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Chapitre 1 L   ( Maçonnerie )

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1 L

l’abcdaire de la franc-maçonnerie

j.f. daudin

 EDITION  FLAMMARION

 2003

C’est toujours une démarche volontaire qui préside à l’entrée en Franc-maçonnerie. Ni le hasard, ni la pression d’un groupe extérieur ne peuvent contraindre quiconque à intégrer une obédience ou une autre. C’est bien là toute la différence entre la maçonnerie et les sectes ; il est difficile d’y entrer, et facile d’en sortir.

 

Il n’y a pas d’embrigadement, pas de prosélytisme, mais une véritable démarche individuelle, guidée par une interrogation personnelle sincère et profonde. « J’ai besoin de quelque chose d’autre dans ma vie » est la réponse qui vient le plus souvent à l’esprit du profane que l’on interroge sur sa candidature. Hommes et femmes viennent chercher dans les loges un espace de respect, de réflexion, de travail individuel et collectif, qu’ils n’arrivent pas à définir, mais qu’ils perçoivent à la fréquentation de Francs-maçons.

 

Cet Abécédaire avait au départ été rédigé par Jean-Frédéric Daudin et édité par Flammarion. Il avait été réédité et diffusé en complément de L’Express. Pour la Belgique, il s’est agi de l’adapter en tenant compte à la fois du PMB (paysage maçonnique belge) et des différences d’approches et de pratiques. Des entrées ont été naturellement ajoutées à cet Abécédaire de la Franc-Maçonnerie pour fournir ainsi des informations sur les Obédiences (avec des chiffres à jour), institutions (Musée) ou personnalités maçonniques belges. Ce travail d’adaptation a été confié à Jiri Pragman.

 

Pour la rédactrice en chef Christine Laurent, ce Vif Extra a pour ambition de raconter la franc-maçonnerie. D’éclairer le curieux, de l’informer, de lui ouvrir toutes grandes les portes des différentes obédiences pour qu’il puisse juger en connaissance de cause, élargir ses horizons, lever le voile. Pénétrer les origines de la franc-maçonnerie, ses pratiques, son histoire, ses symboles, ses rites et rituels… le voyage est riche, très riche. Un soin particulier a été apporté aux illustrations qui proviennent du Musée belge de la Franc-Maçonnerie, de collections de 2 Loges belges et de collections privées.

Déjà longtemps avant l'invention de l’imprimerie, des manuscrits étaient répandus dans les écoles pour servir de manuels de lecture et de prière. On suppose que les catéchismes pour les enfants existaient dès le VIIIe ou IXe siècle. Les abécédaires en bois pour l'enseignement sont évoqués dans un manuscrit anglais du XIVe siècle.

 

Dès la fin du XIVe siècle, des manuscrits de caractère pédagogique nous ont été transmis, qui commencent par une croix et un alphabet, et contiennent diverses prières. D'environ 1400 nous est parvenue une copie d'une œuvre de Sacrobosco, montrant un abécédaire avec des chiffres arabes.

 

Il est possible que les abécédaires soient un développement des tablettes de cire que l'on pouvait effacer et réécrire. Mais on ne sait pas quand exactement le premier abécédaire a été fait. Les plus anciens exemplaires en bois datent du XVe siècle, mais on parlait déjà d'un très ancien exemplaire en plomb. Sur de nombreuses stèles, ainsi que sur de petits vases devant servir d'encriers faits par les Etrusques, figurent des abécédaires. On connait aussi des abécédaires de Grande-Bretagne romaine, et de France gallo-romaine. Dans les anciennes tuileries et habitations, on trouve des tuiles de toit qui portent un alphabet, parfois même des textes plus longs. Ceux-ci avaient été gravés dans l'argile encore humide avant la cuisson dans la tuilerie, où les travailleurs apparemment apprenaient à lire et écrire au moins de façon rudimentaire. Comme le rapporte Eginhard dans sa Vita Karoli Magni, Charlemagne a essayé, pendant ses insomnies, d'apprendre à écrire avec un abécédaire et du papier, apparemment sans succès.

 

Il existait probablement deux variétés d'abécédaires les plus anciens, produits systématiquement : les uns avec une écriture cursive, pour apprendre à écrire en copiant les lettres, les autres avec des lettres d'imprimerie pour apprendre à lire. Sur les tablettes les plus anciennes ne figurait que l’alphabet. Sur des exemplaires plus tardifs, une prière suivait l'alphabet (le plus souvent le Credo, qui occupait la partie inférieure de la feuille. Cette variante a presque entièrement pris la place des tablettes précédentes. La plupart du temps, l’alphabet était précédé par une croix. La plupart des abécédaires étaient en bois et munis d'une poignée. Souvent, la poignée était percée d'un trou, afin de pouvoir porter la tablette par une cordelette à la ceinture ou sur le bras. En Europe continentale, la poignée était souvent en haut ou sur le côté, tandis que dans les pays anglophones, elle était dessous.

 

Les textes et illustrations attestent qu'on a longtemps utilisé une petite baguette, un os, une brindille ou autre pour diriger l'attention de l’enfant sur les lettres pendant la leçon. Les tablettes n'étaient probablement pas utilisées par les enfants seulement pour apprendre, mais aussi pour jouer ; quelques adultes l'utilisaient comme moyen de châtiment. Ces abécédaires étaient vendus aussi bien par des papetiers que par des colporteurs. On vendait aussi sur les marchés des abécédaires imprimés sur papier, que les mères ou les maîtresses collaient sur des tablettes de bois.

 

Ces abécédaires ont été largement répandus dans certaines parties d'Europe, puis plus tard aussi en Amérique. On a des exemplaires, ou tout au moins des indices de leur existence, en France, Italie, Flandre, Pays-Bas, Allemagne, Bohême, Danemark, Norvège et Suède. On rapporte aussi l'existence de tablettes kurdes et mexicaines. Contrairement aux hornbooks anglais, très peu d'abécédaires continentaux nous sont parvenus. Comme le papier devient toujours meilleur marché, les livres déplacent au plus tard au XIXe siècle les abécédaires sur tablette.

 

LA  BIBLE  ET  LA  LOGE

PHILIPPE  LANGLET

EDITION DE LA HUTTE

 2010

Les rapports entre la Bible et la Loge ou, plus généralement, entre la Bible et la Franc-maçonnerie, soulèvent d’emblée plusieurs questions complexes dont l’absence de prise en compte a renforcé quelques malentendus et suscité quelques erreurs de perspective. Non pas quant à sa présence, celle-ci est un des principes fondamentaux de la Maçonnerie qui en fait une organisation initiatique traditionnelle. En vérité, on ne peut parler de Franc-Maçonnerie si l’on évacue la présence et l’usage de la Bible, sans parler des différentes influences qu’elle exerce sur les rituels.

 

Il parait difficile d’en faire l’économie car elles se manifestent de manière prégnante. La Bible est tout d’abord définie comme « la première des trois Grandes Lumières de la Maçonnerie », avant même les outils du métier.

Sa place est donc capitale car elle est le socle spirituel sur lequel le métier repose et par lequel il devient davantage qu’une seule technique, un art de construire, ou de reproduire sur la terre des formes divines. C’est bien, sur la Bible que reposent physiquement et visiblement, les outils du métier et c’est ainsi que, par elle ils obtiennent leur valeur spirituelle et non visible. Elle est nécessaire et suffisante pour rattacher la Maçonnerie, comme une organisation initiatique, à son centre spirituel.

 

La prise de conscience de ce fait ne rend pourtant pas suffisamment compte de l’ampleur de la présence de la Bible en Maçonnerie, c’est pour cela que nous irons visiter les anciens rituels des métiers opératifs ainsi que ceux de la période spéculative. Dans les textes anciens, les références à la Bible sont de trois ordres, des dispositions de Loge, des relations du serment et des pratiques à l’occasion de la réception du candidat. On y ajoutera des références au texte sacré et des commentaires exégétiques contenus dans les premiers catéchismes montrant que la Bible est une source directe d’inspiration.

 

La présence de ce Volume sacré est donc attestée depuis fort longtemps dans les loges et les métiers, que ce soit sous la forme d’un évangéliaire ou d’une Bible complète. Pourtant son importance dans la vie de la Loge n’est pas seulement due à sa seule présence. Ce sont aussi les mots qu’il contient c'est-à-dire le texte lui-même et sa conception. Cet ouvrage nous explique les diverses conceptions et sources à travers les écrits divers rédigés sur plus d’un millénaire et par des auteurs fort nombreux. De plus ses diverses traductions ont posé problème. Si pour la majorité des frères cela ne soulève pas de soucis, ceux qui cherchent ou veulent approfondir et retrouver des étymologies, ont des problèmes de racines et de traduction (Traduction/Trahison)

 

Ce petit livre nous ouvre les yeux et l’esprit sur cette Bible sur nos autels, son pourquoi et son comment s’en servir, comment la lire, que veut dire certaines phrases, à quel chapitre doit on l’ouvrir et pourquoi ? C’est aussi l’occasion de mettre en rapport les variantes de traductions et d’interprétations du Livre à l’extraordinaire diversité symbolique des Rites, rituels et système en Loge bleue, lesquels se rejoignent tous dans une unité d’esprit issue de cette mémoire commune.

 

En complément de ce livre, et avec son autorisation, je me permets d’y ajouter un travail (qui n’est pas dans cet ouvrage) d’un frère sur ce volume qui est sur les autels de la Franc-maçonnerie spiritualiste:

Le Volume de la Sainte Loi ou le Volume de la Loi Sacrée ?

 

« Maintenant que la lumière physique vous a été rendue, permettez-moi d’attirer votre attention sur ce que nous considérons comme les 3 lumières principales, bien que lumières symboliques en Franc Maçonnerie. Ce sont le V.L.S, l’équerre et le compas. ». Nous avons tous gardé ces paroles en mémoire même si les mots ont changé au fil des années et des Rituels : 1984 & 1995, le « Volume de la Sainte Loi » et à partir de 1999, on trouve désormais le « Volume de la Loi Sacrée » dans nos Rituels. Devant le Plateau du Vénérable Maître se trouve un autel sur lequel sont placés un « Livre » avec l’Equerre et le Compas.

 

Pour les anglo-saxons, la question est depuis  toujours résolue : c’est le Livre de la Loi Sacrée ou Volume of Sacred Law. Les anglo-saxons, en imposant la Bible, précisent bien qu’il s’agit de l’Ancien Testament.

Selon Christian Guigue, c’est le nom donné à la Bible et aux livres saints des différentes traditions religieuses. Les Basic Principles for Grand Lodge Recognition de 1929, établirent la possibilité pour les initiés de tous les pays du monde de prendre l’Obligation sur leur livre saint, de manière à « symboliser la révélation d'en haut qui lie la conscience de l'individu particulier qui est initié ». L’Ancien Testament, le Zohar, le Talmud peuvent éventuellement servir pour les pratiquants de la religion juive, le Coran pour les Musulmans, la Bhagavad Gîta pour les Hindous, etc…

 

Du fait de ces variations possibles selon les croyances et la religion du candidat, le livre saint porte un nom générique acceptable par toutes les traditions religieuses. Autre nom utilisé : Volume de la Loi Sacrée ou Volume de la Sainte Loi.

 

À quelques nuances près, les obédiences dites « Régulières » exigent: -  La croyance en Dieu, à des degrés divers, allant de la « Foi en Dieu » pour certaines, à la simple « croyance en l'existence d'un Être Suprême » pour d'autres. La présence d'un livre sacré dit Volume de la Sainte loi (Bible, Torah, Coran, etc...) dans la loge. L'interdiction de toutes discussions politiques ou religieuses en loge. L'interdiction de tout contact avec les obédiences féminines ou mixtes.

 

Elles se dénomment le plus souvent elles-mêmes « régulières », c'est-à-dire « légitimes » par opposition aux autres qu'elles jugent « irrégulières ». Elles appartiennent presque toutes au groupe des obédiences reconnues par la Grande Loge Unie d’Angleterre. Pour Roscoe Pound, il y a six Landmarks: - Croire en un Être suprême.  - Croire en la persistance de la personnalité[].  - La présence indispensable d'un « livre de la loi » parmi les objets utilisés en loge.  - La légende d'Hiram au troisième degré. - Le symbolisme faisant référence à l'art de bâtir.  - Le fait que tous les membres de l'obédience soient des hommes, nés libres[]  et d'âge mûr.

 

Dans les années 1950, la Commission d'information pour les questions de reconnaissance de la Conférence des Grands Maîtres francs-maçons d'Amérique du Nord proposa de ramener ces Landmarks à trois: Monothéisme: une foi altérable et continue en Dieu.    Présence du « Volume de la Loi Sacrée » (la Bible) dans la loge.    Interdiction des toutes discussions politiques ou religieuses. Oswald Wirth a dit de son côté : « Une critique objective s’est exercée sur les saintes Écritures, que la science n’apprécie plus qu’à leur valeur humaine, qui reste très élevée. Il est compréhensible  que la Bible conserve  tout son prestige auprès d’esprits  religieux qui cherchent en elle la parole de Dieu et en font le guide infaillible de leur foi ; mais pareille vénération est loin de s’imposer rationnellement. Elle est caractéristique de la mentalité  anglo-saxonne, que ne partagent pas les races latines. N’ayant pas à se prononcer sur les croyances, la Franc Maçonnerie n’aurait jamais dû s’occuper de la Bible, pas plus que du Coran, ou des autres livres révérés comme sacrés. Mais comme le serment  se prête en Angleterre sur la Bible, on y fut amené  tout naturellement  à faire prononcer l’obligation maçonnique sur ce Livre de la Loi Sacrée ».

 

En 1931, Marius Lepage propose que soit adopté, pour Livre Sacré, les Constitutions d’Anderson.  Les Convents de la G.L.D.F et du G.O.D.F  ont décidé en 1938 qu’elles figureraient sur l’Autel des Loges. O. Wirth voit dans le « Livre Blanc » - livre muet proposé par certains – un ersatz de la Bible…et une aimable fantaisie. Armand Bédarride, Frère émérite du G.O.D.F du début du XXème siècle rejetait le Livre Blanc qu’il appelle, avec bon sens, un vain simulacre. Et comme les Anglo-Saxons admettent que dans leurs colonies soit adopté le Livre sacré de la religion pratiquée, il propose logiquement, un Livre composé de divers extraits : « Si vous voulez, dit-il, un Livre qui soit à la mesure  de notre Temple, faites-le avec tout ce qu’il y a de plus sage , de plus pur, de plus saint, de plus héroïque, de plus noble, de plus cultural, de plus beau, dans tous les Livres qui servent de guide à la vie de l’Esprit, dans ceux qui ont servi ou qui servent encore de flambeaux aux consciences dans leur marche vers la perfection toujours  fuyante ; adressez-vous à tous les pasteurs d’âmes, qu’ils se soient donnés comme représentants de la Divinité ou de la Raison…  Des profondeurs des ténèbres primitives la pensée humaine a marché peu à peu vers une Lumière toujours plus grande : en des langages divers, l’Esprit a tracé les annales de son progrès…N’ayez pas peur de les rapprocher, de les confronter, de les exalter les unes par les autres ; au contraire, vous avancerez ainsi dans la direction de la Parole Perdue ».

 

Sur la base de ces rapides recherches, je ne vois donc aucune différence entre le Volume de la Sainte Loi et le Volume de la Loi Sacrée si ce n’est une traduction strictement littérale et actualisée de l’anglais en français et une parfaite synonymie. Néanmoins et pour ouvrir une autre réflexion, serait-il souhaitable que la proposition du Frère Bédarride soit adoptée ? Nous aurions ainsi sur l’Autel une réunion, une anthologie des textes ésotériques qui forment le fondement des différentes traditions.  Par là se trouverait marqué l’universalisme de la Maçonnerie. A quel endroit doit-on l’ouvrir ? Au Rite Anglais Style Emulation, le V.L.S étant la première Grande Lumière en FM, il est, à ce titre unique et entier ;  « il doit être ouvert quand la Loge est au travail, mais il n’y a aucune autorité qui puisse insister sur son ouverture à tel chapitre ou telle page » (cf. Emulation Working explained by H. INMAN 1932 page 235). En conséquence, le VLS peut être ouvert à n’importe quel endroit (Prologue de St Jean, Livre des Rois, Booz, Ruth ou autres livres mais rien d’impératif). Baudouin Thiry

 

LA CHAMBRE DU MILIEU

Roger Dachez

Edition Conform

 2014

La « chambre du milieu » est, au sein de la Franc-maçonnerie, l’un des premiers lieux singuliers que rencontre un franc-maçon, dans les premières années de sa vie maçonnique. Endroit familier du paysage maçonnique quotidien, la « chambre du milieu » est pourtant une illustre inconnue…

Son introduction dans la franc-maçonnerie spéculative n’est pas séparable des conditions dans lesquelles le grade de Maître en est venu à se distinguer des deux autres grades « symboliques », dans les années 1725-1730 en Angleterre.

Point n’est donc besoin, pour en définir l’origine, de recourir, comme tant d’autres auteurs, au terme de « l’invariable milieu » de la tradition chinoise, ou au « juste milieu » de la sagesse des peuples ! On ne remonte pas à la signification première des symboles et des rites maçonniques en usant de rapprochements phonétiques approximatifs et d’improbables étymologies lacaniennes…

La nature même de la chambre du milieu est aujourd’hui obscure pour nombre de franc-maçon : est-ce le lieu où l’on reçoit rituellement les Maîtres, ou le simple rassemblement administratif de ces derniers lorsqu’ils traitent des principaux problèmes d’une loge. Est-on encore en chambre du milieu lorsqu’on se penche sur les troublantes énigmes d’un règlement général ou que l’on débat du taux des cotisations ? « Mes frères, l’heure est grave, faisons une chambre du milieu » !

A force de ne plus très bien savoir de quoi l’on parle, on court grandement le risque d’employer un mot ou une expression à tort et à travers. Il ne faut pas méconnaitre que l’apparition-tardive- de la chambre du milieu marque un tournant essentiel de la franc-maçonnerie symbolique, à la fois sur le plan historique et sur le plan initiatique ; avec elle c’est tout l’édifice traditionnel qui a pris un sens nouveau. En replaçant nos pas dans ceux de nos illustres devanciers, faisons avec eux, chemin faisant des découvertes assez surprenantes.

Où et quand a-t-on parlé pour la première fois de la Chambre du Milieu dans un texte maçonnique ? Et bien cela s’est produit en 1730 à Londres dans un contexte de scandale. A cette époque, en 1717, quatre loges tout à fait banales se réunissent en une Grande Loge, et posent les bases d’une administration centrale, en 1723, elle se dote d’un Grand Maître noble – il en sera ainsi en Angleterre jusqu’à aujourd’hui, elle se dote également des fameuses constitutions d’Anderson.

Au début de 1720, la maçonnerie anglaise ne comporte que 2 grades ; ces deux grades s’inspirent du reste d’un système analogue en usage à la même époque en Ecosse, ainsi la carrière d’un maçon, se déroulait en deux étapes, d’abord apprenti, puis compagnon ou maître « fellowcraft or master », ceci en Angleterre ou en Ecosse.

De 1695 à 1715 en Ecosse, le passage d’apprenti à compagnon se faisait ainsi : l’apprenti à un moment donné recevait une salutation très particulière appelé « five points of Fellowship », c'est-à-dire les cinq points du compagnonnage, et c’est d’ailleurs ainsi qu’ils se nomment encore en Angleterre, bien que désormais ils fassent partie du grade de maître, et c’est ainsi que l’apprenti arrivait dans la chambre du milieu…

Roger Dachez président de l’institut maçonnique français et historien de renom, nous dévoile ici pour notre érudition et notre plaisir quelques énigmes de la franc-maçonnerie dont cette appellation « chambre du milieu » - Un régal -

 

la clÉ d’hiram

C. KNIGHT & R. LOMAS

DERVY

 1998

Quand les auteurs de ce livre, eux-mêmes Francs-maçons, décidèrent d’étudier les origines de la Franc-maçonnerie, ils ne se doutaient pas des extraordinaires révélations qu’ils allaient mettre à jour et des remous qu’ils causeraient.


Ils ont ainsi redécouvert la tradition écossaise, héritée des Templiers, beaucoup plus ancienne que l’histoire officielle sur laquelle a préféré se baser la Grande Loge d’Angleterre. De nos jours encore, ces révélations sur les origines égyptienne et chrétienne des rituels Maçonniques vont certainement bouleverser beaucoup d’idées reçues.


Des mythes égyptiens à celui de l’Homme Vert, en passant par le mystère du trésor des Templiers, les auteurs ont trouvé confirmation de leurs hypothèses dans le véritable livre de pierre qu’est la chapelle de Rosslyn, haut lieu de la spiritualité Maçonnique.


Un des points forts de « La Clé d’Hiram », c’est que s’il existe un trésor de l’Ordre du Temple, il doit se trouver dans cette chapelle, enterré avec des chevaliers et les Évangiles secrets. En effet, le premier grand Maître de l’Ordre du Temple, Hugues de Payns, qui avait des terres en Écosse, y aurait apporté des reliques découvertes à Jérusalem, sous le Temple d’Hérode, qui appartenait à l’Église primitive de Jérusalem.


« La Clé d’Hiram » est un livre fascinant dont l’histoire sensationnelle est racontée comme un récit policier. C’est bien là un travail de détective auquel se sont livrés Christopher Knight et Robert Lomas. L’aspect original de cette recherche est qu’elle est avant tout basée sur des rituels Maçonniques et qu’elle a été étayée par des méthodes plus conventionnelles telles que l’archéologie, l’histoire et certaines traditions religieuses.

 

LA CLÉ D’OR ET AUTRES ÉCRITS MAÇONNIQUES

Jean-Marc Vivenza

Edition de L’Astronome

 2013

Cet ouvrage est un chemin en forme d’itinéraire original, en ce sens qu’il est une invitation au voyage de la pensée pour une destination dont la localisation relève d’une géographie intérieure et particulière, une géographie intérieure dont la cartographie n’est pas arrêtée ni même définie, et qui restent à tracer par ceux qui souhaitent s’engager sur les routes spirituelles qui sont celles que nous propose l’auteur dans cet ouvrage.

Ce trajet qu’on nous propose n’obéit qu’à une seule règle, « la voie du cœur ». Point de circuit organisé avec programme fixe, obligatoire ou inamovible. Quelque soit l’endroit et l’espace qui lui sert d’environnement, que ce soit tranquillement chez lui dans son fauteuil, que ce soit au milieu du tumulte de la cité, dans l’agitation des transports ou dans quelque autre agitation, le lecteur pourra décider de placer ses pas à la suite des différentes étapes de ce voyage intérieur, et pénétrer de plus en plus avant dans les mystères de l’initiation.

De très nombreux auteurs sont sollicités afin d’étoffer et de décrire cette initiation. Eux-mêmes s’inscrivirent dans cette transmission de cette Lumière bienfaisante pour les âmes en quête de la vérité et qui marquèrent la pensée du 18e siècle. Ils n’oublièrent pas les sources sur lesquelles ils s’appuyèrent et sans lesquelles ils n’auraient pu témoigner ni transmettre.

C’est donc d’un parcours singulier et peu commun, que nous convions le lecteur afin qu’il y découvre, à la faveur des réflexions de cet ouvrage, des éléments inattendus, des lois cachées et diverses révélations sur les êtres qui peuplent ce monde.

Pour commencer, il faut réaliser un certain silence en nous-même, faire taire un instant nos agitations, établir une réelle disposition accueillante à l’égard des leçons de sagesse délivrées par les hautes figures de l’initiation et franchir intérieurement la distance qui nous sépare des rivages où la méditation à son séjour. Nous pourrons ainsi entrer sans crainte par ce silence obtenu et ce calme préalable, dans ces voies qui nous sont généreusement ouvertes.

Au sommaire de cet ouvrage nous y trouvons :

Introduction au voyage de la pensée - La question fondatrice

L’interrogation comme voie initiatique - Le cheminement spirituel

La nature des ténèbres - La science de l’homme par excellence

Voyez-vous tel que vous êtes - Misère de l’homme au monde

« Memento mori » - L’enseignement de la vertu

Faites place à « l’esprit » - La clé d’or et l’essence du christianisme

De l’être à l’être Suprême maçonnique - L’Illuminisme et la Franc-maçonnerie 

 

la clef Écossaise film – dvd

bourlard & de smet

 PAYS-BAS

 2007

La Franc-maçonnerie. Cette association mystérieuse et discrète fait l’objet depuis toujours de curiosité, de fascination ou de méfiance. Pour la première fois, un documentaire d’investigation se penche sur la question des origines de la Franc-maçonnerie. « La Clef Écossaise » met au jour une histoire insoupçonnée, en associant documents inédits et entretiens exclusifs. Découvrez pourquoi et comment des hommes ont créé une société initiatique parmi les plus étonnantes des temps modernes.


Excellent film sur DVD sur cette période compliquée. Contact Internet : www.scottishkey.com.

 

la clÉ – tourner la clÉ d’hiram

R. Lomas

EDITION  DERVY

 2006

Après La Clé d’Hiram et le Livre d’Hiram, voici le 3ème volet de cette série.


Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? Â quoi servent les rituels ? Quel est leur sens ? Sont-ils seulement des mises en scène cherchant à frapper les esprits ou des vecteurs transmettant une connaissance cachée ?


Ces questions, Robert Lomas a commencé à se les poser dès son entrée en maçonnerie et il n’a cessé de chercher à y répondre. La base de cette quête a fourni la matière de son premier ouvrage La Clé d’Hiram. Cette démarche trouve son prolongement dans ce dernier ouvrage où, après nous avoir donné un outil pour progresser, La Clé d’Hiram, il nous offre le mode d’emploi de cet outil. En nous présentant son propre parcours et en nous exposant comment lui-même s’est servi de cette clé, il met le lecteur en situation de comprendre ses propres questionnements et les motifs pouvant justifier l’emprunt d’une voie « spiritualo-initiatique ».


Sur ce point, Robert Lomas développe une théorie sur le fonctionnement du rituel et du symbolisme en faisant appel à l’hypothèse d’un cerveau « rituélique ».

Le caractère scientifique de sa démarche permet d’appuyer ses assertions ; les théories avancées ne manqueront pas d’ouvrir un débat vivifiant sur les motivations profondes et inconscientes des Francs-maçons.
Concluant de manière magistrale la série Hiram, l’auteur donne de la logique et de l’intériorité vécue à une démarche qui, sans ce complément, n’aurait pu être qu’intellectuelle.

 

la construction rituelle d’une loge maçonnique     -         N°  16      -

Olivier doignon

Edition MAISON DE VIE

 2006

Second tome d’un ouvrage portant sur l’ouverture des travaux, ce livre aborde l’un des moments les plus importants de la vie des Francs-maçons, celui où ils se retrouvent.
Dans le premier tome, l’auteur a « planté le décor » symbolique et mythique de cette ouverture, et s’est demandé si ouvrir les travaux ne serait pas construire une pensée de l’origine de toutes choses dans laquelle naît une loge maçonnique ?


Ce tome II, consacré à la poursuite de ce voyage, aborde les points essentiels à partir desquels se construit une Loge maçonnique et qui constituent en quelque sorte le « cahier des charges » de toute démarche créatrice : le caractère alchimique des purifications, l’hermétisme du Temple, la fonction de création, tout particulièrement celle de Passeur, puis la richesse de l’expression apparemment anodine « Prenez place mes Frères » prononcée par le Vénérable Maître, et dont il est avéré qu’elle revêt une grande profondeur de sens.

 

la femme & le dragon

Eugène brunet

EDITION  FRANCE ALBERT

 1993

Pour Eugène Brunet, l’architecture universelle n’est pas le fruit du hasard, mais bien celui d’un esprit supérieur. L’homme n’est pas davantage un accident génétique désespéré. Dès son origine, angoissé par son devenir, il est en quête de la Vérité. De plus en plus égaré par une culture technologique, il génère progressivement son désespoir. Or l’auteur juge qu’il n’est pas abandonné. Il doit changer de voie et s’essayer à décrypter le message divin conservé par les astres. Pour ce faire, il lui faut réapprendre le langage ésotérique afin de décoder le symbolisme astrologique. À cette fin, il préconise l’enseignement initiatique de la franc-maçonnerie. La démarche est pertinente, son exposé clair, ses enseignements enrichissants.

 

Dans certains écrits ésotériques, il est dit que l’évolution de l’humanité s’inscrit dans des cycles successifs appelés « ères ». Cette théorie est fondée sur le fait que la voûte céleste est divisée en douze constellations que le point vernal parcourt en 25920 ans, ce qui fait une durée moyenne de 2160 ans pour chaque ère. Or, chacune des douze ères, pour des raisons à la fois astronomiques, astrologiques et astrosophiques, exercerait une influence particulière sur l’humanité dans son ensemble.

. Selon la théorie des ères, la naissance du Christ, assimilée à l’an 0 de notre calendrier actuel, a marqué le début de l’ère des Poissons (il faut noter au passage que le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix, mais un poisson, appelé « ichtus » en grec). Cette ère fut précédée par l’ère du Bélier (à laquelle on associe traditionnellement le développement des civilisations égyptienne, grecque et romaine), qui fut elle-même précédée par l’ère du Taureau (que la Tradition assimile au rayonnement de la civilisation babylonienne). Etant donné qu’une ère dure environ 2160 ans, on peut en déduire que l’humanité se situe actuellement entre l’ère des Poissons et l’ère du Verseau. Si l’on en croit les textes ésotériques traitant de ce sujet, l’ère du Verseau marquerait l’avènement de la Connaissance et de la Sagesse sur Terre. Autrement dit, elle correspondrait au cycle durant lequel les hommes, individuellement et collectivement, en viendraient graduellement à exprimer les idéaux les plus nobles. L’humanisme et la spiritualité (et non religiosité) seraient les deux piliers de cette ère.

 

Mais les mêmes textes indiquent également que l’ère du Verseau sera précédée d’une période au cours de laquelle les hommes seront confrontés à leur ignorance et à leur folie, et qu’avant que ne soit révélé ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine sera révélé aux yeux de tous ce qu’il y a de pire. Dans certains écrits, elle est même appelée « ère de la Transparence », ce qui est très significatif. Que l’on admette ou non cette théorie, il faut bien reconnaître que l’époque actuelle correspond à la description qui en est faite, avec son lot de “révélations“ quotidiennes et ses émissions de radio et de télévision où la bêtise n’a d’égale que la vulgarité, l’impudeur, la superficialité, etc., sur fond de voyeurisme. D’après les récits liés à l’ère du Verseau, la période chaotique que le monde traverse actuellement ne serait qu’un passage obligé et correspondrait à une remise en cause totale des fausses valeurs que les hommes ont eux-mêmes cultivées au cours des siècles et des décennies passés. À l’issue de cette période devrait émerger une nouvelle humanité, régénérée sur tous les plans, avec tout ce que cela suppose de positif pour elle : la paix, la fraternité, la prospérité matérielle, l’élévation spirituelle, etc. Cela étant dit, il est évident qu’une telle perspective ne dépend pas uniquement de l’influence exercée sur les hommes par l’ère du Verseau.

 

En application de l’adage « Aide-toi et le Ciel t’aidera », il leur appartient en effet d’agir en conséquence. C’est là un ouvrage très intéressant qui passionnera croyants ou incroyants, car il met à la portée de tous des connaissances qui pour beaucoup jusqu’alors restaient insoupçonnées ou incompréhensibles, voire fantaisistes

 

Au sommaire de cet ouvrage : D’astrologie, d’astronomie, la voûte étoilée, le libre arbitre, de soleil et de la lune, des 7 officiers de la Loge, du tablier maçonnique, de la Bible, du Graal, de l’apocalypse de Jean, de l’horloge de Strasbourg et de l’ère du Verseau.

 

L’AFFAIRE HIRAM ou LES 5 POINTS PARFAITS DE LA MAÎTRISE     2 Tomes

J.P. SACCHI

EDITION  NAGEL (SUISSE)

 2000

C’est à travers les Arts martiaux que l’auteur nous invite à découvrir le secret des 5 points parfaits.

 

Un livre pour les explications et un autre pour les dessins et schémas.

 

Un livre qui enchante les spécialistes des arts martiaux, difficile pour les autres.

 

LA F. M. sous l’occupation

André COMBES

EDITION  Du ROCHER

 2001

Pour apprécier pleinement l’ouvrage d’André Combes, il faut prendre le temps de bien lire le prologue (« Un avant-goût de sang ») qui explique sa démarche. L’auteur se revendique d’abord vulgarisateur et reconnaît qu’il n’a pas fait un livre d’histoire (d’où quelques répétitions notamment sur la législation antimaçonnique ou une citation de Philippe Pétain. Mais l’essentiel n’est pas là, dans un style alerte et vivant, il nous emmène dans l’obsession antimaçonnique vichyste et allemande.

 

Côté Vichy, il rappelle que les mesures antimaçonniques ont précédé les mesures anti-juives avec, notamment, la loi du 13 août 1940 interdisant les « sociétés secrètes ». Côté allemand, André Combes note avec exhaustivité que pas moins de 7 services étaient chargés de la lutte contre ces « sociétés secrètes » en France !

 

En fait, les Allemands comme les collabos recherchaient méthodiquement des preuves du « complot judéo-maçonnique », sans oublier d’autres motivations tout aussi délirantes : trouver, dans les loges, la formule secrète pour accéder à la pierre philosophale ou, tirer de son initiation, comme l’espérait Jean Marquès-Rivière, des pouvoirs magiques lui permettant de contrôler l’ordre de l’univers ! Quelles qu'aient été les motivations de l’occupant et de ses serviteurs, les persécutions furent bien réelles : si le Grand orient comptait 30 000 membres en 1930, il n’en dénombrait plus que 7 000 à la Libération. Les deux-tiers des maçons avaient disparu !

 

Dans sa galerie de portraits, André Combes cite beaucoup de héros, maçons et résistants : Pierre Brossolette, fédérateur des mouvements de la Résistance, arrêté, torturé et mort en se jetant d’une fenêtre ; Jean Zay, ministre du Front populaire, fondateur d’une politique culturelle, éducative et populaire, abattu par les miliciens en 1944 ; Paul Ramadier qui refusa de voter les pleins-pouvoirs à Philippe Pétain (il se trouvait une vingtaine de maçons parmi les parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain) ; Violette Quesnot est la seule femme citée, elle fut membre d’un réseau maçon fondé par Alfred Kirchmeyer. Le chapitre consacré à Paul Hanson est passionnant. Ce juge de paix arrêté en 1942 a créé la seule loge (« Liberté chérie ») connue dans un camp, celui d’Esterwegen !

 

Mais ceux qui suscitent le plus de questions sont les maçons « ambigus » ou carrément « crapules » : Jean Mamy alias Paul Riche, réalisateur de Forces occultes en 1943, c’est-à-dire du seul film antimaçonnique au monde, il sera le dernier fusillé de l’épuration le 29 mars1949 ; Jean Marquès-Rivière, initié à l’ésotérisme par René Guénon, rédacteur, en 1940, du catalogue de l’exposition « La Franc-maçonnerie dévoilée » au Petit Palais (1 million de visiteurs en France, elle précède l’exposition « Le Juif et la France » de 1941) et scénariste de Forces occultes. Pour tous ceux-là, André Combes livre son propre questionnement, sans y répondre : comment peut-on être ou avoir été maçon, imprégné des valeurs des Lumières et de l’humanisme, et sombrer dans la collaboration ?

 

Peut-être faut-il revenir au prologue de l’ouvrage pour comprendre la terrible leçon de la période de l’Occupation. Dans ce prologue, l’auteur livre aux lecteurs non avertis une présentation générale de ce qu’est la franc-maçonnerie. Ce qu’il en dit peut tout à fait s’appliquer à la période de la guerre : « La franc-maçonnerie, au même titre que de nombreux autres corps intermédiaires, fait partie de son temps, de sa société ». Cruelle leçon de constater que les maçons firent bien partie de leur temps, de leur société et, comme la France de cette époque, ils se retrouvèrent donc... dans les deux camps. Mais, si les maçons, dans l’épreuve, se comportent comme tout le monde, alors, à quoi sert la maçonnerie ? Les figures de la Résistance maçonnique célébrées par André Combes, comme la réalité des persécutions, nous invitent à apprécier la différence.

 

la formation maçonnique

Christian GUIGUE

EDITION GUIGUE

 2000

Ce livre, devenu très rapidement l'ouvrage de référence absolue, poursuit sa mission de formation en restituant au symbolisme maçonnique son sens signifiant universel et traditionnel.

Conçu sur le principe d’un dictionnaire pour trouver immédiatement ce que l’on cherche (très pratique pour prendre des notes juste avant de venir animer une Séance d'Instruction ou pour le VM de faire un commentaire sur le tracé symbolique du jour), il analyse plus de 500 termes spécifiques à notre Ordre en leur consacrant les développements qui conviennent selon le cas.

Des abréviations que l'on doit utiliser dans la correspondance, de la réponse à donner à qu'est-ce que réellement la loge, qu'est-ce qui distingue une loge des deux saints Jean, des Conditions d’octroi d’une augmentation de salaire par le Surveillant (régime à l'ancienneté ou au mérite ?) à la signification symbolique de la Position du Soleil et de la Lune (ce que personne n'a jamais expliqué !), des Ouvertures de la Bible (quels chapitres doit-on privilégier pour les ouverture de la L. aux différents grades ?) au symbolisme des Colonnes du Temple ou à celui du Pavé Mosaïque, de l’Oeil dans le delta aux critères universels définissant la Maçonnerie traditionnelle, de la Manière d’entrer en Loge. (collective ou individuelle ou rituelle pour le V.M. - les pas - le salut) au Chevalier Kadosh ou aux différentes formes de datation utilisées dans la maçonnerie, de l'octroi de la parole par le Surveillant à un F. qui la sollicite en Loge et comment préparer et animer une Séance d'Instruction ? C'est une matière considérable qui vous est proposée. Et rare comme Comment se choisir un nom d'ordre et constituer son blason ?u sur le principe d’un dictionnaire pour trouver immédiatement ce que l’on cherche (très pratique pour prendre des notes juste avant de venir animer une Séance d'Instruction ou pour le VM de faire un commentaire sur le tracé symbolique du jour), il analyse plus de 500 termes spécifiques à notre Ordre en leur consacrant les développements qui conviennent selon le cas.

Des abréviations que l'on doit utiliser dans la correspondance, de la réponse à donner à qu'est-ce que réellement la loge, qu'est-ce qui distingue une loge des deux saints Jean, des Conditions d’octroi d’une augmentation de salaire par le Surveillant (régime à l'ancienneté ou au mérite ?) à la signification symbolique de la Position du Soleil et de la Lune (ce que personne n'a jamais expliqué !), des Ouvertures de la Bible (quels chapitres doit-on privilégier pour les ouverture de la L. aux différents grades ?) au symbolisme des Colonnes du Temple ou à celui du Pavé Mosaïque, de l’Oeil dans le delta aux critères universels définissant la Maçonnerie traditionnelle, de la Manière d’entrer en L. (collective ou individuelle ou rituelle pour le V.M. - les pas - le salut) au Chevalier Kadosh ou aux différentes formes de datation utilisées dans la maçonnerie, de l'octroi de la parole par le Surv à un F. qui la sollicite en L. à Comment préparer et animer une Séance d'Instruction ? C'est une matière considérable qui vous est proposée.

 

. Selon la théorie des ères, la naissance du Christ, assimilée à l’an 0 de notre calendrier actuel, a marqué le début de l’ère des Poissons (il faut noter au passage que le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix, mais un poisson, appelé « ichtus » en grec). Cette ère fut précédée par l’ère du Bélier (à laquelle on associe traditionnellement le développement des civilisations égyptienne, grecque et romaine), qui fut elle-même précédée par l’ère du Taureau (que la Tradition assimile au rayonnement de la civilisation babylonienne). Etant donné qu’une ère dure environ 2160 ans, on peut en déduire que l’humanité se situe actuellement entre l’ère des Poissons et l’ère du Verseau. Si l’on en croit les textes ésotériques traitant de ce sujet, l’ère du Verseau marquerait l’avènement de la Connaissance et de la Sagesse sur Terre. Autrement dit, elle correspondrait au cycle durant lequel les hommes, individuellement et collectivement, en viendraient graduellement à exprimer les idéaux les plus nobles. L’humanisme et la spiritualité (et non religiosité) seraient les deux piliers de cette ère.

 

Mais les mêmes textes indiquent également que l’ère du Verseau sera précédée d’une période au cours de laquelle les hommes seront confrontés à leur ignorance et à leur folie, et qu’avant que ne soit révélé ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine sera révélé aux yeux de tous ce qu’il y a de pire. Dans certains écrits, elle est même appelée « ère de la Transparence », ce qui est très significatif. Que l’on admette ou non cette théorie, il faut bien reconnaître que l’époque actuelle correspond à la description qui en est faite, avec son lot de “révélations“ quotidiennes et ses émissions de radio et de télévision où la bêtise n’a d’égale que la vulgarité, l’impudeur, la superficialité, etc., sur fond de voyeurisme. D’après les récits liés à l’ère du Verseau, la période chaotique que le monde traverse actuellement ne serait qu’un passage obligé et correspondrait à une remise en cause totale des fausses valeurs que les hommes ont eux-mêmes cultivées au cours des siècles et des décennies passés. À l’issue de cette période devrait émerger une nouvelle humanité, régénérée sur tous les plans, avec tout ce que cela suppose de positif pour elle : la paix, la fraternité, la prospérité matérielle, l’élévation spirituelle, etc. Cela étant dit, il est évident qu’une telle perspective ne dépend pas uniquement de l’influence exercée sur les hommes par l’ère du Verseau. En application de l’adage « Aide-toi et le Ciel t’aidera », il leur appartient en effet d’agir en conséquence.

 

C’est là un ouvrage très intéressant qui passionnera croyants ou incroyants, car il met à la portée de tous des connaissances qui pour beaucoup jusqu’alors restaient insoupçonnées ou incompréhensibles, voire fantaisistes

 

la franc-maçonnerie

Roger Dachez – Alain Bauer

Edition  PUF

 2013

Depuis plus de trois siècles, la franc-maçonnerie participe de l’histoire intellectuelle, politique, sociale et religieuse de l’Europe.

 

Elle revendique aussi une « identité profonde» qu’elle refuse de donner à voir au monde « profane ». Comment donner à comprendre et concilier cette dimension essentiellement initiatique et celle, plus politique, qui veut changer la société ?

 

Cet ouvrage propose une introduction générale à la franc-maçonnerie, il est le fruit de réflexions croisées de deux spectateurs engagés, familiers du monde maçonnique et curieux de son histoire.

Grâce à un regard duel, à la fois empathique et distancié, il offre au lecteur un guide de voyage dans un monde parfois déroutant et éclaire le sens du projet maçonnique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Sources légendaires et mythiques

La naissance britannique, sa fondation et les premières querelles.

L’expansion du siècle des lumières, la Révolution française et les Amériques.

Les ruptures du XIXe siècle. Les deux familles. Le tournant de 1848.

Heurs et malheurs de la franc-maçonnerie au XXe siècle.

L’Univers maçonnique : Les symboles – les rituels  - les légendes  - grades et rites  - l’Ordre et les obédiences  -

Ethique et spiritualité de la Franc-maçonnerie

Franc maçonnerie et religion  - la société  - le projet maçonnique

 

A ce jour un des meilleurs livre sur l’histoire de la Franc-maçonnerie

 

la franc-maçonnerie

Christian jacq

EDITION  R. LAFFOND

 1975

L’auteur développe ici sa version sur les origines de la Franc-maçonnerie.

 

Il part de l’Égypte et de la Grèce, passe par le Christ, Mithra, les bâtisseurs de Cathédrales, les Confréries du Moyen-âge, le secret et divers symboles maçonniques.

 

Comme toujours Christian Jack mélange vérité et son imagination très égyptienne

 

la franc-maçonnerie chrÉtienne

Paul naudon

EDITION  DERVY

 1970

L’auteur développe le coté chrétien de la Franc-maçonnerie en partant de la tradition opérative du Moyen Âge, la tradition, l’initiation, les rituels, l’ésotérisme, le temple de Salomon, la légende d’HIRAM, les 7 arts libéraux, les clefs de l’hermétisme, le déisme et le théisme, l’écossisme, la tour de Babel, le Grade de Rose-Croix, tout un chapitre est consacré à la Sainte Arche Royale de Jérusalem, avec son premier rituel et son évolution, un autre chapitre parle du Rite Rectifié avec Willermoz, les convents, le grade écossais de Saint André et la chevalerie templière.

Un article est consacré à l’Universalisme maçonnique et à la tradition chrétienne.

Aujourd'hui, nous avons encore tendance à penser que « la spiritualité ne peut être que religieuse et se nourrit du dogme religieux. C'est oublier Platon, le premier des spiritualistes laïcs, ou les spiritualistes du Moyen-Âge et de la Renaissance qui n'étaient pas toujours des clercs, inspirés par la kabbale, l'hermétisme chrétien ou l'alchimie ». Jean-Jacques Gabut a cité notamment Pic de la Mirandole, Robert Fludd ou encore Raymond Lulle et les auteurs du Roman de la Rose. La maçonnerie ne se réclame d'aucune doctrine religieuse, politique et philosophique, elle se veut au contraire « un centre d'union ». Un terme déjà utilisé par le pasteur Anderson dans ses Constitutions, texte fondamental de la maçonnerie moderne, publié en 1723, et respecté par l'ensemble des obédiences.

Ce « centre d'union » illustre la spiritualité maçonnique, qui estime que « tous les chemins menant au principe suprême de la transcendance comptent ». Lien entre les hommes, le franc-maçon « est un humaniste et à ce titre, comme le disait Térence, “rien de ce qui est humain ne m'est étranger” ». Un humanisme gorgé notamment de la philosophie des Lumières, « sur cette voie de la spiritualité, est par le cœur le fils de la lumière et par la raison le fils des Lumières ». Cette volonté de n’assujettir la spiritualité « à aucune religion ni à aucune philosophie, mais qui doit se concevoir sur le plan métaphysique et comme une spiritualité universelle », est reçue de différentes manières selon les Églises chrétiennes.

Si l'Église catholique est catégorique sur son refus de la double appartenance, la majorité des Églises orthodoxes l'acceptent. « Seulement quatre Églises orthodoxes ont condamné la franc-maçonnerie dans des contextes politiques particuliers, dont l'Église orthodoxe de Grèce en 1933. Un siècle plus tôt, pour l'indépendance de la Grèce, les francs-maçons et les chrétiens se donnaient la main pour lutter contre les Ottomans. En 1933, l'Église orthodoxe grecque s'est alignée sur la position catholique jusqu'à reprendre ses textes ! »,

 

la franc-maçonnerie comme voie spirituelle – de l’artisan au grand architecte

Jean-Pierre schnetzler

EDITION  DERVY

 2000

La Franc-Maçonnerie traditionnelle est une initiation artisanale issue des fraternités opératives du Moyen-Age, devenue spéculative, sans pour autant s'écarter de ses sources. Depuis qu'elle ne construit plus de monuments religieux, elle vise directement à édifier des hommes véritables : corps, âme et esprit. Ce principe peut s'exprimer comme synthèse de la Terre et du Ciel, de l'empirique et du transcendant, de l'analytique et du symbolique, de l'extérieur et de l'intérieur, comme des opposés en général.

 

Elle tend ainsi à réaliser " le mariage du meilleur de la sagesse pré-moderne et du savoir moderne ". A partir d'exemples de travaux de l'Ordre initiatique traditionnel, où seules sont autorisées les questions d'ordre maçonnique (historiques, touchant le rituel, le symbolique et la vie spirituelle), Jean-Pierre Schnetzler s'appuie sur ses connaissances pratiques des méthodes méditatives du bouddhisme et nous offre ici un ouvrage novateur. Ce dernier sert à raviver nos connaissances tout en éclairant parfaitement l'unité transcendante des Traditions. Pour l'auteur, ce texte est porteur d'un projet : celui d'amener le lecteur, profane ou initié, vers la réalisation initiatique, vers le chemin de l'Esprit qui est en lui.

 

Y sont notamment commentés divers symboles sur :

 

le G.A.D.L.U – La régularité, exotérisme, ésotérisme, le passage de l’opératif au spéculatif, l’initiation, le tableau de loge, l’étoile flamboyante, les petits et grands mystères, le bouddhisme et l’indouisme, les 2 St Jean, le St Empire, la Franc-maçonnerie aujourd’hui et demain.

 

la franc-maçonnerie dans notre temps

Jean baylot

EDITION  VITIANA

 1972

L’auteur ancien dignitaire de la GLNF et beau-père de l’ancien grand maître  Claude Charboniaud, essaie de définir et de justifier les termes de Franc-maçonnerie traditionnelle et régulière, il définit également la notion du grand architecte.

 

Il apporte son optique idéologique sur les structures de l’ordre initiatique qui pour lui est la seule voie méritant la reconnaissance universelle. Un excellent livre qui remet les choses en place et rappelle la place de la Maçonnerie régulière et reconnue.

 

la franc-maçonnerie d’après ses textes classiques

Patrick negrier

EDITION  DÉTRAD

 1996

Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? Pour le savoir avec précision, il est nécessaire de consulter les textes maçonniques eux-mêmes, des origines de l’Ordre jusqu’aujourd’hui. Ce recueil de textes comprend trois parties, qui correspondent en gros aux trois grandes périodes successives de l’histoire de la maçonnerie.


La première partie, consacrée à la maçonnerie anglo-saxonne de 1390 à 1750, a trait aux textes fondateurs : d’une part les Anciens Devoirs, et en particulier les fameux « Devoirs d’un Franc-maçon », qui constituent le cœur même des célèbres Constitutions d’Anderson de 1723 ; et d’autre part un choix des principaux catéchismes symboliques anglo-saxons, qui décrivent avec précision le déroulement de l’initiation maçonnique telle qu’elle était conférée aux débuts de la maçonnerie spéculative.


La seconde partie, consacrée à la maçonnerie continentale à l’âge des Lumières, contient quatorze textes d’auteurs classiques comme  Desfontaine, Travenol, Tschoudy, Larudan, Casanova, Lalande, Grandidier, Frédéric II, Joseph II,  le marquis de Luchet,  et surtout le Chevalier de Ramsay, l’auteur du fameux Discours de 1737, véritable charte de la maçonnerie spéculative annotée ici dans le détail par Patrick Négrier.


Quant à la troisième partie de cette anthologie, elle récapitule les divers aspects de la maçonnerie des temps modernes (XIXème et XXème siècles) à travers des textes d’auteurs aussi variés que :

 

WEILAND, Maine de BIRAN, Alexandre LENOIR, GOETHE, CHEMIN-DUPONTÈS, LAMARTINE, Charles NODIER, Jules SIMON, Élisée RECLUS, LITTRÉ, Jules FERRY, Rudolf STEINER et Oswald WIRTH.

 

la franc-maçonnerie – documents fondateurs

 

Cahier DE L’HERNE

 1992

350 pages grands format pour expliquer les documents qui ont permis d’asseoir les débuts de la Franc-maçonnerie en 1717.

 

Documents et manuscrits originaux et inédits : * Manuscrit Regius * Manuscrit Cooke * La Compagnie des Maçons de Londres * Ordonnances pour la cathédrale d'York * Règlements pour le métier des Maçons * Un manuscrit perdu reconstitué * Le manuscrit Grand Lodge n° 1 * Le manuscrit William Watson * Le manuscrit Dumfries n° 4 * Le manuscrit Sloane * Le manuscrit Trinity College * Documents du XVIIe siècle relatifs à la franc-maçonnerie * Le manuscrit des Archives d'Edimbourg * Le manuscrit Chetwode Crawley * Le manuscrit Graham * La Confession d'un Maçon * Examen d'un Maçon * Le manuscrit Wilkinson * La Maçonnerie disséquée * Vers la Maçonnerie spéculative

.

Tous ces manuscrits sont reproduits et commentés.
Un livre de référence

 

LA FRANC-MAÇONNERIE  ET LE CHRIST

Jean-François Blondel

Edition Trajectoire

2017

Évoquer le Christ dans le cadre de la Franc-maçonnerie, c'est appréhender la dimension ésotérique du christianisme, l'ésotérisme chrétien, en corrélation avec la démarche maçonnique, indépendamment de tout dogme religieux. Ainsi, peut-on faire un parallèle entre les pierres « vivantes », constituées par l'assemblée des chrétiens qu'évoquait Jésus dans les Évangiles, et le temple spirituel que les maçons doivent construire en eux. Le rapprochement avec l'art de bâtir, emprunté aux Écritures, se retrouve dans des expressions maçonniques comme le « Grand Architecte de l'Univers ».

 

Enfin, Jésus lui-même n'est-il pas appelé « le charpentier » ? Si l'on remonte dans le temps, jusqu'à celui de la Maçonnerie opérative, on constate que celle-ci était spécifiquement chrétienne. Dans la Maçonnerie spéculative moderne qui s'inscrit dans sa droite lignée, le Christ n'est pas mentionné explicitement dans les rites, mais il y est souvent fait allusion par le biais de la métaphore, de l'allégorie et du symbole (Croix, Rose mystique, Phoenix, Pélican, Brillante étoile du matin). La référence au Christ se retrouve également dans les Hauts Grades maçonniques qui font souvent écho au Nouveau Testament ou à l'Apocalypse de Jean. Jean-François Blondel livre un travail brillant pour éclairer les rapports entre la Franc-maçonnerie, la religion et la laïcité, par-delà les idées reçues couramment colportées sur le sujet.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une maçonnerie opérative chrétienne (1390-1598)   -    Une Maçonnerie médiévale chrétienne

 

Une maçonnerie de ‘’Transition’’ Judéo-Chrétienne (1599-1712)  -    Une maçonnerie dite de "Transition" 

 

La maçonnerie d’Anderson partagée entre ‘’Noachisme et Johannisme’’ (De 1723 à nos jours)  -   Quand la Franc-maçonnerie devint "spéculative"   -   Les "emprunts" de la Franc-maçonnerie à la tradition judéo-chrétienne    -    Les "Loges de Saint-Jean"     -     Une Maçonnerie chrétienne : le Régime Ecossais Rectifié (RER)    -   

 

La maçonnerie chevaleresque et templière : retour à l’ésotérisme chrétien (De 1750 à nos jours)    -     La référence au Christ dans les "Hauts Grades" maçonniques

 

 la franc-maçonnerie Écossaise

 A. Coen & M. Dumesnil

 EDITION  FIGUIERE

 1934

Un petit livre sur l’écossisme à travers la G.L. Sa naissance et ses vicissitudes beaucoup de pistes de recherches depuis le XXVIIIème siècle.
Extrait : « En 1952, j'écrivis à la Grande Loge de France. Peu après, je fus reçu par plusieurs frères dont Antonio Coen et l'on me remit alors la revue Le Temple, bien oubliée aujourd'hui et le petit livre ci-dessous, dont les auteurs étaient l'un et l'autre, membres de la Loge La Grande Triade dans laquelle je devais entrer deux ans plus tard.

Je veux rendre hommage à deux hommes d'exception, bien que le terme soit galvaudé, et donner au lecteur l'un des meilleurs ouvrages, sinon le meilleur tant par sa clarté et ses qualités littéraires que par la justesse de son contenu sur cette Franc-Maçonnerie Ecossaise, dont la pratique en France me paraissait alors si mystérieuse. C'est une bévue que commit également Georges Dumézil avant son entrée au Portique, en pensant y trouver des éléments Celtes.  

Depuis la première édition de ce livre, (en août 1934,Editions Eugène Figuière, Paris) quelques documents sont remontés en surface, nous savons maintenant que Frédéric II était considéré dans notre pays, par certaines Loges, comme « le chef de tous les Maçons » ; - que les degrés qui ont porté les 25 du rite de Perfection à 33 pour le Rite Ecossais Ancien et Accepté, étaient connus en France avant que le comte de Grasse-Tilly ne rapporte l'ensemble dans notre pays où il n'eut aucune difficulté à trouver un « point de chute » : Saint-Alexandre d'Ecosse était sa Loge mère. - Compte-tenu de ces seuls ajouts mineurs, le livre reste la meilleure lecture à conseiller à ceux qui désirent avoir une idée claire de l'histoire de la maçonnerie dans notre pays.

La première édition de cet opuscule parut quelques mois après certains incidents politiques qui ne furent que prodromes en France de la conflagration qui devait, cinq années plus tard, embraser le monde entier. Cette brochure n'avait d'autre objet que de renseigner brièvement les lecteurs de bonne foi sur les origines, I'histoire, les principes et l'activité réelle d'une institution en butte depuis si longtemps à des calomnies qui, pour être d'une absurdité parfois criante, n'en troublaient pas moins beaucoup d'honnêtes gens. Après la défaite de 1940 et pendant l'occupation qui la suivit, les calomnies furent naturellement reprises et entourées d'une publicité que le nouvel Etat français appuyait de sa contestable autorité. L'organisation d'expositions antimaçonniques dans diverses grandes villes, la création d'une revue « Les Documents maçonniques», dont un service spécial de la Bibliothèque Nationale assurait la rédaction, furent les manifestations les plus voyantes de l'aide apportée par les pouvoirs publics à une propagande que l'on jugeait sans doute nécessaire pour justifier les mesures prises par le Gouvernement contre les sociétés dites secrètes et les Francs-Maçons. 


Après la libération, ces mesures furent naturellement abrogées et les adversaires de la Franc-Maçonnerie mirent en France une sourdine à leurs accusations. Mais leur activité n'ayant pas cessé de s'exercer dans certains pays voisins du nôtre, il est permis de penser que si le climat politique se modifiait, la propagande antimaçonnique reprendrait son ancienne virulence: elle recommence d'ailleurs à se manifester timidement. Il nous a donc paru utile d'éclairer une fois encore les gens Le bonne foi en définissant le caractère et l'objet de la Franc-Maçonnerie. Nous avons constaté, en revoyant le texte de la première édition, qu'en dépit des événements qui ont bouleversé le monde depuis sa publication, ces pages exprimaient toujours la vérité et que nous n'avions rien à y changer. Nous nous sommes donc bornés à les compléter par les passages essentiels d'un discours prononcé quelques mois après la libération devant les représentants de la Maçonnerie écossaise en France. On pourra s'assurer en les lisant que ces événements extraordinaires ont laissé intacts les principes de notre Rite et justifié son attitude traditionnelle tant à l'égard de ses propres adeptes qu'à l'égard du monde extérieur.  


Il y aura bientôt sept ans que fut prononcé ce discours qui recueillit l'approbation unanime des délégués de l'obédience. Malgré bien des difficultés matérielles, la Maçonnerie écossaise a retrouvé en France toute sa vitalité. Elle a eu surtout le rare bonheur de constater que les principes sur lesquels, depuis deux siècles, elle repose ont gardé toute leur valeur et que l'Humanité meurtrie souhaite inconsciemment qu'ils soient mis en œuvre. En ces temps d'immense misère spirituelle, le Maçon doit se souvenir « que tout homme, même non maçon, est son frère » et c'est de ce précepte que, sans présomption ni faiblesse, il doit s'inspirer à tout moment, dans sa loge comme dans la vie courante. »

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE –- LE GRADE D’APPRENTI   -  Tome 1

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2013

Cet ouvrage est le premier d’une série consacrée aux trois premiers grades de la Franc-maçonnerie : Apprenti, Compagnons et Maître, qui se propose d’approfondir le vécu et la signification de chacun de ces grades en s’appuyant sur l’image.

Tous les aspects du grade d’Apprenti, de la première cérémonie d’initiation, décrite avec précision, à la signification des secrets du grade et des symboles qui lui sont attachés, sont ici traités de manière claire et concise.

Une riche iconographie et de nombreux diagrammes permettent d’aller rapidement à l’essentiel sur les concepts et les symboles rencontrés en parcourant le chemin de l’initiation maçonnique. Volontairement concis, le texte n’en est pas moins précis et n’omet pas de préciser les apports de l’Egypte ancienne, de l’histoire du Temple de Salomon, de l’Hermétisme et de l’Alchimie au symbolisme maçonnique.

En annexe sont traités de manière générale et approfondie des sujets indispensables à la compréhension du grade d’Apprenti, en particulier le symbolisme de la pierre, la pensée ternaire, la mort du vieil homme et le « retournement » que cela implique pour l’initié.

Véritablement novateur dans sa présentation qui fait une large place à l’image, ce livre deviendra vite un outil de référence indispensable à toute personne intéressée par le « fait » maçonnique.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : Le symbolisme de l’Apprenti : Rite initiatique - du profane au Franc-maçon - la religion et l’initiation - les cycles initiatiques du R.E.A.A. - La méthode maçonnique - la pierre et le Temple, les deux métaphores du rite - anthropologie ternaire, les influences des courants de pensée traditionnelle de l’Antiquité -

Le Temple de Salomon - le temple maçonnique aménagé, son mobilier et ses décors - la voûte étoilée et les deux luminaires - le Delta rayonnant - le pavé mosaïque - les colonnes jumelles du Temple : Booz et Jakin - les colonnes solsticiales - les trois piliers de la loge - l’éclairage symbolique de la loge - les trois lumières de la loge - les trois fenêtres - les trois grandes lumières -

Les éléments symboliques du grade - les outils et les instruments de l’Apprenti - la géométrie sacrée - la voûte étoilée, le pavé mosaïque et le fil à plomb - la loge et les astres lumineux - les nombres - les circumambulations - le tableau de loge et ses éléments - la houppe dentelée - la chaîne d’union - les officiers de la loge - les fonctions des officiers - la Tétrakys pythagoricienne - les planètes - l’ouverture et la fermeture de la loge - l’orientation symbolique du Temple - la durée des travaux - l’espace temps sacré -

2e partie : La réception de l’Apprenti : l’initiation - le bandeau - les quatre épreuves - l’abandon des métaux - le cabinet de réflexion - la vêture du postulant - la coupe des libations - le voyage au centre de la terre et les trois autres voyages en loge avec les épreuves de l’eau, de l’air et du feu - l’obligation - la scène du parjure - la communication de la lumière - la scène du miroir - le serment de confirmation - l’investiture de l’Apprenti - l’instruction du grade - les secrets du grade - la caverne initiatique et le cadre symbolique du cabinet de réflexion - les fresques murales - le cartouche - le miroir, la chandelle et le crâne - les trois coupelles - le pain et l’eau - le testament philosophique - la régression - le V.I.T.R.I.O.L. et la pierre brute - les trois Marie-Madeleine -

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE – LE GRADE DE COMPAGNON – Tome 2

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2014

Après avoir découvert l’univers symbolique du Temple et dégrosi la Pierre brute, l’Apprenti est élevé au deuxième degré de l’initiation maçonnique, celui de Compagnon. Il y apprendra à manier de nouveaux outils, tels l’équerre, le Levier ou le Niveau, et perfectionnera sa pratique du métier de tailleur de pierre en exerçant l’art de la Géométrie sacrée.

 

Ce second tome de la trilogie consacré à la présentation des trois premiers grades de l’initiation maçonnique est fondé sur les mêmes ingrédients que le précédent : une riche iconographie, souvent inédite en France, de nombreux diagrammes explicatifs et un texte qui accorde une large place aux rituels. L’importance de l’enseignement pythagoricien pour la bonne compréhension du grade de compagnon s’y trouve explicité.En annexe sont traités de manière approfondie plusieurs thèmes intéressant plus particulièrement le Compagnon, tel le rapport entre la lettre G et la géométrie, le symbolisme des Nombres, le secret de la Pierre cubique ou l’importance de l’éveil des cinq sens, indispensable pour entendre la musique des sphères chère à Pythagore.

Au sommaire de cet ouvrage sur le Compagnon :

Chapitre 1 : La loge de compagnon - les éléments symboliques de la loge - le pentagone et le pentagramme - Les trois grandes lumières de la Franc-maçonnerie -

Chapitre 2 : Les éléments symboliques du grade, les outils et les instruments - L’équerre - le levier - La perpendiculaire et le niveau - le Fil à plomb - Verticalité, horizontalité et rectitude - la Truelle -

Chapitre 3 : La Pierre cubique et le cube - la Pierre dégrossie de l’Apprenti et du Compagnon - La métamorphose de la Pierre du V.I.T.R.I.O.L. – la géométrie de la Pierre cubique - le cube dans l’art - la cube du hasard - de l’hypercube - les structures cristallines cubiques -

Chapitre 4 : La Pierre cubique à pointe - La hache sur la Pierre cubique à pointe -

Chapitre 5 : les nombres du compagnon - le Nombre 5, emblème de l’Initié - Les cinq corps symboliques de l’Ancienne Egypte - les cinq polyèdres réguliers platoniciens - les cinq éléments - le nombre 10 -

Chapitre 6 : Le tableau de loge du Compagnon - Les éléments symboliques -

Chapitre 7 : L’ouverture et la fermeture des travaux - Déclaration d’ouverture des travaux - Fermeture et déclaration de fermeture des travaux -

Chapitre 8 : L’élévation au grade de Compagnon - Le passage de la perpendiculaire au niveau - Identification et tuilage du candidat - Audition du morceau d’architecture - Communication du mot de passe - la vêture - l’épreuve de l’équerre -

Chapitre 9 : Les cinq voyages d’instruction - Voyages initiatiques et rituels - installation du Temple pour la réception - les cinq voyages d’instruction -

Chapitre 10 : Le premier voyage - le maillet - le ciseau - les 5 sens - les 5 agrégats -

Chapitre 11 : Le deuxième voyage - la règle et le levier - Les 5 ordres d’architecture - les ordres d’architectures grecs et romains -

Chapitre 12 : Le troisième voyage - La perpendiculaire et le niveau - les 7 arts libéraux - le Trivium - la grammaire - la rhétorique - la logique - la quadrivium - l’Arithmétique - la géométrie - la musique - l’astronomie - Pythagore, Euclide et Ptolémée -

Chapitre 13 : Le quatrième voyage - L’équerre du compagnon - les cinq grands initiés -

Chapitre 14 : Le cinquième voyage - Gloire au travail -

Chapitre 15 : L’obligation et l’investiture - Les secrets du grade - le mot de passe - le signe - l’attouchement et la marche -

En annexe : Métatron - Pythagore et la musique des sphères - l’escalier initiatique - les nombres sacrés et leurs formes - l’homme Un et multiple - La dame à la licorne - G et sa géométrie sacrée -

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE –- LE GRADE DE  MAÎTRE      -      Tome 3

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2015

Sorte de passerelle entre les loges bleues des trois premiers grades et les loges de Perfection, dites loges vertes, le grade de Maître Maçon est fondé sur le mythe d’Hiram. Maître d’oeuvre du temple de Salomon, Hiram est assassiné par trois compagnons que ronge l’ambition. Retrouvé par les Frères-Maîtres partis à sa recherche grâce à la branche d’acacia plantée sur sa tombe, son cadavre est redressé. S’agit-il d’une renaissance ou d’une résurrection ? L’auteur répond ici à cette question fondamentale et explicite toutes les subtilités de ce drame rituel qui détermine les différents aspects du symbolisme de ce grade. Achevant la trilogie consacrée à la présentation des trois premiers grades de l’initiation maçonnique, cet ouvrage est fondé sur les mêmes ingrédients que les précédents : une riche iconographie, de nombreux diagrammes explicatifs. En annexes sont traités plusieurs thèmes éclairant le symbolisme du grade de Maître, tels celui des rites funéraires, de l’anatomie symbolique ou des mystères d’Eleusis. Véritablement novateur dans sa présentation, qui fait une large place à l’image, ce troisième tome de la trilogie est, comme ses deux prédécesseurs, un outil de référence indispensable à toute personne intéressée par le symbolisme maçonnique

 

Dans les constitutions d’Anderson de 1723, il n’est pas mentionné une franc-maçonnerie en trois grades. Le grade de maître n’apparaît que dans les constitutions d’Anderson de 1738. De 1721 à 1738, un certain nombre de chefs de loges passés et présents ont acquis un certain prestige qui leur donnait accès à des réunions excluant apprentis et compagnons. La légende d’Hiram serait apparue au sein du savoir initiatique conféré aux maîtres au début du XVIIIe siècle. La franc-maçonnerie connaissant dans les années 1720 à 1730 une cérémonie avec secret réservé à certains maçons et dans laquelle on trouvait des correspondances avec la légende d’Hiram. Toutefois, il est bon de rappeler qu’Hiram apparaît dans les Anciens Devoirs (Old charges), les manuscrits qui ont participé à la fondation de la franc-maçonnerie opérative. On mentionne Hiram dans le manuscrit “Tew” et le manuscrit “Inigo Jones” (vers 1680). Le premier document concernant un troisième grade date de 1711, soit six ans avant la création de la Grande Loge de Londres. Il s’agit d’un texte rédigé sur le côté d’une feuille du manuscrit du “Trinity College, Dublin”. LE manuscrit contient une narration décrivant les signes et les mots de maîtres, de compagnon et d’apprenti.

 

Quant à la légende d’Hiram, elle va se généraliser à partir du pamphlet de Samuel Prichard “La franc-maçonnerie disséquée” publié en 1730. Le grade de maître aurait été créé “pour réformer la franc-maçonnerie et sélectionner les plus capables de ses membres à diriger une loge”. En 1726, le frère Francis Drake prononce un discours devant la loge d’York, indépendante et bientôt rivale de la Grande Loge de Londres. Il y mentionne les grades d’apprentis enregistrés, compagnons et maîtres maçons. On voit donc que le grade de maître s’est développé entre la première publication des constitutions d’Anderson en 1723 et la deuxième en 1738. La Grande Loge de Londres n’a donc pas créé officiellement le grade de maître en 1738, elle n’a fait que l’entériner. De tout ce qui a été dit il faut conclure :

 

- qu’au début du XVIIIe siècle, il n’existait pour les maçons spéculatifs qu’une seule cérémonie d’initiation, un seul degré.- qu’après la formation de la Grande Loge de Londres en 1717, on organisa deux degrés, en rétablissant sur de nouvelles bases, le grade d’apprenti. - qu’un troisième degré s’introduisit et se propagea graduellement parmi les loges spéculatives à partir de 1725. - que l’existence de trois degrés doive seulement être sanctionnée par la Grande Loge de Londres en 1738 et qu’elle n’était pas encore universellement acceptée jusque dans les années 1760.

 

Pour revenir à la légende d’Hiram, le frère Rylands, secrétaire de la loge de recherche Quator Coronati au début du XXIe siècle a suggéré que notre mythe fondateur et sa représentation pourraient bien provenir de quelque mystère joué, pendant le moyen-âge, dans des guildes de maçons mais rien n’a pu justifier cette hypothèse. La légende d’Hiram pourrait trouver son origine dans l’un des manifestes, la Fama Fraternitatis, des premiers vrais Rose-Croix et rédigé par Andréa. Dans ce manifeste écrit en 1615, il est question de l’histoire d’une tombe mystérieuse où les rose-croix auraient retrouvé, après cent ans, le corps de leur fondateur Christian Rosenkreutz, éclairé d’une lumière surnaturelle et entouré de symboles qui fournissaient la clef de sa doctrine. La légende ne parle pas de résurrection mais d’un corps bien vivant retrouvé au bout de cent ans ce qui est tout de même proche de la légende d’Hiram.

 

 Le cadre rituel d’abord : le passage du 2° au 3° degré est une grande « opération » et non un simple jeu de théâtre. C’est le passage de l’ordre psychique à l’ordre spirituel ; une évolution importante ; une nouvelle étape de compréhension. Pour comprendre ce mûrissement, il faut se rappeler encore la nature de l’être humain, que toutes les traditions initiatiques nous ont confirmée, de l’Égypte antique à la Grèce, de celle-ci à Rome et au judéo-christianisme. L’homme est une matière unie à l’esprit par un médiateur psychique ; il est à la fois force, sagesse et beauté émotive ; un rituel psychomoteur doit donc frapper à la fois ces trois états de l’être. — Comment le cadre rituel du grade résout-t-il  ce programme ? II le fait en trois stades :

 

Premier stade : Préparation du psychodrame ; deuil et tristesse. C’est l’épreuve du seuil. On interroge le néophyte, on le suspecte, on le vérifie. L’enquête se termine par la reconnaissance de son innocence dans le meurtre du Maître.

 

Deuxième stade : Épreuve de l’abandon, de l’errance, de la recherche. Nous sommes tous orphelins ; le Maître est mort et on ignore même où se cachent ses pauvres restes.

 

Troisième stade : Épreuve suprême : voyage par l’élément Terre et jaillissement du germe de Vie. La mort sera vaincue ! Hiram sort des ténèbres de la mort, des profondeurs de la terre ; il re-naît dans le néophyte ; la Vie a triomphé à jamais de la mort.

 

Le rituel le montre, l’enseigne : La marche du Maître triomphe trois fois de la mort car on enjambe trois fois le douloureux emblème qu’est le Cénotaphe. L’homme étant un être triple, doit donc triompher trois fois de la mort (sinon un seul enjambement suffirait  La lumière rouge est symbole de chaleur vivifiante ; 1’infrarouge annonce la lumière intégrale et mûrit le germe de vie par sa bienfaisante radiation.

 

Les 5 Points parfaits complètent cette renaissance de la vie : si à l’origine on fixait sur le sol un piquet à chacun des quatre angles de la construction future, puis un cinquième au centre, point de rencontre des diagonales du Temple à construire, on retrouve ces « cinq landmarks » essentiels dans l’initiation au grade de Maître, où le néophyte doit, lui aussi, devenir un Temple vivant à construire par sa revivification. La jonction des pieds, l’inflexion des genoux, la jonction des mains, le serrement de la main gauche sur l’épaule droite et finalement le Baiser de Paix infusent dans le récipiendaire toutes les vertus de son nouvel état de conscience : l’amour fraternel, le dévouement affectueux, la confiance totale, la collaboration éclairée, la douce union initiatique – points sacrés unissant à la fois les cœurs, les pensées, les volontés dans un idéal partagé. Oui, désormais nous ne faisons plus qu’un, car nous nous comprenons, nous nous entendons ; être Maître, c’est atteindre un palier nouveau. Mais attention cependant : il ne suffit pas de relever le candidat par les cinq points de la Maçonnerie pour que d’office il soit devenu HIRAM lui-même ! On ne devient pas Maître en un seul instant. Un enfant, mis au jour, doit encore grandir. Un nouveau Maître doit se rendre compte :1) Qu’il a sans doute « 7 ans et plus », c’est surtout « et plus » qui comptent ici, c’est-à-dire le temps de la maturation. 2) De ce que la Parole est « perdue » et doit être retrouvée un jour, c’est toute une évolution, tout un programme ; tout un travail intérieur ! Le Maître devra mûrir pour donner un jour tout son fruit.

 

L’Acacia symbolise cette bataille pour la Vérité ; son bois est dur et solide car un Maître doit être stable et robuste ; mais il est hérissé d’épines, car il est apotropaïque : le pouvoir des pointes qu’il recèle ainsi rejette au loin les forces des ténèbres. « L’acacia m’est connu » : je suis en mesure de me défendre et de rejeter au loin tout préjugé, toute erreur, toute sujétion à des images préfabriquées par une société imparfaite. Quant aux signes du Maître  et des deux premiers degrés, combien ils ont été mal compris ! Ils sont tous les précurseurs de « l’acacia m’est connu », car l’initiation est une bataille continuelle et progressive contre les puissances des ténèbres. L’Apprenti se coupe la gorge ; celle-ci est à la fois le véhicule de la nourriture et l’organe de la parole. L’Apprenti enlève ainsi en lui l’esclavage des appétits physiques et l’imprudence des vaines paroles ; il apprend les vertus du silence, de la retenue, de la prudence verbale.

 

Le Compagnon s’arrache le cœur, en ce sens qu’il se défait des excès du sentiment et des liaisons sentimentales qui peuvent annihiler sa volonté ; il se libère de l’esclavage charnel et sentimental, si entaché d’égoïsme effréné ; il bride ainsi ses passions et atteint un équilibre rationnel. Le Maître enfin se coupe le ventre. Platon enseignait que tout est hiérarchie dans l’être humain ; la tête doit dominer le cœur et celui-ci doit dominer le ventre, symbole de tous les appétits terrestres et de toutes les passions inférieures. Etre sans désir est le grand secret du Maître, qui peut par la puissance de sa volonté, triompher de toutes les faiblesses. Un Maître se domine entièrement et sans effort. Il a triomphé de ses derniers sursauts d’égoïsme. Ainsi libéré de lui-même, il pourra remplir son devoir social et libérer les autres. Le Maître agit. Se placer à l’ordre de Maître, c’est dire : « Me voici. Je suis prêt à agir ». Le Maître est toujours en alerte, prêt à l’action, mais quelle action ? Celle qui est sa raison d’être, la raison d’être de notre Ordre. La libération de l’humanité de son état d’indignité et de méchanceté, Le signe d’horreur le révèle. Le monde est rempli de haine, d’iniquités ; le meurtre d’Hiram en est l’affreuse image ; il révolte notre conscience ; il provoque notre juste courroux. On se réfugie alors dans le Temple des mystères, on s’écrie : « Ah ! Seigneur, mon Dieu ! » pour signifier qu’on appelle à soi toutes les puissances bénéfiques de la Nature, toutes les vertus de bonté humaine, tous les ressorts de la générosité, pour mettre fin au règne des ténèbres, qui égare et asservit les hommes.

 

Après ce « Cadre rituel », sachons trouver le symbole vivant de la Maîtrise, dont tout l’enseignement, tout le suc initiatique est condensé en un seul geste : la précieuse « Griffe de Maître » qui est généralement si mal enseignée, si mal pratiquée et si mal comprise, au point qu’elle est en fait dépourvue de ce qui fait l’essence même de sa révélation. Sans doute, la Griffe de Maître nous rappelle que chaque Maître est pour les autres un maillon de la Chaîne des Maîtres. Elle est un signe d’Alliance éternelle, dans un but élevé commun. « Nous nous comprenons, nous nous aimons ». Mais, bien, pratiquée, elle est bien plus que cela ; elle est le secret de la Maîtrise elle-même ! Car, quel est le secret essentiel du Grade ? La renaissance du Maître HIRAM en chacun des Maîtres. Pour venir au jour, pour naître, il faut inévitablement et préalablement être conçu ! Pour être conçu, il faut qu’un générateur dépose la semence de vie dans un milieu favorable et réceptif ; la Mère a en elle une « Chambre du Milieu » où cette précieuse opération de création de la Vie pourra se faire. Il faut donc que le néophyte ferme sa main en griffe pour symboliser la cavité réceptive du germe de vie et que l’Initiateur pousse son doigt médius au sein de cette cavité au moment où il ferme sa main en griffe sur la main du néophyte Cela signifie : « Je te crée Maître ». Et ceci perçu, le néophyte à son tour pousse son médius dans le creux de la main de son Initiateur en disant mentalement : « Oui, je viens de naître. Me voici ! » Il y a donc deux temps dans cette action :1) Création, fécondation. 2) Naissance et manifestation.

 

Le Maître Initiateur doit donc émettre une flamme spirituelle, qui favorisera la naissance du néophyte à un nouvel état supérieur de conscience et de spiritualité. La paternité est un échange de vitalité. Initier, c’est éveiller en autrui une sorte de « courant induit » volontairement bénéfique et qui le rend meilleur pour l’avenir, de façon indélébile. On conçoit dès lors combien est émouvante la Griffe de Maître que l’on échange de façon soignée : elle rappelle ces deux grands moments de l’initiation de l’HIRAM nouveau  « Je t’ai créé Je suis ton fils ? »

 

Notons au passage que la Griffe était connue des Anciens et que les Orphiques et les Gnostiques, le pratiquant couramment, ont été de ce fait, l’objet des attaques perfides des Pères de l’Église, sophistes ayant toujours la bave aux lèvres, voulant attaquer la « griffe initiatique » où l’on se « chatouille le creux de la main », les polémistes chrétiens y voyaient un mariage avec les démons. Les mots « chatouiller le creux de la main » montrent bien que la Griffe n’était pas simplement le fait de se donner la main comme le font les profanes, niais un moyen rituel de se faire reconnaître par des actes précis que l’on échangeait à cette occasion. Tel est le résumé suggestif et vivace de ce degré sublime. Les anciens Grecs enseignaient que tout est immortel et impérissable dans l’Univers, dans le Kosmos vivant. La mort physique n’est pour eux qu’un passage naturel d’un état à un autre ; aucun de nos atomes ne peut se perdre ou s’anéantir ; tout vit à jamais, c’est là l’image d’une Maîtrise éternelle. Puisse chacun de nos FF s’en souvenir, le jour où son corps périssable sera livré au froid, aux ténèbres et au silence du sépulcre ; alors que comme Hiram, il verra « sa chair quitter les os » (Mac Benac). Mais Hiram, c’est lui ; comme lui, il est impérissable et il sera toujours vivant, chargé d’une immortelle Espérance.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

De l’origine des rites initiatiques et des rites funéraires   -   Les lieux initiatiques   -   le Temple de Salomon et le temple initiatique   -   La loge maçonnique    -   Les deux chambres de la maîtrise   -   La chambre de réception   -   Le Debir et l’Hékal    -   Les trois portes du Temple légendaire   -   La chambre du milieu   -   Les décors de la loge    -    La branche d’acacia   -    Les attributs du Maître   -   L’escalier tournant   -   Le tableau de loge du Maître   -    Le passage de l’équerre au Compas    -   Le récit illustré de la légende d’Hiram    -  Les spécificités du 3e degré    -   Les deux paradigmes initiatiques des Loges Bleues    -   L’ouverture et le fermeture de la Chambre du Milieu    -   La réception d’élévation    -   De la substitution dans les degrés allégoriques    -   De la théâtralité de la légende d’Hiram   -   L’examen préliminaire du candidat   -   Le retournement intérieur de l’apprenti    -   Les retournements rituels de la Maîtrise   -    La légende d’Hiram   -    La Palingénésie initiatique   -   Le meurtre et les recherches de la tombe   -    Les modalités du crime   -   La découverte de la tombe et la résurrection symbolique    -   Les cinq points parfaits de la Maîtrise   -   La double inhumation d’Hiram   -   Renaissance et Résurrection   -   Les mythes de la Renaissance   -   L’Alchimie   -  Les mythes de la Résurrection   -   La double initiation maçonnique   -  Les mystères d’Eleusis   -    De la porte basse à la porte étroite   -  La remise des décors et des instruments du grade   -  Les secrets du grades   -  Les signes et les mots   -   L’âge, la batterie et l’acclamation   -   La marche du Maître   -  Les rites funéraires   -  Le cabinet de réflexion   -  De la Palingénésie initiatique   -  Les figures du retournement   -  Le carré et le cercle   -  De la Parole perdue   -  Petits et grands mystères   -

 

LA FRANC -MAÇONNERIE EST- ELLE UNE GNOSE ?

Marc Halevy

Edition Dervy

 2018

Qu’est-ce que la Gnose ? La franc-maçonnerie est-elle un chemin gnostique ? Comment un apprenti, un compagnon, un maître perçoivent-ils ce chemin ? Le Temple de Salomon est-il le symbole de la Gnose ? La franc-maçonnerie est-elle une mystique ou bien une Gnose spécifique ? Toutes ces interrogations sont traitées avec clarté et sont accessibles à tous ceux qui s’intéressent à un domaine quasiment jamais étudié en franc-maçonnerie, un concept selon lequel le progrès spirituel passe par une connaissance (expérience ou révélation) du divin... et donc par une connaissance de soi

 

Mais qu'est-ce donc que la Gnose ? D'où vient-elle ? Qui la créa ?... Personne en vérité n'est à l'origine de la Gnose. Le gnos­ticisme au sens large a toujours existé. Comme le souligne H.C. Puech : «Avoir la gnose, c'est connaître ce que nous sommes, d'où nous venons, d'où nous venons et où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et quelle est notre renaissance». Gnosis s'oppose à «mathesis», la science pure, le savoir. La Gnose c'est donc la connaissance pure, c'est l'enseignement secret. Car la Gnose est ésotérique : elle est réser­vée à une élite. Elle est initiatique : elle explique le problème de l'origine du Mal, elle a pour but le Salut par la Connaissance. La Gnose est d'abord une méthode de discipline spirituelle. Elle est finalement le chemin de la Lumière et de la Connaissance. C'est pourquoi les gnostiques chrétiens - puisque c'est après le Christ que l'on parla officiellement de la Gnose - se référaient à Hermès Trismégiste dont l'enseignement nous a été révélé par des écrits qui furent probablement rédigés entre le 2ee et le 3e siècle par une secte gnostique.  

 

On trouve également dans les doctrines gnostiques, à côté du judéo-christianisme de nombreuses traces des traditions anti­ques, qu'elles soient égyptiennes, zoroastrienne, orphique ou py­thagoricienne. La Gnose est ainsi une démonstration de l'unicité de la tradition initiatique universelle à travers le christianisme : les triades n'ont-elles pas précédé la Trinité, le baptême d'eau ou de feu, la communion, le rachat des âmes, le culte de la Vierge Mère, le quaternaire de la Croix ne sont-ils pas, bien avant le Christ, symboles courants des anciennes initiations ?...

 

L'enseignement gnostique demeura longtemps connu uni­quement à travers le prisme - souvent déformant - des Pères de l'Église officielle, notamment Tertullien et Irénée. Mais en 1945, il y eut la découverte à Nag Hammadi par un berger égyptien - c'est toujours un berger, très symboliquement, qui est à l'origine de ce genre de trésors - de 52 manuscrits coptes datant d'environ 1500 ans mais traductions de manuscrits plus anciens et qu'Élai­ne Pagels, professeur d'histoire des religions à Colombia, dénom­me les «Évangiles secrets». Tous ces textes d'inspiration gnostique dont le fameux Évangile de Thomas, l'Évangile de Philippe, l'Évangile de Marie (de Magdala). L'Évangile de vérité, le Livre secret de Jacques, l'Apocalypse de Paul, l'Apocryphe de Jean etc... apportaient des lumières nouvelles sur la Gnose et remettaient en cause beau­coup d'idées reçues.

 

Pour simplifier et mieux comprendre,  dans un premier temps, la gnose se présente comme une connaissance purement intuitive et une expérience strictement personnelle qui donne accès au divin ou pour utiliser un terme plus générique, au transcendant ou à une forme de métaphysique. Cette approche essentiellement spiritualiste fait davantage appel plus à l’intelligence du coeur qu'à la raison, au moins dans la pensée des premiers gnostiques

 

la franc-maçonnerie française une naissance tumultueuse 1720 – 1750

Jean-Paul lefebvre - filleau

EDITION Maître - Jacques

 2000

C’est l’histoire des trois premières années de la Franc-maçonnerie française. Années qui furent compliquées et tumultueuses autant de l’intérieur que de l’extérieur. À lire pour la compréhension de cette naissance en France et en Angleterre.

C’est autour de 1725, qu’apparaissent les premières loges en France. Elles s’implantent dans l’ambiance libérale et anglophile apparue sous la Régence et ne touchent d’abord que la haute aristocratie. L’authenticité de la filiation rituelle est dès l’origine une préoccupation des Maçons.

Avant que les Grandes Loges ne centralisent l’octroi de patentes aux nouveaux ateliers, ceux-ci les demandaient aux loges anciennes et bien établies qui se créaient ainsi tout un réseau de loges filles. Avant 1738, les premiers Grands-Maîtres de la Franc-maçonnerie française sont – probablement comme la majorité des frères – des exilés britanniques résidant en France. En 1743, le Comte de Clermont est élu Grand-Maître, il le restera jusqu’à sa mort en 1771. Noble de haut rang, son rôle est d’être un protecteur, il n’intervient pas dans la gestion directe de l’Ordre et n’exerce qu’un parrainage distant relayé par des substituts.

1738 inaugure une longue série de bulles papales d’excommunication des Francs-Maçons. Le Pape reproche à l’Ordre sa tolérance religieuse, on ne met pas sur un même plan la vérité et l’erreur ! Cependant ces bulles ne seront jamais enregistrées par les parlements, étape obligée pour avoir force de loi, et les ecclésiastiques seront nombreux dans les loges. Si le gouvernement du Cardinal Fleury cherche un temps, sans succès, à interdire la Franc-maçonnerie, c’est qu’il y voit un repaire de Jansénistes. Ceux-ci étaient considérés comme des opposants à la monarchie absolue et des partisans de la liberté de conscience. C’est aussi l’époque où les cérémonies et les secrets des Maçons sont révélés au public par des livres ou des gravures.

A partir de 1740, la Maçonnerie va se diffuser largement dans toute la France. Rares sont les petites villes qui ne compteront pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où – bien dans l’esprit du siècle – les frères célèbrent la vertu et l’égalité. Peu à peu – et probablement de manière inconsciente – s’y développe une sociabilité libérale et démocratique qui prépare insensiblement l’avènement des idées nouvelles. De 1736 à 1755, les loges de France ne sont fédérées que par une allégeance peu contraignante au « Grand Maître des Loges du Royaume », protecteur prestigieux et lointain qui leur laisse une totale liberté. Entre 1755 et 1766, les Vénérables des loges de la capitale, réunis en une « Grande Loge des Maîtres de l’Orient de Paris dite de France », vont essayer d’établir leur autorité sur l’ensemble de la Maçonnerie française. Mais cette « Première Grande Loge de France » n’arrivera jamais à s’imposer. Elle sera déstabilisée de façon chronique par les querelles entre systèmes de hauts-grades rivaux qui essayent d’en prendre le contrôle et se met en sommeil en 1766.

1773 voit une nouvelle tentative pour doter la Maçonnerie française d’un centre commun et d’une autorité reconnue. Deux principes sont définis : l’élection des officiers et la représentation de toutes les loges. Sur cette base les représentants de toutes les loges – y compris et pour la première fois des loges de provinces – sont convoqués. Les travaux des 17 réunions plénières aboutissent à la formation du Grand Orient de France. Au nom du Grand Maître, le Duc de Chartres, et sous l’autorité réelle de l’Administrateur Général, le Duc de Montmorency-Luxembourg, le Grand Orient est géré par trois chambres où siègent les représentants élus des loges. Comme le précise une circulaire de 1788 : « le fonctionnement du Grand Orient est essentiellement démocratique ». Les neuf dixièmes des loges françaises se rallient à la nouvelle structure.

 

LA FRANC-MAÇONNERIE - HISTOIRE ET DICTIONNAIRE

Sous la direction de Jean-Luc Maxence

Edition Robert Lafond

2013-11-29

L’univers initiatique suscite depuis toujours un mélange de fascination irrationnelle et de méfiance. Cet ouvrage a pour ambition de répondre à toutes les questions qu’on se pose à son sujet, en offrant au lecteur une source vive d’informations et de références.

Il s’adresse aux profanes comme aux inities, aux historiens comme aux curieux venus de tous les horizons de la pensée, à tous ceux qui veulent comprendre et s’informer, au-delà des peurs et des fantasmes habituels ; il propose des pistes de réflexion, des débats d’idées, des dossiers, des documents historiques sur un thème qui n’a cessé de provoquer des commentaires passionnés.

Cette entreprise monumentale présente non seulement un historique de la démarche initiatique, mais aussi une épopée spirituelle, à travers plusieurs siècles, des diverses obédiences et des rites pratiqués. Elle s’appuie sur le concours d’auteurs appartenant à des obédiences et des rites d’origines diverses. Un éclectisme qui permet d’éviter les partis pris et de laisser libre chaque auteur d’exprimer ses interprétations et ses spécificités.

Au sommaire de cet ouvrage :

Roger Dachez : L’avènement de la Franc-maçonnerie : La création de la Franc-maçonnerie spéculative et moderne - le rite rectifié - le rite français - le rite émulation - les rites maçonniques égyptiens - Chevaliers, templiers et francs-maçons du Moyen Âge au 18e siècle - Quel avenir pour la franc-maçonnerie ?

Bernard Bouchard : Les désillusions de trois royaumes et l’émergence du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Pierre-Yves Beaurepaire : La Franc-maçonnerie des Lumières : le succès d’un projet européen et élitiste

Joël Gregogna : La Franc-maçonnerie américaine inconnue

Michaël L. Segall : La Franc-maçonnerie italienne et le rôle de Cagliostro -

Didier Le Masson : Histoire de la franc-maçonnerie allemande

Claude Saliceti : L’humanisme maçonnique, l’utopie et le projet maçonnique

Jean-Claude Bousquet : Du Grand Architecte de l’Univers et de la liberté de conscience

André Combes : Franc-maçonnerie et politique

Marie-France Picart : Quand la franc-maçonnerie vint aux femmes

Jean François Maury : Les anarchistes Franc-maçons et l’éducation

Charles-B. Jameux : Les sources antiques de la transmission initiatique en franc-maçonnerie : art classique de la mémoire

Michel Cazenave : Mythe et psychologie des profondeurs : vers la mythanalyse

Simone Vierne : Fonction des mythes et des rites en franc-maçonnerie

Michel Maffesoli : Réenchantement du monde et franc-maçonnerie

Stéphane Ceccaldi : Le patrimoine maçonnique

Jean-Pierre Lassalle : Surréalisme et franc-maçonnerie

Jacques Viallebesset : L’Illuminisme au siècle des Lumières -

Jérôme Rousse-Lacordaire : Voie initiatique, voix spirituelle, histoire comparative et spiritualité. Anti maçonnerie et scandales

Frédéric Vincent : Le rôle de l’imaginaire dans les sociétés initiatiques et les structures anthropologiques de l’imaginaire maçonnique.

Jacques Gabut : Les fondements symboliques de la franc-maçonnerie

Jean-luc Maxence : tout n’est pas symbole. Psychanalyse et franc-maçonnerie. Premier et dernier pas

Dominique Jardin : Les courants ésotériques et la Franc-maçonnerie

Pierre Vajda : La démarche initiatique : voie d’accès à une spiritualité sans dogme.

Jean-Marc Vivenza : René Guénon, l’ésotérisme et la franc-maçonnerie

Suivent les grands textes fondateurs, les grandes obédiences françaises, quelques francs-maçons illustres, un lexique des outils et des grands symboles

Un superbe livre d’érudition, de recherche, de références et d’informations de 1150 pages à avoir dans sa biblio 

 

la franc-maçonnerie – les secrets des objets

R. morata

EDITION  MASSIN

 2000

Très bel album avec photos couleur sur les objets maçonniques du XIXème et XXème siècles. Sautoirs, Cannes, bronzes, montres, vaisselle de table, tabatières, tabliers, épées, etc.

 

Ce livre de 96 pages couleurs contient plus de 100 illustrations couleurs présentant les objets Franc-maçon.


Les secrets et les symboles fondamentaux des bâtisseurs de cathédrales sont fascinants.

 

la FRANC-maçonnerie occultiste au xviiième siÈcle et l’ordre des Élus coens

René LE FORESTIER

EDITION La Table d’Émeraude

 1987

Explication de la notion de réintégration d’Adam en passant par Caïn, les patriarches, l’Arche d’Alliance, le Sinaï et les actes fondateurs. Signification des 12 premiers nombres, du cercle, du triangle, l’ésotérisme juif des origines au XVIIIème siècle. Les Kabbalistes juifs et chrétiens. Les Hauts Gradés et la magie des élus Coëns.

 

Le christianisme ésotérique, la gnose, les Rose-Croix Willermoz et Martinez de Pascually. On y  raconte toute la maçonnerie occulte du XVIIIème siècle et ses relations avec Martinez de Pascually et les Elus Coën

 

Nous reprenons ici le compte rendu que René Guénon publia en décembre 1929 dans le Voile d'Isis sous le titre : « Un nouveau livre sur l'Ordre des Élus Coëns. » : « De tous les Rites maçonniques qui ont, dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, combattu le rationalisme au nom d'une antique tradition secrète, l'Ordre des Élus Coëns est le plus digne d'attention.

Fondé par un Juif converti, mais très versé dans la Kabbale théorique et pratique, cette société occultiste, qui fut la première école de Louis Claude de Saint-Martin, professait un christianisme ésotérique, apparenté de très près au Gnosticisme, et ses adeptes évoquaient les Esprits du Surcéleste ou exorcisaient les démons par des cérémonies spécifiquement magiques.

L'Ordre des Elus Coens a joué un rôle de premier plan dans l'histoire du mouvement mystique aux approches de la Révolution. Le présent ouvrage, qui ne s'appuie que sur des documents authentiques, étudie la secte sous tous ses aspects. Après avoir mis en lumière ses doctrines secrètes, ses thèmes mystiques et ses pratiques théurgiques, il en établit la filiation et remonte, pour en trouver la source, jusqu'au Talmud, au Zohar, aux néoplatoniciens, aux néopythagoriciens, aux gnostiques et aux occultistes de la Renaissance. Il retrace enfin l'histoire de la société, tant comme groupement mystique que comme rite maçonnique, et dessine le portrait des adeptes les plus représentatifs.

Quatre tableaux insérés dans le texte reconstituent les graphiques secrets et les tracés des opérations magiques. Tout ce qui est proprement historique est fort bien fait et appuyé sur une étude très sérieuse des documents que l'auteur a pu avoir à sa disposition, et nous ne saurions trop en recommander la lecture. La première partie est une excellente vue d'ensemble sur le contenu du Traité de la réintégration des êtres […] ; il n'était pas facile de tirer de là un exposé cohérent, et il faut louer M. Le Forestier d'y être parvenu. M. Le Forestier a raison de parler à ce propos de "Christianisme ésotérique" et tout à fait raison de voir dans l'expression "forme glorieuse", employée fréquemment par Martines, et où "glorieuse" est en quelque sorte synonyme de "lumineuse", une allusion à la Shekinah…

Un livre de référence.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes « l’ apprenti »

Oswald wirth

EDITION DERVY

 1978

Le présent manuel ne prétend rien inculquer : ce n'est pas un livre de classe où l'élève apprend sa leçon en vue de pouvoir la réciter correctement. L'Initiation enseigne à penser, donc à faire l'effort personnel qui conduit à l'élaboration de la vérité.

Celle-ci n'est jamais révélée à l'Initié, dont la mission consiste à découvrir par lui-même les secrets qui l'intéressent. L'Art auquel il s'adonne veut qu'il sache construire selon ses convenances personnelles l'édifice de ses propres convictions.

Toute liberté lui est laissée à cet égard, pourvu qu'il construise solidement, avec des matériaux judicieusement choisis, car toute pierre n'est pas acceptable par le constructeur, qui doit éprouver, au point de vue de la cohésion, le grain de tout bloc qu'il met en œuvre. Il en va de même dans le domaine des idées, où nulle conception ne doit être acceptée sans examen

 

Un excellent livre pour l’apprenti qui va y trouver la philosophie de la Franc-maçonnerie, son objet, ses méthodes et ses moyens. Y sont décrits tous les symboles du premier degré et ses voyages. Du cabinet de réflexion à la lumière.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes le  « Compagnon »

Oswald wirth

Edition Dervy

 1978

Ce deuxième volet de l’initiation du Franc-maçon nous parle du grade de compagnon avec ses cinq voyages, sa gestuelle et les outils du grade.

 

Au degré de compagnon, l’étoile Flamboyante est le thème central de l’instruction. Lorsque l'Etoile Flamboyante est dévoilée à l'issue du cinquième voyage, le Vénérable Maitre la décrit en distinguant ses éléments constitutifs l'étoile en elle-même, ses rayons et la lettre G. Mais forme-t-elle un tout unique ou est-elle un rassemblement de plusieurs symboles ?


Le delta rayonnant ou encore les 3 grandes lumières de la franc-maçonnerie constituent également des rassemblements de symboles l’équerre, le compas et le volume de la loi sacrée. A l'ouverture des Travaux, le Vénérable Maitre demande au Second Surveillant s'il est Compagnon. Ce dernier lui répond "J'ai vu l'Etoile Flamboyante". ..

Etoile flamboyante… la représentation visuelle qui en est faite me rappelle plutôt une étoile rayonnante puisqu'elle est entourée de rayons. Etoile rayonnante ou étoile flamboyante donc ? L’adjectif « Flamboyante » a un aspect plus intérieur alors que « Rayonnante » plus tourné vers l’extérieur.


Flamboyante, feu sacré, feu de vie, qui vient de l’intérieur de l’Homme, Cœur de l'Homme.  Rayonnante porte à l'extérieur ce feu intérieur, illumine, rayonne. Rayonner rappelle bien sur de continuer au dehors l'œuvre commencée dans le Temple mais également de propager cette lumière, nos lumières.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes le  « MaÎtre »

Oswald wirth

Edition Dervy

 1978

Ce troisième livret termine le cycle du Franc-maçon. Il y est question des sociétés secrètes, des mystères de la légende d’Hiram, de la chambre du milieu, de la résurrection, les mythes, de l’immortalité, de la mort, des devoirs du maître, du nombre 7, de la tradition, de l’Adam Kadmon, d’Osiris, du chapeau, du symbolisme, des religions, de l’alchimie, de l’hermétisme etc.

 

Dans les constitutions d’Anderson de 1723, il n’est pas mentionné une franc-maçonnerie en trois grades. Le grade de maître n’apparaît que dans les constitutions d’Anderson de 1738. De 1721 à 1738, un certain nombre de chefs de loges passés et présents ont acquis un certain prestige qui leur donnait accès à des réunions excluant apprentis et compagnons. La légende d’Hiram serait apparue au sein du savoir initiatique conféré aux maîtres au début du XVIIIe siècle. La franc-maçonnerie connaissant dans les années 1720 à 1730 une cérémonie avec secret réservé à certains maçons et dans laquelle on trouvait des correspondances avec la légende d’Hiram. Toutefois, il est bon de rappeler qu’Hiram apparaît dans les Anciens Devoirs (Old charges), les manuscrits qui ont participé à la fondation de la franc-maçonnerie opérative. On mentionne Hiram dans le manuscrit “Tew” et le manuscrit “Inigo Jones” (vers 1680).

 

Le premier document concernant un troisième grade date de 1711, soit six ans avant la création de la Grande Loge de Londres. Il s’agit d’un texte rédigé sur le côté d’une feuille du manuscrit du “Trinity College, Dublin”. Le manuscrit contient une narration décrivant les signes et les mots de maîtres, de compagnon et d’apprenti. Quant à la légende d’Hiram, elle va se généraliser à partir du pamphlet de Samuel Prichard “La franc-maçonnerie disséquée” publié en 1730. Le grade de maître aurait été créé “pour réformer la franc-maçonnerie et sélectionner les plus capables de ses membres à diriger une loge”.

 

la franc-maçonnerie – sens et vÉritÉs

Paul CHALIER

EDITION DU SNES

 2002

Cet ouvrage nous parle de l’éthique et de la déontologie maçonnique. Les écrits maçonniques, la marque, les serments, la hiérarchie et sa place dans le monde moderne.  Une deuxième partie est réservée aux écrits philosophiques et ses passerelles avec la Franc-maçonnerie.

 

Le terme de gnose désigne diverses tendances qui ont toujours existé dans les grandes religions monothéistes, et qui présentent des points communs aussi bien avec la pensée néoplatonicienne qu'avec les spiritualités orientales. Gnose signifie connaissance. Il s'agit de la connaissance intérieure, par laquelle l'homme appréhende le divin, indépendamment de tout dogme, de tout enseignement; la gnose s'apparente ainsi au mysticisme. Les gnostiques considèrent que Dieu ne peut être en contact avec le monde, essentiellement mauvais, œuvre du Démiurge. La matière est assimilée à l'ignorance, au mal, et la vie terrestre résulte d'une chute de l'esprit dans cette matière, perte de l'unité originelle avec Dieu.

L'homme, prisonnier des dualités (bien/mal, âme/corps, connaissance/ignorance), ne garde plus de son origine divine que la vague nostalgie d'un paradis perdu. Mais le principe divin, l'âme, est en lui, et la recherche spirituelle peut le mener au salut en libérant l'âme de sa prison corporelle. D'après les dernières recherches, la Gnose trouverait son origine dans les milieux judéo-chrétiens du début de notre ère et dans la crise qu'a traversée la pensée apocalyptique pendant les deux premiers siècles de notre ère (R.-M. Grant, Gnose et origines chrétiennes, Paris, 1964).

 

Ceci ne veut pas dire que nombre de thèmes et de conceptions gnostiques n'aient pas existé avant cette date. Le symbolisme gnostique plonge en effet ses racines au cours d'époques bien antérieures dans la philosophie pythagoricienne. D'autre part, il existe une parenté très nette indiscutable entre les Esséniens et la Gnose. Plus tard, à la deuxième génération, les gnostiques se sont intéressés à des révélations anciennes, orientales et grecques, pour constituer un mouvement religieux où se trouvent réunies toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques : les doctrines philosophiques de Pythagore et de Platon, des apports de la Cabbale, de l'hermétisme, de l'alchimie, de l'astrologie.

 

En Franc-Maçonnerie. Un des sens de la lettre « G » révélé aux Compagnons lors de la cérémonie d'augmentation de salaire représente cette interaction entre l’homme et le divin, puisque Dieu est en nous comme nous sommes en Dieu. On peut donc, avec Wirth, comprendre le mot « Gnose » dans le sens de « connaissance initiatique ». La Gnose est à la connaissance caractéristique de tout esprit ayant su pénétrer les mystères de l'Initiation. Ceux-ci présentent cette particularité qu'ils sont strictement incommunicables : il faut les découvrir soi-même pour les posséder... La Gnose ne s'acquiert qu'à force de méditations personnelles portant sur les symboles: multiples qui sollicitent l'esprit à deviner leur sens caché... » Les Mémentos du Grand Orient de France, après avoir rappelé que le terme se rattache à la langue des premiers philosophes », donnent à ce terme un sens moral. C'est « la connaissance morale la plus étendue, la plus généreuse aussi, l'impulsion qui porte l'homme à apprendre toujours davantage et qui est le principal facteur du progrès ».

 

La Gnose est une connaissance universelle. Lorsque nous étudions les civilisations antiques (Égyptienne, Maya, Celte, Grecque, Hindoue), nous découvrons à la base les mêmes enseignements. C'est cette connaissance unique que les véritables sages de tous les temps (Confucius, Socrate, Bouddha, Jésus, Krishna...) sont venus livrer à l'humanité. La Gnose dévoile les clés théoriques et pratiques indispensables à l'homme et à la femme modernes qui désirent se libérer de leurs états négatifs et éveiller leurs facultés latentes.

 

la FRANC-maçonnerie SWEDENBORGIENNE

Serge  Caillet

Editions de la Tarente

 2015

Au tout début du XXe siècle, Papus (le Dr Gérard Encausse) édifie à Paris un temple maçonnique singulier, sous le titre distinctif INRI, administré par une Grande Loge swedenborgienne de France. On y pratique le rite primitif et originel, dit rite swedenborgien, dont l’Anglais John Yarker, grand hiérophante du rite de Memphis-Misraïm, assume également la grande maîtrise générale. Papus, jusqu’en 1916, puis Téder (Charles Détré), jusqu’en 1918, seront les grands maîtres successifs de la Grande Loge swedenborgienne de France qui ne leur survivra pas.

 

Réservé aux maîtres maçons, le rite primitif et originel comprend trois hauts grades : Illuminé franc-maçon ou Frère vert, Sublime franc-maçon ou Frère bleu et Parfait franc-maçon ou Frère rouge. Leurs rituels, riches en détails symboliques, ont été traduits de l’anglais par Téder. Serge Caillet les tire aujourd’hui de l’oubli, d’après le manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon. Dans son étude liminaire, Serge Caillet nous conte la « petite histoire du rite swedenborgien ». Il y rappelle l’influence d’Emanuel Swedenborg sur les maçons illuministes de la fin du XVIIIe siècle, comme Benedict Chastanier et le marquis de Thomé. D’autres, comme le théosophe d’Avignon Antoine-Joseph Pernety ou le théurge inconnu Martines de Pasqually ont été injustement accrochés dans l’arbre généalogique du rite primitif et originel, fondé par un certain Samuel Beswick au XIXe siècle. Ces rituels, publiés pour la première fois en langue française, sont un témoin essentiel de la franc-maçonnerie swedenborgienne, qui participa du grand mouvement occultiste de la Belle Epoque.

 

En marge de l’Ordre martiniste et sous la houlette de Papus, à partir de 1901, passé l'âge d'or du swedenborgisme, mais en pleine restauration française de l'occultisme, une loge, ou plutôt un chapitre d’un rite maçonnique singulier, fonctionne à Paris, contre vents et marées. Cet aréopage, au titre distinctif INRI, qui rappelle évidemment l’inscription clouée sur la croix du Christ, porte le numéro 14 sur la liste des ateliers du "rite primitif et originel", c’est-à-dire du rite swedenborgien ou soi-disant tel, dont John Yarker assume outre-Manche la grande maîtrise générale, qu’il cumule d’ailleurs avec la grande hiérophanie du rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm, que Papus implantera en France en 1908. Mais ceci est une autre histoire.


Pour Papus, en l’espèce, l’histoire qui nous intéresse commence en 1893, quand Yarker lui demande son admission dans l’Ordre martiniste, dont – fait inouï – il n’avait pas encore reçu la moindre charte. En retour, Papus est reçu dans le Suprême Conseil du rite primitif et originel, où il côtoie notamment, sur le papier au moins, William Wynn Wescott, suprême mage de la Societas Rosicruciana in Anglia (qui signera d’ailleurs un traité d’alliance avec l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix, lié lui-même à l’Ordre martiniste), premier grand surveillant du rite, et Henry Olcott, co-fondateur de la Société théosophique. Papus lui-même y assume la charge de "Suprême Grand Marshal", c’est-à-dire de grand maître des cérémonies. Ce rite maçonnique (ou soi-disant tel car d'aucuns réagiront sur ce point), est un avatar du swedenborgisme. Avatar légitime ? Avatar de désir ? Ce sera à voir. Quant au swedenborgisme, à sa source se tient Emmanuel Swedenborg. Commençons par un rappel salutaire.


Emmanuel Swedenborg, le visionnaire suédois comme on dit souvent, et quelquefois un peu rapidement, naquit en 1688, à Stockholm, d'un père évêque luthérien; il mourut à Londres, en 1772. Entre ces deux dates, une carrière quasi exemplaire le conduira du scientisme à la théologie et du mécanisme à la mystique. Mais le "cas Swedenborg", pour reprendre le mot de Paul Valéry, ne se peut régler aussi rapidement que certains l'ont cru, car si les visions qui feront sa célébrité paraissent extravagantes et naïves, c'est que ce prophète a lu dans son propre miroir déformant. Cependant, les images n'en étaient pas moins réelles que leur source, et il serait injuste de s'arrêter à l'aspect déformé que Swedenborg en percevait. Aussi, le Suédois a enfermé des intuitions géniales dans le carcan dogmatique de sa propre théologie d'inspiration luthérienne. Et Swedenborg apparaît alors sous un autre éclairage: vrai visionnaire, digne théologien, authentique théosophe, prophète aussi d'une tradition sans cesse à réinventer.


Annonciateur de la Jérusalem d'en-haut, Swedenborg n'a point fondé de chapelle. Mais après sa mort, la Nouvelle Eglise qui compose un nouvel avatar de l'Eglise universelle s'édifiera dans sa mouvance. La naissance et la prospérité de cette communauté ne nous intéressent ici qu'accessoirement. Pour mémoire donc. Mais l'influence du théosophe suédois s'est étendue à maintes chapelles succursales, dans l'illuminisme du XVIIIe siècle, et dans la franc-maçonnerie. Voilà qui nous intéresse davantage. D’abord, Swedenborg a-t-il été franc-maçon ? Les dates de sa vie terrestre ne s'y opposeraient en rien, en effet. Voyons ce qu’en disent quelques auteurs classiques de la littérature maçonnique. F.T.B. Clavel, l'un des premiers, en 1844, déclare que Swedenborg "s'est livré à de profondes recherches sur les mystères de la franc-maçonnerie, auxquels il avait été initié». Maint auteur lui emboîtera le pas. Du reste, pour Jean-Marie Ragon, en 1853, pour Papus  que relaie Victor-Emile Michelet, en 1899, pour Barbier, en 1910, Swedenborg est aussi l'initiateur ou l'inspirateur de Martines de Pasqually, grand souverain de l’Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l’univers.


Las, Emmanuel Swedenborg, dont on a retracé la vie dans sa continuité, n’était pas franc-maçon, il n’a par conséquent donné la lumière maçonnique a personne, ni constitué de groupe ou de loge où se serait pratiqué quelque rite de sa composition. Et il n’y a pas le moindre lien entre lui et Martines de Pasqually. Nul doute en l’espèce : le rite swedenborgien, quel que soit le système ainsi désigné, ne saurait descendre en droite ligne de Swedenborg. Est-il besoin de préciser aussi qu’est légendaire la fondation du rite de Swedenborg en … 1621, soit près de huit décennies avant la naissance de son éponyme ? Jacques-Etienne Marconis, qui allègue le fait, ajoute que ce rite se trouve en quelque sorte condensé dans le 72e degré dénommé Gardien des trois feux, de son rite de Memphis Swedenborg eut dans son entourage immédiat des illuminés, des théosophes. D’aucuns ont pu constituer un relais entre le visionnaire et certaines écoles ésotériques auxquelles eux-mêmes appartenaient. Surtout, l’œuvre monumentale du Suédois, traduite en plusieurs langues, est passée très tôt entre les mains de certains illuministes. Pour mémoire : l’Ecole du Nord du prince Charles de Hesse, propagera ses enseignements, en les associant à d’autres, comme par exemple la métempsycose.


Inscrivons ici le nom d’Antoine Joseph Pernety, traducteur français de deux maîtres livres du Suédois : Les merveilles du Ciel et de l’enfer, en 1782 ; La Sagesse angélique sur l’amour divin et sur la Sagesse divine, en 1786. A Berlin, où Frédéric II l’avait fait appeler (croyant d’ailleurs inviter son cousin), cet ancien bénédictin de la congrégation de Saint-Maur fonda au plus tard en 1779, avec quelques compagnons et sur ordre d’un curieux oracle dit "sainte parole", un cercle illuministe. Transporté en 1784 dans le comtat Venaissin, le groupe y deviendra pour la postérité les "illuminés d’Avignon". Ces illuminés sont, à les croire et à en croire l’oracle qui les guide, les élus de Dieu, et le signe de leur élection consiste dans la vision de leur saint ange gardien. Ce commerce avec les anges les apparente à Swedenborg, et cette vision particulière les rapproche davantage encore des théosophes, dans la construction de la Jérusalem nouvelle, l’unique Cité sainte. A Berlin d’abord, puis en Avignon, les compagnons de Pernety s’occupent d’alchimie très matérielle (la "sainte parole" ne dédaigne pas de les guider – où de les perdre ? – dans l’élaboration du grand œuvre), et de théosophie. L’oracle, du reste, ne s’oppose pas aux conceptions de Swedenborg, dont le neveu Silverhielm fréquente le groupe, comme d’ailleurs le marquis de Thomé que nous rencontrerons. Mais l’importance accordée à la Sainte Vierge dans la composition d’une mariologie audacieuse les en éloigne sur ce point au moins. D’ailleurs, les orientations majeures des illuminés d’Avignon, fondés avant que leur maître ne lise Swedenborg, ne sont-elles pas en gros celles de Pernety ? S’il est abusif de les qualifier de swedenborgiens orthodoxes, l’influence du théosophe suédois se décèle assurément dans leur propre doctrine. Mais Pernety n’était pas franc-maçon, et son groupe ne constituait pas plus que celui de Charles de Hesse (qui lui l’était) un rite maçonnique : il ne faut donc pas y chercher la franc-maçonnerie swedenborgienne.


Si René Guénon, dont les néo-swedenborgiens étaient l’une des cibles, se range à l’évidence selon laquelle Swedenborg n’était pas franc-maçon, il admet "que quelques-uns de ses disciples y répandirent [sc. dans la maçonnerie suédoise] certaines de ses idées, et cela à titre de simples vues individuelles». Au vrai, ce n’est pas dans le rite Suédois qu’il faut aller chercher l’influence majeure des disciples de Swedenborg, mais dans certain rite vraisemblablement apparu en France où un certain Bénédict Chastanier, swedenborgien ardent à la propagation des idées et des écrits du maître, franc-maçon sympathisant de quelques rites illuministes, passe en effet chez plusieurs auteurs (mais prudence tant il est vrai qu’on se copie beaucoup entre historiens de la maçonnerie !), pour le fondateur d’un rite maçonnique swedenborgien. Voici, par exemple, ce qu’en dit Ragon, en 1841 : "Ce Maçon français établit, en 1767, à Londres, une société secrète purement théosophique chrétienne, dont l’objet était de propager le système de Swedenborg. La secte devint bientôt publique. "Il institua, d’après le même système, des grades intitulés : apprenti, compagnon et maître théosophe ; écossais sublime, ou Jérusalem céleste ; frère bleu et frère rouge, et fonda les illuminés théosophes».


En 1853, Ragon reprend mot pour mot le texte précédent, mais y ajoute que Chastanier s’inspira de Pernety, qui, en 1767, n’avait pas encore fondé son propre cercle… D’autres, comme Bègue-Clavel en 1844, prétendent que Chastanier avait d’abord cherché à implanter son rite à Paris, en 1766, avant de le porter à Londres l’année suivante. Bénédict Chastanier n’est pas un inconnu. Né en 1739, il étudie au collège Sainte-Barbe, puis à l’Hôtel-Dieu où il est reçu chirurgien. En 1763, à vingt-quatre ans, il quitte la France pour l’Angleterre. En 1765, nous le retrouvons à Paris, membre de la loge Socrate de la Parfaite Union, dont il devient vénérable, après avoir été élu secrétaire général pour les provinces de la Grande Loge de France, le 27 décembre 1765. De 1782 à 1788, il publie à Londres et à La Haye des traductions de Swedenborg. De retour sur le continent, il fréquente les illuminés d’Avignon qu’il représente avec d’autres frères au fameux convent des Philalèthes, en 1785. Il s’intéresse à l’alchimie et au mesmérisme. Dans la fondation du rite swedenborgien, on lui associe souvent (concurrent ou collaborateur ?) le marquis de Thomé, franc-maçon et disciple lui aussi de Swedenborg, et sectateur de Pernety, qui, en 1783, si j’en crois Bègue-Clavel, aurait "voulu dégager la doctrine swedenborgienne de ce qu’on y avait mêlé d’étranger", en instituant à Paris le rite swedenborgien en six grades. Or, les grades donnés par Bègue-Clavel pour ceux de Thomé sont précisément ceux que Ragon attribue pour sa part à … Chastanier, avec qui Thomé avait d’ailleurs représenté les illuminés d’Avignon au convent des Philalèthes, en 1785.


La plus ancienne nomenclature connue des grades attribués à Chastanier et Thomé, couchée sur un manuscrit de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, se rapporte en réalité à une certain "Ordre des illuminés de Swedenborg", en six grades que voici : apprenti théosophe, compagnon théosophe, maître théosophe, théosophe illuminé, frère bleu, frère rouge. Au début ou au milieu du XIXe siècle, le rite swedenborgien passe d’Europe sur le continent américain. Une brochure de la Societas Rosicruciana in Anglia, en 1896, allègue dans un court paragraphe la fondation d’une loge de ce rite, à New York, en février 1859, qui, selon la même source, aurait poursuivis ses travaux jusqu’en 1863 (16).
Samuel Beswick, auteur de ‘’Swedenborg Rite and the great masonic leaders of the eighteenth century ‘’ dit la même chose. Croyons-le sur parole puisque John Yarker nous apprend que le "réveil" du rite swedenborgien, aux Etats-Unis, puis au Canada, eut pour artisan Beswick lui-même.


Le rite primitif et originel de la franc-maçonnerie, soi-disant primitif et originel écrira, d’ailleurs à raison, René Guénon qui – oubliant son admission à INRI quelques années plus tôt - ne ménageait ni Yarker ni Papus, Yarker ne l’avait donc point inventé, quoi qu’il lui ait très probablement donné ce nom.
Renvoyons d’emblée à l’étude capitale de R.A. Gilbert "Chaos out of order: the rise and fall of the Swedenborgian rite". Le 1er juillet 1876, Yarker avait donc reçu le rite swedenborgien d’une source canadienne (W. J. B. Mc Leod Moore), qui renvoie elle-même, au début de la chaîne, aux grades de Chastanier et Thomé. Dès 1877, Kenneth R. H. MacKenzie, ami et collaborateur de Yarker, publie Fundamental Constitutions of the primitive and original Rite of Freemasonry or Swedenborgian Rite, qui le présente comme un système de trois hauts grades : Enlightened Freemason or Green Brother, Sublime Freemason or Blue Brother, et Perfect Freemason or Red Brother. Puis la Grande Loge de Yarker, suivant son habitude, essaimera à travers le monde. En 1897, les différents représentants étrangers en sont : Constantin Moriou pour la Roumanie, Henry Olcott à Bombay, Charles Sotheran à New York, Georges F. Fort pour le New Jersey, Alexander Duncan pour l’Afrique du Sud, F. G. de Nichichievitch pour l’Egypte. Viendront s’y joindre peu après Theodor Reuss pour l’Allemagne et Papus pour la France.


En novembre 1901, L’Initiation range donc le "Rite swedenborgien (loge INRI)" au nombre des organisations dont elle est en France l’organe officiel. Le fonds Papus de la Bibliothèque municipale de Lyon conserve d’ailleurs un petit dossier sur notre rite dont j’extrais une note manuscrite de Papus intitulée "Le Rite Swedenborgien", que voici : "Parmi les systèmes d’initiation les plus élevés un des premiers plans est occupé sans conteste  par le Rite Swedenborgien présidé par le Frère John Yarker, 33e, 96e, Membre du Suprême Conseil [de l’Ordre martiniste], "Ce rite, essentiellement spiritualiste et chrétien, n’admet à la connaissance de ses lumières que les Maçons auxquels l’acacia est connu [c’est-à-dire les maîtres maçons]. Les travaux sont […] tenus au moins au grade de 18e. "Les rituels de ce rite sont très originaux et n’ont jamais été publiés dans aucun ouvrage soit maçonnique soit profane. C’est assez indiquer le caractère élevé de leur composition. "Le Rite swedenborgien possède des chapitres dans beaucoup de pays d’Europe. A Paris fonctionne le chapitre INRI auquel peuvent être affiliés tous les Maçons réguliers qui sont, après enquête, admis à cet honneur. Les noms des membres sont rigoureusement tenus en dehors de toute communication maçonnique ou profane. S’adresser pour tous renseignements à la mention de l’Initiation


Papus avait en effet reçu d’Angleterre les rituels anglais des trois hauts grades du rite swedenborgien, qu’il fit traduire probablement par Téder. Le manuscrit des degrés d’Illuminé franc-maçon ou frère vert, et de Parfait franc-maçon ou frère rouge, est aujourd’hui conservé dans le legs Philippe Encausse à la Bibliothèque municipale de Lyon. La découverte de ces rituels montre que le chapitre INRI dépassa le stade de l’ébauche sur papier (ce qui n’était certes pas le cas de tous les projets de Papus). Entre autres pièces probantes, Robert Ambelain avait pour sa part recueilli l’insigne de Papus, qui en fut vraisemblablement le "très sage" avant Téder. Ouvert aux seuls maîtres maçons, le chapitre INRI fonctionne donc à Paris, au plus tôt en 1901, discrètement et sans accroc avec la maçonnerie française engagée sur la voie substituée. Mais en 1906, Papus sort de sa réserve pour croiser le fer avec Charles Limousin qui, en juin, vient de publier dans L’Acacia, organe du Grand Orient et de la Grande Loge de France, un article sur la régularité maçonnique auquel Papus répond dès le mois suivant dans les colonnes de L’Initiation : "Qu’on installe à Paris et en France des Loges symboliques régulières dans lesquelles on ne fera que du travail vraiment maçonnique et qu’on laisse se débrouiller en toute liberté les Loges non maçonniques. Par le jeu de la libre concurrence, les Maçons qui voudront travailler le symbolisme viendront dans les Loges des Rites universels établis en France, et ceux qui préféreront faire de la politique iront dans les autres. "Une telle création sera bientôt réalisée et nous verrons alors quel est le meilleur des deux systèmes».


Il n’en faut pas plus pour que L’Acacia, sous le plume d’un "maître Hiram" qui se laisse identifier sans peine au frère Limousin, ne s’engage dans cette nouvelle bataille. Tout de go, celui-ci ne craint pas d’y déclarer que Papus n’est pas un maçon régulier, ce qui, dit-il, explique du reste "l’ignorance spéciale dont il fait preuve" sur la question de la régularité. Et de conclure que la fondation à laquelle Papus fait allusion n’aura pas plus de succès que ses autres entreprises, et ne sera par surcroît reconnue par personne. S’en suit une nouvelle réponse de Papus que reproduit L’Acacia, avec onze pages de commentaires, où Limousin cite notamment une précédente lettre que le grand maître de l’Ordre martiniste lui a adressée : "Je ne sais si vous savez que je représente à Paris le Rite Suédois (sic) d’Yarker et qu’une Grande Loge de France vient d’être chartée depuis que les Loges françaises abandonnent l’invocation du Grand Architecte. Peut-être entendrez-vous bientôt parler de nous. Ce Rite est régulier et universel, en relation avec les Rites reconnus."


Aux pages de Limousin, Papus répondra encore par une nouvelle lettre dont il convient d’extraire ce qui concerne notre rite (car la discussion touchait plusieurs sujets, dont la personne de Téder que Limousin croyait être… Papus) : «Je suis Président à Paris depuis plusieurs années du Chapitre INRI n° 14, du Rite Swedenborgien, comme vous pouvez le voir sur la liste des Formations du Suprême Conseil de ce Rite. Cette liste est imprimée depuis de longues années également. "Or ce Rite étend son action. Il ajoute un Temple à son chapitre et il charge un Comité d’organisation de créer cette nouvelle formation. "On ne recevra dans cette formation que des Maîtres, puisque la caractéristique de nos travaux est de ne pas empiéter sur les travaux des loges.


"Maintenant que ces Maîtres soient Français, Ecossais, Espagnols ou Japonais, cela nous indiffère. Nous n’insulterons pas un Français, même s’il a vu la lumière en Araucanie. "Je garantis, au nom de ce Rite, aux Maçons français qui se joindront à nous, la réception en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne et dans d’autres contrées encore. Le Rite primitif et originel de la Franc-Maçonnerie possède lui-même 57 Chapitres et Temples. Si la Grande Loge d’Angleterre "tolère" que ses Officiers prennent les grades du Rite de Yarker, comme vous dites, il est présumable que la réciprocité est vraie. Les futurs membres de notre formation auront de quoi faire. "Ce que je prie notre ami Limousin de constater c’est que je ne fonde rien de nouveau. Je suis un simple délégué chargé d’une mission définie sous la direction d’un Suprême Conseil bien connu en Angleterre. Si je remplis mal l’objet de ma délégation on me remplacera, mais cela se fera tout de même, d’autant mieux, qu’on recherche la qualité et non la quantité."

En France, ainsi que le laisse entendre l’affrontement de Limousin et de Papus, surgira en effet du chapitre INRI une Grande Loge swedenborgienne de France, chartée par Yarker en date du 15 mars 1906. Il me paraît significatif que Papus ait fondé la même année une autre loge, au titre distinctif Humanidad, rattachée celle-là au rite national espagnol, et ouvrant ses travaux aux trois grades symboliques. Ainsi furent reçus à INRI des frères étrangers aux grandes obédiences françaises, qui avaient précédemment été élevés à la maîtrise à Humanidad… dont un certain René Guénon. Au convent maçonnico-spiritualiste organisé par Papus et les siens en juin 1908, seront représentées les Grandes Loges Swedenborgiennes de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne, ainsi que maintes fondations de Papus, Yarker, Reuss. En 1909, un certain G.A. Taber, de Boston, écrira à Papus afin de pouvoir implanter aux Etats-Unis une branche du rite swedenborgien. Papus lui répondra favorablement tout en lui conseillant de voir aussi avec Yarker afin de choisir entre la fondation d’une délégation de la Grande Loge swedenborgienne de France, ou la constitution d’une Grande Loge autonome. Mais d’autres loges dépendantes de Yarker y étaient déjà installées sur le territoire américain. Avec la mort de Yarker, en 1913, le rite swedenborgien privé de son chef suprême n’eut plus guère de succès, d’autant qu’il avait été supplanté par les rites égyptiens promus à bien meilleur avenir. A partir de 1908, Papus ayant reçu la grande maîtrise du rite de Memphis-Misraïm pour la France, il se pourrait que les grades "égyptiens" se soient substitués aux grades swedenborgiens. A moins que les deux systèmes n’aient été pratiqués parallèlement au sein du même chapitre ?


Lorsque Papus passa à l’Orient éternel, le 25 octobre 1916, Charles Détré, son adjoint depuis 1906, lui succéda comme grand maître de la Grande Loge swedenborgienne de France. Mais il mourut à son tour deux ans plus tard, le 26 septembre 1918. A ma connaissance, ni Jean Bricaud, ni Victor Blanchard, tous deux prétendants à la succession de Téder pour l’Ordre martiniste, ne se sont prévalus d’une quelconque grande maîtrise du rite swedenborgienne pour la France (25). Georges Bogé de Lagrèze, en revanche, le fit, ainsi qu’en témoigne une lettre adressée par celui-ci à l’Américain Ralph M. Lewis, imperator de l’AMORC, en date du 12 novembre 1945. Mais de qui Lagrèze tenait-il ses pouvoirs en l’espèce ?  En tout cas, Lagrèze meurt en 1946 et personne, après lui, ne semble plus se soucier en France du rite swedenborgien… Le rite swedenborgien, ou les rites swedenborgiens qu’on dirait sans jeu de mots " primitifs ", c’est-à-dire du XVIIIe siècle, s’inspirent probablement de la doctrine d’Emmanuel Swedenborg. Il ne suffirait que d’avoir leurs rituels pour en avoir la preuve. Mais qu’en était-il des rituels en usage au chapitre INRI, traduits d’après leur version anglaise en usage au temps de John Yarker ? Qu’en était-il de ce rite swedenborgien-là ? Beswick, Yarker, Papus et d’autres revendiquent pour le rite " primitif et originel " une grande ancienneté, qui situent sa fondation en l’an 5873 avant Jésus-Christ, et le tiennent pour le modèle commun des autres rites maçonniques, dès lors tous un peu apocryphes. Du reste, Papus, tout à l’heure, en parlait aussi comme d’un rite chrétien, et ce n’est pas par hasard qu’il allègue en passant le 18e grade de rose-croix du rite écossais ancien accepté et de Memphis-Misraïm, souvent qualifié de christique.


Pourtant à bien lire les rituels du chapitre INRI, nulle trace de christianisme explicite, sauf à ne considérer du christianisme que son aspect vétéro-testamentaire, ou à lire entre les lignes. Certes, les références bibliques y sont nombreuses, qui forment la trame même du rituel, mais point de référence au Christ Jésus. Quant au swedenborgisme au sens strict, moins de traces encore… Craignons que notre rite swedenborgien, soi-disant tel en fait, n’ait que peu de rapports avec les rites, ou le rite de Chastanier et Thomé. Peu ou pas swedenborgien, le " rite primitif et originel de la franc-maçonnerie ", n’était pas non plus, et de loin, le plus ancien des rites maçonniques. Pourtant, Yarker, Papus et quelques autres l’avaient rêvé ainsi. Pourquoi ignorer les filiations de désir ? Car Papus en France, bien plus encore que Yarker en Grande-Bretagne, avait à maintenir la tradition maçonnique, initiatique et gnostique, en un temps où, passé la dernière loge du rite de Misraïm, cette tradition était ici sur le point de disparaître. Une fois de plus, à travers ce nouveau cercle marginal, Papus aura donc maintenu, seul contre tous ou presque, après l’avoir reçu par de très singuliers canaux, le flambeau que le Grand Architecte de l’Univers, n’en doutons pas, lui avait confié.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Emmanuel Swedenborg et la Franc-maçonnerie  -  Dom Pernetty et les illuminés d’Avignon  -  Martinez de Pasqually et les martinistes  -  le rite Suédois  -  Bénédict Chastanier  -  Mac Leod Moore  -  John Yarker   -   Papus et le Temple  -  Téder  -  Blanchard, Bricaud, Sémélas et Lagréze   -  Les rites swedenborgiens  -  la forme cultuelle  -  le rite  -  l’office en loge et son rituel  -    Frère vert et frère bleu   -  le 5e degré pivot du rite  -   le frère rouge  -   mort de Haï-Ram  -   les ruffians   - 

 

la FRANC-MAÇONNERIE TempliÈre et occultiste aux 18ème et 19ème siÈcle

René le forestier

EDITION la table d’émeraude

 1987

2 gros volumes pour raconter 200 ans de Franc-maçonnerie en France et en Europe à travers la chevalerie des templiers et la création de la S.O.T. et du C.B.C.S. qui débouche sur le rite rectifié.

 

Cette vaste enquête porte sur deux domaines dont les Sciences Humaines découvrent toujours davantage tant la spécificité, que la position de carrefour entre leurs spécialités respectives : d'une part, la maçonnologie - spécialité en plein essor - ; d'autre part, les courants ésotériques occidentaux modernes. Aussi bien sa publication n'a-t-elle pas manqué, depuis 1970, de susciter des vocations en orientant maints historiens sur des points tant généraux que particuliers.

 

La recherche s'est portée sur plusieurs fronts, trop nombreux pour qu'il soit possible de présenter ici une énumération détaillée et raisonnée de toutes les études venues de divers horizons. Mais on trouvera ici une liste de plusieurs d'entre elles, parues au cours de ces quelques trente dernières années. Elles contiennent, pour la plupart, de riches bibliographies, comblent certaines lacunes, enrichissent de lumières nouvelles maintes pages de ce livre, pour le bonheur du lecteur mis en appétit par le talent, la compétence, et souvent l'humour, de René Le Forestier.


La Franc-Maçonnerie templière et occultiste, par René Le Forestier, publié par Antoine Faivre. Est une  vaste enquête qui porte sur deux domaines dont les sciences humaines découvrent toujours davantage tant la spécificité, que la position de carrefour entre leurs spécialités respectives : d'une part, la maçonnologie - spécialité en plein essor –, d'autre part, les courants ésotériques occidentaux modernes.

Aussi bien, sa publication n'a-t-elle pas manqué, depuis 1970, de susciter des vocations en orientant maints historiens sur des points tant généraux que particuliers. « Avec l'ouvrage posthume de Le Forestier, on se trouve en présence d'un monument de travail, de savoir et d'érudition. L'auteur venait d'achever le manuscrit lorsqu'il mourut subitement le 8 novembre 1951 dans sa 83e année. Il le jugeait lui-même impubliable.

 Précisons, du reste, que contrairement aux assertions de l'abbé Ledré et de M. R. Priouret dans leurs ouvrages, Le Forestier n'a jamais été franc-maçon. Il publia, en effet, un article sur la Franc-maçonnerie écossaise ans la Revue Universelle de Jacques Bainville en 1923 et il donna en 1935 dans les Cahiers Fustel de Coulanges un travail sur la pédagogie hitlérienne d'après Mein Kampf et l'enseignement de l'histoire. Il suffit d'ailleurs de lire avec attention tous ses ouvrages pour se rendre compte que ses jugements sur la maçonnerie, bien que très modérés et toujours courtois, dénotent chez lui une réserve incompatible avec une affiliation. Ceci dit, il faut ajouter encore que Le Forestier se sent chez lui dans l'étude de la maçonnerie mystique et que celle de la maçonnerie symbolique des trois premiers grades n'est pour lui qu'un hors d'œuvre avant le plat principal.

 

LA FRANC-MAÇONNERIE – VOYAGE A TRAVERS LES RITES ET LES SYMBOLES  

W. KIRK MACNULTY

EDITION DU SEUIL

 1993

Un très beau livre avec une iconographie importante sur les degrés symboliques. L’évolution des rituels et de la maçonnerie en général.

 

Avec ses rituels anciens, ses symboles complexes et ses décors déconcertants, la franc-maçonnerie n'a cessé de nous fasciner depuis près de trois siècles. C'est le mystère qui plane autour de cette société secrète qui a engendré des mythes et souvent des malentendus. Puisant à plusieurs collections majeures d'art maçonnique et présentant de nombreux objets jamais publiés à ce jour, cet ouvrage trace un tableau exceptionnel, passionnant et détaillé de l'organisation. Il couvre les origines et l'histoire de l'ordre, la philosophie qui inspire les rituels de ses degrés et hauts grades, les rapports en perpétuelle mutation de la franc-maçonnerie et de la société (notamment la place faite aux femmes et l'antimaçonnisme) et les énigmes et mystères qui s'attachent aux francs-maçons, avant de d'évoquer certains de ses frères les plus célèbres

 

Cet ample panorama s'accompagne d'une étude approfondie des hauts degrés et grades et des organisations affiliées présentes dans le monde entier, notamment du Holy Royal Arch, de la Mark Masonry, des Knights Templar et des rites d'York et écossais. Alliant une riche iconographie en couleurs et l'approche intime d'un franc-maçon de longue date, ce livre démêle la réalité et la fiction et révèle des mystères insoupçonnés et plus fondamentaux

 

la fraternitÉ initiatique mythe ou rÉalitÉ ?        n°  23

François figeac

Edition MAISON DE VIE

 2007

Employé à tort et à travers, le terme de « fraternité » est souvent galvaudé et réduit à la seule dimension de la solidarité. Ce concept s’est progressivement vidé de son sens, et il nous est apparu essentiel d’en repréciser les multiples aspects, d’en redécouvrir la puissance créatrice et de témoigner de sa pratique dans les Loges de la Franc-maçonnerie initiatique. La fraternité, en effet, est au cœur de la vie initiatique, si fondamentale que la façon dont on l’appréhende et dont on la vit détermine le type de Loge que l’on construit. Plus on tente de vivre authentiquement son nom de Frère ou de Sœur, plus on pratique une liberté de création. La fraternité n’est-elle pas le mode opératoire de la voie initiatique ? Mais c’est également un partage des mêmes valeurs.

 

La fraternité accompagne le maçon tout au long de son cheminement, depuis l’initiation, qui représente une nouvelle naissance jusqu’au passage à l’orient éternel. Lors de l’initiation, le vénérable maître fait référence à la fraternité dès l’entrée du récipiendaire dans le temple en lui expliquant que la pointe de l’épée qu’il sent sur sa poitrine représente le symbole du remord qui déchirera son cœur si il devenait traitre à la fraternité dans laquelle il a demandé à être admis. Puis, à l’issue du premier voyage, durant lequel le récipiendaire sera fraternellement guidé et soutenu par les frères expert et maître des cérémonies, le VM après avoir fait le parallèle entre les obstacles physiques rencontrés et les obstacles de la vie, rappelle l’importance de l’aide reçue de ses semblables. A la fin du troisième voyage il est rappelé le principe de morale « ne fait pas à autrui … » et de sa version maçonnique «  fais aux autres tout le bien … ». N’est-ce pas là un apprentissage de la fraternité ? Puis, autres temps fort s’il en est, viennent le serment, suivi de la scène du parjure pour finir en apothéose sur la réception de la lumière avec la scène du miroir. Toutes ces étapes de l’initiation font directement référence à la fraternité maçonnique et à ses exigences.

 

Sorti de l’initiation, notre rituel nous rappelle à chaque tenue l’importance de cette fraternité. En effet, une fois la loge ouverte par le vénérable maître, quel est sa première parole avant de débuter l’appel des frères ? « Élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière ! ». De même, c’est par la chaîne d’union que se terminent les travaux et débute le rituel de clôture qui débouchera sur la fraternité de nos agapes. Etant, ce midi, au premier degré, je n’irai pas plus avant sur les symboles et enseignements qui, que ce soit à l’élévation au grade de compagnon ou à celui de maître, font référence à la fraternité. Je me permettrai simplement de proposer à ceux qui le souhaitent, de se replonger dans la symbolique du pentagramme et de ses 5 pointes. A nos frères maîtres, je demanderai à quoi ressemble plus la cérémonie de passage au grade de Maître qu’à un l’expression d’une solidarité et une fraternité sans faille. Comme je le disais au début de ce chapitre la fraternité représente l’un des 5 piliers de la Franc Maçonnerie et de notre ordre en particulier.

 

La question qui se pose est donc pourquoi ? Pourquoi autant de références à la fraternité? Qu’apporte-t-elle à notre ordre, à nos travaux, à nous même ? La réponse, ou plutôt les réponses, à ces questions a déjà été en partie abordée. La fraternité est à notre ordre, à notre méthode, à notre rituel, ce que le mortier est aux cathédrales : l’élément fédérateur sans lequel ce temple que nous construisons ne serait qu’un tas de pierres éparses. C’est cette fraternité naturelle qui nous unis en un ensemble cohérent, respectueux les uns des autres. C’est elle qui nous permet de travailler en sérénité. En sérénité car nous savons que nous ne serons pas jugés, que notre frère, si il apporte une correction ou un complément à notre travail, le fera pour nous faire progresser et non par défi ou besoin de démontrer sa supériorité. C’est aussi l’assurance de se sentir intégré à un groupe, une communauté de pensée, mu par une force spirituelle partagée et tournée vers un seul objectif : le progrès de l’humanité dans son sens le plus noble mais aussi le plus humain et humaniste.

 

Imaginez même frères, ne serait-ce que quelques secondes, ce que seraient nos tenues si nos métaux passaient la porte du temple et si la fraternité ne régnait pas, avec le silence, sur nos colonnes. Cette fraternité dont je vous parle est donc l’humus dans lequel germeront, tout au long de notre parcours initiatique et de nos élévations, nos réflexions et nos travaux, alimentés par les symboles qui nous entourent et la bienveillance de nos frères. Mais que l’on ne s’y trompe pas, la fraternité maçonnique s’exprime également au-dehors du temple. Non pas sous la forme qui nous fait tant de mal et fait vendre tant de journaux, mais sous la forme, toute simple, de Solidarité emploi, Solidarité jeunesse ou Mathusalem. Quoi de plus simple qu’un coup de fil, une visite à un frère que l’on ne voit plus venir sans raisons? Quoi de plus naturel que d’étendre sa solidarité à l’épouse et aux enfants d’un frère trop rapidement passé à l’orient éternel ? Et, pourquoi pas un geste envers les non maçons, ceux que l’on nomme « profanes » mais qui sont des êtres humains comme nous tous ? N’est-ce pas la continuité logique de nos engagements et la plus belle forme d’action Maçonnique qui soit ?

 

LA GENḔSE – VOLUME DE LA CONNAISSANCE SACRḖE

Jean Claude Mondet

Ed. Numerilivre

 2017

Si, pour les croyants, la Bible et en particulier son premier livre, la Genèse, sont censés véhiculer la parole divine, de plus en plus d'entre eux admettent, comme le font les spiritualistes, qu'il s'agirait plutôt d'un recueil de traditions orales, exprimant la façon dont les anciens, peut-être « inspirés », avaient répondu à leurs questions existentielles : D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens de la vie ? En ces temps reculés, le langage étant peu adapté à la réflexion abstraite, ils ont procédé par analogie, transposant à des exemples concrets les idées qu'ils voulaient faire passer, ainsi sont nés les symboles et les mythes. Dans le monde antique, l'auditeur, était invités à s'identifier aux héros présentés et de la sorte, à vivre en esprit les aventures que ceux-ci étaient réputés avoir vécues réellement et donc à recevoir le message transmis, relatif à sa propre destinée.

 

La Genèse fourmille d'épisodes célébrissimes, preuve s'il en était besoin qu'elle reste d'actualité. Qui ne connaît ceux concernant la Création de l'homme, la côte d'Adam, le fruit défendu, le déluge, la tour de Babel, Abraham et Isaac, Sodome et Gomorrhe, Loth et ses filles, Jacob et le plat de lentilles, sa lutte contre l'ange, Joseph et la femme de Putiphar, les vaches grasses et les vaches maigres, etc. etc. ? Derrière l'histoire racontée, ce sont chaque fois de nouvelles connaissances sur nous-mêmes que nous sommes appelés à découvrir. L'auteur présente ici le résultat de sa propre lecture, à la fois symbolique, allégorique et mythique de ce texte, il invite le lecteur à le suivre dans le voyage qu'il raconte, celui de l'humain dans sa quête spirituelle, et à s'en forger sa propre interprétation.


Interprétation Esotérique de La Genèse (1,21-22) : 21.- Étant donné que Kether et Hochmah sont UN, que Père et Fils sont UN (exprimé en termes christiques), nous comprenons, ainsi, qu'en ce 6 ème Jour, la Divinité Travaille simultanément à deux niveaux distincts.

Nous avons vu le premier, voyons à présent le deuxième, c'est-à-dire celui de la création d'Adam. Fabre donne à ce mot la signification de genre humain ou, plus précisément celle de Règne Hominal. Moïse nous dit que Dieu a fait Adam homme et femme en même temps, c'est-à-dire hermaphrodite. Et il en fut ainsi tel que nous l'avons prouvé dans certains de nos textes, (Le Grand Livre de Cabale Magique, Une Vie Changée... etc.)  Et, c'est dans ce 6 ème  Jour que nous pourrons récupérer l'Unité perdue au début de notre parcours humain, épisode qui nous sera explicité par Moïse, dans le Deuxième Chapitre, lorsqu'il décrira les Travaux réels, effectifs, réalisés par la divinité. Car, dans ce Premier Chapitre il est en train de nous exposer ce que Dieu a fait en puissance, sur plans pourrions-nous dire, et qui était appelé à se déployer dans son Oeuvre.

 

L'Adam, auquel Moïse fait référence, est l'Adam du 6 ème  Jour, le Règne Hominal selon la manière de s'exprimer de Fabre. Il n'est pas l'homme primitif, le sauvage, mais celui qui, après une très longue évolution, est arrivé à constituer le Règne Humain. C’est l’Homme-Roi,  à qui Dieu a donné pouvoir sur tout ce qui est sur Terre ; sur la Terre Emotive et sur la Terre Mentale qui sera notre Terre lors du 6 ème   Jour, car c'est la plus inférieure des Terres de ce 6 ème  Jour (voir La Cosmogonie des Rose+Croix de Max Heindel). Oui, dans le Chapitre suivant, nous seront racontés les Travaux de ce 4 ème Jour dans lequel nous nous trouvons, et nous assisterons à la formation d'Adam avec de l'argile de la terre, selon les traducteurs conventionnels de la Bible.   Au 6 ème Jour l'Oeuvre s'achève, bien qu'en réalité le pouvoir de Kether n'aurait dû nous être transmis (disions-nous) que le 7 ème Jour. Tout s'accélère. Et cette accélération de l'histoire nous devons la comprendre comme un don fait par Hochmah, un don d'Amour. Dans le 6 ème  Jour le Corps Mental, dont la graine fut plantée lors du 3 ème  Jour, atteindra la phase 2°Hé et sera en état de régner sur tout ce qui a été créé, mais la fécondité créative ne sera atteinte que le 7 ème  Jour, de la même manière que le Corps du Désir n'aura atteint son pouvoir Créateur que le 6 ème Jour. Au 7 ème  Jour, tel que nous l'avons déjà signalé, nous assisterons à une sorte de répétition générale de ce que sera notre propre Création dans le prochain Grand Jour de Manifestation.

 

Nous serons, en effet, en état de créer, mais nous ne disposerons pas d'un espace qui nous appartienne véritablement. Nous effectuerons nos créations sur des structures super-organisées, et nous serons un peu comme ces enfants qui apprennent à dessiner sur des schémas déjà tracés, dans lesquels ils ne doivent qu'ajouter la couleur et quelques traits. Nous savons que nos cobayes dans ce 7 ème  Jour, seront les composants de la Vague de Vie aujourd'hui minérale et qui, alors, sera humaine, Ce seront eux qui nous fourniront les matériaux pour cette Grande Répétition.   Nous arrivons à la fin d'un sujet où rien n'a été encore dit. Tel que nous l'avons progressivement observé, les traduc­tions dont nous disposons de ce Premier Chapitre du Livre de la Genèse, ne traduisent pas la pensée de Moise, inspirée par Jéhovah. Fabre d'Olivet nous indique qu'il existe trois façons de lire le texte de Moïse, mais il s'intéresse rarement au sens symbolique et même lorsqu'il s'y intéresse, Fabre d'Olivet ne possède pas de manière suffisante, la connaissance cabalistico-astrologique pour pouvoir interpréter convenablement ce que Jéhovah a voulu nous dire au travers du médiateur Moïse.

 

Le schéma de la Création que Max Heindel présente dans sa Cosmogonie nous permet de suivre le fil des Travaux, de façon plus convaincante. Cependant, là aussi des écarts se font jour, concernant l'inéluctable raisonnement logique offert par l'étude de l'Arbre Cabalistique ; écarts que nous ne voulons pas mettre en évidence mais que le Lecteur remarquera sans aucun doute.  Disons, pour finir, que certains énoncés pourront se trouver en contradiction avec ce que nous avions consigné dans d'autres textes (ouvrages de Haziel et de Kabaleb). Certes, nous pourrions rectifier les points qui ne sont pas concordants, pour les faire coïncider avec nos observations passées (tout au moins avec les plus récentes), mais ce travail de rectification devrait être permanent. Et, d'autre part, si notre itinéraire nous a conduit à ces évidences de plus en plus claires et précises, un tel parcours devra donc également être utile à tous ceux qui nous suivent. La capacité de capter la Vérité augmente au fur et à mesure que nous la captons et ceci étant, nous sommes constam­ment obligés de mettre en question ce que, précédemment, nous considérions vrai et immuable. Dans un Univers vivant et lancé vers une toujours plus grande perfection, la Vérité immuable n'existe pas.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Bible, livre de la Tradition  -  La Création  -  Premier jour  -  du 2e au 5e jour  -    6e jour, les habitants de la Terre   -   Création de l’homme   -  un jardin en Eden   -  Et vint la femme   -   la transgression   -   la conséquence    -   L’homme triple   -  la descendance d’Adam   -   Caïn et Abel   -  la postérité d’Adam   -   Le Déluge   -  les descendants de Noé   -   Le voyage d’Abram   -  D’Our-en-Chaldée et H’arân     -     De H’arân à Mitsraïm   -    De Mitsraïm à Canaân    -   Naissance et vie d’Abrâm   -  Naissance d’Abrahâm    -   Histoire de  Loth   -   Naissance d’Isaac    -  Rébecca   -  le mariage d’Isaac   -  Homme triple, amour triple   -  Esaü et Jacob   -    Une affaire de puits   -  Jacob à H’arân   -   la tromperie   -  voyage et arrivée de Jacob   -   Chez Labân    -   Retour de Jacob en Canaân   -  La fuite et l’arrivée  -   Histoire de Dina   -   le Nouvel Homme   -  Joseph en Egypte   -  Judas et Tamar    -   Succès de Joseph   -   les fils de Jacob en Egypte   -   Israël en Egypte   -  la fin de Jacob-Israël    -

 

la grande loge nationale française

Jean E. murat

EDITION  PUF

 2006

En réaction à l’anticléricalisme d’une partie de la maçonnerie, la GLNF a été constituée en 1913. Ce faisant, elle s’inscrivait dans la longue tradition maçonne du Grand Architecte de l’Univers et retenait comme fondement la notion de transcendance. Autour de ces valeurs fondées sur aucun privilège, aucun sacrement confessionnel, aucune recette non plus, une méthodologie, des rites, des symboles accompagnent le passage de l’homme temporel à l’homme intemporel. Cet ouvrage retrace l’histoire institutionnelle de la GLNF. Il présente les rites et grades suivis par cette Loge. Il montre l’avenir et la pérennité des valeurs prônées par cette Franc-maçonnerie internationale.

 

LA GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE - HISTOIRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE RÉGULIÈRE.

Alec  MELLOR

I.D. PREMIERE

 1993

La naissance, les principes et les structures de la Grande Loge Nationale Française. Un très bon historique sur cette obédience qui a réussi à surmonter beaucoup d’obstacles, mais qui malheureusement à cause de ses 2 derniers GM qui ont confondu  «  servir la maçonnerie avec se servir de la maçonnerie » a connu une descente aux enfers. 

 

Ainsi le schisme est arrivé en 2011/2012. Dans ce livre  on y voit l’arrivée des différents rites et leurs développements.

 

laissons-les jouer avec nos outils

F. cheney

EDITION  DERVY

 2001

Pendant que certains préfèrent le paraître et les médailles, d’autres pratiquent la maçonnerie dans le silence et l’exemplarité. En prétendant plonger ses racines historiques dans les loges des tailleurs de pierre, la franc-maçonnerie spéculative ne pouvait pas moins faire que d'accorder une place importante aux outils dans sa symbolique et sa rituélique, tout particulièrement dans les trois premiers grades. Le sujet est à l'origine d'une immense part de la littérature maçonnique, chacun s'efforçant de comprendre le sens caché de cet héritage, lequel est largement représenté dans l'iconographie maçonnique et tout particulièrement dans les tableaux de loge des grades d'Apprenti et de Compagnon.

 

Dès l'abord, il convient toutefois de remarquer que l'emblème même de l'Ordre maçonnique n'est pas formé par des outils de tailleurs de pierre (ou « maçons », selon le sens ancien du terme), mais, plus exactement, si l'on nous permet cette nuance, par des instruments, ceux de la Géométrie, cinquième Art libéral des Anciens et synonyme même de l'Architecture-Maçonnerie dans les Old Charges : le compas, l'équerre et la règle. Compas et règle sont en effet les deux instruments essentiels du tracé géométrique, tandis que l'équerre – l'angle droit – en est à la fois comme le but et la pierre d'achoppement.

Le même emblème fondamental se rencontre d'ailleurs dans les compagnonnages de métiers, accompagné ou non d'outils caractéristiques et d'autres éléments symboliques. C'est ainsi que, par exemple, le blason des Compagnons Passants tailleurs de pierre français du tout début du XVIIIe siècle – qui se distingue radicalement des blasons spéculatifs de la même époque par la présence d'une couleuvre entrelaçant les trois instruments – met lui aussi l'accent sur la géométrie et non sur la taille de la pierre.

Dans la perspective opérative, l'entrecroisement de ces instruments fait avant tout allusion au processus même de l'opération géométrique  : la production des points, des lignes et des surfaces nécessaires à telle ou telle construction par les Avec le volume de la Sainte Loi – analogue, d'un certain point de vue, à la « règle » –, équerre et compas forment les « trois grandes lumières » qui éclairent la loge. Ils ont été dotés, selon les rites et les époques, de nombreuses significations symboliques d'ordre moral ou spirituel, plus ou moins en rapport avec les principes géométriques. Ainsi l'équerre est-elle tout naturellement symbole de la rectitude, tandis que le compas, instrument bien plus complexe qu'il y paraît, peut- être celui de la circonspection, de la mesure, de l'impartialité, de la sagesse, etc. Dans les miniatures médiévales, c'est à l'aide du grand compas d'appareilleur des tailleurs de pierre que le Grand Architecte opère la Création du Monde.

 

Le niveau et la perpendiculaire, emblèmes des Surveillants, sont eux aussi des instruments de la géométrie davantage que des outils. S'appuyant l'un et l'autre sur le principe du fil à plomb, ils permettent de vérifier la conformité de la réalisation, de l'élévation, aux principes énoncés par le plan de l'œuvre. Le niveau sert à vérifier l'horizontalité, tandis que la perpendiculaire permet de vérifier non seulement la verticalité d'un mur mais aussi sa planéité. Avec l'équerre, emblème du Vénérable, ces deux instruments complémentaires tracent donc le schéma fondamental de la croix tridimensionnelle, de l'espace que définit toute architecture. Finalement la part accordée dans la symbolique maçonnique aux outils du tailleur de pierre est bien mince : le maillet et le ciseau, couple indissociable auquel il est effectivement possible de réduire, d'un point de vue théorique, l'acte de dépouillement patient et réfléchi qu'est la taille d'une pierre.

 

Peut-être peut-on alors reconnaître dans la hache qui frappe le sommet de la pierre cubique à pointe le souvenir, déformé par les spéculatifs, du marteau taillant, outil par excellence des tailleurs de pierre franche et dont, précisément, il est l'emblème caractéristique de métier ? Mais c'est le marteau taillant qui permet de dégrossir la pierre brute et le ciseau de polir la pierre cubique, et non l'inverse. En tous les cas, le rapport symbolique entre la taille de pierre et le travail spirituel que le Maçon se doit d'accomplir sur lui-même, était déjà connu des opératifs, ainsi qu'en atteste un des dessins du carnet de Villard de Honnecourt au XIIIe siècle, nous montrant quatre tailleurs de pierre disposés en équerres se taillant eux-mêmes les pieds.

 

La truelle, qui apparaît sporadiquement dans la symbolique maçonnique selon les rites et les époques, est pour sa part l'outil emblématique du métier de maçon – au sens moderne du terme. C'est elle qui permet d'unir les pierres par le mortier, et sa relation symbolique à la fraternité devant unir les Maçons est tellement évidente qu'elle laisse à peine percevoir l'existence d'autres significations. Soulignons ainsi l'importance négligée de son rôle consécratoire, tant des édifices « profanes », lors de la pose de la première pierre, que des églises, où elle permet de sceller le « tombeau des reliques ». Sa forme triangulaire évoque en ce contexte la Sainte Trinité agissante. Le levier, qui apparaît lui aussi assez marginalement, est tout à la fois outil de carrier, de tailleur de pierre et de maçon. Mettant en œuvre une loi physique découverte par Archimède afin de mouvoir des charges au-dessus des forces de l'homme, et de fait souvent assimilé à un symbole de la volonté et de l'intelligence, il semble bien que l'on ne doive voir en lui, à l'origine, rien d'autre que le symbole de la Force, l'un des termes du ternaire maçonnique bien connu : Force – Sagesse – Beauté.

 

Notons qu'il s'agit d'un symbole qui n'est pas attesté dans l'ancienne emblématique des compagnonnages de tailleurs de pierre, bien que le ternaire en question leur soit également connu. Quant à la planche à tracer qui est, avec le compas, un attribut du Maître-Maçon, son rapport avec la géométrie et le dessin d'architecture en fait un symbole particulièrement riche et complexe. Notons simplement que la représentation qui en est donnée sur les plus anciens tableaux de loge indique un rapport tout particulier avec la Beauté : le dessin qui y figure est celui du chapiteau corinthien.

 

LA  JAUGE  ou la clef du chantierUn outil maçonnique méconnu     -N°  48     

Xavier  Tacchella

Edition  Maison de Vie  

 2012

Le rituel maçonnique réserve bien des surprises, de même que « la boite à outils » des Francs-maçons. Parmi ceux-ci, la Jauge, injustement oubliée, alors que cette forme de la règle était considérée comme essentielle pour bâtir une cathédrale.

 

L’auteur a mené une enquête approfondie pour ressusciter la Jauge, clef du chantier, tout en évoquant les anciennes mesures (empan, paume…), le Nombre d’Or et la coudée. Son étude révèle une facette méconnue de la Franc-maçonnerie opérative et sa symbolique.

 

Tous les compagnons possédaient des jauges « non communes » au chantier en cours. Ainsi celui qui arrivait à Rouen après avoir travaillé à Chartres, était en possession de la jauge de Chartres. Il se voyait remettre la jauge commune aux ouvriers de Rouen ; il y avait donc autant de jauges non communes que de chantiers par lesquels des compagnons étaient passée.

 

Le résultat de cette erreur de compréhension de la jauge est qu’il n’est pas rare de voir sur le tapis de Loge une règle de 24 pouces en lieu et place de la jauge ! Bien sûr et nous le verrons plus loin que ce n’est pas le même outil. Il est d’autant plus étonnant qu’elle soit si peu étudiée, qu’elle est peut-être l’outil le plus important, le plus essentiel à la construction ; elle va permettre à tous les compagnons de travailler ensemble sur un Pied d’égalité.

Une ordonnance de police de 1773 nous donne la liste des outils autorisés (ceux du petit sac : rainette, jauge, petit compas, plomb, cordeau sauterelle, pierres noires et limes). La Jauge fait donc partie des outils jugés essentiels pour la pratique du métier.

 

Le cordeau permet de tracer des droites, lesté il vérifie les verticales, fixé à une extrémité il trace des cercles à treize nœuds etc…

 

L’équerre permet de vérifier la justesse des angles

 

Le niveau composé d’une équerre avec une traverse crantée, d’un cordeau lesté, servait d‘équerre, permettait de vérifier les horizontales et déterminait les angles principaux.

Enfin la jauge ou quine, sans qui les autres outils deviendraient inutiles. Cette jauge  ne doit pas être confondue avec la règle ou avec la canne à mesurer du Maitre d’œuvre, même si cette dernière porte les mesures de la jauge commune.

 

Cette quine était formée des principales mesures suivantes, avec sa valeur en ligne : La ligne correspondait à la largeur d’un grain d’orge ou au 12e du pouce du Roi, soit 2,24 cm :

La Paume, de la largeur de la main (34 lignes)

Le Palme (de l’extrémité de l’auriculaire au bout de l’index (55 lignes)

L’Empan, du pouce à l’auriculaire, doigts écartés (89 lignes)

Le Pied  (144 lignes) 

La Coudée (233 lignes)

 

Un excellent livre sur les diverses mesures et outils opératifs, avec leurs rapports avec le métier, les oeuvriers, les lettres hébraïques, la tradition, la canne compagnonnique,  les outils, et bien d’autres secrets qui nous emmènent sur tous les chantiers de l’Egypte à aujourd’hui en passant par le Moyen Âge.

 

LA LÉGENDE D’HIRAM Histoire de la REINE DU MATIN et de SOLIMAN  PRINCE DES GÉNIES

Gérard de NERVAL

A L’ORIENT

2000    

En plus de cette histoire de la Reine de Saba par Gérard de Nerval sous un éclairage maçonnique, on y trouve des annexes importantes.

On apprend au cours de l’Entretien imaginaire que Nerval n’a pas été franc-maçon, mais que son père et son oncle, et deux de ses cousins, l’avaient bien été, à la Loge des Sept Ecossais Réunis (Grand Orient de France, REAA, à Paris), et que Vassal (Secrétaire Général du G.O. et auteur du Cours complet de Maçonnerie, Histoire générale de l’Initiation, Paris 1832) en avait été le V.M.

 

En 1935, Bouryschkine s’attachait à démontrer que les membres du Suprême Conseil chargés en 1879-80 d’aménager le rituel du 3e grade, « empruntèrent » à Nerval « les modifications du rituel », reproduction des deux textes en parallèle, à l’appui. Il en concluait donc que « le récit de Nerval constituait la véritable et complète légende maçonnique », dont nous verrons ce qu’on peut en penser plus bas.
 

Nerval a effectué son voyage en Egypte, Syrie, et Turquie, au cours de la plus grande partie de l’année 1843, après une première crise qui l’avait conduit à l’internement dans la clinique du Dr Esprit Blanche à Montmartre (la majeure partie de l’année 1841, alors qu’il n’a que 32 ans) : syndrome bipolaire, constitué de phases d’excitation extrême, folie des grandeurs, suivies d’abattement profond, mélancolie, improductivité et pulsions suicidaires.

 

C’est le moment où, à partir de 1845, il composera tous ses chefs d’oeuvre (Voyage en Orient, Petits Châteaux de Bohême, Illuminés, Bohême Galante, Chimères, Filles du Feu, Pandora, Aurélia ou le Rêve et la Vie). Ses vers deviennent un concentré ésotérique d’évocation symbolique, et sa prose mêle de plus en plus « le rêve à la réalité (1) », amenant le lecteur dans un monde enchanté.

A propos du style hermétique de ses vers (les douze sonnets des Chimères, publiés en volume en janvier 1854 chez Giraud à la fin du volume Les Filles du Feu, dont cinq sont regroupés sous le titre collectif Le Christ aux Oliviers) il écrit à Dumas un an avant son suicide « ils ne sont guère plus obscurs que la métaphysique d’Hegel ou les Mémorables de Swedenborg, et perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible ». Une deuxième crise, à répétitions, fatale pour sa raison, le tiendra enfermé une grande partie des années 1853 et 154 ; il ne sortira de la clinique que le 19 octobre 1854 sur l’intervention insistante de la Société des Gens de Lettres, et contre l’avis de son médecin, pour mettre fin à ses jours trois mois après.

Balkis et Adoniram, et le lieu de l’action, le Temple de Salomon. Le chapitre 12 Makbénach contient en effet la légende du Maître Adoniram tué par les trois mauvais compagnons, les piliers Jakin et Booz pour les apprentis et compagnons, l’ancien mot de Maître Jéhovah, auxquels ont été substitués respectivement les mots de passe Tubalcaïn, Schibboleth et Giblim. Il y a même un personnage du nom d’Abiram… ou le meurtrier (3). Apparaît une tige d’acacia, et le corps d’Adoniram retrouvé et « inhumé sous l’autel même du Temple qu’il avait élevé, c’est pourquoi Adonaï finit par abandonner l’arche des Hébreux… ». Puis Salomon épousera cinq cents femmes et mourra en consumant sa vie dans les plaisirs.


Mais le substrat de cette légende est bien différent de la légende maçonnique : on y expose qu’Adoniram (qui occupe dans l’Ecriture une place très épisodique de chef de corvée) est en réalité descendant de Caïn par son père Hénoch, et comme tel rival des descendants d’Adam, et qu’Hénoch lui aurait prédit que le Temple qu’il élèverait à Adonaï causerait la perte de Salomon. Les pouvoirs surnaturels d’Adonaï sont grands : il fascine la foule par un signe de la main (ligne horizontale et trait vertical) « deux angles droits en équerre comme les produit un fil à plomb suspendu à une règle, signe … du tau  ». Puis Salomon s’inquiète de son pouvoir sur son peuple, et de sa rivalité auprès de Balkis…On voit que ce texte est au fond plus éloigné de celui de l’Ancien Testament que ne l’est celui de la légende maçonnique, lui-même déjà inventif. Dans le chapitre 7 Le Monde souterrain Nerval développe un argument autour de la nature profonde d’Adoniram, figure emblématique des fils du feu… Nerval mêle légende maçonnique, et références à des auteurs tels que Dupuis (Origines de tous les Cultes) ou Volney (Les Ruines) dans lesquelles le feu est l’élément central de l’univers.


Nerval réutilisera ces notions dans sa poésie – Les Chimères, dans lesquelles Proust affirmait que « il y a peut-être les plus beaux vers de la langue française, mais aussi obscurs que du Mallarmé, … », tel par exemple le sonnet Horus (dont le premier jet remonte à 1841, après la première crise de démence, sous le titre de A Louise d’Or Reine) mettant en scène le dieu Kneph et Isis tous deux représentant le principe moteur ou celui du feu (pour les Stoïciens). Il écrivait en décembre 1841 à Loubens que ces poèmes avaient été faits « au milieu même de mes hallucinations » et à Dumas (1853) que ces poèmes avaient été faits dans un « état de rêverie supernaturaliste »… C’est ce dernier « état » que les Surréalistes auront en ligne de mire, lorsque Breton composera sa Nadja en 1928 : on trouve dans cet ouvrage et dans les lettres de Nadja à André des références similaires, par exemple lorsqu’elle le qualifie de « dieu (6) » et qu’elle le nomme son « Knephen adoré  », voire « son feu  »…


Jusqu’à la fin, Nerval – le premier des grands écrivains modernes du 19e s – poursuivra ses références à la Franc-Maçonnerie. Ainsi, dans une lettre qu’il adresse au Dr Emile Blanche à Passy le 17 octobre 1854, deux jours avant que ce dernier n’accepte enfin de le libérer, bien contre son gré. Cette lettre bien connue commence d’une façon charmante, à l’image de son auteur au naturel. Il y évoque le passé et la connaissance qu’il avait faite du père de son médecin, Esprit, à la pension de Montmartre, la demeure dite « Château des Brouillards », proche la rue de l’Abreuvoir, un hôtel du 18e s encore existant. Mais il termine sur une note ésotérique qui dérange quelque peu chez un patient qu’on va laisser rejoindre le vaste monde.

 

LA LOGE et LE DIVAN

Jean-Luc  Maxence

Edition  Dervy

 2008

La loge et le divan ? Mariage souhaitable ou divorce assuré ? Témoignant d’une double démarche d’initiation et d’individuation, Jean-Luc Maxence pose la question primordiale : celle de savoir si une telle aventure spirituelle parallèle est pertinente.

 

Du vécu de la loge à celui du divan, il entraine son lecteur à une authentique descente en soi et compare l’éthique de la psychanalyse et celle de la démarche maçonnique. A l’abstrait des notions dites et commentés, il privilégie sciemment la relation concrète de son voyage à deux voies et, s’appuyant sur les enseignements du symbole et l’approche jungienne, prône la fin de l’homme morcelé et une meilleure compréhension de ses forces obscures.

Du cabinet de réflexion au cabinet de l’analyste, de l’homme au bandeau demandant la Lumière à l’homme au miroir, J. L. Maxence identifie une même étoile flamboyante à suivre et ose la transmission d’une même gnose pour un siècle nouveau.

 

Au fond le grand secret est  que la loge comme le cabinet du psychanalyste, semblent des creusets, des laboratoires du Sacré, des athanors. Ces derniers, on le sait permettent de séparer le terre du feu, le subtil de l’épais, doucement méthodiquement, avec grand art, et suivant un rituel précis. Si les alchimistes, hommes de science et de sagesse, savent les utiliser, ils vont inciter l’individu, ou le récipiendaire, à s’accepter, à s’aimer, à s’intégrer tout entier, dans une évolution permanente, sur une voie d’individuation continue, par-delà conflits et nœuds intérieurs.

 

Le grand et sublime secret c’est d’apprendre qu’en circulant en archéologue de l’âme au sein de cet athanor aux allures de mandala, chacun doit découvrir son propre destin, son propre mythe, celui dans lequel il vit.

 

Son intime Sens, profond et à nul autre semblable. Le grand et sublime secret de la voie maçonnique comme de la voie analytique, c’est d’apprendre à vivre jusqu’au bout de sa vie, l’épopée spirituelle de l’individuation, c'est-à-dire l’élucidation patiente des rapports du moi à l’égard de l’inconscient et de ses contenus, lesquels « déclenchent une évolution, voire une métamorphose véritable de la psyché »


La loge est athanor, le divan est athanor, double visage d’un même Janus, et l’aventure engagée est celle d’une autoréalisation toujours en devenir.

 

Au sommaire de cet essai :

Chapitre 1 : Un même trouble d’identité  -  Loge et divan, un couple provocateur  - Du devenir et de la transformation  -  Initiation et individuation : Aventure spirituelle parallèle  - 

Chapitre 2 : Du vécu de la loge à celui du divan  - La loge abolit l’horloge, tout comme le divan  -

Chapitre 3 : De quel travail s’agit-il ?  -  Une authentique descente en soi  -  De l’éthique de la psychanalyse à celle de la démarche maçonnique  -

Chapitre 4 : Rupture violente entre Freud et Jung  -  La Franc-maçonnerie comme dernière religion Abrahamique  -  Les enseignements du symbole  -

Chapitre 5 : Une plongée dans l’inconscient créateur  -  Lune et soleil sur le divan et en loge  -  Double aspiration à l’Unus Mundus  -

Chapitre 6 : Une meilleure compréhension des forces obscures de l’homme  -  Une même pierre de construction intérieure  -  La fin de l’homme morcelé  -

Chapitre 7 : Guénon et Jung, même combat  -  Acceptation mutuelle des opposés  -  L’inconscient personnel et collectif   -  Du cabinet de réflexion au cabinet de l’analyste  -

Chapitre 8 : Des alchimistes et des Athanors  -  Comment dépasser la propédeutique ?  -  Le secret du Phénix  -

Chapitre 9 : Une même étoile Flamboyante  -  Le mystère qui fait frissonner  -  Une force de guérison comme thérapie  -  Une mutation ontologique de l’homme  -

Chapitre 10 : Accès à l’Hiérophante  -  Loge et divan, deux lieux saints ?  -  Et toujours la Table d’Emeraude  -  De la transmission d’une même gnose  -

Chapitre 11 : D’une pensée symbolique pour tous  -  Entre Jakin et Boaz  -  Un Temple de Salomon à reconstruire encore et encore  -  Comment éviter le syndrome du gourou  -

Chapitre 12 : Le cas François V. ou la part divine perdue de l’homme  -  De la voie initiatique comme relais de la voie analytique  -

Chapitre 13 : A l’intersection du symbolique et du sacré  -  Loge et divan comme mandala  -  Pour un passage des trois points au quatre points -

Chapitre 14 : Une bonne folie : être pris pour des dieux  - Le Psychanalyste comme Chaman ?  -  Michel Cazenave et le transrationnel  -

Chapitre 15 : Du besoin d’organisation secrète  -  Réponses à Job  -  La loge, échelon intermédiaire  - 

Jean-Luc Maxence, psychanalyste d’inspiration jungienne, membre d’honneur de l’Association Européenne de Psychanalyse, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur Jung, la Franc-maçonnerie et les divers symboles initiatique.

 

LA LOGE MAÇONNIQUESYMBOLISE T-ELLE ENCORE L’ATHANOR DES ALCHIMISTES ?  COMMENT LUI DONNER FORCE ET VIGUEUR ?

Simoita Matéo

Edition Hermésia

2018

La loge maçonnique depuis l´origine la cellule de base de l´ordre maçonnique ; l´ordre c´est l´ensemble des structures franc-maçonnes se référant peu ou prou à une filiation avec les premières loges maçonniques anglaises. C´est au niveau de la loge que s´effectue l´admission sous la forme de l´initiation maçonnique ; c´est dans la loge que s´effectue l´appropriation de la "méthode" maçonnique que l´on peut comprendre comme étant une lecture du monde, des relations humaines, du partage du chemin de vie. C´est dire l´importance du fonctionnement des loges ! Pourquoi est-il nécessaire, aujourd´hui, d´évaluer et de réfléchir au fonctionnement de la loge maçonnique ? Tout simplement parce que les loges ne donnent pas toujours satisfaction ; les démissions y sont nombreuses, les problèmes relationnels fréquents et les conflits interpersonnels dommageables pour tous. Cet ouvrage, non sans humour, pose les bases d´une réflexion autour de la place des loges, de leur véritable rôle, et soumet des suggestions que pourront appliquer loges et maçons afin de redonner tout son sens et sa force à cet athanor...

 

En Alchimie, le premier principe ne peut s’appliquer au second qu’en vertu du médiateur ‘‘éther’’, qui permet la transmission de l’énergie intra-atomique à l’électron et ainsi déclenche le mouvement. Pour les Alchimistes ce médiateur  que nous pourrions appeler l’esprit, est le Mercure représenté par le Coq. Un néophyte, abandonnant la matière et ses formes multiples, revient à l’esprit. Mais il n’y a plus de mouvement, il se désagrège, il est calciné, c'est-à-dire séparé. A propos de ce stade du processus alchimique, P.V. Piobb dit : « il s’agît d’une sorte de mort intellectuelle - que certains ont dite ‘‘La Mort du profane’’. Encore une manière de parler! –
En dehors du Temple, ce qu’on croit savoir est composé de maintes notions acceptées en vertu d’habitudes. En dedans, ces habitudes de penser doivent se rectifier et plusieurs aussi s’abandonner : la Raison humaine impose d’elle-même ces rectifications et ces abandons. Il en dérive qu’un jour, si on suit avec profit les instructions reçues, on s’aperçoit que ce qui était « profane en soi » a disparu, évaporé : « le profane est mort ». seul reste l’esprit du profane. Cette partie immortelle en lui, enfuie dans la terre lors de la première des épreuves initiatiques, devra faire germer une nouvelle plante.

 

A ce stade du processus initiatique, le profane ne garde que ce qu’il y a de fixe en lui, c’est-à-dire sa structure primordiale intime, dépouillée des formes rajoutées par la vie matérielle dans le monde de son existence. Mais ce qui est fixe est mort : le profane, n’est-il pas passé par la mort du « vieil homme » ? N’a-t-il pas rédigé un testament philosophique ? Maintenant le 1er Surveillant insufflera la vie sur ce corps mort, sur ce fixe alchimique.  C’est l’épreuve de l’Air, qui confère une nouvelle force vitale à l’être. L’être « initié » devient ainsi « Solaire », c’est-à-dire capable de raisonnement intellectuel, quittant ainsi sa matérialité statique. Le néophyte est rentré dans la phase de la « Solution Alchimique » celle qui a toujours accompagné la « Putréfaction ». Une phase est Solaire, l’autre Lunaire ; l’une éclaire directement et donne force vitale, l’autre réfléchit une lumière indirecte, plus subtile et régulatrice de la vie. Nous apercevons ici une autre signification des deux luminaires (le Soleil et la Lune) présents dans nos Temples. Ainsi le néophyte mort à sa vie profane, reporté à sa nature primordiale, après avoir reçu un souffle vivifiant, renaît en initié prêt à rentrer dans l’Athanor : la Loge, où il sera chauffé par le feu de la connaissance et de la Tradition, afin qu’il se produise en lui la distillation des idées.
Les Alchimistes imaginaient que la solution de la matière putréfiée pouvait être réchauffée dans un alambic, nommé Athanor.

 

L’Athanor était un vase clos renfermant l’être dans un « bain-marie ». Sa fonction consistait à faire évaporer l’humidité, qui montait le long des parois jusqu’au sommet, pour retomber sous la forme de petites gouttelettes.
« Il s’agit "de changer la nature et la propriété des choses". Ce que l’élève évolutif pense, ce qu’il retient de l’enseignement donné et dont son intelligence fait des idées, monte, comme une vapeur vers les hauteurs qu’il aperçoit, et de là, retombe comme une pluie bienfaisante, génératrice d’autres idées, pour incessamment remonter puis retomber, ainsi exercer l’intelligence, l’assouplir, l’affiner. Mais le fait a lieu en « vase clos », ainsi que dans un alambic ; c’est-à-dire que les réflexions successives, qui « distillent » positivement la pensée, doivent se faire dans un cadre dûment délimité. Sans quoi, la rêverie l’emporterait et, plutôt que de suivre le droit chemin, on « déraillerait ».

 

C’est le sens de la quatrième et dernière épreuve : celle du feu. Par cette épreuve, le Vénérable Maître annonce au néophyte le chemin qu’il devra parcourir, afin de parvenir à la « conjonction alchimique » de ses aspects contraires et opposés. Afin d’acquérir la sagesse, qui est équilibre et harmonie. Par le feu on lui montre l’accès au Temple, mais il doit être conscient qu’il n’y rentrera qu’après avoir parcouru et vécu, dans son intimité, tout le chemin. Car, comme en Alchimie, en Initiation il n’y a pas de raccourcis possibles, ceux derniers étant uniquement des tromperies et des mensonges, racontés à soi-même, pour se donner l’illusion d’être différent de l’image réfléchie par le miroir.

 

Au sommaire de cet ouvrage:

 

I - Rappel historique sur l'origine des loges maçonniques

 

II - Le vécu maçonnique aujourd’hui : A. La vraie satisfaction d’être en loge - B. Les trois polarités d’une tenue - C. Les espaces du parcours maçonnique : 7 et plus - D. Les critiques les plus fréquentes du fonctionnement des loges - E. La loge confrontée aux tentations perverses

 

III - La Loge face à la psycho-pathologie quotidienne: A. Connais-toi, toi même? Réalité ou mythe? - B. Les contraintes psychologiques de la vie en groupe - C. Les troubles du comportement en loge

 

IV - Les autres problématiques d'une loge: A. Les obligations à assumer - B.  Animer la « vie » en loge  - D. Faire vivre les trois spécificités de la loge maçonnique

 

V - Propositions concrètes pour donner force et vigueur au travail en loge - A. Rappel sur la loge en tant que groupe humain - B. Une méthodologie:: Trois étapes pour aborder une transformation - C. Trois priorités à ne jamais oublier - D. Des innovations possibles - E. Une attention particulière sur un certain nombre d’aspects du travail en loge - F. Au risque de la prospective: vers des e-loges?

 

LA LUMIḔRE MAÇONNIQUE SORTANT DES TḖNḔBRES

   Jean-Claude  Allamanche

  Edition Télètes

2016

Résumant quarante années de recherches à travers les rites aussi différents que des rites anglo-saxons, le Régime Écossais Rectifié et d'autres, en se référant aux textes fondateurs et à la conception de l'initiation telle que définie par René Guénon, Jean-Claude Allamanche les développe sous un angle inédit et opératif, allant jusqu'à une mise en action spirituelle.  

L'auteur nous propose une réminiscence de la Franc-maçonnerie commune à tous les rites au travers d'un Manuel de la Maçonnerie en trois traités :

 

Théorique (régularité de la transmission), Pratique (Rituels, travail individuel) et Opératif (le Métier, les Outils).

 

Il nous fait découvrir le sens caché des Lettres sacrées de la Maçonnerie bleue et des grades additionnels, pour aboutir à la découverte d'une méthode de réalisation opérative au moyen de ces symboles et de leurs actions sur les centres subtils du corps humain et de son anatomie occulte L’art de Géométrie est esquissé au travers des Old Charges, et la Maçonnerie de Marque évoquée par ses principaux symboles: pierres d'angle, clé de voûte et ciseau.

 

Des études sont consacrées au Rite Écossais Rectifié : l'une originale sur le tableau du Maître Écossais de Saint-André en s'appuyant sur le symbolisme de la cathédrale de Strasbourg, et d'autres sur différents aspects de la Chevalerie.

Une galerie de portraits de Francs-maçons complète l'ouvrage, connus comme Willermoz ou Cagliostro, ou ceux de Jean Tourniac et de Raymond Peillon qui précisent quelques points de l'histoire de la Franc-Maçonnerie lyonnaise au XXème siècle

 

Sous l’inspiration des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-âge, la Franc-Maçonnerie a emprunté à ces constructeurs leurs instruments d’opératifs pour les transformer en outils spéculatifs destinés à l’édification du Temple de la Concorde universelle et à un idéal de l’élévation de l’esprit. Nous connaissons parfaitement tous ces outils entrés dans la symbolique pour mieux sacraliser le lieu où se tiennent nos Travaux en Loge, et durant lesquels sont mis en mouvement l’esprit vers l’action, sans laquelle la Franc-Maçonnerie ne serait plus qu’un vain mot.

 

Nantie de cet héritage, la Franc-Maçonnerie a adopté un symbole majeur qui semble être un intrus parmi tous les outils nécessaires à l’acte de construire. Il s’agit bien évidemment de la Bible, livre saint par excellence et promu au premier rang des Grandes Lumières servant de piédestal ou de support aux deux autres Grandes Lumières, l’Equerre et le Compas. Réunis, ces trois emblèmes de la Franc-Maçonnerie en sont donc les trois Grandes Lumières et sanctifient l’Autel d’Orient pour une solennité des travaux qui vont se dérouler dans le Temple. Pourquoi la Bible est-elle ouverte au Prologue de l’évangile de Jean pendant nos Travaux en Loges symboliques ?  Pourquoi le Rite Ecossais  Ancien et Accepté et d’autres Rites n’ont-ils pas retenu un autre texte sacré de la Bible susceptible d’accompagner avec la même solennité les Travaux maçonniques ?

 

La Franc-Maçonnerie, sans renoncer à ses Traditions et ses valeurs morales, perpétuant ainsi les règles originelles de la Spiritualité, aurait très bien pu ouvrir la Bible à sa première page, c’est-à-dire à la Genèse révélant la Création du monde par le Logos, ce souffle de Dieu. Egalement, le Livre de l’Exode, par l’évocation des bruits des chaînes brisées de la servitude, se conformerait volontiers à l’Idéal maçonnique si épris de liberté et de Lumière. Ou encore, le Cantique des Cantiques, cet incomparable hymne à l’amour, aurait très bien pu conduire avec bonheur nos Travaux qui ont l’ambition de réunir tous les Frères dans une parfaite harmonie fraternelle. Enfin, Le Livre des Rois, qui relate l’épopée de la construction du Temple de Salomon dédié au Divin, serait un éminent rappel de la construction spéculative du Temple universel et de notre Temple intérieur. Pourtant, c’est le Prologue de l’évangile de Jean qui s’offre à nos yeux, un évangile aux accents ésotériques invitant au retour vers l’intériorité afin de sonder, par nos facultés de réflexion et de méditation, le grand Mystère de l’Homme resté attaché à sa spiritualité individuelle et propre.

 

Dès lors, nous  aborderons cette idée dont le thème porte sur le Prologue de l’évangile de saint Jean (Jean 1 :1-18) puisé dans la Bible de Jérusalem. C’est un prélude assez court par rapport au reste du texte évangélique, mais ce prélude –à lui seul– contient toute l’exégèse ésotérique du message johannique. Pourtant à la lecture entière du Prologue, nous constatons que saint Jean émettait manifestement un message messianique annonçant la venue du Messie tant attendu et saint Jean le Baptiste l’avait précédé, déjà en ce sens, lors du baptême de Jésus en le proclamant ‘‘l’Agneau de Dieu’’.

 

Par le choix du Prologue de cet évangile qu’elle considérait comme un texte sacré et ésotérique, la Franc-Maçonnerie se voulait-elle aussi affirmer la pérennité de l’annonce messianique ? A moins qu’elle ne désirait qu’exprimer une traduction exégétique différente du sens voulu par l’auteur de cet évangile, c’est-à-dire en occultant le message messianique et en privilégiant une interprétation sémantique distincte des notions métaphysiques stipulées en tête du Prologue. Ainsi, au risque de digression sur le texte évangélique et d’expurger son contenu messianique, je crois qu’il serait acceptable de ne commenter dans cet évangile que ses cinq premiers versets qui contiennent des concepts fondamentaux conformes à la démarche initiatique maçonnique, étant ainsi traduits :

 

1er verset  Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.

2e verset   Il était au commencement avec Dieu.

3e verset   Tout fut par lui et sans lui rien ne fut.

4e verset  Ce qui fut en lui était la Vie et la Vie était la Lumière des Hommes.

5e verset   Et la Lumière luit dans les Ténèbres et les Ténèbres ne l’ont pas saisie.

 

Dans ces cinq premiers versets, lesdits concepts fondamentaux ci-avant évoqués de l’idéal maçonnique peuvent être repérés avec suffisamment d’éléments pour gloser sur notre quête initiatique sans nécessité d’approfondir le message messianique, qui reste le but de saint Jean et non celui de la pensée de la Franc-Maçonnerie. Outre le message lancé par l’Apôtre quant à la croyance en l’incarnation du Fils de Dieu considéré comme le Messie venu en ce monde pour une mission particulière, son message peut être considéré comme un appel à former une communauté de foi et de fidélité en une nouvelle religion, alors que la Franc-Maçonnerie n’a pas reçu de mandat à pérenniser cet appel, même si elle fait souvent référence au sublime enseignement christique.

 

La Franc-Maçonnerie, dans la définition de son Idéal, invoque des notions sinon abstraites –au sens caché du terme– mais profondément ancrées aux valeurs morales et ésotériques semblables à celles contenues dans les cinq premiers versets du Prologue de l’évangile johannique, où nous trouvons les concepts de Logos - Verbe ou Parole, de Vie, de Lumière ou Connaissance ; Lumière et Connaissance étant naturellement évocatrices de leur antonyme ‘‘Obscurantisme’’ désigné par les Ténèbres

 

LA MÉTAMORPHOSE, MYSTÈRE INITIATIQUE, A LA LUMIÈRE DES CONTES, MYTHES ET RITUELS MAÇONNIQUES

F. LECLERCQ-BOLLE DE BAL

Edition LA  MAISON  DE  VIE

 2009

Et si la véritable clé des mystères maçonniques était la capacité de métamorphose de l’initié ? Dans cet ouvrage à la fois original et remarquable, l’auteur, à la lueur de cette symbolique qui permet de passer de la mort du « vieil homme » à la renaissance, décrypte les mythes, les contes et les rituels nourrissant la tradition maçonnique.

 

Les dieux détiennent le pouvoir de métamorphose, les hommes en rêvent. A travers les figures d’êtres surnaturels, des héros aux monstres en passant par les fées, ils peuvent cependant découvrir les pouvoirs de la parole, du regard et des mains.

 

Et s’il faut intégrer les dimensions du masque et du double, c’est bien pour connaître la métamorphose intérieure, chemin solitaire certes, mais aussi ouverture sur autrui et capacité de transmission.

 

L’auteur développe les sujets suivants :

La nature et le rêve, le corps a ses raisons, définir la métamorphose, le refus de la mort,  paramétamorphose et substitution, transmigration, espaces et temps surnaturels, la structure des contes et des mythes, les héros, les dieux, les monstres, les fées, le diable, objets magiques et sacrilèges, la parole, le regard, les mains, le masque, identité et altérité, l’égo alter, les pouvoirs de l’image, mort symbolique et renaissance, savoir transmettre, un chemin solitaire, savoir être et savoir devenir.

 

LANGLET - LECTURES D’IMAGES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

Philippe Langlet

Edition Dervy

 2013

La Franc-maçonnerie connait, à côté de rituels qui ont fait couler beaucoup d’encre, un imposant corpus d’images pouvant se diviser en deux groupes importants : celles qui appartiennent directement aux rituels – des tableaux divers et variés – et les illustrations fondées de près ou de loin sur l’un ou l’autre aspect de la maçonnerie évoqué par l’image.

Un nombre important de ces images et gravures est constitué de la représentation des cérémonies, comme si cet aspect rituel avait eu quelque parfum de secret révélé.

C’est sans doute une vue rétrospective des choses ; il n’en demeure pas moins que les ouvrages maçonniques du XVIIIe siècle, en particulier, sont enrichis de gravures illustrant les cérémonies, ç côté des représentations de tableaux de loge.

Outre ces gravures, il en existe d’autres imprimées sur des feuilles volantes et largement vendues à l’époque. Ces estampes ont été souvent copiées, fidèlement ou non et, dans ce cas, on pourra y voir la source d’inspiration des nouvelles images, sans aller jusqu’à parler de plagiat.

L’auteur s’attache ici à étudier quelques images souvent reproduites, avec quelques aspects surprenants, pour y trouver le fil conducteur de leur composition, leur structure, mais aussi tout ce qui a pu servir d’inspiration aux artistes graveurs d’estampes.

Depuis la première représentation d’une réunion maçonnique, on découvre les pratiques rituelles du siècle, mais aussi du siècle suivant, ce que l’on a parfois qualifié de divulgation d’images. Le frontispice anglais, irlandais plutôt, d’un rituel reste d’une étonnante actualité et propose encore une sorte de critique sociale gentiment acerbe de la population des loges.

Philippe Langlet, en proposant au lecteur une analyse du frontispice des Constitutions anglaises de 1723, bien connu et très utilisé comme simple illustration, propose peut-être une approche moins symbolique que pour les autres estampes, mais il s’efforce de mettre en lumière les différents liens qui se tissent pour faire d’une image le marqueur d’une période d’éclosion de la société.

Mais que le lecteur ne s’y trompe pas, si la méthode est savante, le travail de Philippe Langlet répond aussi à une autre perspective : La rigueur de l’investigation est au service d’une grande interrogation. Quelle est vraiment la nature de la Franc-maçonnerie et de la voie qu’elle propose ? L’idée sous-jacente à cette enquête, c’est que les prémices de la Franc-maçonnerie l’ont chargée d’une sorte de « code génétique » dont, trois siècles après, elle est encore porteuse. L’histoire est ici un moyen de cerner l’identité d’une franc-maçonnerie encore marquée du sceau de ses origines.

Au sommaire de ce beau livre :

333 mots pour 7 images - Les Free-Massons (1736) - La réception des Apprentis ( Bernigeroth 1745) - The Ceremony of making a Freemason ( Angleterre 1766) - Intérieur d’une loge au XVIIIe siècle - Réception d’Appranti ( France 1809) - William Hogarth et les Maçons - John Pine, graveur et maçon

 

LANGLET - LE POIGNARD ET LE CŒUR

Philippe Langlet

Edition de la Hutte

 2011 

Le langage est le cœur même des pratiques initiatiques. L’usage du langage renvoie à des modes d’action anciens, dont la maçonnerie semble avoir hérité.

Dans le premier chapitre, on découvrira l’usage d’un objet pointu, ou plutôt d’une pointe. La piqûre de la chair étant l’aspect visible de l’aiguillonnement de la conscience.

Le chapitre suivant traite des raisons profondes qui déterminent la présence des pénalités sanglantes, elles sont présentées comme une autre manière d’utiliser les techniques rhétoriques.

Le 3e chapitre est une réflexion sur la Mémoire, fondement des arts du langage.

Le chapitre suivant explore le signe d’ordre, celui du 2e grade, ainsi que le mot : « il est midi », on y trouve ce que beaucoup de rituels ont oublié, la raison du signe et ses fondements symboliques. La métaphore du Temple, bâtiment mentalement érigé et parcouru est le sujet du 5e chapitre, elle rejoint l’usage de la mémoire, le lieu mental est commun à la rhétorique classique, aux pratiques monastiques et à la maçonnerie.

Les arts du langage et leur usage comme outils de modification de la conscience, la maçonnerie n’en a pas l’exclusivité, elle partage avec la pensée monastique ce champ d’investigation. Certes, les maçons ne sont pas des moines mais ils ont à leur disposition, pour le même but ultime, les mêmes outils symboliques.

La question sera donc, de ne pas faire de la Maçonnerie ce qu’elle n’est pas, à savoir un club de discussions à fragrances politiques ou affairistes ou pseudo humanitaire. Les passions ne font qu’apporter trouble et émotion dans un domaine où le calme, la sérénité et l’étude sont nécessaires. A vouloir « se libérer » de préjugés du passé, on en est venu à fabriquer un carcan de préjugés des plus rigides, peut-être même davantage contraignant que les cadres de pensée anciens que l’on avait supposés, sans bien les connaitre.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’aiguillon de la conscience - les pénalités, pourquoi ? - la mémoire et son art - Midi ? - le Temple de Salomon - manque et construction -

 

LANGLET - SOURCES CHRÉTIENNES DE LA LÉGENDE D’HIRAM

PHILIPPE    LANGLET

Edition DERVY

 2009

La franc-maçonnerie reconnaît en Hiram un maître fondateur. A partir du XVIIIe siècle, la vie et la mort d’Hiram, enrichie par les légendes, deviennent un mythe initiatique qui inspire le rituel maçonnique. La « Légende d’Hiram » présente des variations d’un rite à l’autre mais on constate d’étonnantes constances et une structure que tous les maçons peuvent reconnaître, qu’ils pratiquent un rite français ou un rite anglo-saxon.


Dans cet ouvrage, Philippe Langlet s’efforce d’étudier « la Légende » à travers plus de cinquante versions différentes pour y trouver le fil conducteur, la trame unificatrice, en dehors de toute exclusive obédientielle ou rituelle. Les sources textuelles sont nettement mis en avant, depuis les plus anciennes jusqu’aux rituels contemporains. On découvrira ainsi un important corpus de textes de références auquel me maçon, mais aussi l’honnête homme curieux de ces questions, pourra se référer pour alimenter sa réflexion.

 

Les études proposées ici s’efforcent de dégager la structure profonde de la légende sans refuser les sources chrétiennes, c'est-à-dire sans les idées préconçues habituelles qui auraient barré la route à l’émergence du sens.

Philippe Langlet met ainsi en lumière un vaste tissu de textes religieux, faits d’emprunts bibliques directs mais aussi de réminiscences ou d’emprunts indirects. Il semble, à la lecture de ces études, que la légende ait été rédigée en toute connaissance de cause, et non par des hasards culturels, et qu’elle a tous les caractères d’une véritable hagiographie proposant des personnages paradigmatiques destinés à l’édification des maçons, c'est-à-dire contribuant à les « construire » par la réflexion sur les grandes questions de l’existence.

Un CD accompagne le livre avec annexes et documents.


Un très important livre de références sur : Hiram, le Temple, le 3e degré, Giblim, l’ordalie, la notion du sacrifice, les arts libéraux, Noé etc.

 

LA  PAROLE  EST  AU  SILENCE-  LE  SIGNE  DU  SECRET

PIERRE  PELLE  LE  CROISA

EDITION  DU  COSMOGONE

 2009

Parler du silence…c’est le tuer ! Il faut donc le dépasser pour en parler. Mais qu’en dire ? Les mots du silence, par la parole, le cachent. Et si l’univers l’évoque, Big-Bang !, c’est pour nous dire qu’en ce monde il n’existe pas ! En fait, le silence n’est jamais…silencieux ! Car il n’est pas absence de son, mais absence d’audition. Il ne s’entend pas, il s’écoute, et que perçoit-on dans le silence ? Les bruits de la vie. Soyons réceptifs à ce qu’ils nous en disent.

 

Pour vivre les voix secrètes du silence dans toutes leurs tonalités : silence des bêtes, silence des hommes, silence du corps et de ses messages, silence de l’inconscient, silence de l’introspection, silence du recueillement, silence de la foi, silence de l’écriture et de ses pensées, silence de la spiritualité et de ses symboles, silence du secret et du serment gardé, silence de la sagesse et de la voie d’éveil, silence de la vie et de la mort… L’enseignement du silence commence par la métamorphose des sens : L’éclairage du cœur donne sa lumière aux êtres et aux choses. Et cette harmonie qui rayonne en soi conduit peu à peu, par l’apprentissage du silence, à une véritable maîtrise de la parole.

 

Quelques mots clé de cet ouvrage :

Le serment, le signe du silence, la coupe des libations, la rose du petit Prince, la parole circule, le silence règne, rassembler ce qui est épars, écouter avec les yeux et entendre avec le regard, les grands inities, l’arc en ciel, les mots de passage, le nomadisme, le maître des hiéroglyphes, la voix secrète, l’introspection, la méditation, la lumière bleue du Verbe, les trois piliers - Sagesse, Force et Beauté, la parole de vie, le mimétisme, Dieu est l’ami du silence, le miroir, la voie de l’éveil, le monde du silence, le silence parfait, l’insupportable silence,  le silence blanc, le faiseur de pluie, le bandeau, etc.

 

Bibliographie sur le Silence :

Le silence  par Beresniak  Edition  Détrad  2000

Le Silence  par Divers auteurs  Edition Arcadia  2007

Eloge du Silence  par  Marc de Smedt    Edition Albin Michel -Réédité-

Le désert intérieur    par  M.M Davy   Edition Albin Michel -Réédité-

Les veilleurs du Silence  par  M.M Davy  Edition  Berg  1976

Les sentences des Pères du désert  en 3 volumes Edition Abbaye de Solesmes 1966-1976

Désert, déserts  par J. Yves  Leloup  Edition Albin Michel –Réédité-

 

LA PAROLE PERDUE

 DIVERS AUTEURS

 ARCADIA

  2009

Mais quelle est cette Parole perdue ? Pourquoi et comment la rechercher ?

 

Voilà le départ d’une des plus grande recherche ésotérique dans le monde de la spiritualité. Il faudra tout d’abord comprendre les diverses subtilités de ce mot, ainsi que sa symbolique et sa force, puis étudier les divers chemins ou pistes qui pourront nous nourrir, enfin nous mentaliser à nous mettre en route avec armes et bagages, comme les Argonautes partis à la recherche de la Toison d’Or. C’est un grand voyage, difficile, périlleux et rigoureux, mais c’est le prix à payer pour retrouver cette Parole perdue, ce Graal, qui doit Ici et maintenant conditionné notre vie.

 

La Parole perdue apparaît lors de la cérémonie d'élévation au grade de Maître. Elle est liée au mythe d'Hiram porteur d'une riche symbolique. Dans les recherches entreprises c'est avec étonnement que l'on parcourt les différentes directions que prennent les textes plus au moins « reconnus» sur la signification du mythe et de cette parole perdue qui y est intimement liée.

 

La Parole perdue : l'expression renvoie immédiatement au meurtre d'Hiram tué par les trois mauvais compagnons qui ont cherché par la force à s'octroyer ce qu'ils considéraient comme un dû : accéder à la maîtrise en exigeant les mots secrets du Maître architecte du Temple : Hiram. Celui-ci préfère la mort plutôt que de dévoiler le mot sacré. Aussi la Parole est-elle perdue. La recherche de cette parole se concrétise par la recherche du corps d'Hiram pour neuf maîtres maçons. Ils le découvrent grâce à l'acacia et décident que la parole perdue sera remplacée par la première parole prononcée. C'est la parole substituée.

 

Hiram est celui qui détenait la parole qui désormais ne sera plus qu'une parole substituée, considérée comme provisoire. La quête des maçons doit continuer pour retrouver la parole originelle. Et ici encore tout est symbole. Le secret d'Hiram ne lui appartient pas personnellement puisqu'il ne peut le transmettre sans l'aide de ses frères. Et le secret ne peut être valablement transmis qu'à quelqu'un qui est prêt à le recevoir, reconnu digne par son travail et sa valeur personnelle et qui dispose des qualifications requises. Hiram refuse de donner les mots aux mauvais compagnons car ce serait trahir la tradition dont il est le gardien et le transmetteur. Il préfère la mort. Cette notion de destruction nécessaire avant une renaissance nous est familière.

 

La symbolique de la mort et de la résurrection est présente dès dans la première cérémonie d'initiation au grade d'apprenti. Avec la mort d'Hiram c'est chaque maçon qui meurt et qui relevé fait naître symboliquement le maître en lui-même. Il faut qu'Hiram soit tué pour que naisse le nouveau maître. Il accèdera à la maîtrise, en étant relevé, debout et en passant par les 5 points de la maîtrise. On associe la mort et la renaissance comme quête d'une spiritualité à travers la connaissance de sa propre identité. Mais la Parole d'Hiram est perdue. Cette parole perdue est une des nombreuses représentations de la quête. Quête du Graal, quête du nom imprononçable de Dieu pour la tradition juive, quête de la Vérité, de la Connaissance (le logos grec). Cette disparition offre aussi une nouvelle perspective de recherche de la connaissance

 

Dans la tradition maçonnique, le mythe d'Hiram est axé sur la perte et la recherche de la parole perdue. Pourquoi rechercher cette parole ? Qu'est-ce que cette parole ? L'étymologie latine renvoie à « parabola » au sens de parole divine et « paraula »en bas latin. Actuellement il y a deux significations du terme parole : « Élément simple du langage parlé, articulé » au sens de mot. Mais aussi « Faculté d'exprimer, de transmettre sa pensée par des sons articulés », sens de langage. La parole c'est aussi le Verbe, « Au commencement était le Verbe » verbum comme parole du Christ. Pour les chrétiens Adam et Eve sont les modèles par où tout a commencé. Adam possédait la Parole c'est-à-dire la possibilité de créer en nommant comme le fait Dieu, par la maîtrise du Verbe. Quand Adam fut chassé du Paradis, il perdit la parole-verbe, le pouvoir d'organiser selon ses possibilités créatrices. Dans cette symbolique, on accède à la recherche propre au Maçon : la parole permet de nommer, de comprendre, de créer, de construire. Elle donne accès à la connaissance des choses.

 

De quoi est constituée cette parole ? Quelle est sa nature ? Sa substance ? La parole c'est le mot, les mots avec leur valeur sonore. L'Apprenti ne sait ni lire ni écrire il ne sait qu'épeler. Il ne détient que les lettres et ne peut encore donner la première, ce que sait faire le compagnon. Ce n'est qu'au long de son parcours initiatique que le maçon saura prononcer les mots, c'est-à-dire désigner, nommer, donner du sens au monde et à sa propre identité. Le parcours initiatique l'oriente vers le perfectionnement de la parole, vers la recherche d'une parole perdue, jamais retrouvée mais qui a été substituée. Cette parole substituée « Mohabon » et « Tubalcain » lui permet de reconnaître et d'être reconnu comme maître maçon mais elle n'est pas la parole d'origine. Cette parole originelle détenue par Hiram et recherchée sans fin par les maçons ne serait-elle pas la quête perpétuelle du maçon dans sa volonté de toujours se perfectionner, dire le plus justement possible les choses, préciser les questions qu'il se pose, sur lui-même en tant qu'individu et qu'être social ? La parole définit, relie les choses, donne du sens, permet de communiquer avec les autres. Tous les autres, qu'ils soient maçons ou profanes.

 

La quête de la parole « parfaite » d'une certaine manière qu'Hiram a sacrifié pour qu'elle ne soit pas salie, sera notre recherche personnelle, permanente du bien penser, bien dire et bien faire ; Sera-t-elle jamais retrouvée ? Cet objectif sera-t-il jamais atteint ? Est-ce que ce qui compte ce n'est pas le voyage lui-même plus que le terme de celui-ci ? Cette parole perdue ne doit-elle pas demeurée à jamais perdue ? Car si on considère qu'on l'a trouvée, n'arrêterions-nous pas notre avancée sur le chemin jamais achevé du perfectionnement de soi-même ? La parole perdue rappelle la puissance initiale du Verbe au commencement de la Genèse. Elle est aussi dans la symbolique hébraïque le nom imprononçable de Dieu. Et dans la conception laïque c'est l'apanage de l'homme.

 

Pascal Durand nous propose cette recherche à travers un langage poétique et la pluralité des langues. Il nous initie au « parler initial » en nous rappelant l’épisode de la Tour de Babel, avec son fantasme de la langue unique, mais aussi sa diversité qui a été à l’origine de la « confusion des langues » et de la dispersion des hommes.On trouve des explications sur cette Parole substituée que l’on trouve dans beaucoup de degrés différents, parole substituée qui nous emmène toujours plus loin en nous enrichissant en permanence.

 

Philippe Laspougeas nous parle d’El Schaddaï, il nous dit que « Rassembler ce qui est épars, est la même chose que « retrouver la Parole perdue », car en réalité et dans son sens le plus profond, cette « Parole perdue » n’est autre que le véritable nom du Grand Architecte de l’Univers.

 

Jean Bénédict nous donne selon lui, les trois sens de cette Parole perdue

1/ Ensemble de mots servant à exprimer la pensée

2/ Moyen de communication

3/ C’est la parole de Dieu ou l’Ecriture Sainte

 

Pierre Escande dans Tradition Ecossaise, rappelle qu’au 4e degré, la connaissance est ce que nous appelons la Parole perdue. Il développe la réalisation personnelle et cosmique du maçon, il insiste sur le fait que l’initiation en Occident est indissociable de la tradition hermétique.

 

Bolle de Bal commence par nous décrire la parole qui sort de la bouche, et comment elle a évoluée au cours de l’histoire, puis il décrit le mythe hiramique et ses diverses Paroles

 

François Bertrand nous dirige vers le logos (discours, parole, verbe), en sanscrit Vak. Il nous entraine dans l’indouisme et le bouddhisme et fait des parallèles avec notre Tradition occidentale et le judaïsme.

 

 

Narcisse Flubacher dans un brillant exposé, fait à Lausanne en 1998, nous dit entre autre que la recherche de la parole perdue est liée nécessairement à la prononciation exacte d’un mot, dont l’exemple est le mot du compagnon. Cette connaissance du mot résulte à la fois de la transmission initiatique et de l’aptitude à le recevoir. Connaître le mot de Maître, c’est connaître l’intention de Dieu.

 

LA  PAROLE  PERDUE

 Sophie  Perenne

Edition La  Maison de Vie

 2015

Pour beaucoup de peuples, la parole est la première manifestation divine à l'origine de la création. Le Verbe s'est fait chair et a mis de l'ordre dans le chaos. Mais dans le même temps, ce passage du non-manifesté au manifesté a conduit à la dispersion de la parole primordiale et finalement à sa perte. La rechercher et la retrouver parmi les éléments épars est un but essentiel de la quête maçonnique. Mais comment faire '.Où et comment chercher ? Et pour en faire quoi ? Explorant tous les aspects de la parole, de la plus profane à la plus sacrée, Sophie Perenne défriche les chemins à emprunter pour retrouver une parole riche de sens qui éveille et élargit l'âme, une parole de lumière qui émane du plus profond de soi pour s'adresser à ce qu'il y a de plus profond en l'autre, une parole de même nature que le logos créateur. La redécouverte de la puissance créatrice de la parole est la pierre de fondation d'une authentique fraternité universelle.Pour nous guider sur la piste de la problématique de la parole perdue, Sophie Perenne procède avec méthode. Langage articulé, parole, pensée: que des paroles soient énoncées ou tues nous ne pensons pas sans mots. Oralité et écriture, sacralisation, image nous mènent vers le paradis perdu et l'exil qui est l'entrée dans le temps.

Ce petit livre tout en finesse et intelligence ouvre à des questionnements multiples et suscite le désir de chercher. Popol-Vuh, mythes dogons ou Apocalypse, sont convoqués pour réfléchir à la parole qui crée et à celle qui tue. Viennent ensuite mais toujours selon la même démarche des thématiques classiques pour un franc-maçon : l'interdit du nom de Dieu, approches de la connaissance du nom et des attributs du divin, réflexion sur l'Un, la dissociation, la quête et la découverte de la langue des oiseaux, chapitre majeur de ce beau livre.

La Parole Perdue est la Langue unique, à l'Origine du Monde. Émanation permanente de l'Anthropos, le Verbe. « Je suis celui qui est ! ». Retrouver la Parole, c'est retrouver la Voix, ou la Voie, la Tradition Originelle, Mémoire Collective et Patrimoine de l’Humanité. Symbolisée par un Grand Arbre, elle est issue d'une Révélation de l'Unité primordiale dont chaque Maître spirituel représente une branche diversifiée en différents courants des Langues et Cultures du Monde.

Elle repose sur la Connaissance des Principes et Formes Archétypiques sous-jacents à toute manifestation de la Vie et assure le lien entre le Passé le Présent et l’Avenir et la pérennité de l’Espèce Humaine, par des points de repères invariants, face à l’Infini indéterminé de l’Espace, et à la mouvance fuyante du Temps.

 

La transmission vivante de la Tradition, la "Doctrine Secrète", s'effectue par les Textes sacrés, la Parole et l’Exemple. Depuis le Point émanation, elle est véhiculée par les mythes et légendes, les coutumes et récits, les rites et rituels cycliques, inscrits dans la Durée et Espace-Temps signifiants et favorables. Une Culture tient son Âme de la Puissance de ses Symboles et de ses Grandes Images. Elle implique des systèmes de Valeurs objectives, éprouvés au cours du temps, pour leur efficacité à maintenir l’équilibre, la cohésion, l'Unité, la continuité et l’Harmonie de la Vie. Il est possible de distinguer les traditions "profanes", d’ordre coutumier, comportemental, les mœurs, folklores et "habitus", qui concernent des cultures ou des regroupements privés, et les Traditions Sacrées, qui établissent la relation de l’Homme à la Transcendance. En relation à l’Esprit (Idéa) de toutes choses, au Bien et aux Valeurs, l’Idée de Tradition à son niveau le plus élevé, est associée à l’Identité et au Sacré. Elle englobe l’ensemble des Religions et Spiritualités, qui traitent plus particulièrement de l’Origine et de la Fin de l’Homme, et à l’intuition d’une Source Originelle Commune. L’Identité en ce qu’elle est l’état d’une Entité qui se perpétue dans le Temps, grâce à des caractéristiques stables, constitue l’attribut spécifique d’une Personne, d’un Pays, d’une Culture, ou d’une Ethnie.

 

Le Sacré peut se définir par des Valeurs inaltérables et intangibles que l’on ne peut transgresser sans encourir une rétribution imprévisible au-dessus du contrôle des lois humaines. L’Idée de Lois supérieures participant du domaine Transcendant, détermine la frontière entre le Profane et le Sacré. La Connaissance ne peut en être transmise à l’homme que par des procédures et rituels spécifiques " d’Initiation ".

 

Ce qui fait dire à Mircea Eliade : « Les faits et gestes de l’Homme, parce qu’ils se rapportent à des faits chargés d’Énergie, ou participent de certaines valeurs supra humaines, seront dirigés par des Lois Sacrées précises. Pour que ses propres actes ne l’altèrent pas, l’homme les transformera en rituels. Car tel est précisément le sens du rituel : rendre l’individu solidaire de la collectivité, de la Vie organisée, et finalement d’un Cosmos Vivant. Dans une telle société Traditionnelle, l’homme n’est plus seul, parce que tout ce qu’il fait a une signification œcuménique, accessible à l’ensemble de la Communauté

 

LA PAROLE PERDUE -  Á  LA  RECHERCHE  DE  LA  PAROLE  PERDUE

JACQUES   THOMAS

EDITIONS DE  LA  HUTTE

2009

Le troisième degré de la franc-maçonnerie est fortement marqué par un changement de pédagogie. Chaque maçon a pu le vivre comme éveil, mais également comme une interrogation, avant de trouver une réponse satisfaisante.
S’il y a dans la maçonnerie de nombreux degrés ou ordres, il y a aussi de nombreuses grilles de lecture, aussi le livre de J. Thomas  est-il le fruit d’un travail de recherche sans précédent, mais aussi d’une réflexion profonde et du ressenti authentique d’un frère d’expérience, qui ainsi donne un éclairage important sur cette « Parole perdue ».

 


Evidence mystique pour certains, égarement sans grande signification pour qui n’a eu qu’une lecture trop légère, la rupture de la maîtrise, entrainant le cherchant vers les degrés complémentaires, trouve ici des explications lumineuses, au sens le plus littéral, sur ce Divin vers lequel tous les rites tentent d’amener le maçon au travers du filtre de son intelligence et de sa sensibilité.

 

En général, on rentre en maçonnerie sans savoir où l’on va. Quelques années plus tard, on croit savoir…mais vingt ans après, on ne sait plus trop. Pourquoi ? Parce que le parcours proposé, s’il est bien balisé et relativement efficace dans les premiers grades, perd de vue son itinéraire quand l’objectif apparaît plus lointain, plus élevé, peut être aussi d’une autre essence.
Une certitude, la franc-maçonnerie transforme la personnalité des êtres qu’elle reçoit, quel que soit le rite qu’il pratique.


Cette parole perdue est peut-être le fil d’Ariane qui nous fera sortir de notre labyrinthe, après avoir combattu notre minotaure intérieur.

 

LA PAROLE PERDUE - DE LA PAROLE VOILÉE Á LA PAROLE PERDUE

Alain KHAITZINE

EDITION Le Mercure Dauphinois

 2001

A travers un périple surprenant l’auteur nous entraîne vers la recherche des légendes et des mythes, à la recherche de la parole perdue mais qui peut être est simplement voilée ou cachée. Après séparation du subtil de l’épais ne subsistera que le nom de la rose. Le grand et unique secret de la Franc-maçonnerie réside dans ce que l’on nomme la Parole Perdue. Que faut-il entendre par cette expression ? Quelle est cette Parole ? A cette double question, le présent livre apporte des réponses aptes à satisfaire le candidat à l’initiation comme le profane. La dite Parole est-elle réellement perdue ou fut-elle voilée ? La vérité oblige à dire qu’elle fut voilée pour des raisons de sécurité.

 

Ce travail invite le lecteur à retrouver ce verbe, à travers la légende d’Hiram, constructeur du Temple de Salomon, mais également à partir du récit d la lutte fratricide qui opposa Maître Jacques et le Père Soubise, figures emblématiques de la Maçonnerie de la Pierre et du Bois.

 

Le passage du profane dans le cabinet de réflexion est sans doute la phase la plus importante de par l’incidence qu’elle va posséder sur sa vie future. Si cette partie est capitale pour un profane devenant initié, le nouveau membre se doit d’évoluer spirituellement de par sa recherche et son assiduité.

 

Que la Maçonnerie ne puisse apporter la Grâce est une évidence, puisque cette dernière est d’essence Divine, néanmoins cette Grâce, qualifiée de nécessaire et de suffisante doit être le but vers lequel doivent tendre tous nos efforts. Sachant combien cette notion de Grâce, imprégnée fortement de connotation religieuse, peut gêner des esprits laïques ou adogmatiques, ce livre explique plus loin les différentes versions, mais faut-il savoir que sans elle, l’alchimie demeurerait sans effet. Le passage du profane dans le cabinet de réflexions sert à l’amener à une méditation et un premier retour sur lui-même, au sens du renversement des valeurs.

Jésus disant qu’il est venu « apporter la Lumière aux hommes », qu’il est « la Lumière des hommes »…Ceci est tellement vrai, que dans les premiers temps de l’Eglise, le Christ n’était jamais figuré en croix, il était exclusivement représenté au sein d’une mandorle, une amande, laquelle adopte toute sa signification dès lors que l’on sait, qu’en hébreu, le mot « Luz » désigne à la fois une amande et la Lumière, c’est ce mot qui se retrouve dans le nom de certaines villes comme St Jean de Luz ou Luz St Sauveur… ou dans des noms comme Mélusine ou Lys, terme qui en héraldique est équivalent à Luz.

 

Cet ouvrage développe les sujets suivants :

Les sources de la légende d’Hiram  -  les sources bibliques  -  Cabinet de réflexion et réflectivité  -  Quand la légende chevauche l’Histoire  -  Du grain de Vie à la force de l’Union  - Le mythe d’Hiram, constructeur du Temple. Au début était le bois… De la pierre brute à la pierre taillée  -  Du symbole de Jupiter au signe de croix  - Sous l’acacia la rose hermétique  -  L’Acacia m’est connu et les colonnes du Temple  -  Mandorle et luz  -  La légende de Maître Jacques et du Père Soubise  -  Les aspects hermétiques de la légende  -  Le symbolisme des chiffres et des nombres contenus dans le mythe de Maître Jacques  -  L’Eglise des premiers siècles…Une usine à fabriquer des faux  -  De Bar-Abbas au fils du Père  -  Quand la genèse de l’histoire terrestre prend ses racines au ciel  -  Du nom imprononçable de Dieu à la Parole perdue  -  De la colombe exaltée à celle du saint Esprit  -  Du poème des voyelles d’Arthur Rimbaud à la disparition de Georges Perrec 

 

la passion Écossaise

André KERVELLA

EDITION DERVY

 2002

L’auteur qui écrit des articles dans Renaissance Traditionnelle sait de quoi il parle et ici il réécrit l’histoire de la Franc-maçonnerie et celle des écossais en particulier dans ce début du 18ème siècle. Cela fera grincer des dents mais la vérité historique y gagnera. Un excellent livre sur l’Art Royal.

 

Il fallait bien qu'un jour l'histoire des origines de la franc-maçonnerie en Écosse, en Angleterre et en France sorte du domaine du mythe ou du fantasme pour s'inscrire dans le quotidien de la conquête du pouvoir politique et religieux dans l'Angleterre du XVIIe et de la première moitié du XVIIIe siècle. Et démontrer qu'à l'origine l'initié écossais, qui peut du reste être breton ou français, est un conjuré jacobite aux seuls motifs opportunistes, œuvrant pour la restauration des Stuart sur le trône d'Angleterre.

 

Quant à la franc-maçonnerie anglaise, elle n'apparaît au tournant du siècle que pour faire pièce et, n'en déplaise aux fables andersoniennes - une des plus remarquables manipulations historiques jamais enregistrée, et qui jouit toujours d'une postérité vivace - son œcuménisme affiché masque nombre d'arrière-pensées très politiques. Il convient, en conséquence, de réécrire dictionnaires et encyclopédies, et de donner à " L'Art Royal " une acception inédite, car force est de constater qu'il n'existe aucune liaison entre de supposés maçons " opératifs " et quelques " spéculatifs " venus les phagocyter. Sans doute est-il moins glorieux pour l'Ordre maçonnique en général et pour les différents rites dits " écossais " de compter comme seuls ancêtres directs des activistes politiques antagonistes, plutôt que comme d'hypothétiques intellectuels branchés qui se seraient frottés à d'honorables tailleurs de pierre épris de symbolisme, mais les résultats de la recherche menée par André Kervella ne laissent aucun interstice où pourrait s'infiltrer la fable.

 

Nous sommes à la fin du XVIIe siècle. Avec Jacques II, viennent de nombreux Francs-maçons qui vont s'installer durablement à Saint-Germain. La défaite finale des Jacobites va occulter leur importance et leur influence en Angleterre. La piste jacobite des origines de la Franc-maçonnerie française sera ignorée, voilée par une réécriture de l'histoire de l'Angleterre des XVII et XVIIIème siècles au bénéfice des vainqueurs. L'histoire est coutumière de ces faits.


André Kervella en fouillant l'histoire des Jacobites de Saint-Germain nous propose un nouveau récit des origines de la Franc-maçonnerie française et lève aussi le voile sur un pan de l'histoire maçonnique anglaise comme le fait justement remarqué Edward Cop dans la préface de l'ouvrage : " Mais son livre a également une signification plus large, et s'applique à l'Europe dans son ensemble. Il change complètement notre compréhension du développement de la Franc-maçonnerie en Angleterre entre 1603 et 1688. Il montre en effet comment une branche nouvelle et rivale de la maçonnerie Jacobite émerge durant les années 1690, et comment elle triomphe finalement en créant et en contrôlant la Grande Loge Hanovrienne à Londres en juin 1717, puis en réécrivant à sa manière l'histoire de la Franc-maçonnerie, avec la publication en 1723 du texte fondateur que sont les Constitutions d'Anderson, et en prenant le contrôle de la Grande Loge de France en 1738.

 

L'analyse conduite par André Kervella de ce décalage entre les Jacobites et les Hanovriens, en Angleterre puis en France, permet d'apprécier la signification exacte de la bulle In Eminenti, promulguée en avril 1738 par le pape Clément XII à la demande de Jacques III. Contrairement à ce que l'on a pensé, cette bulle n'est pas dirigée contre toute la Franc-maçonnerie, mais seulement contre sa version Hanovrienne. La Franc-maçonnerie Jacobite était en effet essentiellement, voire exclusivement catholique, tandis que les Hanovriens acceptaient parmi eux non seulement des protestants et des catholiques, mais aussi des non-croyants. A l'époque le cardinal Corsini, neveu du pape, remarque d'ailleurs que c'est seulement la forme Hanovrienne de la Franc-maçonnerie qui mérite d'être condamnée par Rome : la Franc-maçonnerie ancienne pratiquée par les Jacobites était acceptable par l'Eglise catholique.


En 1755, après la disparition du Jacobitisme en tant que mouvement politique, et alors que le gouvernement français n'est plus pro-hanovrien, la Grande Loge de France affirme enfin son catholicisme, et reconnaît formellement les degrés supérieurs du Rite Ecossais Ancien et Accepté. C'est alors que s'installe le malentendu, et l'oubli des origines Jacobites de la Franc-maçonnerie en France. André kervella a enfin su résoudre le mystère. "
Ce faisant, l'auteur tord le cou à ce qui reste du mythe des liens entre maçons " opératifs " et maçons " spéculatifs ". Davantage que la rencontre entre des intellectuels et des tailleurs de pierre par ailleurs symbolistes, nous trouvons à l'origine de l'Ordre maçonnique une lutte entre mouvements politiques. La thèse des origines écossaises n'est pas aussi nouvelle que le dit l'auteur et ne révolutionne pas non plus de manière aussi radicale qu'il le voudrait l'histoire maçonnique. Cependant, ce livre est une véritable contribution à l'histoire maçonnique écossaise.

 

la pierre & le graal – une expÉrience de quÊte initiatique

Georges bertin

EDITION  VEGA

 2006

Depuis la fin des années soixante, l’auteur explore les chemins parfois interdits, souvent abrupts, toujours mystérieux des symbolismes du graal des chevaleries arthuriennes et de la pierre des bâtisseurs du Temple. Fondé sur sa propre expérience initiatique de chercher, il propose ici une réflexion armée et critique sur ces figures en tension constante dans l’aventure humaine. Il y témoigne aussi d’une expérience personnelle et d’une aventure intellectuelle engagées qui l’ont conduit sur des sentiers où il convie le lecteur.

 

Le Graal est un objet extraordinaire qui a passionné les mystiques du Moyen-Age. Il s’agit, comme on le sait, de la coupe qu’aurait utilisée Jésus lors de son dernier repas de la Cène, et la tradition dit que cette même coupe aurait servi à Joseph d’Arimathie pour recueillir le sang et l’eau coulant de la plaie de Jésus mort sur la croix, à partir de la blessure infligée par les soldats romains avec leur lance pour s’assurer de sa mort. Ce Graal a été l’objet d’une quête assidue dont rend un peu compte la célèbre légende de la Table Ronde avec Perceval. On lui attribuait des pouvoirs extraordinaires, et en particulier celui de donner l’immortalité. On peut vouloir reprendre aujourd’hui cette quête et trouver le secret de l’immortalité. Pour cela il faut, bien sûr, revenir au texte biblique.

 

Au moment de la Cène, Jésus célèbre la Pâque juive. On sait que cette fête commémorait la sortie d’Egypte. L’Ancien Testament raconte que la 10e plaie d’Egypte voulait que tous les premiers nés soient tués, des hommes, des animaux, de tous les êtres vivants. Et pour échapper à cette mort, l’Eternel dit aux Israélites de tuer un agneau, de le lui offrir en sacrifice, puis de prendre son sang pour en marquer les linteaux de leur porte.

Et ainsi, l’ange exterminateur, passant sur leur pays allait épargner ceux dont la porte était marquée du sang de l’agneau, ils auraient la vie sauve. Le parallèle chrétien est facile à faire : le Christ est comme l’agneau sacrifié, et ceux qui sont marqués de son sang sont sauvés de la mort, accédant à la vie Eternelle.

 

Il est vrai que Pâques célèbre pour les chrétiens la victoire du Christ sur la mort par la résurrection, la mort ne l’a pas retenu. Ses adversaires pensaient l’arrêter en le tuant, mais sa mort n’a rien arrêté du tout, parce que l’important du Christ n’était pas sa chair, mais son enseignement, son esprit, sa présence spirituelle. Or la résurrection n’est pas réservé à Jésus, Paul nous dit bien que comme Christ est ressuscité, nous de mêmes nous devons ressusciter, il est donc le paradigme de notre propre résurrection. Et en effet, le Christ nous dit comment nous pouvons ressusciter à notre tour : en mangeant sa chair et en buvant son sang : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie Eternelle et je le ressusciterai au dernier jour». Il s’agit bien d’immortalité, mais pas d’immortalité matérielle. Parce que la résurrection du Christ est une affaire spirituelle. Aujourd’hui, notre foi chrétienne est que le Christ est ressuscité, qu’il vit parmi nous, or cette présence du Christ parmi nous est évidemment d’ordre spirituelle, pas corporelle, nous n’attendons pas de rencontrer concrètement Jésus dans la rue pour lui serrer la main.

 

Voilà l’erreur de ceux qui n’ont pas parvenu à trouver le Graal, il s’agissait bien d’immortalité, mais pas pour que nos corps vivent toujours, pour que nous héritions d’une immortalité spirituelle. Ce que nous enseigne l’Ecriture, c’est que « la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu, le corruptible n’hérite pas de l’incorruptibilité ». (1 Cor 15 :50) et l’Evangile nous montre que pour hériter de cette vie spirituelle éternelle, il faut prendre part à la vie du Christ : se nourrir de sa vie, de son enseignement, de son Evangile, le mettre en nous comme la source du meilleur de nous-mêmes que la mort n’atteint pas : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:56).

 

Ce qui donne l’éternité, c’est le sang du Christ c’est-à-dire la vie du Christ lui-même. C’est ça le secret du Graal. Ceux qui n’ont pas parvenu à le trouver se sont égarés en ne comprenant pas la métonymie : quand on dit que le Graal donne l’immortalité, ce n’est pas l’objet lui-même, mais ce qu’il contenait : le sang du Christ. De la même manière si on dit qu’on « boit une bonne bouteille», ce n’est pas l’objet en verre qui est bu, pas le flacon qui compte, mais son contenu. Il ne faut donc pas s’attacher au contenant, mais au contenu, de même qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre les symboles. Une même erreur serait de penser que l’important dans le processus de manger le corps et de boire le sang du Christ serait de participer à un rite dans une église ou un temple. Le geste matériel n’est rien en lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il représente. Et quand nous communions, nous pensons que le vin représente le corps du Christ, et nous mimons d’une certaine manière le fait que nous voulons mettre en nous toute la vie du Christ telle que nous la connaissons par l’Evangile et dans notre vie spirituelle, cette dimension spirituelle nous donnant la force, l’espérance, nous remplissant d’amour, et jusque dans la vie Eternelle

 

Au sommaire de cet ouvrage : le scoutisme, les figures mythologies de la quête initiatique, Lancelot du Lac, la transgression, l’Art Royal, l’individuation, le rite écossais, le sacré et la lumière, les loges de St Jean, l’Apocalypse, Jung.

 

l’apprentissage maçonnique

Marcel spaeth

EDITION DETRAD

 1999

Où l’on parle du Pavé mosaïque, du vitriol, du Delta, des Colonnes, du chiffre 3, de la Houppe dentelée. On y apprend : le silence, l’assiduité, le secret et tous les symboles de loge au 1er degré.

 

« Tu viens d’être initié, c’est-à-dire que ton courage et ta persévérance t’ont rendu digne de participer aux Mystères de la Franc-Maçonnerie, ce dont un vieux Maître te félicite chaudement. N’oublie pas cependant que le mot latin « initium » veut dire « commencement ». Commencement de quoi ? D’une vie absolument nouvelle pour toi, d’une vie régénérée, au cours de laquelle tu dois parvenir, tôt ou tard, à jeter bas le fardeau lourd de tes instincts et préjugés profanes, puis à faire l’inventaire de son contenu - car l’on ne maîtrise que ce que l’on connaît bien - et après avoir pris conscience des affects refoulés, des tendances inhibitrices, des complexes innés, décider fermement de ne plus laisser ces miasmes psychiques se cacher sournoisement dans ton inconscient, mais les obligeant à subir la pleine lumière de ton propre jugement, décharger ces impondérables de leur magnétisme contraignant. Tu auras ainsi « dépouillé » le vieil homme et tu auras acquis la liberté véritable. Mais quoi de plus difficile que cette conquête de soi !

 

Les Constitutions d’Anderson, qui sont dorénavant ta loi, réservent l’initiation aux seuls « hommes libres et de bonnes mœurs », ce qui serait à interpréter aujourd’hui où tous les hommes sont « civilement libres », mais où bien peu le sont moralement, dans le sens qu’elle est communicable seulement aux individus qui désirent sincèrement acquérir la liberté. Abandonnés à leurs propres moyens, ils y parviendront rarement. C’est le but de l’initiation que d’actionner le jeu des forces inhérentes au symbolisme, et de transmettre à l’Adepte en même temps que la connaissance des moyens, leur utilisation dynamisée.  Encore est-il nécessaire, pour que se développe l’efficience recherchée, que le sujet devienne très familier avec le symbolisme de chacun des degrés auxquels il parviendra, car la Maçonnerie est un monument qui s’édifie progressivement, sans heurt et dans l’harmonie.

 

Le symbolisme déployé dans le premier grade constitue une base solide, en ce qu’il comporte tous les éléments qui, plus tard, pourront faire l’objet d’études sans doute plus approfondies, de considération sous d’autres aspects, d’élargissement de l’angle de vision. Il ne faut pas oublier en effet, que c’est une des caractéristiques les plus importantes de tout véritable symbole - et c’est ce qui le différencie de l’emblème ou de l’allégorie - de se prêter à une interprétation sur quatre plans différents, constituant une clé quaternaire en rapport avec les éléments, plans de pensée qui forment une gradation en sens vertical Nadir-Zénith, soit » .Le monument maçonnique lui-même est susceptible d’être développé sur chacun de ces plans, et nous avons essayé, dans la présente étude, de nous limiter à celui désigné à l’Apprenti.

 

Mais aucune barrière absolue ne peut être élevée et peut-être avons-nous de ci, de là, cédé à la tentation de franchir une limite, aussi mouvante d’ailleurs que peut l’être la compréhension purement subjective de chaque sujet. Nous avons fait effort pour revenir à chaque fois dans la ligne médiane, et les quelques investigations que nous nous sommes permises dans des champs en bordure de la voie directe, seront sans doute profitables aux esprits spécialement ouverts à la discipline ésotérique, leur désignant des domaines sur lesquels la plupart n’ont que des conceptions erronées, si même conception il y a.  Quoi qu’il en soit, le premier grade offre à la méditation de l’Apprenti le tableau symbolique complet de l’édifice maçonnique, et c’est non seulement d’une compréhension intellectuelle, mais surtout d’une intimité avec sa sensibilité, que dépendra son évolution maçonnique et humaine.

 

la premiÈre profanation du temple maçonnique

Pierre CHEVALIER

Lib. Philosophique VRIN

 1968

C’est l’époque de Louis XV entre 1737 et 1755. La maçonnerie s’implante en France avec les balbutiements et ses relations difficiles avec l’Église. L’auteur historien reconnu de la Franc-maçonnerie nous replonge dans les premières loges et les liens troubles et particuliers, entre l’Angleterre, l’Écosse, les Églises, les loges, et les enquêtes policières et musclées sur la Franc-maçonnerie de cette époque.

 

Un Temple maçonnique est une représentation de l'univers. Le soleil, la lune, les étoiles au firmament, l'allusion à la terre par le biais de la pierre brute, des "métaux" que nous laissons sur les parvis, du fil à plomb, suspendu au-dessus du tapis de la loge, des références aux quatre points cardinaux etc. sont là pour nous y faire penser constamment. C'est un univers clos, coupé de tous les autres. Il n'y a pas de fenêtre ou, s'il y en a une, comme par exemple sur le tapis de la loge, elle est fermée. Cette séparation a son sens que je mentionnerai plus loin.


Un Temple maçonnique est en même temps une représentation de la société humaine. En effet, le Temple n'est pas seulement l'espace aménagé qui nous entoure mais aussi l'ensemble des Frères qui le peuplent.

Les rituels nous rappellent à chaque tenue que le mouvement maçonnique a été créé pour réunir tous les hommes de valeur sans aucune discrimination de race, de condition ou de conviction et préfigurer ainsi une humanité nouvelle, harmonieuse, réunie dans la fraternité.

Et la structure de la Loge avec ses chefs, surveillants et ouvriers s'inspire de la manière dont sont organisées toutes les sociétés humaines.

Un Atelier maçonnique est hiérarchisé comme les sociétés profanes et en même temps véhicule les idéaux de la liberté pour tous, de l'égalité et de la fraternité. Cela pourrait paraître contradictoire. Les dignitaires de la Loge disposent de certains pouvoirs et tous les Frères leur doivent respect : ce n'est pas par hasard que le Vénérable Maître vouvoie ses officiers. Cependant, nous pouvons tous parler avec la liberté absolue à chaque Frère indépendamment de sa charge ou de tous autres critères. Cette égalité qui ne tient aucun compte de la diversité de nos situations sociales ou maçonniques, est symbolisée par le droit de porter une épée. (Faut-il rappeler qu'à l'époque où, dans le monde profane, seuls les aristocrates avaient le droit d'être armés ainsi, en loge ils le partageaient volontiers avec tous les Frères). Un Temple maçonnique est également une représentation de chacun de nous puisque en tant qu'hommes nous sommes non seulement une parcelle de l'univers et une partie de l'humanité mais aussi un univers entier à nous tout seuls. En affirmant que l'homme est un univers, je pense, évidemment, au fait que chacun de nous est composé de milliards de gênes, cellules, neurones, que chacun de nous abrite d'innombrables être vivants et que toute cette diversité, comparable à la diversité de l'humanité ou de la terre avec tout ce qu'elle porte et nourrit, est parfaitement organisée.

Le Temple est donc à la foi la représentation de l'univers, de l'humanité et de l'homme, un rappel puissant de notre rattachement aux autres et de liens qui nous unissent à la terre et aux mondes au-delà de notre planète. Une autre particularité du Temple maçonnique est le fait de symboliser l’univers, l'humanité et l'homme de tout temps, donc hors du temps. Le temps y existe, le soleil se lève, avance sur son chemin et se couche... mais ce temps est circulaire comme nos déambulations pendant les travaux. Son déroulement immuable englobe à chaque instant toute l'histoire de l'univers, inclue le passé et le présent de l'ensemble des sociétés humaines et nous rappelle la totalité de notre histoire personnelle dès le premier jusqu'au dernier instant.

 

la querelle des « anciens » et des « modernes » le premier siÈcle de la franc-maçonnerie anglaise

C. REVAUGER

Editions Maçonniques de France

 1999

L’histoire des premiers soubresauts de la Franc-maçonnerie qui d’ailleurs fut un combat de chef et de pouvoir idéologique. L’union de 1813 ne fut pas un mariage d’amour mais de raison.

Les maçons Ancients se présentent au XVIIIème siècle, sous la forme d’un regroupement assez disparate de petites Loges indépendantes les unes des autres et regroupées autour de ce que Patrick Négrier appelle « Rite du Mot de Maçon ». Elles ont diverses origines, proviennent majoritairement du nord Est de l’Angleterre, d’Irlande ou d’Écosse.

Elles présentent toutes un caractère nomade hérité de leur traditionnel déplacement de chantier en chantier. Elles se réclament de l’ancienne confrérie de métier dont l’organisation se constitua vers le VIIIème siècle avec les monastères culdéens, puis, pour résumer, avec les statuts Schaw et la vieille Loge d’York qui ne devint Grand Lodge of All England qu'en 1725 en réaction aux « Moderns », mais que le Roi d'Angleterre et ses Évêques gouvernaient déjà depuis le IXème siècle. 

Avant cette période du XVIIIème la maçonnerie des Ancients n'avait jamais été regroupée en fédération générale mais seulement en guildes statutairement indépendantes et dirigées par des Maîtres d’œuvres nommés par le Roi, tels que William Schaw. Les Loges n’existaient que par ceux qui les composaient et se constituaient selon les besoins. On se reconnaissait selon les connaissances et non selon la présentation d’une « quittance de capitation ».

Ce qui reste surprenant aujourd’hui est l’énergie déployée dans la concurrence avec une société qui leur était totalement étrangère et dont l’existence était à ce point fortuite qu’elle en vint peu à peu à décliner. En effet, l’origine des anciens étant purement opérative, ils se revendiquaient, à juste titre, comme les seuls véritables membres de l’ancienne maçonnerie véritable issue des loges archaïques et détenteurs des secrets de Géométrie.

Ils affirmaient leur antiquité par le fait que leur corporation aurait été fondée et structurée par le légendaire Roi Athelstan au IXèmesiècle. Par voies de conséquences, ils se présentaient comme les seuls pratiquants du rite régulier de la maçonnerie, et les seuls habilités à en communiquer les mots, signes et attouchements secrets... secrets plus ancien que ceux soi-disant formulés mais surtout inventés ou dénaturés par les fondateurs de 1717. Au-delà de la place des colonnes, il s’agissait bien de la nature même de l’enseignement et du Mot de Maçon et de la construction organisationnelle qui marquait la différence.

Ce groupe est généralement et tardivement nommé Grande Loge des Ancients et cette appellation vient du fait qu’à partir de 1717 il était devenu plus facile de parler de la maçonnerie par référence à l’Obédience plutôt que par référence à la qualité de maçon. Cette remarque est particulièrement vraie pour les historiens français. Cependant, nous savons aujourd’hui un certain nombre de choses à propos de ces « Ancients » et de leur organisation rituelle. Les degrés intérieurs, les Ordres, leurs liens et tout ce qui construisait la démarche de progression car leurs rituels et leurs connaissances étaient enseignés progressivement.

D’abord la totalité du cursus était présenté aux apprentis et ensuite les éléments étaient étudiés par progression jusqu’à la transmission des secrets de l’Arche. Ces secrets ont toujours été considérés comme le « cœur », la « substantifique moelle » de la maçonnerie par les « Ancients » à tel point qu’un des mots utilisés était « la moelle est dans l’os »… « marrow in that bone »… « mahhabone ». La franc-maçonnerie des « Ancients » présente une autre différence, et de taille. Elle s’organise, au moins depuis les traditions des maçons d’York, autour d’apprentis et de compagnons, ces derniers deviennent ensuite des « hommes de marque », puis des « maitres de marque » avant de devenir Maître de la Loge, puis Excellents Compagnons de Royal Arch. Il faudra attendre l’exportation du rite dans les colonies d’Amérique pour voir séparer la Marque et l’Arche d’avec les trois premiers degrés et patienter jusqu’à 1728, pour les maçons de 1717, pour intégrer la légende de la maitrise dans le thésaurus des moderns.

On comprend alors pourquoi ces maçons, principalement immigrés Irlandais et Ecossais furent très surpris de se voir refuser l’accès des Loges de Londres et, les rares fois où ils furent acceptés, de constater que ceux de 1717 ne s’étaient pas contentés de s’organiser autour d’un pouvoir central, mais n’avaient bel et bien aucune compétence maçonnique particulière, pas même l’organisation des grades. Le regroupement de ses Loges d’ « Ancients » fut réalisé par six d’entre elles, indépendantes, sous l’égide de Laurence Dermott, artisan fourreur et intellectuel bourgeois d’origine irlandaise. 

 

la quÊte du chevalier dans le ritE Écossais ancien & acceptÉ

Michel cugnet

EDITION CHEVRON

 2005

Il s’agit là d’un premier volume traitant des grades du 4ème au 18ème degré.


Une quête personnelle parcourue au fil de l’épée… et de la plume. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier cette démarche de Michel CUGNET, semblable à l’errance d’un chevalier à travers le labyrinthe de la Maçonnerie des hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Il s’agit, en effet, de la présentation des fruits d’une recherche basée sur le vécu personnel de l’auteur, commencé il y a vingt ans, le 30 mars 1985 (quoique, selon lui, le terme de « vécu » doive être relativisé, compte tenu du nombre très élevé de degrés passés en communication et non « en imprégnation »).


Toutefois, les références aux écrits de plusieurs maîtres en la matière et les réflexions personnelles de l’auteur permettent de discerner un fil conducteur à travers la diversité et l’apparente incohérence de ces nombreux degrés qui constituent les hauts grades du REAA.


Ce fil conducteur, on le découvre au fur et à mesure de la lecture, tout en s’apercevant qu’il existe une certaine logique dans la disposition de ces différents grades, pour la plupart issus de divers systèmes antérieurs à la structuration finale du Rite.


On se prend ainsi au jeu des réflexions qui s’ajoutent, se répètent et se complètent de degré en degré et, peu à peu, chacun y découvre de quoi dérouler son propre fil d’Ariane.

 

LA QUÊTE SYMBOLIQUE DU F \ M \ A L’AUBE DU 3éme MILLÉNAIRE

La Loge St Jean des 3 Mortiers à l’Orient de CHAMBERRY

La Table D’émeraude

 2000

Cette ancienne loge des états de Savoie est une des plus vieilles loges, sa naissance date de 1744, et elle est toujours en activité. C’est une grosse plaquette de 112 pages qui traite du secret initiatique, de la liturgie de la lumière, de la numérologie, des outils et du travail maçonnique, de la mort, de la chevalerie, de la pensée symbolique, du siècle des lumières et les débuts de la maçonnerie en Savoie.


Un excellent travail collectif des frères de Savoie.

 

l’arche & l’arc-en-ciel

Traduction de Georges. lamoine

EDITION DU SNES

 1999

C’est un des seul livre qui explique la maçonnerie de marque, avec en préambule une explication historique des degrés de marque, puis toute la symbolique des Nautoniers, l’arche de Noé, la pierre de porphyre, la pierre d’angle, l’alliance, les marques de Caïn, marque chrétienne, Sem, Japhet, Cham, Hénoch, l’arche de l’alliance, l’arc royal, l’arche royale, l’humilité.

La parution française de cet imposant volume constitue en soi un événement, puisque la littérature qui, en notre langue, a trait aux side degrees des systèmes anglo-saxons, est pratiquement inexistante. L’ouvrage, précisément consacré à la Maçonnerie de Marque et à son complément, le Nautonier de l’Arche Royale, est assurément une somme documentaire inestimable.

Et l’avant-propos de Dominique M. Doyen, Grand Maître pour la France de ces mêmes degrés, justifie à lui seul l’intérêt d’une telle initiative ; il tempère tout au moins le caractère spécifiquement britannique de l’enquête, largement axée sur les développements et les aléas des juridictions d’Outre-manche.

Notons que ce type d’investigation, caractéristique d’une certaine école historique, peut néanmoins conduire aux excès que l’on sait, notamment pour tout ce qui concerne la question des origines, reposant d’avantage sur une recherche obsessionnelle des preuves documentaires, que sur l’évidence d’une transmission ininterrompue des assises sacrales du Métier (quelles qu’en soient, d’ailleurs, les modalités d’application).

L’exemple le plus caractéristique de l’ouvrage, est la confusion entretenue autour du rôle attribué à la Maçonnerie de Clément Stretton. Rappelons à ce propos ces deux références importantes, à la suite des commentaires de René Guénon (attentif et prudent à la fois, à l’égard de cette reconstitution rituelle), que furent les contributions de J.Tourniac (" L’Ordre Royal d’Ecosse et les Opératifs dans la perspective de René Guénon ") et de P.Girard-Augry (" Les survivances opératives en Angleterre et en Ecosse "), dans le volume 3 des Travaux de V. de Honnecourt (1981), auxquelles il serait utile de se reporter.

Le recensement effectué par Cryer, de pratiques opératives, comme autant d’ " éléments qui referont surface comme partie des cérémonies de Marque que nous connaissons aujourd’hui "(p.32), témoigne de l’authenticité d’un corpus rituel, dont la filiation se perpétue dans l’actuelle Maçonnerie. Insistons sur le fait que celle-ci est légataire de la totalité du dépôt rituel du Métier, qu’elle le méconnaisse ou choisisse au contraire d’en faire fructifier certaines composantes. Les " coutumes immémoriales " (expression des règlements de Torgau, 1462), que sont les caractéristiques se rapportant aux marques des maçons, sont ainsi relevées : personnelles, d’approbation (sanctionnant l’accomplissement de la tâche) et bien plus encore, cryptées. Ce dernier point, pourtant le plus significatif, est à peine envisagé. Il est vrai que son approfondissement concernait l’ésotérisme du Métier : celui envisagé par F.Rziha (connu de l’auteur, puisque brièvement cité) et Matila C. Ghyka, et référé aux tracés fondamentaux de la géométrie sacrée des bâtisseurs. Assurément, tel n’était pas la priorité de l’ouvrage. Et le développement, fort intéressant par ailleurs, du thème noachique propre au grade de Nautonier, en fin de volume, ne suffit pas à combler cette carence.

 

L’ARCHITECTURE DES TEMPLES MAÇONNIQUES – TEMPLES SPIRITUELS ET MATḖRIELS

François Gruson

Edition Dervy

 2018

Voici un ouvrage très intéressant sur un sujet trop délaissé. Les Francs-maçons ont beaucoup de difficultés à prendre conscience du patrimoine immobilier et mobilier maçonnique. Les obédiences maçonniques commencent à peine à s’intéresser à leurs patrimoines. François Gruson, architecte et chercheur, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais, présente une étude passionnante sur le sujet de l’architecture maçonnique, tant dans sa dimension symbolique que dans la dimension architecturale qui en découle. L’ouvrage est ainsi composé de deux parties, l’une consacrée au Temple spirituel, l’autre au Temple architectural.

 

Fréquentés presque partout dans le monde par plusieurs millions de francs-maçons, les temples maçonniques constituent un patrimoine architectural et symbolique d'une extraordinaire richesse, mais qui reste malheureusement méconnu. Parfois, il est même menacé par la désaffection des loges, notamment dans les pays anglo-saxons. Cette étude constitue une première du genre puisqu'elle s'attaque aux différents aspects de ces édifices, aussi bien sur le plan symbolique que sur le plan architectural et social. Issus d'un modèle unique, qui trouve ses origines dans la légende d'Hiram et la figure du temple de Salomon à Jérusalem, les temples maçonniques s'adaptent selon les époques, les lieux et les cultures qui les ont produits, démontrant une extraordinaire diversité de formes, de styles et d'échelles. L'ouvrage décrit successivement le temple maçonnique en tant qu'objet symbolique, et le modèle architectural qui en est issu et tel qu'il se conforme avec la fixation des rituels au XVIIIe siècle, avant d'aborder l'architecture elle-même et ses différentes traductions selon les pays ou les époques. Il se termine avec un chapitre consacré à la position du temple maçonnique dans l'espace social et sa visibilité dans la ville, et à ce que cette position montre de la place de la franc-maçonnerie dans les sociétés où elle est acceptée.

 

François Gruson nous raconte la genèse d’un modèle de temple maçonnique né du passage de la taverne où se réunissaient les Frères au Temple, garant d’un espace et d’un temps entre parenthèses au sein du monde. Les sources rendant compte de ce procès sont insuffisantes mais l’étude des rituels permet de comprendre comment des nécessités ont pu structurer l’espace. Il existe un modèle du Temple maçonnique, valable pour tous les temples, notamment pour les grades bleus, avec deux dérivés, celui des Modernes et celui des Anciens. Une variation importante provient du positionnement différent des Surveillants. La symbolique du Temple maçonnique est largement liée aux mythèmes qui composent le mythe salomonien et de ses niveaux logiques d’interprétation mais aussi à ce qui évoque la construction et l’édification. C’est largement la pratique du rituel qui conditionne l’architecture symbolique.

 

La dimension symbolique pourrait déterminer l’architecture matérielle. François Gruson cherche à cerner les références stylistiques, les références typologiques avant d’interroger la matérialité même. « A l’observation, dit-il, le choix des matériaux de construction des édifices maçonniques, aussi bien des matériaux extérieurs ou structurels que des matériaux intérieurs, ne semble pas guidé par des considérations rituelles, ni même symboliques. Au contraire, ce qui semble présider au choix s’apparente davantage à ce que l’on trouve finalement pour toute forme de construction ordinaire, à savoir la matière et la technologie disponibles en regard des moyens mobilisables au moment de la construction. » La dimension ésotérique demeure le plus souvent symbolique et n’influe pas sur la construction elle-même prise dans des impératifs financiers, géographiques (climat) ou autres. François Gruson étudient également les fonctions des édifices maçonniques, pas seulement dédiés aux pratiques rituelles. Ils abritent aussi d’autres activités annexes, administratives, culturelles ou festives (agapes). Rarement, les édifices maçonniques sont partagés avec des groupes non maçonniques. Il s’intéresse aussi à l’apparition récente de complexes maçonniques multi-obédientiels et multi-rites. Ces complexes qui obéissent à des impératifs financiers, davantage ouverts au public sont de plus en plus fréquents dans les villes importantes.

 

Ce travail rigoureux se termine par une ouverture sur des prolongements possibles, sinon nécessaires. Le premier est la prise de conscience par les Francs-maçons eux-mêmes de l’importance de ce patrimoine maçonnique et de sa dimension historique. Le second réside dans « le rapprochement nécessaire entre la recherche maçonnique et le monde universitaire ». François Gruson en appelle à des chercheurs non maçons pour briser « l’entre-soi de la recherche maçonnique » finalement préjudiciable. Le Temple maçonnique n’est pas encore un objet de recherche comme un autre. Cet ouvrage érudit et vivant sur un sujet ignoré annonce peut-être un nouveau rapport au patrimoine maçonnique.

 

la RḖGULARITḖ DES francs-maçons EXISTE-T-ELLE ?

Alain Pozarnik

 Edition  Dervy

 2015

Alain Pozarnik avec son talent nous explique quelques notions de cette régularité, vu surtout sous la plan de la Grande Loge de France-  Y a-t-il des ordres initiatiques plus réguliers que d’autres ? À quoi tient cette régularité ? Ces questions ont perturbé le paysage maçonnique Français depuis quelques années et vu publier de nombreux ouvrages traitant de régularité et reconnaissance.


En revisitant les origines historiques des initiations l’auteur décrit ici, plus spécifiquement, les fonctionnements externes et internes des transmissions. Pourquoi le Rite est-il le Maître ? Quelle est la puissance des Symboles ou celle des Mythes ? Quel regard traditionnel sur équerre, compas et Volume de la Loi Sacrée ?

 

La mixité maçonnique est-elle inéluctable ? Sur tous ces sujets voici une réflexion fondée sur l’histoire et la Tradition mais qui tient compte des évolutions sociétales. Une approche tout à la fois surprenante, innovante et traditionnelle

Propos de Roger Dachez : Puisque tout a commencé en Angleterre – qu’on le veuille ou non –, voici près de trois siècles, c’est dans les plus anciens textes maçonniques de la première Grande Loge « de Londres et de Westminster », fondée en 1717, qu’il convient de rechercher les premiers éléments du débat sur la régularité et la reconnaissance

L’émergence d’une Grande Loge prétendant à la suprématie sur toutes les loges « particulières », rapidement et suggestivement dénommées « loges subordonnées » (subordinate), ne se fit pas sans difficulté ! C’était une innovation de taille dans l’histoire du Métier. En témoignent les multiples essais de résistance qui s’observèrent dès le début : non seulement des loges qui refusèrent pendant longtemps de rejoindre le giron londonien, mais aussi d’autres, comme celle d’York, affirmant – sans preuve absolument convaincante – une lointaine ancienneté et s’érigeant dès 1725 en Grande Loge de toute l’Angleterre (Grand Lodge of All England at York) !

Bien sûr, on ne peut ignorer la grande querelle qui structura véritablement toute l’histoire maçonnique anglaise entre 1751 et 1813 : la querelle des Antients et des Moderns, opposant la première Grande Loge de 1717 à celle fondée à Londres par des émigrés d’origine irlandaise. La question de l’obédience maçonnique – au sens strict : «à qui obéit-on- ? » –  fut donc au centre de la vie maçonnique anglaise pendant tout le XVIIIème siècle et trouva son épilogue en 1813 avec la création de la Grande Loge Unie.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la première notion de régularité : au XVIIIème siècle, est régulière, en Angleterre, une loge qui se soumet à une Grande Loge…et qui lui paie ses capitations ! Du même coup, ses membres ont droit à la solidarité de cette Grande Loge, préoccupation maçonnique essentielle du temps, exprimée par la création chez les Modernes, dès 1724, du Comité de Charité. egular », en anglais, veut dire avant tout ; « normal, habituel, classique ». On opposera très tôt aux loges « régulières » les loges « clandestines » (clandestine) : le reproche qu’on leur adressait n’était pas quelque différence philosophique ou religieuse, mais leur statut indépendant ou leurs origines incertaines. Il n’est alors jamais question d’autre chose.

En France, on qualifiera ainsi le Grand Maître Louis de Clermont de «  Grand Maître de toutes les loges régulières du Royaume » et une liste de celles-ci, reprenant cette formule, sera même publiée en novembre 1744. Le mot « régulier », sans doute en raison du contexte catholique, a dû prendre en France une connotation plus ou moins « monastique » – mais pas en Angleterre où les communautés monastiques avaient été dissoutes depuis 1536 : étaient régulières les loges qui, en France, se soumettaient à une « règle » : celle de la Grande Loge – c’est-à-dire, pendant longtemps, guère autre chose que l’entourage immédiat du Grand Maître se formant en une loge de Grands Officiers, dite « Grande Loge ». 

Ainsi, aussi bien en France qu’en Angleterre, la régularité fut pendant longtemps une affaire purement administrative et ne concernait que les loges d’un pays donné par rapport à la ou les Grande(s) Loges(s) qui prétendaient y exercer une autorité.

La question de la régularité, de nos jours, est pourtant avant tout une affaire de relations internationales entre Grandes Loges. Or, cette question a été évoqué très tôt, elle aussi, en des termes assez peu dramatiques, au demeurant. Ainsi, en 1738 encore, Anderson signale que depuis la création de 1717, des Grandes Loges ont vu le jour hors de l’Angleterre et il cite « les Loges d’Écosse, d’Irlande, de France et d’Italie » qui, « assumant leur indépendance, ont leur propres Grands Maîtres, bien qu’ayant les mêmes Constitutions, Devoirs et Règlements [que l’Angleterre.

Le terme « reconnaissance » (recognition) lui-même, pendant tout le XVIIIème siècle et une grande partie du XIXème, n’a guère concerné que le statut des Frères en particulier : étaient-ils reconnus par leur loge, ou appartenaient-ils à une loge elle-même reconnue par la Grande Loge ? Il s’agissait essentiellement, et même exclusivement, d’une affaire intérieure à un pays donné.

Lorsque la Grande Loge d’Angleterre établissait des relations avec d’autres Grandes Loges établies dans d‘autres pays, elle ne parlait jamais de « reconnaissance » mais elle échangeait parfois des garants d’amitié : à cela se bornèrent les relations maçonniques internationales jusqu’au cœur du XIXème siècle. Tout au long du XVIIIème siècle un maçon voyageant en Europe exhibait son diplôme ou son « Certificat de Grande Loge «  (Grand Lodge Certificate ) et il était très généralement reçu sans que soit jamais évoqué la question de la « régularité » : il émargeait à une Grande Loge et cela suffisait. Il y avait sans nul doute, à cette époque, un véritable « espace maçonnique européen…

En 1765, la Grande Loge des Modernes conclut un traité avec la première Grande Loge de France. Il y était seulement stipulé qu’aucune ne créerait de loges sur le territoire de l’autre, ce que l’Angleterre s’empressa du reste de ne pas respecter en fondant la loge L’Anglaise de Bordeaux en 1766 ! De même, en 1775, il y eut un projet de traité entre la Grande Loge des Modernes et le jeune Grand Orient de France – héritier institutionnel de la première Grande Loge de France. Or, ce traité ne put aboutir, mais la cause de cet échec est loin d’être philosophique : le Grand Secrétaire d’Angleterre, Heseltine, jugea simplement inadmissible la formulation de l’article 1 du projet soumis par le Grand Orient : « L’égalité étant la base de notre Ordre, la Grand Orient de France et celui d’Angleterre [sic] traiteront d’égal à égal ».

C’est donc sur un différend de préséance, et non sur une querelle « doctrinale », qu’échoua le projet. Il faut pourtant souligner au passage, comme l’a noté malicieusement mon aimable contradicteur Alain Bernheim[4] – qui demeure un grand chercheur lorsqu’il n’épanche pas sa bile –, qu’en 1814, un an après la création de la Grande Loge Unie, celle-ci comptait 647 loges tandis le Grand Orient de France en affichait 886 : « l’égalité » penchait pour le moins du côté de la France…Il n’empêche que sous le Premier Empire, alors que guerre faisait rage entre les deux pays, des officiers français, prisonniers sur les pontons anglais et désireux de se constituer « régulièrement » en loge, tous membres du Grand Orient de France, sollicitèrent et obtinrent des autorités maçonniques une surprenante patente dont les premières lignes en disent long sur les conceptions maçonniques de leur temps : « Au Nom et sous les Auspices du Grand Orient de France, Et sous la protection immédiate de Sa Seigneurie, le Très Puissant, Très Illustre et Respectable Frère Lord Moira, Grand Maître en exercice de tous les Loges Régulières de Grande-Bretagne

C’est ainsi que l’Angleterre n’eut jamais de relations officielles avec le Grand Orient de France car telle n’était pas alors la coutume, ce qui n’empêchait nullement, de part et d’autre, de « reconnaitre » pleinement la qualité maçonnique « régulière » des uns et des autres. Autant dire, pour évoquer l’événement qui est dans tous les esprits – le fameux Convent de 1877–, qu’à cette occasion la Grande Loge d’Angleterre ne résolut donc jamais de rompre des relations qui n’avaient jamais été officiellement sanctionnées par aucun traité !

Au sommaire de cet ouvrage :

Pourquoi ce désir de régularité initiatique ?  -  L’initiation traditionnelle est-elle régulière ?   -  Quelle est l’origine des initiations ?   -  Quelles structure et organisations pour une Franc-maçonnerie initiatique ?  - Comment fonctionne une obédience  -  Que veut dite la transmission intérieure ?  -  Quelles sont les clés structurelles de l’initiation régulière ?  -   Quelles méthodes pour une transmission régulière ?  -  Les cérémonies d’initiation  -  Que dire des rituels  -  Le langage symbolique est-il le fondement de la démarche initiatique ?  -   Quelle parole les mythes véhiculent-ils ?   -  Y a-t-il une clé des symboles réguliers ?   -   Quel regard sur l’équerre et le compas ?   -  La Bible comme Volume de la loi Sacrée réserve-t-elle des surprises ?   -   Le Grand Architecte de l’Univers est-il rassembleur ?   -  Que penser de la mixité ?   -   Pourquoi installer la volonté naturelle d’œuvrer à se perfectionner ?   -  Mes frères me reconnaissent pour tel   -  

 

la renaissance du rite français traditionnel

 

EDITION  TÉLÈTES

 2002

« Dans la mesure où nous croyons à ce Rite Français Traditionnel, nous devons nous préoccuper des conditions dans lesquelles nous y sommes venus. C’est important si nous voulons que tout cela ne soit pas un feu de paille, puisque nous sommes tous, ô combien périssables et provisoires et que, par définition, la Maçonnerie ne l’est pas… Il est nécessaire que cette aventure soit connue. Et non seulement qu’elle soit connue, mais qu’elle soit comprise. »  - René Guilly –


« Le Rite Français est une synthèse remarquablement pensée et écrite des aspects les plus valables de la Maçonnerie du XVIIIème siècle ; c’est la quintessence de l’esprit maçonnique français au siècle des lumières. »
Roger Girard

 

la rÉsurgence des  rites forestiers

Régis blanchet

EDITION DU PRIEURÉ

 1997

C’est l’étrange aventure millénaire des rites de fendeurs, de charbonniers et de forgerons, qui se trouvent au cœur du celtisme. On y retrouve le panthéisme, les Celtes, les Carbonari italiens, les charbonniers français, l’historique des rites forestiers, les sacrifices celtiques, le maître de forge et les forgerons, le rôle de la femme dans ces rites, les mots et les outils des forestiers.

 

Régis Blanchet est aussi un infatigable artisan du développement des rites forestiers tout au long des années 90. C’est au début des années 90 que R. Blanchet entreprend son œuvre. Il n’a à sa disposition que peu d’éléments historiques. Qu’importe, pour réaliser son projet il va emprunter à gauche et à droite, à la rigueur il n’a pas peur d’inventer. Il va se revendiquer des mouvements philosophiques qui ont par ailleurs conduit à l’émergence maçonnique début XVIII.

 

Il fait particulièrement référence à John Toland fondateur du « Druid Order » En 93, il va avec une douzaine  de  Frères fonder une Loge maçonnique provisoire pour initier le Grand Druide de Bretagne, ce qui permettra de présenter d’impressionnantes références celtiques. Gwenc’hlan Le Scouézec explique que sa filiation est à la fois druidique, initiatique et christique, soit textuellement : Druidique, ayant reçu la filiation du Druid Order de John Toland de 1717 ; Initiatique, étant héritier des filiations de l’illuminisme du XVIIIème Siècle, au même titre que le Martinisme, par exemple ; Christique, puisque dépositaire de tous les sacerdoces chrétiens, romains, monophysites, ariens, orthodoxe.


C’est, dit Le Grand Druide, « Cette filiation apostolique qui, à travers la Pentecôte, me relie à la spiritualité du Christ et non pas à une Eglise quelconque. . . »  Voilà l’homme avec lequel R. Blanchet se met en ménage initiatique pour fonder une Vente, la première « Les Forestiers d’Avallon » sauf erreur. Il va de soi que ce début est fort imprégné de druidisme. Il va de soi également que ces deux personnalités fortes poursuivant des objectifs personnels certainement distincts n’ont pu collaborer longtemps dans la sérénité.

 

Il va alors fonder une loge (Vente) et quand il y en a deux, il fonde la Grande Vente (Loge)  des Modernes qui se déclare « obédience » et s’arroge l’autorité fondatrice, le contrôle des initiations et celle des rituels. Blanchet invente les Maîtres des Passages, ce sont les membres de la Grande Vente, somme toute l’équivalent forestier des « Grands Inspecteurs » qui articulent les Ventes sur La Grande Vente et qui se cooptent les uns les autres. En juin 97, R.B. et ceux qui l’ont suivi contrôlent deux Ventes : La Claire Fontaine et John Toland, qui représentent en tout une trentaine de membres. Les réunions des Grandes Ventes sont organisées strictement : Ordre du jour précis, rapporteurs, consignation des débats et des décisions, comme en Maçonnerie. Il dit d’abord que le rite forestier devrait se constituer en fédération de rites afin de ne pas être exclusif. Il s’inspire ici encore de la F. Maçonnerie. Puis il raconte comment il a réalisé les rituels que nous connaissons :

 

Fendeur : C’est en fait un rituel de corporation retranscrit par Ragon qu’il maçonnise

Charbonnier : Les rituels, dit Blanchet, bien que cités en 1747, n’ont jamais été retrouvés. Il dit être parti de données corporatistes archivées à Tours et les avoir transposées avec la « rythmique maçonnique ».

Forgeron : Il n’a rien trouvé en France. Les rituels sont élaborés à partir de traditions orales principalement du Canada (+recherches de Mircéa Eliade et tradition africaine)

Maître de Passage est créé de toutes pièces en Bretagne pour protéger le rite de l’intérieur au regard de l’expérience « druidique. »

 

l’art de la planche

Philippe autexier

EDITION  DÉTRAD

 1996

Manuel pratique destiné à tous les Francs-maçons, ce livre offre pour la première fois une vue d’ensemble des principes et des problèmes posés par le morceau d’architecture et sa discussion en loge.


Des Impressions de réception à l’Oraison funèbre, l’auteur examine les sept genres de « planches » en usage de nos jours, révélant les pièges et les difficultés particulières de chacune, ainsi que les moyens de les surmonter. Dans chaque cas, un exemple précis est donné, qui s’achève par la pièce complète rédigée.


Une partie spéciale est consacrée aux méthodes de réflexion et de documentation, aux moyens pour parler avec efficacité sans lire un texte préparé, ainsi qu’au fonctionnement de la discussion. Au début de l’ouvrage, le lecteur ne manquera pas de découvrir avec enchantement que la communication en loge, sous la forme du morceau d’architecture et de sa discussion s’inscrit dans la logique des rituels maçonniques, sans exception, dont elle est en quelque sorte la face cachée.


Dès l’heure où ils rassembleront leurs idées en vue de leur planche d’impressions, les jeunes maçons trouveront en ce livre un guide sûr, qui les accompagnera jusqu’au jour où ils seront appelés à tenir un maillet de carrière maçonnique une lumière vive et profonde, que l’on se trouve sur les colonnes, au plateau d’orateur ou maillet en main, et met en valeur les aptitudes insoupçonnées de chacun.

 

L’ART ROYAL – 1913, LE MANUSCRIT DU CAIRE

Franz Svoboda

Editions du Signal

 2013

Nous sommes en 1913, au Caire, une ville moderne, cosmopolite, n’ayant rien à envier aux capitales européennes. Franz Svoboda est ethnologue, depuis quelques années en poste en Egypte, mandaté par le gouvernement austro-hongrois, et il est Franc-maçon.

Dès son arrivée, témoin émerveillé des découvertes éblouissantes d’un siècle d’archéologie, il se lance dans une synthèse de ces connaissances nouvelles, révélant les origines égyptiennes de l’expérience maçonnique, une histoire commencée il y a plus de 5000 ans. En 1913, il met la dernière main à son manuscrit, qu’il dédie à Idriss bey Ragheb, patron de presse, homme politique, et grand-maître de la franc-maçonnerie égyptienne.

Son destinataire reçut-il ce document ? Nul ne le sait. Le document sera confié à un commerçant suisse, pendant ou peu après la première guerre mondiale, et qui le conservera 70 ans dans une malle, puis le remettra à un éditeur de la ville de Lausanne, mais ce document va encore disparaitre avant d’être publié, et c’est dans les archives de l’éditeur qu’il sera retrouvé 30 ans après et encore inédit.

Dans cet ouvrage le Franc-maçon trouvera le chemin des origines égyptienne de l’Art Royal, et le profane pourra lever le voile de différents mystères, allant des motivations de la franc-maçonnerie, une société discrète mais pas secrète, jusqu’à une intuition du sens de la vie dans l’univers.

« On a dit et répété longuement que la religion égyptienne était panthéiste ; C’est une grave erreur et un non-sens, aussi faut-il la réfuter fortement. Il existe un Panthéon égyptien, c’est là un fait incontestable, mais ce panthéon ne contient des dieux que dans l’imagination de ceux qui ne l’ont pas compris ou de ceux qui ont voulu détruire la religion égyptienne et la ruiner par le ridicule ; en effet nous savons maintenant que, l’initiation aux mystères enseignait le dogme de l’Unité de Dieu ; on y faisait aussi connaître le dogme de l’immortalité de l’âme et les divins principes de la cosmologie universelle ainsi que des notions de Science morale et de Philosophie occulte… »

« Tout Egyptien quel que fut son rang, pouvait être admis à l’initiation s’il en était jugé digne, mais cette initiation n’était pas communiquée au premier venu, pas même à tous les prêtres, on ne prodiguait les mystères qu’à quelques-uns d’entre eux, parce que ces mystères étaient quelque chose de sacré, et ainsi on évitait la profanation des temples. Lorsqu’un aspirant aux mystères avait le désir de s’y faire initier, il devait se faire recommander par un des initiés… »

Au sommaire de cet ouvrage :

La science moderne - L’évolution sociale et religieuse - Origine des mystères - La science hermétique - L’initiation - La doctrine - La vision d’hermès et les 12 sphères selon la vision hermétique - Le Temple de Salomon - Signe de reconnaissance - Hiéroglyphes - Le zodiaque circulaire de Denderah - Porphyre - Plutarque - Poimandres - Isis et Osiris -

 

LA SIGNIFICATION DES MOTS HÉBREUX EN FRANC-MAÇONNERIE

Xavier Tacchela

Edition Maison de Vie

 2013

C’est à un voyage dans le monde des symboles que nous invite l’auteur, un monde par trop délaissé. Ces mots hébreux qui apparaissent au fil des grades et nous interpellent, sont autant de portes d’embarquement pour le voyage.

Il est évident pour nous tous que ce n’est pas un hasard que nos anciens avaient choisi l’hébreux pour nous transmettre leur message, mais pouvions nous imaginer un tel foisonnement ? une telle richesse ? autant de routes qui nous mènent vers autant de bonheurs ? Nous savions que l’hébreux était une langue particulière, mais son approche est difficile, je ne parle pas du sens littéral mais du sens caché car celle langue a quatre niveaux de lecture et à notre époque où la majorité d’entre nous ne parle pas hébreu, ces mots incompréhensibles qui émaillent nos rituels étaient jusqu’alors comme une touche d’exotisme et nous nous contentions de la traduction du rituel.

Or tout est symbole et il est important que nous puissions avoir accès à ces vérités cachées pour faciliter notre démarche et illuminer la compréhension des textes. L’auteur a d’ailleurs pris soin de nous collecter les informations dont nous aurons besoin dans nos travaux.

Avec une présentation de la Kabbale qui nous ouvre les chemins du Pardès, ce livre de travail et de recherche, de recoupements et de compilations, deviendra vite le compagnon indispensable à tout maçon désireux d’approfondir non seulement son rite mais aussi sa quête. On comprend pourquoi il est important de bien prononcer les mots et d’utiliser la bonne symbolique.

Quant aux diverses traductions données par les tuileurs de Vuillaume, Bouchet ou autres, les inexactitudes de traduction, d’orthographe et de prononciation furent le signe d’un autre temps, pour autant ces explications « bizarres ou fausses » ne manquent pas d’intérêt et donnent des directions parfois heureuses sinon sympathiques.

L’auteur a fait un gros travail de recherche pour essayer de trouver pour chaque mot, sa bonne traduction, sa bonne orthographe, sa bonne prononciation et sa bonne explication symbolique, religieuse et métaphysique, le tout relié avec la phrase du rituel et son contexte.

Plusieurs tableaux sont à notre disposition, soit pour nous donner la prononciation exacte du mot, soit pour nous donner les lettres hébraïques et leurs symboles, soit nous offrir l’arbre séphirotique, enfin en fin du livre divers tableaux sur les sentiers séphirotique, les Noms de Dieu, et les diverses parties du Temple, agrémentent cet ouvrage

Au sommaire de ce livre :

Divers tableaux des lettres Hébraïques

La Kabbale

Dictionnaire des mots hébraïques employés dans les rituels maçonniques

Les 10 Sephirot et les 32 sentiers

Les parties du Temple et les noms de Dieu

Les nombres et les mois hébreux

 

la spiritualitÉ de la franc-maçonnerie

 j.p. bayard

EDITION DANGLES

 1982

La Franc-maçonnerie, vaste mouvement de pensée animé de divers courants, a fait l’objet de nombreux écrits et continue, malgré tout, d’intriguer notre civilisation. Pour mieux pénétrer son esprit, il ne suffit pas d’en lire les rituels, il faut en vivre les rites. La Franc-maçonnerie, héritière des plus antiques traditions, de la cosmogonie et des mystères du Moyen Âge, est une société de pensée qui a toujours eu une grande influence sur le milieu environnant.

On peut se demander comment sa valeur morale a si bien résisté à l’épreuve du temps, et pourquoi cet Ordre jouit, encore de nos jours, d’un prestige certain.


Jean-Pierre Bayard, dans ce texte simple et précis, aborde ce phénomène en traitant de la Franc-maçonnerie traditionnelle, celle qui évolue à partir des temps mythiques. Spécialiste en ce domaine (Docteur ès lettres en Maçonnologie), il en commente l’esprit général, évoquant sommairement les rituels et le symbolisme.

 

S’attaquant aux reproches formulés à un Ordre finalement méconnu, il montre bien la continuité de cette pensée qui s’appuie sur les valeurs sacrées et qui, par sa cohésion, vise la pérennité de la recherche dans un contexte opératif. Son évolution s’axe sur l’amélioration de l’individu.

 

Cet ouvrage dépasse les notions d’Obédiences et de reconnaissance : il reflète les aspirations d’un Ordre témoignant de la Tradition.

 

lA symbolique au grade d’apprenti

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

Les « Livres de l’Apprenti » publiés au 19ème siècle et pendant la première moitié du 20ème siècle ont mis l’accent sur l’allégorie des outils, bien plus que sur la symbolique de l’initiation. Le livre de Jules Boucher, sur « La symbolique maçonnique » publié en 1948, a marqué un tournant vers la formulation symbolique.


Raoul Berteaux, après avoir étudié les lois et les règles de la symbolique dans « La voie symbolique » a procédé à des études d’applications maçonniques, dont le présent ouvrage concerne le grade d’apprenti.
À titre d’exemple, la mutation de l’allégorie au symbole est illustrée par les commentaires sur la « Pierre brute ». En tant qu’allégorie elle est « la pierre que doit dégrossir l’apprenti »  en tant que symbole elle est « la pierre sur laquelle tu ne porteras point le fer, car en le faisant, tu la profanerais ».

 

Ainsi, la pierre qui s’appuie sur le sol et se dresse vers le ciel devient-elle séjour du Dieu et relie-t-elle la terre au ciel, le profane au sacré.
Ce livre ne propose pas des significations stéréotypées d’allégories ; il se propose d’aider l’apprenti à se mouvoir parmi les symboles vivants de son grade, dans le cadre de sa culture personnelle.

 

lA symbolique au grade de compagnon

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

« La Symbolique au grade de Compagnon » offre la vision de l’unité spécifique de la Loge de Compagnon à la fois héritière du Compagnonnage dont on retrouve les principes dans la Franc-Maçonnerie et créatrice de la totalité de l’enseignement maçonnique.


Le degré de Compagnon a constitué l’axe de la mutation de la Franc-Maçonnerie opérative, réservé à des artisans, en maçonnerie spéculative recevant en son sein des hommes de diverses professions.
Ce n’est que plus tard que la part la plus importante du rituel de Compagnon fut transférée dans celui de l’Apprenti, tandis que la part qui concerne le thème de « la parole perdue » était transférée dans le grade de Maître créé vers 1730.


En revanche le rituel du Compagnon s’est enrichi, vers 1737, de l’« Étoile flamboyante », formant un pentagone étoilé et la lettre « G ».


Les deux degrés d’Apprenti et de Compagnon forment en réalité un tout dont le premier degré est une présentation, tandis que le second est une réalisation. Ainsi les cinq voyages d’initiation n’ont plus le caractère d’épreuves, mais figurent les étapes de la connaissance.


Bâtir un Temple, c’est réaliser une harmonie des Nombres. Il en est de même pour les rites maçonniques abordés dans la partie de l’ouvrage consacrée à la Loge de Compagnon.

 

lA symbolique au grade de maître

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

Le candidat reçu au grade de Maître ne peut manquer d’être surpris par la forme dramatique et mythique du cérémonial.


Les formes rituelles des deux premiers degrés n’annoncent pas celle du troisième.


Il y a de toute évidence, un élément nouveau apporté dans la pratique initiatique.


Peut-on retrouver, par la recherche historique, les origines du rituel du grade Maître ?


Y est expliqué, la parole perdue, la palingénésie, le mot substitué, la légende d’Hiram, l’universalité du temple, le sacrifice, et l’enseignement du grade.

 

la symbolique de la loge de perfection

Raoul berteaux

EDIMAF

 1987

Après « La Symbolique au Grade de Maître », puis les ouvrages consacrés aux deux premiers « Grades bleus », voici maintenant « la Symbolique de la Loge de Perfection », du 4° au 14° degré du R.E.A.A.


Ébauche de la vaste réflexion sur le Rite que nous promet l’auteur, cet ouvrage met en relief les thèmes initiatiques, les mythes et les nombres qui sous-tendent les rituels, complexes et parfois divergents, des premiers hauts grades du Rite Écossais : allant bien au-delà des « Thuileurs » ou des gloses plus ou moins verbeuses, Berteaux décompose les éléments symboliques de chaque de-ré, et, les replaçant dans le cheminement initiatique, leur rend clarté et cohérence.


La « Symbolique de la Loge de Perfection » devient ainsi un instrument de travail indispensable à quiconque, en Franc-maçonnerie, aspire à aller plus loin…

 

la symbolique du cabinet de rÉflexion

J.P. bayard

EDITION DETRAD

 2003

Une fois les enquêtes achevées, une première épreuve attend le postulant franc-maçon : celle de son passage – plus ou moins long – dans le cabinet de réflexion, lieu obscur où – hors de la présence des Maçons – il est invité à rédiger son testament philosophique.

 

Chaque Maçon – quel que soit son rite, quelle que soit son ancienneté en maçonnerie – garde de ces moments un souvenir bien particulier qui n’appartient qu’à lui.

 

Le contexte de l'initiation, c'est-à-dire la démarche ésotérique et la confrontation avec les symboles ne sont fécondantes pour l'esprit que si elles correspondent à un effort vécu. II faut de la patience et de l'humilité pour apprendre.

 

Kant l'avait bien compris. Il n'y a pas, disait-il, de voie royale dans la philosophie. La voie royale, c'est l'ascèse. II est bien vrai que toute connaissance correspond à une manière d'être.

 

Chaque effort sur soi-même conduit à une certaine connaissance. II faut que le néophyte qui rentre dans le Cabinet de Réflexion sache qu'il peut conquérir sa liberté. Cela dépend de lui seul. II est possible de lui montrer une direction. II n'est pas possible de le porter sur le chemin. II doit y aller seul et subir seul la lassitude, le découragement et toutes les épreuves qui l'attendent.

 

Sur la ligne de départ de son aventure spirituelle, il faut qu'il sache que toutes ses idées, toutes ses croyances, tous ses préjugés les plus chers ne sont que les sublimations de ses problèmes personnels et ne correspondent à rien d'objectif. Le sens du réel, il l'acquerra par l'ascèse initiatique, dans la méditation sur les symboles qui traduisent, au-delà des mots, des réalités contradictoires.

Tout ce que l'on peut exprimer par le discours n'est qu'abstraction. Un mot ne peut être lui et son contraire. Le symbole est, par contre, polyvalent et insondable. A ce titre il colle plus à la réalité. Comme disait Bachelard, il donne à penser. Cela veut dire qu'il oriente l'esprit vers la préhension du réel au-delà du discours.

 

II ne s'agit pas de chercher dans l'initiation un remède aux maux de notre temps. Tout ce que l'on peut dire sur le monde moderne, la technique, la technocratie, la primauté du quantitatif sur le qualitatif,  nous paraît pusillanime. Notre monde, nous l'avons mérité et nous en faisons partie. II constitue une étape nécessaire à notre histoire spirituelle. Le cycle mort-résurrection, comme le cycle de la putréfaction jusqu'à l'éclosion de la rose constituent la vie. Ceux qui condamnent sont des faux prophètes. La véritable démarche initiatique nous paraît être celle qui consiste d'abord à accepter ce qui est pour participer au devenir. II s'agit de chercher dans l'initiation, non un remède, mais un accomplissement. On ne lutte pas contre la maladie, mais avec elle. La guérison s'obtient « en plus ». L'initiation ne peut se transmettre, par le seul discours. De même, elle ne peut être transmise que dans le contexte d'un groupe. Le rituel pratiqué par un groupe initiatique procure les « garde fous » sans lesquels une démarche introspective solitaire sombrerait dans le délire.

 

Le Cabinet de Réflexion constitue, au cours de l'initiation maçonnique, la seule épreuve au cours de laquelle le néophyte est isolé. La suite de la cérémonie s'accomplit dans le groupe et le néophyte, encore aveugle, perçoit la présence d'autrui. D'un autre côté, le discours est utile. Privé d'exposés sur ces questions, le néophyte ne pourrait avancer. Seulement, le discours doit tendre à éveiller et non simplement à transmettre un message. Les écrits apportent au néophyte cette présence d'autrui nécessaire à cette initiation. Ils donnent des idées, font part d'expériences, fournissent une documentation. Ils sont nécessaires, mais pas suffisants Avant d'entrer dans le Cabinet de Réflexion, le profane est invité à se dépouiller de tous ses « métaux » : argent, montre, bijoux, décorations. II remet sans restriction ces choses qui, dans la vie courante, permettent une insertion sociale et qui constituent les signes de la « respectabilité », valeur relative et contingente. Dans le monde entier et en tous temps, les sociétés fermées qui se donnent une vocation spirituelle exigent de leurs néophytes une renonciation aux valeurs temporelles. Cette renonciation plus ou moins sévère s'exprime dans un  rituel. Les monastères orientaux exigent le rasage de la tête, la chevelure étant considérée comme le signe de la vanité. Cette coutume existe en Occident et persiste, à un degré moindre, chez les prêtres, sous la forme de la tonsure. Toutes les cérémonies initiatiques pratiquées sous toutes les latitudes commencent par le dépouillement d'attributs vestimentaires ou corporels. La circoncision, elle aussi, à une origine que l'on peut situer dans le même contexte.

 

En Maçonnerie, le dépouillement des métaux a une valeur purement symbolique puisque le néophyte les récupère après la cérémonie. II ne s'agit pas, dans la Tradition maçonnique, d'arracher le néophyte au monde profane au sens concret du terme. La Franc-Maçonnerie n'exige pas la renonciation au monde temporel. Elle prétend seulement enseigner à ses membres à s'abstraire des contingences profanes, ce qui constitue la condition préalable à une réflexion sur soi-même, à une « intériorisation ». Elle indique la direction spirituelle, la « voie Royale », qui permet au néophyte de cultiver sa réflexion, sa sensibilité, son intuition. L'initié, formé à cette forme particulière d'ascèse, retournera dans le monde profane avec des forces nouvelles. Son attention ayant été attirée sur le sens du dépouillement des métaux, le néophyte s'efforcera au cours de sa vie de réaliser un équilibre aussi harmonieux que possible entre les valeurs matérielles et les valeurs spirituelles.

 

Cet équilibre exclut nécessairement le mépris à l'égard des valeurs matérielles au profit des valeurs spirituelles ou réciproquement. La réalité est une totalité indissociable. Le Franc-maçon apprend que « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » (La Table d'émeraude). II désire réaliser une sorte d'« alchimie spirituelle »c'est-à-dire une transformation de son être profond par un travail rigoureux d'études et de réflexion. L' « Art Royal » est tout simplement l'art de trouver à toutes les valeurs leur juste place. Par une analogie simple, on peut comparer l'homme, ses problèmes, ses désirs, ses contradictions, à un jardin avec ses végétaux les plus variés qui se disputent l'eau et l'espace. II s'agit de cultiver le jardin de manière à ce que chaque plante trouve, selon une heureuse expression japonaise, sa « place exquise ».

  

la symbolique maçonnique

Jules boucher

EDITION  DERVY

 1988

La Symbolique Maçonnique est depuis sa première édition, en 1948, un livre qui ne vieillit pas. Les symboles de la Franc-maçonnerie font partie de sa tradition. Or une tradition – qui n’a rien à voir avec une répétition d’habitudes – est un système de valeurs qui traversent les siècles, comme l’étymologie du mot l’indique, sans être fondamentalement modifiées par le temps.


Cet ouvrage est une somme et un livre de références. En Franc-maçonnerie, on parle du « Boucher » comme on parle dans la conversation courante du « Larousse ». C’est une somme en ce sens que l’auteur y exprime, chapitre après chapitre, article après article, non seulement sa conception personnelle des nombreux sujets qu’il traite, mais aussi la conception d’autres auteurs Francs-maçons qui font également autorité. C’est un livre de références en ce sens qu’il renvoie à des compléments bibliographiques qui permettent d’enrichir l’enseignement maçonnique des chercheurs.


Enfin La Symbolique Maçonnique montre que la Franc-maçonnerie est une société initiatique dont l’objectif consiste à aider l’homme à s’élever lui-même au-dessus de sa condition ordinaire et à lui donner accès à la Connaissance – qu’il ne faut pas confondre avec une accumulation de connaissances diverses –, Connaissance dont nous avons plus que jamais besoin pour continuer l’édification de notre Temple intérieur, c’est-à-dire pour découvrir la vérité de note Moi caché et l’édification de notre Temple extérieur, c’est-à-dire pour préparer l’avènement d’une Société plus humaine et plus éclairée.

 

LA TRADITION DES FRANC-MAÇONS – HISTOIRE ET TRANSMISSION INITIATIQUE 

Dominique Jardin

Edition Dervy 

 2014

Voici le troisième tome de la trilogie, après « Voyage dans les tableaux de loge » et « Le temple ésotérique des Franc-maçon », Dominique Jardin nous propose un voyage dans la Tradition maçonnique qui est peut-être le couronnement de ce Tryptique, en tout cas c’est un livre fort intéressant qui nous transporte aux sources de cette maçonnerie spéculative de 1717, mais déborde sur l’opératif, les légendes et les mythes.

Depuis sa création, la franc-maçonnerie se proclame dépositaire d’une tradition dont elle prétend assurer la transmission. Elle est la seule institution contemporaine à privilégier la voie initiatique pour transmettre les secrets et le sens profond des symboles de cette tradition, et ce dans le but que chacun de nous puisse prendre en compte ici et maintenant de sa condition et de réfléchir sur l’après vie ou après la mort.En suivant la démarche rigoureuse de l’historien, Dominique Jardin démontre ici que le contenu de la tradition maçonnique se construit en même temps qu’il se transmet. A partir des textes rituels et des tableaux de loge du XVIIIe siècle, il dévoile les sources et les emprunts multiples de cette tradition aux courants de pensée opératifs, hermétiques, occultistes, religieux et ésotériques.
L’auteur met aussi à jour l’influence de la maçonnerie des hauts grades dans l’élaboration et la fixation des légendes de la franc-maçonnerie.

En empruntant le concept de religio duplex à Jan Assmann, il décrypte les relations construites sous forme de « double fond » entre maçonnerie bleu des premiers grades et maçonnerie des grades supérieurs. Cette archéologie et cette histoire des symboles de la tradition et de sa transmission, éclairent et font vivre tout autrement l’expérience initiative.

Roger Dachez écrit dans la préface de cet ouvrage : « L’heureux a priori méthodologique de Dominique Jardin consiste à rattacher de nouveau ce champ d’études à l’approche académique du concept, dans le sillage, aujourd’hui impossible à ignorer, tracé par Antoine Faivre et ses études véritablement fondatrices depuis une quarantaine d’années. L’ésotérisme, en effet, n’est pas un corps de doctrine, une sorte de « science secrète » aux contenus d’autant plus incertains qu’ils apparaissent excessivement variables mais, pour reprendre une expression due à Jean-Pierre Laurent, un « regard » différent posé sur le monde. L’ésotérisme maçonnique n’est donc que secondairement maçonnique, il est avant tout structuré par ce regard qui s’est constitué en Europe à la fin du XVème siècle. Ainsi l’ésotérisme – qui n’est qu’une des dimensions possibles de l’univers maçonnique mais ne le résume ni ne l’épuise – appartient au vaste domaine des études philosophiques et  théologiques, et aussi des expériences mystiques qui ont imprégné la trame de la pensée occidentale, dans le champ religieux comme dans le champ scientifique alors naissant, entre le XVIème et le XVIIIème siècle. En d’autres termes, il s’agit bien ici d’intégrer la pensée maçonnique à l’histoire culturelle de l’Europe.

Dès lors qu’il s’est affranchi de ces deux limites – ignorer l’histoire culturelle et répudier la réflexion au nom de  la vie – Dominique Jardin nous fait découvrir deux pièges dans lesquels le discours maçonnique en général, et celui qui porte sur l’ésotérisme maçonnique en particulier, n’est que trop souvent tombé.

Le premier piège consiste à penser que la « tradition » maçonnique – et la connotation ésotérique qu’on lui assigne – s’origine à un passé réellement situé dans l’histoire et s’est trouvée dotée jusqu’à nous d’une structure intangible et pérenne. A cette vision essentialiste, qui conduit aux pires impasses, Dominique Jardin substitue une démarche historienne qui n’est aucunement réductrice. Il pose, avec toute une école qui a produit des travaux d’une fécondité remarquable depuis quelques décennies, que la tradition a en effet une histoire.

C’est donc en termes d’emprunts, d’ajouts et de perfectionnements successifs, bien plus que transmission intacte et de filiation ininterrompue, qu’il convient de rechercher les raisons de l’état final de ce que nous nommons commodément  – mais parfois trompeusement –  la « tradition maçonnique ». La franc-maçonnerie spéculative a été un monde en genèse pendant environ 150 ans, si l’on admet des bornes larges qui la font surgir au milieu du XVIIème siècle et en situent l’achèvement relatif à la fin du Siècle des Lumières. La déconstruction méthodique de Dominique Jardin ne détruit donc pas l’édifice mais en fait simplement réapparaitre la dynamique de constitution. Un travail collectif, sans plan concerté et qui, du reste, n’est peut-être pas terminé

Car le deuxième piège consiste justement à essentialiser encore, cette fois non plus seulement la « tradition maçonnique » en elle-même, mais ce que chacun en a reçu, ici et maintenant, au sein du monde maçonnique complexe et pluriel dont l’histoire nous a faits les cohéritiers. En d’autres termes, rien n’est plus dangereux, ni surtout plus erroné, que d’envisager  la tradition maçonnique à l’aune seule du Rite particulier au travers duquel nous y avons eu accès. Seule est féconde l’approche comparatiste, qui scrute dans tous les Rites – dont chacun est en soi une somme parmi d’autres possibles – les reliefs d’une tradition perdue, par nature inaccessible et nécessairement fantasmée, dont chaque Rite est plus ou moins le dépositaire, mais toujours au terme d’un « tri », pour reprendre l’heureuse expression de Dominique Jardin. Un tri qui donne cohérence à chaque système qui, cependant, n’est vrai qu’en ce qu’il affirme et demeure faux en ce qu’il nie ou méconnait simplement.

Reste un dernier point que je voudrais mentionner. De même que je pense avoir été l’un des premiers en France à souligner combien la notion de « tradition inventée », forgée par Hobsbawm permettait d’éclairer puissamment la nature essentielle de la franc-maçonnerie, de même, il faut être reconnaissant à Dominique Jardin de s’être emparé du très fructueux concept de religio duplex proposé récemment par Jan Assmann, dans un livre magnifique. C’est, me semble-t-il, la clé qui rend possible une approche intelligente – et non plus à coups de postures – de la question si délicate en France des relations entre la pensée maçonnique et l’ordre religieux. Entre le négationnisme désespéré de certains – qui refusent de voir ce qui pourtant relève de l’évidence historique : à son origine, la franc-maçonnerie spéculative est chrétienne et elle en porte durablement les marques – et l’intégrisme paradoxal de ceux qui, par exemple, en viendraient à en faire une sorte de tiers-ordre catholique (à moins qu’il ne soit orthodoxe !), la lecture d’Assmann suggère, non une voie moyenne – la vérité n’est que rarement la demi-somme des erreurs opposées – , mais une voie différente.

On peut en effet qualifier l’influence des Lumières sur la franc-maçonnerie, comme on l’a souvent fait, en lui attribuant une certaine rationalité individualiste qui assurait la promotion d’un être enfin libre et détaché de ses conditionnements civils et religieux, et dont une maçonnerie de plus en plus « libérale » aurait été le vecteur idéal. On peut aussi, et la reprise de Dominique Jardin nous y invite, en faire une autre lecture : au crépuscule de leur siècle, les Lumières auraient insinué dans la franc-maçonnerie, idéalement formatée pour cette fin, le projet subtil d’une religion intérieure, dans une Europe encore unanimement chrétienne mais gagnée par le doute à l’égard des formulations dogmatiques et des particularismes ecclésiaux – ce qui, en première instance, rappelle singulièrement la réserve déjà exprimée par Anderson dans le Titre Ier des Constitutions de 1723, à l’égard des « confessions et dénominations ».

Il existe toutefois une différence essentielle entre le texte d’Anderson – souvent très mal compris par des lecteurs contemporains qui y projettent volontiers leurs propres enjeux et oublient le contexte de sa rédaction initiale – et le projet des Lumières, si du moins l’on suit Jan Assmann. Anderson ne prônait aucunement une religion naturelle, vaguement déiste, comme on le dit trop souvent. Les « confessions et dénominations qui aident à distinguer [les hommes] » sont à ses yeux incontournables, dans la pure tradition du communautarisme anglo-saxon, en grande partie toujours vivant, qui fait de l’appartenance religieuse l’une des composantes de l’identité sociale. Il souhaite simplement qu’on surmonte ces barrières, non qu’on les abolisse.

En revanche, le religio duplex opère un subtil déplacement de la problématique : si la référence à une transcendance – nommée ou innommable – est toujours présente et ne saurait disparaitre aussi facilement, c’est à une intériorisation complète de la perspective religieuse, jusque-là exclusivement « ecclésiale », que nous sommes conviés. De même que le Temple de Salomon est idéalisé – « spiritualisé » dit déjà en 1688 John Bunyan, qui ne fut jamais franc-maçon –, de même l’édifice symbolique de la maçonnerie, à travers ses tableaux et ses rituels, nous propose un voyage intérieur qui, à la classique « fidélité » religieuse, substitue la quête intérieure. La franc-maçonnerie, vers la fin du XVIIIème siècle, en est ainsi devenue aux yeux de certains, pour un temps – celui de sa pleine maturité, avant celui d’une relative altération – l’un des lieux électifs. En cela du reste, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, la maçonnerie d’Anderson apparait nettement plus religieuse, au sens classique du terme, et celle de la fin du siècle beaucoup plus « initiatique ». Mais cette dernière, à son tour, dans un monde contemporain désormais fortement sécularisé, apparait de nouveau à certains d’entre nous comme fâcheusement teintée de marqueurs religieux – et elle l’est en effet…

Dans ce jeu de miroirs et de renvois incessants, Dominique Jardin inscrit son livre dans une vaste entreprise de décryptage scientifique – n’ayons pas peur des mots ! – de la franc-maçonnerie, évidemment très au-dessus des platitudes habituelles des « manuels de symbolisme » et des exégèses personnelles plus ou moins inspirées. Si cette approche suscite encore de la méfiance dans les milieux maçonniques les plus « traditionnels » –  ou qui se proclament tels – comment s’en étonner, mais aussi pourquoi s’en émouvoir ? »

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : La boite noire de la tradition - Pour une déconstruction de la notion de la tradition - démarche herméneutique et démarche historique et historienne - Déconstruire n’est pas détruire - Eléments d’historiographie de la tradition maçonnique - première approche : l’approche authentique ou traditionnelle de la tradition - seconde approche : la conception historienne de la tradition - La structuration des rituels et des tableaux de loge - la structuration des rituels et la gestion iconographique des tableaux de loge - L’art de la mémoire et les matrices religieuses des métaphores architecturales -

Chapitre 2 : Les sources de la Tradition maçonnique - l’héritage des maçons de métier - l’iconographie permet-elle de combler certaines lacunes su suivi des textes ? - Comment circulent les emprunts entre maçonnerie et compagnonnage ? - La thématique des emprunts opératifs à travers les outils - Le paradoxe des influences religieuses - les emprunts au catholicisme, au protestantisme et au judaïsme - les religions « à mystères » - Les sources ésotériques - l’alchimie - le rosicrucianisme - la magie - la kabbale - l’arithmologie - l’angélologie - l’hermétisme - la mystique de la nature - L’influence des lumières -

Chapitre 3 : La quête initiatique de la Tradition - la construction de la Tradition par les hauts grades - la science maçonnique, connaissance de la tradition - le contexte religieux de la mise en place des hauts grades maçonniques - L’accès à la religion primitive - la promotion du latitudinarisme via le noachisme - la réactivation du cosmothéisme au XVIIIe siècle et la refondation de la religion par l’exil - de la religion primitive au christianisme primitif - l’accès à la religion naturelle - les attitudes à l’égard de la nature - de la nature à l’histoire - la double religion -

Chapitre 4 : La transmission initiatique de la Tradition - de la réception à l’initiation - le rituel d’initiation ou l’expérience individuelle - l’intégration à l’égrégore - la découverte des symboles - la transmission construit son objet - Définition et enjeux de  de transmission - La Tradition comme vecteur de la transmission maçonnique - De la tradition secrète religieuse à la tradition secrète maçonnique - le secret est fondamental pour la transmission - le secret de la transmission consiste à emboiter des secrets - De l’histoire secrète comme illusion essentialiste - La réalité des enjeux de la tradition construite - L’inachèvement assumé de l’initiation maçonnique -

 

LA TRADITION INITIATIQUE – INTERPRḖTATION ET COMPRḖHENSION

G. Jarlan –  préface de Trescases

Edition Dervy

2017

Ce livre a pour but de permettre aux jeunes initiés du 4e degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de réaliser l'importance de ce degré en vue d'acquérir les connaissances de base nécessaires pour entreprendre une bonne démarche initiatique au sein du Rite. Dans cette optique, il est apparu utile à l'auteur de rappeler les origines de la Franc-maçonnerie et de souligner l'intérêt de procéder à une approche herméneutique des voies suivies par le Rite.

 

La notion de Tradition est mise en relief comme base des civilisations ainsi que celle revêtant un caractère initiatique spécifique à la Franc-Maçonnerie. L'importance des notions de devoir, de justice et de vérité est soulignée et Gérard Jarlan a choisi, pour fixer les idées, de rappeler l'oeuvre de quelques personnages reconnus comme essentiels pour la progression de la réflexion qui doit prévaloir au 4e degré du Rite Ecossais. Il rappelle aussi que l'accession aux grades dépassant le 3e degré du REAA implique la présence d'une ascèse dès le quatrième degré. Le but de cette étude est de mettre en relief des aspects essentiels afin que cette ascèse se réalise dans les meilleures conditions.

 

C'est cette prise de conscience que nous opérons symboliquement en accédant au grade de Maître Secret. On a voulu polémiquer sur les formes authentiques des Rites, et surtout sur la progression initiatique. Est-ce qu'il faut considérer que seule la série entière des cérémonies rituelles confère l'initiation ou la réception au grade d'apprenti recèle-t-elle en puissance tous les développements possibles ?

La question me paraît dépourvue d'intérêt. C'est en chacun de nous que s'accomplit le processus initiatique. On peut tout aussi bien subir les épreuves rituelles de tous les régimes sans y voir clair, que se trouver à même de comprendre par la seule réception au grade d'apprenti. C'est une question de personnalité, d'intuition et de sens.

 

Dire qu'il n'y a pas d'initié en dehors de l'Ordre est aussi stupide que de prétendre que les membres de l'Ordre sont tous des initiés. Si être initié signifie connaître: comment assurer cette connaissance quand on ne la détient pas. La parole est perdue. Non pas seulement le mot de passe des Maîtres, mais la parole inscrite sur le Triangle d'or. Certains disent que le premier des Hauts Grades est le Grade de Maître. D'autres, affirment que le premier est celui de Maître secret, et qu'il y a une rupture radicale entre les loges bleues et les ateliers de Hauts Grades. Tout cela est affaire de coutumes, et de circonstances. En Amérique du Nord, la coupure serait plutôt au niveau du 32°. En Angleterre, le Grade de Maître et les loges d'Instruction paraissent suffire à l'enseignement. Si nous nous écartions de toutes ces approches formelles nous pourrions me semble-t-il considérer avec plus de sérénité des perspectives dont le discours de Ramsay symbolise la vertu.

 

Ces perspectives quelles sont-elles ? La première c'est que rien ne peut être dans l'esprit qui ne soit passé par les sens. Il y a une matérialité de la connaissance qui peut et doit justifier les premiers grades. Le franc-maçon en tant que maçon ne travaille pas sur une révélation mais en fonction d'un apprentissage nécessaire. Mais il découvre que l'idée inspire l'acte. Que la conception oriente l'exercice des instruments et des outils. Il y a un renversement qui s'opère et qu'il faut considérer. Ce n'est pas un fait tout fortuit que la partition trinitaire des fonctions dans le cadre de l'action. On a fait grand cas, dans la mythologie historienne, des trois ordres. Clergé, Noblesse, Tiers Etat. R. Dumézil a mis en valeur la vocation trinitaire des fonctions sociales chez les peuples aryens : prêtres, soldats, paysans. Je laisse de côté toute érudition, et me refuse à parler de ce que je n'ai pas observé, mais je me permettrais d'évoquer la relation militaire et la hiérarchie des grades : la définition trinitaire et présente à tous les niveaux: Soldat, Caporal, Caporal-chef, Sergent, Sergent-chef, Sergent Major ou Sergent, Sergent-chef, Adjudant, ou Adjudant, Adjudant-chef, Aspirant, ou encore Sous-lieutenant, Lieutenant, Capitaine, Commandant, Lieutenant-colonel, Colonel, Général de Brigade, de Division, d'Armée, etc. On peut s'amuser à déceler les groupes trinitaires. Pourquoi? C'est qu'il y a toujours une position de contact avec l'extérieur, une position de transmission dans les deux sens, et une position de conception.

 

L'action peut être ponctuelle, sectorielle, générale, universelle, on y découvre toujours ces trois modalités: la relation (échange, information, pression), avec l'extérieur, la transmission (analytique ou synthétique, mais dans les deux sens), et la conception (détermination de l'effet à produire et de l'objectif à atteindre.) Mais à chaque niveau on pourrait recommencer l'analyse et retrouver les aspects complémentaires de cette trinité : absorption, digestion, excrétion. Si on varie les domaines, le schéma sera toujours valable. Est-ce que ce schéma est le seul possible ? Voilà en effet la véritable question. Le schéma dualiste a ses partisans, de même que le schéma quaternaire. Il y a même le schéma pentagonal qui doit être aussi envisagé comme moyen d'analyse.

 

 

La fiction royale, la construction du Temple de Salomon, c'est un mythe comme un autre, une construction peut-être secondaire ou tertiaire, par rapport à la Bible, qui devait être également une mise en forme de données primitives. Mais cette fiction est à la base d'un enseignement dont la portée ne saurait être sous-estimée. L'équerre que le Maître parfait porte au front témoigne de la nécessité d'apporter à la connaissance la rigueur de l'esprit géomètre. La vocation de l'atelier de Maître secret est l'Instruction. Ce n'est pas une boutade. Non seulement il convient de découvrir aux Maîtres qu'ils ne connaissent encore qu'un aspect de la relation entre l'homme, le monde et les valeurs (ou les Dieux), mais encore que tout sur le plan humain peut apparaître à la fois selon les aspects contradictoires et complémentaires; qu'une même chose peut être à la fois la pire et la meilleure. Tout ce que l'enfant a appris n'est que l'apparence des choses. Mais tout ce que nous ne saurons jamais se ramènera toujours à l'apparence. Cela, le maçon est supposé l'ignorer tant qu'il n'a pas dépassé l'exercice de son métier et l'administration de son chantier.

 

Le premier des enseignements du grade de Maître, c'est qu'il n'est jamais heureux, ni salutaire de se faire de l'homme une idole. Or nous ne sommes que trop portés à chercher dans les fortes personnalités soit des protecteurs, soit des Maîtres, soit des modèles. Cette tendance est universelle. Et il serait oiseux que je te donne des exemples qui sont connus de tous. Le père, le Maître, le Personnage politique ou le Héros de roman, voire l'ami plus âgé, tiennent dans la relation humaine des positions que nous connaissons. Il y a des périodes où il semble, au sens strict du terme, que les individus soient hissés sur un piédestal, et adorés comme sauveurs. Le danger de cet aveuglement, c'est que le personnage imité ou le Héros adulé, voire le Souverain,  ne sont que des hommes, même s'ils polarisent les attentions et l'obéissance. La démission de l'homme n'est jamais une voie salutaire puisqu'elle conduit à l'asservissement et à la ruine de la personnalité. Le réconfort que l'on éprouve en confiant son sort à celui que l'on considère comme un modèle ou un sauveur, n'est jamais durable, et en tout cas, jamais suffisant pour justifier le renoncement à soi.

 

Le sacrifice de soi, dont Hiram a fourni le symbole ce n'est pas l'indispensable renoncement, mais l'épreuve absolue. Celle de la fragilité des serments, celle de la faiblesse des hommes, celle de l'inconsistance des ambitions les plus déterminées. Le spectacle du monde tel que les apparences le révèlent est désolant précisément parce que tout y paraît à la fois facile, dérisoire et sordide. Quand ce n'est pas tragique et définitif. Les héros sont souvent les plus désespérés des hommes. Les femmes se font infirmières ou élèvent des enfants, ce qui est encore une façon d'espérer au-delà de la mort. La véritable clé de la vie, c'est le rejet de tout ce qui nous a fait ce que nous sommes, pour autant que ce que nous sommes jusqu'alors n'est pas nous. Que sommes-nous si nous ne renaissons pas à nous-mêmes ? Les alchimistes avaient très bien figuré le passage au noir. Nous avons aussi notre passage au noir à travers la porte étroite, tout le long des tentures noires, brodées de larmes d'argent brillant. Qu'est-ce qui nous guide, sinon cette étoile, projection de la dernière flamme qui brûle en nous après l'abandon.

 

La chair d'Hiram a quitté ses os, mais l'acacia nous reste, disions-nous. C'est la vie, qui n'est jamais finie tant qu'on a un cœur qui bat, un cerveau qui analyse, et des sens pour vibrer au printemps nouveau. Nous avons tous connu ce sentiment. C'est celui qui s'empare de nous quand nous percevons clairement que notre liberté passe par l'abandon de tout ce qui nous a accompagné jusqu'ici. Nous savons qu'il nous faut tout perdre. Mais de là à supporter sans réaction le lent dépouillement par le temps, il y a une distance que seuls nos viscères nous révèlent.

 

Je comprends qu'on soit surpris d'entendre au cours de la cérémonie d'initiation "Ce que tu as appris jusqu'à aujourd'hui n'est rien comparé à ce qui te reste à apprendre." A vrai dire, c'est pourtant une banalité. Mais cette banalité prend son relief quand elle s'adresse à un Vénérable qui a conduit un atelier et qui suppose être au plus près de la connaissance initiatique. Du reste, que peut-on dire après ces principes réaffirmés de Liberté, d'égalité ou de fraternité ? Or précisément tout reste à dire, quand les termes dont on fait usage n'ont plus que des sens dérisoires. Qui, passé trente-trois ans, peut encore se croire libre au sens puéril : je fais ce que je veux. Qui hormis quelque sot, et la plupart des aveugles aux yeux grands ouverts. Etre libre ce ne peut être faire ce que l'on veut si faire ce que l'on veut signifie faire n'importe quoi. Etre libre c'est avoir sur soi assez d'emprise pour n'être pas la proie de ses émotions ni de ses passions. Le sens social et civique du terme, diront les activistes n'est-il pas le plus important? Qu'est-ce que la liberté civique, si ce n'est du plus ou du moins. Quant à l'égalité, il suffit de nous regarder pour comprendre qu'elle ne peut s'entendre que du respect dû à chacun, et de la noblesse égale des fonctions comme des existences. De toute façon nous touchons là la véritable conversion que doit opérer le maçon en entrant dans la voie intérieure.

 

L'enseignement des Maîtres secrets n'est pas dogmatique en ce sens que c'est un passage. Mais il est à comprendre, et c'est là en quoi l'épreuve est redoutable. Quelle est la clé qui peut nous ouvrir la porte sinon celle qui nous est fournie par la nécessité des recommencements. Quand on a découvert la vanité des choses, et la fragilité des honneurs, et la futilité des pouvoirs, et la banalité des talents, on peut se demander ce qui reste. Or il reste le devoir, et qui suffit à tout. On dit parfois qu'en raison de l'âge symbolique du Maître secret, sa référence est celle de l'espace. Il y a là une sorte d'artifice pédagogique, qui ne manque pas de vertu. Dans une certaine mesure, il y a deux sortes de progressivité, la progressivité linéaire (la succession), et la progressivité volumique (l'accroissement en tous sens). Est-ce cette nouvelle dimension de la connaissance que le rituel entend signaler au Maître Secret ? C'est possible. Je ne jurerais pas des intentions des rédacteurs du rituel, mais ce qui importe c'est l'ouverture que leurs enseignements nous indiquent. Il est utile de savoir que celui qui avance n'est pas forcément devenu meilleur ou plus sage. Il est important de tenir compte pour apprécier d'un spectacle, ou pour mesurer un objet, de la dimension triple dans l'espace.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les constitutions d’Anderson  -   Constitutions de 1738 et celle de 1815  -   L’Orphisme   -  Orphée   -   Le REAA et les influences sur le rite à travers la Kabbale, le christianisme, la Gnose et les Templiers    -   Le Saint Empire   -  Notion de liberté dans le REAA   -  La Tradition grecque, chrétienne et coranique    -     le temps quantique et mythique   -    Le Christ chronocrateur   -     Le mythe de l’Eternel retour   -  La Gloire et le Devoir   -   les devoirs du 4e degré   -  La notion de Topos    -   La justice grecque de l’Antiquité   -   Thémis   -  Platon  - Aristote  -  Epicure et le stoïcisme   -   La Vérité   -  Parménide et Héraclite  -  Platon et Aristote  -  Heidegger   - Le Rig-Veda   -   Réflexions sur l’arbre de Vie  -  Les Sephiroth   -  Les trois voiles et les trois piliers   -  Les 22 sentiers   -   La Jérusalem Céleste   -   L’imaginal  -   La civilisation mésopotamienne   -   Gilgamesh et son épopée  -   Zarathoustra prophète du dieu Sagesse   -   Les rois achéménides   -  Dante, sa philosophie son oeuvre   -  Maître Eckhart, son oeuvre, les traités et le livre de la consolation divine  -   Jacob Böhme, sa vie, son oeuvre et sa doctrine di bien et du mal  -   Spinoza ou le philosophe incompris   -  La théorie des passions de Spinoza   -

 

la tradition initiatique

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2001

La tradition initiatique désigne le courant spirituel parallèle aux traditions religieuses. Alors que ces dernières se livrent à une interprétation littérale et allégorique (quant à la méthode) et théologique (quant au registre sémantique) de l’Écriture sacrée qu’elles confessent et véhiculent, la tradition initiatique se voue à l’interprétation symbolique et philosophique des écrits des diverses traditions spirituelles et métaphysiques.

 

Cette tradition initiatique, aussi ancienne que l’herméneutique symbolique et philosophique (elle remonte donc à la Mésopotamie et à l’Égypte du IVème millénaire avant notre ère), ressurgit dans la Franc-maçonnerie vers 1637, date à laquelle les loges écossaises de cette corporation professionnelle chrétienne se transformèrent en loges spéculatives vouées à l’interprétation symbolique et philosophie de la Bible puis plus tard des autres écrits traditionnels.


C’est à l’étude de divers thèmes philosophiques de l’initiation maçonnique que ce livre est consacré.

 

la tradition maçonnique & le culte de mithra

J. Noël cordier

EDITION  LACOUR

 1999

« La Franc-Maçonnerie, écrivait autrefois Oswald Wirth, est le panthéon des initiations mortes ». C’est reconnaître que la Franc-Maçonnerie représente une organisation initiatique qui a assimilé et synthétisé les divers acquis spirituels de sociétés initiatiques aujourd’hui disparues, mais dont elle prétend faire survivre au moins l’esprit.

 

N’y trouve-t-on pas en effet les héritages multiples des collegia romaines, des traditions opératives du Moyen Âge, de la tradition hermétique, et même de la Chevalerie templière ?

 

Dans cette perspective, sans prétendre bien entendu rechercher une filiation historique qui n’existe probablement pas, il nous a paru intéressant de rapprocher la tradition maçonnique et l’initiation qu’elle propose du culte de Mithra.

Le Mithriacisme, comme toutes les doctrines initiatiques, présente par essence de nombreux points communs avec la Franc-Maçonnerie. C'est même, probablement, une de celles qui en comporte le plus, et il faudrait un long morceau d'architecture pour tous les aborder. Après avoir défini rapidement cette doctrine initiatique, qui s'imposa avec vigueur dans la société romaine des trois premiers siècles de notre ère et qui a pu faire dire à Ernest Renan que « si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été mithraïste », je m'attacherai à cerner les principaux parallèles symboliques avec le rituel maçonnique en soulignant principalement ceux qui recoupent le mythe d'Hiram.

On retrouve à l'origine Mithra aussi bien dans le panthéon indou (Mithra védique) que dans le panthéon iranien (Mithra avestique) où il a tous les attributs d'une divinité à laquelle est lié un culte. Le Mithra qui s'est imposé dans le monde gréco-romain semble cependant très différent et les spécialistes s'opposent sur les rapports exacts entre tous ces concepts. C'est en étudiant les témoins archéologiques que l'on verra que le nom même de « Mithra » dans les mystères gréco-romains qui nous intéressent est probablement le seul rapport avec les cultes indous ou iraniens et que le mithriacisme n'est pas plus une religion que la franc-maçonnerie, même s'il utilise comme elle des symboles et des noms issus des religions. Il faut revenir en fait à l'étymologie : en védique mitra signifie « ami » masculin, « alliance » ou « amitié » au neutre ; l'avestique mitra désigne le « contrat ». C'est donc une abstraction qui a évolué en divinité, phénomène bien attesté par ailleurs (comme Fides chez les Romains) et le mithriacisme gréco-romain peut être analysé comme un retour à l'origine du nom, à la notion de contrat ou d'alliance, entre les hommes d'une part, et entre Dieu et les hommes d'autre part.

Tout d'abord il faut souligner avec force qu'un mithræum n'est pas un temple ; il n'en a aucune des caractéristiques et en particulier il ne possède pas de chœur, naos ou « saint des saints » qui serait la demeure du dieu, réservé à son seul usage ou à celui du prêtre, élément constant dans toutes les religions de toutes les civilisations. Voilà bien là une des preuves formelles que le mithriacisme n'est pas une religion. Un mithræum est toujours un lieu souterrain ou semi-enterré ; certains ont même été aménagés dans des grottes, quand c'était possible, ou au moins dans des sites rupestres, en appuyant une partie de l'édifice à une paroi de rocher. Cela est à rapprocher bien sûr de notre cabinet de réflexion ou d'un « lieu caché et connu des seuls initiés ». C'est aussi le symbole de la terre. Autre parallèle, le plafond, souvent peint et stuqué, était constellé à l'image du firmament, comme dans nos temples ; parfois un zodiaque pouvait l’illustrer, ou bien la voûte pouvait être percée de sept cavités circulaires symbolisant la lumière des planètes. Des auteurs antiques, Numenius, puis Porphyre, nous expliquent d'ailleurs que la grotte mithriaque est une « image du monde » Le mithræum est une salle centrée autour d'une double fonction : réunion des adeptes pour un rituel symbolisé par la stèle représentant le sacrifice du taureau, suivie d'un repas pris en commun. Le local est toujours organisé autour d'une allée centrale avec de part et d'autre deux banquettes où les convives pouvaient prendre leur repas allongés. Tenue et agape étaient donc réalisées dans le même lieu, une fois la stèle du fond cachée ou retournée, montrant alors parfois une représentation du repas de Mithra avec le Soleil, c'est-à-dire de l'initié avec la lumière. Autrement dit, une fois les feux éteints et le tableau de loge retiré, les frères pouvaient participer à l'agape.

Car cette fameuse stèle ressemble furieusement à un tableau de loge : son iconographie centrale est la « tauroctonie », Mithra sacrifiant le taureau, scène entourée de personnages et de panneaux à scène multiples qui constituent la trame d'un mythe au même titre que celui d'Hiram et qui, avec des symboles proches, cherche à nous faire prendre conscience des mêmes concepts. Un rapprochement trop rapide avec les sacrifices gréco-romains pourrait faire croire à la représentation d'une scène qui était effectuée réellement. Il n'en est rien, et même les Chrétiens, parmi les plus farouches opposants au mithriacisme, n'ont jamais mentionné la réalité du sacrifice d'un taureau. Aucun témoin archéologique ne permet d'ailleurs de le présenter comme tel.

Il faut chercher plutôt dans le domaine symbolique. Mithra, c'est l'initié, le franc-maçon ; le taureau, c'est l'animal lunaire, l'animal primordial dont le sacrifice, d'après Jung, « permet à l'homme de triompher de ses passions primitives (…) après une cérémonie d'initiation ». Il s'agit de tuer la bête intérieure. « Le taureau est la force incontrôlée sur laquelle une personne évoluée tend à exercer sa maîtrise  ». On est là en plein dans le mythe d'Hiram : l'initié doit mourir symboliquement avant de renaître à la maîtrise. Mithra sacrifiant le taureau, c'est l'initié qui, ayant vaincu ses passions et soumis sa volonté, montre que le maître Maçon, parvenu à la sagesse, est en mesure d'approcher la Connaissance. On a aussi pu vérifier archéologiquement dans certains mithræa un dispositif d'ensevelissement rituel, cavité ou auge taillée pouvant contenir un homme allongé.

La « tauroctonie » est entourée d'autres symboles, qui, comme dans nos tableaux de loge, concourent à recréer un espace et un temps sacré, indépendants du monde profane. De part et d'autre du groupe central, deux personnages tiennent respectivement une torche levée et une torche abaissée ; ce sont les « dadophores », Cautès et Cautopatès, qui symbolisent le soleil levant et le soleil couchant, l'orient et l'occident. Le sacrifice du taureau est toujours représenté face à Cautès, donc face à l'orient, ce qui concours à orienter symboliquement le mithræum de la même manière qu'une loge maçonnique : l'initié, comme celui qui joue le rôle d'Hiram, meurt puis renaît face à la lumière de l'orient qui est dévoilée chez nous promptement par le Vénérable Maître des cérémonies. Un espace sacré est donc bien recréé, défini par ses points cardinaux.


La scène se passe dans une grotte ; au-dessus de celle-ci, le Soleil et la Lune se font pendant, dans leurs chars, en buste ou en médaillon. Là aussi, le parallèle est flagrant avec nos tableaux de loge, avec la création d'un temps sacré, de midi à minuit. Plusieurs animaux sont associés à la « tauroctonie ». Un corbeau est perché sur la grotte ; dans la plupart des croyances, il est le messager divin, héros solaire. Il symbolise la lumière qui est le but ultime de l'initié, jouant le même rôle que le delta lumineux dans nos loges. On voit également un chien qui s'abreuve du sang du taureau, un serpent qui s'approche de sa plaie et un scorpion qui pince ses testicules pour en recueillir la semence. Le chien c'est bien sûr, universellement, le psychopompe, le guide de l'homme dans la nuit de la mort, avant son retour à la Lumière. C'est aussi, dans certaines traditions, le conquérant et le maître du feu, d'autant plus qu'il s'abreuve ici du sang. C'est donc un double symbole qui relie la mort (pour nous, celle d'Hiram) et le feu, deuxième de nos quatre éléments, après le symbole de la terre représenté par la grotte.

 Le scorpion est aussi, par sa nature même d'animal venimeux, une évocation de la mort. On peut également le relier à l'eau, troisième de nos quatre éléments, par sa position zodiacale. Certaines stèles montrent d'ailleurs un crabe (cancer) à côté ou à la place du scorpion. Quant au serpent, c'est aussi, parmi ses très riches significations, un symbole de la mort. Il est perçu également comme maître du mouvement, surtout à travers son équivalence au dragon, animal de l'air, dernier de nos quatre éléments. Enfin, si le détail du rituel initiatique pratiqué dans les mithræa nous échappe encore, on sait au moins qu'il y avait sept postes dans la hiérarchie de ce qu'on pourrait appeler les « officiers de la loge mithriaque » ; on était successivement « Corbeau » (corax), « Fiancé » (nymphus), « Soldat » (miles), « Lion » (leo), « Perse » (perses), « Courrier du Soleil » (heliodromus) et enfin « Père » (pater) : « sept la rendent juste et parfaite ». Parmi les simples initiés, on relève aussi le titre de Maître (magister).

  

LA TRADITION ET LES SOURCES SOUTERRAINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE – MITHRA ET LE TAROT

Charles Imbert

Edition Véga

 2009

L’ouvrage rapproche franc-maçonnerie et tarot, en mettant en exergue leurs origines, semble-t-il communes : la statuaire et les symboles de la religion mithraïque, un temps concurrente du christianisme. S’il est convenu que la franc-maçonnerie spéculative moderne a été inventée en 1717, il n’en est pas moins vrai que sa symbolique et nombre de ses concepts s’enracinent dans des traditions venant de beaucoup plus loin dans le temps. Parmi celles-ci, le tarot, apparu tel que nous le connaissons à la Renaissance.

 

Mais le tarot lui-même est issu de concepts du mithraïsme. Celle-ci, bien qu’occultée depuis l’émergence du christianisme, a survécu de manière “clandestine” ; sa conception du monde perdure, malgré “l’orthodoxie”, et est réapparue régulièrement à travers l’histoire. La franc-maçonnerie, selon l’auteur, est l’un des réceptacles de cette conception du monde. Cette recherche d’antériorité et cette évocation d’un très ancien état d’esprit s’appuient sur une démonstration érudite qui met à mal la vision matérialiste et “rationnelle” de la franc-maçonnerie.

 

Le premier concurrent sérieux du christianisme fut, avant le manichéisme, le culte de Mithra, qui était un dieu du panthéon mazdéen. Selon Plutarque, il fut transmis à l’Occident par des pirates asiatiques et phrygiens. Il conservait les problèmes dus à la souillure ; elle demandait le respect des éléments, la propreté du corps allant avec celle de l’esprit et de la nature. De plus, le mithraïsme essayait de concilier métaphysique et science, ce que recherchent encore certaines sociétés secrètes, comme diverses organisations rosicruciennes.

 

Censé être né un 25 décembre, les repas conviviaux de ses adeptes tenus en son honneur comportaient le partage du pain et du vin. Mithra protégeait effectivement l’âme des justes contre les démons ; et la création de Mazda contre les devas qui peuplent les ténèbres soumis à Ahriman ; il détenait une position importante dans le calendrier, le seizième jour mensuel lui étant consacré, tandis que le septième mois portait son nom. Les grands rois perses avaient pour lui une dévotion particulière et il est invoqué dans les inscriptions d’Artaxerxès à côté d’Ahura-Mazda. On lui offrait des sacrifices de petit ou de gros bétail, des oiseaux. Ces immolations étaient précédées ou accompagnées de libations au jus de haoma et de la récitation des prières rituelles, le faisceau de baguettes à la main. La fête annuelle de Mithra, le Mithrakana, était célèbre dans toute l’Asie.

 

Les adeptes de la religion de Mithra vivaient en communauté et partageaient tous leurs biens. Le corps, véhicule de l’âme, n’avait qu’une importance relative et la terre était considérée comme un lieu d’exil. La propriété n’était donc pas entourée de prestige et le pouvoir paraissait un fardeau. Dès sa naissance, l’enfant était trempé dans l’eau, puis on pressait sur sa bouche un peu de suc d’un arbuste appelé haoma. Un astrologue regardait la position des astres à l’heure de sa venue au monde, et selon la place des planètes, attribuait un nom à l’enfant. A sept ans, mâle ou femelle, il devait porter une ceinture en signe de la pureté. A quinze ans, il revêtait une tunique blanche, faite de coton ou de laine, le lin étant réservé aux cérémonies de sacrifices. A trente-trois ans, il choisissait d’aborder l’initiation finale pour devenir prêtre instructeur ou de demeurer dans la société. Sa décision était libre de toute entrave et était ensuite parfaitement respectée.

 

Il existait douze degrés initiatiques, ouverts à tous, sans distinction de sexe ou de rang social. Les mystes devaient dispenser le savoir connu du monde et l’égalité entre eux, en dehors des cérémonies, était totale, le néophyte étant traité de la même façon que le plus grand initié dans la communauté. Le premier grade, celui de soldat, symbolisé par une marque de cendres sur le front et la présentation au bout d’une épée d’une couronne de feuillages, correspondait à la lutte intelligente contre les forces sombres. L’arme représentait celle qui devait combattre le taureau. Le deuxième grade, celui du taureau, symbolisé par la remise de l’épée par un homme et la pose de la couronne sur la tête par une femme, correspondait à la recherche de la vérité par la lutte et la raison. Le troisième grade, celui du lion, symbolisé par le dressage figuré de cet animal par le myste avec un fouet, correspondait à la purification, la lutte contre les instincts. Les grades quatrième, cinquième et sixième correspondaient à l’instruction astrologique et aux études intellectuelles.

 

Les grades septième, huitième et neuvième, grades solaires, correspondaient à la transmission des secrets théologiques et ésotériques. A ce niveau, le candidat à l’initiation arrivait à son âge de trente-trois ans. Il pouvait alors choisir de s’arrêter ou de continuer. Dans le deuxième cas, il devait affronter le taureau, le tuer, manger sa chair et boire son sang. Plus tard, au temps de la grandeur de la religion de Mithra, ce rite sanglant fut remplacé par un repas symbolique de pains ronds, marqués d’une croix de cendres : le pain représentait le corps, la terre ; les cendres l’élément pur, le feu, le sang.

 

Le jour sanctifié du taureau était le dimanche, les équinoxes jours fériés ; à leur mort, les fidèles recevaient un viatique qui les préparait au grand voyage.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les origines - les constitutions d’Anderson - le Bateleur du tarot de Marseille - Le secret maçonnique et le dévoilement - La famille des Stuarts et les roses rouges - le crypto temple - la Trinité et son origine - le concile qui instaura le dogme - la carpe, le lapin et le chapeau - le monothéisme -  Royauté des templiers des débuts à la fin - le reniement de Jésus - cachons la croyance en parlant d’idoles - Eglise et maçonnerie - la guerre de cent ans - la jacquerie - Dissolvons et coagulons - le Pape et son institution - le Chrisme et son mystère - une religion astrologique - la radiesthésie et la synchronicité - rôle des planètes - L’Heptachord et Apollon, dieu du soleil - Une histoire d’architecte roi et de roi architecte - la mort d’Hiram - les diverses sources historiques, bibliques et mythiques - Le roi de Justice - légitimités archétypiques - Royauté et justice - Salomon - le Prêtre roi - Prêtre et exilarque - le Kyrios - les esséniens - Pensée unique, société unique et secret unique - les sociétés secrètes dans l’Antiquité - les différents secrets - La Maçonnerie est-elle secrète, initiatique, hiérarchique ou alchimique ? - le Maitre de loge - La lame 9 : L’ermite et le temps - Divination et religion - les références intérieures et extérieures - le mythe, cette mécanique complexe - la précognition en question - L’enrichissement des thèmes de la maçonnerie - Références bibliques et mythologiques - Apollon - Le retour de l’Antiquité en Occident - Dionysos et ses origines - le lion et le taureau - les colonnes Alpha et Beth - Elagabal - les signes maçonniques et les Old Charges - les signes pénaux dans le Tarot - Ordonnances des maçons d’York - la guilde des charpentiers de Norwich - les manuscrits Sloane, Cooke, William Watson, Régius, le manuscrit des archives d’Edimbourg, celui de Trinity Collège, celui de Chetwode Crawley et celui de Graham - La mort d’Hiram - les rayons de la roue - l’Orphisme - L’égrégore en Franc-maçonnerie et dans d’autres traditions - les égrégores lumineux - les reliques - la morale maçonnique - intemporalité de la quête des fondements moraux - les métaux - la charité - les sources de la morale vaticane - le temple et son symbolisme - le vitruvianisme - qu’y avait-il dans les ruines du Temple ? - Emeute au Mont des oliviers - Orient et Occident - le mythe du Temple - les Cathédrales - la grande Ziggourat de Babylone - Le mot de passe est le vrai nom de l’étoile - la lettre dans l’étoile - un astre flamboyant - épistémologie - la constellation de la Vierge - Fraternité et sorité - la misogynie - le dysmorphisme sexuel, source de problème - le Livre de l’homme et celui de la femme - le damier - Le Notre Père, une prière mithraïque - la prière, mode de rapport religieux - la phase bonus -La Croix-Rouge - un traumatisme compassionnel - secours aux blesses - un organisme neutre et humanitaire - une légende maçonnique - les maçons célèbres - Voir la lumière - les expériences de la lumière - l’assiduité maçonnique - la catéchisme maçonnique - perfectibilité et légitimité - que faire pour se perfectionner ? - la voie initiatique - Laisser passer les influx - le Retournement - le Kairos -

 

la tulip

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2005

Le rite biblique calviniste du Mot de maçon, créé vers 1628 / 1637 par les maçons écossais de Kilwinning pour remplacer le rite des Anciens devoirs opératifs du Moyen-âge et de la Renaissance, fut anglicanisé et catholicisé avant d’être transmuté par la Grande Loge de Londres de 1717 en rite philosophique universel.Forme originelle du rite en trois degrés (apprenti, compagnon, maître) pratiqué aujourd’hui dans le monde par la quasi-totalité des loges maçonniques, le « Mot de maçon » a permis à la Franc-maçonnerie d’accéder à un œcuménisme conciliant et tolérant, en élevant l’interprétation de l’Écriture au niveau philosophique de la vision de l’Être d’où procèdent l’Esprit et les principes éthiques.

 

Le premier rite de la franc-maçonnerie fut le rite anglais et catholique des Anciens devoirs (apparemment déjà à York en 1370 ; et certainement avec le Regius de 1390). A partir de l’Acte de suprématie de 1534, ce rite devint anglican.

 

En 1599 les seconds Statuts Schaw demandèrent à la loge calviniste presbytérienne de Kilwinning de pratiquer un art de mémoire car celle-ci ne voulait plus pratiquer le rite anglican des Anciens devoirs, et c’est ainsi qu’elle élabora entre 1628 (date vraisemblable de la rédaction de la Thrénodie des muses de Henry Adamson qui y mentionne le Mason word) et 1637 (date du premier témoignage historique de l’apparition du Mason word) un second rite maçonnique : le rite maçonnique exclusivement calviniste presbytérien dénommé rite du « Mot de maçon » (Mason word) qui prendra une forme plus développée à partir du premier catéchisme symbolique : l’Edimbourg de 1696, rituel du Mot de maçon de la loge de Canongate près Edimbourg.

Le 20 mai 1641 à Newcastle en Angleterre la loge maçonnique écossaise d’Edimbourg reçut comme maçon accepté Robert Moray. Celui-ci fut-il reçu en loge maçonnique au rite anglican des Anciens devoirs (qui était alors pratiqué par certaines loges écossaises comme l’a montré le professeur David Stevenson)  ou bien au rite écossais et calviniste presbytérien du Mot de maçon ? Deux faits pourraient en apparence laisser penser que R. Moray fut reçu au rite du Mot de maçon. D’abord il était écossais et collabora avec les écossais calvinistes presbytériens (covenantaires) ; et ensuite une addition d’une encre différente à une note de John Evelyn sur le Mot de maçon énonce que R. Moray aurait parlé du Mot de maçon à John Evelyn.

 

Cependant trois autres faits contradictoires avec les deux faits que nous venons de mentionner empêchent de penser que R. Moray fut reçu en loge maçonnique au rite du Mot de maçon. Tout d’abord en 1641 la loge d’Edimbourg ne pratiquait pas le rite du Mot de maçon mais le rite d’origine anglaise et anglicane des Anciens devoirs. En effet en 1641 et selon la documentation historique actuellement connue seules deux loges maçonniques écossaises pratiquaient le rite du Mot de maçon : la loge de Kilwinning et la loge de Perth.

D’ailleurs la pratique du rite du Mot de maçon n’apparaît dans la loge d’Edimbourg Mary’ chapel qu’en 1715 . Ensuite R. Moray présentait son pentacle comme sa « marque de maçon » : or à cause de l’iconoclasme calviniste les maçons calvinistes presbytériens d’Ecosse pratiquant le rite presbytérien du Mot de maçon ne possédaient pas de marque maçonnique ; tout au plus peut-on admettre qu’au XVIIème siècle seuls les maçons écossais de confession arminienne ou épiscopalienne, qui pratiquaient donc le rite des Anciens devoirs, possédaient des marques.

 Enfin dernier argument : la marque maçonnique de R. Moray représentait un pentacle, symbole qui au XVIIème siècle était totalement étranger au rite presbytérien du Mot de maçon, lequel en 1641 se réduisait encore, conformément au principe réformé du « Sola Scriptura », à des matériaux exclusivement tirés de la Bible et en l’occurrence à Galates 2,9 et à I Rois 7,21 : la pratique de la « griffe » (poignée de main) accompagnée de la communication des deux mots de passe Boaz et Jakin qui étaient les noms des deux « colonnes » du temple de Jérusalem. Pour toutes ces raisons d’ordre historique nous sommes conduits à conclure que Robert Moray ne fut pas reçu en loge au rite du Mot de maçon mais bel et bien au rite des Anciens devoirs comme cela fut d’ailleurs également le cas d’Elias Ashmole en 1646.

 

LA TRADITION ET LA CONNAISSANCE PRIMORDIALE DANS LA SPIRITUALITÉ DE L’OCCIDENT.   LES SILÈNES DE RABELAIS

Paul NAUDON

DERVY

 1973

Y est expliqué le courant occidental de la tradition et ses sources, de Jésus à la Renaissance, la purification, la gnose, le catharisme, le tarot, Rabelais, la médecine hermétique, la Rose-croix, les associations initiatiques, la transcendance et l’immanence, l’immortalité de l’âme, l’ésotérisme comme langage de la tradition, le sel rabelaisien, le cercle, le Tau, la lettre G, le vin, les arts divinatoires et la quintessence rabelaisienne.

La tradition fait naître François Rabelais en 1394 à la Devinière, à une portée de fusil de l'Abbaye de Seuilly, où il acquiert les premiers rudiments scolaires. Il trace dans Gargantua une joyeuse satyre de ses  premières études et de la théologie scolastique qui lui a été infligée au cours de son noviciat de moine franciscain. Après avoir jeté son froc de moine pour prendre celui de prêtre séculier, Il se fait inscrire à la faculté de Médecine de Montpellier. Puis il part à Lyon, comme médecin, à l'Hôtel Dieu de Notre Dame de la Pitié du Pont du Rhône. Mais son poste de médecin et ses recherches de savant lui rapportent peu. Il n'est donc pas riche.

"J'ai lu quelque part, qu'un philosophe nommé Pétron pensait que plusieurs mondes se touchaient entre eux et formaient un triangle équilatéral au centre duquel se trouvaient le séjour de la Vérité, ainsi que les représentations de toutes les choses passées et futures ... Il me souvient aussi qu'Aristote pensait que les paroles volent et sont donc animées. Aussi, lorsqu'elles sont prononcées par un rude hiver, elles gèlent, se transforment en glace, et personne ne les entend plus. Ainsi, ce que Platon enseignait aux jeunes gens le comprenaient-ils à peine au soir de leur vie ... Il conviendrait donc de nous demander si nous nous trouverions ici dans un lieu où de telles paroles peuvent dégeler".

C'est ainsi que Rabelais nous raconte, au chapitre LV du Quart Livre, comment Pantagruel entendit en haute mer diverses paroles dégelées ... Voici donc un livre qui n'est pas l'œuvre d'un bouffon, ni d'un farceur trivial, mais bien celle d'un génie raffiné qui raillait le genre humain et la crédulité de ses espérances. Un génie, qui pour découvrir l'idéal humaniste, avait affranchi sa conscience du pouvoir millénaire de la pensée médiévale, en prenant délibérément position sur la rive opposée de la culture officielle, en se mettant toutefois à couvert sous le masque du carnaval et de la folie, comme il le fait assez bien comprendre lui-même dans son prologue :

"Les Silènes étaient jadis de petites boîtes comme on en voit à présent dans les boutiques des apothicaires et sur lesquelles étaient peintes des figures amusantes et frivoles et autres images semblables, pour inciter les gens à rire, à l'instar de Silène, maître du bon Bacchus. Mais à l'intérieur, on conservait de précieux ingrédients comme le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries et d'autres choses de grande valeur ... A votre avis, pourquoi ce coup d'envoi ... C'est (parce) qu'il faut ouvrir ce livre et peser soigneusement ce qui y est exposé.

Mais, que peut-on dire de sérieux sur Rabelais dans notre langage sérieux ? On ne saurait parler de lui quand on ne parle pas comme lui. Et seul Coluche aurait osé dire quelle partie de lui-même Grandgousier se chauffait à un clair feu de bois, ou celle que Gargantua avait inventé de se torcher d'une manière révélatrice. Alors, que faire d'un géant du rire, dont le langage est la substance et l'ivresse ? Que faire de celui par qui le scandale arrive, mais qui seul, avec Molière peut-être, soutient la comparaison avec quelques géants étrangers ? Et surtout, comment aborder une réflexion sur Rabelais avec un regard résolument tourné vers le futur ? Peut-être en se demandant pourquoi il est impossible d'éviter de réfléchir son propre portrait dans le miroir qu'est par définition un chef-d'œuvre. Car il n'existe aucun lecteur sérieux qui n'ait trouvé, dans les silènes, autre chose que sa propre image....

Ainsi Rabelais décrit-il lui-même ceux à qui ses livres sont dédiés : "Les beaux bâtisseurs de pierres mortes ne sont pas écrits dans mon livre de vie. Je ne bâtis que pierres vives, ce sont les hommes" ... Ainsi le rôle de l'œuvre est-il d'engendrer ses propres lecteurs. Et Pantagruel, géant de la soif, engendre une soif inextinguible : "Et n'ayez pas peur que le vin manque, comme aux noces de Cana en Galilée, autant vous en tirerez au fausset, autant j'en entonnerai par la bonde. Ainsi le tonneau restera-t-il inépuisable. Il possède une source vive et un courant intarissable ..." - Prologue du Tiers Livre. 

 

L’AVENTURE MAÇONNIQUE -  TRADITION ET MODERNITḖ

Jacques Branchut

Dervy

2017

L’ouvrage revisite les thèmes fondamentaux de la franc-maçonnerie des trois premiers degrés, dans une approche symbolique, initiatique et rituélique. En s’appuyant notamment sur la pratique du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), le rite le plus pratiqué au monde, l’auteur se penche sur des sujets dits « classiques », mais aussi plus clivant, tout en insistant sur l’importance intemporelle de la Tradition et de la transmission, vecteurs essentiels de la progression initiatique

 

Un Ordre au sens traditionnel du terme ne peut exister que s’il existe une Règle (en latin « regula » ; de « regere », diriger), c’est à dire : une méthodologie qui le dirige. La Règle maçonnique symbolise la Loi morale à laquelle le Franc-Maçon, lors de son initiation a juré fidélité pour le restant de sa vie. Elle consiste à rester fidèle aux règlements et statuts de l’Obédience, à pratiquer activement la Concorde et la Fraternité, à travailler activement à son perfectionnement moral et intellectuel, à étudier, sans préjugé, tous les aspects de la Tradition et à porter en soi, activement, dans le monde profane la Lumière qui a éclairé les travaux en Loge.

 

Cette Règle doit être naturellement intégrée à l'esprit initiatique car lorsqu'on a perdu la Règle, il ne reste plus que les règlements ... Et cela, n'est plus initiatique. L’originalité de la franc-maçonnerie par rapport aux autres associations et institutions humaines tient à sa nature de société initiatique et à ses méthodes de travail. Elle n’est ni une secte (car elle n’a pas de doctrine à imposer aux autres hommes, ni un parti car elle ne cherche pas à conquérir le pouvoir), ni une Église, car, si elle se veut universelle, son prosélytisme est limité et n’exclut aucune croyance.

 

L’initiation, dont les épreuves permettent au profane de devenir apprenti, puis d’accéder aux grades de compagnon et de maître, revêt à la fois une signification symbolique (la renonciation aux habitudes du monde profane et la découverte de la « Lumière ») et une valeur éducative (la préparation au langage des symboles). Il ne s’agit pas de la révélation mystique de quelque absolu ésotérique, mais, plus simplement et sagement, de l’acquisition des moyens et des instruments de la recherche maçonnique. Plus qu’une simple cérémonie de réception, l’initiation engage le maçon à se libérer de ses préjugés, à se dépouiller de ses passions et à prendre une meilleure mesure de ses forces spirituelles et morales.

Ce qui distingue le maçon dans la société nouvelle, c’est précisément son initiation ; et notamment les symboles. Que représentent-ils, dès lors, en valeur absolue ? En quoi cette Initiation maçonnique, avec sa symbolique, peut-elle nous aider ? L’Initiation est surtout un acte d’acquisition spirituelle personnelle. Par elle, le profane doit laisser à l’entrée du Temple tous ses métaux, c’est à dire rejeter les erreurs et les préjugés du monde extérieur, se mettre à l’unisson d’un amour universel, se dégager des obstacles créés par la passion, ne plus tenir en considération les religions, les races, les castes, les clans politiques, les chapelles religieuses. Cette initiation le rend membre d’une association dont l’angoisse est d’abord et avant tout l’amélioration matérielle et morale de tous les hommes. Libéré par ses symboles, le maçon ne veut plus obéir à un impératif quelconque s’il est d’obligation et étranger à sa conscience. Il méditera sur tout et n’admettra que ce qui lui semblera valable, son critère restant l’amour fraternel de tous les hommes.

 

Le résultat est que l’initié est dégagé des dogmes qui tuent l’âme, la dessèche, et qui aboutissent nécessairement à l’intolérance, cette source des heurts sociaux, des guerres et des exclusives. Le maçon doit vivre son initiation, aidé par ses symboles. Renan disait : « Tout ici-bas n’est que symbole ». L’homme du XXIe siècle, à tout moment, sans qu’il s’en doute, nage dans un océan de symboles. Le mathématicien, le physicien, le scientifique, le technicien ont comme instrument de travail leur symbolisme propre. Le maçon aussi à ses rites et symboles, sources de son initiation. Le point important, c’est que ce symbolisme est à l’inverse du dogme. Or le dogme est le frein essentiel au progrès spirituel. Dans notre siècle de progrès constant, la symbolique maçonnique par l’Initiation se doit de contribuer à ce progrès par le dedans. Essentiellement progressiste, la Franc-Maçonnerie ne peut faillir à ce devoir de promotion humaine.

 

Le dogme est un symbole qui s’est sclérosé, dévitalisé. Il est imposé comme vérité intangible à des adeptes dont on requiert avant tout l’obéissance aveugle, la foi. On inculque à d’autres des vérités, considérées comme telles par un petit nombre. La faculté de penser, dans ces conditions, est l’apanage d’une caste. C’est ce que nous constatons dans les symboles et rites religieux. Au départ, l’idée symbolique, vécue par chacun, était une vérité vivante, admise par chacun des adeptes. Dans un deuxième temps, cette idée est devenu une sorte de réflexe conditionné ; à l’église, au Temple, le symbole a créé une attitude rituelle qui est devenue l’essentiel, à la place de l’Idée, peu à peu oubliée. C’est cela qu’il nous faut éviter ; c’est par là que la symbolique maçonnique peut aider à la véritable Initiation vécue.

 

Quelle place cet Ordre initiatique peut-il avoir dans le monde d’aujourd’hui, si narcissique ? Sa mission peut être définie de la manière suivante. Chaque Franc-Maçon doit d’abord construire en lui un Temple qui doit être son propre chef d’œuvre. Un Temple par définition est le réceptacle du Sacré, c’est le Graal. Pour cela, il faut vaincre l’ignorance, l’orgueil et le fanatisme, les trois démons de l’Homme. Nos symboles et nos rituels sont les outils qui permettent cette réalisation. Cette construction mentale permet à l’initié d’approcher une sérénité symbolisée par la Sagesse, la Force et la Beauté qui lui permettra de participer au chantier en apportant sa pierre. Ce chantier est la construction du Temple de l’Humanité.

 

Par l’initiation, l’Ordre maçonnique éveille des hommes liés entre eux par l’idéal maçonnique qui est d’améliorer la condition humaine en l’affranchissant des dogmes et des égoïsmes qui asservissent l’humanité. Voilà essentiellement ce que doivent combattre tous les Francs-Maçons de toutes obédiences sur la surface du globe. C’est cet idéal humaniste qui semble être l’essentiel de l’œuvre maçonnique et s’il est important de ne pas le perdre de vue, il encore plus important de le défendre dans le monde profane. Cela prend tout son sens, aujourd’hui, où des libertés fondamentales peuvent être notamment sacrifiées sur l’hôtel de la lutte contre le terrorisme. Jusqu’où irons nos concessions alimentées par nos peurs nombrilistes et égoïstes de nantis?

 

Les mythes fondateurs de la Franc-Maçonnerie prennent leurs sources dans la tradition hermétique issue des anciens égyptiens et des arabes. Orphiques et pythagoricienne, héritage de la période hellénistique. Puis Kabbaliste avec l’apport hébraïque et Johannite gnostique avec le christianisme primitif. Ces mythes se nourrissent des légendes bibliques et notamment hiramiques. De ce point de vue, notre Ordre traditionnel initiatique a toujours sa place dans le monde moderne car la tyrannie, le mensonge, la désinformation et le fanatisme sont toujours d’actualité. La technologie moderne a été un levier considérable pour aveugler, désinformer et maintenir les foules dans l’ignorance et le fanatisme. Or aujourd’hui, on s’aperçoit, au Moyen Orient, par exemple, que ces mêmes technologies de l’information ont été le vecteur principal de la révolte et d’une prise de conscience de l’état d’asservissement.

 

Les valeurs sont en pleine mutation à travers la globalisation et le métissage ethnique, social et mental. Des mythes fondateurs nouveaux apparaissent à travers l’Internet et les réseaux sociaux. On peut les deviner en filigrane dans la littérature, le cinéma, les médias. Il est du devoir de la Franc-Maçonnerie de s’en inquiéter de les identifier, de les étudier et de s’adapter à la réalité pour poursuivre son œuvre. Dans notre société actuelle, marquée par la prédominance de l'activité communicationnelle, la réappropriation des rites, des mythes et des symboles qui leur sont liés est flagrante. Le « donné social », avec lequel chacun va structurellement compter, favorise l'engagement organique des uns envers les autres. C'est-à-dire une forme de tribalisme, voire de communautarisme. Cela influence fortement le « vivre ensemble » ou le « vivre pour soi ».

 

Les temps changent et les modèles évoluent sous l’influence de nouveaux mythes fondateurs antisociaux tels que le narcissisme, le nombrilisme, l’égoïsme ou l’apologie de l'hédonisme et celle de l'argent facile. Les conséquences sociales en Europe sont flagrantes, le monde anglo-saxon a déjà subi cet effet il y a vingt ans. Les membres des associations vieillissent, il y a toujours plus de Loges et moins de maçons par Loge … La statistique est implacable. Le nombre de maçons en France est légèrement en hausse (+ 20%) qu’il y a cinquante ans mais le nombre de Loges a plus que triplé, toutes obédiences confondues.

 

Le constat est que l'engagement personnel et le don de Soi n'est plus à la mode. Le monde moderne, basé sur le professionnalisme et la peur de perdre son emploi a exclu des préoccupations la générosité et la compassion. Le nombrilisme et l'égoïsme sont aussi encouragés par l'illusion de la paix sociale et la sécurité qui règnent en Europe depuis près de cinquante ans. Ce qui a tendance à faire oublier les fantômes du passé et notamment l'initiative Fonjallaz, (initiative populaire suisse : «Interdiction des sociétés franc-maçonniques», rejetée par le peuple et les cantons le 28 novembre 1937).L'espérance n'est plus à la mode. Après les lendemains qui chantent, le nombrilisme et vivre au jour le jour est devenu la donne. Espérer est considéré comme rêver. Comme spéculer sur un futur impossible. Le pessimisme est de rigueur et espérer n'est plus sérieux. Pourtant, l'espérance c'est d'abord le présent où se crée le futur. Une confusion est à l'origine de cette attitude. Lorsque l'impatience est associée à l'espérance, on a le totalitarisme.

 

C'est ce qui différencie les idéologies des vertus théologales. L'espérance doit être associée à la foi et à la charité. C’est à ce niveau que les mythes fondateurs de la Franc-Maçonnerie prennent toute leur importance. L'homme est non seulement conscient au sens de l’animal, mais il se pense lui-même, se connaît dans une représentation de lui-même qu'il constitue par concepts et il se connaît dans des concepts. Le concept est l'idée générale et la représentation est le tissu formé avec les concepts. D’où cette quête ontologique du Verbe originel, de la Parole perdue, celle de l’être étant en soi, celle qui est propre à soi avant de pouvoir parler et d’être en communication sociale, formatrice, éducatrice, etc. Cette parole source ne peut se comprendre que dans la raison pure de la logique formelle mais aussi dans la raison analogique de l’intuition et de la conscience d’être étant, dans cette forme de logique archaïque qu’est le symbolisme ésotérique véhiculé par les plus anciennes Traditions de l’Humanité.

 

" Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les dieux " est l'inscription que l'on pouvait lire sur le fronton du temple de la pythie de Delphes et que Socrate a adoptée pour devise. Une telle phrase est pleine de promesses pour le franc-maçon en quête de spiritualité car elle lui fait prendre conscience que la connaissance parfaite de soi-même donne confiance en soi et permets de connaître ses forces et ses faiblesses, ses talents et ses défauts. Cette connaissance de ses propres limites est fondamentale car elle permet de développer ses qualités, de choisir sa voie et finalement de trouver sa véritable identité et, au fond, sa liberté. Cette découverte qu’offre l’initiation par la connaissance de soi permet non seulement de gérer sa vie au sens d’avoir pu trouver son vrai chemin, mais comme le signale le rituel, de pouvoir faire profiter aux autres de cette Lumière qui brille en nos cœur, souvenir de nos travaux dans le Temple. Cette Lumière que nous pouvons offrir est la somme des valeurs accumulées et forgées dans notre quête de sens. C’est aussi, l’héritage humaniste de la franc-maçonnerie et c’est enfin, la capacité d’aimer les hommes nos frères et la vie dans sa beauté car nous avons pris conscience dans le chemin initiatique que nous faisons partie d’un tout et de cette connaissance naît la compassion, l’empathie et le respect de soi et des autres.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Esotérisme et Franc-maçonnerie   -   Les Old Charges et les Landmarks   -    Le Grand Architecte de l’Univers   -    La voie intérieure  dans le processus initiatique     -   Les voyages initiatiques   -    Les colonnes J et B   -    L’Initiation : porte ouverte vers la spiritualité   -     La fraternité maçonnique   -   Chaîne d’union, houppe dentelée et lacs d’amour   -    L’Egrégore   -   Le secret maçonnique   -    L’humilité du maçon   -   La notion de centre  dans les trois premiers degrés du REAA   -   Espace et temps sacrés   -    Les approches de la Lumière   -   Mozart et les Lumières dans l’Europe du 18e siècle   -   La Lumière  dans le temple maçonnique   -    René Guénon et la Tradition primordiale   -   Tradition et parole perdue   -   Sagesse, force et beauté   -   Le mithraïsme : exemple d’un ordre initiatique élaboré dans l’Antiquité   -    Le message des deux St Jean    -   Connaissance et liberté   -   Les vertus maçonniques   -

 

la voie du franc-maçon

Jules merias

EDITION  DERVY

 2000

Cet ouvrage propose des techniques initiatiques pour la pratique de la Franc-maçonnerie spéculative.

 

Dans toutes les traditions, les initiations comportent des méthodes destinées à provoquer la progression de l'initiation virtuelle vers l'initiation effective. Le présent ouvrage est à notre connaissance le premier à proposer de telles techniques aux francs-maçons. Cependant, la mise en œuvre de ces techniques doit découler de la seule demande de l'initiant. Il ne saurait exister d'offre en ce domaine. L'auteur invite ici le lecteur à vérifier par sa propre expérience le bien-fondé des techniques opératives de la Franc-Maçonnerie spéculative. Le travail initiatique exige l'action et non le bavardage.

Maçon depuis trente ans, Jules Mérias appartient à l'une des trois grandes obédiences maçonniques françaises. Les francs-maçons se demandent souvent d'où vient l'étrange matériel qui leur a été transmis à l'occasion de leur initiation et, surtout, ce qu'il faut en faire. Or, toutes les grandes traditions, bouddhisme, soufisme, taoïsme, etc., proposent à leurs élèves des explications sur le travail que l'on doit accomplir après avoir reçu une initiation rituelle. Toutes, sauf la franc-maçonnerie. De jeunes francs-maçons m'ont donc demandé de mettre au point une sorte de mode d'emploi de l'initiation maçonnique, en m'appuyant sur les rituels de loges, seule vraie documentation dont on dispose pour débuter. Les rituels actuels ayant été mutilés aux XIXe et XXe siècles, j'ai dû consulter les rituels originels de la franc-maçonnerie. Cela m'a permis de constater leur caractère traditionnel.

 

Les techniques initiatiques, dont ils sont les supports, découlent d'ailleurs de ce caractère traditionnel. En outre, il est plus facile de trouver de tels exercices dans les anciens rituels que dans ceux, délabrés, en usage à notre époque. L'exposé des techniques initiatiques de la franc-maçonnerie s'accompagne donc d'une mise en garde quant à l'état du rituel que l'on utilise. Cette mise en garde se complète de larges extraits des anciens rituels, mais aussi du texte intégral des instructions du rite le plus répandu chez les francs-maçons, à savoir le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Ainsi, le lecteur disposera d'une information documentée sur l'initiation maçonnique.

 

la voie initiatique

Jean beauchard

 EDITION  VEGA

 1984

Très bel ouvrage avec des illustrations couleurs, des schémas et des explications alchimiques et hermétiques sur les 33 degrés de l’Ecossisme.

 

Les degrés philosophiques et les grades ultimes du R.E.A.A. : Aréopage, Consistoire et Conseil Suprême Ouvrage d'Art destiné à la bibliophilie et aux amoureux du beau livre Conception : Tableaux et Textes de Jean Beauchard - « Lorsque l'on rentre dans ce parcours, il ne s'agît pas d'un regard platonique mais d'un regard gourmand, dévoreur, qui révèle la force de la vie qui s'anime en nous, si nous savons la reconnaître et lui donner substance.


Ces planches ne sont pas seulement des images, ce sont des icônes, plus vous les fixez plus elles bougent et s'animent comme les pages du livre de la vie. Mais ici le retour n'est pas impossible, bien au contraire il réinvente notre existence au flux du poème des perceptions qui reviennent et se renouvellent dans l'énergie de la conscience. Des instants d'élan vital, des moments du bonheur de vivre, de la force d'exister, de la joie d'être maçon, un hommage unique au Rite Écossais Ancien et Accepté. »

 

Ce volume reproduit 10 tableaux conçus et réalisés par Jean Beauchard et significatifs des degrés du 19° au 33° du Rite Écossais Ancien et Accepté. Chaque tableau est accompagné d'un texte poétique suggestif et d'une analyse de son contenu. L'ensemble est préfacé par Patrick-André Chêne et accompagné de pages de présentation et de conclusion.


Cet ouvrage de bibliophilie de qualité exceptionnelle, réalisé par les éditions  Vega, a été imprimé en France en 300 exemplaires seulement sur les presses de France Quercy à Cahors. Format des planches : 30 x 44 cm.


Présentation en double emboitage : chemise et étui entièrement gainés de toile noire, titres dorés. Tirage limité à 300 exemplaires.
Chaque exemplaire est Numéroté et signé de la main de l'Auteur.

 

LA VOIE - LA PIERRE, LA CROIX, LA ROSE

Jean Beauchard

Edité et mis en page par Jean Beauchard

 2013

Cet ouvrage d’Art au format 30x40, a été réalisé par le peintre, graphiste, Franc-maçon, écrivain et ésotériste Jean Beauchard. Il a commencé cet ouvrage de luxe en 2010 et l’a terminé et commercialisé en 2013.Ce volume est constitué de 44 planches lithographiées 30x40 en couleurs. Il a été réalisé chez lui à Orléans. Le tirage est de 99 exemplaires.

Jean Beauchard est peintre, dessinateur, graphiste, écrivain, franc-maçon, ésotériste et spécialiste des tarots. Il a déjà produit « la voie initiatique » et « la voie de l’initiation », en tarot il a fabriqué 2 magnifiques jeux « le tarot maçonnique » et « le tarot des alchimistes ».

Avec un graphisme moderne, Jean Beauchard nous offre des planches superbes qui sont là pour nous faire réfléchir et méditer sur cette voie ésotérique que nous avons choisie, et qui ne demande qu’à se développer dans notre esprit. Jean avec ses dessins nous emmène dans des horizons de rêves, dans un monde imaginal cher à H. Corbin, tout en nous offrant le symbole, les pistes et les idées qui sont derrière le symbole.

Ne voulant pas déformer la pensée de Jean Beauchard, je retranscris son avant-propos :

« Pierre, Croix et Rose, trois symboles fondamentaux de la pensée hermétique. Liée à la terre, la Pierre est le symbole de ce qui est matière. Le travail qui peut être effectué sur celle-ci par le maçon, ou par l’alchimiste, selon leurs pratiques, consiste à la transformer de si parfaite façon, qu’elle confine alors au domaine de l’esprit.

La Croix se réfère à l’Univers, à l’espace dans ses diverses dimensions et orientations. Au croisement de ses axes, elle exprime la notion de lieu et de centre. Tel l’homme debout, qui, écartant les bras, étreint son environnement dans une relation d’amour et de don de soi qui peut aller jusqu’au sacrifice. –L’homme doit être au centre d’un équilibre géométrique, comme la nature – écrivait Alberti, au quattrocento

La Rose porte une dimension d’une autre nature, profonde, ésotérique en fait. Attirante mais d’accès difficile, fragile, brève, essentielle, elle s’épanouit et se renouvelle dans la lumière de chaque nouveau jour.

De cette triplicité peut naitre un monde de relations multiples qui sous-tendront l’ensemble de cet ouvrage. Toutes les voies d’initiations empruntent leurs références aux mêmes principes appartenant à une tradition universelle. Le but commun à tous les initiés est l’acquisition d’une meilleure compréhension de lui-même, de ses motivations, du sens de la vie.

Une quête de Lumière. Cette recherche de sens, de connaissance, de Vérité, est représentée dans différentes traditions par une quête de Lumière, et consiste à retrouver : - la Parole perdue – le Verbe créateur et générateur de toutes choses. Cette poursuite du Verbe est le thème de l’hermétisme gnostique et spirituel.

Mais cette quête ne peut se dérouler que par étapes successives, dont la première, relève d’un domaine plu prosaïque : comprendre le sens et les secrets du métier de constructeur. Dans la pratique opérative, la quête conduit l’individu à construire son temple, c'est-à-dire son être personnel, en passant de la Pierre brute à la Pierre taillée parfaite, de même que l’alchimiste fait évoluer le minerai vulgaire en or parfait.

Maître Hiram, l’architecte reconnu par le Franc-maçonnerie, a préféré la mort, plutôt que de dévoiler à des ouvriers indignes, le mot sacré qui ouvre la chambre des Maîtres. Il fut alors déclaré que le mot des Maîtres serait remplacé par une autre parole, de ce fait, l’ouvrier, le compagnon n’aura de cesse d’améliorer son travail et ses qualités propres, jusqu’à la révélation de la parole substituée dont la connaissance lui ouvrira la porte de la chambre du milieu, celle des créateurs. La Parole permet tout d’abord de nommer pour désigner, puis de comprendre pour établir.

Ce n’est là qu’une étape, car dans son parcours, le Franc-maçon rencontrera la Lumière des Rose+Croix. Les « Manifestes » de cette pensée s’adressaient à l’élite intellectuelle du 17e siècle, annonçant une nouvelle ère de connaissance, ce sera le sujet et l’objet de l’un des degrés centraux du Rite Ecossais Ancien et Accepté qui au siècle des Lumières, intégra ce mode de pensée. Le Rose+Croix est un des degrés essentiels du Rite car il en contient la clé et la tonalité. A ce grade il est dit que la Parole est retrouvée. Elle l’est, du moins sous une autre forme, qui procède de l’hermétisme.

La Franc-maçonnerie propose une démarche pragmatique de bâtisseur, mais en appelle à des ressources ésotériques. L’ésotérisme induit une notion de secret, il se rapporte à une forme de connaissance intuitive et transcendante (la gnose) par laquelle l’homme parvient à recréer, à son propre niveau, une métaphasique qui trouve ses sources dans la tradition, elle-même fondement du devenir ». Jean Beauchard

Le blog de Jean Beauchard est dans la page d’accueil, avec d’autres liens.

On peut consulter également le chapitre 22 (tarots), pour y retrouver ses tarots maçonniques et alchimiques.

 

la voie de l’initiation maçonnique

Jean beauchard

EDITION  VÉGA

 2004

La pratique des rites et des symboles maçonniques conduit sur une Voie de Connaissance de soi et permet l’intégration de l’être conscient dans le monde.
Cet ouvrage reproduit et commente une série de tableaux retraçant de manière allégorique l’itinéraire du Franc-maçon depuis sa première interrogation. Il offre une nouvelle manière de percevoir et de comprendre la symbolique maçonnique.


Cet ensemble, sans équivalent, constitue une synthèse fondamentale, en textes et en images qui en disent plus long et plus clair en quelques pages que ne pourrait le faire de grands développements. Ils le disent en tout cas différemment offrant ainsi au lecteur une vision nouvelle pour enrichir ses propres connaissances.


Au-delà de l’illustration, les tracés et l’expression visuelle font découvrir l’essence de chaque grade ainsi que quelques clés parfois oubliées au détour de l’évolution de certains rituels à travers le temps. Guidé par les commentaires des tableaux, le lecteur se transformera en spectateur attentif. Il pourra à son tour effectuer de multiples découvertes personnelles en écho à ses propres références et à sa sensibilité, lui permettant de mieux pénétrer et d’approfondir, à son rythme, sa propre connaissance de la Franc-maçonnerie dans l’esprit et les rites les plus authentiques offerts par celle-ci.


29 illustrations couleur pour 33 degrés initiatiques.

 

Jean Beauchard est peintre et écrivain, en plus de nous avoir offert ces magnifiques planches sur la voie initiatique et la voie de l’initiation, on peut le retrouver dans les tarots avec son « Tarot maçonnique » et son « Tarot des alchimistes », deux belles réalisations qui sont développées dans le Chapitre 22

 

LA VOIE SUBSTITUÉE

Jean BAYLOT

EDITION  DERVY

 1985

Ce livre écrit par un ancien dignitaire de la GLNF démontre comment dans l’histoire, l’engagement profane de la Franc-maçonnerie au nom d’un certain humanisme l’a dévoyée de sa règle.

 

Et comment on peut facilement en dérogeant aux Landmarks et à la règle en 12 points, se perdre dans une voie sans issue.

 

« Interdiction de rendre un culte aux idoles, respect absolu du nom divin, interdit de répandre le sang. En fait l'exégèse religieuse de l'époque considérait que le christianisme était conforme à une religion traditionnelle originelle connue dès les premiers temps et couronnée par le Christ : " la vraie, primitive, catholique et universelle religion, reconnue comme telle dans tous les temps et âges et confirmée par N.S. Jésus Christ..."

 

Ultérieurement, au XIXe siècle, l'expansion aux Indes amènera l'entrée de musulmans, hindous, parsis, sikhs et étendra ainsi la notion de Religion Traditionnelle. D'ailleurs en Grande Bretagne, un des reproches des "Anciens" aux "Modernes" était justement d'avoir déchristianisé le rituel en omettant les prières et fêtes des Saints !

Quant à la Maçonnerie française, on sait fort bien qu'elle fut traversée de divers courants dès le XVIIIe siècle :
L'un chrétien, voire mystique, l'autre libéral (parfois évoqués sous les qualificatifs de "jacobites" et "hanovriens") qui n'eurent pas les mêmes attitudes vis-à-vis des courants révolutionnaires.

 

La seule séparation absolue, après la paupérisation Maçonnique de la première moitié du XIXe siècle, fut la "voie substituée" (livre  de Jean Baylot) dont l'aboutissement fut le rejet par le Grand Orient de France en 1877 de l'obligation de croyance en Dieu et du Grand Architecte de l'Univers. Relevant de l'histoire contemporaine, le retour aux sources de la croyance en Dieu par la Grande Loge Nationale Française, et donc à l'universalité, date de 1913. La Franc-Maçonnerie est ainsi compatible avec toutes les religions et ne prêche aucun anticléricalisme. Ce n'est pas non plus le substitut d'une religion car elle n'impose pas de doctrine théologique et elle refuse tout débat religieux dans les Loges ; elle n'administre aucun sacrement ; elle ne prétend pas conduire au salut mais seulement aider ses membres à se réaliser dans le respect de la foi qui leur est propre.

 

A la construction Maçonnique matérielle se substitue désormais l'idée d'une mise en chantier allégorique. Il s'agit de promouvoir les valeurs morales et spirituelles qui conduisent à un perfectionnement individuel et social, par un enseignement effectué sous le voile de l'allégorie au moyen de symboles dont certains peuvent être observés dans diverses religions (triangle, oeil, lumières, rythmes, voire même formules symboliques). Les cérémonies pratiquées ne miment en aucune manière un culte mais tendent par l'agencement des symboles et des présentations orales à une union favorable - dans la fidélité aux devoirs que le Franc-Maçon a librement contractés - au perfectionnement moral et spirituel qu'il a entrepris et doit faire partager à ses Frères.

 

Ainsi se crée ce "Centre de l'Union, et moyen de nouer une amitié sincère entre des personnes qui n'auraient pu que demeurer perpétuellement étrangères" (constitutions 1723). Ces universaux expliquent la diffusion de cette fraternité contribuant à l'amélioration morale et spirituelle de l'humanité, aux fins de mettre en oeuvre un idéal de paix, de tolérance et de fraternité entre tous les hommes, à commencer par les 7 à 8 millions de Francs-Maçons de Tradition. Ainsi, la croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers, demeure-t-elle, pour toutes les Grandes Loges Indépendantes du monde, le critère essentiel de régularité et de fidélité aux "anciens devoirs".

 

la voie symbolique

Raoul berteaux

EDITION  EDIMAF

 1992

« La Voie Symbolique » est sans conteste le plus important des ouvrages de Raoul Berteaux : il le considérait d’ailleurs comme son testament philosophique, comme le message qu’il voulait laisser derrière lui.


La réédition de cet ouvrage de base de toute bibliothèque axé sur la symbolique – maçonnique ou non – s’imposait au moment où vient de disparaître le grand penseur et le grand Franc-maçon que fut Raoul Berteaux.


Né en 1904 à Namur (Belgique), il avait été initié dans la fameuse Loge « Les Amis Philanthropes » au Grand Orient de Belgique et il y fut, au sortir de la dernière guerre, un des fondateurs de la Loge « Fraternité ». Il appartint par la suite à la Grande Loge, puis à la Grande Loge Régulière de Belgique dont il devint en 1967 Souverain Grand Commandeur.


Soucieux de transmettre la Lumière qu’il avait reçue, il travailla jusqu’à ses derniers jours. Edimaf a publié entre autres sa monumentale « Symbolique des Nombres », ainsi que des ouvrages traitant du symbolisme propre à chacun des degrés de la Franc-maçonnerie bleue ou de celle des Hauts Grades.


« La Voie Symbolique » constitue une somme : celle de toute une vie dédiée à la réflexion en profondeur sur l’Homme et les mystérieuses correspondances qui le relient à l’univers.
Sa vision, profondément moderne autant que solidement assise sur les traditions et les cultures d’Orient et d’Occident, s’élargit à une dimension cosmique qui fait de cet ouvrage, bien plus qu’un guide indispensable à toute recherche symbolique, un « livre de sagesse » qui ne saurait laisser personne indifférent.

 

la voÛte sacrÉe de la maîtrÎse à la perfection

Alain pozarnik

EDITION  DERVY

 1997

 

Aucun livre, jusqu’ici, n’avait été écrit sur le travail secret permettant l’éveil et la réalisation des Maîtres Francs-maçons. Les rares ouvrages qui existent sur les « Hauts Grades » parlent des symboles, couleurs, chiffres ou légendes propres aux divers degrés, mais jamais le chemin progressif d’évolution spirituelle n’avait été clairement balisé. La Voûte Sacrée est le premier livre sérieux sur le sujet : il traite admirablement des mouvements intérieurs de l’Être et de l’Esprit qui conduisent concrètement le maître Franc-maçon à la perfection.

 

D’étape en étape, la Voûte Sacrée révèle comment évoluer vers plus de conscience et d’amour, comment améliorer ses relations avec soi-même, la société et l’univers pour trouver, dans l’action, la Paix et l’Harmonie. Assurément, ce livre doit être lu par tous les Francs-maçons des Grades supérieurs, par tous les Maîtres qui aspirent à l’amélioration de l’humanité. Mais il est également destiné à tous les hommes de bonne volonté qui veulent faire de leur vie un chef-d’œuvre.

 

La voûte sacrée : Le chevalier entre donc dans la loge royale par le sommet. Cette voûte est un symbole similaire à celui que l’on trouve avec le cabinet de réflexion semblable à une grotte de méditation pythagoricienne. De plus, cette voûte étant fermée par une trappe, en son sommet, cette dernière devient la clef de voûte. L’initié se tient debout dans cette voûte. Il relie dans cet axe plusieurs voûtes superposées ; toutes ces voûtes anatomiques (plantaires, crâniennes etc.)se succèdent et constituent le « microcosme » et cette voûte en pierres est elle-même coiffée par la voûte étoilée. Se tenir dans l’axe de ces voûtes c’est d’abord prendre conscience du « microcosme » (pour y pénétrer encore plus profondément) pour pouvoir à l’inverse mieux sortir du moi c’est à dire dépasser la condition humaine et relier «  le fini à l’infini ».

Le bijou d’Hiram que trouve Guibulum dans cette première voûte et la première porte de bronze sont des indices qui indiquent qu’en recherchant encore plus profondément, on trouvera un trésor. Mais Guibulum est un franc maçon et il sait que cette recherche dans les profondeurs de son ego sera plus aisée s’il est aidé par ses frères d’une part, et d’autre part s’il trouve le trésor, il doit le partager : c’est pour cela qu’il remonte chercher ses compagnons de voyage. Symboliquement, ( et c’est à mon avis tout l’intérêt de la démarche symbolique) le franc maçon et plus particulièrement le grand élu sait qu’il doit prendre conscience de son Moi intime (connais-toi toi-même) mais s’il a choisi la voie symbolique maçonnique c’est, d’une part qu’il doit se faire aider des autres et d’autre part, aider ceux-ci dans leurs démarches propres afin qu’ensemble, plus forts, ils cherchent et peut-être trouvent la vérité. Enfin, pour parler du bijou qu’il découvre (sur lequel est inscrit le nom ineffable) il le porte autour du cou avec la face gravée contre sa poitrine. Guibulum sait donc que le trésor a un rapport avec l’ineffable avant de commencer la quête collective. Il se garde d’en avertir ses compagnons et conserve ainsi le secret : seul l’éclat du bijou fait entrevoir aux autres maçons que Guibulum est déjà initié à un degré supérieur aux autres : ce qui leur donne envie de le suivre. 

 

Symboliquement, si Guibulum rayonne, en contemplant l’homme de l’extérieur, on ne peut pas connaître le tétragramme divin allias la vérité, car le nom ineffable est gravé à l’intérieur sur la face non visible. Le G.L.A.D.U.  source secrète de l’homme, se trouve assurément en son fond mystérieux symbolisé par la voûte sacrée à laquelle les nuages parviendront. C’est donc après quelques instants de méditation que Guibulum prononce le mot « Malkuth » (royaume) et que la porte séphirotique s’ouvre sur une galerie : cette galerie est composée essentiellement d’un escalier de 3 marches.

 

Puis après un palier triangulaire, sur la gauche 5 marches pour arriver à un nouveau palier triangulaire sur la droite puis 7 marches et un dernier palier triangulaire sur la gauche et enfin 9 marches. Cette descente progressive dont le nombre de marches évoque la batterie du Grand Elu de la Voûte Sacrée est une descente progressive vers le centre matriciel : elle s’inscrit dans une courbe sinueuse : ce qui signifie que cette quête sur soi-même n’est pas évidente. l’auteur estime qu’il s’agit en même temps « d’une récapitulation à rebours dont la psychologie des profondeurs assimile le premier palier à la conscience claire du moi, le second à l’appropriation du soi collectif, le troisième à la fusion du soi collectif et l’arrivée à la syzygie primordiale, explorée dans les 9 voûtes successives ».

 

la vraiE maçonnerie et la cÉleste culture

Fabre d’olivet

EDITION  La Proue

 1973

Auteur de « La langue hébraïque restituée » cet auteur ésotériste et franc-maçon très actif nous a laissé des ouvrages de réflexions. Ce livre nous parle des divers grades d’une certaine maçonnerie céleste et nous invite au solstice d’hiver et à l’équinoxe de printemps.

 

Antoine Fabre d’Olivet est un écrivain, philologue et occultiste français. L’importante partie de sa production qu’il a, comme écrivain et philologue, consacrée à la langue occitane, fait de lui un des précurseurs de la renaissance du Félibrige.

 

Après la faillite de la maison familiale, Fabre d’Olivet tente de vivre de sa plume en fondant plusieurs journaux, parmi lesquels L’Invisible et Le Palladium de la Constitution.

 

Il publie un roman et plusieurs œuvres musicales. S’intéressant de plus en plus à la théosophie et à la philologie, il prépare La Langue hébraïque restituée et travaille sur La Musique expliquée

À la fin de sa vie, il fonde un culte nouveau, le culte théodoxique, sur lequel il publie deux ouvrages importants, L’Histoire philosophique du genre humain et La Théodoxie universelle

 

LE CABINET DE RÉFLEXION        -        N°  32  -

DIDIER MICHAUD

Edition LA MAISON DE VIE

 2009

Cet ouvrage  présente des aspects  inédits  du cabinet de  réflexion, approché  comme un symbole en tant que tel. L’auteur passe en revue, un à un, tous les éléments permettant de structurer l’approche de ce symbole, et explore toutes les pistes sans en exclure aucune. Cette pièce est-elle comparable à une caverne, à une grotte, aux entrailles de la terre ? Fait- elle partit du Temple de Salomon, ou est –elle un lieu distinct ? Les Franc-maçons ne sont-ils pas amenés à utiliser le même lieu lors d’évènements de natures différentes ? C’est à ces questions que, de manière argumentée et novatrice, l’auteur tente de répondre à la lumière des symboles qui constituent son décor.

 

Toute initiation maçonnique commence dans le cabinet de réflexion, qui correspond à une partie des rites initiatiques pratiqués en tous temps et en tous lieux. En effet, l'isolement du néophyte dans une cabane ou une caverne est pratiqué depuis la nuit des temps. Il s'agit de séparer le néophyte de sa famille, de figurer, par son isolement dans un lieu fermé, la mort, une rupture, pour préparer un changement essentiel, comme la chrysalide dans son cocon. Le cabinet de réflexion, pour l'essentiel, est la forme moderne et adaptée à nos mœurs de la cabane antique. Le non-initié vit dans la peur : peur de mourir, expression de la peur de vivre, peur de l'avenir, du changement, des autres, etc ... Ces peurs dérivent d'une seule : la peur de lui-même. Confronté à la nécessité de l'introspection, le non-initié recule. Il sait qu'il faut mettre de l'ordre dans son MOI. Alors, il demande son admission dans une société initiatique. Celle-ci propose une pédagogie fondée sur l'introspection dirigée.

Le cabinet de réflexion s'inscrit dans le programme de cette pédagogie. Le postulant y trouve la solitude, l'obscurité, le silence, l'immobilité et parfois le froid. Ces états privilégient la confrontation avec lui-même et cette confrontation est généralement difficile pour le profane. Ce que le passage dans le cabinet de réflexion lui impose de vivre est le traitement de sa peur, par la stimulation de sa propre peur. La compagnie muette du crâne illustre le passé et son propre futur. Dans le cabinet de réflexion, le candidat doit répondre par écrit à des questions et rédiger son testament moral et philosophique. Le nombre et le libellé des questions ont varié selon les époques. Actuellement, ces questions concernent les devoirs de l'homme envers lui-même, sa famille, sa patrie, l'humanité. Dans la Franc-Maçonnerie libérale, la question des devoirs envers Dieu a été supprimée.

 

La rédaction du testament moral et philosophique permet au candidat de faire le point sur lui-même et sur ce qu'il estime essentiel. Quelle que soit la qualité de ce qu'il rédige, cette démarche est fondamentale dans le processus de l'initiation maçonnique. En sortant du cabinet de réflexion, le candidat sera considéré comme ayant subi l'épreuve de la terre. Tous feront semblant d'y croire et toute la cérémonie initiatique se déroulera comme si le candidat avait été transformé par cette épreuve.  "Ici, tout est symbole". Ce "comme si" n'est mensonge que si l'on refuse de jouer correctement le jeu. Se prendre au jeu, c'est à dire ignorer que l'on joue, ou bien ne pas vouloir l'admettre, est éminemment dangereux parce que le comportement peut dériver vers la schizophrénie. Alors adieu l'éveil, tout ne sera qu'illusion. Ce "comme si" est vérité et clé d'une pédagogie qui a fait ses preuves, à condition d'être vécu en toute simplicité, en toute humilité, pour ce qu'il est et rien de plus. Comme cela et seulement comme cela pourra peut-être surgir l'éveil, par la suite.

 

Comment en effet prétendre sérieusement que les épreuves rituelles transforment réellement, immédiatement ou à terme, celui qui les subit ? Le cabinet de réflexion est un décor de théâtre. Il suggère ce qu'il ne peut être réellement. Ce petit cagibi, dans le meilleur des cas, ce coin de cave, décoré avec des figures symboliques est tout à fait dérisoire relativement aux prétentions affirmées par le rituel. Mais c'est justement là que réside sa signification essentielle.  Fermer les yeux sur l'aspect dérisoire, procède d'une attitude "bigote" à l'égard du rituel. Ouvrir les yeux sur le "dérisoire" pour en pénétrer la signification, là est la voie de l'éveil. Ce n'est souvent pas simple. Cela implique une remise en question des réflexes mentaux acquis. Comment prendre au sérieux ce qui ne l'est pas en apparence. Et comment ne pas prendre au sérieux ce qui semble l'être ? Tant de gens ne parviennent pas à répondre à ces questions.  Pourtant ces questions ne restent sans réponses que dans le contexte d'une sémantique déterminée. Changez le contexte, posez de nouveaux repères et elles ne se poseront même plus.

 

Les rituels et la franc-maçonnerie répètent qu'ils sont à la recherche de la vérité, sans d'ailleurs la définir. Des mandarins de l'intelligentsia maçonnique, il y en a, ont décrété que cette vérité était inaccessible, ce que dément formellement l'expérience vécue des sages et des saints de tous les temps.  Forts de cette affirmation des autorités officielles de l'Ordre, certains maçons sont à la recherche d'une vérité inaccessible et par ailleurs sans contenu, ce qui les sécurise indiscutablement. Et c'est très bien ainsi, car hélas, la vérité est incurablement sacrilège. Elle inquiète, bien plus, elle dérange ... Dire qu'en maçonnerie il n'y a ni initiation réelle, ni processus initiatique authentique, mais seulement une incitation, c'est subversif et pour beaucoup, inacceptable. Pourtant, l'histoire est là, qui rappelle brutalement le vécu de l'expérience humaine depuis ses origines.

 

Il n'est donc pas sacrilège de dire ce qu'est la vérité initiatique, à quoi elle répond, sa finalité, ni d'aborder la spiritualité qui découle d'un processus aboutissant à l'initiation. Et il n'est pas blasphématoire de souligner que c'est de ce processus initiatique que naquirent les dieux et les religions; et que le christianisme lui-même est issu des mythologies qui le précédèrent. Ces religions explicitaient, parfois maladroitement, ce qu'avait révélé l'expérience psychique fortuite subie par l'homo sapiens et qui, renouvelée volontairement puis organisée, était devenue l'initiation. Au travers de sa conscience considérablement élargie, l'homme y avait trouvé compréhension de son propre univers et apaisement de l'angoisse qui l'étreignait devant les forces incontrôlables de la nature. Il en fit donc rapidement une institution qui dégagea une élite : les initiés. Ainsi s'établit la tradition initiatique, véhicule des moyens essentiels qui conditionnent l'épanouissement complet de l'individu qui est, en tant que tel, le devenir de l'espèce. Ceci est la vocation de l'Ordre maçonnique, porteur des symboles fondamentaux qui expriment les désirs et les espoirs de l'homme, depuis qu'il s'est révélé à lui-même être une personne. Chacun de nous est donc le seul artisan de son évolution possible et nul secours ne peut être attendu de l'extérieur.

 

L’auteur y développe : La terre, la mort, la renaissance, le testament philosophique, la bougie, la lumière, le coq, le phénix, le crâne, la faux, le sablier, le sel, le soufre, le mercure, le miroir, le pain, l’eau, vigilance, persévérance, V.I.T.R.I.O.L, le parfum et l’encens.

  

LE  CABINET  DE  RÉFLEXION             UN VOYAGE  INTÉRIEUR

PERCY  JOHN  HARVEY

ÉDITION   DERVY

 2010

L’itinéraire initiatique du franc-maçon dans le cadre du Rite Ecossais Ancien et Accepté,  ou au Rite de Memphis- Misraïm, comporte des parcours divers et, entre autres, des passages symboliques par des mondes souterrains dont l’emblème est la caverne.

 

Le premier d’entre eux est figuré par le cabinet de réflexion qui correspond à la phase de séparation destinée à la préparation du candidat. Il est en quelque sorte « l’antichambre » de l’initiation. Il est donc nécessaire de mettre en évidence cette première étape sur laquelle reposera toute la suite du cheminement initiatique.

 

Fondé sur l’analyse picturale, le livre de Percy John Harvey expose et explicite les symboles et les mécanismes symboliques qui sont à l’œuvre durant l’épreuve de la terre, qui représente la traversée souterraine du postulant jusqu’au moment de sa renaissance symbolique, cet instant qui débute dès le franchissement de la porte du Temple.

 

Un ouvrage qui permet de revisiter le Cabinet de Réflexion afin de revivre avec un autre regard cette expérience fondatrice pour l’homme.

 

L’ouvrage décortique les sujets suivants :

 

Les mystères d’Eleusis, le passage sous la bandeau, le labyrinthe initiatique et celui de Dédale, le mandala, le labyrinthe et la caverne, l’abandon des métaux dans la loge et hors de la loge, les métaux et les planètes, le cabinet de réflexion avec ses séquences de purifications et de réflexions, la voie alchimique et la voie maçonnique, le monde chtonien et celui de Cybèle, la représentation allégorique de la naissance et de la mort, la caverne et la montagne, la caverne de Platon, les chandelles, le crâne et le miroir, les vanités, la Prudence, le miroir et l’initiation, la carrière et la mine, V.I.T.R.I.O.L  emblème hermétique du cabinet de réflexions, L’Azoth d’Hermès, la Tabula Smaragdina, la table d’émeraude et ses textes, le faux miroir de Magritte, le temps linéaire et le temps circulaire, le sablier, l’épreuve de la Terre, la femme de Loth, la métanoïa, le testament philosophique, Cénesthésie du cabinet de réflexion, entretien de Jésus avec Nicodème, la régression symbolique, la vêture du postulant, son entrée dans le Temple et sa renaissance,….

 

 LE CABINET DE RÉFLEXION – UN ITINÉRAIRE MAÇONNIQUE

  Jean-Luc Adde

 Edition Cartouche

 2012

Photographe de profession et bien connu du monde maçonnique, J.L Adde est familier des collections privées, comme des signes qui jalonnent notre environnement quotidien et que ne peut déceler qu’un œil exercé et fin connaisseur de la chose maçonnique.

 

Dans ce petit album, l’auteur met en parallèle, les symboles maçonniques qui se trouvent dans le cabinet de réflexion, avec des paroles du rituel du 1e degré. Avec bonheur il fait vivre la phrase en la commentant par de très belles photos ce qui lui donne un parfum de mystère et de spiritualité.

 

Fidèle à ses maîtres mots, émotions et authenticité, il a choisi de ne pas cloisonner sa vision d’un univers habité de tableaux sensibles. Au gré des formules qu’il a choisies, les frontières s’estompent entre les époques et les voies. Le bois, l’ivoire ou encore la soie patinés par l’usage et le temps, revivent sous le regard averti du photographe.

 

Acteurs faussement muets d’une réunion d’un nouveau genre, ces dizaines de nos mystères, sévères ou souriants nous contemplent et nous amènent à une réflexion supplémentaire.

 

LE CANTIQUE DES CANTIQUES   - RITUEL INITIATIQUE   -                        N° 73

Michel Lapidus

Edition Maison de Vie

2016

S'il y a bien un texte déroutant dans la Bible, c'est le Cantique des cantiques. Reprenant la traduction de ce texte difficile, Michel Lapidus l'aborde ici en tant qu'oeuvre initiatique. Son interprétation approfondit le sens symbolique et ésotérique de cette oeuvre en s'appuyant à la fois sur une traduction suivie donnant le sens le plus couramment adopté par les différents traducteurs l'ayant précédé, et une traduction littérale entièrement nouvelle qui reste au plus près des mots, sans parti pris dogmatique. Ainsi parvient-il à entrer dans le jardin hermétiquement clos du Cantique des cantiques et à nous faire goûter la saveur du la saveur du secret qui l'irrigue

 

On trouve  de grandes différences dans les interprétations du Cantique des Cantiques. À la vérité, elles diffèrent parce que le Cantique des Cantiques ressemble à une serrure dont on aurait perdu la clé». Ainsi s’exprime Saadia ben Joseph, un commentateur juif du 10e siècle. Il y a bien une énigme du Cantique, qui apparaît dès qu’on envisage l’histoire de son interprétation depuis ses débuts. À de rares exceptions près (comme Théodore de Mopsueste vers 400), les Anciens ont lu naturellement le Cantique comme une allégorie de l'amour entre Dieu et ses fidèles (envisagés collectivement ou individuellement): pour les Pères de l’Église et les Médiévaux, comme pour les rabbins, la portée symbolique du Cantique était une évidence. C'est d’ailleurs ce mode de lecture qui a permis au Cantique de devenir la matrice scripturaire de la mystique chrétienne. Aujourd'hui, la majorité des exégètes estime, avec autant de bonne foi, qu'une telle interprétation appartient à un âge révolu de la lecture du texte biblique.

 

Certains lisent le Cantique comme un poème profane, un dialogue entre un homme et une femme qui s'émerveillent de la beauté du corps de l'autre. D’autres exégètes expliquent que, si le nom divin est absent du poème, c’est parce que le Cantique défend une conception désacralisée de l'amour érotique : le message théologique du Cantique serait de dire, paradoxalement, que l'éros est une réalité profane – ce qui ne veut pas dire profanée. La tendance croissante de ces dernières années consiste à rechercher un inter-texte biblique pour lire le poème. C’est en général les  chapitres 2–3 de la Genèse qui sont choisis: le récit du jardin d'Éden, où Adam découvre avec émerveillement sa compagne, Ève : «Pour le coup, celle-ci est l'os de mes os et la chair de ma chair. Elle sera appelée femme, car de l'homme elle a été tirée» (Gn 2,23). Le Cantique tenterait de déployer ces quelques mots admiratifs au sein d’un dialogue où la femme s’affirme comme l’égale de son partenaire masculin.  

 

La confrontation des principes herméneutiques des Anciens et des Modernes ne peut manquer d'interpeller ceux qui ont appris que l'histoire d'un texte n'est pas extrinsèque à celui-ci. «Le Cantique des cantiques, est l'un des textes qui peut le mieux illustrer l'opportunité d'une ouverture de l'analyse à l'histoire de la réception». Entreprise au 3e s. avant Jésus-Christ, la traduction grecque dite des Septante est la plus ancienne traduction de la Bible hébraïque (l’Ancien Testament des chrétiens). À ce titre, elle en est aussi la première interprétation. Elle a constitué la Bible de référence pour tous ceux qui, dans le judaïsme de langue grecque ou dans l’Église ancienne, n’avaient plus accès à l’hébreu. Elle a été la source d’interprétations originales, qui auraient été impossibles à partir du texte hébreu. Elle a acquis son autonomie et a eu sa postérité à travers les traductions latines, coptes, arméniennes, éthiopiennes, etc., qui l’ont prise pour base. Bien que la traduction grecque du Cantique soit très littérale, elle présente des options de traduction significatives. En fait, les thèmes du Cantique qui ont le plus inspiré la spiritualité chrétienne sont propres au texte grec : l’invitation à se connaître soi-même, la charité bien ordonnée (Ct 2,4), la blessure d’amour (Ct 2,5), et la maternité allaitante du Verbe divin (Ct 1,2). Cette version est digne d’intérêt, en particulier en raison de sa riche tradition d’interprétation.

 

Le fait que l’amour soit représenté dans le Cantique comme l’antidote puissant de la mort, a conduit certains chercheurs à trouver des rapports entre ce texte et les célébrations orgiaques des cultes funéraires babyloniens et grecs, tels que les attestent, entre autres, des textes ugarites. La présence obsédante de la myrrhe et des épices couramment utilisées dans ces banquets mortuaires et orgiaques, est invoquée comme pièce à conviction, ainsi que certaines données linguistiques. Rappelons que le grec herma, et l’ugaritique et l’hébreu yàd, « main », sont utilisés pour désigner le phallus et la stèle mortuaire. De même, en hébreu, « mémoire » et « phallus » semblent liés à la même racine, *dkr, *zkr. Comment ne pas prêter attention à ces interprétations quand on lit dans le Cantique que « l’amour est aussi fort que la mort » ?

 

Pour le texte français du Cantique, on lira Le Cantique des cantiques, suivi des Psaumes traduits et présentés par A. Chouraqui (PUF, 1970), ainsi que l’édition de la Pléiade. Trois procédés dominent ce texte : le superlatif, la comparaison et l’allégorie.

 

En effet, le terme de Shir ha-Shirim, « Le Cantique des cantiques », est un superlatif qui, d’emblée, excepte l’incantation amoureuse de tout autre discours, chant, sacré. Ce titre ne dévoile pourtant pas le ressort allégorique de l’incantation dramatique qu’il contient. Ce sera fait par le Livre des lamentations, qui porte en hébreu le nom du premier mot du texte « comme », èykàh (« Comme elle est assise à l’écart, la ville populeuse, elle est comme une veuve… »). Cependant, l’adverbe de comparaison, pivot des allégories, des symboles, du sens figuré, convient aussi bien, sinon plus, au chant d’amour qu’à la complainte. À moins que, réunis dans les Cinq Rouleaux, et séparés à peine par l’histoire de Ruth la Moabite, qui en assure peut-être plutôt la continuité heureuse, amour et lamentation ne soient des invocations jaillies du même fond d’incomplétude, de défaillance, d’appel au sens. L’amour comme plainte qui ne s’avoue pas ? La plainte comme amour qui s’ignore ?

 

La dramaturgie et la lyrique grecque d’une part, les cultes mésopotamiens de fertilité d’autre part, irriguent sans doute ce chant aux accents souvent païens qui trouve pourtant sa place naturelle dans la Bible. Les rabbins l’ont compris vers l’année 100, à Yabnéh, lorsqu’ils ont fini par accepter, non sans réserves, le dialogue amoureux au sein même des écritures sacrées. « À l’origine, les Proverbes, le Cantique des cantiques et l’Ecclésiaste furent supprimés : parce qu’ils étaient considérés comme de simples paraboles qui ne faisaient pas partie des Écritures saintes (les autorités religieuses) s’élevèrent pour les supprimer ; (et il en fut ainsi) jusqu’à la venue des hommes de Hezekiah qui les interprétèrent ». Rabbi Akiba, de son côté, défendit avec ferveur, et sans doute avec ironie, le droit de cité du texte contesté : « Dieu nous préserve ! Jamais homme en Israël n’a discuté le caractère sacré du Cantique des cantiques ; car le monde entier n’est pas digne du jour où le Cantique des cantiques fut donné à Israël. Si toutes les écritures sont saintes, le Cantique des cantiques est plus saint que les autres. »

 

le chantier de maÎtre hiram

Yann druet

EDITION TRÉDANIEL

 2000

L’ouvrage que chaque apprenti maçon doit avoir dans sa bibliothèque, source de références multiples et complexes sur les origines de l’architecture symbolique du Temple Maçonnique.


De l’Égypte ancienne, à la Mésopotamie, en passant par le monde hébreux, l’hellénisme, le celtisme, le songe médiéval, les kabbalistes et les occultistes élisabéthains, traversant les religions et les mystères initiatiques, une longue exploration des mythes qui ont constitué le fonds du symbolisme des espaces sacrés de la maçonnerie contemporaine.


Qui a construit le Temple maçonnique, pourquoi ? En intégrant quelles racines, quelles interrogations venues du fond des angoisses humaines ?

 

Quelles sont les relations entre le christianisme et le celtisme au regard de la continuité philosophique, métaphysique et ésotérique, les initiations antiques et la maçonnerie contemporaine ? Comment tout cela s’insère-t-il dans les rituels de l’espace maçonnique actuellement utilisés par les grandes obédiences françaises ?

 

La source mythique : Nous sommes au départ de la vraie source, celle mythique avec les récits bibliques se rapportant à la construction du temple, base invar i able de toute la franc-maçonnerie.

Passons sur les diverses histoires transmises par les livres des Rois et des Chroniques pour ne retenir que cette évidence qui nous intéresse aujourd’hui. Deux rois et un architecte organisent la construction du temple sacré.

Salomon roi d’Israël et Hiram roi de Tyr. L’architecte est Hiram-Abi. On savait que sa mère était de la tribu de Dan, et que son père était de Phénicie. Il est à la fois une énigme et le trait d’union entre deux rois. Selon les recommandations d’Hiram roi de Ty r, il construit le temple sur une vision de Salomon. Mais certainement après avoir eu une belle carrière d’architecte-sculpteur- alchimiste. Dans la légende, l’architecte qui façonne les métaux, principalement l’or et le bronze, va être le centre d’un drame. Dans nos rituels nous devons cet aspect aux Old Charges. Car le choix de l’architecte mythique, digne descendant de Tubalcaïn, est primordial. Dans la Bible, il disparaît de la narration. Le constructeur est-il rentré chez lui à Tyr? Il est oublié dès que son travail est accompli.

 

Dans un ouvrage de référence Jules Boucher cherche aussi une explication aux différents Hiram donnés dans la Bible. C’est un exercice assez périlleux, car il faut rester logique et ne pas confondre les personnages, qui sont nombreux. De plus, la traduction produit également des confusions. Vuillaume dans son Tuileur de 1820 nous dit qu’il faudrait écrire «Adonhiram». Hiram-Abi signifie le seigneur Hiram, autre manière de marquer sa déférence. Au sujet d’Adonhiram, il serait le fils d’Abda. C’est un haut fonctionnaire qui va servir trois rois d’Israël au Xe s. avant notre ère. Secondant le roi David pendant son règne, il dirige sous le roi Salomon la coupe des bois de cèdre et de cyprès en Phénicie, pour les besoins de la construction du temple.

 

Dans diverses cérémonies et rituels maçonniques le V é n é r able maître est associé à Adonhiram, chargé de conduire les travaux. Et ce qui devient digne d’intérêt c’est l’élément bois qui prend une certaine importance. Liée à la construction des navires et à l’arche de Noé, la loge primitive est une petite hutte de bois comme décrite plus haut. Hiram signifiant père, nous avons donc la trilogie suivante: Adonhiram assis sur le trône du roi Salomon, qui représente la sagesse, soit la compréhension et la conduite des travaux. Il est aussi associé à l’élément feu. Hiram roi de Tyr possède la force de la royauté, c’est l’élément air. Et Hiram-Abi détenteur des connaissances de la beauté correspond à l’élément air. Par lui commence la renaissance à la vie d’initié. Le quat r i ème élément, la terre, se rapporte au couvreur de l’atelier et, par synthèse, aux frères qui ornent les colonnes. A quelles divinités celtiques et nordiques cette analogie biblique fait-elle référence? Lug, la divinité au marteau? C’est très probable. Quelles runes magiques décrivent cette tradition? La loge est donc dirigée par trois Hiram, soit trois pères.

 

LE CHEVALIER ROSE+CROIX, 18e DEGRḖ DU RITE ḖCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTḖ      LES TABLEAUX DES APPARTEMENTS  -

 Percy John Harvey

 Edition Cépaduès du Midi

 2017

Si la littérature sur le grade de Chevalier Rose-Croix, l’un des fleurons de la Franc-maçonnerie, est déjà riche, elle est aussi inépuisable. Percy John, Harvey remarque que « Les Tableaux de Loge des Hauts Grades figurent rarement dans le Temple maçonnique, au cours des travaux d’un Atelier.

 

Ainsi, les tableaux des divers grades sont assez mal connus, tant dans leur organisation symbolique que dans leurs significations. ». C’est le cas pour ce 18° grade du R.E.A.A. dont les tableaux sont pourtant d’une très grande richesse et constituent un apport indéniable à sa compréhension.

 

Percy John Harvey a fait le choix d’étudier les tableaux des deux Appartements modernes. Il a sélectionné des représentations des XVIIIème et XIXème siècles pour servir à cette étude. Il nous rappelle tout d’abord l’intérêt majeur de ce grade :

« Le grade de Chevalier Rose-Croix, tel qu’il est présenté de nos jours, résulte d’une transposition maçonnique du récit de la Passion du Christ, et d’une réforme destinée à réduire les aspects d’une dogmatique chrétienne du rituel au profit d’un retour à un hermétisme chrétien, qui associait naturellement les « Arts métalliques » à l’Art des bâtisseurs. »

 

Les tableaux de ce grade introduisent ou réintroduisent des symboles remarquables dans un ensemble d’une très grande richesse. Ainsi la Pierre cubique associée à la Rose mystique ou les trois Vertus théologales induites par les trois symboles clefs du grade :

 

la croix, la rose, la pierre cubique à pointe. Percy John Harvey précise l’objectif de son étude : « Dans le cadre des tableaux des Appartements, le présent ouvrage tente de répondre aux questions majeures de représentation graphique abordée dans le rituel du 18° degré :

 

  • La transposition de la Rose-Croix catholique en Rose-Croix hermétique ;
  • La géométrie du Mont Calvaire ;
  • La transmutation de la Pierre cubique « suant sang et eau » en une rose mystique épanouie ;
  • Et certains détails graphiques propres aux évolutions des tableaux des Appartements depuis le XVIIIème siècle. »

 

Pour se faire, il étudie d’abord les courants d’influences, catholiques, rosicruciens, hermétistes, la légende du grade avant d’analyser dans le détail les tableaux. Comme toujours avec cet auteur, le lecteur bénéficie d’une iconographie riche et structurée, en couleur et d’une pédagogie éclairante, notamment sur la question centrale de la transformation géométrique de la Pierre cubique en Rose mystique et de ses développements, par exemple sur la symbolique du Mont Calvaire qui apparaît comme agent ou support de la transmutation de la Pierre cubique en Rose mystique. Ces tableaux, qui connaissent une évolution au fil des réformes du rite n’en conservent pas moins leur caractère hermétiste. Ils sont nous dit Percy John Harvey « des Livres Muets » qu’il convient de décrypter.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Les courants d’influence – les mystères – le courant rosicrucien -  la maçonnerie des hommes

Chapitre 2 : La légende du 18e degré – la pierre et le temple -  du tableau de loge à l’appartement – l’espace narratif du tableau allégorique –

Chapitre 3 : Les appartements de la maçonnerie des hommes – le tableau de la chambre des épreuves – les pierres des deux appartements –

Chapitre 4 : La transformation géométrique de la pierre cubique en rose mystique –

Chapitre 5 : Trois anciennes peintures des appartements – la parfaite union de Mons – La triple union de Perpignan -  éléments graphiques  -

Chapitre 6 : La réforme du rite écossais – le Tuileur de Vuillaume – tableaux du 1e et 2e appartement  -

Chapitre 7 : La géométrie du mont calvaire – La pierre cubique d’Antoine Chéreau  -géométrie symbolique

Chapitre 8 : Les opérations géométriques de la pierre cubique à la rose mystique – la maçonnerie des hommes – les tableaux du Suprême Conseil de France –

Chapitre 9 : Evolutions des tableaux des appartements -  Les 1e et 2e appartement –

Chapitre 10 : Les appartements modernes du rite écossais – les anciens tableaux du SCDF – les nouveaux tableaux du SCDF  -

 

LE CHEVALIER DE ROYALE-ARCHE – LA LḖGENDE D’HḖNOCH

Percy John Harvey

Edition Cépaduès

 2018

L'initiation au 13e grade décrite par les Rituels de Chevaliers de Royal Arch et de Grand Elu (édition provisoire 1983 et édition 1986) est commentée par les mentions suivantes : «Réduit à l'essentiel, le schéma des différentes versions apparues au cours du temps, rapporte que bien longtemps après la destruction du Temple de Salomon, trois mages de Babylone venus en pèlerinage découvrirent en explorant les ruines, une trappe qui fermait un puits profond». A l'issue de l'exploration et de la découverte de la Pierre d'Agate triangulaire, il est dit en conclusion par le mage découvreur (Gibulum) : «Apprenez maintenant que ce n'est pas Salomon qui fit creuser cet Hypogée, pas plus qu'il n'y cacha la Pierre d'Agate. Celle-ci fut placée par Enoch, le plus grand des Initiés, l'Initié initiant qui survit chacun de ses fils spirituels

Comme est connu Enoch, nom porté par plusieurs personnages bibliques et orthographié Enoch ou Hénoch. Il figure à quatre reprises dans l'Ancien Testament, trois fois dans la genèse et une fois dans l'Ecclésiastique. Personnage antédiluvien, il est donné comme fils de Caïn, donc petit-fils d'Adam et Eve (Genèse IV, 17-18) ou bien toujours de la descendance d'Adam mais à la septième génération, fils de Jared et descendant de Seth, dernier fils qu'eut Adam (Genèse V, 18,19). Cet Enoch «âgé de 65 ans eut un fils Mathusalem, marcha 300 ans avec Dieu et il engendra encore des fils et des filles». «Tous les jours d'Enoch, dit la Bible, furent de 365 ans». Sa fin est signalée par les versets 23 et 24 « Enoch marcha avec Dieu, puis il ne fut plus parce que Dieu le prit ». Après le déluge, toujours dans (Genèse XLVI, 9), Enoch se trouve être le premier fils de Ru ben qui était lui-même le premier né de Jacob. En conséquence cet Enoch serait le petit-fils de Jacob donc l'arrière-petit-fils d'Isaac et Rébecca de la souche immédiate des Douze Tribus d'Israël. Enfin l'Ecclésiastique l'évoque en disant « Enoch a été transporté pour servir aux nations d'exemple de repentir ».

Dans le Nouveau Testament il est fait mention d'Enoch dans l'Epître aux Hébreux (XI, 5) où Saint Paul affirme que « par la foi Enoch fut enlevé pour ne point passer par la mort» et dans l'Epître de St Jude (1,14) l'apôtre prétend «qu'Enoch le septième depuis Adam a prophétisé contre les impies ». C'est évidemment le personnage du chapitre V de la Genèse, celui de la septième génération après Adam qui est pris en considération et reconnu par le Nouveau Testament. Son élévation miraculeuse au ciel sera un thème qui, bien qu'ignoré de St Jean et de St Mathieu se trouve signalé par St Marc et St Luc, ce dernier situant même avec précision le phénomène de l'ascension du Christ 40 jours après Pâques dans les Actes des Apôtres (I, 3, 9 et 11). Inspiré par la légende d'Enoch, rédacteur d'Evangile, auteur présumé des Actes et médecin, St Luc est-il le bienfaiteur à qui nous devrions la transmission du fait miraculeux et en même temps la célébration de la fête avec prescription du repos.

LE LIVRE D'ENOCH : D'aucuns pensent que nous devons à Enoch le plus vieux livre du monde. Le livre d'Enoch était bien en effet un ouvrage que lisaient les premiers chrétiens. Il appartient au genre apocalyptique, contient des visions et des paraboles relatives à la fin du monde et fait allusion à des anges descendus sur la Terre. Considéré comme apocryphe on a le loisir d'interpréter ce mot, à la fois dans son sens littéral dérivé du grec (apokykos) caché, tenu secret, et dans son sens d'emploi courant où il qualifie un texte faussement attribué à un auteur. Anatole France écrit par exemple «ce qui nous a été conservé du livre d'Enoch est visiblement apocryphe ». Nous devons bien convenir que rien n'est certain en ce qui concerne l'auteur et la date de rédaction de cet ouvrage qui s'étend en 82 chapitres sur la Genèse. Est-il antérieur à la Bible et peut-il se revendiquer comme e premier manuscrit du monde ? C'est vrai que le Zohar ou livre des splendeurs, Bible des Cabalistes fait plusieurs fois mention du Livre d'Enoch. N'est-il qu'une compilation dont les parties les plus anciennes dateraient de 2 siècles avant J.C. tandis que les plus récentes seraient contemporaines de l'ère chrétienne ? Aurait-il été écrit seulement au début du règne d'Hérodote le Grand, c'est-à-dire environ 40 ans avant J.C. ? Il est très difficile de trancher.

Quoi qu'il en soit il est certain que l'ouvrage était connu et lu par les premiers chrétiens. Il a même été admis comme authentique et considéré comme canonique par l'Eglise primitive jusqu'au 4e siècle. Tertullien, apologiste chrétien, le cite d'ailleurs dans ses ouvrages au début du 3e siècle. Tertullien, carthaginois converti au christianisme, devenu prêtre vers la quarantaine, a quelquefois sympathisé avec l'hérésie. Ecarté par l'Eglise à la suite du Concile de Laodicée (366) qui fit défense de parler des anges et des hiérarchies divines, pratiquement condamné, le livre fut abandonné et oublié pendant des siècles. On le croyait perdu ou disparu à jamais. Miraculeusement en 1769, Jacques Bruce retrouva en Abyssinie trois exemplaires manuscrits qui en contenaient une traduction éthiopienne ! Deux copies existent en Angleterre et une à Paris. Ainsi après 14 siècles d'oubli, Jacques Bruce, grand voyageur écossais, descendant plus ou moins authentique par les femmes, des Anciens Rois d'Ecosse, découvre, rapporte et fait connaître le Livre d'Enoch ou tout au moins une copie découverte quelque part en Abyssinie parcourue de 1768 à 1772 par cet intrépide explorateur à la recherche des sources du Nil Bleu. L'événement est extraordinaire. La réapparition subite des manuscrits du Livre d'Enoch à l'époque des lumières les soumet à l'examen et relance une affaire et un débat que l'on avait oubliés depuis longtemps et considérés comme éteints. Depuis, des thèses nombreuses, contradictoires et même parfois des hypothèses où l'imagination se donne libre cours, s'affrontent sur le sujet.

Doit-on penser que le retour de Bruce en Europe en 1772-73, la réapparition après 14 siècles d'oubli et la diffusion du contenu des manuscrits du Livre d'Enoch ont été les motifs, les éléments et finalement les raisons essentielles et déterminantes de l'introduction de la légende d'Enoch dans les Rituels maçonniques dès le début du 19e siècle ? Enoch, personnage de l'Ancien et du Nouveau Testament, retrouvé au 18e siècle, par un livre qui lui est attribué, remis au goût du jour par un Ecossais revendiquant une filiation avec les Rois d'Ecosse, protecteur de la F... M... jacobite, source possible sinon probable du Rite Ecossais, a-t-il été le mythe présentant toutes les qualités requises pour constituer le pivot d'une légende qu'on pouvait aisément inclure dans le symbolisme maçonnique. Dans ce symbolisme, la légende d'Hiram apparue quelque part en Angleterre ou en Irlande vers le milieu du 18e siècle, rapidement intégrée et absorbée par le grade de Maître, a engendré finalement toute la série des Hauts Grades. A l'imitation du psychodrame qui en fut tiré et qui nourrissait les Rituels des Loges symboliques, les grades de vengeances étaient créés pour introduire une suite au meurtre d'Hiram qui ne pouvait rester impuni. Il est possible alors qu'ait été ressenti la nécessité d'une autre légende particulière aux Hauts Grades pour servir d'introduction aux Grades Chevaleresques. Celle d'Enoch retrouvée n'était-elle pas l'occasion opportune ? Son origine biblique et sa nature plaidaient en sa faveur. Un Temple dédié au mystérieux Enoch n'était-il pas un symbole idéal ?

Le personnage aussi apparaissait comme le centre d'un rayonnement éclairant de multiples traditions et le commencement d'une longue marche de l'humanité. Certes, dans la multiplicité des figures de l'Ancien Testament, le choix s'est porté, non pas sur Enoch fils de Caïn, mais sur Enoch le patriarche, fils de Jared, père de Mathusalem et arrière-grand-père de Noé. Personnage antédiluvien, son existence antérieure à la civilisation hébraïque laissant le champ libre à l'imagination des adeptes de l'ésotérisme. On voudra bien convenir que ce qu'apporte d'intéressant Enoch est surtout le fait de sa mort. Pour la première fois dans l'histoire du monde on voit apparaître une conception de la vie après la mort. En effet tout comme Elie prophète de l'Ancien Testament enlevé au ciel dans un char de feu (les Rois), Enoch a été transporté directement au ciel (Genèse v), sans passer par le Shéol, c'est-à-dire l'équivalent sémitique de la conception de Hadès Dieu des Enfers dans la mythologie grecque. Aussi bien avant le Roi David qui l'avait projeté, bien avant le Roi Salomon qui l'a édifié, un autre Temple aurait existé, au même emplacement et c'est Enoch qui l'aurait bâti.

C'est par cette entreprise et par cette entremise qu'Enoch entre dans nos légendes où nous le considérons au fil de notre imaginaire et tour à tour, comme le bâtisseur du plus ancien Temple du Monde, comme le premier maître ascensionné, comme le graveur du nom Ineffable sur la Pierre d'Agate, et que nous l'admettons enfin dans nos Rituels du Rite Ecossais Ancien et Accepté comme le premier Initié du Monde. Il méritait bien l'essai d'un propos afin de le mieux connaître. L'approche ne va pas sans difficulté de toutes sortes et n'est certainement pas exempte d'inexactitudes ou d'erreurs. Mais elle répond à une nécessité et à une exigence qu'on peut formuler en reprenant deux idées majeures puisées dans les dernières études publiées des Travaux de Sources. La première affirme que nos rites s'explicitent par des mythes que celui de la découverte du Temple d'Enoch en est un et qu'il nous invite à faire partir de nous la force de nos commencements, à la chercher non pas derrière nous mais en avant de nous. La deuxième idée confirme que : si au 13e grade, Enoch est présenté comme le premier Initié initiant dont nous sommes les fils spirituels, c'est que la quête de la spiritualité apparaît comme étant vraiment l'exigence centrale des Hauts Grades maçonniques.

 

Au sommaire de cet ouvrage :  Les loges symboliques  -  les couleurs du rite  -  la parole perdue et la Vérité  -  le symbolisme de la Voûte  -  le discours historique du grade au 13e degré  -  Enoch, patriarche antédiluvien  -  la grande légende d’Enoch  -  la vision du Tétragramme  -  le Déluge  -  les 2 colonnes et l’Arche de Noé  -  Moïse  -  l’Exode  - le lion gardien de l’Arche d’Alliance  - le Temple de Salomon  -  la voûte sacré et les couloirs du Palais  -  le temple d’Enoch  -  la descente dans les 9 voûtes  -   la découverte et la remontée du Tétragramme  -   la croix d’Enoch et de Salomon  -  les secrets du grade, les officiers, le nombre 9 et les décors  -  la Loge Royale  -  les triades et le ternaire - 

 

LE CHŒUR DES MAÎTRES. Le travail en séminaire de Maîtres.  Le rituel d’Elévation 

Sophie  PERENNE

Edition La Maison de Vie 

 2012

En Franc-maçonnerie, le grade de Maître est essentiel. Mais est-il suffisamment compris, étudié et surtout vécu ?

 

L’auteur met en évidence l’intérêt de séminaires ou de réunions ayant pour but d’approfondir ce grade parfois difficile d’accès, d’en élargir la vision et de s’interroger sur l’application de la maîtrise en loge et dans la vie. S’appuyant sur une longue expérience, elle dégage l’esprit qui devrait présider à ces réunions et donne des pistes concrètes tant pour leur organisation que pour leur accompagnement. Enfin, elle propose plusieurs interprétations du rituel d’élévation susceptibles d’enrichir le dialogue entre Maîtres.


Ce livre se présente donc comme un outil inédit et indispensable pour tous les maçons désireux de s’enrichir et de comprendre ce qu’ils ont vécu, afin aussi de les préparer à leurs futures responsabilités.

 

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

Pourquoi faire des réunions ? – avec qui et comment faire ces réunions – l’esprit qui doit présider au travail – Rassembler ce qui est épars – la cérémonie d’élévation – le meurtre – des compagnons qui tuent le Maître et le Maître qui tue DS compagnons – les divers coups portés – la dormition – les outils – les voyages des compagnons et ceux des Maîtres – le relèvement – la chair quitte les os – palingénésie et ordalie – qui est Hiram – a quoi reconnaît-on le Maître ? – le tracé – les responsabilités – la transmission – la parole perdue – les pierres – les lumières – la lettre G – le chiffre 3 – de midi à minuit – je ne sais ni lire, ni écrire – Faut-il tuer le Maître ? - 

 

l’Éclectisme maçonnique suivi de : hermÉneutique maçonnique & philosophie biblique

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE- CLAIR

 2003

Née en Angleterre vers 1356, la Franc-maçonnerie opérative anglaise fut d’abord catholique avant de devenir anglicane en 1534. Le contenu biblique des textes fondateurs (Anciens devoirs) de cette maçonnerie opérative atteste l’essence originellement biblique de la maçonnerie. Cependant au fil des siècles la maçonnerie subit diverses métamorphoses qui, en diversifiant son identité primitive, finirent par faire de cette ancienne corporation professionnelle chrétienne une expression moderne de la tradition de l’éclectisme.

 

Vers 1637 la maçonnerie écossaise, de confession calviniste, élabora le rite du Mot de maçon qui contribua à transformer l’ancienne maçonnerie opérative en maçonnerie spéculative. En 1723 les Constitutions d’Anderson et de Désaguliers présentèrent la religion naturelle comme la base morale de l’Ordre maçonnique. Mais l’introduction de la religion naturelle dans les loges y introduisit à sa suite la philosophie ainsi que les diverses formes de déisme qui favorisèrent à leur tour l’apparition de l’athéisme théorique et de la libre pensée dans les loges.

 

Enfin l’exégèse allégorique du temple de Salomon céda le pas en 1696 à l’interprétation symbolique du temple, introduisant ainsi en maçonnerie l’étude de l’ésotérisme. La pénétration successive de ces divers points de vue en maçonnerie n’explique pas seulement la genèse de l’éclectisme maçonnique : elle invite à réfléchir sur les conséquences et sur les enjeux de la coexistence légitime et pacifique de ces divers points de vue au sein du même Ordre maçonnique.

Le second essai de ce recueil, intitulé Herméneutique maçonnique et philosophie biblique, a pour but de rappeler que la culture franc-maçonnique fut d’essence biblique dès ses origines historiques (XIVème siècle), et que la Franc-maçonnerie intégra au fil du temps, à sa tradition, des instruments herméneutiques (arts libéraux, typologie, exégèse symbolique, méthode géométrique, pragmatisme inculqué par le travail, cinq sens, connaissance de soi) qui étaient parfaitement adaptés à la mise en lumière de la philosophie de la Bible.

 

Faits historiques et aspects méthodologiques qui nous invitent à poser la question : quelle fut ou quelle peut être aujourd’hui la contribution de l’herméneutique maçonnique à la mise en évidence de la philosophie biblique ? C’est ce que cet exposé examine avec la plus grande précision possible.

 

LE COMPAS ET L’HERMINE      UN REGARD SUR LA FRANC-MAÇONNERIE  EN BRETAGNE AUJOURD’HUI

Arnaud D’Apremont

Edition Coop Breizh

 2019

Cet ouvrage à caractère historique et sociologique sur la Franc-maçonnerie en Bretagne fait suite à un travail de recherche universitaire conduit par l’auteur dans le cadre de l’Université Rennes-II. Comme pour toutes les autres études de même type, l’intérêt dépasse largement le seul contexte maçonnique pour éclairer des aspects historiques et sociétaux plus larges. D’emblée la question de la Franc-maçonnerie en Bretagne se confronte à des interrogations.

Qu’en est-il de la Franc-maçonnerie dans une région si catholique et résistante à certains bouleversements révolutionnaires ? Comment s’inscrit l’universalisme maçonnique dans une région à forte identité comme la Bretagne ? La Franc-maçonnerie n’a plus à démontrer sa capacité d’adaptation culturelle et sa nature protéiforme. Elle sait se réinventer pour s’inscrire dans les particularités locales.

 

Arnaud d’Apremont a voulu par cette recherche réaliser « une photographie sociologique actuelle de la maçonnerie en Bretagne et surtout de ses différences ». Si l’étude n’est pas historique, elle prend appui sur l’histoire pour mieux mettre en évidence les nuances et les complexités de la Franc-maçonnerie en Bretagne plutôt que l’existence d’une « Franc-maçonnerie bretonne » : « Assurément, nous dit-il, quand il s’est agi d’entamer cette réflexion sociologique sur la maçonnerie bretonne et que, par nature, il était nécessaire de s’adresser à des témoins maçons pour en rassembler la matière, le sens de la démarche ne fut pas toujours compris.

 

Plus exactement, certains s’imaginèrent qu’il s’agissait de démontrer une dimension bretonne, voire irrédentiste, de la maçonnerie armoricaine. De toute la maçonnerie armoricaine. Ce n’était bien évidemment pas le cas.

A aucun moment, il n’a été question de trouver des spécificités s’appliquant à l’ensemble de la maçonnerie telle qu’elle est vécue en Bretagne. Au contraire, cette recherche ne se voulait qu’une approche en nuances et une approche des nuances de la maçonnerie bretonne, moins celles peut-être qui différenciaient symbolisme et sociétal – la vieille fracture parcourant l’Ordre fraternel en général, mais aussi la société – que celles qui distinguent jacobinisme centralisateur et girondisme décentralisateur…

 

Ces nuances, nous les retrouverons de fait et nous les confronterons, in fine, à l’idée développée notamment par Jean-Michel Le Boulanger, en reprenant le concept d’une autre Bretonne émérite, l’historienne Mona Ozouf, dans sa Composition française. »

 

Pluralité donc, complexités, nuances… qui font aussi richesse. Nous l’avons compris, il s’agit d’une Franc-maçonnerie vivante. La première partie de l’ouvrage présente de manière très synthétique l’histoire générale de la Franc-maçonnerie afin de donner ou rappeler au lecteur quelques repères indispensables à la compréhension du sujet. La deuxième partie, la plus conséquente, analyse la pratique maçonnique en terre celtique : typologie, obédiences, rapports au religieux, rapports à la terre et à la culture bretonnes, rapport à la langue bretonne, antimaçonnisme en Bretagne, etc. De nombreuses annexes et bibliographies viennent enrichir l’étude. La dernière partie de l’ouvrage présente une étude sur l’influence de la Compagnie de Jésus en Bretagne au XVIIème siècle et sur ses relations avec une Franc-maçonnerie alors émergente, principalement à travers l’action de deux personnalités : Julien Maunoir et Michel Le Nobletz.

 

Cette étude, très étayée, sur la vie maçonnique en Bretagne permet de mieux saisir les possibilités de rapports créatifs entre le local et l’universel qui, au lieu de s’opposer, constituent alors une dynamique féconde face aux crispations mortifères. Après y être longtemps restée marginale, notamment à partir de la fin du XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie connaît de nouveau un certain essor depuis la fin du XXe siècle en Bretagne. Et en tout cas, un essor suffisant - et parfois inédit (par exemple, l'existence d'une chaire universitaire de maçonnologie à Rennes dans la décennie 1980, unique au monde ) - pour s'intéresser à ses spécificités éventuelles. En complément de ce travail sur la franc-maçonnerie bretonne, on trouvera une courte étude sur l'influence de l'ordre jésuite en Bretagne au XVIIe siècle et sur son rôle potentiel, précisément, dans l'émergence et la structuration de la franc-maçonnerie et d'autres démarches initiatiques et fraternelles au cours de cette période. Il s'agit là encore d'une matière quasiment pas étudiée aujourd'hui, mais riche de conséquences pittoresques et paradoxales

  

le cÔtÉ occulte de la franc-maçonnerie

C.W. LEADBEATER

EDITION  ADYAR

 2001

L’auteur remonte à l’Égypte et nous fait assister aux célébrations des mystères de l’Égypte antique de cette façon il essaie de nous faire comprendre le but ultime de la F.M. On y retrouve les rituels, la décoration des loges, l’initiation, le passage et l’élévation, l’ouverture et la fermeture et toutes les explications du mode opératoire.

 

Mme Annie Besant et Mgr Charles Leadbeater (fondateur de l'Eglise Catholique Libre qui, soit dit au passage, est officiellement reconnu par le Vatican) étaient deux initiés des plus pertinents. Particulièrement Charles Leadbeater dont les écrits révèlent une connaissance sérieuse de certaines subtilités ésotériques.  Néanmoins, en parallèle des luttes intestines et des scissions qui secouèrent la Société Théosophique (certains scandales et évènements ont entaché de façon notable la Société Théosophique. Et on peut dater une perte d'influence de ce groupement spiritualiste à partir des années 1930 (bien que, en Inde, la Société Théosophique ait continué de lutter pour une reconnaissance de l'indépendance et exerce, encore aujourd'hui, une influence sensible).

Charles Leadbeater a, en effet, été accusé d'homosexualité et de pédophilie. A l'analyse des faits, Charles Leadbeater était effectivement homosexuel. Quant aux accusations de pédophilie, elles ont reposé sur des propos qu'aurait tenus Charles Leadbeater en face d'enfants accueillis en catéchisme. Dans une rencontre de l'Eglise Protestante à New York, de profession de foi catholique, Charles Leadbeater avait commis la faute d'être trop progressiste pour l'époque (fin 19ème siècle) : il expliquait aux enfants que la masturbation était une chose naturelle pour l'émancipation de l'individu.

Si l'affaire fit scandale et finalement amoindrie, les voix à l'encontre de Mgr Leadbeater reprirent de plus belles lors de l'évènement Krishnamurti et l'Ordre de l'Etoile. Annie Besant et Charles Leadbeater, convaincus de voir en un jeune enfant hindou l'avatar d'un initié de haut degré, l'adoptèrent et prirent pour décision de fonder un Ordre (l'Ordre de l'Etoile) visant à former l'enfant à la spiritualité occulte. Ce dernier, qui deviendra l'illustre philosophe hindou du nihilisme bouddhiste au rayonnement mondial que l'on connaît - Krishnamurti - parvenu à sa majorité, prit la décision de dissoudre l'Ordre de l'Etoile et d'affirmer son refus en bloc de la Société Théosophique. Cet évènement majeur annonça le déclin de la Société Théosophique


Si cet évènement a fortement marqué la Société Théosophique où les enseignements de Mme Annie Besant et, surtout, de Mgr Leadbeater, demeurent véritablement pertinents. Il est alors nécessaire de faire une mise au point essentielle : de notre opinion, peu importe la façon dont les évènements se sont déroulés. C'est dans la renaissance des impulsions qui ont animé les courants à leurs origines, et cela sous d'autres formes que l'intérêt, la quintessence, peut être trouvée. Seuls importent les enseignements ésotériques et leur teneur.

 

LE CROISSANT ET LE COMPAS – ISLAM ET FRANC-maçonnerie – DE LA FASCINATION A LA DḖTESTATION -

Thierry  Zarcone

 Edition  Dervy

 2015

Les premières loges maçonniques en Orient musulman virent le jour à l'initiative de diplomates, de commerçants et de résidents étrangers. Du Maroc à l'Indonésie, elles furent nombreuses et prospères tant que le pouvoir en place - faible ou aux mains d'Européens - les tolérait ou les soutenait.

Longtemps, l'initiation d'indigènes resta inenvisageable ou écartée pour cause de différences tenant à la religion, au niveau et au mode d'éducation ou au statut du pays.

 

Cet obstacle fut franchi au début du XIXe siècle. La croyance en un Dieu unique, éventuellement désigné par l'expression œcuménique " Grand Architecte de l'Univers ", était partagée, le néophyte pouvant exiger la présence du livre saint de son choix lors de sa réception. Des notables et même des souverains (Turquie, Maroc, Inde) entrèrent ainsi dans l'Ordre. L'étonnante similitude de certaines entités doctrinales orientales (bektachisme), depuis toujours implantées et acceptées, avec les pratiques des loges, facilita cette expansion.

Les rapports s'inversèrent avec l'irruption de trois facteurs conjugués : la suppression, par la principale obédience française, en 1877, de l'obligation de croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme - et la radicalisation extrême de régimes politiques orientaux hostiles à toute réunion ou organisme agissant sous le sceau du secret.

 
Les rites et les mythes maçonniques étant largement inspirés, jusque dans les hauts grades, par l'Ancien et le Nouveau Testament, le soupçon, répandu par une abondante littérature antimaçonnique, selon lequel la franc-maçonnerie est un tentacule sioniste, fit le reste. Les loges ne subsistent plus, de nos jours, que dans quatre des pays où l'islam est prépondérant : la Turquie, le Liban, la Malaisie et le Maroc. Ce livre est l'histoire d'une relation qui fut féconde et fraternelle.

L'entreprise de cet ouvrage impliquait une connaissance tant de la franc-maçonnerie dans sa forme occidentale que du soufisme - une capacité à déceler des parallèles tout en gardant conscience des différences. Zarcone distingue secret - indicible - et sociétés secrètes - auxquelles le secret donne leur raison d'être, mais qui en est indépendant et peut également être cultivé dans des sociétés non secrètes, telles que les confréries soufies dans l'Orient islamique. Zarcone est d'ailleurs réservé quant à l'utilisation du terme d'initiation pour décrire la cérémonie de rattachement à une tarîqa soufie

 

L'auteur évoque tout d'abord le contexte général: les premières présentations de la franc-maçonnerie par des auteurs de ces pays, en particulier la Turquie, les premières divulgations sur la franc-maçonnerie. Mais aussi la prolifération des sociétés secrètes dans l'Empire ottoman. Ces sociétés secrètes avaient souvent pour modèle, pour source d'inspiration, la franc-maçonnerie française et italienne ainsi que la Carboneria. C'est l'influence du Grand Orient qui se faisait sentir, même si les francs-maçons proprement dits en terre d'Islam ne partageaient pas le rejet de la mention obligatoire du Grand Architecte de l'Univers auquel aboutit l'obédience maçonnique française à cette époque.

 

Les groupes qui naissent dans ces pays de tradition musulmane sont donc généralement des groupes réformistes. Les musulmans qui s'intéressent à la franc-maçonnerie sont pour la plupart des réformistes. L'on pourrait alors s'étonner de l'association au soufisme, puisque les réformistes ne passent pas pour y avoir été particulièrement favorables. Laissons Thierry Zarcone nous expliquer pourquoi ce jugement doit être nuancé, dans ce passage où il évoque le réformiste Malkum Khân, fondateur d'une société paramaçonnique en Iran en 1858: "Au premier abord, il est surprenant qu'un penseur réformiste s'intéresse au soufisme et, surtout, qu'il lui consacre une part aussi importante dans son projet de modernisation des esprits en Orient. En fait, le soufisme connaît plusieurs dimensions et, d'une manière générale, ses formes populaires, imprégnées de superstitions et de pratiques magiques, sont rejetées par les réformistes alors que ces derniers font bon accueil, dans la mesure où celles-ci ne fuient pas leurs responsabilités politiques, à sa forme savante qui regroupe les confréries. Il y a donc, ainsi que certains d'entre eux l'ont écrit, un bon et un mauvais soufisme. D'un autre côté, le soufisme séduit les réformistes car il autorise une forme de liberté dans le commentaire du Coran. Ibn `Arabi, l'un des principaux représentants de ce courant, encourage, par exemple, la réouverture de la porte de l'ijtihâd, ce qui signifie commenter le Coran en faisant un usage indépendant de sa raison, un procédé interdit depuis plusieurs siècles par les écoles de droit musulmanes qui s'opposent à toute espèce d'innovation."

 

Ce réformisme se retrouve sous des formes diverses quasiment dans toutes les sociétés secrètes ou paramaçonniques qui émergent en terre d'Islam, y compris dans un groupe évoqué par Zarcone au cœur de l'Asie centrale, à Boukhara: la Société pour l'éducation des enfants a bel et bien pour but de promouvoir l'éducation des enfants, mais en les envoyant dans des écoles modernes, séculières, à Istanbul - alors que l'émirat de Boukhara leur préférait les écoles religieuses. Comme d'autres associations, celle-ci est influencé par le modèle turc du Comité Union et Progrès. Son fonctionnement était celui d'une société secrète, avec signes de reconnaissance,

 

Une telle société poursuivait bien entendu des objectifs sociaux et politiques. Zarcone remarque que certaines d'entre elles réduisent le cérémonial à peu de chose tandis que, à l'inverse, existent "des organisations paramaçonniques séduites et même fascinées par le cérémonial et la langue symbolique de la Franc-Maçonnerie, par son emblématique hermétique, dans laquelle elles reconnaissent la symbolique du soufisme et celle des corporations de métiers musulmanes"

 

Plusieurs groupes examinés par Thierry Zarcone incluaient nettement - à côté de buts politiques - des idéaux religieux. L'un des exemples les plus remarquables que présente son ouvrage est celui de la Confrérie de la Vertu, fondée à Istanbul dans les années 1920, à l'initiative d'un militaire soufi de l'ordre de Bektachis, avec l'aide de shaykhs soufis et de francs-maçons Dans ce cas-là, cependant, il ne s'agit plus de réformisme: durant sa courte existence (elle fut interdite en 1925), la Confrérie de la Vertu allait s'opposer aux réformes kémalistes et prendre la défense du califat. Il s'agissait d'une franc-maçonnerie qui se voulait musulmane - et à laquelle il fallait d'ailleurs être musulman pour adhérer. Preuve s'il en est qu'un habit maçonnique peut recouvrir différents contenus politiques...

 

Il est intéressant d'observer que Turcs et Persans qu'attiraient le cérémonial maçonnique et qui créaient des sociétés paramaçonniques ne l'adoptèrent pas purement et simplement, mais "éprouvèrent le besoin de le transformer pour mieux l'adapter à son nouveau cadre religieux et culturel". Zarcone remarque au passage qu'il y a eu des tentatives semblables (plus récentes) d'adaptation au milieu shinto et bouddhiste au Japon C'est à travers tous ces aperçus inattendus, levant un coin du voile sur des associations discrètes et largement tombées dans l'oubli, que Thierry Zarcone offre riche matière à réflexion.

 

LE  DEVOIR  et les devoirs

DIVERS AUTEURS

Edition ARCADIA

 2008

Au jour de son initiation, le profane qui entre dans le cabinet de réflexion pour subir sa première épreuve, celle de la Terre, connaît déjà son premier contact avec la notion du Devoir lorsqu’il est invité outre la rédaction de son testament spirituel et philosophique, à répondre à ces trois questions :

 

Qu’est-ce qu’un homme doit à son créateur ?

Que se doit-il à lui-même ?

Que doit t-il à ses semblables et à sa patrie ?

 

Il faut savoir que cette notion de Devoir et devoirs n’existait pas dans les anciens rituels, elle rentre dans les rituels modernes depuis les années 1950. Au grade de Maître secret, pratiquement tout le rituel est axé sur une notion de devoir qui mène au Devoir fondamental. La réalisation de ce dernier est présentée comme une phase essentielle et incontournable à toute progression initiatique.

 

Ce devoir est une obligation qui s’impose à la conscience et au libre arbitre de chacun. Il se présente comme impératif positif ou comme interdit négatif, selon l’état des connaissances et des expériences acquises. On peut considérer qu’il existe deux sortes de devoirs :

 

1/ Le devoir naturel : Ce type de devoir peut varier indéfiniment car il est tributaire des critères moraux qui diffèrent selon la religion, la société, le pays, l’ethnie…. Et c’est en fonction de ces différents paramètres que s’établit une hiérarchie des divers devoirs envers l’individu et la société. Ce devoir est d’ordre social sans caractère initiatique.

 

2/ Le Devoir essentiel : C’est le Devoir envers le G.A.D.L.U, qui est de rechercher la Parole perdue, la Vérité, en rassemblant ce qui est épars. Au travers de ses exigences d’ordre principiel on peut définir un ensemble de devoirs envers autrui et soi-même. C’est la conscience du devoir que le chemin initiatique éveille en chacun.

 

Cette notion de devoir est omniprésente dans tous les rituels des trois premiers degrés. Parmi les devoirs contractés on peut mentionner le devoir de méditer les enseignements du rituel, les devoirs contenus dans l’obligation prêtée, dont le devoir d’assiduité, celui de garder le silence vis-à-vis des profanes, de rechercher la justice en toutes occasions, d’aimer ses frères, de se soumettre à la loi et à la discipline etc…On remarquera qu’il ne s’agit que des devoirs et non du Devoir

 

Pour le Devoir son accomplissement fera que chacun partira à la recherche de la Parole perdue et du Maître qu’il est virtuellement, afin de se rapprocher de la Vraie Lumière, incarnée en la personne de Maître Hiram, représentant l’initié parfait.

 

Daniel Goigoux développe diverses interrogations sur le thème du devoirs et Devoir. Le Devoir est sans doute la grande Loi de la Maçonnerie, c'est-à-dire la recherche de la Parole perdue, recherche gnostique par excellence, il rappelle, une phrase du rituel : « Il est plus facile de faire son Devoir que de la connaître ».

 

Jean François Blondel nous emmène dans le compagnonnage opératif avec Les devoirs du Maçon de métier. Ces devoirs ou Old Charges qui régissaient la vie des anciens maçons et leur donnait un code de vie et de conduite. Trois directions était données, les devoirs vis-à-vis du métier et de la corporation- les devoirs vis-à-vis de la morale ou de la société – les devoirs vis-à-vis de Dieu et de la religion –

 

Michel  Cugnet explique pourquoi le Désir d’amour est le premier devoir de la quête d’un Franc-Maçon en développant la Charité, la Bienfaisance et l’Initiation. Ces états commencent par la prise de conscience de son propre Soi et de l’Amour divin. L’engagement moral de chacun est très important.

 

Robert Amadou, décortique la phrase d’Anderson sur Dieu, la Religion, le libertin et l’athée stupide. Pour lui ce mot stupide est une bévue, mais il essaie de se replacer à cette époque et d’expliquer ces mots dans le contexte.

 

André Chopard, avec son titre : Francs-Maçons dans la tourmente, nous fait revivre l’époque difficile de l’annexion de l’Autriche, l’occupation des Sudètes et l’invasion de la Tchécoslovaquie le 1e Septembre 1939, moment qui précède la guerre mondiale. Il rappelle comment et pourquoi les loges maçonniques furent occupées, fermées et pillées, comment les Francs-maçons réagirent dans les pays occupés et dans les camps de prisonniers.

 

LE DRAPEAU NOIR- anarchistes – francs-maçons & autres combattants de la libertÉ

Édouard boeglin

EDITION B. LEPRINCE

 1998

Ils ont été révolutionnaires, anarchistes, francs-maçons – souvent les deux – libertaires, combattants de l’utopie. Malgré leur défaite apparente depuis 1789, ils ont conquis le monde à leurs idées. Vérifiant ainsi l’adage « La Franc-maçonnerie nulle part, les Francs-maçons partout ».

 

Anarchisme et Franc-Maçonnerie sont deux courants de pensée et deux mouvements d'action qui s'inscrivent dans l'humanisme, lequel est né avec la premier humain ayant pris conscience de ce qu'il-elle pouvait naître à son humanité s'il-elle en faisait librement le choix. Dans les deux cas, à l'origine, il y a nécessairement un choix, le choix de s'engager. Les engagements anarchique et maçonnique sont scellés par la liberté : la liberté du choix de l'individu d'abord qui, un jour, décide d'entrer en anarchisme ou en Franc-Maçonnerie – voire, en l'un ET en l'autre - ; la Liberté ensuite, avec un grand "L", constitutive à la fois de l'humaine condition : l'humanité par différenciation d'avec le non-humain, le pré-humain, l'a-humain, l'in-humain, du projet anarchique et maçonnique : la libération des individus et de la Société humaine et, enfin, de la fin anarchiste et maçonnique : l'achèvement de l'humanité, c'est-à-dire l'avènement d'une Société véritablement humaine.

 

Ayant la même devise – Liberté – Égalité – Fraternité -, Anarchisme et Franc-Maçonnerie n'ont d'autre culte que la Liberté. L'un comme l'autre sont donc sinon antidogmatiques, du moins a-dogmatiques. Et pourtant, des anarchistes et des Francs-Maçons, amants déchirés par l'illusion que l'un(e) trompe l'autre , font régulièrement dans le dogmatisme et, usant d'ukases, de lettres de cachets, de fatwas, de bulles…, condamnent et… excommunient l'autre sans se rendre compte que, ainsi, ils déchirent, trahissent, renient… leur engagement et, ainsi, piétinent, bafouent, molestent, violentent,… et même… assassinent la Liberté dont ils se réclament : leur liberté mais, aussi et surtout, celle de l'Autre, celle de l'humaine condition.

 

Je cite un illustre anarchiste et franc-maçon, Léo Campion : "Aussi est-il regrettable que des anarchistes sectaires excommunient la Franc-Maçonnerie au nom d'un pseudo-dogme de l'Anarchie (comme si l'Anarchie était anti-tout alors quelles est à-tout) et que les Maçons sous-évolués excommunient l'Anarchie au nom d'un pseudo-dogme de la Maçonnerie (comme si la Maçonnerie n'était que tradition, alors qu'elle est tradition, dialogue et progrès). Ces attitudes sont d'autant moins admissibles qu'au contraire l'Anarchie comme la Franc-Maçonnerie, anti-dogmatiques par essence, sont l'une comme l'autre tout le contraire d'un dogme. Elles qui ont en commun le culte de la Liberté et le sens de la Fraternité, avec comme but l'émancipation de l'Homme".

 

En fait, s'ils s'entendent sur le point de départ et sur la destination du chemin, Anarchistes et Francs-Maçons, en revanche, ne font pas nécessairement le même choix d'itinéraire, certains des premiers admettant le recours à l'action illégale, certains des seconds n'acceptant que l'action légale. Et cette différence, si elle est bien une ligne de partage de méthodes, n'est pas véritablement une fracture de valeurs, de principes, de philosophie, d'éthique et, in fine, un schisme de l'humanisme.  Pourtant, les arguments avancés par certain frères considèrent que les anarchistes n'ont pas leur place au sein de leurs loges. Je n'en citerai qu'’un: -  les anarchistes sont, par nature et dans leurs actes, des… illégalistes alors que, comme le recommandent les Constitutions d'Anderson, un maçon, homme libre mais aussi… de bonnes mœurs, de respecter la Loi ;

 

Les chroniques de l'Histoire comme les archives des Obédiences, du moins pour celles qui ne revendiquent pas une… régularité dont, soit dit en passant, on peut s'interroger sur sa conformité avec le principe de Liberté constitutif de la Franc-maçonnerie, du maçon comme celle de l'humain, attestent de ce que, de la seconde moitié du XIXème siècle à la fin de la première moitié du XXème, quasiment tous les grands noms de l'Anarchisme et de l'Anarcho-syndicalisme, sont ceux de frères. A la différence des marxistes-léninistes, des trotskystes, des maoïstes…, les anarchistes n'ont jamais fait dans l'entrisme. Il ne viendra donc à l'idée de personnes que les anarchistes qui sont entrés en maçonnerie l'ont fait par entrisme, pour la phagocyter. Considérant que la Franc-maçonnerie n'est ni un lobby – politique, économique, social…, pour ne pas dire affairiste, voire maffieux -, ni le tremplin d'aspirations personnelles de pouvoir, de renommée, de prestige, d'avantages divers et variés…, personne ne considérera non plus que l'engagement maçonnique des anarchistes obéissait à un intérêt… intéressé. De telles idées seraient d'ailleurs d'autant plus fallacieuses que, souvent, l'engagement anarchiste est la résultante – la conséquence logique, l'achèvement – de l'engagement maçonnique.

  

le drapeau noir, l’Équerre & le compas

Léo campion

Edition ALTERNATIVE LIBERTAIRE

 2004

Feu notre Frère Léo Campion, qui est passé à l’Orient Éternel voici seulement quelques années, à plus de 90 ans et après avoir franchi le cap de ses 50 ans de vie maçonnique, fût un chansonnier émérite, un travailleur professionnel de l’humour, par ailleurs anarchiste pacifiste et Franc-maçon (et réciproquement). Je n’ai pas eu la chance de le connaître personnellement. Mais j’ai lu nombre de ses livres, et des plus goûteux. Et j’ai entendu autour de moi des Profanes et des Maçons en parler avec chaleur et admiration, de ce Frère…Cet ouvrage fut édité une première fois en 1969 sous le titre Les Anarchistes dans la Franc-maçonnerie ou Les Maillons Libertaires de la Chaîne d’Union aux Éditions Culture et Liberté.


L’œuvre de Léo Campion reste unique et irremplaçable. Bien sûr, il existe de nombreux ouvrages (de qualité très diverse) traitant de la maçonnerie. De même, la bibliothèque anarchiste est vaste et bien fournie. Mais seul Léo Campion a su dire combien les idéaux libertaires et maçonniques pouvaient se rejoindre. A travers les biographies d’anarchistes et de Francs-maçons illustres, Léo nous présente cet humanisme commun aux deux courants de pensée.

 

Léo Campion fut avant tout un humoriste. Un fils spirituel d’Alphonse Allais, qu’il recon­naissait comme son maître. II s’illustra en tant que poète et chansonnier, régent du Collège de Pataphysique (exégète d’Alfred Jarry) et confrère de Pierre Dac, avec qui il se produisit sur scène. Mais ce fut aussi un franc-maçon, si engagé qu’il atteignit le 33e degré. II laisse une oeuvre forte d’une trentaine de livres, dont Le Cul à travers les âges, digne des meilleurs éro­tiques du 18e siècle. Signalons également des Contes d’apothicaire, un Dictionnaire subversif et trois livres spécifiquement maçonniques :

 

 - D’abord son autobiographie, J’ai réussi ma vie (déconnage anarchique), préfacée par Roger Leray, Grand Maître du G.-. 0.-. D.-. F.-.- Ensuite Sade Franc-Maçon, un ouvrage très complet sur un sujet rarissime - Enfin Le Drapeau noir, l’équerre et le compas, réédité récemment par de jeunes maçons anarchistes.

 

Léo Campion, membre de la loge L’Homme libre, fut également acteur de cinéma (on se souviendra de son apparition dans « La Lectrice », le film de Michel Deville, sorti en 1988) et dessinateur de presse. Léo Campion se situe, de plume, dans la droite ligne des Cami (qu’il aimait particulière­ment), des Mac Nab, des Jarry, des Satie.

 

Mais, à la différence des précédents, il était nanti d’une solide joie de vivre, source d’une curiosité sans faille, ce qui en fit un polygraphe éclec­tique à l’érudition trapue mais espiègle. Les Propos semi-folâtres sur la mort qui vont suivre sont extraits d’une planche qu’il pré­senta en 1973. On y trouve ou retrouve l’humour piquant d’un Léo Campion trop heureux pour être macabre, noir ou même drolatique. Un exposé servi par le talent d’un écrivain à part entière. On y découvre également, maçonniquement parlant, le parcours d’un F.-. qui ne prenait pas l’initiation à la légère. Les Maçons y décèleront l’art d’un F.-. qui avançait vers ses cinquante ans de loge et un âge honorable (il mourra à plus de quatre-vingts ans dans les années quatre-vingt-dix). Les profanes seront plus sensibles à l’éclectisme d’un esprit libre pour qui nul sujet n’était tabou. C’est suffisamment rare pour être noté!

 

Alphonse Allais commençait ainsi une conférence: « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, « On m’a demandé de vous faire une conférence sur le théâtre. J’ai peur qu’elle ne vous attriste, car, comme vous le savez, malheureusement, Shakespeare est mort, Cor­neille est mort, Racine est mort, Molière est mort, Beau­marchais est mort, Regnard est mort, Marivaux est mort… et je ne me sens pas très bien moi-même. » Depuis, Alphonse Allais est mort lui aussi. Sans qu’il y ait lieu de s’inquiéter outre-mesure de tous ces précédents, on peut quand même légitimement se demander s’il ne nous adviendra pas d’également mourir un jour? Et si, sans être systématiquement alarmiste, on songe que s’ajoutent tant d’autres auteurs précédents aux précités, on peut quand même penser que les probabilités en sont grandes. Dans l’attente de l’illusoire découverte d’un élixir d’immortalité qui surviendrait pendant les années qui me restent à vivre. Mais je conviens de l’optimisme un tanti­net chimérique de cet espoir.

 

Ce qui est désagréable, a priori, n’est pas d’être mort, mais de mourir. Éventuelle­ment. Et selon. La preuve en est que, couramment, les gens célèbrent l’anniversaire de leur naissance et jamais celui de leur mort. Pas de leur vivant en tout cas. Et ce, vraisemblablement, parce que l’homme, qui est le seul animal qui sait qu’il mourra un jour, ne sait pas quand il mourra. Ainsi j’ignorais, quand j’ai commencé cette phrase, si j’allais pouvoir l’achever. Eh bien, ça y est! La mort est un phénomène biologique extrêmement simple. Surtout quand il s’agit de celle des autres. Les dieux et les académiciens, qui sont immortels, ne me contrediront pas. La mort n’est autre chose, somme toute, que la privation de la vie. Et, a dit Épicure, « il n’y a rien de redoutable dans la privation de la vie ». Ce qui n’exclut pas un certain désorientement qu’Alfred Jarry exprime ainsi : « Songez à la perplexité d’un homme hors du temps et de l’espace, qui a perdu sa montre, et sa règle de mesure, et son diapason. Je crois, Monsieur, que c’est bien cet état qui constitue la mort. »

 

La mort aussi est un prodigieux anesthésique. Ronsard, bien qu’il ignorât l’anes­thésie, l’a exprimé en deux vers : Je te salue, heureuse et profitable Mort, Des extrêmes douleurs médecin et confort! Ronsard, qui décidément ignorait beaucoup de choses, ignorait aussi l’euthanasie. Pratiquée par le médecin, en âme et conscience comme il se doit, elle lui aurait semblé une banne thérapeutique de l’agonie. Dans les cas désespérés, abréger les souffrances du patient, qu’il s’agisse d’un moribond que son docteur fait passer de la douleur au sommeil et du sommeil à la mort, ou d’un animal que pique le vétérinaire, est faire oeuvre pie. C’est pour cela sans doute que la sérénité des trépassés a quelque chose de fasci­nant. Et qu’un proverbe arabe proclame : « On est mieux assis que debout, couché qu’assis, et mort que couché. »

 

Et là nous entrons dans le vif du sujet, vif étant en l’occurrence un mot malheureux. Fastueuses étaient les morts des souverains et des nobles sous l’Ancien Régime. Passant de vie à trépas au milieu de leur cour, entourés de leur famille, de leurs féaux et de leurs serviteurs, il leur fallait tenir leur rang de façon édifiante jusqu’au bout. Dans cette cérémonie, où ils jouaient le premier rôle, la dignité de leur comporte­ment avait valeur d’exemple et ils se devaient de ne pas rater leur ultime sortie. Quelle leçon de cabotinage donna Mounet-Sully, disant sur son lit de mort : « Mourir, c’est difficile quand il n’y a pas de public. » ! Mourir en public peut donc aider à mourir courageusement. Voire héroïquement. Telles les morts spectaculaires et pleines de panache d’idéologues. Danton, en 1794, dernier de la fournée, pataugeant dans le sang de ses quatorze meilleurs compagnons décapités avant lui, qui lança au bourreau: « Samson, tu mon­treras ma tête au peuple, elle en vaut la peine! »Le docteur Baudin, en 1851, à qui on reprochait son indemnité parlementaire, et qui, montant sur une barricade, rétorqua: « – Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs. »Ou Ravachol, en 1892, qui chantait à tue-tête en allant vers la guillotine, puis cra­chait des injures sous le couperet.

 

Les morts violentes sont plus stupides encore quand elles surviennent sans acces­soires. Comme celle, émouvante, du pauvre Jean Floux, charmant poète chatnoiresque et bohème impécunieux, qui, héritant bien inespérément d’un riche oncle de province, avait emprunté, lui qui n’empruntait jamais, une centaine de francs pour s’habiller décemment et prendre le train, afin d’aller chercher le magot. Après quoi il se précipita tout joyeux à la gare où, ses semelles toutes neuves glissant sur le quai neigeux, il tomba à la renverse et se fractura le crâne. Jean Floux mourut heureux, mais quel accident bête! Il est vrai qu’il est peu d’accidents intelligents…On peut, au cours des siècles, toujours dans le cadre des morts violentes, être parmi les innombrables victimes des multiples génocides : guerres, déportations, exterminations diverses. Une balle perdue, pas pour tout le monde, est si vite arrivée. On peut être condamné à mort, c’est-à-dire assassiné au nom de la justice. On a pu, en faisant connaissance de la Gestapo, du Guépéou, ou du général Massu, mourir sous la torture. On peut être crucifié, garrotté, fusillé, décapité, écartelé, électrocuté, asphyxié, ébouillanté.

 

J’en passe et des pas meilleures. Puis il y a des gens qui meurent de faim. Et il y en a qui meurent de froid. Les gens bêtes à en mourir prennent tout leur temps. Sauf en cas de guerre, parce qu’en général ils sont patriotes de surcroît. Bertrand Russel a dit d’eux : « Ils préfèrent mourir plutôt que de réfléchir. C’est ce qu’ils font d’ailleurs. » Darien, à une époque il est vrai où la guerre épargnait encore les civils, avait écrit : « La guerre ne détruit que les imbéciles. »

 

 

le fou des loges – lettre ouverte aux francs-maçons

P. danlot

EDITION DU PRIEURÉ

 1995

Pierre Danlot, il faut le dire, quelque peu encouragé par les Éditions du Prieuré, récidive en présentant sa deuxième « lettre ouverte aux Francs-maçons » très exactement un an après la première.

Plus libre et moins austère, il est allé jouer avec la Dame Folie d’Érasme en amoureux de la libre pensée qu’il est. Mais « libre pensée » ne signifie pas pour lui marginalité, laxisme, paresse ou liberté de dire et de penser n’importe quoi. La liberté de penser en maçonnerie est certainement, selon lui, la première et la dernière équation à résoudre pour tous ceux, ou celles, qui ont été assez « Fous » pour aborder une telle démarche qui se veut initiatique.

 

Elle est la clé de la Maîtrise, car n’est maître de lui que celui qui arrive à dominer sa folie. Alors, si la dérision ne fait pas peur aux lecteurs potentiels de cette fantaisie sérieuse et amoureuse de la maçonnerie, venez rejoindre la ronde du monde que la Folie dirige aux côtés de Rabelais, d’Érasme et du Petit Prince de Saint-Exupéry… sans oublier Socrate, bien sûr.

 

le franc-maçon en habit de lumiÈre – esprit & matiÈre

Association des musées maçonniques européens

CHÂTEAU DE TOURS

 2002

Un très beau livre avec photos couleur sur la Franc-maçonnerie depuis le XVIIIème siècle, les tabliers, l’espace sacré, les rites, les décors, le Grand Architecte, tradition et spiritualité, des centaines d’objets et leur beauté artistiques cohabitent avec l’aspect historique et l’esthétique.

 

LE GRADE DE COMPAGNON  ET SA SYMBOLIQUE    -    N° 92

Pierre Dangle

Edition Maison de vie

 2020

Après Le garde d’Apprenti et sa symbolique, Pierre Dangle poursuit son projet de clarification de la symbolique des grades bleus. Nous l’avons régulièrement souligné, le grade de Compagnon est souvent bâclé et sous-estimé alors qu’il est fondamental. Pierre Dangle commence par en rappeler l’importance : « Le métier forme un être fort afin qu’il puisse entrer dans le flux permanent de la vie et ainsi la servir. Il construit un Frère en capacité d’intégrer une puissance de vie, de l’incarner et de l’animer. Il le prépare à une métamorphose cruciale  Le grade de Compagnon est en soi un accomplissement, un aboutissement de la vie artisanale, un vécu des petits mystères. »

 

Les principaux éléments étudiés par l’auteur sont : le niveau, la Nombre, la coudée, la géométrie sacrée, la Force, la magie, la pierre cubique, le voyage et l’étoile. L’art du Trait est essentiel pour appréhender ces éléments. Il faut prendre garde de ne pas réduire le Trait au tracé, il s’agit de bien autre chose. Les formes géométriques comme les Nombres manifestent des puissances et des enseignements. « Avec l’art du Trait, nous dit Pierre Dangle, une loge initiatique peut inscrire l’immatériel dans une forme qui le révèle sans le trahir en rendant présente la Lumière créatrice par l’expression du Verbe. Il est l’art de l’arpentage et de la géométrie sacrée. En pratiquant l’art du Trait, les bâtisseurs servent le Trait dans toute sa puissance. Son tracé met en œuvre la lumière perçue pour la manifester. Il contient la lumière venue de l’Orient et la met en acte. »

 

Le voyage est nécessaire parce qu’il permet d’acquérir savoir et expérience. Des rencontres naissent de nouvelles possibilités à la fois théoriques et opératives. Une théorie séparée de l’opérativité est stérile. Le voyage forme et précise les stratégies d’apprentissage, de mémorisation, de décision, indispensables pour aborder le chef d’œuvre. « Si le Compagnon, poursuit l’auteur, comprend ce qu’est le chef d’œuvre, il s’associera à l’Œuvre et deviendra partie intégrante de son feu pour aller au-delà. Construire est son devoir, il doit en prendre conscience. Tout se construit, la conscience, la sensibilité, la fraternité. Si l’on considère que l’initiation consiste à œuvrer pour prolonger l’œuvre du Principe et que, son nom de Grand Architecte de l’Univers, il en a conçu les plans, le grade de Compagnon est celui où se découvrent ces plans dans leur formulation géométrique la plus pure : la Pierre cubique, les polyèdres et les lois de construction de l’Univers. Lors de l’initiation au grade de Compagnon, le Frère contemple ce trésor et la possibilité réelle de formuler le secret par la réalisation d’œuvres. S’il s’y adonne avec cœur, il deviendra un artisan de la lumière. » Ce livre contribue à restaurer au grade de Compagnon toute sa force. En faisant l’impasse sur les exigences de ce grade, la plupart des loges hypothèquent d’emblée la maîtrise. Un retour aux fondamentaux du voyage du compagnon est indispensable.

 

Après avoir longuement médité sur lui-même au centre de la terre dans le cabinet de réflexion, rédigé son testament philosophique, parcouru les éléments qui lui ont fait ressentir l’orgueil stérile, la vanité des passions, l’apprenti s’est purifié, un premier travail d’élimination et de triage s’est effectué. Il s’est ensuite  trouvé confronté aux autres éléments : eau, air et feu , il a pu ainsi travailler sur la pierre brute et en faire sortir le joyau, aujourd’hui le voilà compagnon . Après ce  premier travail opératif sur lui-même, il est  prêt à parcourir  le vaste monde pour en tirer comme le disait notre Maître Rabelais, la substantifique moelle.  Pour cela , il lui faudra affiner ses sens , les ouvrir, les envisager l’un après l’autre, les rendre plus subtils et plus légers, les exalter. Après cette redécouverte de ces capteurs d’information  que sont les cinq sens, il pourra partir, baluchon sur le dos, canne à la main, apprendre et comprendre les Ordres d’architecture, les  Arts Libéraux, les Philosophes et les Grands Initiés, la glorification du travail, la joie de construire et d’œuvrer, la joie d’être libre.

 

Il s’apercevra avec chaque outil pris au cours de ses voyages que la main est, sans conteste, un de nos membres les plus importants. Comment vivre sans mains ? Et vérifiera comme tous ses  Frères et Sœurs Compagnons que l’outil est le prolongement de la main  et qu’à chaque phase  de sa vie  (initiatique, maçonnique, sentimentale, familiale, professionnelle etc., il devra choisir les bons outils, savoir s’en servir au mieux de ce qu’ils peuvent offrir à l’homme pour grandir et s’élever,  savoir, oser , donner , aimer. Durant toute une année, voire plus, le Compagnon va voyager sous l’égide de son guide : « L’Etoile Flamboyante ». En suivant cette étoile, il va aussi chercher la plénitude de son humanité. Sa destination n’est pas un lieu mais un nouvel état de conscience. Bien sûr il va pouvoir, et même devoir, parcourir d’autres horizons, mais c’est en lui, et non sur lui, qu’il doit éprouver ces nouveaux outils. C’est aussi pour les partager qu’il doit  acquérir ces nouvelles connaissances. Le Compagnon ne se contente pas de marcher dans la direction de l’Orient. Il va de chantier en chantier s’ouvrir à l’intelligence du monde pour trouver les moyens de son émancipation. Il part pour accomplir un périple et s’accomplir lui-même en lui-même.

 

Pour le compagnon, la matière de son Œuvre est le miroir de la marche du Soleil, miroir au fond duquel pourtant , dans les ténèbres brille un autre astre beaucoup plus ancien que le Soleil et la Lune du monde et, celui-là, immuable : l’Etoile Polaire. Invisible à l’apprenti, elle a pourtant été son sauveur lors de sa «  mort «  initiale dans le cabinet de réflexion. Offerte à toute heure à  la vue du Compagnon, elle est cette mystérieuse fenêtre ouverte sur l’hyperborée, figurée dans les cathédrales gothiques par la Rose Nord, que jamais n’illuminent les rayons du Soleil. L’exemple le plus caractéristique de ces «  Roses Noires «  est celle de la cathédrale d’Amiens, à laquelle les Compagnons médiévaux ont donné la forme d’un pentagramme dont la pointe se dirige vers le Nadir. Enfin le mot compagnon désigne celui qui connaît l’usage du compas, indique aussi selon une étymologie révélatrice , l’union du compas et de l’équerre par le grec gnomon : équerre . La position de l’équerre et du compas sur le Livre de la Loi sacrée indique non seulement le degré auquel travaille la loge, mais aussi le but de ce travail. En loge de compagnon, la pierre brute est devenue pierre cubique à pointe, et dans cette pierre cubique se cache l’infini , comme sous l’équerre se trace le compas, traceur de cercles. Que venons-nous faire en loge lorsque le droit à la parole nous est reconnu ? Les livres, les discours sont restés à la porte du temple, il ne nous reste plus que nos mains, encore elles, nos paroles, nos yeux, nos sens, pour toucher et transmettre la seule richesse que nous possédions réellement, notre sens de la vie, notre humanité . Commençons donc à partager notre seul savoir, qui plongera avec ingratitude dans l’oubli. Nous n’aurons été pendant un bref instant de vie que les récipiendaires des générations qui nous ont précédées. Nous ne sommes que des témoins , la vie ne nous appartient pas, nous la recevons et la restituons.

 

Si le grain ne meurt : La voici venue l’heure, où le fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis , si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt , il reste seul ; s’il meurt , il porte beaucoup de fruits. Qui aime sa vie la perd et qui hait sa vie  en ce monde conservera sa vie éternellement. ( Saint JEAN, 12, 24-25)

Shibboleth est le mot de passe du grade de compagnon, traduit généralement par : nombreux comme des épis de blé. Selon la tradition biblique, ce mot servait de mot de  guet aux Galaadites dans la guerre menée par Jephté contre les Ephraimites, ceux-ci ne savaient pas prononcer la lettre sihin, et au lieu de shibboleth, ils disaient sibboleth. Or ce sifflement de la lettre, shin, servait de signe de reconnaissance. Pourquoi le blé ? Le Blé est issu d’un grain que l’on met en terre et qui arrosé par l’eau, réchauffé par la lumière du soleil, se transforme en une jeune pousse verte, qui émerge peu à peu de la terre et revit sous une forme nouvelle. Ainsi le cycle des générations s’accomplit-il, ainsi le cycle vie-mort-renaissance existe-t-il. La cérémonie des mystères d’Eleusis met en parfait relief le symbolisme du blé : au cours d’un drame mystérieux  commémorant l’union de Déméter avec Zeus, un grain de blé était présenté, comme une hostie dans l’ostensoir, et contemplé en silence. C’’était la scène de l’epoptie  ou de la contemplation. A travers ce grain de blé, les époptes honoraient Déméter, déesse de la fécondité et initiatrice aux mystères de la vie. Cette adoration muette représentait la prise de conscience de l’homme devant l’harmonie , l’Ordre du monde :  la pérennité des saisons, le retour des moissons, l’alternance de la mort du grain et de sa résurrection : la terre qui, seule, enfante tous les êtres et les nourrit, en reçoit à nouveau le germe fécond ( Eschyle, Choéphores, 127)

L’épi de blé est également un symbole d’Osiris, le dieu égyptien , dont Isis retrouva les morceaux du corps éparpillés par tout le sol d’Egypte et qu’elle reconstitua.  Chez les Grecs et les Romains, les prêtres répandaient du blé ou de la farine sur la tête des victimes avant de les immoler , comme symbole de semence qui les obligerait à renaître et à ressusciter malgré leurs crimes. Le blé symbolise avant tout le don de la vie, qui ne peut être qu’un don de Dieu, la nourriture essentielle du corps et de l’esprit. En outre le blé sert à fabriquer le pain, nourriture essentielle , nourriture de vie. Bienheureux, écrit Clément d’Alexandrie, ceux qui nourrissent les affamés de justice par la distribution du Pain. parce que ses épis poussent droits et vigoureux, serrés les uns contre les autres, tous axés vers le soleil, afin de mûrir et de croître pour que la moisson soit bonne et que la récolte permette une nourriture substantielle. Notre seule vraie richesse réside dans deux expériences que nous aurons éprouvé et qu’éprouve particulièrement le Compagnon, l’amour de soi et l’amour des autres.  Ainsi le Compagnon va lui aussi mourir et renaître dans le partage et ce sentiment particulier que je nommerai la Joie.

 

LE GRADE D’APPRENTI  ET SA  SYMBOLIQUE       91

Pierre Dangle

Edition Maison de Vie

 2020

Trois grades rythment le chemin d’ une loge initiatique vers la Lumière et la Connaissance : Apprenti, Compagnon, Maître. Devenir Apprenti, c’est vivre une nouvelle naissance, découvrir un univers rituel peuplé de symboles. Auteur de référence dans le domaine de l’initiation maçonnique, Pierre DANGLE offre les clés du langage symbolique de ce premier grade. L’ Apprenti les utilisera pour participer en conscience à la construction du temple, selon son Nombre et sa fonction. Cet ouvrage explicite la méthode de travail et précise « l’ équipement » initiatique de l’Apprenti, grâce auquel il percevra les richesses de son grade et tentera de franchir les étapes menant aux mystères du compagnonnage.

 

L’initiation au degré d’Apprenti est le premier pas dans nos mystères. Elle représente la transition du monde profane de tous les jours vers l’univers du symbolisme. Le Candidat laisse derrière lui le monde des phénomènes matériels pour entrer dans un monde où œuvrent les niveaux les plus profonds de ses pensées : les niveaux symboliques. En regardant le candidat avec ses yeux bandés, n’oublions pas que l’origine du mot « mystère » se trouve dans le mot grec « mustes », un initié, provenant à son tour du verbe « muein » qui possède trois significations : fermer les yeux, fermer les lèvres, et initier.

 

L’univers du symbole s’ouvre au Candidat non seulement quand on lui explique les symboles les plus évidents du premier degré - les outils de travail, la planche à tracer, les colonnes des Surveillants et du Vénérable - mais dès le moment où il entre en Loge. À ce moment, à un niveau subconscient, il est obligé à se fier à tous ses sens à l’exception de la vue ; donc c’est son corps entier, à travers ses pieds, qui lui apprend la première leçon en progression géométrique. Ainsi il apprend d’une façon physique, que le point, en se rejoignant à un autre point, devient une ligne ; et que la ligne, en changeant de direction chaque fois qu’il change de direction en traçant la forme rectangulaire de la Loge, devient surface.

 

À sa toute première entrée dans la Loge il est arrêté à un certain point par le Couvreur qui marque cet acte en tenant contre lui la pointe aiguisée d’une épée ou d’un poignard. Dans une Loge écossaise c’est un symbole fort qui fabrique de l’émotion. Ensuite il s’avance par une série de lignes droites, mais chaque fois qu’il change de direction la nouvelle orientation est marquée par un coup de maillet. Un peu comme le coup du bâton que le maître zen inflige sur le novice pour lui rappeler qu’il doit faire attention et ne pas s’endormir pendant la méditation, pour qu’il reste conscient de tout ce qui passe autour de lui. Une fois ce plan géométrique tracé dans l’esprit du candidat, son voyage initiatique vers la lumière peut commencer, et on lui présente peu à peu les symboles psychologiques, les outils de travail dont il aura besoin pour pouvoir tailler la pierre brute, ainsi que son plan de travail, la planche à tracer.

 

 

le grand architecte de l’univers         -         N°  1    -

Jean Delaporte

Edition La Maison de Vie

 2001

Le Grand Architecte de l’Univers est au cœur de la démarche et de la symbolique de la Franc-maçonnerie initiatique. C’est « à sa gloire », selon l’ancienne formule, et non à celle des hommes, que sont effectués les travaux des « maçons de la Pierre franche », et c’est en percevant le message dont il est l’expression, que la pensée et les mains des bâtisseurs œuvrent en harmonie.

 

Etant lui-même un symbole, le Grand Architecte de l’Univers ne peut être réduit à un objet de croyance, d’autant plus que sa réalité spirituelle transcende les croyances. Elle offre à quiconque recherche l’initiation, la possibilité de participer « en esprit et en vérité », à la construction de son temple personnel, mais aussi à l’édification d’un temple universel basé sur l’amour.

 

En Egypte ancienne, le patron des artisans est le Dieu Ptah, dont le nom signifie « le façonneur ». Or, un texte surprenant affirme : « Ptah est le Père des dieux, et aussi la mère… son surnom est « la femme ».

Dans diverses traditions, les divinités créatrices sont présentées comme « Père et mère », et la notion de métier n’était pas réservée au monde masculin.

La déesse Neith, qui crée le monde par le Verbe, était la patronne des confréries de tisserandes qui imprimaient dans la matière les lois harmoniques de l’esprit.

 

En réalité, le Grand Architecte de l’univers n’œuvre pas seul ; avant la création du monde, la Sagesse était présente car elle existait de toute éternité (Proverbe VIII, 23). C’est à cette Sagesse qu’il s’unit pour créer et, sans elle, sa création serait vide de sens, tant cette Sagesse est un pilier fondamental de l’œuvre.

Au sommaire :

 

Le Grand Architecte de l’Univers, Dieu des Franc-maçons  -  Le G.A.D.L.U, un symbole  -  Le Grand Esprit  -  La Tradition du GADLU  -  Le charpentier céleste  -  Le potier divin  -  Le forgeron mythique  -  Le Géomètre et les Nombres  -  Le compas et le cercle  -  L’épouse du Grand Architecte de l’Univers  -  La pierre primordiale  -   Participer à la création  -  La Parole perdue et la connaissance avec les mots substitués  -  A la gloire du Grand Architecte de l’Univers  - 

 

LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS

Divers auteurs

 Arcadia

 2010

La notion du Grand Architecte de l’univers est assez difficile à expliquer, car chacun peut le voir différemment. Est-il le UN, l’être suprême ? ou plutôt une hypostase comme le Démiurge gnostique, ou alors le Logos. Est-il un  Dieu créé par l’homme ? un référent ? bref difficile à y voir clair.

Il convient d'abord d'affirmer avec force que le Grand Architecte est maçonniquement un symbole et ne saurait être autre chose qu'un symbole. Toute tentative pour donner à ce concept un contenu précis relè­verait du dogmatisme et serait ainsi incompatible avec les fondements de notre Ordre .Pourtant c'est un symbole bien particulier. Alors que notre langage symbolique est composé d'un grand nombre d'éléments figuratifs (outils, astres, figures géométriques, etc.) un seul échappe à cette matérialisa­tion : notre Grand Architecte. Nous ne l'approchons en effet que par des mots, comme si quelque crainte révérencielle nous interdisait d'aller plus loin. Pourtant il eût été facile — et même plaisant — d'incarner un concept aussi anthropomor­phique qui stimule notre imaginaire du dix-huitième siècle et rappelle à la vie le divin horloger du Frère Voltaire. En fait il n'est rien de tel et le franc-maçon qui entend pénétrer la signifi­cation du Grand Architecte doit créer pour lui-même et s'il en éprouve le besoin une représentation de son symbole. Ce symbolisme, qu'on peut dire du deuxième degré, renvoie donc à un concept unique, dont chacun, loin de tout catéchisme, possède dans son Temple intérieur l'image entiè­rement personnelle et difficilement communicable.

Attestant cette singularité l'histoire du symbole est, du reste, tout à fait significative. Les auteurs disputent de son origine. Certains la font remonter aux temps les plus reculés, via les Opératifs. Mais leurs argu­ments historiques sont légers. Pour la plupart l'expression date de la nais­sance de la franc-maçonnerie spéculative. En 1723 Anderson écrit dans ses Constitutions : «Adam, notre premier parent, créé à l'image de Dieu, Grand Architecte de l'Univers...» En 1756 on peut lire également dans un ouvrage symboliste, l'Ahiman Rezon de Laurence Dermott : «Le Grand Architecte de l'Univers est notre Maître Suprême». On pourrait citer d'autres textes de la même époque: L'intérêt de ces réfé­rences est de montrer à l'évidence que les fondateurs de la franc- maçonnerie tendaient à faire du Grand Architecte le symbole de la Divi­nité. Mais pour éviter d'introduire dans les Loges les querelles religieuses et philosophiques de ce temps, ils s'en sont tenus à une formulation volontairement imprécise. Cette prudence n'a cependant pas empêché les controverses de se poursui­vre. Au fil des années il fallut faire cohabiter, plus ou moins bien, ceux qui ne voyaient dans le Grand Architecte qu'un autre nom pour leur Dieu révélé avec ceux qui y trouvaient le rappel de la grande Loi newtonnienne fondamentale censée régir le Monde. Puis d'autres francs-maçons, et non des moindres, croyant sortir de ces disputes et s'estimant contraints dans leur liberté de pensée par l'invocation du Grand Architecte, ont expulsé le symbole de leurs Loges. Le Rite Ecossais a, pour sa part, conservé une place très haute au Grand Architecte ; mais il faut insister sur le fait qu'à travers ce vocable il pro­clame seulement un «principe» et non un «esprit» ou un «être suprême». Principe ? Etymologiquement «le commencement, l'origine». Mais aussi par extension «proposition première posée et non donnée» et même «règle d'action s'appuyant sur un jugement de valeur et constituant un modèle, une règle, un but» (Robert). On le voit le symbole est beaucoup plus complexe qu'une lecture au premier degré pourrait le laisser suppo­ser. Chacun peut y loger à son choix, soit une explication du Monde, soit un simple postulat constituant un aveu d'ignorance, soit même un système éthique appuyé ou non sur la transcendance.

Mais ce «principe» est également qualifié de «créateur». S'agissant d'un symbole ce qualificatif peut difficilement être pris dans son sens premier de fabrication matérielle : l'horloger n'est pas un «principe», c'est un «agent». Il est sans doute plus fructueux d'entendre cette «création» au sens de la création poétique, où l'ordonnancement des mots compte plus que les mots eux-mêmes. Si l'on se place de ce point de vue, plus ésotéri­que, le Grand Architecte symbolise non seulement un «principe», mais aussi un «ordre», une «méthode», un «arrangement» : bref, une attitude spirituelle. Que ce «principe d'ordre» s'inscrive ou non dans l'Univers concret, et de quelle manière, c'est à chacun de le dire. Le symbole propose, la libre pensée des francs-maçons dispose. Au fond ce que le Rite Ecossais invite ses membres à méditer dans le Grand Architecte c'est le contraste entre notre propre finitude et l'infini auquel nous aspirons. Un tel symbole, on le conçoit aisément, ne peut faire l'objet d'aucune représentation maté­rielle, sans quitter pour cela nos Loges. Il appartient à chaque franc- maçon de meubler, dans la mesure de ses désirs et de ses moyens, cet espace de liberté offert à sa réflexion. La Tolérance devrait faire le reste et rendre chacun acceptable pour tous. Subsidiairement on peut se demander pourquoi la franc-maçonnerie éprouve le besoin de «proclamer» un symbole aussi difficile à définir. Le motif est dans la méthode même de travail de l'Ordre : après avoir ouvert la voie initiatique par une table rase intérieure, il appelle les francs- maçons à se reconstruire eux-mêmes sous le signe le plus élevé et le plus large de leur relation avec le Cosmos. On ne pouvait trouver meilleur symbole que le Grand Architecte pour cet effort de dépassement. Reconnaissons toutefois que travailler «à la gloire» d'un «principe» peut paraître surprenant. Cela l'est moins si l'on considère l'héritage tradition­nel et religieux des francs-maçons ainsi que les diverses interprétations qu'ils donnent à ce symbole.

Les interprétations : Sans avoir la prétention d'explorer toutes ces routes on peut, en première approche, se borner à évoquer les trois grandes familles de pensée aux­quelles se rattachent les acceptions habituelles du Grand Architecte. Ce faisant il faut garder conscience d'agir de manière extrêmement réduc­trice, chacun ayant des convictions dont le caractère personnel et subtil échappe à toute généralisation. Telle est la limite d'une réflexion sur les symboles. Il y a d'abord le théisme ; spécialement le monothéisme issu des Ecritures. Pour ses adeptes le Grand Architecte s'identifie sans problème au Dieu créateur, esprit éternel qui a fait l'Homme à son image et organisé l'Uni­vers pour l'héberger. Un Plan préside à la Création, mais nous ne pou­vons en percevoir que des fragments : le reste est mystère. Toutefois Dieu a consenti à l'Homme sa «révélation». Par des moyens divers il lui a fait part explicitement aussi bien de son existence que des sentiments d'amour ou d'irritation qu'il lui porte. Malgré sa faute originelle et pour assurer son salut. Il lui a même indiqué des règles de comportement. Il en résulte un dialogue sur plusieurs registres entre le Créateur et sa créature, mêlant la liberté et la contrainte, les promesses et les menaces, les récompenses et les punitions. Selon les Religions et les Eglises tout cela fait l'objet d'un corps de doctrine, plus ou moins dogmatique, toujours exotérique mais parfois aussi d'un profond ésotérisme. Qu'on soit fidèle de telle ou telle religion révélée n'empêche pas malgré ses dogmes d'être un excellent franc-maçon. Le Grand Architecte devient alors un détour d'expression presque superfétatoire, car équivalent à Dieu.

Il suffit d'accepter que d'autres lui donnent d'autres significations. Mais cela peut être difficile ; car ce qui est acquis en certitude spirituelle peut menacer l'esprit de tolérance qui se nourrit du doute. Il n'est pas aisé d'accepter des opinions divergentes lorsqu'on croit soi-même posséder non seulement la Vérité, mais encore la manière de s'en servir sous forme de règles morales intangibles. Certaines Eglises ne considèrent-elles pas que se convertir est l'un des premiers devoir du croyant ? Pour l'homme qui n'a pas reçu l'initiation maçonnique la pente qui mène de la Foi à l'intolé­rance est glissante. Pour le franc-maçon qui croit à une révélation la tolé­rance est le produit naturel de la fraternité. Quant-au fond, cette interprétation du Grand Architecte ne semble pas nécessairement liée à l'évocation ou à la réfutation des «preuves» habi­tuellement avancées de l'existence de Dieu. La métaphysique n'est pas du domaine de la raison «raisonnante» et il paraît puéril de vouloir y «prou­ver» une chose ou son contraire. En revanche il n'est pas interdit de penser que ce Dieu révélé est par bien des aspects plus ou moins anthropomorphique. A tel point même que par­fois on peut se demander si ce n'est pas l'homme qui l'a créé à son image et non l'inverse. Certains francs-maçons estiment que seul un acte de Foi, aussi inébranlable qu'irrationnel, permet de croire à un Créateur omnipo­tent et infiniment bon qui, pour punir sa créature d'une seule faute bien prévisible, lui a réservé un sort passablement lamentable. De ce point de vue il est effectivement bien difficile d'admettre que notre vallée de lar­mes soit une œuvre digne de notre Grand Architecte. La deuxième famille d'interprétation du symbole échappe à cette criti­que c'est le déisme des philosophes. Ces derniers sont gens subtils. Ils ont beaucoup réfléchi et l'incertitude de la Vérité et des fins dernières les trouble autant que les rebutent les invraisemblances contradictoires des diverses Révélations. Aussi chacun imaginant sa propre solution polit sa théodicée personnelle. L'un est plus rationnel, l'autre plus affectif et tous essaient de maîtriser leur mystère particulier.

On pourrait évoquer en détail les pensées de Spinoza, de Locke, de Leibnitz... et de bien d'autres. Mais cela n'est pas indispensable car du seul point de vue de la significa­tion du Grand Architecte le Déisme des philosophes peut- être ramené sans simplification excessive à quelques propositions. Le Dieu des philosophes n'est pas un Dieu révélé. Il n'a pas éprouvé le besoin de signaler aux hommes par des manifestations matérielles son existence ni les règles de conduite qu'il entend voir observer. Mais c'est un Dieu créateur, qui a fait jaillir l'Univers du Chaos par un acte de volonté à partir duquel l'enchaînement inéluctable des causes et des effets constitue le grand ordonnancement mécanique de la Provi­dence. Cette Providence n'est pas le hasard ; elle suit un Plan divin qui met de l'Ordre dans le Chaos. Ce Plan est une sorte de Loi abstraite et universelle qui s'étend jusqu'au domaine de l'éthique sous la forme d'une «morale naturelle» immanente et valable en tout temps et en tout lieu. L'Homme doué de Raison, qui est une parcelle de l'esprit divin, peut con­naître cette Loi et doit en faire bon usage. A première vue ce déisme convient bien à notre Grand Architecte et ce n'est pas surprenant si nombre de francs-maçons s'en réclament, qui opposent une conception déiste de l'Ordre aux conceptions théiste ou athée. Etranger à tout dogmatisme comme à toute pratique il correspond probablement à la religion abstraite des élites cultivées du siècle fondateur de la franc-maçonnerie spéculative ; ce qui explique son importance dans notre Tradition. Comme elle il est tolérant et fraternel. Mais il tend à limi­ter ces vertus à l'intérieur de sa métaphysique. Ce sont précisément ces limites métaphysiques qui posent problème. Le Dieu des philosophes est, semble-t-il lui aussi, largement anthropomor­phique : c'est un «Deus faber». Si, avec Voltaire, on postule l'existence de l'horloger quand on voit l'horloge, on ne sort pas du champ spatio-temporel de notre Univers.

Dans ce champ après avoir trouvé l'horloger faut-il chercher son père et pourquoi pas la lignée de ses ancêtres ? Ce Dieu planificateur et sa Loi universelle sortent tous armés de la cosmo­logie de Newton. N'est-ce pas un peu dépassé pour identifier notre Grand Architecte ? Et peut-on croire à une «morale naturelle» figée alors que nos Sociétés sont diverses et si rapidement évolutives ? C'est pourquoi d'autres francs-maçons trouvent que la signification déiste du Grand Architecte est, à la réflexion moins cohérente que les interprétations théistes. Celles-ci ont le mérite de la clarté : fondées sur un acte de Foi elles ne se discutent pas. Au-delà de l'exégèse, au fond tou­jours superflue, voyez votre charbonnier habituel ! Le déiste raisonne; il entend expliquer ce qui est peut-être inexplicable. Il voudrait que son intelligence perce à jour les desseins du Grand Architecte : le Plan divin, quintessence de la Raison ne serait-il pas peu ou prou accessible à l'esprit de l'homme, fraction de celui de Dieu ? On conçoit que certains francs- maçons soient gênés par cette sorte de divination de la psyché humaine. Cela nous amène à envisager la troisième famille des interprétations du Grand Architecte : celle des francs-maçons qui n'éprouvent pas le besoin de faire appel à la transcendance. Dans cette conception le propre d'un symbole est de pouvoir être inter­prété de multiples façons mais de ne pas pouvoir être nié. On peut nier l'existence de Dieu ; on ne peut pas nier celle du Grand Architecte, car le Grand Architecte n'existe pas. C'est un pur signifiant qui attend de cha­cun de nous son signifié. Autant de francs-maçons autant de réponses. On peut peut-être essayer néanmoins d'avancer quelques idées. Puisque le manifeste du Convent de Lausanne a posé le Grand Architecte comme un «principe» il semble pertinent de le traiter comme tel : c'est-à- dire en posant pour l'appuyer d'autres principes. Par exemple on peut présenter trois ensembles qui paraissent capitaux :

1 - Notre connaissance est bornée par nature à l'univers spatio-temporel où nous sommes. Même dans le cas très improbable où notre appareil cérébral et les instruments les plus performants qui pourraient le prolon­ger permettraient un jour de connaître tous les secrets du fonctionnement du Monde, nous n'aurions jamais une connaissance absolue car elle serait limitée par l'espace et par le temps. Nous pouvons pressentir ou non la présence d'une Vérité ineffable mais nous ne pouvons jamais l'atteindre car nous vivons dans un huis-clos. La conceptualisation la plus élaborée de cet enfermement est sans doute celle de la courbure de l'espace-temps inventée par les mathématiciens. Bien qu'on ne puisse s'en former une image mentale elle permet de rendre compte d'un Univers à la fois cycli­que, fini et illimité. Mais l'éternel et l'infini sont pour nous à jamais hors d'atteinte : nous pouvons les imaginer par extrapolation à partir du tem­poraire et du fini qui sont nos seules certitudes. Nous ne pouvons pas les comprendre, c'est-à-dire les recréer intérieurement. La franc-maçonnerie nous invite à prendre conscience de cette aspiration toujours insatisfaite mais elle ne nous guérit pas de notre originelle infirmité.

2 - L'idée de «création» n'est pas une idée «en soi», mais seulement une idée «pour nous». Elle n'a en effet de sens que dans notre Univers et par la représentation que nous nous en faisons. Il est important de compren­dre qu'elle trouve son origine et sa seule justification dans la réflexion immédiate que nous avons sur notre propre sentiment d'exister. Dans notre espace-temps rien ni personne ne procède de soi-même; et notam­ment pas les hommes ! Aussi nous paraît-il évident que puisque tout a sa source hors de lui-même, l'Univers au premier chef doit également avoir été créé. C'est pourtant là où le bât blesse ! Si on y réfléchit un peu, affir­mer la création de l'espace-temps est proprement inintelligible pour un esprit humain. Elle postulerait en effet l'existence d'un super-espace­-temps englobant le nôtre... et d'autres encore s'emboîtant comme des poupées russes. Pour cette raison la théorie du «big bang» chère aux astrophysiciens ne nous apporte aucune lumière, qu'elle soit ou non véri­fiée. Avant comme après cette hypothétique explosion créatrice nos savants œuvres toujours dans notre espace-temps. Ils ne peuvent pas plus s'en évader que le plus ignorant de nos contemporains.

3 - Sauf, par un pur acte de Foi, à meubler l'inconnaissable et à accepter le mystère, il faut donc nous résigner à ne jamais connaître les fins derniè­res. Bornons nous donc à l'Univers qui est le nôtre ! Il n'est pas si mal et ouvre un immense champ à notre réflexion. Dans ses limites nous assis­tons émerveillés à un processus perpétuel de création. L'apparition avec l'évolution du vivant de l'espèce humaine, créatrice collectivement d'une réalité spirituelle immatérielle, témoigne de la manière dont le Tout Cos­mique se pense lui-même. Pour autant qu'il puisse s'en rendre compte l'Homme a un rôle fondamental à jouer dans son Univers. Porteur de l'esprit il est à la fois la conscience du macrocosme, qui l'entoure à l'infini de ses horizons concentriques, et celle du microcosme, qui plonge aussi à l'infini dans les profondeurs de son âme. Cette merveilleuse faculté spiri­tuelle lui permet de rendre significatif pour lui ce qui n'a pas de sens en soi. «Ordo ab Chaos» est une devise qui contient toute l'Humanité.

Pour ceux qui acceptent ces trois prolégomènes le Grand Architecte a une signification symbolique fondamentale. Il figure dans nos Loges la cons­cience collective de l'Humanité, le Principe créateur de sa marche vers le Progrès. Il nous montre que l'Univers, qui n'a en lui-même aucun sens, n'est pour nous pas absurde. Il nous invite à travailler sans relâche pour lui donner sa signification. Hasard ou nécessité (mais le hasard a des Lois) le Grand Architecte manifeste notre emprise spirituelle grandissante sur un Monde temporel et limité. Il montre que pour nous rien ni personne n'est isolé. Dans un Univers en perpétuelle création l'homme est relié à tout ce qui existe et rien ne lui est indifférent. C'est pourquoi la troisième famille de pensée ne se sent pas séparée des deux précédentes. Si on peut la qualifier d'«athée» par rapport au théisme des religions révélées, et d'«agnostique» à l'égard du Déisme philosophi­que, cela ne gêne en rien leur commune invocation. Leurs conceptions respectives ne se situent pas en effet sur le même plan. Quel que soit le point de vue de chacun il est bon que la franc-maçonnerie, avant même de nous guider sur la voie initiatique, nous invite à proclamer l'existence du Grand Architecte. Par-là elle nous conduit à abandonner nos références particulières pour mieux comprendre notre place dans l'Univers. Elle nous invite à élargir notre réflexion pour nous préparer plus lucidement à l'action. Au-delà de la signification que chaque franc- maçon lui donne le Grand Architecte évoque pour tous le Genre Humain, dans ce qu'il doit avoir de sacré, dans son passé difficile et dans sa quête toujours insatisfaite de la perfection. C'est pourquoi le Rite Ecossais est pleinement justifié de le considérer comme le symbole princeps de l'Ordre, qui peut aussi (après tout pourquoi pas ?) travailler à sa gloire.

Quelques intervenants nous donnent ici leurs sentiments sur ce concept.

Jacques Simon dans Tradition écossaise, nous conte l’histoire du GADLU lors d’une initiation, qui évoque la conception et la création de l’univers. Il explique que depuis l’origine des temps les hommes en levant la tête, ont pris conscience qu’il devait y avoir un concepteur de ce cosmos, alors petit à petit à l’aide concepts divers et variés, ils ont essayé de rendre hommage à ce créateur, ce qui a donné un polythéisme dans qui chaque être humain y a mis sa propre conception d’abord, puis les religions ayant balisés le chemin, la pensée unique s’installa dans toutes les traditions, à travers des saints, des demi dieux, des héros, et s’élabora alors vers les années 1600 l’idée et le concept de GADLU.

Michel Clément nous précise cette phrase du Timée « Notre monde qui est un être vivant doué d’une âme pourvue d’un intellect, a, en vérité, été engendré par la décision réfléchie d’un dieu » - On voyage chez les gnostiques des premiers siècles pour qui le démiurge n’était qu’une hypostase du Principe et donc conclu M. Clément le GADLU ne peut être le Principe créateur. Il explique pourquoi et comment R. Guénon expliquait la hiérarchie créatrice de l’univers. Guénon l’appelle « la grande triade »,

Au sommet : le Spiritus mundi ou la pensée pure, l’Absolu, l’Infini, l’Inconnaissable, l’Ineffable, le Logos en tant qu’intellect.

Puis : l’Anima mundi ou la pensée en acte, la Sophia, le logos en acte en tant qu’il pense le modèle idéal de la création et déploie les énergies nécessaires à sa réalisation : le démiurge.

Enfin : le Corpus mundi ou la pensée réalisée, le cosmos, le logos dans le monde : la manifestation.

Georges Bousquet dans la revue Salix, explique l’évolution du concept de Grand Architecte de l’Univers, en partant du 24 juin 1717, date de la rencontre à Londres entre quelques gentlemen qui vont créer la Grande Loge maçonnique, il passe en revue l’historique de la maçonnerie opérative, le pasteur Désaguliers qui sur ordre, écrivit les premières et deuxième Constitutions en y incorporant la notion de GADLU, concept qui était en cours depuis plus de 100 ans dans les guildes et corporations anglaises.

Jean-Pierre Schnetzler nous rappelle certaines phrases de Denys l’Aréopagite qui parlent de la lumière contenue dans les Saintes Ecritures et qui nous poussent aux louanges théarchiques car venant d’un autre monde. Il rappelle que nous avons prêté des serments de travail, d’allégeance, d’assiduité, et que notre réalisation personnelle passe par l’obligation de les accomplir.

Pierre Meneghetti dans un long article rappelle que nous sommes théiste plus que déiste et donc le VLS est la parole de Dieu, GADLU. De sensibilité RER, il insiste sur le côté croyance en Dieu, dans la Révélation et dans l’immortalité de l’âme. Il cite de très nombreuses phrases de la Bible pour appuyer ses propos, il termine en insistant sur le fait que l’homme qui se réalise en réintégrant son état primordial, réalise la véritable royauté, ce qui fait dire à René Guénon « L’union du ciel et de la terre est la même chose que l’union des deux natures, divine et humaine, dans la personne du Christ, en tant que celui-ci est considéré comme l’homme universel ou le logos » -

Jacques Lutfalla nous entretient du Grand Architecte et de la physique mathématique. Il cite Galilée qui abolit la distinction séculaire entre le monde sublunaire et les sphères célestes, unifiant ainsi la totalité du cosmos. Il cite de nombreux grecs dont Aristote, Archimède dont il développe leurs pensées.

Jean Granger dans un excellent article qu’il appelle « patchwork » reprend les divers rituels et commente dans un premier temps l’évidence et la constante référence à la glorification du GADLU en insistant sur la maçonnerie de tradition. Il parle de la lumière de la Shekinah, du temple de Dieu et celui de l’homme, de la « gloire » de Dieu.

Claude Mouret réfléchie à voix haute sur le Tétragramme divin en partant du chapitre de l’Exode, mais aussi de divers versets de la Bible, il développe les noms divins. Dans un second temps il parle du « Tétragramme d’après Martin Buber » lequel Martin Buber a écrit un livre, publié en France en 1957, dont le titre est Moïse. Lequel Moïse fit un pacte avec Dieu…

 

LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS OU COMMENT COLLABORER A SES PLANS

André Benzimra

Edition Archè Milan

2016

Parce que  l’Œil (Grand Architecte de l’Univers) tient une place essentielle dans notre Delta lumineux, il paraît intéressant d’élargir notre champ de réflexion en abordant d’autres cultures, là surtout où il relève aussi du ternaire. Sa symbolique y demeure celle de la perception intellectuelle. On considère successivement l’œil physique dans sa fonction de réception de la lumière.  

Puis l’œil frontal, le troisième œil de Civa, enfin l’œil du coeur, qui reçoivent l’un et l’autre la lumière spirituelle. Selon Platon et saint Clément d’Alexandrie, l’œil de l’âme est non seulement unique, mais sans mobilité.

Il n’est susceptible que d’une perception globale et synthétique. La même expression d’œil du coeur ou de l’esprit est relevée chez Plotin, saint Paul et saint Augustin.

C’est aussi une constante de la spiritualité musulmane (ayn-el-Qalb). On la trouve chez la plupart des soufis, notamment chez Al-Hallâj. Mais, également, le mauvais œil est une expression très répandue dans le monde islamique, symbolisant une prise de pouvoir sur quelqu’un ou quelque chose, par envie et avec une intention méchante. Le mauvais œil, dit-on, est cause de la mort d’une moitié de l’humanité.

Le mauvais œil vide les maisons et remplit les tombes. Auraient des yeux particulièrement dangereux les vieilles femmes et les jeunes mariées. Y sont particulièrement sensibles les petits enfants, les accouchées, les chevaux, les chiens, le lait, le blé. Heureusement, il existe des moyens de défense contre le mauvais œil: des dessins géométriques, des objets brillants, des fumigations odorantes, le fer rouge, le sel, l’alun, des cornes, le croissant, une main de Fatma.

Le fer à cheval est aussi un talisman contre le mauvais œil. Il semble réunir à cause de sa matière, de sa forme et de sa fonction les vertus magiques de plusieurs symboles: corne, croissant, main et cheval (animal domestique et primitivement sacré).

 

Chez les Egyptiens, l’œil Oudjat (oeil fardé), était un symbole sacré, que l’on retrouve sur presque toutes les œuvres d’art. Il était considéré comme une source de fluide magique, l’œil-lumière purificateur. On connaît aussi la place du faucon dans l’art et la littérature religieuse de l’Egypte ancienne. Or, les Egyptiens avaient été frappés par la tache étrange qu’on observe sous l’œil du faucon, oeil qui voit tout. Autour de l’œil d’Horus se développe toute une symbolique de la fécondité universelle. Rê, le dieu soleil, était doté d’un œil brûlant, symbole de la nature ignée; il était représenté par un cobra dressé, à l’œil dilaté. Les sarcophages égyptiens sont souvent ornés d’un dessin de deux yeux censés permettre au mort de suivre sans se déplacer le spectacle du monde extérieur. Pour nous francs-maçons encore sur terre, l’œil du Delta lumineux, dans le symbolisme constructif, devient l’œil du dôme, au sommet de la voûte ou du temple. Il exprime la porte étroite située au zénith du cosmos, ou de la voûte étoilée qui ouvre sur l’inconnaissable. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La voie parcourue passera de la porte étroite franchie par l’apprenti, à la porte étroite du maître maçon.

 

" Si tu veux comprendre la kabbale, tu dois manger le feu symbolisé par ses lettres, pénétrer l'esprit qui anime l'arbre des Sephirot pour t'en nourrir quotidiennement puis tu devras absorber son essence pour en séparer la substance nutritive et enfin, après en avoir rejeté les scories, tu distilleras cette connaissance dans tes pensées pour que ton âme puisse s'ouvrir à la puissance du Créateur. "

 

Bien qu'ayant perçu une vérité au travers de ses paroles obscures, je ne compris que bien plus tard le sens de ces paroles. C'est en effet par le texte hébraïque inscrit en lettre de feu que j'ai pu pénétrer l'esprit de la kabbale. Une lente méditation sur le symbolisme de l'arbre des Sephirot m'a permis de réunir ses sphères incandescentes dans une vision globale du monde de la Création. Au cœur de cet univers symbolique, l'homme occupe une position centrale à la croisée des chemins initiatiques de la vie. Toute l'essence de la kabbale se retrouve dans le principe de la Création, celle du Livre de la formation de l'univers, le Sepher Yetsirah, source primordiale de l'enseignement kabbalistique. La compréhension des voies du Grand Architecte de l'Univers représenté par l'arbre des Sephirot passe nécessairement par l'étude symbolique de son Oeuvre. L'obstacle principal de cette étude réside dans le fait que nous utilisons notre intellect, notre raison, nos sens pour concevoir ce qui n'est perceptible que par le pur esprit. Néanmoins, la possibilité qui est laissé à l'homme de réfléchir, méditer, transcender, évoluer, transformer sa propre nature, lui permet de se rapprocher du Divin et de lever partiellement le voile obscur qui entoure sa condition humaine.

 

L'arbre des Sephirot, qui prend racines dans les entrailles de la terre et dont la cime caresse la puissance divine, est à l'image de l'homme, le lien entre la terre et le Grand Architecte de l'Univers. Cet arbre représente le parcours de tout initié cherchant à pénétrer les voies de l'âme par la lumière de l'esprit. Toute initiation humaine passe par les chemins de la transformation de l'être. Celui qui cherche la Connaissance devra gravir une à une les branches de l'arbre de la kabbale pour découvrir progressivement le vaste paysage de la création terrestre. Il devra se nourrir des fruits de l'arbre pour découvrir la variété des saveurs de la vie. Un à un, il devra cueillir les symboles inscrits en lettres de feu.

 

Au sommaire de cet ouvrage : De l’unité divine et de la mission qui incombe aux francs-maçons de rassembler ce sui est épars  -  Ordo ab Chao  -  El Schadai et sa mission d’unir ciel et terre  -  Quel est le nom du Grand Architecte de l’Univers ?  -  le delta et sa lumière   - le tétragramme sacré  -  Yod  - l’Œil du Delta  -   l’étoile flamboyante  -  la méthode des kabbalistes  - préceptes et obligations des Francs-maçons  -  Le travail des maçons ne s’arrête jamais  -   Vigilance et persévérance  -  Ici tout est symbole  -  les signes des Francs-maçons se font par équerre, niveau et perpendiculaire  -  Puisqu’il est l’heure, que nous avons l’âge et que tout est conforme, entrons dans les voies qui nous sont ouvertes  -  Elevons nos cœurs  en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière  -  usage des pléonasmes  -   J vous crée, constitue et reçois apprenti franc-maçon   -  les trois points   -  le secret  -  le miroir   -   les mots sacrés et la circulation de la parole entre les frères  -   le silence  - le serment   -

 

LE GRAND ARCHITECTE DANS L’UNIVERS - Méditation maçonnique sur l’Ordre Divin

Marc Halévy

Edition Oxus

2014

La Franc-maçonnerie régulière s’abreuve à trois sources : 1/ Sa propre tradition du Métier, avec ses symboles et ses rituels. 2/ La source biblique, qui livre les concepts clés du Temple de Salomon et de l’architecte Hiram. 3/ La source rationnelle qu’offre le regard scientifique.

L’idée centrale du Grand Architecte de l’Univers est étudiée ici, au travers de ces trois sources en parallèle. Malgré tout il y a une nuance… il ne s’agit pas du Grand Architecte de l’univers, mais du Grand Architecte dans l’univers. Pourquoi ? Parce que le Divin que la Franc-maçonnerie régulière tend à faire atteindre par l’initiation, n’est pas une idée platonicienne éthérée et étrangère, mais bien le Réel même du monde tel qu’il est et tel qu’il va, au-delà des apparences profanes.

En maçonnerie, le GADLU représente clairement le principe ordonnateur de l’univers, la source profonde et ultime de son ordonnancement, le fondement de son Ordre que les physiciens résument aujourd’hui, en termes de briques élémentaires, de forces élémentaires, de lois élémentaires et de constances universelles.

Le but final et essentiel de la Franc-maçonnerie universelle et régulière est le même que toutes les voies mystiques et métaphysiques: la gnose, la connaissance absolue, la compréhension immédiate et totale du fondement du Réel tel qu’il est et tel qu’il va, mais il faut expliquer et éclairer la différence entre le mot mystique et le mot mysticisme.

La mystique ou le mystique aspire au Divin, à la fusion absolue avec le Divin au-delà de toute tradition ou perspective religieuse, alors que le ou les mysticismes, chacun caché au creux d’une religion, portent au paroxysme la piété spécifique d’un courant religieux, accompagnée, presque toujours, d’ascétisme, de macérations, de privations, de souffrances, tout cela dans une voie étroite vers son Dieu…

Au sommaire de cet ouvrage :

Prologue : Le Grand Architecte : clé de voûte de la Régularité - Mystiques et mysticismes - le triangle et le pentacle - correspondances et Table d’Emeraude -

L’Ordre : L’Ordre cosmique - des régularités dans la nature - de la cohérence et de la cohésion universelles - Ordre entropique, chaotique, mécanique ou organique - l’ordre maçonnique - la loge symbolique et ses composantes - l’initiation rituelle et ses degrés - Règles de vie et ses Landmarks - foi en l’existence de Dieu, Etre suprême, Grand Architecte de l’univers - pratique stricte et rigoureuse de l’Initiation rituelle et spirituelle - le culte de la fraternité - respect du secret maçonnique - structure en trois grade : apprenti, compagnon et Maitre - Prêt des serments maçonniques sur la Bible, l’équerre et le Compas - Référence centrale au Temple de Salomon à Jérusalem, et à la légende du Maître Hiram - travail initiatique assidu sous la direction d’un maitre de la loge - le Tabernacle : table des rencontres et sa structure -

L’Architecte : L’Architecte cosmique, son but, intention, son plan et le processus - la création et l’émanation - Hiram - Hiram roi de Tyr et Hiram-Abi fils d’une veuve de la tribu de Nephtali - Hiram, victime sacrificielle - Betsaleel fils d’Oury, fils de Hour -

Les outils : les outils cosmiques - le territoire et l’espace-temps - la forme de l’entropie - l’activité et l’énergie - les outils maçonniques avec le compas et l’équerre - le maillet et le ciseau - le niveau et la perpendiculaire - les outils bibliques avec la coudée, les agrafes et le feu -

Les Matériaux : Matériaux cosmiques - la Matière et l’énergie - l’esprit - les matériaux maçonniques avec la Pierre, le verre et le bois - les matériaux bibliques, minéraux, végétaux et animaux -

Le Travail : L’expansion - la complexification - la suractivation - L’Apprenti, le Compagnon et le Maitre - le travail biblique avec la Libération (Pessa’h) le livre de l’Exode - la Révélation (Shavouot) le livre du Lévitique - La purification (Soukot)

  

LE GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS – DU SYMBOLE A LA FRACTURE

Robert Kalbach

Edition Véga

2011

Dans la maçonnerie naissante du XIXe siècle, il apparaît comme le plus petit dénominateur commun métaphysique mais, pour l'immense majorité des maçons, il est clairement le Dieu de la Bible. Pour Newton, savant de la modernité en même temps que bibliste passionné, il est vu comme Grand horloger et mathématicien. Au dieu trinitaire des chrétiens s'oppose ce "dieu un". Mais chacun allant au ciel par le chemin qui lui plaît, comme l'écrit Voltaire, ce concept commode admet toutes les définitions, tout homme y projetant ses propres croyances, jusqu'à celle, la plus souple d'un "principe créateur" non défini. La référence au GADLU est, en tout cas, obligatoire en France jusqu'en 1877, dans toutes les loges de toutes les obédiences. C'est à cette date que le GODF rompra avec cette obligation, posant les bases de la liberté absolue de conscience. A travers l'histoire de ce symbole, c'est toute l'histoire de l'évolution des idées menant à notre "modernité" qui est ainsi tracée.

 

En Angleterre la victoire des anciens sur les modernes aura une conséquence encore visible de nos jours, c'est la position du Grand Orient à l'époque face à ce dictat de la Grande Loge d'Angleterre. Malgré le Convent de 'Lausanne qui tente de définir une approche plus modérée, plus proche de l'idéal andersonnien, le Grand Orient modifie en 1877 l'article 1 de sa constitution ce qui débouche sur la disparition de l'invocation du Grand Architecte de l'Uni­vers en 1884. Cette décision fondamentale provoquera d'importants changements au sein de la Franc-Maçonnerie française. On peut citer cette phrase entendue au cours du convent du Grand Orient de l'époque. Le Convent de la Franc-Maçonnerie française divorce avec «l'Antique Foi spiritualiste» autrement dit dans ce cas de figure, la liberté de conscience signifie rupture complète avec tout principe de foi quel qu'il soit.

 

La suite des événements verra cette position servir de prétexte à un certain nombre de francs-maçons français qui souhaitaient perpétuer l'écossisme ancien et accepté de pure tradition. De fait, les loges bleues du Suprême Conseil de France s'émanciperont pour former en 1894 l'actuelle Grande Loge de France. Celle-ci devient la troisième unie, celle qui se situe entre le dogme de la croyance définie à l'anglo-saxonne et la voie totale­ment opposée qui, elle, a rayé de ses constitutions la référence du Grand Architecte de l'Univers. Cette troisième voie le Grand Maître Jean Verdun la définit comme «celle qui veut s'affirmer par elle-même sans que rien ne lui soit imposé de l'extérieur, celle qui ne condamne pas le choix des autres, celle qui s'est même nourrie de la première, com­me de la deuxième voie mais pour en faire la synthèse dans la tolé­rance». Cette troisième voie consiste à rassembler ce qui est épars en laissant à chacun sa liberté de pensée. Symbole majeur de la franc-maçonnerie, le Grand Architecte de l'Univers surgit dès le XVIe siècle pour représenter Dieu.

 

LE  GRAND  MANUSCRIT   D’ALGER        -   Tome  I     -   MAGIE ET FRANC- MAÇONNERIE AU  XVIIIe SIECLE.  MANUSCRIT DE L’ORDRE DES ÉLUS COËN  

GEORGES   COURTS

EDITION  ARQA

 2009

En occident il existe peu d’ordres, dits initiatiques qui présentent à la fois un véritable corpus et un ensemble de praxis aussi cohérent qu’exigeant. L’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers est l’un d’eux et la publication du « cahier vert », plus connu sous le titre de « Manuscrit d’Alger », qui constitue une pièce quasi-mythique de ce corpus, est un évènement éditorial très important.

 

Georges Courts, dont la qualité de travail n’est plus à démontrer, et dont le nom restera notamment attaché à la découverte de celui qui fut le véritable scripteur de ce manuscrit exceptionnel- Pierre André de Grainville - nous propose ici de le suivre, entre sceaux et nuées, dans cet ouvrage d’une rare érudition. La présentation magistrale de ce document d’une extrême importance, où l’histoire du Martinézisme se réverbère à chaque page dans une connaissance approfondie des pratiques opératives avérées de l’Ordre des Chevaliers Maçon Elus Coëns, nous permet assurément de mieux cerner l’authenticité spirituelle et théurgique de cette initiation suprême.


Que n’a-t-on pas dit, d’ailleurs, sur cet Ordre Chevaleresque si mal connu, de son origine, et surtout de la transmission effective de ses différents états ? Autant l’avouer, c’est dans la réalité de cette « apparition », mais aussi dans la compréhension subtile qu’il s’agit également d’une invention, à forger de ses propres armes, que se dévoile pour chacun, en la partie la plus ignée de son âme, de façon purement individuée, la réconciliation ultime du corps  et de l’esprit…

L’édition de ce manuscrit doit beaucoup à Robert amadou, et tous les martinistes, les martinézistes et les Francs-Maçons en général, le reconnaissent. R. Amadou a souvent mis en garde contre une pratique prématurée de la théurgie, une impréparation ou une incompréhension de sa nature et de sa finalité.

La théurgie et l’alchimie ne doivent être mises en œuvre que dans « une zone de silence », hors concept, hors croyance, hors représentation.

Comme leur étymologie le suggère, la théurgie et l’alchimie ne s’adresse pas à des personnes, mais à des individus, à la part indivisible de nous-mêmes, notre réalité originelle et ultime, l’Un.

 

La personne conditionnée n’est pas concernée par l’affaire de la « Réintégration », pas plus que par la « Chose ». Elle en est même le principal obstacle. D’où son  insistance pour une pragmatique du silence au quotidien, renforcée par des périodes d’ascèse pour approcher au plus près l’axe de la pure présence ? Et ainsi permettre à « L’ange du Retournement ou du Renversement» de faire son œuvre, c'est-à-dire, conduire l’être à l’Être, au sein du Réel.


Ce chemin vers le simple, qui caractérise l’initiation, est celui qu’emprunta Louis Claude de Saint Martin et d’autres, qui après avoir opéré avec succès selon la théurgie des Elus Coëns, intériorisa celle-ci en une voie cardiaque, entendons une voie du Centre.
Mais, souvenons-nous, qu’un ne peut abandonner que ce que l’on détient, renoncer qu’à ce que l’on maîtrise.


Edition  ARQA -  29  Bd de  la  Lise   Marseille  11012.      http://arqa-edition@thot-arqa.com

 

LE GRAND MANUSCRIT D’ALGER        -       TOME 2

Georges Courts

Edition Arqa

 2013

"Si la fonction sacerdotale est première, elle reste corrélée pour Martinès de Pasqually à la fonction chevaleresque. Les qualités requises pour le combat, en particulier l’éthique chevaleresque, sont indispensables à la pratique du culte. Le corpus martinésiste n’est pas toujours pacifiste. S’il est question de paix, c’est de la paix du Christ, non de celle de l’homme. "

Dans le cadre des recherches martinésiennes très approfondies menées par Georges Courts depuis tant et tant d’années, une des choses les plus importantes, sinon la plus importante était pour lui - en toute hâte - de prendre son temps pour parachever une œuvre tout à fait considérable entièrement vouée à la connaissance opérative des formes nommées par Martinès de Pasqually. Avec ce tome deuxième, l’auteur nous convie maintenant à considérer avec la plus grande attention que l’entrée de plain-pied dans le palais fermé du Roi - autrement dit dans les infrastructures ignées prônées par Martinès - s’appréhende avec une volonté sans faille et une foi indestructible envers l’œuvre des Élus Coëns.

La connaissance a un coût, le chemin de la réintégration aussi, et pour certains imprudents un peu trop pressés le prix à payer est parfois hors de prix. En termes d’opérativité, le moindre faux-pas amènera sans aucun doute le cherchant indiscipliné dans un val sans retour. Autant dire que les savantes mises en garde de l’auteur de ce second volume sont dès lors à appréhender par le lecteur avec la plus grande lucidité et surtout en pleine connaissance de cause. Il est peu de dire que le Tome I du Grand Manuscrit d’Alger de Georges Courts jeta à sa sortie, en 2009, un lourd pavé bleuté dans le pré carré des petits marquis désireux d’arpenter seuls une aire « spirituelle » qu’il s’agissait pour eux de confondre d’écoles en chapelles et de chapelles en réceptacles à initiations. Georges Courts ouvre à tous portes et fenêtres et laisse pénétrer la Lumière indifférenciée pour tout un chacun qui se retrouve à arpenter le Sentier, seul ou accompagné, mais jamais démuni de courage. C’est l’essentiel.

Le travail des Élus Coëns est indissociable d’un certain nombre de notions particulières, notamment en ce qui concerne le tracé des cercles d’opérations. Ces tracés sont faits à la main par craies de couleur rouge, noire et blanche, ainsi qu’avec des préalables avant même les opérations. Par la suite, ces cercles furent petit à petit remplacés par des tapis opératoires, ou encore des tapis de loges renfermant des symboles et des allégories plus ou moins complexes, en liaison avec le degré ou le grade. Ces notions étaient déjà utilisées à l’époque de Martinès par des loges et chapitres maçonniques nombreux. Les opérations, quant à elles, sont définies selon le résultat à obtenir dans le travail quotidien, dans les travaux particuliers, ou lors des équinoxes et des initiations. Elles sont faites soit d’une manière individuelle dans une chambre particulière, soit d’une manière collective en loge, ou chapitre.

Dans les folios du Manuscrit d’Alger, les plans d’opérations renvoient systématiquement à la notion de signes et de noms. Là se côtoient quelques anges seulement, mais surtout des « esprits » bons ou mauvais, avec leurs caractères, intelligences et hiéroglyphes. Il convient, avant d’envisager toute opération du rite, voire compréhension de ce système théurgique aux références magiques, de reprendre les différentes données que les Maçons Élus Coëns devaient sans doute étudier au cours de leur apprentissage, ou encore bien connaître, selon les données de l’époque et selon la magie en usage au Moyen Âge.

Il est de plus en plus certain que Martinès a mis en place un rite spécifique maçonnique, collectif en loge ou chapitre de chevaliers, appuyé par un travail personnel, ou fait d’opérations particulières individuelles en dehors des loges constituées. Ce rite évolua en fonction d’éléments particuliers, peut-être fournis par les données de son père, ou encore de personnes qu’il nomme des Amis de la Vérité et qu’il ne désignera pas nommément, ou des découvertes qu’il fit.

Ce travail, il le modifie ou l’améliore, soit par les propres documents qu’il possède dont - dit-il - il ne se sépare jamais, même dans ses déplacements, soit dans ceux qui lui furent remis et qui lui permirent de faire évoluer le tout, en changeant plusieurs fois les instructions et les rituels, au grand dam de ses émules. C’est ainsi que Willermoz, qui désirait connaître les applications pratiques, fut amené à poser de nombreuses questions dont Louis-Claude de Saint-Martin, peu enclin à une pareille opérativité (il le dira lui-même maintes fois), ne semblait pas connaître les réponses, ni certaines précisions qu’il peut donner ensuite au retour de Martinès de Pasqually. Parlant de l’ordre opératif dans l’Ordre des Élus Coëns en 1778 et préférant « ses intelligences », Saint-Martin reconnaîtra lui-même son incompétence : « Je n’étais pas assez avancé dans ce genre, ni dans aucun autre genre actif, pour faire un grand rôle dans cette excellente société, mais on y est si bon qu’on m’y a accablé d’amitiés ». Saint-Martin opposera par la suite clairement « ses intelligences » à l’ordre opératif, à ce genre actif et à l’initiation par les formes des Élus Coëns.

Pour Saint-Martin, ces initiations « par les manifestations sensibles obtenues aux moyens de cérémonies », de même que les instructions de Don Martinès dont se louait le Puissant Maître de Salzac, tout cela est « trop compliqué et ne peut être qu’inutile et dangereux ». Malgré tout, en 1892, il reconnaîtra que la plupart de ceux qui suivaient Martinès de Pasqually, qui avaient des vertus très actives, « ont retiré des confirmations qui pouvaient être utiles à notre instruction et à notre développement ».

Mais pour certains, les idées du Philosophe Inconnu deviendront rébarbatives et contraires aux données de Martinès de Pasqually, créant ainsi la zizanie dans les groupes qu’il visitera. Ainsi, De Salzac répondra en déclarant que les interventions de Saint-Martin avaient eu des résultats malheureux. Saint-Martin avait tout juste réussi à « mettre en méchante posture par des nouveautés » des frères qui travaillaient selon les anciennes instructions de Martinès et que cette « belle besogne » était une malheureuse affaire, ou que les séduisantes propositions de Saint-Martin « n’étaient que les fruits d’un esprit, mieux intentionné que mûri ».

Pour Matter,  la recherche de la voie centrale (interne), la communication de ses intelligences (l’enseignement de Böhme), et le rejet des cérémonies et des manifestations sensibles qui accompagnaient ces cérémonies constituaient les points les plus essentiels de la mission de Saint-Martin. Pour Saint-Martin, dans cette voie interne mystique, le résultat de ces intelligences est l’expression de l’amour sans forme, de centre profond sans forme physique et de Verbe intime. L’effet du centre interne « se borne à des mouvements intérieurs délicieux et à de bien douces intelligences qui sont parsemées dans mes écrits », ce qui est bien loin et séparé des méthodes du rite des Élus Coëns.

Pendant ce temps, quelques émules de Martinès continuent cependant de penser que les réunions maçonniques et martinistes, les initiations particulières, les loges et leurs travaux sérieux permettent un travail réel opératif, une théurgie initiatique efficace et une progression qui sera confirmée, voire validée par le regard d’autrui, car bénéficiant aussi de l’énergie, des conseils ou même des critiques, mais surtout des aides entre frères et sœurs sur le même chemin.

 

LE GRAND MANUSCRIT D’ALGER       -     TOME  3

Georges Courts

Edition Arqa - Marseille

2017

Nous saluons ici l’immense travail accompli par Georges Courts pour mettre à la disposition des chercheurs, de tous ceux qui s’intéressent à la doctrine de la Réintégration de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, fondé par Martinès de Pasqually, le Cahier vert plus connu sous l’appellation de Manuscrit d’Alger dans les milieux autorisés. Georges Courts et les Editions Arqa nous proposent en trois tomes une très belle édition commentée de ce document essentiel à la pratique de la théurgie des Elus Coëns. En effet, le Cahier vert fournit de nombreuses indications techniques mais aussi les orientations permettant de mettre en œuvre les opérations théurgiques complexes proposées par Martinès de Pasqually à ses émules.

 

Avec ce troisième volume, le lecteur peut comprendre que nous sommes dans un « pas à pas ». Le « pas à pas » des volumes fait écho au « pas à pas » de la pratique opérative des Elus Coëns. Ces opérations s’inscrivent dans le jeu de miroirs qui se déploie depuis l’immensité divine jusqu’à l’immensité terrestre en passant par l’immensité surcéleste et l’immensité céleste. Ce déploiement, conséquence des deux chutes dans le système de Martines de Pasqually, opère par émanation, émancipation, création. Depuis la seconde chute, l’homme n’est plus dans le Temple mais le Temple est dans l’homme et plus encore, Dieu lui-même s’est constitué comme Temple dans la crypte du monde. Le lieu de l’opération semble l’externe, semble seulement, car, oeuvrants à l’externe, l’opérateur œuvre, par le jeu des miroirs divins, en l’interne, jusqu’à saisir que l’un et le multiple ne sont ni séparés ni opposés, que l’interne est l’externe et l’externe est l’interne. La distinction, nécessaire dans le champ de la création, devient coïncidence dans le champ de l’émancipation puis se dissout par l’émanation. Aux deux chutes correspondent deux ascensions apparentes mais en réalité il n’y a là que célébrations, célébrations accordées aux êtres émanés puis émancipés auxquelles répondent les célébrations par les Elus Coëns de la liberté de Dieu jusque dans l’opacité de la création, de la dualité.

 

Le jeu est subtil. Il n’est pas insaisissable pour celui qui opère. Il est insaisissable pour celui qui n’opère pas tant la doctrine ne fait que commenter la pratique. Le culte célébré par les Elus Coëns, ce culte premier, primitif, immédiat et non-duel, formalisé dans la dualité qui est la nôtre, renvoie à l’Un par les reflets multiples qui, d’abord opaques, s’éclaircissent jusqu’à la parfaite lumière du Divin. Si la possibilité d’une voie directe demeure, elle fut exprimée par Louis-Claude de Saint-Martin, après avoir réussi les opérations Coëns, évoquée par Jean-Baptiste Willermoz et inscrite dans le Régime Ecossais Rectifié, il s’agit moins de parcourir une voie, que de célébrer, pas à pas, en chaque nuance de la palette divine, la totalité du Divin. Les réceptions aux divers grades de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers ne doivent pas être abordées maçonniquement. Elles illustrent le pas à pas opératif, elles le scellent éventuellement. Le pas à pas lui-même se réalise par les opérations, grandes ou petites, des Elus Coëns. Leur fonction, leur justification, leur sens sont exclusivement théurgiques.

 

Bien entendu, il est légitime de s’interroger sur l’efficacité du système opératif destiné aux Elus Coëns. Complexité, lourdeur, incertitude… Certes, mais il n’est pas question d’efficacité quand on célèbre mais de reconnaissance de la beauté et de la liberté inscrites ici et maintenant à travers le fait même de la célébration. C’est parce que le système opératif Coën est appréhendé comme un « pas à pas vers » qu’il demeure largement incompris. Il s’agit d’un « pas à pas pour », pour le pas lui-même, une danse absolument libre au sein même d’un ensemble de contraintes.  Il y a un grand paradoxe dans cette complexité apparente qui, par renversement, conduit au simple, ce paradoxe n’est qu’un reflet du paradoxe de Dieu, Un et multiple. Un et multiple pour permettre le dialogue apparent, le monologue divin entre théophanies et épiphanies, entre les manifestations divines et les reconnaissances de Dieu par les êtres dans ces manifestations.

 

En menant à bien ce travail, Georges Courts contribue à la compréhension de la doctrine de la Réintégration qui imprègne tout le courant martiniste, Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, Régime Ecossais Rectifié, Théosophie de Louis-Claude de Saint-Martin, Ordres martinistes depuis Papus, mais aussi au-delà dans des cercles et courants illuministes. Il contribue aussi à la pérennité d’un système fragilisé par sa complexité et qui peut heurter le chercheur par l’incompréhension première qu’il suscite. Cette édition qui fut une aventure au sein même de la grande aventure du courant martinéziste marque l’entrée de l’œuvre de Martinès de Pasqually dans le XXIème siècle. Peu auraient parié, au début du XVIIIème siècle, que l’on parlerait encore de la doctrine de la Réintégration plus de deux cents ans après son incomplète mais remarquable élaboration.

 

Préface de Rémy Boyer : Avec ce troisième volume, le lecteur peut comprendre que nous sommes dans un « pas à pas ». Le « pas à pas » des volumes fait écho au « pas à pas » de la pratique opérative des Élus Coinces opérations s’inscrivent dans le jeu de miroirs qui se déploient depuis l’immensité divine jusqu’à l’immensité terrestre en passant par l’immensité surcéleste et l’immensité céleste. Ce déploiement, conséquence des deux chutes dans le système de Martinès de Pasqually, opère par émanation, émancipation, création. Depuis la seconde chute, l’homme n’est plus dans le Temple, mais le Temple est dans l’homme et plus encore, Dieu lui-même s’est constitué comme Temple dans la crypte du monde.

 

Le lieu de l’opération semble l’externe, semble seulement, car, œuvrant à l’externe, l’opérateur œuvre, par le jeu des miroirs divins, en l’interne, jusqu’à saisir que l’un et le multiple ne sont ni séparés ni opposés, que l’interne est l’externe et l’externe est l’interne. La distinction, nécessaire dans le champ de la création, devient coïncidence dans le champ de l’émancipation, puis se dissout par l’émanation. Aux deux chutes correspondent deux ascensions apparentes, mais, en réalité, il n’y a là que célébrations, célébrations accordées aux êtres émanés, puis émancipés auxquelles répondent les célébrations par les Élus Coën de la liberté de Dieu jusque dans l’opacité de la création, de la dualité.

 

Le jeu est subtil. Il n’est pas insaisissable pour celui qui opère. Il est insaisissable pour celui qui n’opère pas, tant la doctrine ne fait que commenter la pratique. Le culte célébré par les Élus Coën, ce culte premier, immédiat et non-duel, formalisé dans la dualité qui est la nôtre, renvoie à l’Un par les reflets multiples qui, d’abord opaques, s’éclaircissent jusqu’à la parfaite lumière du Divin. Si la possibilité d’une voie directe demeure, elle fut exprimée par Louis-Claude de Saint-Martin, après avoir réussi les opérations Coëns, évoquée par Jean-Baptiste Willermoz et inscrite dans le Régime Écossais Rectifié ; il s’agit moins de parcourir une voie, que de célébrer, pas à pas, en chaque nuance de la palette divine, la totalité du Divin. Les réceptions aux divers grades de l’Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coën de l’Univers ne doivent pas être abordées maçonniquement. Elles illustrent le pas à pas opératif, elles le scellent éventuellement. Le pas à pas lui-même se réalise par les opérations, grandes ou petites, des Élus Coën. Leur fonction, leur justification, leur sens sont exclusivement théurgiques.

 

Bien entendu, il est légitime de s’interroger sur l’efficacité du système opératif destiné aux Élus Coën. Complexité, lourdeur, incertitude… Certes, mais il n’est pas question d’efficacité quand on célèbre, mais de reconnaissance de la beauté et de la liberté inscrites, ici et maintenant, à travers le fait même de la célébration. C’est parce que le système opératif Coën est appréhendé comme un « pas à pas vers » qu’il demeure largement incompris. Il s’agit d’un « pas à pas pour », pour le pas lui-même, une danse absolument libre au sein même d’un ensemble de contraintes. Il y a un grand paradoxe dans cette complexité apparente qui, par renversement, conduit au simple, ce paradoxe n’est qu’un reflet du paradoxe de Dieu, Un et multiple. Un et multiple pour permettre le dialogue apparent, le monologue divin entre théophanies et épiphanies, entre les manifestations divines et les reconnaissances de Dieu par les êtres dans ces manifestations.

  

le kadosch franc-maçon

Georges lerbet

EDITION EDIMAF

 2003

30ème degré du R.E.A.A., et présent dans d’autres rites, celui de chevalier Kadosh a pris de nombreuses formes depuis le 18e siècle, en Angleterre, sur le continent et aux Amériques.

 

Son étude permet d’aborder la complexité de son évolution et elle éclaircit la place qu’il occupe dans le Franc- Maçonnerie d’aujourd’hui ; certains de ses constituants – et non des moindres -  sont de bons indicateurs de la façon dont la culture du temps est  prise en considération dans les discours initiatique de l’Ordre.

 

Comme dans l’étude des trois premiers grades et de celui de Chevalier Rose+Croix (18e degré) , l’accent est mis, ici, sur ce que retient l’expérience maçonnique, à la lumière des avatars culturels, spirituels, métaphysiques et idéologiques ainsi que des modèles nés des acquis des sciences jusqu’à l’époque contemporaine.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Fondamentaux : L’écossais et le cardinal  -  La structure du grade  -  La légende templière  -  Le caché du Kadosh et son échelle  -

 

Des Templiers noirs ou blancs : L’Ordre Sublime des Chevaliers Elus  -  Des refoulements au déni  -  De Morin et Saint-Domingue à Francken  -  la conservation de l’allégorie templière  -  L’ère du Temple maçonnique  - 

 

Ouvertures babéliennes : Le Kadosh entre cadrage religieux et voie hermétique  -  Divergences dans la mise en pratique du Kadosh  -  La poussée humaniste et philosophique  -  Fermes permanences écossaises  -  Vers une « sainteté » sociale  -

 

Un lent retour au sacré chez un Kadosh centriste : Un recadrage méditatif séculier dans une maçonnerie abstraite  -  Allégories et emblèmes initiatiques reconquis  -  Allégories modérées  -  Richesse et ambigüités manifestes  -

 

Jeux et enjeux maçonniques : Le Kadosh et le jeu complexe des francs-maçons au pays des paradoxes  -  Expérience, méthodes et modélisations  -  Franc-maçonnerie et jeux hermétiques  -

 

 

Georges Lerbet, Franc-maçon, grand érudit, professeur émérite, écrivain et ésotériste, nous a quitté en Octobre 2013 à Orléans.

 

LÉGENDES MAÇONNIQUES   -  IMAGINATION ET PSYCHOLOGIE

 Jean- Luc  Maxence

Edition Dervy

 2015

La psychanalyse freudienne est inapte à saisir les enjeux de l’initiation comme l’avait perçu avant tout le monde René Guénon. L’approche des deux auteurs est jungienne. On sait l’œuvre de Jung, quand elle n’est pas réduite par l’université ou vilipendée par des freudiens et lacaniens étroits et sectaires, très proche de la pensée traditionnelle. Jung fut membre d’une société initiatique et toute son œuvre est marquée de cette orientation dont on trouve une expression libre dans son « Livre rouge ».

 

Les auteurs croisent deux regards, celui de l’anthropologie avec Frédéric Vincent, celui de la psychanalyse jungienne avec Jean-Luc Maxence pour étudier, expliquer, les légendes maçonniques les plus courantes du Rite Ecossais Ancien et Accepté, du Rite Français, du Régime Ecossais Rectifié et du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Pour cela, ils se placent sous le signe du groupe d’Eranos qui a rassemblé entre autres, Jung, Henri Corbin et Gilbert Durand, ces deux derniers étant d’ailleurs membres de l’ordre maçonnique :

 

« Ouverture analytique et mythanalyse… Grâce à ces deux démarches, sur bien des aspects complémentaires, il est question de montrer la manière dont les légendes maçonniques véhiculent des mythèmes qui permettent à la fois de structurer la psyché et de mieux construire la vie sociale. Dans la continuité des travaux de Carl Gustav Jung et de Gilbert Durand, il faut insister sur le fait que le mythe est un produit de l’appareil psychique de l’homme et qu’il répond de la façon la plus adéquate qui soit aux problématiques humaines les plus fondamentales.

 

Ainsi, les légendes maçonniques doivent être comprises comme les outils psychosociaux indispensables qui rendent possible toute résolution de conflits ou de problématiques existentiels. Il s’agit pour le maçon d’aller au-delà d’une rationalisation stérile des légendes maçonniques afin d’accéder à une véritable prescience du fonctionnement psychique » qui nous dit l’attitude à adopter face aux maux les plus terribles. Hiram est la figure mythologique centrale des rituels maçonniques et révèle l’exemplarité devant la mort (résolution psychique) mais aussi devant la fourberie des trois mauvais compagnons (résolution sociale).

 

Les légendes maçonniques exploitent de nombreux mythèmes qui offrent un panorama des postures psychosociales les plus en adéquation avec l’ensemble des problématiques humaines. L’homme incomplet jeté dans l’absurdité et la contingence trouve sa raison d’être dans la beauté des mythes et se régénère en permanence à la mesure de leur réactualisation dans les différentes phases de l’histoire de l’humanité. »

 

La dimension véritablement initiatique du mythe, véhicule des praxis qui libèrent l’être de l’histoire personnelle et collective, est donc absente du propos des auteurs au bénéfice d’une approche psychosociale, certes intéressante, mais terriblement réductrice alors même que le livre regorge d’intuitions qui relèvent clairement des voies d’éveil.

 

Contrairement à ce qui est annoncé, les mythes étudiés ne sont pas abordés dans le contexte du Régime Ecossais Rectifié ou des Rites Egyptiens. Il aurait pour cela fallu reprendre les mythèmes concernés dans le cadre spécifique de la doctrine de la réintégration des êtres pour le RER et de l’échelle de Naples pour les rites égyptiens (en effet seuls les quatre derniers grades de l’échelle de Naples sont spécifiquement égyptiens). Par contre, la matière apportée par les auteurs est riche dans le cadre du Régime Ecossais Ancien et Accepté.

 

Un autre intérêt du livre réside dans le transfert de certains mythèmes traditionnels, notamment propres aux légendes chevaleresques dans les sagas de héros contemporains, de Batman à Dark Vador. Il est intéressant en effet d’observer comment les mythèmes, doués d’une vie propre, savent se répliquer dans des milieux et contextes fort différents.

 

le livre d’hiram

C. KNIGHT & R. LOMAS

EDITION DERVY

 2004

Après La Clé d’Hiram et ses révélations sensationnelles sur les origines de la pensée occidentale, et notamment de la Bible et de la Franc-maçonnerie, Christopher KNIGHT et Robert Lomas ont continué à approfondir leurs recherches.


C’est donc tout naturellement de l’étrange sanctuaire écossais où s’achevait le précédent livre que les deux auteurs sont repartis pour, d’une certaine manière, reprendre la route à rebours et mettre le cap vers le soleil et les rives de la Méditerranée orientale après, toutefois, un crochet dans les brumes septentrionales… pour découvrir des secrets encore plus fantastiques. Pas à pas, d’indices en indices, un tableau incroyable va se former. Ainsi vont peu à peu apparaître des vérités inavouables, des révélations explosives, fondant l’ensemble de la pensée universelle, qu’elle soit spirituelle, sociale, religieuse, ésotérique.

Quelle fut l’influence de l’astronomie ? L’astre spirituel majeur n’est-il pas Vénus et non le Soleil ? In fine, en plongeant au cœur des rituels de la Franc-maçonnerie, Knight et Lomas ont reconstitué l’histoire oubliée de la légende hermético-ésotérique fondant la pensée occidentale et ils l’ont appelé le Testament maçonnique (ils le livrent à la sagacité des lecteurs en fin d’ouvrage). Une science perdue a changé le monde, elle pourrait le changer de nouveau, si les hommes savaient observer et retrouver les véritables et vénérables secrets cachés dans le sein des rituels. C’est l’avenir de la pensée altruiste et généreuse, fondatrice du progrès social et moral de la planète, qui est en jeu.

 

LE LIVRE DE BAZALLIELL -  PETIT RECUEIL DE SAGESSE A L’ADRESSE DES FRANCS-MAÇONS

Thomas  Grison

Edition de la Hutte

2017

Bâtisseur de l´arche d´alliance (dans l´Exode), Betsaleel, ou Bazalliell, nous est présenté, avant Hiram, comme la figure tutélaire de la franc-maçonnerie (Manuscrit Graham, 1726). Dans son cheminement intérieur, Thomas Grison s´est livré ici à une véritable quête poétique afin de restituer dans toute sa force et dans toute sa vigueur la parole de Bazalliell telle qu´elle a défié le temps pour s´imposer à nous.

La fin de l´ignorance, rappelle-toi que l´outil l´enseigne à l´ignorant, de sorte que celui qui ne savait rien apprend par lui à s´élever. Ainsi le chemin de l´outil est-il voie de sagesse pour qui cherche avec courage et persévérance. Partout où il va, vois comme la lumière entoure l´ouvrier qui bénit ses outils et chérit son métier ! Ami, ton équerre est comme une lampe dans la nuit ! Qu´elle soit le signe de la rectitude qui dirige les travaux, et de la réconciliation qui doit régner en ton temple ! Ainsi travaille toujours pour que soit à nouveau réuni ce qui auparavant était séparé, de sorte que tout ce qui va par deux ne soit plus qu´un désormais, la droite et la gauche, le dedans et le dehors, le haut et le bas, le soleil et la lune.

Petit recueil de sagesse à l´usage des francs-maçons, le Livre de Bazalliell s´adresse aux maçons et maçonnes de tous horizons et de toutes obédiences, ainsi qu´à tous ceux et celles qui, animés par l´amour et épris de fraternité, souhaiteront un jour, peut-être, se joindre au chantier.
Complétées de notes manuscrites, d'objets personnels et de photographies, il nous est aujourd'hui donné de partir sur ses traces, dans un passionnant parcours, presque initiatique, dans les contrées du Tibet lointain.

 

Ce récit d’origine chrétienne et proche du manuscrit Graham, suit immédiatement celui des trois fils de Noé et rapporte l’histoire de Bazalliell qui, sous le règne du roi Alboyne (ou Alboyin), « sut par inspiration que les titres secrets et les attributs principiels de Dieu étaient protecteurs, et il bâtit en s’appuyant dessus’ ». Sa renommée s’étendit tant que les deux plus jeunes frères du roi voulurent être instruits par lui, ce à quoi il consentit à la condition qu’ils ne révélassent pas ses secrets sans qu’un troisième fût là pour joindre sa voix à la leur. A sa mort, conformément à sa volonté, il fut enterré dans la vallée de Josaphat par les deux princes qui gravèrent sur sa tombe : Ci-gît la fleur de la maçonnerie, supérieure à beaucoup d’autres, compagnon d’un roi et frère de deux princes. Ci-gît le cœur qui sut garder tous les secrets, la langue qui ne les a jamais révélés. Et l’on crut alors « que les secrets de la maçonnerie étaient complètement perdus parce qu’on n’en entendait plus parler ».

 

LE LIVRE D’INSTRUCTION DU CHEVALIER KADOSCH

Armand BEDARRIDE

EDITION  DEMETER

1933 – 1987

L’auteur étudie les rapports mythiques et historiques entre la F. M. et les Templiers.       Les grades intermédiaires avec leur hermétisme et leur alchimie dans les hauts grades écossais.

Le Rite Ecossais Ancien et Accepté est un système qui regroupe de nombreuses Traditions ésotériques, Egyptienne avec son rameau Hermétique, Grecque, orphique et pythagoricienne, Hébraïque avec sa branche Cabalistique, Chrétienne avec l'Alchimie, et surtout Chevaleresque à travers les influences teutoniques et templières. Il a pour sujet et objet la sève, le liant que l’on qualifie de « religare », au fondement de toutes religions sans en être pour autant une. Il a pour but affiché de réunir les hommes sur des bases universelles qui dépassent et relativisent leur cadre socioculturel et confessionnel, afin que leurs soit assignée la mission de faire le bien de l’humanité.

C’est un système à trente-trois degrés, dont le trentième, celui de Grand Elu Chevalier Kadosh ou Chevalier de l’Aigle Blanc et Noir a un rôle de première importance. En effet, le Chevalier Kadosh est défini par l’expression « son nom fût autre, et le même pourtant ». C’est donc un degré qui comporte implicitement tous les degrés antérieurs.

Celui qui le détient a la pleine connaissance de ce qui lui a été enseigné précédemment. Ce degré aussi marque le suprême de l'enseignement initiatique, au moins métaphoriquement, dès lors que le sommet de l'échelle mystique qui indique l'effort nécessaire à son évolution est atteint par l’initié.

Le REAA se fond sur la volonté de rechercher la chose cachée (ésotérique trouve son étymologie dans esoterikos signifiant caché) en sachant que par cette volonté les hommes passent par les mêmes chemins et font les mêmes constats. L'initié commence par l'étude de l'homme, des devoirs qu'il a à remplir envers ses semblables et envers soi-même, il découvre une vérité qui est l'existence du Grand Architecte de l'Univers, auteur de tout ce qui est, ainsi que l'obligation de l'amour pour son prochain. Il s'instruit des sciences et des arts, moyens qui lui permettront d'arriver à la Vérité.

La Parole ainsi perdue, l'homme ainsi déchu, le mal et la confusion régnèrent sur la terre à la place de l'amour du prochain. Il fallait donc faire quelque chose, et le rite en donne une voie qui s'appuie sur le thème récurrent de la quête, de la recherche de la Parole Perdue, et de l'alternance des Ténèbres et de la Lumière, du processus de Mort et de Renaissance. Donc, déjà, une alternance de phénomènes opposés et contraires, de binaires.

 

le livre d’instruction du rose-croix

Arnaud bedarride

EDITION TÉLÈTES

 1994

Étape importante et nécessaire dans différents systèmes de Hauts-Grades, le degré de Chevalier Rose-Croix témoigne de l’influence importante du rosicrucianisme sur la Franc-maçonnerie. Il est l’héritier de la confrérie mythique et des nombreuses sociétés qui s’en sont inspirées depuis le début du XVIIème siècle, et de leur symbolique hermétique, alchimique et kabbalistique.


Armand Bédarride rassemble ce qui est épars, pour que les différents rites pratiqués ne soient pas opposés mais rapprochés, et examine le contenu et la substance du grade, ce qu’il apporte de nouveau comme principes, doctrines et règles de vie.


Après avoir abordé le rôle et la fonction des Hauts-Grades, l’auteur étudie la transition de la Maîtrise à la Rose-Croix, les Degrés Intermédiaires, les symboles fondamentaux du degré : le Phénix, le Pélican, I.N.R.I., les Vertus… L’ouvrage est complété par un discours de réception aux nouveaux Rose-Croix et par des indications bibliographiques.

 

le maçon dÉmasquÉ

Thomas wolson

EDITION  DU  SNES

 2000

Ce petit volume, reproduit d’après un original, est intéressant à plus d’un titre.

 

Le premier est son contenu qui permet de constater le maintien de la Tradition, même si quelques aspects de détail ont varié en bientôt deux siècles et demi.

Le second titre est la série de questions que pose la lecture de ce texte.

 

Le troisième est la rareté de ce volume, peu connu des historiens de la Franc-maçonnerie en France. On remarquera que la reproduction du texte, fidèle à l’original, comporte nombre de fautes d’orthographe, de grammaire, et même des variations dans ces fautes, mais nous avons tenu à rendre un texte authentique, comme toujours en pareil cas

 

LE  MAÇON  DÉMASQUÉ ou LE VRAI SECRET DES FRANS- MAÇONS 

Léonard Gabanon alias  Louis Travenol

ÉDITION DE LA HUTTE

BERLIN 1757- LA HUTTE 2010

Ce texte datant du début de la Franc-Maçonnerie, fut lors de sa publication, une petite bombe, car il dévoilait quelques secrets de cette nouvelle maçonnerie qui se mettait en place. Heureusement Philippe Langlet dans une préface explicative explique certains passages du texte et remet le vocabulaire en français compréhensible.

 

Le texte de cet ouvrage présente trois grandes parties

 

1/ Une dédicace, une préface et une partie descriptive

2/ Le catéchisme des trois grades, les paroles de 4 chansons

3/ Les constitutions des Francs-Maçons, Les trois tableaux de loge, Une explication des principaux symboles, la description des médailles du secrétaire, de l’orateur et du trésorier, puis quelques vers latins et un quatrain du frère Ricault, enfin les paroles et la musique de 5 chansons

 

L’auteur de cet ouvrage fut initié et voyagea dans toute l’Europe y compris sur les bateaux, il divulgue ce livre ayant quitté la F.M, mais il n’est pas trop désabusé, on sent qu’il aime la maçonnerie, mais regrette que trop de frères y rentre sans avoir l’envie ni la savoir et ainsi cela donne des loges de fraternité profane plus que de loge humanistes.

Un livre introuvable, que les éditions de la Hutte ont eu la bonne idée de rééditer.

 

le maÎtre Écossais de saint-andrÉ

Jean ursin

 EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2003

Depuis la fin du XVIIIème siècle, le Rite Écossais Rectifié présente un rameau singulier de la Franc-maçonnerie, notamment par son inspiration chevaleresque, issue des survivances templières et de « l’exigence chrétienne » de ses fondateurs. Moins connu que d’autres rites maçonniques, il a pourtant connu son heure de gloire au cours des siècles passés avant de manquer de disparaître, puis de renaître à nouveau, tel le Phénix dont il a adopté la devise « Perit ut vivat ».


Dans cette tradition héritière de l’aventure néo-templière de la Stricte Observance et des maçons mystiques lyonnais, l’initié parcourt les trois grades traditionnels des loges « bleues » - apprenti, compagnon et maître – avant d’accéder aux loges « vertes » et au grade de Maître Écossais de Saint-André, dans lequel tout ce qu’il a appris peut être remis en question.

  

le maÎtre secret

Christian guigue

EDITION  DÉTRAD

 2005

De somnolent dans une ancienne vie qu’il traversait sans savoir où il allait, ni ce qu’il devait accomplir dans cette incarnation, le Maître Secret, s’il a totalement compris ce que la divulgation de certains mots et noms impliquait, sera devenu un veilleur, un éveillé par la conscience de la Présence divine en lui.


Seul celui qui consacre sa vie au grand mystère de l’essencification des essences peut évoluer dans le franchissement des voiles mystiques, car nul ne peut accéder à la sublimité de la lumière originelle préservée par les archanges du Trône ou les gardiens de la Face, à la vision de la hiérarchie des degrés de l’Être comme à ceux de l’univers angélique, s’il n’a pas au préalable découvert les arcanes cachés dans le Ciel et sur la Terre.

Parmi les 30 thèmes traités :

Salomon, Adonhiram, le Saint des Saints, l’Âge du grade, la Batterie du grade, La Clef d’ivoire, Le Voile, le Deuil et les larmes d’argent, Le Silence, le Devoir, Le Secret, Le Laurier et l’Olivier, Les Voyages, La lettre Z, des Discours pour l’Orateur, La Corde, Les Lévites, Les noms de Dieu etc.

 

LE  MAÎTRE  SECRET

Christian  GUIGUE 

Edition  GUIGUE

 2010

Ce degré de Maître secret est le 4e degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, il est le sas d’entrée des degrés de perfection et donne une base solide pour la suite de son cheminement.

De somnolent dans une ancienne vie qu’il traversait sans savoir où il allait, ni ce qu’il devait accomplir dans cette incarnation, le Maître secret, s’il a totalement compris ce que la divulgation de certains mots impliquait, sera devenu un veilleur, un éveillé par la conscience de la Présence divine en lui.

 

Seul celui qui consacre sa vie au grand mystère de l’essencification des essences peut évoluer dans le franchissement des voiles mystiques, car nul ne peut accéder à la sublimité de la lumière originelle préservée par les archanges du Trône ou les gardiens de la Face, à la vision de la hiérarchie des degrés de l’Être comme à ceux de l’univers angélique, s’il n’a pas au préalable découvert les arcanes cachés dans le Ciel, dans le Cosmos, sur la Terre et dans les mondes souterrains.

 

Cet ouvrage traite les thèmes suivants :

La lettre Z, Ziza, Zizon – le voile – la corde et le nœud coulant – les voyages du maître secret – la noir – le silence du Maître secret – l’âge du grade – la batterie du grade – de l’équerre au compas – la clef d’ivoire – cercle, delta, étoile flamboyante – l’œil sur le tablier – Salomon et Adonhiram – le saint de saints – obéissance et fidélité – les larmes d’argent – le deuil et les larmes d’argent – le Maître secret est un Lévite – Que cherchez-vous dans vos voyages ? La vérité et la Parole perdue – le laurier et l’olivier – main de justice, sceptre et le sceau du secret – Devoir et serments – le signe du silence  ou du secret – Le Devoir du Maître secret – les Noms de Dieu – les discours ou allocutions de l’Orateur – le symbolisme du Maître secret – la clef – Etre fidèle et obéissant – Pourquoi ne peut-on pas entrer dans la Saint des Saints ? – comment tracer le synthème – êtes-vous Maître secret ? Je m’en glorifie – La grande lumière a commencée à paraitre……..

 

LE MAÎTRE SECRET -Tome 1      -             N°  44     -

Percy John Harvey 

Edition Maison de Vie

 2011

Dans les hauts grades maçonniques, le degré de Maître secret tient une place prépondérante.

Assassiné, Maître Hiram est ressuscité dans tout nouveau Maître Maçon, mais la légende ne s’arrête pas là, et le rite Ecossais Ancien et Accepte a développé une série de « hauts grades », considérés comme un cycle de perfection.

Le premier d’entre eux est le grade de « Maître secret ». Quelle est sa symbolique, quelles sont les clés du grade, comment se présente la Loge où est célèbre le rituel, de quel secret est-il question ?

A partir du grade de Maître, le Rite maçonnique a pris une tournure allégorique par l’introduction de la légende d’Hiram. Le drame causé par le meurtre du Respectable Maître a bouleversé la maçonnerie, les ouvriers et le chantier de la construction du Temple. Puisque le Temple de Salomon est resté inachevé, cela supposait qu’il y avait une suite à ce drame.

L’objet principal des degrés de perfection revient à achever le Temple, à rétablir l’ordre et la justice, et à retrouver la Parole Perdue.

Le degré de Maître secret assure la continuité de la légende d’Hiram, dont le meurtre a défait la maçonnerie et brisé ses outils, à l’instar de la colonne brisée que l’on trouve souvent dans la symbolique maçonnique et ésotérique. Le rite de perfection passe alors à un système théâtralisé, composé d’une série d’épisodes dont la dramaturgie allégorique conduit à mettre le récipiendaire en situation, devant certains aspects de l’ego inhérents à la condition humaine.

Au sommaire de cet ouvrage, on y trouve :

La loge de perfection - La décoration et les aménagements de la loge - La légende du grade - Les officiers de la loge : titre, décors et attributs - les secrets du grade - Le signe du silence et du secret - Le science et la parole, le signe du silence - Le signe du secret et le sceau du secret - Ziza et Zizon - La clef d’ivoire et la clef des secrets -

 

LE MAÎTRE SECRETTome 2     -              N°  47    -

Percy John Harvey

Edition Maison de Vie 

 2011

Le Maître d’œuvre a été assassiné, Hiram a disparu, mais le roi Salomon ne cède pas au désespoir et décide de poursuivre la construction du Temple.

Le 4e degré, premier des « hauts grades » maçonniques, est à la fois un temps de deuil en l’honneur de l’architecte défunt et de réorganisation des travaux de la loge dans un nouveau cadre

L’auteur décrit le temple de ce 4e degré, l’ouverture et la fermeture des travaux, la cérémonie d’élévation du nouveau Maître secret, ses quatre voyages symboliques et les devoirs de sa charge qui sont martelés lourdement et explicitement.

Le rituel de réception au 4e degré de l’Ancienne Maîtrise se limitait à élever le Vénérable Maître candidat au rang de Lévite, à le recevoir sous la couronne de laurier et d’olivier, et à le décorer de la clef d’ivoire. Le rituel moderne ajoute l’importance de l’engagement sur le sentier du Devoir.

Avec les enseignements dispensés par les quatre voyages symboliques, une sorte de « propédeutique » du Devoir est communiqué aux récipiendaires.

Le projet du cycle salomonien porte sur quatre points majeurs :

1 : Après le deuil d’Hiram, il faut réorganiser le chantier afin de poursuivre les travaux de construction de la demeure de l’Eternel, assurer la concorde parmi les ouvriers et achever la Temple de Jérusalem.

2 : Procéder aux funérailles d’Hiram afin de perpétuer sa mémoire

3 : Venger l’Art Royal en exécutant les trois coupables du meurtre d’Hiram

4 : Retrouver la Parole Perdue

Au sommaire de ce 2e tome du Maître secret :

L’ouverture et la fermeture de la loge - La cérémonie d’élévation avec la préparation du récipiendaire, et son accueil - Le sceau du secret - Les quatre voyages symboliques - L’obligation et l’investiture - Le Devoir - Les trois imprécations et les trois impératifs du Devoir - Les décors de la loge et du Maître secret - Le cartouche du 4e degré - La clef d’ivoire et la clef ésotérique - La couronne de laurier et d’olivier -

 

LE MAÎTRE SECRETTome 3      -                 N°  55             -

Percy John Harvey

Edition Maison de Vie 

 2013

Après l’assassinat du Maître d’œuvre Hiram et le châtiment infligé à ses meurtriers, vient le temps des funérailles, puis celui de la réouverture du chantier et de la reprise des travaux de construction du Temple. Pendant ce cycle particulier, le Franc-maçon découvre de nouveaux rituels et accomplit plusieurs voyages symboliques, à la découverte du Tétragramme, clé d’accès à l’édification de la « Voûte sacrée ».

A l’aide d’une abondante iconographie, l’auteur décrit le parcours menant le Franc-maçon jusqu’à la chambre secrète « d’intendant des bâtiments ».

Le grade de Maître secret n’est pas seulement le premier degré des loges de Perfection : il peut être vu comme un degré d’introduction au cycle salomonien. En effet, le nouveau Maître secret reçoit la clé d’ivoire (qui représente les moyens pour accéder aux arcanes) lui signifiant ainsi la confiance dans sa nouvelle entreprise, il est en même temps couronné de laurier et d’olivier pour lui signifier l’assurance de son succès dans l’aboutissement de ce cycle.

Ces deux éléments symboliques interviennent comme l’alpha et l’oméga du cycle de perfection, mettant en perspective le Saint des Saints et la Voûte Sacrée.

Les loges de perfection peuvent être étudiées suivant le schéma suivant :

Un premier cycle, que l’on nomme « hiramien » qui prend son origine dans la légende d’Hiram du 3e degré ; le grade de Maître pouvant être considéré comme le premier degré virtuel des grades salomoniens. Ce cycle commence avec le 4e degré et s’achève au 8e degré, ces 5 grades étant consacrés au deuil et aux funérailles d’Hiram, ainsi qu’à son remplacement.

Un second cycle dit de « vengeance » s’étend du 9e au 11e degré, il correspond à la punition des trois meurtriers d’Hiram

Un 3e cycle, que l’on appelle « énochien » étant fondé sur la légende d’Enoch, qui conduira le Maître Maçon à découvrir le Tétragramme, clef d’accès à la Voûte Sacrée.

Au sommaire de ce 3e Tome de Maître secret :

Maître parfait 5e degré - Le discours historique du grade - Aménagement et décoration - Le tableau de loge et l’emblème du grade - La quadrature du cercle - Les personnages - Le bijou du grade - Les quatre voyages - Les monuments funéraires d’Hiram - L’obélisque, l’urne, le mausolée et les deux corps du Roi -

Secrétaire intime ou Maître anglais 6e degré - Le tableau de loge et le discours historique - La symbolique du triple et l’instruction du grade -

Prévôt et Juge ou Maître Irlandais, 7e degré - le tableau de loge - les décors, l’emblème et les personnages du degré - Les 7 voyages et la cassette d’ébène -

Intendant des Bâtiments ou Maître Ecossais des trois Iod, 8e degré - Le thème allégorique - Le tableau de loge - Les personnages et les décors de la loge - Les 5 voyages symboliques, - L’instruction du grade et la chambre secrète -

 

LES LIEUX INITIATIQUES DE LA MAÎTRISE – LA CHAMBRE DU MILIEU ET LA CHAMBRE DE RḖCEPTION  

 Percy John Harvey

Edition La Maison de Vie

 2016

S’appuyant sur différents rituels anciens et une série de gravures du XVIIIe siècle dite de Gabanon, l’auteur explore les différents usages de ces deux chambres du temple que sont la Chambre du Milieu et la Chambre de réception à la Maîtrise.

 

Il expose leur spécificité et leur utilité. L’une des choses qui peut intriguer le jeune Maître-Maçon, parmi de nombreuses autres, est le fait que le Franc-Maçon reste couvert en Chambre du Milieu. Tout au moins dans le Rite qui est le nôtre, le Rite Écossais Ancien et Accepté.

 

Ceci ne laisse pas d’être surprenant, car habituellement le couvre-chef marque la supériorité, l’autorité, et l'on pourrait penser que seul le Très vénérable Maître ait le droit de rester couvert. Naturellement on peut y voir le signe de l’égalité de tous les Maîtres-Maçons, mais, si l’explication est valable, elle reste certainement un peu courte. Plus symboliquement, on peut considérer que le chapeau rappelle par sa forme le dôme, et donc la sphère céleste; il symbolise alors le ciel, domaine du divin. L’homme qui le porte devient alors médiateur entre la terre et le ciel, ce qui justifie :

__d’une part le sens de commandement et de supériorité attaché au port d’un couvre-chef, puisque tous les hommes ne peuvent se prétendre ainsi médiateurs entre la terre et le ciel ;
__d’autre part cela justifie également que les Maîtres-Maçons soient tous couverts : étant tous, par définition initiés, ils peuvent tous jouer ce rôle d’intermédiaire.

Si l’on se réfère à la bible, le grand-prêtre portait lui aussi un couvre-chef. Ce n’est que vers le 2ème siècle de notre ère que le port du chapeau commença à être étendu à tous, à la suite d’une discussion talmudique (traité « Chabbat »), sur le respect et la « crainte » de Dieu. Ainsi lorsqu’au moyen-âge la coutume fut adoptée par tous les juifs on put à la fois considérer que tous étaient semblables au grand-prêtre; et en même temps, suivant la tradition, affirmer que le chapeau rappelait qu’il y avait toujours quelque chose entre l’homme et Dieu. Le chapeau est aussi le substitut de la couronne, symbole de royauté, à la fois temporelle et spirituelle, le Franc-Maçon visant la seconde. La couronne elle-même figure le cercle ou la sphère, et encore une fois représente le cosmos. L’homme qui la porte peut donc être considéré comme celui qui joint la terre au ciel, et réciproquement il conduit l’influx venu du ciel vers la terre. En ce sens l’homme qui porte le chapeau est un homme debout, l’esprit et le regard tendus vers le ciel. Il est à ce moment une perpendiculaire vivante. La conception suivant laquelle la ou les pointes qu’on trouve sur certaines couronnes peuvent être assimilées à des condensateurs d’énergie, rôle attribué également aux cheveux. Vient confirmer cette interprétation : cet afflux d’énergie spirituelle que reçoit celui qui porte la couronne/chapeau le transforme pour un temps en axe du monde, pont entre ce qui est en haut et ce qui en bas.

Les tricornes que portaient nos Frères du XVIIIème siècle se prêtaient parfaitement à ce symbolisme. Sans doute le chapeau est-il une forme moderne de l’ensemble calotte crânienne/corne (massacre en vénerie) dont se coiffaient nos ancêtres. Ceux-ci se sentaient, ainsi parés, certainement investis de la puissance divine. Le taureau, avec ses cornes, dont le nom se retrouve dans celui de la première lettre de l’alphabet hébraïque, représentait la force, la puissance, et par extension l’énergie venue du ciel. La couronne est aussi le nom de la plus mystérieuse des Sephiroth : Kether. Placée en haut de l’Arbre séphirotique, première manifestation de l’En-Sof, elle est invisible, inaccessible, inconcevable pour l’homme. De plus certaines écoles de Kabbalistes considèrent qu’elle fait partie du monde de l’émanation, monde lui-même hors de notre compréhension, puisqu’entre lui et le monde de la matérialisation, se trouvent le monde de la création et celui de la formation. La couronne/ chapeau symbolise donc bien l’inaccessible, l’abîme qui nous sépare du Créateur. Dès lors le couvre-chef est à la fois symbole d’élévation et d’humilité pour les Frères qui forment la Chambre du Milieu. Élévation par l’initiation, élévation par l’évocation de ce qui nous dépasse, humilité devant le sentiment de petitesse devant le Transcendant, et par la découverte toujours renouvelée de l’immensité de la quête. Ce que vient souligner le fait que le Vénérable Maître qui ouvre les travaux se découvre lors de l’invocation au Grand Architecte de l’Univers, montrant ainsi qu’il renonce à ses velléités de puissance devant ce qu’il sait le dépasser infiniment.

Le chapeau rappelle au Franc-Maçon sa place d’homme, intermédiaire entre la terre et le ciel; microcosme, image du macrocosme. Il lui signifie : à la fois qu’il est l’initié, l’élu c’est à dire chargé de plus de responsabilité et de devoirs qui sont, entre autres : maintien de la Tradition, amélioration de ses connaissances, polissage de sa pierre brute et dans le même temps lui fait se souvenir de son devoir d’humilité, je dirai de façon triviale que le chapeau évite à la tête d’enfler, car la tête doit pouvoir continuer à entrer dans le chapeau. Il est un autre aspect sans doute moins connu que j’aimerai évoquer : le chapeau rappelle symboliquement le morceau de membrane amniotique que l’enfant né-coiffé a gardé sur la tête au moment de sa naissance. Beaucoup de traditions attribuent des capacités ou des pouvoirs particuliers à ces enfants. En Islande ces enfants ont le don de seconde-vue : ils étaient les seuls à voir les batailles livrées en esprit. Dans les steppes sibériennes ces enfants devenaient des Chamanes. Tous étaient prédisposés aux extases. Ces thèmes symboliques, toujours situés vers les mois d’hiver, moments où l’on célèbre les morts, se retrouvent non seulement de l’Islande à la Sibérie mais également :

__en Russie, où l’enfant né-coiffé devient un loup-garou,

__dans le Frioul italien où le benandanti rejoint les troupes de morts, guidé par la Dame Oriente ou la Bonne Déesse, ou voyage en esprit, lors d’extases,

__à Olbia, ville grecque sur les bords de la mer Noire, en contact étroit avec la culture Scythe où Achille avant d’être un héros était un Dieu des morts,

__en Grèce où Ulysse est aimé de Calypso, étymologiquement « Celle qui cache ou qui voile », où Socrate se couvre le visage avant de mourir, tout comme César ou Pompée à Rome.

Ce geste a été compris comme le besoin de séparer symboliquement le profane du sacré. Or, dans le rapport entre initié et non initié, comme dans toute situation où la société se divise en deux groupes, il s’agit en définitive du rapport entre les morts et les vivants. En 1578 le médecin Français Laurent Joubert suggérait un parallélisme entre la membrane amniotique et le Suaire, confirmant ainsi qu’à travers l’extase on accède au monde des morts. Il est intéressant de noter que dans toutes ces cultures, on retrouve associé à cette symbolique de la membrane/ coiffe, une quantité importante de héros boiteux, soit par blessure (Ulysse, blessé à la cuisse par un sanglier, Héphaïstos, jeté de l’Olympe par Zeus) soit par perte d¹une chaussure ou d’une sandale, (Jason qui se présente à son oncle usurpateur avec une seule sandale; Persée qui reçoit l’une des sandales d’Hermès avant de combattre Gorgo.), tous héros passés par le monde des morts, et donc initiés. L’archétype en sera Œdipe « pied transpercés ». Œdipe qui après une enfance solitaire, rencontrera la Sphinx, figure de mort, et qui après s’être crevé les yeux deviendra un Voyant. Or nous retrouvons une claudication symbolique dans l’initiation maçonnique lorsque le profane, un pied déchaussé ou en pantoufle, entame les trois voyages.

Ainsi, nous constatons que le port d’un couvre-chef, loin d’être une curiosité anecdotique, non seulement symbolise à la fois l’élection du Franc-Maçon, le rappel de son humilité nécessaire et de la crainte du sacré, mais en outre s’intègre dans un ensemble symbolique qui recouvre la totalité des rites initiatiques : naissance, passage dans le monde des morts, renaissance comme initié, avec tous les signes caractéristiques : claudication, extases, recherche et rassemblement d’ossements, rameaux révélateurs des cadavres, et résurrection. Tous ces signes se retrouvent à divers degrés dans la symbolique des trois premiers grades de la Franc-Maçonnerie. Claudication du profane, image du royaume des morts, rappel du pourrissement et de la renaissance, enfin recherche et découverte du Maître assassiné et sa résurrection dans le nouveau Maître. Le chapeau du Maître Maçon en chambre du Milieu est donc le témoin de tout un passé traditionnel et initiatique qui remonte jusqu’à l’aube de l¹humanité et il symbolise tout le parcourt initiatique du Franc-Maçon en Loge Bleue. À ce titre il est donc un élément essentiel des décors que l’on doit porter, élément parfois négligé, mais cependant fondamental.

 

LES  GRADES DE VENGEANCE9e – 10e – 11e degré –    N° 58 et 59 -        2 Tomes

Percy John Harvey 

Edition Maison de Vie

 2013

A partir de la maîtrise, et pour chaque degré des Loges de Perfection, le récipiendaire est conduit à vivre une dramaturgie en incarnant un personnage allégorique du rituel ; ainsi intègre-t-il, degré par degré, un vécu qui, sous forme d’une succession de « strates », constituera son individualité initiatique.

Au cours du 9e degré, Johaben trouve dans sa mission une opportunité d’assouvir sa vengeance personnelle en assassinant Abhiram, malgré les ordres de Salomon. Ce violent désir de vengeance provient de la persistance du ressentiment qui habite Johaben depuis le meurtre d’Hiram, meurtre qui trouve son expression au 3e degré.

Ce chaînage initiatique Hiram-Johaben-Abhiram, se trouve révélé par les cinq points parfaits de la maîtrise, points anatomique symbolique, mis en évidence au cours du meurtre d’Hiram et de l’assassinat d’Abhiram.

Dans le 2e tome qui traite du 10e degré, l’Illustre Elu des quinze, avec loyauté et fidélité, capture dans la carrière de Ben Deker les deux autres scélérats responsables du meurtre de Maître Hiram, afin que Salomon puisse accomplir sa vengeance, promise lors du 5e degré.

Cet acte de vengeance sera exécuté dans le cadre d’une justice régalienne, afin que « l’ordre des choses » soit respecté, en retour, douze des illustres Elus des Quinze seront récompensés par Salomon par leur élévation au rang de Chevalier, concrétisée par la remise de l’épée de justice.

Au sommaire de ces 2 tomes :

Tome 1 : Le Maître Elu des neuf - Eléments d’anatomie symbolique - Le Tuileur au 9e degré - discours historique du grade - la loge - le tableau du grade et ses évolutions - les personnages et titres - les décors du maçon - la cérémonie de réception - l’instruction de grade - la lutte contre les ennemis intérieurs - rappel de la légende d’Hiram - la réparation du meurtre d’Hiram - pourquoi Johaben se venge-t-il ?

Tome 2 : Illustre Elu des Quinze, 10e degré - la carte du Tuileur - discours historique du grade - la loge et son tableau de loge - les personnages et titres - les décors du maçon - le poignard et l’épée - la recherche des deux complices - la capture et l’exécution de Sterkin et d’Oterfurt - la violence initiatique - la cérémonie de réception - Sublime chevalier Elu, 11e degré - la loge, les personnages et les titres - les décors du 11e degré - l’armement du Sublime chevalier Elu - l’épée de justice - le devoir accompli du sublime chevalier élu par Bernard Ferré -

 

LE GRAND MAÎTRE ARCHITECTE 12E degré  -  LA MAÎTRISE DE L’ḖTUI DE MATHḖMATIQUE   -   N° 72

Percy John Harvey

Edition Maison de Vie

2016

 Le 12e grade du R.E.A.A. est une étape majeure des Loges de Perfection qui en comporte quatorze. La vengeance envers les assassins de Maître Hiram ayant été consommée, les travaux pour achever le temple de Salomon peuvent reprendre dans la sérénité. Il s’agit d’édifier le troisième et dernier étage et de décorer le Saint des Saints.


Pour y parvenir, la maîtrise de l’Art du Trait et des instruments de géométrie contenus dans l’étui de mathématique sera nécessaire, de même que la connaissance des dix-neuf arts et sciences de l’architecture enseignée à ce grade.  Dans ce lieu très éclairé et très fort, s'estompent, grâce à la pratique du symbolisme, les différences de langage dues aux différences d'éducation et de formation sociale. Le visible, a-t-on dit, n'est que le reflet de ce qui est invisible. Et ce que le langage profane avec ses mots usés ne peut atteindre, le symbolisme maçonnique permet de le pénétrer tout au long d'une découverte initiatique.

 

Alors commence véri­tablement une vie nouvelle plus riche de solidarité et de morale. Le temple de Salomon qui s'identifie selon les prescriptions de l'époque à la perfection même a été construit selon des règles bien précises de la géométrie, selon des principes d'harmonie qui retrouvaient les nombres de la nature, les rapports éternels des choses, les lois de l'univers, les rapports du corporel et du spirituel, des forces des effets et des causes. Dans les loges du Moyen Age construites souvent au pied des cathédrales, les maçons opératifs se transmettaient les secrets de l'Art Royal et du nombre d'or. Ils gardaient aussi la nostalgie de reconstruire le temple de Dieu en Terre sainte. Aujourd'hui, dans un temple qui s'inspire dans sa disposition de l'antique temple de Salomon, les francs-maçons échangent les secrets d'une méthode de per­fectionnement intérieur. Pour l'initié, le temple représente beau­coup de choses.

 

 C'est dans le temple qu'il a subi la plupart de ses épreuves, effectué ses voyages symboliques, reçu la lumière. C'est dans le temple qu'il a effectué ses travaux, prononcé ses ser­ments, rendu hommage au Grand Architecte de l'Univers. En défini­tive, le mystère du temple nous révèle que le temple de Salomon et le temple maçonnique ne forment qu'un seul temple. Certes, nous ne voulons pas être présomptueux et nous savons que, comme tout ce qui relève du génie humain, le temple n'est pas à l'abri des préjugés, des superstitions, des folies et des mensonges. Mais nous savons aussi que dans le temple le franc-maçon peut pro­gresser sur le sentier de la sagesse qui, précisément, faisait la haute réputation de Salomon. Alors, sont définitivement rompues les contraintes du temps et de l'espace. La chaîne qui prend appui sur les colonnes du temple relie d'une façon égale l'initié d'hier et l'initié d'aujourd'hui, comme elle reliera bientôt l'initié de demain. Et dans l'enceinte pure et protégée, l'homme retrouve tout ce qui le relie à son environnement cosmique, il retrouve la grande harmonie des lois universelles, il retrouve le principe créateur d'un univers ordonné.

 

le manuscrit francken de 1783

Traduction G. lamoine

EDITION  DU  SNES

 2007

Au lecteur qui s’étonnerait du sous-titre de ce volume, il peut être utile de rappeler en quelques mots l’essentiel concernant ce manuscrit et d’expliquer la raison de nouvelle version française. Le manuscrit Francken de 1783 est le texte, en anglais , du rituel de chacun des grades successifs, du quatrième au vingt-cinquième, de ce qui s’appelait le Rite de Perfection encore connu sous le nom, impropre pour certains auteurs, de « hauts grades », liés à l’évolution du Rite Écossais Ancien et Accepté dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.

 

Cet ensemble de rituels se rattache à l’histoire de la patente délivrée en 1761 par le Grand Conseil de Chaillon de Joinville, à Paris, au négociant Étienne Morin, l’autorisant à créer outre-mer des loges pratiquant les grades au-delà des trois grades symboliques.

 

Par outre-mer il faut entendre ici les colonies des Antilles et des territoires alors encore colonies françaises d’Amérique du Nord. Nous n’aborderons pas ici l’ensemble des problèmes matériels relatifs à cette patente, nous nous bornerons à constater qu’Étienne Morin a transmis à Kingston, en Jamaïque, puis dans les colonies anglaises d’Amérique pas encore indépendantes, ce qu’il avait apporté.

Morin délégua ses pouvoirs, et fit de Henry Andrew Francken, Hollandais naturalisé sujet britannique, son Député Grand Inspecteur. Après le décès, de Morin, Francken développa ce que Morin avait mis au point en français, perfectionna un ensemble se terminant par le vingt-cinquième grade et traduisit le tout en anglais.

 

La patente française a disparu, il n’en existe pas de copie, et quelques auteurs doutent même qu’elle ait jamais existé, seule subsiste la traduction des rituels vers l’anglais faite par Francken. Mais la mise au point sur ce sujet a été faite par M. J-P Lassalle dans le fascicule de La Célébration du bicentenaire des Grandes Constitutions. Et le texte des rituels demeure, dont Francken explique l’origine indiscutable. Il est bon de garder en mémoire que ces grades furent adaptés à certains détails qui pourraient paraître sans rapport avec la mobilité habituelle en Europe, par exemple, comme la présence en ville ou l’absence hors de la ville, etc.


Le texte rendu ici en français est le texte dit de 1783, mais il existe deux autres textes, l’un dit de 1771, l’autre postérieur à 1771 et semblable en bien des points au texte de 1783, mais ne donnant pas certains documents de nature plus administrative, présents dans le MS 1783. La version anglaise de référence est la version de la Fondation Latomia.

Une excellente traduction qui fait partie du patrimoine maçonnique et du REAA en particulier.

 

le message maçonnique au xviiième siècle

François labbe

EDITION  DERVY

 2005

En partant de l’analyse de deux des textes « fondateurs » de la Franc-maçonnerie, à savoir les Constitutions d’Anderson et Le Discours de Ramsay », l’auteur en explorant les romans et le théâtre, constate que, aussi bien au niveau des idées (le libre-arbitre, la liberté de pensée, la tolérance, la fraternité) qu’à celui des thèmes abordés (les symboles, les mythes, l’initiation), le « discours » maçonnique a imprégné la société « lettrée » du XVIIIème siècle, puis a influencé les mentalités de toutes les composantes de la société.


C’est ainsi, qu’influençant la création littéraire « profane », au temps des « salons », la Franc-maçonnerie naissante, dont l’expansion tout au long du « siècle des Lumières » a été remarquable aussi bien par la qualité de son recrutement que par sa quantité, a notamment contribué au rayonnement de ses « idées ».


C’est la première fois que la Franc-maçonnerie est abordée sous un tel angle d’analyse, en tant que « fait culturel » producteur d’un discours, porteur de sens. Cet ouvrage est donc une contribution « originale » à l’histoire des idées.

 

le mythe d’Hiram et l’Initiation de maÎtre maçon. L’histoire de la reine du matin et de soliman prince des gÉnies

Gérard DE NERVAL

Edition LA MAISON DE VIE

 1999

Après recherches, il s’avère que G. de Nerval a rassemblé les éléments fondateurs du mythe maçonnique, qu’il a développé dans son monumental « voyage en Orient ». Le livre explique et développe cette démarche nervalienne afin d’aborder ce texte sous l’angle initiatique.

 

L’histoire de la reine du matin et de Soliman prince des génies apparait dans la troisième partie du Voyage en Orient, intitulé « Les conteurs ».

 

On y trouve au sommaire:

 

Adoniram  -   Balkis  -    Le Temple  -  Mello  -  La mer d’airain  -  L’apparition  -  Le mode souterrain  -  Le lavoir de Siloë  -  Les trois compagnons  -  L’entrevue  -  Le souper du roi  -  Makbénach  -  Fin de l’histoire de Soliman et de la Reine du matin  -

 

LEO TAXIL - le diable au 19ème siÈcle – la mystification du dr bataille

Michel berchmans

Marabout

 1973

Gabriel A.J. Pages sous le pseudonyme de Léo Taxil écrivit une des plus grandes mystifications maçonniques du 19ème siècle. Initié Franc-maçon, il en sortit très vite pour écrire des brûlots antimaçonniques et anti papistes qui lui vaudront la haine des uns et le sourire bienveillant des autres.

 

Son œuvre centrale est le diable au 19ème siècle que M. Berchmans présente et commente. Bien qu’ayant avoué avoir tout inventé et déformé la vérité, la légende demeure.

Un récit hallucinant dont on parle encore.

  

léo taxil – vrai fumiste et faux-frÈre

Bernard muracciole

EDITION  Maçonnique de France

 1998

C’est l’histoire édifiante et surréaliste de ce véritable escroc et fumiste. Il a passé sa vie à tirer à boulets rouges sur l’Église Catholique et sur la Franc-maçonnerie. L’auteur nous entraîne dans l’univers de Léo Taxil et dévoile le mécanisme de sa haine, les canulars, ses inventions, et son procès d’exclusion du Grand Orient.

 

Marie Joseph Gabriel Antoine Jogand-Pagès, dit Léo Taxil, né à Marseille le 21 mars 1854 et mort à Sceaux le 31 mars 1907, est un écrivain français anticlérical et anti maçon auteur, à l'aide de quelques collaborateurs d'un canular
Né dans une famille bourgeoise aux opinions plutôt royalistes et très cléricales, il est envoyé après une fugue dans une institution de correction tenue par les jésuites, qui lui inspirent, une aversion profonde et un anticléricalisme violent. Devenu journaliste et républicain, il fréquente les milieux anticléricaux de Marseille, tout en offrant ses services à la police pour dénoncer des républicains. Puis il quitte Marseille pour des raisons obscures et fait un bref séjour en Suisse, avant de rejoindre Paris. À partir de 1875, il s'engage dans la lutte anticléricale, fondant la Librairie anticléricale puis des journaux comme La République anticléricale, et adopte le pseudonyme de « Léo Taxil » ("Léo" pour Léonidas, le prénom d'un aïeul maternel, et "Taxil" en référence à un seigneur hindou, Taxile, allié d'Alexandre le Grand). Se réclamant dans ses écrits de Voltaire, il tourne en dérision l'enseignement du dogme et de la morale catholiques, de ceux qu'il appelle les « calotins », et accuse le clergé de tous les vices et de toutes les turpitudes à connotations sexuelles, en premier lieu Mgr Dupanloup. Il participe également à des banquets républicains et organise de nombreuses conférences qui, la notoriété venant, attirent un public enthousiaste.

En 1879, il passe devant la cour d'assises de la Seine pour avoir écrit À bas la Calotte, qui lui vaut d'être poursuivi pour avoir insulté une religion reconnue par l'État et outragé la morale publique, mais il est acquitté. Puis en 1881, il écrit La Marseillaise anticléricale. Le public, lassé, finit par bouder les dernières parutions de sa "Librairie anticléricale". C'est alors que Léo Taxil conçoit une nouvelle mystification. En 1886, alors qu'il était excommunié, il annonce sa conversion, fait un pèlerinage à Rome et reçoit l'absolution de Léon XIII, désavouant ses travaux antérieurs. Il commence alors une campagne contre les Francs-maçons, dont il a été exclu dès le 1er degré pour « fraude littéraire ». Selon ses dires, il faisait partie de la loge Le temple des amis de l'honneur français. Dès lors, il se lance dans une violente carrière antimaçonnique, et publie des ouvrages exactement dans la même veine que ses précédents anticléricaux, mais dirigés cette fois contre les Franc-maçons, qui sont à leur tour accusés des pires déviances sexuelles.

En 1887, il est reçu en audience par le pape Léon XIII, qui blâme l'évêque de Charleston pour avoir dénoncé les confessions antimaçonniques comme une fraude. En 1892, Taxil commence à publier un journal La France chrétienne anti-maçonnique. Entre le 20 novembre 1892 et le 20 mars 1895, il fait paraître avec Carl Hacks, sous le pseudonyme du Docteur Bataille, Le Diable au XIXe siècle, un ouvrage prétendant dresser l'état de l'occultisme, accusant les loges d'adorer le démon et dénonçant une vaste conspiration maçonnique mondiale, qui fait un grand bruit. À côté de figures bien réelles de la maçonnerie comme Albert Pike, accusé par Taxil de "communiquer avec le démon", il met en scène des personnages de fiction, comme Sophie Walder, Grande Maîtresse du Lotus de France, Suisse et Belgique, et Diana Vaughan, haute dignitaire luciférienne, qui aurait écrit pour lui ses confessions, où elle parle du culte satanique appelé « palladisme ». Ces assertions sont « confirmées », à la même époque, par l'installation à Paris d'une Américaine du nom de Diana Vaughan qui attire aussitôt l'attention et que Taxil présente aux journalistes catholiques influents. Devant les prétendues révélations de Diana Vaughan, une polémique naît. Un "congrès antimaçonnique", réuni à Trente avec la participation de Taxil en 1896, prétend en vain de trancher la question de leur véridicité.


Abel Clarin de La Rive mena une véritable enquête qui finit par confondre Taxil. Celui-ci préféra prendre les devants et annoncer lui-même son imposture. Taxil décide donc de présenter ce qu'il appelle sa mystification lors d'une conférence le 19 avril 1897 dans la grande salle de la Société de géographie de Paris. À la stupeur de l'auditoire, qui compte un certain nombre d'ecclésiastiques, il fait savoir que cette Diana n'était qu'un canular parmi toute une série; il s'agit, dit Taxil, d'une simple dactylographe employée par une maison américaine qui vend des machines à écrire  et qui lui avait permis d'utiliser son nom. Il avait commencé, dit-il, douze ans plus tôt, en persuadant le commandant de Marseille que le port était infesté de requins et qu'un navire avait été envoyé pour les détruire. Il avait ensuite inventé une ville sous-marine dans le Lac Léman et attiré des touristes et des archéologues pour la retrouver. Il remercie les évêques et les journaux catholiques d'avoir si bien contribué à son canular final, à savoir sa "conversion". L'assistance reçoit ces révélations avec indignation et le tumulte dans la salle tourne au pugilat. Lorsque Taxil veut s'en aller, il est malmené au point que des agents de police doivent l'accompagner jusqu'à un café voisin. Il quitte alors Paris.

 

LE PREMIER SURVEILLANT – DU NIVEAU A L’ART DU TRAIT                  N° 74

Gabriel Steinmetz

Edition Maison de Vie

2017

La Force : Le Maître des Cérémonies allume le pilier nord-ouest et dit « Que la Force le soutienne ». Le mot force est issu du latin fortia, qui signifie « actes de bravoure », ou plutôt de l'adjectif fortis « courageux, robuste ». Une seconde origine du mot force vient aussi du latin robur, qui signifie force physique (au sens, vigueur, solidité) et force morale (au sens caractère, énergie, fermeté). Dans le langage courant français, on dit plutôt : toute cause capable d’agir, de produire un effet.

 

Les Egyptiens quant à eux avaient deux concepts de la Force : Le Heka qui découle de l’énergie lumineuse. Ce type de Force permet de lutter contre le cours naturel des événements et de modifier le cours du destin. Le Ka est la force qui nourrit. Elle est liée à la qualité des êtres et des choses et doit être elle-même nourrie en retour. La Force est l’expérimentation de la connaissance. Elle ouvre un chemin pour transformer la multitude des éléments apparemment dissociés en une source lumineuse flamboyante.

 

Dans une loge initiatique, le Premier Surveillant est chargé par le Vénérable Maître de diriger la Chambre du Trait où les Compagnons travaillent sur la pierre cubique. Que signifie le sceau porté par le Premier Surveillant, quelle est sa place dans la Loge, quel voyage initiatique trace-t-il, quel est son lien avec le pilier Force, comment dévoile-t-il le chemin de l’étoile, pourquoi exerce-t-il la maîtrise du nombre Cinq, quel est le contenu de l’art du Trait qu’il doit enseigner aux Compagnons ?

 

Cette fonction est indissociable de celle de Vénérable Maître et de Second Surveillant. Conceptuellement, ils forment une ternarité à l’image de l’Unité principielle dont la première formulation accessible à l’esprit humain est le Trois. Ils symbolisent parfaitement le Trois en Un. Il est rituellement dit, lorsqu’on parle de ces trois officiers, que « trois la dirigent ». Ils donnent la vie, propagent le souffle divin qui régit tout le vivant.

Traditionnellement est attribué, au Premier Surveillant, le pilier Force. Celle-ci s’entend comme le mouvement immanent au Principe. Elle est la dynamique indispensable pour permettre le « manifesté ». Par analogie, le Premier Surveillant est chargé de mettre en œuvre la pensée du Vénérable Maître, de lui donner vie, et de faire en sorte que l’idée puisse être animée correctement afin de permettre au Second Surveillant de lui donner forme.

Le pilier Force représente le domaine de l’énergie, du mouvement, de la mise en œuvre, de l’animation. Le Premier Surveillant apprend aux compagnons à bâtir la cité céleste, et il veille à préserver les rapports d’harmonie qui entretiennent la vie dans la Loge. Il s’assure que tous les Frères donnent le meilleur d’eux-mêmes et consacrent toutes leurs forces aux travaux initiatiques.

Le Premier Surveillant siège à l’Occident, face à l’Orient. Il en reçoit la lumière et la retransmet sur la colonne du Midi. Lors de l’ouverture des travaux il reconnaît dans la pénombre un carré long  qui va devenir Temple couvert. Il éveille chez les Frères la connaissance du cœur, leur permet de tendre le cordeau, et leur donne un juste salaire.

Il est le Maître du Trait. C’est lui qui doit faire naître et ancrer dans le cœur du compagnon les trois vertus qui pourront l’amener à la réalisation du chef d’œuvre, donc à la porte de la maîtrise. Ces trois vertus sont : - la Rigueur, née de la Règle, nécessaire à un tracé impeccable. - la Précision, donnée par le Compas, reportant la mesure exacte. - la Justesse, trouvée dans l’Equerre, assurant l’angle juste. Sans un tracé rigoureux, précis et juste, à l’image de toute construction, le chef d’œuvre n’est pas viable Responsable de cette formation, c’est grâce à lui que le compagnonnage est autre chose qu’une école ordinaire où l’on n’apprend qu’un savoir au lieu de la Connaissance. Il est donc la victoire de la vie sur l’inertie, en permettant l’individualisation des formes, la conservation de la vie. Il incarne la loi causale d’Harmonie qui entretient la Vie et s’exprime par le Trait. Il manifeste l’amour dans son aspect magique, et permet ainsi la victoire sur le désordre. Il est la clé de l’usage de la parole qui modèle la matière et il permet aux compagnons de façonner la Pierre cubique en Pierre parlante.

 

LE PLAN SECRET D’HIRAM. FONDEMENTS OPÉRATIFS ET PERSPECTIVES SPÉCULATIVES DU TABLEAU DE LOGE.

Raymond LAROSE

EDITION LA NEF DE  SALOMON

 1998

C’est  autour du tableau de loge que s’articule  la vie sacrée de la loge, il s’agit donc d’un événement capital dans la tradition maçonnique et l’auteur de poser la question de sa réelle signification  sur le plan opératif et spéculatif, de son origine, et d’expliquer et éclaircir les divers éléments qui composent les divers tableaux.

Dévoilé par le Frère Expert à l'avant-dernière phase de l'ouverture rituelle des travaux au premier degré, au moment où le Second Surveillant prononce la phrase : « Que la Beauté l'orne ! », puis voilé à l'extrême fin de la fermeture de ces travaux, le tableau d'Apprenti occupe le lieu le plus sacré de la loge maçonnique, le centre autour duquel s'accomplissent toutes les déambulations des rites initiatiques, le seul espace que nul vivant ne foule. Il s'agit donc d'un élément d'une importance considérable dans la tradition maçonnique et il convient, en conséquence, de se poser la question de sa réelle et complète signification.

Ce livre, vivement salué par la critique et figurant de plus en plus souvent dans les listes d'ouvrages conseillés aux Compagnons-Maçons, résulte de la réunion de plusieurs travaux, quelques-uns menés dans le cadre d'une pratique spéculative, la majorité dans celui d'une pratique opérative ou de recherches de l'auteur dans cette dernière perspective. C'est la toute première fois qu'une telle approche opérative d'un élément majeur de la tradition spéculative est ainsi rendue publique et le lecteur, initié ou profane, appréciera sans aucun doute les nombreux éclaircissements qui sont apportés ici, tant en ce qui concerne le tableau de loge lui-même que pour ce qui est de la véritable nature de la voie initiatique de la Franc-Maçonnerie. De plus, la méthode employée pour traiter le sujet fait de ce livre non l'une de ces « divulgations » pseudo-ésotériques tant à la mode, mais une véritable « révélation » de Maître à disciple – chacun devant finalement dégrossir lui-même la pierre brute.

 

LE  R.E.A.A.  A QUOI ÇA SERT ?

Jacques Trescases

Edition Dervy

2017

Jacques Trescases a choisi une entrée originale pour explorer la finalité du Rite Ecossais Ancien et Accepté, celle du bonheur qu’il prend en compte comme un art de vivre au quotidien. Il rappelle que c’est l’un des grands objectifs du R.E.A.A. énoncés dans les Grandes constitutions de 1786 : « L’union, le bonheur, le progrès et le bien-être de la famille humaine en général et de chaque homme individuellement. La Franc-maçonnerie apparaît comme une voie progressive née d’une intention première qu’il convient de ne pas oublier : « Parce que nous étions en quête, rappelle Jacques Trescases, en recherche de sens, nous avons frappé à la porte du temple et nous sommes faits recevoir francs-maçons. ». Il conclut par une question qui est aussi une proposition : « Le R.E.A.A serait-il donc une gnose ? ».

 

« Le R.E.A.A., suggère-t-il, peut être considéré comme une gnose, dans la mesure où il nous conduit à prendre conscience de la part d’avenir dont nous sommes porteurs, du sens de la solidarité du monde réel, de l’évolution de la création et de la responsabilité qui nous incombe, nous offrant par là même la chance de participer, à notre échelle, à notre mesure, à ce que nous pouvons concevoir de l’éternité. C’est donc une gnose, mais portée, avec une totale liberté de conscience et de croyance, vers l’engagement personnel, l’action, dans l’amour et la joie, celle que l’on ressent et celle que l’on répand. »

Le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est constitué progressivement en France et en Europe Continentale à partir de 1743, date de l’élection du Comte de Clermont comme Grand Maître de l’Obédience, charge qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1771.  Si le grade de Maître Maçon est apparu vers 1725 à Londres, c’est en France que les Hauts Grades se développèrent.

Après un Rite de perfection en 25 degrés, le Rite Écossais Ancien et Accepté se structura en deux temps successifs, d’abord par les Grandes Constitutions de Bordeaux en 1762, puis sous l’autorité légendaire de Frédéric II de Prusse, le « Grand » Frédéric, dans son aspect définitif, dans le cadre des Grandes Constitutions de Berlin de 1786.

 

En 1875, lors du Convent Universel de Lausanne, une Déclaration de Principes vint éclairer certains points en débat et surtout la question du Grand Architecte de l’Univers par rapport à la croyance en Dieu (et à un moindre degré, par rapport à l’immortalité de l’Âme).Tout ceci s’effectue en gardant les fondations premières, celles des Constitutions d’Anderson de 1723 et 1738, celles du discours de Ramsay de 1736, celles enfin de la Maçonnerie des « Antients » remise en valeur par Laurence Dermott vers 1750.

 

Quelles sont donc les caractéristiques fondamentales du Rite Écossais Ancien et Accepté ? Le caractère adogmatique de l’initiation au sein du Rite Écossais Ancien et Accepté est à mes yeux la plus fondamentale.
Bien que l’une de ses origines soit judéo chrétienne, et bien que par certains aspects, la démarche inclut une aspiration « religieuse », le Rite n’est en aucune manière une Religion au sens habituel de ce terme.
Le Rite ne propose aucun culte, n’assure aucune liturgie, n’impose aucun dogme à la conscience de chaque Frère. L’Aspiration « religieuse » évoquée ici ne se comprend que sous l’étymologie double du mot Religion. Il s’agit simplement de « relier » les Hommes entre eux, et non de relier chaque Homme à une divinité – et bien que les croyances de chacun soient parfaitement libres – quelle que soit cette divinité. Il est aussi question de permettre, sous cette appellation, une « relecture » symbolique des textes, notamment des textes religieux et plus particulièrement de la Bible. Religare et Religere nous sont ainsi compris. Ni mysticisme qui envelopperait l’adepte d’une grâce surnaturelle, ni directeur de conscience qui chercherait à l’endoctriner : simplement une réflexion et une recherche libre dans le cadre d’une méthode collective, la méthode initiatique proposée par le Rite Ecossais Ancien et Accepté et pratiquée en Loge.

 

L’invocation au Grand Architecte de l’Univers apparaît dans cette perspective comme une clef de voûte indispensable. Invocation à la gloire et non pas « au Nom » du Grand Architecte, pas plus que les Travaux ne se déroulent en présence du Grand Architecte ou au Nom du Très Haut. Les Travaux maçonniques ne font jamais référence, au Rite Écossais Ancien et Accepté, à une quelconque perspective théiste qui inclurait obligatoirement l’existence d’un Dieu (le Dieu Biblique créateur) ou d’un autre, les Maçons travaillant en toute humilité face à ce problème qui est du ressort de la conscience individuelle de chaque Frère. Travaillant à la gloire du Grand Architecte, ils œuvrent par rapport à un principe qui est aussi un symbole.

 

Le Grand Architecte est présenté, selon le Rite, comme un principe créateur, on notera l’absence de toute ambiguïté, car créateur est écrit avec un « petit c ».Il n’est donc pas question du Créateur au sens chrétien du terme, mais simplement d’un principe qui a créé le Monde et qui l’organise à partir des matériaux qu’il y a découverts. Le Rite n’impose nullement la croyance en une création ex nihilo. Il ne l’a réfute pas non plus. Il s’agit bien d’un principe, c’est-à-dire, de ce qui a en lui-même la force de commencer et qui est déjà présent. Mais c’est aussi un symbole, non défini comme tout symbole complexe, et, de ce fait, parfaitement interprétable dans l’intimité de la conscience de chaque Frère. En ce qui me concerne, et simplement à titre d’exemple, mon interprétation du symbole GADLU est multiple. Tour d’abord il s’agit très simplement du temps qui déconstruit et qui recrée sans arrêt : Chronos et son fils Zeus ne sont pas loin, venant de la Mythologie grecque la plus ancienne, Zeus ayant à charge de maintenir l’Harmonie du Monde, c’est-à-dire d’assurer la pérennité du cosmos dans l’équilibre.

 

Parfois, je préfère le Démiurge du Timée : « parce que le dieu souhaitait que toutes choses fussent bonnes et qu’il n’y eut rien d’imparfait dans la mesure du possible, c’est bien ainsi qu’il prit en main tout ce qu’il y avait de visible – cela n’était point en repos, mais se mouvait sans concert et sans ordre – et qu’il l’amena du désordre à l’ordre, ayant estimé que l’ordre vaut infiniment mieux que le désordre ». Bien d’autres interprétations du symbole du G.A.D.L.U sont possibles, mais chacun s’en fait sa propre image, tous s’y référant pour y voir la concrétisation de la primauté d’une démarche de spiritualité que chaque Maçon tente de faire émerger, tant pour lui-même que pour ses Frères en initiation. La présence du Volume de la Loi Sacrée sur l’Autel des serments, ce Volume étant la Bible par respect de la Tradition, et par référence au contenu initiatique de l’Ordre, ne se conçoit que s’il s’agit bien d’un livre de spiritualité, et non d’un livre d’une Religion révélée.

 

« La Bible n’est pour le Franc-maçon, ni un récit historique, ni un traité théologique… Elle représente la démarche de l’Humanité frayant sa route sur le sol des réalités grâce au moteur de l’Esprit, et par l’effort opiniâtre de sa raison, de son intuition et de son imagination ».Il est alors possible à chacun d’entre-nous d’en effectuer une lecture symbolique personnelle, pour y puiser les notions d’éthique, de justice, de devoir, d’Amour et d’Action qu’elle recèle, afin d’en faire une « substantifique moelle » contribuant au développement de sa propre spiritualité. À travers cette étude multiforme qui est proposée à l’initié, celle des caractéristiques rituéliques elles-mêmes, celle de la transposition symbolique de la Bible et des autres Grands Textes « Sacrés », celle de la réflexion sur les grands thèmes métaphysiques, scientifiques, sociologiques ou philosophiques de notre Temps, il devient possible au Franc-maçon d’évoluer de manière progressive vers un état de conscience plus aigu, en éveil par rapport à l’ordre du Monde, et de chercher à établir en lui-même, puis avec les autres, les relations d’Ordre et d’Harmonie qui constituaient pour les Grecs de l’Epoque classique, la finalité de la Vie Humaine.

 

Mener une « Vie Bonne » selon l’expression Aristotélicienne était le but essentiel que se devait de rechercher chaque Homme. Donner un sens à sa vie et tenter d’atteindre la Sagesse, c’est le but du Franc-maçon et c’est ce que propose le Rite Écossais Ancien et Accepté. La méthode progressive qu’utilise le Rite est tout aussi fondamentale. Elle se réalise par la médiation d’un cheminement en degrés successifs. Chaque degré apporte à l’initié un outillage spécifique et un support de réflexion particulier. L’outillage est initialement l’outillage symbolique hérité des métiers de la construction : si pour les bâtisseurs il s’agissait de perfectionner l’architecture du temple, pour nous, Maçons d’aujourd’hui, il convient surtout, dans un premier temps, de poursuivre le travail de constant perfectionnement qui commence par nous-mêmes. Mais, en même temps, il nous est demandé, et ce, dès le premier degré, de méditer et de comprendre le schéma mythologique et symbolique qui nous est présenté : l’outillage rationnel qui est présent dans le Temple, comme les Trois Grandes Lumières qui servent à éclairer la conduite du Franc-maçon, nécessite, dans un même mouvement discursif et intuitif, d’être utilisé pour nous construire et d’être intériorisé pour nous connaître.

 

Et c’est ainsi que de degré en degré, s’adjoignant de nouveaux outils symboliques et s’incorporant de nouveaux schémas mythologiques, l’initié, du moins celui qui est véritablement sur le chemin de l’Initiation, progressera, abandonnant ses préjugés et ses métaux, améliorant du même pas Connaissance et Conscience. Chacun à son rythme, refusant tout dogme et toute injustice, avancera ainsi vers plus de liberté et plus d’Amour. La Méthode Initiatique nous propose en fait une quête inlassable de la Vérité, non pas d’une vérité scientifique rigoureusement démontrable, encore moins d’une vérité religieuse révélée ou non, mais de cette Vérité qui nous vient du mot grec « Aletheia ».Aletheia, la Vérité, avec l’alpha privatif, signifiant ce qu’il est possible d’arracher au grand fleuve du Léthé, le fleuve de l’oubli qui entourait les Enfers, c’est-à-dire le Monde de la mort Eternelle. Ce qu’il convient d’arracher à l’oubli, c’est, autrement dit, ce qu’il est nécessaire de garder en Mémoire tout au long de son Existence, afin de pouvoir le transmettre. Chacun reconnaîtra ici sans peine qu’il est question d’une spiritualité en action et d’une Tradition vivante qui peut passer d’Homme à Homme, et d’Initié à Initié. C’est peut-être la raison la plus essentielle pour laquelle le Volume de la Loi Sacrée est ouvert au premier chapitre de Jean, celui qui nous apprend, non pas que l’âme individuelle, la Psyché, pourrait être immortelle – à chacun sa foi personnelle – mais que le souffle, le Pneuma, pourrait être celui de la Vie Éternelle, celle qui doit être présente ici et maintenant, au cœur de chaque Maçon.

 

La spiritualité du Rite est ainsi accessible à qui veut se donner la peine de travailler et de réfléchir ; à celui-là, que ce soit en Loge ou hors Loge, s’ouvre à chaque instant le vaste domaine de la Pensée et de l’Action. Il est possible à chaque Homme, sans révélation divine, sans illumination mystique, et sans sclérose rationaliste, de s’élever progressivement, dans le cadre d’une élaboration collective au sein de la Loge, mais aussi dans le strict respect d’une pensée personnelle et individuelle, de trouver ou de donner du sens à sa propre vie. Trouver le sens caché et poursuivre la réalisation du plan mis en œuvre par le principe créateur, ou élaborer le plan lui-même par la réflexion collective, et y concourir par l’Action individuelle, tout est possible pour qui vient chercher, comprendre et agir. La Transcendance, une transcendance laïque est à la portée de chacun. Il suffit de passer sur l’autre rive, là où la richesse de l’Enseignement initiatique s’offre à la multitude et reste inépuisable. Se construire pour penser, se construire pour agir, le Rite nous donne en totalité et d’emblée la dimension de la spiritualité qu’il véhicule, avec sa réflexion Éthique et sa finalité Humaniste. A nous de nous l’approprier, de la faire vivre et de la transmettre

 

Au sommaire » de cet ouvrage : Qu'’est-ce que le bonheur ?  -  en quoi la démarche maçonnique telle qu'’elle est vécue au REAA ?  -  Qu'’est-ce que le REAA ?  - la démarche est-elle égocentrique ?  -  quelle est sa méthode ?  -   comment se connaitre soi-même  -  comment le REAA peut-il éveiller notre conscience ?  -  le symbolisme peut-il  élucider les messages de l’inconscient ?  -  Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Franc-maçon ?  -  le cabinet de réflexion  -  quel est le sens de la cérémonie de l’initiation ?  -  Qu'’avez-vous vu en recevant la lumière ?  -  Qu’apportent les hauts grades ?  -  Le REAA est-il donc une Gnose ?  - 

 

LE     RÉGIUS   .    MANUSCRIT FONDATEUR  DE  LA  TRADITION  MAÇONNIQUE

PHILIPPE     LANGLET

EDITION DE  LA   HUTTE

 2009

Poursuivant  son exploration des sources de la Franc Maçonnerie, Philippe Langlet, nous livre ici son analyse de plus ancien texte reconnu comme ressortant de cette tradition. Fidèle à son habitude, il nous apporte son double regard de maçon et d’universitaire rigoureux. La  longue présentation historique et scientifique, le texte résumé, la présentation  bilingue des 794 vers en anglais ancien et en français, avec les nombreuses notes et le glossaire, en font l’ouvrage le plus complet et le plus courageux entrepris sur ce manuscrit fondamental de la Franc Maçonnerie.

 

Le texte du Régius est connu, parce que retrouvé dans la bibliothèque royale en 1734, il devient un texte maçonnique lorsqu’il est publié en 1840 sous le titre de « Poem on the constitutions of masonry » et il sera désormais enfermé dans le cercle des textes revendiqués par la Maçonnerie. L’âge du manuscrit étudié au 18e et 19e  siècle,  a été estimé vers 1390 pour certains et vers 1440 au plus tard pour d’autres, la datation actuelle est  entre 1425 – 1440.

 

le Régius (1390) et le Cooke (1420). : L’histoire de la maçonnerie de métier est largement légendaire : chaque corps du bâtiment avait ses légendes qui étaient transmises oralement jusqu’aux XIIIe – XIVe siècles, jusqu’à ce que les clercs, en Angleterre, entreprennent de les rédiger. Ces textes qui constituent une partie des Old Charges font référence aux origines de la maçonnerie. Le Regius fait naître la maçonnerie en Egypte, après qu’Euclide y eut inventé la géométrie ; son introduction en Angleterre serait due au roi Athelstan dans le deuxième tiers du Xe siècle. Le manuscrit Cooke reprend la version en y incorporant une foule de nouveaux détails divers sur l’invention de la géométrie (par Jabel, fils de Lamech), sur les deux colonnes retrouvées après le Déluge par Pythagore et Hermès le philosophe (Trismégiste), sur la tour de Babel et sur les coutumes données aux maçons français par Charles II, ou les « Devoirs » donnés aux Anglais par Saint-Alban.

 

Ces récits se retrouvent dans les loges des XVIe – XVIIe siècles, puis, expurgés des inventions et des anachronismes les plus grossiers, dans les Constitutions. Néanmoins le thème de l’érection du Temple de Salomon s’impose comme moment originel. Selon les premiers catéchismes anglais (1720–1730), la première loge se serait en effet tenue dans le porche dudit édifice. Parallèlement, jusqu’au XIXe siècle, la maçonnerie se dote d’origines prestigieuses, d’histoires plus ou moins légendaires.

 

le rÉgulateur du maçon 1785 – 1801

Pierre mollier

EDITION  à L’Orient

 2004

Au tout début du XIXème siècle, un curieux ouvrage paraissait sous le nom de Régulateur du Maçon. Cette publication imprimait en fait les rituels de la Franc-maçonnerie tels que fixés par le Grand Orient de France au milieu des années 1780. Celui-ci émit d’ailleurs de vives protestations et tenta de limiter l’audience du livre sacrilège. La vigueur même de la réaction est un indice sûr de l’importance du texte. Ouverture et fermeture des travaux maçonniques, cérémonies de réception aux trois grades d’apprenti, compagnon et maître, agapes rituelles… tous les mystères de l’Ordre y étaient décrits.

 

C’est donc un document essentiel pour comprendre la Franc-maçonnerie du siècle des Lumières et la nature profonde du travail des loges dans cette période fondatrice. D’autant que les sources du Régulateur le rattachent aux commencements mêmes de la Franc-maçonnerie spéculative dans les années 1720 et, au-delà, aux usages de la vieille maçonnerie d’Écosse.
La redécouverte des sources, de leur contexte, du complexe processus de fixation des rites est aussi une tentative exigeante de compréhension du caractère particulier de la Franc-maçonnerie… et – pour appeler les choses par leurs mots – de la dimension initiatique de l’Ordre.

 

Derrière son appareil scientifique, l’histoire est fondamentalement une réflexion sur l’identité et donc une manière de vivre cette identité. Aussi, refaire par l’esprit le cheminement qui a abouti à la fixation du Régulateur du Maçon c’est entreprendre un voyage – initiatique – au cœur de la tradition maçonnique.


Pierre Mollier est directeur du service Bibliothèque-Archives-Musée/Études et Recherches Maçonniques du Grand Orient de France et rédacteur en chef de la revue d’études maçonniques et symboliques Renaissance Traditionnelle. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’articles sur l’histoire de la Franc-maçonnerie, de ses rites et de ses symboles.

 

LE RETOUR D’HÉNOCH OU LA MAÇONNERIE QUI REVIENT

Fermin Vale AMESTI

EDITION TELETES

 1993

Le retour d’Hénoch que l’on pourrait aussi nommer retour d’Elie, résurrection d’Hiram ou d’Osiris, désigne le processus de revivification de l’évolution spirituelle de l’humanité entrant dans un nouveau cycle : l’ère du Verseau.

 

Ce « retour » est l’effusion ou le ferment qui va favoriser la renaissance de la véritable gnose et la restauration de la Tradition Initiatique authentique, permettant ainsi aux « Fils de la Lumière » d’accomplir leur mission qui est de « répandre la lumière » et de « rassembler ce qui est épars ».

 

L’auteur se positionne dans la ligne de la Maçonnerie Traditionnelle, dont les objectifs visent à spiritualiser les individus, à les réintégrer dans leur état primordial. Au-delà de la polémique et de la controverse, Fermin Vale Amesti proclame la fonction spirituelle de la Franc-maçonnerie, qui n’est pas un club, un parti politique, une religion, une secte, mais une école initiatique que les Anciens nommaient des Mystères.

Ce qui pourrait apparaitre à première vue comme une compilation de la Tradition Occidentale est en réalité une tentative pour « rassembler les membres éparpillés du corps d’Osiris » et pour lutter contre la dégénérescence actuelle de la seule organisation initiatique occidentale pouvant revendiquer une filiation traditionnelle authentique.

 

Décadence de la Maçonnerie moderne qui, dans de nombreux rites et obédiences, conduit à une inversion totale de l’esprit de la véritable Tradition maçonnique, les convertissant consciemment ou inconsciemment en instrument de la contre-initiation, et ainsi diriger les initiés dans une voie substituée, une aporie.

 

Ce livre s’adresse aux francs-maçons ou aux personnes qui sans avoir reçu l’initiation savent « lire avec l’œil du cœur », n’est pas une révélation de secrets ni une divulgation, ni une vulgarisation, mais un enseignement véritable sous forme de conversations sur des thèmes spécifiquement liés à l’initiation maçonnique et à la Tradition comme : Hénoch le maître de justice et révélateur de la Gnose ; le langage et les écoles des Mystères ; ce qu’est la Maçonnerie, le langage du cœur, le symbolisme maçonnique, celui du Temple, l’imagination créatrice, la mort initiatique,  les cycles cosmiques, la régénération de la maçonnerie, l’initiation sacerdotale, le métier et l’adresse, le réveil de l’œil intérieur, l’initiation féminine et le rôle de la femme dans la maçonnerie et dans la société.

 

Autant de sujets réunis sous un thème central unique : offrir au Thésée moderne le fil d’Ariane lui permettant de se guider dans le labyrinthe des innombrables formes sous lesquelles se cache la Tradition unique et de retrouver la Parole perdue qui fait jaillir la Lumière des Ténèbres et rétablit l’Ordre sur le Chaos.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Hénoch, le Maître de justice et le révélateur de la Gnose  -  la montagne et la caverne  - le livre d’Hénoch  -  l’aube d’or  -  l’alphabet énochien  -  Futark ou l’alphabet runique  -  caractères oghamiques parents des runes  -  le langage des mystères  -  les écoles de mystères  -  la maçonnerie et l’Art royal  -  le langage du cœur  -  l’ésotérisme maçonnique et son symbolisme  -  le Temple et son symbolisme  -  Zorobabel (second Temple)  - le troisième temple  -  V.I.T.R.I.O.L.  – L’initiation de Nadir  -  l’imagination créatrice  -  la reddition ou restitution  -  la mort initiatique  -  les cycles cosmiques et le retour d’Hénoch  -  un coup d’œil sur le chemin parcouru  -  le début de la déviation profanatrice  - la possible régénération de la maçonnerie ordinaire  -  l’œuvre de Martinez de Pasqually  -  l’initiation sacerdotale et sa fonction spécifique  -  le métier (craft)  -  l’éveil de l’œil intérieur  -  la tradition soufi  -  mystique et mysticisme  - 

 

Un excellent livre!

 

le rite des anciens devoirs old charges (1390 – 1729)

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2007

Lorsque la guerre de cent ans débuta en Angleterre (1337), le besoin de soldats et d’argent fit fermer les chantiers gothiques coûteux, et obligea à créer un syndicat pour fournir du travail aux maçons non partis à la guerre qui étaient au chômage : on créa la franc-maçonnerie (1356 : Règlements pour les maçons de Londres).

Cette société alors composée uniquement de compagnons et de maîtres ne recevait en son sein que des apprentis. Cette réception se faisait au cours d’un rite : le rite des Anciens devoirs au cours duquel on lisait au récipiendaire un livre consignant l’histoire légendaire du métier, un éloge des sept arts libéraux, et les diverses règles morales à respecter dans le métier et dans sa vie de citoyen. Ce premier rite maçonnique, qui nous est connu par divers manuscrits et qui demeura en vigueur jusque vers 1729, préconisait une spiritualité née d’une sorte de synthèse entre la République de Platon (qui fondait l’élévation morale sur l’apocalyptique) et la règle monastique de Saint Benoît.
C’est cette spiritualité des Anciens devoirs que ce livre analyse.

 

LE RITE DES ANTIENTS EN FRANCE. L’ANCIENNE MAÇONNERIE D’YORK A SAINT- DOMINGUE   1790-1803  -  UNE SOURCE OUBLIÉE

Pierre Mollier

Renaissance Traditionnelle

2019

Nouveau volume de la collection Renaissance Traditionnelle, ce livre intéressera tant par son contenu que par sa présentation élégante et son iconographie choisie. Il est étonnant de constater la place importante que Saint-Domingue (colonie française devenue indépendante sous le nom d’Haïti en 1804) prend dans l’histoire maçonnique de manières diverses (songeons à Martines de Pasqually notamment). C’est le cas pour l’Ancienne Maçonnerie d’York. En effet, note Pierre Mollier, les Frères de Saint-Domingue sont les premiers Maçons français à  pratiquer « un autre type de cérémonies pour les trois premiers grades : le rituel des « Antients ». Cette Franc-maçonnerie, née en Angleterre au XVIIIème siècle, reste ignorée des Frères français. Elle sera par son influence l’une des sources importantes du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

 

La première partie de l’ouvrage relate l’histoire de l’Ancienne Maçonnerie d’York à Saint-Domingue et à Paris. Au XVIIIème siècle, Saint-Domingue est appelée la « Perle des Antilles » et est florissante. C’est un centre important de commerce international. « En métropole, signale Pierre Mollier, les richesses produites par Saint-Domingue font vivre un million de Français dans le négoce ou les ateliers de transformation. Les Européens, attirés par les richesses de l’île d'Hispaniola où se trouve Saint-Domingue, apportent dans leurs bagages la Franc-maçonnerie dès 1740. On compte au moins vingt loges pour 31000 colons blancs, sous l’autorité de la Grande Loge de France puis à partir de 1773 du Grand Orient de France. C’est en fait par une alliance maçonnique franco-américaine que le Rite des « Antients » arrive à Saint-Domingue, plus exactement par la Grande Loge de Pennsylvanie. Nous sommes en décembre 1789, une loge des Maçons « Antients » s’installe sous le nom de La Réunion des Cœurs Franco-américains.

 

Pierre Mollier reconstitue en détail cette histoire locale qui aura des répercussions en métropole avant de publier dans la deuxième partie les rituels de l’Ancienne Maçonnerie d’York, ceux des grades symboliques et un probable rituel de « Royal Arche » des « Antients ». Enfin, il poursuit par une étude de la Maçonnerie de la Marque à Saint-Domingue.  Divers documents en fac-similé complètent ce travail de recherche d’autant plus remarquable qu’il porte sur une période très courte, moins d’une génération, traversée par les bouleversements de la Révolution française. Dans sa postface, Jacques Oréfice retient trois points importants de cette étude dont un en particulier : «  Les hauts grades su Rite Ecossais Ancien et Accepté résultent d’une filiation française avec la formalisation qu’en fit Etienne Morin, en 25 degrés d’abord à Saint-Domingue puis à Kingston (Jamaïque) et ensuite celle que les Franco-dominicains et les Américains de Charleston réalisèrent en 1801 en 33 degrés… » Le  grand intérêt de cette étude est aussi de mettre en évidence que le travail des loges, sur le terrain, peut être bien plus riche et déterminant que les jeux obédientiels.

 

le rite Écossais ancien & acceptÉ – sa symbolique, ses degrÉs supÉrieurs du 15° au 33°

Raoul berteaux

EDIMAF

 1998

L’enseignement ésotérique de la Franc-maçonnerie, et tout particulièrement du Rite Écossais Ancien et Accepté, se situe au point de rencontre de trois traditions :


o La tradition judéo-chrétienne reposant sur l’Ancien Testament.
o La tradition johannite basée sur l’Évangile de Jean et sur l’Apocalypse.
o La tradition chevaleresque liée aux Croisades et à la légende templière.


Comment s’étonner qu’il ait pu paraître quelque peu hétéroclite, au vu de ses nombreux rituels dont la cohérence n’est pas souvent le caractère dominant ?


Raoul Berteaux, dont on connaît les ouvrages essentiels, « La Voie Symbolique », « La Symbolique des Nombres », ainsi que les approches des Grades Bleus et de la Loge de Perfection, s’attache ici à rechercher les grands thèmes mythiques qui sous-entendent le cheminement initiatique du R.E.A.A. et lui donnent sa logique interne, sous la diversité des apparences et par delà la référence à tel ou tel accident de l’histoire.
C’est à partir des nombres et de leur valeur symbolique archétypale qu’il a su discerner le fil conducteur unissant les uns aux autres les degrés les plus élevés du R.E.A.A. (du 15° au 33°).

 

Il s’attache à dégager la partie traditionnelle et permanente – les arcanes – de chaque grade et à l’isoler du cérémonial qui en permet la transmission, plus ou moins marqué par des contextes locaux ou historiques.

 

LE  RITE  EN 33  GRADESDe  Frédérick  Dalcho à Charles  Riandey

Alain  BERNHEIM

Edition  DERVY

 2011

Ce livre est consacré à des événements que les francs-maçons dans leur très grande majorité ignorent, car ils ne sont évoqués dans la littérature maçonnique qu’avec de surprenantes erreurs, omissions et approximations. Ils constituent des moments charnières dans l’histoire de ce rite en 33 grades qui ne s’appelait pas encore Rite Ecossais Ancien et Accepté lorsque, de Charleston, il annonça son existence au monde le  1e Janvier 1803.

 

L’auteur décrit, presque au jour le jour, la genèse et le déroulement du drame qui déchira maçons français et européens lors de la scission qui amena la création du Suprême Conseil pour la France, il y a moins d’un demi-siècle. On lira les documents qui établissent dans cette affaire la responsabilité de Charles Riandey, Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, de son ami le Grand Commandeur du Suprême Conseil des Pays-Bas ainsi que celle des Grands Commandeurs des deux Suprêmes Conseils des Etats-Unis d’Amérique.  

 

On découvrira les révolutions intérieures de ces deux Suprêmes Conseils au 19e siècle, leur rapports avec le Grand Orient de France et leurs relations avec le Suprême Conseil de France, les décisions du Convent réuni à Lausanne en Septembre 1875 et ce qui en découla.

 

On lira dans quelles circonstances singulières les trois Suprêmes Conseils des îles Britanniques ont été fondés et le procès-verbal intégral de la conférence qui réunit au Canada en 1954 six Suprêmes Conseils de langue anglaise, conférence inconnue des historiens, au cours de laquelle une rupture très grave entre Américains et Britanniques faillit se produire.

Frédérick Dalcho, Emmanuel De La Motta, Jean Jacques Joseph Gourgas, Charles Riandey, William Hofman, Luther Smith et quelques autres jouèrent dans ces événements un rôle capital. Mais pour certains, ce rôle ne fut pas toujours à leur honneur. D’où la question qui est souvent posée à l’auteur: n’est-ce pas nuire à la franc-maçonnerie que de ressusciter ces événements du passé ?

La grande force de ce livre est la recherche de la vérité historique sans concession, étayée par de très nombreux documents inédits ou peu connus.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Mémoires de Charles Riandey -  la Grande Loge de France -  1964-1965, époque charnière – Conférence de Lausanne en 1965 – Raoul Mattei – le mystère Henri Bittard -  1796 et les premiers Suprêmes Conseils d’Amérique à Charleston – les orations de Frédérick Dalcho – Achille Huet de la Chelle et l’Ordre Hérédom de Kilwinning -  John Mitchell et Abraham Jacob – Joseph Cerneau – La Motta à New York en 1813 -  les correspondances entre Grasse-Tilly et La Motta – La naissance de la Juridiction Nord en 1813 – les divers Suprêmes Conseils aux U.S.A entre 1826 et 1845 – Les Suprêmes Conseils d’Irlande, d’Angleterre et d’Ecosse – le Convent de Lausanne de 1975 et les réactions et conséquences qu’il suscita – la conférence de Montebello en 1954 -  quelques écrits d’Albert Pike -

Historien de renommée mondiale de la franc-maçonnerie, membre de la loge Quatuor Coronati de Londres,  Alain Bernheim écrit dans beaucoup de revues internationales dont Villard de Honnecourt, Renaissance Traditionnelle……..  

 

le rite français du premier grade au 5ème ordre

H. Vigier

Télètes

 2003

Le 2ème volume du rite français donne – sans trop rentré dans les détails – le contenu des grades à partir de l’apprenti jusqu’au 5ème ordre des hauts grades.

 

LE  RITUEL  INITIATIQUEOutil de création et Art de vivre     -                N°  49   

André  Quémet

Edition  Maison de Vie

 2012

Les Francs-maçons pratiquent des rites ; mais qu’est-ce qu’un rite initiatique, quels sont les critères qui le rendent réellement efficace, a quoi sert-il ? Il ne s’agit ni de folklore ni d’us et coutumes dépassés, ni de textes rédigés une fois pour toutes, mais d’un outil de création, en perpétuelle mutation. Lié à « L’Art Royal », un rite initiatique capte la lumière de l’origine et permet à celles et à ceux qui le vivent en conscience de participer à son incessant voyage.

Exprimant une vision de l’univers, rendant la vie signifiante, le rituel est un art total, incarnant les multiples dimensions de l’esprit. Cette étude novatrice ouvre un chemin de perception du rite, au cœur de l’initiation.

Le rite contribue au maintien de l’Ordre universel.

 

En effet, cet ordre n’est pas garanti et doit être perpétué, or, c’est précisément à l’initiation qu’il revient d’utiliser le rite et d’en faire un outil qui soit un art de l’ordre. L’énergie créatrice doit circuler entre le ciel et la terre et doit irriguer et maintenir la vie.

 

En construisant le Temple, en l’animant, la loge édifie le lieu d’accueil où les divinités vont pouvoir descendre sur terre; le rite réitère la création du monde et la loge fait le voyage dans le temps de l’origine ; elle fait comme les dieux ont fait au commencement.

 

Être couplé avec le divin et vivre l’inversion de lumières, nécessite une purification alchimique des ritualistes (ceux qui pratiquent le rituel) ; un critère incontournable du rite initiatique est, en effet, la purification, car l’initié doit être « pur de visage et de mains quand il accomplit les rites ».

 

« C’est en se purifiant qu’un être se qualifie pour entrer en présence du divin » dit J. Assmann. Ainsi n’y a-t-il pas plus de rites sans nature initiatique qu’il n’y a d’initiation sans rite. Si le rituel se définit par l’initiation, réciproquement l’initiation repose nécessairement sur le rituel, car elle est le rite de passage par excellence. Il faut avoir été initié aux mystères pour « mettre ses pas dans ceux des Anciens » et vivre en conscience le rituel.

Par le rite, le mystère de la présence divine dans le cosmos est révélé, et le rôle de l’humain consiste à dire, à faire, à consolider, à affermir ce que l’Egypte ancienne nomme Maât.

 

Alors qui est Maât ? Maât est le Principe recteur gouvernant le cosmos et maintenant les êtres et les choses dans le flux vital. Concept central de la civilisation égyptienne, Maât englobe des notions comme la justesse, la vérité, la rectitude, l’ordre social et dynamique, l’harmonie universelle. Ce principe régulateur s’oppose à Isefet, qui est le désordre, l’injustice, la destruction, la violence, le mensonge, le chaos etc.

 

L’Océan primordial existe de toute éternité, entourant le monde de toute part, et le créateur puise sans cesse dans cet océan inépuisable l’énergie qui perpétue la création. Cependant une menace de désorganisation pèse perpétuellement sur la marche du monde et sur l’ordre du temps, d’où la nécessité de réitérer sans cesse la « première fois », c'est-à-dire l’émergence de l’Être universel et la mise en place du monde, ce que formule la construction du Temple avec son rituel, qui nous est demandé à chaque tenue de pratiquer avec l’ensemble de la loge.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Rites et ordre cosmique  -  les purifications  - Rite et Règle  - La Lumière  - L’Art Royal  - les offrandes  - L’acte créateur  - les mythes  - Vivre l’inconnaissable  - Autonomie du Temple  -  la Crypte  -  les paroles de création  -  rite et fulgurance  -  L’Âge d’or du rite 

 

le rose-croix parfait maçon & parfait chrÉtien

Jérôme rousse lacordaire

Edition SFERE

 2006

Actes du Séminaire du 20 mai 2006 au palais du Luxembourg.

 

Une conférence sur le thème du Rose-Croix et le christianisme primitif. À la fin de cette revue est donné un rituel de Rose-Croix daté de 1765.


Des surprises et des interrogations sur Jésus, la cène, le baptême, la messe, le Christ, la Pâque, le Jeudi Saint.

 

LE  SAINT   EMPIRE   

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2007

Important dossier sur cette notion du Saint Empire , qui commencé au début du Moyen-âge avec les croisades et la chevalerie , a continué avec les divers empires , Germanique , Austro-hongrois , Teutoniques et autres , cette notion a perduré jusqu’à nos jours à travers diverses symboliques dont celle du REAA et de son Suprême conseil , si le but a changé dans la forme , le fond et surtout l’esprit reste le même . La Maçonnerie en général, garde et développe toutes les vertus chevaleresques développés par le Saint Empire.


Cette étude réalisée par plusieurs auteurs développe et explique :


Les grandes constitutions de 1786, la notion de réalisation spirituelle et personnelle, les 7 comportements qu’il faut avoir ou acquérir dans notre progression maçonnique, comportements préconisés dans l’Apocalypse de Jean.

 

La Jérusalem Terrestre et Céleste, la filiation ésotérique et la tradition chevaleresque, Fréderic II de Hohenstaufen et son mystérieux château de Sicile, l’aigle bicéphale  les derniers bastions de l’ordre Teutonique qui sont en Autriche et pour la branche protestante à Utrecht en Hollande.


Frédéric II de Prusse, qui quelques siècles après le 1e Fréderic, reprendra à son compte cette notion chevaleresque et la développera.

 

On y retrouve Dante qui, dans ses écrits que ce soit la Monarchia ou la Divine Comédie, considère le Saint Empire comme la solution spirituelle de l’Homme.

Denys Roman, nous précise que le REAA à 3 endroits parle ouvertement de cette notion de Saint Empire : Tout d’abord dans les grandes constitutions de 1786 attribuées à Frédéric II de Prusse, ensuite dans tous les pays, les instances dirigeantes s’appellent : Suprême Conseil du Saint Empire, enfin certains offices de l’ordre portent à la suite de leur charge le nom de Saint Empire – Ministre d’état du Saint Empire, ou Trésorier du Saint Empire.
On y trouve l’explication de la devise ordo ab chao et deus menque jus, la symbolique du glaive, des couleurs, René Guénon et ses explications non seulement sur le Saint Empire mais également sur les petits et grands mystères,

 

Le regretté Bernard Guillemain, apporte sa version et sa vision du Saint Empire. D’autres auteurs apportent leur complémentarité et ainsi on peut se faire une idée plus précise de la démarche chevaleresque pour sa propre réalisation spirituelle à travers les préceptes maçonnique en général et du REAA en particulier

 

Un peu d’histoire : Otton Ier, roi de Germanie depuis 936, était à la tête d'une partie des territoires jadis rassemblés par Charlemagne, la Francia orientalis. Il en assura la sécurité, repoussant les Slaves à l'est et taillant en pièces les Hongrois (955) ; un peu plus tard, il conquit le royaume d'Italie, dont le roi, Bérenger d'Ivrée, avait mis en péril l'intégrité du patrimoine de saint Pierre. Reconnaissant, le pape fit d'Otton le successeur de l'empereur Charles, qui, en son temps, avait protégé le Saint-Siège contre les Lombards. L'Empire né à Noël de l'an 800 et qui, à force de se morceler, avait fini par disparaître, renaquit le 2 février 962. Comme Charlemagne, Otton, dit plus tard le Grand, devait garantir l'ordre et la paix de la chrétienté. La source de sa mission se trouvait à Rome, le lieu du couronnement, mais c'était Aix-la-Chapelle, la capitale de son illustre prédécesseur, qui symbolisait la force dont il avait besoin pour s'acquitter de sa tâche. Son autorité ne s'étendait pas sur tous les territoires qui avaient autrefois formé l'Empire franc.

 Le domaine qu'il avait à diriger n'en était pas moins immense puisqu'il allait de la Meuse à l'Elbe et de la mer du Nord à la Méditerranée. Des forces centrifuges y étaient actives ; outre les Germains, eux-mêmes divisés entre des duchés qui correspondaient aux ethnies de Saxe, de Franconie, de Souabe et de Bavière, y vivaient des Latins et des Slaves. Afin de maintenir l'unité de cet agrégat de populations diverses, Otton et ses successeurs utilisèrent largement l'origine religieuse de leur fonction. La couronne, dont l'octogone représentait les deux cités saintes de Rome et de Jérusalem, était le symbole le plus significatif de cette monarchie sacrale. Les évêques et les abbés en constituaient l'armature. L'empereur avait pu s'assurer la nomination de tous les prélats de l'Empire. Il les recrutait au sein de la chapelle royale, où ils avaient été formés et où leur personnalité avait été jugée. Une fois désignés, ils recevaient du souverain l'investiture. Celui-ci leur remettait les insignes de leur fonction, la crosse et l'anneau ; à leur mission spirituelle, il associait des tâches temporelles et leur déléguait les pouvoirs nécessaires pour les remplir. Ainsi l'autorité impériale était-elle relayée par des hommes compétents et dévoués. Sans cette Église d'Empire ou Reichskirche, dont les successeurs d'Otton Ier poursuivirent méthodiquement la construction, la solidité de leur État eût été compromise.

Les origines du conflit: ordre laïque et ordre sacerdotal : L'empereur Henri III, jugeant qu'il était de son devoir de rendre au Saint-Siège l'éclat que des divisions scandaleuses avaient terni, déclencha le processus qui conduisit inéluctablement à la ruine du système bâti par ses prédécesseurs. En 1046, Henri III avait fait déposer par un synode les trois représentants des familles romaines qui se disputaient le trône de Pierre. En 1048, après deux papes aux règnes très brefs, il désigna pour le souverain pontificat l'évêque de Toul, Brunon, qui prit le nom de Léon IX et parvint à s'imposer aux Romains. Or cet homme, dont la force de caractère était exceptionnelle, voulait passionnément le plein succès de la réforme, dont l'état du clergé soulignait l'urgence. Il l'avait soutenue dans son diocèse. Il était convaincu qu'il revenait à la papauté de la promouvoir dans toute l'Église. Ses collaborateurs, qu'il avait pris soin de faire venir de Lorraine, partageaient ses convictions. Ils en assurèrent le triomphe, bien que ce premier pape réformateur mourût dès 1054. Au contraire, une doctrine fut élaborée, qui tendait à pourvoir le Saint-Siège des pouvoirs nécessaires à l'accomplissement de sa tâche.

Les Dictatus papae nous en révèlent les lignes maîtresses. Dans la « société chrétienne », dont la foi cimente l'unité, « l'ordre laïque » n'a d'autre fonction que l'exécution des commandements formulés par « l'ordre sacerdotal ». De cet « ordre » le pape est le maître absolu, il est le seul titulaire légitime de l'Empire, puisqu'il est le vicaire du Christ, « l'empereur suprême ». Il peut déléguer ce pouvoir et reprendre sa délégation. L'empereur n'est donc plus le coopérateur du pape, mais son subordonné. La réforme, dont le pape définissait le programme, il devait l'exécuter. Or ce programme remettait en cause l'Église impériale. L'un des théoriciens du mouvement, Humbert de Moyenmoutier, affirmait en effet que l'inconduite des clercs provenait de leur soumission aux laïcs car ceux-ci les désignaient en fonction non pas de leur piété mais des avantages matériels que cette nomination pouvait leur procurer. Qu'elle fût ou non obtenue par le versement d'une somme d'argent, l'investiture laïque était simoniaque et condamnable. La réforme exigeait donc sa suppression et, puisque cet abus était pratiqué par l'empereur, il importait de lui en imposer au plus vite l'éradication, pour l'exemple.

De l'excommunication à Canossa : Ce fut le pape Grégoire VII qui mit ce principe en application, deux ans à peine après avoir été élu : en février 1075 il interdit l'investiture laïque. L'empereur Henri IV ne tint aucun compte de cette décision : il venait de mater une rébellion en Saxe, le soutien d'une Église impériale dont il entendait bien continuer à désigner les prélats lui était indispensable. Rappelé à l'ordre par le pape, il répondit en le traitant d'imposteur et somma ce « faux moine » de descendre du siège de Pierre (1076). Il n'y avait pas de plus fervent partisan des idées théocratiques que Grégoire VII, l'auteur des Dictatus papae. Conformément à cette doctrine, il délia les sujets d'Henri de leur serment de fidélité, le déposa, puis l'excommunia. Il légitimait ainsi la désobéissance de tout ce que l'Empire comptait de « grands » rétifs à l'autorité d'un souverain dont la jeunesse avait été dure – il n'avait que six ans à la mort de son père et les clercs auxquels sa pieuse mère l'avait confié l'avaient traité sans ménagement – et dont les épreuves avaient trempé la volonté. Lorsque ces rebelles invitèrent Grégoire VII à venir en Allemagne afin de s'entendre avec lui, Henri se rendit lui-même à la rencontre du pape ; il le trouva au château de Canossa, en Toscane. Trois jours durant, nu-pieds, en pénitent, il implora la miséricorde de son adversaire, qui ne put lui refuser l'absolution (janvier 1077). En s'humiliant ainsi, Henri avait gagné le temps d'une pause. La trêve fut de courte durée. Grégoire fit savoir que s'il avait absous le pécheur, il n'avait pas pour autant rendu son pouvoir au roi. Celui-ci avait repris assez de force pour mener la vie dure à ses ennemis ; il battit l'antiroi élu pour le remplacer et, franchissant les Alpes, il poussa jusqu'à Rome où l'antipape qu'il avait désigné le couronna empereur (1084). Réfugié au château Saint-Ange, Grégoire VII dut sa libération aux Normands d'Italie du Sud et mourut chez eux quelques mois plus tard.

Le concordat de Worms : Les successeurs de Grégoire VII défendirent ses idées avec la même ardeur, en particulier Urbain II, à qui la croisade prêchée en 1096 donna la stature d'un chef reconnu de la chrétienté. Trahi par son fils, qui l'emprisonna, Henri IV mourut en 1106, miné par le chagrin. Henri V ne consentit à négocier qu'après avoir, lui aussi, combattu âprement mais sans succès durable la papauté. Le désir d'apaisement gagnant les deux parties, le concordat de Worms, en 1122, définit les conditions nouvelles de la coexistence. Désormais les évêques seraient élus librement et ne recevraient les insignes de leur pouvoir temporel qu'après avoir été consacrés. En Allemagne uniquement, l'empereur pouvait assister à leur élection et par sa présence exercer une influence discrète sur le choix des électeurs. Cette concession atténuait à peine la défaite de l'Empire. Les prélats n'étaient plus les officiers du souverain temporel, mais ses vassaux, au même titre que les « grands » laïcs. L'armature qu'avaient forgée les empereurs avait perdu de sa solidité. Le prestige de la papauté était considérablement accru.

 Frédéric Ier Barberousse face à Alexandre III : Ébranlé, l'Empire l'était certainement. Il n'était pas abattu. Un homme d'État de grande valeur sut tout à la fois raffermir ses institutions en les remodelant et lui redonner tout son lustre : Frédéric Ier dit le Barberousse, de la maison des Hohenstaufen (1152-1190). S'inspirant peut-être du modèle anglais, il construisit une monarchie féodale où, du prince au chevalier, chaque vassal avait sa place, prélats compris, et son autorité morale était telle que ceux-ci furent choisis parmi ses fidèles. D'autre part, à l'exemple des Capétiens, il étendit les domaines soumis directement à son pouvoir et en confia la gestion à des hommes de peu qui lui devaient tout, les ministériaux. Enfin, il se présenta comme l'héritier de Charlemagne, le grand empereur, dont il ne cessa d'exalter la glorieuse mémoire et réclama la canonisation. Mais cette politique était coûteuse ; or c'était en Italie, qui était avec l'Allemagne et le Bourgogne l'un des trois royaumes dont la réunion formait l'Empire, qu'il y avait de l'argent. C'était là qu'allaient s'affronter à nouveau l'empereur et le pape.

À Rome, la doctrine théocratique, loin de s'estomper, était enrichie et précisée par les représentants d'une science en plein essor, le droit canon. Ils distinguaient certes affaires temporelles et affaires spirituelles, mais subordonnaient toujours les premières aux secondes. Il leur semblait normal que l'empereur, s'il rencontrait le pape, tînt l'étrier de sa monture, un service qui l'assimilait à un écuyer. Était-il considéré comme le vassal du Saint-Siège et l'Empire n'était-il qu'un fief ? Lorsqu'à la diète de Besançon, en 1157, le légat du pape déclara que Rome était si bien disposée à l'endroit de Frédéric Ier qu'elle lui concéderait de bien plus grands bénéficia encore, et que ce mot, qui pouvait signifier simplement « bienfaits », fut traduit par Lehen, c'est-à-dire « fiefs », l'indignation de l'assemblée fut si vive que le légat, le futur Alexandre III, faillit se faire écharper. Les tensions étaient donc fortes.

L'orage éclata lorsque Barberousse voulut imposer aux villes italiennes des lois que celles-ci ne supportèrent pas (1158). Leur résistance fut férocement réprimée : en 1162 Milan fut détruite et ses habitants dispersés. Certaines villes s'allièrent pour former la ligue des cités lombardes, soutenue par le pape Alexandre III. Croyant pouvoir lui substituer un antipape, l'empereur gagna Rome mais la peste tomba sur son armée comme la foudre et le contraignit à fuir (1167). Il tenta en vain de prendre sa revanche et subit une sévère défaite à Legnano en 1176. À la guerre succéda alors la diplomatie. Lors de l'entrevue de Venise (1177), l'empereur se prosterna devant le Saint-Père mais, mise à part cette humiliation, n'eut pas à subir de pertes notables de droits, Alexandre III allant jusqu'à vanter les avantages d'une coopération des deux pouvoirs. Un accord fut conclu avec les villes d'Italie. La gloire de la dignité impériale devint apothéose lorsqu'en 1188 Barberousse résolut de prendre la croix. En route pour la Terre sainte, il devait, il est vrai, mourir noyé dans les eaux du Selef, sur la côte sud de la Turquie actuelle.

Frédéric II face à Innocent III : Auparavant, Frédéric Barberousse avait réalisé une opération matrimoniale qui pouvait passer pour un succès mais dont les conséquences devaient s'avérer fatales En 1186, son fils Henri épousa l'héritière des rois normands de Sicile et de cette union naquit en 1194 un fils, Frédéric. Celui-ci n'avait que deux ans lorsque son père, devenu Henri VI, mourut. Deux maisons, depuis longtemps rivales, se disputèrent la succession, les Hohenstaufen, la sienne, et les Welfs – qui donneront leur nom à ce que nous appellerons plus tard les « Guelfes », c'est-à-dire le parti de ceux qui sont pour le pape en opposition à ceux qui sont pour l'empereur, les « Gibelins ». Le pape Innocent III put alors jouer les arbitres et, après avoir favorisé le Welf Otton IV, opta pour Frédéric, qui accéda à l'Empire en 1212. En le choisissant, le pape donnait la couronne à l'adversaire le plus redoutable qu'eut à combattre le Saint-Siège. Frédéric II était un homme hors du commun ; son intelligence était d'une pénétration rare et son énergie, indomptable. En principe, il était le souverain d'un territoire allant des rives de la Baltique à l'extrême sud de la Sicile. Un voyage en Allemagne lui fit comprendre qu'il aurait de la peine à y établir son autorité. Les princes y avaient conquis une indépendance de fait, qu'il reconnut dans l'espoir de se les concilier. Il décida de s'appuyer sur l'État normand qu'il tenait de sa mère et qu'il réorganisa, en vue de conquérir l'Italie jusqu'aux Alpes.

Le conflit dès lors était inévitable : la papauté ne pouvait pas accepter d'être prise en tenailles par Frédéric. Excommunié sous le prétexte fallacieux de n'être pas parti à temps pour la croisade promise (1227), Frédéric reprit le combat, à peine absous. La lutte fut féroce et le pape dut se réfugier à Lyon pour déposer (1245) un adversaire dont les forces n'étaient pas épuisées lorsqu'il mourut en 1250. Sa disparition entraîna la débâcle de son camp. En vain Conradin, son petit-fils, s'aventura jusqu'à Naples pour reprendre la Sicile donnée en fief par le pape à Charles d'Anjou, le frère de saint Louis IX. Il y fut décapité en 1265 et avec lui s'éteignit « l'engeance de vipères » que la papauté, enfin triomphante, avait exécrée.

Derniers conflits, nouvelles idéologies : À l'Empire vaincu il ne restait que les souvenirs des gloires passées. Après un interrègne de près de vingt ans qui favorisa des désordres frisant l'anarchie, les princes élurent des rois dont ils tendaient à se débarrasser dès que ceux-ci semblaient capables de mettre leurs libertés en péril. Ces souverains, qui ne l'étaient plus guère que de nom, restaient fascinés par l'Italie. Henri VII s'y rendit mais mourut trop tôt pour inquiéter les papes, qui entre-temps s'étaient transportés en Avignon (1313). Ce fut Louis de Bavière qui rouvrit la querelle. Il voulut contrecarrer l'action d'un légat chargé de rétablir l'ordre en Italie. En juriste sourcilleux, Jean XXII rappela que seul un empereur couronné par le pape avait des droits sur l'Italie et somma Louis de lui demander de confirmer son élection (1323). Au refus de Louis il répondit par l'excommunication. Les Allemands, qui en voulaient à la papauté d'avoir abaissé l'Empire, prirent largement le parti de Louis et celui-ci put aller à Rome flanqué d'un antipape pour le couronner. Les villes allemandes mises sous interdit tinrent bon. Il fallut attendre 1346 pour que la volonté d'en finir conduisît une partie des princes à élire le fils du roi de Bohême, Charles de Luxembourg. Celui-ci ne put vraiment imposer son autorité qu'après la mort de son rival en 1347.

Diplomate avisé, Charles IV put aussi compter sur la bonne volonté de Clément VI, qui avait été naguère son précepteur et qui, tout autant que lui, voulait la paix. Le pape approuva l'élection de son ami qui, de son côté, dans la Bulle d'Or, dont il fit en quelque sorte la charte de l'Empire, fixa les conditions dans lesquelles le roi de Germanie devait être élu. Ces conditions étaient si bien précisées que les élections ne pouvaient plus être contestées et que le pape n'avait plus d'arbitrages à prononcer. L'élu serait couronné empereur. De confirmation par le pape, il n'était pas soufflé mot, et le pape ne protesta pas. Il avait compris que le conflit entre pape et empereur n'avait plus de raison. Le terme d'Empire n'avait plus de signification universelle. L'empereur était le souverain d'un État pratiquement réduit aux pays germaniques. Pourquoi se battre pour obtenir la confirmation du roi des Allemands quand on n'exigeait rien de tel des Français ou des Anglais ? La querelle était terminée mais les blessures qu'elle avait ouvertes étaient mal cicatrisées. Accaparés par leur lutte contre les papes, les empereurs n'avaient pas construit d'État. L'Allemagne en sortait divisée, affaiblie. Le souvenir des luttes d'autrefois resta vif dans sa mémoire et quand, après 1870 et l'unité retrouvée, le chancelier Bismarck, en conflit avec la papauté, déclara : « Nous n'irons pas à Canossa », il était sûr d'être largement approuvé.

 

les archives secrÈtes du Vatican et la franc-maçonnerie – histoire d’une condamnation pontificale.

José ferrer - benimeli

Edition derVy

 2002

Malgré l’esprit chrétien de l’époque de respecter la morale et les dogmes de l’Église catholique, comment l’Église a-t-elle pu lancer ses bulles d’excommunication commencées par le Pape Clément XII. Dans ce gigantesque travail de recherche à travers les archives secrètes du Vatican et de toute l’Europe l’auteur démontre l’extrême complexité des relations de l’Église avec la F.M.

 

Un livre de 900 pages qui démonte les mécanismes diaboliques. Voilà 400 ans que les archives dormaient dans les caves secrètes du Vatican. Leur publication révèle un patrimoine inestimable, qui embrasse tous les âges de l'humanité et tous les continents. Marie-Antoinette, Mozart, Marie Stuart, Voltaire ou encore Abraham Lincoln... tous ont écrit au Vatican pour lui témoigner leur foi, demander une faveur ou sceller une alliance politique.

 

Retrouvez les actes du procès pour hérésie de Galilée, l'excommunication de Martin Luther, ou encore une lettre de Michel-Ange pour que les travaux de l'église Saint-Pierre-aux-Liens soient enfin réglés aux ouvriers au bord de l'insurrection. Certaines de ces archives sont surprenantes, les supports, d'une grande beauté. Ainsi une lettre de soie pure à l'intérieur d'une boîte en bambou dans laquelle l'impératrice chinoise Wang communique au pape Innocent X la nouvelle de sa conversion et de celle de son fils, l'empereur Yongli. L'ouvrage est accompagné de commentaires qui resituent ces écrits dans le contexte d'une Église primitive bouillonnante, traversée par de multiples controverses, en butte aux hérésies. Et qui sait s'il ne nous invite pas, aussi, à une réinterprétation de l'histoire du monde ? Mais aussi on y trouve les bulles et autres condamnations envers les Francs-maçons. Un grand livre de l’histoire maçonnique.

A perte de vue, béton et rayonnages métalliques : ce bâtiment climatisé et désert, inauguré par Jean Paul II en 1982, est construit sous la cour du musée du Vatican. Cinq mille mètres carrés, en deux étages, enterrés sous le jardin, que parcourent chaque jour des milliers de touristes en visite à la chapelle Sixtine, sans se douter du trésor qu'ils piétinent. Loin des regards, dans le plus grand secret, 85 kilomètres linéaires de documents, du VIIIe au XXe siècle, sont conservés ici. Derrière une cage de fer restent enfermés les volumes interdits de consultation par Jean Paul II, des documents auxquels même les chercheurs accrédités n'ont pas accès.

 

Benoît XVI a récemment autorisé l'"ouverture" des pièces relatives à l'entre-deux-guerres, de 1920 à 1939. Pour l'après-1939, Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives nommé par le pape, se dit optimiste : "On en parle depuis neuf ans. Ce serait un grand bénéfice pour l'Eglise de montrer comment Pie XII a fait des efforts pour arrêter la guerre. «Une volonté d'ouverture qu'illustre, à Rome, au musée du Capitole, la première présentation publique de cent documents, décidée par le Vatican. L'exposition était inaugurée mercredi 29 février, sous le titre "Lux in Arcana". Mgr Pagano explique la décision papale : "Nous y réfléchissions depuis plusieurs années, multipliant les réunions à ce propos. Nous avons décidé d'être courageux et de déployer au grand jour cent documents. Cent cinquante personnes ont travaillé au projet. Le choix du musée du Capitole garantit des horaires d'ouverture plus larges et permettra d'accueillir un plus grand nombre de visiteurs."

 

Parchemins, manuscrits, volumes anciens reliés de cuir ou de bois, bulles papales, cette exposition qui veut faire la "lumière sur les arcanes" révèle les archives secrètes du pape. Entendre par "secret", qualificatif retenu depuis le XVIIe siècle, la traduction du mot latin secretum, c'est-à-dire "privé». Au musée du Capitole, la scénographie, dans la pénombre, éclaire les seuls documents montrés sous verre, accompagnés d'un appareillage numérique pointu, qui fait défiler les textes en les grossissant et les replace dans le fil de l'histoire. Parmi les sept sections qui rythment le parcours, "Tiares et couronnes", "Dialogue des religions", "Secrets des conclaves", "Sciences", philosophes et inventeurs, la plus attendue est celle consacrée aux hérétiques.

 

La pièce la plus spectaculaire est le rouleau de parchemin de 60 mètres de long relatant le procès des Templiers. Y sont portées les 231 dépositions recueillies par l'Inquisition, entre 1309 et 1311, pour répondre à la bulle Faciens Misericordian, de Clément V. Un parchemin de 50 centimètres, aux feuillets cousus couverts d'une petite écriture régulière à l'encre noire. Les Templiers avaient été arrêtés, en France, le 13 octobre 1307, sur ordre de Philippe Le Bel. Accusés d'hérésie, sodomie, baisers immoraux, idolâtrie, 54 d'entre eux furent brûlés vifs. Le parchemin de l'interrogatoire de Jacques de Molay, le grand maître qui s'est rétracté à Chinon, en 1308, sous la torture, est présenté à part, avec une enluminure le montrant, en 1314, dos à dos sur le bûcher avec son "complice", Geoffroy de Charney.

 

Autres documents prenants, ceux des procès du dominicain Giordano Bruno, en 1593-1597, "l'hérétique impénitent, pernicieux et obstiné", dont la langue fut tendue sur un mors et la gorge serrée dans un anneau métallique, ou la bulle de Léon X prononçant, en 1521, l'excommunication de Martin Luther. Plusieurs lettres témoignent de l'avancée des sciences et des déboires des savants à faire accepter les nouvelles théories. La pétition de Nicolas Copernic, alors qu'il a 69 ans, à Paul III, c'est-à-dire en 1542, pour  autoriser le jeune Jan Loytz à travailler à ses côtés. Galilée aura moins de chance : il n'échappa à la condamnation qu'en se rétractant. Il faut voir ces mots écrits d'un trait sûr, parfois ponctués d'arabesques chez Galilée ou rédigés de manière très moderne chez Erasme qui, en 1524, dans une lettre à Gian Matteo Giberti, évêque de Vérone, dit regretter la violence des attaques contre Luther. Il y a aussi ces sceaux majestueux de cire rouge, voire d'or, comme celui qui accompagne la ratification du concordat de Napoléon Bonaparte scellant la liberté de culte en France. Ou le cachet d'or de Clément VII pour le couronnement de Charles Quint, qui venait d'être élu empereur du Saint Empire. Une occasion sans doute unique d'admirer ces fragiles trésors. La numérisation des archives secrètes du Vatican est en marche.

 

les collÈges d’oxford au 17ème siḔcle

 

EDITION  Le Jardin des Dragons

 1994

N° 12 & 13 de cette revue.

 

Y est traité :

 

la symbolique des initiations occidentales à travers les documents fondateurs de la Franc-maçonnerie, la Rose-Croix, R. Fludd, Elias Ashmole, les antiquarians, les apports celtiques, la Royal Society, les Anciens et les modernes, la régularité, les causes philosophiques et historiques de 1717, la femme et le GADLU, les bouquets socratiques, Voltaire, les premiers Francs-maçons, le chaînon manquant, les échanges culturels franco-anglais entre 1700 et 1720, le mouvement d’Oxford au 19ème siècle et les rites forestiers.

  

les constitutions d’anderson

Le Frère de la tierce

EDITION GLOTON

 1956

Texte des Constitutions d’Anderson de 1723, traduites en 1745 par le Frère de la Tierce.   1e  version


« Un maçon est obligé, selon son Ordre, d'obéir à la loi morale ; et s'il entend bien l'art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin profane. Mais, quoique dans le vieux temps les maçons fussent obligés d'être de la religion de chaque pays où ils étaient, cependant on a jugé maintenant qu'il est plus convenable de les obliger seulement à être de la religion dont toutes les honnêtes gens conviennent, qui est de permettre à un chacun d'embrasser les opinions qu'il croit les plus saines et les plus raisonnables; ces opinions qui peuvent rendre un homme bon, équitable, sincère et humain envers ses semblables, de quelque lieu et de quelque croyance qu'ils puissent être. De sorte que, par un principe si excellent, la maçonnerie devient le centre de l'union parmi les hommes, et l'unique moyen d'établir une étroite et solide amitié parmi des personnes qui n'auraient jamais pu être sociables parmi elles, par rapport à la différence de leurs sentiments. »

Après l’édition originale de 1723, le pasteur Anderson, en 1738, publia une
deuxième édition de ses Constitutions dont le chapitre 1 décrit de manière plus explicite le point de vue des Franc-maçons en matière de religion. Ce point de vue ne s’identifie pas au christianisme mais au noachisme, considéré comme la religion naturelle s’adressant à l’ensemble de l’humanité, par-delà tout particularisme confessionnel. Voici cette Version datée de 1738 :


« Un maçon s'oblige à observer la loi morale comme un vrai noachide; et s'il comprend droitement le métier, jamais ne sera stupide athée ni libertin sans religion, ni n'agira jamais contre sa conscience. Au temps jadis, les maçons chrétiens devaient se conformer aux usages chrétiens de chaque pays où ils voyageaient ou travaillaient. Mais la maçonnerie existant en toutes les nations même de religions différentes, le seul devoir est aujourd'hui d'adhérer à cette religion où tous les hommes s'accordent (sauf pour chaque frère à garder son opinion particulière), c'est-à-dire d'être hommes bons et vrais, ou hommes d'honneur et de probité, n'importe les appellations, religions ou croyances qui les distinguent : car ils s'accordent tous sur les trois grands articles de Noé, et c'en est assez pour préserver le ciment de la loge. Ainsi la maçonnerie est le centre de leur union, et le moyen de concilier des personnes qui auraient dû, autrement, rester sans cesse éloignées les unes des autres.

 

On trouve en date de  1742 la version suivante :

 

« Un maçon est obligé, en vertu de son titre, d'obéir à la loi morale ; et s'il entend bien l'art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin sans religion. Dans les anciens temps les maçons étaient obligés dans chaque pays de professer la religion de leur patrie ou nation quelle qu'elle fût. Mais aujourd'hui, laissant à eux-mêmes leurs opinions particulières, on trouve plus à propos de les obliger seulement à suivre la religion, sur laquelle tous les hommes sont d'accord. Elle consiste à être bons, sincères, modestes et gens d'honneur, par quelque dénomination ou croyance particulière qu'on puisse être distingué : d'où il s'ensuit que la maçonnerie est le centre de l'union et le moyen de concilier une sincère amitié parmi des personnes qui n'auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles. »

 

les constitutions d’anderson

Georges lamoine

EDITION  DU  Snes

 1995

Les deux textes présentés ici sont la première et la seconde version des textes fondateurs de la Franc-maçonnerie anglaise, les Constitutions d’Anderson, respectivement datées de 1723 et 1738.


L’importance de ces traductions nouvelles n’échappera pas à toute personne intéressée par le développement de la Franc-maçonnerie.


Le texte de 1723 correspond au besoin de rassembler les traditions et coutumes, légendes et partie historique de la constitution de la Grande Loge d’Angleterre à partir d la réunion des quatre Loges de 1717, et à la nécessité pour elle de se doter d’un règlement.

 

La Grande Loge chargea donc le pasteur James Anderson de rédiger ces célèbres constitutions.


La première Constitution est à considérer comme l’instrument indispensable à l’organisation d’une structure en cours d’expansion, six ans après la naissance de la Grande Loge, et peut-être fut elle rédigée et publiée dans une sorte de demi-urgence.


La seconde Constitution est ici traduite pour la première fois en Français, et elle permet de mieux connaître le développement de l’Institution au bout de quinze ans.

 

les CINQ VOYAGES DU COMPAGNON          -         N° 67    -

Laurent Bernard

Edition La  Maison de Vie

 2015

Cette collection, qui devient de plus en plus complète, s’enrichit d’un nouveau volume consacré aux voyages du Compagnon, appréhendés de manière différente selon les rites. L’auteur ne traite pas de ces différences, parfois subtiles, mais se consacre aux cinq mots associés généralement aux cinq voyages symboliques des Compagnons dans de nombreux rites, Gravitation, Génération, Géométrie, Génie, Gnose, qui sont aussi associés à des outils différents.

 

Il s’agit, selon l’auteur, de mots caractéristiques du processus menant « du néant à l’homme », « de l’Unité originelle au multiple ». Ce parcours indique, par renversement, la nature du chemin de retour qui est l’objet de toute initiation. S’appuyant sur la symbolique classique de la Franc-maçonnerie, mais aussi sur la kabbale ou la tradition égyptienne, Laurent Bernard met en évidence la très grande cohérence de la symbolique des cinq voyages et contribue à donner à ce grade sa véritable dimension.

 

« Au grade de Compagnon, symboliquement âgé de cinq ans, le Temple est éclairé de cinq bougies. Or, dans la suite des unités allant de 0 à 10 – l’homme manifesté -, le Cinq occupe la place centrale, instaurent de fait une sorte de symétrie dans le processus d’évolution. Cinq devient alors le symbole du centre, ce point caractéristique où le retournement, entre un aller et un retour, devient possible. Autrement dit, quand les quatre premiers voyages symboliques, à savoir Gravitation, Génération, Géométrie et Génie, permettent au Compagnon de découvrir d’où il vient et qui il est, c’est-à-dire, pour en revenir à l’enseignement de Jésus l’Enseigneur (…), de découvrir son origine, le cinquième voyage, Gnose, dévoile quant à lui au futur Maître là où sera la fin, lui indiquant du même coup la direction qu’il doit prendre pour faire que sa vie ne se perde pas à jamais dans le chaos de la multitude, mais qu’elle s’accomplisse au contraire de manière pleine et entière dans le retour vers l’Unité, là où il ne goûtera pas la mort. »

 

La plongée de la conscience au sein de la dualité, par cette puissance du renversement, véritable antidote, s’accompagne toujours du souvenir de l’Unité originelle, souvenir qui est la source de l’esprit de queste qui anime le Compagnon et le conduira à la Maîtrise. Bien entendu, la compréhension intellectuelle des symboles est inutile si ces derniers ne sont pas mis en œuvre. Là est la clé de l’opérativité d’un rite quel qu’il soit.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Gravitation : Le point de départ    -   Le maillet et le ciseau   -   Une Unité unique mais duelle   - 

Génération : L’intelligible et le sensible    -    Quand le Un se fait deux   -

Géométrie : La nature duelle de la beauté    -

Génie : L’arbre des Sephirot ou le chemin menant de l’Incréé  au manifesté  -  Gravitation et le monde d’Atsilouth  -  Génération et le monde de Bériah  -  Géométrie et le monde de Yetsirah   -  Génie et le monde d’Assiah  -  le dix –

Gnose : La Gnose  -   L’arbre des Sephiroth ou les deux chemins de la réintégration    -   Le retournement dans la tradition égyptienne    -   Les cinq points parfaits de la maîtrise   - 

 

le sceau rompu ou la loge ouverte aux profanes par un franc-maçon

 

EDITION  Du Prieuré

 1994

Fac-similé d’un des premiers rituels français (1745). L’auteur révèle le catéchisme des 3 premiers grades maçonniques de l’époque.

Extrait du chapitre 1 : Tous ceux qui ont écrit sur cette matière, fixent l'époque de ce grand établissement au règne de Salomon, & regardent comme leur fondateur primitif Adoniram, Architecte du Temple de Jérusalem. On pourrait remonter encore plus haut, & retrouver chez les Egyptiens, long-tems même avant Salomon, des traces de la Maçonnerie, si l'on voulait un peu percer dans les anciennes Initiations. Ces recherchent n'échapperont point sans doute au zèle des Savant de notre Société. Mais pour nous renfermer ici dans les bornes que nous nous sommes prescrites, & sans vouloir pourtant rejeter l'Histoire que l'Auteur du Catéchisme nous a donné d'Adoniram, quoique fondée uniquement sur la tradition des Rabbins (source suspecte) nous daterons modestement du temps des Croisades.

Pendant les guerres de la Palestine, quelques Princes croisés formèrent le dessein de rétablir le Temple de Jérusalem, & de ramener l'Architecture à sa première institution. Il ne s'agissait plus d'une construction matérielle ; c'était spirituellement qu'ils voulaient bâtir, & dans le cœur des Infidèles. Ils s'assemblèrent dans cet esprit, & prirent pour se reconnaître le nom de Chevaliers Maçons libres.

 

Ils convinrent ensemble du Signe de l'attouchement & de quelques mots Symboliques. Ces caractères distinctifs ne se communiquaient qu'à des personnes qualifiées & au pied des Autels, avec Serment de ne les révéler qu'à un Chevalier Frère, après un mur examen. Ils donnèrent à leurs Assemblées le nom de Loges, en mémoire des divers campements que les Israélites firent dans le désert, & pour retracer la manière dont ils rebâtirent ce second Temple (ce qu'ils firent en tenant d'une main la Truelle, & l'Epée de l'autre) Ils adoptèrent dans leurs cérémonies quelque chose de cet usages.

 

Les Princes & Seigneurs Croisés, au retour de la Palestine établirent des Loges en différents endroits, & c'est de-là que la Maçonnerie s'est répandue dans l'Europe. On sait qu'en Prusse, le Prince régnant est le Grand Maître de l'Ordre, qu'il l'honore d'une protection particulière, & qu'il en fait mettre les attributs jusque sur sa monnaie. La Maçonnerie est établie en Allemagne, en Hollande, & en Angleterre dans les trois Royaumes où elle est plus florissante que jamais, & décorée de beaux Privilèges accordés par les Parlements de Londres à cet ordre. Quant à la Maçonnerie Françoise, on peut dater son établissement depuis environ 18 ans ; mais dans le commencement elle était peu connue, & ensevelie dans un grand secret.

  

les deux colonnes & la porte du temple                 N°  12

F. figeac

EDITION  LA MAISON DE VIE

 2004

Dans la tradition des bâtisseurs, un temple est comme une porte s’ouvrant sur le mystère, la porte extérieure résumant l’enseignement du domaine sacré auquel elle donne accès. Il en va de même dans la tradition maçonnique qui a adopté une formulation, très épurée, essentiellement géométrique, de la porte du Temple.


Les deux colonnes font partie intégrante de cette formulation. Leur champ symbolique s’étend bien au-delà de celui auquel on se cantonne trop souvent : celui du temple de Salomon.


Des bétyles orientaux aux obélisques égyptiens, des colonnes hermétiques à celles d’Hercule, des stèles de l’Antiquité au mot de Maçon de la tradition opérative écossaise, plusieurs sources s’entremêlent sans se confondre pour mieux percevoir la raison d’être de leur présence dans le Temple maçonnique et la dynamique du passage qu’elles recèlent.

 

LES DIX OFFICES DE LA LOGE ET L’HOMME-UNIVERS       -            N° 71

André Quémet

Ed. Maison de vie

2016

Pour André Quémet, l’office est « le devoir de participer à une œuvre ». L’initiation, précise-t-il, demande de prolonger l’œuvre de création en construisant le temple. Pour ce faire, il est nécessaire d’animer un corps de fonctions composé de différents offices au nombre de dix, qui sont autant de membres agissant du corps de l’Homme-univers. »

 

« Une tenue est réussie, ajoute-t-il quand les offices sont remplis par des fonctions créatrices. Le rituel réanime les fonctions de création et refait vivre le mythe de création. Le temple est le cosmos permettant de vivre le mythe de création : le démembrement et le remembrement de l’Homme Universel dont les yeux correspondent au soleil et à la lune placés à l’Orient de la Loge. »

 

André Quémet nous rappelle que pour l’Egypte antique, « une fonction créatrice n’est pas un dogme, qui suscite la croyance, mais un néter, hiéroglyphe généralement traduit par « principe divin ». Le néter est un support de connaissance de nature expérimentale. Il met en relation les officiants avec l’énergie vitale issue du Noun, l’océan d’énergie primordiale, à condition de connaître les « paroles à dire » qui lui sont propres. »

Cette approche expérimentale, énergétique, opérative donc, renvoie à une tradition du centre, du milieu, de l’axe, sans lequel toute pratique rituélique est vaine. André Quémet s’intéresse à ce dénaire fonctionnel qui anime la loge à travers la tradition égyptienne mais aussi dans la tradition hébraïque, chez les esséniens ou encore les bâtisseurs avant de traiter des rapports du 1 et du 9, du Vénérable Maître et des neuf offices de la Loge. Les sciences traditionnelles des nombres sont ici sources d’enseignements. Ce sont des processus initiatiques qui se dessinent au sein d’un continuum. L’analyse n’a ainsi de sens qu’au service de l’expérience unifiante.

 

les DISCOURS DE L’ORATEUR

Christian GUIGUE

EDITION  Guigue

 1996

Complément du livre « Les planches de l’apprenti ». Ce livre apporte un matériel important constitué par un certain nombre de planches traitant des thèmes fondamentaux.

 

Complément naturel des recueils « La formation maçonnique » et « Les planches de l’Apprenti ».

 

LES DUCS SOUS L’ACCACIA OU LES 1er  PAS DE LA FRANC- MAÇONNERIE FRANCAISE 1725 – 1743

Pierre CHEVALIER 

EDITION SLATKILE GENEVE

 1994

L’histoire des premières loges en France avec les problèmes entre le pouvoir royal, religieux et la franc-maçonnerie naissante. Le chevalier de Ramsay et les hommes qui ont porté et imposé la franc-maçonnerie.
18 ans d’une vie peu connue mais ô combien intéressante !

 

Extrait de cet ouvrage : La Franc-maçonnerie n'est pas née de la Grande Loge de Londres fondée en 1717 par le pasteur James Anderson, Dès le 26 mars 1688 (selon un Etat du Grand Orient pour l 779) nous avons la preuve de l'existence de loges militaires au sein des régiments écossais et irlandais ayant accompagné le roi Charles II d'Angleterre en son exil en France, Ces loges essaimèrent suffisamment pour grouper et constituer en 1725 l'Ancienne et Très Honorable Société des Francs-Maçons dans le Royaume de France, Puis, intérêt ou curiosité, de très nombreux sujets du roi Louis XV se feront initier en des loges écossaises ou irlandaises civiles, bien que français. Et viendra le temps, en 1735, où le nom sera changé, et ce sera alors l'Ancienne et Très Respectable Société des Francs-Maçons du Royaume de France, groupant des loges exclusivement françaises parce que composées de maçons français.

 

Enfin, en 1755, ces loges se grouperont en une Grande Loge de France, laquelle onze ans plus tard, par suite d'un schisme suscité par des tendances politiques dans le vent de l'époque, verra se constituer le Grand Orient de France que nous connaissons. Cette Grande Loge de France disparaîtra en 1769, laissant la place au Grand Orient de France, L'actuelle Grande Loge de France a été constituée en 1897, d'une Grande Loge Symbolique Ecossaise réinsérant d'anciennes loges ayant fait dissidence antérieurement : elle est donc sans aucune filiation avec celle du XVIIIème siècle.

 

Le Rite Ecossais Rectifié, fondé à Lyon en 1778 par un Convent organisé par J-B. Willermoz, ne fut que la rectification mêlée de Martinézisme du Rite Ecossais Primitif (Early Grand Scottish) pratiqué par ces anciennes loges militaires dès 1688 à Saint‑Germain‑en‑Laye. Leurs rituels furent apportés en 1751 à Marseille par le stuartiste Georges de Wallnon, qui y fonda le 27 août, avec des pouvoirs venus d'Edimbourg, celle qui devait devenir la Mère Loge Ecossaise de Marseille sous le nom de Saint-Jean d'Ecosse.

 

le secret de la rose – de la perfection à l’amour

Alain  pozarnik

EDITION DERVY

 1997

En s’appuyant sur les rituels des Hauts Grades, ce livre révèle le véritable secret des initiations traditionnelles et conduit le lecteur sur les chemins mystérieux de la Grande Sagesse.


Il ne s’agit pas ici d’une thèse philosophique mais de la mise en lumière d’une expérience d’intégration de la spiritualité dans l’action de la vie quotidienne.


Dans Le Secret de la Rose l’auteur ose aborder des thèmes initiatiques jusqu’alors cachés, et partager des connaissances intimes, confidentielles qui nous permettrons de réaliser notre vie familiale, professionnelle et maçonnique avec Force, Sagesse et Beauté.


Ce livre est une voie inconnue du grand public, il est aussi un don exceptionnel que chacun peut recevoir en son cœur pour filtrer les épreuves de la vie.
À lire, à méditer, à vivre.

 

LES ENFANTS DE SALOMON -  APPROCHES HISTORIQUES ET RITUELLES SUR LES COMPAGNONNAGES ET LA FRANC-MAÇONNERIE

Hugues Berton et Christelle Imbert

 Edition Dervy

 2015

Cet ouvrage monumental, basé sur un travail de recherches de plusieurs années, présente des éclairages novateurs sur l’histoire, les mythes et les rites au sein des compagnonnages et de la franc-maçonnerie, justifiés par un nombre important de textes originaux mis en annexe.


Les auteurs se sont attachés à étudier en parallèle et de manière distincte ces deux structures, sans confusion, tout en mettant en exergue les substrats culturels communs dans lesquels compagnonnages et franc-maçonnerie plongent leurs racines.

 

Ces derniers puisent au cours de leur histoire dans les formes religieuses, politiques et sociétales de leur temps, et se singularisent chacun de leur côté pour donner naissance à des formes spécifiques.


Après avoir étudié les confréries religieuses, les communautés de métier, les mystères médiévaux, le lecteur découvrira l’importance des arts libéraux et de l’art de mémoire. Il entrera progressivement dans le mystère et les secrets des rituels de réception des universités, des métiers urbains, militaires et chevaleresques, des compagnonnages et de la franc-maçonnerie.

 

Mots, nombres et noms se dévoilent... au travers de rites sans cesse revivifiés au cours des siècles, et la clef de la loge ouvre les portes de pratiques spirituelles, discrètes, permettant de construire le temple des Enfants de Salomon dans le coeur de l’homme.

Comprenant de nouvelles perspectives sur les dimensions historiques, initiatiques et symboliques, cet ouvrage propose des pistes de réflexion et de recherches qui ne peuvent qu’enrichir le lecteur et l’amener à l’élévation morale, culturelle et spirituelle. Les enquêtes de terrain qu’ils ont menées les ont conduits tout d’abord sur le territoire français, puis leur champ d’investigation s’est progressivement élargi à l’Éthiopie et au Moyen-Orient. Partisans d’une ethnologie participative, ils s’impliquent dans la pratique des rites qu’ ils étudient, afin de pouvoir accéder à certains aspects généralement considérés comme relevant du « secret », tout en gardant la discrétion et la distance nécessaire afin de restituer, le plus objectivement possible, les informations collectées. Il leur tient à coeurr que la Connaissance puisse être transmise de génération en génération. Cette somme monumentale, tout à fait remarquable, de près de 1000 pages, sera rapidement un ouvrage de référence dans le domaine de la recherche sur l’histoire, les mythes et les rites au sein du Compagnonnage et de la Franc-maçonnerie.

 

Soulignons d’emblée, avec les auteurs de la préface, Pierre Mollier et Jean-Michel Mathonière, spécialistes, le premier de la Franc-maçonnerie, le second du Compagnonnage, que Hugues Berton et Christelle Imbert évite un premier écueil, malheureusement encore trop rarement évité par nombre d’auteurs, celui de ne pas séparer les deux courants traditionnels et d’entretenir une confusion qui perdure aujourd’hui. En s’inscrivant dans la démarche de ce que les historiens de Grande-Bretagne désigne comme « Ecole authentique », Hugues Berton font preuve de la rigueur indispensable à une telle étude, rigueur qui n’exclut ni l’originalité du propos ni les découvertes. Il s’agit donc d’une étude parallèle de ces deux courants qui se déploient en multiples structures à la recherche des racines et contextes religieux, politiques et sociétaux de leur temps. L’enjeu est considérable puisqu’il s’agit de mettre en évidence la matière des mythes qui peut servir l’opérativité des rites. Cette matière s’inscrit dans ce que Gilbert Durand désigne comme mythèmes.

 

En préliminaire, les deux auteurs précisent la fonction du mythe : « Le mythe définit une origine, point d’émergence du sacré, en relation avec un Principe. Le mythe a pour fonction de narrer ce qui est dans le monde en tant qu’espace sacré. Il a pour effet de préciser la manifestation et les modalités du passage du Non-Être à l’Être, de l’émergence de l’Être juste avant l’émergence de l’Histoire, ou encore du passage de l’Être au Non-Être, dans le cas de la mort et de la fin dernière, de l’eschatologie. Le mythe est l’expression métaphorique et dramaturgique des origines, récit fondateur et exemplaire d’un acte sacré, et par là même, réservé, car qui connaît l’origine des choses et des êtres peut agir à leur instar. Il met en jeu des dieux ou des héros représentatifs de la communauté, sous des formes souvent tragiques rappelant la perte subie par la collectivité lors du passage du temps des origines, paradis, âge d’or, à la décadence vécue dans le monde contemporain.

 

 Unificateur, le mythe est indissociable des rites et cérémonies qui constituent sa réactivation ici et maintenant et qui canalisent la violence sociale, image du chaos qui préexiste à l’émergence des êtres d’origine. Il transforme l’individu qui va, par identification, assimiler la nature de la divinité ou les capacités de l’ancêtre, du héros fondateur. Il fonde et justifie comportements, fonctions, et activités humaines dans les sociétés traditionnelles. Il est alors facteur d’ordre et de cohésion sociale, maintenant un équilibre entre les différentes composantes collectives et individuelles, dans l’espace et dans le temps. »

 

Les auteurs rappellent très justement le rôle dynamique essentiel des antinomies comme vecteur de traversée de l’opacité dualiste. La première partie de l’ouvrage est consacrée aux éléments historiques relatifs aux organisations de métiers, aux compagnonnages et à la Franc-maçonnerie. La deuxième partie traite de la pratique rituelle et de l’opérativité à travers les éléments symboliques et les rituels de divers compagnonnages, les Anciens Devoirs anglais, l’art de la mémoire et l’Ars notoria, les catéchismes et les rituels maçonniques enfin. Les distinctions apportées, entre rites de passage, qui marquent une appartenance, une adhésion, et rites initiatiques, qui libèrent, entre transmission verticale, directe, d’origine non humaine et transmission horizontale, temporelle, par un médiateur humain, entre mythes, légendes et histoire, permettent à la fois de dissiper nombre de malentendus mais aussi de restaurer « les possibilités d’accomplissement de l’être humain, dans toutes ses dimensions ».

 

L’ouvrage, étayé par de très nombreux documents, est davantage qu’une vaste synthèse née de l’alliance entre compétences d’historien et compétences d’ethnologue, la dimension initiatique, marquée par l’exclusivité, est toujours présente dans le propos : « Passant par des phases de construction, de destruction et de reconstruction, les initiés sont conduits à expérimenter, à se perfectionner, à s’élever sur le plan moral, intellectuel et spirituel au moyen des rites, rituels et symboles. La démarche initiatique est une démarche volontaire, libre et individuelle de l’homme en recherche de transcendance, de spiritualité et permet la découverte de l’harmonie. La pratique se révèle comme étant un élément essentiel. Donner et se donner, accepter de recevoir sans être en mesure d’en évaluer pleinement les conséquences, prendre le risque de se mesurer à l’inconnu, d’abandonner ses béquilles pour aller de l’avant : voilà la gageure à laquelle le cherchant doit accepter de se prêter. »

 

Au sommaire de cet important ouvrage sur le compagnonnage et la Franc-maçonnerie :

 

Eléments historiques relatifs aux organisations de métiers, aux compagnonnages et à la Franc-maçonnerie   -   les confréries  -  les communautés de métiers  dans les pays européens   -  Structure du compagnonnage en France  -   les compagnons du Devoir  -  les Gavots  -  compagnons étrangers  -   compagnons du Devoir e liberté  -   les enfants de Salomon  -   Maître Jacques  -  Le Père Soubise et le roi Salomon  -    maçons et tailleurs de pierre   -  

Pratique rituelles et opérativité  -   les éléments rituels et symboliques dans les compagnonnages   -  le depositio en université et chez les imprimeurs  -  les éléments chrétiens dans les rituels compagnonniques au 17e siècle  -   les serments  -  baptême  -  communion  -   enseignement  -  l’exemple des hérauts d’armes, des compagnies d’archers, d’arbalétriers er d’arquebusiers  -   les emprunts divers dans les rituels compagnonniques à partir du 18e siècle   -    le cas spécifique des rituels de Soubise   -  les charbonniers relèvent-ils d’un devoir ?   -  Les anciens devoirs anglais (old charges) et les développements mythiques   -  les différentes prières   -  les arts libéraux   -  

Histoire mythique de l’origine de la Franc-maçonnerie   -   Filiation mythique et influences spirituelles   -  l’antinomie de la double lignée  -   de la Palestine à la France  -   Naymus  -  Grecus  -  Charles Martel  -   saint Alban  -  Athelstan  -  Edwin  -  la légende d’York et l’organisation des loges  -   Le serment dans les anciens Devoirs   -   William Schaw   -  L’art de la mémoire   -  L’Ars notoria   -   catéchismes et rituels maçonniques   -  le mot de maçon  -  rituels et catéchismes écossais   -    Réceptions en loge des apprentis et des compagnons   -   la situation en Irlande   -   les différents niveaux d’exégèse   -     l’utilisation de la guématrie comme méthode exégétique   -    Hiram et ses prototypes   -  Noé  -  Betzeléel   -   Hiram   -   3 lumières  -  3 colonnes   -  cinq points   -  5 sens  -   5 ordres   -   sept rendent une loge juste et parfaite   -  7 et l’échelle de la connaissance  -    -  Sacrifice primordial  -   rites de fondation et le meurtre d’Hiram   -     la légende d’Hiram   -  la Parole perdue  -   signes et serments   -  les diverses pénalités  -   la Parole retrouvée   -   J et B  -  Jéhovah et IHVH  Auxilia   -   acacia  -   Shaddaï   -  triple voix et règle de trois  -    M. B.  -   la clef de la loge   -   Ouverture vers d’autres pratiques rituelles   -   Mythe et travail de mémoire   -  Pratiques de l’invocation du Nom dans les trois religions du Livre   - 

  

LE   SERMENT

Divers Auteurs

ARCADIA

 2005

Dossier sur la notion du serment. Ce serment trop souvent oublié, car aux yeux de certains, il ne représente malheureusement aucune valeur. Heureusement que pour la majorité des initiés ce serment le liant avec l’Ordre et  la Déité est d’une grande force.

 

Jean Pierre Schnetzler, nous parle des pénalités et de l’aspect historique et symbolique de ces serments. Frédérick Tristan rappelle les obligations  des anciens maçons du monde opératif d’avant 1717, obligations qui faisaient partie des Landmarks. On y parle des serments et obligations pris par tous les Rois, lorsqu’ils sont investis ou consacré.


René Désaguliers dans la revue Renaissance Traditionnelle (No 1 et No 2) qu’il dirigea, rappelle les différents serments et pénalités présents dans les manuscrits écossais de 1687, ainsi que leurs origines opératives, et il explique les serments maçonniques aux trois premiers degrés.

 

Paul Chalier insiste sur cette prise de serment qui ne doit pas être remise en cause tous les matins, sous des prétextes futiles ou épidermiques.


Jules Roy explique pourquoi les cathares devaient s’abstenir de prêter serment et comment la société féodale de l’époque fonctionnait sur la base du serment.

 

Quelques réflexions sur le serment maçonnique selon Roger Dachez : Que l’on soit initié, reçu à grade quelconque, affilié à une loge ou installé dans une fonction d’Officier, on est amené à prêter des serments en loge. Ce sont des actes parmi les plus fréquents de la vie maçonnique. Leur forte signification, qui remonte à un lointain passé, est cependant trop souvent négligée de nos jours. Pour ne s’en tenir qu’à la tradition biblique ou à la pratique de l’Europe médiévale – deux références importantes pour l’imaginaire de la franc-maçonnerie –, le serment y a toujours revêtu le caractère d’un acte plus ou moins sacré. On lui alors reconnait classiquement trois composantes : l’objet du serment (ce à quoi l’on s’engage), le témoin du serment (devant qui l’on s’y engage) et le châtiment du serment (la peine que par avance l’on consent à subir si l’on manque à sa parole).

On doit ici référer, d’une part, à l’un des commandements du Décalogue – « tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur, ton Dieu, pour tromper » – et d’autre part rappeler que le serment avait souvent au Moyen Age la valeur d’une ordalie, c’est-à-dire d’une épreuve dont Dieu était généralement le témoin et le juge puisqu’on invitait les foudres du ciel à s’abattre immédiatement si l’on mentait – l’épreuve de la « main au feu » en était une variante, parmi bien d’autres. Au-delà de ces références qui se situent dans une longue tradition magico-religieuse, le serment, jusqu’à nos jours, a pu encore être reconnu comme une preuve en l’absence de tout autre élément d’information : le fameux « engagement sur l’honneur » qui est parfois requis dans certains actes à valeur légale, n’a ainsi pas disparu.

C’est dans ce contexte que doit s’envisager le serment maçonnique. Jadis, outre le grave problème de conscience que pouvait poser tout manquement à la parole donnée devant Dieu, la nature cruelle et impressionnante des pénalités physiques prévues en cas de faute, du moins en Écosse, dès la fin du XVIIème siècle – et dont les formules encore en usage ont gardé la trace symbolique – était alors prise très au sérieux. C’est qu’elles n’avaient pas seulement un caractère « symbolique » et que les hommes de ce temps-là pouvaient en contempler le spectacle tous les jours : le texte des plus anciens serments écossais reproduit en effet, presque terme pour terme (gorge tranchée, langue arraché  ventre ouvert, exposition sur le rivage), le supplice généralement infligé, chez les marins, aux pirates et aux mutins -ou à ceux qui avaient révélé les secrets du « Conseil du Roi »…

C’est ainsi que, comme pour les symboles dits « maçonniques » et qui, pour la plupart, on préexisté à la franc-maçonnerie qui n’a fait que les emprunter, les « châtiments » (en anglais « penalties ») de l’Obligation, ou Serment du Maçon, lui sont venus de la société civile ! Il va de soi que dans les sociétés « désenchantées » de l’Europe moderne, nul ne croit plus vraiment que Dieu va terrasser les menteurs et, d’autre part, on imagine difficilement que quiconque puisse pour le même motif, trancher la gorge d’un des Frères ! Si l’on ajoute le fait que le l’objet du serment est, littéralement, de préserver des secrets que l’on trouve en vente dans toutes les bonnes librairies depuis plus de deux siècles et demi, on peut comprendre que le serment maçonnique soit parfois considéré comme étant à la fois inutile, sans objet et finalement un peu ridicule. Reconnaissons que beaucoup de maçons, de nos jours, ont à un moment ou à un autre, éprouvé ce sentiment.

C’est pourtant une grave erreur de jugement. Sans revenir sur la vaste et pénétrante étude que René Guilly  consacra à cette question il y a maintenant bien des années, il convient de souligner que la franc-maçonnerie est aujourd’hui l’un des rares endroits où l’on soit régulièrement conduit à prêter un serment solennel – seules quelques professions, comme celle de médecin avec l’obligation du Serment d’Hippocrate, sont dans le même cas, à quoi il faut ajouter les témoignages devant un tribunal. Cette rareté même de l’acte doit précisément nous interroger sur son sens profond. A quoi sert-il de s’engager ainsi et de prendre de telles « Obligations » ?

En premier lieu, sans doute, à faire sentir que si l’on pratique en maçonnerie une chose que l’on ne fait (presque) plus ailleurs, c’est qu’il s’agit probablement d’un lieu « différent » : ni politique, ni religieux, ni simplement philosophique, ni banalement amical ou bachique. Cette étrangeté qu’est la prestation d’un serment solennel – indépendamment de son objet –, la disproportion même qui existe entre les horreurs auxquelles on s’expose – théoriquement ! – et la pauvreté des « secrets » préservés, tout cela est de nature à faire prendre conscience de la radicale spécificité de la franc-maçonnerie par rapport à ce que tout le reste du monde et de notre vie peuvent nous offrir.

Ensuite, vis-à-vis de soi-même, le serment a la valeur d’une norme éthique à laquelle on se rappelle d’avance, une sorte de défi que l’on se lance à soi-même. Peu importe, en l’occurrence, que l’on révèle ou ne révèle pas ce que tout le monde sait ou ignore – même si l’on a plus tard ajouté d’autres choses plus concrètes, comme le fait d’aimer ses Frères, d’observer la Constitution de l’obédience, voire de « défendre la laïcité » (!) – l’essentiel n’est pas là : l’essentiel est de « promettre », de « se » promettre qu’on suivra un chemin, qu’on se tiendra à la règle qu’on s’est fixée, que l’on respectera le désir que l’on a voulu combler en s’engageant dans une voie que l’on se jure de ne pas quitter.

Une des toutes premières divulgations des usages maçonniques, publiée en France en 1744, Le secret des francs-maçons, nous apprend qu’à cette époque on répétait à trois reprises au candidat, lors de la cérémonie de son initiation : « Monsieur, la maçonnerie est une chose plus sérieuse que vous ne pensez. » Le serment est là pour que nous nous le disions à nous-mêmes, dans l’intime de notre conscience, là où nul ne peut aller, là où nul mensonge n’est possible. Le serment maçonnique est donc une fin en soi : il opère à lui seul le basculement de l’état de profane à l’état de franc-maçon. La question s’est en effet souvent posée de savoir à partir de quel moment, si une cérémonie d’initiation maçonnique venait à être interrompue pour une cause quelconque, le candidat pourrait être considéré comme étant « déjà » franc-maçon. Où se situe au juste le point de rupture ? Et la réponse la plus vraisemblable est qu’il s’agit du moment où le serment maçonnique a été prêté. C’est pour cela qu’en définitive, pour reprendre la formule de René Guilly, « c’est le serment qui fait le maçon. » Lorsque cela est accompli, la loge de réception a fait son travail ; au nouvel initié de faire le sien…


Toutes les formes de serments sont abordées, avec leurs valeurs, leurs déviances, leurs pénalités, leurs origines et leurs significations autant dans le monde profane que dans les mondes initiatiques et religieux.

 

LE  SERMENT

Travail de loge

Loge Rudyard Kipling

 2014

En avant-propos, je dois prévenir les âmes sensibles. Il est possible que nous ayons à évoquer des scènes qui pourraient choquer un public non averti. En effet, nous allons parfois être obligés, à certains moments, de parler de foi, de croyance, de Dieu et même du Grand Architecte de l'Univers ! Notre approche sera bien sûr historique et raisonnée. Il ne s’agit pas pour moi de vous livrer ce que je pense et crois, (qui n’intéresse personne et que d’ailleurs tout le monde connait très bien), il s’agit d’avoir le regard le plus objectif possible sur des réalités historiques. Nous disposons de plus de 600 ans de sources sur ce sujet et nous allons essayer d’amener quelques éléments de réflexion sur ce sujet.

Je dois posséder plus d’un millier de rituels différents, dont plusieurs centaine consacrés uniquement à la maçonnerie bleue, c’est-à-dire aux trois premiers grades. Ces rituels expriment des rites différents mais aussi des façons différentes de pratiquer ces rites. Quand on regarde avec attention ces rituels, d'où qu'ils proviennent, on s’aperçoit qu’une structure globale commune est à peu près toujours répétée. A l’intérieur de cette structure, les éléments peuvent être très différents, mais on peut dire qu'une structure semblable existe entre la plupart de ces rituels différents. Il y a une préparation, puis des 'voyages', une légende, une histoire, puis un serment, enfin, la communication de secrets et des explications à propos de ce qui vient d'être communiqué. Bien évidemment, cette structure est 'élastique' et peut varier selon le rite et les temps, les histoires ou les 'voyages' par exemple peuvent être plus ou moins présents, on peut même ne pas avoir d’histoire du tout, ni de 'voyages' ! Malgré tout, il est un élément qui est toujours présent, toujours, et qui agit comme une plaque tournante dans la cérémonie: le serment.

Il y a en effet un avant, et il y a un après serment ! Il peut se passer plein de choses très différentes avant le serment, mais après ce serment les choses ne seront jamais plus les mêmes. C'est suite à ce serment que le récipiendaire devient maçon. Avant son serment, il n’est pas maçon, après son serment, il devient maçon et est relevé comme tel ! N'est-ce pas juste après le serment que le candidat reçoit la lumière ? Il est d’ailleurs assez intéressant de noter qu'il est maçon avant même d’avoir reçu les secrets qui ne lui seront communiqués qu'après le serment. En fait, c'est parce qu'il a prêté serment qu'il devient maçon et que l'on peut donc, en tant que maçon, lui transmettre les secrets. Relevons par ailleurs que le serment est non seulement la plaque tournante de la cérémonie d’initiation mais aussi celle de la plupart des autres grades de la Maçonnerie qui se créeront au fil du temps. Harry Carr résume bien notre sujet en disant que « s'il n’y avait qu’une et une seule clé pour ouvrir la porte du métier de la maçonnerie, ce serait le serment du maçon ». Il est clair que c'est bien le serment qui fait le maçon.

Alors pourquoi ce serment a-t-il autant d’importance dans la maçonnerie ? Le serment existait autrefois dans à peu près toutes les corporations et il avait plus ou moins d’importance, mais en maçonnerie le serment avait une importance capitale. Pourquoi ? Parce que ce serment donnait la possibilité de protéger le Mot du Maçon ! Et que le Mot du Maçon était un élément capital pour le métier ! Imaginons que nous soyons aux premiers temps de la maçonnerie et que je sois le propriétaire du château de Stirling (bien bel endroit !). Imaginons que je veuille ajouter une tour à l'ouvrage, je vais faire appel à un maître d’oeuvre qui lui va devoir faire appel à des maçons. Si les travaux sont d'importance, les maçons locaux ne suffiront pas, il va falloir en faire venir d'un peu partout pour le temps des travaux.

Comment être sûr que les maçons qui vont se présenter ont la qualification nécessaire pour pouvoir entreprendre ces travaux ? Et bien à travers du Mot du Maçon ! N'oublions pas que nous sommes dans une société orale, à une époque où l’écrit est rare, cher et qu'il ne peut être partagé par tous puisque tout le monde ne sait pas nécessairement lire et écrire. Le maçon ne peut pas présenter de diplôme. Le maître d’oeuvre ne peut pas envoyer un e-mail aux précédents employeurs pour se garantir de celui qu'il va recruter. Le Mot du Maçon est alors le moyen de pouvoir prouver sa qualification et ainsi de pouvoir obtenir les gages qui vont avec. Parce que les gages d’un maçon n’ont absolument rien à voir avec les gages d’un Cowan. Le Mot du Maçon permet donc, en tout temps, de garantir à l'employeur que le maçon qu'il va recruter possède bien les qualifications requises comme il garantit le maçon d'obtenir les gages auxquels il a parfaitement droit.

Les enjeux sont d'importance. Si nous étions dans une corporation de boulanger, une usurpation de qualification pourrait amener à ce que le pain soit raté, ce qui est bien sûr ennuyeux mais sans grandes conséquences. Lorsque l'on doit construire des édifices qui sont là pour durer des siècles (qui ont d’ailleurs duré jusqu'à aujourd’hui), il est capital d'être assuré que tous les maçons employés soient qualifiés pour les travaux qu'ils ont à faire. Nous devons préciser qu'il existe en ces temps, deux types de maçonneries bien distinctes : une maçonnerie de pierres sèches et une maçonnerie de pierres taillées (sans compter les maçonneries qui ne sont pas de pierre comme la brique des Bricklayers). Ces deux modes de construction sont très différents l'un de l'autre. Ce, si bien dans les techniques utilisées que dans les ouvrages pour lesquels on les utilise. Les maçons dont nous parlons sont des maçons de pierres taillées qui vont donc entreprendre des ouvrages d'envergure destinés à durer, développant les plus hautes technologies de l'époque. Rien à voir avec les constructions de pierre sèche, qui n'utilisent même pas de ciment.

Mais revenons à notre Mot du Maçon. Pour l'obtenir, ce Mot du Maçon, et bien, il va falloir prêter serment. Un serment qui devra être, pour tous, la garantie que ce mot ne sera pas divulgué. En effet, si ce Mot du Maçon était révélé à quiconque n'appartenant pas au métier, quiconque pourrait donc prétendre indument à cette qualification comme aux gages qui vont avec. A ce compte-là tout le monde serait trompé et lésé.
L’employeur et le maitre d’oeuvre payant un salaire indu à un imposteur qui pourrait mettre en danger la communauté par des malfaçons de l’ouvrage, et puis les autres maçons qui pâtiraient ainsi d'une dévalorisation leur savoir-faire et leur métier. Ce mot devait donc être préservé à tout prix. Et le serment en était la meilleure caution.

Le serment maçonnique est déjà présent dans les textes les plus anciens du métier comme, entre autres, le Regius (1390). Ce serment, est en premier lieu fait au Roi, évidement. Nous sommes dans des temps où tout corps constitué doit avant toute chose montrer sa loyauté au souverain. Puis ensuite à son maitre, c’est-à-dire son employeur et enfin au métier. Ce serment, il est bien sûr prêté devant Dieu. Seul un serment prêté devant Dieu peut alors lui garantir une « validité » universelle. Un serment ne peut avoir de valeur que par rapport à la mesure que lui donne celui qui prête ce serment. C'est son niveau de sacralisation qui donne l'assurance qu'il ne sera pas délié. Si je sais que celui qui prête serment croit en Dieu et tient au salut de son âme. Alors, je crois en son serment car désormais, le pacte est directement lié entre lui et Dieu. Dieu qui voit tout, Dieu qui sait tout et que l'on ne peut tromper. A partir de là, nul besoin d'écrit, la validité du serment est patente pour tous ceux qui sont unis par la croyance en un même Dieu.

D’ailleurs, l’ensemble de la société médiévale (comme de toutes les sociétés anciennes) tenait sur le serment. Le serment était absolument partout. Celui qui prêtait serment devenait de « bona fides », de bonne foi ! C’est-à-dire que l’on pouvait croire en lui. Pas besoin d’écrit, le serment portait la confiance entre les parties prenantes de la société. Et gare à celui qui ne tenait pas son serment car il se retrouvait alors honni de Dieu pour cette vie et au-delà mais aussi de l'ensemble de la société ! Aujourd’hui, vous l'avez remarqué, nous ne sommes pas dans le même type de société et mieux vaut avoir avec soi des légions d’avocats pour pouvoir faire valoir son droit. Les écrits sont partout présents mais les signatures et les engagements peuvent être remises en cause à tout moment ... A cette époque pas besoin d’écrit, si tu ne tiens pas ton serment, tu auras à régler le problème directement devant Dieu...

Mais revenons à notre serment maçonnique. Si l'on analyse les différents textes historiques en notre possession on s'aperçoit d'une véritable césure pré et post « Grande Loge de Londres » Depuis les textes médiévaux, jusqu'au manuscrits précédent juste la formation de la Grande Loge de Londres, (manuscrit des archives d’Edimbourg 1696 / Sloane, environ 1700) on voit clairement que l'on prête serment pour se voir délivrer le Mot du Maçon. Ceci montre bien que nous sommes encore à ce moment dans une dimension encore opérative Je vais vous citer le texte du manuscrit des archives d’Edimbourg 1696 « Me voici, moi le plus jeune et dernier apprenti entré, puisque je jure par Dieu et Saint Jean, par l’équerre et le compas, et la jauge commune, d’être au service de mon maître, à l’honorable loge du lundi matin au samedi soir, et d’en garder les clés sous peine qui ne peut être moindre que d’avoir la langue coupée sous le menton et d’être enterré sous le rivage qui recouvre la mer sans aucune trace pour quiconque. Alors il fait de nouveau le signe en retirant la main sous le menton près de la gorge ce qui montre qu’il l’aura tranché s’il viole la parole. Alors tous les maçons présents se murmurent entre eux le mot, en commençant par le plus jeune jusqu’à ce qu’il parvienne aux maîtres maçons qui donnent le mot à l’apprenti entré ». Il s’agit bien de mot ! On prête serment, on a un mot ! (Notons au passage que cette façon de faire « remonter » le mot se trouve toujours dans certains rituels français). Il est intéressant de remarquer qu'après la formation de la Grande Loge de Londres en 1717, les rituels de 1726 manuscrit Graham ou Prichard en 1730, et bien on ne parle plus de mots, on parle des « Secrets du maçon ».On est passé dans un autre univers ... dans une autre mise en place !

Voici donc ce que nous dit le manuscrit Graham de 1726, juste après ce que l'on peut appeler le « remaniement Désagulien »:
« D. Qu'avez-vous juré?
R. De garder et cacher nos secrets.
D. Quels autres points contenait votre serment?
R. Le second était d 'obéir à Dieu et à toutes les équerres véritables faites ou envoyées par un Frère, le troisième était de ne jamais voler la moindre chose car j'offenserais Dieu et je couvrirais l'équerre de honte, la quatrième était de ne jamais commettre l'adultère avec la femme d'un Frère ni de dire à un Frère un mensonge délibéré, le cinquième était de ne pas souhaiter une vengeance injuste d'un Frère, mais de l'aimer et de le secourir lorsque c'est en mon pouvoir sans trop compromettre mes intérêts. »

Le plus intéressant ici (outre l'engagement de ne jamais commettre l’adultère avec la femme d’un frère) est de constater, que nous sommes passés du « Mot du Maçon » aux « secrets du maçon ». Nous voyons là que nous ne sommes plus là dans une dimension de type opérative (même si vous le savez- nous le rappelons souvent -, les « opératifs » ont toujours été aussi « spéculatifs ». J'en profite ici pour insister sur le fait que la transformation qui se produira après l'événement (ou le non-événement, mais il s'agit d'une autre histoire) de la constitution de la Grande Loge de Londres est à créditer essentiellement à Jean Théophile Désaguliers et non pas à James Anderson, comme on peut l'entendre souvent, celui-ci n'ayant été que le bras armé (et bien armé d'ailleurs) de Désaguliers. Fermons cette parenthèse. Alors sur quoi prête-t-on ce serment ? Et bien on prête ce serment jusque la fin du 18e ou au début du 19e siècle sur l’Evangile ou sur la Bible ! C’est très clair et le fait est mentionné à de nombreuses reprises.

En France, il faudra attendre 1801 et le « Régulateur du maçon » pour noter:« je jure et promet sur les statuts généraux de l’Ordre et sur ce glaive symbole de l’honneur ... ».Comme on peut constater, on ne prête plus serment sur la Bible ! Mais, attention, comme on le lit tout de suite après, on prête serment « devant le Grand Architecte de l’Univers qui est Dieu » Ce qui montre bien qu’en fait le plus important n'est pas ce sur quoi on va prêter serment, mais bien plutôt ce à quoi l’on croit. Prêter serment devant le « Grand Architecte de l’Univers, qui est Dieu » est alors bien plus important que le livre sur lequel il est prêté.

D’ailleurs en 1813, en Angleterre, la « réforme » de déchristianisation de Sussex sur les rituels donnera à chaque maçon la possibilité de choisir le Volume de la Loi Sacrée sur lequel il prêtera serment. (Revoyez notre précédente conférence). En effet, Sussex raisonne pour l’Empire britannique, qui compte parmi ses sujets désormais de nombreuses confessions. Le texte sacré ici aussi s'avère secondaire du moment où le serment est prêté sous le regard du Grand Architecte de l’Univers qui est Dieu. En cette période d'Union entre la « Grande Loge des Moderns » et la « Grande Loge des Antients », après 60 ans de luttes fratricides, un fait des plus révélateurs sur l'importance du serment va se produire lors de la cérémonie d'Union entre ces deux Grandes Loges. Voici donc comment les choses se sont passées lors de cette cérémonie: les représentants de la « Grande Loge des Antients » ont été placés d'un côté et les représentants de la « Grande Loge des Moderns » ont été placés de l’autre. Les représentants de la « Grande Loge des Antients » vont alors prêter le serment que prêtaient les « Moderns » et à leur tour, les représentants de la « Grande Loge des Moderns » vont prêter le serment des « Antients ». Les uns auront prêté le serment des autres, et les autres, celui des uns.

Cette même procédure sera ensuite perpétrée dans les Loges elles-mêmes. Chaque membre dans chaque loge anciennement des « Moderns » prêtera le serment des « Antients » et chaque membre dans chaque loge anciennement des « Antients  » prêtera le serment des « Moderns ». Ces serments croisés seront la base du nouvel édifice ainsi créé. Nul besoin de faire repasser à chacun des cérémonies, le serment suffit. Ceci nous montre encore à quel point le Serment est la Pierre Angulaire de l'ouvrage maçonnique. Bien. Je dois maintenant aborder deux moments difficiles ... Le premier moment difficile se passe en France en 1877. C'est à ce moment que l’on va modifier un article des Règlement Généraux du Grand Orient de France. L’article premier. Alors que dit cet article premier, rédigé en 1849 ?«  La Franc Maçonnerie, institution est essentiellement philanthropique, philosophique et progressive a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ».Le pasteur (parce que c’est un pasteur de de l’église réformée) Frederic Desmons va proposer une nouvelle formulation de cet article et cette nouvelle formulation va être adoptée. La voici: « La Franc Maçonnerie, institution est essentiellement philanthropique, philosophique et progressive a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l'exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n'exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. »

On a donc simplement supprimé : l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Il est par ailleurs à noter que la référence au Grand Architecte de l’Univers sera conservée dans les textes, dans les rituels.
Il faudra attendre 10 ans pour que le Grand Architecte de l’Univers soit « optionnellement » ôté des rituels. On ne peut pas s'empêcher de poser la question. Pourquoi la Grande Loge Unie d'Angleterre a telle alors rompu tous ses rapports avec le Grand Orient de France alors qu'à ce moment le Grand Orient de France fait encore référence explicitement au Grand Architecte de l’Univers ? Pourquoi ? Et bien parce que pour la Grande Loge Unie d'Angleterre un élément « sine qua non » a été ôté. Non pas le Grand Architecte de l’Univers qui est déjà en 1877 en Angleterre considéré comme « undenominational » mais bien plus important: la référence à l'immortalité de l'âme et sans une croyance en l’immortalité de l’âme plus aucun serment ne peut être valable aux yeux de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Pourquoi ?Parce que l'on continue à considérer, comme la tradition nous le montre que le serment maçonnique ne se porte pas seulement devant les hommes mais avant tout devant Dieu, le Grand Architecte de l’Univers, devant une instance « extra humaine », dans laquelle on croit et qui fait que le non-respect de cet engagement impactera non seulement sur votre vie d'aujourd'hui mais surtout sur le futur de votre âme. Du moment où l'on a plus l’assurance que l'âme du récipiendaire sera impactée par son serment, et bien l'engagement pris revient à n'être plus qu'un simple agrément sur l’honneur, sur l’humain, sur soi-même. Comment alors être sûr de l’honneur de l’autre ? Il n'est qu'un homme faillible. Donc je ne peux pas croire dans son serment. A partir de là le serment n’est plus valide.

Il ne peut y avoir, pour la Grande Loge Unie d’Angleterre, de serments valables que du moment où il y une croyance dans l’immortalité de l’âme ! Quelle que soit la religion ! chacun pensera ce qu’il veut de ceci... je n’ai fait que donner des faits, des éléments probants, historiques, et ensuite techniques, mais c’est un sujet de réflexion qu’il faut avoir et dont on ne peut pas faire l’économie lorsqu’il s’agit de prêter serment comme de recevoir celui d'autrui... Il faut dire aussi que ce conflit Franco-Anglais s'explique aussi par des raisons extra-maçonniques qu'il serait trop long de développer ici .Il est par ailleurs intéressant aussi de savoir que le Pasteur Desmons n'avait en fait aucunement l'intention d'ôter Dieu des bases de la maçonnerie, il le dira lui-même plus tard, n'oublions pas qu'il est pasteur...Mais l'occasion était trop belle dans un camp comme dans l'autre pour faire éclater ce conflit. Nous aurons sans doute l'occasion de revenir plus en détails sur ce sujet dans une future conférence...

On ne peut pas passer sous silence non plus un deuxième évènement important, un deuxième moment difficile qui s’est produit en 1964, mais cette fois ci en Angleterre. En effet, en 1964, les anglais ont déplacé les châtiments de l’obligation du serment. Pendant très longtemps, on avait l’habitude de dire qu’il y avait 3 piliers en Angleterre : la Royauté, l’Eglise Anglicane et la Maçonnerie. La maçonnerie était tellement intégrée que personne n’aurait pensé remettre en cause. Dans ces années de nouvelles forces politiques sont apparues et elles ont évidemment voulu bousculer « l’establishment ». Le plus simple était sans doute de remuer un peu la maçonnerie. Ce qui fut fait sans ménagements. La maçonnerie fut alors attaquée sur de nombreux points, notamment sur le fait qu'elle demandait à ses futurs membres de, sans les avoir prévenu, de prêter un serment où on leur promettait de leur couper la gorge, puis ensuite de leur couper ce que l’on veut... Il y eut alors d’énormes pressions. D’énormes pressions et ce que l’on pourrait appeler « un moment de faiblesse » et une très mauvaise « gestion de crise ».Bien sûr, il y eu beaucoup de discussions pour savoir si l'on devait ou pas garder ces odieux châtiments d'un autre âge ... mais c’était joué d’avance. Il a fallu donner une espèce de gage à la société anglaise de ce moment et l'on décida de déplacer châtiments à la fin de la cérémonie, comme une référence à ce qui se faisait autrefois.

Et c’est grave ! C’est grave parce que ces châtiments (mais je ne veux pas empiéter sur le travail que notre frère Philippe vous a préparé, et donc je ne m’étendrais pas sur les châtiments) sont simplement la manière de réitérer le serment qui est porté ! Si nous faisons notre signe ce n'est en fait que pour évoquer le châtiment de notre obligation et donc reprendre notre serment. Le serment, « Sacramentum », cela veut dire sacré ! Prêter un serment, c’est entrer dans un espace sacré. A chaque fois que nous ouvrons les travaux, le fait que nous fassions le signe rappelle à tous et à chacun que nous avons tous prêté le même serment, et fait que nous prêtons à nouveau ce même serment. De là, nous créons un espace sacré dans lequel nos travaux pourront être menés à bien. Quand on est dans un tribunal, aujourd’hui encore, même dans nos sociétés laïques, ce qui va être dit, à partir du moment où on a prêté serment ; que ce soit sur l'honneur, sur la Bible ou sur n’importe quoi, on rentre dans un autre espace, c’est-à-dire que ce qui va être dit ça compte double. On ne peut plus mentir. Si l'on ment, et bien il faudra en payer le prix qui peut être de la prison. On ouvre à partir du moment où on est sous serment un espace de type sacré et ce même dans la vie civile.

Et bien lorsque nous faisons notre signe nous ouvrons un espace sacré et lorsqu’à la clôture des travaux, nous faisons à nouveau ce même signe ensemble, nous refermons cet espace sacré. Ce sont là des choses que l’on ne nous dit pas assez, parce que justement nous ne prenons pas assez le temps d’étudier l’essence même de ce que nous sommes en train de faire. Donc le fait que les anglais aient déplacé ces châtiments est à notre sens, un problème réel parce qu'il déconnecte le signe du châtiment et donc du serment. Cette dimension sacrée que nous créons ensemble, à travers un serment que nous avons fait ensemble, c’est ce qui nous distingue du club de belote ou d’un club d’affaires. C’est grâce à ce serment que nous pouvons être dans une autre vision de la réalité. C’est amusant parce que lorsque nous étions en train de nous préparer pour l’entrée en cortège, je disais aux différents officiers en train de se préparer: « Le premier qui sait qui a été élu Pape* me le dit » et là le frère Antonio me dit « Non, là on va rentrer en tenue, là on quitte le monde, alors on ne peut pas être dans le monde »... et il avait raison !

De la même façon, ne perdons jamais de vue que les recherches et les travaux que nous sommes en train de faire n’ont d’intérêt que pour éclairer et mieux comprendre ce que sommes en train de faire et pouvoir continuer à le transmettre. Cela n’a aucun intérêt comme simple signe d’érudition comme nous le voyons trop souvent ici et là... Chacun est-il bien conscient de sa responsabilité dans le travail maçonnique qu'il doit mener à bien ? Est-il conscient qu'il prend la responsabilité de participer à l'ouverture d'un espace sacré, dans lequel est remis le « Mot du Maçon » qui seul habilite à construire des édifices ?
Est-il bien conscient que tout cela demande une responsabilité, exactement comme le maçon doit être responsable du fait que son mur va être droit et qu’il ne va pas tomber sur la tête des gens. Et bien même si notre Maçonnerie n'est plus que spéculative, elle demande pourtant la même responsabilité, ou alors il faut faire autre chose que de la Maçonnerie ! A chaque fois que nous faisons le signe, nous avons l’occasion de nous remémorer le serment que nous avons prêté. Si nous acceptons de prêter ce serment, si nous acceptons de faire ce signe, pour réitérer ce serment, si nous acceptons de créer et d’évoluer dans un espace sacré, et bien il faut en être digne et en être responsable.

 

LE SERMENT OU LA SACRALISATION DE LA VIE   -              88

Joseph Noyer

Edition Maison de Vie

 2019

Naguère, dans toutes les activités humaines, la parole donnée était une valeur fondamentale qui engageait les êtres, depuis le domaine spirituel jusqu’ au quotidien. Il n’en est plus de même ajour hui sauf, parfois, dans certaines Loges où le serment, « ce qui rend sacré », prend toute sa valeur.

 

Ce serment construit l’initié, il est le socle de sa vie en esprit. Cet ouvrage explore les dimensions rituelles et symboliques de cet acte fondamental. Tous les Frères prêtent serment dans leur parcours maçonnique, que ce soit au 1er grade, aux deux suivants, voire pour certains dans les hauts grades. La plupart du temps, le souvenir du serment leur laisse une empreinte indélébile. Cependant, le plus important reste celui prononcé solennellement lors de l’initiation au grade d’Apprenti, au moment où le récipiendaire devient Maçon.

Le serment – du latin sacramentum, sacré – se retrouve dans toutes les sociétés humaines. Par le serment – du mot grec orkos, ce qui renferme –, « l’homme renonce à une certaine part de sa liberté, ce qu’il fait devant une autorité qui a le pouvoir, en tous lieux et en tout temps, de connaître un manquement à cette renonciation et de le punir », explique l’auteure maçonnique Irène Mainguy.

L’historien d’art et Maçon René Desaguliers observe, pour sa part, que « s’il est vrai que le serment est un acte essentiel de la Franc-maçonnerie, nous devons de toute nécessité nous demander sur quels fondements lui-même repose. La réponse est à la fois simple et redoutable.

Pratique extrêmement ancienne de l’humanité, le serment est obligatoirement sanctionné par une autorité supérieure à l’homme, par une transcendance capable de le juger ». Engagement solennel, le serment maçonnique se caractérise par une invocation, une promesse et une imprécation. Si l’invocation fait appel à une divinité ( le plus souvent le Grand Architecte de l’Univers ) comme garantie du serment, la promesse constitue l’objet même de l’engagement, en principe de ne jamais révéler indûment les rites maçonniques, mais aussi d’observer la discipline du secret, d’aimer ses Frères et de se soumettre à la loi.

Quant à l’imprécation, elle énumère le ou les châtiments auxquels le récipiendaire consent en cas de parjure, de non-respect du serment. La nature de cet engagement rappelle la parole de l’Evangile (Matthieu 18,18-19) : Tout ce que tu lies sur la terre sera tenu dans les Cieux pour lié, et tout ce que tu délies sur la terre sera tenu dans les Cieux pour délié.

Lors de son initiation au grade d’Apprenti, le récipiendaire prononce son serment initial, le premier, en tenant la « coupe des libations » de sa main gauche et en plaçant sa main droite sur son coeur. Ces deux gestes simultanés symbolisent sa pureté et sa sincérité. Lors de son serment définitif qui permet au Vénérable Maître assumant la transmission spirituelle de le consacrer Apprenti Franc-maçon, le deuxième après les épreuves des trois voyages, le récipiendaire s’agenouille en pliant le genou gauche mis à nu avec le pied ( sentiment de piété ) sur la troisième marche de l’Orient devant l’autel des serments, où se trouvent le Volume de la Loi Sacrée ouvert ( en général la Bible, parfois le Coran, le Talmud ou simplement un libre blanc ), une équerre et un compas. Puis il appuie sur son coeur la pointe d’une branche du compas ouvert qu’il tient de la main gauche (sensibilité à la vérité pénétrante), tandis qu’il pose la main droite sur l’équerre – le symbole de la rectitude –, placée elle-même sur le compas. « Ce geste signifie que le récipiendaire s’engage de façon totale, sans restriction, avec rectitude, comme une pierre posée d’équerre qui doit soutenir l’édifice à venir », précise Irène Mainguy. Certes, la forme du serment varie selon les rites et les obédiences, de même que les termes de l’obligation prêtée.

Selon le symboliste Jules Boucher, « généralement, lorsque le serment a été prononcé, on brûle le Testament philosophique du récipiendaire. En réalité, c’est le serment écrit de sa main qui devrait être brûlé, car les écrits terrestres peuvent disparaître, mais ce qui est écrit dans l’Invisible perdure indéfiniment. Par le feu, on transfère le visible dans l’Invisible. Ce n’est, en somme, que la sublimation d’un acte matériel en un acte spirituel, le transfert de cet acte d’un plan physique sur le plan immatériel. Le serment écrit, prononcé et brûlé réalise, selon la symbolique classique, une action totale par les quatre éléments Terre (la matière solide du papier), l’Eau (l’encre liquide), l’Air (la prononciation à haute voix) et le Feu (la combustion).

Alliance cosmique avec l’Eternel : Le Maçon Jean-Marie Ragon (1781-1862), dans ses Cours philosophique et interprétatif des initiations anciennes et modernes (1840), mentionna que « le serment maçonnique prononcé sans contrainte (selon la libre volonté du récipiendaire) est antique et sacré, contrairement à celui pratiqué dans le monde profane. Ses expressions sont énergiques parce que le récipiendaire qui le prête, et dont les yeux sont encore couverts par un bandeau, est sur le point de passer de la barbarie à la civilisation ». Le Maçon occultiste Oswald Wirth (1860-1943), de son côté, analysa la notion d’amour dans le serment : « Ayant juré de prouver son amour du prochain en le secourant selon ses facultés, le récipiendaire s’engage à remplir les conditions qui rendent son initiation effective. Il resterait profane, en dépit de tout ce qu’il aurait pu apprendre, s’il manquait à la charité, sans laquelle le prétendu sage n’est rien. Vivre sans amour n’est point vivre : nous ne vivons vraiment que dans la mesure où nous savons aimer. » Pour Irène Mainguy, « le serment prêté est le lien invisible qui scelle un pacte d’union entre tous les Francs-maçons dans le monde, sorte de câble qui relie et rattache chaque initié à l’Ordre maçonnique et à une fraternité initiatique. Il est rappelé lors de chaque Tenue par le signe d’ordre et à son issue en se séparant sous le serment du silence ».

Elle considère également que le serment pourrait recouvrir un caractère d’alliance cosmique avec l’Eternel : « C’est une obligation réciproque consentie librement entre l’Ordre et le néophyte qui est accepté en qualité de nouveau maillon de la chaîne initiatique. Cette promesse, dont le caractère solennel est à souligner, engage tout l’être à être fidèle à sa promesse. » En réalité, le serment vaut par le fond plus que par la forme. Peu importe en définitive sur quoi il est prêté, pourvu qu’il soit tenu. Oswald Wirth releva que dans l’initiation spirituelle, le serment se prête intérieurement : « L’initié s’engage envers lui-même, dans l’absolue sincérité de son âme. C’est là le vrai serment, auquel devrait conduire celui qui se prononce avec solennité. » Chaque parole du serment articulée par le postulant est conséquente une fois celles-ci prononcées. Elles sont gravées à jamais dans sa mémoire. Il devient Frère, reconnu des membres de l'Ordre. La lumière lui est accordée, son parrain ôte son bandeau. Il peut commencer sa métamorphose d'initié.

 

Il est maintenant lié à l'invisible. Afin de concrétiser son serment, un dernier cérémonial reste à accomplir, celui de brûler le testament philosophique et le serment. Lors du troisième voyage de son initiation, celui du feu, le récipien­daire a donné quelques gouttes de son sang avec lequel il signe le serment. Le sang c'est la vie, le véhicule de l'âme. L'âme devra être aussi légère qu'une plume lors de sa pesée au royaume des morts. On peut aussi y voir le symbole du sacrifice lié à l'idée d'échange au niveau énergie matérielle, énergie spi­rituelle. L'objet du sacrifice est toujours précieux. Le sang c'est la vie, le facteur de transmission (celui de nos enfants}, quoi de plus inestimable ? « La parole humaine s'altère, mais ce qui est confié au Feu perdure indéfini­ment. »

 

Hier, j'étais profane, aveuglé par le ma­térialisme de mon quotidien mais heu­reux dans les ténèbres. Aujourd'hui je tourne en rond, je me perds, et pour­tant, je m'acharne à rechercher la Lu­mière. Le chemin maçonnique est un combat contre soi-même. Prêter serment est facile, s'y tenir plus difficile. Il est parfois dur de viser l'invisible. Le serment n'est pas seulement un acte d'appartenance à la franc-maçonnerie, à un rite, à une Loge. C'est un engage­ment personnel qui dicte le futur de mon évolution au sein de cette institution. Cet acte volontaire contient bien plus de devoirs que de droits. Il faut bien des fois faire taire ses convictions, sortir des schémas bien tracés et sécurisant de ses idées pour si tenir. Le serment m'aide à oser sortir de l'obscurcissement de mon regard, sans l'endurcir. Il m'est difficile de repousser mon être de matière sans re­pousser mon Moi. Le serment, cette force aveugle me soutient dans les moments sombres, les phases d'abandon. Il est la petite voix qui titille ma conscience dans les décisions difficiles à prendre ou la fa­cilité est de mise. C'est le juge me rap­pelant mes devoirs. Le gardien du phare de ma spiritualité. Le pire serait de le tra­hir. Je briserai sa confiance, éteindrai la flamme de ma conscience. On peut vivre sans fortune ni intelligence, mais pas sans conscience. La conscience de l'homme, c'est la pensée de Dieu. Prêter serment, c'est mettre son âme en danger. Plutôt mourir que le parjure.

 

J'ai prêté serment une deuxième fois en franc-maçonnerie, non pas pour le re­nouveler. Le serment est unique et ne se prête qu'une fois. Il est souvenir éternel, reflet spirituel, écho réel. J'ai fait serment d'affiliation à une loge, dans cet en­droit clos où l'on travaille à couvert, ni par prudence, ni fortuitement. Dans ce lieu où les abstractions sociales et per­sonnelles sont bannies. Dans cette loge, où l'on oeuvre à la construction du tem­ple, à l'épanouissement de l'être. Et aussi à vous tous mes  frères qui avec ardeur vivifient la loge, avec amour con­courant à son développement spirituel.

 

Je ne pensais pas vivre ce serment avec une telle émotion. Je baigne dans une bulle de volupté, les mots devant moi dansent une folle farandole. J'entends une voie, la mienne. Tout me semble ir­réel, je flotte dans un rêve, bercée par la mélodie de la paix. Je suis heureux d'être maçon, heureux d’être parmi vous et de grandir ici parmi vous, éclairée de votre aura, les ra­cines arrosées par votre fraternité maçon­nique et nourrie de votre connaissance. Mes serments et surtout le serment de l'initiation sont ma raison d’être. Je terminerais en disant que les plus beaux serments sont ceux qu’on n’écrira ja­mais. Ils vivent dans la pensée des cœurs, demeurent dans le vent de la mémoire des hommes et perdurent dans le souffle du Divin.

 

LES FRANCS-MAÇONS ET LES ROIS DE FRANCE

Emmanuel Pierrat

Edition Dervy

 2019

En confrontant l'idéal maçonnique de liberté, d'égalité et de fraternité au pouvoir héréditaire dont jouit la monarchie, et à la notion de gouvernement de droit divin qu'elle sous-tend, il semble aisé de conclure que ces deux ordres sont profondément opposés et antagonistes. Mais est-ce si simple ? Rien n'est moins sûr... De l'arrivée de la franc-maçonnerie en France en 1668 à la Révolution de février 1848, qui met définitivement les rois hors du jeu politique dans l'hexagone, ce récit épique et documenté s'articule autour d'une dizaine de protagonistes emblématiques. Tous ont en commun d'être initiés à la franc-maçonnerie et liés à la royauté, qu'ils y appartiennent ou qu'ils la combattent... Et leurs trajectoires, retracées avec verve ― en même temps que celle de tout un peuple pour son émancipation du joug de la monarchie ―, nous éclairent sur les rapports troubles et complexes, les relations secrètes, les interactions aussi riches que méconnues entre les rois de France et la société discrète qu'est la franc-maçonnerie

 

Souvent la Franc-maçonnerie est encore considérée, à tort, comme déterminante dans l’avènement de la Révolution française. La réalité est beaucoup plus complexe et les Francs-maçons se sont souvent retrouvés dans tous les camps. Si les valeurs maçonniques de liberté, d’égalité, de fraternité, semblent conduire naturellement à s’opposer à l’ide de monarchie, l’histoire démontre les liens, parfois cachés entre les membres de l’Ordre maçonnique et les rois de France. C’est ce qu’Emmanuel Pierrat met en évidence dans ce livre à travers des personnages plus ou moins influents.

 

Dès le début de l’histoire de la Franc-maçonnerie dite spéculative, nous croisons de grands personnages comme, bien sûr le chevalier de Ramsay, mais aussi Louis-Antoine Pardaillan de Gondrin, premier duc d’Antin, dont le petit fils sera grand-maître de la Grande Loge de France. Nous découvrons la Loge des Petits-Appartements qui fait référence aux appartements du roi. Louis XV, selon l’auteur, aurait pu être membre de cette loge, tout comme Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, maréchal, pair de France, Louis-François de Bourbon-Conti et même, Bontemps, le valet de chambre du roi.

 

Tout ceci demeure peu étayé et c’est à partir des Lumières que les relations entre la Franc-maçonnerie et le pouvoir, royal ou non, vont pouvoir être étudiées avec plus de précision.

 

La loge Les Trois Frères unis à l’Orient de la cour a réellement existé et aurait pu accueillir Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Si Louis XVI ne fut pas membre de l’Ordre maçonnique, il fut au moins bienveillant à son égard. Emmanuel Pierrat évoque ces aventuriers et séducteurs initiés que furent Saint-Germain, Cagliostro ou Casanova mais aussi des femmes comme la duchesse de Bourbon ou madame de Lamballe. Il consacre un chapitre à la célèbre Loge des Neuf Sœurs qui reçut des membres prestigieux, Voltaire, Benjamin Franklin, le girondin Brissot, Guillotin, Condorcet, entre autres. Cette loge est emblématique car proche des idées révolutionnaires. Plusieurs membres furent influents et contribuèrent au développement de ces idées sans que l’on puisse faire de généralisation à l’Ordre maçonnique.

 

Emmanuel Pierrat montre la complexité des relations entre les Francs-maçons, les idéaux révolutionnaires et les références à la monarchie jusqu’au XIXème siècle. Chacun tente de trouver sa place et de contribuer à un équilibre entre les valeurs et les attachements ou conditionnements de l’époque engendrant une grande diversité de positions et d’engagements qui ont leurs prolongements dans la France maçonnique d’aujourd’hui.

 

C’est au XVIIème siècle avec la chute de la monarchie Stuart, que les premières loges maçonniques apparaissent en France. Les officiers du régiment « Royal Irlandais » se réunissent alors en secret afin de préparer la restauration de la monarchie légitime en Angleterre. Ainsi sont introduits en France grâce aux écossais, « les rites les plus anciens, inspirés des initiations de bâtisseur et de la tradition templière ». Louis XIV de Bourbon lui-même a donné sa bénédiction à la création de cette loge, La Parfaite Égalité, à Paris. Le Roi- Soleil n’a rien à craindre de cette société dont il surveille néanmoins les activités. 

 

C’est en 1738 que la première Grande Loge de France et sous la direction de Louis de Pardaillan de Gondrin (1707-1743). La nomination de ce prince de sang à la tête des loges comme « Grand maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France » n’est pas anodine. Les frères, qui n’avaient pas les faveurs du Roi Louis XV, espéraient que le Roi (malgré sa crainte des complots) en oublierait de faire enregistrer la bulle papale (« In eminenti apostolatus specula ») de Clément XII. En 1738, le Pape condamnait le goût du secret et du multi confessionnalisme qui régnait au sein de ces sociétés qu’il suspectait de pratiquer l’ésotérisme.

 

Une bulle qui sera reprise par tous ses successeurs durant deux siècles, accusant la franc-maçonnerie d’être une « œuvre de destruction du catholicisme ». Mais à regarder de plus près la haine de Clément XII envers les Francs-maçons n’était-elle pas d’abord plus personnelle que politique. En effet, sa Toscane natale cédée par les Médicis au futur mari de l’impératrice Marie-Thérèse était gouvernée par un franc-maçon. Clément XII ne le supportait pas… et en édita une bulle !

 

Finalement, bien qu’il voie leurs activités d’un mauvais œil, Louis XV ne donnera pas suite à cette bulle que le parlement se gardera bien d’ailleurs d’enregistrer. Parmi les francs-maçons figurent plusieurs membres de la noblesse et de l’Eglise y compris issus de la maison de France. En 1743, c’est le prince et comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé, petit-fils du Roi soleil qui hérite de la charge de Grand-maître de la loge. « La Franc-maçonnerie véhicule alors des règles et des principes parallèles aux règles et principes de la Monarchie absolue tout en étant influencée par les Lumières des philosophes. »

 

Une contradiction ignorée par le Corps de garde du château de Versailles, qui en 1775, se constitue en une loge soutenant le trône et l’autel. « La militaire des 3 frères unis » servira fidèlement la monarchie. A la veille de la révolution française, toutes les loges maçonniques de France font de la monarchie leur clef de voute et chaque frère prête serment au Roi. Les frères sont clairement légitimistes, et entendent protéger la royauté y compris malgré le monarque lui-même. Ainsi le Garde des sceaux, Charles Amable de Barentin, n’hésite pas à correspondre avec Louis XVI pour dénoncer ce qu’il qualifie de « de menées anti monarchique de Necker ». Le comte Augustin de La Galissonnière, fils du glorieux marin, dénonce quant à lui les complots d’un de ses frères (ici le duc Louis-Philippe d’Orléans) directement au comte Charles d’Artois, frère du Roi. Mandaté pour obtenir la tête sur un billot de son cousin, le frère de Louis XVI ressortira de son entretien sans les résultats escomptés. Lorsque de La Galissonnière lui demande la réponse du souverain, devant le regard atterré du prince, il s’exclamera : « Monseigneur, le roi vient d’être détrôné ».

 

les francs-maçons architectes de l’avenir

Alain pozarnik

EDITION DERVY

 1999

Alain Pozarnik œuvre, depuis 1972, sur les chantiers de la Grande Loge de France, à l’universalisme de la Franc-maçonnerie.


Aujourd’hui, il jette un regard impertinent et sans concession sur les méandres de cette société initiatique ancienne tout en réfléchissant à sa modernité et à ses possibles influences sur l’avenir.


Au fil des pages, nous découvrons comment l’homme engagé sur la voie maçonnique peut réinventer, sur une base très simple, des rapports humains beaucoup plus sains, c’est-à-dire le respect de soi-même et des autres, afin d’être capable d’agir en harmonie avec les grandes lois de la société ainsi que celles de l’univers.


Le Temple intérieur des Francs-maçons se situe dans un univers sans limite où ils exercent sans contrainte le droit de parfaire leur connaissance qui fait d’eux-mêmes les architectes de leur avenir et de celui de la société.
Dès lors, partant de ce principe, ce livre nous apporte les outils nécessaires pour la construction d’un monde nouveau.

 

les francs-maçons à toulouse

Paul PISTRE

EDITION LOUBATIERES

 2002

C’est l’histoire de la Franc-maçonnerie toulousaine de ses origines à nos jours. Des noms de maçons, des créations de loges. Tout est passé en revue, même les moments difficiles de l’occupation. Un très bon livre historique.

 

La résistance et les réseaux durant l’occupation : La répression va inciter de nombreux francs-maçons à créer ou à rejoindre des réseaux, et très souvent à devenir des éléments-clés de ces organisations clandestines. Et comme la Résistance elle-même, la résistance maçonnique va être polymorphe. Un réseau composé exclusivement de frères va se créer sous le nom de « Patriam Recuperare ». Parmi les fondateurs, José Roig de la Grande loge de France (GLDF) est fusillé en 1941. À Paris, la loge clandestine « L’Atelier de la Bastille » participe au réseau « Patriam Recuperare ». Mais ce réseau est l’ossature qui permet l’éclosion, début 1941, d’un Grand conseil provisoire de la franc-maçonnerie française, lequel devient ensuite le Comité d’action maçonnique. Ce Comité parvient à fédérer jusqu’à 200 loges clandestines. Il coordonne les réunions et constitue la liaison entre tous les réseaux impliquant peu ou prou des francs-maçons. À la Libération, c’est essentiellement de ses rangs qu’émergera le nouveau Conseil de l’ordre installé en 1945.

 

En Isère, la franc-maçonnerie est un véritable terreau pour la Résistance. Léon Martin, déjà cité pour compter parmi les 80 parlementaires réfractaires, ensuite déchu de ses mandats de député et de maire de Grenoble, est l'un des fondateurs du mouvement Franc-tireur, et ce faisant, du 1er maquis du Vercors. Des réseaux notoires comme « Combat » ou « L’Organisation civile et militaire » connaissent une forte implication maçonnique qui contribue à leur renom et à leur efficacité. C’est le cas à Marseille, avec Henri Malacrida et Roger Nathan-Murat dans le réseau « Combat ». Henri Malacrida est chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et artisan du réveil de la Section française de l’Internationale socialiste (SFIO) dans la région, il est issu de la loge « Les Arts et l’Amitié » d’Aix-en-Provence. Quant à Roger Nathan-Murat, il organise comme déporté au camp de Buchenwald, quelques rencontres maçonniques. À Tours, la loge « Les Démophiles » voit 15 de ses membres périr en détention ou dans les camps. À Toulouse et dans sa région, notamment à Montauban, de nombreux maçons espagnols et italiens, après avoir fui l’Espagne franquiste et l’Italie fasciste, rejoignent la résistance locale. 

 

De manière plus large, on peut dire que la franc-maçonnerie, dans chacune de ses obédiences, possède une organisation administrative propre et un maillage géographique de loges sur tout le territoire. Ce type d’élément a dû jouer efficacement lors des engagements en résistance de nombreux frères, et surtout pour la constitution de réseaux. C’est aussi une des raisons pour lesquelles de grandes figures de la Résistance sont maçonnes, au premier rang desquels apparaissent Pierre Brossolette, ou Jean Zay. D’autres, de toutes obédiences, de toutes loges mériteraient d’être cités.

 

Le général de Gaulle, sous l’impulsion conjuguée de Michel Dumesnil de Gramont de la GLDF et de Yvon Morandat, membre de son cabinet et futur franc-maçon, déclare à l'Assemblée consultative provisoire qui siégea de novembre 1943 à juillet 1944 à Alger : « Nous n’avons jamais reconnu les lois d’exception de Vichy. En conséquence, la franc-maçonnerie n’a jamais cesser d’exister ». Il confirme ses propos en demandant au Comité français de Libération nationale de rétablir la franc-maçonnerie dans ses droits, dans ses biens et dans sa dignité. Ce qui est fait par une  ordonnance du 15 décembre 1943.

 

les FRANCS-MAçONS BAYONNAIS SOUS L’occupation & dans la rÉsistance

Jean crouzet

EDITION GASCOGNE

 2004

Pourquoi parler de ces choses ? Parce que de braves gens qui pendant toute l’occupation se contentaient de gémir à cause du ravitaillement, et d’espérer le chocolat et le lait condensé, affirment aujourd’hui avec autorité, qu’il n’y a pas eu de résistance dans ce pays. Il faut qu’ils sachent que les jeunes gens à brassard qui maniaient imprudemment des mitraillettes à la fin août 44 ne furent pas toute la résistance, et que dès le début 1941, des hommes entraient en contact avec les alliés et engageaient la lutte contre l’envahisseur.


Parce que c’est peut-être la seule chose qui restera de cette aventure, de pouvoir raconter à des gens qui ne les croiront pas, l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui risquaient avec si peu d’éclat de si terribles supplices, tandis que d’autres, aujourd’hui entourés d’estime, collaboraient avec l’ennemi…

 

les francs-maçons – de la lÉgende à l’histoire

Roger dachez

Edition  Taillandier

 2003

Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? À quoi sert-elle ? Quelles sont ses origines ? Quelle est son influence réelle sur notre société ? Qui devient maçon, pourquoi, et comment ?


La Franc-maçonnerie, avec ses secrets et ses mystères, n’a jamais cessé d’intriguer les profanes. Elle a suscité à la fois haine et fascination, jalousie et admiration.


Écrire son histoire nécessite de démêler le vrai du faux, les affabulations de la réalité historique.


Cet ouvrage est l’occasion de s’interroger sur une société de pensée qui compte aujourd’hui 130 000 membres dans notre pays, et près de sept millions dans le monde.
De grands historiens, collaborateurs réguliers de la revue L’Histoire, spécialistes de la Franc-maçonnerie ou du monde contemporain, répondent ici à toutes les questions que pose cette institution.


Avec les contributions de :

Maurice AGULHON, Jean-Pierre AZÉMA, Alain BAUER, Serge BERS-TEIN, André COMBES, Roger DACHEZ, Jacqueline LALOUETTE, Thierry LENTZ, Pierre MOLLIER, Georges ODO, Yannick RIPA, Daniel ROCHE, Éric Saunier, Michel WINOCK.

 

LES FRANCS-MAÇONS D’AFRIQUE ET D’ASIE

Hivert-Messeca

Edition Cépaduès

 2018

Nous parlons volontiers de l’universalité de la Franc-maçonnerie. Ce n’est pourtant le plus souvent qu’une vague idée autour des valeurs maçonniques. Les Francs-maçons européens s’intéressent souvent à la maçonnerie africaine dans la zone parlant leur propre langue mais très peu à la maçonnerie asiatique. Ce livre veut défricher le terrain et ouvrir des chemins de compréhension des multiples expressions maçonniques sur ces deux continents. 

 

La disparité entre les zones géographiques est grande, depuis les Etats où la Franc-maçonnerie est implantée depuis longtemps, héritage du colonialisme, jusqu’ aux Etats où elle est marginalisée ou interdite. Le peu d’études, l’absence de chiffres vérifiés, compliquent encore la connaissance du phénomène maçonnique africain ou asiatique. C’est très conscient de ses difficultés qu’Yves Hivert-Messeca invite les lecteurs à l’assister dans le développement de ce premier travail sur le sujet.

 

En Afrique, la Franc-maçonnerie fut longtemps presque exclusivement européenne, réservée aux « Occidentaux », centralisée dans les capitales. Après le deuxième conflit mondial et les processus de décolonisation, la Franc-maçonnerie connut un déclin avant de connaître un nouveau développement à partir des années 1970-1980.

 

Aujourd’hui, la Franc-maçonnerie africaine n’est toujours pas pleinement affranchie de l’influence des anciens territoires colonialistes. La Franc-maçonnerie ouvrit les portes de l’Asie par l’Empire ottoman dans les années 1730-1740 puis de développa dans le véhicule de la colonisation avec des destins divers :

« Tous ces ateliers, précise l’auteur, étaient presque exclusivement composés d’Occidentaux, sauf dans l’Empire des Indes, où des musulmans d’abord, puis des sikhs et des parsis, enfin des hindouistes, furent admis, mais restèrent minoritaires. L’exception demeure les Philippines où se constitua progressivement une maçonnerie autochtone et nationaliste à côté de la maçonnerie coloniale espagnole, phénomène accentué après la tutelle américaine (1899) sur l’archipel, processus qui aboutira à la formation de la Grande Loge des Philippines en 1912. »

 

Sur les deux continents, l’installation maçonnique est éminemment politique et les préoccupations initiatiques ne sont pas souvent premières. Yves Hivert-Messeca dresse un état des lieux chronologique, Etat par Etat, basé sur les archives qui ont pu lui être ouvertes et les sources disponibles. Ce travail conduit à de nombreux questionnements sur le sens de l’implantation maçonnique. Fût-elle favorable ou défavorable à la diffusion des idées de liberté, participa-t-elle à l’asservissement des peuples ? Il n’existe que des réponses partielles et localisées. Les travaux fournis par les loges de recherches sont nécessaires et importants mais demeurent insuffisants.

 

Les premières traces d’une présence de l’Ordre maçonnique en Asie remontent à 1730 environ. Commençant en Inde, la propagation de la Franc-Maçonnerie s’est faite en grande partie au gré de l’expansion de l’Empire britannique: Malaisie, Birmanie,  Ceylan,  Hong  Kong.  Il  faut  cependant  mentionner,  en  dehors  de l’Empire britannique, le développement d’une Franc-Maçonnerie aux Philippines, débutant au XIXème siècle avec des Loges espagnoles. Quant au Japon, il a vu la constitution en 1957 d’une GL souveraine, formée de Loges précédemment placées sous l’autorité de la GL des Philippines. Actuellement, la Franc-Maçonnerie asiatique connaît des sorts très différents selon les Etats. Elle est inexistante dans les pays vivant sous régime communiste (Chine,  Cambodge,  Laos,  Vietnam,  Corée  du  Nord),  avec  une  exception,  la Birmanie, où travaillent 13 Loges. Elle est en voie d’extinction ou inexistante dans des pays vivant sous une dictature nationaliste ou militaire (Pakistan, Indonésie). Les Philippines constituent une exception notable, puisqu’une Franc-Maçonnerie florissante a coexisté pendant près de 20 ans avec un régime dictatorial.

 

La Corée du Sud est aussi un cas exceptionnel, qui s’explique cependant par le fait que les 5 Loges actives dans ce pays sont fréquentées principalement par des militaires américains. Dans plusieurs anciennes colonies comme l’Inde, le Sri Lanka ou la Birmanie, la composition  des  Loges,  essentiellement  occidentale  à  l’origine,  a  évolué  sans heurts vers une majorité indigène. Actuellement, l’un des aspects les plus remarquables de la Franc-Maçonnerie asiatique est l’extraordinaire diversité ethnique et religieuse que l’on peut rencontrer à l’intérieur des Loges. Il semble cependant que des problèmes économiques soient souvent un obstacle à l’adhésion de membres potentiels, et que le coût des cotisations opère une sélection en faveur des citoyens les plus fortunés dans des pays où le niveau moyen des salaires est encore très bas. 

 

LES FRANCS-MAÇONS DE L’EXPÉDITION D’ÉGYPTE

Alain Quéruel 

Edition du Cosmogone

 2012

L’expédition d’Egypte (1798-1801), fut d’abord une aventure maritime d’une flotte disparate de 250 navires marchands protégés par douze vaisseaux, six frégates et neuf flûtes, sans compter quelques chaloupes, avisos, bombardes et autres tartanes : 22 jours pour joindre Toulon à La Valette, 14 jours encore pour arriver à Alexandrie.

Dans la promiscuité des navires, entre l’ennui et la peur de l’anglais, entre les jeux de dés, d’échecs ou de loto et les rêveries collectives, les chicaneries et les discussions, le mal de mer, les odeurs de goudron, de cordage et de bois, les tâches quotidiennes et les observations, marins, soldats, civils et savants eurent le temps de se connaitre, de se reconnaitre, c’est là aussi que les maçons initiés, commencèrent à éduquer et à choisir les profanes qui, quelques mois plus tard se firent initier en Egypte.

Dans cette expédition d’Egypte de 1798 qui se termina lamentablement sur le plan militaire, les francs-maçons jouèrent pourtant un rôle important, que ce fût dans la préparation (Gaspard Monge par exemple ou bien Talleyrand qui conçu entièrement cette campagne et qui par la suite minimisa sa participation et son influence dans l’échec de cette expédition).

L’auteur a divisé cet ouvrage en trois parties :

D’abord le déroulement militaire de l’expédition, se subdivisant lui-même en trois phases correspondant aux différents généraux en chefs, à savoir successivement Bonaparte, Kléber et Menou, chacun d’entre eux marquant un tournant dans l’expédition (le premier était craint, le second était respecté et le troisième fut méprisé).

Dans la deuxième partie, l’auteur a estimé nécessaire de retracer les grandes périodes de la franc-maçonnerie depuis son arrivée en France, de façon à mettre en lumière ses forces et ses faiblesses. Après les excès de la Révolution, la maçonnerie panse ses blessures car elle a bien failli disparaitre lors de cette époque troublée, son Grand-Maître, Philippe Egalité lui ayant porté quasiment le coup de grâce.

Le troisième et dernier chapitre, répondant à la problématique du livre, tente de dresser un état des lieux des francs-maçons aussi bien militaires que civil. On pourra d’ailleurs s’interroger sur les vraies ou fausses initions de certains, en premier lieu celle de Bonaparte. Beaucoup de civils et de militaires se firent initier en Egypte car le vent de la franc-maçonnerie soufflait dans tous les milieux et il était de bon ton de faire partie de cette mouvance initiatique.

On s’est également posé la question de savoir si le retour inopiné de Bonaparte avait été aidé ou commandité par les milieux maçonniques, cet ouvrage donne quelques pistes mais rien de sur et de tangible, juste quelques soupçons dû à des phrases ou des affirmations de francs-maçons mais sans preuves. Comme par hasard suite à cette expédition en Orient, un phénomène de mode fit fureur en France, dans toute l’Europe et dans les milieux maçonniques : L’Egyptomanie.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : Les causes et le déroulement de l’expédition d’Egypte - un projet ancien - une expédition scientifique -

2e partie : La Franc-maçonnerie en France de sa naissance à 1798 - Naissance officielle - la franc-maçonnerie de la Renaissance - l’impact de la franc-maçonnerie dans la société française de la seconde moitié du XVIIIe siècle - la franc-maçonnerie et la Révolution française - de la Révolution à 1798 -

3e partie : Les Francs-maçons dans la campagne d’Egypte - le cas de Napoléon Bonaparte - les Francs-maçons célèbres de l’expédition - les militaires francs-maçons célèbres en Egypte - Des loges maçonniques bien identifiées - D’autres civils francs-maçons de l’expédition d’Egypte - L’Ordre sacré des Sophisiens - Le Rite de Memphis (Misraïm) -

 

les francs-maçons –  dialogue entre le pÈre  m. riquet & j. baylot

Verse & Controverse

EDITION BEAUCHESNE

 1968

Un excellent dialogue entre deux francs-maçons

.

L’un prêtre, l’autre dignitaire de la GLNF. De nombreux secteurs sont développés : la censure ecclésiastique, le sacré, l’agape, les obédiences, le symbolisme, l’éthique, Oswald Wirth, les divers présidents des N.S.A, les rapports des états et des Églises avec la Franc-maçonnerie et la longue histoire des bulles papale et leur excommunication.

 

LES FRANCS-MAÇONS: ENFANTS DE LA VEUVE et les Mystères d’ISIS  -      N°  50    -

Elvira  Gemeinde

Edition La Maison de Vie

 2012

Si les Francs-maçons portent le titre symbolique d’ «enfants de la veuve», c’est en raison d’une tradition essentielle : celle des mystères d’Isis, la veuve par excellence, qui parvint à rassembler les parties dispersées du corps d’Osiris, son époux assassiné (modèle pour Hiram) et à le ressusciter. Ce livre s’attache à mettre en lumière la tradition isiaque et son récit mythique. La quête d’Isis refusant le désespoir, sa victoire sur la mort, les outils qu’elle utilise, sa manière de ranimer le corps du Maître.

 

Dame de l’acacia, fondatrice de l’Art royal, Isis apparaît comme la mère des initiés et des bâtisseurs de temples. En évoquant son action symbolique et rituelle, c’est un aspect fondamental de la Franc-Maçonnerie initiatique que tente d’éclairer cet essai.

 

Le mythe d’Isis et d’Osiris constitue l’un de mythes de création les plus anciens de l’humanité. Le démembrement d’Osiris, la recomposition de son corps, puis sa résurrection par Isis, sa veuve, n’en représentent qu’un aspect et c’est à cette partie de l’histoire que cet ouvrage s’attache.

La première quête d’Isis commence lorsqu’Osiris enfermé dans le coffre construit par Seth, est jeté dans le Nil, c’est alors qu’Isis a la vision de l’endroit où le coffre s’est échoué. La deuxième quête amène la Veuve à se transformer en oiseau de proie à l’action fulgurante et à la vue perçante, elle recueille alors tous les morceaux du corps d’Osiris, découpés par Seth. Partout où elle trouve des morceaux, elle fonde un sanctuaire, traçant ainsi la géographie sacrée de l’Egypte.

 

La veuve rassemble et réunifie le corps d’Osiris, elle va reconstituer en secret le sexe d’Osiris qui avait été avalé par le poisson oxyrhinque (au bec pointu) et s’unira à lui. Fécondée, elle enfante la lumière en donnant naissance à leur fils Horus. La veuve participe aussi au combat que va livrer Horus à Seth pour venger et assurer la succession de son père Osiris. Horus vainqueur, sera appelé « façonneur de son père » ou « le Réunificateur »

 

Au sommaire de cet ouvrage, nous y trouvons :

Le mythe d’Isis et d’Osiris – La veuve, des origines jusqu’à la Franc-Maçonnerie – Transmission et reformulations du mythe – Fonction du pôle féminin – Les actes de la veuve – La veuve et la mort initiatique – Isis « Grande de magie » - La quête de la veuve, son pèlerinage, sa marche, ses voyages et l’acte de voir – La veuve rassemble le corps d’Osiris et race la géométrie sacrée du pays – La chair quitte les os et les cinq points parfait de la maîtrise -  Comment la veuve opère t-elle ? – La veuve Isis ranime le corps divin – Lamentations et magie du verbe –La Parole et la Parole perdue – Pleurs et eau de résurrection – Fécondation et conception de la lumière – Une fécondation spirituelle – la veuve, mère des initiés et fondatrice de l’Art Royal – La veuve est le trône – des planches hiéroglyphiques illustrent ce livre -

 

les hauts grades du rite Écossais & la rÉgularité maçonnique

René constant

UNIVERSITÉ DE BRUXELLES

 1990

La Franc-maçonnerie fait recette. Chaque année voit une nouvelle floraison de livres. Hélas, la médiocrité et l’apologie côtoient bien souvent l’anecdote ou le dénigrement. Au total, nombre de ces ouvrages où se mêlent le vrai et le faux, les faits et la légende, contribuent un peu plus à entretenir autour de la maçonnerie, de son histoire, de sa finalité, un brouillard qui ne peut satisfaire le lecteur à l’esprit critique un tant soit peu aiguisé. À l’évidence, dans l’abondante littérature consacrée à la maçonnerie, il n’existe encore à ce jour que trop peu de livres à l’information rigoureusement établie, ne serait-ce que parce qu’elle émane fréquemment de non-maçons auxquels des sources de première importance sont restées inaccessibles.


Dans ce contexte, le livre de René Constant mérite de sortir de l’anonymat. L’auteur est un scientifique doublé d’un maçon expérimenté qui a connu de l’intérieur les trois principales obédiences masculines qui se sont implantées successivement en Belgique ; il a en outre joué un rôle déterminant dans l’histoire de la Grande Loge régulière et dans celle du Suprême Conseil (dit régulier) de Belgique.

 

Si l’on ajoute à cela une connaissance sans égale des instances maçonniques internationales qui se considèrent comme régulières et en particulier sa maîtrise des questions les plus actuelles qui se posent aux Etats-Unis, on comprendra aisément que son livre ne laissera personne indifférent car il allie la rigueur de l’homme de science à l’expérience du praticien.

 

Bref, l’ouvrage de René Constant s’écarte résolument de la grisaille dans laquelle se confondent la plupart des publications de maçons, ou de non-maçons sur ces problèmes complexes… et passionnels que sont la « régularité maçonnique » et les hauts grades du rite écossais ancien et accepté.

 

Nombre de maçons membres des obédiences proches du Clipsas ne partageront pas les vues de l’auteur, mais là n’est pas l’essentiel. René Constant a en effet le mérite d’établir sans ambiguïté, de son point de vue de « maçon régulier », la ligne de partage qui sépare la maçonnerie libérale et latine d’Europe continentale de la maçonnerie d’obédience anglo-saxonne qui prétend à la régularité.

 

les illuminÉs de baviÈre & la franc-maçonnerie allemande

René Le forestier

EDITION  ARCHḖ MILAN

 2001

Malgré son ancienneté, ce livre reste l’ouvrage de référence sur les Illuminés de Bavière. D’ailleurs, beaucoup de documents à l’époque consultés par Le Forestier ont aujourd’hui disparu suite aux événements des deux guerres mondiales.

Voici ce qu’en écrit la Bibliotheca esoterica de Dorbon : «Ouvrage définitif sur les fameux illuminés […]. – Ayant eu entre les mains tous les papiers confisqués au cours des persécutions de 1786 contre l’Ordre, et les documents autrefois possédés tant par Bode, qui y joua un rôle important, que par l’écrivain Becker, notre auteur a pu se faire un historique complet de l’Ordre des Illuminés, leur genèse, leurs idées primitives, leurs doctrines politiques et religieuses, leurs buts et l’influence qu’ils eurent sur les événements contemporains et en particulier sur la Révolution française. –

Bien des chapitres seraient à citer dans ce livre qui éclaire la vie occulte de toute une époque : mentionnons seulement ceux relatifs au Testament philosophique de Weishaupt ; à la Légende de l’Illuminisme ; aux émissaires de l’Ordre en France ; aux aveux de Cagliostro ; au voyage de Mirabeau en Prusse ; à Bode et au Convent des Philalètes en 1787, visite au cours de laquelle l’Ordre Maçonnique, Fauchet, Mounier, Bailly, Condorcet, La Fayette, etc. ; aux Rose-Croix de Bavière ; aux rapports de l’Illuminisme et de la Franc-Maçonnerie avec la Révolution française ; aux prolongements de l’Ordre sous Napoléon sous forme d’Associations d’étudiants ; aux critiques des divers historiens, Robinson, Barruel, Lombard de Langres, le P. Deschamps, etc. –

Devenu très rare. »

Un pavé de 730 pages et un outil de référence sur cet ordre et son époque.

 

les initiations antiques  Tome 1

robin

EDITION Du Prieuré

 1993

Fac-similé de l’édition de 1779 par l’Abbé ROBIN.

 

C’est un travail de recherche sur les initiations anciennes et modernes.

 

On va de la Grèce jusqu’à la Franc-maçonnerie.

 

les inititations antiques  tome 2

Abbé rozin

EDITION DU PRIEURḖ

 

Réédité en 1821, à Paris, par Antoine Bailleul, cet ouvrage fut conçu en 1770, en Allemagne sous le titre de Crata Repoa.


L’auteur anonyme affiche avec aisance ses connaissances philosophiques et théologiques issues des penseurs antiques.


Comme dans le premier tome de ce dytique sur les Initiations Antiques, Jamblique, Diodore de Sicile, Tertullien, Cicéron, Porphyre, Hérodote, etc., sont les bases de cette analyse de l’initiation égyptienne qui est encore ici reconstituée avec une impressionnante précision. Un lien est ensuite tissé avec l’initiation maçonnique du XVIIIème siècle considérée alors comme moderne.

INITIATION : L’emploi du terme «initiation» s’est généralisé aujourd’hui pour signifier le fait de mettre au courant un individu aussi bien d’une science, d’un art que d’une profession (par exemple: initiation aux mathématiques), alors qu’il désignait primitivement et surtout l’ensemble des cérémonies par lesquelles on était admis à la connaissance de certains «mystères».

 

Il est facile de comprendre d’ailleurs comment et pourquoi l’on est passé du sens plus ancien au plus moderne, les pratiques de divers métiers (ceux de forgeron, d’alchimiste, de maçon par exemple) étant gardées secrètes par les maîtres qui ne les révélaient que peu à peu à leurs apprentis.

 

Les ethnologues ont été amenés à distinguer trois types d’initiations: celles qui font entrer les jeunes gens dans la catégorie d’adultes (initiations tribales), celles qui ouvrent l’accès à des sociétés secrètes ou à des confréries fermées (initiations religieuses), celles qui font abandonner la condition humaine normale pour accéder à la possession de pouvoirs surnaturels (initiations magiques).

Si le premier type comporte toujours une partie religieuse et fonde le rituel sur des archétypes mythiques, il constitue un rite de passage profane, au contraire du deuxième; si le premier a pour fonction d’intégrer l’individu dans la société, le troisième au contraire l’en sépare); malgré ces différences, il est possible de trouver une définition générale valable pour les trois: l’initiation est toujours un «processus destiné à réaliser psychologiquement le passage d’un état, réputé inférieur, de l’être à un état supérieur» (S. Hutin).


 

 Les sociétés archaïques et historiques : Pour l’Antiquité orientale et gréco-romaine, seule est connue l’initiation de type religieux, qui permet l’affiliation à des confréries religieuses, comme celles des curètes, des dactyles, des corybantes ou des cyclopes, et l’admission à des cultes à mystères, comme ceux d’Isis et d’Osiris, de Bacchus et de Déméter, de Mithra, enfin, qui va s’opposer au «mystère» chrétien (le baptême, entrée initiatique dans l’Église chrétienne ayant été d’abord un rituel secret). Cependant, par derrière ces confréries religieuses, on pressent l’existence de la «maison des hommes» caractéristique d’une société tribale, de même que les «mystères», anciens cultes nationaux dénationalisés, laissent aussi deviner à l’arrière-plan des initiations de type tribal. Non que l’on puisse parler d’une évolution logique du premier des trois types d’initiation au deuxième; il s’agirait plutôt, d’après H. Hubert et M. Mauss, de toute une série de phénomènes de désintégration et de réintégration: «Les idées et les pratiques religieuses, en se détachant du système social auquel elles ont appartenu, changent de caractère.» Quoi qu’il en soit de ce problème qui reste toujours discuté, faute de témoignages historiques suffisants, les cérémonies d’initiation paraissent toujours suivre, dans l’Antiquité, un ordre déterminé.

 

La première étape était constituée par les rites préalables de purification. Même pour les éranes et les orgeons, associations ouvertes aux femmes, aux étrangers et aux esclaves, des interdits empêchaient les personnes trop profondément souillées de s’approcher des mystères: bâtards, criminels, courtisanes; et ceux qui pouvaient s’en approcher devaient auparavant se soumettre à des rites, publics, de purification (y compris quelquefois la «confession des péchés»). Les rites, également publics, de sacrifices préparatoires, de processions, accompagnés de chants et de danses, établissaient le cheminement du profane au sacré.

 

L’initiation proprement dite se faisait dans le secret du sanctuaire et comprenait des épreuves dont le candidat devait sortir vainqueur: lutte avec des monstres, puis passage à travers une porte étroite, difficile à franchir, fustigations (considérées par J. G. Frazer comme un rite de fertilité, ce qui n’est pas incompatible avec leur signification d’épreuves, chaque moment de la cérémonie pouvant avoir une pluralité de sens symboliques). Probablement aussi, du moins dans certains cas, on inscrivait à même la chair du candidat des «signes mystiques», preuves de sa consécration et de son appartenance au dieu célébré dans le mystère (par exemple, tatouage d’un faon pour les femmes, d’une feuille de lierre pour les hommes chez les dionysiastes. Souvent on exhibait des objets rituels, dont était révélée la signification profonde: par exemple à Éleusis, d’un sanctuaire à l’autre, le safran, la figue et l’épi de blé; Tertullien affirme que dans certains mystères on exhibait le phallus, ce qui est vraisemblable.

 

L’initiation se prolongeait par l’époptie, représentation théâtrale d’un mythe et enseignement d’un secret à partir de jeux scéniques. Il semble que, du moins pour les mystères (car, pour les confréries, il s’agissait plutôt d’un secret magique pour amener la pluie, nourrir le feu), ces représentations consistaient à «tuer» l’individu (Osiris coupé en morceaux, Bacchus déchiré par les bacchantes) pour le faire ressusciter à une vie nouvelle; il est donc compréhensible que la mort et la résurrection des dieux de la végétation aient pu symboliser ces morts et ces résurrections initiatiques et que les mythes de la plante qui dépérit en hiver pour renaître au printemps aient fourni les divers scénarios de ces représentations (M. Eliade). Le nouvel initié devait alors jurer de garder le secret sur ce qu’il avait vu et appris; il recevait souvent un autre nom. Les cérémonies de clôture qui suivaient étaient publiques, avec des jeux et des danses qui manifestaient la joie du retour du myste à la vie.

 

 
Les rites d’initiation accompagnent l’admission des individus d’un groupe à un autre, et d’abord du groupe des enfants à celui des adultes; dans une société à groupes d’âge, il s’agira par exemple du passage du groupe des guerriers à celui des responsables politiques, et, lorsque la société est différenciée, de l’introduction dans une confrérie religieuse spécialisée ou dans une société secrète. Bref, ils marquent toujours un changement de statut social. Mais, de tous ces rites, les plus importants sont incontestablement ceux qui font accéder l’enfant au statut d’adolescent.

 

 Les initiations tribales : Les rites de passage de l’enfance à l’âge adulte n’existent pas partout, du moins pas pour les deux sexes. Ici, il n’y a que les garçons qui les subissent; là, les filles seulement; ailleurs, les deux. Comme le montre A. Van Gennep, l’initiation est un «rite de passage» qui prend place dans tout un ensemble organisé, allant des rites de la naissance à ceux de la mort; c’est pourquoi les cérémonies d’initiation ne peuvent se comprendre que si on les situe dans cette totalité: l’enfant ne devient homme que peu à peu, il change au moins deux fois de statut, d’abord lors de son appellation (le nom qui lui est donné le fait passer de la nature à la culture), ensuite au moment de l’initiation tribale (qui l’arrache à l’éducation familiale et au groupe des femmes pour le faire accéder à celui des adultes); parfois la séquence est même plus longue (perforation des oreilles, de la lèvre, etc., marquant diverses étapes dans la formation de la personnalité). L’initiation à son tour, même si la puberté sociale ne se confond pas avec la puberté biologique (elle peut se faire avant ou après), rend possible le mariage, autre rite de passage qui consacre définitivement l’entrée dans le monde adulte.

 

Cet inventaire des diverses possibilités explique que l’on trouve tant de différences entre les peuples: ainsi, en Polynésie, il n’existe pas en général de rites de puberté, l’enfant devient progressivement adolescent, ce n’est que par le mariage qu’il passe à l’état adulte et ce sont ici les cérémonies du mariage qui sont prépondérantes; par contre, en Mélanésie, c’est le passage de l’enfance à l’adolescence qui est abrupt, et les rites de mariage n’ont plus la même importance. Ce ne sont pas les seules variations que l’on puisse constater. Là où existe une initiation féminine, la puberté sociale se confond avec la puberté biologique, elle a lieu lors de la première menstruation; pour les garçons, l’âge est variable, et non seulement l’âge, mais encore la durée des cérémonies, qui peut aller de quelques semaines à quelques mois, parfois quelques années. Elle peut être, alors, comme chez les Bambara, divisée en séries successives, qui s’échelonnent de la tendre enfance à l’âge mûr: le n’domo , avant la circoncision (qui déblaie la route de l’enfant vers le savoir), le komo , après la circoncision (introduction au savoir), le nama  (enseignement de ce que l’on pourrait appeler la connaissance sociologique), le kono  (la connaissance psychologique), le tyiwara  (la connaissance cosmologique) et le kore  (où l’on aboutit à la divinité qui fonde définitivement l’être humain).

 

On comprend, dans ces conditions, combien il est difficile de dire ce qui est commun à toutes ces cérémonies initiatrices si l’on veut les aborder par leurs contenus; il est par contre possible de trouver entre elles des similitudes formelles et des fonctions communes qui permettent de les traiter malgré tout comme un seul bloc. Les cérémonies d’initiation tribales comprennent, comme tous les cérémonials de passage, des rites de séparation, de marge et d’agrégation.

 

LES  LÉVITESL’ARCHE ET SES  DIVERSES  ALLIANCES

DIVERS  AUTEURS 

EDITION  ARCADIA

 2006

Les Lévites gardiens de l’Arche d’Alliance, leur histoire biblique, leur alliance, leur fonction, le parallèle avec les hauts grades de l’Ecossisme, les lévites au 4e grade du R.E.A.A, le sacerdoce, l’état de pureté du lévite, ses rapports avec l’Arche d’Alliance, laquelle dans ce dossier important fait partie d’une étude approfondie avec des auteurs tel que Sam Eched (passé à l’Orient éternel en 2012) et bien d’autres

 

Tous les descendants de Lévi peuvent être compris sous le nom de Lévites.

 

Mais on entend principalement sous ce nom ceux qui étaient employés aux plus bas ministères du temple ; pour les distinguer des prêtres descendus d'Aaron, qui étaient aussi de la race de Lévi par Caath, mais employés à-des exercices plus relevés dans le temple. Nous en avons parlé sous l'article d'Aaron, et nous en parlerons encore sous celui de prêtres.

Les lévites donc étaient tous les descendants de Lévi par Gerson, Caath et Mérari, à l'exception de la seule famille d'Aaron; car les enfants mêmes de Moïse n'avaient aucune part au sacerdoce, et n'étaient que de simples lévites. Dieu les choisit en la place des premiers-nés de tout Israël (Nu 3 :6-46) pour le service de son tabernacle et de son temple. Ils étaient chargés d'en garder les portes, d'y faire garde nuit et jour, de porter, durant les marches du désert, les vases et les instruments, les ais, les voiles, les cordages et les tables du tabernacle. Ils obéissaient aux prêtres dans le ministère du temple, en leur présentant le bois, l'eau et les autres choses nécessaires pour les sacrifices. Ils chantaient et jouaient des instruments dans le temple et dans les autres cérémonies. Ils s'appliquaient à l'étude de la loi et étaient les juges ordinaires du pays, mais toujours subordonnés aux prêtres.

 

Dieu avait pourvu à la subsistance des lévites, en leur donnant toutes les dîmes des grains, des fruits et des animaux dans Israël. Mais ils devaient donner aux prêtres la dîme de leurs dîmes; et comme les lévites ne possédaient point de biens en fonds dans le pays, ces dîmes qu'ils donnaient aux prêtres étaient regardées comme les prémices qu'ils devaient offrir au Seigneur. Dieu leur assigna quarante-huit villes dans le pays pour leur demeure, avec des champs, des pâturages et des jardins. De ces quarante-huit villes, on en donna treize aux prêtres), parmi lesquelles on en choisit six pour être villes de refuge sacerdotales et lévitiques. Tandis que les lévites étaient occupés au service actuel du temple, ils y étaient nourris des provisions qui y étaient, et des offrandes journalières qu'on y faisait; et si un lévite quittait le lieu de sa demeure pour venir servir au temple, même hors le temps de son semestre ou de sa semaine, il y était reçu, nourri et entretenu comme ses autres frères qui y étaient en semaine

 

La consécration des lévites se faisait assez aisément. Ils ne portaient point d'habits distingués du reste des Israélites, et Dieu ne leur ordonne rien de particulier pour le deuil. Voici la manière dont on les consacra au Seigneur Le Seigneur dit à Moïse : «Prenez les lévites du milieu des enfants d'Israël, et purifiez-les. Vous les arroserez de l'eau d'expiation, et ils raseront tout le poil de leur corps, et ils laveront leurs habits. On amènera deux bœufs, ou plutôt deux taureaux, devant la porte du tabernacle. Alors tous les enfants d'Israël, étant assemblés, mettront leurs mains sur la tête des lévites, comme pour marquer qu'ils les offrent au Seigneur. Après cela, les lévites mettront leurs mains sur la tête des deux taureaux, dont l'un sera offert en holocauste, el l'autre pour le péché. Vous présenterez les lévites au grand prêtre Aaron et à ses fils, qui les offriront au Seigneur, en les élevant en l'air vers les quatre parties du inonde, ou en leur faisant faire quelques mouvements qui aient du rapport à celui que les prêtres faisaient, en agitant certaines offrandes vers les quatre parties de la terre. »

 

Flavius Josèphe raconte que, sous le règne d'Agrippa, roi des Juifs, environ l'an 61 de Jésus Christ et six ans avant la ruine du temple de Jérusalem par les Romains, les lévites demandèrent à ce prince la permission de porter dans le temple la tunique de lin, comme les prêtres ; ce qui leur fut accordé. Cette innovation déplut aux prêtres, et l'historien juif remarque que l'on n'avait jamais abandonné impunément les anciennes coutumes du pays. Il ajoute qu'Agrippa permit aussi aux familles des lévites, dont la fonction ordinaire était de garder les portes et de faire d'autres fonctions pénibles, d'apprendre le chant et de jouer des instruments, pour pouvoir aussi servir au temple en qualité de musiciens.

 

Les lévites étaient partagés en différentes classes à savoir les gersonites, les caathites, les mérarites et les aaronites, ou sacrificateurs. Voici le dénombrement que Moïse en fit après leur sortie d'Egypte, de tous les mâles, depuis un mois et au-dessus, suivant l'ordre exprès qu'il en reçut de Dieu : Les gersonites étaient au nombre de 7500; leur office, dans les marches du désert, était de porter les voiles et les courtines du tabernacle Eliasaph, fils de Lael, était leur chef.  Les caathites étaient chargés de porter l'arche et les vases sacrés du tabernacle. Leur nombre était de 8600. Elisaphan, fils d'Oziel, était à leur tête. Les mérarites étaient au nombre de 6200. Leur charge était de porter les pièces du tabernacle-que l'on ne pouvait mettre sur les chariots; ils avaient pour commandant Surie!, fils d'Abihaïel. Les aaronites étaient des sacrificateurs qui servaient dans le sanctuaire. Eléazar, fils d'Aaron, était leur général

 

En Franc-maçonnerie : Les Lévites durent se servir de la branche sacrée de l'Acacia pour figurer l'assassinat d'Hiram : nos instituteurs choisirent cette branche d'arbre, car elle était commune à tous les mystères anciens. on verra que les Sabéens et les Chrétiens de St. Jean honoraient cet arbre, et se servaient d'une de ses branches dans les initiations. Les Sabéens appelaient cet arbre Houzza; ce nom se trouve littéralement être celui de l'acclamation et du vivat des Maçons Ecossais « Houzzé », qu'on écrit « Houzza ». La Maçonnerie d'Ecosse, d'Angleterre, de France, d'Italie, d'Allemagne, a emprunté son cri de joie au rameau des initiés, et le place en tête de ses chartes et capitulaires. Ce symbole, au commencement de nos mystères, est un objet de tristesse, mais l'allégresse la suit de près : or, à la manifestation d'Hiram, les Juifs durent y unir l'allégorie du bois qui donne le salut, et l'Acacia était regardé pour le Lignum salutis. On prétend que la croix de Jésus était de cet arbre.

 

Les Parsis, peuple de l'Orient, conservaient encore, dans certaines fêtes, l'emploi d'un rameau mystérieux, quelquefois végétal, le plus souvent métallique : c'est un signe qu'on retrouve partout où il y a trace d'initiation. Nous le trouvons dans le gui des Druides et dans la fête des Rameaux des Chrétiens de Rome, laquelle précède de cinq jours la commémoration de la mort de Jésus sur le Bois de salut. Quelques critiques ont avancé que les prêtres de Rome conservent l'emblème de l’Acacia, qu'eux aussi sont initiés, qu'ils ont des signes allégoriques, mais qu'ils ne les comprennent pas; ces mêmes critiques disent encore que l'usage de ces objets sacrés ne sert qu'à alimenter leur puissance, se borne chez eux à des cérémonies insignifiantes, et qu'ils ne pratiquent pas généralement les vertus que leurs emblèmes et leurs cérémonies sont destinés à leur retracer. Un grand nombre de médailles et d'abraxas, qui portent l'initiation, sont accompagnés d'un rameau.

 

Les Parsis se servaient aussi dans leurs mystères de branches sacrées de Homa, elles n'étaient propres au service religieux qu'après qu'elles étaient restées trempées pendant un an dans l'eau bénite (Les rameaux des Chrétiens romains doivent être également bénis et aspergés avec de l'eau bénite par un prêtre; alors les crédules leur attribuent des pouvoirs miraculeux, même celui d'écarter la foudre. On lit dans Herden  que les habitants des bords du Gange s'y baignent pour l'expiation de leurs péchés; mais il faut qu'ils tiennent à la main des brins de paille bénis par un Brama, sans quoi l'immersion est nulle. Cette mort mystérieuse et cette branche qui la manifeste, se trouve aussi dans les mystères des anciens Romains; nous ne faisons que rapporter ce qu'un moderne savant, l'auteur du Poème de la Maçonnerie, observe très-judicieusement (ce qui avait été dit par l'Encyclopédie Maçonnique), qu'il y a une analogie frappante entre l'initiation romaine et celle des Egyptiens, qui est la même que celle des Maçons d'aujourd'hui.

 

Les cérémonies maçonniques ont un rapport marqué avec plusieurs passages de Virgile, qui, non-seulement les expliquent, mais même seraient inintelligibles sans lui. Ainsi, par exemple, dans son 6ème livre de l'Eneide, Enée descend aux Enfers, cherche la branche fatale et mystérieuse (qu’on a comparée au gui dont se servaient les Druides dans leurs mystères) : là, il découvre le corps de Misène, tué par un Dieu jaloux. Virgile, après avoir décrit le mystère de la putréfaction et de la chair qui se détache du corps, nous dépeint son héros frappant de son épée des monstres terribles qui s'opposent à son passage, et triomphant enfin de tous les obstacles, même des quatre éléments qui se trouvent précisés dans ses vers. L'incertitude qui a régné longtemps sur l'affinité des anciens mystères avec ceux des Maçons, a disparu par la comparaison et par le récit des épreuves des anciens ; l'on voit clairement qu'en elles tout est emblématique , qu'on y représentait aux initiés l'avantage des sociétés, la nécessité des lois qui en découlaient; on y prouvait que l'initiation était un secours de plus pour parvenir à l'exercice de ses devoirs, et qu'il fallait la pureté du cœur et l'habitude des vertus pour l'obtenir. On peut se persuader et on peut dire qu'il est démontré clairement que, par l'initiation, on parvenait à la connaissance des secrets de la nature, et à la vérité ; que cette dernière toute raie ne convenait pas pour tous les yeux; aussi pour participer à cette connaissance, exigeait-on des épreuves, des grades de mérite, en un mot, il fallait s'en rendre digne.

 

Ces obstacles préliminaires, que nous lisons dans Sestos et dans Virgile., constituaient, à proprement parler, l'initiation; nos sages instituteurs ont voulu, en les rendant difficiles à surmonter, ne pas rendre trop générale la connaissance des vérités, qui auraient été nuisibles aux hommes non destinés à connaître la nature dans sa pureté native : voilà pourquoi, dans les Temples égyptiens, la nature, qui ne représentait que la vérité, était voilée. Mais revenant au poème de Virgile, « la Descente d'Enée aux Enfers », réunit sur l'initiation tout ce qu'on ne trouve qu'avec peine dans une multitude d'auteurs; on y voit les épreuves et les cérémonies des mystères; on y trouve les mêmes doctrines : -car si l'on examine les discours de la Sybille, dans le langage qu'elle tient, nous trouvons celui des préparateurs égyptiens et juifs, qui étaient chargés d'instruire et de conduire l'initié dans les épreuves, et le discours d'Anchise nous dévoile le Hiérophante égyptien, juif et grec, qui instruit l'initié après les épreuves; il roule tout entier sur l'Etre Suprême, sur l'immortalité de l'âme, sur les récompenses et punitions futures. D'après ce que nous venons d'exposer, on peut aisément conclure que les Juifs, fondateurs de ces nouveaux mystères, indépendamment de ce qu'ils choisirent pour l'Etre allégorique un personnage illustre, réellement figuré dans la construction du Temple de Salomon, cherchèrent encore qu'il donnât par quelque rapport une idée du sens mystérieux, de l'objet et du fond de l'allégorie cachée : ainsi, ils choisirent Hiram , parce que la Bible, liv. III des Rois, chap. 7, v.13, le cite comme le fondeur, le ciseleur, le sculpteur de Salomon, ce qui se trouve confirmé par Joseph ; ils le choisirent par une analogie très-remarquable, car il était le fils de Ur, et .ce mot chez les Juifs se prend pour le feu , qui est le principal des quatre éléments, cause de toute génération chez les Perses et chez les Egyptiens.

 

Il est à remarquer de plus, que chez toutes les nations qui avaient admis dans leur religion et leurs mystères, le culte du Soleil, les Hiérophantes cachaient l'objet de leur vénération par la substitution d'un des héros de leur pays; les uns établirent la légende de Pythias, les autres d'Osiris, de Bacchus, d'Hercule, de Mithra, d'Ammon, etc. Les Lévites ont dû choisir Hiram, d'après l'exercice de son art, et d'après le nom de son père, pour l'être allégorique qui représente le Grand-Architecte du Temple de Salomon ; ces Lévites, lors de leur esclavage à Babylone, durent regarder cette liturgie comme l'allégorie de leurs pouvoirs, biens et liberté perdus par leurs Rois. Nous avons souvent occasion de reproduire de pareils faits, et la nature de notre sujet nous y force. Cette allégorie et cette légende d'Hiram varient dans nos Temples; il en est de même de celle de ses trois assassins. Elle est l'allégorie de Jésus-Christ dans la Maçonnerie couronnée, et est suivie par les Bons Cousins.

 

Jésus-Christ, comme le Soleil, termine sa carrière, apostrophé par le mauvais principe ou par le mauvais larron. Le bon principe suit le Christ dans sa gloire : on a même voulu faire ressortir davantage l'allégorie dans le tremblement de terre, dans les ténèbres, dans le bouleversement de la nature, qui suivent la mort du Divin Maître, de même que si réellement le Soleil s'était anéanti. Hiram, dans la Maçonnerie ancienne et acceptée dans un de nos Ordres, est l'emblème de Jésus Christ, du Grand-Architecte, de son Eglise; dans un autre, il représente l'ordre parfait qui se trouve dans la nature. Hiram, dans les Kadosch de tous les rites (remarquons que cet Ordre n'est pas, selon les plus savants Maçons, celui des Juifs et de l'antiquité), est cru l'allégorie du martyre de Jacques Molay et de la destruction des Templiers; opinion adoptée par le régime de la Stricte Observance, par les rites écossais des Templiers, et même par celui qui s'est dernièrement reproduit sur l'horizon sous la dénomination de l'Ordre du Temple. Quant aux Lévites, outre les allégories personnelles que présentaient leurs mystères, ils en avaient aussi de matérielles ; ce que nous conservons dans tous les rites, comme la pierre cubique, sous laquelle est caché le précieux Delta, qui porte gravé le nom du grand innommable Jéhovah.

 


Au sommaire : On y parle: des 12 tribus d’Israël , de la tente d’assignation , du Temple de Salomon , des diverses tables d’Alliance , de l’arc en ciel , du feu , des couleurs , des bénédictions et malédictions ,du cercle , de l’arbre de vie , le propitiatoire , des chérubins , de la Shekinah, des tables de la Loi ,des alliances depuis Noé, le rapport de l’Arche d’alliance avec l’Arche Royale, et toujours le rapport Lévite –Arche d’AllianceMaître Maçon.


Des références intéressantes et des lectures à plusieurs niveaux.

 

les loges de st jean & la philosophie ÉsotÉrique de la connaissance

Paul naudon

EDITION DERVY

 1999

Tout au long de son œuvre, Paul Naudon s’est appliqué à étudier avec soin les origines religieuses, traditionnelles et corporatives de la Franc-maçonnerie et de ses rites.


Ce présent ouvrage s’attache plus particulièrement à l’histoire et au sens du symbolisme fondamental de l’institution que synthétise l’appellation générique de ses loges : les Loges de St Jean.


Rédigé dans le seul souci de l’objectivité et de la documentation scientifique l’auteur explique comment ce symbolisme traduit l’ésotérisme chrétien. Il transpose les signes les plus anciens par lesquels l’humanité a toujours souligné les préoccupations primordiales de sa pensée et de sa vie quant à ses origines et à ses destinées.


En notre monde troublé et de remise en cause permanente, cet enseignement attaché à la tradition demeure d’une vivante actualité.

 

L’existentialisme initiatique qu’il exprime porte les espoirs de la plus haute aspiration, la lumière qui conduit à la plénitude de l’être.

 

les loges maçonniques à bord des pontons anglais sous le premier empire  -

J. Marc van hille

EDITION DU PHARE DE MISAINE

 1999

C’est un aspect très méconnu de l’Histoire, tant maritime que maçonnique, que l’auteur nous dépeint.


La marine française ne s’est jamais remise des troubles révolutionnaires. Rentrée affaiblie bien que victorieuse de la guerre d’Amérique – ce que les Anglais ne lui ont jamais pardonné – ses états-majors, ruiné par l’émigration de la noblesse dès juillet 1789 et remplacés par des capitaines marchands, certes très compétents en temps de paix mais inopérants face à l’ennemi, l’entraîneront dans une débâcle irréversible.


Bonaparte, qui se souciait fort peu de sa Marine, obsédé par un ennemi qu’il battait souvent sur terre alors que ses escadres étaient défaites sur rade comme à Aboukir ou en mer comme à Trafalgar, assista, impuissant, à l’emprisonnement dans des conditions inhumaines de dizaines de milliers de marins et de soldats, sur les sinistres pontons de sa Gracieuse Majesté.


Les historiens anglais ont fait l’impasse sur ces événements dramatiques. Côté français, les sources sont rares. C’est donc une pierre importante qu’ajoute l’auteur à l’édifice historique, après ses biographies de plusieurs amiraux de la guerre d’Indépendance ou de la Révolution, en se penchant sur l’aspect très peu étudié des relations entre Maçonneries française et anglaise à cette époque troublée, sans jamais tomber dans la polémique stérile des querelles inter obédientielles.

 

les maçons – les gants & le tablier

J.P. villeneuve

Edition DERVY

 2006

Le tablier et les gants sont parmi les principaux symboles de la Franc-maçonnerie, à tel point que nul ne peut pénétrer en « tenue » s’il n’en est revêtu. En effet, quels que soient les rites, les grades, la diversité des décors, la fonction occupée, un seul élément est commun : le port des gants et du tablier.


Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, l’auteur, dans une étude à la fois historique et symbolique, s’appuyant sur une documentation importante, explique pourquoi et comment les Francs-maçons spéculatifs, à partir du XVIIIème siècle, ont adopté les éléments vestimentaires principaux des maçons opératifs.

 

Le tablier et les gants, par leur forme, leur matière, leur couleur, sont chargés d’une symbolique forte : celle-ci est analysée dans le détail pour ce qui concerne les trois grades d’apprenti, de compagnon et de maître. Enfin, le symbolisme d’un vêtement étant lié à la partie du corps qu’il recouvre, les significations symboliques de la main et du ventre sont analysées.

La Franc-maçonnerie est une société traditionnelle, elle a conservé ces deux aspects du perfectionnement et certains de ses rituels et symboles manifestent l'origine du métier de bâtisseur en même temps que les valeurs spirituelles sur lesquelles elle repose. Les gants sont un de ces symboles à la fois professionnels et gnostiques. Dans l'histoire du costume, les gants sont, dans un premier temps, considérés comme symbole de déférence, de soumission, de loyauté en particulier. Dès les premiers temps du christianisme, il est d’usage de se déganter devant un supérieur. C'est une exigence que l’on retrouve tout au long des siècles : les juges royaux demeurent mains nues dans l’exercice de leurs fonctions, et on ôte ses gants pour entrer dans les Grandes et Petites Écuries du Roi-Soleil ; aujourd’hui encore, un homme se dégante pour serrer la main d’une femme. Se déganter est un acte de respect et on peut considérer que c'est sur ce registre que le F. M se dégante pour prêter ses serments. Les comptes d’Isabeau de Bavière mentionnent en 1408 des gants « brodés tout autour », Montaigne ne s’en serait pas plus passé que de sa chemise et Catherine de Médicis les offre en cadeau très apprécié aux dames de la cour ; ils sont alors en soie ou en cuir, si fins qu’ils peuvent être roulés dans une coque de noix, usage qui persistera encore au XIXe siècle, en Angleterre surtout, où la noix est pendue ostensiblement à la taille pour bien marquer la faveur royale. Henri III et ses mignons les affectionnent, pour la nuit, imprégnés de musc, ambre gris, civette et benjoin.

 

Solange Sudarskis dans un de ses livres nous explique cette vêture : « La première pensée qu'il me vient est que les gants blancs sont des masques de main.  La tragédie antique masquait de blanc les acteurs. Cela permettait, outre l'identification cathartique aux personnages, la possibilité de laisser surgir le tragique c'est à dire de doubler les significations et les situations qui se rapportent à l'homme; mais à quel homme ? Ni à vous, ni à moi non plus, mais à l'homme en général, mais à une image de l'homme au centre de l'univers dramatique et c'est ce que l'on peut appeler une philosophie. Derrière le masque, qu'elle qu'en soit sa couleur, l'attitude ne réussit pourtant jamais à se dissimuler. Le blanc ne saurait suffire pour faire d'une main repliée dans son poing une main tendue. Eloge de la Caresse ! La main s'ouvre, déploie ses doigts vers le dehors. Mais lorsqu'elle atteint et rencontre le monde, objet ou sujet, chose ou être humain, les doigts ne se referment pas en un main-tenant, elles restent tendues, ouvertes. Ainsi la main se fait caresse. La caresse, comme je l'ai souvent évoqué sur la planche à tracer, s'oppose à la violence de la griffe. La caresse est un concept ou plutôt un anti-concept qu'Emmanuel Lévinas introduit en philosophie en 1947 dans son essai Le temps et l'autre. Ecoutons-le : "La caresse est un mode d'être du sujet, où le sujet, le contact d'un autre va au-delà de ce contact. Le contact, en tant que sensation, fait partie de la lumière". On peut dire avec le philosophe Ouaknin que la caresse découvre une intention, une modalité de l'être qui ne se pense pas dans son rapport au monde comme saisir, posséder ou connaître. La caresse n'est pas un savoir mais une expérience, une rencontre, la caresse n'est pas connaissance de l'être mais son respect.  

 

Remarquons que dans le clergé, seuls les évêques, archevêques et papes portent des gants et seul le pape les porte blancs. Les gants blancs lissent notre identité commune et nous devenons comme semblables aux groupes de personnes qui mettent aussi des gants blancs rituels. Ce gant blanc était l'attribut des tailleurs de pierre dans la tradition du rite de Salomon. Il signifiait que celui qui le portait était innocent de tout crime. Respect du compagnon pour la vie!  

 

Mais comment un apprenti pourrait être coupable de ce qu'il ne peut pas même approcher ? Faut-il alors n'évoquer pour le blanc des gants que les qualités profanes de pureté, de rectitude dans les actions, de respect de la parole donnée? D'un point de vue initiatique nous savons que le blanc, étant la synthèse des couleurs de l'arc en ciel, évoque la lumière spirituelle. Le blanc, couleur initiatique, devient la couleur de la grâce de la transfiguration qui éblouit, éveillant l'entendement. Aux premiers temps du christianisme le baptême se nommait illumination. Et c'était après qu'il eut prononcé ses vœux que le nouveau chrétien, né à la vie véritable, endossait, selon les termes du  Pseudo-Denys, des habits d'une éclatante blancheur, car, ajoute l'Aréopagite, échappant par une ferme et divine constance aux attaques des passions et aspirant avec ardeur à l'unité, ce qu'il avait de déréglé entre dans l'ordre, ce qu'il avait de défectueux s'embellit et il resplendit de toute la lumière d'une pure et sainte vie. Ne sourions pas trop car cela peut aussi s'appeler le perfectionnement de l'être, mais c'est la perfection qui reste à définir.  

 

Le rituel est à considérer comme une sorte de code linguistique qui permet de découvrir, au-delà de la signification littérale des actes et croyances, leur signification « plus profonde»: les rituels sont des «énoncés symboliques sur l’ordre social », sur les valeurs fondamentales d’une société, des énoncés non analysables en termes rationnels, car ils se mesurent d’après d’autres standards et appartiennent à des registres cognitifs différents. Les saint-cyriens en tenue d'apparat portent des gants blancs, symboles du savoir-vivre qui est savoir mourir, symboles d’une certaine société où honneur et panache sont inséparables. Dans la tradition compagnonnique, le compagnon fini recevait avec ses gants de travail une autre paire de gants blancs, surnommée la clandestine parce qu'il la remettait à la femme de son choix qui n'était justement pas toujours sa femme légitime! La F.M masculine reprendra cette tradition dès l'initiation. Combien de mères, d'épouses, de sœurs ou d'amante reçurent cette manifestation d'Amour. Goethe en offrant à Mme de Staël cette seconde paire de gants en dira : C'est la seule chose qu'un homme puisse n'offrir qu'une fois dans sa vie.  

 

La F. M. se gante de blanc, pour toutes ces raisons peut-être et  pour que les mains, en palpant ce qui est extérieur, captent, par leurs prédispositions d'antennes, la lumière de nos loges bleues. Les gants liturgiques, et les nôtres puisqu'ils appartiennent aux rituels, ces gants furent toujours à doigtiers distincts et non des mitaines. Chaque doigt relevant d'une symbolique planétaire particulière se devait en effet de conserver son indépendance pour laisser agir son rayonnement propre, son énergie et pour mémoire je vous rappellerai : Vénus en pouce, Jupiter en index, Saturne pour le médium, le Soleil avec l'annulaire et Mercure, le petit messager, à l'auriculaire. Je retourne ma main, comme un miroir, j'y vois dans les doigts écartés, les cinq points de l'étoile flamboyante dans la lumière indéfinissable de l'électrum des anciens.  

 

Léonard de Vinci a placé à l'entrée de son labyrinthe un gant de Notre Dame surnommé aussi églantine, fleur blanche à 5 éperons. Cette plante est connue des herboristes pour la guérison des maux d'yeux et pour l'amplification de la vision qu'elle procure. Quand le toucher devient délicatesse et tact, alors la vue devient vision et intuition, l'ouïe permet l'entendement de la voie intérieure, le goût l'appréciation des valeurs spirituelles et l'odorat unit l'intelligence au savoir. Mettre des gants blancs, c'est glisser sa main dans un athanor qui alchimise l'homme en être fraternel. Etre frère c'est avoir la même origine, être fraternel, c'est considérer toute vie comme équivalente d'une autre. C'est dépasser ses différences pour ne retenir que ce qui nous est commun ou partageable, c'est accepter l'autre pour lui-même, c'est ne pas vouloir, par une surconscience diminuer l'autre pour se grandir. Avec mes gants blancs, je demeure moi-même, l'autre me complète mais, à ses mains si semblables aux miennes, je n'oublie pas qu'il est aussi un peu de moi.  

 

Il s'agit de vivre une fraternité organique fondée sur les vérités humaines, de fonder une communauté qui ne repose plus sur le combat pour le pouvoir ni sur la volonté de primer mais sur la joie d'être et l'exaltation des modalités généreuses de l'être. Dès lors que Walt Disney entrera en Franc-maçonnerie le personnage Mickey sera complété avec des gants blancs qui lui assureront une définitive image de gentillesse.  Se recouvrir la chair par des gants de spiritualité c'est affirmer vouloir à la fois se protéger et protéger les autres des influences néfastes, que ce soit celles de notre nature ou celles des énergies et matières manipulées lors de cérémonies rituelles. Le port des gants est le message apparent du passage du F.M à un autre plan d'être. Alors, faut-il permettre, par courtoisie, pour le confort de mieux tourner ses pages, faut-il permettre aux Frères qui se présentent au plateau de l'Orateur de quitter leurs gants au moment où ils s'expriment sur la planche qui trace les plans du chantier sur lequel se bâtit le temple ? Est ce qu'ils seraient autorisés à quitter leur tablier pour des raisons de confort ? Pour nous c'est justement le temps des symboles et nous ne saurions accorder de quitter ce qui nous protège tous et qui nous indique ainsi la voie de la matière spirituelle. Et c'est dans la chaîne d'union, parce qu'en enlaçant nos mains, nous ouvrons aussi nos cœurs, que se quittera l'objet de la conscience, symbole intériorisé par l'égrégore et qui  est devenu vivant dans la chair qui est le soufre, qui retient et fixe enfin l'esprit qui est le mercure. »

 

les moines & les prÊtres franc-Maçons d’hier et d’aujourd’hui

 

EDITION Du Prieuré

 1993

Cette revue du jardin des dragons part à la recherche des héritages traditionnels on y trouve :


Maçonnerie et Chrétienté au XVIIIème siècle
L’Église gallicane et Rome au XVIIIème siècle
La Maçonnerie et Rome au XVIIIème siècle
Une Loge dans une Abbaye
Fiction, un moine en colère, Régis Blanchet
Le Clergé Franc-maçon pendant le XVIIIème siècle
La Congrégation de Saint Maur
Monachisme et Rose-croix au XVIIème siècle
Portrait d’un moine Franc-maçon, dom Pernety
Introduction de la deuxième partie :
Moines et prêtres Francs-maçons d’aujourd’hui
Bernard Besret. Rome et la Franc-maçonnerie aujourd’hui
Un prêtre catholique Franc-maçon
Michel Viot, pasteur luthérien
Un jésuite, J.M. Glé. Un diacre et un pasteur
Monseigneur Gaillot.

 

les mots sacrÉs & de passe des trois premiers grades

Arturo reghini

ARCHḖ – MILAN

 1985

L’auteur développe l’origine des mots sacrés et de passe des 3 premiers grades des loges symboliques. Un excellent travail de recherche.

Mots sacrés, mais qu'’est ce que le sacré ? Selon Eliade, l’expérience du sacré implique des notions d’être, de signification et de vérité. Il lui semble difficile d’imaginer comment l’esprit humain pourrait fonctionner sans la conviction qu’il y a quelque chose d’irréductiblement réel dans le monde. La conscience d’un monde réel et significatif est intimement liée à la découverte du sacré. Par l’expérience du sacré, l’esprit humain appréhende la différence entre ce qui se révèle comme étant réel, puissant, riche et significatif, et ce qui est dépourvu de cette qualité, c’est à dire le flux chaotique et dangereux des choses, leurs apparitions et disparitions fortuites et vides de sens. Le sacré est un élément dans la structure de la conscience et non un stade dans l’histoire de cette conscience.  

La voie du sacré est une quête et donc naît d'une insatisfaction de l'être par rapport aux explications contextuelles de son existence. Les francs-maçons, tout au moins ceux qui pratiquent la franc-maçonnerie libérale, sont libres de croire ou de ne pas croire. La Franc-maçonnerie libérale se refuse en effet à toute affirmation dogmatique et considère que les conceptions métaphysiques relèvent de l’appréciation individuelle de ses membres. Si les religions se posent en pourvoyeuses de sacré, tel n’est pas le rôle de la Franc-Maçonnerie. Elle n’a pas à dire le sacré. Chacun peut ou doit donc le chercher, sinon le trouver, selon sa propre "voie".

 

les mystÈres de la franc-maçonnerie – tome 1les initiations

G.A. Jogand – Pages

Edition BAUDRY

 2003

L’auteur un ancien maçon dévoile les secrets initiatiques de la Franc-maçonnerie.

 

C’est un nouveau Léo Taxil. Il y est surtout question des 3 premiers degrés.

 

les mystÈres de l’art royal – rituel de l’adepte

Oswald wirth

Edition DERVY

 1993

L’initiable seul s’initie ; ainsi le veut l’inéluctable loi de l’Art royal. L’auteur nous offre des matériaux qui doivent servir à se construire et à progresser. On y parle des initiations, du serpent de la genèse, des rites initiatiques, de l’apprentissage, du compagnonnage et de la maîtrise.

 

L'art Royal désigne le savoir et la connaissance, c'est aussi l'art de la construction par excellence puisque le but est d'établir le temple, demeure de la divinité. L'Art Royal est donc avant tout un art, c'est à dire un savoir-faire, une mise en œuvre, une pratique, non pas une théorie. Il est lié à la vie même, à la fonction humaine, au devoir d'être humain. C'est la première constatation, la première certitude.

 

La seconde a trait à l'oeuvre, au chef-d’œuvre. La caractéristique du chef-d’œuvre, c'est d'aller au-delà de la simple fonctionnalité, d'être un ouvrage de transcendance, d'œuvrer vers quelque chose de plus que l'objet dans sa seule fonction usuelle.

 

L'Art Royal nécessite au moins deux conditions : premièrement, la pratique d'un savoir-faire spécifique, adaptée à chaque forme particulière; secondement, la capacité d'une transcendance liée à cette pratique.

Mais de quelle pratique et de quelle transcendance parlons-nous ? Tout le monde n'est pas artiste, l'Art Royal est-il réservé à une élite ? La pratique de l'Art Royal sollicite la présence de l'homme, de l'être humain dans sa totalité, être de chair certes, mais être spirituel, l'un et l'autre formant ensemble une présence. Cette pratique exige de l'être un engagement sincère, une quête sans tricherie en vue de son accomplissement.


C'est ce que l'auteur appel démarche initiatique et qu'il tente de nous expliquer dans ce livre. Au XVIIIe siècle l'Art Royal est devenu l'ensemble des connaissances symboliques contenues dans l'enseignement maçonnique. L'initié devient un Maître, un roi
.

 

les mythes fondateurs de la franc-maçonnerie

Gilbert durand

edition derVy

 2002

Ni l’édifice monumental des encyclopédies, ni la règle des simultanéités chronologiques de l’histoire, ne peuvent tendre compte d’un certain ordre, porteur du sens (la Franc-maçonnerie par exemple), qui se dégage du chaos. En effet, c’est dans l’articulation des « comment » que peuvent se discerner les « pourquoi » de tout fait humain.

 

C’est donc avec la méthode, compréhensive plus qu’explicite de la science de l’homme, c'est-à-dire, faisant passer la réalité du tout avant le particularisme des parties, plus syncrétique qu’analytique, que Gilbert Durand appréhende le « champ » maçonnique.

 

Cette recherche tente donc de construire une classification éclairante, dans l’immense univers d’informations maçonniques, afin de repérer certaines « formes » constantes, redondantes, qui constituent la « pensée » maçonnique ; méthode « mythodologique » seule à même, en repérant les répétitions, les métaphores, les jeux synécdotiques, les confluences morphologiques que met en scène la dramaturgie maçonnique, de lui donner du sens et de la logique dans ses interprétations.

 

Au sommaire de cet excellent livre :

 

La méthode, épistémologie du non  -  Un fait humain  -  La complexité maçonnique  -  Mythe et mythologie  -  Le mythe du Temple : ruines et reconstructions  -  Temple et Basilique  -  Du bois à la pierre  -  Vertus et style de la pierre  -  Symbolisme génésique des deux colonnes  -  La ruine du Temple  -  Loin du profane et le langage des nombres  - 

La légende d’Hiram et son mythologème  -   Le Phénix  -  Hiram  -   Les ornements funèbres  -  Les raisons d’une substitution  -  Saint André d’Ecosse  - 

Le mythe du souchage chevaleresque et templier   -   La vengeance  -  Les Templiers calomniés  -  L’épée  -  Meliora praesumo  -  Les fils de la Vallée  - 

Le mythe de la Sainte Cité et la Saint Empire  -  Les grades de souveraineté  -  Egalité et hiérarchie  -  L’ordre saint de la cité  -  L’aigle bicéphale et l’unique couronne  -  Le Saint-Empire   -

 

LES MYTHES MAÇONNIQUES REVISITḖS

François Cavaignac

Edition Dervy

2016

Le travail de François Cavaignac, membre du Grand Orient de France, est ambitieux. Il veut éclairer les mythes fondateurs de la Franc-maçonnerie par la raison. Il considère le mythe comme « un défaut du développement de la raison », « le danger, poursuit-il, en est l’illusion apaisante qu’il peut procurer dans l’exercice réflexif ». Arc-bouté sur le dogme rationaliste et scientiste, il s’attaque bien sûr à l’approche d’un Gilbert Durand et de l’anthropologie de l’imaginaire comme à celle, pourtant plus classique, d’un Antoine Faivre. Il est aussi, finalement, dans le déni même de la fonction initiatique.

 

François Cavaignac a privilégié dans son étude les mythes qui suivent : Euclide, Noé, Hiram, les deux colonnes antédiluviennes, la tour de Babel et le Temple de Salomon, trois personnages mythiques et trois constructions mythiques. S’appuyant sur les références mythiques dans les grands textes fondateurs de la Franc-maçonnerie et sur les éléments de contextes, culturels, sociaux et politiques, il cherche à isoler les éléments, les confronter à l’histoire, suivre leur intégration, leur effacement et leur évolution, selon les circonstances.

 

Le travail d’analyse est très argumenté, référencé, intéressant donc, mais François Cavaignac semble ignorer les fonctions opératives d’un mythe qui ne relève pas d’une cohérence rationnelle, par exemple, fonction de différenciation, fonction de structuration, fonction de restauration, fonction d’éveil… En ne distinguant pas entre les différents niveaux logiques au sein des mythes, il en fait une lecture stérile. Mais après tout, c’est peut-être son objectif, assécher les mythes. Cela n’empêche pas quelques idées intéressantes comme sur Babel. Il reprend en effet, sans le citer malheureusement, l’idée forte de George Steiner : « Babel est une chance. ». Et finalement, il ignore l’utilité du mythe de Salomon et de son Temple au sein de la Franc-maçonnerie. Sous prétexte de rationalité, de science et d’adogmatisme (pourquoi pas ?), nous avons là, sous le masque d’une neutralité revendiquée et malgré une ultime tentative de réconciliation entre science et imaginaire, comme à regrets, dans les dernières pages, un pamphlet banal contre le « spiritualisme » et contre l’initiation elle-même.

 

les nombres sacrÉs dans la tradition pythagoricienne maçonnique

Arturo REGHINI

Edition Arché  –  Milan

 1981

En dehors de l’explication des nombres sacrés dans la tradition maçonnique l’intérêt de ce livre sera d’y découvrir à la fin treize lettres que R. Guénon a écrit à Arturo Réghini. Un des écrits les plus solides en la matière. S'appuyant sur ses recherches et publications antérieures, relatives au Pythagorisme ancien, A. Reghini expose les fondements du Symbolisme numéral, puis envisage leur transmission au sein de la Franc-Maçonnerie ; les Nombres Sacrés... joignent à une documentation classique impeccable, garantie par la référence directe aux sources antiques, le point de vue traditionnel qui seul permet une compréhension réelle du sujet. Ajoutons qu'Arturo Reghini, outre son intérêt connu pour la Science des Nombres, possédait une pratique et une connaissance approfondies du symbolisme maçonnique.

 

La science actuelle, et avec elle le monde moderne, vit sous le signe du chiffre, du nombre, de la statistique (On remarquera que le mot « chiffre », venu de l’arabe sifr, « vide », par l’intermédiaire de l’italien zefiro, veut dire…« zéro »,d’ailleurs contraction de zefiro; que dès le deuxième siècle avant notre ère, se trouve dans les textes grecs la lettre o (omicron), équivalent de notre zéro, et première lettre aussi du mot oudèn, c’est-à-dire « rien »; que le vocable « statistique » connote l’idée de stabilité, donc tout le contraire du mouvement; or la vie est mouvement.)Le nombre apparaît symbole, le chiffre aussi. « Symbole », du grec sumballein, « jeter ensemble », implique la présence simultanée de deux choses: l’une apparente, l’autre cachée, deux analogues et non deux similaires, l’une évoquant l’autre, répondant à l’autre, à la façon d’un écho. « Le symbole est la suggestion invincible de l’un par l’autre.»

 

Le symbolisme du chiffre s’atteste par le sens même qu’a pris ce mot dans certains services gouvernementaux. Le « chiffre », dès Philippe de Commines, se définit une écriture secrète, recourant aux chiffres. « Déchiffrer » veut dire expliquer ce qui ne s’entend point à première lecture. Mais pour nous modernes, ce caché, ce secret, cet «autre», n’entraîne aucune donnée religieuse ou cosmique.

Il s’agit de l’amener au jour pour des fins pratiques. Le symbole peut même – ainsi le symbole mathématique – être uniquement un moyen commode de travail, abréviation, sténographie toute pratique. Nous sommes loin du symbole chez Pythagore – lequel d’ailleurs ne néglige pas pour cela la mathématique.

 

La symbolique pythagoricienne – il s’agira uniquement ici du pythagorisme ancien, fleurissant depuis la fin du sixième siècle, av. J.-C. (époque à laquelle vécut le philosophe de Samos établi en Italie méridionale) jusqu’au milieu du quatrième – la symbolique pythagoricienne, se fonde sur le nombre, et sur l’harmonie des nombres. « Qu’y a-t-il de plus sage ? le nombre. Qu’y a-t-il de plus beau ? l’harmonie. » Ce credo des acousmata (Littéralement: « ce qu’on entend », paroles ou musique, c’est-à-dire des articles de foi du pythagorisme, s’opposait – la chose est à noter pour notre dessein – à celui des mathemata, c’est-à-dire des sciences. Toutes les choses qu’il nous est donné de connaître possèdent un nombre, et rien ne peut être conçu ni connu sans le nombre » a écrit Philolaos, contemporain de Socrate (donc vivant au cinquième siècle), à qui l’on attribue les fragments subsistant de l’ancien pythagorisme.

 

Le nombre est partout chez Pythagore, comme dans la science moderne, mais il n’a pas le même contenu qu’aujourd’hui. II connote l’espace, l’étendue. 1 est le point, 21a ligne, 3 le triangle, etc. ll a donc figure et grandeur, il baigne dans le concret, mais dans le secret aussi, étant symbole. Il n’est ni désincarné, ni, on va le voir, désacralisé. Par le gnomon, notre équerre, les nombres se définissent matériellement, passent de l’ombre du mystère à la lumière de la connaissance, tout en gardant leur attache avec le mystère. Ainsi 3 est le premier nombre sacré parce qu’ayant commencement, milieu et fin, figurant donc le Tout. 7 est aussi un nombre privilégié, nombre orchestique, nombre de la danse, nombre d’Athéna : 7 Muses, 7 sages de la Grèce, 7 merveilles du monde, 7 jeunes filles et 7 jeunes garçons envoyés en tribut sanglant au Minotaure de Crète, 7 jeunes filles formant chœur aux fêtes de Callisteia, ou concours des beautés de Lesbos, etc.

 

Le nombre sacré par excellence sera donc 7 + 3 = la décade, « principe et guide de la vie, aussi bien divine et céleste qu’humaine ». « toutes ces spéculations arithmétiques dérivent de l’inspiration religieuse; c’est un approfondissement de cette inspiration mystique qui a détaché définitivement l’arithmétique spéculative des calculs utilitaires ».Mais les nombres, chez Pythagore, ne se conçoivent pas isolément: ils ont des rapports entre eux, étant personnes quasi-vivantes. Et comme elles, ils diffèrent, se heurtent, s’opposent. C’est par l’harmonie que s’évanouiront leurs antinomies. Phïlolaos définit l’harmonie « l’unification du multiple composé et l’accord du discordant ». L’illimité ou pair s’oppose au limité ou impair, le multiple à l’un, la gauche à la droite, le repos au mouvement, la femelle au mâle, le mauvais au bon, l’obscurité à la lumière. Le nombre déjà harmonise les opposés, et les nombres s’harmonisent dans chaque chose.

 

Les nombres sont donc inséparables de la musique. (On relèvera ici le sens étendu du mot mousikè en grec, qui désigne – outre la musique proprement dite, donc l’art des sons – la danse, la pantomime, en bref tout ce qui est réglé par le rythme). De neuf Muses, seule Euterpe présidait à ce que nous appelons la musique; Terpsychore s’occupait de la danse, mais Calliope, Clio, Erato, Melpomène, Polymnie; Thalie, Uranie veillaient respectivement à l’éloquence, lllistoire, l’élégie, la tragédie, la poésie lyrique, la comédie et l’astronomie).Les qualités et les rapporta des accords musicaux – c’est un fait d’expérience – se fondent essentiellement sur les nombres, puisque l’acoustique nous enseigne la variation de la hauteur des sons selon la longueur et la tension des cordes du violon par exemple, entraînant des variations dans le nombre des vibrations de ces cordes. Or longueur et vibrations peuvent se mesurer, se chiffrer. Les sons sont donc liés à des nombres. Mais les sons ne peuvent être dissociés du rythme. Le rythme, selon la belle définition d’un musicien et compositeur, Victor Berlioz, est  » la division symétrique du temps par le son  » Symétrique, donc réduite à une commune mesure (metria). Le rythme se définit encore « nombre, cadence, mesure  » (Dictionnaire de l’Académie), « mouvement réglé et mesuré » (Dictionnaire grec-français de Bailly) et dans le mot grec ruthmos, on trouve rein, « couler «, donc une idée de mouvement, l’eau figurant ainsi le mouvement perpétuel.

 

Les nombres, l’harmonie, le rythme qui est mouvement ordonné, les pythagoriciens leur trouvent confirmation dans le cosmos. Pour eux, il y a comme un concert céleste, des accords insaisissables aux seules oreilles humaines vibrent entre les astres en mouvement, donc chacun est le lieu propre d’un nombre : 2 pour la terre, 7 pour le soleil. La vie humaine aussi est un accord des contraires, une harmonie s’exprimant par l’âme. Ainsi le microcosme de la terre apparaît comme un écho du macrocosme de cette harmonie des sphères dont on prête aux pythagoriciens la théorie. Nous ne pouvons vivre sans symbole. Le langage recourt au symbole, l’écriture aussi, et la science. Mais face à la conception grandiose du symbole pythagoricien, liant dans un continu supra-naturel le nombre aux choses, invisibles comme visibles, ainsi ne le séparant point de l’homme, de la vie matérielle qui est mouvement, et aussi de la vie secrète et profonde, pas plus que du cosmos, que voyons-nous se dresser aujourd’hui ? un nombre désincarné, uniquement attaché au quantitatif, coupé du sacré comme du cosmos; un instrument incomparable de progrès matériel certes, mais un instrument d’autant plus dangereux que ce  » progrès », qui n’est qu’un pur en-soi, peut devenir un regrès. Certaine science d’aujourd’hui nous en administre la preuve.

 

L’âme, harmonie du corps, doit avoir commerce avec le divin et suivre Dieu, prescrivait Pythagore : Dieu réglant le rythme et l’ordre du monde exprimés qualitativement dans les nombres. Aujourd’hui, les nombres non plus acousmata, mais uniquement mathemata, coupés de leurs réelles attaches symboliques, désacralisés, décommises, ne sont plus que des notations sèches qui envahissent toutes les sciences, et dont on ne peut actuellement se déprendre. Ils flottent comme des choses vides, mortes, mais accablantes cependant.

 

les officiers de la loge

Adolphe de luzarche

EDITION ARCHÉ

 2002

En principe et à l’évidence, la Franc-maçonnerie, de par son climat et son corpus traditionnel, symbolique et rituel, offre pour l’homme occidental une ultime possibilité d’ouverture initiatique.


Le monde « moderne », avec ses corollaires progressistes et humanistes, a contaminé beaucoup de Loges, altérant la qualité des rituels et aboutissant à des dérives relevant de la contingence profane (politique, économique, social) compromettant la régularité et le sens réel des « opérations de la Loge de St Jean ».

Fruit d’une expérience maçonnique d’un demi-siècle, ce précis d’organisation et de conduite définit le véritable sens des opérations en Loge. Sans prétendre être exhaustif, ce recueil est destiné aux « Frères » travaillant au Rite Écossais Ancien et Accepté, soucieux de connaissance traditionnelle et de rigueur rituelle.


L’exemple du comportement des Maîtres est la première et, sans doute, la meilleure leçon d’éducation maçonnique donnée au néophyte cantonné dans une retraite silencieuse propice à la méditation et à l’observation.
Comme Il n’est rien de voilé qui ne doive être dévoilé, rien de caché qui ne doive être connu (Mt X 26, Jean III 8), cette publication livrera des éléments de réflexion et d’éveil, susceptibles de mener certains « cherchants » vers les voies de la démarche initiatique.


À ceux-ci : courage et persévérance dans leur quête ésotérique. Quant aux détracteurs, ils pourront réviser quelques stéréotypes éculés, et rectifier des amalgames trop faciles. À ceux, enfin, qui refusent l’éveil, Nietzsche a déjà parlé : « Heureux ceux qui ont sommeil, car ils s’endormiront bientôt. »


C’est un très bon essai de cosmogonie maçonnique.

 

LES ORIGINES DE LA FRANC- MAÇONNERIE. Le sacrÉ et le mÉtier

Paul NAUDON

EDITION DERVY

 1991

Paul Naudon, après avoir poursuivi ses recherches, nous livre une refonte complète de son ouvrage paru en 1953 et devenu un classique (Les origines religieuses et corporatives de la Franc-Maçonnerie). L'éclairage humain et spirituel des faits précise l'étude approfondie des sources du rituel et de la symbolique maçonniques. Ces sources sont de valeur sacrée. Il en est ainsi de la légende d'Hiram, trame de cette symbolique qui, pour la première fois, faisait l'objet d'une étude historique, religieuse et philosophique.

 

On comprend le sens et la portée, qui touchent au Transcendant, de la tradition initiatique, que revendique la Franc-Maçonnerie et sur laquelle pourtant beaucoup s'interrogent encore. Avec les collegia romains, que les croisés retrouvèrent dans l'empire de Byzance et qui avaient déjà influencé les turuq arabes avec les confréries de constructeurs créées sous l'égide des Bénédictins et des Templiers surtout et qui bénéficiaient des plus larges franchises, nous voyons évoluer les institutions et se transmettre la tradition.

 

L'art de construire nécessitait jadis la quintessence du savoir et de la valeur, participation à l'effort humain de la puissance du Très Haut, le Grand Architecte de l'Univers. L'auteur montre comment cette maçonnerie opérative est devenue un art de vivre, de pensée et d'action, élévation vers le Beau, vers le Bien et vers le Vrai. La Franc-Maçonnerie concerne à ce titre tous les êtres humains. Fidèle à la tradition initiatique, elle constitue un des grands courants de la pensée.

 

Ce livre traite des corporations antiques, des croisés en Palestine et des influences qu’ils subirent de l’Orient, de l’Extrême Orient, de la Grèce et de l’Égypte, les guildes germaniques et anglo-saxonnes, les croisades et les templiers et la Franc-maçonnerie universelle.

 

STEVENSON -  LES ORIGINES DE LA FRANC- MAÇONNERIE. Le siècle écossais 1590-1710

David stevenson

Edition  Télète    Paris

 1993

L’auteur démontre ici les origines de la Franc-maçonnerie, origine qui pour lui, est en Écosse en 1600, date à laquelle un réseau de loges se monte autour des tailleurs de pierre avec des rituels et des secrets mêlant mythologies médiévales et influences intellectuelles. Un solide livre d’érudition et de recherche. L’homme qui, plus que quiconque, mérite le titre de créateur de la franc-maçonnerie moderne, est William Schaw. Fils cadet d’un propriétaire terrien (‘‘laird’’), très lié à la cour, il manifesta un grand intérêt pour l’architecture et fut nommé maître en 1583 par le roi Jacques VI d’Ecosse.

 

En tant que maître d’œuvre, il supervisait les constructions entreprises pour le roi et contrôlait l’embauche sur ces chantiers officiels. Dès 1598, Schaw s’intitulait lui-même non plus seulement maître d’œuvre, mais surveillant  général (General Warden) des maçons d’Ecosse. Bien qu’il soit possible qu’il ait simplement prétendu à ce titre, en cherchant à étendre son autorité sur les maçons des chantiers royaux à l’ensemble des maçons, il semble plus probable qu’il ait persuadé des maçons importants de reconnaître son autorité sur eux.

 

En tant que surveillant général et maître d’œuvre, Schaw publia deux codes de statuts, en 1598 et 1599. Il y énonçait les règlements pour l’organisation et la pratique du métier par un système de ‘‘loges’’. Mais ces loges étaient fort différentes de l’ancien type de loge de chantier :

Elles visaient clairement à inclure tous les maçons d’un bourg ou d’une région (et non pas simplement ceux qui travaillent sur un chantier particulier) et à être des institutions permanentes élisant des dignitaires sous la supervision du Grand Surveillant.

 

Qu’est-ce que William Schaw tentait de faire ? Et pourquoi ? Au premier abord, il pourrait sembler que ses statuts ne s’occupaient que de réglementer et d’organiser la vie professionnelle des tailleurs de pierre. Cela constituait certainement un aspect essentiel de son œuvre, mais il y a suffisamment d’allusions dans les statuts eux-mêmes ainsi que dans les documents les suivant de peu et rapportant des évolutions provoquées par ces statuts, pour présumer fortement qu’en fait, il faisait beaucoup plus c’est-à-dire ressusciter et étendre la mythologie et les rituels maçonniques dans une atmosphère Renaissance. Mais naturellement, cet aspect secret et ésotérique de son œuvre ne fut pas consigné par écrit dans les statuts.

 

Les Statuts de Schaw définissent deux degrés ou rangs au sein des loges : apprenti-Inscrit (Entered Apprentice) et compagnon (Fellow Craft, connu aussi sous le nom de maître). Ces deux degrés, définis pour la première fois, devinrent habituels en franc-maçonnerie jusqu’à la fin du XVIIe siècle et début XVIIIe, époque à laquelle deux degrés (au lieu d’être deux noms possibles pour le même grade), donnant ainsi naissance aux trois degrés de la franc-maçonnerie moderne. Les statuts impliquent également l’initiation à ces degrés, et bien qu’aucune copie écossaise des Anciens Devoirs n’apparaisse avant le milieu du XVIIe siècle, les statuts suggèrent que les mythes médiévaux étaient aussi familiers aux maçons écossais qu’à leurs collègues anglais.

En tant que surveillant général, William Schaw prétendait à l’autorité sur les maçons d’Ecosse. Mais il appuya également la revendication d’une autre autorité. En 1600 ou 1601, il signa la première des Chartes dites Saint-Clair, par laquelle les maçons reconnaissaient William Sinclair of Roslin comme mécène et protecteur… et Jacques VI avait confirmé un propriétaire terrien de l’Aberdeenshire dans ses fonctions de surveillant des maçons au nord-est de l’Ecosse en 1590. Les Chartes Saint-Clair nous fournissent les documents les plus anciens sur l’existence d’une quantité de loges et, au fil du siècle, d’autres loges émergent de l’obscurité ou sont créées. En 1710, date approximative de la fin de notre étude, les loges de William Schaw représentaient au moins vingt-cinq loges disséminées à travers les Basses Terres.

 

Si l’on accepte l’argument selon lequel les loges de type nouveau, avec leurs degrés initiatiques et leurs rituels, sont essentiellement l’œuvre de Schaw, quels étaient ses motifs ? Il fut un réfractaire, catholique dans une Ecosse protestante, et il voyagea en France, au Danemark et peut-être même visita-t-il d’autres pays. Il mourut en 1602, très peu de temps après la publication de ses deux codes de statuts et la première Charte Saint-Clair… Nombre de ces influences semblaient souligner le métier de maçon comme ayant une importance exceptionnelle. Ces influences ne peuvent être mentionnées ici que brièvement. Mais n’étant pas de simples excentricités propres à Schaw, elles reflétaient au contraire des préoccupations de l’époque, et malgré sa mort précoce, le mouvement qu’il avait inspiré continua à se développer et à susciter de plus en plus l’intérêt et la fascination des profanes.

 

Durant des décennies avant et après 1600, les sociétés secrètes prospéraient en Europe, et beaucoup d’entre elles étaient obsédées par l’idée de trouver une solution aux guerres et aux conflits religieux qui semblaient vouloir déchirer la civilisation européenne. Ces tentatives désespérées pour résoudre les problèmes du monde allaient des tentatives chrétiennes plus ou moins orthodoxes à des tentatives panthéistes pour créer une nouvelle synthèse religieuse. Un des traits communs à nombre de ces sociétés était la croyance en la sagesse perdue des civilisations passées qui, si on la retrouvait, fournirait une nouvelle compréhension du divin, de l’univers et de l’homme. Cette supériorité des civilisations anciennes sur celle du Moyen-âge sur laquelle la Renaissance mettait l’emphase fut poussée à l’extrême par l’hermétisme.

 

STEVENSON  - QUATRE CENT ANS DE MAÇONNERIE EN ÉCOSSE - suivi de : JAMES ANDERSON (1679-1739) - L’HOMME ET LE MAÇON

David Stevenson – traduit par Patrick Sautrot

Editions PF

 2014

Après « Les premiers francs-maçons », livre qui a bouleversé les connaissances sur les origines de la Franc-maçonnerie, David Stevenson a effectué des recherches sur l’évolution de la Maçonnerie d’Ecosse jusqu’à la période contemporaine.

Dans ce livre « 400 ans de maçonnerie en Ecosse », il en examine toutes les particularités, sociales, culturelles, économiques, traditionnelles et politiques, et notamment ce qui la différencie de la Maçonnerie d’Angleterre et de toutes les Grandes Loges actives à travers le monde.

« Anderson, l’homme et le maçon », est une biographie très approfondie de l’auteur des célèbres Constitutions des Francs-maçons. David Stevenson s’attache à faire la part de vérité et d’affabulation des critiques dont Anderson a fait l’objet. Il vise non pas à le blanchir mais à le laver de la boue dont on l’a couvert, on découvre alors un personnage assez attachant qui s’est au final fort bien acquitté de la tâche qui lui était assignée.

L’Ecosse et les loges écossaises possèdent les plus anciennes loges maçonniques et les plus anciennes archives maçonniques du monde, qui précédent leurs homologues anglaises de plus d’un siècle. Les loges écossaises furent d’abord des organisations de tailleurs de pierre, mais lentement tout d’abord, elles commencèrent à admettre des hommes d’autres professions et des hommes de statut social supérieur. Ce processus s’accéléra rapidement après la fondation d’une Grande Loge à Londres en 1717 : la franc-maçonnerie devint à la mode, mais bien que de nombreuses loges en vinrent à être dominées par des hommes de statut élevé, beaucoup d’autres restèrent et restent encore composées de membres appartenant à la classe ouvrière qualifiée.

Lorsque James Anderson, l’Aberdonien exilé à Londres, compila sa célèbre histoire de la Maçonnerie, dans les Constitutions des Francs-maçons en 1723, il commença par la création du monde. Les principes de la maçonnerie étaient inhérents à Dieu, donc lorsqu’il créa l’homme à son image, l’humanité hérita de ces principes.

Beaucoup moins ambitieux, ce travail commence au XVIe siècle, en Ecosse comme ailleurs, les tailleurs de pierre avaient depuis longtemps des traditions et des mythes de leur métier, et probablement des rituels associés. Les maçons médiévaux avaient des « loges » temporaires au sens d’abris de travail couverts, et sans doute étaient-elles parfois utilisées à des fins sociales ou rituelles. En Ecosse certaines d ces loges évoluèrent en entités permanente ; la maintenance de routine de ces bâtiments firent que les tailleurs de pierre salariés se considérèrent petit à petit comme faisant partie intégrale de ces loges et dans leur évolutions, ils firent partie du paysage avec tous les us et coutumes se rattachant à cette institution.

A la fin de XVIe siècle, des documents montrent un intérêt croissant pour l’organisation du métier de maçon, et c’est vers 1590 qu’un changement très important et majeur va bouleverser le paysage de cette organisation : William Schaw, Maître des travaux du roi, revendique son autorité sur tous les maçons d’Ecosse et cherche à établir un réseau de loges à travers le pays. Schaw publia des codes et des statuts en 1598 et 1599, l’une de ces réformes et non la moindre, ordonnait que toutes les loges tiennent des procès-verbaux écrits, et c’est grâce à eux que les historiens purent retrouvés et remettre en ordre la vérité du contexte…

James Anderson est un personnage d’importance majeure dans la nouvelle phase d’expansion de la franc-maçonnerie qui débuta avec la fondation de la première Grande Loge de Londres en 1717. Cette importance a plusieurs causes : il est l’auteur de la première et seconde édition des Constitutions des Francs-maçons, où il fournit, en particulier, une Histoire mettant en relief l’ancienneté et l’importance de « métier ».

Il archiva les débuts de l’histoire de la Grande Loge elle-même, et il s’efforça de définir l’attitude de la maçonnerie à l’égard de la religion. Ses travaux reçurent l’approbation formelle de la Grande Loge, qui insista pour que toutes les loges y adhérent, ce « corpus maçonnique » devait définir les normes de la franc-maçonnerie britannique pendant près d’un siècle, et même lorsqu’elles furent remplacées, les normes postérieures étaient toujours basées sur son œuvre…

Un livre très intéressant sur ces débuts écossais de la maçonnerie, et sur le pourquoi et le comment de ces fameuses constitutions. L’Angleterre comme d’habitude essaya de s’accaparer la paternité de la chose maçonnique, heureusement que David Stevenson, cet immense et honnête historien, a pu remettre de l’ordre et nous donner la vérité sur ces débuts de la F.M et sur ces guildes et autres organisations qui furent à l’origine de ce mouvement.

 

STEVENSON  -  LES PREMIERS FRANCS-MAÇONS – LES LOGES ḖCOSSAISES ORIGINELLES ET LEURS MEMBRES

David  Stevenson

Edition Ivoire Clair

 2000

Lorsque le Pasteur James Anderson collationne les informations des Anciens Devoirs relatives à l'histoire légendaire du métier de bâtisseur, il donne des racines à la Franc-Maçonnerie dite "moderne" en 1723. Les recherches sur l'histoire de la Franc-Maçonnerie firent tout au long des siècles évoluer le concept des origines et parfois même l «ont détourné. Depuis une vingtaine d'années des chercheurs sérieux souvent n'appartenant pas à la Franc-Maçonnerie sont allés puiser aux sources de cette histoire.

 

Parmi les chercheurs contemporains dignes d'intérêt le Professeur David Stevenson de l'Université écossaise de Saint-Andrew bouscule aujourd'hui les idées reçues sur l'histoire et la question tant controversée des sources de la Franc-Maçonnerie spéculative. L'ensemble de ses recherches nous propose de revenir sur les origines, notamment écossaises de 1598 à 1717, à partir des archives historiques disponibles concernant cette période, archives parmi les plus anciennes au monde sur ce sujet et pourtant souvent négligées ou mal exploitées. Si l'Ecosse n'a pas "inventé" à proprement parler la franc-maçonnerie spéculative, la contribution du Professeur Stevenson apporte la clef écossaise sur la base d’un travail rigoureux et méthodique exempt de parti pris.

Avec lui on prend conscience de la complexité de l'histoire de la Franc-Maçonnerie entre la fin des féodalités et le début des Lumières. Le lecteur y trouvera une raison supplémentaire de lire les travaux de cet historien dont le but est de rendre le passé intelligible.

 

Il faut dire que depuis la parution, en 1983, des travaux du Professeur David Stevenson, travaux qui ont connu une large diffusion, on ne regarde plus l’Ecosse de la même manière. Car il se pourrait bien que la Franc-maçonnerie que nous connaissons aujourd’hui ait son berceau en Ecosse...

David Stevenson, professeur émérite à l’université de St Andrew, chercheur reconnu, écossais et non-maçon s’est intéressé à la maçonnerie comme il s’est intéressé en 1973 à l’histoire des «covenanters» (les presbytériens écossais) ou en 2001 aux Beggar’s Benison (ces «sex clubs» écossais, ritualisés, véritables institutions du début XVIIIème siècle), c’est à dire en historien et non en maçon, ce qui donne un intérêt particulier ses recherches.

Il a surtout eu l’intérêt d’avoir exhumé une masse considérable de documents écossais de première importance s’étalant sur tout le XVIIème siècle et notamment le compte-rendu de très nombreuses loges écossaises dont les premiers remontent à 1598 (Aitchison’s Haven).


Il a aussi mis en exergue le rôle capital joué par William Schaw et ses statuts de 1598 et 1599 dans la formation d’une Maçonnerie qui commence à ressembler à celle que nous connaissons.

La première question que l’on peut déjà d’ailleurs se poser ici étant: Comment est-il possible que ces documents essentiels, facilement accessibles puisque en possession des Loges ou de la Grande Loge d’Ecosse pour la plupart, n’aient jamais été réellement mis en lumière avant cela ?


David Murray Lyon s’y était bien essayé en publiant en 1873 son «History of the Lodge of Edinburgh», somme documentaire impressionnante regroupant déjà une large part des éléments revisités par Stevenson. Mais comment expliquer le peu d’écho donné à ces textes ? (Aujourd’hui encore, j'ai eu bien du mal à m'en procurer un exemplaire). Bien sûr, les chercheurs maçonniques, des AQC notamment, citaient Murray Lyon et allaient même jusqu’à donner à l’Ecosse une «certaine» place dans l’histoire de la Maçonnerie. Des historiens de haut niveau comme Harry Carr, Robert Gould ou le Brigadier Jackson se sont aussi beaucoup intéressé à l‘Ecosse. Mais on a toujours la fâcheuse impression que pour ces historiens Anglais, valoriser le phénomène Ecossais revenait à minorer la prépondérance nécessairement indiscutable de l’Angleterre. Les maçons écossais, pour leur part, étant sans doute aussi responsables de ne pas avoir valorisé un patrimoine maçonnique aussi riche. Pour ne pas  «froisser» la toute-puissante GLUA ?

 

les origines religieuses et corporatives de la franc-maçonnerie

Paul NAUDON

EDITION DERVY

 1964

L’auteur explique ces origines à partir des templiers, puis vint les corporations, les collegia, les associations monastiques et religieuses avec la naissance de l’Art roman, puis gothique, les confréries laïques, germaniques et anglo-saxonnes, le Temple, la maçonnerie opérative, puis vint l’Art de construire à l’Art de penser, on termine par la querelle des protestants, des anglicans et des catholiques.

Paul Naudon, après avoir poursuivi ses recherches, nous livre une refonte complète de son ouvrage paru en 1953 et devenu un classique (Les origines religieuses et corporatives de la Franc-Maçonnerie).

 

L'éclairage humain et spirituel des faits précise l'étude approfondie des sources du rituel et de la symbolique maçonniques. Ces sources sont de valeur sacrée. Il en est ainsi de la légende d'Hiram, trame de cette symbolique qui, pour la première fois, faisait l'objet d'une étude historique, religieuse et philosophique.

 

On comprend le sens et la portée, qui touchent au Transcendant, de la tradition initiatique, que revendique la Franc-Maçonnerie et sur laquelle pourtant beaucoup s'interrogent encore. Avec les collegia romains, que les croisés retrouvèrent dans l'empire de Byzance et qui avaient déjà influencé les turuq arabes avec les confréries de constructeurs créées sous l'égide des Bénédictins et des Templiers surtout et qui bénéficiaient des plus larges franchises, nous voyons évoluer les institutions et se transmettre la tradition. L'art de construire nécessitait jadis la quintessence du savoir et de la valeur, participation à l'effort humain de la puissance du Très Haut, le Grand Architecte de l'Univers. l'auteur montre comment cette maçonnerie  Opérative est devenue un art de vivre, de pensée et d'action, élévation vers le Beau, vers le Bien et vers le Vrai. La Franc Maçonnerie concerne à ce titre tous les êtres humains. Fidèle à la tradition initiatique, elle constitue un des grands courants de la pensée.

 

On attribue à la franc-maçonnerie une origine biblique, avant de la faire entrer dans l'histoire anglaise, via le bassin méditerranéen. Pour définir ces fameuses Constitutions, on parlera ici d'une nouvelle bible, dédiée à Dieu, le Grand Architecte de l'Univers. L'initiation à la franc-maçonnerie s'appuie sur la tradition et celle-ci " remonte à Dieu lui-même, et part de l'époque du chaos. Dieu créa la lumière; conséquence, Dieu est le premier franc-maçon " . Ajoutons à cela quelques lignes d'Olivers écrites en 1823 : " des traditions maçonniques anciennes disent que notre société existait avant la création de ce globe terrestre, à travers les divers systèmes solaires ".

 

Le Livre des Constitutions et les vieilles chartes dont il fait la compilation sont riches en légendes. La plupart d'entre elles sont d'origine biblique comme le Manuscrit Cooke qui fait intervenir des personnages de l'Ancien Testament. Il est une légende qui touche à l'histoire et qui revêt une grande importance, du moins spirituelle, dans certains rites maçonniques : celle qui attribue les origines de la franc-maçonnerie à l'Ordre des Templiers. L'existence de ces légendes est une manière de dire que la franc-maçonnerie a toujours existé et que sa vocation est l'universalité du genre humain, à travers le temps et l'espace. Pour la mise en oeuvre de l'initiation qui confère l'état de franc-maçon, les rituels ordonnançant les cérémonies sont composés sur des légendes d'inspiration biblique, qui touchent à l'édification du Temple de Jérusalem par les soins du roi Salomon. La spiritualisation de cette construction est le fondement de l'enseignement maçonnique.

 

L'origine de la franc-maçonnerie est obscure. Certains la font remonter aux cérémonies initiatiques de l'Égypte et de la Grèce antiques – tels les mystères d'Éleusis –, auxquelles ses rites symboliques sont apparentés. Le christianisme des premiers siècles a également développé, avec les gnostiques, des formes d'initiation ritualisée permettant d'accéder à la connaissance des mystères divins, à l'illumination intérieure. On peut voir une filiation directe entre les gnostiques et les alchimistes, occultistes, illuminés et autres membres de la Rose-Croix qui ont fleuri au Moyen Âge puis aux Temps modernes. Cette filiation est moins aisée à établir pour les francs-maçons, héritiers directs, en revanche, des confréries de bâtisseurs qui se sont formées à partir du Xe siècle en Europe, autour des grands chantiers de cathédrales.

 

Il est certain que la franc-maçonnerie moderne s'est greffée sur les anciennes associations nées au Moyen-âge et à la Renaissance. Mais celles-ci avaient elles-mêmes une ascendance remontant à la plus haute antiquité où on trouve la trace de groupements professionnels ( en particulier les constructeurs chez les Egyptiens et les Grecs mais nous retiendrons surtout les collegia d'artisans romains où le travail revêtait un caractère sacré ). Tous les actes de la vie se confondaient avec la religion. Aussi, le collegia avait-il comme but essentiel la célébration d'un culte puisque le travail était pour tous l'image de la création des êtres et des choses par la divinité. L'essence du collegia était donc d'ordre religieux.

 

A partir des XIe et XIIe siècles, la société évolue et se transforme avec l'immigration des artisans dans les lieux fortifiés. Une autre forme juridique d'associations, qui permet à cette époque aux travailleurs manuels de constituer des groupements autonomes, fut la guilde, caractéristique des pays germaniques. Confréries ou guildes, ces associations d'abord religieuses, puis de protection et d'assistance, élargirent peu à peu le cercle de leurs attributions et s'élevèrent au rang de véritables corps professionnels. A partir du XIIIe, on voit se développer sous la tutelle de l'Eglise des confréries d'artisans privilégiés (échappant aux redevances). Ce sont les " francs-mestiers ".

 

En vieux français le mot " franc " qualifiait ce qui était libre par rapport à ce qui était servile, mais aussi tout individu qui échappait aux servitudes. A cette époque, l'ordre qui fut surtout à l'origine des francs-métiers est celui du Temple. Il s'agit du maintien de la communauté des francs-maçons avec la transmission de leurs rites traditionnels, touchant à une époque où le bon exercice du métier revêtait un caractère sacré et initiatique. C'est au XVIIIe seulement que nous verrons les maçons spéculatifs, curieux d'ésotérisme, introduire dans leur franc-maçonnerie des doctrines et légendes attribuées au Temple.

 

l’ÉsotÉrisme du grade de MaÎtre Écossais de saint-andrÉ au rite Écossais rectifiÉ.

Roland BERMANN

Edition Dervy

 2001

Ce grade intermédiaire entre les degrés symboliques et les hauts-grades, tout en étant important est mal connu. C’est un voyage en profondeur qui expose la réalité du R.E.R. et en laisse entrevoir la finalité que l’auteur nous propose à travers cet ouvrage.

 

Avec cette nouvelle édition, revue, corrigée et très augmentée de son livre sur Le grade de Maître écossais de Saint-André au rite écossais rectifié. Sa nature et son ésotérisme (Dervy, 2008) Roland Bermann nous propose de parcourir les principaux symboles du quatrième grade de ce régime maçonnique si particulier. Ce grade, qui, on le sait, vient compléter la maîtrise par la révélation du véritable Hiram, méritait en effet la longue étude que lui consacre l’auteur, qui marche ainsi dans les pas de Jean Saunier dont il faut rappeler la magistrale «Introduction à l'étude du grade de Maître écossais de Saint-André » (in Les chevaliers aux portes du temple, Paris, Ivoire-Clair, 2005). Chacun des principaux symboles du grade, notamment les tableaux, sont ici analysés avec pertinence, et Roland Bermann sait poser les bonnes questions auxquelles il apporte lui-même de vraies réponses.


Féru de kabbale, c’est aussi à la lumière de cette haute science que Roland Bermann entend éclairer la symbolique du grade. Les géniteurs du régime écossais rectifié, Jean-Baptiste Willermoz en tête, n’avaient sans doute pas, je le crains, la connaissance de la littérature kabbalistique que semble généreusement leur prêter l’auteur. Qu’importe ! Sur le plan initiatique, son interprétation «kabbalistique» de maints symboles du grade est pertinente et riche d’enseignements. Roland Bermann sait bien aussi que les grades symboliques de RER, maître écossais de Saint-André compris, ne se peuvent comprendre pleinement qu’à la lumière de la doctrine de la réintégration de Martines de Pasqually (1710 ?-1774) et de ses émules au sein de l’Ordre des chevaliers maçons élus Coëns de l’Univers. Il s’y avance prudemment et avec bonheur. Mais on pourrait aller beaucoup plus loin encore !


Un exemple, entre bien d’autres. Le bijou du grade, longuement et savamment analysé dans l’ouvrage, comprend notamment un double triangle au centre duquel est placée la lettre H. Or, dans un long discours d’instruction Coën, de la main de Willermoz, celui-ci établit comment l’un des triangles se rapporte à la terre (dont on sait qu’elle est chez Martines triangulaire) et l’autre au corps de l’homme. Mais, selon le même discours, ce double triangle figure aussi les six pensées de l’Eternel, vulgairement appelées six jours de la création, à partir desquelles on peut découper le cercle en dix portions égales au rayon, avant de poser les lignes d’une croix (c’est le fameux dessin de Saint-Martin dont Papus s’est inspiré pour le pentacle de l’Ordre martiniste). Ce même double triangle rappelle bien entendu l’esprit doublement fort et la double nature du Christ. Ce pourquoi, placé au centre de la figure, le H, huitième lettre de l’alphabet latin, se rapporte d’évidence à Hély, le grand élu récurrent, dont Hiram fait le type, et qui est, selon Martines, le Christ, de nature octénaire.

 

LES OUTILS PHILOSOPHIQUES DU FRANC-MAÇON

 Rampnoux René

Edition Dervy

2016

Pour un type de personne, l’existence du monde est une évidence. Les jours se succèdent avec aisance ; il se sent bien avec ce monde qui contient toutes les réponses qui lui conviennent. Il dit avec Parménide : « Tout ce qui est, est et tout ce qui n’est pas, n’est pas. » Le franc-maçon s’étonne, cherche : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » La quête d’une réponse à cette interrogation n’a pas pour objectif de trouver la solution qui mettrait un terme à sa recherche. Elle manifeste l’émerveillement et la surprise que rien ne viendra supprimer

 

Mais en quoi la Maçonnerie a-t-elle finalement à voir avec la philosophie ? Par souci de concision, j’envisagerai cette problématique à partir de deux pistes qui me paraissent essentielles :

 

1- La conception du "Grand Architecte de l’Univers" et ses influences métaphysiques ;  2- La notion d’initiation dans son rapport à la philosophie pratique. Je ne résiste pas cependant, en guise de préambule, au plaisir de vous rappeler que de nombreux philosophes furent également Franc-maçons. Je cite en vrac et parmi les plus célèbres : Montesquieu, Condorcet, Fichte, Goethe, Joseph de Maistre, Voltaire, Helvétius, Diderot, Proudhon, etc. Si la Maçonnerie, donc, a d’abord à voir avec la philosophie, c’est qu’elle pose à son principe un "Grand Architecte de l’Univers", qui préside aux travaux de toute Loge. Historiquement, il faut se souvenir qu’au XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle, les premiers francs-maçons étaient tous, soit catholiques, soit protestants.

Les plus anciens manuscrits maçonniques connus, même dans les loges d'inspiration fasse référence à de nombreuses reprises à "notre Seigneur Jésus-Christ" et mentionne que l'apprenti franc-maçon "doit être fidèle à Dieu et à la sainte église catholique" ("He must be true to god and the holy catholick church"). C'est, semble-t-il, en 1723 dans les Constitutions of the free-masons, communément nommées Constitution d’Anderson, que l'on trouve pour la première fois l’expression de "GADLU" dans un contexte maçonnique. En quoi cette substitution, qui peut d’abord paraître insignifiante, est-elle fondamentale ? Mon propos n’est pas ici d’en envisager les conséquences théologiques ou religieuses – je laisse cela à mon FF Michel bien plus compétent sur le sujet –, mais de l’interroger dans le cadre plus général de l’histoire des idées.

L’important, c’est justement qu’en supprimant la référence directe à Dieu pour lui préférer cette expression de "GADLU", la Maçonnerie abandonne la sphère proprement religieuse pour adopter un cadre plus philosophique et spiritualiste. Définir le Principe de toutes choses comme un Architecte n’est évidemment pas anodin. Une telle dénomination renvoie à un dieu qui ne doit plus d’abord être considéré comme créateur, mais, comme ordonnateur et bâtisseur. La Terre, centre du monde, était alors un parc enchanteur au sein duquel l'homme pouvait s'ébattre sous le regard bienveillant de ce dieu qui ordonnait tout tel un architecte.

 

On peut également noter ici, au passage, que Pythagore inspira largement l’architecture et, notamment, le célèbre architecte romain Vitruve au Ier siècle puis les théoriciens du nombre d'or comme Luca Pacioli, illustré par Léonard de Vinci en 1509. L’influence d’Aristote sur ce point ne peut non plus être négligée, comme sur bien d’autres questions traitées par la Maçonnerie. On peut de l'Univers ».C'est le cas par exemple du manuscrit Dumfries (1710), bien qu'il rappeler, en effet, que dans la Physique,  et la Métaphysique, Aristote s’attache à définir le Principe de toutes choses, comme « Acte pure » et « Premier Moteur immobile », c’est-à-dire non pas Celui qui crée le monde (comme dans la lecture cosmologique catholique, notamment), mais celui qui le met en mouvement, qui l’ordonne, qui l’harmonise.

 

En proposant une conception originale du divin, la Maçonnerie se trouve d’emblée et de plein pieds, dans ce que Kant appelait la « métaphysique spéciale ». Elle ouvre une réflexion plutôt que d’asséner un dogme. Mais cette substitution de Dieu par le Grand Architecte possède également une visée plus « sociale », qui relie la Franc-maçonnerie à une réflexion de philosophie pratique cette fois. Car si le Grand Architecte n’est pas nommé, personnifié, il est susceptible de recevoir l’ensemble des conceptions du divin et de la divinité, depuis les croyances en un Dieu monothéiste (le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob), jusqu’aux conceptions plus étrangères à nos cultures : bouddhisme, hindouisme, voire encore des positions déistes, animistes ou panthéistes. Il y a clairement ici une idée de tolérance religieuse et d’ouverture à toutes les cultures. Quelle que soit leur tradition et leur conception du divin, les SS et les FF sont les bienvenus à l’intérieur du temple.

Un autre élément central de la Maçonnerie nous renvoie plus directement encore à la philosophie pratique : l’initiation. La Franc- maçonnerie fut, en effet, également définit comme une « institution d’initiation spirituelle au moyen de symboles » ou encore comme un « ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la fraternité ». Quel est le sens de cette "initiation" maçonnique" ? Au Moyen-âge, dans la Maçonnerie opérative, celle des architectes, justement, et des bâtisseurs de cathédrales, après la réception au grade d’apprenti, avait lieu, pour les compagnons, une initiation où étaient délivrés un certain nombre d’enseignements concernant la géométrie, l’art de bâtir, puis des « mots, signes et attouchements », qui devaient permettre aux maçons de se reconnaître entre eux, et enfin, sans doute, un enseignement ésotérique qui leur permettait de progresser dans leur recherche intellectuelle et spirituelle. Il en est de même aujourd’hui dans les Loges où se réunissent les Francs-Maçons spéculatifs, si bien que l’on a pu dire, à juste titre, que seule, en Occident, la Franc-maçonnerie avait su conserver et perpétuer la tradition initiatique pourtant plusieurs fois millénaire.

Car on ne naît pas franc-maçon, mais on est « fait » franc-maçon – par l’initiation. On pourrait même ajouter que celui qui se ferait une idée claire de l’initiation maçonnique, se ferait une idée juste de la Franc-Maçonnerie dans son entier, de son projet fondamental, de son essence profonde, et de son éthique. Aussi convient-il de s’interroger encore et toujours sur sa finalité de cette initiation, sur sa nature, ses modalités et surtout sur la signification qu’elle peut revêtir pour l’homme de notre temps. "On entend en général, par initiation, un ensemble de rites et d’enseignements oraux, qui poursuit la modification radicale du statut social et religieux de l’homme à initier", écrivait Mircea Eliade. Et il ajoutait de manière plus savante : « Philosophiquement, l’initiation équivaut à une modification ontologique du régime existentiel » qu’est-ce que cela signifie ? Une bonne approximation de cette définition peut être trouvée dans la double étymologie du terme « initiation » : « initium », en latin, le « commencement », mais aussi « in itinéraire », « sur le chemin ». Commencement et itinéraire, l’initiation renvoie donc au choix d’un chemin existentiel, qui ne peut être parcouru qu’à la première personne, qui est toujours personnel.

 

La recherche initiatique est une expérience résolument individuelle dans laquelle on ne peut dissocier la pensée et le vécu, le conceptuel et l’existentiel. Et c’est parce qu’en elle, ne peuvent être dissociés la pensée et le vécu, que toute initiation est au sens propre indicible, intraduisible, inaudible et inouïe. La dire, la raconter, c’est toujours la dénaturer, en trahir l’esprit. Et c’est en ce sens que par définition toute initiation est « secrète ». C’est, en outre, en ce sens également que l’initiation, comme la Maçonnerie, est toujours liée aux choix et à l’action, à la philosophie pratique, donc.

 

les outils & leurs symboles

J.F. blondel

 Edition J.C. GODEFROY

 2004

Pourquoi l’équerre et le compas des maçons sont-ils devenus l’emblème des Compagnons du Tour de France, mais aussi des Francs-maçons ? D’autres outils traditionnels, tel le marteau et l’enclume du forgeron, la faucille ou la faux du moissonneur, ont pris valeur d’emblèmes. Les sociétés initiatiques seraient-elles les seules à avoir revêtu ces vieux outils d’un manteau de symboles ? Le bon sens populaire aurait-il découvert en eux une analogie avec de grandes idées, des principes universels, une règle à observer ?

 

La Bible usait déjà de la métaphore, les maîtres verriers des cathédrales faisaient figurer les outils des corporations d’alors sur les verrières des métiers. Au début du XXème siècle, la faucille et le marteau devenaient emblèmes d’un idéal communautaire…

 

les planches de l’apprenti

Christian GUIGUE

EDITION Guigue

 1996

Ce livre essaie de nous faire prendre conscience de ce que nous pouvons avoir manqué. Complément du recueil « La formation maçonnique ».

La formation en Maçonnerie revêt une telle importance qu'elle est quasiment oubliée pour ne pas dire sacrifiée : certains de nos amis doutent même qu'il puisse y en avoir une ! Elle demeure néanmoins capitale  pour servir la FM, l'Ordre et sa loge  et pour avancer sur le chemin de l'initiation. Ces livres sont faits pour ceux qui veulent devenir de vrais maçons, qui souhaitent découvrir les différents axes du travail maçonnique et mesurer l'ampleur de la tâche qui les attend. Ils sont conçus pour vous apporter les connaissances que vous devez posséder et vous feront devenir un maçon de qualité. Ils ont pour ambition de former les Surveillants ceux qui n'ont pas la chance de posséder un formateur qualifié ou présent quand il le faut. S'il est assez facile de tenir le maillet en loge, c'est une toute autre mission que de transformer des profanes en vrais maçons, en chercheurs de Lumière, en serviteurs de la Vertu et de la Maçonnerie

 

Et même le Vénéralat ou la grande maîtrise d'une obédience paraît dérisoire à côté de cette nécessité de savoir mettre des Cherchants sur leur chemin. Ces livres ont été produits pour redonner aussi de l'espoir à ceux qui désespèrent de ce qu'ils voient autour d'eux et qui ne correspond pas à l'image qu'ils se faisaient de la Maçonnerie. Elle est d'une telle richesse que les hommes ne soupçonneront jamais ce qu'elle comporte véritablement

 

Travaux conseillés au premier degré : La Pierre brute,  -    Le nombre 3    -    , L'âge du grade -     La Maillet et le Ciseau,-      La Perpendiculaire  -    Le Fil à Plomb,     -       La Chaîne d'Union     -   La Sagesse -      Vaincre ses Passions    -      Le Silence  et  L'Entrée dans le Silence     -       Les Métaux,      -        La Règle         -         La Vertu de Justice     -      Le Miroir (REAA),     -        Tubalcain      -       la lettre J,          -       Les Voyages de l'Apprenti      -     Le Tableau de loge   - 

 

les planches du maÎtre

Christian GUIGUE

EDITION Guigue

 2002

Livre sur les divers thèmes du grade de Maître. Le Maître s’en servira pour développer son travail personnel à partir de pistes esquissées dans cet ouvrage.

 

L’auteur propose des travaux sur la symbolique du Maitre, les outils, l’acacia et la mort.

 

les plus belles pages de la Franc-maçonnerie française – institut maçonnique de france

 

Edition Dervy

 2003

Y sont répertoriées les grandes figures de la Franc-maçonnerie française.

 

En avant- propos R. Dachez, P. Mollier et G. Lamoine brossent un tableau des débuts de la Franc-maçonnerie puis on trouve La Fayette, L.C. de St Martin, Choderlos de Laclos, Le Chevalier de St Georges,  Voltaire, monge littre, abd-el-kader, bartholdi, Oswald wirth, René GUENON, MOURGUES, Henry CORBIN, René GUILLY etc…

 

Un très beau livre de 200 pages.

 

les plus belles priÈres des francs-maçons

Ph. LANGLET

EDITION Dervy

 2001

L’auteur après recherches a réuni ici les plus belles prières des Francs-maçons depuis 1725. Une opinion française très répandue considère que les prières sont loin de l'univers maçonnique. En France certains rites ont évacué de leur rituel la quasi-totalité des références au christianisme prétextant une volonté de progrès et la libération d'une aliénation.

 

Pourtant, les prières maçonniques ont existées à toutes les époques. Il existe un très large éventail d'événements où une prière trouve sa place. On y demande les bienfaits du ciel pour un candidat, les diverses prières qui ponctuent l'accession à d'autres grades, des prières pour des défunts, et d'autres prières pour des bénédictions ou des remerciements.

 

Lorsque je me mets à prier, je ne m'adresse pas au Dieu des philosophes, ni même, en un certain sens, au Dieu des théologiens. Je m'adresse à mon Père, ou plutôt à notre Père. Plus exactement encore, je m'adresse à Celui que Jésus appelait, en toute intimité: Abba. Le Seigneur, lorsque les disciples Lui demandent de leur apprendre à prier, dit simplement : « Lorsque vous priez, vous direz : Abba… »

 

Appeler ainsi Dieu, c'est avoir la certitude que nous sommes aimés. Une certitude qui n'est pas de l'ordre des idées très savantes, mais qui est de l'ordre de la conviction intime. Une certitude — la Foi — à laquelle nous sommes parvenus, avons-nous l'impression, au terme d'un certain nombre de réflexions, de méditations, d'écoutes intérieures ; mais, finalement, cette certitude est un don. Nous croyons à l'amour dans notre cœur, parce que c'est le Père Lui-même qui nous a envoyé son Esprit, car, désormais, son Fils est glorifié.

C'est parce que le Père m'aime que je puis m'adresser à Lui en toute sécurité et confiance. Je ne viens pas appuyé sur mes mérites, sur de bonnes raisons, mais je viens confiant dans la tendresse infinie de l'Abba de Jésus pour son Fils, qui est également mon Abba. Il est Père. Qu'est-ce que cela veut dire ? Il donne la Vie. Il la donne non pas comme un objet différent de Lui-même qu'Il offrirait. Il la donne en se donnant Lui-même. Le seul don qu'Il puisse faire est sa propre Personne, et ce qui résulte de ce don, c'est un Fils. Un Fils qui L'aime sans mesure. Un Fils pour lequel Il n'a que tendresse et qui, en retour, n'est que tendresse pour son Père.

Voilà l'Abba à qui je m'adresse. L'Unique qui peut me donner la Vie, une Vie parfaitement calquée sur la sienne : Il me veut, à l'instant présent, à son Image et Ressemblance, non pas en raison d'une sorte de placage extérieur à moi-même, mais parce qu'Il m'engendre à partir de sa propre subsistance. Voilà ce que je veux dire lorsque je Lui demande : « Abba, que ton Nom soit sanctifié ». Que Tu sois parfaitement Toi-même, Abba, en moi. Que ton Nom de Père se réalise parfaitement dans la relation qui se construit entre nous. Abba, je Te demande d'être mon Père, de m'engendrer à ton Image et Ressemblance, par pur Amour, afin que, en retour, je puisse devenir, par pure gratuité de ta part, une tendresse « vers Toi ».

 

La Prière du Cœur consiste simplement à trouver le chemin qui me permettra d'avoir à l'égard du Père cette attitude grâce à laquelle Il pourra Lui-même sanctifier son Nom en moi. En moi et en tous ses fils. En son unique Fils, composé de l'Unique et de tous ses frères.

 

Prier, c'est accueillir le Père et participer à cette Vie qu'Il nous donne par grâce. Accueillir le Père, c'est-à-dire Lui permettre d'engendrer le Fils, de faire naître son Royaume en mon cœur. Ainsi, l'Esprit pourra-t-il produire entre moi et le Père des liens indestructibles, liens d'unité qui vont s'étendre à tous mes frères.

 

Environ 70 prières magnifiques que chacun pourra réciter dans son intériorité, ou pour des tenues normales ou funèbres.

Un excellent petit livre qu'il faut avoir dans son cheminement.  

 

les plus secrets mystÈres des hauts grades de la maçonnerie

 

Edition Gutenberg

 1981

Reproduction d’un manuscrit de 1740.

 

C’est l’histoire de la maçonnerie ou le vrai Rose-Croix suivi de l’histoire des noachites ou chevaliers prussiens. Maçonnerie en 7 grades.

 

les porteurs de lumiÈre

Maurice VIEUX

Edition GARNIER

 1994

Tout homme peut être initié à la suite d’une démarche personnelle pourvu qu’il soit libre et de bonnes mœurs. La loge est un endroit éclairé où chacun reçoit un peu de la lumière collective qu’il doit pouvoir selon ses capacités porter au-dehors.


Appartenir à la franc-maçonnerie suppose la poursuite de l’étude sous toutes ses formes, la recherche de ce que l’on pense être la vérité pour aboutir à la transmission de son savoir si minime soit-il.

 

Pourquoi a-t-on construit les cathédrales, comment y est-on parvenu ? C'est à ces deux questions majeures que répond ce livre écrit par un homme qui, par l'expérience (il fut ouvrier) et l'étude (il est ingénieur des Arts et Métiers), a réuni tous les moyens et les matériaux nécessaires à la compréhension de ce phénomène extraordinaire que constituent les cathédrales et du monde où elles sont nées. Qui étaient les bâtisseurs ? Quels étaient leurs secrets ? Plus important encore quels rêves, quel idéal les portaient ? Quel est le sens du témoignage de pierre qu'ils ont laissé sur la terre d'Occident ? Sur ce chemin, Maurice Vieux va plus loin qu'on n'est jamais allé. On le lira avec passion.

 

LES PREMIERS PAS DE LA Franc-maçonnerie EN France AU XVIIIème siḔcle – le secret

Charles PORSET

Edition Maçonnique de France

 2000

La Franc-maçonnerie se décrit comme un Ordre initiatique qui prodigue un enseignement ésotérique, adogmatique et progressif à l'aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l'Humanité.

La bienfaisance est l'un de ses moyens d'action. Sa vocation se veut universelle. Souvent décrite comme un système particulier de morale illustré par des symboles, elle se présente elle-même comme un outil fraternel de formation, avec une méthode particulière permettant à ses membres d'entraîner leurs capacités d'écoute, de réflexion et de dialogue, afin qu'eux-mêmes transmettent ces valeurs à leur entourage. Elle s'est structurée au fil des siècles autour d'un grand nombre de rites et de traditions, ce qui a entraîné la création d'une multitude d'obédiences qui ne se reconnaissent pas toutes entre elles.

L'institution maçonnique doit son existence à une confrérie de maçons constructeurs, qui voyageaient en Europe dès le 8e siècle. Ils se partageaient des secrets reliés à leurs métiers. On ne retrouve la première trace du mot "franc-maçon" qu'en 1376, sous la forme anglaise "freemason".

Il faut voir dans le "freemason" un homme libre, (le préfixe "free" semble l'attester), ou un ouvrier hors du commun qui travaille la pierre tendre (freestone), bénéficiant de franchises accordées par l'église ou par les souverains, libre des obligations d'une corporation ou libre de naissance.

La franc-maçonnerie française apparaît à la fin du XVIIe siècle, en 1688 exactement, avec l'exil des Stuart. Réfugiés en France, à Saint Germain en Laye, les Stuart étaient accompagnés d'une partie de leurs fidèles parmi lesquelles de nombreux maçons écossais qui constituèrent la première Loge française. De nombreux partisans de Jacques II, dits jacobites, les rejoignirent en 1715 et 1746 après leurs échecs dans leurs tentatives pour rendre le trône aux Stuarts. La Franc-Maçonnerie va trouver en France un terrain très favorable, à tel point que vingt ans plus tard, on dénombre déjà 200 loges et en 1771 il y a 154 loges rien que pour Paris et 322 en province. A la veille de la Révolution on compte plus de 1000 Loges en France. Par effet de mode, la quasi-totalité de la Cour en fait partie.

Cette prolifération des Loges verra aussi une prolifération des systèmes de hauts-grades. Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle, voire le début du XIXe siècle, pour que les rites se codifient dans leurs formes actuelles. L'opposition entre la maçonnerie française à tendance catholique et l'anglaise protestante va s'accentuer du fait des oppositions politiques des deux pays et le paysage maçonnique reflétant cet antagonisme conduira à la situation actuelle qui voit se côtoyer sur un même territoire différentes Grandes Loges ou Grands Orients.

À travers plusieurs études sur les origines de la Franc-maçonnerie, l’auteur parle en filigrane du Secret de la Franc-maçonnerie depuis ses origines, avec les notions, et interprétations diverses que ce secret a subi.

 

l’esprit de la franc-maçonnerie

William hutchinson

Edition IVOIRE-CLAIR

 2008

C’est le dernier texte maçonnique vraiment important du XVIIIème siècle, puisque l’auteur le publia en 1775. Peu ou pas connu des lecteurs français, ce livre méritait d’être traduit. C’est chose faite et on ne peut que féliciter notre rédacteur en chef pour ce travail.

William Hutchinson est né le 31 décembre 1732 à Durham d’un père homme de loi et d’une mère Quaker. Il épousera lui-même une femme Quaker. (Rappelons à nos lecteurs que la secte des Quakers ou Trembleurs fut fondée par George Fox au XVIIème siècle ; cordonnier de son état il a prêché, s’attachant au Saint-Esprit, et négligeant les rites des Églises, d’où de nombreuses persécutions. Aux États-Unis, le célèbre Quaker William Penn fonda en 1682 la Pennsylvanie, avec comme capitale Philadelphie, la ville de l’Amour fraternel. De retour en Angleterre, en 1684, il eut une certaine influence sur le roi Jacques II Stuart, essayant d’infléchir son penchant absolutiste). Avec une formation de juriste, ayant fait de solides humanités, Hutchinson s’installa à Barnard Castle, sur la rivière Tees, comme intendant de ce domaine, propriété du Comte de Darlington. Il voyagea, devint membre à Londres de la Société des Antiquaires, qui regroupait des érudits en étroite liaison avec la Grande Loge de Londres. Il fut initié dans une loge de Moderns dès 1770, et en devint rapidement le Vénérable. Il a publié plusieurs ouvrages sur la région des lacs du Westmorland et du Cumberland, ainsi que sur l’histoire et l’archéologie du comté de Durham, et du comté de Cumberland.

 

Il est aussi célèbre par un poème dramatique publié en 1789, La Princesse Zanfara, où il révèle qu’il est anti-esclavagiste. Enfin, donc, en 1796 l’essai qui nous occupe. Précurseur, en quelque sorte, du courant d’historiens actuels qui, de Cyril Batham à Roger Dachez, font d’expresses réserves sur la continuité entre maçonnerie opérative et maçonnerie spéculative (position extrême fondée si l’on se contente d’étudier les Modern, mais difficile à tenir, si l’on se réfère aux loges écossaises et à celles d’York), William Hutchinson dit que la Maçonnerie spéculative n’a aucun lien avec les Opératifs, sauf à remonter jusqu’à l’époque du Temple de Jérusalem. Et, avec cette naïveté qui perdurera au début du XIXème siècle, sinon même jusqu’à nos jours il fera remonter la Franc-maçonnerie avant même Salomon, et y verra essentiellement une organisation de Chrétiens, à buts religieux et charitables.

 

Georges Lamoine, dans son Introduction, dit qu’il « semble totalement ignorer la chronologie », ce dont il faudra se souvenir lors de la lecture attentive des conférences rassemblées et publiées par Hutchinson dès 1775, avec des rééditions en 1796, en 1802, aux États-Unis en 1800, en Écosse en 1813, et de nouveau en Angleterre en 1843. La première édition contient un Imprimatur et un Nihil Obstat des frères de la loge d’Hutchinson qui recommandent donc l’ouvrage que l’auteur va dédier aux plus hauts dignitaires de l’Ordre, dont le Grand maître Lord Petre (rappelons que Lord Petre est un des rares Grands maîtres anglais à avoir été catholique romain).

 

Dans la première conférence, Hutchinson parle d’Adam, de la faute, de l’expulsion du Paradis Terrestre, puis du Déluge, de Moïse, enfin de Salomon et du Temple de Jérusalem. Hélas, il se mêle de philologie et délire sur les origines grecques des mots maçon et maçonnerie. Comme disent les jeunes d’aujourd’hui, « il a tout faux ! ». En effet, Hutchinson ignore que maçon vient d’un mot francisé, latinisé par Isidore de Séville en macio, mot qu’a donné l’anglais Mason et le français maçon. Le dérivé, maçonnerie, est attesté au XIIIème siècle.

 

La sémantique en est intéressante à rappeler, car le mot francique désigne celui qui pétrit l’argile avec de la paille, faisant du torchis ou du pisé, technique germanique ; mais, au contact du monde romain construisant en pierre, le mot a pris du galon, si l’on ose dire, et a fini par désigner celui qui monte les murs avec des pierres taillées. Rien à voir avec le Grec, dans tout ça. Mais de cette erreur, Hutchinson tire la conviction que le maçon est membre d’une secte religieuse où l’on adore un Dieu « qui siège au milieu du Ciel ».

 

La deuxième conférence porte sur les cérémonies dont les racines selon Hutchinson sont à rechercher chez les anciens notamment les Juifs dont il détaille les sectes, Assidéens, Pharisiens, Esséniens, Sadducéens, en insistant surtout sur les Esséniens. Il évoque aussi les Grecs, avec les Mystères d’Éleusis, parle incidemment de la Chevalerie chrétienne et fait une place importante à Pythagore, en semblant être un peu gêné par la théorie de la métempsycose.


La troisième conférence est aussi consacrée aux cérémonies, détaillant le Pythagorisme. Hutchinson fait un commentaire sur le mot abrac, trouvé dans les rituels qu’il explique par abraxas. Et il décrit, en le reproduisant, un abraxas gnostique, et se lance dans une évocation des Druides Celtes. On retrouve là tous les ingrédients de type syncrétique dont sont illustrés la plupart des ouvrages maçonniques du XIXème siècle, du docteur Vassal à Oswald Wirth. C’est érudit, mais très confusionnel.

 

La quatrième conférence traite enfin de la « nature de la loge ». Hutchinson y voit une « représentation du monde », avec le Soleil et la Lune, le Grand Architecte de l’Univers qu’il nomme « le grand auteur de tout ». Il explique pourquoi « nous sommes devenus fils de la Lumière ». Le Créateur a inspiré en l’homme un « Esprit intellectuel ». Un maçon est « membre du Grand Temple de l’Univers pour obéir aux lois du puissant Maître de Tout et en présence de qui il cherche son approbation ». On ne saurait être plus nettement théiste. Hutchinson explique aussi les symboles comme des « attributs de la Divinité ». En note, il cite un long passage des Nuits d’Young, et un autre extrait du Paradis Perdu de Milton. Il s’appuie aussi sur Sénèque le stoïcien pour affirmer que la multiplicité des noms de divinités cache un seul principe.

 

 La cinquième conférence porte plus prosaïquement sur le mobilier de la loge. Mais, au lieu de le détailler comme dans un inventaire, il en donne l’interprétation morale, avec les Vertus Cardinales (Prudence, Courage, ou Force, Tempérance, Justice), glosant l’Etoile Flamboyante, l’Équerre, le Compas, les Trois Luminaires.

 

 La sixième conférence traite des vêtements et des bijoux des Maçons. Il détaille les vêtements blancs portés dans la plupart des traditions, symbole de pureté (Druides, prêtes d’Osiris). « Le tablier que nous revêtons indique notre désir d’innocence.

 

La septième conférence porte sur le Temple de Jérusalem. Et l’auteur cite longuement le livre des Rois, faisant un éloge appuyé de Salomon, avec des citations de Flavius Josèphe.

 

La huitième conférence porte sur la Géométrie et la signification de la lettre G, qui n’est pas seulement l’initiale du mot God mais qui indique la Géométrie, née en Égypte, puis passée en Grèce avec Thalès, Pythagore, Archimède, Euclide.

 

La neuvième conférence porte sur l’Ordre de Maître Maçon où Hutchinson évoque le passage de l’Ancienne Loi à la Nouvelle Loi, avec la glose du mot acacia, issu certes du grec « akakia », mais désignant un arbre épineux, l’auteur ne voyant que la paronymie, akakia, avec alpha privatif, « innocence, ou absence de péché ». Un mot curieux est ensuite invoqué, Huramen, dont l’auteur donne une transcription grecque, et latine (inveni, pouvant signifier « je suis arrivé » ou « j’ai découvert »). La deuxième lettre grecque étant un upsilon, on pourrait avoir Hyram(en), mais la forme retenue par Hutchinson ne figure dans aucun rituel maçonnique. Mystère donc.

 

La dixième conférence traite du « secret des Maçons », thème rebattu. Hutchinson doute que les bâtisseurs aient eu des secrets car, dit-il fort naïvement, « l’art pratique de bâtir est si simple si aisé et si intelligible qu’il est compréhensible par n’importe qui ». On se permettra de ne pas le suivre sur ce point. Il évoque le secret comme une nécessité au moment des Croisades (entreprises qu’il juge sévèrement) : « Aucun dessein ne pouvait mieux servir le but des Croisés que la maçonnerie », et il voit la main des clercs, plutôt que des maçons opératifs, dans la mise en place d’un code de mots de passe, le tout s’appuyant sur des passages de l’Écriture. L’exemple du mot schibboleth est éclairant à ce propos mais en note Hutchinson délire complètement sur l’étymologie du mot où il trouve des composants grecs ! C’est comme les étymologies fantaisistes de Rabelais, mais l’auteur de Pantagruel voulait faire rire, alors que Hutchinson reste grave, et persuadé de ses fariboles linguistiques.

 

 La onzième conférence porte sur la vertu théologale de la charité, et l’auteur en parle avec une grande élévation.

 

La douzième conférence traite de l’amour fraternel particulier aux maçons, là encore avec une haute idée que l’auteur se fait des liens entre frères.

 

La treizième conférence tente d’expliquer la spécificité des Francs-maçons acceptés, par rapport avec les corps de métier, et l’auteur donne une curieuse explication du mot « accepté » qui viendrait d’une indulgence plénière du Pape. Les bras du lecteur tombent un peu devant ces naïvetés qui convoquent des Phéniciens errant jusqu’en Grande-Bretagne avec Hercule de Tyr. Bref, c’est un vrai conte bleu.

 

Enfin la quatorzième conférence conclut en rappelant les fondamentaux de la Maçonnerie, non sans remettre en scène les Esséniens, les Phéniciens, les Hébreux, avec mention de la Fête de la Saint-Jean.

 

LES RÉFÉRENCES BIBLIQUES DANS LA FRANC-MAÇONNERIE

Jean Solis 

Edition de la Hutte

 2015

Guide des références bibliques dans la franc-maçonnerie  à partir de l'Apprenti et à tous les grades des : Rite écossais ancien & accepté, Rite écossais rectifié, Rite français de tradition, style Emulation, Rite York, "standard" d'Ecosse, Ordres anglo-saxons...


Cet outils inédit, attendu et indispensable pour l'étude, liste et cite les renvois à la Bible, aux Intertestamentaires et au Talmud pour plus de 100 degrés, grades, cérémonies, chaires ou Ordres actuellement pratiqués en franc-maçonnerie.

 

Nullement traité de symbolisme, il est comme un carrefour qui renvoie le maçon aux racines profondes du rituel, en lui épargnant des centaines d'heures de fastidieuses recherches.

 

Commode à consulter avec une Bible et son rituel à coté, il est néanmoins prévu pour être compilé sans la première puisqu'il intègre plus de 90 % des versets bibliques appelés. Une somme sans égale et sans précédent.

 

Au sommaire de cet important ouvrage :

Les degrés d’Apprenti et de Compagnon à la lettre « B »   -    Les degrés d’Apprenti et de Compagnon à la lettre « J »      -       J & B ensembles : sémiologie      -       Le Prologue de saint Jean dans la loge symbolique

Les Deux Bienheureux saint Jean au Rite York     -        Apprentis : Dieu Garde !       -      De l’ambiguïté de « Son nom était Jean » : l’un, l’autre ou les deux ?       -     Autres références en clair dans le degré d’Apprenti ou dès ce grade

Références occultées dans le degré d’Apprenti ou dès ce grade     -       Références sous-jacentes dans le degré d’Apprenti ou dès ce grade       -       Deuxième degré : présence et délaiement des signes - Schibboleth

Autres références en clair dans le degré de Compagnon ou dès ce grade       -     Références occultées dans le degré de Compagnon ou dès ce grade        -      Tubalcaïn au degré de maître

Hiram : le difficile problème du roi de Tyr et de l’Architecte       -       Autres références en clair dans le degré de Maître ou dès ce grade      -      Références occultées dans le degré de Maître ou dès ce grade

Références sous-jacentes dans le degré de Maître ou dès ce grade         -        Cérémonie ou degré de Maître Installé en loge       -        Références occultées ou sous-jacentes dans le degré de Maître Installé ou dès ce grade

Le douloureux problème des landmarks»         -        Les constantes dans l’ensemble des degrés d’après la loge symbolique         -       Le cas remarquable du Maître Secret 4°

Un degré au statut ambigu : la Marque écossaise symbolique et son descendant la Marque anglaise         -        Un autre grade au statut particulier : le Maître Ecossais de Saint-André au RER

L’Arc Royal ou Arche Royale au Rite York         -       L’Arc Royal ou Arche Royale au Rite d’Ecosse         -     L’Arc Royal ou Arche Royale au Rite anglais (domatique, Aldersgate, etc.)

La dialectique Rose+Croix et ses spécificités : 18°, 4e O., Ordre Royal d'Ecosse, etc.            -          Les chevaleries chrétiennes : CBCS, KT, KM, RCC, etc.

 

LES RITUELS SECRETS DE LA F. M.

Jean Jacques RIVIÈRE

EDITION PLON

 1941

L’une des figures les plus marquantes de l’occultisme français fut Jean Marquès-Rivière (1903-2000). Initié aux différentes pratiques du tantrisme tibétain, orientaliste éminent et spécialiste hautement qualifié du sanscrit, théoricien de la conspiration, antisémite fanatique, admirateur enthousiaste de Hitler, chef de police au service des SS, producteur de films de propagande raciste et organisateur de gigantesques manifestations antisémites, il fut condamné à mort par contumace en France pour avoir livré des Francs-Maçons et des Juifs à la Gestapo. Il fut initié Franc-maçon.

 

Après la guerre, il participa à la construction du monastère des lamas tibétains de Rikon en Suisse, devint ami du XIVe Dalaï Lama et édita un livre consacré au Tantra du Kalachakra. Sa vie et plusieurs de ses publications montrent d’une part que des intellectuels de l’extrême-droite se sentaient attirés par le monde magique et spirituel du lamaïsme (y compris en France) et d’autre part, que les tenants du lamaïsme ne remettaient nullement en cause leur fréquentation étroite avec ces représentants d’une vision fasciste, voire nazie du monde.

 

Divers rites sont ici étudiés, le R.E.R., le York, le rite suédois etc… puis les trois premiers grades symboliques et les rituels des loges bleues, enfin les loges de perfection du 4ème au 33ème degré.
Ce travail a été fait d’après les archives du G.O. et de la G.L.

 

les rouleaux d’hiram

M. canellas

PROVINCE D’OCCITANIE

 1995

Historique des loges de la  province d’Occitanie entre 1975 et 1995.

 

Les rouleaux d'Hiram. - Chronique de la Grande Loge de la Province d'Occitanie. 1975-1995 Vingt ans de Fraternité Occitane

 

les secrets perdus des francs-maçons

John robinson

EDITION DU ROCHER

 1994

En 1381, la Révolte des Paysans éclate en Angleterre : plus de cent mille hommes, parfaitement disciplinés, se soulèvent en même temps à travers tout le pays et s’acharnent sur deux cibles privilégiées, l’Église et l’ordre des Hospitaliers. Après l’échec de l’insurrection – qui semble avoir bénéficié de complicités au plus haut niveau – certains meneurs avoueront avoir obéi aux ordres d’une « Grande Société » secrète.


Qui, plus que les Templiers avaient motif à haïr tant l’Église que l’Hôpital ? Le pape n’avait-il pas, au début du siècle, ordonné la dissolution de cet ordre, l’arrestation et la torture de ses membres ainsi que la dévolution de leurs immenses richesses à l’ordre rival ?


Toujours est-il que l’Angleterre n’appliqua les ordres pontificaux qu’avec trois mois de retard. Les Templiers en profitèrent pour entrer dans la clandestinité et créer dans les îles britanniques une confrérie secrète vouée à la protection mutuelle de ses membres.

La conviction s’impose progressivement : cette Grande Société n’est autre que la Franc-maçonnerie, elle tire directement ses origines de l’ordre dissous du Temple.

Cette hypothèse singulièrement fertile permet pour la première fois de lever le voile sur bien des secrets perdus de la Franc-maçonnerie : les fameux serments, le vocabulaire, l’agencement des loges, les signes, les symboles, vêtements et légendes de l’Ordre. De ses origines templières, elle tire aussi son principe essentiel, la foi en un Être Suprême et une grande tolérance dans la pratique du culte. Cette tradition lui assurera, au fil des siècles, un flux constant de nouvelles recrues et une reconnaissance mondiale.

 

les sociÉtÉs fraternelles

J. Pierre bacot

Edition DERVY

 2007

« Le livre de Jean-Pierre Bacot ouvre un champ d’étude jusqu’à présent à peu près inexploré en France : les friendly societies, ces sociétés fraternelles que le monde anglo-saxon a produites. Le monde auquel il nous introduit peut nous permettre de découvrir quelques clés afin de mieux comprendre, par contraste, la genèse et le fabuleux destin de la Franc-maçonnerie.


Comment la fiendly society des Francs-maçons est-elle devenue – et elle seule – selon les lieux et les époques, un cénacle philosophique, une société initiatique, un lobby intellectuel souvent identifié aux meilleures classes de la société, tandis que les autres sociétés fraternelles devenaient plus ou moins les précurseurs des syndicats ouvriers ?


Le propos de Jean-Pierre Bacot n’est pas de fournir la solution finale à ce problème de l’histoire maçonnique. Mais son travail, original et magnifiquement documenté, apportera à tous ceux que le sujet intéresse un matériau d’études essentiel et généralement peu connu. »

  

les survivances chevaleresques dans la franc-maçonnerie du rite Ḗcossais ancien et acceptḖ

J.P. gabut

EDITION DERVY

 2004

Trois courants ont présidé à la naissance de la Franc-maçonnerie « spéculative » en Europe au XVIIIème siècle : le courant opératif – celui du métier –, le courant religieux ésotérique et le courant chevaleresque.


Les deux premiers sont bien connus. Le troisième, en revanche, n’avait jusqu’ici jamais été étudié en profondeur, alors qu’il inspire tous les rituels du Rite Écossais Ancien et Accepté, du premier au trente troisième Degré. Jean-Jacques Gabut , en se livrant à un patient défrichage des sources, souvent d’antique mémoire, reconstituant peu à peu, suivant la méthode analogique, le puzzle d’une symbolique et d’une mythologie communes entre chevalerie et maçonnerie, s’attache à démontrer à quel point l’idéal chevaleresque a nourri profondément, dès le départ, l’Ordre Écossais. Évoquant au passage le rôle de personnages et d’associations mystérieuses telles l’étrange « Messénie du Saint Graal » ou les « Fidèles d’amour » cher à Dante, il met en relief le rôle-clé joué par les ordres chevaleresques : celui du Temple, bien sûr, mais aussi celui de Saint Lazare, des Hospitaliers de Saint Jean, des Chevaliers du Saint Sépulcre ou des Chevaliers Teutoniques.


Explorant les tombes templaro-maçonniques d’Écosse et retrouvant la symbolique profonde de la très curieuse chapelle de Rosslyn, bâtie par les Sinclair, il montre comment cette influence chevaleresque assigna dès ses origines à l’ordre Écossais sa véritable mission : celle de créer un authentique Saint Empire spirituel en faisant de ses adeptes de nouveaux Chevaliers de l’Esprit.


Y sont développés : les hauts grades du R.E.A.A. et son côté chevaleresque, la chapelle de Rosslyn, Hermès, Ramsay, les tombes templières d’Écosse, les divers courants templiers etc.

 

les tracÉs de lumiḔre

Jean tourniac

EDITION DERVY

 1976

Recherche de la connaissance à travers la symbolique. Jean Tourniac expose les significations des dessins géométriques utilisés par les maçons "opératifs". À partir de récits bibliques, ces "Tracés de Lumière", propres aux constructeurs de temples et de cathédrales, servent de supports à d'authentiques exercices spirituels ; ils relèvent ainsi d'un art sacré basé sur l'invocation des noms divins judéo-chrétiens. Leur finalité tient dans le "centre du cercle", le coeur du verbe "où nul ne peut errer". La langue des symboles fait alors place au silence contemplatif de la Connaissance en Dieu.

L’auteur traite :

o Le « Tout-Puissant » dans l’ésotérisme maçonnique et judéo-chrétien.
o Invocation opérative et présence spirituelle.
o Un nom du Christ ou les mystères du mot « Amen ».
o Le bouclier de David.
o Lumière et communautés de lumière.
o Exégèse symbolique et pensée religieuse.
o Le symbolisme et l’école de Saint-Victor.
o Du symbolisme à la Connaissance.

 

LES TROIS SECRETS DES FRANCS-MAÇONS TECHNIQUES DE TRANSFORMATION DANS LA TRADITION MAÇONNIQUE 

 Jules Merias

Edition Dervy

 2016

La franc-maçonnerie est une organisation qui se différencie du reste de la société humaine dans la mesure où ses buts ne sont d’ordre ni productif ni quantitatif, mais moral et spirituel.

C’est pourquoi on ne devient pas franc-maçon par hasard mais pour l’avoir voulu. Une loge s’occupe essentiellement de transmettre l’initiation selon son rite et de débattre ou mieux, de méditer collectivement sur les contenus de celui-ci ou sur des sujets touchant à l’initiation. Toute initiation exige un certain travail de ses initiés.

En franc-maçonnerie, l’analyse des rituels authentiques permet de découvrir en quoi consiste ce travail.

 Le travail du franc-maçon est à la fois stimulé et facilité par celui de sa loge. C’est aussi pourquoi la présence assidue aux tenues de sa loge constitue le premier travail d’un franc-maçon. Il y a un secret en franc-maçonnerie. Les mots de passe et autres signes de reconnaissance qui ont d’ailleurs fait l’objet de nombreuses publications, ne font que figurer ce secret.

Le secret maçonnique consiste dans l’expérience intime vécue par le franc-maçon qui s’observe lui-même, contemple les symboles et traite les autres comme il voudrait être traité par eux. Le langage ordinaire est inapte à restituer une telle expérience. Il en résulte que le secret maçonnique n’est pas dû à une décision des francs-maçons : c’est un secret par essence. En franc-maçonnerie, le secret c’est qu’il y a un secret.

Ce livre commence par quelques rappels pertinents sur la nature et la fonction initiatique du Rite Ecossais Rectifié (R.E.R.) et un souci de distinguer les niveaux logiques dans les textes quand un même mot, par exemple le mot « temple », désigne trois temples différents et cependant intimement reliés : « la loge où Dieu se rend présent parmi nous (dès que nous sommes deux ou trois réunis en Son Nom) ; le temple de Salomon, figuré par la loge ; enfin le temple de la vérité dont la construction n’aura peut-être jamais d’achèvement. »

Cependant, l’auteur explore également les rituels de plusieurs rites dont le Rite Français et le Régime Ecossais Ancien et Accepté pour dégager des fondamentaux, comme les relations étroites entre le Nouveau Testament et l’Ancien Testament ou le caractère judéo-chrétien de la Franc-maçonnerie, et laisser de côté les sources de polémiques stériles.

Jules Mérias nous conduit ensuite dans un ensemble de textes où le lecteur croise aussi bien René Daumal que Mullah Nasr ed Din pour en arriver au sujet qui donne le titre à l’ouvrage, celui des trois secrets de la Franc-maçonnerie.

« Nous verrons, nous dit-il, que la combinaison des techniques exprimées par la beauté, la force et la sagesse qui viennent du Grand Architecte constitue le travail intégral qui permet de soutenir une position initiatique et, par suite, de provoquer en nous les changements sue l’on peut attendre d’un tel travail. Car le but de l’initiation est de nous modifier selon les exigences qu’elle formule dans son rite. »

Pour Jules Mérias, la méthodologie maçonnique, qui permet d’accomplir la « quête métaphysique » proposée, n’apparaît pas seulement dans l’approfondissement d’un seul rite mais dans le dialogue entre les rites, d’où l’importance du voyage et du compagnonnage. L’opérativité naît de la compréhension des symboles pris dans des regards divers. Alors, les techniques, comme le rappel à soi issue de la méditation sur la force, émerge de la compréhension du symbole. La beauté, la force et la sagesse révèlent à la fois le symptôme de notre enchaînement, le moyen de s’en affranchir et la finalité de l’œuvre.

Dans un long chapitre sur « la chaîne d’union et les chaînes d’union », Jules Mérias s’intéresse aux possibles influences des travaux de Mesmer sur la conception de la chaîne d’union chez Jean-Baptiste Willermoz. Il traite aussi d’autres chaînes d’union que celle communément pratiquée.

En fin d’ouvrage sont abordés la question du mensonge de la filiation templière en Franc-maçonnerie et celle, tout aussi génératrice de confusions, de l’initiation féminine. Si l’ouvrage est très personnel, il invite à des questionnements pertinents et éloigne également de questions dénuées de sens. En recentrant le lecteur sur l’essentiel, il ouvre une porte vers l’opérativité du rite maçonnique.

 

LES TROIS CHEMINS SYMBOLIQUES DU FRANC-MAÇON

Richard Vercauteren

Edition du Midi Cépaduès

2017

Richard Vercauteren interroge le sens de l’initiation maçonnique à travers le concept de chemin, de parcours ou encore de queste. Mettant en garde très justement sur la prétendue universalité des symboles, il considère que « Trois chemins symboliques sont alors possibles pour le Franc-maçon :

 

Le chemin de la Liberté qui forge sa philosophie humaniste et altruiste, que nous avons nommée ontologique. Dirigée vers la connaissance de soi et de l’Autre, cette philosophie ne peut avoir de signification que si elle s’intéresse à l’Homme et à la recherche de son bien-être.

 

Le chemin de l’Egalité qui s’inscrit dans la recherche d’un alter ego, c’est-à-dire celui qui a les mêmes préoccupations que soi et qui peut l’instruire par un savoir acquis. Cette égalité pose de fait le sens d’une recherche de l’Autre avec qui il va construire une entraide à la fois dans la différence et la complémentarité.

 

Le chemin de la Fraternité qui est gravé dans le Temple où se rassemblent les différences et les symboles qui forment les repères d’un langage commun. Cette affection qui unit les membres de la Loge pour former l’égrégore constitue l’aide essentielle pour que se poursuive le chemin. »

 

Richard Vercauteren fait appel à l’analogie et à l’herméneutique pour aborder le symbole en privilégiant nettement l’herméneutique par rapport à une vision réductrice de l’analogie. Il veut ainsi contribuer à une dynamique contribuant à « l’évolution de la Société ». On peut relever deux erreurs dans cette approche. L’initiation n’est pas destinée à améliorer la Société, avec ou sans majuscule, mais bien à se libérer de tout conditionnement, elle n’est pas non plus une recherche de bien-être, c’est confondre le procès initiatique avec le développement personnel, confusion courante en Franc-maçonnerie. D’une manière générale, Richard Vercauteren, en laissant de côté toute métaphysique, se contentera d’une herméneutique réduite, à visée sociétale, quand il s’agit de tout autre chose, citant même Louis-Claude de Saint-Martin ou Basile Valentin, sortis de leurs contextes, à total contre-sens.

 

Il en arrive à « trois niveaux pour comprendre le chemin symbolique du Franc-maçon : La nécessité d’une construction sociétale ou communautaire qui consiste à créer les facteurs d’une appartenance à un groupe,-   La possibilité de comprendre le chemin à travers des symboles en leur donnant une signification partageable au sein d’un groupe, - Le sens que peut avoir un chemin reposant sur une philosophie personnelle ou partagée. » L’ouvrage ne manque pas d’intérêt mais l’érudition de l’auteur et son travail, très sérieux, ne se déploient pas comme attendu. Pourtant, la référence à Gilbert Durand, vers la fin de l’ouvrage, pourrait ouvrir à d’autres dimensions plus corbiniennes ou au moins jungiennes qui, pour le moins, introduiraient aux véritables dimensions initiatiques difficilement pressenties dans ces pages.

 

LES   33   DEGRÉS   DU  RITE   ÉCOSSAIS   ANCIEN  ET  ACCEPTÉ

JEAN YVES COULEAU

LACOUR NÎMES

 2009

Le  R.E.A.A est un système initiatique en 33 degrés. Bien que remontant aux divers manuscrits, comme le Régius (1390) et le Cooke (1425), sa création de facto remonte à Charleston en 1804. Il fut ramené en France par le Comte de Grasse, marquis de Tilly qui va créer le Suprême Conseil de France, la même année.


Ce livre tout en donnant sur une page quelques indications sur chaque degré, a le mérite et l’intérêt, de d’exposer par une photo couleur et pour chaque degré, son tablier, son cordon, son vêtement et son bijoux. A la fin est donné le plan du temple à chaque degré, également en couleur.


Ces divers tabliers et bijoux sont ceux qui ont existés entre 1804 et 1914, sachant qu’à cette époque, chacun pouvait agrémenter son tablier de décors différents, tout en restant dans l’esprit du fond et de la forme.

 

 

  

LES 33 DEGRÉS ÉCOSSAIS ET LA TRADITION

Georges Lerbet

Edition Dervy

 2012

Le rite Écossais Ancien et Accepté, le plus pratiqué par les francs-maçons à travers le monde, est riche de 33 degrés dont chacun possède son titre, sa définition, son objet, mais aussi des racines qui renvoient à une culture millénaire étonnamment variée, mais qui possèdent une richesse métaphysique et spirituelle de très grande qualité.

S’agit-il d’un ensemble cohérent et autonome ou d’une construction hétéroclite arbitrairement montée au cours du XVIIIe siècle ? Comment ne pas remarquer que ce rite a mis près d’un siècle à prendre sa forme actuelle et que, depuis près de deux cent ans, il a su la conserver ? Cette conservation n’est-elle rien d’autre qu’un accident historique ou est-elle due à des raisons internes plus profondes qu’il s’agit de comprendre et de mettre à jour ?

L’histoire dite objective avoue son insuffisance à répondre et ne saurait décrire la portée de ce rite raffiné. Seul l’approfondissement de sa richesse, degré par degré, et l’interrogation de ses structures ésotériques le permettent grâce à l’utilisation des diverses formes de « l’art de la mémoire ».

C’est la démarche à laquelle s’est livré Georges Lerbet, fort d’un demi-siècle de pratique maçonnique. La forme qu’il a choisie pour ce livre, engage le lecteur dans un parcours herméneutique au bout duquel il trouvera –peut-être- une image stabilisée d’un enchainement plausible des différents degrés ; un parcours qui est aussi un jeu de l’esprit, invitant à rejoindre le joyeux partage des préoccupations de l’homme sur les écrits traditionnels.

C’est bien une démarche scientifique qu’a essayé d’appliquer l’auteur au Rite Ecossais Ancien et Accepté, sans pour autant prétendre maintenant, détenir ni fournir une vérité qui, par définition, est propre à chacun.

La compréhension du R.E.A.A. résulte également de la philosophie morale ; l’auteur démontre qu’une analyse pertinente du symbole peut conduire à une explication philosophique de la pensée maçonnique, et, par là même, à une explication globale. Chaque mot, chaque phrase, chaque image renvoie, par un jeu de résonnances, à des significations multiples et souvent cachées.

Cet ouvrage de Georges Lerbet est assez innovant, son approche systémique fait référence ; ses analyses sont explicitées et d’ailleurs feront l’objet de développement dans d’autres ouvrages. Ce livre, pratique certaines vertus, nous sommes loin des simplifications douteuses, des approximations hasardeuses et des interprétations absconses de pseudo-docteurs ès symbolatrie.

La somme des travaux de Georges Lerbet l’a élevé au rang des penseurs herméneutiques de l’intelligence du fait maçonnique en général et du REAA en particulier, il a fait bouger les pensées sur le plan métaphysique et historique.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les fondements théoriques : Filiation historique et initiatique - les bases d’une démarche et d’un réflexion - les sources documentaires primordiales - connaissances traditionnelles et matériaux utilisés - les nombres et la Tradition - les voies figuratives et évocatrices - géométrie traditionnelle - couleurs et Tradition - des lettres et des alphabets

Ecossisme et symbolisme : Aux origines de l’Ecossisme - l’importance des hauts grades écossais - du rite de perfection au Rite Ecossais Ancien et Accepté - les symboles, le symbolisme et sa logique - une base pour raisonner : le cogito symbolique - les principes et les règles de la logique symbolique -

De la matière à l’esprit : Ce chapitre nous amène du 1e degré au 5e degré (Maître parfait) -

La spiritualisation de l’homme : Nous continuons la progression scalaire du 6e degré (secrétaire intime) au 14e degré (Grand Ecossais ou Grand Elu de la Voûte sacrée) -

L’Incarnation de l’esprit : Nous allons du 15e degré (Chevalier d’Orient) au 19e degré (Grand Pontife) -

La connaissance objective : Cela va du 20e degré (Vénérable Grand Maître de toutes les loges) au 26e degré (L’écossais Trinitaire) -

La pratique énergétique : Nous montons encore du 27e degré (Grand commandeur du Temple) au 30e degré (Chevalier Kadosh) -

La quête du magistère : Les derniers degrés du rite : Du 31e degré (Grand Inspecteur Inquisiteur Commandeur) au 33e (Grand Inspecteur Général) -

Georges Lerbet, franc-maçon, écrivain, docteur ès lettres et en psychologie, était professeur des Universités honoraire, il a rejoint l’Orient Eternel en Octobre 2013

 

LES 81 GRADES QUI FONDÈRENT AU SIÈCLE DES LUMIÈRES LE RITE FRANÇAIS

Colette Léger

Conform édition

 2017

Lauréat du prix littéraire 2018 [catégorie Histoire] de l'Institut Maçonnique de France, jamais édité ! d'après les manuscrits détenus par la Bibliothèque Nationale de France - Les 81 grades qui fondèrent au siècle des lumières le Rite Français - Coffret en 3 volumes / 810 p. Ces 3 volumes contiennent, en plus de 500 pages de Rituels, les manuscrits conservés dans le fonds maçonnique à la Bibliothèque nationale de France. Ce fonds maçonnique d'une richesse culturelle sans équivalent est le plus important au monde. Seuls quelques chercheurs & historiens ont eu le privilège à ce jour de pouvoir le consulter

 

 Il est important de bien comprendre que ces quatre-vingt-un grades ne constituent pas un système maçonnique. Il ne s’agit pas pour les membres du Ve Ordre de ‘passer’ ces grades les uns après les autres, soit ‘par communication’, soit dans le cadre d’une cérémonie, comme cela pourrait, par exemple, être le cas avec les quatre-vingt-dix grades du Rite de Misraïm. L’Arche du Ve Ordre est avant tout une bibliothèque initiatique, une sorte de conservatoire. D’ailleurs, le premier trait qui frappe le lecteur est la grande hétérogénéité de cet ensemble. On retrouve d’abord, dans la première série, les trois grades symboliques. Le candidat au Ve Ordre était bien sûr censé les avoir reçus depuis longtemps. La suite reprend plus ou moins l’‘Ordre analytique connu’ auquel faisait référence la Chambre des Grades du Grand Orient dans ses débats de 1782. La deuxième série présente donc neuf grades d’Élus (en écho au Ier Ordre) ; la troisième, des grades divers plus ou moins liés à l’Élu ; les quatrième et cinquième série des grades d’Écossais – qui sont sans doute les matériaux du IIe Ordre – et ainsi de suite. Cette hétérogénéité apparaît même matériellement puisque ces « cahiers » ont des origines et des aspects très différents comme cela apparaît au premier regard avec la grande variété des papiers, des formats et des écritures ».

 

Plan de cet ouvrage :

 

Le travail préparatoire de la chambre des Grades

La fixation des cinq ordres français par le Grand Chapitre Général de France

La réunion du Grand chapitre général de France au Grand orient de France

Les hauts grades du Rite français au début du XIXe siècle et l’aventure du Ve Ordre
Conclusion et fac-similés du Régulateur des Chevaliers maçons, du Cahier du Très Sage, du Cahier de l’Architecte, et du Cahier de l’Orateur 

La circulaire annonçant la fondation du Grand chapitre
Le « grand sceau » du Grand chapitre général de France
Les règlements du Grand chapitre général de France
Les sources iconographiques du Grand chapitre : « une Bible de Royaumont avec figures pour les décorations »
Défense du Grand chapitre par le frère Oudet (1784)
Déclaration de principes adoptée par les commissaires du Grand orient de France et du Grand chapitre général en vue d’établir leur réunion (1786)
Les titres et patentes des hauts grades du Rite français
Circulaires annonçant aux Chapitres du Grand chapitre général de France L’accord avec le Grand orient de France, les modalités de la nouvelle organisation et la constitution du Chapitre métropolitain.
Circulaires annonçant aux loges du Grand orient de France l’établissement en son sein du Grand chapitre général et leur indiquant le fonctionnement et les règlements de la nouvelle instance ainsi que les modalités « pour avoir les hauts grades »
Le Souverain chapitre métropolitain et l’ésotérisme
Le Rite français et la Bible
Alexandre-Louis Roëttiers de Montaleau
Les manuscrits des quatre Ordres et Le Régulateur des Chevaliers Maçons
Les 81 grades des neuf séries de l’Arche du Ve Ordre
Un projet de diplôme pour le Ve Ordre du « Rite le plus ancien connu en France 

 

LES VOYAGES RITUELS - UN ITINÉRAIRE INITIATIQUE -        N° 65

Percy John Harvey 

Edition Maison de Vie

 2015

Qu’ils se nomment voyages symboliques, voyages d’instruction ou circumambulation, les voyages rituels s’inscrivent dans le projet plus vaste proposé par la Voie Initiatique Maçonnique, dont la perspective ultime est l’éveil de la conscience à la Lumière. Ces déplacements dans le cosmos de la Loge, après l’ouverture ce qui nous permet d’être dans un espace-temps, s’apparentent aux quêtes légendaires, telles celles de la Toison d’Or ou du Saint-Gall.

Ce livre détaille les différents modes opératoires pris par cette quête dont les étapes sont ritualisées, et explicite le symbolisme des voyages rituels effectués aux trois premiers grades, qui constituent ce que l’on appelle le cycle initiatique des loges bleues.

La notion de voyage est récurrente dans notre cheminement avec ses trois versants : d’où l’on vient, où l’on est, où va-t-on. Le voyage c’est d’abord un éloignement qui porte à l’abandon des repères et certitudes habituels. C’est ensuite un moyen d’apprendre et de se parfaire dans son métier d’homme, au contact de nouvelles dimensions géographiques et humaines. C’est enfin l’occasion, l'épreuve, d’une exploration des espaces intérieurs inconnus de moi en moi, dont le cheminement n’est pas sans nous rappeler le symbolisme du Pavé Mosaïque, où seul l’initié aura cette faculté à se glisser sur les lignes étroites entre les dalles blanches et noires. 

Le symbole du voyage est un élément essentiel de la démarche et des rituels qui structurent la vie maçonnique. Il commence le jour de l'initiation après le passage par la porte basse, au travers des rites, de la connaissance de l’autre, de cette diversité qui nous amène à rassembler ce qui est épars. Chaque pas est une découverte ou une confrontation avec un élément symbolique, mais ce voyage dans le temps est une formidable aventure personnelle, vécue dans un groupe humain découvert puis choisi.

Les voyages symboliques de la vie maçonnique se passent dans l'espace et dans le temps, et ce calendrier maçonnique ne vise que l’amélioration de l’individu, la construction du temple intérieur. Cet apprentissage voulu, nous amène vers une introspection (rôle du silence), des efforts sur soi, un désir de perfection, un élitisme découvert ; ce travail au sein de l’atelier, sous l’œil bien veillant de la loge et sous le symbole de la voûte étoilée, doit nous permettre de porter à l’extérieur la sagesse acquise, que nous devons vivre de façon cohérente avec notre discrète vie profane. 

 
Vas de chantiers en chantiers, dit-on au compagnon opératif, que la main qui tient les outils s'affermisse, apprends des meilleurs ouvriers, ouvres-toi aux autres techniques, sois conscient de tes lacunes et faiblesses ; en bref vas t’enrichir et te perfectionner dans ton métier et reviens nous montrer la preuve de ta maîtrise par la présentation de ton chef-d’œuvre. Analogiquement le but de l'initié, à ce grade de compagnon en loge, se doit d'effectuer dans une recherche de sens, de multiples voyages symboliques et de ramener sans cesse à ses frères, le fruit de son perfectionnement.

Au sommaire de cet ouvrage :

De l’intention et du sens du voyage - le labyrinthe, emblème du voyage - le compagnonnage du métier - le pèlerinage du noble voyageur - les quêtes mythiques ou légendaires - le voyage des Argonautes et la quête du Graal - le jeu de l’oie - le symbolisme des voyages maçonniques - les différentes marches des trois premiers degrés - le voyage intérieur du cabinet de réflexion - les trois voyages symboliques de l’Apprenti - les 5 voyages d’instruction du Compagnon - les 9 voyages mystérieux du grade de Maitre - le retournement initiatique - le voyage de l’Orient vers l’Occident - la transmission de la Lumière - la géométrie des voyages vers le centre - le cœur, centre symbolique et spirituel - le centre du cercle -

 

le symbolisme occulte de la franc-maçonnerie

Oswald wirth

DERVY

 1997

La force de la Maçonnerie réside en sa tradition ; elle se rattache au passé vivant de l’Initiation et prépare la revivification de ce qui veut vivre en plus complète conscience que jusqu’ici.


L’occultisme éclaire-t-il en ce sens ? Vraisemblablement, mais à la condition d’être bien compris. Par malheur, ses adeptes se laissent éblouir par des ambitions mesquines. La conquête des pouvoirs occultes les pousse aux extravagances et quand ils parlent de Grand Œuvre, ils ne visent que la cuisine des souffleurs. Que ne consentent-ils à entrer dans la voie de l’Initiation traditionnelle !


J’espère que le lecteur dans les présentes pages voudra bien y puiser la conviction que le symbolisme maçonnique est une mine riche en un minerai dont l’esprit peut extraire le plus pur or philosophique.

 

LE TEMPLE DE SALOMON DANS LA TRADITION MAÇONNIQUE

Alex HORNE

EDITION DU ROCHER

 1972

L’explication du temple de Salomon dans ses dimensions historiques, bibliques, mythiques et événement fondateur pour la Franc-maçonnerie. Les hypothèses et origines de la légende d’Hiram, substituée à celle de Nemrod et de Noé. Toutes les questions sont abordées, disséquées et commentées.

 

De tous les temps et dans toutes les traditions, les hommes ont eu besoin de lieux pour le culte et la prière. Les hommes  ont toujours cherché, pour célébrer les évènements qu’ils considèrent comme importants et religieux, à se réunir dans un lieu spécifique. L’endroit, jamais choisi au hasard, est un lieu destiné à accueillir et protéger les assemblées à vocation spirituelle. C’est un lieu sacré, que l’on nomme, un « Temple ».

 

L’édification du Temple de Salomon, telle que relatée dans le Premier livre des rois, (chapitres 5-6-7), est au centre de la symbolique Maçonnique. Toutefois, ne commettons pas l’erreur courante d'identifier Temple maçonnique avec Temple de Salomon. Le Temple de Salomon ouvrait en effet à l'Est (en fait, face au Mont Nébo), alors que le Temple maçonnique ouvre, lui, à l'Ouest. Nous pouvons donc logiquement supposer que la Loge (local des ouvriers) n’était pas située dans le bâtiment en construction, et que les deux étaient bien distincts l’un de l’autre.

Quelles étaient alors les dimensions du Temple de Salomon ? Ce dernier étant le fondement de la tradition maçonnique, connaître ses dimensions  serait à coup sûr une clé majeure pour aider le Franc-maçon à progresser vers la connaissance. Que dit la littérature ? En 1772, William Preston écrit, dans L’illustration de la Maçonnerie : « Le temple de Salomon, si spacieux et magnifique, édifié par tant d’artistes célèbres… ». Spacieux et magnifique, ce temple devait être somptueux !

 

Le Temple maçonnique se réfère à la symbolique du Temple de Salomon, construit entre 967 et 961, avant notre ère. C’est parce que Salomon détenait la sagesse, que Dieu lui demanda un Temple, afin de ramener l’harmonie et d’en faire le lien central du culte pour le peuple Juif. Les travaux durèrent sept ans et aboutirent à une construction somptueuse, bâtie avec des pierres parfaitement taillées. Salomon fit construire le Temple, à grands renforts de bois de Cèdre importé du Liban. Le roi de Tyr lui assura les services de son meilleur architecte, Houram-Abi, ainsi que de 170 000 ouvriers menés par 3300 officiers. Salomon recouvrit d’or tout le temple, puis y plaça l’Arche d’Alliance du Seigneur (symbole de la réunion du peuple Juif). On accédait à l’Arche d’Alliance par une porte de bois d’olivier et de cyprès recouverte d’or, dans le Saint des Saints, l’endroit le plus sacré de la maison de Dieu.

 

Sur les deux colonnes de bronze bâties à l’extérieur du Temple, Salomon avait fait graver les noms de Yakin sur la colonne de droite et Boaz, sur celle de gauche. Avec son haut portique, ses murs revêtus de lambris de cèdre sculpté et ses fenêtres aux grilles solides, le Temple mesurait 60 coudées de longueur, 20 coudées de largeur et 30 coudées de hauteur. Le Temple est aussi synonyme de Loge, qui désigne aussi bien le local maçonnique que le lien symbolique dans lequel se réunissent les Francs- Maçons. Pour mieux les retirer du monde profane, il faut que le Temple soit clos et couvert. Ce Temple Maçonnique est ouvert sur la voûte étoilée. Le soleil et la lune sont représentés à l’Orient et symbolisent l’alternance du jour et de la nuit.

 

L’ouverture rituelle des travaux consiste justement à faire passer ce lieu des Ténèbres à la Lumière, en l’illuminant progressivement grâce au Maître des Cérémonies, au Vénérable Maître et à ses deux Surveillants. Tous les Temples, Eglises ou pyramides sont presque toujours orientés suivant un axe est-ouest, allant du soleil levant au soleil couchant, en donnant toujours l’importance à l’Orient qui est observé de l’entrée. Le Franc-maçon, comme l’architecte, doit bâtir mais aussi pérenniser ce qu’il a fait. C’est en construisant le Temple, son Temple intérieur, que l’homme se construit. Dans la tradition hébraïque, la construction  du Temple, a commencé au centre par la pierre de fondation, « Eben Shethiyah ». L’homme est au centre de la base du Temple. Jules Boucher écrit que si l’on figure un homme couché sur le dos, dans le Temple, sa tête est le Vénérable, ses bras sont l’Orateur et le Secrétaire, ses mains le Trésorier et l’Hospitalier, ses jambes et ses pieds les deux Surveillants. Le temple est donc un Univers complet : à la fois macrocosme (du grec makros : grand et kosmos, monde), l’Univers, et microcosme (monde en raccourci), l’Homme.

 

Nous possédons en nous la pierre de création, sacrée. C’est notre temple intérieur, en cours de construction, véritable moteur de notre engagement. Les Francs-maçons sont des constructeurs, héritiers d’une longue lignée de bâtisseurs dont l’origine remonte au Temple de Salomon. De la destruction du Temple de Salomon, il ne reste qu’un souvenir dans la mémoire des hommes : Un Temple imaginaire à reconstruire. Cette construction, en tant que Franc-maçon, est notre objectif .Il nous faut tenter de bâtir et de rebâtir sans cesse une Fraternité, cimentée par notre chaîne d’union car construire le Temple veut dire « se construire dans son intériorité, à l’image de la perfection du Temple de Salomon » Le Temple lui-même a-t-il vraiment existé ? Rien n’est moins sûr …Des litres d’encre ont été versés afin de confirmer son existence, mais au fond quelle importance qu'’il ait existé ou pas ? L’important est de prendre conscience de nos potentialités et d’en faire le bon usage dans la construction de notre édifice personnel.

 

Suivant le cheminement de la lumière et rythmant nos travaux, la dimension temporelle est toujours présente : Le temps est celui qu’il me faudra pour accomplir mes  voyages. Ce temps qui rend possible la vie, l’évolution, le changement, l’alchimie. La longueur de notre Temple va de l’Occident à l’Orient, sa largeur du Septentrion (Colonne du Nord) au midi (Colonne du Sud) et sa hauteur du Nadir au Zénith. Au centre, à la croisée des axes, entre matériel et spirituel, nous, maçons, ici et maintenant….

 

La loge s’impose alors avec force comme la représentation symbolique du monde. Le Temple, c’est ma loge, ma loge est le monde, le temple est le monde, c’est l’univers…Notre temple est celui de tous les hommes. La maçonnerie n’a donc pas de frontières puisqu‘elle met l’homme au centre d’un temple, dont les axes sont définis, mais n’ont pas de limites. De ce fait, dans cet espace indéfini, le Franc-maçon comprend qu’il doit travailler partout et tout le temps. Sous la voûte étoilée, entre le jour et la nuit, entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, voilà donc l’homme, en position d’observation … Mais qu’observe l’homme-maçon dans le temple-univers ? Car, à l’instar de l'apprenti qui observe en silence,  il observe, attentivement, mais ne contemple pas. Quelle est sa place dans le temple ? 

 

LE TEMPLE DE SALOMON ET SES ORIGINES ÉGYPTIENNES

Patrick Négrier

Edition Télètes

 2001

Cet ouvrage est une exégèse symbolique des descriptions bibliques du temple de Salomon. Ce temple, construit à Jérusalem il y aura bientôt 3000 ans, reprenait plusieurs éléments de l'architecture des temples égyptiens du Nouvel Empire. Patrick Négrier met ici en lumière ces différents emprunts architecturaux d'Israël à l'Egypte, qui éclairent la symbolique cosmique du temple de Salomon.

Ce Temple fut plusieurs fois détruit, mais sa signification est éternelle. Sa structure et les objets de culte qu'il contenait symbolisaient ... des aspects essentiels de la réalité, ainsi que de nombreux éléments de sagesse. Les Père de l'Eglise ont relativement peu commenté le symbolisme du Temple, qui semble constituer un thème propre à la Qabale et à la tradition maçonnique, qui dès 1696 identifia la loge au parvis du temple de Salomon, et évoque la figure du temple dans de très nombreux grades de ses différents rites ou régimes.

Ce commentaire méthodique, riche et précis sur la symbolique et sur le symbolisme du temple de Salomon, éclaire aussi le sens de nombreux passages de l'Ecriture Sainte relatifs à la typologie du temple, en même temps qu'il ouvre une voie nouvelle à l'exégèse symbolique de la Bible.

Des menhirs aux ziggourats de Mésopotamie, des pyramides d'Egypte à la fête des tentes de la Bible, du labyrinthe de Dédale aux temples grecs et romains, de la Ka'aba de La Mecque aux églises chrétiennes du Moyen Âge, Patrick Négrier nous offre un panorama complet des espaces sacrés créés au cours des siècles par les hommes, en analysant leur organisation et leur structure symbolique.
Le "temple" est donc entendu ici au sens le plus large, comme "centre du monde", distribuant l'espace entre les sphères du sacré et du profane, et comme construction figurant le parcours initiatique de l'homme. Mais une place privilégiée est faite au Temple de Salomon, archétype du Lieu sacré repris comme modèle dans toute la civilisation judéo chrétienne, et dont la franc-maçonnerie utilise encore aujourd'hui la symbolique.

Nombre d’éléments présents dans nos Loges attestent que notre spiritualité est solaire. L’invocation que nous faisons lors de l’ouverture des travaux « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers », introduit cette notion importante, que nous symbolisons par des signes plus ou moins parlants tels que le Soleil et la Lune, l’espace sacré recevant le Pavé Mosaïque où le Delta Lumineux. Pour les anciens égyptiens, notre Grand Architecte était symbolisé sous le nom de Rê par le disque solaire, non pas comme étant Dieu mais comme étant sa première manifestation dans le monde visible. Il se manifeste par la Lumière qu’il diffuse, et qui crée la vie. Il n’est pas le « Dieu créateur de toutes choses », mais le principe de mutation des ondes dites cosmiques qu’il véhicule et qu’il transforme en énergie créatrice.

En Égypte, la base de la Grande Pyramide du Pharaon Khéops formait un carré rigoureusement orienté, tandis que sa pointe culminant en plein centre, à 144 mètres d’altitude, symbolisait l’origine de toute création. Du fin fond de l’Univers symbolisé par le point, la Lumière descendait éclairer la Terre symbolisée par le Carré.

Comme les égyptiens qui considéraient le pronaos, cette sorte d’antichambre à la porte close par un sceau d’argile au chiffre du roi, comme un lieu consacré, au centre de laquelle était positionné la pierre cubique à pointe contenant l’une des manifestations divines de l’Ennéade (groupe des neuf divinités de la mythologie égyptienne rassemblant toutes les forces présentes dans l’univers : le démiurge Atoum, l’humidité Tefnout, l’air Chou, la terre Geb, le ciel Nout, Osiris, Isis, Seth et Nephthys), les Maçons consacrent leurs Loges à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers dont ils symbolisent la présence par différents tableaux posés sur un Pavé Mosaïque, entouré sur trois de ses angles par des colonnettes de différents styles. Pour nous Maçons, comme pour les anciens égyptiens, cet espace réputé sacré, symbolise la Terre comme faisant partie intégrante de l’Univers qui l’entoure.

Au centre de nos Loge, représenter la Terre au sein de l’Univers, permet de comprendre ce que symbolise le Grand Architecte de l’Univers. Celui-ci est en nous et autour de nous. Il totalise symboliquement les 1080 degrés que nous avons déjà définis autour de notre planète, auxquels s’ajoutent les 360 degrés qui se trouvent à l’intérieur du point, du cercle, du carré ou de toute représentation graphique, voir humaine, soit 1440 degrés. C’est ce nombre qui fut attribué au Grand Architecte de l’Univers par les prêtres égyptiens et les bâtisseurs de cathédrales, et qui fut retenu pour symboliser notre Univers. Ce calcul peut paraître un peu fou voire du domaine de la superstition. Pourtant, ce nombre revient trop souvent pour qu’il ne soit question que d’une simple coïncidence.

D’autres symboles décorant nos ateliers, attestent que notre spiritualité est d’origine solaire. La Voûte Étoilée, le Soleil et la Lune, l’étoile flamboyante, la forme pyramidale du triangle, la référence à la Lumière etc. L’énergie cosmique y est aussi parfois suggérée par la présence d’un fil à plomb symbolisant l’Axe du monde sur le centre du tableau de Loge où du Naos selon le rite choisi par les ateliers. Sa verticalité est également représentée sur les décors des Premier et Second Surveillant. Elle manifeste la présence du Grand Architecte de l’Univers. Son peson symbolise le sommet d’une pyramide formée avec les angles du Pavé Mosaïque, protégeant ainsi virtuellement la formalisation de notre Ordre qu’est le Tableau de Loge. Dans les Rite égyptiens, les trois Grandes Lumières que sont l’Équerre, le Compas et la Règle, ainsi que la Lumière Eternelle sont posés sur une table triangulaire appelée Naos, de manière à les positionner au centre même de la Pyramide, lieu que les Anciens égyptiens avaient choisi avec soin pour y installer le coffre ouvert symbolisant le martyr et la résurrection d’Osiris dans la Chambre dite « du Roi ».

Ici tout est symbole rappelle nos Rituels. Le Livre de la Loi Sacrée, posé sur l’Autel des Serments en est l’un des plus significatifs. Ce symbole est souvent controversé lorsqu’il s’agit d’un ouvrage comme la Bible ou le Coran Pourtant ce livre, ouvert sur le Prologue de Saint Jean n’est pas réducteur au point de symboliser une religion, fut-elle d’État. Initiatique par essence, il propose dans son Ancien Testament, l’idée d’une humanité plongée dans l’ignorance, qui dans une période historiquement troublée reçoit une révélation, qui par la suite la conduira sur un chemin d’initié, guidée par les enseignements du Maître. Anecdotique, la Bible, comme le Livre des Morts égyptien, est une compilation d’ouvrages anciens. Elle correspond à une période de l’histoire Judéo-chrétienne dont les religions méditerranéennes se sont inspirées. En s’appropriant ces textes et en superposant le dogme à l’histoire, les religions chrétiennes et coraniques, ont détourné leur sens initiatique. C’est pourquoi, depuis la séparation de l’Église et de l’État, la Franc maçonnerie laïque et républicaine préconise l’invocation au progrès de l’Humanité, et la possibilité de remplacer la Bible par le Livre Blanc, afin d’éviter tout amalgame avec la religion.

Tous ces symboles nous renvoient à cette étroite relation entre l’astre solaire et la Loge. Ils participent notamment à l’ouverture de nos travaux, quand la lumière est la plus courte, lorsque la distance entre ce qui pour nous symbolise le Grand Architecte de l’Univers, et le lieu de sa manifestation.

La voûte étoilée composées de petites étoiles à cinq branches est elle aussi un symbole égyptien. Peinte sur le plafond des tombeaux royaux, elle représentait le monde où séjournaient les dieux. Lorsque pharaon, considéré par le peuple comme un dieu vivant, rejoignait, au crépuscule de sa vie, l’Orient éternel, une nouvelle étoile était censée s’allumer dans le ciel. En Egypte, il n’y eu jamais d’autres formes d’étoiles que celles à cinq branches que nous observons au plafond de nos ateliers. Dans nos Loges, les travaux sont couverts par le Grand Architecte de l’Univers que symbolise cette voûte étoilée.

A l’Orient, la Lune et le Soleil sont représentés. Si les symboles sont universels et n’appartiennent à personne, c’est la manière de les conjuguer entre eux qui personnalise notre Ordre. Comme le précisent nos rituels respectifs, nous travaillons de midi plein à minuit plein, c’est-à-dire lorsque ces deux astres sont à leur zénith. C’est pourquoi les carreaux du Pavé Mosaïque sont alternés Blanc et Noir. Cependant ces deux astres ainsi positionnés derrière le Vénérable Maître, suggèrent également le sens de rotation des planètes et des énergies. Ainsi, c’est parce que la course du soleil se fait de la droite vers la gauche, c’est-à-dire en sens inverse des aiguilles de la montre, que nous marchons de la gauche vers la droite. Nous ne fuyons pas devant les énergies qui circulent dans la Loge, nous marchons au-devant d’elles et nous nous en imprégnons.

C’est aussi pourquoi à la clôture des travaux nous croisons les bras pour entrer dans la Chaîne d’Union. Bras droit sur bras gauche, la main droite donne ce que la gauche a reçu. Notre propre énergie peut ainsi circuler à contrecourant, et chaque participant agissant comme une pile en série sur son voisin, se charge ou se décharge au gré des travaux perçus durant nos tenues. Cette Chaîne d’union qui permet le partage des énergies accumulées durant les travaux, et donne à chacun le sentiment positif d’être en harmonie avec les autres participants, d’être sur la même longueur d’onde en somme, se retrouve dans le symbolisme égyptien. Les dieux principaux de l’Ennéade, sont très souvent représentés se tenant par la main formant une chaîne autour d’un point central symbolisant la manifestation du dieu unique. Cependant, intercesseurs entre dieu et les hommes, ceux-ci se tiennent respectueusement le dos tourné au centre, tandis que nous nous faisons face. Quoiqu’il en soit, le symbolisme égyptiens et celui des Francs-maçons se rejoignent pour faire circuler leurs énergies en sens inverse des aiguilles de nos montres.

La Lune, quant à elle, est toujours représentée montante, car c’est une loi de la nature, bien connue des cultivateurs. C’est à la Lune montante considérée comme bénéfique que tout ce qui doit sortir de terre doit être planté. C’est donc un rappel pour l’Initié, du long cheminement souterrain qui, au cours de ses premiers voyages, l’ont conduit des ténèbres du cabinet de réflexion aux lumières de l’Orient.

C’est pourquoi égyptiens aussi l’utilisèrent comme symbole. Cependant, si la lumière du Soleil, chargée d’énergie positive, était qualifiée « d’ombre de dieu » par les prêtres égyptiens, ceux-ci s’interrogeaient gravement sur cet Astre qui pouvait n’être qu’un miroir reflétant des ondes cosmiques venues d’au-delà de notre système solaire.

Au sommaire de cet ouvrage on parle de :

Jérusalem – le mont Moriat ou Moryah - l’origine égyptienne du Temple de Salomon - le temple céleste et spirituel - les fenêtres – les trois étages - la coudée – les pierres précieuses et les pierres brutes - le silence - le cyprès et le cèdre - les diverses huiles - le Oulam - l’autel des holocaustes –la mer de bronze – les 12 bœufs – Yakin ou Jakin - les figures animales et les kerouvim - les palmiers - le lotus - les grenades - la colonne Boaz - L’Hekal - les 10 candélabres - l’autel des pains et des parfums - l’encens - l’exode - le dévir - l’abeille - la parole - le coffre de l’Alliance - la manne - le bâton d’Aaron - le temple représentation du cosmos - la Jérusalem céleste et terrestre - la Gloire -

 

L’ḖTERNEL APPRENTI OU L’INTELLIGENCE DES MYSTḔRES

Marie Lorenzi & Maxime Giraudon

Edition Dervy

 2016

Les auteurs de cet essai veulent interroger les rituels maçonniques au premier degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté en remontant aux sources historiques et culturelles de ce rite au rayonnement important. Ils cherchent dans la Franc-maçonnerie une réponse au désenchantement du monde et à la mésalliance métaphysique de nos sociétés postmodernes. Marie Lorenzi et Maxime Giraudon postulent l’existence d’une véritable pensée maçonnique dont la mise en œuvre se révèle créatrice.

 

« Elle peut offrir, nous disent-ils, des outils pour cultiver une éthique de soi, un idéal de perfectionnement, nécessairement intime et personnel, dans des temps où la morale sociale devient pour beaucoup une contrainte qui ne s’intériorise plus dans les consciences. »

 

Marie Lorenzi et Maxime Giraudon proposent au lecteur une méthodologie originale pour sortir de l’analyse sèche et stérile du symbole et favoriser un mouvement dynamique. Le symbole, ou le mystère initiatique, n’est pas une simple représentation, il initie un procès initiatique et invite au voyage subjectif plutôt qu’à l’illusion objective.

« En saisissant les paramètres de composition de ces parcours, faits de commentaires narratifs ou argumentatifs, d’imaginaire et de dramaturgie (décor, orientation, gestes, signes para verbaux), on peut espérer que chacun puisse développer, progressivement, ses approches subjectives, que chacun devienne un guetteur de sens, grâce à l’interaction produite entre tous les éléments verbaux, symboliques, spatiaux et temporels de la réalité de chaque tenue. Réalité à la fois objective et partagée, réalité individuelle et incommunicable, fondant déjà de manière diversifiée une forme de la liberté maçonnique. Car la Franc-maçonnerie, en se servant de toute la gamme des signes, communique ses connaissances initiatiques par l’utilisation de plusieurs langages. L’analyse pourra, donc, être linguistique, traitant le niveau oral et verbal, mais aussi sémiotique, envisageant tout le système non verbal de la communication. »

 

La première question que posent les auteurs est celle de la dimension mystérique de la Franc-maçonnerie. Le mystère opère en effet car il résiste à la pensée raisonnante. Le mystère, « la chose secrète » opère dans l’interne et par l’interne. Il touche l’intimité de l’être. Nous avons largement perdu le rapport initiatique au mystère qui était commun pendant l’Antiquité, que cela soit en Grèce ou en Egypte. L’initiation maçonnique est héritière des mystères antiques parce que les mythèmes mis en œuvre par les rituels opèrent au sein de notre imaginaire et modifient favorablement notre modèle du monde et notre expérience de celui-ci.

 

Marie Lorenzi et Maxime Giraudon s’intéressent justement aux structures anthropologiques de l’imaginaire maçonnique avant de traiter de l’émergence du sacré dans le rituel d’initiation. Ils notent la relation, la presque équivalence entre secret et sacré avec cette remarque fondamentale : « Le secret vaut donc moins par son contenu que par la dynamique qu’il instaure, car c’est surtout la progression initiatique qui implique une « sécrétion du secret » (selon une expression d’Andras Zempléni). Comme le souligne très justement Jean Mourgues : « nul n’a droit qu’à la vérité qu’il a su découvrir ». » Cette pensée maçonnique dynamique est le fondement d’une philosophie maçonnique et d’une identité maçonnique, philosophie et identité non pas enfermantes mais ouvertes sur l’altérité.

 

La dernière partie de l’ouvrage aborde la muséalisation des symboles et nous alerte de nouveau sur le rapport que nous entretenons au symbole.

 

« La muséalisation consiste donc à transformer des choses en objets de musée. Sorties de leur ancien contexte, les choses perdent leur fonction. Les objets acquièrent ainsi un nouveau statut. L’objet muséalisé devient pour Krzysztof Pomian un « sémiophore » : un porteur de signe. Il se dote d’une signification particulière, bien loin de son utilité d’origine. L’objet de musée est destiné désormais à être montré. En effet, de multiples raisons ont présidé à sa sélection. Il devient un témoin sacralisé en raison des qualités qu’il présente.

 

Le musée, comme l’atelier maçonnique, n’est pas propriétaire de ses collections, et donc de ses objets, mais il est simple dépositaire ayant la responsabilité de son entretien et de sa préservation. Le tout forme un patrimoine idéalisé de ses valeurs représentatives véritable thesaurus, le « trésor de la loge ».

 

Le risque est grand cependant que les muses désertent aussi bien les musées que les temples maçonniques et que l’intelligence du mystère demeure inaccessible. Cet essai, tout à fait remarquable, introduit à la plurivalence créatrice des symboles, par une méthodologie du lien, aussi bien le lien de la linéarité historique que celui, plus insaisissable, de la transcendance.

 

l’Éternel fil rouge entre la croix, l’Équerre & le compas

R. teillaud – muraccioli

EDITION  DCL

 1998

Chacun de nous, sans en avoir clairement conscience, est imprégné de la culture gréco-romaine d’une part, et de la pensée judéo-chrétienne d’autre part. La Franc-maçonnerie a su le comprendre et tirer magnifiquement parti de ces deux sources, issues elles-mêmes de la nuit des temps.


Par ailleurs, la Tradition Primordiale est, de toute éternité, symbolisée par un FIL ROUGE, qui semble faufiler l’immense fresque de l’histoire des hommes. Très souvent invisible aux yeux des profanes, il n’échappe cependant jamais aux yeux des initiés, aussi bien chrétiens que Francs-maçons. C’est ce qu’a voulu mettre en évidence l’auteur dans cet ouvrage.

 

Une chose est sûre : nous savons où retrouver un Maître perdu. On le retrouverait « entre l’Equerre et le Compas », ou bien « au Centre du Cercle ».Et par un heureux hasard, retrouverait-il lui-même à cet endroit les secrets véritables des MM\ MM\ !Ainsi, est-il permis de penser que ces secrets symboliquement disparus avec Hiram auraient un rapport avec l’Unité ?Nous, Maçons, reprenons la démarche Adamique sur le plan des idées. En nommant les animaux, Adam les faisait exister par le moyen de sons organisés qui contenaient la plénitude de ce qu’il désignait. C’est à dire la chose elle-même, avec le sens de son expression qui permet de la situer dans l’espace et dans le temps tout en précisant sa fonction, sa finalité, son usage, etc.

 

Cette langue merveilleuse et parfaite a été perdue lorsque le 1er couple a heureusement failli aux obligations qui les rendaient semblables aux Dieux. En accédant à la Connaissance, ils ont appris l’expérience individuelle qui peut être expliquée, démontrée, imitée voire transmise mais qui demeure rigoureusement incommunicable. Adam et Eve nous disent de quitter le domaine de l’intellect pour entrer dans le devenir pour espérer Etre. Peut-être notre mémoire nous rappelle-t-elle ce monde-là lorsque par nos rituels nous sacralisons l’espace et le temps ? S’agit-il de nostalgie ou de l’espoir de retrouver pour un moment une étincelle de perfection ? Pour nous mortels, la quête de sens consiste aussi à tenter de comprendre l’ordre des choses. La multiplicité des éléments qui apparaissent indépendants les uns des autres peut-elle être reliés par une Loi qui les gouvernerait tous ? Nous rassemblons ce qui est épars, comme par exemple les pierres, pour qu’elles deviennent Temple qu’il faut ici comprendre dans son sens de Connaissance et d’Unité.

Quels mots allons-nous utiliser pour construire ? Des mots forcément substitués à la langue originelle. Nous avançons prudemment. Tout d’abord apprentis, nous épelons, puis au grade Compagnons nous donnons un mot de passe au risque de le mal prononcer. Au 3ème Degré le Frère 1er Surveillant revient de l’Occident avec un mot de passe et un mot de Maître que le T\V\M\ approuve jusqu’à ce que, dit-il, les mots véritables puissent être retrouvés. Le REAA nous dit que l’on transmet en substitution la première parole prononcée lors de la découverte de la dépouille de Hiram. Hiram, notre semblable, est soulevé par les Cinq Points Parfaits de la Maîtrise et le T\V\M\lui communique aussitôt les syllabes du Mot Sacré des Maîtres.

 

La parole en maçonnerie est considérée comme perdue, parce que, selon la légende, Maître Hiram a emporté son secret dans la tombe. Et pourtant cette parole ne peut être complètement perdue puisqu’il faut que trois maîtres la connaissent pour qu’une loge puisse être opérative. En effet, le roi Salomon correspond à tout Très Vénérable Maître en chaire, Hiram de Tyr au premier surveillant et Hiram Abi au second surveillant. Tous les trois connaissent donc le mot sacré, mais il leur est impossible de le transmettre séparément, c’est pourquoi Salomon et Hiram de Tyr n’avaient pas la possibilité de transmettre ce mot dans les conditions requises après la disparition d’Hiram Abi. De cette légende nous pouvons comprendre que ce qui est perdu, c’est la conception de l’Unité dans l’ensemble de l’ouvrage conçu et organisé par Maître Hiram, d’où la nécessité d’envisager une solution de remplacement, dite de substitution.

 

Le Maître accède au stade supérieur où il est censé avoir la capacité de lire et d’écrire au livre de vie du Grand Architecte de l’Univers, puisqu’il reçoit la planche à tracer. René Guénon dit que ce mot sacré, en réalité n’est pas autre chose qu’une question, et la réponse à cette question serait le vrai mot sacré ou la parole perdu elle-même, c'est-à-dire le véritable nom du Grand Architecte de l’Univers. Cette parole perdue rappelle que le serment maçonnique se prête sur l'Evangile de St. Jean, il débute ainsi : « Au commencement était le verbe, et le verbe était avec Dieu; et le verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui, rien de ce qui a été fait n'aurait été fait. En lui était la vie, et la vie était la lumière des Hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l'ont point reçue… »

 

La parole perdue rappelle la puissance initiale du verbe au commencement de la Genèse, la parole créatrice, qui était l’attribut de l’homme primordial lequel en nommant une chose lui donnait vie. On peut considérer que nommer (à l’origine) c’était avoir la capacité de commander à la matière et de la transformer selon le verbe initial. De ces constatations il ressort que le mot du Maître, le mot ineffable relève d’une connaissance du Principe créateur. Le nommer serait le manifester alors que nul ne peut appréhender la quintessence divine dans son ensemble. Cette parole primordiale a été détruite de par la rupture faite avec le principe créateur. En conclusion de cette parenthèse, peu importe ce qu'était cette parole, peu importe comment elle a été perdue et enfin où et quand la Parole perdue a été ou sera retrouvée ! Le seul élément du mythe à considérer est son interprétation. En considérant l'idée abstraite de la Parole perdue et retrouvée, on peut dès lors la concevoir comme le symbole de la vérité et ses avatars et par l'intérim de la parole de substitution, les composantes d'une symbolique mythique qui représente la recherche de la Vérité.

 

Mais à côté de cette interprétation générale, on peut également concevoir la Parole perdue et retrouvée comme un symbole vers la Lumière et la Vérité, une quête du Graal. Dans ce mystère, les trois compagnons tiennent le rôle capital. En maçonnerie, quand un Compagnon devient Maître, il apprend que trois Compagnons ont commis un crime irréparable en blessant à mort le Maître Hiram. Mais qui sont ces trois compagnons et quelle est leur responsabilité dans ce drame ? Nous les désignerons symboliquement comme étant l'Ignorance, le Fanatisme et l'Ambition. Ces trois attitudes humaines que dans nos Loges nous cherchons à dominer, ont été et seront toujours nécessaires à l'Homme pour qu'il puisse apprendre à travers elles, à vaincre sa propre nature et avancer sur le chemin des mystères et la perfection.

 

L'ignorance : Ce défaut général de connaissance, ce manque de savoirs est redoutable quand l'Homme s'abandonne à elle. Le Fanatisme : le deuxième compagnon, allié à l'ignorance ne peut qu'amener douleurs et peines dans la vie de celui qui est sous son emprise car, aveuglé par une passion qui le pousse à des excès, il sera sourd à tout appel de la raison. Le Troisième compagnon représente l'Ambition sous son aspect le plus négatif et le plus borné, le plus dangereux aussi lorsqu'il prend des formes les plus élaborées et plus insidieuses. Enfin, les défauts symbolisés par les trois compagnons coupables ont été indispensables au drame d'Hiram, car sans eux, cette dernière initiation, celle qui doit permettre l'accès à un plan de conscience supérieur, n'aurait pas eu lieu et se rappelant que les puissances impures sont donc utiles à ce travail d'alchimie spirituelle.

 

Le plus important demeure néanmoins que la Franc-Maçonnerie s'étant incorporé depuis les années lumières un message universel dont l'origine remonte à la nuit des temps est virtuellement la dépositaire de la Parole qui, crée, perdure. La recherche d'une origine historique au mythe en général serait forcément vouée à l'échec au même titre que de chercher qui fut l'inventeur de l'équerre et du compas. La seule différence entre ces deux piliers de la pérennité du travail initiatique tient uniquement aux places qu'ils occupent, car les outils ou symboles permettent la réalisation extérieure, les mythes rattachent l'Homme à la divinité intérieure. Au travers du chemin maçonnique, le mythe d'Hiram signifie en d'autres termes que :

 

1. C'est à une 1ère manifestation du Maître Hiram intérieur, c'est-à-dire du « Fils » que nous portons en nous, que l'Apprenti doit de s'être tranché la gorge, la ré - instauration du « Cherchez et vous trouverez » dans sa personne, soit de son 1er degré de Lumière, lui valant à l'avenir de ne plus compter que sur lui-même et, s'ensuivant de perdre sa « Peau », de mettre fin à son état de dépendance à l'égard d'autrui et de ses points de vue (idées reçues, croyances)
2. C'est à une 2ème manifestation du Maître en cause, de ce Fils intérieur, que le Compagnon se doit d'avoir eu le coeur arraché, le « On vous donne » lui accordant son 2ème degré de Lumière, à savoir le caractère objectif que la perte de sa « Chair » de son ego intéressé, imprime aux vérités qu'il met au jour.
3. C'est à une 3ème et dernière manifestation du Maître s'avérant dès lors le Fils aussi bien de l'homme que du GADLU, que le Compagnon élevé à la Maîtrise doit de s'être partagé en deux, de s'être séparé de son ego, l'autorité royale du Fils exigeant de qui veut l'exercer, et s'en adjoindre les informations des os « complètement secs » Moabon. (Ezéchiel, chapitre 37 et II Rois, chapitre 4 verset 34) Rassembler ce qui est épars. Les messages profonds des mythes sont compréhensibles uniquement à ceux qui en ont la clé, à ceux qui sont aptes à capter le message que le mythe véhicule. C'est cela l'aspect initiatique du mythe, c'est-à-dire, l'accessibilité à une préparation intérieure.

 

En conclusion, rappelons-nous qu'il faut parcourir, étudier et réfléchir sur les rituelsde la Franc-maçonnerie pour apprendre par les grades à passer des ténèbres à la lumière avec à chaque palier, des nuances faites de symboles au moyen du fil rouge qu'est le mythe d'Hiram.

  

le tracÉ du compagnon

Marcel spaeth

EDITION DETRAD

 1996

La question de la géométrie « secrète » des « bâtisseurs de cathédrales » a fait l'objet d'un assez grand nombre de publications, la plupart assez fantaisistes. Les réponses données relèvent principalement du domaine de l'hypothèse et, de ce fait ou de celui de leur pollution par l'occultisme, elles apparaissent nettement insuffisantes voire totalement erronées.

Le concept lui-même est sujet à interrogation. Car, au préalable, que faut-il entendre par géométrie « secrète » ?  S'agit-il tout simplement de procédés géométriques qu'auraient conservés par devers eux ces bâtisseurs afin de maintenir leur monopole sur les chantiers ? Ou bien s'agit-il plutôt d'une dimension ésotérique de la géométrie ?

En fait, il est évident que la vérité participe plus ou moins de ces deux extrêmes. Il serait absurde de croire que, dans le cadre d'associations initiatiques et à une époque aussi portée sur le symbolisme que le Moyen-Age, la géométrie n'ait pas été un support privilégié de spéculations à caractère ésotérique. Mais il le serait tout autant de croire que chacun des membres de ces associations possédait la connaissance pleine et entière de cet ésotérisme — en supposant celui-ci défini et formulé de manière homogène — et était par conséquent capable de l'employer et de le transmettre de manière satisfaisante.

Un autre reproche qu'il nous faut aussi, en préambule, adresser à un grand nombre de ceux qui se sont occupés de cette question, c'est que, convaincus à priori du caractère totalement « secret » de cette géométrie et, de ce fait, de la quasi inexistence de la documentation, ils se sont laissés aller à échafauder ce qui apparaît comme étant davantage des rêveries que des hypothèses, la plupart d'entre elles étant exclusivement centrées sur le fameux « Nombre d'Or », un aspect en réalité assez « secondaire »  de la question et dont l'émergence au premier plan des préoccupations des bâtisseurs, ou, plus exactement, au premier plan de la littérature traitant du sujet, ne date en fait que de la Renaissance 

Au sommaire il est question de :

le compagnonnage, le tapis de loge au 2ème degré, les bijoux mobiles et immobiles, le fil à plomb, le niveau, l’équerre, l’étoile flamboyante, la lettre G, le nombre d’or, la pierre cubique à pointe, etc

 

LE TRḖSOR CACHḖ – LETTRE OUVERTE AUX FRANCS –MAÇONS ET A QUELQUES AUTRES

Michel Maffesoli

Edition Léo Scheer

2015

Lettre ouverte aux francs-maçons et à quelques autres Dans Le Trésor caché, Michel Maffesoli dévoile une franc-maçonnerie à l'opposé des clichés habituels qui la cantonnent, au mieux à la défense du progrès et du rationalisme, au pire à un groupement quasi mafieux.

 

Loin d'y voir une survivance de rites et de croyances dépassés, il montre l'extraordinaire actualité de la franc-maçonnerie de tradition : le secret permet le partage de l'intimité et la cohésion du groupe, le rituel nous rattache au passé et manifeste l'union, le penser libre pousse à refuser le dogmatisme et le conformisme.

 

Ce trésor, les francs-maçons doivent le retrouver et l'exposer, représentant ainsi, pour les jeunes générations, une alternative au matérialisme, une quête spirituelle, l'inscription dans une fraternité, seule à même de rompre avec le principe individualiste. Tel est le paradoxe postmoderne : le travail de la loge s'apparente aux pratiques les plus contemporaines du wiki !

 

Depuis le début du 21ième siècle, plusieurs auteurs, et non des moindres, s'interrogent sur le devenir de la Franc-maçonnerie. Le Professeur Bruno Etienne, inaugurait cette salve, en 2000, avec le toujours d'actualité «Une voie pour l'occident, la franc-maçonnerie à venir». Dans ce livre foisonnant et tonitruant, il fustigeait les appareils obédientiels et en appelait à un retour à la «tradition».

Puis, ce fut, de diverses manières, Alain Bauer, Michel Barrat, Roger Dachez, constatant «Le crépuscule des frères» et appelant aux «Promesses de l'aube». Et voici cette «lettre ouverte aux francs-maçons et quelques autres» du philosophe et sociologue Michel Maffesoli, dont on sait qu'il analyse depuis des décennies la lente agonie d'une «modernité» qui s'est perdue, au lieu d'être rationnelle, dans les croyances «rationalistes» et «progressistes», tout en se raccrochant à quelques «ismes» théoriques, annonçant l'avènement d'une postmodernité vibrionnante, vivante, société collaborative, solidaire (clin d'œil au solidarisme de Léon Bourgeois ?) et empathique.

 

Au «progressisme», il oppose la progressivité de la démarche initiatique maçonnique. A la vision d'un progrès linéaire, il préfère le thème de la spirale. A la fraternité théorique, qu'elle soit maçonnique ou républicaine, il préfère l'afrèrement. Bref, il en appelle à un retour aux fondements, aux fondamentaux, aux fondations et donc à la tradition de la franc-maçonnerie «éternelle», étant entendu que pour lui, comme pour Jaurès, «être fidèle à la tradition, c'est être fidèle à la flamme, non à la cendre».

 

Montrant en quoi la franc-maçonnerie du 18ième siècle, entre esprit des Lumières et référence à la Lumière, a pu être en phase avec «l'air de son temps», il laisse entendre qu'elle s'est peut-être depuis, dans la modernité, et en France, perdue de vue, entre d'un côté la défense dogmatique des valeurs républicaines, de l'autre une spiritualité quasi dogmatique, ce qui est un comble pour une «institution», d'essence libertaire, où l'on est censé apprendre à penser et à dire librement, et non pas à être des «libres penseurs», dont il rappelle, avec malice, que Nietzsche en disait qu'ils n'étaient «ni libres, ni penseurs». L'objectif de cet ouvrage est clair et précis : montrer l'extraordinaire actualité de la franc-maçonnerie «de tradition», en ce sens que le secret permet le partage de l'intimité et la cohésion du groupe (la loge serait un clan appartenant à une tribu...), le rituel nous rattache au passé et manifeste l'union, le penser libre invite et incite à refuser le dogmatisme et le conformisme de la «bien –pensante», quelle qu'elle soit.

 

Le voilà bien « le trésor caché» que les francs-maçons doivent retrouver et exposer, trésor que sont les rites, les mythes, la symbolique et la pratique d'une parole libre circulant librement dans un enracinement dynamique et une fraternité vécue au lieu d'être proclamée de façon incantatoire. Le Frère Bruno Etienne disait de la franc-maçonnerie qu'elle était une vieille ânesse qui ignorait qu'elle portait des reliques inestimables. A sa manière moins tonitruante, mais avec une aussi grande acuité et dans un style plus concis, Michel Maffesoli, nous dit que non seulement ces reliques sont un trésor, non pas à idolâtrer, mais que ce trésor est un trésor d'espérance...

 

Le paradoxe de la franc-maçonnerie à l'aube du 21ième siècle est là : un désir de réenchantement du monde, un désir de spiritualité adogmatique, un désir d'espérance émergent et suintent de toutes les couches de la société, émergences de courants de pensée et de styles de vie qu'analysent depuis de nombreuses années les sociologues, philosophes et anthropologues conséquents ; tous désirs que la franc-maçonnerie a de quoi assouvir si elle veut bien, elle-même, puiser dans son «trésor caché» sous les scories de combats sociétaux ou dogmatiques qui ne sont, finalement, pas les siens.

 

Dans un oxymore tel qu'il les affectionne, Michel Maffesoli, parle d'une «fraternité de combat». C'est bien à un combat que Michel Maffesoli nous invite, celui d'un humanisme intégral, aux antipodes d'un humanisme théorique d'autant plus proclamé que le fait de le proclamer exonère d'avoir à le vivre. Dans certains milieux maçonniques, Michel Maffesoli est considéré comme un «réactionnaire». Cela doit, d'ailleurs, l'amuser. Il l'est certainement, au sens premier de ce mot, dans la mesure où son ouvrage invite à nous réveiller et à réagir contre certaines «dérives» des appareils obédientiels. Plus précisément, disons qu'il est un «hérétique», quelqu'un qui pense par lui-même et nous invite à faire de même.

 

L’ÉVEIL SPIRITUEL SUR LA VOIE DES SYMBOLESDémarche symbolique traditionnelle et spiritualité de rite écossais ancien et accepté

Jean-Emile Bianchi 

Edition Ivoire-Clair

 2012 

On affirme que l’homme serait un être limité par nature, et qu’il n’utilise pas le 10% de ses facultés, comme s’il était partiellement plongé dans un sommeil ou une léthargie profonde.

C’est ce que la plupart des légendes et des mythes des grandes sagesses expriment lorsqu’elles évoquent l’existence d’un personnage endormi, le plus souvent un roi que l’on croyait mort, mais aussi par exemple les 7 dormants d’Ephèse. Ces légendes et ces mythes ne sont pas des créations individuelles et arbitraires, elles revêtent une valeur hautement symbolique.

La Maçonnerie écossaise, continuatrice des anciennes traditions par son corpus symbolique et par son rite, peut également prétendre, comme ces traditions authentiques, à tout être humain pourvu qu’il possède le désir d’ouverture nécessaire pour éveiller en lui ce qu’il y a de plus sacré.

Ce livre permettra aux initiés de retrouver l’ensemble des sources du symbolisme du REAA, mais il ouvre également la porte aux autres rites et aux profanes qui y trouveront un espace de réflexion qui leur permettra d’apprécier les vertus d’une voie initiatique traditionnelle ; hommes et femmes soucieux de s’évader de l’univers matérialiste et à la recherche d’une liberté spirituelle à redécouvrir, ils peuvent trouver dans cet ouvrage des clefs susceptibles d’orienter le sens qu’ils entendent donner à leur vie.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : La Tradition primordiale - La chute ou l’exil spirituel - L’homme en quête du projet divin - La quête de la Vérité et de la Tradition selon les principes du REAA - La question de la Tradition primordiale - La voie particulière du REAA -

Chapitre 2 : Symbolisme et vision cosmogonique du monde - L’initiation à travers le symbolisme traditionnel a conservé une vision cosmogonique du monde - Le Principe ou cause première, et le Principe en action -

Chapitre 3 : Le symbole, outil de base du maçon écossais - Le symbole traditionnel et les principes spirituels de base - Le symbole, son origine et sa sémantique -

Chapitre 4 : De la spécificité du symbole initiatique - Le symbole comme langue sacrée - Le symbole comme moyen d’accès au contenu initiatique de l’Ordre maçonnique -

Chapitre 5 : Le symbole traditionnel, le signe, le non signe, sa force au-delà des outils - Approche sémiotique du symbole traditionnel - Le symbole traditionnel en tant que « stimulus spirituel » - « Force » du symbole traditionnel et les outils symboliques -

Chapitre 6 : Le symbole facteur d’éveil - Le symbole s’adresse à la part « solaire » de l’individu - Le « Fiat Lux » primordial, agent de l’illumination initiatique - Les choses visibles nous unissent aux choses invisibles qui nous habitent - L’homme n’est pas l’être limité qu’il croit être -

Chapitre 7 : L’éveil symbolique ou la libération des conditionnements de l’être - Le symbole moyen de renvoi hiérarchique aux réalités spirituelles - Le Cratylisme et le langage originel - Les vertus transformatrices des symboles et des rites -

Chapitre 8 : Le rite, expression de la « religion » traditionnelle - Le rite, vecteur de la transmission qui conduit à la fusion du sujet et de l’objet, du connaitre et de l’être -

Chapitre 9 : Du rite maçonnique, comme gestuelle sacrée, à la danse rituelle traditionnelle - Le pacte de l’homme avec la Transcendance - La gestuelle sacrée - La conception initiatique et traditionnelle de l’Art - L’Art pour les compagnons du Moyen Âge et de maintenant - Les danses initiatiques symboliques et traditionnelles -

Chapitre 10 : Les anciennes initiations traditionnelles sources symboliques du REAA - La tradition symbolique hermétique ou l’initiation alchimique - La tradition pythagoricienne ou l’initiation par les nombres et la Géométrie sacrée - L’architecture sacrée et la tradition chevaleresque dans une vision de guerre sainte -

Chapitre 11 : La symbolique, concept moderne du symbolisme, thérapie du psychisme humain - De la psychologie et de la psychanalyse envisagée comme science utilisant le symbole - Le Principe et action ou G.A.D.L.U. premier postulat de la démarche symbolique -

Chapitre 12 : La mise en demeure guénonienne, sur les déviances modernistes - L’intérêt matériel dévore tout - Le combat à mener - La composition tripartite de l’être (âme, corps et esprit) comme fondement de l’appréhension spirituelle du symbolisme traditionnel -

Chapitre 13 : De l’universalité de la démarche symbolique traditionnelle - Le symbolisme diluvien - La tradition hindoue - La tradition ésotérique juive - L’islam ésotérique et le soufisme -

Chapitre 14 : La mort initie toute démarche symbolique traditionnelle - La mort substituée et la maladie initiatique - La mort « osirienne », prototype universel de la mort symbolique - Eleusis, et les mystères - Les mystères de Mithra ou la mort du taureau au sang régénérateur - La mort sacrificielle de Jésus - Le Soufisme et la mort d’avant la mort -

Chapitre 15 : La démarche symbolique traditionnelle, voie royale de l’Esprit, rassemble ceux que les religions séparent - La philosophie, la psychanalyse et la psychologie ne peuvent prétendre à l’universalité - Religion et spiritualité, un fondement commun que la religion oublie -

Chapitre 16 : « L’âne d’or » d’Apulée, archétype du roman symbolique, accorde à chacun selon son état d’éveil - L’initiation symbolique osirienne, cadre spirituel du roman d’Apulée - L’accès au monde de l’esprit passe nécessairement par le perfectionnement moral - Lucius, l’homme ordinaire, métamorphosé en âne - L’âne en quête de roses, invité à l’initiation isiaque - le sens et la portée spirituelle des mystères isiaques -

 

le vÉritable secret du maÎtre maçon

hiram

EDITION LE LÉOPARD D’OR

 2005

Le fondement de la Franc-maçonnerie initiatique repose sur le mythe d’Hiram. Celui-ci s’inscrit, par une formulation moderne, dans la suite logique de celui d’Osiris suivi par celui du Christ-Roi. Tous ces mythes, de nature solaire, révèlent le mystère de la vie par la nécessité de la mort suivi de résurrection, autrement dit un changement d’état. Bien entendu cela se conçoit sur un plan uniquement spirituel et non matériel. C’est le symbole de la « Mort du vieil Homme » que tout initié se doit de réaliser en permanence.


L’enseignement initiatique est de nature ésotérique ; il ne peut être compris et vécu que par celui qui a le désir comme la volonté d’accomplir sa destinée d’Homme à l’image de son Créateur. C’est la voie vers la Sagesse et la Connaissance, suivant en cela le message traditionnel des Initiés passés à l’Orient Éternel.


Jusqu’à présent, le mythe d’Hiram ne semble pas avoir fait l’objet d’une étude approfondie sur sa réelle signification ni sa nature véritable qui est d’essence totalement alchimique. Cette alchimie initiatique ne consiste pas en une transformation matérielle métallique, mais en une transmutation de l’esprit et de la conscience de l’initié qui va alors vivre selon la Loi de l’Harmonie Universelle, ce qui lui donnera comme devoir de participer à la Genèse permanente.


Le présent ouvrage est un essai sur l’approche du véritable Mystère de la vie. L’étude du rituel de maîtrise a porté sur les symboles qui y sont exposés et qui sont les portes qu’il faut franchir pour appréhender les concepts qui y sont cachés ; ce n’est que par le concept que se révèle la Loi du Principe Créateur et que la transmutation de l’Être en or resplendissant est possible.

Ce n’est pas un travail exhaustif mais une tentative pour comprendre le sacré et servir de point de départ à des recherches ultérieures à qui le désirera.


Au sommaire :

 

Les grands mystères  -  l’Alchimie -  la cérémonie et le rituel d’élévation à la maîtrise -  l’écossisme – la pureté des mains – les épreuves du compagnon – le sacrifice -  vivre la mort pour devenir la matière vivante de l’œuvre – les trois compagnons – La résurrection ou Palingénésie - le crime des trois compagnons – la mort du Maître – la tombe du Maître – l’Arbre de la connaissance – l’acacia et la Parole perdue – le Pélican – la Pierre primordiale – le Phénix – le corps du Maître qui est devenu Univers – la Veuve qui a construit le lit de résurrection avec la Pierre noire – l’action de la Veuve – Elle noue les chairs, réunit les os et recrée les membres – la transmutation – 9 Maîtres sont partis à la recherche – l’Or Divin – l’équerre à la tête du Maître et le compas aux pieds – l’éveil du Maître – l’ouverture des yeux, de la bouche et des oreilles – les 5 points parfaits de la Maîtrise – la parole retrouvée – la chambre du milieu qui reconstitue ce qui est épars –le serment – les devoirs de Maîtrise – les secrets de la Maîtrise – le tableau de loge des maîtres – la manifestation de l’œuvre -………

 

le viatique d’un franc-maçon

Charles riandey

EDITION DU ROCHER

 1990

« Notre ordre ne subsistera que dans la mesure où il saura se replier sur ses principes premiers… à notre époque d’obscurcissement, de subversion et de dégénérescence spirituelle, la Maçonnerie apparaît comme la seule voie possible pour les hommes qui sont demeurés nobles et libres (…). Nous devons devenir le levain qui restaurera la Tradition, dynamisera la puissance et vitalisera la Règle, afin que l’ordre maçonnique puisse enfin remplir dans le monde le rôle essentiel qui lui est dévolu. »


Restaurer le sens originel et le patrimoine du Rite Écossais Ancien et Accepté, tenter d’en faire prévaloir la mission spirituelle, telles étaient, on l’aura compris, les idées que Charles RIANDEY, sa vie durant, s’est efforcé d’insuffler à la Franc-Maçonnerie… Enjeu d’une croisade qui dura près d’un demi-siècle.


Issu des archives de l’auteur (décédé en 1976), le présent volume porte le témoignage des thèses qu’il développait. Ces pages demeurent d’actualité à maints égards et continuent de déranger les dignitaires de la Franc-Maçonnerie et nombre de ses adeptes.


Ancien Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil, Charles Riandey est l’auteur des Confessions d’un Grand Commandeur de la Franc-Maçonnerie (Éd. Du Rocher).

 

l’hermione – frÉgate des lumiÈres

R. kalbach & j.l. gireaud

EDITION Dervy

 2004

C’est l’histoire de cette frégate qui, en 1780, emmena le marquis De La Fayette vers les Etats-Unis pour aider Georges Washington et les Américains à conquérir leur indépendance face aux Anglais. Cette odyssée est ici très bien racontée avec tous les arrières plans politiques, économiques, stratégiques, philosophiques, culturels et maçonniques.

 

Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834) s’engage dans l’armée française qu’il sert de 1771 à 1776. Nommé capitaine, le jeune homme, orphelin de père et de mère, embarque pour l’Amérique le 26 avril 1777, depuis le port espagnol de Pasajes, à bord de La Victoire, un bateau qu’il a lui-même acquis :

 

la lutte pour l’Indépendance fait vibrer son cœur et son esprit bouillonnants.

 

Il débarque en Caroline du Sud le 13 juin mais ne participe à sa première bataille que le 11 septembre, à Brandywine. Il y est blessé. Peu après, George Washington, qui s’était d’abord montré interrogatif sur la réelle valeur du jeune Français, lui confie le commandement d’une division.

 

La Fayette est de retour en France en février 1779 mais reprend la mer l’année suivante, au sein d’un corps expéditionnaire français, placé sous les ordres de Rochambeau.

Débarqué à Boston après un voyage à bord de l’Hermione le 28 avril 1780, il participe au siège de Yorktown : les Anglais capitulent le 19 octobre. De retour en France, le soldat cède la place au diplomate. En lien avec Benjamin Franklin, La Fayette tente d’empêcher l’Angleterre de signer une paix séparée avec les États-Unis. Le 28 juin 1784, il s’embarque une nouvelle fois pour les États-Unis, où il est considéré désormais comme un héros. Il y retournera d’ailleurs, bien des années plus tard, en 1824, et sera reçu comme un « hôte de la nation ». Cette formidable popularité américaine du marquis de La Fayette, s’incarne aujourd’hui encore sur le sol américain : aux États-Unis, 31 villes et 17 comtés portent son nom.

 

L’Hermione, une frégate au service de l’Indépendance : C’est le 10 mars 1780 que le marquis de La Fayette embarque sur la Frégate Hermione qui a été mise à la mer un an auparavant. L’équipage est commandé par Louis René Magdeleine Le Vassor de La Touche. La traversée de l’Atlantique prend 38 jours et, le 28 avril, La Fayette débarque à Boston. Mais la vaillante frégate qui a acheminé le marquis n’en a pas fini avec sa mission en Amérique. Elle reprend la mer le 14 mai 1780 pour effectuer une mission de surveillance qui la conduit de la baie de Boston à celle de Penolscot. Moins d’un mois plus tard, alors que l’Hermione croise près de Long Island, elle livre bataille contre une frégate anglaise, l’Iris. Le bâtiment français est touché, l’équipage déplore dix morts et près de 40 blessés dont La Touche mais les Anglais sont défaits. Les annales mentionnent que l’Hermione a tiré 260 coups de canons en moins de deux heures de combat !

 

Un an plus tard, le 16 mars 1781, la frégate est à nouveau au cœur d’une bataille contre les Anglais dans la baie de Chesapeake et, le 4 mai, elle a l’honneur d’accueillir à son bord le Congrès Américain. Elle s’illustrera encore dans une autre bataille, le 21 juillet de la même année, à Louisbourg au Canada. Après ses années héroïques dans le Nouveau Monde, l’Hermione est de retour à Rochefort le 25 février 1782. Pourtant sa carrière n’est pas finie. Elle escorte notamment des navires marchands jusqu’en Inde. En 1793, le bateau heurte des hauts-fonds au large du Croisic : le capitaine Pierre Martin qui la commande demande à l’équipage d’évacuer et la glorieuse frégate sombre peu après.

 

L’Hermione retrouve ainsi son aïeul mythique, l’Océan, puisque, on le rappelle, la frégate porte le nom d’une princesse grecque, fille du roi Ménélas et de la belle Hélène, elle-même engendrée par l’Océan


Une belle histoire.

 

l’idÉe maçonnique – essai sur un philosophe de la franc-maçonnerie

Henri TORT – NOUGUES

 

 2000

L’auteur ancien G. M. de la GLF explique sa philosophe de la Franc-maçonnerie. Partant des constitutions d’Anderson, il passe en revue les courants et idées qui ont traversé la Franc-maçonnerie. Ce livre se veut un acte de foi en l’homme et acte d’espoir envers l’humanité.

 

La réédition de ce livre à une époque où la Franc-maçonnerie se cherche vainement un nouveau souffle philosophique n’est pas anodin. Henri Tort-Nouguès fut Grand-maître de la Grande Loge de France de 1983 à 1985, après quarante ans de quête initiatique et un long parcours au sein du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Enseignant en philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles Henri Tort-Nouguès est aussi un philosophe de tradition et un philosophe de la tradition. Son essai, un acte de « bonne foy », n’est donc pas œuvre d’érudition mais l’application du principe antique qui veut qu’être philosophe, c’est vivre en philosophe. En écho à Montaigne, il est lui-même l’objet de sa pensée dans son parcours initiatique au sein de la Franc-maçonnerie. Les thèmes sont classiques : histoire de la Franc-maçonnerie, le Grand Architecte de l’Univers, les Trois Grandes Lumières, la voie initiatique, la pensée symbolique, l’ordre, le rite, la loge, et les questions de rapport, Franc-maçonnerie et politique, Franc-maçonnerie et Eglises, Franc-maçonnerie et monde moderne. Le traitement en est rigoureux et porteur d’une ouverture. Plutôt que de conclure, Henri Tort-Nouguès préfère, en philosophe, questionner.

 

Le sens de l’initiation apparaît non à grands traits par des définitions mais par de petites touches, des pensées justes qui se répondent les lunes les autres et tissent le sens. « Tout homme éprouve le désir de s’évader de la sphère étroite de son moi, de son environnement, de sa vie, de son espace et de son temps et c’est en ce sens qu’il est l’être du voyage, l’être de l’itinéraire, qu’il est homo viator (Gabriel Marcel). Et même si le voyage ne l’amène pas vers un ailleurs, mais s’il lui permet seulement de se découvrir soi-même dans sa vérité, de se voir autrement et de voir le monde et les autres autrement. « Le seul véritable voyage ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux » écrit Proust dans La recherche du temps perdu. Et comme un écho revient à notre mémoire, cette parole de Théodore à Ariste dans les Entretiens sur la métaphysique et la religion, de Malebranche « non, je ne vous conduirai pas dans une terre étrangère, mais je vous montrerai peut-être que vous êtes étranger dans votre propre pays ». Tout homme est un étranger, tout homme est un être séparé, séparé du monde, des autres et de lui-même et séparé du monde, des autres parce qu’il est séparé de lui-même. »

 

L’initiation consiste bien à se rapprocher de soi-même, de son principe disait Louis-Claude de Saint-Martin. Là est la liberté. Ce chemin de liberté nécessite des outils, les symboles et les traditions. « La pensée symbolique, précise Henri Tort-Nouguès, rend possible à l’homme la libre circulation à travers tous les niveaux du réel. le symbole identifie, assimile, unifie des plans hétérogènes et des réalités en apparence irréductibles. » Le rite qui présente et assemble les symboles est le véhicule privilégié de cette pensée symbolique. « Le rite apparaît d’abord comme un langage mais un langage qui se prolonge et se déploie dans une action. Il a pour fonction de nous faire pénétrer au-delà du monde empirique, au-delà du monde profane, de nous mettre en contact avec ce que, depuis Rudolf Otto, on nomme le « numineux ». Cette expression vient du latin numen qui signifie « volonté » et plus précisément « volonté divine », « puissance agissante de la divinité ». Par le rite, grâce au rite, l’homme établit une relation avec ce qui le dépasse, avec le cosmos, avec le divin, avec le sacré. »

 

De la même manière qu’il refuse d’opposer « opératif » et « spéculatif », Henri Tort-Nouguès se garde de bien des antinomies. « Et de même que dans l’initiation maçonnique on ne peut dissocier l’intelligence et le sentiment, le pensé et le vécu, on ne saurait dissocier le savoir et le faire, le connaître et l’agir. En ce sens, elle interpelle l’homme tout entier, dans toutes ses dimensions, intellectuelle, sensible, affective, dans son être le plus profond et le plus haut, dans ce qu’il est véritablement et dans ce qu’il aspire à être, à devenir, non seulement dans ce qu’il est mais ce qu’il fait, qu’il entreprend de faire ?  C’est parce que l’initiation maçonnique s’adresse à l’homme tout entier, et à  l’homme éternel qu’elle n’est pas une idée dépassée ou anachronique mais qu’elle reste actuelle et conserve sa valeur. » Henri Tort-Nouguès nous parle du franc-maçon comme « homme de l’art ». L’initiation est bel et bien un art, un art qui libère et conduit à la Lumière.

 

l’influence de St Jean dans la Franc-maçonnerie

Hervé dannagh

DERVY

 1999

Pourquoi l’invocation à St Jean, se retrouve-t-elle dans de nombreux livres, rituels et rites maçonniques ? Pourquoi, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, la Bible est-elle ouverte au prologue de l’Évangile de Jean ?


S’agit-il de St Jean Baptiste, c’est-à-dire le témoin de lumière, ou bien de Jean l’évangéliste ? Est-ce une référence directe au Nouveau Testament et peut-on dire alors que le christianisme aurait influencé la pensée maçonnique ?


Telles sont, parmi d’autres, les questions auxquelles l’auteur tente de répondre afin de faire comprendre l’importance de St Jean en maçonnerie.

 

 

 L’INITIATION DES FEMMES DE L’ANTIQUITḖ A LA FRANC-MAÇONNERIE     -       70   -

 Lucie Leforestier

Edition Maison de vie

 2016

De l'Egypte ancienne à la Franc-Maçonnerie d'aujourd'hui, en passant par Babylone, la Crète, la Grèce, l'empire romain, le Moyen Age européen et ... Mozart, l'auteure traque les différentes manifestations de l'initiation féminine à travers le temps et l'espace. Elle dégage ainsi ses caractéristiques propres qui la rendent " non solubles " dans l'initiation masculine

 

Les Grecs et les Romains ont perpétué l'héritage de ces communautés initiati­ques Egyptiennes :
les servantes d’Artémis, les Vestales, les Bacchantes !
 

Pythagore fit de la femme une compo­sante de ses communautés initiatiques basées sur un enseignement ésotéri­ques fondé sur la Géométrie sacrée.

La famille était pour Pythagore le premier cercle communautaire. Les Vestales, dans la Rome antique, assurent une forme initiatique bien particulière : elles incarnaient la Tradi­tion. Aucun acte religieux à Rome ne pouvait se faire sans les Vestales. Elles utilisaient des pratiques rituelles bien connues : l'eau et le feu qui brûlent éternellement au centre du Temple.

 

La Tradition initiatique du Feu et de l'Eau, du pouvoir féminin, s'est per­pétuée chez les Celtes. Les Druidesses ont existé ! Les récits historiques sur le Celtisme affirment tout cela. L'Irlande a, dans ses propres traditions, des com­munautés de femmes qui, progressive­ment, se sont intégrées au christianis­me montant et intolérant de la fin du Moyen-Age. Les Communautés de Tisserands et tous les métiers du tissage étant réservés aux femmes, la quête initiatique est symbo­lisée par le fil qui relie le monde des hommes au monde d'en-haut. Le Mon­de Horizontal au Monde Vertical !

 

Les Maîtresses d'Oeuvre qui ont fondé et institué des communautés initiati­ques ou religieuses ont existé de tous les temps. Certaines femmes dans le haut moyen-âge, dans des endroits pri­vilégiés, Bretagne, Irlande, autrement dit dans des possessions celtiques, ont toujours transmis la Tradition et parfois donné les Ordres aux maîtres d’oeuvre masculins qui n'étaient là que pour exécuter les plans. Les Druidesses pou­vaient transmettre aussi bien aux fem­mes qu'aux hommes.

 

Les Premiers Chrétiens reprennent la Théologie Judaïque à laquelle ils n'y ont rien changé puisque c'était le sou­hait du Nazaréen ; le rôle de vecteur de la foi, tant d'un point de vue sacra­mental que doctrinal, est assuré par les hommes et les femmes. Il est inutile de préciser que les Diacres, les Prêtres, les Evêques, enfin tous les membres de l'Eglise, sont mariés avec une seule femme.

 

Un seul être, qui aujourd'hui est véné­ré par la quasi-totalité du Christianis­me (sauf les Orientaux), était en fait un anti féministe primaire : le fameux Saint Paul ! Ce Juif, Saül, qui sur la route de Damas a eu la Révélation, l'Illumination, la Conversion immédiate. Les Transfuges sont souvent plus sectai­res que ceux qui les reçoivent ! Paul a condamné la Femme dans la Foi chrétienne à son rôle au combien im­portant et hautement initiatique, l'En­fantement.

 

Les Congrégations Religieuses actuel­les comportent dans leur Rituel des empreintes exclusivement féminines. La présence de l'Evêque dans la Ré­ception de Novices est, selon moi, une aberration et en fait la Mainmise du Pouvoir Masculin, fut-il religieux et sacerdotal, sur une Initiation typique­ment féminine. N'oublions pas que certaines femmes, au temps de la Chevalerie, ont armé des Chevaliers; cela signifie qu'elles en avaient le Pouvoir, l'Autorité et les Transmissions nécessaires pour le fai­re.

 

Alors, que s'est-il passé entre ce temps-là, où la femme possédait la toute puis­sance d'initiatrice, et nos jours sombres où elle a l'illusion de l'avoir ? Il y a eu la Mise en place du Catholi­cisme qui, entre parenthèses, veut dire Universel. Nous pouvons d'ailleurs nous poser quelques questions sur ce terme ! Nous savons le rôle important des femmes dans la Chré­tienté des premiers siècles. Les premiers conciles, et comme tous les conciles, ont codifié, structuré, et fait évolué le Dogme pour en faire ce que nous connaissons à l'heure actuel­le. Ils ont même supputé que la Femme n'avait pas d'âme.

 

Que dire alors de certaines femmes comme Marie Salomé, Marie Madelei­ne et Marie, la mère du Christ, qui ont certainement joué un Rôle Initiatique de premier plan. Dans le Midi, dans cette Oc­citanie brillante et riche, les femmes avaient les même facultés que les hom­mes; ainsi les Parfaites transmettaient les Sacrements Cathares. Qu'a fait l'Eglise ? Un seul mot !!!! «INQUISITION», du Sang Pur sur Mains consacrées, mais sales. L'essor de L'Eglise a réduit petit à petit le rôle de la femme à sa plus simple expression : donner la Vie. En agissant de la sorte, les femmes ont perdu leurs attaches à des formes spécifiquement féminines d'Initiation.

 

La franc-maçonnerie, reconnaissant le dogme de l'Eglise dans ses déclarations de 1717, a toujours été considérée comme une voie initiatique exclusi­vement Masculine. En effet, même du point de vue historique, les Collegia Romaines, les Guildes, les Moines Bâtisseurs, les Compagnons Bâtisseurs de Cathédrales ont été cornposés unique­ment d'hommes de métiers. La femme devait sûrement jouer un rôle autour de ces Constructeurs. Rôle que nous ne connaissons que peu ou pas. Etait-elle Maîtresse d'oeuvre ? Avait-elle un rôle de «Mère», comme chez les Compa­gnons ?

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Egypte ancienne :  l’enseignement des mythes  -  le clergé féminin  -  Néfertiti  -  Isis, figure centrale de l’initiation   -  Babylone :  La quête d(Inanna   -  Crète et Grèce anciennes :  Ariane et le Minotaure  -   Déméter et les mystères d’Eleusis  -   Les Pythagoriciennes   -  les Muses   -  Hypatie   -   Empire Romain : Le culte de Cybèle, mère des dieux   -  les Vestales   -  la transmission de la garde du feu   -   Le mystère marial : La symbolique de la Vierge   -  les chanoinesses de Remiremont   -   Herrade de Landsberg   -   L’Hortus deliciarum   -  les sept arts libéraux   -   Hidegarde de Bingen   -   les Béguines   -  L’initiation de sœur Katrei   -  les tapisseries de la Dame à la licorne    -   Mozart : un nouvel élan pour l’initiation féminine  -  amour de la liberté et de la lumière   -  la Franc-maçonnerie et l’initiation féminine  -  la Maçonnerie d’Adoption   - 

 

 

 

L’INITIATION D’UN MAÎTRE D’ŒUVRE, selon Villard de Honnecourt     -         N°  53      -

Roland Théus

Edition  Maison de Vie

 2012 

Le Maître d’œuvre Villard de Honnecourt (XIIIe siècle) a légué sa science et transmis la tradition des bâtisseurs à travers un carnet de dessins, conservé à la Bibliothèque Nationale. Dans ce document inestimable sont révélées les étapes de l’initiation d’un Maître d’œuvre qui n’ont perdu ni leur profondeur ni leur actualité. Les voici racontées et exposées grâce à cette étude novatrice.

Formé de 33 feuillets de parchemin, le carnet de Villard a fait l’objet de plusieurs publications et études. A travers certains de ces dessins, en effet, se dévoilent les phases de l’initiation d’un grand Maître d’œuvre à l’époque des cathédrales, ce livre en propose un sens de lecture actualisé car ces carnets sont loin d’avoir livré tous leurs secrets.

 

Dans un premier dessin est représenté deux personnages : le premier est apparemment en pleine affliction, recroquevillé sur lui-même, le visage enfoui au creux du bras, masquant son regard. Grimpant sur sa monture, le second a une toute autre allure. A l’évidence, un fait majeur s’est produit, une mort à un état d’ignorance et une naissance à un état de voyageur équipé pour le chemin.

Le premier personnage symbolise l’homme privé de lumière, et qui enfermé dans  le mode souterrain de la terre, effectue son premier voyage de purification et de réflexion, avant d’affronter les 3 autres voyages qui vont se faire à l’intérieur du Temple. Ces voyages se feront avec l’aide d’un expert lui fera traverser des obstacles, mais le soutiendra de sa main ferme.

Une fois les voyages terminés, le nouvel initié est comme ce chevalier qui est superbement équipé et qui se fait peut être des illusions sur ses capacités. Le voyage sera difficile car ce qu’il va chevaucher, c’est la Tradition, la cabale chrétienne ou hébraïque (cabale a ce double sens : tradition/cheval), et celle-ci n’est pas facile à maîtriser. La cabale est la capacité à décrypter les symboles, à interpréter les textes  sacrés et à lire le livre de Vie.

Pour aller vers l’être solaire qui naîtra peut être, deux impératifs : d’une part, être équipé comme un Apprenti portant sa vêture ; d’autre part, un moyen de transport, car l’initié doit maintenant avancer, accomplir des pas ; or le mode de déplacement des initiés est la cabale, la tradition ésotérique, donc le cheval.

« Un homme noble partit pour un pays lointain afin d’y obtenir un royaume et il revint ensuite » dit Maître Eckhart.

 

1e Etape : S’engager sur le chemin initiatique – la Renaissance et le voyage de la cabale

2e Etape : Vanité et humiliation ou les épreuves de l’air et de la terre  - combat entre vice et vertu qui ne peuvent franchir les portes du Temple – la chute répété ou cohobation  - s’élever vers l’humilité  - L’apparition du volatil  -

3e Etape : Rencontrer le lion : un combat céleste – Maîtrise des feux  - les phases du combat et mourir à l’individualité – La lumière devient perceptible

4e Etape : La fidélité à l’harmonie créatrice -  deux  perroquets  - le chien  -

5e Etape : La mutation de la spirale  - l’enseignement de l’escargot -   l’éveil de l’initié

6e Etape : Le dialogue de la mise à nu  - L’esprit s’incarne  -

7e Etape : Tout se dévoile  -  le vase scellé  - la connaissance du trois –

8e Etape : Feu secret et dualité créatrice  - chantepleure  - l’énigme des textes  - le pouvoir de l’aigle –

9e Etape : Le chemin de la géométrie sacrée  -Trois parcours symboliques

10e Etape : Incarner l’acte créateur  - les trois poissons  - le visage du mystère – le sanglier et la maîtrise de la force  -

11e Etape : La rencontre avec la Sagesse  - Formation d’un couple royal  - porter le regard au-delà du visible  -

12e Etape : Le Soleil de la pensée et le plan du Temple  - l’humilité féconde  -  la tête de l’œuvre -  le plan du Temple  -

13e Etape : Amour, Sacrifice et tradition ancestrale  - le pélican ou le don nourricier  - la chouette  -  le Maître d’œuvre  - la pie  -  le fixe et le volatil  -

14e Etape : Sagesse et coupe d’immortalité  - la couronne -  la coupe et l’oriflamme    -  la sagesse illuminatrice   -

 

l’internet est-il maçonnique ?

Jiri pragman

 IVOIRE – CLAIR

 2005

La Franc-maçonnerie se veut une société « discrète », sinon « secrète ». La très complète enquête de longue haleine de Jiri Pragman démontre qu’elle est pourtant bien présente sur Internet, au vu et au su de la planète entière.
Sites web d’obédiences, de Loges ou sites personnels d’initiés, blogs, listes, forums et groupes de discussions, c’est toute la palette des nouvelles technologies d’information et de communication, d’extériorisation ou d’échange par les Frères et les Sœurs mais aussi par certains de leurs opposants.


Jiri Pragman, spécialiste des différents usages de l’Internet, auteur du Blog Maçonnique et lui-même Franc-maçon, décrypte l’activité maçonnique sur la Toile et analyse les similitudes et divergences entre le monde électronique et celui de la Maçonnerie. Son étude, mise à jour et complétée, recense plus de cinq cents liens et ressources.


Des centaines de liens vers des sites maçonniques.

 

l’invention de la Franc-maçonneriedes opératifs aux spéculatifs

Roger dachez

VEGA

 2008

Longtemps, dans l’esprit des maçons eux-mêmes et du public, histoire, légendes et mythes ont été confondus, concernant les origines de l’une des plus anciennes sociétés initiatiques de l’Occident.


Démêlant le vrai et le faux, le mythe et l’histoire, les certitudes et les suppositions, cet ouvrage de référence, fruit de vingt ans de recherches dont il est la synthèse, met en perspective et, avec clarté et précision, montre comment et pourquoi s’est constitué, à l’époque des Lumières, l’Ordre maçonnique.


Ainsi clarifiés et vivifiée, l’histoire vraie des origines de la Franc-maçonnerie révèle une aventure humaine et intellectuelle plus riche que celle des légendes, ramenant celles-ci à leur fonction première de « mythe fondateur ».


Loin de ne concerner que les adeptes de la Franc-maçonnerie, cet ouvrage apporte une pierre essentielle à l’histoire des idées, éclaire avec lucidité et érudition la création de cette « mystérieuse » société de pensée et signe ainsi la fin des légendes dans ce domaine.

Une institution comme la Franc-maçonnerie, qui fait de la transmission un problème central et même l’une des conditions essentielles de sa légitimité, ne peut éviter, dans la constante réflexion qu’elle doit opérer sur elle-même, la question de ses origines historiques.

Dans ce domaine, comme en beaucoup d’autres, des historiens peu sûrs, sans rigueur et sans méthode, ont trop longtemps sévi – et sévissent parfois encore –, colportant sans vergogne les légendes les plus folles et recopiant avec application des fables sans fondement. On peut encore trop souvent lire de regrettables ouvrages maintenant l’affligeante confusion entre la maçonnerie opérative et le Compagnonnage – qui n’a jamais donné naissance à la Franc-maçonnerie spéculative, ou contant à nouveau les plus invraisemblables histoires sur la  « science mystérieuse  de l’Ordre du Temple », présenté comme le précurseur immédiat de la Franc-maçonnerie, et n’hésitant pas à conduire les lecteurs en Écosse pour y rechercher, dans des ruines templières, les restes d’Hiram, l’architecte supposé du Temple de Salomon à Jérusalem…

 

Ce livre, qui tente de se situer aux antipodes de ces errements, est la synthèse de plus de vingt années de recherches, d’études et de réflexion sur le problème toujours ouvert des sources de la Franc-maçonnerie spéculative : la date fameuse du 24 juin 1717, quand fut fondée à Londres la première Grande Loge, n’y est donc pas considérée comme un point de départ mais comme un lieu d’arrivée.


 

Chapitre I

La maçonnerie opérative : mythes et réalités

Les chantiers des cathédrales Le monde opératif : guildes, corporations et confréries

Le problème du Compagnonnage

Pour en finir avec l’Ordre du Temple… et le « secret » des bâtisseurs 

Le cas singulier de l’Écosse

Un monde multiple

Chapitre II

Vers la Franc-maçonnerie spéculative : la thèse de la transmission

Le « péché originel »

Les Loges de la période de transition

Les étapes de la transition

Les modalités de la transition

L’avènement de l’a Franc-maçonnerie spéculative

Chapitre III

Une révolution conceptuelle : la thèse de l’emprunt

Un freemason peut en cacher un autre

Opératifs et non-opératifs

L’hypothèse de l’emprunt

La maçonnerie spéculative et le « Réveil » de 1717.

Chapitre IV

À la recherche d’une origine : la litanie des hypothèses

Une théorie politique

Une piste religieuse

Une voie charitable et fraternelle

Chapitre V

Retour vers l’Écosse : la Terre Promise ?

William Shaw, fondateur de la Franc-maçonnerie ?

La Franc-maçonnerie en Écosse au XVIIIème siècle

De James Anderson à Jean-Théophile Désaguliers : le dilemme de la poule et de l’œuf …

 

l’invisible collÈge

Robert LOMAS

EDITION DERVY

 2005

En 1660, quelques mois après la Restauration de Charles II, un groupe de douze hommes, dont Robert Boyle et Christopher Waren, se réunirent à Londres pour créer une société destinée à étudier les mécanismes de la nature. À une époque où la superstition et la magie gouvernaient la raison, où le dogme répressif de la foi chrétienne réduisait au silence nombre d’individus et où les loyautés d’après-guerre ruinaient les carrières, ces hommes interdirent les discussions religieuses et politiques au cours de leurs réunions. La Royal Society – la Société royale de Londres – était née et, avec elle, la science expérimentale moderne.


Cette situation paraît assez improbable, mais le fait que les membres fondateurs de la Royal Society fussent issus des deux camps d’une guerre civile brutale rend son origine d’autant plus étonnante. Le Collège invisible est l’étude fascinante du turbulent contexte politique, économique et religieux dans lequel est né la Royal Society – l’époque de la guerre contre les Néerlandais, de la Grande peste et du Grand incendie de Londres.


Plus particulièrement, cet ouvrage unique révèle les desseins cachés d’un homme, Sir Robert Moray, le moteur de cette société érudite, bien qu’il ne fût pas lui-même scientifique, mais le premier Franc-maçon spéculatif historique. En se fondant sur son expérience approfondie d’une autre organisation qu’il connaissait bien et sur les principes sur lesquelles cette dernière était fondée, Moray fut en mesure de structurer et de trouver des financements pour la Royal Society. Précisément, cette autre organisation – « l’Invisible Collège», comme l’appelait Boyle – est aujourd’hui connue sous le nom de Franc-maçonnerie.


Le Collège Invisible va vous permettre de découvrir ou redécouvrir nombre des événements clés de cette période troublée et il vous montrera comment la Franc-maçonnerie, soutenue par le roi Charles II d’Angleterre, fut la force motrice derrière la naissance de la science moderne, sous le couvert de la Royal Society.

 

loge sant jordi

Sant jordi

ORIENT DE GÉRONE - Espagne

 1985

C’est l’histoire de la Loge Sant Jordi n° 2 à l’Orient de Gérone (Espagne).

 

Très grand format sur papier arches, elle est agrémentée de plusieurs eaux fortes et d’un calque comportant les marques opératives gravées dans la pierre de la cathédrale de Gérone, cathédrale qui touche le quartier juif, fait face à l’école coranique et jouxte une loge maçonnique.

 

On est encore au siècle espagnol où les idées et les religions vivaient en paix.

 

loges & francs-maçons – cÔte basque et bas-adour

Jean crouzet

ATLANTICA

 1998

Bayonne avec son environnement de la Côte basque et du Bas-Adour, a été tout au long des XVIIIème et XIXème siècles, une terre d’accueil ouverte au négoce et au brassage des idées.

 

Vingt ans après la parution à Londres des Constitutions d’Anderson, texte fondateur de la Franc-maçonnerie moderne, s’ouvrait dans nos murs La Saint-Jean de l’Union Cordiale sous la houlette d’un négociant basque de confession réformée : Timothée Lichigarray. Elle était l’une des dix-neuf loges hors Paris, recensées dans le royaume de France en 1744.

 


C’est ainsi que notre région a connu durant deux siècles, et bien mieux que le Béarn voisin, une Franc-maçonnerie et une étude des diverses loges ayant vu le jour dans notre région.


Dans une seconde partie, l’auteur, membre de l’IDERM (Institut d’Études et Recherches Maçonniques), recense près de trois mille fiches de Francs-maçons locaux : des grands bourgeois, négociants, banquiers, hommes de loi ou hommes politiques, aux plus modestes artisans, se retrouvant en loge sur un pied d’égalité pour travailler fraternellement à l’avènement « d’une humanité meilleure et plus éclairée ».

 


Les lecteurs y découvriront peut-être quelque ancêtre ou du moins de nombreux noms connus…

 

L’ORDRE DES F \M \ TRAHIS ET LEURS SECRETS RÉVÉLÉS

Par l’Abbé PERAU

EDITION A L’ORIENT

 1989

Reprise de l’édition de 1745 et un des premiers livres maçonniques parus en France. On y trouve le catéchisme des trois premiers degrés et les cartes des tableaux de loge de l’époque.

 

Après la divulgation anglaise de Samuel Prichard, rien d'important ne fut plus publié en Angleterre avant 1760, en dehors de nouvelles éditions de "Masonry Dissected", qui eu pour effet de stabiliser le rituel pratiqué en Angleterre, en servant d'unique référence. Les textes français furent beaucoup plus nombreux, variés, et leur forme narrative possède l'avantage pour le lecteur d'aujourd'hui, de mieux croquer les détails des cérémonies qui apparaissent de manière très vivante, et de s'attarder sur les Travaux de Table qui n'avaient auparavant fait l'objet d'aucune description.

La période 1737-1751 est celle de l'éclosion de ces divulgations françaises dont aucune n'est officielle et dont la plus part est anonyme. Le principe des droits d'auteur, au sens actuel, n'existant pas à l'époque en France, ces textes se copient largement mutuellement, parfois mot pour mot.

Le premier texte en langue française, qui n'est précédé en Europe continentale que par une version allemande de "Masonry Dissected" publiée en 1736, est "La Réception d'un Frey-Maçon" publié à Paris en 1737. Ce texte fut réédité très largement puis également traduit en anglais, allemand et hollandais.

Son auteur véritable est le Chevalier René Hérault, Lieutenant Général de Police à Paris, dont le souhait est de rendre ridicule les réunions Maçonniques de l'époque. Un an plus tard est publié en Français, à Londres, en 1738 "La Réception Mystérieuse". Ce texte anonyme de soixante-huit pages ne compte que neuf pages originales, les autres étant empruntées soit à la traduction de "Masonry Dissected" soit à la divulgation d'Hérault. Emanant d'un auteur qui visiblement n'est point Maçon, il contient des confusions grossières et présente peu d'intérêt.

Le "Secret des Francs-Maçons", publié à Genève en 1742, est un des textes les plus célèbres. Il est le fait de l'Abbé Gabriel, Louis, Calabre Pérau qui, lors de la première édition, n'est pas Maçon mais néanmoins très bien renseigné, et qui, selon toute probabilité, a été reçu peu de temps après, puisque lors de la nouvelle édition de 1744, revue, corrigée et augmentée, l'auteur indique qu'il vient d'être reçu Maçon, fait confirmé par son concurrent Travenol qui critique les omissions du "Secret des Francs-Maçons" de 1742, en indiquant que " maintenant qu'il a reçu la lumière, l'auteur est bien placé pour se rendre compte de ses erreurs". C'est le seul ouvrage, sur la Franc-Maçonnerie, de Pérau qui par ailleurs publia de nombreux travaux littéraires et obtint une chaire à la Sorbonne. La plupart des éditions du "Secret" sont accompagnées d'un recueil de chansons maçonniques et de quelques pièces de poésie.

"L'Ordre des Francs-Maçons Trahis, et le Secret des Mopses Révélé", Amsterdam 1745. Ce texte eut un grand succès puisqu'on dénombre une quinzaine d'éditions étalées entre 1745 et 1781. Il fut traduit en Allemand, Hollandais et Danois dès l'origine. Il s'agit d'une compilation qui a le mérite de ne prendre que le meilleur de l'époque. Son auteur est inconnu, certains analystes l'attribuent à Pérau au moins pour partie.

 

l’ordre & les obÉdiences

Marius lepage

EDITION DERVY

 1993

D’une façon générale, les Français, y compris les Francs-maçons, n’ont que peu de possibilités de prendre une connaissance exacte, même superficielle, de la Franc-maçonnerie.

 

La plupart des ouvrages sur ce sujet ont disparu, surtout depuis la période 1940 – 1944. Ainsi les Maçons sont à la merci de leurs adversaires qui peuvent impunément mentir, déformer les textes les plus clairs, ajouter la calomnie à l’injure sans que la vérité puisse leur être immédiatement opposée.

 

Nous avons désiré mettre à la porte de tous nos Frères, et de tous les profanes que ces questions intéressent, amis ou soi-disant ennemis, une histoire de l’Ordre objective, écrite sans passion, sans idées préconçues, en parfaite indépendance de tout lien.

 

lumiÈre & secret de la Franc-maçonnerie

H. tort – nouguès

EDITION TREDANIEL

 1996

"Que la Lumière soit !" Trois fois j’entends cette phrase prononcée par le Vénérable pendant le rituel et chaque fois, à chaque tenue, l’incantation m’évoque le verbe initial, celui de la création du monde par Dieu. Mais avant de créer notre monde (la terre, le ciel, les animaux et les hommes) le Dieu de Moïse crée d’abord la Lumière. Il la tire du Chaos. S’il y a bien quelque chose d’incompréhensible, c’est bien cela : il crée la lumière avant même que les luminaires existent, eux qui sont supposés la dispenser ... Je l’avoue : j’ai beaucoup glosé sur cet illogisme. Preuve fatale, faut-il le souligner, de mon ignorance et d’une raison adolescente, à une époque rebelle aux mystères cachés.

 

La plupart des récits de création, de toutes les sociétés du monde et de tous les temps, plongent pourtant leurs racines dans des mythes qui recèlent une Vérité cachée. Et la théorie du Big Bang, qui a pourtant jeté Dieu dans les oubliettes du Hasard et du Déterminisme, n’échappe pas à la règle. La référence biblique évoque à l’évidence la lumière primordiale, lumière qui ne serait pas de même nature que celle que nous connaissons, celle émise par les luminaires. Comme cette petite bougie qui attend notre entrée dans la pénombre du Temple …Tout à l’heure, avant d’entrer en loge, nous avons fait silence sur les parvis, et nous sommes entrés dans le temple comme on entre dans une église, silencieusement.

 

Le temple est plongé dans la pénombre. Seule la lueur de cette petite bougie émerge de l’obscurité et éclaire notre déambulation. L’ambiance aide au recueillement. L’intention est trop religieusement marquée, trop pascale, pour ne pas en cacher une autre, plus discrètement initiatique. Bon, j’entre dans le silence de ma propre nuit et la faible lueur semble tout d’abord me rappeler que je suis là pour être éclairé, pour trouver la lumière. Symbolique de comptoir, me direz-vous, oui, je suis preneur. Cette petite lueur qui vacille m’en rappelle une autre, celle qui présida à ma veillée solitaire dans le cabinet de réflexion.

 

Le temple est bien couvert, pas d’intrus qui se cachent sur les colonnes. Le Vénérable demande alors ce qui nous unit dans ce lieu : "La Vérité" lui est-t-il répondu. J’entends bien que cette vérité est La Vérité, qu’elle n’est pas relative : elle est complète, totale, elle contient, semble-t-il, toutes les vérités et surtout elle recèle un secret, notamment que le Monde a été créé par un Architecte éternel. Secret de polichinelle : toutes les religions d’hier et d’aujourd’hui proclament à peu près le même refrain. Et chaque religion a nommé son, ou ses dieux. La franc-maçonnerie, qui n'est pas une religion, a le Grand Architecte … Non, le secret ici semble plutôt résider dans la manière dont le monde a été conçu et réalisé : avec, nous dit-on, des outils et des nombres mystérieux, cet Architecte aurait ordonné, je cite le rituel, "tout ce qui constitue l’essence de l’être". Outils et Nombres "voilent, nous dit-on encore, l’essentiel du mystère de notre loge, et dissimulent le secret de l’entrée dans notre chambre du milieu". Rien, pas un indice, pas une explication supplémentaire, ne vient à mon secours pour me permettre de digérer un tant soit peu cette révélation massivement hermétique.

 

Les outils sont disposés sur l’évangile de Jean, celui, dit-on, de la Vraie Lumière. Et le Vénérable de rajouter une couche de mystère : "Ici sont les arcanes de la Gnose". Je reprends le texte de Jean pour tenter de percer le secret de l’arcane en question. Je lis : "La Vie était la Lumière des Hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie". Ce n’est pas plus clair. Assis dans l’ombre, j’attends la lumière des hommes, je la désire. Le noir est un turbulent silence. Depuis les origines, tout ce qui vient au jour, à la lumière, sous le regard, vient du noir ou de la pénombre. Et y retourne. Caverne, grotte, gouffre, crypte, forêt, ventre, souterrain, nuit, chaos, sommeil, temple ! sont les matrices du secret. Ils sont à la fois les conditions du passage et celles de la transformation. Passage… Transformation : je pense de nouveau au Cabinet de Réflexion.

 

Apportée par le Maître de Cérémonie qui la tire de la pénombre, la lumière monte vers l’Orient. Je souris : le Maître de Cérémonie joue ici le rôle de Lucifer, le porteur de la première lumière. Le Vénérable invoque le Dieu inconnu, et la première lumière s’allume à l’Orient, sur la Terre de Memphis. Le maillet qu’il porte sur le coeur est censé transformer sa parole en Verbe. "Que la première lumière soit !" Le triple flambeau du Vénérable Maître est allumé, puis ceux des Premier et Second Surveillants, respectivement sous les auspices de la "Sagesse ineffable", de la "Force toute puissante" et de la "Beauté éternelle". Et à chaque allumage : "que la lumière soit !".  Puis c’est au tour des colonnes de la Sagesse, de la Force et la Beauté, d’être allumées. Sagesse, Force, Beauté : les trois outils architecturaux de la fabrique du Monde. Symboles respectifs du Verbe, de la Manifestation initiale et de l’Harmonie. Nous sommes au coeur du Mystère. Etrange mystère dont l’apparente simplicité m’interloque encore. Prononcée si solennellement, maillet à la main, on s’attend à ce qu’une telle phrase soit suivie d’un effet immédiatement transmutatoire. Mais rien ne se passe. Oui, les lumières s’allument, mais la révélation attendue, souhaitée, la fameuse lumière, ne tombe pas du Ciel.

 

On m’a dit que le jour de mon initiation j’avais reçu la lumière. Quelle lumière ai-je reçue ? Il ne peut s’agir de celle que j’ai déjà reçue à la naissance, quand mes yeux ont commencé à séparer le jour de la nuit, à sortir les objets du magma lumineux indifférencié. Lente acquisition, certes, mais on ne peut m’accorder une chose que je possède déjà. S’agirait-il d’une symbolique restitution, censée me transformer profondément ? Et comprendre le mot lumière dans les emplois figurés liés à sa fonction de cognition : intelligence, compréhension … Jeter la lumière sur … Mais pourquoi recourir à la raison, ici, quand il s’agit d’ouvrir la voie à une "révélation" fondée sur l’émotion ? Alors quelle est la vraie nature de cette lumière qu’on allume symboliquement dans la nuit ? Cela m’intrigue et j’ai bien envie de faire un petit tour du côté de la lumière et de sa perception de la lumière. La lumière me semble tout à fait évidente aussi longtemps que je n’y regarde pas de trop prés. Mais dès que je me pose la question sur sa nature… Je ne sais plus très bien de quoi je parle.

 

Ce que je sais c’est que c’est petit à petit que je découvrirais le symbolisme de cette Lumière, car finalement elle va devenir le but ultime de ma recherche spirituelle.

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