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Chapitre 1 L   ( Maçonnerie )

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1 L

l’abcdaire de la franc-maçonnerie

j.f. daudin

 EDITION  FLAMMARION

 2003

C’est toujours une démarche volontaire qui préside à l’entrée en Franc-maçonnerie. Ni le hasard, ni la pression d’un groupe extérieur ne peuvent contraindre quiconque à intégrer une obédience ou une autre. C’est bien là toute la différence entre la maçonnerie et les sectes ; il est difficile d’y entrer, et facile d’en sortir.

 

Il n’y a pas d’embrigadement, pas de prosélytisme, mais une véritable démarche individuelle, guidée par une interrogation personnelle sincère et profonde. « J’ai besoin de quelque chose d’autre dans ma vie » est la réponse qui vient le plus souvent à l’esprit du profane que l’on interroge sur sa candidature. Hommes et femmes viennent chercher dans les loges un espace de respect, de réflexion, de travail individuel et collectif, qu’ils n’arrivent pas à définir, mais qu’ils perçoivent à la fréquentation de Francs-maçons.

 

Cet Abécédaire avait au départ été rédigé par Jean-Frédéric Daudin et édité par Flammarion. Il avait été réédité et diffusé en complément de L’Express. Pour la Belgique, il s’est agi de l’adapter en tenant compte à la fois du PMB (paysage maçonnique belge) et des différences d’approches et de pratiques. Des entrées ont été naturellement ajoutées à cet Abécédaire de la Franc-Maçonnerie pour fournir ainsi des informations sur les Obédiences (avec des chiffres à jour), institutions (Musée) ou personnalités maçonniques belges. Ce travail d’adaptation a été confié à Jiri Pragman.

 

Pour la rédactrice en chef Christine Laurent, ce Vif Extra a pour ambition de raconter la franc-maçonnerie. D’éclairer le curieux, de l’informer, de lui ouvrir toutes grandes les portes des différentes obédiences pour qu’il puisse juger en connaissance de cause, élargir ses horizons, lever le voile. Pénétrer les origines de la franc-maçonnerie, ses pratiques, son histoire, ses symboles, ses rites et rituels… le voyage est riche, très riche. Un soin particulier a été apporté aux illustrations qui proviennent du Musée belge de la Franc-Maçonnerie, de collections de 2 Loges belges et de collections privées.

Déjà longtemps avant l'invention de l’imprimerie, des manuscrits étaient répandus dans les écoles pour servir de manuels de lecture et de prière. On suppose que les catéchismes pour les enfants existaient dès le VIIIe ou IXe siècle. Les abécédaires en bois pour l'enseignement sont évoqués dans un manuscrit anglais du XIVe siècle.

 

Dès la fin du XIVe siècle, des manuscrits de caractère pédagogique nous ont été transmis, qui commencent par une croix et un alphabet, et contiennent diverses prières. D'environ 1400 nous est parvenue une copie d'une œuvre de Sacrobosco, montrant un abécédaire avec des chiffres arabes.

 

Il est possible que les abécédaires soient un développement des tablettes de cire que l'on pouvait effacer et réécrire. Mais on ne sait pas quand exactement le premier abécédaire a été fait. Les plus anciens exemplaires en bois datent du XVe siècle, mais on parlait déjà d'un très ancien exemplaire en plomb. Sur de nombreuses stèles, ainsi que sur de petits vases devant servir d'encriers faits par les Etrusques, figurent des abécédaires. On connait aussi des abécédaires de Grande-Bretagne romaine, et de France gallo-romaine. Dans les anciennes tuileries et habitations, on trouve des tuiles de toit qui portent un alphabet, parfois même des textes plus longs. Ceux-ci avaient été gravés dans l'argile encore humide avant la cuisson dans la tuilerie, où les travailleurs apparemment apprenaient à lire et écrire au moins de façon rudimentaire. Comme le rapporte Eginhard dans sa Vita Karoli Magni, Charlemagne a essayé, pendant ses insomnies, d'apprendre à écrire avec un abécédaire et du papier, apparemment sans succès.

 

Il existait probablement deux variétés d'abécédaires les plus anciens, produits systématiquement : les uns avec une écriture cursive, pour apprendre à écrire en copiant les lettres, les autres avec des lettres d'imprimerie pour apprendre à lire. Sur les tablettes les plus anciennes ne figurait que l’alphabet. Sur des exemplaires plus tardifs, une prière suivait l'alphabet (le plus souvent le Credo, qui occupait la partie inférieure de la feuille. Cette variante a presque entièrement pris la place des tablettes précédentes. La plupart du temps, l’alphabet était précédé par une croix. La plupart des abécédaires étaient en bois et munis d'une poignée. Souvent, la poignée était percée d'un trou, afin de pouvoir porter la tablette par une cordelette à la ceinture ou sur le bras. En Europe continentale, la poignée était souvent en haut ou sur le côté, tandis que dans les pays anglophones, elle était dessous.

 

Les textes et illustrations attestent qu'on a longtemps utilisé une petite baguette, un os, une brindille ou autre pour diriger l'attention de l’enfant sur les lettres pendant la leçon. Les tablettes n'étaient probablement pas utilisées par les enfants seulement pour apprendre, mais aussi pour jouer ; quelques adultes l'utilisaient comme moyen de châtiment. Ces abécédaires étaient vendus aussi bien par des papetiers que par des colporteurs. On vendait aussi sur les marchés des abécédaires imprimés sur papier, que les mères ou les maîtresses collaient sur des tablettes de bois.

 

Ces abécédaires ont été largement répandus dans certaines parties d'Europe, puis plus tard aussi en Amérique. On a des exemplaires, ou tout au moins des indices de leur existence, en France, Italie, Flandre, Pays-Bas, Allemagne, Bohême, Danemark, Norvège et Suède. On rapporte aussi l'existence de tablettes kurdes et mexicaines. Contrairement aux hornbooks anglais, très peu d'abécédaires continentaux nous sont parvenus. Comme le papier devient toujours meilleur marché, les livres déplacent au plus tard au XIXe siècle les abécédaires sur tablette.

 

LA  BIBLE  ET  LA  LOGE

PHILIPPE  LANGLET

EDITION DE LA HUTTE

 2010

Les rapports entre la Bible et la Loge ou, plus généralement, entre la Bible et la Franc-maçonnerie, soulèvent d’emblée plusieurs questions complexes dont l’absence de prise en compte a renforcé quelques malentendus et suscité quelques erreurs de perspective. Non pas quant à sa présence, celle-ci est un des principes fondamentaux de la Maçonnerie qui en fait une organisation initiatique traditionnelle. En vérité, on ne peut parler de Franc-Maçonnerie si l’on évacue la présence et l’usage de la Bible, sans parler des différentes influences qu’elle exerce sur les rituels.

 

Il parait difficile d’en faire l’économie car elles se manifestent de manière prégnante. La Bible est tout d’abord définie comme « la première des trois Grandes Lumières de la Maçonnerie », avant même les outils du métier.

Sa place est donc capitale car elle est le socle spirituel sur lequel le métier repose et par lequel il devient davantage qu’une seule technique, un art de construire, ou de reproduire sur la terre des formes divines. C’est bien, sur la Bible que reposent physiquement et visiblement, les outils du métier et c’est ainsi que, par elle ils obtiennent leur valeur spirituelle et non visible. Elle est nécessaire et suffisante pour rattacher la Maçonnerie, comme une organisation initiatique, à son centre spirituel.

 

La prise de conscience de ce fait ne rend pourtant pas suffisamment compte de l’ampleur de la présence de la Bible en Maçonnerie, c’est pour cela que nous irons visiter les anciens rituels des métiers opératifs ainsi que ceux de la période spéculative. Dans les textes anciens, les références à la Bible sont de trois ordres, des dispositions de Loge, des relations du serment et des pratiques à l’occasion de la réception du candidat. On y ajoutera des références au texte sacré et des commentaires exégétiques contenus dans les premiers catéchismes montrant que la Bible est une source directe d’inspiration.

 

La présence de ce Volume sacré est donc attestée depuis fort longtemps dans les loges et les métiers, que ce soit sous la forme d’un évangéliaire ou d’une Bible complète. Pourtant son importance dans la vie de la Loge n’est pas seulement due à sa seule présence. Ce sont aussi les mots qu’il contient c'est-à-dire le texte lui-même et sa conception. Cet ouvrage nous explique les diverses conceptions et sources à travers les écrits divers rédigés sur plus d’un millénaire et par des auteurs fort nombreux. De plus ses diverses traductions ont posé problème. Si pour la majorité des frères cela ne soulève pas de soucis, ceux qui cherchent ou veulent approfondir et retrouver des étymologies, ont des problèmes de racines et de traduction (Traduction/Trahison)

 

Ce petit livre nous ouvre les yeux et l’esprit sur cette Bible sur nos autels, son pourquoi et son comment s’en servir, comment la lire, que veut dire certaines phrases, à quel chapitre doit on l’ouvrir et pourquoi ? C’est aussi l’occasion de mettre en rapport les variantes de traductions et d’interprétations du Livre à l’extraordinaire diversité symbolique des Rites, rituels et système en Loge bleue, lesquels se rejoignent tous dans une unité d’esprit issue de cette mémoire commune.

 

En complément de ce livre, et avec son autorisation, je me permets d’y ajouter un travail (qui n’est pas dans cet ouvrage) d’un frère sur ce volume qui est sur les autels de la Franc-maçonnerie spiritualiste:

Le Volume de la Sainte Loi ou le Volume de la Loi Sacrée ?

 

« Maintenant que la lumière physique vous a été rendue, permettez-moi d’attirer votre attention sur ce que nous considérons comme les 3 lumières principales, bien que lumières symboliques en Franc Maçonnerie. Ce sont le V.L.S, l’équerre et le compas. ». Nous avons tous gardé ces paroles en mémoire même si les mots ont changé au fil des années et des Rituels : 1984 & 1995, le « Volume de la Sainte Loi » et à partir de 1999, on trouve désormais le « Volume de la Loi Sacrée » dans nos Rituels. Devant le Plateau du Vénérable Maître se trouve un autel sur lequel sont placés un « Livre » avec l’Equerre et le Compas.

 

Pour les anglo-saxons, la question est depuis  toujours résolue : c’est le Livre de la Loi Sacrée ou Volume of Sacred Law. Les anglo-saxons, en imposant la Bible, précisent bien qu’il s’agit de l’Ancien Testament.

Selon Christian Guigue, c’est le nom donné à la Bible et aux livres saints des différentes traditions religieuses. Les Basic Principles for Grand Lodge Recognition de 1929, établirent la possibilité pour les initiés de tous les pays du monde de prendre l’Obligation sur leur livre saint, de manière à « symboliser la révélation d'en haut qui lie la conscience de l'individu particulier qui est initié ». L’Ancien Testament, le Zohar, le Talmud peuvent éventuellement servir pour les pratiquants de la religion juive, le Coran pour les Musulmans, la Bhagavad Gîta pour les Hindous, etc…

 

Du fait de ces variations possibles selon les croyances et la religion du candidat, le livre saint porte un nom générique acceptable par toutes les traditions religieuses. Autre nom utilisé : Volume de la Loi Sacrée ou Volume de la Sainte Loi.

 

À quelques nuances près, les obédiences dites « Régulières » exigent: -  La croyance en Dieu, à des degrés divers, allant de la « Foi en Dieu » pour certaines, à la simple « croyance en l'existence d'un Être Suprême » pour d'autres. La présence d'un livre sacré dit Volume de la Sainte loi (Bible, Torah, Coran, etc...) dans la loge. L'interdiction de toutes discussions politiques ou religieuses en loge. L'interdiction de tout contact avec les obédiences féminines ou mixtes.

 

Elles se dénomment le plus souvent elles-mêmes « régulières », c'est-à-dire « légitimes » par opposition aux autres qu'elles jugent « irrégulières ». Elles appartiennent presque toutes au groupe des obédiences reconnues par la Grande Loge Unie d’Angleterre. Pour Roscoe Pound, il y a six Landmarks: - Croire en un Être suprême.  - Croire en la persistance de la personnalité[].  - La présence indispensable d'un « livre de la loi » parmi les objets utilisés en loge.  - La légende d'Hiram au troisième degré. - Le symbolisme faisant référence à l'art de bâtir.  - Le fait que tous les membres de l'obédience soient des hommes, nés libres[]  et d'âge mûr.

 

Dans les années 1950, la Commission d'information pour les questions de reconnaissance de la Conférence des Grands Maîtres francs-maçons d'Amérique du Nord proposa de ramener ces Landmarks à trois: Monothéisme: une foi altérable et continue en Dieu.    Présence du « Volume de la Loi Sacrée » (la Bible) dans la loge.    Interdiction des toutes discussions politiques ou religieuses. Oswald Wirth a dit de son côté : « Une critique objective s’est exercée sur les saintes Écritures, que la science n’apprécie plus qu’à leur valeur humaine, qui reste très élevée. Il est compréhensible  que la Bible conserve  tout son prestige auprès d’esprits  religieux qui cherchent en elle la parole de Dieu et en font le guide infaillible de leur foi ; mais pareille vénération est loin de s’imposer rationnellement. Elle est caractéristique de la mentalité  anglo-saxonne, que ne partagent pas les races latines. N’ayant pas à se prononcer sur les croyances, la Franc Maçonnerie n’aurait jamais dû s’occuper de la Bible, pas plus que du Coran, ou des autres livres révérés comme sacrés. Mais comme le serment  se prête en Angleterre sur la Bible, on y fut amené  tout naturellement  à faire prononcer l’obligation maçonnique sur ce Livre de la Loi Sacrée ».

 

En 1931, Marius Lepage propose que soit adopté, pour Livre Sacré, les Constitutions d’Anderson.  Les Convents de la G.L.D.F et du G.O.D.F  ont décidé en 1938 qu’elles figureraient sur l’Autel des Loges. O. Wirth voit dans le « Livre Blanc » - livre muet proposé par certains – un ersatz de la Bible…et une aimable fantaisie. Armand Bédarride, Frère émérite du G.O.D.F du début du XXème siècle rejetait le Livre Blanc qu’il appelle, avec bon sens, un vain simulacre. Et comme les Anglo-Saxons admettent que dans leurs colonies soit adopté le Livre sacré de la religion pratiquée, il propose logiquement, un Livre composé de divers extraits : « Si vous voulez, dit-il, un Livre qui soit à la mesure  de notre Temple, faites-le avec tout ce qu’il y a de plus sage , de plus pur, de plus saint, de plus héroïque, de plus noble, de plus cultural, de plus beau, dans tous les Livres qui servent de guide à la vie de l’Esprit, dans ceux qui ont servi ou qui servent encore de flambeaux aux consciences dans leur marche vers la perfection toujours  fuyante ; adressez-vous à tous les pasteurs d’âmes, qu’ils se soient donnés comme représentants de la Divinité ou de la Raison…  Des profondeurs des ténèbres primitives la pensée humaine a marché peu à peu vers une Lumière toujours plus grande : en des langages divers, l’Esprit a tracé les annales de son progrès…N’ayez pas peur de les rapprocher, de les confronter, de les exalter les unes par les autres ; au contraire, vous avancerez ainsi dans la direction de la Parole Perdue ».

 

Sur la base de ces rapides recherches, je ne vois donc aucune différence entre le Volume de la Sainte Loi et le Volume de la Loi Sacrée si ce n’est une traduction strictement littérale et actualisée de l’anglais en français et une parfaite synonymie. Néanmoins et pour ouvrir une autre réflexion, serait-il souhaitable que la proposition du Frère Bédarride soit adoptée ? Nous aurions ainsi sur l’Autel une réunion, une anthologie des textes ésotériques qui forment le fondement des différentes traditions.  Par là se trouverait marqué l’universalisme de la Maçonnerie. A quel endroit doit-on l’ouvrir ? Au Rite Anglais Style Emulation, le V.L.S étant la première Grande Lumière en FM, il est, à ce titre unique et entier ;  « il doit être ouvert quand la Loge est au travail, mais il n’y a aucune autorité qui puisse insister sur son ouverture à tel chapitre ou telle page » (cf. Emulation Working explained by H. INMAN 1932 page 235). En conséquence, le VLS peut être ouvert à n’importe quel endroit (Prologue de St Jean, Livre des Rois, Booz, Ruth ou autres livres mais rien d’impératif). Baudouin Thiry

 

LA CHAMBRE DU MILIEU

Roger Dachez

Edition Conform

 2014

La « chambre du milieu » est, au sein de la Franc-maçonnerie, l’un des premiers lieux singuliers que rencontre un franc-maçon, dans les premières années de sa vie maçonnique. Endroit familier du paysage maçonnique quotidien, la « chambre du milieu » est pourtant une illustre inconnue…

Son introduction dans la franc-maçonnerie spéculative n’est pas séparable des conditions dans lesquelles le grade de Maître en est venu à se distinguer des deux autres grades « symboliques », dans les années 1725-1730 en Angleterre.

Point n’est donc besoin, pour en définir l’origine, de recourir, comme tant d’autres auteurs, au terme de « l’invariable milieu » de la tradition chinoise, ou au « juste milieu » de la sagesse des peuples ! On ne remonte pas à la signification première des symboles et des rites maçonniques en usant de rapprochements phonétiques approximatifs et d’improbables étymologies lacaniennes…

La nature même de la chambre du milieu est aujourd’hui obscure pour nombre de franc-maçon : est-ce le lieu où l’on reçoit rituellement les Maîtres, ou le simple rassemblement administratif de ces derniers lorsqu’ils traitent des principaux problèmes d’une loge. Est-on encore en chambre du milieu lorsqu’on se penche sur les troublantes énigmes d’un règlement général ou que l’on débat du taux des cotisations ? « Mes frères, l’heure est grave, faisons une chambre du milieu » !

A force de ne plus très bien savoir de quoi l’on parle, on court grandement le risque d’employer un mot ou une expression à tort et à travers. Il ne faut pas méconnaitre que l’apparition-tardive- de la chambre du milieu marque un tournant essentiel de la franc-maçonnerie symbolique, à la fois sur le plan historique et sur le plan initiatique ; avec elle c’est tout l’édifice traditionnel qui a pris un sens nouveau. En replaçant nos pas dans ceux de nos illustres devanciers, faisons avec eux, chemin faisant des découvertes assez surprenantes.

Où et quand a-t-on parlé pour la première fois de la Chambre du Milieu dans un texte maçonnique ? Et bien cela s’est produit en 1730 à Londres dans un contexte de scandale. A cette époque, en 1717, quatre loges tout à fait banales se réunissent en une Grande Loge, et posent les bases d’une administration centrale, en 1723, elle se dote d’un Grand Maître noble – il en sera ainsi en Angleterre jusqu’à aujourd’hui, elle se dote également des fameuses constitutions d’Anderson.

Au début de 1720, la maçonnerie anglaise ne comporte que 2 grades ; ces deux grades s’inspirent du reste d’un système analogue en usage à la même époque en Ecosse, ainsi la carrière d’un maçon, se déroulait en deux étapes, d’abord apprenti, puis compagnon ou maître « fellowcraft or master », ceci en Angleterre ou en Ecosse.

De 1695 à 1715 en Ecosse, le passage d’apprenti à compagnon se faisait ainsi : l’apprenti à un moment donné recevait une salutation très particulière appelé « five points of Fellowship », c'est-à-dire les cinq points du compagnonnage, et c’est d’ailleurs ainsi qu’ils se nomment encore en Angleterre, bien que désormais ils fassent partie du grade de maître, et c’est ainsi que l’apprenti arrivait dans la chambre du milieu…

Roger Dachez président de l’institut maçonnique français et historien de renom, nous dévoile ici pour notre érudition et notre plaisir quelques énigmes de la franc-maçonnerie dont cette appellation « chambre du milieu » - Un régal -

 

la clÉ d’hiram

C. KNIGHT & R. LOMAS

DERVY

 1998

Quand les auteurs de ce livre, eux-mêmes Francs-maçons, décidèrent d’étudier les origines de la Franc-maçonnerie, ils ne se doutaient pas des extraordinaires révélations qu’ils allaient mettre à jour et des remous qu’ils causeraient.


Ils ont ainsi redécouvert la tradition écossaise, héritée des Templiers, beaucoup plus ancienne que l’histoire officielle sur laquelle a préféré se baser la Grande Loge d’Angleterre. De nos jours encore, ces révélations sur les origines égyptienne et chrétienne des rituels Maçonniques vont certainement bouleverser beaucoup d’idées reçues.


Des mythes égyptiens à celui de l’Homme Vert, en passant par le mystère du trésor des Templiers, les auteurs ont trouvé confirmation de leurs hypothèses dans le véritable livre de pierre qu’est la chapelle de Rosslyn, haut lieu de la spiritualité Maçonnique.


Un des points forts de « La Clé d’Hiram », c’est que s’il existe un trésor de l’Ordre du Temple, il doit se trouver dans cette chapelle, enterré avec des chevaliers et les Évangiles secrets. En effet, le premier grand Maître de l’Ordre du Temple, Hugues de Payns, qui avait des terres en Écosse, y aurait apporté des reliques découvertes à Jérusalem, sous le Temple d’Hérode, qui appartenait à l’Église primitive de Jérusalem.


« La Clé d’Hiram » est un livre fascinant dont l’histoire sensationnelle est racontée comme un récit policier. C’est bien là un travail de détective auquel se sont livrés Christopher Knight et Robert Lomas. L’aspect original de cette recherche est qu’elle est avant tout basée sur des rituels Maçonniques et qu’elle a été étayée par des méthodes plus conventionnelles telles que l’archéologie, l’histoire et certaines traditions religieuses.

 

LA CLÉ D’OR ET AUTRES ÉCRITS MAÇONNIQUES

Jean-Marc Vivenza

Edition de L’Astronome

 2013

Cet ouvrage est un chemin en forme d’itinéraire original, en ce sens qu’il est une invitation au voyage de la pensée pour une destination dont la localisation relève d’une géographie intérieure et particulière, une géographie intérieure dont la cartographie n’est pas arrêtée ni même définie, et qui restent à tracer par ceux qui souhaitent s’engager sur les routes spirituelles qui sont celles que nous propose l’auteur dans cet ouvrage.

Ce trajet qu’on nous propose n’obéit qu’à une seule règle, « la voie du cœur ». Point de circuit organisé avec programme fixe, obligatoire ou inamovible. Quelque soit l’endroit et l’espace qui lui sert d’environnement, que ce soit tranquillement chez lui dans son fauteuil, que ce soit au milieu du tumulte de la cité, dans l’agitation des transports ou dans quelque autre agitation, le lecteur pourra décider de placer ses pas à la suite des différentes étapes de ce voyage intérieur, et pénétrer de plus en plus avant dans les mystères de l’initiation.

De très nombreux auteurs sont sollicités afin d’étoffer et de décrire cette initiation. Eux-mêmes s’inscrivirent dans cette transmission de cette Lumière bienfaisante pour les âmes en quête de la vérité et qui marquèrent la pensée du 18e siècle. Ils n’oublièrent pas les sources sur lesquelles ils s’appuyèrent et sans lesquelles ils n’auraient pu témoigner ni transmettre.

C’est donc d’un parcours singulier et peu commun, que nous convions le lecteur afin qu’il y découvre, à la faveur des réflexions de cet ouvrage, des éléments inattendus, des lois cachées et diverses révélations sur les êtres qui peuplent ce monde.

Pour commencer, il faut réaliser un certain silence en nous-même, faire taire un instant nos agitations, établir une réelle disposition accueillante à l’égard des leçons de sagesse délivrées par les hautes figures de l’initiation et franchir intérieurement la distance qui nous sépare des rivages où la méditation à son séjour. Nous pourrons ainsi entrer sans crainte par ce silence obtenu et ce calme préalable, dans ces voies qui nous sont généreusement ouvertes.

Au sommaire de cet ouvrage nous y trouvons :

Introduction au voyage de la pensée - La question fondatrice

L’interrogation comme voie initiatique - Le cheminement spirituel

La nature des ténèbres - La science de l’homme par excellence

Voyez-vous tel que vous êtes - Misère de l’homme au monde

« Memento mori » - L’enseignement de la vertu

Faites place à « l’esprit » - La clé d’or et l’essence du christianisme

De l’être à l’être Suprême maçonnique - L’Illuminisme et la Franc-maçonnerie 

 

la clef Écossaise film – dvd

bourlard & de smet

 PAYS-BAS

 2007

La Franc-maçonnerie. Cette association mystérieuse et discrète fait l’objet depuis toujours de curiosité, de fascination ou de méfiance. Pour la première fois, un documentaire d’investigation se penche sur la question des origines de la Franc-maçonnerie. « La Clef Écossaise » met au jour une histoire insoupçonnée, en associant documents inédits et entretiens exclusifs. Découvrez pourquoi et comment des hommes ont créé une société initiatique parmi les plus étonnantes des temps modernes.


Excellent film sur DVD sur cette période compliquée. Contact Internet : www.scottishkey.com.

 

la clÉ – tourner la clÉ d’hiram

R. Lomas

EDITION  DERVY

 2006

Après La Clé d’Hiram et le Livre d’Hiram, voici le 3ème volet de cette série.


Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? Â quoi servent les rituels ? Quel est leur sens ? Sont-ils seulement des mises en scène cherchant à frapper les esprits ou des vecteurs transmettant une connaissance cachée ?


Ces questions, Robert Lomas a commencé à se les poser dès son entrée en maçonnerie et il n’a cessé de chercher à y répondre. La base de cette quête a fourni la matière de son premier ouvrage La Clé d’Hiram. Cette démarche trouve son prolongement dans ce dernier ouvrage où, après nous avoir donné un outil pour progresser, La Clé d’Hiram, il nous offre le mode d’emploi de cet outil. En nous présentant son propre parcours et en nous exposant comment lui-même s’est servi de cette clé, il met le lecteur en situation de comprendre ses propres questionnements et les motifs pouvant justifier l’emprunt d’une voie « spiritualo-initiatique ».


Sur ce point, Robert Lomas développe une théorie sur le fonctionnement du rituel et du symbolisme en faisant appel à l’hypothèse d’un cerveau « rituélique ».

Le caractère scientifique de sa démarche permet d’appuyer ses assertions ; les théories avancées ne manqueront pas d’ouvrir un débat vivifiant sur les motivations profondes et inconscientes des Francs-maçons.
Concluant de manière magistrale la série Hiram, l’auteur donne de la logique et de l’intériorité vécue à une démarche qui, sans ce complément, n’aurait pu être qu’intellectuelle.

 

la construction rituelle d’une loge maçonnique     -         N°  16      -

Olivier doignon

Edition MAISON DE VIE

 2006

Second tome d’un ouvrage portant sur l’ouverture des travaux, ce livre aborde l’un des moments les plus importants de la vie des Francs-maçons, celui où ils se retrouvent.
Dans le premier tome, l’auteur a « planté le décor » symbolique et mythique de cette ouverture, et s’est demandé si ouvrir les travaux ne serait pas construire une pensée de l’origine de toutes choses dans laquelle naît une loge maçonnique ?


Ce tome II, consacré à la poursuite de ce voyage, aborde les points essentiels à partir desquels se construit une Loge maçonnique et qui constituent en quelque sorte le « cahier des charges » de toute démarche créatrice : le caractère alchimique des purifications, l’hermétisme du Temple, la fonction de création, tout particulièrement celle de Passeur, puis la richesse de l’expression apparemment anodine « Prenez place mes Frères » prononcée par le Vénérable Maître, et dont il est avéré qu’elle revêt une grande profondeur de sens.

 

la femme & le dragon

Eugène brunet

EDITION  FRANCE ALBERT

 1993

Pour Eugène Brunet, l’architecture universelle n’est pas le fruit du hasard, mais bien celui d’un esprit supérieur. L’homme n’est pas davantage un accident génétique désespéré. Dès son origine, angoissé par son devenir, il est en quête de la Vérité. De plus en plus égaré par une culture technologique, il génère progressivement son désespoir. Or l’auteur juge qu’il n’est pas abandonné. Il doit changer de voie et s’essayer à décrypter le message divin conservé par les astres. Pour ce faire, il lui faut réapprendre le langage ésotérique afin de décoder le symbolisme astrologique. À cette fin, il préconise l’enseignement initiatique de la franc-maçonnerie. La démarche est pertinente, son exposé clair, ses enseignements enrichissants.

 

Dans certains écrits ésotériques, il est dit que l’évolution de l’humanité s’inscrit dans des cycles successifs appelés « ères ». Cette théorie est fondée sur le fait que la voûte céleste est divisée en douze constellations que le point vernal parcourt en 25920 ans, ce qui fait une durée moyenne de 2160 ans pour chaque ère. Or, chacune des douze ères, pour des raisons à la fois astronomiques, astrologiques et astrosophiques, exercerait une influence particulière sur l’humanité dans son ensemble.

. Selon la théorie des ères, la naissance du Christ, assimilée à l’an 0 de notre calendrier actuel, a marqué le début de l’ère des Poissons (il faut noter au passage que le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix, mais un poisson, appelé « ichtus » en grec). Cette ère fut précédée par l’ère du Bélier (à laquelle on associe traditionnellement le développement des civilisations égyptienne, grecque et romaine), qui fut elle-même précédée par l’ère du Taureau (que la Tradition assimile au rayonnement de la civilisation babylonienne). Etant donné qu’une ère dure environ 2160 ans, on peut en déduire que l’humanité se situe actuellement entre l’ère des Poissons et l’ère du Verseau. Si l’on en croit les textes ésotériques traitant de ce sujet, l’ère du Verseau marquerait l’avènement de la Connaissance et de la Sagesse sur Terre. Autrement dit, elle correspondrait au cycle durant lequel les hommes, individuellement et collectivement, en viendraient graduellement à exprimer les idéaux les plus nobles. L’humanisme et la spiritualité (et non religiosité) seraient les deux piliers de cette ère.

 

Mais les mêmes textes indiquent également que l’ère du Verseau sera précédée d’une période au cours de laquelle les hommes seront confrontés à leur ignorance et à leur folie, et qu’avant que ne soit révélé ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine sera révélé aux yeux de tous ce qu’il y a de pire. Dans certains écrits, elle est même appelée « ère de la Transparence », ce qui est très significatif. Que l’on admette ou non cette théorie, il faut bien reconnaître que l’époque actuelle correspond à la description qui en est faite, avec son lot de “révélations“ quotidiennes et ses émissions de radio et de télévision où la bêtise n’a d’égale que la vulgarité, l’impudeur, la superficialité, etc., sur fond de voyeurisme. D’après les récits liés à l’ère du Verseau, la période chaotique que le monde traverse actuellement ne serait qu’un passage obligé et correspondrait à une remise en cause totale des fausses valeurs que les hommes ont eux-mêmes cultivées au cours des siècles et des décennies passés. À l’issue de cette période devrait émerger une nouvelle humanité, régénérée sur tous les plans, avec tout ce que cela suppose de positif pour elle : la paix, la fraternité, la prospérité matérielle, l’élévation spirituelle, etc. Cela étant dit, il est évident qu’une telle perspective ne dépend pas uniquement de l’influence exercée sur les hommes par l’ère du Verseau.

 

En application de l’adage « Aide-toi et le Ciel t’aidera », il leur appartient en effet d’agir en conséquence. C’est là un ouvrage très intéressant qui passionnera croyants ou incroyants, car il met à la portée de tous des connaissances qui pour beaucoup jusqu’alors restaient insoupçonnées ou incompréhensibles, voire fantaisistes

 

Au sommaire de cet ouvrage : D’astrologie, d’astronomie, la voûte étoilée, le libre arbitre, de soleil et de la lune, des 7 officiers de la Loge, du tablier maçonnique, de la Bible, du Graal, de l’apocalypse de Jean, de l’horloge de Strasbourg et de l’ère du Verseau.

 

L’AFFAIRE HIRAM ou LES 5 POINTS PARFAITS DE LA MAÎTRISE     2 Tomes

J.P. SACCHI

EDITION  NAGEL (SUISSE)

 2000

C’est à travers les Arts martiaux que l’auteur nous invite à découvrir le secret des 5 points parfaits.

 

Un livre pour les explications et un autre pour les dessins et schémas.

 

Un livre qui enchante les spécialistes des arts martiaux, difficile pour les autres.

 

LA F. M. sous l’occupation

André COMBES

EDITION  Du ROCHER

 2001

Pour apprécier pleinement l’ouvrage d’André Combes, il faut prendre le temps de bien lire le prologue (« Un avant-goût de sang ») qui explique sa démarche. L’auteur se revendique d’abord vulgarisateur et reconnaît qu’il n’a pas fait un livre d’histoire (d’où quelques répétitions notamment sur la législation antimaçonnique ou une citation de Philippe Pétain. Mais l’essentiel n’est pas là, dans un style alerte et vivant, il nous emmène dans l’obsession antimaçonnique vichyste et allemande.

 

Côté Vichy, il rappelle que les mesures antimaçonniques ont précédé les mesures anti-juives avec, notamment, la loi du 13 août 1940 interdisant les « sociétés secrètes ». Côté allemand, André Combes note avec exhaustivité que pas moins de 7 services étaient chargés de la lutte contre ces « sociétés secrètes » en France !

 

En fait, les Allemands comme les collabos recherchaient méthodiquement des preuves du « complot judéo-maçonnique », sans oublier d’autres motivations tout aussi délirantes : trouver, dans les loges, la formule secrète pour accéder à la pierre philosophale ou, tirer de son initiation, comme l’espérait Jean Marquès-Rivière, des pouvoirs magiques lui permettant de contrôler l’ordre de l’univers ! Quelles qu'aient été les motivations de l’occupant et de ses serviteurs, les persécutions furent bien réelles : si le Grand orient comptait 30 000 membres en 1930, il n’en dénombrait plus que 7 000 à la Libération. Les deux-tiers des maçons avaient disparu !

 

Dans sa galerie de portraits, André Combes cite beaucoup de héros, maçons et résistants : Pierre Brossolette, fédérateur des mouvements de la Résistance, arrêté, torturé et mort en se jetant d’une fenêtre ; Jean Zay, ministre du Front populaire, fondateur d’une politique culturelle, éducative et populaire, abattu par les miliciens en 1944 ; Paul Ramadier qui refusa de voter les pleins-pouvoirs à Philippe Pétain (il se trouvait une vingtaine de maçons parmi les parlementaires n’ayant pas voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain) ; Violette Quesnot est la seule femme citée, elle fut membre d’un réseau maçon fondé par Alfred Kirchmeyer. Le chapitre consacré à Paul Hanson est passionnant. Ce juge de paix arrêté en 1942 a créé la seule loge (« Liberté chérie ») connue dans un camp, celui d’Esterwegen !

 

Mais ceux qui suscitent le plus de questions sont les maçons « ambigus » ou carrément « crapules » : Jean Mamy alias Paul Riche, réalisateur de Forces occultes en 1943, c’est-à-dire du seul film antimaçonnique au monde, il sera le dernier fusillé de l’épuration le 29 mars1949 ; Jean Marquès-Rivière, initié à l’ésotérisme par René Guénon, rédacteur, en 1940, du catalogue de l’exposition « La Franc-maçonnerie dévoilée » au Petit Palais (1 million de visiteurs en France, elle précède l’exposition « Le Juif et la France » de 1941) et scénariste de Forces occultes. Pour tous ceux-là, André Combes livre son propre questionnement, sans y répondre : comment peut-on être ou avoir été maçon, imprégné des valeurs des Lumières et de l’humanisme, et sombrer dans la collaboration ?

 

Peut-être faut-il revenir au prologue de l’ouvrage pour comprendre la terrible leçon de la période de l’Occupation. Dans ce prologue, l’auteur livre aux lecteurs non avertis une présentation générale de ce qu’est la franc-maçonnerie. Ce qu’il en dit peut tout à fait s’appliquer à la période de la guerre : « La franc-maçonnerie, au même titre que de nombreux autres corps intermédiaires, fait partie de son temps, de sa société ». Cruelle leçon de constater que les maçons firent bien partie de leur temps, de leur société et, comme la France de cette époque, ils se retrouvèrent donc... dans les deux camps. Mais, si les maçons, dans l’épreuve, se comportent comme tout le monde, alors, à quoi sert la maçonnerie ? Les figures de la Résistance maçonnique célébrées par André Combes, comme la réalité des persécutions, nous invitent à apprécier la différence.

 

la formation maçonnique

Christian GUIGUE

EDITION GUIGUE

 2000

Ce livre, devenu très rapidement l'ouvrage de référence absolue, poursuit sa mission de formation en restituant au symbolisme maçonnique son sens signifiant universel et traditionnel.

Conçu sur le principe d’un dictionnaire pour trouver immédiatement ce que l’on cherche (très pratique pour prendre des notes juste avant de venir animer une Séance d'Instruction ou pour le VM de faire un commentaire sur le tracé symbolique du jour), il analyse plus de 500 termes spécifiques à notre Ordre en leur consacrant les développements qui conviennent selon le cas.

Des abréviations que l'on doit utiliser dans la correspondance, de la réponse à donner à qu'est-ce que réellement la loge, qu'est-ce qui distingue une loge des deux saints Jean, des Conditions d’octroi d’une augmentation de salaire par le Surveillant (régime à l'ancienneté ou au mérite ?) à la signification symbolique de la Position du Soleil et de la Lune (ce que personne n'a jamais expliqué !), des Ouvertures de la Bible (quels chapitres doit-on privilégier pour les ouverture de la L. aux différents grades ?) au symbolisme des Colonnes du Temple ou à celui du Pavé Mosaïque, de l’Oeil dans le delta aux critères universels définissant la Maçonnerie traditionnelle, de la Manière d’entrer en Loge. (collective ou individuelle ou rituelle pour le V.M. - les pas - le salut) au Chevalier Kadosh ou aux différentes formes de datation utilisées dans la maçonnerie, de l'octroi de la parole par le Surveillant à un F. qui la sollicite en Loge et comment préparer et animer une Séance d'Instruction ? C'est une matière considérable qui vous est proposée. Et rare comme Comment se choisir un nom d'ordre et constituer son blason ?u sur le principe d’un dictionnaire pour trouver immédiatement ce que l’on cherche (très pratique pour prendre des notes juste avant de venir animer une Séance d'Instruction ou pour le VM de faire un commentaire sur le tracé symbolique du jour), il analyse plus de 500 termes spécifiques à notre Ordre en leur consacrant les développements qui conviennent selon le cas.

Des abréviations que l'on doit utiliser dans la correspondance, de la réponse à donner à qu'est-ce que réellement la loge, qu'est-ce qui distingue une loge des deux saints Jean, des Conditions d’octroi d’une augmentation de salaire par le Surveillant (régime à l'ancienneté ou au mérite ?) à la signification symbolique de la Position du Soleil et de la Lune (ce que personne n'a jamais expliqué !), des Ouvertures de la Bible (quels chapitres doit-on privilégier pour les ouverture de la L. aux différents grades ?) au symbolisme des Colonnes du Temple ou à celui du Pavé Mosaïque, de l’Oeil dans le delta aux critères universels définissant la Maçonnerie traditionnelle, de la Manière d’entrer en L. (collective ou individuelle ou rituelle pour le V.M. - les pas - le salut) au Chevalier Kadosh ou aux différentes formes de datation utilisées dans la maçonnerie, de l'octroi de la parole par le Surv à un F. qui la sollicite en L. à Comment préparer et animer une Séance d'Instruction ? C'est une matière considérable qui vous est proposée.

 

. Selon la théorie des ères, la naissance du Christ, assimilée à l’an 0 de notre calendrier actuel, a marqué le début de l’ère des Poissons (il faut noter au passage que le symbole des premiers Chrétiens n’était pas une croix, mais un poisson, appelé « ichtus » en grec). Cette ère fut précédée par l’ère du Bélier (à laquelle on associe traditionnellement le développement des civilisations égyptienne, grecque et romaine), qui fut elle-même précédée par l’ère du Taureau (que la Tradition assimile au rayonnement de la civilisation babylonienne). Etant donné qu’une ère dure environ 2160 ans, on peut en déduire que l’humanité se situe actuellement entre l’ère des Poissons et l’ère du Verseau. Si l’on en croit les textes ésotériques traitant de ce sujet, l’ère du Verseau marquerait l’avènement de la Connaissance et de la Sagesse sur Terre. Autrement dit, elle correspondrait au cycle durant lequel les hommes, individuellement et collectivement, en viendraient graduellement à exprimer les idéaux les plus nobles. L’humanisme et la spiritualité (et non religiosité) seraient les deux piliers de cette ère.

 

Mais les mêmes textes indiquent également que l’ère du Verseau sera précédée d’une période au cours de laquelle les hommes seront confrontés à leur ignorance et à leur folie, et qu’avant que ne soit révélé ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine sera révélé aux yeux de tous ce qu’il y a de pire. Dans certains écrits, elle est même appelée « ère de la Transparence », ce qui est très significatif. Que l’on admette ou non cette théorie, il faut bien reconnaître que l’époque actuelle correspond à la description qui en est faite, avec son lot de “révélations“ quotidiennes et ses émissions de radio et de télévision où la bêtise n’a d’égale que la vulgarité, l’impudeur, la superficialité, etc., sur fond de voyeurisme. D’après les récits liés à l’ère du Verseau, la période chaotique que le monde traverse actuellement ne serait qu’un passage obligé et correspondrait à une remise en cause totale des fausses valeurs que les hommes ont eux-mêmes cultivées au cours des siècles et des décennies passés. À l’issue de cette période devrait émerger une nouvelle humanité, régénérée sur tous les plans, avec tout ce que cela suppose de positif pour elle : la paix, la fraternité, la prospérité matérielle, l’élévation spirituelle, etc. Cela étant dit, il est évident qu’une telle perspective ne dépend pas uniquement de l’influence exercée sur les hommes par l’ère du Verseau. En application de l’adage « Aide-toi et le Ciel t’aidera », il leur appartient en effet d’agir en conséquence.

 

C’est là un ouvrage très intéressant qui passionnera croyants ou incroyants, car il met à la portée de tous des connaissances qui pour beaucoup jusqu’alors restaient insoupçonnées ou incompréhensibles, voire fantaisistes

 

la franc-maçonnerie

Roger Dachez – Alain Bauer

Edition  PUF

 2013

Depuis plus de trois siècles, la franc-maçonnerie participe de l’histoire intellectuelle, politique, sociale et religieuse de l’Europe.

 

Elle revendique aussi une « identité profonde» qu’elle refuse de donner à voir au monde « profane ». Comment donner à comprendre et concilier cette dimension essentiellement initiatique et celle, plus politique, qui veut changer la société ?

 

Cet ouvrage propose une introduction générale à la franc-maçonnerie, il est le fruit de réflexions croisées de deux spectateurs engagés, familiers du monde maçonnique et curieux de son histoire.

Grâce à un regard duel, à la fois empathique et distancié, il offre au lecteur un guide de voyage dans un monde parfois déroutant et éclaire le sens du projet maçonnique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Sources légendaires et mythiques

La naissance britannique, sa fondation et les premières querelles.

L’expansion du siècle des lumières, la Révolution française et les Amériques.

Les ruptures du XIXe siècle. Les deux familles. Le tournant de 1848.

Heurs et malheurs de la franc-maçonnerie au XXe siècle.

L’Univers maçonnique : Les symboles – les rituels  - les légendes  - grades et rites  - l’Ordre et les obédiences  -

Ethique et spiritualité de la Franc-maçonnerie

Franc maçonnerie et religion  - la société  - le projet maçonnique

 

A ce jour un des meilleurs livre sur l’histoire de la Franc-maçonnerie

 

la franc-maçonnerie

Christian jacq

EDITION  R. LAFFOND

 1975

L’auteur développe ici sa version sur les origines de la Franc-maçonnerie.

 

Il part de l’Égypte et de la Grèce, passe par le Christ, Mithra, les bâtisseurs de Cathédrales, les Confréries du Moyen-âge, le secret et divers symboles maçonniques.

 

Comme toujours Christian Jack mélange vérité et son imagination très égyptienne

 

la franc-maçonnerie chrÉtienne

Paul naudon

EDITION  DERVY

 1970

L’auteur développe le coté chrétien de la Franc-maçonnerie en partant de la tradition opérative du Moyen Âge, la tradition, l’initiation, les rituels, l’ésotérisme, le temple de Salomon, la légende d’HIRAM, les 7 arts libéraux, les clefs de l’hermétisme, le déisme et le théisme, l’écossisme, la tour de Babel, le Grade de Rose-Croix, tout un chapitre est consacré à la Sainte Arche Royale de Jérusalem, avec son premier rituel et son évolution, un autre chapitre parle du Rite Rectifié avec Willermoz, les convents, le grade écossais de Saint André et la chevalerie templière.

Un article est consacré à l’Universalisme maçonnique et à la tradition chrétienne.

Aujourd'hui, nous avons encore tendance à penser que « la spiritualité ne peut être que religieuse et se nourrit du dogme religieux. C'est oublier Platon, le premier des spiritualistes laïcs, ou les spiritualistes du Moyen-Âge et de la Renaissance qui n'étaient pas toujours des clercs, inspirés par la kabbale, l'hermétisme chrétien ou l'alchimie ». Jean-Jacques Gabut a cité notamment Pic de la Mirandole, Robert Fludd ou encore Raymond Lulle et les auteurs du Roman de la Rose. La maçonnerie ne se réclame d'aucune doctrine religieuse, politique et philosophique, elle se veut au contraire « un centre d'union ». Un terme déjà utilisé par le pasteur Anderson dans ses Constitutions, texte fondamental de la maçonnerie moderne, publié en 1723, et respecté par l'ensemble des obédiences.

Ce « centre d'union » illustre la spiritualité maçonnique, qui estime que « tous les chemins menant au principe suprême de la transcendance comptent ». Lien entre les hommes, le franc-maçon « est un humaniste et à ce titre, comme le disait Térence, “rien de ce qui est humain ne m'est étranger” ». Un humanisme gorgé notamment de la philosophie des Lumières, « sur cette voie de la spiritualité, est par le cœur le fils de la lumière et par la raison le fils des Lumières ». Cette volonté de n’assujettir la spiritualité « à aucune religion ni à aucune philosophie, mais qui doit se concevoir sur le plan métaphysique et comme une spiritualité universelle », est reçue de différentes manières selon les Églises chrétiennes.

Si l'Église catholique est catégorique sur son refus de la double appartenance, la majorité des Églises orthodoxes l'acceptent. « Seulement quatre Églises orthodoxes ont condamné la franc-maçonnerie dans des contextes politiques particuliers, dont l'Église orthodoxe de Grèce en 1933. Un siècle plus tôt, pour l'indépendance de la Grèce, les francs-maçons et les chrétiens se donnaient la main pour lutter contre les Ottomans. En 1933, l'Église orthodoxe grecque s'est alignée sur la position catholique jusqu'à reprendre ses textes ! »,

 

la franc-maçonnerie comme voie spirituelle – de l’artisan au grand architecte

Jean-Pierre schnetzler

EDITION  DERVY

 2000

La Franc-Maçonnerie traditionnelle est une initiation artisanale issue des fraternités opératives du Moyen-Age, devenue spéculative, sans pour autant s'écarter de ses sources. Depuis qu'elle ne construit plus de monuments religieux, elle vise directement à édifier des hommes véritables : corps, âme et esprit. Ce principe peut s'exprimer comme synthèse de la Terre et du Ciel, de l'empirique et du transcendant, de l'analytique et du symbolique, de l'extérieur et de l'intérieur, comme des opposés en général.

 

Elle tend ainsi à réaliser " le mariage du meilleur de la sagesse pré-moderne et du savoir moderne ". A partir d'exemples de travaux de l'Ordre initiatique traditionnel, où seules sont autorisées les questions d'ordre maçonnique (historiques, touchant le rituel, le symbolique et la vie spirituelle), Jean-Pierre Schnetzler s'appuie sur ses connaissances pratiques des méthodes méditatives du bouddhisme et nous offre ici un ouvrage novateur. Ce dernier sert à raviver nos connaissances tout en éclairant parfaitement l'unité transcendante des Traditions. Pour l'auteur, ce texte est porteur d'un projet : celui d'amener le lecteur, profane ou initié, vers la réalisation initiatique, vers le chemin de l'Esprit qui est en lui.

 

Y sont notamment commentés divers symboles sur :

 

le G.A.D.L.U – La régularité, exotérisme, ésotérisme, le passage de l’opératif au spéculatif, l’initiation, le tableau de loge, l’étoile flamboyante, les petits et grands mystères, le bouddhisme et l’indouisme, les 2 St Jean, le St Empire, la Franc-maçonnerie aujourd’hui et demain.

 

la franc-maçonnerie dans notre temps

Jean baylot

EDITION  VITIANA

 1972

L’auteur ancien dignitaire de la GLNF et beau-père de l’ancien grand maître  Claude Charboniaud, essaie de définir et de justifier les termes de Franc-maçonnerie traditionnelle et régulière, il définit également la notion du grand architecte.

 

Il apporte son optique idéologique sur les structures de l’ordre initiatique qui pour lui est la seule voie méritant la reconnaissance universelle. Un excellent livre qui remet les choses en place et rappelle la place de la Maçonnerie régulière et reconnue.

 

la franc-maçonnerie d’après ses textes classiques

Patrick negrier

EDITION  DÉTRAD

 1996

Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? Pour le savoir avec précision, il est nécessaire de consulter les textes maçonniques eux-mêmes, des origines de l’Ordre jusqu’aujourd’hui. Ce recueil de textes comprend trois parties, qui correspondent en gros aux trois grandes périodes successives de l’histoire de la maçonnerie.


La première partie, consacrée à la maçonnerie anglo-saxonne de 1390 à 1750, a trait aux textes fondateurs : d’une part les Anciens Devoirs, et en particulier les fameux « Devoirs d’un Franc-maçon », qui constituent le cœur même des célèbres Constitutions d’Anderson de 1723 ; et d’autre part un choix des principaux catéchismes symboliques anglo-saxons, qui décrivent avec précision le déroulement de l’initiation maçonnique telle qu’elle était conférée aux débuts de la maçonnerie spéculative.


La seconde partie, consacrée à la maçonnerie continentale à l’âge des Lumières, contient quatorze textes d’auteurs classiques comme  Desfontaine, Travenol, Tschoudy, Larudan, Casanova, Lalande, Grandidier, Frédéric II, Joseph II,  le marquis de Luchet,  et surtout le Chevalier de Ramsay, l’auteur du fameux Discours de 1737, véritable charte de la maçonnerie spéculative annotée ici dans le détail par Patrick Négrier.


Quant à la troisième partie de cette anthologie, elle récapitule les divers aspects de la maçonnerie des temps modernes (XIXème et XXème siècles) à travers des textes d’auteurs aussi variés que :

 

WEILAND, Maine de BIRAN, Alexandre LENOIR, GOETHE, CHEMIN-DUPONTÈS, LAMARTINE, Charles NODIER, Jules SIMON, Élisée RECLUS, LITTRÉ, Jules FERRY, Rudolf STEINER et Oswald WIRTH.

 

la franc-maçonnerie – documents fondateurs

 

Cahier DE L’HERNE

 1992

350 pages grands format pour expliquer les documents qui ont permis d’asseoir les débuts de la Franc-maçonnerie en 1717.

 

Documents et manuscrits originaux et inédits : * Manuscrit Regius * Manuscrit Cooke * La Compagnie des Maçons de Londres * Ordonnances pour la cathédrale d'York * Règlements pour le métier des Maçons * Un manuscrit perdu reconstitué * Le manuscrit Grand Lodge n° 1 * Le manuscrit William Watson * Le manuscrit Dumfries n° 4 * Le manuscrit Sloane * Le manuscrit Trinity College * Documents du XVIIe siècle relatifs à la franc-maçonnerie * Le manuscrit des Archives d'Edimbourg * Le manuscrit Chetwode Crawley * Le manuscrit Graham * La Confession d'un Maçon * Examen d'un Maçon * Le manuscrit Wilkinson * La Maçonnerie disséquée * Vers la Maçonnerie spéculative

.

Tous ces manuscrits sont reproduits et commentés.
Un livre de référence

 

LA FRANC-MAÇONNERIE  ET LE CHRIST

Jean-François Blondel

Edition Trajectoire

2017

Évoquer le Christ dans le cadre de la Franc-maçonnerie, c'est appréhender la dimension ésotérique du christianisme, l'ésotérisme chrétien, en corrélation avec la démarche maçonnique, indépendamment de tout dogme religieux. Ainsi, peut-on faire un parallèle entre les pierres « vivantes », constituées par l'assemblée des chrétiens qu'évoquait Jésus dans les Évangiles, et le temple spirituel que les maçons doivent construire en eux. Le rapprochement avec l'art de bâtir, emprunté aux Écritures, se retrouve dans des expressions maçonniques comme le « Grand Architecte de l'Univers ».

 

Enfin, Jésus lui-même n'est-il pas appelé « le charpentier » ? Si l'on remonte dans le temps, jusqu'à celui de la Maçonnerie opérative, on constate que celle-ci était spécifiquement chrétienne. Dans la Maçonnerie spéculative moderne qui s'inscrit dans sa droite lignée, le Christ n'est pas mentionné explicitement dans les rites, mais il y est souvent fait allusion par le biais de la métaphore, de l'allégorie et du symbole (Croix, Rose mystique, Phoenix, Pélican, Brillante étoile du matin). La référence au Christ se retrouve également dans les Hauts Grades maçonniques qui font souvent écho au Nouveau Testament ou à l'Apocalypse de Jean. Jean-François Blondel livre un travail brillant pour éclairer les rapports entre la Franc-maçonnerie, la religion et la laïcité, par-delà les idées reçues couramment colportées sur le sujet.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une maçonnerie opérative chrétienne (1390-1598)   -    Une Maçonnerie médiévale chrétienne

 

Une maçonnerie de ‘’Transition’’ Judéo-Chrétienne (1599-1712)  -    Une maçonnerie dite de "Transition" 

 

La maçonnerie d’Anderson partagée entre ‘’Noachisme et Johannisme’’ (De 1723 à nos jours)  -   Quand la Franc-maçonnerie devint "spéculative"   -   Les "emprunts" de la Franc-maçonnerie à la tradition judéo-chrétienne    -    Les "Loges de Saint-Jean"     -     Une Maçonnerie chrétienne : le Régime Ecossais Rectifié (RER)    -   

 

La maçonnerie chevaleresque et templière : retour à l’ésotérisme chrétien (De 1750 à nos jours)    -     La référence au Christ dans les "Hauts Grades" maçonniques

 

 la franc-maçonnerie Écossaise

 A. Coen & M. Dumesnil

 EDITION  FIGUIERE

 1934

Un petit livre sur l’écossisme à travers la G.L. Sa naissance et ses vicissitudes beaucoup de pistes de recherches depuis le XXVIIIème siècle.
Extrait : « En 1952, j'écrivis à la Grande Loge de France. Peu après, je fus reçu par plusieurs frères dont Antonio Coen et l'on me remit alors la revue Le Temple, bien oubliée aujourd'hui et le petit livre ci-dessous, dont les auteurs étaient l'un et l'autre, membres de la Loge La Grande Triade dans laquelle je devais entrer deux ans plus tard.

Je veux rendre hommage à deux hommes d'exception, bien que le terme soit galvaudé, et donner au lecteur l'un des meilleurs ouvrages, sinon le meilleur tant par sa clarté et ses qualités littéraires que par la justesse de son contenu sur cette Franc-Maçonnerie Ecossaise, dont la pratique en France me paraissait alors si mystérieuse. C'est une bévue que commit également Georges Dumézil avant son entrée au Portique, en pensant y trouver des éléments Celtes.  

Depuis la première édition de ce livre, (en août 1934,Editions Eugène Figuière, Paris) quelques documents sont remontés en surface, nous savons maintenant que Frédéric II était considéré dans notre pays, par certaines Loges, comme « le chef de tous les Maçons » ; - que les degrés qui ont porté les 25 du rite de Perfection à 33 pour le Rite Ecossais Ancien et Accepté, étaient connus en France avant que le comte de Grasse-Tilly ne rapporte l'ensemble dans notre pays où il n'eut aucune difficulté à trouver un « point de chute » : Saint-Alexandre d'Ecosse était sa Loge mère. - Compte-tenu de ces seuls ajouts mineurs, le livre reste la meilleure lecture à conseiller à ceux qui désirent avoir une idée claire de l'histoire de la maçonnerie dans notre pays.

La première édition de cet opuscule parut quelques mois après certains incidents politiques qui ne furent que prodromes en France de la conflagration qui devait, cinq années plus tard, embraser le monde entier. Cette brochure n'avait d'autre objet que de renseigner brièvement les lecteurs de bonne foi sur les origines, I'histoire, les principes et l'activité réelle d'une institution en butte depuis si longtemps à des calomnies qui, pour être d'une absurdité parfois criante, n'en troublaient pas moins beaucoup d'honnêtes gens. Après la défaite de 1940 et pendant l'occupation qui la suivit, les calomnies furent naturellement reprises et entourées d'une publicité que le nouvel Etat français appuyait de sa contestable autorité. L'organisation d'expositions antimaçonniques dans diverses grandes villes, la création d'une revue « Les Documents maçonniques», dont un service spécial de la Bibliothèque Nationale assurait la rédaction, furent les manifestations les plus voyantes de l'aide apportée par les pouvoirs publics à une propagande que l'on jugeait sans doute nécessaire pour justifier les mesures prises par le Gouvernement contre les sociétés dites secrètes et les Francs-Maçons. 


Après la libération, ces mesures furent naturellement abrogées et les adversaires de la Franc-Maçonnerie mirent en France une sourdine à leurs accusations. Mais leur activité n'ayant pas cessé de s'exercer dans certains pays voisins du nôtre, il est permis de penser que si le climat politique se modifiait, la propagande antimaçonnique reprendrait son ancienne virulence: elle recommence d'ailleurs à se manifester timidement. Il nous a donc paru utile d'éclairer une fois encore les gens Le bonne foi en définissant le caractère et l'objet de la Franc-Maçonnerie. Nous avons constaté, en revoyant le texte de la première édition, qu'en dépit des événements qui ont bouleversé le monde depuis sa publication, ces pages exprimaient toujours la vérité et que nous n'avions rien à y changer. Nous nous sommes donc bornés à les compléter par les passages essentiels d'un discours prononcé quelques mois après la libération devant les représentants de la Maçonnerie écossaise en France. On pourra s'assurer en les lisant que ces événements extraordinaires ont laissé intacts les principes de notre Rite et justifié son attitude traditionnelle tant à l'égard de ses propres adeptes qu'à l'égard du monde extérieur.  


Il y aura bientôt sept ans que fut prononcé ce discours qui recueillit l'approbation unanime des délégués de l'obédience. Malgré bien des difficultés matérielles, la Maçonnerie écossaise a retrouvé en France toute sa vitalité. Elle a eu surtout le rare bonheur de constater que les principes sur lesquels, depuis deux siècles, elle repose ont gardé toute leur valeur et que l'Humanité meurtrie souhaite inconsciemment qu'ils soient mis en œuvre. En ces temps d'immense misère spirituelle, le Maçon doit se souvenir « que tout homme, même non maçon, est son frère » et c'est de ce précepte que, sans présomption ni faiblesse, il doit s'inspirer à tout moment, dans sa loge comme dans la vie courante. »

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE –- LE GRADE D’APPRENTI   -  Tome 1

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2013

Cet ouvrage est le premier d’une série consacrée aux trois premiers grades de la Franc-maçonnerie : Apprenti, Compagnons et Maître, qui se propose d’approfondir le vécu et la signification de chacun de ces grades en s’appuyant sur l’image.

Tous les aspects du grade d’Apprenti, de la première cérémonie d’initiation, décrite avec précision, à la signification des secrets du grade et des symboles qui lui sont attachés, sont ici traités de manière claire et concise.

Une riche iconographie et de nombreux diagrammes permettent d’aller rapidement à l’essentiel sur les concepts et les symboles rencontrés en parcourant le chemin de l’initiation maçonnique. Volontairement concis, le texte n’en est pas moins précis et n’omet pas de préciser les apports de l’Egypte ancienne, de l’histoire du Temple de Salomon, de l’Hermétisme et de l’Alchimie au symbolisme maçonnique.

En annexe sont traités de manière générale et approfondie des sujets indispensables à la compréhension du grade d’Apprenti, en particulier le symbolisme de la pierre, la pensée ternaire, la mort du vieil homme et le « retournement » que cela implique pour l’initié.

Véritablement novateur dans sa présentation qui fait une large place à l’image, ce livre deviendra vite un outil de référence indispensable à toute personne intéressée par le « fait » maçonnique.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : Le symbolisme de l’Apprenti : Rite initiatique - du profane au Franc-maçon - la religion et l’initiation - les cycles initiatiques du R.E.A.A. - La méthode maçonnique - la pierre et le Temple, les deux métaphores du rite - anthropologie ternaire, les influences des courants de pensée traditionnelle de l’Antiquité -

Le Temple de Salomon - le temple maçonnique aménagé, son mobilier et ses décors - la voûte étoilée et les deux luminaires - le Delta rayonnant - le pavé mosaïque - les colonnes jumelles du Temple : Booz et Jakin - les colonnes solsticiales - les trois piliers de la loge - l’éclairage symbolique de la loge - les trois lumières de la loge - les trois fenêtres - les trois grandes lumières -

Les éléments symboliques du grade - les outils et les instruments de l’Apprenti - la géométrie sacrée - la voûte étoilée, le pavé mosaïque et le fil à plomb - la loge et les astres lumineux - les nombres - les circumambulations - le tableau de loge et ses éléments - la houppe dentelée - la chaîne d’union - les officiers de la loge - les fonctions des officiers - la Tétrakys pythagoricienne - les planètes - l’ouverture et la fermeture de la loge - l’orientation symbolique du Temple - la durée des travaux - l’espace temps sacré -

2e partie : La réception de l’Apprenti : l’initiation - le bandeau - les quatre épreuves - l’abandon des métaux - le cabinet de réflexion - la vêture du postulant - la coupe des libations - le voyage au centre de la terre et les trois autres voyages en loge avec les épreuves de l’eau, de l’air et du feu - l’obligation - la scène du parjure - la communication de la lumière - la scène du miroir - le serment de confirmation - l’investiture de l’Apprenti - l’instruction du grade - les secrets du grade - la caverne initiatique et le cadre symbolique du cabinet de réflexion - les fresques murales - le cartouche - le miroir, la chandelle et le crâne - les trois coupelles - le pain et l’eau - le testament philosophique - la régression - le V.I.T.R.I.O.L. et la pierre brute - les trois Marie-Madeleine -

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE – LE GRADE DE COMPAGNON – Tome 2

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2014

Après avoir découvert l’univers symbolique du Temple et dégrosi la Pierre brute, l’Apprenti est élevé au deuxième degré de l’initiation maçonnique, celui de Compagnon. Il y apprendra à manier de nouveaux outils, tels l’équerre, le Levier ou le Niveau, et perfectionnera sa pratique du métier de tailleur de pierre en exerçant l’art de la Géométrie sacrée.

 

Ce second tome de la trilogie consacré à la présentation des trois premiers grades de l’initiation maçonnique est fondé sur les mêmes ingrédients que le précédent : une riche iconographie, souvent inédite en France, de nombreux diagrammes explicatifs et un texte qui accorde une large place aux rituels. L’importance de l’enseignement pythagoricien pour la bonne compréhension du grade de compagnon s’y trouve explicité.En annexe sont traités de manière approfondie plusieurs thèmes intéressant plus particulièrement le Compagnon, tel le rapport entre la lettre G et la géométrie, le symbolisme des Nombres, le secret de la Pierre cubique ou l’importance de l’éveil des cinq sens, indispensable pour entendre la musique des sphères chère à Pythagore.

Au sommaire de cet ouvrage sur le Compagnon :

Chapitre 1 : La loge de compagnon - les éléments symboliques de la loge - le pentagone et le pentagramme - Les trois grandes lumières de la Franc-maçonnerie -

Chapitre 2 : Les éléments symboliques du grade, les outils et les instruments - L’équerre - le levier - La perpendiculaire et le niveau - le Fil à plomb - Verticalité, horizontalité et rectitude - la Truelle -

Chapitre 3 : La Pierre cubique et le cube - la Pierre dégrossie de l’Apprenti et du Compagnon - La métamorphose de la Pierre du V.I.T.R.I.O.L. – la géométrie de la Pierre cubique - le cube dans l’art - la cube du hasard - de l’hypercube - les structures cristallines cubiques -

Chapitre 4 : La Pierre cubique à pointe - La hache sur la Pierre cubique à pointe -

Chapitre 5 : les nombres du compagnon - le Nombre 5, emblème de l’Initié - Les cinq corps symboliques de l’Ancienne Egypte - les cinq polyèdres réguliers platoniciens - les cinq éléments - le nombre 10 -

Chapitre 6 : Le tableau de loge du Compagnon - Les éléments symboliques -

Chapitre 7 : L’ouverture et la fermeture des travaux - Déclaration d’ouverture des travaux - Fermeture et déclaration de fermeture des travaux -

Chapitre 8 : L’élévation au grade de Compagnon - Le passage de la perpendiculaire au niveau - Identification et tuilage du candidat - Audition du morceau d’architecture - Communication du mot de passe - la vêture - l’épreuve de l’équerre -

Chapitre 9 : Les cinq voyages d’instruction - Voyages initiatiques et rituels - installation du Temple pour la réception - les cinq voyages d’instruction -

Chapitre 10 : Le premier voyage - le maillet - le ciseau - les 5 sens - les 5 agrégats -

Chapitre 11 : Le deuxième voyage - la règle et le levier - Les 5 ordres d’architecture - les ordres d’architectures grecs et romains -

Chapitre 12 : Le troisième voyage - La perpendiculaire et le niveau - les 7 arts libéraux - le Trivium - la grammaire - la rhétorique - la logique - la quadrivium - l’Arithmétique - la géométrie - la musique - l’astronomie - Pythagore, Euclide et Ptolémée -

Chapitre 13 : Le quatrième voyage - L’équerre du compagnon - les cinq grands initiés -

Chapitre 14 : Le cinquième voyage - Gloire au travail -

Chapitre 15 : L’obligation et l’investiture - Les secrets du grade - le mot de passe - le signe - l’attouchement et la marche -

En annexe : Métatron - Pythagore et la musique des sphères - l’escalier initiatique - les nombres sacrés et leurs formes - l’homme Un et multiple - La dame à la licorne - G et sa géométrie sacrée -

 

LA FRANC-MAÇONNERIE EXPLIQUÉE PAR L’IMAGE –- LE GRADE DE  MAÎTRE      -      Tome 3

John Harvey Percy

Edition Maison de Vie

 2015

Sorte de passerelle entre les loges bleues des trois premiers grades et les loges de Perfection, dites loges vertes, le grade de Maître Maçon est fondé sur le mythe d’Hiram. Maître d’oeuvre du temple de Salomon, Hiram est assassiné par trois compagnons que ronge l’ambition. Retrouvé par les Frères-Maîtres partis à sa recherche grâce à la branche d’acacia plantée sur sa tombe, son cadavre est redressé. S’agit-il d’une renaissance ou d’une résurrection ? L’auteur répond ici à cette question fondamentale et explicite toutes les subtilités de ce drame rituel qui détermine les différents aspects du symbolisme de ce grade. Achevant la trilogie consacrée à la présentation des trois premiers grades de l’initiation maçonnique, cet ouvrage est fondé sur les mêmes ingrédients que les précédents : une riche iconographie, de nombreux diagrammes explicatifs. En annexes sont traités plusieurs thèmes éclairant le symbolisme du grade de Maître, tels celui des rites funéraires, de l’anatomie symbolique ou des mystères d’Eleusis. Véritablement novateur dans sa présentation, qui fait une large place à l’image, ce troisième tome de la trilogie est, comme ses deux prédécesseurs, un outil de référence indispensable à toute personne intéressée par le symbolisme maçonnique

 

Dans les constitutions d’Anderson de 1723, il n’est pas mentionné une franc-maçonnerie en trois grades. Le grade de maître n’apparaît que dans les constitutions d’Anderson de 1738. De 1721 à 1738, un certain nombre de chefs de loges passés et présents ont acquis un certain prestige qui leur donnait accès à des réunions excluant apprentis et compagnons. La légende d’Hiram serait apparue au sein du savoir initiatique conféré aux maîtres au début du XVIIIe siècle. La franc-maçonnerie connaissant dans les années 1720 à 1730 une cérémonie avec secret réservé à certains maçons et dans laquelle on trouvait des correspondances avec la légende d’Hiram. Toutefois, il est bon de rappeler qu’Hiram apparaît dans les Anciens Devoirs (Old charges), les manuscrits qui ont participé à la fondation de la franc-maçonnerie opérative. On mentionne Hiram dans le manuscrit “Tew” et le manuscrit “Inigo Jones” (vers 1680). Le premier document concernant un troisième grade date de 1711, soit six ans avant la création de la Grande Loge de Londres. Il s’agit d’un texte rédigé sur le côté d’une feuille du manuscrit du “Trinity College, Dublin”. LE manuscrit contient une narration décrivant les signes et les mots de maîtres, de compagnon et d’apprenti.

 

Quant à la légende d’Hiram, elle va se généraliser à partir du pamphlet de Samuel Prichard “La franc-maçonnerie disséquée” publié en 1730. Le grade de maître aurait été créé “pour réformer la franc-maçonnerie et sélectionner les plus capables de ses membres à diriger une loge”. En 1726, le frère Francis Drake prononce un discours devant la loge d’York, indépendante et bientôt rivale de la Grande Loge de Londres. Il y mentionne les grades d’apprentis enregistrés, compagnons et maîtres maçons. On voit donc que le grade de maître s’est développé entre la première publication des constitutions d’Anderson en 1723 et la deuxième en 1738. La Grande Loge de Londres n’a donc pas créé officiellement le grade de maître en 1738, elle n’a fait que l’entériner. De tout ce qui a été dit il faut conclure :

 

- qu’au début du XVIIIe siècle, il n’existait pour les maçons spéculatifs qu’une seule cérémonie d’initiation, un seul degré.- qu’après la formation de la Grande Loge de Londres en 1717, on organisa deux degrés, en rétablissant sur de nouvelles bases, le grade d’apprenti. - qu’un troisième degré s’introduisit et se propagea graduellement parmi les loges spéculatives à partir de 1725. - que l’existence de trois degrés doive seulement être sanctionnée par la Grande Loge de Londres en 1738 et qu’elle n’était pas encore universellement acceptée jusque dans les années 1760.

 

Pour revenir à la légende d’Hiram, le frère Rylands, secrétaire de la loge de recherche Quator Coronati au début du XXIe siècle a suggéré que notre mythe fondateur et sa représentation pourraient bien provenir de quelque mystère joué, pendant le moyen-âge, dans des guildes de maçons mais rien n’a pu justifier cette hypothèse. La légende d’Hiram pourrait trouver son origine dans l’un des manifestes, la Fama Fraternitatis, des premiers vrais Rose-Croix et rédigé par Andréa. Dans ce manifeste écrit en 1615, il est question de l’histoire d’une tombe mystérieuse où les rose-croix auraient retrouvé, après cent ans, le corps de leur fondateur Christian Rosenkreutz, éclairé d’une lumière surnaturelle et entouré de symboles qui fournissaient la clef de sa doctrine. La légende ne parle pas de résurrection mais d’un corps bien vivant retrouvé au bout de cent ans ce qui est tout de même proche de la légende d’Hiram.

 

 Le cadre rituel d’abord : le passage du 2° au 3° degré est une grande « opération » et non un simple jeu de théâtre. C’est le passage de l’ordre psychique à l’ordre spirituel ; une évolution importante ; une nouvelle étape de compréhension. Pour comprendre ce mûrissement, il faut se rappeler encore la nature de l’être humain, que toutes les traditions initiatiques nous ont confirmée, de l’Égypte antique à la Grèce, de celle-ci à Rome et au judéo-christianisme. L’homme est une matière unie à l’esprit par un médiateur psychique ; il est à la fois force, sagesse et beauté émotive ; un rituel psychomoteur doit donc frapper à la fois ces trois états de l’être. — Comment le cadre rituel du grade résout-t-il  ce programme ? II le fait en trois stades :

 

Premier stade : Préparation du psychodrame ; deuil et tristesse. C’est l’épreuve du seuil. On interroge le néophyte, on le suspecte, on le vérifie. L’enquête se termine par la reconnaissance de son innocence dans le meurtre du Maître.

 

Deuxième stade : Épreuve de l’abandon, de l’errance, de la recherche. Nous sommes tous orphelins ; le Maître est mort et on ignore même où se cachent ses pauvres restes.

 

Troisième stade : Épreuve suprême : voyage par l’élément Terre et jaillissement du germe de Vie. La mort sera vaincue ! Hiram sort des ténèbres de la mort, des profondeurs de la terre ; il re-naît dans le néophyte ; la Vie a triomphé à jamais de la mort.

 

Le rituel le montre, l’enseigne : La marche du Maître triomphe trois fois de la mort car on enjambe trois fois le douloureux emblème qu’est le Cénotaphe. L’homme étant un être triple, doit donc triompher trois fois de la mort (sinon un seul enjambement suffirait  La lumière rouge est symbole de chaleur vivifiante ; 1’infrarouge annonce la lumière intégrale et mûrit le germe de vie par sa bienfaisante radiation.

 

Les 5 Points parfaits complètent cette renaissance de la vie : si à l’origine on fixait sur le sol un piquet à chacun des quatre angles de la construction future, puis un cinquième au centre, point de rencontre des diagonales du Temple à construire, on retrouve ces « cinq landmarks » essentiels dans l’initiation au grade de Maître, où le néophyte doit, lui aussi, devenir un Temple vivant à construire par sa revivification. La jonction des pieds, l’inflexion des genoux, la jonction des mains, le serrement de la main gauche sur l’épaule droite et finalement le Baiser de Paix infusent dans le récipiendaire toutes les vertus de son nouvel état de conscience : l’amour fraternel, le dévouement affectueux, la confiance totale, la collaboration éclairée, la douce union initiatique – points sacrés unissant à la fois les cœurs, les pensées, les volontés dans un idéal partagé. Oui, désormais nous ne faisons plus qu’un, car nous nous comprenons, nous nous entendons ; être Maître, c’est atteindre un palier nouveau. Mais attention cependant : il ne suffit pas de relever le candidat par les cinq points de la Maçonnerie pour que d’office il soit devenu HIRAM lui-même ! On ne devient pas Maître en un seul instant. Un enfant, mis au jour, doit encore grandir. Un nouveau Maître doit se rendre compte :1) Qu’il a sans doute « 7 ans et plus », c’est surtout « et plus » qui comptent ici, c’est-à-dire le temps de la maturation. 2) De ce que la Parole est « perdue » et doit être retrouvée un jour, c’est toute une évolution, tout un programme ; tout un travail intérieur ! Le Maître devra mûrir pour donner un jour tout son fruit.

 

L’Acacia symbolise cette bataille pour la Vérité ; son bois est dur et solide car un Maître doit être stable et robuste ; mais il est hérissé d’épines, car il est apotropaïque : le pouvoir des pointes qu’il recèle ainsi rejette au loin les forces des ténèbres. « L’acacia m’est connu » : je suis en mesure de me défendre et de rejeter au loin tout préjugé, toute erreur, toute sujétion à des images préfabriquées par une société imparfaite. Quant aux signes du Maître  et des deux premiers degrés, combien ils ont été mal compris ! Ils sont tous les précurseurs de « l’acacia m’est connu », car l’initiation est une bataille continuelle et progressive contre les puissances des ténèbres. L’Apprenti se coupe la gorge ; celle-ci est à la fois le véhicule de la nourriture et l’organe de la parole. L’Apprenti enlève ainsi en lui l’esclavage des appétits physiques et l’imprudence des vaines paroles ; il apprend les vertus du silence, de la retenue, de la prudence verbale.

 

Le Compagnon s’arrache le cœur, en ce sens qu’il se défait des excès du sentiment et des liaisons sentimentales qui peuvent annihiler sa volonté ; il se libère de l’esclavage charnel et sentimental, si entaché d’égoïsme effréné ; il bride ainsi ses passions et atteint un équilibre rationnel. Le Maître enfin se coupe le ventre. Platon enseignait que tout est hiérarchie dans l’être humain ; la tête doit dominer le cœur et celui-ci doit dominer le ventre, symbole de tous les appétits terrestres et de toutes les passions inférieures. Etre sans désir est le grand secret du Maître, qui peut par la puissance de sa volonté, triompher de toutes les faiblesses. Un Maître se domine entièrement et sans effort. Il a triomphé de ses derniers sursauts d’égoïsme. Ainsi libéré de lui-même, il pourra remplir son devoir social et libérer les autres. Le Maître agit. Se placer à l’ordre de Maître, c’est dire : « Me voici. Je suis prêt à agir ». Le Maître est toujours en alerte, prêt à l’action, mais quelle action ? Celle qui est sa raison d’être, la raison d’être de notre Ordre. La libération de l’humanité de son état d’indignité et de méchanceté, Le signe d’horreur le révèle. Le monde est rempli de haine, d’iniquités ; le meurtre d’Hiram en est l’affreuse image ; il révolte notre conscience ; il provoque notre juste courroux. On se réfugie alors dans le Temple des mystères, on s’écrie : « Ah ! Seigneur, mon Dieu ! » pour signifier qu’on appelle à soi toutes les puissances bénéfiques de la Nature, toutes les vertus de bonté humaine, tous les ressorts de la générosité, pour mettre fin au règne des ténèbres, qui égare et asservit les hommes.

 

Après ce « Cadre rituel », sachons trouver le symbole vivant de la Maîtrise, dont tout l’enseignement, tout le suc initiatique est condensé en un seul geste : la précieuse « Griffe de Maître » qui est généralement si mal enseignée, si mal pratiquée et si mal comprise, au point qu’elle est en fait dépourvue de ce qui fait l’essence même de sa révélation. Sans doute, la Griffe de Maître nous rappelle que chaque Maître est pour les autres un maillon de la Chaîne des Maîtres. Elle est un signe d’Alliance éternelle, dans un but élevé commun. « Nous nous comprenons, nous nous aimons ». Mais, bien, pratiquée, elle est bien plus que cela ; elle est le secret de la Maîtrise elle-même ! Car, quel est le secret essentiel du Grade ? La renaissance du Maître HIRAM en chacun des Maîtres. Pour venir au jour, pour naître, il faut inévitablement et préalablement être conçu ! Pour être conçu, il faut qu’un générateur dépose la semence de vie dans un milieu favorable et réceptif ; la Mère a en elle une « Chambre du Milieu » où cette précieuse opération de création de la Vie pourra se faire. Il faut donc que le néophyte ferme sa main en griffe pour symboliser la cavité réceptive du germe de vie et que l’Initiateur pousse son doigt médius au sein de cette cavité au moment où il ferme sa main en griffe sur la main du néophyte Cela signifie : « Je te crée Maître ». Et ceci perçu, le néophyte à son tour pousse son médius dans le creux de la main de son Initiateur en disant mentalement : « Oui, je viens de naître. Me voici ! » Il y a donc deux temps dans cette action :1) Création, fécondation. 2) Naissance et manifestation.

 

Le Maître Initiateur doit donc émettre une flamme spirituelle, qui favorisera la naissance du néophyte à un nouvel état supérieur de conscience et de spiritualité. La paternité est un échange de vitalité. Initier, c’est éveiller en autrui une sorte de « courant induit » volontairement bénéfique et qui le rend meilleur pour l’avenir, de façon indélébile. On conçoit dès lors combien est émouvante la Griffe de Maître que l’on échange de façon soignée : elle rappelle ces deux grands moments de l’initiation de l’HIRAM nouveau  « Je t’ai créé Je suis ton fils ? »

 

Notons au passage que la Griffe était connue des Anciens et que les Orphiques et les Gnostiques, le pratiquant couramment, ont été de ce fait, l’objet des attaques perfides des Pères de l’Église, sophistes ayant toujours la bave aux lèvres, voulant attaquer la « griffe initiatique » où l’on se « chatouille le creux de la main », les polémistes chrétiens y voyaient un mariage avec les démons. Les mots « chatouiller le creux de la main » montrent bien que la Griffe n’était pas simplement le fait de se donner la main comme le font les profanes, niais un moyen rituel de se faire reconnaître par des actes précis que l’on échangeait à cette occasion. Tel est le résumé suggestif et vivace de ce degré sublime. Les anciens Grecs enseignaient que tout est immortel et impérissable dans l’Univers, dans le Kosmos vivant. La mort physique n’est pour eux qu’un passage naturel d’un état à un autre ; aucun de nos atomes ne peut se perdre ou s’anéantir ; tout vit à jamais, c’est là l’image d’une Maîtrise éternelle. Puisse chacun de nos FF s’en souvenir, le jour où son corps périssable sera livré au froid, aux ténèbres et au silence du sépulcre ; alors que comme Hiram, il verra « sa chair quitter les os » (Mac Benac). Mais Hiram, c’est lui ; comme lui, il est impérissable et il sera toujours vivant, chargé d’une immortelle Espérance.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

De l’origine des rites initiatiques et des rites funéraires   -   Les lieux initiatiques   -   le Temple de Salomon et le temple initiatique   -   La loge maçonnique    -   Les deux chambres de la maîtrise   -   La chambre de réception   -   Le Debir et l’Hékal    -   Les trois portes du Temple légendaire   -   La chambre du milieu   -   Les décors de la loge    -    La branche d’acacia   -    Les attributs du Maître   -   L’escalier tournant   -   Le tableau de loge du Maître   -    Le passage de l’équerre au Compas    -   Le récit illustré de la légende d’Hiram    -  Les spécificités du 3e degré    -   Les deux paradigmes initiatiques des Loges Bleues    -   L’ouverture et le fermeture de la Chambre du Milieu    -   La réception d’élévation    -   De la substitution dans les degrés allégoriques    -   De la théâtralité de la légende d’Hiram   -   L’examen préliminaire du candidat   -   Le retournement intérieur de l’apprenti    -   Les retournements rituels de la Maîtrise   -    La légende d’Hiram   -    La Palingénésie initiatique   -   Le meurtre et les recherches de la tombe   -    Les modalités du crime   -   La découverte de la tombe et la résurrection symbolique    -   Les cinq points parfaits de la Maîtrise   -   La double inhumation d’Hiram   -   Renaissance et Résurrection   -   Les mythes de la Renaissance   -   L’Alchimie   -  Les mythes de la Résurrection   -   La double initiation maçonnique   -  Les mystères d’Eleusis   -    De la porte basse à la porte étroite   -  La remise des décors et des instruments du grade   -  Les secrets du grades   -  Les signes et les mots   -   L’âge, la batterie et l’acclamation   -   La marche du Maître   -  Les rites funéraires   -  Le cabinet de réflexion   -  De la Palingénésie initiatique   -  Les figures du retournement   -  Le carré et le cercle   -  De la Parole perdue   -  Petits et grands mystères   -

 

LA FRANC -MAÇONNERIE EST- ELLE UNE GNOSE ?

Marc Halevy

Edition Dervy

 2018

Qu’est-ce que la Gnose ? La franc-maçonnerie est-elle un chemin gnostique ? Comment un apprenti, un compagnon, un maître perçoivent-ils ce chemin ? Le Temple de Salomon est-il le symbole de la Gnose ? La franc-maçonnerie est-elle une mystique ou bien une Gnose spécifique ? Toutes ces interrogations sont traitées avec clarté et sont accessibles à tous ceux qui s’intéressent à un domaine quasiment jamais étudié en franc-maçonnerie, un concept selon lequel le progrès spirituel passe par une connaissance (expérience ou révélation) du divin... et donc par une connaissance de soi

 

Mais qu'est-ce donc que la Gnose ? D'où vient-elle ? Qui la créa ?... Personne en vérité n'est à l'origine de la Gnose. Le gnos­ticisme au sens large a toujours existé. Comme le souligne H.C. Puech : «Avoir la gnose, c'est connaître ce que nous sommes, d'où nous venons, d'où nous venons et où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et quelle est notre renaissance». Gnosis s'oppose à «mathesis», la science pure, le savoir. La Gnose c'est donc la connaissance pure, c'est l'enseignement secret. Car la Gnose est ésotérique : elle est réser­vée à une élite. Elle est initiatique : elle explique le problème de l'origine du Mal, elle a pour but le Salut par la Connaissance. La Gnose est d'abord une méthode de discipline spirituelle. Elle est finalement le chemin de la Lumière et de la Connaissance. C'est pourquoi les gnostiques chrétiens - puisque c'est après le Christ que l'on parla officiellement de la Gnose - se référaient à Hermès Trismégiste dont l'enseignement nous a été révélé par des écrits qui furent probablement rédigés entre le 2ee et le 3e siècle par une secte gnostique.  

 

On trouve également dans les doctrines gnostiques, à côté du judéo-christianisme de nombreuses traces des traditions anti­ques, qu'elles soient égyptiennes, zoroastrienne, orphique ou py­thagoricienne. La Gnose est ainsi une démonstration de l'unicité de la tradition initiatique universelle à travers le christianisme : les triades n'ont-elles pas précédé la Trinité, le baptême d'eau ou de feu, la communion, le rachat des âmes, le culte de la Vierge Mère, le quaternaire de la Croix ne sont-ils pas, bien avant le Christ, symboles courants des anciennes initiations ?...

 

L'enseignement gnostique demeura longtemps connu uni­quement à travers le prisme - souvent déformant - des Pères de l'Église officielle, notamment Tertullien et Irénée. Mais en 1945, il y eut la découverte à Nag Hammadi par un berger égyptien - c'est toujours un berger, très symboliquement, qui est à l'origine de ce genre de trésors - de 52 manuscrits coptes datant d'environ 1500 ans mais traductions de manuscrits plus anciens et qu'Élai­ne Pagels, professeur d'histoire des religions à Colombia, dénom­me les «Évangiles secrets». Tous ces textes d'inspiration gnostique dont le fameux Évangile de Thomas, l'Évangile de Philippe, l'Évangile de Marie (de Magdala). L'Évangile de vérité, le Livre secret de Jacques, l'Apocalypse de Paul, l'Apocryphe de Jean etc... apportaient des lumières nouvelles sur la Gnose et remettaient en cause beau­coup d'idées reçues.

 

Pour simplifier et mieux comprendre,  dans un premier temps, la gnose se présente comme une connaissance purement intuitive et une expérience strictement personnelle qui donne accès au divin ou pour utiliser un terme plus générique, au transcendant ou à une forme de métaphysique. Cette approche essentiellement spiritualiste fait davantage appel plus à l’intelligence du coeur qu'à la raison, au moins dans la pensée des premiers gnostiques

 

la franc-maçonnerie française une naissance tumultueuse 1720 – 1750

Jean-Paul lefebvre - filleau

EDITION Maître - Jacques

 2000

C’est l’histoire des trois premières années de la Franc-maçonnerie française. Années qui furent compliquées et tumultueuses autant de l’intérieur que de l’extérieur. À lire pour la compréhension de cette naissance en France et en Angleterre.

C’est autour de 1725, qu’apparaissent les premières loges en France. Elles s’implantent dans l’ambiance libérale et anglophile apparue sous la Régence et ne touchent d’abord que la haute aristocratie. L’authenticité de la filiation rituelle est dès l’origine une préoccupation des Maçons.

Avant que les Grandes Loges ne centralisent l’octroi de patentes aux nouveaux ateliers, ceux-ci les demandaient aux loges anciennes et bien établies qui se créaient ainsi tout un réseau de loges filles. Avant 1738, les premiers Grands-Maîtres de la Franc-maçonnerie française sont – probablement comme la majorité des frères – des exilés britanniques résidant en France. En 1743, le Comte de Clermont est élu Grand-Maître, il le restera jusqu’à sa mort en 1771. Noble de haut rang, son rôle est d’être un protecteur, il n’intervient pas dans la gestion directe de l’Ordre et n’exerce qu’un parrainage distant relayé par des substituts.

1738 inaugure une longue série de bulles papales d’excommunication des Francs-Maçons. Le Pape reproche à l’Ordre sa tolérance religieuse, on ne met pas sur un même plan la vérité et l’erreur ! Cependant ces bulles ne seront jamais enregistrées par les parlements, étape obligée pour avoir force de loi, et les ecclésiastiques seront nombreux dans les loges. Si le gouvernement du Cardinal Fleury cherche un temps, sans succès, à interdire la Franc-maçonnerie, c’est qu’il y voit un repaire de Jansénistes. Ceux-ci étaient considérés comme des opposants à la monarchie absolue et des partisans de la liberté de conscience. C’est aussi l’époque où les cérémonies et les secrets des Maçons sont révélés au public par des livres ou des gravures.

A partir de 1740, la Maçonnerie va se diffuser largement dans toute la France. Rares sont les petites villes qui ne compteront pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où – bien dans l’esprit du siècle – les frères célèbrent la vertu et l’égalité. Peu à peu – et probablement de manière inconsciente – s’y développe une sociabilité libérale et démocratique qui prépare insensiblement l’avènement des idées nouvelles. De 1736 à 1755, les loges de France ne sont fédérées que par une allégeance peu contraignante au « Grand Maître des Loges du Royaume », protecteur prestigieux et lointain qui leur laisse une totale liberté. Entre 1755 et 1766, les Vénérables des loges de la capitale, réunis en une « Grande Loge des Maîtres de l’Orient de Paris dite de France », vont essayer d’établir leur autorité sur l’ensemble de la Maçonnerie française. Mais cette « Première Grande Loge de France » n’arrivera jamais à s’imposer. Elle sera déstabilisée de façon chronique par les querelles entre systèmes de hauts-grades rivaux qui essayent d’en prendre le contrôle et se met en sommeil en 1766.

1773 voit une nouvelle tentative pour doter la Maçonnerie française d’un centre commun et d’une autorité reconnue. Deux principes sont définis : l’élection des officiers et la représentation de toutes les loges. Sur cette base les représentants de toutes les loges – y compris et pour la première fois des loges de provinces – sont convoqués. Les travaux des 17 réunions plénières aboutissent à la formation du Grand Orient de France. Au nom du Grand Maître, le Duc de Chartres, et sous l’autorité réelle de l’Administrateur Général, le Duc de Montmorency-Luxembourg, le Grand Orient est géré par trois chambres où siègent les représentants élus des loges. Comme le précise une circulaire de 1788 : « le fonctionnement du Grand Orient est essentiellement démocratique ». Les neuf dixièmes des loges françaises se rallient à la nouvelle structure.

 

LA FRANC-MAÇONNERIE - HISTOIRE ET DICTIONNAIRE

Sous la direction de Jean-Luc Maxence

Edition Robert Lafond

2013-11-29

L’univers initiatique suscite depuis toujours un mélange de fascination irrationnelle et de méfiance. Cet ouvrage a pour ambition de répondre à toutes les questions qu’on se pose à son sujet, en offrant au lecteur une source vive d’informations et de références.

Il s’adresse aux profanes comme aux inities, aux historiens comme aux curieux venus de tous les horizons de la pensée, à tous ceux qui veulent comprendre et s’informer, au-delà des peurs et des fantasmes habituels ; il propose des pistes de réflexion, des débats d’idées, des dossiers, des documents historiques sur un thème qui n’a cessé de provoquer des commentaires passionnés.

Cette entreprise monumentale présente non seulement un historique de la démarche initiatique, mais aussi une épopée spirituelle, à travers plusieurs siècles, des diverses obédiences et des rites pratiqués. Elle s’appuie sur le concours d’auteurs appartenant à des obédiences et des rites d’origines diverses. Un éclectisme qui permet d’éviter les partis pris et de laisser libre chaque auteur d’exprimer ses interprétations et ses spécificités.

Au sommaire de cet ouvrage :

Roger Dachez : L’avènement de la Franc-maçonnerie : La création de la Franc-maçonnerie spéculative et moderne - le rite rectifié - le rite français - le rite émulation - les rites maçonniques égyptiens - Chevaliers, templiers et francs-maçons du Moyen Âge au 18e siècle - Quel avenir pour la franc-maçonnerie ?

Bernard Bouchard : Les désillusions de trois royaumes et l’émergence du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Pierre-Yves Beaurepaire : La Franc-maçonnerie des Lumières : le succès d’un projet européen et élitiste

Joël Gregogna : La Franc-maçonnerie américaine inconnue

Michaël L. Segall : La Franc-maçonnerie italienne et le rôle de Cagliostro -

Didier Le Masson : Histoire de la franc-maçonnerie allemande

Claude Saliceti : L’humanisme maçonnique, l’utopie et le projet maçonnique

Jean-Claude Bousquet : Du Grand Architecte de l’Univers et de la liberté de conscience

André Combes : Franc-maçonnerie et politique

Marie-France Picart : Quand la franc-maçonnerie vint aux femmes

Jean François Maury : Les anarchistes Franc-maçons et l’éducation

Charles-B. Jameux : Les sources antiques de la transmission initiatique en franc-maçonnerie : art classique de la mémoire

Michel Cazenave : Mythe et psychologie des profondeurs : vers la mythanalyse

Simone Vierne : Fonction des mythes et des rites en franc-maçonnerie

Michel Maffesoli : Réenchantement du monde et franc-maçonnerie

Stéphane Ceccaldi : Le patrimoine maçonnique

Jean-Pierre Lassalle : Surréalisme et franc-maçonnerie

Jacques Viallebesset : L’Illuminisme au siècle des Lumières -

Jérôme Rousse-Lacordaire : Voie initiatique, voix spirituelle, histoire comparative et spiritualité. Anti maçonnerie et scandales

Frédéric Vincent : Le rôle de l’imaginaire dans les sociétés initiatiques et les structures anthropologiques de l’imaginaire maçonnique.

Jacques Gabut : Les fondements symboliques de la franc-maçonnerie

Jean-luc Maxence : tout n’est pas symbole. Psychanalyse et franc-maçonnerie. Premier et dernier pas

Dominique Jardin : Les courants ésotériques et la Franc-maçonnerie

Pierre Vajda : La démarche initiatique : voie d’accès à une spiritualité sans dogme.

Jean-Marc Vivenza : René Guénon, l’ésotérisme et la franc-maçonnerie

Suivent les grands textes fondateurs, les grandes obédiences françaises, quelques francs-maçons illustres, un lexique des outils et des grands symboles

Un superbe livre d’érudition, de recherche, de références et d’informations de 1150 pages à avoir dans sa biblio 

 

la franc-maçonnerie – les secrets des objets

R. morata

EDITION  MASSIN

 2000

Très bel album avec photos couleur sur les objets maçonniques du XIXème et XXème siècles. Sautoirs, Cannes, bronzes, montres, vaisselle de table, tabatières, tabliers, épées, etc.

 

Ce livre de 96 pages couleurs contient plus de 100 illustrations couleurs présentant les objets Franc-maçon.


Les secrets et les symboles fondamentaux des bâtisseurs de cathédrales sont fascinants.

 

la FRANC-maçonnerie occultiste au xviiième siÈcle et l’ordre des Élus coens

René LE FORESTIER

EDITION La Table d’Émeraude

 1987

Explication de la notion de réintégration d’Adam en passant par Caïn, les patriarches, l’Arche d’Alliance, le Sinaï et les actes fondateurs. Signification des 12 premiers nombres, du cercle, du triangle, l’ésotérisme juif des origines au XVIIIème siècle. Les Kabbalistes juifs et chrétiens. Les Hauts Gradés et la magie des élus Coëns.

 

Le christianisme ésotérique, la gnose, les Rose-Croix Willermoz et Martinez de Pascually. On y  raconte toute la maçonnerie occulte du XVIIIème siècle et ses relations avec Martinez de Pascually et les Elus Coën

 

Nous reprenons ici le compte rendu que René Guénon publia en décembre 1929 dans le Voile d'Isis sous le titre : « Un nouveau livre sur l'Ordre des Élus Coëns. » : « De tous les Rites maçonniques qui ont, dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, combattu le rationalisme au nom d'une antique tradition secrète, l'Ordre des Élus Coëns est le plus digne d'attention.

Fondé par un Juif converti, mais très versé dans la Kabbale théorique et pratique, cette société occultiste, qui fut la première école de Louis Claude de Saint-Martin, professait un christianisme ésotérique, apparenté de très près au Gnosticisme, et ses adeptes évoquaient les Esprits du Surcéleste ou exorcisaient les démons par des cérémonies spécifiquement magiques.

L'Ordre des Elus Coens a joué un rôle de premier plan dans l'histoire du mouvement mystique aux approches de la Révolution. Le présent ouvrage, qui ne s'appuie que sur des documents authentiques, étudie la secte sous tous ses aspects. Après avoir mis en lumière ses doctrines secrètes, ses thèmes mystiques et ses pratiques théurgiques, il en établit la filiation et remonte, pour en trouver la source, jusqu'au Talmud, au Zohar, aux néoplatoniciens, aux néopythagoriciens, aux gnostiques et aux occultistes de la Renaissance. Il retrace enfin l'histoire de la société, tant comme groupement mystique que comme rite maçonnique, et dessine le portrait des adeptes les plus représentatifs.

Quatre tableaux insérés dans le texte reconstituent les graphiques secrets et les tracés des opérations magiques. Tout ce qui est proprement historique est fort bien fait et appuyé sur une étude très sérieuse des documents que l'auteur a pu avoir à sa disposition, et nous ne saurions trop en recommander la lecture. La première partie est une excellente vue d'ensemble sur le contenu du Traité de la réintégration des êtres […] ; il n'était pas facile de tirer de là un exposé cohérent, et il faut louer M. Le Forestier d'y être parvenu. M. Le Forestier a raison de parler à ce propos de "Christianisme ésotérique" et tout à fait raison de voir dans l'expression "forme glorieuse", employée fréquemment par Martines, et où "glorieuse" est en quelque sorte synonyme de "lumineuse", une allusion à la Shekinah…

Un livre de référence.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes « l’ apprenti »

Oswald wirth

EDITION DERVY

 1978

Le présent manuel ne prétend rien inculquer : ce n'est pas un livre de classe où l'élève apprend sa leçon en vue de pouvoir la réciter correctement. L'Initiation enseigne à penser, donc à faire l'effort personnel qui conduit à l'élaboration de la vérité.

Celle-ci n'est jamais révélée à l'Initié, dont la mission consiste à découvrir par lui-même les secrets qui l'intéressent. L'Art auquel il s'adonne veut qu'il sache construire selon ses convenances personnelles l'édifice de ses propres convictions.

Toute liberté lui est laissée à cet égard, pourvu qu'il construise solidement, avec des matériaux judicieusement choisis, car toute pierre n'est pas acceptable par le constructeur, qui doit éprouver, au point de vue de la cohésion, le grain de tout bloc qu'il met en œuvre. Il en va de même dans le domaine des idées, où nulle conception ne doit être acceptée sans examen

 

Un excellent livre pour l’apprenti qui va y trouver la philosophie de la Franc-maçonnerie, son objet, ses méthodes et ses moyens. Y sont décrits tous les symboles du premier degré et ses voyages. Du cabinet de réflexion à la lumière.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes le  « Compagnon »

Oswald wirth

Edition Dervy

 1978

Ce deuxième volet de l’initiation du Franc-maçon nous parle du grade de compagnon avec ses cinq voyages, sa gestuelle et les outils du grade.

 

Au degré de compagnon, l’étoile Flamboyante est le thème central de l’instruction. Lorsque l'Etoile Flamboyante est dévoilée à l'issue du cinquième voyage, le Vénérable Maitre la décrit en distinguant ses éléments constitutifs l'étoile en elle-même, ses rayons et la lettre G. Mais forme-t-elle un tout unique ou est-elle un rassemblement de plusieurs symboles ?


Le delta rayonnant ou encore les 3 grandes lumières de la franc-maçonnerie constituent également des rassemblements de symboles l’équerre, le compas et le volume de la loi sacrée. A l'ouverture des Travaux, le Vénérable Maitre demande au Second Surveillant s'il est Compagnon. Ce dernier lui répond "J'ai vu l'Etoile Flamboyante". ..

Etoile flamboyante… la représentation visuelle qui en est faite me rappelle plutôt une étoile rayonnante puisqu'elle est entourée de rayons. Etoile rayonnante ou étoile flamboyante donc ? L’adjectif « Flamboyante » a un aspect plus intérieur alors que « Rayonnante » plus tourné vers l’extérieur.


Flamboyante, feu sacré, feu de vie, qui vient de l’intérieur de l’Homme, Cœur de l'Homme.  Rayonnante porte à l'extérieur ce feu intérieur, illumine, rayonne. Rayonner rappelle bien sur de continuer au dehors l'œuvre commencée dans le Temple mais également de propager cette lumière, nos lumières.

 

la Franc-Maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes le  « MaÎtre »

Oswald wirth

Edition Dervy

 1978

Ce troisième livret termine le cycle du Franc-maçon. Il y est question des sociétés secrètes, des mystères de la légende d’Hiram, de la chambre du milieu, de la résurrection, les mythes, de l’immortalité, de la mort, des devoirs du maître, du nombre 7, de la tradition, de l’Adam Kadmon, d’Osiris, du chapeau, du symbolisme, des religions, de l’alchimie, de l’hermétisme etc.

 

Dans les constitutions d’Anderson de 1723, il n’est pas mentionné une franc-maçonnerie en trois grades. Le grade de maître n’apparaît que dans les constitutions d’Anderson de 1738. De 1721 à 1738, un certain nombre de chefs de loges passés et présents ont acquis un certain prestige qui leur donnait accès à des réunions excluant apprentis et compagnons. La légende d’Hiram serait apparue au sein du savoir initiatique conféré aux maîtres au début du XVIIIe siècle. La franc-maçonnerie connaissant dans les années 1720 à 1730 une cérémonie avec secret réservé à certains maçons et dans laquelle on trouvait des correspondances avec la légende d’Hiram. Toutefois, il est bon de rappeler qu’Hiram apparaît dans les Anciens Devoirs (Old charges), les manuscrits qui ont participé à la fondation de la franc-maçonnerie opérative. On mentionne Hiram dans le manuscrit “Tew” et le manuscrit “Inigo Jones” (vers 1680).

 

Le premier document concernant un troisième grade date de 1711, soit six ans avant la création de la Grande Loge de Londres. Il s’agit d’un texte rédigé sur le côté d’une feuille du manuscrit du “Trinity College, Dublin”. Le manuscrit contient une narration décrivant les signes et les mots de maîtres, de compagnon et d’apprenti. Quant à la légende d’Hiram, elle va se généraliser à partir du pamphlet de Samuel Prichard “La franc-maçonnerie disséquée” publié en 1730. Le grade de maître aurait été créé “pour réformer la franc-maçonnerie et sélectionner les plus capables de ses membres à diriger une loge”.

 

la franc-maçonnerie – sens et vÉritÉs

Paul CHALIER

EDITION DU SNES

 2002

Cet ouvrage nous parle de l’éthique et de la déontologie maçonnique. Les écrits maçonniques, la marque, les serments, la hiérarchie et sa place dans le monde moderne.  Une deuxième partie est réservée aux écrits philosophiques et ses passerelles avec la Franc-maçonnerie.

 

Le terme de gnose désigne diverses tendances qui ont toujours existé dans les grandes religions monothéistes, et qui présentent des points communs aussi bien avec la pensée néoplatonicienne qu'avec les spiritualités orientales. Gnose signifie connaissance. Il s'agit de la connaissance intérieure, par laquelle l'homme appréhende le divin, indépendamment de tout dogme, de tout enseignement; la gnose s'apparente ainsi au mysticisme. Les gnostiques considèrent que Dieu ne peut être en contact avec le monde, essentiellement mauvais, œuvre du Démiurge. La matière est assimilée à l'ignorance, au mal, et la vie terrestre résulte d'une chute de l'esprit dans cette matière, perte de l'unité originelle avec Dieu.

L'homme, prisonnier des dualités (bien/mal, âme/corps, connaissance/ignorance), ne garde plus de son origine divine que la vague nostalgie d'un paradis perdu. Mais le principe divin, l'âme, est en lui, et la recherche spirituelle peut le mener au salut en libérant l'âme de sa prison corporelle. D'après les dernières recherches, la Gnose trouverait son origine dans les milieux judéo-chrétiens du début de notre ère et dans la crise qu'a traversée la pensée apocalyptique pendant les deux premiers siècles de notre ère (R.-M. Grant, Gnose et origines chrétiennes, Paris, 1964).

 

Ceci ne veut pas dire que nombre de thèmes et de conceptions gnostiques n'aient pas existé avant cette date. Le symbolisme gnostique plonge en effet ses racines au cours d'époques bien antérieures dans la philosophie pythagoricienne. D'autre part, il existe une parenté très nette indiscutable entre les Esséniens et la Gnose. Plus tard, à la deuxième génération, les gnostiques se sont intéressés à des révélations anciennes, orientales et grecques, pour constituer un mouvement religieux où se trouvent réunies toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques : les doctrines philosophiques de Pythagore et de Platon, des apports de la Cabbale, de l'hermétisme, de l'alchimie, de l'astrologie.

 

En Franc-Maçonnerie. Un des sens de la lettre « G » révélé aux Compagnons lors de la cérémonie d'augmentation de salaire représente cette interaction entre l’homme et le divin, puisque Dieu est en nous comme nous sommes en Dieu. On peut donc, avec Wirth, comprendre le mot « Gnose » dans le sens de « connaissance initiatique ». La Gnose est à la connaissance caractéristique de tout esprit ayant su pénétrer les mystères de l'Initiation. Ceux-ci présentent cette particularité qu'ils sont strictement incommunicables : il faut les découvrir soi-même pour les posséder... La Gnose ne s'acquiert qu'à force de méditations personnelles portant sur les symboles: multiples qui sollicitent l'esprit à deviner leur sens caché... » Les Mémentos du Grand Orient de France, après avoir rappelé que le terme se rattache à la langue des premiers philosophes », donnent à ce terme un sens moral. C'est « la connaissance morale la plus étendue, la plus généreuse aussi, l'impulsion qui porte l'homme à apprendre toujours davantage et qui est le principal facteur du progrès ».

 

La Gnose est une connaissance universelle. Lorsque nous étudions les civilisations antiques (Égyptienne, Maya, Celte, Grecque, Hindoue), nous découvrons à la base les mêmes enseignements. C'est cette connaissance unique que les véritables sages de tous les temps (Confucius, Socrate, Bouddha, Jésus, Krishna...) sont venus livrer à l'humanité. La Gnose dévoile les clés théoriques et pratiques indispensables à l'homme et à la femme modernes qui désirent se libérer de leurs états négatifs et éveiller leurs facultés latentes.

 

la FRANC-maçonnerie SWEDENBORGIENNE

Serge  Caillet

Editions de la Tarente

 2015

Au tout début du XXe siècle, Papus (le Dr Gérard Encausse) édifie à Paris un temple maçonnique singulier, sous le titre distinctif INRI, administré par une Grande Loge swedenborgienne de France. On y pratique le rite primitif et originel, dit rite swedenborgien, dont l’Anglais John Yarker, grand hiérophante du rite de Memphis-Misraïm, assume également la grande maîtrise générale. Papus, jusqu’en 1916, puis Téder (Charles Détré), jusqu’en 1918, seront les grands maîtres successifs de la Grande Loge swedenborgienne de France qui ne leur survivra pas.

 

Réservé aux maîtres maçons, le rite primitif et originel comprend trois hauts grades : Illuminé franc-maçon ou Frère vert, Sublime franc-maçon ou Frère bleu et Parfait franc-maçon ou Frère rouge. Leurs rituels, riches en détails symboliques, ont été traduits de l’anglais par Téder. Serge Caillet les tire aujourd’hui de l’oubli, d’après le manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon. Dans son étude liminaire, Serge Caillet nous conte la « petite histoire du rite swedenborgien ». Il y rappelle l’influence d’Emanuel Swedenborg sur les maçons illuministes de la fin du XVIIIe siècle, comme Benedict Chastanier et le marquis de Thomé. D’autres, comme le théosophe d’Avignon Antoine-Joseph Pernety ou le théurge inconnu Martines de Pasqually ont été injustement accrochés dans l’arbre généalogique du rite primitif et originel, fondé par un certain Samuel Beswick au XIXe siècle. Ces rituels, publiés pour la première fois en langue française, sont un témoin essentiel de la franc-maçonnerie swedenborgienne, qui participa du grand mouvement occultiste de la Belle Epoque.

 

En marge de l’Ordre martiniste et sous la houlette de Papus, à partir de 1901, passé l'âge d'or du swedenborgisme, mais en pleine restauration française de l'occultisme, une loge, ou plutôt un chapitre d’un rite maçonnique singulier, fonctionne à Paris, contre vents et marées. Cet aréopage, au titre distinctif INRI, qui rappelle évidemment l’inscription clouée sur la croix du Christ, porte le numéro 14 sur la liste des ateliers du "rite primitif et originel", c’est-à-dire du rite swedenborgien ou soi-disant tel, dont John Yarker assume outre-Manche la grande maîtrise générale, qu’il cumule d’ailleurs avec la grande hiérophanie du rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm, que Papus implantera en France en 1908. Mais ceci est une autre histoire.


Pour Papus, en l’espèce, l’histoire qui nous intéresse commence en 1893, quand Yarker lui demande son admission dans l’Ordre martiniste, dont – fait inouï – il n’avait pas encore reçu la moindre charte. En retour, Papus est reçu dans le Suprême Conseil du rite primitif et originel, où il côtoie notamment, sur le papier au moins, William Wynn Wescott, suprême mage de la Societas Rosicruciana in Anglia (qui signera d’ailleurs un traité d’alliance avec l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix, lié lui-même à l’Ordre martiniste), premier grand surveillant du rite, et Henry Olcott, co-fondateur de la Société théosophique. Papus lui-même y assume la charge de "Suprême Grand Marshal", c’est-à-dire de grand maître des cérémonies. Ce rite maçonnique (ou soi-disant tel car d'aucuns réagiront sur ce point), est un avatar du swedenborgisme. Avatar légitime ? Avatar de désir ? Ce sera à voir. Quant au swedenborgisme, à sa source se tient Emmanuel Swedenborg. Commençons par un rappel salutaire.


Emmanuel Swedenborg, le visionnaire suédois comme on dit souvent, et quelquefois un peu rapidement, naquit en 1688, à Stockholm, d'un père évêque luthérien; il mourut à Londres, en 1772. Entre ces deux dates, une carrière quasi exemplaire le conduira du scientisme à la théologie et du mécanisme à la mystique. Mais le "cas Swedenborg", pour reprendre le mot de Paul Valéry, ne se peut régler aussi rapidement que certains l'ont cru, car si les visions qui feront sa célébrité paraissent extravagantes et naïves, c'est que ce prophète a lu dans son propre miroir déformant. Cependant, les images n'en étaient pas moins réelles que leur source, et il serait injuste de s'arrêter à l'aspect déformé que Swedenborg en percevait. Aussi, le Suédois a enfermé des intuitions géniales dans le carcan dogmatique de sa propre théologie d'inspiration luthérienne. Et Swedenborg apparaît alors sous un autre éclairage: vrai visionnaire, digne théologien, authentique théosophe, prophète aussi d'une tradition sans cesse à réinventer.


Annonciateur de la Jérusalem d'en-haut, Swedenborg n'a point fondé de chapelle. Mais après sa mort, la Nouvelle Eglise qui compose un nouvel avatar de l'Eglise universelle s'édifiera dans sa mouvance. La naissance et la prospérité de cette communauté ne nous intéressent ici qu'accessoirement. Pour mémoire donc. Mais l'influence du théosophe suédois s'est étendue à maintes chapelles succursales, dans l'illuminisme du XVIIIe siècle, et dans la franc-maçonnerie. Voilà qui nous intéresse davantage. D’abord, Swedenborg a-t-il été franc-maçon ? Les dates de sa vie terrestre ne s'y opposeraient en rien, en effet. Voyons ce qu’en disent quelques auteurs classiques de la littérature maçonnique. F.T.B. Clavel, l'un des premiers, en 1844, déclare que Swedenborg "s'est livré à de profondes recherches sur les mystères de la franc-maçonnerie, auxquels il avait été initié». Maint auteur lui emboîtera le pas. Du reste, pour Jean-Marie Ragon, en 1853, pour Papus  que relaie Victor-Emile Michelet, en 1899, pour Barbier, en 1910, Swedenborg est aussi l'initiateur ou l'inspirateur de Martines de Pasqually, grand souverain de l’Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l’univers.


Las, Emmanuel Swedenborg, dont on a retracé la vie dans sa continuité, n’était pas franc-maçon, il n’a par conséquent donné la lumière maçonnique a personne, ni constitué de groupe ou de loge où se serait pratiqué quelque rite de sa composition. Et il n’y a pas le moindre lien entre lui et Martines de Pasqually. Nul doute en l’espèce : le rite swedenborgien, quel que soit le système ainsi désigné, ne saurait descendre en droite ligne de Swedenborg. Est-il besoin de préciser aussi qu’est légendaire la fondation du rite de Swedenborg en … 1621, soit près de huit décennies avant la naissance de son éponyme ? Jacques-Etienne Marconis, qui allègue le fait, ajoute que ce rite se trouve en quelque sorte condensé dans le 72e degré dénommé Gardien des trois feux, de son rite de Memphis Swedenborg eut dans son entourage immédiat des illuminés, des théosophes. D’aucuns ont pu constituer un relais entre le visionnaire et certaines écoles ésotériques auxquelles eux-mêmes appartenaient. Surtout, l’œuvre monumentale du Suédois, traduite en plusieurs langues, est passée très tôt entre les mains de certains illuministes. Pour mémoire : l’Ecole du Nord du prince Charles de Hesse, propagera ses enseignements, en les associant à d’autres, comme par exemple la métempsycose.


Inscrivons ici le nom d’Antoine Joseph Pernety, traducteur français de deux maîtres livres du Suédois : Les merveilles du Ciel et de l’enfer, en 1782 ; La Sagesse angélique sur l’amour divin et sur la Sagesse divine, en 1786. A Berlin, où Frédéric II l’avait fait appeler (croyant d’ailleurs inviter son cousin), cet ancien bénédictin de la congrégation de Saint-Maur fonda au plus tard en 1779, avec quelques compagnons et sur ordre d’un curieux oracle dit "sainte parole", un cercle illuministe. Transporté en 1784 dans le comtat Venaissin, le groupe y deviendra pour la postérité les "illuminés d’Avignon". Ces illuminés sont, à les croire et à en croire l’oracle qui les guide, les élus de Dieu, et le signe de leur élection consiste dans la vision de leur saint ange gardien. Ce commerce avec les anges les apparente à Swedenborg, et cette vision particulière les rapproche davantage encore des théosophes, dans la construction de la Jérusalem nouvelle, l’unique Cité sainte. A Berlin d’abord, puis en Avignon, les compagnons de Pernety s’occupent d’alchimie très matérielle (la "sainte parole" ne dédaigne pas de les guider – où de les perdre ? – dans l’élaboration du grand œuvre), et de théosophie. L’oracle, du reste, ne s’oppose pas aux conceptions de Swedenborg, dont le neveu Silverhielm fréquente le groupe, comme d’ailleurs le marquis de Thomé que nous rencontrerons. Mais l’importance accordée à la Sainte Vierge dans la composition d’une mariologie audacieuse les en éloigne sur ce point au moins. D’ailleurs, les orientations majeures des illuminés d’Avignon, fondés avant que leur maître ne lise Swedenborg, ne sont-elles pas en gros celles de Pernety ? S’il est abusif de les qualifier de swedenborgiens orthodoxes, l’influence du théosophe suédois se décèle assurément dans leur propre doctrine. Mais Pernety n’était pas franc-maçon, et son groupe ne constituait pas plus que celui de Charles de Hesse (qui lui l’était) un rite maçonnique : il ne faut donc pas y chercher la franc-maçonnerie swedenborgienne.


Si René Guénon, dont les néo-swedenborgiens étaient l’une des cibles, se range à l’évidence selon laquelle Swedenborg n’était pas franc-maçon, il admet "que quelques-uns de ses disciples y répandirent [sc. dans la maçonnerie suédoise] certaines de ses idées, et cela à titre de simples vues individuelles». Au vrai, ce n’est pas dans le rite Suédois qu’il faut aller chercher l’influence majeure des disciples de Swedenborg, mais dans certain rite vraisemblablement apparu en France où un certain Bénédict Chastanier, swedenborgien ardent à la propagation des idées et des écrits du maître, franc-maçon sympathisant de quelques rites illuministes, passe en effet chez plusieurs auteurs (mais prudence tant il est vrai qu’on se copie beaucoup entre historiens de la maçonnerie !), pour le fondateur d’un rite maçonnique swedenborgien. Voici, par exemple, ce qu’en dit Ragon, en 1841 : "Ce Maçon français établit, en 1767, à Londres, une société secrète purement théosophique chrétienne, dont l’objet était de propager le système de Swedenborg. La secte devint bientôt publique. "Il institua, d’après le même système, des grades intitulés : apprenti, compagnon et maître théosophe ; écossais sublime, ou Jérusalem céleste ; frère bleu et frère rouge, et fonda les illuminés théosophes».


En 1853, Ragon reprend mot pour mot le texte précédent, mais y ajoute que Chastanier s’inspira de Pernety, qui, en 1767, n’avait pas encore fondé son propre cercle… D’autres, comme Bègue-Clavel en 1844, prétendent que Chastanier avait d’abord cherché à implanter son rite à Paris, en 1766, avant de le porter à Londres l’année suivante. Bénédict Chastanier n’est pas un inconnu. Né en 1739, il étudie au collège Sainte-Barbe, puis à l’Hôtel-Dieu où il est reçu chirurgien. En 1763, à vingt-quatre ans, il quitte la France pour l’Angleterre. En 1765, nous le retrouvons à Paris, membre de la loge Socrate de la Parfaite Union, dont il devient vénérable, après avoir été élu secrétaire général pour les provinces de la Grande Loge de France, le 27 décembre 1765. De 1782 à 1788, il publie à Londres et à La Haye des traductions de Swedenborg. De retour sur le continent, il fréquente les illuminés d’Avignon qu’il représente avec d’autres frères au fameux convent des Philalèthes, en 1785. Il s’intéresse à l’alchimie et au mesmérisme. Dans la fondation du rite swedenborgien, on lui associe souvent (concurrent ou collaborateur ?) le marquis de Thomé, franc-maçon et disciple lui aussi de Swedenborg, et sectateur de Pernety, qui, en 1783, si j’en crois Bègue-Clavel, aurait "voulu dégager la doctrine swedenborgienne de ce qu’on y avait mêlé d’étranger", en instituant à Paris le rite swedenborgien en six grades. Or, les grades donnés par Bègue-Clavel pour ceux de Thomé sont précisément ceux que Ragon attribue pour sa part à … Chastanier, avec qui Thomé avait d’ailleurs représenté les illuminés d’Avignon au convent des Philalèthes, en 1785.


La plus ancienne nomenclature connue des grades attribués à Chastanier et Thomé, couchée sur un manuscrit de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, se rapporte en réalité à une certain "Ordre des illuminés de Swedenborg", en six grades que voici : apprenti théosophe, compagnon théosophe, maître théosophe, théosophe illuminé, frère bleu, frère rouge. Au début ou au milieu du XIXe siècle, le rite swedenborgien passe d’Europe sur le continent américain. Une brochure de la Societas Rosicruciana in Anglia, en 1896, allègue dans un court paragraphe la fondation d’une loge de ce rite, à New York, en février 1859, qui, selon la même source, aurait poursuivis ses travaux jusqu’en 1863 (16).
Samuel Beswick, auteur de ‘’Swedenborg Rite and the great masonic leaders of the eighteenth century ‘’ dit la même chose. Croyons-le sur parole puisque John Yarker nous apprend que le "réveil" du rite swedenborgien, aux Etats-Unis, puis au Canada, eut pour artisan Beswick lui-même.


Le rite primitif et originel de la franc-maçonnerie, soi-disant primitif et originel écrira, d’ailleurs à raison, René Guénon qui – oubliant son admission à INRI quelques années plus tôt - ne ménageait ni Yarker ni Papus, Yarker ne l’avait donc point inventé, quoi qu’il lui ait très probablement donné ce nom.
Renvoyons d’emblée à l’étude capitale de R.A. Gilbert "Chaos out of order: the rise and fall of the Swedenborgian rite". Le 1er juillet 1876, Yarker avait donc reçu le rite swedenborgien d’une source canadienne (W. J. B. Mc Leod Moore), qui renvoie elle-même, au début de la chaîne, aux grades de Chastanier et Thomé. Dès 1877, Kenneth R. H. MacKenzie, ami et collaborateur de Yarker, publie Fundamental Constitutions of the primitive and original Rite of Freemasonry or Swedenborgian Rite, qui le présente comme un système de trois hauts grades : Enlightened Freemason or Green Brother, Sublime Freemason or Blue Brother, et Perfect Freemason or Red Brother. Puis la Grande Loge de Yarker, suivant son habitude, essaimera à travers le monde. En 1897, les différents représentants étrangers en sont : Constantin Moriou pour la Roumanie, Henry Olcott à Bombay, Charles Sotheran à New York, Georges F. Fort pour le New Jersey, Alexander Duncan pour l’Afrique du Sud, F. G. de Nichichievitch pour l’Egypte. Viendront s’y joindre peu après Theodor Reuss pour l’Allemagne et Papus pour la France.


En novembre 1901, L’Initiation range donc le "Rite swedenborgien (loge INRI)" au nombre des organisations dont elle est en France l’organe officiel. Le fonds Papus de la Bibliothèque municipale de Lyon conserve d’ailleurs un petit dossier sur notre rite dont j’extrais une note manuscrite de Papus intitulée "Le Rite Swedenborgien", que voici : "Parmi les systèmes d’initiation les plus élevés un des premiers plans est occupé sans conteste  par le Rite Swedenborgien présidé par le Frère John Yarker, 33e, 96e, Membre du Suprême Conseil [de l’Ordre martiniste], "Ce rite, essentiellement spiritualiste et chrétien, n’admet à la connaissance de ses lumières que les Maçons auxquels l’acacia est connu [c’est-à-dire les maîtres maçons]. Les travaux sont […] tenus au moins au grade de 18e. "Les rituels de ce rite sont très originaux et n’ont jamais été publiés dans aucun ouvrage soit maçonnique soit profane. C’est assez indiquer le caractère élevé de leur composition. "Le Rite swedenborgien possède des chapitres dans beaucoup de pays d’Europe. A Paris fonctionne le chapitre INRI auquel peuvent être affiliés tous les Maçons réguliers qui sont, après enquête, admis à cet honneur. Les noms des membres sont rigoureusement tenus en dehors de toute communication maçonnique ou profane. S’adresser pour tous renseignements à la mention de l’Initiation


Papus avait en effet reçu d’Angleterre les rituels anglais des trois hauts grades du rite swedenborgien, qu’il fit traduire probablement par Téder. Le manuscrit des degrés d’Illuminé franc-maçon ou frère vert, et de Parfait franc-maçon ou frère rouge, est aujourd’hui conservé dans le legs Philippe Encausse à la Bibliothèque municipale de Lyon. La découverte de ces rituels montre que le chapitre INRI dépassa le stade de l’ébauche sur papier (ce qui n’était certes pas le cas de tous les projets de Papus). Entre autres pièces probantes, Robert Ambelain avait pour sa part recueilli l’insigne de Papus, qui en fut vraisemblablement le "très sage" avant Téder. Ouvert aux seuls maîtres maçons, le chapitre INRI fonctionne donc à Paris, au plus tôt en 1901, discrètement et sans accroc avec la maçonnerie française engagée sur la voie substituée. Mais en 1906, Papus sort de sa réserve pour croiser le fer avec Charles Limousin qui, en juin, vient de publier dans L’Acacia, organe du Grand Orient et de la Grande Loge de France, un article sur la régularité maçonnique auquel Papus répond dès le mois suivant dans les colonnes de L’Initiation : "Qu’on installe à Paris et en France des Loges symboliques régulières dans lesquelles on ne fera que du travail vraiment maçonnique et qu’on laisse se débrouiller en toute liberté les Loges non maçonniques. Par le jeu de la libre concurrence, les Maçons qui voudront travailler le symbolisme viendront dans les Loges des Rites universels établis en France, et ceux qui préféreront faire de la politique iront dans les autres. "Une telle création sera bientôt réalisée et nous verrons alors quel est le meilleur des deux systèmes».


Il n’en faut pas plus pour que L’Acacia, sous le plume d’un "maître Hiram" qui se laisse identifier sans peine au frère Limousin, ne s’engage dans cette nouvelle bataille. Tout de go, celui-ci ne craint pas d’y déclarer que Papus n’est pas un maçon régulier, ce qui, dit-il, explique du reste "l’ignorance spéciale dont il fait preuve" sur la question de la régularité. Et de conclure que la fondation à laquelle Papus fait allusion n’aura pas plus de succès que ses autres entreprises, et ne sera par surcroît reconnue par personne. S’en suit une nouvelle réponse de Papus que reproduit L’Acacia, avec onze pages de commentaires, où Limousin cite notamment une précédente lettre que le grand maître de l’Ordre martiniste lui a adressée : "Je ne sais si vous savez que je représente à Paris le Rite Suédois (sic) d’Yarker et qu’une Grande Loge de France vient d’être chartée depuis que les Loges françaises abandonnent l’invocation du Grand Architecte. Peut-être entendrez-vous bientôt parler de nous. Ce Rite est régulier et universel, en relation avec les Rites reconnus."


Aux pages de Limousin, Papus répondra encore par une nouvelle lettre dont il convient d’extraire ce qui concerne notre rite (car la discussion touchait plusieurs sujets, dont la personne de Téder que Limousin croyait être… Papus) : «Je suis Président à Paris depuis plusieurs années du Chapitre INRI n° 14, du Rite Swedenborgien, comme vous pouvez le voir sur la liste des Formations du Suprême Conseil de ce Rite. Cette liste est imprimée depuis de longues années également. "Or ce Rite étend son action. Il ajoute un Temple à son chapitre et il charge un Comité d’organisation de créer cette nouvelle formation. "On ne recevra dans cette formation que des Maîtres, puisque la caractéristique de nos travaux est de ne pas empiéter sur les travaux des loges.


"Maintenant que ces Maîtres soient Français, Ecossais, Espagnols ou Japonais, cela nous indiffère. Nous n’insulterons pas un Français, même s’il a vu la lumière en Araucanie. "Je garantis, au nom de ce Rite, aux Maçons français qui se joindront à nous, la réception en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne et dans d’autres contrées encore. Le Rite primitif et originel de la Franc-Maçonnerie possède lui-même 57 Chapitres et Temples. Si la Grande Loge d’Angleterre "tolère" que ses Officiers prennent les grades du Rite de Yarker, comme vous dites, il est présumable que la réciprocité est vraie. Les futurs membres de notre formation auront de quoi faire. "Ce que je prie notre ami Limousin de constater c’est que je ne fonde rien de nouveau. Je suis un simple délégué chargé d’une mission définie sous la direction d’un Suprême Conseil bien connu en Angleterre. Si je remplis mal l’objet de ma délégation on me remplacera, mais cela se fera tout de même, d’autant mieux, qu’on recherche la qualité et non la quantité."

En France, ainsi que le laisse entendre l’affrontement de Limousin et de Papus, surgira en effet du chapitre INRI une Grande Loge swedenborgienne de France, chartée par Yarker en date du 15 mars 1906. Il me paraît significatif que Papus ait fondé la même année une autre loge, au titre distinctif Humanidad, rattachée celle-là au rite national espagnol, et ouvrant ses travaux aux trois grades symboliques. Ainsi furent reçus à INRI des frères étrangers aux grandes obédiences françaises, qui avaient précédemment été élevés à la maîtrise à Humanidad… dont un certain René Guénon. Au convent maçonnico-spiritualiste organisé par Papus et les siens en juin 1908, seront représentées les Grandes Loges Swedenborgiennes de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne, ainsi que maintes fondations de Papus, Yarker, Reuss. En 1909, un certain G.A. Taber, de Boston, écrira à Papus afin de pouvoir implanter aux Etats-Unis une branche du rite swedenborgien. Papus lui répondra favorablement tout en lui conseillant de voir aussi avec Yarker afin de choisir entre la fondation d’une délégation de la Grande Loge swedenborgienne de France, ou la constitution d’une Grande Loge autonome. Mais d’autres loges dépendantes de Yarker y étaient déjà installées sur le territoire américain. Avec la mort de Yarker, en 1913, le rite swedenborgien privé de son chef suprême n’eut plus guère de succès, d’autant qu’il avait été supplanté par les rites égyptiens promus à bien meilleur avenir. A partir de 1908, Papus ayant reçu la grande maîtrise du rite de Memphis-Misraïm pour la France, il se pourrait que les grades "égyptiens" se soient substitués aux grades swedenborgiens. A moins que les deux systèmes n’aient été pratiqués parallèlement au sein du même chapitre ?


Lorsque Papus passa à l’Orient éternel, le 25 octobre 1916, Charles Détré, son adjoint depuis 1906, lui succéda comme grand maître de la Grande Loge swedenborgienne de France. Mais il mourut à son tour deux ans plus tard, le 26 septembre 1918. A ma connaissance, ni Jean Bricaud, ni Victor Blanchard, tous deux prétendants à la succession de Téder pour l’Ordre martiniste, ne se sont prévalus d’une quelconque grande maîtrise du rite swedenborgienne pour la France (25). Georges Bogé de Lagrèze, en revanche, le fit, ainsi qu’en témoigne une lettre adressée par celui-ci à l’Américain Ralph M. Lewis, imperator de l’AMORC, en date du 12 novembre 1945. Mais de qui Lagrèze tenait-il ses pouvoirs en l’espèce ?  En tout cas, Lagrèze meurt en 1946 et personne, après lui, ne semble plus se soucier en France du rite swedenborgien… Le rite swedenborgien, ou les rites swedenborgiens qu’on dirait sans jeu de mots " primitifs ", c’est-à-dire du XVIIIe siècle, s’inspirent probablement de la doctrine d’Emmanuel Swedenborg. Il ne suffirait que d’avoir leurs rituels pour en avoir la preuve. Mais qu’en était-il des rituels en usage au chapitre INRI, traduits d’après leur version anglaise en usage au temps de John Yarker ? Qu’en était-il de ce rite swedenborgien-là ? Beswick, Yarker, Papus et d’autres revendiquent pour le rite " primitif et originel " une grande ancienneté, qui situent sa fondation en l’an 5873 avant Jésus-Christ, et le tiennent pour le modèle commun des autres rites maçonniques, dès lors tous un peu apocryphes. Du reste, Papus, tout à l’heure, en parlait aussi comme d’un rite chrétien, et ce n’est pas par hasard qu’il allègue en passant le 18e grade de rose-croix du rite écossais ancien accepté et de Memphis-Misraïm, souvent qualifié de christique.


Pourtant à bien lire les rituels du chapitre INRI, nulle trace de christianisme explicite, sauf à ne considérer du christianisme que son aspect vétéro-testamentaire, ou à lire entre les lignes. Certes, les références bibliques y sont nombreuses, qui forment la trame même du rituel, mais point de référence au Christ Jésus. Quant au swedenborgisme au sens strict, moins de traces encore… Craignons que notre rite swedenborgien, soi-disant tel en fait, n’ait que peu de rapports avec les rites, ou le rite de Chastanier et Thomé. Peu ou pas swedenborgien, le " rite primitif et originel de la franc-maçonnerie ", n’était pas non plus, et de loin, le plus ancien des rites maçonniques. Pourtant, Yarker, Papus et quelques autres l’avaient rêvé ainsi. Pourquoi ignorer les filiations de désir ? Car Papus en France, bien plus encore que Yarker en Grande-Bretagne, avait à maintenir la tradition maçonnique, initiatique et gnostique, en un temps où, passé la dernière loge du rite de Misraïm, cette tradition était ici sur le point de disparaître. Une fois de plus, à travers ce nouveau cercle marginal, Papus aura donc maintenu, seul contre tous ou presque, après l’avoir reçu par de très singuliers canaux, le flambeau que le Grand Architecte de l’Univers, n’en doutons pas, lui avait confié.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Emmanuel Swedenborg et la Franc-maçonnerie  -  Dom Pernetty et les illuminés d’Avignon  -  Martinez de Pasqually et les martinistes  -  le rite Suédois  -  Bénédict Chastanier  -  Mac Leod Moore  -  John Yarker   -   Papus et le Temple  -  Téder  -  Blanchard, Bricaud, Sémélas et Lagréze   -  Les rites swedenborgiens  -  la forme cultuelle  -  le rite  -  l’office en loge et son rituel  -    Frère vert et frère bleu   -  le 5e degré pivot du rite  -   le frère rouge  -   mort de Haï-Ram  -   les ruffians   - 

 

la FRANC-MAÇONNERIE TempliÈre et occultiste aux 18ème et 19ème siÈcle

René le forestier

EDITION la table d’émeraude

 1987

2 gros volumes pour raconter 200 ans de Franc-maçonnerie en France et en Europe à travers la chevalerie des templiers et la création de la S.O.T. et du C.B.C.S. qui débouche sur le rite rectifié.

 

Cette vaste enquête porte sur deux domaines dont les Sciences Humaines découvrent toujours davantage tant la spécificité, que la position de carrefour entre leurs spécialités respectives : d'une part, la maçonnologie - spécialité en plein essor - ; d'autre part, les courants ésotériques occidentaux modernes. Aussi bien sa publication n'a-t-elle pas manqué, depuis 1970, de susciter des vocations en orientant maints historiens sur des points tant généraux que particuliers.

 

La recherche s'est portée sur plusieurs fronts, trop nombreux pour qu'il soit possible de présenter ici une énumération détaillée et raisonnée de toutes les études venues de divers horizons. Mais on trouvera ici une liste de plusieurs d'entre elles, parues au cours de ces quelques trente dernières années. Elles contiennent, pour la plupart, de riches bibliographies, comblent certaines lacunes, enrichissent de lumières nouvelles maintes pages de ce livre, pour le bonheur du lecteur mis en appétit par le talent, la compétence, et souvent l'humour, de René Le Forestier.


La Franc-Maçonnerie templière et occultiste, par René Le Forestier, publié par Antoine Faivre. Est une  vaste enquête qui porte sur deux domaines dont les sciences humaines découvrent toujours davantage tant la spécificité, que la position de carrefour entre leurs spécialités respectives : d'une part, la maçonnologie - spécialité en plein essor –, d'autre part, les courants ésotériques occidentaux modernes.

Aussi bien, sa publication n'a-t-elle pas manqué, depuis 1970, de susciter des vocations en orientant maints historiens sur des points tant généraux que particuliers. « Avec l'ouvrage posthume de Le Forestier, on se trouve en présence d'un monument de travail, de savoir et d'érudition. L'auteur venait d'achever le manuscrit lorsqu'il mourut subitement le 8 novembre 1951 dans sa 83e année. Il le jugeait lui-même impubliable.

 Précisons, du reste, que contrairement aux assertions de l'abbé Ledré et de M. R. Priouret dans leurs ouvrages, Le Forestier n'a jamais été franc-maçon. Il publia, en effet, un article sur la Franc-maçonnerie écossaise ans la Revue Universelle de Jacques Bainville en 1923 et il donna en 1935 dans les Cahiers Fustel de Coulanges un travail sur la pédagogie hitlérienne d'après Mein Kampf et l'enseignement de l'histoire. Il suffit d'ailleurs de lire avec attention tous ses ouvrages pour se rendre compte que ses jugements sur la maçonnerie, bien que très modérés et toujours courtois, dénotent chez lui une réserve incompatible avec une affiliation. Ceci dit, il faut ajouter encore que Le Forestier se sent chez lui dans l'étude de la maçonnerie mystique et que celle de la maçonnerie symbolique des trois premiers grades n'est pour lui qu'un hors d'œuvre avant le plat principal.

 

LA FRANC-MAÇONNERIE – VOYAGE A TRAVERS LES RITES ET LES SYMBOLES  

W. KIRK MACNULTY

EDITION DU SEUIL

 1993

Un très beau livre avec une iconographie importante sur les degrés symboliques. L’évolution des rituels et de la maçonnerie en général.

 

Avec ses rituels anciens, ses symboles complexes et ses décors déconcertants, la franc-maçonnerie n'a cessé de nous fasciner depuis près de trois siècles. C'est le mystère qui plane autour de cette société secrète qui a engendré des mythes et souvent des malentendus. Puisant à plusieurs collections majeures d'art maçonnique et présentant de nombreux objets jamais publiés à ce jour, cet ouvrage trace un tableau exceptionnel, passionnant et détaillé de l'organisation. Il couvre les origines et l'histoire de l'ordre, la philosophie qui inspire les rituels de ses degrés et hauts grades, les rapports en perpétuelle mutation de la franc-maçonnerie et de la société (notamment la place faite aux femmes et l'antimaçonnisme) et les énigmes et mystères qui s'attachent aux francs-maçons, avant de d'évoquer certains de ses frères les plus célèbres

 

Cet ample panorama s'accompagne d'une étude approfondie des hauts degrés et grades et des organisations affiliées présentes dans le monde entier, notamment du Holy Royal Arch, de la Mark Masonry, des Knights Templar et des rites d'York et écossais. Alliant une riche iconographie en couleurs et l'approche intime d'un franc-maçon de longue date, ce livre démêle la réalité et la fiction et révèle des mystères insoupçonnés et plus fondamentaux

 

la fraternitÉ initiatique mythe ou rÉalitÉ ?        n°  23

François figeac

Edition MAISON DE VIE

 2007

Employé à tort et à travers, le terme de « fraternité » est souvent galvaudé et réduit à la seule dimension de la solidarité. Ce concept s’est progressivement vidé de son sens, et il nous est apparu essentiel d’en repréciser les multiples aspects, d’en redécouvrir la puissance créatrice et de témoigner de sa pratique dans les Loges de la Franc-maçonnerie initiatique. La fraternité, en effet, est au cœur de la vie initiatique, si fondamentale que la façon dont on l’appréhende et dont on la vit détermine le type de Loge que l’on construit. Plus on tente de vivre authentiquement son nom de Frère ou de Sœur, plus on pratique une liberté de création. La fraternité n’est-elle pas le mode opératoire de la voie initiatique ? Mais c’est également un partage des mêmes valeurs.

 

La fraternité accompagne le maçon tout au long de son cheminement, depuis l’initiation, qui représente une nouvelle naissance jusqu’au passage à l’orient éternel. Lors de l’initiation, le vénérable maître fait référence à la fraternité dès l’entrée du récipiendaire dans le temple en lui expliquant que la pointe de l’épée qu’il sent sur sa poitrine représente le symbole du remord qui déchirera son cœur si il devenait traitre à la fraternité dans laquelle il a demandé à être admis. Puis, à l’issue du premier voyage, durant lequel le récipiendaire sera fraternellement guidé et soutenu par les frères expert et maître des cérémonies, le VM après avoir fait le parallèle entre les obstacles physiques rencontrés et les obstacles de la vie, rappelle l’importance de l’aide reçue de ses semblables. A la fin du troisième voyage il est rappelé le principe de morale « ne fait pas à autrui … » et de sa version maçonnique «  fais aux autres tout le bien … ». N’est-ce pas là un apprentissage de la fraternité ? Puis, autres temps fort s’il en est, viennent le serment, suivi de la scène du parjure pour finir en apothéose sur la réception de la lumière avec la scène du miroir. Toutes ces étapes de l’initiation font directement référence à la fraternité maçonnique et à ses exigences.

 

Sorti de l’initiation, notre rituel nous rappelle à chaque tenue l’importance de cette fraternité. En effet, une fois la loge ouverte par le vénérable maître, quel est sa première parole avant de débuter l’appel des frères ? « Élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière ! ». De même, c’est par la chaîne d’union que se terminent les travaux et débute le rituel de clôture qui débouchera sur la fraternité de nos agapes. Etant, ce midi, au premier degré, je n’irai pas plus avant sur les symboles et enseignements qui, que ce soit à l’élévation au grade de compagnon ou à celui de maître, font référence à la fraternité. Je me permettrai simplement de proposer à ceux qui le souhaitent, de se replonger dans la symbolique du pentagramme et de ses 5 pointes. A nos frères maîtres, je demanderai à quoi ressemble plus la cérémonie de passage au grade de Maître qu’à un l’expression d’une solidarité et une fraternité sans faille. Comme je le disais au début de ce chapitre la fraternité représente l’un des 5 piliers de la Franc Maçonnerie et de notre ordre en particulier.

 

La question qui se pose est donc pourquoi ? Pourquoi autant de références à la fraternité? Qu’apporte-t-elle à notre ordre, à nos travaux, à nous même ? La réponse, ou plutôt les réponses, à ces questions a déjà été en partie abordée. La fraternité est à notre ordre, à notre méthode, à notre rituel, ce que le mortier est aux cathédrales : l’élément fédérateur sans lequel ce temple que nous construisons ne serait qu’un tas de pierres éparses. C’est cette fraternité naturelle qui nous unis en un ensemble cohérent, respectueux les uns des autres. C’est elle qui nous permet de travailler en sérénité. En sérénité car nous savons que nous ne serons pas jugés, que notre frère, si il apporte une correction ou un complément à notre travail, le fera pour nous faire progresser et non par défi ou besoin de démontrer sa supériorité. C’est aussi l’assurance de se sentir intégré à un groupe, une communauté de pensée, mu par une force spirituelle partagée et tournée vers un seul objectif : le progrès de l’humanité dans son sens le plus noble mais aussi le plus humain et humaniste.

 

Imaginez même frères, ne serait-ce que quelques secondes, ce que seraient nos tenues si nos métaux passaient la porte du temple et si la fraternité ne régnait pas, avec le silence, sur nos colonnes. Cette fraternité dont je vous parle est donc l’humus dans lequel germeront, tout au long de notre parcours initiatique et de nos élévations, nos réflexions et nos travaux, alimentés par les symboles qui nous entourent et la bienveillance de nos frères. Mais que l’on ne s’y trompe pas, la fraternité maçonnique s’exprime également au-dehors du temple. Non pas sous la forme qui nous fait tant de mal et fait vendre tant de journaux, mais sous la forme, toute simple, de Solidarité emploi, Solidarité jeunesse ou Mathusalem. Quoi de plus simple qu’un coup de fil, une visite à un frère que l’on ne voit plus venir sans raisons? Quoi de plus naturel que d’étendre sa solidarité à l’épouse et aux enfants d’un frère trop rapidement passé à l’orient éternel ? Et, pourquoi pas un geste envers les non maçons, ceux que l’on nomme « profanes » mais qui sont des êtres humains comme nous tous ? N’est-ce pas la continuité logique de nos engagements et la plus belle forme d’action Maçonnique qui soit ?

 

LA GENḔSE – VOLUME DE LA CONNAISSANCE SACRḖE

Jean Claude Mondet

Ed. Numerilivre

 2017

Si, pour les croyants, la Bible et en particulier son premier livre, la Genèse, sont censés véhiculer la parole divine, de plus en plus d'entre eux admettent, comme le font les spiritualistes, qu'il s'agirait plutôt d'un recueil de traditions orales, exprimant la façon dont les anciens, peut-être « inspirés », avaient répondu à leurs questions existentielles : D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens de la vie ? En ces temps reculés, le langage étant peu adapté à la réflexion abstraite, ils ont procédé par analogie, transposant à des exemples concrets les idées qu'ils voulaient faire passer, ainsi sont nés les symboles et les mythes. Dans le monde antique, l'auditeur, était invités à s'identifier aux héros présentés et de la sorte, à vivre en esprit les aventures que ceux-ci étaient réputés avoir vécues réellement et donc à recevoir le message transmis, relatif à sa propre destinée.

 

La Genèse fourmille d'épisodes célébrissimes, preuve s'il en était besoin qu'elle reste d'actualité. Qui ne connaît ceux concernant la Création de l'homme, la côte d'Adam, le fruit défendu, le déluge, la tour de Babel, Abraham et Isaac, Sodome et Gomorrhe, Loth et ses filles, Jacob et le plat de lentilles, sa lutte contre l'ange, Joseph et la femme de Putiphar, les vaches grasses et les vaches maigres, etc. etc. ? Derrière l'histoire racontée, ce sont chaque fois de nouvelles connaissances sur nous-mêmes que nous sommes appelés à découvrir. L'auteur présente ici le résultat de sa propre lecture, à la fois symbolique, allégorique et mythique de ce texte, il invite le lecteur à le suivre dans le voyage qu'il raconte, celui de l'humain dans sa quête spirituelle, et à s'en forger sa propre interprétation.


Interprétation Esotérique de La Genèse (1,21-22) : 21.- Étant donné que Kether et Hochmah sont UN, que Père et Fils sont UN (exprimé en termes christiques), nous comprenons, ainsi, qu'en ce 6 ème Jour, la Divinité Travaille simultanément à deux niveaux distincts.

Nous avons vu le premier, voyons à présent le deuxième, c'est-à-dire celui de la création d'Adam. Fabre donne à ce mot la signification de genre humain ou, plus précisément celle de Règne Hominal. Moïse nous dit que Dieu a fait Adam homme et femme en même temps, c'est-à-dire hermaphrodite. Et il en fut ainsi tel que nous l'avons prouvé dans certains de nos textes, (Le Grand Livre de Cabale Magique, Une Vie Changée... etc.)  Et, c'est dans ce 6 ème  Jour que nous pourrons récupérer l'Unité perdue au début de notre parcours humain, épisode qui nous sera explicité par Moïse, dans le Deuxième Chapitre, lorsqu'il décrira les Travaux réels, effectifs, réalisés par la divinité. Car, dans ce Premier Chapitre il est en train de nous exposer ce que Dieu a fait en puissance, sur plans pourrions-nous dire, et qui était appelé à se déployer dans son Oeuvre.

 

L'Adam, auquel Moïse fait référence, est l'Adam du 6 ème  Jour, le Règne Hominal selon la manière de s'exprimer de Fabre. Il n'est pas l'homme primitif, le sauvage, mais celui qui, après une très longue évolution, est arrivé à constituer le Règne Humain. C’est l’Homme-Roi,  à qui Dieu a donné pouvoir sur tout ce qui est sur Terre ; sur la Terre Emotive et sur la Terre Mentale qui sera notre Terre lors du 6 ème   Jour, car c'est la plus inférieure des Terres de ce 6 ème  Jour (voir La Cosmogonie des Rose+Croix de Max Heindel). Oui, dans le Chapitre suivant, nous seront racontés les Travaux de ce 4 ème Jour dans lequel nous nous trouvons, et nous assisterons à la formation d'Adam avec de l'argile de la terre, selon les traducteurs conventionnels de la Bible.   Au 6 ème Jour l'Oeuvre s'achève, bien qu'en réalité le pouvoir de Kether n'aurait dû nous être transmis (disions-nous) que le 7 ème Jour. Tout s'accélère. Et cette accélération de l'histoire nous devons la comprendre comme un don fait par Hochmah, un don d'Amour. Dans le 6 ème  Jour le Corps Mental, dont la graine fut plantée lors du 3 ème  Jour, atteindra la phase 2°Hé et sera en état de régner sur tout ce qui a été créé, mais la fécondité créative ne sera atteinte que le 7 ème  Jour, de la même manière que le Corps du Désir n'aura atteint son pouvoir Créateur que le 6 ème Jour. Au 7 ème  Jour, tel que nous l'avons déjà signalé, nous assisterons à une sorte de répétition générale de ce que sera notre propre Création dans le prochain Grand Jour de Manifestation.

 

Nous serons, en effet, en état de créer, mais nous ne disposerons pas d'un espace qui nous appartienne véritablement. Nous effectuerons nos créations sur des structures super-organisées, et nous serons un peu comme ces enfants qui apprennent à dessiner sur des schémas déjà tracés, dans lesquels ils ne doivent qu'ajouter la couleur et quelques traits. Nous savons que nos cobayes dans ce 7 ème  Jour, seront les composants de la Vague de Vie aujourd'hui minérale et qui, alors, sera humaine, Ce seront eux qui nous fourniront les matériaux pour cette Grande Répétition.   Nous arrivons à la fin d'un sujet où rien n'a été encore dit. Tel que nous l'avons progressivement observé, les traduc­tions dont nous disposons de ce Premier Chapitre du Livre de la Genèse, ne traduisent pas la pensée de Moise, inspirée par Jéhovah. Fabre d'Olivet nous indique qu'il existe trois façons de lire le texte de Moïse, mais il s'intéresse rarement au sens symbolique et même lorsqu'il s'y intéresse, Fabre d'Olivet ne possède pas de manière suffisante, la connaissance cabalistico-astrologique pour pouvoir interpréter convenablement ce que Jéhovah a voulu nous dire au travers du médiateur Moïse.

 

Le schéma de la Création que Max Heindel présente dans sa Cosmogonie nous permet de suivre le fil des Travaux, de façon plus convaincante. Cependant, là aussi des écarts se font jour, concernant l'inéluctable raisonnement logique offert par l'étude de l'Arbre Cabalistique ; écarts que nous ne voulons pas mettre en évidence mais que le Lecteur remarquera sans aucun doute.  Disons, pour finir, que certains énoncés pourront se trouver en contradiction avec ce que nous avions consigné dans d'autres textes (ouvrages de Haziel et de Kabaleb). Certes, nous pourrions rectifier les points qui ne sont pas concordants, pour les faire coïncider avec nos observations passées (tout au moins avec les plus récentes), mais ce travail de rectification devrait être permanent. Et, d'autre part, si notre itinéraire nous a conduit à ces évidences de plus en plus claires et précises, un tel parcours devra donc également être utile à tous ceux qui nous suivent. La capacité de capter la Vérité augmente au fur et à mesure que nous la captons et ceci étant, nous sommes constam­ment obligés de mettre en question ce que, précédemment, nous considérions vrai et immuable. Dans un Univers vivant et lancé vers une toujours plus grande perfection, la Vérité immuable n'existe pas.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Bible, livre de la Tradition  -  La Création  -  Premier jour  -  du 2e au 5e jour  -    6e jour, les habitants de la Terre   -   Création de l’homme   -  un jardin en Eden   -  Et vint la femme   -   la transgression   -   la conséquence    -   L’homme triple   -  la descendance d’Adam   -   Caïn et Abel   -  la postérité d’Adam   -   Le Déluge   -  les descendants de Noé   -   Le voyage d’Abram   -  D’Our-en-Chaldée et H’arân     -     De H’arân à Mitsraïm   -    De Mitsraïm à Canaân    -   Naissance et vie d’Abrâm   -  Naissance d’Abrahâm    -   Histoire de  Loth   -   Naissance d’Isaac    -  Rébecca   -  le mariage d’Isaac   -  Homme triple, amour triple   -  Esaü et Jacob   -    Une affaire de puits   -  Jacob à H’arân   -   la tromperie   -  voyage et arrivée de Jacob   -   Chez Labân    -   Retour de Jacob en Canaân   -  La fuite et l’arrivée  -   Histoire de Dina   -   le Nouvel Homme   -  Joseph en Egypte   -  Judas et Tamar    -   Succès de Joseph   -   les fils de Jacob en Egypte   -   Israël en Egypte   -  la fin de Jacob-Israël    -

 

la grande loge nationale française

Jean E. murat

EDITION  PUF

 2006

En réaction à l’anticléricalisme d’une partie de la maçonnerie, la GLNF a été constituée en 1913. Ce faisant, elle s’inscrivait dans la longue tradition maçonne du Grand Architecte de l’Univers et retenait comme fondement la notion de transcendance. Autour de ces valeurs fondées sur aucun privilège, aucun sacrement confessionnel, aucune recette non plus, une méthodologie, des rites, des symboles accompagnent le passage de l’homme temporel à l’homme intemporel. Cet ouvrage retrace l’histoire institutionnelle de la GLNF. Il présente les rites et grades suivis par cette Loge. Il montre l’avenir et la pérennité des valeurs prônées par cette Franc-maçonnerie internationale.

 

LA GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE - HISTOIRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE RÉGULIÈRE.

Alec  MELLOR

I.D. PREMIERE

 1993

La naissance, les principes et les structures de la Grande Loge Nationale Française. Un très bon historique sur cette obédience qui a réussi à surmonter beaucoup d’obstacles, mais qui malheureusement à cause de ses 2 derniers GM qui ont confondu  «  servir la maçonnerie avec se servir de la maçonnerie » a connu une descente aux enfers. 

 

Ainsi le schisme est arrivé en 2011/2012. Dans ce livre  on y voit l’arrivée des différents rites et leurs développements.

 

laissons-les jouer avec nos outils

F. cheney

EDITION  DERVY

 2001

Pendant que certains préfèrent le paraître et les médailles, d’autres pratiquent la maçonnerie dans le silence et l’exemplarité. En prétendant plonger ses racines historiques dans les loges des tailleurs de pierre, la franc-maçonnerie spéculative ne pouvait pas moins faire que d'accorder une place importante aux outils dans sa symbolique et sa rituélique, tout particulièrement dans les trois premiers grades. Le sujet est à l'origine d'une immense part de la littérature maçonnique, chacun s'efforçant de comprendre le sens caché de cet héritage, lequel est largement représenté dans l'iconographie maçonnique et tout particulièrement dans les tableaux de loge des grades d'Apprenti et de Compagnon.

 

Dès l'abord, il convient toutefois de remarquer que l'emblème même de l'Ordre maçonnique n'est pas formé par des outils de tailleurs de pierre (ou « maçons », selon le sens ancien du terme), mais, plus exactement, si l'on nous permet cette nuance, par des instruments, ceux de la Géométrie, cinquième Art libéral des Anciens et synonyme même de l'Architecture-Maçonnerie dans les Old Charges : le compas, l'équerre et la règle. Compas et règle sont en effet les deux instruments essentiels du tracé géométrique, tandis que l'équerre – l'angle droit – en est à la fois comme le but et la pierre d'achoppement.

Le même emblème fondamental se rencontre d'ailleurs dans les compagnonnages de métiers, accompagné ou non d'outils caractéristiques et d'autres éléments symboliques. C'est ainsi que, par exemple, le blason des Compagnons Passants tailleurs de pierre français du tout début du XVIIIe siècle – qui se distingue radicalement des blasons spéculatifs de la même époque par la présence d'une couleuvre entrelaçant les trois instruments – met lui aussi l'accent sur la géométrie et non sur la taille de la pierre.

Dans la perspective opérative, l'entrecroisement de ces instruments fait avant tout allusion au processus même de l'opération géométrique  : la production des points, des lignes et des surfaces nécessaires à telle ou telle construction par les Avec le volume de la Sainte Loi – analogue, d'un certain point de vue, à la « règle » –, équerre et compas forment les « trois grandes lumières » qui éclairent la loge. Ils ont été dotés, selon les rites et les époques, de nombreuses significations symboliques d'ordre moral ou spirituel, plus ou moins en rapport avec les principes géométriques. Ainsi l'équerre est-elle tout naturellement symbole de la rectitude, tandis que le compas, instrument bien plus complexe qu'il y paraît, peut- être celui de la circonspection, de la mesure, de l'impartialité, de la sagesse, etc. Dans les miniatures médiévales, c'est à l'aide du grand compas d'appareilleur des tailleurs de pierre que le Grand Architecte opère la Création du Monde.

 

Le niveau et la perpendiculaire, emblèmes des Surveillants, sont eux aussi des instruments de la géométrie davantage que des outils. S'appuyant l'un et l'autre sur le principe du fil à plomb, ils permettent de vérifier la conformité de la réalisation, de l'élévation, aux principes énoncés par le plan de l'œuvre. Le niveau sert à vérifier l'horizontalité, tandis que la perpendiculaire permet de vérifier non seulement la verticalité d'un mur mais aussi sa planéité. Avec l'équerre, emblème du Vénérable, ces deux instruments complémentaires tracent donc le schéma fondamental de la croix tridimensionnelle, de l'espace que définit toute architecture. Finalement la part accordée dans la symbolique maçonnique aux outils du tailleur de pierre est bien mince : le maillet et le ciseau, couple indissociable auquel il est effectivement possible de réduire, d'un point de vue théorique, l'acte de dépouillement patient et réfléchi qu'est la taille d'une pierre.

 

Peut-être peut-on alors reconnaître dans la hache qui frappe le sommet de la pierre cubique à pointe le souvenir, déformé par les spéculatifs, du marteau taillant, outil par excellence des tailleurs de pierre franche et dont, précisément, il est l'emblème caractéristique de métier ? Mais c'est le marteau taillant qui permet de dégrossir la pierre brute et le ciseau de polir la pierre cubique, et non l'inverse. En tous les cas, le rapport symbolique entre la taille de pierre et le travail spirituel que le Maçon se doit d'accomplir sur lui-même, était déjà connu des opératifs, ainsi qu'en atteste un des dessins du carnet de Villard de Honnecourt au XIIIe siècle, nous montrant quatre tailleurs de pierre disposés en équerres se taillant eux-mêmes les pieds.

 

La truelle, qui apparaît sporadiquement dans la symbolique maçonnique selon les rites et les époques, est pour sa part l'outil emblématique du métier de maçon – au sens moderne du terme. C'est elle qui permet d'unir les pierres par le mortier, et sa relation symbolique à la fraternité devant unir les Maçons est tellement évidente qu'elle laisse à peine percevoir l'existence d'autres significations. Soulignons ainsi l'importance négligée de son rôle consécratoire, tant des édifices « profanes », lors de la pose de la première pierre, que des églises, où elle permet de sceller le « tombeau des reliques ». Sa forme triangulaire évoque en ce contexte la Sainte Trinité agissante. Le levier, qui apparaît lui aussi assez marginalement, est tout à la fois outil de carrier, de tailleur de pierre et de maçon. Mettant en œuvre une loi physique découverte par Archimède afin de mouvoir des charges au-dessus des forces de l'homme, et de fait souvent assimilé à un symbole de la volonté et de l'intelligence, il semble bien que l'on ne doive voir en lui, à l'origine, rien d'autre que le symbole de la Force, l'un des termes du ternaire maçonnique bien connu : Force – Sagesse – Beauté.

 

Notons qu'il s'agit d'un symbole qui n'est pas attesté dans l'ancienne emblématique des compagnonnages de tailleurs de pierre, bien que le ternaire en question leur soit également connu. Quant à la planche à tracer qui est, avec le compas, un attribut du Maître-Maçon, son rapport avec la géométrie et le dessin d'architecture en fait un symbole particulièrement riche et complexe. Notons simplement que la représentation qui en est donnée sur les plus anciens tableaux de loge indique un rapport tout particulier avec la Beauté : le dessin qui y figure est celui du chapiteau corinthien.

 

LA  JAUGE  ou la clef du chantierUn outil maçonnique méconnu     -N°  48     

Xavier  Tacchella

Edition  Maison de Vie  

 2012

Le rituel maçonnique réserve bien des surprises, de même que « la boite à outils » des Francs-maçons. Parmi ceux-ci, la Jauge, injustement oubliée, alors que cette forme de la règle était considérée comme essentielle pour bâtir une cathédrale.

 

L’auteur a mené une enquête approfondie pour ressusciter la Jauge, clef du chantier, tout en évoquant les anciennes mesures (empan, paume…), le Nombre d’Or et la coudée. Son étude révèle une facette méconnue de la Franc-maçonnerie opérative et sa symbolique.

 

Tous les compagnons possédaient des jauges « non communes » au chantier en cours. Ainsi celui qui arrivait à Rouen après avoir travaillé à Chartres, était en possession de la jauge de Chartres. Il se voyait remettre la jauge commune aux ouvriers de Rouen ; il y avait donc autant de jauges non communes que de chantiers par lesquels des compagnons étaient passée.

 

Le résultat de cette erreur de compréhension de la jauge est qu’il n’est pas rare de voir sur le tapis de Loge une règle de 24 pouces en lieu et place de la jauge ! Bien sûr et nous le verrons plus loin que ce n’est pas le même outil. Il est d’autant plus étonnant qu’elle soit si peu étudiée, qu’elle est peut-être l’outil le plus important, le plus essentiel à la construction ; elle va permettre à tous les compagnons de travailler ensemble sur un Pied d’égalité.

Une ordonnance de police de 1773 nous donne la liste des outils autorisés (ceux du petit sac : rainette, jauge, petit compas, plomb, cordeau sauterelle, pierres noires et limes). La Jauge fait donc partie des outils jugés essentiels pour la pratique du métier.

 

Le cordeau permet de tracer des droites, lesté il vérifie les verticales, fixé à une extrémité il trace des cercles à treize nœuds etc…

 

L’équerre permet de vérifier la justesse des angles

 

Le niveau composé d’une équerre avec une traverse crantée, d’un cordeau lesté, servait d‘équerre, permettait de vérifier les horizontales et déterminait les angles principaux.

Enfin la jauge ou quine, sans qui les autres outils deviendraient inutiles. Cette jauge  ne doit pas être confondue avec la règle ou avec la canne à mesurer du Maitre d’œuvre, même si cette dernière porte les mesures de la jauge commune.

 

Cette quine était formée des principales mesures suivantes, avec sa valeur en ligne : La ligne correspondait à la largeur d’un grain d’orge ou au 12e du pouce du Roi, soit 2,24 cm :

La Paume, de la largeur de la main (34 lignes)

Le Palme (de l’extrémité de l’auriculaire au bout de l’index (55 lignes)

L’Empan, du pouce à l’auriculaire, doigts écartés (89 lignes)

Le Pied  (144 lignes) 

La Coudée (233 lignes)

 

Un excellent livre sur les diverses mesures et outils opératifs, avec leurs rapports avec le métier, les oeuvriers, les lettres hébraïques, la tradition, la canne compagnonnique,  les outils, et bien d’autres secrets qui nous emmènent sur tous les chantiers de l’Egypte à aujourd’hui en passant par le Moyen Âge.

 

LA LÉGENDE D’HIRAM Histoire de la REINE DU MATIN et de SOLIMAN  PRINCE DES GÉNIES

Gérard de NERVAL

A L’ORIENT

2000    

En plus de cette histoire de la Reine de Saba par Gérard de Nerval sous un éclairage maçonnique, on y trouve des annexes importantes.

On apprend au cours de l’Entretien imaginaire que Nerval n’a pas été franc-maçon, mais que son père et son oncle, et deux de ses cousins, l’avaient bien été, à la Loge des Sept Ecossais Réunis (Grand Orient de France, REAA, à Paris), et que Vassal (Secrétaire Général du G.O. et auteur du Cours complet de Maçonnerie, Histoire générale de l’Initiation, Paris 1832) en avait été le V.M.

 

En 1935, Bouryschkine s’attachait à démontrer que les membres du Suprême Conseil chargés en 1879-80 d’aménager le rituel du 3e grade, « empruntèrent » à Nerval « les modifications du rituel », reproduction des deux textes en parallèle, à l’appui. Il en concluait donc que « le récit de Nerval constituait la véritable et complète légende maçonnique », dont nous verrons ce qu’on peut en penser plus bas.
 

Nerval a effectué son voyage en Egypte, Syrie, et Turquie, au cours de la plus grande partie de l’année 1843, après une première crise qui l’avait conduit à l’internement dans la clinique du Dr Esprit Blanche à Montmartre (la majeure partie de l’année 1841, alors qu’il n’a que 32 ans) : syndrome bipolaire, constitué de phases d’excitation extrême, folie des grandeurs, suivies d’abattement profond, mélancolie, improductivité et pulsions suicidaires.

 

C’est le moment où, à partir de 1845, il composera tous ses chefs d’oeuvre (Voyage en Orient, Petits Châteaux de Bohême, Illuminés, Bohême Galante, Chimères, Filles du Feu, Pandora, Aurélia ou le Rêve et la Vie). Ses vers deviennent un concentré ésotérique d’évocation symbolique, et sa prose mêle de plus en plus « le rêve à la réalité (1) », amenant le lecteur dans un monde enchanté.

A propos du style hermétique de ses vers (les douze sonnets des Chimères, publiés en volume en janvier 1854 chez Giraud à la fin du volume Les Filles du Feu, dont cinq sont regroupés sous le titre collectif Le Christ aux Oliviers) il écrit à Dumas un an avant son suicide « ils ne sont guère plus obscurs que la métaphysique d’Hegel ou les Mémorables de Swedenborg, et perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible ». Une deuxième crise, à répétitions, fatale pour sa raison, le tiendra enfermé une grande partie des années 1853 et 154 ; il ne sortira de la clinique que le 19 octobre 1854 sur l’intervention insistante de la Société des Gens de Lettres, et contre l’avis de son médecin, pour mettre fin à ses jours trois mois après.

Balkis et Adoniram, et le lieu de l’action, le Temple de Salomon. Le chapitre 12 Makbénach contient en effet la légende du Maître Adoniram tué par les trois mauvais compagnons, les piliers Jakin et Booz pour les apprentis et compagnons, l’ancien mot de Maître Jéhovah, auxquels ont été substitués respectivement les mots de passe Tubalcaïn, Schibboleth et Giblim. Il y a même un personnage du nom d’Abiram… ou le meurtrier (3). Apparaît une tige d’acacia, et le corps d’Adoniram retrouvé et « inhumé sous l’autel même du Temple qu’il avait élevé, c’est pourquoi Adonaï finit par abandonner l’arche des Hébreux… ». Puis Salomon épousera cinq cents femmes et mourra en consumant sa vie dans les plaisirs.


Mais le substrat de cette légende est bien différent de la légende maçonnique : on y expose qu’Adoniram (qui occupe dans l’Ecriture une place très épisodique de chef de corvée) est en réalité descendant de Caïn par son père Hénoch, et comme tel rival des descendants d’Adam, et qu’Hénoch lui aurait prédit que le Temple qu’il élèverait à Adonaï causerait la perte de Salomon. Les pouvoirs surnaturels d’Adonaï sont grands : il fascine la foule par un signe de la main (ligne horizontale et trait vertical) « deux angles droits en équerre comme les produit un fil à plomb suspendu à une règle, signe … du tau  ». Puis Salomon s’inquiète de son pouvoir sur son peuple, et de sa rivalité auprès de Balkis…On voit que ce texte est au fond plus éloigné de celui de l’Ancien Testament que ne l’est celui de la légende maçonnique, lui-même déjà inventif. Dans le chapitre 7 Le Monde souterrain Nerval développe un argument autour de la nature profonde d’Adoniram, figure emblématique des fils du feu… Nerval mêle légende maçonnique, et références à des auteurs tels que Dupuis (Origines de tous les Cultes) ou Volney (Les Ruines) dans lesquelles le feu est l’élément central de l’univers.


Nerval réutilisera ces notions dans sa poésie – Les Chimères, dans lesquelles Proust affirmait que « il y a peut-être les plus beaux vers de la langue française, mais aussi obscurs que du Mallarmé, … », tel par exemple le sonnet Horus (dont le premier jet remonte à 1841, après la première crise de démence, sous le titre de A Louise d’Or Reine) mettant en scène le dieu Kneph et Isis tous deux représentant le principe moteur ou celui du feu (pour les Stoïciens). Il écrivait en décembre 1841 à Loubens que ces poèmes avaient été faits « au milieu même de mes hallucinations » et à Dumas (1853) que ces poèmes avaient été faits dans un « état de rêverie supernaturaliste »… C’est ce dernier « état » que les Surréalistes auront en ligne de mire, lorsque Breton composera sa Nadja en 1928 : on trouve dans cet ouvrage et dans les lettres de Nadja à André des références similaires, par exemple lorsqu’elle le qualifie de « dieu (6) » et qu’elle le nomme son « Knephen adoré  », voire « son feu  »…


Jusqu’à la fin, Nerval – le premier des grands écrivains modernes du 19e s – poursuivra ses références à la Franc-Maçonnerie. Ainsi, dans une lettre qu’il adresse au Dr Emile Blanche à Passy le 17 octobre 1854, deux jours avant que ce dernier n’accepte enfin de le libérer, bien contre son gré. Cette lettre bien connue commence d’une façon charmante, à l’image de son auteur au naturel. Il y évoque le passé et la connaissance qu’il avait faite du père de son médecin, Esprit, à la pension de Montmartre, la demeure dite « Château des Brouillards », proche la rue de l’Abreuvoir, un hôtel du 18e s encore existant. Mais il termine sur une note ésotérique qui dérange quelque peu chez un patient qu’on va laisser rejoindre le vaste monde.

 

LA LOGE et LE DIVAN

Jean-Luc  Maxence

Edition  Dervy

 2008

La loge et le divan ? Mariage souhaitable ou divorce assuré ? Témoignant d’une double démarche d’initiation et d’individuation, Jean-Luc Maxence pose la question primordiale : celle de savoir si une telle aventure spirituelle parallèle est pertinente.

 

Du vécu de la loge à celui du divan, il entraine son lecteur à une authentique descente en soi et compare l’éthique de la psychanalyse et celle de la démarche maçonnique. A l’abstrait des notions dites et commentés, il privilégie sciemment la relation concrète de son voyage à deux voies et, s’appuyant sur les enseignements du symbole et l’approche jungienne, prône la fin de l’homme morcelé et une meilleure compréhension de ses forces obscures.

Du cabinet de réflexion au cabinet de l’analyste, de l’homme au bandeau demandant la Lumière à l’homme au miroir, J. L. Maxence identifie une même étoile flamboyante à suivre et ose la transmission d’une même gnose pour un siècle nouveau.

 

Au fond le grand secret est  que la loge comme le cabinet du psychanalyste, semblent des creusets, des laboratoires du Sacré, des athanors. Ces derniers, on le sait permettent de séparer le terre du feu, le subtil de l’épais, doucement méthodiquement, avec grand art, et suivant un rituel précis. Si les alchimistes, hommes de science et de sagesse, savent les utiliser, ils vont inciter l’individu, ou le récipiendaire, à s’accepter, à s’aimer, à s’intégrer tout entier, dans une évolution permanente, sur une voie d’individuation continue, par-delà conflits et nœuds intérieurs.

 

Le grand et sublime secret c’est d’apprendre qu’en circulant en archéologue de l’âme au sein de cet athanor aux allures de mandala, chacun doit découvrir son propre destin, son propre mythe, celui dans lequel il vit.

 

Son intime Sens, profond et à nul autre semblable. Le grand et sublime secret de la voie maçonnique comme de la voie analytique, c’est d’apprendre à vivre jusqu’au bout de sa vie, l’épopée spirituelle de l’individuation, c'est-à-dire l’élucidation patiente des rapports du moi à l’égard de l’inconscient et de ses contenus, lesquels « déclenchent une évolution, voire une métamorphose véritable de la psyché »


La loge est athanor, le divan est athanor, double visage d’un même Janus, et l’aventure engagée est celle d’une autoréalisation toujours en devenir.

 

Au sommaire de cet essai :

Chapitre 1 : Un même trouble d’identité  -  Loge et divan, un couple provocateur  - Du devenir et de la transformation  -  Initiation et individuation : Aventure spirituelle parallèle  - 

Chapitre 2 : Du vécu de la loge à celui du divan  - La loge abolit l’horloge, tout comme le divan  -

Chapitre 3 : De quel travail s’agit-il ?  -  Une authentique descente en soi  -  De l’éthique de la psychanalyse à celle de la démarche maçonnique  -

Chapitre 4 : Rupture violente entre Freud et Jung  -  La Franc-maçonnerie comme dernière religion Abrahamique  -  Les enseignements du symbole  -

Chapitre 5 : Une plongée dans l’inconscient créateur  -  Lune et soleil sur le divan et en loge  -  Double aspiration à l’Unus Mundus  -

Chapitre 6 : Une meilleure compréhension des forces obscures de l’homme  -  Une même pierre de construction intérieure  -  La fin de l’homme morcelé  -

Chapitre 7 : Guénon et Jung, même combat  -  Acceptation mutuelle des opposés  -  L’inconscient personnel et collectif   -  Du cabinet de réflexion au cabinet de l’analyste  -

Chapitre 8 : Des alchimistes et des Athanors  -  Comment dépasser la propédeutique ?  -  Le secret du Phénix  -

Chapitre 9 : Une même étoile Flamboyante  -  Le mystère qui fait frissonner  -  Une force de guérison comme thérapie  -  Une mutation ontologique de l’homme  -

Chapitre 10 : Accès à l’Hiérophante  -  Loge et divan, deux lieux saints ?  -  Et toujours la Table d’Emeraude  -  De la transmission d’une même gnose  -

Chapitre 11 : D’une pensée symbolique pour tous  -  Entre Jakin et Boaz  -  Un Temple de Salomon à reconstruire encore et encore  -  Comment éviter le syndrome du gourou  -

Chapitre 12 : Le cas François V. ou la part divine perdue de l’homme  -  De la voie initiatique comme relais de la voie analytique  -

Chapitre 13 : A l’intersection du symbolique et du sacré  -  Loge et divan comme mandala  -  Pour un passage des trois points au quatre points -

Chapitre 14 : Une bonne folie : être pris pour des dieux  - Le Psychanalyste comme Chaman ?  -  Michel Cazenave et le transrationnel  -

Chapitre 15 : Du besoin d’organisation secrète  -  Réponses à Job  -  La loge, échelon intermédiaire  - 

Jean-Luc Maxence, psychanalyste d’inspiration jungienne, membre d’honneur de l’Association Européenne de Psychanalyse, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur Jung, la Franc-maçonnerie et les divers symboles initiatique.

 

LA LOGE MAÇONNIQUESYMBOLISE T-ELLE ENCORE L’ATHANOR DES ALCHIMISTES ?  COMMENT LUI DONNER FORCE ET VIGUEUR ?

Simoita Matéo

Edition Hermésia

2018

La loge maçonnique depuis l´origine la cellule de base de l´ordre maçonnique ; l´ordre c´est l´ensemble des structures franc-maçonnes se référant peu ou prou à une filiation avec les premières loges maçonniques anglaises. C´est au niveau de la loge que s´effectue l´admission sous la forme de l´initiation maçonnique ; c´est dans la loge que s´effectue l´appropriation de la "méthode" maçonnique que l´on peut comprendre comme étant une lecture du monde, des relations humaines, du partage du chemin de vie. C´est dire l´importance du fonctionnement des loges ! Pourquoi est-il nécessaire, aujourd´hui, d´évaluer et de réfléchir au fonctionnement de la loge maçonnique ? Tout simplement parce que les loges ne donnent pas toujours satisfaction ; les démissions y sont nombreuses, les problèmes relationnels fréquents et les conflits interpersonnels dommageables pour tous. Cet ouvrage, non sans humour, pose les bases d´une réflexion autour de la place des loges, de leur véritable rôle, et soumet des suggestions que pourront appliquer loges et maçons afin de redonner tout son sens et sa force à cet athanor...

 

En Alchimie, le premier principe ne peut s’appliquer au second qu’en vertu du médiateur ‘‘éther’’, qui permet la transmission de l’énergie intra-atomique à l’électron et ainsi déclenche le mouvement. Pour les Alchimistes ce médiateur  que nous pourrions appeler l’esprit, est le Mercure représenté par le Coq. Un néophyte, abandonnant la matière et ses formes multiples, revient à l’esprit. Mais il n’y a plus de mouvement, il se désagrège, il est calciné, c'est-à-dire séparé. A propos de ce stade du processus alchimique, P.V. Piobb dit : « il s’agît d’une sorte de mort intellectuelle - que certains ont dite ‘‘La Mort du profane’’. Encore une manière de parler! –
En dehors du Temple, ce qu’on croit savoir est composé de maintes notions acceptées en vertu d’habitudes. En dedans, ces habitudes de penser doivent se rectifier et plusieurs aussi s’abandonner : la Raison humaine impose d’elle-même ces rectifications et ces abandons. Il en dérive qu’un jour, si on suit avec profit les instructions reçues, on s’aperçoit que ce qui était « profane en soi » a disparu, évaporé : « le profane est mort ». seul reste l’esprit du profane. Cette partie immortelle en lui, enfuie dans la terre lors de la première des épreuves initiatiques, devra faire germer une nouvelle plante.

 

A ce stade du processus initiatique, le profane ne garde que ce qu’il y a de fixe en lui, c’est-à-dire sa structure primordiale intime, dépouillée des formes rajoutées par la vie matérielle dans le monde de son existence. Mais ce qui est fixe est mort : le profane, n’est-il pas passé par la mort du « vieil homme » ? N’a-t-il pas rédigé un testament philosophique ? Maintenant le 1er Surveillant insufflera la vie sur ce corps mort, sur ce fixe alchimique.  C’est l’épreuve de l’Air, qui confère une nouvelle force vitale à l’être. L’être « initié » devient ainsi « Solaire », c’est-à-dire capable de raisonnement intellectuel, quittant ainsi sa matérialité statique. Le néophyte est rentré dans la phase de la « Solution Alchimique » celle qui a toujours accompagné la « Putréfaction ». Une phase est Solaire, l’autre Lunaire ; l’une éclaire directement et donne force vitale, l’autre réfléchit une lumière indirecte, plus subtile et régulatrice de la vie. Nous apercevons ici une autre signification des deux luminaires (le Soleil et la Lune) présents dans nos Temples. Ainsi le néophyte mort à sa vie profane, reporté à sa nature primordiale, après avoir reçu un souffle vivifiant, renaît en initié prêt à rentrer dans l’Athanor : la Loge, où il sera chauffé par le feu de la connaissance et de la Tradition, afin qu’il se produise en lui la distillation des idées.
Les Alchimistes imaginaient que la solution de la matière putréfiée pouvait être réchauffée dans un alambic, nommé Athanor.

 

L’Athanor était un vase clos renfermant l’être dans un « bain-marie ». Sa fonction consistait à faire évaporer l’humidité, qui montait le long des parois jusqu’au sommet, pour retomber sous la forme de petites gouttelettes.
« Il s’agit "de changer la nature et la propriété des choses". Ce que l’élève évolutif pense, ce qu’il retient de l’enseignement donné et dont son intelligence fait des idées, monte, comme une vapeur vers les hauteurs qu’il aperçoit, et de là, retombe comme une pluie bienfaisante, génératrice d’autres idées, pour incessamment remonter puis retomber, ainsi exercer l’intelligence, l’assouplir, l’affiner. Mais le fait a lieu en « vase clos », ainsi que dans un alambic ; c’est-à-dire que les réflexions successives, qui « distillent » positivement la pensée, doivent se faire dans un cadre dûment délimité. Sans quoi, la rêverie l’emporterait et, plutôt que de suivre le droit chemin, on « déraillerait ».

 

C’est le sens de la quatrième et dernière épreuve : celle du feu. Par cette épreuve, le Vénérable Maître annonce au néophyte le chemin qu’il devra parcourir, afin de parvenir à la « conjonction alchimique » de ses aspects contraires et opposés. Afin d’acquérir la sagesse, qui est équilibre et harmonie. Par le feu on lui montre l’accès au Temple, mais il doit être conscient qu’il n’y rentrera qu’après avoir parcouru et vécu, dans son intimité, tout le chemin. Car, comme en Alchimie, en Initiation il n’y a pas de raccourcis possibles, ceux derniers étant uniquement des tromperies et des mensonges, racontés à soi-même, pour se donner l’illusion d’être différent de l’image réfléchie par le miroir.

 

Au sommaire de cet ouvrage:

 

I - Rappel historique sur l'origine des loges maçonniques

 

II - Le vécu maçonnique aujourd’hui : A. La vraie satisfaction d’être en loge - B. Les trois polarités d’une tenue - C. Les espaces du parcours maçonnique : 7 et plus - D. Les critiques les plus fréquentes du fonctionnement des loges - E. La loge confrontée aux tentations perverses

 

III - La Loge face à la psycho-pathologie quotidienne: A. Connais-toi, toi même? Réalité ou mythe? - B. Les contraintes psychologiques de la vie en groupe - C. Les troubles du comportement en loge

 

IV - Les autres problématiques d'une loge: A. Les obligations à assumer - B.  Animer la « vie » en loge  - D. Faire vivre les trois spécificités de la loge maçonnique

 

V - Propositions concrètes pour donner force et vigueur au travail en loge - A. Rappel sur la loge en tant que groupe humain - B. Une méthodologie:: Trois étapes pour aborder une transformation - C. Trois priorités à ne jamais oublier - D. Des innovations possibles - E. Une attention particulière sur un certain nombre d’aspects du travail en loge - F. Au risque de la prospective: vers des e-loges?

 

LA LUMIḔRE MAÇONNIQUE SORTANT DES TḖNḔBRES

   Jean-Claude  Allamanche

  Edition Télètes

2016

Résumant quarante années de recherches à travers les rites aussi différents que des rites anglo-saxons, le Régime Écossais Rectifié et d'autres, en se référant aux textes fondateurs et à la conception de l'initiation telle que définie par René Guénon, Jean-Claude Allamanche les développe sous un angle inédit et opératif, allant jusqu'à une mise en action spirituelle.  

L'auteur nous propose une réminiscence de la Franc-maçonnerie commune à tous les rites au travers d'un Manuel de la Maçonnerie en trois traités :

 

Théorique (régularité de la transmission), Pratique (Rituels, travail individuel) et Opératif (le Métier, les Outils).

 

Il nous fait découvrir le sens caché des Lettres sacrées de la Maçonnerie bleue et des grades additionnels, pour aboutir à la découverte d'une méthode de réalisation opérative au moyen de ces symboles et de leurs actions sur les centres subtils du corps humain et de son anatomie occulte L’art de Géométrie est esquissé au travers des Old Charges, et la Maçonnerie de Marque évoquée par ses principaux symboles: pierres d'angle, clé de voûte et ciseau.

 

Des études sont consacrées au Rite Écossais Rectifié : l'une originale sur le tableau du Maître Écossais de Saint-André en s'appuyant sur le symbolisme de la cathédrale de Strasbourg, et d'autres sur différents aspects de la Chevalerie.

Une galerie de portraits de Francs-maçons complète l'ouvrage, connus comme Willermoz ou Cagliostro, ou ceux de Jean Tourniac et de Raymond Peillon qui précisent quelques points de l'histoire de la Franc-Maçonnerie lyonnaise au XXème siècle

 

Sous l’inspiration des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-âge, la Franc-Maçonnerie a emprunté à ces constructeurs leurs instruments d’opératifs pour les transformer en outils spéculatifs destinés à l’édification du Temple de la Concorde universelle et à un idéal de l’élévation de l’esprit. Nous connaissons parfaitement tous ces outils entrés dans la symbolique pour mieux sacraliser le lieu où se tiennent nos Travaux en Loge, et durant lesquels sont mis en mouvement l’esprit vers l’action, sans laquelle la Franc-Maçonnerie ne serait plus qu’un vain mot.

 

Nantie de cet héritage, la Franc-Maçonnerie a adopté un symbole majeur qui semble être un intrus parmi tous les outils nécessaires à l’acte de construire. Il s’agit bien évidemment de la Bible, livre saint par excellence et promu au premier rang des Grandes Lumières servant de piédestal ou de support aux deux autres Grandes Lumières, l’Equerre et le Compas. Réunis, ces trois emblèmes de la Franc-Maçonnerie en sont donc les trois Grandes Lumières et sanctifient l’Autel d’Orient pour une solennité des travaux qui vont se dérouler dans le Temple. Pourquoi la Bible est-elle ouverte au Prologue de l’évangile de Jean pendant nos Travaux en Loges symboliques ?  Pourquoi le Rite Ecossais  Ancien et Accepté et d’autres Rites n’ont-ils pas retenu un autre texte sacré de la Bible susceptible d’accompagner avec la même solennité les Travaux maçonniques ?

 

La Franc-Maçonnerie, sans renoncer à ses Traditions et ses valeurs morales, perpétuant ainsi les règles originelles de la Spiritualité, aurait très bien pu ouvrir la Bible à sa première page, c’est-à-dire à la Genèse révélant la Création du monde par le Logos, ce souffle de Dieu. Egalement, le Livre de l’Exode, par l’évocation des bruits des chaînes brisées de la servitude, se conformerait volontiers à l’Idéal maçonnique si épris de liberté et de Lumière. Ou encore, le Cantique des Cantiques, cet incomparable hymne à l’amour, aurait très bien pu conduire avec bonheur nos Travaux qui ont l’ambition de réunir tous les Frères dans une parfaite harmonie fraternelle. Enfin, Le Livre des Rois, qui relate l’épopée de la construction du Temple de Salomon dédié au Divin, serait un éminent rappel de la construction spéculative du Temple universel et de notre Temple intérieur. Pourtant, c’est le Prologue de l’évangile de Jean qui s’offre à nos yeux, un évangile aux accents ésotériques invitant au retour vers l’intériorité afin de sonder, par nos facultés de réflexion et de méditation, le grand Mystère de l’Homme resté attaché à sa spiritualité individuelle et propre.

 

Dès lors, nous  aborderons cette idée dont le thème porte sur le Prologue de l’évangile de saint Jean (Jean 1 :1-18) puisé dans la Bible de Jérusalem. C’est un prélude assez court par rapport au reste du texte évangélique, mais ce prélude –à lui seul– contient toute l’exégèse ésotérique du message johannique. Pourtant à la lecture entière du Prologue, nous constatons que saint Jean émettait manifestement un message messianique annonçant la venue du Messie tant attendu et saint Jean le Baptiste l’avait précédé, déjà en ce sens, lors du baptême de Jésus en le proclamant ‘‘l’Agneau de Dieu’’.

 

Par le choix du Prologue de cet évangile qu’elle considérait comme un texte sacré et ésotérique, la Franc-Maçonnerie se voulait-elle aussi affirmer la pérennité de l’annonce messianique ? A moins qu’elle ne désirait qu’exprimer une traduction exégétique différente du sens voulu par l’auteur de cet évangile, c’est-à-dire en occultant le message messianique et en privilégiant une interprétation sémantique distincte des notions métaphysiques stipulées en tête du Prologue. Ainsi, au risque de digression sur le texte évangélique et d’expurger son contenu messianique, je crois qu’il serait acceptable de ne commenter dans cet évangile que ses cinq premiers versets qui contiennent des concepts fondamentaux conformes à la démarche initiatique maçonnique, étant ainsi traduits :

 

1er verset  Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.

2e verset   Il était au commencement avec Dieu.

3e verset   Tout fut par lui et sans lui rien ne fut.

4e verset  Ce qui fut en lui était la Vie et la Vie était la Lumière des Hommes.

5e verset   Et la Lumière luit dans les Ténèbres et les Ténèbres ne l’ont pas saisie.

 

Dans ces cinq premiers versets, lesdits concepts fondamentaux ci-avant évoqués de l’idéal maçonnique peuvent être repérés avec suffisamment d’éléments pour gloser sur notre quête initiatique sans nécessité d’approfondir le message messianique, qui reste le but de saint Jean et non celui de la pensée de la Franc-Maçonnerie. Outre le message lancé par l’Apôtre quant à la croyance en l’incarnation du Fils de Dieu considéré comme le Messie venu en ce monde pour une mission particulière, son message peut être considéré comme un appel à former une communauté de foi et de fidélité en une nouvelle religion, alors que la Franc-Maçonnerie n’a pas reçu de mandat à pérenniser cet appel, même si elle fait souvent référence au sublime enseignement christique.

 

La Franc-Maçonnerie, dans la définition de son Idéal, invoque des notions sinon abstraites –au sens caché du terme– mais profondément ancrées aux valeurs morales et ésotériques semblables à celles contenues dans les cinq premiers versets du Prologue de l’évangile johannique, où nous trouvons les concepts de Logos - Verbe ou Parole, de Vie, de Lumière ou Connaissance ; Lumière et Connaissance étant naturellement évocatrices de leur antonyme ‘‘Obscurantisme’’ désigné par les Ténèbres

 

LA MÉTAMORPHOSE, MYSTÈRE INITIATIQUE, A LA LUMIÈRE DES CONTES, MYTHES ET RITUELS MAÇONNIQUES

F. LECLERCQ-BOLLE DE BAL

Edition LA  MAISON  DE  VIE

 2009

Et si la véritable clé des mystères maçonniques était la capacité de métamorphose de l’initié ? Dans cet ouvrage à la fois original et remarquable, l’auteur, à la lueur de cette symbolique qui permet de passer de la mort du « vieil homme » à la renaissance, décrypte les mythes, les contes et les rituels nourrissant la tradition maçonnique.

 

Les dieux détiennent le pouvoir de métamorphose, les hommes en rêvent. A travers les figures d’êtres surnaturels, des héros aux monstres en passant par les fées, ils peuvent cependant découvrir les pouvoirs de la parole, du regard et des mains.

 

Et s’il faut intégrer les dimensions du masque et du double, c’est bien pour connaître la métamorphose intérieure, chemin solitaire certes, mais aussi ouverture sur autrui et capacité de transmission.

 

L’auteur développe les sujets suivants :

La nature et le rêve, le corps a ses raisons, définir la métamorphose, le refus de la mort,  paramétamorphose et substitution, transmigration, espaces et temps surnaturels, la structure des contes et des mythes, les héros, les dieux, les monstres, les fées, le diable, objets magiques et sacrilèges, la parole, le regard, les mains, le masque, identité et altérité, l’égo alter, les pouvoirs de l’image, mort symbolique et renaissance, savoir transmettre, un chemin solitaire, savoir être et savoir devenir.

 

LANGLET - LECTURES D’IMAGES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

Philippe Langlet

Edition Dervy

 2013

La Franc-maçonnerie connait, à côté de rituels qui ont fait couler beaucoup d’encre, un imposant corpus d’images pouvant se diviser en deux groupes importants : celles qui appartiennent directement aux rituels – des tableaux divers et variés – et les illustrations fondées de près ou de loin sur l’un ou l’autre aspect de la maçonnerie évoqué par l’image.

Un nombre important de ces images et gravures est constitué de la représentation des cérémonies, comme si cet aspect rituel avait eu quelque parfum de secret révélé.

C’est sans doute une vue rétrospective des choses ; il n’en demeure pas moins que les ouvrages maçonniques du XVIIIe siècle, en particulier, sont enrichis de gravures illustrant les cérémonies, ç côté des représentations de tableaux de loge.

Outre ces gravures, il en existe d’autres imprimées sur des feuilles volantes et largement vendues à l’époque. Ces estampes ont été souvent copiées, fidèlement ou non et, dans ce cas, on pourra y voir la source d’inspiration des nouvelles images, sans aller jusqu’à parler de plagiat.

L’auteur s’attache ici à étudier quelques images souvent reproduites, avec quelques aspects surprenants, pour y trouver le fil conducteur de leur composition, leur structure, mais aussi tout ce qui a pu servir d’inspiration aux artistes graveurs d’estampes.

Depuis la première représentation d’une réunion maçonnique, on découvre les pratiques rituelles du siècle, mais aussi du siècle suivant, ce que l’on a parfois qualifié de divulgation d’images. Le frontispice anglais, irlandais plutôt, d’un rituel reste d’une étonnante actualité et propose encore une sorte de critique sociale gentiment acerbe de la population des loges.

Philippe Langlet, en proposant au lecteur une analyse du frontispice des Constitutions anglaises de 1723, bien connu et très utilisé comme simple illustration, propose peut-être une approche moins symbolique que pour les autres estampes, mais il s’efforce de mettre en lumière les différents liens qui se tissent pour faire d’une image le marqueur d’une période d’éclosion de la société.

Mais que le lecteur ne s’y trompe pas, si la méthode est savante, le travail de Philippe Langlet répond aussi à une autre perspective : La rigueur de l’investigation est au service d’une grande interrogation. Quelle est vraiment la nature de la Franc-maçonnerie et de la voie qu’elle propose ? L’idée sous-jacente à cette enquête, c’est que les prémices de la Franc-maçonnerie l’ont chargée d’une sorte de « code génétique » dont, trois siècles après, elle est encore porteuse. L’histoire est ici un moyen de cerner l’identité d’une franc-maçonnerie encore marquée du sceau de ses origines.

Au sommaire de ce beau livre :

333 mots pour 7 images - Les Free-Massons (1736) - La réception des Apprentis ( Bernigeroth 1745) - The Ceremony of making a Freemason ( Angleterre 1766) - Intérieur d’une loge au XVIIIe siècle - Réception d’Appranti ( France 1809) - William Hogarth et les Maçons - John Pine, graveur et maçon

 

LANGLET - LE POIGNARD ET LE CŒUR

Philippe Langlet

Edition de la Hutte

 2011 

Le langage est le cœur même des pratiques initiatiques. L’usage du langage renvoie à des modes d’action anciens, dont la maçonnerie semble avoir hérité.

Dans le premier chapitre, on découvrira l’usage d’un objet pointu, ou plutôt d’une pointe. La piqûre de la chair étant l’aspect visible de l’aiguillonnement de la conscience.

Le chapitre suivant traite des raisons profondes qui déterminent la présence des pénalités sanglantes, elles sont présentées comme une autre manière d’utiliser les techniques rhétoriques.

Le 3e chapitre est une réflexion sur la Mémoire, fondement des arts du langage.

Le chapitre suivant explore le signe d’ordre, celui du 2e grade, ainsi que le mot : « il est midi », on y trouve ce que beaucoup de rituels ont oublié, la raison du signe et ses fondements symboliques. La métaphore du Temple, bâtiment mentalement érigé et parcouru est le sujet du 5e chapitre, elle rejoint l’usage de la mémoire, le lieu mental est commun à la rhétorique classique, aux pratiques monastiques et à la maçonnerie.

Les arts du langage et leur usage comme outils de modification de la conscience, la maçonnerie n’en a pas l’exclusivité, elle partage avec la pensée monastique ce champ d’investigation. Certes, les maçons ne sont pas des moines mais ils ont à leur disposition, pour le même but ultime, les mêmes outils symboliques.

La question sera donc, de ne pas faire de la Maçonnerie ce qu’elle n’est pas, à savoir un club de discussions à fragrances politiques ou affairistes ou pseudo humanitaire. Les passions ne font qu’apporter trouble et émotion dans un domaine où le calme, la sérénité et l’étude sont nécessaires. A vouloir « se libérer » de préjugés du passé, on en est venu à fabriquer un carcan de préjugés des plus rigides, peut-être même davantage contraignant que les cadres de pensée anciens que l’on avait supposés, sans bien les connaitre.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’aiguillon de la conscience - les pénalités, pourquoi ? - la mémoire et son art - Midi ? - le Temple de Salomon - manque et construction -

 

LANGLET - SOURCES CHRÉTIENNES DE LA LÉGENDE D’HIRAM

PHILIPPE    LANGLET

Edition DERVY

 2009

La franc-maçonnerie reconnaît en Hiram un maître fondateur. A partir du XVIIIe siècle, la vie et la mort d’Hiram, enrichie par les légendes, deviennent un mythe initiatique qui inspire le rituel maçonnique. La « Légende d’Hiram » présente des variations d’un rite à l’autre mais on constate d’étonnantes constances et une structure que tous les maçons peuvent reconnaître, qu’ils pratiquent un rite français ou un rite anglo-saxon.


Dans cet ouvrage, Philippe Langlet s’efforce d’étudier « la Légende » à travers plus de cinquante versions différentes pour y trouver le fil conducteur, la trame unificatrice, en dehors de toute exclusive obédientielle ou rituelle. Les sources textuelles sont nettement mis en avant, depuis les plus anciennes jusqu’aux rituels contemporains. On découvrira ainsi un important corpus de textes de références auquel me maçon, mais aussi l’honnête homme curieux de ces questions, pourra se référer pour alimenter sa réflexion.

 

Les études proposées ici s’efforcent de dégager la structure profonde de la légende sans refuser les sources chrétiennes, c'est-à-dire sans les idées préconçues habituelles qui auraient barré la route à l’émergence du sens.

Philippe Langlet met ainsi en lumière un vaste tissu de textes religieux, faits d’emprunts bibliques directs mais aussi de réminiscences ou d’emprunts indirects. Il semble, à la lecture de ces études, que la légende ait été rédigée en toute connaissance de cause, et non par des hasards culturels, et qu’elle a tous les caractères d’une véritable hagiographie proposant des personnages paradigmatiques destinés à l’édification des maçons, c'est-à-dire contribuant à les « construire » par la réflexion sur les grandes questions de l’existence.

Un CD accompagne le livre avec annexes et documents.


Un très important livre de références sur : Hiram, le Temple, le 3e degré, Giblim, l’ordalie, la notion du sacrifice, les arts libéraux, Noé etc.

 

LA  PAROLE  EST  AU  SILENCE-  LE  SIGNE  DU  SECRET

PIERRE  PELLE  LE  CROISA

EDITION  DU  COSMOGONE

 2009

Parler du silence…c’est le tuer ! Il faut donc le dépasser pour en parler. Mais qu’en dire ? Les mots du silence, par la parole, le cachent. Et si l’univers l’évoque, Big-Bang !, c’est pour nous dire qu’en ce monde il n’existe pas ! En fait, le silence n’est jamais…silencieux ! Car il n’est pas absence de son, mais absence d’audition. Il ne s’entend pas, il s’écoute, et que perçoit-on dans le silence ? Les bruits de la vie. Soyons réceptifs à ce qu’ils nous en disent.

 

Pour vivre les voix secrètes du silence dans toutes leurs tonalités : silence des bêtes, silence des hommes, silence du corps et de ses messages, silence de l’inconscient, silence de l’introspection, silence du recueillement, silence de la foi, silence de l’écriture et de ses pensées, silence de la spiritualité et de ses symboles, silence du secret et du serment gardé, silence de la sagesse et de la voie d’éveil, silence de la vie et de la mort… L’enseignement du silence commence par la métamorphose des sens : L’éclairage du cœur donne sa lumière aux êtres et aux choses. Et cette harmonie qui rayonne en soi conduit peu à peu, par l’apprentissage du silence, à une véritable maîtrise de la parole.

 

Quelques mots clé de cet ouvrage :

Le serment, le signe du silence, la coupe des libations, la rose du petit Prince, la parole circule, le silence règne, rassembler ce qui est épars, écouter avec les yeux et entendre avec le regard, les grands inities, l’arc en ciel, les mots de passage, le nomadisme, le maître des hiéroglyphes, la voix secrète, l’introspection, la méditation, la lumière bleue du Verbe, les trois piliers - Sagesse, Force et Beauté, la parole de vie, le mimétisme, Dieu est l’ami du silence, le miroir, la voie de l’éveil, le monde du silence, le silence parfait, l’insupportable silence,  le silence blanc, le faiseur de pluie, le bandeau, etc.

 

Bibliographie sur le Silence :

Le silence  par Beresniak  Edition  Détrad  2000

Le Silence  par Divers auteurs  Edition Arcadia  2007

Eloge du Silence  par  Marc de Smedt    Edition Albin Michel -Réédité-

Le désert intérieur    par  M.M Davy   Edition Albin Michel -Réédité-

Les veilleurs du Silence  par  M.M Davy  Edition  Berg  1976

Les sentences des Pères du désert  en 3 volumes Edition Abbaye de Solesmes 1966-1976

Désert, déserts  par J. Yves  Leloup  Edition Albin Michel –Réédité-

 

LA PAROLE PERDUE

 DIVERS AUTEURS

 ARCADIA

  2009

Mais quelle est cette Parole perdue ? Pourquoi et comment la rechercher ?

 

Voilà le départ d’une des plus grande recherche ésotérique dans le monde de la spiritualité. Il faudra tout d’abord comprendre les diverses subtilités de ce mot, ainsi que sa symbolique et sa force, puis étudier les divers chemins ou pistes qui pourront nous nourrir, enfin nous mentaliser à nous mettre en route avec armes et bagages, comme les Argonautes partis à la recherche de la Toison d’Or. C’est un grand voyage, difficile, périlleux et rigoureux, mais c’est le prix à payer pour retrouver cette Parole perdue, ce Graal, qui doit Ici et maintenant conditionné notre vie.

 

La Parole perdue apparaît lors de la cérémonie d'élévation au grade de Maître. Elle est liée au mythe d'Hiram porteur d'une riche symbolique. Dans les recherches entreprises c'est avec étonnement que l'on parcourt les différentes directions que prennent les textes plus au moins « reconnus» sur la signification du mythe et de cette parole perdue qui y est intimement liée.

 

La Parole perdue : l'expression renvoie immédiatement au meurtre d'Hiram tué par les trois mauvais compagnons qui ont cherché par la force à s'octroyer ce qu'ils considéraient comme un dû : accéder à la maîtrise en exigeant les mots secrets du Maître architecte du Temple : Hiram. Celui-ci préfère la mort plutôt que de dévoiler le mot sacré. Aussi la Parole est-elle perdue. La recherche de cette parole se concrétise par la recherche du corps d'Hiram pour neuf maîtres maçons. Ils le découvrent grâce à l'acacia et décident que la parole perdue sera remplacée par la première parole prononcée. C'est la parole substituée.

 

Hiram est celui qui détenait la parole qui désormais ne sera plus qu'une parole substituée, considérée comme provisoire. La quête des maçons doit continuer pour retrouver la parole originelle. Et ici encore tout est symbole. Le secret d'Hiram ne lui appartient pas personnellement puisqu'il ne peut le transmettre sans l'aide de ses frères. Et le secret ne peut être valablement transmis qu'à quelqu'un qui est prêt à le recevoir, reconnu digne par son travail et sa valeur personnelle et qui dispose des qualifications requises. Hiram refuse de donner les mots aux mauvais compagnons car ce serait trahir la tradition dont il est le gardien et le transmetteur. Il préfère la mort. Cette notion de destruction nécessaire avant une renaissance nous est familière.

 

La symbolique de la mort et de la résurrection est présente dès dans la première cérémonie d'initiation au grade d'apprenti. Avec la mort d'Hiram c'est chaque maçon qui meurt et qui relevé fait naître symboliquement le maître en lui-même. Il faut qu'Hiram soit tué pour que naisse le nouveau maître. Il accèdera à la maîtrise, en étant relevé, debout et en passant par les 5 points de la maîtrise. On associe la mort et la renaissance comme quête d'une spiritualité à travers la connaissance de sa propre identité. Mais la Parole d'Hiram est perdue. Cette parole perdue est une des nombreuses représentations de la quête. Quête du Graal, quête du nom imprononçable de Dieu pour la tradition juive, quête de la Vérité, de la Connaissance (le logos grec). Cette disparition offre aussi une nouvelle perspective de recherche de la connaissance

 

Dans la tradition maçonnique, le mythe d'Hiram est axé sur la perte et la recherche de la parole perdue. Pourquoi rechercher cette parole ? Qu'est-ce que cette parole ? L'étymologie latine renvoie à « parabola » au sens de parole divine et « paraula »en bas latin. Actuellement il y a deux significations du terme parole : « Élément simple du langage parlé, articulé » au sens de mot. Mais aussi « Faculté d'exprimer, de transmettre sa pensée par des sons articulés », sens de langage. La parole c'est aussi le Verbe, « Au commencement était le Verbe » verbum comme parole du Christ. Pour les chrétiens Adam et Eve sont les modèles par où tout a commencé. Adam possédait la Parole c'est-à-dire la possibilité de créer en nommant comme le fait Dieu, par la maîtrise du Verbe. Quand Adam fut chassé du Paradis, il perdit la parole-verbe, le pouvoir d'organiser selon ses possibilités créatrices. Dans cette symbolique, on accède à la recherche propre au Maçon : la parole permet de nommer, de comprendre, de créer, de construire. Elle donne accès à la connaissance des choses.

 

De quoi est constituée cette parole ? Quelle est sa nature ? Sa substance ? La parole c'est le mot, les mots avec leur valeur sonore. L'Apprenti ne sait ni lire ni écrire il ne sait qu'épeler. Il ne détient que les lettres et ne peut encore donner la première, ce que sait faire le compagnon. Ce n'est qu'au long de son parcours initiatique que le maçon saura prononcer les mots, c'est-à-dire désigner, nommer, donner du sens au monde et à sa propre identité. Le parcours initiatique l'oriente vers le perfectionnement de la parole, vers la recherche d'une parole perdue, jamais retrouvée mais qui a été substituée. Cette parole substituée « Mohabon » et « Tubalcain » lui permet de reconnaître et d'être reconnu comme maître maçon mais elle n'est pas la parole d'origine. Cette parole originelle détenue par Hiram et recherchée sans fin par les maçons ne serait-elle pas la quête perpétuelle du maçon dans sa volonté de toujours se perfectionner, dire le plus justement possible les choses, préciser les questions qu'il se pose, sur lui-même en tant qu'individu et qu'être social ? La parole définit, relie les choses, donne du sens, permet de communiquer avec les autres. Tous les autres, qu'ils soient maçons ou profanes.

 

La quête de la parole « parfaite » d'une certaine manière qu'Hiram a sacrifié pour qu'elle ne soit pas salie, sera notre recherche personnelle, permanente du bien penser, bien dire et bien faire ; Sera-t-elle jamais retrouvée ? Cet objectif sera-t-il jamais atteint ? Est-ce que ce qui compte ce n'est pas le voyage lui-même plus que le terme de celui-ci ? Cette parole perdue ne doit-elle pas demeurée à jamais perdue ? Car si on considère qu'on l'a trouvée, n'arrêterions-nous pas notre avancée sur le chemin jamais achevé du perfectionnement de soi-même ? La parole perdue rappelle la puissance initiale du Verbe au commencement de la Genèse. Elle est aussi dans la symbolique hébraïque le nom imprononçable de Dieu. Et dans la conception laïque c'est l'apanage de l'homme.

 

Pascal Durand nous propose cette recherche à travers un langage poétique et la pluralité des langues. Il nous initie au « parler initial » en nous rappelant l’épisode de la Tour de Babel, avec son fantasme de la langue unique, mais aussi sa diversité qui a été à l’origine de la « confusion des langues » et de la dispersion des hommes.On trouve des explications sur cette Parole substituée que l’on trouve dans beaucoup de degrés différents, parole substituée qui nous emmène toujours plus loin en nous enrichissant en permanence.

 

Philippe Laspougeas nous parle d’El Schaddaï, il nous dit que « Rassembler ce qui est épars, est la même chose que « retrouver la Parole perdue », car en réalité et dans son sens le plus profond, cette « Parole perdue » n’est autre que le véritable nom du Grand Architecte de l’Univers.

 

Jean Bénédict nous donne selon lui, les trois sens de cette Parole perdue

1/ Ensemble de mots servant à exprimer la pensée

2/ Moyen de communication

3/ C’est la parole de Dieu ou l’Ecriture Sainte

 

Pierre Escande dans Tradition Ecossaise, rappelle qu’au 4e degré, la connaissance est ce que nous appelons la Parole perdue. Il développe la réalisation personnelle et cosmique du maçon, il insiste sur le fait que l’initiation en Occident est indissociable de la tradition hermétique.

 

Bolle de Bal commence par nous décrire la parole qui sort de la bouche, et comment elle a évoluée au cours de l’histoire, puis il décrit le mythe hiramique et ses diverses Paroles

 

François Bertrand nous dirige vers le logos (discours, parole, verbe), en sanscrit Vak. Il nous entraine dans l’indouisme et le bouddhisme et fait des parallèles avec notre Tradition occidentale et le judaïsme.

 

 

Narcisse Flubacher dans un brillant exposé, fait à Lausanne en 1998, nous dit entre autre que la recherche de la parole perdue est liée nécessairement à la prononciation exacte d’un mot, dont l’exemple est le mot du compagnon. Cette connaissance du mot résulte à la fois de la transmission initiatique et de l’aptitude à le recevoir. Connaître le mot de Maître, c’est connaître l’intention de Dieu.

 

LA  PAROLE  PERDUE

 Sophie  Perenne

Edition La  Maison de Vie

 2015

Pour beaucoup de peuples, la parole est la première manifestation divine à l'origine de la création. Le Verbe s'est fait chair et a mis de l'ordre dans le chaos. Mais dans le même temps, ce passage du non-manifesté au manifesté a conduit à la dispersion de la parole primordiale et finalement à sa perte. La rechercher et la retrouver parmi les éléments épars est un but essentiel de la quête maçonnique. Mais comment faire '.Où et comment chercher ? Et pour en faire quoi ? Explorant tous les aspects de la parole, de la plus profane à la plus sacrée, Sophie Perenne défriche les chemins à emprunter pour retrouver une parole riche de sens qui éveille et élargit l'âme, une parole de lumière qui émane du plus profond de soi pour s'adresser à ce qu'il y a de plus profond en l'autre, une parole de même nature que le logos créateur. La redécouverte de la puissance créatrice de la parole est la pierre de fondation d'une authentique fraternité universelle.Pour nous guider sur la piste de la problématique de la parole perdue, Sophie Perenne procède avec méthode. Langage articulé, parole, pensée: que des paroles soient énoncées ou tues nous ne pensons pas sans mots. Oralité et écriture, sacralisation, image nous mènent vers le paradis perdu et l'exil qui est l'entrée dans le temps.

Ce petit livre tout en finesse et intelligence ouvre à des questionnements multiples et suscite le désir de chercher. Popol-Vuh, mythes dogons ou Apocalypse, sont convoqués pour réfléchir à la parole qui crée et à celle qui tue. Viennent ensuite mais toujours selon la même démarche des thématiques classiques pour un franc-maçon : l'interdit du nom de Dieu, approches de la connaissance du nom et des attributs du divin, réflexion sur l'Un, la dissociation, la quête et la découverte de la langue des oiseaux, chapitre majeur de ce beau livre.

La Parole Perdue est la Langue unique, à l'Origine du Monde. Émanation permanente de l'Anthropos, le Verbe. « Je suis celui qui est ! ». Retrouver la Parole, c'est retrouver la Voix, ou la Voie, la Tradition Originelle, Mémoire Collective et Patrimoine de l’Humanité. Symbolisée par un Grand Arbre, elle est issue d'une Révélation de l'Unité primordiale dont chaque Maître spirituel représente une branche diversifiée en différents courants des Langues et Cultures du Monde.

Elle repose sur la Connaissance des Principes et Formes Archétypiques sous-jacents à toute manifestation de la Vie et assure le lien entre le Passé le Présent et l’Avenir et la pérennité de l’Espèce Humaine, par des points de repères invariants, face à l’Infini indéterminé de l’Espace, et à la mouvance fuyante du Temps.

 

La transmission vivante de la Tradition, la "Doctrine Secrète", s'effectue par les Textes sacrés, la Parole et l’Exemple. Depuis le Point émanation, elle est véhiculée par les mythes et légendes, les coutumes et récits, les rites et rituels cycliques, inscrits dans la Durée et Espace-Temps signifiants et favorables. Une Culture tient son Âme de la Puissance de ses Symboles et de ses Grandes Images. Elle implique des systèmes de Valeurs objectives, éprouvés au cours du temps, pour leur efficacité à maintenir l’équilibre, la cohésion, l'Unité, la continuité et l’Harmonie de la Vie. Il est possible de distinguer les traditions "profanes", d’ordre coutumier, comportemental, les mœurs, folklores et "habitus", qui concernent des cultures ou des regroupements privés, et les Traditions Sacrées, qui établissent la relation de l’Homme à la Transcendance. En relation à l’Esprit (Idéa) de toutes choses, au Bien et aux Valeurs, l’Idée de Tradition à son niveau le plus élevé, est associée à l’Identité et au Sacré. Elle englobe l’ensemble des Religions et Spiritualités, qui traitent plus particulièrement de l’Origine et de la Fin de l’Homme, et à l’intuition d’une Source Originelle Commune. L’Identité en ce qu’elle est l’état d’une Entité qui se perpétue dans le Temps, grâce à des caractéristiques stables, constitue l’attribut spécifique d’une Personne, d’un Pays, d’une Culture, ou d’une Ethnie.

 

Le Sacré peut se définir par des Valeurs inaltérables et intangibles que l’on ne peut transgresser sans encourir une rétribution imprévisible au-dessus du contrôle des lois humaines. L’Idée de Lois supérieures participant du domaine Transcendant, détermine la frontière entre le Profane et le Sacré. La Connaissance ne peut en être transmise à l’homme que par des procédures et rituels spécifiques " d’Initiation ".

 

Ce qui fait dire à Mircea Eliade : « Les faits et gestes de l’Homme, parce qu’ils se rapportent à des faits chargés d’Énergie, ou participent de certaines valeurs supra humaines, seront dirigés par des Lois Sacrées précises. Pour que ses propres actes ne l’altèrent pas, l’homme les transformera en rituels. Car tel est précisément le sens du rituel : rendre l’individu solidaire de la collectivité, de la Vie organisée, et finalement d’un Cosmos Vivant. Dans une telle société Traditionnelle, l’homme n’est plus seul, parce que tout ce qu’il fait a une signification œcuménique, accessible à l’ensemble de la Communauté

 

LA PAROLE PERDUE -  Á  LA  RECHERCHE  DE  LA  PAROLE  PERDUE

JACQUES   THOMAS

EDITIONS DE  LA  HUTTE

2009

Le troisième degré de la franc-maçonnerie est fortement marqué par un changement de pédagogie. Chaque maçon a pu le vivre comme éveil, mais également comme une interrogation, avant de trouver une réponse satisfaisante.
S’il y a dans la maçonnerie de nombreux degrés ou ordres, il y a aussi de nombreuses grilles de lecture, aussi le livre de J. Thomas  est-il le fruit d’un travail de recherche sans précédent, mais aussi d’une réflexion profonde et du ressenti authentique d’un frère d’expérience, qui ainsi donne un éclairage important sur cette « Parole perdue ».

 


Evidence mystique pour certains, égarement sans grande signification pour qui n’a eu qu’une lecture trop légère, la rupture de la maîtrise, entrainant le cherchant vers les degrés complémentaires, trouve ici des explications lumineuses, au sens le plus littéral, sur ce Divin vers lequel tous les rites tentent d’amener le maçon au travers du filtre de son intelligence et de sa sensibilité.

 

En général, on rentre en maçonnerie sans savoir où l’on va. Quelques années plus tard, on croit savoir…mais vingt ans après, on ne sait plus trop. Pourquoi ? Parce que le parcours proposé, s’il est bien balisé et relativement efficace dans les premiers grades, perd de vue son itinéraire quand l’objectif apparaît plus lointain, plus élevé, peut être aussi d’une autre essence.
Une certitude, la franc-maçonnerie transforme la personnalité des êtres qu’elle reçoit, quel que soit le rite qu’il pratique.


Cette parole perdue est peut-être le fil d’Ariane qui nous fera sortir de notre labyrinthe, après avoir combattu notre minotaure intérieur.

 

LA PAROLE PERDUE - DE LA PAROLE VOILÉE Á LA PAROLE PERDUE

Alain KHAITZINE

EDITION Le Mercure Dauphinois

 2001

A travers un périple surprenant l’auteur nous entraîne vers la recherche des légendes et des mythes, à la recherche de la parole perdue mais qui peut être est simplement voilée ou cachée. Après séparation du subtil de l’épais ne subsistera que le nom de la rose. Le grand et unique secret de la Franc-maçonnerie réside dans ce que l’on nomme la Parole Perdue. Que faut-il entendre par cette expression ? Quelle est cette Parole ? A cette double question, le présent livre apporte des réponses aptes à satisfaire le candidat à l’initiation comme le profane. La dite Parole est-elle réellement perdue ou fut-elle voilée ? La vérité oblige à dire qu’elle fut voilée pour des raisons de sécurité.

 

Ce travail invite le lecteur à retrouver ce verbe, à travers la légende d’Hiram, constructeur du Temple de Salomon, mais également à partir du récit d la lutte fratricide qui opposa Maître Jacques et le Père Soubise, figures emblématiques de la Maçonnerie de la Pierre et du Bois.

 

Le passage du profane dans le cabinet de réflexion est sans doute la phase la plus importante de par l’incidence qu’elle va posséder sur sa vie future. Si cette partie est capitale pour un profane devenant initié, le nouveau membre se doit d’évoluer spirituellement de par sa recherche et son assiduité.

 

Que la Maçonnerie ne puisse apporter la Grâce est une évidence, puisque cette dernière est d’essence Divine, néanmoins cette Grâce, qualifiée de nécessaire et de suffisante doit être le but vers lequel doivent tendre tous nos efforts. Sachant combien cette notion de Grâce, imprégnée fortement de connotation religieuse, peut gêner des esprits laïques ou adogmatiques, ce livre explique plus loin les différentes versions, mais faut-il savoir que sans elle, l’alchimie demeurerait sans effet. Le passage du profane dans le cabinet de réflexions sert à l’amener à une méditation et un premier retour sur lui-même, au sens du renversement des valeurs.

Jésus disant qu’il est venu « apporter la Lumière aux hommes », qu’il est « la Lumière des hommes »…Ceci est tellement vrai, que dans les premiers temps de l’Eglise, le Christ n’était jamais figuré en croix, il était exclusivement représenté au sein d’une mandorle, une amande, laquelle adopte toute sa signification dès lors que l’on sait, qu’en hébreu, le mot « Luz » désigne à la fois une amande et la Lumière, c’est ce mot qui se retrouve dans le nom de certaines villes comme St Jean de Luz ou Luz St Sauveur… ou dans des noms comme Mélusine ou Lys, terme qui en héraldique est équivalent à Luz.

 

Cet ouvrage développe les sujets suivants :

Les sources de la légende d’Hiram  -  les sources bibliques  -  Cabinet de réflexion et réflectivité  -  Quand la légende chevauche l’Histoire  -  Du grain de Vie à la force de l’Union  - Le mythe d’Hiram, constructeur du Temple. Au début était le bois… De la pierre brute à la pierre taillée  -  Du symbole de Jupiter au signe de croix  - Sous l’acacia la rose hermétique  -  L’Acacia m’est connu et les colonnes du Temple  -  Mandorle et luz  -  La légende de Maître Jacques et du Père Soubise  -  Les aspects hermétiques de la légende  -  Le symbolisme des chiffres et des nombres contenus dans le mythe de Maître Jacques  -  L’Eglise des premiers siècles…Une usine à fabriquer des faux  -  De Bar-Abbas au fils du Père  -  Quand la genèse de l’histoire terrestre prend ses racines au ciel  -  Du nom imprononçable de Dieu à la Parole perdue  -  De la colombe exaltée à celle du saint Esprit  -  Du poème des voyelles d’Arthur Rimbaud à la disparition de Georges Perrec 

 

la passion Écossaise

André KERVELLA

EDITION DERVY

 2002

L’auteur qui écrit des articles dans Renaissance Traditionnelle sait de quoi il parle et ici il réécrit l’histoire de la Franc-maçonnerie et celle des écossais en particulier dans ce début du 18ème siècle. Cela fera grincer des dents mais la vérité historique y gagnera. Un excellent livre sur l’Art Royal.

 

Il fallait bien qu'un jour l'histoire des origines de la franc-maçonnerie en Écosse, en Angleterre et en France sorte du domaine du mythe ou du fantasme pour s'inscrire dans le quotidien de la conquête du pouvoir politique et religieux dans l'Angleterre du XVIIe et de la première moitié du XVIIIe siècle. Et démontrer qu'à l'origine l'initié écossais, qui peut du reste être breton ou français, est un conjuré jacobite aux seuls motifs opportunistes, œuvrant pour la restauration des Stuart sur le trône d'Angleterre.

 

Quant à la franc-maçonnerie anglaise, elle n'apparaît au tournant du siècle que pour faire pièce et, n'en déplaise aux fables andersoniennes - une des plus remarquables manipulations historiques jamais enregistrée, et qui jouit toujours d'une postérité vivace - son œcuménisme affiché masque nombre d'arrière-pensées très politiques. Il convient, en conséquence, de réécrire dictionnaires et encyclopédies, et de donner à " L'Art Royal " une acception inédite, car force est de constater qu'il n'existe aucune liaison entre de supposés maçons " opératifs " et quelques " spéculatifs " venus les phagocyter. Sans doute est-il moins glorieux pour l'Ordre maçonnique en général et pour les différents rites dits " écossais " de compter comme seuls ancêtres directs des activistes politiques antagonistes, plutôt que comme d'hypothétiques intellectuels branchés qui se seraient frottés à d'honorables tailleurs de pierre épris de symbolisme, mais les résultats de la recherche menée par André Kervella ne laissent aucun interstice où pourrait s'infiltrer la fable.

 

Nous sommes à la fin du XVIIe siècle. Avec Jacques II, viennent de nombreux Francs-maçons qui vont s'installer durablement à Saint-Germain. La défaite finale des Jacobites va occulter leur importance et leur influence en Angleterre. La piste jacobite des origines de la Franc-maçonnerie française sera ignorée, voilée par une réécriture de l'histoire de l'Angleterre des XVII et XVIIIème siècles au bénéfice des vainqueurs. L'histoire est coutumière de ces faits.


André Kervella en fouillant l'histoire des Jacobites de Saint-Germain nous propose un nouveau récit des origines de la Franc-maçonnerie française et lève aussi le voile sur un pan de l'histoire maçonnique anglaise comme le fait justement remarqué Edward Cop dans la préface de l'ouvrage : " Mais son livre a également une signification plus large, et s'applique à l'Europe dans son ensemble. Il change complètement notre compréhension du développement de la Franc-maçonnerie en Angleterre entre 1603 et 1688. Il montre en effet comment une branche nouvelle et rivale de la maçonnerie Jacobite émerge durant les années 1690, et comment elle triomphe finalement en créant et en contrôlant la Grande Loge Hanovrienne à Londres en juin 1717, puis en réécrivant à sa manière l'histoire de la Franc-maçonnerie, avec la publication en 1723 du texte fondateur que sont les Constitutions d'Anderson, et en prenant le contrôle de la Grande Loge de France en 1738.

 

L'analyse conduite par André Kervella de ce décalage entre les Jacobites et les Hanovriens, en Angleterre puis en France, permet d'apprécier la signification exacte de la bulle In Eminenti, promulguée en avril 1738 par le pape Clément XII à la demande de Jacques III. Contrairement à ce que l'on a pensé, cette bulle n'est pas dirigée contre toute la Franc-maçonnerie, mais seulement contre sa version Hanovrienne. La Franc-maçonnerie Jacobite était en effet essentiellement, voire exclusivement catholique, tandis que les Hanovriens acceptaient parmi eux non seulement des protestants et des catholiques, mais aussi des non-croyants. A l'époque le cardinal Corsini, neveu du pape, remarque d'ailleurs que c'est seulement la forme Hanovrienne de la Franc-maçonnerie qui mérite d'être condamnée par Rome : la Franc-maçonnerie ancienne pratiquée par les Jacobites était acceptable par l'Eglise catholique.


En 1755, après la disparition du Jacobitisme en tant que mouvement politique, et alors que le gouvernement français n'est plus pro-hanovrien, la Grande Loge de France affirme enfin son catholicisme, et reconnaît formellement les degrés supérieurs du Rite Ecossais Ancien et Accepté. C'est alors que s'installe le malentendu, et l'oubli des origines Jacobites de la Franc-maçonnerie en France. André kervella a enfin su résoudre le mystère. "
Ce faisant, l'auteur tord le cou à ce qui reste du mythe des liens entre maçons " opératifs " et maçons " spéculatifs ". Davantage que la rencontre entre des intellectuels et des tailleurs de pierre par ailleurs symbolistes, nous trouvons à l'origine de l'Ordre maçonnique une lutte entre mouvements politiques. La thèse des origines écossaises n'est pas aussi nouvelle que le dit l'auteur et ne révolutionne pas non plus de manière aussi radicale qu'il le voudrait l'histoire maçonnique. Cependant, ce livre est une véritable contribution à l'histoire maçonnique écossaise.

 

la pierre & le graal – une expÉrience de quÊte initiatique

Georges bertin

EDITION  VEGA

 2006

Depuis la fin des années soixante, l’auteur explore les chemins parfois interdits, souvent abrupts, toujours mystérieux des symbolismes du graal des chevaleries arthuriennes et de la pierre des bâtisseurs du Temple. Fondé sur sa propre expérience initiatique de chercher, il propose ici une réflexion armée et critique sur ces figures en tension constante dans l’aventure humaine. Il y témoigne aussi d’une expérience personnelle et d’une aventure intellectuelle engagées qui l’ont conduit sur des sentiers où il convie le lecteur.

 

Le Graal est un objet extraordinaire qui a passionné les mystiques du Moyen-Age. Il s’agit, comme on le sait, de la coupe qu’aurait utilisée Jésus lors de son dernier repas de la Cène, et la tradition dit que cette même coupe aurait servi à Joseph d’Arimathie pour recueillir le sang et l’eau coulant de la plaie de Jésus mort sur la croix, à partir de la blessure infligée par les soldats romains avec leur lance pour s’assurer de sa mort. Ce Graal a été l’objet d’une quête assidue dont rend un peu compte la célèbre légende de la Table Ronde avec Perceval. On lui attribuait des pouvoirs extraordinaires, et en particulier celui de donner l’immortalité. On peut vouloir reprendre aujourd’hui cette quête et trouver le secret de l’immortalité. Pour cela il faut, bien sûr, revenir au texte biblique.

 

Au moment de la Cène, Jésus célèbre la Pâque juive. On sait que cette fête commémorait la sortie d’Egypte. L’Ancien Testament raconte que la 10e plaie d’Egypte voulait que tous les premiers nés soient tués, des hommes, des animaux, de tous les êtres vivants. Et pour échapper à cette mort, l’Eternel dit aux Israélites de tuer un agneau, de le lui offrir en sacrifice, puis de prendre son sang pour en marquer les linteaux de leur porte.

Et ainsi, l’ange exterminateur, passant sur leur pays allait épargner ceux dont la porte était marquée du sang de l’agneau, ils auraient la vie sauve. Le parallèle chrétien est facile à faire : le Christ est comme l’agneau sacrifié, et ceux qui sont marqués de son sang sont sauvés de la mort, accédant à la vie Eternelle.

 

Il est vrai que Pâques célèbre pour les chrétiens la victoire du Christ sur la mort par la résurrection, la mort ne l’a pas retenu. Ses adversaires pensaient l’arrêter en le tuant, mais sa mort n’a rien arrêté du tout, parce que l’important du Christ n’était pas sa chair, mais son enseignement, son esprit, sa présence spirituelle. Or la résurrection n’est pas réservé à Jésus, Paul nous dit bien que comme Christ est ressuscité, nous de mêmes nous devons ressusciter, il est donc le paradigme de notre propre résurrection. Et en effet, le Christ nous dit comment nous pouvons ressusciter à notre tour : en mangeant sa chair et en buvant son sang : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie Eternelle et je le ressusciterai au dernier jour». Il s’agit bien d’immortalité, mais pas d’immortalité matérielle. Parce que la résurrection du Christ est une affaire spirituelle. Aujourd’hui, notre foi chrétienne est que le Christ est ressuscité, qu’il vit parmi nous, or cette présence du Christ parmi nous est évidemment d’ordre spirituelle, pas corporelle, nous n’attendons pas de rencontrer concrètement Jésus dans la rue pour lui serrer la main.

 

Voilà l’erreur de ceux qui n’ont pas parvenu à trouver le Graal, il s’agissait bien d’immortalité, mais pas pour que nos corps vivent toujours, pour que nous héritions d’une immortalité spirituelle. Ce que nous enseigne l’Ecriture, c’est que « la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu, le corruptible n’hérite pas de l’incorruptibilité ». (1 Cor 15 :50) et l’Evangile nous montre que pour hériter de cette vie spirituelle éternelle, il faut prendre part à la vie du Christ : se nourrir de sa vie, de son enseignement, de son Evangile, le mettre en nous comme la source du meilleur de nous-mêmes que la mort n’atteint pas : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:56).

 

Ce qui donne l’éternité, c’est le sang du Christ c’est-à-dire la vie du Christ lui-même. C’est ça le secret du Graal. Ceux qui n’ont pas parvenu à le trouver se sont égarés en ne comprenant pas la métonymie : quand on dit que le Graal donne l’immortalité, ce n’est pas l’objet lui-même, mais ce qu’il contenait : le sang du Christ. De la même manière si on dit qu’on « boit une bonne bouteille», ce n’est pas l’objet en verre qui est bu, pas le flacon qui compte, mais son contenu. Il ne faut donc pas s’attacher au contenant, mais au contenu, de même qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre les symboles. Une même erreur serait de penser que l’important dans le processus de manger le corps et de boire le sang du Christ serait de participer à un rite dans une église ou un temple. Le geste matériel n’est rien en lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il représente. Et quand nous communions, nous pensons que le vin représente le corps du Christ, et nous mimons d’une certaine manière le fait que nous voulons mettre en nous toute la vie du Christ telle que nous la connaissons par l’Evangile et dans notre vie spirituelle, cette dimension spirituelle nous donnant la force, l’espérance, nous remplissant d’amour, et jusque dans la vie Eternelle

 

Au sommaire de cet ouvrage : le scoutisme, les figures mythologies de la quête initiatique, Lancelot du Lac, la transgression, l’Art Royal, l’individuation, le rite écossais, le sacré et la lumière, les loges de St Jean, l’Apocalypse, Jung.

 

l’apprentissage maçonnique

Marcel spaeth

EDITION DETRAD

 1999

Où l’on parle du Pavé mosaïque, du vitriol, du Delta, des Colonnes, du chiffre 3, de la Houppe dentelée. On y apprend : le silence, l’assiduité, le secret et tous les symboles de loge au 1er degré.

 

« Tu viens d’être initié, c’est-à-dire que ton courage et ta persévérance t’ont rendu digne de participer aux Mystères de la Franc-Maçonnerie, ce dont un vieux Maître te félicite chaudement. N’oublie pas cependant que le mot latin « initium » veut dire « commencement ». Commencement de quoi ? D’une vie absolument nouvelle pour toi, d’une vie régénérée, au cours de laquelle tu dois parvenir, tôt ou tard, à jeter bas le fardeau lourd de tes instincts et préjugés profanes, puis à faire l’inventaire de son contenu - car l’on ne maîtrise que ce que l’on connaît bien - et après avoir pris conscience des affects refoulés, des tendances inhibitrices, des complexes innés, décider fermement de ne plus laisser ces miasmes psychiques se cacher sournoisement dans ton inconscient, mais les obligeant à subir la pleine lumière de ton propre jugement, décharger ces impondérables de leur magnétisme contraignant. Tu auras ainsi « dépouillé » le vieil homme et tu auras acquis la liberté véritable. Mais quoi de plus difficile que cette conquête de soi !

 

Les Constitutions d’Anderson, qui sont dorénavant ta loi, réservent l’initiation aux seuls « hommes libres et de bonnes mœurs », ce qui serait à interpréter aujourd’hui où tous les hommes sont « civilement libres », mais où bien peu le sont moralement, dans le sens qu’elle est communicable seulement aux individus qui désirent sincèrement acquérir la liberté. Abandonnés à leurs propres moyens, ils y parviendront rarement. C’est le but de l’initiation que d’actionner le jeu des forces inhérentes au symbolisme, et de transmettre à l’Adepte en même temps que la connaissance des moyens, leur utilisation dynamisée.  Encore est-il nécessaire, pour que se développe l’efficience recherchée, que le sujet devienne très familier avec le symbolisme de chacun des degrés auxquels il parviendra, car la Maçonnerie est un monument qui s’édifie progressivement, sans heurt et dans l’harmonie.

 

Le symbolisme déployé dans le premier grade constitue une base solide, en ce qu’il comporte tous les éléments qui, plus tard, pourront faire l’objet d’études sans doute plus approfondies, de considération sous d’autres aspects, d’élargissement de l’angle de vision. Il ne faut pas oublier en effet, que c’est une des caractéristiques les plus importantes de tout véritable symbole - et c’est ce qui le différencie de l’emblème ou de l’allégorie - de se prêter à une interprétation sur quatre plans différents, constituant une clé quaternaire en rapport avec les éléments, plans de pensée qui forment une gradation en sens vertical Nadir-Zénith, soit » .Le monument maçonnique lui-même est susceptible d’être développé sur chacun de ces plans, et nous avons essayé, dans la présente étude, de nous limiter à celui désigné à l’Apprenti.

 

Mais aucune barrière absolue ne peut être élevée et peut-être avons-nous de ci, de là, cédé à la tentation de franchir une limite, aussi mouvante d’ailleurs que peut l’être la compréhension purement subjective de chaque sujet. Nous avons fait effort pour revenir à chaque fois dans la ligne médiane, et les quelques investigations que nous nous sommes permises dans des champs en bordure de la voie directe, seront sans doute profitables aux esprits spécialement ouverts à la discipline ésotérique, leur désignant des domaines sur lesquels la plupart n’ont que des conceptions erronées, si même conception il y a.  Quoi qu’il en soit, le premier grade offre à la méditation de l’Apprenti le tableau symbolique complet de l’édifice maçonnique, et c’est non seulement d’une compréhension intellectuelle, mais surtout d’une intimité avec sa sensibilité, que dépendra son évolution maçonnique et humaine.

 

la premiÈre profanation du temple maçonnique

Pierre CHEVALIER

Lib. Philosophique VRIN

 1968

C’est l’époque de Louis XV entre 1737 et 1755. La maçonnerie s’implante en France avec les balbutiements et ses relations difficiles avec l’Église. L’auteur historien reconnu de la Franc-maçonnerie nous replonge dans les premières loges et les liens troubles et particuliers, entre l’Angleterre, l’Écosse, les Églises, les loges, et les enquêtes policières et musclées sur la Franc-maçonnerie de cette époque.

 

Un Temple maçonnique est une représentation de l'univers. Le soleil, la lune, les étoiles au firmament, l'allusion à la terre par le biais de la pierre brute, des "métaux" que nous laissons sur les parvis, du fil à plomb, suspendu au-dessus du tapis de la loge, des références aux quatre points cardinaux etc. sont là pour nous y faire penser constamment. C'est un univers clos, coupé de tous les autres. Il n'y a pas de fenêtre ou, s'il y en a une, comme par exemple sur le tapis de la loge, elle est fermée. Cette séparation a son sens que je mentionnerai plus loin.


Un Temple maçonnique est en même temps une représentation de la société humaine. En effet, le Temple n'est pas seulement l'espace aménagé qui nous entoure mais aussi l'ensemble des Frères qui le peuplent.

Les rituels nous rappellent à chaque tenue que le mouvement maçonnique a été créé pour réunir tous les hommes de valeur sans aucune discrimination de race, de condition ou de conviction et préfigurer ainsi une humanité nouvelle, harmonieuse, réunie dans la fraternité.

Et la structure de la Loge avec ses chefs, surveillants et ouvriers s'inspire de la manière dont sont organisées toutes les sociétés humaines.

Un Atelier maçonnique est hiérarchisé comme les sociétés profanes et en même temps véhicule les idéaux de la liberté pour tous, de l'égalité et de la fraternité. Cela pourrait paraître contradictoire. Les dignitaires de la Loge disposent de certains pouvoirs et tous les Frères leur doivent respect : ce n'est pas par hasard que le Vénérable Maître vouvoie ses officiers. Cependant, nous pouvons tous parler avec la liberté absolue à chaque Frère indépendamment de sa charge ou de tous autres critères. Cette égalité qui ne tient aucun compte de la diversité de nos situations sociales ou maçonniques, est symbolisée par le droit de porter une épée. (Faut-il rappeler qu'à l'époque où, dans le monde profane, seuls les aristocrates avaient le droit d'être armés ainsi, en loge ils le partageaient volontiers avec tous les Frères). Un Temple maçonnique est également une représentation de chacun de nous puisque en tant qu'hommes nous sommes non seulement une parcelle de l'univers et une partie de l'humanité mais aussi un univers entier à nous tout seuls. En affirmant que l'homme est un univers, je pense, évidemment, au fait que chacun de nous est composé de milliards de gênes, cellules, neurones, que chacun de nous abrite d'innombrables être vivants et que toute cette diversité, comparable à la diversité de l'humanité ou de la terre avec tout ce qu'elle porte et nourrit, est parfaitement organisée.

Le Temple est donc à la foi la représentation de l'univers, de l'humanité et de l'homme, un rappel puissant de notre rattachement aux autres et de liens qui nous unissent à la terre et aux mondes au-delà de notre planète. Une autre particularité du Temple maçonnique est le fait de symboliser l’univers, l'humanité et l'homme de tout temps, donc hors du temps. Le temps y existe, le soleil se lève, avance sur son chemin et se couche... mais ce temps est circulaire comme nos déambulations pendant les travaux. Son déroulement immuable englobe à chaque instant toute l'histoire de l'univers, inclue le passé et le présent de l'ensemble des sociétés humaines et nous rappelle la totalité de notre histoire personnelle dès le premier jusqu'au dernier instant.

 

la querelle des « anciens » et des « modernes » le premier siÈcle de la franc-maçonnerie anglaise

C. REVAUGER

Editions Maçonniques de France

 1999

L’histoire des premiers soubresauts de la Franc-maçonnerie qui d’ailleurs fut un combat de chef et de pouvoir idéologique. L’union de 1813 ne fut pas un mariage d’amour mais de raison.

Les maçons Ancients se présentent au XVIIIème siècle, sous la forme d’un regroupement assez disparate de petites Loges indépendantes les unes des autres et regroupées autour de ce que Patrick Négrier appelle « Rite du Mot de Maçon ». Elles ont diverses origines, proviennent majoritairement du nord Est de l’Angleterre, d’Irlande ou d’Écosse.

Elles présentent toutes un caractère nomade hérité de leur traditionnel déplacement de chantier en chantier. Elles se réclament de l’ancienne confrérie de métier dont l’organisation se constitua vers le VIIIème siècle avec les monastères culdéens, puis, pour résumer, avec les statuts Schaw et la vieille Loge d’York qui ne devint Grand Lodge of All England qu'en 1725 en réaction aux « Moderns », mais que le Roi d'Angleterre et ses Évêques gouvernaient déjà depuis le IXème siècle. 

Avant cette période du XVIIIème la maçonnerie des Ancients n'avait jamais été regroupée en fédération générale mais seulement en guildes statutairement indépendantes et dirigées par des Maîtres d’œuvres nommés par le Roi, tels que William Schaw. Les Loges n’existaient que par ceux qui les composaient et se constituaient selon les besoins. On se reconnaissait selon les connaissances et non selon la présentation d’une « quittance de capitation ».

Ce qui reste surprenant aujourd’hui est l’énergie déployée dans la concurrence avec une société qui leur était totalement étrangère et dont l’existence était à ce point fortuite qu’elle en vint peu à peu à décliner. En effet, l’origine des anciens étant purement opérative, ils se revendiquaient, à juste titre, comme les seuls véritables membres de l’ancienne maçonnerie véritable issue des loges archaïques et détenteurs des secrets de Géométrie.

Ils affirmaient leur antiquité par le fait que leur corporation aurait été fondée et structurée par le légendaire Roi Athelstan au IXèmesiècle. Par voies de conséquences, ils se présentaient comme les seuls pratiquants du rite régulier de la maçonnerie, et les seuls habilités à en communiquer les mots, signes et attouchements secrets... secrets plus ancien que ceux soi-disant formulés mais surtout inventés ou dénaturés par les fondateurs de 1717. Au-delà de la place des colonnes, il s’agissait bien de la nature même de l’enseignement et du Mot de Maçon et de la construction organisationnelle qui marquait la différence.

Ce groupe est généralement et tardivement nommé Grande Loge des Ancients et cette appellation vient du fait qu’à partir de 1717 il était devenu plus facile de parler de la maçonnerie par référence à l’Obédience plutôt que par référence à la qualité de maçon. Cette remarque est particulièrement vraie pour les historiens français. Cependant, nous savons aujourd’hui un certain nombre de choses à propos de ces « Ancients » et de leur organisation rituelle. Les degrés intérieurs, les Ordres, leurs liens et tout ce qui construisait la démarche de progression car leurs rituels et leurs connaissances étaient enseignés progressivement.

D’abord la totalité du cursus était présenté aux apprentis et ensuite les éléments étaient étudiés par progression jusqu’à la transmission des secrets de l’Arche. Ces secrets ont toujours été considérés comme le « cœur », la « substantifique moelle » de la maçonnerie par les « Ancients » à tel point qu’un des mots utilisés était « la moelle est dans l’os »… « marrow in that bone »… « mahhabone ». La franc-maçonnerie des « Ancients » présente une autre différence, et de taille. Elle s’organise, au moins depuis les traditions des maçons d’York, autour d’apprentis et de compagnons, ces derniers deviennent ensuite des « hommes de marque », puis des « maitres de marque » avant de devenir Maître de la Loge, puis Excellents Compagnons de Royal Arch. Il faudra attendre l’exportation du rite dans les colonies d’Amérique pour voir séparer la Marque et l’Arche d’avec les trois premiers degrés et patienter jusqu’à 1728, pour les maçons de 1717, pour intégrer la légende de la maitrise dans le thésaurus des moderns.

On comprend alors pourquoi ces maçons, principalement immigrés Irlandais et Ecossais furent très surpris de se voir refuser l’accès des Loges de Londres et, les rares fois où ils furent acceptés, de constater que ceux de 1717 ne s’étaient pas contentés de s’organiser autour d’un pouvoir central, mais n’avaient bel et bien aucune compétence maçonnique particulière, pas même l’organisation des grades. Le regroupement de ses Loges d’ « Ancients » fut réalisé par six d’entre elles, indépendantes, sous l’égide de Laurence Dermott, artisan fourreur et intellectuel bourgeois d’origine irlandaise. 

 

la quÊte du chevalier dans le ritE Écossais ancien & acceptÉ

Michel cugnet

EDITION CHEVRON

 2005

Il s’agit là d’un premier volume traitant des grades du 4ème au 18ème degré.


Une quête personnelle parcourue au fil de l’épée… et de la plume. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier cette démarche de Michel CUGNET, semblable à l’errance d’un chevalier à travers le labyrinthe de la Maçonnerie des hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Il s’agit, en effet, de la présentation des fruits d’une recherche basée sur le vécu personnel de l’auteur, commencé il y a vingt ans, le 30 mars 1985 (quoique, selon lui, le terme de « vécu » doive être relativisé, compte tenu du nombre très élevé de degrés passés en communication et non « en imprégnation »).


Toutefois, les références aux écrits de plusieurs maîtres en la matière et les réflexions personnelles de l’auteur permettent de discerner un fil conducteur à travers la diversité et l’apparente incohérence de ces nombreux degrés qui constituent les hauts grades du REAA.


Ce fil conducteur, on le découvre au fur et à mesure de la lecture, tout en s’apercevant qu’il existe une certaine logique dans la disposition de ces différents grades, pour la plupart issus de divers systèmes antérieurs à la structuration finale du Rite.


On se prend ainsi au jeu des réflexions qui s’ajoutent, se répètent et se complètent de degré en degré et, peu à peu, chacun y découvre de quoi dérouler son propre fil d’Ariane.

 

LA QUÊTE SYMBOLIQUE DU F \ M \ A L’AUBE DU 3éme MILLÉNAIRE

La Loge St Jean des 3 Mortiers à l’Orient de CHAMBERRY

La Table D’émeraude

 2000

Cette ancienne loge des états de Savoie est une des plus vieilles loges, sa naissance date de 1744, et elle est toujours en activité. C’est une grosse plaquette de 112 pages qui traite du secret initiatique, de la liturgie de la lumière, de la numérologie, des outils et du travail maçonnique, de la mort, de la chevalerie, de la pensée symbolique, du siècle des lumières et les débuts de la maçonnerie en Savoie.


Un excellent travail collectif des frères de Savoie.

 

l’arche & l’arc-en-ciel

Traduction de Georges. lamoine

EDITION DU SNES

 1999

C’est un des seul livre qui explique la maçonnerie de marque, avec en préambule une explication historique des degrés de marque, puis toute la symbolique des Nautoniers, l’arche de Noé, la pierre de porphyre, la pierre d’angle, l’alliance, les marques de Caïn, marque chrétienne, Sem, Japhet, Cham, Hénoch, l’arche de l’alliance, l’arc royal, l’arche royale, l’humilité.

La parution française de cet imposant volume constitue en soi un événement, puisque la littérature qui, en notre langue, a trait aux side degrees des systèmes anglo-saxons, est pratiquement inexistante. L’ouvrage, précisément consacré à la Maçonnerie de Marque et à son complément, le Nautonier de l’Arche Royale, est assurément une somme documentaire inestimable.

Et l’avant-propos de Dominique M. Doyen, Grand Maître pour la France de ces mêmes degrés, justifie à lui seul l’intérêt d’une telle initiative ; il tempère tout au moins le caractère spécifiquement britannique de l’enquête, largement axée sur les développements et les aléas des juridictions d’Outre-manche.

Notons que ce type d’investigation, caractéristique d’une certaine école historique, peut néanmoins conduire aux excès que l’on sait, notamment pour tout ce qui concerne la question des origines, reposant d’avantage sur une recherche obsessionnelle des preuves documentaires, que sur l’évidence d’une transmission ininterrompue des assises sacrales du Métier (quelles qu’en soient, d’ailleurs, les modalités d’application).

L’exemple le plus caractéristique de l’ouvrage, est la confusion entretenue autour du rôle attribué à la Maçonnerie de Clément Stretton. Rappelons à ce propos ces deux références importantes, à la suite des commentaires de René Guénon (attentif et prudent à la fois, à l’égard de cette reconstitution rituelle), que furent les contributions de J.Tourniac (" L’Ordre Royal d’Ecosse et les Opératifs dans la perspective de René Guénon ") et de P.Girard-Augry (" Les survivances opératives en Angleterre et en Ecosse "), dans le volume 3 des Travaux de V. de Honnecourt (1981), auxquelles il serait utile de se reporter.

Le recensement effectué par Cryer, de pratiques opératives, comme autant d’ " éléments qui referont surface comme partie des cérémonies de Marque que nous connaissons aujourd’hui "(p.32), témoigne de l’authenticité d’un corpus rituel, dont la filiation se perpétue dans l’actuelle Maçonnerie. Insistons sur le fait que celle-ci est légataire de la totalité du dépôt rituel du Métier, qu’elle le méconnaisse ou choisisse au contraire d’en faire fructifier certaines composantes. Les " coutumes immémoriales " (expression des règlements de Torgau, 1462), que sont les caractéristiques se rapportant aux marques des maçons, sont ainsi relevées : personnelles, d’approbation (sanctionnant l’accomplissement de la tâche) et bien plus encore, cryptées. Ce dernier point, pourtant le plus significatif, est à peine envisagé. Il est vrai que son approfondissement concernait l’ésotérisme du Métier : celui envisagé par F.Rziha (connu de l’auteur, puisque brièvement cité) et Matila C. Ghyka, et référé aux tracés fondamentaux de la géométrie sacrée des bâtisseurs. Assurément, tel n’était pas la priorité de l’ouvrage. Et le développement, fort intéressant par ailleurs, du thème noachique propre au grade de Nautonier, en fin de volume, ne suffit pas à combler cette carence.

 

L’ARCHITECTURE DES TEMPLES MAÇONNIQUES – TEMPLES SPIRITUELS ET MATḖRIELS

François Gruson

Edition Dervy

 2018

Voici un ouvrage très intéressant sur un sujet trop délaissé. Les Francs-maçons ont beaucoup de difficultés à prendre conscience du patrimoine immobilier et mobilier maçonnique. Les obédiences maçonniques commencent à peine à s’intéresser à leurs patrimoines. François Gruson, architecte et chercheur, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais, présente une étude passionnante sur le sujet de l’architecture maçonnique, tant dans sa dimension symbolique que dans la dimension architecturale qui en découle. L’ouvrage est ainsi composé de deux parties, l’une consacrée au Temple spirituel, l’autre au Temple architectural.

 

Fréquentés presque partout dans le monde par plusieurs millions de francs-maçons, les temples maçonniques constituent un patrimoine architectural et symbolique d'une extraordinaire richesse, mais qui reste malheureusement méconnu. Parfois, il est même menacé par la désaffection des loges, notamment dans les pays anglo-saxons. Cette étude constitue une première du genre puisqu'elle s'attaque aux différents aspects de ces édifices, aussi bien sur le plan symbolique que sur le plan architectural et social. Issus d'un modèle unique, qui trouve ses origines dans la légende d'Hiram et la figure du temple de Salomon à Jérusalem, les temples maçonniques s'adaptent selon les époques, les lieux et les cultures qui les ont produits, démontrant une extraordinaire diversité de formes, de styles et d'échelles. L'ouvrage décrit successivement le temple maçonnique en tant qu'objet symbolique, et le modèle architectural qui en est issu et tel qu'il se conforme avec la fixation des rituels au XVIIIe siècle, avant d'aborder l'architecture elle-même et ses différentes traductions selon les pays ou les époques. Il se termine avec un chapitre consacré à la position du temple maçonnique dans l'espace social et sa visibilité dans la ville, et à ce que cette position montre de la place de la franc-maçonnerie dans les sociétés où elle est acceptée.

 

François Gruson nous raconte la genèse d’un modèle de temple maçonnique né du passage de la taverne où se réunissaient les Frères au Temple, garant d’un espace et d’un temps entre parenthèses au sein du monde. Les sources rendant compte de ce procès sont insuffisantes mais l’étude des rituels permet de comprendre comment des nécessités ont pu structurer l’espace. Il existe un modèle du Temple maçonnique, valable pour tous les temples, notamment pour les grades bleus, avec deux dérivés, celui des Modernes et celui des Anciens. Une variation importante provient du positionnement différent des Surveillants. La symbolique du Temple maçonnique est largement liée aux mythèmes qui composent le mythe salomonien et de ses niveaux logiques d’interprétation mais aussi à ce qui évoque la construction et l’édification. C’est largement la pratique du rituel qui conditionne l’architecture symbolique.

 

La dimension symbolique pourrait déterminer l’architecture matérielle. François Gruson cherche à cerner les références stylistiques, les références typologiques avant d’interroger la matérialité même. « A l’observation, dit-il, le choix des matériaux de construction des édifices maçonniques, aussi bien des matériaux extérieurs ou structurels que des matériaux intérieurs, ne semble pas guidé par des considérations rituelles, ni même symboliques. Au contraire, ce qui semble présider au choix s’apparente davantage à ce que l’on trouve finalement pour toute forme de construction ordinaire, à savoir la matière et la technologie disponibles en regard des moyens mobilisables au moment de la construction. » La dimension ésotérique demeure le plus souvent symbolique et n’influe pas sur la construction elle-même prise dans des impératifs financiers, géographiques (climat) ou autres. François Gruson étudient également les fonctions des édifices maçonniques, pas seulement dédiés aux pratiques rituelles. Ils abritent aussi d’autres activités annexes, administratives, culturelles ou festives (agapes). Rarement, les édifices maçonniques sont partagés avec des groupes non maçonniques. Il s’intéresse aussi à l’apparition récente de complexes maçonniques multi-obédientiels et multi-rites. Ces complexes qui obéissent à des impératifs financiers, davantage ouverts au public sont de plus en plus fréquents dans les villes importantes.

 

Ce travail rigoureux se termine par une ouverture sur des prolongements possibles, sinon nécessaires. Le premier est la prise de conscience par les Francs-maçons eux-mêmes de l’importance de ce patrimoine maçonnique et de sa dimension historique. Le second réside dans « le rapprochement nécessaire entre la recherche maçonnique et le monde universitaire ». François Gruson en appelle à des chercheurs non maçons pour briser « l’entre-soi de la recherche maçonnique » finalement préjudiciable. Le Temple maçonnique n’est pas encore un objet de recherche comme un autre. Cet ouvrage érudit et vivant sur un sujet ignoré annonce peut-être un nouveau rapport au patrimoine maçonnique.

 

la RḖGULARITḖ DES francs-maçons EXISTE-T-ELLE ?

Alain Pozarnik

 Edition  Dervy

 2015

Alain Pozarnik avec son talent nous explique quelques notions de cette régularité, vu surtout sous la plan de la Grande Loge de France-  Y a-t-il des ordres initiatiques plus réguliers que d’autres ? À quoi tient cette régularité ? Ces questions ont perturbé le paysage maçonnique Français depuis quelques années et vu publier de nombreux ouvrages traitant de régularité et reconnaissance.


En revisitant les origines historiques des initiations l’auteur décrit ici, plus spécifiquement, les fonctionnements externes et internes des transmissions. Pourquoi le Rite est-il le Maître ? Quelle est la puissance des Symboles ou celle des Mythes ? Quel regard traditionnel sur équerre, compas et Volume de la Loi Sacrée ?

 

La mixité maçonnique est-elle inéluctable ? Sur tous ces sujets voici une réflexion fondée sur l’histoire et la Tradition mais qui tient compte des évolutions sociétales. Une approche tout à la fois surprenante, innovante et traditionnelle

Propos de Roger Dachez : Puisque tout a commencé en Angleterre – qu’on le veuille ou non –, voici près de trois siècles, c’est dans les plus anciens textes maçonniques de la première Grande Loge « de Londres et de Westminster », fondée en 1717, qu’il convient de rechercher les premiers éléments du débat sur la régularité et la reconnaissance

L’émergence d’une Grande Loge prétendant à la suprématie sur toutes les loges « particulières », rapidement et suggestivement dénommées « loges subordonnées » (subordinate), ne se fit pas sans difficulté ! C’était une innovation de taille dans l’histoire du Métier. En témoignent les multiples essais de résistance qui s’observèrent dès le début : non seulement des loges qui refusèrent pendant longtemps de rejoindre le giron londonien, mais aussi d’autres, comme celle d’York, affirmant – sans preuve absolument convaincante – une lointaine ancienneté et s’érigeant dès 1725 en Grande Loge de toute l’Angleterre (Grand Lodge of All England at York) !

Bien sûr, on ne peut ignorer la grande querelle qui structura véritablement toute l’histoire maçonnique anglaise entre 1751 et 1813 : la querelle des Antients et des Moderns, opposant la première Grande Loge de 1717 à celle fondée à Londres par des émigrés d’origine irlandaise. La question de l’obédience maçonnique – au sens strict : «à qui obéit-on- ? » –  fut donc au centre de la vie maçonnique anglaise pendant tout le XVIIIème siècle et trouva son épilogue en 1813 avec la création de la Grande Loge Unie.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la première notion de régularité : au XVIIIème siècle, est régulière, en Angleterre, une loge qui se soumet à une Grande Loge…et qui lui paie ses capitations ! Du même coup, ses membres ont droit à la solidarité de cette Grande Loge, préoccupation maçonnique essentielle du temps, exprimée par la création chez les Modernes, dès 1724, du Comité de Charité. egular », en anglais, veut dire avant tout ; « normal, habituel, classique ». On opposera très tôt aux loges « régulières » les loges « clandestines » (clandestine) : le reproche qu’on leur adressait n’était pas quelque différence philosophique ou religieuse, mais leur statut indépendant ou leurs origines incertaines. Il n’est alors jamais question d’autre chose.

En France, on qualifiera ainsi le Grand Maître Louis de Clermont de «  Grand Maître de toutes les loges régulières du Royaume » et une liste de celles-ci, reprenant cette formule, sera même publiée en novembre 1744. Le mot « régulier », sans doute en raison du contexte catholique, a dû prendre en France une connotation plus ou moins « monastique » – mais pas en Angleterre où les communautés monastiques avaient été dissoutes depuis 1536 : étaient régulières les loges qui, en France, se soumettaient à une « règle » : celle de la Grande Loge – c’est-à-dire, pendant longtemps, guère autre chose que l’entourage immédiat du Grand Maître se formant en une loge de Grands Officiers, dite « Grande Loge ». 

Ainsi, aussi bien en France qu’en Angleterre, la régularité fut pendant longtemps une affaire purement administrative et ne concernait que les loges d’un pays donné par rapport à la ou les Grande(s) Loges(s) qui prétendaient y exercer une autorité.

La question de la régularité, de nos jours, est pourtant avant tout une affaire de relations internationales entre Grandes Loges. Or, cette question a été évoqué très tôt, elle aussi, en des termes assez peu dramatiques, au demeurant. Ainsi, en 1738 encore, Anderson signale que depuis la création de 1717, des Grandes Loges ont vu le jour hors de l’Angleterre et il cite « les Loges d’Écosse, d’Irlande, de France et d’Italie » qui, « assumant leur indépendance, ont leur propres Grands Maîtres, bien qu’ayant les mêmes Constitutions, Devoirs et Règlements [que l’Angleterre.

Le terme « reconnaissance » (recognition) lui-même, pendant tout le XVIIIème siècle et une grande partie du XIXème, n’a guère concerné que le statut des Frères en particulier : étaient-ils reconnus par leur loge, ou appartenaient-ils à une loge elle-même reconnue par la Grande Loge ? Il s’agissait essentiellement, et même exclusivement, d’une affaire intérieure à un pays donné.

Lorsque la Grande Loge d’Angleterre établissait des relations avec d’autres Grandes Loges établies dans d‘autres pays, elle ne parlait jamais de « reconnaissance » mais elle échangeait parfois des garants d’amitié : à cela se bornèrent les relations maçonniques internationales jusqu’au cœur du XIXème siècle. Tout au long du XVIIIème siècle un maçon voyageant en Europe exhibait son diplôme ou son « Certificat de Grande Loge «  (Grand Lodge Certificate ) et il était très généralement reçu sans que soit jamais évoqué la question de la « régularité » : il émargeait à une Grande Loge et cela suffisait. Il y avait sans nul doute, à cette époque, un véritable « espace maçonnique européen…

En 1765, la Grande Loge des Modernes conclut un traité avec la première Grande Loge de France. Il y était seulement stipulé qu’aucune ne créerait de loges sur le territoire de l’autre, ce que l’Angleterre s’empressa du reste de ne pas respecter en fondant la loge L’Anglaise de Bordeaux en 1766 ! De même, en 1775, il y eut un projet de traité entre la Grande Loge des Modernes et le jeune Grand Orient de France – héritier institutionnel de la première Grande Loge de France. Or, ce traité ne put aboutir, mais la cause de cet échec est loin d’être philosophique : le Grand Secrétaire d’Angleterre, Heseltine, jugea simplement inadmissible la formulation de l’article 1 du projet soumis par le Grand Orient : « L’égalité étant la base de notre Ordre, la Grand Orient de France et celui d’Angleterre [sic] traiteront d’égal à égal ».

C’est donc sur un différend de préséance, et non sur une querelle « doctrinale », qu’échoua le projet. Il faut pourtant souligner au passage, comme l’a noté malicieusement mon aimable contradicteur Alain Bernheim[4] – qui demeure un grand chercheur lorsqu’il n’épanche pas sa bile –, qu’en 1814, un an après la création de la Grande Loge Unie, celle-ci comptait 647 loges tandis le Grand Orient de France en affichait 886 : « l’égalité » penchait pour le moins du côté de la France…Il n’empêche que sous le Premier Empire, alors que guerre faisait rage entre les deux pays, des officiers français, prisonniers sur les pontons anglais et désireux de se constituer « régulièrement » en loge, tous membres du Grand Orient de France, sollicitèrent et obtinrent des autorités maçonniques une surprenante patente dont les premières lignes en disent long sur les conceptions maçonniques de leur temps : « Au Nom et sous les Auspices du Grand Orient de France, Et sous la protection immédiate de Sa Seigneurie, le Très Puissant, Très Illustre et Respectable Frère Lord Moira, Grand Maître en exercice de tous les Loges Régulières de Grande-Bretagne

C’est ainsi que l’Angleterre n’eut jamais de relations officielles avec le Grand Orient de France car telle n’était pas alors la coutume, ce qui n’empêchait nullement, de part et d’autre, de « reconnaitre » pleinement la qualité maçonnique « régulière » des uns et des autres. Autant dire, pour évoquer l’événement qui est dans tous les esprits – le fameux Convent de 1877–, qu’à cette occasion la Grande Loge d’Angleterre ne résolut donc jamais de rompre des relations qui n’avaient jamais été officiellement sanctionnées par aucun traité !

Au sommaire de cet ouvrage :

Pourquoi ce désir de régularité initiatique ?  -  L’initiation traditionnelle est-elle régulière ?   -  Quelle est l’origine des initiations ?   -  Quelles structure et organisations pour une Franc-maçonnerie initiatique ?  - Comment fonctionne une obédience  -  Que veut dite la transmission intérieure ?  -  Quelles sont les clés structurelles de l’initiation régulière ?  -   Quelles méthodes pour une transmission régulière ?  -  Les cérémonies d’initiation  -  Que dire des rituels  -  Le langage symbolique est-il le fondement de la démarche initiatique ?  -   Quelle parole les mythes véhiculent-ils ?   -  Y a-t-il une clé des symboles réguliers ?   -   Quel regard sur l’équerre et le compas ?   -  La Bible comme Volume de la loi Sacrée réserve-t-elle des surprises ?   -   Le Grand Architecte de l’Univers est-il rassembleur ?   -  Que penser de la mixité ?   -   Pourquoi installer la volonté naturelle d’œuvrer à se perfectionner ?   -  Mes frères me reconnaissent pour tel   -  

 

la renaissance du rite français traditionnel

 

EDITION  TÉLÈTES

 2002

« Dans la mesure où nous croyons à ce Rite Français Traditionnel, nous devons nous préoccuper des conditions dans lesquelles nous y sommes venus. C’est important si nous voulons que tout cela ne soit pas un feu de paille, puisque nous sommes tous, ô combien périssables et provisoires et que, par définition, la Maçonnerie ne l’est pas… Il est nécessaire que cette aventure soit connue. Et non seulement qu’elle soit connue, mais qu’elle soit comprise. »  - René Guilly –


« Le Rite Français est une synthèse remarquablement pensée et écrite des aspects les plus valables de la Maçonnerie du XVIIIème siècle ; c’est la quintessence de l’esprit maçonnique français au siècle des lumières. »
Roger Girard

 

la rÉsurgence des  rites forestiers

Régis blanchet

EDITION DU PRIEURÉ

 1997

C’est l’étrange aventure millénaire des rites de fendeurs, de charbonniers et de forgerons, qui se trouvent au cœur du celtisme. On y retrouve le panthéisme, les Celtes, les Carbonari italiens, les charbonniers français, l’historique des rites forestiers, les sacrifices celtiques, le maître de forge et les forgerons, le rôle de la femme dans ces rites, les mots et les outils des forestiers.

 

Régis Blanchet est aussi un infatigable artisan du développement des rites forestiers tout au long des années 90. C’est au début des années 90 que R. Blanchet entreprend son œuvre. Il n’a à sa disposition que peu d’éléments historiques. Qu’importe, pour réaliser son projet il va emprunter à gauche et à droite, à la rigueur il n’a pas peur d’inventer. Il va se revendiquer des mouvements philosophiques qui ont par ailleurs conduit à l’émergence maçonnique début XVIII.

 

Il fait particulièrement référence à John Toland fondateur du « Druid Order » En 93, il va avec une douzaine  de  Frères fonder une Loge maçonnique provisoire pour initier le Grand Druide de Bretagne, ce qui permettra de présenter d’impressionnantes références celtiques. Gwenc’hlan Le Scouézec explique que sa filiation est à la fois druidique, initiatique et christique, soit textuellement : Druidique, ayant reçu la filiation du Druid Order de John Toland de 1717 ; Initiatique, étant héritier des filiations de l’illuminisme du XVIIIème Siècle, au même titre que le Martinisme, par exemple ; Christique, puisque dépositaire de tous les sacerdoces chrétiens, romains, monophysites, ariens, orthodoxe.


C’est, dit Le Grand Druide, « Cette filiation apostolique qui, à travers la Pentecôte, me relie à la spiritualité du Christ et non pas à une Eglise quelconque. . . »  Voilà l’homme avec lequel R. Blanchet se met en ménage initiatique pour fonder une Vente, la première « Les Forestiers d’Avallon » sauf erreur. Il va de soi que ce début est fort imprégné de druidisme. Il va de soi également que ces deux personnalités fortes poursuivant des objectifs personnels certainement distincts n’ont pu collaborer longtemps dans la sérénité.

 

Il va alors fonder une loge (Vente) et quand il y en a deux, il fonde la Grande Vente (Loge)  des Modernes qui se déclare « obédience » et s’arroge l’autorité fondatrice, le contrôle des initiations et celle des rituels. Blanchet invente les Maîtres des Passages, ce sont les membres de la Grande Vente, somme toute l’équivalent forestier des « Grands Inspecteurs » qui articulent les Ventes sur La Grande Vente et qui se cooptent les uns les autres. En juin 97, R.B. et ceux qui l’ont suivi contrôlent deux Ventes : La Claire Fontaine et John Toland, qui représentent en tout une trentaine de membres. Les réunions des Grandes Ventes sont organisées strictement : Ordre du jour précis, rapporteurs, consignation des débats et des décisions, comme en Maçonnerie. Il dit d’abord que le rite forestier devrait se constituer en fédération de rites afin de ne pas être exclusif. Il s’inspire ici encore de la F. Maçonnerie. Puis il raconte comment il a réalisé les rituels que nous connaissons :

 

Fendeur : C’est en fait un rituel de corporation retranscrit par Ragon qu’il maçonnise

Charbonnier : Les rituels, dit Blanchet, bien que cités en 1747, n’ont jamais été retrouvés. Il dit être parti de données corporatistes archivées à Tours et les avoir transposées avec la « rythmique maçonnique ».

Forgeron : Il n’a rien trouvé en France. Les rituels sont élaborés à partir de traditions orales principalement du Canada (+recherches de Mircéa Eliade et tradition africaine)

Maître de Passage est créé de toutes pièces en Bretagne pour protéger le rite de l’intérieur au regard de l’expérience « druidique. »

 

l’art de la planche

Philippe autexier

EDITION  DÉTRAD

 1996

Manuel pratique destiné à tous les Francs-maçons, ce livre offre pour la première fois une vue d’ensemble des principes et des problèmes posés par le morceau d’architecture et sa discussion en loge.


Des Impressions de réception à l’Oraison funèbre, l’auteur examine les sept genres de « planches » en usage de nos jours, révélant les pièges et les difficultés particulières de chacune, ainsi que les moyens de les surmonter. Dans chaque cas, un exemple précis est donné, qui s’achève par la pièce complète rédigée.


Une partie spéciale est consacrée aux méthodes de réflexion et de documentation, aux moyens pour parler avec efficacité sans lire un texte préparé, ainsi qu’au fonctionnement de la discussion. Au début de l’ouvrage, le lecteur ne manquera pas de découvrir avec enchantement que la communication en loge, sous la forme du morceau d’architecture et de sa discussion s’inscrit dans la logique des rituels maçonniques, sans exception, dont elle est en quelque sorte la face cachée.


Dès l’heure où ils rassembleront leurs idées en vue de leur planche d’impressions, les jeunes maçons trouveront en ce livre un guide sûr, qui les accompagnera jusqu’au jour où ils seront appelés à tenir un maillet de carrière maçonnique une lumière vive et profonde, que l’on se trouve sur les colonnes, au plateau d’orateur ou maillet en main, et met en valeur les aptitudes insoupçonnées de chacun.

 

L’ART ROYAL – 1913, LE MANUSCRIT DU CAIRE

Franz Svoboda

Editions du Signal

 2013

Nous sommes en 1913, au Caire, une ville moderne, cosmopolite, n’ayant rien à envier aux capitales européennes. Franz Svoboda est ethnologue, depuis quelques années en poste en Egypte, mandaté par le gouvernement austro-hongrois, et il est Franc-maçon.

Dès son arrivée, témoin émerveillé des découvertes éblouissantes d’un siècle d’archéologie, il se lance dans une synthèse de ces connaissances nouvelles, révélant les origines égyptiennes de l’expérience maçonnique, une histoire commencée il y a plus de 5000 ans. En 1913, il met la dernière main à son manuscrit, qu’il dédie à Idriss bey Ragheb, patron de presse, homme politique, et grand-maître de la franc-maçonnerie égyptienne.

Son destinataire reçut-il ce document ? Nul ne le sait. Le document sera confié à un commerçant suisse, pendant ou peu après la première guerre mondiale, et qui le conservera 70 ans dans une malle, puis le remettra à un éditeur de la ville de Lausanne, mais ce document va encore disparaitre avant d’être publié, et c’est dans les archives de l’éditeur qu’il sera retrouvé 30 ans après et encore inédit.

Dans cet ouvrage le Franc-maçon trouvera le chemin des origines égyptienne de l’Art Royal, et le profane pourra lever le voile de différents mystères, allant des motivations de la franc-maçonnerie, une société discrète mais pas secrète, jusqu’à une intuition du sens de la vie dans l’univers.

« On a dit et répété longuement que la religion égyptienne était panthéiste ; C’est une grave erreur et un non-sens, aussi faut-il la réfuter fortement. Il existe un Panthéon égyptien, c’est là un fait incontestable, mais ce panthéon ne contient des dieux que dans l’imagination de ceux qui ne l’ont pas compris ou de ceux qui ont voulu détruire la religion égyptienne et la ruiner par le ridicule ; en effet nous savons maintenant que, l’initiation aux mystères enseignait le dogme de l’Unité de Dieu ; on y faisait aussi connaître le dogme de l’immortalité de l’âme et les divins principes de la cosmologie universelle ainsi que des notions de Science morale et de Philosophie occulte… »

« Tout Egyptien quel que fut son rang, pouvait être admis à l’initiation s’il en était jugé digne, mais cette initiation n’était pas communiquée au premier venu, pas même à tous les prêtres, on ne prodiguait les mystères qu’à quelques-uns d’entre eux, parce que ces mystères étaient quelque chose de sacré, et ainsi on évitait la profanation des temples. Lorsqu’un aspirant aux mystères avait le désir de s’y faire initier, il devait se faire recommander par un des initiés… »

Au sommaire de cet ouvrage :

La science moderne - L’évolution sociale et religieuse - Origine des mystères - La science hermétique - L’initiation - La doctrine - La vision d’hermès et les 12 sphères selon la vision hermétique - Le Temple de Salomon - Signe de reconnaissance - Hiéroglyphes - Le zodiaque circulaire de Denderah - Porphyre - Plutarque - Poimandres - Isis et Osiris -

 

LA SIGNIFICATION DES MOTS HÉBREUX EN FRANC-MAÇONNERIE

Xavier Tacchela

Edition Maison de Vie

 2013

C’est à un voyage dans le monde des symboles que nous invite l’auteur, un monde par trop délaissé. Ces mots hébreux qui apparaissent au fil des grades et nous interpellent, sont autant de portes d’embarquement pour le voyage.

Il est évident pour nous tous que ce n’est pas un hasard que nos anciens avaient choisi l’hébreux pour nous transmettre leur message, mais pouvions nous imaginer un tel foisonnement ? une telle richesse ? autant de routes qui nous mènent vers autant de bonheurs ? Nous savions que l’hébreux était une langue particulière, mais son approche est difficile, je ne parle pas du sens littéral mais du sens caché car celle langue a quatre niveaux de lecture et à notre époque où la majorité d’entre nous ne parle pas hébreu, ces mots incompréhensibles qui émaillent nos rituels étaient jusqu’alors comme une touche d’exotisme et nous nous contentions de la traduction du rituel.

Or tout est symbole et il est important que nous puissions avoir accès à ces vérités cachées pour faciliter notre démarche et illuminer la compréhension des textes. L’auteur a d’ailleurs pris soin de nous collecter les informations dont nous aurons besoin dans nos travaux.

Avec une présentation de la Kabbale qui nous ouvre les chemins du Pardès, ce livre de travail et de recherche, de recoupements et de compilations, deviendra vite le compagnon indispensable à tout maçon désireux d’approfondir non seulement son rite mais aussi sa quête. On comprend pourquoi il est important de bien prononcer les mots et d’utiliser la bonne symbolique.

Quant aux diverses traductions données par les tuileurs de Vuillaume, Bouchet ou autres, les inexactitudes de traduction, d’orthographe et de prononciation furent le signe d’un autre temps, pour autant ces explications « bizarres ou fausses » ne manquent pas d’intérêt et donnent des directions parfois heureuses sinon sympathiques.

L’auteur a fait un gros travail de recherche pour essayer de trouver pour chaque mot, sa bonne traduction, sa bonne orthographe, sa bonne prononciation et sa bonne explication symbolique, religieuse et métaphysique, le tout relié avec la phrase du rituel et son contexte.

Plusieurs tableaux sont à notre disposition, soit pour nous donner la prononciation exacte du mot, soit pour nous donner les lettres hébraïques et leurs symboles, soit nous offrir l’arbre séphirotique, enfin en fin du livre divers tableaux sur les sentiers séphirotique, les Noms de Dieu, et les diverses parties du Temple, agrémentent cet ouvrage

Au sommaire de ce livre :

Divers tableaux des lettres Hébraïques

La Kabbale

Dictionnaire des mots hébraïques employés dans les rituels maçonniques

Les 10 Sephirot et les 32 sentiers

Les parties du Temple et les noms de Dieu

Les nombres et les mois hébreux

 

la spiritualitÉ de la franc-maçonnerie

 j.p. bayard

EDITION DANGLES

 1982

La Franc-maçonnerie, vaste mouvement de pensée animé de divers courants, a fait l’objet de nombreux écrits et continue, malgré tout, d’intriguer notre civilisation. Pour mieux pénétrer son esprit, il ne suffit pas d’en lire les rituels, il faut en vivre les rites. La Franc-maçonnerie, héritière des plus antiques traditions, de la cosmogonie et des mystères du Moyen Âge, est une société de pensée qui a toujours eu une grande influence sur le milieu environnant.

On peut se demander comment sa valeur morale a si bien résisté à l’épreuve du temps, et pourquoi cet Ordre jouit, encore de nos jours, d’un prestige certain.


Jean-Pierre Bayard, dans ce texte simple et précis, aborde ce phénomène en traitant de la Franc-maçonnerie traditionnelle, celle qui évolue à partir des temps mythiques. Spécialiste en ce domaine (Docteur ès lettres en Maçonnologie), il en commente l’esprit général, évoquant sommairement les rituels et le symbolisme.

 

S’attaquant aux reproches formulés à un Ordre finalement méconnu, il montre bien la continuité de cette pensée qui s’appuie sur les valeurs sacrées et qui, par sa cohésion, vise la pérennité de la recherche dans un contexte opératif. Son évolution s’axe sur l’amélioration de l’individu.

 

Cet ouvrage dépasse les notions d’Obédiences et de reconnaissance : il reflète les aspirations d’un Ordre témoignant de la Tradition.

 

lA symbolique au grade d’apprenti

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

Les « Livres de l’Apprenti » publiés au 19ème siècle et pendant la première moitié du 20ème siècle ont mis l’accent sur l’allégorie des outils, bien plus que sur la symbolique de l’initiation. Le livre de Jules Boucher, sur « La symbolique maçonnique » publié en 1948, a marqué un tournant vers la formulation symbolique.


Raoul Berteaux, après avoir étudié les lois et les règles de la symbolique dans « La voie symbolique » a procédé à des études d’applications maçonniques, dont le présent ouvrage concerne le grade d’apprenti.
À titre d’exemple, la mutation de l’allégorie au symbole est illustrée par les commentaires sur la « Pierre brute ». En tant qu’allégorie elle est « la pierre que doit dégrossir l’apprenti »  en tant que symbole elle est « la pierre sur laquelle tu ne porteras point le fer, car en le faisant, tu la profanerais ».

 

Ainsi, la pierre qui s’appuie sur le sol et se dresse vers le ciel devient-elle séjour du Dieu et relie-t-elle la terre au ciel, le profane au sacré.
Ce livre ne propose pas des significations stéréotypées d’allégories ; il se propose d’aider l’apprenti à se mouvoir parmi les symboles vivants de son grade, dans le cadre de sa culture personnelle.

 

lA symbolique au grade de compagnon

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

« La Symbolique au grade de Compagnon » offre la vision de l’unité spécifique de la Loge de Compagnon à la fois héritière du Compagnonnage dont on retrouve les principes dans la Franc-Maçonnerie et créatrice de la totalité de l’enseignement maçonnique.


Le degré de Compagnon a constitué l’axe de la mutation de la Franc-Maçonnerie opérative, réservé à des artisans, en maçonnerie spéculative recevant en son sein des hommes de diverses professions.
Ce n’est que plus tard que la part la plus importante du rituel de Compagnon fut transférée dans celui de l’Apprenti, tandis que la part qui concerne le thème de « la parole perdue » était transférée dans le grade de Maître créé vers 1730.


En revanche le rituel du Compagnon s’est enrichi, vers 1737, de l’« Étoile flamboyante », formant un pentagone étoilé et la lettre « G ».


Les deux degrés d’Apprenti et de Compagnon forment en réalité un tout dont le premier degré est une présentation, tandis que le second est une réalisation. Ainsi les cinq voyages d’initiation n’ont plus le caractère d’épreuves, mais figurent les étapes de la connaissance.


Bâtir un Temple, c’est réaliser une harmonie des Nombres. Il en est de même pour les rites maçonniques abordés dans la partie de l’ouvrage consacrée à la Loge de Compagnon.

 

lA symbolique au grade de maître

Raoul berteaux

EDIMAF

 2000

Le candidat reçu au grade de Maître ne peut manquer d’être surpris par la forme dramatique et mythique du cérémonial.


Les formes rituelles des deux premiers degrés n’annoncent pas celle du troisième.


Il y a de toute évidence, un élément nouveau apporté dans la pratique initiatique.


Peut-on retrouver, par la recherche historique, les origines du rituel du grade Maître ?


Y est expliqué, la parole perdue, la palingénésie, le mot substitué, la légende d’Hiram, l’universalité du temple, le sacrifice, et l’enseignement du grade.

 

la symbolique de la loge de perfection

Raoul berteaux

EDIMAF

 1987

Après « La Symbolique au Grade de Maître », puis les ouvrages consacrés aux deux premiers « Grades bleus », voici maintenant « la Symbolique de la Loge de Perfection », du 4° au 14° degré du R.E.A.A.


Ébauche de la vaste réflexion sur le Rite que nous promet l’auteur, cet ouvrage met en relief les thèmes initiatiques, les mythes et les nombres qui sous-tendent les rituels, complexes et parfois divergents, des premiers hauts grades du Rite Écossais : allant bien au-delà des « Thuileurs » ou des gloses plus ou moins verbeuses, Berteaux décompose les éléments symboliques de chaque de-ré, et, les replaçant dans le cheminement initiatique, leur rend clarté et cohérence.


La « Symbolique de la Loge de Perfection » devient ainsi un instrument de travail indispensable à quiconque, en Franc-maçonnerie, aspire à aller plus loin…

 

la symbolique du cabinet de rÉflexion

J.P. bayard

EDITION DETRAD

 2003

Une fois les enquêtes achevées, une première épreuve attend le postulant franc-maçon : celle de son passage – plus ou moins long – dans le cabinet de réflexion, lieu obscur où – hors de la présence des Maçons – il est invité à rédiger son testament philosophique.

 

Chaque Maçon – quel que soit son rite, quelle que soit son ancienneté en maçonnerie – garde de ces moments un souvenir bien particulier qui n’appartient qu’à lui.

 

Le contexte de l'initiation, c'est-à-dire la démarche ésotérique et la confrontation avec les symboles ne sont fécondantes pour l'esprit que si elles correspondent à un effort vécu. II faut de la patience et de l'humilité pour apprendre.

 

Kant l'avait bien compris. Il n'y a pas, disait-il, de voie royale dans la philosophie. La voie royale, c'est l'ascèse. II est bien vrai que toute connaissance correspond à une manière d'être.

 

Chaque effort sur soi-même conduit à une certaine connaissance. II faut que le néophyte qui rentre dans le Cabinet de Réflexion sache qu'il peut conquérir sa liberté. Cela dépend de lui seul. II est possible de lui montrer une direction. II n'est pas possible de le porter sur le chemin. II doit y aller seul et subir seul la lassitude, le découragement et toutes les épreuves qui l'attendent.

 

Sur la ligne de départ de son aventure spirituelle, il faut qu'il sache que toutes ses idées, toutes ses croyances, tous ses préjugés les plus chers ne sont que les sublimations de ses problèmes personnels et ne correspondent à rien d'objectif. Le sens du réel, il l'acquerra par l'ascèse initiatique, dans la méditation sur les symboles qui traduisent, au-delà des mots, des réalités contradictoires.

Tout ce que l'on peut exprimer par le discours n'est qu'abstraction. Un mot ne peut être lui et son contraire. Le symbole est, par contre, polyvalent et insondable. A ce titre il colle plus à la réalité. Comme disait Bachelard, il donne à penser. Cela veut dire qu'il oriente l'esprit vers la préhension du réel au-delà du discours.

 

II ne s'agit pas de chercher dans l'initiation un remède aux maux de notre temps. Tout ce que l'on peut dire sur le monde moderne, la technique, la technocratie, la primauté du quantitatif sur le qualitatif,  nous paraît pusillanime. Notre monde, nous l'avons mérité et nous en faisons partie. II constitue une étape nécessaire à notre histoire spirituelle. Le cycle mort-résurrection, comme le cycle de la putréfaction jusqu'à l'éclosion de la rose constituent la vie. Ceux qui condamnent sont des faux prophètes. La véritable démarche initiatique nous paraît être celle qui consiste d'abord à accepter ce qui est pour participer au devenir. II s'agit de chercher dans l'initiation, non un remède, mais un accomplissement. On ne lutte pas contre la maladie, mais avec elle. La guérison s'obtient « en plus ». L'initiation ne peut se transmettre, par le seul discours. De même, elle ne peut être transmise que dans le contexte d'un groupe. Le rituel pratiqué par un groupe initiatique procure les « garde fous » sans lesquels une démarche introspective solitaire sombrerait dans le délire.

 

Le Cabinet de Réflexion constitue, au cours de l'initiation maçonnique, la seule épreuve au cours de laquelle le néophyte est isolé. La suite de la cérémonie s'accomplit dans le groupe et le néophyte, encore aveugle, perçoit la présence d'autrui. D'un autre côté, le discours est utile. Privé d'exposés sur ces questions, le néophyte ne pourrait avancer. Seulement, le discours doit tendre à éveiller et non simplement à transmettre un message. Les écrits apportent au néophyte cette présence d'autrui nécessaire à cette initiation. Ils donnent des idées, font part d'expériences, fournissent une documentation. Ils sont nécessaires, mais pas suffisants Avant d'entrer dans le Cabinet de Réflexion, le profane est invité à se dépouiller de tous ses « métaux » : argent, montre, bijoux, décorations. II remet sans restriction ces choses qui, dans la vie courante, permettent une insertion sociale et qui constituent les signes de la « respectabilité », valeur relative et contingente. Dans le monde entier et en tous temps, les sociétés fermées qui se donnent une vocation spirituelle exigent de leurs néophytes une renonciation aux valeurs temporelles. Cette renonciation plus ou moins sévère s'exprime dans un  rituel. Les monastères orientaux exigent le rasage de la tête, la chevelure étant considérée comme le signe de la vanité. Cette coutume existe en Occident et persiste, à un degré moindre, chez les prêtres, sous la forme de la tonsure. Toutes les cérémonies initiatiques pratiquées sous toutes les latitudes commencent par le dépouillement d'attributs vestimentaires ou corporels. La circoncision, elle aussi, à une origine que l'on peut situer dans le même contexte.

 

En Maçonnerie, le dépouillement des métaux a une valeur purement symbolique puisque le néophyte les récupère après la cérémonie. II ne s'agit pas, dans la Tradition maçonnique, d'arracher le néophyte au monde profane au sens concret du terme. La Franc-Maçonnerie n'exige pas la renonciation au monde temporel. Elle prétend seulement enseigner à ses membres à s'abstraire des contingences profanes, ce qui constitue la condition préalable à une réflexion sur soi-même, à une « intériorisation ». Elle indique la direction spirituelle, la « voie Royale », qui permet au néophyte de cultiver sa réflexion, sa sensibilité, son intuition. L'initié, formé à cette forme particulière d'ascèse, retournera dans le monde profane avec des forces nouvelles. Son attention ayant été attirée sur le sens du dépouillement des métaux, le néophyte s'efforcera au cours de sa vie de réaliser un équilibre aussi harmonieux que possible entre les valeurs matérielles et les valeurs spirituelles.

 

Cet équilibre exclut nécessairement le mépris à l'égard des valeurs matérielles au profit des valeurs spirituelles ou réciproquement. La réalité est une totalité indissociable. Le Franc-maçon apprend que « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » (La Table d'émeraude). II désire réaliser une sorte d'« alchimie spirituelle »c'est-à-dire une transformation de son être profond par un travail rigoureux d'études et de réflexion. L' « Art Royal » est tout simplement l'art de trouver à toutes les valeurs leur juste place. Par une analogie simple, on peut comparer l'homme, ses problèmes, ses désirs, ses contradictions, à un jardin avec ses végétaux les plus variés qui se disputent l'eau et l'espace. II s'agit de cultiver le jardin de manière à ce que chaque plante trouve, selon une heureuse expression japonaise, sa « place exquise ».

  

la symbolique maçonnique

Jules boucher

EDITION  DERVY

 1988

La Symbolique Maçonnique est depuis sa première édition, en 1948, un livre qui ne vieillit pas. Les symboles de la Franc-maçonnerie font partie de sa tradition. Or une tradition – qui n’a rien à voir avec une répétition d’habitudes – est un système de valeurs qui traversent les siècles, comme l’étymologie du mot l’indique, sans être fondamentalement modifiées par le temps.


Cet ouvrage est une somme et un livre de références. En Franc-maçonnerie, on parle du « Boucher » comme on parle dans la conversation courante du « Larousse ». C’est une somme en ce sens que l’auteur y exprime, chapitre après chapitre, article après article, non seulement sa conception personnelle des nombreux sujets qu’il traite, mais aussi la conception d’autres auteurs Francs-maçons qui font également autorité. C’est un livre de références en ce sens qu’il renvoie à des compléments bibliographiques qui permettent d’enrichir l’enseignement maçonnique des chercheurs.


Enfin La Symbolique Maçonnique montre que la Franc-maçonnerie est une société initiatique dont l’objectif consiste à aider l’homme à s’élever lui-même au-dessus de sa condition ordinaire et à lui donner accès à la Connaissance – qu’il ne faut pas confondre avec une accumulation de connaissances diverses –, Connaissance dont nous avons plus que jamais besoin pour continuer l’édification de notre Temple intérieur, c’est-à-dire pour découvrir la vérité de note Moi caché et l’édification de notre Temple extérieur, c’est-à-dire pour préparer l’avènement d’une Société plus humaine et plus éclairée.

 

LA TRADITION DES FRANC-MAÇONS – HISTOIRE ET TRANSMISSION INITIATIQUE 

Dominique Jardin

Edition Dervy 

 2014

Voici le troisième tome de la trilogie, après « Voyage dans les tableaux de loge » et « Le temple ésotérique des Franc-maçon », Dominique Jardin nous propose un voyage dans la Tradition maçonnique qui est peut-être le couronnement de ce Tryptique, en tout cas c’est un livre fort intéressant qui nous transporte aux sources de cette maçonnerie spéculative de 1717, mais déborde sur l’opératif, les légendes et les mythes.

Depuis sa création, la franc-maçonnerie se proclame dépositaire d’une tradition dont elle prétend assurer la transmission. Elle est la seule institution contemporaine à privilégier la voie initiatique pour transmettre les secrets et le sens profond des symboles de cette tradition, et ce dans le but que chacun de nous puisse prendre en compte ici et maintenant de sa condition et de réfléchir sur l’après vie ou après la mort.En suivant la démarche rigoureuse de l’historien, Dominique Jardin démontre ici que le contenu de la tradition maçonnique se construit en même temps qu’il se transmet. A partir des textes rituels et des tableaux de loge du XVIIIe siècle, il dévoile les sources et les emprunts multiples de cette tradition aux courants de pensée opératifs, hermétiques, occultistes, religieux et ésotériques.
L’auteur met aussi à jour l’influence de la maçonnerie des hauts grades dans l’élaboration et la fixation des légendes de la franc-maçonnerie.

En empruntant le concept de religio duplex à Jan Assmann, il décrypte les relations construites sous forme de « double fond » entre maçonnerie bleu des premiers grades et maçonnerie des grades supérieurs. Cette archéologie et cette histoire des symboles de la tradition et de sa transmission, éclairent et font vivre tout autrement l’expérience initiative.

Roger Dachez écrit dans la préface de cet ouvrage : « L’heureux a priori méthodologique de Dominique Jardin consiste à rattacher de nouveau ce champ d’études à l’approche académique du concept, dans le sillage, aujourd’hui impossible à ignorer, tracé par Antoine Faivre et ses études véritablement fondatrices depuis une quarantaine d’années. L’ésotérisme, en effet, n’est pas un corps de doctrine, une sorte de « science secrète » aux contenus d’autant plus incertains qu’ils apparaissent excessivement variables mais, pour reprendre une expression due à Jean-Pierre Laurent, un « regard » différent posé sur le monde. L’ésotérisme maçonnique n’est donc que secondairement maçonnique, il est avant tout structuré par ce regard qui s’est constitué en Europe à la fin du XVème siècle. Ainsi l’ésotérisme – qui n’est qu’une des dimensions possibles de l’univers maçonnique mais ne le résume ni ne l’épuise – appartient au vaste domaine des études philosophiques et  théologiques, et aussi des expériences mystiques qui ont imprégné la trame de la pensée occidentale, dans le champ religieux comme dans le champ scientifique alors naissant, entre le XVIème et le XVIIIème siècle. En d’autres termes, il s’agit bien ici d’intégrer la pensée maçonnique à l’histoire culturelle de l’Europe.

Dès lors qu’il s’est affranchi de ces deux limites – ignorer l’histoire culturelle et répudier la réflexion au nom de  la vie – Dominique Jardin nous fait découvrir deux pièges dans lesquels le discours maçonnique en général, et celui qui porte sur l’ésotérisme maçonnique en particulier, n’est que trop souvent tombé.

Le premier piège consiste à penser que la « tradition » maçonnique – et la connotation ésotérique qu’on lui assigne – s’origine à un passé réellement situé dans l’histoire et s’est trouvée dotée jusqu’à nous d’une structure intangible et pérenne. A cette vision essentialiste, qui conduit aux pires impasses, Dominique Jardin substitue une démarche historienne qui n’est aucunement réductrice. Il pose, avec toute une école qui a produit des travaux d’une fécondité remarquable depuis quelques décennies, que la tradition a en effet une histoire.

C’est donc en termes d’emprunts, d’ajouts et de perfectionnements successifs, bien plus que transmission intacte et de filiation ininterrompue, qu’il convient de rechercher les raisons de l’état final de ce que nous nommons commodément  – mais parfois trompeusement –  la « tradition maçonnique ». La franc-maçonnerie spéculative a été un monde en genèse pendant environ 150 ans, si l’on admet des bornes larges qui la font surgir au milieu du XVIIème siècle et en situent l’achèvement relatif à la fin du Siècle des Lumières. La déconstruction méthodique de Dominique Jardin ne détruit donc pas l’édifice mais en fait simplement réapparaitre la dynamique de constitution. Un travail collectif, sans plan concerté et qui, du reste, n’est peut-être pas terminé

Car le deuxième piège consiste justement à essentialiser encore, cette fois non plus seulement la « tradition maçonnique » en elle-même, mais ce que chacun en a reçu, ici et maintenant, au sein du monde maçonnique complexe et pluriel dont l’histoire nous a faits les cohéritiers. En d’autres termes, rien n’est plus dangereux, ni surtout plus erroné, que d’envisager  la tradition maçonnique à l’aune seule du Rite particulier au travers duquel nous y avons eu accès. Seule est féconde l’approche comparatiste, qui scrute dans tous les Rites – dont chacun est en soi une somme parmi d’autres possibles – les reliefs d’une tradition perdue, par nature inaccessible et nécessairement fantasmée, dont chaque Rite est plus ou moins le dépositaire, mais toujours au terme d’un « tri », pour reprendre l’heureuse expression de Dominique Jardin. Un tri qui donne cohérence à chaque système qui, cependant, n’est vrai qu’en ce qu’il affirme et demeure faux en ce qu’il nie ou méconnait simplement.

Reste un dernier point que je voudrais mentionner. De même que je pense avoir été l’un des premiers en France à souligner combien la notion de « tradition inventée », forgée par Hobsbawm permettait d’éclairer puissamment la nature essentielle de la franc-maçonnerie, de même, il faut être reconnaissant à Dominique Jardin de s’être emparé du très fructueux concept de religio duplex proposé récemment par Jan Assmann, dans un livre magnifique. C’est, me semble-t-il, la clé qui rend possible une approche intelligente – et non plus à coups de postures – de la question si délicate en France des relations entre la pensée maçonnique et l’ordre religieux. Entre le négationnisme désespéré de certains – qui refusent de voir ce qui pourtant relève de l’évidence historique : à son origine, la franc-maçonnerie spéculative est chrétienne et elle en porte durablement les marques – et l’intégrisme paradoxal de ceux qui, par exemple, en viendraient à en faire une sorte de tiers-ordre catholique (à moins qu’il ne soit orthodoxe !), la lecture d’Assmann suggère, non une voie moyenne – la vérité n’est que rarement la demi-somme des erreurs opposées – , mais une voie différente.

On peut en effet qualifier l’influence des Lumières sur la franc-maçonnerie, comme on l’a souvent fait, en lui attribuant une certaine rationalité individualiste qui assurait la promotion d’un être enfin libre et détaché de ses conditionnements civils et religieux, et dont une maçonnerie de plus en plus « libérale » aurait été le vecteur idéal. On peut aussi, et la reprise de Dominique Jardin nous y invite, en faire une autre lecture : au crépuscule de leur siècle, les Lumières auraient insinué dans la franc-maçonnerie, idéalement formatée pour cette fin, le projet subtil d’une religion intérieure, dans une Europe encore unanimement chrétienne mais gagnée par le doute à l’égard des formulations dogmatiques et des particularismes ecclésiaux – ce qui, en première instance, rappelle singulièrement la réserve déjà exprimée par Anderson dans le Titre Ier des Constitutions de 1723, à l’égard des « confessions et dénominations ».

Il existe toutefois une différence essentielle entre le texte d’Anderson – souvent très mal compris par des lecteurs contemporains qui y projettent volontiers leurs propres enjeux et oublient le contexte de sa rédaction initiale – et le projet des Lumières, si du moins l’on suit Jan Assmann. Anderson ne prônait aucunement une religion naturelle, vaguement déiste, comme on le dit trop souvent. Les « confessions et dénominations qui aident à distinguer [les hommes] » sont à ses yeux incontournables, dans la pure tradition du communautarisme anglo-saxon, en grande partie toujours vivant, qui fait de l’appartenance religieuse l’une des composantes de l’identité sociale. Il souhaite simplement qu’on surmonte ces barrières, non qu’on les abolisse.

En revanche, le religio duplex opère un subtil déplacement de la problématique : si la référence à une transcendance – nommée ou innommable – est toujours présente et ne saurait disparaitre aussi facilement, c’est à une intériorisation complète de la perspective religieuse, jusque-là exclusivement « ecclésiale », que nous sommes conviés. De même que le Temple de Salomon est idéalisé – « spiritualisé » dit déjà en 1688 John Bunyan, qui ne fut jamais franc-maçon –, de même l’édifice symbolique de la maçonnerie, à travers ses tableaux et ses rituels, nous propose un voyage intérieur qui, à la classique « fidélité » religieuse, substitue la quête intérieure. La franc-maçonnerie, vers la fin du XVIIIème siècle, en est ainsi devenue aux yeux de certains, pour un temps – celui de sa pleine maturité, avant celui d’une relative altération – l’un des lieux électifs. En cela du reste, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, la maçonnerie d’Anderson apparait nettement plus religieuse, au sens classique du terme, et celle de la fin du siècle beaucoup plus « initiatique ». Mais cette dernière, à son tour, dans un monde contemporain désormais fortement sécularisé, apparait de nouveau à certains d’entre nous comme fâcheusement teintée de marqueurs religieux – et elle l’est en effet…

Dans ce jeu de miroirs et de renvois incessants, Dominique Jardin inscrit son livre dans une vaste entreprise de décryptage scientifique – n’ayons pas peur des mots ! – de la franc-maçonnerie, évidemment très au-dessus des platitudes habituelles des « manuels de symbolisme » et des exégèses personnelles plus ou moins inspirées. Si cette approche suscite encore de la méfiance dans les milieux maçonniques les plus « traditionnels » –  ou qui se proclament tels – comment s’en étonner, mais aussi pourquoi s’en émouvoir ? »

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : La boite noire de la tradition - Pour une déconstruction de la notion de la tradition - démarche herméneutique et démarche historique et historienne - Déconstruire n’est pas détruire - Eléments d’historiographie de la tradition maçonnique - première approche : l’approche authentique ou traditionnelle de la tradition - seconde approche : la conception historienne de la tradition - La structuration des rituels et des tableaux de loge - la structuration des rituels et la gestion iconographique des tableaux de loge - L’art de la mémoire et les matrices religieuses des métaphores architecturales -

Chapitre 2 : Les sources de la Tradition maçonnique - l’héritage des maçons de métier - l’iconographie permet-elle de combler certaines lacunes su suivi des textes ? - Comment circulent les emprunts entre maçonnerie et compagnonnage ? - La thématique des emprunts opératifs à travers les outils - Le paradoxe des influences religieuses - les emprunts au catholicisme, au protestantisme et au judaïsme - les religions « à mystères » - Les sources ésotériques - l’alchimie - le rosicrucianisme - la magie - la kabbale - l’arithmologie - l’angélologie - l’hermétisme - la mystique de la nature - L’influence des lumières -

Chapitre 3 : La quête initiatique de la Tradition - la construction de la Tradition par les hauts grades - la science maçonnique, connaissance de la tradition - le contexte religieux de la mise en place des hauts grades maçonniques - L’accès à la religion primitive - la promotion du latitudinarisme via le noachisme - la réactivation du cosmothéisme au XVIIIe siècle et la refondation de la religion par l’exil - de la religion primitive au christianisme primitif - l’accès à la religion naturelle - les attitudes à l’égard de la nature - de la nature à l’histoire - la double religion -

Chapitre 4 : La transmission initiatique de la Tradition - de la réception à l’initiation - le rituel d’initiation ou l’expérience individuelle - l’intégration à l’égrégore - la découverte des symboles - la transmission construit son objet - Définition et enjeux de  de transmission - La Tradition comme vecteur de la transmission maçonnique - De la tradition secrète religieuse à la tradition secrète maçonnique - le secret est fondamental pour la transmission - le secret de la transmission consiste à emboiter des secrets - De l’histoire secrète comme illusion essentialiste - La réalité des enjeux de la tradition construite - L’inachèvement assumé de l’initiation maçonnique -

 

LA TRADITION INITIATIQUE – INTERPRḖTATION ET COMPRḖHENSION

G. Jarlan –  préface de Trescases

Edition Dervy

2017

Ce livre a pour but de permettre aux jeunes initiés du 4e degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté de réaliser l'importance de ce degré en vue d'acquérir les connaissances de base nécessaires pour entreprendre une bonne démarche initiatique au sein du Rite. Dans cette optique, il est apparu utile à l'auteur de rappeler les origines de la Franc-maçonnerie et de souligner l'intérêt de procéder à une approche herméneutique des voies suivies par le Rite.

 

La notion de Tradition est mise en relief comme base des civilisations ainsi que celle revêtant un caractère initiatique spécifique à la Franc-Maçonnerie. L'importance des notions de devoir, de justice et de vérité est soulignée et Gérard Jarlan a choisi, pour fixer les idées, de rappeler l'oeuvre de quelques personnages reconnus comme essentiels pour la progression de la réflexion qui doit prévaloir au 4e degré du Rite Ecossais. Il rappelle aussi que l'accession aux grades dépassant le 3e degré du REAA implique la présence d'une ascèse dès le quatrième degré. Le but de cette étude est de mettre en relief des aspects essentiels afin que cette ascèse se réalise dans les meilleures conditions.

 

C'est cette prise de conscience que nous opérons symboliquement en accédant au grade de Maître Secret. On a voulu polémiquer sur les formes authentiques des Rites, et surtout sur la progression initiatique. Est-ce qu'il faut considérer que seule la série entière des cérémonies rituelles confère l'initiation ou la réception au grade d'apprenti recèle-t-elle en puissance tous les développements possibles ?

La question me paraît dépourvue d'intérêt. C'est en chacun de nous que s'accomplit le processus initiatique. On peut tout aussi bien subir les épreuves rituelles de tous les régimes sans y voir clair, que se trouver à même de comprendre par la seule réception au grade d'apprenti. C'est une question de personnalité, d'intuition et de sens.

 

Dire qu'il n'y a pas d'initié en dehors de l'Ordre est aussi stupide que de prétendre que les membres de l'Ordre sont tous des initiés. Si être initié signifie connaître: comment assurer cette connaissance quand on ne la détient pas. La parole est perdue. Non pas seulement le mot de passe des Maîtres, mais la parole inscrite sur le Triangle d'or. Certains disent que le premier des Hauts Grades est le Grade de Maître. D'autres, affirment que le premier est celui de Maître secret, et qu'il y a une rupture radicale entre les loges bleues et les ateliers de Hauts Grades. Tout cela est affaire de coutumes, et de circonstances. En Amérique du Nord, la coupure serait plutôt au niveau du 32°. En Angleterre, le Grade de Maître et les loges d'Instruction paraissent suffire à l'enseignement. Si nous nous écartions de toutes ces approches formelles nous pourrions me semble-t-il considérer avec plus de sérénité des perspectives dont le discours de Ramsay symbolise la vertu.

 

Ces perspectives quelles sont-elles ? La première c'est que rien ne peut être dans l'esprit qui ne soit passé par les sens. Il y a une matérialité de la connaissance qui peut et doit justifier les premiers grades. Le franc-maçon en tant que maçon ne travaille pas sur une révélation mais en fonction d'un apprentissage nécessaire. Mais il découvre que l'idée inspire l'acte. Que la conception oriente l'exercice des instruments et des outils. Il y a un renversement qui s'opère et qu'il faut considérer. Ce n'est pas un fait tout fortuit que la partition trinitaire des fonctions dans le cadre de l'action. On a fait grand cas, dans la mythologie historienne, des trois ordres. Clergé, Noblesse, Tiers Etat. R. Dumézil a mis en valeur la vocation trinitaire des fonctions sociales chez les peuples aryens : prêtres, soldats, paysans. Je laisse de côté toute érudition, et me refuse à parler de ce que je n'ai pas observé, mais je me permettrais d'évoquer la relation militaire et la hiérarchie des grades : la définition trinitaire et présente à tous les niveaux: Soldat, Caporal, Caporal-chef, Sergent, Sergent-chef, Sergent Major ou Sergent, Sergent-chef, Adjudant, ou Adjudant, Adjudant-chef, Aspirant, ou encore Sous-lieutenant, Lieutenant, Capitaine, Commandant, Lieutenant-colonel, Colonel, Général de Brigade, de Division, d'Armée, etc. On peut s'amuser à déceler les groupes trinitaires. Pourquoi? C'est qu'il y a toujours une position de contact avec l'extérieur, une position de transmission dans les deux sens, et une position de conception.

 

L'action peut être ponctuelle, sectorielle, générale, universelle, on y découvre toujours ces trois modalités: la relation (échange, information, pression), avec l'extérieur, la transmission (analytique ou synthétique, mais dans les deux sens), et la conception (détermination de l'effet à produire et de l'objectif à atteindre.) Mais à chaque niveau on pourrait recommencer l'analyse et retrouver les aspects complémentaires de cette trinité : absorption, digestion, excrétion. Si on varie les domaines, le schéma sera toujours valable. Est-ce que ce schéma est le seul possible ? Voilà en effet la véritable question. Le schéma dualiste a ses partisans, de même que le schéma quaternaire. Il y a même le schéma pentagonal qui doit être aussi envisagé comme moyen d'analyse.

 

 

La fiction royale, la construction du Temple de Salomon, c'est un mythe comme un autre, une construction peut-être secondaire ou tertiaire, par rapport à la Bible, qui devait être également une mise en forme de données primitives. Mais cette fiction est à la base d'un enseignement dont la portée ne saurait être sous-estimée. L'équerre que le Maître parfait porte au front témoigne de la nécessité d'apporter à la connaissance la rigueur de l'esprit géomètre. La vocation de l'atelier de Maître secret est l'Instruction. Ce n'est pas une boutade. Non seulement il convient de découvrir aux Maîtres qu'ils ne connaissent encore qu'un aspect de la relation entre l'homme, le monde et les valeurs (ou les Dieux), mais encore que tout sur le plan humain peut apparaître à la fois selon les aspects contradictoires et complémentaires; qu'une même chose peut être à la fois la pire et la meilleure. Tout ce que l'enfant a appris n'est que l'apparence des choses. Mais tout ce que nous ne saurons jamais se ramènera toujours à l'apparence. Cela, le maçon est supposé l'ignorer tant qu'il n'a pas dépassé l'exercice de son métier et l'administration de son chantier.

 

Le premier des enseignements du grade de Maître, c'est qu'il n'est jamais heureux, ni salutaire de se faire de l'homme une idole. Or nous ne sommes que trop portés à chercher dans les fortes personnalités soit des protecteurs, soit des Maîtres, soit des modèles. Cette tendance est universelle. Et il serait oiseux que je te donne des exemples qui sont connus de tous. Le père, le Maître, le Personnage politique ou le Héros de roman, voire l'ami plus âgé, tiennent dans la relation humaine des positions que nous connaissons. Il y a des périodes où il semble, au sens strict du terme, que les individus soient hissés sur un piédestal, et adorés comme sauveurs. Le danger de cet aveuglement, c'est que le personnage imité ou le Héros adulé, voire le Souverain,  ne sont que des hommes, même s'ils polarisent les attentions et l'obéissance. La démission de l'homme n'est jamais une voie salutaire puisqu'elle conduit à l'asservissement et à la ruine de la personnalité. Le réconfort que l'on éprouve en confiant son sort à celui que l'on considère comme un modèle ou un sauveur, n'est jamais durable, et en tout cas, jamais suffisant pour justifier le renoncement à soi.

 

Le sacrifice de soi, dont Hiram a fourni le symbole ce n'est pas l'indispensable renoncement, mais l'épreuve absolue. Celle de la fragilité des serments, celle de la faiblesse des hommes, celle de l'inconsistance des ambitions les plus déterminées. Le spectacle du monde tel que les apparences le révèlent est désolant précisément parce que tout y paraît à la fois facile, dérisoire et sordide. Quand ce n'est pas tragique et définitif. Les héros sont souvent les plus désespérés des hommes. Les femmes se font infirmières ou élèvent des enfants, ce qui est encore une façon d'espérer au-delà de la mort. La véritable clé de la vie, c'est le rejet de tout ce qui nous a fait ce que nous sommes, pour autant que ce que nous sommes jusqu'alors n'est pas nous. Que sommes-nous si nous ne renaissons pas à nous-mêmes ? Les alchimistes avaient très bien figuré le passage au noir. Nous avons aussi notre passage au noir à travers la porte étroite, tout le long des tentures noires, brodées de larmes d'argent brillant. Qu'est-ce qui nous guide, sinon cette étoile, projection de la dernière flamme qui brûle en nous après l'abandon.

 

La chair d'Hiram a quitté ses os, mais l'acacia nous reste, disions-nous. C'est la vie, qui n'est jamais finie tant qu'on a un cœur qui bat, un cerveau qui analyse, et des sens pour vibrer au printemps nouveau. Nous avons tous connu ce sentiment. C'est celui qui s'empare de nous quand nous percevons clairement que notre liberté passe par l'abandon de tout ce qui nous a accompagné jusqu'ici. Nous savons qu'il nous faut tout perdre. Mais de là à supporter sans réaction le lent dépouillement par le temps, il y a une distance que seuls nos viscères nous révèlent.

 

Je comprends qu'on soit surpris d'entendre au cours de la cérémonie d'initiation "Ce que tu as appris jusqu'à aujourd'hui n'est rien comparé à ce qui te reste à apprendre." A vrai dire, c'est pourtant une banalité. Mais cette banalité prend son relief quand elle s'adresse à un Vénérable qui a conduit un atelier et qui suppose être au plus près de la connaissance initiatique. Du reste, que peut-on dire après ces principes réaffirmés de Liberté, d'égalité ou de fraternité ? Or précisément tout reste à dire, quand les termes dont on fait usage n'ont plus que des sens dérisoires. Qui, passé trente-trois ans, peut encore se croire libre au sens puéril : je fais ce que je veux. Qui hormis quelque sot, et la plupart des aveugles aux yeux grands ouverts. Etre libre ce ne peut être faire ce que l'on veut si faire ce que l'on veut signifie faire n'importe quoi. Etre libre c'est avoir sur soi assez d'emprise pour n'être pas la proie de ses émotions ni de ses passions. Le sens social et civique du terme, diront les activistes n'est-il pas le plus important? Qu'est-ce que la liberté civique, si ce n'est du plus ou du moins. Quant à l'égalité, il suffit de nous regarder pour comprendre qu'elle ne peut s'entendre que du respect dû à chacun, et de la noblesse égale des fonctions comme des existences. De toute façon nous touchons là la véritable conversion que doit opérer le maçon en entrant dans la voie intérieure.

 

L'enseignement des Maîtres secrets n'est pas dogmatique en ce sens que c'est un passage. Mais il est à comprendre, et c'est là en quoi l'épreuve est redoutable. Quelle est la clé qui peut nous ouvrir la porte sinon celle qui nous est fournie par la nécessité des recommencements. Quand on a découvert la vanité des choses, et la fragilité des honneurs, et la futilité des pouvoirs, et la banalité des talents, on peut se demander ce qui reste. Or il reste le devoir, et qui suffit à tout. On dit parfois qu'en raison de l'âge symbolique du Maître secret, sa référence est celle de l'espace. Il y a là une sorte d'artifice pédagogique, qui ne manque pas de vertu. Dans une certaine mesure, il y a deux sortes de progressivité, la progressivité linéaire (la succession), et la progressivité volumique (l'accroissement en tous sens). Est-ce cette nouvelle dimension de la connaissance que le rituel entend signaler au Maître Secret ? C'est possible. Je ne jurerais pas des intentions des rédacteurs du rituel, mais ce qui importe c'est l'ouverture que leurs enseignements nous indiquent. Il est utile de savoir que celui qui avance n'est pas forcément devenu meilleur ou plus sage. Il est important de tenir compte pour apprécier d'un spectacle, ou pour mesurer un objet, de la dimension triple dans l'espace.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les constitutions d’Anderson  -   Constitutions de 1738 et celle de 1815  -   L’Orphisme   -  Orphée   -   Le REAA et les influences sur le rite à travers la Kabbale, le christianisme, la Gnose et les Templiers    -   Le Saint Empire   -  Notion de liberté dans le REAA   -  La Tradition grecque, chrétienne et coranique    -     le temps quantique et mythique   -    Le Christ chronocrateur   -     Le mythe de l’Eternel retour   -  La Gloire et le Devoir   -   les devoirs du 4e degré   -  La notion de Topos    -   La justice grecque de l’Antiquité   -   Thémis   -  Platon  - Aristote  -  Epicure et le stoïcisme   -   La Vérité   -  Parménide et Héraclite  -  Platon et Aristote  -  Heidegger   - Le Rig-Veda   -   Réflexions sur l’arbre de Vie  -  Les Sephiroth   -  Les trois voiles et les trois piliers   -  Les 22 sentiers   -   La Jérusalem Céleste   -   L’imaginal  -   La civilisation mésopotamienne   -   Gilgamesh et son épopée  -   Zarathoustra prophète du dieu Sagesse   -   Les rois achéménides   -  Dante, sa philosophie son oeuvre   -  Maître Eckhart, son oeuvre, les traités et le livre de la consolation divine  -   Jacob Böhme, sa vie, son oeuvre et sa doctrine di bien et du mal  -   Spinoza ou le philosophe incompris   -  La théorie des passions de Spinoza   -

 

la tradition initiatique

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2001

La tradition initiatique désigne le courant spirituel parallèle aux traditions religieuses. Alors que ces dernières se livrent à une interprétation littérale et allégorique (quant à la méthode) et théologique (quant au registre sémantique) de l’Écriture sacrée qu’elles confessent et véhiculent, la tradition initiatique se voue à l’interprétation symbolique et philosophique des écrits des diverses traditions spirituelles et métaphysiques.

 

Cette tradition initiatique, aussi ancienne que l’herméneutique symbolique et philosophique (elle remonte donc à la Mésopotamie et à l’Égypte du IVème millénaire avant notre ère), ressurgit dans la Franc-maçonnerie vers 1637, date à laquelle les loges écossaises de cette corporation professionnelle chrétienne se transformèrent en loges spéculatives vouées à l’interprétation symbolique et philosophie de la Bible puis plus tard des autres écrits traditionnels.


C’est à l’étude de divers thèmes philosophiques de l’initiation maçonnique que ce livre est consacré.

 

la tradition maçonnique & le culte de mithra

J. Noël cordier

EDITION  LACOUR

 1999

« La Franc-Maçonnerie, écrivait autrefois Oswald Wirth, est le panthéon des initiations mortes ». C’est reconnaître que la Franc-Maçonnerie représente une organisation initiatique qui a assimilé et synthétisé les divers acquis spirituels de sociétés initiatiques aujourd’hui disparues, mais dont elle prétend faire survivre au moins l’esprit.

 

N’y trouve-t-on pas en effet les héritages multiples des collegia romaines, des traditions opératives du Moyen Âge, de la tradition hermétique, et même de la Chevalerie templière ?

 

Dans cette perspective, sans prétendre bien entendu rechercher une filiation historique qui n’existe probablement pas, il nous a paru intéressant de rapprocher la tradition maçonnique et l’initiation qu’elle propose du culte de Mithra.

Le Mithriacisme, comme toutes les doctrines initiatiques, présente par essence de nombreux points communs avec la Franc-Maçonnerie. C'est même, probablement, une de celles qui en comporte le plus, et il faudrait un long morceau d'architecture pour tous les aborder. Après avoir défini rapidement cette doctrine initiatique, qui s'imposa avec vigueur dans la société romaine des trois premiers siècles de notre ère et qui a pu faire dire à Ernest Renan que « si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été mithraïste », je m'attacherai à cerner les principaux parallèles symboliques avec le rituel maçonnique en soulignant principalement ceux qui recoupent le mythe d'Hiram.

On retrouve à l'origine Mithra aussi bien dans le panthéon indou (Mithra védique) que dans le panthéon iranien (Mithra avestique) où il a tous les attributs d'une divinité à laquelle est lié un culte. Le Mithra qui s'est imposé dans le monde gréco-romain semble cependant très différent et les spécialistes s'opposent sur les rapports exacts entre tous ces concepts. C'est en étudiant les témoins archéologiques que l'on verra que le nom même de « Mithra » dans les mystères gréco-romains qui nous intéressent est probablement le seul rapport avec les cultes indous ou iraniens et que le mithriacisme n'est pas plus une religion que la franc-maçonnerie, même s'il utilise comme elle des symboles et des noms issus des religions. Il faut revenir en fait à l'étymologie : en védique mitra signifie « ami » masculin, « alliance » ou « amitié » au neutre ; l'avestique mitra désigne le « contrat ». C'est donc une abstraction qui a évolué en divinité, phénomène bien attesté par ailleurs (comme Fides chez les Romains) et le mithriacisme gréco-romain peut être analysé comme un retour à l'origine du nom, à la notion de contrat ou d'alliance, entre les hommes d'une part, et entre Dieu et les hommes d'autre part.

Tout d'abord il faut souligner avec force qu'un mithræum n'est pas un temple ; il n'en a aucune des caractéristiques et en particulier il ne possède pas de chœur, naos ou « saint des saints » qui serait la demeure du dieu, réservé à son seul usage ou à celui du prêtre, élément constant dans toutes les religions de toutes les civilisations. Voilà bien là une des preuves formelles que le mithriacisme n'est pas une religion. Un mithræum est toujours un lieu souterrain ou semi-enterré ; certains ont même été aménagés dans des grottes, quand c'était possible, ou au moins dans des sites rupestres, en appuyant une partie de l'édifice à une paroi de rocher. Cela est à rapprocher bien sûr de notre cabinet de réflexion ou d'un « lieu caché et connu des seuls initiés ». C'est aussi le symbole de la terre. Autre parallèle, le plafond, souvent peint et stuqué, était constellé à l'image du firmament, comme dans nos temples ; parfois un zodiaque pouvait l’illustrer, ou bien la voûte pouvait être percée de sept cavités circulaires symbolisant la lumière des planètes. Des auteurs antiques, Numenius, puis Porphyre, nous expliquent d'ailleurs que la grotte mithriaque est une « image du monde » Le mithræum est une salle centrée autour d'une double fonction : réunion des adeptes pour un rituel symbolisé par la stèle représentant le sacrifice du taureau, suivie d'un repas pris en commun. Le local est toujours organisé autour d'une allée centrale avec de part et d'autre deux banquettes où les convives pouvaient prendre leur repas allongés. Tenue et agape étaient donc réalisées dans le même lieu, une fois la stèle du fond cachée ou retournée, montrant alors parfois une représentation du repas de Mithra avec le Soleil, c'est-à-dire de l'initié avec la lumière. Autrement dit, une fois les feux éteints et le tableau de loge retiré, les frères pouvaient participer à l'agape.

Car cette fameuse stèle ressemble furieusement à un tableau de loge : son iconographie centrale est la « tauroctonie », Mithra sacrifiant le taureau, scène entourée de personnages et de panneaux à scène multiples qui constituent la trame d'un mythe au même titre que celui d'Hiram et qui, avec des symboles proches, cherche à nous faire prendre conscience des mêmes concepts. Un rapprochement trop rapide avec les sacrifices gréco-romains pourrait faire croire à la représentation d'une scène qui était effectuée réellement. Il n'en est rien, et même les Chrétiens, parmi les plus farouches opposants au mithriacisme, n'ont jamais mentionné la réalité du sacrifice d'un taureau. Aucun témoin archéologique ne permet d'ailleurs de le présenter comme tel.

Il faut chercher plutôt dans le domaine symbolique. Mithra, c'est l'initié, le franc-maçon ; le taureau, c'est l'animal lunaire, l'animal primordial dont le sacrifice, d'après Jung, « permet à l'homme de triompher de ses passions primitives (…) après une cérémonie d'initiation ». Il s'agit de tuer la bête intérieure. « Le taureau est la force incontrôlée sur laquelle une personne évoluée tend à exercer sa maîtrise  ». On est là en plein dans le mythe d'Hiram : l'initié doit mourir symboliquement avant de renaître à la maîtrise. Mithra sacrifiant le taureau, c'est l'initié qui, ayant vaincu ses passions et soumis sa volonté, montre que le maître Maçon, parvenu à la sagesse, est en mesure d'approcher la Connaissance. On a aussi pu vérifier archéologiquement dans certains mithræa un dispositif d'ensevelissement rituel, cavité ou auge taillée pouvant contenir un homme allongé.

La « tauroctonie » est entourée d'autres symboles, qui, comme dans nos tableaux de loge, concourent à recréer un espace et un temps sacré, indépendants du monde profane. De part et d'autre du groupe central, deux personnages tiennent respectivement une torche levée et une torche abaissée ; ce sont les « dadophores », Cautès et Cautopatès, qui symbolisent le soleil levant et le soleil couchant, l'orient et l'occident. Le sacrifice du taureau est toujours représenté face à Cautès, donc face à l'orient, ce qui concours à orienter symboliquement le mithræum de la même manière qu'une loge maçonnique : l'initié, comme celui qui joue le rôle d'Hiram, meurt puis renaît face à la lumière de l'orient qui est dévoilée chez nous promptement par le Vénérable Maître des cérémonies. Un espace sacré est donc bien recréé, défini par ses points cardinaux.


La scène se passe dans une grotte ; au-dessus de celle-ci, le Soleil et la Lune se font pendant, dans leurs chars, en buste ou en médaillon. Là aussi, le parallèle est flagrant avec nos tableaux de loge, avec la création d'un temps sacré, de midi à minuit. Plusieurs animaux sont associés à la « tauroctonie ». Un corbeau est perché sur la grotte ; dans la plupart des croyances, il est le messager divin, héros solaire. Il symbolise la lumière qui est le but ultime de l'initié, jouant le même rôle que le delta lumineux dans nos loges. On voit également un chien qui s'abreuve du sang du taureau, un serpent qui s'approche de sa plaie et un scorpion qui pince ses testicules pour en recueillir la semence. Le chien c'est bien sûr, universellement, le psychopompe, le guide de l'homme dans la nuit de la mort, avant son retour à la Lumière. C'est aussi, dans certaines traditions, le conquérant et le maître du feu, d'autant plus qu'il s'abreuve ici du sang. C'est donc un double symbole qui relie la mort (pour nous, celle d'Hiram) et le feu, deuxième de nos quatre éléments, après le symbole de la terre représenté par la grotte.

 Le scorpion est aussi, par sa nature même d'animal venimeux, une évocation de la mort. On peut également le relier à l'eau, troisième de nos quatre éléments, par sa position zodiacale. Certaines stèles montrent d'ailleurs un crabe (cancer) à côté ou à la place du scorpion. Quant au serpent, c'est aussi, parmi ses très riches significations, un symbole de la mort. Il est perçu également comme maître du mouvement, surtout à travers son équivalence au dragon, animal de l'air, dernier de nos quatre éléments. Enfin, si le détail du rituel initiatique pratiqué dans les mithræa nous échappe encore, on sait au moins qu'il y avait sept postes dans la hiérarchie de ce qu'on pourrait appeler les « officiers de la loge mithriaque » ; on était successivement « Corbeau » (corax), « Fiancé » (nymphus), « Soldat » (miles), « Lion » (leo), « Perse » (perses), « Courrier du Soleil » (heliodromus) et enfin « Père » (pater) : « sept la rendent juste et parfaite ». Parmi les simples initiés, on relève aussi le titre de Maître (magister).

  

LA TRADITION ET LES SOURCES SOUTERRAINES DE LA FRANC-MAÇONNERIE – MITHRA ET LE TAROT

Charles Imbert

Edition Véga

 2009

L’ouvrage rapproche franc-maçonnerie et tarot, en mettant en exergue leurs origines, semble-t-il communes : la statuaire et les symboles de la religion mithraïque, un temps concurrente du christianisme. S’il est convenu que la franc-maçonnerie spéculative moderne a été inventée en 1717, il n’en est pas moins vrai que sa symbolique et nombre de ses concepts s’enracinent dans des traditions venant de beaucoup plus loin dans le temps. Parmi celles-ci, le tarot, apparu tel que nous le connaissons à la Renaissance.

 

Mais le tarot lui-même est issu de concepts du mithraïsme. Celle-ci, bien qu’occultée depuis l’émergence du christianisme, a survécu de manière “clandestine” ; sa conception du monde perdure, malgré “l’orthodoxie”, et est réapparue régulièrement à travers l’histoire. La franc-maçonnerie, selon l’auteur, est l’un des réceptacles de cette conception du monde. Cette recherche d’antériorité et cette évocation d’un très ancien état d’esprit s’appuient sur une démonstration érudite qui met à mal la vision matérialiste et “rationnelle” de la franc-maçonnerie.

 

Le premier concurrent sérieux du christianisme fut, avant le manichéisme, le culte de Mithra, qui était un dieu du panthéon mazdéen. Selon Plutarque, il fut transmis à l’Occident par des pirates asiatiques et phrygiens. Il conservait les problèmes dus à la souillure ; elle demandait le respect des éléments, la propreté du corps allant avec celle de l’esprit et de la nature. De plus, le mithraïsme essayait de concilier métaphysique et science, ce que recherchent encore certaines sociétés secrètes, comme diverses organisations rosicruciennes.

 

Censé être né un 25 décembre, les repas conviviaux de ses adeptes tenus en son honneur comportaient le partage du pain et du vin. Mithra protégeait effectivement l’âme des justes contre les démons ; et la création de Mazda contre les devas qui peuplent les ténèbres soumis à Ahriman ; il détenait une position importante dans le calendrier, le seizième jour mensuel lui étant consacré, tandis que le septième mois portait son nom. Les grands rois perses avaient pour lui une dévotion particulière et il est invoqué dans les inscriptions d’Artaxerxès à côté d’Ahura-Mazda. On lui offrait des sacrifices de petit ou de gros bétail, des oiseaux. Ces immolations étaient précédées ou accompagnées de libations au jus de haoma et de la récitation des prières rituelles, le faisceau de baguettes à la main. La fête annuelle de Mithra, le Mithrakana, était célèbre dans toute l’Asie.

 

Les adeptes de la religion de Mithra vivaient en communauté et partageaient tous leurs biens. Le corps, véhicule de l’âme, n’avait qu’une importance relative et la terre était considérée comme un lieu d’exil. La propriété n’était donc pas entourée de prestige et le pouvoir paraissait un fardeau. Dès sa naissance, l’enfant était trempé dans l’eau, puis on pressait sur sa bouche un peu de suc d’un arbuste appelé haoma. Un astrologue regardait la position des astres à l’heure de sa venue au monde, et selon la place des planètes, attribuait un nom à l’enfant. A sept ans, mâle ou femelle, il devait porter une ceinture en signe de la pureté. A quinze ans, il revêtait une tunique blanche, faite de coton ou de laine, le lin étant réservé aux cérémonies de sacrifices. A trente-trois ans, il choisissait d’aborder l’initiation finale pour devenir prêtre instructeur ou de demeurer dans la société. Sa décision était libre de toute entrave et était ensuite parfaitement respectée.

 

Il existait douze degrés initiatiques, ouverts à tous, sans distinction de sexe ou de rang social. Les mystes devaient dispenser le savoir connu du monde et l’égalité entre eux, en dehors des cérémonies, était totale, le néophyte étant traité de la même façon que le plus grand initié dans la communauté. Le premier grade, celui de soldat, symbolisé par une marque de cendres sur le front et la présentation au bout d’une épée d’une couronne de feuillages, correspondait à la lutte intelligente contre les forces sombres. L’arme représentait celle qui devait combattre le taureau. Le deuxième grade, celui du taureau, symbolisé par la remise de l’épée par un homme et la pose de la couronne sur la tête par une femme, correspondait à la recherche de la vérité par la lutte et la raison. Le troisième grade, celui du lion, symbolisé par le dressage figuré de cet animal par le myste avec un fouet, correspondait à la purification, la lutte contre les instincts. Les grades quatrième, cinquième et sixième correspondaient à l’instruction astrologique et aux études intellectuelles.

 

Les grades septième, huitième et neuvième, grades solaires, correspondaient à la transmission des secrets théologiques et ésotériques. A ce niveau, le candidat à l’initiation arrivait à son âge de trente-trois ans. Il pouvait alors choisir de s’arrêter ou de continuer. Dans le deuxième cas, il devait affronter le taureau, le tuer, manger sa chair et boire son sang. Plus tard, au temps de la grandeur de la religion de Mithra, ce rite sanglant fut remplacé par un repas symbolique de pains ronds, marqués d’une croix de cendres : le pain représentait le corps, la terre ; les cendres l’élément pur, le feu, le sang.

 

Le jour sanctifié du taureau était le dimanche, les équinoxes jours fériés ; à leur mort, les fidèles recevaient un viatique qui les préparait au grand voyage.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les origines - les constitutions d’Anderson - le Bateleur du tarot de Marseille - Le secret maçonnique et le dévoilement - La famille des Stuarts et les roses rouges - le crypto temple - la Trinité et son origine - le concile qui instaura le dogme - la carpe, le lapin et le chapeau - le monothéisme -  Royauté des templiers des débuts à la fin - le reniement de Jésus - cachons la croyance en parlant d’idoles - Eglise et maçonnerie - la guerre de cent ans - la jacquerie - Dissolvons et coagulons - le Pape et son institution - le Chrisme et son mystère - une religion astrologique - la radiesthésie et la synchronicité - rôle des planètes - L’Heptachord et Apollon, dieu du soleil - Une histoire d’architecte roi et de roi architecte - la mort d’Hiram - les diverses sources historiques, bibliques et mythiques - Le roi de Justice - légitimités archétypiques - Royauté et justice - Salomon - le Prêtre roi - Prêtre et exilarque - le Kyrios - les esséniens - Pensée unique, société unique et secret unique - les sociétés secrètes dans l’Antiquité - les différents secrets - La Maçonnerie est-elle secrète, initiatique, hiérarchique ou alchimique ? - le Maitre de loge - La lame 9 : L’ermite et le temps - Divination et religion - les références intérieures et extérieures - le mythe, cette mécanique complexe - la précognition en question - L’enrichissement des thèmes de la maçonnerie - Références bibliques et mythologiques - Apollon - Le retour de l’Antiquité en Occident - Dionysos et ses origines - le lion et le taureau - les colonnes Alpha et Beth - Elagabal - les signes maçonniques et les Old Charges - les signes pénaux dans le Tarot - Ordonnances des maçons d’York - la guilde des charpentiers de Norwich - les manuscrits Sloane, Cooke, William Watson, Régius, le manuscrit des archives d’Edimbourg, celui de Trinity Collège, celui de Chetwode Crawley et celui de Graham - La mort d’Hiram - les rayons de la roue - l’Orphisme - L’égrégore en Franc-maçonnerie et dans d’autres traditions - les égrégores lumineux - les reliques - la morale maçonnique - intemporalité de la quête des fondements moraux - les métaux - la charité - les sources de la morale vaticane - le temple et son symbolisme - le vitruvianisme - qu’y avait-il dans les ruines du Temple ? - Emeute au Mont des oliviers - Orient et Occident - le mythe du Temple - les Cathédrales - la grande Ziggourat de Babylone - Le mot de passe est le vrai nom de l’étoile - la lettre dans l’étoile - un astre flamboyant - épistémologie - la constellation de la Vierge - Fraternité et sorité - la misogynie - le dysmorphisme sexuel, source de problème - le Livre de l’homme et celui de la femme - le damier - Le Notre Père, une prière mithraïque - la prière, mode de rapport religieux - la phase bonus -La Croix-Rouge - un traumatisme compassionnel - secours aux blesses - un organisme neutre et humanitaire - une légende maçonnique - les maçons célèbres - Voir la lumière - les expériences de la lumière - l’assiduité maçonnique - la catéchisme maçonnique - perfectibilité et légitimité - que faire pour se perfectionner ? - la voie initiatique - Laisser passer les influx - le Retournement - le Kairos -

 

la tulip

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE – CLAIR

 2005

Le rite biblique calviniste du Mot de maçon, créé vers 1628 / 1637 par les maçons écossais de Kilwinning pour remplacer le rite des Anciens devoirs opératifs du Moyen-âge et de la Renaissance, fut anglicanisé et catholicisé avant d’être transmuté par la Grande Loge de Londres de 1717 en rite philosophique universel.Forme originelle du rite en trois degrés (apprenti, compagnon, maître) pratiqué aujourd’hui dans le monde par la quasi-totalité des loges maçonniques, le « Mot de maçon » a permis à la Franc-maçonnerie d’accéder à un œcuménisme conciliant et tolérant, en élevant l’interprétation de l’Écriture au niveau philosophique de la vision de l’Être d’où procèdent l’Esprit et les principes éthiques.

 

Le premier rite de la franc-maçonnerie fut le rite anglais et catholique des Anciens devoirs (apparemment déjà à York en 1370 ; et certainement avec le Regius de 1390). A partir de l’Acte de suprématie de 1534, ce rite devint anglican.

 

En 1599 les seconds Statuts Schaw demandèrent à la loge calviniste presbytérienne de Kilwinning de pratiquer un art de mémoire car celle-ci ne voulait plus pratiquer le rite anglican des Anciens devoirs, et c’est ainsi qu’elle élabora entre 1628 (date vraisemblable de la rédaction de la Thrénodie des muses de Henry Adamson qui y mentionne le Mason word) et 1637 (date du premier témoignage historique de l’apparition du Mason word) un second rite maçonnique : le rite maçonnique exclusivement calviniste presbytérien dénommé rite du « Mot de maçon » (Mason word) qui prendra une forme plus développée à partir du premier catéchisme symbolique : l’Edimbourg de 1696, rituel du Mot de maçon de la loge de Canongate près Edimbourg.

Le 20 mai 1641 à Newcastle en Angleterre la loge maçonnique écossaise d’Edimbourg reçut comme maçon accepté Robert Moray. Celui-ci fut-il reçu en loge maçonnique au rite anglican des Anciens devoirs (qui était alors pratiqué par certaines loges écossaises comme l’a montré le professeur David Stevenson)  ou bien au rite écossais et calviniste presbytérien du Mot de maçon ? Deux faits pourraient en apparence laisser penser que R. Moray fut reçu au rite du Mot de maçon. D’abord il était écossais et collabora avec les écossais calvinistes presbytériens (covenantaires) ; et ensuite une addition d’une encre différente à une note de John Evelyn sur le Mot de maçon énonce que R. Moray aurait parlé du Mot de maçon à John Evelyn.

 

Cependant trois autres faits contradictoires avec les deux faits que nous venons de mentionner empêchent de penser que R. Moray fut reçu en loge maçonnique au rite du Mot de maçon. Tout d’abord en 1641 la loge d’Edimbourg ne pratiquait pas le rite du Mot de maçon mais le rite d’origine anglaise et anglicane des Anciens devoirs. En effet en 1641 et selon la documentation historique actuellement connue seules deux loges maçonniques écossaises pratiquaient le rite du Mot de maçon : la loge de Kilwinning et la loge de Perth.

D’ailleurs la pratique du rite du Mot de maçon n’apparaît dans la loge d’Edimbourg Mary’ chapel qu’en 1715 . Ensuite R. Moray présentait son pentacle comme sa « marque de maçon » : or à cause de l’iconoclasme calviniste les maçons calvinistes presbytériens d’Ecosse pratiquant le rite presbytérien du Mot de maçon ne possédaient pas de marque maçonnique ; tout au plus peut-on admettre qu’au XVIIème siècle seuls les maçons écossais de confession arminienne ou épiscopalienne, qui pratiquaient donc le rite des Anciens devoirs, possédaient des marques.

 Enfin dernier argument : la marque maçonnique de R. Moray représentait un pentacle, symbole qui au XVIIème siècle était totalement étranger au rite presbytérien du Mot de maçon, lequel en 1641 se réduisait encore, conformément au principe réformé du « Sola Scriptura », à des matériaux exclusivement tirés de la Bible et en l’occurrence à Galates 2,9 et à I Rois 7,21 : la pratique de la « griffe » (poignée de main) accompagnée de la communication des deux mots de passe Boaz et Jakin qui étaient les noms des deux « colonnes » du temple de Jérusalem. Pour toutes ces raisons d’ordre historique nous sommes conduits à conclure que Robert Moray ne fut pas reçu en loge au rite du Mot de maçon mais bel et bien au rite des Anciens devoirs comme cela fut d’ailleurs également le cas d’Elias Ashmole en 1646.

 

LA TRADITION ET LA CONNAISSANCE PRIMORDIALE DANS LA SPIRITUALITÉ DE L’OCCIDENT.   LES SILÈNES DE RABELAIS

Paul NAUDON

DERVY

 1973

Y est expliqué le courant occidental de la tradition et ses sources, de Jésus à la Renaissance, la purification, la gnose, le catharisme, le tarot, Rabelais, la médecine hermétique, la Rose-croix, les associations initiatiques, la transcendance et l’immanence, l’immortalité de l’âme, l’ésotérisme comme langage de la tradition, le sel rabelaisien, le cercle, le Tau, la lettre G, le vin, les arts divinatoires et la quintessence rabelaisienne.

La tradition fait naître François Rabelais en 1394 à la Devinière, à une portée de fusil de l'Abbaye de Seuilly, où il acquiert les premiers rudiments scolaires. Il trace dans Gargantua une joyeuse satyre de ses  premières études et de la théologie scolastique qui lui a été infligée au cours de son noviciat de moine franciscain. Après avoir jeté son froc de moine pour prendre celui de prêtre séculier, Il se fait inscrire à la faculté de Médecine de Montpellier. Puis il part à Lyon, comme médecin, à l'Hôtel Dieu de Notre Dame de la Pitié du Pont du Rhône. Mais son poste de médecin et ses recherches de savant lui rapportent peu. Il n'est donc pas riche.

"J'ai lu quelque part, qu'un philosophe nommé Pétron pensait que plusieurs mondes se touchaient entre eux et formaient un triangle équilatéral au centre duquel se trouvaient le séjour de la Vérité, ainsi que les représentations de toutes les choses passées et futures ... Il me souvient aussi qu'Aristote pensait que les paroles volent et sont donc animées. Aussi, lorsqu'elles sont prononcées par un rude hiver, elles gèlent, se transforment en glace, et personne ne les entend plus. Ainsi, ce que Platon enseignait aux jeunes gens le comprenaient-ils à peine au soir de leur vie ... Il conviendrait donc de nous demander si nous nous trouverions ici dans un lieu où de telles paroles peuvent dégeler".

C'est ainsi que Rabelais nous raconte, au chapitre LV du Quart Livre, comment Pantagruel entendit en haute mer diverses paroles dégelées ... Voici donc un livre qui n'est pas l'œuvre d'un bouffon, ni d'un farceur trivial, mais bien celle d'un génie raffiné qui raillait le genre humain et la crédulité de ses espérances. Un génie, qui pour découvrir l'idéal humaniste, avait affranchi sa conscience du pouvoir millénaire de la pensée médiévale, en prenant délibérément position sur la rive opposée de la culture officielle, en se mettant toutefois à couvert sous le masque du carnaval et de la folie, comme il le fait assez bien comprendre lui-même dans son prologue :

"Les Silènes étaient jadis de petites boîtes comme on en voit à présent dans les boutiques des apothicaires et sur lesquelles étaient peintes des figures amusantes et frivoles et autres images semblables, pour inciter les gens à rire, à l'instar de Silène, maître du bon Bacchus. Mais à l'intérieur, on conservait de précieux ingrédients comme le baume, l'ambre gris, l'amome, le musc, la civette, les pierreries et d'autres choses de grande valeur ... A votre avis, pourquoi ce coup d'envoi ... C'est (parce) qu'il faut ouvrir ce livre et peser soigneusement ce qui y est exposé.

Mais, que peut-on dire de sérieux sur Rabelais dans notre langage sérieux ? On ne saurait parler de lui quand on ne parle pas comme lui. Et seul Coluche aurait osé dire quelle partie de lui-même Grandgousier se chauffait à un clair feu de bois, ou celle que Gargantua avait inventé de se torcher d'une manière révélatrice. Alors, que faire d'un géant du rire, dont le langage est la substance et l'ivresse ? Que faire de celui par qui le scandale arrive, mais qui seul, avec Molière peut-être, soutient la comparaison avec quelques géants étrangers ? Et surtout, comment aborder une réflexion sur Rabelais avec un regard résolument tourné vers le futur ? Peut-être en se demandant pourquoi il est impossible d'éviter de réfléchir son propre portrait dans le miroir qu'est par définition un chef-d'œuvre. Car il n'existe aucun lecteur sérieux qui n'ait trouvé, dans les silènes, autre chose que sa propre image....

Ainsi Rabelais décrit-il lui-même ceux à qui ses livres sont dédiés : "Les beaux bâtisseurs de pierres mortes ne sont pas écrits dans mon livre de vie. Je ne bâtis que pierres vives, ce sont les hommes" ... Ainsi le rôle de l'œuvre est-il d'engendrer ses propres lecteurs. Et Pantagruel, géant de la soif, engendre une soif inextinguible : "Et n'ayez pas peur que le vin manque, comme aux noces de Cana en Galilée, autant vous en tirerez au fausset, autant j'en entonnerai par la bonde. Ainsi le tonneau restera-t-il inépuisable. Il possède une source vive et un courant intarissable ..." - Prologue du Tiers Livre. 

 

L’AVENTURE MAÇONNIQUE -  TRADITION ET MODERNITḖ

Jacques Branchut

Dervy

2017

L’ouvrage revisite les thèmes fondamentaux de la franc-maçonnerie des trois premiers degrés, dans une approche symbolique, initiatique et rituélique. En s’appuyant notamment sur la pratique du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), le rite le plus pratiqué au monde, l’auteur se penche sur des sujets dits « classiques », mais aussi plus clivant, tout en insistant sur l’importance intemporelle de la Tradition et de la transmission, vecteurs essentiels de la progression initiatique

 

Un Ordre au sens traditionnel du terme ne peut exister que s’il existe une Règle (en latin « regula » ; de « regere », diriger), c’est à dire : une méthodologie qui le dirige. La Règle maçonnique symbolise la Loi morale à laquelle le Franc-Maçon, lors de son initiation a juré fidélité pour le restant de sa vie. Elle consiste à rester fidèle aux règlements et statuts de l’Obédience, à pratiquer activement la Concorde et la Fraternité, à travailler activement à son perfectionnement moral et intellectuel, à étudier, sans préjugé, tous les aspects de la Tradition et à porter en soi, activement, dans le monde profane la Lumière qui a éclairé les travaux en Loge.

 

Cette Règle doit être naturellement intégrée à l'esprit initiatique car lorsqu'on a perdu la Règle, il ne reste plus que les règlements ... Et cela, n'est plus initiatique. L’originalité de la franc-maçonnerie par rapport aux autres associations et institutions humaines tient à sa nature de société initiatique et à ses méthodes de travail. Elle n’est ni une secte (car elle n’a pas de doctrine à imposer aux autres hommes, ni un parti car elle ne cherche pas à conquérir le pouvoir), ni une Église, car, si elle se veut universelle, son prosélytisme est limité et n’exclut aucune croyance.

 

L’initiation, dont les épreuves permettent au profane de devenir apprenti, puis d’accéder aux grades de compagnon et de maître, revêt à la fois une signification symbolique (la renonciation aux habitudes du monde profane et la découverte de la « Lumière ») et une valeur éducative (la préparation au langage des symboles). Il ne s’agit pas de la révélation mystique de quelque absolu ésotérique, mais, plus simplement et sagement, de l’acquisition des moyens et des instruments de la recherche maçonnique. Plus qu’une simple cérémonie de réception, l’initiation engage le maçon à se libérer de ses préjugés, à se dépouiller de ses passions et à prendre une meilleure mesure de ses forces spirituelles et morales.

Ce qui distingue le maçon dans la société nouvelle, c’est précisément son initiation ; et notamment les symboles. Que représentent-ils, dès lors, en valeur absolue ? En quoi cette Initiation maçonnique, avec sa symbolique, peut-elle nous aider ? L’Initiation est surtout un acte d’acquisition spirituelle personnelle. Par elle, le profane doit laisser à l’entrée du Temple tous ses métaux, c’est à dire rejeter les erreurs et les préjugés du monde extérieur, se mettre à l’unisson d’un amour universel, se dégager des obstacles créés par la passion, ne plus tenir en considération les religions, les races, les castes, les clans politiques, les chapelles religieuses. Cette initiation le rend membre d’une association dont l’angoisse est d’abord et avant tout l’amélioration matérielle et morale de tous les hommes. Libéré par ses symboles, le maçon ne veut plus obéir à un impératif quelconque s’il est d’obligation et étranger à sa conscience. Il méditera sur tout et n’admettra que ce qui lui semblera valable, son critère restant l’amour fraternel de tous les hommes.

 

Le résultat est que l’initié est dégagé des dogmes qui tuent l’âme, la dessèche, et qui aboutissent nécessairement à l’intolérance, cette source des heurts sociaux, des guerres et des exclusives. Le maçon doit vivre son initiation, aidé par ses symboles. Renan disait : « Tout ici-bas n’est que symbole ». L’homme du XXIe siècle, à tout moment, sans qu’il s’en doute, nage dans un océan de symboles. Le mathématicien, le physicien, le scientifique, le technicien ont comme instrument de travail leur symbolisme propre. Le maçon aussi à ses rites et symboles, sources de son initiation. Le point important, c’est que ce symbolisme est à l’inverse du dogme. Or le dogme est le frein essentiel au progrès spirituel. Dans notre siècle de progrès constant, la symbolique maçonnique par l’Initiation se doit de contribuer à ce progrès par le dedans. Essentiellement progressiste, la Franc-Maçonnerie ne peut faillir à ce devoir de promotion humaine.

 

Le dogme est un symbole qui s’est sclérosé, dévitalisé. Il est imposé comme vérité intangible à des adeptes dont on requiert avant tout l’obéissance aveugle, la foi. On inculque à d’autres des vérités, considérées comme telles par un petit nombre. La faculté de penser, dans ces conditions, est l’apanage d’une caste. C’est ce que nous constatons dans les symboles et rites religieux. Au départ, l’idée symbolique, vécue par chacun, était une vérité vivante, admise par chacun des adeptes. Dans un deuxième temps, cette idée est devenu une sorte de réflexe conditionné ; à l’église, au Temple, le symbole a créé une attitude rituelle qui est devenue l’essentiel, à la place de l’Idée, peu à peu oubliée. C’est cela qu’il nous faut éviter ; c’est par là que la symbolique maçonnique peut aider à la véritable Initiation vécue.

 

Quelle place cet Ordre initiatique peut-il avoir dans le monde d’aujourd’hui, si narcissique ? Sa mission peut être définie de la manière suivante. Chaque Franc-Maçon doit d’abord construire en lui un Temple qui doit être son propre chef d’œuvre. Un Temple par définition est le réceptacle du Sacré, c’est le Graal. Pour cela, il faut vaincre l’ignorance, l’orgueil et le fanatisme, les trois démons de l’Homme. Nos symboles et nos rituels sont les outils qui permettent cette réalisation. Cette construction mentale permet à l’initié d’approcher une sérénité symbolisée par la Sagesse, la Force et la Beauté qui lui permettra de participer au chantier en apportant sa pierre. Ce chantier est la construction du Temple de l’Humanité.

 

Par l’initiation, l’Ordre maçonnique éveille des hommes liés entre eux par l’idéal maçonnique qui est d’améliorer la condition humaine en l’affranchissant des dogmes et des égoïsmes qui asservissent l’humanité. Voilà essentiellement ce que doivent combattre tous les Francs-Maçons de toutes obédiences sur la surface du globe. C’est cet idéal humaniste qui semble être l’essentiel de l’œuvre maçonnique et s’il est important de ne pas le perdre de vue, il encore plus important de le défendre dans le monde profane. Cela prend tout son sens, aujourd’hui, où des libertés fondamentales peuvent être notamment sacrifiées sur l’hôtel de la lutte contre le terrorisme. Jusqu’où irons nos concessions alimentées par nos peurs nombrilistes et égoïstes de nantis?

 

Les mythes fondateurs de la Franc-Maçonnerie prennent leurs sources dans la tradition hermétique issue des anciens égyptiens et des arabes. Orphiques et pythagoricienne, héritage de la période hellénistique. Puis Kabbaliste avec l’apport hébraïque et Johannite gnostique avec le christianisme primitif. Ces mythes se nourrissent des légendes bibliques et notamment hiramiques. De ce point de vue, notre Ordre traditionnel initiatique a toujours sa place dans le monde moderne car la tyrannie, le mensonge, la désinformation et le fanatisme sont toujours d’actualité. La technologie moderne a été un levier considérable pour aveugler, désinformer et maintenir les foules dans l’ignorance et le fanatisme. Or aujourd’hui, on s’aperçoit, au Moyen Orient, par exemple, que ces mêmes technologies de l’information ont été le vecteur principal de la révolte et d’une prise de conscience de l’état d’asservissement.

 

Les valeurs sont en pleine mutation à travers la globalisation et le métissage ethnique, social et mental. Des mythes fondateurs nouveaux apparaissent à travers l’Internet et les réseaux sociaux. On peut les deviner en filigrane dans la littérature, le cinéma, les médias. Il est du devoir de la Franc-Maçonnerie de s’en inquiéter de les identifier, de les étudier et de s’adapter à la réalité pour poursuivre son œuvre. Dans notre société actuelle, marquée par la prédominance de l'activité communicationnelle, la réappropriation des rites, des mythes et des symboles qui leur sont liés est flagrante. Le « donné social », avec lequel chacun va structurellement compter, favorise l'engagement organique des uns envers les autres. C'est-à-dire une forme de tribalisme, voire de communautarisme. Cela influence fortement le « vivre ensemble » ou le « vivre pour soi ».

 

Les temps changent et les modèles évoluent sous l’influence de nouveaux mythes fondateurs antisociaux tels que le narcissisme, le nombrilisme, l’égoïsme ou l’apologie de l'hédonisme et celle de l'argent facile. Les conséquences sociales en Europe sont flagrantes, le monde anglo-saxon a déjà subi cet effet il y a vingt ans. Les membres des associations vieillissent, il y a toujours plus de Loges et moins de maçons par Loge … La statistique est implacable. Le nombre de maçons en France est légèrement en hausse (+ 20%) qu’il y a cinquante ans mais le nombre de Loges a plus que triplé, toutes obédiences confondues.

 

Le constat est que l'engagement personnel et le don de Soi n'est plus à la mode. Le monde moderne, basé sur le professionnalisme et la peur de perdre son emploi a exclu des préoccupations la générosité et la compassion. Le nombrilisme et l'égoïsme sont aussi encouragés par l'illusion de la paix sociale et la sécurité qui règnent en Europe depuis près de cinquante ans. Ce qui a tendance à faire oublier les fantômes du passé et notamment l'initiative Fonjallaz, (initiative populaire suisse : «Interdiction des sociétés franc-maçonniques», rejetée par le peuple et les cantons le 28 novembre 1937).L'espérance n'est plus à la mode. Après les lendemains qui chantent, le nombrilisme et vivre au jour le jour est devenu la donne. Espérer est considéré comme rêver. Comme spéculer sur un futur impossible. Le pessimisme est de rigueur et espérer n'est plus sérieux. Pourtant, l'espérance c'est d'abord le présent où se crée le futur. Une confusion est à l'origine de cette attitude. Lorsque l'impatience est associée à l'espérance, on a le totalitarisme.

 

C'est ce qui différencie les idéologies des vertus théologales. L'espérance doit être associée à la foi et à la charité. C’est à ce niveau que les mythes fondateurs de la Franc-Maçonnerie prennent toute leur importance. L'homme est non seulement conscient au sens de l’animal, mais il se pense lui-même, se connaît dans une représentation de lui-même qu'il constitue par concepts et il se connaît dans des concepts. Le concept est l'idée générale et la représentation est le tissu formé avec les concepts. D’où cette quête ontologique du Verbe originel, de la Parole perdue, celle de l’être étant en soi, celle qui est propre à soi avant de pouvoir parler et d’être en communication sociale, formatrice, éducatrice, etc. Cette parole source ne peut se comprendre que dans la raison pure de la logique formelle mais aussi dans la raison analogique de l’intuition et de la conscience d’être étant, dans cette forme de logique archaïque qu’est le symbolisme ésotérique véhiculé par les plus anciennes Traditions de l’Humanité.

 

" Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les dieux " est l'inscription que l'on pouvait lire sur le fronton du temple de la pythie de Delphes et que Socrate a adoptée pour devise. Une telle phrase est pleine de promesses pour le franc-maçon en quête de spiritualité car elle lui fait prendre conscience que la connaissance parfaite de soi-même donne confiance en soi et permets de connaître ses forces et ses faiblesses, ses talents et ses défauts. Cette connaissance de ses propres limites est fondamentale car elle permet de développer ses qualités, de choisir sa voie et finalement de trouver sa véritable identité et, au fond, sa liberté. Cette découverte qu’offre l’initiation par la connaissance de soi permet non seulement de gérer sa vie au sens d’avoir pu trouver son vrai chemin, mais comme le signale le rituel, de pouvoir faire profiter aux autres de cette Lumière qui brille en nos cœur, souvenir de nos travaux dans le Temple. Cette Lumière que nous pouvons offrir est la somme des valeurs accumulées et forgées dans notre quête de sens. C’est aussi, l’héritage humaniste de la franc-maçonnerie et c’est enfin, la capacité d’aimer les hommes nos frères et la vie dans sa beauté car nous avons pris conscience dans le chemin initiatique que nous faisons partie d’un tout et de cette connaissance naît la compassion, l’empathie et le respect de soi et des autres.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Esotérisme et Franc-maçonnerie   -   Les Old Charges et les Landmarks   -    Le Grand Architecte de l’Univers   -    La voie intérieure  dans le processus initiatique     -   Les voyages initiatiques   -    Les colonnes J et B   -    L’Initiation : porte ouverte vers la spiritualité   -     La fraternité maçonnique   -   Chaîne d’union, houppe dentelée et lacs d’amour   -    L’Egrégore   -   Le secret maçonnique   -    L’humilité du maçon   -   La notion de centre  dans les trois premiers degrés du REAA   -   Espace et temps sacrés   -    Les approches de la Lumière   -   Mozart et les Lumières dans l’Europe du 18e siècle   -   La Lumière  dans le temple maçonnique   -    René Guénon et la Tradition primordiale   -   Tradition et parole perdue   -   Sagesse, force et beauté   -   Le mithraïsme : exemple d’un ordre initiatique élaboré dans l’Antiquité   -    Le message des deux St Jean    -   Connaissance et liberté   -   Les vertus maçonniques   -

 

la voie du franc-maçon

Jules merias

EDITION  DERVY

 2000

Cet ouvrage propose des techniques initiatiques pour la pratique de la Franc-maçonnerie spéculative.

 

Dans toutes les traditions, les initiations comportent des méthodes destinées à provoquer la progression de l'initiation virtuelle vers l'initiation effective. Le présent ouvrage est à notre connaissance le premier à proposer de telles techniques aux francs-maçons. Cependant, la mise en œuvre de ces techniques doit découler de la seule demande de l'initiant. Il ne saurait exister d'offre en ce domaine. L'auteur invite ici le lecteur à vérifier par sa propre expérience le bien-fondé des techniques opératives de la Franc-Maçonnerie spéculative. Le travail initiatique exige l'action et non le bavardage.

Maçon depuis trente ans, Jules Mérias appartient à l'une des trois grandes obédiences maçonniques françaises. Les francs-maçons se demandent souvent d'où vient l'étrange matériel qui leur a été transmis à l'occasion de leur initiation et, surtout, ce qu'il faut en faire. Or, toutes les grandes traditions, bouddhisme, soufisme, taoïsme, etc., proposent à leurs élèves des explications sur le travail que l'on doit accomplir après avoir reçu une initiation rituelle. Toutes, sauf la franc-maçonnerie. De jeunes francs-maçons m'ont donc demandé de mettre au point une sorte de mode d'emploi de l'initiation maçonnique, en m'appuyant sur les rituels de loges, seule vraie documentation dont on dispose pour débuter. Les rituels actuels ayant été mutilés aux XIXe et XXe siècles, j'ai dû consulter les rituels originels de la franc-maçonnerie. Cela m'a permis de constater leur caractère traditionnel.

 

Les techniques initiatiques, dont ils sont les supports, découlent d'ailleurs de ce caractère traditionnel. En outre, il est plus facile de trouver de tels exercices dans les anciens rituels que dans ceux, délabrés, en usage à notre époque. L'exposé des techniques initiatiques de la franc-maçonnerie s'accompagne donc d'une mise en garde quant à l'état du rituel que l'on utilise. Cette mise en garde se complète de larges extraits des anciens rituels, mais aussi du texte intégral des instructions du rite le plus répandu chez les francs-maçons, à savoir le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Ainsi, le lecteur disposera d'une information documentée sur l'initiation maçonnique.

 

la voie initiatique

Jean beauchard

 EDITION  VEGA

 1984

Très bel ouvrage avec des illustrations couleurs, des schémas et des explications alchimiques et hermétiques sur les 33 degrés de l’Ecossisme.

 

Les degrés philosophiques et les grades ultimes du R.E.A.A. : Aréopage, Consistoire et Conseil Suprême Ouvrage d'Art destiné à la bibliophilie et aux amoureux du beau livre Conception : Tableaux et Textes de Jean Beauchard - « Lorsque l'on rentre dans ce parcours, il ne s'agît pas d'un regard platonique mais d'un regard gourmand, dévoreur, qui révèle la force de la vie qui s'anime en nous, si nous savons la reconnaître et lui donner substance.


Ces planches ne sont pas seulement des images, ce sont des icônes, plus vous les fixez plus elles bougent et s'animent comme les pages du livre de la vie. Mais ici le retour n'est pas impossible, bien au contraire il réinvente notre existence au flux du poème des perceptions qui reviennent et se renouvellent dans l'énergie de la conscience. Des instants d'élan vital, des moments du bonheur de vivre, de la force d'exister, de la joie d'être maçon, un hommage unique au Rite Écossais Ancien et Accepté. »

 

Ce volume reproduit 10 tableaux conçus et réalisés par Jean Beauchard et significatifs des degrés du 19° au 33° du Rite Écossais Ancien et Accepté. Chaque tableau est accompagné d'un texte poétique suggestif et d'une analyse de son contenu. L'ensemble est préfacé par Patrick-André Chêne et accompagné de pages de présentation et de conclusion.


Cet ouvrage de bibliophilie de qualité exceptionnelle, réalisé par les éditions  Vega, a été imprimé en France en 300 exemplaires seulement sur les presses de France Quercy à Cahors. Format des planches : 30 x 44 cm.


Présentation en double emboitage : chemise et étui entièrement gainés de toile noire, titres dorés. Tirage limité à 300 exemplaires.
Chaque exemplaire est Numéroté et signé de la main de l'Auteur.

 

LA VOIE - LA PIERRE, LA CROIX, LA ROSE

Jean Beauchard

Edité et mis en page par Jean Beauchard

 2013

Cet ouvrage d’Art au format 30x40, a été réalisé par le peintre, graphiste, Franc-maçon, écrivain et ésotériste Jean Beauchard. Il a commencé cet ouvrage de luxe en 2010 et l’a terminé et commercialisé en 2013.Ce volume est constitué de 44 planches lithographiées 30x40 en couleurs. Il a été réalisé chez lui à Orléans. Le tirage est de 99 exemplaires.

Jean Beauchard est peintre, dessinateur, graphiste, écrivain, franc-maçon, ésotériste et spécialiste des tarots. Il a déjà produit « la voie initiatique » et « la voie de l’initiation », en tarot il a fabriqué 2 magnifiques jeux « le tarot maçonnique » et « le tarot des alchimistes ».

Avec un graphisme moderne, Jean Beauchard nous offre des planches superbes qui sont là pour nous faire réfléchir et méditer sur cette voie ésotérique que nous avons choisie, et qui ne demande qu’à se développer dans notre esprit. Jean avec ses dessins nous emmène dans des horizons de rêves, dans un monde imaginal cher à H. Corbin, tout en nous offrant le symbole, les pistes et les idées qui sont derrière le symbole.

Ne voulant pas déformer la pensée de Jean Beauchard, je retranscris son avant-propos :

« Pierre, Croix et Rose, trois symboles fondamentaux de la pensée hermétique. Liée à la terre, la Pierre est le symbole de ce qui est matière. Le travail qui peut être effectué sur celle-ci par le maçon, ou par l’alchimiste, selon leurs pratiques, consiste à la transformer de si parfaite façon, qu’elle confine alors au domaine de l’esprit.

La Croix se réfère à l’Univers, à l’espace dans ses diverses dimensions et orientations. Au croisement de ses axes, elle exprime la notion de lieu et de centre. Tel l’homme debout, qui, écartant les bras, étreint son environnement dans une relation d’amour et de don de soi qui peut aller jusqu’au sacrifice. –L’homme doit être au centre d’un équilibre géométrique, comme la nature – écrivait Alberti, au quattrocento

La Rose porte une dimension d’une autre nature, profonde, ésotérique en fait. Attirante mais d’accès difficile, fragile, brève, essentielle, elle s’épanouit et se renouvelle dans la lumière de chaque nouveau jour.

De cette triplicité peut naitre un monde de relations multiples qui sous-tendront l’ensemble de cet ouvrage. Toutes les voies d’initiations empruntent leurs références aux mêmes principes appartenant à une tradition universelle. Le but commun à tous les initiés est l’acquisition d’une meilleure compréhension de lui-même, de ses motivations, du sens de la vie.

Une quête de Lumière. Cette recherche de sens, de connaissance, de Vérité, est représentée dans différentes traditions par une quête de Lumière, et consiste à retrouver : - la Parole perdue – le Verbe créateur et générateur de toutes choses. Cette poursuite du Verbe est le thème de l’hermétisme gnostique et spirituel.

Mais cette quête ne peut se dérouler que par étapes successives, dont la première, relève d’un domaine plu prosaïque : comprendre le sens et les secrets du métier de constructeur. Dans la pratique opérative, la quête conduit l’individu à construire son temple, c'est-à-dire son être personnel, en passant de la Pierre brute à la Pierre taillée parfaite, de même que l’alchimiste fait évoluer le minerai vulgaire en or parfait.

Maître Hiram, l’architecte reconnu par le Franc-maçonnerie, a préféré la mort, plutôt que de dévoiler à des ouvriers indignes, le mot sacré qui ouvre la chambre des Maîtres. Il fut alors déclaré que le mot des Maîtres serait remplacé par une autre parole, de ce fait, l’ouvrier, le compagnon n’aura de cesse d’améliorer son travail et ses qualités propres, jusqu’à la révélation de la parole substituée dont la connaissance lui ouvrira la porte de la chambre du milieu, celle des créateurs. La Parole permet tout d’abord de nommer pour désigner, puis de comprendre pour établir.

Ce n’est là qu’une étape, car dans son parcours, le Franc-maçon rencontrera la Lumière des Rose+Croix. Les « Manifestes » de cette pensée s’adressaient à l’élite intellectuelle du 17e siècle, annonçant une nouvelle ère de connaissance, ce sera le sujet et l’objet de l’un des degrés centraux du Rite Ecossais Ancien et Accepté qui au siècle des Lumières, intégra ce mode de pensée. Le Rose+Croix est un des degrés essentiels du Rite car il en contient la clé et la tonalité. A ce grade il est dit que la Parole est retrouvée. Elle l’est, du moins sous une autre forme, qui procède de l’hermétisme.

La Franc-maçonnerie propose une démarche pragmatique de bâtisseur, mais en appelle à des ressources ésotériques. L’ésotérisme induit une notion de secret, il se rapporte à une forme de connaissance intuitive et transcendante (la gnose) par laquelle l’homme parvient à recréer, à son propre niveau, une métaphasique qui trouve ses sources dans la tradition, elle-même fondement du devenir ». Jean Beauchard

Le blog de Jean Beauchard est dans la page d’accueil, avec d’autres liens.

On peut consulter également le chapitre 22 (tarots), pour y retrouver ses tarots maçonniques et alchimiques.

 

la voie de l’initiation maçonnique

Jean beauchard

EDITION  VÉGA

 2004

La pratique des rites et des symboles maçonniques conduit sur une Voie de Connaissance de soi et permet l’intégration de l’être conscient dans le monde.
Cet ouvrage reproduit et commente une série de tableaux retraçant de manière allégorique l’itinéraire du Franc-maçon depuis sa première interrogation. Il offre une nouvelle manière de percevoir et de comprendre la symbolique maçonnique.


Cet ensemble, sans équivalent, constitue une synthèse fondamentale, en textes et en images qui en disent plus long et plus clair en quelques pages que ne pourrait le faire de grands développements. Ils le disent en tout cas différemment offrant ainsi au lecteur une vision nouvelle pour enrichir ses propres connaissances.


Au-delà de l’illustration, les tracés et l’expression visuelle font découvrir l’essence de chaque grade ainsi que quelques clés parfois oubliées au détour de l’évolution de certains rituels à travers le temps. Guidé par les commentaires des tableaux, le lecteur se transformera en spectateur attentif. Il pourra à son tour effectuer de multiples découvertes personnelles en écho à ses propres références et à sa sensibilité, lui permettant de mieux pénétrer et d’approfondir, à son rythme, sa propre connaissance de la Franc-maçonnerie dans l’esprit et les rites les plus authentiques offerts par celle-ci.


29 illustrations couleur pour 33 degrés initiatiques.

 

Jean Beauchard est peintre et écrivain, en plus de nous avoir offert ces magnifiques planches sur la voie initiatique et la voie de l’initiation, on peut le retrouver dans les tarots avec son « Tarot maçonnique » et son « Tarot des alchimistes », deux belles réalisations qui sont développées dans le Chapitre 22

 

LA VOIE SUBSTITUÉE

Jean BAYLOT

EDITION  DERVY

 1985

Ce livre écrit par un ancien dignitaire de la GLNF démontre comment dans l’histoire, l’engagement profane de la Franc-maçonnerie au nom d’un certain humanisme l’a dévoyée de sa règle.

 

Et comment on peut facilement en dérogeant aux Landmarks et à la règle en 12 points, se perdre dans une voie sans issue.

 

« Interdiction de rendre un culte aux idoles, respect absolu du nom divin, interdit de répandre le sang. En fait l'exégèse religieuse de l'époque considérait que le christianisme était conforme à une religion traditionnelle originelle connue dès les premiers temps et couronnée par le Christ : " la vraie, primitive, catholique et universelle religion, reconnue comme telle dans tous les temps et âges et confirmée par N.S. Jésus Christ..."

 

Ultérieurement, au XIXe siècle, l'expansion aux Indes amènera l'entrée de musulmans, hindous, parsis, sikhs et étendra ainsi la notion de Religion Traditionnelle. D'ailleurs en Grande Bretagne, un des reproches des "Anciens" aux "Modernes" était justement d'avoir déchristianisé le rituel en omettant les prières et fêtes des Saints !

Quant à la Maçonnerie française, on sait fort bien qu'elle fut traversée de divers courants dès le XVIIIe siècle :
L'un chrétien, voire mystique, l'autre libéral (parfois évoqués sous les qualificatifs de "jacobites" et "hanovriens") qui n'eurent pas les mêmes attitudes vis-à-vis des courants révolutionnaires.

 

La seule séparation absolue, après la paupérisation Maçonnique de la première moitié du XIXe siècle, fut la "voie substituée" (livre  de Jean Baylot) dont l'aboutissement fut le rejet par le Grand Orient de France en 1877 de l'obligation de croyance en Dieu et du Grand Architecte de l'Univers. Relevant de l'histoire contemporaine, le retour aux sources de la croyance en Dieu par la Grande Loge Nationale Française, et donc à l'universalité, date de 1913. La Franc-Maçonnerie est ainsi compatible avec toutes les religions et ne prêche aucun anticléricalisme. Ce n'est pas non plus le substitut d'une religion car elle n'impose pas de doctrine théologique et elle refuse tout débat religieux dans les Loges ; elle n'administre aucun sacrement ; elle ne prétend pas conduire au salut mais seulement aider ses membres à se réaliser dans le respect de la foi qui leur est propre.

 

A la construction Maçonnique matérielle se substitue désormais l'idée d'une mise en chantier allégorique. Il s'agit de promouvoir les valeurs morales et spirituelles qui conduisent à un perfectionnement individuel et social, par un enseignement effectué sous le voile de l'allégorie au moyen de symboles dont certains peuvent être observés dans diverses religions (triangle, oeil, lumières, rythmes, voire même formules symboliques). Les cérémonies pratiquées ne miment en aucune manière un culte mais tendent par l'agencement des symboles et des présentations orales à une union favorable - dans la fidélité aux devoirs que le Franc-Maçon a librement contractés - au perfectionnement moral et spirituel qu'il a entrepris et doit faire partager à ses Frères.

 

Ainsi se crée ce "Centre de l'Union, et moyen de nouer une amitié sincère entre des personnes qui n'auraient pu que demeurer perpétuellement étrangères" (constitutions 1723). Ces universaux expliquent la diffusion de cette fraternité contribuant à l'amélioration morale et spirituelle de l'humanité, aux fins de mettre en oeuvre un idéal de paix, de tolérance et de fraternité entre tous les hommes, à commencer par les 7 à 8 millions de Francs-Maçons de Tradition. Ainsi, la croyance en Dieu, Grand Architecte de l'Univers, demeure-t-elle, pour toutes les Grandes Loges Indépendantes du monde, le critère essentiel de régularité et de fidélité aux "anciens devoirs".

 

la voie symbolique

Raoul berteaux

EDITION  EDIMAF

 1992

« La Voie Symbolique » est sans conteste le plus important des ouvrages de Raoul Berteaux : il le considérait d’ailleurs comme son testament philosophique, comme le message qu’il voulait laisser derrière lui.


La réédition de cet ouvrage de base de toute bibliothèque axé sur la symbolique – maçonnique ou non – s’imposait au moment où vient de disparaître le grand penseur et le grand Franc-maçon que fut Raoul Berteaux.


Né en 1904 à Namur (Belgique), il avait été initié dans la fameuse Loge « Les Amis Philanthropes » au Grand Orient de Belgique et il y fut, au sortir de la dernière guerre, un des fondateurs de la Loge « Fraternité ». Il appartint par la suite à la Grande Loge, puis à la Grande Loge Régulière de Belgique dont il devint en 1967 Souverain Grand Commandeur.


Soucieux de transmettre la Lumière qu’il avait reçue, il travailla jusqu’à ses derniers jours. Edimaf a publié entre autres sa monumentale « Symbolique des Nombres », ainsi que des ouvrages traitant du symbolisme propre à chacun des degrés de la Franc-maçonnerie bleue ou de celle des Hauts Grades.


« La Voie Symbolique » constitue une somme : celle de toute une vie dédiée à la réflexion en profondeur sur l’Homme et les mystérieuses correspondances qui le relient à l’univers.
Sa vision, profondément moderne autant que solidement assise sur les traditions et les cultures d’Orient et d’Occident, s’élargit à une dimension cosmique qui fait de cet ouvrage, bien plus qu’un guide indispensable à toute recherche symbolique, un « livre de sagesse » qui ne saurait laisser personne indifférent.

 

la voÛte sacrÉe de la maîtrÎse à la perfection

Alain pozarnik

EDITION  DERVY

 1997

 

Aucun livre, jusqu’ici, n’avait été écrit sur le travail secret permettant l’éveil et la réalisation des Maîtres Francs-maçons. Les rares ouvrages qui existent sur les « Hauts Grades » parlent des symboles, couleurs, chiffres ou légendes propres aux divers degrés, mais jamais le chemin progressif d’évolution spirituelle n’avait été clairement balisé. La Voûte Sacrée est le premier livre sérieux sur le sujet : il traite admirablement des mouvements intérieurs de l’Être et de l’Esprit qui conduisent concrètement le maître Franc-maçon à la perfection.

 

D’étape en étape, la Voûte Sacrée révèle comment évoluer vers plus de conscience et d’amour, comment améliorer ses relations avec soi-même, la société et l’univers pour trouver, dans l’action, la Paix et l’Harmonie. Assurément, ce livre doit être lu par tous les Francs-maçons des Grades supérieurs, par tous les Maîtres qui aspirent à l’amélioration de l’humanité. Mais il est également destiné à tous les hommes de bonne volonté qui veulent faire de leur vie un chef-d’œuvre.

 

La voûte sacrée : Le chevalier entre donc dans la loge royale par le sommet. Cette voûte est un symbole similaire à celui que l’on trouve avec le cabinet de réflexion semblable à une grotte de méditation pythagoricienne. De plus, cette voûte étant fermée par une trappe, en son sommet, cette dernière devient la clef de voûte. L’initié se tient debout dans cette voûte. Il relie dans cet axe plusieurs voûtes superposées ; toutes ces voûtes anatomiques (plantaires, crâniennes etc.)se succèdent et constituent le « microcosme » et cette voûte en pierres est elle-même coiffée par la voûte étoilée. Se tenir dans l’axe de ces voûtes c’est d’abord prendre conscience du « microcosme » (pour y pénétrer encore plus profondément) pour pouvoir à l’inverse mieux sortir du moi c’est à dire dépasser la condition humaine et relier «  le fini à l’infini ».

Le bijou d’Hiram que trouve Guibulum dans cette première voûte et la première porte de bronze sont des indices qui indiquent qu’en recherchant encore plus profondément, on trouvera un trésor. Mais Guibulum est un franc maçon et il sait que cette recherche dans les profondeurs de son ego sera plus aisée s’il est aidé par ses frères d’une part, et d’autre part s’il trouve le trésor, il doit le partager : c’est pour cela qu’il remonte chercher ses compagnons de voyage. Symboliquement, ( et c’est à mon avis tout l’intérêt de la démarche symbolique) le franc maçon et plus particulièrement le grand élu sait qu’il doit prendre conscience de son Moi intime (connais-toi toi-même) mais s’il a choisi la voie symbolique maçonnique c’est, d’une part qu’il doit se faire aider des autres et d’autre part, aider ceux-ci dans leurs démarches propres afin qu’ensemble, plus forts, ils cherchent et peut-être trouvent la vérité. Enfin, pour parler du bijou qu’il découvre (sur lequel est inscrit le nom ineffable) il le porte autour du cou avec la face gravée contre sa poitrine. Guibulum sait donc que le trésor a un rapport avec l’ineffable avant de commencer la quête collective. Il se garde d’en avertir ses compagnons et conserve ainsi le secret : seul l’éclat du bijou fait entrevoir aux autres maçons que Guibulum est déjà initié à un degré supérieur aux autres : ce qui leur donne envie de le suivre. 

 

Symboliquement, si Guibulum rayonne, en contemplant l’homme de l’extérieur, on ne peut pas connaître le tétragramme divin allias la vérité, car le nom ineffable est gravé à l’intérieur sur la face non visible. Le G.L.A.D.U.  source secrète de l’homme, se trouve assurément en son fond mystérieux symbolisé par la voûte sacrée à laquelle les nuages parviendront. C’est donc après quelques instants de méditation que Guibulum prononce le mot « Malkuth » (royaume) et que la porte séphirotique s’ouvre sur une galerie : cette galerie est composée essentiellement d’un escalier de 3 marches.

 

Puis après un palier triangulaire, sur la gauche 5 marches pour arriver à un nouveau palier triangulaire sur la droite puis 7 marches et un dernier palier triangulaire sur la gauche et enfin 9 marches. Cette descente progressive dont le nombre de marches évoque la batterie du Grand Elu de la Voûte Sacrée est une descente progressive vers le centre matriciel : elle s’inscrit dans une courbe sinueuse : ce qui signifie que cette quête sur soi-même n’est pas évidente. l’auteur estime qu’il s’agit en même temps « d’une récapitulation à rebours dont la psychologie des profondeurs assimile le premier palier à la conscience claire du moi, le second à l’appropriation du soi collectif, le troisième à la fusion du soi collectif et l’arrivée à la syzygie primordiale, explorée dans les 9 voûtes successives ».

 

la vraiE maçonnerie et la cÉleste culture

Fabre d’olivet

EDITION  La Proue

 1973

Auteur de « La langue hébraïque restituée » cet auteur ésotériste et franc-maçon très actif nous a laissé des ouvrages de réflexions. Ce livre nous parle des divers grades d’une certaine maçonnerie céleste et nous invite au solstice d’hiver et à l’équinoxe de printemps.

 

Antoine Fabre d’Olivet est un écrivain, philologue et occultiste français. L’importante partie de sa production qu’il a, comme écrivain et philologue, consacrée à la langue occitane, fait de lui un des précurseurs de la renaissance du Félibrige.

 

Après la faillite de la maison familiale, Fabre d’Olivet tente de vivre de sa plume en fondant plusieurs journaux, parmi lesquels L’Invisible et Le Palladium de la Constitution.

 

Il publie un roman et plusieurs œuvres musicales. S’intéressant de plus en plus à la théosophie et à la philologie, il prépare La Langue hébraïque restituée et travaille sur La Musique expliquée

À la fin de sa vie, il fonde un culte nouveau, le culte théodoxique, sur lequel il publie deux ouvrages importants, L’Histoire philosophique du genre humain et La Théodoxie universelle

 

LE CABINET DE RÉFLEXION        -        N°  32  -

DIDIER MICHAUD

Edition LA MAISON DE VIE

 2009

Cet ouvrage  présente des aspects  inédits  du cabinet de  réflexion, approché  comme un symbole en tant que tel. L’auteur passe en revue, un à un, tous les éléments permettant de structurer l’approche de ce symbole, et explore toutes les pistes sans en exclure aucune. Cette pièce est-elle comparable à une caverne, à une grotte, aux entrailles de la terre ? Fait- elle partit du Temple de Salomon, ou est –elle un lieu distinct ? Les Franc-maçons ne sont-ils pas amenés à utiliser le même lieu lors d’évènements de natures différentes ? C’est à ces questions que, de manière argumentée et novatrice, l’auteur tente de répondre à la lumière des symboles qui constituent son décor.

 

Toute initiation maçonnique commence dans le cabinet de réflexion, qui correspond à une partie des rites initiatiques pratiqués en tous temps et en tous lieux. En effet, l'isolement du néophyte dans une cabane ou une caverne est pratiqué depuis la nuit des temps. Il s'agit de séparer le néophyte de sa famille, de figurer, par son isolement dans un lieu fermé, la mort, une rupture, pour préparer un changement essentiel, comme la chrysalide dans son cocon. Le cabinet de réflexion, pour l'essentiel, est la forme moderne et adaptée à nos mœurs de la cabane antique. Le non-initié vit dans la peur : peur de mourir, expression de la peur de vivre, peur de l'avenir, du changement, des autres, etc ... Ces peurs dérivent d'une seule : la peur de lui-même. Confronté à la nécessité de l'introspection, le non-initié recule. Il sait qu'il faut mettre de l'ordre dans son MOI. Alors, il demande son admission dans une société initiatique. Celle-ci propose une pédagogie fondée sur l'introspection dirigée.

Le cabinet de réflexion s'inscrit dans le programme de cette pédagogie. Le postulant y trouve la solitude, l'obscurité, le silence, l'immobilité et parfois le froid. Ces états privilégient la confrontation avec lui-même et cette confrontation est généralement difficile pour le profane. Ce que le passage dans le cabinet de réflexion lui impose de vivre est le traitement de sa peur, par la stimulation de sa propre peur. La compagnie muette du crâne illustre le passé et son propre futur. Dans le cabinet de réflexion, le candidat doit répondre par écrit à des questions et rédiger son testament moral et philosophique. Le nombre et le libellé des questions ont varié selon les époques. Actuellement, ces questions concernent les devoirs de l'homme envers lui-même, sa famille, sa patrie, l'humanité. Dans la Franc-Maçonnerie libérale, la question des devoirs envers Dieu a été supprimée.

 

La rédaction du testament moral et philosophique permet au candidat de faire le point sur lui-même et sur ce qu'il estime essentiel. Quelle que soit la qualité de ce qu'il rédige, cette démarche est fondamentale dans le processus de l'initiation maçonnique. En sortant du cabinet de réflexion, le candidat sera considéré comme ayant subi l'épreuve de la terre. Tous feront semblant d'y croire et toute la cérémonie initiatique se déroulera comme si le candidat avait été transformé par cette épreuve.  "Ici, tout est symbole". Ce "comme si" n'est mensonge que si l'on refuse de jouer correctement le jeu. Se prendre au jeu, c'est à dire ignorer que l'on joue, ou bien ne pas vouloir l'admettre, est éminemment dangereux parce que le comportement peut dériver vers la schizophrénie. Alors adieu l'éveil, tout ne sera qu'illusion. Ce "comme si" est vérité et clé d'une pédagogie qui a fait ses preuves, à condition d'être vécu en toute simplicité, en toute humilité, pour ce qu'il est et rien de plus. Comme cela et seulement comme cela pourra peut-être surgir l'éveil, par la suite.

 

Comment en effet prétendre sérieusement que les épreuves rituelles transforment réellement, immédiatement ou à terme, celui qui les subit ? Le cabinet de réflexion est un décor de théâtre. Il suggère ce qu'il ne peut être réellement. Ce petit cagibi, dans le meilleur des cas, ce coin de cave, décoré avec des figures symboliques est tout à fait dérisoire relativement aux prétentions affirmées par le rituel. Mais c'est justement là que réside sa signification essentielle.  Fermer les yeux sur l'aspect dérisoire, procède d'une attitude "bigote" à l'égard du rituel. Ouvrir les yeux sur le "dérisoire" pour en pénétrer la signification, là est la voie de l'éveil. Ce n'est souvent pas simple. Cela implique une remise en question des réflexes mentaux acquis. Comment prendre au sérieux ce qui ne l'est pas en apparence. Et comment ne pas prendre au sérieux ce qui semble l'être ? Tant de gens ne parviennent pas à répondre à ces questions.  Pourtant ces questions ne restent sans réponses que dans le contexte d'une sémantique déterminée. Changez le contexte, posez de nouveaux repères et elles ne se poseront même plus.

 

Les rituels et la franc-maçonnerie répètent qu'ils sont à la recherche de la vérité, sans d'ailleurs la définir. Des mandarins de l'intelligentsia maçonnique, il y en a, ont décrété que cette vérité était inaccessible, ce que dément formellement l'expérience vécue des sages et des saints de tous les temps.  Forts de cette affirmation des autorités officielles de l'Ordre, certains maçons sont à la recherche d'une vérité inaccessible et par ailleurs sans contenu, ce qui les sécurise indiscutablement. Et c'est très bien ainsi, car hélas, la vérité est incurablement sacrilège. Elle inquiète, bien plus, elle dérange ... Dire qu'en maçonnerie il n'y a ni initiation réelle, ni processus initiatique authentique, mais seulement une incitation, c'est subversif et pour beaucoup, inacceptable. Pourtant, l'histoire est là, qui rappelle brutalement le vécu de l'expérience humaine depuis ses origines.

 

Il n'est donc pas sacrilège de dire ce qu'est la vérité initiatique, à quoi elle répond, sa finalité, ni d'aborder la spiritualité qui découle d'un processus aboutissant à l'initiation. Et il n'est pas blasphématoire de souligner que c'est de ce processus initiatique que naquirent les dieux et les religions; et que le christianisme lui-même est issu des mythologies qui le précédèrent. Ces religions explicitaient, parfois maladroitement, ce qu'avait révélé l'expérience psychique fortuite subie par l'homo sapiens et qui, renouvelée volontairement puis organisée, était devenue l'initiation. Au travers de sa conscience considérablement élargie, l'homme y avait trouvé compréhension de son propre univers et apaisement de l'angoisse qui l'étreignait devant les forces incontrôlables de la nature. Il en fit donc rapidement une institution qui dégagea une élite : les initiés. Ainsi s'établit la tradition initiatique, véhicule des moyens essentiels qui conditionnent l'épanouissement complet de l'individu qui est, en tant que tel, le devenir de l'espèce. Ceci est la vocation de l'Ordre maçonnique, porteur des symboles fondamentaux qui expriment les désirs et les espoirs de l'homme, depuis qu'il s'est révélé à lui-même être une personne. Chacun de nous est donc le seul artisan de son évolution possible et nul secours ne peut être attendu de l'extérieur.

 

L’auteur y développe : La terre, la mort, la renaissance, le testament philosophique, la bougie, la lumière, le coq, le phénix, le crâne, la faux, le sablier, le sel, le soufre, le mercure, le miroir, le pain, l’eau, vigilance, persévérance, V.I.T.R.I.O.L, le parfum et l’encens.

  

LE  CABINET  DE  RÉFLEXION             UN VOYAGE  INTÉRIEUR

PERCY  JOHN  HARVEY

ÉDITION   DERVY

 2010

L’itinéraire initiatique du franc-maçon dans le cadre du Rite Ecossais Ancien et Accepté,  ou au Rite de Memphis- Misraïm, comporte des parcours divers et, entre autres, des passages symboliques par des mondes souterrains dont l’emblème est la caverne.

 

Le premier d’entre eux est figuré par le cabinet de réflexion qui correspond à la phase de séparation destinée à la préparation du candidat. Il est en quelque sorte « l’antichambre » de l’initiation. Il est donc nécessaire de mettre en évidence cette première étape sur laquelle reposera toute la suite du cheminement initiatique.

 

Fondé sur l’analyse picturale, le livre de Percy John Harvey expose et explicite les symboles et les mécanismes symboliques qui sont à l’œuvre durant l’épreuve de la terre, qui représente la traversée souterraine du postulant jusqu’au moment de sa renaissance symbolique, cet instant qui débute dès le franchissement de la porte du Temple.

 

Un ouvrage qui permet de revisiter le Cabinet de Réflexion afin de revivre avec un autre regard cette expérience fondatrice pour l’homme.

 

L’ouvrage décortique les sujets suivants :

 

Les mystères d’Eleusis, le passage sous la bandeau, le labyrinthe initiatique et celui de Dédale, le mandala, le labyrinthe et la caverne, l’abandon des métaux dans la loge et hors de la loge, les métaux et les planètes, le cabinet de réflexion avec ses séquences de purifications et de réflexions, la voie alchimique et la voie maçonnique, le monde chtonien et celui de Cybèle, la représentation allégorique de la naissance et de la mort, la caverne et la montagne, la caverne de Platon, les chandelles, le crâne et le miroir, les vanités, la Prudence, le miroir et l’initiation, la carrière et la mine, V.I.T.R.I.O.L  emblème hermétique du cabinet de réflexions, L’Azoth d’Hermès, la Tabula Smaragdina, la table d’émeraude et ses textes, le faux miroir de Magritte, le temps linéaire et le temps circulaire, le sablier, l’épreuve de la Terre, la femme de Loth, la métanoïa, le testament philosophique, Cénesthésie du cabinet de réflexion, entretien de Jésus avec Nicodème, la régression symbolique, la vêture du postulant, son entrée dans le Temple et sa renaissance,….

 

 LE CABINET DE RÉFLEXION – UN ITINÉRAIRE MAÇONNIQUE

  Jean-Luc Adde

 Edition Cartouche

 2012

Photographe de profession et bien connu du monde maçonnique, J.L Adde est familier des collections privées, comme des signes qui jalonnent notre environnement quotidien et que ne peut déceler qu’un œil exercé et fin connaisseur de la chose maçonnique.

 

Dans ce petit album, l’auteur met en parallèle, les symboles maçonniques qui se trouvent dans le cabinet de réflexion, avec des paroles du rituel du 1e degré. Avec bonheur il fait vivre la phrase en la commentant par de très belles photos ce qui lui donne un parfum de mystère et de spiritualité.

 

Fidèle à ses maîtres mots, émotions et authenticité, il a choisi de ne pas cloisonner sa vision d’un univers habité de tableaux sensibles. Au gré des formules qu’il a choisies, les frontières s’estompent entre les époques et les voies. Le bois, l’ivoire ou encore la soie patinés par l’usage et le temps, revivent sous le regard averti du photographe.

 

Acteurs faussement muets d’une réunion d’un nouveau genre, ces dizaines de nos mystères, sévères ou souriants nous contemplent et nous amènent à une réflexion supplémentaire.

 

LE CANTIQUE DES CANTIQUES   - RITUEL INITIATIQUE   -                        N° 73

Michel Lapidus

Edition Maison de Vie

2016

S'il y a bien un texte déroutant dans la Bible, c'est le Cantique des cantiques. Reprenant la traduction de ce texte difficile, Michel Lapidus l'aborde ici en tant qu'oeuvre initiatique. Son interprétation approfondit le sens symbolique et ésotérique de cette oeuvre en s'appuyant à la fois sur une traduction suivie donnant le sens le plus couramment adopté par les différents traducteurs l'ayant précédé, et une traduction littérale entièrement nouvelle qui reste au plus près des mots, sans parti pris dogmatique. Ainsi parvient-il à entrer dans le jardin hermétiquement clos du Cantique des cantiques et à nous faire goûter la saveur du la saveur du secret qui l'irrigue

 

On trouve  de grandes différences dans les interprétations du Cantique des Cantiques. À la vérité, elles diffèrent parce que le Cantique des Cantiques ressemble à une serrure dont on aurait perdu la clé». Ainsi s’exprime Saadia ben Joseph, un commentateur juif du 10e siècle. Il y a bien une énigme du Cantique, qui apparaît dès qu’on envisage l’histoire de son interprétation depuis ses débuts. À de rares exceptions près (comme Théodore de Mopsueste vers 400), les Anciens ont lu naturellement le Cantique comme une allégorie de l'amour entre Dieu et ses fidèles (envisagés collectivement ou individuellement): pour les Pères de l’Église et les Médiévaux, comme pour les rabbins, la portée symbolique du Cantique était une évidence. C'est d’ailleurs ce mode de lecture qui a permis au Cantique de devenir la matrice scripturaire de la mystique chrétienne. Aujourd'hui, la majorité des exégètes estime, avec autant de bonne foi, qu'une telle interprétation appartient à un âge révolu de la lecture du texte biblique.

 

Certains lisent le Cantique comme un poème profane, un dialogue entre un homme et une femme qui s'émerveillent de la beauté du corps de l'autre. D’autres exégètes expliquent que, si le nom divin est absent du poème, c’est parce que le Cantique défend une conception désacralisée de l'amour érotique : le message théologique du Cantique serait de dire, paradoxalement, que l'éros est une réalité profane – ce qui ne veut pas dire profanée. La tendance croissante de ces dernières années consiste à rechercher un inter-texte biblique pour lire le poème. C’est en général les  chapitres 2–3 de la Genèse qui sont choisis: le récit du jardin d'Éden, où Adam découvre avec émerveillement sa compagne, Ève : «Pour le coup, celle-ci est l'os de mes os et la chair de ma chair. Elle sera appelée femme, car de l'homme elle a été tirée» (Gn 2,23). Le Cantique tenterait de déployer ces quelques mots admiratifs au sein d’un dialogue où la femme s’affirme comme l’égale de son partenaire masculin.  

 

La confrontation des principes herméneutiques des Anciens et des Modernes ne peut manquer d'interpeller ceux qui ont appris que l'histoire d'un texte n'est pas extrinsèque à celui-ci. «Le Cantique des cantiques, est l'un des textes qui peut le mieux illustrer l'opportunité d'une ouverture de l'analyse à l'histoire de la réception». Entreprise au 3e s. avant Jésus-Christ, la traduction grecque dite des Septante est la plus ancienne traduction de la Bible hébraïque (l’Ancien Testament des chrétiens). À ce titre, elle en est aussi la première interprétation. Elle a constitué la Bible de référence pour tous ceux qui, dans le judaïsme de langue grecque ou dans l’Église ancienne, n’avaient plus accès à l’hébreu. Elle a été la source d’interprétations originales, qui auraient été impossibles à partir du texte hébreu. Elle a acquis son autonomie et a eu sa postérité à travers les traductions latines, coptes, arméniennes, éthiopiennes, etc., qui l’ont prise pour base. Bien que la traduction grecque du Cantique soit très littérale, elle présente des options de traduction significatives. En fait, les thèmes du Cantique qui ont le plus inspiré la spiritualité chrétienne sont propres au texte grec : l’invitation à se connaître soi-même, la charité bien ordonnée (Ct 2,4), la blessure d’amour (Ct 2,5), et la maternité allaitante du Verbe divin (Ct 1,2). Cette version est digne d’intérêt, en particulier en raison de sa riche tradition d’interprétation.

 

Le fait que l’amour soit représenté dans le Cantique comme l’antidote puissant de la mort, a conduit certains chercheurs à trouver des rapports entre ce texte et les célébrations orgiaques des cultes funéraires babyloniens et grecs, tels que les attestent, entre autres, des textes ugarites. La présence obsédante de la myrrhe et des épices couramment utilisées dans ces banquets mortuaires et orgiaques, est invoquée comme pièce à conviction, ainsi que certaines données linguistiques. Rappelons que le grec herma, et l’ugaritique et l’hébreu yàd, « main », sont utilisés pour désigner le phallus et la stèle mortuaire. De même, en hébreu, « mémoire » et « phallus » semblent liés à la même racine, *dkr, *zkr. Comment ne pas prêter attention à ces interprétations quand on lit dans le Cantique que « l’amour est aussi fort que la mort » ?

 

Pour le texte français du Cantique, on lira Le Cantique des cantiques, suivi des Psaumes traduits et présentés par A. Chouraqui (PUF, 1970), ainsi que l’édition de la Pléiade. Trois procédés dominent ce texte : le superlatif, la comparaison et l’allégorie.

 

En effet, le terme de Shir ha-Shirim, « Le Cantique des cantiques », est un superlatif qui, d’emblée, excepte l’incantation amoureuse de tout autre discours, chant, sacré. Ce titre ne dévoile pourtant pas le ressort allégorique de l’incantation dramatique qu’il contient. Ce sera fait par le Livre des lamentations, qui porte en hébreu le nom du premier mot du texte « comme », èykàh (« Comme elle est assise à l’écart, la ville populeuse, elle est comme une veuve… »). Cependant, l’adverbe de comparaison, pivot des allégories, des symboles, du sens figuré, convient aussi bien, sinon plus, au chant d’amour qu’à la complainte. À moins que, réunis dans les Cinq Rouleaux, et séparés à peine par l’histoire de Ruth la Moabite, qui en assure peut-être plutôt la continuité heureuse, amour et lamentation ne soient des invocations jaillies du même fond d’incomplétude, de défaillance, d’appel au sens. L’amour comme plainte qui ne s’avoue pas ? La plainte comme amour qui s’ignore ?

 

La dramaturgie et la lyrique grecque d’une part, les cultes mésopotamiens de fertilité d’autre part, irriguent sans doute ce chant aux accents souvent païens qui trouve pourtant sa place naturelle dans la Bible. Les rabbins l’ont compris vers l’année 100, à Yabnéh, lorsqu’ils ont fini par accepter, non sans réserves, le dialogue amoureux au sein même des écritures sacrées. « À l’origine, les Proverbes, le Cantique des cantiques et l’Ecclésiaste furent supprimés : parce qu’ils étaient considérés comme de simples paraboles qui ne faisaient pas partie des Écritures saintes (les autorités religieuses) s’élevèrent pour les supprimer ; (et il en fut ainsi) jusqu’à la venue des hommes de Hezekiah qui les interprétèrent ». Rabbi Akiba, de son côté, défendit avec ferveur, et sans doute avec ironie, le droit de cité du texte contesté : « Dieu nous préserve ! Jamais homme en Israël n’a discuté le caractère sacré du Cantique des cantiques ; car le monde entier n’est pas digne du jour où le Cantique des cantiques fut donné à Israël. Si toutes les écritures sont saintes, le Cantique des cantiques est plus saint que les autres. »

 

le chantier de maÎtre hiram

Yann druet

EDITION TRÉDANIEL

 2000

L’ouvrage que chaque apprenti maçon doit avoir dans sa bibliothèque, source de références multiples et complexes sur les origines de l’architecture symbolique du Temple Maçonnique.


De l’Égypte ancienne, à la Mésopotamie, en passant par le monde hébreux, l’hellénisme, le celtisme, le songe médiéval, les kabbalistes et les occultistes élisabéthains, traversant les religions et les mystères initiatiques, une longue exploration des mythes qui ont constitué le fonds du symbolisme des espaces sacrés de la maçonnerie contemporaine.


Qui a construit le Temple maçonnique, pourquoi ? En intégrant quelles racines, quelles interrogations venues du fond des angoisses humaines ?

 

Quelles sont les relations entre le christianisme et le celtisme au regard de la continuité philosophique, métaphysique et ésotérique, les initiations antiques et la maçonnerie contemporaine ? Comment tout cela s’insère-t-il dans les rituels de l’espace maçonnique actuellement utilisés par les grandes obédiences françaises ?

 

La source mythique : Nous sommes au départ de la vraie source, celle mythique avec les récits bibliques se rapportant à la construction du temple, base invar i able de toute la franc-maçonnerie.

Passons sur les diverses histoires transmises par les livres des Rois et des Chroniques pour ne retenir que cette évidence qui nous intéresse aujourd’hui. Deux rois et un architecte organisent la construction du temple sacré.

Salomon roi d’Israël et Hiram roi de Tyr. L’architecte est Hiram-Abi. On savait que sa mère était de la tribu de Dan, et que son père était de Phénicie. Il est à la fois une énigme et le trait d’union entre deux rois. Selon les recommandations d’Hiram roi de Ty r, il construit le temple sur une vision de Salomon. Mais certainement après avoir eu une belle carrière d’architecte-sculpteur- alchimiste. Dans la légende, l’architecte qui façonne les métaux, principalement l’or et le bronze, va être le centre d’un drame. Dans nos rituels nous devons cet aspect aux Old Charges. Car le choix de l’architecte mythique, digne descendant de Tubalcaïn, est primordial. Dans la Bible, il disparaît de la narration. Le constructeur est-il rentré chez lui à Tyr? Il est oublié dès que son travail est accompli.

 

Dans un ouvrage de référence Jules Boucher cherche aussi une explication aux différents Hiram donnés dans la Bible. C’est un exercice assez périlleux, car il faut rester logique et ne pas confondre les personnages, qui sont nombreux. De plus, la traduction produit également des confusions. Vuillaume dans son Tuileur de 1820 nous dit qu’il faudrait écrire «Adonhiram». Hiram-Abi signifie le seigneur Hiram, autre manière de marquer sa déférence. Au sujet d’Adonhiram, il serait le fils d’Abda. C’est un haut fonctionnaire qui va servir trois rois d’Israël au Xe s. avant notre ère. Secondant le roi David pendant son règne, il dirige sous le roi Salomon la coupe des bois de cèdre et de cyprès en Phénicie, pour les besoins de la construction du temple.

 

Dans diverses cérémonies et rituels maçonniques le V é n é r able maître est associé à Adonhiram, chargé de conduire les travaux. Et ce qui devient digne d’intérêt c’est l’élément bois qui prend une certaine importance. Liée à la construction des navires et à l’arche de Noé, la loge primitive est une petite hutte de bois comme décrite plus haut. Hiram signifiant père, nous avons donc la trilogie suivante: Adonhiram assis sur le trône du roi Salomon, qui représente la sagesse, soit la compréhension et la conduite des travaux. Il est aussi associé à l’élément feu. Hiram roi de Tyr possède la force de la royauté, c’est l’élément air. Et Hiram-Abi détenteur des connaissances de la beauté correspond à l’élément air. Par lui commence la renaissance à la vie d’initié. Le quat r i ème élément, la terre, se rapporte au couvreur de l’atelier et, par synthèse, aux frères qui ornent les colonnes. A quelles divinités celtiques et nordiques cette analogie biblique fait-elle référence? Lug, la divinité au marteau? C’est très probable. Quelles runes magiques décrivent cette tradition? La loge est donc dirigée par trois Hiram, soit trois pères.

 

LE CHEVALIER ROSE+CROIX, 18e DEGRḖ DU RITE ḖCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTḖ      LES TABLEAUX DES APPARTEMENTS  -

 Percy John Harvey

 Edition Cépaduès du Midi

 2017

Si la littérature sur le grade de Chevalier Rose-Croix, l’un des fleurons de la Franc-maçonnerie, est déjà riche, elle est aussi inépuisable. Percy John, Harvey remarque que « Les Tableaux de Loge des Hauts Grades figurent rarement dans le Temple maçonnique, au cours des travaux d’un Atelier.

 

Ainsi, les tableaux des divers grades sont assez mal connus, tant dans leur organisation symbolique que dans leurs significations. ». C’est le cas pour ce 18° grade du R.E.A.A. dont les tableaux sont pourtant d’une très grande richesse et constituent un apport indéniable à sa compréhension.

 

Percy John Harvey a fait le choix d’étudier les tableaux des deux Appartements modernes. Il a sélectionné des représentations des XVIIIème et XIXème siècles pour servir à cette étude. Il nous rappelle tout d’abord l’intérêt majeur de ce grade :

« Le grade de Chevalier Rose-Croix, tel qu’il est présenté de nos jours, résulte d’une transposition maçonnique du récit de la Passion du Christ, et d’une réforme destinée à réduire les aspects d’une dogmatique chrétienne du rituel au profit d’un retour à un hermétisme chrétien, qui associait naturellement les « Arts métalliques » à l’Art des bâtisseurs. »

 

Les tableaux de ce grade introduisent ou réintroduisent des symboles remarquables dans un ensemble d’une très grande richesse. Ainsi la Pierre cubique associée à la Rose mystique ou les trois Vertus théologales induites par les trois symboles clefs du grade :

 

la croix, la rose, la pierre cubique à pointe. Percy John Harvey précise l’objectif de son étude : « Dans le cadre des tableaux des Appartements, le présent ouvrage tente de répondre aux questions majeures de représentation graphique abordée dans le rituel du 18° degré :

 

  • La transposition de la Rose-Croix catholique en Rose-Croix hermétique ;
  • La géométrie du Mont Calvaire ;
  • La transmutation de la Pierre cubique « suant sang et eau » en une rose mystique épanouie ;
  • Et certains détails graphiques propres aux évolutions des tableaux des Appartements depuis le XVIIIème siècle. »

 

Pour se faire, il étudie d’abord les courants d’influences, catholiques, rosicruciens, hermétistes, la légende du grade avant d’analyser dans le détail les tableaux. Comme toujours avec cet auteur, le lecteur bénéficie d’une iconographie riche et structurée, en couleur et d’une pédagogie éclairante, notamment sur la question centrale de la transformation géométrique de la Pierre cubique en Rose mystique et de ses développements, par exemple sur la symbolique du Mont Calvaire qui apparaît comme agent ou support de la transmutation de la Pierre cubique en Rose mystique. Ces tableaux, qui connaissent une évolution au fil des réformes du rite n’en conservent pas moins leur caractère hermétiste. Ils sont nous dit Percy John Harvey « des Livres Muets » qu’il convient de décrypter.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Les courants d’influence – les mystères – le courant rosicrucien -  la maçonnerie des hommes

Chapitre 2 : La légende du 18e degré – la pierre et le temple -  du tableau de loge à l’appartement – l’espace narratif du tableau allégorique –

Chapitre 3 : Les appartements de la maçonnerie des hommes – le tableau de la chambre des épreuves – les pierres des deux appartements –

Chapitre 4 : La transformation géométrique de la pierre cubique en rose mystique –

Chapitre 5 : Trois anciennes peintures des appartements – la parfaite union de Mons – La triple union de Perpignan -  éléments graphiques  -

Chapitre 6 : La réforme du rite écossais – le Tuileur de Vuillaume – tableaux du 1e et 2e appartement  -

Chapitre 7 : La géométrie du mont calvaire – La pierre cubique d’Antoine Chéreau  -géométrie symbolique

Chapitre 8 : Les opérations géométriques de la pierre cubique à la rose mystique – la maçonnerie des hommes – les tableaux du Suprême Conseil de France –

Chapitre 9 : Evolutions des tableaux des appartements -  Les 1e et 2e appartement –

Chapitre 10 : Les appartements modernes du rite écossais – les anciens tableaux du SCDF – les nouveaux tableaux du SCDF  -

 

LE CHEVALIER DE ROYALE-ARCHE – LA LḖGENDE D’HḖNOCH

Percy John Harvey

Edition Cépaduès

 2018

L'initiation au 13e grade décrite par les Rituels de Chevaliers de Royal Arch et de Grand Elu (édition provisoire 1983 et édition 1986) est commentée par les mentions suivantes : «Réduit à l'essentiel, le schéma des différentes versions apparues au cours du temps, rapporte que bien longtemps après la destruction du Temple de Salomon, trois mages de Babylone venus en pèlerinage découvrirent en explorant les ruines, une trappe qui fermait un puits profond». A l'issue de l'exploration et de la découverte de la Pierre d'Agate triangulaire, il est dit en conclusion par le mage découvreur (Gibulum) : «Apprenez maintenant que ce n'est pas Salomon qui fit creuser cet Hypogée, pas plus qu'il n'y cacha la Pierre d'Agate. Celle-ci fut placée par Enoch, le plus grand des Initiés, l'Initié initiant qui survit chacun de ses fils spirituels

Comme est connu Enoch, nom porté par plusieurs personnages bibliques et orthographié Enoch ou Hénoch. Il figure à quatre reprises dans l'Ancien Testament, trois fois dans la genèse et une fois dans l'Ecclésiastique. Personnage antédiluvien, il est donné comme fils de Caïn, donc petit-fils d'Adam et Eve (Genèse IV, 17-18) ou bien toujours de la descendance d'Adam mais à la septième génération, fils de Jared et descendant de Seth, dernier fils qu'eut Adam (Genèse V, 18,19). Cet Enoch «âgé de 65 ans eut un fils Mathusalem, marcha 300 ans avec Dieu et il engendra encore des fils et des filles». «Tous les jours d'Enoch, dit la Bible, furent de 365 ans». Sa fin est signalée par les versets 23 et 24 « Enoch marcha avec Dieu, puis il ne fut plus parce que Dieu le prit ». Après le déluge, toujours dans (Genèse XLVI, 9), Enoch se trouve être le premier fils de Ru ben qui était lui-même le premier né de Jacob. En conséquence cet Enoch serait le petit-fils de Jacob donc l'arrière-petit-fils d'Isaac et Rébecca de la souche immédiate des Douze Tribus d'Israël. Enfin l'Ecclésiastique l'évoque en disant « Enoch a été transporté pour servir aux nations d'exemple de repentir ».

Dans le Nouveau Testament il est fait mention d'Enoch dans l'Epître aux Hébreux (XI, 5) où Saint Paul affirme que « par la foi Enoch fut enlevé pour ne point passer par la mort» et dans l'Epître de St Jude (1,14) l'apôtre prétend «qu'Enoch le septième depuis Adam a prophétisé contre les impies ». C'est évidemment le personnage du chapitre V de la Genèse, celui de la septième génération après Adam qui est pris en considération et reconnu par le Nouveau Testament. Son élévation miraculeuse au ciel sera un thème qui, bien qu'ignoré de St Jean et de St Mathieu se trouve signalé par St Marc et St Luc, ce dernier situant même avec précision le phénomène de l'ascension du Christ 40 jours après Pâques dans les Actes des Apôtres (I, 3, 9 et 11). Inspiré par la légende d'Enoch, rédacteur d'Evangile, auteur présumé des Actes et médecin, St Luc est-il le bienfaiteur à qui nous devrions la transmission du fait miraculeux et en même temps la célébration de la fête avec prescription du repos.

LE LIVRE D'ENOCH : D'aucuns pensent que nous devons à Enoch le plus vieux livre du monde. Le livre d'Enoch était bien en effet un ouvrage que lisaient les premiers chrétiens. Il appartient au genre apocalyptique, contient des visions et des paraboles relatives à la fin du monde et fait allusion à des anges descendus sur la Terre. Considéré comme apocryphe on a le loisir d'interpréter ce mot, à la fois dans son sens littéral dérivé du grec (apokykos) caché, tenu secret, et dans son sens d'emploi courant où il qualifie un texte faussement attribué à un auteur. Anatole France écrit par exemple «ce qui nous a été conservé du livre d'Enoch est visiblement apocryphe ». Nous devons bien convenir que rien n'est certain en ce qui concerne l'auteur et la date de rédaction de cet ouvrage qui s'étend en 82 chapitres sur la Genèse. Est-il antérieur à la Bible et peut-il se revendiquer comme e premier manuscrit du monde ? C'est vrai que le Zohar ou livre des splendeurs, Bible des Cabalistes fait plusieurs fois mention du Livre d'Enoch. N'est-il qu'une compilation dont les parties les plus anciennes dateraient de 2 siècles avant J.C. tandis que les plus récentes seraient contemporaines de l'ère chrétienne ? Aurait-il été écrit seulement au début du règne d'Hérodote le Grand, c'est-à-dire environ 40 ans avant J.C. ? Il est très difficile de trancher.

Quoi qu'il en soit il est certain que l'ouvrage était connu et lu par les premiers chrétiens. Il a même été admis comme authentique et considéré comme canonique par l'Eglise primitive jusqu'au 4e siècle. Tertullien, apologiste chrétien, le cite d'ailleurs dans ses ouvrages au début du 3e siècle. Tertullien, carthaginois converti au christianisme, devenu prêtre vers la quarantaine, a quelquefois sympathisé avec l'hérésie. Ecarté par l'Eglise à la suite du Concile de Laodicée (366) qui fit défense de parler des anges et des hiérarchies divines, pratiquement condamné, le livre fut abandonné et oublié pendant des siècles. On le croyait perdu ou disparu à jamais. Miraculeusement en 1769, Jacques Bruce retrouva en Abyssinie trois exemplaires manuscrits qui en contenaient une traduction éthiopienne ! Deux copies existent en Angleterre et une à Paris. Ainsi après 14 siècles d'oubli, Jacques Bruce, grand voyageur écossais, descendant plus ou moins authentique par les femmes, des Anciens Rois d'Ecosse, découvre, rapporte et fait connaître le Livre d'Enoch ou tout au moins une copie découverte quelque part en Abyssinie parcourue de 1768 à 1772 par cet intrépide explorateur à la recherche des sources du Nil Bleu. L'événement est extraordinaire. La réapparition subite des manuscrits du Livre d'Enoch à l'époque des lumières les soumet à l'examen et relance une affaire et un débat que l'on avait oubliés depuis longtemps et considérés comme éteints. Depuis, des thèses nombreuses, contradictoires et même parfois des hypothèses où l'imagination se donne libre cours, s'affrontent sur le sujet.

Doit-on penser que le retour de Bruce en Europe en 1772-73, la réapparition après 14 siècles d'oubli et la diffusion du contenu des manuscrits du Livre d'Enoch ont été les motifs, les éléments et finalement les raisons essentielles et déterminantes de l'introduction de la légende d'Enoch dans les Rituels maçonniques dès le début du 19e siècle ? Enoch, personnage de l'Ancien et du Nouveau Testament, retrouvé au 18e siècle, par un livre qui lui est attribué, remis au goût du jour par un Ecossais revendiquant une filiation avec les Rois d'Ecosse, protecteur de la F... M... jacobite, source possible sinon probable du Rite Ecossais, a-t-il été le mythe présentant toutes les qualités requises pour constituer le pivot d'une légende qu'on pouvait aisément inclure dans le symbolisme maçonnique. Dans ce symbolisme, la légende d'Hiram apparue quelque part en Angleterre ou en Irlande vers le milieu du 18e siècle, rapidement intégrée et absorbée par le grade de Maître, a engendré finalement toute la série des Hauts Grades. A l'imitation du psychodrame qui en fut tiré et qui nourrissait les Rituels des Loges symboliques, les grades de vengeances étaient créés pour introduire une suite au meurtre d'Hiram qui ne pouvait rester impuni. Il est possible alors qu'ait été ressenti la nécessité d'une autre légende particulière aux Hauts Grades pour servir d'introduction aux Grades Chevaleresques. Celle d'Enoch retrouvée n'était-elle pas l'occasion opportune ? Son origine biblique et sa nature plaidaient en sa faveur. Un Temple dédié au mystérieux Enoch n'était-il pas un symbole idéal ?

Le personnage aussi apparaissait comme le centre d'un rayonnement éclairant de multiples traditions et le commencement d'une longue marche de l'humanité. Certes, dans la multiplicité des figures de l'Ancien Testament, le choix s'est porté, non pas sur Enoch fils de Caïn, mais sur Enoch le patriarche, fils de Jared, père de Mathusalem et arrière-grand-père de Noé. Personnage antédiluvien, son existence antérieure à la civilisation hébraïque laissant le champ libre à l'imagination des adeptes de l'ésotérisme. On voudra bien convenir que ce qu'apporte d'intéressant Enoch est surtout le fait de sa mort. Pour la première fois dans l'histoire du monde on voit apparaître une conception de la vie après la mort. En effet tout comme Elie prophète de l'Ancien Testament enlevé au ciel dans un char de feu (les Rois), Enoch a été transporté directement au ciel (Genèse v), sans passer par le Shéol, c'est-à-dire l'équivalent sémitique de la conception de Hadès Dieu des Enfers dans la mythologie grecque. Aussi bien avant le Roi David qui l'avait projeté, bien avant le Roi Salomon qui l'a édifié, un autre Temple aurait existé, au même emplacement et c'est Enoch qui l'aurait bâti.

C'est par cette entreprise et par cette entremise qu'Enoch entre dans nos légendes où nous le considérons au fil de notre imaginaire et tour à tour, comme le bâtisseur du plus ancien Temple du Monde, comme le premier maître ascensionné, comme le graveur du nom Ineffable sur la Pierre d'Agate, et que nous l'admettons enfin dans nos Rituels du Rite Ecossais Ancien et Accepté comme le premier Initié du Monde. Il méritait bien l'essai d'un propos afin de le mieux connaître. L'approche ne va pas sans difficulté de toutes sortes et n'est certainement pas exempte d'inexactitudes ou d'erreurs. Mais elle répond à une nécessité et à une exigence qu'on peut formuler en reprenant deux idées majeures puisées dans les dernières études publiées des Travaux de Sources. La première affirme que nos rites s'explicitent par des mythes que celui de la découverte du Temple d'Enoch en est un et qu'il nous invite à faire partir de nous la force de nos commencements, à la chercher non pas derrière nous mais en avant de nous. La deuxième idée confirme que : si au 13e grade, Enoch est présenté comme le premier Initié initiant dont nous sommes les fils spirituels, c'est que la quête de la spiritualité apparaît comme étant vraiment l'exigence centrale des Hauts Grades maçonniques.

 

Au sommaire de cet ouvrage :  Les loges symboliques  -  les couleurs du rite  -  la parole perdue et la Vérité  -  le symbolisme de la Voûte  -  le discours historique du grade au 13e degré  -  Enoch, patriarche antédiluvien  -  la grande légende d’Enoch  -  la vision du Tétragramme  -  le Déluge  -  les 2 colonnes et l’Arche de Noé  -  Moïse  -  l’Exode  - le lion gardien de l’Arche d’Alliance  - le Temple de Salomon  -  la voûte sacré et les couloirs du Palais  -  le temple d’Enoch  -  la descente dans les 9 voûtes  -   la découverte et la remontée du Tétragramme  -   la croix d’Enoch et de Salomon  -  les secrets du grade, les officiers, le nombre 9 et les décors  -  la Loge Royale  -  les triades et le ternaire - 

 

LE CHŒUR DES MAÎTRES. Le travail en séminaire de Maîtres.  Le rituel d’Elévation 

Sophie  PERENNE

Edition La Maison de Vie 

 2012

En Franc-maçonnerie, le grade de Maître est essentiel. Mais est-il suffisamment compris, étudié et surtout vécu ?

 

L’auteur met en évidence l’intérêt de séminaires ou de réunions ayant pour but d’approfondir ce grade parfois difficile d’accès, d’en élargir la vision et de s’interroger sur l’application de la maîtrise en loge et dans la vie. S’appuyant sur une longue expérience, elle dégage l’esprit qui devrait présider à ces réunions et donne des pistes concrètes tant pour leur organisation que pour leur accompagnement. Enfin, elle propose plusieurs interprétations du rituel d’élévation susceptibles d’enrichir le dialogue entre Maîtres.


Ce livre se présente donc comme un outil inédit et indispensable pour tous les maçons désireux de s’enrichir et de comprendre ce qu’ils ont vécu, afin aussi de les préparer à leurs futures responsabilités.

 

Au sommaire de cet ouvrage on y trouve :

Pourquoi faire des réunions ? – avec qui et comment faire ces réunions – l’esprit qui doit présider au travail – Rassembler ce qui est épars – la cérémonie d’élévation – le meurtre – des compagnons qui tuent le Maître et le Maître qui tue DS compagnons – les divers coups portés – la dormition – les outils – les voyages des compagnons et ceux des Maîtres – le relèvement – la chair quitte les os – palingénésie et ordalie – qui est Hiram – a quoi reconnaît-on le Maître ? – le tracé – les responsabilités – la transmission – la parole perdue – les pierres – les lumières – la lettre G – le chiffre 3 – de midi à minuit – je ne sais ni lire, ni écrire – Faut-il tuer le Maître ? - 

 

l’Éclectisme maçonnique suivi de : hermÉneutique maçonnique & philosophie biblique

Patrick negrier

EDITION  IVOIRE- CLAIR

 2003

Née en Angleterre vers 1356, la Franc-maçonnerie opérative anglaise fut d’abord catholique avant de devenir anglicane en 1534. Le contenu biblique des textes fondateurs (Anciens devoirs) de cette maçonnerie opérative atteste l’essence originellement biblique de la maçonnerie. Cependant au fil des siècles la maçonnerie subit diverses métamorphoses qui, en diversifiant son identité primitive, finirent par faire de cette ancienne corporation professionnelle chrétienne une expression moderne de la tradition de l’éclectisme.

 

Vers 1637 la maçonnerie écossaise, de confession calviniste, élabora le rite du Mot de maçon qui contribua à transformer l’ancienne maçonnerie opérative en maçonnerie spéculative. En 1723 les Constitutions d’Anderson et de Désaguliers présentèrent la religion naturelle comme la base morale de l’Ordre maçonnique. Mais l’introduction de la religion naturelle dans les loges y introduisit à sa suite la philosophie ainsi que les diverses formes de déisme qui favorisèrent à leur tour l’apparition de l’athéisme théorique et de la libre pensée dans les loges.

 

Enfin l’exégèse allégorique du temple de Salomon céda le pas en 1696 à l’interprétation symbolique du temple, introduisant ainsi en maçonnerie l’étude de l’ésotérisme. La pénétration successive de ces divers points de vue en maçonnerie n’explique pas seulement la genèse de l’éclectisme maçonnique : elle invite à réfléchir sur les conséquences et sur les enjeux de la coexistence légitime et pacifique de ces divers points de vue au sein du même Ordre maçonnique.

Le second essai de ce recueil, intitulé Herméneutique maçonnique et philosophie biblique, a pour but de rappeler que la culture franc-maçonnique fut d’essence biblique dès ses origines historiques (XIVème siècle), et que la Franc-maçonnerie intégra au fil du temps, à sa tradition, des instruments herméneutiques (arts libéraux, typologie, exégèse symbolique, méthode géométrique, pragmatisme inculqué par le travail, cinq sens, connaissance de soi) qui étaient parfaitement adaptés à la mise en lumière de la philosophie de la Bible.

 

Faits historiques et aspects méthodologiques qui nous invitent à poser la question : quelle fut ou quelle peut être aujourd’hui la contribution de l’herméneutique maçonnique à la mise en évidence de la philosophie biblique ? C’est ce que cet exposé examine avec la plus grande précision possible.

 

LE COMPAS ET L’HERMINE      UN REGARD SUR LA FRANC-MAÇONNERIE  EN BRETAGNE AUJOURD’HUI

Arnaud D’Apremont

Edition Coop Breizh

 2019

Cet ouvrage à caractère historique et sociologique sur la Franc-maçonnerie en Bretagne fait suite à un travail de recherche universitaire conduit par l’auteur dans le cadre de l’Université Rennes-II. Comme pour toutes les autres études de même type, l’intérêt dépasse largement le seul contexte maçonnique pour éclairer des aspects historiques et sociétaux plus larges. D’emblée la question de la Franc-maçonnerie en Bretagne se confronte à des interrogations.

Qu’en est-il de la Franc-maçonnerie dans une région si catholique et résistante à certains bouleversements révolutionnaires ? Comment s’inscrit l’universalisme maçonnique dans une région à forte identité comme la Bretagne ? La Franc-maçonnerie n’a plus à démontrer sa capacité d’adaptation culturelle et sa nature protéiforme. Elle sait se réinventer pour s’inscrire dans les particularités locales.

 

Arnaud d’Apremont a voulu par cette recherche réaliser « une photographie sociologique actuelle de la maçonnerie en Bretagne et surtout de ses différences ». Si l’étude n’est pas historique, elle prend appui sur l’histoire pour mieux mettre en évidence les nuances et les complexités de la Franc-maçonnerie en Bretagne plutôt que l’existence d’une « Franc-maçonnerie bretonne » : « Assurément, nous dit-il, quand il s’est agi d’entamer cette réflexion sociologique sur la maçonnerie bretonne et que, par nature, il était nécessaire de s’adresser à des témoins maçons pour en rassembler la matière, le sens de la démarche ne fut pas toujours compris.