A - K

M - Z

LA MORT

 

Chapitre 9    M - Z         (ÉSOTÉRISME - MAGIE - SOCIÉTÉS SECRÈTES - MYSTERES - OCCULTISME - CHAMANISME -  VAUDOU - LA FORET - LA MORT )

 

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9 M - Z

maçonnerie Égyptienne – rose-croix & nÉo-chevalerie

Gérard galtier

Edition LA PIERRE PHILOSOPHALE

1994

Ce livre relate l’histoire de divers mouvements initiatiques, du XVIIIème siècle à nos jours. Ces mouvements se caractérisent par l’importance qu’ils accordent à l’Égypte ancienne, conçue comme la source d’où émane toute la tradition ésotérique.


Gérard Galtier, dans son ouvrage, montre comment depuis l’époque de Cagliostro – l’un des « grands initiés » du passé – ce courant initiatique égyptien s’est transmis sur plus de deux siècles. Il nous éclaire ainsi que les grands épisodes de l’histoire de l’occultisme durant cette période.

 

les conditions d’apparition des trois rites maçonniques de Misraïm, Memphis et Memphis-Misraïm, l’influence des sociétés secrètes catholiques et néo-chevaleresques rattachées au mouvement royaliste légitimiste du XIXème siècle, le rôle des Rose-Croix, les rapports entre certains mouvements spiritualistes et la politique, et enfin l’attente d’une ère nouvelle…

 

Le livre de Gérard Galtier est une œuvre avec laquelle les historiens de la Franc-Maçonnerie devront compter. Il constitue la meilleure référence actuelle quant à l’étude des rites « égyptiens ».

 

Gérard Galtier contribue à mettre en lumière le fait que la « philosophie occulte » est partie intégrante de la pensée contemporaine et occupe à ce titre une place essentielle dans l’histoire des idées.

Où il est question de :

l’Amorc, du Messie, des Druzes, Chevillon, Ambelain, Spencer Lewis, Jules Bois, Emma Calvé, la Fudosi, la Synarchie les ordres martinistes, Steiner, Reuss, St Yves d’Alveydre, les Polaires, Doinel, l’Abbé Saunière, le Hiéron du Val d’or, Péladan, les Philadelphes, les Carbonari, les frères Bedarrides, la stricte observance et le rite rectifié etc.

 

MAGIE ET MERVEILLE AU MOYEN - ÂGE ET LEUR PORTḖE SYMBOLIQUE

Xavier-Laurent Salvador

Edition Signatura

 2015

La Magie au Moyen Âge recouvre un ensemble de techniques considérées par tous comme naturelles. Elle est à la fois une science et un artisanat, c’est-à-dire un savoir-faire. La Merveille quant à elle, c’est notre fantastique tel qu’il est conçu aujourd’hui : l’irruption dans le monde naturel d’un phénomène surnaturel comme les spectres ou les manifestations démoniaques.

 

Les moyens de contrôler ces phénomènes relèvent en revanche de la magie qui tire en partie la légitimité de sa persistance dans les récits bibliques et en particulier dans leur grande traduction française : la Bible Historiale (fin XIIIe siècle) dont Xavier-Laurent Salvador est l’éminent spécialiste. On y trouve, entre autres, de nombreux récits légendaires qui s’appuient sur l’idée d’un Moïse magicien, astronome et initiés aux mystères. Parcourir le champ  actif de la merveille et de la magie en partant de ces récits, c’est ouvrir une fenêtre sur un univers ancien beaucoup plus complexe que nous pouvions le soupçonner.

 

Le merveilleux, la « merveille », c'est ce qui suscite l'étonnement. En lui-même, le mot n'implique pas nécessairement le surnaturel, pour la simple raison que la séparation entre naturel et surnaturel n'était pas alors aussi claire que pour nous. Le Moyen Âge voit une sorte de continuum des lois de la nature jusqu'à Dieu. Et Dieu fait ce qu'il veut des règles. Comme le dit Jean de Meun dans Le Roman de la Rose : « Nature est la chambrière de Dieu », elle est sa femme de sa chambre, elle est à son service.

 

Pour saint Augustin, Dieu a prévu dans la nature la possibilité de tous les effets possibles de toutes les causes possibles, mais pratiquement - et pour ne pas nous affoler ! - ce sont toujours les mêmes effets qui sont produits par les mêmes causes. Cela n'empêche pourtant pas Dieu de produire un effet inédit, que nous appelons « miracle ». Les formes que prend le merveilleux au Moyen-Âge sont très variées, souvent issues de la mythologie celtique et germanique. Il y a tout ce qui relève de la métamorphose, quand un personnage change son apparence ou prend celle d'un autre. Des objets magiques, comme l'anneau d'invisibilité d'Yvain, le cor d'Huon de Bordeaux, la « corne à vin » dont le héros ne peut boire le contenu sans le renverser que si sa femme lui est fidèle ou le « manteau mal taillé » qui ne s'ajuste à sa taille qu'à la même condition.

 

Des prisons magiques, comme celle où Niniène « entombe » Merlin ou le « val sans retour » dans lequel Morgain retient les amants volages. Il y a aussi tout le domaine des illusions. Ainsi, lorsque Lancelot, le « chevalier de la charrette », arrive au pont de l'épée, deux lions l'attendent sur l'autre rive, mais ils disparaissent quand il trouve la force de s'avancer sur le pont. Et puis les fées, les dragons, les bateaux sans pilote ou les animaux fées - de couleur blanche - qui entraînent le héros vers son destin. Sans parler du filtre d'amour et d'autres breuvages à la fois magiques et médicinaux. Ce n'est pas une distinction très facile à faire entre le merveilleux profane et le merveilleux religieux. Souvent, un même fond de croyances est utilisé dans les deux cas. Tout un merveilleux lié à la mythologie celtique a ensuite été christianisé. C'est le cas du Graal qui, au départ, est probablement un vase de fécondité - comme la corne d'abondance - et devient le calice de la Cène où Joseph d'Arimathie a recueilli le sang du Christ.

 

Si l'on veut à tout prix raisonner selon notre séparation moderne entre profane et religieux, on peut dire que le merveilleux religieux a la particularité de proposer un sens. Il prête à leçon, à enseignement, à correction… Ce qui n'est pas toujours le cas du merveilleux profane : on trouve dans certains récits un empilement d'histoires merveilleuses dont le sens finit par se diluer. Les médiévaux croyaient-ils à leur merveilleux ? C'est une question délicate. Ce qui est certain c'est que le merveilleux ne gênait pas leur foi, bien au contraire ! Plus il y a de miracles, plus il y a de manifestations directes de Dieu dans le monde visible à travers des phénomènes surprenants et déroutants, plus il leur est facile de croire. Dans les sermons, les exempla sont remplis de merveilleux. Et ce merveilleux-là, qu'il vienne de Dieu ou du diable, on y croit ! C'est sans doute la grande différence avec les modernes qui trouvent qu'il est bien difficile de croire, et que ça l'est plus encore s'il y a des miracles

 

Quant au merveilleux romanesque, c'est une autre histoire. Les médiévaux n'en sont pas dupes et savent comme nous que la poésie est faite pour qu'on y croie sans y croire. Les légendes arthuriennes étaient considérées comme des fariboles, des sornettes, des nugae, disait-on en latin. Ainsi dans cet exemplum du cistercien allemand César de Heisterbach : un abbé prêche au chapitre devant ses moines qui somnolent. Il s'arrête, change de ton et commence : « Il y avait autrefois un roi très puissant, qui s'appelait Arthur… » Aussitôt, tous les moines se réveillent et écoutent. Alors l'abbé les admoneste : « Vous écoutez ces fariboles et quand je vous raconte les merveilles du Christ, vous dormez ! » Cet exemple montre la force de séduction mais aussi la critique dont le merveilleux profane pouvait faire l'objet. On voit aussi certains auteurs, comme Chrétien de Troyes, faire appel au merveilleux, mais avec discrétion ou avec un demi-sourire, en suggérant qu'il peut cacher une explication psychologique ou rationnelle.

 

MARIE-MADELEINE -MAGDALA

DIVERS AUTEURS

ASSOCIATION  MAGDALA

 2009

Revue crée par Christian Doumergue en 2009, et qui sort 1 à 2 N° par an. Revue spiritualiste, historique et philosophique  qui a comme thème central, Marie Madeleine, l’Occitanie, les Cathares, la connaissance, l’ésotérisme. Dans une société caractérisée par le pessimisme et la tentation de l’autodestruction, la spiritualité est un havre de paix et de bonheur pour le cherchant, pourtant l’exercice est difficile, car le matérialisme et la mondialisation a ses règles, implacables et inhumaines qui déstabilisent.

 

Il y a 800 ans le 22 juillet 1209, débutait la Croisade contre les Albigeois avec la chute de Béziers. Parce qu’ils n’ont pas voulu livrer les Cathares qui vivaient parmi eux, tous les habitants de la ville sont passés par l’épée. Les chroniqueurs de l’époque évoquent un chiffre de 17.000 à 25.000 morts. Cette tuerie dont la mémoire occitane se souvient sous le nom de « Grand Masèl » marque le début d’une sinistre série de massacres dont bénéficieront la France et L’Eglise. Plusieurs auteurs enrichissent cette collection qui se veut ésotérique, symbolique, historique, philosophique et spiritualiste. Elle baigne dans un contexte méridional et très documentée.

 

Elle comporte les sommaires suivants :

N° 1 -  Les Cathares, la dualité du réel  pour une civilisation de l’être – Montségur et le drame cathare – Esclarmonde et l’histoire d’un mythe – la spiritualité cathare – Louis Soprone Fugairon, Déodat Roché – Le dualisme face à la science –

 

N° 2 – Révolte, solitude et connaissance de l’invisible – Marie Madeleine et la solitude – Marie Madeleine , la mélancolie et la vanité du monde – François Schlatter, l’étrange envoyé du Père – Le solitaire des Rochers – Aller plus loin « je lui dirais que je m’appelle Jeanne des Rochers » - Deux solitudes pour la présence – La porte de l’être – La source intérieure – saint Christophe ou l’enfant salvateur.

 

N° 3 –(2010)- La Réincarnation, clef de la Connaissance de soi – Gérard de Nerval et la réincarnation – Une autre origine à la différence – Christianisme et réincarnation – Julien Doinel et la jeune femme blonde – Dante Gabriel Rossetti et Elizabeth Siddal – L’Orient de l’âme – Hypothèse sur la réincarnation – Le voyage immobile – Rêves et réincarnation – La Renaissance selon une perspective bouddhiste –

 

N° 4 – (2011) – Voir l’invisible – Déodat Roché et son ermitage des Hautes-Corbières – Déodat Roché et sa vision du monde invisible – La pensée de D. Roché révélée – Catharisme et Science spirituelle – A la recherche d’un idéal cathare – D. Roché et la nature – D. Roché et le donjon d’Arques.

 

MARIE-MADELEINE.  QUI SUIS-JE ?

CHRISTIAN  DOUMERGUE

ÉDITION  PARDÈS

 2010

Marie-Madeleine, qui fut le plus proche disciple de Jésus, suscita, après la disparition de ce dernier, une véritable hostilité chez certains disciples. Ceux-là lui reprochaient sa vision différente de l’enseignement du Christ. Lorsque ce courant grandi en puissance, la sainte fut condamnée à une véritable « damnatio memorioe » qui la plongea dans l’oubli pour de longs siècles.

 

A partir du VIIIe siècle l’Eglise la sort de l’ombre mais réinvente sa figure. Elle l’investit notamment de nombreux traits empruntés à des déesses ou héroïnes païennes. Cette Marie-Madeleine recomposée s’est enfin durablement imposée. Toutefois, de nombreuses découvertes archéologiques intervenues depuis la fin du XVIIIe siècle permettent aujourd’hui d’approcher au plus près celle que certains textes condamnés par l’Eglise appelaient la «compagne du Christ»- compagne au sens spirituel du terme.

 

On redécouvre une femme de haute condition, instruite dans la culture hellénistique, qui plus que d’autres disciples, a compris le message christique dans sa portée philosophique et qui, pour cette raison, est devenue un des chefs de file du premier christianisme, avant d’être bafouée.

 

 La pécheresse : Invité chez un pharisien, Jésus, la Sagesse de Dieu, accueille les pécheurs. Sa parole révèle la puissance de l'amour et la grâce du pardon à l'homme trop préoccupé de soi et peu conscient de son médiocre amour.

 

L'attitude de Simon se caractérise par une triple inaction, alors que la pécheresse multiplie les gestes de repentir et d'amour qui, loin d'être pour Jésus une cause de scandale, manifestent une profonde contrition ; d'elle-même elle dénoue sa chevelure et vénère les pieds du Maître avec une intense émotion.

 

L'onction des pieds est un geste extraordinaire, signe d'un amour d'une intensité exceptionnelle. Le pharisien doute du caractère prophétique de Jésus qui se laisse toucher par une pécheresse au détriment de sa propre pureté, mais Jésus connaît le cœur de cette pénitente et, délicatesse suprême, il ne lui révèle la connaissance de ses péchés qu'au moment de les lui pardonner.

 

Ce texte fonde la nécessité de la contrition parfaite pour la rémission des péchés et son antériorité par rapport à elle, bien que cette contrition soit elle-même le fruit de la grâce prévenante du Dieu de pardon. Il souligne l'importance de la foi dans le salut du pécheur, message si utile dans la maison du pharisien. Tandis qu'elle s'en va en paix, elle porte en elle le royaume de Dieu.

Disciple de Jésus : En l'évangile selon saint Luc, Marie, appelée la Magdaléenne, est la première nommée des femmes qui assurent la subsistance de Jésus et des Douze. Ces femmes, étroitement associées à la vie du Maître, sont avec lui, ce qui est le propre de la vocation apostolique, mais leur présence est un acte permanent de reconnaissance envers celui qui les a guéries d'esprits mauvais et de maladies. Marie-Madeleine est privilégiée, puisqu'elle a été libérée de sept démons. Le passé n'est mentionné que dans la mesure où il est vaincu par Jésus, et où l'être racheté se trouve désormais intimement lié à lui. Peut-on l’assimiler à la pécheresse ? La possession démoniaque n'est pas, de soi, synonyme de péché, mais en l'évangile selon saint Jean, l'équivalence est établie entre être pécheur et avoir un démon. On la retrouve dans les récits de la Passion et peut-être avant, si on l’identifie à Marie de Béthanie. On remarque que Marie de Béthanie, comme la pécheresse et Marie de Magdala, se complait aux pieds de Jésus et connaît en même temps de grands élans d'amour ; on ne peut interpréter le deuxième verset du onzième chapitre de l'évangile selon saint Jean comme une allusion à la seule onction de Béthanie. L'unification des trois donne une cohérence certaine aux récits de la Passion. La relation entre l'onction et la mort apparaît plus étroite, si la femme qui pose un geste prophétique de grande portée, souligné par Jésus, est assimilée à celle qui est présente au pied de la croix et au tombeau.

 

Saint Marc et saint Matthieu signalent sa présence à quelque distance de la Croix, en tête des femmes qui ont suivi et servi Jésus depuis la Galilée ; l'évangile selon saint Jean la place au pied de la croix près de Marie et de la femme de Cléophas. Les synoptiques la montrent au sépulcre regardant où l'on dépose le corps. Elles furent, pour l'Église primitive, les témoins de la réalité de cet ensevelissement et les garantes d'une connaissance exacte de l'emplacement du tombeau de Jésus. Comparée à l'attitude des apôtres au cours de la Passion, la présence des femmes au Calvaire témoigne d'une fidélité sans faille et d'une communion persévérante aux épreuves du Christ. Ce sont elles qui accomplissent la parole de Jésus aux disciples : Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves.

 

Apôtre des apôtres : Les évangiles de Pâques notent la présence de Marie-Madeleine au tombeau. Marc et Luc soulignent le côté négatif de son attitude : perplexité, crainte devant le vide du tombeau. Marc achève par leur étonnant silence, tandis que Matthieu montre leur grande joie, leur hâte à remplir leur mission, et décrit une rapide apparition de Jésus : et elles de s'approcher et d'étreindre ses pieds en se prosternant devant lui, détail qui permet de rendre compte de la réaction de Jésus en l'évangile selon saint Jean (XX 17). Saint Marc dit qu’il est d'abord apparu à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons.

 

Ici, En l’évangile selon saint Jean, Marie quitte deux fois le tombeau pour aller vers les disciples : la première fois, d'elle-même, pour annoncer la disparition du Seigneur ; la seconde fois, envoyée en mission pour révéler la présence du Ressuscité auprès du Père et de ses frères. Son amour pour le Christ apparaît dans toute son intensité : ses pleurs, mentionnés quatre fois, révèlent la profondeur du vide qu'elle ressent et l'épaisseur de son ignorance du mystère. Elle est si préoccupée de retrouver le corps qu'elle est incapable de reconnaître le Vivant. Sa foi ne s'éveille qu'à l'écoute de son nom : Marie. Un retournement total s'opère, elle retrouve son Maître avec le désir de ne plus le quitter. Mais Jésus l'invite à dépasser l'ordre du sensible pour devenir l'annonciatrice du mystère pascal. La relation de Marie-Madeleine à son Seigneur subit ici une véritable mutation, une transfiguration dans le feu de l'Esprit : Marie est appelée à le rejoindre là où il va, auprès du Père

 

On trouve au sommaire de cet ouvrage :

 

La plus païenne des Saintes Chrétiennes, ou l’élaboration du mythe Marie-Madeleine –Vénus – Galatée – Psyché – Danaé et Ariane – Isis – La femme oubliée – L’évangile de Marie -  Interrogation autour d’un nom et d’une identité –Marie de Magdala et Marie de Béthanie – Une femme seule – une femme fortunée  et une princesse de sang royal – Marie-Madeleine dans les Vitoe du Moyen-âge – Une juive hellénisée et instruite – Dans les pas de Jésus – L’onction de Béthanie – La disciple la plus accomplie de Jésus – Les textes gnostiques – Marie-Madeleine dans l’évangile de Philippe – La crucifixion – Le tombeau vide et l’énigme de sa disparition – Marie-Madeleine et le jardinier – Jésus retrouvé – Les troubles entre les Hébreux et les Hellénistes – De Jérusalem à Rome – Le départ de Judée – La rencontre de Marie-Madeleine et de l’empereur Tibère – Marie-Madeleine et la geste provençale – Son arrivée en Gaule -  Origine et périple du légendaire provençal – Le dernier secret de Marie-Madeleine.

 

MARTINÈS DE PASQUALLY - la magie cÉrÉmonielle de martines de pasQually – suivi des Élus coËns

papus

Edition ARBRE D’OR

 2007

Jusqu’à présent, on ne possédait aucun document sérieux permettant d’élucider la vie d’un des hommes qui ont le plus contribué au développement et à la propagande de l’illuminisme en France, Martines de Pasqually, l’initiateur de Claude de Saint-Martin dit le Philosophe inconnu et le fondateur du rite des Élus Coëns.

 


Représentant de la tradition martiniste, nous avons été mis à même, grâce à notre loge de Lyon, d’étudier des archives miraculeusement sauvées et qui permettent de jeter une lumière décisive sur l’histoire de l’illuminisme en France au XVIIIème siècle et sur les rapports des loges avec la stricte observance du baron de Hund.

 


Ces archives proviennent d’un homme à peine connu des auteurs spéciaux, J.B. Willermoz, placé à la tête du mouvement ésotérique à Lyon et qui a joué un rôle des plus importants dans l’histoire du martinisme.
Parmi les documents précieux que renferment ces archives nous avons surtout étudié :

 


1. La correspondance de Martines de Pasqually avec Willermoz (1767 – 1774).
2. La correspondance de Louis-Claude de Saint-Martin avec Willermoz, correspondance d’initié à initié, composée de quarante-huit lettres (1771 – 1790).
3. La correspondance de quelques autres initiés comme l’Abbé Fournier (dix lettres, 1778 – 1787), plus les catéchismes, les communications écrites et les rituels des Élus Coëns et des chevaliers bienfaisants de la cité sainte.
Papus fondateur du martinisme présente ici une étude très pointue sur la théurgie léguée par Martines de Pasqually.

 

MARTINÈS  DE  PASQUALLY  -    LE  THÉURGE  DE  BORDEAUX

SERGE  CAILLET

EDITIONS  SIGNATURA

 2009

Dépositaire d’une tradition initiatique, qui l’apparente au judéo-christianisme primitif, comprenant une doctrine et une pratique théurgique, Martines de Pasqually (1710-1774), vécut à Bordeaux et mourut à Saint-Domingue. Ayant échoué dans ses tentatives de réforme générale de la franc-maçonnerie, il fonde l’Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l’univers, dont l’influence a été considérable, principalement sur deux de ses disciples : Louis Claude de Saint-Martin, le philosophe inconnu et Jean Baptiste Willermoz, fondateur du rite écossais rectifié.

 

En dehors du traité de réintégration, la pensée de Martines de Pasqually se retrouve dans sa correspondance et dans l’ensemble des textes reproduits ici, commodément répartis en trois grandes rubriques : Théosophie, franc-maçonnerie et théurgie.

 

Est développé dans cet ouvrage les points suivants :

 

Théosophie : Explications de son ouvrage central «  Traité sur la réintégration des êtres », l’origine du mal, la faute d’Adam, la tripartition de l’Univers, l’Homme et le démon, l’esprit, l’intellect et l’âme, de très nombreux extraits de lettres.

Franc-Maçonnerie : Réception d’apprenti, les fonctions des tuileurs, préparation du candidat, avertissements et fonctions du Vénérable Maître, l’ordination et la prière, le catéchisme de maître Elu Coën, d’apprenti, de compagnon et de maître coëns.

Théurgie : Trois lettres à Jean Baptiste Willermoz, les équinoxes, les invocations et les conjurations aux esprits bons, puissants et purs.

 

MARTINÈS  DE  PASQUALLY -  TRAITÉ  DE  LA  RÉINTÉGRATION  DES  ÊTRES

MARTINÈS  DE  PASQUALLY

EDITIONS   TRADITIONNELLES

 1988

Cet ouvrage qui est le cœur de l’enseignement de Martinès de Pasqually et du Martinisme, se présente comme un cours, il est à priori difficile à lire et à comprendre, il faut le lire et le relire pour en extraire les idées maîtresses. Il est parfois un commentaire de la Bible, d’autres fois un complément, et il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance de la Genèse et de l’Exode.  Son fil rouge ou chronologie est le suivant : Adam, Caïn, Abel, Hénoch, Noé, les sages Noachides, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et Saül.

 

Tout est parti de Dieu et doit y revenir. L’homme a subi une chute allant au-delà de ce qu’avait prévu le créateur, l’homme s’est séparé de la conscience de son créateur, il fut rejeté hors de son sein et s’est retrouvé emprisonné dans la matière. Il y a donc expulsion préalable et drame.

 

La doctrine de Martinès de Pasqually comme l’indique le titre du traité est une doctrine de réintégration, et cette réintégration incombe à l’homme. Après avoir parcouru les histoires et périples  de la chronologie du traité, qui se termine avec l’histoire du roi Saul, le dernier commentaire sur la finalité du traité est le suivant : Cette réintégration nécessite une réconciliation avec l’Eternel,  tout le monde devra l’être, et c’est après seulement que nous pourrons retourner dans l’état de gloire de notre premier père : Adam.

 

mÉlusine

J. kelen

PRESSE DE LA RENAISSANCE

 2007

Dans le chef-d’œuvre qu’il composa à la fin du XIVème siècle, Jean d’Arras raconte l’étrange et magnifique histoire d’amour qui unit, pendant de longues années, le chevalier Raymondin et Mélusine la fée.

Mais ce récit initiatique évoque tout autant l’alliance précieuse et très ancienne passée entre l’Eternel et la créature humaine, toujours libre de rompre son serment ou de garder la Parole confiée.

Bien plus qu’une simple histoire divertissante, ce premier titre de la collection « L’intelligence des mythes » offre des sujets essentiels à méditer : les épreuves et la grâce, le désir, le secret, la solitude, la parole donnée…

L’auteur les aborde l’un après l’autre pour nous dévoiler leur signification et nous montrer leur portée spirituelle. Ainsi décrypté, le conte devient roman d’apprentissage et quête de transcendance. Il invite chacun à s’interroger sur le sens de l’amour, sur la vie de couple, sur la fidélité et la séparation, autant de thèmes universels.

De par sa formation en lettres classiques autant que par goût personne, Jacqueline Kelen se passionne pour les mythes d’Occident, dont elle dévoile la sagesse dans ses livres et dans ses séminaires. Mais elle a publié plus de trente ouvrages, dont plusieurs sont traduits à l’étranger, parmi lesquels Marie Madeleine, un amour infini (Albin Michel), Aimer d’amitié (Robert Laffont), L’Esprit de solitude, Divine blessure) et, en 2002, La faim de l’âme aux Presses de la Renaissance.

Mélusine la fée était d'origine royale. En effet, sa mère, la fée Présine, avait charmé et épousé Elinas, le roi d'Albany (Ecosse, en celte), non sans lui avoir fait promettre, avant leur mariage, de ne jamais essayer de la voir pendant ses couches. Elinas, oubliant malheureusement sa promesse, enfreignit l'interdit. Présine dut alors se réfugier avec ses trois filles, Mélusine, Mélior, et Palestine, dans l'île perdue (île d'Avalon). Lorsqu'elles devinrent grandes, usant de leurs pouvoirs de fées, elles décidèrent d'enfermer leur père dans la montagne magique de Northumberland. Cela parut bien trop sévère à Présine qui jeta un sort sur ses filles. Mélior fut enfermée au "chastel de l'Esprevier en la Grant Arménie", où elle devra prendre soin d'un épervier dont la garde lui est confiée: elle pourra tout concéder aux preux chevaliers qui parviendront au château, sauf son amour. Palestine, enfermée dans une montagne de l'Aragon, devra garder le trésor de son père, jusqu'au jour où un chevalier de sa famille viendra la libérer. Mélusine qui était la plus coupable subit le châtiment le plus sévère.

Présine dit à Mélusine : " Tous les samedis tu seras serpente du nombril au bas du corps. Mais si tu trouves un homme qui veuille bien te prendre pour épouse et promettre de ne jamais te voir le samedi, tu suivras le cours normal de la vie. Toutefois si ton mari vient à percer ton secret, tu seras condamnée à retourner au tourment jusqu'au jugement dernier". Mélusine rencontra Raymondin, fils du roi des Bretons, près de la fontaine de Cé à coté de Lusignan. Ce dernier, revenait d'une chasse au sanglier au cours de laquelle il avait accidentellement tué son oncle Aimery, comte de Poitiers. Mélusine lui apparut dans toute sa beauté, il en tomba immédiatement amoureux et la demanda en mariage. Avec ses pouvoirs, Mélusine réussit à faire innocenter Raymondin. La fée, accepta de l'épouser et lui fit promettre de ne pas douter de son origine et de ne jamais chercher à la voir le samedi. En échange, elle offrit à Raymondin la fortune ainsi qu'une nombreuse et longue descendance. Mélusine a toujours paru à Raymondin un miracle de bonté: elle élève ses dix enfants avec sagesse et leur forme une âme grande et généreuse.

 

Mais presque tous portaient sur son corps un signe visible de l'infamie maternelle.

 

 

Les livres de Jacqueline Kelen sont regroupés au chapitre 10K

 

MONDES IMAGINAIRES

Schaewen et J. Maizels

Edition Taschen

 2007

Au siècle dernier, à la fin des années soixante-dix, un facteur butte sur un caillou aux formes étranges, il le ramasse et, fasciné, commence à en récolter d’autres. Très vite il en amasse des centaines et entreprend de les assembler ; 33 ans plus tard l’extraordinaire Palais Cheval près de Lyon est presque achevé.

Plus près de nous, dans les années soixante, un inspecteur de la voirie de Chandigarh en Inde, accumule dans une clairière des pierres qui, pour lui, abritent des esprits ; puis construit avec ces roches des murs, des bâtiments, des personnages, des animaux.

Plus de trente ans plus tard le jardin de pierres de Chandigarh de 12 hectares, mêle statues, édifices, chemins et cascades.

En Italie, l’artiste Niki de Saint Phalle, aidé par son mari l’artiste Jean Tinguely, créa des sculptures géantes avec pour thèmes les 22 arcanes majeurs du Tarot.

Influencé par l’architecte Gaudi, elle orna son jardin de Toscane en 1979 de ces magnifiques statues géantes, recouvertes d’écailles et d’émail, dont on retrouve l’inspiration à Barcelone dans la Sagrada Familia ou dans d’autres œuvres de Gaudi. Ce jardin extraordinaire a fait l’objet d’un magnifique livre grand format couleur (détails dans le chapitre 22 de cette biblio)

Qu’est-ce qui réunit ces deux entreprises ? Comment des débuts si modestes, dus au hasard, ont-ils donné naissance à des réalisations aussi grandioses que captivantes ?

Le besoin d’améliorer et d’embellir son habitat est une impulsion puissante, mais dans ces réalisations, cela dépasse ce besoin d’embellir, sinon de créer une œuvre qui restera, pour beaucoup au fil des travaux et cela devient une obsession. Ce qui n’était qu’un passe-temps au départ, finit par occuper une vie entière.

Aujourd’hui on qualifie ces œuvres de « environnements visionnaires », car ces gens n’ont pas de formation particulière, dès lors seul leur créativité proche du génie leur font faire des choses grandioses, étranges et peut être surréaliste.

Cet ouvrage présente dans un grand format couleur, 62 « environnements visionnaires extrême » qui ont occupé leur créateur durant des dizaines d’années. Le photographe qui a filmé ces « œuvres » a mis près de 20 ans pour ramasser ces photos, et cela en parcourant le monde entier. Ces superbes photos sont accompagnées par un texte racontant comment, pourquoi, quant et qui a réalisé l’œuvre.

Un magnifique livre plein de mystère et de beauté.

Au sommaire de ce livre étrange et envoûtant :

La Bohème (France) - la casa del cavaliere (Italie) - il castello incantato (Italie) - La cathédrale (France) - Cunégonde et Malabar (France) - le Cyclop ( France ) - la demeure aux figures (France) - la ferme-musée Barret ( France) - Gillis à Barras (France) - Das haus der Kunstler (Autriche) - l’hélice terrestre (France) - le jardin coquillage (France) - le jardin de nous deux (France) - le jardin sculpté d’Albert Gabriel (France) - le jardin zoologique (France) - Das Junkerhaus (Allemagne) - the little Chapel (Angleterre) - la maison à vaisselle cassée (France) - la maison de Celle-qui-peint (France) - la maison pique-assiette (France) - le manège (France) - le musée Robert Tatin (France) - le palais idéal (France) - le parc exposition Raymond Morales (France) - Il parco dei Tarocchi (Italie) - les rochers sculptés (France) - la Scarzuela (Italie) - the sedlec ossuary (République Tchèque) - la tour de l’Apocalypse (Belgique) - the Josef Vachal Museum (République Tchèque) - le village d’art préludien ( France) - Der Weinrebenpark (Suisse) - the art Yard (Washington) - the bottle castle (Canada) - the coral castle (Floride) - the désert culture garden ( Californie) - the désert view tower (Californie) - the Dickeyville grotto ( Wisconsin) - Forevertron ( Wisconsin) - the garden of Eden ( Kansas) - the grotto of rédemption ( Iowa) - the Heidelberg project (Michigan) - the Junk castle (Washington) - Mary Nohl’s (Wisconsin) - oiseaux-chaussegros (Canada) - the paradise garden (Georgia) - Pasaquan ( Georgia) - las Pozas (Mexico) - the prairie Moon sculpture garden and museum (Wisconsin) - the salvation mountain (Californie) - the thunder mountain monument (Nevada) - the totem pole park (Oklahoma) - the Watts towers (Californie) - the Windmill park ( North Carolina) - the rock garden of Chandigarh (Inde) - the Buddha park garden (Laos) - the Wat Khaek Buddha park (Thaïlande) - the Wat Thawet learning garden (Thaïlande) - the Haw par villa (Singapour) - the Aw boon haw gardens (Hong Kong) - Aeroplane (Afrique du sud) - the Owl house (Afrique du sud) 

 

montagnes sacrÉes, montagnes mythiques

Jean-Paul roux

Edition Fayard

 1999

Mont Ararat d’où Noé attendit la fin du déluge, le Sinaï, le Golgotha etc. Si la montagne fascine elle fait aussi peur et a nourri toutes les grandes mythologies. On y croise Mélusine, Siegfried, Gargantua, Blanche-neige, Diane, Vulcain. Elles sont sacrées, et toutes représentent entre autres symboles, l’Axe du Monde, vortex entre le terrestre et le céleste.

 

L'Olympe, séjour des dieux de la Grèce antique, le mont Kailasa sur lequel Siva trône en position de yogi, le Kouen-Louen, la plus fameuse montagne mythique de chine, où réside l'empereur céleste : en Occident comme en Orient, les hommes ont peuplé les montagnes de dieux et de démons. Depuis l'aube des temps, mais pour des raisons différentes, ils les ont vénérées. Certains y ont vu le centre du monde, d'autres le lieu de communication entre le Ciel et la Terre. Certains y ont situé le paradis, d'autres les ont imaginées comme des espaces sauvages, cachant monstres et animaux fabuleux. D'autres encore y ont attendu la fin du Déluge, comme Noé qui posa son arche sur le mont Ararat, ou Yama qui édifia un fort sur la plus haute montagne d'Iran pour y abriter un représentant de chaque espèce vivante. Les montagnes sont au cœur de grandes religions monothéistes : c'est sur le Sinaï que Dieu transmet à Moïse les tables de la Loi, c'est sur le Golgotha que le Christ meurt puis ressuscite, c'est sur le Djabal Nur que l'archange Gabriel apparaît à Mahomet et lui demande de prêcher la parole divine. De par le monde, des milliers de pèlerins continuent de gravir rituellement des montagnes sacrées.


La montagne a toujours fasciné mais aussi fait peur, et cette ambivalence, que l'on retrouve dans tout ce qui est sacré, a nourri de nombreuses mythologies où l'on découvre de surprenants archétypes. Ce sont les croyances millénaires, les mythes, les traditions folkloriques et les superstitions attachés à la montagne que nous invite à explorer ce livre. On y croisera Mélusine et Siegfried, Gargantua et Blanche-Neige, Diane et Vulcain, mais aussi des héros et des dieux chinois, indiens ou japonais, et bien d'autres personnages familiers.
Jean-Paul Roux, historien orientaliste, a consacré une grande partie de son oeuvre à l'histoire comparée des mythologies et des religions. On lui doit notamment une biographie de Jésus (Fayard, 1989) ainsi que plusieurs études sur les mythologies, dont Le Sang. Mythes, symboles et réalités (Fayard, 1988) et Le Roi. Mythes et symboles (Fayard, 1995).

 

MONTMARTRE ENSORCELḖ

Boucaud Alexis

Edition Marivole

 2017

Montmartre est devenue un mythe au fil des temps. Il fait partie de l’imaginaire de la poésie, de la littérature, de la chanson, du cinéma, de la peinture, non seulement par et à travers les personnalités qui ont fait Montmartre et ses réputations mais aussi dans la présence de ses habitants ou habitués, ceux qui sont l’âme de ce quartier parisien unique au monde.

 

Quand Montmartre est évoqué, ce sont les images du début du XXème siècle qui s’imposent, les années insouciantes, du moins en apparence, une frivolité trompeuse à   la fois célébration et déni de réalité. Quel que soit le Montmartre appelé, aussi différent soit-il d’un regard à un autre, la liberté, toujours, le caractérise.

 

Alexis Boucot, lui-même familier de Montmartre, évoque le Paris de 1900, celui de l’exposition universelle, de l’art nouveau et le Montmartre, alors village, butte terrain de jeu, de la Belle Epoque.

 

Son Montmartre, porte magique, est à la limite du réel et de l’autre monde. Joane et ses amies, pensionnaires d’un orphelinat et Valgar le magicien, entraînent le lecteur dans un va-et-vient entre réalisme et fantastique. Il fait aussi se mêler des personnages qui ne sont destinés qu’à se croiser, besogneux du jour, fêtards de la nuit, exclus et nantis…

 

Joane Per, héroïne décalée, explore les recoins de la Butte, les lieux improbables et se rend au mystérieux Château des Brouillards qui a bien existé autrefois. Alexis Boucot fait revivre pour nous un Montmartre qui a vraiment existé et que manifestement il aime. Il fait référence aux « signes et prodiges apparus sur Montmartre le soir du dimanche douzième septembre 1621» qui alimentèrent les chroniques de l’époque et les légendes de la Butte.

L’alliance entre les enfants de l’orphelinat et le magicien Valgar permet aux enfants d’échapper à l’enfermement et de se découvrir en même temps qu’un monde étrange s’offre à eux.

«  Un courant d’air d’une grande force passa autour d’eux. Un champ magnétique saisissant traversa la crypte de part en part comme un fluide magique teinté de vert. Alors, le visage de Valgar leur apparut.

Cette fois encore, l’image était toute vaporeuse et très incertaine, comme l’idée que l’on peut se faire d’un revenant. L’ensorcellement entravait cette manifestation surnaturelle ; à l’oeil nu, on voyait cette force contraire agir et se retranscrire dans le filet ligneux de ses veines qui bleuissaient fortement. Son esprit luttait. Toute son énergie était concentrée dans cette ultime intervention qui ressemblait fort à l’une de ces images projetées par le cinématographe. L’image du magicien n’avait pas d’ailleurs une expression démesurément sage et philosophique, si bien que sa contemplation provoqua un murmure admiratif. Puis, de sa voix vibrante et sonore, quasi désincarnée, il s’adressa aux enfants immobiles, saisis de respect. Le temps était compté, mais sa prise de parole s’entrecoupait malheureusement de silences :        - Jeunes gens, vous vous êtes rendu de bon gré dans mon sanctuaire afin de me prêter la main et je vous en suis très… reconnaissant. Mais le temps presse et je ne peux vous enseigner les…choses occultes et les fondamentaux… de la magie des limbes pour me sortir de ce trépas. Les forces du mal sont à nos portes et menacent notre monde, gagnant jour après jour  Si la magie ancestrale dont je suis le gardien et digne représentant n’est point rétablie... »

 

L’intrigue originale très réussie de ce troisième roman de l’auteur sert une évocation forte de l’esprit de Montmartre, de ses subtilités, de ses contradictions, de ses lumières et de ses ombres. L’appareil de notes, limité mais pertinent, permet au lecteur peu familier de la Butte et de ses mystères de plonger dans l’ambiance équivoque du lieu. Depuis la nuit des temps, Montmartre a été un lieu de culte : les Druides gaulois, les Romains avec les temples dédiés à Mars et Mercure, l’Église Saint-Pierre, la plus ancienne de Paris, reconstruite près de l’Abbaye Royale de Montmartre au XIIe siècle par le roi Louis VI et sa femme Adélaïde de Savoie… Enfin, le Sacré-Cœur, érigé à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, ce haut-lieu de prière demeure fidèle à sa tradition : Dieu y est bien présent !

 

Par sainte Geneviève, qui vivait au Ve siècle, nous connaissons l’existence de saint Denis. C’est par elle que ce premier évêque de Paris entre dans l’histoire ; car il est raconté dans la vie de cette sainte écrite par un de ses contemporains que, vers 475, elle décida le peuple parisien à élever une chapelle sur le lieu où il fut martyrisé. Saint Denis, premier évêque et martyr de Paris, ainsi que sa légende, illustrent cette période où les disciples du Christ triomphèrent La chapelle primitive construite sur la Butte en l’honneur de saint Denis tombait en ruine au IXe siècle. Elle fut reconstruite à cette époque, la colline de Montmartre étant un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté. Outre saint Denis, on y vénérait les ossements d’un grand nombre de chrétiens anonymes martyrisés au cours des persécutions et qui ont contribué à faire appeler la colline : « mont des Martyrs » (Montmartre).En 1559, un incendie détruisit une grande partie de l’abbaye des Bénédictines de Montmartre qui se trouvait au sommet de la Butte et, depuis lors, le mal alla s’aggravant jusqu’en 1611, époque où Marie de Beauvillier qui, pendant près de soixante ans, gouverna l’abbaye, entreprit la restauration du Martyrium qui se trouvait au flanc de la colline.

 

 Autour de cette chapelle fut construit une nouvelle abbaye dite « d’en bas » reliée à celle d’en haut par une galerie longue Au cours des travaux, le 11 juillet 1611, on mit à jour un escalier conduisant à l’ancienne crypte, sanctifiée, disait-on par saint Denis. Cette découverte fit grand bruit. Marie de Médicis et plus de soixante mille personnes se rendirent sur les lieux, créant un nouveau courant de dévotion.


Au début du XVe siècle, dans Paris en proie à la lutte des Armagnacs et des Bourguignons, les scènes d’égorgements et de pillage furent telles que les paroisses parisiennes se rendirent en procession sur la colline de Montmartre pour demander à saint Denis de sauver la capitale.

 

En 1525, quand François Ier eut été fait prisonnier à la bataille de Pavie, le peuple de Paris en foule vint à Montmartre prier le patron du royaume pour que cesse la grande désolation. Le 15 août 1534, c’est à Montmartre que saint Ignace, saint François-Xavier et leurs compagnons fondèrent, en quelque sorte, la Compagnie de Jésus. L’Abbaye de Montmartre, durant des siècles, est un foyer intense de vie religieuse et un lieu fréquenté de pèlerinages. En 1792, les Bénédictines sont dispersées par la Révolution française et le monastère détruit de fond en comble. La dernière abbesse, Marie-Louise de Montmorency-Laval, monte sur l’échafaud le 24 juillet 1794 et son sang permet la miraculeuse résurrection de vie religieuse qui s’opérera quatre-vingts ans plus tard sur la Butte sacrée. Il ne subsiste à l’heure actuelle de l’abbaye des Dames de Montmartre que l’église Saint-Pierre, dont le chœur servait de chapelle aux religieuses.

 

A l’origine de la construction de la Basilique, un vœu national : Le contexte : 1870, la guerre éclate entre la France et l’Allemagne. Le Concile qui se tenait au Vatican est interrompu et le pape, qui n’est plus protégé par les troupes françaises, se considère prisonnier dans la cité du Vatican ! En France, c’est la défaite militaire et l’occupation d’une partie du pays par les troupes allemandes. La démarche de Messieurs Alexandre Le gentil et Hubert Rohault de Fleury est spirituelle. Ils font vœu de construire une Eglise consacrée au Cœur du Christ « en réparation » (c’est-à-dire en pénitence pour les infidélités et les péchés commis) car pour eux, les malheurs de la France proviennent de causes spirituelles plutôt que politiques. Fin 1872 : Le Cardinal Guibert, archevêque de Paris, approuve ce vœu et choisit Montmartre. Fin 1873 : Il obtient de l’Assemblée Nationale une loi qui déclare d’utilité publique la Basilique, permettant ainsi que le terrain soit affecté à la construction d’une église. A cette époque, la construction d’une Basilique dédiée au Cœur du Christ contraste avec la série de Basiliques dédiées à Marie construites durant la même période : Lourdes, Notre-Dame de Fourvière à Lyon, Notre-Dame de la Garde à Marseille…Les travaux sont financés par des collectes de dons dans la France entière – souvent des offrandes modestes - dont les noms des donateurs sont gravés dans la pierre. De nombreux guides touristiques présentent le projet de construction de la Basilique comme une réaction aux exactions commises pendant la Commune de Paris. Afin de corriger cette idée communément répandue, parcourons de plus près l’histoire du Vœu National…

 

Fin novembre 1870, M. Beluze, membre du Conseil général des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul à Lyon, écrit à Adolphe Baudon (1819-1888), président général de ces Conférences, pour l’informer du Vœu des Lyonnais et lui suggérer un Vœu semblable pour Paris. Ce dernier propose une campagne à l’Univers, le journal de Louis Veuillot (1813-1883), qui dès le 13 décembre lance la suggestion d’une construction sur la butte Montmartre. Début décembre, M. Baudon écrit à son tour à son bras droit Alexandre Félix Le gentil (1821-1889), membre du Conseil général de cette même Société, et réfugié à Poitiers du fait de la guerre, pour lui en soumettre l’idée, proposant que la nouvelle église soit dédiée à la Vierge. Celui-ci accueille la proposition avec enthousiasme, mais suggère à son président que le sanctuaire soit dédié au Sacré-Cœur. Ce dernier, ainsi que les autres membres du Conseil général de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, se montrent réticents à ce changement de vocable, craignant que - la dévotion au Sacré-Cœur n’étant pas encore assez répandue dans les habitudes de piété des Français - il soit difficile de réunir les fonds nécessaires à l’érection de ce nouveau sanctuaire.

 

Le 8 décembre 1870, Alexandre Félix Le gentil, qui a pris entre-temps connaissance de l’opuscule du Père de Boylesve, fait part à ce dernier du courrier récemment reçu :« Mon Révérend Père, Il y a quelques jours, je reçus de M. Baudon, président général de la Société de Saint-Vincent de Paul, une lettre où je remarquais ce passage :"M. Beluze (fondateur du Cercle catholique du Luxembourg), en m’annonçant que Lyon avait fait le vœu de rebâtir Notre-Dame de Fourvière, dans le cas où la ville serait épargnée, proposerait un vœu analogue pour Paris. Qu’en pensez-vous ? Cela serait bien beau, mais bien difficile. Cependant, il ne manque pas d’églises à bâtir dans les quartiers annexés, et Notre-Dame de la Délivrance ne serait pas un titre vain, si on obtient cette délivrance. «Je répondis sur-le-champ à M. Baudon, que j’accueillais avec grand plaisir cette idée, et que je souscrirais certainement, dans la mesure de mes ressources, à l’érection d’une telle église,… ou d’une église dédiée au Sacré-Cœur. Monsieur Baudon insiste sur le vœu de bâtir une église à Paris, soit sous le vocable du Sacré-Cœur, soit sous celui de Notre-Dame de la Délivrance, et il fait observer, avec raison, qu’il serait utile de créer une paroisse dans un des quartiers qui en manquent le plus, parce qu’on serait, par-là, plus sûr de l’appui de l’Archevêché, lequel est indispensable.

 

Quoi qu’il en soit, mon Révérend Père, l’idée, sauf les détails de réalisation, me paraît bonne : vu les circonstances présentes, il me semble urgent de la propager. J’y attache d’autant plus d’importance, qu’exilé moi-même de Paris, et désirant ardemment y rentrer, je soupire après la délivrance, et je dis bien haut qu’elle ne peut venir que d’un acte éclatant de la droite du Très-Haut. D’après les conseils de mon excellent ami, M. Bain, je m’adresse à vous, en vous demandant vos conseils et votre appui pour propager l’idée que je viens d’exposer, et que je ne prétends pas avoir inventée. Vous verrez par quels moyens il est possible de provoquer des adhésions ou des souscriptions, parmi les exilés de Paris que vous pouvez atteindre au Mans, à Poitiers ou ailleurs, et aussi parmi les habitants de la province, car, en ce moment plus que jamais, la cause de Paris est la cause de la France. » A la suite de ce courrier, Alexandre Félix Le gentil - qui promet devant son confesseur le Père Gustave Argand S.J.(recteur du collège St-Joseph de Poitiers) de se dévouer à ce qu’il considère comme une œuvre de réparation indispensable au salut de la France - rédige une première formule de Vœu au Sacré-Cœur (le "Vœu de Poitiers"), qui a en vue la délivrance de Paris. Il la montre à Mgr Pie, évêque de Poitiers, et lui demande l’autorisation de la propager. L’évêque refuse d’engager sa propre responsabilité sur ce projet destiné à la capitale, mais laisse libre M. Le gentil d’agir comme il le désire. Aussitôt, celui-ci fait imprimer le texte du Vœu - nous sommes alors fin décembre - Vœu qu’il diffuse largement en France, et jusqu’en Suisse.

 

mystÈreS & secrets des forgerons

Régis blanchet

Edition du  PRIEURÉ

 1996

Les traditions des forgerons s’enracinent dans la mythologie la plus ancienne de l’humanité. Le forgeron est un dieu, un démiurge dont le temple est l’atelier de forge, lieu de toutes les transformations.

 

Tubalcain est assimilé à Vulcain pour les Romains et à Héphaïstos pour les Grecs. Homme puissant, installé dans les profondeurs de la terre, il en extrait les substances nécessaires aux plus hauts plans d’évolution. Maître du feu, il forgea l’armure magique d’Achille, qui permit à celui-ci de sortir vainqueur de tous les combats. Il façonna également le trident de Poséidon, dieu des éléments liquides, ainsi que le  sceptre de Zeus, symbole de souveraineté complète. Il découvrit dans l’Olympe les secrets du feu et des métaux qui peuvent être solides ou liquides, purs ou alliés entre eux, transformés en armes ou en socs de charrue. Détenteur du secret des transmutations, il paya le prix de sa découverte par un signe visible et permanent sur le plan physique : le forgeron, dans toutes les mythologies, boite, claudique, c’est un être imparfait disent certains ; ou bien cette marque visible est-elle un signe de sa pureté et de son don de clairvoyance ? Avoir saisi le sens de la vie et de l’univers ne laisse-t-il pas une marque indélébile ? De nombreux forgerons  sont infirmes : Héphaïstos est boiteux et difforme ; Varuna, Tyr, Odin ont tous quelques disgrâces comme si la perte de leur intégrité physique était le prix à payer pour accéder à la Connaissance. Celui qui sait ne peut être heureux, celui qui construit et aime attire forcément la foudre des hommes et des dieux. Ainsi en va-t-il de tous les héros, mais aussi de tous les Créateurs et Etres de Lumière. Gandhi, M.L. King, et bien avant eux les prophètes, les philosophes, Socrate, tous les êtres qui  prônent la liberté, la force d’amour, le courage, ceux qui osent être ce qu’ils sont et qui ils sont et déplaisent au vulgaire.

 La symbolique des métaux comporte un double aspect  opposé et complémentaire. Les métaux passent d’un état  brut à un autre état purifié. Dans les mythes et traditions primitives, le minerai était régi et  protégé au fond de la terre par des dieux puissants et redoutables. Seul un chaman ou un forgeron sorcier était habilité à apaiser les Dieux gardiens du minerai, lui seul pouvait décider du moment opportun pour commencer à forer le sol ; cette « ouverture des travaux » s’effectuait par des rituels bien précis, des rites de purification personnelle, des prières et des méditations. Investi d’une véritable mission à l’égard des Dieux, et aussi des hommes de sa tribu, le forgeron sorcier, s’engageait tout entier dans son œuvre. Quand le minerai était découvert et extrait, il était dirigé vers les fourneaux. Puis, le forgeron se substituait à la Terre-Mère pour accélérer et parfaire « la croissance » et la maturité du minerai. Il collaborait en quelque sorte à l’œuvre de la nature, intermédiaire entre Dieu et les Hommes. Ainsi, il fabriquait l’outillage en fer dont les cultivateurs et les chasseurs avaient besoin. Il sculptait les images des ancêtres et des génies qui servaient de support aux cultes. Intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts, tantôt méprisé, tantôt respecté, il vivait à l’écart du village en compagnie de sa femme la potière.

Tubalcain, le forgeron, travaille les métaux et s’inscrit spirituellement comme continuateur de la lignée caïnite. Le forgeron fait partie des bâtisseurs et apprend à être par le moyen de la création. Il a la connaissance des 4 éléments : le métal est extrait de la terre ; il est transfiguré par le feu, lui-même attisé par l’air puis trempé par l’eau afin de devenir l’instrument utile aux laboureurs ou aux guerriers. Il forge des épées, œuvre d’initié, car elles sont parfois dotées d’un pouvoir magique qui demande de connaitre et de maitriser les forces contenues dans ces éléments. Le travail de la forge signifie la constitution de l’être à partir du non-être ; la forge est l’allégorie du cœur et les soufflets représentent  les poumons. Fondre le métal et le reformer correspond au « salve et coagula » de l’alchimie hermétique, travail créateur par excellence, car créer c’est recréer. Le forgeron maîtrise le feu et grâce à lui transforme les métaux qui viennent des profondeurs de la terre. Son pouvoir est ambivalent : il peut être aussi maléfique que bénéfique.

 

 On peut penser que le cherchant en ésotérisme grâce à l’introspection, extrait des profondeurs de son inconscient, de sa mémoire les mythes qu’il utilise pour comprendre, évoluer et construire un Homme nouveau.  Maîtrise des éléments qui signifie Maîtrise de soi. Travailler sur la nature des métaux ou d’autres  matières n’est pas seulement une science, mais tout un Art.  C’est l’intelligence qui permet d’exercer cet Art avec un maximum  d’ingéniosité pour un meilleur résultat. L’intelligence déployée dans l’œuvre, c’est le grand secret du forgeron, du maître d’œuvre ou de l’initié.  Secret parce qu’on peut transmettre la science, la méthode de travail, en fonction des outils, la signification des symboles, mais non l’intelligence ou la Sagesse.   C’est un secret intime, aérien, sans formes visibles, et rigoureusement intransmissible. Cependant, sans application éclaircie de ce secret, aucune construction, aucun alliage, aucune œuvre ne serait assez solide pour résister aux épreuves du temps

 

Le thème de la forge et de la métallurgie considérée comme des arts qui relèvent du sacré se retrouve dans différentes traditions… Les fondeurs et les forgerons, grands maîtres du Feu et des Métaux, sont souvent redoutés. Leur ouvrage implique un savoir initiatique, une signification cosmogonique, et un acte de création qui n’est pas sans dangers… Les mythologies ont élevé le forgeron au rang de personnage mythique ou divin…L’empreinte du sacré enveloppe l’art du forgeron : souvent, on attribue aux forgerons des pouvoirs surnaturels, magiques ou spirituels. Comme les dieux forgerons, les artisans du métal peuvent utiliser ces forces pour ou contre les hommes ou les divinités. Parfois leur activité est associée à la sorcellerie, et cela les rend redoutables…Zeus, Indra, Thorr et Horus sont armés par des forgerons d’exception Symbole de puissance divine et de souveraineté céleste, l’arme ou l’outil sacré par excellence est souvent le Foudre, qui se rattache à l’Éclair et à l’Orage. Le dieu grec Héphaïstos forge le Foudre de Zeus, souverain de l’Olympe. Armé de son Fulmen forgé par Vulcain, le dieu suprême romain, Jupiter, reprend la même thématique de la foudre et de l’éclair. Le Vajra du dieu védique Indra, fabriqué par Tvastr, procède également de la foudre…Le dieu forgeron, Vulcain pour les romains ou Héphaïstos pour les grecs, fabrique des armes et des filets pour les dieux, dont les qualités relèvent de la magie divine…

 

Les armes du dieu Horus sont forgées par Ptah - Les armes du dieu égyptien Horus sont forgées par Ptah (ou Knoum) le dieu potier-forgeron qui façonne le monde… Ce sont les nains, personnages souvent associés à la mine dans les mythes, qui forgent le marteau du dieu nordique Thor. Dans la mythologie irlandaise, le brasseur des dieux chargé de la fermentation de la bière, Goibnir, est également forgeron. Il fabrique avec les dieux artisans les armes qui permettent de vaincre les Fomoires, des monstres maléfiques. Le plus souvent, les grands dieux célestes sont à l’origine des dieux de l’Orage qui contrôlent le Tonnerre et la Foudre…D’après Horus qui terrasse les forces du désordre, grès, IVe siècle apjc, style égyptien-gréco-romain. (Marsailly/Blogostelle)

 

D’après le dieu Thôrr, son marteau Mjöllnir et sa ceinture de force, manuscrit du XVIIIe siècle, Islande. (Marsailly/Blogostelle)

La Foudre, le Marteau et la Ceinture de Force sont les attributs du grand dieu nordique du Tonnerre Thor. Champion divin, le dieu égyptien Horus sort vainqueur de son combat contre son oncle Seth, maître du désordre, représenté sous la forme d’un crocodile… Forgeron créateur, primordial, biblique…Dans la tradition de l’Inde ancienne des Védas, le premier forgeron forge et soude le monde. Il façonne l’Être à partir du Non-Être… Par ailleurs, l’expression de l’alchimie chinoise traditionnelle fondez l’Univers et reformez-le renvoie à une recréation…… Une conception chinoise qui renvoie au Solve Coagula (dissoudre et coaguler, fixer) que l’on rencontre dans l’alchimie occidentale. Et dans la conception taoïste chinoise, le Ciel et la Terre sont la Grande Fournaise, la Transformation est le Grand Fondeur… Au Sud-Vietnam, l’œuvre de création est celle du Forgeron…Parfois l’origine de l’être humain lui-même relève d’un forgeron primordial qui peut œuvrer au côté du Créateur, fabriquer l’autel divin, organiser le monde créé… Selon la Genèse, Tubalcaïn serait fils de Caïn et inventeur des métaux… Ce forgeron biblique est considéré comme l’ancêtre des forgerons.

D’après une sculpture de Luca di Simone della Robbia, L’Harmonie, Tubalcaïn, le forgeron biblique, Italie, XVe siècle apjc. (Marsailly/Blogostelle)

 

D’après Tubalcain et Giohargus, l’art de forger, tapisserie, premier quart du XVIe siècle, Pays-Bas du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Selon la tradition biblique, Tubalcaïn invente la pesée et l’art de forger…La symbolique de la forge et la puissance créatrice du Verbe Le travail métallurgique se rattache souvent à des organisations initiatiques ou à des sociétés secrètes. Des confréries sont attestées dans la Grèce antique et dans les traditions anciennes en Chine et en Afrique. En relation avec les initiations de métier et avec la puissance créatrice du Verbe, la symbolique de la forge renvoie aussi à la Parole ou au Chant. Dans son ensemble, le symbolisme du forgeron se rattache à celui du démiurge qui façonne ou forge le monde ou à un être mythique qui participe à la création du cosmos…

 

Une participation symbolique à l’œuvre cosmogonique : Dans beaucoup de cultures ancestrales ou traditionnelles, ceux qui travaillent les métaux ont souvent un statut particulier dans la société. Forge et forgeron sont étroitement liés à la puissance du feu souterrain et aux entrailles de la terre d’où proviennent les minerais. Cette activité implique un aspect dangereux voire infernal ou maléfique. La participation symbolique à l’œuvre cosmogonique inspire la peur et les risques sont grands en cas de non qualification… L’ouvrage du forgeron s’accompagne le plus souvent d’interdits sexuels, de rituels de purification et de rites de protections.

 

Le pouvoir du forgeron est ambivalent : Les forgerons peuvent se retrouver exclus de la vie sociale, être craints ou rejetés voire méprisés. La puissance du forgeron est ambivalente, perçue comme maléfique ou bénéfique. Chez certaines populations, les forgerons sont très respectés et assument de hautes fonctions sociales ou sacrées…… Ils peuvent être rois ou prêtres-sorciers, devins ou encore ils sont assimilés à des gardiens de trésors cachés… Dans certaines traditions, le forgeron est très important. Comme organisateur du monde, il est l’égal du roi ou du chef. Il détient les secrets célestes et peut obtenir la pluie. Il est également guérisseur. D’après un fourneau en Bronze, dynastie Song, Xe-XIIIe siècle, Chine ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

 

D’après un bol chantant aux 7 métaux, art Thibétain. (Marsailly/Blogostelle)

 

D’après un chaudron du VIe siècle avjc, Neuchâtel, premier Âge du Fer, période de Hallstatt, Suisse. (Marsailly/Blogostelle)

L’empereur chinois Houang-Ti, premier forgeron : Dans la tradition chinoise, il est mentionné que la Forge entre en communication avec le Ciel. La maîtrise du feu appelle la pluie, et l’union du feu et de l’eau réalise le grand œuvre alchimique. Maître des forgerons, des alchimistes et des taoïstes, l’empereur Jaune Houang-Ti, est le premier forgeron. Il forge le chaudron tripode et obtient l’immortalité. Son rival, fondeur, provoque désordre et trouble et forge les armes, instruments de guerre et de mort.

 

Le redouté forgeron africain : En Afrique, le forgeron, parfois considéré comme très redoutable, peut se retrouver plus ou moins exclu de la communauté des villageois… Ou bien, au contraire, selon les ethnies, le forgeron peut jouer un rôle essentiel dans la vie spirituelle, culturelle et sociale du groupe… Dans tous les cas, c’est un personnage que l’on craint… Travail du métal et cosmogonie sont intimement liés… Le forgeron façonne des outils, des armes et des objets cultuels- Dans les cultures africaines, le forgeron-artisan fabrique les outils utiles aux agriculteurs et les armes nécessaires aux chasseurs. Parfois, le forgeron africain sculpte aussi les effigies vouées aux cultes des ancêtres et des esprits et aux rites d’initiation. Il peut être aussi le grand maître de l’initiation… Le forgeron africain façonne aussi des objets rituels comme des autels…

 

Forgeron et Potière, un couple symbolique : Le forgeron africain réside en général à l’écart du village ou dans un lieu qui lui est exclusivement réservé. Il n’est pas rare que son épouse soit potière et qu’elle participe elle aussi par son ouvrage de façonnage à l’œuvre créatrice… … Le labeur de la forge réactualise la création du monde, l’œuvre divine cosmogonique. L’art de travailler le fer ou le métal participe parfois du secret royal ou sacerdotal. Dans les chefferies Touareg, le forgeron peut remplir de hautes fonctions. Le personnage mythique qui apporte la civilisation Le forgeron africain peut être le médiateur et le pacificateur entre le monde des vivants et le monde des morts et entre les membres de la communauté. Selon certaines traditions en Afrique, le forgeron est assimilé au démiurge, à celui qui a apporté les graines et les semences originelles.

D’après une statue du Nommo, le créateur dans la tradition Dogon, Mali, art africain. (Marsailly/Blogostelle)

 

D’après une sculpture du Nommo, objet rituel en Fer, Dogon, Mali, art africain. (Marsailly/Blogostelle)

Le forgeron créé par Nommo a le pouvoir de soumettre le Fer…Le forgeron apporte les arts et les techniques Le forgeron apporte aussi à l’humanité la civilisation, les arts et les techniques. Chez les Dogons, le forgeron descend sur terre et se brise les articulations, mais grâce à son arche il apporte avec lui les techniques, les graines et les semences des hommes et des animaux. Le forgeron est souvent représenté boiteux ou présente quelque défaut physique… Le grec Héphaïstos ou le romain Vulcain, forgerons célestes, sont également boiteux… L’infirmité peut être la marque d’importants pouvoirs divins et spirituels…Le Fer, renard pâle maître de la nuit. Dans la conception du monde des Dogons du Mali, le Fer comme maître de la nuit et des ténèbres s’oppose au cuivre, symbole de lumière et de vie. Le Fer est l’attribut du démiurge néfaste, Le Renard Pâle. Maître de la divination et de la première parole, il commande à la nuit, au désordre, à la sécheresse, à la stérilité, à la mort…Forgeron et parfois devin…

 

Le démiurge bienfaiteur, Nommo, gouverne le Ciel, l’eau, la fertilité et les âmes… Il guide les hommes et limite le désordre. Le forgeron créé par Nommo a le pouvoir de soumettre le Fer. Il fabrique la houe utile aux travaux agricoles et des armes pour les chasseurs et les guerriers. Souvent, le forgeron Dogon assume également la fonction du devin…

 

Au sommaire de cet ouvrage, il est question de : désert, de la forêt, de l’arbre, du chamanisme, des forgerons africains, des contes canadiens, des métaux dans les rituels maçonniques, du forgeron dans la maçonnerie, de Caïn et de Tubalcain, des forgerons de la Bible, d’Israël, de l’Arche de l’Alliance et du temple de Salomon.

 

MYSTIQUES ET MAGICIENS DU TIBET

Alexandre DAVID-NEEL

Edition PLON 

 1973

Étude psychologique sur l’ésotérisme tibétain par la grande voyageuse Alexandra Néel qui a vécu longtemps au Tibet et a étudié le côté mystique et rituélique des moines et des sorciers.

 

Alexandra David Néel fait partie de ces écrivains dans la lecture desquels on peut s'abîmer sans effort - au sens, non d'une chute, mais d'une plongée passionnante. Avec elle, le récit de voyage et la méditation sont toujours si intimement mêlés que les concepts les plus forts ne nous lassent jamais, toujours véhiculés par des scènes et des personnages dignes d'un grand roman.

 

Ainsi, quand elle raconte de quelles façons l'ancienne magie chamanique continue de sous-tendre la vie tibétaine, en-dessous de la “ couverture bouddhiste ”, la grande voyageuse nous amène à nous interroger sur les sujets les plus graves, touchant à la vie et à la mort, au sacré ou à la métaphysique, mais toujours avec la légèreté d'une conteuse.

Et quel conte ! On sait qu'ADN (comme l'appellent ses amis) fut souvent la première à pénétrer certains lieux et grands secrets du “Toit du Monde”. Quand ces secrets touchent à l'ésotérisme et à la magie, l'affaire prend une tournure extraordinaire. Dans un sens initiatique. Derrière le bouddhisme tibétain, se cache la magie primordiale du chamanisme

 

Le Bouddhisme se déploie en une multitude de doctrines et d'écoles différentes, que ce soit en Chine, en Inde, au Tibet ou bien au Japon, et n'oublions pas aussi en occident où il a su conquérir les esprits et les cœurs, le Bouddhisme représente une des formes les plus harmonieuses et complémentaires entre le sacré et le profane. De par sa grande flexibilité et accessibilité, le Bouddhisme permet de penser et d'agir en ayant plusieurs niveaux de conscience de ses actions et une meilleure harmonie entre la vie quotidienne et la vie spirituelle, c'est aussi cette intéressante dualité très abordable par tous qui explique sa grande popularité en occident, loin devant certaines autres religions qui contraignent et ne laissent pas forcément autant de liberté de penser, ou tout simplement le libre arbitre... mais ceci est une autre histoire !

 

Parmi ces types de Bouddhisme, celui qui me semble le plus abouti en terme de profondeur ésotérique et d'enseignement occulte, c'est bien le Bouddhisme tibétain. Il est issu historiquement parlant de multiples influences, à la fois chinoises, hindouistes et aussi (mais ici cela semble très peu connu) d'influences occidentales Jésuites durant le XIVe siècle. Si je devais personnellement qualifier le Bouddhisme tibétain, je dirais sans aucun détour qu'il s'agit d'une forme de chamanisme évolué, avec des rituels magiques extrêmement performants.  

 

Il existe des similitudes de méthodes "chamaniques" en ce qui concerne les rituels utilisés chez les bouddhistes tibétains et plus précisément chez les "Bön" qui me semblent les plus authentiques et anciens (néanmoins sans jugement de valeur de ma part en terme d'action…). En effet, le Chamanisme est une voie royale vers le dialogue et sur l'ouverture du monde des esprits, sur celui des morts et celui des forces de la Nature, ce sont donc d'une certaine façon, pour simplifier, à tous les niveaux des entités : des entités défuntes, des entités supérieures (ou non) et des entités naturelles (surnaturelles seraient même plus adapté).

 

Chaman et Lama disposent de cette même science d'entrer en contact avec ces diverses entités afin, évidemment, de leur demander de l'aide ou de résoudre un problème spécifique. D'un côté l'on "entre en transe", de l'autre on "entre en méditation". À noter que les deux méthodes sont assorties de rituels ou d'offrandes sensiblement identiques avec des récitations ou chants (mantras). De même, l'on sait qu'il faut une structure mentale très exercée pour accéder au "monde invisible" et qu'il est aussi nécessaire d'en avoir la sagesse (ou du moins la Connaissance). Le terme de Sagesse n'est pas adapté ici, c'est un terme occidental trop orienté positivement pour le garder, par contre la Connaissance implique cette potentialité d'agir magiquement en plein pouvoir et en "sur-conscience", dans un sens ou dans un autre, mais pas toujours positivement…

 

La plupart du temps, Chaman ou Lama, qui exercent tous les deux des rituels magiques selon leur tradition, utilisent chacun des "tracés" ou des formes symboliques qui sont autant de catalyseurs du rituel que de leurs propres pouvoirs d'initiés. En examinant ces types de figures souvent très géométriques (pentagramme, mandala, dessins de divinités ou de démons, etc.), l'on peut effectivement aussi y voir immédiatement de grandes similitudes non seulement symboliques mais aussi presque mathématiques (dans le sens des nombres sacrés utilisés ou de la géométrie…), comme si ce langage scientifique était aussi l'apanage des sorciers et mages bouddhistes.

 

Dans les deux traditions l'on cherche avant tout à canaliser son énergie et à la transmuter dans le rituel pour ouvrir un passage vers une dimension supérieure afin d'entrer en contact avec une entité. Mais finalement l'on s'aperçoit assez vite que les entités ou déités recherchées sont elles-mêmes des énergies sur un plan supérieur… Cherchons maintenant une différence fondamentale d'interprétation des deux magies, chamanique et bouddhique : là où le chaman cherche l'aide de l'entité ou de l'esprit afin de résoudre le problème dans notre niveau de réalité, le Lama bouddhiste va chercher à s'identifier à la déité en s'appropriant son image énergétique afin d'enrichir lui-même son état de conscience pour modifier la réalité ! D'un côté l'aide vient d'en haut et prend souvent possession du sorcier-chaman, de l'autre le Lama s'investit du pouvoir de la déité afin d'en posséder la puissance. Dans les deux cas les énergies fusionnent. 

 

Les autres ouvrages d’Alexandra D. Néel sont au chapitre 20

 

 

9 N

 

NAZISME ET  ÉSOTÉRISME

ERNESTO  MILA

Edition PARDES

 1990

Il ne s’agit pas, du point de vue de l’étude que nous allons mener, d’exalter ou de dénigrer le nazisme. Nous ne prétendons pas établir des vérités politico-historiques sur le régime hitlérien. Nous nous situons sur un plan historico-ésotérique, c'est-à-dire que nous nous efforcerons de discerner les courants ésotériques qu’il y eut au sein du mouvement national-socialiste, et l’influence qu’ils purent avoir sur le régime nazi.


Nous ne sommes pas le premier à traiter cette question, nous le savons, mais ce qui nous a conduit à le faire, c’est la confusion extrême dans laquelle adversaires et partisans du nazisme ont plongé ce thème, dont la vérité a été offusquée, autant par des apologies outrancières et grotesques que par des attaques viscérales et non moins grotesques. Nous avons pris le parti de rejeter toutes ces forces de provenance pro- nazi ou anti- nazi.


La seconde difficulté a été le manque de sources. On sait que les sociétés secrètes- et, au sein du nazisme, ont agi des sociétés secrètes- ne laissent pas de traces de leurs activités, mais à cela se sont ajoutées l’expurgation des sources réalisée par les alliés en 1945, les pendaisons de Nuremberg, les condamnations à la prison à vie, la destruction ou la séquestration systématiques d’archives et les falsifications délibérées. Tout cela a contribué à augmenter les vides et les doutes. On pourrait se demander aussi la raison de cet acharnement à détruire les preuves et à éliminer les traces de filiations, ou de cet intérêt à créer de fausses pistes…

 

Il y a deux interprétations historico-ésotériques possibles quant au nazisme : ou bien il s’agit d’un phénomène démoniaque ; ou bien il s’agit d’un phénomène de rectification d’un processus de décadence, qui, précisément parce qu’il naquit en une période de décadence, fut entraîné par celle-ci, mais dans ce dernier cas, il existerait une filiation directe entre la nazisme et d’autres centres initiatiques traditionnels historiquement antérieurs (rosicruciens, templiers, cathares, gnostiques, etc.)


Pour notre part, avant de nous prononcer pour ou contre l’une ou l’autre thèse, nous préférons d’abord exposer notre étude et présenter nos conclusions à la fin.
"Les négations absolues et les affirmations souveraines » ne peuvent être proférées que lorsqu’il y a suffisamment de preuves et d’éléments de connaissance du sujet, tout le reste est pure sottise, fanatisme ou simplement de mauvaise foi."

 

NAZISME – HITLER ET LES SOCIÉTES SECRÈTES

Philippe Valode

Edition Nouveau Monde

 2009

Assurément Hitler est l’un de ces monstres froids que l’humanité engendre à intervalles plus ou moins réguliers. Sans doute l’un des plus effrayants spécimens du XXe siècle avec Staline et Mao ! Mais comment un jeune homme ayant échoué à tous ses examens, un soldat n’ayant pu dépasser le grade de caporal, a-t-il pu devenir le Führer idolâtré par un peuple de 60 millions d’habitants, héritier d’un empire plurimillénaire ? Hitler est-il devenu la créature incontrôlée de sociétés secrètes ? Ce livre dévoile un aspect fondamental de sa personnalité : sa fascination pour l’occulte et le paranormal. Jeune artiste à Vienne, Hitler est membre de l’ordre du Nouveau Temple qui prêche la violence, la haine de l’Eglise et des juifs.

Après la guerre de 14-18, ancien combattant, il rencontre Dietrich Eckart qui deviendra son mentor et un théoricien du national-socialisme. Il découvre la mystérieuse Société de Thulé, païenne et raciste, qui prône un régime autoritaire et prétend pouvoir dominer le monde par la connaissance des grands secrets de l’histoire. Poussé par un cercle d’illuminés, nourri de magie et d’astrologie, Hitler devient une figure publique à travers le parti nazi. Entouré de mages, galvanisé par les drogues qu’il ne cesse de s’administrer, il électrise les foules allemandes et échappe peu à peu à ceux qui l’ont conduit au sommet de l’Etat. Ses maîtres à penser seront : le baron Rudolf von Sebottendorff, fondateur de la Ste Thulé, Haushoffer, mais également Lanz Von Liebenfels fondateur du nouvel ordre du Temple, antisémite notoire, il influencera fortement le jeune Adolf, mais le véritable façonneur d’Hitler fut Dietrich Eckart, patron incontesté de la Sté Thulé côté politique, il est talentueux, riche, poète, journaliste, très influent à Munich, il prendra en main le jeune Hitler, deviendra son mentor et lui apprendra à écrire, à parler, à lire, à s’habiller, à tracer un avenir et des plans pour conquérir le pouvoir.

Une fois au pouvoir, il se débarrasse de ses anciens maîtres, interdisant même les sociétés secrètes en 1937. Toutefois, il continue à consulter des astrologues réputés dont les prévisions influencent largement ses décisions. Bien sur le déclic qui a révélé à ce fou furieux qu’il avait une destinée à nulle autre pareille à été la fréquentation de la Société de Thulé. Mais s’il fut manipulé par elle au départ, par la suite il essaya d’en supprimer ses dirigeants, mais l’auteur à travers cette enquête, va dénombré une douzaine de sociétés secrètes qui vont également influencer Hitler et le faire descendre dans une voie diabolique sans retour, ce qui va provoquer ces périodes qui vont de « la nuit des longs couteaux » à la « nuit de cristal » ainsi que de nombreux assassinats qui vont lui permettre de supprimer tous ses adversaires.

Mais comment est-on passé d’un programme politique classique à cette Apocalypse ? L’auteur avance les diverses causes, sociétés secrètes diaboliques, des hommes ivres de haine envers certaines communautés (juifs, tziganes, slaves…), des bains de sang pour éliminer des opposants, un cerveau malade, perturbé par son entourage et par l’attrait d’un pouvoir occulte.

Au sommaire :

De l’échec scolaire à l’échec professionnel  -  Le fils spirituel des sociétés du Vril et de Thulé  -  Mein Kampf, jusqu’au bout de l’enfer  -  Dix ans d’action pour devenir chancelier (1925-1933)  -  Le temps de la dictature de 1933 à 1934  -  Complot contre la paix mondiale de 1935 à 1939  -  Du génocide des Slaves à l’extermination des juifs  -  De la fuite de Rudolf Hess à l’attaque du pays des Ases, les Ossètes actuels  -  L’idée d’une armée européenne contredit les thèses raciales du Grand Reich  -  L’échec et la terrible répression de l’opération Walkyrie du 20 Juillet 1944  -  Berlin avril 1945 : Apocalypse now ou la sanction divine  -

Une excellente enquête qui nous fait découvrir ces sociétés secrètes et surtout tous ces hommes qui ont manipulé Hitler et son entourage.

 

NOTRE DAME DE MARCEILLE  -  BASILIQUE ALCHIMIQUE

Christian Attard

Edition la Pierre Philosophale

 2019

André Chénier avait déjà attiré l’attention sur l’enseignement hermétique de la basilique de Notre-Dame de Marceille, tout prêt de Limoux dans l’Aude. Christian Attard, récemment récompensé par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse pour l’un de ses poèmes, invite le lecteur à une visite alchimique de ce lieu de culte, à la fois inspiré et inspirant, inscrit dans une terre templière riche de son histoire et de ses mystères.

Mais d’autres traditions, d’autres mythes, viennent se mêler aux influences templières, cycle du Graal, catharisme, tradition des Gouliards, alchimistes et bâtisseurs…

 

En tirant le fil du phylactère de Notre-Dame de Marceille, Christian Attard nous guide dans un pas à pas qui commence avec la question du Graal et ce qu’il contient, et se poursuit sur le chemin de l’Etoile.

 

La lenteur est requise, les détours aussi, pour aller chercher quelques indices insoupçonnés, établir des liens incertains qui éclairent pourtant ce qui est présenté. C’est une méthode qui demande érudition et un autre rapport à la langue, poétique et hermétiste. Nous découvrons ainsi dans la première partie ce que peuvent nous dire la Fontaine de Jouvence, une Vierge Noire, les roues de sainte Catherine, le loup, le moine et l’antimoine, une petite pierre rouge, un dragon du 17 janvier, l’aigle de saint Jean, entre autres présences qui habitent Notre Dame de Marceille.

 

La seconde partie s’intéresse aux personnalités qui fréquentèrent la basilique de Notre-Dame de Marceille, des « hommes inspirés » : « On ne peut tenter de comprendre pourquoi le sanctuaire de Notre-Dame de Marceille a pu rassembler en son sein autant d’allusions au Grand Œuvre sans analyser quelle fut son histoire et qui furent les hommes qui en eurent la charge et le fréquentèrent. » affirme Christian Attard.  

Nous rencontrons alors ce « bon Monsieur Vincent alchimiste », qui pourrait être saint Vincent de Paul, séjournant à Marceille, plutôt que Marseille selon l’histoire officielle. Christian Attard évoque ensuite le célèbre Comte de Gabalis de l’abbé Henri de Montfaucon de Villars qui lui aussi, comme sa famille, connaît les lieux. Nous en venons enfin aux Frères Henri et François Joly de Limoux et au sujet des Arcana Arcanorum.

En effet les deux frères Joly furent Francs-maçons et la Franc-maçonnerie du Sud-Ouest fut active dans le domaine des rites égyptiens. D’autres personnages, dont Fulcanelli, viennent éclairer ou au contraire rendre plus mystérieux le message de Notre-Dame de Marceille. L’ouvrage, agréable, riche de nombreuses références symboliques, conduira le lecteur dans ce beau département de l’Aude pour vérifier de visu de quoi il s’agit, entre poésie, histoire, mythologie et hermétisme. Il y rencontrera également l’Abbé Saunière et l’Abbé Boudet, tous deux au centre de l’affaire de Rennes le Château et ses ramifications politico-mercantile lors de la vente de la Basilique, également un parfum de mystère non encore élucidé, plane sur ces lieux.

 

Notre-Dame de Marceille à Limoux (Aude) remonte loin dans le temps, lorsqu’un laboureur vit ses bœufs refuser obstinément d’avancer dans son champ et se résolut à creuser la terre à cet endroit. Il en sortit une statue de la sainte Vierge Marie, au doux sourire, portant l’Enfant Jésus. Par trois fois, il la porta chez lui, par trois fois elle revint miraculeusement sur le lieu même d’où elle avait été extraite de la terre. C’était donc à cet endroit précis que, par ce moyen, la Vierge Marie exprima le souhait d’être honorée et priée. Pieuse légende ou réalité, ce fut en tout cas bien là qu’une chapelle romane fut érigée, puis, au XIVe siècle, remplacée par une église de grande taille, à nef unique, apte cependant à accueillir les pèlerins et fidèles qui se pressaient en nombre. Elle devint ainsi une église de pèlerinage reconnue, dès 1380. Un séminaire de lazaristes lui fut adjoint, en 1659, autour de l’église. Le sanctuaire, de style gothique méridional, construit en pierre de taille, est très original, de par sa forme de parallélogramme, ses contreforts massifs et son clocher octogonal, percé de 4 fenêtres ogivales. Il abrite quatre cloches, dont la plus ancienne date de 1667.

 

Le sanctuaire abrite également tableaux, retables des chapelles et sa charpente peinte, longtemps dissimulée par les voutes néogothiques ajoutées en 1783. Appartenant à l’évêché de Carcassonne, il est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques et a bénéficié pour sa restauration du dévouement de l’association Notre-Dame de Marceille. La Vierge de Limoux a été couronnée le 14 septembre 1862 et l’église élevée par le pape saint Pie X au rang de basilique mineure en 1912. Notre-Dame de Marceille à Limoux est à l’origine de nombreux miracles et grâces répandues, dont témoignent les ex-voto rassemblés dans la chapelle du sanctuaire qui abrite l’antique statue. Elle est également réputée arrêter le feu, ce qu’elle fit en 1685 en sauvant la ville de Limoux d’un incendie. La statue fut hélas profanée en octobre 2007 et fut décapitée. Des Messes de réparation furent célébrées. Le 30 mai 2010, une copie de la Vierge noire a été installée et bénie. La réalisation de cette copie à l’identique, d’après photos a été confiée à la communauté des sœurs de Bethléem de Pézénas. Notre-Dame de Marceille est un relais pour les pèlerins sur Le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Des pèlerinages y sont organisés, tel en 2013, le lundi de Pâques, tel, cette année, le pèlerinage médiéval du 16 avril, veille de la fête des Rameaux.

 

nostradamus – qui suis-je ?

Pierre-Émile blairon

Edition PARDES

 2007

Figure bifrons du Janus qui possède la science du passé et celle de l’avenir, Nostradamus assurait tenir ses connaissances des Indiens, des Babyloniens et de ses ancêtres ; il laisse une postérité qui entretiendra le mythe d’un homme ayant reçu, et c’est incontestable, des dons divins. Son œuvre magistrale, Les Centuries, continue de faire le bonheur des cruciverbistes, le malheur d’interprètes imprudents et la fortune de quelques exégètes.

 

Ses quatrains sont un ensemble apparemment incohérent de mots constamment croisés et de rébus énigmatiques à plusieurs niveaux de compréhension. Une auberge espagnole où certains commentateurs ont trouvé ce qu’ils ont apporté : une manière de faire parler d’eux à travers un personnage illustre.

 

Dans ce « Qui suis-je ? » Nostradamus, l’auteur nous présente le médecin, « astrophile », comme il se définissait lui-même, l’alchimiste, le pharmacien grand connaisseur des « simples », avec lesquelles il combattra les épidémies de peste, mais aussi le bon vivant (mort de la goutte), l’auteur d’almanachs et de recettes culinaires pour les ménagères du XVIème siècle, bref, une espèce d’auteur de « best-sellers », un homme plein d’humour qui, en des temps dangereux, sut masquer des idées non conformistes.

Averti du retour cyclique des choses, plus que prédire, Nostradamus s’employait à déduire ce qu’il savait que la roue du temps allait produire.


Nostradamus est l’un des rares personnages de l’Histoire dont la notoriété s’accroît à mesure que le temps passe. Défier le temps ! Le Salonais a pleinement tenu le pari que tous les hommes qui veulent laisser leur empreinte en ce bas monde se dont lancé. Et des hommes qui veulent laisser leur cette ambition, son siècle n’en manquait pas ! Mais le temps fait son œuvre, et, si elle a un sens, l’Histoire doit rétablir la vérité, occultée quelquefois pendant de longs siècles ; en langage populaire, on pourrait dire que le rôle de l’Histoire consiste à « remettre les pendules à l’heure ». Expression qui convient parfaitement au sujet de notre ouvrage. Nostradamus naît en 1503, au tout début du XVIème siècle.

 

Nous sommes alors à l’apogée d’une période de l’histoire de l’Europe qui a bouleversé les mentalités : la Renaissance. Nous pouvons préciser, sans nous tromper, que, au XVIème siècle, l’histoire de l’Europe se confond avec l’histoire du monde. D’autant plus que ce sont ces mêmes Européens, lancés sur les océans, qui vont alors découvrir que le monde n’attendait qu’eux pour exister. Cet européocentrisme fonde la base des relations internationales, telles qu’elles vont perdurer de nos jours, dans les domaines culturel, politique, spirituel, religieux, économique, ce qui démontre la relativité du temps : le XVIème siècle n’est pas si loin de nous.


Nous verrons que Nostradamus mérite largement sa renommée persistante, au-delà même de sa récupération par des exégètes quelquefois indélicats, parce que sa culture dépassait de loin les affectations de ses contemporains en en ignorant le legs de leurs propres ancêtres gaulois, c’est-à-dire des Celtes (les autres peuples européens vont faire de même : Germains, Nordiques, Slaves, Ibères ou Lusitaniens ; ces deux derniers peuples vont s’illustrer en envoyant leurs aventuriers, explorateurs, grands reîtres, marchands ou missionnaires à la découverte d’un Nouveau Monde qui s’offre à eux ou qu’ils investissent, en ignorant délibérément les particularismes locaux).


Sur le plan spirituel, celui de la connaissance, de la philosophie ou de la culture, trois grands courants cohabitent, sans que l’on puisse dire qu’ils aient la moindre affinité entre eux. L’alchimie, dont Nostradamus est l’héritier, achèvera bientôt son influente carrière ; l’Inquisition, elle, aura encore de beaux jours devant elle, puisque le totalitarisme fanatique renaît toujours de ses cendres ; quant à l’humanisme, qui semble caractériser la Renaissance, ses avatars gouvernent toujours notre monde actuel.


L’alchimie désigne –, l’ensemble de la connaissance scientifique et non pas une obscure science pratiquée par quelques vieilles badernes ou lanternes. Dans ces disciplines enseignées dans les écoles figure, en bonne place, l’astronomie, qui est peu différenciées de l’astrologie. L’influence des clercs fera cependant que ces matières considérées comme les fondements de la science seront peu à peu écartées et mises à l’index, comme incompatibles avec les dogmes chrétiens.

 

Nostradamus, ainsi que tous les penseurs de la Renaissance, sera confronté à cette censure mise en place par le bras séculier de l’Inquisition. Il est vrai qu’un langage ésotérique sera inventé par les tenants de l’antique science afin de se protéger de la répression dont l’origine remonte aux débuts de l’écriture, puisque les Chinois prétendent que cette dernière a été composée sur la base des empreintes d’oiseaux.

 

L’alchimie a été dénommée « Le Gay Sçavoir » en raison des figures de style, stratagèmes, tels qu’anagrammes, calembours et autres tournures amusantes utilisés par les alchimistes pour coder leur langage. À l’origine de l’alchimie, la cabale, du grec Karban, signifiait « langage incompréhensible ». Nostradamus est le digne héritier de cette science ancienne, comme nous le verrons tout au long de cet ouvrage. Cette filiation permet de résoudre quelques-unes des énigmes qui constituent la quasi-totalité de l’œuvre, mais aussi du personnage, de Nostradamus.

 

9 O

 

occultismeb.a. -ba

Christian bouchet

Edition PARDES

 2000

Comment s’imaginer que, dans les grandes villes d’Occident, à l’âge des ordinateurs, d’Internet et des explorations interstellaires, des hommes et des femmes, par ailleurs bien intégrés dans leur milieu, ne prennent pas une décision importante sans consulter un devin ? Comment comprendre que d’autres consacrent leurs soirées et leurs week-ends à l’alchimie et à la recherche de la Pierre Philosophale ? Comment admettre que l’on puisse encore s’adonner à la magie en suivant des rituels qui n’ont guère varié depuis les premiers siècles de l’ère chrétienne ?


Cet ouvrage montre comment un courant de pensée philosophique et parareligieux s’est maintenu, de manière plus ou moins clandestine, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le lecteur pourra découvrir l’histoire de cette grande mouvance, comprendre la mutation du paganisme de la fin de l’Empire romain en théurgie, assister à la naissance de la kabbale et du rosicrucianisme, pénétrer les arcanes de la Franc-maçonnerie et juger des liens de celle-ci avec l’occultisme, etc.


Dans B.A. –BA de l’occultisme, l’auteur traite aussi de la théorie de l’occultisme et de ses pratiques : magie, alchimie, méthodes de divination. Il aborde, par ailleurs, les questions récurrentes à ce sujet : les mouvements occultistes sont-ils des sectes ? Quels sont les rapports entre l’occultisme et la politique ? Quelle est la place du sexe dans l’occultisme ?


Enfin, ce livre montre comment une partie du corpus théorique et des pratiques de l’occultisme, récupérés et « relookés » par le new âge, connaît une nouvelle jeunesse sous de nouveaux noms comme channeling, numérologie, travail énergétique, etc.

L’occultisme n’est plus à la mode, et les occultistes apparaissent aujourd’hui comme des marginaux, des originaux, voire des individus mentalement dérangés. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi et le XIXème siècle fut, dans une certaine mesure, le siècle d’or de l’occultisme et des occultistes, dont l’influence politique, littéraire ou artistique fut grande jusqu’à la déclaration de la Première Guerre mondiale. On peut donc s’interroger sur la quasi-disparition de l’occultisme stricto sensu dans le monde contemporain, alors que la divination par l’astrologie, la numérologie ou la voyance connaissent une vogue inégalée ; alors que le channeling ou le rebirdhting sont l’objet de nombreux ouvrages ; etc. cette disparition est-elle réelle ou l’occultisme a-t-il subi une mutation ? S’est-il dissous dans la subculture parareligieuse pour donner naissance au New âge et à la « seconde religiosité » qu’annonçait Oswald Spengler ? D’autres interrogations peuvent travailler l’honnête homme : d’où vient l’occultisme ? Quels sont ses liens avec la Franc-maçonnerie ? Magie et occultisme sont-ils synonymes ? Etc., etc.


De l’occultisme, le Petit Larousse nous donne la définition suivante : « Sciences des choses occultes », l’occulte étant, pour ses rédacteurs, un synonyme de caché, tandis que les Sciences occultes sont « la magie, l’alchimie, la nécromancie, etc. » Éliphas Lévi, dans Les éléments de la Kabbale en dix leçons, définit, pour sa part, l’occultisme comme une philosophie combinant trois sciences : la kabbale ou « mathématique de la pensée humaine », la magie, « connaissance des lois secrètes et particulières de la nature qui produisent les forces cachées », et l’hermétisme, « science de la nature cachée dans les hiéroglyphes et les symboles de l’ancien monde ». Robert Amadou, dans L’Occultisme, esquisse d’un monde vivant, propose :


«L’occultisme n’est pas le rebut de l’inexplicable. Il n’est pas seulement cet ‘esprit de mysticisme et de supranaturalisme nécessaire aux imaginations rêveuses et délicates’ dont parle Gérard de Nerval. Il est autre chose. Un vaste et merveilleux ensemble de spéculations et d’actions. Il est une vision de l’univers et une règle de vie. Il est une philosophie. Affirmer que cette philosophie existe et énoncer ses caractères essentiels sera définir l’occultisme. »
Le terme occultisme est récent puisque créé sur l’adjectif occulte, qui, lui, est connu dès le Moyen Âge – la première mention semble se trouver dans un ouvrage du XIIIème siècle, le Psautier d’Oxford, chapitre L, 8, où on lit : « Les occultes choses de la tue sapience » – ; il est recensé dans le Dictionnaire des mots nouveaux de Richard de Radonvilliers, en 1842. Il ne passera cependant dans le domaine public qu’une quinzaine d’années après, avec Éliphas Lévi qui, publiant, en 1856, Dogme et rituel de la haute magie, vise à fonder sur l’occultisme un contre-savoir spirituel opposable au rationalisme et au matérialisme.


Quant aux sciences occultes, elles sont le titre (Des sciences occultes) d’un ouvrage du docteur Eusèbe Salverte en 1829, avant d’être théorisées par Papus dans Traité méthodique de science occulte en 1891. Il s’agit de la magie, de l’alchimie, et des diverses mantiques ou méthodes divinatoires. On donne parfois comme synonymes d’occultisme, hermétisme, kabbale ou ésotérisme. Mais les sens sont un peu différents. La kabbale a été définie par Jacques Gaffarel comme « l’explication mystique des écritures » et ne recouvre que l’ensemble des méthodes destinées à percer le sens des textes sacrés. L’hermétisme fut tout d’abord l’analyse des révélations d’Hermès Trismégiste, puis celle des textes alchimiques, avant que son sens ne se confonde avec ésotérisme. Ce dernier est parfois considéré comme un synonyme parfait, comme par exemple par le Dictionnaire usuel qui indique : « L’occultisme est une doctrine ésotérique », ou par Robert Amadou qui, toujours dans L’Occultisme, esquisse d’un monde vivant, en fait « l’occultisme occidental, courant ramifié lui-même de l’occultisme universel ». Â l’inverse, René Guénon a dissocié l’ésotérisme, qui, pour lui, comporte une dimension spirituelle authentique, des sciences occultes dans lesquelles il voit des pratiques douteuses, la recherche de pouvoirs et les héritières de l’ancienne magie.

Il est communément admis que l’occultisme tire son origine de la magie et de la théurgie de l’Antiquité. Mais certains vont plus loin, comme Sarane Alexandrian, qui affirme dans sa remarquable Histoire de la philosophie occulte que l’occultisme est une composante de la psyché humaine ; On peut diviser l’histoire de l’occultisme en quatre périodes d’inégale amplitude. Tout d’abord, du déclin du paganisme à la fin du XIème siècle environ, les survivances du paganisme antique se transforment en ésotérisme avant de connaître une totale occultation. Du XIIème siècle au début du XVIIème siècle, la redécouverte des textes antiques et l’influence de la kabbale permettent l’apparition d’occultistes éclairés. L’an 1614 marque une rupture avec la première manifestation de la Fraternité Rose-Croix, un siècle plus tard les loges maçonniques non opératives s’ouvrent et une maçonnerie occultiste se développe rapidement. Enfin, la période contemporaine, c’est-à-dire celle d’un occultisme grand public, qui se manifeste d’une manière de plus en plus ostensible, même s’il n’est pas toujours perceptible derrière ses masques par l’observateur inattentif, commence à notre sens en 1875, avec la création de la Société Théosophique.


Dès que le christianisme prit son essor, il remit en cause l’équilibre religieux de l’Empire par son exclusivisme et sa volonté d’être la seule foi juste. La vieille religion gréco-romaine connut, de ce fait, une crise de crédibilité et certains considèrent qu’elle ne fournissait plus de réponses satisfaisantes face à l’angoisse humaine. L’influence du christianisme et de cette crise de crédibilité entraîna une mutation du paganisme et le développement, par réaction, de nouvelles croyances. Quand ils approchèrent du pouvoir, les chrétiens firent le nécessaire pour éliminer toute concurrence religieuse. Cela culmina au IVème siècle, période où l’Empire romain devint le lieu d’une lutte sévère contre les pratiques magiques : en 319, Constantin le Grand décréta qu’aucun devin ne pourrait entrer dans une maison privée, pas même celle d’amis intimes, sou peine de mort ; sous Constance II, quelques années plus tard, on prescrivit la peine capitale pour les devins, les astrologues, les magiciens, ceux qui portaient des amulettes, ou ceux qui étaient surpris de nuit à proximité d’un cimetière ; en 391, les cinq cent mille ouvrages de la bibliothèque d’Alexandrie furent livrés aux flammes. L’aboutissement ultime de tout cela fut une longue nuit noire qui devait durer près de huit siècles.

On peut ranger, parmi les premiers précurseurs des occultistes, les théurgistes – ceux qui par leur magie animaient les statues des dieux – dont le grand livre, Les Oracles de Zoroastre, rédigé au second siècle de notre ère, proposait de se mettre en contact avec les dieux grâce à la purification de l’esprit humain, mais aussi grâce à des rites, des extases, des invocations, etc.

Alexandrie d’Égypte – à qui sa célère bibliothèques, son musée et son Temple des Muses donnaient une position de métropole culturelle – était à l’époque un carrefour où se rencontraient les formes les plus diverses de la pensée. Toutes les traditions religieuses du monde antique y étaient représentées et tous les mages et réformateurs religieux y professaient. C’est dans cette ville que naquit au IIème siècle l’école néo-platonicienne, illustrée par des hommes comme Plotin, Proclus, Jamblique ou Porphyre ; ils enseignaient aux humains à se détacher du monde corporel pour retrouver, de leur vivant, l’union de l’âme et du divin, à travers une expérience mystico-extatique.
Tout ce courant fit abondamment référence à Hermès Trismégiste. Ce personnage mythique, souvent assimilé au dieu Thot, était censé s’être réincarné trois fois en Égypte en se souvenant de ses incarnations précédentes et être l’auteur d’une œuvre importante dépassant les trente-cinq mille volumes… mais dont il ne reste que le Corpus hermeticum, le Discours parfait, l’Asclépius et un Anthologium rédigé par Stobée le Byzantin au Vème siècle. L’hermétisme propose de redécouvrir en soi l’étincelle divine, de faire prévaloir celle-ci par l’ascèse et la discipline morale et de devenir ainsi, par un processus de régénération, semblable à Dieu. Ainsi, dans un des Hermeticum, le Divin Poimandres, Hermès Trismégiste affirme : «C’est le but de tous ceux qui sont doués d’intelligence que de devenir Dieu. »

 

9 P

 

papus – biographie

Ch. beaufils & m.s. andré

Edition BERG INTERNATIONAL

 1995

Gérard Encausse (1865 – 1916), qui connut très jeune la notoriété sous le nom de Papus, fixa dans sa vaste entreprise de synthèse et de vulgarisation une image de l’occultisme qui a encore cours aujourd’hui. Ses principaux ouvrages sont toujours disponibles en librairie et il faut, pour mieux comprendre leur importance historique, les replacer dans le contexte de l’époque.

 

La vie agitée de Papus, dont la connaissance permet de mieux appréhender l’œuvre, témoigne d’un moment où à la laïcisation de l’État répondait l’émergence de courants spirituels en marge des religions officielles. Celui que la presse de l’époque appelait « le mage Papus » essaya de les fédérer au nom d’un syncrétisme religieux empreint de messianisme.


Cette biographie de Papus qui est en même temps une étude des ambitions politiques et des vertiges religieux qui marquèrent la Belle Époque à travers ses « sociétés secrètes », révèle une infinité de personnages qui tous rêvaient, à l’aube du XXème siècle, d’une transfiguration du monde.

Il existait déjà une biographie due à Philippe Encausse, son fils, mais ce dernier semble avoir fait le tri entre ce qu’il jugeait «divulgable» ou non. Ainsi, il légua une partie des archives de Papus à la Bibliothèque de Lyon et conserva le reste.

À sa mort, le contenu de sa cave fut déversé devant son domicile. Il était destiné à être détruit mais, par un hasard extraordinaire, l’un des auteurs du présent ouvrage. M.S. André, intriguée par une poubelle débordante de manuscrits, d’éditions originales et de lettres, put heureusement sauver la deuxième partie du fonds Papus. Ces documents, équivalents tant du point de vue de la quantité que de leur contenu à ceux conservés à Lyon, ont permis de reconstituer enfin de manière impartiale la vie du « Balzac de l’occultisme ».

 

Encausse, dit Papus, est né le 13 juillet 1865, en Espagne, à La Corogne, d’un père français et d’une mère espagnole. Après avoir passé sa jeunesse à Paris, il étudia la médecine. Dès le milieu des années 1880, et avant même d’avoir terminé cette formation, il se passionna pour l’ésotérisme. Il devait cet intérêt à la découverte des œuvres de Louis Lucas, chimiste, alchimiste et hermétiste. Passionné par l'occultisme, il étudia les livres d'Éliphas Lévi. Il entra bientôt en contact avec le dirigeant de la revue théosophique Le Lotus Rouge, Félix Gaboriau, et fit la connaissance d’Albert Faucheux (Barlet), un occultiste érudit. Dès 1887, Papus adhéra à la Société Théosophique, fondée quelques années auparavant par Madame Blavatsky et le Colonel Olcott.

 

On admet généralement que Papus et Augustin Chaboseau furent initiés au Martinisme par des filiations différentes. Celle de Papus venait d’Henri Delaage, tandis que celle d’Augustin Chaboseau passait par Amélie de Boisse-Mortemart. Papus indiquait en effet avoir été initié par Henri Delaage (1825-1882), alors qu’il n’était qu’un jeune homme de dix-sept ans. Quelques mois avant sa mort, nous dit Papus : « Delaage voulut donner à un autre la graine qui lui avait été confiée et dont il ne pouvait tirer aucun fruit. Pauvre dépôt, constitué par deux lettres et quelques points, résumé de cette doctrine de l'initiation et de la trinité qui avait illuminé tous les ouvrages de Delaage. »

 

Papus présentait Henri Delaage comme ayant été initié par Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), son grand-père, lequel aurait été un disciple de Saint-Martin. On ignore si le célèbre chimiste, conseiller d’État, ministre du Consulat et de l’Empire fut réellement en relation avec Louis-Claude de Saint-Martin. On sait cependant qu’il avait été initié dans la franc-maçonnerie vers 1789 à la loge La Parfaite Union, à l’Orient de Montpellier.

 

Henri Delaage n’a jamais prétendu lui-même avoir été initié par son grand-père. D’ailleurs, au moment de la mort de ce dernier, il n’avait que sept ans. Aussi, la tradition veut qu’entre Henri Delaage et Jean-Antoine Chaptal ait existé un initiateur dont le nom ne nous est pas parvenu. Cependant, il est probable que ce fut son propre père, Clément Marie-Joseph Delaage (1785-1861). En effet, comme le montre la correspondance échangée par ce dernier avec Charles Geilles entre mars et août 1811, il connaissait assez bien la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin pour donner à son interlocuteur des conseils de lecture à propos des ouvrages du Philosophe Inconnu.

 

C’est lors de sa rencontre avec Augustin Chaboseau que Papus va révéler sa qualité d’initié martiniste. En 1888, les deux hommes décident de mettre en commun l'initiation dont ils sont dépositaires et commencent à transmettre cette initiation à quelques amis. Ils posent ainsi les bases de l’Ordre Martiniste. Bien que l’Ordre n’ait encore aucune structure, le nombre d'initiés augmente rapidement.

 

Papus n'a pas encore terminé ses études et s’apprête à faire son service militaire. Ce n'est que le 7 juillet 1892 qu'il défendra avec succès sa thèse de docteur en médecine sur les analogies histologiques entre les organes. Pourtant, quelle activité ! Il a déjà fondé l'École Hermétique, organisé l'Ordre Martiniste, créé les revues L'Initiation, Le Voile d'Isis, et déjà écrit Le Traité élémentaire de sciences occultes (à 23 ans), et Le Tarot des bohémiens (à 24 ans).

 

Pour signer ses premiers ouvrages, il adopta le surnom de « Papus ». Ce nom  désigne le génie de la médecine,  l’un des sept génies de la première heure dans le Nuctaméron, un texte attribué à Apollonius de Tyane.

 

PAPUS  - ACTES DU COLLOQUE PAPUS - Colloque organisé par l’Ordre Martiniste à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Dr Gérard Encausse, dit Papus

Divers auteurs

Editions de la Tarente

 2018

 Le 22 octobre 2016 se déroula ce colloque pour le centenaire de la mort de Papus en 1916. Papus fut l’une des figures marquantes de la scène initiatique de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Son influence, multiple et considérable, perdure. Cependant, si le personnage est familier, il reste mal connu. Fondateur de l’Ordre Martiniste (1887-1891), il participa à de nombreux projets ésotériques dont celui de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix avec Stanislas de Guaita, du Rite swedenborgien, du Rite de Memphis-Misraïm, de l’Eglise gnostique pour ne citer que les principaux. Il fut, avec ses amis des Compagnons de la Hiérophanie, l’un des principaux animateurs de la scène ésotérique française et européenne. Il fut également un grand vulgarisateur, sans que le terme ne soit péjoratif, et fonda deux revues phares de l’époque, L’Initiation et le Voile d’Isis. Les contributions de Serge Caillet, Roger Dachez, Antoine Faivre, Jean-Pierre Laurent, Michelle Nahon et Jean-Marc Vivenza permettent d’approcher la complexité du personnage comme de l’œuvre. L’ensemble des contributions permet de résoudre en partie l’ « énigme » Papus. Surtout, les approches, plutôt dimensionnelles, du personnage, substituent des réalités complexes aux raccourcis et préjugés courants véhiculés par la « petite histoire de l’occultisme ». Ce livre marque ainsi une nouvelle étape des études papusiennes.

 

Serge Caillet revient sur la relation privilégiée entre Papus et Maître Philippe. Leur rencontre se situerait en 1893 ou 1894. Elle bouleversa Papus et donna sans doute une orientation nouvelle à l’Ordre Martiniste, que nous appelons encore la voie cardiaque.

 

Jean-Pierre Laurent dresse un portrait contextualisé du Papus militant qui incarne à lui seul l’occultisme de la Belle Epoque et son rayonnement.

« Papus, nous dit-il a prolongé le rêve romantique de réconcilier la science et la religion  dans sa lutte antimatérialiste en utilisant les matériaux disponibles à l’époque ou hérités de la science catholique. Son travail de vulgarisation a été gigantesque, plus de cent livres et brochures (…) opposant « la science contemporaine » qui étudie les phénomènes physiques à l’occulte qui par l’analogie s’efforce de s’élever vers l’invisible… »

Papus rassembla autour de lui mais fut aussi clivant et rejeté. Il fallut attendre Robert Amadou pour assister à une forme de réhabilitation qui demeure incomplète.

 

Jean-Marc Vivenza s’intéresse à la communauté formée par Papus et ses compagnons. Il s’intéresse à des personnalités moins citées que les habituels Marc Haven, Sédir, Guaita et autres mais aussi aux intimes et aux femmes qui comptèrent dans sa vie.

 

Michelle Nahon traite de Papus, biographe de Martinès de Pasqually tandis qu’Antoine Faivre analyse la place de Louis-Claude de Saint-Martin dans l’œuvre de Papus.

 

Roger Dachez, en connaisseur, s’intéresse au médecin Papus et à ses méthodes qui, aujourd’hui, peuvent nous sembler fort curieuses. Il restitue le milieu médical de cette période de mutations :

« Dans cette brève évocation, conclut-il, nous souhaitions simplement suggérer que Papus médecin, comme Papus mage ou Papus historien, si déconcertant qu’il puisse parfois nous paraître, fut un homme de son temps. Passionné, mais brouillon, éperdument soucieux de comprendre sans toujours disposer des instruments intellectuels les mieux adaptés, jusque dans sa marginalité, Papus fut le témoin d’une époque et d’un basculement de la pensée. L’ignorance de ce contexte a souvent produit de lui une image en grande partie fausse. »

 

Gérard Anaclet Vincent Encausse dit Papus est né 13 juillet 1865 à la Corogne d’un père français et d’une mère espagnole. Il passa toute sa jeunesse à Paris où il fut reçu docteur en médecine. Bien avant d’avoir achevé ses études, il s’est donné pour tâche de lutter contre le scientisme ambiant de l’époque. Il répand alors une doctrine nourrie et alimentée aux sources de l’ésotérisme. Il se fait dès lors appeler Papus, du nom d’un esprit de Nyctameron d’Apollonius de thyane. Il fut un meneur et un chef de file incontesté. Il se défendit d’être un thaumaturge, un inspiré, voir un illuminé, il se présente comme un savant, un expérimentateur. Ses idées lui sont transmises par Saint-Yves d’Alveydre, mais aussi par Wronsky et surtout par Eliphas Lévi et Fabre d’Olivet. La pensée de Louis Claude de Saint-Martin laisse sur lui une trace indélébile à partir de 1889.

 

Peu après, il cèle sa rupture avec la société théosophique de Mme Blavatsky (1888). Il s’affile à l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix en 1889, fondée par Péladan et Guaita. Papus fonde l’Ordre Martiniste en 1891, avec Augustin Chaboseau. Cet ordre doit son nom au souvenir de Saint-Martin et sans doute à celui de Martines de Pasqually. Dans la revue officielle de l’Ordre, « L’Initiation », fondée par Papus en 1888, on relève les noms de : Stanislas de Guaita, Péladan, Barlet, Matgioi, Marc Haven, Sedir, de Rochas, Chamuel. Les premiers Martinistes de renom sont Paul Adam, Maurice Barrès, Stanislas de Guaita, Victor-Emile Michelet et Péladan.

 

D’autre part un groupe se constitue pour organiser des conférences et des cours visant à faire découvrir les valeurs de l’ésotérisme occidental. Il devient très vite le cercle extérieur de l’Ordre Martiniste. Ce vaste mouvement hermétique, dont Papus est le moteur et l’une des âmes agissantes, est indissociable de la littérature symboliste de l’époque. Il est l’auteur entre autres de : « Les Disciples de la science occulte, Paris 1888, Traité élémentaire d’occultisme, Paris, 1898, traité méthodique des sciences occultes, Paris, 1891, L’Occultisme contemporain, Paris, 1887, etc... ».

 

En automne 1905, Papus est appelé par le tzar de toutes les Russies, Nicolas II, qui souhaite avoir ses conseils suite aux troubles sociaux. Papus évoque alors au cours d’une séance l’esprit du Tzar Alexandre III qui préconise la répression (sic) et annonce une terrible révolution. Mais, bientôt, l’arrivée du moine Raspoutine, évincera notre pythonisse. L’ordre Martiniste recrute de nombreux membres dans le monde entier. Il connaît des éclipses dues aux guerres. Il est nommé en 1931, « Ordre Martiniste Traditionnel ». Les femmes y sont admises aussi bien que les hommes. Médecin chef d’une ambulance sur le front, il se consacre entièrement à ses blessés. Papus est décédé, officiellement, le 25 octobre 1916 d’une hémoptysie consécutive à une tuberculose pulmonaire contractée dans une ambulance du front. Mais des esprits chagrins prétendent qu’il fut envoûté...Son enterrement donne lieu à des manifestations surprenantes : au moment où le cercueil du médecin-major Gérard Encausse sort de l’église Notre-Dame de Lorette, un morceau d’une main d’ange se détache d’une des sculptures de la façade et vient se placer au centre d’une couronne déposée sur la bière....

 

papus – occultiste, ÉsotÉriste ou mage ?

J.P. bayard

Edition EDIRU

 2005

Il existe, pour ceux qui veulent étudier l’occultisme dans ses diverses branches, une bibliothèque de plusieurs centaines de volumes. Des publications techniques, il en a de tout genre, et l’étudiant n’a que l’embarra du choix lorsqu’il en possède les bases élémentaires.


Par contre, il existe très peu d’ouvrages pour débutant : en général, le novice doit faire par lui-même sa première instruction. L’immense œuvre de Papus, ce « Balzac de l’occultisme », répond à l’attente de tous : il initie le néophyte et clarifie la pensée abstraite de l’adepte. Papus a commenté bien des domaines que nous continuons d’approfondir. Durant les trente-sept années de sa vie littéraire très active, on décompte cent soixante titres, quatre cents articles : enthousiasme d’un extraordinaire vulgarisateur, d’un créateur de centres spirituels, qui a également exercé son métier de médecin sous le nom de Gérard Encausse (1865 – 1916).


Comme tous les chercheurs d’absolu de son époque, Papus a été marqué par les études sur la kabbale selon la pensée de Pic de la Mirandole (1463 – 1494), de Cornélius Agrippa (1486 – 1535), mais aussi de tous les courants contemporains de la kabbale chrétienne avec Martinès de Pasqually (1727 – 1774) et surtout de Louis Claude de Saint Martin (1743 – 1803). Essentiellement axé sur cet enseignement spiritualiste chrétien, PAPUS, ce rénovateur des traités ésotériques, a regroupé chercheurs, érudits, écrivains, en fondant en 1887 une maçonnerie particulière, le Martinisme, qui diffuse sa pensée métaphysique.

 

PAPUS -  comment on lit dans la main – premiers ÉlÉments de chiromancie

papus

Edition DANGLES

 1968

Avec cet ouvrage, l’effort de mémoire n’est plus nécessaire : on lit tout de suite dans la main, à l’aide de règles si simples et si évidentes que, comprises dès la première lecture, elles restent gravées dans la pensée.
Vous y trouverez les quelques notions de chirologie indispensables, qui vous permettront de discerner d’un seul coup d’œil, les tendances, goûts, penchants et inclinations de toute nature, des gens à qui vous avez affaire, dans la vie privée comme dans la vie extérieure.


Un examen plus poussé vous indiquera les aptitudes et les prédispositions de chacun, les faveurs du destin, les éventuels revers, les indices de la réussite, de longévité, de maladies ou de risques possibles.
D’autre part, cet ouvrage constitue l’indispensable base pour ceux qui se proposent d’étudier à fond la chiromancie.

 

L’Homme a toujours voulu connaître son avenir à travers divers types de voyance, interprétant souvent des signes du monde extérieur (cartomancie, astrologie, numérologie..). La chiromancie est différente, puisque reposant uniquement sur la lecture des lignes de la main, spécifiques à chaque être humain. Cette unicité des lignes, fait de nos mains une énigme ésotérique particulière, que la chiromancie tente de résoudre. Les premiers à essayer de percer les mystères de nos mains, furent les Indiens il y a plus de 5000 ans, cette terre mystique berceau des plus grandes spiritualités humaines, a ainsi développé puis propagé la chiromancie jusqu’en Grèce, où celle-ci y trouva son nom (Kheir=main et Mentia=divination).

Cet art divinatoire s’est beaucoup développé au fil des siècles, de par son aspect gratuit et personnalisé, jusqu’à devenir une pseudoscience très codifiée. Cependant la chiromancie reste accessible à toute personne attentive à l’ésotérisme, gardant un esprit ouvert et curieuse à propos des grandes questions existentielles de la Vie. Certains vont chercher la vérité de leur existence dans de lointains voyages ou de périlleuse expéditions, alors qu’elle se trouve peut-être au creux de notre main, il suffirait de savoir lire (entre) les lignes. En effet, la Chiromancie n’étudie pas seulement les lignes de la main, mais tous les autres signes distinctifs visibles sur notre paume. Nos mains s’organisent autour de trois principales lignes : celle de la vie, du cœur et de la tête ; à celles-ci viennent se mêler des lignes secondaires (celle du destin, de la chance, de la santé, de la sexualité
Plus de 50 illustrations éclairent ce texte, et le rendent assimilable à tous,

 

 PAPUS  QUI SUIS- JE ?

ARNAUD   DE   L’ETOILE

Edition PARDES

 2005

Ce  Papus, qui suis-je ? s’attache à la figure la plus incontournable de l’occultisme, ce mouvement amorcé par Eliphas Levi. Né en Espagne en 1865, demeurant à Paris, il s’intéresse très jeune aux sciences occultes. Etudiant en médecine, d’une grande précocité, il publie son premier ouvrage à 19 ans, à 28 ans, il est déjà considéré comme l’enfant prodige de l’occultisme, après avoir écrit ses livres les plus connus (traité élémentaire de sciences occulte, le Tarot des Bohémiens, traité élémentaire de magie pratique  etc.)

 

Médecin, inventeur, conférencier, écrivain, fondateur de l’ordre martiniste, membre éminent du suprême conseil de l’Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix et affilié à de nombreuses sociétés initiatiques, animateur du groupe indépendant d’Etudes Esotériques, Gérard  D’Encausse,  devenu  Papus, mène de front un nombre stupéfiant d’activités. Remarquable organisateur et vulgarisateur, il sera autant la clé de voûte  que le symbole de l’apogée de l’occultisme de la Belle Epoque. Engagé dans la grande guerre comme médecin major, soulageant les souffrances et la santé des blessés au détriment de la sienne, il meurt en Octobre 1916 à 51 ans. Surnommé le «  Balzac de l’occultisme », en raison de l’abondance de son œuvre, Papus a laissé un souvenir très vivace dans les milieux ésotériques, qui perdure jusqu’à nos jours.

 

Défenseur de l’occultisme et cofondateur de l’Ordre martiniste, né en Espagne, d’un père français et d’une mère espagnole, Gérard Anaclet Vincent Encausse passa toute sa jeunesse à Paris, où il fut reçu docteur en médecine. Avant même de terminer ses études, il s’était donné pour tâche de lutter contre le scientisme de l’époque en répandant une doctrine nourrie aux sources de l’ésotérisme occidental. Encausse, qui se fit appeler Papus d’après le nom d’un esprit du Nyctameron d’Apollonius de Tyane, fut un chef de file incontesté. Il se défendait d’être un thaumaturge, un inspiré et se présentait comme un savant, un expérimentateur. Il doit ses idées à Saint-Yves d’Alveydre, mais aussi à Wronski et surtout à Eliphas Levi et à Fabre d’Olivet. Par ailleurs, la pensée deLouis-Claude de Saint-Martin a laissé sur lui une trace profonde à partir de 1889 environ, peu après sa rupture (en 1888) avec la Société théosophique de Mme Blavatsky. C’est en 1889 aussi qu’il s’affilie à l’ordre kabbalistique de la Rose-Croix fondé par Peladan et Guaita cette année-là.

 

L’Ordre martiniste, créé par Papus et par Augustin Chaboseau en 1891, doit son nom au souvenir de Saint-Martin et peut-être à celui de Martines de Pasqually. Dans sa revue officielle, L’Initiation, fondée par Papus en 1888, on relevait les noms de Stanislas de Guaita, Peladan, Barlet, Matgioi, Marc Haven, Sedir, de Rochas, Chamuel. Mais, du moins pendant longtemps, les noms de Martines de Pasqually, Saint-Martin, ou Willermoz y sont beaucoup moins cités que ceux de Fabre d’Olivet et d’Éliphas Lévi. Les premiers martinistes de renom furent Paul Adam, Maurice Barrès, Stanislas de Guaita, Victor-Émile Michelet et Peladan.

 

D'autre part il se constitua un groupe organisant des cours et des conférences visant à faire découvrir aux chercheurs les valeurs de l'ésotérisme occidental. Il devint bientôt le cercle extérieur de l'O.M., et, après s'être appelé Ecole supérieure Libre des Sciences Hermétiques, prit finalement le nom de Faculté des Sciences Hermétiques. Les cours étaient nombreux (une douzaine par mois environ), et les sujets étudiés allaient de la Qabbale à l'Alchimie et au Tarot, en passant par l'histoire de la philosophie hermétique. Papus, Sédir, V-E Michelet, et A. Chaboseau, entre autres, jouaient les professeurs. La section Alchimie, dirigée par F. Jollivet-Castellot, est à l'origine de la Société Alchimique de France.

 

Ce vaste mouvement hermétique, dont Papus était l’une des âmes agissantes, est sans nul doute inséparable de la littérature symboliste de cette époque, bien qu’il fût lui-même naturellement beaucoup plus orienté vers les mystères de l’occultisme que vers les recherches esthétiques de Mallarmé ou de Villiers de L’Isle-Adam. De leur côté, les symbolistes ne trouvaient guère dans le renouveau ésotérique que des thèmes d’inspiration. Le martinisme, d’ailleurs, n’apparaît à cette époque que comme l’une des nombreuses manifestations de ce renouveau. S’il fut un piètre historien, de la Qabbale notamment, ce Balzac de l’occultisme que fut Papus a contribué, par ses talents de vulgarisateur, à ouvrir les esprits de son temps aux sources vives de la pensée analogique et de l’imagination créatrice

 

PAPUS - TRAITÉ MÉTHODIQUE DE MAGIE PRATIQUE

PAPUS (Dr. Gérard Encausse)

Edition DANGLES

 1981

650 pages pour un traité écrit par le docteur Gérard Encausse dit Papus, inventeur de l’occultisme qui ici explique le côté magique, ésotérique et symbolique des énergies psychiques qui sont en nous, et celles qui tôt ou tard nous rencontrerons. Comment les découvrir, les utiliser, en éviter certaines, mais surtout mieux les connaître.

 

Gérard Encausse, dit Papus (13 juillet 1865 à La Coruña - 25 octobre 1916 à Paris) est un occultiste français, cofondateur de l'Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau.  Gérard Encausse passa toute sa jeunesse à Paris, où il fut reçu docteur en médecine (juil. 1894). Avant même de terminer ses études, dès 1886 environ, il se donna pour tâche de lutter contre le scientisme de l’époque en répandant une doctrine nourrie aux sources de l’ésotérisme occidental d'alors : le chimiste Louis Lucas, le mathématicien Wronski, l'alchimiste Cyliani, le pythagoricien Lacuria, le magnétiseur Hector Durville, Antoine Fabre d'Olivet, Alexandre Saint-Yves d'Alveydre.

 

Encausse, qui se fit appeler Papus d’après le nom d’un esprit du Nuctaméron, attribué à Apollonius de Tyane, fut un chef de file incontesté. Il se défendait d’être un thaumaturge ou un inspiré et se présentait comme un savant, un expérimentateur. Par ailleurs, la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin a laissé sur lui une trace profonde à partir de 1889 environ, peu après sa rupture (1890) avec la Société Théosophique de Mme Blavatsky.

 

Il s’affilia à de nombreuses organisations initiatiques, dont : le martinisme de Henri Delaage (1882), l'Hermetic Brotherhood of Luxor de Max Théon (en 1885 ?), la Société Théosophique de Helena Blavatsky (en 1887), l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix de Péladan et Guaita (en 1888), l'Eglise gnostique de Jules Doinel (en 1892), l'Hermetic Order of the Golden Dawn (en 1895), la franc-maçonnerie (vers 1900), le Rite Swedenborgien (1901), le Rite de Memphis-Misraïm (1908), etc.

Dans son introduction Gérard Encausse – Papus – définit la magie, et au-delà, la position que l’on peut avoir vis à vis de la magie, particulièrement lorsqu’on est « étudiant » ou « chercheur » en la matière. « La magie est l’étude et la pratique du maniement des forces secrètes de la Nature. C’est une science pure ou dangereuse comme toutes les sciences, et il faut que l’étudiant se rende bien compte d’un fait, c’est qu’il est anti-initiatique de dire du mal de la Magie, sous prétexte qu’on y étudie des forces mauvaises autant que des forces bonnes, comme il serait ridicule d’avoir peur de la chimie, sous prétexte qu’elle permet de fabriquer de la nitroglycérine et des corps explosifs. Il est certain, et nous ne saurions trop le répéter hautement, que l’appel aux forces divines, l’exercice de la charité et l’usage de la prière qui constituaient ce que, sous l’Antiquité, on appelait « La Magie divine » et qui forme aujourd’hui la théurgie, est le seul usage licite et utile pour l’homme des forces divines. Le caractère primordial de tout cerveau qui aspire à participer à la bénédiction des forces du ciel, c’est le courage ; et vouloir accuser ses adversaires de faire de la Magie ou d’écrire des livres de magie (ou des billets sur un blog en faveur de la Magie), c’est montrer qu’on n’a rien compris à cette question ou qu’on ferme volontairement les yeux devant la responsabilité que doit assumer tout véritable étudiant des questions de la Haute Science. »

 

Ici, l'adepte sera guidé pas à pas dans le développement et l'utilisation consciente de ses énergies psychiques, à la mise en oeuvre, en vue de l'accomplissement de ses dessins, des forces secrètes de l'Univers, des agents et des entités du monde invisible.

 

PARACELSE  

Pierre MARIEL

Edition LA TABLE D’ÉMERAUDE

 1974

L’auteur nous dévoile les recoins secrets de Paracelse, à la fois charlatan, et un des plus grands esprits de la renaissance. Paracelse fut, de son vivant, entouré d'un prestige extraordinaire, reflet de sa puissante personnalité qui ne laissait personne indifférent. L'admiration et l'amitié dévouée de certains, parmi les grands hommes et les grands princes de son temps (Erasme, Frobenius etc.), une suite de disciples et d'élèves avides qui le suivait dans tous ses déplacements et, surtout, le remous incroyable de haine et de jalousie qu'il provoqua nous renseignent assez bien sur l'étonnant rayonnement de sa personnalité vivante.

 

Des guérisons retentissantes, des cures restées célèbres depuis, la chaleur qu'il mettait dans ses combats pour la recherche de la vérité, la simplicité de sa vie, le naturel de son comportement, ses violences et ses succès lui valurent, outre une réputation unique parmi les malades et les pauvres gens qu'il soignait, un renom de charlatan soigneusement établi par de perfides et incroyables calomnies répandues par ses confrères. « Divin Paracelse » pour les uns – chercheurs désintéressés, humanistes distingués, philosophes – il était pour les autres un « charlatan insigne » un « infâme pourceau », un « ivrogne dégoûtant », un « magicien » etc. Ses théories et sa science étaient tournées en dérision par des gens qui les connaissaient mal ou qui les ignoraient tout à fait ; sa personne était pour eux un sujet de colère et de rage jalouse.

 

Après sa mort (sur laquelle les pires légendes eurent cours), les querelles entre partisans et détracteurs se poursuivirent où se distinguèrent particulièrement ces derniers. Et, tandis que les admirateurs sincères poursuivaient dans le silence du cabinet et du laboratoire les recherches et les études qu'il avait indiquées, tandis que d'autres réunissaient et publiaient ses œuvres écrites, les autres publiaient volumes sur volumes contre lui et contre ses théories. Oporinus  qui avait été son disciple (et à qui Paracelse doit, à travers les âges, l'insoutenable réputation d'ivrognerie) et le crédule Thomas Eraste  qui ne publia pas moins de quatre volumes in‑quarto contre lui, furent les deux auteurs de qui, en somme, prirent origine les calomnies et les injures qui eurent, des siècles durant, une si incroyable fortune et que de nombreux « historiens » de la médecine reprirent si inconsidérément à leur compte, sans vérification

 

PARACELSE  -  LA DOCTRINE SPAGIRIQUE DE PARACELSE  

 Dr J. Emile Emerit

Edition Mercure Dauphinois

 2014

Paracelse (1493 ou 1494 – 1536) est un personnage essentiel dans l’histoire de la médecine, à la croisée des disciplines traditionnelles et d’une révolution de la connaissance comme de la pratique médicale dans un monde où l’être humain n’est pas encore morcelé mais saisi dans sa totalité. « Pour Paracelse, note Jean-François Gibert, le savoir médical repose sur quatre piliers : la philosophie naturelle, l’astronomie (rapport de l’homme à la matrice cosmique), l’alchimie, la vertu et le pouvoir immanent au médecin, au patient, à l’heure, au métal, etc. »

 

Jean-François Gibert remarque que dans la pensée paracelsienne « coexistent une immense intuition des lois du monde et, en germe, tous les concepts qui sous-tendent une large part de la science médicale contemporaine ».

 

Le docteur Emerit (1897-1968), l’un des grands hermétistes du XXème siècle, étudia longuement l’œuvre de Paracelse et la traduisit en latin. Il réalisa un fichier thématique dont il tira un extrait considérant tout ce qui avait trait à la spagyrie. C’est cet extrait, mis en forme par l’alchimiste et adepte Henri Coton-Alvart (1894-1988), qui nous est proposé heureusement aujourd’hui dans ce livre tout à fait remarquable.

 

Après une série de notes introductives excellentes de Jean-François Gibert, notamment sur la doctrine du tartre, sur la spagyrie, sur l’apoptose, sur quelques concepts essentiels chez Paracelse, l’extrait du docteur Emerit se présente sous la forme d’un dictionnaire d’une immense richesse pour les chercheurs. De « abeilles » à « Zinc », ce sont des concepts essentiels aux conséquences pratiques parfois considérables qui sont traités, pensons notamment à « âme », « archée », notion très importante chez Paracelse, « astres », « eau », « esprit », « feu », « homme », « limbe », « matrice », « mumie », « principes », « sang », « semence »... Bien que la langue soit impropre à caractériser l’expérience subtile, l’ensemble apparaît d’une grande cohérence.

 

Ce travail servira aussi bien le chercheur en médecine traditionnelle, le spagyriste que l’alchimiste. Par analogie, nombre de propositions font sens non seulement dans le domaine de l’alchimie métallique mais aussi dans celui des alchimies internes.

 

A la fin de l’ouvrage, le lecteur trouvera le Traité de l’Azoth de Paracelse. Bien que ce texte puisse être un apocryphe, le docteur Emerit comme Henri Coton-Alvart le considéraient comme une introduction excellente à la doctrine paracelsienne. Une double lecture en est possible, biblique et alchimique. Ce livre est précieux pour le chercheur en mettant à notre disposition le langage paracelsien afin de mieux approche rune œuvre si considérable.

 

Terminons cette présentation par ce propos nécessaire de Jean-François Gibert : « L’alchimie est une science secrète ; le secret est un droit incontournable de tout chercheur. Newton lui aussi a tenu secrètes nombre de ses recherches. Mais il est, par ailleurs, indiscutable que les hermétistes de toutes les époques se sont parfaitement compris entre eux. Sans doute ont-ils voulu tenir à l’écart de leurs connaissances une humanité qui, aujourd’hui encore, n’a pas dépassé le stade de l’enfance. L’hyper technologie n’est pas forcément un progrès et le monde contemporain porte en lui les germes d’une possible autodestruction. Ceci, les alchimistes l’avaient depuis longtemps compris, d’où la loi absolue du silence, qui ne peut être rompue que le jour où la conscience est face à la conscience. »

 

Paracelse et les siens

 Actes du Colloque de 1994

Edition La Table d’Émeraude

 1994

Le présent volume contient les actes du colloque sur Paracelse qui s’est tenu à la Sorbonne les 15 et 16 décembre 1994, sous l’égide de l’université de Paris III-Sorbonne nouvelle, de l’université de Paris IV-Sorbonne, du C.N.R.S. et de la revue A.R.I.E.S., avec la collaboration de la bibliothèque de l’Arsenal, qui présentait une, exposition de livres anciens de Paracelse, de ses disciples et de ses détracteurs.

Dans le cadre du colloque, l’exposition fut inaugurée par une allocution de Jean-Claude Garreta, conservateur en chef de la bibliothèque de l’Arsenal, tandis qu’Antoine Faivre, Directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Sorbonne), donnait une présentation historique des ouvrages exposés
 
On ne peut guère attribuer à Paracelse de découvertes médicales de nature fondamentale. Cependant, plusieurs intuitions remarquables nous permettent de le qualifier de visionnaire.

Extrait d’une conférence : Monsieur Brie nous présente les quatre piliers sur lesquels repose la médecine de Paracelse: la philosophie, l'astronomie, l'alchimie et la vertu du médecin. À ces quatre éléments s'ajoutent trois substances qui constituent les corps et cinq entités ou forces qui causent les maladies. Selon Paracelse, le corps est composé de trois substances: le soufre, le mercure et le sel. Elles symbolisent le corps (sel), l'âme (soufre) et l'esprit (mercure). Chacune des substances est choisie selon sa réaction au feu. Ainsi, le soufre représente tout ce qui brûle, le mercure tout ce qui s'évapore et le sel tout résidu incombustible. Des causes externes peuvent provoquer dans chacune des trois substances des réactions qui sont contraires au maintien de la santé. Cette dernière dépend donc d'une relation appropriée entre les trois substances.

Le Volumen Paramirum traite des cinq entités qui sont à l'origine des maladies. Laissons Paracelse décrire chacune d'elles. L'entité astrale concerne la prédisposition à la maladie: «Les astres eux-mêmes ne peuvent exercer aucune influence; mais, par leur exhalaison, corrompre seulement et contaminer le Mysterium, par lequel ensuite irons sommes empoisonnés et affligés. Et l'entité astrale se comporte de telle sorte qu'elle dispose nos corps tant au bien qu'au mal par ce moyen.»

 

L'entité toxique concerne la digestion: «L'alchimiste (l'estomac) est ainsi appelé parce que, pour accomplir son action, il se sert de l'art chimique. Il sépare le mauvais du bon... afin que [la nature) se transforme en sang et en chair.» Ici Paracelse se fait le prophète de la chimie organique. «Car toute chose corrompue est un poison pour le lieu dans lequel elle séjourne», ce qui correspond à ce qu'on appelle aujourd'hui une intoxication locale. «Mais, que toutes choses soient ainsi suffisamment séparées (dans l'estomac), ceci n'est pas; au contraire, chaque membre prépare lui-même et prend ce qui lui plaît, rejette ce qui ne peut lui servir», cette idée s'apparente digestion intratissulaire. «L'air que nous aspirons n'est pas sans contenir un venin auquel nous sommes principalement soumis». Paracelse a le mérite d'avoir le premier à signaler les intoxications d'origine respiratoire et à recommander l'aération des hôpitaux. Enfin, il complète sa définition de l'entité toxique en décrivant les maladies tartriques, qu'on appelle aujourd'hui maladies lithiasiques: dépôt de pierre, sable, de limon, etc.

L'entité naturelle concerne la théorie du microcosme lié au macrocosme: «Tel le ciel, avec tout son firmament, sa constellation et autres attributs, existe selon et pour lui-même, tel l'homme sera aussi puissamment constellé d'astres, à l'intérieur de lui et pour lui.» Paracelse associe les sept principaux organes au soleil, à la lune et à cinq planètes. «Le firmament de cet enfant dans sa nativité, indique la prédestination, c'est-à-dire combien de temps l'entité naturelle doit suivre son cours.» Certains auteurs ont vu dans ce firmament intérieur un symbole de l'hérédité.

L'entité spirituelle concerne la psyché et les maladies mentales: «Une telle lésion provient alors de l'esprit, puisque l'esprit existe dans le corps. Donc, le corps souffre déjà et devient malade, non matériellement, par l'entité matérielle, mais par l'esprit. Ici donc la médecine spirituelle est requise.» Pour la première fois dans l'histoire de la médecine, quelqu'un évoque la nécessité d'une psychothérapie. Dans son Traité des Lunatiques, Paracelse aborde l'étude de la psychiatrie en distinguant l'âme animale (inconscient) de l'âme spécifiquement humain (conscient) : ce sont deux éléments antagonistes; pour vivre en homme, il faut suivre l'une et réprimer l'autre.»

«L'entité divine concerne une sorte de prédestination qui s'apparente à la doctrine hindoue du Karma. Dans le cas des maladies envoyées par Dieu: «Si quelque malade vous est apporté, s'il guérit par votre médication, c'est que Dieu vous l'a confié; sinon, il ne vous a pas été envoyé par Dieu. Car si le temps de l'heure de rédemption est proche, alors seulement Dieu confie le malade au médecin, et jamais avant ce temps.»

L'apport de Paracelse à l'anatomie, à la physiologie, à la chirurgie et à la thérapeutique n'est pas non plus négligeable. Notons à titre d'exemple que Paracelse introduit la chimie dans la physiologie, en démontrant expérimentalement que le métabolisme est le siège de réaction chimique. Il est le premier à décrire l'albumine dans l'urine et à la précipiter à l'aide d'acides. Il constate aussi la présence d'acide et de tartre dans l'estomac. Enfin il s'intéresse aux narcotiques et cherche à découvrir de nouvelles drogues, plus efficaces et moins nocives que celles qui sont en usage. Dans ses notes, on apprend qu'il a fabriqué de l'éther en mélangeant de l'alcool avec de l'acide sulfurique, et que cela constitue une excellente drogue. Dans sa chirurgie, comme dans sa médecine, Paracelse met l'accent sur le pouvoir curatif de la nature. Il ne recommande l'opération qu'en cas de réelle nécessité, s'en tenant plutôt au traitement médical. Pour Paracelse, le lien entre la maladie et son remède spécifique est si important qu'il suggère de nommer les maladies d'après le remède qui les guérit: «Vous ne devriez pas dire: cela est du choléra, ceci de la mélancolie, mais: cela est arsenical, ceci est alumineux. Si vous dites: telle maladie est celle de la mélisse, telle autre de la sabine, vous avez déjà nommé la cure.»

Les remèdes de Paracelse sont généralement préparés sur la base d'un procédé d'extraction, de séparation ou de combinaison des substances. En bon alchimiste, Paracelse essaie d'extraire chimiquement «l'agent subtil» qui préside à la transmutation des substances. Le point culminant de sa thérapeutique chimique se situe dans cette Quinta Essentia, ou quintessence, ancêtre des alcaloïdes ou principes actifs des médicaments. Par ailleurs, la thérapeutique de Paracelse se soumet à la tradition astrologique dans le choix du moment propice à l'administration de la cure: «Si le ciel ne t'est pas favorable et ne consent pas à diriger ton remède, tu n'arriveras à rien.» Parallèlement à la fabrication de ses remèdes chimiques, Paracelse continue à utiliser toutes sortes de méthodes issues de l'occultisme, s'attirant ainsi une douteuse réputation de magicien. En effet, le grand hermétiste croit en l'efficacité des figurines d'envoûtement, il dessine de nombreuses amulettes et figurines et fait un usage curatif des rythmes musicaux, plus précisément des formules vibratoires. Son traité De vita longa est consacré à l'analyse des conditions permettant d'obtenir la longaevitas, la «longue vie», qui d'après Paracelse peut atteindre mille ans. Enfin, dans un passage insolite du Prognostic, Paracelse parle du procédé à suivre pour préparer un homunculus, c'est-à-dire pour créer la vie. On comprend pourquoi Paracelse inspira à Goethe le personnage de Faust.

 

PARACELSE.  MḖDECIN ALCHIMISTE « PHILOSOPHER PAR LE FEU »

Patrick RIVIḔRE

Edition de VECHI

 2000

Génie pour les uns, médecin maudit et imposteur pour les autres, il apparaît encore aujourd’hui embrumé de mystères. Il se présente comme médecin, philosophe spiritualiste, théologien et humaniste. Il exalte les vertus de la nature en parcourant toute l’Europe. Les remèdes chimiques sont aussi anciens que l'histoire de la médecine, mais ils ne commencèrent à être spécifiques aux maladies qu'au début du XVIIe siècle. À cette époque, les théories qui avaient fondé les pratiques médicales de l'Occident depuis l'Antiquité commencèrent en effet à être ébranlées, dans l'un des affrontements les plus âpres de l'histoire des sciences. Les débats actuels entre les tenants des médecines « conventionnelle » ou « alternative » font pâle figure auprès de ceux qui opposèrent alors les tenants du « nouveau » et de « l'ancien » système de la médecine.

 

Au début du XVIe siècle, la théorie dominante en médecine était celle élaborée par des médecins antiques tels qu’Hippocrate et, surtout, Galien. Selon eux, la santé humaine était gouvernée par quatre fluides corporels, appelés les humeurs : le sang, le phlegme, la bile noire et la bile jaune. Toute maladie, disaient-ils, provenait d'un déséquilibre de ces humeurs, et les docteurs avaient pour tâche de le corriger. Ils pouvaient le faire de plusieurs façons : par un régime et des exercices appropriés ou, très souvent, par des saignées qui enlevaient un « excès » de sang. Des médicaments aussi étaient utilisés, mais ils n'avaient qu'une visée générale, la restauration de l'équilibre humoral, et n'étaient pas destinés à traiter une affection particulière. Le meilleur exemple de ce caractère attrape-tout de la pharmacologie traditionnelle est la thériaque. Mise au point par des médecins antiques pour contrer l'action de tous les poisons et de tous les venins, la thériaque est progressivement devenue une panacée, prétendument efficace contre tout, de la dépigmentation de la peau aux troubles cardiaques, en passant par l'épilepsie et les blessures. Galien utilisait une recette de thériaque créée par Andromaque, médecin de Néron, qui comptait 64 ingrédients, dont la chair de vipère. Il fallait quarante jours pour la fabriquer, et on devait attendre douze ans avant de l'utiliser.

 

Les docteurs étant généralement des notables qui tiraient le plus grand profit de leur activité, ils ne voyaient pas d'un bon oeil les remises en question de leurs pratiques. L'une des plus violentes de ces remises en question, et finalement l'une des plus efficaces, fut le fait de l'alchimiste et médecin suisse Theophrastus Bombast von Hohenheim, qui se faisait appeler Paracelse. Il était persuadé que l'ancienne conception de la médecine, avec sa doctrine des quatre humeurs, était fausse. Il brocardait les idées d'Hippocrate et de Galien, affirmant que l'on trouvait des traitements plus efficaces dans la médecine populaire pratiquée par des guérisseurs qui n'étaient pas allés à l'université. Au début du XVIe siècle, Paracelse, qui était né en 1493, parcourut l'Europe, collectant du savoir médical auprès de toutes les sources qu'il rencontrait : guérisseurs de village, barbiers, moines, alchimistes, etc. L'intérêt d'un remède, disait-il, n'était pas évalué par sa conformité aux recommandations d'un livre ancien, mais par l'« expérience » qui montrait son efficacité.

 

Ce caractère empirique de la médecine de Paracelse ne l'empêchait pas d'avoir un fondement théorique. Il construisit même un cadre entièrement nouveau pour la médecine, centré sur l'alchimie. Et cette « philosophie chimique » n'expliquait pas seulement la médecine : pour Paracelse, tous les phénomènes, de la météorologie à la minéralogie en passant par le pouvoir astral des étoiles et même la création biblique avaient leur source dans l'alchimie. En d'autres termes, c'était une sorte de théorie alchimique du tout. Jusque-là, les alchimistes s'étaient surtout intéressés aux substances minérales. Paracelse, lui, pensait que l'alchimie expliquait aussi comment fonctionnaient le monde vivant et le corps humain. Lorsque nous mangeons, par exemple, un « alchimiste intérieur », appelé l'Archeus, sépare, disait-il, les « bons » ingrédients, qui entrent dans la constitution de la chair et du sang, des « mauvais », qui sont rejetés comme déchets. Exactement comme les alchimistes procédaient à des séparations et à des purifications afin de transformer en argent et en or les métaux de base, tels le fer et le plomb.

 

Selon Paracelse, les maladies aussi étaient d'origine chimique, et pouvaient donc être traitées avec des remèdes chimiques. La goutte, disait-il, est causée par l'accumulation dans le corps d'une substance qu'il nommait « tartre » nom formé à partir du Tartare, lieu de torture des damnés dans les Enfers grecs. Il comparait le dépôt de tartre dans le corps à l'apparition de dépôt blanc de « sel » dans les barriques de vin cette substance est formée principalement d'un composé présent dans le jus de raisin, qui a conservé le nom d'acide tartrique. Certains aliments conduisaient à la formation de tartre. Il prescrivait donc pour traiter la goutte - et des affections analogues telles que les calculs rénaux - des médicaments capables de « ramollir » et d'expulser le tartre. Il n'était pas loin de la vérité : la goutte est effectivement causée par la précipitation de sels en fait, d'acide urique dans les articulations, tandis qu'un autre sel l'oxalate de calcium forme les calculs rénaux.

 

Ainsi, Paracelse unifia-t-il l'alchimie métallurgique et les traitements médicaux utilisant des médicaments chimiques. En quelque sorte, on pourrait dire qu'il a créé une nouvelle alchimie, la « bio-alchimie ». La biochimie moderne repose sur cette même idée, que les principes chimiques qui gouvernent le fonctionnement du corps sont identiques à ceux qui opèrent dans le reste de la nature. Plus important encore, Paracelse affirmait que le médecin devait comprendre la chimie du corps, et ensuite utiliser ce savoir pour imaginer et préparer les remèdes chimiques destinés à résoudre le problème à l'origine de l'état médical en question - le médicament devait être adapté à la maladie. En outre, la dose avait aussi son importance. Certains produits, toxiques à haute dose, étaient d'excellents remèdes en petites quantités. C'est sur cette base qu'il critiqua le traitement classique de la syphilis, une maladie alors nouvelle, qui avait explosé en Europe dans les années 1490, avec des « doses de cheval » de mercure, qui ne pouvaient à l'évidence faire que plus de mal que de bien. « Le poison, écrivit-il, est dans la dose. »

 

Paracelse ne s'embarrassait pas de nuances dans sa dénonciation de la médecine traditionnelle, traitant d'« ânes pouilleux » les médecins qui paradaient dans leurs belles robes. Cette propension à insulter ses nombreux ennemis explique en partie qu'il ait dû batailler pour que ses livres soient publiés de son vivant. Bien qu'il ait acquis une réputation presque légendaire de guérisseur, il ne devint jamais durablement riche ou influent. Lorsqu'il mourut dans le dénuement à Salzbourg, en 1541, il ne laissait pas une oeuvre imprimée très importante. Mais la graine qu'il avait plantée continua de grandir : à partir des années 1560, ses livres commencèrent à être publiés par des médecins et des philosophes qui adhéraient à ses thèses. Sous cette forme imprimée, Paracelse acquit une formidable réputation posthume. Cela peut sembler étrange. Il n'était, après tout, ni le premier ni le seul à avoir remis en question la médecine conventionnelle. Ses écrits étaient parfois passionnés, bien écrits et clairs, mais souvent il s'agissait de diatribes incompréhensibles, avec une série impressionnante de néologismes et quantité de contradictions apparentes. Et bien souvent aussi, il avait complètement tort : beaucoup de ses remèdes étaient sans doute aussi inefficaces que les remèdes traditionnels.

 

Il est vraisemblable que l'émergence de la médecine paracelsienne se soit produite en partie parce que celle-ci s'accordait avec l'air du temps, où toutes sortes d'idées anciennes étaient critiquées, en matière religieuse autant que scientifique. Le médecin flamand Andreas Vesalius, dont le livre de référence sur l'anatomie avait été publié en 1543 par un ancien assistant de Paracelse, avait entamé l'attaque envers les idées galéniques sur le corps. La même année, Copernic changeait la forme de l'Univers. L'humanisme de la Renaissance avait transformé le dessin, la peinture et la sculpture jusqu'à les rendre méconnaissables ; Cervantès, Érasme et Rabelais avaient transformé la littérature. Et, avec le protestantisme, beaucoup de princes et de rois avaient trouvé un prétexte pour secouer le joug oppressif de Rome et du Saint Empire romain. La médecine paracelsienne devint une façon parmi d'autres de se rallier aux idées progressistes. À la fin du XVIe siècle, les débats suscités par la médecine paracelsienne se complexifièrent. Par exemple, le médecin allemand Andreas Libavius rejetait les paracelsiens comme d'ignorants brasseurs de vent, accumulant les erreurs au laboratoire en méconnaissant les principes philosophiques, quand ils n'escroquaient pas simplement leurs clients. Mais cela ne modérait en rien son enthousiasme à propos de l'alchimie elle-même, à laquelle il consacra en 1597 un ouvrage élogieux intitulé, justement, Alchemia. Libavius n'aimait pas la façon dont l'alchimie était effectivement pratiquée, et en particulier les tendances des paracelsiens à la pensée mystique. « Certains adeptes de la chimie diffèrent peu des magiciens », écrivait-il. Mais son objectif n'était pas d'éliminer la médecine chimique, seulement de l'enlever des mains des paracelsiens pour en faire une véritable science.

 

L'humaniste Guinter von Andernach affirmait que les idées de Paracelse étaient déjà présentes dans la médecine antique, réconciliant ainsi les anciens et les modernes. Ces médecins chimistes, qui utilisaient les traitements de Paracelse sans nécessairement adhérer à sa philosophie chimico-mystique, prirent au début du XVIIe siècle le nom de « iatrochimistes » du grec iatros, qui signifie « médecin ». Assez ironiquement, dans les pratiques quotidiennes des médecins, les différences entre galénistes et iatrochimistes n'étaient pas si grandes que chacun le prétendait. Les galénistes prescrivaient des remèdes chimiques, par exemple, tandis que Paracelse lui-même ne récusa jamais les saignées. Les désaccords concernaient surtout la façon dont les médecins justifiaient ce qu'ils faisaient : la recette venait-elle d'un livre de Galien, elle concernait implicitement l'équilibre des humeurs ; d'un ouvrage de Paracelse elle avait une interprétation alchimique.

 

Il y avait toutefois une distinction fondamentale. Les iatrochimistes soutenaient qu'ils étaient guidés par l'expérience, pas par la tradition : ils utilisaient un médicament parce qu'il était efficace, pas parce que Galien l'avait recommandé. Certains paracelsiens lurent certes Paracelse comme une source de dogme aussi impérative que Galien ; mais progressivement, c'est l'expérience qui l'emporta. Le philosophe anglais Francis Bacon, qui n'appréciait pas les certitudes arrogantes de Paracelse, inclut néanmoins la médecine chimique dans sa vision d'une science fondée sur l'expérimentation critique qu'il décrivit en 1620. Mais tandis que la médecine chimique devenait la pratique normale des docteurs, les théories alchimiques de Paracelse sur la guérison n'avaient pas le même succès. Au XIXe siècle, l'alchimie avait acquis une réputation de pseudoscience, réservée aux imbéciles, aux escrocs et aux charlatans - et Paracelse était souvent considéré comme les trois. En 1942 encore, un orateur affirma devant la Société royale de médecine du Royaume-Uni : « On ne peut pas dire que les élucubrations de Paracelse contribuèrent au progrès général de la médecine et de la science... car c'était un obscurantiste grossier et confus, pas un héraut de la lumière, du savoir et du progrès. »

 

Les positions quant aux origines alchimiques de la chimie et de la médecine sont heureusement un peu plus élaborées et nuancées aujourd'hui. Séparer le bon grain de l'ivraie dans la médecine chimique de Paracelse ne fut certainement jamais chose facile. Mais ce processus de séparation et de purification est, après tout, selon Paracelse, le coeur même de l'activité de l'alchimiste. Ceux-ci contribuèrent à l'abandon des conceptions antiques de la médecine, fondées sur les écrits de Galien. Leur influence fut particulièrement forte en France, grâce notamment à l'appui du roi Henri IV.

 

PARACELSE   -  LE MḖDECIN MAUDIT

Dr René Allendy

Edition Dervy

1990

Paracelse est né en 1493 à Einsiedeln (Suisse), dans l'ambiance de pauvreté rustique et de fierté populaire qui baignait alors les premiers cantons helvétiques qui lui inspira sans doute son célèbre principe: "N'est pas sujet d'autrui qui peut être son propre maître." (Ne sois pas un autre si tu peux être toi-même.) Emasculé dans l'enfance par un militaire, il était atteint de disgrâces physiques par lesquelles on a voulu expliquer son instabilité, ses penchants alcooliques et son irritabilité.

"La nature ne m'a pas tissé avec beaucoup de subtilité. Et il n'est pas dans l'habitude de mon pays d'utiliser des fils de soie. Nous n'avons pas été élevé avec des figues, de l'hydromel, du pain de froment; mais avec du fromage, du lait et du pain d'avoine: ce n'est pas avec cela que l'ont fait des jeunes gens subtils. Et ce que nous avons reçu étant jeunes, nous demeure attaché jusqu'à la fin de nos jours. Comparés aux personnes délicates, propres comme des chats et supérieurement raffinées, nous paraissons grossiers. Et nous ne nous entendons pas bien, nous qui avons grandi parmi les pommes de pin, avec ceux qui ont été élevés dans des habits de soie et par des mains de femme." Paracelse

Privé très jeune des soins de sa mère, Paracelse fut initié par son père aux joies et aux déboires du médecin praticien. Au Tyrol, puis dans la région minière de Carinthie, il prend conscience de l'existence d'une pathologie professionnelle. Il s'adonne malheureusement aussi à la magie et à l'occultisme auxquels il avait été initié par un prieur bénédictin.

Il fut en effet à la fois, un empirique grossier et superstitieux, un alchimiste et un astrologue de place publique, un vagabond mégalomane, colportant des brochures, des bibles et ses portraits, en Autriche, en Allemagne et en Italie où il étudie la médecine et il devient chirurgien militaire à Venise de 1516 à 1524.

En 1525, à Salzbourg, il pratique la médecine avec beaucoup de succès. Sa bonne réputation ne fait que s'accroître lorsqu'il sauve l'éditeur Johannes Froben il obtient alors le poste de médecin municipal et la chaire de médecine de Bâle en 1527. "Aussi bien à l'aube de cette année 1527, à l'heure où l'Europe est brassée par d'immenses courants intellectuels, où la science et le savoir frémissent sous la poussée de pensées nouvelles qui annoncent les grands moments à venir, aussi bien, dis-je, restant fidèle à ma tradition et aux règles que je me suis tracées, vous n'attendez pas de moi une leçon de conformisme, et vous avez raison." C'est ainsi que Paracelse débutait sa leçon inaugurale à Bâle en 1527 et qu'il concluait par "et maintenant, tous ensemble allons jeter au feu purificateur, les élucubrations livresques de Galien et d'Avicenne."


Mais l'exaltation et l'outrecuidance dont il fait preuve dans sa leçon inaugurale provoquent le scandale. Protégé jusqu'ici par Froben, Paracelse est contraint de quitter la ville à la mort de celui-ci. Il trouve refuge à Colmar et reprend ses pérégrinations à travers toute l'Europe, surtout en Allemagne du sud. Durant ces années d'errance, il étudie les maladies, passe beaucoup de temps avec les paysans afin d'apprendre d'autres façons de soigner. Il écume alors les tavernes, provoquant avec ses compagnons d'un soir des "joutes alcooliques."

 

La conception élevée qu'il se fait de sa profession le pousse à se dévouer sans compter au chevet de ses malades pendant l'épidémie de peste de 1534 dans le Voralberg et le Tyrol. Rompant avec la tradition, il enseigne et écrit ses livres en allemand et non en latin et admet dans sa classe des chirurgiens-barbiers. Son oeuvre est un ensemble confus, parfois inintelligible et sur les 99 travaux publiés 50 ans après sa mort, une dizaine tout au plus sont authentiques. Les conceptions théoriques de Paracelse tiennent dans l'histoire de l'évolution médicale une place beaucoup moins importante que les quelques intuitions admirables. Rejetant ouvertement la tradition galénique, Paracelse récuse la vieille croyance selon laquelle les maladies proviennent d'un déséquilibre dans les humeurs et signale le rôle des facteurs externes. Ses théories constituent un échafaudage surprenant où se combinent la médecine, la philosophie, l'alchimie, l'occultisme et l'astrologie. Malgré ses erreurs, Paracelse ce bâtisseur d' "entités" cet abstracteur de "quintessences", s'élève au rang des figures originales de l'histoire médicale, notamment lorsqu'il ose proclamer au début du XVI ème siècle: "Bien peu de médecins ont une connaissance exacte des maladies et de leurs causes; mais mes livres ne sont pas écrits comme ceux des autres médecins qui se sont bornés à copier Hippocrate et Galien; je les ai composés en me fondant sur l'expérience qui est la plus grande maîtresse de toutes choses, et au prix d'un labeur inlassable." Il préconise l'enseignement clinique, déjà en faveur auprès des arabes mais pratiquement ignoré en Europe.

 

Convaincu de l'importance de l' "alchimie" en pathologie il est le premier à tenter d'établir un système complet. "L'homme est un composé chimique; les maladies ont pour cause une altération quelconque de ce composé: il faut donc des médicaments chimiques pour combattre les maladies." Il a introduit la pratique de l'emploi des composés chimiques et a donné d'excellentes notions sur un grand nombre de médicaments: l'opium, le mercure, l'arsenic, le soufre, l'antimoine surtout. A cet égard, Paracelse est donc un précurseur, il est sinon le père, au moins le "grand-père" de la chimiothérapie moderne et de l'homéopathie. Il développe l'usage des métaux non-toxiques dans les traitements médicaux. C'est ainsi qu'il propose la médication "martiale" contre les anémies en se basant sur des arguments plus astrologiques qu'expérimentaux. Cette théorie eut le mérite de mettre l'accent sur les grands principes régissant le comportement des substances et influença la pratique de la chimie. Il identifie également la silicose et la tuberculose comme maladies professionnelles chez les mineurs et découvre que la syphilis peut être congénitale.

 

Enfin, il est un adepte des cures thermales dont il élabore les bases scientifiques.  Il signale sans ambiguïté les propriétés anesthésiques de "l'eau blanche", obtenue en faisant agir de l'acide sulfurique sur de l'alcool. A ce liquide très volatil, l'allemand Froben donnera le nom d'éther. Paracelse précise que ce produit "d'un goût agréable, fait tomber les poulets dans un sommeil profond dont ils s'éveillent sans en subir aucun dommage son emploi est recommandé pour le traitement des maladies douloureuses." étant donné que Paracelse appartenait à la religion réformée ou sympathisait avec elle, les protestants adoptèrent avec enthousiasme ses théories chimiques, aussi ses disciples vont-ils surtout se rencontrer parmi les maîtres de la faculté de Montpellier et parmi les médecins d'Henri IV.

 

Son seul mérite est d'avoir donné en tant qu'alchimiste, une certaine impulsion à l'emploi des substances chimiques en thérapeutique. Son renom tient au fait que dans certains passages du Paramirum, il affirme que les semblables guérissent par les semblables et dans les autres cas il conseille l'emploi de doses infinitésimales. Aussi les homéopathes en font un précurseur d'Hahnemann. Ils se sont ainsi rattachés à l'occultisme et à la médecine spagyriste, ce qui leur a nui incontestablement dans les milieux scientifiques. De retour à Salzbourg, il y meurt le 24 septembre 1541. Il est regrettable que ses extravagances, ses prétentions, sa violence, ses beuveries, qui par ailleurs ont fait de sa vie un véritable roman, aient jeté une ombre fâcheuse sur le mérite de ce médecin maudit et original.

 

PARACELSE.  PORTRAIT D’UN REBELLE

ROBERT   DELAVAULT

Edition DU COSMOGONE

 2000

Théophraste Bombast  von  Hohenheim, dit Paracelse, naît alors que s’achève le Moyen Age. L’auteur trace ici le portrait de cet homme à la puissante personnalité : il guide le lecteur dans les pas de cet éternel rebelle  à la vie errante remplie d’aventures fertiles en péripéties , si Paracelse subira encore l’influence du  Moyen Âge  sur ses conceptions en astrologie , sa recherche d’une démarche logique dans l’observation , sa critique de l’alchimie traditionnelle qui ouvre la voie vers la chimie moderne , son rejet de la scolastique et  la défense acharnée de son libre arbitre , ses vues hardies sur la connaissance de l’homme et de l’univers , en feront un homme de la Renaissance

 

Ses idées , parfois  visionnaires , bouleversent l’ordre établi , défendues avec fougue et  rudesse de langage par ce médecin des pauvres , tenu de son temps pour un imposteur , elles seront la source de  toutes ses misères avant qu’il atteigne la notoriété que tout le monde désormais s’accorde à lui reconnaître. De  Zurich, pour se rendre à Nuremberg, Théophraste doit passer par Saint Gall, il a traversé  autrefois cette petite ville blottie dans une étroite vallée du plateau Suisse, c’est là qu’un roulier lui avait appris que la cité était passée dans les rangs de la Réforme, sous la poigne énergique du bourgmestre. En cours de route, il se souvient d’avoir entendu parler d’un riche commerçant, féru d’alchimie, qui réside en ville, l’envie lui vient soudain de poursuivre les recherches qu’il avait faites à  Schwaz, aux mines de Füger, sur l’usage des métaux dans le traitement des maladies.



Cet alchimiste pourrait me comprendre songe-t-il, m’accueillir peut être, et me permettre de travailler auprès de lui ? Le hasard me sert, tentons l’aventure. Le laboratoire où va œuvrer Paracelse est une vaste pièce à l’unique et large fenêtre donnant sur la vallée, à l’opposé sous une hotte, un large fourneau voisine avec le coffre à charbon, et un tas de rondins taillés sur mesure ; un grand bac rempli d’eau, un seau, sont là pour étouffer un début d’incendie. Des soufflets sont accrochés au mur, des chaudrons reposent sur le carrelage de grès, avec des tamis, des paniers remplis de minéraux,  un marteau à portée de main pour les concasser sur un bloc de pierre.

 

Sur des étagères s’entassent des cornues, des mortiers,  des pots de grès, les poids d’une balance suspendue à une poutre, non loin de là, un alambic de cuivre est posé sur un petit foyer à grille, et, sur une tablette, s’alignent des flacons d’élixirs de toutes les couleurs. La nuit venue un candélabre accroché au plafond éclaire le local souvent enfumé par les vapeurs qui s’élèvent du fourneau, Paracelse et ses deux  aides  portent un tablier de gros cuir et des bas-de-chausses épais, qui les protègent  de l’ardeur du foyer. Quelques tabourets, et, pour le maître une chaise de bois à haut dossier, recouverte de grosse toile. Devant, une table où il pose ses papiers et parchemins, à côté, un pupitre sur lequel il écrit debout. Il a rangé des livres, derrière lui, sur une planche fixée au mur, où est pendue sa rapière. Au travail Paracelse ne cesse de secouer ses aides, exige d’eux d’arriver à l’heure, tôt le matin et repartir tard le soir, c’est à peine s’il prend le temps de déjeuner d’un quignon de pain frotté à l’ail, et d’avaler un verre de vin. Il voue aux gémonies Oporinus qui n’est plus là  à  ses côtés, pour écrire sous sa dictée «  que de temps perdu » grommelle t’il  quand il doit saisir la plume d’oie.

 

Il paie de sa personne, concasse les minerais, les trie, surveille les fusions, les évaporations, rien n’échappe à ses yeux…il s’essuie le front couvert de sueur, noir de suie ….des flammèches s’échappent parfois du foyer, qui vont former de petites cloques  sur son crâne qui commence à se dégarnir……………..

 

PARACELSE – UN DIALOGUE AVEC L’UNIVERS.

Renée-Paule GUILLOT

Edition DERVY

 2000

L’auteur tente dans cet ouvrage à partir des écrits de Paracelse, en restituant le contexte historique, philosophique et religieux de l’époque, de retracer la vie de ce grand médecin qui fut surtout alchimiste et thaumaturge.

 

Paracelse s'était attaché à appliquer la devise "alchimique" : solve et coagula ("dissous et coagule") pour la préparation particulière de ses nombreux remèdes. Le terme même de "spagyrie" s'en trouvait directement issu ainsi que son étymologie ne manquait pas de le souligner : "spao" signifiant en grec "extraire" et 'ageiro, agerein", "rassembler" ; or, pour séparer et extraire, ne fallait-il pas nécessairement dissoudre, ainsi que pour recombiner, rassembler, ne convenait-il pas de coaguler ! Mais de quoi s'agissait-il au juste, sinon des principes essentiels résidant au sein des trois règnes végétal, minéral et animal.
 

Le dessein principal de la Spagyrie consiste donc bien à séparer la matière subtile de la matière grossière et tangible d'un "mixte" - corps composé, de l'un des trois règnes - dans un but de "purification" et, par voie de conséquence "d'évolution", afin de transmettre les vertus régénérées du "mixte" à tout individu dont la santé est éprouvée par un quelconque déséquilibre.

 

"La Spagyrie est une science qui nous apprend à diviser les corps, à les résoudre (réduire) et à en séparer les "principes" par des voies, soit naturelles, soit violentes. Son objet est donc l'altération, la purification et même la perfection des corps, c'est-à-dire leur génération et leur médecine.

 

C'est par la solution (putréfaction animale, fermentation végétale ou liquéfaction minérale) que l'on y parvient et l'on ne saurait y réussir si l'on ignore leur construction et leurs "principes" (le mot "principe" signifie ce de quoi une chose tire son origine et ce qui constitue l'essence de cette même chose).

Toutes les maladies sont inhérentes à un déséquilibre dans l'action de ces trois "principes". C'est pourquoi tout véritable remède est destiné à entretenir cet équilibre dans le corps et à le ramener si l'un des principes vient à dominer les deux autres avec trop de violence..."  Ainsi, en observant "dans la lumière de la nature et dans le miroir de la vérité" (selon l'expression chère à Paracelse), tout ce qui vit sous le soleil est d'essence triple, bien qu'étant "un" en apparence, qu'il s'agisse d'un minéral, d'une plante ou d'une substance animale. Chacun de ces composants subtils porte le nom de "principe de la matière" ; en analogie avec la tripartition métaphysique de l'Homme :"Corps - Ame - Esprit", les principes spagyriques se dénomment "Sel -Soufre - Mercure" -, ces derniers ne correspondant pas aux substances chimiques du même nom mais faisant référence à des notions infiniment plus subtiles.

 

Selon les Anciens "tous les corps sont faits de matière et d'esprit. La Matière est passive et inerte, tandis que l'Esprit est le principe vital-actif, empreint de l'Idée divine qui est cause d'évolution. Il est donc clair que la vertu des mixtes (corps composés d'atomes ou de molécules et tirés de la Nature) est dans l'esprit, et que cet esprit est beaucoup plus actif lorsqu'il est délivré de sa prison corporelle. Tout le côté physique de l'Art spagyrique réside dans cette séparation ou extraction. Pour obtenir cet esprit en puissance de son maximum de vertu, il le faut exalter ; pour l'exalter, il le faut mûrir (faire évoluer), et pour le mûrir, il faut corrompre son corps, à la façon dont le grain se putréfie dans la terre avant que de pouvoir germer. Or, cette putréfaction n'est autre que l'évolution de la matière, par laquelle les atomes de la substance se séparent des hétérogénéités, se resserrent, se purifient, s'exaltent et s'élèvent à une altitude beaucoup plus noble que n'était leur état primitif. Tout l'Art Spagyrique consiste à provoquer l'évolution de la matière pour la purifier et l'exalter, ce qui ne peut se faire que par de subtiles et longues opérations que les auteurs anciens ont laissées dans l'ombre".  

 

Les techniques de préparation des remèdes spagyriques exigent une connaissance approfondie de la Nature et du Cosmos : pour effectuer les récoltes (lieux et moments propices), pour mettre en oeuvre les fermentations, distillations, cohobation, sublimations, calcinations, digestions, etc... Ces manipulations de Laboratoire de nature "spagyrique" définissent l'ensemble des "opérations sur le minéral, le végétal, ou l'animal"; dans ce dernier cas, il s'agit le plus souvent de sous-produits animaux. Autrefois, le nombre des différentes opérations était plus conséquent ; pas moins d'une cinquantaine de manipulations sont décrites dans les ouvrages anciens, dont beaucoup sont tombées en désuétude, telles que "l'assation", la "réverbération", la "réincrudation", Les plus importantes qui se pratiquent couramment sont au nombre de sept:- dissolution ou décomposition (avec décantation et filtration), - fermentation ou putréfaction, - distillation et rectification (avec circulation ou rotation), - calcination ou cémentation, - sublimation ou exaltation, - cohobation ou réunion, - coagulation ou fixation.

 

C'est particulièrement dans le cas de substances toxiques, comme par exemple des plantes vénéneuses : Aconit, Hellébore, ... ou des métaux toxiques: Plomb, Antimoine, ... que le phénomène de purification spagyrique s'observe le mieux, puisque ces substances deviennent par l'Art de "souverains remèdes". En libérant les 3 principes de leurs impuretés initiales, la Spagyrie élimine totalement les poisons contenus dans les mixtes pour faire place à une sorte de perfection, ou "quintessence", au service de l'homme. Ainsi, la Spagyrie est souvent dénommée "Art des Quintessences" dont on dit que les remèdes sont ouverts et orientés, ce qui signifie qu'ils sont devenus totalement assimilables par l'organisme et qu'ils sont en correspondance énergétique et cosmologique avec les organes à traiter. 

 

"Le savoir traditionnel a pour premier caractère une conception unitaire du Cosmos"  écrivait Paracelse. En effet, 'la création du Monde étant la création par excellence, la cosmogonie devient le modèle exemplaire de toute espèce de créa-t-on". Jusqu'à la fin du Moyen-âge, l'homme s'est toujours senti lié au Cosmos et c'est par la pensée analogique qu'il a pu effectuer des rapprochements subtils entre les innombrables domaines du monde manifesté. Paradoxalement, cette forme de pensée verticale ou spirituelle qu'est l'analogie ne s'oppose en rien à la pensée rationnelle ou scientifique que nous pouvons qualifier d'horizontale. D'ailleurs, certaines sciences modernes telles que l'écologie ne redécouvrent-elles pas cette interdépendance universelle que les Anciens respectaient tant sous le nom de "Théorie des Signatures" ? 

 

Il faut étudier à nouveau Paracelse pour poser les bases de cette quête philosophico-scientifique: - au sujet d'une philosophie de l'invisible :

"Qu'est la nature sinon la philosophie, et la philosophie sinon la découverte de l'invisible nature ? "

"Les étoiles sont visibles, mais elles ne constituent pas pour autant le Ciel"

"Le ciel agit en nous, mais pour connaître l'essence de cette action, il faut connaître les propriétés du ciel et des astres..."

"Celui qui désire devenir un vrai thérapeute doit chercher à comprendre la composition d'une prescription selon la conjonction des herbes et des astres du firmament."

- "La nature donne une Lumière par laquelle elle peut être connue dans sa clarté propre."

"La nature est une lumière qui luit plus que la lumière du soleil... au-dessus de tout regard et de toute puissance des yeux. Dans cette lumière, les choses invisibles deviennent visibles." - au sujet des signatures :

"Il n'y a rien sur quoi la nature n'ait apposé sa marque, et c'est par là que nous pouvons connaître ce que recèlent les choses ainsi signées." 

 

PARACELSE – LES 7 LIVRES DE L’ARCHIDOXE

Préface du Dr Marc HAVEN

Edition  NICLAUS

 1960

100 Gravures et tableaux – 8 Planches et un portrait de Paracelce. Cet ouvrage de Paracelce parle et décrit en langage alchimique la sexualité de l’époque, comment la guérir, l’améliorer, ainsi que d’autres maladies.

 

Réimpression de ce curieux ouvrage qui contient des secrets et des talismans précieux contre diverses maladies, pour l’amour, la réussite en affaires, la confusion des ennemis, etc.

 

 Introduction Préface et Traduction par Marc Haven -  Le livre : Extrait de la Préface  "Au commencement du XVIe siècle, alors que toute la science somnolait en répétant les oracles d’Avicenne et de Galien, apparait un homme à la voix forte, médecin et chimiste, qui se dresse en adversaire des lois établies, brûle les livres médicaux des Grecs et des Arabes, parle philosophie en langue vulgaire, guérit les malades contre toutes les règles de l’art et court l’Europe, buvant avec le premier venu, bataillant avec beaucoup, étudiant avec tous..."

 

L’auteur: Né en 1493 ou en 1494 en Suisse centrale et décédé le 24 septembre 1541 à Salzbourg en Autriche, Paracelse, né Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, est un alchimiste, astrologue et médecin suisse,

 

Cet esprit rebelle et mystique de la Renaissance est à l’origine de pensées très modernes : "Certains n’hésitent pas à faire de Paracelse le précurseur de toute science de la médecine du travail et de l’homéopathie et le rénovateur de la médecine (et de la chirurgie2, de la toxicologie et de la psychothérapie)."

 

PARACELSE   -  le trÉsor des trÉsors des alchimistes

Paracelse

Edition Phœnix

 1978

Petite plaquette ou Paracelse, développe le secret du mercure, du souffre du phénix et de l’aigle. En effet, ni la Médecine Homéopathique et ni, à fortiori, la Médecine Allopathique, ne peuvent s'en réclamer à bon droit, tant cette "Médecine de Paracelse" offre des aspects originaux et multiples Paracelse emprunta largement à "l'Hermétisme" médiéval - voilant pudiquement les termes "d'alchimie" et de "magie naturelle" - la matière ésotérique de son oeuvre. En réalité, loin de se cantonner à la seule pratique de la médecine hippocratique", Paracelse s'avéra être un authentique "philosophe par le feu" ("philosophus per ignem"), c'est-à-dire un remarquable "alchimiste" doublé d'un médecin doté d'une réelle efficacité (2). D'ailleurs, n'écrivait-il pas à cet égard, à l'encontre du caractère péjoratif entachant "l'Alchimie" : "L'alchimie qu'ils déshonorent et prostituent n'a qu'un but : extraire la quintessence des choses, préparer les Arcanes, les Teintures, les Elixirs capables de rendre à l'Homme la santé qu'il a perdue".

 

Il s'agissait bien en effet pour lui, de concilier des expériences d'origine apparemment empirique à la sublime réalisation de "l'Ars Magna". Il y parvint magistralement car lui seul sut fidèlement transposer les lois "alchimiques" dans le domaine médical ou "Iatrochimique" (de "iatros" = médecin) "Je vous ferai connaître la Teinture, l'Arcane ou la Quintessence donnant la clef de tout mystère. Chacun peut se tromper et ne doit se fier qu'à l'épreuve du feu. En spagyrie, comme en médecine, il faut toujours attendre que le feu ait séparé le vrai du faux. La lumière de la Nature nous indique ce que nous devons admettre" ("De la teinture des physiciens", chap. I).

 

C'est ainsi que Paracelse fut amené à appliquer les lois "alchimiques" dans le domaine médical, sous le terme générique qu'il innova : la Spagyria (la "Spagyrie"), pour désigner la "Médecine hermétique" et la préparation des remèdes thérapeutiques qui en émanent directement. Et c'est grâce à cette "médecine" - révolutionnaire en soi -, à des heures de celles d'Hippocrate et de Galien, que Paracelse contribua très largement à enrayer de son temps de nombreux fléaux, tels la peste, certaines maladies nerveuses, l'épilepsie, l'hystérie, etc. Aussi peut-on lire l'épitaphe suivante déposée sur sa tombe à Salzbourg: 'Celui qui a fait disparaître par son art merveilleux les plaies cruelles, la lèpre, la podagre, l'hystérie, et d'autres maladies incurables. 

 

Que recouvrait donc le terme de Spagyrie : Paracelse s'était attaché à appliquer la devise "alchimique" : solve et coagula ("dissous et coagule") pour la préparation particulière de ses nombreux remèdes. Le terme même de "spagyrie" s'en trouvait directement issu ainsi que son étymologie ne manquait pas de le souligner : "spao" signifiant en grec "extraire" et 'ageiro, agerein", "rassembler" ; or, pour séparer et extraire, ne fallait-il pas nécessairement dissoudre, ainsi que pour recombiner, rassembler, ne convenait-il pas de coaguler ! Mais de quoi s'agissait--il au juste, sinon des principes essentiels résidant au sein des trois règnes végétal, minéral et animal. Le dessein principal de la Spagyrie consiste donc bien à séparer la matière subtile de la matière grossière et tangible d'un "mixte" - corps composé, de l'un des trois règnes - dans un but de "purification" et, par voie de conséquence "d'évolution", afin de transmettre les vertus régénérées du "mixte" à tout individu dont la santé est éprouvée par un quelconque déséquilibre.

 

"La Spagyrie est une science qui nous apprend à diviser les corps, à les résoudre (réduire) et à en séparer les "principes" par des voies, soit naturelles, soit violentes. Son objet est donc l'altération, la purification et même la perfection des corps, c'est-à-dire leur génération et leur médecine. C'est par la solution (putréfaction animale, fermentation végétale ou liquéfaction minérale) que l'on y parvient et l'on ne saurait y réussir si l'on ignore leur construction et leurs "principes" (le mot "principe" signifie ce de quoi une chose tire son origine et ce qui constitue l'essence de cette même chose). On sépare les parties hétérogènes et accidentelles pour avoir ensuite la faculté de réunir et de conjoindre les homogènes. La méthode spagyrique dérive de la science hermétique ; tous les êtres sublunaires sont constitués par trois 'principes" : le sel, le soufre et le mercure.

 

Toutes les maladies sont inhérentes à un déséquilibre dans l'action de ces trois "principes". C'est pourquoi tout véritable remède est destiné à entretenir cet équilibre dans le corps et à le ramener si l'un des principes vient à dominer les deux autres avec trop de violence..."  Ainsi, en observant "dans la lumière de la nature et dans le miroir de la vérité" (selon l'expression chère à Paracelse), tout ce qui vit sous le soleil est d'essence triple, bien qu'étant "un" en apparence, qu'il s'agisse d'un minéral, d'une plante ou d'une substance animale. Chacun de ces composants subtils porte le nom de "principe de la matière" ; en analogie avec la tripartition métaphysique de l'Homme :"Corps - Ame - Esprit", les principes spagyriques se dénomment "Sel -Soufre - Mercure" -, ces derniers ne correspondant pas aux substances chimiques du même nom mais faisant référence à des notions infiniment plus subtiles.

 

Paracelse traduisit cette division en ces expressions succinctes :"l'Art les isole et les rend visibles, et ainsi : - ce qui brûle, c'est le "Soufre",- ce qui s'élève en fumée, c'est le "Mercure",- ce qui se résout en cendres, c'est le "Sel". Et de préciser en son "Traité des trois Essences Premières" "l'un est une liqueur, c'est le "Mercure", l'autre est une "oléité" ("oleitas", sorte d'huile), c'est le "Soufre", le troisième est un alkali, c'est le "Sel" de l'unité, tirez le nombre ternaire et ramenez ensuite le ternaire à l'unité." Cela implique donc que dans la pratique il convient d'extraire ces trois substances - voilées sous les vocables de "mercure", "soufre' et "sel" - de les purifier séparément, puis finalement de le conjoindre harmonieusement. Voilà qui donne bien tout son sens au terme de "Spagyrie" (extraire et rassembler). Quant aux processus d'extraction, ils seront bien entendu variables en fonction de la nature de la "matière" utilisée ; car, extraire le "soufre" des végétaux (huile des plantes) est chose aisée, mais des minéraux et des métaux, c'est évidemment bien plus complexe.

 

Selon les Anciens "tous les corps sont faits de matière et d'esprit. La Matière est passive et inerte, tandis que l'Esprit est le principe vital-actif, empreint de l'Idée divine qui est cause d'évolution. Il est donc clair que la vertu des mixtes (corps composés d'atomes ou de molécules et tirés de la Nature) est dans l'esprit, et que cet esprit est beaucoup plus actif lorsqu'il est délivré de sa prison corporelle. Tout le côté physique de l'Art spagyrique réside dans cette séparation ou extraction. Pour obtenir cet esprit en puissance de son maximum de vertu, il le faut exalter ; pour l'exalter, il le faut mûrir (faire évoluer), et pour le mûrir, il faut corrompre son corps, à la façon dont le grain se putréfie dans la terre avant que de pouvoir germer. Or, cette putréfaction n'est autre que l'évolution de la matière, par laquelle les atomes de la substance se séparent des hétérogénéités, se resserrent, se purifient, s'exaltent et s'élèvent à une altitude beaucoup plus noble que n'était leur état primitif. Tout l'Art Spagyrique consiste à provoquer l'évolution de la matière pour la purifier et l'exalter, ce qui ne peut se faire que par de subtiles et longues opérations que les auteurs anciens ont laissées dans l'ombre"  

 

En quoi consiste la pratique spagirique, Les techniques de préparation des remèdes spagyriques exigent une connaissance approfondie de la Nature et du Cosmos : pour effectuer les récoltes (lieux et moments propices), pour mettre en oeuvre les fermentations, distillations, cohobation, sublimations, calcinations, digestions, etc... Ces manipulations de Laboratoire de nature "spagyrique" définissent l'ensemble des "opérations sur le minéral, le végétal, ou l'animal"; dans ce dernier cas, il s'agit le plus souvent de sous-produits animaux. Autrefois, le nombre des différentes opérations était plus conséquent ; pas moins d'une cinquantaine de manipulations sont décrites dans les ouvrages anciens, dont beaucoup sont tombées en désuétude, telles que "l'assation", la "réverbération", la "réincrudation", etc. Les plus importantes qui se pratiquent couramment sont au nombre de sept: - dissolution ou décomposition (avec décantation et filtration), - fermentation ou putréfaction,- distillation et rectification (avec circulation ou rotation),- calcination ou cémentation, - sublimation ou exaltation,- cohobation ou réunion,- coagulation ou fixation.

 

PARIS OCCULTE – ALCHIMISTES DE L’OMBRE

Bertrand Matot

Edition Parigramme

 2018

Alchimistes de l'ombre, spirites inspirés, mages sulfureux, traqueurs de fantômes et astrologues visionnaires Si Paris a toujours dialogué avec les forces de l'esprit, c'est au milieu du XIXe siècle que la fascination pour les sciences occultes prend une ampleur inédite. Dans les salons de la bonne société et jusqu'au palais des Tuileries – où Napoléon III tente d'entrer en contact avec son oncle –, on fait danser les tables pour communiquer avec l'au-delà et les fantômes. Tandis que les alchimistes s'enferment dans leurs cabinets, écrivains ésotériques, artistes médiums, photographes spirites, magnétiseurs et féministes spiritualistes se passionnent pour le surnaturel. Parallèlement, des savants émérites auscultent des spectres dans leurs laboratoires et des personnages étranges s'adonnent à des messes noires. De la Grande Guerre à l'Occupation, la vogue occultiste s'enrichit d'un cortège de personnalités extraordinaires mues par un désir de magie et de mysticisme. Les visions des mages continuent de prospérer dans la littérature, l'art, la presse et la politique : astrologues, voyantes, fakirs, devins et oracles deviennent les gourous des temps modernes.

 

Paris, 1857. Un célèbre médium écossais, Daniel Dunglas Home, est de retour en Europe après s’être fait connaître aux Etats-Unis. L’impératrice Eugénie demande immédiatement à le rencontrer. Un soir d’hiver, il se rend au palais des Tuileries. Reçu dans les appartements privés par Napoléon III, son épouse et quelques intimes, il impose le silence. Soudain, « d’énormes meubles que six hommes ne soulevaient qu’avec peine pour ôter les tapis, au printemps, commencèrent à s’agiter », rapporte la princesse de Metternich. Les chaises, les fauteuils volent. Les cristaux des lustres carillonnent, le piano se met à jouer tout seul, puis une main apparaît sur une table. « C’est la main de mon père ! », s’exclame Eugénie. L’empereur la touche à son tour et la lâche vivement : « Dieu, que c’est froid ! »

 

On peine à le croire aujourd’hui, mais l’Occident (dont la France et particulièrement sa capitale) fut saisi, dès le milieu du XIXe siècle, d’une fascination pour les sciences occultes. A l’époque, « il n’est quasiment plus un salon de la bonne société parisienne où l’on ne se préoccupe pas de faire danser les tables pour communiquer avec les morts », affirme Bertrand Matot, documentaliste, dans son bel album Paris occulte. Le Congrès spirite international .La guerre de 1914 amplifie la vogue occultiste. Cette fois-ci, c’est « Madame Fraya » qui est appelée au ministère de la guerre. L’ennemi n’entrera pas dans ­Paris, promet-elle. L’avenir lui donne raison. Durant ces années, « la presse identifie les Allemands au diable, spirites et voyantes rivalisent de prédictions patriotiques et, quand les morts sont enterrés, mères, épouses et sœurs cherchent encore à communiquer...

 

PESSOA FERNANDO  -   LES SECRETS DE LA BOUCHE DE L’ENFER

Emmanuel  Thibault

Édition L’Oeil du Sphinx

 2015

Autour de la correspondance entre Fernando Pessoa et Aleister Crowley

Sous la direction d’Emmanuel Thibault, qui a accompli un long et brillant travail pour donner le jour à ce volume, sont rassemblés la correspondance inédite en français entre Pessoa et Crowley et notamment la partie concernant le canular du faux suicide d’Aleister Crowley organisé par ces deux personnalités au site impressionnant de la Bouche de l’Enfer, situé à Cascais, ville de l’ouest de Lisbonne, la traduction de la nouvelle policière inachevée rédigée par Fernando Pessoa au sujet de l’événement et un diverses contributions qui permettent de mieux comprendre le contexte et la nature de la rencontre.

Françoise Laye dresse un beau portrait du poète Fernando Pessoa sous le titre Pessoa et le chat de Schrödinger. José Anes, qui a permis la reconnaissance de l’événement de la Bouche de l’Enfer comme un épisode à la fois important et divertissant de la vie de Pessoa, faisant du même coup du site un lieu désormais très touristique, s’est intéressé à Fernando Pessoa et l’ésotérisme crowleyien. Geneviève Béduneau propose Quelques remarques sur l’astrologie chez Crowley & Pessoa. Enfin, Emmanuel Thibault, sous le titre Les secrets de la Bouche de l’Enfer cherche à mieux comprendre l’impact de cette rencontre sur chacun des deux protagonistes à partir d’une analyse de leurs parcours si singuliers et de leurs héritages tout à fait extraordinaires tant au niveau culturel qu’au niveau ésotérique.

L’ouvrage autorise une meilleure connaissance de ces deux hommes si différents et de deux œuvres qui parfois se croisent, parfois se repoussent. C’est l’occasion aussi d’approcher la si riche tradition lusitanienne dont Fernando Pessoa est le premier représentant.

 

Fernando Pessoa n’est pas seulement un auteur majeur de la littérature du XXe siècle. Au Portugal, les poètes portent souvent la double fonction philosophique et prophétique. Fernando Pessoa a ainsi établi, ou rétabli, les grands mythes fondateurs du Portugal dans leur dimension métaphysique et universelle : le Cinquième Empire, le Roi Caché et l’Ordre sébastianiste, le Culte du Saint Esprit notamment.

 

Sa rencontre avec Aleister Crowley, en qui nous voyons surtout le mage mais qui fut aussi, en son propre style, un artiste et un poète, paraît improbable, l’un de ces clins d’œil dont le destin a le secret et qui se caractérise par l’épisode de la Bouche de l’Enfer. Il convient de regarder au-delà de ce qui se donne à voir, dans les aspects contingents de la rencontre, au-delà des « faire » ou des « avoir », pour découvrir ce que ces deux êtres pouvaient avoir à s’offrir l’un à l’autre, dans un temps limité, qui allait contribuer à leurs œuvres respectives.

 

Certains le classe parmi les plus grands écrivains de tous les temps. Il écrivait en anglais ou en portugais, mais n’a quasiment rien signé de son nom (sauf des articles dans les journaux) et a très peu publié de son vivant. En portugais « pessoa » signifie : « personne ». L’écrivain n’a pratiquement jamais publié sous son nom, mais sous une multitude de pseudonymes qu’il appelait ses « hétéronymes » tant chacun correspondait à une personnalité différente.

Fernando Pessoa est né à Lisbonne en 1888. Son père est employé à la secrétairerie d’État et critique musical, il meurt 1893 de la tuberculose. Sa mère se remarie avec le Consul du Portugal à Durban. En Fernando Pessoa s’embarque avec sa famille pour l’Afrique du Sud, il commence à apprendre l’anglais. Il est l’un des meilleurs élèves de la Durban High School, puis fréquente l’université du Cap et commence à écrire en anglais. Il écrira des poèmes dans cette langue jusqu’en 1921.

« Après son retour définitif d’Afrique du Sud en 1905, à l'âge de 17 ans, Pessoa n’a plus jamais voyagé. Il n’a pratiquement plus quitté Lisbonne; et l’on peut même dire qu’il a passé tout le reste de sa vie, c’est-à-dire trente ans, dans un espace assez restreint pour qu’on puisse le parcourir à pied. Entre la place São Carlos, où il est né, et l’hôpital Saint-Louis des Français, où il est mort, il y a à peine un kilomètre. Entre la ville basse (la Baixa), où il travaillait, et le Campo de Ourique, où il a résidé de 1920 à sa mort, il y a environ trois kilomètres. Dans cette bande étroite de tissu urbain, le long du fleuve, il n’a guère cessé de déambuler, du château São Jorge et de la place du Figuier, à l’est, au port d’Alcantara, à l’ouest. Les deux lieux à mon sens les plus chargés de poésie, les plus magiques, sont ceux où l’on peut encore aujourd’hui le retrouver dans les cafés qu’il fréquentait ; la place du Commerce, appelée autrefois Terreiro de Paço (esplanade du Palais), où la ville s’ouvre sur le Tage, et où la table du poète, au café Martinho da Arcada, est restée telle quelle; et le Chiado, à la jointure entre la ville basse et le quartier haut, le Bairro Alto ; là, à la terrasse de la Brasileira, le café qu’il aimait, la statue du poète, grandeur nature, est aujourd’hui assise, pour l’éternité, et n’importe quel consommateur peut s’attabler avec lui pour ce pèlerinage qui ne ressemble à aucun autre. »


Grâce à l’héritage de sa grand-mère, il ouvre en 1907 un atelier de typographie qui sera vite un désastre financier. L’année suivante, il entre au journal Comércio en tant que « correspondant étranger » et travaille comme traducteur indépendant pour différentes entreprises d’import-export, ce qui sera jusqu’à sa mort sa principale source de revenu. En 1915, il crée la revue Orpheu qui marque sa véritable position dans le monde littéraire. Sa liberté de ton choque aussi bien la critique que le public. La revue ne comptera que deux numéros. En 1917, il publie Ultimatum, inspiré du Manifeste futuriste de l’italien Marinetti. En 1921, Fernando Pessoa lance avec quelques amis la maison d’édition librairie Olisipo qui publiera quelque uns de ses poèmes en anglais. À partir de 1922, il collabore assidûment à la revue littéraire Contemporânea, puis à la revue Athena qu’il a contribué à fonder en 1924…

De 1920 à sa mort en 1925, il recueille sa mère veuve et invalide, rentrée au Portugal. À partir de 1925, il vit avec sa sœur Henriqueta et son beau-frère le colonel Caetano Dias. Fernando Pessoa a, pendant quelques années, une histoire d’amour avec une certaine Ophélia à laquelle il ne donnera pas de suite. « Pendant trente ans, de son adolescence à sa mort, il ne quitte pas sa ville de Lisbonne, où il mène l'existence obscure d'un employé de bureau. Mais le 8 mars 1914, le poète de vingt-cinq ans, introverti, idéaliste, anxieux, voit surgir en lui son double antithétique, le maître "païen" Alberto Caeiro, suivi de deux disciples : Ricardo Reis, stoïcien épicurien, et Álvaro de Campos, qui se dit "sensationniste". Un modeste gratte-papier, Bernardo Soares, dans une prose somptueuse, tient le journal de son "intranquillité", tandis que Fernando Pessoa lui-même, utilisant le portugais ou l'anglais, explore toutes sortes d'autres voies, de l'érotisme à l'ésotérisme, du lyrique critique au nationalisme mystique. Pessoa, incompris de son vivant, entassait ses manuscrits dans une malle où l'on n'a pas cessé de puiser, depuis sa mort en 1935, les fragments d'une œuvre informe, inachevée, mais d'une incomparable beauté. »


« Alberto Caeiro à peine né, je m’employai aussitôt (…) à lui trouver des disciples. J’arrachai Ricardo Reis, encore latent, à son faux paganisme. Je lui trouvais un nom et l’ajustai à lui-même, car à ce moment je le voyais déjà. Et voici que soudain, par une dérivation complètement opposée à celle dont était né Ricardo reis, apparut impétueusement un nouvel individu. D’un seul trait, à la machine à écrire, sans pause ni rature, jaillit l’Ode triomphale d’Alvaro de Campos – l’ode avec son titre et l’homme avec le nom qu’il porte. » (Fernando Pessoa)

En 1934, Fernando Pessoa remporte le prix Antero de Quental pour Message, sorte d’épopée d’un patriotisme universaliste (son unique livre publié de son vivant). L’année suivante, il refuse d’assister à la cérémonie de remise des prix Antero de Quental, présidée par Salazar. En octobre 1935, en guise de protestation contre la censure, il décide de ne plus rien publier au Portugal. Il meurt le 2 décembre, pauvre et méconnu du grand public.

En 1968, seulement, on commence l’inventaire de la malle où il entreposait ses écrits. On découvre plus de 27 000 manuscrits signés par soixante-douze auteurs différents. Par le jeu de ses hétéronymes, mystérieux doubles littéraires, Pessoa entendait être toute la littérature portugaise à lui seul. « Pessoa, comme d’ailleurs Frantz Kafka, souffre à posteriori d’une réputation d’homme solitaire et triste, voué aux tourments métaphysiques d’une existence placée sous le signe du désespoir. C’est trop vite confondre l’homme et l’œuvre, même si le désir de disparaître la plupart du temps derrière les travestis de ses personnages (Pessoa étant devenu l’un d’eux) est évident. Il fréquente un cercle d’amis dans les cafés, publie des billets et des articulets dans les journaux et les revues lisboètes, se mêle d’édition et rêve d’être le chef de file d’un mouvement d’avant-garde, l’intersectionnisme. » (Extrait d’un article de Gérard-Georges Lemaire, Le Magazine littéraire, mars 2000) Parmi ses amis les plus proches : les écrivains Mário de Sá Carneiro, José de Almada-Neigreiros, Luís de Montalvor...

Finalement reconnu comme l'un des grands écrivains portugais, il repose depuis 1985 au fameux monastère des Hiéronymites, sur les bords du Tage, auprès des cénotaphes de Vasco de Gama et de Camões. Il est traduit un peu partout dans le monde, son œuvre est sujet de nombreuses thèses universitaires.

 

Aleister Crowley : L’homme qui aimait à se faire appeler « la Grande Bête 666 » et qui fut surnommé « l’homme le plus diabolique de l’Histoire » était plus qu’un occultiste théâtral : Aleister Crowley est au cœur d’un des mouvements les plus influents des XXème et XXIème siècles. Il avait aussi des liens avec certaines des plus puissantes personnalités mondiales, ayant même travaillé avec les services secrets britanniques (MI-5). Cet article décrit la vie et l’œuvre de l’occultiste Aleister Crowley en examinant ses liens avec l’élite mondiale qui ont contribué à la propagation de la Théléma. Bien qu’il soit considéré comme l’occultiste le plus influent du XXème siècle et classé par la BBC comme le 73ème « plus grand Britannique de tous les temps », la majorité des gens n’a jamais entendu parler d’Aleister Crowley. Cet occultiste, mystique, et magicien des rituels anglais est incroyablement populaire dans certains cercles (occultistes, artistes, célébrités, etc) mais complètement inconnu du citoyen lambda. Et pourquoi devrait-il être connu ? Qu’a-t-il accompli ? Pour faire simple, il annoncé le changement radical de philosophie qui allait balayer la civilisation occidentale durant le XXème siècle. En fondant la philosophie de la Théléma et en annonçant la venue d’un nouvel éon, Aleister Crowley n’a pas seulement formulé le précepte philosophique majeur du XXIème siècle, il a aussi fait partie du moteur Illuministe qui l’a promue.

 

A cause des rites sexuels de Crowley, de sa consommation de drogues et de son implication dans la « Black Magick » (il avait ajouté un « k » à la fin du mot anglais pour « magie » afin de la différencier de la magie de divertissement), il fut critiqué et diffamé par la presse pendant toute sa vie. Cependant, des documents déclassifiés révèlent que la « Grande Bête 666 » menait une double vie : Crowley a apparemment entretenu des liens avec le gouvernement britannique et travaillait pour les services secrets britanniques et des membres haut placés du gouvernement américain. L’O.T.O – la société secrète qu’il a popularisée – comptait dans ses rangs les gens les plus influents de l’époque, qui en retour usaient de leur pouvoir afin de poursuivre l’avancement de sa principale philosophie : le Théléma.

 

PESSAO FERNANDO  - REGARDS SUR FERNANDO  PESSOA

André Coyné

Edition Archè Milan

2011

Si la grandeur d'un poète peut se mesurer au nombre de questions qu'il ne cesse de susciter de son vivant et après sa mort, on peut dire que l'immensité de l'oeuvre de Fernando Pessoa se confirme chaque jour. Et s'il est vrai qu’une partie des travaux, dont certains remarquables, qui lui sont consacrés semble avoir établi un certain nombre de points concernant son oeuvre et sa vie, chaque jour qui passe voit ces points se déplacer en vertu d'un nouveau texte récemment publié, d'une nouvelle interprétation qui modifie notre lecture de son oeuvre multiple, d'un nouveau regroupement de ses textes.

 

La question la plus impressionnante posée par l'oeuvre de Fernando Pessoa, on le sait, est la question de son hétéronymie. Présentée soit comme nécessité d'un dédoublement ( d'une multiplication) de(s) la personnalité(s) qui constitue(nt) le poète; rattachée à l'étymologie du nom Pessoa ( persona, du latin, masque de l'acteur dramatique, ); reflet d'un trop-plein de créativité manifestation d'un jeu, comme le propose Octavio Paz, mais d'un jeu vital qui rend vraie la poésie; supercherie ou maladie, lui-même s'en explique à plusieurs reprises, dont la plus connue est la lettre adressée à Adolfo Casais Monteiro en 1935, l'année de sa mort . Dans cette longue lettre, le poète explique la genèse de l'hétéronymie (qui est datée de 1914, l'année de ses 26 ans, époque d'intense créativité): "Enfant, j'avais déjà tendance à créer autour de moi un monde fictif, à m'entourer d'amis et de connaissances qui n'avaient jamais existé  D'aussi loin que j'ai connaissance d'être ce que j'appelle moi, je me souviens d'avoir construit mentalement - apparence extérieure, comportement, caractère et histoire- plusieurs personnages imaginaires qui étaient pour moi aussi visibles et qui m'appartenaient autant que les choses nées de ce que nous appelons, parfois abusivement, la vie réelle."

 

Dans cette même lettre, Pessoa narre le processus d'engendrement de ses "créatures" poétiques, qui sont avant tout des oeuvres. D’abord, il lui "vient l'envie" d'écrire des poèmes païens . . . en vers irréguliers" ("Il était né, sans que je le sache, le poète Ricardo Reis"). Un an et demi plus tard, il a l'idée d'inventer un "poète bucolique, d'une espèce compliquée ". Quelques jours plus tard, alors qu'il y avait renoncé- le 8 mars 1914 exactement, il s'approcha d'un meuble haut et, debout, comme d'habitude, il s'est mis à écrire. " Et j'ai écrit d'une traite trente et quelques poèmes . . . dans une sorte d'extase dont je ne pourrai définir la nature. C'est Le Gardeur de Troupeaux" . . . "Il était apparu en moi mon maître, Alberto Caeiro". "Tout de suite après, j'ai pris une autre feuille et j'ai écrit, d'une traite aussi, les six poèmes qui constituent Pluie Oblique, de Fernando Pessoa". A la suite de l'apparition d'Alberto Caeiro, Pessoa s'empresse de lui trouver d'autres disciples, Ricardo Reis, après quoi, "en dérivation opposée", "il me surgit impétueusement un nouvel individu, l'auteur de l'Ode Triomphale, Alvaro de Campos", qui sera publiée dans Orpheu, revue manifestement futuriste, en 1915.

 

Dans un texte, antérieur à cette lettre et qui constitue la Préface projetée de ses oeuvres futures (1930, environ), il présente son Oeuvre complète, dont le premier volume "est de substance dramatique". . . de "forme variée, (faite) . . . d'extraits de prose, et d'autres livres, de poèmes ou de philosophies". . . Il ajoute ne pas savoir si par" privilège" ou par" maladie", il n'a jamais eu une unique personnalité. "A chaque personnalité plus persistante que l'auteur de ces livres a réussi à vivre à l'intérieur de lui, il a donné un caractère expressif et a fait de cette personnalité un auteur, avec un livre ou des livres, avec les idées, les émotions et l'art dont lui, l'auteur réel ( ou tout au plus apparent, parce que nous ne savons pas ce qu'est la réalité), n'a rien à voir, sauf à l'avoir été, en les écrivant, le médium de figures qu'il a créées lui-même. L'auteur humain de ces livres ne se connaît pas de personnalité Que cette qualité chez l'écrivain soit une forme d'hystérie ou de la dite dissociation de la personnalité, l'auteur de ces livres ni ne le conteste ni ne le soutient. A rien ne lui servirait, esclave qu'il est de sa propre multiplicité, qu'il soit d'accord avec celle-ci ou celle-là de théorie sur les résultats écrits de cette multiplicité. Suit l'énumération des oeuvres (incomplètes) et de leurs auteurs, Livro do Desassossego, écrit par Vicente Guedes-Bernardo Soares; le recueil de poèmes Le Gardeur de Troupeaux, de "feu" Alberto Caeiro - le maître de Fernando Pessoa et de Ricardo Reis (ce dernier, auteur des Odes) -, l'Oeuvre philosophique de Antonio Mora. A propos de Alvaro de Campos, un seul commentaire: " aucun d'entre eux ne m'a connu personnellement, à l'exception d'Alvaro de Campos ". . .

 

Artifice nécessaire donc à une production plurielle, il n'en demeure pas moins que ce qui a causé le plus de problèmes (et d'émerveillement) à la critique, cela a été, plus encore que la multiplicité de ses poètes-oeuvres, l'autonomie de toutes ces poétiques, Pessoa constituant à lui seul une génération formée d'au moins cinq poètes de génie. Car, à en croire Octavio Paz, la multiplicité en tant que telle caractérise ipso facto l'état poétique par définition. Dans L'arc et la lyre, le poète mexicain, en reprenant Breton le dit bien: Cet état. . . "c'est l'homme voulant être tous les contraires qui le constituent. Et il peut y parvenir, parce qu'en naissant, déjà il les porte en soi, déjà il est eux. Etant lui-même, il est autre.  Manifester ces contraires, les réaliser, est la tâche de l'homme et du poète. . ." Par conséquent, c'est en tant que phénomène littéraire, que l'oeuvre de Pessoa a soulevé plus d'une interprétation qu'elle fût herméneutique ou phénoménologique, métaphysique, psychanalytique, poétique, tout un appareil qui est loin de l'avoir épuisée.

 

Ailleurs, le même Octavio Paz propose une topologie pour situer quatre de ces cinq auteurs. Sur un axe se trouveraient ainsi à un pôle, Alberto Caeiro, le poète existentiel, atemporel, proche de la Nature et, à l'autre pôle, le futuriste - dandy Alvaro de Campos. Sur un deuxième axe, Ricardo Reis poète néoclassique, auteur d'odes, d’élégies, et à l'autre extrême, Pessoa lui-même. Au centre, on pourrait ajouter Bernardo Soares, auteur d'une prose poétique confessionnelle (ou comme le dit Pessoa :"en prose, il est plus difficile de s'autre-fier»). Pessoa va s'appliquer à décrire ses hétéronymes, à leur prêter consistance, à leur attribuer un signe du Zodiaque (on se rappelle son intention de s'établir astrologue, en 1916). Alvaro de Campos est ingénieur, cosmopolite, homme contemporain du progrès et de l'avenir; Caeiro est un homme de la nature, qui croit en l'unité des éléments; Reis, un hermite philosophe qui a fait ses études chez les Jésuites, oscillant entre stoïcisme et épicurisme. Les deux premiers, quoique vivant dans des temps différents (le premier dans le présent atemporel des enfants et de la nature, le second dans l'instant, dandy, dont les amis sont les prostituées, les clochards), cultivent le vers libre; tous deux malmènent la langue portugaise et pratiquent le prosaïsme.

 

Si Pessoa et Reis utilisent des mètres et des formes fixes, ils appartiennent à différentes traditions. Campos, auteur du Bureau de Tabac, " écrit de longs monologues, de plus en plus proches de l'introspection" tandis que "Reis polit de petites odes sur le plaisir, la fuite du temps, les roses de Lydie, la liberté illusoire de l'homme, la vanité des dieux. «Mais, à leur tour, chacune de ces poétiques est marquée du sceau de la multiplicité, et de la contradiction. Chaque hétéronyme porte dans son oeuvre cette nécessité contrapunctistique, Caeiro est le "gardeur de troupeaux " n'ayant jamais gardé de troupeau " et voulant être " un agneau (ou tout le troupeau / pour s'en aller dispersé sur toute la colline/ et être bien des choses heureuses en même temps)". . . Parmi les quelques textes publiés du temps du vivant de Pessoa, il se trouve Mensagem, fameux poème-recueil signé de Pessoa, qui a reçu un "prix de consolation " en 1934, un poème héraldico-épique sur l'histoire du Portugal, où il est question d'Ulysse, le fondateur mythique de Lisbonne (Ulyssiponne), et qui illustre bien la poétique à la fois disséminatrice et constructive du poète.

 

On pourrait multiplier les exemples à l'infini sans épuiser, dans les limites d'une présentation, la portée de la polyphonie pessoenne. Mais on pourrait caractériser la tonalité de cette polyphonie par la permanence d'une interrogation essentielle. On peut dire d'ores et déjà que ce qui fait le lien entre ces oeuvres protéiques dont chacune a sa propre thématique, son rythme différentiel, sa forme spécifique, c'est donc la présence d'une voix qui n'est là que pour mieux faire entendre l'absence de celui qui la prononce, une voix plurielle, de celui qui se dit né pour être "l'interprète de son siècle", qui annonce l'avènement d'un Supra-Camoëns. Du point de vue poétique, ce lien pourrait se figurer par l'oxymore. Le premier vers du poème Mensagem, «Le mythe est le rien qui est tout", est un oxymore, figure première de la contradiction et , chez Pessoa , le fondement de ce que nous avons repéré comme un double mouvement, déconstruction / construction , point et contrepoint, parallèlement à la création d'une oeuvre à la fois pleine et disséminatrice, où le centre éclaté est la condition d'apparition non pas d'un mais de multiples sujets, masques ( personnae ), de la figure du poète universel. "Celui-ci qui débarqua ici. Fut, puisqu'il n'a jamais existé. / Sans avoir existé, il nous combla. / Puisqu'il n'arriva jamais, toujours il fut l'arrivant. / Et il nous créa." Le poète crée les mythes. Les mythes seuls permettent d'exister à travers la seule réalité, le langage écrit.

 

Jakobson fait remarquer que tout le poème est rigoureusement structuré sur cette contradiction. "Le poète proclame la nullité de l'existence phénoménale en faveur de l'être nouménal". Ulysse n'est pas nommé dans le poème, figure paternelle reprise par le "Il". C'est parce qu'il n'a pas existé qu'il nous a créés, devenant ainsi "tout". Ainsi, les différentes poétiques de Pessoa correspondent à une multitude de lieux, à une diversité d’époques, elles proviennent du passé vers l'avenir ("ma patrie est la langue portugaise "), elles s'annulent en se complétant. La pluralité est là pour figurer l'impossibilité de dire une vérité provenant du Logos, la seule vérité étant que Pessoa "ne sait pas ce qu'est exister, ni lequel, Hamlet ou Shakespeare, est plus réel ou réel dans la vérité" (Préface projetée). Ou encore, comme le dit Bernardo Soares : " Créer à l'intérieur de moi un Etat avec une politique, avec des partis et des révolutions, et que tout cela, ce soit moi, que je sois Dieu dans le panthéisme réel de ce peuple-moi" (fragment 27 du Livre de l'Inquiétude), affirmer l'anéantissement d'un sujet : " Vivre, c'est être un autre". Si "la vie est moitié de rien", si "le mythe est un rien qui est tout" pour Pessoa, pour Ricardo Reis: "Si je me souviens de qui je fus, je me vois autre / Et le passé est le présent dans le souvenir. / Qui je fus est quelqu'un que j'aime / Mais seulement en rêve.

 

Rien, sinon l'instant, ne me connaît. / Mon propre souvenir n'est rien, et je sens qui je suis et qui je fus / Sont des rêves différents." Ailleurs, plus tard, le Pessoa du Cancioneiro dira: "Le poète est un simulateur.  Simulant si complètement qu'il en vient à simuler ce qu'est douleur  qu'il ressent vraiment." Ainsi, si Octavio Paz voit en la "création" du "maître" Caeiro la nécessité pour Pessoa "d'inventer un poète innocent pour justifier sa propre poésie", on peut dire que Caeiro représente aussi ce moment heureux où l'homme ne se voit pas , mais vit et, comme la nature, est voué à mourir: "Soyons simples et calmes comme les ruisseaux et les arbres Et Dieu nous aimera, nous rendant beaux comme les arbres et les ruisseaux,  Et il nous donnera la verdeur de son printemps  Et un fleuve où nous jeter lorsque viendra la fin!. . . "

 

Déjà Ricardo Reis: "Rien ne reste de rien. Nous ne sommes rien. / Un peu au soleil et à l'air nous différons / L'irrespirable ténèbre qui nous pèse / De l'humble terre imposée, / Cadavres ajournés qui procréent." Et Campos, le technicien futuriste, celui dont Ophélie se méfie (à juste titre), le jugeant sans doute responsable de leur rupture ("Me vouliez-vous marié, futile, quotidien et imposable? " in Lisbon revisited ) celui qui est le plus hardi, le plus visionnaire, le plus simulateur de tous : "Nous avons tous deux vies: / La vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, / Et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard; / La fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile, celle où l'on finit par nous mettre au cercueil." La contradiction est patente. La poésie, mais on pourrait dire l'écrit (si l'on songe aux nombreux textes théoriques, journaux, essais, préfaces, traductions, publicités) est l'espace infini de toutes les propositions, le lieu mythique de toutes les possibilités. La vie, en revanche, est "moitié de rien». Ce sont de lui aussi les très beaux vers du Bureau de Tabac: "Mange des chocolats, petite, mange des chocolats!  Ah, pouvoir manger des chocolats avec la même vérité que toi!  Mais je pense, et quand je retire le papier d'argent, qui d'ailleurs est d'étain, Je flanque tout par terre, comme j'y ai flanqué la vie".

 

A propos de Fernando Pessoa, on cite souvent l'affirmation de Paz selon laquelle " les poètes n'ont pas de biographie, leur oeuvre est leur biographie". Il est vrai que la critique est unanime pour présenter l'homme Pessoa comme étant très proche du personnage de Bernardo Soares, un "employé de commerce" timide et discret, dont la vie ne présente pas d'éclats ou de faits sensationnels, préoccupé uniquement à parfaire son oeuvre monumentale. Au point de soulever l'indignation d'Antonio Mega Ferreira, préfacier de l'oeuvre de Fernando Pessoa, O Comércio e à Publicidade (Ed. Cinevoz/Lusomédia, 1986) qui voit dans l'existence non- aventurière du poète un choix volontaire: "il est inacceptable qu'un grand poète ait vécu à 5%, comme le prétendait Eugenio Montale, voire en dessous de cette cote, comme l'a dit suggestivement Antonio Tabucchi". Mais s'il est vrai que tout ce que nous connaissons de la vie de Pessoa, nous le connaissons à partir de quelques données répertoriées et par ses écrits, la critique a connu plus d'une surprise à la publication tardive, - le poète n'ayant laissé publier de son vivant qu'une partie minime de son oeuvre (27.535 manuscrits à découvrir après 1935) -, de certains de ses textes. Ainsi, Les Lettres d'Amour, en 1978, le Livre de l'Inquiétude, en 1982, ou encore ses textes sur le Commerce et la Publicité (1985), domaines qu'il connaissait fort bien.

 

prophÈtes & prophÉtie

Gérard allouche

Edition AXIOME

 1999

Les prophètes : où sont-ils ? Parmi nous, aux points d’une circonférence dont le centre est partout. Ils peuvent être théoriciens, prêtres, politiciens, charlatans, poètes, écrivains ou journalistes, sportifs même, lévitant sur les flots, bercés par les béatitudes océanes. Ce sont des hommes qu’on suit, par l’exemple ou dans l’exil, sur lesquels se projette un avenir collectif qui engage l’espèce et les nations. Ce sont des interprètes désignés d’un Dieu qui les engage à parler au nom des intérêts planétaires les plus élevés.


Ces messages parlent de menace, prédisant que le temps à venir sera fait de nos centres et que nos os s’effriteront sur nos chairs tuméfiées. Et aucun séraphin ne pourra nous sauver de cette eschatologie apocalyptique inscrite par la faute de nos fautes. Une vieille antienne, que l’an mil a soufflée sur nos bûchers après les foyers des décadences bibliques et que la traversée de l’an 2000 ranime dans une spiritualité renouvelée.


Jamais l’actualité des prophètes n’a été aussi criante. Encore faut-il que nous les acceptions dans toute l’ampleur de leurs réquisitoires. Insurgés, ils rappellent cette loi qui est plus que la loi, ils se fondent sur un absolu qui est plus que la justice. S’élevant contre les institutions, ils renversent le pouvoir, eux, ces appelés venus de nulle part, issus du limon le plus pauvre de la terre.

C’est par la transcendante divine, par le prophète ininterrompu de la conscience éveillée que le prophète parle en l’homme. Ces nabis qui ont marqué leur époque, ces prophètes faux et fous qui se sont évanouis pour renaître, ils se nomment Moïse ou Zorobabel, Jésus ou Mahomet, Bouddha ou Zarathoustra. Qui triera le bon grain de l’ivraie ? Nous savons si peu, nous explorons à tâtons avec nos outils dérisoires.


Y sont expliqués : de l’antiquité à la Bible, les prophètes bibliques, le Messie, les grandes figures du prophétisme, Nostradamus, les illuminés de la révolution, les prophètes contemporains, la prophétie dans la littérature, vers la 3ème millénaire.

 

PROPOS SUR ÉSOTÉRISME ET SYMBOLE

R.A.SCHWALLER DE LUBICZ

Edition DERVY

 1993

L’auteur égyptologue et philosophe célèbre, fut toute sa vie tourné vers la recherche de la connaissance notamment à travers le symbole, son ésotérisme et son hermétisme. Il faut être préparé pour saisir, voir et entendre cet ésotérisme. Cette préparation n’est pas un savoir mais un vouloir et un pouvoir et ne peut s’acquérir que par l’effort. Voilà le message et le propos de ce livre.

 

L'Esotérisme ne peut être écrit ni dit ni, par conséquent, être trahi. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre - à votre choix. Cette préparation n'est pas un savoir, mais un pouvoir, et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même, par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la conscience plus rapidement, et l'élève, arrivé à des étapes d'illumination par sa propre lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme de tel enseignement

 

Eric Sablé, qui a publié en 2003 le fruit de ses recherches sur Schwaller, donne trois clés pour comprendre son oeuvre. Ces clés gravitent autour de trois thèmes essentiels : l'intelligence du cœur, la loi de genèse et le symbolisme.

A une  vie riche et forte et à une  période théosophique, il faut ajouter la création du groupe des Veilleurs. Ce groupe, très idéaliste, lança un appel pour créer une société différente qui se proposait de vivre pour se dépasser. Le groupe sera rejoint par des personnages aussi importants que Gaston Revel, Pierre Loti, Henri Duvernois, Fernand Léger, Vincent d'Indy, Henri Alvart, Camille Flammarion, le journaliste Carlos Larronde, et d'autres. Le groupe se développa autour de nombreuses activités notamment artisanales, culturelles et philosophiques. Les Veilleurs étaient opposés à la production industrielle et voulaient affirmer la noblesse du travail manuel et la nécessité d'une véritable hiérarchie, et ceci dans l'indépendance de tout parti. Ils avaient leurs propres ateliers, costumes, journal et voulaient repenser les structures sociales. La devise de leur journal était: Hiérarchie - Liberté - Fraternité. Mais l'ordre possédait aussi un aspect plus ésotérique, plus secret : les Frères de l'Ordre Mystique de la Résurrection, qui se réunissait en robe blanche, l'épée au côté, la tête couronnée d'or. Ils pratiquaient une sorte de culte du Feu et étaient au nombre de douze.

Parmi eux le poète Milosz qui jouera un rôle capital dans la vie de Schwaller. Milosz était un aristocrate lithuanien qui descendait d'une famille noble de chevaliers qui régnait sur la Lusace serbe. Il fit ses études à Paris et ses maîtres à penser furent Goethe, Hugo, Gérard de Nerval et les romantiques. Il écrit et publia. Lui aussi voulait rénover la société alors déchirée par la première guerre mondiale. Milosz a milité pour l'indépendance de la Lituanie, son pays natal. Schwaller l'a soutenu et après la guerre, pour lui rendre hommage, Milosz lui a transmis le nom de sa famille Lubicz. Il le fit rituellement, dans l'esprit chevaleresque qui les animait mutuellement, c'est-à-dire qu'il voulait instituer une noblesse des actes et des oeuvres, une noblesse du mérite ou de l'âme, à la place de la noblesse héréditaire qui était pour eux dénuée de sens.

Schwaller posa les bases d'une autre science qui ne se fonde plus sur l'expérimentation pour en tirer des théories, mais qui part, au contraire, de la connaissance de la loi d'harmonie. Cette loi d'harmonie est ce qu'il appelle la loi de genèse et elle se trouve au cœur de toute son oeuvre. La première publication importante de Schwaller de Lubicz fut son étude sur les nombres dans laquelle il veut, je cite : "dégager la vérité du chaos des phénomènes cosmiques pour trouver la loi fondamentale de l'univers, celle qui fixe les proportions de l'édifice, indique la place à chaque pierre et dicte le moment de la construction ou de la destruction". Il fut toujours passionné par cette connaissance du monde des causes, celle qui donne la réponse au pourquoi des êtres et des choses. Cette interrogation l'habita toute sa vie et elle est double : pourquoi le monde, d'où vient-il, en quel lieu trouve-t-il son fondement ? Et d'autre part il s'interroge sur le développement harmonieux des formes du vivant et se demande pourquoi une musique et non du bruit ? C'est grâce à cette lumière que Schwaller décryptera les textes hermétiques ou bien les symboles de l'ancienne civilisation égyptienne ou encore les lois de la nature. Pour René Schwaller l'expression de l'ésotérisme occidental est la continuation du grand oeuvre qui s'est joué dans l'Egypte ancienne. La sagesse égyptienne donne les vraies clés de la genèse des formes de la nature. Et c'est elle aussi qui lui livra les clés de l'intelligence du cœur.

Le terme "Intelligence du Cœur " est emprunté aux anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain animé. Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix. Cette préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Cœur" : La Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de l'univers.

L'intelligence du cœur est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière. De même, la pensée mentale ne devrait être qu'un reflet de l'intuition. Cette intelligence n'est pas à confondre avec le Samadhi des grands mystiques. C'est un état intermédiaire qui permet de se confondre avec les êtres et les choses et donc de les connaître dans leur réalité.

L'Esotérisme pour Schwaller n'est donc pas un "sens particulièrement caché dans un texte" mais un "état de confondement" entre l'état vital du lecteur et l'état vital de l'auteur ; ceci dans le sens de la vision spirituelle, spatiale, synthétique qui, précisément, cesse avec la concrétisation de la pensée. Il conçoit donc que l'enseignement ésotérique n'est qu'une "évocation" et ne peut être que cela. L'initiation ne réside pas dans le texte, quel qu'il soit, mais dans la culture de "l'Intelligence du Cœur " (au sens o_ elle a été définie plus haut). Alors rien n'est plus "occulte" ni secret parce que l'intention des "Illuminés", des "prophètes" et des "envoyés du ciel" n'est jamais de cacher, au contraire. Seul l'homme a en lui ce don qui lui permet de se libérer des réactions émotives égoïstes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception. Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison".

L'intelligence du cœur a son langage et ce langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes. Le symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses. Ces symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor pendant 12 années de sa vie qu'il va. 12 années de recherche, d'analyse et de méditation.

René Schwaller développe la notion d'anthropocosme qui signifie que la nature est le reflet de l'homme. L'homme synthétise toutes les formes, toutes les espèces minérales, végétales, animales en lui-même. Il est l'Adam Kadmon de la Kabbale. C'est donc une notion équivalente à celle du microcosme. Sa grande idée est que l'homme n'est pas seulement à la fin mais aussi à l'origine de l'évolution. Il montre ainsi comment chaque règne de la nature est l'expression d'un organe de cet homme cosmique. Et l'univers entier résume toutes ses phases, ses moments, ses aspects. Les symboles sont le langage qui parle à notre être intérieur et qui peuvent livrer le secret de toutes choses.

9 Q

40 siÈcles d’ÉsotÉrisme

Gérard messadiÉ

PRESSE DU CHATELET

 2006

L’ésotérisme est la pratique d’un savoir secret réservé aux initiés. Prêtres, druides, mages, prophètes, chamanes, sorciers, voyants ont longtemps revendiqué le privilège des sciences sacrées et de l’hermétisme qui, au contraire de l’exotérisme, est diffusion du savoir. Pourtant, nombre de ces connaissances nous sont parvenues. Dès l’Antiquité, esséniens, soufis ou kabbalistes avaient d’ailleurs constitué de vastes bibliothèques. Astrologie, chamanisme, védisme, shintoïsme, brahmanisme, mystères helléniques, bouddhisme indien ou tibétain, taoïsme, mithraïsme, kabbale, alchimie, gnosticisme, sagesse amérindienne, manichéisme, ascétisme, et peut-être même psychanalyse… Cette anthologie commentée et annotée présente les textes fondamentaux de la tradition occulte, présentés dans leur contexte historique, scientifique et culturel.

 

Spécialiste de l'ésotérisme, Gérald Messadié présente et commente ici un recueil de textes couvrant quatre mille ans de recherches initiatiques. L'ésotérisme est aussi ancien que le rapport de l'humain avec le divin. Des mages babyloniens du IIe millénaire avant notre ère aux physiciens du XXIe siècle, le mortel s'est toujours interrogé sur la nature et les intentions des puissances occultes censées régir le monde. La conviction intime qu'ils sont liés à l'univers d'une façon aussi forte que subtile a toujours incité les mortels à guetter les signes qui les informeraient sur les dispositions des puissances supérieures, positions des astres, songes ou présages.

 

Certains prêtres, druides, mages, prophètes, chamanes, initiés, sorciers et voyants des deux sexes, revendiquèrent le privilège de ce rapport. Puis ils proclamèrent au commun les supposées lois et projets des entités célestes et infernales. Ils étaient les seuls privilégiés de cette connaissance, qui ne pouvait évidemment être divulguée, car le secret en était trop précieux pour être répandu aux quatre vents. Il était réservé à quelques-uns, d'où le nom d'"ésotérisme", du grec eso, "de l'intérieur", opposé à l'exotérisme, qui est la diffusion du savoir. Ainsi que le dit l'auteur :

 

 « En dépit de leur goût du secret - ou peut-être à cause de lui - les ouvrages ésotériques sont si nombreux qu'ils empliraient plusieurs salles d'une grande bibliothèque.

Y faire une sélection pourrait donc paraître arbitraire. Je me suis ainsi laissé guider par le souci de distinguer les plus représentatifs, afin d'être utile au lecteur qui aborderait ce domaine pour la première fois et de lui offrir une vision d'ensemble des ésotérismes. »

 Cette anthologie présente donc une synthèse passionnante de 4 000 ans de recherches sur le mystère de notre existence et le sens de notre présence au monde. Et les présentations lumineuses de Gérald Messadié nous éclairent sur la place dans l'histoire de la pensée ésotérique de ces textes et des personnages incroyables qui les ont médités.

Voici donc un livre majeur qui est aussi une plongée dans les tréfonds de l'âme humaine en quête de vérité. Kabbales juive et chrétienne, Gnose, Manichéisme, croyances des Esséniens, Alchimie, Hermétisme... Et aussi : Pythagore, Jakob Boehme, Emmanuel Swedenborg, G.- I Gurdjieff, Helena Blavatsky, Rudolf Steiner... Rien n'y manque 

 

On croise dans cet ouvrage important en quantité et en qualité :


Chez les Poètes (Coleridge, Hölderlin, Nerval, Tagore, Trakl),  chez les savants (Swedenborg, newton, Steiner), chez les philosophes (Schopenhauer, Guénon), chez les mystiques (maitre Eckhart, Thérèse d’Avila), Chez les syncrétistes (Ramakrishna), chez les illuminés (Apollonius de Tyane, Gurdjieff) et même on y croise des cherchants de génie (Papus, Helena Blavatsky) : leurs textes livrent ici quelques-unes des clés ouvrant les portes de la conscience.

 

9 R

RABELAIS ET LES SECRETS DE PANTAGRUEL

Probst- Biraben

Edition des cahiers astrologiques 

 1934 

Allant jusqu’à la grossièreté et à l’obscénité dans ses satyres des institutions et des mœurs, Rabelais fut étiqueté longtemps comme un extravagant, un septique et un provocateur, d’autres lui décernèrent le titre de bouffon, mais tous s’accordent à dire qu’il fut un bon vivant.

 

Peu de gens virent que Rabelais dans ses œuvres y avait caché de multiples secrets alchimiques et hermétiques derrière des symboles.

 

Rabelais eu un parcours assez surprenant dans les différents couvents et abbayes qu’il visitât, il passa ainsi des Cordeliers chez les Bénédictins, puis abandonna la robe bénédictine pour prendre celui de prêtre séculier, puis alla chez les Franciscains pour revenir chez les Bénédictins. Certains avancèrent l’idée que ses voyages en zigzag auraient pu masquer son gout prononcé pour les drogues aphrodisiaques, pour lui mais surtout pour soigner les malades, ce qui occasionna plusieurs problèmes.

Dans ses lettres  de Pantagruel et de Gargantua, il raille le comportement de certains moines et prêtres qui abusent de la boisson, sont paillards, indécents et ne pensent qu’au confort matériel avec abus, tout en négligent les offices et la Règle. Message que Rabelais à bien voulut nous transmettre. Irène Mainguy à bien raison de dire que le Pantagruel « fait partie des livres initiatiques qui se réfèrent à une symbolique traditionnelle ».Qui était Rabelais? Né en 1494, on suppose, on ne sait de sa vie que les grandes lignes. Mis au couvent des Baumettes à Angers sans doute vers ses seize ans, nul doute que le choix n'était pas de lui. Ses vingt ans et le noviciat passés, il est à Fontenay-le-Comte. La vieille capitale sud-vendéenne, endormie aujourd'hui, laisse peu imaginer l'activité intellectuelle de la région à cette époque: c'est à Fontenay-le-Comte aussi, ces années-là, que Viète invente l'algèbre. Là les premiers grands franchissements dans la littérature grecque et latine, des amitiés fortes (Pierre Amy, Tiraqueau). Pour finir, les livres confisqués par l'administration du couvent, l'épisode est célèbre, et témoigne déjà d'une passion. Rabelais s'en va, grâce à l'évêque de Maillezais, qui le prend comme secrétaire: grand seigneur, Geoffroy d'Estissac vit plutôt à Ligugé, son autre abbaye, qui le plaçait haut dans la hiérarchie restreinte de la ville de Poitiers. L'Hermenault, son château vendéen, parmi des villages de misère, est le lieu qui aurait le moins changé depuis lors, puisque Maillezais est en ruine, et Chinon dans sa rocade bien abîmée.

 

A une personnalité aussi développée que Rabelais, le grand aliment désormais fourni. Le monde vu en coupe, les marchés, la grand-route, la liberté d'apprendre et de penser, aussi les premières montées d'amateur sur les tréteaux de la farce. La lecture de Villon, si déterminante qu'il deviendra personnage réel du Pantagruel (aux Enfers!) comme du Quart-Livre, et qu'on retrouvera ses poèmes dans un chapitre central du Tiers-Livre. Fait central, laissé de côté par l'université: la cellule élémentaire, le corps de la langue, l'intrication hypnotique du rythme, le chant tel qu'il s'apprend (et même si ce qu'on dispose des poèmes d'alors de Rabelais ne tient pas, qu'il lui fallait attendre la prose pour en rejouer l'expérience), peut-être et surtout de Villon l'art d'une revendication impossible, tendre un fil sur un gouffre et comment toute la fibre humaine en trois mots peut se dire, à égalité du matériau lourd, tout ce vocabulaire et cette vie du Poitou, villes et campagnes, à pleines mains et pleines oreilles après les années d'enfermement contraint. Cela dure quatre ans, et puis une nouvelle marche devant lui: il part, nulle trace biographique pendant deux ans. Pantagruel fait un tour de France des universités: Rabelais a certainement déjà visité Bourges et Orléans, l'essentiel de son séjour est forcément parisien.

 

La rue, une vision corrosive du monde, et enfin le grand brassage des visages et des langues. Sans doute centré sur l'apprentissage du droit, plutôt le palais de Justice que la Sorbonne. Mercenaires, paumés, infirmes, camelots et baragouineurs, plus le regard des fous: l'épisode de Seigny Iohan, fou de Paris (Tiers-Livre, chap. XXXVII) rend bien l'ambiance. Il apprend la parole et son excès, Paris est unique et les rois n'osent pas y habiter. On approche de la catalyse. Nouveau départ, chaque fois définitif: en 1530, à Montpellier, il reçoit ses grades de médecine, pourra bientôt exercer et enseigner (les premières leçons sur des corps de pendus) à Lyon, hôpital de l'Hôtel-Dieu, qu'on l'imagine. Un autre serait satisfait. Peut-être à cause du retard au départ, que l'enthousiasme subsiste, voire déborde: à Montpellier encore il joue la comédie, monte avec des amis La farce de la femme muette, et à Lyon se retrouve vite dans l'encre d'imprimerie, parmi la toute petite frange intellectuelle occupée à dévorer la masse manuscrite pour en faire des livres, et en explorer la magie. L'invention est encore toute récente. Livres de haute volée, annotés et traduits du grec, c'est l'époque de sa lettre à Erasme. Et on donne la main aux productions annexes de l'imprimeur: on a tout lieu de supposer qu'il a participé par exemple à une édition des fameuses Chroniques gargantuines. Avait-il déjà amassé et tenté des pages de proses, sur le registre de la farce, et qui pourraient être la base, par exemple, des récits de Panurge à Paris? La construction abrupte du Pantagruel, par blocs hétérogènes, autorise à le penser. Cela n'empêche pas le tour de force: c'est en quelques mois, dans cette activité multiple (est-ce à cette époque que naît le premier de ses trois enfants?), que se compose un livre à l'ambition apparemment modeste, et qui, à mesure qu'il s'écrit, casse de l'intérieur ses propres limites de genre pour ouvrir sur un univers démesuré, mythique et dantesque

 

Au sommaire de cet ouvrage remarquable :

Les deux aspects de l’auteur de Pantagruel

Rabelais, pont spirituel entre l’Antiquité et la civilisation chrétienne.

Son hermétisme chrétien confronté avec celui des Antiques et l’Universel

Les idées rabelaisiennes sur l’astrologie et considération sociale

Allusions à l’alchimie dans le Gargantua et le Pantagruel

Hermétisme et description initiatiques du Ve livre de Pantagruel

Nombres, gemmes et symboles remarquables. Etude Pythagoricienne

Le Pantagruel, répertoire de sciences conjecturales

La république idéale de Rabelais. Etat politique et vie sociale

Pédagogie traditionnelle et hermétique

Ce qu’était la Thélème, loi monacale stricte, suppression des déviations des mœurs, règles religieuses avec retour à la simplicité et à l’esprit des premiers chrétiens

Du prince né pour le peuple. Exposé sur les qualités du Prince, chef religieux et politique.

Rabelais et les gens de Métier. Le métier manuel était une réalité vivante, une école de l’homme qui le reliait aux Principes et aux époques anciennes. Encore quelques secrets d’ordre monastique et autres.

 

Quelques  citations de Rabelais dites par Pantagruel et Gargantua :

 

‘’Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”

– “Le temps est père de vérité”

– “Ignorance est mère de tous les maux”

– “Car (disait Gargantua) la plus vraie perte de temps qu’il connût, était de compter les heures”

– “En leur règle n’était que cette clause: – Fais ce que voudras”

– “Le temps mûrit toutes choses; par le temps toutes choses viennent en évidence; le temps est père de la vérité”.

– “Tout homme marié est en danger d’être cocu. Cocuage est naturellement des apanages du mariage”

– “Le vin est ce qu’il y a de plus civilisé au monde”

– “Lever matin n’est point bonheur Boire matin est le meilleur”

– “Boire est le propre de l’homme, boire vin bon et frais, et de vin, divin on devient”

– “Buvez, afin d’éviter que la soif advienne!”

– “Rire est le propre de l’homme”

– Pantagruélisme (vous entendez que c’est certaine gaieté d’esprit confite en mépris des choses fortuites)

– Comment pourrait-on gouverner autrui quand on ne sait pas se gouverner soi-même

 

rabelais franc-maçon

Paul naudon

Edition  LA BALANCE

 1954

Le personnage de François Rabelais est mouvant, difficile à saisir. Grand voyageur, nos dirions presque nomade, on le guette de ville en ville, pour s’assurer de sa personne. Et, cependant, il est bien de chair et d’os bien que sa légende ait contribuée à déformer considérablement l’homme sérieux et érudit qu’il a été.

 

Il ne faut plus garder l’image du moine paillard qu’il a, certes, peut-être été, mais derrière cette façade, combien l’homme est profond.


Ce livre traite de :

 

L’INITIATION, MODE DE LA CONNAISSANCE

o Les modes de la connaissance
o L’Initiation
o La tradition initiatique
o L’Humanisme
o RABELAIS, Grand initié

RABELAIS, HOMME LIVRE ET DE BONNES MŒURS

o La morale de RABELAIS
o Le fondement de la loi morale
o RABELAIS et l’esprit civique

LA SCIENCE ET L’ART DE RABELAIS

o L’érudition de RABELAIS
o RABELAIS Philologue
o RABELAIS naturaliste et médecin
o RABELAIS astronome
o RABELAIS et l’architecture
o L’Art couronnement de la Science, RABELAIS artiste
o RABELAIS et la science sociale
o Le dualisme de RABELAIS

 

Rabelais  -  la clÉ de rabelais

Josephin PÉLADAN

Edition Rumeur des âges

 1995

Comprendre la démarche de Rabelais à travers ses livres et surtout son Pantagruel, voilà ce que nous explique l’auteur qui remet l’ésotérisme du livre dans le contexte de cette époque moyenâgeuse, turbulente et sublime.

Avec les secrets des corporations et leur ésotérisme dessiné dans la pierre des cathédrales et caché dans le songe de Poliphile ou les songes drolatiques de Rabelais.

 

Issu d'une famille de cultivateurs et de commerçants, Joseph-Aimé Péladan, qui se donnera plus tard le prénom de Joséphin, est le fils de Louis-Adrien Péladan, journaliste à La France littéraire, fondateur de La Semaine religieuse, mystique exalté et confus, et de Joséphine Vaquier. Son frère aîné, Adrien, qui deviendra médecin et érudit, l'instruit très tôt de toutes sortes de connaissances et, dès l'enfance, il voyage, à Avignon ou à Nîmes. Il manifeste un esprit indépendant qui lui vaut d'être renvoyé du lycée pour avoir traité un professeur d'athée, puis du petit séminaire de Nîmes.

Il entre comme employé au crédit Faillelle à Paris. Il voyage à Rome et à Florence où il se prend de passion pour le Quattrocento et pour Léonard de Vinci. De retour à Paris, il publie une nouvelle, Le Chemin de Damas, et entre à L'Artiste d'Arsène Houssaye où il rédige des critiques d'art. Il rencontre Léon Bloy et Paul Bourget et enthousiasme Jules Barbey d'Aurevilly qui préface son roman Le Vice suprême en 1884. Ce livre pétri de romantisme et d'occultisme, qui met en scène la lutte de forces secrètes qui s'acharnent à détruire l'humanité, prend résolument le contre-pied du naturalisme de Zola « ce porc-Zola, ce pourceau qui est en même temps un âne ». Ce manifeste ouvre les portes des cénacles littéraires au jeune auteur de 26 ans. Son originalité plaît mais son exaltation fait sourire. Jean Lorrain le surnomme « le pélican blanc ». Plus tard on l'appellera « le Mage d'Épinal », « Platon du Terrail » ou « le Sâr pédalant ». Rodolphe Salis alla jusqu'à oser un très cruel « Artaxerfesse », ce qui lui valut des poursuites de l'intéressé. Il se fâche avec Léon Bloy, passe deux jours en prison pour avoir négligé de régulariser sa situation militaire et se met à publier un très grand nombre de textes.

En 1888, il publie son livre le plus connu, Ishtar, se parant du titre de « Sâr » et du prénom babylonien « Mérodack ». Il se décrit « drapé d'un burnous noir en poil de chameau filamenté de fils d'or, en velours vieux bleu, botté de daim, et, comme Absalon, chevelu [...] la barbe ointe d'huile de cèdre. » Sans fausse modestie, il affirme : « J'ai conquis, à force de talents, peut-être de génie, le droit de ma pensée pleine, entière, et devant tous. J'ai six mille nuits durant valeureusement aimé la langue française ; je puis tout dire en français. J'y suis burgrave sans vasselage. » Parmi ses autres pseudonymes, on trouve aussi Anna I. Dinska, Miss Sarah et Marquis de Valognes.

En 1888, Péladan est le co-fondateur avec Stanislas de Guaita de l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. Parmi les membres de l'Ordre, on peut relever quelques noms passés à la postérité : Papus, Charles Barlet. Prétextant un refus de la magie opérative, il se sépare du groupe en 1891 pour fonder l'Ordre de la Rose-Croix Catholique et esthétique du Temple et du Graal. L'année suivante, il organise le premier Salon de la Rose-Croix, du 10 mars au 10 avril, à la galerie Durand-Ruel : « Ce jour, l'Idéal eut son temple et ses chevaliers, et nous, Macchabées du Beau, nous allâmes apporter à Notre-Dame, aux pieds de notre Suzerain Jésus, l'hommage du temple et l'agenouillement des Rose-Croix. » C'est un très grand succès. Soixante artistes y participent, parmi lesquels nombre de peintres et sculpteurs de talent (Hodler, Khnopff, Delville, Schwabe, Bourdelle, etc.) et 20 000 Parisiens dont le Tout-Paris mondain et artistique (Mallarmé, Zola, Verlaine, Gustave Moreau, etc.), viennent le visiter, au son du prélude de Parsifal et des Sonneries composées par Erik Satie et jouées aux trompettes.

 

Plusieurs Salons de la Rose-Croix seront encore organisés par la suite. De nombreux artistes de talent y participeront de 1892 à 1897, dont plusieurs élèves de Gustave Moreau tels que Georges Rouault. Inégaux en partie parce que certains artistes invités ont craint d'y participer (Burne-Jones, Puvis de Chavannes, Gustave Moreau), ces salons restent un des événements majeurs de la dernière décennie du XIXe siècle : ils font figure pour le renouveau de l'idéalisme et témoignent d'une tendance vers le spirituel qui habitera les grands mouvements de l'art du début du XXe siècle.

 

Rabelais  -  LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais

Grasset  D’Orcet

Edition L’Oeil du Sphinx

 2015

Cette réédition est d’importance. La contribution apportée par Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et trop méconnue alors qu’elle permet de saisir toute la subtilité de l’enseignement de Rabelais et notamment sa dimension hermétiste mise en évidence par les remarquables travaux de Claude Gaignebet.

 

Dans une belle préface, Michel Aulonne nous rappelle l’apport de cet aventurier globe-trotter d’une grande lucidité. Passionné d’archéologie, spécialiste du déchiffrement des écritures, connaissant parfaitement le vieux français, le latin, le grec, ancien et moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais ayant de bonnes notions de bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes et métaphores et maîtrise de manière originale et pertinente la symbolique comme l’héraldique.


Comme le remarque Michel Aulonne, les méthodologies choisies ou créées par Grasset d’Orcet ne sont guère scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs. Cependant il nous propose selon Limousin Espalier, « une heuristique véritable et féconde ».

C’est cette heuristique qui nous permet de saisir, dans l’absurde de l’apparence rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement traditionnel et hermétiste en même temps qu’une critique libertaire très objective de la société du temps de François Rabelais.

 

Le livre rassemble cinq longs articles de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de Rabelais : Rabelais et les quatre premiers livres de Pantagruel – Les Gouliards – Les ménestrels de Morvan et de Murcie – Le cinquième livre de Pantagruel – Le premier livre de Rabelais. Ils sont complétés par deux textes de Joséphin Péladan (1858 – 1918) qui s’est largement inspiré des travaux de Grasset d’Orcet tout en les esthétisant : Les songes drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais.

 

Grasset d’Orcet fait souvent le lien entre Rabelais et les sociétés de métier ou les corporations de son époque, gardiennes d’un enseignement à la fois technique et spirituel dans lequel, symboles et mythes s’organisent en un langage subtile et particulièrement riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne vaut à François Rabelais d’être un peu abusivement considéré comme un père de la Franc-maçonnerie. L’important est de ne pas perdre tout un art de la langue sans lequel les connaissances hermétistes, et particulièrement l’alchimie, deviennent inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais est vivant et créatif quand celui de notre monde contemporain, réduit à une simple représentation, est devenu stérile.

 

RABELAIS - LE GÉANT GARGANTUA

Pierre Gordon

Edition  Arma Artis

 2012

Le personnage de Gargantua ressurgit des profondeurs de notre mythologie, grâce à Pierre Gordon, non à la manière burlesque propre à Rabelais mais avec sa puissante et géante réalité, celle du Grand Initiateur, qu’incarnait dans nos anciennes sociétés, l’Officiant sacré portant le masque d’une fausse tête de géant… Car il s’agit bien de gigantisme rituel.

 

Gargantua, tout comme son père Belen, auquel Gordon consacre une partie importante et passionnante de cet ouvrage, ont laissés d’évidentes traces dans la toponymie, les mythes et le langage ainsi que dans certains jeux, prolongements de rituels sacrés dont nous refaisons les gestes en en ayant oublié le sens, ce dernier sujet formant une étude tout à fait originale et intéressante dans cet ouvrage.

 

Gargantua est l’ordonnateur d’une géographie sacrée marquée entre autre par les dolmens et les menhirs, éléments sacralisant, puisqu’émanant de la Montagne Sainte, dont il jalonne l’espace.

 

Gargantua n’est pas le représentant du paganisme ou le porte étendard de l’antichristianisme, nous dit Pierre Gordon car christianisme et paganisme se rejoignent dans les ondes souterraines d’une religion unique centrée sur le rituel primordial de mort et de résurrection. Idée que P. Gordon a lumineusement saisie et développée dans toute son œuvre qui, au fil des années, rencontre un intérêt et un enthousiasme croissants de la part des lecteurs.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

1e Partie : Les ancêtres de Gargantua :

Chapitre 1 : Le géant qui mange les hommes – le vampirisme divin dans l’antiquité – Cronos – le vampirisme comme digesteur divinisant – les labyrinthes – régressions folkloriques – les carnavals – les incubes et les succubes – les lamies et les lémures – Hécate – Karkô – Krakos – Calchas – origine du mot « ogre » - l’île Gorgona –

Chapitre 2 : Les grees et les gorgones – les îles gorgates – la descendance de Méduse et de Poséidon – le sang dragon – la valeur salvatrice du sang – la hiérogamie de la Gorgone – la mère divine dans le christianisme et dans le paganisme –

Chapitre 3 : Où est né la Gorgone – le problème de l’Atlantide -  Tula et Ogygie – le rituel diluvien – qui étaient les Atlantes ? – les 10 rois de l’Atlantide – l’empire des Atlantes – les courses de chevaux dans l’île sainte –

Chapitre 4 : Les êtres et objets initiatiques désignés par le thème verbal G.R.G. – en Mésopotamie – les Kourganes russes – Le Mont Gargan – le Gargantua d’Angleterre – le galgan germanique – Gergovie, gargarius et galgerius – le mot gurges – la gorge initiatique – Grandgousier et Gargamelle – Grantgosier et Galemelle – la femme sacrée qui apporte des pierres dans son tablier –pourquoi le diable bat sa femme –

Chapitre 5 : Saint Gorgon – Rivières et mont sacrés désignés par le thème verbal G.R.G. – Saint Georges et son histoire –

Chapitre 6 : Ce que signifie les noms donnés au dragon – la fée Greg – la gargouille – le coquatrix et la cocadrille – crokos et crocodile – les monstres des sculptures romanes – la Tarasque – la Tarane – Dragon et cerf-volant – la tête coupée du dragon –

Chapitre 7 : L’épée d’or et le cheval divin – Les enfants du Dragon – le meurtre de la Gorgone comme rite de libération – le géant anguipède – le cheval Malet -  le cheval Gauvin – la blanque jument – le cheval Bayard et les divers chevaux –

2e Partie : Belen, « Père » de Gargantua

Etymologie – Belen-Baleine – Belen et Belisame – Belen dans les pays européens – le Bel et les Baals de l’Orient – Belen-Bel – les avatars de Vishnou – L’île de Bali, Balinac et Bolotoo – Abellio – Belen et Gargantua – D’où vient le mot Bal – La tombe de la Roque Balan – les grands chasseurs initiatiques – Les Ballachrades d’Argos – La boulé, le bain, la bulle – les jeux qui se rattachent à Belen-Bel –

3e Partie : Gargantua :

Chapitre 1 et 2 : Gargan et Gargantua – Evolution sémantique du mot Gargantua – Gargantua comme rameau de rosier sauvage –

Chapitre 3 : Naissance et enfance de Gargantua – la Grande montagne – Merlin démiurge – Gargantua fils de vache – Gargantua et les mutilations initiatiques – Gargantua teint la terre de son sang, rituel de sacralisation –

Chapitre 4 : Gargantua grand chasseur avec le roi Arthur – la « pierre gante » - Sainte Macrine – La reine Guenièvre – La Mesnie Hellequin – Caliburnus le glaive du roi Arthur – l’île où repose le roi Arthur – Arthur, enfant adultérin – le mythe d’Amphitryon – Gargantua croquemitaines – Saint Nicolas – Saint Leu – Loup garou –

Chapitre 5 : Gargantua, Digesteur divinisant – les tombes de Gargantua – Gargantua et les dragons –les os de baleine – Gargantua et la peste – 50 paires de bœufs portent Gargantua en terre – Descente de Gargantua aux enfers –

Chapitre 6 : Gargantua Libérateur et les rites terminaux des initiations – Gargantua et le soleil – Gargantua et les repas communiels – les festins du roi Luern -  L’universalité de la personnalité de Gargantua –

Chapitre 7 : Gargantua et son rôle d’initiateur – les empreintes et traces de Gargantua – la chaise du géant – les fesses de Gargantua – les culottes – l’écuelle – le lit – la barbe – les reliques – l’affiloire – l’ornière du chariot –

Chapitre 8 : Gargantua et la sacralisation des montagnes – les rites scatologiques de création – les vomissements – la hotte – les étrennes – le Mont St Michel -  les colonnes et les tours – les clochers et les cloches –

Chapitre 9 : Gargantua et les pierres sacrées – les jeux – les palets et les gravois – les pierres d’autel apportées au Mont St Michel par Galemelle et Grantgosier – Marie-Madeleine –

Chapitre 10 : Gargantua et les eaux sacrées – La traversée d’une rivière – le dragon maître des eaux – la sacralisation de l’eau par Gargantua – le Marais poitevin – les bateaux et les mariniers avalés par Gargantua – Construction de ponts –

Chapitre 11 : Gargantua et les rites agraires – les végétaux – Esus – Sucellus et Taranis – la fondation de Bourges – les dieux bûcherons – Donar-Thor et les géants nordiques – Gargantua berger et personnalité lunaire – la femme de Gargantua –

Chapitre 12 : Absence de connexion avec le feu sacré – rareté des danses et des rondes –

Chapitre 13 : Résumé de la légende de Gargantua – « les Grands Dieux » - les dieux ancestraux – les Saints successeurs des dieux –

 

Un superbe livre à tirage limité, qui deviendra rare. A avoir dans sa biblio.

 

Rabelais -  GARGANTUA  ET  PANTAGRUEL   -   3  tomes  - Illustrations d’ Albert DUBOUT

François Rabelais

Edition  Gibert Jeune

 1935

3 livres pour cette oeuvre de Rabelais – 1e livre Gargantua et 2e et 3e livre Pantagruel -  74 illustrations d’Albert Dubout, enrichissent magnifiquement l’oeuvre grandiloquente, satyrique, obscène et burlesque de  François Rabelais. On y ajoutera le côté mystique, ésotérique et occulte de cette époque moyenâgeuse.  Ces deux génies de la littérature et du dessin sont réunis pour en faire une oeuvre d’art.

 

Qui ne connaît pas Gargantua ? Ne vous a-t-on jamais dit que vous aviez un appétit "gargantuesque" ? Si tel est le cas, soyez heureux. Car Gargantua est un personnage mythique de la littérature française du XVIe siècle. Créé par François Rabelais, Gargantua est un géant truculent dont le nom est passé dans le langage courant pour désigner son appétit énorme et insatiable. Rabelais écrit l'ouvrage en mêlant rêve et réalité.

Sous forme de chroniques, on découvre avec plaisir les aventures comiques et magnifiques de Gargantua, de guerres en ripailles. Outre son esprit satirique, Rabelais montre ici un talent de conteur et de portraitiste. Ces pirouettes stylistiques lui permettent d'exprimer sa philosophie en toute liberté malgré la censure et les guerres de religion propres à l'époque de François Ier. Une philosophie faite d'épicurisme souriant et modéré. En prose et en vieux français, ce roman comporte tous les éléments propres aux oeuvres indémodables.

Extrait : Comment Gargantua naquit de façon bien étrange : Pendant ces réjouissances, Gargamelle commença à se sentir mal du bas. Grandgousier se leva de l'herbe et la réconforta, pensant bien que c'était le mal provoqué par la naissance. Il convenait donc de reprendre courage pour l'arrivée de son poupon. La douleur provoquerait quelques mauvais instants, mais elle serait brève. La joie lui succéderait et effacerait tous ces ennuis ; elle n'en garderait même pas le souvenir. «Courage, courage ! disait-il, je vais boire quelques rasades de vin. Je me tiendrai dans votre voisinage. S'il vous survient quelque mal, mettez vos mains en porte-voix pour m'appeler, je me rendrai auprès de vous.»

Pendant ce temps, elle se mit à soupirer, à se lamenter et à crier. Un tas de sages-femmes vinrent de tous côtés. L'enfant sursauta et entra dans la veine cave, et, grimpant par le diaphragme jusqu'au-dessus des épaules, il prit son chemin à gauche et sortit par l'oreille. Dès qu'il fut né, l'enfant ne cria pas comme les autres : «Mies ! mies !», mais il s'écria à haute voix : «À boire ! à boire !», comme s'il invitait tout le monde à boire. Il criait si fort qu'on l'entendit à travers tout le pays.
Je me doute que vous ne croyez pas à cette étrange naissance. Si vous ne le croyez pas, je ne m'en soucie guère, mais un homme de bien, un homme de bon sens croit toujours ce qu'on lui dit et qu'il trouve par écrit.

 

RABELAIS - LE SYMBOLISME DANS LE QUART LIVRE DE FRANÇOIS RABELAIS

Marie Cécile MOURET

DESIRIS

 1994

Ce quart livre mêle symboles et fantaisies nous contant les aventures de Panurge et de Pantagruel partis en mer pour consulter l’oracle de la Dive Bouteille. Voyage initiatique qui précède l’obtention de la quintessence.

 

Le Quart Livre célèbre Physis (Nature) qui enfanta "Beauté et Harmonie". C'est un livre chaotique où se mêlent symboles et fantaisies, nous contant les aventures de Panurge et de Pantagruel partis sur mer pour consulter l'oracle de la Dive Bouteille.


Voyage initiatique qui précède l'obtention de la Quintessence. L'écriture symbolique permet à Rabelais de traduire la correspondance entre les réalités visibles et invisibles, entre l'être et le paraître Influencé par les grands philosophes de l'Antiquité comme par la tradition populaire, passionné de médecine et des sciences de la nature, Rabelais a aimé et admiré le monde du vivant : le Quart Livre est avant tout un manuel anthropologique qui fait méditer le lecteur sur les avatars de la conscience.


A travers cette étude l'auteur montre et démontre que le développement de la conscience vers sa finalité qui est d'être une intelligence et une volonté libres, rencontre des pièges, des leurres et des obstacles qui sont toujours les mêmes quelle que soit l'époque.


Le mérite de Marie-Cécile Mouret est d'extraire des propos du Quart Livre ce qui concerne toute psyché humaine, mettant ainsi en valeur la perspicacité et la véritable dimension universelle et humaniste de François Rabelais.

 

RABELAIS   -   œuvres de rabelais

Jean garros

Edition  BÉZIAT

 1935

Écrit en Français moderne cette version de l’œuvre de Rabelais est beaucoup plus facile à lire.

Beaucoup de choses restent mal connues sur la vie de Rabelais. On sait de façon certaine qu’il fut moine séculier, prêtre régulier et médecin et qu’il voyagea beaucoup en France et en Italie. Les dates de sa naissance et de sa mort sont incertaines. On s’accorde généralement sur l’année 1494 pour sa naissance, mais l’année 1483 est également retenue. Il meurt probablement début avril 1553. Son père s’appelait Thomas Rabelais. On pense généralement qu’il était licencié en droit et qu’il fut doyen des avocats de Chinon, mais certains commentateurs le déclarent apothicaire ou aubergiste. Son père possédait une maison à Chinon, une propriété à Seuilly près de Chinon, « La Devinière » (souvent citée par Rabelais) et une maison à Varenne sur Loire.

On suppose que François naît à la Devinière. Il est le plus jeune des enfants et a deux frères et une sœur. Il fait ses premières études à l’abbaye bénédictine de Seuilly à côté de la Devinière ; puis il est novice au couvent de la Baumette près d’Angers où il fait la connaissance des frères Du Bellay et de Geoffroy d’Estissac qui seront ses protecteurs par la suite. De 1509 à 1524, il est moine au couvent des Franciscains du Puy Saint-Martin à Fontenay-le-Comte en Poitou.

Contrairement à l’usage Franciscain où l’ignorance était la règle, on sait qu’avec Pierre Amy il y étudie les lettres classiques, latines et grecques, dans des livres qu’ils réussissent à se procurer.

Il fréquente à cette époque André Tiraqueau qui étudie le droit et sera jurisconsulte. C’est probablement avec lui que Rabelais a acquis ses bonnes notions de droit. Vers 1523, la Sorbonne, alors faculté de théologie de Paris décide l’interdiction de l’étude du grec suite au commentaire d’Erasme (qu’admire beaucoup Rabelais) sur l’évangile de Saint-Luc. A la suite à cette interdiction, les Franciscains lui confisquent ses livres d’étude. Les persécutions auraient pu être bien pires s’il n’avait pas eu la protection de Geoffroy d’Estissac, alors évêque, des Brisson, de Tiraqueau et de Guillaume Budé, que connaît Pierre Amy et avec qui Rabelais a correspondu.

En 1524, après avoir obtenu du pape Clément VII l’autorisation de changer d’ordre, il entre chez les Bénédictins, – les bénédictins étaient amis des lettres, – et il réside au monastère de Saint-Pierre-de-Maillezais, près de Fontenay-le-Comte, puis au prieuré de Ligugé où il est sous la protection de Geoffroy d’Estissac, évêque de Maillezais. Il accompagne régulièrement ce dernier dans tout le Poitou. En 1528, il quitte le Poitou pour Paris où il fréquente l’université, abandonne sans autorisation (apostasie) le froc séculier et devient prêtre régulier. Il a une liaison avec une veuve dont il a un fils qui mourra à l’âge de deux ans. Puis, il quitte Paris pour faire sans doute un tour de France des Universités et on le retrouve en 1530 à Montpellier où il s’inscrit en faculté de médecine. En 1532 et jusqu’en février 1534, bien que n’ayant pas encore officiellement son titre de docteur en médecine, il est médecin à l’Hôtel Dieu à Lyon. Il semble qu’il travaille en même temps comme correcteur pour le libraire Sébastien Gryphe chez qui il publie alors plusieurs ouvrages Puis il a l’idée d’écrire une suite au livret que vendent les colporteurs : Les grandes chroniques du grand et énorme géant Gargantua et il publie Pantagruel en novembre 1532 sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais.

En novembre 1534, il publie Gargantua. En 1536, il obtient du pape Paul III l’absolution de son apostasie et l’autorisation de séjourner dans tous les monastères bénédictins. En 1537, il obtient le grade de docteur en médecine à Montpellier. Dans son étude de la médecine, il s’évertue à retrouver les textes originaux des médecins grecs derrière les interprétations qui ont été faites par leurs commentateurs. En 1539, il retourne en Italie pour la troisième fois en accompagnant le frère du Cardinal du Bellay, Guillaume de Langey. En mars 1543, Gargantua et Pantagruel sont condamnés par la Sorbonne, mais grâce à ses protecteurs, la condamnation reste sans effet et il obtient même du roi en 1545 un privilège pour publier le Tiers livre.

Le Tiers livre est publié en 1546, cette fois sous le nom de François Rabelais. Le livre fut condamné par la Sorbonne malgré le privilège du roi et Rabelais s’enfuit à Metz où il trouve asile dans une maison de son ami Saint Ayl et où il fut médecin de la ville. En 1547, il retourne à Rome où il reste deux ans avec Jean du Bellay. Le Quart livre est publié en 1552. Il est aussi condamné par la Sorbonne et Rabelais disparaît, peut-être en prison. Il meurt probablement début avril 1553, à Paris. En 1562, paraît l’Île sonnante qui est dite être la suite posthume du quart livre et réputée œuvre posthume de Rabelais. En 1564, est publié le Cinquième livre, reprenant les chapitres de l’Île sonnante.

Pantagruel est le premier livre écrit par Rabelais, publié en 1532 comme étant la suite d’un roman populaire vendu par les colporteurs : Les grandes chroniques du grand et énorme géant Gargantua. Il y raconte la naissance de Pantagruel, la façon dont il est éduqué et son tour des Universités. Il fait la satire des pratiques judiciaires avec les seigneurs de Baisecul et de Humevesne. On y fait la rencontre de Panurge. Il y décrit les facéties des étudiants, il critique les sophistes avec Thaumaste. Enfin, il raconte de manière épique la guerre de Pantagruel contre les Dipsodes.

Gargantua est le deuxième livre écrit par Rabelais, publié en 1534. Il est souvent considéré comme le premier de la série parce qu’il raconte l’histoire du père de Pantagruel. Suite à la description truculente de l’enfance de Gargantua, on suit le géant jusqu’à Paris où il se rend pour ses études. Rabelais décrit le renouveau de l’éducation de la Renaissance par rapport à celle du Moyen Âge, et en profite pour critiquer les sophistes. Puis Rabelais raconte la guerre Picrocholine qui se déroule autour de Chinon. Enfin, il décrit la vie monacale idéale à travers l’abbaye de Thélème.

Le Tiers Livre est publié en 1546. C’est la suite de Pantagruel après la guerre contre les Dipsodes. Panurge se demande s’il doit ou non se marier et pour trouver une réponse à cette question, il cherche tous les conseils possibles. Le livre reflète les débats médicaux, juridiques et moraux de l’époque. En particulier il traite du mariage.

Le Quart Livre est publié en 1552. Les onze premiers chapitres ayant d’abord été publiés en 1548, Rabelais y raconte l’odyssée de Pantagruel et de ses compagnons pour rencontrer l’oracle de la dive bouteille concernant le mariage de Panurge. C’est l’occasion de nombreuses satires sur les mœurs religieuses, notamment de la Cour du pape à Rome.

Le Cinquième livre fut publié en deux fois. D’abord, ce sont les seize premiers chapitres qui paraissent sous le titre de « l’Île sonnante » en 1560, neuf ans après la mort de Rabelais. Puis le livre complet paraît en 1564. L’authenticité de l’écriture du cinquième livre par Rabelais n’a jamais été prouvée. Il est vraisemblable qu’il s’agisse d’un manuscrit inachevé par Rabelais et complété par l’éditeur. On y trouve des attaques encore plus violentes contre les moines et un ton beaucoup plus âpre et triste.

Sa personnalité et l’érudition qu’il a acquise dans l’étude des lettres classiques grecques et latines vont faire qu’il crée un style nouveau qui préfigure le roman moderne. Conscient de l’ambivalence de son projet, à la fois faire une parodie des romans du passé, comme pour insister sur la rupture de son siècle avec le Moyen Age, faire la critique des travers de son époque, parlant ainsi de choses qu’il connaît bien, l’ordre religieux, universitaire, scholastique etc., il ne fait aucun doute qu’à mesure qu’évolue son travail, il projette d’exposer sa vision d’un monde débarrassé des chaînes de l’obscurantisme qui paralyse l’intelligence, la créativité et le « savoir-jouir » humain.

Tous les éléments sont présents dans son œuvre, et se croisent, s’entrecroisent dans une extraordinaire alchimie des situations et du langage. C’est bien ce contraste qui se situe à l’opposé de la littérature fêtée par les prix littéraires aujourd’hui. L’étonnant paradoxe de la renommée de Rabelais de nos jours, c’est qu’aucun éditeur ne publierait ses manuscrits ; tous ou presque trouveraient que c’est trop truculent, que les mots outranciers y côtoient les « mots savants », que les situations sont trop « absurdes » ou surréalistes, qu’il n’y a guère de vraisemblance, que les remarques philosophiques sont « oiseuses », la structure faible et la parodie trop lourde. Ainsi, ce sont les mêmes qui sacralisent Rabelais et qui à la fois n’ont rien compris à l’importance de son héritage. La seule explication, c’est que Rabelais est un génie et que les devantures des librairies sont remplies de fausse littérature, une littérature épuisée qui suit des codes rigides plutôt que de s’aventurer sur les terrains de l’imaginaire, une sorte de marketing de la narration, des personnages et du style, des livres non pas vides mais étonnamment « attendus », où l’on soupire dès le quatrième de couverture, avant de feuilleter des pages miroirs qui ne font que refléter le contentement narcissique d’être soi.

Chez Rabelais, on y trouve le sens de la parodie et de la démesure : la parodie des romans de chevalerie pleins de combats contre des créatures émanations du mal, d’amours courtoises, de références religieuses, et en fait des guerres absurdes, des combats hénaurmes, des amours pas très courtoises. Par exemple, dans toutes les descriptions des blessures, Rabelais en les décrivant de façon très formelle fait ressortir ses compétences de médecin et accentue l’effet comique (description très sérieuse d’une situation absurde) : « Lui coupant entièrement les veines jugulaires et les artères du cou, avec la luette, jusqu’aux deux glandes thyroïdes, et, en retirant le poignard, il lui ouvrit la moelle épinière entre la seconde et la troisième vertèbre. Alors l’archer tomba tout à fait mort. »

Mais on y trouve aussi la langue. Ce qui fait probablement sa plus grande originalité. Car si Rabelais fut malgré tout suivi par certains sur ce chemin de traverse de la littérature, très peu osèrent s’aventurer sur le chemin de la langue, truculente, inventive, parlée, excessive,  Son langage est le fruit d’un mélange qui étourdit le lecteur le plus endurci : les mots populaires côtoient les mots savants, les mots outranciers jouent avec les mots pieux, termes techniques, termes anciens, néologismes, mots étrangers, mots empruntés aux divers patois, la langue de Rabelais, c’est une fête des mots.

La mangeaille, le vin, la dive bouteille, la ripaille, la boustifaille, les rapports sexuels débridés, la défécation, les pets, un torrent d’urine qui noie les assaillants... : l’hédonisme est présent partout, vivre sans soucis, sans peur, sans crainte du lendemain, saisir à tous les instants la moindre opportunité pour copuler, manger, boire…. Il y a à peu près autant de rapport entre le Paris d’aujourd’hui et Rabelais qu’entre un lapin et une carpe. Non, ce qu’exprime Rabelais, c’est évidemment l’aspiration à la liberté dans une société phagocytée par l’oppression de l’ordre religieux et des mandarinats, médecins, juristes, universitaires. La vie festive que connaissent les héros de Rabelais est une des autres manifestations de l’aspiration à une société ouverte.

Car c’est bien cela qui unit les innombrables caractéristiques de l’œuvre rabelaisienne : ce qui unit l’invention langagière, la parodie du passé, la satire des institutions de l’époque, les chapitres présentant un monde idéal et libertaire (voir L’abbaye de Thélème dans Gargantua), c’est la volonté d’abattre les murailles qui, en privant les hommes d’échanges, qu’ils soient linguistiques, sociaux, littéraires, ou plus « simples », comme manger, s’enivrer et « faire la bête à deux dos », les immobilise dans le Moyen Age dominé par l’ordre religieux. Rabelais, c’est l’aspiration à la Renaissance.

 

Rabelais  -    Oeuvres  - PANTAGRUEL ET GARGANTUA  -     4  Volumes  -

François  Rabelais

Edition Jean de Bonnot

 1973

L’ouvrage de Rabelais se compose de cinq livres. Le premier a pour titre Gargantua, et les quatre autres Pantagruel. Le titre complet est : La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel. Jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre plein de Pantagruélisme, ou plus simplement Gargantua. Gargantua a été écrit après Pantagruel mais placé en premier par Rabelais.

 

 Grandgousier, Gargantua, Pantagruel sont des rois et des géants qui règnent en Utopie, près de Chinon, en Touraine. Tel est le lieu de la scène. Quant à l’action, elle est impossible à suivre ; l’auteur introduit ses personnages dans la vie, raconte leur enfance, fait le procès à l’éducation qu’on donnait de son temps ; puis il sème au gré de sa fantaisie les épisodes les plus divers, les digressions et les plus burlesques. Nous ne suivrons pas Grandgousier dans toutes ses pérégrinations ; nous ne relèverons dans cette histoire que ce qui est de nature à nous faire apprécier en Rabelais le penseur sérieux qui est en avance sur son siècle. 

 

Grandgousier est un roi paisible, bon et cher à ses sujets. Il est attaqué, au mépris de tout droit, par le roi Picrochole. Le roi d’Utopie, après avoir épuisé tous les moyens de conserver la paix, est forcé d’avoir recours aux armes. Picrochole envahit le royaume de Grandgousier, ravage toute une contrée ; mais il est arrêté dans sa course, battu et se sauve, suivi à peine de quelques compagnons. Cependant le vainqueur, loin d’abuser de sa victoire, respecte le territoire ennemi et rend la liberté aux prisonniers sans rançon. Ce trait était une protestation contre les horreurs et les injustices de la guerre. 

 

L’un des plus vaillants champions de l’armée de Grandgousier est un moine, frère Jean des Entomeures. À l’approche des ennemis, les autres moines se sont réfugiés tout tremblants dans la chapelle ; frère Jean s’arme du bois de la croix, met son froc en écharpe et tombe à bras raccourci sur les pillards et en laisse sur le terrain « treize mille six cents vingt-deux, sans les femmes et petits enfants, cela s’entend toujours ». L’auteur avait évidemment l’intention de montrer que le couvent renferme et enlève à la société des hommes faits pour l’action, qui sont de mauvais moines et qui feraient d’excellents soldats, d’excellents laboureurs et artisans. Les ennemis battus et rentrés dans tour pays, Gargantua songe à récompenser le moine. Il lui offre une abbaye qu’il a préservée du pillage. Mais frère Jean refuse. Cependant il ne demande pas mieux que de fonder une abbaye à son gré. C’est la fameuse abbaye de Thélème, véritable paradis terrestre où règne la liberté absolue, la joie, l’étude, les honnêtes délassements. Sur la porte est gravée la devise : Fais ce que tu voudras. On y entre et on en sort à volonté. C’est le rêve d’un ami de l’humanité.

 

RABELAIS  -  FILS DE RABELAIS

Valérie de Changy

Edition de Borée

 2018

En ce XVIe siècle triomphant, les idées de la Renaissance pénètrent les cœurs et les esprits de la haute société. Rabelais, avec la publication de son Pantagruel puis de Gargantua, s’est fait une place de choix parmi les humanistes. Or, cet homme mûr, médecin et philosophe, écrivain à nulle autre pareille, compte de nombreux ennemis... Justus, orphelin de 13 ans qu’il a recueilli et qu’il considère comme son fils adoptif, développe à la Devinière ses talents de cuisinier et son goût pour la nature et les plantes, en même temps qu’il devient le réceptacle des idées novatrices et de la grande humanité du philosophe. Lorsque la jeune Blanche est recueillie par la tante Eulalie, suite à une tentative d’exercer le droit de cuissage par le chevalier de Puits-Herbault, la vie va s’en trouver radicalement changée. Tandis que Rabelais écrit son Tiers Livre, le seigneur fourbit ses armes et s’apprête à frapper. Justus et Rabelais seront-ils suffisamment forts pour lui résister ? Qui des humanistes ou des opposants à Rabelais vont gagner la bataille ?

 

Dans une langue ciselée et agréable à l’extrême, Valérie de Changy nous plonge au cœur d’une province française au temps de François Ier, roi conquérant et mécène : elle interroge les valeurs essentielles que sont la tolérance et les progrès de la connaissance. Justus, Rabelais, Blanche et Eulalie sont les personnages-témoins d’une aventure hors norme...Alors que les inépuisables études rabelaisiennes sont légion, Valéry de Changy a fait le choix judicieux du roman pour mieux révéler les multiples facettes de ce François Rabelais auquel nous nous référons à de nombreux titres sans toujours bien saisir la portée de l’héritage profond qu’il nous a laissé.

 

Dans un XVIème siècle pénétré lentement mais sûrement par les idées de la Renaissance, Rabelais a déclenché de nombreuses hostilités à son égard dont celles d’une Sorbonne monolithique au service du dogme catholique. En 1543, La Sorbonne condamne Pantagruel et Gargantua. La protection des Du Bellay lui évite des ennuis majeurs. Le Quart Livre lui vaudra une nouvelle condamnation et cette fois, peut-être, des ennuis bien tangibles.

 

Il a recueilli un orphelin de treize ans, Justus, qu’il considère comme son fils, un fils qui baigne dans l’effervescence rabelaisienne et s’imprègne des idées libertaires de ce père adoptif. Nous pourrions dire de Rabelais qu’il incarne à son époque l’alliance entre tradition et avant-garde, la tradition étant cet incessant rappel à l’essentiel au sein des modernités successives. Cette posture est par nature intenable, suscitant adversités et incompréhensions dans tous les milieux. L’adversaire est ici le chevalier de Puis-Herbault, sorbonnard rigide qui se pense missionner pour protéger la foi. Il compte frapper Justus pour atteindre François l’humaniste et ses pairs.

 

Le roman est porté par une belle langue qui restitue le rythme rabelaisien de la vie. Le lecteur se plonge avec délectation dans l’intrigue et se confronte avec les idées portées par Rabelais.

Au cœur des valeurs rabelaisiennes, se trouve la liberté, liberté d’être, de penser et d’agir, une liberté qui doit s’inventer et se réinventer au quotidien par un affranchissement à la fois des conditionnements de l’époque et de conditionnements plus personnels. Il est intéressant de noter que Justus étant passionné d’arts culinaires, la saveur tient une place essentielle dans le roman. Or, le goût et l’odorat sont les plus immédiats des sens après le toucher, se prolongeant par l’ouïe et la vue jusqu’à la pensée. Cette approche sensorielle donne à l’expérience une indispensable assise « ici et maintenant » permettant de partir en quête du « déjà et pas encore », quête si singulière chez Rabelais.

 

Nous retrouvons dans la relation entre François et Justus, le projet éducatif humaniste de Rabelais, soucieux d’embrasser les disciplines afin qu’elles se nourrissent les unes les autres. Nous parlerions aujourd’hui de transversalité. Le roman met également en lumière la place de la femme chez Rabelais. Il voudrait les libérer du fardeau sociétal qui les contraint dans la tenaille des mâles. Pour cela, il ne cherche pas à les idéaliser mais les voudrait chair et esprit quand les uns ne les prennent que chair et les autres purs esprits. Valérie de Changy nous offre deux belles figures de femmes rebelles, Blanche et Eulalie, qui refusent le carcan dans lequel les préjugés communs les maintiennent et choisissent la marginalité d’une communauté.

 

Le roman reprend les thèmes rabelaisiens intemporels : la lutte contre les institutions qui, toujours, enferment, la vivance ou la survivance des idées nouvelles, la relation avec la nature, la question des affranchissements, celui du fils face au père, celui de la femme devant l’homme, nécessaires pour co-créer dans une véritable relation, celle de l’amour par conséquent. Il s’agit toujours, conclut Valérie de Changy d’élever à la liberté. Sans oublier l’éclat de rire au cœur du tragique sans lequel Rabelais ne serait pas Rabelais.

 

Comme toujours avec Rabelais, il apparaît furieusement actuel. Il est salutaire de se retourner vers lui pour nous réveiller de l’engourdissement sombre qui envahit aujourd’hui notre monde. Il y a un recours à Rabelais comme il y a un recours à Spinoza ou un recours aux forêts. Ce livre, d’abord publié en Belgique, a déjà reçu le prix Rabelais et le prix Contrepoint. Mais le plus beau prix pour Valérie de Changy, en véritable fille de Rabelais, est sans doute celui du lecteur qui sort de ce roman plus vivant qu’il ne l’était avant d’en ouvrir la première page. Rabelais sera toujours un renouvellement de l’intensité.

A ne pas manquer. Et nous attendons la suite annoncée avec impatience…

 

RABELAIS - LA TRADITION ET LA CONNAISSANCE PRIMORDIALE DANS LA SPIRITUALITÉ DE L’OCCIDENT.   LES SILÈNES DE RABELAIS

Paul NAUDON

DERVY

 1973

Y est expliqué le courant occidental de la tradition et ses sources, de Jésus à la Renaissance, la purification, la gnose, le catharisme, le tarot, Rabelais, la médecine hermétique, la Rose-croix, les associations initiatiques, la transcendance et l’immanence, l’immortalité de l’âme, l’ésotérisme comme langage de la tradition, le sel rabelaisien, le cercle, le Tau, la lettre G, le vin, les arts divinatoires et la quintessence rabelaisienne.

 

La tradition fait naître François Rabelais en 1394 à la Devinière, à une portée de fusil de l'Abbaye de Seuilly, où il acquiert les premiers rudiments scolaires. Il trace dans Gargantua une joyeuse satyre de ses premières études et de la théologie scolastique qui lui a été infligée au cours de son noviciat de moine franciscain.

 

Après avoir jeté son froc de moine pour prendre celui de prêtre séculier, Il se fait inscrire à la faculté de Médecine de Montpellier. Puis il part à Lyon, comme médecin, à l'Hôtel Dieu de Notre Dame de la Pitié du Pont du Rhône. Mais son poste de médecin et ses recherches de savant lui rapportent peu. Il n'est donc pas riche.

"J'ai lu quelque part, qu'un philosophe nommé Pétron pensait que plusieurs mondes se touchaient entre eux et formaient un triangle équilatéral au centre duquel se trouvaient le séjour de la Vérité, ainsi que les représentations de toutes les choses passées et futures ... Il me souvient aussi qu'Aristote pensait que les paroles volent et sont donc animées. Aussi, lorsqu'elles sont prononcées par un rude hiver, elles gèlent, se transforment en glace, et personne ne les entend plus. Ainsi, ce que Platon enseignait aux jeunes gens le comprenaient-ils à peine au soir de leur vie ... Il conviendrait donc de nous demander si nous nous trouverions ici dans un lieu où de telles paroles peuvent dégeler".

C'est ainsi que Rabelais nous raconte, au chapitre LV du Quart Livre, comment Pantagruel entendit en haute mer diverses paroles dégelées ... Voici donc un livre qui n'est pas l'œuvre d'un bouffon, ni d'un farceur trivial, mais bien celle d'un génie raffiné qui raillait le genre humain et la crédulité de ses espérances. Un génie, qui pour découvrir l'idéal humaniste, avait affranchi sa conscience du pouvoir millénaire de la pensée médiévale, en prenant délibérément position sur la rive opposée de la culture officielle, en se mettant toutefois à couvert sous le masque du carnaval et de la folie, comme il le fait assez bien comprendre lui-même dans son prologue :

"Les Silènes étaient jadis de petites boîtes comme on en voit à présent dans les boutiques des apothicaires et sur lesquelles étaient peintes des figures amusantes et frivoles et autres images semblables, pour inciter les gens à rire, à l'instar de Silène, maître du bon Bacchus. Mais à l'intérieur, on conservait de précieux ingrédients comme le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries et d'autres choses de grande valeur ... A votre avis, pourquoi ce coup d'envoi ... C'est (parce) qu'il faut ouvrir ce livre et peser soigneusement ce qui y est exposé.

 

Mais, que peut-on dire de sérieux sur Rabelais dans notre langage sérieux ? On ne saurait parler de lui quand on ne parle pas comme lui. Et seul Coluche aurait osé dire quelle partie de lui-même Grandgousier se chauffait à un clair feu de bois, ou celle que Gargantua avait inventé de se torcher d'une manière révélatrice. Alors, que faire d'un géant du rire, dont le langage est la substance et l'ivresse ? Que faire de celui par qui le scandale arrive, mais qui seul, avec Molière peut-être, soutient la comparaison avec quelques géants étrangers ? Et surtout, comment aborder une réflexion sur Rabelais avec un regard résolument tourné vers le futur ? Peut-être en se demandant pourquoi il est impossible d'éviter de réfléchir son propre portrait dans le miroir qu'est par définition un chef-d'œuvre. Car il n'existe aucun lecteur sérieux qui n'ait trouvé, dans les silènes, autre chose que sa propre image....

Ainsi Rabelais décrit-il lui-même ceux à qui ses livres sont dédiés : "Les beaux bâtisseurs de pierres mortes ne sont pas écrits dans mon livre de vie. Je ne bâtis que pierres vives, ce sont les hommes" ... Ainsi le rôle de l'œuvre est-il d'engendrer ses propres lecteurs. Et Pantagruel, géant de la soif, engendre une soif inextinguible : "Et n'ayez pas peur que le vin manque, comme aux noces de Cana en Galilée, autant vous en tirerez au fausset, autant j'en entonnerai par la bonde. Ainsi le tonneau restera-t-il inépuisable. Il possède une source vive et un courant intarissable ..." - Prologue du Tiers Livre.

 

rennes- le- chÂteau

Jean blum

Edition du Rocher

 2003

Toujours un parfum de mystère pour essayer d’y voir clair dans cette affaire ou une enquête est mené sur les Wisigoths, les Cathares, et les Templiers.

L’auteur s’efforce d’être lucide et pose des questions plutôt que d’assommer des pseudos vérités.

 

Un bon livre sur le sujet.

 

rennes – le - chÂteau - ACTE du colloque d’Études & de recherches sur rennes – le - chÂteau

A.R.T.B.S.

Edition ŒIL DE LYNX

 2003

Comme d’autres célébrités, Béranger Saunière, curé de Rennes – Le – Château, aura eu deux existences : la terrestre et la posthume. La terrestre est à peu près connue : elle est faite de dépenses destinées d’abord à restaurer l’église du village, puis à acquérir et aménager un domaine privé, enfin d’un procès ecclésiastique intenté par l’évêque de Carcassonne, et se termine avec le décès du prêtre en janvier 1917. la posthume commence il y a une cinquantaine d’années et n’est construite que d’hypothèses : celles de plus en plus audacieuses émises par des chercheurs qui ne se satisfaisaient pas du prétexte invoqué par l’évêque.

 

Un trafic de messes, allons donc ! Cela ne saurait suffire !


La vie terrestre de Béranger Saunière s’est déroulée à l’époque où la République naissante devait à la fois réunir ses forces pour affronter des mouvements royalistes toujours solides et se préparer à séparer de l’État une Église qui, malgré 1789, n’en voyait pas forcément la nécessité. Le curé du village faisait alors souvent figure de second pôle de référence ou de contrepoids face à l’autorité municipale.


La vie posthume continue sous nos yeux et, telles qu’elles sont énoncées, les hypothèses qui se succèdent impliquent souvent une remise en cause radicale de l’histoire de France ou de celle de la chrétienté. L’Association pour la Rénovation de la Tombe de Béranger Saunière (A.R.T.B.S.) cherche à contribuer à la préservation et à la promotion du patrimoine matériel et spirituel laissé par l’Abbé Béranger Saunière. Dans ce but, elle organise, entre autres, un colloque annuel destiné à étudier aussi bien le contexte de la vie terrestre du prêtre que celui de son existence posthume.

 

rennes – le – chÂteau à saint- sulpice

Henri de lens

Edition PÉGASE

 2005

La première fois que Henri de Lens vint à Rennes-le-Château, il comprit tout de suite que l’outil du chercheur n’était ni le pic ni la pioche, mais la tête. De la réflexion et de l’astuce, l’auteur en est puissamment doté. Peut-être plus attiré par l’aspect intellectuel de cette quête au trésor, il met libéralement sa science et son savoir au service d’une découverte extraordinaire qu’il pressent et démontre.


De l’église saint-sulpicienne de Rennes-le-Château à l’église Saint-Sulpice à Paris, il n’y a qu’une distance que l’auteur nous invite à franchir. Là, bien au fait des symboles qu’il nous montre et nous explique, Henri de Lens fait la démonstration que si la clef de l’énigme est à Saint-Sulpice, la serrure est à Rennes-le-Château. Au passage, l’auteur décrypte avec brio les deux parchemins à l’origine de cette affaire.

 

rennes- le- chÂteau -  autopsie d’un mythe

J.J. bedu

Edition LAUBATIÈRES

 1990

En mars 1988, Jean-Jacques Bedu découvre l’affaire de Rennes – Le – Château. Disposant de documents inédits, l’auteur mène alors une enquête minutieuse dont résulte une conclusion surprenante ; Bérenger SAUNIÈRE ne s’est nullement enrichi grâce à la découverte d’un trésor.

 

Exploitant à l’aide du support informatique la fabuleuse somme de données qui lui a été confiée, il rétablit scrupuleusement les comptes du prêtre et découvre aussitôt le secret et l’étrange source de revenus de l’abbé SAUNIÈRE, levant ainsi un voile sur l’énigme.


Cet ouvrage prend résolument le chemin de la démystification. C’est une étude sérieuse sur les différentes thèses en présence, dans une affaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et suscité de nombreuses émissions de télévision.

 

RENNES-LE-CHÂTEAU   B.A-BA

F.D    KIRCHER

Edition PARDES

 2003

L’Abbé Béranger Saunière s’éteignit le 22 janvier 1917. Qui aurait cru, à l’époque, que l’on parlerait encore de ce modeste curé de campagne près d’un siècle plus tard ? Qu’il lui serait consacré tant d’articles, de livres, de reportages, tant en France qu’à l’étranger ?

Qui aurait cru que sa commune de Rennes-le Château dans l’Aude, deviendrait une destination touristique fort prisée ?

 

Pourquoi un tel engouement ? C’est que…il a été riche, l’Abbé Béranger Saunière, immensément riche ! Tandis que rien ne l’y prédestinait, du jour au lendemain, il s’est retrouvé à la tête d’une incommensurable fortune.

 

D’où provinrent ces richesses colossales, qui lui permirent de se livrer à des dépenses somptuaires démesurées et de traiter luxueusement les nombreuses personnalités qu’il invitait dans son fief ? Mit-il la main sur le trésor des Wisigoths ? Sur celui du Temple de Jérusalem ? Certains chercheurs l’ont envisagé…Ou bien découvrit-il quelque chose de plus énigmatique encore ?

 

Les auteurs sont parvenus à déchiffrer les singulières inscriptions de la tombe de la marquise de Blanchefort. Ils ont réussi à démêler le fil des investigations de Béranger Saunière, se trouvant ainsi conduits à découvrir comment il entra en possession de ces richesses inexplicables. Que Béranger Saunière ait été obnubilé par Marie- Madeleine nous est prouvé par ses faits et gestes. Les Evangiles comptent 3 Marie (Marie de Béthanie, Marie de Magdala et la pécheresse repentie), mais les légendes chrétiennes postérieures virent souvent leurs personnages s’interpénétrer, voire se confondre en une seule personne : Marie-Madeleine.

 

 Or notre abbé a construit une villa cossue, qu’il affubla du nom de Béthania, ainsi qu’une tour Magdala. Et, dans l’église de Rennes-le-Château, qu’il fit restaurer, Saunière ajouta de nombreuses représentations de la sainte : vitrail représentant la pécheresse repentie, plusieurs stations du chemin de croix, bas-relief de l’autel et statues à l’intérieur et à l’extérieur de l’église. Dans ses papiers personnels, on retrouva un singulier document : un collage composé de deux illustrations tirées d’un journal. La partie supérieure représente trois anges emmenant au ciel un enfant portant dans ses mains une bougie allumée, rappelant ainsi la légende de Marie-Madeleine.

 


Cette dévotion se comprend facilement, si l’on songe que l’abbé Saunière chercha très longtemps cette grotte censée conserver les reliques de la Sainte et un trésor spirituel : Le catinum. En effet, les grottes et les cols ne manquent pas dans la région, et c’est un véritable casse-tête qui se posa à l’abbé, car où commencer les recherches ? Vers la forêt de Rialsesse, au col du Paradis, près de la source de la Sals, au col de la Fage, au col de Linas, vers le pic du Bugarach, au col de saint Louis, vers la forêt des Fanges, au col Camperié, près d’Axat ? Beaucoup de directions, où chacune abonde en grottes, et boyaux souterrains. Une recherche quasi impossible et pourtant il a trouvé un trésor ! Alors,  mystère……..

 

rennes- le - chÂteau – entre la rose & l’Équerre

Daniel dugès

Edition ARQA

 2008

« Il suffit d’entrer dans l’église de Rennes-Le-Château et d’observer au regard de la symbologie maçonnique, les choses, les décors, les peintures et les architectures : tout y est ! Et la messe est dite… Il suffit de connaître et de comparer le plan d’un temple maçonnique et le plan de l’église de Rennes-Le-Château : la voûte étoilée, le pavé mosaïque, mais surtout l’emplacement pour les Surveillants, dans ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui « L’église-loge » de Rennes-Le-Château, et l’on comprendra le fin mot du mystère… Ce n’était pas sorcier et c’était là devant nous, mais nous ne l’avions pas vu jusqu’à présent !

 

Dans cet ouvrage, Daniel Dugès, reprenant à zéro la thèse parfaitement évoquée il y a exactement quarante années par Gérard de SEDE, qui considérait qu’à l’époque de l’Abbé Saunière l’église de Rennes-Le-Château servait à des tenues secrètes de Franc-maçons travaillant au Rite Écossais, arrive exactement à la même conclusion que de Séde, mais en apportant surtout les preuves qui manquaient à l’auteur de L’Or de Rennes !

 

Elles sont concrètes et palpables ces preuves, elles sont là sous nos yeux. « C’est devant l’impossibilité d’expliquer le grand bas-relief du fond de l’église et la découverte sur celui-ci d’un signe manifestement initiatique, évidence récemment confirmée par l’apparition d’un sautoir maçonnique dans les affaires de l’Abbé Saunière en 2007, par Antoine Captier, le descendant du carillonneur de l’Abbé Saunière, que j’ai décidé de reprendre toutes les théories que les chercheurs avaient explorées jusqu’à présent et qui nous emmenaient dans une impasse…

 

L’hypothèse d’un Abbé Saunière isolé découvreur de trésor ne tenait pas, par contre l’idée qu’un groupe d’initiés se réunissant à Rennes, et se servant de l’église comme d’un temple, demandait à être approfondie, mais les éléments apportés par de Séde étaient totalement insuffisants, jusqu’à ce jour de janvier où entrant dans l’église, j’ai découvert les preuves manifestes, incontournables et surtout incontestables, qui nous emmènent à cette inévitable conclusion.

 

Ce que les chercheurs castelrennais n’avaient pas compris jusqu’alors, c’était que la guerre entre les maçonneries qui faisaient rage à la fin du XIXème siècle, du temps de l’Abbé Saunière, entre la maçonnerie dite « régulière » composée de hauts grades à évocation christique et celle laïque et anticatholique, qui ne cessait de prendre en compte, si l’on veut comprendre le fin mot de l’histoire… »

 

Voilà ce que nous dit Daniel Dugès dans ce livre érudit et généreux, qui ne manque ni de sources, ni de références bibliographiques.  Un livre qui va assurément faire trembler les colonnes du Temple ! Entre la Rose et l’Équerre.

 

rennes- le- chÂteau – l’abc & l’encyclopÉdie de Rennes-le-chÂteau

Les Bergers d’arcadie

 Edition ARQA

 2008

L’ABC de RLC – L’Encyclopédie de Rennes-Le-Château – Il aura fallu plus de trois ans d’études et de labeur à quatre auteurs : Daniel Dugès, Patrick Berlier, Christian Doumergue, Thierry E Garnier, aidés dans leur tâche par huit amis et collaborateurs de renom, Franck Daffos, Michel Vallet, Antoine Captier, Jean Brunelin, Gil Alonso-Mier, Georges A.D. Martin, Michel Crozet, pour parachever cette encyclopédie consacrée au mystère de Rennes-Le-Château.

 

Avec plus de 700 définitions et mots clés et près de 800 images, cette somme éminente restera dans l’histoire de Rennes-Le-Château comme une des pierres majeures consacrée à l’édifice tout entier que constitue la recherche sur le petit village audois.

 

Loin d’être une compilation de notes éparses, cette étude encyclopédique menée de main de maître doit beaucoup au talent de ses auteurs qui se sont dépensés sans compter pour recadrer une vérité savante et si complexe, loin des querelles de clochers et des études partiales.

 

Cette encyclopédie de premier plan, factuelle et sans tabou, qui indéniablement faisait défaut, est enfin publiée grâce aux éditions Arqa. Elle constitue une banque de données incomparable et se veut un outil de référence pour le lecteur, ainsi que pour le chercheur qu’il soit néophyte ou confirmé.

 

On trouvera dans cet ABC de RLC, de très nombreuses sources d’archives et historiques, littéraires, graphiques, cartographiques, photographiques, rares voire totalement inédites qui font de ce travail remarquable, non seulement un ouvrage unique mais permettent aussi d’assembler un corpus de documents d’appoint très important pour tous les curieux impénitents en quête de connaissance.

 

Histoire, Arts, Littérature, Biographies, Recherches, mettent en œuvre les différents départements de cette encyclopédie, que l’on consultera savamment, avec gourmandise ou en la butinant, à l’ombre de la Tour Magdala…

 

rennes- le- chÂteau - l’affaire de rennes – le – chÂteau

Christian doumergue

Edition ARQA

  2006

D’aucuns pourront penser : « Un livre de plus sur Rennes Le Château ? »… Oui ! Mais quel livre ! Assurément un livre évènement… C’est que l’auteur, à travers un texte illustré par plus de quatre-vingt documents, pour la plupart inédits, apporte de nombreuses pièces nouvelles au dossier. Issues du fonds Corbu-Captier, des correspondances jamais encore publiées à ce jour, jamais montrées même pour certaines, révèlent des aspects méconnus de la vie de l’abbé SAUNIÈRE. On le découvre, par exemple, disciple de Stéphane Kneipp, prêtre allemand très en vogue dans les dernières années du XIXème siècle. Le prêtre n’est pas seul à voir son portrait considérablement précisé.

 

D’autres documents éclairent – eux – le Mystère de Rennes. Plus exactement, nous disons que derrière le mythe créé par Pierre Plantard autour de l’abbé SAUNIÈRE il y a bien quelque chose.

 

Ainsi voit-on Jules Doinel, le fondateur de l’Église Gnostique, dont le présent ouvrage expose en détail l’implication dans ce que Christian Doumergue appelle fort justement « L’Affaire de Rennes Le Château », côtoyer l’un des acteurs-clef du Mystère, Monseigneur Billard lui-même…

 

Éclairage exceptionnel que l’on ne pourra comprendre qu’au regard d’autres découvertes tout aussi étonnantes ; recherches menées par les inquisiteurs près de Limoux pour y retrouver le « Trésor » des Cathares, tentative d’exploration par un Déodat Roché alors proche de Jules Doinel, d’un ancien temple souterrain près d’Alet…Ainsi au fil de ces lignes résultant de près de dix ans de recherches ressuscite peu à peu un passé oublié… et jusqu’à ce jour insoupçonné !


2 tomes pour cette affaire.

 

rennes- le- chÂteau – l’affaire des carnets

Franck daffos

Edition Arqa

 2008

À la manière d’un Gérard de Sède répondant à M. Descadeillas, Franck Daffos nous présente dans ce livre, loin des acrimonies et des règlements de compte, une réflexion fouillée et argumentée dans la meilleure tradition castelrennaise – une analyse aiguë et sans concession.

 

Une réponse adaptée aussi, signant en lettres de feu, quelques aperçus instructifs pour servir à l’édification des chercheurs sourcilleux en mal de pistes à explorer.

 

Cette objection littéraire à M. Octonovo s’inscrit donc avec humour et talent, avant toute chose dans l’exigence et la clarification nécessaire dévolue à toute enquête rigoureuse.

Depuis des années, Franck Daffos en fin limier de l’affaire de Rennes, conduit ses recherches sur des domaines peu explorés, il présente ici une remarquable contre-expertise sur les carnets de l’abbé Saunière, rare source éminente conservée à la fois aux Archives départementales de l’Aude et dans le fonds Corbu-Captier, source qui ne demandait qu’à se dévoiler, de la meilleure manière qui soit.

 

Cette superbe étude publiée partiellement sur le site Internet //rennes-le-château-archive.com se trouve ici augmentée dans cette version intégrale, enrichie de nombreuses notes substantielles, d’un chapitre totalement inédit et tout à fait saisissant, intitulé Les vérités du chanoine Huguet, d’une préface de Thierry E Garnier, et des réponses circonstanciées en annexes de Jean-Luc Chaumeil, Christian Doumergue et Gino Sandri, à M. Octonovo.

 

RENNES-LE-CHÂTEAU.  LA TOMBE PERDUE 

CHRISTIAN  DOUMERGUE

ÉDITION  PARDÈS

 2010

Le corps du Christ repose-t-il dans le sud de la France ? Le 26 Février 2007, par le biais d’une conférence de presse à la bibliothèque publique de New York, James Cameron (le réalisateur du film Titanic) annonçait avoir découvert la tombe du Christ. Assurant la promotion d’un documentaire produit par ses soins, le cinéaste faisait référence à l’exhumation, à Jérusalem dans les années 1980, de plusieurs ossuaires portant pour l’un, le nom de Jésus, et, pour ceux l’entourant, des patronymes associés au Messie, comme Marie ou Joseph.

 

Aussitôt débattue, l’annonce a fait le tour de la planète et suscitée de vives réactions, notamment des milieux religieux, qui après le « Da Vinci Code », ont vu là, une nouvelle attaque contre la foi chrétienne. Reposant sur la même question, cet ouvrage «  La Tombe Perdue », fruit de plusieurs années de recherches en bibliothèque comme sur le terrain, apporte une réponse plus surprenante encore que le documentaire évoqué. S’il est certain, pour l’auteur, que Jésus n’est pas ressuscité au sens où l’entend l’Eglise et, si le Christ a donc bien eu une tombe, celle-ci ne serait pas à chercher en Israël, mais dans le sud de la France.

 

L’affirmation a de quoi surprendre. Les nombreux documents historiques rassemblés dans le présent ouvrage, afin d’essayer de percer un mystère vieux de 2000 ans, permettront toutefois à chacun de se faire une idée sur la question.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une énigme vieille de 2000 ans : La Disparition du Corps trois jours après la mise au tombeau- D’Orient et d’Occident – interrogation autour d’un reliquaire – le manuscrit Lat. 5327 – derrière le voile – la Gaule – A la recherche du tombeau – Une vieille histoire sort de l’oubli – A l’origine du mythe – Les Evangiles sans Dieu (1887) de Louis Martin – L’invention des reliques de saint Maximin – Narbo Martius – La Rennes oubliée – A la recherche de la Vérité –

 

RENNES-LE-CHÂTEAU – LE CERCLE DE NARBONNE ET LE MYSTÈRE DE RENNES-LE-CHÂTEAU

Christian Doumergue 

Edition Arqa

 2015

Le  Crocodile est l’ouvrage le plus singulier de Louis-Claude de Saint-Martin. Le texte intégral avec une préface de Robert Amadou, devait sortir en 2006, hélas la maladie et en 2008 le décès de R. Amadou, en retarda la sortie, heureusement sa femme Catherine a conduit le chantier à son terme.


Etrange crocodile ! Ce poème « épico-magique », en 102 chants publié en 1799, mais achevé dès  1792, il développe sous le voile de l’allégorie des vérités très hautes. Mais quelles vérités ?


Depuis son origine,  «le monde est le théâtre du combat du bien et du mal », dont l’épisode fictif, placé sous le règne de Louis XV, n’est qu’un moment de l’histoire des hommes, comme en est un autre l’épisode réel, survenu sous le règne de son successeur qui y laissa la vie, et avec lui tant d’hommes et de femmes, alors que Saint-Martin avait sans doute rêvé que la Révolution Française entraînerait sinon la disparition, du moins l’amoindrissement des forces du crocodile.

Au vrai, toute période troublée de l’histoire illustre cette guerre sainte, et, depuis la chute adamique, toute l’histoire humaine est troublée.


Puisque « Le Crocodile » est un roman à clefs, la toute première, le titre même de l’ouvrage nous la tend : car le saurien, originaire de Memphis, le Philosophe Inconnu l’avait côtoyé dès son entrée dans la carrière, puisqu’il figure par exemple sur certains tableaux philosophiques de l’ordre des élus coëns. Au vrai, le crocodile est la figure emblématique du prince du mal, qui est le prince des démons, Satan lui-même, le faux Lucifer.


Le saurien commente Saint-Martin, ayant été pris jadis à son propre piège, sa queue est désormais clouée sous l’une des plus hautes pyramides d’Egypte, dont le matériau n’est rien d’autre que le granit fourni par les effluves de la bête. Ainsi privé de sa forme circulaire, l’animal peut malgré tout parcourir, tournoyant comme une fronde, l’ensemble du monde où il règne en maître, car il est encore le père des sciences stériles.

 

Et si le personnage central de Rennes-le-château n’était pas Bérenger Saunière mais bien Alfred Saunière, son frère ? Ce livre essentiel comporte pas moins de 80 documents inédits, tous relatifs à la vie de l’abbé Saunière, et ouvre une voie totalement débarrassée de toutes contingences légendaires et mythologiques.

Grâce à l’auteur un nouvel axe de recherche est tracé, il revient donc à la source exacte des donateurs privés qui ont financé l’église de Rennes-le-château, un nombre important d’archives remettant en perspective l’origine même du secret des prêtres audois… et c’est en revenant à la source même et exacte des donateurs privés qui ont financés son église que l’auteur nous plonge dans ce qu'’il appelle ‘’Le cercle de Narbonne’’ Les annexes du livre qui façonnent la majorité du livre sont composées de la retranscription de l’ensemble des documents d’archives relatifs au cercle de Narbonne. Grâce à la découverte de ces documents récents, ce cercle de Narbonne livre un peu mieux son secret et révèle autrement des silhouettes qui s’éclairent un peu plus au grand jour, celles des deux frères Saunières, tapis dans les sombres coulisses du Razès, au moment où va débuter un des plus grands mystères de cette époque.

On soupçonne depuis un certain temps le rôle joué par Alfred Saunière – le frère de Bérenger Saunière – dans ce qu’il est convenu d’appeler l’Affaire de Rennes-le-Château. Mes recherches sur le sujet m’ont amené à éclairer d’un jour nouveau une partie de ce rôle et d’établir une connexion précise – via Alfred – entre la rénovation de l’église de Rennes-le-Château et une organisation réactionnaire basée à Narbonne : le Cercle Catholique de Narbonne.

Le nom du Cercle Catholique de Narbonne apparaît dans deux rapports de la sous-préfecture de Narbonne à propos d’Alfred Saunière. Selon ces rapports, Alfred joua au sein de cette structure un rôle déterminant, puisqu’il fut placé à sa tête. Des documents émanant du Cercle permette de préciser le rôle exact d’Alfred, amené à prendre le poste d’aumônier du Cercle à deux reprises. Une première fois en 1886. Puis, en 1896, suite au décès du R. P. Parazols, au mois de novembre. Dans son rapport sur l’historique du Cercle, Léonce Favatier expose qu’à cette occasion « M. l’abbé Saunière […] a mis une seconde fois son talent d’orateur au service de notre œuvre. » Le talent d’orateur d’Alfred va, de fait, être souvent sollicité. Les rares documents retraçant les cérémonies instiguées par le Cercle montrent Alfred Saunière exploitant au mieux ses talents d’orateur. C’est lui qui inaugure les festivités. C’est également lui qui clôture les journées, au travers de discours marquant son auditoire. On voit encore Alfred prendre la parole au terme d’un banquet accueillant plus de deux-cent personnes. Alfred apparaît ainsi comme le véritable chef d’orchestre de certaines manifestations.

Le rapport sur Alfred réalisé par le sous-préfet de Narbonne en 1896, indique qu’il fut, en outre, pendant plusieurs années « le directeur et le rédacteur principal du journal “ La Croix du [Sud]” qui s’imprimait à Narbonne. » Or, un autre rapport, sur le Cercle celui-ci, et daté du 15 mars 1892, indique que La Croix du Sud était l’organe officiel du Cercle Catholique. Véritable porte-parole du Cercle, Alfred portait donc les couleurs de celui-ci aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Un activisme qui, incontestablement, lui permit d’acquérir, dans les milieux royalistes, une aura dont son frère ne manqua pas de profiter. Notamment lorsqu’il se rendit, pour quelques mois, à Narbonne, après sa suspension de traitement pour prise illégale de position politique en chaire. On sait que c’est après ce bref séjour à Narbonne que Bérenger, de retour à Rennes-le-Château, fut en mesure, financièrement parlant, de se lancer dans la rénovation de son église. Une soudaine fortune financière, qui n’est pas sans lien avec le Cercle Catholique où l’a introduit son frère.

Le Cercle Catholique de Narbonne s’inscrit dans un mouvement plus large de constitution, un peu partout en France, de Cercles catholiques ouvriers. Le premier est créé à Paris en 1873, à l’initiative du comte de Mun (1841-1914), de François René de la Tour du Pin Chambly, marquis de la Charce (1834-1924), Félix de Roquefeuil-Cahuzac et Maurice Maignen, désireux de ramener la France dans « les voies chrétiennes. » Le modèle fait école. Très vite. En 1878, ce sont ainsi 375 cercles qui ont été constitués. Ils totalisent 37.500 ouvriers et 7600 membres issus des classes dirigeantes. C’est dans ce contexte qu’est créé le Cercle Catholique de Narbonne, le 16 avril 1875, par 23 membres fondateurs.

A Narbonne comme ailleurs, le but du Cercle Catholique est très clairement d’inverser le courant politique et philosophique qui dirige la France depuis l’avènement de la République. Il prône ainsi une lutte farouche contre les principes contraires à la religion. Il est question de « résister au flot envahissant du matérialisme [et] de l’athéisme » et de préparer « la victoire finale. » Quant à la structure du Cercle, elle pourrait, grosso modo, se résumer ainsi : une hiérarchie issue de l’Eglise et de la haute société ; des recrues issues des classes populaires, plus particulièrement ouvrière. Avec une volonté idéologique de briser la « lutte des classes » et de promouvoir un autre modèle social, basé sur l’idéal christique de fraternité. C’est autour de ce double mouvement que se structure le Cercle. L’idée est de redonner à tous la foi chrétienne. Aussi bien aux classes ouvrières, que le Cercle aspire à détourner de ceux qui instrumentalisent sa misère, qu’aux classes « aristocratiques. » L’aristocratie dont il s’agit ici est tout autant l’aristocratie au sens classique du terme, que la classe fortunée issue de la bourgeoisie, ou encore l’élite scientifique.

Pour cela, le Cercle va créer différentes structures, dépendantes de lui. Il se ramifie, en plusieurs « branches » : Cercle, comité, dames patronnesses, bienfaiteurs, et patronage. La plupart du temps, ces structures s’interpénètrent : le Cercle et le Patronage ont ainsi le même siège, la même chapelle, le même aumônier, la même salle des fêtes, le même Comité… Certaines émanations du cercle sont plus étonnantes (bien que typiques des Cercles catholiques), comme la Caisse de la boulangerie. L’objet de cette structure était de fournir aux ouvriers du Cercle du pain à un prix avantageux. D’autres structures du même genre, pour d’autres denrées, vont être mises en place. Dans le domaine culturel, le Cercle œuvre pour que les ouvriers aient accès à différents types de livres et de quotidiens. Il organise des conférences littéraires ou scientifiques.

Voilà pour le rôle officiel. Officieusement, le Cercle va se livrer à un véritable lobbying politique. Différents rapports sur ses activités mettent en lumière ce rôle. Le 24 mars 1896, le commissaire spécial chargé de surveiller le Cercle consigne au sous-préfet de Narbonne les manœuvres électorales entreprises par le groupe. Plusieurs activités du Cercle sont surveillées de près par les autorités, notamment les recrutements effectués chez les militaires. La loi française interdisait à ceux-ci toute affiliation à un groupe religieux ou politique. Mais le Cercle, a cherché à recruter dans la classe militaire. Cela finira par une interdiction formelle du commandement militaire qui va proscrire l’accès du patronage aux militaires de la garnison de Narbonne (Rapport du sous-préfet du 18 décembre 1901). Ces infractions régulières à la loi, les visées d’influence occulte de la vie politique locale, se heurtent à la forme publique du Cercle. Si bien que, quasiment dès après sa création, le Cercle va en réalité entrer en clandestinité. Il s’est en effet très rapidement dissous de manière officielle auprès des services préfectoraux, mais a néanmoins continué son activité – et son activisme.

Le rapport du sous-préfet de Narbonne du 7 mai 1880 consigne ainsi : « Il y a donc à Narbonne un Cercle politique, non autorisé, situation anormale, dont s’émeut la population républicaine de cette ville, et de la région (sur laquelle ce cercle essaie d’étendre son influence). » Si cette entrée en clandestinité a du faciliter les manœuvres d’influence du Cercle, elle a, probablement, aussi, une autre raison. Le même rapport affirme en effet : « …cet établissement n’a jamais cessé de fonctionner, et sa prétendue dissolution n’a été qu’une supercherie destinée à l’exempter de l’impôt sur les patentes. » Plusieurs correspondances du même type mettent en avant le même argument et exigent que des mesures soient prises contre le Cercle. Le 21 août 1880, le Ministère des Cultes, suite à ces différents rapports préfectoraux exige que le Cercle – qui est qualifié de « centre de propagande politique » — soit dissolu. Il perdurera pourtant…

Il est manifeste que le Cercle a manipulé d’importantes sommes d’argent. Le rapport du sous-préfet du 9 décembre 1901 indique qu’il était « subventionné par des familles riches de la ville appartenant au parti conservateur. » On mesure quelque peu l’ampleur des sommes qu’il a pu brasser à travers une souscription à la promotion de laquelle il participa vivement. Le Cercle promouvait le culte du Sacré Cœur et, à ce titre, a fait campagne pour que soit élevé, au Sacré Cœur de Montmartre (dont la première pierre avait été posée cinq ans plus tôt) un pilier offert par les narbonnais. L’Union de l’Aude du 22 janvier 1880, rend compte de la somme récoltée à ce jour : 12.306, 35 franc-or… L’engagement d’Alfred au sein du Cercle Catholique – son rôle central dans cette organisation – joua, de manière certaine, un rôle déterminant dans le financement de l’œuvre de son frère à Rennes-le-Château.

Bérenger confessa que son frère lui apporta d’importantes sommes d’argent (55.000 franc-or), et servit d’intermédiaire à d’importantes donations. Or, plusieurs des donateurs importants de l’abbé Saunière gravitent autour du Cercle. C’est le cas de Madame de Beauxhostes, dont la famille figure au rang des membres fondateurs du Cercle, et qui alimenta le curé de Rennes de quelques 25.000 franc-or. La comtesse de Chambord, sans être membre du Cercle, est évidemment adulée par ses membres. Concernant Marie Cavailhé, la seconde donatrice de l’abbé après la comtesse, il n’y a pas de preuve formelle de son appartenance au Cercle, et pour cause, les archives internes de celui-ci ne nous sont pas parvenues… Mais de nombreux indices existent en cette faveur. Outre son engagement politique royaliste, et sa proximité géographique avec Narbonne, son poème « La Patrie » laisse deviner une autre connexion. Marie Cavailhé y exprime une profonde dévotion envers Louise de Sabran-Pontevès (1835-1863). Or, dans le rapport du 7 mai 1880, un membre de la famille de celle-ci, est cité comme étant un des dirigeants les plus influents du Cercle Catholique de Narbonne. Il s’agit du marquis de Sabran, alors lieutenant-colonel de l’armée territoriale…

Il apparaît donc assez probable que ce soit le Cercle catholique de Narbonne qui ait servi – à cause du rôle qu’y jouait Alfred – au financement des premiers travaux de l’abbé Saunière. Un indice remarquable accréditant cette hypothèse est la mise en exergue, par deux fois, sur le fronton, et, de manière francisée sur le bénitier de l’église de Rennes, de la formule In hoc signo vinces. C’était, précisément, la devise du Cercle catholique de Narbonne, et, plus largement, de l’ensemble des Cercles Catholiques français. A Rennes, il est difficile de ne pas y voir la « signature » des bienfaiteurs de l’abbé Saunière...

 

rennes- le - chÂteau - le fabuleux trÉsor de rennes-le-chÂteau – le secret de l’abbÉ gÉlis

J. rivière

Edition BELISANE

 1996

L’affaire de Rennes Le Château n’a pas fini de nous surprendre, après la parution en 1983 du « fabuleux trésor » et du « Secret de l’Abbé Saunière », Jacques Rivière nous entraîne, cette fois, sur une autre piste, celle de Coustaussa et du « Secret de l’Abbé Gélis ».


La reconstitution de la vie du curé Gélis, à partir des documents relatifs à son étrange assassinat, nous montre, preuves et documents à l’appui, le lien qui existait entre « Gélis et Saunière », Rennes-le-château et Coustaussa ».


Les fortes sommes d’argent, que Gélis plaçait dans différentes opérations et dont certaines furent retrouvées cachées dans son presbytère aboutissent à de nouvelles hypothèses.

Cette étude passionnante menée comme une enquête judiciaire entraînera le lecteur dans un autre univers.

 

RENNES-LE-CHÂTEAUL’ÉGLISE

Christian DOUMERGUE et Daniel  DUGÈS

Edition  PÉGASE

 2009

La petite église de Rennes-le-château (Aude) a attiré l’attention du monde entier. Restaurée dans les dernières années du XIXe siècle par l’abbé Saunière, c’est par l’entremise de celui-ci qu’elle acquit, au XXe siècle, une dimension quasi mythique. A l’origine de ce phénomène, la rumeur, grandissante à partir des années 1960, selon laquelle l’abbé Saunière avait trouvé un mirifique trésor lors des travaux dans son église.

 

Grâce à cette manne, il aurait érigé le somptueux domaine encore visible à Rennes-le-château et mené grand train jusqu’à la fin de ses jours en janvier 1917.

 

Pour d’aucun, il était loin d’avoir tout dépensé. A partir de là, on postula qu’il avait laissé dans son église, de précieux indices permettant d’accéder à cette fortune encore enfouie dans les entrailles de la « colline inspirée », si ce n’est à proximité. On s’échina dès lors à retrouver une à une les pièces de cet extraordinaire jeu de piste disséminé dans la petite église paroissiale…

 

Si on a écrit beaucoup sur celle-ci, aucun guide complet consacré à l’édifice n’avait jusqu’alors vu le jour. C’est le propos de cet ouvrage que de réparer ce manque, en offrant au touriste de passage comme au chercheur confirmé une intéressante collection de photographies de grande qualité.

 

Au premier, ce guide permettra de conserver intact le souvenir de sa visite. A celui qui voudra voir plus loin, elle présentera un indispensable outil de travail. Outre un inventaire exhaustif de la décoration de l’église (chemin de croix, statues, fresques murales, vitraux, mobilier…), l’ouvrage présente des éléments inaccessibles au visiteur.

On y découvrira le visage intégral de la Marie-Madeleine de l’autel, visible seulement de profil depuis la nef : le vitrail de la sacristie, fermé au public ; ou encore les étranges caractères couvrant le livre posé au pied de Marie-Madeleine, du haut de ses deux mètres invisible du passant.

 

Les deux auteurs de ce livre sont reconnus pour leurs différents travaux sur l’affaire de Rennes. Dans ce livre Christian Doumergue explique le sens religieux de la décoration de l’Elise. Daniel Dugès invite à une lecture plus étonnante et complémentaire en mettant en évidence l’existence d’une symbolique maçonnique dans l’ornementation choisie par l’abbé Saunière ou ses « éminences grises… ».

 

Plus de 227 illustrations couleur – Des photos et des documents inédits – La symbolique religieuse de l’église exposée de manière claire et une analyse initiatique du sanctuaire.

 

rennes- le- chÂteau – le puzzle reconstituÉ

Franck daffos

Edition PEGASE

 2007

Il y a deux ans, Franck Daffos publiait un premier livre : Rennes-Le-Château, Le Secret dérobé. Indéniablement, l’auteur sortait des sentiers battus. Proposant de nouvelles pistes, exhumant des documents jusqu’alors ignorés, il esquissait une autre façon de voir les contours de cette irritante énigme.

 

Cette originalité lui valut, certes, l’incrédulité de ses contradicteurs, mais surtout les encouragements de ceux qui pressentaient déjà que l’histoire de l’abbé Saunière n’était pas qu’un épiphénomène réduit aux conditions troubles de l’enrichissement de l’ancien curé de Rennes-Le-Château.


Ce nouveau livre donne encore plus d’explications sur les anciennes hypothèses et apporte des réponses à certaines questions sur cette affaire.

 

rennes-Le-chÂteau – le secret dans l’art ou l’art du secret

j.p. garcia

Edition PEGASE

 2008

L’année 2005 a marqué un nouveau souffle dans les recherches autour de Rennes-Le Château et ses secrets. Ce qui était considéré comme acquis en 1967 ne l’est plus forcément aujourd’hui.

 

Les découvertes faites en ce début du XXIème siècle mettent en lumière une affaire extraordinaire et merveilleuse qui s’étale sur plus de 2 000 ans d’Histoire et qui a impliqué des personnages très célèbres…

Quel plaisir de découvrir l’ingéniosité diabolique de ces curés du Razès ! Quelques prêtres de la fin du XIXème siècle ont en effet redoublé d’intelligence pour attirer l’attention sur un Secret trésoraire et spirituel qui les a dépassés et qu’ils ont géré au mieux pour le transmettre aux générations futures.

 

C’est grâce aux photos, haute résolution, de Jean Brunelin que nous avons pu mettre en évidence dans l’église de Rennes-Le-Château, un codage artistique inédit et un savoir-faire hors du commun dans l’Art du Secret.


Cette découverte prouve enfin de manière visuelle qu’un héritage de très grande importance nous a été confié. Que ceux qui croient encore à un curé aux milliards, enrichi par son simple trafic de messes révisent leur position.

À partir de faits incontestables, énoncés par Franck Daffos, en 2005, une fresque historique peut être maintenant reconstituée.

 

Ce livre a pour ambition d’ouvrir les yeux aux curieux et aux passionnés sur l’une des plus belles histoires merveilleuses qui soit, celle de Rennes-Le-Château et de ses trésors deux fois millénaires….Plus de 400 pages avec des photos couleur à toutes les pages. Un livre de référence très agréable à lire, avec une érudition solide et des photos magnifiques.

 

RENNES-LE-CHÂTEAULE SECRET DE NICOLAS POUSSIN

DANIEL  DUGÈS

ÉDITION  PÉGASE

 2006

Nicolas Poussin, célèbre peintre du XVIIe siècle, contemporain de Louis XIV, est-il venu à Rennes-le-Château ? Quel redoutable secret recèle cette toile « les Bergers d’Arcadie », qu’il a peint à l’apogée de sa gloire et qui lui a permis de s’élever au rang des maîtres  du classique français ?

 

Le travail qu’a mené l’auteur sur les Bergers d’Arcadie amène à la conclusion suivante : Quelqu’un dans la famille Barbérini ou du cardinal Rospigliosi (futur Pape sous le nom de Clément IX) a commandé à Nicolas Poussin cette œuvre, qui est un hommage secret aux gardiens de l’Arcadie, et qui aurait du rester dans l’ombre, or ce fut le contraire, pourquoi ? Au terme de cette étude de nombreuses questions restent sans réponses. Comme l’auteur le suppose avec force, l’Abbé Saunière n’a pas trouvé de trésor incommensurable, mais quelque chose il a trouvé, mais quoi ? Depuis 50 ans ce village du Razès fait les délices des échotiers et des chasseurs de trésors, il a peut-être dû en passer par là pour que l’on prenne conscience que le mystère Saunière est tout autre, car on trouve de plus en plus dans les archives et les bibliothèques publiques ou non, des papiers de l’AA, mais qui est l’AA ? C’est en 1913 que le comte Henri Bégouen fait paraître un essai intitulé : Une société secrète émule de la compagnie du Saint-Sacrement : L’AA de Toulouse.

 

A travers diverses recherches et malgré le secret dont s’entoure cette société jésuite, on commence à pressentir le rôle qu’a pu jouer cette AA dans le mystère de Rennes-le-Château, sachant qu’elle a évoluée entre l’époque de Nicolas Poussin et l’époque de l’Abbé Saunière, c'est-à-dire qu’elle a pu très bien passer de la spiritualité à la politique, avec comme toile de fond ou comme centre, la non-divinité du Christ.

 

Il est surprenant que tant de messes soient arrivées chez L’Abbé Saunière, mais tout aussi surprenant est le fait qu’on ne trouve pas traces des petites annonces passées, ni des frais que coutaient ces passages. Enfin cette phrase énigmatique « ET IN ARCADIA EGO », que veut-elle dire ? A-t-elle un rapport avec la phrase écrite sur le fronton de la petite église de Rennes-le-Château en guise d’avertissement « Ce lieu est terrible » ?

 

Daniel Dugès, professeur d’Art plastique, cryptographe aguerri et chercheur obstiné, n’a pas craint de braver les tabous. Il lui a fallu, en effet beaucoup d’abnégation pour suivre certaines pistes, qui se sont révélées le plus souvent sacrilèges, voire hérétiques.

 

rennes le chÂteau - le secret dÉrobÉ

Franck daffos

Edition Serpent Rouge

 2005

Aux dires d’un vieil érudit, Rennes-Le-Château évoque avant tout une histoire d’or abandonné. En 1645, un pauvre berger découvre par hasard un formidable trésor mêlé à des squelettes.

 

Ce sera l’amorce d’un secret qui se transmettra de siècle en siècle. Parfois enjeu de marchandages éhontés, ce trésor sera le plus souvent considéré par ses détenteurs comme un bien prédestiné.


L’abbé Bérenger Saunière, modeste curé de Rennes-Le-Château, entre 1885 et 1917, fut-il initié à cet extraordinaire dépôt caché ? Comment expliquer sinon ses dépenses somptuaires et ses constructions extravagantes ?


C’est à cette étrange énigme que Franck Daffos tente de répondre dans ce livre. Servi par un hasard que d’aucuns qualifieront de «providentiel», il se pourrait que ce chercheur ait reconstitué, enfin, le puzzle de cette faramineuse histoire. Il vous invite donc à découvrir à sa suite une cascade de révélations qui pourraient bien fixer définitivement la chronologie du trésor de Rennes.


Et si Franck Daffos avait raison ?

 

RENNES-LE-CHÂTEAU - LE SECRET DÉVOILÉ - ENQUÊTE SUR LES MYSTÈRES DE RENNES-LE-CHÂTEAU

Christian Doumergue

Edition de L’Opportun

 2013

1885. L’abbé Bérenger Saunière arrive dans sa nouvelle paroisse de Rennes-le château, village perdu au pays des cathares. La petite église et le presbytère sont dans un état de délabrement avancé…

Un an plus tard, le prêtre entame des travaux pharaoniques et érige un véritable domaine dans lequel il va bientôt recevoir avec faste, des hôtes de marque. Mais d’où vient l’argent ? Jamais l’abbé Saunière ne répondra à cette question.

Une rumeur d’un trésor caché : Après son décès en 1917, la rumeur enfle sur un prétendu trésor qu’aurait découvert Saunière lors de travaux de restauration de l’église. S’agit-il du fameux et fabuleux trésor butin des Wisigoths ?

Rennes-le-château voit alors débarquer les chasseurs de trésors de toute l’Europe. 50 ans plus tard Gérard de Sède publie L’Or de Rennes, dans lequel il révèle les liens présumés de l’abbé Saunière avec la société secrète du Prieuré de Sion, fondé en 1909.

Nouvelles rumeurs, nouvelles interprétations… En 1982, c’est au tour d’Henry de Lincoln de connaitre un succès planétaire avec son livre « L’énigme Sacrée » qui inspirera le « Da Vinci code »… Mais ce foisonnement littéraire a largement contribué à déformer les faits pour mieux exciter les passions et autres affabulations.

Une mystification tenace… En mettant en lumière des éléments inédits, Christian Doumergue revient méthodiquement sur la construction du mythe de Rennes-le-château. Pour la première fois, il lève le voile sur le rôle essentiel d’un certain Pierre Plantard, manipulateur passionné par les symboles et les sociétés secrètes.

Entre les lignes, au-delà des symboles, un message jusque-là insoupçonné, apparait au fil des pages, et si le trésor de l’Abbé Saunière était lié aux origines mêmes de l’humanité ? Et si l’énigme de Rennes-le-château touchait à notre avenir ?

On referme le livre de Christian Doumergue avec de nouvelles certitudes ou peut être de nouvelles interrogations. Préparez-vous à voir l’invisible.

Au sommaire de cet excellent livre de 660 pages :

La puissance et la mort - la grotte aux trésors - Découverte du mystère - L’invisible chef d’orchestre - La fabrique du mythe - L’acacia m’est connu - En route pour Agartha - L’Atlantide - L’illusionniste - Pain, sel et vase - Le secret du cromlech - Pierre Plantard - Marie-Madeleine - Une affaire de famille - Différentes voies et différents mystères -

 

rennes- le- chÂteau - les faiseurs d’or 

Richard khaitzine

Edition M.C.O.R

 2006

« Il est là, mort… », tel est le message découvert par l’ex-chanteur du groupe « Les Enfants Terribles » et filleul de Jean Cocteau, après qu’il eût déchiffré les documents ayant appartenu à l’Abbé Saunière, curé de l’église de Rennes – le – Château. Qui est la victime ? Qu’est devenu le corps ? Mystères !


Pour comprendre, il est nécessaire de connaître l’entourage de ce prêtre aux activités « peu catholiques » et qui scandalisa ses contemporains par ses agissements singuliers et ses dépenses pharaoniques.
- Qui fut Henri Boudet, curé de l’église de Rennes – les – Bains, personnage érudit et auteur d’un étrange livre codé ?


- Quelles furent les relations de Saunière avec son supérieur hiérarchique Monseigneur de Bonnechose, curieux prélat, vénérant St Hermès et St Lupin et qui baptisa un enfant nommé Maurice Leblanc ?

Au fil des pages, le lecteur croisera la Diva Emma Calvé, grande amie de Georgette Leblanc, Gérard de Nerval, le poète qui en savait trop et le paya de sa vie, Cyrano de Bergerac… et se profilant, en arrière-plan, l’ombre des Cathares, des Templiers, des Rose-Croix, du Comte de St-Germain, de l’énigmatique Masque de Fer, des Alchimistes : Nicolas Flamel et Fulcanelli.


Enfin, et se laissant guider par L'étoile, Les Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, et La Joconde de léonard de Vinci, le lecteur découvrira l’identité de la victime, la seule menant au Nom de la… L’auteur ésotériste renommé nous entraîne dans les milieux occultistes, satanistes et martinistes de l’époque de l’Abbé Saunière, avec Jules Bois, Papus, Emma Calvé, Maurice Leblanc, militant anarchiste et inventeur d’Arsène Lupin, se profile les sociétés secrètes ; la Franc-maçonnerie, les Rose-croix, les martinistes et les supérieurs inconnus, l’A.A., la Ste Angélique, et les Alchimistes comme Fulcanelli.

 

rennes- le- chÂteau - l’essentiel

J. BOUMENDIL

Edition Bélisane

 2001

Étayé par une importante iconographie enrichie de vues panoramiques couleurs. Cet ouvrage est une étude complète de l’histoire mystérieuse, insolite, ésotérique et historique de l’Abbé Saunière et de Rennes le Château. François Bérenger Saunière a 33 ans en 1885 lorsqu'il devient le vicaire de la cure de rennes le château, au cœur du pays cathare. C'est un village pauvre et tassé autour de son vieux château comtal qu'il redécouvre car c'est un enfant du pays.

 

L'état de l'église où il doit officier est pitoyable, le toit fuit, le sol est en mauvais état, le clocher fissuré. Malgré cette impression d'abandon cette église ne lui est pas inconnue car un de ses aïeux maçon a participé à sa rénovation au siècle précédent.


Dès le premier jour notre abbé se doit de résoudre le problème de son hébergement le presbytère se révélant totalement inhabitable ! Force pour lui de prendre pension dans une famille du village. Les années 1885-87 sont consacrées à la recherche de fonds et aux réparations les plus urgentes. Ce qui n'est pas facilité par ses ennuis avec le ministère chargé de la gestion des cultes en 1885.
 

Subitement dès 1887, notre homme engage des travaux conséquents à la grande surprise du village et de ses habitants, nouvel autel, nouveaux vitraux puis la réfection de gros œuvre s'engage, suivi par un nouveau carrelage un mobilier religieux neuf, la sacristie est remeublée et la garde-robe du curé refaite… un investissement conséquent qui ne lui vient pas de la mairie…

Après la restauration de l'église Bérenger Saunière s'attaque à la construction d'une grotte artificielle et d'un calvaire avec l'autorisation de la commune, à charge pour lui de l'entretenir. Il fait rénover le presbytère de bas en haut puis le cimetière auquel il adjoint un ossuaire et un mur d'enceinte. Dès 1888, L'abbé fait acheter par l'intermédiaire de Marie Dénarnaud sa servante de nombreux terrains jouxtant l'église et le presbytère. A partir de 1891, il fait construire sur ces terrains des jardins, une citerne puis sort de terre en 1901 la fastueuse villa Béthania qui fait office de palais dans un tel village. Puis vint la tour Magdala de style néogothique le tout entouré de remparts et d’un chemin de Ronde. Notre curé commence à prendre des allures de châtelain.

 

Bien sûr les villageois ne cesse de s'interroger sur les origines de cette fortune subite et ostentatoire, dès cette époque le bruit court que le ritou (curé) a trouvé un trésor. Il faut dire qu'aux abords de 1910 le curé de Rennes le Château en est à plus de 200 000 franc-or de l'époque, une véritable fortune ! Mais son style de vie ostentatoire, ses constructions plutôt luxueuses et le changement d'évêque vont faire basculer le rêve de Saunière dans un cauchemardesque conflit avec sa hiérarchie. Suspecté de simonie (trafic de messe) et sommé de s'expliquer sur ces dépenses, notre ingénieux curé se défend maladroitement ! la sentence tombe la suspensio a divinis, il lui est aussi sommé de quitter sa cure ce que Bérenger saunière refuse.

 

Il décédera le 22 janvier 1917, non rétablit dans ces fonctions sacerdotales malgré un avis favorable du Vatican (nouveau pape). A son décès l'Eglise espérait bien récupérer les biens amassés par saunière ! Mais une grande déception les attendait, celui-ci avait tout légué à sa servante M. Dénarnaud ! Celle-ci s'éteint en 1953 emportant peut être des bribes du secret dans la tombe. L'Origine du trésor découvert par Bérenger Saunière demeure un mystère, ses déplacements dans le sud de la France peut être à Paris et à l'étranger ainsi que ses comptes bancaires dans différentes villes en France et d'ailleurs, n'éclaircissent en rien ses revenus, idem pour son trafic de messe (réel) qui demeure malgré tout insuffisant pour tout justifier.

 

Tous les Témoins sont d'accord, Bérenger Saunière fit des découvertes dans son église qui ont un lien avec sa fortune : -En 1887 Saunière fait démonter le maître autel par ses ouvriers, Eli Bot, limonadier à Luc sur Aude et un jeune manœuvre. Dans un des piliers (qui fut réutilisé d'une étrange manière dans le jardin) fort ancien (probablement de l'époque carolingienne) se trouve une petite excavation contenant 3 rouleaux de bois creux avec des parchemins à l'intérieur. Le maire réclame cette découverte (l'église étant bien de la commune) et saunière les obtient en promettant de les rendre dès estimation et copie faites. A l'heure actuelle deux pseudo-copies de ces parchemins circulent depuis 1967 rien ne garantit leur authenticité car les originaux ne furent jamais officiellement présentés…ce qui est difficile à justifier si le contenu des pseudos et des originaux sont identiques …

 

- C'est en poursuivant la restauration de l’église, que Saunière fait une nouvelle découverte. En effet aidé de jeunes gens, enfants de cœur, le curé soulève une lourde dalle dont il avait déjà dégagé le pourtour (notons l'acte prémédité). Une fois la tache exécutée, il congédie de facto les enfants qui eurent toutefois le temps d'apercevoir des marches d'escalier sous cette dalle aujourd'hui appelée " dalle des chevaliers ". Selon d'autres villageois cette pierre cachée des bijoux anciens et des ossements, la dalle recouvrant une tombe. Cette dalle fut retrouvée en 1926 dans le jardin du curé. -Toujours aidé d'Elie Bot et d'une amie de Marie Dénarnaud, Julia Talamas, il creuse derrière l'autel et met à jour une nouvelle cache ! Bérenger congédie de nouveau tout le monde leur demandant sur l'honneur de se taire car ils avaient eu le temps de voir " une oule (récipient en terre cuite) remplie d'objets brillants " dixit Mme Talamas.

 

Il ne fut Jamais possible de déterminer l'emplacement originel de La Dalle ni des autres caches, il en est de même pour leur exacte datation (entre 1887 et 1891). Toutefois c'est à la suite de ces trouvailles que notre abbé c'est livré à un grand nombre de fouilles sauvages dans l'église, dans le village (notamment cimetière) et aussi dans les environs (ruisseau des couleurs). Dès 1895, Bérenger s'en prend aux tombes du cimetière, fouillant, détruisant, mélangeant et soulevant la réprobation de tout le village qui adresse deux pétitions au préfet de l'Aude pour ces agissements souvent nocturne. C'est durant ces fouilles que l'abbé gratte l'épitaphe de la marquise de Hautpoul et brise la dalle tombale. Heureusement le texte de l'épitaphe nous est parvenu car il avait été relevé par des archéologues. Les fautes y figurant ne laissent pas d'intriguer les chercheurs. Ensuite, il s'attache à construire une grotte avec des pierres fort lourdes qu'il s'en va sélectionner dans la combe des bals le long du ruisseau des couleurs. L'œuvre et rude et même si le gaillard est fort, il se plaint de douleurs au dos, lui qui a l'habitude d'employer du monde pour ses travaux surprend par son désir de chercher et surtout transporter ces pierres seul, on note parfois la présence de l'abbé Boudet (auteur d'un étrange livre et passionné d'archéologie et d'histoire ancienne) avec lui dans ces randonnées étranges.

 

Depuis que Bérenger saunière est mort en 1917 et surtout depuis 1959, de nombreuses hypothèses furent échafaudées sur les origines de sa fortune. En voici quelques-unes : Tout démarre vers 390 avant JC, quand Béllovèse et Ségovese neveux d'Ambigat vieux roi des Bituriges (Bourges), ce voient confier la conquête du monde du monde par celui-ci. Béllovèse part vers l'Italie avec une partie des nations celtes clientes des bituriges et fonde mediolanum, milan puis en 380 prend et pille Rome. Ségovèse, lui se dirige vers l'orient avec comme principal élément de son armée les Volskes Tectosages. C'est un peuple celte installé entre la Garonne et la méditerranée, la montagne noire et les Pyrénées. Au fil des conquêtes Ségovèse meurt et est remplacé par Brennus qui désire conquérir la Grèce et surtout Delphes la ville sacrée. Après de multiples péripéties, la ville est prise le temple pillé, la plus grande part échut aux Tectosages. Une fois de retour dans leur terre natale, ils font don de l'or aux dieux en le jetant dans des lacs et étangs.

 

Vint le temps de l'occupation romaine, en 109 av JC Toulouse est conquise par Quintus servilius Caepio, consul romain. Celui apprenant la localisation du trésor de Delphes fait assécher le lac voici ce qu'en dit Justin, XXXII, 3 : " Le consul romain Q.S.Caepio fit retirer tout le trésor, d'une masse de cent dix mille livres d'argent et cinq millions de livres d'or. Ce nouveau sacrilège devait causer la perte de Caepio et de son armée. " . En effet dès son forfait commis Caepio à la tête d'une petite armée charge son butin sur des chariots et reprends la route vers Rome ou cet or doit lui ouvrir un glorieux chemin politique. Mais pris en chasse son armée est détruite et le trésor disparaît. Rentré à Rome, Caepio est déchu de ses fonctions de consul, sa femme et sa fille sont livrées par décret à la prostitution. Pour certains cet or repris par les Celtes aurait été caché chez les redonnes dans un lac souterrain du Razès.

 

Voici un autre grand peuple conquérant, qui pris et pilla Rome en 410, s'emparant des trésors amassés par les Romains en près de mille ans de conquête dont le fameux trésor sacré de Jérusalem qu'il ramena à Toulouse pour ensuite le cacher vers Carcassonne lors du siège de celle-ci par Clovis. Celui-ci apprenant l'évasion du trésor vers Carcassonne met le siège devant celle-ci (sans succès d'ailleurs) avant de se retirer. La tradition voudrait qu'à l'annonce de l'arrivée du roi franc les trésors soient dirigés vers Rhedae capitale régional du rhedesium que certains archéologue et historiens pensent situer entre Rennes le Château et Rennes les Bains, d'autres vers le Bézu.

 

Lors de la Croisade contre les cathares la région fut envahie par les troupes de Simon de Montfort et il n'est pas impossible que les cathares lors de la reddition de Montségur aient caché celui-ci dans une grotte du Razès finalement peu éloignée de la forteresse assiégée. Et il ne s'agit que d'une partie des hypothèses, il y a celle de la régente blanche de Castille, du trésor du seigneur de Rennes le château caché durant le siège et le pillage de la ville par de grandes Compagnie en 1362-1363, pour d'autre Blanchefort ou le Bézu aurait pu être la destination de l'or des Templiers… le tombeau de jésus, celui du grand romain voir un lieu maléfique et bien d'autres hypothèses….


Que l'on choisisse l'une ou l'autre des théories trésoraires, on ne sait où chercher ! La seule piste semble être les lieux suivis par Bérenger saunière entre le village et le ruisseau des couleurs, tout le pays est truffé de grottes, d'avens, d'anciennes mines, autant de caches potentielles. Récemment des mesures magnétoélectriques ont démontré l'existence d'un réseau souterrain émanant d'une faille géologique (comme vers Sougraigne et le Bugarach) sous le plateau et le village de Rennes le Château. Peut-être l'abbé avait-il découvert une autre entrée que celle de l'église dans la campagne environnante ? A la veille de sa mort le curé continuait de signer des devis pour l'engagement de nouveaux travaux, bien que Mr Captier réfute l'idée de travaux monumentaux (la fameuse tour de noël Corbu) il n'exclut pas une petite bâtisse, alors si ses revenus n'étaient donc pas à sec lors de son décès comment expliquer les dettes qu'il laissait à marie Dénarnaud ?


Saunière est peut être toujours là, nous faisant rêver et arpenter la rude terre de ce plateau surprenant où chaque détails du relief, de la toponymie et de l'histoire semblent sous l'effet d'un principe mythomorphe qui s'accommode fort bien des rêves de tout un chacun. aucun doute le Razès n’est une terre bien étrange. Une terre d'ombre et de lumière, où l'hérétique côtoie l'orthodoxe, le légitimiste fréquente le franc-maçon, une terre où le spirituel se marie fort bien avec le matériel, une terre où tous les espoirs ont aussi la teinte bourbeuse de la manipulation. 
La légende est toujours là.

 

rennes- le- chÂteau - le trÉsor maudit de rennes – le – chÂteau

Gérard de sède

J’ai  lu

 1967

Rennes-le-Château, petit village de l’Aude, a-t-il été le lieu, à la fin du siècle dernier, d’une des plus fabuleuses découvertes dont on puisse rêver ? Quel fut le secret de l’abbé Bérenger Saunière qui, entre 1891 et 1917, dépensa plus d’un milliard et demi d’anciens francs ? Mais surtout comment expliquer que tous ceux qui frôlent la vérité – aujourd’hui comme hier – le font au péril de leur vie ?

À toutes ces questions Gérard de Séde s’efforce de répondre avec précision et objectivité. Mais l’énigme de Rennes-le-Château, avec toutes les morts violentes qui l’accompagnent, n’est pas de celles qu’on affronte sans risque.

Cependant cette étude passionnante et courageuse permettra cette fantastique histoire de trésor caché.

 

RENNES-LE-CHÂTEAU  -  LES SOURCES     -      Tome  1

Rudy Cambier  et Charly Samson

Edition Warcadia

2016

Rennes-le-Château " les Sources" se veut être un concept totalement inédit, tant sur la forme que sur le fond. Entre BD et livre véritable, l'auteur apporte sa solution à l'énigme par trois moyens différents grâce au décodage des trois seules sources authentiques de l'affaire que sont les constructions de Rennes-le-Château (1891-1905), la pierre tombale de la marquise d'Hautpoul (1906) et la vraie langue celtique de l'Abbé Boudet (1886). Sans jamais se prendre au sérieux et toujours de manière amusante et étayée, l'auteur rassemble une à une les pièces de ce grand puzzle pour nous amener jusqu'au lieu tant recherché...

 

Les preuves sont irréfutables et laisserons le lecteur devant le choix du doute ou de l'acceptation ! Mais une chose est certaine, il ne pourra plus dire " Je ne savais pas " L'énigme au 600 ouvrages vit ses dernières heures tant les preuves apportées sont convaincantes. Et si ce livre était le dernier sur cette histoire ?

 

Sans oublier la préface de Charly Samson, auteur de nombreux ouvrages sur les mystères et le Paranormal et témoin privilégié de l'histoire de Rennes-le-Château depuis plus de 40 ans. L'auteur s'amuse même à vous mettre au défi en codant lui-même son livre par le biais de la méthode Boudet, pour peut-être une dernière révélation !

 

Enfin un livre qui va mettre tout le monde d’accord !!! C’est en tout cas ce qu’affirme Rudy Jacquier non sans humour mais aussi avec force conviction. Il est bien connu que les premières heures d’une enquête sont déterminantes pour résoudre une énigme. Eh bien justement, Rudy nous invite à remonter aux sources de l’affaire pour nous abreuver de certains éléments qui ont pu échapper à notre perspicacité. Encore un, me direz-vous, qui nous annonce la clef ou bien la solution. Toute nouvelle piste est pourtant la bienvenue pour apporter de l’eau au moulin castelrennais. Rudy a accepté de répondre à quelques questions en préambule de la parution de son livre, de quoi nous donner l’eau à la bouche !

KD: Nous avons été contactés régulièrement au sujet de la sortie de votre livre mais la communauté des chercheurs ne vous connaît pas encore. Pourriez-vous nous parler de l’élément déclencheur de votre intérêt pour Rennes-le-Château ?

 

Rudy : Loin d’être un néophyte dans cette affaire, je suis plongé dedans depuis l'âge de douze ans, suite à l'émission "Mystère" diffusée dans les années 90 sur TF1. S'en est suivi une véritable passion qui ne m'a jamais lâché. Je dois posséder à ce jour plus de cent cinquante ouvrages sur l’énigme et ses sujets annexes. J'ai entrepris plusieurs séjours dans le Razès durant ces quinze dernières années. J'y ai rencontré bon nombre d'auteurs comme Jean-Luc Chaumeil, Antoine Captier, Paul Rouelle et mon ami Charly Samson (qui m'a offert la plus belle des préfaces). Sans compter les échanges par téléphone ou sur le net avec des personnes que j'estime énormément comme Daniel Dugès et Jean Brunelin. Au départ, j'envisageais Rennes-le-Château comme une fresque littéraire où chaque auteur apportait un élément de plus. Je me plaçais uniquement du côté du lecteur jusqu'à ce jour d'août 2015 où je découvris le Fauteuil du Christ, ce qui constitua l’élément déclencheur de cette aventure car il marque le point de départ permettant de résoudre une bonne partie de l'énigme.  

 

KD : Comment avez-vous entrepris vos recherches ?

 

Rudy : Après vingt ans de lectures, de voyages, d’émissions de radio et de DVD, j'avais le bagage nécessaire pour confronter les différentes thèses autour de Rennes-le-Château. Etant juriste, j'ai acquis au fil du temps l’expérience pour analyser ce qui semblait valable ou pas. C'est d'ailleurs pour cela que mon livre se nomme en partie Rennes-le-Château "les sources". En effet, toute l'étude ne repose que sur les sources authentiques et non sujettes à caution. Et je n'en retiens que trois. La Vraie Langue Celtique d'Henri Boudet de 1886, le tiré à part de la SESA de 1906 où figure le dessin de la pierre tombale de la Marquise d'Hautpoul et, pour finir, l'ensemble du domaine de Rennes-le-Château avec son église. Ces trois éléments constituent les uniques sources contemporaines de Boudet et Saunière. J'ai tout de même consacré un chapitre sur les documents de "L'Or de Rennes" de Gérard de Sède, et les résultats sont stupéfiants ! Pour valider mes travaux, il me fallait prouver, sans discussion possible, que chacune des sources menait, de manière indépendante, à un même lieu. Ce que j'ai fait !

 

KD : Le concept du livre est novateur dans le sens qu’il allie une partie texte à une partie «manga ».

 

Rudy : Au départ je souhaitais uniquement réaliser une BD dans un style Manga, mais devant l'ampleur des découvertes, tout traduire en dessin devenait impossible. J'ai donc dessiné sous forme parodique mais de manière étayée, l'histoire de Rennes-le-Château. Et quel meilleur narrateur que le Diable pour nous la raconter. Nous partirons du berger Paris pour finir en novembre 2016. Nous y croiserons l'abbé Boudet, Jean Jourde et, bien sûr, l’abbé Saunière et quelques autres ! Ensuite, la partie texte sera en quelque sorte la suite du manga avec le décodage de Rennes-le-Château, puis celui du tiré à part de la SESA et, pour finir, l'abbé Boudet lui-même reviendra des Cieux pour nous donner le décodage de son livre. Tout sera comparable avec la réalité du terrain. Et évidemment, tout sera entièrement vérifiable, photos à l'appui. J'ai voulu faire de ce livre un concept unique tant sur la forme que sur le fond.

 

KD : Quelles sont les pistes empruntées ?

 

Rudy : Toute la partie théorique fut effectuée sur cartes depuis les bords du Léman où j'habite. La découverte du Fauteuil du Christ accomplie, il n'y avait plus qu'à dérouler le fil d'Ariane laissé par nos prêtres codeurs. Une fois la zone localisée, nous nous sommes rendus sur place et, ce que nous y avons découvert, nous a laissés sans voix. Nous avions face à nous l’intégralité de la peinture entourant le rond de bosse de l'église de Rennes-le-Château. Entre-temps, j'avais déjà bien avancé sur le livre de Boudet, et ce qu'il renferme est spectaculaire ! Ce que je peux dire c'est qu'il n'est codé que sur quelques pages, et non sur l'ensemble du livre. Il renferme même le dessin du point de repère final. Ce rocher photographié ne vaudrait rien si je n'apportais pas dans mon livre le biais que Boudet a mis en place pour le localiser. Vous verrez, il l'explique très bien lui-même (voir photo).

 

RENNES-LE-CHÂTEAU – LES SOURCES      -  TOME  2    -     LE LIVRE QUI CONFIRME TOUT

Rudy Cambier

Edition Warcadia

2017

Rennes-le-Château " les Sources 2" se veut être un concept totalement inédit, tant sur la forme que sur le fond. Entre BD et livre véritable, l'auteur confirme sa solution à l'énigme développée dans son premier opus par le biais du très controversé tableau de Poussin " les Bergers d' Arcadie «. Mais aussi par d'autres pièces de ce grand puzzle ayant créé le mythe de Rennes-le-Château. Sans jamais se prendre au sérieux et toujours de manière amusante et étayée, l'auteur rassemble une à une les pièces de ce grand puzzle pour nous amener jusqu'au lieu tant recherché...

 

Les preuves sont irréfutables et laisserons le lecteur devant le choix du doute ou de l'acceptation ! Mais une chose est certaine, il ne pourra plus dire " Je ne savais pas " L'énigme aux 600 ouvrages vit ses dernières heures tant les preuves apportées sont convaincantes. Et si ce livre était le dernier sur cette histoire ? Sans oublier la préface de ses compagnons d'aventure, devenus ses amis au fil de leurs périples. Comme pour le premier livre l'auteur s'amuse même à vous mettre au défi en codant lui-même son livre par le biais de la méthode Boudet, pour peut-être une dernière révélation

 

Peut-être un livre de plus sur cette énigme mais l’intérêt de ces deux ouvrages réside dans le fait qu'’il est en quelque sorte bilingue, c'est-à-dire moitié Bande dessinée moitié livre sur ce mystère de Rennes le Château. Je laisse à l’auteur ses affirmations et ses montages mystérieux, mais que ce mystère est beau, et j’espère qu'’il le restera longtemps

2 excellents livres agréables et passionnants

 

RENNES-LE-CHÂTEAU  -   LE DOMAINE DE L’ABBḖ SAUNIḔRE – HISTOIRE DE SA CONSTRUCTION  ET DE SON ARCHITECTURE

Michel Azens

Edition Pégase

2016

L’église dédiée à Sainte Marie Madeleine : Dès votre arrivée devant l’Eglise, regardez au-dessus du porche et vous apercevrez la maxime « Terribilis este locus iste », c’est à dire ce lieu est terrible. Terrible est donné au sens de fort, grand, puissant. A l’entrée sur votre gauche le fameux diable vous accueille soutenant un bénitier surmonté de 4 anges avec cette inscription « par ce signe tu le vaincras », sous-entendu « par ta foi, tu vaincras le malin ».
Admirez plus attentivement…. C’est toute la décoration de l’église qui regorge de détails troublants et qui peuvent être interprétés de multiples façons. Les peintures, les statues, le dallage, la chaire….Tous les éléments de cette église semblent avoir un secret à vous livrer !


Le presbytère : Aujourd’hui aménagé en ensemble muséographique, le presbytère de l’Abbé vous invite à en savoir plus sur cet étonnant curé et ses découvertes, mais également sur « l’après Bérenger Saunière ». Panneaux explicatifs, archives, mobilier, maquettes vous aideront à déchiffrer l’énigme de Rennes le Château.


La Dalle des chevaliers : Dalle en grès sculpté découverte par l’Abbé Saunière au pied du maitre-autel en 1887, elle se compose de deux panneaux délimités par des colonnes torsadées soutenant des arcades perles. Il aurait découvert sous celle-ci une marmite de pièces d’or et un crâne percé. La Dalle des chevaliers est exposée dans le musée.

Le pilier carolingien : Ce pilier soutenait l’ancien maître-autel de l’église. Il s’agit dès l’origine d’une pièce de remploi qui a été sciée afin d’en réduire la hauteur. L’abbé Saunière l’a utilisée comme socle de la statue de Notre-Dame de Lourdes qu’il fit ériger dans le jardin de l’église en 1891. Il aurait contenu des parchemins….Dès le début de l’année 1901, l’abbé Saunière se lance dans la construction sur des parcelles achetées au nom de sa servante Marie Dénarnaud, de la villa Béthanie, puis de la tour Magdala, d’une tour en verre et d’un belvédère, le tout entouré par un jardin.

La villa Béthanie : Ce magnifique édifice est de style néo renaissance. A l’entrée de la villa, se trouve la chapelle particulière de l’Abbé Saunière.

La Tour Magdala : Edifice emblématique du domaine de l’Abbé Saunière, la Tour Magdala est de style néogothique.

L’orangeraie : En traversant le jardin, vous apercevrez rapidement la magnifique orangeraie, jardin d’hiver de l’Abbé Saunière.

 

rennes- le- chÂteau  -  l’hÉritage de l’abbÉ sauniḔre

C. CORBU & A. CAPTIER

Edition Bélisane

 1995

À mon avis un des meilleurs livres écrit par les enfants de M. Cornu qui achetèrent la propriété à Marie en 1952 et récupérèrent ainsi ce qui restait des papiers de l’Abbé Saunière, car sa servante Marie avait brûlé peu après la mort de Saunière tous les papiers qui auraient pu dévoiler la source de la richesse de l’Abbé.

 

Un livre solide qui ne laisse pas de place aux élucubrations, mais avance des hypothèses  plausibles sympathiques et malgré tout quelques peu mystérieuses.

 

RENNES-LE-CHÂTEAU -  « L’OR DE RENNES » Quand Poussin et Teniers donnent la clef de Rennes-le-Château !

 Didier HERICART de THURY et Franck DAFFOS

 Edition  ARQA

 2011 

Le livre sur l’affaire de Rennes-le-Château qui va vous faire comprendre le mystère autrement. Du codex Bezae à la vraie langue celtique, de la tombe de Madame de Blanchefort au petit parchemin, les Bergers d’Arcadie et la Tentation de saint Antoine.

 

L’Abbé Bérenger Saunière s’attarda aussi au musée du Louvre ; après s’être documenté sur leurs auteurs, il acheta les reproductions de trois tableaux qu’il accrochera dès son retour aux murs de son modeste logis : Les bergers d’Arcadie de Poussin, le Saint Antoine Ermite de David Teniers et un portrait du Pape Saint Célestin V.

 

Assortiment assez étrange au dire de Gérard de Sède dans son livre  L’Or de Rennes  publié en 1967, et qui reste sans doute une des grandes  énigmes du XXe siècle. Outre le fait que le musée du Louvre ne vendait pas à l’époque de reproductions de tels tableaux, la recherche sur « le mystère Saunière » n’a jamais pu réellement identifier, hormis les Bergers d’Arcadie de Poussin, dans sa seconde version, quels étaient exactement les deux autres œuvres ? La question reste posée depuis 40 ans !

La réponse nous en est apportée aujourd’hui avec la publication de cet ouvrage riche en révélations et pour une fois, assorti de nombreuses preuves iconographiques indéniables et de documents d’archives des auteurs, photographies, correspondances, que la recherche castelrennaise pourra consulter à loisir dans cet ouvrage.

 

Les auteurs, eux, ne sont pas des inconnus, Didier Héricart de Thury, arrivé en 1968 à Rennes-le-Château, fut un ami proche d’Henri Buthion, de Jean Pierre Monteils, d’Alain Chatillon, d’Antoine Captier et de bien d’autres encore, son nom est cité pour la première fois en 1987 par Pierre Jarnac dans son livre : « Les archives du trésor de Rennes-le-château », comme un chercheur ayant déjà réuni à l’époque près d’une soixantaine de versions de Tentations de saint Antoine, de David Téniers le jeune.

 

Autant dire que nous sommes, avec cet auteur à bonne école, sans compter ses recherches exceptionnelles, publiées ici pour la première fois, sur le fameux chemin de croix de l’Eglise de Rennes et sur le catalogue Giscard de Toulouse, véritable mine d’or pour tout spécialiste de l’affaire !

 

Quant à Franck Daffos, en trois livres qui font autorité, il a permis aux études consacrées au mystère Saunière de franchir des étapes insoupçonnées de l’affaire, à pas de géants. Ses études émérites sur la congrégation des Lazaristes, sur le site de Notre Dame de Marceille, ou encore sur les fameux tableaux de Rennes-les-Bains, furent à chaque fois autant de coup de tonnerre dans le ciel du petit village audois.

 

Franck Daffos et Didier Hericart de Thury nous invitent avec ce nouveau livre, à suivre maintenant les traces encore jamais révélées, à la poursuite d’un personnage historique toujours resté dans les coulisses du mystère, un certain Célestin V…

 

rennes- le- chÂteau - ou la mystification biblique

Roger antoni

Edition  Alixe

 1997

En ce Haut-lieu de l’Aude, les abbés Boudet et Saunière ont découvert plus que de l’or : la véritable histoire biblique ! Les Livres de Moïse plagient l’histoire de l’humanité et ses points forts

 

Le curé aux milliards, comme le nomment les médias, s’est enrichi en vendant de surprenantes découvertes sur la Genèse, sur la famille de JÉSUS, sur les premières filiations royales…


N’est-il pas connu qu’un descendant d’Abram vivait à Carcassonne ? N’a-t-on pas un Noé audois ? Les terres du Languedoc sont rouges… Comme celle d’Adamah !


Loin des affabulations traditionnelles et du mythe de l’or, Rennes Le Château est un des douze lieux de l’Aude qui permirent de projeter un holographe, l’archétype de l’Homme – une aventure que l’on peut qualifier de céleste !

 

RENNES-LE-CHÂTEAU  - RENḖ GUILHEM, INSTITUTEUR A RENNES-LE -CHÂTEAU

René Guilhem

Edition l’Oeil du Sphinx

2017

C’est grâce au long travail du fils de René Guilhem, Henri, que ce témoignage, très intéressant et sérieux peut aujourd’hui être publié. C’est en 1933 que, jeune instituteur, René Guilhem est nommé en poste à Rennes-le-Château. C’est à partir des récits de ses souvenirs mis sur papier que ce livre-témoignage a pu voir le jour. Nous découvrons la vie d’un instituteur de campagne à une époque où enseigner était une mission qui faisait sens pour tous malgré la stupidité de l’administration de l’Education Nationale, une constante. Enseignant et militant pour les valeurs républicaines, c’est par Marie Dénarnaud, seize ans après la mort de l’abbé Saunière, que René Guilhem va s’intéresser à l’affaire de Rennes qui, à l’époque, n’a pas le retentissement connu aujourd’hui. Marie est sa logeuse sur la colline et c’est très naturellement que le sujet viendra dans leurs conversations alors même que l’instituteur dormait dans le lit du défunt abbé.

 

René Guilhem va se plaire à Rennes-le-Château et refuser d’autres postes. Il est satisfait de l’organisation pédagogique qu’il a pu mettre en place en s’appuyant sur les travaux de Freinet et il est parfaitement intégré à la vie locale. Il marie vit d’enseignant avec vie syndicale et politique. Membre du Parti Socialiste, il se sent aussi proche des communistes. Il est donc plutôt sceptique face aux mystères entourant l’abbé et ne se laisse pas embarquer par des thèses fantaisistes. Il étudie quelques documents qui prouvent les démêlés de l’abbé Saunière avec sa hiérarchie pour des questions financières. Il ne croit pas, tout comme Marie Dénarnaud à l’hypothèse du trésor et finit par conclure qu’on ne saura pas. Ce qui ne l’empêche pas de s’interroger : « La hiérarchie catholique ne l’avait-elle pas expédié dans ce pays perdu pour cacher son jeu ? B.S. messager clandestin, d’où ses voyages à Paris et ailleurs, modeste prêtre n’inspirant aucune méfiance et servant d’intermédiaire entre les primes, les futurs notables de la future royauté est somptueusement gratifié. L’abbé est confiant. Que va-t-il faire de cet argent ? Il va bâtir… mais comme il ne peut dévoiler l’origine de sa fortune, il laisse croire qu’il a trouvé un trésor… »

 

Une hypothèse, plutôt rationnelle, parmi d’autres plus étranges dans cette affaire. « L’incroyable passion collective qu’elle a suscitée, analyse-t-il lucidement, est riche d’enseignements : il est presque impossible de prédire l’avenir, l’irrationnel l’emporte sur le bon sens, l’homme a besoin de l’imaginaire, de la magie, une propagande bien engagée peut faire croire n’importe quoi, rendre vraisemblables les pires chimères, enfanter les héros, les saints et les dieux. Elle démontre la fragilité de la raison… » C’est un beau témoignage que nous offre René Guilhem, à la fois sur la vie à Rennes-le-Château à son époque et sur le rapport de la population avec les mystères entourant l’abbé et sur la vie sociale et professionnelle d’un instituteur engagé..

 

rennes- le- chÂteau – terre de mystÈres

J.J. bedu

Edition  Loubatières

 1992

Le sol de cette contrée, jadis foulé par les Celtes, les Wisigoths, les inquisiteurs à la poursuite des derniers bastions hérétiques, ou encore les Templiers en fuite, retient-il en ses entrailles le plus fabuleux trésor de tous les temps ? Bérenger Saunière, un prêtre obscur du siècle dernier a-t-il pu s’en approcher ? Les réponses sont-elles à jamais gravées dans l’étrange et initiatique décoration de l’église que Bérenger Saunière nous a laissée ? Le sont-elles également dans la tour Magdala, sa dernière réalisation, qui puise ses inspirations des plus vertigineuses citadelles cathares ?


Rennes – Le – Château, ce petit village balayé par les vents connaît une notoriété grandissante liée au destin de ce prêtre qui nous a légué les témoignages concrets de sa richesse. Richesse pécuniaire, mais aussi d’esprit et de cœur qui en font un personnage attachant dont la personnalité recèle la seule et véritable clé du mystère.

 

RENNES-LES-BAINS -  LE TRÉSOR SACRÉ DE RENNES-LES-BAINS

André  SALAUN

Edition  Le MERCURE DAUPHINOIS

 2011

Le secret de l’Abbé Boudet et son mystère.

 

Auteur d’un ouvrage consacré à Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château, André Salaün s’intéresse cette fois-ci à Henri Boudet, curé de Rennes-les Bains et plus particulièrement, à son curieux ouvrage paru en 1886 et intitulé : « La vraie langue Celtique et le Cromlech de Rennes-les-Bains. »

 

Après une description géographique et une évocation historique de Rennes-les-Bains et de sa région, l’auteur nous fait découvrir la personnalité de l’Abbé Boudet aux antipodes du contenu controversé de son livre qui provoquera de sévères critiques, voire des quolibets; mais son apparence farfelue ou fantaisiste semble voiler un secret lié aux sources de la religion chrétienne, peut être matérialisé par des éléments dissimulés dans le site de Rennes-les-Bains et découvert en son temps par l’Abbé Boudet.

 

Rennes-le-Château ne serait-il qu’un arbre cachant la forêt de Rennes-les-Bains ? Afin de percer ce secret, l’auteur pratique une autopsie de l’ouvrage de l’Abbé Boudet, il en étudie les éléments historiques, interprète les symboles évoqués par l’Abbé et nous fait revivre des faits historiques, religieux, et spirituels remontant bien avant l’ère chrétienne avant de nous livrer une conclusion fort troublante, une proposition sortant des sentiers battus et pourtant fondée sur des éléments incontournables et difficilement contestables.

 

Au sommaire de cet ouvrage on y découvre:

 

Description physique de Rennes-les-Bains : les sources salines et ferrugineuses –les mines – Blanchefort – Montferrand et le Pech du Cardou – la montagne des cornes – L’Eglise et le cimetière de Rennes-les-Bains –

L’Histoire de Rennes-les-Bains et le secret de l’Abbé Boudet – L’Arche d’Alliance – L’or de Delphes et de Toulouse – le trésor des Wisigoths –

Autopsie du livre de l’Abbé Boudet – Les migrations des Celtes et leurs contacts avec d’autres peuples – Héraklès, Hercule et d’autres – le blé – le labyrinthe – la croix – le cercle – Notre Dame de Marceille

 

RENNES LES BAINS - la vraie langue celtique et le cromleck de rennes – les – bains

Abbé Henri BOUDET

Edition Bélisane

 1984

Réédition de l’édition de 1885. ce livre de l’Abbé Boudet curé de Rennes – Les – Bains et aussi de l’Abbé Saunière curé de Rennes – Le – Château est bizarre, car il y a apparemment des invraisemblances et des curiosités.

 

 Certains ésotéristes y verront une œuvre cryptée qui ne fait qu’épaissir le mystère de cette région. Il y a malgré tout des choses intéressantes. Une partie de l’énigme de l’Abbé Boudet est donnée dans un livre paru en 2011 « L’Or de Rennes » écrit par Héricart de Thury et Franck Daffos aux Editions Arqa.

 

La Vraie langue celtique n'est pas un livre ordinaire. Derrière le sérieux apparent de son titre, se cache en réalité rien moins qu'une chasse au trésor, le trésor mythique de Rennes-le-Château, l'authentique trésor des Mérovingiens et dont la lecture de ce texte permettrait la découverte,  à condition, bien entendu, de savoir comment appréhender ce document étrange et en décrypter le message. Car La Vraie Langue celtique est un livre piégé, un cryptogramme dont on ignore la solution, et l'énigme qu'il propose, sur laquelle se sont penchées des générations de chercheurs, n'a jamais été élucidée.

 

Ce livre codé est l'oeuvre d'un prêtre érudit et savant, l'abbé Henri Boudet. Ce dernier, contemporain et surtout voisin de l'abbé Saunière de Rennes-le-Château, avait semble-t-il découvert le moyen d'accéder au trésor des Mérovingiens.

Sa personnalité effacée et discrète a laissé le champ libre à celle bien plus extravertie de Saunière et son nom n'est connu que des seuls initiés. Il était en fait le mentor du célèbre curé de Rennes-le-Château qui a vraisemblablement mis à jour le trésor grâce aux lumières de Boudet.

 

La lecture au premier degré de La Vraie Langue celtique est inepte, incompréhensible. Le livre est truffé d'aberrations linguistiques. Et si l'abbé Boudet, par ces erreurs grossières, cherchait simplement à attirer l'attention du lecteur sur une autre lecture possible ? L'entreprise risque d'être ardue, mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? A défaut d'or, le lecteur aura au moins gagné le plaisir de participer à une quête passionnante !

 

La préface documentée d'Edouard Brasey nous rappelle l'histoire incroyable des deux abbés : Boudet et Saunière et apporte un éclairage utile sur le texte hermétique d'Henri Boudet.

 

RITES, MAGIE ET DIVINATION EN EUROPE PAÏENNE

Hathuwolf  Harson

Sesheta Publication

 2019

En avant-propos, l’auteur insiste sur les différentes fonctions des rites dans les traditions païennes. Nous trouvons bien entendu la fonction religieuse qui permet d’établir le lien tant avec les dieux qu’avec la nature mais aussi la fonction sociétale. Le rite unit, la famille, le clan, la communauté, et assure une transmission, une maintenance des valeurs à travers le temps. Hathuwolf Harson détermine trois phases dans le rite : « La préparation, phase qui implique une purification physique et spirituelle, ce qui a pour but de favoriser le rapport de l’homme au divin. Le processus évocatoire, partie du rite qui concentre les énergies dans la personne du sacrificateur et/ou du sacrifié. L’action rituelle, moment qui détermine ne rite en soi. Ceci peut s’illustrer par un sacrifice, par l’allumage d’un feu sacré, par des mots spécifiques, ou par une offrande. »

 

La première partie de l’ouvrage traite des rites de passage dans diverses traditions, germano-nordique, romaine, celtique : naissance, entrée dans l’âge adulte, mariage et mort mais aussi les transitions comme le déménagement : « Délaisser définitivement son lieu de résidence habituel pour un autre, nous dit l’auteur, constituait jadis un moment difficile et risqué. Le déménagement, la prise de possession d’un nouveau foyer et d’une nouvelle terre, était un événement majeur pendant lequel on était exposé au risque de mécontenter les Esprits du lieu où les Dieux… »

 

La deuxième partie s’intéresse aux rites cycliques, solstices et équinoxes et à leurs symboles comme la couronne de l’Avent, le sapin, la bûche, le bouc de Noël ou encore le houx et le gui pour le solstice d’hiver. L’auteur présente des fêtes importantes comme la fête de la déesse Strenia le 1er janvier, Agonalia, la fête du dieu Janus le 9 janvier, Lugnasad, la grande fête celte, la Samhain, Imbolc ou Beltaine. Il est question des origines païennes de Pâques avec Ostara, des origines du Carnaval et de nombreuses fêtes associées à des divinités celtes, romaines, grecques et autres.

 

La troisième partie présente les rites magiques dans diverses traditions, depuis des rites thérapeutiques romains aux multiples déclinaisons de magie runique. Certaines pratiques sont transversales aux multiples cultures non chrétiennes, celles par exemple liées au sang menstruel.

 

La quatrième et dernière partie de l’ouvrage étudie les rites de divination. « La divination, nous dit l’auteur, est la pratique qui vise à connaître ce qui est occulte au commun des mortels : le futur, le passé, les mystères de la vie et de la mort, etc… Les auteurs de l’antiquité et les érudits du moyen âge confirment que tous les peuples païens d’Europe pratiquaient de manière intensive l’art de la divination. Qu’ils soient Grecs, Etrusques, Romains, Ibères, Slaves, Baltes, Celtes, Finno-Ougriens, Germains ou Scandinaves, tous les païens s’adonnaient à la divination. Malgré certaines variations entre les différentes traditions européennes, les méthodes étaient dans le fond basées sur des approches très similaires… »

 

Hathuwolf Harson distingue deux méthodes, une dite intuitive, l’autre inductive. La première est basée sur l’inspiration divine, voire la réception même de la divinité en soi. « Le Dieu ou la Déesse s’expriment à travers la bouche du pratiquant qui n’est autre qu’un intermédiaire. La seconde « s’articule autour de l’interprétation de signes et de la compréhension de symboles envoyés par les forces divines. Il est question de clédonomancie, basée sur le pouvoir des mots, d’haruspicine, basée sur l’examen des viscères des animaux, de nécromancie, de cléromancie, d’ornithomancie basée sur l’observation des oiseaux, de brontomancie basée sur l’étude des orages, d’hippomancie, d’astrologie, de pyromancie, d’hydromancie et autres. Cet ensemble permet de comprendre comment nombre de ces pratiques, fêtes ou célébrations perdurent dans nos cultures, récupérées ou retraitées dans des fêtes chrétiennes.

 

La prophétesse de Delphes, les prêtresses de Dodone ont, et justement quand elles sont en proie au délire (mania), rendu à la Grèce nombre de beaux services... Si nous devions parler de la Sibylle, de tous ceux qui, usant d'une divination inspirée, ont donné à nombre de gens, par nombre de prédictions, la droite direction en vue de leur avenir, nous allongerions inutilement notre propos... [Divination raisonnée] À preuve encore est cet autre art, qui est un art des gens ayant leur bon sens et l'employant à scruter l'avenir au moyen des oiseaux et des autres signes, les Anciens considérant qu'au moyen de la réflexion on procure ainsi à la croyance des hommes sagacité et information... Le délire, au témoignage de l'Antiquité, est une chose plus belle que le bon sens : le délire qui vient d'un dieu, qu'un bon sens dont l'origine est humaine. » Ciceron donne le texte canonique sur la distinction entre divination intuitive et divination inductive : « Il y a deux sortes de divination, l'une relève d'un art qui a ses règles fixes, l'autre ne doit rien qu'à la nature. Mais quelle est la nation, quelle est la cité, dont la conduite n'a pas été influencée par les prédictions qu'autorisent l'examen des entrailles et l'interprétation raisonnée des prodiges ou celle des éclairs soudains, le vol et le cri des oiseaux, l'observation des astres, les sorts ? -- ce sont là, ou peu s'en faut, les procédés de l'art divinatoire -- quelle est celle que n'ont point émue les songes ou les inspirations prophétiques? -- on tient pour naturelles ces manifestations. Et j'estime qu'il faut considérer la façon dont les choses ont tourné plutôt que s'attacher à la recherche d'une explication. On ne peut méconnaître en effet l'existence d'une puissance naturelle annonciatrice de l'avenir, que de longues observations soient nécessaires pour comprendre ses avertissements ou qu'elle agisse en animant d'un souffle divin quelque homme doué à cet effet. »

 

Une autre opposition a son importance en matière de divination : est-ce que les signes sont naturels, spontanés ou artificiels, provoqués ? Un songe est naturel, mais battre les cartes est artificiel. H. Leclerc oppose les divini (devins), « qui font des prédictions au moyen de signes indépendants d'eux-mêmes et en dehors de leur volonté », et les sortilegi (faiseurs de sortilèges), qui opèrent « au moyen de signes qu'ils provoquent eux-mêmes » Une opposition, politique, juridique, sociale, revêt une importance vitale, celle du permis, du légal, du moral, ou non. Dès les Romains, il faut savoir si telle divination est licite ou pas, telle pratique divinatoire licite ou pas. En Chine, Le Kouei tsang (Gui Zang), d’après la tradition, était le livre divinatoire des Yin. La civilisation chinoise utilisait de nombreuses techniques de divination telles que l’achilléomancie, qui est à l'origine du Yi Jing. La croyance des anciens Grecs en la possibilité de prédire l'avenir provient de l'idée que les dieux, de préférence quand on les priait, accordaient régulièrement des révélations par l'intermédiaire d’augures. Homère présente de grands voyants : Tirésias, Calchas, Cassandre. La Pythie de Delphes joue un rôle considérable dans la vie politique et religieuse. Dès Pythagore, les nombres servent à connaître le secret du monde. Artemidore a laissé un traité sur la clef des songes demeuré classique : l’Onirocritique (IIe siècle).

 

Les croyances des Grecs furent partagées par les Romains et subsistèrent jusqu'à la fin du paganisme. Varron (Ier siècle av. J.-C.), le premier, et de façon trop systématique, distingue les divinations selon les Éléments : géomancie (Terre), hydromancie (Eau), aéromancie (Air), pyromancie (Feu). Toujours dans l'antiquité, en Grèce et à Rome, on utilisait les haruspices, prétendant lire l'avenir dans le comportement ou les entrailles des animaux (principalement le foie). Cette méthode de « prédiction » était d'un usage courant pour juger les crimes dans la Rome antique. L'auteur latin Cicéron, dans De divinatione, brosse autour de 44 av. J.-C. un tableau très complet des pratiques de son époque (augures, aruspices, astrologie prophétie, oniromancie...) et se livre à une critique méthodique des arguments en faveur de la divination, sous forme d'un dialogue entre son frère Quintus et lui. Avec le christianisme, l'interdiction arrive. L'empereur romain Constance II, en 341, condamne à la peine capitale les devins. Le concile d'Agde, en 506, a regroupé dans la science divinatoire (divinationis scientia) les augures, les sorts, les songes. Isidore de Séville, dans ses Etymologies (VIII, 9) assimile divination et magie, et il énumère les spécialistes : haruspices (par les entrailles des victimes), augures (par les éclairs, les oiseaux), pythonisses, astrologues, jeteurs de sorts. Le IVe Concile de Tolède, présidé par Isidore de Séville en 633, distingue quand même les magiciens des devins (aruspices, arioli, augures, sortilegi) Dès le Xe siècle ou dès le VIIIe avec Bède le Vénérable, la divination par pronostics, d'après le jour des calendes de janvier ou d'après le jour où tombe Noël. Il existe des pronostics d'après le jour du mois lunaire, indiquant quoi faire ou ne pas faire tel jour (astrologie hémérologique) ou quel est le destin et le caractère de la personne, homme ou femme, née ce jour-là (astrologie physiognomonique). Plus chrétiens sont les sortes sanctorum (les sorts des saints), livres comportant une liste de 56 réponses dont chacune est précédée de chiffres.

 

Hugues de Saint Victor, vers 1135, dans son Didascalicon, distingue cinq types de magie, dont deux divinations : la mantique, les mathématiques. La mantique regroupe la nécromancie, la géomancie, l'hydromancie, l'aéromancie, la pyromancie ; les mathématiques regroupent l'haruspicine, les augures, les horoscopes. La géomancie, venue de chez les Arabes au XIIe siècle, et qui consiste à interpréter les figures formées de quatre échelons de points pairs ou impairs et placés dans des cases, commence avec Hugues de Santalla (Ars geomancie), se développe grâce à Pietro d’Abano à la fin du XIIIe siècle (Geomantia), à Gérard de Crémone (Géomancie astronomique). Un manuscrit arabe des 14e et 15e siècles, contenant des sections sur la divination, est le Kitab al Bulhan.  En 1238 le concile de Trèves parle des procédés divinatoires, dont ceux du feu, du glaive. Rabelais (1532) fait pratiquer à son héros Panurge les sorts homériques et virgiliens (Pantagruel, III, chap. X et XII), l'oniromancie (chap. XIII). En 1555, Nostradamus publie ses très célèbres Vraies centuries et prophéties. Le pape Sixte V, en 1586, par la bulle Coeli et terrae condamne l'astrologie judiciaire, la géomancie, l'hydromancie (divination par l'eau), la pyromancie, l'onomancie (noms), la chiromancie et la nécromancie (morts). « La divination par la boule de cristal semble dater seulement du XVIe siècle » (Gérard Chandès). L'usage du tarot dans la divination (taromancie et tarologie) semble commencer seulement à la fin du XVIIIe siècle (à partir d’Antoine Court de Gébelin, dans son Monde primitif, t. VIII, 1781). Cependant, l'emploi de cartes à jouer à des fins divinatoires est jugé plus précoce, peut-être dès le XVe siècle en Espagne et dès le XVIe siècle en Italie. L'art de lire dans les taches d'encre commence tard, avec Luce Vidi (Les taches d'encre, 1937).

 

En Grèce, lorsque l'on se lançait dans des entreprises importantes, en particulier lors de la guerre, on pratiquait la divination au moyen de sacrifices d'animaux comme des moutons. Le point prioritaire était la nature normale ou anormale des viscères, en particulier du foie, avec la vésicule biliaire et aussi le cœur et les poumons. De ces examens pouvaient résulter la décision de différer une attaque ou la mobilisation d'une armée ; mais parfois l'expérience était répétée jusqu'à ce qu'elle donne des résultats favorables aux projets des décideurs. Entrait en compte également la manière dont les animaux étaient allés docilement vers la table de sacrifice, comme aussi la manière dont a brûlé le sacrifice sur l'autel, le comportement de la flamme, la montée ou la descente de la fumée, etc. Les présages - pouvant également être appelés « augures » par extension - sont lus par les devins. Les devins, pour prendre les présages, se tournaient vers le nord, de manière à avoir l'orient à droite et l'occident à gauche ; si le vol, l'animal ou l'éclair passait à droite de l'observateur (en latin dexter), les dieux étaient favorables ; s'il passait à sa gauche, (en latin sinister, qui a donné le mot « sinistre »), les dieux étaient défavorables.

 

Il y avait effectivement une tendance générale à considérer tous événements frappants et inhabituels comme une indication des dieux ; il y avait d'autres variantes de cet art dont quelques-unes très étranges furent, plus tard, vulgarisées. Ainsi en est-il de la Chiromancie mentionnée par Aristote et de la croyance à l'inspiration divine dans les rêves mentionnée entre autres par Plutarque, croyance très ancienne mais qui chez les Grecs fut progressivement codifiée. Le pouvoir de voir plus ou moins clairement la signification d'un rêve en situation d'éveil a été considéré par les Grecs comme un don spécial d’Apollon. La cléromancie, quant à elle, tirait parti d'un mouvement déclenché par l'homme et dirigé par le hasard, lequel était censé traduire une volonté divine. Ainsi peut-on voir, sur une coupe de Douris, des guerriers recourir, en présence de la déesse Athéna, à une « lithobolie », littéralement « jet de pierres » en guise de divination; les dés ont été utilisés pour les pronostics. Depuis l'aube des temps les augures se sont préoccupés du vol des oiseaux ; les oiseaux les plus observés étaient les rapaces : aigles, vautours, faucons. Les phénomènes célestes aussi étaient considérés comme pouvant avoir une valeur prémonitoire. À Sparte, on croyait que les étoiles filantes montraient le mécontentement des dieux au sujet des rois spartiates.

 

La première théorie célèbre est celle de Platon, qui explique la divination, du moins celle qui est intuitive, inspirée, par le « délire » (mania), l'inspiration divine, cela dans le Phèdre. Plutarque critique et relativise : selon lui, croire qu'un dieu entre dans le corps des devins ou dans celui des ventriloques, appelés autrefois « Euryçlès » et de son temps « Pythons » se serve de la voix, et de leur bouche pour rendre ses oracles. Les stoïciens développent une théorie panpsychiste, panthéiste. 1) Le monde est un tout traversé par un Souffle, un organisme traversé par le Logos, le Feu, l'Esprit. Tout est en sympathie avec tout. 2) Le Tout est régi par le Destin, « qui est une chaîne de causes ». Ce Destin est aussi Providence. « Les stoïciens démontrent que la connaissance de l'avenir est possible... Les dieux sont, donc ils nous communiquent l'avenir. Et s'ils nous le communiquent, ils ne peuvent pas ne pas nous donner quelques moyens pour fonder une science pour le comprendre (sinon cette communication serait inutile), et s'ils nous donnent ces moyens il ne peut pas ne pas y avoir une science de la divination. Il y a donc une science de la divination. C'est là l'argument qu'utilisent Chrysippe, Diogène et Antipatros » La théorie la plus répandue chez les théologiens chrétiens est la théorie démonologique. Tout ou partie de la divination est expliqué par les démons, un pacte avec le Diable (saint Augustin, De la doctrine chrétienne, II), des invocations d'esprits mauvais. Saint Augustin parle de pacte avec les démons (De la doctrine chrétienne, II, chap. 24). Même tard on retrouve cette explication. Pour Jean Bodin, à la fin du XVIe siècle, la rhabdomancie et les incantations, « tout cela ne vaut rien » et ces choses « ne se peuvent faire sans l'assistance de Satan »

 

RITUELS

J. Jomier et Ph. Charlier

Edition le Cerf

 2020

Les rituels sont un lien entre l’Homme et ses dieux. Face à l’inconnu (maladie, mort, lendemain), ils sont une façon d’organiser le chaos, de « savoir quoi faire », d’éloigner la peur et d’affronter les épreuves. Mais comment passe-t-on du profane au sacré ? Quelle est l’histoire du rituel, son ancrage, sa raison d’être ? Quelle fonction occupent chamans, guérisseurs, hommes-médecines ? Quels supports servent à ces échanges verticaux, entre l’humain et le divin ? Comment comprendre la signification précise des gestes millénaires qui se répètent et se transmettent de génération en génération, de maître en initié, de père en fils ? Dans cet essai rassemblant de nombreuses cultures issues des cinq continents. Philippe Charlier entraîne le lecteur dans une description et une analyse originale de ces rituels du quotidien et de l’extraordinaire, illustrés par des clichés rarement reproduits, issus du fond d’archives photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.

 

Quel point commun entre le Palio de Sienne, cette course médiévale durant laquelle une dizaine de cavaliers représentant les quartiers de la ville s’affrontent en une cavalcade sauvage, et le Famadihana malgache, étonnante coutume funéraire durant laquelle les morts sont exhumés? Quelle similitude entre les tatouages de Samoa, le pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer, un mariage hindou ou un masque africain? Tous – cérémonies, objets ou cultes — sont issus de "rituels", ces liens sacrés ou symboliques entre les dieux et les hommes destinés à les protéger de la mort, de la peur ou de l’inconnu, en tentant "d’organiser le chaos" pour reprendre les mots de Philippe Charlier, universitaire, grand spécialiste des arts premiers, depuis peu directeur du département de la recherche et de l’enseignement au musée du quai Branly, et auteur de ce petit essai documenté qui promène le lecteur à travers les cinq continents . On connaît désormais le rôle des statuettes, masques ou poupées primitives comme autant de passerelles entre les mondes; figures protectrices ou inquiétantes, chargées de détourner les maladies, d’apaiser les morts ou de conjurer le sort. On a souvent oublié, dans nos sociétés modernes coupées de leurs racines, le symbolisme du baptême, de la crémation ou de nombre de festivités chrétiennes issues d’antiques croyances païennes. Qu’il s’agisse de conjurer le mauvais sort, d’honorer les défunts ou plus simplement de passer à l’âge adulte ou de se marier, ces rituels détaillés dans de courts paragraphes illustrés par des photos rarement vues, apparaissent au final comme autant d’éléments structurant nos sociétés et chaque étape de la vie, en les rattachant aux grands mythes venus de la nuit des temps.

Les rituels qui soulignent les étapes majeures de la vie d'un individu présentent, dans des sociétés très diverses, la structure tripartite propre aux rites de passage. Ainsi, la naissance, la puberté sociale, les fiançailles et le mariage, la grossesse et l'accouchement, les funérailles sont l'occasion de « crises » individuelles, mais ont aussi une issue qui prend une valeur stratégique pour le groupe. C'est pourquoi tant de sociétés ont marqué rituellement de tels changements d'état dans le flux continu du devenir individuel et ont pris en charge la transition d'un état social à un autre. Par exemple, la section du cordon ombilical à la naissance, aussi bien dans les sociétés paysannes d'Occident que dans d'autres continents, constitue un rite de séparation de l'enfant vis-à-vis de son milieu antérieur (la mère et l'autre monde), ce moment de séparation étant suivi par une phase liminale ( la « liminalité » peut toucher aussi les parents, soumis, par exemple, à une réclusion temporaire), puis par une agrégation définitive au groupe social, qui souvent s'achève par la dation d'un nom à l'enfant.

 

De même, les cérémonies de mariage, dans de nombreuses sociétés, s'ordonnent selon la même séquence tripartite : les « rapts » rituels simulés, par exemple, loin d'être les survivances d'anciennes institutions, visent à marquer la séparation par rapport à l'univers antérieur ; puis le mariage, par-là souvent relié aux initiations pubertaires, fait passer de la société enfantine à la société adulte, d'une famille à une autre, ou même d'un village à un autre ; enfin, l'intégration peut être soulignée par des rituels variables (repas en commun, échange de cadeaux, etc.). Quant aux funérailles, elles s'articulent, d'une façon remarquablement constante, selon un schéma identique : la phase de séparation du défunt d'avec le monde des vivants (comportant par exemple la destruction symbolique de sa maison) est suivie d'une période de mise en marge accentuée.

 

rituel de haute magie

H.C. agrippa

LIEGE

 1967

H.C. Agrippa fut un alchimiste et kabbaliste très renommé au XVème siècle (1463 – 1535).  Ses rituels magiques furent exploités par les nouveaux magiciens du XXème siècle, tels Crowley, Papus, Martinez de Pasqually et d’autres. Kabbaliste de grand renom il fait partie des kabbalistes chrétiens avec Pic de la Mirandole et Ficin.

 

 

Henri Corneille Agrippa, est médecin et philosophe, contemporain d'Erasme, l'un des plus savants hommes de son temps, dont on l'a appelé le Trismégiste, mais doué d'extravagance ; né à Cologne en 1486, mort en 1535, après une carrière orageuse, chez le receveur général de Grenoble, et non à Lyon, ni dans un hôpital, comme quelques-uns l'ont écrit. Il avait été lie avec tous les grands personnages et recherché de tous les princes de son époque. Chargé souvent de négociations politiques, il fit de nombreux voyages que Thevet, dans ses vies des hommes illustres, attribue à la manie «  de faire partout des tours de son métier de magicien ; ce qui le faisait reconnaître et chasser incontinent. » Les démonologues, qui sont furieux contre lui, disent qu'on ne peut le représenter que comme un hibou, à cause de sa laideur magique; et de crédules narrateurs ont écrit gravement que, dans ses voyages, il avait coutume de payer ses hôtes en monnaie, fort bonne en apparence, mais qui se changeait, au bout de quelques jours, en petits morceaux de corne, de coquille ou de cuir, et quelquefois en feuilles d'arbres.

 

II est vrai qu’à vingt ans il travaillait à la chrysopée ou alchimie ; mais il ne trouva jamais le secret du grand oeuvre. II est vrai aussi qu'il était curieux de choses étranges, et qu'il aimait les paradoxes : son livre de la Vanité des sciences, que l'on considère comme son chef-d’œuvre, en est une preuve. Mais au chapitre XIII de ce livre, il déclame contre la magie et les arts superstitieux. Si donc il fut oblige plus d'une fois de prendre la fuite pour se soustraire aux mauvais traitements de la populace, qui l’accusait de sorcellerie, n'est-il pas permis de croire ou que son esprit caustique , et peut être  ses mœurs mal réglées, lui faisaient des ennemis , ou que son caractère d'agent diplomatique le mettait souvent dans des situations périlleuses, ou que la médecine empirique, qu'il exerçait, l'exposait a des catastrophes ; à moins    qu’il ne faille croire, en effet, que cet homme avait réellement étudie la magie dans ces universités mystérieuses dont nous ne savons pas encore les secrets?.

 

Quoi qu'il en soit, Louise de Savoie, mère de François 1er, le prit pour son médecin. Elle voulait qu’il fût aussi son astrologue, ce qu'il refusa. Et pourtant on, soutient qu'il prédisait au trop fameux connétable de Bourbon des succès  contre la France. Si cette allégation est vraie, C'était semer la trahison, et Agrippa était un fripon ou un fourbe. Mais on établit encore l'éloignement d'Agrippa pour le charlatanisme des sorciers en rappelant ce fait, que, pendant le séjour qu'il fit à Metz, remplissant les fonctions de syndic ou avocat général (car cet homme fit tous les métiers), il s'éleva très vivement contre le réquisitoire de Nicolas Savin, qui voulait faire brûler comme sorcière une paysanne. La spirituelle et vive éloquence d'Agrippa fit absoudre cette fille. A cela les partisans de Ia sorcellerie d'Agrippa répondent qu'il n'est pas étonnant qu'un pareil compère ait défendu ceux qui pratiquaient la magie, puisqu'il la pratiquait.

 

Ils ajoutent que, tandis qu'il professait à l'université de Louvain, il infecta ses écoliers d'idées magiques. « Un de ses élèves, lisant auprès de lui un certain livre de conjurations, fut étranglé par le diable. Agrippa, craignant qu'on ne le soupçonnât d'être l'auteur on la cause de cette mort arrivée dans sa chambre, commanda a l'esprit malin d'entrer dans le corps qu'il venait d'étouffer, de ranimer le jeune homme et de lui faire faire avant de le quitter sept ou huit tours sur la place publique. Le diable obéit ; le corps du jeune étranglé, après avoir parade pendant quelques minutes, tomba sans vie devant la multitude de ses camarades, qui crurent que ce n'était là qu'une mort subite  » Ce ne fut pas pourtant à cause de semblables faits qu'il partit de cette ville savante. Ce fut parce qu'il s'y était fait des ennemis, à qui il donna un prétexte par la publication de son ouvrage de la Philosophie occulte. On accusa ce livre d'hérésie et de magie ; et, en attendant qu'il fût juge, l'auteur passa une année dans les prisons de Bruxelles. II en fut tire par l'archevêque de Cologne, qui avait accepté la dédicace du livre, dont il reconnut publiquement que l'auteur n'était pas sorcier.

 

Les pensées de ce livre et celles que Ie même savant exposa dans son commentaire In artem brevem Raymundi Lullii, ne sont que des rêveries. Ce qui surtout a fait passer Agrippa pour un grand magicien, c'est un fatras plein de cérémonies magiques et superstitieuses qu'on publia sous son nom, vingt-sept ans après sa mort, qu'on donna comme Ie quatrième livre de sa Philosophie occulte, et qui n'est qu'un ramassis de fragments décousus de Pierre d'Apone, de Pictorius, et d'autres songes creux.

 

Cependant Delancre ne porte son accusation que sur les trois premiers livres. « Agrippa, dit-il, composa trois livres assez grands sur Ia magie démoniaque ; mais il confessa qu'il n'avait jamais eu aucun commerce avec le démon, et que Ia magie et la sorcellerie (hors les maléfices) consistaient seulement en quelques prestiges, au moyen desquels l'esprit malin trompe les ignorants. » — Thevet n'admet pas ces palliatifs « On ne peut nier, dit-il, qu'Agrippa n'ait été ensorcelé de la plus fine et exécrable magie, de laquelle, au vu et au su de chacun, il a fait profession manifeste. II était si subtil, qu'il grippait de ses mains crochues des trésors que beaucoup de vaillants capitaines ne pouvaient gagner par le cliquetis de leurs armes et leurs combats furieux. Il composa le livre de la Philosophie occulte, censuré par les chrétiens, pour lequel il fut chassé de Flandre, ou il ne put dorénavant être souffert; de manière qu'il prit la route d'Italie, qu'il empoisonna tellement que plusieurs gens de bien lui donnèrent encore la chasse, et il n'eut rien de plus hâtif que de se retirer à Dole. Enfin il se rendit à Lyon, dénué de facultés ; il y employa toutes sortes de moyens pour vivoter, remuant le mieux qu'il pouvait la queue du bâton ; mais il gagnait si peu, qu'il mourut en un chétif cabaret, abhorré de tout le monde, et détesté comme un magicien maudit , parce que toujours il menait en sa compagnie un diable sous la figure d'un chien noir. »

 

Paul Jove ajoute qu'aux approches de sa mort, comme on le pressait de se repentir, ôta a ce chien, qui était son démon familier, un collier garni de clous qui formaient des inscriptions nécromantiques, et lui dit : va t’en, malheureuse bête, c'est toi qui m’as perdu; qu'alors le chien prit aussitôt la fuite vers la rivière de Saône, s'y jeta la tête en avant et ne reparut plus. Delancre rapporte autrement cette mort, qui n'eut pas lieu dans un cabaret de Lyon, mais, comme nous l’avons dit, à Grenoble. « Ce misérable Agrippa, dit-il, fut si aveugle du diable, auquel il s'était soumis, qu'encore connut très bien sa perfidie et ses artifices, il ne les put éviter, étant si bien enveloppé dans les rets d'icelui diable, qu'il lui avait persuadé que, s'il voulait se laisser tuer, la mort n'aurait nul pouvoir sur et qu'il le ressusciterait et le rendrait immortel ; ce qui advint autrement, car Agrippa s'étant fait couper la tête, prévenu de cette fausse espérance, le diable se moqua de lui et ne voulut (aussi ne le pouvait-il) lui redonner la vie ,pour lui laisser le moyen de déplorer ses crimes. »

 

Wierus, qui fut disciple d'Agrippa, dit qu'en effet cet homme avait beaucoup d'affection pour les chiens, qu'on en voyait constamment deux dans son étude, dont l’un se nommait Monsieur et l'autre Mademoiselle, et qu'on prétendait que ces deux chiens noirs étaient deux diables déguisés. — Tout cela n'empêche pas qu'on ne soit persuadé dans quelques provinces arriérées, qu'Agrippa n'est pas plus mort que Nicolas Flamel, et qu'il se conserve dans un coin, ou par I ‘art magique, ou par l'élixir de longue vie.

 

rituels et pratiques magiques des indiens d’amÉrique

John creek

Edition quebecor

 2002

L’auteur nous invite à plonger au milieu des rituels et pratiques magiques des indiens. Nous sont dévoilés certains secrets concernant la pratique de cette spiritualité. Les rituels chamaniques, près de la nature sont faits pour nous faire rêver et nous enchanter.

 

Les membres de la nation naskapie sont au nombre de 850 environ. Il y a un seul village naskapi au Québec, Canada, Kawawachikamach, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Schefferville. La population parle naskapi et utilise l’anglais comme langue seconde. Chez les naskapis, l'âme est une ombre, une étincelle ou une petite flamme qui sort par la bouche.


Les rites funéraires mohawks sont assez complexes: selon leurs croyances, le voyage vers l'au-delà se déroule tant dans le monde du soleil que celui des terrains de chasse éternels. C'est pourquoi les objets utilisés pour perpétuer le voyage vers ces milieux spirituels sont fort variés, et représentent tantôt des outils pour la chasse, tantôt des offrandes au dieu du soleil et à la terre-nourricière.

 

Durant une partie du rituel funéraire mohawk: on fait brûler des essences d'animaux dans l'espoir que les liens mystiques qui les unissent aux défunts se perpétuent dans le voyage après la mort.

 

En somme, on désire, par ces rites funéraires, que le membre de la tribu aille rejoindre ses «frères et sœurs» spirituels dans le monde éternel.

Pour les tribus indiennes d'Amérique du Nord, la voie lactée est le chemin des âmes regagnant l'au-delà. A son extrémité se trouve le pays des morts. Chez les autochtones du nord canadien, l'ombre et l'âme qui sont distinctes l'une de l'autre se sépare du cadavre au moment de la mort. L'âme gagne le royaume du loup à l'ouest, et l'ombre demeure à proximité de la tombe. C'est l'ombre qui maintient les relations avec les vivants et c'est à elle que sont destinées les offrandes déposées sur les tombes. L'âme peut revenir et en s'unissant à l'ombre constituer un nouvel être. Les gens qui sont nés de cette façon une seconde fois rêvent parfois de leur vie antérieure. L'obsidienne (silex), anciennement lame des couteaux de sacrifice, a conservé chez les indiens d'Amérique centrale une valeur magique bénéfique. Il conjure les maléfices et écarte les mauvais esprits. Mais les cendres des pères sont sacrées. Leurs tombes sont une terre sainte; ainsi, ces collines, ces arbres, ce coin de terre sont sacrés à nos yeux.

Aux Etats-Unis  Les Navajos (ou Navahos) constituent un peuple amérindien d'Amérique du Nord de la famille linguistique athapascane et de la zone culturelle du sud-ouest. Les Navajos vivent aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l'Arizona et des régions contigües du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés aux Apaches. Lors d’un décès les Navajos pratiquent ce que l’on appelle le rite initiatique, jeûne total qui dure de trois à quatre jours durant lesquels la solitude absolue est de mise. Pendant ces jours, tous ont des visions de leur vie antérieure, présente et future. Pendant ces jours de méditation, les réserves sont fermées à tous les étrangers. Pour les Navajos, la mort n’est pas ressentie comme une peine, bien au contraire, elle est «un moment de fête ». Dans la famille, lorsqu’un des parents vient à mourir, l’éducation des enfants est assurée non seulement par le parent restant, mais aussi par le reste de la famille, voire par le clan entier. Chez les indiens Montain Stonies, la mort se dit : « Du-wah-otch ». L'inhumation Navajo et les rituels funéraires suivent une certaine procédure. Le Navajo croit que la personne décédée suit la route des enfers. Les dispositions funéraires sont observées fidèlement afin de s'assurer que les morts ne reviennent pas au monde des vivants.

Ainsi, quand une personne est sur le point de mourir, celle-ci est immédiatement conduite à un endroit séparé jusqu'à ce qu'elle décède. Pendant ce temps, les membres de la famille et le chaman ne sont pas autorisés à se tenir à proximité de cette personne. Tous quittent les lieux sauf deux membres de la famille les plus proches et les plus disposés à affronter les mauvais esprits.  Une fois que la personne est décédée, deux personnes, généralement des hommes, sont chargés de préparer le corps pour l'enterrement. Ces hommes ne portent pas de vêtements, mais frottent leur corps tout entier avec de la cendre car, selon la croyance chez les Navajos, les cendres protègent la population contre les mauvais esprits.

Le corps du défunt est lavé puis habillé correctement. La tombe est creusée et les funérailles ont lieu le plus tôt possible. À l'inhumation, seul quatre hommes sont présents. Tous les objets appartenant à la personne décédée sont portés à l'emplacement de la tombe par un homme, deux autres aident à transporter les objets de la tombe et le quatrième veille à ce que les autres demeurent à l'écart. Une fois que le corps est enterré, les quatre hommes essuient toutes traces et détruisent les outils utilisés pour creuser la tombe. Pendant les rites funéraires, le peuple Navajo retient ses larmes parce que la manifestation de trop d'émotions empêche l'esprit du défunt de rejoindre les enfers.

  

ROSE + CROIX  -     B.A - BA

J.M. vivenza

Edition Pardès

 2005

Rose+Croix : quel nom, quel mouvement, quelle société initiatique en Europe – et ce, depuis plusieurs siècles – aura suscité plus d’interrogations et généré plus de questions et plus de mystères que celui-là ? Comment expliquer la fascination, l’engouement et la curiosité du public à l’égard d’une étrange et insaisissable « Confrérie » dont on ignore, encore aujourd’hui, qui sont ceux qui en furent précisément les véritables maîtres ; qui sont les insaisissables personnages qui présidèrent à sa constitution et organisèrent, avec grande prudence et un sens élevé du secret, sa discrète diffusion ?


Ce B.A. – BA des Rose+Croix, présentant la plupart des données historiques disponibles et les replaçant dans une vue générale et globale de la perspective ésotérique, sera, à ce titre, certainement fort utile à chacun. Il saura favoriser un accès, rendu de plus en plus délicat, tant aux documents qu’aux différentes connaissances qui existent concernant la tradition rosicrucienne.


On est souvent surpris, il est vrai, devant les noms de ceux, alchimistes, francs-maçons, philosophes, théologiens, etc., qui, de près ou de loin, appartinrent ou côtoyèrent la secrète « Fraternité », épousant son message d’amour évangélique, d’ouverture et de tolérance religieuse, qui la caractérise dans son exigence spirituelle et, parallèlement, la distingue dans ses positions de principe. C’est pourquoi la compréhension de la pensée des Rose+Croix est du plus haut intérêt pour ceux qui cherchent les germes de la Vérité, et qui attendent que s’épanouissent enfin les semences supérieures qui résident dans le centre de l’âme.


Pour ceux qui participent de ce petit nombre, on ne peut en douter, il leur sera toujours offert de contempler le sens véritable de la « Rose » et de la « Croix » et, surtout, comme le montre cet ouvrage, de célébrer l’éternelle union de ces deux symboles en plaçant, au centre du bois où fut cloué le divin Réparateur, la fleur mystique que l’on dit représenter la céleste rosée de notre Rédemption, de manière à ce que ne cessent de se consommer, dans l’invisible lumière du cœur, les sublimes noces de l’âme et de l’Agneau Divin.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une mystérieuse fraternité  -   la Fama Fraternitatis  -  la Confessio    Fraternitatis   -  les noces chymiques de Christian Rosencreutz   -   Les sources des Rose+Croix  -  l’alchimie  -  théologie germanique et le « libre esprit »  -   Martin Luther et la réforme  -   Jacob Boehme et la théosophie  -  perspective eschatologique   -  Johan Valentin Andreae  -  René Guénon  et la secrète mission des Rose+Croix  -  le rattachement au «  centre spirituel suprême » -    les adeptes  célèbres : John Dee  -  Francis Bacon  -  Michel Maier  -  Robert Fludd  -  Comentus  -  Thomas Vaughan  -  Elias Ashmole  -   Rosicrucianisme et illuminisme  -  Rose+Croix et Franc-maçonnerie  -  l’ordre de la Rose+Croix d’or  -  les frères initiés d’Asie  -  la Rose+Croix de Florence et la « stricte observance templière »   -  Cagliostro et le Comte de Saint-Germain   -  Résurgences rosicruciennes  -  La Golden Dawn  -  l’ordre kabbalistique de la Rose+Croix  -  l’ordre de la Rose+Croix catholique du Temple et du Graal  -  l’Amorc  -  Max Heindel  -  lectorium rosicrucianum  -     

 

ROSE+CROIX.  HISTOIRE  ET  MYSTÈRE 

CHRISTIAN  REBISSE

DIFFUSION  TRADITIONNELLE

 2003

Souvent considéré comme une société secrète, l’ordre de la Rose+Croix est l’un des mouvements initiatiques les plus énigmatiques. Retraçant les mystères de ses origines, ce livre ‘efforce d’abord de situer la rosicrucianisme dans l’histoire, en évoquant la genèse de l’ésotérisme occidental et en présentant les multiples courants auxquels la Rose+Croix a donné naissance.

 

Il accorde ensuite une place particulière à l’organisation rosicrucienne majeure de notre époque : L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose+Croix (A.M.O.R.C). Au-delà de son aspect historique, cet ouvrage, doté d’une riche iconographie, nous invite à découvrir la manière dont les Rose+Croix du passé comme du présent ont tenté et tentent encore de retrouver, à travers une mystérieuse Tradition Primordiale, le fil conducteur les reliant au Divin. Il permet également d’appréhender leur philosophie et de pressentir à travers elle leur quête de spiritualité et d’humanisme.

 

Cet important ouvrage de 450 pages traite les sujets suivants :

 

Egypte et Tradition Primordiale : Les grecs et l’Egypte- le Corpus Hermeticum – Pax Romana – Alchimie, magie et astrologie – le néoplatonisme – les chrétiens devant Hermès – les Sabéens – Idris-Hermès – La Table d’Emeraude – L’alchimie arabe – la théosophie orientale

Hermétisme et Philosophia Perennis : L’islam et l’alchimie en Espagne – Le Picatrix et la Kabbale – L’expulsion des juifs – l’Académie de Florence -  la magie naturelle et angélique – la Voarchadumia – De Verbo mirifico – l’harmonie di monde – Giordano Bruno – Paracelse – la mort d’Hermès –

La crise de conscience Européenne : L’Univers infini – les catalogues du monde – L’Homme écorché – La Réforme, la contreréforme, les guerres de religions et les révoltes – Jésus-Christ et les noces mystiques – L’ère du Saint Esprit – Simon Studion – Naometria nova – Le troisième Elie – le lion du Septentrion –

Les échos de la Rose+Croix : Les nouvelles du Parnasse – La réforme d’Apollon – La Fama Fraternitatis – L’Arabie heureuse – Fès, la ville d’or – les demeures de l’Esprit Saint – Le tombeau de Christian Rosencreutz -  Paracelse et Rosencreutz – La monade – la Confessio – le millénarisme – le Liber Mundi – la Bible – le cercle de Tübingen – Johan Arndt – Tobias Hess – Johann Valentin Andreae – un récit initiatique –

La Terre d’Emeraude et les noces Chymiques : La filiation spirituelle – un monde imaginal – les récits initiatiques – Le vieux sage et la Nature parfaite – L’île verte – les fravartis – la Chevalerie spirituelle – les âges du monde – le Paraclet – la hiéro histoire – un opéra baroque – l’alchimie intérieure – les noces spirituelles – les 7 étapes – le chevalier de la pierre d’or –

La rose et les Philosophes : Michel Maier et Robert Fludd – Johannes Kepler et Frédéric V – La défenestration de Pragues – la montagne blanche- René Descartes – les trois songes – Les affiches à Paris – Polybe le Cosmopolite – la Hollande – la reine des fées –Francis Bacon – Novum Organum – l’Abeille – la nouvelle Atlantide –La Royal Society – Comenius –  la pansophie –  le conseil de Lumière.

Rosicrucianisme, Franc-Maçonnerie, magnétisme et Egyptologie : Hiram et Rosencreutz – la religion noachite – la Rose+Croix d’Or – la Toison d’or – les architectes africains – Esséniens et Templiers - - les frères initiés d’Asie – l’illuminisme – La société de l’harmonie – les architectes égyptiens – Cagliostro – le somnambulisme – la pyramide des Tuileries – Napoléon et l’Egypte – Le rite de Memphis – la pierre de Rosette – la société du magnétisme

Psyché et la Roseraie des Mages : Monte Verità – les templiers d’Orient – la Golden Dawn – Josephin Péladan – la Rose+Croix de Toulouse – La Rose+Croix du Temple et du Graal – les Magnifiques – la confrérie de la Rosace – le comte de Falkenstein – le piétisme – Jacob Boehme et la kabbale – la Philadelphian Society et le millénarisme anglais – Harvey Spencer Lewis le réveilleur de la Rose+Croix – la New Thought – le Kybalion – New York –

 

ROSE+CROIX -  LA  TRILOGIE  DES  ROSE+CROIX

L’A.M.O.R.C

DIFFUSION  ROSICRUCIENNE

 1984

Fama Fraternitatis  -  Confessio  Fraternitatis  -  Les Noces Chymiques  -  Voilà le ternaire de la doctrine rosicrucienne né vers le début du 17e siècle. L’ordre des Rose+Croix demeuré volontairement inconnu pendant des siècles, révèle son existence, au début du XVIIe siècle, par l’intermédiaire de trois manifestes énigmatiques publiés en Allemagne : la Fama Fraternitatis (1614), la Confessio Fraternitatis (1615) et les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz (1616).

 

La Fama présente de manière parfois allusive, parfois précise, la vie et la quête mystique de Christian Rosencreutz « héritier » de la famille germanique de R+C.

 

Le Confessio vient apporter dès 1615 des précisions sur la Fama et, de ce fait, sur les buts de l’Ordre de la Rose+Croix.

 

En 1616 apparaissent les Noces Chymiques de Christian Rosencreutz, récit allégorique –bien que certains le considèrent aujourd’hui encore comme un texte exclusivement historique – sur la nature profonde et réelle de la fraternité Rose+Croix. Les trois manifestes rosicruciens du début du XVIIe siècle, qui forment cette trilogie furent publiés dans un contexte historique particulier dont il faut tenir compte pour saisir en quelque sorte l’ambiance générale de l’époque. L’Allemagne du début du XVIIe siècle est censé être le pays où naquit l’ordre de la Rose+Croix, mais il faut également savoir que l’Ordre existait depuis de longs siècles auparavant, mais qu’il avait œuvré très discrètement jusqu’à sa résurgence. L’Ordre rosicrucien œuvre dans le monde selon un cycle de 108 ans d’activité et de 108 ans de sommeil. Traditionnellement l’Ordre, au moment voulu et dans le pays concerné par la reprise de ses activités, entamait chaque nouveau cycle d’éveil ou d’activités extérieures, par l’ouverture d’un « tombeau »

 

2 hommes et un groupe ont œuvré magistralement pour cet ordre. Tout d’abord Sir Francis Bacon (1561-1626), Grand Chancelier d’Angleterre, philosophe, scientifique, et poète. Ensuite John Dee (1527-1608) alchimiste, astronome, mathématicien, astrologue et géographe, qui visita longtemps l’Europe centrale et Pragues en particulier avec son ami le docteur E. Kelley, on lui colla le titre d’espion de l’Angleterre car il infiltra et créa des groupes ésotériques.

 

Le véritable foyer de la Rose+Croix fut le groupe de Tübingen, composé de J. Arndt, Johann Valentin Andréa, C. Besold, Tobias Hess, Abraham Hotzel, le pasteur Vischer, et William von Wense, tous intellectuels luthériens intéressé par l’alchimie, mais surtout voulant créer une nouvelle réforme complémentaire de celles de Luther et de Calvin.

 

ROSE+CROIX -   L’HḖRITAGE DE CHRISTIAN ROSENCREUTZ   suivi  de    ḖTERNELLE ROSE+CROIX       -       4 Tomes   -

Alonso – Mier – Prinke – Trojani – Garnier – Mannu – Berlier -  Fichefet

Edition Arqa - Marseille

2016

Plusieurs auteurs ont mis leurs talents en commun pour produire en 4 tomes, cette saga rosicrucienne  qui commence vers 1614 et va jouer un rôle très important chez les savants, les mystiques et les intellectuels des siècles suivants et qui perdure de nos jours.

 

L’apparition formelle des trois Manifestes de la Rose-Croix, en 1614, 1615 et 1616, marque trois dates mémorielles dans l’Histoire de l’Hermétisme occidental. Passé quatre siècles, elles marquent aussi un anniversaire en forme de pierre blanche posée sur la ligne du temps, en signe sacramentel. Un signe des temps mais aussi un sceau de cire rouge orné d’une rose pourpre, en relief, pour signifier à chacun, au passant, au questeur, à quel point les écrits de l’Ancien Ordre mystique sont fondamentaux pour toute quête initiatique authentique. Les éditions Arqa se devaient de saluer à leur manière ce moment si important, en cette date anniversaire, pour commémorer les quatre-cents ans de la Fama, de la Confessio et des Noces, et pour ainsi faire œuvre utile en présentant de nombreux documents inédits sur ces « Frères invisibles ». 4 volumes essaient de présenter cette fraternité, qui a œuvrée dans le monde entier en toute discrétion, et qui est toujours présente.

 

En 1213, l’Aragon est le plus fidèle allié des Comtes de Toulouse. L’alliance se forme contre les croisés de Simon de Montfort et c’est d’ailleurs en portant secours au Comte de Toulouse, Raymond VI, que le roi Pierre II d’Aragon trouva la mort à la bataille de Muret. La bannière des chevaliers de San Juan flotta souvent aux côtés de celle des chevaliers toulousains. Un lien indéfectible entre Toulouse, l’Aragon et la Rose existait déjà à cette époque et celui-ci s’accentua avec les futurs Jeux Floraux sous le haut patronage de Clémence Isaure et, bien sûr, prolongeant au-dessus des nuages… jusqu’à Adrien Péladan et sa Rose-Croix de Toulouse.

 

Cette association de la Rose et de la Croix nous la retrouvons chez les chevaliers de Rhodes dont le nom signifie « roses » ou dans ce « chevalier à la rose » de l’église Saint-Jean-de-Malte, à Aix-en-Provence, représentant le Comte Raymond Béranger IV, le cofondateur de l’Ordre de Malte en l’an 1100 ; mais aussi dans beaucoup de pierres gravées sous toutes formes…, clefs de voûte par exemple dans le Convento do Christo de Tomar, magnifique citadelle templière. Quand l’Ordre du Temple fut dissout, ses survivants, suite aux persécutions, se réorganisèrent clandestinement principalement au Portugal et en Écosse. Dans ce dernier pays, Robert Bruce fonda un Ordre de Saint André du Chardon, en 1314, et notons au passage que la célèbre Loge de Kilwinning était déjà bien antérieure ! Puis, il y eut la construction, à partir de 1440, de la célèbre Rosslyn Chapel et de sa ligne méridienne de roses…, sous la houlette de William Sinclair. Puis, pour rester dans cette filiation, au mitan du XVIIIe siècle l’Ordre Royal d’Écosse prit pour emblème une croix et quatre roses. On sait aussi qu’il y eut un Jardin des planètes à Edzell. Une immense pierre est d’ailleurs datée de 1604, la date est évocatrice n’est-ce pas ? C’est aussi dans ce même pays que l’on retrouve la Pinkie House de l’alchimiste Alexander Sethon, mort en 1603, maison dont le plafond nous offre une fois de plus une croix entourée de plusieurs roses. Il faut en outre, impérativement, garder en mémoire la composition du blason de Johann-Valentin Andreae, notre « présumé » auteur des Noces chymiques de Christian Rosencreutz

 

Les années 2014, 2015 et 2016 marquent le 400e anniversaire de la Rose-Croix et de ses trois célèbres Manifestes : la Fama Fraternitatis, publiée en 1614, la Confessio Fraternitatis, publiée en 1615 et les Noces Chymiques de Christian Rosencreutz, publiées en 1616. C’est par la Fama que les Frères Invisibles se firent connaître à tous les savants d’Europe. Celle-ci fut traduite en cinq langues et le nombre de ses rééditions témoigne d’un succès toujours constant. Si l’on en croit Julius Sperber - peut-être Julianus de Campis - dans son Echo… publié en 1615, la Fama circulait déjà en 1595, soit dix-neuf années avant sa sortie officielle. À un certain moment on la trouve, en Écosse, chez Sir George Erskine qui fut le conseiller privé du Roi Jacques Ier, en 1603.

 

En 1610, Adam Haselmayer, disciple de Paracelse, notaire de l’Archiduc Maximilien - parfois cité comme son secrétaire - affirma avoir vu une copie de la Fama au Tyrol. Cette même année, Adam Haselmayer, fut le premier à répondre aux membres de la Rose-Croix dans son Antwort - ou Réponse. Le même Haselmayer parla plus explicitement de la Fama en 1611 puis, probablement sur le conseil de son ami Benedictus Figulus, en envoya une copie jointe au manuscrit de sa réponse à un autre ami, Carl Wideman, lui aussi, disciple de Paracelse qui se trouvait au service d’August von Anhalt. Widerman avait fait des études à Leipzig et Padoue et travaillé au laboratoire à Trebon pour le compte de Wilhem von Rozmberk. Il travailla aussi avec Edward Kelley, le comparse de John Dee, à Prague, de 1587 à 1588. L’un de ces deux derniers en envoya une copie au Prince Augustus de Anhalt, le protecteur de Widerman à Plötzkau, en signalant que cette copie provenait de Tobias Hess, du Cercle de Tübingen. Le Prince la reçut comme cadeau de nouvel an. Cette même année, Olaus Wormius qui occupa la première chaire de chimie de l’Université de Marburg reçut, lui, une copie manuscrite de la main de Johann Hartmann. En 1612, Comenius lit la Fama et la Confessio sous forme de manuscrits également et toujours en 1612, August d’Anhalt fit publier la Réponse très enthousiaste d’Haselmayer à La Fraternité de la Rose-Croix où l’auteur évoquait la venue du Lion tant espérée des Prophéties et le règne de l’Esprit-Saint.

 

En 1613, un certain "IMP Medicus" dit avoir vu les manifestes. Et, en 1614, la Fama fut concrètement éditée à Cassel, chez l’imprimeur Wilhelm Wessel du Landgrave de Hesse-Cassel, associée à la Réponse d’Haselmayer ainsi qu’à l’article 77 des Ragguali di Parnasso - Centuria Prima. Les Nouvelles du Parnasse de Trajano Boccalini (1556-1613) est un ouvrage peu commun dont la totalité était paru à Venise en 1612 - une satire politique féroce sur fond de mythologie. La Fama s’inspira largement de cet ouvrage de Boccalini où il était question d’une grande Réforme générale. Les sept plus grands sages de Grèce furent convoqués à Delphes, par Apollon, pour proposer une solution à la misère des humains et à la crise mondiale mais la plupart des réformes envisagées à tour de rôle furent tournées en ridicule. En voici le final : « Alors, les portes du Palais s’ouvrirent grandes et la Réforme Générale fut lue, devant le peuple rassemblé en grand nombre, sur la place du marché, à l’endroit approprié pour de telles occasions. Celle-ci fut tellement applaudie par chacun que tout le Parnasse retentit de cris de joie car la populace se satisfait de bagatelles quand les gens de jugement savent que vitia erunt donec homines - pendant aussi longtemps qu’il y aura des hommes, il y aura des vices - Les gens ne vivent pas vraiment bien sur Terre, même s’ils ne sont pas beaucoup malades, et le degré de sagesse humaine réside dans la discrétion à être heureux et à laisser le monde tel qu’on l’a trouvé. »

 

À Ratisbonne, il y eut une édition faite par Johann Berner. L’effervescence que suscita cet Appel de la Fama Fraternitatis aux savants et princes de toute l’Europe se concrétisa par la prolifération de plusieurs centaines de tracts pour ou contre l’Ordre de la Rose-Croix. D’après l’historien Didier Kahn, on connaît donc aujourd’hui quatre copies manuscrites antérieures à l’édition princeps de 1614 ; la première est le manuscrit de Salzbourg, considéré par Carlos Gilly et Christopher McIntosh comme étant la meilleure version, la seconde est le manuscrit de la Wolfenbüttel, la troisième est le manuscrit Gessler (copie faite par Johann Gessler, à Strasbourg, peut-être d’après la copie d’Haselmayer ou de Benedictus Figulus) de la Wellcome Library de Londres sous la côte MS. 310 ; et la quatrième et dernière copie se trouve également à la Wellcome Library. En 1615, une traduction hollandaise de la Fama par Abraham von Hoberweshel vit le jour – mais certains auteurs ont avancé le nom de Roemer Visscher. La même année, Andreas Hünefeld édita, lui aussi, une Fama Fraternitatis à Dantzig. En 1624-25, une autre traduction hollandaise de la Fama Fraternitatis à Gouda signée Nicolas Barnaud aurait été imprimée. En 1652, Thomas Vaughan (Eugène Philalèthe) offrit une traduction de la Fama et de la Confessio pour la Grande-Bretagne. Plus près de nous, en 1970, Bernard Gorceix, dans sa Bible des Rose-Croix, livra une des meilleures traductions modernes en langue française.

 

L’année 2015 est, elle aussi à marquer d’une pierre blanche car elle commémore le 400e anniversaire de la Confessio Fraternitatis par laquelle les Frères de la Rose-Croix, au moyen de « trente-sept causes » révélèrent son existence à l’Europe entière. La Confessio reprit le message de la Fama - dont nous offrons dans cet ouvrage la Préface de 1615 de la remarquable édition de Dantzig - avec plus de ferveur encore et son message se fit davantage prophétique et apocalyptique. Elle fut publiée en latin avec la Consideratio Brevis, qui contient une allusion à la Monade hiéroglyphique de John Dee, puis en allemand dans la même année…L’année 2016 marque, elle, la commémoration des Noces Chymiques. Il s’agit d’un texte allégorique et d’un voyage initiatique, en sept étapes, une véritable quête de l’Illumination du Père Christian Rosencreutz, le fondateur mythique de l’Ordre.

 

Avant de conclure donc, et pour le plaisir des hermétistes, il nous faut rapporter une tradition secrète que d’aucuns jugeront peut-être emblématique. L’Ordre aurait eu des Supérieurs Inconnus ou « der unbekannte obere » nous disent les textes. Il a été fait mention à ce sujet d’Hugo Alverda, un frisien de 576 ans - un ouvrage de 1617 intitulé Fortalitium Scientae est signé de ce même nom… ; il nous faut citer aussi François de Bry, un français de 495 ans et Elman Zatta, un arabe, de 463 ans. Nous connaissons également grâce à un ouvrage intitulé Ad Fratres virtute illustres nec non doctrina sapientes, publié en 1616, le nom de certains nomen rosicruciens comme : Sadrach, Misach, Abednego, Pegasum, Aristaeum ou encore Serpentarium. De telles informations ne manquent pas de sel. Et l’on se remémorera à ce propos, pour ceux qui le veulent bien, les différents témoignages d’Eugène Canseliet, en plein XXe siècle, concernant l’Adepte Fulcanelli…

 

À notre époque, la Mystique Rose continue bien sûr d’exhaler son suave et doux parfum en continuant de croître sur le fumier actuel de nos idées reçues, la Puteus opinionum de la planche de Theophilus Schweighardt - hautement commentée dans le présent ouvrage - relatant nos vaines théories, nos stériles philosophies ; mais beaucoup vont leur chemin sans même lui offrir un regard. Pourtant, elle est Immanence, Amour, Prière, Humilité, Communion, Altruisme, Charité, Esprit-Saint… Elle suinte du Cœur du Maître. Et quand l’écorce dure du cœur de l’homme est percée, lorsqu’il est ouvert à la Sainte et Divine Infusion, sa rosée est le plus délicieux des baumes. Voilà l’Ergon ! Aussi, ne jetons pas ces quelques perles qui jalonnent cet ouvrage couleur de lune aux pourceaux, ne faisons pas aux ânes des lits de roses. Cet Ergon est plus utile que jamais, non forcément pour réaliser le Parergon mais pour résister à tous les pharisianismes qui ont investi la société actuelle, à l’heure où est  publié cet ouvrage qui  est avant tout un tendre hommage, ô combien imparfait, à nos Frères Aînés, que nous admirons profondément, nous ne le cachons pas. Il sort de notre cœur. C’est un devoir de mémoire, une collecte généreuse et patiente constituée comme une modeste offrande. Ainsi, nous ne faisons que commémorer un anniversaire, celui des 400 ans de la Fama, de la Confessio et des Noces… Beaucoup d’ouvrages parlent de l’œuvre métallique ou du Parergon et bien peu - en réalité - de l’Ergon ou de la Théosophie suprême des Frères de la Rose-Croix. Nous voulions ici, un peu, à notre manière, combler ce manque. Bien sûr, ces deux aspects n’étaient pas dissociés chez les Frères authentiques de la Rose croissante…

 

Quatre siècles ont passé ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans notre monde d’aujourd’hui « sans foi ni loi » où se profile l’apostasie, le disciple se trouve pris dans la tourmente. Le chrétien est hypnotisé par des séductions de plus en plus subtiles : pouvoirs naturels de la pensée, usage de la volonté, recherche du merveilleux...De tous côtés, on tente des essais pour concilier différents spiritualismes, l’œcuménisme est dans l’air du temps. Après l’Ergon des Frères aînés de la Rose-Croix, de nombreuses théosophies d’auto-déification ont finalement vu le jour constituant un habile et confus mélange de vérités et d’erreurs - allégorie de l’Arbre du Bien et du Mal - constituant un véritable patchwork de pseudo-spiritualité qui, doit nous inciter au plus grand discernement. Il nous faut examiner attentivement l’arbre - l’enseignement - à ses fruits et passer ceux-ci au crible de notre raison critique car cette mosaïque chatoyante, à la sauce new-age, est une véritable Babel spiritualiste moderne. Nous ne pouvons que constater que nombreux sont les hommes et les races qui, d’un bout à l’autre de la planète, subissent le même mode d’existence mortifère où une simili « culture mondiale » a été mise en place, culture décadente qui se traduit par une sorte de syncrétisme mal assimilé, un « melting-pot » de plusieurs cultures qui ont été réduites au rang d’objets de consommation. Un tel phénomène gangrène irrémédiablement tous les aspects de notre monde moderne : la langue, la musique, l’art, les idées, la religion, les mœurs, l’Histoire… Est-ce vraiment ce que désiraient profondément les Frères de la Rose-Croix ?

 

Si les tous premiers Frères sortirent au grand jour, outre qu’ils croyaient que la fin des temps était toute proche, ce fut pour insuffler un « esprit nouveau », pour partager leurs connaissances, pour mettre celles-ci au service du prochain, non pour les garder sous le boisseau, pour eux uniquement, mais pour libérer l’homme de ses chaînes physiques, psychiques et spirituelles. Ils prônaient l’Évangile dans sa plus grande simplicité spirituelle et se plaçaient sous l’égide du Saint-Esprit. Ce qui est formidable, c’est que le message de la Fama ne s’adresse plus à notre époque uniquement aux lettrés et autres princes d’Europe. Il est maintenant l’apanage de tous, indistinctement. Mais, on voit bien ici que la tendance s’est finalement inversée au cours des siècles et que le vieil homme, c’est-à-dire l’ego, a repris le dessus et le travail in fine peut sembler plus difficile qu’auparavant. Il est sans doute très différent. Si les textes originels des Frères abondaient autour des années 1614-1615-1616, de tels trésors sont tombés dans l’amnésie collective et dorment hélas aujourd’hui dans bien des bibliothèques. Il faut donc s’armer de patience et de courage, de nos jours, pour trouver quelques grammes d’or pur, c’est-à-dire simplement quelques lignes d’une œuvre d’exception même si l’on a fait un petit peu de latin et de grec et si l’on manie à peu près correctement plusieurs langues…

 

Voici les sommaires détaillés de ces quatre volumes indispensables, riches en iconographie :

 

TOME I – Prodrome : Préface – I - La Rose donne toujours son miel aux abeilles – II - L’Europe est enceinte - III - Sur les traces de Christian Rosencreutz – IV - 1614-2014 – 1615-2015 – 1616-2016 - V - Initiation et Rose-Croix - Pour une approche mystagogique - VI - Quatre siècles ont passé ! Qu’en est-il après ? - VII - Un Feu intérieur qui consume… – Préface de la Fama Fraternitatis à l’édition de 1615 – Anonyme – Cahier iconographique – 100 pages - 240 documents – photographies, documents d’archives, infographies, documents inédits – Chronologie Rosicrucienne – Bibliographie rosicrucienne

 

TOME II – Les fils de la Rose+Croix – De la Rose-Croix minérale – Un manuscrit protorosicrucien fort méconnu : la Naometria de Simon Studion – Paul de Foix et le calendrier grégorien – I - Le calendrier de John Dee, la longitude de Dieu et la Nouvelle Jérusalem - II - La fin du calendrier julien - III - Des Saint-Gilpins aux Rose-Croix… - IV - En l’an 1582 - V - Le Ciel peut attendre – Autour de Julianus de Campis : deux Frères de la Rose-Croix exceptionnels - Julius Sperber et Cornelis Drebbel – I - Julius Sperber, mystique et prophète - II - Cornelis Jacobszoon Drebbel – Un inventeur de génie – Ergon et Parergon - De l’antique mystique des Rose-Croix du XVIIe siècle à l’Alchimie contemporaine – Le tombeau initiatique de Christian Rosencreutz - I - Un premier signe - II – Ce que rapporte la Fama - III – Une chambre d’initiation devant conduire à l’Illumination - IV – Frère John Dee - V – Sous le signe de l’Heptarchie - VI – Le Théâtre de Giulio Camillo - VII - L’Ars Memoriae de Robert Fludd - VIII - Le Théâtre du Globe ou Théâtre du Monde - « Le monde entier est une scène où nous jouons tous un rôle ! » - IX – Inigo Jones et De Bry à la rescousse - X - Un gigantesque dodécaèdre étoilé : le « Douracapalam » - XI - La « chambre du soleil », l’œuf philosophal et la cuve à régénération - XII - L’Autel circulaire – 1604 - La Supernova de Kepler, le Temple du Saint Esprit et la grotte du prophète Élie au Mont Carmel – I - L’Étoile de Bethléem - II - À l’ombre de ses ailes… - III - L’ultime venue d’Elie Artiste – L’Auberge du Cœur blanc - La Loge Rosicrucienne de Saint-Alban – I - La guerre des deux Roses - II - La fresque rosicrucienne de White Hart Inn - III - Chez le Titien - IV - Le mythe d’Hiram - V - La marque de la Rose-Croix - VI - La seconde table de Salomon – Autour de la demeure de John Napier - Aspects inexplorés du symbolisme rosicrucien en relation avec la Kabbale et le Protestantisme - I - La Réforme du Christianisme - II - Kabbale et Protestantisme - III - La « Merchiston Tower » de John Napier - IV - De quelques symboles rosicruciens - L’Ange ailé aux trompettes de la Fama - L’emblème de Pallas - Le Gobelin - Le Pélican - V - L’emblème de la Rose et de la Croix où se loge le Cœur - VI - La Rose et la Croix, symboles alchimiques - VII - La Rose étoilée de Vénus-Astarté et la magie sexuelle - VIII - Le sablier, attribut de Saturne et la Mélancolie - IX - Saturne, le sablier et la femme nue – La Rose-Croix en France - Les cartels Rosicruciens de 1623 - I - La Bible de 1611 – II - Au nom des Frères de la Rose-Croix - III - Les cartels de 1623 – Heinrich Kunrath - Quelques découvertes sur le seuil - I - Université du Wisconsin-Madison - II - Le Laboratoire alchimique - III - Détails de la gravure centrale : Oratoire & Musique – Christian Rosencreutz - Une incroyable gravure – Commentaire de la planche du Collège invisible de Theophilus Schweighardt – Francis Bacon, William Shakespeare, Johann-Valentin Andreae - Jeux de noms, enjeux des noms - I - Sir Francis Bacon de Verulam - II - William Shakespeare - III - Johann-Valentin Andreae – Du secret alchimique de François de Chazal de la Genesté et de son origine - I - En héritage de l’Âme du Monde - II - Du secret alchimique de François de Chazal – « Lampado Trado » - De la Fama Fraternitatis à la Golden Dawn – La Fraternitas Thesauri Lucis ou la Fraternité du Trésor de la Lumière – Dans l’Athanor des anges - Métaphysique de la Rose-Croix - I - De lapis philosophorum - II - Ars Magna – Paracelse, Cagliostro et … - III - Dat Rosa Mel Lapibus - IV – Du Miel et de la Pierre - V - Quand les bûchers des nations s’enflamment - VI - Astrophysique des trois Mondes - VII - Le dépôt Templier - VIII - « Post 120 annos patebo » - IX - Le vide n’existe pas - X - Du Livre T. au Livre M. - XI – Le Livre T., un « Thesaurus thesaurorum » - XII - La Rose est un nombre et le Lys est sa croix.

 

TOME III - L’Ergon des Rose+Croix – Bréviaire des Rose-Croix – Prophéties concernant la Rose-croix – Le moi – Lettres Rosicruciennes – Suppliques à l’Ordre – Réponse à une personne – L’initiation – Règles et Principes – Les Frères de la Rose-Croix – La Bible et l’Imitation de Jésus Christ – L’Esprit de la Rose-Croix – Dieu – Le Christ – La Shekinah – La Nature – Elie Artiste – L’avènement du Lion – Le sixième candélabre – L’homme – L’âme – L’enseignement – La médecine – L’Ergon et le Parergon – Le cœur – Immortalité et Résurrection – Régénération – L’Eglise intérieure – Le Temple du Saint-Esprit – L’Initiation suprême – Allégorie Rosicrucienne et Noces Chymiques – La Parabole de Mars de Busto Niceras – Les Amis Secrets et les Enfants mystérieux – Le petit caillou et le nom nouveau – Prières rosicruciennes – Envers les Frères – Envers Dieu – L’Amour - la Charité – Histoire inconnue des Rose-Croix - De Platon à Dante, de Francis Bacon à un certain « Christian Rosenkreutz »- L’Éros croît ou les Mystères de l’Amour.

 

Tome 4 : Sommaire de Eternelle Rose-Croix : I - L’Esprit et l’Être - II - Les Rose-Croix et l’Alchimie - III - La Pierre Philosophale - IV - L’observateur - V - L’éternelle Rose-Croix. II. L’UN visible : I - Ce qu’exige le Grand Œuvre Alchimique - II - Adeptes, Rose-Croix et leurs copies - III - Qu’est-ce que l’UN-Visible ? : IV - Où est le réel ? - V - Quelques idées sur la « Physique quantique » - VI - Le témoignage de Van Helmont - VII - Arithmosophie et cryptographie - VIII - Le Liber M. - IX - Les « sacrées lettres » et le Liber M. - X – Ergon et Parergon - Le Mystère et les secrets… - XI - Le réel et sa copie - XII - Les « maîtres » de nos jours… - XIII - Un « Adepte » - XIV - La liberté - XV - Le Palais Fermé du Roi - XVI – L’eau dormante - XVII – « Elias Artista ».III - L ’I.N.R.I. des Rose-Croix : Du Laboratoire à l’Oratoire.

 

ROSE+CROIX  -   LES NOCES  CHYMIQUES  DE  CHRISTIAN  ROSENCREUTZ

VALENTIN   ANDRÉAE

ÉDITIONS TRADITIONNELLES

 1994

L’auteur- Valentin Andreae, quelques années après avoir écrit ce texte (1616) des noces chimiques, avoua l’avoir écrit comme un jeu, une plaisanterie. En réalité et selon ses disciples il voulut brouiller les pistes, pensant en avoir trop dit.

 

Cette œuvre, traitant du Grand Œuvre, peut rejoindre l’ouvrage de Philalèthe « L’entrée ouverte au palais fermé du Roy ».

 

Ce sont des œuvres traitant du processus alchimique que tout initié doit expérimenter s’il veut atteindre une réalisation personnelle, le problème de toutes ces œuvres est qu’elles se sont habillées de mots à plusieurs sens, de plans, de niveaux et d’interprétations différentes avec des plumages extrêmement symboliques et hermétiques, qui souvent sont incompréhensibles même pour des initiés, et que pour en extraire la substantifique moelle, il faut non seulement en avoir les clefs mais également faire preuve d’imagination dans le déchiffrage de cette langue des oiseaux.

 

Ce travail de déchiffrement et de compréhension avant la mise en route peut se définir par l’adage hermétique suivant : « Lege, lege, Relege, ora, labora et invenies » soit – Lis, lis, relis, prie, travaille et tu trouveras (Mutus Liber).

 

L’histoire commence en 1459 la veille de Pâques et représente une invitation à un mariage d’un roi et d’une reine. 

Ce voyage initiatique en 7 jours est truffé de symboles alchimiques et ésotériques, qui permettent plusieurs niveaux de  lectures.

1e jour : Alors que C.R (Christian Rosenkreutz) est en prière et se prépare à la fête de Pâques, il a la visite d’une apparition (qu’il appelle Fama, mais qui s’appelle Alchimia). Cette vision lui demande d’aller à un mariage royal. R.C accepte et se met en route aussitôt, après avoir cousu sur un manteau blanc 2 rubans rouge en forme de croix et orné son chapeau de 4 roses rouges.

C.R. fait un drôle de songe, il est dans une tour profonde et obscure avec d’autres personnes qui luttent pour en sortir, avec de temps en temps une lumière insupportable – ceci rappelant la caverne de Platon – puis les prisonniers sortent à l’aide d’une corde que leur envoi C.R. – il reçoit une médaille en or à l’effigie du soleil levant -

 

2e jour : Il arrive au château où il se trouve devant 4 chemins, lequel prendre ? l’un est long et périlleux (voie humide), l’autre est court et difficile ( voie ascétique) le 3e est la Voie Royale- le 4e lui est interdit, c’est la 11e porte alchimique et anagogique. Il est aidé par une colombe ((symbole de l’âme) et laisse le corbeau pour le moment. Puis il s’annonce comme « Un frère de la Rouge Rose+Croix », il est admis et passe encore 2 autres portes portant des symboles d’un lion (égo). Ces épreuves étant terminées, il pénètre dans une grande salle où sont rassemblées des personnes qui se vantent, le tout baignant dans une musique douce. Puis arrive une vierge qui annonce l’arrivée du Roi et de la Reine, mais également qu'’il va y avoir l’épreuve de la pesée : « Afin qu'’aucun imposteur ne se trouve ici, que nul coquin n’aveugle les autres, et que, dans le calme sans trouble, vous soyez élus pour les noces très pures, il faudra, demain, supporter que chacun d’entre vous soit pesé et que soit clairement mesuré ce qu'’en soi, chacun a oublié »

 

3e jour : La scène du jugement de la pesée : 3 groupes sont formés autour d’une balance en or, la balance ayant 7 poids différents. R.C refuse de participer à cette pesée. L’épreuve fait le tri entre les bons et les imposteurs, alors R.C participe à cette épreuve qu'’il gagne facilement. On lui remet un habit de velours rouge et des feuilles de laurier. Puis c’est la scène des 10 sentences et des 10 anecdotes. Un grand banquet réunit tous les invités (candidats) qui sont présenté à tour de rôle, et tous possèdent « l’insigna » c'est-à-dire l’Ordre de la Toison d’Or (golden fleece) et celui du Lion volant (flying lion). Après quelques épreuves dont il triomphe, il reçoit une branche de laurier et un habit de velours rouge. Puis viennent les cérémonies et la visite de plusieurs pièces du château, où se trouvent des objets insolites.

 

4e jour : C.R visite les jardins où il est confronté avec la source hermétique (Hermès) puis est donné la représentation d’une pièce de théâtre en 7 actes à la maison du soleil.  Il reçoit l’Ordre de la Toison d’Or et un nouveau vêtement. Fort de ces distinctions et précédé par Alchimia il gravit un escalier de 365 marches jusqu’à la vision du Roi et de la Reine. Il a la vision des 6 personnes royales, de l’autel et de l’ornement de la salle des Noces. Statues animées, pages et jeunes filles. Puis sont apporté 6 cercueils et 6 hommes de nature royale. Les hommes sont décapités et placés dans les cercueils, et il est annoncé que ces hommes reviendront à la vie le lendemain. Vision de 7 vaisseaux et 7 flammes. Les personnes décapitées sont mises en secret dans les 7 vaisseaux-

 

5e jour : Visite des caves souterraines où se trouve un tombeau orné d’escarboucles (symbole de la passion du Christ) tombeau appelé Venus ou Amour. Un poème est déclamé sur Vénus qui se réveillera et sera mère d’un Roi. Les candidats montent à bord des navires  où ils atteignent la mer de la Plénitude et rencontrent des sirènes qui leur offrent des chants et une perle précieuse. Visite de la Tour de l’Olympe, lieu où doit s’accomplir la résurrection des personnes royales décapitées. Cette tour a 7 étages et se trouve au centre d’une île représentant un carré parfait, puis le jour s’achève et C.R se retrouve en bas de la tour dans un laboratoire, où il doit laver des plantes, des pierres précieuses et d’autres matières, en extraire l’essence et la sève (la substantifique moelle) et les mettre en flacons. Enfin R.C  contemple les décapités, la lune, la mer et le feu, a des visions/révélations planétaires et astrologiques et  tout cela dans une sorte de symphonie surréaliste  cosmique.

 

6e jour : Tout le monde est réuni à l’étage inférieur de la Tour où on va leur apprendre l’Alchimie pratique avec cornues, flacons, feu, matériau, langage, purifications, etc. ceci pour les transformer et les purifier. Ils passent ensuite  au 2e étage où chacun reçoit, soit, une corde (symbole de la certitude du mystique) soit une échelle (symbole de la Tour) soit des ailes (symbole de la pensée de ceux qui vivent dans et pour le Savoir). C.R reçoit une échelle qui symbolise la colonne vertébrale qui s’élève du plexus sacré jusqu’à la région de la pinéale (symbole de la Tour). On passe au 3e étage avec les symboles du coffre, du globe d’Or, des portes, des miroirs et de l’éclat du soleil. Un coffre est amené contenant les cadavres des 6 personnes royales qui seront littéralement liquéfiés.

 

7e jour : C.R quitte la Tour en tant que Chevalier de la Toison d’Or en compagnie de 12  navires, chacun arborant un signe du zodiaque (celui de la balance pour R.C).  Vision de 500 navires dont l’un est fait d’or et de pierres précieuses. Arrivé à terre il retrouve le Roi et la Reine. Puis le gardien qui au départ lui avait fait passer les premières épreuves, leur lit une lettre. Enfin tous les candidats reçoivent les règles de l’Ordre de la Rose+Croix avec un maître mot « Purifications », on leur donne le pouvoir de combattre : la maladie, la pauvreté et l’ignorance. C.R inscrit alors les mots suivants : Suma Scientia nihil Scire. Fr. Christianus Rosencreutz. Eques aurei Lapidis. An 1459. (Le plus grand savoir est de savoir que nous ne savons rien. Frère C.R chevalier de la Pierre d’Or. An 1459)

 

Puis C.R prend la place du gardien en renonçant au bonheur de jouir de tous les trésors spirituels, mais les dernières lignes disent  que le lendemain il retourna dans sa patrie.

 

ROSE+CROIX  -  LES  NOCES  CHYMIQUES- VIE  ET  ŒUVRE DE VALENTIN ANDRÉAE

DIVERS  AUTEURS

EDITION  ARCADIA

 2008

Johann Valentin Andréae (1586-1654) né en Allemagne, son père est abbé dans un couvent, il reçoit donc une éducation religieuse stricte, il apprend les lettres et les sciences, mais il est attiré par le coté mystique et mystérieux du spirituel.  En 1614 il se marie et va gravir les échelons hiérarchiques de l’Eglise luthérienne. Il aime voyager et parcours l’Europe, sa curiosité va le pousser à chercher les organisations secrètes et va rencontrer le premier embryon de la société des frères de la Rose+Croix, il va aussitôt adhérer et participera au premier manifeste de la Rose+Croix, il sera d’ailleurs mandaté par eux pour faire connaître le mouvement dans toute l’Europe. Il va également écrire pour ce mouvement 3 livres -La Fama fraternitatis (1614), Confessio Fratrum Rosae Crucis (1615) et les noces chymiques de Christian Rosencreutz en 1616- Ecrivain prolifique il écrira entre 1616 et 1620 plus de 100 ouvrages sur la religion, des écrits  Rose+Croix, des satires et des dissertations de théologie mystique. Le duc de Brunswick le couvrira d’or et de cadeaux et la hiérarchie religieuse lui décerna des titres et des postes importants, il mourut en 1654 à Stuttgart.

 

Le récit des noces chymiques est enveloppé, comme tous les textes alchimiques de l’époque d’un voile allégorique avec un langage codé appelé langue des oiseaux, ce qui en fait souvent une lecture difficile. Les noces chymiques n’échappent pas à cette règle, j’en veux pour exemple le blason de Christian Rosencreutz. Tout d’abord  les 2 rubans en forme de croix de saint André, puis les 4 roses rouge. En grec le mot rose commence par un P majuscule, si nous mettons comme sur le blason de Christian  Rosencreutz ce P majuscule au centre de la croix de saint André, nous obtenons le monogramme du Chrisme (Christ) que l’empereur Constantin arborait sur son labarum (étendard). De plus le prénom de Christian a pour racine Christ, et le nom de Rosencreutz indique la rose rouge au centre de la croix latine (symbole de l’amour et du Christ). Nous voyons bien que tout cela donne au récit une coloration très chrétienne, mais en langage codé

 

Auriger développe le 4e jour des noces chymiques et donne son interprétation de cette pièce de théâtre en 7 actes, joué dans la maison du soleil, une pièce bizarre.

 

T. Parter nous invite à faire le rapprochement entre ces noces et la cour d’Heidelberg en 1615 en Allemagne, cour brillante qui inspira peut être Valentin Andréae, mais on peut y voir également l’influence de ces noces chymiques sur les origines de la Rose+Croix, avec son action chevaleresque, issue de la croix rouge de saint Georges, de l’Ordre de la jarretière et des roses d’Angleterre. L’Angleterre qui va voir se développer très rapidement ce mouvement sous la houlette de Michael Maier et Robert Fludd.

 

Jean Louis Brun dans son livre « Yi King, un chemin initiatique »  explique avec beaucoup d’humilité le parallèle entre l’alchimie des noces chymiques, le tarot et le Yi King. Dans les noces le premier jour il est dit que le toit de la maison se soulève et laisse passer la lumière, or la carte de la Maison Dieu du tarot, est cette tour qui se soulève et laisse passer des éclairs, assimilés à la lumière. Correspondance avec l’hexagramme no 55 et le signe du taureau. Christian entame alors son voyage comme Hercule, plus loin il trouve son maître intérieur et le jardin des Hespérides, puis rejoint l’axe du monde (la Tour) où il va apprendre à devenir son propre guide. A travers le zodiaque et le Yi King, l’auteur explique ce parcours d’après une approche métaphysique, par la lutte de son ennemi (l’égo) et celui d’atteindre le renoncement suprême.

 

Roland Edighoffer, grand spécialiste de la Rose+Croix, dans un bel et long article, explique la symbolique très forte de ce voyage initiatique au pays des symboles et de son intériorité, et donne la possibilité à chacun d’y voir des lectures alchimiques, historiques, chevaleresques, religieuses, utopiques, hermétiques, rosicruciennes, zodiacales, ésotériques et anagogiques.

 

Il fait également le rapprochement de ce voyage avec celui de Dante dans la Divine Comédie, voyage avec Virgile, les épreuves, la Rose Rouge, la Vierge Marie, Béatrice, sa transformation et son retour. On trouve également John Dee et l’ouvrage alchimique qu’il fit paraître à Anvers en 1564, et qui raconte la transformation alchimique d’un personnage, qui revient périodiquement sur terre pour guider l’humanité.

 

Livres références :

Les Noces chymiques de Valentin Andréae. Editions Traditionnelles. 1994

B.A BA des Rose+Croix par Jean Marc Vivenza. Edition Pardès. 2005

La lumière des Rose+Croix par Frances A. Yates. Edition Culture Art Loisir. 1978

Les Rose+Croix et la crise de conscience au 17e siècle. Par Roland Edighoffer Ed. Dervy 1998

L’utopie des Rose+Croix  par  Vanloo

 

ROSE+CROIX  -  LES NOCES CHYMIQUES DE CHRISTIAN ROSENCREUTZ

Traduction de  Serge Hutin

Edition du Prisme

1973

En 1616, paraissent les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, livre considéré comme le troisième Manifeste rosicrucien. Il est publié à Strasbourg, chez Lazare Zetzner, l'éditeur du Theatrum Chemicum et de nombreux traités d'alchimie. Ce texte est très différent des deux premiers Manifestes. D'abord, bien qu'il ait été publié anonymement, on sait que Johann Valentin Andreæ en est l'auteur.

Ensuite, il a une forme particulière : il se présente comme un roman alchimique, une autobiographie. À cette époque, la science connaît une grande évolution. Comme en témoignent les nombreuses publications d'alors, cette évolution scientifique n'entache pourtant pas la vitalité de l'alchimie. Celle-ci contribue à enrichir les réflexions des chercheurs, ce qui fait dire à Frank Greiner que « l'invention du monde moderne ne procéda pas essentiellement du triomphe du mécanisme, mais trouva aussi quelques-uns de ses ferments dans les alambics des faiseurs d'or et des extracteurs de quintessence ».

 

Au XVIIe siècle, l'alchimie élargit ses perspectives.  Elle se veut une science unificatrice, comporte des applications médicales et développe une dimension plus spirituelle. Elle cherche aussi à s'inscrire dans une réflexion sur l'histoire de la Création, de la cosmogonie tragique qui a entraîné non seulement la Chute de l'homme, mais encore celle de la Nature. Ainsi, l'alchimiste est médecin de l'homme ; il l'aide à se régénérer, à renaître à sa condition spirituelle, mais il est aussi médecin de la Nature. Comme l'indique saint Paul, la Création est dans l'exil et la souffrance, et elle attend de l'homme sa libération. Gerhard Dorn, disciple de Paracelse, est l'un des représentants types de cette évolution. C'est dans cette mouvance, si riche en publications, que s'inscrivent les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz. 

 
Le texte de Johann Valentin Andreæ porte l'empreinte de la culture du XVIIe siècle, celle du baroque où l'allégorie, la fable et le symbole occupent une place prééminente. Pour lui, le roman de Johann Valentin Andreæ est une œuvre importante de l'histoire de la littérature. Elle est en effet l'un des meilleurs témoignages de l'émergence du baroque du XVIIe siècle. On y retrouve le goût du merveilleux, le primat de l'ornement. Le château où se déroulent les noces est somptueux. Ses jardins reflètent l'intérêt de l'époque pour les parcs agrémentés de fontaines et d'automates. Dans ce récit, ils servent de décors à plusieurs scènes, en particulier à l'une des plus intrigantes, celle du jugement où les invités passent un à un sur une balance qui mesure leur vertu. L'auteur nous fait assister à d'étranges défilés de vierges voilées à peine perturbées par les flèches d'un Cupidon quelque peu indiscipliné. On y rencontre des animaux fabuleux : licornes, lions, ou phénix...

 

Les costumes des divers personnages sont luxueux, et au cours du récit, certains passent du noir au blanc et au rouge, suivant le stade de la transmutation alchimique en cours. Des fêtes et des banquets, servis par des valets invisibles, ponctuent le récit. La musique, souvent interprétée par des musiciens invisibles, accompagne la narration. Trompettes et timbales marquent les changements de décors ou l'entrée en scène des personnages. Le texte est parsemé de poèmes, et l'action générale est interrompue par une pièce de théâtre. L'humour n'est pas absent de ce traité d'alchimie ; il se manifeste à des moments souvent inattendus, comme par exemple l'épisode du jugement (3e jour), qui donne lieu à quelques “gauloiseries”. Au moment où la transmutation est pratiquement achevée (6e jour), celui qui dirige les opérations organise une mascarade pour faire croire aux invités qu'ils ne vont pas assister à la phase finale de l'œuvre. Quand la farce s'achève, son auteur « rit à s'en rompre le ventre ». Le récit comporte aussi des inscriptions cryptées et une énigme chiffrée que Leibniz s'efforcera de percer. Comme on peut le voir, nous sommes en présence d'un texte d'une grande richesse, mais d'un style très différent de la Fama Fraternitatis et de la Confessio Fraternitatis. 

 
En exergue de son livre, Johann Valentin Andreæ indique que « les arcanes s'avilissent, quand ils sont révélés ; et profanés, ils perdent leur grâce ». En effet, les mystères initiatiques perdent leur valeur lorsqu'ils ne passent que par le filtre de l'intellect. Comment, dans ces conditions, tenter d'analyser l'œuvre qui nous intéresse ici, sans en déflorer les vertus ? Nous n'avons certes pas la prétention de pouvoir en révéler tous les arcanes, mais il nous a semblé intéressant de souligner trois thèmes importants présents dans le roman initiatique de Johann Valentin Andreæ : les noces, celui de la montagne de la révélation, et enfin celui des sept stades de l'œuvre. Le mariage sacré, la hiérogamie, occupe une place importante dans les Mystères antiques. Dans le christianisme, comme chez saint Bernard (1090-1153), cette thématique se développe à partir de commentaires du Cantique des Cantiques. Dans son Traité de l'amour de Dieu, il décrit l'itinéraire de l'âme vers les sphères supérieures, dont l'étape ultime est celle des noces spirituelles. Cette symbolique connaîtra un grand développement chez les mystiques rhéno-flamands, notamment chez les béguines et chez Jan van Ruysbroek, l'auteur de L'Ornement des noces spirituelles (1335).

 

Chez de nombreux auteurs, comme Valentin Weigel, le thème des noces spirituelles est lié à celui de la régénération et de la nouvelle naissance. Chez ces derniers, la symbolique alchimique s'ajoute à celle du christianisme. D'une manière générale, les noces royales occupent une place importante dans l'alchimie, et C. G. Jung a montré qu'elles sont particulièrement bien adaptées pour décrire les phases du processus d'individuation. Le mariage du roi et de la reine figure l'union des deux polarités de l'être, l'animus et l'anima, conduisant à la découverte du Soi. C. G. Jung a exposé ses recherches dans plusieurs livres, dont le plus représentatif est Psychologie et Alchimie (1944). Cependant, c'est avec son Mysterium conjonctionis, Études sur la séparation et la réunion des opposés psychiques dans l'alchimie (1954), qu'il estimait avoir poussé le plus loin sa recherche. Dans cette œuvre, les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz ont constitué un élément fondamental de sa réflexion. Contrairement à ce qu'indique son titre, le texte de Johann Valentin Andreæ ne parle pas d'un mariage. Du moins, la cérémonie des noces n'est pas décrite dans le roman dont l'action se cristallise autour de la résurrection d'un roi et d'une reine. Comme saint Bernard et les mystiques des époques précédentes, c'est des noces de l'être, entendues comme une régénération, que Johann Valentin Andreæ traite dans son livre.

 

ROSE+CROIX -  CLḖS DE LECTURE DES NOCES CHYMIQUES DE CHRISTIAN ROSENCREUTZ

Philippe Heckmann

Edition du Cosmogone

2016

Les « Noces chymiques de Christian Rosenkreutz » sont un roman alchimique publié anonymement en 1616 et considéré comme le troisième manifeste rosicrucien. Le héros, un ermite, y fait le récit des sept journées au cours desquelles il assiste à des noces royales. Plutôt que de se livrer à une exégèse ardue, Philippe Heckmann a choisi de nous initier à cette œuvre par le biais de la fiction et de nous la rendre accessible en nous montrant en quoi elle concerne encore l’homme d’aujourd’hui. Quatre personnages, Émilie, Ariane, Thomas et Frédéric, ayant pour point commun d’avoir entrepris une quête initiatique, reçoivent une mystérieuse invitation. Mais auparavant, ils doivent lire ou relire les « Noces chymiques ». Au cours de quatre rencontres dans des lieux symboliques, ils seront amenés à réfléchir, en compagnie d’un initié, sur la signification de cette œuvre qui parle encore au cœur et à l’esprit, et nous introduit dans l’alchimie opérative et spirituelle


C'est un texte allégorique, poétique et satirique dans la tradition des grands textes alchimiques, qui narre à la première personne l'expérience de Christian Rosenkreutz, personnage fictif. Ce texte raconte, en sept journées, le mariage du roi, puis sa décollation et enfin sa résurrection. C'est sur une invitation d'assister à ses noces que le roi lui adresse, que Rosencreutz se met en route, dans le sentiment profond de son indignité. En souvenir du Christ, il noue en croix un ruban rouge sur sa robe de bure ; il pique quatre roses à son chapeau et prend comme viatique du pain, du sel et de l'eau.


Sous le titre est écrit « Les secrets perdent leur valeur ; la profanation détruit la grâce. Donc : ne jette pas les perles aux porcs, et ne fais pas à un âne un lit de roses », indiquant qu'il s'agit d'une œuvre codée ésotérique. L
es Noces chymiques de Christian Rosenkreutz, dans un style assez différent des deux premiers Manifestes, relate un périple initiatique qui représente la quête de l’Illumination. Ce périple de sept jours se déroule en grande partie dans un mystérieux château où doivent être célébrées les noces d’un roi et d’une reine. En termes symboliques, les Noces chymiques relatent le cheminement spirituel qui conduit tout Initié à réaliser l’union entre son âme (l’épouse) et Dieu (l’époux).

 

ROSE+CROIX DU NOUVEAU MONDE

Robert Vanloo

Edition de la Tarente

 2018

Franc-Maçonnerie et Rose-Croix : deux termes souvent liés. Pourtant, s’il y a bien un degré de « Chevalier Rose-Croix » dans la Franc-Maçonnerie des hauts grades, il existe aussi de par le monde un certain nombre de mouvements rosicruciens distincts qui se réfèrent au même héritage spirituel de cette mystérieuse Rose-Croix, née en Allemagne protestante à l’aube de la Guerre de Trente Ans.

On a proposé plusieurs hypothèses pour expliquer le titre de Rose-Croix. Selon la première, ce nom viendrait du fondateur légendaire de la Fraternité, Christian Rosencreutz La seconde hypothèse fait venir le mot du latin Ros, rosée et Crux, croix.

Elle est due à Mosheim, ainsi que nous l'apprend Waite, et on la retrouve dans l'Encyclopédie de Ree et dans d'autres publications. « Parmi tous les corps de la nature, la rosée était celui qui possédait le plus grand pouvoir dissolvant sur l'or ; la croix, en langage alchimique, représentait la lumière, Lux, parce que toutes les lettres de ce mot peuvent se retrouver dans la figure d'une croix. Or la lumière est appelée la semence ou le menstrue du dragon rouge, lumière grossière et matérielle qui, digérée et transformée, produit l'or.

Si l'on admet tout ceci, un philosophe rosicrucien sera celui qui cherche, par le moyen de la rosée, la lumière ou pierre philosophale »  La troisième hypothèse explique cette dénomination par la rose et la croix. C'est elle qui a conquis le plus de partisans et qui fournit le plus grand contingent d'explications symboliques.

« La rose, dit Eliphas Lévi, dans un passage que nous avons déjà cité, qui a été de tout temps l'emblème de la beauté, de la vie, de l'amour et du plaisir, exprimait mystiquement toutes les protestations manifestées à la Renaissance... Réunir la rose à la croix, tel était le problème posé par la haute initiation ». La rose blanche, plus particulièrement consacrée à la Vierge Marie, à Holda, à Freia, à Vénus-Uranie, était le symbole du silence et de la prière A.E. Waite nous apprend que la rose était déjà employée dans le symbolisme des légendes brahmaniques.

Dans l'un des paradis indous, il y a une rose d'argent qui contient l'image de deux femmes brillantes comme des perles. Elles apparaissent unies ou séparées suivant qu'on les regarde du ciel ou de la terre. Au point de vue céleste, on l'appelle la déesse de la bouche ; au point de vue terrestre, la déesse ou l'esprit de la langue. Dieu réside au centre de cette rose. Selon Michel Maïer, l'explication des deux lettres R.C. se trouverait dans les symboles de la sixième page de la Table d'Or. Exotériquement, ces lettres désignent le nom du fondateur ; ésotériquement, le R représente Pégase et le C, si l'on en néglige le son, représente le lis. On sait que la rose rouge germa du sang d'Adonis, que Pégase naquit du sang de Méduse et que la fontaine d'Hippocrène jaillit d'un rocher frappé par le sabot de Pégase.

Le Dr Ferran donne les précisions que voici: « Après les emblèmes en triangle, le sceau du Brahatma et le triangle de la sainte syllabe, l'emblème maçonnique le plus ancien que nous ait légué le sacerdoce antique est celui de la Rose-Croix. » Ce dernier, attribué à Hermès Thot, nous est venu des temples de l'Egypte en passant par la Chaldée, intermédiaire forcé, attendu que c'est parmi les mages, sur les confins du Tigre et de l'Euphrate, que Cambyse, après la conquête de l'Egypte, transporta tous les prêtres de ce pays, sans aucune exception et sans retour.» La Rose-Croix personnifiait pour les initiés l'idée divine de la manifestation de la vie par les deux termes qui composent cet emblème. Le premier, la rose, avait paru le symbole le plus parfait de l'unité vivante ; d'abord parce que cette fleur, multiple dans son unité, présente la forme sphérique, symbole de l'infini ; en second lieu, parce que le parfum qu'elle exhale est comme une révélation de la vie. » Cette rose fut placée au centre d'une croix parce que cette dernière exprimait pour eux l'idée de la rectitude et de l'infini ; de la rectitude, par l'intersection de ses lignes à angle droit et de l'infini, parce que ces lignes peuvent être prolongées à l'infini et que, par une rotation faite par la pensée autour de la ligne verticale, elles représentent le triple sens de hauteur, largeur et profondeur »

Les mêmes idées sont exprimées par le voyant que fut Villiers de l'Isle-Adam, en l'âme de qui ont fleuri, ce semble, toutes les lumières appelées par les travaux d'une longue ascendance d'ancêtres chrétiens. « Ce talisman de la Croix stellaire est pénétré d'une énergie capable de maîtriser la violence des éléments. Dilué, par myriades, sur la terre, ce signe, en son poids spirituel, exprime et consacre la valeur des hommes, la science prophétique des nombres, la majesté des couronnes, la beauté des douleurs. Il est l'emblème de l'autorité dont l'Esprit revêt secrètement un être ou une chose. Il détermine, il rachète, il précipite à genoux, il éclaire !... Les profanateurs eux-mêmes fléchissent devant lui. Qui lui résiste est son esclave. Qui le méconnaît étourdiment souffre à jamais de ce dédain. Partout il se dresse, ignoré des enfants du siècle, mais inévitable. » La Croix est la forme de l'Homme lorsqu'il étend les bras vers son désir ou se résigne à son destin. Elle est le symbole même de l'Amour, sans qui tout acte demeure stérile. Car à l'exaltation du cœur se vérifie toute nature prédestinée. Lorsque le front seul contient l'existence d'un homme, cet homme n'est éclairé qu'au-dessus de la tête ; alors son ombre jalouse, renversée toute droite au-dessous de lui, l'attire par les pieds, pour l'entraîner dans l'Invisible. En sorte que l'abaissement lascif de ses passions n'est, strictement, que le revers de la hauteur glacée de ses esprits. C'est pourquoi le Seigneur dit: « je connais les pensées des sages et je sais jusqu'à quel point elles sont vaines

Quels magnifiques penseurs ! Ne contiennent-ils pas virtuellement tout ce que l'on peut dire sur le symbole mystérieux ? Et les documents qui suivent ne font plus alors que satisfaire notre curiosité. La Germanie, où est situé le quartier général des Rose-Croix, n'est pas, selon Michel Maïer, le pays géographiquement connu sous ce nom, mais la terre symbolique qui contient les germes des roses et des lis, où ces fleurs poussent perpétuellement dans des jardins philosophiques dont aucun intrus ne connait l'entrée. Rappelons les armoiries rose-croix de Luther : un cœur percé d'une croix entouré d'une rose avec la devise: Le cœur des chrétiens repose sur des roses lorsqu'il est au pied de la croix (3) ; celle de Jacob Andreae : une croix de Saint-André avec une rose dans chaque angle ; et le récit des Noces Chymiques suivant lequel Christian Rosencreutz, au moment de s'en aller au mariage du roi, noue en croix sur sa robe de bure un ruban rouge en souvenir de Jésus-Christ et pique quatre roses à son chapeau en signe de reconnaissance. Robert Fludd  dit que les Rose-Croix s'appellent Frères parce qu'ils sont tous fils de Dieu, que la Rose est le sang du Christ et que, sans la Croix interne et mystique. il n'y a ni abnégation ni illumination.

Georges Rost  explique que la Rose est le symbole de leur multiplication et du paradis de fleurs en quoi ils veulent transformer la terre. Tous les Ordres de Chevalerie, dit Maïer, qui combattent pour Dieu ont, comme sceau, les deux lettres R.C. ; mais le véritable Rose-Croix porte ce sceau en or. En outre, la valeur numérique de ces deux lettres constitue la clef véritable de leur signification. Si on met le soleil entre le C et le R, on obtient le mot COR, organe premier de l'homme et seul sacrifice digne du Seigneur Le même Michel Maïer dit : « Ils se reconnaissent par le symbole que le fondateur leur a donné en deux lettres R.C. ». Valentin Tschirness, philosophe et licencié en médecine à Gcerlitz, déclare : « Le public n'est pas dans le vrai quand il nous appelle Rosencreutzer, du nom du père de notre secte. La raison pour laquelle notre fondateur fut ainsi nommé, nous la tenons secrète et nous ne l'avons jamais publiée »

Et Irenoeus Agnostus : « Notre Ordre a existé longtemps avant Christian Rosencreutz ; il l'a réorganisé. Il a tout su dans la philosophie temporelle ; mais il lui manquait dans les choses de la foi. Ainsi, il n'est pas plus que Salomon le fondateur de cette Société, car les doctrines existent avant leur représentant humain. » L'ouvrage anonyme Colloquium Rhodostauroticum  déclare : « toutefois à son avis » : « Si leur fondateur n'a pas été Christian Rosencreutz et s'ils ont inventé son nom, c'est que pour eux, fils de Dieu, la croix a été changée dans cette existence en une belle rose fleurie ». Quant à leur lieu de réunion, la Fama avait dit : « Bien que nous ne révélions ni nos noms, ni le lieu de nos réunions, les messages qui nous sont adressés, quelle qu'en soit la langue, nous parviendront ».

Julianus de Campis, dans une Lettre qui a été insérée dans l'édition de 1616 de la Fama, dit : « Il n'y a pas d'assemblée réunie en un lieu ». Plus loin il ajoute : « Nous résidons dans un monastère que le père a construit et appelé Sancti Spiritus. Nous y vivons en commun, portant un vêtement qui nous cache, au milieu d'arbres et de forêts dans des champs et un fleuve silencieux et bien connu. Au-delà il y a une ville célèbre où nous trouvons tout ce dont nous avons besoin ». Robert Fludd (Clavis philosophiae)  déclare que les Rose-Croix habitent sur la montagne de la Raison, dans le temple de la Sagesse, bâti sur le roc, qui est le Christ, qu'ils sont enseignés par le Saint-Esprit et qu'ils sont les pierres spirituelles de l'Edifice.

 

ROSE+CROIX  - dictionnaire des rose-croix

Éric SABLḖ

Edition Dervy

 1996

La Rose-Croix prit naissance au 17ème siècle, en Allemagne et Christian Rosencreutz en fut la figure emblématique. Cette fraternité sur laquelle on a beaucoup écrit, a inspiré une foule de sociétés, et d’individus. Cet ouvrage regroupe les noms et les termes relatifs à ce sujet. Il rend accessible l’utilisation de documents retrouvés, et entrouvre le voile d’un des plus grands mystères du 17ème siècle.
 
A ses débuts, la Franc-Maçonnerie ne se présente pas véritablement comme une Société initiatique. Ses cérémonies sont d'ailleurs qualifiées de « rites de réceptions ». Le terme « initiation » n'apparaît dans ses textes que vers 1728-1730, et il ne deviendra officiel en France qu'à partir de 1826.

 

Même si le rituel propre à la Maçonnerie confère un aspect mystérieux à ses réunions, les Loges sont essentiellement des lieux où l'on pratique la philanthropie et où l'on cultive les beaux-arts. Ce n'est que progressivement qu'elle va développer un aspect initiatique et ésotérique. Quelques années plus tard, la structure hiérarchique des grades maçonniques s'enrichit.
 

Le 26 décembre 1736, le chevalier André-Michel Ramsay (1686-1747), disciple de Fénelon et de Mme Guyon, prononce à la Loge parisienne du Louis d'Arg