une influence profonde sur la pensée moderne. Pas à pas, nous suivons l'évolution de ce courant
de pensées, de vie et de spiritualité en parallèle des religions dominantes,
voire en conjonction avec elles. Il a laissé une puissante empreinte sur la
société, les traditions, les lieux de culte, les rituels, les arts, les
contes populaires, etc. Un intérêt rénové pour la spiritualité féminine ou la
féminité sacrée, pour le retour aux racines, le culte de la nature et
l'écologie dans ses dimensions les plus philosophiques, mais aussi pour les
fondements de la démocratie qui se structurent dans le monde antique avant de
s'épanouir dans le monde du nord parfaitement égalitaire jusqu'à donner les
modèles démocratiques septentrionaux modernes que nous connaissons. Une
Histoire de l'Europe païenne est une documentation essentielle pour tous les
lecteurs - tant les érudits et universitaires que le grand public - qui
s'intéressent au développement des religions au cours des siècles et tout
autour du globe. Cet ouvrage aura
demandé près de vingt années de préparation. C’est un long processus
d’échanges, de rassemblement de matériaux et de réflexion qui a permis la
rédaction de ce panoramique des cultures non chrétiennes en Europe. Arnaud
d’Apremont, traducteur, dans un avant-propos bienvenu à l’édition française,
identifie les enjeux d’un tel travail : « C’est donc à une véritable
photographie – mais en réalité à beaucoup plus – de la géopolitique
spirituelle actuelle de l’Europe que nous invite cet ouvrage, en appuyant ce
regard sur de profondes racines. Il nous propose une vulgarisation
didactique, accessible et sensible, sur un sujet peu traité. Peu traité,
voire déformé, car son thème, le paganisme, a été longtemps au mieux mal
compris, au pire disqualifié comme synonyme des pires turpitudes ou des
« arriérismes » de la campagne, alors qu’il a nourri les grandeurs
de l’art, de la culture et de l’esprit, des merveilles de l’Antiquité en
passant par la Renaissance et jusqu’aux différents courants de pensée ou de
création qui ont émaillé les Lumières ou d’autres périodes, comme le
Romantisme et les Préraphaélites. » « Dans le
présent ouvrage, les auteurs portent un regard mesuré sur ce que fut
l’histoire païenne de l’Europe, un regard empreint de compréhension et de
tolérance, correspondant à ce que furent l’esprit du paganisme et ce qui
s’est exprimé dans ce qu’ils appellent la foi double ou la foi duale :
un mélange de paganisme humaniste et de christianisme administratif qui a,
somme toute, été la caractéristique de l’univers spirituel et de sa pratique
au cours d’une bonne partie de l’histoire européenne. » Bien sûr, les
spécialistes de chaque culture présentée de manière synthétique par les
auteurs fronceront les sourcils à la lecture de ce livre en raison des
simplifications, des sélections, des omissions, toutes inévitables dans un
tel projet. Mais l’enjeu n’est pas académique, il s’agit de nous faire
prendre conscience d’un héritage protéiforme qui imprègne notre histoire et
nos réalisations européennes. Ce livre invite à un changement de regard, à la
découverte d’un « autre univers mental », de « voies de
sagesse et d’humanisme négligées ». Les auteurs ont
introduit l’ouvrage par une présentation du paganisme hier et aujourd’hui.
C’est bien d’un paganisme vivant dont il est question. Ils abordent ensuite
la question par grand secteur culturel et politique : Les Grecs et la
Méditerranée orientale – Rome et la Méditerranée orientale – L’Empire romain
– Le monde celtique – Les derniers Celtes – Les peuples germaniques – Les
derniers feux de la religion germanique – Les Pays baltes – La Russie et les
Balkans. Cette construction permet au lecteur de retrouver aisément des
informations recherchées en fonction de ses intérêts du moment. Le dernier
chapitre de l’ouvrage aborde la réaffirmation du paganisme, ou plutôt des
paganismes, par exemple avec « la réaffirmation des valeurs païennes
sous la Renaissance » ou encore le « paganisme romantique ».
Ils écartent le lien souvent répété entre « la grande chasse aux
sorcières » et paganisme en développant plutôt le sujet comme une chasse
aux femmes accusées de satanisme car considérées comme trop faibles pour
résister aux avances du démon. Ils dénoncent la misogynie de l’époque mais
aussi de tous ceux, chercheurs ou non, qui par la suite, se laissèrent abuser
par cette vision trop commune. Ils écartent également une deuxième croyance
répandue qui affirme que « le régime hitlérien en Allemagne (1933-1945)
était d’inspiration païenne ». L’index de fin d’ouvrage permet de faire
des recherches par nom dans ce condensé d’informations qui reste agréable à
lire malgré sa densité ce qui explique sans doute son succès dans les pays
anglophones. |
8 V
VIE
POSTHUME ET RÉSURRECTION DANS LE JUDÉO- CHRISTIANISME |
Jean
TOURNIAC |
Edition
DERVY |
1984 |
||
Influencé
comme nous l’avons dit par l’œuvre de René Guénon, l’auteur distingue deux
définitions du mot rite en Maçonnerie. Tout d’abord le rite en tant que
système, et en tant que voie de l’Ordre, et d’autre part le rite en tant que
technique du corps, agissant sur l’âme et l’esprit… L’étude qui va suivre
porte sur cette dernière définition car elle sous-tend la première, elle est
commune à tous les systèmes maçonniques et que de toute façon "rita"
en sanscrit signifie... Ordre. La première partie de l’analyse consiste
à définir quel est le rapport entre l’initiation, réception au long d’une
chaîne de transmission au fil des générations, et le rite. A
l’inverse de la cérémonie, qui relève d’un côté improvisé, lié à l’humain et
au provisoire, voire de la coutume qui ne possède pas ses exigences, le rite
lui, est un acte parfaitement défini au point de vue technique et invariable
dans le temps. De plus c’est le rite qui donne le côté sacré de toute
cérémonie, il relie l’homme à ce qui le dépasse, au supra humain, toutefois
malgré les similitudes, il ne faut l’assimiler à une religion, bien que
certaines pratiques soient placées sous des dominantes de cosmogonie1,
métaphysique2 ou de théologie. On peut aussi distinguer les rites
sacrés collectifs, des rites individuels. Enfin notons que l’on retrouve le
rite, dans l’exercice de certaines sciences traditionnelles secondaires
telles que la sorcellerie, et le chamanisme… Le
rite prend son origine avant le temps, par un acte issu du Principe Divin, ce
qui lui confère son aspect vertical, et relie dans le plan horizontal, les
hommes entre eux, cette relation verticalité/horizontalité qualifiant la
fraternité humaine traditionnelle dont découle la fraternité maçonnique. En
conséquence, il ne peut y avoir d’axe vertical sans axe horizontal
c'est-à-dire pas d’Ordre, pas de maçonnerie sans la doctrine du rituel. De
même se polariser sur le rituel seul, sans l’application caritative de
l’Ordre, signerait la mort du système. D’un point de vue symbolique, le
sommet de l’axe vertical rejoint les 2 extrémités de l’axe horizontal, ce
sont les 2 côtés du triangle, et il en coupe la base en son milieu. Voici
donc ici, mêlés symbolisme de la croix et enseignement de l’équerre. Les
écrits du Maharal illustrent ce propos, ils montrent que la Création entière
est sous le signe de la cassure et de la dualité, à l’image de la Genèse
débutant par la lettre "Beth", qui est un signe de dualité. Lui
aussi décrit un côté Divin vertical et un côté humain horizontal. Il démontre
qu’entre les 2 axes, existe une articulation, une diagonale, un médiateur,
qui est le rituel, il est même l’instrument du pacte d’alliance entre le
Principe créateur et l’homme. C’est ce que l’on retrouve en maçonnerie
symbolisé par le fil à plomb, le niveau et l’articulation qui est l’équerre.
L’amour fraternel y prend alors la valeur de la diagonale. Dernière
illustration, la vie… Linéaire et horizontale du début, la naissance, à la
fin, la mort, elle rencontre à ses deux extrémités, la verticalité, et le
face à face avec le Principe Éternel. Nous
l’avons dit, le rite connecte au "tout", il universalise en
unifiant. Mais également, il informe l’être de manière subtile. C’est ce qui
justifie la nécessité d’une rigueur technique, la transmission permet un
éveil désormais irréversible et une prise de "surconscience", à
l’instar du yoga, de l’hindouisme et du tantrisme. Le rite ne permet donc pas
uniquement un développement personnel d’un point de vue mental, discursif,
dialectique, etc… Mais créé le lien avec l’homme Universel, intégral, originel,
c'est-à-dire l’Adam Primordial. L’un
des vecteurs de la réalisation du rite est le corps, il a une grande
importance, nous le voyons, dans les signes, les attouchements, les pas, les
postures, mais aussi dans d’autres pratiques, par les danses, les
inclinaisons, les génuflexions, etc… En effet, le rituel mobilise les
trois zones humaines corps, âme, esprit, de manière équilibrée, l’action sur
une zone, se répercutant sur les autres. Ceci se matérialise dans la
maçonnerie, par un symbolisme lié à l’exercice du métier, à la maçonnerie
opérative, qui opère techniquement mais aussi spirituellement. Notons ici,
les notions de rythme ou d’axe mécanique, chers au monde de l’initiation et
qui l’en distingue du mysticisme. » |
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