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Chapitre 1 A - K   ( Maçonnerie )

   

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ACACIA……L’ACACIA M’EST CONNU

Divers Auteurs

Edition   ARCADIA

 2006

En Egypte l’Acacia signifiait : Régénération, d’où son importance dans les rituels initiatiques. Suivant un récit de l’ancienne Egypte, « D’un sarcophage s’éleva un acacia, portant comme devise : Osiris s’élance ». Cet arbre annonce la vie jaillissant de la mort, à la façon de la nuit enfantant l’aurore. D’où sa qualité spécifique symbolisant l’immortalité. Arbre solaire, son bois était utilisé par les prêtres védiques afin de produire le feu.

 

Dans l’ancienne Chine, l’acacia correspondait au Yang, principe masculin. L’arche d’alliance en forme de pyramide était censée contenir une énergie phallique. Réputé pour sa grande solidité et son rôle dans la transformation humaine, il sera cité dans de nombreux textes plus légendaires qu’historiques. Par exemple la couronne d’épines entourant la tête du Christ, lors de sa crucifixion, désignait sa royauté spirituelle inaliénable et l’annonce de sa future résurrection. Déjà chez les Hébreux, il était d’usage de mettre en évidence que l’Arche avait été construite en bois d’acacia avant d’être recouverte d’or.

Evoquant un aspect juvénile résultant de l’acquisition d’une vie immortelle, le bois d’acacia symbolise une jeunesse impérissable, celle qui s’applique non à l’homme extérieur mais à l’homme intérieur devenu indépendant du temps et de la durée. On retrouve cette même signification dans le rituel maçonnique où l’acacia est associé à la mort d’Hiram, bâtisseur du Temple de Salomon. Suivant la légende, on planta sur sa tombe un acacia qui deviendra pour les francs-maçons le symbole de l’immortalité et de la renaissance de la lumière. En Inde et en Afrique, presque tous les objets ritueliques sont faits en bois d’acacia. Chez les Bambaras d’Afrique par exemple, un rituel spécial était fait durant la saison sèche, car c’est à ce moment-là que l’acacia refleurit après avoir perdu ses fruits et ses feuilles durant l’hiver, chez eux les vieillards en fin de vie dormaient sur un lit d’acacia, préfigurant une vie éternelle dans l’autre monde.

 

On dénote environ 500 espèces d’acacia à travers le monde, la plupart dans les régions tropicales. Les plus connus sont l’acacia, le robinier et le mimosa

 

Sam Eched explique que, selon la tradition salomonienne le terme hébreu qui désigne l’acacia est : Shita (shin-Teth-Hé), or ce mot vaut 314, qui n’est autre que la valeur guématrique de Shaddaï, le nom divin Tout Puissant. Ainsi par cette équivalence traditionnelle, la branche d’acacia, emblème et symbole du Maître Maçon, nous ramène par l’expression voilée vers l’un des Noms du G.A.D.L’U. et pas n’importe quel nom.

 

Alexandre Lederman nous parle de « L’acacia m’est connu », épreuve de la renaissance du Maître en recherche de la parole perdue, épreuve et chemin qui conduisent à la réalisation spirituelle. La signification du mythe de l’acacia est décrite comme fondement de la transmission, le V.M étant un constructeur de pont grâce à ce symbole qu’est une Arche imputrescible et éternelle.

 

J.D.C. dans sa relecture d’Hiram prend comme point de départ le décès de sa mère, pour nous amener à la mort et à la renaissance d’Hiram, il mène l’enquête de la mort d’Hiram et cherche à savoir pourquoi et comment Hiram a été tué et pourquoi fut planté une branche d’acacia sur le tertre où Hiram fut enterré. Il conclut n’être pas l’assassin et cette branche est une bouture qui espère-t-il un jour deviendra un arbre superbe.

 

Jacques Trescases développe cette chambre du milieu où le crime fut commis, il se demande qui sont les assassins de l’architecte et pourquoi Salomon n’a rien fait pour éviter ce crime. Il pose l’équation Hiram = Salomon = surconscient et donc le meurtre d’Hiram n’est rien d’autre que le suicide de l’âme.

 

Julien Behaeghel dans le Tertre et l’Acacia explique que le Tertre est cosmogonique, il correspond chez les anciens égyptiens au tertre initial, celui sortant de l’océan initial pour former la terre de la manifestation qui deviendra pour l’homme la terre de la montée de la conscience. Il est représenté sous la forme du serpent horizontal contenant la matière, et surmonté du disque solaire ailé, ce qui exprime l’émergence de l’esprit dans la matière, émergence qui permettra l’illumination et la verticalisation de l’homme dans la lumière de la pure conscience. Le disque solaire est ailé, la conscience monte.

 

H. Berges explique pourquoi cet acacia remplace Maître Hiram, pourquoi l’immanence est la clef de la vie, grâce à la Parole perdue et qu’alors la voie initiatique offre une possibilité de transcendance en reconstituant ce qui est épars ; l’auteur parle de l’Arbre de la Connaissance, de la branche d’acacia, de l’esprit du Maître et de la Parole perdue.

 

ACACIA…L’ACACIA M’EST CONNU

 Joël Jacques

Edition Maison de vie

 2016

L'Acacia m'est connu ", dit le Maître Franc-Maçon. De la même manière, il affirme avoir visité l'intérieur de la terre. Dans la Loge, il est celui qui plante le rameau d'acacia, le fanal qui lui a montré le chemin durant ses voyages. Cette petite lumière annonciatrice de l'avenir est celle qui permet de retrouver son chemin au cœur des ténèbres. Avec elle, le Maître poursuit son but, quelles que soient les embûches. Le rameau aux fleurs d'or affirme son niveau de conscience car l'acacia est un très ancien et très puissant symbole initiatique. Il affirme aussi que la mort est l'ultime et inséparable objet de la vie et non une damnation.

 

Plus que tout autre emblème maçonnique, l'acacia, couronne épineuse du Christ, est le signe de la connaissance des Maîtres. Il est le messager de la victoire spirituelle et l'esprit de la manifestation des cycles de mort et de renaissance. Depuis la plus haute antiquité, l'acacia et le Maître ne font qu'un. Ce rameau d'or sur une motte verte est ce qu'il nous reste des anciens dieux et nous allons ici tenter de retrouver sa trace.

 

Au 1er Degré symbolique, lorsqu’il est questionné sur sa qualité maçonnique, l’Apprenti répond : « mes FF me reconnaissent comme tel ». Il ne prend aucune responsabilité : ce n’est pas lui qui se déclare maçon, il est juste reconnu par d’autres.

 

Dans une deuxième réponse, alors parvenu au grade de Compagnon, il réplique : « j’ai vu l’Etoile Flamboyante », le Compagnon Maçon est toujours passif mais, cette fois-ci, il se place en tant que chercheur, comme un voyageur qui trouverait son chemin en scrutant les étoiles. Le Compagnon en déclarant qu’il a vu l’Etoile Flamboyante, indique qu’il est en train de frayer son chemin à travers les ténèbres afin d’aboutir à la lumière. Mais il n’est toujours pas maître de son voyage. Il doit suivre un guide qui lui indique la direction à suivre. Il ne peut voyager s’il n’a pas vu l’Etoile.

 

Dans une troisième réponse, « l’Acacia m’est connu », le Maître Maçon se place en tant que connaisseur. Il déclare connaître l’Acacia. Uni au symbole, il a la force de prendre en main son propre destin, sa propre vie. Déjà le Compagnon assurait son état mais on peut considérer que le Maître, lui, fait preuve dans sa réponse d’une très grande confiance en lui-même. Est-il pour autant arrivé au bout du chemin ? Non. Mais cette fois-ci, il possède suffisamment d’éléments pour pouvoir décider seul de la direction à prendre. L’Acacia sera pour lui plus qu’une Etoile qui montre le chemin. Grâce à l’Acacia, il trouvera l’endroit où gît Maître Hiram, même s’il n’y a aucun chemin qui y mène puisque cet endroit est enfoui dans la terre. Grâce à l’Acacia, il sera capable de « déterrer » du fond des abîmes, de l’obscurité totale, Maître Hiram, c’est-à-dire la connaissance, et de lui redonner la vie.

 

En choisissant un symbole fort comme l’acacia, la Franc-Maçonnerie tâche de faire prendre conscience à ses membres qu’ils se trouvent en possession d’un matériau sacré. La formule « l’Acacia m’est connu » ne signifie pas seulement que celui qui le dit est devenu Maître. Cette affirmation va bien au-delà du degré maçonnique. En prononçant ces mots, le Maître maçon se relie, par l’intermédiaire de ce symbole, à des milliers d’années d’histoire à travers le monde. En outre, par le choix de l’acacia, la maçonnerie vise à relier le Maître maçon d’aujourd’hui à l’histoire biblique, d’une part, et à la légende maçonnique d’autre part. Comme l’acacia qui fait le lien entre la matière et l’esprit, voire l’homme et le divin, le Maître maçon possesseur d’acacia est ainsi relié à l’Univers. Se plaçant sous le signe de l’acacia imputrescible, le nouveau Maître souligne le caractère incorruptible de son engagement et de sa recherche. Par l’épreuve de la mort, il a vaincu la mort ; connaissant le secret de la vie, il a pris conscience du sens de l’éternité mais attention, le Maître maçon ne doit pas se laisser arrêter, atteindre ou blesser par les piqûres d’épines de l’arbre qui correspondent à la continuité des épreuves traversées.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Minus greenatus alias green, l’homme vert du Temple   -   L’ombre et la tombe de Christian Rosencreutz   -   les étapes d’une progression   -   les palais de la mémoire   -   Rite anglo-saxon de type Emulation   -  Rite Français en 7 grades selon le Régulateur de 1801   -   Cahier du Président Edition de 1818   -   Rite Ecossais Ancien et Accepté selon le Régulateur des Maîtres Maçons Ecossais de 1803   -   Les pommiers d’Avallon   -  Acacia des mots, Acacia des morts   -  Si quelqu’un est déjà ressuscité, il est vivant comme Dieu est vivant   -   La mort de l’apprenti conduit à la résurrection du Maître   -  Délivrance et ressemblance   -   Sur le terroir de mon peuple, croîtra le Buisson de ronces   -  Mon nom est acacia  -   Les fleurs du pays de Moab   -   l’arbre le plus élégant de tous   -   le jeune homme est le cassiah   -  l’arbre du serpent, l’arbre de Sumer  -  Hiram Pantocrator  -  les baguettes royales posées sur l’Arche d’Alliance  -  Acacia memorialis   -   Acacia à la racine du secret  -  les ombrelles africaines et les reflets du monde   -  le souffle de l’acacia, les vibrations du silence et l’appel des esprits  -  les acacias du Déluge  -  Osiris, la mort et la projection des ames  -   Green men et Dryades, les déesses et les arbres   -  les deux frères  -  L’homme entre la mort et Dieu  -   V.I.T.R.I.O.L.  – les racines de l’acacia  -  L’acacia est fils de mon Père  -  Planter des Temples  -   ‘’Nous construisons des Temples à la vertu et creusons des tombeaux pour les vices’’   -  La Parole perdue ou oubliée   -  le Rameau d’or, clé d’or du pays des ombres    -   la canopée de l’Eden  -  les fleurs de St Jean  - le temple intérieur  -  la mort du vieil homme  -   un pont entre deux mondes  -  Renaissance et Résurrection  -  

 

AHIMAN REZON

Laurence DERMOT

EDITION SNES

 1997

Dermott fut grand secrétaire de la Grande Loge des Anciens de 1752 à 1771. A ce titre, il nous livre des indications précieuses et de premières mains sur les 40 premières années de la naissance de la maçonnerie spéculative.

 

Après la parution d’une traduction en 1995 sur les éditions de 1723 des Constitutions d’Anderson, il a semblé utile de mettre à la disposition des chercheurs cet ouvrage d’Ahiman Rezon, de l’Irlandais Laurence Dermott, et d’en donner une traduction française.

Non seulement le livre est intéressant parce qu’il donne une seconde version des règlements, mais il représente aussi une date importante dans l’histoire du développement de la Maçonnerie anglaise moderne.

 

Enfin derrière le texte on ne saurait oublier l’auteur et le rôle joué par ce maçon dans l’établissement d’une autre Grande Loge, rivale de celle résultant de la réunion de quatre loges de Londres en 1717. On sait peu de choses sur la vie de Laurence Dermott, d’origine irlandaise, il naquit en 1720 à Dublin. Il fut initié EN 1740 et fut élu Vénérable Maître de cette même loge  la même année. Après des petits boulots à Londres, il est connu comme marchand de vin et courtier. Il s’affilie à une loge « des modernes », puis passe à une loge « des anciens ».

 

La différence entre Moderne et Anciens est la suivante : Vers 1740 (23 ans après la création de la Grande Loge d’Angleterre), certains maçons qui n’appréciaient pas les innovations introduites depuis 1717, par rapport à ce qu’ils considéraient comme la tradition maçonnique antérieures, fondèrent  la «Grande Loge des anciens Maçons francs et acceptés »    dite des Anciens. Ils eurent de suite la sympathie des Grandes Loges d’Irlande et d’Ecosse.

Pour les modernes, les innovations, quelquefois en contradiction avec les rites des anciens métiers corporatismes, étaient nécessaires afin d’être en accord et en conformité avec  ce début du XVIIIe siècle. C’est cette guerre maçonnique entre les tenants d’une certaine orthodoxie et les spéculatifs progressistes qui les déchira durant 80 ans et ne trouva son épilogue qu’en 1802 avec la création d’un rite commun appelé : Le rite émulation. Dermott fut grand secrétaire de la Loge des Anciens de 1752 à 1771, puis accéda à Député Grand Maître jusqu’en 1783. Il mourut en 1791.

Dermott joua un rôle important dans l’établissement du Grand Chapitre de L’Arche Royale. En tant que secrétaire durant près de 20 ans il était donc bien placé, pour raconter les schismes, créations et autres tractations et compromis qui parsemèrent toute la Maçonnerie du XVIIIe siècle.

 

Georges Lamoine dans sa recherche et traduction de cet ouvrage a fait un remarquable travail de bénédictin, en allant chercher aux sources tous les éléments expliquant les différences entre modernes et anciens, entre les différentes Grandes Loges et sur cette consolidation de l’Arche Royale.

 

Il nous parle longuement de la vertu du secret et du silence, et avec quel soin il faut le conserver, il nous donne des exemple du secret à travers les diverses traditions et civilisations, en Egypte avec  Harpocrate, avec Alexandre le Grand et son ami Ephesion, Caton le Censeur, Anaxarque qui préféra se couper la langue plutôt que de dévoiler des secrets, Angerone déesse romaine du silence, Pythagore qui enseigné à ses disciples que la première vertu était le silence, Aristote pour qui le plus difficile était de garder le secret et le silence.

 

De très nombreuses paroles de chants maçonniques anglais sont traduites ainsi qu’un oratorio. Y est également traduit les anciens devoirs des maçons francs et acceptés, des exhortations et la façon de constituer une loge.

Excellent livre de références pour les chercheurs.

 

A LA DḖCOUVERTE DES TEMPLES MAÇONNIQUES DE FRANCE

Ludovic Marcos et ronan Loaëc

Edition Dervy

2017

Un événement ! Au terme de trois ans de travail qui ont scellé la rencontre de la recherche documentaire et de l’excellence photographique, de l’expérience et de la passion, les auteurs vous proposent une découverte des temples maçonniques de France. Un très beau livre, grand luxe avec de superbes photographies


Dans un premier temps, « Comment le temple vint aux maçons », l’ouvrage restitue le cheminement de près de trois siècles à travers lequel s’est affirmée une forme propre à notre pays. Il mène aux aménagements contemporains qui datent, dans la grande majorité des cas, de la seconde moitié du XXe siècle. Il vous propose ensuite « L’Art et la matière » de mieux faire connaître et comprendre ce qu est un temple maçonnique sous divers éclairages thématiques : éléments du décor, voûtes étoilées, objets rituels, cabinets de réflexion, etc. Enfin, la troisième et dernière partie, « D’un Orient à l’autre », présente près de 180 sites et plus de 220 temples, à travers un tour de France qui achève de dévoiler ce patrimoine méconnu, dans une qualité et une richesse photographiques qui ne se démentent pas tout au long des 1 100 illustrations choisies talentueusement et artistiquement mises en page par Claire Bertaut.

 

Le Temple maçonnique, semblable en cela à ceux de toutes les religions du monde, représente symboliquement l'univers. Il est, selon l'expression que l'on trouvait sur le fronton du Temple de Ramsès II, "semblable au ciel dans toutes ses parties". En effet, si nous entrons dans un Temple maçonnique, ce qui nous frappe au premier abord c'est qu'il figure la voûte étoilée, que le soleil et la lune sont symboliquement représentés à l'Orient, qu'il va de l'Orient à l'Occident et du Zénith au Nadir, et qu'est également symbolisée l'alternance du jour et de la nuit, ou si l'on préfère, des ténèbres et de la lumière. Et l'ouverture rituelle des travaux d'une Loge juste et régulière consiste justement à faire passer ce lieu des ténèbres à la lumière en l'illuminant progressivement. Le Temple maçonnique symbolise donc l'univers, c'est-à-dire une totalité, un ensemble, mais un ensemble qui a une structure, qui manifeste un ordre, c'est-à-dire un "cosmos".

 

Et les historiens nous rappellent que ce serait Pythagore qui aurait donné ce nom de "cosmos" à l'univers à cause de l'ordre qui y règne. Le Temple apparaît donc comme un ensemble structuré et ordonné. De plus, il circonscrit un espace qui est sacré. L'étymologiste nous indique que le mot "Temple" viendrait du mot grec "Temnô" qui veut dire "découper", "séparer", "couper en séparant", et que le "Temenos" est une portion sacrée de l'espace cosmique. Le Temple maçonnique est un carré long, nous disent nos vieux rituels. Or, nous savons que dans les anciennes cosmogonies, le carré représente la terre par rapport au ciel qui, lui, est représenté par le cercle. Et si l'on nous objecte que le ciel lui aussi fait partie de l'univers, ce qui est exact, il faut ajouter que le Temple visible symbolise l'univers créé par rapport à ce qui est incréé, le Temple invisible ou, en dernière limite, au créateur lui-même.

 

Ajoutons que dans les philosophies traditionnelles, il y a le plus souvent analogie entre le cosmos et l'homme qui est à son tour considéré comme un temple, car il y a relation étroite entre le macro­cosme (l'univers) et le microcosme (l'homme lui-même). Le poète grec Pindare remarque que "l'homme a quelque rapport avec le cos­mos et les dieux par son corps et par son esprit". Le Temple maçonnique, entre autres, nous présente l'image d'un carré surmonté par un cercle.

 

Cette superposition du cercle au carré montre la relation entre le ciel et la terre, le transcendant et l'immanent, elle est "l'image dialectique entre le terrestre où l'homme se situe et le céleste transcendant auquel il aspire".
Or, cet ensemble cosmique, structuré, ordonné, orienté, est, pour les anciens, un modèle, un archétype, que l'homme doit s'ef­forcer d'imiter.

 

Pour comprendre ces conceptions et ces idées, qui étaient cel­les des maçons opératifs et qui sont souvent celles des maçons spé­culatifs, il faut sans doute nous défaire de la conception du monde que la science moderne a façonnée en nous et selon laquelle l'univers n'est que la conséquence d'une nécessité causale et pure­ment matérielle. Pour beaucoup de grecs, en particulier pour les pythagoriciens et pour Platon, l'univers lui-même est le fruit d'une justice. Celle-ci, en effet, est placée au centre du monde comme une puissance qui le dirige et le maintient et à laquelle. tout doit obéissance. Paul Valéry, dans son poème "Le cimetière marin", retrouve, semble-t-il, cette idée quand il écrit : "Midi le juste y com­pose de feux..." ici le soleil immobile au milieu du ciel suggère l'idée de la Souveraine Puissance ordonnant l'univers tout entier et ses différents éléments.

 


Aussi l'ordre humain, dans la Cité comme chez l'individu, doit donc se calquer sans doute sur l'ordre cosmique, mais celui-ci n'est que la traduction d'un autre ordre : celui de la justice elle-même. De même qu'il y a une Loi qui règle l'ordre et les mouvements du ciel, de même il doit y avoir une Loi qui règle les rapports entre les hommes dans la Cité, et une Loi Morale, fruit de la sagesse qui doit ordonner l'individu lui-même.
Cette Loi est définie par les justes proportions entre les élé­ments constitutifs de chaque être, de chaque ensemble, que ce soit l'organisme vivant, l'homme, la Cité, ou même l'oeuvre d'art. Et ces justes proportions s'expriment par le nombre, le nombre d'or. Le nombre d'or, ou divine proportion, traduit l'idée selon laquelle il y a une "commensurabilité", c'est-à-dire qu'il y a commune mesure, une correspondance, une analogie entre les parties composant un Tout et entre les parties et le Tout lui-même.

 

Un très beau livre de 600 pages aves des photos superbes – Un livre émouvant, grandiose et de réflexions

 

Á la recherche du secret maçonnique

Louis Octave oresve

ALPHÉE

 2005

À la recherche du secret maçonnique est le fruit d’une lente et longue maturation, celle d’un homme parti à la connaissance de lui-même qui, comme se doit d’être un Franc-maçon, est dans le monde sans être du monde. Louis-Marie Oresve en explique la nuance, celle qui différencie l’homme éveillé de l’homme endormi.

 

Au hasard de rencontres avec des hommes d’aujourd’hui et de nombreuses lectures d’auteurs tels que Plotin, Maître Eckhart, Guénon, Jung, Corbin et Lilian Silburn, Louis-Marie Oresve a emprunté de nombreux sentiers au sein de la Franc-maçonnerie. Il y a engagé tout son être et en a franchi tous les degrés, pour tenter de découvrir le secret maçonnique, qui n’est pas seulement celui d’une organisation secrète, et qui devrait le rester, mais qui est surtout celui qui se trouve beaucoup plus près de soi qu’on ne pourrait le penser.


Pour mieux approfondir les richesses de ce trésor, tout en restant attaché à sa loge mère, Louis-Marie Oresve a choisi d’aller au-delà de la Franc-maçonnerie, sur des chemins plus « orientaux » capables d’éclairer celle-ci autrement qu’à la lumière des contingences de notre temps.

 

Il a pu ainsi être conforté dans l’idée que la Franc-maçonnerie, dans ce qu’elle conserve et transmet encore aujourd’hui, reste sub specie aeternaetatis une voie de réalisation spirituelle authentique, mais encore faut-il « avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ».

Cet ouvrage, qui relate une expérience humaine authentique, constitue un guide pour ceux qui sont sur le chemin de la découverte du secret de leur être. Il offre aussi des repères précieux pour aiguiser leur capacité de discernement sur eux-mêmes, sur leur environnement et sur les organisations, comme la Franc-maçonnerie, que les hommes, au fil des siècles, ont construites dans le but de favoriser l’épanouissement de ceux qui ont décidé de vivre pleinement leur vie, en lui donnant un sens.


L’auteur développe :

la notion du Saint Empire, le tantrisme, l’initiation, la Tradition, les mythes, la construction du temple de Salomon, le grade de maître, le chevalier Kadosh, les hauts grades.

 

ALLÉGORIE ALCHIMIQUE DANS LA LOGE SYMBOLIQUE DU R.E.A.A.

Viviane Starck

Edition de la Hutte  

 2013

L’alchimiste et le franc-maçon sont tous deux en quête de leur graal. Le premier le nomme «Pierre Philosophale », le second l’appelle « sens de la vie ». La franc-maçonnerie et l’alchimie puisent ainsi leur origine à la même source : celle de l’homme en quête de Lumière.

Le rêve alchimique est de réaliser la Pierre philosophale, métaphore culturelle caractérisant le mécanisme d’évolution psychique de l’être humain. Il s’agit d’harmoniser la faculté de s’ouvrir à la spiritualité, la possibilité d’agir sur la matière et le pouvoir de préserver la vie.

Ce rêve confine à la démarche du franc-maçon, car l’opus alchymicum est en réalité, comme l’a montré Jung, le processus d’individuation par lequel on devient Soi. La franc-maçonnerie reste en effet dépositaire de la maxime inscrite sur le fronton de Delphes : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux » ; cette devise nous invite à descendre en nous même pour y découvrir notre essence, notre psyché, nos limites, pour apprendre à accepter ce que l’on est et parvenir à déceler le divin qui est en nous.

A cette pensée, la franc-maçonnerie à ajouter la sentence hermétique d’Hermès Trismégiste transmise par les chevaliers Rose+Croix : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », affirmant ainsi la convergence de l’homme et du cosmos.

L’Alchimie est un des piliers de la franc-maçonnerie ; elle lui a même donné son nom : L’Art Royal. Le mot « Art » est utilisé dans son sens ancien « métier », un métier idéal, parfait, digne d’un roi. L’Alchimie imprègne tous les rituels maçonniques, elle n’est bien sûr pas le seul apport, mais elle en est un des ingrédients essentiels. Si les francs-maçons travaillent avec des outils, les alchimistes emploient des matériaux : quatre éléments, sept métaux, sept planètes et trois principes.

Un des aspects évocateurs du travail alchimique et maçonnique est de passer des Ténèbres à la Lumière. En ce sens, les mutations successives de l’œuvre sont symboliquement contenues dans les trois couleurs : Noir, blanc et rouge, le franc-maçon passe ainsi du Petit Œuvre au Grand Œuvre, car les initiations maçonniques sont une succession de dissolutions et de coagulation ou, si l’on préfère, une suite de déstructurations et de reconstructions qui permettent la transmutation, au sens alchimique du terme et invitent le franc-maçon à passer de l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge. C’est le « solve et coagula », le « dissous et coagule » des alchimistes.

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

Zozime de Panopolis - Marie la juive - Geber - Rhasès - Avicenne - Hermès Trismégiste - Albert le grand - Roger Bacon - Arnauld de Villeneuve - Raymond Lulle - Nicolas Flamel - Basile Valentin - Paracelce - John Dee - Jacob Böhme - Van Helmont - Les alchimistes - les souffleurs - Les philosophes hermétistes - Les théories alchimiques - L’unicité de la matière - Les deux voies et les trois principes - Les trois phases de l’œuvre - Les quatre qualités - Les quatre éléments - Les 7 métaux et les 7 planètes - Les opérations de l’œuvre et le laboratoire alchimique - Le langage alchimique - La franc-maçonnerie et l’Alchimie - Parallélisme et transmutation - Finalité initiatique - Le cabinet de réflexion et les voyages - Le sceau de Salomon - Le miroir - Les 5 voyages et les outils - Le G et l’étoile Flamboyante - Schibboleth - La légende d’Hiram - Mourir et renaitre - Les larmes d’argent - De l’œuvre au noir à l’œuvre au rouge -

 

AMADOU -  ANNALES  MAÇONNIQUES  ou  FASTA LATOMORUM,  des origines à 1975

ROBERT  AMADOU 

Annales présentées aux travaux de Villard de Honnecourt en 1973

1975

Un très gros travail d’historien présenté par Robert Amadou sur les dates maçonniques avec retour sur ses origines à partir de 1212. 16 pages où il détaille la chronologie de l’histoire qui a généré en 1717 la Franc-maçonnerie spéculative. Ce travail publié en 1975 a reçu l’aval de Jean Baylot, dignitaire de la G.L.N.F et de l’historien Alain Le Bihan.

 

La Franc-maçonnerie n’est pas née en 1717 ou en 1723 ; elle n’est pas non plus issue des druides ou de l’Ordre du Temple. Et ce n’est pas une société de pensée. Contrairement à des préjugés, les lignes majeures et les étapes principales de son histoire ancienne, contemporaine et moderne peuvent être déterminées avec certitude. Le malheur est qu’on ne s’en soucie guère. Malheur intellectuel, péché contre l’historiographie. Mais aussi malheur spirituel, car la Franc-maçonnerie n’est pas indéfinissable, ni susceptible de plusieurs définitions divergentes au fond, voire contradictoires. L’Ordre ou le Métier est une société traditionnelle, et il n’y a qu’une seule tradition maçonnique. Or, où trouver les références de la tradition et la trace de son sens, sinon dans l’histoire ? Aussi a-t-il paru utile, pour une vue juste, à étudier ou à vivre, de la Franc-maçonnerie, d’en publier des annales aussi rigoureusement vérifiées que possible au nom de Grand Architecte de l’Univers(Robert  Amadou)  

                                                                                                      Pour lire les Annales : Cliques ici 

  

AMADOU - cagliostro & le rituel de la maçonnerie Égyptienne

Robert amadou

Edition  SEEP

 1996

Cagliostro est le Grand Cophte, ou le Grand Copte. Le Grand Cophte c’est-à-dire à la fois l’indigène et le chrétien de Misraïm, chrétien à la mode de Misraïm et encore un degré éminent ; autrement l’initié par excellence, et même, renchérit l’épithète, un maître d’initiation avec ses disciples, son ordre, son rituel.


Quatre parties cernent ici le personnage et approfondissent son enseignement : le Grand Cophte – Théurgie et « voies internes » – L’Égypte – Une interrogation respectueuse.


L’ouvrage rend enfin les échos autour de Monsieur Philippe, de Cagliostro, Marc Haven et Sédir, le rite de Misraïm est expliqué –

 

Le rite est  le corpus global d’une transmission immémoriale, toujours d’actualité et sans finalité. Il est la résultante du Chemin emprunté par l’Humanité, et plus particulièrement dans le cas du Rite Oriental de Misraïm, d’une route jalonnée par tous les grands initiés qui, depuis la nuit des temps, nous rappellent la Tradition Primordiale.

 

Depuis des milliers d’années (certains parlent symboliquement de millions d’années.), des transmetteurs et des veilleurs, des « cherchants », des prêtres et des architectes, des pharaons et des philosophes se transmettent le dépôt qu’ils ont reçu. Cette route fut certainement chaotique, sinueuse, entrecoupée d’obstacles. On peut même imaginer que parfois elle se soit tout simplement perdue.  Mais la richesse du Rite Oriental de Misraïm est d’avoir su retrouver, réunir, voire substituer la secrète transmission des valeurs fondatrices de l’Initiation et du tracé de la voie lumineuse vers la Connaissance, et ce faisant vers la libération de l’Humanité, enténébrée suite à sa chute il y a fort longtemps.


Le  Rite de Misraïm est certainement le plus mystérieux de tous ceux apparus dans le courant du XVIIIe siècle, car conjointement aux autres Rites maçonniques en vogue, il se veut l’héritier des traditions égyptiennes et chaldéennes antiques, mais aussi des courant hermétiques et gnostiques, pythagoriciens, mithriaques, manichéens, platoniciens. . . Il s’appuie ensuite sur une transmission gréco-romaine, puis byzantine, druze, templière, cathare, alchimiste, kabbalistique, rosicrucienne et compagnonnique. Il a été reçu et peut-être codifié par Joseph Balsamo, universellement connu sous le nom de Comte de Cagliostro, qui initiera l’Europe à ses mystères en passant par Lyon et Paris mais avant Trieste et Venise qui étaient les portes de l’Orient au XVIIIe siècle. La filiation napolitaine reste à ce jour pur et la  Grande Loge de Misraïm en détient seule l’autorité légitime dans le monde, par sa Patente signée et timbrée des sceaux de l'Ordre.

Le Rite Oriental de Misraïm regroupe des corpus de symbolisme maçonnique classique, de philosophie, voire d’opérativité sociétale, mais aussi de gnose platonicienne ou christique, d’alchimie, de Kabbale, de morale et de mystique. C’est ainsi que lorsque d’autres rites se suffisent de 7 ou de 33 degrés, le Rite de Misraïm propose une pyramide de 90 marches incluant la plus grande diversité de tous les accès à la connaissance, tels qu’ils nous ont été légués par nos ancêtres, dont les fameux Arcana & l'Arcana arcanorum ou "Secreto secretorum" de Cagliostro.

Enfin, il est d’évidence que ce courant si spécifique peut être dénommé “spiritualiste”, aristocratique aussi. Mais en cela, il est important de pointer qu’il n’est ni religieux ni dogmatique. Il respecte toutes les religions et se situe sur un autre plan, celui de la Liberté de conscience et du refus de subir. Certains de nos membres se disent athées ou encore agnostiques, certains autres se réfèrent à l’une ou à l’autre de nos grandes religions, d’autres encore vivent une spiritualité adogmatique comme le bouddhisme.


Sur l’Arbre maçonnique, le Rite Oriental de Misraïm occupe une branche aux rameaux multiples et touffus (D’aucuns diraient qu’ils se confondent au tronc, et cette affirmation est loin d’être fausse). Il appartient à la grande famille d’une Franc-maçonnerie marginale qu’on dit illuministe ou mystique, voire occulte ou hermétique.

La Grande Loge mondiale de Misraïm se distingue des autres Obédiences maçonniques françaises avec au minimum trois spécificités :

  • C'est à Paris, au sein de son Grand Rite Egyptien, que la parité homme femme (mixité) a existé pour la première fois au monde, affirmant ainsi et déjà en 1785 l'égalité de l'homme et de la femme au regard de l'Initiation maçonnique.
  • Sa Pyramide ou son Echelle de 90 Degrés initiatiques.
  • L'accès fraternel dans ses Loges aux Maçons du monde entier qui recherchent d'abord une méthode spirituelle et des valeurs humanistes.
    Enfin, les principales spécificités du Rite Oriental de Misraïm résident dans les principes suivants :
  • Vivifier la Tradition transmise par l’ancienne Égypte.
  • Développer la valeur spirituelle de la Quête initiatique.
  • Inspirer une ouverture où intelligence du cœur et savoir ésotérique s’harmonisent dans notre temps.
  • Pratiquer un “Rituel” qui permette à l’Homme (au sens générique) de trouver la voie de sa propre réalisation intérieure. 
  •  

Le rituel est la partie dont il est le plus difficile de parler, puisque nous sommes désormais très proches du secret pour lequel un Maçon prête un Serment inaliénable. Le Rituel de Misraïm est tout d’abord, comme tous les autres Rituels maçonniques, un RIT (Rituel d’Introduction des Travaux). Il codifie les cérémonies qui rythment la vie du Maçon et il permet la bonne exécution des travaux requis par le Chemin Initiatique. Il plante le décor, fait vivre les mythes et les symboles correspondants à l’avancement de chacun. En cela il est déjà un outil irremplaçable, mais mieux encore il est une sorte de boîte à outils dans laquelle le Maçon trouvera toujours la réponse qu’il cherche sans qu’elle ne soit jamais écrite ni imposée. Sa juste exécution garantit la qualité et la sérénité des Travaux. Comparé à d’autres Rituels, Le Rite Oriental de Misraïm propose à ceux de ses membres qui le souhaitent une forme supérieure de sacralité et de spiritualité.

 

AMADOU  -  LA TRADITION MAÇONNIQUE  

Robert  Amadou

Edition Carisprit

 1986

L’auteur explique sa vision de la tradition maçonnique, ses sources et ses origines. L’auteur, grand connaisseur du Rectifié, du Martinézisme et plus généralement de la Maçonnerie, propose dans ce livre une lecture synthétique et spirituelle de la première période de l’histoire maçonnique.

 

La tradition occidentale,  s’est perfectionnée, Dieu l’a perfectionnée dans les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme, islam. »  La gnose dont on parle est une connaissance, nullement exclusive de l’amour, bien au contraire, qui possède dans sa perfection – la gnose est une connaissance parfaite – quatre traits principaux pour la spécifier : elle est religieuse, traditionnelle, initiatique et universelle 

 

Mais  Robert Amadou est aussi un théosophe, spécialiste de Louis-Claude de Saint Martin, le Philosophe inconnu, à qui il a consacré une thèse, et vingt ans de recherches documentaires, c’est, enfin, un prêtre, de l’Église syrienne d’Antioche, qui n’hésite pas à désigner la Sainte Montagne, l’Athos, comme le lieu vivant des maîtres de l’ésotérisme chrétien ; « Le cœur de ma recherche, écrit-il, c’est Dieu. Ma vocation est celle de tout homme, j’essaie d’en prendre conscience : m’approcher – ou me rapprocher – de Dieu. »

 

 Mais la question est de savoir où s’origine sa vocation ? « Cette vocation mienne est située dans la tradition occidentale, dans l’expression occidentale de la Tradition. Là, je veux être très net : je suis tout à fait certain que la Tradition est universelle – la Tradition a une source non humaine, elle est révélée – et en même temps, et c’est ma certitude en même temps que ma conviction, ma connaissance en même temps que ma foi, que son expression occidentale en est la perfection, la forme achevée, pleinement et totalement authentique. Il y a des traditions parallèles, analogues, comme vous voudrez. Certains de leurs éléments peuvent, par comparaison, être utiles au tenant de la voie occidentale ; mais il n’y a pas de traditions, de religions équivalentes. C’est vrai aussi de la gnose, connaissance parfaite qui perfectionne elle-même la foi et dont il existe mainte manifestation à travers les pays et les époques, en mainte forme traditionnelle ; elle trouve sa perfection actuelle dans la tradition la plus riche et la plus pure qui est la tradition occidentale »

 

Alors qu’entend-t-il par « tradition occidentale », où faut-il la rechercher ? « Dans les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme, islam. ». D’une certaine manière il y a, pour Robert Amadou, supériorité de la tradition occidentale sur les traditions extrême-orientales, autrement dit de « l’unité de la Conscience » sur « l’unicité de l’être ». C’est ce qui non seulement le distingue, mais l’oppose à René Guénon. « L’important, l’essentiel est le terme : Dieu connu, Dieu aimé. Or, la tradition occidentale a, parfaite, la lucidité de placer l’expérience de l’Absolu non manifesté, ontologiquement et chronologiquement, avant l’expérience de Dieu personnel.

 

 En Occident, le monisme mystique qui est une imperfection de la pensée extrême-orientale, procède souvent (et jusque dans l’adhésion qu’on y donne aux doctrines extrême-orientales ou aux déviations extrême-orientalisantes en Occident) du désir de faire mourir l’homme, corrélatif du désir de tuer Dieu; je l’ai montré précisément à propos de René Guénon. A Hallâj même, qui fut condamné pour avoir donné l’impression d’incarner Dieu, les maniaques de la non-dualité ont reproché d’avoir encore laissé subsister une dualité dans l’expérience de l’union. Il est vrai, et l’honneur exceptionnel, la perfection de la tradition occidentale – appelez-la gnostique, appelez-la mystique – est d’avoir exalté, au regard de l’illusoire unité ontologique, la « présence testimoniale ».

 

Une autre critique adressée à René Guénon concerne le guénonisme : « René Guénon fait du guénonisme la Tradition, et le guénonisme est un syncrétisme très moderne. Ce pourquoi il y a du bon et même du très bon si l’on s’autorise à des démontages, nonobstant les directives de l’auteur ».

 

 Quant à l’initiation, à la transmission de l’influence spirituelle, Robert Amadou s’écarte là aussi de René Guénon, tout en partageant avec lui son terrible constat sur la société occidentale moderne : « La société occidentale moderne, qui tend à devenir culture planétaire, est unique en son manque d’une initiation, d’initiations, de sociétés initiatiques, officiellement admises, officiellement profitables et utiles. S’initier n’en devient pour chaque déviant – déviant du mal – que plus malaisé, et peut-être aussi plus fécond : rien n’est jamais à inventer, tout est aujourd’hui à réinventer ».

 

On va de Noé à Anderson et du Chevalier de Ramsay, on navigue dans les annales maçonniques, des origines à nos jours. Y est développé la notion du grand  Architecte

 

AMADOU  -               OCCIDENT, ORIENT,            Parcours d’une tradition

Robert AMADOU 

Edition CARISCRIPT

 1987

L’auteur, au cours d’un entretien, explique sa vision de Dieu, ses axes de recherche, les traditions et la Tradition, la Sophia, les sciences occultes, la magie, l’initiation, le martinisme et Louis Claude de Saint Martin dont il est le spécialiste

 

Robert Amadou s’est éteint en mars 2006. Cet auteur inclassable et érudit a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après-guerre, et a participé, un temps, aux activités de l’Institut Métapsychique. Robert Amadou nait le 16 février 1924 à Bois-Colombes, il meurt le 14 mars 2006, à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise le 22 mars 2006, après la liturgie des défunts qui fut célébrée en l’église syrienne orthodoxe de Montfermeil (93), il a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après la guerre. Adolescent, il se passionne pour l’astrologie, tout en suivant l’enseignement des Jésuites, puis s’intéresse à Louis-Claude de Saint-Martin, le "Philosophe Inconnu", inspirateur du martinisme. Amadou est convié à l’Institut Métapsychique International en 1951 pour donner une conférence sur le thème "Occultisme et métapsychique". A partir de cette année-là, il collabore activement aux activités de l’IMI, en particulier à la Revue Métapsychique dont il devient le rédacteur en chef. Mais des divergences d’opinion vont bientôt le pousser à quitter l’Institut...

 

En 1954, il publie chez Denoël son livre La parapsychologie - essai historique et critique, un épais volume (370 pages bien tassées) qui brosse l’histoire des recherches en parapsychologie outre-Atlantique et présente au public français, entre autres travaux récents, les recherches du Laboratoire de parapsychologie de Joseph Rhine, à la Duke University de Durham. Amadou définit alors la parapsychologie "au sens strict" et "au sens large" : "Au sens large,  cette science est la discipline qui s’efforce d’expliquer des phénomènes apparemment aberrants par rapport à la science, soit par la fraude, soit par l’illusion, soit par l’exercice d’une fonction psychologique “classique” ou nouvelle. Au sens strict, la science est la mise en évidence et l’étude expérimentale des fonctions psychiques non encore incorporées dans le système de la psychologie scientifique, en vue de leur incorporation dans ce système, alors élargi et complété."

La même année, sous l’égide de l’IMI, il publie une compilation de textes, L’Art et l’Occultisme, sous la forme d’un numéro spécial de la Revue Métapsychique. En juillet et août 1953, il organise un premier "Colloque International de Parapsychologie" à l’université d’Utrecht, dont les comptes rendus seront publiés en 1954 sous la forme d’un numéro double de la RM (N°29-30, Mai-août 1954). On y trouve notamment des textes de René Warcollier, Hans Bender, G. Spencer Brown, Samuel G. Soal (qui sera convaincu de fraude bien plus tard, dans les années 1970), du philosophe Gabriel Marcel, du psychanalyste Jules Eisenbud, etc. La liste des nombreux participants montre assez la volonté d’ouverture et de mise en place de "ponts" qu’entendait réaliser Amadou, entre la parapsychologie et les autres disciplines.

 

Parallèlement à son investissement dans l’IMI, il lance La Tour Saint-Jacques en 1955, revue de bibliothèque qui traite de l’occultisme au sens large et au sens noble : alchimie, sociétés secrètes (la Golden Dawn par exemple), spiritualités, ésotérisme, art et mystique, insolite et bizarre. Assez rapidement semble-t-il, Amadou se fâche avec l’équipe de l’Institut Métapsychique, à cause de divergences sur ce qu’il faut penser de la "vieille" métapsychique par rapport à la nouvelle parapsychologie anglo-saxonne. Amadou défend alors un point de vue très exigeant, présentant la parapsychologie comme une évolution, plus adulte, rationnelle et scientifique, de la métapsychique d’avant-guerre, dont les animateurs de l’IMI seraient les héritiers parfois trop enthousiastes ou crispés sur quelques légendes dorées de l’ère métapsychique.

 

Ainsi, en 1956, c’est dans La Tour Saint-Jacques, et non plus dans la revue de l’IMI, qu’Amadou choisit de publier les comptes rendus du Colloque de Royaumont sur la parapsychologie, qu’il vient d’organiser avec notamment le psychanalyste Emilio Servadio, Ernesto de Martino, des parapsychologues comme G.W. Fisk et D.J. West, l’ethnologue Jean Servier. Dès les premiers numéros de la revue La Tour Saint-Jacques, on voit apparaître en fin de volume un "Bulletin de Parapsychologie", totalement indépendant des activités de l’IMI, dans lequel on retrouvera bientôt les signatures d’Aimé Michel ("Principes d’une expérience électronique de psychokinèse", n°2, jan-fév. 1956), ou de Jacques Bergier, grand ami de Robert Amadou, qui y tient une rubrique "Nouvelles de nulle part et d’ailleurs" qui préfigure ses articles de la célèbre revue Planète quelques années plus tard.

 

En 1957, Amadou publie, toujours chez Denoël, dans la collection "La Tour Saint-Jacques", son ouvrage Les Grands Médiums, qui présente quelques-uns des plus célèbres médiums à effets physiques de l’ère métapsychique (entre 1870 et 1930 environ). Un livre sans concession, qui conclut presque toujours au manque de preuves ou de certitudes bien établies, et qui lui vaudra sans doute quelques inimitiés du côté de l’IMI (Guzik, Kluski, Eva C., entre autres médiums, y sont présentés comme des médiums hautement douteux). En 1958, il publie La télépathie dans la petite collection Bilan du Mystère des éditions Grasset. Un ouvrage synthétique (160 pages), qui présente à la fois "les raisons de douter" et "les raisons de croire", illustré par de nombreuses photographies. A partir du début des années 1960, Robert Amadou abandonne le domaine de la parapsychologie pour se consacrer à des centres d’intérêts plus spirituels. Il devient gnostique, s’intéresse au soufisme et publie des ouvrages sur divers aspects de l’ésotérisme occidental et oriental.

 

 

Il obtient une thèse de philosophie sur les mystiques du XVIIIème siècle (plus précisément, sur le “Philosophe Inconnu” Louis-Claude de Saint-Martin), à la fin des années 1970, à Paris. Son ambivalence entre d’une part la défense d’une parapsychologie exigeante et proprement scientifique, et d’autre part son parcours spirituel (on l’a dit lui-même martiniste, et il était aussi docteur en théologie), lui a été reprochée par quelques auteurs. Notamment par Imbert-Nergal dans son ouvrage Les sciences occultes ne sont pas des sciences (Editions Rationalistes, 1959), dans lequel l’auteur veut montrer que la parapsychologie n’est pas une science, puisque son principal promoteur en France à l’époque, Amadou, était en réalité un occultiste...

 

AMADOU  - LE FEU DU SOLEIL - ENTRETIEN SUR L’ALCHIMIE AVEC EUGÈNE CANSELIET

Robert  AMADOU

ÉDITION  PAUVERT

 1978

Feu du soleil, c’est le sens du nom initiatique –Fulcanelli- qui dissimule et manifeste à la fois le plus grand et le plus célèbre alchimiste de notre temps. Eugène Canseliet est son seul disciple, qui a publié ses deux ouvrages devenus classiques, Le Mystère des cathédrales et Les Demeures Philosophales, avant de fournir sa propre contribution à la littérature alchimique, contribution dans laquelle, bien entendu, il conservait les règles habituelles du secret.

 

Au cours de cet entretien avec Robert Amadou (décédé en 2008), Eugène Canseliet apporte des éclaircissements sans précédent sur le personnage Fulcanelli et sur lui-même, enfin et surtout parle de cette science occulte entre toutes, sur l’art des sages, sur la philosophie de la nature, sur la science d’Hermès et sur l’Alchimie en général.

 

E. Canseliet affirme : « L’alchimie est obligatoirement contestataire, parce que c’est une route nouvelle dans notre monde et c’est pourquoi elle attire la jeunesse ». Cet entretien à bâtons rompus entre un alchimiste praticien et un occultiste-martiniste, donne des dialogues extrêmement enrichissent et révélateur, qui nous donne beaucoup d’indications non seulement sur la personnalité de Fulcanelli, de E. Canseliet et de R. Amadou, mais surtout sur les théories   et pratiques alchimiques, ésotériques et hermétistes.

 

Auteur anonyme de deux des plus grands ouvrages alchimiques de l'époque contemporaine, Fulcanelli intrigue, depuis près d'un siècle, alchimistes, apprentis et curieux. Si les hypothèses foisonnent, qui était-il vraiment ? L'énigme reste entière... Entre 1926 et 1930, deux ouvrages paraissent dans l'indifférence générale. Leur auteur : un certain Fulcanelli. Redécouverts par le public après la Seconde Guerre mondiale, Le Mystère des cathédrales et Les Demeures philosophales s'imposent comme deux livres alchimiques majeurs.

Au fil des pages, l'auteur invite à poser un regard neuf sur le patrimoine architectural français, qu'il décrypte comme autant de témoignages d'Adeptes parvenus au Grand Oeuvre. En revisitant des monuments religieux telles les cathédrales Notre-Dame de Paris et d'Amiens, mais aussi des bâtiments civils comme l'hôtel Lallemant à Bourges ou l'étrange croix cyclique d'Hendaye, Fulcanelli entraîne le lecteur vers une manière nouvelle de lire les signes dans la pierre.

 

S'appuyant sur son érudition dans les langues anciennes, les Écritures et la mythologie grecque, il présente une Europe habitée, de tous temps, par une pensée alchimique qui demeure au travers de son patrimoine. Mais l'auteur ne s'arrête pas là : la symbolique monumentale étudiée dans ces livres conduit à une réflexion générale sur la société moderne.

 

Un troisième ouvrage de Fulcanelli, intitulé Finis Gloriae Mundi (« La fin de la gloire du monde », en latin), devait paraître ; or, il reprit le seul exemplaire manuscrit à son secrétaire et disciple, Eugène Canseliet. Cette oeuvre aurait révélé de trop grands secrets, que le monde moderne ne serait pas prêt à entendre... Qui peut bien être cet Adepte inconnu ? Plusieurs hypothèses ont été défendues. Selon certains, il s'agirait d'Eugène Canseliet (1899-1982) : le prétendu disciple serait, en réalité, le maître lui-même. C'est notamment la thèse de Robert Amadou (1924-2006), qui a coécrit un ouvrage d'entretiens avec Canseliet,  Paul Le Cour (1871-954) en a cosigné la rédaction

 

AMADOU  -  DE LA LANGUE HÉBRAIQUE RESTITUÉE A L’ÉSOTÉRISME DE LA GENÈSE

Robert AMADOU

Edition CARISCRIPT

 1987

Fabre D’Olivet a, dans son livre « La langue hébraïque restituée » essayé d’en extraire un ésotérisme, mais il en fit un livre touffu et difficile à lire. Chauvet lui fit une analyse ésotérique et métaphysique de la genèse assez facile d’accès et selon Robert Amadou  en sorti « une révélation de la révélation ».

 

Un petit livre (40 pages) clair et concis qui explique les 2 positions.

 

AMADOU  - ANTHOLOGIE  LITTÉRAIRE  DE  L’OCCULTISME 

ROBERT  AMADOU et   ROBERT KANTERS

ÉDITION  SEGHERS

 1950

Cette anthologie s’adresse à la fois aux amateurs, aux étudiants et aux curieux d’occultisme. Elle permet de prendre connaissance de tous les grands thèmes de l’occultisme, non à travers des textes ardus, mais en lisant des pages de quelques-uns des plus grands écrivains.

 

En même temps, elle esquisse une histoire de la littérature universelle à la lumière de l’occultisme, à l’aide d’extraits caractéristiques de plus de quarante écrivains français et étrangers, de Platon à Rimbaud, de Jean de Meung à André Breton, de Dante à Strindberg.

 

Chacun de ces écrivains fait l’objet d’une notice et d’une bibliographie qui appliquent à l’interprétation de ses œuvres les principes généraux d’une exégèse occultiste de la littérature, exégèse que Robert Amadou et Robert Kanters exposent dans une importante introduction.

 

Il n’est pas facile de parler d’occultisme, ce terme ayant été diabolisé et utilisé également par des faux gourous, pseudo maître à penser, mais qui ont marqué leur époque. Heureusement de très nombreux occultistes ont relevé le défi de rendre à cette discipline ses lettres de noblesse. Cette anthologie remet à sa place les fausses idées sur l’occultisme, terme qui né vers 1850 avec Eliphas Lévi et qui explore l’ésotérisme caché.

 

Cette anthologie retrace les idées des grands penseurs suivants :

 

Hésiode, avec la naissance du monde, les races et les âges

Pythagore et ses vers d’o. Fragments d’Hiérocles et commentaire de Fabre d’Olivet

Platon. L’Atlantide et l’Âme du monde

Virgile. IVe Eglogue et la descente aux enfers : Anchise

Apulée et son initiation aux mystères

 Chrétien de Troyes et la liturgie de la Queste. La quête du Graal.

Jean de Meung. La fontaine de vie et l’Alchimie.

Dante Alighiéri, Béatrice, le nombre 9, l’influence des sphères célestes.

Léonard de Vinci et Rabelais avec l’oracle de la Dive Bouteille

Maurice Scève - Pierre de Ronsard-  Milton et ses enseignements de Raphael

Cyrano de Bergerac et son langage des oiseaux

Charles Perrault et sa Belle au Bois Dormant

Nicolas Montfaucon de Villars avec ses incubes et ses succubes.

Jacques Cazotte. Le diable, le hasard, et les dangers de l’occultisme.

Louis Claude de Saint Martin, la mythologie, catholicisme et christianisme

Goethe – Joseph de Maistre et William Blake. Mariage du ciel et de l’enfer

Fabre d’Olivet et ses Atlantes, le destin, la providence-

Novalis –Ballanche – les disciples de Saïs- Charles Nodier – de la palingénésie humaine

Balzac – son traité de la prière, le chemin pour aller au ciel, pensée de L. Lambert

Victor Hugo et ce que dit la bouche d’Ombre

Gérard de Nerval – El Desdichado, Artémis et Aurélia

Edgar Allan Poe – Richard Wagner avec Parsifal

Charles Baudelaire – Auguste de Villiers de l’Isle-Adam

Stéphane Mallarmé – Léon Bloy – Josephin Péladan

Joris-Karl Huysmans –une messe noire- le symbolisme

Arthur Rimbaud – Auguste Strindberg – la tête de mort

Maurice Maeterlinck et son jugement sur l’occultisme – notre moi

André Breton et Matta – Oscar V. Milosz et son cantique de la Connaissance

 

AMADOU  -  la queste du saint graal & le graal en compagnie au xxème siḔcle

Robert amadou

Edition CARISCRIPT

 1988

La « queste » à laquelle ce livre nous invite – admirable aventure de la conquête de notre cœur spirituel – et dont l’expérience qu’il est possible d’en avoir fut pour moi la vie même de mon père…
Comment ne pas vouloir partager cette découverte avec les autres et se demander : « Que vais-je faire pour que le monde devienne plus juste et plus beau ? » Ainsi, la vocation de chaque homme est d’être sauveur du monde par la Pensée pure, la Parole pure, l’Action pure. De ce fait, se crée une sorte de Chevalerie mystique.


Que les lecteurs de ce livre puissent descendre dans « la crypte secrète de leur personnalité », où le Feu-Amour et la Lumière vivante qui la constituent se renvoient en une fusion qui anime le verbe, les éléments de leur Gloire, et puisse enfin augmenter le trop petit nombre des hommes qui connaissent le Sens de la vie, le Secret de la mort et la Liberté de l’esprit !

 

La Tradition méditerranéenne est une adaptation particulière de la religio perennis qui existe depuis le commencement du monde et se confond avec la Tradition primordiale. Préservée par les temples égyptiens, exposée par Platon et l’école néo-platonicienne, incarnée dans le Christianisme et développée par les Pères de l’Église, cette approche se caractérise par la doctrine du logos dont la révélation très pure est livrée par le Prologue de l’Évangile de saint Jean. Le Logos ou Verbe de Dieu est donné comme «La lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde». C’est l’Intellect transcendant, Ce par quoi Dieu pense le monde et nous pense dans les raisons éternelles où se trouvent présents, à l’état d’archétypes, les modèles exemplaires de toutes les choses, y compris nous-mêmes. Dans le Logos se trouve donc toute la Connaissance de ce qui est et de ce qui peut être. On dit avec raison qu’Il est le lieu de tous les possibles. Sans Lui, la création est impossible et Dieu inconnaissable. C’est dans et par le Verbe que se maintient l’harmonie de l’Univers qui, sans cela, retournerait au chaos. On peut donc dire que le Logos n’est pas seulement Connaissance mais Amour au sens fort et absolu puisqu’Il est le lien de toutes choses et de tous les êtres, leur substance et leur raison d’être.

 

La doctrine métaphysique du Logos connue depuis la plus haute Antiquité, a été rendue aux hommes par le christianisme grâce à l’incarnation et à la venue de l’Homme-Dieu. Le contenu traditionnel —et donc véritable— du Christianisme appartient en Occident à l’Église catholique, en Orient à l’orthodoxie. La Voie spirituelle correspondant à cette approche porte en Orient méditerranéen le nom d’hesychasme tandis qu’en Occident le Moyen-âge chrétien en a délivré le message dans le cycle du Saint-Graal.

 

 Ainsi, par exemple Wolfram von Eschenbach souligne l’origine méditerranéenne de ses sources lorsqu’il affirme détenir son récit de Kyot le Provençal qui en trouva le texte à Tolède en Espagne, texte dû au musulman Flege-Tanis. Celui-ci «lut clairement le nom du Graal dans les étoiles» manifestant très explicitement son origine céleste et le caractère non-humain de sa provenance. Les influences islamiques sont ici indéniables. Encore ne s’agit-il pas de n’importe quel Islam mais de l’aspect intérieur ou ésotérique propre à cette forme religieuse, ensemble de doctrines connues en Espagne du sud par les ordres Soufis.

 

L’énorme pierre précieuse (émeraude) ou «Lapsit exillis» du «Parzifal» dont Wolfram fait le Graal ne serait autre que le «Chaton de la Sagesse Christique» décrit par l’auteur soufi bien connu Ibn’Arabi dans son œuvre majeure, le Fuçûç al Hikam (les «Chatons de la Sagesse») rédigé vers 1230. Souvenons-nous que Kyot est un seigneur catalan qui dut être en contact avec la civilisation arabe et l’Islam ésotérique, nullement hostile au Christ et à la doctrine du Logos, connue à travers les influences byzantines présentes en Orient méditerranéen. On se souvient également de la communauté du destin ayant existé entre la Provence — y compris la Septimanie — et la Catalogne toute une partie du Moyen-âge. Toujours à propos du «Parzifal», c’est à juste titre, semble-t-il, que l’on a voulu voir dans le château de Mount-salvage, résidence du Graal gardée par les «Templistes», un lieu situé dans les Pyrénées, sur les «chemins de Saint-Jacques» où se trouvent des sommets tels que Montségur, Montserrat et Montjoie (ce dernier dans la forêt de Sauveterre, en pays basque).

 

Si l’on se penche maintenant sur les autres récits du cycle arthurien, on s’aperçoit qu’ils font également référence à une source antérieure, livres mystérieux auxquels n’avaient accès que de rares privilégiés. Sinon pourquoi le chroniqueur cistercien Helinand de Froidmont, écrivant en 1204 au plus tard, aurait-il affirmé l’existence d’un livre qu’il fait remonter à l’an 718 comme source unique de la quête du Graal. Pratiquement tous les conteurs font allusion à un récit unique typique dont ils s’inspirent. L’estoire apporte cette indication capitale qu’il s’agirait d’un livre écrit par le Christ lui-même après sa Résurrection et avant son Ascension, ce qui ferait du Graal une source inconnue de la Révélation, et nous ramène à la Tradition initiatique de la Primitive Église avec ses trois foyers méditerranéen de Jérusalem, d’Éphèse et d’Antioche.

 

L’influence byzantine  a pu s’exercer par l’intermédiaire des Croisés, en particulier par Philippe d’Alsace, Comte de Flandres, dont le père, Thierry d’Alsace apporta le Saint-Sang de Jérusalem à Bruges. Or on sait que Chrétien de Troyes, auteur de la légende du Graal, était le protégé dudit Philippe. Mais indépendamment de toute filiation historique, ce qui nous intéresse avant tout ici est la convergence de symboles «signifiants» par eux-mêmes qui prouvent ainsi l’unité fondamentale des doctrines métaphysiques surgissant d’une profondeur commune: celle du Logos. Et le «point commun révélateur» ou «signe» est constitué à cet égard, dans un cas comme dans l’autre, par la participation des puissances angéliques au «service», «car on sait que telle a toujours été l’antique croyance: concélébration des hommes avec les Incorporels, en tant que reflet de la Liturgie Céleste. Et c’est bien ce que nous voyons dans la queste comme dans l’Estoire».

 

La Lance est à la fois «couteau du sacrifice» ritualisé par l’Orient, berceau du «sacré liturgique» et objet vénéré comme instrument de la Passion qui cause à la fois la mort de la Victime et ouvre aux hommes la «fontaine de vie» par où s’écoulent avec l’eau et le sang, les sacrements et la grâce. Telle est également la signification de la lance celtique, symbole ambivalent qui tue et vivifie tour à tour. C’est ce qui nous amène à dire quelques mots des symboles proprement dits qui apparaissent dans les récits du Graal.

 

Pierre précieuse symbolisant la Connaissance primordiale perdue lors de la Chute (Wolfram von Eschenbach), «sanotissime Vaisseau» contenant l’Hostie consacrée (Chrétien de Troyes) ou «Calice de la Cène» portant le sang du Sauveur (Robert de Boron), le Graal revêt essentiellement une double signification. En tant que réceptacle ou que support (pierre tombée du Ciel ou coupe du Salut), il est symbole féminin de la puissance divine et se trouve en rapport avec l’Amour; en tant que contenu et que message, qu’il s’agisse de son pouvoir «fécondant», de son aspect «révélé» ou «lumineux» ou «aveuglant», il est symbole masculin de l’agir divin et se trouve lié au mystère de la Connaissance, ces deux aspects du Logos qui se retrouvent, à l’échelle du microcosme, dans l’être humain. C’est là,  que se trouve le cœur du Mystère du Graal. Et ce mystère est celui de la présence de Dieu dans l’homme et donc celui du Dieu-Homme révélé dans Jésus-Christ, celui en définitive de l’union hypostatique de deux natures en une seule Personne.

 

AMADOU - les sociÉtÉs secrÈtes – Entretien avec robert amadou   -

Pierre barrucand

Edition Horay

 1978

Robert Amadou nait le 16 février 1924 à Bois-Colombes, il meurt le 14 mars 2006, à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise le 22 mars 2006, après la liturgie des défunts qui fut célébrée en l’église syrienne orthodoxe de Montfermeil (93).Robert Amadou a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après la guerre. Adolescent, il se passionne pour l’astrologie, tout en suivant l’enseignement des Jésuites, puis s’intéresse à Louis-Claude de Saint-Martin, le "Philosophe Inconnu", inspirateur du martinisme. Amadou est convié à l’Institut métaphysique International en 1951 pour donner une conférence sur le thème "Occultisme et métapsychique". A partir de cette année-là, il collabore activement aux activités de l’IMI, en particulier à la Revue Métaphysique dont il devient le rédacteur en chef. Mais des divergences d’opinion vont bientôt le pousser à quitter l’Institut.
Ces entretiens avec Robert Amadou nous expliquent :

Le secret, l’initiation et son rituel, les sociétés primitives, les triades chinoises, le taoïsme, la mafia italienne, la gnose, le christianisme et son secret, les chevaliers teutoniques, le paraclet, le satanisme, la sorcellerie, les sociétés occultes, le martinisme, l’affaire Léo Taxil, la maçonnerie et l’antimaçonnisme, la synarchie, la cagoule, le Ku Klux Klan, R. Guénon, et le secret des sociétés secrètes.

 

AMADOU  -  ILLUMINISME ET CONTRE-ILLUMINISME au 18ème Siècle

Robert AMADOU

Edition CARISCRIPT

 1989

L’épisode du couple infernal des lumières et des contre-lumières s’inscrit dans l’épopée d’un occident nostalgique de la sagesse (Sophia) et de la lumière (Connaissance).

 

L'illuminisme désigne un courant à la fois philosophique et religieux qui eut son apogée avec les théosophes du xviiie siècle. Il se rattache à la pensée de Plotin, du néo-platonisme, de Maître Eckhart, de Tauler, de la Theologia germanica et de Nicolas de Cues ; fidèle à l'esprit de l'évangile de Jean et de l'Apocalypse, il est lié aux kabbalistes juifs et chrétiens, aux quiétistes vaudois, aux piétistes allemands, à la gnose éternelle, aux thèses de Mme Guyon, aux mystiques et alchimistes allemands du xvie siècle. Paracelse, Valentin Weigel, Jacob Boehme surtout peuvent être considérés comme les maîtres des illuministes. Enfin, une certaine attitude d'esprit, procédant de la Réforme, n'est pas étrangère à la spiritualité de ce mouvement.

 

L'originalité de l'illuminisme tient à la façon dont il considère le problème de Dieu et celui de ses rapports avec l'homme. Elle apparaît, plus essentiellement encore, dans l'importance donnée à la dimension intérieure, au souci de se dégager de l'histoire, du temps et de l'espace. Rien de plus opposé aux méthodes d'autorité de la scolastique que l'illuminisme, dans lequel la personne est appelée à tenir le rôle que lui assigne sa vocation singulière. Chaque être possède sa propre lumière et ses propres ténèbres. Si la vérité est une, elle ne peut toutefois être reçue que selon la capacité de chacun.

 

Les illuministes s'intéressent volontiers aux sciences métapsychiques et à l'occultisme. Bien que les uns demeurent fidèles à l'enseignement des Églises officielles tandis que d'autres s'en détachent pour des options hétérodoxes, considérant les dogmes comme de simples revêtements de la vérité profonde impossible à exprimer, ils se rattachent le plus souvent à la Franc-maçonnerie et à la théosophie, et se situent dans la perspective eschatologique de la préparation du retour du Christ.

 

AMADOU  -   la magie des Élus coëns catÉchismes

Robert amadou

CARISCRIPT

1989

D. Combien de sortes de temples y a-t-il contenus dans l’univers ?
R. De trois sortes : le général, le particulier et l’universel.
D. Par qui nous sont-ils représentés ?
R. Par le cercle sensible, le cercle visuel et le cercle rationnel.
D. Connaissez-vous le travail qui se pratique dans chacun de ces temples ?
R. Je l’ignore encore, n’étant point consacré pour ces sortes d’opérations.
D. Par qui nous sont-ils encore figurés ?
R. Par le premier temple spirituel que le très puissant maître Énoch construisit parmi la postérité de Seth, par celui que Moïse construisit dans Israël, et celui de Salomon dans Jérusalem.

(Extrait du Catéchisme des maîtres coëns.)
Y est expliqué le catéchisme des maîtres Coëns, des grands maîtres Coëns, des grands élus de Zorobabel et des Commandeurs d’Orient apprentis réaux-croix.

 

ANATOMIE DE LA CROIX PHILOSOPHIQUE DU CHEVALIER ROSE+CROIX

Percy John Harvey

Edition Cépaduès

 2019

Cet ouvrage constitue une suite au précédent. En réalité, les deux études, véritables « autopsies », nous dit Percy John Harvey  se complètent. Au cœur du symbolisme de la Croix Philosophique se trouve le quaternaire : « 4 directions, 4 saisons, 4 Eléments, 4 phases lunaires, 4 tempéraments, 4 âges… ».

 

Selon le même principe que dans l’ouvrage précédent, le texte d’Antoine Chéreau est réparti en commentaires de l’iconographie détaillée. « Cette Croix Philosophique, explique Percy John Harvey, se veut aussi universelle sous une forme de représentation du Monde, en partageant un espace métaphorique en quatre domaines selon les quatre directions cardinales. Selon cette disposition, la Croix se compose de plusieurs « strates » de différentes natures : géographique, hermétique, alchimique, astrologique ou zodiacale, psychologique. Le cycle de la vie de l’homme, figuré en forme de croix, est aussi représenté en correspondance avec la « Roue de la vie » ou la « Roue de la Fortune ».

 

Les composés étudiés sont, entre autres, le Triple Tau, la Croix de l’orientation, les symboles élémentaires, INRI, la Croix ésotérique, la Croix et le Centre, la Roue du temps, le Troisième Temple d’Ezéchiel, le Temple Rose-Croix, la Croix philosophique et l’homme de Vitruve.

 

antimaçonnisme  -      B.A  BA

Jérôme rousse-lacordaire

Edition PARDES

 2003

Où l’on retrouve les antimaçonnismes révolutionnaires, communistes, fascistes, vichystes, chrétiens, l’affaire L. Taxil, les complots divers, et les Jésuites rouges.

 

Ce B.A.-BA de l'antimaçonnisme présente les principales thématiques sur lesquelles reposent les accusations contre la franc-maçonnerie : secret, complot, subversion... La franc-maçonnerie est comprise par ses adversaires comme une société secrète perverse et malignement occulte, ayant pour objectif la domination du monde, même si elle fut, peut-être, à l'origine, une institution saine avant d'être dénaturée et détournée de ses fins par des manœuvriers de tous ordres. Des exemples historiques particulièrement significatifs viennent illustrer et éclairer le large panorama de la question.

 

Deux grands courants alimentent l'antimaçonnisme : un courant politique et un courant doctrinal. Le premier développe surtout l'aspect de complot occulte; le second se dédouble en un antimaçonnisme religieux qui voit essentiellement dans la franc-maçonnerie une contre-religion satanique, et un antimaçonnisme "traditionnel" qui lui reproche son dévoiement des principes originels. Si bien que tous ceux qui font profession d'antimaçonnisme ne sont pas également opposés à la maçonnerie elle-même. Solidement étayée par des documents de diverses provenances, cette étude impartiale ne favorise aucun aspect au détriment des autres, elle ne milite aucunement en faveur de celui-ci ou de celui-là.

 

Elle présente des faits et invite à une lecture plus approfondie des données - seule manière de se faire une opinion sur ce phénomène discuté. excellente synthèse de la question particulièrement riche en illustrations et anecdotes." - une analyse très serrée des différents courants antimaçonniques."  l'auteur présente ici une typologie de l'antimaçonnisme claire et solidement argumentée à partir de nombreuses références textuelles." (Jean-Pierre Laurant, Archives de sciences sociales des religions.) - "Un livre précis, documenté, clair, écrit dans un esprit d'objectivité historique et de jugement sain." - " l'auteur est sérieux et érudit. Dominicain, il semble appartenir à la catégorie de ces prêtres qui  ont cherché à se placer à la jonction des mondes catholique et maçonnique."  Une étude solide qui donne à réfléchir sur certains courants pseudo-maçonniques.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le complot  -  typologie de l’antimaçonnisme  - l’ antimaçonnisme politique et la Maçonnerie contre le trône  -  le complot des illuminés  -  Augustin Barruel  -  John Robinson  -  Joseph de Maistre  -  la maçonnerie révolutionnaire  -  l’affaire Morgan  -  les jésuites rouges  -  les affairistes  -  les communistes  -  les fascistes  -  Vichy  -  antimaçonnisme religieux  -  , contre l’autel  -  les condamnations romaines  -   Satan grand Maitre  -  Catholiques et francs-maçons   -  antimaçonnisme protestant  -  la maçonnerie jésuitique   -   les Mormons   -  le Grand Orient vu de l’Orient  -   la maçonnerie anti-orthodoxe  -  la maçonnerie sioniste  -  la trahison d’Anderson  -  la maçonnerie chrétienne des anciens devoirs  -    les constitutions d’Anderson  -   les « Ancients et les Modernes »   -  le temple profané  -  au-dessus de tous les cultes et de toutes les religions  -  de la tolérance à l’exclusivisme   -  René  Guénon et la régularité initiatique  -  Julius Evola  -  initiation et contre-initiation  -  d’une tradition à une autre  -  le judéo-maçonnisme  -  la franc-maçonnerie : bouc émissaire ?   -

 

antimaçonnisme- FILM– au seuil de la loge – les secrets de la franc-maçonnerie

J.P. r…….

Production PRISME ÉDITION

 2004

DVD de 1h 20 couleur sur une initiation maçonnique au REAA tourné dans la région de Lyon. Un film qui sent l’antimaçonnisme, la vengeance et la rancœur d’un ex-initié. Une contre-initiation certaine.


Ce CD fut imaginé et créé par un ancien initié de Perpignan – Jean-Pierre R….. – qui fut exclu de la loge, puis déménagea à Lyon où il participa à la création d’une loge sauvage appelée Grande Loge indépendante européenne. C’est d’ailleurs lui qui préside en tant que VM cette cérémonie.

 

ANTIMAÇONNISME -film – forces occultes

J.M. rivière

Production Nova Films

 1943

Sous l’occupation, le cinéma français a connu un essor surprenant, dans les salles, mais aussi lors des manifestations charitables et de propagande. Les films de propagande politique sont des documentaires souvent reconstitués. Ils sont projetés en première partie des films de fiction. Ils sont réalisés à l’instigation des différents ministères du gouvernement de Vichy et aussi des services de propagande de l’ambassade d’Allemagne et de groupements antinationaux.

 

 Ainsi en va-t-il de « Forces occultes ». Jean Marquès-Rivière en est le scénariste. Il est l’auteur sous le pseudonyme de Jacques Leroy, d’une brochure intitulée : « La trahison sanglante de la Franc-maçonnerie », qui s’est vendue à trente mille exemplaires. C’est un pamphlet virulent, raciste et outrancier comme chacun de ses discours et de ses écrits.

 

Quant à Paul Riche, le réalisateur, il dénonce l’ordre maçonnique en ces termes : « Eh bien oui ! Nous attaquons, nous découvrons les saloperies, les méfaits et les crimes, nous nous en prenons aux arguments et aux personnes, nous montrons les dessous des initiations, les combines, les compromissions, les responsabilités».

 

En 1943, le film « Forces occultes » sort sur les écrans. Le scénario de ce moyen-métrage de cinquante minutes a été réalisé par deux ex-frère : Jean Marquès-Rivière et Jean Mamy (sous le pseudonyme de Paul Riche).

Ce film montre certaines facettes d’ordinaire obscurs de la franc maçonnerie dut à son statut de société secrète. Les réalisateurs seront à la fin de la guerre et du régime de vichy condamnés par la justice, mais Marquès-Rivière arrive à fuir la vengeance des alliés. Il sera condamné à mort par contumace.


Scénario : Un jeune député se fait remarquer par ses interventions fougueuses et patriotiques, par lesquelles il renvoie dos à dos communistes et capitalistes, tous exploiteurs du peuple. Ses collègues maçons lui proposent d’entrer dans leur obédience, il accepte. Mais il comprend vite que la franc-maçonnerie, alliée aux juifs, est un univers de combines obsédé par son pouvoir. Pacifiste et cosmopolite, elle a préparé la victoire de l’Allemagne. Il la quitte, mais la loge lui envoie deux tueurs qui le blessent. Sa femme le soigne et le sauve.

 

Sur cette trame, deux anciens maçons, Paul Riche, metteur en scène, et Jean Marquès-Rivière, scénariste, ont réalisé le seul film entièrement antimaçonnique de l’histoire. Commandité par Vichy, il connut un grand succès face au Tout-Paris, le 9 mars 1943. Des acteurs connus (Maurice Rémy, Boverio, Marcel Vibert) étaient à l’affiche, ainsi qu’une débutante prometteuse, Gisèle Party. La presse collaborationniste lui assura un retentissement national. Le film se veut réaliste. Il s’agissait de faire vrai en rendant le faux vraisemblable. Des scènes tournées au Palais-Bourbon (fermé) et prétendument au Grand Orient de France (interdit) lui donnent l’air de vérité que ses promoteurs recherchaient.

 

Au peuple humilié par la défaite, on désignait les vrais responsables de l’abaissement de la France. Il fallait les punir. Les physionomies caricaturales et antisémites, les lumières, une séance d’initiation, des parlementaires ridiculisés, font de cet ouvrage l’instrument que les pétainistes souhaitaient pour raviver la thèse du complot judéo-maçonnique, vieux cheval de bataille de l’extrême droite et des conservateurs religieux. Et liquider définitivement la République.

 

Regarder le film et le faire voir est une nécessité pour tout humaniste, même au prix du malaise et de l’indignation qu’il suscite encore. Avant le film, Jean-Louis Coy démonte les ressorts de la machination et, dans le bonus, Jean-Robert Ragache évoque avec lui cette période où le mensonge valait vérité. Le climat est donc édifiant. Ce film fut cependant peu diffusé et n’eut de succès qu’auprès des convaincus de la « race des seigneurs »

 

ANTIMAÇONNISME EN FRANCE A LA BELLE ḖPOQUE

Michel Jarrige

Edition Arché

2001

Dans les années 1880, Troisième République et franc-maçonnerie commencent à se confondre aux yeux de l’anti maçon, qui vont alors essayer de s'organiser afin d'enrayer ce processus. Cette anti maçonnerie naissante institutionnalise et structure l'antimaçonnisme, conception qui s'oppose à l'idée même de franc-maçonnerie. Avec la recrudescence du conflit entre l'État et l'Église catholique, qui fait suite à l'affaire Dreyfus, les groupements antimaçonniques connaissent leur âge d'or entre 1899 et 1914. Ces quinze années d'affrontements autour de la question laïque ont changé le visage de la France et accentué la coupure de la nation en deux camps irréductiblement opposés. Liées à des degrés divers au catholicisme et aux courants politiques conservateurs ou antirévolutionnaires, les organisations antimaçonniques ont pris toute leur part au combat pour la défense des valeurs religieuses et patriotiques selon l'idée que s'en faisaient leurs chefs.

 

Le dépouillement exhaustif des revues antimaçonniques (notamment La Franc-Maçonnerie démasquée, La France chrétienne, La Bastille, La Revue antimaçonnique, la Revue internationale des sociétés secrètes) et la consultation d'archives à la Bibliothèque nationale de France, au Centre historique des Archives nationales et aux Archives historiques de l’archevêché de Paris ont permis de mettre en lumière la grande vitalité et les rivalités des groupements impliqués. Ce faisant, Michel Jarrige a écrit la première histoire complète de l'anti maçonnerie en France à la Belle Époque. Cette étude constitue donc une contribution très appréciable à l'histoire des idées et des mouvements politiques pour la période concernée. Deux approches ont permis de retrouver les racines et les clefs du mouvement antimaçonnique : d'une part, l'exposé du fonctionnement et des activités des organisations antimaçonniques ; d'autre part, l'analyse des mentalités et des doctrines qui sous-tendaient l'action de ces formations. In fine, il est montré comment se fit le lien entre des formes de pensée antimaçonniques, antirévolutionnaires et antisémites selon le modèle du XIXe siècle et l'anti judéo-maçonnisme propre au XXe siècle.

 

L’un des premiers livres à condamner la franc-maçonnerie est celui d’un jésuite conservateur, antidémocrate et rejetant les idées des Lumières, Augustin de Barruel (1741-1820). En effet, le prêtre dénonce dans Mémoires pour servir l’histoire du jacobinisme, un ouvrage en 5 tomes paru à Hambourg entre 1797 et 1799, le rôle supposé des francs-maçons dans le déclenchement de la Révolution française. Toutefois, « il est précédé en cela par la brochure du comte Ferrand, publié à Turin en 1790, Les Conspirateurs démasqués. ». Cependant, Ferrand voit surtout dans ce complot l’action d’un protestant, Necker (1732-1804). Barruel va plus loin : il estime que le complot est à la fois antichrétien, antimonarchique et cherchant à détruire la société d’Ancien régime. Les acteurs changent aussi : il ne s’agit plus d’un complot protestant, mais maçonnique. Cette idée se cristallisera dans les milieux catholiques intégristes. Pour s’en convaincre, il suffit de garder à l’esprit la prégnance du « complot judéo-maçonnique » dans ces milieux, comme le montrent les catalogues des Éditions Barruel, des Éditions Saint Rémi, les Éditions de Chiré et, sur Internet, la Bibliothèque Saint-Libère. Récemment encore, le Vatican voyait dans la franc-maçonnerie une secte…

 

Cette idée de complot vient notamment de l’usage de l’expression « Supérieurs Inconnus », forgé initialement par des francs-maçons. En effet, en 1751, le baron Charles-Gotthelf von Hund (1722-1776) fonde une nouvelle forme de maçonnerie : la Stricte Observance ou plus exactement l’Ordre supérieur des chevaliers du Temple sacré de Jérusalem. L’idée était que la franc-maçonnerie serait une perpétuation des Templiers dirigée par des « Supérieurs Inconnus » dont Hund était, selon ses dires, le seul mandataire, s’étant lui-même fait initier par un mystérieux chevalier au « plumet rouge », en 1747. Cette légende va connaître un succès considérable au cours des XIXe et XXe siècles. Récupérés par les anti-maçons, les Supérieurs Inconnus vont devenir les vrais maîtres occultes de la franc-maçonnerie. Ils seront assimilés aux satanistes, aux Juifs, aux maîtres de l’Himalaya de la Société théosophique, etc., devenant le symbole de la sphère dirigeante du complot mondial, selon la vulgate conspirationniste.

 

Cette idée de complot maçonnique se retrouve également chez un auteur écossais, John Robison (1739-1805) qui publie, également en 1797, un ouvrage développant la même thèse, intitulé Preuve d’une conspiration contre toutes les religions et les gouvernements d’Europe fomentées les assemblées secrètes des francs-maçons et des illuminés [. Pour ce dernier, les Illuminés de Bavière auraient infiltré les loges françaises et auraient provoqué la révolution française dans le but de mettre en place un gouvernement mondial. À compter de ce moment, la franc-maçonnerie est assimilée à une société secrète, bien que ses rituels aient été divulgués dès 1730 par Pritchard, dans son Masonry Dissected. Malgré cette divulgation ancienne, la question du secret est restée capitale dans les milieux d’extrême droite, qui voient dans la franc-maçonnerie une société secrète.

 

Ces thèses se diffusèrent en Occident au XIXe siècle, donnant naissance à un antimaçonnisme à la fois virulent et banalisé auprès d’opinion publique. Ainsi, dès 1831, il existe un parti antimaçonnique aux États-Unis, dont le président américain John Quincy Adams fut membre. Cet antimaçonnisme fut encouragé dans les milieux catholiques par différentes bulles et encycliques papales, hostiles à son relativisme religieux. En 1917, tout catholique risquait l’excommunication en devenant franc-maçon, bien qu’initialement, il fût obligatoire d’être chrétien pour l’être.

 

Mais surtout le XIXe siècle voit la naissance d’une expression qui jouira d’une grande postérité dans les extrêmes droites occidentales : le complot judéo-maçonnique. Ainsi, différents partis et ligues antimaçonniques apparaissent entre 1830 et 1880 en Europe et aux États-Unis. En France cet antimaçonnisme fut développé entre la fin du XIXe siècle et la Seconde guerre mondiale par une foule de publication et de publicistes dont il serait fastidieux de faire l’inventaire. L’une des plus importantes fut la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (RISS) de monseigneur Jouin.

 

À compter de ce moment, l’idée d’un complot mondial d’une société secrète cherchant à renverser les gouvernements va se diffuser dans différents milieux et dans différents pays. Jusqu’à récemment, cette thèse était surtout mise en avant par des auteurs ou des groupes que l’on peut classer à l’extrême droite, principalement dans la mouvance catholique traditionaliste et contre-révolutionnaire. Encore aujourd’hui, des militants notoires de l’extrême droite, considèrent que la Révolution française est à chercher dans l’action de la franc-maçonnerie. C’est par exemple le cas de l’antisémite et ancien collaborateur Henry Coston qui diffusa cette idée des années 1930 à sa mort en 2001. C’est le cas également de Philippe Ploncard d’Assac. Nous pourrions multiplier les exemples…

 

Henry Coston et Jacques Ploncard (dit d’Assac), le père de Philippe Ploncard d’Assac, étaient des militants d’extrême droite dont l’amitié était soudée amis par un antisémitisme et un antimaçonnisme virulents. Conspirationnistes, ils participèrent durant la guerre au dépouillement des archives du Grand Orient de France et à la recherche d’une supposée subversion maçonnique. Ils étaient en outres des membres influents de la Commission d’études judéo-maçonniques (CEJM), qui siégeait dans les locaux du Grand Orient de France. Le financement de leurs activités provenait des occupants nazis, qu’ils fréquentaient dès 1934, mais également de l’État français. Leurs thèses furent reprises après-guerre par différents groupes extrémistes, allant des néonazis aux catholiques traditionalistes.

 

Dans les années 1930, l’idée fut endossée par Julius Evola dont nous déjà parlé dans Critica Masonica. Il voyait dans celle-ci une création moderne ex nihilo et non pas une persistance d’une tradition immémoriale et s’opposait par conséquent à René Guénon, qui considérait la franc-maçonnerie spéculative comme héritière, certes dégénérée, de la franc-maçonnerie médiévale. Il intégra dans sa pensée antimoderne des éléments conspirationnistes issus des thèses antisémites et contre-révolutionnaires d’auteurs comme Emmanuel Malynski et Léon de Poncins, en particulier au livre La Grande conspiration d’Emmanuel Malynski, dont Léon de Poncins cosigna une version abrégée sous le titre La Guerre occulte. Juifs et Francs-Maçons à la conquête du monde, qu’Evola traduisit et préfaça. Dans ses articles, il se penchait sur la notion de « guerre occulte », c’est-à-dire la guerre menée par les sociétés secrètes, notamment la franc-maçonnerie, et par les Juifs contre la tradition, et analysait l’action de ces dernières au prisme de la « contre-initiation ».

 

L’antimaçonnisme est réapparu quasiment à la fin du conflit, reprenant ses vieilles antiennes. Toutefois, il a également muté, en intégrant au vieil anti-judéo-maçonnisme d’avant-guerre des considérations antisionistes se nourrissant d’un anti-maçonnisme musulman, que nous trouvons par exemple chez Paul-Éric Blanrue, un publiciste négationniste contemporain. Outre celui-ci, l’un des principaux représentants de ce « nouvel » antimaçonnisme en France est Alain Soral. Celui-ci en fait régulièrement la promotion dans ses vidéos. Toutefois son antimaçonnisme se nourrit également de textes « classiques » parus au début du XXe siècle. Ainsi, il a réédité en 2012 la brochure du publiciste Maurice Talmeyr, La Franc-maçonnerie et la Révolution française, paru initialement en 1904. Il s’inspire également des ouvrages d’Henri Coston, et de son héritier intellectuel Emmanuel Ratier, récemment décédé, qui participait à des débats à Égalité & Réconciliation, l’association de Soral. Emmanuel Ratier est une figure intéressante de l’extrême droite : diplômé de Science Po, journaliste, éditeur, ancien membre du GRECE, militant néopaïen, pourfendeur des « lobbies » (juifs et francs-maçons), il est régulièrement accusé d’avoir été franc-maçon. Quoiqu’il en soit, sa feuille confidentielle Faits et Documents est très bien informé, dévoilant les noms d’hommes politiques appartenant ou soupçonnés d’appartenir à une loge. Il reprend la tradition d’un Henri Coston, mais sans son antisémitisme délirant.

 

anti-maçonnisme « les 33 documents maçonniques »

A. DOUZET & B. PROU

EDITION DU DRAGON

 1998

Série de documents antimaçonniques parus entre 1942 et 1944 sous la direction de J.M. RIVIÈRE & FAY. On y trouve l’intégralité des 33 revues parues. Énormément de photos, de noms, d’adresses et de faits maçonniques y sont présentés. Beaucoup sont falsifiés et dénaturés. C’était durant « la chasse aux Francs-maçons par les nazis et le gouvernement de Vichy ».


On pouvait espérer que la période noire de 1940 à 1944 ne reste qu’un moment de l’histoire, dramatique certes, mais révolue à jamais. Les propos actuels tenus par les dirigeants des partis d’extrême droite ressemblent à s’y méprendre aux harangues haineuses des nazis et de leurs émules. Comme toujours les vociférations antimaçonniques voisinent avec les professions de foi racistes. La haine que nous, anciens déportés des bagnes nazis, qui avons souffert de l’aveuglement et de la bestialité des hordes SS, ne connaissons pas, même vis-à-vis de nos anciens bourreaux, cette haine resurgit à nouveau avec force dans les discours extrémistes et les réparties de certains leaders, nostalgiques du gouvernement de Vichy. Soyons vigilants.

Responsable d’un grand nombre de victimes, la dernière offensive antimaçonnique sera de loin la plus violente. Elle se déroulera principalement en France sous les actions conjuguées des Allemands et du gouvernement de Vichy. D’autres pays européens subirent cette répression avec une agressivité moindre et peut-être mesurée.

Afin de préserver son intégralité, la série de 33 fascicules « Documents Maçonniques » est scrupuleusement reproduite dans sa présentation originelle. En agissant de la sorte, nous avons voulu conserver l’authenticité des documents en les replaçant dans leur contexte historique. Le contenu de ces documents, nous le savons, a suscité bien des convoitises mais aussi des polémiques. Les serviteurs du gouvernement de Vichy, en pillant les loges et en divulguant des informations tronquées sur les activités maçonniques, se sont livrés, avec une incroyable habilité, à une campagne de désinformation visant à discréditer et à détruire la Franc-maçonnerie. Ils n’y parviendront jamais.

Parfaitement structurée et entretenue par l’idéologie nazie, cette propagande antimaçonnique fait appel parfois à une terminologie toujours utilisée de nos jours dans les mouvements politiques d’extrême-droite. Le fait pour nous de restituer ces documents sans altération nous amène à déclarer solennellement que nous ne cautionnons en aucune manière les commentaires antimaçonniques écrits par les intellectuels fascistes de cette sombre période de l’histoire de la France. Notre but n’est pas de réécrire l’histoire ni de la commenter. Nous estimons que le lecteur averti pourra se forger lui-même sa propre opinion.

À la Libération, tous les Maçons durent demander leur réintégration et se soumettre à trois enquêtes. Ceux qui, de près ou de loin s’étaient compromis avec le régime de Vichy furent exclus. Pendant 5 ans le recrutement s’était tari, des frères étaient morts, d’autres trop âgés… Les obédiences reprendront leurs travaux. Le Grand Orient ne regroupait plus que 8 000 membres et la grande Loge, 5 000. Telle le Phénix, la Maçonnerie renaît de ses cendres, il lui faudra 30 ans pour retrouver ses effectifs d’avant-guerre.

 

anthologie de la poÉsie maçonnique & symbolique

par J.L. maxence & e. viel

EDITION  DERVY

 2007

Depuis les origines, le fait maçonnique, sa symbolique, ses rituels, ses idéaux sont une source d’inspiration inépuisable pour les poètes, tant issus de son sein qu’extérieurs aux obédiences. Si l’on peut dire que la Franc-maçonnerie est une « poétique en action » en ce qu’elle fait appel à l’inconscient et à l’imaginaire, il n’est donc pas étonnant que la puissance et la richesse de la symbolique maçonnique ait inspiré – et inspire encore – des milliers de « versificateurs ».


Jean-Luc Maxence et Élisabeth Viel ont sélectionné environ deux cents poètes et chansonniers, Francs-maçons ou proches de la Franc-maçonnerie et présentent un ensemble de près de quatre cents poèmes, sur près de trois siècles de la Franc-maçonnerie.


De Voltaire à Jean-Pierre Rosnay, de Gérard de Nerval à Pierre Dac, de Milosz à André Lebey, ce sont tous les arcanes de la création poétique et de la Franc-maçonnerie qui sont mises à jour.
«Les mots sont des oiseaux tués » a écrit Louis Aragon. Les Maîtres Maçons savent, eux, que la Parole a été perdue et qu’ils sont condamnés à utiliser des mots substitués en attendant de la retrouver.

La perte de la parole et sa substitution racontent le cycle de l’évolution : la mort du sens, la dégradation du symbole en signe… Le mot substitué est l’homme figé dans le signe, incapable d’imaginer, d’inventer, de créer, de produire du sens. E. Benveniste, en traitant de la symbolique a écrit : « Ce que Freud a demandé en vain au langage, il aurait pu en quelque sorte le demander au mythe ou à la poésie. »

 

Symbole, mythe, poésie ! Les Francs-maçons, à qui l’on répète, à longueur de rituel, qu’« ici, tout est symbole » et qui apprennent, au fur et à mesure de leur cheminement initiatique qu’en même temps que « les mythes sont fondateurs », ils « sont des mensonges qui disent la Vérité » seraient-ils, tous, des poètes qui s’ignorent ?

Acte créateur s’il en est, qui donne déjà une première interprétation du verset fameux de l’Évangile de Jean : « Au commencement était le Verbe et… » ; car, pour le moins, c’est en nommant les choses qu’on les crée ! Et la langue est d’abord poétique.

Oui, évidemment, ils le sont, poètes, dans la mesure où, dans cet Occident qui a décrété depuis quelques siècles la suprématie de la pensée logique sur l’inconscient et l’imaginaire, les Francs-maçons sont, eux, par une fréquentation rituélique régulière d’un univers, le Temple, peuplé de symboles et de mythes, invités à appréhender, à comprendre, à apprivoiser la pensée analogique qui guide leur réflexion, leurs sentiments, leurs actes, souvent à leur insu, puis à se réconcilier avec elle, enfin à la canaliser.

Ce long cheminement est, en soi, déjà, un « acte poétique », où, sous la voûte azurée du Cosmos, entre l’équerre et le compas, prenant conscience de sa finitude, l’homme est amené, par un travail de réflexion et de conscientisation, une  « conversion du regard », à élaborer de nouvelles valeurs, à décider de donner un nouveau sens à sa vie, à œuvrer (Gloire au Travail) pour tenter de faire de celle-ci un « chef-d’œuvre ».

Ayant atteint la « maîtrise », c’est-à-dire, pour le moins, ayant compris que le but de la vie est la joie d’être et la jouissance du monde, le Franc-maçon peut envisager un « vivre autrement » et cultiver cet art de vivre.
Ainsi donc, les Francs-maçons pratiqueraient un art de « vivre poétiquement » entre « Force, Sagesse et Beauté » et la Franc-maçonnerie serait de la poésie en acte… !

Ne soyez donc pas étonnés du fait que, parfois, cette seule œuvre qu’est la vie d’un homme, ainsi conçue et vécue lucidement, laisse des traces écrites…

 

ARCHE   ROYALE 

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2003

Très important dossier  sur la Sainte Arche Royale de Jérusalem.

 

G. Gerd nous raconte les diverses péripéties de cette Arche avec sa naissance, son implantation en Amérique en 1753 dans la loge ou l’année précédente (1752) Georges Washington venait d’être initié. Apres ce côté historique, il nous raconte l’histoire biblique de la captivité des Hébreux à Babylone, la destruction du Temple de Jérusalem et sa reconstruction.

 

Edmond Mazet nous emmène aux sources bibliques du rite de l’Arche Royale avec les livres d’Esdras, de Néhémie et le livre des Chroniques.

 

J.P. Rollet nous entraîne dans notre intériorité, et nous demande de méditer tous les symboles de ce rite, tant sur le plan biblique que sur le plan personnel, en empruntant ce chemin comme un développement  de Soi, afin d’aller au centre de notre intériorité et d’y retrouver la Déité pour certains, Maître secret pour d’autres.

 

Pierre Noël nous raconte l’histoire du culte de Baal au XXe siècle et confirme les explications de Sam Eched sur Yah (Dieu), Bul (Dieu Maître, ou Baal), On (Dieu Soleil). Est développé le côté historique de l’Arche Royale et ses diverses explications  en Irlande et en Angleterre, également est expliqué les différents termes employés.

 

Harry Caar donne sa version anglaise sur les péripéties du rite, les approches du récit biblique, les origines des cérémonies de l’Arche, les temples d’Ezechiel et d’Hérode. Des explications pointues sont données sur les mots : Darius 1e, Cyrus, et Zorobabel. Des réponses sont apportées sur les différents noms de Dieu après les diverses attaques en Angleterre par l’Eglise anglicane au sujet du mot sacré de l’Arche, mot sacré qui condense le cœur même de ce suprême degré.

 

Philippe Laspougeas explique l’intérêt qu’a témoigné René Guénon pour l’Arche Royale et ses explications des mots sacrés et divin. Pour René Guénon, rassemblé ce qui est épars, revient à rechercher la Parole perdue.

David F. MacKee  explique la Franc-maçonnerie irlandaise et le conseil des chevaliers maçons. Georges Draffen nous parle des Hauts grades et de l’Arche Royale en Ecosse.

Claude Guérillot explique dans l’églantier anglais les diverses formes du Très Saint Royal Arch.

Roger Dachez nous offre une superbe étude sur les différents : Arch, Arc, Ark, Arche.

René Désaguliers nous soumet son étude sur quatre rituels français anciens de l’Arc Royal. Enfin nous lisons une remarquable conférence de J.M Hammil (bibliothécaire de la grande loge d’Angleterre) datant de 1982 sur les Manuscrits du Royal Arch.

La maçonnerie de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, clef de voûte et temple de Zorobabel : C’est, en reprenant la terminologie de la maçonnerie (craft) opérative, « passer de l’équerre au compas. » (« From square to arch »), passage de l’initiation Royale (le roi Salomon et les petits mystères) à l’initiation sacerdotale (Melkitsédeq et les grands mystères), véritable passage de la terre au ciel, telle l’exaltation au sublime degré de la Sainte Arche Royale de Jérusalem. Dans la royauté sacrée, que nous allons étudier, le roi à un caractère sacerdotal, qui en fait un roi-prêtre, qu’il soit du type de la royauté divine (Egypte, Chine) ou de celui de la royauté par grâce divine. A titre d’exemple, cela se traduit chez le Pape par le port d’un vêtement composé d’une robe blanche et d’une cappa rouge. « Ce sont les rapports exacts entre pouvoir sacerdotal et pouvoir royal qui conditionnent la nature et l’état d’une société » C’est la doctrine du Moyen-Age dite des deux glaives, désignant les deux pouvoirs, le glaive spirituel et le glaive temporel, extraite de l’Evangile de Luc (Luc 22-36-38), texte sur lequel saint Bernard a vu le fondement de l’attribution des deux pouvoirs au prince des apôtres, Pierre.

En approfondissant cet enseignement, le Moyen-Age a précisé la nature des deux glaives, en distinguant les notions d’auctoritas et de potestas. L’auctoritas désigne le glaive spirituel, l’autorité spirituelle, la potestas, le glaive du pouvoir temporel. Le domaine de l’autorité spirituelle est celui de la puissance intellectuelle, de la sagesse intégrale et de la vérité divine. Le domaine du pouvoir temporel est celui de la force, de l’administration, de la justice et de la guerre, alors que le rôle de l’autorité spirituelle est de conserver et de transmettre la doctrine traditionnelle supra-humaine (transcendante) dans laquelle la société trouve son fondement. C’est le domaine du sacré, celui du sacerdoce, dont la fonction de la science sacrée, ensuite des rites, lesquels dépendent de la science sacrée Le sacerdoce ne comprend pas seulement les desservants et officiants du culte, mais d’abord et aussi, tous ceux qui ont pour rôle de connaître la doctrine orthodoxe, de la maintenir et d’en approfondir la connaissance.

Au Moyen-Age, c’était la mission des clercs, par opposition aux laïcs, ou encore l’Eglise enseignante par rapport à l’Eglise enseignée. Le domaine de l’autorité spirituelle est celui de la connaissance qu’elle doit transmettre à chacun selon un ordre hiérarchique (dixit Denys l’Aréopagite). Toute connaissance traditionnelle authentique, quelle qu’elle soit, a sa source dans l’enseignement du sacerdoce. Ce qui est personnellement réservé à celui-ci, c’est la science des principes et la métaphysique (et subsidiairement la théologie), dont les sciences dérivent, ainsi que les applications. A son tour, saint Thomas d’Aquin développera aussi, au Moyen-Age, la même doctrine selon laquelle toutes les fonctions humaines sont subordonnées à la contemplation comme à une fin supérieure. Le gouvernement de la vie civile ayant pour vraie raison d’être d’avoir à assurer la paix à cette contemplation (saint Thomas d’Aquin, « Du gouvernement »). Il y a ainsi clairement exposé le principe de la supériorité de la contemplation sur l’action. D’où il s’induit que la morale et les arts, au sens médiéval, c’est-à-dire les techniques traditionnelles propres aux différents métiers, dérivent de la pure science sacrée et ont pour but essentiel d’aider l’homme à y participer, dans la mesure des possibilités de chacun, et ainsi à accomplir sa destinée. Ce que le Christ a résumé ainsi : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné de surcroît. » (Luc 12, 31).

 

« Les formes supérieures contiennent éminemment les formes intérieures » (Aristote) : Autorité spirituelle et pouvoir temporel sont déterminés par leurs domaines respectifs, la contemplation ou la connaissance d’une part et l’action d’autre part. Sans jamais oublier que la contemplation doit précéder l’action car c’est la contemplation qui donne à l’action sa loi, d’où il résulte que l’autorité spirituelle est supérieure au pouvoir temporel. De même, la métaphysique est supérieure à la physique, comme le principe est supérieur à ce qui en dérive C’est ainsi qu’une société traditionnelle vit en harmonie, chacun faisant ce pour quoi il est qualifié. Hors de ce principe, la vie sociale ne peut être que confusion. Ainsi, le pouvoir temporel a besoin d’une consécration de l’autorité spirituelle, consécration qui fait sa légitimité, et que vise l’initiation royale (le roi Salomon). En franc-maçonnerie, le modèle du roi, plus particulièrement pour le Vénérable Maître installé, est le roi Salomon, dont le trône constitue le signe du pouvoir temporel, telle la chaire du Vénérable Maître (et non la chaise !).

 

Le premier livre des Chroniques (29.23) désigne le trône du roi d’Israël comme étant « le trône de Yahweh » et « le trône de la royauté de Yahweh » (I Chronique 28,5). Le roi gouverne son peuple en conformité avec la loi universelle, celle avec laquelle Dieu régit l’univers. Quant à la spiritualité chevaleresque, elle découle de la fonction royale comme étant le magis (magistère), le service dans l’armée du roi éternel, là où l’action est détachée de ses fruits, ce qui est le coeur de l’initiation active.

 

Le pouvoir sacerdotal, la prêtrise : Qu’était-ce que le prêtre en Israël ? Jusqu’à une certaine époque, après la sortie d’Egypte, les fonctions sacerdotales furent confiées aux premiers nés de chaque famille. D’après certains docteurs, il en fut ainsi jusqu’à l’érection du tabernacle. Dans la famille de Jacob, c’est à Ruben et à ses descendants qu’aurait dû échoir cette dignité, si le péché ne l’en avait rendu indigne. La tribu de Lévi prit alors sa place, et chaque premier né, la part consacrée à Dieu. Dans cette structure, le prêtre est l’envoyé, le représentant du peuple auprès de Dieu, plutôt que le représentant de Dieu auprès du peuple. Dans la société israélite, comme dans toute société, les fonctions et les pouvoirs, d’abord concentrés, tendent à se répartir ensuite en organes distincts. Tel fut le cas après que Moïse, le grand législateur, eut été à la fois le chef spirituel et temporel des Hébreux, tant que le sacerdoce ne fut pas encore constitué.

 

Les attributions du sacerdoce israélite consistaient dans le service intérieur du temple et la célébration du culte public. L’instruction qui est confiée aux prêtres concerne le culte, les rites religieux, la distinction entre le pur et l’impur, le saint et le profane, les lois alimentaires et cérémonielles. Ils avaient la garde du dépôt de la Thora. La seule partie de la loi où le prêtre avait une autorité légale reconnue était la législation lévitique représentée dans le Pentateuque par un livre spécial désigné, depuis la plus haute Antiquité, sous le nom de Thora cohanim ou loi sacerdotale (Lévitique).

 

Le sacerdoce : En Mésopotamie et en Egypte, la fonction sacerdotale est assurée par le roi, assisté par un clergé hiérarchisé. Les patriarches bibliques, Abraham, Isaac et Jacob, exercent un sacerdoce familial en construisant des autels et en offrant des sacrifices (Genèse 22, 32-54). Puis apparaissent des prêtres étrangers tels que Melkitsédeq (Genèse 14, 18), prêtre, roi de Jérusalem, et les prêtres de pharaon (Genèse 41, 45, et 47, 22). A partir de Moïse, lévite lui-même, la tribu de Lévi semble avoir des fonctions cultuelles. Elle est élue et consacrée par Dieu lui-même pour son service (Exode 32, 25-29). A côté du sacerdoce lévitique, le sacerdoce familial continue de s’exercer (Juges 6, 18-29-13, 19-17, 5-1 Samuel 7, 1). Sous la monarchie, le roi exerce plusieurs fonctions sacerdotales : il offre des sacrifices, bénit le peuple (I Rois 8, 14). Il ne reçoit le titre de prêtre que dans l’antique psaume 110, 4 qui le compare à Melkitsédeq. En réalité, il est plutôt le chef du sacerdoce qu’un membre de la caste sacerdotale.

 

La référence de Josias, en 621, supprime les sanctuaires locaux et consacre le monopole lévitique et la suprématie du sacerdoce de Jérusalem. La ruine simultanée du temple et de la monarchie (587), puis la disparition progressive du prophétisme, à partir du Ve siècle, accentue encore son autorité. Une hiérarchie sacerdotale rigoureuse s’instaure. Au sommet, est le grand prêtre, fils de Sadoq, qui est le successeur d’Aaron, le prêtre type et modèle. Il reçoit l’onction (Lévitique 8, 12). Au-dessous de lui sont les Chroniques 25, 26).

 

Les fonctions sacerdotales : Le sacerdoce exerce deux ministères fondamentaux :  le service du culte et  le service de la parole. Son acte essentiel est le sacrifice, où il apparaît comme médiateur entre le peuple et Dieu. Le sacerdoce est aussi chargé des rites de consécration (onction royale, I Rois 1, 39) et de purification. Jusqu’à David, le prêtre exerce aussi la divination en maniant l’éphod (I Samuel 30-78), l’urim et le tummim (Samuel 14, 36-42 et Deutéronome 33, 8). En dehors de la voie des prophètes, il y a aussi la forme traditionnelle de la parole, dont le prêtre est le médiateur sous la forme de I ’histoire sainte, de la loi de Moïse, et du Code de l’alliance. Il porte au peuple, la parole de DIEU au nom de la Tradition, et non de son propre chef. Il porte à Dieu la prière du peuple dans la liturgie et il répond à cette prière par la bénédiction divine-.

 

« Avec l’épitre aux Hébreux, Jésus est à la fois le grand prêtre de la nouvelle Alliance, le messie-roi et le verbe de Dieu. L’Ancien Testament avait distingué les médiations du roi et du prêtre (le temporel et le spirituel), du prêtre et du prophète (l’institution et l’événement) : distinctions nécessaires à l’intelligence des valeurs propres de la Révélation. Parce que sa transcendance le situe au-dessus des équivoques de l’histoire, Jésus réunit en sa personne ces médiations diverses : fils de Dieu, il est la parole éternelle qui achève et dépasse le message des prophètes ; fils de l’homme, il assume toute l’humanité, il en est le roi avec une autorité et un amour inconnus jusqu’à Lui, médiateur unique entre Dieu et son peuple, il est le prêtre parfait par qui les hommes sont sanctifiés. » (« Vocabulaire de théologie biblique », Le Cerf, Paris, 1988, colonne 1162, article intitulé Sacerdoce). La première épitre de Pierre et l’Apocalypse attribuent au peuple chrétien le sacerdoce royal d’Israël (I Pierre 2, 5-9 et Apocalypse 1, 6/ 5-10 et 20, 6). Ce sacerdoce du peuple de Dieu ne peut être exercé concrètement que par des ministres appelés de Dieu, qui assurent un service de médiation.

 

Le pouvoir prophétique, le prophète (le maître spirituel) : Ses origines dans la Bible : Le titre de prophète est donné à Abraham, mais c’est par un transfert tardif (Genèse 20, 7). Quant à Moïse, il est une des sources de la prophétie en Israël (Exode 7, 1-Nombres 11, 17-23), donc plus qu’un prophète (Nombres 12, 6-8). Seul le Deutéronome lui donne ce nom (Deutéronome 18, 15), en précisant que personne après lui ne l’a égalé. A la fin de la période des juges, le prophétisme prend des aspects variés sous les termes de nabi (appelé), (IS. 9, 9), visionnaire (Amos 7, 12), homme de Dieu (Isaïe 9, 78) attribué à Elie et à Elisée (II Rois 4, 9). Cependant, il a bien existé une véritable tradition prophétique qui se perpétua grâce aux disciples des prophètes. On est bien dans le cadre d’une tradition vivante où l’Ecriture joue son rôle (Isaïe 8, 16- Jérémie 36,4) de même que le rapport de prophète à disciple enseignant (Isaïe 50, 48 et 42, 2). C’est de Dieu que les prophètes tiennent la parole. Le charisme prophétique est un charisme de Révélation (Amos 3, 7-Jérémie 23, 18-II Rois 6, 12), qui fait connaître à l’homme ce qu’il ne pourrait découvrir par lui-même.

 

Le prophète dans la communauté : Il joue un rôle, avec le prêtre, dans le sacre du roi (I Rois 1). Roi, prêtre, prophète sont pendant longtemps comme les trois pôles de la société d’Israël. Ils éclairent les rois, tels Nathan, Gad, Elisée, Isaïe, Jérémie. Cependant, le prophétisme n’est pas une institution comme la royauté ou le sacerdoce. C’est un pur don de Dieu (Deutéronome 18, 14 ; 19). C’est la vocation qui constitue le prophète. Tel fut le cas le cas de Moïse, Samuel, Amos, Isaïe, Jérémie, Ezechiel. Elle conduit toujours à une mission dont l’instrument est la bouche du prophète qui dira la parole de Dieu (Jérémie 1, 9 et 15, 19. Isaïe 6, 6S ; Ezechiel 3, 1 S). La parole prophétique est d’ordre eschatologique et non pas immédiat ; c’est nous qu’elle concerne (I Pierre I, 10 S).

 

Le prophète, la tradition, la loi et le culte : Prophétisme et législation sont des fonctions distinctes à l’intérieur de la société traditionnelle. Le prophète dénonce les fautes contre la loi sans attendre d’être saisi d’un cas particulier, sans référence à un pouvoir acquis auprès de la société et sans un savoir appris d’autrui. Par son charisme, il atteint le point secret où chaque homme a à se déterminer en choisissant ou en repoussant la lumière-. Les prophètes vitupèrent plus violemment les prêtres et tous les responsables (Isaïe 3, 2 ; Jérémie 5, 45) qui détiennent les normes (Osée 5, 1 ; Isaïe 10, 1) et les faussent. Contre une telle situation, la loi est sans armes. Dans la perversion des signes, le seul recours est le discernement entre deux esprits, celui du mal et celui de Dieu : c’est la situation où l’on voit s’affronter prophète contre prophète (Jérémie, 28). (« Vocabulaire de théologie biblique », Les prophètes s’opposent au peuple d’Israël, qui reste fixé à une image heureuse du passé dont il désire s’assurer la reconduction indéfinie (Jérémie 21, 2 ; Isaïe 56, 12). Les prophètes ne cherchent pas le retour à un état antérieur, sans renier le passé (Osée Il, 1 5 et Jérémie 2, 28).

 

Le prophète et le culte : Ils ne confondent pas le passé avec ses survivances mortes et Jérémie annonce qu’il y aura une alliance nouvelle (Jérémie 31 ; 31, 34). La loi n’est pas supprimée, mais change de place. Les prophètes rappellent que les signes ont une valeur relative, en tant qu’ils n’ont pas toujours été et ne seront pas toujours tels qu’ils sont (Amos 5, 25 ; Jérémie 7, 22), et ne sont capables, par eux-mêmes, ni de purifier ni de sauver (He. 10, 1).Le prophète voit d’un seul regard les vérités éternelles et les faits où ils se manifestent. Ils lui sont révélés par la grâce de son charisme. Pour lui seul, l’avenir lointain est décisif. La fin de l’histoire est l’objet essentiel de la prophétie, l’avenir étant à l’oeuvre dans le présent dont il sera l’aujourd’hui. Saint Jean-l’Evangéliste, l’un de nos saints patrons en franc-maçonnerie, en est le modèle avec son Apocalypse, révélation par excellence, de l’événement absolu, centre et fin de l’histoire humaine.

 

Le prophète aujourd’hui : « Puisse tout le peuple être prophète ! », souhaitait déjà Moïse (Nombres 11, 29). Et Joël voyait ce souhait se réaliser aux derniers temps (Joël 3,1 ; 4). Le prophète n’a pas pour seule fonction de prédire l’avenir : il édifie, exhorte, console (1 Corinthiens14, 3), fonctions qui touchent de près à la prédication. Il ne saurait ramener à soi la communauté (1 Corinthiens 12, 4 ; Il). Quant au prophétisme authentique, il reste reconnaissable grâce aux règles du discernement des esprits. Dans l’Ancien Testament, le voyant est un précurseur du prophète et est comme la source légitime d’une révélation donnée par Dieu (ls. 28, 6). Le prophète isolé intervient sans qu’on le lui demande, à la différence du voyant, dans la vie de l’individu ou dans celle du peuple. On considère généralement Moïse comme le fondateur et le prototype du prophétisme israélite (Dt. 18, 18). On attribue aussi le titre de prophète à Abraham (psaume 105, 15) et à Miryam (Exode 15, 20) et à Debora (Juges 4, 4). Les prophètes classiques de I ’Ecriture, appelés directement par Yahweh apparaissent dès le milieu du VIIIe siècle (Amos, Osée, Isaïe, Michée). Leur tâche consiste en la prédication de la parole. Après l’exil, le judaïsme a vu tarir la prophétie, remplacée par les sages et les docteurs de la loi.

 

 Le prophétisme dans l’Ancien Testament : La naissance de Jésus est entourée de paroles prophétiques (Luc 1, 41 et 2, 25). Tous les chrétiens sont, par principe, favorisés du don prophétique (Actes 2, 17 et 1 Co. 14, 1 ; 39), mais seuls des individus isolés l’exercent comme un charisme particulier, parce qu’ils sont mandatés de façon spéciale. Ils sont placés à côté des apôtres (I Co. 12, 29 ; Eph. 3, 5 ; Luc Il, 49). Unis à eux, ils constituent le fondement de I ’Eglise (Eph. 2, 20). « Par prophétie, il ne s’agit pas d’entendre prédiction, mais bien plutôt prédication, proclamation des intentions de Dieu à l’égard de son peuple, et au-delà du peuple : du monde ! » (Jacques-Noël Pérès, « Les Trois Pouvoirs », La prophétie n’est ni vague, ni abstraite : elle implique un temps et un lieu déterminés.

 

Elle est le rappel au peuple de l’Alliance, vivant l’Alliance, de cette Alliance. Elle est anticipation du royaume de Dieu et des temps qui viennent : l’eschatologie. Le prophétisme est dans l ’Eglise. Il est dans notre époque. Il doit se traduire par : l’enseignement doctrinal et l’homélie ; la proposition claire de remèdes et de solutions aux crises actuelles des hommes et de la société ; la vision claire et précise de l’avenir proche et dernier. « L’idée d’inspiration est proche de celle de prophétie, qui comprend elle-même dans sa vaste extension tout le déploiement des figures. Or, celles-ci ne peuvent être pleinement comprises, souvent même elles ne peuvent être décelées qu’une fois venue la vérité qu’elles annoncent. »

 

Les trois pouvoirs à la Sainte Arche Royale de Jérusalem : En franc-maçonnerie de tradition, dans la direction des chapitres de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, trois pouvoirs sont représentés par le premier principal, qui représente Zorobabel et le pouvoir royal, le deuxième principal qui représente Aggée et le pouvoir prophétique et le troisième principal qui représente Josué et le pouvoir sacerdotal. Les attributs de leurs sceptres et la couleur de leur robe dénotent les dignités royale, prophétique et sacerdotale. Il est à souligner qu’ils sont revêtus d’une dignité plus qu’ils n’exercent un pouvoir, lequel n’appartient qu’à Dieu, qui, de sa libre volonté, éclaire par le volume de la loi sacrée ceux auxquels quelque responsabilité est confiée. En effet, suivant la définition du Nouveau Larousse universel (Paris, 1949) le pouvoir est une faculté de faire, avoir la faculté, le moyen, l’autorité, de faire, alors que la dignité est une fonction ou une charge qu’on exerce parce qu’on en a reçu délégation (Petit Robert).

 

Aussi les trois pouvoirs, royal, prophétique et sacerdotal, sont issus de Dieu et c’est Lui qui constitue également ceux qui seront ses serviteurs de manière très spécifique. Ses serviteurs, c’est-à-dire ses ministres, car les fonctions royales, prophétique et sacerdotale sont des ministères. Ces trois ministères ne s’exercent pas de façon isolée, mais en harmonie (« Nous trois ici réunis, affectueux et unis », rituel d’ouverture). Qu’est-ce qu’un ministre et en quoi consiste un ministère dans le vocabulaire biblique ? Les mots ministre et ministère sont calqués sur le latin de la Vulgate et correspondent au grec diakonos et Diakonia.

 

Dès l’Ancien Testament, la réalité d’un ministère religieux accompli dans le peuple de Dieu par les titulaires de certaines fonctions sacrées est une chose attestée : les rois, les prophètes, les dépositaires du sacerdoce, sont des serviteurs de Dieu, qui exercent une médiation entre Lui et son peuple. Le mot diakonia s’applique tout d’abord à des services matériels nécessaires à la communauté. L’esprit diversifie ses charismes en vue de l’oeuvre du ministère (Ephésiens 4 ; 12). La fonction de parole est toujours en tête des charismes. Il s’agit alors d’anciens, qui ont le titre de presbytres (Tite 1, 5), dont le recrutement est soumis à des règles précises et qui sont établis dans leur fonction par l’imposition des mains (1 Timothée 5, .17 ; 22

 

ARCHE  ROYALE  -  La  Franc-maçonnerie de la Sainte Arche  Royale    Pourquoi et Comment

MICHEL  GORTCHAKOFF

Collection   Le  COMPAS

 1997

Cet ouvrage de M. Gortchakoff propose une réflexion sur le rite maçonnique  mal connu dit de l’Arche Royale. Il entend faire comprendre comment ce menu traditionnel est le complément parfait du degré de Maître Maçon.

 

Le lecteur y trouvera des éléments d’étude et de recherche sur l’archétype de la reconstruction du Temple et de la Parole perdue enfin retrouvée. Dans ce schéma initiatique, alliant tradition et modernité, Michel Gortchakoff fait une proposition nouvelle de la maçonnerie de l’Arche Royale, mais aussi adaptée aux temps présents.

 

Quelques thèmes développés par l’auteur, avec toujours la même question : Pourquoi et Comment ?


L’orientation du chapitre, l’historique, les rituels, l’histoire biblique, l’œcuménisme de l’Arche, le complément du Maître Maçon, l’autel, le pentalpha, l’hexagramme, le Tau et le triple Tau, les bannières, l’équerre, la voûte et la clé, qu’il ne nous quitte pas avec précipitation, les différentes voies de réalisation spirituelles, nous trois ici réunis, les trois Grandes Loges, les six lumières, la truelle à la main et le glaive au côté, les Noms et les pouvoirs, la dignité royale, la dignité prophétique et la dignité sacerdotale.

 

ARCHE  ROYALE  -  L’ARCHE ROYALE DES FRANCS-MAÇONS

BERNARD JONES

EDITION DE LA HUTTE

 2010

« The Freemasons’book of the royal arch » est une publication de toute première importance dans la littérature maçonnique anglo-saxonne. Somme historique considérable de Bernard E. Jones –connu pour la rigueur et l’intérêt de ses travaux dans le cadre de la loge Ars Quatuor Coronati No 2076 de Londres- complétée par son stupéfiant et non moins célèbre collègue Harry Carr, ce livre reprend et analyse toutes les sources anciennes de l’Ordre de l’Arche Royale, en le resituant dans l’ensemble des systèmes de recouvrement de  parole naissant au XVIIIe siècle, puis en traçant ses évolutions interprétatives particulières, depuis lors jusqu’aux formes actuellement fixées.

 

Unique en son genre, ce livre décrit et compare les structures rituelles et graduelles des concepts d’Arche anglais, américains, écossais et irlandais en puisant profondément dans les ressources symboliques de l’histoire de l’Ordre. Il s’en dégage un corpus ésotérique solidement enraciné dans les origines de cet ensemble de grades apparemment mystérieux, mais qui trouve sa place comme clé de voûte de la franc-maçonnerie universelle et symbolique pour quiconque travaille un tant soit peu le rituel de son propre chapitre et sa signification, ce que ce livre aidera grandement.

 

Ce livre en édition française est un indispensable de la bibliothèque de tous les maçons de l’Arche Royale qui souhaitent affiner leur culture de l’Arche et leur compréhension de la franc-maçonnerie de la parole perdue. La traduction a été faite par Georges Lamoine, la Préface et édition critique par Jean Solis, le tout avec l’aide d’André Bassou.

 

Est développé :

 

Les tableaux de l’Arche, les ateliers, les juridictions, l’histoire de l’Arche et ses développement à travers le monde, l’aspect chrétien des rituels anciens, les passerelles entre l’Arche et la Franc-maçonnerie, le chevalier Ramsay, John Coustos, la guerre entre les maçons anciens et modernes, Lord Blayney, la charte de compromis, Thomas Dunckerley, les diverses patentes, fondation des grands chapitres de l’Arche Royale, le grand chapitre d’York, explications des termes de compagnon, séjournants, exaltation, le portier, pure maçonnerie ancienne, le quorum, les légendes de l’Arche Royale, Philostorgius, la crypte, Calliste, l’Arche, l’Arche caténaire et triple, la double pierre cubique, le cercle, le point dans le cercle, le yod, le Tau et le triple Tau, la croix, les divers triangles, l’hexalpha, le pentalpha, l’étoile à 5 branches, la pierre d’autel, les lumières, les bannières, les planches à tracer, les décors, la coiffure, le tablier, le baudrier, les colliers et chaines, les bijoux.

 

ARCHE  ROYALE  -   LES  CAHIERS DE L’ARCHE  -   par     Le Grand Chapitre de l’Arche Royale

 

ARCHE  ROYALE   PARIS

 1988

5 volumes pour expliquer ce degré, complément du Maître Maçon.

 

Le premier volume nous parle de : Esdras et Néhémie, les bannières, les trois pouvoirs, le triple Tau, les trois loges, les cinq corps platoniciens, le tabernacle, le rituel « Domatic »

 

Le deuxième volume étudie le rite domatique de la Sainte Arche Royale de Jérusalem, Zorobabel prince du peuple, les vêtements du grand prêtre, son pectoral et son utilisation dans la Bible.  Le sanhédrin est expliqué.

 

Le troisième volume commente les manuscrits du Royal Arch (1780-1830), deux rituels oubliés du rite ancien : le Pass Master et Royal Arche, René Guénon et l’Arche Royale, les corps platoniciens et le fondement de la fraternité dans les sociétés initiatiques, les trois principaux, les personnages des bannières du rite domatique du Royal Arch et leur signification selon la tradition judéo-chrétienne transcrite par Richard de Saint Victor.

 

Le quatrième volume explique l’évolution du rite, sa naissance, comment les loges bleues par la voie hiramique préparent à ce degré. Les références des années 1720 et 1730, le cinquième ordre, le chevalier de Ramsay, la grande loge des Anciens, l’évolution du rite en Ecosse, Irlande, Angleterre et en Amérique. Divers chapitres d’Angleterre, la charte de fondation en 1766.

 

Le cinquième volume rappelle les règles et ordonnances, la Grande Loge d’York, et les premiers chapitres d’York, explications des termes de compagnons, Séjourneurs ou Séjournants, the Janitor, l’exaltation. L’expression  «Pure et ancienne maçonnerie », les titres et appellations, la légende de la crypte, le caveau, l’Arche, l’Arche caténiforme et triple, la double pierre cubique. Les origines bibliques, le sanhédrin, le nom ineffable, le tétragramme, ouverture et fermeture, les lectures des Principaux, leur installation, l’office de Principal et son passage dans la chaire de Zorobabel. 

 

ARCHE  ROYALE. l’Ésotérisme maçonnique du rite de l’arche royale

F.X. mafuta

Edition du Cosmogone

 2005

Le présent travail nous éclaire sur les mystères de l’Arche d’Alliance et de la réédification du Temple de Jérusalem par Zorobabel. L’auteur donne des informations essentielles à qui veut approcher la Franc-maçonnerie comme fait culturel et, à partir des mythes et des légendes, découvrir les grades de Maître-maçon et de Compagnon de l’Arche Royale de Jérusalem.


Le rite de l’Arche Royale serait-il à la fois la base et la clef de voûte de l’édifice maçonnique ? Arche Royale, disons-nous : Arche comme un vaisseau, arche comme ce berceau qui flotte sur les eaux et qui contient un enfant nommé Moïse à qui plus tard Dieu révélera Son Nom Sacré.

 

Arche comme ce vaisseau, arche qui unie dans leur principe tous les symboles qui vont de l’Arche de Noé aux Temples de Salomon et de Zorobabel.


Le rite de l’Arche Royale, arche mystérieuse qui vogue sans bruit, souvent désertée par les « appelés », ignorée par la plupart, doit se manifester ouvertement aux Maîtres Maçons de tous les rites de la Franc-maçonnerie.


Y sont expliqués : l’origine de l’Arche Royale, la parole perdue, la déportation à Babylone, le nom ineffable, la lumière, l’Arche d’Alliance, le triple TAU, les couleurs de l’Arche Royale et les bannières.

 

 

ART ROYAL DANS LA FRANC-MAÇONNERIEde la royauté à la construction du temple    -            N°  54   -

Jean Onofrio

Edition  Maison de Vie

 2013

La Franc-maçonnerie est-elle un art, et, plus précisément un art royal ? Cette étrange expression, loin d’être désuète, évoque la plus haute dimension initiatique de la Franc-maçonnerie originelle qui vise à bâtir le temple de l’homme en s’inspirant de la royauté en esprit et en pratiquant le rite adéquat, art royal par excellence.

 

Cet ouvrage nous invite à découvrir les secrets de l’art royal, sa nature alchimique et sa fonction primordiale : Transformer la nature en art et mettre l’harmonie à la place du chaos.

 

S’il y a tout un pan de la F.M. qui est devenu complètement profane et ne prétend plus être un art, demeure une F.M. héritière d’une longue tradition de bâtisseurs, dans laquelle l’art (en grec le mot art se dit tékné et signifie également œuvre de métier) joue un rôle tout à fait capital. La Maçonnerie est un art si elle est initiatique.

 

L’auteur tente d’établir que la F.M. initiatique (en grec le mot initiation s’écrit télétè la célébration des mystères, également il évoque la mise sur le chemin) a une fonction de transmission dans le domaine de la création, car elle s’attache à prolonger l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers afin de manifester la présence du Principe.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Franc-maçonnerie est-elle un art ?

Quels sont les secrets de l’Art royal ?

Existe-t-il un art initiatique communautaire et un temple intérieur ?

Quelles connaissances dispensent la F.M. Microcosme et macrocosme.

L’initiation est-elle un métier ? métier d’initié et métier immuable.

L’Art royal a-t-il une dimension alchimique ? Creuset et transmutation alchimique

Le rite est-il un art royal ? Perpétuer l’ordre universel

Qu’est-ce que la royauté en esprit ? L’esprit souffle de vie. Intégration au processus créateur

L’ultime fonction de l’Art royal. Renaissance. La Règle. Ordo ab chao

 

AUX SOURCES DU REAA – LE CAHIER DE LOGE DU VḖNḖRABLE TARADE. MANUSCRIT TḖMOIN DE LA VIE MAÇONNIQUE DE 1761 A 1776 -

Claude Gagne et Dominique Jardin

Edition Dervy

2017

La publication du manuscrit Tarade (1761-1776) offre au maçon du XXIe siècle un exceptionnel document de réflexion et d'étude pour découvrir et étudier les anciens rituels. Intégralement reproduit avec sa transcription et accompagné de commentaires, ce manuscrit inédit retrace la vie de la loge parisienne Saint Théodore de la Sincérité, probable loge de musiciens, et donne un tableau très complet des grades pratiqués au milieu du 18e siècle, période clef de l'histoire maçonnique où les différentes obédiences se mettent en place.

 

Succédant aux trois premiers grades, les rituels de la maçonnerie "pour les Dames" sont présentés et augmentés d'un quatrième grade d'Ecossaise "inventé par le Frère Lachaussée".

 

Huit rituels de hauts grades sont décrits dans une version souvent archaïsante, passionnants pour l'étude de leur mise en place et la construction du futur REAA dont ils constituent une source féconde. S'y ajoute le dévoilement de douze grades trinitaires, mouvance si particulière et surprenante pour nombre de maçons contemporains.

 

Ces rituels sont accompagnés de tableaux de loge, dessins croqués sur le vif et d'une grande fraicheur ou lavis exécutés soigneusement pour la maçonnerie féminine. Les tableaux de loge des grades trinitaires, particulièrement rares, permettent de mesurer l'influence des Trinitaires sur l'établissement des derniers grades du REAA. La recension des tenues et des initiations complète utilement le manuscrit. Ce travail de transcription et d'analyse associe les quatre mains de Claude Gagne et Dominique Jardin dans une démarche passionnée et de fructueuse amitié.

Voici donc un document exceptionnel pour servir à l’étude et à la compréhension des anciens rituels mais aussi, sans doute, du rapport que nous entretenons avec cet outil qu’est le rituel. Le manuscrit publié de belle manière dans ce livre, commenté avec soin et rigueur, restitue la vie d’une loge parisienne, Saint Théodore de la Sincérité, composée en grande partie semble-t-il de musiciens, à une période de mutation maçonnique, le milieu du  18e siècle, qui voit se constituer les différentes obédiences.

 

Nos deux auteurs allient leurs compétences pour servir à la compréhension du REAA. Ils confirment, comme le remarque Pierre Mollier dans sa préface à l’ouvrage que les hauts grades ne sont pas un ajout tardif et que leur élaboration a pu, pour les plus anciens, servir à la fixation des trois premiers grades. Cela introduit un tout autre regard sur la cohérence d’un rite.

 

Le manuscrit du Vénérable Tarade est composé des trois premiers grades puis des rituels de la maçonnerie « pour les Dames » augmentés d’un quatrième grade d’Ecossaise, dû au Frère Lachaussée et de huit rituels de hauts grades. A ceci s’ajoutent les dessins des tableaux de loge et les notes du Vénérable Tarade, compte-rendu des réunions de loge, permettant d’approcher la mise en œuvre des rituels dans le quotidien de la loge. Ainsi, au lieu d’un objet figé, sujet d’étude distante, le rituel peut être approché comme un processus dynamique. Ce n’est donc pas une froide analyse de manuscrits qui nous est proposée mais une participation à la vie maçonnique de l’époque, susceptible de nourrir nos propres pratiques.

 

L’ouvrage nous rappelle que les rituels sont inventés par des êtres humains, qui cherchent, tâtonnent, expérimentent, choisissent, dans un contexte donné, avec une intention plus ou moins claire. Des divisions apparaissent, parfois sociales, parfois structurelles, des désaccords s’affirment, des alliances et des réconciliations se font jour dans un temps de protoécossisme. L’influence des Trinitaires est de plus en plus marquée en avançant dans l’échelle de grades pour s’imposer dans les derniers grades du REAA. Si on se reporte aux comptes-rendus du Vénérable Tarade, il apparaît que la vie administrative de la loge est réduite au minimum, peut-être une leçon salutaire pour notre époque maçonnique cannibalisée par l’administration.

 

La richesse du contenu, la précision des commentaires, les questions ainsi posées font de ce livre, non seulement une contribution majeure à l’histoire du REAA ou de la Franc-maçonnerie en général mais une invitation à réfléchir à la nature du travail maçonnique. L’initiation n’obéit pas qu’à l’imitation, elle est aussi une invention. En rendant compte d’un véritable laboratoire maçonnique en plein XVIIIème siècle, Claude Gagne et Dominique Jardin nous appellent aussi à nous réapproprier le procès initiatique et à éviter l’enfermement par l’une des « machines réplicantes » de Gilles Deleuze. En effet, la dynamique qui conduit à la fixation, relative et sans cesse interrogeable, des rituels, ne devrait pas cesser quand les formes sont arrêtées, elle peut se poursuivre jusqu’à l’essence qui justifie la forme initiatique.

 

La « franche-maçonnerie » s'implante en France vers 1725 dans l'ambiance anglophile et libérale de la Régence. Elle apparaît dans le sillage de Britanniques exilés pour des raisons politiques ou religieuses. Accueillie comme une mode par l'aristocratie, elle s'étend rapidement à la bourgeoisie et s'enracine dans la société d'Ancien Régime. La maçonnerie française n'est pas une simple importation : elle intègre des formes de sociabilités anciennes (confréries de pénitents, compagnies d'archers) qui se fondent dans les nouvelles loges. Une dizaine de loges parisiennes voient ainsi le jour dans les années 1720. Elles reçoivent des patentes de la Grande Loge de Londres. Dans la décennie 1730, des loges se créent également en province. A partir de 1740, la maçonnerie s'étend dans toute la France. Rares sont les villes qui ne comptent pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où, dans l'esprit du siècle, les frères célèbrent la vertu et l'égalité. Des loges féminines d'adoption commencent même à se constituer dans les milieux aristocratiques.

 

La franc-maçonnerie française recrute au départ surtout dans la noblesse, puis s'ouvre peu à peu au monde des négociants, et marchands, fonctionnaires royaux, juristes, capitaines de navires et officiers militaires. Le gouvernement du cardinal de Fleury cherchera, vainement, à interdire la franc-maçonnerie, y voyant un repaire de jansénistes opposants à la monarchie absolue et partisans de la liberté conscience. Des ordonnances royales vont interdire les réunions maçonniques et la police interviendra plusieurs fois pour déloger des francs-maçons des tavernes où ils se réunissent. Mais les francs-maçons bénéficient d'une tolérance, renforcée par la nomination du duc d'Antin comme Grand Maître en 1738.

 

Cette même année, la bulle « in Eminenti » du pape Clément XII, qui reproche aux francs-maçons leur tolérance à l'égard des autres confessions, interdit aux catholiques de devenir francs-maçons sous peine d'excommunication. Mais la bulle n'est pas enregistrée par le Parlement de Paris, ce qui la rend inapplicable. Elle n'empêche pas non plus le recrutement d'ecclésiastiques, séculiers ou moines, dans les loges. C'est aussi l'époque ou « les secrets » des maçons sont révélés au public par des livres ou des gravures, et celle du discours d'André-Michel de Ramsay, texte fondateur, qui attribue à la maçonnerie la mission de répandre la philanthropie, une discrétion inviolable, le goût des beaux-arts et les devoirs de l'humanité. Ce programme, nullement politique et social, sera longtemps celui de la maçonnerie française.

 

L'essor de la pratique maçonnique favorise une mutation des mentalités et promeut un modèle de démocratie associative. Elle est pénétrée par les lumières et ses pratiques contribuent à l'émergence d'un esprit philosophique et d'une pensée rationaliste qui influencent toute la société à la fin de l'Ancien Régime. La franc-maçonnerie française connaît un développement important, mais parfois un peu anarchique, qui s'accompagne d'une difficulté à s'organiser. Des tendances s'affrontent, notamment l'une composée de membres de la noblesse, l'autre de maîtres parisiens issus de la petite bourgeoisie.

 

De 1728 à 1771, la première Grande Loge échoue à s'organiser durablement et à faire reconnaître son autorité. En 1771, à la mort du comte de Clermont, le duc de Chartres – futur Philippe Egalité – devient Grand Maître. Pour mettre fin au désordre qui règne, une assemblée générale de toutes les loges de France est organisée. Elle réunit 400 loges et décide fin 1772 à une large majorité de se constituer en Grand Orient de France (juin 1773), qui introduit deux nouveautés majeures : l'élection périodique des vénérables, jusqu'alors propriétaires à vie de leur patente, et une administration plus structurée

 

Cet ouvrage précède ou suit le livre de Jean-Luc Leguay « Rituels perdus », (Chapitre 1 R), ainsi ces deux ouvrages sont très complémentaire

 

AUX SOURCES DE L’ÉCOSSISME      LE PREMIER TUILEUR ILLUSTRÉ   -   80  TABLEAUX  DE LOGE ET BIJOUX MAÇONNIQUES

Dominique Jardin

Edition Dervy

 2019

Un tuileur est un document qui rassemble les connaissances indispensables au Maçon pour répondre aux questions posées puis être autorisé à entrer dans un temple maçonnique. Les premiers tuileurs édités datent du XIXe siècle et présentent, pour chaque grade, les mots, signes et attouchements demandés. Ils sont cependant en noir et blanc et peu illustrés.

 

Notre ouvrage dévoile et étudie le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit et aquarellé connu : il date du XVIIIe siècle. L'ensemble présente une collection d'images, exceptionnelle par son ampleur et sa beauté, de tableaux de loge et de bijoux maçonniques parmi les plus rares parvenus jusqu'à nous qui en font un formidable outil initiatique. Il offre aussi des documents indispensables à la compréhension de l'évolution de la franc-maçonnerie. Le commentaire historique et symbolique présenté ici est essentiel pour les apprécier, comprendre leurs significations et les relier à la franc-maçonnerie contemporaine.

À partir de ces images authentiques et originales, le lecteur, sérieusement accompagné par un guide sûr, peut alors visiter et travailler les principaux grades, en particulier les Hauts grades et acquérir les clefs de compréhension pour s'aventurer dans les territoires méconnus de l'Ecossisme dont la connaissance se révèle indispensable à toute quête initiatique. Nos analyses s'appuient sur le manuscrit de la Bibliothèque de la Maison des Maçons - Grande Loge Nationale Française Bib.2007, auquel nous associons les planches aquarellées de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France, tous deux inédits mais d'une origine commune.

Nous avons aussi retrouvé et publions les manuscrits-sources conservés à la Bibliothèque nationale de France et une version, elle aussi exceptionnelle, conservée à la bibliothèque de la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA).

 

Cette publication est remarquable. Dominique Jardin, agrégé et Docteur en histoire, auteurs de nombreux travaux, met pour la première fois à notre disposition le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit, ce qu’il désigne comme un proto-tuileur : « Le manuscrit étudié est sans doute le premier tuileur de l’histoire maçonnique. Ce proto-tuileur est extrêmement rare puisque très haut en époque pour ce type de document manuscrit, très complet par le nombre de grades traités et très illustré puisque chaque grade est accompagné de l’iconographie du tableau et du bijou correspondants. De plus, contrairement aux manuscrits de la BnF qui en sont la source, son iconographie est complètement aquarellée. Tous les mots et mots de passe y figurent également en alphabet maçonnique, ainsi que les différents signes et attouchements. C’est-à-dire que nous avons affaire ici au « nucléus fondamental » de la maçonnerie et à un formidable outil initiatique. »

 

C’est non seulement un tuileur, sans doute le premier, mais c’est une œuvre d’art qui nous est proposée. Le manuscrit de la Maison des Maçons, de la Bibliothèque de la GLNF, Précis des huit premiers grades ornés de discours et d’histoires allégoriques relatifs au respectable ordre de la franc-maçonnerie, comporte quatre-vingts planches hors texte en couleur, de qualité, quand la plupart des tuileurs anciens proposent des illustrations en noir et blanc. Les grades, pour la plupart, feront partie du futur REAA mais certains correspondent aux grades du système du baron de Tschoudy. Par ailleurs, les textes permettent de préciser la nature des planches. Ce document est complété notamment par les planches de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France. 

 

L’ensemble iconographique commenté constitue une matière de grande valeur pour la réflexion initiatique et l’exploration des grades. Il permet aussi d’envisager la mise en œuvre de grades inconnus ou encore considérés comme intermédiaires. Le foisonnement de grades et de rituels démontre, en ce XVIIIème siècle si surprenant, que le rituel est vivant, et non figé par quelque décret, construit et reconstruit à partir de matériaux divers, religieux ou mythiques. Repartir de l’iconographie, plutôt que de commentaires secondaires permet de reconquérir le sens et d’approcher peut-être le projet initiatique initial. Le travail considérable de l’auteur, Dominique Jardin, doit être salué à sa juste valeur. C’est tout simplement exceptionnel.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Un proto-tuileur du XVIIIe siècle

Les grades de la F.M. en France vers 1780 -  Comment les maçons se sont appropriés la Bible et que usage en font-ils ?  -  Un proto-tuileur, l’ancêtre des tuileurs -  Une iconographie exceptionnelle, présentation des séries d’images  -  Les étapes de l’élaboration du tuileur  -  Un texte très simplifié  -  Les types d’écritures  -  Une nécessaire interprétation  -  les grades du manuscrit  -  Un magnifique ensemble de bijoux maçonniques  -  Un recueil très complet de tableaux de loge  -

 

Chapitre 2 : commentaire du manuscrit

Les iconographies des trois premiers grades  - Maître  -  Maître parfait  -  Petit Elu  -  Elu de l’Inconnu  -  Elu des quinze  -  Chevalier du Lyon  -  Chevalier de l’Ancre   -  L’Illustre  -  Petit Maître anglais  -  Maître Irlandois  -  Ecossais de Clermont  -  Le Sublime Ecossois  -  Sublime Ecossois d’Angleterre  -  Le parfait Maître Anglois  -  Le Sublime Choix  - Ecossois de Saint André  -  Le Chevalier d’Orient  -   Chevalier d’Occident  -   Le Chevalier du Soleil  -  Souverain commandeur du Temple  -  Chevalier du Phénix  -  Elu Suprême  -  Maître de la loge  -  Royal Arche  -  Chevalier Architecte  -  Sublime philosophe  -  Souverain Prince de  Rose-Croix   -   L’Aigle noir  -  Le Grand Inspecteur  -  Grand Inquisiteur  -  Le Grand Elu  -  L’Initié dans les mystères  -  Le Vrai maçon  -  Les Antipodiens  -

 

Chapitre 3 : Le Manuscrit de la GLNF  -  Les planches de la bibliothèque André Doré  - 

 

En annexe les discours historiques et manuscrits de la GLUA  -  les mots de passe et grades du manuscrit GLNF

 

 

ART  ROYAL  ET  RÉGULARITÉ DANS LA TRADITION DE 1723-1730

PATRICK  NÉGRIER

ÉDITION  IVOIRE-CLAIR

 2009

Ce livre s’adresse aux amateurs intéressés par l’histoire de l’institution et de la pensée maçonnique mais aussi aux francs-maçons désireux de pratiquer la maçonnerie conformément à l’une des formes originelles du rite du Mot du Maçon (1637-1751) et à la religion naturelle (orthopraxies morale) prescrite par les constitutions d’Anderson et de Désaguliers de 1723. Lues dans une perspective critique qui en modernise le contenu en dépassant ce que leur conservatisme social avait de contraire à la raison : l’exclusion active des serfs et la non remise en question de la pratique du servage, l’antiféminisme, et l’homophobie.

 

Avec la publication de ce dernier ouvrage sur Art royal et régularité, l’œuvre maçonnique de Patrick Négrier se trouve désormais entièrement publiée, et il devient dès lors possible de comprendre la diversité et l’unité des contributions apportées par cet auteur à l’histoire de l’institution et surtout de la pensée maçonnique des origines depuis la création de la franc-maçonnerie au XIVe siècle jusqu’aux dernières années du XVIIIe siècle.

 

L’auteur développe les points suivants :

 

La reconstitution de l’histoire de la création en 171 de la Grande Loge de Londres, le Rite et le Mot du Maçon, les modifications des rituels, l’Ordre des Francs-Maçons trahi de l’Abbé Pérau, le Sceau rompu, le Maçon démasqué de Wolson, les trois coups distincts (1760),  l’évolution de l’allégorisme du Temple de Salomon, les constitutions de 1723 et leur postérité, James Anderson, le texte de Désaguliers, les constitutions retouchées de 1738, Catholicisme romain et homophobie chez La Tierce, Ahiman Rezon de Laurence Dermott (1756),  l’évolution de la pensée religieuse de la Grande Loge d’Angleterre, les déclarations du G.O de 1877, la religion naturelle, le contexte religieux de l’époque.

 

1 B

B.A-BA   de la FRANC- MAÇONNERIE

PHILIPPE  LESTIENNE

EDITION PARDES

 2004

Ce livre sur la Franc- Maçonnerie présente les principales problématiques de  cette voie initiatique moderne, en particulier les aspects historiques :


Pourquoi et comment est né l’Ordre maçonnique ?
Quelles étaient au 18e siècle, ses véritables options initiatiques, religieuses, idéologiques et politiques ?
La révolution française est-elle le produit de la Franc- Maçonnerie ?
Pourquoi la Franc- Maçonnerie continentale et, particulièrement, la Maçonnerie française a-t-elle été conduite à s’ancrer majoritairement à gauche au 19e siècle ?


Des éléments de réponse sont apportés, sans dogmatisme, en se fondant sur les plus récentes recherches.

 

Mais la Franc- Maçonnerie est surtout un phénomène social et culturel dont l’apparente unité planétaire, masque mal les profondes divergences : association basée sur la forte convivialité d’une société d’égaux qui se sont choisis, elle revêt des formes et des options très diverses pour satisfaire des sensibilités différentes, souvent en conflit les unes avec les autres. On ne peut donc pas traiter de la Franc- Maçonnerie sans aller à la rencontre des diverses Maçonneries nationales et des différents rites et systèmes pour s’interroger : faut-il parler de  «  la » ou « des » Franc- Maçonneries ?


Dans le même esprit, les différents courants maçonniques se trouvent confrontés aux grandes questions du monde contemporain et vont souvent y réagir de manière contrastée. Comment la Franc- Maçonnerie intègre t- elle, alors, le regain d’intérêt pour l’ésotérisme, le renouveau religieux, la question de la place des femmes en son sein, la contestation de son rôle dans les affaires politico-financières ?

 

L’auteur entend donner un aperçu synthétique de la complexité du phénomène maçonnique afin de dresser le portrait nuancé d’une institution qui n’a pas la toute-puissance diabolique que lui prête l’antimaçonnisme,  sans doute, mais dont l’influence, pour le bien comme pour le mal, est certainement plus importante qu’elle n’accepte de le reconnaître elle-même.

 

 

BEHAEGHELAPOCALYPSE -  UNE AUTRE GENÈSE

Julien behaeghel

Edition VIF

 1997

Par sa profonde connaissance du symbole, l'auteur nous initie à une autre lecture de l'Apocalypse de Jean. Le monde de la Genèse y est inexorablement remplacé par une terre nouvelle descendue du ciel par le miracle de l'ange initiateur dont la mesure est la lumière et l'outil essentiel le nombre. C'est par la force et la perfection du nombre sept que l'ange va transmuter les quatre éléments de la temporalité en les quatre éléments de l'intemporalité.

 

Les sept sceaux, les sept trompettes, les sept coupes et les sept tonnerres vont successivement remplacer la terre, l'eau, le feu et l'air par le Verbe caché, le son vibrateur, le sang de l'Agneau et l'éclair de lumière.

 

La nouvelle Terre sera quaternaire comme la précédente mais cette fois elle sera pétrie de lumineuse béatitude et de silence de connaissance...

Selon l’Écriture Sainte, l’homme et la femme, « à l’image comme la ressemblance » de Dieu créateur, constituent la relation fondamentale. Point de départ de l’anthropologie chrétienne, cette relation sert d’appui à une anthropologie universelle dans le dialogue interreligieux et le rapport entre les cultures.

 

L’Ancien Testament s’éclaire par le Nouveau et le Nouveau par l’Ancien. La Bible s’interprète selon les moments qu’elle occupe dans l’histoire de la Révélation. Des textes fondateurs servent ici de jalons au déploiement biblique de la relation homme-femme. Dès la Genèse, pour le Pentateuque, Dieu est relation. Homme et femme y figurent comme lieu de Dieu dans la création et les aléas de l’Alliance. Le livre des Proverbes, pour les écrits sapientiaux, distingue la Sagesse créatrice et Dieu, sans attenter au monothéisme, en valorisant l’éducation des enfants. Osée avec d’autres, pour les Prophètes, décrit la fidélité de Dieu à son Alliance dans l’infidélité du peuple par le recours à la symbolique nuptiale, gage d’une Alliance Nouvelle. Le Cantique des Cantiques conjoint l’un et l’autre Testament. L’Annonciation selon Luc, la noce à Cana et la croix, chez Jean, l’Agneau et son Épouse enfin, qui concluent l’Apocalypse, célèbrent l’Alliance accomplie.

 

La bonté de la créature découle donc bien de la bonté du Créateur. Le mal arrive plus tard : trop tard ! L’accomplissement dans le Christ se réalise sur le lieu de l’origine. Sans jamais supplanter la bonté originelle, le péché stimule la Sagesse qui en promeut l’Amour toujours plus grand.

 

BEHAEGHEL - cosmogonie et tableau de loge

Julien behaeghel

Edition La Maison de Vie

 2002

Le tableau de loge est un itinéraire symbolique qui permet au maçon de construire sa vie spirituelle avec les outils de l’architecte. Véritable cosmogramme qui trouve ses sources dans les symboles universels communs à toutes les grandes cosmogonies, il guide notre quête de recherche et de lumière. La cosmogonie nous fait rentrer dans le mythe de la création d’un monde invisible qui se situe à la frontière de deux éternités. Le tableau de la loge est cet itinéraire symbolique qui permet de nous y rendre.

 

Le tableau de loge est un carré long, il est le symbole du tracé du temple dans la loge. La loge que beaucoup de Maçons appelle erronément temple. Le Maçon travaille sur le parvis du temple et non dans le temple. Cela étant dit, nous renvoyons le lecteur à l’article que J. Tomaso consacre au temple dans le Dictionnaire thématique illustré de la franc-maçonnerie (Editions du Rocher, 1993).

 

Rappelons que le tracé symbolique du temple délimite dans la loge l’espace sacré par excellence. Il en est le centre d’illumination. Il contient donc les deux luminaires symboliques, soleil et lune, réunis dans une même fusion opérative. Fusion que l’on peut, suivant la tradition, évoquer par les deux serpents, tressés et se dévorant l’un l’autre, du caducée de l’insigne d’une loge bruxelloise ainsi que par les serpents de la croix irlandaise de Muiredach dans laquelle les serpents sont surmontés de la main de Justice et du Soleil...

 

Soulignons aussi que les proportions du porche (Oulam) et du sanctuaire (Hekhal) du temple de Salomon sont celles du carré long, 20 coudées X 10 pour le Oulam et 20 coudées X 40 pour le Hekhal, et que la proportion dorée est partout présente dans l’architecture sacrée du monde.

 

Le carré long est donc d’abord une symbolique du centre et, à ce titre, peut être représenté sous forme du cercle inscrit dans le carré, figurant ainsi de la façon la plus simple le temple dont le centre est le saint des saints, le cercle de la manifestation spiritualisée, conscientisée. Et cette représentation nous fait penser aussi au cercle et aux deux parallèles utilisés dans différents rituels pour symboliser la course du soleil et les deux portes de l’année : le solstice d’été et le solstice d’hiver.

 

On y trouve :

Le Centre, l’espace sacré, entre l’équerre et le compas, l’œil de l’architecte, les outils, les pierres brutes et taillées et les tableaux des trois degrés – le tracé – cosmogramme et circumambulation – les nombres et les couleurs – la Lumière

 

BEHAEGHEL - DE PHARAON À L’APPRENTI maçon – trois pas pour l’ÉternitÉ

Julien bEhaeghel

Edition ALPHEE

 2008

Julien Behaeghel nous conduit ici au cœur même du symbole et de sa force initiatique. Le symbole est la trace du divin dans la matière. Par-delà le temps et les civilisations il relie dans un éternel présent l’homme à son devenir, la terre au ciel.


Pour aller de la terre au ciel, nous devons, comme Pharaon, passer les trois portes des trois mondes, les enceintes successives qui nous permettent de changer d’état, de transmuter notre terre en étoiles. Pour trouver la lumière nous devons entrer dans le labyrinthe, à la recherche de ce paradis originel que nous avons perdu et qu’avec le temps nous retrouvons. Le temps est celui du mûrissement, de la montée de la conscience. Telle est la quête de l’homme.

C’est le symbole en action qui nous accompagne dans ce parcours, à travers le zodiaque, la croix celtique, la triple enceinte, le mandala, la quête du Graal, l’arbre de Vie, le Fou sur le chemin (du tarot)… De Pharaon, à l’apprenti maçon, il n’y a qu’un pas, celui du présent éternel, celui du symbole qui régénère et réunit.

Y sont expliqués :

L’eau primordiale

Le serpent vertical

La materia prima

Le soleil du Tarot

L’œuf cosmique

Le soleil-ciel

Le combat avec le dragon

L’ange-soleil

La descente aux enfers

L’étoile du pèlerin

Le paradis terrestre

L’étoile polaire

Le cabinet de réflexion

L’Orient

Le monde d’en-bas

Les cadeaux des Rois mages

Le tombeau du jugement

L’œuvre au rouge

La croix et la quaternité

L’étoile flamboyante

Le labyrinthe

L’étoile : trône de Dieu

L’arbre au trésor

La couronne des Séphiroth

La mort noire

L’étoile du Tarot

La barque de la lune

Le montage sacré

Saturne, le vieillard

L’œil-Dieu

Hiram assassiné

La couleur de l’étoile

L’œil solaire

L’air et l’éther

Le soleil-Mâyâ

La pierre philosophale

Mardouk et dualité solaire

Osiris ressuscité

Mithra et le taureau

Le zodiaque

Le char d’Hélios

La croix celtique

Le soleil invaincu

La triple enceinte

Le soleil noir

Le mandala

Hiérogamie céleste ou le nouvel androgyne

La marelle et le jeu de l’oie

Le soleil solsticial

La quête du Graal

Les animaux du feu zodiacal

L’arbre des Séphiroth

 

Le Fou sur le chemin (du Tarot)

 

BEHAEGHELhiram & la reine de saba

Julien behaeghel

EDITION MAISON DE VIE

 2005

Assez curieusement, le mythe d’Hiram, que l’on peut apparenter au mythe osirien, est dénaturé par l’absence de la vierge initiatrice (Isis dans le mythe égyptien).
Or dans l’histoire de Salomon, la vierge est présente en la personne de la reine de Saba.


L’auteur, dans cette étude, tente de rétablir le mythe dans son intégrité, c’est-à-dire dans sa quaternité fondamentale (Seth – Osiris – Horus – Isis). La cosmogonie ne peut se réaliser ni se vivre que si sa structure est quaternaire. La quaternité est l’espace de la Manifestation.

 

Ce qui veut dire, et ceci est important pour la Franc-maçonnerie, qu’il ne peut y avoir d’initiation véritable sans mort symbolique suivie d’une résurrection spirituelle par la «Sagesse» de la vierge de régénération.

 

Ce livre, tout en illustrant cette dérive mythologique, propose la solution «quaternaire» à même de reconstruire le mythe et d’en rétablir ainsi la force initiatique primordiale. Les événements qui ont amené la conspiration contre le Grand Maître Hiram Abiff, ainsi qu'il a été mentionné dans la leçon précédente, et qui ont abouti à son assassinat, ont eu pour origine l'arrivée de la Reine de Saba, attirée à la cour de Salomon par les récits de son admirable sagesse et de la splendeur du temple qu'il s'apprêtait à construire. Il est dit qu'elle était chargée de magnifiques présents et que, tout d'abord, elle fut fortement impressionnée par la sagesse de Salomon.

 

Mais même la Bible, écrite selon le point de vue des Hiérarchies Jéhovistes, laisse supposer qu'elle vit à la cour de Salomon un homme supérieur à lui, et là, le récit Biblique cesse de parler d'elle.

Son mariage avec Salomon n'a jamais été consommé, car autrement le nom de Maçon aurait disparu des mémoires longtemps avant l'époque actuelle, et les humains seraient maintenant les enfants dociles de l'église dominante, et n'auraient ni libre arbitre, ni choix, ni prérogatives. Mais il ne lui fut pas non plus permis d'épouser Hiram, qui représentait le pouvoir temporel, sans quoi la Religion aurait été étouffée. Elle doit donc attendre le fiancé qui incarnera en lui les qualités combinées de Salomon et d'Hiram, mais qui sera purifié de leurs faiblesses. En effet, la Reine de Saba est l'âme composite de l'Humanité, et lorsque le travail de notre ère d'évolution sera terminé, elle sera la fiancée, tandis que le Christ, que Paul nommait le Grand-Prêtre de l'ordre de Melchisédech, remplira le double office de chef spirituel et temporel, de roi et de prêtre, pour le bonheur éternel de toute l'humanité actuellement esclave de l'Eglise ou de l'Etat, mais attendant, qu'elle s'en rende compte ou non, le jour de l'émancipation symboliquement représenté par le "Millénium", durant lequel existera une cité merveilleuse, la Nouvelle Jérusalem, la cité de paix. Plus tôt cette union pourra être réalisée, mieux cela vaudra pour l'humanité.

 

En conséquence, une tentative fut faite, que la légende nous relate sous le symbolisme des deux prétendants, Salomon et Hiram, à la main de la Reine. Les deux Ordres Initiatiques s'étaient réunis pour accomplir un travail en commun, La Mer de Fonte, dont on tentait la réalisation pour la première fois. Il n'aurait pu être exécuté à une époque antérieure, car l'homme n'était pas encore suffisamment évolué. Mais à cette époque-là, il semblait que les efforts réunis des deux écoles pourraient accomplir cette tâche, et s'il n'y avait pas eu en chacune d'elles le désir de déposséder l'autre de l'affection de la symbolique Reine de Saba, l'âme de l'humanité, elles auraient pu réussir une union équitable entre l'Eglise et l'Etat, et l'évolution humaine aurait pu progresser grandement.

 

Mais l'Eglise et l'Etat étaient tous les deux jaloux de leurs prérogatives particulières; l'Eglise n'acceptait la fusion qu'à la condition de conserver son ancien pouvoir sur l'humanité et de prendre en plus le pouvoir temporel. L'Etat nourrissait la même ambition égoïste et la Reine de Saba, l'humanité dans son ensemble, est encore sans époux. La Légende Maçonnique raconte cette tentative et son échec de la manière suivante:

 

Lorsqu'on eut montré à la Reine de Saba le splendide palais de Salomon et qu'elle lui eut offert les magnifiques présents d'or et d'objets travaillés, elle demanda à voir le grand Temple presque achevé. Elle admira beaucoup l'importance du travail, mais s'étonna de l'absence apparente des ouvriers et du silence qui régnait. Elle demanda donc à Salomon d'appeler les ouvriers, afin de voir celui qui avait réalisé cette merveille. Mais alors que, dans le palais, les serviteurs de Salomon obéissaient au moindre souhait du monarque désigné par Jéhovah pour construire le temple, ces ouvriers n'étaient pas soumis à son autorité; ils n'obéissaient qu'à celui qui avait "Le Verbe" et "Le Signe". Aucun d'eux ne se présenta donc à l'appel de Salomon, et la Reine de Saba ne put s'empêcher de conclure que cette ouvre merveilleuse avait été exécutée par quelqu'un qui était plus grand que Salomon. Elle insista donc pour connaître ce Roi des Métiers et ses admirables ouvriers, au grand dépit de Salomon qui sentit qu'il avait baissé dans l'estime de la reine.

 

Le temple de Salomon est notre Univers Solaire, qui forme la grande école de la vie pour notre humanité en évolution. Les grandes lignes de son histoire passée, présente et future sont inscrites dans les astres, les points importants étant discernables par quiconque possède une intelligence moyenne. Dans le plan Microcosmique, le temple de Salomon est aussi le corps de l'homme dans lequel l'esprit individualisé ou Ego évolue comme le fait Dieu dans l'univers. Le travail sur le vrai temple, comme il nous est dit au chapitre cinq de la deuxième Epître aux Corinthiens, est accompli par des forces invisibles travaillant en silence, construisant le temple sans bruit de marteau. Tout comme le temple de Salomon était visible dans toute sa gloire pour la Reine de Saba, de même l'évidence du travail des forces invisibles est facilement perçue dans l'univers et dans l'homme, mais les forces elles-mêmes restent à l'arrière-plan; elles travaillent sans ostentation, elles se dissimulent aux yeux de ceux qui n'ont pas le droit de les voir ou de les commander. Le rapport de ces forces de la nature avec le travail qu'elles accomplissent dans l'univers sera peut-être mieux compris à l'aide d'une comparaison.

 

On y trouve : l’Arche d’alliance, Salomon, les Loges masculines et féminines, l’homme recréé, les rituels, l’art du trait, l’initiation, la reine de Sagesse, les outils.

 

bEhaeghel - la bible Á la lumiÈre du symbole

Julien bEhaeghel

Edition ALPHḖE

 2007

Julien Behaeghel présente ici une autre lecture, plus universelle, plus mythologique, de ce livre qui a influencé trois mille ans d’histoire humaine.  Il dévoile pas à pas, à travers le parcours de la quarantaine d’ouvrages bibliques, combien ces textes sacrés contiennent leur propre structure symbolique, plus ou moins cachée.

Les grands symboles communs à la plupart des traditions constituent la trame de l’ouvrage : le serpent, l’arbre, la montagne sacrée, l’axis mundi, la pierre, le nombre, l’ange, la beauté en sont quelques-uns des chapitres.

 

Le symbolisme chrétien investit des objets ou des actions avec un sens profond exprimant des idées Chrétiennes. Le Christianisme a emprunté à la réserve commune de symboles significatifs connus de la plupart des périodes et de toutes les régions du monde.

Le symbolisme religieux est efficace quand il en appelle à la fois à l'intellect et aux émotions. Le choix des actes et des objets appropriés pour le symbolisme est tellement étroit qu'il ne serait pas facile d'éviter l'apparition d'une imitation d'autres traditions, même s'il y avait eu une tentative délibérée d'inventer un rituel entièrement nouveau.

Les symboles élémentaux ont été largement utilisés par l'Église primitives. L'eau a une signification symbolique particulière pour les chrétiens. En dehors du baptême, l'eau peut représenter le nettoyage ou la pureté. Le feu, en particulier sous la forme d'une flamme de bougie, représente à la fois le Saint-Esprit et la lumière.


Les sources de ces symboles dérivent de la Bible, par exemple à partir des langues de feu qui symbolisent l'Esprit Saint à la Pentecôte, et à partir de la description de Jésus à propos de ses disciples comme étant la lumière du monde, ou Dieu est un feu consumant qu'on trouve dans Hébreux12. La croix, qui est aujourd'hui l'un des symboles les plus largement reconnus dans le monde, a été utilisée comme un symbole depuis les premiers temps.

Parmi les symboles employés par les premiers Chrétiens, celui du poisson semble avoir le premier rang en importance. En effet, à partir de sources monumentales telles que des tombes nous savons que le poisson symbolique était familier aux Chrétiens des premiers temps. On peut le voir dans des monuments romains tels que la Capella Greca et les Chapelles du Sacrement de la catacombe de St Callistus. Le poisson a été désigné comme un symbole Chrétien dans les premières décennies du 2ème siècle.

 

Les anciens croyaient que la chair d'un paon ne se décomposait pas après la mort, et il est ainsi devenu un symbole d'immortalité. Ce symbolisme a été adopté par les débuts de la Chrétienté, et ainsi de nombreuses peintures et mosaïques du début du Christianisme montrent le paon. Le paon est toujours utilisé lors de la saison de Pâques en particulier à l'Est.


Cette étude contribue non seulement à la connaissance du symbole mais débouche sur une véritable perspective philosophique, pour aider ceux qui cherchent à poursuivre leur chemin dans l’épaisseur du temps et de la matière, à la recherche de leur « lumière ».

 

BEHAEGHEL - l’apprenti franc-maçon & le monde des symboles   -    Tome  1

Julien behaeghel

Edition Maison de Vie

 1999

Dépositaire d’une partie de la tradition ésotérique, la Franc-maçonnerie Initiatique trouve sa raison d’être dans l’étude des symboles et dans la pratique rituelle.


Les symboles sont des outils dont l’homme a besoin pour construire le temple de la connaissance selon la loi d’harmonie que représente l’univers visible et invisible. Pour l’Apprenti Franc-maçon, entrer dans le monde des symboles c’est passer de l’ombre à la lumière, c’est vivre le mythe des commencements, c’est renaître à son âme et voyager dans un espace sacré qui sera le chemin de la réunification.


L’Apprenti Franc-maçon se construit à la lumière du symbole, sur la verticale de la perpendiculaire, entre l’équerre et le compas. Par le tracé du tableau de Loge il commence à rassembler ce qui est épars pour découvrir que la pensée symbolique est voie de connaissance.


Ce livre fait partie de la trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie.

 

BEHAEGHEL - le compagnon franc-maçon & l’art du trait    -    Tome  2   -

 Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2001

Après une première approche du monde des symboles en tant qu’Apprenti, le Compagnon découvre l’Art du Trait qui le fait entrer, jour après jour, dans la lumière de l’initiation. Du carré long à l’étoile, le chemin à parcourir est celui d’une spirale qui conduit au cœur de l’étoile.


Le Compagnon perçoit que c’est au centre du labyrinthe qu’il trouvera la lumière, que cette lumière est conscience et qu’elle germera au cœur de lui-même par la connaissance des nombres. L’Art du Trait révèle la loi d’harmonie qui reproduit la vision de l’acte créateur.


Ce livre est le second d’une trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie initiatique.


L’étoile flamboyante, le mythe, le nombre 5, le tableau du Compagnon, les outils, le voyage, la voie royale, le temple, la clé de voûte.

Tout est expliqué.

 

BEHAEGHEL - le maÎtre maçon & la mort symbolique   -    Tome  3   - 

Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2002

Avec ce livre s’achève la trilogie consacrée aux trois grades essentiels de la Franc-maçonnerie dans son aspect symbolique et initiatique qui est outil de construction conduisant à la maîtrise. L’initié est un passant qui trace son propre chemin, sans se laisser aveugler, ni par le matérialisme, ni par la pensée dogmatique, ni par l’illusion de certains obédiences ou des idéaux politiques. Son art consiste à retrouver l’âme du monde qui contient l’âme de l’homme en devenir dans le plan de l’Architecte.

 

La mort de Maître Hiram représente la mort initiatique, qui avec la renaissance à un autre niveau de conscience permet de continuer la quête vers la vérité et la liberté. Le mythe de Maître Hiram est donc l’histoire d’une quête pour poursuivre l’objectif du Maître qui est la construction du temple de Salomon. L’assassinat de Maître Hiram conduit donc à la question de la finition du Temple. Qui pourra le terminer car le savoir- faire du Maître est perdu ? Le mythe pose ainsi la question de la construction de notre temple intérieur.

 

Le mythe est le moyen d’avancer dans notre quête personnelle, car le mythe pour le mythe, aussi intéressant soit-il, n’a qu’un intérêt limité. Il faut aller au-delà des symboles et des mythes, qui ne sont que des supports qui par analogie sont des déclencheurs de conscience, des moyens, c.à.d. des outils indispensables pour avancer.

Au niveau individuel, le mythe nous guide dans la quête du MM dans sa démarche maçonnique. Cette quête n’est pas la recherche d’un résultat, mais la progression vers plus de connaissance, vers plus de conscience. Nous ne pouvons avancer sur ce chemin de la connaissance et de la conscience que par l’expérimentation, par l’action, car tout ce qui est en dehors de l’expérimentation n’est que possibilité.

 

Si nous avons tenté d’apporter des réponses à quelques questions du mythe, il en reste de nombreuses qui restent encore ouvertes : pourquoi a-t-on perdu ces secrets car d’autres maîtres devaient le posséder ? Qui va terminer le temple ? Que sont devenus les mauvais compagnons ? Où est la sépulture de Maître Hiram ? Etc. La recherche des réponses à ces questions en s’appuyant sur la transmission et l’expérience permettra de progresser dans la recherche personnelle.

 

Changer la pierre brute en pierre taillée, l’amener à recevoir et à diffuser la lumière n’est-il pas le travail que nous devons entreprendre sur nous avec nos Frères : seul et ensemble en même temps ? Car on ne peut prétendre améliorer le monde si l’on n’est pas soi-même construit et réalisé, c’est-à dire un Homme Véritable, qui a retrouvé les secrets véritables.

 

sommaire :


Gestuelle, mot du troisième degré, parole perdue, l’acacia, le tableau du troisième degré, les cinq points parfaits, le sacrifice, le voyage, tout est expliqué.

 

BEHAEGHEL  -  LE  NOMBRE  CRÉATEUR

Julien Behaeghel

Edition Maison de Vie

 2012

A l’origine de la création se trouve le Nombre ; c’est lui qui engendre la forme et le temps. Et c’est ce Nombre originel qui se décline en dix phases. L’auteur nous propose de parcourir ces dix phases en les éclairant à partir d’une philosophie du Nombre, élément essentiel de la Tradition.

 

1 : Le Dieu UN : Le cercle est le symbole universel de la Totalité Une. La couronne Kether est une autre expression du cercle, elle est Principe créateur d’où fusent toutes les potentialités de la création éternelle. C’est l’œuf cosmique, le centre d’union-émanation d’où l’éclair créateur a jailli pour illuminer les Ténèbres, ce point est Unique (R. Guénon). Cette porte, porte de la sortie du Temps, le passage vers l’invisible, elle est la porte de sortie du temps spiralé de l’éternel retour, l’ouverture par laquelle l’initié chaman sort du monde matériel pour gravir les échelons de l’échelle des 7 cieux et atteindre la sphère des étoiles fixes. C’est aussi la « porte » située entre le monde de la Manifestation et celui de l’Emanation, l’œil du Dieu créateur. Le monde est d’abord « vision de l’œil de Dieu » avant tout.

 

2 : l’eau double : L’une est la pluie spiritualisante et l’autre l’eau terrestre, l’eau du Baptême ou eau de transsubstantiation. Les eaux solaires et lunaires chez les Dogon les principes mêmes de la création des génies de l’eau, premiers enfants réussis des œuvres de Dieu. L’eau donne donc naissance aux jumeaux de la dualité première, jumeaux qui sont très présent dans le Tarot et le Zodiaque. On trouve cette dualité dans le blanc et le noir, la lumière et les ténèbres, et dans ce cas la dualité est manichéenne et passive, elle divise et sépare les deux aspects apparemment inconciliables d’une certaine réalité.

 

3 : La Divine Triade : Dans toutes les traditions, le nombre 3 a toujours été associé à la divinité parfaitement manifestée à elle-même ; le 3 procède à la véritable naissance de Dieu. L’homme est en quelque sorte crée trois fois suivant sa triple nature originelle : sa substance est à la fois divine, spirituelle et biologique. Le triangle étant la manifestation de la divinité trois en une. Le Trois est représenté par la planète Saturne et pas la Séphire Binah qui est la compréhension. En Egypte les trois pas du Pharaon symbolisaient L’Etoile, le Soleil et la Terre.

 

4 : Le carré Terre : Figure de base de l’espace, il est le symbole de l’univers crée et complémentaire de l’univers incréé. Le carré exprime l’instant et même l’arrêt ; il comporte l’idée de consolidation et de solidification. Le chiffre quatre, homologue du carré, est le nombre du développement complet de la Manifestation. Autrement dit, le carré rend visible les totalités, il est le fondement de toutes les cosmogonies.

 

5 : L’Homme-Etoile : L’Etoile Flamboyante a toujours été dans toutes les traditions, signe de lumière et de rayonnement, mais aussi d’Amour. Aussi bien dans l’Arbre séphirotique (Gevoura) que dans la Tarot (arcane 5-le Pape) ou dans la Tradition Judéo-chrétienne (l’étoile étant l’envoyé de Dieu symbolisé par un ange, et c’est pour cela que les Rois mages partirent à la recherche de Jésus) ; mais elle reste un mystère. Le pentagramme est le pentagone circonscrit contenant l’étoile en son centre. Cet androgyne-étoile est l’homme des temps nouveaux qui, comme le dit J. Servier « inscrit sur terre le nom divin en nombre d’homme »

 

6 : L’Androgyne Divin : Le nombre six, géométriquement traduit par l’hexagramme, nommé souvent sceau de Salomon ou bouclier de David, est celui du parfait équilibre, il réalise l’harmonie entre le processus de création et de réintégration, autrement dit, il réalise l’union du créateur et de sa créature. Dans la 6e Séphira (Tipheret) est appelée Beauté, elle est situé sur l’axe central de l’Arbre de Vie, elle est le reflet de Kether, la source divine. R. Abellio considère le sénaire(6) comme étant la structure absolue à la base de toute manifestation. La Genèse nous apprend que le mode fut créé en 6 jours.

 

7 : Le Septénaire triomphant : Netzach la 7e Séphira représente la force ascendante de l’éternité, la double triade concentrée en Tipheret, commence son ascension vers l’unité cosmique et éternelle. Elle formera avec Hod, le Réverbération, la 3e triade de l’Arbre. Le Septénaire est par-dessus tout, la naissance de l’homme nouveau, qui, marqué du sceau de Salomon, se sent irrésistiblement attiré vers le haut, vers le dôme de son éternité ; comme l’arcane 7 du Tarot avec le Chariot et son triomphateur qui est emporté vers le soleil.

 

8 : Le Trône octogonal : La 8e Séphira est Hod (Splendeur) ; cette splendeur est triple, la splendeur de la forme parfaite, celle du trône et la splendeur de l’étoile jumelle. L’octogone est la forme intermédiaire entre le carré (Terre) et le cercle (ciel), il est le symbole du Trône divin qui n’est autre que l’Esprit Universel. Le nombre 8 nous rappelle aussi la forme du caducée dont les deux serpents symbolisent les deux principes créateurs en parfait équilibre par rapport à l’axe central (axis mundi).

 

9 : La Rose crucifiée : Le nombre 9 réunit en lui tous les autres pour les projeter dissous dans l’Unité nouvelle : l’Unité cosmique. Hesed (9e Séphire est la fondation, elle est fin de cycle avant l’avènement du Royaume. Le monde en 9 est une merveilleuse représentation quaternaire du cosmos dont les deux croix conduisent au dix, nombre de l’unité amplifiée du Royaume. La rose à 5 pétales remplace ici l’étoile à 5 branches. L’Homme qui attache la Rose à la croix, relie temporellement la dialectique et la Gnose, le Temps et l’Eternité. Il faut transcender définitivement la temporalité pour permettre à la corporéité de quitter la pesanteur terrestre afin de communier pleinement avec l’Eternel.

 

10 : La Mandorle : On atteint la 10e Séphira : Malkut (royaume), terme du voyage. La dixième et dernière phase des métamorphoses successives du symbole nous révèle le cercle unificateur de la nouvelle unité, l’unité cosmique : l’Ouroboros se mord la queue ; la vision retourne rajeunie à l’œil de son créateur. La totalité de la Manifestation formelle retourne au Principe, la fin du cycle, la fin du Temps. La Roue cosmique induit immédiatement une série de symboles dont le plus évident est « la rue de fortune » du Tarot qui rappelle les divers cycles de la vie de l’homme sur terre et ses diverses réincarnations purificatrices (Samsara). Symboles du Sol Invictus, mandalas de Borobudur, chrisme chrétien, antimoine alchimique, diverses croix à plusieurs directions, swastika et sceau de Salomon, tous ces symboles nous invitent à une pérégrination vers le Centre, vers notre centre, vers notre labyrinthe pour atteindre le Centre vide de l’unité céleste et peut être se fondre et fusionné avec lui.

 

BEHAEGHEL - le tarot du fou

Julien BEHAEGHEL

EDITION LABOR

 1991

L’auteur Franc-maçon de Belgique qui a déjà signé des livres sur les symboles maçonniques, nous parle ici du tarot qu’il interprète comme un « mandala » de la spiritualité occidentale. Les Arcanes sont expliqués comme une épopée ou le MAT (le fou) dans ses pérégrinations rencontre successivement tous les personnages des arcanes majeurs et nous fait découvrir leur symbolique. Il nous entraîne ainsi jusqu’à l’arcane, 21 « Le Monde » terme du voyage.

 

Il est une majorité de Francs-Maçons qui ne voient aucun lien entre la Franc-Maçonnerie et le tarot (ou Tarot). D’autres se passionnent pour ses anciennes cartes (on dit « lames ») illustrées et le phénomène n’est pas nouveau puisqu’un Oswald Wirth a rédigé Le tarot des imagiers du moyen âge après s’être penché sur le symbolisme du tarot et la divination. Il s’est par ailleurs intéressé à l’astrologie. Il est d’autres auteurs qui ont marqué leur intérêt pour le tarot comme Julien Behaeghel avec Le tarot du fou. Livre et jeu de Tarot.

 

Voilà qui intéresse sans doute encore quelques Francs-Maçons qui naviguent dans les eaux du new age, de la voyance, du rejet de la médecine classique… Ils suivront sans doute aisément Imbert lorsqu’il considère que : Il faut considérer en premier lieu que le Tarot de Marseille forme un ensemble cohérent, au niveau macroscopique et au niveau microscopique

 

L’ouvrage de julien Behaeghel : Le tarot du fou attirera sans doute ces derniers. Est-ce à dire que les autres dédaigneront cet ouvrage ? Pas nécessairement car si l’on n’adopte pas les convictions de l’auteur et les rapprochements qu’il effectue (par exemple entre des représentations artistiques et certaines lames, comme aussi entre le signe de l’infini – lemniscate assimilé au Lac d’Amour -et le chapeau du Bateleur), on peut néanmoins être fasciné par ces images anciennes.

 

Par ailleurs, l’auteur, à partir de ces observations sur chacune de ces lames, livre des informations ou considérations qui ne manquent pas d’intérêt dans différents domaines comme le culte de Mithra, l’image comme valeur.

 

Un superbe livre sur le sujet.

 

BEHAEGHEL -  LE  ZODIAQUE  SYMBOLIQUE

Julien  BEHAEGHEL 

Edition  MOLLS – Belgique

 1999

Le Zodiaque est un des plus vieux symboles de l’humanité, les premiers ont été découvert en Mésopotamie, puis est passé en Egypte où on le retrouve au plafond de Dendérah, enfin les Grecs le développe et le transporte à Alexandrie où vers -300 ans, Ptolémée va le développer considérablement et en faire une science astrologique qui deviendra astronomique au siècle des Lumières, car, depuis toujours l’Homme croit que son devenir est inscrit dans les étoiles.

 

Dans cet essai, l’auteur n’analyse pas le Zodiaque comme le ferait un astrologue mais bien comme un chercheur à la recherche de son âme. C’est de ce Zodiaque intérieur dont il sera question. Le Zodiaque qui résume parfaitement notre quête terrestre, notre voyage dans le temps, depuis notre naissance jusqu’à notre re-naissance.

 

Les 12 signes du Zodiaque sont les 12 yeux de l’Homme qui veut voir l’autre côté du réel, ce réel qui nous cache l’apparence des choses et des êtres.

Les 12 signes du Zodiaque sont les 12 portes du royaume de l’esprit, ces 12 portes de notre maison de lumière.

 

Chaque signe est présenté avec ses mythes, ses éléments, ses symboles, son histoire et ses rapports avec les autres signes.

 

Au sommaire de cet ouvrage de Julien Behaeghel:

 

Les 4 éléments du Zodiaque et le Zodiaque cosmogonique. L’Homme Zodiaque et son anatomie en fonction des signes 

La spirale du Bélier  (21 Mars - 21 Avril)

Les cornes du Taureau  (21 Avril - 21 Mai)

Les Gémeaux-Jumeaux    (21 Mai - 21Juin)

La mort du Cancer      (21 Juin - 21 Juillet)

La force du Lion    (21 Juillet - 21 Août)

La Vierge oblative    (21 Août – 21 Septembre)

La Balance de justice      (21 Septembre - 21 Octobre)   

La mort du Scorpion       (21 Octobre - 21 Novembre)

La flèche du Sagittaire      (21 Novembre – 21 Décembre)

La chèvre-poisson du Capricorne     (21 Décembre – 21 Janvier)

L’onde de lumière du Verseau         (21 Janvier – 21 Février)

Le cordon ombilical des Poissons      (21 Février – 21 Mars)

 

BEHAEGHEL - LES  GRANDS  SYMBOLES  DE  L’HUMANITÉ

JULIEN  BEHAEGHEL 

ÉDITION  ALPHÉE

 2011

Les symboles sont les balises du voyage humain dans le labyrinthe du temps. Ils racontent à leur façon les principaux moments de l’éveil de la conscience.

L’auteur nous présente les principaux symboles, du point initial des commencements, à l’axe du monde en passant par la Roue de la Vie, la dualité, la Trinité, la Croix….et nous conduit au cœur de nous-mêmes, au cœur de l’Etoile.

Le symbole est infini et éternel, il contient en lui la totalité des devenirs, dans ce monde comme dans d’autres mondes possibles. Il contient toutes les réponses à toutes les questions que l’Homme se pose depuis toujours sur son avenir terrestre, mais voilà, pour avoir accès à ces réponses, il faut d’abord pouvoir poser les bonnes questions et ensuite être suffisamment éveillé pour être à même de déchiffrer les réponses. Or tout est là, tout est donné, depuis le commencement, dans l’universalité du mythe, dans l’intemporalité du symbole, encore faut-il pouvoir lire, voir et écouter.

Cet ouvrage est une tentative de lecture du symbole en insistant sur notre myopie et notre ignorance du plan. Nous savons que le plan existe mais son tracé ne nous est pas connu avec précision. C’est d’ailleurs pour quoi nous l’appelons labyrinthe, car nous ne pourrons connaître son tracé que lorsque le voyage sera terminé. Le symbole est donc un voyage, et il se présente à la fois, comme un nœud à démêler et une toile à tisser. Ce que nous devons chercher c’est le fil d’Ariane, car sans ce fil nous ne pouvons pas nous relier à notre ombilic, à notre centre de vie. Julien Behaeghel, qui nous a quitté en 2007, a beaucoup écrit sur le symbole.

Dans ce livre, il nous invite à « manger le symbole », faisant référence à Gilgamesh qui ne comprend pas qu’il doit manger la plante d’immortalité et l’eau de vie. Manger le symbole, l’ingérer, c’est être le symbole plutôt qu’avoir le symbole. Les trente symboles étudiés dans ce livre ont tous une fonction particulière dans le grand jeu initiatique œuf cosmique – œil-miroir, point-rien, Père-Ciel et Mère-Terre, arbre, serpent, soleil double, lune quaternité, cercle, croix, spirale, labyrinthe, montagne sacrée, trinité et triangle, arc-en-ciel, cercle-carré zodiacal, dieu cornu, axe du monde et pôle, ange et androgyne, équerre et compas, Janus ou la dualité, nœud, cœur, étoile, coquille et conque, phallus-linga, roue…Chaque étude, dense, précise et d’une grande richesse, révèle les possibilités de mouvement du symbole, sa potentialité opérative.

Plutôt que des longs et inutiles développements, Julien Behaeghel préfère condenser l’essentiel dans une écriture où se mêle poésie et connaissance. « Le symbole est « le dernier accès au sacré » selon Robert Triomphe, rappelle l’auteur. Et il développe : « Qu’est-ce que le sacré, sinon l’incompréhensible verbe qui a prononcé notre forme, au commencement, lorsque tout était noirceur et inconscience. Le sacré est la parole perdue, celle qui a tout créé, qui a tout dit, lorsque rien n’avait jamais été dit. C’est la parole de vie, la parole de sang, de sève, d’eau et de lumière. Le sacré, c’est ce qui nous a pensés de toute éternité afin qu’un jour, dans le temps, nous puissions voir sa beauté et petit à petit deviner la couleur de son regard et, plus tard, bien plus tard, partager sa sagesse. »

Après avoir abordé ces symboles fondamentaux, il rappelle les bases du symbolisme géométrique, du symbolisme des nombres, du symbolisme des couleurs, du symbolisme des animaux, du symbolisme des métaux et du symbolisme des fleurs, les fleurs qui sont « dieux et déesses et dans de nombreux cas symboles d’immortalité. ».Ce livre, dédié à C.G. Jung, ce qui n’est pas anodin, relève du tissage traditionnel. Il ne propose pas une juxtaposition de notices mais un voyage sur l’océan du symbole par des méditations imbriquées. Utile à l’instruction de base, il nourrit aussi l’esprit des questeurs qui ici et là trouveront matière à nouer ou dénouer.

Julien Behaeghel puise dans le superbe symbolisme Dogon : « La déesse nous tient en son nœud, giron cosmique dont le centre est chaleur solaire. Et c’est à sa chaleur que nous tisserons notre propre devenir en ajoutant quelques mailles à l’énorme grenier du monde, et lorsque notre travail d’amour sera terminé, la Nommo-déesse, Vierge du passage, nous donnera son fil, cordon ombilical de l’invisible, nous hissera dans le centre de conscience. Le fil de la Vierge deviendra alors l’axe du monde ; le nœud sera délié, le temps sera abrogé, la porte entre les deux mondes sera ouverte. L’homme alors n’aura plus qu’à tresser son âme au cœur même de l’âme universelle. »

L’auteur développe les symboles suivants :

L’œuf cosmique, l’œil-miroir, le Père-Ciel et la Mère-Terre, L’arbre, le serpent, le soleil-double, la lune, la quaternité, le cercle, la croix, la spirale, le labyrinthe, la montagne sacrée, la Trinité et le triangle, l’Arc-en-ciel, le cercle-carré zodiacal, le dieu cornu, l’Axe du monde et le Pôle, l’ange et l’androgyne, l’équerre et le compas, Janus et la dualité, le nœud, l’étoile, le cœur, la coquille et la conque, la phallus linga, la roue, le symbolisme géométrique des nombres, des couleurs, des animaux, des métaux et des fleurs.

 

BEHAEGHEL  - osiris, le dieu ressuscitÉ

Julien behaeghel

Edition BERG INTERNATIONAL

1995

L’Égypte est à l’origine de l’aventure spirituelle de l’humanité. L’histoire d’Isis et d’Osiris, son époux, le premier homme-dieu qui, par sa mort, devint terre, eau, feu et air pour sauver la matière et indiquer à l’homme la voie menant à la lumière, symbolise toute quête d’unicité et d’immortalité. Osiris, dont le corps démembré et le sang répandu susciteront les diverses péripéties de la manifestation terrestre, meurt dans le temps pour nous appeler à la conscience.

 

Isis, sa femme-sœur, est la première Vierge-Mère. Par une immaculée conception, elle donnera naissance à Horus, le Verbe-Fils, afin qu’il ressuscite son divin époux, image du monde. Après avoir au préalable lutté à mort avec son frère jumeau, Seth, le dieu du Mal, car dans ce mythe le Bien et le Mal agissent comme les aspects opposés et complémentaires d’une même réalité temporelle, Horus, le Fils-dieu, accomplira sa mission.

Osiris est le premier des dieux ressuscités. Il est le personnage central d’un des plus grands mythes fondateurs de l’humanité. Il préfigure le Christ, venu pour sauver les hommes, et annonce l’alchimie spirituelle dont le but est de sauver aussi la matière. Isis est la Mère divine, archétype de toutes les Vierges à l’enfant de notre histoire religieuse. Avec Horus, ils seront les initiateurs de toutes les trinités à venir.

 

Nout et Geb, la Déesse du Ciel et le Dieu de la Terre, mirent au monde Osiris, Seth, Isis et Nephtys. Osiris épousa sa sœur Isis et reçut de son père la riche vallée du Nil, tandis que Seth et Nephtys héritèrent des vastes déserts environnants. Devenu roi, Osiris apporta la civilisation aux Égyptiens : la culture, la justice, la religion... Osiris, qui au départ était un homme, fut appelé « Dieu » car il révéla le monde divin. Il avait le savoir divin et il ouvrit à son peuple le chemin vers la Lumière à travers les enseignements sacrés, les symboles, les rites. Osiris était un Fils du Soleil, un Envoyé du Père, mais il a rapidement constaté qu’il ne pouvait pas apporter la Lumière dans le monde des hommes car il y avait trop d’agitation, trop de conflits autour de lui et tout ce qu’il essayait de poser sur la e terre était sans arrêt détruit. Il faisait face à une incompatibilité absolue entre la vie matérielle et le monde de l’éternité.

 

La légende d’Osiris raconte que son frère Seth était jaloux de lui. Mais pourquoi était-il jaloux ? e Seth était un homme puissant dont le but était de réaliser le monde des hommes, de faire apparaître la matière et de la maîtriser. Il voulait se servir des lois de l’Esprit, des lois de l’Intelligence supérieure- pour maîtriser la vie sur terre et édifier une puissante civilisation. Osiris et Seth, c’est l’Esprit et la matière. Seth est la loi de la matière, la loi de ce qui est dur, ce qui se cristallise. C’est lui qui fait en sorte que l’Esprit se condense et devient matière. La contraction, le durcissement, le froid sont des lois de la matière, tandis que la dilatation, l’expansion, la chaleur sont des lois de l’Esprit. De la même manière, l’avidité est une loi de la matière, elle est contraction, durcissement, froid ; alors que la générosité est une loi de l’Esprit, elle est dilatation, expansion, chaleur. Seth et Osiris personnifiaient ces forces de la nature. Seth a engendré la matière, donc la mort, et Osiris a engendré l’Esprit, la vie. Osiris est partout, il est généreux et impersonnel, alors que Seth nous offre l’existence personnelle, la liberté, la capacité d’être des créateurs.

 

Dans la légende, Osiris et Isis étaient le couple sacré, des Dieux sur la terre. Osiris était le Père, Isis était la Mère et ils s’aimaient. Seth était jaloux de cet amour car Osiris et Isis vivaient dans l’immensité alors que lui était prisonnier dans les formes. La légende raconte qu’avec soixante-douze conspirateurs, il confectionna un sarcophage à la taille d’Osiris. À l’occasion d’un banquet, Seth lança qu’il offrirait le coffre à celui qui parviendrait à s’y allonger complètement. Aucun participant ne réussit à y entrer entièrement, alors Osiris lui-même essaya le sarcophage, qui lui allait comme un gant. Les compagnons de Seth refermèrent le couvercle et l’y emprisonnèrent. Puis ils jetèrent le cercueil dans le Nil. Apprenant ce qui était arrivé à son époux, Isis partit à la recherche du coffre. Après de longues recherches, elle le retrouva à Byblos, en Phénicie. Le sarcophage avait été pris dans le tronc d’un arbre pendant sa croissance, arbre que le roi de Byblos avait utilisé dans la construction de son palais. En se faisant passer pour une nourrice réussit à se faire engager au palais et à récupérer le sarcophage, qu’elle ramena en Égypte. Seth, frustré, réussit à s’emparer du corps d’Osiris et le découpa en plusieurs morceaux qu’il éparpilla dans toute l’Égypte.

 

 Isis et Nephthys naviguèrent alors sur toutes les eaux du pays à la recherche des morceaux du corps, qu’elles rassemblèrent peu à peu. À Philæ, elles retrouvèrent une jambe, à Letopolis, une épaule, à Busiris, la colonne vertébrale, et à Abydos, la tête. Elles retrouvèrent toutes les parties du corps d’Osiris, sauf son phallus, qui avait été jeté dans le Nil et avalé par un poisson oxyrhynque. Isis parcourut donc l’Égypte pour reconstituer le corps de son époux. Reconstituer le corps d’Osiris, c’est réunir toutes les parties du Tout, c’est donner du sens à tout ce que l’on voit, et voir que tout est relié dans une grande sagesse qui illumine le monde. Isis, c’est la femme qui aime son mari, qui est Dieu, et qui veut prendre soin du Divin sur la terre. Isis retrouva finalement tous les morceaux du corps d’Osiris. Sachant que tant que le corps de son mari ne serait pas complet il ne pourrait pas atteindre l’immortalité, elle lui confectionna un phallus et elle reforma tout son corps. Aidée de Thot et de sa sœur Nephtys, elle en fi t une momie, à laquelle elle réussit à donner le souffle e de vie par la magie de ses ailes. C’est ainsi qu’Osiris atteint l’immortalité et ouvrit ce chemin pour tous les êtres, à travers Isis et Horus.

 

On y parle : des Néter, du Nil, du soleil, de la pyramide, du temple, du livre des morts, Seth Typhon, des jumeaux, Orphée et Eurydice, Nephtys, du sacrifice, la lune, les 3 mondes, les 14 morceaux d’Osiris, la fontaine de Jouvence, Astarté, la trinité osirienne, la pesée des cœurs, la consubstantiation, la femme solaire,

 

BEHAEGHEL - quÊte symbolique d’un franc-maçon

Julien behaeghel

Edition MAISON DE VIE

 2007

Selon l’auteur, chaque Franc-maçon se doit de témoigner de son expérience initiatique. Depuis vingt ans, Julien BEHAEGHEL « pérégrine » de loge en loge pour transmettre le fruit de ses méditations, sachant cependant que le vécu est impossible à communiquer, même à ses meilleurs amis.

Dans ces 22 conférences, des « morceaux d’Architecture », il va de Saint Jean à l’alchimie en passant par l’étoile flamboyante et la symbolique des nombres, tout en évoquant des notions essentielles pour les Franc-maçons : le haut et le bas, la lumière et les ténèbres, la beauté…

Loin des sentiers battus, cet ultime ouvrage constitue donc le testament spirituel et philosophique de l’auteur.

On y trouve :

le sacré, St Jean l’initié, le verbe, la lumière, l’apocalypse, le nombre créateur, force, beauté, sagesse, l’étoile flamboyante, Yung et la quête de l’âme, initiation et alchimie, Osiris, les tailleurs de pierre, l’art du trait, l’endormissement, le tarot initiatique.

Julien Behaeghel né en 1936 nous a quittés en juillet 2007.

 

BEHAEGHEL - symbole & initiation maçonnique

Julien behaeghel

Edition Du Rocher

 1999

Tradition ésotérique, la Franc-maçonnerie est dépositaire et responsable d’un symbolisme qui fait sa profondeur.

 

Mais une juste compréhension de ces symboles est la condition pour que ses membres les plus éclairés puissent en appréhender la lumière initiatique.

L’auteur a choisi d’aborder ce symbolisme à travers l’image du labyrinthe chiffré, de un à neuf, qui renvoie au « monde en neuf » de la tradition chinoise.

 

Le labyrinthe est l’image d’une recherche : l’être de conscience recherche son centre et le centre du monde, symbolisé par la pierre. Ses instruments seront ainsi dans la tradition maçonnique le nombre du géomètre allié aux outils du tailleur de pierre.

Dans une pérégrination initiatique qui lui fera découvrir les grandes figures de la géométrie sacrée, le Maçon accomplit un parcours qui aboutit à la construction du Temple nouveau.

L’auteur déchiffre en outre la signification des principaux symboles associés aux grades de la maçonnerie écossaise : autre initiation chiffrée, qui trouve là aussi son sens dans le symbole régénérateur, par lequel l’homme réalise son véritable trajet vers l’unité.

Symboles et initiation maçonnique propose ainsi un voyage érudit et inspiré dans les arcanes de la tradition maçonnique.

 

1. Méditation symbolique
2. Le rituel
3. Le grand Architecte de l’Univers
4. L’équerre et le compas
5. Les trois grandes lumières
6. Les quatre voyages
7. Les cinq pointes de l’étoile flamboyante
8. Les six directions de l’espace sacré
9. Les sept marches de l’escalier à vis
10. Le carré long (ou le quaternaire sublimé)
11. La quête des neuf (HIRAM hors du labyrinthe)
12. La chaîne d’union
13. Les deux saints Jean

1. Les grades de perfection
La couronne de laurier et d’olivier
La clef du cœur
L’étoile et la balance
Le poignard et la caverne
Le puits
La caverne labyrinthique ou l’arbre inversé
Le pont du passage
La Jérusalem céleste
Le livre aux sept sceaux
La croix et la rose
2. Les grades philosophiques
Le serpent à trois têtes
La Tour de Babel
La hache couronnée
Le tabernacle
Le serpent d’airain
L’aile et la flèche
L’aigle noir et blanc

3. Les grades administratifs
L’échelle mystérieuse
L’étoile à neuf pointes
La tunique blanche

 

BEHAEGHEL - VAINCRE  LA MORT OU LA SPIRALE DE VIE

 Julien  BEHAEGHEL

 ÉDITION  MAISON DE VIE

  2011

 Comment un Franc-maçon, attaché à la symbolique et à la vision de Jung, aborde-t-il le problème de la mort, aujourd’hui tellement occulté ?

 

Julien Behaeghel qui nous a quitté en Juillet 2007, nous invite à méditer avec lui et à parcourir un chemin qui mène au-delà de la mort, notamment en empruntant la voie et le tracé de la spirale, qui permet de traverser les mondes « Tout spiraliser pour tout spiritualiser », écrit-il, alors la mort n’est plus une fin.

 

Au cours de leur longue histoire, les hommes ont souvent maltraité la nature ; aujourd’hui, c’est la planète qui est en cause. La gent humaine prépare inconsciemment mais avec certitude la mort de la terre qui nous porte et nourrit. La mort de la planète entraînera automatiquement la mort de l’homme. On peut se demander alors si nous n’avons pas en nous un instinct de mort aussi puissant que notre instinct de vie.

 

La faim de la mort semble supplanter la réalité physique de la fin de la vie, alors que, pour l’homme de la Tradition, la mort a été toujours un passage vers une autre vie. En Egypte ancienne, le décédé était appelé le « nouveau vivant », et c’est comme tel qu’il se présentait devant Anubis le dieu de la pesée des cœurs. La mort, ésotériquement, n’est ni une fin, ni une faim ; elle est la clé d’un devenir de l’esprit. La faim de la mort est en fait une maladie de l’esprit, une conséquence insidieuse de la dualité du créé ; elle manifeste la prépondérance de la dualité sur l’unité, du désordre sur l’ordre, du visible sur l’invisible.

 

Or vivre n’est pas œuvre de destruction mais, bien au contraire, vivre c’est créer, vivre c’est aimer. Et l’amour est la seule façon de préparer activement et consciemment un monde autre, le monde d’après.

Mais en réalité il ne sera pas question dans ce livre de la vie physique ou de la mort de l’homme mais bien de sa vie spirituelle.

 

Cette vie qui se déploie, au fil du temps et de la montée de la conscience, dans un espace et dans un temps qui sont au-delà de temps et de l’espace planétaire ou interplanétaire. Nous allons tenter comme bien d’autres avant nous, de pénétrer dans le dedans des choses, afin de voir dans quelle mesure l’esprit a un sens qui n’est pas celui de la mort et de la désintégration.

 

Nous allons entrer dans un monde du dessous et, comme Ishtar, y rencontrer la Reine du royaume d’En-Bas pour lui poser nos questions.

 

Pour ce faire, nous devons évidemment croire que l’esprit existe et qu’il est une dimension essentielle de nous-même et du vivant. Ce qui veut dire que sans cette dimension la vie ne peut avoir de sens et que l’esprit, comme un agent vital, peut transcender le temps et la matière pour nous conduire au-delà du réel apparent, c'est-à-dire au-delà de l’impermanence de la vie cyclique et organique.

 

BEHAEGHEL - voyage au cœur du symbole

Julien behaeghel

Edition DU ROCHER

 2004

Voyage au cœur du symbole nous propose de pénétrer graduellement dans la cosmographie symbolique. Cette dernière met en lumière les grandes sources du symbole et ses manifestations essentielles. Ces sources remontent dans le temps, depuis les révélations les plus anciennes des mythes, dont les « histoires » nous initient à la réalité intemporelle, jusqu’aux grands rêves de notre expérience personnelle.

 

Iconographies religieuses, mystiques et ésotériques d’une part, géométrie et nombres symboliques de l’autre sont à la base des grands symboles fondamentaux (carré, cercle, centre et croix) et de leurs combinaisons (cosmogrammes, labyrinthes et mandalas) : des systèmes dont le seul but est la réunification de l’être par la quête du centre. C’est ce que montre au final l’étude de deux grands cosmogrammes : Le tarot et sa quaternité et l’arbre des Sephiroth et sa cosmogonie lumineuse. Le symbole est un voyage initiatique ; le mérite de cet ouvrage occidentaux, est de nous rendre perceptibles les étapes essentielles et obligatoires de ce long périple dans les profondeurs de notre devenir spirituel.

 

Tout être incarné est appelé à recomposer son être, ce qui fera de lui un Androgyne divin.  L’androgynie a été tellement dépréciée, suite à la condamnation religieuse et sociale de certains comportements sexuels et de l’apparition de certains êtres hermaphrodites, ce qui n’a pourtant pas grand-chose à voir avec l’androgyne, que plusieurs, à tort, ne voudront pas que cela leur arrive.  

 

Mais ils ne pourront éviter que, un jour, dans l’Illumination, résultat de la Fusion du Ciel et de la Terre, cela leur arrive.  L’Enfant divin n’est-il pas la progéniture du Père-Mère, soit du Père-Essence et de la Mère-Matière?  Ce n’est que par nécessité qu’il n’a pas pu amener avec lui, dans l’incarnation, sa polarité complémentaire, restée dans le Cœur de l’Absolu.

L’Androgyne désigne une réalité spirituelle qui n’est ni masculine ni féminine, maie neutre.  Il symbolise à la fois l’être non encore manifesté où les polarités sont toujours fusionnées au sein de l’Unité ainsi que l’être manifesté qui a réalisé sa réintégration et a rejoint l’Unité primordiale. On peut considérer cette créature comme une entité exprimant en équilibre les deux aspects de la polarité, ce qui l ui fait contenir la plénitude de l’Unité fondamentale ou de l’Indistinction, ce qui en fait une totalité indivisible.

Il s’agit d’un état de complétude qui l’amène à tenir des deux sexes ou qui amène le masculin et le féminin à coexister en elle.  Il rappelle l’état primordial de l’être humain, le deux en un dans le Paradis originel, et son état futur, dans la perspective de la réintégration à opérer après le passage dans la désintégration, au moment de la fusion avec la Monade divine.  Il exprime la bipolarité de la Réalité, une fusion harmonieuse des contraires apparents, toujours compatibles et complémentaires, au-delà des apparences.

 

Dans ce contexte, on illustre l’Androgyne primordial par un cercle inscrit dans un carré.  Dans le cycle de l’Évolution, il évoque soit que la séparation n’ait pas encore eu lieu ou qu’elle ait pris fin (la redécouverte de la vertu première d’innocence ou l’Âge d’or reconquis).  Il symbolise la plénitude de l’Unité fondamentale, qui fusionne en équilibre les opposés apparents, telle qu’on la rencontre dans l’Alpha, en potentialité, ou dans l’Omega, dans leur intégration finale.  Globalement, cette créature mythique rappelle à l’être humain l’état primordial qu’il revêtait consciemment dans l’Alpha, au moment de l’Émission et qu’il doit aspirer à reconnaître consciemment, après une longue phase d’oubli, perdu dans la dualité de la Matière, afin de le réintégrer dans l’Omega, au terme de la Voie du Retour dans le Royaume du Père-Mère.  Dans la Mythologie grecque, il s’agit d’une race dont les sujets, à la fois homme et femme, partirent à l’assaut de l’Olympe, la résidence des Dieux suprêmes, et qui furent exterminés par Zeus.

 

Dans l’Alchimie, cet être homme-femme, debout dans l’œuf alchimique, entouré des signes planétaires (soufre et mercure).  Debout sur le Dragon, il révèle l’état de Réalisation suprême obtenu par la sage manipulation de l’Énergie vitale.  Alors, il couronne le Caducée hermétique, le Caducée de Mercure, pour désigner l’expiration-inspiration du Créateur et pour signifier que le Ciel n’a plus rien de caché pour l’être capable de le porter.  Cet être concilie en lui les contraires apparents, fusionnant le Ciel (les aspects du Père) et la Terre (les aspects de la Mère).  Il vibre dans l’extase du Un.   Comme le dit l’adage codé : Le mâle devient femelle et la femelle devient mâle pour former l’androgyne hermétique.   Dans ce cas, on parle davantage d’Androgyne hermétique pour identifier une réunion des principes féminin et masculin, avec renversement ou échange des aspects polarisés.

 

Dans la Cabale il donne l’image magique de Hod (Mercure), qu’on dit né de Hockmah (Uranus) et de Binah (Saturne).  Parfois, cette même expression sert à voiler Malkuth (la Terre, dite le Royaume).  Au début de son Cycle d’émanation, l’Homme ou l’Être humain primordial comprenait en lui-même tous les attributs de la polarité, les aspects mâle et femelle.  Mais après sa sortie prématurée du Paradis, au cours de sa descente progressive vers la Matière, pour avoir choisi de façon délibérée d’entrer dans l’Arbre de la Connaissance des Opposés apparents, ce qui le plongea vers les royaumes de la dualité, cette créature dut se diviser en deux entités afin de rester en mesure d’engendrer des enfants et de perpétuer son espèce.  Depuis ce jour, plus préoccupé par le monde extérieur, le Monde de la Matière, il n’a cessé de chercher sa complétude dans une entité extérieure plutôt qu’en lui-même.  Voilà ce qui, pour de motifs de supériorité apparente, a engendré la guerre des sexes, la source de tous les autres conflits, fondée sur l’incompréhension de l’égalité des aspects de la polarité.  En effet, ontologiquement, pendant son incarnation, tout être masculin porte une âme féminine (son âme-sœur véritable), tandis que tout être féminin porte une âme masculine (son esprit-frère véritable).  Ainsi, au terme de son évolution, l’être humain, qu’il soit homme ou femme, devra se réintégrer et se réunifier en lui-même, ce qui lui conférera l’aptitude d’engendrer ou d’émaner, de concert avec le Créateur suprême, ses propres réalités afin d’engendrer un univers à son image et à sa ressemblance.  Ce n’est que de cette manière qu’il accédera à la plénitude de son Pouvoir et qu’il assumera pleinement son rôle de co-créateur libre avec Dieu.

 

L’expression «Androgyne primordial» renvoie à l’Adam primordial qui apparaît au commencement comme à la fin des temps, donc au début comme à la fin d’un Cycle évolutif complet.  C’est un signe de totalité qui résume ou abroge la séparation des sexes.  Il explique que chaque être humain naît à la fois mâle et femelle dans son corps, dans ses aspects subtils et dans son Principe spirituel.  De ce fait, sa spécificité et son orientation sexuelle ne révèlent, dans ce monde que d’une nécessité de différencier, à divers degrés, les sexes, afin de mener une expérience particulière.  Il s’agit de l’état initial qui doit être reconnu au terme de l’expérience évolutive par la conciliation des contraires qu’on appelle la Réalisation de l’Unité première.  Pour le commun des mortels, l’Androgyne illustre l’Âge d’or à reconquérir, l’innocence, la vertu première, à retrouver.   Devenir un par la fusion en Dieu constitue le but de toute vie humaine.  Voilà l’une des caractéristiques de la Perfection spirituelle.  Ainsi, le pôle solaire, électrique, actif, émissif, pénétrant et le pôle lunaire, magnétique, passif, captatif, accueillant, ne désignent que des aspects d’une multiplicité d’opposés appelés à s’interpénétrer de nouveau.  Toute opposition apparente est appelée à s’abolir par l’union du céleste (subtil) et du terrestre (matériel), réalisée par l’être humain dont la puissance doit s’exercer sur le Cosmos dans sa totalité.

 

Normalement, l’expression «Androgyne principiel» désigne le Créateur en tant que Père-Mère, ce Deux dans lequel les principes masculin et féminin se contemplent, se reconnaissent et s’échangent à l’infini la félicité d’un amour sublime qui est à l’origine de toute création, soit de la Création sans cesse recommencée dans l’Éternel présent.

 

Y est développé:

l’androgyne, l’immortalité, les contes, les rêves, les légendes, les symboles fondateurs, cosmiques et figuratifs, les croix celtiques, swastika, potencée et autres, le zodiaque, les quatre éléments, 22 arcanes majeurs, l’arbre, les sephirot, et autre Tétraktys.

 

BEHAEGHEL  -   VOYAGE SYMBOLIQUE DANS LA MARQUE

Julien Behaeghel

Edition  VIF

 1994

Julien Behaeghel est peintre et écrivain. Spiritualiste convaincu, il est fasciné par les grands symboles de l'humanité qu'il a successivement analysés dans le Tarot, dans les quatre éléments de la tradition, dans les grandes marques commerciales de notre époque, dans le mythe des commencements, dans le récit visionnaire de l'Apocalypse de Jean (Apocalypse, une autre genèse, Mols, 1997) et dans les signes du Zodiaque (Le Zodiaque symbolique, Mols, 1999).

Julien Behaeghel est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages qui témoignent tous de l'extraordinaire pouvoir du symbole comme outil de la réunification de l'être. La peinture est aussi pour lui, depuis quarante ans, un mode d'expression pour rejoindre, à travers une géométrie symbolique, l'universel.

 

Au sommaire :

 

L'espace morphologique de la marque (parole et visage, langage symbolique, symboles fondamentaux)-espace symbolique de la marque (symboles cosmiques, mythologie et genèse, signes de la matière, magie du Nombre, personnalités de Marque, lettres de noblesse, nouveaux croisés, bestiaire remarquable, fleurs et musique, son et lumière)-l'espace créatif de la marque-la marque s'en va-t’en guerre

 

Extrait du livre : En 1933, la construction du nouvel Hôtel de Ville de Lille décide de l'expropriation de l'entreprise. Wattignies accueille ses installations et une nouvelle usine. Dans le même temps, l'affaire marseillaise est fermée. Un repli géographique qui ne signe pas, loin s'en faut, la mort de la marque, puisque La Pie qui Chante va désormais prendre sous son aile toute la gamme existante et les nombreux nouveaux produits. Et s'affranchir ainsi de la légende qui en fait un animal néfaste qu'il faut détruire. «Mais quel oiseau, mieux que La Pie qui Chante, la marque française de toute une gamme de bonbons, symbolise avec autant de bonheur l'oiseau chanteur ? Et même si la pie est reconnue comme bavarde, voleuse et futile (elle est attirée par tout ce qui brille), la légende grecque en fait la chanteuse par excellence, capable de rivaliser avec les Muses» nous dit Julien Behaeghel. Hasard ou proximité plus que temporelle, un autre animal va conquérir l'imaginaire des enfants selon la même syntaxe : La Vache qui Rit, née en 1921. 

 

BENZIMRA - CONTRIBUTION MAÇONNIQUE AU DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS DU LIVRE. LE GRAND SECRET DE RÉCONCILIATION

ANDRÉ  BENZIMRA

ÉDITION  DERVY

 2010

Pour André Benzimra, si les divergences entre les trois religions du Livre sont apparentes, c’est parce qu’elles ne se rapportent pas au même aspect du Divin alors qu’elles croient parler de la même chose. Pourtant il existe une source commune aux trois religions qui a vocation à dénouer ces conflits, l’ésotérisme. Dans ce travail de réconciliation, l’ésotérisme maçonnique doit sans doute jouer un rôle important, quoique non exclusif vis-à-vis des autres ésotérismes. Il est bien sur impossible d’envisager de résoudre tous les conflits, mais André Benzimra nous démontre que les plus importants d’entre eux n’ont pas lieu d’être.

 

Il montre ainsi qu’il n’y a aucune divergence entre juifs et chrétiens sur la question messianique, que la querelle du filioque origine du schisme entre les Eglises d’Orient et d’Occident n’a aucun lieu d’être dès lors qu’on admet que l’incarnation du Verbe s’inscrit dans la cadre d’une réalisation descendante ou bien encore que la Trinité est juive avant d’être chrétienne tout en étant présente dans la pensée islamique.

 

Surtout, il explique pour quelles raisons il est fondé de penser que la franc-maçonnerie doit jouer un rôle capital dans cette « réconciliation » entre les trois religions et comment les deux courants qui se partagent la franc-maçonnerie -le traditionalisme et l’esprit des Lumières- doivent dépasser leurs divergences et chercher les voies de leur union.

L’auteur explique les sujets suivants :

 

Le temps du dévoilement et la doctrine secrète- les noms divins- l’Infini (en-Soph)- le Très Haut (El Elyon)- L’Être Créateur (Elohim Lui-les-dieux)- Rattachement des cultes à leurs principes respectifs- signature du nom divin sur le culte qui lui est rattaché- le judaïsme – le christianisme- l’islam- la question du Messie- la querelle du filioque- le saint esprit sur l’arbre séphirotique- la trinité aux yeux des juifs et des musulmans- le Coran- l’Ange Gabriel- l’annonce de la venue de Mahomet- Place de la franc-maçonnerie parmi les cultes, sa mission dans l’œuvre de réconciliation- l’histoire traditionnelle, légendaire et véridique des religions d’Occident- Le Tout Puissant- El Schaddaï et le Grand Architecte de L’Univers-

 

André Benzimra, professeur de philosophie est membre de la Grande Loge de France

 

BENZIMRA - ENQUÊTE SUR L’EXISTENCE D’UNE THÉORIE DU TEMPS CYCLIQUE EN FRANC-MAÇONNERIE

André Benzimra 

Edition  Archè  Milan

 2012

Il y a un principe infini. L’idée d’une science purement déductive a été reprise par quelques philosophes, parmi lesquels Descartes et Spinoza. Le premier commence par établir sa propre existence en considérant qu’il ne saurait être rien, attendu qu’il pense. De cette première « vérité », il entend déduire tout le reste, à savoir qu’il existe un Dieu dont on peut connaître la nature et un monde dont on peut découvrir les lois en nous fondant sur quelques idées innées (discours de la méthode).

 

C’est là prendre les choses à rebours car on ne saurait faire de la créature le principe et du Créateur la conséquence. C’est selon l’enchaînement exactement inverse, c'est-à-dire du Créateur aux créatures, que les choses s’ordonnent dans la réalité et doivent du même coup s’ordonner dans la démarche déductive. Car il n’est dans la pensée aucun ordre véritable, hors celui qui s’inspire de l’ordre des choses.

 

Spinoza prend quant à lui les choses dans le bon ordre (quoiqu’on puisse émettre quelques bémols) car il part comme il faut de l’idée d’un Dieu infini. Mais son souci n’est point tant de connaître le monde, afin d’éclairer le chemin qui retourne à Dieu, que de tirer de cette connaissance du Principe suprême quelques règles d’éthique qui nous permettent de vivre aussi bien qu’il est possible à un être enfermé dans sa condition.

 

Trois conceptions fondamentales du temps sont envisageables. On peut les figurer l’une par une ligne droite orientée, l’autre par un cercle et la troisième par une spirale. Les données de la métaphysique permettent de déduire que seule la spirale est à retenir.

 

 L’auteur explique les différences fondamentales entre le temps cyclique et le temps linéaire et pourquoi cette spirale et double spirale est importante dans une étude spirituelle. La spirale dans laquelle nous sommes entraînés du fait de notre condition temporelle, prend son départ dans un point central qui est Dieu et effectue, en sens sinistrogyre, un déroulement progressif qui éloigne tous les passagers du temps de leur port d’origine, à savoir Dieu. Le temps véritable comporte une seconde spirale, reliée à la première et disposée vis-à-vis de la première en symétrie inversée, cette seconde spirale effectue donc un enroulement en sens dextrogyre autour d’un point central, qui est toujours Dieu. Si la première spirale est négative, la seconde est positive. Le symbole de cette double spirale est symbolisé sur le pilier Sagesse qui est ionique et où est bien marquée cette double spirale qui nous demande une descente suivie d’une remontée dans les profondeurs du temps, avoisinant ainsi l’Eternité.

 

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de :

 

 

De la doctrine des cycles cosmiques en général ; de son expression dans l’Hindouisme ; de sa présence dans les doctrines qui ont parrainé la Franc-maçonnerie. 

La double spirale et le temps cyclique

Enquête sur la manière de déterminer les dimensions du temps

La doctrine des  cycles cosmiques dans les traditions qui ont influencé la Franc-maçonnerie ; les cycles chez les Grecs et les Romains ; dans l’Hermétisme et l’Alchimie ; dans le Judaïsme et la Kabbale ; dans la tradition Johannique

L’Héritage pythagoricien, hermétique et Hébraïque.

Tubalcaïn; le retour d’Abel et Caïn; l’échelle de Jacob; Le roi du monde  une terre sacrée, la plus haute des montagnes, la plus basse des vallées : la vallée de Josaphat.

L’Etoile des Rois-Mages ; Métamorphose d’un symbole Pythagoricien ; la fin du manvantara et l’annonce de celui qui doit le suivre ; le livre scellé de sept sceaux.

 

BENZIMRA - EXPLORATION DU TEMPLE MAÇONNIQUE A LA LUMIÈRE DE LA KABBALE

ANDRE   BENZIMRA

EDITION DERVY

2008

La franc-maçonnerie est comparable à un livre muet. Ses objets symboliques gardent le silence sur leurs propres significations. A raison, les opérations maçonniques sont appelées des mystères. Chaque parole du rituel constitue une énigme. Les explications présentées par les instructions accroissent souvent la perplexité au lieu de la dissiper. On dirait que l’Ordre a omis de livrer la clef qui permettrait de déchiffrer le message qu’il nous adresse.

 

Certes, les Anciens ont sur tout cela leurs opinions. Et il est bon que chacun à son tour forme pour commencer, son avis personnel ? Mais Platon ne nous invite-t-il pas à dépasser le règne de l’opinion ? Or, on remarque en franc-maçonnerie des traces de pythagoricisme, d’ésotérisme johannique, de gnose, d’hermétisme, peut-être aussi d’un héritage templier, de kabbale etc. 

En abritant les vestiges de ces antiques traditions, l’Ordre manifeste la confiance qu’il leur accorde. Ainsi, chacune de ces traditions, si l’on veut bien la prendre pour flambeau, est de nature à nourrir une enquête exigeante et rigoureuse sur les symboles, les rituels et les rites maçonniques.

 

C’est à une enquête de ce genre que se livre André Benzimra en prenant la Kabbale comme guide de sa visite du temple maçonnique.

 

L’auteur développe les points suivants :


L’oreille, comme image et ressemblance du Temple, la caverne, VITRIOL, les arbres du Paradis, la légende des dormants d’Ephèse, géocentrisme et héliocentrisme, les étoiles de la loge, les figures de la Terre, histoire du Verbe, la femme depuis le jardin d’Eden, Babel et les langues, la reine de Saba, Lilith, la fiancée du Cantique des Cantiques, la légende du 9e degré  et sa caverne.

 

BENZIMRA - LA PAROLE CIRCULE  -  PROPOS D’UN FRANC-MAÇON   -

 André Benzimra

Edition Numérilivre

 2015

En fait, en ce livre, la Parole semble flâner plutôt que circuler tant le désordre y est grand. On passe sans logique apparente d'un sujet à un autre tout différent, du goût pour les idées fausses aux traditions réservées aux enfants, de la symétrie organique à l'étude des mœurs des insectes francs-maçons. Ici, l'on traite de la supériorité du baiser sur la bouche sur les actes amoureux plus avancés, ailleurs de ces autres moi-même que sont le singe, mon reflet dans le miroir et mon ombre sur le sol, plus loin d'une interprétation maçonnique du Cantique des Cantiques. Du Commentaire du Prologue de Saint Jean, on verse sans crier gare à un plaidoyer en faveur de la tortue. Etc. Etc. Et, pourtant, s'il est vrai que circuler, c'est suivre un chemin circulaire, les textes de ce livre sont liés les uns aux autres par un réseau de secrètes correspondances. A chacun de ces textes d'autres, déjà lus, répondent en écho en sorte qu'il faut revenir à ceux-ci pour mieux apprécier celui-là et peut-être mieux le comprendre. Cela fait au total bien des lectures en cercle ou en spirale. A l'image de la Parole qui y circule. André Benzimra est agrégé de philosophie et est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Kabbale et la Franc-maçonnerie.

 

Il est bon de dire ce qu'est la franc-maçonnerie, et ce qu’elle n’est pas; ce qu'elle devrait être, et ce qu'elle ne devrait pas être, tout en gardant à l’esprit que le dernier mot sur ce phénomène pluriel et hétérogène ne sera pas dit dans ces quelques lignes. Mais enfin, en guise de mise au point, on peut avancer les quelques données suivantes. En premier lieu, à ceux qui ne voudraient voir dans la maçonnerie qu'une secte parmi tant d'autres, on leur demandera de considérer si une institution fondée sur la tolérance et la liberté de pensée peut raisonnablement être assimilée à une secte.

 

Certes, chacun sait que cette tolérance si fièrement arborée peut souffrir de certaines limites et que la liberté de pensée constitue un idéal difficile à atteindre. Mais on ne voit nulle part dans la société maçonnique de dérives sectaires telles que la soumission à un leader, l'exploitation financière des membres (il faut tordre ici le cou à une légende qui voudrait faire croire que, «pour en être», il faut être riche et influent), l'endoctrinement, la manipulation des consciences. Ensuite, ce n'est pas faire œuvre apologétique que de poser que la maçonnerie n'est en rien une société secrète, mais seulement une société discrète. Les ateliers maçonniques sont, dans notre pays, créés sous forme d’assemblées et leurs statuts sont publiés en Préfecture. Une véritable société secrète est clandestine et elle parvient à faire oublier jusqu’à son existence. Les adresses des obédiences sont bien connues et dans chaque ville les lieux où les frères et les sœurs se réunissent attisent les curiosités locales. Que la maçonnerie soit une société discrète est en revanche une évidence, au vu de pratiques toujours actuelles qui ne laissent pas d'intriguer les profanes (ceux qui n'en font pas partie), comme le secret d'appartenance par exemple. Il est vrai que ce caractère discret suffit à alimenter les pires suspicions.

 

S'inspirant d'un passage des évangiles, le pape Clément XII (le premier à condamner la franc-maçonnerie) ne s'exclamait-il déjà pas en 1738 : « S'ils ne faisaient point le mal, ils ne haïraient pas ainsi la lumière ». De telles réactions prévalent aujourd'hui sur toutes les tentatives d'explication. Force est de constater que l’avalanche littéraire - et le présent article de même, sans doute... - ne parviennent qu'à grand peine à endiguer le mythe d'une société secrète et puissante, dont les membres, recrutés par cooptation, triés sur le volet, sont supposés tirer les ficelles de l'économie, de la politique, voire même des médias, quand leur solidarité ne passe pas pour être une gigantesque toile où se croisent affairisme, corruption et pratique de la courte échelle. Tout se passe comme si les démentis accentuaient cet état de fait, mais il est vrai que certains discours lénifiants sur la maçonnerie ne portent pas à croire qu'il s'agit d'une société dont tous les membres ont les mains propres...

 

A quoi bon répéter, en effet, que la maçonnerie ne recrute que des hommes de bien et de probité, que les griefs portés à son égard ne peuvent venir que d'anti maçons rabiques, quand certains de ses membres sont condamnés par la justice et emprisonnés pour diverses affaires de corruption et de détournement de biens publics? Soyons clair, le fait que quelques brebis galeuses fréquentent les colonnes du temple ne devrait pas ternir l’image de toute une société dont l’immense majorité des membres ne recherche que le perfectionnement individuel, la fraternité et l'ouverture vers l'autre, voire vers un absolu. Les raisonnements de certains paraissent bien simplistes. L'antimaçonnisme populaire dit qu'il n'y a pas de fumée sans feu; répondons alors que l'arbre ne doit pas cacher la forêt. L'idéalisation de la société maçonnique au travers de discours éthérés ne nous paraît pas être la meilleure façon de défendre une société qui doit être défendue contre les attaques récurrentes dont elle fait l'objet. En réalité, beaucoup de malentendus seraient dissipés si la maçonnerie de notre pays voulait se montrer plus ouverte, moins discrète, si les maçons prenaient publiquement position sur les grands sujets de société, si le secret d'appartenance était largement levé.

 

On objectera que l'appartenance à la maçonnerie doit demeurer cachée parce que les régimes totalitaires persécutent les maçons et qu’ils pourraient prendre à nouveau le pouvoir dans notre pays (?), qu'il ne fait pas bon se déclarer maçon dans certains milieux professionnels et qu'une déclaration d'appartenance équivaudrait, sinon à un licenciement, du moins à une mise sur une voie de garage. Etc. Précisément, de telles réactions sont, pour une part, le fruit de la discrétion maçonnique. L'extériorisation progressive constitue à nos yeux un rempart contre l'antimaçonnisme. Mais sans doute la pratique du secret fait-elle une bonne part du charme de la franc-maçonnerie et l’on ne peut exclure que certains y trouvent des compensations d'autant plus grandes que leur vie familiale ou professionnelle est morne et sans attrait.

 

Reste à comprendre ce qu’est la maçonnerie. Elle n'est ni une religion, ni une contre-religion (elle a pu l’être, lorsqu’elle était anticatholique et antireligieuse), elle ne saurait dès lors entrer en concurrence avec la pratique d’une religion dans le chef du maçon. Société initiatique et philanthropique, société adelphique, elle pourrait bien constituer un bel exemple de religiosité séculière. Aux États-Unis, les loges, si ouvertes sur le monde extérieur, ont pu jouer le rôle de religion civile. En Europe, la franc-maçonnerie est promise à un bel avenir parce qu'elle répond à des besoins inscrits dans le cœur de l'homme, transcendant les divisions confessionnelles et religieuses, sans pour autant revendiquer un rôle supra religieux et fédérateur de tous les universalismes.

 

 

Au sommaire de cet ouvrage : Du gout pour les idées fausses  -  Sur le mode d’exposition des textes initiatiques  -  Sur le beau style et sur la bonne odeur  -  Sur le symbole  -  Sur les sens contraires des mots hébreux  -  Sur la philosophie et la psychanalyse  -  Le conte de Blanche-neige  -  De la loi des oppositions  -  Pieuses pensées sur la lumière  -  Sur le singe  -  Au sujet d’un insecte franc-maçon  -  Sur les pas de danse d’Adam  -  De la symétrie organique  -  Dans quel sens souffle le vent  -  De la lutte pour la vie  -  Au sujet du Grand Architecte de l’Univers  -  Pourquoi je suis à la fois juif, chrétien et musulman  -  Du génie maçonnique de l’abeille  -   L’attrait du mystère et pourquoi demande-t-on l’entrée ?  -  Aperçu sur un avenir que j’espère imaginaire  -  A propos d’un ver de Virgile  -  Jouis du présent et présente lui tes devoirs  -   Sur la nostalgie  - D’autres jeux  -  Plaidoyer pour la tortue  -  Sur la croyance  -  Sur le moi, le je  -  Sur la circulation de la parole  -  Sur les lèvres de l’immortalité de ce qu'’elles disent parfois  -  Commentaire des 13 premiers versets de l’évangile de Jean  -  Sur la ressemblance avec Marie  -  Sur l’amour courtois  -  Sur le baiser  -  Sur l’amour et la connaissance  -  Sur l’humilité  -  Pour une interprétation maçonnique du Cantique  -  Pourquoi les Noms divins  -  Les signes  -  Sur une ânesse et son petit et sur un certain buisson  -  Sur le mandala  -  Du Paradis terrestre à la Jérusalem céleste  - 

 

BENZIMRA - LA VIE DE JḖSUS-CHRIST AU CIEL ET SUR LA TERRE   -   ḖNIGMES ET MYSTḔRES

André  Benzimra

Edition Archè Milan

2015

Comment expliquer la série de naissances miraculeuses qui se produisirent au temps de Jésus ? Comment comprendre la dureté avec laquelle celui-ci traite ses parents et particulièrement Marie ? Qu'est-ce donc qu'il écrit sur le sol au moment où le peuple se prépare à lapider la femme adultère ? Pourquoi, au moment d'entrer à Jérusalem, se choisit-il pour monture un ânon qu'il a fallu aller chercher très loin ?

 

Que signifie exactement Jésus lorsqu'il dit à sa mère, parlant de Jean : "Femme, voici ton fils" ? Pourquoi, sur le passage du Messie, les gens de Jérusalem agitent-ils des rameaux ? Etc. Ce sont là quelques-unes des énigmes que l'auteur tente de résoudre à partir de certains sous-entendus des Evangiles. Au passage, il s'efforce de montrer qu'il y a moins une divergence qu'un malentendu entre judaïsme et christianisme. Mais l'objet essentiel de son livre vise à percer le double Mystère du Christ dans l'éternité de sa résidence céleste et de Jésus dans son passage sur cette terre

 

Le Christ apporte cette révélation et ce salut. Comme on peut dire que toute l'action de Dieu dans l'humanité se réalise par une médiation, on peut dire pareillement que toute l'oeuvre du Christ dans l'histoire est une médiation. Jésus est le Médiateur parfait, si bien qu'au sens absolu ce titre lui appartient en propre. « Il y a, déclare les évangiles, un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. » La qualité du Christ comme médiateur unique est soulignée de manière absolue par sa comparaison avec la qualité de Dieu comme seul Dieu. Et la médiation du Christ est située dans le plan moral et religieux avec une indiscutable netteté. Jésus-Christ est médiateur entre ces deux parties : Dieu d'un côté, d'un autre côté les hommes.

Ceci ne diminue pas le rôle joué dans l'A. T, par les intermédiaires nommés et par les autres dont les noms auraient pu être ajouté. Paul lui-même, dans, parlant de l'utilité de la Loi, rappelle qu'elle fut promulguée par le moyen d'un médiateur ; il attribue à Moïse le même titre qu'à Jésus-Christ. Quelques exégètes ont allégué que Moïse était le représentant du peuple d'Israël devant Dieu, bien plus que le représentant de Dieu devant le peuple. L'erreur est manifeste ; l'apôtre l'a par avance réfutée en ajoutant, v. 20 : « un médiateur ne l'est pas d'un seul », c'est-à-dire un médiateur suppose toujours deux parties. La fin de ce verset a donné lieu à des centaines d'explications, explications ingénieuses mais compliquées ; le contexte permet, semble-t-il, de l'entendre simplement : « Dieu est un », rappelle l'apôtre, c'est-à-dire : Dieu est une partie. Paul entend établir, par la mention expresse de Dieu comme l'une des parties entre lesquelles s'opère la médiation, que Moïse était bien l'envoyé de Jéhovah et son mandataire ; l'autre partie, Israël, était connue de tous et Moïse était son chef indiscuté.

 

L'épître aux Hébreux admet, elle aussi, la réalité de l'action médiatrice des témoins de Dieu dans l'ancienne alliance ; c'est en le comparant à eux qu'elle démontre la préexcellence du Christ comme médiateur d'une meilleure alliance  d'une alliance nouvelle. Cette comparaison, ou plutôt cette opposition des deux alliances, thème fondamental de l'auteur, est la comparaison, l'opposition de la Loi et de l'Évangile. L'alliance ancienne est abolie, la loi mosaïque est dépassée ; elles n'étaient que pour un temps ; la nouvelle alliance est définitive, l'Évangile est éternel, et l'oeuvre de Jésus-Christ, fondant la nouvelle alliance et proclamant l'Évangile, corrobore le caractère surnaturel de sa personne de Fils unique. Toutefois, l'ancienne alliance et la loi mosaïque, malgré leur rôle temporaire, leur insuffisante valeur, sont d'origine divine ; leur mission a été providentielle ; l'opposition n'est pas une antinomie, car si le parfait n'a plus besoin de l'imparfait, l'imparfait a préparé le parfait.

 

Et désormais il n'y a plus qu'un seul médiateur, Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ seul tient d'assez près à Dieu pour être son représentant parmi les hommes et tient d'assez près aux hommes pour être leur représentant devant Dieu. Si bien que, quand Jésus-Christ vient vers les hommes c'est Dieu lui-même qui vient vers eux, et que, quand les hommes vont à Jésus-Christ c'est à Dieu lui-même qu'ils vont. Et si Dieu, « chez lequel il n'y a nul changement ni l'ombre d'une variation, continue, pour étendre son Royaume, à orienter les hommes par l'action de certains hommes, ceux-ci seront, en même temps, les intermédiaires du « Père des lumières » et du Fils qui est « la lumière du monde ». C'est au nom du seul médiateur comme au nom du seul Dieu que les hommes se convertiront, se sanctifieront, travailleront pour le salut de leurs frères ; ils seront ouvriers avec Dieu parce qu'ils seront, et dans la mesure où ils seront, les témoins de Jésus-Christ.

 

En ce qui concerne Dieu, Jésus s'attribue une si entière connaissance qu'elle atteint la connaissance divine elle-même et que lui seul possède. « Nul ne connaît ce qu'est le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît ce qu'est le Père si ce n'est le Fils »,. Surhumaine parole et parole historique dont un critique aussi indépendant que W. Heitmüller dit qu'elle « appartient à la source des Logia », à la plus ancienne source, et qu'elle possède « une authenticité substantielle », dont un critique aussi perspicace que W. Sanday dit que « celui qui la pénètre a trouvé sa voie pour aller jusqu'au coeur du christianisme » . De même que Dieu discerne non seulement la vie du Fils que les hommes peuvent aussi percevoir, mais l'être profond, ce qui constitue l'être propre, le moi réel du Fils, ainsi le Christ saisit non seulement l'action de Dieu manifestée par ses interventions dans le monde, la personne de Dieu révélée dans les desseins miséricordieux constituant l'histoire de l'A.T., mais, par-delà ces fragments de vérité accessibles aux hommes, il découvre la pensée inconnue, le sentiment insaisissable, la volonté impénétrable aux regards des créatures et qui forment l'être même de Dieu. Entre Dieu et le Christ il y a une communion réciproque et complète, qui n'est admissible et qui n'est compréhensible que parce que le premier est le Père et que le second est le Fils.

 

Si Jésus ne s'est pas désigné comme « le Fils de Dieu », il a accepté d'être ainsi appelé, et les textes sont en grand nombre où il se donne comme « le Fils » ; non un fils quelconque, ou supérieur en quelque manière aux autres fils, mais le Fils en un sens absolu. Il y a parité entre ces deux titres. Les notions de prophète, de témoin de Dieu, d'homme-type, de révélateur, de fondateur du Royaume de Dieu, de Sauveur, n'épuisent pas la plénitude de l'expression « le Fils » ou le « Fils de Dieu ». L'union personnelle ainsi marquée est le fondement de la conscience de Jésus. Ce n'est pas sa mission de révélateur, de rédempteur qui lui donne la conviction qu'il est le Fils de Dieu ; c'est parce qu'il est le Fils de Dieu qu'il entreprend sa mission de révélateur et de rédempteur ; le sentiment de sa filialité divine est en Jésus la cause, non la conséquence de son oeuvre.

 

Le 4e évangile, appuie fortement les déclarations des synoptiques. Aux pharisiens contestant la portée du témoignage qu'il se rend à lui-même, Jésus répond : « S'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai car je ne suis pas seul mais le Père est avec moi ». Le médiateur ne parle pas de son propre chef ; représentant de Dieu, il sait assurément quel est le plan général, l'éternel dessein de Dieu, mais en outre il suit à toute heure la volonté de Dieu, il distingue en toute occasion la pensée de Dieu, et sa parole correspond d'autant mieux à la réalité vraie que, sur la réalité en question, il traduit ce que Dieu lui inspire. Jésus n'est pas une personnalité même exceptionnelle déléguée par un Dieu lointain ; à côté de lui se tient le Père qui l'a envoyé, et c'est le Juge souverain qui prononce avec Jésus l'arrêt que Jésus prononce. En vertu de cette assistance directe, de ce lien permanent, le Fils possède une pleine intuition de Dieu. Et ce savoir ne lui vient pas d'une sagesse lentement acquise, d'une réflexion longuement mûrie, il lui est donné parce qu'il est le Fils, le Fils que Dieu ne laisse jamais seul.

 

C'est pourquoi, et par inévitable conséquence, même quand les Juifs appellent Dieu : leur Dieu, cependant ils l'ignorent encore. Vis-à-vis de leur science traditionnelle si limitée, si rudimentaire qu'elle ne discerne pas dans le Christ celui par qui Dieu veut se révéler, et que sur le point culminant de l'action de Dieu leur science est aveugle, Jésus place son savoir personnel, un savoir qui, dans sa compréhension sans ombres, forme avec tout autre savoir humain un ineffaçable contraste : « Vous n'avez point connu Dieu, mais moi je le connais » . La particule adversative du texte original oppose les interlocuteurs, comme les verbes employés opposent les connaissances : l'une directe, immédiate, l'autre transmise, acquise. Le Dieu méconnu par les Juifs est pour Jésus son Père ; cette situation spéciale de Jésus explique sa pénétration spéciale et que Jésus seul sache véritablement ce qu'est Dieu et ce que Dieu veut. Plus loin, Jésus mettra sur le même plan la connaissance que Dieu a de lui et la connaissance que lui a de Dieu. Comme la connaissance de Jésus par Dieu est une connaissance intégrale, pareillement est intégrale la connaissance de Dieu par Jésus.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Des naissances insolites  -  L’annonce faite à Marie  -  Aide et protection demandée au Baptiste  -  La naissance de Jésus  -  La visite des Rois mages  -  La circoncision  -  La fuite en Egypte  -  L’enfance de Jésus  -  Le baptême de Jésus et sa mise à l’épreuve  -  Notes sur le baptême  -  Commencement de la mission de Jésus  -  Les noces de Cana  -  les miracles  -  la calomnie  -  Donne nous un signe  -  L’ordre de la nature et la loi de Moïse  -  Ce que dit Jésus au nom de son père qui est dans les cieux  -  Ce que Jésus dit de lui-même  -  La mission des douze  -  la malédictions sur les villes du bord du lac  -  la demande de Jean le baptiste  -  la mort du Baptiste  -  les paraboles  -  retour sur Nazareth  -  La tristesse de Dieu  -  la Transfiguration  -  la notion de création et l’action des trois personnes de la Trinité sur les êtres crées  -  Paroles de sagesse  -  le pouvoir de lié et de délier  -  le désaccord entre les douze  -  le petit à l’ânesse  -  Avant et après l’entrée à Jérusalem  -  Dans Jérusalem  -  l’entretien avec Nicomède  -  les marchands du Temple  -  le concours d’énigmes  -  quand reviendra le printemps du monde  -  tu aimeras ton prochain comme toi-même  -  la colère contre les pharisiens et les scribes  -  les signes des temps  -  le jugement dernier  -  cette génération ne passera pas sans que vous ayez vu ces choses que je vous annonce  -  l’onction de Béthanie  -  la trahison de Judas  -  le repas pascal  -  l’Eucharistie  -  l’écœurement  -  le reniement  -  le sommeil de ceux qui devraient veiller  -  arrestation de Jésus  -  la condamnation à mort  -  ces violents qui forcent les portes du ciel  -  mort de Judas  -  Jésus devant Ponce Pilate  -  le sacre dérisoire  -  le chemin de croix  -  le Golgotha  -  la crucifixion  -  la consolation de Marie  -  la mort de Jésus  -  ce qui advint aussitôt après la mort de Jésus  -  le tombeau vide  -  les dernières apparitions de Jésus  -

 

BENZIMRALE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS OU COMMENT COLLABORER A SES PLANS

André Benzimra

Edition Archè Milan

 2016

Parce que  l’Oeil (Grand Architecte de l’Univers) tient une place essentielle dans notre Delta lumineux, il paraît intéressant d’élargir notre champ de réflexion en abordant d’autres cultures, là surtout où il relève aussi du ternaire. Sa symbolique y demeure celle de la perception intellectuelle. On considère successivement l’oeil physique dans sa fonction de réception de la lumière. Puis l’oeil frontal, le troisième oeil de Civa, enfin l’oeil du coeur, qui reçoivent l’un et l’autre la lumière spirituelle. Selon Platon et saint Clément d’Alexandrie, l’oeil de l’âme est non seulement unique, mais sans mobilité. Il n’est susceptible que d’une perception globale et synthétique. La même expression d’oeil du coeur ou de l’esprit est relevée chez Plotin, saint Paul et saint Augustin.

 

C’est aussi une constante de la spiritualité musulmane (ayn-el-Qalb). On la trouve chez la plupart des soufis, notamment chez Al-Hallâj. Mais, également, le mauvais oeil est une expression très répandue dans le monde islamique, symbolisant une prise de pouvoir sur quelqu’un ou quelque chose, par envie et avec une intention méchante. Le mauvais oeil, dit-on, est cause de la mort d’une moitié de l’humanité. Le mauvais oeil vide les maisons et remplit les tombes. Auraient des yeux particulièrement dangereux les vieilles femmes et les jeunes mariées. Y sont particulièrement sensibles les petits enfants, les accouchées, les chevaux, les chiens, le lait, le blé. Heureusement, il existe des moyens de défense contre le mauvais oeil: des dessins géométriques, des objets brillants, des fumigations odorantes, le fer rouge, le sel, l’alun, des cornes, le croissant, une main de Fatma. Le fer à cheval est aussi un talisman contre le mauvais oeil. Il semble réunir à cause de sa matière, de sa forme et de sa fonction les vertus magiques de plusieurs symboles: corne, croissant, main et cheval (animal domestique et primitivement sacré).

 

Chez les Egyptiens, l’oeil Oudjat (oeil fardé), était un symbole sacré, que l’on retrouve sur presque toutes les oeuvres d’art. Il était considéré comme une source de fluide magique, l’oeil-lumière purificateur. On connaît aussi la place du faucon dans l’art et la littérature religieuse de l’Egypte ancienne. Or, les Egyptiens avaient été frappés par la tache étrange qu’on observe sous l’oeil du faucon, oeil qui voit tout. Autour de l’oeil d’Horus se développe toute une symbolique de la fécondité universelle. Rê, le dieu soleil, était doté d’un oeil brûlant, symbole de la nature ignée; il était représenté par un cobra dressé, à l’oeil dilaté. Les sarcophages égyptiens sont souvent ornés d’un dessin de deux yeux censés permettre au mort de suivre sans se déplacer le spectacle du monde extérieur. Pour nous francs-maçons encore sur terre, l’oeil du Delta lumineux, dans le symbolisme constructif, devient l’oeil du dôme, au sommet de la voûte ou du temple. Il exprime la porte étroite située au zénith du cosmos, ou de la voûte étoilée qui ouvre sur l’inconnaissable. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La voie parcourue passera de la porte étroite franchie par l’apprenti, à la porte étroite du maître maçon.

 

" Si tu veux comprendre la kabbale, tu dois manger le feu symbolisé par ses lettres, pénétrer l'esprit qui anime l'arbre des Sephirot pour t'en nourrir quotidiennement puis tu devras absorber son essence pour en séparer la substance nutritive et enfin, après en avoir rejeté les scories, tu distilleras cette connaissance dans tes pensées pour que ton âme puisse s'ouvrir à la puissance du Créateur. "

 

Bien qu'ayant perçu une vérité au travers de ses paroles obscures, je ne compris que bien plus tard le sens de ces paroles. C'est en effet par le texte hébraïque inscrit en lettre de feu que j'ai pu pénétrer l'esprit de la kabbale. Une lente méditation sur le symbolisme de l'arbre des Sephirot m'a permis de réunir ses sphères incandescentes dans une vision globale du monde de la Création. Au cœur de cet univers symbolique, l'homme occupe une position centrale à la croisée des chemins initiatiques de la vie. Toute l'essence de la kabbale se retrouve dans le principe de la Création, celle du Livre de la formation de l'univers, le Sépher Yetzirah, source primordiale de l'enseignement kabbalistique. La compréhension des voies du Grand Architecte de l'Univers représenté par l'arbre des Sephirot passe nécessairement par l'étude symbolique de son Oeuvre. L'obstacle principal de cette étude réside dans le fait que nous utilisons notre intellect, notre raison, nos sens pour concevoir ce qui n'est perceptible que par le pur esprit. Néanmoins, la possibilité qui est laissé à l'homme de réfléchir, méditer, transcender, évoluer, transformer sa propre nature, lui permet de se rapprocher du Divin et de lever partiellement le voile obscur qui entoure sa condition humaine.

 

L'arbre des Sephirot, qui prend racines dans les entrailles de la terre et dont la cime caresse la puissance divine, est à l'image de l'homme, le lien entre la terre et le Grand Architecte de l'Univers. Cet arbre représente le parcours de tout initié cherchant à pénétrer les voies de l'âme par la lumière de l'esprit. Toute initiation humaine passe par les chemins de la transformation de l'être. Celui qui cherche la Connaissance devra gravir une à une les branches de l'arbre de la kabbale pour découvrir progressivement le vaste paysage de la création terrestre. Il devra se nourrir des fruits de l'arbre pour découvrir la variété des saveurs de la vie. Un à un, il devra cueillir les symboles inscrits en lettres de feu.

 

Au sommaire de cet ouvrage : De l’unité divine et de la mission qui incombe aux francs-maçons de rassembler ce sui est épars  -  Ordo ab Chao  -  El Schadai et sa mission d’unir ciel et terre  -  Quel est le nom du Grand Architecte de l’Univers ?  -  le delta et sa lumière   - le tétragramme sacré  -  Yod  - l’Oeil du Delta  -   l’étoile flamboyante  -  la méthode des kabbalistes  - préceptes et obligations des Francs-maçons  -  Le travail des maçons ne s’arrête jamais  -   Vigilance et persévérance  -  Ici tout est symbole  -  les signes des Francs-maçons se font par équerre, niveau et perpendiculaire  -  Puisqu’il est l’heure, que nous avons l’âge et que tout est conforme, entrons dans les voies qui nous sont ouvertes  -  Elevons nos cœurs  en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière  -  usage des pléonasmes  -   Je vous crée, constitue et reçois apprenti franc-maçon   -  les trois points   -  le secret  -  le miroir   -   les mots sacrés et la circulation de la parole entre les frères  -   le silence  - le serment   -

 

BENZIMRA  - L’INTERDICTION DE L’INCESTE SELON LA KABBALE

André  Benzimra

ED. Archè Milan

 2007

Cela peut sembler saugrenu, mais tout le monde ne partage pas le même point de vue sur la question de l’inceste. Cela peut différer d’un individu à un autre et d’une société à une autre. Ainsi, dans certaines cultures, il n’a rien de choquant dans le fait d’épouser son cousin ou sa cousine tandis que dans d’autres c’est interdit. De plus, nous vivons à une époque où au nom de l’amour on se permet toutes sortes de transgressions.

 

 Chose impensable il y a encore une décennie, aujourd’hui on peut même voir des  personnes qui vont à la télévision pour afficher sans honte leur liaison avec leur cousin, cousine, oncle ou tante ou encore entre demi-frères et demi-sœurs. Dieu condamne l’inceste et il est clair que les païens et surtout les chrétiens ne doivent en aucun cas se retrouver dans cette situation

 

Certains croient qu'il y a peu d'épisodes incestueux dans la bible. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils se trompent. Certains sont explicites : Loth, Reuven, Amnon (avec sa sœur Tamar), Absalon (qui couche avec les concubines de David, son père), Adonias (qui veut prendre la compagne de son père David pour épouse) (guerre inexpiable entre les fils rivaux de David). D'autres sont implicites comme Juda avec sa belle-fille Tamar (ne pas confondre avec la sœur d'Amnon) et l'atavisme supposé des Moabites et des Ammonites, descendants des filles de Loth.

 

 Cette liste est loin d'être complète. On pourrait y ajouter par exemple Jephté et sa fille (en la sacrifiant, il évite qu'elle épouse un autre homme), ainsi qu'Abraham (à cause de sa relation bizarre avec sa femme, qu'il considère comme sa sœur, et avec son fils Isaac, qu'il traite comme une Iphigénie) et les descendants des uns et/ou des autres, comme Ruth et David, et aussi Amon, roi de Juda (qui n'est pas un ammonite).

 

BENZIMRA - FRANCS-MAÇONS ET PHILOSOPHES  LA PHILOSOPHIE JUGḖE PAR LA TRADITION

 André Benzimra

Edition Numérilivre

 2014

La philosophie serait-elle, malgré son nom (qui signifie amour de la sagesse), tout autre chose que la recherche de la sagesse ?

C'est ce que tente d'établir l'auteur qui fut lui-même professeur de philosophie et se résolut à chercher la sagesse en Franc-Maçonnerie plutôt que dans cette discipline. La principale différence entre philosophie et pensée initiatique tient à ceci que la première se nourrit d'oppositions, chaque philosophe réfutant ceux qui l'ont précédé pour se poser lui-même comme détenteur de la vérité ;

tandis que la seconde s'enrichit sans cesse des pensées les plus diverses, s'attachant en toutes choses à concilier les opposés. Cet ouvrage expose les systèmes de plusieurs philosophes, parmi les plus réputés, et les juge à la lumière des traditions initiatiques en général et de la Franc-Maçonnerie en particulier. André Benzimra est agrégé de philosophie et est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Kabbale et la Franc-maçonnerie.

Les francs-maçons se situent en droite ligne dans la philosophie des Lumières, et ceci même en partant de deux points de vue différents. En premier lieu, nos rituels et nos symboles trouvent leur origine dans la maçonnerie opérative des tailleurs de pierre. Nombre d'entre eux étaient des constructeurs inspirés de cathédrales et d'autres édifices religieux. Ces constructeurs ont ainsi réalisé - essentiellement entre le XIe et le XIVe siècle - des ouvrages d'une valeur que l'on peut qualifier d'éternelle et d'un contenu symbolique impressionnant.

 

On ne peut pas se représenter la culture européenne en faisant abstraction de ces constructions à caractère religieux. Leurs concepteurs et leurs réalisateurs étaient profondément imprégnés d'un esprit ouvert et éclairé. Par ailleurs, nous représentons les successeurs des premiers maçons spéculatifs qui, par la suite, furent admis en nombre sans cesse croissant dans les ateliers des maçons opératifs, ceci spécialement aux XVIe et XVIIe siècles. La date exacte du passage des corporations de tailleurs de pierre à la maçonnerie spéculative ne peut être fixée de façon définitive. La fondation de la première Grande Loge anglaise – en 1717 - constitue cependant le début officiel de la maçonnerie spéculative. Les loges regroupées au sein de celle-ci ont contribué de manière essentielle à former le caractère de ce qui allait devenir le siècle des Lumières, et ceci en dehors de toute contrainte ou restriction de caractère étatique ou religieux. Et, inversement, la philosophie des Lumières a largement contribué à l'éclosion d'une pensée libre et responsable au sein de l'espace privé et discret des Loges. Nombreux sont les grands esprits se prévalant de la philosophie des Lumières qui étaient également francs-maçons.

 

Selon l'interprétation que Kant en a faite, «sapere aude» signifie «ait le courage d'utiliser ton propre entendement». Cette citation trouve sa source dans l'essai publié en 1784 par Emmanuel Kant (1724-1804) sous le titre Réponse à la question: Qu'est-ce que la philosophie des Lumières ? Dans cette contribution, publiée dans l'édition de décembre de cette année-là de la Berlinischen Monatsschrift, Kant répondait à la question posée par le pasteur Johann Friederich Zöllner Qu'est-ce que les Lumières ? publiée une année auparavant dans la même revue. Dans son essai, Kant fait figurer sa définition restée célèbre de la philosophie des Lumières : «La philosophie des Lumières représente la sortie de l'être humain de son état - dont il est le seul responsable - de mineur aux facultés limitées. Cette minorité réside dans son incapacité à utiliser son entendement de façon libre et indépendante, sans prendre l'avis de qui que ce soit. Il est seul responsable de cette minorité dès lors que la cause de celle-ci ne réside pas dans un entendement déficient, mais dans un manque d'esprit de décision et du courage de se servir de cet entendement sans s'en référer à autrui. Sapere aude ! - ait le courage de faire usage de ton propre entendement ! – doit être la devise de la philosophie des Lumières ».

 

Par la suite, Kant a donné dans un autre de ses ouvrages une autre définition de la philosophie des Lumières, encore plus condensée que la précédente : «La maxime enjoignant à chacun de raisonner en toute chose par lui-même». Lorsque Kant évoque cette minorité intellectuelle dont l'homme concerné est le seul responsable, il met l'accent sur le fait que la philosophie des Lumières n'est pas un état, mais un processus pour trouver une "voie de sortie" d'une situation qui n'est plus appropriée à un être adulte. Kant ne dit pas que l'homme est devenu majeur et responsable. Il constate simplement que l'irresponsabilité domine. Dans sa réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ? Kant explique sans prendre le moindre ménagement pourquoi la plus grande partie de l'humanité, bien que ses représentants soient depuis longtemps parvenus à l'âge adulte, et qu'ils seraient donc capables de raisonner de façon individuelle, restent cependant pour la durée de leur vie mineurs et irresponsables et, qu'en plus, ils apprécient cet état de fait. Les raisons de cet état seraient la paresse et la lâcheté. Car il serait confortable de se maintenir au stade d'un humain mineur. L'obligation contraignante de la pensée autonome peut en effet ainsi être transférée à d'autres. Qui fait appel à un médecin n'est pas obligé de décider par lui-même du régime qu'il doit suivre. Qui peut se payer un guide spirituel peut se dispenser d'avoir une conscience.

 

De ce fait, il n'est plus nécessaire de penser de manière autonome, et c'est bien de cette possibilité que la plus grande partie de l'humanité fait usage. Il est dès lors facile pour certains de jouer le rôle de "tuteur" de ces individus. Ces tuteurs veillent alors à ce que les êtres humains encore à l'état de mineurs considèrent le pas à franchir jusqu'à leur "majorité" non seulement comme pénible, mais encore comme dangereux. Kant ose ici une comparaison saisissante entre ces humains vivant dans l'obscurité de l'ignorance et le "bétail" que l'asservissement à l'homme a rendu stupide. Ces humains sont comme des enfants enfermés dans un youpala. Au XVIIIe siècle, cet engin consistait en un châssis en forme de corbeille, monté sur roues, avec lequel les enfants apprenaient à marcher. Ces personnes ainsi "mises en cage" se voient sans cesse rappeler par leurs "tuteurs" des dangers qui les menaceraient au cas où ils tenteraient d'agir de manière autonome. Cette situation rendrait évidemment difficile pour une personne agissant individuellement la tâche de se libérer de sa "minorité". Ceci premièrement parce qu'elle s'était "liée d'affection" avec cet état de minorité, car il lui paraissait confortable, et, secondement, parce qu'il lui était devenu pratiquement impossible d'utiliser son entendement, du fait qu'on ne l'aurait jamais laissé entreprendre la moindre tentative dans ce sens et qu'on l'aurait même fermement dissuadé de l'entreprendre.

 

Mais, selon les développements de Kant, on doit admettre que l'homme a malgré tout peu à peu compris qu'il était dans sa nature de conserver son intégrité et qu'il lui appartenait de penser par lui-même. La possibilité de réaliser quelque chose implique la connaissance de ce que l'on peut faire et du fait qu'on peut le faire. Mais cette connaissance ne constitue pas encore une certitude. Car ce n'est que lorsque l'on fait ce qu'on est capable de faire que l'on a la certitude d'avoir pu le faire. Mais, pour franchir ce pas, il y a une condition nécessaire et indispensable : le courage. En opposition avec le penchant - devenu une seconde nature - à la paresse, à la lâcheté et au confort à n'importe quel prix, Kant place l'esprit de décision et le courage. L'impératif est donc ici : oser quelque chose. «Sapere aude !». Aie le courage de penser ! Kant sait qu'il s'agit là de la maxime de l'un de ses auteurs préférés, qu'il n'a d'ailleurs pas hésité à citer à maintes reprises. C'est Horace (65-8 av J.-C.) qui, dans une lettre à Lullius Maximus, encourage ce jeune ami à ne jamais se laisser aller à l'oisiveté et à la paresse spirituelle, mais d'être au contraire actif et de bander ses forces spirituelles : «Sapere aude, incipe. Aie du courage, commence. Décide-toi pour la sagesse ! Ose entreprendre !». Car celui qui projette d'entamer une nouvelle vie, mais remet sans cesse le premier jour de son entreprise ne changera jamais rien à rien.

 

Kant fut l'un des philosophes les plus éminents du siècle des Lumières. Dans ses trois oeuvres principales Critique de la raison pure (1781), Critique de la raison pratique (1788) et Critique de la faculté de juger (1790), il s'attacha à définir les limites de la connaissance. L'éthique de Kant, guidée par la raison, est centrée sur la pensée, sur l'action et sur le sentiment de l'homme éclairé. «Agis de manière que les maximes de ta volonté puissent en tous temps servir également de principe fondateur d'une législation d'application universelle». Cet aphorisme célèbre de Kant (l'«impératif catégorique») précise son exigence d'une législation qui, loin de favoriser les intérêts des puissants, prend sa source dans le discernement et le comportement strictement éthique du citoyen. Avec sa Critique de la raison pure Kant explore systématiquement les limites de cette raison pure. En dépit de ces limites, il voit dans la raison l'attribut le plus important de l'être humain, ceci en particulier en relation avec la possibilité de concevoir un principe pratique de l'éthique.

 

L'époque connue sous le nom de siècle des Lumières correspond à celle de l'éclosion d'une vie spirituelle en Europe et en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle est marquée par un mouvement de sécularisation et par l'abandon progressif d'une vision absolutiste de la notion d'Etat, remplacée par une vision démocratique. C'est à ce moment que le libéralisme et sa conception des droits de l'homme et du citoyen ont vu le jour. Ce mouvement prônait une pensée conforme à la raison et s'opposait aux préjugés et aux superstitions religieuses, à la place desquelles il développait une «religion de la raison». La science et l'instruction devaient être encouragées et développées dans toutes les couches de la population. La Révolution française marque communément la fin du siècle des Lumières, selon le sens que l'on attribuait à l'époque à ce terme. Nous devons cependant constater que, malheureusement, cette «minorité spirituelle» de l'individu due - rappelons-le - à sa seule responsabilité est un phénomène encore très répandu de nos jours. C'est pourquoi nous ne pouvons en aucun cas parler de sa fin. Le projet consistant à faire de la philosophie des Lumières un modèle de pensée est encore loin d'être réalisé !

 

Erwin von Steinbach (1244-1318) était un tailleur de pierre et un architecte allemand et passe pour être l'architecte principal à qui l'on devrait la cathédrale de Strasbourg. Les plus anciens statuts d'une loge connus au monde qui nous aient été transmis sont ceux des tailleurs de pierre de Strasbourg. Ils datent de 1459. Comme ce fut le cas pour d'autres architectes de son temps, Erwin von Steinbach prit comme modèle de la cathédrale qu'il projetait le Temple de Salomon. De telles vénérables cathédrales sont imprégnées d'une puissance symbolique impressionnante. Ceux qui comprennent cette symbolique comprennent sans difficulté ce que nos anciens maîtres ont voulu nous dire. On pourrait résumer les principes ayant servi à configurer une cathédrale par la formule «deux colonnes et trois pas». Remodèle des deux colonnes du Temple de Salomon a atteint son apogée dans les deux tours d'une cathédrale. Ces deux colonnes représentent deux mondes différents. L'un d'eux est le monde visible et correspond aux connaissances limitées de l'homme. On le représente par le chiffre4oulafigure du carré. L'autre monde est invisible, c'est celui de l'ignorance, de l'incompréhensible et finalement celui du divin. On le représente par le chiffre 3 ou la figure du triangle. Pris ensemble, ces deux nombres donnent le chiffre 7, le nombre parfait.

 

Les exemples d'une symbolique remontant à l'origine des temps et se retrouvant systématiquement dans le Temple de Salomon puis, par suite, dans les cathédrales et, de là, dans les loges des tailleurs de pierre, puis dans les loges spéculatives, pourraient être multipliés à l'infini. À mon avis, le côté «philosophie des Lumières» se situe dans le caractère abstrait des symboles, sur lequel ne pèse pas le poids dogmatique des représentations de l'Église catholique. Ce que nous trouvons dans les symboles des tailleurs de pierre, c'est que ce monde non-matériel peut être bien sûr rendu visible par étapes successives à l'aide d'une pensée débarrassée de tout a priori et de la recherche scientifique mais, qu'en même temps, chacune de ces étapes fait apparaître de nouvelles questions se refusant à l'application de la science.

 

Les tailleurs de pierre de cette époque ne se sont pas laissé induire en erreur par les images à caractère trop concret que l'Église catholique cherchait à imposer, relatives à Dieu, aux saints et au Diable, mais ils se concentrèrent au contraire, dans leur représentation du monde invisible, sur des symboles abstraits. Et même le plus instruit des Maîtres parmi les tailleurs de pierre se faisait enterrer à l'angle nord-est de la cathédrale, au nord-est, à l'endroit donc où se tient l'Apprenti après son initiation. Ceci parce que, parvenu au terme de sa vie, au moment de son entrée dans l'Orient éternel, le Maître se présente avec le symbole de la règle, car il ne sait effectivement encore rien du monde non-visible.

 

Et, à partir de ce point, où nous trouvons l'homme éclairé qu'est le Maître Maçon, qui, au contraire du clergé figé sur ses dogmes, est conscient de ce qu'il ne peut pas savoir, nous parvenons directement au Maçon spéculatif qui, lui aussi, fait appel à sa raison et l'utilise de façon personnelle, tout en évitant lui aussi de se faire une image concrète du Divin. C'est pourquoi les francs-maçons, comme Kant l'exige de l'homme éclairé,  opposent à l'hétéronomie d'une raison fixée par d'autres l'autonomie d'une pensée indépendante. Ou, comme Kant l'exprime, «penser par soi-même signifie chercher en soi-même la vraie pierre de touche de la vérité (c'est-à-dire dans sa propre raison), et la maxime : En tout temps penser par soi-même, constitue la base de la philosophie des Lumières».

 

Conformément à la tradition des tailleurs de pierre, marqués par l'esprit de la philosophie des Lumières, les maçons d'aujourd'hui font également usage du symbole du Grand Architecte de l'Univers. Le chercheur Helmut Reinhalter écrit à ce propos : «Ce symbole repose sur la responsabilité éthique du Maçon. En Maçonnerie, la valeur de l'homme ne se mesure pas à l'aune de sa profession de foi d'une religion ou d'un dogme, mais à celle de sa loyauté intellectuelle. Le GADLU symbolise par son efficacité l'arrière- plan éternel et le cadre universel duquel la vie acquiert un sens et une responsabilité humaine».

 

À l'époque actuelle, qui a vu l'éclosion des sciences cognitives, éclaireront encore mieux nos loges à l'aide d'une nouvelle philosophie des Lumières, plus développée, qui soit à même d'écarter les obstacles qui parsèment notre chemin et empêchent la dissémination de la connaissance critique et de la raison, compte tenu des menaces de caractère global et des crises politico-sociales qui nous guettent. Ne nous bornons pas à faire briller la lumière de la raison à l'intérieur de nos loges. La «race humaine», pour employer l'expression de Kant, n'a aucune chance de survie si elle s'écarte de la raison. Utilisons donc notre chaîne fraternelle universelle pour répandre dans tous les types de société la lumière d'une nouvelle philosophie maçonnique ! Combattons, partout où nous avons de l'influence, la déraison universelle avec l'arme de la «raison aimable» postulée par Épicure (341-271 av. J.-C.). Car c'est à lui que l'on doit l'aphorisme : «Le savoir sans l'amour est un poison mortel ». C'est dans cet esprit que nous devons, guidés par notre solide expérience et appuyés par la «raison aimable», avancer tous ensemble et affronter avec courage les grands défis de l'avenir. «Sapere aude», mes très chers frères.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

 La Tradition  -  Les philosophes  -  Thalès de Milet  -  Pythagore de Samos  -  Parménide d’Elée  -  Héraclite d’Ephèse  -  Anaxagore de Clazomènes  -  Empédocle d’Agrigente  -  Socrate d’Athènes  -  Les épicuriens  -  Platon  -  Diogène de Sinope  -  Aristote de Stagire  -  les stoïciens  -  Guillaume d’Ockham  -  René Descartes  -  Blaise Pascal  -  Baruc de Spinoza  -  Nicolas Malebranche  -  Gottfried Wilhelm Leibniz  -  George Berkeley  -  David Hume  -  Emmanuel Kant  -  Les tenants du transformisme  -  Georg Wilhelm Friedrich Hegel  -  Arthur Schopenhauer  -  Auguste Comte  -  Karl Marx  -  Friedrich Nietzsche  -  Sigmund Freud  -  Edmund Husserl  -  Henri Bergson  -  Pierre Theillard de Chardin  -  Gaston Bachelard  -  Martin Heidegger  -  Ludwig Wittgenstein  -  Jean-Paul Sartre  -  Albert Camus  -  Karl Popper  -  Michel Foucault  -

 

BENZIMRA - PETITS ET GRANDS MYSTÈRES DANS LA KABBALE L’ŒUVRE DU COMMENCEMENT – L’ŒUVRE DU CHAR

André Benzimra

Edition de la Hutte 

 2013 

La Kabbale comporte deux études :


Celle du Maaseh Bereshit, l’œuvre du Commencement, qui consiste en un commentaire du premier chapitre de la Genèse
Celle du Maaseh Merkavah, l’œuvre du char, qui porte sur le premier chapitre du Livre d’Ezéchiel.

Le Maaseh Bereshit porte sur la cosmologie ; le Maaseh Merkavah sur la théologie, mais on aurait tort de ne voir dans ces deux parties que des études théoriques. L’idée d’œuvre désigne d’ailleurs une entreprise pratique. C’est que ces deux études comportent les secrets d’une certaine sagesse que le disciple doit s’efforcer d’acquérir.

De quoi s’agit-il ?

Le Maaseh Bereshit correspond à ce que les Grecs appelaient les petits mystères : ceux-ci visent à rétablir l’Homme dans l’état primordial, celui que les Hébreux nomment l’Adam paradisiaque, l’homme qui était un avec le monde, (de là vient que les traditions assignent à l’Adam du Paradis terrestre la taille du monde. « Il l’a créé remplissant le monde tout entier – Midrach Rabba VIII,1) », en sorte que tous les corps étaient comme autant de ses organes et que l’âme de chaque chose était une partie de son âme.

Le Maaseh Merkavah correspond quant à lui aux grands Mystères de la Tradition grecque, lesquels visaient premièrement à identifier l’homme avec l’Univers tout entier (de là vient que l’iconographie traditionnelle fait coïncider l’Adam Kadmon, l’Adam du Paradis céleste, avec l’ensemble de tous les mondes), c'est-à-dire avec l’ensemble des mondes, et secondement à rétablir l’union de l’homme avec la divinité.

Au sommaire de cet ouvrage l’auteur nous parle de :

L’œuvre du commencement - La Genèse I et II - L’œuvre du Char - Ezéchiel - Voie initiatique et voie religieuse - l’alphabet hébraïque - la science des lettres - la hiérarchie des principes - les Sephiroth - la Thora - le Nom divin Hou, Lui - les quatre mondes - le Nom divin Maqom, le Lieu - la science des nombres - la centralité de l’homme - le Nom divin YHVH - le yin et le yang - Schaddaï ou El Schaddaï - les sept mondes déjà créés - Nomadisme et sédentarité - le Golem - les quatre qui entrèrent au Pardès - les éléments - le genou -

 

BENZIMRA  -  LES LḖGENDES CACHḖES DANS LA BIBLE -  ḖTUDE DE KABBALE MAÇONNIQUE

 André Benzimra

Edition Archè Milan

 2006

Existent non seulement des kabbales,  juive et chrétienne, mais aussi une kabbale maçonnique dont l'auteur illustre les différents aspects, à partir des légendes cachées dans la Bible. Il montre les liens possibles entre celle-ci et les traditions et symboles maçonniques, ainsi que les personnages bibliques qui pourraient devenir des modèles ou des idéaux pour les francs-maçons

 

Lorsque l’on évoque une « légende », de quoi parle-t-on au juste ? Le terme se réfère à un récit qui raconte l’histoire d’une personne ou d’un événement d’une manière qui fait passer l’exactitude historique au second plan afin de mieux mettre en valeur une leçon morale ou un enseignement spirituel.

 

Les légendes ont souvent, à la base, un brin de vérité historique qui se trouve ensuite fortement mêlé de « merveilleux ». Un mythe, en revanche, est un récit qui tente d’expliquer nos origines et nos pratiques sociales. Dans le langage courant, « légende », « mythe », « conte » et « fable » sont souvent considérés comme synonymes.

 

La Bible s’ouvre sur le récit de la création : Dieu parle et l’univers est appelé du néant à l’existence. Plus tard, un déluge détruit l’humanité à l’exception de huit personnes qui trouvent le salut en se réfugiant dans un bateau, la célèbre arche de Noé. Puis, le récit se focalise sur un homme, Abraham, et sur sa famille.

Suivent les récits fondateurs de Moïse et de l’Exode. À travers des miracles étonnants, Dieu fait sortir son peuple d’Égypte où il était esclave. Beaucoup plus loin, nous trouvons le récit de la vie, de la mort et de la résurrection de l’homme appelé Jésus de Nazareth.

 

Comment le lecteur moderne doit-il donc aborder tous ces passages ? Est-il appelé à y voir des récits légendaires ou des métaphores qui ne véhiculent que des vérités spirituelles ? Doit-il plutôt considérer qu’ils relatent des événements tout à fait historiques ? Dans un premier temps, il peut être utile de savoir ce que la Bible dit d’elle-même, de son message et de son objectif. Elle se présente comme un livre qui raconte l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple. Son but ultime est d’inviter l’homme à connaître Dieu et à être réconcilié avec lui. L’histoire que la Bible raconte est, très clairement, d’ordre théologique dans le sens où ce qui est raconté explique qui est Dieu, sa nature, ses attentes, ses promesses et qui est l’homme. Les récits des auteurs bibliques ont été écrits pour parler de Dieu et de ses desseins.

 

La Bible se présente aussi comme la Parole d’un Dieu honnête, omniscient et fiable. Ses textes ont, certes, été rédigés par des auteurs humains ayant chacun leur style, leur vocabulaire et leur personnalité, mais la Bible affirme qu’ils ont été inspirés par l’Esprit de Dieu Lorsque des apôtres se réfèrent à des évènements tels que la création, le déluge et l’Exode, ils se montrent persuadés de leur nature historique. Si l’on croit à l’inspiration de la Bible, il n’y a donc pas lieu de lire ce qu’elle affirme être des faits historiques à la manière de textes symboliques. Le lecteur attentif doit cependant se garder d’une lecture anachronique du texte, qui s’attendrait à ce que les auteurs se conforment aux méthodes historiques modernes. Les textes bibliques racontent l’histoire à la manière de ceux de l’Antiquité. Ils ne cherchent pas à parler de manière dépassionnée et exhaustive, mais ils racontent des événements historiques dans le but de véhiculer un message théologique.

 

Comme toute œuvre littéraire la Bible utilise toute une variété de styles et de genres Devant chaque texte, il convient, autant que faire se peut, de discerner les intentions de l’auteur. Veut-il présenter une idée, une image ou un fait historique ? Certains passages sont explicitement présentés comme des paraboles ou des fables, qu’il convient de ne pas comprendre de manière littérale et historique. De même, tout le monde s’accorde pour dire qu’il serait absurde de comprendre la poésie de manière littérale.

 

À titre d’exemple, certains lecteurs de la Bible perçoivent un symbolisme voulu dans le récit de Genèse 2-3 quand il évoque par exemple l’arbre et le serpent. Pourquoi ? À cause de l’usage symbolique qui en est fait dans d’autres parties de la Bible. En même temps, le Nouveau Testament affirme la nature historique de l’homme Adam et de sa faute. Une bonne connaissance des conventions littéraires de l’époque aide à comprendre les textes. Ceci n’enlève rien au caractère historique des événements rapportés.

 

Pour mieux comprendre les textes difficiles, il est également possible de faire appel à des connaissances extrabibliques. Au cours des derniers siècles, l’archéologie a énormément progressé. Or les découvertes archéologiques ne contredisent pas le récit biblique ; elles ont plutôt tendance à le confirmer De plus, en comparant les récits bibliques à des récits similaires des mêmes époques, on découvre à quel point les auteurs bibliques usent d’un style extrêmement sobre. À titre d’exemple, un récit de la création issu de la Mésopotamie parle de luttes entre dieux différents qui naissent de l’union de deux êtres, Tiamat et Apsû. De son côté, le récit biblique de la création pose avec beaucoup de retenue le cadre d’un Dieu distinct de sa Création qui a créé toute chose de manière ordonnée. La foi chrétienne est née à l’entrée du tombeau vide de Jésus-Christ. Pour certains, sa résurrection est la légende par excellence, mais pour les chrétiens elle est l’exemple par excellence d’une foi raisonnable. On a là le récit d’un événement extraordinaire, miraculeux et merveilleux, mais les indices historiques et logiques qui plaident en faveur de sa réalité sont considérables).

 

Si Jésus a vraiment été ressuscité d’entre les morts, la logique veut qu’il ne soit pas un imposteur, mais véritablement le Fils de Dieu. Or il a accepté la nature historique de l’Ancien Testament et de ses récits de la Création, du déluge, de l’Exode. Ceux qui mettent leur foi en lui accepteront naturellement d’accepter la fiabilité de ses paroles. Toutes les questions concernant les passages les plus difficiles de la Bible n’en sont pas supprimées pour autant, mais elles se vivent dans la confiance.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Tubalcaïn    -    Hiram     -      Salomon     -    Noé    -     Schadaï     -          Jacob et Esaü    - 

 

bouddhisme & franc-maçonnerie

Divers Auteurs

EDITION ALBIN MICHEL

 1995

Conférence et réflexions sur ces deux philosophies. Un langage commun peut-il être trouvé entre la tradition bouddhiste venue du bout du monde, et la tradition maçonnique née en Europe, enracinée dans une symbolique très spécifique dans certains mythes bibliques, dans la philosophie grecque et l’esprit des lumières ?

 

Deux voies spirituelles qui chacune à sa façon aspirent à l’Universel et proposent une libération de l’Être et exaltent la sagesse. Le problème est dans la traduction du vocabulaire de chacun au sujet de la nature intime de l’homme, là est l’explication incompréhensible de l’un ou de l’autre.

 

Au sommaire de cette conférence on trouve :

 

Jacques Deperne : Philosophia humana

Lama Denys Teundroup : Des points communs et la démarche bouddhiste

Jean Pierre Schnetzler : De la démarche maçonnique

Bernard Besret, Alain Lorand, J. P. Pilorge, Luc Trinley : Orient Occident, convergences et divergences

Nicolle Vassel et Michel Barrat : De la réalisation spirituelle

Bernard Besret, Lama Denis Teundroup : Pratique maçonnique et « sadhana », symbole et méditation

Marie Madeleine David : Chronique

1 C

cambacÉrÈs, 1er surveillant de la franc-maçonnerie impÉriale

P.F. PINAUD

Edition Maçonnique de France

 1998

Jean Baptiste Régis Cambacérès (1753-1824) prince et archichancelier de l’Empire, duc de Parme est le second personnage civil de l’Empire. Sans en avoir le titre, il est le « premier ministre » de Napoléon. Savant jurisconsulte, il a pris une très grande part à la rédaction de nos codes. Comme homme politique, il fut constamment au milieu des partis de 1789 à 1814, et n’en affectionna peut être aucun.

 

En 1805, il devient second grand Maître adjoint du Grand Orient de France, il collectionne aussi toutes les présidences écossaises. A ce titre fut-il l’unificateur, le fédérateur ou le premier Surveillant de la Grande maçonnerie Impériale ? Peut-être mais rien n’est moins sûr.

Grâce à des documents inédits, l’auteur nous retrace la vie maçonnique de ce personnage qui fut un acteur et un témoin de l’histoire maçonnique de l’Empire.

 

Notre homme naît à Montpellier le 18 octobre 1753, dixième enfant de Jean –Antoine et de Rose Vassal, dans une famille qui avait dû abjurer le protestantisme au siècle précédent. Son grand-père, Jacques de Cambacérès, conseiller à la Cour des Aides de Montpellier, avait épousé Elisabeth Duvidal, sœur de Jean-Antoine Duvidal, seigneur de Montferrier et Baillarguet, syndic général des Etats du Languedoc, menant grand train tant à Paris qu’en Languedoc.

 

Ce dernier, avec son ami Joseph Bonnier, baron de La Mosson, passe une partie de l’année à Paris et y fréquente le milieu des philosophes des Lumières. Un ami commun leur a présenté Charles Radcliffe, comte Derwentwater, fondateur d’une loge de francs-maçons chez le traiteur anglais Hure, à l’enseigne du « Louis d’Argent ».

 

Tous deux sont reçus francs-maçons et, de retour à Montpellier, y fondent une loge qui recrute financiers et magistrats, et parmi eux, Jacques de Cambacérès, séduit par cette spiritualité humaniste et le côté frondeur d’une société qui s’est fait interdire par le cardinal de Fleury sur ordre de Louis XV. Jacques de Cambacérès mourra en 1752.

Cette ascendance familiale explique sans doute que, dès avant l’âge de 20 ans, il est initié. En 1772, on le trouve inscrit sur les tableaux de la loge anglaise Saint-Jean du Secret et de l’Harmonie à Montpellier, où il côtoie financiers, magistrats et entrepreneurs. Son entrée rapide dans l’ordre ne s’explique pas seulement par ses antécédents familiaux. En effet, en 1772, il est en opposition au système en vigueur et refuse d’intégrer la nouvelle magistrature proposée par le gouvernement. Il s’est agrégé à un groupe de magistrats réfractaires dont beaucoup sont maçons. Ses amis l’ont donc engagé à recevoir la Lumière. Par ailleurs, lui-même avait le désir d’échanger des opinions, de confronter des convictions, d’apprendre et de trouver des repères dans une société qui évolue. Par ses contacts avec le médecin et chimiste Chaptal, il pouvait appréhender un monde scientifique qui remettait en cause tant de croyances.

 

Enfin, l’expérience confessionnelle de sa famille l’incitait à rechercher des nourritures spirituelles alors que son métier le tournait vers le quotidien. Il plonge d’ailleurs à cette époque dans l’étude des diverses religions connues, se penche sur le problème du crime et du châtiment, de l’enfer et de l’au-delà pour conclure : « Il n’y a qu’une grande foi qui puisse faire croire à une autre vie. Et comment avoir de la foi ou une croyance aveugle pour ce qui peut être soumis aux lumières de la raison ? ». Comme la grande partie de l’élite intellectuelle de l’époque, il professe son mépris pour les usages antiques de l’Eglise, son obscurantisme et son exigence de pouvoir et de richesses ; il adhère à l’humanisme, au dévouement aux autres et aux sentiments de fraternité qu’il exprime par sa participation active dans la confrérie des Pénitents Blancs. C’est l’époque où l’opposition entre les Frères de l’aristocratie provinciale et ceux de la bourgeoisie parisienne allait conduire à la création du Grand Orient de France par des Frères expulsés de la Grande Loge. C’est l’époque aussi où Willermoz, à Lyon, prône la réforme mise sur pied en Allemagne, réforme qui prétend aller vers « la révélation d’une véritable connaissance ».

 

Il voyage également beaucoup par tout le royaume, à Paris, Marseille, Bordeaux, siège du directoire de Septimanie du rite écossais rectifié, où il fréquente de nombreuses connaissances tant familiales que maçonniques, nouant par sa participation aux activités maçonniques des relations avec un cercle étendu d’avocats et de financiers. Il mène ainsi une vie à la fois studieuse et mondaine, éclairée par la fenêtre spirituelle de la confrérie des Pénitents Blancs et celle, plus intellectuelle, des loges maçonniques, une vie toute imprégnée d’un fort sentiment de solidarité qu’il conservera malgré son ascension sociale. Joyeux célibataire, le plaisir des sens ne lui est pas inconnu ; probablement a-t-il rencontré à la loge La Candeur à Paris Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons Dangereuses. Jean écrira un jour : « Il y a peu de femmes qui se livrent par inclination. Il n’en est aucune qui ne soit insensible à l’hommage d’un homme distingué. L’aune de ce sentiment les décide à se livrer. Combien la femme qu’on croyait la plus relevée fait d’étranges révélations à son amant lorsqu’elle s’est abandonnée, etc., etc. »

 

A Paris, il visite la loge des Neuf Sœurs et fait la connaissance de Condorcet. Il fréquente aussi la loge des Amis Réunis qui « forme une société d’amis à peu près pareille aux clubs d’Angleterre mais qui doit à la maçonnerie, dont l’esprit de corps est la franchise, l’égalité, la bienfaisance et la pratique de toutes les vertus sociales, des liens d’autant plus étroits qu’ils seraient resserrés par une estime réciproque et une connaissance respective les uns des autres qui ne peut manquer d’être la suite du régime républicain d’une loge de francs-maçons ». Cet atelier a également pour caractéristique d’être peuplé pour l’essentiel de financiers tels le directeur de la compagnie des Indes, celui de la manufacture des Gobelins, le trésorier général de la Marine, des receveurs généraux etc.

 

Le système judiciaire ayant été réformé par l’Assemblée Législative, Jean Cambacérès est élu président du tribunal criminel de l’Hérault siégeant à Montpellier ; il est installé dans ses fonctions le 1 janvier 1792. Dans l’exercice de celles-ci, il exprimera son idéal maçonnique. S’il ne se prononce pas publiquement sur l’abolition de la peine de mort, il l’évitera toujours lorsque cela sera en son pouvoir et ne la fera appliquer – mais alors sans hésitation – que si l’ordre public est troublé. Cette présidence du tribunal criminel le marquera très profondément. Le pouvoir de vie ou de mort qu’il détient l’oblige à une perpétuelle remise en cause. Il écrira que « quand on juge les hommes, il ne faut jamais les séparer des événements » et aussi que « l’âme d’un fameux coupable ne diffère souvent de celle d’un grand homme que par l’objet vers lequel la fatalité l’a déterminé ». Le spectre de Voltaire le hantera pendant toute cette année, aiguillonnant sa quête de vérité.

 

Bientôt élu député à la Convention, il arrive le 18 août 1792 à Paris. Il y rencontre très vite Roëttiers de Montaleau, haut dignitaire de Grand orient qu’il connaît depuis longtemps. Celui-ci lui raconte les difficultés dues au combat passionné des opinions politiques au sein des loges. Comment les frères pourraient-ils respecter leurs serments de fraternité maçonnique ? Beaucoup d’entre eux ont émigré derrière les frères du roi, maçons eux-mêmes. Les loges se sont vidées. Le duc d’Orléans, grand maître du Grand Orient, joue son propre jeu. Certains le suivent, espérant qu’il réussira à prendre le pouvoir. Beaucoup se méfient, critiquent. Les soupçons s’installent avec la crainte du lendemain et ralentissent toutes les activités maçonniques dans l’attente de jours meilleurs. La franc-maçonnerie rentre dans l’ombre, sinon en léthargie. Après thermidor, à partir de l’automne 1794, Cambacérès est au gouvernement de la France ; il se fait investir de la présidence du comité de Salut Public. Ses qualités, comme ses qualifications en font un incontournable de la direction du pays. C’est ce qui bientôt fera de lui le deuxième consul après le coup d’état de brumaire, puis l’archichancelier de l’empire et maître d’œuvre de Napoléon, ainsi que l’appelle sa biographe Laurence Chatel de Brancion, après le couronnement de Bonaparte.

 

Mais laissons de côté sa carrière publique et revenons à ce qui nous occupe plus particulièrement, même si l’une et l’autre facettes de sa vie sont étroitement imbriquées, puisque, par exemple, lorsqu’il présente à la tribune, comme responsable de la politique extérieure de la France, le traité de paix signé avec la Toscane, c’est le franc-maçon qui parle ; il établit le fondement des organisations internationales actuelles, en rupture totale avec les mœurs de l’époque : « S’il existait en Europe, proclame-t-il, un droit des nations, des principes reconnus d’indépendance, de liberté de commerce et de navigation, s’il existait un plan contre l’ambition des puissances usurpatrices et une garantie pour la sûreté des états faibles, alors les conditions de la paix seraient facilement dictées et acceptées ; alors, nous n’aurions pas de guerre à soutenir. »

 

Dans le courant de l’année 1795, derrière sa volonté de protection de l’intimité et de la liberté individuelle, pour lui principes de base, Cambacérès exprime son désir de protéger les premiers pas des loges maçonniques qui renaissent après la tornade de la Terreur. Ces hommes éclairés et modérés doivent pouvoir se réunir chez l’un ou chez l’autre sans être inquiétés car la franc-maçonnerie peut être un ferment d’amélioration du climat politique et, si on lui en laisse le temps, un éducateur de l’opinion. Dans ce même esprit d’éduquer l’opinion, il pousse la Convention à mettre sur pied un ensemble d’écoles spécialisées, comme l’Ecole normale, l’Ecole des langues orientales, l’Ecole polytechnique, les écoles de santé et les écoles centrales, futurs lycées napoléoniens.

 

Le 24 juin 1795, la Grande Loge célèbre son réveil. Celui du Grand Orient interviendra l’année suivante. Cambacérès fréquente la loge du Vrai Zèle. Il rencontre au sein des ateliers des hommes qu’il ne côtoie pas habituellement : les militaires, tels Kellerman ou Masséna, titulaires comme lui de hauts grades maçonniques. Avec son ami et frère d’Aigrefeuille, qui, curieusement, a installé à Montpellier l’ancien grand maître de l’ordre de Malte, il assiste le 22 juin 1799 à la cérémonie marquant l’union entre le Grand Orient et la Grande Loge de France. A cette tenue solennelle assistaient 29 officiers des deux obédiences, 3 officiers honoraires, 29 vénérables ou leurs représentants et 28 frères visiteurs. Le mois suivant, il devient ministre de la Justice. A ce moment, peu d’hommes sont plus à même que lui de maîtriser l’arsenal légal français, si complexe à la fin de la Révolution. Le 12 décembre 1799, Cambacérès devient deuxième consul de la République, second personnage de l’Etat après Bonaparte.

 

Retourné, on l’a vu, très tôt vers les loges, il y a retrouvé la sociabilité des années pré-révolutionnaire. Pour sauvegarder cette liberté et cette tolérance, et aussi pour éviter une mainmise sur l’éducation, il reste fermement attaché à affirmer l’indépendance du pays vis-à-vis de Rome et rêve d’établir en France l’équivalent de l’Eglise d’Angleterre. Il prêche le rassemblement dans la tolérance et oriente le Premier Consul vers un gallicanisme moderne. Son rôle dans la négociation du Concordat est occulte ; il n’existe qu’à l’état d’influence par des discussions, des notes, des études. Ce descendant de protestants, ce défenseur des communautés juives suggère aussi que des accords soient passés avec les responsables de ces religions pour que chacun ait le droit de pratiquer le culte de son choix ; en contrepartie, ces religions se couleront dans le système politique. En effet, les églises, quelle qu’elles soient, ne peuvent prétendre exercer une action hors du contrôle de l’Etat ; le gouvernement doit rester seul maître à bord.

 

C'est à ce moment-là qu'il se préoccupe concrètement de la franc-maçonnerie. Les rapports de police ont signalé l'essor très important du nombre des loges depuis le début du Consulat : cent quatorze dont vingt-sept parisiennes en 1802, trois cents en 1804. Vénérable de la loge Saint-Jean de la Grande Maîtrise, quel rôle joue Cambacérès dans les conflits entre le Grand Orient et les obédiences de rite écossais en 1802-1804 ? Dans ses papiers se retrouvent de nombreux documents relatifs à des projets de traités d'union. Selon son habitude, il fait réaliser méthodiquement un historique de chacune des obédiences, et analyser les conflits. Considérant ceux-ci comme du détail, il veut arriver à un accord permettant à chacun de garder ses pratiques dans une unité d'ensemble harmonieuse. Du fait même du recrutement dans les milieux de hauts fonctionnaires et dans l'armée, leurs rivalités ou désaccords peuvent être facteurs de désunion. L'Empereur aurait envisagé de résoudre le problème en supprimant la franc-maçonnerie, et il fallut les protestations de Kellermann dont l'aide de camp, de Grasse-Tilly, fils du héros de Yorktown, venait d'être élu Premier Souverain Grand Commandeur du rite écossais, et celles de Cambacérès qui fit valoir qu'interdire la maçonnerie la ferait surgir de toutes parts, en coulisses et dans l'opposition, pour arrêter cette décision. Est-ce Cambacérès qui propose que Joseph Bonaparte soit nommé grand maître du Grand Orient et Louis Bonaparte de la Grande Loge Générale Ecossaise qui vient d'être fondée pour fédérer le rite ?

 

CAMILLE SAVOIRE - REGARDS SUR LES TEMPLES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

Présentation de Jean-Marc Vivenza

Edition La Pierre Philosophale

 2015 

« La connaissance ne s’obtient que par l’initiation, connaissance qui est une « communion » avec l’âme universelle et dont le nom n’est autre que Gnose.» 

Camille Savoire (1869-1951)

La réédition de son ouvrage publié en 1935 : « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie », précédé d’une longue Préface de Jean-Marc Vivenza, vient de porter une lumière pour le moins assez nouvelle sur la personnalité de Camille Savoire. On s’aperçoit en effet, à la lecture des 90 pages de présentation du livre, que l’on ignorait énormément de choses sur celui qui fut à l’origine, en 1935, l’année même où il faisait paraître son livre, du « réveil » du Régime Rectifié en France.

Jean-Marc Vivenza nous révèle ainsi bien des aspects méconnus du parcours de Camille Savoire, et surtout nous montre l’évolution de celui qui se disait agnostique en son jeune âge, vers un spiritualisme de plus en plus marqué : « Camille Savoire, de l’agnosticisme de son jeune âge va donc, peu à peu, sans doute de par l’exercice de sa charge et son contact avec les degrés élevés des différents Rites maçonniques, évoluer vers un spiritualisme qui, pour n’être point une adhésion pleine et entière à une « Révélation », participait néanmoins d’un refus du matérialisme. »

« Ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence, qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes de certaines organisa­tions philosophiques, initiatiques ou occultistes, survi­vances des anciennes confréries… »

Camille Savoire s’explique lui-même sur ce changement de point de vue, après avoir découvert « le caractère « initiatique » de la franc-maçonnerie » : « Ce fut le désir de travailler dans le secret et le silence, à l’abri des regards indis­crets de la police et des autorités qui attira vers la Franc-Maçonnerie les adeptes de certaines organisa­tions philosophiques, initiatiques ou occultistes, survi­vances des anciennes confréries de Rose-Croix, Alchi­mistes, Illuminés d’Allemagne ou de Bavière, lesquelles vinrent s’agréger au sein de la Franc-Maçonnerie en y constituant des Loges d’un caractère spécial (…) l’étude approfondie des anciens rituels, en m’éclairant à la lumière des travaux d’occultistes ou d’initiés anciens ou modernes, me permit d’entrevoir nettement le caractère initia­tique de la Franc-Maçonnerie, tel que l’avaient conçu certains de ses adeptes, et de le comparer aux sociétés initiatiques de tous les temps, sinon par les moyens employés, mais par les buts poursuivis, la communauté des symboles, de certaines appellations, mots et signes de reconnaissance, formes rituelles, épreuves.»

Mais ce premier constant va aboutir à une décision qui transformera profondément la vie de Camille de Savoire : « à savoir la nécessité pour l’initié de devoir se livrer à un travail intérieur pour parvenir à la pleine compréhension de ce que signifie « l’Esprit », pour reprendre l’expression employée par Savoire :  « Des études poursuivies pendant plus de dix ans, con­frontées avec les découvertes et enseignements de la science contemporaine, j’acquis la notion que seul un travail intérieur effectué sur soi-même peut faire pro­gresser dans la voie de l’initiation, laquelle n’est qu’une éducation de ce sens intime qu’on désigne sous le nom d’intuition et qui n’est vraisemblablement qu’une com­munion ou une prise de contact avec l’Intelligence universelle. Cette notion est incompatible avec une pro­fession de foi matérialiste. Tout ceci me conduisit vers un spiritualisme s’élevant au-dessus des dogmes des religions, des diverses croyances philosophiques et métaphysiques qui m’a paru constituer le véritable fondement de la Franc-Maçonnerie… »

Et c’est bien ce qu’affirme positivement l’auteur des Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie : « s’était effectuée en moi une accession vers la conception d’un monde dans lequel la Matière qui, dans ses divers aspects, n’est qu’une transformation de l’Esprit, cherche à dominer ce dernier et à l’asservir, alors que l’homme sage que doit être le Franc-Maçon cherche à se libérer des emprises de la Matière

Cette « Gnose, Camille Savoire l’avait expérimentée par « l’étude de l’esprit » : « L’étude de l’esprit apprend à l’homme à connaître l’âme, c’est-à-dire la force et la vie intime des choses et des êtres, de l’inanimé comme de l’animé et cette connaissance ne s’acquiert que par l’initiation, c’est-à-dire par l’éducation d’un sens intime, « l’intuition », qui a pour effet d’établir entre le Maçon et la vie universelle une «véritable communion » alors que notre intelligence est souvent faussée par nos intérêts, nos passions et nos préjugés. Cette connaissance, véritable communion avec l’âme universelle, c’est la Gnose. Pour l’acquérir, le Franc-Maçon doit maîtriser ses passions, établir un juste équilibre entre ses diverses facultés : raison, intelli­gence, sensibilité, et les accorder avec le milieu uni­versel réalisant ainsi le « juste milieu » de chacun de nous, c’est-à-dire « la loi de notre être » en conformité avec la « loi universelle ». Cette loi n’est pas fixe, disait Confucius. Aussi, le Maçon, par un perpétuel effort et un éveil constant, doit conformer ses pensées et ses actes au principe changeant de l’Univers tout en s’efforçant de garantir son harmonie intérieure ! »


« L’étude de l’esprit apprend à l’homme à connaître l’âme, c’est-à-dire la force et la vie intime des choses et des êtres, de l’inanimé comme de l’animé et cette connaissance ne s’acquiert que par l’initiation… »

Ainsi donc, analyse Jean-Marc Vivenza : « On le constate, loin du portrait erroné que l’on présente encore parfois de lui, en quelques années, Camille Savoire, de par ses fonctions de Grand Commandeur des Rites et son cheminement maçonnique personnel, avait profondément évolué, puisque du matérialiste agnostique qu’il déclarait être dans sa période de jeunesse, il était devenu un spiritualiste qui, pour conserver son attachement à la liberté de penser – liberté non synonyme pour lui d’incroyance –, néanmoins, n’hésitait plus à se référer à la kabbale, aux Rose-Croix, refusant l’athéisme, appelant à un travail intérieur capable de faire accéder l’initié à la connaissance véritable de la « Gnose », entendue comme l’expression de « l’âme universelle ». On est donc très loin d’une attitude de rejet de la spiritualité, bien au contraire. »


« La route de l’initiation conduisant à la Gnose, est cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C’est l’acquisition de la Gnose qui constitue l’objet principal de l’institution. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité….»

Le témoignage le plus probant des convictions spiritualistes qui étaient devenues les siennes et sur lesquelles Jean-Marc Vivenza porte un éclairage tout à fait saisissant, allait être donné par Camille Savoire à la demande de son ami Constant Chevillon (1880-1944) qui : « s’il avait encore des objections à formuler à l’égard du dogmatisme ecclésial, n’en avait point à l’encontre du spiritualisme spéculatif qui pour lui était synonyme de « connaissance », c’est-à-dire de la « Gnose » qui constitue même, selon lui, « l’objet principal de l’institution initiatique » .


Voici donc ce que Camille Savoire allait déclarer, en 1939, dans la préface qu’il accorda à un opuscule publié par Constant Chevillon, alors Grand Maître de l’Ordre Martiniste : « la route de l’initiation conduisant à la Gnose, est cette connaissance suprême qui ne connaît pas les limitations de connaissance. C’est en effet l’acquisition de la Gnose qui constitue l’objet principal de l’institution. Car elle est indispensable à la recherche de la Vérité sans laquelle on ne saurait travailler au perfectionnement individuel et collectif des êtres

La réédition des « Regards sur les Temples de la Franc-maçonnerie » à l’heureuse initiative des éditions la Pierre Philosophale, rend donc, par la Préface étendue de Jean-Marc Vivenza qui présente cette nouvelle édition – la première depuis 1935 – un hommage plus que mérité à une grande figure de la maçonnerie spiritualiste, qu’il importait, loin des caricatures que certains avaient édifiées sur Camille Savoire, de porter à la lumière…de la « connaissance ».

 

catalogue des manuscrits maçonniques des bibliothÈques publiques de france

Jacques leglise

SEPP

 1984

Ville après ville tous les documents sont répertoriés.

 

Un gros travail qui facilite le chercheur.

 

CATHOLIQUES  ET  FRANCS-MAÇONS.  ÉTERNELS  ADVERSAIRES ?

PAUL  PISTRE

ÉDITION  PRIVAT

 2011

Moins secrète que discrète, la franc-maçonnerie nourrit d’étonnants fantasmes. L’opinion française la connaît mal. Sait-on qu’aujourd’hui la maçonnerie comporte un nombre important de loges en activité avec un effectif record de frères et de sœurs, et ce dans toute la France ? Ou encore que le Grand Orient de France, longtemps largement majoritaire, n’accueille que le tiers des initiés, aux côtés d’autres obédiences plus confidentielles ?

 

La franc-maçonnerie est puissante, largement répandue et témoigne d’une capacité d’évolution surprenante. Si l’Eglise romaine et la maçonnerie ont longtemps été adversaire, plusieurs entretiens récents, oraux et écrits, très peu médiatisés, témoignent d’un évident rapprochement entre clercs et maçons… Paul Piste dévoile ces conversations inédites dans cet ouvrage et y livre une définition de ce qu’est la franc-maçonnerie au XXIe siècle.

 

L’auteur développe les sujets suivants :Le Temple, la loge et l’obédience – une Eglise mal connue – les années sombres qui pèsent encore – la première loge à Londres en 1717 – sous l’Ancien Régime avec Napoléon 1e – les persécutions sous Vichy – l’œuvre des chercheurs – les causes des condamnations pontificales – un antimaçonnisme vigoureux et fréquent – les antimaçonnismes politiques, religieux et populaires – une aurore prometteuse – le colloque de Toulouse de 1987 – Rosario Esposito : un pionnier méconnu de la réconciliation Eglise-maçonnerie – Quelques pionniers et prophètes – la famille spirituelle la mieux connue de France -  Aperçu sur les maçonneries voisines, en Espagne, en Belgique, en Italie et en Angleterre – les juifs et la franc-maçonnerie -  les protestants -  Catholiques et francs-maçons de la G.L.N.F, du Grand Orient , du Grand Prieuré des Gaules, du droit humain, et de la grande loge mixte universelle de Perpignan -  le théologien Jean Rigal – la libre pensée – effets pervers des condamnations – la Bible, trait d’union entre catholiques et francs-maçons – l’Inquisition – Mieux connaître les spiritualités maçonniques – vers un universalisme maçonnique –

 

Paul Pistre est historien. Enseignant dans l’école laïque catholique, il a été membre actif du service incroyance-foi. Il a déjà publié deux ouvrages, Francs-Maçons du Midi, maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine, du XVIIIe siècle à nos jours, ainsi que Francs-Maçons à Toulouse, des origines à nos jours. Il dirige depuis plus de 22 ans la revue : Lettre aux catholiques amis des maçons.

 

ce « g » que dÉsigne-t-il ?

Jacques thomas

ARCHÉ MILAN

 2001

Cet ouvrage est consacré à l’étude de certains symboles courants du Métier des Tailleurs de pierre, tels que la « pierre angulaire », la « pierre de fondation », l’« œil du dôme »… et plus particulièrement la « lettre G » au milieu de l’« Étoile flamboyante ».


Ces symboles sont ici analysés et expliqués à la lumière des données traditionnelles du Pythagorisme et de l’herméneutique judéo-chrétienne, c’est-à-dire de la « Science des nombres » et de la « Science des lettres », dont il est certain que les Confréries de constructeurs du Moyen Âge avaient une connaissance non seulement « spéculative » ou rationnelle, mais aussi « opérative » ou proprement spirituelle.


Ce livre réserve une place importante à l’examen du symbolisme des notions de « Force » et de « Puissance ». En outre, un long chapitre s’attache à mettre en évidence la fonction cosmologique de « Monarque universel » assumée par Nemrod, le « Premier Puissant », à l’époque de la construction de la tour de Babel.

 

La lettre G est un symbole maçonnique qui n’apparaît jamais seul. Il est souvent situé entre une équerre et un compas entrelacés ou encore au centre d'une étoile à cinq branches. Sa signification n'est pas précise et donne lieu à plusieurs interprétations dont certaines sont fantaisistes. Ce qui est certain en revanche, c’est que dans aucun texte maçonnique, G est l'initiale de Grand.

 

La lettre G apparaît dans les rituels maçonniques anglais vers 1730 puis est adoptée par les loges françaises. Pour les Anglo-saxons, de tradition déiste, la lettre G est l'initiale de God (Dieu en anglais) et son interprétation est sans ambiguïté. Pour les Français, les rituels plus modernes associent G à Géométrie, Génération, Gravitation, Génie et Gnose. Ces cinq termes peuvent surprendre. Que viennent-ils faire dans les rituels maçonniques ?

 

Comme les autres symboles, ils sont proposés à la réflexion du franc-maçon et prennent un sens différent de leur signification convenue. La géométrie, l'art du trait et de la construction, imprègne fortement la symbolique maçonnique dont les outils : fil à plomb, équerre, compas… renvoient à la mesure et au métier de bâtisseur, sources d’inspiration de la franc-maçonnerie moderne. Le terme génération fait référence à la capacité de création que tout homme possède en lui et sur tous les plans qu'ils soient intellectuels, physiques ou psychiques. Gravitation fait référence au principe de gravitation universelle découvert et théorisé par Newton au 18e siècle. Transposée à l'Humanité, cette loi universelle s’appelle l'Amour et est indissociable de la fraternité humaine. Elle rappelle le message chrétien « aimez-vous les uns les autres » Par le terme génie, les maçons du 18e ne font pas référence à l'intelligence supérieure, mais à la capacité de l'esprit humain à s'élever et à se dépasser. Enfin, la Gnose renvoie à la connaissance sacrée ou encore à la compréhension entière de la vérité du Monde, but ultime de l'initiation.

 

Les cinq interprétations de la lettre G sont, pour le franc-maçon,  autant de voies à explorer, non pas seulement d’un point de vue intellectuel et objectif, mais suivant une méthode spirituelle et subjective. Au-delà des mots, les cinq significations de la lettre G renvoie à la place de l’homme dans la création, comme « l’homme de Vitruve » de Léonard de Vinci, représentation bien connue d’un homme harmonieusement placé au centre d’un cercle et d’un carré les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, tout comme la lettre G entre l'équerre symbole de la Terre et de la matière et le compas symbole du ciel et de l'esprit.

 

L’auteur décortique les sujets suivants :

La pierre angulaire cruciforme, le diamant, l’équerre, la tradition pythagoricienne, la triade, le nom de Dieu en Hébreu, le Gimel, le Gamma, Nemrod et la tour de Babel.

 

cÉlÉbration du bicentaire des grandes constitutions de 1786

 

Le Suprême Conseil pour la France

 1986

À cette occasion trois orateurs, Baranger, Lasalle, Briens, nous rappellent les grands axes de ces grandes constitutions qui sont la base de l’Ordre Ecossais Ancien et Accepté.

 

ces francs-maçons qui croient en dieu

J.M. merle & m. viot

EDITION DE LA PIERRE PHILOSOPHALE

 1995

Dieu… les Francs-maçons… les termes semblent s’opposer, en particulier dans nos pays latins. Les Français, dans leur majorité, n’ont peut-être pas l’exacte mémoire des péripéties des luttes anticléricales, voire simplement des menées antireligieuses de certains maçons qui ont conduit en 1905 à la Loi de séparation des Églises et de l’État. Quelques-uns se souviennent cependant de la querelle à propos de l’école libre de 1984 et du laïcisme militant de quelques dignitaires de la Franc-maçonnerie française.

 

Mais ce que le grand public ignore, c’est que de tels maçons sont en rupture de ban avec la Franc-maçonnerie universelle, forte de quatre millions de membres, qui ne reconnaissent comme obédience régulière en France que la seule Grande Loge Nationale Française. Or pour y entrer, il faut affirmer solennellement sa foi en un seul Dieu révélé.

Les auteurs – l’un historien des religions, l’autre pasteur – expliquent ce que furent réellement les débuts de l’ordre maçonnique et comment, au cours du XIXème siècle, il dévia de ses buts originels, en Europe principalement. Ils exposent l’hostilité que rencontra la Franc-maçonnerie de la part de divers courants religieux ainsi que les nouvelles oppositions, amorcées depuis plusieurs années.

 

Le travail en loge et les méthodes mises en œuvre sont clairement définies et, pour la première fois, les auteurs fournissent au public profane un exemple d’utilisation de la Bible en loge maçonnique.

 

chevaliers & rose-croix

g & r jamet

EDITION DU BORRAGO

 1994

Après « Le Maître Secret », 4ème degré de la Franc-maçonnerie écossaise, « Architectures Secrètes » qui est une étude par thèmes sur les degrés du 5ème au 14ème, voici aujourd’hui « Chevaliers et Rose-Croix » qui nous conduit, suivant la même méthode, du 15ème au 18ème degré, point de rencontre majeur au centre de la Croix, pour celles et ceux qui ont choisi l’Art Royal et le chemin le plus long vers les « grandes ouvertures ». La Franc-maçonnerie prend là tout son sens, la grande rosace éclaire l’œuvre du Maître et la Fraternité s’y transmute en Amour.


Officialisé en 1821 par le Suprême Conseil dans sa version chrétienne et pas dans sa version alchimique. Falsification donc (toilettage et modernisme oblige diront certains) les ajouts ou transformations ultérieures où certains rituels mêlent la cabale hébraïque et des éléments fabriqués de toutes pièces adultérant les rituels Rose-Croix au départ forcément chrétiens.
 

Que le même rituel soit transposé dans une version alchimique ou transformé par le symbolisme qu’il représente n’enlève rien au fait que cette rose mystique était au départ sur une croix entre deux autres croix, que la rose est environnée d’une couronne d’épines et que les premiers propagateurs voulaient que cela représente non seulement la passion du Christ, mais aussi entre les deux autres croix, la Rédemption. La Rédemption est rappelée par le tombeau vide du Christ.

Le signe de ce grade montre distinctement la voie du Ciel et de la Terre. Le mot sacré du grade est INRI qui peut être vidé de tous sens, tellement on pourrait en trouver. Il représente bien le mot formulé avec les initiales I.N.R.I, car le grade représente l’entrée dans la Loi nouvelle, passant de la loi juive à la mission évangélique.

Les trois colonnes du Temple sont constituées « au nom de la très sainte et très indivisible Trinité » (aussi bien dans le rite moderne que celui de Kilwinning) et les trente-trois bougies du premier appartement rappellent les 33 années du Christ. La Passion du Christ se trouve copiée et renvoyée à des images symboliques de la maçonnerie, à savoir la pierre cubique à pointe qui sue sang et eau et qui soufre, (d’où l’analogie alchimique, mais dans le rite de Kilwinning la rose est bien fanée), l’étoile flamboyante, la géométrie. La rose maçonnique se trouve alors sacrifiée sur une croix au sommet de la montagne, par les trois équerres, les trois triangles et les trois cercles. Le reste de l’histoire dans ce grade ancien est une version maçonnique de la passion du christ pour retrouver l’étoile flamboyante et la Parole fut aussi retrouvée. Le symbolisme chrétien est si évident que de le nier paraît incongru, et à peine plausible au niveau du symbolisme en général. Même les verres sont appelés calice et la table autel.

L’esprit de ce grade est qu’il s’agit d’un grade de chapitre ouvrant les grades philosophiques de la sixième classe. Les deux thèmes beauté et connaissance sont déjà depuis longtemps dépassés dans les grades précédents. L’image du Christ rédempteur est une image plus séduisante plus que le christ en croix qui n’inspire en fait qu’une image morbide d’un homme crucifié par ses semblables. Sortie de toute Eglise, la version alchimique où l’on trouve sur la même croix parfois un serpent, symbolise effectivement la matière, l’oeuvre en cours de réalisation par sublimation des éléments, mais il s’agit là d’un travail peu élaboré qui ne sied pas au grade en question. Soit, un athée peut utiliser le symbolisme alchimique et cabalistique. Mais l’essence initiale et originelle du grade est chrétien quoi qu’on en dise et quoique certains trafiquent. Le chevalier Rose Croix l’est par Jéhovah, le nom incommunicable qui, parmi les juifs, signifie l’immutabilité de Dieu. Tout dans ce grade rappelle l’essence chrétienne, évangélique. Il n’y a rien à tenter ; car c’est ainsi. Affirmer autre chose n’est que poudre aux yeux. Pour tous ceux qui cherchent vraiment à comprendre l’écossisme, il ne fait guère de doute qu’il s’agit d’un symbolisme

 

CHATOYANT  SONT LES 33 DEGRḖS DU R.E.A.A.

Serge van Khache et J. M. Cybart

Edition Dervy

2017

Dans sa préface, Jean-Pierre Cordier introduit le lecteur aux arcanes de ce livre indispensable : « C’est un inhabituel compagnon de voyage qu’ont choisi Jean-Marc Cybart et Serge Van Khache pour nous inviter à parcourir les 33 degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Si le bestiaire du rite comporte bien quelques animaux, notamment des oiseaux réels ou mythiques, le chat ne compte pas au nombre de ses représentations allégoriques ou symboliques, mais il est bien connu que le chat n’a guère besoin d’invitation pour s’introduire où bon lui semble !

 

Avant de revêtir les décors des divers degrés écossais et d’en dispenser l’enseignement, le doux félin s’est révélé le compagnon inséparable des écrivains et des poètes : du « chat botté » de Charles Perrault, jusqu’à Colette, en passant par Chateaubriand et Léautaud, qui en eut jusqu’à trois cents ! Tous ont été fascinés par son intelligence vive, sa souplesse et son élégance, et cette souveraine indépendance qui le rend rétif à toute autorité. Nul ne peut se prétendre le maître d’un chat, à l’instar du Franc-maçon refusant de mettre le genou à terre après avoir reçu la Lumière. »

 

Nos trente-trois chats, tous plus magnifiques les uns que les autres, en majesté vraiment avec leurs décors, entourés de quelque symboles particuliers aux grades concernés ont été créés par Serge Van Khache.

 

Chaque dessin est accompagné d’un texte court de Jean-Marc Cybart, synthétisant en une page les éléments significatifs du mythe associé au grade. Il faut dire que ces chats, dont le style rappellera à certain le chat botté de leur enfance, ont beaucoup plus de classe que nombre de Francs-maçons bedonnants. D’une grande expressivité, ils incarnent parfaitement le sentiment du grade, toujours avec une grande dignité.

Mais cet album magnifique n’est pas qu’une galerie de peintures talentueuses, l’enchaînement des images de Serge Van Khache et des textes courts de Jean-Marc Cybart rend compte de la dynamique de l’ensemble du rite, de sa profondeur, de sa cohérence également. Les « chats –maçons » nous enseignent quelque chose à propos de nous-mêmes et de la démarche initiatique.

 

Le chat était l'un des nombreux animaux dont les attributs furent vénérés dans l'Égypte antique. Le chat était le symbole de protection. En effet, le chat était un animal très bénéfique pour les égyptiens : en chassant les petits rongeurs, les chats protégeaient les silos à blé des Égyptiens, une ressource alimentaire vitale pour ce peuple. Les chats éliminaient aussi les rats, et les maladies propagées par ceux-ci (peste, …). Les chats chassaient également les serpents, rendant plus sûr les foyers situés dans le territoire du chat. Le chat deviendra également, par la suite, un animal de compagnie réputé, pour sa douceur, sa grâce, … Le culte du chat atteindra son apogée lorsque les chats seront perçus comme l'incarnation de la déesse Bastet.

 

Dès le IIIe millénaire av. J.-C., les Égyptiens ont apprivoisés le chat. Depuis, le chat est omniprésent dans l'Égypte antique, que ce soit dans la vie quotidienne (animal de compagnie et de protection), ou spirituelle : le chat est tout d'abord l'avatar du dieu Rê en tant que pourfendeur du serpent Apophis. Et, chaque temple possédait ses propres chats. Le chat, comme les autres animaux sacrés, avait un statut particulier dans la société égyptienne, et par conséquent ne pouvait ni être tué, ni maltraité, au risque de sanctions pouvant aller jusqu'à la condamnation à mort du contrevenant. Le chat, en tant qu'animal sacré, sera vénéré en tant qu'incarnation de Bastet, ce qui explique que les Égyptiens momifieront des milliers de chats, retrouvés dans des cimetières de chat. On trouve également le chat représenté sur de nombreux vases, bijoux et vaisselle, ainsi que dans les peintures. Et, en cas de décès d'un chat, selon Hérodote, la famille était en deuil -durant 70 jours -et se rasait les sourcils, en signe de tristesse.

 

Présent bien avant l'avènement du Nouvel Empire, vers -1500 avant JC, le culte du chat a pris de l'ampleur lorsque Sheshonq Ier, qui régna de -945 à -924 développa la ville de Bubastis, chef-lieu de la déesse Bastet, située à l'est du delta du Nil. Près du centre de la cité, on pouvait voir le temple de Bastet. Dans la cour se trouvait une allée d'arbres, qui exposait une statue massive de Bastet, ainsi qu'un nombre important de chats sacrés dont les prêtres s'occupaient grâce aux dons des pèlerins. Ces chats, s'ils étaient très respectés, n'en restaient pas moins nombreux, et un sacrifice périodique était organisé. Les chats sacrifiés, la plupart du temps des chatons, étaient ensuite bénis et momifiés, puis vendus comme reliques sacrées. Le culte de Bastet sera officiellement interdit par décret impérial, vers -390. Le chat en Égypte a donc vu un déclin progressif de son intérêt, bien que resté en tant qu'animal de compagnie, il n'était plus adoré dans les temples. Et, de nos jours, le chat n'a plus l'importance qu'il avait d'antan notamment à cause des maladies, comme la peste, qu'il véhicule.

 

chroniques maçonniques

Jacques normand

à L’Orient

 1999

Qui n’a cherché, au cours d’une lecture ou en préparant une planche – une date, un fait, une idée, un commentaire, bref l’un de ces mille éléments indispensables à la bonne fin d’un travail de réflexion ?
C’est ce qui a conduit Jacques Normand, avec ses Chroniques maçonniques, à créer cet outil indispensable à la réflexion.

 

Participant à des groupes de travail et des laboratoires de recherche historique sur la Franc-maçonnerie il a été amené à établir une liste, la plus complète et précise possible, d’événements, causes et effets, qui ont présidé à la lente et rude élaboration de l’Ordre. Les événements historiques marquants, qu’ils soient politiques, sociologiques, religieux ou initiatiques, ont donc été inclus dans ces Chroniques.

 

Des courants se sont développés ; des Obédiences différentes en ont résulté, en France, en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis. Elles fraternisent, se tolèrent, s’ignorent, ou sont parfois carrément hostiles !
Enfin la Franc-maçonnerie n’est pas née spontanément en 1723 avec les Constitutions d’Anderson – Desaguliers. Depuis la plus haute antiquité le phénomène initiatique coule comme un fleuve tranquille entre ombre et lumière. C’est aussi ce cheminement que l’auteur a cherché à préciser, sans interprétations merveilleuses ou déraisonnables. Les informations recueillies sont issues de documents anciens et récents, mais accessibles à tous.

L’année 1717 marque effectivement la création de la première Grande Loge à Londres, puis la mise en place du système maçonnique qui va se pérenniser jusqu’à aujourd’hui – avec certaines évolutions, bien sûr. L’origine de la maçonnerie se situe donc en Grande-Bretagne et tout l’enjeu est de comprendre de quelle manière une fraternité de métier – celle des maçons – s’y est transformée en une société de rencontres et de convivialité.

 

Ce phénomène est – il faut le redire – exclusivement britannique : en France, par exemple, les compagnonnages ne se sont pas transformés en franc-maçonnerie. L’Écosse est au cœur de cette mutation, à partir de l’extrême fin du XVIe siècle et tout au long du XVIIe. La date la plus ancienne dont nous puissions faire état pour ce qui va devenir la franc-maçonnerie est 1599. Cette année-là, William Schaw, maître des bâtiments du roi à Edimbourg donne de nouveaux règlements aux maçons. Ces « Statuts Schaw» présentent une conception nouvelle de la loge qui va devenir celle que nous connaissons encore aujourd’hui. Elle n’est plus liée à un chantier forcément temporaire, mais se voit dotée d’une personnalité morale et pérenne. C’est aussi de 1599 que date le premier procès-verbal dont nous disposons, en l’occurrence le compte rendu des travaux de la Loge d’Aitcheson’s Haven – un hameau sur la côte, à une dizaine de kilomètres à l’est d’Edimbourg – le 9 janvier 1599. À partir de cette date, toute une série de documents font la jonction avec la franc-maçonnerie actuelle.


Ceci dit, il est bien sûr très probable que tout n’ait pas été inventé en 1599. Ainsi, les statuts Schaw reprennent des éléments des « Anciens Devoirs», les règlements des maçons du Moyen Âge, ce qui signifie qu’il y a bien dû y avoir un lien entre les maçons médiévaux et ceux du XVIe siècle, même s’il n’est pas documenté. Il existe donc bien un lien réel entre les maçons de métier, dits opératifs, et les francs-maçons philosophes du XVIIIe siècle, dits « spéculatifs » ? C’est une des grandes controverses qui divisent les historiens de la franc-maçonnerie depuis quelques années. Pour certains, la maçonnerie est l’héritière d’une maçonnerie opérative qui s’est peu à peu transformée en une société plus symbolique. Pour d’autres, la franc-maçonnerie est un pur produit du XVIIIe siècle n’ayant fait que reprendre d’anciennes traditions pour se donner une légitimité.

 

Derrière ces débats se cachent aussi des présupposés idéologiques : les partisans de la continuité sont souvent influencés par le philosophe René Guénon, qui estime que la dimension initiatique de la maçonnerie vient de cette expérience de confrontation à la matière des maçons d’autrefois. Si ce lien n’existait plus, la dimension initiatique de la franc-maçonnerie disparaîtrait. Inversement, ceux qui considèrent que tout a été créé au XVIIIe siècle perçoivent la maçonnerie comme un produit de la philosophie des Lumières. L’historien que je suis estime que la vérité se situe entre les deux : s’il est clair que la première Grande Loge en 1717 correspond à un esprit et à un projet nouveau, les matériaux qu’elle utilise sont incontestablement directement tirés des traditions des maçons de métier, alors encore bien vivantes.

 

comment travaillent les francs-maçons ?             -         N°  22       -

Jean onofrio

LA MAISON DE VIE

 2007

Lorsque des Frères ou des Sœurs appartenant à la Franc-maçonnerie initiatique se réunissent, ils célèbrent une « Tenue ». Que signifie ce terme, à quelles réalités spirituelles et symboliques correspond-il, pourquoi garde-t-il toute sa valeur ?


À travers des questions spécifiques, « A quoi sert le Temple ? », « A quoi sert une Tenue maçonnique ? », l’auteur pose en réalité la question qui nous concerne tous : « A quoi tenons-nous vraiment ? », « Quel est le sens de la vie humaine ? »


Cet ouvrage permettra de comprendre comment et à quoi travaillent les Francs-maçons. Et tout en offrant des informations inédites sur les symboles et les rites, il aborde aussi des sujets très contemporains, comme la théorie scientifique du big-bang et l’origine de la création.

 

comprendre les francs-maçons

Jean saunier

EDITION Ivoire Clair

 1999

Ce livre présente un panorama historique de la Franc-maçonnerie moderne et de son rôle au fil des siècles.


Jean Saunier s’attache à la présentation et à l’analyse des mythes et des questions les plus fréquemment posées tant au sein de l’institution que dans le monde « profane », ainsi qu’à une étude poussée des rapports entre la Franc-maçonnerie française et l’Église Catholique. Son ambition n’est pas de décrire en détail ce qu’est la Franc-maçonnerie mais d’essayer de cerner ce qu’est, ou ce que devrait être, un Franc-maçon.

 

Sans prétendre à des « révélations » spectaculaires plus ou moins fondées, il aborde en détail la description et la signification symbolique profonde du serment maçonnique, de l’initiation ainsi que des grades les plus représentatifs.

 

Il se garde toutefois d’en tirer des conclusions figées, tentant au contraire de replacer chaque période dans son contexte historique, suivant le principe qui veut qu’un corps social quel qu’il soit, et encore plus un groupe qui revendique pour lui-même le secret, n’existe qu’au travers de ses membres, eux-mêmes vivant au sein d’une société dont ils forment un microcosme.

 

compte rendu de la 12ème confÉrence internationale des suprÊmes conseils du r.e.a.a.

 

Le Suprême Conseil pour la France

 1980

Lors de cette conférence des Suprêmes Conseils à Paris en 1980, des conférenciers de talent ont évoqué le R.E.A.A., son mysticisme, sa spécificité et ce qu’il peut apporter dans la vie de chacun.

 

Un excellent ouvrage qui explique la spécificité de ce rite et son merveilleux parcours initiatique et spirituel

 

confession d’un grand commandeur de la franc-maçonnerie

Charles riandey

EDITION DU ROCHER

 1989

Décédé en 1976, Charles Riandey, initié à la Grande Loge de France en 1917, membre du Suprême Conseil de France en 1930, Grand Secrétaire de la Grande Loge de France en 1931, Grand Chevalier du Suprême Conseil de France puis Souverain Grand Commandeur en 1961, nous a laissé ses mémoires.

Tout au long de sa vie, Charles Riandey s’est efforcé de ramener la Franc-maçonnerie française à sa spécificité originelle, de la détourner résolument du monde de la politique et de la finance, mais aussi, après 160 années de confusion, d’ambiguïté et d’errements, de soucher le Rite Écossais Ancien et Accepté sur la Franc-maçonnerie dite régulière.

Relatant notamment les circonstances exactes jusqu’ici occultées de la scission intervenue en 1964 –1965 au sein de la Grande Loge de France, les mémoires de Charles Riandey constituent un témoignage exceptionnel sur l’histoire et les vicissitudes de la Franc-maçonnerie depuis un siècle.

Des réponses et des précisions sur les milliers de Francs-Maçons qui en 1964 /1965 ont quitté la Grande Loge pour rallier la G.L.N.F.

 

considÉrations sur la maîtrise             3e DegrḖ

Marcel spaeth

Détrad

 1997

Sont expliqués, dans cet ouvrage destiné aux Maîtres :

 

Chapitre I – La sapience du Maitre – Les arts libéraux – l’escalier à vis et le retour en arrière – la rosace – Grammaire, arithmétique, musique, astronomie, géométrie, rhétorique et dialectique – l’arbre séphirotique adapté à la Franc-maçonnerie –

Chapitre 2 – La légende d’Hiram – Poème épique – Réception d’un profane –

Chapitre 3 – Les mors, leur sens, leur écriture et leur étymologie -  Thubal-Caïn – Moabon – Mac Benah – Giblim – Hiram – Gabaon –

Chapitre 4 – Les tapis de la chambre du milieu, en tenue de travail et en Tenue de réception – L’équerre et le Compas – le Tétragramme – le signe des chairs – le Tertre et l’acacia – Les Nombres en maîtrise, ceux du compagnonnage et ceux de l’apprentissage –

Chapitre 5 – La Maîtrise et la magie – ouverture des travaux – Effets de l’assiduité – la circumambulation – Passage du récipiendaire par la mort – Nécromancie – imposition de l’épée flamboyante – la putréfaction alchimique – le geste de détresse – la batterie d’allégresse – le port du chapeau –

Chapitre 6 – L’Etoile Flamboyante en Maîtrise – le « Yin-Yang » -L’Androgyne alchimique -

 

CONSTRUIRE  LE  TEMPLE  AUJOURD’HUI

. Behaeghel - Bruno Etienne - J. Fontaine - F. Figeac – I. Mainguy

Édition   MAISON DE VIE

2008

Pourquoi et comment les Francs-Maçons construisent-ils leur temple aujourd’hui ? De quels outils disposent-ils ? Que recouvre le terme initiation ?

A quoi servent les rituels ? Qu’est-ce qu’une société initiatique ? Existe-il un message maçonnique ? La Franc-maçonnerie a-t-elle un avenir ?

Réunis lors d’un colloque, des auteurs faisant autorité dans le monde maçonnique abordent ces sujets importants et répondent sans détour à des questions parfois délicates.

 

Aussi cet ouvrage très vivant ouvre-t-il de nombreuses perspectives dont certaines dépassent la cadre de la Franc-maçonnerie pour souligner un enjeu majeur : peut-on encore vivre une spiritualité d’ordre initiatique ?

 

En préface Christian Jacq insiste sur le parcours de l’initié, qui dépend fondamentalement de la nature de la loge qui l’accueille et le fera évoluer, mais souligne la nécessité et l’importance d’avoir une « loge de recherche initiatique », qu’il ne faut pas confondre avec une loge de recherche historique. Cette loge permettant à chacun d’approfondir les symboles en commun, de débattre de divers sujets maçonniques, d’aller vers d’autres traditions, et de se nourrir de complémentarité dans une fraternité conviviale mais studieuse.

Irène Mainguy, rappelle ce que veut dire « initiation », mot inconnu ou non pratiqué jusqu’en 1801, où ce mot apparaît dans le régulateur du maçon, et qui sera officialisé en 1826, avant cette date on parlait de recevoir ou faire un maçon. La finalité étant la même que de nos jours, à savoir « faire un nouvel homme », avec la mort du vieil homme, la renaissance, le passage de l’ombre à la lumière, le passage de la captivité à la libération ou du sommeil à l’éveil.

 

François Figeac pose la question « Qu’est-ce-que la Franc-maçonnerie initiatique » ? C’est évidemment la construction du Temple. Temple commun à tous les initiés, mais par la magie de la méthode cette œuvre provoque la transformation de chacun qui ainsi se construit son propre temple, à l’image de la perfection du Temple de Salomon.

 

Bruno Etienne donne sa version de la Maçonnerie : Société initiatique fondée sur des mythes, qui pratique des rites et qui utilise des symboles. Pour lui il y a société initiatique lorsque les 10 variables suivants sont réunis, après acceptation des mots, rites, symboles et mythes :

 

1/ Une légende de base justifiant le rite. 2/ Un dépouillement physique vestimentaire accompagné d’une réclusion. 3/ La présence d’époptie dévoilée pour la contemplation des symboles et des mytho-drames, c'est-à-dire le rite fondateur. 4/ La présence des éléments. 5/ Un ou plusieurs voyages unidirectionnels. 6/ Un rapport chute-élévation. 7/8 Une guidance, c'est-à-dire une utopie voire une eschatologie. 9/ Une uchronie  10/ Une eurythmie en rapport avec les types de temps et d’espace séparés donc sacrés. 11/ Des épreuves physiques réelles ou symboliques, liées au passage, à la mort et à la résurrection.

 

 Julien Behaeghel nous explique les outils et le message de la Franc-maçonnerie. Pour lui le message est simple « Refaire notre unité par le symbole initiateur », en refaisant cette unité nous reconstruisons le temple du monde qui est en réalité celui de l’Homme, le macrocosme n’étant que le reflet du microcosme. Hermès Trismégiste nous ayant transmis cette grande pensée, faut- il en prendre conscience et œuvrer dans ce sens.

 

Jacques Fontaine termine ce colloque en posant la question « Quel message et pour quel avenir ? » C’est un message pessimiste qu’il nous délivre, en arguant du fait que la Franc-maçonnerie est en perdition compte tenu de la qualité des initiés et de leur peu d’enthousiasme à étudier la symbolique et à s’interroger sur eux-mêmes. Il délivre son message, qui est le suivant : Si on veut changer, et ainsi sauver la Franc-maçonnerie, appliquons le principe ou l’adage, vieux comme le monde « Connais-toi toi-même », cet adage étudié par exemple par les bouddhistes et d’autres sociétés initiatiques.

 

CONVERSATIONS ÉCOSSAISES

Bernard GUILLEMAIN

Edition TREDANIEL

 1996

C’est une conversation continue sur la maçonnerie avec la fraternité, les mythes fondateurs de l’Ecossisme et du suprême conseil avec le St Empire, la symbolique profane et écossaise et son éthique.

Il parle longuement de la devise Ordo ab Chao et Deus Memque Jus, sur le Saint Empire qui lui tenait à cœur et sur cette transmission scalaire et alchimique.

 

Le REAA a pour but de développer et d’approfondir les enseignements de la Maçonnerie de Saint-Jean. En se référant aux traditions initiatiques et spiritualistes, il place ses travaux sous l’égide du Grand Architecte de l’Univers. Il engage ses membres à s’intéresser aux problèmes importants de l’humanité, et à s’investir pour la défense de la tradition culturelle et le bien constant des hommes. Les enseignements du REAA incitent ses membres à comprendre, mettre en oeuvre et établir l’amour du prochain, les droits et la dignité de l’homme. Ils doivent également s’engager pour la défense de la liberté de pensée et de croyance et combattre l’ignorance, la superstition et le despotisme. Le REAA n’impose aucune limite à la libre recherche de la vérité. Pour garantir à chacun cette liberté, il exige de tous ses membres une tolérance active. Le REAA attend de ses membres un engagement ferme et désintéressé pour l’amélioration de la société et de l’Etat et pour garantir à tous les hommes une existence dans la dignité, la paix et la liberté.

 

Bernard était membre du Suprême conseil pour la France depuis plus de 50 ans, il nous a quitté en 2002. Qu’il repose en paix.

 

crÉation et histoire du rite Écossais rectifiÉ

Jean urcin

Edition  Dervy

 1994

Cette recherche historico maçonnique nous conduit du début du christianisme à J. B. Willermoz et à l’écossisme contemporain. Ce nouvel éclairage apporte un complément aux ouvrages de Jean Tourniac.

 

A l'heure où la Franc-maçonnerie connaît un regain d'intérêt, Jean Ursin s'est livré à un minutieux travail de recherche sur le Rite Écossais Rectifié, afin de mieux en cerner les origines. Ses recherches nous conduisent des débuts du christianisme à Jean Baptiste Willermoz (1730-1824) et à l'écossisme contemporain. L'auteur, privilégiant la clarté et la simplicité, nous offre ici une histoire exhaustive du R.E.R qui complète les ouvrages de Jean Tourniac sur ce sujet et apporte les éléments indispensables à la compréhension de la franc-maçonnerie d'aujourd'hui

dÉcors & usages

 

GLNF

 2002

À l’intention des membres de la Grande Loge Nationale Française.
Cet album couleur très bien fait explique les tabliers, les médailles, les cordons et les superlatifs donnés aux officiers, et le rôle de chacun.

 

DE LA PORTE DES HOMMES A LA PORTE DES DIEUX Cérémonie solsticiale de la Saint-Jean d’été

Alain Pozarnik 

Edition Dervy

 2014

Le solstice d’été a un caractère particulier ; depuis la préhistoire, il frappe les esprits de tous ceux qui observent avec attention la renaissance de la nature après sa mort hivernale. Il attise les cœurs vers une espérance de vie et laisse entendre l’existence d’une éternité enfouie en l’homme, mais que les diverses traditions religieuses ou païennes entretiennent depuis le Moyen Âge.

Bien d’autres vérités se cachent dans les flammes des feux purificateurs du solstice d’été. En Mésopotamie, en Egypte, en Grèce ou encore à Rome, le lumières de la manifestation du cycle solaire ont été le support de nombreuses réjouissances et de mystérieuses initiations donnant, à ceux qui savent lire la nature, la conscience du destin humain sur terre.


Le christianisme reprendra les témoignages traditionnels de la vraie Lumière venant dans ce monde sous les paroles de saint Jean. La Franc-maçonnerie moderne a conservé un rituel pratiqué en juin à la saint Jean d’été et très peu d’ouvrages lui ont été consacrés. C’est ce rituel qu’Alain Pozarnik explicite, phrase par phrase, afin que les pèlerins puissent suivre le chemin naturel du devenir humain.

Les initiés qui ont compris la véritable nature humaine au sein de l’univers, et parce qu’ils sont en relation avec l’expansion infinie, parviennent immanquablement avec les certitudes de leurs expériences et de leurs observations à la notion de vie éternelle. Ils ont franchi la porte des dieux qui donne accès à la Vérité et à la Lumière, ils avancent maintenant dans l’énergie primordiale avec certitude, paix et amour.

Toute vie, même en ce monde terrestre, est replacée, par les initiés dans un mouvement perpétuel, ils vibrent dans une authentique relation avec la création, cette création est peut-être loin des idées que les hommes ordinaires s’en font mais grâce à leur nouvelle conscience, ils deviennent plus justement l’homme aboutit promis par la création.

Le grand secret de la vie que nous allons aborder dans la cérémonie solsticiale de Saint Jean, consiste, par l’observation de la nature à trouver cette porte qui donne accès à la mystérieuse réalité sous-jacente, ainsi nous passerons de la porte des hommes à la porte des dieux.

Au sommaire de cet ouvrage de 340 pages :

Cérémonie de Saint-Jean d’été au Rite Écossais Ancien et Accepté de la Grande Loge de France -

-Le V.M : Frère Maitre des cérémonies, veuillez donner l’entrée du Temple…

-LE V.M : Mesdames et Messieurs, mes sœurs et mes frères, veuillez prendre place  -    Mes sœurs et mes frères, nous allons maintenant célébrer la fête de saint j jean

-Le V.M : Frère second surveillant, quel est le but de notre rassemblement de ce jour ?

-Le V.M : Frère orateur, pourquoi les francs-maçons célèbrent –ils cette fête à cette époque de l’année ?

-L’orateur : En cela, nous perpétuons les traditions des corporations de métiers romaines…  Aujourd’hui, nous voici ensemble pour franchir la porte solsticiale d’été…

-Le V.M : Frère secrétaire, d’où venez-vous ?

-Le secrétaire : Cet Evangile est essentiellement l’évangile de la connaissance…

-Le V.M : Veuillez vous lever, mes sœurs et mes frères - : Frère second surveillant de quel présent symbolique disposez-vous ? - : Le blé recouvre t-il d’autre sens, mon frère second surveillant ?  - : Qu’en concluez-vous frère second surveillant ?   : Frère premier surveillant, de quel présent symbolique disposez-vous ?  -   : Peut-on considérer que le cycle soit complet, frère premier surveillant ?

-Le V.M  se saisit du parchemin qui est devant lui et le montre à l’assemblée tout en disant : Avant de nous séparer, je vous invite, mes sœurs et mes frères à entrer dans la chaîne d’union qui symbolise l’Amour entre tous les hommes de la Terre, puis Remerciements du V.M à tous les assistants d’avoir participé à cette cérémonie.

 

DE LONDRES A SAINT-PETERSBOURG : CARL FRIEDRICH TIEMAN (1743-1802)  AUX CARREFOURS DES COURANTS ILLUMINISTES ET MAÇONNIQUES

Antoine Faivre

Ed. Arché - Edidit

2018

Attachante figure de l´Illuminisme et de la Franc-Maçonnerie dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, Tieman est compagnon de route, colporteur de nouvelles, émissaire, intermédiaire, voyageur à la curiosité toujours en éveil, épistolier à la plume - tant française qu´allemande - élégante et féconde. Suivre cet itinérant à l´esprit cosmopolite nous fait parcourir une galerie de personnages, les uns peu connus, d´autres qui le sont davantage mais que nous retrouvons en retouchant du même coup l´image que nous nous étions faite d´eux et de leurs entours. Né non loin de Berlin dans une famille imprégnée de spiritualité piétiste, et dès l´adolescence sujet d´expériences visionnaires, il poursuit à l´université de Wittenberg des études historiques et philologiques poussées. Puis, très apprécié par l´Impératrice Catherine II, il exerce pendant de nombreuses années l´activité de ‘gouverneur´ - tuteur chargé d´accompagner de jeunes nobles russes dans leur ‘Grand Tour´ ou voyage de formation. Les longs déplacements que cela implique favorisent son insertion dans un espace de circulation et de sociabilité qui englobe la Franc-Maçonnerie proprement dite et ses satellites ou dérivés de type néo-rosicrucien ou swedenborgien, ainsi que certains lieux d´élection du magnétisme animal.

 

En phase avec la culture et la mobilité des élites d´alors, cet espace est structuré en réseaux que constituent tant les messages échangés entre membres dispersés aux quatre coins de l´Europe, que des instances institutionnelles (loges, Obédiences, Systèmes ou Ordres para- ou péri-maçonniques). Circuler, comme Tieman, d´une instance à l´autre - les ‘visiter´ - contribue à dynamiser une vaste nébuleuse qui se déploie de façon réticulaire. Comme placé d´emblée au sein de deux principaux ‘bureaux de correspondance´ rivaux (l´un, à Lyon, autour de loge La Bienfaisance ; l´autre, à Paris, autour de celle des Amis Réunis), cet ami intime de Louis-Claude de Saint-Martin sillonne l´Europe en tous sens - un de ses longs séjours en Russie étant, notamment, marqué par son rôle dans l´organisation du Régime Écossais Rectifié à Saint-Pétersbourg. Le présent travail repose, pour l´essentiel, sur des matériaux (principalement en français, allemand et russe) tirés de Fonds d´archives dispersés à travers le Continent.

 

On trouve donc ici, transcrits et commentés, jusqu´alors inédits dans leur grande majorité, tant ses riches échanges épistolaires - avec, en particulier, Jean-Baptiste Willermoz, Savalette de Langes, Johann Caspar Lavater, César de La Harpe, Frédérique Sophie Dorothée de Wurtemberg - que nombre de documents portant sur ses rapports avec des contemporains, dont Johann Georg Hamann et certaines des principales figures de l´IIluminisme russe. Se trouvent ainsi revisités divers aspects de la vie associative (sociétés initiatiques, courants ésotériques) et de la sensibilité préromantique dans les dernières décennies de l´ère des Lumières.

 

DE LA ROSE A L’ḖPḖE RḖFLEXIONS SUR LES HAUTS GRADES DU R.E.A.A.

André Moser

Edition Create space

2015

La société en ce début du vingt-et-unième siècle est en pleine mutation, remplie d’incertitudes, de violences sociales et profondément inégalitaires qui interrogent tout en chacun sur la destinée des peuples en général et sur le sens de la vie en particulier. La démarche maçonnique dans ce monde fracturé a-t-elle encore un rôle à jouer ?

 

Est-elle porteuse d’espoir lorsque les sociétés privilégient la guerre à la paix ? Face à la misère et à la richesse, à la violence et la gentillesse tout individu se retrouve souvent perdu et manque de repères. Cette situation n’est pourtant pas inéluctable, car dans la vie en soi se trouvent toutes les possibilités pour vivre une destinée avec joie et dans l’enthousiasme de sa naissance, quels qu’en soient les considérants familiaux et ethniques.

 

C’est ce que j’ai voulu décrire dans cet opuscule qui relate mes interventions en qualité de Chevalier d'éloquence et de Grand Orateur durant une douzaine d’années. Le propos, parfois, s’égare dans les méandres d’un imaginaire trop fertile ou quelque fois, donne-t-il trop d’importance à l’idéal qui sou tend la démarche initiatique maçonnique ? Mais, la foi en l’humanité et dans la capacité de tout individu à s’améliorer pour vivre et organiser son chemin de vie fut mon credo. J’ai conscience que la naissance sur terre est une chance extraordinaire ; chacun doit la saisir avec reconnaissance et entreprendre avec Force, Sagesse et Beauté toutes les actions qui mènent à vivre harmonieusement et d’une façon responsable avec soi-même et les autres.

 

A en croire l’instruction du grade, le 4ème degré serait donc une voie de libération où il serait permis d’appréhender la portée réelle de la maîtrise sur un plan traditionnel. Cela dit, comment concilier la revendication d’une libération de l’Etre avec l’exigence intérieure particulièrement forte qu’implique l’accomplissement total du Devoir ? En optant, nous pensons, pour une posture intellectuelle et spirituelle à même de résoudre le délicat problème de la signification et de l’efficacité de la Voie.  En inscrivant également, et ce non pas à demi-mot, la démarche à entreprendre dans le cadre d’une économie du métaphysique où les règles de compréhension du processus d’intériorisation nécessitent une redéfinition complète de notre intellectualité ; en somme, une refonte intégrale de tout notre mental !

 

En ce sens, la compréhension de l’argumentaire symbolique du Maître Secret serait l’étape obligée pour amorcer une véritable initiation sur soi, et pour soi : on n’ « est jamais initié que par soi-même » précise le rituel. Dans cette perspective, c’est toute la problématique Initiation/Liberté qui devient l’enjeu du raisonnement sur le Devoir et la Perfection, avec en point d’orgue la nécessité de se demander si seule une Franc-Maçonnerie de tradition n’opère pas dans le but de participer activement à la réalisation d’un plan métaphysique nécessairement préétabli, puisque s’inscrivant dans le canevas d’une cosmologie traditionnelle, et dont la formulation serait incompatible avec une prétendue autonomie ontologique de l’Homme croyant en son absolue liberté.

 

 Il convient également de se demander si le rituel du 4ème degré s’adresse à l’homme de manière totalement sécularisée, celui voyant dans les notions mises en avant la concrétisation de qualités humaines indéniables ou, au contraire, s’il interpelle l’homme dans ce qu’il a de plus mythique, de plus mémorial, bref dans ce qu’il a de plus supra-humain ? De sorte qu’il soit possible, là aussi, de se demander si l’initiation relève d’un phénomène culturel ou si, à l’inverse, elle s’inscrit dans une pensée du métaphysique dont les modalités contre-culturelles transporteraient et transposeraient le corpus référentiel initiatique dans un temps a-historique, en somme mythique et traditionnel, sans pour autant tomber dans le double travers d’une métaphysique exacerbée et hyper-théorique qui pourrait amener à négliger l’homme dans sa faculté d’acculturation métaphysique et, par voie de conséquence, lui ôter la possibilité de se penser et de s’intégrer dans le champ de ce possible métaphysique régénérateur et libérateur.

 

Le rituel du 4ème degré souligne la dimension équivoque de la vie et du destin de l’homme : comment articuler la signification et l’efficacité de notre existence si ce n’est en essayant de toucher, de sonder à la fois les limites du rationnel et l’infini de l’irrationnel ? Le Devoir propose une ouverture sur le mystère de l’Etre. Recherche d’une intériorité, d’une « lumière intérieure », il est une expérience vécue et inspirée qui ouvre la réflexion et libère la pensée. Si l’on admet même que l’initiation relève de l’ordre de la Grâce, on a alors le sentiment intime qu’avec la pleine compréhension du Devoir se profile une voie de salut ; qu’une perspective de libération est ainsi offerte à l’Homme. Le 4ème degré est l’étape probatoire qui doit faire retrouver la Parole qui fait vivre après le temps de l’oubli sclérosant de cette dernière. Hiram est mort mais l’Acacia restait, ainsi que les cinq points de la maîtrise qui sont les vestiges de cette mémoire enfouie. Il s’agit, pour l’heure, de renouer avec le dépôt sacré de la Tradition en rassemblant ce qui est épars, en interrogeant les indices laissés à la disposition du maître orphelin de ses origines. 

 

Rester humain, trop humain, ce serait, en fait, renoncer à emprunter le chemin vers la Vraie Lumière ; ce serait refuser d’entreprendre de sonder la relation complexe qui unit le Fini et l’Infini, le Visible et l’Invisible, le Créé et l’Incréé, le Relatif et l’Absolu, le Temporel et l’Eternel. On pressent très bien que le travail de sublimation opéré par le franc-maçon dans sa quête d’espoir d’une réappropriation de soi peut le dépasser à bien des égards. Mais c’est bien parce que la quête nous dépasse, qu’elle échappe même à tout entendement humain, -mais cela ne signifie pas que l’on doive se refuser à soi-même la portée symbolique des principes initiatiques exposés-, que naît chez le cherchant la conviction intime d’un principe ineffable. 

 

De ce fait, il paraît opportun de mettre en liaison étroite l’idéal de Perfection proposé aux francs-maçons avec la signification symbolique du Temple de Salomon en tant que support référentiel omniprésent en loge de Maître Secret. Temple qui, non seulement, est le symbole de l’univers dans son infinitude, mais dont l’une des restitutions symboliques tend à démontrer que l’Homme en est à la fois image et partie tentant d’en percer le mystère ! En ce sens, le Temple de Salomon devient le théâtre et la cristallisation d’un symbole figuré et transfiguré qui porte en germe la recherche d’une harmonie, en accord avec une vision de perfectibilité. Et l’on ne peut occulter de notre propos l’importance fondamentale des trois piliers constitutifs du projet architectural du Temple. Le soutien mystérieux qu’ils procurent à l’édifice s’assimile, du reste, aux trois piliers du Temple symbolique que représente l’Homme, à savoir Force, Beauté, Sagesse. Seulement, l’idée d’achèvement, donc de Perfection, est intrinsèquement liée au quaternaire. Quaternaire primordial en tant que principe de vie, mais également quaternaire géométrique dans l’élaboration d’une quadrature du cercle, c’est-à-dire d’une incorporation de l’esprit. 

 

Les notions de Devoir et de Perfection apparaissent donc au cours d’un processus initiatique où le corps est investi par l’Esprit, dans l’affirmation d’un Etre complètement unifié, devenu sens et conférant du sens. Mais ceci démontre que la Perfection, l’exigence de Perfection, dans cette quête d’un quaternaire obligé, devient le quatrième pilier du Temple ; quatrième pilier que l’on retrouve, au demeurant, dans nombre de traditions. Mais ce quatrième pilier, invisible et axial par nature, doit être regardé comme un symbole du soutien universel. Son axialité fait référence à l’existence d’un centre suprême par rapport au monde. Or, ces 3 + 1 piliers qui forment une matrice initiatique universelle, ont pour objet de relier le monde à un Absolu métaphysique. C’est pour cette raison que le quatrième pilier invite à une réflexion d’ordre métaphysique. C’est pourquoi il est difficilement envisageable de concevoir l’initiation sans une portée hautement spirituelle. De ce fait, le quaternaire qui donne corps à la notion de Devoir et qui concrétise celle de Perfection, semble orienter la démarche du franc-maçon vers une conception du Divin. En effet, la somme 1 + 2 + 3 + 4 qui totalise 10, la décade, symbolise la Perfection tout en étant regardée comme la Clé de l’univers. Le quaternaire devient chiffre sacré du monde puisque finitude de celui-ci. Mais, il est aussi à égale distance de l’unité impénétrable du Un et du Septénaire divin. On voit bien alors que l’idéal de Perfection à atteindre n’est pas une finalité mais bien une étape au sein d’un processus d’ordre ascensionnel. Par ailleurs, le quatrième pilier est invisible car d’inspiration transcendante, ce qui autorise un questionnement de dimension ontologique. 

 

La loge de Maître Secret, on le constate, expose toute la problématique de la Tradition Primordiale et de l’état primordial de l’Homme. Cela pose, en substance, la question de la réalité hypothétique de la véritable Maîtrise, en relation avec la Parole Perdue et la recherche de la Vérité, et l’émergence finale du Maître réalisé en tant que redécouvreur de la Parole. Dès lors, le Maître réalisé, d’intermédiaire initiatique entre Terre et Ciel, entre équerre et compas, s’identifie pleinement à ces différentes entités. Le Temple de Salomon se transforme en Temple universel métaphysique, tandis que le maître tend vers le Maître réalisé par le biais d’une transformation d’inspiration, là aussi, ontologique. 

 

A la lumière de ces éléments, on comprend que le Devoir du Maître Secret ne relève pas d’un simple état d’esprit, d’une manière d’être, encore moins d’une morale voire d’une éthique se nourrissant d’une pensée sécularisée et profane. Sa pleine compréhension tendrait plutôt à démontrer le contraire puisque le rejet de la chose métaphysique aurait pour conséquence directe la perte du sens de l’idée de Devoir dans ce qu’elle renferme de plus initiatique. Son refoulement interdirait même toute réflexion cohérente sur le devenir du maître. En effet, comment concrétiser l’union du plan corporel et du plan spirituel, envisager la possibilité d’un invisible intérieur à sonder, sans le langage et la connaissance appropriés ? L’argumentaire rituel de la loge de Maître Secret n’a pas pour objet de fabriquer une sorte de surhomme athée et nihiliste, déniant l’efficacité spirituelle des mythes fondateurs des cosmologies traditionnelles, croyant au simple progrès de l’homme par l’homme et pour l’homme. Que signifierait, dans ce contexte culturel particulier, celui de la modernité contemporaine, celui de l’humanisme athée, la notion de Tradition, et qu’aurait-elle à apprendre à l’Homme, à des hommes orphelins de leurs origines ? La voie de libération du Maître Secret ne repose pas sur l’idée d’une liberté absolue et sans concession, en somme d’un libre-arbitre exacerbé ! Le rituel du 4ème degré est là pour prouver que la prétendue autonomie ontologique de l’homme est un leurre. En terme philosophique, l’initiation stigmatiserait l’impasse existentialiste de notre monde moderne ; un monde, au demeurant, en panne de sens et en proie au désenchantement. 

 

De ce fait, l’incapacité à connaître spirituellement est un obstacle majeur de la voie libératoire du Devoir. D’où l’intérêt d’en appeler à un outil spéculatif intellectuellement original, en l’occurrence l’outil ésotérique, celui-là même qu’utilisent tous les systèmes traditionnels, pour tenter de réinvestir au mieux le champ du spirituel laissé vacant par les consciences et les intellectualités modernes. En effet, l’ésotérisme incite à la découverte d’un sens caché à toute chose en révélant les traces insoupçonnées d’une tradition originelle qui remémore en chaque homme l’idée d’une vérité absolue. Ne parle-t-on pas d’unité transcendante des religions, mais aussi d’unité transcendante des traditions ? Certes, il est difficile de penser initiatiquement du fait de la complexité des différents niveaux de signification du discours initiatique. Mais justement, par l’acquisition progressive et graduelle d’une intelligence ésotérique, et en s’imposant l’ascèse comme discipline intellectuelle et spirituelle, le Maître Secret peut s’attacher à intérioriser quelque chose qui échappe à l’entendement humain. Grâce à l’outil ésotérique, il peut entrevoir les principes d’une compréhension intérieure des messages traditionnels comme il peut prendre conscience que le nom Mac Benah, artificiellement composé par la science des hommes, ne pouvait restituer toute la Science de la véritable Parole.

 

Parole qui déborde du cadre hiramique, Parole qui, dans son sens le plus profond, ne serait autre que le véritable nom du Grand Architecte de l’Univers, les trois mots sacrés du grade, Iod, Adonaï et Jahvé, préparant incontestablement à cette éventualité, à cette découverte du Grand Nom. Omniprésent, même de manière voilée, son nom ne serait-il pas l’authentique mot sacré du grade de Maître ? La recherche de la Parole Perdue ne serait-elle donc pas la recherche du nom du Grand Architecte de l’Univers par lequel il peut être invoqué ? La Parole retrouvée ne serait-elle pas à rechercher, comme beaucoup d’éléments convergents le laissent à penser, dans le passage du Tétragramme, le nom ineffable de Dieu, Iod-Hé-Vau-Hé, au Pentagramme ineffable, c’est-à-dire dans le nom hébreu –ou dans le nom ésotérique- de Jésus, Yeshoua, Iod-Hé-Schin-Vau-Hé ? A la lecture ésotérique de cet ensemble de données, n’accédons-nous pas au cœur du véritable secret maçonnique ? Evidentes, alors, sont les correspondances que le rituel de Maître Secret entretient avec la Kabbale et une Kabbale chrétienne associée au néoplatonisme de la Renaissance, ou bien avec les ésotérismes traditionnels qui exaltent l’ascension spirituelle du Corps mystique et de l’Esprit régénéré, et la montée vers l’Un ou l’unité principielle. On pense, notamment, à cette vérité du soufisme qui voit dans la quête intérieure le chemin ascensionnel de la Lumière vers l’Unité, ou à la lettre Z du grade de Maître Secret qui est l’initiale de Ziza qui se traduit par Splendeur, mais également de Zohar qui se traduit, lui aussi, par Splendeur ?  

 

DEMANDER LA CLḖ AU CAFḖ DES INITIḖS

J. M. Pétillot

Edition du Midi

2016

Les personnages de ce recueil sont tous réels. Comme nous, ils ont fait leur temps, en leur temps, remplissant le mien de leur présence, pour toujours indissociables d’émotions passées ou futures. En plein soleil ou au coeur d’errances nocturnes, ils sont revenus, témoins par l’image, l’écrit ou d’autres formes du souvenir.

 

Paroles de l’auteur : « Je n’ai fait que croiser la plupart d’entre eux, mais ils m’ont laissé à jamais leur empreinte. La fillette africaine, le flamboyant clochard ou l’aimable dément, en me confiant un peu de leur existence, ont marqué la mienne, sans effraction.  Un soir, il y a bien longtemps, dans la brousse camerounaise, je projetai un film pour une population regroupée dans une léproserie. À la fin de la séance, un homme vint vers moi et me tendit les bras pour une accolade. Je saisis dans mes mains les moignons de ce qui lui restait de doigts et nous nous tînmes ainsi tandis qu’il me regardait longuement. Puis il me dit : « Merci ! »


Je pris d’abord sa gratitude pour une adresse à la présence exceptionnelle du cinéma, réaction fréquente dans ces occasions. Mais plus tard, la raison de son élan s’imposa de façon évidente : elle tenait au fait que je l’avais considéré comme un être humain. Nous étions au coeur d’une grande forêt, dans l’obscurité d’un crépuscule tropical. Du bout de ses poignets, le lépreux avait poussé le volet qui masquait la plus secrète des lueurs, accordant nos regards sur une aube à venir. Depuis, au cours ou au sortir de mes nuits, j’ai rencontré des gardiens du seuil ou des sentinelles à l’extérieur des murs. Dissimulés ou révélés, dans les lignes ou entre les lignes, leurs propos ont persisté en de belles résonances. Et parce qu’ils les avaient ouvertes, ces êtres m’ont guidé au-delà des portes du jour. »

L’auteur ancien GM de la GLTSO, nous offre ici un essai sous forme d’Ennéade de portes s’ouvrant sur son passé. 9 expériences vécues au cours de sa vie, nous fait découvrir son parcours maçonnique qu'’il nous raconte avec un symbolisme surréaliste, humoristique et réaliste. C’est à une lente et progressive découverte de l’Autre de soi-même que l’auteur nous livre à l’aide d’une écriture fulgurante et énigmatique.

 

Au sommaire : 1e porte : du passage sous le bandeau   -   2e porte du cabinet de réflexion    -    3e porte : de la mort    -     4e porte : du miroir  et du Temple     -    5e porte : Des droits et des devoirs. Il existe une communauté d’intention et de pensée entre  la Franc-maçonnerie et les Compagnons dits ‘’du Devoir’’    -      6e porte : des rencontres inopinées    -    7e porte : de la mémoire de l’événement     -   8e porte : du retour au passé   -       9e porte : la réalité dénaturée     -  

 

des origines du grade de maÎtre

Goblet d’alviella

EDITION TREDANIEL

 1984

L’histoire de ce grade est capital ; par lui, le franc-maçon acquiert la plénitude des droits et devoirs maçonniques. Mais à quelle période de l’histoire apparait-il ? Pourquoi a-t-il été créé ? Quel est son symbolisme ?

Pour répondre à ces questions, il suffit de lire cet excellent ouvrage de Goblet d’Alviella. D’où vient d’abord cette légende ? Paul Naudon autre historien en maçonnologie, nous précise que nous le devons au moine bénédictin Walafrid Strabon (IXe siècle) qui dans ses œuvres, l’aurait rédigé telle que nous la connaissons aujourd’hui, il fit du bronzier Hiram (Livre des rois 5), le Maître par excellence.

 

Dans les légendes opératives à partir du XIIIe siècle, nous ne trouvons pas grand-chose ; c’est à partir de 1680 qu’Hiram recommence à être mentionné dans le manuscrit « Tew » et le manuscrit « inigo Jones », mais c’est surtout en 1711, soit 6 ans avant la création de la Grande Loge d’Angleterre, que nous trouvons un 3e grade (Maître), il est rédigé sur une feuille d’un manuscrit du (Trinity Collège Dublin) et porte la mention « maçonnerie, Février 1711 ».

Pour les Franc-maçon du XXIe siècle, Hiram est un symbole moral ; c’est l’homme de bien persécuté, le penseur bâillonné, l’inventeur méconnu. C’est Job sur son tas de fumier, Prométhée sur son rocher, Jésus sur la croix, Molay sur son bûcher, ce sont les martyres chrétiens jetés aux lions du cirque à Rome, les hérétiques et les philosophes suppliciés par les bourreaux de l’inquisition, les intellectuels précipités dans les mines de Sibérie, c’est tout libérateur qui souffre et tombe pour une juste cause et comme le dit le grand Dieu Osiris en Egypte : « Depuis que j’ai reçu la grande blessure, je suis blessé dans toute blessure ».

 

Hiram tout en étant le juste, est également la justice, il est la liberté violée, la civilisation anéantie par les barbares, la culture morale et intellectuelle d’un peuple combattue par la superstition et le fanatisme.

Tel sont en substance les enseignements de ce grade, mais lisons ce que nous en dit l’auteur dans ce livre, qui nous révèle des trésors, quant à l’origine de la légende, du grade et de son enseignement.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Maîtrise dans la franc-maçonnerie de pratique   -   L’initiation maçonnique pendant la période de transition   -   Le troisième degré dans la maçonnerie spéculative, la légende et le rituel   -   Origine psychologique de la légende   -   Les antécédents historiques de la légende   -   Formation et introduction du rituel   -   Philosophie du troisième degré   -

 

DES PLUMES DANS L’ENCRIER MAÇONNIQUE

Divers Auteurs

Edité par l’Institut maçonnique de France

 2013

Les mythes, rites, symboles et légendes de la franc-maçonnerie et l’aura de mystère qui règne autour de son organisation, de son histoire, de son fonctionnement, constituent une véritable « malle aux trésors » de ce qu’il convient d’appeler l’imaginaire maçonnique ; cela fait près de deux cents ans que des romanciers, des poètes, des auteurs de théâtre et non des moindres, puisent dans cet encrier magique pour que leur propre imagination s’envole.

11 jeunes écrivains nous livrent dans cet ouvrage le fruit de leur imagination. La multiplicité des thèmes, la variété des intrigues, la diversité des formes d’écriture, disent par elles-mêmes que l’histoire de la confrérie, les histoires qui lui sont liées, les anecdotes qu’elle génère, sont un chatoyant kaléidoscope bariolé à moins que ce ne soit un labyrinthe initiatique…

Evidemment au fil des pages, vous allez découvrir que le temple avait trois portes, vous allez recevoir des nouvelles des templiers, vous allez croiser Elisabeth Saint-Léger chez les fils de la Lumière, un crime en trois points va être commis sous vos yeux,

La légende perdue d’Avaris va vous être contée, pour ainsi effectuer le Voyage dans un univers de fantasmagories et de mystères, accompagné d’une lumière fraternelle… où votre propre imagination sera sollicitée…

 

Au sommaire de ce voyage imaginaire :

Moi je crois en toi par Corynn Thymeur

Elisabeth Saint Léger chez les fils de la Lumière par Pierre Malter

A la croisée des chemins par Stan Karko

Le Temple avait trois portes par Philippe Behamou

Meurtre en trois points par Jean Nicolas Brassaud

Ker-Roin par Christian Dorsan

Le voyage par Nadroj Eilarras

Lumière fraternelle par Laurence Elem

Avaris : La légende perdue par Frédéric Godefroy

Petit Architecte de ma vie par Dominique Le Boedig

Des nouvelles des templiers par Virginie Muzart

 

deux siÈcles de maçonnerie en roussillon 1744 – 1945

Jacques mongay & p.R. baldie

EDITION Les Presses Littéraires

 2003

Ce sont deux siècles de maçonnerie dans les Pyrénées-Orientales avec les noms des loges, leurs histoires et les divers maçons qui s’y sont illustrés. Un très bon travail d’histoire.

Le Roussillon se distingue alors par une concentration maçonnique unique en France. Entre 1744 et 1789, on dénombre à Perpignan 317 frères pour 13 000 habitants: 1 Perpignanais sur 40 est franc-maçon! Les loges sont nombreuses: 12 civiles et 6 militaires. Ces dernières, grâce au caractère itinérant des régiments, contribuent fortement à la propagation de la franc-maçonnerie. La loge est un laboratoire des idées des Lumières. Les frères y présentent des discours et des planches. On parle philosophie, mais les discussions politiques et religieuses y sont interdites. Les ateliers ont un mode de fonctionnement unique pour l'époque: les maçons s'écoutent dans un respect mutuel et votent librement. Les travaux se terminent par des agapes, un moment de convivialité autour d'un banquet et de chansons. 

Certes, la fraternité roussillonnaise a ses limites. La Sociabilité, composée de tous les grands nobles catalans, recherche l'excellence sociale et ne fréquente pas la loge des Artistes. On met un point d'honneur à combattre la confusion des états. Le noble et le marchand sont frères, ils portent tous les deux l'épée de l'égalité, mais ils ne se réunissent pas dans la même loge. Il ne faut pas oublier que la maçonnerie est alors très élitiste, elle exclut les femmes, les analphabètes, les paysans, les comédiens, les juifs, les bègues, les borgnes et les boiteux. 

L'idée qu'il existe une influence maçonnique sur cette période est tenace, mais exagérée. C'est vrai que le fonctionnement des loges joue un rôle novateur. Il rend concret des idéaux abstraits: l'égalité, la fraternité, la raison, la tolérance. Les frères proposent un modèle de république universelle, fondé sur l'échange et le dépassement des différences. Mais le but est de façonner un comportement, pas de préparer une mobilisation politique. D'ailleurs, les maçons catalans reflètent fidèlement la société française: un tiers sont royalistes, un tiers, Jacobins, et un tiers, Montagnards! Pourtant, le gouvernement révolutionnaire voit dans ces ateliers des foyers potentiels d'opposition. Paradoxalement, la Révolution est donc l'un des moments noirs de l'histoire de la maçonnerie catalane. Les loges se mettent en sommeil jusqu'en 1795. 

Dès 1799, Napoléon relance la franc-maçonnerie, tout en la surveillant par l'intermédiaire de sa famille - il nomme son frère Joseph à la tête du mouvement. Il y voit un bon moyen de surveiller les élites. C'est l'âge d'or de la maçonnerie perpignanaise. Entre 1800 et 1813, plus de 1 000 frères fréquentent les ateliers de Perpignan, de Catalogne du Sud et du Nord! Les loges se développent surtout par l'intermédiaire des militaires qui affluent en 1808, pour la guerre d'Espagne. . Entre 1804 et 1815, sur les six maires nommés par le préfet, cinq sont francs-maçons. 

Quelles sont les idées des francs-maçons au XIXe siècle? Nous avons peu d'éléments pour Perpignan, mais, en France, ils sont de tous les combats progressistes. En 1848, les maçons Charles Bissette et Victor Schalcher abolissent l'esclavage dans les colonies. L'activité philanthropique est également très forte. Les frères s'engagent dans des comités de vaccination. Le recrutement est de plus en plus démocratique, les loges s'ouvrent aux ouvriers et aux boutiquiers. : On assiste, en effet, à une désertion des membres du clergé. Le combat contre l'Eglise, qui a commencé à la fin du second Empire, se radicalise sous la 3e  République. La franc-maçonnerie, particulièrement le Grand Orient de France, évolue vers la pensée positiviste et scientiste et s'oppose aux catholiques, alignés sur les positions du pape. Le débat prend une tournure très politique. Et cela quelques années avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui aura lieu en 1905. Ces discussions renforcent la politisation des loges, ce qui explique la place de choix de la franc-maçonnerie dans les combats républicains.

Les trabucayres : En bons brigands, ils prennent leur nom du trabuc, court fusil à canon évasé. De 1837 à 1846, ces bandits de grand chemin sévissent dans la région frontalière du Vallespir. Ils y rançonnent, voire séquestrent, diligences et propriétaires fermiers. Surnommés aujourd'hui «les Robin des bois catalans», ils détroussent les riches pour donner aux pauvres. Ces célèbres malandrins anarchistes seraient-ils maçons? En 1846, l'un des chefs, Joseph Balme (Sagals de son nom de guerre), est condamné à mort. Avant l'exécution, le bourreau récupère le foulard que Sagals porte autour du cou. Il est orné de symboles maçonniques: compas, équerre, lune, soleil, etc. Pour certains, Joseph Balme aurait été initié dans une loge de Gérone. Pour d'autres, un protecteur maçon aurait pu lui offrir ce foulard. Difficile à dire aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, le foulard contribue à nourrir la légende...

 

deux siÈcles dU rite Écossais ancien et acceptÉ en France 1804 – 2004

par le grand Collège R.E.A.A. du G. O. de France

EDITION DERVY

 2004

Ce superbe livre nous entraîne à l’origine officielle du R.E.A.A. (1804) en France. Des photos splendides de divers tabliers, les blasons et emblèmes des degrés du 4ème au 33ème. Un historique bien charpenté et intéressant sur l’origine. La patente Morin, les légendes Templières, le Chevalier Rose-Croix et le Chevalier Kadosh en sont les grands chapitres. Un très beau livre agréable à lire et à regarder pour ses images.

 

En 1804, les "américains" reviennent des Îles (Saint Domingue, aujourd'hui Haïti). D'abord Germain Hacquet (1756-1835) (et le rite en 25 grades dit de perfection), ensuite le comte Auguste de Grasse-Tilly (1765-1845) (et le rite en 33 grades dit REAA, ainsi que le titre de GM du SC des "Îles de l'Amérique du vent et sous le vent"). Ils créent le 27 octobre 1804, le premier Suprême Conseil français qui s'appelle "Loge Générale Écossaise de France du Rit Ancien", plaçant à sa tête le prince Louis, frère de l'empereur (et Grasse-Tilly est son représentant officiel). 

 

La réaction est immédiate et fin 1804, sur ordre de Napoléon, la réunion de cette "Loge Générale Écossaise" au GOdF est réalisée à travers un Concordat, signé le 5 décembre 1804. "Le RF Grasse Tilly, représentant du GM, parvenu à l'orient, a manifesté, au nom de ses frères, le vœux d'une réunion absolue, franche et éternelle; ce vœux reçu par le Grand Vénérable et les officiers du GO a été accueilli avec l'enthousiasme de la joie et de la confiance." Un vote favorable à la création d'un "Grand Directoire des Rites" est acquis le 12 juillet 1805 au GOdF, dans le but de centraliser et de simplifier. La contre-réaction ne se fait pas attendre et le 6 septembre 1805, Grasse-Tilly et ses amis, avec le maréchal Kellermann, dénoncent le Concordat. Il est possible que Grasse-Tilly ait été placé à la tête de cet ancien-nouveau SC "indivis" lors de sa sortie du GOdF, toujours est-il qu'il écrit de Strasbourg le 10 juin 1806 au SC indivis qu'il se dessaisit de la "Grande Maîtrise" au profit de l'archichancelier Cambacérès (Livre d'Or de Grasse-Tilly. Cambacérès accepte le 1er juillet et est installé solennellement le 13 août 1806.

Donc oui l'ancien-nouveau SC forme en 1805, et choisit de placer à sa tête Cambacérès qui met deux conditions: - le GO gère directement jusqu'au XVIIIème - le SC indivis gère ensuite, mais au nom du GO. 

Le décret du 27 novembre 1806 pris par Cambacérès stipule en effet que les Frères promus doivent prêter "serment d'obéissance au GO comme unissant à lui le REAA, et au SC du 33ème degré, chacun en ce qui le concerne." Et ce qui semble établi, c'est que, si Grasse-Tilly a pris la tête du "SC indivis" en France, ce fut de courte durée, il l'a rapidement cédé à Cambacérès. Ensuite, il était hors-jeu pour recréer un SC français. Par contre il a gardé la Grande Maîtrise du SC des Îles de l'Amérique dont il a beaucoup usé. On peut se demander pourquoi Grasse-Tilly a cédé à Cambacérès cette "nouvelle" Grande Maîtrise en 1806. C'est simple: faire une fronde alors que la volonté de l'empereur est l'unité d'une franc-maçonnerie à sa dévotion, est osé, sinon dangereux.

 

Et pour Grasse-Tilly, nommé adjoint à l'état-major du prince Eugène de Beauharnais le 29 juin 1806 (soit 19 jours après s'être dessaisi en faveur de Cambacérès), manifestement s'asseoir dans le fauteuil de GM qui fut occupé par le prince Louis était encore plus délicat. Cambacérès, un génie politique, trouve la solution qui ne lèse personne. L'arrangement semble heureux: le GO garde la maîtrise sur le Rite français et les grades apparentés (dont celui de Rose-Croix). La fronde garde la maîtrise sur les grades au-delà, mais au nom du GO. Personne ne perd la face, et surtout l'unité de façade est maintenue. (la solution est d'ailleurs tellement bonne que Cambacérès refait le coup avec le RER en 1808.)

 

DICTIONNAIRE MAÇONNIQUE – TERMINOLOGIE DES RITUELS MAÇONNIQUES

Michaël Segall

Edition Dervy

 2014

25 ans se sont écoulés depuis la publication en 1988 de la première édition de ce dictionnaire, donnant la prononciation, la traduction, l’orthographe, l’étymologie, l’explication et, autant que possible, les références bibliques d’une grande partie des termes, notamment des hébraïsmes, utilisés au Rite Ecossais Ancien et Accepté tel qu’il se pratique en Europe continentale et dans d’autres pays du monde.

Suite aux demandes et aux questions, il a semblé à l’auteur, utile et nécessaire d’étendre cette étude à des mots oubliés ou négligés dans son premier dictionnaire et apparaissant surtout aux grades rouges écossais ainsi qu’à la terminologie générale des rites maçonniques majeurs encore pratiqués à notre époque.

Comme pour le précédent dictionnaire et afin que celui-ci puisse rester à la portée de tous, aucune indication précise n’y est donnée quant aux grades auxquels appartiennent les mots, les phrases et les acronymes expliqués ; la seule différence que le lecteur y trouvera dans ce domaine, par rapport au dictionnaire des hébraïsmes, est que des indications y seront données en ce qui concerne l’appartenance des mots à l’un ou à l’autre des rites étudies sauf bien sûr, pour des termes d’une utilisation tellement générale qu’une explication serait superflue.

Il reste la question du compagnonnage ; il ne s’agit certainement pas d’un rite maçonnique, mais les influences mutuelles entre compagnonnage et maçonnerie sont telles, et les points communs sont si nombreux, qu’il n’était pas possible de l’ignorer, tout en sachant qu’à ce jour, il n’existe aucune preuve d’une quelconque filiation, malgré cela ce dictionnaire comporte des mots et expressions utilisés dans les cayennes compagnonniques.

La maçonnerie américaine (souvent appelée maçonnerie d’Albert Pike), pose ici quelques problèmes dans sa formulation historique et sur des noms de personnages historiques qui n’ont peu ou pas de rapports avec la maçonnerie continentale, car ils ont été introduit récemment par Albert Pike, ainsi il était difficile de trier ceux qui pouvaient figurer dans ce dictionnaire et ceux qui devaient être occultés. L’auteur a pris sagement le parti de tout garder, tout en expliquant pour chacun son origine et sa filiation.

Lorsqu’on feuillette les rituels maçonniques des loges symboliques ou des hauts-grades, tous rites confondus, on s’aperçoit vite que 80% des mots de passe, des mots sacrés, des expressions, des devises, ont une origine hébraïque et araméenne, qui souvent ont été traduites en latin (Pax vobis). Presque tous ces mots et expressions ont été tirés du Livre des Rois, des Chroniques et des Nombres, mais aussi d’autres versets de la Bible. Ils font partie de la légende salomonienne. Le nouveau Testament n’est pas non plus oublié.

Le Zohar a fourni pas mal de termes et d’expressions avec les sephirot. La Kabala avec sa démonologie et son angélologie nous donne des noms difficiles à comprendre et à identifier. Puis il y a des mots et phrases fabriquées par des hébraïsants de mauvais choix et qui au fil des siècles, ne firent qu’obscurcir les textes.

On ne peut que remercier l’auteur pour cet excellent ouvrage, très utile pour ne pas dire indispensable dans notre recherche maçonnologique autant que spirituelle.

 

DICTIONNAIRE VAGABOND DE LA PENSḖE MAÇONNIQUE

Solange Sudarsky

Edition Dervy

2017

L’ouvrage restitue, dans un esprit vagabond, quelques 1000 référents de la franc-maçonnerie, symboles, rituels, gestuelle, outils, mythes, fondements philosophiques..., enrichis par leurs interférences avec d’autres cultures, spécialement celles des voies de la Connaissance (alchimie, gnose, kabbale...). Le choix de la présentation alphabétique rend légère sa consultation par tout franc-maçon des loges bleues, mais n’écarte ni la profondeur d’analyse ni la largeur de vue des expressions. La terminologie retenue aidera le lecteur dans son parcours de recherche des levains intellectuels et spirituels qui fermentent la pensée maçonnique. Il ne manquera pas de glisser d’un élément à l’autre dans cet ensemble rayonnant de vocables où, par le jeu des renvois, les affinités de sens réalisent un réseau de concepts concourant à montrer, dans la diversité des rites, la mêmeté ou plutôt l’ipséité de toutes les démarches  initiatiques. Ce dictionnaire, qui ne se veut que suggestif dans la transmission de ce qui fait sens pour l’auteur, a été conçu pour servir le perfectionnement individuel afin que chacun, par l’effort, tisse sa propre toile d’accès à une pensée maçonnique.

 

Propos de Solange Sudarsky : La pratique du symbolisme en Maçonnerie stimule la conscience par la recherche et la compréhension de la substitution des signes aux choses, du sens aux signes, du symbole au sens. Ainsi, le maillet, le fil à plomb, l’équerre, l’étoile, la lettre G, le blé, l’eau, le feu ne sont que l’expression matérielle d’une symbolique qui se substitue à la chose, cette substitution annonçant une substitution dans le monde des signes, dans l’ordre des concepts (droiture, volonté, équilibre, purification..). La substitution renvoie à un au-delà, à un invisible. Pour atteindre le sens, il faut en référer à un au-delà qui appartient à l’esprit ou qui n’est qu’esprit. Le sens est donc ce qui se substitue à une réalité invisible Avec la substitution, le sens est ce qui hante énigmatiquement un signe dont il est la substitution ; c’est ce qu’on appelle le symbolisme.   Mon travail sur le symbolisme a précisément été attentif à la façon dont les symboles se substituent les uns aux autres par tropes (mots, figures, analogie, métonymie, synecdoque, allégorie, parabole…) ouvrant des chemins infinis pour des quêtes en esprit.    C'est pourquoi j'ai cherché à rassembler ce qui était apparemment épars.

 

- Le premier temps a consisté à prélever sur mes expériences, sur les textes que j’ai pu aborder, les récents comme les anciens qu’il fallait vérifier à la source et sur les dialogues avec les frères et sœurs que je rencontrais, les éléments constitutifs de ma base de données des signes de ce que je considère comme une pensée maçonnique. Là intervient le vagabondage, parfois l’errance, ne me refusant aucun écart dans les domaines de toute connaissance connexe qu’un puriste maçonnique aurait peut-être délaissées.

 

- Un second temps s’est imposé. Entre ces données éparpillées s’est créé un réseau fluide en surface, plus souvent subreptice, qui faisait converger vers une unité, par analogie, congruence, correspondance, opposition, rapprochement, complémentarité, similitude, mêmeté, ipséité, un rassemblement de ce qui était en apparence épars. En ce point focal se trouve la source de ma compréhension. Cette compréhension approfondie et élargie par l’écriture de l’ouvrage est mon secret maçonnique, non parce qu’il y a interdit ou mauvaise volonté de ma part à le transmettre, mais parce que je ne le pourrai pas tant il est indicible : il est mon rapport personnel, au plus intime de moi, avec le Tout qui m’entoure.

 

Ce «Dictionnaire» a vocation à proposer au lecteur de constituer son propre réseau de compréhension. Je ne lui transmets que quelques cailloux blancs pour lui faciliter ce qui indique le commencement d’un chemin, en aucun cas sa voie que lui seul peut tracer. Comme le bas-relief de la Sagesse sculpté sur le pilier central de Notre-Dame de Paris l’indique en tenant dans sa main deux livres, l’un ouvert, l’autre fermé, la vraie connaissance ne saurait être livresque ; elle ne peut résulter que d’un travail intime mené en soi et sur soi.

 

Pour ma part, je ne veux qu’être un franc-maçon libre dans une loge libre pour poursuivre cette expérience personnelle existentielle avec le doute fécond et l’esprit agnostique. Je suis sur la voie qui veut s'affirmer par elle-même sans que rien ne lui soit imposé de l'extérieur, celle qui ne condamne pas le choix des autres, celle qui s'est même nourrie de la voie imposant le dogme de la croyance définie à l'anglo-saxonne comme de la voie opposée qui, elle, a rayé de ses constitutions la référence du Grand Architecte de l'Univers. Cette troisième voie choisie consiste à rassembler ce qui est épars en en faisant la synthèse dans la tolérance, en laissant à chacun sa liberté de pensée.

 

Avec Antoine Kervella, je dis que quels que soient les champs de leur extension, les savoirs se heurtent toujours à des limites et tout ce qui reste au-dehors de ces limites se maintient dans une sorte d’opacité. Pourtant, nous ne renonçons pas à vouloir parler de cet au-dehors ou au-delà. J’aimerais participer à la diminution de l’intensité de cette opacité, mais je sais il y a aussi et avant tout les mystères des émotions, des sentiments, des plaisirs et désirs, des affinités électives. Il y a l’énigme de la vie et de la mort. Il y a les dérives de l’irrationnel. L’initié est celui qui s’aventure dans ce qu’il ne sait pas pour y trouver quelques clairières de sens, qui aident à compenser son ignorance et à vivre en bonne intelligence avec autrui fut-il lui-même

 

DISCOURS et VIE du CHEVALIER André-MICHEL de RAMSAY  

Divers Auteurs

Edition   ARCADIA

 2005 

Ramsay serait ignoré des Francs-Maçons, s’il n’avait écrit un discours en 1736. Ce discours reliait la F.M à la chevalerie et au temps des croisades et lui assignait un rôle culturel international. Ce texte de Ramsay est certainement le texte le plus important de la première maçonnerie française, il se situe dans cette période charnière pour l’Ordre, qui est la fin des années 1730. Ce discours ou spéculations du Chevalier Ramsay enracine durablement dans les esprits, l’idée que la Franc-maçonnerie est l’héritière de la chevalerie médiévale.

 

Ramsay né en 1686 en Ecosse, il se prétend descendant de la famille des Ramsay, héros de l’indépendance écossaise, mais aucunes traces ne l’attestent. Aussi fera t-il toute sa vie le maximum, pour acquérir cette descendance. En 1709 Ramsay fait la découverte de sa vie en rencontrant Fénelon, dont il devient le disciple et sous son influence se convertit au catholicisme. A la mort de Fénelon en 1715, il va rejoindre le cercle des quiétistes animé par Mde Guyon, dont il devient le disciple, l’admirateur et le confident.


Durant sa vie Ramsay va publier 3 textes majeurs. 1/ Les voyages de Cyrus, qui est un roman initiatique. 2/ Les principes philosophiques de la religion naturelle et révélée, texte en grande partie écrit pour réfuter Spinoza et démontrer l’existence en l’homme de la croyance en Dieu. 3/ Son discours de 1736 amélioré en 1738.


Il est initié en 1727 à l’âge de 41 ans dans une loge maçonnique. El 1729 il est reçu dans la prestigieuse « Royal Society » et en 1730, il est fait « docteur honoris causa » à l’université d’Oxford. Toujours en 1730 le Régent de France lui décerne le titre de « Chevalier de St Lazare » qui le rattache ainsi à la haute noblesse écossaise, puisque cette distinction fut approuvée par le prétendant au trône d’Angleterre: Jacques III, exilé à Rome. Il se marie en 1736 à Lyon et cette même année il prononce son fameux discours.

En 1737 il modifie son discours et le donne à lire au cardinal André Hercule de Fleury alors ministre d’état de Louis XV, mal lui en prit puisque le cardinal non seulement lui interdit de le lire, mais l’envoie au Pape, lequel va pondre en 1738 une bulle d’excommunication (In Eminenti Apostolatus Specula), ce qui n’empêcha pas Ramsay de lire son discours  le mois suivant à Lunéville. Ramsay meurt en 1743 à Saint Germain en Laye, à l’âge de 57 ans.

 

Georges Lamoine explique pourquoi et comment Ramsay est au début de la propagation de l’écossisme à travers le monde. De par l’honorabilité de ses buts, sa noblesse et sa fraternité universelle, de son intérêt pour le savoir, son souci de la moralité, sa pratique de la charité, le discours de Ramsay est indiscutablement à la base de l’écossisme.

 

Christian Charlet évoque la vie du Chevalier de Ramsay surtout la période qu’il a vécu aux cotés de Fénelon à qui il voua une admiration sincère et qui fut son Père spirituel.

 

Francis Bardot nous transporte dans le monde des Arts et dans l’imaginaire à l’époque du discours du Chevalier Ramsay. 1685 est l’année de la révocation de l’édit de Nantes, elle est le point de départ d’une modification du rapport entre le sacré et le profane dans la conscience des européens. Cette même année né Bach, Haendel et Scarlatti, Ramsay naîtra l’année suivante.

 

J.P. Lassalle disserte sur le discours de Ramsay et essaie de savoir où ce discours a eu lieu, compte tenu que beaucoup de rues ont disparu, est-ce rue de Buci ? Rue des boucheries ? Rue du paon ? Difficile à dire. Il nous explique les différences entre les deux discours, différences assez importantes.

 

Pierre Mollier dans un long article développe l’imaginaire chevaleresque et la Franc-maçonnerie au XVIIIe siècle. Cette chevalerie qui devient spéculative est malgré tout issue du Moyen Âge avec ses règles et ses coutumes.

 

Eques a norma explique pourquoi le Discours de Ramsay est le texte le plus important de la première Maçonnerie française, car elle enracine durablement dans les esprits l’idée que la Franc-maçonnerie est l’héritière de la chevalerie médiévale. Ramsay s’efforça toute sa vie de démontrer cette origine chevaleresque qu’il revendiquait, hélas les preuves furent minces, néanmoins il laissa dans ses textes et surtout dans son discours des affirmations tellement convaincantes  sur les coutumes chevaleresques, les cérémonies féodales, son appartenance à l’ordre de St Lazare, que son affirmation d’une Franc-maçonnerie chevaleresque écossaise devint une vérité.

 

DISCOURS PRONONCÉ A LA RÉCEPTION DES FRANC MAÇONS PAR LE CHEVALIER André Michel de RAMSAY en 1737

 Traduction G Lamoine

SNES

 2000

Ce discours que le chevalier prononça en 1938 et en 1940 est donné comme le départ de l’écossisme avec la notion de spiritualité basée sur le métier des armes.      « La maçonnerie chevaleresque ». Il a exprimé et transposé un universalisme de la loi morale en un souffle spirituel à travers les métiers de bâtisseur et de chevalier.

 

Le « Discours  » de Ramsay fait partie, avec les Constitutions d’Anderson, de ces textes emblématiques, souvent qualifiés de « textes fondateurs de la Franc-maçonnerie  ». Beaucoup l’ont parcouru. L’a-t-on vraiment lu ? Pourquoi ce texte a-t-il joui d’une telle réputation, d’une telle aura, au point d’en faire le « point de départ » de la constitution des systèmes de hauts grades ? Et pourquoi, aujourd’hui, a-t-on tendance à renier ou tout au moins à limiter son influence historique ? Près de trois siècles après qu’il ait été écrit, sinon prononcé, le discours, ou plutôt les discours de Ramsay méritent une relecture attentive et critique. En effet, l’historiographie maçonnique considère généralement, sans en développer l’argumentation, que le fameux discours, prononcé en 1736 et publié en 1738, constitue la base historique du développement des Hauts Grades en France à partir de la fin des années 1730 et ce, tout au long du 18ème  siècle.

 

Pourtant, une relecture contemporaine un tant soit peu critique de ces fameux discours peut laisser dubitatif quant au caractère souvent péremptoire de cette affirmation. Le discours de Ramsay, comme les textes dits « fondateurs » qui l’on précédé (les Anciens Devoirs et les Constitutions d’Anderson en particulier), mêle indifféremment ce qui relève de l’histoire, au sens contemporain du terme, et ce qui relève du mythe. Et ce discours lui-même, et le contexte qui entoure sa rédaction et son éventuelle présentation à la Saint Jean d’Eté de 1736 finit, dans la littérature maçonnique, à relever lui aussi autant de la légende, sinon du mythe, que de l’histoire…

 

On  rappelle avec raison la nécessité de distinguer, même pour un Franc-Maçon attentif aux mythes fondateurs de son ordre, ce qui procède du mythe de ce qui procède de l’histoire, l’une n’étant pas moins « vraie », ni même « véridique » que l’autre, mais l’une et l’autre se plaçant sur deux plans différents de la pensée, et donc relevant de réalités différentes. Il convient donc ici de distinguer ce qui relève de la  connaissance, objet de recherche du « cherchant » qu’est le franc-maçon, de ce qui relève des  connaissances, objet de recherche du « chercheur » qu’est le scientifique - ici l’historien. Le « cherchant » fait appel à l’intuition, et trouve en lui-même, fût-ce à l’écoute de l’autre, la réponse à ses questions. C’est ce qu’on dénomme généralement la  connaissance, au sens ésotérique du terme. Comme on le sait, cette forme de vérité est par nature incommunicable en ce qu’elle repose sur l’expérience intime de chacun. Le « chercheur », de son côté, fait appel à l’observation, et c’est à travers elle (et à celle d’autrui, car pour être mesurable, les phénomènes doivent être reproductibles) qu’il développe  les  connaissances, ensemble de savoirs reconnaissables, reproductibles et donc… publiables. Le « cherchant » s’adresse à la réalité, sa réalité, qu’il essaye de comprendre (c'est-à-dire, au sens étymologique, de « prendre avec soi »), tandis que le « chercheur » au sens scientifique du terme s’adresse au réel, qu’il mesure et analyse davantage pour autrui que pour lui-même.

 

 Ces deux démarches, loin d’être inconciliables, sont complémentaires. Elles doivent cependant faire l’objet d’une distinction épistémologique claire, sans laquelle la vérité du mythe, érigée au rang de vérité historique, devient dogme. Cette attitude est contraire avec la démarche maçonnique, qui cherche à éloigner l’homme des préjugés en général, et des dogmes en particulier. Comme l’écrivait justement Bruno Etienne, le contraire dans la langue française du mot « dogmatique » n’est pas « adogmatique » mais « sceptique », attitude qui doit être, intrinsèquement, partagée entre le « cherchant » et le « chercheur », le doute constituant une attitude raisonnable et préalable à toute recherche. Cette distinction épistémologique claire doit permettre d’admettre en toute modestie que la vérité du mythe repose bien souvent sur ce qu’un historien appellerait « forgerie », c'est-à-dire la fabrication délibérée ou non d’une histoire erronée.

 

C’est, d’une certaine manière, le cas de la plupart des textes dits « fondateurs » de la Franc-Maçonnerie, et du discours de Ramsay lui-même. Pour autant, la légitimité d’une institution, fût-elle maçonnique, ne peut reposer autrement que sur une compréhension juste de l’imaginaire mythique, d’une part, et du réel historique, d’autre part. Dès lors, les « cherchants » doivent parfois savoir se muer en « chercheurs » afin qu’ils puissent distinguer ce qui relève de la tradition de ce qui relève de l’histoire. Il convient dès-lors de relire le Discours de Ramsay au crible de cette distinction épistémologique du mythe et de l’histoire. Cette relecture doit pouvoir revêtir plusieurs aspects, en référence à des questionnements mettant en lumière les différentes facettes du Discours lui-même et de son contexte : que dit le discours de Ramsay ? Dans quel contexte historique le discours a-t-il été pensé ? Dans quel contexte historique le discours a-t-il été prononcé et publié ?

 

Rappelons tout d’abord que le Discours de Ramsay fait partie, avec les Grandes Constitutions de Bordeaux de 1762 et celles de Berlin de 1786, des « Textes Fondamentaux » qui introduisent encore aujourd’hui les Règlements Généraux du Suprême Conseil pour la  France. On parle d’ailleurs « du » discours de Ramsay, mais on devrait dire « des » discours, surtout depuis que le manuscrit original de 1736 a été retrouvé à la bibliothèque municipale d’Epernay Ce manuscrit correspond de façon certaine au discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’initiation le 26 décembre 1736, dans la loge particulière de Lord Derwentwater, qui sera élu dès le lendemain Grand-Maître de ce qui n’est pas encore tout à fait la Grande Loge de France. Cette version diffère sur certains points de la version connue jusqu’à une période récente, dite de 1737, imprimée à Rouen en 1738, prétendument publiée à La Haye, pour des raisons de censure, dans un recueil de textes et d’auteurs divers intitulé « Lettres à M. de V. avec plusieurs pièces de différents auteurs ».

 

DISCOURS -  RAMSAY ET SES DEUX DISCOURS

Alain Bernheim

Edition Télètes 

 2012

Qui était Michel de Ramsay, dont la date de naissance est incertaine. Initié à Londres en 1730, il est enterré à Saint Germain au mois de Mai 1743. Ce jacobite convaincu et pauvre, dépendant du bon vouloir de groupes (exilés, stuartistes, aristocrates français, francs-maçons)  aux opinions diverses, apparaît dans la Franc-maçonnerie française le 26 Décembre 1736, date portée sur la manuscrit de son discours conservé à la médiathèque d’Epernay, dont le texte est fort différent de celui imprimées ultérieurement.

 

Après avoir retracé sa vie, rappelé ce que nous savons des débuts de la Franc-maçonnerie française et des premières loges parisiennes, Alain Bernheim analyse le Discours, son plan, ses versions successives dont il fait recension, ainsi que ses sources qu’il détermine en s’appuyant sur des documents qu’il cite et commente abondamment.

 

Un tableau met en regard la version manuscrite, ici transcrite intégralement pour la première fois, le texte de la lettre que Ramsay adressa au marquis de Caumont le 16 Avril 1737 et les versions imprimées – la lettre à M. de V… et l’histoire de la très vénérable confraternité des Francs-Maçons de la Tierce (1742 et 1745) – Il permet au lecteur de constater que le texte de 1736 n’était pas une version incomplète comme l’écrivit Lantoine, mais qu’il existe deux discours distincts dont Alain Bernheim suggère les clefs, après avoir répondu à deux questions : Ramsay prononça-t-il son discours en Mars 1737 ? A-t-il inventé les grades maçonniques ?

 

Ce que nous savons c’est que la version imprimée est tout à fait différente de la version manuscrite. Si différente même qu’il est permit de penser qu’elle a été rédigée comme une conséquence de l’élection du Grand Maître Derwentwater et sous son influence. Serait-ce aller trop loin que d’imaginer Ramsay, dans son second discours, rapportant les événements parisiens récents en les situant dans une maçonnerie écossaise légendaire qui prendrait ici naissance ?

 

Au sommaire de cet ouvrage :

La vie de Ramsay    -    Débuts de la Franc-maçonnerie française  -  Les premières loges à Paris  -  Le discours de Ramsay, version manuscrite et version imprimée  - Le plan du discours  -  L’histoire de La Tierce 1742 et 1745  -  Lettre de M. de V… 1744   -   La lettre au marquis de Caumont en 1737  -    Les versions imprimées, modifications et additions  -  Ramsay prononça t-il son discours en 1737.   -   Ramsay a-t-il inventé les grades maçonniques  -   divers tableaux comparatifs  - 

 

document sur la grande loge du vÉnÉzuela

g.l.r.v.

CARACAS

 1952

Ensemble de 7 documents édités en 1952 à Caracas par la Grande Loge des EE UU du Venezuela.

1. Le catéchisme au grade d’apprenti
2. Le Rituel au grade d’apprenti
3. La Constitution de la Grande Loge des États-Unis du Venezuela
4. Rituel pour les cérémonies d’adoption, de baptême maçonnique, de consécration, de remise de diplôme, de cérémonie funèbre, etc.
5. Les statuts de la GL du Venezuela
6. Programme maçonnique
7. Code moral maçonnique

Le tout écrit en Espagnol. À la disposition des chercheurs.

 

DU FḖMININ ET DE SA QUÊTE EN FRANC-MAÇONNERIE   -

Marie Dominique Massoni

Edition de la Tarente

 2015

Le mythe de l'androgyne a donné de bien belles images à l'amateur d'alchimie. Depuis Platon, au moins, la quête du féminin de l'être et le statut philosophique du sujet féminin ont été dissociés.

 

Les sociétés patriarcales qui n'imposaient que des devoirs aux descendantes d'Eve ou de Pandora ont dû néanmoins composer avec l'indéniable nécessité de préservation de l'espèce humaine. Le ventre de la femme était le four où se cuisaient les générations nouvelles et les seins une métonymie de la nourriture.

 

L'ignorance du processus de reproduction allait contribuer à reléguer les femmes dans un statut d'être en second, tandis que les hommes rêvaient le féminin. Comment réaliser l'androgyne, être accompli, si l'on étouffe ce qui relève du féminin et ce que vit une femme, sur le plan biologique comme sur le plan de l'organisation sociale, a fortiori dans les arts d'Hermès ou en franc-maçonnerie ? Les rituels de la franc-maçonnerie d'Adoption rendent directement compte du rôle du féminin dans nos archétypes.

 

Ceux des loges symboliques dévoilent le travail à mener en sa direction, pour peu qu'on accepte d'approcher tous les éléments qu'ils mettent en mouvement. L'exégèse n'en sera que plus fine. La déroute de la raison instrumentale est aujourd'hui avérée. Les maladies sociales que la toute-puissance de la raison a engendrées valent bien les épidémies de peste envoyées par Apollon ou par le dieu chrétien. Cette mise à mal risque cependant de nous faire oublier l'importance de la raison.

Marie-Dominique Massoni nous invite ici à associer sensation, raison, imagination et intuition pour suivre le féminin à la trace afin qu'il se déploie en chacun, tout au long de son chemin initiatique Mythes apparents, mythes cachés, quelles figures du féminin se dessinent dans les rituels ? Comment l'Art royal prépare-t-il à la conjonction des opposés, dès nos premiers pas et avant même nos premiers travaux ? Comment nous préparons-nous aux noces sacrées ?

 

Commentaire sur le féminin dans les loges : Homme et femme sont sans conteste égaux sur le plan de l’esprit. Les femmes peuvent accéder aux plus hautes vérités transcendantes, rayonner d’une profonde autorité morale ou spirituelle, et rien à cet égard ne justifie qu’elles soient privées du sacerdoce, dont les écartent pour d’autres raisons de nombreuses religions. La femme est donc indiscutablement initiable. Restent toutefois ouvertes les questions de savoir si la nature de l’initiation féminine est différente, si la franc-maçonnerie est une voie appropriée aux femmes ou encore si l’initiation et, partant, la maçonnerie peuvent être mixtes. Notre époque peine à distinguer égalité des sexes et confusion des genres. La pensée dominante récuse toute différentiation des rôles sociaux fondée sur le sexe et prône la mixité dans tous les domaines. Aussi, le caractère exclusivement masculin de la maçonnerie régulière et celui majoritairement non-mixte des autres obédiences suscitent-ils incompréhension et critiques allant jusqu’au grief d’archaïsme patriarcal ou de sexisme sectaire. La mise à l’écart des femmes ou le rejet de la mixité peuvent certes paraître opposés à l’universalisme de la maçonnerie, contraires à une fraternité exempte de ségrégation. Mais cette situation découle à la fois de la tradition, à laquelle sont foncièrement attachés les maçons, et de la volonté de ceux-ci, dans leur actuelle majorité.

 

Les explications profanes à cette attitude de la maçonnerie envers les femmes ne manquent pas. Des sociologues y verront une survivance de la division sexuelle des tâches sociales et du travail, un avatar de l’appropriation du savoir et du pouvoir par une classe. Des anthropologues diront que les rites initiatiques des tribus primitives ont en particulier pour but l’identification sexuelle et l’intégration communautaire, qu’historiquement l’initiation des hommes et des femmes a toujours été séparée. Des psychanalystes freudiens réduiront cette attitude à un tabou né du refoulement de la libido ou à une forme de résolution du complexe d’Œdipe. Des moralistes enfin y chercheront l’empreinte d’un idéal ascétique universel de dépassement des désirs et de chasteté, de délivrance des contingences terrestres.

 

Plus prosaïquement, nombre de francs-maçons, et des maçonnes aussi, considèrent la non-mixité en loge comme relevant de la sagesse pratique. Au regard notamment de la morale maçonnique, les risques de la fraternité entre sexes sont évidents. Légitime est donc le souci d’éviter le désordre des sentiments et les tentations de la chair; comme celui de rassurer son partenaire ou préserver sa famille. Les faiblesses des hommes étant ce qu’elles sont, et celles des femmes n’étant pas moindres, la présence de l’autre sexe perturbe souvent pensée et comportement; le travail maçonnique rituel, intellectuel ou spirituel peut s’en trouver parasité. Notre monde est de plus en plus mixte, mais hommes et femmes n’en restent pas moins prisonniers de leur image; au-delà des plaisirs conviviaux, le partage entre personnes du même sexe, sans le masque porté devant l’autre, a une valeur positive.

 

Ces critiques, explications profanes ou justifications pratiques ne permettent cependant pas de prendre la vraie mesure des rapports entre maçonnerie et femme. Elles suscitent des débats relevant d’ordinaire plus du politique que de l’initiatique, stériles car elles ignorent ce qui est pour nous essentiel: le sens du féminin dans les trois dimensions, symbolique, psychologique et spirituelle de la franc-maçonnerie. Or pour découvrir ce sens, propre à clarifier et relativiser le problème des relations entre hommes et femmes en maçonnerie, ce n’est pas dans quelque direction sociologique ou pragmatique qu’il faut chercher, mais dans la profondeur de l’âme humaine, dans les fondements et l’histoire de la pensée religieuse, dans la sagesse. Le symbolisme maçonnique, avec notamment ses nombreuses références opératives, ne présente apparemment rien de féminin. Cela tient certes à l’ origine typiquement masculine de notre tradition puisque nous disons être les descendants à la fois des bâtisseurs et des chevaliers. Mais cela tient aussi à nos racines religieuses, la tradition judéo-chrétienne qui laisse fort peu de place au féminin et dont l’image de la divinité est exclusivement masculine. Apparence seulement, car à y regarder de plus près le symbolisme maçonnique, comme celui de la religion, cache une dimension féminine qu’il importe de comprendre. On peut en donner quatre exemples.

 

Les trois petites lumières éclairant la loge, ses fondements qui nous viennent de l’Être éternel et infini, portent toutes des noms féminins. La première est la Sagesse. Or, on y reviendra, la sagesse divine occupe dans les derniers livres de l’Ancien Testament une place très importante et représente la face féminine de Dieu. Le Livre de la sagesse, dit de Salomon, la chante par exemple comme «le maître d’oeuvre» et «l’artisane de l’univers»; il dit notamment que «les vertus sont les fruits de ses travaux car elle enseigne tempérance et prudence, justice et fortitude» (Sg 7: 27-28, 8: 7). La basilique de Byzance, la Rome orthodoxe, était consacrée à Sainte Sophie, Sophia signifiant en grec la sagesse. La Légende dorée dit certes que Sophie était une vertueuse martyre, mais son texte montre clairement qu’il s’agit en réalité de la sagesse divine puisqu’il ajoute que Sainte Sophie avait «trois filles, la foi, l’espérance et la charité».

 

A l’Orient brillent le soleil et la lune, couple cosmique qui évoque le mariage divin, la hiérogamie chère aussi bien aux religions antiques qu’à la tradition alchimique. Ce couple fait également pendant aux deux colonnes de l’entrée du temple qui représentent notamment les deux pôles de la vie et de l’être. Dans de nombreuses représentations de la crucifixion par la peinture médiévale, le soleil et la lune figurent au ciel, de chaque côté de la tête du Christ. Souvent aussi ces deux astres sont au-dessus de Saint Jean et de Marie agenouillés au pied de la croix, nouveau couple spirituel par la bénédiction et l’adoption. Les bâtisseurs de cathédrales avaient du reste une prédilection pour la dédicace de leurs œuvres à Saint Jean ou à Notre Dame, tout comme les Templiers. Cela à l’époque même de l’amour courtois, où la dame était bien plus un idéal spirituel qu’une femme de chair.

 

Sur nos autels la Bible est ouverte au Prologue de Jean, texte consacré au Verbe, le Logos de Dieu. Or, même si selon la théologie le Verbe est assimilé au Christ, le Logos du Prologue s’identifie à plusieurs égards à la Parole comme Esprit-Saint, en particulier à l’esprit féminin de Dieu, la Sophia. En effet, le Verbe selon le Prologue présente des analogies extrêmement frappantes avec la Sagesse divine telle qu’elle est décrite dans l’Ancien Testament. La Sagesse y dit d’elle-même qu’elle fut «établie depuis l’éternité… dès le commencement… aux côtés» de l’Eternel (Pr 8: 22-23, 30), que sa «source est la Parole de Dieu dans les cieux» et qu’elle est «la mère du pur amour» (Si 1: 5; 24: 17). Salomon dit d’elle en s’adressant à Dieu: «Tu avais donné toi-même la Sagesse… envoyé d’en haut ton Saint Esprit…», et les hommes furent ainsi «instruits et sauvés par la Sagesse divine» (Sg 9: 10, 17).

 

Le temple de Salomon, figure emblématique de la maçonnerie, détruit puis reconstruit après l’exil, évoque bibliquement les noces entre Dieu et son peuple, peuple symbolisé par Jérusalem, féminine comme toute cité. Le prophète dit ainsi d’elle: «Resurgis, remets-toi debout Jérusalem… toi, stérile qui n’enfantais plus, explose et vibre… ton veuvage, tu ne t’en souviendras plus… car ton époux, le Seigneur tout-puissant, t’a rappelée» (Es 51: 17; 54: 1-8). Noces encore celles de la nouvelle Jérusalem céleste de l’Apocalypse, décrite par Jean «comme une épouse qui s’est parée pour son époux», vêtue «d’un lin resplendissant et pur», prête pour les «noces», «la fiancée, l’épouse de l’agneau» (Ap 19: 7-8; 21: 2, 9). Temple et cité sainte sont donc lieux de noces, d’union symbolique du masculin et du féminin.

 

Ainsi, l’aspect féminin du sacré est réellement présent dans la profondeur de notre symbolisme, et il apparaît même d’une importance qui n’est pas secondaire. Mais alors, pourquoi cet aspect féminin est-il si discret et pourquoi est-il largement écarté de nos réflexions symboliques? La prédominance masculine dans notre symbolisme n’a pas pour seules bases des distinctions découlant du travail artisanal ou du combat chevaleresque. Elle ne s’explique pas non plus comme un simple reflet de la condition féminine dans les sociétés patriarcales du temps biblique ou du Moyen Age. Elle plonge ses racines bien plus loin, dans la profondeur de la psyché humaine et dans les fondements de la pensée religieuse.

 

L’apparente mise à l’écart du féminin dans la tradition, puis sa résurgence épisodique, doit être comprise sur deux plans. D’une part celui du cheminement psychologique de l’âme individuelle vers sa complétude, d’autre part celui du développement de la conscience religieuse de l’humanité. Or, sur ces deux plans, le refoulement – temporaire - du féminin correspond à une réalité, à une phase naturelle. L’âme humaine, la psyché de l’homme comme de la femme, possède deux pôles, l’un correspondant à des qualités symboliquement féminines, comme l’intuition ou la sensibilité, l’autre à des qualités symboliquement masculines, comme la logique ou la construction. Cette dualité, qui recouvre en partie aussi celle de l’inconscient et du conscient, on la voit notamment exprimée dans la lune et le soleil qui brillent à l’Orient, ou dans les deux colonnes à l’Occident. L’équilibre entre ces deux pôles est le fondement de l’être, leur harmonie est son accomplissement.

 

Afin de parvenir à la complétude de son être, aboutissement de son destin terrestre, l’humain doit apprendre à découvrir et écouter, aimer et sublimer cette face voilée de lui-même. L’homme doit aller à la rencontre de son anima refoulée, pour la faire renaître de l’obscurité, pour en quelque sorte l’épouser. Il s’agit là d’un passage obligé, car c’est seulement quand l’être parvient à se réunifier, à marier les deux faces de lui-même, qu’il peut accéder à l’accomplissement du Soi, sens et but de sa vie terrestre. Cette union des deux pôles de la personnalité est l’une des étapes du chemin initiatique.

 

Le processus psychique et individuel qui précède est dans ses grandes lignes exactement le même que celui suivi par l’évolution spirituelle et collective des religions. Dans son état primitif, l’homme perçoit le divin de façon avant tout inconsciente et naturelle. A l’instar d’Adam et Eve au paradis, les pôles de sa psyché restent équilibrés et il perçoit également de manière harmonieuse les aspects symboliquement masculins et féminins de la divinité. Son univers est encore constellé de dieux et de déesses. Les grandes religions antiques et les traditions primitives de l’Occident faisaient une large place aux femmes dans les rites et accordaient de multiples aspects féminins à la divinité. Dans les religions archaïques, les déesses mères ou de la terre étaient prédominantes. Les panthéons de l’Egypte et de la Grèce comptaient autant de dieux que de déesses, et pratiquement chaque dieu avait pour pendant féminin une épouse ou une sœur, comme Jupiter et Junon, Apollon et Diane. Les triades divines comprenaient très souvent un élément féminin, comme Isis en Egypte, Ishtar à Babylone. Même le Yahvé archaïque des hébreux possédait une épouse, Ashéra.

 

Mais peu à peu la conscience de l’homme se développe; c’est la connaissance du bien et du mal, la chute allégorique. La psyché se dissocie tout comme la perception et la représentation du divin. À partir de cette conscience, de cette dissociation, le judaïsme évoluera vers le monothéisme, l’hellénisme vers la philosophie. Comme la conscience et la raison sont symboliquement masculines, l’inconscient et le spirituel féminins, au fur et à mesure que conscience et raison croissent, la perception du monde et de la divinité qui le gouverne prend des formes de plus en plus masculines. Se renforce ainsi, jusqu’à devenir unique dans le judaïsme, la figure masculine du Dieu père symbolisant l’ordre et la loi, du Dieu céleste qu’il faut craindre. À l’inverse s’estompe jusqu’à disparaître, l’image de la déesse terre protectrice et nourricière, de la déesse mère métaphore de l’amour et de la renaissance. Le christianisme suivra la même voie: le Christ rédempteur est Fils de Dieu le Père; la Trinité est dénuée d’expression féminine; Marie, pourtant «mère de Dieu», en est exclue, alors que le Saint Esprit procède du Père et du Fils. Le modèle divin est une relation père-fils sublimée, la mère et la fille en sont écartées.

 

Ainsi, psychisme et religion suivent le même chemin. Comme l’homme qui refoule son anima dans la profondeur de son inconscient, la religion évacue la figure féminine de Dieu. Mais dans les deux cas la moitié écartée n’est pas éliminée, elle est seulement occultée. Un certain déséquilibre, une incomplétude en résulte. Situation temporaire cependant, car ainsi que l’homme est voué par sa quête à retrouver son anima, la religion est amenée un jour à laisser transparaître ou à mettre en pleine lumière les éléments féminins qu’elle dissimulait. Tel fut le cas du judaïsme exaltant la Sagesse, puis du christianisme vénérant la Vierge ou idéalisant la Jérusalem céleste. En d’autres termes, la quête de l’homme face à lui-même et son essor vers la divinité ont le même passage obligé: la rencontre, les noces avec l’Eternel féminin. Pour l’homme psychique, le but sera l’union dans le Soi de sa conscience masculine et de son intériorité féminine, l’anima. Pour l’homme spirituel, le but sera le mariage mystique de l’esprit et de l’âme, ou de l’intelligence et de la sagesse divine, afin que de ces noces naisse l’enfant-dieu de l’amour, l’homme ressuscité à la vraie vie. Si la face féminine de Dieu se dissimule aujourd’hui à nos regards, sous le voile plus ou moins épais dont la recouvre la religion, la tradition et nos symboles, c’est parce qu’elle représente un des buts les plus secrets de la quête intérieure et spirituelle.

 

À travers ses multiples récits et anecdotes, souvent exploités à des fins mysogines, l’Ancien Testament donne à première vue de la femme l’image d’une mineure soumise à l’arbitraire d’une société patriarcale. Mais le féminin dans la Bible dépasse cette condition profane, pour peu que l’on aille à l’essentiel. Et cet essentiel commence par la Genèse qui nous révèle la double nature masculine et féminine à la fois de l’être humain et de la divinité, en même temps qu’elle nous révèle l’égalité de l’homme et de la femme face au salut et leur complémentarité essentielle.

 

Au sixième jour, «Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il le créa mâle et femelle». Ainsi, le tout premier livre de la Genèse déclare le masculin et le féminin simultanément incarnés dans l’humain, ce qui vise notamment la double nature psychique de l’homme. Plus, déclarant l’homme créé mâle et femelle à l’image de Dieu, le texte implique logiquement que Dieu lui-même possède ce double aspect masculin et féminin. Cette dualité dans l’unité est l’un des sens que l’on peut prêter au delta maçonnique. Puis, dans le second livre, Dieu crée l’Adam originel, tiré de la terre et animé de son souffle divin. Mais la solitude d’Adam appelle immédiatement la création d’Eve. Nullement pour que l’humanité puisse se perpétuer, car au paradis cela n’est pas nécessaire, mais afin qu’Adam ait un semblable, un vis-à-vis. Eve incarne donc non seulement l’autre, sans lequel la vie n’aurait pas de sens, mais aussi le miroir, qui renvoie à l’homme sa propre image profonde. Plus, l’anecdote de la création de la femme à partir de la côte ou du flanc de l’homme, indique, qu’Eve est symboliquement une partie d’Adam, la part féminine de celui-ci, son anima.

 

Au paradis, Adam et Eve vivent dans une parfaite harmonie. Mais la chute, avec ses malédictions différenciées pour chacun d’eux, remplacera cet état par des relations souffrantes de désir et de domination. C’est le symbole de la dissociation de la conscience et de la psyché. Dès lors, le but de l’être sera de retrouver cette harmonie perdue, de reformer le couple originel d’Adam et Eve. Car, comme le dit l’évangile apocryphe de Philippe, «Quand Eve était en Adam, il n’y avait pas de mort. Si à nouveau elle entre en lui et s’il la prend en lui-même, il n’y aura plus de mort». La renaissance de l’initié passe par cette réunion. Après la chute du couple primordial, le judaïsme de l’Ancien Testament connaîtra schématiquement deux périodes, dominées successivement par deux regards sur la divinité, et donc par deux images très différentes du féminin dans la relation entre l’homme et Dieu. D’une part, dans la première moitié du millénaire avant notre ère, la figure dominante sera celle de l’Alliance, c’est-à-dire de la loi ancienne; d’autre part, dans sa seconde moitié, avant l’émergence du christianisme et sous l’influence grecque, apparaîtra la figure de la Sagesse de Dieu, qui préfigurera la loi nouvelle.

 

La première période est centrée sur l’Alliance entre l’Eternel et son peuple. Dans cette Alliance qui exprime l’amour et la fidélité à Dieu, comme dans une relation nuptiale où la divinité tient le rôle de l'époux, l’humanité est revêtue d’une identité féminine. Elle prend poétiquement le féminin visage de la Terre promise ou de la Cité sainte. À travers ce couple, l’humain s’identifie à la femme soumise à la loi d’un mari exigeant et jaloux. Epouse tentée par l’infidélité, le retour aux divinités païennes, car souffrant des colères imprévisibles de l’implacable époux (Os 1-2). C’est ainsi que se cristallise la figure du Yahvé de l’Ancien Testament. Dans la lumière du ciel, seul brille le Père qui inspire la crainte. L’anima est exilée dans l’obscurité de la terre. Au fil des siècles, cette relation ombrageuse s’adoucit quelque peu. Le Cantique des cantiques, pur chant d’amour où résonne la voix féminine de la bien-aimée, élève symboliquement l’humanité au rang d’une épouse plus aimée que possédée. C’est cette relation que l’on retrouvera plus tard dans le christianisme, notamment chez Paul, avec l’union du Christ et de son Eglise, l’Eglise étant comparée à la femme soumise, mais aimée de son mari (Ep 5: 21-32). A ce stade, où l’homme est encore largement dominé par ses sentiments et où sa raison doute encore d’elle- même, l’identité symbolique de l’humanité reste féminine, celle de la divinité exclusivement masculine. Ce n’est déjà plus la loi ancienne mais ce n’est pas encore la loi d’amour.

 

Plus nous approchons de notre ère, plus la conscience et la raison humaines se renforcent, et plus la divinité devient abstraite et se spiritualise. D’une part, l’esprit de l’homme ne s’accommode plus de l’image du Dieu patriarcal et violent des origines; la conscience n’accepte plus l’humiliation de Job. D’autre part et en conséquence, dans la pensée religieuse, les qualités du divin se féminisent, la relation au divin appelle sagesse et amour. Ainsi, dans la pensée judéo-alexandrine des deux derniers siècles avant Jésus Christ, le Dieu d’Israël change quelque peu de caractère et, surtout, deux autres créatures d’essence divine font leur apparition à ses côtés: le Logos et la Sophia.

C’est ainsi qu’à travers les livres tardifs de l’Ancien Testament comme les Proverbes, la Sagesse et le Siracide, s’élaborent la figure de la Sagesse divine et sa tradition sophianique. Sophia, mystérieuse entité féminine, émanant éternellement du souffle de Dieu, dépositaire de ses secrets, présente à ses côtés lors de la création et artisane de l’univers. Elle deviendra la médiatrice entre l’homme et Dieu, l’intercesseur bienveillant qui compense l’abîme insondable de l’Eternel terrifiant. L’anima retrouve la lumière, la divinité une face féminine.

 

La Sagesse divine, figure mal connue du judaïsme de la fin de l’Antiquité, préfigura clairement l’Esprit Saint de la Trinité chrétienne, le Paraclet de l’évangile de Jean, et même le Logos du Prologue. Elle inspira de nombreux traits à l’image de Marie, mère immaculée du Christ et intercesseur priant pour le salut des pécheurs. Elle fut enfin chantée avec passion comme une femme aimée, à l’instar de la Jérusalem apocalyptique, épouse spirituelle de l’agneau. Epouse parée non plus pour l’union cosmique de Dieu avec l’humanité, son peuple ou son Eglise, mais parée pour les noces mystiques de l’homme, de chaque initié, avec la divinité. L’Ancien Testament dit de la Sagesse: «Elle est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans taches dans l’activité de Dieu et une image de sa beauté… Elle partage la vie de Dieu… à ses côtés comme le maître d’oeuvre… l’artisane de l’univers et des êtres» (Sg 7: 26 , 8: 3-4; Pr 8: 30, Sg 8: 5). Et la Sagesse dit d’elle-même: «Je suis la mère du pur amour… je suis donnée à tous mes enfants… Venez à moi, vous qui me désirez et rassasiez-vous de mes fruits» (Si 24: 17, 19). Ainsi, l’exaltation de la Sagesse divine dans l’Ancien Testament, comme plus tard dans la franc-maçonnerie, symbolise un triple accomplissement, la célébration de trois sortes de noces qui abolissent la dualité.

 

Accomplissement religieux tout d’abord. La part féminine de Dieu, autrefois déesse archaïque chassée du ciel, revient d’exil régénérée et spiritualisée; elle retrouve sa place auprès de l’Eternel. De ce mariage divin pourra naître l’enfant-Dieu rédempteur de l’humanité, incarné au coeur de l’homme pour y engendrer l’amour. Accomplissement psychologique ensuite. La moitié de la personnalité, refoulée dans l’inconscient, est libérée, aimée; pôle féminin de l’âme et pôle masculin de la conscience se rejoignent et recouvrent l’harmonie. De cette union psychique pourra naître le Soi, expression de la complétude de l’être. Accomplissement spirituel enfin. L’image de Dieu ensevelie en l’homme est ressuscitée comme l’initié, l’image défigurée est restaurée; l’être retrouve son centre, la communion avec sa source sacrée. De ces noces mystiques pourra renaître l’homme primordial, réintégré dans sa ressemblance divine. C’est cette triple union que célèbre symboliquement la Jérusalem apocalyptique: «Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’agneau!». Heureux les spirituels ou les initiés accomplis qui pourront pénétrer dans leur propre ville sainte, leur intériorité préparée comme une épouse, comme un tabernacle de Dieu, car celui-ci habitera avec eux. (Ap 19: 9; 21: 2-3). De telles noces passent par l’abolition de toute dualité, par la fusion du masculin et du féminin notamment. Parvenu à ce stade ultime de la quête, l’être n’a plus besoin ni de soleil ni de lune; car la gloire de Dieu l’éclaire. Alors, la nuit comme la mort sont abolies. (Ap 21: 4, 23; 22: 6).

 

À travers symbolisme maçonnique, psychologie des profondeurs et histoire de la religion, la sagesse éternelle enseigne donc que la quête initiatique, comme toute voie spirituelle, doit aboutir à une unité transcendant toutes dualités. Sur le chemin vers ce but, ultime et peut-être inaccessible, s’opère nécessairement un retournement de conscience. Ce que l’on croyait des causes s’avère n’être que conséquences; ce que l’on prenait pour de simples conséquences se révèle être causes profondes. Ainsi la lumière de la raison apparaît-elle n’être souvent que le reflet d’un sens, psychologique ou transcendant, qui nous échappe. De même réalise-t-on que parfois le symbole constitue le réel, alors que la réalité sensible n’a plus de valeur que symbolique. Cette inversion du regard conduit en particulier à admettre que l’homme ne construit pas son image inconsciente et symbolique du féminin à partir de son expérience de la femme réelle, singulièrement de sa mère; l’homme au contraire projette sur les femmes, à commencer par sa mère, l’image du féminin qu’il porte en lui dès l’origine. Par conséquent, les relations concrètes entre hommes et femmes, sur le plan individuel ou collectif, sont largement déterminées par les archétypes relationnels du masculin et du féminin; y compris ceux qui concernent les rapports de l’humain au transcendant et dont relève la figure féminine du divin.

 

Il est vain de mettre la charrue de la volonté avant les bœufs de la nature. C’est grâce à l’harmonisation psychique des pôles masculin et féminin de l’être, grâce à l’intégration spirituelle des faces masculine et féminine de la divinité, que l’on peut espérer construire entre hommes et femmes des relations de niveau véritablement initiatique. A partir seulement de cette préalable taille psychologique et spirituelle de la pierre de chacun et chacune pourrait-il être envisagé que se joignent pierres masculines et féminines, pour l’élévation d’un édifice commun ou de deux contigus. Cette taille est toutefois délicate, le travail long, les pierres nombreuses et le plan audacieux. Mais peut-être le vrai retournement consiste-t-il à se détacher même du désir d’une telle oeuvre. C’est souvent plus le chemin que le but qui donne son sens au voyage, plus le travail que le produit qui justifie l’ouvrage. Il faut accepter d’errer et de défaire. Au fil du chemin et du travail, l’ambition fait place à l’humilité, le calcul à l’art, le raisonnement à la sagesse. Pour l’initié accompli, que chaque adepte devrait rêver d’être, une question comme la place des femmes dans la maçonnerie apparaîtra sans doute presque profane. Car au stade ultime de la quête, au sommet de la pyramide des voies spirituelles, masculin et féminin sont avant tout symboles; les genres ne comptent plus guère, sinon ceux de l’âme et du divin.

 

DYNAMIQUE DE LA LÉGENDE EN FRANC-MAÇONNERIE

Yves Saez

Edition Cépaduès

2019

Avec cet essai passionnant, Yves Saez nous rappelle que la littérature est une philosophie, une spiritualité ou une métaphysique et veut restaurer le lien entre initiation, notamment maçonnique, et fiction : « Une société, dit-il, repose sur ses fictions, sur la relation, étroite ou distante, qu’elle entretient avec ses fictions ; elle vaut par le fond d’expériences et de connaissances qui se manifeste en elles, fond qu’elle approuve et qu’elle convoque ; et qui transmet des vérités depuis longtemps admises. Et la Franc-maçonnerie repose sur ses fictions.  Le récit, la narration, la transmission, l’interprétation, sont au cœur du propos d’Yves Saez, tous les véhicules d’un imaginaire, parfois poétique,  constituent la matière d’une transformation et d’une libération. « Le récit, dit-il encore, est conducteur de vérité. Il est plus ancien que la philosophie. Il est le sol sur lequel s’édifie la philosophie, la terre où elle fut prise, avec laquelle elle fut formée. Où elle retourne, sans cesse où elle retourne. »

 

Ce procès, très alchimique, ce travail de la matière littéraire, orale comme écrite, est essentiel au travail initiatique et il nous conduit à l’indispensable silence : « La maçonnerie s’invente et se continue dans cette poétique du silence et du renouvellement. C’est sa plus authentique et sa meilleure occupation. » La référence à « l’invention » n’est pas anodine, il s’agit bien de passer par l’initiation, de la réplication aliénante du moi à l’invention libératrice du soi. Yves Saez convoque nombre d’auteurs pour éclairer son propos : Daniel Defoe et son Robinson Crusoé, que nous devrions relire, Rousseau, Platon, Cicéron, Homère bien sûr et cet Ulysse, prototype de l’initié, Euclide et beaucoup d’autres. Il s’intéresse au livre de Tom Wolson, Le Maçon Démasqué, Ou Le Vrai Secret Des Francs- Maçons, Mis Au Jour Dans Toutes Ses Parties, publié à Amsterdam en 1748, à Londres en 1751, ouvrage dans lequel l’auteur relate sa réception au grade d’Apprenti. Il analyse le récit en trois phases : la séparation, l’épreuve et l’alliance. Il met en évidence la force des mots. Exemple avec le traditionnel « qu’il entre » : « Le subjonctif est le mode de la détermination. Mais il est aussi le mode de la subjectivité et de l’incertitude : dans le même temps qu’il franchit le seuil, le candidat est assiégé par des bruits méconnus et des impressions neuves et envahi par les émotions que ces impressions font naître en lui. Les mots dirigent le monde. La grammaire dit l’intériorité de l’aventure du maçon. »

 

Nous sommes invités à nous réapproprier le langage et le récit, à ne point rester figer dans la structure de surface du langage pour explorer les structures profondes de l’expérience, chemin vers le réel. Nous retrouvons ce « qu’il entre » dans le voyage initiatique d’Ulysse lui aussi structuré par la séquence séparation – épreuves – admission (alliance). Le voyage initiatique est toujours un voyage de retour. « Il a fallu très longtemps, écrit Yves Saez, pour que les hommes s’accordent à la réalité, pour qu’ils la tolèrent et qu’ils identifient leurs peurs et voient Poséidon derrière les vagues furieuses et Hermès dans les messages des immortels et Athéna sous les exploits guerriers. Plus longtemps encore pour qu’ils éveillent leur conscience, et doutent, et s’interrogent sur leurs dieux et les caprices de leurs dieux. Et plus longtemps encore pour qu’ils se libèrent et se désenchantent du divin, et qu’ils éclaircissent et aménagent leur rapport au monde par ce que Claudio Magris désigne : « une rationalisation inexorable, qui le place (l’homme) et le pousse sur des rails obligés ». »

1 E

EMBLÉMATIQUE DES 7 ARTS LIBÉRAUX

Percy John Harvey

Maison de vie

 2021

Hérités de l'Antiquité, les sept arts libéraux désignaient au Moyen-Âge l'ensemble des savoirs que tout homme réputé « libre » se devait de connaître. Ils se répartissaient en deux branches. Le trivium, ou sciences des mots : Grammaire, Rhétorique, Logique ; le quadrivium, ou sciences des choses : Arithmétique, Géométrie, Astrologie ou Astronomie, et Musique. Au fil des siècles, chacun d'eux a acquis une valeur symbolique et initiatique qui justifie leur présence dans le corpus rituel maçonnique. C'est à l'approche de ces « arts » par l'emblème et l'iconographie traditionnelle que nous convie l'auteur, transmettant ainsi une connaissance indispensable pour comprendre la nature du grade de Compagnon.

Le futur compagnon exécute son troisième voyage, règle et levier en main ; parvenu à la colonnette Sagesse il découvre sur le cartouche que retourne le Frère Expert les « Sept Arts Libéraux »: Grammaire, Rhétorique, Logique  Arithmétique, Géométrie, Musique, Astronomie; le Vénérable Maître lui explique que depuis l’antiquité, ils sont considérés comme « les sept piliers de la Sagesse ».

Le Trivium, regroupe les trois premiers,  les « artes  voces », le Quadrivium, regroupe les 4 derniers, les arts des choses précurseurs de nos sciences. « Ainsi les sept arts libéraux résultent de la conjonction du nombre 3 (nombre du ciel, exprimant le trivium ensemble des sciences de l’âme) et du nombre 4, (nombre de la terre exprimant le quadrivium ensemble des sciences pratiques) cette union suggère nous dit le rituel  l’image de la Parole ordonnant le Chaos, l’action du Ciel sur la Terre. « Leur évocation au cours de ce voyage invite le Compagnon à considérer les « sciences » comme le moyen traditionnel de rechercher les principes supérieurs d’autre part elle rappelle que dans l’initiation de métier, le travail sacralisé revêt une noblesse particulière :  il est le chemin qui mène à Dieu.

 « Le système des sept arts libéraux, tel que Martianus Capella l’avait codifié, repris par Charlemagne lorsqu’il entreprit de sauver la culture impériale, devint le cadre d’un enseignement dont le but était de mieux interpréter la parole divine, de discerner les armatures de l’ordre universel, mais aussi d’aider à mieux tenir sa place dans la cité terrestre, puisque l’on considérait celle‑ci comme homologue à la cité de Dieu. Il continua de former des “ orateurs ”, des experts de l’oraison et de la pratique oratoire. A ces arts initiait précisément la faculté propédeutique de l’université. Au XIIe siècle cependant, Hugues de Saint Victor, entreprenant le classement des connaissances humaines, jugea nécessaire de faire une place auprès des arts libéraux aux arts “ mécaniques ”, c’est‑à‑dire à ceux qui font intervenir le corps, les muscles, la main. Hugues toutefois situa ceux‑ci très en contrebas, dans une position subordonnée, domestique, analogue à celle assignée, dans les maisons nobles, aux gens de métier (ministerium, ministériaux), logés à part dans les communs, soumis aux ordres des maîtres, isolés d’eux par une frontière de classe infranchissable.

La délimitation entre les arts libéraux et les arts mécaniques prend assise en effet sur de très vieilles attitudes mentales, alliant la noblesse à l’oisiveté, réputant le travail manuel “ servile ”, indigne de l’homme de qualité, sur d’autres aussi, mani­chéennes, qui, voyant dans le charnel la part maudite de l’univers, tournaient le dos à la matière, la redoutaient, la condamnaient, s’évertuant à dégager à toute force le spirituel du corporel. Ces tendances de la pensée incitaient à répartir les divers “ arts ” au sein d’un édifice à deux niveaux : à l’étage maître, les pratiques conférant la maîtrise du verbe, du chant, des idées, de toutes les activités qui relient l’être humain au domaine des anges; au ras du sol, au plan des cuisines, les façons de travailler le bois, la laine, le métal, la chair même, et qui rabaissent vers le bestial. Entre les deux, ce fossé qui, par exemple, sépara très longtemps les médecins, gens de réflexion, interprétant des symptômes, habiles à remettre en ordre l’organisme sans y porter la main, des chirurgiens, confondus avec les barbiers et les bourreaux, parce que, munis d’outils, ils touchaient au corps, et qui durent pendant des siècles lutter pour faire admettre leur “ art ” parmi les libéraux.

Pendant des siècles, un semblable désir de forcer la cloison anima ceux que nous appellerions des artistes. Ils étaient en effet, pour des raisons identiques, exclus. Principalement parce que, dans la conscience médiévale, ce qu’est pour nous l’art demeurait enfoui au profond d’une mystique et d’une morale. La beauté n’était pas recherchée pour elle‑même. Elle était offerte à la gloire de Dieu. Dans l’œuvre d’art, la meilleure part des richesses du monde était, au sens plein du terme, “consa­crée ” ‑ et par cette vocation sacrificielle, l’intention, la signification symbolique, la valeur du matériau, le temps passé à l’élaborer se trouvait privilégié par rapport au travail des mains. L’œuvre d’art, d’autre part, collaborait à l’élucidation des mystères; elle entendait livrer aux regards des équivalences de l’invisible. Par conséquent, l’acte créateur incombait aux prêtres, aux savants, aux hommes du livre et de la parole. Orfèvres, brodeurs, verriers, imagiers, n’avaient mission que d’exécuter. »

 

ÉMULATION - DE LA FRANC-MAÇONNERIE OPÉRATIVE AU RITE ÉMULATION    -    Secrets d’une histoire et d’une tradition spirituelle

David Taillades

Edition Dervy

 2013

La Franc-maçonnerie revendique une tradition initiatique puisant ses sources chez les constructeurs du Moyen-Âge et constituerait ainsi une voie spirituelle authentique parfaitement légitime. S’il n’est pas possible d’expliquer ses origines par la seule symbolique des rituels, en ignorant ou négligeant celle-ci, on laisse nécessairement dans l’ombre, la clé essentielle de la compréhension intégrale de l’édifice maçonnique.

Ainsi, la confrontation de l’histoire au contenu symbolique des rituels fait indéniablement apparaitre qu’elle n’est pas un pur produit de l’enlightenment anglais. Plus encore, tout confirme qu’il s’agit bien d’une tradition ésotérique, qui a fait l’objet d’un détournement d’intention et d’une reconfiguration formelle pour servir un projet politique dissimulé de grande envergure.

L’auteur de cet ouvrage, propose une relecture complète et inédite des faits historiques, à la lumière des rituels maçonniques anglais dont il dispose, et expose clairement la symbolique, l’ascèse et la finalité. Par le travail de synthèse des différentes sources qu’il sollicite et par un argumentaire rigoureux, il nous conduit ainsi à des conclusions solides et ouvre la porte à des recherches et des conclusions inattendues et étonnantes.

Au sujet d’un guide spirituel : Ce qui peut égarer les nouveaux initiés, non seulement au rite Emulation lais aussi dans les autres rites maçonniques, c’est l’absence d’un »Maître spirituel » dont la Loge recevrait directement l’enseignement, comme dans le bouddhisme tantrique par exemple. La Franc-maçonnerie relève d’un travail initiatique collectif et d’une présence spirituelle. Le Maître spirituel de la Loge est à la fois l’ensemble de ses membres mais également, et surtout, l’influence spirituelle qui descend sur elle lors des travaux.

Cette présence n’est pas l’égrégore, ou une quelconque entité psychique collective, mais bien une présence divine : la « Shekinah ». Cette présence divine est sollicitée dans notre rituel lors de l’ouverture de la loge, si les frères ont une sensation de plénitude à la fin de nos rituels, et s’ils n’ont pas cela ailleurs, c’est que nos travaux se font en présence du divin et que nous en tirons tous un bénéfice non négligeable ; Et si certains s’interrogent sur cette vérité là, il existe pourtant un guide spirituel intérieur que nous appelons ange gardien, Maître secret ou intérieur, la voix, un guide, l’intuition… et qu’il faut savoir réveiller et dialoguer avec lui.

Bien que cet ouvrage se réfère uniquement au rite Emulation, tout maçon y trouvera matière à découvrir le noyau central d’une spiritualité susceptible de nourrir sa transformation intérieure.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : Histoire d’un rite, histoire d’une Tradition - Histoire du rite Emulation - Origines de la F.M. et des rites en général - Aperçus historiques du futur Royaume-Unis - Naissance d’une grande loge - Vers une vision Traditionnelle -

2e partie : La méthode Emulation - Spiritualité et méthode - L’initiation et le symbole - Le « par cœur » et l’art de la mémoire - La pratique des vertus - Le travail personnel -

3e partie : Sur le chemin de la méthode Émulation - Les avantages et les effets de la méthode - Ses écueils - Un cheminement spirituels avec les bornes -

4e partie : Une technique spirituelle à retrouver - Le 3e grade : une ouverture plus qu’une conclusion - La perte des secrets et la recherche de la Parole perdue - Pourquoi retrouver la Parole perdue - Invocations et prières -

En annexe : Ouverture, cérémonie, planche à tracer et fermeture des 1e, 2e et 3e grade

 

ENLUMINURE LE MUTUS LIBER de L’INITIATION

JEAN LUC  LEGUAY

ÉDITION  DERVY

 2010

A l’heure où le progrès et la science moderne occupent les pensées de nos contemporains, ce  « livre muet » nous permet d’établir un pont entre les profondeurs de notre Être et les différentes métaphysiques.

 

Nos sociétés opposent science moderne et tradition, foi et raison, mais celles –ci sont complémentaires. Si la science donne des réponses sur les phénomènes, la tradition nous en révèle le sens caché. Depuis des millénaires, l’homme crée des images de lumière pour se rapprocher de l’inexprimable, donner une forme à l’inconcevable, appréhender les mystères de la vie, de la mort et de l’au-delà.

 

Le « Livre muet de l’Initiation » est un ouvrage sans discours ni explication. Les enluminures, d’une grande richesse symbolique, cumulent plusieurs significations et ouvrent aux lecteurs les chemins de la contemplation.

 

Tous les personnages, paysages, voûtes et dallages évoqués nous invitent au voyage, nous initient à voir au-delà du réel selon nos croyances et aiguisent nos sens physiques et spirituels. Ces représentations, construites selon la science ancestrale, véhiculent le sacré et permettent au lecteur de pénétrer les secrets de son origine et de sa tradition.

Enlumineur régulier, issu d’une chaîne de Maîtres italiens qui remonte au VIIIe siècle, Jean Luc Leguay est le dernier représentant de cette filiation et peint toutes ces enluminures comme à l’époque médiévale. Il a été initié à l’Art de l’ornement traditionnel, véritable chemin qui mène à la connaissance, par un moine ermite franciscain.

Pendant 10 ans cet ermite le guida progressivement, comme on élève un néophyte, semblable à un germe qui tend vers la clarté avec fragilité, il lui transmit les gestes du métier de sa filiation et lui enseigna tout le savoir des Anciens qui était en sa possession, du symbolisme à l’étude des textes fondamentaux, de l’Art des couleurs jusqu’à celui de la géométrie. Ainsi il lui donna les trois initiations qui mènent à la maîtrise et fut consacré « Maître imaginiez ».

 

Ce Mutus Liber sommeillait depuis 25 ans dans la mémoire de J.L Leguay, comme un rêve scintillant lointain, inaccessible, puis un jour les mystères de la vie lui ouvrirent les voies de l’accomplissement de l’œuvre et l’inconcevable devint possible. La réalisation de cet ouvrage et de ses enluminures lui demanda trois ans de travail, humblement immergé en un vide contemplatif, les fresques naissaient sous sa main, et l’enseignement de ses précurseurs et de son Maître l’ont accompagné.

 

Le codex original, sur parchemin en peau d’agneau, est bâti selon la proportion d’or et ses mesures sont aussi parfaites que celles d’une cathédrale. Les différentes couleurs de terres, de végétaux, de coquillages…proviennent de tous les continents de notre planète et lui donnent une dimension universelle. L’action se déroule à l’intérieur d’un immense temple en construction. L’homme égaré au milieu des ténèbres, cherche les chemins de la transcendance.

 

Par cet ouvrage, le lecteur, d’image en image, s’élèvera au sein de l’espace sacré vers le cœur du Principe. Le Livre Muet, ouvre des voies de lecture, de réflexions et de contemplation, et où le silence grâce à l’enluminure redevient Parole Primordiale.

 

Cet ouvrage de très grande qualité autant par ses enluminures, que par sa finition et ses matériaux, en fait un livre incontournable pour l’initié et un très beau livre de bibliophilie. 64 enluminures grand format (24 x 30) sur papier japon.  Un tirage confidentiel à 1000 exemplaires et une très belle reliure.

 

 

ENQUÊTE DE LA PAROLE  PERDUE – FRANC- MAÇONNERIE ET KABBALE INITIATIQUE

José BONIFACIO

Edition DELETES  PARIS

 1993

En hébreu, la lettre « Mem » à deux écritures. Quand elle termine un mot, elle change de silhouette. Elle est dessinée comme un carré et se ferme. Dans ce cas, elle signifie qu’il n’y a ni commencement ni fin mais que tout est cycle. Rien ne se détruit tout se transforme, chassant au loin l’idée d’un néant qui ne peut avoir d’existence. Loin de supprimer la vie, la mort pourvoit à son perpétuel rajeunissement. Elle dissout le contenant pour libérer le contenu.

 

Il s’agit de la deuxième lettre de l’alphabet. Elle correspond au nombre 2. Elle a deux prononciations : Beith si on ajoute à l’intérieur de la lettre un point. Sans le point elle se prononce veith. Le Beith est une des 7 lettres doubles. Beith en hébreu signifie la maison ou le temple. Le Temple de Salomon s’appelle : la Maison Sainte,  « Beith ha mikdash », la Maison de YHVH. Les cabalistes se servent de la configuration du Temple pour y inscrire ce qu’ils appellent les quatre états de l’univers. Partant des parvis on trouve:

 

– Le monde de l’action : « Asiah », le parvis.

– Le monde des formes : « Yetsira », lieu des émotions. Le vestibule ou olam.

– Le monde des idées : « Briah », lieu des pensées intellectuelles. Le palais ou hekhal.

– Le monde de l’émanation spirituelle : «  Atsilout », lieu des sentiments. On se rapproche du Saint des Saints. Le Debir, la parole en hébreu, (dabar).

 

Ces mondes représentent un itinéraire à parcourir en partant du  monde profane, visible, matériel, tangible vers un monde sacré, subtil, caché qui se dévoilera peu à peu  pour celui qui veut bien s’en préoccuper. Les voyages à travers ces quatre mondes s’effectuent dans les deux sens. Lorsque la lumière de l’infini souhaite atteindre le cosmos physique et l’homme en tant que créature, elle doit, elle aussi traverser les quatre mondes en sens inverse, étape par étape en commençant par le monde de l’émanation, du subtil vers le plus matériel.

 

Notre temple intérieur est un lieu de passage d’un état à un autre. Il baigne dans le monde de l’action constitué de deux sous-ensembles. Un premier sous-ensemble où prédomine le principe de causalité, gouverné par notre raison. Mais, dans sa partie supérieure se trouve un autre sous-ensemble que l’on pourrait appeler le monde de l’action spirituelle gouverné lui, par l’imagination et l’intuition. L’homme participe de ces deux mondes à la fois. Il est matière et esprit. Tout cela pour dire qu’il faut allier une sévère logique à une imagination sans limite si l’on aspire à deviner les choses cachées, des autres mondes ! Cette lettre, Beith signifie également : dans ou en. Elle a donc un rôle de contenant ou d’enveloppe. Cette lettre sert de symbole à l’univers : « bait, maison cosmique », l’espace créé où tout se déroule, raconté dans la bible.

 

Le premier mot de ce livre sacré est le mot « Béréshit » qui signifie, dans le commencement. La première lettre est donc un B qui exprime la dualité, le binaire et la division due à son nombre deux. Par_rapport_à l’aleph qui était statique, le Beith est actif. Dans les traductions on ne se rend pas compte de cette différence pourtant fondamentale. La lettre Beith de Béréshit est un grand carré ouvert sur la gauche qui avale toutes les autres lettres. Elle correspond à l’acte de création proprement dit, à l’expression extérieure de la puissance créatrice contenue dans l’aleph originel. Elle représente le premier dédoublement de l’unité, la rupture de l’équilibre, pour que le mouvement soit !

 

Boaz est un autre exemple intéressant de cette lettre. Si on considère la colonne creuse, Boaz peut signifier : l’énergie divine qui accepte de descendre dans un réceptacle fini, qui consent à se limiter. Un mouvement qui s’enferme dans un espace. On peut penser aussi à l’histoire de Ruth et de Boaz dans la bible, et à la généalogie royale juive car, Ruth l’étrangère et Boaz le juif sont les grands-parents de David futur roi d’Israël et père de Salomon. Leur histoire est très symbolique et nous enrichi sur la signification de la colonne placée à l’entrée de notre temple. Les deux colonnes placées devant le Temple pouvaient donc désigner les deux pouvoirs qui gouvernaient le peuple. La colonne royale, rouge de Boaz et la colonne sacerdotale, blanche de Jakin. Quand les deux pouvoirs gouvernaient avec Sagesse, un arc en ciel s’installait au-dessus des deux colonnes et la paix,  «  Shlomo » en hébreu, Salomon régnait sur le peuple. Pour les cabalistes, La colonne Jakin correspond à la bienveillance, à la miséricorde. La colonne Boaz correspond à la force, la rigueur et à la justice. Les uns et les autres s’accordent donc sur le symbolisme des deux colonnes.

 

Dans l’arbre séfirotique ou l’arbre de vie, « Binah » est la 8ème Séphira en partant du bas. Elle correspond à notre 7ème ciel, niveau le plus élevé qu’un initié puisse atteindre de son vivant. « Binah » qui vient de « béin » en hébreu, signifie : entre, ou relier. Elle symbolise l’intelligence des initiés arrivés à ce niveau. Les anciens connaissaient sans aucun doute, la signification des deux lettres MB dont l’une ne va pas sans l’autre, indissociables, reliées par « Binah », l’intelligence. Le secret de la mort et de la renaissance caché dans la lettre M, relié au Temple, lieu fermé, clos, mystérieux indiqué par la lettre B. Une révélation émouvante, confirmée par la cérémonie d’élévation au grade de maître.

 

Le langage symbolique des lettres ne s’adresse ni aux cultivés, ni aux intelligents, mais à tous ceux qui sont des poètes, des naïfs, des sensibles. Il active et harmonise les vibrations intimes créant un équilibre positif. Ce langage permet au maître de tendre vers la perfection et la liberté. Il lui donne le courage de continuer le chemin, en regardant l’horizon, qu’il n’atteindra sans doute jamais et qui exprime la transcendance de la finitude de l’esprit humain qu’il se doit d’accomplir. Un dernier clin d’œil du côté des cabalistes et de la guématria. La somme de M de valeur 40 et de B de valeur 2 donne 42. Voilà donc enfin quelque chose de rassurant et de tangible, les mathématiques.

 

Au sommaire de cet ouvrage qui demande d’avoir des clés :


1. Du profane à l’apprenti
2. Du compagnon au maître
3. La transcendance
4. Les Arcanes majeurs du tarot initiatique

 

ENTRE CAVERNE ET LUMIḔRE – ESSAI SUR L’IMAGINAIRE EN LOGE DE FRANC-MAÇONS

Georges Bertin

Edition du Cosmogone

2017

Entre caverne et lumière…Georges Bertin nous plonge d’abord dans les profondeurs chtoniennes de la caverne, où tout prend fin et où tout commence, lieu tour à tour protecteur et destructeur (ou plutôt déconstructeur), véritable descente dans des enfers salvifiques. Puis, il nous embarque sur un vaisseau, à la découverte des loges bleues, et filant cette métaphore colorée nous nous promenons de rite en rite comme d’autres voguent sur les flots. La seconde partie du livre nous entraîne progressivement par-delà les murs du temple maçonnique mais aussi par-delà les frontières disciplinaires que le monde académique se plaît à ériger, comme si le savoir pouvait être compartimenté. De l’expérience mystique à la quête du sacré, de la quête du sacré à l’engagement dans le monde profane, parfaitement représenté par la figure chevaleresque dont il est un spécialiste reconnu, Georges Bertin balaie toutes les facettes du cheminement initiatique et les messages qu’il transmet sont intemporels et universels. Sans doute est-ce d’ailleurs parce qu’il est inactuel que son livre est aussi actuel.

 

Platon : la caverne : Imaginez, dit Socrate, des prisonniers dans une caverne souterraine, qui ont derrière eux un feu, et sont attachés d'une façon telle qu'ils ne puissent voir sur le mur d'en face, que les ombres de marionnettes manipulées au-dessus d'un mur situé dans leur dos". Ils pensent qu'il n'y a rien d'autre à voir, que ces ombres sont réelles,  car ils ont toujours connu ce monde. Ils ne sont pas malheureux. Ces prisonniers sont "semblables à nous", dit Socrate. La Caverne n'est pas l'état dégradé d'une société mauvaise. C'est la condition humaine. Même dans une société juste, nous commençons tous dans la Caverne.

Les ombres sur le mur de la caverne sont nos opinions et nos préjugés,  fondés sur notre expérience sensible et sur la force de l'habitude (représentés dans l'Allégorie par les chaînes qui entravent les prisonniers)  On libère de ses liens un prisonnier et on le force à se retourner vers la lumière du feu et vers les marionnettes dont les ombres se projettent sur le mur de la caverne. On force ensuite ce prisonnier à sortir de la caverne.

 

Le prisonnier qui n'était pas malheureux de son sort, qui n'avait pas connu autre chose que la pénombre de la caverne, ne comprend pas ce qui lui arrive, d'autant moins que ce "retournement" est douloureux et pénible. Ses yeux n'étant pas habitués à contempler autre chose que l'obscurité, il est ébloui et aveuglé par la moindre source de lumière. Cependant lorsque ces yeux se seront habitués et qu'il pourra distinguer les formes des marionnettes, il n'aura pas plus de repères, il  ne saura pas plus ce qui est réel, si ce sont les ombres de la caverne ou ces objets qui se présentent désormais à lui. Sans repères, le prisonnier sera en proie à la confusion. Il s'emportera même contre quiconque chercherait à lui dire combien sa situation initiale était pitoyable. Il souhaitera d'ailleurs pouvoir y revenir. De la même façon, une fois arrivé à la surface et à la lumière du jour, il sera tout d'abord ébloui et ne pourra supporter de voir les objets réels qu'au moyen de leurs reflets dans l'eau ou sur une surface opaque et polie, et de façon indirecte. Ce n'est qu'ensuite au terme d'un long apprentissage, une fois que ses yeux se  seront accoutumés à la luminosité, qu'il pourra regarder ces objets directement, sous la lumière du soleil et pourra même tourner son  regard vers le soleil lui-même.

 

Il faut se souvenir ici que pour Platon,  le but de la connaissance n'est pas la connaissance en elle-même mais la justice et le bonheur qu'elle procure concrètement. Tel est le sens de l'activité philosophique. Cette connaissance à laquelle accède le philosophe n'a de sens que si celui-ci peut la partager avec les autres hommes et la mettre en pratique dans la Caverne. Une fois que le philosophe aura terminé sa formation et sera parvenu à la contemplation du Vrai, il retournera donc     dans la caverne pour expliquer aux hommes que leur monde est un monde d'illusions et de mensonges, un monde dans lequel le bonheur auquel ils croient accéder n'est lui aussi qu'une illusion destinée à les maintenir enchaînés. Une telle révélation sera insupportable aux hommes de la caverne qui dans le meilleur des cas le traiteront comme un fou ou un original et refuseront de le croire, et dans le pire des cas le mettront à mort.

 

 Dans ce texte Platon expose le pouvoir libérateur de la philosophie, comme pensée abstraite, qui conduit à la connaissance et au  discernement. L'homme qui se met à penser  y est décrit comme celui qui rompt avec les liens de la conformité à l'expérience ordinaire et à  l'opinion reçue. La progression vers l'état éclairé (vers la vérité) y est décrite comme un voyage de l'obscurité vers la lumière.  Après avoir été délivré de ses liens, celui qui remonte péniblement de la Caverne vers la surface doit fournir un effort maximal qui n'est pas sans douleur. Ce voyage prend la forme d'une conversion de l'individu dans tout son être, une conversion qu'il éprouve dans son corps et qui le transforme en profondeur. En effet, celui qui se met à faire usage de son  esprit, fait quelque chose pour lui-même. Il prend soin de lui-même (ce qui est une des maximes socratiques : "Prends soin de toi"). • En parallèle, Platon dresse un tableau très pessimiste de ceux qui ne sont pas éclairés par la philosophie. Impuissants et passifs, ils sont manipulés par d'autres (les marionnettistes). Bien pire, ils sont habitués à cet état et ils l'aiment, résistant à tout effort qui viserait à les en libérer. Leur satisfaction est une sorte de conscience aveugle de leur état car  ils ne peuvent même pas reconnaître la vérité de leur condition pour y réagir.

 

 Pour Platon ce qui est n'est pas  ce qui  nous apparaît. L'Être ne se réduit pas à ce  qui apparaît ou se qui se manifeste dans la perception (to phainoménon). L'apparence est "habitée" par l'être mais elle n'en est qu'une copie ou une réalisation imparfaite et dégradée. Lors de son ascension vers la surface, puis vers le sommet où brille la lumière du soleil qui éclaire toute chose, le prisonnier traverse successivement les différentes régions de l'Être. Il passe progressivement du monde visible (le monde des apparences sensibles) au monde intelligible (le monde des Formes ou des Idées). L'allégorie de la Caverne décrit donc ce mouvement du connaître qui nous amène à dépasser les phénomènes ou les apparences sensibles, pour contempler  les Idées intelligibles qui ne sont pas de pures abstractions mais qui possèdent bien une réalité en soi.   Dans la caverne, le prisonnier ne voit que des copies et des images. Il n'a accès qu'à la forme la plus dégradée de l'être.  A l'entrée de la caverne, puis à la surface le prisonnier désormais libre voit les objets et les êtres. Mais qu'est-ce qui lui garantit que ce ne sont pas à nouveau des images et des copies ? Que ces êtres ont plus de réalité ou de vérité que les ombres dans la caverne ?

 

Rien nous dit Platon. Dans la région du monde visible, que nous soyons dans la Caverne, ou à l'extérieur de la Caverne, nous appréhendons les choses par l'intermédiaire de notre expérience sensible.  Aussi rien ne nous garantit que les objets que nous percevons aient plus de réalité que leurs ombres. Ici Platon remet en question les fondements de l'évidence qui identifie l'être et l'apparence. Cette évidence qui tient l'expérience sensible pour infaillible est au fondement de l'empirisme. Elle  peut être résumée par la phrase de Protagoras qui affirmait que " l'homme est la mesure de toute chose". Ce qui signifie que les choses sont, "existent" telles qu'elles m'apparaissent. Cette thèse ne va pas sans poser problème lorsqu'on veut connaître ce que sont les choses.

 

Prenons par exemple un souffle de vent. Il est possible que sous le même souffle de vent l'un frissonne et l'autre pas. Si chaque homme possède sa propre vérité, que dirons-nous de ce souffle de vent ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Qu'il est froid pour celui qui frissonne et qu'il n'est pas froid pour celui qui ne frissonne pas ? A moins que les choses puissent à la fois être et n'être pas,  nous voilà fasse à une contradiction. • Le monde visible est un monde marqué par le mouvement et le changement. Pour connaître nous avons besoin d'un objet stable, permanent, qui soit identique à lui-même de toute éternité (ce que Platon appelle une Idée).  • Ainsi pour connaître je dois apprendre à "voir" différemment le monde.  Apprendre à "voir" différemment suppose une conversion de mon regard. Puisque rien ne me garantit que les objets que je perçois maintenant aient plus de réalité que les ombres de la caverne, je dois saisir la réalité du monde différemment, non plus par mon expérience sensible, mais par "le regard" de l'esprit.   Attention le monde visible et le monde intelligible ne sont pas deux mondes distincts. Le monde visible et le monde intelligible sont le même monde, mais un monde dans lequel l'homme adopte une posture ou un regard  différent. le monde intelligible existe toujours en creux dans le monde visible. 

 

ENTRETIENS SOUS L’ACACIA  - TOME 1

Jean Urcin & F. Pfohl

Ivoire Clair

2004

C’est à un  partage de réflexions que les auteurs nous invitent dans ces deux tomes. Il en résulte des réflexions à bâtons rompus sur des sujets divers et variés, symboliques bien sûr, mais aussi historiques et généraux.

Par leurs diversités, les sujets traités qui ne concernent pas seulement le Rite rectifié des auteurs, constituent une line d’informations pour les Francs-maçons de toute obédience et de tous rites et souhaitant développer leurs recherches, ainsi que pour les non-maçons, les profanes, qui y trouveront à chaque page, nombre de détails intéressants.

 

Il s’agit donc d’un livre destiné à un large public qui pourra, à travers sa lecture, agrémenter sa culture générale.

 

Au sommaire de ce premier tome les auteurs nous parlent de :

 

Les Landmarks  -  Le Grand Architecte de l’Univers   -  Les constitutions d’Anderson  -   Le triangle sur le mur oriental, au rite Rectifié  -  Y – a-t-il une différence entre Judéo-maçonnique et judéo-chrétien ?  -  Eglise et Franc-maçonnerie au 18e siècle  -  A propos du sacré et du secret   -   Les origines du polythéisme  -  Le bijou du 2e surveillant :La perpendiculaire  -   L’heure du bilan  -  Le Noachisme  -  Le triangle vers l’ouest  -  De Maître Eckhart à Jacob Boehme  -  Du Moyen-Âge au chevalier de Ramsay  -  Les intellectuels au Moyen-Âge  -  Des croisades au discours de Ramsay  -  Diverses initiations  -   A propos du tapis de loge  -  Le cordon à houppes dentelées  -   Les heures au R.E.R    -   Il est midi  -  Extrait du  catéchisme  -   Le temps sacré  -  Les inscriptions latines du mausolée   -  La croix   -  La Lumière  -  La voie rectifiée, une voie mystique   -   Définition de la mystique   -  Le désert intérieur et le Temple intérieur  -  La Dame  - 

 

 

entretiens sous l’acacia  -  TOME 2

Jean urcin & f. pfohl

Ivoire-Clair

2004

Poursuivant le dialogue érudit qui, dans le premier volume de ces « entretiens sous l’acacia » les a parfois menés des rives antiques du Nil, de l’Euphrate et du Jourdain à celles plus brumeuses de la Tamise, de la Seine et du Tibre, Jean Ursin et François Pfohl abordent ici, avec la rigueur, l’honnêteté mais aussi l’humour qui les caractérisent, des sujets aussi éclectiques que la tempérance ou même la comparaison des figures du prophète Élie et de St Jean Baptiste dans la Bible et dans les rituels de la Franc-maçonnerie.


Ce débat spirituel conduit le lecteur à dépasser sa position de spectateur et à s’engager tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre, en fonction de la controverse du moment et de l’écho personnel qu’elle suscite.

Au sommaire de ce 2e tome nous y trouvons :

 

La Tempérance  -  Jean-Baptiste et la tempérance  -  Le patron des compagnons  -  Es-tu Elie ?  -  Qui est Elie ?  -  Jean-Baptiste et Elie  -  Le solstice d’été  -  En Chine et en Grèce  -   Bible et putanats  -  Prêtres de Baal  -  Sécession et schisme   -  Juda et Israël  -  Sarepta  -  Polythéisme et idolâtrie  -  Le sang versé  -  La science et la foi  -  La Prudence  -  Cycles de génération  et de domination  -  Intermède sur la prudence  -  Qui est Jean ?  -  Le quatrième évangile  -  La Gnose  -  La gnose vu par Daniel-Rops  -  Sic transit Gloria Mundi  -  Le monde hellénistique  -  Pythagore   -   Connais-toi toi-même   -  Sur la gnose, nous avons fait un beau voyage   -  Le Tétramorphe et le Prologue  -  Le symbolisme des quatre vivants   -  L’Apocalypse de Jean et les quatre vivants  -   Le livre d’Ezéchiel   -  Le grand aigle  -  L’esprit et son devenir  -  La Bible dévoilée au prologue de l’Evangile de Jean  -  Un exemple du merveilleux chrétien ou le mythe fondateur de la Nation Française  -  Le baptême de Clovis  -  Politique et idéologie du roi Josias  -  Origine du monothéisme juif, l’hypothèse égyptienne  -  Les colonnes du Temple  -  Le Phénix  -  Hérodote livre II  -  Le roi Salomon  -  La vieillesse de David  -  Salomon prince héritier  -   Elimination par Salomon des opposants possibles  -   Salomon, un bon jeune homme pieux  -  Pierre Stables  - 

 

 

ÉSOTÉRISME ET SPIRITUALITÉ MAÇONNIQUE

Lhomme – Maisondieu et Tomaso

Edition Dervy 

 2002

 

Jean Lhomme, Édouard Maisondieu et Jacob Tomaso ont commencé, il y a plus de vingt ans, leurs recherches communes sur le contenu initiatique de la Franc-maçonnerie, faisant appel aux sources les plus sûres, aux documents archéologiques, bibliques et historiques les plus authentiques. Leur expérience des différents rites " symboliques " et des " juridictions " de hauts grades leur apportent une expérience importante qu'ils nous proposent de partager, excluant de leur analyse tout syncrétisme et tout anachronisme.

À l'aube du XXIe siècle, qui dit-on doit être spirituel, leur témoignage revêt une importance exceptionnelle, face à certains détracteurs qui ne veulent voir dans l'institution Maçonnique qu’un club d’affaires - René Guénon disait d’ailleurs voilà près de 100 ans : " La Franc-maçonnerie est la seule institution occidentale, avec le Compagnonnage, qui soit réellement initiatique ".

Les sujets traités, s'ils font souvent référence aux origines même de la Maçonnerie, n'oublient pas les études et les découvertes récentes, et rendent ce livre utile au jeune Maçon autant qu'au plus chevronné. Le lecteur non Maçon pourra lui aussi l'apprécier comme l'un des rares ouvrages sérieux consacré à la Franc-maçonnerie, mais étudié de l'intérieur et, pourrait-on dire, d'un point de vue élevé.

Au sommaire de cet ouvrage de 540 pages :

Première partie : Miscellanées : La thèse de Stevenson sur l’origine écossaise de la Franc-maçonnerie - les origines de la maçonnerie écossaise selon Kervella - Les origines opératives de la Franc-maçonnerie - les oubliés - la chambre des Grades en 1782 - Voyage au pays des maçons - le mémorial de Washington - les statuts de la société des Philosophes inconnus -

Deuxième partie : Le Temple de Salomon : Le Temple - l’esplanade - le coin sud-est - la Bible et le Temple - le tunnel occidental - le tunnel d’Ezéchias - autour du Temple -

Troisième partie : Judaïsme et Franc-maçonnerie : Hébraïsme et franc-maçonnerie - Esdras et Néhémie - la pierre de la fondation - le Sepher Yetsirah - les Sephiroth - Hiram Abif - l’impureté dans le judaïsme -

Quatrième partie : Approfondissement et nouvelles approches du symbolisme maçonnique : Le soleil et la lune - les Nombres - Sagesse, Force et Beauté - la source et le sacrifice - la vengeance - les heures - la parole innommable - l’ancien et le nouveau grade de maître - Pax Profunda - le balancement - le signe de rejet - la pierre des bâtisseurs -

Cinquième partie : Le Rite Ecossais Rectifié : Aperçu sur le RER - sa doctrine - les voyages - les données bibliques du Temple - aspect du Temple - René Guénon et le Rectifié - Eléments d’héraldique - la Parole perdue et le feu sacré -

Sixième partie : Hommage à René Girard : Historique du Rite français - Réveil du Rite Ecossais Rectifié en France - la Fête chez les maçons -

 

ÉsotḖrisme, occultisme, franc-maçonnerie & christianisme au xixème et xxème siècles

M.F. james

NOUVELLES ÉDITIONS LATINES

 1981

Le champ des rapports, interactions et interrelations entre l’ésotérisme, l’occultisme, la Franc-maçonnerie et le christianisme demeure, encore aujourd’hui, un domaine neuf et peu exploré. Le présent recueil qui se veut essentiellement un instrument de travail et un outil documentaire contribuera, nous l’espérons, à mieux faire connaître un certain nombre de personnages méconnus des XIXème et XXème siècles qui ont marqué de leur empreinte, chacun à sa façon et plus ou moins directement, la problématique concernée.


Les notices biographiques ont été établies avec l’aide des archives municipales et départementales d’état civil, des archives diocésaines et religieuses lorsqu’il y a lieu, de même que des parents et amis des dites personnalités qui ont bien daigné nous communiquer les informations requises. Quant aux listes bibliographiques, souvent non exhaustives et limitées aux ouvrages offrant quelque intérêt dans le présent contexte, elles sont puisées essentiellement au Catalogue des livres et imprimés de la Bibliothèque Nationale de Paris.


Plus de 250 noms avec leur biographie y sont répertoriés. Un livre de référence.

 

Éthique, sagesse & spiritualitÉ dans la franc-maçonnerie

Francis ducluzeau

Edition du  Rocher

 2002

Cet ouvrage explicite à l'intention des profanes le sens de la démarche maçonnique. Partant du constat du malaise des sociétés actuelles et des religions traditionnelles, Francis Ducluzeau cherche à montrer comment le parcours maçonnique dans une obédience spirituelle (en l'occurrence la Grande Loge de France) peut aider un homme sincère à donner un sens à son existence.

 

Sans verser dans une histoire de la Franc-maçonnerie, l'auteur s'applique à étudier la naissance de l'esprit de la Maçonnerie depuis les confréries de bâtisseurs, expose le sens spirituel des rites, des symboles, des traditions et de l'initiation. Il ouvre surtout la voie à ce que peuvent apporter cette démarche et ces préceptes aujourd'hui.

 

Ce livre très abordable, écrit dans une langue simple et claire, offre une belle leçon d'humanisme et de spiritualité.

Enfin se pose une question, contemporaine : quelle relation entre spiritualité et sagesse ? Elles sont cousines plus que sœurs. Bien souvent, elles se rencontrent dans une même personne et ne font pas mauvais ménage. L’une naît d’un ressenti, d’un vécu, qu’ils soient spontanés ou favorisés ; l’autre découle d’une réflexion sur l’existence, d’une philosophie incarnée. On peut vivre une spiritualité sans en tirer de conséquences éthiques, voyez les héros de Dostoïevski. Même si c’est rare, un sage n’a pas forcément de dimension spirituelle – bien qu’il connaisse toujours une forme de compassion – car son attitude peut être essentiellement rationnelle et consciente. Il y a des sages inspirés, voir mystiques, version Swami indien, et des sages de pure raison, comme le stoïcien Marc Aurèle. Une spiritualité, même intense, ne constitue pas une assurance contre la souffrance. Tandis qu’une sagesse n’a de sens que si elle aide à mieux vivre, à approcher de plus près le bonheur.

Dégagée désormais de l’obligation de se référer à une religion, la spiritualité devient l’aventure possible de chacun. Une aventure aussi intime qu’imprévisible qui oscille entre une impression cosmique et le simple accès à une partie plus élevée de nous-mêmes. Elle se nourrit de beauté ou de tragique, de solitude ou de partage, de silence ou de musique. Elle peut nous rendre meilleurs ou plus vivants, elle attire ou elle inquiète. Humble ou sublime, on peut parier qu’aucune de nos vies ne se déroulera jusqu’à son terme sans que cette dimension de notre être ne se soit exprimée au moins une fois.

Au sommaire de cet ouvrage :

Sortir de la confusion  -  le sens d’une voie spirituelle authentique   -   les racines sensibles de la Franc-maçonnerie   -   un ordre initiatique traditionnel et universel   -   A propos de l’initiation   -   Les fondements d’une loge initiatique   -   Les « mystères » de la Franc-maçonnerie   -    Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux   -   Se réconcilier avec soi-même   -   Mieux vivre quotidiennement avec nos émotions   -   Une liberté qui nous questionne   -   Egalité, équité et équanimité   -   La précieuse fraternité maçonnique et initiatique   -   A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers   -   Les diverses manifestations de la Tradition   -   Spécificité des rites en Franc-maçonnerie   -   Le sens caché sous le symbole   -   La réalité du tout : du Un au Trois   -   Monde profane et monde sacré   -   La triple dimension fondamentale de l’homme   -   La foi d’un franc-maçon   -   Un maçon dans une loge de Saint Jean   -   L’évangile de Jean, un texte fondateur de portée universelle   -   Perspectives pour une véritable harmonie de la vie   - 

 

ḖTIENNE  BRUNO     -      la spiritualitÉ maçonnique

Bruno Ḗtienne

EDITION  DERVY

 2006

L’homme contemporain est à la recherche de sens, encore plus que de vérité. La Franc-maçonnerie, par rapport aux religions et aux autres « offres de spiritualité » qui produisent de l’orthodoxie et du dogme, propose une voie originale de pratique d’une « éthique autonome et critique », laissant à chacun, comme le souhaitait en son temps Spinoza, le soin de décider, pour lui, de sa morale. Par la connaissance de soi et de l’Autre, elle permet à l’homme de « s’accomplir » et de concevoir sa place dans le cosmos.

Montrant que la Franc-maçonnerie est l’héritière de cette longue lignée philosophique qui, de Platon à Spinoza, a cherché à faire de l’éthique le but même de la philosophie et de la sagesse, Bruno Étienne démontre que cette société initiatique est porteuse d’une spiritualité philosophique, non dogmatique, faite de « connaissance », attentive à toutes les expressions qu’a pu prendre, au cours des millénaires, la « sagesse » des hommes, en cherchant ce qui est à la racine des diverses traditions, non dans ce qu’elles ont de singulier mais, au contraire, dans ce que leur spécificité a d’universel.

 

ḖTIENNE  BRUNO           -       l’initiation

Bruno Ḗtienne

EDITION Dervy

 2002

De l’initiation en général et de l’initiation maçonnique en particulier. Tel est le sujet central de ce livre de Bruno Etienne. Il nous explique le but et les moyens de cette initiation qui doit permettre à chacun de se relier à l’ordre cosmique en se reliant aux autres hommes.


Le 12 Juin 2004, B. Etienne donna une conférence invité par le Groupe de recherche Alpina à Lausanne devant un public nombreux et attentif. L’anthropologue renommé, auteur d’une bibliographie considérable, membre de la loge «Règle et Liberté» à Aix-en- Provence (GODF), s’exprimait sur la problématique de l’initiation, de la tolérance de la franc-maçonnerie vis à- vis des religions et du pluralisme. Nous l’avions rencontré la veille pour l’entretien qui suit afin d’en savoir davantage sur lui, couvert de titres et de distinctions, entre autres docteur en droit et agrégé de science politique, directeur de l’Observatoire du religieux et membre de l’Institut Universitaire de France, chevalier de la légion d’honneur.

Extrait de l’entretien entre Alpina et B. Etienne :

Alpina: Tu affirmais il y a quelque temps que la franc-maçonnerie doit se situer dans le champ religieux, affirmation que d’aucuns trouveraient surprenante, non?

Bruno Etienne: Pourquoi le serait-elle? Cela dépend comment l’on définit le mot religion. Il est banal de rappeler qu’étymologiquement il signifie relier. Or, lorsque l’on consulte les Constitutions d’Anderson il est bien dit que la maçonnerie relie entre eux des hommes qui autrement ne se seraient jamais rencontrés.

Mais la vraie question est qu’en Occident et plus particulièrement en Europe on confond souvent religion et Eglise catholique, or pour l’anthropologue le champ religieux se conçoit de façon beaucoup plus large que par le simple fait qu’il existe une divinité ou une Eglise institutionnalisée. Il s’agit plutôt de savoir quelle est la conception qu’un groupe donné a de la place de l’homme dans le cosmos. Dès lors on parlera plus volontiers de cosmogonie. On peut ainsi mettre dans le champ religieux de nombreuses activités humaines qui n’apparaissent pas comme étant liées à une divinité et à une Eglise uniques. Nous aurons un ensemble de pratiques productrices de sens pour le groupe qui y adhère, et dans ce domaine la maçonnerie avec ses rites et symboles correspond parfaitement à cette définition.

 

A.: L’athéisme serait par conséquent inconcevable?

B.E.: L’athéisme n’existe pas. D’abord, si je me déclare athée je me situe déjà par rapport à Theos. Si je me dis agnostique confessionnel, alors je considère comme équidistantes toutes les formulations que l’homme propose pour répondre à son angoisse métaphysique et là nous sommes à nouveau dans le champ religieux.

 

A.: Comment déterminer, en tant qu’anthropologue, l’adjectif «initiatique » aujourd’hui mis à toutes les sauces?

B.E.: Pour mes confrères et moi il est très précis. J’ai travaillé sur environ quatre-vingt sociétés, confréries, corporations, ordres initiatiques dans un assez large éventail de pays. On constate que le processus initiatique est le même partout. L’initiation est en premier lieu un changement d’état, l’ego n’est plus identique à ce qu’il était après ce mécanisme, il devient à la fois un «moi» et un «nous». Dans toute l’anthropologie connue, actuelle ou historique, il y a constamment dix à onze caractéristiques incontournables du processus initiatique, seules changent les formes culturelles que prennent les étapes. Celui de la franc-maçonnerie est archétypal et paradigmatique, donc il est exact.

 

A.: Comment envisages tu l’avenir de la maçonnerie dans cette Europe qui se construit, péniblement mais se construit quand même?

B.E.: La manière dont je la vois ne correspond pas au chemin qu’elle prend. Il est à mon avis nécessaire qu’en cette période de mondialisation et de matérialisme, abject dans l’individuation absolue, que la maçonnerie soit ce que les Anciens nommaient une «vigilance», notre ordre doit être un veilleur et un éveilleur, quelles que soient les formes qu’il prendra dans son organisation et les conditions dans lesquelles se bâtit l’Europe. Nous avons à dire que le monde est aussi spirituel, la transcendance n’a pas disparu, nous avons à dire que l’homme peut aussi se réaliser par l’ascèse, le travail sur soi. Si chacun édifie son temple intérieur la maçonnerie ira mieux et ainsi l’environnement où elle existe.

 

A.: Quelle est l’origine de ton intérêt pour l’islam qui t’a conduit à écrire plusieurs ouvrages remarqués sur le sujet?

B.E.: La raison en est fort simple, je suis d’une génération de guerres coloniales donc en 1959 je suis parti en Algérie. J’y ai appris l’arabe et soutenu l’une des premières thèses sur l’indépendance de ce pays, où je suis resté jusqu’en 1974 après avoir occupé différents postes. J’ai ensuite été nommé professeur à Casablanca, au Caire, à Istanbul. Est-ce hasard, nécessité, baraka?

 

A.: As-tu un jardin secret?

B.E.: Les arts martiaux, que je pratique depuis l’âge de quatorze ans. Je suis actuellement 4e dan de karaté. Etant donné ma spécialité je suis assez souvent invité dans des universités japonaises. Deux fois l’an je rends visite à mon vieux maître de karaté-do Mabuni Ken’ei au Japon, dont je pratique la langue. Je lui ai fait écrire ses Mémoires et elles viennent d’être publiées chez Dervy, à Paris, sous le titre La voie de la main nue. Tous mes travaux d’anthropologie se trouvent confirmés par ce Monsieur, il arrive au même résultat qu’un Saint Jean de la Croix sur le plan spirituel et cosmologique. Le karaté est pour moi l’autre voie initiatique.

 

A.: Parles-nous de l’Ordre maçonnique de La Fayette, décerné pour la deuxième fois cette année, et dont tu as été récemment le récipiendaire?

B.E.: J’ai quarante-cinq ans de maçonnerie et j’ai accompli tout le parcours. Aujourd’hui je suis l’aumônier de mon atelier. J’ai reçu cette distinction devant le Conseil de l’Ordre parce que le Grand Maître Alain Bauer a estimé que j’avais fait du bon travail.

 

ḖTIENNE BRUNO  -les combattants suicidaires

Bruno Ḗtienne

Edition L’Aube

 2005

Tous les États honorent le sacrifice de leurs enfants morts pour la patrie. Pourtant, les nations sont horrifiées par celui des combattants suicidaires du type « kamikaze ». Expliquer et comprendre, même l’inadmissible, est le fondement du métier de chercheur.

 

Dans ce texte inédit, Les Combattants suicidaires, Bruno Etienne nous fait approcher, en étudiant le « terrorisme », l’imaginaire islamique qui se constitue, le statut de la mort dans la culture monothéiste et dans l’islam, le statut du suicide et du sacrifice patriotique et/ou religieux, confronté avec ce que la psychanalyse nous enseigne sur la pulsion de mort et le gouvernement de la mort dans une société.


Dans un second texte, écrit avant l’autre mais dont le sujet est comme un prolongement, Les Amants de l’Apocalypse, l’auteur revient, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, sur l’échec de l’islamisme radical qui a provoqué un dépassement du projet État islamique vers la perversion de l’eschatologie : détruire le monde pour extirper le mal puisque l’Apocalypse précède la venue du royaume.

 

Un ensemble important et préoccupant.

 

ḖTIENNE BRUNO   -    LA VOIE ET L’ENGAGEMENT  -  Fragments Maçonniques

Bruno  Ḗtienne

Edition Entrelacs

 2012

Être franc-maçon pour Bruno Etienne, c’est se livrer à une autre recherche que celle du professeur ; non qu’elle soit irrationnelle, mais parce que sa raison consiste à aller au-delà des fruits habituels de la science pour pénétrer dans cet ailleurs et ce profond où l’être et l’univers se confondent. Véritable recherche mystique, au sens premier : une quête qui ne peut se dire avec des mots et des raisonnements, mais qui s’analysent comme une expérience personnelle existentielle.

 

Autant le statut de professeur entraine la communication, la démonstration, l’explication qui convainc, autant la recherche du franc-maçon s’accomplit dans le silence, dans le retrait, dans la quasi mutisme : ce que découvre le cherchant est une réalité incommunicable. Deux composantes de Bruno Etienne, complémentaires sous certains angles, contradictoires sous d’autres, qui apparaissent dans l’ensemble de son œuvre maçonnique. C’est peut-être cela une vie.

 

Ce qui frappe dans le discours de Bruno Etienne, c’est la volonté et la détermination avec lesquelles il organise l’unité de sa vie, unité menacée comme pour chacun d’entre nous par l’appartenance à divers mondes qui se rencontrent quelquefois mais qui souvent s’ignorent ou s’excluent. Il nous rend attentif au cloisonnement pour ne pas dire déchirure, entre deux appartenances, l’une professionnelle, l’autre associative, deux mondes, l’un privé et l’autre public.

 

En tant que professeur il appartient à la sphère de la raison raisonnante où des règles s’imposent, mais son appartenance à la Franc-maçonnerie et à la pratique des arts martiaux, lui confère un savoir et une aura, car la recherche qu’il mène l’oblige à aller au-delà de la science pour pénétrer dans cet ailleurs, là où  le profond de l’être se confond avec l’univers. C’est à une véritable recherche mystique que Bruno Etienne s’est livré toute sa vie, il nous restitue ici un certain nombre de réflexions sur son cheminement ésotérique.

 

Bruno Etienne fut toute sa vie très mobilisé par le thème de l’initiation, il a d’ailleurs écrit un ouvrage la dessus. De la même manière l’idée du pèlerinage qui est proche de celle de l’initiation, l’a beaucoup mobilisé. L’initiation est le commencement d’une longue marche et le pèlerinage, géographique ou seulement imaginaire, est le parcours indissociable lié à une descente en soi, à une marche pour se découvrir.

 

Tout fait sens, alors : la direction du pèlerinage, le caractère à la fois individuel et collectif de la démarche  que ne cessent de proclamer tous les marcheurs de Compostelle, comme ceux de la Mecque, le parallèle entre la découverte de l’ailleurs et celle du profond de soi-même, le caractère extrêmement solitaire de l’expérience, surtout lorsque ce voyage, sans déplacement physique, est une descente en soi pour y découvrir l’autre, son Soi.

 

ḖTIENNE  BRUNO  -    abd el – kader – le magnanime

Bruno ÉTIENNE & F. POUILLON

Edition GALLIMARD

 2003

L’extraordinaire et tumultueuse épopée de « l’émir au cheval noir », résistant héroïque à la colonisation française en Algérie, a longtemps occulté le parcours et l’œuvre d’Abd El-Kader.

 

Sur les deux rives de la Méditerranée, son personnage a suscité passions et fascinations.


Dès 1840, les Français ont magnifié cet adversaire redoutable dont l’ardeur rendait leur victoire d’autant plus méritoire. L’Algérie l’a consacré héros national et initiateur du long combat qui devait conduire à l’indépendance de 1962.

 

Bruno Étienne et François Pouillon restituent toute l’amplitude et la complexité d’un personnage hors du commun, chef de guerre inspiré mais aussi lettré, arabe mais avant tout musulman, mystique mais aussi moderniste, qui ne cessa d’œuvrer au rapprochement de l’Orient et de l’Occident.

 

Le sage d’hier, prônant un islam d’ouverture et de réforme, éclaire les préjugés et les intolérances d’aujourd’hui.
Avec une très belle iconographie couleur.

 

 

 

ḖTIENNE - ABD EL KADER  & LA FRANC-maçonnerie SUIVI DE SOUFISME & FRANC-maçonnerie

bRUNO ḖTIENNE

Edition Dervy

 2008

En ce bicentenaire de la naissance de l’émir ‘Abd- al-Qâdir ibn Muhyi al-dîn al-Hassanî al-Jazâ’irî, il nous a paru opportun de faire le point sur certains aspects contestés de sa vie, si complexe, si dense, qu’elle a pu faire l’objet d’appropriations partisanes. En ces temps troublés où l’Histoire est revisitée des deux côtés de la Méditerranée, les chercheurs, et particulièrement les historiens, ne peuvent accepter que les États leur indiquent comment ils doivent écrire et enseigner l’Histoire, surtout quand elle est nationalisée.

Mais l’étude des relations entre la franc-maçonnerie et le soufisme, à travers l’exemple exceptionnel d’Abd el-Kader, n’est pas chose simple. En effet, celle-ci doit s’appuyer à la fois sur la documentation historique et sur le vécu, la sensibilité et la discrétion propres aux adeptes des vois spirituelles et initiatiques. C’est pourtant ce défi que tente de relever ici un auteur qui revendique le droit à une sorte de schizophrénie professionnelle : être rigoureux dans la documentation proposée mais en sachant que tout n’est pas accessible à la connaissance médiatisée par la seule science ou la raison. Ce pari est fondé sur la posture d’un chercheur talonné par le vécu du cherchant qu’il est aussi. Puisse cette expérience périlleuse être comprise comme elle est proposée, pour mieux approcher toute la complexité de l’aventure humaine.


La vision d’Abd el-Kader : Avant de répondre, Abd el-Kader s’était informé sur la maçonnerie auprès des Frères vivant à Damas comme Nâzif Meshaka et surtout Shahin Mâkariûs, un franc-maçon libanais auteur de plusieurs ouvrages sur l’Ordre. À cette époque, les différentes Obédiences maçonniques présentes dans l’Empire ottoman jouaient un rôle très particulier. En effet, contesté par différents partis (arabe, kurde, religieux, laïcs, nationalistes, etc.), l’État interdit de nombreuses réunions, y compris dans les clubs culturels (Nâdi) et même dans les cafés. Aussi, un des rares endroits où les opposants, surtout arabo-musulmans, pouvaient se retrouver et entrer en contact avec les élites européennes était la loge car ces obédiences dépendaient le plus souvent des consulats et des « nations » étrangères.

Les lettres et réponses d’Abd el-Kader traduisent l’idée qu’il se fait de la Franc-maçonnerie, de la France, et de la mission qu’il a choisie d’accomplir. L’Émir répondit à l’initiative de la loge Henri IV par une demande d’admission. Sa lettre est très claire sur ce point : « Mon désir est de m’associer […]. » Je formulerai des hypothèses plus loin sur les causes et les circonstances qui motivèrent cette requête, tout de même surprenante pour un homme de cette culture en cette fin du XIXème siècle. Nous sommes désormais plus éclairés sur les contacts que l’Émir a pu avoir avec des Francs-maçons, qui n’étaient pas rares à Damas, en particulier ceux qu’il côtoya pendant sa période algérienne et qui, à son insu, furent ses ennemis. Il est en effet peut-être utile de signaler que l’ironie de l’histoire a fait qu’Abd el-Kader eut affaire, au moment des événements les plus cruels de sa carrière politique en Algérie, essentiellement à des Francs-Maçons et non des moindres puisqu’il s’agit de Bugeaud lui-même et du baron Desmichels avec qui il signa le traité de 1834. De plus, deux personnages secondaires qui jouèrent un rôle précis étaient maçons : les interprètes-entremetteurs », l’équivoque (pour ne pas dire tortueux) Ben Duran et le Commandant Abdallah.

Et pourtant l’Émir ne se contente pas de remercier la loge pour son cadeau, il écrit : « J’ai le désir très réel. « Et Dieu vous bénira, car vous serez véritablement son apôtre ; et nous nous réjouirons en lui parce que, par vous, son œuvre croîtra et multipliera avec la majesté du cèdre du Liban, avec le parfum des roses de Sâron, et que grâce à vos glorieux efforts, les générations futures goûteront en paix les fruits de l’arbre de vie.

« Que le Très-Haut daigne nous exaucer en répandant sur vous toutes ses bénédictions, tel est, Très Illustre Émir, le vœu le plus ardent de vos FF
\dévoués.   « Les maçons de la loge Henri IV. »

 

ḖTIENNE BRUNO  -  heureux comme dieu en france

Bruno ÉTIENNE

Edition  BAYARD

 2005

« Heureux comme Dieu en France », dit le dicton. Mais quel Dieu et dans quelle France ? À partir d’enquêtes de terrain et d’entretiens menés au sein de l’Observatoire des religions, Bruno Étienne analyse les mutations du rapport des Français aux religions.


C’est un fait : les religions instituées s’affaiblissent. Le vide laissé par les religions traditionnelles fait place à de nouvelles quêtes de sens, à des absolus sans transcendance, à de nouvelles pratiques. Désormais, chacun croit à sa façon en son Dieu, à ses dieux ou… sans dieu. Cette France multiconfessionnelle pose à la République des questions inédites.


Ces pages ouvrent des perspectives sur la place qui peut revenir à l’islam au pays de la laïcité. Sous nos yeux se dessine le paysage original et parfois surprenant de la France religieuse du XXIème siècle.
À la fin une annexe donne les fêtes chrétiennes, juives et musulmanes.

 

ḖTIENNE  BRUNO   -       une voie pour l’Occident

Bruno Ḗtienne

Edition  DERVY

 2001

Les réflexions proposées dans cet essai sur l’avenir de la Franc-maçonnerie s’appuient sur la double expérience de Bruno Étienne à la fois anthropologue et Franc-maçon depuis 1960.


C’est un véritable pavé dans la mare que lance ici l’auteur dans sa sévère critique du Grand Orient de France, principale obédience française quantitativement (40 000 membres). Défini comme une obédience « à l’activisme mondain et politicien », le G.O.D.F. traverse plus qu’une crise : cette institution est en pleine implosion. Cette situation de désordre, l’auteur nous en explique sa genèse, son histoire : il accuse le comportement de certains Francs-maçons qui ont dispersé les outils de la Franc-maçonnerie, et perverti le rôle même de l’initiation.


Contre ceux qui instrumentalisent la Franc-maçonnerie, la détournent de son projet, Bruno Étienne en rappelle la définition : elle est une société philanthropique à la recherche de la vérité pour améliorer l’être humain et la société. Construite sur une éthique du courage et sur un refus de la fatalité, elle reste l’un des lieux où l’homme occidental peut apprendre la voie de la sagesse, parce qu’elle est aussi une société initiatique.


Du fait de la décomposition actuelle du Grand Orient de France, n’est-il pas temps, comme elle a su le faire au cours des siècles, que la Franc-maçonnerie se réorganise ? Bruno Étienne propose à cet effet toute une série de mesures, de la dissolution des obédiences nationales jusqu’à une refonte des travaux en atelier.

 

ḖTIENNE  BRUNO     -       les constitutions d’anderson

Bruno Ḗtienne

EDITION DE L’AUBE

 2007

James Anderson (Aberdeen, Écosse, 1684 – 1739), pasteur de l’Église presbytérienne d’Écosse à Piccadilly, a donné son nom à un ensemble de textes fondateurs de la franc-maçonnerie connus sous le nom de Constitutions d’Anderson. Il avait été chargé par la Grande Loge de réunir et de compiler l’histoire des charges et des règlements d’après les anciennes constitutions.

 

La première version de ce texte parut en 1723, après avoir été soumise à un comité de quatorze Frères – dont J.T. Désaguliers, amis de Newton, qui semble être le rédacteur des deux articles principaux des Obligations du franc-maçon.

Il n’en existe que de très rares traductions complètes, et si la partie historique racontant l’histoire mythique de la franc-maçonnerie peut faire aujourd’hui l’objet de critiques scientifiques, la partie exposant la conception du monde des francs-maçons reste d’une actualité brûlante qui fait question : qu’en est-il de cette religion naturelle d’un homme maîtrisant son destin sans rompre avec le Grand Architecte de l’Univers ? »

 

ḖTIENNE  BRUNO   -     les 15 sujets qui fÂchent les francs-maçons

b. Ḗtienne & j. solis

EDITION DE LA HUTTE

 2008

Au cours d’une série de conversations / exposés animés par l’éditeur, le célèbre anthropologue Bruno Etienne et le chercheur maçonnique Jean SOLIS abordent, de façon enthousiaste « la dent dure », l’ensemble des points de discorde entre les Francs-maçons, en France en particulier. D’une Franc-maçonnerie séculière et clubiste, victime de ses propres travers politiques, et d’une autre, spiritualiste plus régulière, nos duettistes dressent un inventaire libre, sans concession et constructif, afin de réfléchir à ce qu’elle devrait être aujourd’hui et demain.


La Franc-maçonnerie, à quoi ça sert ? Ses Constitutions sont-elles intouchables ? Et Dieu ? Et la Bible ? Les rituels sont-ils immuables? L’administration est-elle en train d’étouffer la vie spirituelle ? Franc-maçonnerie et politique, religion, États, médias, sectes… quelle est la nature de leurs relations et quelle devrait-elle être ? Quelle est la place de la magie, de l’occulte ? Qu’est-ce que l’ésotérisme maçonnique ? Quelle est la limité entre solidarité et magouille ?


Tous ces motifs à fâcherie, nos amis les traitent, eux, sans se fâcher, mais avec des mots durs, libres et souvent cinglants. Une somme de réflexions utiles, pertinentes, sans aucune langue de bois.

Voici les 15 sujets qui divisent :

 

1. À quoi ça sert ?

9. Initiation, administration, démocratie…

2. Intangibilité des textes fondateurs ?

10. Des relations de la Franc-maçonnerie avec les institutions et la société

3. De la nature profonde de la Franc-maçonnerie

11. La Franc-maçonnerie doit-elle se substituer aux sectes ou aux religions

4. Le G.A.D.L’U

12. Numineux, ésotérique, occulte

5. La Bible et les textes sacrés

13. De l’équilibre entre la circulation de la parole et le rituel

6. Initier qui et comment ?

14. Des femmes en Franc-maçonnerie

7. De l’existence de l’âme et de son immortalité

15. Charité, solidarité, fraternité

8. Les rituels sont-ils immuables ?

 

 

 

Conclusion : « Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

 

 

Étude sur la franc-maçonnerie amÉricaine

Arthur preuss

Paris

 1908

Étude pointue et remarquable sur la Franc-maçonnerie américaine avec ses buts, ses symboles, sa perception de l’initiation, sa vision de Dieu, de l’homme, de la religion, de la Bible, ses rapports avec l’Église, son fonctionnement et les différences avec le vieux continent.

 

Conscient combien cette mentalité était répandue même de son temps, Preuss, dans son Etude sur la Franc-Maçonnerie américaine veut démontrer que la Maçonnerie, malgré ses divisions en de nombreuses obédiences souvent rivales, est une dans sa doctrine et dans ses buts, et que c'est la raison pour laquelle il n'y a pas une différence essentielle entre la Maçonnerie américaine et la Maçonnerie européenne. La Maçonnerie est en effet une religion inconciliable avec la religion chrétienne. La Maçonnerie anglo-saxonne se vante d'imposer à ses adeptes la croyance en Dieu ; Preuss démontre que le "dieu" de la Maçonnerie, le Grand Architecte de l'Univers, est en réalité le Jéhovah de la Cabale. La force du livre de Preuss consiste dans le fait qu'il se fonde exclusivement sur des sources maçonniques, telles que Pike et Mackey, qui aujourd'hui encore font autorité dans les loges américaines. 

 

Les pères de l'indépendance américaine francs-maçons : L'un des premiers maçons américains, initié en 1731, le savant Benjamin Franklin, devient très vite Grand Maître Provincial de Pennsylvanie et exprime dès 1734 le souhait des F\M\ de Pennsylvanie de se voir accorder une réelle autonomie. Il présentera en 1754 le 1er projet de Confédération superbement ignoré par Londres. Il sera plus tard l'envoyé des colons pour négocier, sans succès, un compromis avec Georges III. Thomas Jefferson était issu d'une famille de propriétaire d'esclaves et il en possédait lui-même. Cependant, dans son projet de Déclaration d'Indépendance, un paragraphe condamnait George III qui avait propagé l'esclavage dans les colonies. " violant les droits les plus sacrés de la vie et de la liberté en la personne d'un peuple lointain, le capturant pour le jeter en esclavage dans un autre hémisphère. 

 

Ce paragraphe ne figurera pas dans la version finale " par égard pour la Caroline du Sud et la Géorgie ", dira Jefferson et parce que " nos frères du Nord, eux aussi, je crois, se sentirent quelque peu touchés par cette réprobation ; car, bien que leurs populations possédassent elles-mêmes bien peu d'esclaves, elles en comptaient d'importants transporteurs ". Jefferson savait bien que les colons voulaient se rendre indépendants de l'Angleterre, tout en conservant l'économie liée à l'esclavage. Pourtant cette Déclaration d'Indépendance affirmera en 1776 " que tous les hommes naissent égaux, que leur Créateur les a dotés de certains Droits inaliénables, parmi lesquels la Vie, la Liberté et la Recherche du Bonheur ". On parle d'abord de 50 sur 56 signataires de la déclaration d'indépendance qui auraient été F\M\ (d'après l'historien Jacques de Launay), mais en 2001, le Frère Jean-Marc Van Hill ne donne que 11 signataires, ce qui semble plus vraisemblable.

 

Des loges noires se créent également. Prince Hall, un descendant d'affranchi, initié en même temps que 14 autres Noirs par une Loge militaire britannique, de constitution irlandaise fonde la première Loge noire. Il convaincra le Frère Georges Washington (que les délégués des 13 colonies s'étaient donné comme chef) de recruter des noirs et s'engagera lui-même. Mais il faudra attendre Lincoln pour que le Ier major noir (qui était maçon) soit nommé, car jusqu'en 1863 les Noirs se verront refuser le droit de s'enrôler dans l'armée américaine.

 

Mais revenons à la Guerre d'Indépendance. Le Frère Lafayette, initié à Paris à l'âge de 18 ans, entra dans une Loge militaire présidée par Washington. En effet, le général favorise la création de Loges militaires car les insurgés manquent de discipline et la maçonnerie semble un bon moyen à Washington pour la leur inculquer. Revenu aux Etats-Unis en 1825, Lafayette dira en Loge, devant ses Frères américains : " Après que je fus entré dans la maçonnerie américaine, le Général Washington sembla avoir reçu une illumination. Depuis ce moment, je n'eus plus jamais l'occasion de douter de son entière confiance. Et peu après je reçus un commandement en chef fort important " ; En effet, ce commandement lui fit prendre une part active à la victoire de Yorktown en octobre 1781 qui fut fêtée en France, entre autres, par l'illumination de Paris et suivie un an après, de la signature, toujours à Paris, des préliminaires de paix entre Américains et Anglais. Il est à noter que sous Napoléon qui était F-M ainsi que son frère Joseph, beaucoup de soldats de l'Empereur étaient maçons. Cela s'expliquait par la capacité sur un champ de bataille à s'entraider entre maçons car souvent les combats se terminaient au corps à corps.

 

Profitons-en pour rappeler que des troupes alliées, essentiellement françaises, fortes de 10 000 hommes environ, 2112 français sont morts pour l'Indépendance des E.U. Parmi eux, des Maçons français car pendant ces 8 années de guerre des F\M\ de toutes nationalités, européenne et américaine, se sont battus. Histoire de la F\M\ et histoire de l'indépendance américaine sont donc intimement liées. Rien d'étonnant à ce que cette maçonnerie soit patriote, avec le culte du drapeau (drapeau, entre parenthèses, choisi par une commission de membres dont le Frère Franklin) et avec un serment d'allégeance à la Nation. Et George Bush Jr, comme tous les présidents américains, a prêté serment sur la " Bible maçonnique " sur laquelle George Washington avait prêté serment à New York comme Ier Président des E.U. en 1789.

 

C'est encore George Washington qui, seul cas dans l'histoire, à la fois Président de sa Loge et Président des E.U., a posé la 1ère pierre du Capitole revêtu du tablier maçonnique brodé par Mme Lafayette à son intention… C'était en 1793, époque à laquelle les F.M. français étaient en sommeil ou exilés, quand ils n'étaient pas guillotinés comme l'amiral d'Estaing qui commandait la flotte française durant la guerre d'indépendance. Des reliques maçonniques de Washington et de Lafayette sont visibles au " George Washington National Masonic Memorial ", l'un des plus grands bâtiments maçonniques au monde. Lafayette qui est honoré au même titre que les autres " pères fondateurs " de la République des E.U., non seulement par les maçons américains mais par tous les américains. Pour la petite histoire, on est étonné d'apprendre que 44 villes portent aujourd'hui son nom ainsi que 37 comtés et pas mal de montagnes, ce qui doit tout de même être une belle source d'erreurs ! Depuis 1834, année de la mort de Lafayette chaque 4 juillet, jour de la Fête Nationale qui rappelle la Déclaration d'Indépendance, le représentant du président des E.U. vient procéder à la relève du drapeau américain flottant sur la tombe parisienne de Lafayette qui repose auprès de son épouse.

 

La F\M\, y compris la F.M. du Grand Orient de France, a donc accompagné la naissance des E.U. Et à Philadelphie se trouve le monument qui rend hommage aux signataires de la Constitution américaine : leurs noms et leurs portraits sont présentés au public avec leur appartenance maçonnique, ce qui représente 13 des 39 signataires de la Constitution des nouveaux Etats-Unis d'Amérique, promulguée en 1787. A noter également le nombre invraisemblable de signes maçonniques que l'on retrouve : sur les monuments des villes de Washington dont le plan même est construit suivant des thèmes maçonniques. Le billet de one dollar US est à lui tout seul une encyclopédie maçonnique. 1/3 des présidents américains furent francs-maçons!

 


L'auteur : Arthur Preuss naquit à Saint Louis (Missouri, Etats-Unis) le 22 mars 1871. Il fut un écrivain, journaliste et éditeur catholique. Il fut ami de Mgr Benigni, fondateur du Sodalitium Pianum (plus connu en France sous le nom de Sapinière), et de Mgr Jouin directeur de la R.I.S.S. (Revue Internationale des Sociétés Secrètes). Ce fut précisément la R.I.S.S. qui traduisit en français et diffusa auprès de ses lecteurs l'ouvrage de Preuss qui eut le plus de succès, connaissant cinq éditions (la dernière parut en 1924), c'est-à-dire Etude sur la Franc-Maçonnerie américaine, que nous présentons ici en copie anastatique, Arthur Preuss mourut le 16 décembre 1934 à Saint Louis.

 

EXPOSḖ GḖNḖRAL DE LA TRADITION

Patrick Négrier

Edition Dervy

2018

Pour Patrick Négrier, il y a eu occultation de la tradition à partir du IIème siècle de notre ère. La première cause en est l’abandon du « voir » au profit de la croyance, la seconde réside dans le déclin du symbolisme, remplacé par un littéralisme stérile. La pratique du « voir » comme le code symbolique se transmettent. L’auteur estime qu’à la fin du premier siècle, il y a eu rupture de transmission dans les milieux juifs et chrétiens même s’il perçoit à la fois en philosophie, avec le courant de la phénoménologie, et dans le courant symboliste des persistantes, dans l’architecture ou l’art notamment.

 

Patrick Négrier distingue une voie des rites et une voie des pères spirituels ou des maîtres. Il est intéressant de noter qu’il classe les ouvrages qu’il a publiés selon cette distinction. Il identifie la voie des pères spirituels dans la Bible, à travers des figures comme David, Salomon, Jésus ben Sirac et bien sûr Jésus de Nazareth. Ce serait le courant johannique qui véhiculerait de manière privilégiée la voie des maîtres : «  On comprend alors, précise Patrick Négrier, qu’en Jean  20-23, la distinction par Jésus entre Simon-Pierre et Jean recouvrait la distinction fondamentale entre la voie des rites incarnée par Simon-Pierre et celle des pères et des maîtres spirituels incarnée par Jean. Or, cette distinction faite par Jésus entre ces deux voies éclaire le passage de Jean 10, 16 sur les deux « bercails », le premier étant composé des chrétiens membres des fraternités johanniques suivant la voie des pères et des maîtres spirituels, et le second des chrétiens membres des Eglises locales suivant la voie des rites sacramentels. »

 

Patrick Négrier prend le temps, et c’est nécessaire, de décrire l’opposition toxique de Paul de Tarse, et de ceux qui le suivirent, à la voie des maîtres et son interprétation de la voie des rites bien qu’il ne fut pas témoin de l’institution du rite eucharistique. Sur cette base et aussi cette perspective de la voie des maîtres, Patrick Négrier traite plusieurs thèmes ésotériques : Les Lettres de Jean à sept Eglises – le rite maçonnique comme méthode – l’ésotérisme de Genèse 1-2, l’ésotérisme d’Ezéchiel – La signification des douze tribus d’Israël et des douze apôtres de Jésus, etc.

 

Il consacre un long développement au Cantique des cantiques de Salomon qu’il commente point par point. Le Cantique s’oppose au Lévitique notamment sur la question de la sexualité. Contrairement au Lévitique, résolument hostile au corps, le Cantique associe l’érotisme à la spiritualité, et rend à la femme une place essentielle, « mère » spirituelle et prophétesse. Mais le Cantique, qui s’inscrit dans la voie des maîtres s’oppose aussi au Lévitique parce que celui-ci relève de la voie des rites. Ce rappel à la tradition est à la croisée de nombreuses influences. Familier avec le grec ancien et l’hébreu, Patrick Négrier lit les textes anciens dans la version originale mais il s’appuie aussi sur Gurdjieff, Castaneda, Ramakrishna, ce qui explique peut-être qu’il soit un lecteur lucide de Guénon, ce qui est rare. Il invite à la tradition, soit à la transmission, à la fois identique et sans cesse renouvelée.

 

« On pourrait se demander, nous dit-il : pourquoi s’intéresser aux cultures traditionnelles ? L’intelligence de la tradition originaire ne suffit-elle pas ? C’est-à-dire pour l’exprimer en d’autres mots, la religion naturelle tant théorique que pratique ne suffit-elle pas ? Cette question appelle deux réponses. D’abord, ce sont les cultures traditionnelles qui, en traitant du thème du « voir », et en insinuant ainsi l’idée qu’il y a quelque chose à « voir », et en insinuant ainsi l’idée qu’il y a quelque chose à « voir » (comme le soutenait avec raison Socrate au livre VII de la République de Platon, 517 b-c), nous confirment l’existence de la tradition originaire et nous poussent par-là à tenter de la connaître. Et ensuite les cultures traditionnelles nous servent de symboles vérificateurs, au sens étymologique du mot sumbolon (objet de reconnaissance), en ce que le fait de réussir à les interpréter effectivement (c’est-à-dire complètement et de manière satisfaisante) nous permet de confirmer a posteriori que nous avons bien « vu », c’est-à-dire compris, la tradition originaire telle qu’elle avait été perçue et comprise par les Anciens qui la codifièrent sous la forme des cultures traditionnelles. »

 

L’ouvrage, fort intéressant en de nombreux points, remet de l’exigence là où règne le plus souvent un certain laisser-aller, et pose un cadre à la fois rigoureux et invitant à la liberté à ceux qui voudraient réellement travailler.

1 F

FONTAINE - l’Élan

Jacques FONTAINE

EDITION  DETRaD

 2002

 

Du chef du tabernacle au Souverain grand inspecteur général. Ce livre clos la série sur les hauts grades écossais, puisque cela va du 23ème degré au 33ème degré. C’est avec le même bonheur que l’on poursuit cette voie initiatique qui est une quête libératrice et une promesse d’harmonie. Dans la lignée de L’Éveil et de L’Essor, Jacques Fontaine dévoile dans L’Élan, la structure profonde qui anime la quête spirituelle, du Chevalier d’Orient (15e degré) au Prince du Liban (22e degré) et qui s’épanouit au centre, avec le Chevalier Rose+Croix (18e degré).


Un pic initiatique, un sommet spirituel. Fidèle à sa démarche résolument nouvelle, Jacques Fontaine propose d’expliquer pourquoi le rite maçonnique, est, dans sa nature intime, un guide vers la sagesse. Il s’appuie sur les données traditionnelles aussi bien que sur les apports modernes de la psychologie des profondeurs. Ainsi, au-delà des anecdotes bibliques, au-delà des prescriptions morales, au-delà des croyances religieuses, l’auteur s’attache à dévoiler la dynamique interne qui, du 15e au 22e degré, fait progresser l’initié, de remises en cause en repos, de ruptures en lumière.


Jacques Fontaine, tout en donnant à son propos une densité évidente, s’attache à employer des mots simples, dans un style direct. Ainsi il n’a de cesse de promouvoir clairement la voie maçonnique qui enlace le développement spirituel et l’action dans la cité. Jacques Fontaine appartient depuis plus de quarante ans à deux obédiences : il est persuadé que la Franc-maçonnerie est une aventure de vie unique qui mène progressivement à la Lumière. Auteur d’une trentaine d’ouvrages qui illustrent ce propos, il souhaite, à travers ses livres, faire partager son émerveillement devant cette forte et intemporelle quête initiatique.

Sommaire


Chap 1 : L’architecture secrète du Chevalier d’Orient (15e degré) au Prince du Liban (22e degré)
Chap 2 : L’Apocalypse : quintessence de la démarche maçonnique
Chap 3 : La grande individuation du Rose+Croix
Chap 4 : Le chemin de l’Initié, du Cabinet de réflexion au Prince du Liban, 22e degré
Chap 5 : Les entrelacs du Solve et du Coagula
Chap 6 : La parole perdue sous l’aile du phénix
Chap 7 : Le nombre 7 : des épreuves à l’épiphanie
Chap 8 : Foi, Espérance, Charité : quels rôles pour le Chevalier Rose+Croix
Chap 9 : Du père terrible au frère idéal
Chap 10 : La rose et la croix
Chap 11 : Le Chevalier Rose+Croix vers l’idéal d’Amour

 

FONTAINE – l’Énigme – la franc-maçonnerie – une spiritualitÉ pour agir

Jacques fontaine

EDITION DETRAD

 2007

Cet ouvrage pose les questions fondamentales de la nature initiatique réelle de l’Ordre. Au-delà des clichés. Qu’est-ce que la spiritualité, précisément ? La question ouvre l’évolution du statut de la religion, du déisme à une position agnostique, dégagée de tout conditionnement ; centrée sur le développement de l’être, seul responsable de lui-même. Transcendance toujours mais dépouille des oripeaux du passé, car l’appel vers l’UN, de TOUT est la marque même de l’Homme.


L’auteur décrit, avec les modernes outils de la psychologie, le processus spirituel maçonnique. En allant au fond des choses. En se reliant aux autres traditions initiatiques. Jusqu’à poser la question du degré de liberté du Franc-maçon.


Lecteur, découvrez pourquoi il n’y a pas, dans la Franc-maçonnerie du XXIème siècle de chemin spirituel sans rayonnement citoyen. Jacques FONTAINE vous propose une démonstration sans concession à l’esprit du temps. Ses conclusions sur la nature de l’Ordre peuvent déranger ; elles sont toujours captivantes. Son propos n’est-il pas, en toute rigueur, de réunir ce qui est épars ?

 

FONTAINE – l’enjeu – pour une franc-maçonnerie libÉrative

Jacques fontaine

EDITION DETRAD

 2007

Cet ouvrage pose franchement la question : « L’Ordre a-t-il toujours un intérêt au XXIème siècle ? » Il faut donc définir ce que pourrait être l’évolution. Permanence et changement tout à la fois.

 

Lecteur, vous aurez le plaisir de passer en revue les talents de la Franc-maçonnerie. Elle en regorge. Mais lesquels correspondent aujourd’hui à une attente ? En vérité les propositions citoyennes qui émanent de l’Ordre ne sont-elles pas dépassées et son humanisme affadi ? Et pourtant sa vitalité spirituelle entre en plein dans le champ actuel des questions sur les valeurs et le sens de la vie.


Admirez comme la Franc-maçonnerie est une réponse superbe car elle connaît le doute fécond et l’esprit agnostique. Ce chemin nécessite sans doute des remises à plat : sur l’ouverture de la Franc-maçonnerie, l’appartenance des Sœurs, l’utilité des obédiences. Les réponses proposées en toute logique vous étonneront peut-être.


Jacques Fontaine, dans la lignée de ses autres ouvrages, déploie ici une pensée précise, avec des implications pratiques. Loin des incantations, il vous invite à suivre un raisonnement clair et illustré. Un ouvrage que l’on reçoit comme un choc. Puisse-t-il provoquer quelques étincelles chez ceux et celles qui n’aspirent pas au repos !

 

FONTAINE - l’envol du chef du tabernacle au souverain grand inspecteur gÉnÉral

Jacques fontaine

EDITION Détrad

 2002

L’envol vient clore la série de l’éveil, l’essor et l’élan, ouvrages consacrés à une lecture, à la fois nouvelle et incisive, du parcours initiatique maçonnique. Jacques Fontaine déploie, dans l’envol, la magnifique structure profonde qui articule, avec grâce et fermeté, les 33 degrés de l’écossisme.


On sent frémir la recherche d’une quête quasi mystique dans la série des dits « degrés ajoutés », très injustement méprisés par les auteurs. On y devine aussi pourquoi le Chevalier du Soleil est le pic initiatique d’une recherche lumineuse qui reste en suspens. Au profit de la Voie de l’Action qui revient avec le Chevalier Kadosh, poignard au côté et heaume relevé. On y découvre avec délices la puissance symbolique du Sublime Prince du Royal Secret, sa trame arithmologique confondante de justesse et l’épure géométrique du camp comme un condensé de toute la quête. Avant l’interrogation finale du Souverain Grand Inspecteur Général, aux bords inattendus de l’attente confiante et du doute nourri de sagesse.


La sûreté de l’initiation maçonnique devient, ici, évidente. Elle accompagne le développement psychique de tout être humain… et le magnifie. Ainsi la philosophie de la Franc-maçonnerie s’ancre-t-elle dans le lointain grec et ses mythes profonds : Œdipe, Prométhée, Sisyphe et Andromède.


Le génie du Rite Écossais Ancien et Accepté, formé au fil des ans et par ces ans validé, éclate ici : oui ! La franc-maçonnerie propose un véritable chemin d’épanouissement. Jacques Fontaine, empruntant à la fois à la grande tradition symbolique, à la psychanalyse et à l’enseignement de C.G. JUNG, accompagne le lecteur dans une découverte passionnante : le parcours maçonnique n’est pas un folklore, une histoire d’obédiences ; il raconte la vie, intérieure et extérieure, de tout Homme : de l’état de sommeil profane, par celui de la réalisation du Moi vers celui de l’intégration du Soi. Chemin d’une spiritualité renouvelée, loin de tout dogme, proche de tout Homme.

 

FONTAINE LE SAVOIR MAÇONNIQUE, UN CHEMIN DE CLARTÉ

 Jacques FONTAINE

 ÉDITION  DERVY

 2011

« Il faut redécouvrir ce noyau dur qui a permis à la franc-maçonnerie de survivre ». Qu’est-ce que ce noyau dur ? Ce sont les éléments qui font de l’Ordre un mouvement de pensée si original que rien ne peut s’y substituer : Les valeurs humanistes, le primat de la raison, l’introspection, l’action citoyenne, le rite et les symboles.

 

Pris séparément, ces éléments sont banals, on les trouve un peu partout dans la société. Ensemble, ils forment ce savoir maçonnique unique, sans concurrence. La nouveauté de cet ouvrage est de traiter ce savoir comme un tout qui se transmet sans discontinuité, nonobstant les obédiences et les rites. Le maçon est invité à prendre du recul par rapport à sa pratique. Où et comment le savoir maçonnique chemine t-il en son esprit ? De l’état de profane au Maître confirmé en passant par l’initiation, puis par l’expérience des trois degrés.

 

Ainsi il pourra se forger une clef de compréhension de la dynamique de ce savoir et sera encore plus à même de transmettre à ses frères ce trésor maçonnique. Cet ouvrage montre l’importance de la transmission du Savoir et des savoirs qui permet à chacun de progresser et de s’épanouir afin de se révéler à soi-même.

 

Au sommaire :

 

Première partie : L’appel au savoir

Admettre l’ignorance du profane, la connaissance des arts libéraux, le bouddhisme dissout l’ignorance, la dualité, les sages sans cesse repoussent l’ignorance, l’hypocrisie et le fanatisme, répondre à l’appel pansophique.

Deuxième partie : Le savoir à l’épreuve

Le passage, souffrance ou plaisir ? la souffrance, rédemptrice ou éducatrice ? de la souffrance subie à la souffrance acceptée, la souffrance dans le christianisme et en franc-maçonnerie, la souffrance en Orient et en Occident, les quatre vérités du bouddhisme et de la franc-maçonnerie, changer l’épreuve du plaisir.

 

Troisième partie : La découverte du savoir

S’enrichir de la parole de l’autre, pourquoi l’autre m’est-il indispensable ? améliorer l’écoute en tenue, cultiver la fraternité par le semblable, par l’idéal du moi, comprendre et pratiquer la compassion.

Quatrième partie : La transmission du savoir

Détenir la quadrature du cercle, un temple avec des médianes et des angles, la croix invisible de la circumambulation, faire passer le message spirituel, la transmission spirituelle est une obligation, progresser par étapes de sagesse, trois manières de former un franc-maçon, le processus initiatique en plusieurs étapes.

 

FONTAINE – l’essence au cœur du rite maçonnique

Jacques fontaine

EDITION DETRAD

 2007

Dans cet ouvrage, Jacques Fontaine focalise l’attention sur l’importance fondamentale du rite, le fonctionnement d’une Loge et le rôle de chacun€. Le lecteur est ainsi amené à tirer des conclusions concrètes du processus initiatique maçonnique. Il découvre l’originalité du rite par rapport au théâtre, au culte et à l’hypnose. Il a ensuite l’occasion de remodeler le degré de Compagnon, si démuni aujourd’hui.

 

Il peut aussi, en toute logique, décliner les conséquences du principe « Un Maçon libre dans une Loge libre ». Enfin, le lecteur est invité à explorer la formation souhaitable des Vénérables et la dynamique de la parole et du silence dans une tenue.

Résolu dans sa démarche, clair dans ses propositions, Jacques Fontaine n’hésite pas à reprendre, quand la raison le commande, les aspects désuets du rite et de la Loge. Pour autant, il salue avec conviction le génie de la tradition maçonnique. Éclairé par les sciences humaines, la psychologie en particulier, l’auteur tire de la réflexion de fond des propositions de mise en œuvre.

 

Ainsi il se conforme au devoir maçonnique : le combat contre l’ignorance afin que progresse la connaissance et que se diffuse l’harmonie.

 

FONTAINE - l’essor du maÎtre secret au grand Élu de la voÛte sacrÉe

Jacques fontaine

EDITION MONTORGUEIL

 1994

Cet ouvrage propose une lecture originale des grades de la Loge de perfection du Rite écossais « ancien et accepté », le plus répandu dans le monde. La Loge de perfection est une école initiatique puissante pour qui en détient les clés.


L’auteur appuie sa lecture des degrés de l’initiation sur deux grandes convictions. D’une part, le bond prodigieux qu’a fait la connaissance humaine, au XXème siècle, en particulier avec la psychologie des profondeurs et la psychanalyse, notamment jungienne, qu’on ne peut plus ignorer et qui contribuent au progrès de la conscience. D’autre part, le symbolisme, outil irremplaçable et remarquablement efficace pour progresser sur le chemin de l’initiation.


Au confluent de ces deux approches apparaît la voie de la sagesse, de la tolérance et de l’humanisme.
Rédigé en termes accessibles et clairs, cet ouvrage permet au profane de comprendre ce qu’est la Franc-maçonnerie, les buts qu’elle poursuit, l’épanouissement individuel qu’elle permet.

 

FONTAINE – l’Éveil – de l’initiation au maÎtre

Jacques fontaine

EDITION  DETRAD

 1995

La majorité des ouvrages sur les trois degrés (Apprenti, Compagnon, Maître) de la Franc-maçonnerie traitent des aspects symboliques ou/et moraux. Très peu de livres, jusqu’à ce jour, s’efforcent d’explorer les raisons qui expliquent pourquoi les parcours initiatiques maçonniques ont tant d’attrait. Les connaître, c’est mieux les comprendre et les rendre encore plus efficaces et passionnants.


Cet ouvrage, L’Éveil, propose de révéler la structure cachée des trois degrés. Si l’initiation est la recherche d’une meilleure connaissance de soi à des fins de libération individuelle et collective, alors les clefs pour les découvrir sont fondamentalement d’ordre psychologique.

C’est donc avec ces outils modernes que sont la psychanalyse (Freud, Klein) et la psychologie des profondeurs (Jung) que L’Éveil revisite le symbolisme maçonnique. Voici une nouvelle lecture qui se situe à la rencontre harmonieuse de la Tradition et de la psychologie contemporaine. On découvre que la cérémonie d’Initiation et les trois degrés sont intimement reliés entre eux et composent en fait une extraordinaire école initiatique, souple et progressive.


Ce livre est rédigé clairement et évite avec soin les termes de « spécialistes ». Son plan est simple : six grandes étapes qui amènent à dévoiler l’Initiation et les degrés d’Apprenti, de Compagnon et de Maître. Cet ouvrage s’adresse à tous les Francs-Maçons, quel que soit leur rite mais aussi à d’autres lecteurs : les psychologues qui verront là une rencontre entre les sciences humaines et la quête spirituelle ; ceux qui ont soif de mieux comprendre pourquoi ils sont attirés par le symbolisme ; enfin ceux qui se sentent attirés par la Franc-maçonnerie saisiront encore mieux leurs motivations.

 

franciscus. Èques a Capité galeato    - 1753 – 1814

Benjamin fabre

EDITION  phénix

 2000

60 ans de l’histoire de la Maçonnerie racontée sur un ton hostile aux maçons de l’époque. Rarissime, ce livre vient d’être réédité et nous donne des aspects méconnus de l’avant révolution jusqu’au milieu de l’empire.

Ses complots, ses dirigeants frères par l’initiation mais pas franchement Francs-Maçons. Des archives exceptionnelles et la création des principaux rites REAA, rite français et rite rectifié.

 

Né à Narbonne en 1753, François de Chefdebien d’Armissan, l’Eques, s’était engagé très  jeune dans la carrière militaire. Parallèlement, il avait acquis une large audience dans les milieux maçonniques – il en possédait à peu près tous les hauts grades et connaissait toutes les Loges dont il semble gravir rapidement tous les échelons.

Sa remarquable intelligence et sa vaste culture le conduisent aux plus hautes dignités : Conseiller d’honneur du Directoire Écossais de Septimanie et délégué par lui au convent de Lyon en 1778, Visiteur général des 1er, 2ème et 3ème Temples, Commandeur ad Vitam, etc.

 

Le 27 novembre 1779, l’Eques décide de fonder sa propre Loge connue sous le nom Des Philadelphes ou du Rit Primitif de Narbonne. Cette Loge n’aura guère d’équivalent en Europe ; la rigueur de ses buts, la qualité des membres la composant, dont le père et les cinq frères de l’Eques, en font l’une des écoles les plus recherchées de la Maçonnerie au XVIIIème et au début du XIXème siècle.

 

Pour codifier cette fondation, François de Chefdebien publiera plus tard une plaquette  dans laquelle apparaît, après un avertissement sur les distinctions à apporter dans la lecture des grades, la liste des membres de la Loge (48 en tout) complétée par l’affiliation de chacun à quatre grands courants initiatiques.

Mais le chapitre le plus remarquable est « l’esquisse d’architecture » dans laquelle l’Eques dénonce – sous une phraséologie convenue – la prolifération des Loges et des titres, s’élève contre la fausseté des enseignements et propose à ceux qui veulent suivre son Rit quatre degrés dans la connaissance intitulés « chapitres essentiels de la Rose-Croix » ; le premier : connaître les principes et les origines de la Franc-Maçonnerie (puis s’en séparer rapidement) ; le second : l’étude de la connaissance théorique ; le troisième : l’alchimie et l’enseignement ; enfin, le quatrième : la réhabilitation de l’homme intellectuel dans son rang et ses droits primitifs joint au désir d’en faire jouir le plus grand nombre. La pièce s’achève sur la constatation que tout cela n’est rien sans la découverte de « l’échelon ineffable », c’est-à-dire de l’Homme Libre, et porte en guise de colophon la mention : J. XIII. 34, renvoi direct à l’Évangile de Jean qui rappelle à tous les hommes, sans distinction, la clé de cette liberté : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. »

 

Une telle prise de position fut reçue avec raideur par la plupart des courants maçonniques et illuministes. Leurs buts étroits ne pouvaient concorder avec l’ouverture d’esprit et la générosité de l’Eques. Cette différence rapprocha le Rit Primitif de Chefdebien et le Rit Égyptien de Cagliostro, qui se trouvait en butte aux mêmes critiques et à une campagne de dénigrement soigneusement réglée ; Cagliostro et l’Eques eurent en effet en commun, qu’au fond, ils se servaient de la Franc-Maçonnerie, comme d’un moyen à la mode, pour faire « passer » leurs idées. Non seulement l’un et l’autre recommandaient la charité universelle et la pratiquaient, par-dessus la simple entraide mutuelle, mais encore ils préconisaient, comme seul gage de réelle liberté, l’abandon pur et simple de l’enseignement classique et traditionnel – Cagliostro, provocateur, ira même jusqu’à exiger des Maçons la destruction de leurs archives – pour le remplacer par une requête directe à Dieu.

 

En 1785 le Convent maçonnique des Philalèthes se déroula à Paris, organisé dans le but avoué d’une réorganisation de fond et d’une réflexion générale sur les origines et les buts de la Maçonnerie, il fut pour Cagliostro et Chefdebien l’occasion de se lier étroitement – ils s’étaient déjà connus en 1781 à Strasbourg – l’Eques ayant été délégué par le Convent pour tenter d’adoucir les conditions que Cagliostro avait fixées à sa participation à cette réunion. On ne pouvait envoyer plus mauvais ambassadeur, car dès lors les deux hommes établirent de confiantes et amicales relations ; Chefdebien s’excusa et fut remplacé par le baron de Gleichen dont le précieux témoignage sur Cagliostro, dans ses Souvenirs (1868), est d’une émouvante justesse. Le convent s’acheva d’ailleurs sur un constat d’échec : l’unité tant souhaitée de la Maçonnerie ne pourrait jamais s’établir entre les différentes obédiences et Cagliostro avait fait un adepte de plus.

 

Par la suite, la qualité et le ton des relations entre Cagliostro et l’Eques seront ceux que nous connaissons pour la famille Sarrazin, pour le Cardinal de Rohan, pour Thilorier et bien d’autres amis du Comte. Des entretiens familiers et l’immense personnalité de Cagliostro firent que l’Eques abandonna sans regrets les sommets illusoires auxquels il était parvenu, tout en conservant les structures initiatiques que l’ordre social et son action bienfaisante lui imposaient ; une volumineuse correspondance, dont une très faible partie a été publiée  nous montre l’évolution vers la simplicité de cet homme qui était fait pour les plus hautes charges et pour le service du Pouvoir. Dans ces lettres, son extraordinaire finesse d’esprit lui permet de donner aux plus grands représentants des Loges, sans en avoir l’air, des leçons d’humilité et de vrai savoir, toujours pleines d’éducation. Si son rayonnement discret dans le monde initiatique du XVIIIème et du début du XIXème siècle, a été fondamental, il ne fut et ne demeure pas moins sensible et continu au XXème siècle et encore de nos jours. Cagliostro parti, lui est là, introduit partout, donnant un conseil, rectifiant une pensée, infatigablement en contact avec certains chefs de file comme Dom Pernety, pour prolonger la pensée du Maître. On s’est souvent demandé qui avait repris le Rit Égyptien de Lyon ; ce fut l’Èques à qui Cagliostro avait remis tous ses pouvoirs, Cagliostro était, comme il se définissait lui-même « un noble voyageur » et sa tâche immense ne pouvait se limiter à Lyon, ni même dans la fondation d’un rit particulier : l’Eques était le seul homme sur l’autorité duquel il pouvait réellement faire reposer cette partie de son héritage spirituel ; le marquis de Chefdebien s’acquitta de cette tâche de 1786 jusqu’à sa mort en 1814.

 

L’Eques, dans la trace lumineuse de son Maître, demeure l’un des acteurs majeurs des tendances mystiques de la Franc-Maçonnerie, à l’instar – et parfois en apparente contradiction et opposition – de certains « petits maîtres » tels Pernety, le chevalier de Corberon, le marquis Savalette de Langes, le chevalier de Cagarriga, Louis-Claude de Saint-Martin et quelques autres, qui entretinrent soit dans leurs Loges, soit dans leur entourage, le respect de la liberté, la prière sacerdotale, le soin attentif aux malades, l’amour du genre humain et par-dessus tout la charité. Mais surtout l’Eques annonçait à ses amis que : « la lecture fréquente et réfléchie des Livres saints,  mettra à portée d’apprécier l’Homme-Dieu et sa doctrine sublime ; l’approbation que l’on ne pourra s’empêcher d’accorder à ses préceptes, donnera peu à peu le désir et le goût de ces pratiques ; par un heureux retour, cette sainte pratique réactionnera et étendra le goût avec les lumières et par là on parviendra sans incertitudes et sans obstacles à la perfection, au bonheur et à la science divine, qui sont le but sublime, où tendent tous les travaux des vrais et légitimes frères maçons  Il restera toujours un échelon ineffable à monter en ce jour auguste et solennel où la matière ayant fini son temps et l’homme terminé son épreuve  la Parole de CELUI QUI EST retentira encore une fois dans les voûtes incommensurables de l’abîme » Cette conclusion de la « pièce d’architecture », reprenant la définition que son Maître donnait de lui-même, situe la position qui fut toujours celle du marquis de Chefdebien : l’Espérance.

 

FRANC-maçonnerie ET aLCHIMIE LA RECHERCHE DE LA PIERRE CACHḖE DES SAGES

J. F. Blondel

Edition Trajectoire

 2015

Pourquoi et comment l'alchimie, science nébuleuse du Moyen Âge, et la franc-maçonnerie, fraternité initiatique apparue dans l'Angleterre anglicane du XVIIIème siècle, ont-elles pu se rencontrer ?


Pourquoi les rédacteurs des écrits maçonniques y ont-ils introduit l'alchimie ?

Cette rencontre n'a pu se produire que par l'intermédiaire des « frères de la Rose+Croix », cette mystérieuse fraternité détentrice des secrets alchimiques.

Ce sont eux qui ont transformé cette connaissance en une démarche spirituelle et qui l'ont ensuite léguée à la franc-maçonnerie mondiale  et plus particulièrement la maçonnerie française, qui l'a incorporée, dès 1750, dans tout un système de hauts grades, appelé  l'Écossisme.

Aujourd'hui encore, c'est cette tradition écossaise, dans laquelle on retrouve à la fois la Rose+Croix, l'alchimie, la kabbale, l'astrologie, la chevalerie, le Johannisme et le templarisme, qui apporte à l'Ordre maçonnique sa vraie dimension métaphysique : « Qu'est-ce que la matière ? Qu'est-ce que l'esprit ?

Qu'est-ce que la mort ? » Introduit dans le « cabinet de réflexion », une pièce exiguë et obscure, le néophyte désirant entrer en franc-maçonnerie est ainsi mis en contact avec l'alchimie. C'est là qu'il découvre pour la première fois les grands principes alchimiques tels que le Soufre, le Sel et le Mercure, ou ce mystérieux acrostiche « V.I.T.R.I.O.L. », dont il apprendra plus tard le symbolisme profond.

 

Dans la théorie alchimique, les grands principes ou forces vitales qui animent le monde sont contenues tant dans les métaux que dans les planètes. Les alchimistes travaillant sur les métaux reconnaissaient sept métaux auxquels ils attribuaient le nom et le signe des sept planètes ; Or ou Soleil, Argent ou Lune, Mercure, Plomb ou Saturne, Etain ou Jupiter, Fer ou Mars, Cuivre ou Vénus. Ils doivent tous dériver d’une même source : la matière première.

Isaac Newton célèbre alchimiste cherchait à transmuter le plomb en or. À cette fin il a observé les planètes et en a tiré la découverte de la gravité, cette force non pas vitale mais physique dont la découverte a ouvert le Siècle des Lumières. Fulcanelli le plus célèbre et le plus mystérieux des alchimistes du XXème siècle nous révèle dans son ouvrage « Le mystère des cathédrales » que dans le portail de Notre-Dame de Paris par exemple, on retrouve sur une statue de la Vierge des médaillons représentant les 7 planètes associées aux 7 métaux utilisés par les alchimistes Selon lui , les clefs de la transmutation, c'est-à-dire de l'opération alchimique consistant à transformer les métaux en or, se trouvent dans le portail, dissimulées de telle manière que seuls les initiés sauront les y découvrir. Le processus de perfectionnement de la materia prima, pour passer des caractéristiques du fer à celles de l’or, s’opérerait en sept étapes comme suit : fer - cuivre – plomb – étain – mercure – argent - or. Le mode opératoire alchimique est codifié mais les auteurs distinguent généralement sept étapes que l’on peut considérer comme des démarches de pensée consistant à marquer les étapes dans la transformation de la matière dont le but ultime est la réalisation du Grand Œuvre.

La première étape est la Calcination qui a pour rôle de décomposer la matière que l’on veut transformer, c’est à dire l’analyser.

La deuxième étape est la Putréfaction,  elle porte l’image de la mort nécessaire au renouvellement de la vie, elle correspond à l’Œuvre au noir ou nigredo ou épreuve du vide, dont le symbole est le corbeau, elle s’inscrit dans le corps, dans l’imaginaire, sans cette phase de putréfaction de la matière le Grand Œuvre ne pourrait arriver à son terme

Vient ensuite la troisième étape la Solution ou Dissolution qui nous pousse à dissoudre grâce au sel philosophique, c’est à dire à ordonner pour faire ressortir une forme nouvelle. C’est l’apparition de la couleur blanche, cette étape nous amène à l’Œuvre au blanc ou albedo, ou ’épreuve de l’eau, dont le symbole est la colombe, elle s’inscrit dans le symbolique.

Elle est suivie par la Distillation, quatrième étape qui change la nature et la propriété des choses par chauffage dans l’athanor. Ceci permet une démarche d’intégration qui marque un niveau dans l’approche de la connaissance.

La cinquième étape ou Conjonction rend possible le prolongement de ce niveau d’intégration car on ne s’intéresse plus à ce qui sépare mais à ce qui rassemble, il s’agit maintenant d’intérioriser le monde et son propre monde en se projetant vers l’avenir afin de saisir les buts à atteindre et qui vont déboucher sur les « Premières Vérité » selon l’Œuvre au rouge ou rubedo, ou épreuve du feu qui elle s’inscrit dans le réel. C’est cette cinquième étape qui correspond à la Maîtrise Maçonnique.

La suite logique est la Sublimation. Cette sixième étape est une opération qui nous apprend à faire jouer les choses et à savoir manier l’Art de la raison en se décentrant de ses préoccupations antérieures au profit d’autres toutes nouvelles

Enfin arrive la Coagulation septième et dernière étape. Elle exprime la voie dans laquelle l’Homme s’engage quand il construit son Grand Œuvre individuel grâce à une pensée de plus en plus philosophique qu’il acquiert par sa faculté d’abstraction pour aller à l’essentiel. Ceci est l’aboutissement de toute désagrégation solvant qui génère une nouvelle entité par coagulation, c’est le Solve et Coagula

L’alchimie qu'’consiste à travailler sur les métaux est également liée au mot de passe. Car l’Alchimie est fille de Tubalcaïn qui signifie « Maître du Monde ». Il est dans la Bible un descendant direct de Caïn (Caïn signifie acquérir ou obtenir). Sa fonction était de travailler la terre. La Loi Mosaïque n’étant pas encore née, Caïn ne fut pas tué après son crime fratricide, il se trouva symboliquement exilé de la terre sacrée. Il fut envoyé de l’Orient vers le Nord. Après que Caïn eut bâti la première ville, nommée Hénoch, il devint le premier d’une lignée de créateurs. Chaque descendant de Caïn est décrit par son activité : Jubal sera nomade et berger, Dubal sera musicien …Tubal-Caïn s’occupera des métaux et des instruments. La postérité de Caïn fonde la civilisation, le progrès de la technique, des sciences et des arts. Tubal-Caïn appartenait à la 7ème descendance de Caïn. 7 indique que Tubal-Caïn avait évolué par rapport à son ancêtre, qu’il avait exploré sa terre, découvert des métaux et qu’il savait les utiliser. Ainsi, le 7 indique aussi la fin d’un cycle. C’est pourquoi on peut dire « J’ai 7 ans et plus «, car il y a d’autres cycles à réaliser.

Dans l’imagerie populaire, Tubal-Caïn est représenté comme un forgeron trapu, tassé comme une pierre.  Dans la mythologie, Tubal-Caïn est assimilé à Vulcain pour les Romains et à Héphaïstos pour des Grecs, forgerons officiels des dieux. Maître du Feu, Héphaïstos forgea l’armure magique d’Achille, le trident de Poséidon, le sceptre de Zeus ou bien encore la colonnade de bronze du T\ de Delphes. « Il » découvrit les secrets du feu et des métaux qui peuvent être solides, ou liquides, purs ou alliés entre eux. Il se fait créateur de formes nouvelles et il paie le prix de ses découvertes par un signe visible et permanent dans son aspect physique. On présente souvent le forgeron soit boiteux, soit unijambiste ou nain.

 

En effet, Héphaïstos fils unique de Junon, reine de l’Olympe et de Zeus ne fut pas reconnu par son père qui le jeta du haut de la montagne. Cela le rapproche des fils de veuves célèbres, et de la boiterie initiatique. Dans les mythes, le Pouvoir n’est pas tendre avec celui qui « connaît » les secrets et les divulgue aux « dominés » afin de leur permettre de se libérer. De Prométhée à Adam, les « forgerons « sont estropiés. Héphaïstos est boiteux et difforme, Varuna, Tyr, Odm, Alfado sont estropiés. La perte de leur intégrité physique est le prix de leur science : ils ont subi la colère d’un dieu jaloux de ses privilèges. Ils portent les marques de la vengeance des Dieux. Pour les grecs, Héphaïstos représente le feu intérieur de la terre, comme celui qui habite le cœur de l’Homme.


Quand le minerai était découvert et extrait, il était dirigé vers les fourneaux. Puis, le forgeron se substituait à la Terre-Mère pour accélérer et parfaire « la croissance » et la maturité du minerai. Il collaborait en quelque sorte à l’œuvre de la nature, intermédiaire entre Dieu et les Hommes. Ainsi, il fabriquait l’outillage en fer dont les cultivateurs et les chasseurs avaient besoin. Il sculptait les images des ancêtres et des génies qui servaient de support aux cultes. Intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts, tantôt méprisé, tantôt respecté, il vivait à l’écart du village en compagnie de sa femme la potière. La fusion des métaux est considérée comme une mort. Le soufre extrait représente la vertu, c’est à dire le noyau ou l’esprit de métal. Rappelez-vous l’interdiction du métal dans les outils hébreux et des outils de métal dans la construction du T. de Salomon. Fondre le métal et le reformer correspond au « salve et coagula » de l’alchimie hermétique, travail créateur par excellence, car créer c’est recréer. Le forgeron maîtrise le feu et grâce à lui transforme les métaux qui viennent des profondeurs de la terre. Son pouvoir est ambivalent, il peut être aussi maléfique que bénéfique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Pourquoi et comment l’alchimie a-t-elle été introduite dans la Franc-maçonnerie   -  L’Ecossisme    -  Les frères de la Rose+Croix et leur influence   -   Le Moyen Âge avec Villard de Honnecourt et l’Art de la Géométrie  -   Le renouveau humaniste de la Renaissance   -  Hermétistes, Kabbalistes et alchimistes    -   L’apparition de la Franc-maçonnerie en Ecosse et en Angleterre   -  Les évolutions de la Franc-maçonnerie au cours du 18e siècle   -  L’ésotérisme de l’Occident  -  La Franc-maçonnerie débarque en France   -  Les courants illuministes et leur influence dans la franc-maçonnerie   -  La Théorie occultiste selon René Le Forestier   -  De l’hermétisme à l’alchimie  -  La Table d’émeraude ou Tabula Smaragdina   -  Origine et doctrine de l’alchimie   -  Les étapes et la conduite de l’alchimie   -  le Grand Œuvre  -   Les différentes étapes de l’alchimie   -  Symboles alchimiques ou maçonniques ?   -   Le soleil et la lune  -  Le delta lumineux  -  Le Rébis alchimique  -  La rose alchimique  -  Le Phénix et le Pélican  -   Rose+Croix et alchimistes, une singulière rencontre  -   la filiation lointaine du rosicrucianisme  -  Le cercle de Tübingen et les manifestes du 17e siècle  -  L’évolution de la Rose+Croix du 17e siècle à nos jours   -  Un siècle après le temps de la Fama  -  La Royal Society et les adeptes de la Rose+Croix  -  La Gold und Rosenkreutz : un ordre maçonnique et rosicrucien  -  La réception de Sigismund Backstrom à l’île Maurice en 1794  -  La quête de l’immortalité chez les anciens Rose+Croix  -   Les mystères de l’Ecossisme  -  Origine du grade de Maître Ecossais  -  Historicité du Rite Ecossais  - 1802, création du Rite Ecossais Ancien et Accepté  -  la devise Ordo ab Chao   -  L’alchimie dans les trois premiers degrés symboliques   -  L’alchimie dans les loges de perfection, les degrés capitulaires et les Aréopages   -   Le compas des sages de la Rose+Croix d’Or  -  Le Rébis de Basile Valentin  -   Symboles hermético-maçonniques  -

 

FRANC-MAÇONNERIE  ET  COMPAGNONNAGE

Jean François Blondel

Edition Trajectoire

2016

Les trois premiers grades de la franc-maçonnerie possèdent les mêmes noms que ceux qui étaient autrefois en usage dans les communautés de métiers dans la plupart des pays d'Europe, pour désigner les trois états successifs de leurs membres : apprenti, compagnon et maître. Ce fait, allié à la revendication de l'Ordre maçonnique d'être une continuité organique des loges médiévales de tailleurs de pierre (maçons, au sens ancien du terme), est à l'origine d'un certain nombre de confusions, notamment en ce qui concerne la parenté entre la franc-maçonnerie spéculative et les compagnonnages de métiers, tout particulièrement en France.

 

Le problème de savoir si la franc-maçonnerie spéculative est ou non la réelle continuité des loges britanniques de tailleurs de pierre reste, à l'heure actuelle, sans réponse absolument certaine. Aucun document ne permet en effet de l'affirmer, mais le fait même que des traditions et symboles proviennent bel et bien de ces loges ne permet pas non plus de l'infirmer. En réalité, le véritable problème se situe davantage dans la question des modalités et des motivations ayant pu conduire, soit à la transformation de la maçonnerie opérative en franc-maçonnerie spéculative, soit à l'appropriation par cette dernière d'un cadre jugé propre à servir de support à sa dimension spéculative. C'est là un sujet fort complexe, qui reste en débat chez les historiens de la franc-maçonnerie, et dont tous les aspects n'ont pas encore été explorés.

 

Quoi qu'il en soit, la franc-maçonnerie, en gagnant la France, s'est trouvée face à des organisations de métiers qui étaient alors à l'apogée de leur vitalité : Compagnons du Devoir et autres sociétés de compagnonnages présentes sur le « tour de France ».

 

Ces sociétés pratiquaient des rites initiatiques lors de la réception de l'aspirant au rang de Compagnon, seul « grade » mais qui était souvent divisé en deux états : Compagnon Reçu et Compagnon Fini (cette seconde partie de la Réception intervenant généralement six mois après la première, délai consacré à l'instruction compagnonnique). La plus grande partie de ces sociétés reconnaissaient pour fondateur Maître Jacques, un tailleur de pierre qui aurait travaillé sur le chantier du temple de Salomon, selon une version de sa légende, ou sur celui des tours de la cathédrale d'Orléans, selon une autre version. Les charpentiers, les couvreurs et les plâtriers étaient pour leur part des « enfants » du Père Soubise, collègue de Maître Jacques (soit à Jérusalem, soit à Orléans). Enfants de Maître Jacques et enfants du Père Soubise composaient le Devoir, tandis que les Compagnons « Étrangers » tailleurs de pierre et les sociétés « non du Devoir » ou « de Liberté » (plus tard « du Devoir de Liberté ») formées à l'origine par les menuisiers et serruriers dits « gavots » (scission d'avec ceux du Devoir) – auxquels s'ajouteront au début du XIXe siècle les charpentiers « Indiens » (scission d'avec ceux du Devoir) – reconnaissaient pour seul fondateur le roi Salomon.

 

L'histoire de ces sociétés est très mal connue. Les légendes elles-mêmes sont de peu de secours car elles n'ont été relatées que tardivement (1839), à une époque où des éléments hétérogènes étaient venus s'y mêler inextricablement. Les compagnonnages n'émergent dans l'histoire documentaire que vers le milieu du XVIe siècle, mais l'on peut raisonnablement supposer qu'une partie d'entre-eux, notamment ceux des métiers de la construction (tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers et serruriers), descendent assez directement d'organisations crées par les bâtisseurs des cathédrales gothiques et que les fondements de l'organisation compagnonnique remontent au moins au tout début du XIIIe siècle. Nous rejoignons là un milieu et une époque identiques à ceux dont la franc-maçonnerie britannique prétend tirer son origine.

 

Si les lacunes documentaires ne permettent pas d'envisager l'existence de relations organiques entre les compagnonnages continentaux et les loges opératives britanniques (mais les voyages des maîtres maçons français en Angleterre et ailleurs sont attestés), il est cependant certain que, très tôt, probablement dès les années 1730, certains Maçons et certains Compagnons se sont posés la question de savoir s'il existait un lien de parenté entre leurs organisations respectives, et cela même si de nombreux Maçons spéculatifs, aristocrates ou bourgeois, tenaient les gens de métiers comme étant de trop vile condition pour les fréquenter en Loge. Le cas est d'autant plus probable en ce qui concerne les Compagnons tailleurs de pierre des deux rites – enfants de Salomon (les Étrangers) et enfants de Maître Jacques (les Passants) –, car un certain nombre d'entre eux poursuivaient leur carrière en tant qu'architectes, ingénieurs, entrepreneurs, etc., c'est-à-dire appartenaient aux catégories socio-professionnelles dans lesquelles recrutaient les Loges. Leur emblématique présente des similitudes très poussées avec celle de la franc-maçonnerie, qui ne s'arrêtent d'ailleurs pas à l'entrecroisement du compas, de l'équerre et de la règle, ni aux outils tels que le niveau ou le maillet et le ciseau, mais touchent également à des symboles « spéculatifs », telle que la sphère armillaire, symbole vitruvien attesté chez les Compagnons Passants tailleurs de pierre de Paris dès 1726.

 

Mais, concernant les instruments de la géométrie et les outils du métier, cette ressemblance formelle ne trahit rien d'autre que le fait que l'une et l'autre de ces organisations se fondent sur la taille de pierre, réellement ou symboliquement. Quant aux autres symboles liés à l'architecture et aux sciences en général, telle la sphère armillaire, leur emploi est trop général dès le XVIe siècle, notamment dans les frontispices de livres et les marques d'imprimeurs, pour que l'on puisse en tirer des conclusions sur le plan des filiations historiques (notons cependant que cela atteste nettement, dans une grande partie de l'Europe, d'un intérêt spéculatif pour l'architecture, et cela depuis la redécouverte de l'œuvre de Vitruve en 1486).

 

Il faut également souligner le fait que, dès la fin du XVIIIe siècle mais surtout dès le début du XIXe, les sociétés de compagnonnage ont eu accès à la plus grande partie des légendes, des rites et des symboles de la franc-maçonnerie, et qu'elles y ont largement puisé pour écrire ou réécrire leurs propres rituels. Si cet accès résulte quelquefois de l'affiliation de Compagnons aux Loges maçonniques – le fait est attesté dès avant la Révolution de 1789 –, il convient surtout de prendre en considération le rôle de toutes les divulgations imprimées à l'aide desquelles les « profanes » pouvaient avoir connaissance des « secrets de la Maçonnerie ». Soucieux de donner eux-aussi l'apparence d'une antiquité respectable et extraordinaire à leurs sociétés, les Compagnons y ont puisé sans scrupule matière à enrichir leurs traditions.

 

L'importance et la facilité de cette « pollution » pourraient s'expliquer par la relative proximité qu'auraient eue les deux traditions, compagnonnique et maçonnique. Mais cette proximité est rendue très hypothétique par les quelques anciens rites de Réception compagnonniques dont nous avons connaissance, notamment par la Résolution de la Sorbonne de 1655, concernant les selliers, les cordonniers, les couteliers, les chapeliers et les tailleurs (d'habits). Les variantes y sont nombreuses, mais toutes s'articulent autour d'épisodes de la vie du Christ, et plus particulièrement de la Passion. Même constat pour les anciennes sociétés forestières, tels les Bons Cousins Charbonniers ou Fendeurs : il s'agit d'initiations profondément chrétiennes, et c'est tardivement, sous l'influence de la franc-maçonnerie, qu'y sont introduits des éléments laissant croire ultérieurement à une origine commune d'avec celle-ci.

 

En tout état de cause, ce qu'il importe de retenir, c'est que la franc-maçonnerie et les compagnonnages sont des organisations nettement distinctes, qui, du fait même du rôle fondamental qu'elles accordent au métier – symboliquement pour l'une, réellement pour les autres – plongent nécessairement leurs racines, historiques et/ou idéales, dans un substrat culturel en grande partie commun et dans lequel le temple de Salomon occupe la position d'archétype incontournable.

 

FRANC-MAÇONNERIE &  KABBALE

Marie Delclos

Edition Trajectoire

 2014

Le grand kabbaliste A.D. Grad écrivait que la « voie maçonnique se trouve fondée en kabbale », puisque son symbolisme emprunte d’abord et essentiellement à celle-ci.
Ainsi, le temple de Salomon régit toute la maçonnerie bleue, où les mots sacrés, qui sont en hébreu, sont les noms donnés dans la Bible par Hiram aux deux colonnes du Temple.

Ensuite dans les degrés supérieurs en particulier ceux du Rite Ecossais Ancien et Accepté, le chemin de l’initié, que quatrième au trente troisième degré, est jalonné de mots hébreux qui se présentent sous la forme d’énigmes à décrypter, se superposant aux symboles présents dans la loge. C’est pourquoi, en 1830, Vuillaume, lorsqu’il écrivit son Tuileur (celui qui vérifie que le maçon qui veut entrer dans la loge connait les mots du grade), prit soin de faire précéder les mots hébreux correspondants à chaque degré d’un alphabet hébraïque.

Dès son entrée dans le temple, le nouveau maçon pénètre dans un univers judéo-chrétien, voire à première vue judaïque, mais en fait, ce qu’il en perçoit n’est que mots étranges, incompréhensibles.

On lui raconte une étrange histoire et le voilà plongé dans une histoire à trois mille ans, une histoire qui s’appuie sur un livre sacré écrit en hébreu, une langue étrange L’hébreu utilise des lettres-nombres formant des mots. A l’origine, dans la Bible, les mots ne sont pas séparés, de sorte qu’une phrase peut-être découpée de différentes manières, donnant des mots différents et donc plusieurs lectures.

En fait, dès on entré en Franc-maçonnerie, et ce jusqu’à la fin de son parcours initiatique, on lui parle par énigmes, et il lui appartient de les résoudre. Le maçon va se trouver dans la situation du Roi de Tyr tentant de résoudre les énigmes posées par le roi Salomon, mais pour le maçon cela fait partie de son parcours et lui donne la possibilité d’aller voir ailleurs les diverses explications sur cette symbolique maçonnique.

Lorsque les rituels de la Maçonnerie spéculative s’élaborèrent, les chrétiens s’étaient emparés de la kabbale juive, la transformant, pour les besoins de la cause, le problème c’est que de très nombreuses fautes, d’incompréhension, de mauvaises traductions écrites et orales, émaillèrent ces rituels et très souvent en déformèrent le sens original, certaines traductions disant carrément le contraire.

C’est ainsi que Pic de la Mirandole (1463-1494) christianisa la kabbale juive, parce qu’il pensait que c’est à travers un système intellectuel architecturé comme celui de la kabbale que l’homme peut approcher des mystères. Au siècle suivant Reuchlin la développa en publiant son De arte cabalistica en latin en 1517, et François 1e se fit enseigner en 1519, « la très sainte et très chrétienne cabale » par son aumônier, le franciscain Jean Thenaud, et lui commanda un « traité de la Kabale » qui restera manuscrit.

Au sommaire de cet ouvrage :

Qu’est-ce que la kabbale ? - La kabbale et les chrétiens ; Des premiers Pères de l’église aux kabbalistes chrétiens - les trois points - De Houzzé à Hosché - Les deux colonnes Yakhin et Boaz - Hiram et la Kabbale - Le redressement d’Hiram du signe d’horreur aux « cinq points parfaits de la Maîtrise » - M. B. le mot substitué ou le mot du Maître - Le chevalier prussien ou Noachite 21e du REAA : la clé de ma maçonnerie - Le chevalier de Royale Hache ( 22e degré du REAA) - Le chevalier du Soleil ( 28e degré du REAA) - Le chevalier Kadosh et l’échelle mystique ( 30e degré du REAA) - Les mots hébreux, les personnages et les mots sacrés - Le temps sacré du maçon du premier au seizième degré -

 

franc-maçonnerie & catholicisme

Max heindel

EDITION  LES BEAUX ARTS

 1998

Cet ouvrage met en parallèle les 2 grands courants de pensée qui animent l’humanité : la Religion et la Science. D’un côté on trouve les fils de Seth, obéissants et passifs, de l’autre les fils de Caïn, révoltés mais ingénieux. L’auteur essaie d’expliquer que ces 2 courants loin d’être opposés doivent être complémentaires.  On y trouve : Lucifer, la légende maçonnique, la Reine de Saba, la mer d’airain, Melchisédech, l’alchimie spirituelle, la pierre philosophale, l’initiation et l’Armageddon.

Pour Jérôme Rousse-Lacordaire de 1738 à 1983, le catholique appartenant à la franc-maçonnerie était excommunié. Avec le nouveau Code de droit canonique, qui ne mentionnait pas la franc-maçonnerie cette discipline catholique parut avoir disparu, mais en novembre 1983 la Congrégation pour la doctrine de la foi publia une déclaration réitérant l’interdiction de cette double appartenance. Ce qui était déjà en jeu à l’époque et qui l’est encore aujourd’hui, c’est la détermination de « l’essence objective » de la franc-maçonnerie. En effet, l’ensemble des griefs avancés à l’encontre de la franc-maçonnerie pointe dans la direction d’une concurrence entre deux institutions qui partagent un certain patrimoine symbolique et rituel commun.

Pour l’essentiel, les condamnations antérieures reposaient sur des raisons à la fois juridiques morales et plus proprement religieuses. Les sources immédiates de la déclaration romaine de 1983 montrent à la fois une certaine continuité et des changements dans cet argumentaire. En effet, si auparavant, ne serait-ce que quantitativement, les principaux motifs de la condamnation étaient ceux de l’immoralité du serment du secret et de l’illégalité des associations secrètes, désormais c’est pour l’essentiel une raison doctrinale qui est mise en avant : le relativisme foncier de la franc-maçonnerie, renforcé par sa pratique essentiellement symbolique et rituelle. En conséquence de quoi, s’il n’est plus excommunié, le catholique qui appartient à la franc-maçonnerie est en état de péché grave et ne doit pas communier.

Parmi les catholiques certains interprètent de manière très littérale cette déclaration, voire en accusent les traits les plus hostiles à la franc-maçonnerie ; d’autres, au contraire, adoptent une attitude plus pondérée, soit qu’ils s’en tiennent à une interprétation stricte de droit, soit qu’ils cherchent à distinguer différents courants dans la franc-maçonnerie, dont quelques-uns seraient conciliables avec une authentique appartenance catholique. Aussi, s’agit-il finalement de savoir comment situer l’initiation et la symbolique maçonniques par rapport à l’initiation et à la symbolique chrétiennes.

 

FRANC-MAÇONNERIE ET HISTOIRE DE FRANCE

Christian Doumergue – Préface d’Alain Bauer

 Edition de l’Opportun

2016

« Voici donc une autre histoire de la franc-maçonnerie, loin du secret, proche de l'Histoire de France. Christian Doumergue nous propose une forme de journalisme érudit éclairant l'Histoire. » Alain Bauer

 

La Franc-Maçonnerie exerce une profonde fascination, suscitant interrogations, craintes et fantasmes. Mais qu’est-elle exactement ? D’où vient-elle ? Ces questions sont devenues d’autant plus saisissantes que son histoire véritable s’est longtemps perdue dans les méandres de sa propre légende. Pour les historiens, en revanche, les origines de l’Ordre ont quelque chose de bien moins mystérieux... Christian Doumergue nous propose ici un voyage initiatique qui permet de mieux comprendre la Franc-Maçonnerie. Il lève le voile sur une histoire de France dans laquelle la Franc-Maçonnerie porte ses espérances ou ses désillusions : Révolution française, Commune de Paris, régime de Vichy, séparation de l’Église et de l’État... Une chose est sûre : la Franc-Maçonnerie est indissociable de notre histoire ! 

En 1717, quatre loges londoniennes se réunirent pour former la première obédience maçonnique : la Grande Loge de Londres. Cette date marque la naissance de l'institution maçonnique moderne. Avant 1717, les loges étaient disparates et ne constituaient pas une force. Il leur fallait se réunir en obédience pour pouvoir influencer la société. Plus que l'attrait du secret et du symbolisme, le besoin de sociabilité animait les francs-maçons de cette époque. La Réforme avait divisé les Anglais et ce jusqu'au sein de la famille royale.

Les loges offraient la possibilité de se réunir et de festoyer par-delà les barrières religieuses. L'ouverture d'esprit qui animait les fondateurs de la Grande Loge de Londres se manifesta par la rédaction des Constitutions d'Anderson, lesquelles n'imposaient qu'une seule « religion » : l'amitié. Malheureusement, les hommes n'étant que des hommes, le conservatisme reprit force et vigueur et en 1738, puis en 1815, la Grande Loge de Londres imposa la croyance en dieu à ses membres.

En France, la franc-maçonnerie serait apparue à Saint-Germain en Laye, en 1688. Les Stuart et la noblesse écossaise réfugiés en France après la Révolution d'Angleterre auraient souhaité constituer une loge dans le célèbre château où naquit Louis XIV. Mais là encore les avis diffèrent quant à la naissance de la première loge française. Etienne Gout soutient que la première loge connue dans notre pays devait sa fondation, le 1er juin 1726, à des militaires irlandais enrôlés dans l'armée de Louis XV. Elle se réunissait dans une taverne à l'enseigne du « Louis d'argent », près de Saint-Germain des prés. André Combes certifie que la première loge française est ouverte en 1725 à Paris par des catholiques stuartistes réfugiés. Cependant, un fait est établi : la naissance de la première obédience française.

 

 La première Grande Loge de France aurait été créée entre mai et juillet 1728 par le duc de Wharton, ancien grand-maître de la Grande Loge de Londres. Mise en sommeil, la Grande Loge de France est réveillée en 1735 et choisit Mac Lean comme Grand-Maître. Mais la GLDF était encore dépendante de la Grande Loge de Londres. Pour cette raison, certains historiens ne reconnaissent la création de la GLDF qu'avec l'élection du duc d'Antin à la Grande-Maîtrise en 1738. La même année, le pape Clément XII condamne la franc-maçonnerie. Il craint la propagation du protestantisme et de l'agnosticisme en Europe par le biais des loges. La franc-maçonnerie présente en Grande-Bretagne et en France se développe dans toute l'Europe. La première loge russe naît en 1717, en Belgique en 1721, en Espagne en 1728, en Italie en 1733 et en Allemagne en 1736. Cette rapide expansion est due à la forte représentation des militaires dans l'institution. Ceux-ci étant amenés à se déplacer, contribuèrent à la création de loges lors de leurs campagnes. Hélas, la première obédience française est atteinte de graves troubles. En effet, des clans s'organisent après la mort du duc d'Antin. C'est Louis de Bourbon-Condé qui devient le nouveau Grand-Maître de la Grande Loge de France mais il ne peut empêcher la formation de deux camps diamétralement opposés : les "lacornards" et les "antilacornards". Lacorne est le Second Substitut du comte Louis de Bourbon. Lacorne se serait emparé de la direction de l'obédience en plaçant ses partisans aux postes importants. Les "lacornards" sont des grands bourgeois alors que les "antilacornards" sont des aristocrates. Cette guerre fratricide va entraîner la dissolution de la Grande Loge de France le 24 décembre 1772. Des cendres de cette obédience va naître la Grande Loge Nationale de France (1ère du nom) qui devient le Grand Orient de France quelques mois plus tard.

 

La cohésion des loges est atteinte avec la création du Grand Orient : en 1773. En 1777, le Grand-Orient de France possédait trois cents loges. Les francs-maçons sont souvent appelés les « fils de la Lumière », le rapprochement avec le siècle des Lumières est donc facile. Il est vrai que nombre de philosophes furent maçons comme Voltaire, Montesquieu, le marquis de Sade, mais aussi Goethe et Lessing (qui contribuèrent à l'Aufklarung, les Lumières allemandes). L'appartenance de certains philosophes à l'institution maçonnique va entraîner une des plus grandes mystifications littéraires du XVIIIe siècle : la thèse du complot ourdi par les loges maçonniques contre l'Eglise et l'Etat. Elle est imaginée par le jésuite Augustin Barruel et développée dans les Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme (1797). La mystification de Barruel est bien structurée. Dans un premier temps, il dénonce l'influence des philosophes sur la société française et dénigre leur agnosticisme, voire leur anticléricalisme. Les traces de l'anticléricalisme des philosophes étaient effectivement perceptibles dans le Dictionnaire Philosophique de Voltaire et dans L'Encyclopédie de Diderot.

 

Dans un deuxième temps, le jésuite tente de prouver l'appartenance des philosophes à la franc-maçonnerie par le biais d'arrière-loges qui auraient été les laboratoires de la Révolution. Enfin, Barruel crée une théorie qui laissera des traces jusqu'au vingtième siècle : l'influence des Illuminés, sorte de super-maçons qui auraient entraîné les loges à la préparation de la sédition. Barruel s'était appuyé sur la puissance des Illuminés de Bavière, un ordre paramaçonnique aux idées rationalistes.

 

La réalité historique est fort éloignée des élucubrations de Barruel. La franc-maçonnerie dans son ensemble n'inspira pas la Révolution. En revanche, certaines loges pratiquaient les doctrines philosophiques des Lumières, et notamment la loge des Neuf Sœurs. Les principes de liberté d'égalité et de fraternité étaient effectifs dans quelques loges. La monarchie n'autorisait le port de l'épée qu'aux nobles. Les loges s'emparèrent de ce symbole de l'élitisme pour le détourner. Les francs-maçons portaient tous l'épée en loge quel que soit leur statut social. Des archives de loges ont été retrouvées au XIXe siècle et les historiens ont constaté avec surprise que la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » figurait dans les registres. Mais cette fraternité effective n'était pas omniprésente en Maçonnerie. L'historien Daniel Ligou signale que les artisans, les boutiquiers, les juifs, les pauvres et les comédiens étaient très souvent exclus des loges. Cette anecdote témoigne de l'absence d'égalitarisme dans la majorité des loges françaises. Il est donc exact que la franc-maçonnerie n'a pas directement inspiré la Révolution française. Mais il est également vrai que la Maçonnerie accueillit dans ses ateliers des hommes de progrès. Ils firent rejaillir à l'extérieur des temples les connaissances qu'ils avaient acquises en loge. Parmi ces hommes se trouvaient : Marat, Lafayette, Mirabeau et Desmoulins.

 

Enfin, pour être tout à fait précis, il est important de signaler que la Terreur donna l'occasion au Grand-Maître du Grand-Orient de se faire remarquer. En, effet, Philippe Egalité, cousin de Louis XVI vote en faveur de l'exécution du roi. Sa décision frappe de stupeur l'Assemblée y compris Robespierre qu'on surnomme « le tigre assoiffé de sang ». Le Grand-Maître se justifie par ces mots : Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote pour la mort...Après avoir renié ses racines, Philippe Egalité trahit la franc-maçonnerie en adressant une lettre emplie de mépris au secrétaire du G.O. : Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère, ni aucune assemblée secrète dans une république, surtout au commencement de son établissement, je ne veux plus me mêler en rien du Grand-Orient ni des assemblées de francs-maçons.

 

Affaiblie par la Révolution française, la franc-maçonnerie va reprendre force et vigueur sous le Directoire. Elle va être dûment contrôlée sous le Premier Empire. En effet, Napoléon ne souhaitait pas détruire cette institution, il préféra y faire affilier la majorité de ses maréchaux et une partie de sa famille. Parmi les vingt-six maréchaux d'Empire, dix-huit étaient francs-maçons. Le Grand-Orient fut même dirigé par Joseph Bonaparte, le propre frère de Napoléon, à partir de 1805 et son adjoint fut l'archichancelier Cambacérès. Jamais, dans l'histoire de France, la franc-maçonnerie n'aura été autant contrôlée. L'empereur avait un moment envisagé d'interdire la Maçonnerie mais y avait renoncé à la suite d'une démarche passionnée du Frère Masséna. Fin stratège, Napoléon savait qu'il valait mieux avoir la franc-maçonnerie avec soi et déclara : Aussi longtemps que la maçonnerie n'est que protégée, elle n'est pas à craindre ; si, au contraire, elle était autorisée elle deviendrait trop puissante et pourrait être dangereuse. Telle que 'elle est, elle dépend de moi, et moi je ne veux pas dépendre d'elle.

 

Le 22 octobre 1804, le frère de Grasse-Tilly crée la Grande Loge Générale Écossaise. Napoléon voit d'un assez mauvais œil la naissance d'une deuxième obédience. Pour être mieux à même de « protéger » la franc-maçonnerie, il impose un concordat au Grand Orient et à la Grande Loge écossaise dès 1804. L'obéissance des loges à l'égard de Napoléon sera soulignée par de nombreux historiens. Cette soumission avait pour raisons l'extrême surveillance de la franc-maçonnerie par la police de Foucher mais aussi la sincère adhésion au régime de la plupart des francs-maçons. Dans les premiers mois de la Restauration, la franc-maçonnerie va être une période noire pour les loges car Louis XVIII veut procéder à une épuration des cadres de la nation. La police royale mène des enquêtes sur les francs-maçons qui ont joué un rôle important pendant la Révolution et sous l'Empire. De nombreux Frères seront chassés de l'administration. Pour ne pas disparaître, le Grand-Orient et le Suprême Conseil de France (nouvelle obédience créée en 1821) vont afficher leur loyalisme. Le règne de Charles X (1824-1830) est celui d'un franc-maçon qui a perdu le chemin conduisant vers les loges. En effet, le roi a été initié mais il a perdu toute conviction pour l'institution maçonnique. Les cléricaux le pressent de supprimer la franc-maçonnerie mais Charles X sait qu'il est plus facile de canaliser les velléités révolutionnaires des loges en tolérant leurs travaux.

 

La Révolution de Juillet voit l'avènement de la monarchie parlementaire. En effet, Louis-Philipe n'est pas le roi de France mais le « roi des Français ». Même si la police de Thiers surveille de près les loges, le Grand-Orient peut travailler sans problèmes et une évolution commence à s'esquisser. L'aristocratie et la haute bourgeoisie s'éloignent des loges au profit de la petite et moyenne bourgeoisie. L'effet de cette évolution va permettre l'entrée des idées libérales. Ainsi, quand en 1848, Louis-Philippe est déchu, les francs-maçons sont gagnés par les idées républicaines. Le Grand-Orient manifeste sa vive sympathie pour la IIe République : La République est dans la Maçonnerie. La république fera ce que fait la Maçonnerie, elle deviendra le gage éclatant de l'union des peuples sur tous les points du globe sur tous les côtés de notre triangle, et le Grand Architecte de l'Univers, du haut du ciel, sourira à cette noble pensée de la République.

 

La renaissance de la République fut possible grâce au parrainage de plusieurs grands personnages de la littérature française dont le poète Lamartine. Bien que celui-ci ne fut pas Maçon, il avait une certaine sympathie pour la philosophie maçonnique et il soutint les frères qui voulaient retrouver leur influence auprès de l'Etat : Je vous remercie, au nom de ce grand peuple qui a rendu la France et le monde témoin des vertus, du courage, de la modération et de l'humanité qu'il a puisé dans vos principes, devenus ceux de la République française. Ces sentiments de fraternité, de liberté, d'égalité qui sont l'évangile de la raison humaine, ont été laborieusement, quelquefois courageusement, scrutés, propagés, professés par vous dans vos enceintes particulières, où vous renfermiez jusqu'ici votre philosophie sublime. Mais la franc-maçonnerie n'est pas la seule à solliciter les faveurs de la République, le Compagnonnage entre en concurrence avec elle porté par son principal représentant : Agricol Perdiguier. Le Grand-Orient contre-attaque en augmentant le tarif de ses cotisations. Cela a pour effet d'écarter les artisans. Déçus par le retour de l'élitisme, quelques frères créent une nouvelle obédience : la Grande Loge Nationale de France (2è du nom à ne pas confondre avec celle de 1772). Cette nouvelle fédération veut réunir les hommes sensibles à l'amélioration de la société, quel que soit leur classe sociale.

 

Le gouvernement voit d'un mauvais œil cette tentative de réforme de la Maçonnerie et interdit la GLNF en 1851. Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon qui était président de la République depuis 1848 restaure l'empire en décembre 1852. Napoléon III, lorsqu'il était encore Louis-Napoléon, fils de la reine Hortense, avait été initié dans une vendita et avait prêté le serment des carbonari, qui exigeait un dévouement total, jusqu'à la mort. La Charbonnerie était la cousine italienne de la franc-maçonnerie mais elle était nettement plus politisée. Son but était l'unification de l'Italie. De cette expérience, Napoléon « le petit » (comme le surnommait Hugo) retint une leçon : il ne faut pas interdire les sociétés discrètes ou secrètes car elles se reforment et deviennent dangereuses. Comme son oncle, Napoléon III contrôle la franc-maçonnerie en plaçant ses hommes. Ainsi, le prince Murat devient Grand-Maître et occupe ce poste de 1852 à 1861. Il dirige le Grand Orient d'une main de fer mais sa gestion est mauvaise, il se ruine en achetant un hôtel luxueux rue Cadet pour installer toutes les loges parisiennes du Grand-Orient. La principale obédience française est endettée et les francs-maçons sont de plus en plus nombreux à mettre en doute les qualités de Grand-Maître de Murat. Le prince ne supporte pas d'être critiqué et radie quarante vénérables qui avaient protesté contre sa mauvaise gestion. L'empereur ne voit pas d'autre solution que de remplacer le prince Murat. Il nomme un profane comme Grand-maître. En effet, le maréchal Magnan n'est pas maçon, il est propulsé à la direction du G.O. et doit recevoir les trente-trois degrés, qui font d'un homme un « initié », en une seule journée !

 

Le maréchal prenant son rôle très au sérieux, limitera les interventions du pouvoir impérial. En 1869, Magnan meurt et ses obsèques créent un incident entre l'épiscopat français et le Vatican. En effet, le Grand-Maître avait émis le souhait d'être enterré religieusement avec les insignes maçonniques sur son cercueil. La cérémonie eut lieu à Notre Dame de Paris sous les auspices de Mgr Darboy qui répondit avec humour aux attaques pontificales. Il fit croire au pape qu'il n'avait pas vu l'équerre et le compas qui ornaient le cercueil ! En 1870, l'Empire est affaibli par la guerre menée contre la Prusse et la défaite de Sedan débouche sur l'abdication de Napoléon III. La IIIe République naît, elle sera largement influencée par la franc-maçonnerie. Dès la proclamation du nouveau régime, les frères sont présents au sein du gouvernement. On compte de nombreux maçons parmi les ministres : Crémieux, Garnier-Pagès, Pelletan puis un peu plus tard : Gambetta, Arago et Jules Simon. La jeune République est rapidement mise à mal avec les révoltes de la Commune. Lors de cette période, la franc-maçonnerie est divisée mais les initiatives appelant à l'arrêt des combats sont nombreuses à émaner des loges. La manifestation pacifique la plus importante a lieu le 29 avril 1871, six mille francs-maçons des loges parisiennes se rassemblent Place du Louvre puis dressent leurs bannières devant les remparts provoquant le cessez-le feu des Versaillais. Ils sont partis à huit heures du matin, ont été rejoints par des bataillons de garde nationaux et par cinq membres de la Commune dont Jean-Baptiste Clément, l'auteur du chant Communard : Le temps des cerises. Malheureusement, la conciliation est un échec et trois semaines plus tard les Versaillais entrent dans Paris puis tirent sur la foule. 

 

De nombreuses réformes apparaissent dans l'institution maçonnique dans le dernier quart du siècle. En 1877, l'obligation de croire en un être suprême est abandonnée par le Grand Orient et les femmes vont enfin pouvoir recevoir l'initiation qui leur était interdite depuis le début de la Maçonnerie spéculative. Avec la création de l'obédience mixte, le Droit Humain, en 1893, Maria Deraismes (qui avait été reçue clandestinement par la loge maçonnique « les libres penseurs du Pecq) décide d'utiliser la Maçonnerie pour l'émancipation des femmes. L'écrivain rationaliste sera aidé par le mouvement féministe tout juste naissant. Forte de ces réformes, la Maçonnerie pourra se prévaloir d'être la garante du progrès. Pour appliquer ses idées, elle va se politiser de plus en plus. Les travaux des loges sont axés sur des sujets politiques et sociaux qui le plus souvent se retrouvent dans le programme du Parti Radical.

 

La Franc-Maçonnerie est la République à couvert. La République est la Franc-Maçonnerie à découvert. Cet aphorisme du frère Gadaud, ministre du commerce en 1894 traduit bien l'influence de la franc-maçonnerie dans la société française. L'année 1894 voit la création d'une nouvelle obédience maçonnique (après le Grand-Orient et le Droit Humain), il s'agit de la Grande Loge de France qui n'a rien à voir avec son prestigieux homonyme de 1728. Cette nouvelle obédience déiste travaille « à la gloire du Grand Architecte de l'Univers » et privilégie la réflexion sur les symboles maçonniques. L'omniprésence des maçons dans la vie politique ne fut pas pour plaire à l'ensemble des conservateurs. Pour cette raison, la Maçonnerie dut faire face au boulangisme. Boulanger, le général réactionnaire était sur le point de prendre le pouvoir et d'anéantir la République en 1889 mais Ernest Constans, maçon et ministre de l'Intérieur réussit à débarrasser la France du dangereux militaire.

 

La démocratie étant sauvée, les francs-maçons allaient pouvoir faire voter leurs idées au Parlement. Un train de lois sociales avait été étudié dans les diverses obédiences prévoyant l'assistance publique intégrale, la suppression de la peine de mort, la fondation des banques populaires, le droit au divorce par consentement mutuel, les retraites ouvrières et le mouvement mutualiste. Ce programme très novateur fut transmis aux francs-maçons parlementaires qui n'en tinrent compte que partiellement, afin de ne pas perdre leurs électeurs souvent effrayés par les réformes. Néanmoins, la Maçonnerie républicaine ou la République maçonnique aura su imposer l'enseignement laïc et gratuit améliorant ainsi la Loi Guizot qui l'avait rendu obligatoire quarante ans plus tôt. Les lois dites « laïques » créées par Jules Ferry établirent une coupure entre les domaines religieux et civils. En 1880, des décrets contre les congrégations excluaient les évêques du Conseil Supérieur de l'Université et en 1882, les écoles primaires furent débarrassées des crucifix. La victoire de la franc-maçonnerie sur l'Eglise ne pouvait que contribuer à la diabolisation des Frères comme en témoigne l'Encyclique Humanum Genus de Léon XIII.

 

FRANC-MAÇONNERIE ET NOMBRES

Marie-Delclos

Edition Trajectoire

2017

L'homme comptait avant d'entrer dans l'Histoire. Ces nombres devinrent des images, d'abord associées aux animaux, puis, plus tard, aux dieux et enfin aux hommes eux-mêmes. Lorsque l'écriture fit son apparition, on lia étroitement les noms aux nombres, par les syllabes, puis par les lettres additionnées. La signification des nombres faisait partie des secrets de l'initiation qui s'enseignaient dans les temples. Les valeurs utilisées pour la construction du Temple de Salomon ne sont pas anodines. Sa longueur est de 60 coudées (le nombre du ciel), sa largeur est de 20 coudées (le nombre du soleil), et sa hauteur est de 30 coudées (le nombre de la lune), pour un volume total de 36 000 coudées cubes (le nombre 36 symbolisant la totalité de l'univers). Au sein de l'ordre mathématique créé par le Grand Architecte de l'Univers, la Franc-maçonnerie, gardienne des traditions, s'intéresse aux nombres.

 

La structure des rites organisés témoigne de leur importance. Ainsi, sur la base des trois degrés (apprenti, compagnon, maître), le Rite de Perfection ajoute 22 degrés (référence aux 22 lettres de l'alphabet hébraïque). Les 8 supplémentaires incorporés par le REAA portent le tout à 33 degrés (le nombre 33, allusion au cycle solaire, apporte une dimension cosmique à la composition). Au cours de son initiation et pour chaque degré, des nombres sont indiqués au maçon, par les batteries, par son âge symbolique, par ses pas, ou encore par les mots qui lui seront donnés et les symboles présents dans la loge. Dans cet ouvrage, l'auteure offre aux intéressés une étude exhaustive du symbolisme des nombres relatifs aux différents degrés de la Franc-maçonnerie, en s'appuyant sur la cosmogonie, la géométrie, l'astronomie, l'alchimie et la kabbale.

 

L'Initiation chez les anciens, à cette époque où les peuples étaient non seulement dans l'enfance des sciences et des arts, mais encore dans l'ignorance d'une morale raisonnée, l’initiation s'enrichissait de toutes les découvertes que l'étude, la méditation, le génie ou l'esprit des prêtres et des initiés, les seuls hommes instruits, leur permettait de révéler dans l'intérêt commun. L'initiation en passant d'une nation dans une autre, s'enrichissait encore des fruits que donnait cette migration. Aux choses que les doctes recueillaient de leurs prédécesseurs, les nouveaux prêtres et les initiés ajoutaient les produits de leur propre conception. Si toutes les richesses scientifiques et morales qu'avaient révélées les différentes initiations qui précédèrent l’établissement de la Franche-Maçonnerie eussent été réunies avec soin et transmises aux fondateurs de notre illustre association, nul doute qu'il ne restât aucune découverte à faire dans les sciences et dans les arts, aucune lumière de l'esprit à acquérir, aucun sentiment d'affection à rappeler. Jusqu'à Numa, l'histoire des peuples, leurs sciences, leurs institutions, leurs sentiments, tout était incomplet ou de tradition. Ainsi, déshérités d'une succession immense, nous sommes obligés, profanes et maçons, d'étudier l'histoire publique ou secrète des anciens dans ses triples rapports de la politique, de la religion et de la morale, moins encore dans des annales fausses ou incomplètes, que sur des monuments que le temps a respectés, et l'on sait comment le temps respecte les créations humaines.

 

La Franc-Maçonnerie comme l'initiation ancienne, renferme toutes les sciences, et ses grades, du premier au troisième, forment pour l'homme studieux et méditatif, une véritable Encyclopédie des sciences. Le sujet de cette dissertation serait la science des nombres, en si grande vénération chez les anciens, et, parmi les modernes, avant le dix-huitième siècle. Nous ne vous la présenterons pas pour absorber votre esprit dans des combinaisons qui n'intéresseraient plus généralement, mais pour vous rappeler des souvenirs de curiosité sur les nombres trois, cinq, sept, en honneur dans nos loges. Les plus célèbres philosophes de l'antiquité, et entre autres Pythagore prétendaient qu'il y avait une vertu secrète, une action singulière et toute admirable dans les nombres. Les plus célèbres docteurs de l'église eux-mêmes, Saint-Jérôme, Saint-Augustin, Saint-Ambroise, Saint-Athanase, Origène, Rabanus, etc., partageaient l'opinion des illustres Payens. Saint-Hilaire, commentateur des psaumes, dit que les Septante ont mis les psaumes en ordre par l'efficacité des nombres, et le savant Rabanus a composé un livre sur les vertus qui leur sont attribuées.

 

Severin Boèce avance : « que tout ce que la nature a fait d'abord, semble avoir été formé par le moyen des nombres ; car ça été le principal modèle dans l'esprit du Créateur ; de là est venue la quantité des éléments ; de là la révolution des temps ; c'est de là que subsiste le mouvement des astres, le changement du ciel, et l'état des nombres par leur liaison ». Pythagore dit que tout est composé du nombre, et que le nombre distribue les vertus à toutes choses. Paracelse assure que le nombre subsiste toujours et se trouve en tout ; l'un dans la voix ; l'autre dans ses proportions ; l'un dans l'âme et la raison, l'autre dans les choses divines. Themistius, Boèce, Averroès de Babylone, et avec eux Platon, louent si fort les nombres,  qu'ils croient que sans eux on ne peut être bon philosophe.

 

Les nombres simples signifient les choses divines, les nombres dixièmes, les choses célestes ; les nombres centièmes, les choses terrestres ; les nombres millièmes, les choses des siècles à venir. Telle est l’opinion qu’Agrippa, conseiller et historiographe de l'Empereur Charles V, a développée dans sa philosophie occulte.  Les anciens avaient surtout une grande prédilection pour les nombres impairs ; ils les croyaient chéris des Dieux, tandis qu'ils regardaient, et particulièrement les Romains, les nombres pairs comme funestes ou de mauvais augure. L'art de la divination les repoussait ; la médecine elle-même leur attribuait une fatale influence. Nous ne dirons qu'un mot de l’unité qui n'ayant point de parties n'est point un nombre. L’unité est le principe et la source des nombres qui ne sont qu'une répétition de l’unité. Elle est une, toujours la même, sans aucun changement ; elle a tout en soi ; multipliée, elle ne produit rien, et elle est indivisible parce qu'elle est sans parties. Attribut de la divinité, elle exprime l'idée du grand tout. Il n'y a qu'un Dieu, il n'y a qu'un Soleil. Les prêtres, les initiés et tous les philosophes de l’Orient crurent découvrir dans la science des nombres plus profonds décrets de la nature ; mais c'est à quelques-uns des illustres modernes qu'il était réservé d'en faire pour l'esprit un véhicule puissant qui l'élevât à la hauteur où ces grands génies semblent entrer dans le conseil de la divinité ; il suffit de nommer Newton. 

 

Du nombre trois : Le nombre Trois qui, suivant Pythagore, représente l'harmonie parfaite, figure au premier rang dans le monde physique comme dans le monde moral : Omne trium perfectum. Il est parfait par la longueur, par la largeur et par la profondeur, après lesquelles il n'y a plus d'autre dimension. C'est ce nombre qui offre à l'érudit le plus de rapprochements ingénieux. On est étonné des diverses propriétés que lui ont attribuées la raison, l’imagination et le sentiment.

 

Nous remarquerons d'abord que la philosophie occulte ou métaphysique compte trois mondes : le monde élémentaire, le monde céleste, le monde intellectuel ; qu’il a dans l'univers l’espace, la matière, le mouvement ; que les choses corporelles ou spirituelles sont composées d'un principe, d'un milieu, d'une fin ; que l'étendue ou la mesure du temps est renfermée dans le passé, le présent et l’avenir ; qu'on admet trois puissances intellectuelles dans l'homme, la mémoire, l’entendement et la volonté ; que les attributs du moteur suprême de la nature, sont l’infinité, la toute-puissance, l’éternité. La physique moderne qui considère l'eau comme un air condensé, n'admet plus que trois éléments : la terre, le feu et l’air. On observe dans les corps, la forme, la densité, la couleur. Les couleurs en ont trois primitives : le jaune, le rouge, le bleu. Le chimiste trouve dans les corps trois principes palpables : la terre, l’eau et le sel. La géométrie mesure l'étendue par le point, la ligne, la surface. Dans la géométrie est comprise la trigonométrie ou science du triangle. La mécanique démontre que la force est le résultat du produit de la masse multipliée par l’espace, divisée par le temps.

 

Le médecin observe dans l'homme la conformation des solides, le mouvement des fluides, le jeu des passions. Le naturaliste classe les ouvrages de la nature en trois règnes : les végétaux, les minéraux, les animaux. Les géographes prétendent que les anciens ne connaissaient que l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Dans les beaux-arts, il y a trois arts principaux, la peinture, la sculpture et l’architecture. Le peintre s'efforce de réunir trois qualités essentielles : le dessin, l’expression, le coloris. L'architecte se propose trois objets : la distribution, la proportion, la solidité. On sait que la base, le fût et le chapiteau composent la colonne dont les ordres étaient, suivant les Grecs, le dorique, l’ionique et le Corinthien. Le musicien distingue le son aigu, le son grave et le médium. Il y a en musique trois clefs : de sol, d'ut et de fa. L'art oratoire a trois parties principales, l’invention, l’élocution et la distribution. L'auteur dramatique se renferme, pour la composition de son poème, dans la règle de la triple unité : d'action, de tempe et de lieu. La Mythologie confiait le fil de nos jours aux trois Parques, Clotho, Lachesis et Atropos, et sans doute notre bonheur, aux trois Grâces Aglaé, Thalie et Euphrosyne. Elle divisait le ciel en trois divinités supérieures : Jupiter, roi du ciel ; Neptune, maître de l'océan ; Pluton, tyran des enfers. A Argos, Jupiter avait trois yeux pour observer en même temps, le ciel, la terre et les enfers. L'enfer avait ses trois juges, Minos, Eaque et Rhadamanthe. Cerbère, gardien des enfers, avait trois têtes ; les furies étaient au nombre de trois, savoir : Alecton, Mégère, Tisiphone. La triple Héatre ou Diane aux trois visages, conduisait le char de la Lune, présidait aux sorcelleries, poursuivait les bêtes fauves. Il y avait trois gorgones : Méduse, Sthéno, Euriale, ainsi que trois harpies, trois Hespérides, trois sibylles. On compte aussi trois âges : l'âge d’or, l'âge d'airain, l’âge de fer. Nous ne devons pas omettre non plus le trépied antique, ni le fait historique du combat des trois Horaces contre les trois Curiaces.

 

S'il était permis de faire quelques rapprochements entre les erreurs des Payens et les vérités de la religion catholique ou chrétienne, nous ajouterions à cette curieuse nomenclature, la Trinité du Père, du Fils et du St-Esprit ; les trois rois mages, Baltasar, Gasparet Melchior qui vinrent adorer l'Enfant Jésus ; les trois poissons et les cinq pains avec lesquels Jésus devenu homme, nourrit cinq mille personnes ; les trois clous qui attachèrent Jésus-Christ à la croix ; les trois jours qu'il passa dans le sépulcre ; les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité, et même le triple reniement de Saint-Pierre. Caton le censeur, se repentait de trois choses : d'avoir passé un jour sans rien apprendre, d'avoir confié son secret à sa femme et d'avoir voyagé par eau pouvant voyager par terre. Dans la guerre entre César et Pompée, César, vainqueur de Pharnace, fils de Mithridate, qui avait voulu rester neutre, pour exprimer la rapidité de sa victoire écrivit ces seuls mots : Veni, Vidi, Vici. En politique, la grandeur, la prospérité et la durée des états dépendent de la justice des souverains, de la sagesse des lois, de la pureté des mœurs. Nous avons vu en France, en moins de trente ans, trois consuls, trois pouvoirs : le roi, la chambre des pairs, la chambre des députés, où se trouvent trois divisions d'opinions, le côté droit, le centre, le côté gauche. En F. Maçonnerie le Grand Architecte de l'univers a pour attribut la sagesse, la force, la beauté, et l’image de sa perfection est représentée par le triangle simple ou triple. Nous ne pouvons mieux terminer ces citations sur le nombre trois que par les vers qu'il a inspiré au Frère Voltaire :  

 

Je vis d'abord notre portier Cerbère, De trois gosiers aboyant à la fois ; Il me fallut traverser trois rivières ; On me montra les trois sœurs filandières Qui font le sort des peuples et des rois. Je fus conduit vers trois juges sournois Qu'accompagnaient trois gaupes effroyables, Filles d'enfer et geôlières des diables ; Car, dieu merci, tout se faisait par trois. 

 

FRANC-MAÇONNERIE ET TAROTS

 Marie  Delclos

Edition Trajectoire

 2016

Le tarot est un art de mémoire basé sur le symbolisme judéo-chrétien contenant les clés de la kabbale et de l'ésotérisme chrétien. Il fut vraisemblablement conçu par des maîtres imagiers issus du compagnonnage ou de la Maçonnerie opérative. S'y cachent des secrets d'architecture et de métiers pour la construction d'un édifice, d'un temple, qu'il soit matériel ou spirituel. Le tarot dispense un enseignement initiatique dont le fil est la succession des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Chaque carte est une énigme à décrypter, un mémo qui évoque un tapis de loge. C'est pourquoi de nombreux francs-maçons s'intéressent au tarot. Certains même les font étudier dans les loges. Marie Delclos met en évidence un enchainement des lames décrivant parallèlement la construction d'un édifice et la progression de l'initié.

Pour chaque lame, on trouvera des clefs techniques et des figures géométriques qui sont autant d'étapes dans la construction de l'édifice. Ainsi on découvrira successivement : les unités de mesure, le plan, l'élévation, la porte et son trumeau, la coupole, la taille de la pierre, le transport des pierres, les marches d'un escalier, l'escalier secret, la roue pour hisser les pierres, l'épi et le faîtage, la clef de voussure pendante, le compas et la faux ou le tracé à main levée, le niveau, les fondations, l'évaluation de la hauteur d'une tour, la perfection de la taille, la construction d'un pont, les fenêtres et les vitraux etc. Pour chaque carte, l'auteur explicite le rapport de ces clefs avec les étapes de l'initiation maçonnique.

L’étude des Tarots en Franc-maçonnerie débouche sur la connaissance de soi même : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les Dieux ». Cette devise grecque, attribuée à Socrate, est en réalité plus tardive puisque inscrite sur des temples grecs bien avant Socrate et serait de philosophes pré-socratiques. Cette phrase reflète bien la démarche philosophique grecque, qui à travers la connaissance de soi même, cherchait à découvrir les secrets de l’univers. Le mot Philosophie vient de philo= aimer et Sophie=sophia/sagesse donc la philosophie est l’art d’aimer ou de rechercher la Sagesse. Avec cette phrase nous allons pouvoir entrer dans la philosophie intérieure ésotérique, qui fait appel, moins à la Raison, mais plus à l’âme et à l’esprit. Les grecs cachaient cet ésotérisme à l’intérieur des « mystères » : Eleusis – dionysiaques – Apollon (Dieu du soleil et de la lumière) et d’autres – Tous ces mystères pratiquaient un exotérisme avec des rituels et des cérémonies, mais surtout diffusaient un enseignement ésotérique et secret, dont la phrase « Connais-toi toi-même » en était la clef. On y trouvait également les phrases suivantes que Platon avait fait inscrire sur le fronton de son Académie « Nul ne rentre ici s’il n’est géomètre » et aussi il ajoutait « Dieu fait toujours de la géométrie ».


Cette connaissance de soi-même demande une mise en place d’un plan personnel qui doit déboucher sur :


1/ Une analyse ou réflexion de son caractère, de son passé, de son présent et d’un futur. Faire ressortir les points faibles et forts. Réfléchir sur les actions passées et en tenir compte pour une éventuelle rectification. (V.I.T.R.I.O.L.U.M)
2/ Réfléchir sur son désir de s’améliorer, de se perfectionner et de savoir quelle route je veux prendre dans ma spiritualité.
3 / Ne pas être effrayer de faire cette analyse. On hésite très souvent à affronter sa face sombre et inquiétante.
4/ Les moyens seront entre autres les suivants : 


Le miroir - Toutes les allégories des cavernes, des mandalas, des labyrinthes. Visite de son intériorité – Humilité – et les Mécanismes socratiques : Pratique de la maïeutique et de la réminiscence, pour pouvoir atteindre la mémoire profonde, siège de la libération.


Maïeutique : Art de l’accouchement. Ce mot provient du dialogue de Socrate avec son élève et que Platon a immortalisé dans le « Théétète ». Cette maïeutique consiste à faire accoucher la personne (plan psychique). En l’interrogeant on va lui faire exprimer des connaissances qu’elle n’aurait pas conceptualisées. C’est une mécanique de questions-réponses.


Réminiscence : Appelée Anamnèse en grec. Acte de l’esprit par lequel l’Homme se ressouvient de ce dont il a eu connaissance auparavant et ainsi accède à la mémoire cosmique/universelle enfouie au fond de lui-même. Retour de souvenirs. Platon décrit cet acte dans 4 livres (Le Phédon- Le Théétète- Le Menon- Phèdre)


La psychanalyse moderne avec  Jung n’ont fait que remettre au goût du jour ce mécanisme socratique et platonicien. Jung aura toute notre attention, car ayant étudié le Tarot, il nous donne une méthodologie qui correspondant à la recherche tarotique et nous amène par l’Individuation à notre Réalisation spirituelle, ainsi il nous emmène dans son univers des profondeurs, là où se côtoie les mythes, les légendes, les contes de fées, les archétypes et les empreintes culturelles remplissant cet inconscient collectif, et dont le pérégrin y puisera réflexions et modèle de vie.

 

Voilà en gros ce que l’étude des Tarots ésotériques amène chez le cherchant. Cet arbre de vie, cet archétype, est comparable à l’arbre de vie chrétien (arbre de la vie et de la connaissance), à l’arbre des Sephiroth hébraïques, à l’arbre des 7 chakras hindoue, et au Yiking chinois.

 

Ces modèles de vie nous apprennent à réfléchir sur nous-même afin de retrouver cette étincelle divine qui est en nous ; le chemin est long est difficile, mais donner du sens à sa vie est aussi un challenge et comme a dit  Rudyard Kipling « La liberté spirituelle n’a pas de prix » 

 

FRANC-MAÇONNERIE : RÉGULARITÉ ET RECONNAISSANCE - HISTOIRE ET POSTURES

Roger Dachez, Préface d’Alain Bauer 

 

 2015

Propos  et réflexions de Roger Dachez sur son livre :

Ce petit livre est né d’un vif agacement : celui que j’ai éprouvé, au cours des deux dernières années, face aux postures artificielles et aux faux semblants qui ont émaillé le paysage maçonnique français (PMF), suite à ce qu’il sera convenu de nommer, dans les futurs ouvrages d’histoire, « l’Appel de Bâle » (juin 2012).

Ici ou là, pour s’y rallier comme pour le dénoncer, pour le défendre comme pour le pourfendre, les uns et les autres ont adopté des positionnements tactiques parfois difficiles à déchiffrer autant qu’à tenir, délivré des discours d’une ambigüité confondante ou fait appel, pour soutenir leur cause, à des « experts » maniant le double langage ou travestissant les faits, davantage en vertu de stratégies personnelles que pour éclairer honnêtement l’opinion maçonnique.

Il en est résulté un désordre navrant qui n’a pas grandi l’image de la franc-maçonnerie française. Même si l’on oublie les insultes et les invectives d’une violence incroyable qui ont fleuri sur les forums et dans les blogs – mais qui en disent quand même long sur ce que la franc-maçonnerie représente pour leurs auteurs !  –, ce regrettable épisode n’a fait que traduire, une fois de plus, la troublante incohérence du paysage maçonnique français : je ne parle pas ici de sa diversité, qui est une donnée incontournable et définitive de son histoire, mais de ce qui est supposé lui donner malgré tout une identité commune.

Le marqueur « régularité » a concentré sur lui des débats et mis au jour des fractures qui vont bien au-delà du naufrage annoncé d’un dossier mal ficelé depuis le début. L’Appel de Bâle a été le révélateur d’une vision et d’une pratique de la maçonnerie qui prévalent en France depuis bien plus d’un siècle et condamnent cette dernière à vivre régulièrement les soubresauts de querelles assez ridicules, dans la mesure où elles reposent le plus souvent sur une inquiétante méconnaissance des fondamentaux de la tradition maçonnique, des aléas de l’histoire de la franc-maçonnerie et, plus encore, sur une ignorance profonde de ce qu’elle est réellement à travers le monde, pour l’immense majorité des francs-maçons qui peuplent la planète.

Cet improbable vaudeville en quoi consiste la chronique de la maçonnerie française depuis quelques décennies, fait de déclarations martiales et de claquements de portes, où des dignitaires peu ou mal  inspirés – et surtout très mal informés – perdent d’innombrables occasions de se taire, traduit en fait un problème plus essentiel – et donc plus grave, mais aussi plus intéressant…

Ce qui a été mis en jeu une fois de plus, à travers la tragi-comédie des derniers mois – dont le seul aboutissement tangible et d’avoir rendu encore plus compliqué le PMF et attisé de nombreuses rancœurs qui mettront du temps à se résorber –, c’est sans doute le caractère très atypique du modèle maçonnique français, dans le concert maçonnique mondial – ce qui, en soi, n’est pas nécessairement un problème – mais c’est surtout la nature très « hexagonale » d’une maçonnerie qui, « régulière » ou non, a fortement tendance à absolutiser ses choix, à réduire à son identité propre et particulière l’institution maçonnique dans son ensemble et même, comble de tout, à l’ériger en norme universelle !

C’est au confluent de cette actualité qu’il faut dépasser, de ces contradictions qu’il faut tenter de démêler, et de cet aveuglement auquel il faut s’efforcer de porter remède, que j’ai souhaité présenter le bref essai que voici.

Je l’ai voulu sincère et sans arrière-pensée – nul ne peut me reprocher d’avoir jamais dit le contraire de ce que je pensais, ni fait le contraire de ce que j’avais dit. Je me suis également imposé d’en désigner les sources et d’en préciser les références, mais je ne prétends à aucune infaillibilité et je le propose comme une contribution honnête, mais naturellement susceptible de critiques, à un débat difficile.

Mon but, toutefois, n’est pas de tromper mes lecteurs, ni de leur dorer la pilule par veulerie ou par calcul, ni de les entraîner dans des impasses. Mes choix maçonniques sont connus et n’interfèrent pas ici car je n’y défends aucun camp : il serait temps que la distance par rapport au sujet que l’on traite, comme il sied dans le milieu académique où jadis la franc-maçonnerie recruta tant de ses adeptes, devienne aussi la norme du débat dans le monde maçonnique français.

Je m’efforce, quant à moi, en écho à Paul Bourget que j’ai cité plus haut et que je paraphrase ici légèrement, et en contrepoint à l’exemple de trop fameux « historiens incontournables », de vivre dans ma vérité, fût-elle discutable, plutôt que dans le mensonge dissimulé – et  toujours méprisable.

 

FRANCS-MAÇONS  ALCHIMISTES

 Patrick Carré

Edition Liber Faber

 2015

Ce livre met « en regard » les rituels maçonniques du Rite Écossais Ancien et Accepté, tels qu’ils furent rédigés à l’origine au XVIIIe siècle, et les traités anciens des alchimistes, afin de « projeter » (terme alchimique) les Maçons et Maçonnes dans chacune des phases de l’Œuvre grâce à l’étude des rituels, et inversement de faire redécouvrir le sens des rituels à travers ce prisme alchimique.


Ce regard croisé anime de l’intérieur les symboles en deux dimensions, et tend à transformer leur « vision » statique en « visualisation » dynamique en conscience, jusqu’à les « voir » en trois dimensions s’animer et « illustrer » le perfectionnement et l’accomplissement spirituel de chaque Maçon et Maçonne sur le chemin de l’Initiation.

 

Tous les minerais, les Sages l'ont bien précisé, ne sont pas aptes à être employés dans l'Art d'Alchimie. Parmi les minerais il en est un seul qui convienne, et sa désignation par son nom profane est un des grands secrets de l'Art, mais tous les morceaux, toutes les parcelles de ce minerai recueillis dans la mine ne sont pas d'une égale qualité : ils sont plus ou moins purs ce qui rend la durée de l'Œuvre variable et les différentes Opérations plus ou moins délicates.

De même tous les profanes ne sont pas initiables, il s'en faut. Et parmi ceux que le destin, le Karma a amené au bord de l'initiation, ou si l'on veut : parmi ceux que Dieu a appelé à " mûrir " plus vite, tous ne présentent pas les mêmes qualités, les mêmes possibilités. Car, ainsi que nous l'avons vu, c'est bien une maturation accélérée qui est le but de l'Alchimie et de l'Initiation, respectivement au minéral et à l'homme. Sans le concours de l'Art, la parcelle de " Minière des Sages ", comme l'homme resterait, l'une dans sa mine, l'autre dans le profane et l'évolution connaîtrait la lenteur et les échecs de la nature.

Nous savons que c'est grâce à l'action du " Spiritus Mundi " que la " Pierre des Philosophes " va devenir la " Pierre Philosophale ". Au niveau du Minéral ce " Spiritus Mundi " est un Sel chimique, dont le nom profane est aussi un des grands arcanes de l'Art Alchimique. Au niveau de l'Initiation Maçonnique c'est un influx psychique, une action de la Loge en tant que vectrice des forces de l'Egrégore de l'Ordre. Je dirais bien qu'il s'agit là d'une corrélation du Saint-Esprit, aussi bien sur le plan de l'Initiation humaine que sur celui de l'Alchimie minérale, mais je sais que disant cela je vais m'attirer les véhémentes protestations aussi bien des Francs-Maçons que des Catholiques : Les premiers vont sans doute me suspecter de subordonner l'Initiation Maçonnique aux croyances particulières de l'Eglise Catholique ; les autres vont trouver blasphématoires de ramener le Saint-Esprit à l'action d'un sel chimique. Qu'importe, les Alchimistes me comprendront et ces lignes s'adressent à eux.

Le Grand ‘Œuvre Alchimique comporte (en exceptant la pré-préparation) une première phase : la Préparation, comprenant elle-même deux opérations la mortification et la séparation. Par Mortification il faut entendre l'action de concasser, de broyer et de pulvériser la Materia Prima. Quant à la séparation c'est proprement la mort de cette Materia Prima puisque nous voyons l'Esprit et l'âme de l'être minéral quitter le corps, c'est à dire en termes Alchimiques : Le Sel et le Mercure séparés du Soufre.

 

francs-maçons du midi

Paul PISTRE

EDITION  MARE NOSTRUM

 1995

C’est l’histoire de la maçonnerie biterroise depuis l’origine jusqu’à aujourd’hui. L’auteur natif de Béziers y raconte l’aventure de ces hommes qui ont œuvré malgré les aléas des guerres, des religions et des idéologies différentes.

 

Après une existence légendaire au Moyen Age, il est admis que la franc-maçonnerie renaît en Angleterre en 1717, avant de se répandre peu à peu en France et en Europe. Il est difficile d'évaluer précisément son apparition à Béziers. Il en est fait mention dès 1749, mais on n'en trouve des traces concrètes qu'après 1770. 

Avant 1789, on en recense cinq. Deux sont militaires, c'est-à-dire qu'elles sont liées à des régiments stationnés dans la ville. Elles sont donc éphémères, puisqu'elles dépendent du stationnement des troupes. Il existe aussi trois loges civiles : les Vrais Amis, Saint-Jean-de-Jérusalem et la Triple Harmonie. Cette dernière a la particularité de n'apparaître dans aucun document écrit. Son existence n'est connue que par un riche service en faïence de Moustier, décoré à son nom, datant des années 1770-1780. 

Au début, les premiers Francs-maçons  sont d'origine aristocratique, mais, peu à peu, de grands bourgeois les rejoignent. Des clercs sont aussi présents, et même quelques dignitaires religieux, tel Henri de Bruyère-Chalabre, évêque de Saint-Pons, ou encore son frère, évêque et chapelain du futur roi Charles X. Les loges sont relativement riches : c'est le premier âge d'or de la franc-maçonnerie. , grâce à leur niveau d'éducation, les francs-maçons participent à la rédaction des cahiers de doléances. Mais, rapidement, les révolutionnaires font fermer les loges. 

Ils sont victimes de la Terreur.  Le nouveau pouvoir craint que les francs-maçons ne fomentent une opposition. Pendant la Terreur, entre 1792 et 1794, les loges, privées de ceux qui ont émigré, entrent dans une période de sommeil.

 

Elles se dispersent d'elles-mêmes pour se protéger d'un pouvoir qui leur est hostile.  Napoléon Ier est un profane, mais il décide de relancer les loges. Fin tacticien, il voit dans la maçonnerie un bon moyen de contrôler les élites. L'ensemble des maréchaux, des préfets et des magistrats sous l'Empire sont francs-maçons. L'Empereur les surveille par l'intermédiaire de sa famille, qui appartient presque entièrement à l'ordre maçonnique, et de proches, comme Murat et Cambacérès. Il nomme même son frère Joseph à la tête du Grand Orient, en 1804 ! Bref, la franc-maçonnerie et le régime sont étroitement imbriqués. 

Si imbriqués que, sous la Restauration, après 1815, on fera payer à la franc-maçonnerie sa proximité avec l'Empereur déchu...A Béziers, elle disparaît même totalement. Avant de renaître à partir de 1839, date à laquelle l'imprimeur Joseph Fuzier crée la loge des Amis choisis.  Lors de la mise en place du second Empire, Napoléon III adopte tout d'abord une attitude très hostile aux francs-maçons. Béziers devient un centre de résistance très actif au nouvel empereur. De nombreux frères sont arrêtés. Louis-Désiré Coeurdacier, compagnon du tour de France, architecte et urbaniste de Béziers, est même déporté en Algérie. Cette période marque aussi le début du combat pour la laïcité. Pourtant, vous l'avez dit, certains membres du clergé fréquentaient les loges... 

Sous le second Empire, la franc-maçonnerie prend un virage considérable. De tradition plutôt modérée, les francs-maçons deviennent anticléricaux. Ce virage idéologique est dû en partie à l'influence de la philosophie. Le scientisme, en affirmant que la science peut tout expliquer, souligne implicitement l'aspect superflu des religions. Surtout, le pape condamne les francs-maçons, les accusant « sous couvert de symbolisme, de réinterpréter la Bible ». A cette époque, le Vatican est un bastion assiégé par les libéraux qui œuvrent pour l'unité de l'Italie. Même si cela est largement exagéré, la papauté voit dans le Risorgimento - la période d'unification de la péninsule italienne - un grand complot maçonnique et décide de lutter contre les frères. En réaction, la franc-maçonnerie devient clairement anticléricale. Et Napoléon III se réconcilie avec elle. 

Incontestablement la 3e République va marquer une forme d'apogée pour la franc-maçonnerie.... A l'échelle nationale, elle est à l'origine des grandes lois sur la laïcité, et notamment de la séparation des Eglises et de l'Etat, en 1905. A Béziers, on observe une véritable mainmise des francs-maçons sur la politique locale. De nombreux maires sont des frères, notamment Ernest Perréal, entre 1870 et 1881, et Alphonse Mas, le « Haussmann biterrois », entre 1888 et 1904. Cette période correspond aussi à un âge d'or pour l'économie de Béziers. Le vignoble languedocien érige la ville en capitale du vin. Cette prospérité favorise le développement et la diversification sociologique de loges maçonniques. De riches négociants en vin la rejoignent. 

La Seconde Guerre mondiale met brutalement fin à cette période favorable.  Dès l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, les loges maçonniques sont interdites, les temples fermés, les biens dispersés. Les francs-maçons déclarés sont démis de leurs fonctions dans les administrations françaises. Il faut attendre la Libération et le général de Gaulle pour que la législation de Vichy soit abolie et que les francs-maçons soient réhabilités. Certains  participent à la Résistance de manière individuelle, comme Louis Malbosc. Ce vénérable de la loge des Amis choisis prend la tête du réseau de renseignement Alliance. Arrêté le 1er février 1944, il est déporté à Karlsruhe, où il sera torturé pendant près d'un mois avant d'être fusillé, le 1er avril 1944. 

1 G

grade de rose-croix & analyse des 14 degrÉs qui le prÉcÈdent

J.M. ragon

 EDITION DU PRIEURÉ

 1993

Dans le cadre de la maçonnologie en général, que cela soit dans les recherches universitaires ou plus simplement maçonniques, le Rite Écossais Ancien et Accepté présente la particularité étonnante de ne pas activer un nombre important de ses grades supérieurs. Ils ont cependant une grande valeur traditionnelle.


Cette étude de J.M. Ragon permet d’aborder une étude sérieuse des grades qui se trouvent entre le grade de Maître, le 3ème, et celui de Rose-Croix, le 18ème du rite.


Il apparaît assez clairement que cet état de fait vient essentiellement de l’effort que le XIXème siècle a accompli pour déchristianiser le rite en question.


Pour tous ceux qui cherchent à reconstituer l’homogénéité de ce menu maçonnique dans sa structure originelle, cet ouvrage de J.M. Ragon leur apportera des données essentielles et traditionnelles qui sont parfois contradictoires avec l’éthique générale de l’institution maçonnique contemporaine.

 

GENḔSE DU RITE ḖCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTḖ – 250 ANS D’ḖVOLUTION DE 1760 A NOS JOURS

Philippe Michel

Edition  Dervy

2017

50 après une étude sur le Rit Français, Philippe Michel nous propose une étude au fil du temps sur la genèse des différentes versions du REAA au niveau des Loges symboliques. Apparu dans sa forme primaire en 1760 avec la publication des Trois Coups Distincts, ce Rit est arrivé en France quelque 44 ans plus tard en 1804 et a été officiellement publié dans le Guide des Maçons Écossais quelques années après. À partir des manuscrits et des rituels officiels du Grand Orient puis du Suprême Conseil de France et enfin de la Grande Loge de France, Philippe Michel analyse les variations des rituels jusqu’à nos jours. L’auteur propose un rituel complet tel qu’il devait ou pouvait être pratiqué, reconstitué à partir des premiers manuscrits et publications. La préface est de Pierre Noël, publiciste compétent du Guide des Maçons Écossais (Éditions À l’Orient, 2006) et la postface de Laurent Jaunaux, auteur du Rituel des Anciens ou édition 6004 du Guide des Maçons Écossais (Dervy, 2004) donc bien qualifiés pour présenter et conclure un ouvrage consacré aux rituels du REAA.

 

C’est à travers les rituels que Philippe Michel observe la genèse et l’évolution du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Pierre Noël, dans sa préface, remarque que le remaniement quasi permanent des rituels est une spécialité très franco-française ignorée par exemple en Grande-Bretagne. Philippe Michel part du rituel type (1804 – 1820), après la création du REAA en 1760 jusqu’aux différentes versions élaborées après le deuxième conflit mondial au sein de la Grande Loge de France. Son objectif est d’identifier le processus évolutif qui aboutit aux rituels pratiqués couramment aujourd’hui dans les loges symboliques. Pas à pas, il note les modifications ou les nouveautés qui s’inscrivent dans l’histoire des obédiences, de leurs rivalités et aussi dans l’histoire tout court, par exemple la place de la religion au sein de la société.

 

Certains éléments centraux du rite furent négligés au fil de cette évolution, affaiblissant l’opérativité potentielle des mythes développés en son sein, notamment le mythe d’Hiram. Les rituels sont rédigés par des êtres humains, ils sont donc perfectibles mais les évolutions rituelles, et cela ne concerne pas que le REAA, sont rarement judicieuses du point de vue initiatique. Elles naissent parfois d’une incompréhension de l’intention originelle, ou des circonstances, voire d’aspects pratiques. Le REAA est avant tout un système de hauts grades, les grades symboliques sont pratiqués surtout en France. La question, annexe mais d’importance, posée par l’observation de ces processus évolutifs dans les grades symboliques est celle des relations entre les obédiences et les suprêmes conseils, relations toujours complexes et souvent conflictuelles. Cependant, malgré les évolutions, le « caractère » du rite semble avoir été préservé, particulièrement son universalité comme le signale dans sa postface Laurant Jaunaux : « Cet ouvrage met en avant l’aspect universel de ce rite et de ses grades symboliques en montrant qu’ils ne sont pas figés mais qu’ils évoluent avec le rite dans le temps. Les grades symboliques du rite sont indiciblement liés aux hauts grades, maintenant ainsi l’harmonie et la progression initiatique du premier au dernier degré. »

 

Résultat d’une méconnaissance historique, mais aussi parfois d’un manque d’objectivité et de probité intellectuelles, de fausses assertions sur les débuts de l’écossisme et du REAA tendent à s’imposer dans les esprits. La répétition de contre-vérités, la réinterprétation de faits historiques, l’occultation, voire même la falsification de documents ou d’évènements avérés mais dérangeants, font que l’on assiste depuis trop longtemps à une réécriture tendancieuse de l’Histoire de l’Ordre. Ainsi on a vu par exemple la Grande Loge Unie d’Angleterre et le Grand Orient de France faire croire à l’idée que la maçonnerie spéculative serait issue de la réforme de 1717 et que les constitutions d’Anderson seraient la référence commune obligée de tous les maçons du globe. Ces allégations réitérées depuis des décennies faisant l’impasse sur la Maçonnerie des « Anciens » (Ecossais de la Grande Loge d’Ecosse, « antients » de la Grande Loge d’Irlande, Maçons de Rite Ecossais Ancien et Acceptés) risquent de devenir des vérités historiques pour des personnes insuffisamment informées puisque l’on constate que, même dans nos rangs, que de nombreux frères, et non les moindres, les ont crues, les agréent, voire les professent encore.

 

Voilà le pourquoi le REAA est l’un des rites maçonniques le plus répandus dans le monde. Il a officiellement été fondé en 1801 à Charleston en Caroline du Sud aux Etats Unis, sous l’impulsion des Frères John Mitchell et Frédéric Dalcho, sur la base des Grandes Constitutions de Berlin, en 1786, attribuées au Roi Frédéric II de Prusse, grand ami et protecteur de Voltaire, à la suite du « Discours » du Chevalier De Ramsay en 1738 et des Constitutions dites « de Bordeaux » de 1762. Composé de 33 degrés, il est habituellement pratiqué dans le cadre de deux organismes complémentaires mais distincts : Une « obédience maçonnique », qui fédère des loges des trois premiers degrés grades de la Franc-maçonnerie de Loge Bleue, à savoir Apprenti, Compagnon et Maître, qui travaillent toutes au même rite,  Une « juridiction » de Hauts Grades maçonniques, qui un prolongement de la Maîtrise, dirigée par « un Suprême Conseil », qui regroupe des ateliers du 4ème degré au 33ème degré en ce qui concerne le REAA. La Grande Loge de France, fondée en 1738, travaille exclusivement au REAA, totalement en indépendance du Suprême Conseil de France depuis 1907, le Suprême Conseil de France ayant de son côté été fondé en 1804 et régissant toujours les Hauts Grades…

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

De 1760 à 1820 – La création du REAA    -  Le rituel Brigon  -  Rituels de Grande Loge d’Ecosse (1804-1805)   -    Manuscrit Kloss (1815)   -   Thuileur de Grasse-Tilly (1819)   -  Guide des maçons écossais (1820)   -   Rituel type (1804-1820)    -     De 1821 à 1894  - Période du SCdF   -  Le Vade Mecum maçonnique (1825)   -   Rituel des trois premiers degrés selon les anciens cahiers (1829)   -  Rituel de la loge Le progrès de l’Océanie à l’Orient d’Honolulu (iles Sandwich – 1859)    -     Convent de Lausanne (1875)   -   Rituel des 3 premiers degrés symboliques de la Franc-maçonnerie Ecossaise (1877)    -    La GLDF et ses prémisses   -  De 1879 à la seconde guerre mondiale   -    Rituel de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (1880)   -    1e Rituel de la Grande Loge de France  (1895)  -    Réception d’un apprenti (1902)  -  Rituels de la GLdF (1905 - 1923 et 1938)   -    La GLdF après la guerre  -  Rapport Marty au convent de 1948  -   Les comptes rendus des convents successifs   -   Rituels des 3 premiers degrés de la Grande Loge de France de 1960 à 1986 et 1998   -   Rituels d’évaluation   -  Projet de divers rituels (1982)   -   Transcription du rituel de la Mère Loge Ecossaise d’Avignon (1774)   -  

 

GUÉRILLOTAINSI PARLAIT JÉSUS – Selon le texte araméen de l’évangile de Mathieu

   Claude  GUÉRILLOT

ÉDITION   Véga

 2009

Jésus parlait à Ses interlocuteurs la langue qu'ils comprenaient: l'hébreu au Temple et dans la synagogue de Capharnaüm, le latin avec Pilate, le grec à Ses visiteurs du Lundi Saint et, bien entendu, l'araméen aux foules qui vinrent L'écouter en Galilée, en Samarie et en Judée.

Ces Araméens n'étaient pas des illettrés, bien au contraire. Parler de "transmission orale" pour un "peuple du Livre", qu'il soit Juif, Arabe ou Araméen, c'est soit faire preuve d'ignorance, soit exprimer une volonté de dénigrement. Ceux qui écoutèrent Jésus prirent note de Ses paroles sur des tablettes recouvertes de cire sur lesquelles on écrivait à l'aide d'un poinçon depuis des millénaires. Puis ils confrontèrent leurs notes et les transcrivirent en rouleaux ou en codex, les devarin à partir desquels furent traduits en grec les logoi. Les Evangiles, canoniques ou non, qui furent rédigés en grec (Marc, Luc, Thomas), le furent à partir des logoi.

Le Matthieu araméen, dont l'existence est maintenant prouvée, fut rédigé à partir des devarin. Ceux qui le composèrent se choisirent pour "patron" l'apôtre Matthieu. Or celui-ci était un publicain, c'est-à-dire un collecteur de taxes et de péages qui était assermenté. Prendre Matthieu pour "patron" revenait à certifier l'authenticité de ce qui était rapporté. Plus tard, ce Matthieu araméen fut traduit en grec et complété à partir d'éléments qui ne figuraient pas dans les devarin. C'est ainsi que fut formé notre actuel Evangile de Matthieu.

En Occident, l'hégémonie culturelle gréco-latine à longtemps occulté la racine araméenne du Christianisme. Pourtant, la richesse du patrimoine syriaque est immense... Ainsi la Peshitta, c'est-à-dire l'écriture en araméen, n'a guère été accessible qu'au début du dernier siècle. L'Evangile de Matthieu qu'elle contient provient en droite ligne du Matthieu araméen. C'est donc là qu'il faut chercher le texte authentique de certaines paroles de Jésus.

Nous proposons une traduction nouvelle du texte araméen. Nous avons soumis notre travail à l'archevêque Mor Severios Hazail Soumi, vicaire patriarcal de l’Eglise Syriaque Orthodoxe pour la Belgique et la France. Il a bien voulu juger "pertinentes" nos traductions et nous honorer d'une préface.

Le lecteur sera frappé par le caractère intemporel des paroles de Jésus et chacun peut les recevoir et les comprendre. Tout particulièrement la "Prière du Seigneur", que nous appelons en Occident le "Notre Père", lue dans l'authenticité du texte araméen, permet de mesurer tout ce que deux mille ans de tradition occidentale a pu dévier de son message.

 

 

GUÉRILLOT-  A LA RENCONTRE DES PREMIERS FRANCS-MAÇONS ÉCOSSAIS :  LES JARDINIERS DE LA ROSE

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 1997

Étude historique des loges Écossaises et des Francs­-Maçons Écossais, avant 1761, “les jardiniers de la rose” sont ici ceux qui, entre 1740 et 1761, conçurent, élaborèrent et pratiquèrent les nombreux degrés dit écossais, que l'auteur a étudiés dans la Rose maçonnique. Ce nouvel ouvrage original comporte cinq parties :


1) Loges maçonniques et groupes sociaux : à partir d'une analyse statistique de l'existence et de la pérennité des Loges maçonniques; les influences propres de certains groupes sociaux: les Protestants, les Juifs, les Compagnons du tour de France, les militaires et la hiérarchie catholique sont mis en évidence.


2) Bordeaux les Élus Parfaits et l'Ancienne Maîtrise : à partir des documents Sharp récemment publiés par l'auteur, les histoires des Élus Parfaits de Bordeaux, la première puissance maçonnique Écossaise de hauts grades, ainsi que celle des Parfaites Loges d'Écosse, leurs filles, sont présentées et analysées.


3) Avignon ou l'asile précaire ; se fondant sur le registre de Saint-­Jean de Jérusalem d'Avignon, connu depuis longtemps mais trop négligé, une étude de l'histoire de cette loge est présentée.
4) Paris la grand ville : même si Paris fut “un océan maçonnique” les documents récemment mis à jour permettent de tracer un portrait de ce que fut la Maçonnerie parisienne avant 1761 et d'identifier les groupes qui contribuèrent à l'élaboration des rituels Écossais.


5) Un hommage mérité : trop d'auteurs, pour nourrir une polémique anti-écossaise née au XIXème siècle, ont accusé de toutes les turpitudes les Écossais en général.

L'ensemble des faits historiques ici rapportés permet de montrer que ces accusations ne sont en rien fondées et que le bilan des “jardiniers de la rose” est plus que positif.
L'ouvrage comporte plusieurs index dont celui des personnes ou figurent des centaines de noms de Francs-maçons des années 1740 à 1760.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Loges maçonniques et groupes sociaux   -   l’impact de la présence protestante   -   le calvinisme   -  les protestants et la Franc-maçonnerie   -    l’influence de la présence juive   -  les juifs en France avant les croisades   -  le domaine religieux   -  la kabbale   -  les juifs en France du 16e au 18e siècle   -  la nation avignonnaise   -  la nation tudesque   -  la nation portugaise   -  le problème des conversions (conversos)   -  

L’influence des compagnonnages   -   les statuts d’Amiens et d’Abbeville   -  les sentences de la Sorbonne   -  L’influence des militaires   -  les armées françaises au 18e siècle   -  Hainaut infanterie   -  les loges militaires   -  l’influence de la hiérarchie catholique   -  l’église au 18e siècle   - 

Bordeaux, les élus Parfaits et l’ancienne maîtrise   -   La Franc-maçonnerie bordelaise au milieu du 18e siècle   -  L4Anglaise ? la Française, la Parfaite harmonie et l’amitié   -   les statuts de l’ordre de saint Jean de Jérusalem   -    les loges particulières   -   les officiers et leurs devoirs   -  la fondation des élus parfaits   -  Etienne Morin  -  Lamolère de Feuillas  -  Dupin Deslezes   -    La parfaite loge d’Ecosse  -    Marseille et ses loges   -   Toulouse et la Martinique   -   Avignon oasis ou enfer ?   -  le souci de régularité   -   Avignon avant et après les papes   -   la loge saint Jean de Jérusalem d’Avignon  -   Saint Jean de la persévérance  - 

Paris et l’océan parisien   -  le développement des loges à Paris   -  La loge de la chambre du roi   -  les écossais trinitaires   -   le conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident  -   la patente d’Hervé Morin   -  le chevalier du Soleil  -   le chevalier Kadosh   -   le Rose+Croix   -   la maçonnerie salomonienne  -   

Un hommage mérité   -   des frères importants qui ont œuvrés souvent dans l’anonymat   -  les rôles réduits de la noblesse et du clergé   -  le rôle primordial du Tiers-état   -  Les jardiniers de la rose et leur bilan  - 

 

GUÉRILLOT   -     DE LA PORTE BASSE A LA PORTE ÉTROITE. 

Claude GUÉRILLOT

EDITION DERVY

 1998

Claude Guérillot se définissait comme un "théiste noachite" pour qui "le ciel n'est pas fermé" et Dieu n'est jamais absent de sa Création. Dès lors, pour lui, les trois grandes théophanies du Sinaï, de l'Incarnation et de la " dictée du Coran " étaient de " grandes révélations " auxquelles l'homme peut accéder s'il renonce à faire de lui-même une " idole humaine ", si, comme le disait Luther, " il se reconnaît pêcheur " et s'il se met à l'écoute des " petites révélations " reconnues par Louis-Claude de Saint-Martin.

 

Si, depuis l'élaboration de ce livre, l'auteur a beaucoup évolué, il continue de penser que l'essentiel, comme l'a écrit Amadou Hampâté Bâ, est d'être capable de dire " oui à Dieu " du plus profond de son âme. Rechercher ce qu'est un symbole, peiner vers une initiation toujours remise en cause, c'est œuvrer au chantier d'une cathédrale, d'un temple intérieur, c'est être un ouvrier sur le chantier divin.

 

Une immense chaîne intemporelle relie entre eux les amants de la sagesse, les chercheurs de l'Absolu, de l'hiérophante oublié d'Eleusis aux inspirés d'Israël, du Pater initiant Mithra aux Initiés chrétiens que furent Thérèse d'Avila ou saint Jean de la Croix, des sages de la Kabbale aux Soufis de l'Islam. Et tous, humbles ouvriers du Temple, ont travaillé ensemble à la plus grande gloire de Dieu.

 

Si, de nos jours, un seul Européen sur dix pratique une religion, plus des trois quarts croient en Dieu et aspirent, plus ou moins confusément, à retrouver le chemin qui mène vers lui. C'est ce chemin pénible, cette ascension pénible entre les précipices, que l'auteur a engagé.

 

C'est à ces femmes et à ces hommes qui veulent retrouver, sans tomber dans le piège des sectes, un chemin vers " la maison du Père " que ce livre s'adresse.

 

C’est à partir de l’initiation (porte basse) que l’on se doit de rechercher au fond de soi-même, les interprétations symboliques et ésotériques de ce que nous rencontrons, sur ce chemin parsemé d’obstacles et c’est à force de réflexions et de pratiques que nous arriverons armé et serein devant cette porte étroite.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Devant la porte basse   -  Retrouver le chemin de Kaboul     -   Initiation, pseudo initiation et contre initiation   -  Le premier pas  -  le regard ésotérique   -  les rites d’accession   -   deux regards exotériques sur l’initiation   -   Eléments structurels d’un rituel   -  Le second pas   -  Eleusis ou les premiers mystères   -   ce qui disent les légendes et les mythes   -    L’Ordre de Mithra   -  Du monde mésopotamien au monde romain   -   les aspects exotériques, la liturgie, la hiérarchie initiatique et le contenu initiatique de l’Ordre de Mithra   -   Le prototype des ordres initiatiques   -   Le Christianisme   -   L’initiation chrétienne comme Ordre initiatique   -   Syméon le Nouveau théologien   -   Geert Groote et la « dévotion moderna »   -  Teresa et Juan   -    Vers une gnose   -   les constances de l’initiation   -   les buts et la convergences de l’initiation   -   Gnose et initiation  -  Le troisième pas   -  le pas gnostique   -   Pour aller de la quête de l’homme à la quête de Dieu   -    Le monde épinaturel   -  Trois modèles heuristiques   -

Descendre dans la caverne   -  Une approche et quelques aspects des symboles   -   Les symboles dans les rites initiatiques pour connaitre l’homme    -  Vers la Sainte Montagne   -  Fausse science et faux ésotérismes   -   L’alchimie et l’astrologie   -    La quête de Dieu   -   Ne pas se forger des idoles humaines   -   les dangers de l’ésotérisme   -   Devant la porte étroite   -   La difficile voie de l’initiation   -   Dire oui à Dieu   -   Retour vers le silence   -   La translittération de l’hébreu   -   le Noachisme   -   la loi de rétribution   -  

 

GUÉRILLOT -  ECCE  HOMO

Claude GUÉRILLOT

EDITION  Véga

 2015

Cet ouvrage est un essai, c'est-à-dire qu'il présente une interprétation propre à l'auteur. L'histoire de l'Univers lui paraît marquée par deux événements essentiels, la Création et l'Incarnation, le premier a eu lieu il y a 13,7 milliards d'années et le second il y a plus de deux mille ans. Dieu est hors du temps, de l'espace et de la matière-énergie car Il en a été le Créateur. Il a été, est et sera, Il "voit" toute l'étendue du temps, tout ce qui est, pour nous, le passé, le présent et l'avenir. Il n'est pas question de distinguer Dieu "avant la Création" ni après, "avant l'Incarnation" ni après.

 

La Création est cohérente, elle est régie par des "lois" divines et intransgressibles qui n'ont pas changé au moins depuis quelques fractions de millièmes de seconde après le premier instant du temps. Les particules élémentaires sont "pilotées" par des fonctions d'onde qui déterminent la probabilité de leur présence dans tel ou tel élément de volume. Ainsi, dans un téléviseur, l'image se forme par l'impact d'électrons émis par un "canon à électrons" tous "pilotés" par une fonction d'onde. L'image obtenue est unique et bien définie parce que les électrons projetés sont très nombreux. Cela résulte de la composition des probabilités par leur produit. Les probabilités les plus faibles disparaissent et les plus fortes deviennent des certitudes. Il en est de même des humains. Dire que l'homme est libre revient à dire que tous les comportements qu'il peut adopter ont chacun une certaine probabilité. Mais si l'on considère l'humanité dans sa totalité, un certain nombre d'humains réagira d'une certaine façon. Ainsi la peur peut conduire un homme à renier ce à quoi il croit et à le trahir. Nous ne pouvons pas dire qui trahira ou ne le fera pas mais nous savons qu'il y aura des traîtres.

 

Cela est vrai pour tous les comportements humains. Les protagonistes des terribles journées du 14 au 16 Nissan sont pour nous des "types" qui se reproduiront tout au long de l'histoire humaine. Il y aura toujours des Judas, des Pierre, mais aussi des Marie de Magdala, des Joseph d'Arimathie et des Jean l'Evangéliste. Mais nous vivons le IIIe millénaire après l'Incarnation. Même si nous ne vivons pas tous dans le même siècle - certains d'entre nous pensent toujours comme les hommes et les femmes d’autrefois siècle et c'est leur droit - nombreux sont ceux qui n'acceptent plus pour vérité historique les récits symboliques ou mythologiques que nos anciens nous ont légués. Il est donc indispensable de tout examiner à la lumière de nos connaissances actuelles. Il n'y a pas un "Jésus de l'Histoire" et un "Jésus de la Foi" mais un seul Christ dont la Parole toujours actuelle, toujours audible, nous montre le chemin vers le Père, un seul Christ "de deux natures" qui S'est Incarné, qui a souffert Sa Passion et qui S'est ressuscité Lui-même le troisième jour. C'est Lui qu'il nous faut écouter et suivre, si lourde à porter que puisse être notre propre croix.

 

Cet ouvrage est enluminé par des peintures de Joseph Matar, peintre chrétien libanais qui a fait plus de 70 expositions à travers le monde et qui accompagne ici de toute sa sensibilité de chrétien le texte de Claude Guérillot. S’il vous prend de rechercher ce qu’est la peinture libanaise aujourd’hui, il est un artiste-peintre dont l’art vous prend au cœur dans un envol de couleurs où pastels, aquarelles et ce bleu si tendre ravivent le regard lorsque vous vous penchez sur les eaux de la Méditerranée. Joseph Matar vous donne l’envie de creuser les plis profonds de la spiritualité mais, aussi, de la beauté. Qu’elle soit nature ou humaine. Qu’elle soit pur esprit ou volutes brûlantes à l’image de « La Bonne Nouvelle d’après Saint Mathieu » ou de son « Alpha et Omega » avec ses Sept Triades (Sagesse, les périodes historiques, le Temps, Immaculée Conception)...

Il fut l’élève du talentueux artiste Omar Onsi, disparu en 1969 après avoir laissé une œuvre impressionnante et auquel le Liban a rendu hommage en inaugurant sa statue à Beyrouth. Le travail de Joseph Matar fait honneur à un tel maître et, lui-même, il est un maître qui transcende sa pensée, rendant la lumière qui l’imprègne en une immensité de pastels, encres, aquarelles ou huiles. Tout est prétexte à la luminosité et jusqu’à l’ombre qui n’a plus ses contours enténébrés : elle se transforme sous le regard de l’artiste, elle disparaît, laissant la place au bleu de la «Maison à Ehmej», aux touches fragiles de tendresse de ses «Amandiers fleuris» ou quand il fait disparaître la tempête sous la délicate aquarelle «Après l’orage».

Joseph Matar nous fait nous asseoir au seuil de la maison dans la montagne libanaise, il nous fait saluer le soleil à l’heure du lever comme à l’heure du coucher, il nous fait nous agenouiller devant la gloire de la nature dessinée par son Créateur que le peintre salue à chaque heure de sa vie : il ne l’oublie pas, il le remercie et dans cet élan, il partage avec vous ce qui lui est donné de voir au-delà du simple trait, au-delà de l’image la plus élémentaire...

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Du 14 au 16 de nissan   -  La dernière Cène  -  arrestation et procès  -   Crucifixion et dormition   -  Résurrection et apparitions   -  Les antagonistes du Christ  -  Judas ou l’espérance déçue  - Le passé-grand prêtre  Hanne ou l’intolérance du pouvoir   -  Caïphe ou les intriguant du pouvoir   -   Pilate ou la cruauté des politiques   -   Celse ou l’audace des calomniateurs   -   Le Christ au tombeau   -   La dormition du Christ   -   La résurrection prophétique  -  Marie de Magdala ou l’apôtre des apôtres   -  Nicodeme et Joseph d’Arimathie  -    Saint Thomas et Saint Pierre   -  Saint Jean ou le chantre de l’agapé divine   -  le 3e millénaire   -  L’ascension et la Résurrection   -   L’Incarnation du Christ, notre espérance   -  la leçon de Job   -  

 

GUÉRILLOT - j’ai ce bonheur

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 2002

Ce petit livre, le premier d'une série de monographies maçonniques, est, bien entendu, surtout destiné à ceux à qui son titre évoque leur propre vécu. Il traite du Chevalier Rose Croix, ce grade central du Rite Ecossais Ancien et Accepté.


Ceux qui ont le bonheur de le connaître savent que c'est en Souverain Chapitre que presque tous trouvent leur complet épanouissement. Tous ceux que l’on interroge l'ont, unanimement, confirmé. Le lecteur trouvera ici bien des citations des rituels,


le plus souvent anciens, parfois plus récents. Selon nous, étendre ce que l'on appelle le " secret maçonnique " aux textes des rituels est une erreur coupable de bien des effets pervers. Certes, la sagesse la plus élémentaire conseille aux Frères de ne pas chercher à connaître les rituels des grades dont ils ne sont pas encore investis, ne serait-ce que pour en préserver l'impact initiatique.

 

C'est pourquoi le rituel actuellement en usage n'est que fort peu cité. Mais ignorer ce qu'étaient les rituels anciens, c'est, d'une certaine façon, rompre la chaîne initiatique.

Dès lors, les Frères ont le devoir d'étudier l'évolution des degrés qu'ils possèdent et le droit de juger du bienfondé des modifications que certains se croient autorisés à introduire. Sinon, ce que l'on appelle la " tradition maçonnique " aurait la mémoire bien courte et les " rénovateurs " la partie bien belle...

 

Mais, que l'on se rassure, bon nombre des prétendues améliorations, qui n'avaient, en fait, que le but de " déchristianiser " le Chevalier Rose Croix, ont finalement été, ou abandonnées en raison de leurs excès, ou, par la force de " l'esprit du grade ", réintégrées dans la tradition originelle.


Il reste que, pour ce degré comme pour d'autres, la vigilance des Frères demeure nécessaire. Fasse le Grand Architecte que ce petit livre y contribue.

 

Ce petit livre traite du chevalier Rose-Croix, grade central du R.E.A.A. Il développe ce grade dans les rituels anciens et les compare au rituel actuel.

Si le bonheur est dans le pré, il l’est aussi dans ce petit livre.

 

GUÉRILLOT -  LA GENÈSE DU RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 1993

La Franc-maçonnerie née en 1717 puis en 1801 à Charleston (USA) né le R.E.A.A. en 33 degrés, et entre les 2 dates que s’est-il passé ? Ce livre répond à cette question et c’est 80 ans d’épisodes tantôt cocasses tantôt difficiles qui ont structuré le R.E.A.A.

 

Ce petit livre, le premier d'une série de monographies maçonniques, est, bien entendu, surtout destiné à ceux à qui son titre évoque leur propre vécu. Il traite du Chevalier Rose Croix, ce grade central du Rite Ecossais Ancien et Accepté.


Ceux qui ont le bonheur de le connaître savent que c'est en Souverain Chapitre que presque tous trouvent leur complet épanouissement. Tous ceux que j'ai interrogés l'ont, unanimement, confirmé.
Le lecteur trouvera ici bien des citations des rituels,


le plus souvent anciens, parfois plus récents. Selon nous, étendre ce que l'on appelle le " secret maçonnique " aux textes des rituels est une erreur coupable de bien des effets pervers. Certes, la sagesse la plus élémentaire conseille aux Frères de ne pas chercher à connaître les rituels des grades dont ils ne sont pas encore investis, ne serait-ce que pour en préserver l'impact initiatique. C'est pourquoi le rituel actuellement en usage n'est que fort peu cité. Mais ignorer ce qu'étaient les rituels anciens, c'est, d'une certaine façon, rompre la chaîne initiatique. Dès lors, les Frères ont le devoir d'étudier l'évolution des degrés qu'ils possèdent et le droit de juger du bienfondé des modifications que certains se croient autorisés à introduire. Sinon, ce que l'on appelle la " tradition maçonnique " aurait la mémoire bien courte et les " rénovateurs " la partie bien belle... Mais, que l'on se rassure, bon nombre des prétendues améliorations, qui n'avaient, en fait, que le but de " déchristianiser " le Chevalier Rose Croix, ont finalement été, ou abandonnées en raison de leurs excès, ou, par la force de " l'esprit du grade ", réintégrées dans la tradition originelle.


Il reste que, pour ce degré comme pour d'autres, la vigilance des Frères demeure nécessaire. Fasse le Grand Architecte que ce petit livre y contribue.
Un livre agréable à lire pour qui s’intéresse au rite écossais Ancien et Accepté.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 430 pages :

 

Les commencements incertains à Londres et à Paris   -  les corporations, les guildes et les communautés   -   Ramsay  -    les Ecossais en France   -  le Comte de Clermont   -  Jacques Lacorne   -  Chaillon de Jonville   -   les écossismes parisiens   -  le problème de Marseille   -   le degré de Rose+Croix   -   Saint Domingue   -  Etienne Morin et sa patente    -    la Jamaïque et Francken    -   Naissance des hauts grades   -   Louis-Philippe, duc de Chartres   -   Anne-Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg   -   Labady   -  Charles-Pierre Paul Savalette de Langes   -  les convents des Philalèthes   -   le baron de Hund   -  la Stricte observance   -   Willermoz   -  le convent de Wilhemsbad   -  les chevaliers de la Cité sainte   -

Le rite écossais philosophique   -  les réfugiés de saint Domingue   -  les Cincinnati   -   John Mitchell   -  Frédérick Dalcho   -   Alexandre François Auguste de Rouville, comte de Grasse-Tilly   -  la naissance du Rite Ecossais Ancien et Accepté   -   le nouveau rite en 33 degrés   -  un nouveau texte de fondation et une nouvelle histoire   -   

 

GUÉRILLOT     -     la lÉgende d’hiram

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 2002

David, Salomon, Hiram, autant de personnages à la fois historiques et légendaires... David et Salomon furent les souverains d'un petit peuple du Proche-Orient qui, à la faveur d'une "fenêtre historique", surent profiter de la faiblesse provisoire des grands Empires égyptien et babylonien. Ils construisirent une sorte de petit empire et s'assurèrent le contrôle des routes caravanières venant de Mésopotamie et de l'Orient profond. Ils s'allièrent avec les Phéniciens, qui dominaient le commerce maritime comme ils dominaient le commerce terrestre. Cela fit leur fortune... Hiram ne fut qu'un habile bronzier...


David et Salomon devinrent des héros de légende. Au VIIème siècle, les rédacteurs du Livre des Rois les magnifièrent, affermissant ainsi le pouvoir royal de leur temps. La Bible abonde de textes qui
leur furent attribués, les apocryphes surenchérirent...


Si les légendes "opératives" ne parlent guère d'Hiram, David surtout Salomon y sont souvent évoqués. Mais c'est avec le grade de Maître qu'Hiram fit sa grande entrée dans la légende maçonnique.
La "légende d'Hiram" n'est qu'esquissée au grade de Maître. Elle se développe ensuite, ordonnant ce que l'on appelait autrefois "l'Ancienne Maîtrise". Joabert, qui se substitue à Hiram, progresse de degré en degré et l'adepte, invité à s'assimiler à lui, avance lui aussi sur le chemin de l'initiation.


Pourtant, ce sont les deux derniers degrés, le Chevalier de Royale Arche et le Grand Elu Sublime Maçon, qui donnent toute sa signification à cette "légende d'Hiram". C'est à ce niveau que l'on comprend le silence obstiné d'Hiram face à ses meurtriers : le secret qu'il détenait était celui du "Nom Ineffable", porteur de la Toute-puissance divine...

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

David et Salomon devant l’histoire   -  le contexte historique au Xe siècle   -  David et Salomon dans les légendes   -    Le Temple de Salomon et les temples ultérieurs   -  le Temple dans l’imaginaire occidental   -   le Temple de nos jours   -  Notre Maître Hiram   -   Hiram dans l'Ecriture et en Franc-maçonnerie   -    le meurtre  -  la quête du cadavre d’Hiram   -   les significations de la mort d’Hiram   -  

Le deuil d’Hiram   -   les funérailles d’Hiram   -     Joabert substitué à Hiram   -   les degrés du deuil   -  La réorganisation du chantier   -   Rendre la justice  -  poursuivre le chantier   -  la punition des meurtriers   -  le châtiment d’Akyrop   -   la découverte du temple d'Hénok   -  la voûte secrète  -   la découverte des ruines   -  un nouveau degré institué  -   Le Royal Arch anglais   -  le sens de la légende   -

La sauvegarde du Nom   -  la dédicace et la dispersion des ouvriers   -   la déchéance de Salomon et la destruction du Temple  -  Comment la légende a-t-elle été construite ?   -   Une œuvre collective   -   Rassembler ce qui est épars   -   Par-delà le mythe et la légende : l’initiation   -    les trois états de l’homme   -   l’initiation maçonnique   -   la discipline de l’arcane dans la légende d’Hiram   -    les textes à l’origine du Royal Arch   -

 

GUÉRILLOT   -    LA ROSE MAÇONNIQUE  -  2 Livres (380 pages chacun) -

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 1995

L'homme cultivait pour son agrément, dès  le 3e millénaire, des plantes ornementales : la culture de la rose apparaît environ à l'époque minoenne en Europe et en Chine. Partant d'un arbuste sauvage, d'une sorte d'églantier, le travail patient des hommes a produit des centaines de roses toutes différentes par leur couleur ou leur parfum mais, toutes semblables par leur beauté. La rose symbolisa tout à la fois le secret, la régénération et l'initiation. C'est pourquoi elle a été choisie comme symbole des rituels maçonniques.

 

À l'origine de toute rose se trouve un églantier. En Europe, il s'agit de rosa canina, la "rose des chiens", qui apparaît spontanément au bord de nos chemins et qui est à l'origine de la rose blanche ou rosa gallica. Or la Franc-maçonnerie, d'abord opérative, est apparue spontanément dans les Iles britanniques.

 

Par le travail des Frères, cette Franc-maçonnerie est devenue lentement spéculative et s'est enrichie de rituels, d'abord rudimentaires. Ce fut l'époque de "l'églantier anglais". Puis, de boutures en bourgeons, la Franc-maçonnerie, devenant rosa gallica, s'est développée en bouquets de plus en plus foisonnants sur la terre de France.

 

Ainsi est née la "Rose Écossaise" aux centaines de grades et de rituels de plus en plus chargés de symbolisme et d'ésotérisme. A partir de centaines de cahiers et de manuscrits anciens, tous antérieurs à 1810, le sens et la généalogie des rituels maçonniques sont l'objet des recherches de l'auteur. Ainsi a été constituée une sorte de bible des grades et de leurs significations qui est le point de départ, presque obligé, de toute étude d'un grade particulier du Rite Écossais Ancien et Accepté. Trop souvent, il est fait allusion aux rituels anciens sans que ceux qui en parlent les aient véritablement vus. Trop souvent, ceux qui en disposent les gardent jalousement, ou bien encore, ils dorment au fond de bibliothèques, inaccessibles à ceux qui n'ont pas le temps de les y rechercher.

Claude Guérillot indique en chaque occasion où l'on peut se procurer une copie de l'original. Ce livre permettra à chacun de se faire une idée personnelle.

Les Rituels anciens étudiés ici ont une riche coloration spirituelle, mais celle-ci, pareille à un arc-en-ciel ou au cou d'une colombe, varie sans cesse. Souvent chrétienne, avec parfois un zeste de calvinisme, elle intègre aussi des éléments venus de la mystique juive ou de l'ésotérisme occidental, qu'il s'agisse de l'hermétisme ou de l'Alchimie. Les hommes qui conçurent ces rituels étaient tout à la fois chrétiens et ésotéristes, religieux et tolérants, fraternels et dévoués.

 

Ceux qui les accusent d'avoir inventé les rituels pour pouvoir monnayer les Grades ne les connaissent pas ou instruisent un autre procès, pour une cause plus actuelle. "Le parfum dont l'argile, une fois, a été imprégnée, elle le gardera toujours", disait le vieil Horace. Le parfum de la rose, telle qu'elle fut dans sa splendeur naissante, imprègne toujours l'argile maçonnique et continuera de le faire tant qu'il y aura des Maçons, avides de connaître ce que cachent nos rituels, sous des formes parfois bien modifiées.


Tome 1 : La Franc-maçonnerie avant 1717, puis la création de la Franc-maçonnerie spéculative et les boutures françaises avec des explications sur les rites, les degrés, les rituels, la symbolique et le début des degrés écossais.


Tome 2 : La suite des degrés de perfection, leur histoire, et leur symbolique.

 

GUÉRILLOT - LA LUMIÈRE INCRÉÉE - CHERCHER DIEU AUJOURD’HUI

Claude Guérillot

Edition Dervy

 2001

Une très sérieuse étude a permis de savoir que plus des trois quarts des Européens occidentaux croyaient en Dieu, mais que neuf pour cent d’entre eux pratiquaient une religion, quelle qu’elle soit.
Si vous appartenez au quart d’athées ou d’agnostiques ou au petit dixième de pratiquants, et si vous êtes assez tolérants pour admettre que l’on puisse ne pas penser comme vous, lisez ce livre et méditez-le.
Mais si vous êtes de ces deux tiers de nos contemporains qui voudraient bien « chercher Dieu », alors ce livre vous est destiné.

Les athées et les rationalistes de toutes obédiences vous répètent que la science moderne considère Dieu comme « une hypothèse inutile » et qu’à tout le moins les choses sont telles que tout contact avec Lui est « scientifiquement impossible ». Or ceci est faux ! Vous verrez ici qu’il existe une « porte » par laquelle Dieu, comme un Grand Architecte, peut venir visiter son chantier, inspirer ses ouvriers et manifester son immanence. Bien plus, une lecture renouvelée de l’Écriture, vous permettra de constater qu’en vérité Il l’a fait.


On vous a aussi expliqué que les Évangiles dérivaient d’une longue « tradition orale » et qu’en conséquence l’authenticité des gestes et des paroles du Christ pouvaient être contestée. Vous verrez ici que cette opinion n’est pas aussi sûre que certains l’affirment mais que les « Paroles du Christ » ont très vraisemblablement été collationnées dans des écrits en hébreu, les devarim, avant d’être traduits en grec.

En conséquence, et quelles qu’aient été la durée de la phase « mise en forme » des textes qui nous sont parvenus, ainsi que du nombre et les intentions des rédacteurs, la sainteté et la vérité de ces Paroles ainsi que le respect dont elles étaient entourées sont le gage de leur authenticité.


« Le serviteur n’est pas plus grand que le Maître ». Notre « règle de foi » est l’affirmation johannique selon laquelle « Dieu est amour ». Dès lors, la « théologie de la chute » et ses conséquences de toutes sortes doivent être rejetées. Si le Christ est Sauveur, ce n’est pas par ses souffrances sur la croix mais par son enseignement et par son exemple, qui nous tracent la voie de la « vie éternelle » et de l’édification.

La grâce divine est sans cesse offerte à tout homme et à toute femme de ce monde, pour autant qu’elle soit accueillie et reçoive le secours de l’effort humain, en une synergie divino humaine.
Parce que le Christ est totalement Dieu et totalement homme, parce qu’Il est ressuscité, parce qu’Il nous a montré le chemin, ce livre a été écrit « pour que vous aussi vous croyiez », comme le disait St Jean à la fin de son Évangile

Au sommaire de cet ouvrage :

Au commencement de notre quête - de l’exégèse à la théôria - la théôria - Rien n’est simple - les deux discours - polysémie du vrai - sur le mot « amour » - Chercher Dieu dans son œuvre et déchiffrer ce que représente cette Œuvre - « Je suis la porte » a dit Jésus - La lumière dans les ténèbres - du signifiant au signifié - le nombre et l’homme - esquisse d’une approche mathématique de Dieu - que le Seigneur daigne m’absoudre - Le blanchiment de l’aube - L’Ecriture est parole de Dieu - La création de l’homme - Eve, le « mère des vivants », initiatrice de « l’image » - Marie, l’initiatrice de la « ressemblance » -

Dans la splendeur du matin - les textes du Nouveau Testament - les différentes exégèses - Les Paroles du Christ - L’évangile selon Jean - Comme un nuage noir dans le ciel - le problème du mal - Dieu et la souffrance - Elevez une haie autour de l’Ecriture - le ciel n’est pas fermé - De l’époque apostolique au concile de Nicée (325) - De Nicée à Constantinople - De Constantinople à Chalcédoine et de Chalcédoine à Constantinople - Révélations du Paraclet et continuité temporelle -

Afin que vous aussi - Un silence de Jean - du pain multiplié au pain de vie - sur le chemin de Siloé - Quelle est la vraie vision de Dieu - Le Christ est ressuscité - le mystère de l’incarnation - Semé corruptible - Etre en lui et Lui en nous - Au terme de cette quête, le témoignage - la translittération de l’hébreu et du grec -

 

GUÉRILLOT  -      la tour inachevÉe   -  Étude des 21e, 22e, 25e degrÉs du REAA

Claude GuÉrillot

Edition Vega

 2003

Il existe, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, trois degrés qui ne furent, sans doute depuis le tout début du XIXe siècle, que communiqués.

 

Les récipiendaires n'entendaient que l'énoncé d'un bref résumé qui n'a eu, trop souvent, que peu de rapport avec la réalité des degrés. Il s'agit du XXIème degré de Chevalier Prussien, du XXIIème degré de Chevalier de Royale Hache et du XXVème degré de Chevalier du Serpent d'Airain. Apparemment, ce sont des degrés bien ordinaires, construits autour de légendes tirées de l'Ancien Testament, la tour de Babel, les arbres coupés pour construire l'arche de Noé ou le temple de Salomon, les "serpents ardents" punissant les Hébreux de leurs péchés dans le désert du Sinaï...

 

Pour certains Maçons du XIXe siècle, ces degrés semblaient si anodins et si quelconques qu'il leur a semblé légitime de substituer aux légendes originelles des sortes de romans plus ou moins moyenâgeux et de leur donner une signification politique... Il est clair que bien peu nombreux furent ceux qui, au cours des deux derniers siècles, se sont donné la peine d'étudier les rituels originaux et d'en comprendre le contenu initiatique. Et pourtant ! Ces rituels ont été conçus au milieu du XVIIIe siècle, à une époque où les pastorales, tant catholique que réformées, insistaient sur le péché et sur la damnation du plus grand nombre. Les Églises, tant catholique que réformées, tenaient pour certaine l'historicité des Livres de l'Ancien Testament, au point que l'on pouvait, par leur étude, fixer l'heure et la date de la création du monde.

Les Églises, tant catholique que réformées, tenaient pour authentique une "image de Dieu" qui était celle d'un Juge implacable et vindicatif. Toutes "prêchaient l'enfer" avec son feu inextinguible torturant les damnés dans une éternité de souffrances.

 

Or ces rituels nous disent d'abord, que les Sidoniens qui coupèrent les arbres dont le bois servit à construire l'arche de Noé eurent des descendants et qu'ainsi la destruction de la race humaine par le Déluge n'a pas eu lieu, ensuite que Phaleg, l'architecte de la tour de Babel, s'est "sauvé" par son expiation et son humilité, c'est-à-dire par "ses œuvres", enfin le serpent d'airain est une figure du Christ et l'homme sera sauvé s'il se tourne vers Lui.

 

Finalement, les trois rituels contiennent une réfutation de la "pastorale de la terreur" qui retentissait alors dans les églises et dans les temples. Ils offraient aux récipiendaires une autre "image de Dieu ", celle d'un Père aimant et miséricordieux. Comme ils sont actuels, ces degrés oubliés.

 

Ce livre comporte l’étude de trois degrés des hauts grades du R.E.A.A. dans leur dimension rituelle, ésotériques,  de la légende, du lieu, du secret et sur le plan symbolique. Y est étudié le 20ème chevalier Prussien – le 21ème chevalier de Royale Hache et le 25ème chevalier du serpent d’Airain. Ces degrés ne furent jamais que communiqués par un résumé bref.

 

GUÉRILLOT - L’ÉGLISE D’ANTIOCHE SYRIAQUE ORTHODOXE - Une église trinitaire et martyre - 2 tomes

Claude Guérillot

Edition Véga

 2008

2 tomes pour expliquer cette église orthodoxe d’Antioche. Une approche trinitaire et une approche historique.

 

L’Église d’Antioche, fondée par saint Pierre en 37, bien avant Jérusalem, Alexandrie et Rome, fut l’un des trois patriarcats reconnus à Nicée en 325. Amputée autoritairement de ses trois diocèses méridionaux, y compris les Lieux Saints, elle rejeta les conclusions du concile de Chalcédoine en 451 et fut alors accusée de monophysisme par ses adversaires.

Depuis cette date, l’Église d’Antioche a été persécutée par les Byzantins, par les Musulmans, puis par les Turcs et leurs supplétifs kurdes. Entre 1915 et 1918, les Syriaques furent victimes du « génocide oublié », tout aussi meurtrier que celui des Arméniens. Puis vint l’exil ; il y a plus de Syriaques hors du Moyen-Orient que dans leur région d’origine.

N’ayant jamais été une « Église de pouvoir », l’Église d’Antioche, dont le clergé se considère comme « les serviteurs des serviteurs de Dieu », accueille, hors du Moyen-Orient, de nombreux chrétiens sans pour autant se livrer à un prosélytisme excessif. L’Église d’Antioche représente la racine araméenne du Christianisme, trop longtemps oubliée en Occident.

Elle a su garder vivante la plus pure doctrine chrétienne, les Paroles du Christ, prononcées en Araméen lors de Son ministère. En parcourant les écrits des grands théologiens syriaques, de saint Éphrem à Barhebraeux et aux contemporains, en s’initiant à la liturgie syriaque, le lecteur constatera le caractère foncièrement trinitaire de l’Église d’Antioche dont chaque fidèle, lors de sa chrismation, « reçoit le Saint-Esprit » et est appelé à L’écouter.

 

Les Occidentaux, souvent déçus par leurs propres Églises, peuvent trouver dans l’exemple antiochien de nouvelles raisons et de nouvelles manières de vivre leur foi. L’héritage syriaque est fondamental pour la Chrétienté. C’est celui que nous transmet une Église qui, depuis plus de quinze siècles, n’a pas été un lieu de pouvoir mais un lieu de foi, celui d’une Église « souffrante » qui n’a pas disparu sous les persécutions et les massacres mais contre qui les « portes de l’enfer » n’ont pas prévalu.

L’origine et l’appellation « syriaque » est destiné aux araméens et assyriens devenus chrétiens. Les syriaques sont originaires de la Mésopotamie : ils vivent ou ont vécu dans des pays comme la Syrie, le Liban, la Jordanie, l’Irak, l’Iran et le sud-est de la Turquie. L'Église Syriaque Orthodoxe est l’église d'Antioche, dont le siège apostolique fut établi en l’an 37 ap. J.-C. par saint Pierre, le chef des apôtres à Antioche (ancienne capitale de la Syrie). À l'aube du christianisme, les membres de cette église ont été convertis au christianisme par les apôtres et les disciples. Ce fut à Antioche que les disciples de Jésus reçurent pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11,26).

L’Église syriaque orthodoxe ne reconnaît que les trois premiers conciles œcuméniques de Nicée (325), de Constantinople (381) et d’Éphèse (431). Elle rejette le concile de Chalcédoine. Elle est en communions avec les Eglises « sœurs » : Arménienne Apostolique, Copte Orthodoxe et Ethiopienne orthodoxe Tewahedo. L’église syriaque célèbre les 7 sacrements. Elle confère les sacrements d’initiation ensemble. La liturgie est celle du rite syrien pratiqué en langue syriaque (araméen occidental). Les lectures sont habituellement faites dans la langue locale. Près de 80 anaphores existes mais la principale prière eucharistique est celle dite de St Jacques (qui date du IVe siècle, célébrée à Jérusalem et à Antioche dans les premiers siècles).

La lignée des patriarches de l’Église syriaque commence par saint Pierre fondateur du siège d’Antioche. Elle se poursuit sans interruption jusqu’à nos jours. Il y eut 123 patriarches. Sa Sainteté Ignatius Aphrem II Karim est le nouveau patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, chef suprême de l’Eglise Syriaque Orthodoxe dans le monde entier. Il succède à Mor Ignace Zakka Ier Iwas décédé le 21 mars 2014.
Aujourd’hui l’Eglise compte plus de trois millions de fidèles dont une grosse moitié en Inde.

Le patriarcat syriaque orthodoxe est entré dès 1955 au Conseil Œcuménique. Avec le recul du temps et le dialogue, on a pu comprendre que les malentendus christologiques du Ve siècle, sont dus principalement à une différence de terminologie et de modes d’expressions théologiques de l’époque. Les efforts théologiques furent accompagnés de visites entres les Patriarches et les Papes de Rome. Des accords théologiques et pastoraux ont été signés. En l’an 2003, une étape importante a été franchie dans le dialogue théologique œcuménique puisqu’il est devenu officiel et s’est étendu aux autres églises non chalcédoniennes.

Le siège apostolique d'Antioche occupe une position hautement estimée dans la chrétienté. Après la destruction de Jérusalem (70), la ville resta la seule métropole de la chrétienté en Orient, et exerça sa juridiction sur la Syrie, la Phénicie, l’Arabie, la Palestine, la Cilicie, Chypre et la Mésopotamie. Le concile de Nicée (325) en son sixième canon, accepta le maintien des privilèges de l’Eglise d’Antioche sur l’Orient, tout comme ceux de Rome sur l’Occident et d’Alexandrie sur l’Afrique. Mais le vaste territoire qui dépendait de sa juridiction diminua par la suite. Le patriarcat de Constantinople lui ravit dès le 4ème siècle une partie de ses provinces. D’autres se déclarèrent autonomes : la Perse en 410, Chypre en 431, Jérusalem en 451...

L’année 451 (concile de Chalcédoine) constitue un tournant dramatique dans l’histoire générale du christianisme, et de l’Orient en particulier. A Chalcédoine, le corps du Christ se déchira. Les deux partis s’affrontèrent durement. La politique contribua à l’aggravation de la situation : les persécutions se multiplient, des fidèles succombèrent égorgés, étouffés, d’autres furent torturés, beaucoup furent mutilés. Les Vème, VIème et VIIème siècles devinrent le théâtre de beaucoup d’atrocités et de souffrances malgré l’apparition de grands noms ecclésiastiques sur la scène des événements.Au VIIe siècle, les non-chalcédoniens (syriaques et coptes), hostiles à la domination de Byzance, favorisèrent l’entrée victorieuse des arabes musulmans en Syrie. Ils accueillirent à bras ouverts le Kalifa Omar Ibn Al-Khattab. Ils lui donnèrent le surnom de Farouq qui signifie Sauveur en syriaque. Or le beau temps était de courte durée. Les nouveaux occupants ne respectèrent que partiellement les libertés promises aux chrétiens…Aujourd’hui, les fidèles de l’Eglise syriaque orthodoxe d’Antioche sont répartis aux quatre coins du monde. Cette diaspora, due à des raisons à la fois économiques, politiques et ethniques, a vidé progressivement de ses habitants le berceau historique des Syriaques (Turquie, Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Palestine, Egypte).

Au sommaire de ces ouvrages :

Tome 1 :

Une Eglise martyre - L’église nait à Antioche - des origines au concile de Nicée - L’expansion de la grande Eglise - de Nicée au concile de Constantinople - L’implosion de la Grande Eglise au concile de Chalcédoine - le temps des persécutions avec la conquête arabe - Le temps de la servitude, de la conquête arabe aux temps modernes -

Le temps des massacres du début du 19e siècle au début du 20e siècle - Le temps de l’exil et celui de l’espérance - De la fin de la première guerre mondiale à nos jours - De l’araméen au syriaque - Liste des Patriarches syriens orthodoxes - Les Chrétiens de l’Inde - L’église Syrienne Orthodoxe en Europe - Orientations bibliographiques -

Tome 2 :

Une Eglise trinitaire - Une spiritualité fervente - La tradition hymnique - Saint Epharem et saint Yaqub de Sarug - La Tradition homilétique - Théodore de Mopsueste - Philoxène de Mabbug - Saint Sévère d’Antioche - La Tradition didactique - Bar Ebroyo - La Tradition mystique et la Prière du Seigneur - La Tradition liturgique et le Baptême - La Sainte Eucharistie - La rémission des péchés - A Dieu, Gloire sans fin - Si le grain ne meurt pas… -

 

GUÉRILLOT  -     LE RITE DE PERFECTION

Claude GUÉRILLOT

.EDITION  TREDANIEL

 1993

En 1762, muni de sa célèbre Patente, Étienne Morin quitta la France pour retourner à Saint-Domingue. Il était en possession des rituels de l'Ancienne Maîtrise, dans la forme que leur avait donnée le Grand Conseil des Grades Eminents que présidait alors Augustin-jean François Chaillon de Jonville.

 

Quelques années plus tard, lassé des intrigues et des cabales, Morin se réfugia à Kingston, à la Jamaïque, près de son ami Henry Francken. Il y accomplit son oeuvre maçonnique majeure, l'élaboration du Rite de Perfection, en vingt-cinq degrés, qui regroupe tous les grades effectivement pratiqués du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Henry Francken, qui fut très certainement l'organisateur principal du Rite, a laissé plusieurs manuscrits dans lesquels se retrouvent tous les rituels et de nombreuses pièces réglementaires.

 

Après avoir tout traduit en anglais, Francken dotait ses délégués, les Députés-Inspecteurs, d'une copie dont trois versions au moins sont venues jusqu'à nous. Claude Guérillot présente ici une restitution en français de ces rituels nés en France. Cet énorme travail, qui a demandé de minutieuses comparaisons avec les manuscrits encore existants, constitue un ouvrage de référence pour tous ceux qui désirent connaître la forme, et surtout l'esprit, des rituels maçonniques originaux.

Les commentaires qu'il a écrits et le glossaire qu'il a élaboré permettent de mieux comprendre ces textes d'une importance essentielle pour tous ceux qui veulent mieux approfondir les rituels Ecossais.

 

Au sommaire de cet ouvrage:

 

L’ancienne maîtrise : les degrés de Maître secret et Maître parfait jusqu’à la perfection ou ultime degré de la Maçonnerie symbolique (14e)  -

La Maçonnerie Renouvelée  -   Va de Chevalier d’Orient ou de l’épée (15e degré) au Prince du royal secret ou chevalier de saint André (25e degré)  -

Constitution, statuts et règlements  -  les lois et règlements de l’époque  -  les actes d’allégeance   -

 

GUÉRILLOT -  les degrÉs de l’apocalypse – Étude des  17e et 19e DEGRÉS  du R.E.A.A.

Claude guerillot

EDITION VEGA

 2007

Bien des degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté ont été inspirés par l’un ou l’autre des Livres de l’Écriture. Parmi ceux-ci, l’Apocalypse, même si St Jean l’Évangéliste n’en est peut-être pas l’auteur, tient une place à part. C’est, par excellence, un livre initiatique par son ésotérisme et son eschatologie.


Les « Degrés de l’Apocalypse » correspondent aux XVIIème et XIXème degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté. À l’origine, vers 1760, le premier s’appela Chevalier d’Occident et le second Sublime Écossais. Lors de leur incorporation dans le Rite de Perfection, ils devinrent Chevalier d’Orient et d’Occident et Sublime Écossais ou Grand Pontife.

 

Ils étaient alors associés au XVIIIème degré. Pour des raisons d’opportunité exposées dans le livre, le XIXème degré fut relégué parmi les grades « philosophiques » communiqués au XXXème degré. L’un et l’autre peuvent s’analyser comme des paraphrases symboliques de l’Apocalypse, dans sa dernière partie, celle de la Jérusalem céleste, pour le XIXème degré.


Les nombreux cahiers étudiés ici permettent de suivre l’évolution de ces grades au cours des siècles et de comprendre pourquoi le XVIIème degré a été entièrement réécrit à la fin du XXème siècle.

L’analyse permet aussi de proposer quelques pistes de compréhension effet, à l’époque de l’élaboration des premières versions de ces degrés, la Franc-maçonnerie française vivait l’une de ses crises les plus difficiles et il est possible d’en reconnaître des échos dans les rituels.


L’Apocalypse a inspiré les plus grands artistes, en particulier Dürer dont les gravures illustrent si parfaitement les rituels des « Degrés de l’Apocalypse » qu’il semble impossible qu’elles n’aient pas été connues des Frères qui, les premiers, ont élaboré ces degrés.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Le chevalier d’Orient et d’Occident   17e degré  -  lieu, décors, message, préambules, mot de passe, rituel  -   Quelques aperçus et réflexion sur le 17e degré   - 

Le Sublime Ecossais ou Grand Pontife 19e degré   -  Lieu, décors, message, secrets et Apocalypse   -   Quelques aperçus et réflexions sur  ce degré   -

Quelques remarques sur les degrés de l’Apocalypse   -   Brève étude des batteries   -  Paraphrase ou pastiche ?   -   La Jérusalem céleste   - 

 

GUÉRILLOT  -  les degrÉs d’exil – 15ème et 16ème degrÉs

Claude guÉrillot

EDITION  Vega

 2004

On entend ici par "degrés de l'Exil" les XVème et XVIème degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté, c'est-à-dire le Chevalier d'Orient ou de l'Épée et le Prince de Jérusalem.
Historiquement, ces deux degrés furent conçus pour jouer un rôle directeur dans les Ateliers pratiquant l'Ancienne Maîtrise.


Le Chevalier d'Orient, apparu peu avant 1748, fut très largement diffusé et nous disposons de nombreux manuscrits permettant de suivre son évolution.
Au contraire, le Prince de Jérusalem, qui date des années 1760 et qui est, en quelque sorte, le "second point" du Chevalier d'Orient, fut surtout pratiqué dans la mouvance de Saint-Jean de Jérusalem de Paris. Leurs légendes sont tirées fort librement, des Livres d'Esdras et de Néhémie


Lorsque le Rite Ecossais Ancien et Accepté succéda au Rite de Perfection, ces deux degrés cessèrent rapidement d'être réellement pratiqués et ne furent plus que communiqués à l'occasion de l'intronisation du XVIIIème degré de Chevalier Rose Croix. Psychologiquement, le " sentiment d'être exilé " est important. Il s'associe à l'échec qui est une sorte de petite mort quotidienne obérant le vécu. Il est souvent ressenti au cours des " crises de transition " qui jalonnent la vie humaine. L'être humain se ressent alors comme frappé d'exclusion ou de rejet.


Il croit valoir bien plus que ce que les autres voient en lui et, comme l'a écrit Lamartine : " L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. " L'initiation Ecossaise vise au perfectionnement de l'être en lui apprenant à se connaître et à connaître l'Autre, à s'accepter tel qu'il est et à s'aimer lui-même comme à aimer l'Autre, à agir, fort de ces connaissances et de ces amours.


Or chacun passe inéluctablement par les " crises de transition " et connaît, à un moment ou à un autre, le " sentiment de l'Exil ". Les " degrés de l'Exil ", s'il les étudie bien, lui apprendront qu'un secours existe, qui vient d'un autre, d'un totalement Autre qui est " plus grand que nous ".


L'Exil finit toujours par s'achever mais seulement parce que l'Espérance, qui vacille parfois, ne disparaît jamais. Le mythe du Messie exprime cette vérité. Tristan Bernard, lorsqu'il fut arrêté par les nazis, eut ce mot sublime : " Maintenant commence le temps de l'espérance ! ". Il faut, malgré tout ce qui peut arriver de terrible, être capable d'espérance, tel est l'enseignement initiatique des " degrés de l'Exil " et cet enseignement prépare l'adepte à recevoir et à comprendre le XVIIIème degré.

 

Les degrés de Chevalier d’Orient (15ème) et de Prince de Jérusalem (16ème) sont ici expliqués dans leurs dimensions historique, symbolique, ésotérique, mythique et rituelle.

 

GUÉRILLOT  -  les degrÉs ultimes du rite Écossais ancien & acceptÉ

Claude guÉrillot

EDITION VÉGA

 2005

Avec « Les Degrés ultimes du Rite Écossais Ancien & Accepté » s’achève une série de petits ouvrages consacrés chacun à l’un des aspects importants du Rite. Celui-ci a été écrit dans deux buts :
- Faire comprendre à tous ceux qui n’auront jamais la chance d’y travailler l’importance du contenu initiatique de ces trois degrés ;


- Rappeler à ceux qui en sont investis que l’arbre – entendez l’immense travail sans cesse recommencé des « membres actifs » – ne doit pas cacher la forêt, la forêt féconde des contenus initiatique et ésotérique de ces trois derniers degrés.

Ces degrés ont, trop longtemps, été dits « administratifs », comme s’il ne s’était agi ici que de gérer la Juridiction ou de ses préparer à le faire. D’autres, plus conscients de la valeur de ces degrés Écossais comme tous ceux qui les précèdent et c’est une grave erreur que de vouloir en faire je ne sais quelle « réalisation descendante », comme si ces degrés avaient pour but et pour effet de ramener les Frères au niveau de leur première initiation. Tous les grades du Rite Écossais Ancien et Accepté ont pour objet de faire progresser l’impétrant, de lui faire découvrir quelque chose, de l’amener à un niveau plus élevé de spiritualité.


Comme tous les grades maçonniques, les « Degrés ultimes » ont une histoire, réclament un lieu et des décors, possèdent un rituel et des « secrets ». Comme tous aussi, ils recèlent des contenus initiatique et ésotérique qu’il faut découvrir. Pourquoi dit-on « Ordo ab Chao » ou « Deus meumque Jus » ? Qui donc voudrait croire que ces questions n’acceptent qu’une seule et unique réponse ?


In ultima fine, forsan… À la fin des fins, peut-être, l’auteur livre ici son « testament maçonnique » et son témoignage. Que ceux qui ont été reçus dans « les Degrés ultimes » trouvent ici de nouvelles pistes de réflexion et de travail. Que ceux qui n’espèrent pas y parvenir découvrent ce qu’ils auraient pu y trouver.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le Grand Inspecteur Inquisiteur commandeur 31e : son lieu, son rituel, son message, son secret et son contenu initiatique   -

Le Prince du Royal secret 32e : Lieu, décor, message, secret et quelques aperçus sur le contenu initiatique   -

Le Souverain Grand Inspecteur Général 33e : Lieu, décor, rituel et secret   -

L’arbre et la forêt  -   la forêt féconde   -  In ultima fine   - 

 

GUÉRILLOT - LES GRADES DITS DE VENGEANCE

Claude Guérillot

Edition Véga

 2014

Ces grades forment la 3e classe du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Ils sont constitués par le 9e (Elu des Neuf), du 10e (Elu des quinze) et du 11e (Sublime chevalier Elu). Si les deux premiers contiennent des « légendes du grade » exposant la traque et la punition du meurtrier d’Hiram et de ses deux complices, le troisième ne présente qu’un « discours du grade » sans aucun rapport avec le meurtre d’Hiram.

Il existe donc une hétérogénéité entre ces trois grades pourtant réunis en une seule classe, intercalée entre le 8e (Prévôt et Juge) et la 4e classe formée des trois degrés de Grand Maître Architecte, de Chevalier de Royal Arche et de Grand Elu, Parfait et Sublime Maçon. La 2e classe s’inscrit dans la « légende d’Hiram » mais la 4e conduit et introduit l’adepte à une forme nouvelle de spiritualité.

Il serait opportun d’imaginer que les Pères fondateurs du Rite ont conçu cette 3e classe comme une sorte de « bouche-trou » formé de trois grades de contenus initiatiques très différents mais mis en place pour compléter l’Ancienne Maîtrise culminant au XIVe siècle.

Le sublime chevalier Elu a été composé à partir du Chevalier des Douze Tribus et a été nommé par les Pères fondateurs « Illustre Chef des Douze Tribus ». Il s’agit d’un degré purement biblique, ésotérique et mystique.

Les trois  degrés des «  grades dits de vengeance » sont susceptibles d’une lecture ésotérique très différente de la lecture exotérique usuelle. Ils forment alors les degrés d’une montée de l’adepte vers une certaine forme de mysticisme. Or, ces degrés sont apparus en France alors que le chevalier de Ramsay, disciple de Fénelon et de Madame Guyon, était, depuis son fameux discours, l’un des frères les plus influents, sur le plan initiatique, des Francs-maçons français.

L’interprétation de l’auteur est donc que ces degrés recèlent en eux un enseignement mystique proche du quiétisme, il n’est donc pas étonnant que leurs versions modernes aient été profondément édulcorées.

Nous connaissons tous la « caverne », or la « caverne » est l’archétype de la matrice maternelle et elle est symbole de renaissance, de régénération et d’initiation. Le « vieil homme » attend dans la caverne que le « nouvel homme » y entre et se substitue à lui, mais cette renaissance se fait dans la douleur ; la plupart des grandes initiations, celle d’Eleusis par exemple, ont eu recours à ce symbole de régénération.

Le contact entre Joabert ou Joabim et Abiram est médiatisé par le poignard avec lequel le premier frappe le second à la tête et au cœur. Or le poignard est un « outil » actif, analogue au ciseau : alors que le ciseau taille la pierre, le poignard façonne l’âme. S’il poursuit son chemin, le récipiendaire s’entendra dire un jour, d’un autre poignard.

Après les coups de poignard, la fontaine intervient. La fontaine, l’eau vive, évoque celle qui servait au baptême des premiers chrétiens, le récipiendaire doit boire à la fontaine et étancher sa soif, plus tard on lui dira « Prenez et buvez et donnez à boire à ceux qui ont soif », et cette soif est celle de la connaissance et celle de l’amour divin.

Vient maintenant la lampe. La lampe évoque la lumière incréée de la divinité. Présente dans la caverne, elle indique que Dieu préside à la conversion du récipiendaire, entré meurtrier et sortant purifié.

Tous ces symboles, en effet, n’évoquent nullement une vengeance, un meurtre, mais une véritable « conversion », « un retournement de l’être (lame 11 du Tarot) » et une « métanoïa » au sens le plus large et le plus profond du terme, un « retournement de l’âme  et une purification de l’être ».

Au sommaire de cet ouvrage :

La légende avant les rituels  -  Le Maître élu des neuf, son lieu, sa légende ses secrets, son rituel, son contenu initiatique   -

L’Elu des Quinze  -   Son lieu, son rituel, ses décors, ses secrets et son contenu initiatique    -

Le Sublime Chevalier Elu  -  Son lieu et ses décors, ses discours et son secret, son contenu initiatique

Une nouvelle interprétation des grades dits de vengeance   -    Vingt ans après…

 

GUÉRILLOT  -  les trois premiers degrÉs du r.e.a.a.

Claude GUÉRILLOT

EDITION TREDANIEL

 2002

Dès ses trois premiers degrés, le Rite Écossais Ancien et Accepté possède ses spécificités propres. Historiquement, les rituels de ces degrés trouvent leur origine dans ceux que les Antients anglais définirent vers 1750 et qu'ils donnèrent, à la fin du XVIIIème siècle, à la Mère Loge Écossaise, Saint Jean d'Écosse, qui fut la loge-mère d'Alexandre de Grasse-Tilly. Lorsque le Rite Écossais Ancien et Accepté fut introduit en France, en 1804, c'est tout naturellement que Grasse-Tilly adopta, pour les Loges symboliques, les rituels en usage dans sa loge-mère.

 

Tout au long du XIXème siècle, ces rituels, surtout celui de Compagnon, furent modifiés en fonction de l'esprit de l'époque. Le "positivisme" d'Auguste Comte et l'anticléricalisme croissant des Frères induisirent une certaine déchristianisation du Rite.

 

Personne, ni une Obédience, si respectable soit-elle, ni une Juridiction, si vénérable soit-elle, n'est propriétaire du Rite Écossais Ancien et Accepté. Pourtant le Suprême Conseil de France d'abord, la Grande Loge de France ensuite, ont cru avoir le droit et le devoir de modifier les rituels. Nul ne doute qu'ils aient cru bien faire... Mais un exemple récent montre que modifier un rituel est une opération difficile et risquée. Ici, un geste, un mot, un discours, portent en eux une signification qu'il faut parfaitement comprendre pour oser introduire une modification.

 

Si celle-ci est acceptable, si elle n'altère pas le sens du grade, si elle est bien comprise par les Frères, ceux-ci l'adoptent. Sinon... Ce petit livre est consacré aux trois premiers degrés et l'auteur espère ainsi transmettre à ses lecteurs un peu de ce qu'il a appris en plusieurs décennies de pratique. Mais ses paroles ne sont pas vos paroles et si le lecteur se penche un peu plus sur l'enseignement maçonnique de ces premiers degrés, alors son but sera atteint.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’apprenti : le lieu, le rituel et l’instruction   -

Le compagnon : Le lieu, le rituel et la gestuelle  -

Le Maître : Le lieu, le rituel et la tenue funèbre  -

7 ans et plus  -   Quelques travaux   -  Que la joie soit dans vos cœurs !  -  Que la lumière soit !  -   Et maintenant…

 

GUÉRILLOT LE TÉMOIN DU CHRIST – UNE APPROCHE DE L'ÉVANGILE DE ST-JEAN

 Claude Guérillot

 Edition VEGA

 2003

Ce qui distingue le Christianisme des autres monothéismes, ce n’est pas seulement le dogme trinitaire, c’est, d’abord et surtout, l’Incarnation.

 

Les trois Évangiles synoptiques sont des Évangiles de la messianité. La messianité n’est pas nécessairement l’Incarnation. D’abord conçue sur le modèle juif du Libérateur, elle est devenue, au cours des premiers siècles, Rédemption et Incarnation. Mais les Évangiles synoptiques, rédigés par des hommes qui n’avaient pas directement connu le Christ, insistent sur Ses pouvoirs divins et sur Ses miracles.


Le 4e Évangile est, au contraire, un Évangile de l’Incarnation. Son auteur, qui ne se nomme pas mais qui est « Le disciple que Jésus aimait », se présente comme un témoin.

La tradition et ceux qui ont connu Jean ou qui furent proches de lui dans le temps et dans l’espace nous affirment que cet auteur est Jean, fils de Zébédée.


Pour essayer de comprendre et de se faire une opinion, il faut, d’abord, retracer les contextes historiques, politiques, économiques, culturels et théologiques du premier tiers du Ier siècle. Il faut aussi rappeler ce que l’on sait de Jean et le replacer dans ce contexte. Le point suivant est la véracité du témoignage.


Le 4e Évangile comporte de nombreux détails géographiques, topographiques et architecturaux qui n’ont pas de signification théologique mais qui sont autant d’indices de sa véracité. Or chacun de ces détails est vérifiable et vérifié. De plus, la cohérence temporelle du 4e Évangile est parfaite, au point que l’on peut suivre complètement le Christ au cours de la dernière semaine de Sa vie terrestre.


Ainsi donc, la véracité de l’Évangile selon Jean est assurée et l’existence du manuscrit Ryland permet de dater sa rédaction de la fin du 1er siècle.


Jean, tous les témoignages le prouvent, a passé les dernières années de sa vie à Éphèse et il y a joué le rôle d’un évêque métropolite. À chacune des grandes fêtes, Pâques, la Pentecôtes, la Théophanie, il a prêché et témoigné du Christ. Cela explique que ces très nombreuses homélies, tout en conservant une unité de style et de vocabulaire, présentent des reprises et des corrections.


La conviction de l’auteur, après un examen minutieux, est que Jean le Théologien, le fils de Zébédée, est bien, comme l’affirment les Pères et les contemporains de l’œuvre, l’auteur du 4e Évangile.


Ainsi, le 4e Évangile est véridique. C’est l’Évangile de l’Incarnation et celui du Message. Les hommes et les femmes du IIIème millénaire n’attachent guère d’importance aux nombreux miracles rapportés par les Synoptiques mais sont sensibles au Message du Christ.


Encore faut-il le comprendre. Toute traduction est une trahison, à la fois réductrice et théologiquement orientée. Ici, l’auteur remonte au grec des manuscrits anciens pour signaler, à chaque fois que cela est nécessaire, l’aura sémantique du texte johannique. Ainsi met-il à jour bien des richesses occultées dans nos traductions et ouvre-t-il bien des pistes à la méditation du lecteur.
Ceux qui ne croient pas en l’Incarnation trouveront ici des raisons de douter de leur opinion.

Ceux qui y croient trouveront des raisons de conforter leur foi. Tel est l’objet de cet ouvrage qui réconcilie respect de la tradition et analyse rigoureuse, ardeur de la foi et exigence de la raison.

Au sommaire de cet ouvrage:

Le contexte historique chrétien, juif et grec - les confessions juives - le contexte éphésien - le problème linguistique et l’évolution du judaïsme - les midrashim - les interactions culturelles entre les 3 traditions - les contextes culturels et théologiques - le contexte chrétien, les voies vers le salut, les premières hérésies - Le fils de Zébédée - Béthanie au-delà du Jourdain - l’inconnu qui chassait les démons - les Bonaerguès - la passion et la mort de Jésus - la Résurrection - l’arrivée à Ephèse - le témoignage de saint Irénée - les actes de Jean et la Légende dorée - L’évangile et les évangiles - les Synoptiques - Originalité de l’Evangile de Jean - les concordances diverses dans les récits - les Noms désignant Dieu et Jésus - L’évangile du Témoin -
Bethsaïde et Julias - Cana de Galilée - Nazareth - Ainon - Sychar - le mont des oliviers - le Golgotha - la piscine de Bethesda - la synagogue de Capharnaüm - la piscine de Siloé - le portique de Salomon - la cohérence spatio-temporelle de l’évangile - L’ésotérisme de l’évangile de Jean - le Bon Pasteur - le tombeau vide -
La genèse du 4e évangile - la lecture éphésienne - l’arrestation au jardin des oliviers - la trahison de Judas - l’intervention de Pierre - Jésus au palais de Hanne - le procès devant Pilate - la mort sur la croix - le Titulus - la robe sans couture - Jean et Marie - la port de Jésus et sa mise au tombeau - Marie de Magdala rencontre Jésus - les apparitions du Ressuscité -
Les 7 signes - l’eau changé en vin - les diverses guérisons - la multiplication des pains - l’aveugle né - le paralytique - la résurrection de Lazare - la femme adultère - les entretiens du Christ avec Nicomède, la samaritaine et le sens de ces entretiens - les homélies du Christ - l’homélie du bon pasteur - les discours de « l’adieu » - La prière du Christ - l’achèvement de la Kénose - les disciples envoyés à travers le monde -
Le Logos et sa transcendance - le Logos et la lumière - Saint Jean le Baptiste, le précurseur - le Logos vient dans la création - l’Incarnation - la théologie du 4e évangile, théologie trinitaire, de l’incarnation, et très élaborée - une pneumatologie complète - La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas retenue - le fini ne peut comprendre l’infini - le créé et l’incréé - reconstitution du procès de Jésus -

 

GUÉRILLOT  -  son nom fut autre

Claude guÉrillot

EDITION  VÉGA

 2004

« Son nom fut autre… », affirme le rituel du Chevalier Kadosh, qui ajoute « et le même pourtant ». « Le Kadosh est le grade de l’action » est une de ces « idées reçues » qui évitent de trop réfléchir…

La difficulté provient de ce que, si chacun s’accorde à reconnaître l’urgence d’agir, personne ne peut véritablement dire ce que doivent être les objectifs poursuivis ou les moyens à mettre en œuvre. À bien y regarder, la devise maçonnique « Liberté, Égalité, Fraternité » s’oppose absolument à l’imposition de « mots d’ordre », d’orientation, de « ligne », au sens où ce mot est employé par les partis politiques, les syndicats ou d’autres associations, telles les sectes.

Je suis libre d’agir pour ce que je crois être le mieux, mes Frères le sont aussi. Aucun d’entre nous ne peut contester le choix de ses Frères. De plus, la fraternité nous impose de respecter ces choix et de ne pas tenter de nous y opposer.

Autant dire que nous devons résoudre la quadrature du cercle…

Le Kadosh apparaît, nous semble-t-il, vers 1760. C’est alors un grade purement chrétien, une paraphrase symbolique du Lévitique, construit autour d’une « échelle mystique » comme il en existait déjà beaucoup dans la tradition chrétienne. L’action qu’il proposait était de « faire son salut ». S’il en était resté là, gageons qu’il ferait, aujourd’hui, partie de tous ces grades Écossais largement oubliés.

Mais le Kadosh a connu bien des avatars. Au cours de son histoire mouvementée, nombreux ont été ceux qui ont voulu lui donner un objectif concret, venger l’Ordre du Temple et récupérer ses trésors, soutenir l’idéal républicain, laïc et anticlérical, promouvoir, au nom de la Tradition, un gnosticisme dépassé…

Si le malheur voulait que ces hommes engagés dirigent, au moins en partie, l’Écossisme, ils réécriraient le rituel en fonction de leurs objectifs.

Il a fallu attendre les dernières décennies du XXème siècle pour que, sous l’impulsion de Maçons éminents, le Chevalier Kadosh devienne un degré purement initiatique et que le récipiendaire entende l’Éminent Commandeur lui dire :

« Allez dans le monde, seul, univers complet, responsable devant votre conscience, riche de connaissance et d’amour. Nous n’avons pas de mot d’ordre à vous donner ».

C’est avec les lumières du passé que l’on éclaire les chemins de l’avenir… Connaître l’histoire rituélique du Kadosh, comprendre comment et pourquoi ses rituels ont été manipulés, c’est aussi se prémunir contre les tentatives, qui ne manqueront pas de se produire, de détourner l’Ordre Écossais de sa véritable nature.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les premiers Kadosh   -  les manuscrits antérieurs à 1762   -  Le contenu initiatique du chevalier Kadosh initial   -   Le grade suprême du Grand Elu de Londres   - 

Le Kadosh templier : le Kadosh du Rite de Perfection   -   La condamnation du Kadosh templier   - 

Le Kadosh philosophique : La descendance politique du Kadosh philosophique   - les mots inscrits sur l’échelle   -  Paroles et mot de passe   - 

 

GUÉRILLOT    -  trois pas vers l’infini

Claude guÉrillot

Edition  Dervy

 2003

Claude Guérillot nous décrit son parcours, nous livre son secret d’initiation, nous faisant découvrir, sous l’efflorescence des grades, l’extraordinaire cohérence du Rite Écossais Ancien et Accepté, affirmant avec force sa vocation spirituelle. Cet ouvrage relate le voyage initiatique de l’homme en quête d’initiation qui, homme de chair selon les termes de l’auteur, aspire à la condition d’homme spirituel afin de retrouver sa dimension primordiale et surtout un équilibre.

L’engagement personnel de l’auteur en tant que croyant, les parallèles qu’il établit avec les textes sacrés, ne portent pas atteinte à sa lucidité et à son objectivité d’historien. Au contraire, ils mettent en lumière l’intérêt et la qualité des matériaux symboliques et légendaires tirée des rituels du Rite. L’auteur corrige, ici et là, des altérations apparues au cours de l’histoire.

C’est à travers 3 lettres : A (Agir)A (Aimer)A (Apprendre) que l’auteur nous guide à travers les hauts grades du R.E.A.A.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Apprendre : Rituels, symboles et légendes  -  l’apprentissage et l’irruption du symbole   -  l’apprentissage de l’ésotérisme   -  de la légende au mythe   -  

Aimer : Les degrés johanniques   -  la Loi d’amour    -

Agir : Les séquelles d’un refus  -  Trois rayons de soleil   -  Son nom fut autre   -  Nec plus ultra  -      les degrés ultimes    -

 

Un des meilleurs livres de métaphysique de Claude Guérillot

 

grand livre d’architecture de la trÈs respectable grande loge de france

Le Musée de la  glf

EDITION DU PRIEURÉ

 1996

Le Grand Livre d’Architecture de la Grande Loge de France est un document qui met en évidence la participation active de nombreux frères, notamment par la création de nouveaux ateliers, au sein d’un système maçonnique autre que le Grand Orient de France, après sa création en 1773.


Il établit la permanence de ces frères dans leurs actions et leurs réactions face à des problèmes qui nous touchent encore aujourd’hui. Ceux-ci, en effet, se trouvent dans le premier schisme, entre 1760 et 1762 puis entre 1765 et 1766 jusqu’au printemps 1771.


Nous les identifions à nouveau dans ce registre. Il nous reste à les suivre dans des documents postérieurs à 1799 jusqu’à la création, en 1804, d’une Grande Loge Générale Écossaise, pour comprendre que la transmission institutionnelle a ses droits mais que les hommes comptent tout autant, surtout lorsqu’ils mettent une telle énergie à construire, dans ces époques troublées, une maçonnerie dont nous parlent encore aujourd’hui les frères.

 

guide des maçons Écossais

Pierre noël

EDITION  À L’ORIENT

 2006

Le Guide des Maçons Écossais est la première version imprimée des grades symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté. Publié en 1820, le texte en est cependant bien antérieur à cette date car déjà pratiqué dans certaines loges parisiennes quinze années auparavant.


Pourquoi fallut-il un rituel nouveau pour l’époque ? La réponse se trouve dans les circonstances sociopolitiques de la maçonnerie du temps, dominée par un Grand Orient de France omnipotent. Quelques rebelles voulurent se démarquer de cette maçonnerie française, trop conventionnelle peut-être. Ils choisirent pour le faire de se réclamer d’une maçonnerie « universelle », inconnue sur les bords de la Seine. Aidés par des exilés revenus d’Amérique, ils rédigèrent un rituel marqué par l’influence britannique et irlandaise, « ancienne » donc, non sans conserver l’essentiel de la tradition française, « moderne ». Le résultat en fut par force syncrétique.


Pourquoi ce rituel fit-il long feu et fut-il remanié puis abandonné par le Suprême Conseil de France sous la Restauration ? Pour les mêmes raisons qui l’avaient vu naître. L’empreinte « ancienne », trop envahissante, fut abandonnée pour en devenir presque imperceptible.


Ce premier remaniement ne fut que le premier d’une longue série, encore inachevée. Constamment revu, réécrit, modifié, adapté aux besoins du temps, le R.E.A.A., pour les grades symboliques, n’a plus guère de commun avec le texte originel proposé ici.

Il n’en est que plus impérieux d’offrir aux maçons de ce rite et à tous les curieux du fait maçonnique son texte d’origine, en reproduction authentique et non en transcription.
Chacun jugera jusqu’où il diffère de la pratique contemporaine.


Écrit par un très grand historien de la Franc-maçonnerie, ce livre est un excellent livre de référence pour le R.E.A.A.

 

guide du franc-maçon

Le Groupe de Recherche alpina

LAUSANNE

 1998

Histoire de la Franc-maçonnerie dans les Îles Britanniques
Les Loges maçonniques avant 1717 
Le Regius et le Cooke
La naissance de la Franc-maçonnerie en 1717
L’avènement de la Franc-maçonnerie spéculative
Les Constitutions d’ANDERSON
Serment et secret
Les Constitutions de 1738
Franc-maçonnerie universelle, reconnaissance et régularité, Landmarks
Prééminence de la Grande Loge Unie d’Angleterre
Les Landmarks
Régularité et reconnaissance
Le secret maçonnique
Approche symbolique, initiatique et rituelle de la Franc-maçonnerie
Le Moyen Âge : les corporations, guildes et confréries
Le Compagnonnage en France
La transition entre opératifs et spéculatifs
La Royal Society
Les ordres chevaleresques
Les sciences occultes
Les cérémonies maçonniques en Angleterre au XVIIIème siècle
La Loge maçonnique des Modernes
La Loge et les travaux maçonniques des « Anciens »
Le Rite ou système de Schroeder
Le Rite ou système de Fessler
Le système anglais ou « Rite Émulation »
Le Rite américain ou Rite d’York
Le Rite français
L’Écossisme et le Rite Écossais Ancien et Accepté
L’apparition progressive de grades supplémentaires
La patente de Morin
Symbolisme, Tradition et régularité
Importance de l’Ordre
La qualité de l’initiation
Le racisme
Autres territoires
Les grades philosophiques

La Franc-maçonnerie en Europe et au Moyen Âge
La Franc-maçonnerie en France
Les lumières
La Révolution
La laïcité
L’antimaçonnisme
Le nazisme et l’après-guerre
La propagation de la Franc-maçonnerie en Allemagne
Vers une Grande Loge
La Révolution française
L’ère napoléonienne
Le Risorgimento (« Résurrection »)
Le fascisme
La Loge P2
Espagne
Portugal
La Franc-maçonnerie dans le bassin méditerranéen oriental
Situation des différentes Obédiences
Situation de quelques pays particuliers (anc. Colonies britanniques ; Maroc)
Conclusion
La Franc-maçonnerie en Asie
L’antimaçonnisme
La première divulgation du secret maçonnique
La première bulle papale ou la rigidité dogmatique contre la liberté
La naissance de l’idée du complot
L’affaire Léo Taxil
L’antimaçonnisme des années trente
Maçons célèbres et société initiatiques de l’antiquité
Francs-maçons célèbres
Les pères fondateurs
Les « pseudo-Maçons »
Chronologie de la Franc-maçonnerie
Avant 1717 : Maçonnerie dite « opérative »
Dès 1717 : Maçonnerie dite « spéculative »
Dès 1813 : Maçonnerie dite « modern »
Musique et rituel
Les œuvres et leurs attributions maçonniques chez Mozart

 

guide pratique de la franc-maçonnerie à l’attention de tous les chercheurs de lumiÈre

Jean solis

Dervy

 2001

La Franc-maçonnerie, au-delà de sa visée universaliste, est, au niveau international, une mosaïque d'obédiences et de rites divers, fruits de l'histoire politique et sociale du monde, dans les méandres desquels il est quasi-impossible au profane et très difficile aux maçons eux-mêmes, de quelque grade qu'ils soient, de se retrouver. D'où l'intérêt de cet ouvrage, indispensable guide pratique, qui, pour la première fois, décrit et analyse, de façon exhaustive, les différents rites pratiqués de par le monde.

 

Travail unique en son genre, cet ouvrage, par une synthèse historique et mythographique de chaque rite et par l'analyse descriptive qui en est faite, permet de comprendre ce qui fait, au-delà de l'extrême diversité apparente, l'unité de la Franc-maçonnerie. En cela, l'auteur contribue à " réunir ce qui est épars " et à favoriser une meilleure compréhension de la différence et par conséquent une meilleure compréhension de l'Autre

 1 H 

HIRAM - Exégèses bibliques et maçonniques du mythe fondateur de la Franc-maçonnerie

Jean-Claude Sitbon

Editions de la Tarente 

 2014 

Cette étude sur le personnage central de la Franc-maçonnerie est unique. L’auteur a rassemblé, commenté et mis en perspective des textes issus des traditions bibliques et maçonniques afin de mieux décrypter les symboles du grade de maître… et au-delà, il nous offre ici un véritable chemin de réflexion et de réponses sur ce personnage qui est au cœur de la démarche initiatique.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : Hiram, l’architecte modèle du Temple de Salomon - l’apparition tardive du degré de Maître et du personnage Hiram dans les écrits maçonniques - de la tour de Babel au Temple de Jérusalem - de Noé à Hiram - les mystères de la naissance du mythe d’Hiram - le trio Salomon, Hiram roi de Tyr et Hiram Abif - Salomon roi d’Israël, fils de David - Hiram, roi de Tyr et Hiram l’artisan envoyé par le roi de Tyr - Les talents et les vertus d’Hiram Abif - les sources et les références bibliques - Hiram, maitre dans l’art du travail de l’airain et savant dans tous les arts - les innovations maçonniques - Hiram architecte et conducteur en chef de tous les travaux et de tous les ouvriers - les rapports entre Salomon et Hiram - Hiram et le ternaire Sagesse, Force et Beauté - les trois piliers qui soutiennent la loge - les trois attributs divins - la parenté d’Hiram - Hiram fils d’une veuve - la mère d’Hiram, de la tribu de Nephtali ou de celle de Dan - les tribus de Dan et de Nephtali, enfants de Jacob -

Chapitre 2 : Les analogies entre Hiram et Betsaleel, le constructeur du sanctuaire du désert - le sanctuaire de Moise, modèle du Temple de Salomon - la succession des temple - Ur grand-père de Betsaleel, Ur père d’Hiram - les ressemblances entre les talents de Betsaleel et d’Hiram -

Chapitre 3 : Hiram, « l’envoyé de Dieu » - les messagers divins dans la Bible - le livre des Proverbes - Sagesse et crainte de l’Eternel - la Sagesse personnifiée - vertus divines - Dons divins -les Dons spirituels - Hiram, Betsaleel, Salomon et le Christ - Hiram dans les textes du Rite Ecossais Rectifié et ses rapports avec le Christ -

Chapitre 4 : La légende maçonnique du meurtre d’Hiram par trois mauvais compagnons - les sources hypothétiques de la légende - les anciens manuscrits maçonniques - la mort du héros dans les sociétés initiatiques - la trame de la réception au grade de Maître - le complot des trois mauvais compagnons et les circonstances du drame - le refus d’Hiram de donner le mot du Maître - les coups portés à Hiram et les instruments utilisés - les enseignements d’ordre moral - le danger des passions violentes - Vaincre ses passions - Bijoux et métaux - Justice, discrétion et humilité - Sacrifice, courage et souffrance - les qualités antithétiques d’Hiram - le thème de la mort dans la tradition maçonnique - la mort initiatique et la seconde naissance - Approche mystique - la distinction entre l’être essentiel et l’homme physique - le postulat théologique de l’immortalité de l’âme - la vision romanesque de Gérard de Nerval - la reine Balkis, ressort du drame nervalien - les multiples fonctions d’Adoniram dans l’œuvre de construction du Temple - Adoniram, personnage énigmatique, complexe, d’une fascinante beauté - Adoniram émerveille la reine de Saba, ils tombent amoureux l’un de l’autre - les rapports tumultueux entre Adoniram et Soliman - Trois compagnons sabotent la réalisation du chef-d’œuvre final d’Adoniram qui, avec l’aide de Tubalcain, répare le désastre -

Chapitre 5 : La résurrection d’Hiram - Le relèvement du tombeau du nouveau Maître dans les rituels maçonniques - L’approche du Rite Ecossais Ancien et Accepté - Mort et renaissance - un thème universel au centre de nombreuses traditions - le mythe d’Isis et d’Osiris - les trois périodes du Temple de Salomon - les trois états de l’Ordre maçonniques - les trois épisodes du destin de Maître Hiram - les différents aspects de la résurrection dans les textes bibliques et leurs rapports avec Hiram - la résurrection collective des morts à la fin des temps dans la tradition judaïque et dans la tradition chrétienne - les résurrections individuelles - les résurrections fils d’une veuve par Elie et par Jésus - La résurrection par Elisée du fils de la Sunamite et celle de Jésus par Lazare - les autres résurrections dans les Evangiles - L’interprétation christique du mythe d’Hiram - les différents indices bibliques - la symbolique maçonnique - les limites de l’interprétation christique -

 

HIRAM  -  LE MYTHE D’HIRAM       -                   77

Jean Delaporte

Edition Maison de Vie

2017

Le mythe d’Hiram présente une structure similaire au mythe d’Osiris. Une partie des mythèmes osiriens se retrouvent dans la légende d’Hiram même si le mythe qui fonde la Franc-maçonnerie présente ses propres caractéristiques. « Construction du Temple, assassinat du Maître, trahi par ses propres Frères, perte du secret de l’œuvre, finalement retrouvé grâce à l’acacia et à la quête ardente menée par ceux qui sont chargés de prolonger la Tradition en faisant revivre l’esprit du Maître. Tel est, brièvement résumée, explique l’auteur, la structure du mythe fondateur de la maîtrise maçonnique. »

 

Après avoir évoqué les différentes influences traditionnelles possibles dont les sources compagnonniques, Jean Delaporte précise les similitudes avec le mythe osirien : « Les cinq points parfaits de la Maîtrise correspondent au remembrement du corps du Maître. Le fait que le mot de passe soit communiqué au moment où le Vénérable relève rituellement le corps du Maître par les cinq points parfaits de la Maîtrise indique que c’est grâce au remembrement que la Tradition se transmet. Ce remembrement est un aspect du mythe que l’on ne trouve guère ailleurs. Il est permis de parler de spécificité de la tradition des bâtisseurs, à laquelle la composante féminine de l’initiation n’est pas étrangère puisque l’intervention des Sœurs est essentielle à l’accomplissement de cet acte. Bâtir, n’est-ce pas précisément remembrer, reconstituer ce qui était séparé, à l’instar d’Isis qui redonne magiquement l’intégrité de son corps à son époux Osiris ? »

 

Jean Delaporte cherche ensuite à cerner les fonctions d’Hiram, de Salomon et de la Reine de Saba à travers diverses sources et en recourant aussi à l’étymologie afin de mettre en évidence les archétypes à l’œuvre au sein du mythe. C’est bien une voie du corps de gloire, héritée des traditions osiriennes que nous retrouvons dans le procès alchimique de mort et de résurrection ou recréation. Jean Delaporte pose finalement deux questions d’importance : qu’est-ce qui justifie la construction du Temple et sa reconstruction permanente ? Que nous apprend la nécessaire stabilité du couple royal dans le mythe osirien sur la fonction, plutôt négligée de la Veuve en Franc-maçonnerie ? Il invite à un dialogue fécond, sans doute indispensable, entre le mythe d’Hiram et le mythe d’Osiris pour mieux percevoir les mystères et les réaliser opérativement.

 

Le rite de l’élévation est toujours centré sur la mise en scène de la mort et du relèvement d’Hiram. Cette constance confère à la légende d’Hiram une place privilégiée et en fait le mythe fondateur de la Franc-maçonnerie spéculative. Le Mythe d’Hiram, lors de sa mise en scène dans le cadre du rite, se superpose au parcours du compagnon en train de vivre la dernière phase de son initiation ; pour enfin que le compagnon prenne la place d’Hiram, d’une manière symbolique, lorsqu’il est étendu au centre du Temple et recouvert d’un linceul. Le Maître, à ce moment, s’identifie à Hiram. Lorsqu’il est relevé par les cinq points, il se substitue à Hiram pour renaître en « nouveau Maître », phase où, passant de l’horizontale à la verticale, il prend une dimension supérieure. Il passe du plan terrestre, horizontal, au ciel, par le plan vertical qui sert de trait d’union. De plus la mort acceptée d’Hiram possède au moins trois significations : -morale, c’est celle d’un homme qui sacrifie sa vie pour garder un secret (Livrer le mot des maîtres, c’est admettre aussi que la violence soit légitimée, feindre de croire que l’homme peut accéder à un niveau supérieur sans effort).  -symbolique : c’est l’illustration de la parole du Christ. « En vérité, en vérité, Je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance ».  -initiatique : le récipiendaire incarne Hiram, car il est soupçonné, éprouvé, tué, relevé par les cinq points. il comprend qu’en lui le vieil homme est mort et qu’un nouvel homme est né, qui va s’engager dans une quête spirituelle.

 

On découvre, à travers le Mythe, une illustration d’un cycle de mort-renaissance… comme dans tout ce qui concerne l’homme et son univers : - Inspiration-expiration -Gestation-mort -Création de cellules-mort des cellules
-Apparition-disparition des astres -Le Rite Solaire illustre aussi ce cycle par une disparition et réapparition journalière du Soleil, et par une descente et une remontée dans notre horizon, au cours des douze mois de l’année. Ce Rite Solaire est perpétuel… voire éternel, si l’on ne savait que le Soleil, à son tour, est amené à disparaître. L’instruction au 3ème degré précise également que le drame d'Hiram peut se référer à la marche apparente du Soleil : les trois meurtriers seraient alors les trois derniers mois de l'année, pendant lesquels le Soleil descend dans les Signes Inférieurs et semble fuir à jamais notre hémisphère. Cependant, après le Solstice d'Hiver, on le voit se relever et bientôt il reparaît dans tout son éclat. De manière analogue, nous voyons notre Maître Hiram sortir de son tombeau et revenir à une vie nouvelle.  

 

L’Elévation, fondée sur le meurtre d’Hiram, marque une étape importante de toute vie maçonnique. Dans les deux premières cérémonies, Initiation et Passage, le récipiendaire n’a pas toujours tout assimilé sur le moment.
Par contre, le déroulement de l’Elévation, moins stressant, permet d’écouter et d’entendre la portée des paroles du V…M…, et la portée du symbolisme de la cérémonie. Et cette étape apparaît comme un début d’un nouveau cycle, d’une nouvelle vie maçonnique, notamment dans la connaissance symbolique.
Comme il se doit, toute association humaine a en effet besoin d'un mythe fondateur pour pouvoir se développer. Et pour se faire, le mythe fondateur de la Franc-maçonnerie est donc l'assassinat d'Hiram par trois mauvais Compagnons… Chronologiquement, les événements qui ont amené la conspiration contre le Grand Maître Hiram Abiff et qui ont abouti à son assassinat, ont eu pour origine l'arrivée de la Reine de Saba qui fut attirée à la Cour de Salomon pour tous les récits relatifs à son admirable sagesse ainsi qu’à la splendeur du temple qu'il s'apprêtait à construire.

 

En effet, le roi Salomon étant sur le point de construire un temple à la gloire de l'Éternel ; il rencontra d’emblée beaucoup de difficultés pour pouvoir s’adjoindre les services d’ouvriers habiles et compétents afin d’élaborer et d'exécuter la partie architecturale de l'entreprise qui était effectivement d’une telle ampleur, qu'il jugea nécessaire de demander soutien à son ami et allié : Hiram, roi de Tyr. De fait, à cette époque, la main-d’œuvre de certains constructeurs, parmi les plus aptes et expérimentés, étaient les Tyriens (ainsi que les Sidoniens) qui, à ce moment, étaient déjà de longue date considérés comme de véritables artistes ayant de surcroît une profonde culture spirituelle. Admis notoirement comme étant les meilleurs bâtisseurs dans le monde, Hiram accepta donc en toute confiance et envoya à leur secours une abondance d'hommes et de matériaux qui devraient être utilisés pour la construction du Temple. Et, parmi les premiers, il y eut un artiste distingué, à qui fut confiée la surintendance de tous les ouvriers…C’est ainsi que le roi Salomon demanda à ce que soit engagé Hiram de Tyr : lequel était le fils d'une veuve de la tribu de Nephtali.

 

Le père de celui-ci était, quant à lui, également un homme de Tyr: artisan de son état et celui-là même qui avait achevé le bronze d’Hiram ainsi que tout l'ouvrage qu'il avait dû ériger en son temps pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur. À noter en aparté, qu’il ne faut évidemment pas confondre, Hiram (roi de Tyr) : lequel envoya hommes et matériaux à Jérusalem afin d’y construire le palais pour David et le temple de Salomon – avec Hiram : l'architecte du temple de Salomon envoyé lui-même par le roi de Tyr. L'une des versions les plus anciennes de ce récit apparaît d’ailleurs dans l'Ordre des Francs-Maçons trahis et leurs secrets révélés (en 1744) : sous la révélation de Adonhiram ou Adoram ou encore (plus simplement et tel que tous les SS\ et FF\ le connaissent sous le nom couramment simplifié d’Hiram), à qui Salomon ayant donné l'intendance des travaux de son Temple auprès d’un si grand nombre d'Ouvriers à payer, qu'il ne pouvait lui-même effectivement pas les connaitre tous

 

C’est de la sorte que Hiram, convint avec chacun d'eux, des Mots, des Signes et des Attouchements différents, pour mieux pouvoir les distinguer et être ainsi assuré de leur allégeance aux principes fondamentaux de ce qui, universellement, unit (à défaut parfois de vraiment les réunir…) tous les Francs-Maçons du globe. Mais la plus belle version de la légende d'Hiram reste sans nul doute celle qu'écrivit par ailleurs Gérard de Nerval (en 1850), dans son Voyage en orient… Par son récit, Nerval ay effectivement donné à la Franc-maçonnerie spéculative (tant francophone qu’étrangère) l'un de ses plus beaux textes… Sans dévoiler la cérémonie de l'exaltation à la maîtrise, il peut toutefois être permis de signaler que l'assassinat d'Hiram en constitue le principal élément. Et Nerval a su transcrire, avec un réel talent, tout ce qui caractérise l'Humanité : l’amour, la passion, le fanatisme, l’envie, la jalousie, l’amour propre, l’orgueil et la lâcheté, notamment Et ce condensé des sentiments humains constituent effectivement la trame du récit Nervalien, mais aussi le mythe-fondateur de la Franc-maçonnerie spéculative.

 

Ainsi et quoi qu’il en soit, ou même en fut, la Franc-maçonnerie révèle-t-elle, par le mythe d'Hiram, qu'elle souhaite pouvoir rassembler ce qui est épars au sein de tous les êtres humains : quelles que soient leurs forces et/ou leurs faiblesses. Et par la méditation ainsi que la remise en cause perpétuelle, Elle apprend aux Hommes à dominer leur nature autant que leurs instincts. Historiquement donc : les travaux touchant à leur fin, trois Compagnons désireux de s'attribuer les privilèges du Maître, se postèrent chacun devant une porte du temple... Le premier demanda le mot de passe au Maître qui lui répondit qu'il n'était pas possible de l'obtenir sans autre forme et qu'il fallait avoir la patience d'attendre le moment opportun… Dépité, le Compagnon frappa alors l’Architecte au cou à l’aide d’une règle… Et cette blessure, dit-on, symbolise la mort physique d’Hiram. Le deuxième Compagnon ayant obtenu la même réponse en fut si furieux qu’il porta sur le sein gauche du Maître, un puissant coup d'équerre : c'est la mort sentimentale. Enfin, le troisième Compagnon reposa encore la même question mais il n’obtînt malgré tout toujours que la même repartie déterminée de la part d’Hiram : en dépit de ses meurtrissures qui l’amenaient jusqu’à l’agonie. Et en effet, le coup de maillet que ce 3ème Compagnon lui porta sur le front, acheva son agonie : cette troisième mort symbolique correspondant là, à la mort mentale d’Hiram.

 

Les meurtriers se demandèrent alors mutuellement, la parole du Maître, qu’aucun d’eux n’avait pu obtenir... Ils ne la surent jamais ! Comprenant l'inutilité et la bassesse spirituelle de leur crime, ils plantèrent alors à l'endroit où ils avaient enseveli Hiram, un rameau d'acacia : arbre de Vie grâce auquel les envoyés de Salomon purent le retrouver. Il est à remarquer que dans cette légende, l’on trouve donc 5 personnages-clés… 1 - Le roi Salomon : lequel représente (ou plutôt symbolise) la partie supérieure de l'Homme ; la partie qui doit régner et gouverner ; mais aussi la partie qui doit posséder l'Art Royal incluant l'art de gouverner. 2 - Hiram l'architecte (le bras droit de Salomon) : lequel doit exécuter et concrétiser les plans du roi. 3 - Les 3 mauvais Compagnons : lesquels représentent toutes les imperfections majeures de l'être humain : Imperfections qu'il faut neutraliser, extirper ou…tuer En Franc-maçonnerie, on les appelle parfois le fanatisme, l'ambition et l'ignorance ; mais il y en a évidemment bien d'autres, hélas. Il n’empêche, l’histoire des trois Compagnons meurtriers d’Hiram est une symbolique très sévère qui met en garde contre toutes les formes de suffisance et de convoitise acquises frauduleusement, car destructrices dans le travail de toute évolution personnelle tendant vers l’amélioration de soi et, au travers, de celles des autres : si possible… On comprend dès lors mieux ici, à quel point la croyance en une connaissance incomplète peut être pire que l’ignorance elle-même ! Car l’on ne devient pas Maître en un instant ! Tout au contraire, il faut, par un travail permanent, lentement et par degré par degré, progresser et…évoluer vers la maturation et l’union ; car mieux nous nous comprenons, mieux nous nous entendons et mieux nous atteindrons un nouveau palier.

 

Cette légende marque donc très fortement la symbolique Maçonnique. L'accession au grade de Maître (par sa mort symbolique), reprend ainsi toutes les étapes de l'assassinat d'Hiram : ce dernier symbolisant l'homme juste et vertueux mis à mort à cause de l'ignorance Ainsi dans le Rituel Maçonnique, le récipiendaire est-il recouvert d'un drap noir et d’une branche d'acacia pausée dessus…Et à la question : « Êtes-vous Maître… ? » ; l'initié prononce la phrase rituelle : « l'acacia m'est connu » En effet, pour rappel plus précis du contexte : lorsque Salomon s’est aperçu qu’Hiram avait disparu, des équipes d’Ouvriers furent envoyées à la recherche du corps… Et chacun d’entre eux eut peur qu’Hiram puisse avoir - peut-être - révélé le mot secret… Tant et si bien que, les deux rois (Salomon ainsi qu’Hiram) décidèrent alors conjointement que le premier mot prononcé lors de la découverte du corps, serait le maître-mot nouveau Mais lorsque l’un d’entre eux se saisit de la main d’Hiram, la peau lui glissa entre les mains comme s’il s’était agi d’un simple gant… Alors, le Maître qui venait de toucher la main s'écria : « Macbenae » Ceci peut se traduire par « la chair quitte les os », « pourrie jusqu’à l’os » ! Chaque Maître-Maçon, à l'instar de la légende d’Hiram Abiff, fait donc l'expérience de cet événement.

 

On dit alors qu'il a été élevé Et en termes Maçonniques, on pose alors la question : « de quoi, vers quoi et par quoi es-tu élevé au degré du Maître… ? » La réponse étant : « de l'état de mort à une vie perpendiculaire à l'équerre, par la forte poignée du Maître-Maçon ou de la Patte de Lion sur les cinq points du Compagnon » Voilà donc pourquoi, cette légende a une profonde signification spirituelle ainsi qu’une extraordinaire importance dans la vie de tout Homme initié (incluant naturellement les femmes-Sœurs) qui ont eu le privilège de recouvrer, au sortir des ténèbres de la mort physique, émotive et spirituelle, la Vraie Lumière qui le guide ainsi dans la Maîtrise de toutes ses pensées, de toutes ses paroles ainsi que de tous ses comportements, actes et agissements, tant à l’égard de lui-même qu’au profit des autres dans le monde profane.

 

hiram & le minotaure

Paul naudon

EDITION TRÉDANIEL

 1990

Voici, en partant du mythe puis en s’attachant aux structures sociales, l’éloge de la Tradition, vue dans ses principes et dans ses manifestations. Il s’agit de la Tradition immémoriale et intemporelle, entendue dans son sens métaphysique : la Vérité primordiale, le message divin perceptible par l’homme, la Connaissance.


À Cnossos, il y a quatre mille ans, le palais du roi Minos était un labyrinthe. Nul, introduit à l’intérieur sans connaître le secret du cheminement, n’avait la moindre chance d’en sortir. La suite tragique était fatale. Le malheureux captif se trouvait déchiré et dévoré par le Minotaure, ce monstre mi-homme, mi- taureau, épouvantable gardien des lieux. Athènes vaincue, devait ainsi payer chaque année le tribut de sept garçons et de sept filles, ignorantes et innocentes victimes livrées sans rémission à la pâture du fauve.

 

On dit qu’à cette époque, Thésée, fils du roi d’Athènes, muni du fil d’Ariane, put s’échapper indemne du labyrinthe après avoir vaincu le Minotaure. Mais je ne crois pas que Thésée l’ait tué.

 

Le Minotaure vivait de nouveau, je pense, mille ans plus tard sous la forme des trois scélérats qui frappèrent Hiram, le bâtisseur du Temple. À l’insu du génial constructeur, le redoutable labyrinthe avait été tracé dans le sanctuaire par les puissances maléfiques.

Prisonnier, notre Maître ne put franchir aucune des trois issues. Il fut mortellement frappé. Et pourtant, Hiram, le parfait initié, soustrait à la contingence et immortel en esprit, a ressuscité en sa personne, comme il renaît sous les traits humains des nouveaux initiés.

 

En entrant en loge on se rapproche du secret de l’art royal en relation avec la construction du Temple.  Le temple de Salomon remplit parfaitement ce rôle de clef universelle. On prétendit y trouver dans les proportions le principe d’harmonie universel à l’origine du Tout. Ainsi 60, 20, 30 coudées de long de large et de hauteur seront base de proportions célestes où le ciel et la terre se conjuguent (I Roi VI, 2) par des escaliers tournants dextrocentrique ou sinistrocentrique donnant accès aux trois étages ou niveau de conscience. L’acte s’y réalise dans la perfection de la pierre taillée dans un ailleurs métallique. Ici tout est perfection dans l’assemblage silencieux de la juste proportion. Les temples se superposent les uns successibles des autres. Mythiquement la franc-maçonnerie succède les temples d’Enoch, l’arche de Noé, puis le temple de Salomon jusqu'à sa destruction remplacement par le temple de Jérusalem. Nous avons ainsi une succession de temples qui se superposent. L’ultime temple ne sera reconstruit qu’à l’intérieur de soi sur les ruines des précédents. C’est ce que nous révèlent la plupart des rituels maçonniques.

 

Ainsi la mesure mathématique de l’édifice dont il est dit qu’il est l’expression de la volonté divine exécutée par Salomon en regard des plans donnés à Moise par Dieu lui-même. Cette relation directe entre la matière et la volonté divine ne pouvait qu’être une source et un modèle universel. Ce modèle universel sera celui d’une spiritualité construite, ce qui débouchera sur la recherche d’explications scientifiques et magiques, établissant l’influence croisée entre l’homme et la grande nature.

 

C’est ainsi que Isaac Newton (4 janvier 1643  – 31 mars 1727) fit de très sérieuses recherches sur ce sujet comme ses contemporains. Ainsi la plupart de ses co-cherchant étaient membre de la Royale Society et aussi franc-maçon. Faut-il préciser que Newton était lecteur assidu du Théatrum Chemicum d’Elias Ashmole rosicrucien et alchimiste reconnu, l’un des premiers francs-maçons acceptés en loge opérative dès 1648. Newton l’alchimiste lisait les ouvrages de Michael Maier (1569 - 1622) rosicrucien et commentateur de la Monas hieroglyphica de ; cette John Dee (13 juillet 1527 – 1608). La Monas hiéroglyphique était le symbole de l’union des mathématiques et de l’alchimie pour expliquer et comprendre le monde. Or force est de constater que la loge maçonnique héberge dans ses symboles la totalité de la Monas dans une recomposition de type Temple. Le temple, et donc la loge alchimico-maçonnique, est le contenant expressif d’une corrélation secrète entre toutes les composantes symbolisées : Lune /Soleil, les 4 éléments, le feu, le mercure, la pierre philosophale, l’axis mundi, le monde manifesté, la croix symbole du carré, la terre, le ciel etc.

 

hiram – relectures

 Les amis des élus

EDITION EDIMAF

 2003

Le mythe d’Hiram est central dans la maçonnerie, il en est la pierre de touche. Longtemps ce récit reçut une simple interprétation morale, et ses exégètes mirent en valeur le sens du devoir du chef de chantier, qui, au péril de sa vie, refuse de donner le mot de passe aux mauvais compagnons qui veulent l’avoir sans le mériter, avant la fin de la construction du temple.

 

Aujourd’hui pourtant, de plus en plus, des voix s’élèvent pour questionner le mythe, non pour l’interpréter, mais aussi pour le remettre en cause. Qu’il soit bien clair pourtant que si les planches rassemblées ici, ont pu être diversement accueillies, en interrogeant aujourd’hui Hiram, leurs auteurs ont provoqués des réactions, mais toujours dans le respect du mythe, un respect provoquant, qui a eu pour conséquence de vivifier, d’enrichir et de donner aux frères l’idée de lire ce mythe avec plusieurs niveaux de lecture, donnant ainsi des colorations différentes ayant pour effet de donner envie d’aller voir dans d’autres disciplines.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La mort d’Hiram  -  Les mobiles ou de quelle nature est le sens allégorique de la légende d’Hiram  -  Les sacrifices ou la violence du religieux  -  La parole s’est perdue  -  Le symbolisme de l’acacia  -  Quelques questions à propos d’Hiram  -  La légende d’Hiram  -  Meurtre au Temple de Salomon  -  Les mauvais compagnons sont-ils toujours en nous ?  -  De l’arbre au bois  -  L’acacia  -

 

HIRAM  -  LE MYSTḔRE DE LA MAÎTRISE ET LES ORIGINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

David Taillades

Edition Dervy

 2017

Cet ouvrage s’inscrit dans le courant actuel des études historiques maçonniques qui visent à instaurer une histoire non fantasmée ou non manipulée de la Franc-maçonnerie basée sur les documents d’époque. Si une majorité de membres de l’Ordre a fêté les 300 ans de la naissance de la Franc-maçonnerie spéculative, c’est pourtant bien avant que celle-ci a vu le jour, non à Londres mais bien en Ecosse.

David Taillades, diplômé en recherche à l’université Lyon 3, met en évidence dans ce livre que l’idée d’une invention tardive de la Maîtrise maçonnique doit être remise en cause. Il propose au lecteur de reprendre l’examen de ce grade essentiel de la Franc-maçonnerie en s’appuyant sur les travaux des dernières décennies d’histoire critique maçonnique. David Taillades s’oppose ici à l’école historique française, aujourd’hui dominante, représentée largement par Roger Dachez, pointant les limites d’une méthode qui, par ailleurs, a donné de très beaux fruits en introduisant la rigueur là où il n’y en avait pas. Il commence par présenter le 3ème grade de la Franc-maçonnerie selon le paradigme de l’école française pour mettre en cause les fondations scientifiques de la démarche. « Si les documents avancés par l’école historique française pour étayer sa thèse sont bien authentiques, leur utilisation et leur interprétation, tout le long de l’ouvrage, conduisent malheureusement à une construction idéologique déconnectée du réel. »


David Taillades voit plusieurs raisons aux erreurs méthodologiques de l’école française, notamment une heuristique positive. « Dans une perspective lakatosienne, la méthodologie d’un programme de recherche se construit avec deux heuristiques.

L’heuristique négative est le noyau dur de la théorie qui ne doit être ni rejeté ni modifié. L’heuristique positive est une ceinture protectrice de ce noyau dur qui consiste en des lignes générales de développement du programme de recherche, des lignes directrices dont on ne peut s’écarter. » L’interdit de remise en cause des fondements théoriques conduit à écarter des éléments de preuve qui vont à l’encontre de ces fondements qui se constituent alors en idéologie.

L’absence de transdisciplinarité, le séquençage de la recherche par discipline, le cloisonnement au sein même de ces disciplines, ajoutent encore au risque de dogmatisation de la théorie.  La méthodologie elle-même, qui met en son centre le document, porte en elle-même des possibilités de dérives : «  Or, paradoxalement, nous dit l’auteur, l’obsession du document écrit a amené cette école à commettre une erreur fatale mise en exergue par Mircea Eliade en son temps : confondre la date d’apparition d’un fait avec la date d’apparition d’un document l’attestant. Cela concerne les manuscrits maçonniques ou les divulgations, comme toutes les preuves écrites avancées. Pourtant les historiens, savent, par exemple, qu’un manuscrit devenu inutilisable par l’usage était recopié maintes fois au cours du temps. Aussi, la datation du support physique peut-elle être bien postérieure à ce dont témoigne son contenu. »

D’autres points interrogeables permettent à David Taillades d’interpeller l’école française historique tout en reconnaissant son « indéniable contribution au travail de recherche ». Mais, conclut-il sur cet aspect, « Cette école combine ainsi désormais deux tendances qualifiées par Edgar Morin de « dégradation doctrinaire » et de « pop-dégradation », avec toutes les conséquences que cela implique du point de vue scientifique. ». David Taillades fait alors la démonstration rigoureuse d’une autre approche, pluridisciplinaire, voire transdisciplinaire, basée sur une documentation non sélective, replaçant chaque document dans son contexte mais aussi dans des perspectives croisées, culturelles, géographiques et historiques, afin de revisiter la place de la légende d’Hiram au sein de la Franc-maçonnerie. Le réexamen des connaissances ainsi proposé conduit à des conclusions aussi passionnantes qu’intéressantes historiquement.

« Hiram Abif, conclut David Taillades, n’est pas un personnage composite ou une création tardive d’érudits des Lumières, pas plus que sa légende. Le 3ème grade n’est pas une innovation d’Anderson, il n’est pas déconnecté du métier, il n’a pas été créé à partir d’un deuxième grade tronqué. Quand on prend le temps d’étudier méticuleusement toutes les sources documentaires, sans exception et sans idée préconçue, qu’on les confronte à l’Histoire comme au contenu des rituels, tout en tenant compte de la complexité du réel, on ne peut qu’arriver qu’au constat suivant : la théorie de l’emprunt, et tout ce qui en découle, est aussi idéologique que la théorie de la transition, cette Vulgate maçonnique autrefois dénoncée par l’école historique. » Ce livre courageux et rigoureux marque, souhaitons-le, une étape essentielle de la recherche maçonnique et l’inauguration d’une nouvelle phase passionnante de l’historiographie  

 

HIRAM, SON SYMBOLISME ET NAISSANCE DU GRADE DE MAÎTRE MAÇON

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2006

Important dossier sur Hiram, sa naissance en F.M, sa légende et son symbolisme. Parallèlement est développé la naissance vers 1730 du grade de Maître Maçon, qui va incorporer Hiram et en faire son socle fondateur, et son fil rouge. Je pense qu’on se doit de bien connaître cette période et le développement de ce grade, qui va bien sûr déboucher sur les hauts grades des rites écrits et des side-degrees des rituels oraux. Hiram étant au cœur du système maçonnique, toutes les connaissances, de sources bibliques, opératives, historiques, légendaires ou mythiques doivent être connues pour que le franc-maçon en soit imprégné, afin qu’il puisse évoluer logiquement et spirituellement dans sa progression maçonnique.

 

Que reste-t-il d’Hiram dont la chair quitte les os, rien ou presque. Il ne sera bientôt plus que poussière des temps premiers et os, reliquaire d’une œuvre au blanc. Ce qui est célébré dans la recherche de son cadavre c’est sa relation au divin et l’accomplissement d’une voie initiatique totalement réalisée jusque dans sa mort. Donc le corps n’est qu’un support remarquable, transportant quelque chose que l’on peut célébrer : L’esprit. C’est donc au niveau spirituel que se situe le secret de la transmission. Se pose alors la question fondamentale : Peut-on transmettre l’esprit ?  Non. L’esprit est une notion bien trop large, trop principielle pour être contenue dans un bagage audible et transmissible. Il ne s’agit donc pas d’une transmission d’une recette avec des ingrédients en juste proportion. Il s’agit plutôt de s’ouvrir à une influence de l’esprit. En un mot, le compagnon devenu maître doit s’ouvrir pour recevoir l’esprit ou plus précisément l’influence spirituelle. L’influence étant reçue, il peut exalter la parcelle d’esprit qui dort en lui.

 

L’homme ne peut prétendre contenir l’Esprit incommensurable par nature. Tout juste peut- il recevoir une influence de l’esprit. Il s’agit donc, dans la légende d’Hiram, de la transmission de l’influence spirituelle. Lorsque l’influence est reçue par l’initié, elle se focalise en son centre à partir duquel elle rayonne. Le centre particulier et relatif de l’homme sur la voie initiatique correspond à ce fameux centre universel qui contient toutes les modalités de l’existence. Au point de vue métaphysique, il y a superposition et interpénétration des différents mondes et univers. Le centre ontologique qui est le fameux point de départ de l’univers manifesté correspond au centre macrocosmique qui lui-même correspond au centre microcosmique, en correspondance avec le centre de l’homme. La découverte de son propre centre est l’une des taches mystérieuses et gratifiantes de l’initié sur la voie. La connaissance de soi, et le passage progressif du moi au soi fut l’une des tâches prioritaires des deux premiers grades. Il faut désormais découvrir ce fameux centre relatif à soi qui va permettre de se mettre en relation avec la totalité du monde manifesté. Cette démarche provoque non pas un oubli de soi, mais replace l’être de chair et de sang que nous sommes dans le grand ensemble qui nous porte. L’interconnexion des centres ou leurs correspondances sont un enjeu véritable qui feront du maître, un initié accompli dans sa quête. Le véhicule, le vecteur ascensionnel qui fera le lien entre les différents centres sera celui de l’esprit.

 

Ce centre est le réceptacle de la fameuse lumière illuminatrice de la franc-maçonnerie, le centre ouvert à la lumière spirituelle, c’est tout l’être qui s’illumine.  Au plan pratique voir la lumière revient à recevoir au cœur de soi, synonyme de centre, l’influence de l’esprit universel appelé aussi Principe. En dernier ressort, c’est le corps qui transporte tout cela dans l’espace et dans le temps jusqu'à la mort physique. À propos du corps d’Hiram, l’objectif n’est-il pas de le ramener au centre de la loge qui est aussi le temple de Salomon. N’y a-t-il pas à ce moment concordance des centres micro et macrocosmiques dans la maison de Dieu ?

 

L’objet premier de l’exaltation au grade de maître est principalement d’en faire un homme éveillé, en capacité de voir la lumière, mais surtout de la recevoir. On souhaite réveiller en lui la parcelle de l’esprit qui y réside, que certains appellent la parcelle divine. Cette opération est l’objet même du rituel d’exaltation à la maîtrise, qui opère un retournement du moi restreint vers le soi global. Il y a changement de repère qui est la conséquence même de rituel. Le sommeil de l’esprit se comprend par l’absorption des facultés et des énergies de l’homme à faire face à ses obligations contingentes, à sa survie, à ses pulsions, à ses besoins, à sa part animale, à son angoisse existentielle. La réalité du vivant ne correspond pas toujours à ce que nous percevons, notre regard est préoccupé et pollué par la nécessaire survie et le paraître social.

 

Submergé par les besoins de son corps et par l’image qu’il veut projeter dans la société, l’homme plonge dans une matérialité qui l’enchaîne. Sa pseudo-libération apparaît comme l’amélioration de ses conditions et conforts d’existence. C’est la version matérielle et philosophiquement éclairée d’une pratique maçonnique qui peut s’exercer ainsi, mais qui donne du progrès de l’homme et de sa perfection une perspective morte, car récurrente dans son matérialisme. Le progrès dans la condition de l’homme n’est pas que social et matériel, il peut être aussi spirituel par un niveau de conscience et d’éveil élevé. Cette spiritualisation de l’initié s’envisage comme une prise de conscience progressive ou subite, insérée dans la vie réelle et non point imaginaire ; c’est ce qu’on appelle la réalisation spirituelle. L’esprit interpénètre la réalité en la relativisant dans une échelle graduelle des mondes.

 

Seul un processus initiatique peut aboutir au réveil de l’esprit au milieu des décombres métalliques et osseux. Le futur maître est rituellement en retournement de situation.  On comprend mieux le sacrifice d’Hiram pour qui la mort n’est pas un problème, car ritualisée par l’usage sacrificiel des outils. Sa mort ne fait pas disparaître l’esprit qui illumine son centre. Cet esprit retourne d’où il est venu, soit le centre universel. L’intéressé le sait, ce qui explique son détachement de l’aspect formel de la vie bien qu’il soit l’architecte de l’initiation matérielle. Il est arrivé au sommet de l’art royal et par son éveil total, connait le secret qui fait qu’une partie de lui-même survivra à sa mort. Ce secret intransmissible par nature, car dépendant de son propre éveil est d’abord une vision d’une totalité à laquelle il est assimilé quel que soit son état corporel. Qu’il soit vivant ou mort, représenté par un corps rempli d’énergie animé par son âme, ou en état de putréfaction, il y a longtemps qu’Hiram a pris conscience de son appartenance, et donc de sa destination. Aucun des outils dévoyés de leurs bons usages ne peut atteindre l’esprit. L’esprit est donc hors de portée de la matérialité et des outils opératifs qui opèrent le sacrifice.

 

L’esprit est impérissable et n’est pas susceptible de possession ou d’appropriation. C’est pour cela que les mots de maître n’ont pas été transmis aux mauvais compagnons, ils n’étaient pas prêts pour l’éveil et Hiram n’avais rien à leur donner qu’ils puissent percevoir ou recevoir. En fait, la prononciation du mot leur était impossible, car ils n’étaient pas aptes à l’entendre, leurs états de conscience étaient insuffisamment avancés ; ils sont restés au stade du moi différencié sans atteindre le soi universaliste. Le meurtre non plus n’était pas le fait d’une rencontre malheureuse. Leur présence à cet apparent guet-apens permet le passage d’Hiram par la porte étroite, celle qui donne accès à l’esprit principe. Ce qui est transmis, c’est la découverte en soi du réveil possible d’un récepteur de l’esprit. Encore faut-il être prêt. L’activation de cette lumière dans le corps de l’homme n’est pas le fait d’une transmission matérielle, mais d’une ouverture de soi.


Au cours d’un colloque de Renaissance Traditionnelle, Roger Dachez nous explique la légende fondatrice, et les diverses sources du mythe Hiramite, puis divers orateurs tel que : Michel Brodsky, Pierre Mollier et J.P Lassalle apportent leur contribution à ce colloque sur Hiram et la naissance  du grade de Maître et des hauts grades.

Philippe Vauthier nous explique le symbolisme et les avatars  de cette légende, il nous parle de cette fameuse revue parue en  1730 « La maçonnerie disséquée » qui fut comme un coup de tonnerre dans le ciel maçonnique, en diffusant et expliquant, les us, les coutumes et les secrets de la franc-maçonnerie et surtout la naissance de ce 3e grade avec Hiram, alors que jusque-là, seul existait les grades d’apprenti et de compagnon.


Georges Maker, nous parle de Hiram l’Architecte ou Abraham et l’alchimie. C’est avec des mots simples qu’il développe une lecture simple, logique et cohérente de cette légende, et essaye d’expliquer pourquoi et comment en 1725, les fondateurs de la maçonnerie ont introduit cette dramaturgie au cœur du système maçonnique.

 

 J.B Lévy développe le mythe d’Hiram à travers le récit de Gérard de Nerval (Voyage en Orient) - cher au cœur des francs-maçons-. Gérard de Nerval n’était pas franc-maçon, mais son père l’était, et Gérard a pu ainsi puiser dans le milieu familial la documentation qui lui a servi à écrire l’histoire de Soliman, de la reine de Saba, d’Adoniram et d’Hiram.

 

Jean Daniel Graf explique la légende d’Hiram et sa relation avec les formes traditionnelles de l’initiation et remonte le temps pour y trouver une légitimité dans le contexte opératif. Il part du manuscrit Graham, qui décrit le redressement du corps de Noé par ses trois fils au moyen des cinq points et reprend également certains textes de la Bible où il y a eu des redressements ou des résurrections de corps par attachement. Avec tout cela il nous donne sa version de toutes ces similitudes et les explique.

 

 F.Grund se plonge dans la Bible et avec force dessins et schémas donne sa version du mythe d’Hiram dans le contexte biblique, avec la version noachite et celle du livre des Rois. Il nous entraine dans un merveilleux voyage, partant  des documents du Yahviste (Xe siècle avant JC), puis passe au premier Livre des Rois avec en parallèle le Mythe D’Imhotep, ensuite il nous raconte Hiram, mythe capitaliste hébraïque. On passe ensuite au Deuxième livre des Chroniques pour plonger au Moyen Âge avec les Old Charges de la maçonnerie britannique, en mettant en parallèle le compagnonnage français, il termine avec les apports de l’alchimie et de l’hermétisme pour expliquer la légende maçonnique d’Hiram au 18e siècle.

 

histoire abrégÉe de la franc-maçonnerie

Robert FREKE GOULD

J. de Bonnot

 1996

L’histoire en raccourci de la Franc-maçonnerie avec ses histoires, ses bons et mauvais moments et ses erreurs.

 

Histoire de la Franc-Maçonnerie de Robert-Freke Gould : une institution mystérieuse et secrète qui s'est renouvelée sous une autre forme dans les temps modernes. Quelle est l'origine de la société des Francs-maçons ? Remonte-t-elle réellement au déluge ? Au temple de Salomon ? Aux mystères d'Iris et d'Eleusis ? À la cathédrale de Strasbourg ? Quel est le point commun entre tous ces personnages : Abd-El-Kader, Louis Armstrong, Joséphine et Eugène de Beauharnais, Napoléon, Bougainville, Casanova, Cagliostro, Alexandre Dumas, Paul Doumer, Conan Doyle et tant d'autres ? Sans considération de langue, d'époque et de "loge", tous ont appartenu à la grande famille des Francs-Maçons.

 

Cet «abrégé universel» est une somme de près de 530 pages destinée d’abord à éclairer les apprentis-maçons et les érudits.

Respecté depuis un siècle, ce texte dresse l’histoire remarquable et peu accessible de la franc-maçonnerie : les profanes y découvriront des détails et des perspectives inattendus, ainsi qu’un index et une liste de personnalités. A l’origine publié en six volumes, ce très beau résumé fait partie, par sa précision, des ouvrages de fonds auxquels les gens d’esprit viennent se désaltérer : l'oeuvre de Robert-Freke Gould est conçue comme la trace durable d’un savoir très ancien

 

La Franc-Maçonnerie Moderne est une Institution qui a près de 300 ans d'existence. Elle descend, d'une façon symbolique, des Maçons Constructeurs du Moyen âge qui se sont déplacés durant plusieurs siècles à travers toute l'Europe pour y bâtir des édifices religieux ou profanes dont la plus grande partie existe encore aujourd'hui. Si le phénomène de transition de la Maçonnerie Opérative vers la Franc Maçonnerie Spéculative au cours de laquelle un nombre croissant de non Opératifs devenaient « Maçons-Acceptés ».  Dès le XVème siècle, et surtout au XVème siècle, de nombreuses loges, à commencer par Warrington, sont à majorité Spéculative.

 

Mais on se heurte toujours sur ce point à la légende de la Maçonnerie Spéculative commençant lors de l'initiative des loges de Londres en 1717, les Constitutions de Desaguliers, dites d'Anderson de 1723. Mais, à l'origine de la Maçonnerie (multiple), on peut distinguer ces deux grands courants, complémentaires et généralement Unis. Tout d'abord, les vieux mystères, des sumériens aux égyptiens et aux mystères gréco-romains, aux pythagoriciens et aux divers hermétistes. Puis les opératifs que l'on devine en Egypte, et même avant l'Egypte que l'on trouve certainement dans les corporations étrusques, notamment les pontifes.

 

Les pontifes portaient la mitre et la crosse. Ils étaient les constructeurs de ponts, mais également des routes et des édifices et leur importance fut telle qu'ils devinrent la classe sacerdotale la plus importante et que le Pontifex Maximus, le Souverain Pontife, devint le véritable Grand Prêtre du paganisme romain et que le chef de l'organisation religieuse exotérique, dite Eglise Catholique, porte encore ce titre. Puis c'est l'édit de Numa Pompilius organisant les Confréries Opératives (VIIIème table de la Loi des XII Tables), l'édit de Carausius, l'édit de Clovis en 486, la charte d'Athelstan, etc.

 

La Maçonnerie Spéculative remonte aux Acceptés, et non pas à l'initiative des loges de Londres de 1717. On peut affirmer que les Maçons-Acceptés descendent des alchimistes, des kabbalistes, des hermétistes, des Rose-Croix et peut-être, sous toutes réserves, des Templiers. Ils sont nombreux dès le Moyen Age et les loges entièrement ou à majorité d'acceptation existent au XVème siècle. Elias Ashmole relate dans ses Mémoires qu'il a été reçu Maçon le 26 octobre 1646, à 4 h 10 de relevée, à la loge de Warrington, dans le Lancashire, avec le colonel Mainwaring et indique que le 11 mars 1682 il a participé à une tenue à Londres et à un noble banquet préparé aux frais des nouveaux Maçons-Acceptés.

 

Gould écrit : « Il nous est permis d'affirmer que la date de la suprématie de la Maçonnerie Spéculative sur la Maçonnerie Opérative peut être fixée avec certitude pour Londres à 1619-1620 et pour Warrington à 1646 et de constater en conséquence que, dans les deux cas, les périodes de transition doivent remonter à des périodes plus reculées. » S'il est vrai que la loge La Bonne Foi, à l'Orient de Saint-Germain-en-Laye, remonte au 25 mars 1688, cette loge composée d'exilés Stuardistes ne comprenait pratiquement que des Spéculatifs et non des Opératifs. Ce ne sont donc pas les événements de 1717‑1723 qui ont marqué le début de la Maçonnerie Spéculative. C'est la Maçonnerie « de métier » qui a précédé la Maçonnerie Spéculative » (ou Moderne), la liaison entre l'une et l'autre étant effectuée par l'intermédiaire de l'Acceptation.

 

histoire de la franc-maçonnerie & de la grande loge d’Écosse

A. lawrie & c. thory

EDITION IVOIRE-CLAIR

 2001

Publiée en 1804 par Alexander Lawrie, Grand Secrétaire de la Grande Loge d’Écosse, l’Histoire de la Franc-maçonnerie et de la Grande Loge d’Écosse fut traduite en Français et commentée en 1813 par Claude-Antoine THORY, avocat, naturaliste, historien et dignitaire de différents ordres maçonniques. Ce travail quasiment oublié était depuis resté à l’état de manuscrit, heureusement conservé depuis cette époque dans les Archives de la Grande Loge de France.


Ce texte est l’une des toutes premières tentatives d’écrire une Histoire de la Franc-maçonnerie. rédigé à une époque où la « science historique » ne bénéficie pas encore de la rigueur qu’elle a conquis depuis, il est aussi la source de nombreuses légendes colportées (parfois bien involontairement) par les Francs-maçons eux-mêmes et par certains de leurs détracteurs. Mais au-delà de ce qui relève parfois du mythe ou de l’anecdote, il est l’un des textes majeurs de la Franc-maçonnerie anglo-saxonne et donc de la Franc-maçonnerie moderne.


Écrit par un Écossais, il ne pouvait non plus ignorer les spécificités de la Franc-maçonnerie écossaise, berceau de loges et de traditions parmi les plus anciennes connues. Il retrace donc également l’histoire de cette grande Loge qui aurait pu prétendre à l’antériorité sur la Grande Loge d’Angleterre, et cette histoire s’inscrit dans la grande histoire de l’Europe en abordant les relations avec les autres obédiences tant britanniques que continentales, à une époque où ce continent retentissait du bruit et de la fureur des armes plus que des clameurs de paix, de liberté, d’égalité et de fraternité.

 

HISTOIRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE FRANÇAISE

ROGER  DACHEZ

EDITION  PUF

 2009

Dans la collection Que sais-je ? Roger Dachez nous présente une histoire de la Franc-maçonnerie très objective et dépouillée de toutes les scories qui encombrent depuis près de 270 ans tous les livres traitant de ce sujet.

 

L’ouvrage est condensé, va à l’essentiel dans un style vivant et enlevé. La Franc-maçonnerie française mérite qu’on en parle, en effet avec ses 145.000 membres répartis entre quelques 14 obédiences, elle compte parmi les plus actives et plus diverses au monde. Son rôle fut incontestable tout au long de l’histoire de l’histoire politique de la France, on ne compte plus les Francs-Maçons parmi les hommes éminents, à l’origine de décisions qui firent la nation qu’elle est devenue.

 

Roger Dachez commence par brosser un tableau rapide mais fidèle de la vie des chantiers médiévaux et des activités des guildes compagnonniques jusqu’à leur quasi extinction et la transition de leur activité et de leur esprit vers une maçonnerie spéculative qui verra son apogée dans la création de la Grande Unie d’Angleterre. Suit une analyse détaillée de l’exode jacobite en France et l’exil de Charles II de la maison des Stuart (Ecosse).

 

La maçonnerie française va naître vers 1730 des émigrés anglais, écossais ou irlandais. Restée jusqu’alors très effacée et discrète, elle suscite bientôt, dès 1737, les premières suspicions policières et se heurte à l’absolutisme de Louis XIV et au pouvoir de l’Eglise romaine. Louis XV qui suivra se montrera plus tolérant à l’égard d’un mouvement qui ne cesse de croître et de s’organiser.

Mais en 1736 les bulles papales sont publiées et la Franc-maçonnerie est condamnée par l’Eglise romaine. L’esprit de tolérance des loges préfigure-t-il les grands changements qui s’annoncent ? Roger Dachez se garde bien de répondre, de même qu’il ne prend jamais position, se contentant de suggérer des pistes, de soulever des points bizarres, tout en  laissant conclure le lecteur.

 

Il est impossible d’entrer ici dans le détail de cette puissante analyse, truffée d’anecdotes, démontrant là l’érudition de l’auteur. Nous sommes ainsi transportés d’un siècle à l’autre, invités à participer à la naissance de « la fille ainée de la Maçonnerie ». Nous sommes à la fin d’un XVIIIe siècle avide d’une culture héritière des « Lumières ». La Grande Loge de Paris dont les grands maitres sont issus de l’aristocratie prend bien vite (1773) le nom de Grand Orient de France, sous la Grande Maîtrise de Philippe d’Orléans. Une longue période de calme sera interrompue par la Révolution qui voit, notamment sous la terreur, la quasi disparition de l’institution, ce ne sera que sous l’Empire avec l’accord de Napoléon 1e et à l’instigation de Cambacérès qu’un nouveau départ sera donné, ce sera d’ailleurs une Franc-maçonnerie sous surveillance impériale.

 

Cette époque est celle du retour en France du Comte Alexandre de Grasse-Tilly ; elle correspond à la création du Suprême conseil du R.E.A.A ; Les décennies qui suivent seront celles d’une socialisation et démocratisation progressive mais inéluctable de l’Ordre et son inclusion dans la République. Une date importante (1877) verra le Grand Orient abandonner la référence au Grand Architecte de l’Univers, ce qui provoquera une scission définitive entre les deux tendances, bientôt suivie de la floraison de plusieurs obédiences jusqu’à la création du Droit Humain, puis de la Grande Loge féminine de France et bien d’autres et en 1913 la création de celle qui deviendra la Grande Loge Nationale Française à l’instigation de notre frère suisse Edouard de Ribaucourt.

 

Un excellent livre pour qui veut connaître l’histoire de la F.M Française débarrassée de détails inutiles et rectifiant les idées reçues.

 

L’auteur, membre de la L.N.F (Loge nationale française) qui est née d’une scission d’avec Opéra, est un excellent historien et spécialiste de la Franc-maçonnerie, il est rédacteur en chef de la revue Renaissance Traditionnelle, écrit dans de nombreuses autres revues et fait des conférences maçonniques.

 

histoire de la franc-maçonnerie française en 3 tomes

Pierre chevalier

EDITION FAYARD

 1993

Tome 1 : 1725 – 1799École de l’égalité
Fondée vers 1725 par des émigrés britanniques fidèles aux Stuarts, la maçonnerie n’apparut en public qu’en 1737.
La nouvelle Société séduisit l’aristocratie, la bourgeoisie et jusqu’aux couches populaires. Le pouvoir la toléra. L’ordre recéla en son sein deux courants : l’un rationaliste et philosophique, l’autre mystique et occultiste. Il acclama la Révolution, puis se divisa. École de l’Égalité au XVIIIème siècle, il devint au XIXème celle du Libéralisme.

Tome 2 : 1800 – 1877La maçonnerie missionnaire du libéralisme
Napoléon fit de l’ordre un instrument du pouvoir. La Restauration le toléra en le surveillant de très près. Louis-Philippe le suspecta. Il s’enflamma pour 1848, se soumit après le 2 décembre 1851, se réveilla sous l’Empire libéral. Il se convertit alors au positivisme et s’opposa à l’Église qui le condamna. En 1877, le Grand Orient donna congé à Dieu et jusqu’en 1940, l’ordre fut l’Église invisible de la République.

Tome 3 : 1877 – 1944La maçonnerie Église de la République
De 1877 à 1940, opportunisme, radicalisme et socialisme dominèrent tour à tour l’ordre. Animé par la volonté de laïciser l’État et la Société, il salua comme une victoire la Séparation de l’Église et de l’État. Il ne put obtenir la fin de l’enseignement livre par la création d’une école unique d’État. Très attaqué par ses différents adversaires, les affaires Stavisky et Prince (1933 – 1934) leur permirent une offensive en règle. La défaite de 1940 se traduisit par la proscription de l’ordre par Vichy. La libération en 1945 vit la renaissance, en plusieurs obédiences du Phénix maçonnique. Pereat ut vivat. (qu’il périsse pour qu’il revive.)

 

histoire de la franc-maçonnerie par les textes (1248 – 1782)

Jean ferré

EDITION DU ROCHER

 2001

Comment est née la Franc-maçonnerie ? Quelles sont ses racines ? Quelles métamorphoses, étalées sur plusieurs siècles, ont fait d’une association de bâtisseurs la société initiatique qu’elle est aujourd’hui ?
Pour livrer les clés de ces évolutions, Jean Ferré a regroupé les textes fondamentaux de l’histoire de la Franc-maçonnerie, du XIIIème au XVIIIème siècle. Certains sont restés méconnus ; tous sont présentés dans une nouvelle traduction.

 

À travers le Regius et le Cooke, mais aussi les rares Statuts de Bologne de 1248, il révèle les arcanes de la maçonnerie opérative – son organisation, sa hiérarchie, ses origines mythiques et ses secrets. La maçonnerie spéculative apparaît ensuite à travers des divulgations, des extraits de rituels et des discours qui permettent de saisir le passage d’une maçonnerie à deux degrés à une maçonnerie à trois grades, le développement de la légende d’HIRAM, la transformation de rites tel le Rite Écossais rectifié (compte rendu du Convent de Wilhelmsbad). Enfin, on pourra lire le texte des premières Constitutions d’Anderson, qui donnent son ossature à la Franc-maçonnerie moderne.


Le lecteur trouvera ainsi réunis en un seul volume vingt-trois textes de référence de l’histoire de la Franc-maçonnerie.

 

histoire de la franc-maçonnerie sous l’occupation (1940 – 1945)

Lucien botrel

EDITION  Détrad

 2002

Une période noire pour la Franc-maçonnerie avec à la fin une liste alphabétique des Francs-maçons de cette époque qui résistant à l’occupation ont malgré tout essayé de sauver, aider et préserver la fraternité et l’organisation.

 

L’Etat français n’a guère qu’un mois d’existence lorsqu’il interdit la franc-maçonnerie. La loi du 13 août 1940 dissout les « sociétés secrètes » et, quelques jours plus tard, sont déclarées nulles les associations dites de la « Grande Loge de France et du Grand Orient » en métropole et dans l’Empire. Quels sont les auteurs de cette loi ? A quelles motivations obéissent-ils ? L’ensemble du gouvernement du maréchal Pétain est associé à la décision puisque le projet de loi a été présenté au Conseil des ministres, à Vichy. Une discussion s’est même engagée à propos du terme de « sociétés secrètes ». Le ministre du Travail, René Belin, souligna l’intérêt d’une formule large qui permettrait de toucher en même temps les groupes de pression du patronat comme le Comité des forges. Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Raphaël Alibert a éprouvé de la satisfaction à rédiger cette loi.

 

Disciple de Charles Maurras, porté à attribuer ses échecs électoraux sous la 3e République à des manœuvres déloyales, Alibert déploie une grande activité répressive et antirépublicaine. Il pourchasse comme traîtres tous les amis de la Grande-Bretagne qu’ils soient révélés, comme le Général de Gaulle qu’il fait condamner à mort par un conseil de guerre, ou potentiels comme les francs-maçons. Le maréchal Pétain est subjugué par la fougue entraînante de son garde des Sceaux. Alibert a su réveiller le souvenir amer de l’affaire des fiches que Pétain en son temps avait réprouvé.

 

En juillet 1940, le maréchal reçoit Camille Chautemps qui l’a beaucoup aidé, comme vice-président du Conseil, à imposer la solution de l’armistice, le 16 juin 1940.  Conseille à ce radical, haut dignitaire de la franc-maçonnerie (prince du royal secret) de démissionner de la société de pensée. Chautemps décline la proposition et demande au maréchal Pétain quels reproches lui inspire la franc-maçonnerie. Pétain lui répond vaguement : « Je sais seulement que c’est une société dont tout le monde me dit qu’elle fait beaucoup de mal à mon pays. »

Par la suite, Pétain ne se contente plus de partager les sentiments de son entourage, il développe une hostilité marquée. A Gergovie, le 30 août 1942, il la dénonce aux membres de la Légion française des combattants : « Une secte, bafouant les sentiments les plus nobles, poursuit, sous couvert de patriotisme, son œuvre de trahison et de révolte. » En janvier 1943, il encourage le zèle du Service des sociétés secrètes : « Vous ne devez pas hésiter. La franc-maçonnerie est la principale responsable de nos malheurs ; c’est elle qui a menti aux Français et qui leur a donné l’habitude du mensonge. Or, c’est le mensonge et l’habitude du mensonge qui nous ont amenés où nous sommes. » Philippe Pétain a trouvé une formule dont il est assez content pour la répéter à plusieurs interlocuteurs : « Un juif n’est jamais responsable de ses origines ; un franc-maçon l’est toujours de ses choix. » Pierre Laval témoigne de l’animosité du maréchal de France : « Le maréchal Pétain, écrit-il, attribuait à la franc-maçonnerie la responsabilité de nos malheurs et il considérait ses membres comme des malfaiteurs publics. » Ont joué contre les loges, le souvenir de l’affaire Stavisky, l’antiparlementarisme et certainement la pensée catholique, mais les événements politiques immédiats ont aussi leur part. Les responsables et les officiers sont très affectés par la dissidence dans l’Empire. Les chefs de l’armée, le général Weygand, l’amiral Darlan, avaient accepté les très dures conditions que Hitler imposait dans l’armistice parce que la France conservait sa flotte et l’Empire.

 

Or, l’appel de Charles de Gaulle agitait les colonies. Le gouverneur du Tchad, Félix Eboué prit contact avec lui et rallia son pays à la France libre. Félix Eboué était franc-maçon. Or, nombreux étaient les fonctionnaires des colonies appartenant à la franc-maçonnerie. La loi du 13 août 1940 était un bon instrument pour épurer une administration coloniale tentée par les appels de Londres. La lettre de présentation au maréchal Pétain de la loi du 13 août 1940 qui dissout les sociétés secrètes fait état des risques de sabotage de l’œuvre de redressement national qui seraient dus à l’appartenance de fonctionnaires à la franc-maçonnerie : « Leur activité tend trop souvent à fausser les rouages de l’Etat et à paralyser l’action du gouvernement. » La publication de la loi au Journal officiel du 14 août 1940 s’accompagne de deux formulaires à remplir par tous les fonctionnaires, agents des communes, établissements publics de métropole, des colonies et protectorats. Par l’un, le signataire déclare n’avoir jamais appartenu à la franc-maçonnerie et prend l’engagement de ne jamais y appartenir. L’autre modèle de formulaire tient compte de l’intérêt de l’Etat français de ne pas se priver des services d’hommes désabusés par leurs erreurs. Le fonctionnaire y avoue avoir été membre d’une société secrète et précise à quelle date il a rompu toute attache avec la franc-maçonnerie. Il s’engage à ne plus jamais y adhérer. Toute fausse déclaration entraîne la démission d’office de son auteur. La vérification des déclarations eut pour conséquence la création d’organismes spécialisés, police et préfets n’offrant pas toutes les garanties d’efficacité.

 

Peu zélés à réprimer, ils se disaient dépourvus de moyens de contrôle des déclarations. Un idéologue de l’antimaçonnisme apporta, en août 1940, à Raphaël Alibert, la loi portugaise contre les sociétés secrètes ; le vicomte Léon de Poncins, lui avait offert sa documentation en l’avertissant que, sans fichiers, les mesures d’interdiction seraient plus efficaces. Des fichiers et des organismes de surveillance se mettent en place dans une grande discrétion qui masque une lutte pour leur contrôle entre les vichystes et les Allemands. A la fin d’octobre 1940, les scellés sont apposés sur les locaux des obédiences ; documents et archives sont saisis. Le chef de l’Etat charge le nouvel administrateur général de la Bibliothèque nationale, Bernard Faÿ, d’inventorier cette masse d’archives. Son secrétaire, Gueydan de Roussel, organise l’inventaire et l’exploitation des énormes archives tirées des loges et confiées à la BN. Les Allemands s’intéressent aussi à ces trésors. En décembre 1940, ils pillent des caisses venant des obédiences maçonniques de Caen et de Bordeaux. L’état-major spécial de Rosenberg envoie en Allemagne quatre cent soixante-dix caisses de documents provenant des territoires occupés à l’ouest.

 

histoire des franc-Maçons

Le Frère de la tierce

EDITION DU PRIEURÉ

 1994

Fac-similé de l’édition de 1745. Très intéressant pour qui veut connaître les premiers pas de la Franc-maçonnerie en France. Le Frère de la Tierce, maçon de la première moitié du XVIIIème siècle, nous apporte de précieux renseignements sur la fondation réglementaire de l’Association et tente d’en faire une analyse historique remontant jusqu’à l’Empire romain.


Cet ouvrage est bien connu mais peu lu parce que très rare. Il est principalement composé de la traduction française de Book Of the Constitutions, dite d’Anderson (1723). De plus, il s’attache particulièrement à analyser les héritages chevaleresques animés par le chevalier Ramsay. En effet, au texte d’Anderson, l’auteur ajoute le discours de Ramsay qui apparaît comme une mise en garde contre l’assimilation à l’État centralisateur moderne et comme un conseil à un retour aux sources. Il met ainsi en évidence le mouvement jacobite des Stuarts suspecté de jésuitisme. C’est une bonne approche de la spécificité de la maçonnerie continentale de l’époque, en opposition à la maçonnerie anglaise.

 

histoire de St Jean d’Écosse du contrat social – mÈre  des loges Écossaises de france

Pierre CHEVALIER

Ivoire – Clair

 2002

C’est l’histoire passionnante de cette loge créée en 1775 et qui se mit en sommeil en 1789, veille de la révolution. Ce sont 13 ans d’intense activité et qui fut aux fondements historiques de l’écossisme.

 

L’auteur a passé des années à fouiller, lire et mettre en forme, la volumineuse documentation et les archives intactes, de cette loge. Il nous livre ici une histoire passionnante, les rituels pratiqués et la personnalité de ces maçons qui firent cette loge et participèrent à l’histoire de leur temps.

 

Le Professeur Pierre Chevallier fut l'un des pionniers de l'histoire scientifique et moderne de la Franc-Maçonnerie. Chercheur infatigable, auteur d'une monumentale "Histoire de la Franc-Maçonnerie Française" et de livres incontournables comme:

 

"Les Ducs sous l'Acacia" et "La première profanation du Temple maçonnique", il nous lègue ici en son ultime ouvrage rien moins que l'étude d’un registre inédit de la Très Respectable Loge de Saint Jean d'Écosse du Contrat Social , mère-loge du XVIIIe siècle aux fondements historiques de ce qu'on a appelé "l'écossisme".

Si cette découverte est en elle-même passionnante, les éclaircissements originaux apportés par son inventeur rendent cette aventure au cœur de la démarche écossaise des plus remarquables. La vie et la sociabilité des Francs-Maçons du XVIIIe siècle, portées à nous par un auteur au sommet de son art et analysées de manière non moins éminente, revêtent un intérêt historique évident et rendent ce livre très humain et très actuel. Nous y croisons, entre autres, le Chevalier de Saint-Georges, véritable “star noire” du Siècle des Lumières, aux côtés de La Fayette. Pour les musiciens, il est le meilleur ; pour le tout-Paris, il est incontournable ; pour les révolutionnaires, il est des leurs.

Alain Le Bihan, diplômé de l'École pratique des Hautes Études et auteur d'ouvrages sur l'histoire de la Franc-Maçonnerie publiés par la Bibliothèque Nationale, participe également à ce texte capital. Les commentaires réfléchis qu'il porte sur chaque chapitre sont autant de contributions savantes et critiques formant pour ainsi dire un livre dans le livre, comme un second regard à la fois rigoureux et amical jeté sur ces vestiges du passé. L’adaptation du texte manuscrit de Pierre Chevallier par Madame Dominique Morillon apporte à tous les lecteurs la connaissance des faits aux sources même de l’aventure des Hauts Grades écossais qui donneront plus tard naissance à l'écossisme.

 

histoire & causes d’un Échec – un document capital

j. corneloup

EDIMAF

 1976

L’auteur qui fut au Grand Orient, grand commandeur du grand collège des Rites évoque des événements importants de l’histoire de la Franc-maçonnerie française dont il fut le témoin et l’auteur.

Serait-il coupable de penser que le GODF et la GLDF ont vocation -ensemble- à irriguer la complémentarité de deux courants historiques qui compose la franc-maçonnerie en France ? Irriguer, c'est-à-dire alimenter les recherches, nourrir les travaux, fortifier les apprentissages, bref approfondir la transmission d'une tradition maçonnique qui prend aujourd'hui plusieurs voies mais qui n'en reste pas moins la franc-maçonnerie française. Le propos n'est pas de reprendre la controverse sur les origines, mais d'évoquer les fréquents allers et retours entre ces deux courants. Et pourquoi pas, d'émettre l'hypothèse que les tensions actuelles seraient la énième phase de cette irrigation. D'autant que l'état de ces tensions rend improbable, voire incompréhensible surtout aux plus jeunes de nos frères, ce qui pourtant a été possible dans l'histoire : une perspective de fusion !

De même qu'elle a permis que des frères ennemis en politique scellent un pacte d'action pour la libération du pays, la Résistance a fait éclore un projet de "fusion" des deux obédiences dissoutes par Pétain en même temps, le même jour, le 19 août 1940 en application de la loi du 13 août ! Dès 1940, des francs-maçons, Sœurs et Frères, s'engagent dans la Résistance pour la libération du pays en intégrant des réseaux comme Franc-tireur, Combat ou Libération, voire en en constituant un, Patriam Recuperare. En Juillet 1943 des conversations ont lieu pour envisager les conditions de reconstitution de la franc-maçonnerie dans un "Ordre Unifié". En septembre, le "Comité d'Action Maçonnique", constitué par des frères résistants, travaillant ensemble dans la clandestinité, estime légitimes et conformes au souhait exprimé par ses membres. Un "comité d'initiative" paritaire et composé de huit membres, est mis en place. En sont membres les frères Baylot, Soubret, Virmaud et Corneloup pour le GODF et les frères Cauwel, Riandey, Buisson et Marsaudon pour la GLDF.

Au printemps 1944, le CAM adopte le principe de l'unité et proclame dans un texte : "le remplacement du GODF et de la GLDF par une seule Obédience héritière légitime et régulière de leur commun patrimoine spirituel et matériel"**. Il est même envisagé qu'après la Libération des loges provisoires soient constituées. À l'issue de ces travaux, un texte de proposition est rédigé par Joannis Corneloup pour servir de base à la fusion intitulé "Proposition pour la fusion du GODF et de la GLDF". Mais cet élan va se briser. La GLDF commencera par préférer que les circulaires communes soient envoyées par voies séparées. Le 18 septembre 1944, son Conseil Fédéral s'estimera incompétent pour statuer sur la constitution d'un exécutif commun provisoire et le 28, il renverra cette décision à son prochain convent. Pendant ce temps, sur la période de l'hiver 1944-45, le GODF soumet la proposition de fusion à ses loges qui l'acceptent. Les convents des deux obédiences vont se tenir simultanément, du 17 au 20 septembre 1945. Et lors de son discours introductif, le Grand-Maître de la GLDF, Michel Dumesnil de Gramont, se prononcera contre le projet. Le convent ne sera pas appelé à se prononcer explicitement puisque, de tradition constante à l'époque, ce discours constitue le rapport moral, et est adopté sans vote. Le projet de fusion avait vécu !

 

HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA FRANC- MAÇONNERIE

Paul NAUDON

OFFICE DU LIVRE

 1981

Un livre générique sur la Franc-maçonnerie avec l’intérêt d’y voir de très nombreuses photos sur la Franc-maçonnerie et les francs-maçons.

 

En juin 1717, quatre loges maçonniques londoniennes qui n’avaient d’autre objectif que celui de pratiquer une entraide mutuelle entre leurs membres se fondent dans une «Grande Loge de Londres». C’est l’acte fondateur de la franc-maçonnerie moderne. Née dans un milieu protestant, la franc-maçonnerie puise dans l’Ancien Testament son enseignement moral. Considérant qu’elle a pour vocation de construire un temple idéal, elle adopte pour modèle le Temple du roi Salomon. L’architecture sacrée joue un rôle prépondérant dans la vie maçonnique : Dieu est appelé par les francs-maçons «Le Grand Architecte de l’Univers». C’est au demeurant à partir de cette allégorie que certains courants maçonniques revendiquent une filiation avec les constructeurs médiévaux des grands édifices religieux. De cette filiation quelque peu mythique découlent les grades de l’Ordre maçonnique : apprenti, compagnon, maître, et les symboles : tablier de peau, truelle, équerre, compas. Très rapidement, la franc-maçonnerie accueille en son sein des représentants de la haute société anglaise et essaime sur le Continent, à commencer par la France.

 

Une première loge maçonnique voit le jour à Paris en 1725. Elle est suivie de nombreuses autres loges dans toutes les grandes villes de France, où se pressent les élites cultivées  du « Siècle des Lumières ».

Les aristocrates, les bourgeois de qualité, certains membres du haut clergé et tous ceux qui se piquent de «philosophie» envahissent ces loges qui deviennent un lieu privilégié d’échanges intellectuels.

 

Même engouement dans le reste de l'Europe. À Prague, le divin Mozart offre à la franc-maçonnerie un chef-d’œuvre, ‘’ La Flûte Enchantée » »...La hiérarchie catholique tente très tôt de discréditer la franc-maçonnerie. En 1738, le pape Clément XII publie une bulle In Enimenti par laquelle il excommunie les francs-maçons sous des motifs au demeurant plus politiques que religieux. Treize ans plus tard, le pape Benoît XIV prend la relève et les bulles et encycliques se succédèrent à rythme soutenu jusqu’en 1884. On reproche aux maçons leur tolérance envers toutes les religions, le secret entourant leurs rituels et l’accusation de comploter contre le pouvoir. Cette dernière accusation est dénuée de sens si l’on sait que la loyauté envers le pouvoir est inscrite dans les «Constitutions» de l’Ordre. Ces bulles n’eurent toutefois qu’un effet très limité et la franc-maçonnerie ne fut sérieusement inquiétée qu’après la Première Guerre mondiale.

 

La Révolution divise les maçons français, partagés entre monarchistes et libéraux. Napoléon réconcilie tout le monde. Au demeurant, les maçons se montrent successivement bonapartistes et napoléoniens et l’on voit même des loges prendre pour nom distinctif : Saint-Napoléon (!). Ce qui n’empêche pas l'empereur de les faire étroitement surveiller par sa police. Et, pour encore mieux les tenir en laisse, il nomme en 1804 son frère Joseph Grand Maître du Grand Orient de France. Sous la Restauration et le Second Empire, les loges changent peu à peu de visage. La Constitution du Grand Orient de France proclame que «la franc-maçonnerie est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme». Les citoyens des classes nobiliaire et bourgeoise, qui, jusque-là, avaient occupé une place prépondérante dans les loges, se serrent pour accueillir – fait nouveau – des petits fonctionnaires, des artisans et des commerçants. Cependant, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle apparaît comme une société de notables et demeure imperméable à la classe ouvrière et au prolétariat… Il en est encore de même de nos jours, à quelques exceptions près. À la fin du XIXe siècle, l’Ordre s’interdit de faire référence au «Grand Architecte de l’Univers» et accueille d’éminents représentants de la libre pensée laïque, tels Émile Littré ou les présidents du Conseil Jules Ferry et René Viviani. Il joue un rôle non négligeable dans des initiatives d’abord controversées puis entrées dans la normalité : l’institution d’une école laïque, gratuite et obligatoire, la séparation des Eglises et de l’état etc.

 

Quand éclate l’Affaire Dreyfus le Grand Orient de France (alors la plus importante des obédiences maçonniques françaises en effectifs comme en influence) prend position en faveur du capitaine et demande une révision du procès. C’est à l’occasion de cette affaire qu’est créée la «Ligue des Droits de l’Homme», laquelle compte de nombreux maçons. Par ailleurs, l’affaire des fiches éclate en 1901 quand le général André, ministre de la Guerre, prend l’initiative de mettre en fiches les officiers en raison de leurs convictions catholiques. Il se trouve que ce ministre-général est franc-maçon…Dans la première moitié du XXe siècle, ces deux affaires indisposent les adversaires de l’Ordre qui prennent pour cibles quatre ennemis accusés de tous les malheurs réels ou supposés du pays : la République, les juifs, les communistes et les francs-maçons. Pendant l’Occupation (1940-1944), l’Ordre est interdit, tout comme dans l’Allemagne hitlérienne, avant tout en raison de son internationalisme. Nombreux sont les maçons qui s’impliquent dans la Résistance. Fin 1943, à Alger, le général de Gaulle abroge les lois antimaçonniques de Vichy et affirme «que la franc-maçonnerie n’avait jamais cessé d’exister». Blessée, humiliée, pillée, la franc-maçonnerie française renaissant de ses cendres au lendemain de la Libération, se reconstitue non sans mal mais sans retrouver l’influence qu’elle avait sous la 3e République.

 

HISTOIRE, RITUELS ET TUILEURS DES HAUTS GRADES MAÇONNIQUES

Paul NAUDON

EDITION DERVY

 1993

Un bon ouvrage de référence qui après l’histoire de la Franc-maçonnerie, nous parle, des différents rites, rituels et tuileurs dans l’écossisme. Les hauts grades y sont expliqués succinctement.

 

Chevalier Rose-Croix, Chevalier Kadosch, Grand pontife de la Jérusalem Céleste, Sublime prince du Royal Secret, Souverain Grand Inspecteur Général 33e et dernier degré..., titres entre bien d'autres qui ont fait sourire les uns, intrigué les autres, donné lieu parfois à des affabulations de mélodrames ou qui ont été présentés par des adversaires comme des masques, dont se couvrent, dans leurs machinations et leurs complots, les chefs qui, retranchés dans les arrière-loges, dirigent tout l'Ordre de la Franc-maçonnerie.

 

Comment croire que ces rôles si divers aient pu être joués par des hommes tels le prince Cambacérès, le duc Decazes, le duc de Choiseul, l'académicien Viennet, le Garde des Sceaux Crémieux, pour ne citer que quelques-uns de ceux qui furent en France à la tête du Rite Ecossais Ancien et Accepté ? Comment expliquer pourquoi ce Rite, un des plus répandus de la Franc-maçonnerie, puisse être l'héritier des plus antiques initiations et intéresser encore par sa vivante actualité tel Chef d'État ou tel cosmonaute célèbre ? Paul Naudon, en d'autres ouvrages, a situé la Franc-maçonnerie des trois premiers grades symboliques, héritière des anciens constructeurs de cathédrales, par ses origines et par sa tradition, comme grand courant de la pensée.

 

Dans le présent livre, appuyé par une documentation importante en partie inédite, il montre comment le Rite Ecossais Ancien et Accepté, celui des Hauts Grades, dont chacun est étudié, s'intègre aux sources et aux objectifs spirituels de l'Ordre par la réalisation de sa double devise : Deus Meumque Jus - Ordo Ab Chao. Là pourtant est le danger : voir dans l'Ordre et dans son idéal, non pas ceux de la tradition, mais ceux conçus et imposés par la hiérarchie autocratique qui règne au sommet du Suprême Conseil. L'exemple français est frappant. Aussi, les causes et les suites de la scission en 1964 du Suprême Conseil de France sont-elles relatées dans le détail par Paul Naudon. Dernier acteur vivant de l'ensemble de ces événements, qui ont commencé sous l'Occupation, son témoignage sur les faits et sur les hommes, qu'il connut et côtoya dans de multiples circonstances, est celui d'un observateur de premier ordre n'ayant d'autre souci que l'impartialité et la vérité pour la défense et l'illustration des Hauts Grades authentiques.

 

1 I

illustrations de la franc-maçonnerie

William preston

EDITION DERVY

 2006

Toute personne intéressée par l’histoire générale de la Franc-maçonnerie trouve une ou plusieurs références à un corpus de documents intitulés en anglais Prestonian Lectures, ou « Conférences de Preston », du nom du maçon anglais, célèbre au XVIIIème siècle, qui œuvra beaucoup pour l’Institution et qui est surtout connu pour son texte Illustrations of Masonry.


En traduisant cet ouvrage, il s’agit de mettre à la disposition du public français l’un des textes importants de la Maçonnerie anglaise de la fin du XVIIIème siècle pour lui permettre de mieux comprendre les origines et le développement de la Maçonnerie.


Le texte traduit est celui de 1812, dernière édition remaniée par William Preston. Traduit, introduit et annoté par Georges Lamoine, cet ouvrage est un document essentiel de référence.

 

ICONOGRAPHIE DU RITE ḖCOSSAIS RECTIFIḖ -     2   TOMES   -     83 et 84

Thomas Grison

Edition Maison de Vie

 2018

Nous retrouvons Thomas Grison, passionné par l’iconographie symbolique, il a produit entre autre des ouvrages sur le Tarot de Marseille, l’ésotérisme chrétien, l’épée et un ouvrage sur l’Aïkido avec ses sources énergétiques. Il s’intéresse ici à l’iconographie singulière du Rite Ecossais Rectifié à la croisée de deux référentiels qui structurent le rite, le référentiel templariste, salomonien dans sa dimension maçonnique, et le référentiel de la doctrine de la réintégration de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers que Jean-Baptiste Willermoz a voulu préserver au sein du R.E.R.

 

Thomas Grison analyse les tableaux des quatre grades, d’Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Ecossais de saint André et soulève les particularismes de leur iconographie : « Quant au R.E.R., remarquons qu’il affiche encore une fois son originalité dans le paysage maçonnique car, si les motifs donnés à voir dans les tableaux de grade, trouvent, ici comme ailleurs, leurs sources d’inspiration dans la littérature emblématique, la colonne tronquée (grade d’Apprenti), la pierre cubique sur laquelle est posée une équerre (grade de Compagnon) et, surtout le vaisseau démâté (grade de Maître), ou le lion jouant avec des outils mathématiques (grade de Maître Ecossais de saint André), restent des exceptions qui soulignent le particularisme d’un Rite à la fois dépouillé et intense, en même temps qu’ils illustrent – de la plus heureuse des manières à notre avis – le caractère spécifique d’une doctrine qui, ancrée dans la théosophie mystique du XVIIIème siècle, n’en perpétue pas moins une tradition chrétienne qui entend remonter à l’aube de l’humanité. »

 

Pour chaque tableau, Thomas Grison explore différents regards symboliques pour arriver à ce qui typifie le rite. Ainsi, pour les colonnes du grade d’Apprenti, il traite des colonnes de feu et colonnes de nuées, des colonnes du Temple de Salomon, du Temple comme image du monde, de la colonne de vérité, de la colonne dans les livres d’emblèmes, de la colonne, l’homme juste, du Temple intérieur avant d’aborder la colonne brisée. Cela permet au lecteur de se référer aux symboliques courantes, notamment vétérotestamentaire ou emblématique, avant de placer le symbole dans le contexte de la doctrine de la Réintégration, comme référence à la seconde chute.

 

Thomas Grison insiste sur la subtilité d’écriture de Jean-Baptiste Willermoz qui procède par allusions et phrases lapidaires. S’il clarifie des pans entiers de la doctrine de Martinès de Pasqually, Willermoz n’en est pas pour autant explicite. La sagesse se mérite. Thomas Grison en appelle souvent à Louis-Claude de Saint-Martin, tout aussi clair mais beaucoup plus prolixe, dont les développements permettent de mieux saisir les enjeux symboliques et, consécutivement, opératifs. Ainsi, à propos de la tête de mort, traditionnellement présente dans le Cabinet de réflexion : « D’une manière subtile dont nous avons compris qu’elle est presque sa marque de fabrique, Jean-Baptiste Willermoz semble n’avoir recours au crâne sur deux os en sautoir que pour nous rappeler l’état de privation dans lequel se trouve l’homme depuis la Chute. Cette privation (de lien avec Dieu), qui est au cœur de la pensée de Louis-Claude de Saint-Martin et du Régime Ecossais Rectifié, prend ici un caractère particulièrement remarquable, en ce sens qu’elle doit être mise en parallèle avec l’absence de la croix sur les représentations.

 

Cette absence, comme nous devons le souligner, demeure en parfaite adéquation avec une doctrine qui tient pour acquises à la fois la déchéance de l’homme depuis la faute adamique, et la possibilité d’un retour à l’innocence originelle qui passe par la soumission à la Justice divine. Pour Jean-Baptiste Willermoz, l’homme privé de Dieu vit dans une ignorance et un aveuglement dont nous devons croire qu’ils renvoient, sur le plan intérieur ou spirituel, au domaine de la mort. Dans le cheminement proposé par le R.E.R., tout le travail consiste donc, en quelque sorte, à « faire mourir la mort en soi afin que la vie soit enfin victorieuse ». Mais il faut comprendre surtout que ce retour à la vie, selon la voie du R.E.R., consiste surtout, et essentiellement, à prendre le Christ pour modèle afin de vivre dans le Christ et par lui, au sens où l’entendait déjà saint Paul. En ce sens, le crâne sur les os en sautoir peut être entendu comme un résumé, sous forme voilée, du processus initiatique qui s’offre au maçon rectifié. »

 

Le propos est intéressant, même si l’on pourrait y opposer la présence d’une croix formée par les os, car il insiste sur la finalité du procès initiatique de la réintégration, présente à chaque étape des rituels du RER, ce qui donne à ce rite une remarquable cohésion.

 

 

 

INITIATION  MAÇONNIQUE ET SYMBOLISME ALCHIMIQUE

GUY  PIAU

ÉDITION  VEGA

 2009

Les références à la symbolique alchimique sont nombreuses dans la graduation initiatique maçonnique, ce qui apparaît même au néophyte. En fait, la graduation maçonnique, qui comporte plusieurs cycles, correspond au  « au grand œuvre alchimique », dont le mode opératoire comporte plusieurs régimes, c'est-à-dire la répétition, à des niveaux différents, d’une même manière d’opérer.

 

Alchimie et Franc-maçonnerie ont des origines très anciennes, alimentées par les mêmes sources ou ayant subi les mêmes influences. L’une et l’autre, en tant que langage symbolique et système philosophique ont une prétention initiatique. Leur finalité est la même : donner à l’homme des outils de connaissance pouvant lui permettre de trouver le sens des origines et ce faisant, le propre sens de sa vie.

 

Dans ce volume sont étudiés les grades du Rite Ecossais Ancien et Accepté qui correspondent aux deux premiers régimes de purification et de perfectionnement qui ont pour objet de permettre à l’homme ordinaire de s’élever au statut d’homme initié puis d’homme véritable.

 

 

Guy Piau : Après avoir, dans le précédent ouvrage "Tradition alchimique et tradition maçonnique" rappelé le sens profond de la Tradition alchimique en tant que voie philosophique porteuse de la parole hermétique, née en Egypte, reçue et transmise par Pythagore puis les écoles grecques et arabes avant d'apparaître en Europe occidentale, à l'aube du 12ème siècle et fait ressortir son caractère universel, je présente dans ce nouvel ouvrage les grades du rite écossais ancien et accepté constituant la chaîne initiatique des régimes de ce rite correspondant aux deux premiers modes opératoires alchimiques, celui de l'Oeuvre au noir et celui de l'Oeuvre au blanc, modes de purification et de sublimation de l'être spirituel qui ont pour but de permettre à l'homme ordinaire de s'élever au statut d'homme véritable ou homme vrai, avant de franchir la barrière de feu et de pénétrer dans le royaume de l'homme transcendantal. Ce sont les grades du 3ème au 17 ème degré du rite.

 

Dans le précédent ouvrage, j'avais évoqué les signes alchimiques annonciateurs figurant dans les deux premiers degrés du rite écossais qui ont pour but de préparer l'adepte à la voie initiatique développée à partir du 3ème degré. Alchimie et franc-maçonnerie ont des origines très anciennes alimentées  par les mêmes sources ou ayant subi les mêmes influences. L'une et l'autre, en tant que langage symbolique et système philosophique, ont la même prétention initiatique : donner à l'homme des outils de connaissance pouvant lui permettre de trouver le sens des origines et ce faisant le sens de sa propre vie. Comment la pensée alchimique a-t-elle fécondée le symbolisme ? Cela reste à découvrir. Je me contente dans cet ouvrage de rechercher les concordances entre les deux systèmes, ouvrant une voie d'étude quasiment ignorée jusqu'ici. Cet ouvrage analyse les concordances entre les grades du R.E.A.A et les étapes du processus alchimique.

 

Est particulièrement expliqué :

Le symbolisme des couleurs du rouge, du noir et du blanc, les degrés de l’œuvre au noir qui sont : le grade de maître (3e), le grade de maître secret (4e), le grade de maître parfait (5e), le grade de secrétaire intime (6e), le grade de Prévôt et Juge (7e), le grade d’Intendant des Bâtiments (8e), le grade de maître Elu des Neuf (9e), le grade d’Illustre Elu des Quinze (10e), le grade de Sublime Chevalier Elu (11e). Les degrés de l’œuvre au blanc : le grade de Grand Maître Architecte (12e), le grade de Chevalier de Royal Arche (13e), le grade de Grand Elu de la Voûte Sacrée (14e), le grade de Chevalier d’Orient et de l’Epée (15e), le grade de Prince de Jérusalem (16e), le grade de Chevalier d’Orient et d’Occident (17e).

Le tout est agrémenté de vignettes du Mutus Liber, des planches alchimiques de Fulcanelli, de Nicolas Flamel, et de divers tuileurs, avec des photos des décors des grades étudiés ici.

  

INITIATION -     tradition alchimique & tradition maçonnique

Guy piau

Edition DÉTRAD

 2005

Le rite écossais ancien et accepté qui constitue, au sein de la Franc-maçonnerie moderne, une voie spirituelle éminente, n’a pas émergé d’un désert. Il est le fruit d’une lente maturation. Même si les traces historiques de cette maturation sont souvent inexistantes, les idées que le rite écossais ancien et accepté expose, renvoient à d’authentiques sources initiatiques traditionnelles dont la transmission essentiellement orale et le caractère secret des modes opératoires font que nous n’en connaissons que les aspects d’apparence et les influences supposées. Ces traditions, orphiques, éleusiniennes, hermétiques et autres, expriment les mêmes idées avec des mots différents et exaltent la même quête spirituelle. Elles se distinguent, certes, les unes des autres, mais ne s’opposent pas. La connaissance que nous pouvons en avoir, aussi parcellaire qu’elle puisse être parfois, est essentielle pour donner à la démarche initiatique du Maître Maçon sa pleine valeur. Après une présentation et une analyse des éléments symboliques que l’on peut trouver dans les anciennes traditions, selon les relations que des auteurs les ayant connues et pratiquées en ont fait et des liens établis entre ces traditions et l’alchimie, l’auteur s’attache à mettre en parallèle le symbolisme alchimique et le symbolisme maçonnique. Puis il développe une lecture alchimique des 1er et 2ème degrés du rite écossais ancien et accepté

 

Le gnosticisme, au fil du temps, s’est manifesté sous divers régimes de pensée et l’hermétisme aussi bien que l’alchimie qui a pris naissance sur celui-ci, n’en constituent que des expressions dont les corps de doctrine ont eux-mêmes évolués au cours des siècles. Il reste cependant que les idées qui émergèrent, sous l’égide de Pythagore, du mariage des mythes égyptiens et grecs, donnant sens à une quête initiatique fondée sur les principes d’une tradition universelle, unissant toutes les cultures passées, présentes et futures, sont demeurées la base de la transmission spirituelle de toutes les écoles ou cercles gnostiques. Ces principes qui fécondent les voies hermétiques et alchimiques proclament que le Monde est un Ordre, qu’il existe une unité de l’Univers, que cette unité découle d’une unité primordiale, l’Un qui est amour et harmonie. Ils établissent aussi que le microcosme est constitué comme le macrocosme, ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et que le travail de l’initié (l’adepte) est de séparer le pur de l’impur, d’aller vers la perfection et ce travail est le même s’agissant les 3 règnes de l’ordre extérieur ou matériel, minéral, végétal et animal que du règne de l’ordre intérieur, celui de l’esprit qui anime l’homme. Comme Platon l’exprime dans son Timée et son Parménide : « L’Univers est vivant, il est unique, il est indissoluble. Il est constitué de 4 éléments : terre, eau, air et feu. » Il paraît difficile de ne pas voir que ces principes gnostiques éclairent la voie initiatique qui est proposé au maître maçon pour se perfectionner et devenir un chevalier de l’esprit, un sage.

 

Il n’est que de se rendre à la bibliothèque de Fès, grande cité symbolique, pour comprendre l’importance de la connaissance que diffusèrent les alchimistes venus d’orient. Une troisième voie de la venue de l’Art Royal en France est liée au grand mouvement des Croisades. Dès la première Croisade, les moines bénédictins qui accompagnaient les Croisés et qui encadraient les gens de métiers, organisèrent la fraternité de Saint Blaise, une société dans laquelle ceux-ci furent initiés aux Arts libéraux, notamment à la géométrie. Enfin, la réouverture des échanges commerciaux et culturels entre l’Empire latin d’Orient et les royaumes d’Occident permirent de découvrir de nombreux textes hermétiques conservées dans les cercles savants de Byzance, notamment les Livres d’Hermès, œuvre des écoles néo-platoniciennes d’Alexandrie écrite au 1er siècle avant notre ère. Ces livres alimentèrent au 15ème siècle les travaux de l’Académie néo-platonicienne de Florence, dont les membres les plus éminents Marsile Ficin et Jean Pic de la Mirandole vont être la source de l’inspiration de toux ceux qui voulurent s’affranchir de l’enseignement scholastique et vont marquer leur époque, tels Rabelais, Paracelse et Newton.

 

 Il est très généralement proclamé dans les obédiences maçonniques que nous sommes les héritiers des sociétés de francs-maçons du Moyen Âge, les constructeurs des cathédrales, dont nous avons conservé et enrichi les connaissances symboliques. Cette affirmation est née en Angleterre, lors de l’apparition publique à Londres de loges maçonniques sans liens avec les métiers de constructeurs et la publication d’une histoire de la franc-maçonnerie, placée en tête des Constitutions et Règles pour la nouvelle maçonnerie. Pour donner plus d’éclat à cette maçonnerie dite spéculative, certains lui attribuèrent aussi une filiation templière et aujourd’hui encore, des francs-maçons considèrent qu’ils ont reçu une part d’héritage de la chevalerie du Moyen Âge.

 

Certes, le passage du symbolisme qui anime les rites maçonniques s’est effectué par l’intermédiaire des loges de constructeurs. Mais, il paraît nécessaire de bien analyser comment ce symbolisme a pu naître et se développer dans ces loges. Il convient, en premier, de poser son attention sur le terme « franc-maçon » que nous avons adopté pour désigner les membres des loges opératives puis ceux de nos loges modernes que nous qualifions de spéculatives. Dans le Royaume de France et dans les cités du continent européen, les membres des loges qui se constituaient autour des grandes entreprises de construction étaient des compagnons de métiers dirigés par un Maître d’œuvre, le Maître de la Loge, c’étaient des maçons libres, ainsi qu’il est rapporté dans le Livre des Métiers que le Prévôt de Paris, Etienne Boileau rédigea à la demande de Saint-Louis. Qu’est-ce qu’un maçon libre, un freemason sur les chantiers anglais ? La seule réponse qu’il semble possible de donner à cette question est que c’est parce qu’ils ont reçu l’enseignement des Arts libéraux que ces compagnons sont devenus libres.

 

En effet, dans les sociétés traditionnelles, il est fait une distinction entre les arts mécaniques, les techniques ou les métiers, dont ceux de la construction, qui sont assurés par des hommes serviles et les arts libéraux, ainsi qualifiés car leur enseignement est réservé aux jeunes gens de bonne naissance, aux hommes libres. Dès la Première Croisade, les maîtres d’œuvre qui accompagnaient les chevaliers croisés et étaient à leur service, et dont certains étaient des moines bénédictins ayant déjà une connaissance des œuvres de Platon et de l’hermétisme ainsi qu’une pratique des opérations alchimiques, fréquentèrent les membres des sociétés au sein desquelles un enseignement du corps philosophique de l’alchimie était donné à des gens des métiers. On peut penser que ce fut là l’origine des Fraternités de Saint-Blaise qui s’installèrent ensuite en Occident et firent office d’école de symbolisme dans les loges des constructeurs.

 

es anciens manuscrits attribuent à Euclide un rôle qui ne correspond pas à son image historique et le place hors du temps. Le Régius débute par ces mots « Ici commencent les statuts de l’art de la géométrie selon Euclide » et désigne ensuite Euclide comme ayant introduit cet art en Egypte, ce qui n’est pas crédible, les Egyptiens connaissaient des éléments de géométrie au temps des premières grandes pyramides et avant Euclide, le grec Thalès posa quelques principes de géométrie. Toutefois, ce qui nous paraît essentiel dans cette phrase, c’est le lien affirmé par les auteurs du Régius entre l’un des arts libéraux et la maçonnerie. Outre la référence qu’ils font au sept arts et à l’enseignement de la géométrie aux enfants des seigneurs d’Egypte afin que ceux-ci puissent « œuvrer à toutes sortes d’excellents ouvrages de pierre, temples, église, cloîtres, cités, châteaux, pyramides, tours et toutes sortes de bâtiments de pierre », les auteurs du Cook nous révèlent qu’Euclide nomma compagnons les ouvriers ainsi formés, leur interdisant toute autre appellation, puis les invita à « se comporter comme des hommes de l’art et non des rustres incultes » et enfin qu’il les organisa en un ordre. Si nous quittons le temps fictif des Old Charges pour revenir dans le temps réel, cet ordre attribué à Euclide n’est autre que les Fraternités de Saint-Blaise constituées vers l’an mil. Tels sont les fondements que les anciens manuscrits qui en rapportent les règles, donnent à la maçonnerie des constructeurs, celle des maçons libres. Si nous voulons élever notre pensée au-dessus des légendes et mythes, nous pouvons trouver dans ces trop rares textes qui nous sont connus l’indication des sources gnostiques ou alchimiques du symbolisme maçonnique.

 

Parmi les propagateurs du symbolisme d’essence gnostique qui s’est développée chez les Maîtres d’œuvre et leurs compagnons puis ensuite dans les loges des maçons acceptés, nous ne devons pas omettre de citer les Frères de la Rose-Croix, non pas seulement ceux de la Fama Fraternitatis Rosae-Crucis, qui se sont manifestés au sein de la société civile au 17ème siècle, mais les véritables Rose-Croix, philosophes inconnus, maîtres alchimistes invisibles, détenteurs des secrets des arts et sciences traditionnels qu’ils enseignaient dans les loges des compagnons constructeurs et qu’ils n’avaient aucune raison de ne pas conserver quand les gens de métiers disparurent des loges et que celles-ci devinrent, selon l’expression d’Anderson, le centre de l’union où se retrouvaient des représentants des élites politiques, sociales et culturelles de la société. Ces Frères de la Rose-Croix, maîtres de l’alchimie, constituaient, selon Paul Naudon, une communauté informelle qu’il nomme la communauté des Mages, sans apporter aucune précision, dans son ouvrage « Les origines religieuses et corporatives de la franc-maçonnerie » Fulcanelli, qui a moins de retenue, évoque dans ses « Demeures philosophales » la figure de Louis d’Estissac qui était, nous dit-il, l’un des adeptes les mieux instruits des arcanes hermétiques et qui portait, ajoute-t-il, le titre élevé de Rose-Croix, marque d’initiation supérieure. Rabelais fut quelque temps à son service et acquit auprès de lui un enseignement qui lui permit par la suite de devenir lui-même un Frère de la Rose-Croix. Le rapport entre les Rose-Croix et les Maçons est clairement exprimé dans un poème composé en 1638 par Henry Adamson de Perth

 

Le rite écossais ancien et accepté, ainsi que les autres rites maçonniques, ont aussi, à notre sens, fait l’objet d’une double écriture ouvrant la voie à une double lecture. Sous l’inspiration des légendes tirées des livres des lois hébraïque et chrétienne, l’ancienne et la nouvelle loi, ainsi que cela est écrit dans des rituels et instructions de degrés maçonniques, une voie d’élévation morale est offerte aux maîtres maçons afin qu’il puissent devenir des chevaliers de l’esprit, des hommes sages dont les actions sont entièrement guidées par les trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité ainsi que par les quatre vertus cardinales, le courage, la justice, la prudence et la tolérance. Mais le rite développe aussi un symbolisme inspiré par la graduation de la quête alchimique conduisant l’adepte de l’état d’homme ordinaire à celui d’homme transcendant. Ces deux voies ne s’excluent nullement. Elles agissent conjointement dans le processus d’initiation, car elles sont l’une et l’autre des chemins d’élévation spirituelle, l’une morale et l’autre initiatique, et il appartient à chaque maître maçon de trouver en chacune une part de sa propre nourriture spirituelle, en toute liberté de conscience.

 

Dans le premier cycle du Grand Œuvre alchimique, l’élévation spirituelle, comme le travail de laboratoire, comporte trois grandes étapes, l’Œuvre au noir, l’Œuvre au blanc et l’Œuvre au rouge. Les degrés du rite écossais ancien et accepté se développent en concordance avec cette graduation à partir du 3ème degré, le grade de maître. Avant de devenir un initié, l’homme ordinaire, le profane, doit sortir des ténèbres et recevoir la lumière de la franc-maçonnerie. Il reçoit cette lumière au premier degré du rite, dans une cérémonie qui met en scène les quatre éléments, terre, air, eau et feu, qui sont les principes actifs sans lesquels, selon les gnostiques, l’univers n’existerait ni comme unité ni comme diversité. Au commencement, l’Univers était chaos ; au commencement aussi la terre était chaos. Le chaos, c’est la materia prima, la matière des ténèbres, au sein de laquelle les quatre éléments ou principes sont mélangés, unis et forment une lumière, la Lumière primaire, celle qui symbolise l’Esprit souverain et créateur. Le chaos se nomme aussi la pierre, la première pierre qui est une pierre brute, selon le médecin alchimiste Pierre-Jean Fabre (17ème siècles). Le profane qui frappe à la porte du temple maçonnique et qui va être admis apprenti est aussi une pierre brute. Le profane est lui-même chaos, et la première épreuve qu’il doit subir lors de son admission est celle de la terre. La terre, selon les maîtres alchimistes, est la mère de tous les éléments. C’est la materia prima à l’intérieur de laquelle est la lumière de laquelle va naître l’Univers. La materia prima des alchimistes correspond aux ténèbres dont émerge la lumière dans le corpus symbolique du rite écossais.

 

Dans le cabinet de réflexion, qui n’est autre que la terre-chaos, le futur apprenti maçon est mis en présence d’outils symboliques qui doivent éclairer sa conscience et son intelligence, qu’il ne saura comprendre dans l’instant mais qu’il retrouvera sur son futur chemin initiatique et qui seront alors les agents de son élévation spirituelle. Ces outils qu’il ne sait ni lire ni épeler appartiennent au symbolisme alchimique : le sablier et la faux qui annoncent l’œuvre au noir, le coq qui annonce l’œuvre au blanc et l’énigme V.I.T.R.I.O.L. qui annonce l’œuvre au rouge. Puis au cours de la cérémonie d’admission , enfin en partie libéré de son chaos, le postulant est soumis à l’épreuve de l’air qui figure un autre aspect de son chaos, un chaos organisé, puis aux épreuves de l’eau et du feu qui libèrent l’étincelle ou lumière primaire brillant en lui et le font, ainsi que nos rituels le proclament, accéder à la lumière. Que celui « qui a des oreilles pour entendre qu’il entende » nous enseigne Thomas, le disciple gnostique du Christ. L’admission au grade d’apprenti ne nous confère aucune initiation, elle nous construit dans le but de nous faire devenir un initié.

 

Et notre initiation véritable va commencer au 3ème degré et comporter plusieurs étapes. La première étape est celle qui se développe dans les Ateliers de Perfection jusqu’au 11ème degré. Cette étape correspond au temps de l’œuvre au noir des alchimistes qui a pour but de faire murir le métal, de le perfectionner c'est-à-dire de le purifier, d’en exalter la pureté qui est en lui. Le franc-maçon est une pierre brute qu’il doit tailler c’est-à-dire perfectionner, purifier. Reprenons la légende d’Hiram : le maître est mort au 3ème degré, il est pleuré au 4ème degré, il est enseveli au 5ème, vengé aux 9ème et 10ème degrés. La mort de soi est au cœur de la légende, la renaissance ou plus exactement la naissance à l’Esprit n’est pas réalisée. Elle est en devenir. Les alchimistes placent la mort, symbolisée par la couleur noire, au seuil du Grand Œuvre, mais affirment aussi que la vie naît de la mort comme la lumière nait des ténèbres. Cette thématique alchimique est celle de notre rite jusqu’au 11ème degré. Dans le symbolisme de ce degré la dualité de l’homme, terre et ciel, est exaltée. Le nombre 12 exprime cette dualité dans l’unité. 12 est le nombre du grade, la loge est constituée de 12 élus, et la batterie du grade est de 12 coups égaux.

 

Le deuxième temps de perfectionnement qui commence au 12ème degré correspond à l’œuvre au blanc qui est celui de la deuxième purification ou sublimation. Il s’agit de sublimer la matière ou l’esprit, c’est-à-dire de les rendre encore plus purs, plus précieux, plus subtils, de les blanchir. Au 12ème degré le Président de l’Atelier est sublime grand maître. Il est désigné ce faisant comme maître alchimiste, celui qui conduit l’œuvre de sublimation. Les membres de l’Atelier, qui représentent le métal ou la pierre soumis à l’œuvre de sublimation, ont l’âge de la plénitude, celui de l’homme véritable, Emerek, l’homme vrai, selon le rituel du degré précédent. Le tablier du Grand Maître Architecte est blanc bordé de bleu, ce qui figure que le temps de l’œuvre au noir est terminé, (le bleu est la couleur du ciel). Les degrés suivants développent le travail de sublimation, lequel est tout aussi difficile que celui de l’œuvre au noir. Au 14ème degré, le Maître maçon est invité à chercher l’ultime perfection et il reçoit le titre de grand élu parfait et sublime maçon, parfait certes mais en devenir mais toujours sublime, homme véritable. Au 17ème degré, le temps de l’œuvre au rouge est annoncé. A ce degré, la devise « Ordo ab chao » qui apparaît dans le temple suggère que le chaos est devenu ordre et que désormais la lumière va recouvrir les ténèbres, que l’Esprit va dominer la matière. A l’orient, l’arc en ciel qui se déploie entre le soleil et la lune, symbolise l’épanouissement de l’œuvre au blanc, car la couleur blanche contient toutes les couleurs et l’arc-en-ciel manifeste ainsi l’achèvement du travail de sublimation. L’arc-en-ciel marque aussi dans ce degré le passage des ténèbres déjà éclairés de l’œuvre au blanc, représentés par la lune, à la pleine lumière symbolisé par le soleil et annonce le début de l’œuvre au rouge.

 

Y est développé :

 

Pythagore, Hermès, Déméter, la transmutation, le Mutus Liber, les Templiers, le REAA, le chaos et les ténèbres, les 4 éléments, les colonnes du Temple, Schibboleth et Tubalcaïn, N. Flamel, notre Dame de Paris, la caverne, l’aigle bicéphale.

 

INITIATION MAÇONNIQUE – L’ŒUVRE AU ROUGE

Guy Piau

Edition Pierre Guillaume de Roux

 2014 

L’Oeuvre au rouge constitue le Troisième cycle du Grand Oeuvre alchimique. Pour beaucoup, l’alchimie se réduit à l’art des transmutations et des distillations. Pour d’autres, c’est le nom arabe qui désigne, dès le VIIe siècle, la science secrète pratiquée par des confréries installées en Perse et au Moyen-Orient. Originalité notable, ses travaux puisent à deux sources : l’une éminemment spirituelle, tirée des traités de la philosophie gnostique, héritage de la pensée pythagoricienne ; l’autre purement pratique, que perpétue la transmission orale des recettes visant à la fabrication de l’or. Depuis lors l’alchimie, sans abandonner son domaine d’action matérialiste, n’a cessé de s’affirmer comme une voie de réalisation de l’être, fondée sur l’enseignement de la philosophie gnostique, qui doit guider les adeptes sur le chemin de l’amour et de la sagesse. C’est à la lumière des fortes résonances qu’il explore entre le symbolisme maçonnique et le symbolisme alchimique que l’auteur nous révèle une quête initiatique d’une richesse et d’une ampleur exceptionnelles.

 

N’oublions pas que l’ésotérisme et l’art nous ramènent  immanquablement à la question de la condition humaine. Les cérémonies initiatiques, quelles que soient les traditions, sont des psychodrames, des mises en scène mythologiques durant lesquels les initiés jouent des rôles précis. Ils deviennent par là-même des héritiers,  c’est ainsi que le chantier peut reprendre et que la tradition perdure. Le mythe est essentiel, il est le vecteur à travers les siècles des grands questionnements existentiels de l’humanité, quelles que soient les civilisations. Nombreux sont les écrivains qui ont exploré les arcanes mystérieuses en quête d’imaginaire et de poésie. Dante, membre de la société secrète « Les Fidèles d’Amour » est un parfait exemple. Sa Divine Comédie est une œuvre à clés tout autant initiatique que poétique. Les romantiques, les symbolistes…, mais surtout les surréalistes ont suivi la même voie. André Breton était féru d’ésotérisme, il a en particulier utilisé les symboles alchimiques et les images du tarot divinatoire comme source d’inspiration artistique et littéraire. Que l’alchimie fut une pratique opérative, fructueuse ou vaine, est une évidence historique.

 

En revanche, Guy Piau pose une question fondamentale  dans son ouvrage : L’alchimie est-elle une opération spéculative, une quête spirituelle ? Existe-t-il un message hermétique ? Si oui, quid des rapports entre l’alchimie et la franc-maçonnerie ? Tout d’abord, nous pouvons constater que les termes communs aux traditions maçonnique et hermétique sont nombreux. Ainsi, le Grand Œuvre ou l’Art Royal (la couronne est un élément récurrent de l’iconographie hermétique) sont des mots employés tant par le maçon que par l’alchimiste pour désigner leur quête respective.

On connaît l’importance du symbole en franc-maçonnerie, ce langage universel est également fort prisé des alchimistes. Nombre d’œuvres hermétiques parmi les plus célèbres, sont purement iconographiques. C’est le cas, par exemple, du « Mutus Liber » ou des 17 figures attribuées à Jean Conrad Barchusen abondamment cités par Guy Piau. Le soleil, la lune et les étoiles qui ornent nos temples maçonniques sont également des symboles alchimiques. Le soleil représente le principe mâle ; le souffre, tandis que la lune est le principe féminin ; le mercure. On verra ultérieurement que les «noces chymiques» du souffre et du mercure ne sont autres que le Grand Œuvre, et comment il est possible d’y reconnaître un des buts de la franc-maçonnerie. Sept étoiles symbolisent les 7 distillations nécessaires à l’alchimiste pour réussir le Grand Œuvre. On retrouve ici la symbolique des nombres chère à toute tradition initiatique. Le nombre 7 est le nombre de la perfection, de l’éternité. Notons enfin, que les 4 éléments et la pierre jouent un rôle fondamental en alchimie et en franc-maçonnerie.

 

Si le but du Grand Œuvre est le mariage du souffre (pôle masculin) et du mercure (pôle féminin) par l’action du sel ; principe neutre et élément ternaire qui scelle les deux autres, la légende veut que l’alchimiste, au terme de sa quête, devienne hermaphrodite. L’importance du nombre 3 ; le ternaire qui permet de dépasser les oppositions en une nouvelle synthèse, se retrouve en maçonnerie afin de rassembler ce qui est épars. Un alchimiste a dit : « Le secret consiste à savoir convertir la pierre en aimant, qui attire, embrasse et unit cette quintessence astrale. ». « L’un est aussi le tout. », selon la formule alchimique, «tout est un et tout se ramène à l’un. ». C’est là un enseignement initiatique important présent dans nombre de traditions.

 

On distingue deux sortes d’unités : l’unité initiale et l’unité finale, l’alpha et l’oméga, symbolisées par l’image célèbre du serpent qui se mord la queue et appelé Ouroboros, serpent qui entre autre représente les cycles de la vie et les énergies, on le voit souvent dans les traités alchimiques. Du magma initial surgit l’ordre final, entre les deux, les alchimistes devinent tout le circuit de la matière transmuée. Chacun sait que le but de tout alchimiste est de trouver la fameuse pierre philosophale. On s’est souvent perdu en conjectures pour deviner la nature réelle de cette pierre. Peut-être est-il possible d’y voir plus clair en raisonnant en maçon. La pierre philosophale ne serait-elle pas la pierre taillée du maçon ? Ne symboliserait-elle pas l’adepte accompli ? Quelle différence entre passer du vil plomb à l’or alchimique et passer de la pierre brute à la pierre taillée ? Deux terminologies différentes peuvent fort bien traduire une même réalité.

 

En franc-maçonnerie, on comprend vite que la pierre n’est autre que le franc-maçon lui-même, et le travail initiatique un travail sur soi. De leur côté, bien des alchimistes ont reconnu que la coction finale avait lieu simultanément dans l’athanor de briques et dans celui du cœur. Jung, qui s’est intéressé à l’alchimie, pensait que l’œuvre opérative n’était que la projection de l’œuvre intérieure. L’artiste et l’œuvre, à l’instar du temple intérieur et du temple extérieur, ne font qu’un. Il apparaît donc que le but de l’alchimie semble bien être le même que celui de la franc-maçonnerie, à savoir : La transformation et la transmutation de l’homme qui passe par le perfectionnement constant de l’initié. Voyons maintenant ce qu’il en est de la méthode.

 

Oswald Wirth estimait que l’initiation maçonnique, en particulier l’épreuve de la terre, résumait l’essentiel du processus alchimique. Lors de l’initiation maçonnique, le récipiendaire est tout d’abord dépouillé de ses métaux. La première opération alchimique consiste à débarrasser la matière première, nous parlerions nous de la pierre brute, de toutes ses impuretés. Ensuite, le futur franc-maçon est placé dans le cabinet de réflexion où il mourra en tant que profane. En alchimie, la putréfaction ou œuvre au noir, se déroule dans l’œuf philosophique hermétique, scellé. L’hermétiste Jacob précise que «la fin du Grand Œuvre est de se débarrasser, quand il le voudra, de la chair corruptible sans passer par la mort. ». Au sein du cabinet de réflexion se trouvent de nombreux symboles alchimiques. A commencer par le sel, le souffre et le mercure ; éléments essentiels du Grand Œuvre dont le rôle a été évoqué précédemment, n’oublions pas le coq qui annonce le lever du soleil et qui, selon Fulcanelli, symbolise un autre élément alchimique : le vif argent.

 

Enfin, bien sûr, la célèbre formule alchimique « V.I.T.R.I.O.L.» ; visita interiora terrae, rectificando invenies occultum lapidem. Ce qui signifie « visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». On a vu que le franc-maçon et l’alchimiste étaient à la fois maître d’œuvre et matériau, la formule « V.I.T.R.I.O.L. », qui invite à l’introspection  indispensable à toute initiation va dans ce sens. J’ai évoqué Jung, ici le parallèle avec la psychanalyse s’impose. N’est-ce pas en visitant les profondeurs de l’Homme, dans les ténèbres intérieures, que le psychanalyste va chercher la lumière, la vérité de l’être ?

 

Chaque épreuve de l’initiation maçonnique correspond à une étape du processus alchimique. L’épreuve de l’air : Le subtil se dégage de l’épais. L’épreuve de l’eau : La purification par l’eau, la distillation ou œuvre au blanc.  L’épreuve du feu correspond à la calcination, l’œuvre au rouge qui annonce l’aboutissement du Grand Œuvre avec le Rébis. L’initiation maçonnique et l’œuvre alchimique peuvent donc se résumer en une suite de purifications successives tendant à la pureté absolue.

 

 On peut également noter que le travail de l’alchimiste, tout comme celui du maçon, doit s’effectuer à couvert ; condition sine qua non de la réussite du Grand Œuvre. Ainsi de nombreux auteurs hermétistes soulignèrent le fait qu’il doive toujours y avoir à la porte du laboratoire, une sentinelle armée d’un glaive flamboyant pour examiner tous les visiteurs et renvoyer ceux qui ne sont pas dignes d’être admis. Le rapprochement avec le frère couvreur et le tuilage est évident. En conclusion, il semble légitime de penser que l’alchimie est bien une philosophie initiatique et qu’il existe effectivement un message hermétique, un but et une méthode assez proches de ce que nous connaissons en maçonnerie. L’alchimie étant historiquement antérieure à la franc-maçonnerie spéculative, on peut en déduire que l’hermétisme a inspiré les premiers maçons.

 

Le sommaire de cet ouvrage décrypte le cheminement de l’initié du 18e degré Rose+Croix, jusqu’au 30e degré de Chevalier Kadosh, avec explications des 22 degrés intermédiaires, autant dans leur message, les couleurs, les tableaux de loge, les nombres, le palladium, les symboles de Rose+Croix avec le phénix, le feu, INRI, la Cène, le pélican, les ouvertures et fermetures de chaque degré.

 

 INITIATION - L’ALCHIMIE – HISTOIRE ET ACTUALITḖ

Guy  Piau

Edition Numérilivre

2017

Alchimie. A l'évocation de ce mot moyenâgeux, surgit immédiatement l'image d'un occultiste enturbanné et fébrile, entouré de fioles et de cornues remplies de liquides multicolores. Le feu va-t-il transformer la lamelle de plomb enfournée, en cet or liquide tant attendu ? ! Au-delà de ce cliché, symbolisant avec l'hypothétique transmutation des métaux, l'art de purifier l'impur en imitant les processus de la nature, l'alchimie c'est d'abord l'histoire itinérante d'un concept. Celle que nous raconte Guy Piau - historien reconnu de cette discipline - dans le présent livre, remarquablement documenté et soucieux du détail, avant d'en dégager une philosophie humaniste pertinente. L'alchimie, primitivement chinoise puis indienne, arrive à Alexandrie aux IIe et IIIe siècle. Grâce aux Arabes, elle gagne l'Europe où l'hermétisme chrétien favorise son essor. De Jahir Ibn Hayann al Sufi à Raymond Lulle, de Nicolas Flamel à Paracelse, praticiens célèbres, c'est une alchimie sans cesse actualisée qui réussit à traverser le temps, du VIIIe au XXe siècle.

 

Elle est ainsi accueillie, entre autres, par Carl Jung le psychanalyste et Gaston Bachelard le philosophe, qui la transmutent eux-mêmes en matière à penser. Guy Piau ne manque pas de nous rappeler ce que doit la franc-maçonnerie spéculative à l'alchimie, par le biais de l'hermétisme.

 

Cette doctrine occulte, vecteur s'il en est de l'esprit alchimique, a hautement enrichi la palette allégorique de l'art Royal, avec, entre autres, la métamorphose de la matière, la panacée et l'immortalité. L'originalité de cet ouvrage s'affirme dans la belle réussite de l'auteur à faire de la raison et de  la poésie conjuguée, les compagnes de l'alchimie. Il nous montre que l'Homme, enfant de l'univers, n'est jamais davantage Homme que dans son vaillant cheminement vers l'inaccessible étoile. C'est là, sur cette traînée de lumière, qu'il se transforme par la réflexion. Et que brille soudain l'or de sa pensée !

La présence de l’hermétisme dans les débuts de la science classique a fait l’objet de nombreuses études. Il s’agissait bien sûr de corriger une version simplifiée de l’histoire des sciences, qui supposait que les travaux de Kepler, de Galilée ou de Descartes avaient d’un seul coup balayé aussi bien les thèses scolastiques que les idées hermétistes.


Cependant, une fois reconnue cette présence persistante de l’hermétisme, des interprétations divergentes ont pu en être proposées. On a fait remarquer à juste titre que l’organisation des savoirs au début du XVIIe siècle n’était pas le même qu’aujourd’hui et que l’approche mathématique du mouvement des planètes pouvait bien s’accompagner, chez Kepler, de la croyance en une âme du monde. Marin Mersenne s’intéresse aussi bien aux travaux de Galilée, dont il fournit une traduction française, qu’aux recettes étranges de la magie naturelle. Il critique les prétentions abusives des alchimistes, mais c’est pourtant un alchimiste, dans La Vérité des sciences, qui est chargé de réfuter les abstractions aristotéliciennes au nom de l’expérience. C’est précisément cette persistance de l’alchimie tout au long du XVIIe siècle qui est souvent invoquée comme la preuve la plus flagrante du goût des hommes de ce temps pour les étrangetés de l’hermétisme. L’alchimie prolongerait ainsi, jusqu’au seuil du siècle des Lumières, un amour de l’obscurité et des mystères hermétiques, comme si la rationalité de la science moderne, comme effrayée de ses propres audaces, avait eu besoin de maintenir, à côté de la mécanique, de l’optique ou de l’astronomie, les vieilles croyances de la magie, de l’astrologie et de l’alchimie dont Descartes devait encore se méfier.

 

Je ne voudrais pas rendre le XVIIe siècle plus rationaliste qu’il ne fut et lui attribuer plus de rigueur scientifique que nous ne saurions en trouver dans l’esprit scientifique du XXe siècle. Il est incontestable que, pendant tout le XVIIe siècle, de nombreux travaux manifestent un désir de pensée libre qui conduit à s’affranchir de toutes les précautions méthodologiques héritées des pratiques universitaires aussi bien que des recherches de la mécanique nouvelle. Pour ne prendre que quelques exemples, les travaux de Gaffarel sur les talismans et la cabale, ceux d’Athanase Kircher sur l’interprétation des hiéroglyphes ou du mathématicien Jean-Baptiste Morin, correspondant de Descartes, sur l’astrologie judiciaire, la fascination pour les écrits de confréries de Rose-Croix qui n’ont jamais existé, tout cela montre la vivacité d’un esprit de fantaisie qui est aussi un esprit de révolte contre la domination de la pensée scolastique. On en retrouve l’expression dans des romans comme ceux de Cyrano de Bergerac ou de Montfaucon de Villars. D’un autre côté, on ne saurait nier l’existence d’une « alchimie kabalistique », qui s’est surtout développée au XVIe siècle en Italie et en France. Les thèmes alchimiques sont alors mêlés à ceux d’autres traditions chez des auteurs qui, comme Robert Fludd ou Jacob Boehme, ont davantage le souci de construire un système du monde qui soit à la fois théologique, métaphysique et scientifique que de développer des recherches sur les propriétés chimiques de diverses substances.

 

Or c’est précisément cet intérêt pour la composition des corps mixtes, la recherche des principes et éléments dont ils sont formés, la possibilité de les transformer les uns dans les autres et d’en tirer des substances nouvelles utiles à la médecine et aux divers artisanats qui caractérise, me semble-t-il, les travaux alchimiques, et permet de les distinguer d’autres élaborations théoriques se réclamant, souvent abusivement, de l’hermétisme et de l’alchimie. L’ambiguïté vient cependant de ce que cette alchimie, qui n’est rien d’autre que la chimie de l’époque, s’est volontiers nommée science hermétique, ce qui a engendré, hier et plus encore aujourd’hui, de nombreuses confusions. Il faut donc revenir sur les raisons pour lesquelles les alchimistes se sont référés à Hermès, pour ensuite montrer que cette référence n’est en rien le signe d’une défaillance de la raison. Que le dieu qui a donné son nom à celui par lequel la science est communiquée aux hommes se nomme aussi Mercure, voilà qui ne pouvait que retenir l’attention des alchimistes, qui désignaient de ce nom aussi bien le vulgaire vif-argent, qui coule et s’amalgame avec tous les métaux, que le principe mercuriel dont la possession rend possible la transmutation des métaux. Pourtant, l’usage du nom d’Hermès est une pratique tardive dans l’histoire de l’alchimie, puisque l’alchimie médiévale, telle que nous la connaissons à travers les nombreux traités qui nous sont parvenus, fait rarement mention du dieu grec ou de son homonyme trois fois très grand.

 

Au XIIIe siècle, époque où s’élabore la doctrine qui va marquer les travaux chimiques jusqu’au XVIIe siècle, le Corpus Hermeticum est inconnu et les auteurs anonymes qui se cachent derrière les noms de Geber, Aristote, Thomas d’Aquin, Raymond Lulle ou Arnaud de Villeneuve, auxquels ils prêtent la paternité de leurs traités, n’ont pas besoin de se référer à une quelconque doctrine hermétique pour développer la doctrine de la formation des métaux et de la composition des corps mixtes à partir de laquelle se met en place leur théorie de la transmutation. L’héritage des traités arabes, traduits et imités dès le XIIIe siècle, offre en effet tous les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’une théorie de la matière qui s’oppose à l’hylémorphisme en supposant que le Mercure et le Soufre sont les deux principes constitutifs des métaux, selon des proportions et des conditions naturelles d’élaboration dans les mines dont les variations expliquent la différence entre les métaux. La nature voudrait toujours faire de l’or et l’objectif de l’alchimiste est de fabriquer une médecine métallique qui confère aux métaux imparfaits la perfection que les cuissons naturelles ne leur ont pas apportée. Ni mystère, ni révélation ne sont nécessaires à l’élaboration de cette doctrine qui s’expose dans des Sommes rigoureusement construites, comme cela se pratique dans les autres domaines du savoir médiéval. Nous sommes dans le domaine de la philosophie naturelle et il ne s’agit pas tant pour les alchimistes de s’opposer à la science aristotélicienne que de la compléter dans un domaine où Aristote, après les quelques lignes qu’il consacre à la formation des métaux à la fin du troisième livre des Météorologiques, est resté silencieux.

 

Ce n’est qu’à la Renaissance que les alchimistes commencent à évoquer le nom d’Hermès en tant que fondateur de leur science, sans pour autant donner à l’alchimie le nom de science hermétique. Le plus souvent, c’est dans les brefs aperçus «historiques» qui introduisent les traités qu’Hermès est cité. Ainsi lit-on dès le début du Livre de la philosophie naturelle des métaux attribué à Bernard le Trévisan, et sans doute écrit vers la fin du XVe siècle (et donc après la publication florentine du Corpus Hermeticum), que « Le premier inventeur de cet Art ce fut Hermès le Triple: car il sut toute triple philosophie naturelle, savoir Minérale, Végétale et Animale.» L’auteur continue en rapportant qu’Hermès trouva dans la vallée d’Hébron, après le déluge, sept tables sur lesquelles étaient imprimés les arts libéraux. Il en fit un résumé que nous connaissons comme étant la Table d’Émeraude. Pythagore fut son disciple, et après lui Platon et Aristote, Galien et Hippocrate, ainsi que les Arabes et, plus près de nous, Arnaud de Villeneuve et Raymond Lulle. L’intention de ce texte apparaît clairement: il s’agit de donner à l’alchimie, qui passe pour une science jeune, comparée à la philosophie naturelle des Grecs ou à la médecine, une antiquité telle qu’elle surpasse tous les autres savoirs. Les fabricants d’une telle histoire ne sont pas forcément de mauvaise foi, puisqu’ils ont entre les mains des traités alchimiques attribués à Platon ou Aristote, dont on suppose qu’ils ont appris cette science d’un maître plus ancien. On s’imagine alors, bien entendu, que la science est toujours le résultat d’une transmission, plutôt que d’une découverte progressive, ou plus exactement que la découverte n’est jamais que la réappropriation d’un savoir constitué en des temps reculés, mais qui s’était perdu.

 

instructions à l’usage des apprentis – rite Écossais rectifiÉ

Jean ursin

EDITION DERVY

 1997

On s’accorde en général sur la nécessité primordiale de l’Instruction aux trois grades des Loges bleues. Et l’on s’accorde aussi… sur un constat d’insuffisance, voire d’inexistence.


Cela est d’autant plus regrettable pour les Frères qui viennent d’être reçus dans une Loge qui « travaille » au Rite Écossais Rectifié, « rameau très particulier de la Franc-maçonnerie universelle ». ll est en effet le seul à présenter une doctrine cohérente quoique difficile d’accès matériellement, intellectuellement et spirituellement. L’auteur prend le récipiendaire par la main et lui fait refaire le chemin parcouru, de la Chambre de Retraite à la prestation du Serment.

 

Les symboles qui se présentent au cours de la cérémonie sont étudiés et interprétés à la lumière des instructions et des textes Willermoziens.


Cette doctrine que Jean-Baptiste WILLERMOZ a infusé dans les Rituels, et ce dès le premier grade, est celle de l’ésotérisme chrétien et de la pensée de Martinez de PASQUALLY.

1 J

JANUS   et   L’INITIATION MAÇONNIQUE

PERCY  JOHN  HARVEY

EDITION  DERVY

 2009

Janus, le dieu aux deux visages, est l’une des plus anciennes divinités romaines.

 

Dieu des transitions et des passages, il regarde à la fois à l’intérieur et à l’extérieur et marque l’évolution du passé vers l’avenir. Retraçant l’ensemble des traditions occidentales qui ont structuré le langage symbolique de la franc-maçonnerie, Percy John Harvey propose, après une présentation du symbolisme classique de Janus, des interprétations et des variations graphiques autour de l’image binaire inspirée par l’ambivalence de ce dieu, et une réflexion sur les fonctions du symbolisme de Janus appliquées à l’initiation maçonnique.


P.J. Harvey a l’immense mérite de réunir une somme considérable d’informations sur les diverses formes extérieures qu’a pris la transmission initiatique. Janus et l’initiation maçonnique rassemble toutes les facettes pratiques visant à avancer dans une quête personnelle de l’Ultime Vérité.

Comme tout exposé, il ne fait pas le trajet à notre place mais nous permet de réaliser et de comprendre l’expérience de la splendeur de l’Être humain. Janus et l’initiation maçonnique nous montre tous les passages que les hommes ont détecté au cours de leurs recherches mais il appartient au lecteur de se laisser guider par les rituels de son rite, et de trouver son passage personnel, en lui, vers ces états subtils pour atteindre le domaine ineffable de l’Ultime.


Avec Janus vivons le temps de la vie dans la beauté de son intégralité et accomplissons par l’initiation, la liberté qui nous unit à la splendeur de l’éternité.

La méthode initiatique est universelle, le chemin est une science mais l’expérience et ses découvertes sont personnelles. L’expérience qu’aucun langage ne peut exprimer est toujours individuelle, seuls quelques symboles ou quelques dessins peuvent la suggérer. C’est pour cette raison que l’auteur a si abondamment illustré ses propos qui montrent le chemin possible à travers l’évolution des civilisations. La lumière, la vérité, le divin –peu importe son nom- ne peuvent qu’être éprouvés dans le silence de l’Être intérieur.

 

Quelques sujets traités dans cet ouvrage :


Hermès, la transmission, la porte du shintoïsme, Lewis Carroll, le calendrier romain, Janus et l’Ouroboros, la Clef, Abraham Cowley, l’espace et le temps, parabole zen, le cartouche de Luchon, le tarot, la croix philosophique ou la roue de la vie, la roue du bouddhisme tibétain, l’Androgyne et l’hermaphrodite, le Rébis, le nombre 43, Animus et Anima, Shiva androgyne, la Lumière et le Feu, les deux St Jean, le sceau templier, la croix templière, les gémeaux de Johfra, le soleil lame 18 du tarot, les poissons et la balance, le caducée d’Asclépios, le serpent, le lion et la licorne en héraldique, l’arbre, la Vesica Piscis, Ichtus, l’aigle bicéphale, le Tao et l’animus-anima, le masque et le miroir, la légende d’Hiram, les mystères antiques, entre l’équerre et le compas, l’Egypte, Thoth-Hermès, le Yin et le Yang, la main, Enoch, Booz et Jakin, le convent de Lausanne de 1875, les constitutions d’Anderson, temps sacré et temps maçonnique, les six directions de l’espace, la Patente d’une loge, les coups de maillets, la cosmogonie, la carré long, le fil à plomb, le tétragramme et Adonaï, la bannière, les forgerons, les métaux, la caverne, le cabinet de réflexion, la coupe des libations, les purifications, les serments, les quatre éléments, les 5 voyages du compagnon, les Arts libéraux, la pierre cubique à pointe, le retournement, Hiram et Jésus, les 5 points parfaits de la maîtrise, les mots substitués, le frère terrible, du terrestre au céleste, etc.

 

JANUS LE  PORTIER  DU  TEMPLE

Françoise  LECLERCQ-BOLLE DE BAL

EDITION DETRAD

 1999

Visage secret de Janus, dieu duel, dieu des portes et des passages, il est aussi l’introducteur, celui qui préside aux commencements et aux initiations. Il ouvre l’année en Janvier (mois de Janus) qui lui est consacré, ceci pour la figure romaine.

 

Il est aussi symboliquement porteur de multiples références à l’expérience maçonnique et à la réflexion philosophique. Ne serait-il pas le gardien des arcanes ? Car ce sont les portes qui enferment les secrets et en s’ouvrant les libèrent, les dévoilent.

 

L’image duelle de Janus fait surgir des thèmes binaires tels ceux du nomade et du sédentaire, du miroir et du double, des deux Saint-Jean (L’évangéliste et le Baptiste) et de leurs fêtes solsticiales. Janus portier du Temple ouvre et ferme les battants, laissant passage aux réflexions vagabondes…celles de l’auteur mais aussi celles des lecteurs intrigués par ces deux visages jumeaux et mystérieux. Ce texte se termine sur une évocation d’Hermès ;  Hermès dont Janus incarne une modalité, est l’éternel éphèbe farceur, le sourire en coin. Il pose des bornes pour qu’elles soient franchies, il contraint les hommes et les dieux à échanger pour survivre, il montre comment « les choses qui libèrent aliènent et comment ce qui aliène libère », comme la lyre qu’il offre à Apollon.

 

Ce livre développe les sujets suivants :

 

La porte s’ouvre, Janus dieu romain, les portes passages et commencements, Portunus et Junon, Quirinus et Mars, Janus et les monstres du seuil, les rites du seuil, le profane et le sacré, les monstres gardiens, la porte étroite et le pont, les seuils poreux, la porte du Temple et son passage, étymologie de Janus, le secret et le sacré, le secret du bonheur, les secrets métaphysiques et philosophiques, le secret maçonnique, Janus sédentaire et nomade, Caïn et Abel, Hestia et Hermès, la fourmi et la cigale, Tristan et Don Juan, illusion et réalité, le double, la science et la magie, la nuit, l’étranger, la mort, la vie, le temps, les deux Saint Jean, symbolisme et orientation.

L’auteur Françoise Leclercq de Bolle de Bal est licenciée en histoire de l’art et archéologie de l’université de Bruxelles, elle est spécialiste en symbolisme ésotérique et écrit dans de nombreuses revues maçonniques et initiatiques. Préfacé par Daniel Béresniak, ce livre incontournable dans sa bibliothèque, est un livre de bonheur et de réflexions ;

 

JANUS - les mystÈres du dieu janus

Jean Émile bianchi

 EDITION IVOIRE – CLAIR

 2004

Préfacé par Alain Pozarnik, ce livre sur Janus nous entraîne de la Rome Antique à la Franc-maçonnerie traditionnelle contemporaine. Janus, le dieu à deux faces, est l’un des moins connus et des moins populaires du panthéon des dieux antiques. Sans réel équivalent grec, c’est pourtant l’un des dieux les plus importants de Rome, si ce n’est le plus important car le plus ancien, le plus vénéré, présent dès avant la fondation de la Cité et protégeant jusqu’à la plus humble masure.


Ce dieu fondamental venu de la nuit des temps n’est-il pas un témoin de la Tradition primordiale commune à toute l’humanité ? Poursuivant sur ce sujet particulier les réflexions de René Guénon, de Raymond Abellio et de Mircéa Eliade, pour ne citer que quelques maîtres, Jean-Émile Bianchi éclaire d’un jour nouveau le dieu Janus, dont la valeur ésotérique fut longtemps incomprise et qui, de ce fait, fut écarté par des historiens qui ne savaient comment l’aborder. De la Rome des Césars à la Rome de Pierre, de la cité des hommes au cyberespace, quel héritage nous a légué le dieu « bifrons », ce témoin au travers du temps de la pérennité du plus haut idéal humain ?

 

Janus est une divinité romaine sur l'origine de laquelle les mythologues ne sont pas d'accord. Les uns le font Scythe ; les autres, originaire du pays des Perrhèbes, peuple de Thessalie ; enfin, d'autres en font un fils d'Apollon et de Creuse, fille d'Erechthée, roi d'Athènes. Devenu grand, Janus, ayant équipé une flotte, aborda en Italie, y fit des conquêtes et bâtit une ville qu'il appela de son nom Janicule. Toutes ces origines sont obscures et confondues. Mais la légende le fait régner, dès les premiers âges, dans le Latium. Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans ce pays, et fut accueilli par Janus qui même l'associa à sa royauté. Par reconnaissance, le dieu détrôné le dota d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires.

Le règne de Janus fut pacifique. C'est à ce titre qu'on le considéra comme le dieu de la paix. Le roi Numa lui fit bâtir à Rome un temple qui restait ouvert en temps de guerre, et qu'on fermait en temps de paix. Ce temple fut fermé une fois sous le règne de Numa ; la seconde fois après la deuxième guerre punique, et trois fois, à divers intervalles, sous le règne d'Auguste.

Ovide dit que Janus a un double visage parce qu'il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre ; il est aussi ancien que le monde ; tout s'ouvre ou se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l'univers. Il préside aux portes du ciel, et les garde de concert avec les Heures. Il observe en même temps l'orient et l'occident.

On le représente tenant d'une main une clé, et de l'autre une verge, pour marquer qu'il est le gardien des portes (januæ) et qu'il préside aux chemins. Ses statues marquent souvent de la main droite le nombre de trois cents, et de la gauche celui de soixante-cinq, pour exprimer la mesure de l'année. Il était invoqué le premier lorsqu'on faisait un sacrifice à quelque autre dieu.

Il y avait à Rome plusieurs temples de Janus, les uns de Janus Bifrons, les autres de Janus Quadrifrons. Au-delà de la porte du Janicule on avait élevé, en dehors des murs de Rome, douze autels à Janus, par rapport aux douze mois de l'année. Sur le revers de ses médailles on voyait un navire ou simplement une proue, en mémoire de l'arrivée de Saturne en Italie sur un vaisseau. Le mois de janvier (januarius), auquel le roi Numa donna son nom, lui était consacré.

 

JANUS – LES  PORTES

Divers Auteurs

ARCADIA

 2006

Janus, Dieu ambivalent à deux faces adossées, son origine est indo-européenne, il est l’un des plus anciens dieux de Rome. D’abord dieu des dieux, il devint le dieu des transitions, des passages et des portes, marquant l’évolution du passé à l’avenir, d’un état à un autre, d’une vision à une autre, d’un univers à un autre.

 

Il préside aux commencements : le premier mois de l’année lui est consacré (janvier, janua, januarius : la porte de l’année). Il intervient au début de chaque entreprise, tandis que les vestales président à leur achèvement, il dirige toute naissance, celle des dieux, du cosmos, des hommes et de leurs actions.

Gardien des portes qu’il ouvre et ferme, il a comme attribut la baguette du portier et la clef. Son double visage symbolise qu’il surveille aussi bien les entrées que les sorties, l’intérieur que l’extérieur, la droite que la gauche, le pour et le contre, mais aussi le haut et le bas.  Il incarne la vigilance.

 

Janus est une divinité latine, sur le caractère et les attributions de laquelle les mythologues ne sont nullement d'accord. Les anciens Latins adoraient Janus comme un génie bienfaisant qui veillait à la prospérité des familles et défendait l'entrée des maisons contre les attaques des esprits funestes. De là le nom de janua, donné à la porte, et celui de janus, à un passage voûté ouvert des deux côtés. Il est probable cependant que, même dans l'origine, les attributs du dieu ne se bornaient pas à cette fonction toute matérielle, et qu'il présidait symboliquement au début de toutes choses. Tel était du moins le caractère du Than étrusque, qu'on identifia avec Janus, dans la suite des temps. Chez les anciens Tusques, Than, l'un des dieux suprêmes, était surtout regardé comme dieu des augures, qui, avant de commencer leurs opérations divinatoires, traçaient dans le ciel, avec le lituus, deux lignes perpendiculaires l'une à l'autre, et dont chaque extrémité était dirigée vers un des points cardinaux. De là sans doute l'usage de représenter Janus avec deux ou quatre faces, et de donner le même nombre de portes à ses temples.

 

En adoptant le culte du dieu, les Romains l'altérèrent, par le mélange des traditions et des symboles nationaux. Ainsi, on l'identifia quelque fois avec le soleil, en tant que dieu du ciel. Suivant Servius, son double visage désigne le commencement et la fin du jour, ses quatre faces les quatre saisons. Le même auteur rapporte qu'on représenta Janus avec deux visages, comme symbole de l'alliance des Romains et des Sabins, après un traité entre Romulus et Tatius. D'autres y voient le symbole de la connaissance du passé et de l'avenir. Une fois le Janus étrusque, dieu des augures, adopté par les Romains, il devint naturellement le dieu qui préside au commencement, au début de toutes choses, si toutefois il n'avait pas déjà cette fonction primordialement. Aussi lui consacra-t-on le premier mois de l'année, et lui offrait-on les premières libations dans les fêtes des dieux. On le faisait présider au point du jour, sous le nom de pater matutinus. Enfin, on ouvrait les portes de ses temples lorsqu'une guerre commençait.

 

Quant aux traditions mythiques sur Janus, voici les principales. Il est fils de Cœlus et d'Hécate, ou d'Apollon et de Créuse. Critolaüs, dans Plutarque, le fait naître de Saturne et d'Entoria, et dit qu'il se tua, ainsi que ses frères Hymnus, Faustus et Félix, par suite du chagrin que lui causa la mort de son grand-père maternel, lapidé par des paysans ivres. Les Romains, frappés de la peste, consultèrent l'oracle, qui leur ordonna d'élever à Saturne et à ses quatre fils un autel avec quatre visages. Ils nommèrent aussi januarius l'un des mois de leur année. Quant aux morts, ils furent placés parmi les astres de protrygéterès. Suivant Ovide, Janus était au commencement de toutes choses, et, lors de la séparation des éléments, eut sous sa présidence le ciel, la mer, les nuages, la terre, la guerre et la paix. D'autres traditions plus vulgaires relient Janus à un état de prospérité de l'Italie, semblable à l'âge d'or des Grecs, et le placent à la tête de toute civilisation. Époux et frère de Camisa, il accueillit dans le Latium Saturne, chassé du ciel. Le dieu, reconnaissant, lui enseigna les premiers éléments de tous les arts, et tous deux gouvernèrent en commun. Suivant Athénée, Janus était un Grec, qui s'enfuit de son pays natal, et vint apporter à l'Italie les connaissances d'une contrée plus civilisée. Parmi les découvertes qui lui sont attribuées figurent l'art de la navigation et l'impression de la monnaie. Janus eut de Camisa, Æther et Clisthène ; de Vénilia Canens ; de Juturne, Fontus.

 

Le culte de Janus était très répandu chez les Romains. Le premier temple en l'honneur de ce dieu fut élevé par Numa. Il n'avait que deux portes, mais on en construisit un second en doublant ce nombre, après avoir trouvé une image du Janus quadrifons à la prise de Faléries. A Rome, le temple de Janus restait ouvert en temps de guerre, et ne se fermait qu'en temps de paix. Cet usage a été interprété de diverses manières, que nous ne rapporterons pas ici. On représentait Janus avec deux ou quatre visages barbus, ayant d'une main le lituus et de l'autre une clef, dans la figure de laquelle quelques-uns ne voient qu'une altération de la forme de l'ancienne baguette augurale des Étrusques. Il avait souvent le nombre de 300 dans la main droite, et celui de 65 dans la gauche, par allusion aux jours de l'année.

 

Georges Bretoi nous explique le symbolisme des portes en Chine et en Inde, y est développé les diverses portes étroites, haute et de matériau différents.

 

En F.M. la 11e porte du degré de Royal-Arche nous est expliquée et débouche sur une notion d’Infini que les kabbalistes appellent Ein Sof. Et qui est pourquoi pas, la porte des étoiles, ouvrant sur le cosmos et le Principe.

Jean Servier nous invite à visiter l’Egypte Pharaonique avec ses divers textes  parlant des Grandes Portes, dont le franchissement symbolise le franchissement d’un état de conscience à un autre, notamment dans la Psychostasie/Kérostasie. Le chapitre 125 du livre des morts explique comment la Porte parle et questionne l’adepte sur les noms de son fronton et de son seuil, l’adepte d’ailleurs à chaque porte dira la formule suivante « Dégage-moi le chemin, je te connais, je connais ton nom et je connais le nom du dieu qui te garde »  Jean Servier nous raconte également le Janus dans la Rome antique, où d’ailleurs les historiens se sont interrogé pour savoir la préséance entre Janus et Jupiter. Au fil du temps les romains donnèrent à ce dieu l’appellation de dieu des Portes, mais lui ajoutèrent par la suite le titre de Maître du Temps et de l’Eternité, dieu jouant un grand rôle dans les rituels de mort et dans les rites d’initiation comme dieu des passages, dieu symbolisant l’énergie primordiale.

 

Un article est consacré au Seuil, à la porte et au gardien du Seuil. Sont évoqué bien sur les portes solsticiales de Juin et de Décembre, porte des Dieux et porte des Hommes et les diverses interprétations. En Egypte, les portes des mastabas. On parle aussi des clefs qui sont le complément des portes, leur symbolisme ambivalent, leur utilité et leurs niveaux de lecture.

 

D. Rernould nous explique les portes sur les mondes parallèles, et met en relief le portail qui selon lui a une dimension cosmique et représente l’équilibre qui ouvre sur des espace-temps surnaturels.

Un travail sur Hadelet (porte en hébreu), nous convie au 4e degré, avec un prolongement sur la symbolique de la clé d’ivoire.

 

Henry Normand dans un très long article nous développe «La clef, synthèse de toutes les traditions » qui sous-entend « une seule réalité pour tous les phénomènes, un seul principe pour toutes les formes et une seule clef pour tous les principes ». Il nous fait voyager dans de nombreuses traditions et civilisations. 

 

Jean Claude Tribout se projette dans le miroir, chemin de la sagesse, il nous parle de Janus, du miroir ontologique et métaphysique.

 

René Guénon dans « les symboles de la science sacrée », explique le rôle de Janus et  développe sa théorie sur le livre de Charbonneau-Lassay qui fait le parallèle entre Janus et le Christ.

Dans une importante étude – Janua- Coeli – publié en 1946 dans les E.T. Ananda K. Coomaraswamy expose le symbolisme de la structure de l’autel védique avec ses trois briques creuses représentant les trois mondes – Terre, Atmosphère et Ciel – et avec trois autres briques représentent les Lumières universelles. Janus/Janua-Coeli symbolise ces passages à travers le soleil (soleil spirituel)

 

JEAN-BAPTISTE  WILLERMOZ  - Fondateur du Régime Écossais Rectifié

Jean-Marc Vivenza

Edition Signatura

 2012 

Si Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) fut toute sa vie persuadé que la maçonnerie était dépositaire de secrets essentiels, c’est sa rencontre avec Martinès de Pasqually en 1767, qui lui permettra de trouver dans l’Ordre des chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers ce qu’il avait toujours attendu en matière de connaissance, confirmant ses espérances à propos des mystères de l’initiation.

 

Mais loin d’en rester à un dépôt passif des enseignements reçus de Martinès de Pasqually va être à l’origine de l’œuvre de réforme la plus ambitieuse de la Franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, puisqu’en 1778 lors du convent des Gaules, introduisant au sein de la Stricte Observance, la doctrine de la réintégration préalablement christianisée, il fonde un nouveau système original : Le Régime Ecossais Rectifié.

 

En 1761 le « Comité des loges de Lyon » va l’élire Grand Maître, puis en 1763 il sera Garde des sceaux et grand Archiviste, à ce moment-là de son parcours, son cheminement correspond à celui où la maçonnerie incorpore un ensemble d’éléments épars, très divers, kabbale, alchimie, symbolisme, légendes chevaleresques, hermétisme etc.., Willermoz va se passionner pour ces degrés hermétiques, dont ceux du « Chevalier du Soleil  ou  des adeptes », de «  l’Aigle et du Pélican », de « saint André » ou encore « maçon d’Héredon » et que l’on regardait comme étant les grades suprêmes.

 

C’est vers 1764 que Willermoz semble s’orienter non pas vers l’obtention de titres et de grades honorifiques, mais vers la recherche de ce qui lui apparaitra comme étant l’essence véritable de la Maçonnerie, son objectif caché et authentique. Ainsi se confirme le trait principal de sa démarche : La quête du secret de la Vérité voilée aux yeux des profanes. Dans une lettre au baron de Hund, il lui écrira « Depuis ma première admission dans l’Ordre, j’ai toujours été persuadé qu’il renfermait la connaissance d’un but possible et capable de satisfaire l’honnête homme. D’après cette idée, j’ai travaillé sans relâche à le découvrir »

 

Au sommaire de cet excellent livre sur la vie et l’œuvre de Willermoz :

 

Les vérités du christianisme : Le traité des deux natures – de l’union mystérieuse des deux natures en Jésus Christ – de l’union du Verbe à Jésus – de la vie temporelle de Jésus Christ – de la nature quaternaire de Jésus Christ

La Divine Science : Doctrine de Moïse – La trinité et ses puissances créatrices – De l’émanation des êtres spirituels et des quatre classes qu’ils composent –

Lumières sur L’Ordre : Lettres à Joseph de Maistre – Lettre à Charles de Hesse-Cassel – Lettre à Jean de Turckheim –

Les Mystères de l’Initiation : Instruction secrètes des Chevaliers Profès (1778)- La Science de l’Homme avant la chute – L’Origine des initiations – Corruption de l’initiation primitive – L’élection et la conservation du culte divin – L’initiation du Temple de Jérusalem – Nature initiatique du Christianisme – Témérité des systèmes apocryphes – La fausse science –

Doctrine du Régime écossais rectifié : Instruction secrète des Chevaliers Grands Profès – La haute destinée de l’homme, unique fondement de toute initiation – Le vari but des initiations – Les deux classes initiatiques – Supériorité de l’initiation du Temple de Jérusalem

Instruction secrète des Chevaliers Grands Profès : Lumière et ténèbres au sein de l’univers – Création et émanation – L’homme et son origine – Mission de l’homme – Etat passif de l’homme corporel – Faute originelle de l’homme – Moyens de la Divinité en faveur de l’homme – Double nature d l’homme

 

je ne sais qu’Épeler !

J. corneloup

EDITION VITIANO

 1971

Arrivé à l’âge de la sereine Sagesse, devenu capable de porter, en plénitude de conscience et en totale luminosité d’esprit, un jugement objectif sur tout ce qu’il a pu voir, connaître et comprendre, Joannis Corneloup, accueillant favorablement la suggestion que nous avons eu l’honneur de lui faire, a complété son œuvre par ce nouveau livre fertile de valeurs spirituelles et humaines. Ses lecteurs s’en trouveront ainsi enrichis d’un complément de connaissances qui accroîtront bénéfiquement leur indispensable patrimoine maçonnique.


Répondant à notre invite, J. Corneloup – témoin de plus de soixante ans de vie maçonnique active et confident de plusieurs grands Francs-Maçons dont l’action positive a considérablement influé de manière parfois décisive sur l’évolution des hommes et des choses au sein de notre Ordre –, a consenti à rassembler, dans ces pages, des souvenirs d’une incontestable valeur historique, assortis de judicieuses observations dont la pertinence est évidente. Ce seront autant de précieuses sources originales et personnelles d’intérêt majeur et de sujets de méditations initiatiques.


Par-delà l’œuvre maçonnique et philosophique des Oswald Wirth, des Albert Lantoine, des René Guénon, des Marius Lepage, Joannis Corneloup nous instruit de la personnalité humaine de ces grands esprits marqués par le destin.

 

Ses lecteurs lui seront, assurément, redevables d’une appréciation plus exacte des apports de nos grands devanciers et d’un approfondissement de la signification de nos Rites et de nos Symboles. Corollairement, ils seront aussi en mesure de mieux pénétrer le sens précis et l’importance de graves problèmes qui, de nos jours, devront retenir l’attention vigilante des Francs-Maçons soucieux de l’avenir de notre Civilisation.

 

La fonction d’Epeler joue chez le tout jeune enfant un rôle primordial dans l’acquisition du langage. Il n’est par conséquent pas surprenant que ce “procédé” d’apprentissage graduel et performant soit utilisé à des fins initiatiques. 

 

Ainsi, lors de la cérémonie d’initiation, l’impétrant gardera pour toujours en mémoire l’énoncé du Mot Sacré, et ce malgré le trouble ou l’émotion qui peut le saisir. C’est grâce à cette séquence si particulière de l’épellation (répétée par trois fois) que cette transmission se révèle aussi efficace.

Une autre illustration du pouvoir de transmission de l’action d’Épeler se trouve dans le catéchisme de l’Apprenti. On questionne l’Apprenti ainsi : “Donnez-moi la Parole ?” et en réponse celui-ci avance “je ne sais ni lire, ni écrire je ne puis qu’épeler, dites-moi la première lettre, je vous dirai la seconde”.

 

Attardons-nous un instant sur le début de cette phrase (“je ne sais ni lire, ni écrire”)  et interrogeons-nous sur son sens. S’agit-il d’un interdit que l’on aurait intimé au frère apprenti ? ou son incapacité, faute de connaissance, d’aller plus loin dans l’énoncé de la parole ? La référence à d’autres versions du catéchisme nous éclaire sur ce point. Si l’on se réfère au catéchisme de l’apprenti repris dans l’ouvrage d’Oswald, la réponse apportée par l’apprenti est légèrement différente : “Je ne sais ni lire, ni écrire, je ne puis qu’épeler…”. C’est par conséquent le manque de connaissance qui empêche l’Apprenti de prononcer “ La Parole». Face au constat de son ignorance, l’apprenti a besoin d’être guidé. Il sollicite alors le Vénérable (“dites-moi la première lettre, je vous dirai la seconde”) et c’est par le biais de l’action d’épeler que la transmission va une nouvelle fois avoir lieu.

 

Cet apprentissage aurait pu être délivré d’un seul trait (sans être épelé), mais la connaissance transmise aurait alors perdu de sa force. Par l’action d’épeler l’enseignement devient progressif, à la mesure de l’apprenti qui avance par étape. Le Mot est de plus autant suggéré que donné. Ce procédé permet au récipiendaire non seulement de mieux l’intégrer, mais au-delà, d’appréhender la méthode de transmission en loge. La Méthode d’enseignement de la Franc-Maçonnerie sollicite les efforts intellectuels de chacun, tout en évitant d’inculquer des dogmes. – On met le néophyte sur la voie de la vérité, en lui donnant symboliquement la première lettre du mot sacré ; il doit trouver lui-même la seconde, puis on lui indique la troisième, afin qu’il devine la quatrième ” 

 

Rappelons de plus que le Frère lors de l’épellation est placé entre les colonnes. Or dans de nombreuses traditions hermétiques, “les colonnes étaient associées à la conservation et à la transmission de la connaissance». Ce qui accrédite encore la thèse selon laquelle Épeler permet de révéler et d’inculquer une connaissance supérieure.

 

Y sont développés :
Souvenirs maçonniques – Oswald Wirth, Albert Lantoine, Marius Lepage et la Revue « Le Symbolisme » – Une tentative avortée d’universalisme maçonnique : la « Philalèthe Society » – Théosophie et Franc-maçonnerie – La Théosophie : Réponse à l’angoisse humaine – Conception théosophique de la nature de l’Homme – L’enseignement moral de la théosophie – « La grande triade » et l’œuvre de René Guénon – Le secret et le serment – Le secret et la parole – L’homme et son origine – L’astrologie – L’homme et son destin : la notion de « Bonheur » ; la mission de l’Initié.

 

jÉsus dans la tradition maçonnique

J. rousse – lacordaire

Desclée de Browers

 2003

Rituels et symbolismes du Christ dans la Franc-maçonnerie française, telle est le sujet de ce livre, l’auteur s’attache à donner des références bibliographiques propres à la Franc-maçonnerie. Le rite français le R.E.R., le R.E.A.A., l’Écosse, les anciens devoirs, Hiram, Zorobabel, le Christ temple, les templiers, les Rose-Croix, Johann Valentin Andreae , le compagnonnage, des commentaires et des écrits pour expliquer que la Franc-maçonnerie ne fut pas antichrétienne et qu’aujourd’hui encore certaines obédiences théistes incorporent la figure de Jésus.

 

Ce titre a de quoi surprendre ceux qui ne voient dans la franc-maçonnerie qu'un adversaire du christianisme ou qu'une philosophie purement humaniste. Pourtant, la franc-maçonnerie étant née et s'étant développée en milieu chrétien, la figure de Jésus est présente dans la tradition maçonnique, même si c'est de manière très diverse et sous des formes parfois éloignées de celles que reconnaissent les Eglises. Plus encore, le visage de Jésus apparaît, dans des lieux cruciaux de la ritualité maçonnique : la légende d'Hiram, la symbolique du Temple et, enfin, le grade de Rose-Croix.

 Pourquoi privilégier une approche par les rites et les symboles ? Plus stables que les exposés doctrinaux, les rites recueillent durablement les significations des pratiques qui sont au cœur de la franc-maçonnerie.

 

Cet ouvrage entend donc avant tout s'inscrire dans le cadre d'une histoire des idées, mais sous l'angle particulier de l'imaginaire maçonnique. Il indique les sources et les cheminements historiques des rites et symboles du Christ dans la franc-maçonnerie française, et présente les regards que les maçons eux-mêmes ont pu porter sur cette dimension de leur patrimoine du XVIIIe siècle à nos jours. Les sources de cette histoire des métamorphoses maçonniques de la figure de Jésus étant dispersées, l'auteur s'est attaché à donner de nombreuses citations des documents maçonniques, des références bibliographiques commentées et un glossaire qui précise le sens du vocabulaire propre à la maçonnerie

 

Il y a certainement des liens entre la Franc-Maçonnerie et le Catholicisme. Jésus et Hiram sont des éléments clés d’une connaissance impliquant la croyance en Dieu. Jésus pour les Chrétiens est le fils de Dieu et le premier point de notre règle maçonnique, qui en comprend douze, est la foi en Dieu, Grand Architecte de l’Univers. Hiram et le Christ, bien que très différents, sont tous les deux des initiés. L’initiation est l’admission à une vie supérieure qui est considérée comme une seconde naissance, une régénération. Etre initié, c’est mourir pour renaître. L’Homme lutte contre sa mort et tend à la repousser, ce qui fait naître le mythe de la résurrection. Chaque nouveau Maître fait l’expérience du retour à la vie à travers un nouvel homme. C’est l’accès à l’aspect spirituel de la destinée humaine et la nécessité d’être initié.

Dans la Légende et le mythe d’Hiram, j’ai l’impression que le Christ apparaît en filigrane comme un prémisse de sa venue, de son histoire, même si la mort d’Hiram et celle du Christ associée à sa résurrection ne résonnent pas de la même façon. Hiram n’est pas un Dieu sauveur qui meurt pour sauver l’humanité. Il est l’exemple du juste qui triomphe du trépas et de la corruption, symbole de la destinée réservée au Maçon qui respecte ses obligations et qui remplit ses devoirs. Il y a en même temps quelques étonnantes similitudes qui apparaissent dans les Rituels : Hiram est tué  car il était porteur d’une parole et d’un secret qui lui valent la mort ; il ne ressuscite pas comme tel mais il ressuscite au moins pour les Maçons initiés. En effet Le grand architecte est mort comme un simple mortel. Son corps qui renaît dans la Maître a été placé entre l’équerre et le compas, les pieds situés à l’Est. Il n’est découvert que grâce au rameau d’acacia. Connaître l’acacia indique bien que l’on est initié aux mystères du 3ème degré. Il s’agit vraiment d’une mort initiatique où l’on meurt pour renaître de ses cendres vers une nouvelle vie.


C’est peut-être la même chose pour la résurrection du Christ. Le Christ se présente dans l’Évangile comme étant le Temple et présente les Chrétiens et l’Église autour de cette symbolique. La Franc Maçonnerie utilise également le Temple, symbole qui a certainement une référence Chrétienne ou Christique. Jésus est également le lien avec le Divin. C’est l’intermédiaire le plus haut, accessible aux mortels. Il s’adresse à tous en renaissant lui-même, après avoir délivré son message dont chaque homme doit faire le meilleur usage.

Hiram est le symbole de la connaissance toujours renaissante. La connaissance est infinie, avec elle on ne peut qu’avancer et évoluer. La notion d’une connaissance infinie me fait penser que l’œuvre d’Hiram ne peut être qu’une œuvre inachevée. Il est initié et devait donc mourir et renaître au travers des Maîtres. C’est cette œuvre inachevée que nous poursuivons plusieurs milliers d’années plus tard, par la poursuite de la construction du temple de Salomon qui nous est chère. L’œuvre de Jésus est également inachevée. Il nous a prouvé qu’il était l’envoyé de Dieu sur terre et que seule la foi pourrait permettre de poursuivre et de faire perdurer son œuvre. Ces notions communes d’œuvres inachevées expliquent les morts brutales et violentes de Jésus et d’Hiram. Ils savaient que les hommes les empêcheraient de vivre et qu’ainsi ils ne pourraient terminer leurs missions et leurs œuvres. Ils laissaient ainsi aux hommes initiés, la responsabilité de poursuivre sans cesse cette œuvre et ainsi de porter et de transmettre la parole.

Nous retrouvons également la notion de sacrifice dans la mort de Jésus et d’Hiram. Le Christ s’est sacrifié et lors de la communion, il est dit « Prenez et mangez, ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Du sacrifice, découle la sagesse. Le monde entier sera alors sauvé pour l’éternité. Jésus savait qu’il devait être arrêté et mourir pour ressusciter. Il avait d’ailleurs annoncé que l’un des apôtres le trahirait. Judas devait donc exister pour que l’Histoire s’accomplisse. De la même manière les trois mauvais compagnons devaient exister pour que la légende puisse également s’accomplir.

Hiram s’est également sacrifié en ayant conscience de l’aspect sacré de son acte. La tradition pourra ainsi perdurer et son enseignement sera perpétré au-delà de sa mort. Le Christ  quant à lui est divin, c’est un Dieu vivant, incarnant la complétude de la vie à la mort. Il est né, a vécu, est mort et ressuscité. Hiram est un humain qui a vécu et est mort en laissant le soin aux initiés de le faire renaître, revivre et de symboliser sa résurrection. Le mythe d’Hiram est donc celui de la réincarnation. C’est l’âme du Maître qui se réincarne dans le compagnon.

 

joseph de maistre Franc-maçon

P.  Vulliaud

Arché – Milan

 1990

Il était Franc-maçon, il avait un esprit rigoureux et une solide érudition qui  lui ont permis de diffuser un ésotérisme chrétien, élève de J.B. Willermoz il sut gagner à sa cause de nombreux partisans. Des zones d’ombre entourent le personnage. Ce livre très bien fait lève beaucoup de voiles sur ce personnage qui à la fin devient sympathique

Ainsi, à travers toutes les argumentations de Joseph de Maistre, son appartenance identitaire à la Franc-maçonnerie est indéniablement  rattachée au dogme chrétien  et au seul « Créateur ». Et pour préciser sa réflexion, il est nécessaire pour lui de remonter aux premiers jours de la création, alors qu’il n’existait rien si ce n’est le Créateur permettant de retrouver par cette méthode le lien indéniable et de surcroît cette filiation éternelle qui existe entre toutes créations de l’Eternel et l’homme, mais qui continue de perdurer malgré l’écoulement du temps. C’est pourquoi, Joseph de Maistre considère sans aucune ambiguïté que l’initiation maçonnique est par sa nature d’essence assurément religieuse et chrétienne.

De ce fait, pour lui au niveau des 3 grades le cheminement consistera à l’acquisition de connaissances spirituelles et de certaines valeurs. Ainsi, au niveau du premier grade, il s’agit d’un apprentissage gravitant autour de sciences humaines telles que la bienfaisance, l’éthique, l’ouverture d’esprit sur le monde, l’homme, la politique, l’environnement...

Autour du second s’articule pour reprendre l’expression de Joseph de Maistre « le grand œuvre de la Franc-Maçonnerie ». Il entend par là le devoir qui lie tous maçons envers ses frères, et même l’humanité tout entière par ses actions de bienfaisance, mais aussi de retrouver le chemin du vrai chrétien lui permettant de retrouver son état initial dégagé de toutes querelles politico-chrétiennes, qui au cours de l’histoire eut réussi à briser l’unité. Enfin, pour le 3ème grade, c’est la continuité de cette voie maçonnique dont le devoir est  de mettre l’accent sur cette recherche théologique  avec pour les uns la Bible comme outil qui reste incontestablement la voie des seuls initiés et des mystères des saintes écritures. Pour d’autres, une étude approfondie s’ordonnant à une connaissance accrue de la nature des choses, permettant une affirmation d’une certaine doctrine.

Enfin, pour une troisième catégorie de frères et Joseph de Maistre espère qu’ils soient les plus nombreux, ils nous révèlent ce qu’ils savent de cet esprit suprême qui crée et émane toutes choses en tous lieux et en tout temps. Vulliaud analyse à travers les propositions de cet homme l’échec de celui-ci qui voulait croire que la maçonnerie puisse être en quelque sorte la voie du catholicisme lui permettant son évolution. Cependant celle-ci prenait une toute autre direction vraisemblablement en raison de l’instabilité politique de l’époque et de sa propre histoire à la veille de son grand chamboulement, voire d’une orientation laïque déjà décidée. Il est difficile de donner une réponse, mais Joseph de Maistre juge avec amertume ce convent en ces termes « toute assemblée d’hommes dont le saint esprit ne se mêle pas ne fait rien de bon ». Ce dernier ne rejette pas pour autant ses pairs, ni ses convictions  puisqu’il défend celles-ci lors des attaques antimaçonniques de l’abbé Barruel qui accuse d’hérésie toutes les sociétés secrètes ayant été selon lui les artisans de la révolution. Cependant, au fil du temps et des bouleversements historiques de cette période, il met peu à peu de la distance, et évite de s’impliquer autant dans son engagement concernant le courant de l’illuminisme et celui du scepticisme de l’époque. Ainsi, le comte des soirées de Saint Pétersbourg est toujours convaincu du mystère des Saintes Ecritures contenues dans la bible, mais préfère finalement rester fidèle à l’église romaine qu’il juge plus rassurante puisqu’existant depuis plus de 1800 ans, plutôt que de suivre Saint Martin et ses disciples sur le chemin moins conformiste du Martinésisme suivant fidèlement les préceptes de leurs maître.

À propos de ce mouvement, il tourne quelque peu en dérision la composition du Traité et les termes qui y sont énoncés. Cependant, il reconnaît que la base n’est pas sans intérêt ayant une certaine authenticité, mais qu’elle a été détournée par des propos faussés car cet écrit sert la cause d’hommes refusant toute reconnaissance hiérarchique de l’église romaine. Pour lui finalement le seul intérêt  de  « cette secte » est  à la rigueur l’évangélisation  des pays privés d’églises permettant de convertir leurs populations à la chrétienté et les soumettre à ce qui s’y rattache. Ainsi, cet article met en évidence un homme à la fois théosophe voire, un martiniste sincère, et un catholique avisé. C‘est pourquoi, il n’est pas logique d’aborder Joseph de Maistre sans prendre en compte toutes les composantes de sa personnalité puisque la vision de celui-ci serait faussée altérant de cette manière sa pensée. Pour en terminer avec cette étude, en 1816 Joseph de Maistre lui-même se définit à travers ses propos comme un fidèle de l’église, mais reconnaît que sa fréquentation des martinistes lui a permis à travers l’étude du Traité et des rencontres effectuées de s’ouvrir sur d’autres horizons.

 

JUDAÏSME ET FRANC MAÇONNERIE- HISTOIRE D’UNE FRATERNITÉ

Luc NEFONTAINE et Jean-Philippe SCHREIBER

Edition Albin MICHEL

 2000

Par sa volonté d’être le « centre de l’union » entre les hommes, mais aussi par sa symbolique fondée sur le modèle du Temple de Jérusalem ou par les hébraïsmes qui foisonnent dans ses rituels, la franc-maçonnerie ne pouvait qu’entrer en sympathie naturelle avec le monde du judaïsme et ses symboles hébraïques.

 

Pourtant, les premiers francs-maçons protestants ou catholiques, n’ont pas accepté immédiatement d’initier des frères juifs dans leurs loges, et les trois siècles d’histoire de la maçonnerie ne sont pas vierges de tout préjugé antisémite, surtout en Allemagne.

 

Luc Nefontaine et J.P. Schreiber, enseignants libres de l’université de Bruxelles, spécialistes respectivement de la Franc-maçonnerie et du judaïsme, retracent ici le parcours complexe qui conduisit juifs et francs-maçons de la défiance au dialogue, en passant par le difficile exercice de la tolérance et de la fraternité.

 

Ils étudient aussi l’émergence d’un certain discours de haine qui, à partir de la fin du 19e siècle, s’en est pris au prétendu « complot judéo-maçonnique ». A travers cette fresque passionnante, la franc-maçonnerie se révèle une extraordinaire école de fraternité, qui aura été pour les juifs, le creuset social et philosophique où se préparait leur émancipation.

 

Au sommaire de cet excellent livre :

 

Le difficile apprentissage de la tolérance  -  Dialogue et tolérance à l’heure du thé  -  Pays-Bas, terre de tolérance  -  France, la voie royale de l’émancipation  -  Le pays des lumières  -  Intolérance et exclusion en Allemagne  -  Des loges juives asiatiques  -  Lessing et Mendelssohn  - 

Les lents et longs chemins de l’intégration  -  Tolérance, régénération et émancipation  -  De la Révolution française à la chute de Napoléon  -  L’aurore naissante de Francfort  -  Sur les traces des armées de Napoléon  -  L’apogée du libéralisme allemand  -  Quand Berlin fait de la résistance  -  Le poids de l’antisémitisme en Europe  -  Les juifs intégrés en Europe occidentale  -  Judaïsme et modernité  -  Les juifs séfarades dans les loges  -  Campagne en faveur de l’admission des juifs en loge  -

L’affirmation d’une présence sociale et politique  -  Appartenance maçonnique et leadership communautaire  -  Crémieux, prototype du maçon juif  -  L’Alliance israélite universelle  -  L’affaire Dreyfus et ses avatars  -  En Angleterre, des maçons engages  -

Vers une religion de l’humanité   -  La maçonnerie et le judaïsme moderne  -  Face aux dogmes catholiques  -  La maçonnerie vue par le judaïsme traditionnel  -   Pratiques maçonniques et pratiques religieuses  -

Le mythe du complot judéo-maçonnique  -  La thèse  -  Descente aux enfers  -  La corruption de la société chrétienne  -  Les protocoles des Sages de Sion  - 

Aspects contemporains d’une histoire partagée  -  La maçonnerie palestinienne en Israël  -  Le B’nai B’rith  - Des rites réserves pour les juifs ?  -  Les hébraïsmes dans la franc-maçonnerie  -  Un ésotérisme juif et maçonnique : la kabbale  -  Judéité et maçonnéité  -  Des points de vue communs ou essai de concordisme  - 

1 K

 KIPLING  RUYDIARD

 DIVERS  AUTEURS

ARCADIA 

 2004

Rudyard Kipling né le 30 Décembre 1865 à Bombay, où son père est professeur à l’école des Beaux-Arts. Il sera baptisé selon le rituel de L’Eglise anglicane. Il fait ses études en Angleterre de 6 à 16 ans, puis retourne en Inde, où à l’âge de 20 ans il est initié franc-maçon (5 Avril 1886). Son amour du rituel transpire dans son livre « Dans l’intérêt des frères ». La plupart de ses récits sont truffés d’allusion à la franc-maçonnerie.

 

Est mis en valeur et expliqué ses grands textes, dédiés à la tolérance, à l’humanisme,  à la fraternité et à la spiritualité comme : La Loge MèreTu seras un Homme mon filsLe testament de l’Initié Nuit d’agapes - La loge à WindsorArmageddon …

 

Yves Hivert-Messeca nous raconte une partie de sa vie en Afrique du sud, lors de la guerre des Boers, sa passion pour la France et pour l’écriture

 

Renaissance Traditionnelle sur une vingtaine de pages décortique son ouvrage « Dans l’intérêt des frères » et donne des significations et explications symboliques sur divers mots, avec forces notes.

 

Enfin un glossaire Kiplinien enrichit ces textes et donne une vision maçonnico-anglaise de l’époque forte intéressant.

 

Testament maçonnique de Kipling :

 

Je ne suis qu’un homme parmi les hommes, Mais j’ai répondu sous le bandeau et j’ai gravi les trois marches. J’ai vu l’étoile flamboyante, j’ai fait le signe. Je suis un maillon de la Chaîne ! La Chaîne est longue. Elle remonte jusqu’au siècle d’Hiram, et peut-être plus loin encore. On trouve notre signe sur les pierres dans les déserts de sable sous le ciel pur de l’Orient, dans ces plaines où s’élevaient les temples colossaux, poèmes purs de la puissance et de la gloire.

 

On trouve notre signe sur les papyrus que l’âge a teinté d’ocre, sur les feuilles où le calame a tracé les phrases les plus belles qu’un être ait pu lire. On trouve notre signe sur les hautes cathédrales aux sommets sublimes aérés par les vents des siècles  On trouve notre signe jusque sur les conquêtes de l’esprit qui font l’humanité meilleure, sur la partition de Mozart, sur la page de Goethe, le livre de Condorcet, les notes d’Arago.

 

Et pourtant, je ne suis qu’un homme parmi les hommes, un homme sans orgueil, heureux de servir à sa place, à son rang, je ne suis qu’un maillon de la Chaîne, mais je me relie à l’Univers dans l’espace et dans le temps. Je ne vis qu’un instant, mais je rejoins l’Eternel. Ma foi ne saurait faire couler le sang, je ne hais point, je ne sais point haïr. Je pardonne au méchant parce qu’il est aveugle, parce qu’il porte encore le bandeau, mais je veux l’empêcher de mal faire, de détruire et de salir. A ma place, debout et à l’ordre, j’ai travaillé de mon mieux. Dans toutes les heures de la vie, mon cœur est demeuré fidèle. Je me suis dépouillé des métaux, j’ai combattu jusqu’à la limite de mes forces le fanatisme et la misère, la sottise et le mensonge.

 

Je ne crains rien, pas même ce sommeil que l’on appelle la mort. J’espère supporter la souffrance avec l’aide des miens, je saurai subir ce qui doit être subit parce que c’est la loi commune. J’aurais dégrossi la pierre, accompli ma tâche en bon ouvrier par l’équerre et le compas Quand je partirai, formez la Chaîne. Rien ne sera perdu de ce qui fut donné. Je resterai toujours parmi vous car je vous laisserai le meilleur de moi-même, oh fils de la Lumière

 

KIPLING -  OEUVRES  -   BIBLIOTHḔQUE DE LA PLḖIADE   -   3  VOLUMES

Sous la direction de Pierre Coustillas

 Edition Gallimard –La Pléiade

 1996

3 livres – 1521 pages – pour raconter l’oeuvre de cet immense érudit, philosophe et écrivain  -

 

Kipling reste un conteur merveilleux, qui met en scène les mondes les plus divers : la société anglo-indienne de Simla, ses clubs fermés et ses intrigues ; l'armée anglaise et ses hommes de troupe à la prose truculente ; enfin le monde des indigènes. Il y a chez Kipling une soif de réalisme et l'attirance pour les phénomènes étranges et surnaturels ; et aussi un mélange étonnant de brutalité et de tendresse. Il se plaît à décrire les actes les plus violents et les histoires d'amour les plus touchantes. Il lève le voile sur «une grande partie de la véritable vie de l'Inde». Un univers d'action qui n'exclut pas la compassion pour les humbles et les déshérités.

 

L'univers de Kipling est riche d'allusions historiques, géographiques. Sa langue est difficile, volontiers elliptique, argotique, émaillée de vocables indigènes. Une introduction à l'homme et à l'œuvre, une chronologie, des notices à chacun des textes, un répertoire du vocabulaire et des noms de lieux, des cartes de l'Inde permettent d'appréhender cette œuvre fascinante qui n'a que l'apparence de la simplicité.

 

30 décembre 1865 : Naissance à Bombay de Rudyard Kipling – Rudyard est le nom d’un lac du Staffordshire au bord duquel ses parents se sont connus. Son père enseigne à l’École des beaux-arts de Bombay et sa mère est proche des milieux artistiques et intellectuels de son époque. Sa sœur, tante de Rudyard, est l’épouse du peintre Edward Burne-Jones.

 

1871 : Le jeune garçon est envoyé en Angleterre pour son éducation, pratique courante à l’époque chez les familles habitant l’Inde. Il passera onze années dans la métropole.

 

1877 : Entrée à l’United Services College de Westward Ho ! dans le Devonshire. Il évoquera ses années de collège dans Stalky and co (Stalky et Cie), publié en 1899.

 

1881 : Kipling devient rédacteur en chef du journal de son collège ; il en écrit la plupart des articles. Ses parents réunissent certains de ses poèmes en une plaquette hors commerce distribuée avec le Civil and Military Gazette, le grand quotidien du Pendjab – initiative peu appréciée par le jeune homme.

 

1882 : Le 18 octobre, Kipling est de retour à Bombay. Son père a obtenu pour lui un poste de sous-directeur à la Civil and Military Gazette, qu’il occupera jusqu’en août 1887, publiant articles et contes.

 

1885 : Publication de Quartette, recueil de textes écrits par les quatre membres de la famille Kipling.

 

1886 : Kipling publie son premier ouvrage en propre, les Departmental Ditties (Chants des divers services), recueil de vers de circonstance. Parution des premiers des Plain Tales from the Hills (Simples contes des collines) dans la Gazette. Leur publication durera jusqu’au 10 juin 1887. Il intègre une loge maçonnique.

 

1887 : Kipling est nommé rédacteur en chef adjoint du Pioneer d’Allahabad. Il travaille également pour The Week’s News, édition hebdomadaire du journal diffusée en Angleterre. Son activité de journaliste et de reporter lui permet d’accumuler, en six ans, de vastes connaissances sur la civilisation indienne et sur la vie dans les colonies.

 

1888 : Publication en volume des Simples contes des collines, suivis la même année de six recueils de nouvelles initialement parues dans The Week’s News.

 

1889 : Quittant l’Inde, Kipling visite la Birmanie, la Malaisie, Hong Kong, le Japon, les États-Unis, l’Angleterre. Il s’installe à Londres jusqu’en 1891.

 

1890 : C’est l’année du lancement de Kipling, dont les publications sont très nombreuses dans la presse anglaise. Une année lui suffit pour devenir célèbre tant en Angleterre qu’aux États-Unis. Il rencontre des personnalités du monde littéraire, dont Charles Wolcott Balestier, qui deviendra son agent américain et son meilleur ami, et avec lequel il écrira en 1891 un roman, The Naulahka. Voyages en France, en Italie.

 

1891 : Publication de son premier roman, The Light that failed (La Lumière qui s’éteint). Long voyage en Afrique du Sud, en Australie, à Ceylan et en Inde, où il ne reviendra plus. En décembre, il est de retour en Angleterre. Balestier meurt de la fièvre typhoïde.

 

1892 : Kipling épouse Caroline Starr Balestier, sœur de son ami. Henry James, également ami des Balestier, est témoin du mariage. Le couple s’installe à Brattleboro, dans le Vermont, auprès de la famille de Caroline. Le 29 décembre, naissance d’une fille, Joséphine.

 

1894 : Voyage dans l’archipel des Bermudes, puis visite aux parents de Kipling, en Angleterre. The Jungle Book (Le Livre de la jungle), suivi en 1895 du Second Jungle Book.

 

1896 : Naissance d’une fille, Elsie. Les Kipling quittent précipitamment les États-Unis, après une querelle avec le frère de Caroline. L’auteur souffre également du très fort sentiment anti-britannique des habitants de Brattleboro. Installation définitive en Angleterre, dans le Surrey.

 

1897 : Parution de Captains Courageous (Capitaines courageux). Naissance d’un troisième enfant, John.

 

1898 : En début d’année, Kipling se rend en Afrique du Sud, où il ira passer de nombreux hivers jusqu’en 1908. À l’occasion du jubilé de la Reine Victoria, l’auteur publie « Recessional », poème considéré comme une célébration de l’impérialisme britannique. En décembre, la famille effectue un voyage aux États-Unis.

 

1899 : Sa fille Joséphine meurt d’une pneumonie, contractée pendant leur voyage aux États-Unis. Kipling publie « The White Man’s Burden » (Le Fardeau de l’homme blanc), nouveau poème célébrant l’impérialisme. En Afrique du Sud éclate la guerre des Boers. Partisan farouche de la cause britannique, l’auteur passe huit mois en Afrique du Sud, où il fondera The Friend, journal de soutien aux Britanniques.

 

1901 : Parution de Kim, accompagné d’illustrations réalisées par son père.

 

1902 : Publication des Just so Stories (Histoires comme ça), illustrées par l’auteur. S’installe à Burwash, dans le Sussex.

 

1907 : À quarante ans, Kipling reçoit le prix Nobel.

 

1909 : Délaissant l’Afrique du Sud, l’auteur ira désormais passer ses hivers en France. Les deux années qui suivent sont marquées par des deuils particulièrement douloureux : son père et sa mère décèdent à quelques mois d’intervalle.

 

1914 : Après la déclaration de guerre, Kipling apporte son soutien à la Croix-Rouge. Il se rend l’année suivante sur le front français. Son fils John meurt au combat.

 

1919 : Kipling est nommé membre de la commission des sépultures militaires.

 

1921 : Jouissant d’une très grande popularité en France, l’auteur est fait docteur honoris causa des universités de Paris et de Strasbourg.

 

1922 : Rencontre le roi George V, dont il devient l’ami.

 

1932 : Dernier recueil de nouvelles, Limits and Renewals (Limites et renouvellements).

 

18 janvier 1936 : Mort à Londres des suites d’une hémorragie.

 


Au sommaire  de ces 3 ouvrages :

 

1e Livre : Introduction et chronologie   -  Simples contes de montagne   -  Trois hommes de troupe  -  l’histoire des Gadsby   -  Wee Willie Winkie et autres récits  -  La lumière qui s’éteint  -    Les handicaps de la vie  -  répertoire des noms  -  vocabulaire indien et anglo-indien   -

 

2e Livre : Tours et détours  -  Le livre de la jungle   -  Le second livre de la jungle  -   Capitaine courageux   -  La tâche quotidienne  -  Stalky et Cie   - 

 

3e Livre : Kim  -  Périples et découvertes   -  Actions et réactions   -   Adieu les fées   - 

 

KIPLING - dans l’intÉrêt des frÈres – nouvelle maçonnique

Rudyard kipling

DERVY

 2000

Écrite en 1917, publiée tout d’abord en Angleterre dans The Story-Teller Magazine et aux USA dans le Metropolitan de décembre 1918, la nouvelle In the Interests of the Brethren (Dans l’intérêt des frères) a été intégré en 1926 aux 14 récits du recueil Debits and Credits, précédée du poème Banquet Night (Nuit d’Agapes). 

 

Cette nouvelle nous conte l’histoire d’une rencontre dans le sud de Londres en 1917 : celle du narrateur avec Lewis Holroyd BURGES, marchand de tabac. Ce gentleman a perdu son fils à la guerre et il occupe la Chaire du Roi Salomon, c’est-à-dire la présidence, dans la loge Fait and Works 5837, E.C. (La Foi et les Œuvres n° 5837, Constitutions anglaises).

 

Pour la compréhension, l’auteur fait une présentation de Rudyard KIPLING Franc-maçon, suivie de notes et de deux annexes qui éclaireront la nouvelle et le poème.

 

Cet article fut écrit dans la revue Renaissance Traditionnelle, ces deux auteurs, Pierre Gauchet et Roger Dachez proposent de rectifier certaines fausses vérités colportées par certains maçons, mais aussi celles trouvées dans une littérature plutôt moderne abordant parfois la biographie maçonnique du frère Joseph Rudyard Kipling. Et par la même, à travers ce travail d’analyse nos deux rédacteurs nous proposent également une traduction plus exacte et plus affinée de termes et grades maçonniques retrouvés dans certains ouvrages.

La base de leur travail prend notamment appui dans 2 livres "le dictionnaire de la Franc-maçonnerie" et celui de la prestigieuse édition de la Pléiade "Œuvres de R. Kipling". Au regard de leurs lectures et de leurs connaissances en maçonnologie ou, encore en histoire, nos deux auteurs permettent ainsi de rétablir une vérité plus juste sur la progression, l’activité et le cheminement maçonnique de ce frère du 19ème siècle.

Mais avant d’aller plus loin dans le travail que je propose de résumer faisons un aparté pour rappeler qui était Joseph Rudyard Kipling. C’est un écrivain d’origine Anglaise qui nait sur le continent Indien au 19ème siècle à l’époque de la colonisation Britannique implantée en Inde et en Birmanie (actuellement le Myanmar).

Cet homme est reconnu pour son talent comme un précurseur sur sa façon d’écrire des nouvelles. De la fin du XIX au milieu du XX il reste en Angleterre un des auteurs les plus populaires de cette époque. D’autant plus que, certains critiques lui reprochent parfois de faire l’apologie de l’impérialisme Anglais. Tout au contraire, d’autres lui reconnaissent d’être un fin analyste sur la façon dont l’empire était vécu même si parfois il suscitait une controverse. Il voit le jour à Bombay le 30 décembre 1865 et meurt le 18 janvier 1936 à Londres à l’âge de 71 ans. Toute sa vie sera marquée par les premières années de son existence et de son amour pour le territoire Indien. D’ailleurs, il écrira de nombreux ouvrages, romans, poèmes ou nouvelles influencés par ces pays asiatiques qui resteront jusqu’à la fin de sa vie au plus profond de fond de son cœur. Un certain nombre de ses romans sont portés à l’écran (le livre de la jungle, Kim, capitaine courageux etc.).

 

On note que ces histoires ont souvent un double sens, celui du continent Indien bien évidement mais aussi, celui rappelant un certain vécu initiatique. D’ailleurs, c’est sans doute dans "Kim" paru en 1901 et reconnu universellement comme un chef d’œuvre puisque ce travail fut récompensé en 1907 par le prix  Nobel de Littérature et dans lequel il nous raconte l’histoire d’un jeune garçon Indien rentrant en apprentissage chez un maitre Lama. Ce roman nous permet d’établir un témoignage et un parallèle avec un cheminement initiatique. Mais voyons sommairement la biographie de R. Kipling. Il est donc né en Inde dans une grande maison coloniale au XIX siècle dans une famille plutôt pauvre d’origine protestante de la branche méthodiste .Son père fils et petit-fils de pasteur mourra en 1911 et fut professeur des beaux-arts, enseignant la peinture et la sculpture. Sa mère qui mourra en 1900 est issue de la famille Macdonald puisqu’elle est la sœur du célèbre ministre Canadien et la fille d’un pasteur méthodiste. Le couple part rapidement à Bombay pour honorer un poste de professorat et ils donneront naissance en Inde à une fratrie de 3 enfants dont Joseph Rudyard Kipling. Celui-ci se mariera le 18 janvier 1892 aux U.SA avec Caroline Balestier. Ils auront 2 filles et 1 garçon. Mais R. Kipling perdra rapidement 2 de ses enfants. Sa fille ainée mourra en 1899 à 5 ans. Son fils né en 1897, sera le dernier des Kipling emportant dans la mort son nom.

 

Il est lieutenant dans l’armée Irlandaise et meurt en 1915 en Belgique à 18 ans durant la bataille de Loos en Gohelle. A titre posthume, son père écrira en 1918 l’histoire des gardes Irlandais corps d’élite dans lequel son fils s’était engagé. Mais revenons à l’enfance de cet écrivain Anglais. De 6 à 16 ans le jeune Kipling et sa sœur ainée partent envoyés par leurs parents en Angleterre pour parfaire leur éducation Britannique. En premier lieu placé à 6 ans avec sa sœur dans la famille Holoway. Le garçonnet est maltraité et humilié quotidiennement. Mais durant les vacances les enfants vont chez un oncle et une tante qui leur apportent beaucoup d’affection. R. Kipling intègre en Janvier 1878 à 13 ans un collège anglais à Westward Ho dans le Devon. C’est un établissement qui prépare les adolescents à une future carrière militaire anglaise. Bien que les débuts soient difficiles, R. Kipling finit par se faire de nombreuses amitiés et se fait remarquer pour son don en écriture.

 

Par ailleurs, ces années furent ses premières sources d’inspirations pour raconter dans un recueil les aventures d’adolescents connus sous le titre de "Stalky et Cie". À l’âge de 17 ans, ses parents trop pauvres ne peuvent pas lui payer des études supérieures et il n’obtient aucune bourse lui permettant d’entrer à l’université d’Oxford. Il finit par les arrêter et rejoint ses parents à Lahore en Inde (Actuel Pakistan, Nord-Ouest de l’Inde) où son père vient d’être nommé Directeur du conservatoire des œuvres architecturales et enseigne la peinture et la sculpture. En 1883, à 18 ans R. Kipling grâce à des relations familiales obtient un poste de journaliste dans "the civil and military Gazette". Il y travaillera durant 7 années. Mais ce n’est qu’entre 1888 et 1889 que R. Kipling se fit connaitre en publiant des récits sur la vie des Anglais en Inde. Ce travail révèle sa profonde identification et admiration pour ce peuple. Après cette période il fit de longs voyages en Asie, au Canada et aux Etats unis.

 

À partir de 1889 il quitte définitivement l’Inde pour les USA, vit quelques temps dans le Vermont où il travaille en tant qu’écrivain. Il épouse sa femme en 1892 et en1897, il part définitivement revivre en Angleterre avec son épouse et ses enfants où il achète un vieux manoir du XVIIème dans le Sussex. Toutefois c’est le 1er Avril 1886 que commence son cheminement Maçonnique. Il a 20 ans et trois mois et obtient une dispense puisqu’il est encore mineur. Il rentre dans la loge de son père "Hope and Perseverance" N° 782 à l’Orient de Lahore. Le 3 mai 1886, il passe au second grade. Et le 6 décembre 1886, il est élevé à la maîtrise dans cette même loge. Il devient en janvier 1887, l’un des officiers puisqu’il tient le plateau de secrétaire de sa loge. Cette même année, il est affilié à la Loge Fidelity N° 98 à l’Orient de Lahore.

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