Chapitre10 P -
Z (Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques -
Spiritualité) |
10 P
PANIKKAR -
dieu, yaweh, allah, shiva : l’inÉvitable
dialogue |
Raimon
panikkar |
Edition Le Relié |
2002 |
||
Sa biographie et sa pensée
sont si inextricablement liées que l’on ne peut pas comprendre l’une sans
l’autre. L’auteur a fait le pari, risqué et difficile, d’écrire une
biographie qui rende compte de l’influence des évènements de sa vie dans le
développement de sa pensée et vice-versa. Pour justifier cette
approche, Maciej Bielawski mentionne dans son introduction, avec
raison, que Panikkar, bien qu’il fût un auteur très prolifique, était un
philosophe dont la biographie comptait autant que sa bibliographie. C’était
le pari que comme biographe il devait relever. Il l'a fait en mettant
l'accent sur les écrits inspirés par les événements de sa vie. C’est pour
cette raison que nous pourrions présenter sa biographie, comme une «
biographie intellectuelle ». Le troisième texte écrit à
cette époque est une préface à l’édition en espagnol du livre de Jean
Guitton, La Vierge Marie, publié dans une collection de spiritualité de la maison
d’édition Patmos (appartenant à l’Opus Dei) que Panikkar lui-même dirigeait.
Cette préface lui attirera des problèmes du fait que le livre en question,
dans sa première édition en français (1949) et en espagnol (1952), fut
condamné par le Saint Office. Le livre parut dans une nouvelle édition
expurgée de certains passages, mais la préface de Panikkar avait été faite
dans la traduction en espagnol de l’édition originale en français. Il est
évident que des phrases telles qu’on les trouve dans la préface « Au ciel,
c’est-à-dire, en Dieu, il y a un corps d’homme et un corps de femme»; ou
encore « Marie ne suit pas une doctrine, elle vit et agit. Elle attire et
stimule, tout en nous poussant », n’étaient pas admissibles par l’orthodoxie
catholique et les dirigeants de l’Opus Dei en 1952. Cette préface eut comme
conséquence qu’il fut démis de ses fonctions à Patmos et envoyé à Rome, suite
à la dénonciation du Cardinal Segura, qui ameuta le fondateur de l’Opus Dei,
Escrivà de Balaguer. Mde Bielawski souligne qu’on trouve en germe dans ce
texte la notion même de cosmothéandrisme, qu’il développera ultérieurement;
Marie dans sa corporalité, représenterait la dimension cosmique. Alors que le
Christ serait théandrique (theos Dieu et ander homme). L’union du Christ et
de Marie constituerait dans les faits un cosmothéandrisme. |
PANIKKAR
- Éloge du simple |
Raimon
panikkar |
Edition
Albin Michel |
1995 |
«
Personne qui aspire de tout son être à atteindre le but ultime de la vie en
renonçant à tout ce qui n’est pas indispensable ». C’est la quête d’une
bienheureuse simplicité à travers le monachisme. Mais ce livre est bien plus
que cela, il définit en 9 sutras ou principes fondateurs le « canon du
disciple » soit |
PANIKKAR
- entre dieu et le cosmos |
Raimon
panikkar |
Edition
Albin Michel |
1998 |
Ce
maître spirituel né d’un père hindou et d’une mère chrétienne, a toute sa vie
prôner le rassemblement inter religieux, il a recherché l’unité et la
simplicité, il invite en permanence à découvrir la nature non dualiste du
réel. Dans cet ouvrage qui est un entretien avec G. Jarczyk, il nous livre sa
vision trinitaire de la réalité entre l’homme, Dieu et le Cosmos. Il nous
parle d’Orient et d’Occident, de la Bible, des Vedas, du Christ, de Bouddha,
de l’injustice, de la Foi, de l’éthique de la science et de l’expérience
mystique. A
l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, Dieu a confié la mission
d'unifier le cosmos. Et comme le Christ a unifié en lui-même l'être humain,
en l'homme le Créateur a unifié le cosmos. Il
nous a montré comment unifier dans la communion du Christ le cosmos et
arriver ainsi réellement à un monde racheté. A cette puissante vision
salvifique fait référence l'un des plus grands théologiens du vingtième
siècle, Hans Urs von Balthasar, qui - "relançant" la figure de
Maxime - définit sa pensée par l'expression emblématique de Kosmische
Liturgie, "liturgie cosmique". Au centre de cette solennelle
"liturgie" se trouve toujours Jésus Christ, unique Sauveur du
monde. L'efficacité de son action
salvifique, qui a définitivement unifié le cosmos, est garantie par le fait
que, bien qu'étant Dieu en tout, il est aussi intégralement homme - étant
également comprise l'"énergie" et la volonté de l'homme. La vie et la pensée de Maxime
restent puissamment illuminées par un immense courage
dans le témoignage de la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction
ou compromis. Et ainsi nous apparaît qui est vraiment l'homme, comment nous
devons vivre pour répondre à notre vocation. Nous devons vivre unis à Dieu,
pour être ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, en donnant au cosmos lui-même
et à l'humanité la juste forme. Le "oui" universel du Christ, nous
montre également avec clarté comment donner leur juste place à toutes les
autres valeurs. Nous pensons à des valeurs qui
sont aujourd'hui à juste titre défendues, comme la tolérance, la liberté, le
dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait plus distinguer entre le bien et
le mal deviendrait chaotique et autodestructrice. De même: une liberté
qui ne respecterait pas la liberté des autres et ne trouverait pas la commune
mesure de nos libertés respectives, deviendrait anarchie et détruirait
l'autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur quoi dialoguer devient un vain
bavardage. Toutes ces valeurs sont grandes et
fondamentales, mais elles ne peuvent demeurer de vraies valeurs que si elles
ont un point de référence qui les unit et leur donne leur véritable
authenticité. Ce point de référence est la synthèse entre Dieu et le cosmos,
c'est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité sur
nous-mêmes et nous apprenons ainsi où placer toutes
les autres valeurs. Tel est le point d'arrivée du témoignage de ce grand
Confesseur. Et ainsi, en fin de compte, le Christ nous indique que le cosmos
doit devenir liturgie, gloire de Dieu et que l'adoration est le commencement
de la vraie transformation, du vrai renouveau du monde. |
PANIKKAR -
initiations aux vedaS |
Raimon
panikkar |
Edition
ACTES SUD |
2003 |
Raimon
Panikkar, prêtre et philosophe considéré comme l’un des grands penseurs du
siècle, présente ici une initiation aux Vedas, ces textes religieux et
poétiques qui forment les premiers documents littéraires de l’Inde. Une
des plus belles manifestations de l’esprit est indubitablement celle qui nous
est parvenue sous le nom générique de Veda. Le mot Veda, qui en sanskrit
signifie « connaissance suprême, révélation », désigne un corpus de
littérature religieuse parmi les plus anciens de l’humanité, il apparait au
nord de l’Inde 2000 ans avant J.C. Les
Veda contiennent les quatre grands recueils que sont : Rigveda,
Samaveda, Yajurveda et Atharvaveda, ainsi que les Upanishad et la Bhagavad
Gita ; ils furent au début chantés et récités, puis écrits dans
l’ancienne langue indo-aryenne : le védique, antérieure au sanscrit
classique. Au sommaire de ce petit livre :
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panikkar –
la plÉnitude de l’homme |
Raimon panikkar |
Edition
ACTES SUD |
2007 |
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La
rencontre des cultures n’est pas une option facultative mais une nécessité
vitale de notre temps. Il
a écrit plus de quarante livres en de nombreuses langues, parmi lesquels
l’Expérience de Dieu (Albin Michel, 2002), La Trinité, une expérience humaine
primordiale (Le Cerf, 2003) et, chez Actes Sud : Une christophanie pour notre
temps (2001), Initiation aux Veda (2003), Le Silence du Bouddha (2006).
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PANIKKAR
- la trinitÉ – une expÉrience humaine primordiale |
Raimon
panikkar |
Edition
du CERF |
2003 |
On
croit que la Trinité est une exclusivité de la théologie chrétienne, en
réalité elle se trouve exprimée sous d’autres symboles dans la plupart des
cultures humaines. La trinité ne nous parle pas seulement de la profondeur de
ce qui est transcendant, mais aussi de la hauteur de ce qui est humain et de
la réalité de ce qui est terrestre. Toutes les traditions se retrouvent dans
cette intuition trinitaire qui cherche à atteindre les racines de toute
réalité. Les chrétiens sont baptisés « au
nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur
prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les
épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit :
c’est la Trinité. L’homme n’est pas capable d’imaginer
un Dieu unique qui existe en trois personnes. C’est Dieu qui nous a révélé ce
mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a
révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et
originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu
avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis
et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les
instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13).
Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine. La Trinité est Une : nous ne
croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le
Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout
entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres
dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre
commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion
avec chacune des trois personnes. |
panikkar –
le silence de bouddha |
Raymond panikkar |
Edition
ACTES SUD |
2006 |
Lorsqu’on
lui pose les questions ultimes de la religion, Bouddha se tait. Pourquoi ? Le
bouddhisme est-il une religion athée ? Peut-on dire que l’athéisme moderne
est une nouvelle religion ?
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PANIKKAR -
lettre sur l’inde |
Raimon
panikkar |
Edition Casterman |
1963 |
Parmi
les pays du Tiers-monde, l’Inde tient une place éminente par son poids
démographique, par sa position politique, par sa culture ancienne, par son
spiritualisme traditionnel. Son évolution actuelle peut avoir pour l’avenir
de notre planète une importance considérable.
D’autres
sont des reportages, souvent bien faits, mais qui restent trop à la surface des
choses pour nous permettre de pénétrer au-delà des apparences et des
impressions premières. |
PANIKKAR -
l’expÉrience de dieu |
Raimon
panikkar |
Edition Albin Michel |
2002 |
L’auteur
nous entraîne dans ses réflexions et développé ses idées sur Dieu, le silence
intérieur et son approche mystique et métaphysique. Nous devons apprendre à être
silencieux. Trouver le silence est simple. Il n’est pas nécessaire de
chercher à s’isoler dans une montagne, un désert ou une forêt. Il n’est pas
nécessaire de fuir le bruit et de devenir grincheux dès qu’une porte claque.
Il suffit de faire silence en soi pour, aussitôt, trouver le silence. Le
silence est un compagnon éternel. A peine avons-nous dit qu’il
fallait apprendre à être silencieux que la possibilité d’une fausse interprétation
se dresse. Être silencieux ne veut pas dire se forcer au silence, s’imposer
le silence. Si nous faisons cela, nous prenons les mots pour des réalités. Si
nous faisons cela, nous nous imposons une contrainte disciplinaire et notre
silence ne sera qu’un certain mode de crispation, de censure toute
superficielle. Il ne s’agit pas de jouer au silence ou de faire semblant. Il
n’est pas question de plaquer, sur notre babillage ou notre tumulte
intérieur, la carapace d’une attitude artificielle qui serait le fruit d’un
effort. Il faut trouver le silence. C’est
quelque chose de beaucoup plus simple et de beaucoup plus profond. S’imposer
une contenance ou une contrainte n’a aucun intérêt. Ce qui en a, c’est de
s’éveiller à la présence du silence. Le silence est toujours en nous,
éternellement. Il faut prendre conscience du silence qui perdure derrière le
petit et décevant tourbillon de nos pensées, s’entrecroisant et se bousculant
comme des insectes aveugles. Derrière, juste derrière les formulations mentales,
immédiatement perceptible, l’étonnant silence étend son rivage. Pour le
percevoir, il faut être attentif, réaliser une forme d’attention
particulière. Il faut écouter, prêter l’oreille au silence. Il se peut qu’au
début notre prétentieuse cacophonie intérieure nous en empêche. Mais celui
qui cherche à la dépasser et à écouter derrière finit par trouver le silence. Une espèce de déclic intérieur se
produit et le silence nous est perceptible. Les bruits du monde continuent à
frapper nos oreilles, mais ils ne nous importunent pas, car, venant de
beaucoup plus loin, nous sentons le silence déferler sur nous. Un silence
imperceptible pour l’oreille humaine et que seul l’esprit peut percevoir.
Alors, bercés dans le sein de cet immense silence, nous acquérons un nouveau
regard qui est un Éveil. La vie, en son inexprimable simplicité originelle,
nous apparaît. L’existence revêt une saveur spéciale, accompagnée d’étranges
résonances. Nous réalisons que l'existence humaine n'est qu'une onde colorée
traversant la surface d’un silence sans fond. Dès lors, lorsque, ayant
négligé la profondeur des réalités intérieures, nous nous serons perdus et
oubliés dans le tourbillon des apparences superficielles du monde extérieur,
nous saurons que, pour remettre les choses à leur place, il nous suffit
d’écouter le silence, d’évoquer cet éternel compagnon. Lorsque le silence
intérieur est présent, le monde extérieur cesse d’être un enfer d’insouciance
accaparante, pour devenir un paisible éden. Paradis et enfer sont dans notre regard. Sur celui qui connaît le silence
et reste en sa présence, les déchaînements du monde extérieur n’ont pas de
prise. Ils glissent telle l’eau sur les plumes de l’oiseau. Apprenez donc à
être silencieux. Dans votre vie quotidienne, faites une place au silence, ce
grand instructeur. Au sein de vos activités, sans rien interrompre, ouvrez
l’oreille de votre esprit et, derrière les bruits, en l’absence de
cogitation, écoutez le silence... Penser à la présence du silence, c’est
commencer à le percevoir, car la pensée est une évocation. Une évocation qui,
au sens magique de ce terme, appelle et provoque la manifestation de ce qui
est invoqué. Dans le silence, la pensée se dissout et l’Être véritable
apparaît. Au sommaire Panikkar parle de DIEU, du silence intérieur,
de la Foi, un discours sur un symbole et non sur un concept, DIEU n’est pas
l’unique symbole du divin, la croyance, le Yin, la conception chrétienne du
divin, distinction entre Jésus et le Christ, l’Amour, la Joie, la Souffrance,
le Mal, le Pardon, la Nature. |
PANIKKAR - PAIX ET DÉSARMEMENT CULTUREL |
Raimon Panikkar |
Edition Actes Sud |
2008 |
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Troisième partie : Le désarmement culturel comme condition de paix - Qu’est – ce que la paix ? - le mythe unifiant - un emblème de la paix - Harmonie, liberté et justice - complexité et obstacles de la paix - l’idéal militaire - l’échelle humaine et la science moderne - la cosmologie évolutionniste - les chemins pour la paix - la réconciliation et le dialogue - |
PANIKKAR – PÈLERINAGE AU KAILASH |
Raimon Panikkar et Milena Carrara |
Edition du Cerf |
2011 |
En 1994, Raimon Panikkar et Milena
Carrara partent pour le mont tibétain du Kailash. Ils en rapportent ce
journal à deux voix qui relatent un double pèlerinage, à la fois intérieur et
extérieur. L'enjeu est de vivre, à chaque pas, la Vie. Ce voyage vers la
montagne sacrée devient ainsi un parcours initiatique d'ouverture du
troisième œil et du cœur. S'y noue aussi une délicate et profonde relation de
disciple à maître, qui conduit Milena à s'abandonner avec confiance au
Mystère. |
PANIKKAR - PLURIVERSUM - POUR UNE DÉMOCRATIE DES CULTURES |
Raimon Panikkar |
Edition Cerf |
2013 |
La pensée de Raimon Panikkar est, au moins en France, à la fois célèbre et méconnue. C'est pourquoi Serge Latouche propose, pour la première fois, une anthologie de textes particulièrement représentatifs de la philosophie politique et culturelle du théologien et philosophe indo-catalan. A partir de la notion de pluriversum,
monde à la fois pluriel et pluraliste, ce recueil aborde successivement : la
diversité des cultures et de la relativité culturelle ; la question du temps
et les possibilités de construction d'une société juste ; la critique du
technocentrisme et l'après-développement. Ordonné prêtre en 1946, il enseigne en Inde à partir de 1954, puis, en 1966, devient professeur de philosophie orientale à Harvard et à Santa Barbara en Californie. Après sa retraite en 1987, il rejoint l'Espagne pour s'installer définitivement à Tavertet, petit village de montagne situé dans la province de Barcelone où il a créé la Fondation catalane Vivarium, chargée de promouvoir la tolérance et le dialogue entre les religions à travers le monde. Il fut un des promoteurs du dialogue interreligieux hindou-chrétien. Il en avait fait sa recherche et son enseignement tant en Inde (où il put rencontrer le père Henri Le Saux avec qui il fit le pèlerinage aux sources du Gange) qu'aux États-Unis. Auteur de plus 80 ouvrages et 900 articles sur la philosophie des sciences et les religions comparées, notamment "El concepto de la Naturaleza" (Le concept de la Nature), "La trinidad y las religiones del mundo" (La trinité et les religions du monde) et "El dialogo interreligioso" (Le dialogue interreligieux). Raimon Panikkar est titulaire, entre autres, du Prix National de Littérature et du Prix international d'essai Antonio Machado. En 1999 il reçoit la Croix de San Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne. Il décède en 2010.
La dialectique de la raison armée - le défi métaphysique - en dernière analyse toutes les religions sont vraies, mais sont également fausses - les religions sont des affaires privées et des produits historiques - Méditations européennes sur 500 ans de colonisation - le choc de l’Amérique - les Lumières et les guerres de religion - les guerres mondiales - Réflexions religieuses et philosophiques - l’obsession de l’universalité - la conscience historique - l’individualisme - métanoïa obligatoire - dépassement de l’isolement - désoccidentalisation du monde - alternatives à la culture moderne - l’American way of life - l’ordre transitoire est séculier et pluraliste - le défi de la modernité - La tempiternité : temporalité des cultures - approximation phénoménologique - le temps de l’attente - le temps perdu et accéléré - le caractère circulaire du temps - la circonférence est indéfinie - le centre est indistinct - le cercle est limité - la question Théo-sociologique - Temps et histoire dans la tradition de l’Inde : Kâla et Karman - le temps comme pouvoir cosmique - le Destin - le temps pouvoir de Dieu - l’herméneutique linguistique - intériorisation et dépassement du temps - mythe et histoire : itihâsa et purâna - Aperception empirique du temps par Bettina Baumer - le temps dans la grammaire sanscrite, dans le calendrier, l’astrologie, les fêtes - temps mythique et âges du monde - Temps et sacrifice - le temps sacrifié - la tension permanente entre l’éternel et le temporel - le sacrifice comme moyen universel de traiter la tension - conception védique et chrétienne du sacrifice - phénoménologie du sacrifice - la nature intemporelle de l’acte temporel de conscience - la sacralité du travail séculier - Le technocentrisme - l’émancipation de la technologie - le bien être des peuples et ses symboles - les divers développements des technologies - Différences entre la technique traditionnelle et la technique contemporaine - Tolérance, idéologie et mythe - la loi de la tolérance et ses quatre moments - |
PANIKKAR -
une christophanie pour notre temps |
Raimon
panikkar |
Edition Actes Sud |
2001 |
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Christophanie désigne la révélation du Christ
à la conscience humaine et la réflexion critique à son sujet. Elle ne
s'écarte pas de la christologie si ce n'est qu'elle souligne. Une réception
plus passive de l'impact du Christ en regard d'une recherche plus
combative, par la raison humaine, pour son intelligibilité. Une réintégration
de la figure du Christ dans une vision cosmologique, tende à être une
sagesse qui révèle la signification de quelque chose ayant la prétention
d'être la Voie, la Vérité et la Vie. Une intégration des équivalents
homéomorphiques de ce que les chrétiens appellent le Christ afin que la
christophanie, englobe toute épiphanie sacrée ou divine et s'engage dans un
discernement critique. Elle étudie comment les autres traditions ont
interprété la compréhension chrétienne du Christ et les interprétations
respectives des équivalents homéomorphiques correspondants. La
christophanie est le fruit du dialogue avec les autres religions autant
qu'une interprétation de sa propre tradition, peut-être en contraste avec le
contexte moderne. Les autres religions ne sont pas non plus considérées comme
adversaires ou païennes mais sont reconnues dans leur propre compréhension de
l'équivalent homéomorphique de la problématique chrétienne du Christ.
La visée principale n'est pas de mieux comprendre les autres traditions,
moins encore de les convertir ou de les réfuter, mais de mieux et plus
profondément entrer dans le mystère du Christ. Le dialogue se fixe pour but
de mieux nous comprendre nous-mêmes et d'intégrer, parmi d'autres choses,
comment les autres nous interprètent. Les autres religions du monde -
non pas comme les chrétiens les ont interprétées, mais comme elles se
définissent elles-mêmes - sont des locii theologici pour la
christophanie que nous proposons. . |
PAR LES CHEMINS DE VIE ET D’ŒUVRE -
ENTRETIENS AVEC MIREYA de ALSÓN |
Jean
BIÈS |
Edition
Les deux Océans |
2001 |
Loin
des tapages médiatiques, l’œuvre inspirée et foisonnante de Jean Biès révèle
lentement son unité diverse aux chercheurs de vérité. En l’espace de 6
entretiens, un homme individué s’exprime en toute liberté, il nous raconte
ses années de jeunesse et de formation, ses initiations de vie, les étapes de
sa réflexion et de sa quête intérieure. Le
témoin qu’il est de son temps, nous parle de politique et de la crise des
valeurs ; l’enseignant qu’il a été, de son métier et de ses idées
pédagogiques ; l’écrivain prolifique nous fait partager ses conceptions
littéraires, et le philosophe aux champs nous confie son amour de la nature
et de la musique. L’aventurier
de l’âme souligne l’importance du féminin et de la psychologie des
profondeurs, et celui de l’esprit, analyse les notions d’ésotérisme et
d’enseignement traditionnels. Le visiteur de l’Inde évoque les apports de
l’Hindouisme, et le pèlerin de l’Athos, les dimensions de l’Orthodoxie et sa
beauté. Cette
ouverture à tant de domaines ne fait pas de Jean Biès un esprit éclectique et
dispersé, tout se retrouve au contraire, dans sa vie comme dans son œuvre,
concentré, unifié dans la lumière de l’Être, lieu de la conciliation des
contraires mais aussi lieu de transformation. C’est
ce que montrent ces entretiens, marqués de gravité et teintés d’humour, où
s’harmonisent humanisme et spiritualité, Occident et Orient, théorie et
pratique, parole et silence. Ils sont une récapitulation des conclusions
auxquelles l’auteur est parvenu au terme de 50 années de recherches, de
voyages et d’expériences ; bilan d’une expérience et d’une existence,
synthèse d’une pensée qu’une biographie en fin de l’ouvrage complète. |
parlez-moi de solitude & de silence |
h. exley |
Edition
EXLEY |
1999 |
Prendre
du temps pour soi dans ce monde de bruit et d’agitation, voici à quoi vous
invite ce magnifique livre. Ayez le toujours à portée de main, il vous aidera
à vous accorder à vos vraies valeurs intérieures, il vous procurera un
extraordinaire sentiment de paix profonde. Je n’ai jamais trouvé de compagnon qui ne soit plus
agréable que la solitude et le silence. Nous sommes la plupart du temps plus
isolés quand nous sommes parmi les hommes que quand nous restons dans nos
chambres.” Vous n’avez pas besoin d’être un moine pour trouver la solitude,
tout comme vous n’avez pas besoin d’être un ermite pour l’apprécier. La solitude/silence est un art perdu en ces jours
d’ultra-connexion, et bien que j’apprécie la beauté de cette communauté
globale, je pense que nous avons besoin de nous en éloigner de manière
régulière. Quelques-unes de mes activités favorites incluent de s’assoir
devant l’océan, dans le moment présent, le contemplant… marcher, seul avec
mes pensées… me déconnecter et juste écrire… trouver le calme dans un bon
roman, j’aime être avec mes proches, et marcher avec un ami ou regarder le
coucher du soleil avec ma femme ou lire un livre avec mes enfants font
également partie des choses que j’aime le plus au monde. Mais la solitude et son silence, en ces jours plus
que jamais, est une nécessité absolue. Les plus belles créations naissent
dans la solitude, pour de bonnes raisons: c’est seulement quand nous sommes
seuls que nous pouvons chercher en nous-mêmes et trouver la vérité, la
beauté, l’âme. Quelques-uns des philosophes les plus célèbres faisaient des
promenades quotidiennes, et c’était pendant ces promenades qu’ils ont trouvé
leurs pensées les plus profondes. Voici juste quelques-uns des bénéfices de cette
solitude et de son silence: Du temps pour penser en étant seul, nous
apprenons à apprendre qui nous sommes nous faisons face à nos démons, et nous
nous arrangeons avec eux - de l’espace pour créer de l’espace pour se
reposer, et trouver la paix - du temps pour réfléchir à ce que nous avons fait,
et en apprendre quelque chose - l’isolation des influences des autres nous
aide à trouver notre propre voix - le calme nous aide à apprécier les petites
choses que nous perdons dans les problèmes quotidiens – Un des meilleurs moyens pour trouver la
solitude, est de sortir et apprécier la pleine nature. Marcher, trouver un
parc ou une plage ou une montagne, trouver un café calme, trouver un endroit
ombragé pour se reposer. Observer les gens, ou observer la nature.
- Essayez de prendre un bain calme et relaxant de temps en temps. -
Pelotonnez-vous avec un bon livre. - Faites une promenade chaque jour.-
Prenez une bonne tasse de thé.- Essayez de vous assoir en pleine conscience,
et de vous concentrer sur votre respiration alors qu’elle entre et qu’elle sort.
Quand votre esprit s’égare vers des pensées du passé ou du futur, prenez-en
patiemment conscience, et retournez calmement à votre respiration. “Je vis dans une solitude qui est douloureuse dans
la jeunesse, mais délicieuse dans les années de la maturité.” ~Albert Einstein |
paroles des deux mondes |
Richard moss |
Edition
LE RELIE |
1997 |
Ce recueil de réflexions de sagesse pour aujourd’hui est organisé autour de huit thèmes : la méditation, l’attention, le mystère, l’amour inconditionnel, la guérison, la conscience corporelle, l’alchimie de la relation, l’éveil de l’âme. Ainsi
que le dit Marie de Hennie dans sa préface : « à quoi Richard Moss nous
invite-t-il ? S’il parle de l’Éveil, il ne s’agit pas d’une expérience
exceptionnelle ou extraordinaire. Il
s’agit d’accepter la vie que nous avons dans ce qu’elle a de quotidien et
d’ordinaire, de « tout simplement humain ». Pour cela un seul chemin, aussi
simple qu’exigeant, celui de devenir « disciple de la Vie », de la servir
avec présence et attention. « Quand
j’enseigne, les mots jaillissent spontanément, portés par un courant
d’énergie ou de présence. Ils s’écoulent d’eux-mêmes, s’organisant en des
voies inattendues, parfois d’une étonnante acuité, et qui bien souvent
viennent stimuler chez les auditeurs comme en moi des espaces profondément
ressentis. Oui, ce sont bien là paroles des deux mondes – nous faisant entrer
dans une relation plus profonde avec nous-même qui en même temps devient une
perception nouvelle de notre univers. » |
pÉlerin de l’absolu |
Marc
Alain descamps |
Edition
TRISMEGISTE |
2007 |
||
C’est
de plus un livre miroir. Chacun n’y voit que ce qu’il est ou le niveau qu’il
a atteint. Ceux qui n’ont pas eu cette recherche intime de l’absolu n’y
voient que l’anecdote, le guide touristique ou la biographie….Un miroir est
aussi un objet sacrifié, qui n’existe pas car il est invisible. Un miroir
doit s’effacer et ne pas être vu et surtout pas regardé. Le miroir réfléchit
sans être vu. On ne regarde jamais un miroir, on ne voit que le reflet. On se
voit, on se regarde, on se contemple en lui. Mais le miroir on ne le voit pas.
Si on le regarde pour l’étudier ou le nettoyer, on ne voit plus ce qu’il
renvoie. Comme un pur renvoi vers quelque chose d’autre, le personnage
s’efface complètement devant la mission, le pèlerin dans le Pèlerinage.
Le but de ce livre est d’amener le lecteur à se dire « mais
moi aussi je suis un pèlerin, je le savais déjà ou je le découvre à sa
lecture » ou bien « désormais je deviens un pèlerin de l’absolu, par une
conversion soudaine, car il n’y a rien de plus important dans ma vie ». |
PENSÉES SUR LA MORT |
A.
COMTE – SPONVILLE |
Edition
ALBIN MICHEL |
2000 |
Platon
a dit « Philosopher c’est apprendre à mourir » l’auteur
nous entraîne chez les partisans du néant et chez ceux qui prônent une autre
vie après la mort. |
PENSÉES SUR LA SAGESSE |
A.
COMTE – SPONVILLE |
Edition
ALBIN MICHEL |
2000 |
Diverses
étymologies nous parlent de la sagesse – SOPHIA, Philosophia, Sapienta, mais
qu’est-elle ? Est-elle ce savoir lié à l’intelligence, la pensée, la
connaissance.
|
PENSÉES SUR L’HOMME |
A.
COMTE – SPONVILLE |
Edition
ALBIN MICHEL |
2000 |
L’auteur
philosophe reconnut essaie de définir l’homme à travers son histoire et sa
complexité. |
petite mÉditation sur le mystÈre de l’amitiÉ |
Anselm
grün |
Edition
ALBIN MICHEL |
2004 |
Dans
un monde où le tissu familial se déchire si souvent, où la situation des individus
est soumise à tant de changements parfois brutaux et traumatisants, l’amitié
prend de plus en plus de place dans les relations humaines. L’Ami demeure un
repère dans le tourbillon d’une vie sujette à la précarité affective et
sociale. L’Ami
partage nos plaisirs et nos joies, nous aide à aller au fond des choses, à
devenir vraiment nous-mêmes.
Sans
revendiquer une quelconque exhaustivité, sans esprit de système, il nous
offre plutôt une suite de courtes méditations inspirées par un vécu et par
une solide culture spirituelle. |
petit manuel d’Émerveillement |
Erik
sablḖ |
Edition
DERVY |
2004 |
Ce
petit manuel nous propose d’oublier tous les systèmes, de nous dépouiller de tous
les savoirs, de toutes les habitudes, pour nous ouvrir à ce regard
constamment neuf qui émerveille le monde. En redevenant simple, nous pourrons
aborder le Grand Mystère Originel. |
PETIT
TRAITÉ DE LA CONNAISSANCE DE SOI |
José Le Roy |
Edition Almora |
2013 |
« Connais-toi toi-même » pouvait-on lire sur le Temple de Delphes. Qui suis-je en effet ? C’est là une question essentielle de notre existence, mais comment y répondre ? Peut-on même y répondre ? A travers un vaste panorama des philosophies d’Orient et d’Occident, en s’appuyant sur des textes des maîtres spirituels des principales traditions ; José le Roy montre que ce que nous sommes vraiment, n’est pas ce que nous paraissons être. Ce livre nous invite à un voyage vers le centre de nous-même où de profondes et étonnantes découvertes nous attendent, pour notre plus grand plaisir. Au sommaire et en résumé de cet ouvrage : Pourquoi chercher à se connaitre ? - La connaissance de soi conduit à la Sagesse - Découverte de l’Absolu - Savons-nous qui nous sommes ? - L’homme est ignorant de soi - Pour se connaitre, il faut se préparer - Pourquoi semble-t-il difficile de se connaitre ? - Difficile d’être objectif avec soi-même - Le chercheur est le cherché, d’où la difficulté de la connaissance de soi - Suis-je conscient d’être conscient ? - La conscience est sa propre lumière - La conscience de soi n’est pas divisée en sujet et objet - La conscience de soi est non-duelle - Comment se connaitre dans l’Advaita vedanta indien ? - La connaissance de soi est essentielle - L’ignorance masque le Soi - C’est en ôtant les voiles que le soi s’automanifeste - Qui suis-je ? ou que suis-je ? - La connaissance de soi est une autorévélation - La connaissance de soi se donne dans une intuition non-duelle - Pour se connaitre, il faut se séparer de ce que nous ne sommes pas - Suffit-il de lire sa carte d’identité pour se connaitre ? - Identification aux caractéristiques sociales - La personnalité sociale est un masque - Il ne s’agit pas de nier ces masques mais de s’en libérer - Suffit-il de se regarder dans un miroir pour se connaitre ? - Narcisse - Le corps change, pas le « je » - Le corps est divisible, pas la conscience - Notre véritable identité n’est pas le corps - La connaissance de soi est-elle une connaissance morale ? - La connaissance morale nous apprend nos défauts et qualités, mais ne dit pas ce que je suis - Au-delà de la morale nous devons chercher l’essence du « je » - Suis-je mes pensées ? - Nous sommes identifiés à nos pensées ce qui génère stress et instabilité - les pensées changent, le sujet non - Nous sommes le témoin de nos pensées - La découverte que nous pouvons dépasser nos pensées, nous donne la paix et la liberté - Suis-je ce dont je me souviens ? - La mémoire - Nous nous identifions à nos souvenirs - Nous ne sommes que le témoin de nos souvenirs - Ce que nous sommes, existe au présent -Le « je suis » n’a pas d’âge - Qu’est-ce que je suis ? - Nous sommes la conscience au-delà de la mémoire, des pensées, du caractère, du personnage social et du corps - Notre véritable nature est la conscience pure, le « je suis » - Soi ou non-soi ? - Les bouddhistes considèrent que le moi est vacuité - Nous sommes rien et tout à la fois - Les manières d’exprimer la connaissance de soi sont diverses et variées selon les traditions et les philosophies, mais l’expérience est unique - Que veut dire se connaitre ? - Exercices d’éveil - Découvrir sa vraie nature est une expérience d’expansion de la conscience - La conscience est non-duelle - La connaissance de soi n’est-elle pas une ignorance de soi ? - La connaissance de soi est paradoxale - La connaissance de soi est aussi une ignorance de soi - |
PETIT TRAITÉ DE LA JOIE |
Erik Sablé |
Edition Dervy |
2015 |
||
Leurs cousins les épicuriens sont à la recherche du bonheur – bonheur qui se résume pour eux à l’absence de souffrance : pas de quoi se réjouir et encore moins éclater de rire. Épicure, ami de la vie simple et ennemi du luxe, guide tout à fait acceptable pour les ennemis du trop de consommation, ne porte pas à l’enthousiasme. Enquêtons du côté de Leucippe, un penseur de la Grèce antique qui semble tenir la joie comme le but de la vie. En fait, il nous parle surtout de cette jubilation esthétisante particulière, éprouvée face au spectacle des belles et des bonnes choses. Sans doute les Anciens étaient-ils trop contemplatifs, le regard braqué vers le ciel des belles idées et des idéaux élevés, pour apprécier le dynamisme du sentiment de joie. Pourtant, la joie est essentielle pour Spinoza ou Nietzsche qui voient en elle un synonyme d’existence, ou pour Bergson qui la fait rimer avec « élan créateur ». Robert Misrahi, longtemps titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne, nous apprend à la faire jaillir en ce XXIe siècle qualifié par lui de « temps de l’exaspération ». Et c’est à la joie que notre collaborateur Alexandre Jollien consacre son dernier essai. Les trop rares philosophes à s’être penchés sur la question l’affirment : l’homme n’est vraiment homme que dans la joie ! Au moment
où Spinoza (1632-1677) entame son Traité pour la réforme de l’entendement, il
est en quête d’une éthique – d’une façon de vivre et de penser – en accord
avec notre nature humaine, totalité âme-corps sujette aux émotions et au
désir. Le philosophe hollandais déteste les passions, qui nous rendent
esclaves (passifs) – la tristesse paralysante, le désespoir, la colère,
tellement obsédante, la crainte et la superstition. La joie suprême ne réside
pas dans le passage à l’acte compulsif, dans l’assouvissement de nos
fantasmes, mais dans l’action éclairée par la connaissance. Plus nous connaissons, plus nous comprenons, plus la joie croît en nous et plus, simultanément, nous devenons meilleurs et plus forts. Pour cet homme qui se bat contre l’obscurantisme, dont les écrits seront censurés, la joie est étroitement liée au dépassement progressif des habitudes et des normes imposées par la pensée dominante. La joie spinozienne est celle de l’homme avide de liberté. Elle nous assure que si nous continuons à penser, nous serons libres et puissants, même enchaînés. |
PETIT TRAITÉ DES GRANDES VERTUS |
A.
COMTE – SPONVILLE |
Edition
PUF |
1995 |
Des
vertus, on ne parle plus guère. Cela ne signifie pas que nous n’en ayons plus
besoin, ni ne nous autorise à y renoncer. Mieux vaut enseigner les vertus,
disait SPINOZA, que condamner les vices : mieux vaut la joie que la
tristesse, mieux vaut l’admiration que le mépris, mieux l’exemple que la
honte.
Il
n’y a pas de Bien en soi : le bien n’existe pas, il est à faire et c’est ce
qu’on appelle les vertus. Ce sont elles que je me suis données ici pour
objet de la politesse à l’amour, dix-huit chapitres sur ces vertus qui
nous manquent (mais point totalement : comment pourrions-nous autrement les
penser ?), et qui nous éclairent. |
PHILOSOPHIE DE
L’INITIATION |
Bruno Pinchard |
Edition
Dervy |
2016 |
||
Apprentissage de la philosophie par le
questionnement logique et l’exercice de la raison, donc. Mais la
franc-maçonnerie ne se contente pas de cette démarche de la rationalité
logique car elle connait, par ses rites, ses mythes, ses symboles, le rôle
éminent que tient la pensée analogique dans la pensée humaine. Elle sait,
comme Blaise Pascal, que « le cœur a ses raisons que la raison ne
connait point », ce qui n’est pas une façon de disqualifier cette forme
de pensée là, comme ont voulu le faire les « croyants » du
« rationalisme » du 19è siècle, renvoyant l’inconscient et
l’imaginaire du côté de l’irrationnel. Bruno Pinchard, qui est l’un des
spécialistes européens du Grand Poète Dante, sait, lui aussi que
l’imagination peut être créatrice. Il sait aussi que la franc-maçonnerie est l’un
des lieux où on peut s’y exercer tant la pensée et la symbolique de cette
dernière puisent aux sources mêmes de toutes les traditions la civilisation
occidentale. C’est pourquoi, par ses références à
Dante bien sûr, mais aussi à Bachelard, à Jung, au Zarathoustra de Nietzsche,
et à Nerval, il montre qu’à coté de cette tentative de répondre au
questionnement par l’apprentissage du « philosopher », la démarche
maçonnique invite, aussi, et au même niveau, à répondre à l’étonnement que
pose le monde et à l’émerveillement face au miracle de la vie. Cette alliance
du questionnement, de l’étonnement, de l’émerveillement, cette prise de
conscience du tragique de la vie face à la finitude, pour accéder à la
« joie d’être », c’est finalement cela la « philosophie
de l’initiation », démarche ô combien « humaine, plus
qu’humaine », loin très loin des pseudo-adhésions à quelques idéologies
qui se parent, de manière désincarnée, de tous les « ismes possibles, y
compris celui d’un humanisme d’autant plus invoqué qu’il n’est pas vécu. Se mettre en chemin dans le processus
maçonnique, c’est se mettre, pour paraphraser le poète Hölderlin, à habiter
philosophiquement et poétiquement le monde : être dans ce monde sans lui
appartenir. Ce qui est l’apprentissage de « l’art de vivre » que
distillent, sans les imposer, tous les rites, mythes et symboles de la
Franc-Maçonnerie. Lire l’ouvrage de Bruno Pinchard, c’est se plonger dans les
profondeurs de la pensée maçonnique, c’est revenir à ses sources mêmes, qui
sont toujours et encore vivifiantes, pour transformer une vie quelconque en
destinée, en aventure. Merci donc à Bruno Pinchard de ce salutaire bain de
jouvence. |
PHILOSOPHIE
- MḖTHODE ET PRATIQUE
INITIATIQUE
|
Alain Pozarnik
|
Edition Dervy
|
2018
|
L'homme n'est pas né pour mourir mais pour, dans
l'espace-temps de sa vie, achever son humanisation, créer son Etre et
accroître sa conscience jusqu'à l'infini. La raison n'étant jamais bannie des
chemins initiatiques, l'auteur expose avec une rare clarté les difficiles
points philosophiques à connaître pour adhérer librement à notre devenir
possible et nous orienter vers la Sagesse, la Connaissance et la Vérité.
L'exceptionnel intérêt de cet ouvrage est de décrypter dans les rituels
maçonniques les propositions d'ascèse et de suggérer toute une gamme
d'exercices pratiques tenus jusqu'à ce jour sous le boisseau de la
confidentialité pour ne pas dire du secret le mieux gardé. Après soixante ans de recherches initiatiques dont
cinquante sur la Voie Royale maçonnique, l'auteur révèle les grands secrets
logiques, analogiques et intuitifs qui conduisent à la sagesse et
sauvegardent la liberté de conscience dans le bonheur de vivre au quotidien.
Un livre indispensable à toute personne, profane ou initiée, désirant
sincèrement poursuivre l'évolution darwinienne de l'homme |
philosophes et philosophie |
|
Edition Nathan |
1999 |
Ce sont deux livres importants où l’on trouve
tous les grands philosophes de Platon à nos jours. Y est expliqué également
le mécanisme des diverses philosophies qui ont influencé le monde. Un philosophe
est une personne ayant laissé des écrits philosophiques, vivant de manière
philosophique, ou faisant de la philosophie une activité centrale dans sa
vie. Au sens populaire, est « philosophe » celui qui, face aux
petits ou grands événements de l'existence, fait preuve de patience, de
courage, de sérénité, et cherche une existence paisible, à la façon des
anciens stoïciens ou épicuriens ; en ce sens, on parle de « vivre
en philosophe », de « se montrer philosophe ». Dans cette
acception, c'est souvent l'adjectif qui est employé. Dans une deuxième
acception, un philosophe est un auteur ou du moins une personne dont
certaines conceptions ont été consignées par écrit. En un sens
large, on appelle alors philosophe celui qui pense de façon conceptuelle,
radicale, critique, systématique les grands principes et valeurs de la vie et
de la connaissance La signification du mot varie avec les époques, les
contextes socio-historiques, et en fonction du rapport entre la
« philosophie » comme traditions, corpus de textes, discipline,
institutions, et d'autres institutions ou disciplines (sciences, théologie,
sociologie, économie, psychologie, ethnologie, esthétique…). Au sens antique,
est « philosophe » la personne qui « cherche
la vérité et cultive la sagesse », Au sens « professionnel »,
est « philosophe » un enseignant ou un chercheur en philosophie.
Certains philosophes-auteurs étaient ou sont également
philosophes-enseignants ; c'est particulièrement fréquent depuis deux
siècles, mais c'était également le cas, dans des contextes évidemment très
différents, de Platon ou d'Aristote. Ouvrage de
référence. |
portrait du pÈre lagrange |
Jean
guitton |
Edition
Robert LAFFONT |
1991 |
||
A
la fin du XIXème siècle, une crise grave secouait l’Église. L’avancée des
sciences humaines, en différents domaines, interdisait de lire la Bible d’une
manière trop naïve. Il fallait harmoniser les exigences de la science et
celles de la foi. Un dominicain voua sa vie à l’interprétation de la Bible
dans l’Église, le Père Marie-Joseph Lagrange, qui sut joindre aux rigueurs du
labeur scientifique une profonde expérience spirituelle. |
principes & mÉthode de l’art sacrÉ |
Titus burckhardt |
Edition
DERVY |
1995 |
Titus Burckhardt, Suisse allemand, est né à
Florence en 1908 et décédé à Lausanne en 1984. Il a consacré toute sa
vie à l'étude et à l'exposition des différents aspects de la Sagesse et de la
Tradition. A l'âge de la science moderne et de la technocratie,
Titus Burckhardt fut l'un des plus subtils et puissants interprètes de la
vérité universelle, dans le domaine de la métaphysique aussi bien que dans
celui de la cosmologie et de l'art traditionnel. Dans un monde où
règnent l’existentialisme, la psychanalyse et la sociologie, il fut l'un des
plus grands porte-parole de la philosophia perennis, cette “sagesse
incréée” qui s'exprime dans le Platonisme, le Vedanta, le Soufisme, le
Taoïsme et d'autres authentiques enseignements ésotériques et
sapientiels. En termes de littérature et de philosophie, il fut un
membre éminent de l’école traditionaliste” du vingtième siècle. Les
historiens de l’art, qui appliquent le terme d’« Art Sacré » à n’importe
quelle œuvre artistique à sujet religieux, oublient que l’art est
essentiellement forme ; pour qu’un art puisse être appelé « sacré », il ne
suffit pas que ses sujets dérivent d’une vérité spirituelle, il faut aussi
que son langage formel témoigne de la même source.
|
10 Q
quelle langue parlaient nos ancÊtres
prÉhistoriques ? |
Marcel
LOCQUIN |
Edition
Albin. Michel |
2002 |
Les premiers langages
articulés seraient apparus il y a environ 500 000 ans, grâce à ce que les
linguistes et paléontologues appellent la « double articulation du
langage » : c’est-à-dire l’assemblage de phonèmes pour faire des
mots et assemblages de mots pour faire des phrases. L’auteur remonte le
temps et nous explique comment l’homme a quatre pattes, s’exprimant par
signes et onomatopées en se redressant s’est exprimé par la parole. Un des meilleurs
livres sur le sujet. |
QUESTION DE… Revue bi-annuelle de Méditation, l’aventure incontournable |
Revue dirigée par Marc de Smedt |
Edition Albin Michel |
2015 |
||
Dès que je suis perdu dans mon cinéma intérieur, dès que je suis absent du monde C’est ce va et vient entre agitation et calme intérieur qui fonde tout le processus de la méditation. Je peux méditer partout, n’importe quand ainsi cela peut devenir un jeu intéressant et salvateur ; se rendre compte de notre folie ordinaire en la contemplant de façon non impliquée est la base de la méditation, car selon l’adage chinois « un fou qui sait qu’il est fou n’est pas si fou que ça ! » Ce constat lucide ouvre la porte des possibles, ainsi nous nous libérons sans cesse de notre emprisonnement mental, ce qui nous permet à la fois d’être et d’agir différemment. La méditation ne peut en rien être un remède total et définitif à nos problèmes de mal être ; c’est juste un outil facile à utiliser pour essayer d’y voir plus clair dans son journalier, d’y trouver un équilibre et une philosophie de vie. Au sommaire de cette revue bi-annuelle N° 1 : La grande aventure de la méditation, une révolution de civilisation en Occident, par : Fabrice Midal - Huit semaines en pleine conscience, une expérience vécue dans un stage de mindfulness par : Elizabeth Marshall-Hannart - La méditation face à la science, des résultats surprenants en laboratoire par : Aurélie Godefroy - méditer à l’hôpital Sainte-Anne, comment soigner les psychoses par : Christophe André - Je suis un cobaye par Matthieu Ricard - Le Zen et l’ego par : Roland Rech - Le Yoga à l’école, initier les enfants au silence par : Brigitte Anne Neveux - Danser la vie grâce au qi gong, un ressourcement au quotidien par : Thierry Janssen - La force du recueillement, l’initiation à la profondeur par Gilles Farcet - Le cerveau droit, l’évolution de la conscience à travers l’histoire par : Philippe Nassif - Vivre la voie du Tao par Catherine Despeux - Le théâtre comme méditation par : Olivier Py - Tenzin Palmo, méditer pour sauver le monde, le parcours d’une nonne aujourd’hui par : Jacques Vigne - La voie des cendres, sur les traces d’un maître du Xe siècle en Indonésie par : Elisabeth D. Inandiak - Pétrir le monde au fond de soi et plonger dans la pâte primordiale par : Jean-Philippe de Tonnac - La vie est un rêve lucide, méditer en dormant par : Isabelle Soriente - Une nuit dans la forêt, avoir la nature comme temple par : Christine Kristof-Lardet - Une sexualité de la
présence par : Daniel Odier - Aristophane déjà par Serge
Valletti - La méditation du soir, s’apaiser avant le sommeil par Yvan Amar -
Irisations par Zéno Bianu - Entrer dans le milieu, une réflexion
biblique sur le centre de l’être par : Annick de Souzenelle -
Portraits des grandes figures de la méditation – Au sommaire du N° 2- Octobre 2015 La terre est vivante de Patrice
van Eersel - la musique des arbres de Jacques
Lacarrière - la nature et nous d’André
Comte-Sponville - l’art de vivre en chine de Cyrille
Javary - L’impermanence de la beauté
au Japon par Gilles Mathiot -
Wakan Tanka, le cercle sacré par Patrick Cicognani
- le langage de la forêt primaire par Dominique
Godrèche et Dan Everett - L’âme de
l’Univers par Rupert Sheldrake -
la nature sauve d’Ilios Kotsou -
Qui observe le monde est le monde par Erik Pigani -
Sagesse de la Nature par Jacqueline Kelen
- Hidegarde de Bingen par Pascale
d’Erm - La poésie persane déjà… par Leili
Anvar - La robe rouge par Christian
Bobin - Dans la tête d’un éléphant
par Philippe Jost - L’Oeil qui
me regarde par Jean-Yves Leloup -
Les dimensions multiples du mont Tamalpais par Etel Adnan -
Et si on plantait des arbres… par Aurélie Godefroy et Tristan Lecomte
- L’agriculture comme art
par Henri de Pazzis -
Merci donc par François Cheng -
Entretiens avec
Michel Onfray (le cosmos et le Vivant) - Hubert
Rives (se souvenir d’où l’on vient) - Cheikh
Bentounés (quand la terre parle) - Jean Marie
Pelt (désherber l’âme) - Jean-Louis
Etienne, Isabelle Autissier et Lionel Daudet (L’appel
du large) - Pierre Rabhi (la
dynamique du vivant) - |
10 R
regards sur les mondes anciens |
Frithjof schuon |
Editions
TRADITIONNELLES |
1972 |
Un
regard sur les mondes anciens par le grand philosophe Schuon qui explique que
toute l’existence des peuples anciens et des peuples traditionnels en général
fut organisée et dominée par deux idées-clefs, celle de notion du Centre et
celle de la notion de l’origine. Dans
ce monde spatial où nous vivons, toute valeur se réfère en quelque manière à
un centre sacré qui est le lieu où le ciel a touché la terre ; dans tout
monde humain, il y a un lieu où Dieu s’est manifesté pour y répandre ses
grâces, ses bienfaits et sa bénédiction. Il en est de même pour l’Origine,
laquelle est le moment quasi intemporel où le ciel était proche et où les
choses terrestres étaient encore mi-célestes ; mais c’est aussi, pour
les civilisations ayant un fondateur historique, la période où Dieu a parlé,
renouvelant ainsi pour l’humanité l’alliance Primordiale. Au sommaire de cet excellent livre : Regards sur les mondes anciens - Chute
et déchéance - Dialogue entre Hellénistes et
Chrétiens - Chamanisme peau-rouge
- Sur les traces de Mâyâ - Propos sur la
naïveté - L’homme dans l’univers
- Universalité et actualité du monachisme
- Clefs de la Bible - Religio
Perennis - |
RENCONTRES AVEC DOUZE FEMMES REMARQUABLES |
Marc
Alain descamps |
Edition
ALPHÉE |
2006 |
||
|
RENCONTRES SOLAIRES |
Marianne
DUBOIS |
Edition
J.M. GARNIER |
1997 |
Ce
livre raconte l’expérience mystique et extatique de l’auteur lorsqu‘elle
entend l’appel de Jésus. Ecoutons
ce que nous dit Marianne Dubois : « Vivre à fleur de soi, c'est la découverte progressive que les
cinq sens sont des éléments d'une ouverture spirituelle. Héritière du
catholicisme, j'étais au départ dans une pensée où le fait d'entretenir une
ascèse sur les sens donnait accès à la spiritualité. J'ai découvert
l'inverse. Plus je permettais aux différents sens de s'épanouir en moi, plus
je leurs donnais de l'importance et de la profondeur, et plus je me libérais. La conscience et la
spiritualité ne sont pas limitées à une croyance intellectuelle ou à une
façon de penser mais se traduisent par un état du corps et un état d'être. A
ce moment-là on n'est plus ni réceptif, ni émetteur, mais un troisième terme
qui concerne la plénitude de l'être, que j'appelle parfois l'état de
"l'enfant-soleil". On n'a pas beaucoup de mots car il s'agit d'une
démarche laïque qui n'a pas été répertoriée, qui n'est pas un instrument de
pouvoir. C'est un chemin de communication et de partage avec une composante
extatique. On ne quitte jamais vraiment le fusionnel. Je trouve que c'est une
sorte "d'erreur psychologique" que de diaboliser ce
"fusionnel" de façon un peu indifférenciée en répétant : "Il
ne faut pas être fusionnel !" Les gens qui s'aiment, se disent :
"Mon Dieu, il ne faut pas que je sois trop fusionnel !". Le
fusionnel est quelque chose que nous recherchons toute notre vie et je crois
même que l'évolution conduit à oser de plus en plus le fusionnel. La conscience, en
se creusant, a tendance à intérioriser l'ombre. Dire : "le problème est
chez moi" demande de faire attention à ce que ce processus ne devienne
pas une auto-accusation permanente et une façon de se détruire subrepticement
au goutte à goutte. Le voyage dans l'inconscient peut être une source
d'affaiblissement, de dépression et de tourments. Tous les tourmentés
romantiques faisaient le va-et-vient entre la révolte et l'intériorisation.
Dans l'identité masculine, un homme évolué qui ose passer par la féminité
d'être, peut aussi affronter les enfers de son inconscient représentés par le
démembrement d'Osiris. Le trajet de la femme dans la quête d'identité passe
par la mise en route de l'actif, le rassemblement des morceaux et l'érection
d'un nouveau pénis qui est aussi le sien ». |
10 S
sagesse chrÉtienne et mystique orientale |
François
chenique |
Edition Dervy |
1996 |
||
Au sommaire de cet ouvrage de 650 pages : Intérêt et limites du Yoga : Origine fabuleuse
- arrivée du yoga en France - Aryens et Dravidiens -
les 6 points de vue orthodoxes de l’Hindouisme - les 6
darsana - définition du yoga - le yoga royal
- les 8 étapes du raja-yoga - méditation et
contemplation - Samadhi et isolement - les
pouvoirs du yoga - le yoga de l’action, de la dévotion, de la
connaissance et des formules sacrées - les origines
du tantra-yoga - la pratique du Tcheu - Un yoga chrétien est-il possible ? :
le yoga dans diverses religions - le Pèlerin russe -
le cœur et les chakras - le pèlerinage aux sources de Lanza del
Vasto - le Père Déchanet et le Père Lambert -
Jacques Maritain et Olivier Lacombe - Jacques-Albert
Cuttat - les pratiques du yoga chrétien -
la méditation - Yoga et ascèse chrétienne Les dangers qui menacent la pratique du yoga :
le Yoga gymnastique - le commerce du yoga (l’abandon de la
morale et le sexe omniprésent - vrais et faux
gourous - la confusion du psychique et du
spirituel - la pseudo-tradition - le
mépris de la contemplation - Unité des religions et actualité et métaphysique de l’unité
transcendante des religions : Le livre -
Frithjof Schuon - Philosophie et métaphysique
- les limites de l’exotérisme religieux - la
tradition chrétienne - l’ésotérisme chrétien et
l’initiation christique - le rétrécissement de la planète
- la déclaration Nostra aetate du concile de Vatican II -
Hindouisme et bouddhisme - Islam - Judaïsme
- Dieu, Père de tous les hommes - Métaphysique de
l’unité transcendante des religions - les diverses
révélations - les révélations avatâriques
- le verbe divin, médiateur universel - L’avis
du grand Lama tibétain - l’expérience de Kabîr et de
Râmakrishna - Révélation primordiale et convergence des religions dans l’œuvre
de René Guénon : René Guénon et la religion, la mystique, la
scolastique, - le Sanâtana Dharma - la
Philosophia perennis - la loi de Manu - la
Tradition Primordiale et son rattachement - le cas du
bouddhisme - Moralité de l’action dans le monde moderne :
Les apories de la morale occidentale - le cas particulier du
Christianisme - la charité - le bien
commun - la propriété privée - la morale du guerrier
et de l’homme d’action - les scrupules d’Arjuna sur le
champs de bataille - l’action désintéressée -
le Moi, le Soi avec leur différence - les écoles
védantiques et leur influences - la doctrine du
« non-soi » - la non-substantialité du soi
- de quel « soi » s’agit-il ? -
Shankara était-il bouddhiste ? - Accords avec la
tradition occidentale - importance du Gyud Lama
- compassion, bienveillance et charité - la
désinflation du moi - Les vertus transcendantes et les dons du Saint Esprit :
Origine scripturaire des dons - le texte d’Isaïe
- Vue d’ensemble sur les 7 dons - les dons et
les vertus antiques - les 5 vertus intellectuelles selon
Aristote - Aristote et Philon d’Alexandrie
- les dons et les vertus chrétiennes - le don
d’intelligence, de science, de sagesse, de conseil, de piété, de force et de
crainte de Dieu - les fruits et les charismes - les
fruits du saint Esprit dans les listes grecques et latines
- les charismes - les vertus
transcendantes - les 10 vertus transcendantes -
étymologie du mot paramita - une ascèse de haut niveau
- formules mnémoniques - étude des
paramita - les offrandes et les dons charitables
- l’éthique ou la discipline - la patience -
l’énergie ou la persévérance - la concentration
méditative - la sagesse transcendante -
la prajna-paramita - Une Bodhisattva des temps modernes :
sainte Thérèse de Lisieux - le soleil d’Amitâbha
- Samata et vipasyana, les premières expériences de
méditation - les extases du Belvédére
- l’Asparsa-yoga et la fusion avec le bien-aimé -
Svadhyaya et la lecture spirituelle - Dhyana et la
méditation contemplative - les techniques de
visualisation - Bhakti et jnana, amour et
connaissance - prapatti, amour et abandon
- Balya, l’enfance spirituelle - Sarva-duhkham,
tout est douleur - Théôsis, la déification
- Sarva-sunyata, l’expérience de la vacuité
- Nairatmya, le non-soi - Târâ et le culte de la vierge Marie :
Maria - ce que disent les évangiles -
l’interprétation des Ecritures - la conception virginale et
la virginité de Marie - L’Immaculée Conception
- L’Assomption de Marie - Etoile du matin
- Médiatrice de toutes grâces - Mère de
l’église - L’enseignement de l’Abbé Stéphane
- Saint Maximilien Kolbe - les 21 Tara, son culte et
son rituel - La théologie de l’incarnation
- le Logos ou Verbe divin - pas de
docétisme - l’exégèse juive et chrétienne - les
symboles, les mythes et les mystères - Rites, sacrements et
sacramentaux - les icones - Miscellanées
- logos humain et divin - le don des
langues - les trois formes du corps du Christ -
L’unité transcendante des religions et le bouddhisme tibétain :
les divergences théoriques - salut et délivrance -
niveau doctrinal - non-ego, non-soi et
abnégation - moyens spirituels -
compassion et charité - Rites chrétiens et rites tibétains :
les sons et les paroles - les formules liturgiques -
la musique et la silence - les formes et les couleurs
- les canons iconographiques - les attributs
symboliques - yantra et mandala - l’encens et sa
signification - les rois mages et les femmes
myrrhophores - les offrandes d’aliments et d’eau pure
- la nourriture d’immortalité - la
transsubstantiation - l’ouverture des chakras - les
sacrements chrétiens - les gestes de posture, les prosternations
- les processions et les circumambulations -
les mudra ou geste des mains - les instruments du
culte - le pouvoir sanctificateur des images - les
visualisations et la contemplation - le silence des images
- hésychasme et vacuité - l’apathéia et la transmutation
des passions - la mystique nuptiale du
Tantra-yoga - Initiations, visualisations et méditations dans le Bouddhisme
tibétain : Le refuge - les initiations monastiques et
tantriques - l’union de la sagesse et des moyens habiles
- une alchimie spirituelle - Visualisation de
Chenrézi, le Boddhisattva de la compassion - Visualisation
de Tara la déesse qui délivre et de Sangyé Menla le bouddha de la
médecine - visualisation de Manjusri, le Boddhisattva de l’intelligence
- le rosaire ou mala - les tsok-puja - les
mantras - déroulement d’une méditation - l’esprit
d’éveil - la longue prière du Guélong Péma Karpo
- courte prière pour renaitre en Déwachen - Vacuité de Dieu et néant des créatures :
Les théologiens de la vacuité divine - Saint Denys
l’Aréopagite - la voie négative - la théologie
mystique - Saint Maxime le Confesseur - Jean Scot
Erigène - Saint Thomas d’Aquin - Maître Eckhart
- le néant de Dieu - Dieu et Déité - Dieu créateur
- connaitre et aimer Dieu - Nicolas de Cues
- Martin Heidegger - le panthéisme - l’illusion
de l’ego - le Soi - Vedanta,
christianisme et bouddhisme - sagesse et compassion
- Néant et vacuité - la philosophie grecque
- Platon et Aristote - la scolastique -
les néants de la scolastique - Bergson - Heidegger et
Sartre - le Création ex-nihilo -
sens des mots : créer et rien -
Sankara - le bouddhisme grand et petit
véhicule - l’Ecclésiaste
- 5 propositions sur l’essence divine
- le Rangtong et le Shentong - rappels
sur la Trinité - Métaphysique de la Trinité
- les branches horizontales et verticales - Maya et
Maria - Trinité et Trikaya - Controverses, Les possibilités de non-manifestation et les purs
possibles : Frithjof Schuon - la division des
scolastiques et d’Aristote - les théologiens du
Moyen Âge - Saint Thomas d’Aquin - Jean Duns
Scot - Saint Bonaventure - ce que dit René
Guénon - les états multiples de l’être - Le cas Teilhard de Chardin : L’Abbé Heckenroth
- l’œuvre scientifique de Teilhard - sa
pensée religieuse et sa formation - les condamnations du
Concile - une apologétique - Une physique et une
métaphysique - une spiritualité intégrant tout l’effort
humain - une nouvelle ontologie du devenir
- la présence inchoative - l’esprit-matière
- les deux Omégas - A propos des Etats multiples de l’être et des degrés du savoir :
Deux frères ennemis - les limites de René Guénon -
Olivier Lacombe et la panthéisme - la notion d’infini et de
l’Absolu - L’Infini selon Scot
- Création et manifestation - l’irréalité du
monde - être et non-être - Dieu
impersonnel et Dieu personnel - interprétation
métaphysique de la Trinité - les limites de la
Scolastique - l’intuition intellectuelle -
Brahma - Voies et expériences mystiques : les phénomènes
mystiques - Foi théologales et foi
mystique - les principes de la contemplation
- Dons et béatitudes - connaissance et
amour - la contemplation infuse cachée selon Saint Jean de
la Croix - la contemplation
« isangélique » - Guénon et Maritain parle
de la mystique - l’humanité du Christ - le Cantique des
cantiques - la mystique orthodoxe - les théologiens
grecs et latins - Poulain - Duns Scot - Evagre
le Pontique - La vie simple d’un prêtre guénonien – Cœur et Sacré cœur
dans l’Occident catholique : Les apparitions de
Paray-le-Monial - Jésus-Christ est-il apparu en personne à
Marguerite-Marie ? - le règne intellectuel du
Sacré-Cœur - les plaies du Christ - le cœur, organe de la
connaissance - le rituel de Tcheu - les mystères de
la Rédemption - la croix, la messe et Saint Jean de la
Croix - Initiation et transmission initiatique : la nature et les
résultats de l’initiation - l’initiation chrétienne -
la chaine initiatique (paramparya) - les organisations
régulières - Logique indienne, d’Orient et d’Occident :
les notions de Daarsana - la doctrine de Sankaracarya
- les Upanishad - vue d’ensemble sur la doctrine
indienne - les Nyayasutra - les instruments critères
de la connaissance - les Ramana - Socrate et la
montagne en feu - le Barbara indien - le
Tétralemme - la colère d’Aristote - le dictionnaire
de Chandra Das - la logique de la Voie du Milieu
- la réalité translogique - Essence et
existence - Ontologie et consistance ontologique - La lignée spirituelle des trois joyaux :
une analyse du rGyud bLama - l’expérience spirituelle
d’Asanga - les traductions chinoises et tibétaines
- Ethique et métaphysique - la tradition
indo-tibétaine - le grand Madhyamaka -
usage du mot vacuité - Soi et non-soi -
l’importance de la Foi - Résumé du rGyud bLama : Le Bouddha
- le Dharma - la vérité du chemin - le Noble
Samgha - l’essence du Bouddha - les 10 points de vue
sur l’analyse de la nature du Bouddha - la phase pure des Bodhisattva
- le Bouddha dans le lotus flétri - le miel et les
abeilles - - les pièces d’or et le trésor
enfoui - le germe de l’arbre dans le fruit
- la statue dans son moule - la triple nature de l’essence
- le Dharmakaya - la Tathata - le
Tathagatagotra - L’éveil dans la réalité non souillée
- Nirmala Tathata - les 32 qualités de libération
- la permanence ou réalité - les 32 qualités de
maturation - l’action des Bouddhas - les
mérites de la foi et les bienfaits de cet exposé - le corps
essentiel – le corps des béatitudes et le corps de manifestation
- conclusion de Jean-Pierre Schnetzler - |
SAGESSES
SANS FRONTIÈRES - LES PLUS GRANDS SAGES ET MYSTIQUES DU MONDE |
Alain Delaye |
Edition Almora |
2014 |
||
Les idéologies bien rodées, quand des penseurs et chefs religieux de tous bords y succombent, sentent la province et la boutique, d’autant plus que l’athéisme et l’agnosticisme réclament leur part dans ce concert dissonant des vérités ultimes. L’étude proposée ici voudrait se situer en amont de ces questions en deçà des frontières des religions instituées et des idéologies philosophiques, à la source même du fait spirituel. Elle fait appel pour cela au témoignage de sages qui ont échappé de système et de mystiques qui n’ont pas surinvesti les expressions dogmatiques et morales des discours religieux qui les ont nourris, mais se sont surtout attachés à l’expérience d’où ces propos procèdent. Certes, ces sages ne sont pas sans pensée et ces mystiques ne sont pas sans langage, mais leur parole est plus poétique que dogmatique, plus évocatrice qu’affirmative, plus invitante que moralisante. Ce qu’elles laissent entendre n’en est que plus précieux, car à s’y confronter, des accords se dégagent où l’on croyait voir des divergences, des passerelles se tendent où l’on voyait des fossés infranchissables. Ce qui fait le prix des sages et des mystiques dans la conjoncture actuelle, c’est qu’ils sont pour la plupart des aventuriers de l’esprit et, dans le meilleur de leur témoignage, des êtres sans frontières. C’est pourquoi, ils peuvent nous aider à franchir nos propres frontières et autres blocages. Au sommaire de cet ouvrage important de 680 pages : Première partie : Sages et mystiques dans les religions : La libération hindoue : Les voyants védiques - les sages des Upanishads - les relais de la tradition - la mystique vishnouiste - la mystique shivaïstes - les traditions tantriques - le vedanta - le Sâmkhya - le yoga - sages et mystiques de l’Inde moderne - La Bhagavad Gita - Shakti - Shiva - l’intuition du soi - le hâta yoga - le karma yoga - les chakras - la Kundalini - le raja yoga - Vivekânanda - Aurobindo - Râmana Mahârshi - Mâ Anandamoyi - Swâmi Prajnânpad - Vimala Thakar - Poonja - Nisargadatta - L’éveil bouddhiste : L’expérience du Bouddha - les docteurs du Mahâyâna - les voies du tantrisme - mystiques tibétains - écoles et maîtres chinois - Dôgen et le zen - Maîtres bouddhistes modernes - Nagarjuna - Asanga et Vasubandhu - Çandrakîrti - Shantideva - Saraha - Kanhâ - Lozang Gyatso - Milarepa - Houei-Neng - Houang-Po - Lin-Tsi - Shunryu Suzuki - La mystique juive : Les sages d’Israël - les prophètes - Philon d’Alexandrie - les Maîtres du Talmud - les Kabbalistes - le Hassidisme - Ben Sira - le livre de Job - Qohéleth - le livre de la sagesse - Moïse - Samuel - Elie - Amos - Osée - Isaïe - Jérémie - Ezéchiel - Jésus - Hillel - Yohanan ben Zakkaï - Rabbi Aqiba - Hehuda le hassid - Abraham Aboulafia - Moise de Léon - Isaac Luria - le Baal Shem Tov - L’illumination chrétienne : L’esprit qui animait Jésus - L’expérience de Paul - la mystique des Pères de l’église - la spiritualité monastique - les mystiques dans les ordres mendiants - Ruysbroeck et la dévotion moderne - la mystique orthodoxe de la Lumière - les mystiques anglais - les femmes visionnaires - Jacob Böhme et Angélus Silesius - Saint Ignace et les Jésuites - Spirituels chrétiens modernes - Clément d’Alexandrie - Origène - Basile de Césarée - Grégoire de Nazianze - Grégoire de Nysse - Denys l’Aréopagite - saint Augustin - saint François d’Assise - Maître Eckhart - Henri Suso - Jean Tauler - Jean de la Croix - Frère Laurent - Ruysbroeck - Gérard Groote - Thomas a Kempis - Siméon le nouveau théologien - Nicéphore l’Hésychaste - Grégoire le Sinaïte - Grégoire Palamas - Séraphin de Sarov - Richard Rolle - Walter Hilton - Julienne de Norwich - Benoit de Canfield - Augustin Baker - Thomas Traherne - William Blake - Cardinal Newman - Hildegarde de Bingen - Mechtilde de Magdebourg - Gertrude la grande - Marie d’Oignies - Hadewijch d’Anvers - Béatrice de Nazareth - Marguerite Porete - Margery Kempe - Brigitte de Suède - Catherine de Sienne - Catherine de Gênes - Marie Guyard - Jeanne Guyon - Ignace de Loyola - Charles de Foucauld - Dietrich Bonhoeffer - Thomas Merton - Henri le Saux - Le Tawhid musulman:
Mahomet - Hallâj - Ibn Arabî - Rûmi - Deuxième partie: Sages et mystiques hors religions: Les pré-socratiques - Anaximandre - Héraclite - Parménide - Lao Tseu et Tchouang Tseu - Socrate, Platon et Plotin - Marc-Aurèle - Boèce - Spinoza - Kabîr - Rilke - Krisnamurti - Simone Weil - Etty Hillesum - Douglas Harding - André Comte Sponville - Sauvages et anonymes - Christiane Singer - Troisième partie : Convergences : La confiance fondamentale - l’éveil du libérateur - la vision d’immensité - le sentiment d’éternité - l’expérience indicible - Le détachement des choses et de soi - le quotidien rehabité - l’amour compassionnel - la joie imprenable - |
saint-Yves d’alveydre
– une philosophie secrÈte |
Y.F.
boisset |
Edition
DUALPHA |
2005 |
D’où
vient la méfiance dans laquelle se trouve confiné le Marquis Saintyves
d’Alveydre, ésotériste dont le rôle, dans le monde des sociétés secrètes et des
rites initiatiques, fut prépondérant ? Il faut dire que les deux grands
thèmes auxquels il a consacré la majeure partie de son œuvre – la synarchie
et l’archéométrie – ne pouvaient que lui attirer plus d’hostilités que de
lauriers.
|
simone weil
– le grand passage |
Divers auteurs |
Edition Albin Michel |
1994 |
Dans
« la pesanteur et la grâce », livre essentiel parce qu’elle s’y
révèle la plus proche, être à nu, Simone Weil écrit :
« L’imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures
par où passerait la grâce ». Phrase
qui fait réfléchir si l’on considère que nous sommes en permanence en train
de rêver le monde. Notre
pensée fantasmatique filtre la réalité, transforme par ses prismes notre
regard, détourne notre attention de la vérité nue de l’instant, notre
pollution psychique pollue notre vision et notre ouverture à cette plénitude
que l’on peut appeler « grâce ». Simone
Weil fut de ceux et celles qui au XXe siècle déchiffrèrent le champ d’une
nouvelle éthique, celle de la Présence à soi, au monde, aux autres, aux
contraires, et à l’Absolu. Cet
ouvrage se révèle donc à la fois un hommage et une incursion dans l’univers
douloureux et splendide d’une philosophe majeure Au sommaire de ce livre, des articles et des entretiens des
philosophes suivants : Préface et avant-propos de Marc de
Smedt Chronologie et Le petit mot « et » de François
L’Yvonnet Misse « non » de Marc-Edouard
Nabe La sherpa du
Thabor de François Angelier Imaginaires et symbolisme de Rolf
Kuhn Le passage de la personne à l’impersonnel de M.
Broc-Lapeyre Simone Weil et Samuel-Hugo Bergman de
Dominique Bourel Ontologie de la méditation d’Emmanuel
Gabellieri L’essence métaphysique du pouvoir d’Adriano
Marchetti De la méditation comme « metaxu » et passage
de Michel Sourisse De Platon à la quatrième république de David
McLellan Franchir un seuil sans changer de direction de Robert
Chenavier Le pont, le seuil et la porte de Patricia
Little Simone Weil et Hannah Arendt de Florence
de Lussy Les abeilles de Delphes de Pierre
Boutang L’église catholique romaine et le Christ de Marcel
Moré La grande disciple, rencontre avec André
Comte-Sponville Le secret du Roi rencontre avec Marie-Madeleine
Davy Simone Weil en Slovénie, rencontre avec Andrej
Capuder La chronique de Marie-Madeleine Davy |
sophia & l’Âme du monde |
Cahiers
de l’Hermétisme |
Edition
DERVY |
1983 |
||
Sainte Sophie de Constantinople
fut érigée en son honneur. Qui est-elle cette mystérieuse Sainte Sophie
qui hante les rêves d’Orient et d’Occident ? Certainement pas une
humaine devenue sainte à l’image d’une Thérèse d’Avila ou d’une Catherine de
Sienne. Non. Cette Sophia-là est tout simplement la
Sagesse. La Sagesse ? Celle que recherche les philosophes depuis
l’Antiquité ? Celle, vulgaire, que croient posséder les penseurs actuels
lorsqu’ils servent des banalités politiquement corrects et assaisonnées de
l’air relativiste du temps ?
Certainement pas. La
Sophia est plutôt un lieu ou un état se situant entre Dieu absolument
transcendant et le monde matériel immanent. C’est en Sophia que se
déroule toutes les théophanies, toutes les extases, toutes les visions
mystiques, c’est en Sophia que prennent corps les noms divins, les anges, les
archanges et toutes les réalités spirituelles. Sophia est l’âme du monde,
vibrante et pleine d’une vie spirituelle et divine. Sophia est le lieu
où réside toutes les connaissances où se noue le lien indéfectible entre le
l’Univers matériel (phénoménal) et le monde spirituel, la Sophia est ce qui
unit toutes les dimensions crées et incréées, visibles et invisibles. Dans
le Livre Saint, la Sagesse se présente elle-même : « Le Seigneur m'a engendrée, prémisse
de son activité, prélude à ses œuvres anciennes. J'ai été sacrée depuis
toujours, dès les origines, dès les premiers temps de la terre. Quand les
abîmes n'étaient pas, j'ai été enfantée, quand n'étaient pas les sources
profondes des eaux. Avant que n'aient surgi les montagnes, avant les
collines, j'ai été enfantée, alors qu'Il n'avait pas encore fait la terre et
les espaces ni l'ensemble des molécules du monde. Quand Il affermit les
cieux, moi, j'étais là, quand
Il grava un cercle face à l'abîme, quand Il condensa les masses nuageuses en
haut, et quand les sources de l'abîme montraient leur violence ;
quand Il assigna son décret à la mer - et les eaux n'y contreviennent pas -
quand Il traça les fondements de la terre. Je fus maître d'œuvre à son côté,
objet de ses délices chaque jour, jouant en sa présence en tout temps, jouant
dans son univers terrestre ; et je trouve mes délices parmi les
hommes. » (Pr 8 ; 22 – 31) L’enjeu d’une réflexion sophiologique est primordial dans le monde désenchanté dans lequel nous vivons. Peu avant de passer à la Lumière Eternelle, Henri Corbin avait insisté sur la nécessité de « reconquérir une vision perdue qui permette la médiation entre la théologie négative et la théologie affirmative par la présence de Sophia, intermédiaire essentielle entre l’homme et Dieu, permettant un monothéisme pluridimensionnel capable de dissoudre les dualismes et de déterminer un monde médian à la fois corporel et spirituel, l’Ame du monde comme médiatrice entre le transcendant et l’immanent. |
SOUZENELLE - ALLIANCE DE FEU - 2 Tomes - |
Annick DE SOUZENELLE |
Edition ALBIN MICHEL |
1995 |
C’est à une lecture chrétienne du texte hébreu de la Genèse que nous invite l’auteur. 2 volumes pour interpréter tous les versets de la Genèse à travers la Kabbale et l’ésotérisme chrétien. Sommaire du volume 1 : L’actualité du récit de la Genèse n’est pas affaire d’histoire, mais d’être : le mythe fondateur de notre civilisation nous parle en réalité de notre vie profonde, de notre rapport à l’Origine et à nos fons dernières. Encore faut-il pouvoir lire le premier livre de la Bible au-delà du moralisme et de l’étroitesse d’esprit des interprétations classiques. Pour Annick de Souzenelle, seul le regard de l’homme intérieur, pénétrant le caractère fondamentalement hébreu du texte biblique, permet une telle libération qui nous ouvre à l’esprit la parole de Dieu. Verset par verset, mot à mot, lettre par lettre, Annick de Souzenelle nous invite à une nouvelle lecture du récit de la création – les deux premiers chapitres de la Genèse – Mêlant érudition et ferveur spirituelle, elle nous introduit dans une véritable « danse du sens », où s’allient la logique quasi mathématique de la langue hébraïque et la grâce d’une inspiration enracinée dans la tradition chrétienne. Sommaire du volume 2 : Dans le premier volume d’Alliance de feu, l’auteur, se fondant à la fois sur la tradition chrétienne la plus pure et sur une reconnaissance du caractère hébreu du texte biblique, nous invitait à pénétrer au cœur du récit de la création. Dans ce 2e volume, elle poursuit son chemin d’interprétation à travers la suite du Livre de la Genèse qui regroupe les récits de la Chute, de l’expulsion de l’Homme hors du jardin d’Eden et de l’avènement du crime dans l’histoire de l’humanité, textes cruciaux qui ont profondément marqué toute la pensée occidentale. Tant de sermons moralistes se sont accumulés depuis des siècles sur ces mythes fondateurs qu’il nous faut bien, pour en redécouvrir aujourd’hui le sens vivant et ô combien actuel, s’atteler à ce lent travail de décryptage. Lecture exigeante mais riche de promesse : le texte ainsi mis à nu ne nous parle nullement de faute héréditaire et d’absurde malédiction, mais au contraire d’Amour divin, d’appel « Où es-tu ? » et d’une rédemption présente depuis toujours en chaque instant de l’histoire et dans chaque homme. |
SOUZENELLE - CHEMINER AVEC L’ANGE |
ANNICK DE SOUZENELLE et PIERRE-Yves ALBRECHT |
ÉDITION DU RELIÉ |
2011 |
Le
monde dans lequel nous vivons est devenu « une chose » que nous consommons,
où la dimension subtile de notre existence est douloureusement absente.
Pourtant l’appel de l’Ange est là, comme un autre réel caché derrière le
voile de notre existence.
Le livre développe les sujets suivants : L’Ange dans la tradition judéo-chrétienne avec les premières hiérarchies, les Anges dans la vie d’Abraham et de Sarah, Ismaël et la Pâque d’Abraham, le songe de Jacob et sa lutte avec l’Ange, Isaac, présence de l’ange dans l’enfance de Moïse, la marche dans le désert, la vision d’Ezechiel et les quatre vivants, Samson, l’ânesse de Bilam, Daniel, Tobie et l’Ange Raphael, l’enfance de Jésus, son baptême, Satan, la matrice du feu et du crâne, L’Ange de la Perse antique et le soufisme, angélologie néo-platonicienne de Plotin, Avicenne et l’itinéraire angélique, l’alchimie spirituelle, l’ambigüité de l’âme, la source de vie et l’eau permanente, le corps angélique et son secret, l’Ange du Zoroastrisme mazdéen, l’or hermétique et l’Ange de la terre, les puissances mazdéennes, les 7 métaux de Gayômart, l’écologie imaginale, dialogue autour de l’Ange… |
SOUZENELLE - JOB, SUR LE CHEMIN DE LA LUMIÈRE |
Annick de SOUZENELLE |
Edition Albin Michel |
1994 |
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Pour ne pas risquer de déplaire à Dieu et peut être aussi pour être sûr de conserver tout ce bonheur, Job offrait régulièrement des sacrifices d’expiation. Un jour, Dieu réunit ses anges et Satan se glisse parmi eux. Sur l’interpellation de Dieu, Satan prétend que la justice de Job n’était due qu’à ses bonnes conditions de vie. Satan lance un défi à Dieu : s’il l’autorisait à lui nuire, Job maudirait bien vite son Créateur ! Dieu relève le défi et remet entre les mains de Satan tous les biens de Job, à condition que Satan ne touche pas à la personne de Job. Aussitôt tous les malheurs s’abattent sur la famille et les biens de Job : mort de tous ses enfants, perte de tous ses biens ! Mais Job continue à faire confiance à Dieu. Alors, dans une autre réunion des anges, Satan provoque de nouveau Dieu en lui disant : « Étends la main, touche à ses os et à sa chair, je te jure qu’il te maudira en face » (Job 2, 5). Relevant de nouveau le défi, Dieu, confiant dans son serviteur Job, autorise Satan à altérer la santé de Job, pourvu qu’il lui laisse la vie sauve. A l’instant même, Satan infligea un ulcère au pauvre Job, « depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête » (Job 2, 7). Mais à sa femme qui l’exhorte à maudire Dieu, Job répond : « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Job 2, 10). Avertis de ces évènements, trois amis de Job, Elifaz, Bildad et Sofar, viennent des confins de l’Arabie et du pays d’Edom, pour le visiter, le plaindre et le consoler. Mais Job est dans un tel état que ses amis ne le reconnaissent pas ! Ils commencent donc par compatir en silence pendant une semaine, à l’issue de laquelle c’est Job qui prend la parole pour maudire le jour qui l’a vu naître. Commence alors la deuxième partie du livre (ch. 4-31) sous la forme d’un grand dialogue poétique, en trois cycles de discours entre Job et chacun de ses amis, chacun exposant ce qu’il pense de la justice divine. Les arguments des trois amis convergent vers l’idée que si Job souffre, c’est qu’il a péché, défendant ainsi la thèse traditionnelle de l’époque : la rétribution terrestre. Il est impossible que le juste souffre et que la souffrance soit autre chose qu’une punition divine. Job continue envers et contre tous à soutenir qu’il n’a pas péché, que son expérience douloureuse prouve qu’il existe des injustices et que le monde en est d’ailleurs rempli. Intervient alors avec colère un quatrième personnage, un jeune homme du nom d’Elihu (ch. 32-37). Jusque-là resté sur la réserve par égard pour les trois amis de Job, il ne peut accepter tout ce qu’il vient d’entendre. Il marque d’abord son indignation contre Job qui n’a su se justifier qu’en accusant Dieu et contre ses amis qui n’ont su défendre Dieu qu’en accusant Job. Enfin, Dieu clôt les débats en deux discours (38-42,6) par lesquels il fait comprendre à Job en même temps son erreur et sa suffisance : «Quel est celui-là qui obscurcit mes plans par des propos dénués de sens ?…Où étais-tu quand je fondais la terre ?» (Job 38, 2. 4). Et Job de prendre conscience de la toute-puissance de son Dieu en même temps que de sa condition de créature : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre ». (Job 42, 5.6). L’énigme du mal demeure, mais Job est revenu à Dieu. Enfin, en guise de « happy end », Dieu réprimande les trois amis de Job, restaure Job dans tous ses biens, et lui rend fils et filles. « Après cela, Job vécut encore cent quarante ans et il vit ses fils et les fils de ses fil. |
SOUZENELLE - LA LETTRE CHEMIN DE VIE. LE SYMBOLISME DES LETTRES HÉBRAÏQUES |
Annick de SOUZENELLE |
Edition Albin Michel |
1998 |
Avec sa foi chrétienne, l’auteur nous fait pénétrer dans le monde de l’alphabet hébraïque, qui pour elle est un chemin de vie extraordinaire. Car chaque lettre contient sa propre énergie signifiante. Un chapitre est consacré à chaque lettre, avec son symbolisme, sa signification et ses ramifications avec la Bible et la Vie. Ce livre n’a pour but que de quitter Babel pour aller à Jérusalem en passant par le Sinaï, il n’a d’autre intention que de contribuer à faire de nous des « pierres vivantes » avec Celui qui « n’a pas aboli mais accompli la Loi », parce qu’il est le Verbe, le Nom. Il propose pour cela de retrouver le feu du buisson ardent du Sinaï, que chaque lettre a enfermé dans son cœur, et de nous laisser buriner tranquillement par lui. Le mot Pesha actuellement veut dire «
une marche, une progression ». Et lorsque ce pas se fait dans les conditions
que nous venons de dire, la progression doit passer par la transgression. Le
mythe de la chute est une transgression non juste qui a fait le drame de
l’humanité en la remettant à zéro pour qu’elle reprenne le chemin.
Lorsqu’elle est juste, c’est aussi le mot Pesha. L’Apôtre Paul l’emploie
lorsqu’il parle de la Loi. Quand il n’y a plus de loi, il n’y a plus de
transgression. C’est la situation dans laquelle nous sommes actuellement.
Nous sommes dans un monde de lois morales, sociales, car nous vivons dans une
jungle qu’il faut bien ménager ; mais cette loi est faite pour un monde
infantile. Quand on prend conscience de cela, un jour vient où on est bien
obligé de transgresser en sachant que c’est juste. Sans cela nous sommes dans
le Pesha. C’est l’histoire du Christ lorsqu’il
transgresse le jour du Shabbat, quand, passant avec ses disciples le long
d’un champ il voit un homme qui y travaille. C’est le jour du Shabbat. Les
disciples sont scandalisés. Mais le Christ s’adresse à cet homme en lui
disant : « Homme, si tu sais ce que tu fais, tu es béni par mon Père. Mais si
tu ne sais pas ce que tu fais, tu es transgresseur de la Loi et tu es maudit
de mon Père ! ». Ce texte est tellement immense qu’il a été supprimé des
Évangiles ! On ne transgresse pas impunément, voilà en quoi le Phé est aussi
une barrière. Pah est un mot qui vaut 88, il veut
dire « filet ou le piège ». Avec ces deux 8 nous sommes saisis dans le
piège ou alors au contraire, nous passons, nous traversons. Mais nous ne
pouvons passer que dans un dépassement des contradictions qui sont en nous.
Et quand nous avons au milieu de ce mot le Tav qui veut dire « signe » et
précisément « signe de la Croix » dans toutes les traditions, cela donne le
mot Patom qui signifie « ouvrir » et aussi « la porte », nous trouvons le
symbole de l’incarnation qui est essentiellement la Croix, puisque nous
sommes crucifiés entre le chemin vers le Divin, et toutes les énergies dont
nous sommes faits à chaque niveau de réalité. L’homme est au centre de la
croix. Et le mot Patoh, ainsi formé et qui signifie « ouvrir » et aussi la «
porte », nous ramène au Daleth qui a pour valeur 4 et qui aussi veut dire la
« porte ». Le 4 est toujours un arrêt, une porte qui est proposée et qu’il
faut ouvrir. Le mot Pessah qui est la Pâque avec un
Samek qui a pour valeur 60, c’est le soutien, c’est l’arbre, c’est la hampe
du drapeau, le mât du navire. Nous trouvons dans Pessah un peu la même idée
que dans Petar qui est « le passage ». L’Égypte pour les Hébreux était
un piège. Or il y a un moment où Moïse se dresse, la personne pensante qui
est le pôle d’évolution que nous avons tous en nous à partir du moment où
nous cherchons la libération. Nous avons tous un Moïse en nous et aussi un
Pharaon qui s’oppose. Mais nous sortons de cette servitude, de ce piège et
c’est la Pâque. La pâque chrétienne, c’est la même idée, mais à un autre
niveau. Nous passons au mot Pélé, le miracle,
la chose merveilleuse qui rend compte de notre vraie nature. Nous pourrions
le traduire mot à mot par « la bouche de l’impossible », Lo étant la négation
du mot divin retourné. El. C’est l’ouverture au niveau du Divin, le
dévoilement des mystères. Mais Lo est aussi la négation « pas ». Dans la
profondeur le oui et le non sont la même réalité au niveau de ce nom divin
qui est au-delà de toutes les contradictions, au-delà de l’être et du
non-être. Ce sont les mêmes lettres, donc les mêmes énergies. Lorsque Dieu se
révèle à Moïse dans le Buisson Ardent en tant qu’Il Est, Il se limite, car
nous ne pouvons l’appréhender que dans une limite. IL EST et IL N’EST
PAS, si bien que ces deux mots El et Lo sont une même réalité. Alors
Pélé c’est l’ouverture du Divin, de l’impossible, ouverture du « non », « non
ce n’est pas cela, c’est bien au-delà de cela ». Et ce miracle, cette
chose merveilleuse, c’est tout simplement l’ouverture à notre vraie nature.
Le Phé y préside. Peterom, c’est Pierre, l’Apôtre, celui
qui ouvre la lignée. C’est celui qui a été choisi le tout premier avec son
frère André. Il y a autour de ce mot un immense malentendu. Lorsque l’Apôtre
Pierre répond à la question du Christ : « Et vous, qui dites-vous que je suis
? » — « Tu es le Christ, fils du Dieu vivant ». Le Christ lui dit : « Ce
n’est pas par ton intelligence que tu as répondu cela, mais par une lumière
de l’esprit en toi. Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »
Les mots sont « Tu es Eben, pierre ». Tu es Eben, tu es une pierre dure,
parce que tu participes à la construction du Royaume et sur cette pierre (qui
est encore un autre mot : Sela avec un Samek qui nous fait retrouver « le
trône divin ») donc sur cette Séla, c’est-à-dire le fondement : « Tu es Eben
et sur cette Sela je bâtirai mon Église ». Ce n’est qu’en français, autour de
l’an 1000 que ce jeu de mot a été fait et qui a eu pour résultat que l’Apôtre
Pierre et ses successeurs ont été considérés comme la base de l’Église. Ce
fut une des causes en 1054, de la séparation de l’Église d’Orient et de
l’Église de Rome. La lettre Tsadé que nous approchons
maintenant est l’initiale d’un mot qui s’écrit : Tsadé-Daleth-Yod. Ce mot
rend surtout compte d’une racine Tsad que nous allons retrouver dans beaucoup
de mots et qui veut dire : « le côté ». Nous la trouvons dans Tsoud, Tsadoh,
Tsoded qui signifient épier, pécher, dresser des embuscades, chasser. C’est
la notion de harponner, d’aller chercher une proie, d’aller piéger quelque
chose. En général lorsque nous considérons ces significations nous y voyons de
la malice, tandis que là nous sommes devant une réalité qui dépasse
absolument notre plan de conscience, car il s’agit du harpon divin. Et je
pense particulièrement à cette phrase que nous trouvons, je crois, chez Isaï,
lorsque Dieu dit en parlant de l’humanité, sa future épouse qu’Il va
l’emmener au désert, il va l’épier, la saisir, pour qu’Il mette en Lui son
plaisir et qu’elle devienne Son épouse. C’est cela qui est la racine de cette
idée fondamentale du Tsadé. C’est vraiment le harponnage de nos derniers
éléments dans la profondeur. Dieu va se harponner en nous. Ce n’est pas par
hasard que le Christ a cherché ses premiers apôtres parmi les pécheurs, afin
qu’ils aillent chercher dans l’homme le divin qui est en lui. Le discours qui s’engage entre la lettre
et le Saint-Béni-Soit-Il est très signifiant. La lettre vient se présenter en
se réclamant de commencer le mot Tsadoch, c’est le mot qui veut dire : le
Juste. Melchitsédech est le Roi de la Justice, c’est-à-dire de la « justesse
», de l’harmonie entre les deux opposés. Job est Tsedech, Noé est Tsedech,
tous ces êtres qui sont justes. Et Dieu renvoie la lettre en lui disant : «
Il ne me convient pas de me servir de toi pour opérer la création du monde,
attendu que tu dois être cachée pour ne pas donner prise à l’erreur. Car ta
forme primitive est un Noun oblique, principe femelle, sur lequel vient
s’ajouter un Yod, principe mâle. » Voilà la forme initiale du Tsadé et tel
est le mystère de la création du premier homme : il fut créé à double face,
deux figures tournées en sens inverse, dos contre dos. Et c’est pourquoi le
Yod est présenté de dos et non de face. « Toi aussi, dit Dieu, tu seras un
jour divisé en deux, mais tu vas autre part. Ce qui est à retenir, c’est que le
Tsadé est fait de cette rencontre du Noun et du Yod, principe féminin et
masculin. Ces deux lettres sont absolument inséparables et constituent ce
fameux masculin et féminin d’Adam qui est Yod et Isha (qui n’est appelée Ava
qu’après la chute) qui est son Noun, son poisson, sa profondeur et en même
temps, le germe du Yod. C’est le mystère de l’ombre que représente le féminin
par rapport à l’homme et de l’ombre qui est la Création toute entière par
rapport à Dieu. Notre travail c’est d’amener le Noun au Yod pour réaliser la
totalité de la Création. Le Tsadé c’est cette lettre au niveau du 80 qui réalise une totalité accomplie, à l’exception de ce dernier germe divin que nous avons à amener au Yod. C’est cette ultime pêche. Rien d’étonnant alors que Tsadé préside à des mots, non seulement comme Tsad qui veut dire « un côté » (qui appelle l’autre côté), mais aussi à la racine Tsel qui veut dire l’« ombre », c’est-à-dire l’ombre à sa source qui est précisément le Noun par rapport au Yod. L’homme, c’est-à-dire homme et femme, est l’ombre de Dieu. Nous sommes comme l’ombre d’un Dieu qui est parfait, mais qui est encore — on peut presque dire — inachevé, tant que nous ne sommes pas retournés à Lui. Dieu se fait mâle, le mot souvenir c’est le mot mâle, pour descendre dans son ombre, principe féminin. |
SOUZENELLE - L'ALLIANCE OUBLIÉE - LA BIBLE REVISITÉE |
Annick de Souzenelle |
Edition ALBIN MICHEL |
2005 |
||
Et ce récit qui fait naître Eve de la
côte d’Adam, même s’il est symbolique, ne sert-il pas à légitimer la
supériorité et la domination de l’homme sur la femme, typiques des sociétés
patriarcales ? Non crédible sur le terrain de l’histoire, discutable sur le
plan moral, sans signification spirituelle explicite susceptible de nourrir
la foi des croyants, quel intérêt peut-on encore trouver à lire ces premiers
chapitres de la Genèse ? C’est précisément à cette question que
tente de répondre ce livre. Annick de Souzenelle, bibliste d’origine
catholique convertie à l’orthodoxie, travaille depuis plus de quarante ans à
traduire et interpréter le texte biblique à partir de la langue hébraïque. Il
s’agit maintenant de reprendre les seuls trois premiers chapitres et
d’expliciter plus profondément la vision de l’homme et les enseignements
spirituels qu’ils véhiculent, d’en dégager ce que l’auteur appelle les
"lois ontologiques". Lorsqu’elle fût traduite de l’hébreu
en grec à partir du IIIe siècle avant J.C. par des juifs vivant à Alexandrie,
la Bible hébraïque - qui prit le nom de "Septante" selon la légende
qui veut que la traduction en ait été assurée par soixante-douze savants -
comprenait au 1er siècle d’autres écrits (Tobie, Judith, Sagesse de Salomon,
Maccabées, etc. ) qui ne seront pas retenus dans le canon rabbinique. Cela ne
sera pas sans incidence, puisque les premières communautés chrétiennes
intégreront la traduction grecque des Septante à laquelle ils adjoindront au
cours des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne leurs propres Ecritures
saintes : vie et paroles de Jésus (quatre Evangiles), Actes des apôtres,
Lettres de Paul et des apôtres, Apocalypse. Les cinq Livres de la Torah
transmettent non seulement les Dix Commandements, socle de la morale juive et
chrétienne, mais aussi de nombreuses prescriptions rituelles, le récit de la
création de l’homme et du monde ainsi que l’histoire ancienne du peuple juif,
des premiers Hébreux nomades jusqu’à l’arrivée aux portes de la Terre promise,
après la sortie miraculeuse d’Egypte et la longue pérégrination du peuple
hébreu dans le désert. Ces récits ont été pris au pied de la lettre pendant
de siècles et continuent de l’être par un certain nombre de juifs et de
chrétiens pieux. Pourtant, cette lecture fondamentaliste est aujourd’hui
insoutenable. Depuis la Renaissance, l’essor de
l’esprit critique et des connaissances historiques, linguistiques,
archéologiques, sociologiques, astronomiques, géologiques, a profondément
ébranlé bon nombre de certitudes tirées d’une lecture littérale de la Bible.
La révolution copernicienne, puis la théorie darwinienne de l’évolution ont
rendu obsolète la vision d’un cosmos dont la terre et l’homme seraient le
centre, comme celle de la création par Dieu du premier couple humain un peu
moins de quatre mille ans avant J.C. selon la chronologie biblique. Les
connaissances historiques et archéologiques ont également mis à mal toute
l’histoire du peuple hébreu telle qu’elle est racontée dans la Torah. On sait
même aujourd’hui que cette terre d’Israël était en fait sous domination
égyptienne à l’époque de la fameuse conquête mentionnée par la Bible et on
voit mal comment la "superpuissance" de l’époque aurait pu non
seulement laisser s’échapper un peuple entier d’esclaves, mais aussi le
laisser semer la terreur à travers l’une de ses principales provinces.
Certains récits bibliques hauts en couleur, comme la chute des murs de
Jéricho, sont décrédibilisés par des découvertes archéologiques révélant que
les villes de l’époque n’avaient pas de murailles. Ce délire interprétatif, qui est parfois issu de certains cercles occultistes se réclamant de la Kabbale, dissimule l’essentiel : il existe assurément plusieurs niveaux de lecture du texte biblique (comme de tout texte d’ailleurs). Cela est d’autant plus manifeste pour la Bible hébraïque - et c’est la deuxième raison pour laquelle la lecture historico-critique ne peut de toute façon épuiser le sens du texte. Car ce Livre est avant tout une oeuvre hébraïque, c’est essentiel. Entre une lecture de type fondamentaliste et une lecture de type scientifique qui, dans les deux cas, matérialise le texte, il existe donc d’autres espaces d’interprétation possibles de la Bible. Y sont développés : Béréshit et les 6 jours de la création, le Shabbat, le désir, le fleuve de feu, Adam, Ève, le Serpent, l’exil, l’arbre de vie, les 3 discours divins et le pardon. |
SOUZENELLE - LA PAROLE AU COEUR DU CORPS |
Annick de SOUZENELLE |
Edition ALBIN MICHEL |
1983 |
Des
mathématiques supérieures à l’étude approfondie de l’hébreu biblique et des
sciences humaines, de la profession d’infirmière à l’exercice de la
psychothérapie et à l’enseignement, l’expérience d’Annick de Souzenelle
est d’une richesse hors du commun qui fait toute la densité de son oeuvre. Partant de cette expérience et des questions cruciales dont dépend le sens de l’existence humaine – l’amour, l’enfantement, la maladie, le « mal », le corps et la souffrance, la mort et l’espérance –, Jean Mouttapa interroge ici l’auteur du Symbolisme du corps humain. Passionnant dialogue au cours duquel la foi fervente d’Annick de Souzenelle, orthodoxe puisant aux sources hébraïques du christianisme, éclaire d’un sens nouveau tous les domaines de la vie. Ses réponses sans cesse étayées par
une lecture symbolique de la Bible, nous invitent à nous mettre à l’écoute de
notre corps, « lieu de notre accomplissement intérieur », pour
entendre la Parole. Ces entretiens, réalisés au
début des années 1990, n'ont rien perdu de leur pertinence spirituelle. Jean
Mouttapa, éditeur, a par la suite publié chez Albin Michel de très nombreux
ouvrages d'Annick de Souzenelle, femme et auteur d'exception. |
SOUZENELLE - L'ARC ET LA FLÊCHE |
Annick de Souzenelle |
Edition LE RELIÉ |
2001 |
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Plus tard,
il échangea son arc et son carquois contre d'autres en or... Cupidon se
montre dans l'air, le feu, sur la terre et la mer. " Il conduit des
chars, touche la lyre, ou monte des lions, des panthères et quelquefois un
dauphin, pour indiquer qu'il n'y a point de créature qui échappe au pouvoir
de l'Amour." "S'il porte le casque, la pique et le bouclier, il
affecte de prendre une attitude, une démarche guerrières, montrant ainsi
qu'il est partout victorieux, et que Mars lui-même se laisse désarmer par
l'Amour "
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SOUZENELLE - LE BAISER DE DIEU OU L’ALLIANCE RETROUVÉE |
Annick de Souzenelle |
Edition Albin Michel |
2007 |
Au long de décennies passées à interroger le texte biblique et les mystères de sa langue, Annick de Souzenelle a construit une lecture originale et vivante de la tradition prophétique, qui atteint ici sa pleine maturité. Se fondant sur une profonde intuition de la spiritualité chrétienne originelle, et sur le caractère fondamentalement hébraïque de sa littérature sacrée, elle dégage ce patrimoine universel de sa gangue moralisatrice pour en restituer la vitalité. De la matière de ses précédents ouvrages (Alliance de feu, Job sur le chemin de la Lumière…), elle a extrait la quintessence du message qu’elle décline selon des thématiques intemporelles : l’exil de Dieu, la liberté, la connaissance, le désir, le mal et la mort, la renaissance. Autant de sujets qui sont au cœur de
tout savoir spirituel authentique. « La Torah est un baiser de Dieu ! »,
proclame-t-elle : par une attention amoureuse à la richesse du verbe
hébraïque, elle en restitue le souffle. La Torah est un baiser de Dieu ! De
Dieu « Moïse la reçut bouche à bouche », Verbe à verbe ; elle est le Verbe.
Les « petites lettres d'en bas » qui écrivent le Livre sont lourdes des «
grandes lettres d'en haut », leur source, mais aussi leur devenir si nous
savons les reconduire à l'origine. Car c'est à l'Homme qu'il revient d'œuvrer
à ces noces que le baiser promettait. Chaque lettre danse le Verbe qu'elle
est ; chaque mot chante le message qu'il délivre si nous nous offrons à lui. Cette appréhension de la Torah nous
est bien étrangère, à nous Occidentaux, qui scrutons les textes en
manipulant des mots figés comme objets de discours ; entre nos mains, ils
deviennent des outils de pensée alors qu'ils en sont les maîtres. En vérité,
le mot vient vers nous, comme une icône ; il scrute nos cœurs et les appelle
à l'ouverture sur un univers infini. De cet univers les lettres sont les
vibrations, car l'intériorité de l'Homme et la Torah sont sculptées du même
ciseau, celui de la voix divine que « voyaient » les Hébreux au pied du Sinaï
lorsque Dieu parlait à Moïse. La Torah n'est écrite que de
consonnes, le Verbe ; leur musique est une voyellisation non écrite, un souffle,
l'Esprit. L'Esprit est une onde qui voyage à l'infini, qu'on ne peut saisir,
mais qui saisit les lettres dans une ronde ; et la ronde nous encercle à son
tour et fait valser toutes nos certitudes ; elle fait se retourner,
s'éloigner puis se rassembler les mots qui, soudain, prennent une couleur, un
sens, mais un sens toujours ouvert sur d'autres horizons. L'hébreu, plus que
toute langue, est propre à chanter les récits mythiques qui rendent compte de
l'intériorité de l'Homme. Cette intériorité resterait muette si le mythe ne
l'exprimait pas. C'est ainsi que le mot Bereshit qui
ouvre la Torah et dont la Tradition juive assure qu'il la contient tout
entière, ce mot est massacré et la Torah l'est aussi s'il est traduit par «
au commencement » ; ce « commencement », introduit les temps historiques, nos
temps d'exil, il y a des milliards d'années, et il nous concerne alors bien
peu ! Si nous le traduisons par « dans le Principe », ce Principe est présent
en nous ; il est le Noyau fondateur de l'être de l'Adam — l'humanité ; nous
sommes alors saisis par ce Principe dans notre être le plus profond, dans
notre « chair », Bassar, que « Dieu scelle dans les profondeurs de l'autre
côté de l'Adam », son côté encore inaccompli, notre côté encore inconnu.
Bassar, que l'on peut aussi traduire par « dans le prince », contracte en un
ballet nouveau le mot Bereshit, «dans le Principe» ; prononcé Bosser, il est
alors le verbe « informer » : ce Noyau fondateur est Semence de notre être.
Semence qui contient la totale information de notre devenir. Comme le gland
conduit au chêne, ce Bereshit nous conduit à la totalité de nous-mêmes, dont
nous n'avons encore aucune idée ! D'autre part, si nous nous penchons
sur un mythe, le mythe biblique de Noé par exemple, il nous donne à voir que
l'humanité, le collectif en situation d'exil, se débat et se noie dans ce que
symbolise le Déluge — inconscience, violences, destructions, tragédies...,
qui stérilisent la Semence et mènent l'Homme à la mort. Au cœur de ce drame,
le patriarche Noé, homme juste, entend la voix divine et s'extrait du Déluge,
que nous verrons être pour lui « matrice d'eau » et non plus tombeau, afin de
construire son « arche », la Tébah en hébreu ; proche du nom de Thèbes, ville
sainte chez les Grecs, la Tébah est le nouvel espace intérieur du patriarche,
qui sera pour lui « matrice de feu » ; en elle il s'accomplira et deviendra le
fruit promis de sa Semence, le fruit de l'Arbre de la Connaissance. Ce fruit, symbolisé en ce mythe par
celui de la vigne, fait de Noé un homme ivre et nu : ivresse, jubilation de
la connaissance acquise par le travail accompli dans l'arche ; et nudité,
dépouillement des savoirs que le monde lui a fait revêtir. Dans la tente Noé,
devenu Gloire d'Elohim, resplendit et diffuse une lumière insoutenable aux
yeux de ceux qui n'ont pas atteint à cette qualité d'être. Deux de ses fils,
Shem et Yaphet, le suivent ; ils marchent à reculons en revoilant leur père.
Mais Ham, le troisième fils, regarde à l'intérieur de la tente où Noé a
pénétré ; il voit et, certain de ce qu'il a vu, il va le raconter à ses
frères à l'extérieur. Il y aura toujours dans le monde ces deux démarches de
connaissance. Celle de Ham, le voyeur, dont le nom signifie la « chaleur »,
la « puissance », et qui forge ses concepts, les érige en certitudes qui
deviennent idoles et objets de puissance ; son interprétation du mystère est
pour lui vérité et celle-ci, ramenée au niveau des valeurs de l'exil,
construit un dogmatisme stérilisant. Celle de Shem, le « Nom », et de Yaphet,
l'« étendue de beauté », qui, eux, savent qu'ils ne savent pas, est
apophatique, car c'est par une voie négative — à reculons — qu'ils atteignent
à une vérité dont ils savent qu'elle en cache une autre, plus proche de la
vérité ultime, cachée, incluse dans le mystère de la tente ; aussi ils
cherchent, interrogent, contemplent dans une quête amoureuse portée en
eux-mêmes : ils se verticalisent. Au temps de Noé et des patriarches,
l'essence de la Torah était encore toute nue ; elle n'était point encore
habillée dans les vêtements du monde ; elle ne portait pas encore une robe de
juge et n'était pas munie du bâton du gendarme. Les lois de Moïse forment la
gaine protectrice de la Torah dont la lumière originelle est trop forte pour
le monde ; elle risque de l'aveugler et de le brûler. Mais la Tradition nous
apprend qu'aux temps messianiques, le Saint-Béni-Soit-Il sortira le Soleil de
sa gaine, c'est-à-dire que la lumière de la Torah brillera de tout son éclat,
qu'on pourra la percevoir dans son essence sans revêtements pour le monde et
la société, c'est-à-dire sans les lois de Moïse qui sont nécessaires
actuellement car sans elles le monde ne pourrait supporter l'éclat naturel de
la Torah, qui est trop fort pour la plupart des esprits.» Le Verbe inclus dans la Torah est en train d'accomplir de son feu la dernière part de l'arc-en-ciel qui relie le ciel à la terre. L'arc-en-ciel établi par Dieu avec Noé est signe de l'Alliance oubliée des hommes mais que Dieu, se souvenant d'elle, confirme et rend tangible au cœur de leur exil. Cet arc, comme le fil écarlate, trace l'histoire des hommes dont nous semblons vivre aujourd'hui la fin d'un temps ; nous vivons une dernière part du signe de l'Alliance avant que le signe s'efface devant l'Alliance recouvrée. En ce vide mutilé pénètre aujourd'hui le Saint Nom qui, de l'Epée à deux tranchants, de l'Epée flamboyante qu'il est, tue les idoles et invite l'Homme à recouvrer ses normes premières. |
SOUZENELLE - LE FÉMININ DE L'ÊTRE POUR EN FINIR AVΕC LA CÔTE D’ADAM |
Annick de Souzenelle |
Edition Albin Michel |
2000 |
Après le temps du féminisme, mouvement social dont Annick de Souzenelle note à la fois la nécessité historique et les limites, et après le temps d'une féminité artificielle exploitée par la publicité, l'heure est venue d'explorer le sens du féminin. À partir d'une lecture du texte biblique en hébreu, l'auteur du Symbolisme du corps humain nous introduit dans cette dimension essentielle. Scrutant la Genèse, elle s'inscrit en faux contre l'image d'une Eve « sortie de la côte d'Adam », pour mettre en évidence Isha, « l'autre côté d'Adam », la réalité féminine présente en chacune de nous. Elle réinterprète ensuite d'autres grandes figures de la Bible - Marie, Marie-Madeleine, Lot ou Lazare - pour les replacer dans une perspective mystique dans laquelle l'âme de l'homme est une « fiancée » promise aux noces divines Dire que, depuis des millénaires, on enferme,
on bâillonne, on méprise les femmes sous le prétexte biblique d'une "Eve
sortie de la côte d'Adam" ! C'est quand même extraordinaire, cette
histoire ! Et d'abord, pourquoi la côte ? Pourquoi pas un autre os ? Pourquoi
pas, par exemple, un cubitus, un fémur ou autre radius ? Ou même une petite
rotule toute ronde ? Qu'est-ce qu'elle a de plus ou de moins que les autres
os, cette côte ? Je ne sais pas vous, mais moi je me suis toujours posé cette
question essentielle ! D'ailleurs, il m'est arrivé de me sentir un peu
schizophrène en décortiquant à belle dent une savoureuse côte de bœuf...
comme un bout de... moi... en quelque sorte ! |
SOUZENELLE - L’ÉGYPTE INTÉRIEURE OU LES 10 PLAIES DE L’ÂME |
Annick de Souzenelle |
Edition Albin Michel |
1991 |
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Ce
réel voilé a ses lois que nous ne connaissons pas. Ne les connaissant pas, on
y contrevient, et en y contrevenant, on déclenche des conséquences tragiques,
comme les maladies. Ce qu'il faut comprendre, c'est que toute chose n'a de
valeur que dans sa relation au Verbe (c'est-à-dire à Dieu) qui la fonde. Lorsque
l'on coupe ce lien entre la chose et le Verbe, on la chosifie. Or,
aujourd'hui nous chosifions tout, nous désacralisons tout, y compris l'homme.
On traite la terre comme une chose, d'où les drames. Pour en revenir aux
cellules souches, ces cellules sont déjà l'homme. Donc, en les manipulant, on
touche au Verbe, à l'image du Verbe et on déclenche des catastrophes
terribles, des maladies que la cinquième plaie d'Égypte symbolise. La
conscience de l'homme n'a pas grandi dans les mêmes proportions que son
intelligence scientifique. Mais attention, la conscience dont je parle n'est
pas une conscience morale; c'est une conscience d'éveil, de la profondeur des
choses, du réel voilé. |
SOUZENELLE - LE LIVRE DES GUḖRISONS – LES ḖVANGILES EN EAUX PROFONDES |
Annick de Souzenelle |
Edition Albin Michel |
2017 |
Depuis
son maître-livre Le Symbolisme du corps humain, Annick de Souzenelle a
toujours placé le Christ au centre de son oeuvre : son décryptage des grands
textes de la Bible, comme sa vision du corps de l'homme, de la souffrance, du
cheminement spirituel auquel tous sont appelés, ont toujours été inspirées et
alimentées par une foi orthodoxe fervente, puisant aux racines hébraïques du
christianisme. Mais elle ne nous avait encore jamais offert un ouvrage
intégralement dédié aux Evangiles. Trente ans après Alliance de feu, sa
monumentale lecture du livre de la Genèse, elle nous livre ici une
interprétation très originale de la vie et des paroles de Jésus, revisitées à
travers le prisme de la langue hébraïque et de sa symbolique. En choisissant
de se concentrer sur la thématique des guérisons miraculeuses (l'aveugle, le
paralytique, la fille de Jaïre, le possédé, etc., jusqu'à la résurrection de
Lazare), Annick de Souzenelle nous invite à comprendre la racine de nos maux
intérieurs. Profondément ancrée dans la Tradition, mais mue aussi par une
sagesse visionnaire, elle nous montre comment nous pouvons, en nous reliant à
la transcendance, apporter un remède à notre monde malade. Dans ce nouveau
livre, Annick de Souzenelle se penche sur les guérisons du Christ pour nous
en livrer une approche symbolique : qu’il s’agisse de la guérison du
lépreux, de celle de l’aveugle ou du paralytique, tous ces récits, nous
dit-elle, parlent en fait de nos propres maux intérieurs. Elle se propose
donc d’analyser ici les guérisons du Christ en établissant un parallèle avec
nos propres tourments intérieurs : coupés de nos racines divines, nous
devenons en effet les victimes de nos constructions mentales et de nos idéologies.
Que ce soit au niveau individuel ou collectif, si nous voulons, tel le
paralytique, être debout, il nous faut accéder à une nouvelle sagesse, une
nouvelle intelligence. Ceci ne peut se faire que par un questionnement sur
nous-mêmes et sur notre relation à Dieu. Notre guérison et celle du monde
dépendra des réponses qui jailliront de cette réflexion. Au
sommaire de cet ouvrage : L'homme à la
main sèche - Un lépreux -
La femme courbée - La femme qui perd son sang et la fille
de Jaïre - L'homme né aveugle et l'aveugle de Beit
Tsaidah Le paralytique et la fille de la femme cananéenne -
Le démoniaque « frappé de lune » et Ie serviteur du centenier
romain - A la piscine de Beit Hassidah -
L'homme muet - La résurrection du fils de la veuve de
Naïm et la résurrection de Lazare
- Se nourrir de Dieu -
Qui est l'Homme ? Que sommes-nous ? |
SOUZENELLE - LE MANDALA, MIROIR DE SOI – Pensée jungienne et révélation de l’âme |
Elizabeth Leblanc-Coret – Préface d’Annick de Souzenelle |
Edition DERVY |
2014 |
Evoquer, définir, rencontrer, apprendre et vivre le mandala... La qualité et l'originalité de cet ouvrage se révèlent via la mise en visibilité particulière et unique de la connaissance du mandala. Nous le découvrons de son origine à nos jours... De son émergence à son utilisation... Cette image, antérieure à l'apparition de l'homme et liée à la création du monde, recèle un trésor : un centre porteur d'unité et de sens vers lequel la Totalité puise et converge. Pour Jung, le mandala est image du Soi, de cette Totalité de l'être dans sa représentation humaine et divine. Le profane s'unit au sacré pour faire naître et créer. Dans une pratique thérapeutique, dont Jung nous dit qu'il s'agit de "l'initiation de l'homme moderne", le mandala a pour effet de ramener au cœur de soi-même, à l'essentiel, alliance et quête permanentes d'Unité et de Sacralité. Grâce à ses connaissances et la richesse de son propos, l'auteur nous invite à une exploration en images afin de révéler l'image profonde de l'Etre. Les illustrations proposées accompagnent ce voyage. Elizabeth
Leblanc - Coret développe dans cet ouvrage l’idée que «dans un Mandala se
représentent beaucoup plus de choses qu’on ne croyait y avoir mis ! Et que
c’est en cela qu’il est actif et procède à une profonde transformation
intérieure; il (le mandala) va au-delà du connu en favorisant
l’expression de l’inconscient», le mandala constitue un arrêt sur image du
moment, qu’est en train de vivre la personne » , «L’auteur peux proposer la réalisation
d’un Mandala dans ces moments où le patient bute sur une problématique
conflictuelle- confrontation d’opposés- dont il n’arrive pas à sortir. Les
connaissances qu’il a du problème posé ne lui apportent aucun soulagement et
ne l’amènent à aucune résolution».
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SOUZENELLE - LE MATIN DU 7e JOUR |
Annick de Souzenelle |
Edition Alice Liège |
2002 |
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Comment, surtout,
peut-on retrouver une unité au milieu de ces multiples expériences ? La
réponse réside dans un itinéraire hors du commun, fait de multiples ruptures
et d'une unique fidélité. Je
cite Annick de Souzenelle : « L'Homme d'aujourd'hui n'est pas
l'Homme définitif. Pour l'instant l 'Homme est très identifié à son
inconscient... Mais une lente montée de conscience se fait depuis le début
des temps et se fera jusqu'à la fin des temps. L'Homme est comparable à un
arbre qui grandit et dont la sève monte. Le thème de la fécondité est donc
essentiel. Mais on a trop longtemps confondu le fruit de cet arbre, et donc
l'objet même de la fécondité, avec l'enfant qu'un couple met au monde.
L'enfant est béni, mais il n'est pas le but, il n'est pas le fruit. Dans mes ouvrages,
j'ai souvent mis l'accent sur ce qui est dit de la création de l'Homme - de
l'Adam - dans la Genèse: "A l'image de Dieu" et" mâle et
femelle il est créé". Il est bien entendu qu'à un tout premier niveau,
celui du sixième jour qui voit aussi l'apparition des animaux de Terre, Adam
est comme ces derniers, "mâle et femelle", dans les catégories
biologiques, et voué à la procréation. Mais à un autre niveau qui fera
l'objet du septième jour, l'Homme en tant qu'image de Dieu est appelé à faire
un passage essentiel dans la réalisation de cette image, et le vocable
"mâle et femelle" prend alors une tout autre signification: est
"mâle" celui (ou cela) qui "se souvient" de cet autre
"côté" de lui-même (et non d'une "côte" !) lourd de
l'image divine; il s'agit dans ce pôle "femelle", d'un féminin
intérieur à tout être humain, côté voilé de lui parce qu'encore inconscient
mais riche d'un potentiel inouï. Epouser ce
féminin-là pour faire grandir "l'image" - comme grandit en effet un
enfant dans un ventre maternel - pour atteindre à la "Ressemblance à
Dieu", est alors la vocation réelle de l'Homme (hommes et femmes). Nous
pouvons prolonger l'analogie et dire que l'état de "Ressemblance"
est celui d'un enfant intérieur prêt à naître au neuvième mois d'une
gestation essentielle. A ce terme, ce qui n'était que potentiel est réalisé,
l'inconscient est transmuté en conscience. L'arbre a donné son fruit :
l'Homme déifié. Là est la vraie fécondité.
Dans la
Bible au 2ème chapitre de la Genèse. "Dieu dit: il n'est pas bon
qu'Adafi soit seul, faisons une aide semblable à lui". Cette traduction
est mauvaise sous bien des aspects, mais surtout en ce qu'elle qualifie
l'aide ; il n'est pas possible de traduire par "semblable à", il
serait plus juste de parler d'une "aide capable de communiquer avec
lui", ou encore "d'être son face à face". C'est alors que Dieu
fait découvrir à Adam cet autre "coté" de lui-même - et non sa
"côte", cette part de lui qu'il devra épouser, son féminin
intérieur. Adam - chacun de nous - ne peut que trouver aide en lui-même, en
entrant en communication avec lui-même, avec cette part sacrée de ses
profondeurs. Le poète
Novalis, amoureux de l'amour, dit : "Il n’y a qu'un temple au monde et
c'est le corps humain.." mais le cosmos aussi est un temple - la Maison
que j'habite... Tout peut être temple si j'y contemple la présence divine. Le
corps ne doit pas être idolâtré; il sera transformé en corps spirituel avec
la déification de l'Homme intérieur; il inscrit dans la moindre de ses
cellules toute transformation de l'être ; il est un témoin. La voie du
milieu, celle qui chemine entre les interdits et la déification, est le
"chemin qui a un cœur" dont parle l'autre poète, Daniel Pons :
"Le chemin des profondeurs où chaque chose est reliée au Verbe divin qui
la fonde." Si nous ne voyons pas derrière le moindre brin d'herbe sa
relation à l'archétype divin dont il procède, nous sommes dans un non-sens
absolu. Avant tout, il nous faut retrouver la respiration qui unit la terre
au ciel et l'Homme à Dieu. Parce que nous ne sommes plus dans ce souffle,
nous sommes dans une effroyable confusion. Coupés du monde divin, nous sommes
dans la même situation que celle du déluge. "Maboul" est le déluge
en hébreu. Nous sommes tellement concernés que nous en avons gardé le mot
français! Il signifie l'anarchie la plus totale - l'Homes coupé des
archétypes. Celui qui rentre dans l'arche, Noé - et nous sommes tous appelés
à devenir des Noé, rentre dans le souffle, dans la respiration exaltante de
la vie divine, et il s'accomplit.
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SOUZENELLE - LE SEIGNEUR ET LE SATAN – AU-DELA DU BIEN ET
DU MAL - |
Annick de Souzenelle |
Edition
Albin Michel |
2016 |
De
tout temps les hommes se sont demandé pourquoi le mal et le malheur sont si
présents en ce monde, pourquoi " il pleut sur les justes et il fait
soleil pour les méchants " - mystère encore plus grand dans le
monothéisme, puisque Dieu y est censé être le Tout-Puissant. Depuis Le
Symbolisme du corps humain jusqu'à " Va vers toi ! ", Annick de
Souzenelle n'a cessé d'explorer le texte biblique en écho à cette
interrogation. Elle
ose ici l'aborder de front, par-delà tout moralisme, en questionnant le
personnage du Satan : comment se fait-il que celui qui est perçu comme le
Maître des Ténèbres soit mis en scène, dans le livre de Job, comme un
interlocuteur du Seigneur, passant même un pacte avec Lui ? Se pourrait-il
qu'il ait une fonction dans le processus de la Rédemption, et que ses
apparitions comme le grand Tentateur - face à Adam et Eve ou à Jésus - soient
autant d'épreuves incontournables sur le chemin initiatique ? Le serpent qui
le symbolise est peut-être la réponse à cette énigme... Un livre de grande
maturité qui place le lecteur face à lui-même, au-delà du bien et du mal. Apocalypse 12 décrit trois occasions où
Satan nous a déclaré la guerre : 1/. Il a d'abord déclaré la guerre
contre le Dieu Tout Puissant lui-même. Jean écrit : « Et il y eut guerre dans
le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et
ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place
ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le
serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre,
il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. »
(Apocalypse 12 :7-9) Ce passage rappelle le moment où dans le ciel Satan se
rebella contre l'autorité suprême de Dieu. En ce temps-là, il était connu en
tant que Lucifer, un ange possédant une grande autorité. Mais Lucifer voulait
aussi être comme Dieu. Alors, enrôlant un tiers des anges, il s'éleva contre
le Tout Puissant. Mais Dieu chassa Lucifer hors du paradis, ainsi que tous
les autres anges rebelles. Les cieux se réjouirent de la victoire. Le diable
avait perdu la guerre, ainsi que sa place dans le ciel. 2/. Satan vaincu déclara alors sa
deuxième guerre : celle-ci contre le Fils de Dieu, Jésus-Christ. Jean écrit :
« Un grand signe apparut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la
lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était
enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de
l'enfantement. Un autre signe parut encore dans le
ciel ; et voici, c'était le grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix
cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des
étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la
femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu'elle aurait
enfanté. » (Apocalypse 12 :1-4) Satan savait qu'une incroyable église
était sur le point de jaillir des vestiges de l'Ancien Testament. Ce serait
un corps glorieux, revêtu du soleil de la justice. Alors le diable déclara la
guerre à nouveau, prétextant que maintenant il pourrait combattre sur son
propre territoire, la terre. Ce passage suggère que Satan savait
qu'il ne pourrait atteindre l'enfant dans le sein de Marie. Alors il
détermina de détruire Christ dès sa naissance. Il rassembla toutes ses forces
démoniaques autour de Bethléhem, envoyant des esprits trompeurs pour aveugler
les scribes, les sacrificateurs et les Pharisiens. Ensuite, son propre esprit
entra dans le roi Hérode, le possédant ainsi. Si Satan ne pouvait pas
lui-même tuer Christ, il avait un homme prêt à le faire pour lui. Mais les armées du Seigneur composées
d'anges célestes montaient la garde auprès de l'enfant, afin que Satan ne
puisse l'atteindre. Le diable dut attendre trente ans pour essayer de dévorer
Christ. Il vit sa chance suivante au début du ministère de Jésus, quand le
Saint Esprit déclara qu'Il était le Messie. A ce moment-là, Satan conduisit
Christ dans le désert pour être tenté. Cependant, Jésus l'a à nouveau battu.
Dieu protégea encore une fois son fils, envoyant des anges pour le servir
dans ce temps de faiblesse physique. Le diable essaya une dernière fois de
dévorer Christ. Cette fois-ci, il rassembla ses forces pour tenter de tuer
Jésus par la crucifixion et de le chasser dans la tombe. Il envoya des
esprits démoniaques pour susciter une émeute, entrant dans le corps de
sacrificateurs, de soldats, de responsables politiques et de faux témoins ;
Finalement, Satan pensa qu'il avait atteint son heure de gloire. Il allait
maintenant entamer une guerre totale. Cependant, vous connaissez le reste de
l'histoire : le jour de la résurrection fut pour Satan celui de sa défaite la
plus humiliante. Quand Jésus fut élevé au ciel, Il devint à jamais hors
d'atteinte du diable. « Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône.
» (Apocalypse 12 :5) Tout l'enfer trembla parce que Satan avait encore perdu.
Même en utilisant tout son pouvoir, il ne pouvait toujours pas vaincre le
fils de Dieu. 3/. Le diable déclara sa troisième et
dernière guerre contre la postérité de Christ. Cela signifie qu'il est en
guerre contre tout véritable croyant sur terre. Jean écrit : « Quand le
dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui
avait enfanté l'enfant mâle. » (verset 13) « Et le dragon fut irrité contre
la femme, et il s'en alla faire la guerre aux restes de sa postérité, à ceux
qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus
Christ. » (verset 17) Satan retourna sa colère contre
l'église de Jésus Christ. Et il réserva le plus fort de sa rage contre les
croyants qui gardent les commandements de Dieu et qui Lui font confiance. Le
diable sait que cette guerre est sa dernière chance, parce qu'il ne reste
qu'un temps assez court avant que Christ ne vienne rechercher Son épouse. «
…sachant qu'il a peu de temps. » (verset 12). La guerre de Satan contre
l'église est donc la plus intense de toutes. Il veut regagner le terrain
qu'il a perdu contre Christ. Il n'arrêtera devant rien pour détruire la foi
de l'épouse. Cela veut dire qu'il va utiliser toutes ses armes contre nous,
toutes ses subtilités, ses tromperies et ses moyens. Annick de Souzenelle occupe une place à part pour ceux qui
s'intéressent à la rencontre entre foi et développement personnel. Mieux vaut
être bien réveillé si vous la rencontrez. A 93 ans, elle est pleinement
présente à son interlocuteur et les réponses fusent avec une étonnante vitalité.
Elle reçoit et donne des interviews pour La vie au sein du prieuré saint
Augustin à Angers où elle a créé l'institut d'anthropologie spirituelle.
Après des études de mathématiques, Annick de Souzenelle a été infirmière
anesthésiste, puis psychothérapeute. Née dans une famille catholique, elle a
poursuivi à l'âge adulte son chemin spirituel dans la tradition chrétienne
orthodoxe, elle anime régulièrement des stages au centre Sainte-Croix, en
Dordogne. Elle fonde sa recherche sur son excellente connaissance de l'hébreu
qui lui permet de lire l'Ancien et le Nouveau Testament. Grâce à elle, le
lecteur redécouvre la richesse et la complexité de ces grands textes. Elle
n'hésite pas à l'occasion à dénoncer les contresens qui demeurent présents
dans certaines traductions contemporaines. Plutôt que de parler de mort et de
résurrection, elle préfère évoquer le terme de mutation présent dans le texte
en hébreu. La résurrection est un travail de chaque instant où nous luttons
avec nous-mêmes pour intégrer nos forces de vie intérieure Au sommaire de cet ouvrage : Du bien
et du mal - Le mariage Tob-Ra, le mythe de
Tobie - Rupture dans le créé. Intimité des deux de la
rupture - Approche de la fonction ontologique du
Satan - L’Adam et la Satan, auteur de
l’exil - Le Satan diabolique et le
mal - Le symbole du serpent -
Le Fils de l’homme et le Satan - Le soleil et la lune
réunifiés - |
SOUZENELLE -LE SYMBOLISME DU CORPS HUMAIN |
Annick de Souzenelle |
Edition Dangles |
1984 |
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Le
Symbolisme du corps humain représente le versant pratique du
discours mythologique et historiosophique d’Annick de Souzenelle. La
théologienne orthodoxe s’inscrit bien dans la tradition des pères de l’Église
pour qui comme l’a écrit saint Maxime le Confesseur « une théologie sans
action est la théologie des démons’. Il faut redécouvrir avec elle
certains passages énigmatiques ou que l’on croyait comprendre des écritures
saintes, du lavement des pieds des apôtres par le Christ le soir de la sainte
Cène à l’apparition de la femme vêtue de soleil dans l’Apocalypse, la tête
couronnée de douze étoiles… Disons pour résumer que le corps de l’homme,
temple du Saint-Esprit pour saint Paul, est selon Annick de Souzenelle
l’arbre des Séphiroth de la mystique juive, le lieu par excellence de la
révélation progressive de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. « Le
corps, écrit Annick de Souzenelle, est à la fois notre outil,
notre laboratoire et notre ouvrage pour atteindre à notre vraie stature qui
est divine ». L’anthropologie judéo-chrétienne d’Annick de
Souzenelle ouvre par ailleurs des perspectives passionnantes dans trois
domaines : la médecine, la rencontre des religions et l’exégèse
biblique. Les conséquences thérapeutiques des analyses anthropologiques
d’Annick de Souzenelle trouvent leur source dans une expérience vécue du
dépassement de l’antinomie entre les pôles féminin et masculin de l’humanité.
Elle écrit : « Ces deux pôles sont constitutifs de l’Adam créé mâle et
femelle (Gn 1, 27). Mâle – Zakhor –
est celui qui « se souvient’ (c’est le même mot en hébreu) de sa réserve
d’énergie Nqévah (« femelle’), « contenant » qui recèle la
puissance du NOM. Est mâle celui qui se souvient de son féminin inaccompli et
qui prend le chemin de la conquête de son NOM. Là est la vocation
fondamentale de chaque Adam, homme ou femme. L’Adam et son féminin
s’inscrivent dans la même dialectique que Tov veRA Le féminin, notre
« ombre » à chacun, contient le secret de notre NOM.’ Annick de Souzenelle inverse ici dans une
perspective anthropologique l’adage des pères cité par le père Paul
Florensky : « Se souvenant Dieu crée ». Ainsi le dépassement
de l’antinomie est eschatologique. La déification pour l’homme est avant tout
une œuvre de mémoire. On retrouve certains accents sophrologiques chez Annick
de Souzenelle : « L’homme déifié, en ses noces divines, participe
de la Sagesse et de celle qui lui est comme une épouse,
Intelligence. » Cela a bien entendu des conséquences déterminantes
en particulier sur un plan psychanalytique. Comme le jeune prince du conte
nous devons accepter de défricher la forêt de notre mémoire pour aller au
fond de nous-mêmes, réveiller d’un baiser la Belle et toute la nature autour d’elle
endormie de fatigue et de dépression. Cinq siècles avant Jésus Christ, les
acuponcteurs chinois avaient remarqué que l’oreille humaine symbolisait
de façon fractale l’ensemble du corps humain. Dans le Lévitique, il est
conseillé au sacrificateur de mettre un peu d’huile dans sa main et de
l’appliquer « sur le lobe de l’oreille droite de celui qui se
purifie » (Le 14, 17). Selon Annick de Souzenelle ; c’est pour
tendre l’oreille à l’écoute du NOM (le fameux Shema juif :
Écoute Israël !) que le corps se verticalise et trouve son équilibre…
Ceci explique pourquoi le Christ fit entendre les sourds et parler les muets
tout en prévenant de la fonction symbolique de l’oreille (Éphéta, ouvre-toi
(Mc 7, 32-37). On passe facilement aujourd’hui dans les milieux orthodoxes
bien-pensants de l’interrogation sur les médecines douces au rejet du
« fatras ésotérique » et finalement à la condamnation du New-Age. En
revanche, on construit des sépulcres à la spiritualité philocalique des
Pères de l’Église et on décore les tombeaux des principaux acteurs de
l’école de Paris. Il est salutaire dans ce contexte de rappeler avec l’un des
héritiers de cette école, Paul Evdokimov, que les starets « lisaient les
pensées sans rien demander, savaient le contenu d’une lettre sans l’ouvrir ».
Le théologien russe rapporte l’adage d’un Père du désert, l’abbé
Joseph : « si tu veux être parfait, deviens tout feu. » Et
lorsqu’il tendait ses mains vers le ciel, « ses mains devenaient comme
dix cierges allumés. » De la rencontre des religions et les analyses de
Annick de Souzenelle, on trouve de profondes similarités entre le bouddhisme,
le judaïsme et le christianisme dès lors qu’on accepte de sortir pour un
temps de la problématique traditionnelle, – nécessairement close sur
elle-même car héritée de l’antiquité grecque et néo-platonicienne –, fondée
sur les concepts de procession, d’autorité et de grâce. La mythologie
judéo-chrétienne a été réinterprétée aux XVe-XVIe siècles dans les textes de
l’alchimie chrétienne par de grands savants comme Pic de la Mirandolle. La
« voie » qui permet de suivre le Christ (qui est lui-même la
voie, hodos en
grec) est marquée par le passage de « l’œuvre au noir » puis de
« l’œuvre au blanc » enfin de « l’œuvre au rouge ». On
trouve selon Olivier Clément dans ce cheminement, dans cette
« méta-hodos-logie », de nouvelles clefs pour l’interprétation non
seulement des mythes les plus importants de la culture occidentale mais aussi
des récits fondateurs des religions orientales. L’œuvre au noir
écrit-il, est « une mort, un mariage, et une descente aux enfers ».
L’œuvre au blanc est la découverte de « la luminosité subtile » de
la materia.
L’œuvre au rouge est le flamboiement de l’Esprit. « Et l’or apparaît,
conscience solaire de la toute présence… » Pour rester sur l’exemple du symbolisme de l’oreille, Annick de Souzenelle voit une profonde similitude entre les petits personnages sculptés sur le linteau du tympan de la cathédrale de Vézelay et l’iconographie hindoue de Ganesha le fils de Shiva. Si les petits hommes de Vézelay sont munis d’énormes oreilles et se tiennent le pied, c’est, explique l’auteur du Symbolisme du corps humain, parce qu’ils ont « entendu’, pris conscience que leur pied est blessé, et marchent à cloche-pied vers leur verticalisation pour leur accomplissement divin. Ganesha quant à lui est représenté traditionnellement avec une tête d’éléphant, un corps d’homme et montant un rat. Car sa force spirituelle est symbolisée par l’amplitude de la tête avec ses larges oreilles et sa trompe. Et pénétré de la lumière divine, Ganesha est sans poids et n’écrase pas le rat, animal rusé qui sait pénétrer dans les endroits difficiles et symbolise l’intelligence apte à pénétrer les problèmes les plus ardus. Il n’y a là nul syncrétisme car il ne s’agit pas de transformer l’hindouisme en religion de l’incarnation. Dans les deux cas en revanche, on retrouve l’idée d’obéissance et d’ouverture à l’esprit que traduit le terme d’oreille en hébreu, ozen. On ne trouve pas non plus chez Annick de Souzenelle de relativisme quant aux fondements de la dogmatique chrétienne. On retrouve plutôt en elle une inspiration philocalique : « Le cœur, écrit-elle, n’est entendu que par celui qui, tel l’apôtre Jean, “au secret divin”, y place son oreille. Car le cœur du labyrinthe c’est aussi le Christ, le Verbe. » On y trouve : l’Épée – l’Arbre de vie – le Bien et le Mal – les Séphiroth – Malkut – les Genoux – les Jambes – la Circoncision – le Déluge – le Labyrinthe – la Porte des hommes – Jacob – le Christ – la Porte des Dieux – les Reins – les Os – le Sang – le Feu – le Cœur – les Poumons – l’Estomac – l’Œuvre au noir – les Enfers – la Souffrance – l’Aigle – Dante – Prométhée – l’Œuvre au blanc – l’Oreille – la Langue – le Rouge – la Salive – Tobie – l’Émeraude – les Cheveux – la Mandorle – les Larmes – les Yeux. |
SOUZENELLE - L’INITIATION, Ouvrir les portes de notre cité intérieure |
Annick de Souzenelle et Pierre-Yves Albrecht |
Edition Le Relié |
2013 |
Dans les sociétés traditionnelles, les différents âges de la vie étaient règles par des rituels d’initiation. Les auteurs de cet ouvrage nous proposent de réfléchir à nouveau sur ce concept et ces pratiques. En ces temps de crise profonde, il est en effet précieux de savoir trouver les racines fondamentales de nos êtres ainsi que nos énergies essentielles. Il est clair que le manque de sens qui caractérise nos sociétés actuelles est le vrai fléau qui nous conduit à la confusion généralisée. Il ne s’agit pas d’instituer de nouvelles religions mais de se poser la question : comment renouer avec cette dimension de l’être qui dépasse infiniment les petits jeux pervers et sclérosants de l’ego ? Car si les forces passionnelles prennent l’avantage, le chaos s’installera. On ne saurait parler d’initiation dans le sens retenu ici sans évoquer le ou les chemins spirituels, se pose alors la question du langage, car les réalités dont on traite ne sont pas d’abord matérielles. Les descriptions de la vie spirituelle ressemblent à des cartes géographiques, celle-ci peuvent être météorologiques, politiques, en relief ou autres choses, mais l’accent sera mis sur les types de renseignements que l’on cherche. Les cartes de la vie spirituelles sont nombreuses, aussi lorsqu’on rentre en spiritualité il importe d’avoir la bonne carte et de savoir la lire ; dans cet ouvrage Annick de Souzenelle présente les trois matrices du corps selon une vue possible de l’arbre séphirotique et y mêle la danse des lettres et des mots hébraïques dont elle est amoureuse depuis longtemps. Au fil de cet ouvrage novateur, Annick de Souzenelle et P. Albrecht nous invitent donc à reconsidérer les valeurs de l’initiation sous des formes renouvelées. Au sommaire : Première partie :
Retour au jardin d’Eden : Deuxième partie : Le
Grand-Œuvre :
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SOUZENELLE - MANIFESTE POUR UNE MUTATION INTÉRIEURE |
Annick de Souzenelle |
Edition Le Relié |
2003 |
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Lorsque l’on entreprend de se
connaître et que l’on porte son attention sur son monde intérieur, on est
d’abord frappé par sa richesse et son foisonnement : sensations, pulsions,
émotions, pensées, désirs, sentiments se succèdent continuellement et
(apparemment) sans ordre, ni logique, faisant penser à une jungle grouillante
de vie. Si l’on accepte son monde intérieur tel qu’il est, en se contentant
de le percevoir avec intérêt, bienveillance et neutralité, alors il reprendra
forme et sens : les pensées, dès lors qu’elles sont écoutées, honorées et
prises en compte, peuvent s’approfondir, quitter le plan superficiel des
réactions émotionnelles et réflexes conformistes, pour donner lieu à des prises
de conscience émanant de la sagesse intérieure, s’avérant être source de
compréhensions, révélations et inspirations appropriées ; les émotions
perçues, acceptées et libérées, se transmutent alors en paix, joie et
plénitude ; quant aux désirs, si leur substrat émotionnel se transmute, ils
s’approfondissent également et deviennent des intuitions justes et
pertinentes, provenant des couches profondes de la conscience. Ainsi ce que l’on pourrait appeler la
méditation libre, naturelle ou spontanée, au lieu d’imposer un ordre
arbitraire et artificiel à ses pensées, désirs et sentiments, consiste
simplement à les accepter, les laisser être et suivre leur cours naturel, que
l’on ne peut déterminer par avance, mais qui aboutit toujours à une
réorganisation, réharmonisation et clarification de l’esprit. Méditer ne
consiste donc pas à adopter le look, la posture et les manières du méditant,
à singer un modèle ou à devenir une statue vivante, mais au contraire à
perdre ou déconstruire les déguisements sociaux, repères et croyances
obsolètes, pour laisser resplendir la magnificence du moi véritable. C’est
ainsi que, couche après couche, strate après strate, la méditation
authentique permet de se libérer de ces vieux vêtements usés et inutiles, qui
recouvrent et masquent le soleil intérieur. On y parle de retournement, de sacrifice. Du passage du 6 au 7, des mythes grecs, juifs, chinois et chrétiens. |
souzenelle
– nous sommes coupÉs en deux |
Annick
de souzenelle |
Edition
DU RELIE |
2008 |
Annick
de Souzenelle
analyse pour la première fois le mythe de Jonas dans la Bible, à sa manière
habituelle, en revenant aux racines hébraïques du texte pour découvrir le
sens caché des mots, et en se servant de la psychologie jungienne. Ce
faisant, elle nous donne une fulgurante méditation sur nous-mêmes, sur notre
temps, avec ses peurs, ses espoirs et ses dangers. Dans nos sociétés
modernes, l’être se trouve de plus en plus fragmenté, déchiqueté et
véritablement coupé en deux par ses besoins, ses désirs et ses obligations
existentielles, face à ses aspirations spirituelles. On trouvera avec ce
livre un CD audio où Annick de Souzenelle développe sa pensée au fil des
questions de Marc de Smedt face à la grave crise que traverse l’humanité :
ses réponses se révèlent passionnantes. Nous
y découvrons alors le responsable de notre aliénation, l’inconscient en tant
qu’il n’est plus visité d’un être conscient ; l’inconscient est le « non
accompli », selon le vocabulaire hébreu, un espace infini, voilé, peuplé
d’énergies potentielles qui gravitent autour du boyau fondateur de l’être ;
il est le pôle féminin de l’être ; abandonné à lui-même, non visité du pôle
mâle, « accompli » de l’être, le conscient, il est une jungle destructrice
qui s’objective dans le monde extérieur auquel l’homme se prostitue. Mais
si nous nous retournons vers lui, de prison, voire d’éventuel tombeau qu’il
était, il sera matrice ; matrice d’eau tout d’abord, elle est d’ordre
énergétique et se situe dans notre corps biologie au niveau du ventre chez
l’homme comme chez la femme ; elle assure la gestation du « Fils » divin,
Bar, en hébreux, qui ouvre nos textes sacrés dans le mot Béréshit ; ce
mot, Béréshit, signifie « dans le principe » ; il peut aussi être lu
Bereshit, « un fils je pose ». le Fils se révèle être le « principe », la «
Semence » divine déposée en notre être (cette qualité de « Semence » lui sera
donnée en Genèse 3, 15 et 4, 25. le Fils est, avec l’Esprit, le noyau
fondateur de l’être dont je viens de parler, l’image de Dieu en nous.
L’Esprit est une puissance d’amour infini qui nous est données pour faire
croître le Fils. |
SOUZENELLE - ŒDIPE INTÉRIEUR – LA PŖÉSENCE DU VERBE DANS LE MYTHE GREC |
Annick de SOUZENELLE |
Edition ALBIN MICHEL |
1999 |
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Elle dévore les êtres qui se présentent à l'entrée de la ville
et se montrent incapables de résoudre l'énigme qu'elle pose. Œdipe décide
d'affronter la Sphinge et de répondre à la question essentielle: “Quel est l'animal qui marche sur
quatre pieds le matin, sur deux pieds à midi et sur trois pieds le soir ? -
L'homme répond Œdipe sans hésitation.” La Sphinge transmet ses pouvoirs à Œdipe. Il entre triomphalement dans Thèbes et épouse la Reine Jocaste. Sans le savoir, Œdipe a épousé sa mère. De leur union naîtront quatre enfants, deux fils (Étéocle et Polynice) et deux filles (Ismène et Antigone). Un terrible fléau s'abat sur la ville entretemps. Tous les êtres vivants (humains, animaux et plantes) sont frappés de stérilité. Œdipe part à la recherche de la cause de ce désastre. Il apprend de l'oracle qu'elle est liée au meurtre du Roi Laïos. Pour en découvrir l'auteur, Œdipe va consulter Tirésias, le devin aveugle. Tirésias refuse de lui révéler le terrible secret. Œdipe le presse de dire la vérité. Le sage finit par lui dire qu'il a tué le Roi, son père et épousé sa mère. Jocaste se pend en apprenant la nouvelle. Œdipe s'arrache les yeux. Guidé par sa fille Antigone, il commence un long voyage dans les ténèbres avant d'être admis dans le séjour des dieux. Ici commence l'histoire. Le destin d’Œdipe, loin de toute fatalité et de toute interprétation déterministe, s’éclaire alors d’une lumière mystique, dans laquelle l’homme est appelé à épouser sa « sœur-mère », symbole de son « féminin intérieur », et à franchir les étapes successives de son initiation ultime. Pour préciser le sens de cette lecture totalement novatrice du mythe œdipien, Annick de Souzenelle nous invite à revisiter aussi l’histoire de Thésée – ce «héros» trop pressé dont les nombreux exploits cachent une fuite de toute exploration intérieure – et celle d’Europe, symbole d’une civilisation dont la vocation première est de se mettre en route vers son Orient. À l’heure d’une «construction de l’Europe» dont la finalité semble si obscure à beaucoup, Annick de Souzenelle signe là l’un de ses livres les plus engagés, et nous appelle à retrouver le sens profond de notre double héritage, celui d’Athènes comme celui de Jérusalem. |
SOUZENELLE - RAISONNANCES BIBLIQUES |
Annick de SOUZENELLE |
Edition Albin MICHEL |
2001 |
A l’heure où commence à s’instaurer un véritable dialogue entre juifs et chrétiens, comment peut-on comprendre le lien qui unit le « Nouveau Testament » à « l’Ancien Testament » ? Pour Annick de Souzenelle, le mystère de cette relation est à entendre comme celui d’une unique Parole de Dieu, dans laquelle le « Bonne nouvelle » résonne en pleine harmonie avec la Première Alliance : elle accomplit ses promesses et dévoile son secret, et son message, à son tour, s’éclaire des mille corrélations subtiles qui la lient à la Torah. Une telle vision, étayée par la Tradition et par l’extraordinaire symbolique des lettres hébraïques, était déjà présente dans toute l’œuvre d’Annick de Souzenelle, depuis « le symbolisme du corps humain » jusqu’au « Féminin de l’être ». Elle est ici développée de façon lumineuse, à travers un parcours qui va du Prologue de Jean au récit de la Pentecôte. Les correspondances très précises que l’auteur établit à propos de la circoncision de Jésus, des Béatitudes ou du Notre Père, nous invitent à changer radicalement notre regard sur ces textes, et par la grâce de leur enseignement, notre regard sur nous-même.
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SOUZENELLE - VA VERS TOI - LA VOCATION DIVINE DE L’HOMME |
Annick de Souzenelle |
Edition Albin Michel |
2013 |
Depuis une trentaine d’années, Annick de Souzenelle a construit une œuvre forte où se rencontrent foi chrétienne orthodoxe, lecture de la Bible à partir de la symbolique des lettres hébraïques, et décryptage des symboles qui habitent l’homme. Ce livre est la synthèse du travail de toute une vie, synthèse en forme d’appel, en écho au « Va vers toi » qu’entendit Abraham et qui le fit se mettre en marche. Annick de Souzenelle s’attache ici à formuler ce qu’elle appelle les « lois ontologiques » dont la Bible, à travers la Loi, les Prophètes et le Christ, nous rappellent la nécessité vitale : « L’homme est un et chacun est unique » ; « L’homme est essentiellement un mutant » ; « Toute relation humaine est en puissance le signe de l’Alliance offerte par Dieu aux hommes » ; « Sans la bénédiction divine, l’Homme ne peut s’accomplir »… Autant de vérités fondamentales qui convergent dans la vocation ultime de l’humanité, qui est une vocation divine, comme l’avait annoncé au 2e siècle saint Irénée : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Dans son introduction A. de Souzenelle écrit : Moïse est au sommet du Sinaï ; la montagne fume comme une fournaise et tremble avec violence. Le Seigneur descend dans le feu et parle à Moïse. Tout le peuple, au pied de la montagne voit les voix et les éclairs, et la voix du shofar, et la montagne fumante, il est effrayé et se tient à l’écart. Dans ce bouleversement cosmique, le Seigneur prononce les dix commandements, et le ciseau de son Verbe grave ses lumières dans la pierre pour éveiller celles qui sont inscrites au cœur des Hommes depuis le commencement du monde. Ainsi le peuple voit, il voit le secret du Verbe derrière le voile des mots, il s’ouvre à cette épiphanie céleste en son propre cœur, en celui qui bat dans la montagne fumante intérieure, au centre de sa matrice de feu. Ce peuple avait quitté l’Egypte, pays de servitude qui était sa matrice d’eau, or là il voit un monde nouveau, terrifiant et sublime, celui de « l’imaginal », celui des anges. A travers cette fournaise de ce monde minéral, il va repartir vers la terre promise, car son chemin est dorénavant balisé par des lois qu’incarnent ces hiérophantes de Dieu, qui les invitent à fêter ce nouvel état et ces nouvelles lois qui n’ont plus l’amertume de la servitude mais la saveur de miel de l’amour fou de Dieu. Au sommaire de cet ouvrage : L’Homme est UN et chacun est unique - L’homme est un mutant - L’Alliance et la communication - La bénédiction et les mondes angéliques - Les limites et les 12 fils de Jacob - Le bouclier devant l’Epée - « Va ver toi » et le départ d’Abraham - La Pâque et la 9e plaie d’Egypte - Le miracle et la situation d’exil |
spinoza |
Steven nadler
|
Edition
BAYARD |
2003 |
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Le premier texte à leur être
consacré se trouve ainsi en marge du monde savant, dans la Magia naturalis
de Della Porta (édition de 1589, livre XVII, ch. X, De crystallinae lentis
effectibus) : « Avec les lentilles concaves, tu vois les choses
lointaines petites mais claires, avec les lentilles convexes, les choses
voisines plus grandes mais peu nettes. Si tu sais assembler avec justesse les
unes et les autres, tu verras, agrandies et claires, les choses proches et
les choses lointaines ». Il s’agit donc de savoir combiner sans perte
deux critères : l’agrandissement et la clarté, l’étendue et la qualité
de la vue. Même si l’on ne possédait pas encore en tant que telles les lois
de la réfraction à travers une surface plane, une surface courbe, ou deux
surfaces courbes successives, cette « recette » peut être prise à
juste titre comme le point de départ d’une véritable révolution de la vision.
« Toute la conduite de notre vie dépend de nos sens, entre lesquels
celui de la vue étant le plus utilisé Ce n’est pourtant qu’au début du
XVIIe siècle, avec Galilée braquant sa lunette vers les satellites
de Jupiter (Sidereus Nuncius, 1610), que les lentilles de verre
acquièrent leur dignité scientifique. Même avec l’appui de Kepler qui, le
premier, se rallie à la thèse de Galilée, le problème de l’artefact reste
longtemps vivace : faut-il croire ce qu’on voit dans la lunette ?
Les images des lentilles sont-elles de l’ordre de l’illusion, d’un manque à
être, ou bien de l’ordre du réel, voire d’un plus d’être ? Ainsi le
privilège de la vision est-il ambigu, car ses dangers intrinsèques sont
proportionnels à sa puissance : la vue est le plus subtil et le plus
étendu de tous les sens ; mais sa puissance de tromper est d’autant plus
subtile et étendue. Or l’invention de la lunette vient redoubler cette
ambiguïté : la médiation de l’instrument technique apparaît soudainement
comme permettant à la fois d’accroître la puissance extrinsèque de la vue et
sa puissance intrinsèque d’illusion. Mais bientôt, avec Descartes
notamment, dont on sait en quels termes il introduit sa Dioptrique, la
situation se renverse : loin d’être sources d’illusions, lentilles et
lunettes deviennent le meilleur moyen de lutter contre elles. Nous voyons
techniquement le vrai, que nous ne voyions pas naturellement. Avec les
progrès de l’optique au siècle classique, l’invisible recule, le visible
avance, dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit, vers les
satellites de Jupiter comme vers les araignées et les mouches... Il s’agit
bien à l’époque d’une véritable transformation de la perception de l’espace,
qui fait trembler la frontière entre visible et invisible, et renvoie au
grand passage « du monde clos à l’univers infini » : la
révolution de la vision est aussi la révolution de la vision du monde.
Et polir des verres à cette époque, c’est participer à sa manière à ce vaste
mouvement d’ensemble. Si ce livre constitue un outil précieux pour les philosophes,
les historiens et les chercheurs qui étudient la pensée juive, il est aussi
destiné à tous ceux qui, sans être spécialistes, s’intéressent à la
philosophie, à l’histoire juive, à l’Europe au XVIIIème siècle et à ce qu’il
est convenu d’appeler l’âge d’or des Pays-Bas. |
spinoza – œuvres complÈtes |
La
Bibliothèque de la Pléiade |
Edition
GALLIMARD |
1954 |
On
a trop longtemps donné de Spinoza une image romantique. On le représentait
solitaire et inspiré, coupé de tout contact avec le monde de l’histoire. Il
n’en est rien. De récents travaux – ceux de Wolfson au tout premier plan –
ont montré que, sous l’aspect d’un développement « more geometrico » sans
autre référence qu’à ses propres prémisses, on trouve une autre œuvre
implicite qui est une discussion patiente de toutes les problèmes de la
scolastique juive, chrétienne et même arabe. Spinoza est aussi un érudit, il
est pour le moins dangereux de ne voir en lui qu’un poète métaphysicien.
Cependant la complexité retrouvée de cette œuvre ne doit pas en masquer
l’unité. On a trop parlé d’intuition fondamentale, pas assez de la
construction rationnelle systématique. Spinoza est un penseur, la
satisfaction que peut procurer son œuvre est de l’ordre de la vérité. C’est
le seul but que ce soit proposé son aride discours. |
SPINOZA - PHILOSOPHIE
PRATIQUE |
Gille
DELEUZE |
Edition
De MINUIT |
1981 |
||
Vers
1663, pour un jeune homme qui vivait avec lui, et qui à la fois lui donnait
des espoirs et l’agaçait beaucoup, il présente les Principes de la philosophie de
Descartes, en y joignant un examen critique des notions
scolastiques (Pensées
métaphysiques) : Rieuwertz publie le livre, Jelles fournit les
fonds, Halling le traduira en hollandais. Louis Meyer, médecin, poète,
organisateur d’un nouveau théâtre à Amsterdam, fit la préface. Avec les Principes se termine l’œuvre
« professorale » de Spinoza. Peu de penseurs
échappent à la brève tentation d’être professeurs de leurs propres
découvertes, tentation séminaire d’un enseignement spirituel privé. Mais le
projet et le commencement de l’Ethique,
dès 1661, font passer Spinoza dans une autre dimension, dans un autre élément
qui, nous le verrons, ne peut plus être celui d’un « exposé », même
méthodique. Peut-être est-ce pour cette raison que Spinoza laisse inachevé le
Traité de la réforme,
et malgré ses intentions ultérieures n’arrivera pas à le reprendre. En
1663,
Spinoza s’installe à Voorsburg, banlieue de La Haye. Il s’établira plus tard
dans la capitale. Ce qui définit Spinoza voyageur, ce ne sont pas les
distances qu’il parcourt mais son aptitude à hanter des pensions meublées,
son absence d’attachement, de possessions et de propriétés, après son
renoncement à la succession du père. Il continue l’Ethique; dès 1661, les lettres de Spinoza
et de ses amis montrent que ceux-ci sont au courant des thèmes du premier
livre, et Simon de Vries, en 1663, fait état d’un collège dont les membres
lisent et commentent les textes envoyés par Spinoza. Mais, en même temps
qu’il se confie à un groupe d’amis, il les prie de garder ses idées secrètes,
de se méfier des étrangers, comme il le fera encore à l’égard de Leibniz, en
1675. La raison de son installation près de La Haye est vraisemblablement politique
: le voisinage de la capitale lui est nécessaire pour se rapprocher des
milieux libéraux actifs et sortir de l’indifférence politique du groupe
collégiant. Entre les deux grands partis, calviniste et républicain, la
situation est la suivante : le premier reste attaché aux thèmes de la lutte
pour l’indépendance, à une politique de guerre, aux ambitions de la maison
d’Orange, à la formation d’un Etat centralisé. Le parti républicain, à une
politique de paix, à une organisation provinciale et au développement d’une
économie libérale. A la conduite passionnelle et belliqueuse de la monarchie,
Jean de Witt oppose la conduite rationnelle de la république appuyée d’une
méthode naturelle et géométrique. Or le mystère semble celui-ci : que le
peuple reste fidèle au calvinisme, à la maison d’Orange, à l’intolérance et
aux thèmes bellicistes. Il
n’est donc pas étonnant que Spinoza, en 1665, interrompe provisoirement l’Ethique et entreprenne
la rédaction du Traité
théologico-politique, dont une des questions principales est :
pourquoi le peuple est-il si profondément irrationnel? pourquoi se fait-il
honneur de son propre esclavage? pourquoi les hommes se battent-ils « pour »
leur esclavage comme si c’était leur liberté? pourquoi est-il
si difficile non seulement de conquérir mais de supporter la liberté?
pourquoi une religion qui se réclame de l’amour et de la joie inspire-t-elle
la guerre, l’intolérance, la malveillance, la haine, la tristesse et le
remords? En 1670 paraît le Traité
théologicopolitique, sans nom d’auteur et sous une fausse édition
allemande. Mais l’auteur fut vite identifié; peu de livres suscitèrent autant
de réfutations, d’anathèmes, d’insultes et malédictions : juifs, catholiques,
calvinistes et luthériens, tous les milieux, bien-pensants, les cartésiens
eux-mêmes, rivalisent en dénonciations. C’est
là que les termes « spinozisme », « spinoziste »
deviennent des injures et des menaces. Et même les critiques de Spinoza qui
sont soupçonnés de ne pas être assez durs sont dénoncés. Sans doute en effet
y a-t-il parmi ces critiques des libéraux et cartésiens embarrassés, mais
qui, participant à l’attaque, donnent des gages de leur orthodoxie. Un livre
explosif garde pour toujours sa charge explosive : aujourd’hui encore
on ne peut pas lire le Traité sans y découvrir la fonction de la philosophie comme
entreprise radicale de démystification, ou comme science des « effets ». Un commentateur
récent peut dire que la véritable originalité du Traité est de
considérer la religion comme un effet. Non seulement au sens causal mais en
un sens optique, effet dont il faut chercher le procès de production en le
rattachant à ses causes rationnelles nécessaires telles qu’elles jouent sur
des hommes qui ne les comprennent pas (par exemple, comment les lois de la nature
sont nécessairement appréhendées comme des « signes » par ceux qui
ont l’imagination forte et l’entendement faible). Même avec la
religion Spinoza polit des lunettes, lunettes spéculatives qui font voir
l’effet produit et les lois de sa production. Quand
les frères De Witt, en 1672, eurent été assassinés, et que le parti orangiste
eut repris le pouvoir, il ne pouvait plus être question pour Spinoza de
publier l’Ethique:
une courte tentative à Amsterdam, en 1675, le persuade vite d’y renoncer.
« Des théologiens en prirent occasion pour déposer ouvertement une
plainte contre moi auprès du prince et des magistrats; de sots cartésiens en
outre, pour écarter le soupçon de m’être favorables, ne cessaient pas et
continuent d’afficher l’horreur de mes opinions et de mes écrits. » Pour
Spinoza, il n’est pas question de quitter le pays. Mais il est de plus en
plus solitaire et malade. Le seul milieu où il aurait pu vivre en paix lui
fait défaut. Il reçoit pourtant des visites d’hommes éclairés qui veulent connaître
l’Ethique,
quitte ensuite à se joindre aux critiques, ou même à nier ces visites qu’ils
lui firent (ainsi Leibniz, en 1676). La chaire de philosophie que l’Electeur
palatin lui offre à Heidelberg, en 1673, ne peut pas le tenter : Spinoza fait partie
de cette lignée de « penseurs privés » qui renversent les valeurs
et font de la
philosophie à coups de marteau, et
non pas des « professeurs publics » (ceux qui, suivant l’éloge de
Leibniz, ne touchent pas aux sentiments établis, à l’ordre de la Morale et de
la Police). « N’ayant jamais été tenté par l’enseignement public, je n’ai pu
me déterminer, bien que j’y aie longuement réfléchi, à saisir cette
magnifique occasion. » La
pensée de Spinoza se trouve maintenant occupée par le problème le plus
récent: quelles sont les chances, d’une aristocratie commerciale? pourquoi la
république libérale a-t-elle fait faillite? d’où vient l’échec de la
démocratie? est-il possible de faire avec la multitude une collectivité
d’hommes libres au lieu d’un rassemblement d’esclaves? Toutes ces questions
animent le Traité politique,
qui reste inachevé, symboliquement, au début du chapitre sur la démocratie. En
février 1677, Spinoza meurt, sans doute d’une affection pulmonaire, en
présence de son ami Meyer, qui emporte les manuscrits. Dès la fin de l’année,
les Opera posthuma
paraissent sur don anonyme. |
SPINOZA - LE MIRACLE SPINOZA –
UNE PHILOSOPHIE POUR ECLAIRER NOTRE VIE |
Frédéric Lenoir |
Edition Fayard |
2017 |
Banni de la communauté juive à 23 ans
pour hérésie, Baruch Spinoza décide de consacrer sa vie à la philosophie. Son
objectif : Découvrir un bien véritable qui lui « procurerait
pour l’éternité la jouissance d’une joie suprême et incessante. » Au cours
des vingt années qui lui restent à vivre, Spinoza édifie une œuvre
révolutionnaire. Comment cet homme a-t-il pu, en plein XVIIe siècle, être le
précurseur des Lumières et de nos démocraties modernes? Le pionnier d’une
lecture historique et critique de la Bible? Le fondateur de la psychologie
des profondeurs? L’initiateur de la philologie, de la sociologie, et de
l’éthologie? Et surtout, l’inventeur d’une philosophie fondée sur le désir et
la joie, qui bouleverse notre conception de Dieu, de la morale et du bonheur?
A bien des égards, Spinoza est non seulement très en avance sur son
temps, mais aussi sur le nôtre. C’est ce que j’appelle le «
miracle » Spinoza Baruch
Spinoza naquit le 24 novembre 1632. Il appartenait à une famille de Juifs
portugais. Ses parents voulurent faire de lui un rabbin; aussi fit-il de
fortes études ; il apprit l'hébreu et le latin ; en même temps il étudia la
géométrie et la physique. La lecture des œuvres de Descartes l'amena à la
philosophie. Sa
vie fut celle d'un sage. Il voulut, afin de penser librement, vivre du
travail de ses mains, et passa une partie de son temps à polir des lentilles
pour les instruments d'optique. L'Électeur palatin lui fit offrir une chaire
de philosophie à l'Université de Heidelberg. Il répondit en ces termes :
" Je me dis, d'abord, que je devrai renoncer à faire avancer la
philosophie, si je veux m'occuper d'instruire la jeunesse. Je me dis, ensuite,
que je ne sais pas quelles limites je devrai apporter à cette liberté de la
pensée dont vous me parlez, si je ne veux pas paraître inquiéter la Religion
établie ; car les schismes ne viennent pas tant d'un ardent amour pour la
Religion que des diverses passions qui agitent les hommes et de leur goût
pour la contradiction, qui leur font d'ordinaire déformer et tourner à mal
les choses les plus nettement dites. Et, comme je l'ai déjà éprouvé, alors
que je vis seul et à l'écart, j'aurais bien plus à le redouter si je
m'élevais jusqu'à la dignité que vous m'offrez. " Il est probable qu'il
refusa aussi, et sans doute pour des raisons du même ordre, une pension que
Condé voulait lui faire donner par Louis XIV. On voit que sa vie retirée
n'avait pas empêché sa réputation de s'étendre fort loin. Leibniz, revenant
d'Angleterre, lui fit visite. Un des frères de Witt s'honora d'être son élève
et son ami. Nous
savons, par ses biographes, qu'il était simple et bon, qu'il vivait de fort
peu de chose, et que, malgré sa mauvaise santé, il était heureux. Nous savons
aussi, notamment par son Traité théologico-politique, qu'il était
profondément attaché à la République hollandaise, et qu'il mettait la liberté
de conscience et la liberté politique au nombre des biens les plus précieux.
Comme il cherchait les principes de la véritable Religion, et qu'il
prétendait remplacer la révélation par les lumières naturelles de la raison,
il fut accusé d'athéisme. Le moyen de supporter un homme qui écrivait, en
parlant des Turcs et des Gentils : " S'ils offrent en prière à Dieu le
culte de la justice et l'amour de leur prochain, je crois qu'ils ont en eux
l’esprit du Christ, et qu'ils sont sauvés, quoi qu'ils puissent croire de
Mahomet et des oracles " ! À ces accusations il répondait simplement
ceci : " Si l'on me connaissait, on ne croirait pas si facilement que
j'enseigne l'athéisme. Car les athées ont coutume de rechercher par-dessus
tout, les honneurs et l'argent, choses que je méprise, comme tous ceux qui me
connaissent le savent. " On voit qu'il donnait lui-même, comme une
preuve de sa Religion, une vie simple et frugale, détachée de tout ce qui
n'était pas la Vérité. Et il faut avouer que, sans cette preuve-là, les
autres ne valent rien. Comment croire qu'un homme connaît, comprend et aime
Dieu lorsqu'il poursuit encore les honneurs et l'argent ? Nul ne peut servir
deux maîtres. Il mourut à quarante-cinq ans, le 23
février 1677, d'une maladie de poitrine qu'il avait supportée pendant de
longues années avec égalité d'âme. Il avait publié les Principes de la
Philosophie cartésienne suivis de Pensées métaphysiques, et un Traité
théologico-politique, dans lequel il s'efforçait d'interpréter la Bible
selon les lumières de la Raison. On devine aisément qu'il eut à regretter de
s'être ainsi exposé à des critiques violentes et injustes; aussi ne
donna-t-il au public aucun autre ouvrage. L'année même de sa mort, deux de ses
amis firent paraître les ouvrages qu'il laissait. Ce sont un Traité
politique inachevé, véritable manuel de politique rationnelle, où sont
développés les principes posés dans le Traité théologico-politique. Il
y est traité de la monarchie et de l'aristocratie; les conditions d'existence
de ces deux formes de gouvernement sont analysées avec une précision et un
souci du détail qui révèlent une profonde connaissance des hommes. Le
chapitre XII et dernier n'est que l’introduction d'une étude sur la démocratie.
Un autre traité, inachevé aussi, a pour titre : De la Réforme de
l'intellect. C'est là, semble-t-il, qu'il faut chercher la clef du
système tout entier : c'est comme une préface de l'Éthique, et il
n'existe sans doute pas au monde un autre modèle aussi parfait de l'analyse
philosophique. Le lecteur pourra s'en faire
quelque idée en lisant notre premier chapitre. Enfin l'Éthique
elle-même, l'œuvre maîtresse dont tout le monde connaît la forme géométrique.
L'Éthique est divisée en cinq parties qui portent les titres suivants
: de Dieu, de l'âme, des passions, de l'esclavage humain, de la liberté
humaine. Les deux premières correspondent à peu près à notre deuxième
chapitre la troisième, à notre chapitre troisième la quatrième, à nos
chapitres quatrième et cinquième, et la cinquième à notre chapitre sixième. Un
Traité de Dieu et de l'homme, qui est comme une ébauche de l'Éthique, a
été traduit du hollandais et publié en 1862 par Van Vloten. Un certain nombre
de Lettres sont pour nous un précieux commentaire de l'Éthique.
Les plus intéressantes sont la célèbre lettre XXIX, sur l'Infini ; la lettre
XLII, sur la Distinction de l'essence et de l'existence ; la lettre XLV, sur
la Démonstration de l'existence de Dieu ; la lettre XLIX sur Dieu, les
destins et le salut, et la lettre LXXIV, contre la Religion catholique.
Citons pour mémoire un Abrégé de la Grammaire hébraïque. Tous ces
ouvrages, à l'exception du Traité de Dieu et de l'homme, sont écrits
en latin. Au sommaire de cet ouvrage : Conversion philosophique - un
homme meurtri - un penseur libre -
une lecture critique de la Bible
- Spinoza et le Christ -
une trahison du judaïsme - le précurseur des Lumières -
le maitre de sagesse - L’éthique, un guide vers la joie
parfaite - le Dieu e Spinoza -
Grandir en puissance, en perfection et en joie -
Comprendre ces sentiments qui nous gouvernent -
cultivons le désir - Par-delà le Bien et le mal -
Liberté, éternité et amour
- Grandeur et limite du
spinozisme - un échange avec Robert Misrahi - |
SPINOZA - LE RATIONALISME DE SPINOZA |
Ferdinand ALQUIE |
Edition Epiméthée |
1991 |
||
Tout
comme ses contemporains, il se met à l’étude du latin et du grec, mais
également des sciences, de la physique et des mathématiques. Il découvre,
durant la même période, la philosophie. À la mort de son père en 1654, Spinoza
et son frère prennent la tête de la maison commerce familiale. Quelques temps
plus tard, il rencontre Daniel de Prado lors de tertulias. Les
tertulias sont des rencontres de juifs libéraux. En 1656, Spinoza est
excommunié quelques temps après qu’il ait été victime, selon ses dires, d’une
tentative d’assassinat. Il dira par ailleurs conserver le manteau qu’il
portait ce jour-là, avec la trace de la lame du couteau, afin de se souvenir
de l’influence néfaste que peuvent avoir les religions. Son ami, Daniel de
Prado sera également excommunié. L’excomunion étant rarement pratiquée dans
la communauté juive de l’époque, il semble logique de s’interroger sur les
raisons qui ont été à l’origine de cette action punitive. En se référant au
contexte prévalant, il est facile de comprendre que pour ce groupe qui avait du pendant longtemps vivre secrètement sa foi, Spinoza et
ses idées représentaient un danger réel. En s’en prenant aussi violemment aux
dogmes du judaïsme, il pouvait ébranler la foi des membres d’un groupe déjà
assez restreint et fragile. En outre, ses positions sur le christianisme
constituaient un danger pour la survie de sa communauté. La
démarche des rabbins pouvait donc revêtir un aspect purement théologique,
politique ou un mélange des deux. Spinoza continue à travailler dans
l’entreprise familiale. Spécialiste dans la taille des verres optiques, il
parvient même à se faire un nom. Toutefois, il se trouve bientôt enlisé dans
les disputes familiales. Il est au prise avec son
frère pour des questions d’héritage. Il gagnera le procès, mais finira
malgré tout par tout lui céder volontairement. Il quitte Amsterdam pour
Ouwerkerk. En 1660, il élit domicile à Rinjsburg, un village situé non loin
de Leyde. Il n’est toujours pas célèbre en tant que philosophe, mais jouit
déjà d’une renommée certaine dans celle de la taille des verres optiques. La
même année, il devient membre d’un cercle d’études, composé de personnes de
différentes confessions religieuses. Ces derniers, les Collégiants, estiment
que la foi en Dieu n’a pas besoin de dogme et que le véritable culte ne peut
être qu’intérieur. Il s’y fait de nombreux amis, notamment Simon de Vries,
Louis Meyer, Jan Rieuwertz, Jarig Jelles, Peter Balling et bien d’autres. Il
se lie également d’amitié avec Henry Oldenburg qui deviendra, en 1663,
premier secrétaire de l’Académie royale des sciences du Royaume Uni. Il aura
une correspondance particulièrement riche avec ce dernier. Spinoza
ne se fait véritablement connaître comme philosophe que dans les années 60 du
XVIIe siècle. Il présente sa première oeuvre à ses amis. Elle entrera dans
l’histoire sous le nom de “Court Traité”. En 1661, il se lance dans la
rédaction d’un “Traité de la réforme de l’entendement” qu’il n’achèvera
jamais. En 1663, il s’installe à Voorburg. À cette époque, sa réputation de
philosophe est déjà faite. Sa pensée attire vers lui de nombreux admirateurs
dont Jean de Witt qui lui accorde une pension, mais encore plus d’ennemis. Il
est de plus en plus traité d’athée. Ces œuvres ne sont pas officiellement
interdites, c’est uniquement parce qu’il les rédige non pas en néerlandais,
mais en latin. En 1665, il commence la rédaction du “ Traité
théologico-politique”. Ses détracteurs s’emploient à lui créer des problèmes.
En 1668 un de ses disciples Adriaan Koerbagh est arrêté pour avoir
rédigé une oeuvre critiquant le christianisme. Il refuse, bien que cela lui
soit imposé de dénoncer Spinoza comme source d’inspiration. Cela lui vaudra
une condamnation de 10 ans de prison qu’il n’achèvera jamais. Il mourut un an
plus tard. En 1670, comprenant les conséquences désastreuses qu’aurait la
sortie de son livre, Spinoza décida de le publier anonymement, en mentant
même sur le lieu d’édition, qui devint Hambourg plutôt qu’Amsterdam. Ce livre
fit l’effet d’une bombe, car non seulement il critiquait le clergé, mais il
s’attaquait également au bien-fondé de l’existence des monarchies. Un an plus
tard, il se résout de faire suspendre sa traduction en néerlandais. Malgré
toutes les précautions prises, il est rapidement soupçonné d’être l’auteur. En
1671, Spinoza déménage une fois de plus pour s’installer chez un ami,
Hendrick Van der Spyck, à la Haye. Dans les années 70 du XVIIe siècle, la vie
du philosophe, dont la réputation est des plus sulfureuses, se complique à la
suite d’évènements politiques importants. L’Angleterre et la France entre en
guerre et cette dernière annexe les Provinces-Unies. Son ami et protecteur
Jean de Witt démissionne et quelques temps plus tard, est assassiné avec son
frère. En 1673, on lui offre une place d’enseignant à l’Académie d’Heidelberg
qu’il refuse. Un an plus tard, il décide de se rendre à Amsterdam pour y
faire publier un de ses ouvrages “l’Éthique”. Toutefois, la véhémence des
attaques dont il est la cible le pousse à renoncer. La même année, son Traité
théologico-politique est officiellement condamné. Étant donné que le livre
fut publié de façon anonyme, une enquête officielle est lancée en 1676 pour
identifier formellement l’auteur. Elle n’y parviendra pas. Spinoza, déjà malade,
s’éteint le 21 février 1677. Contrairement
à ce qui fut longtemps la version officielle, Spinoza ne fut pas si
solitaire. Il eut un réseau assez important d’amis auquel on doit la
publication de la majorité de ses œuvres à titre posthume. Il s’agit notamment
de l’Éthique, le Traité de la réforme de l’entendement, l’Abrégé de grammaire
Hébraïque, les Lettres et réponses, ainsi que le Traité politique. L’oeuvre de Spinoza est certainement
l’une des plus marquantes qui puisse être et malgré le temps, elle demeure
incroyablement actuelle. Les idées qu’il véhicule, pour son époque, sont tout
simplement hérétiques. Il s’attaque à la fois à la vision chrétienne et
judaïque de cette entité. Dans le christianisme, il critique le fait que l’on
ait “personnifié” Dieu, car en lui donnant visage “humain”, on se sera
également employé à dévaloriser la Nature. L’histoire du péché originel en
est la démonstration. Quant au Dieu judaïque, c’est une personnalité
particulièrement colérique et violente qui se comporte en juge sévère avec
ses créatures et ne leur permet pas de jouir de la liberté qu’il leur a
pourtant accordée. Pour
remédier à cet état de choses, le philosophe prive cette entité de
personnalité. Il rejette définitivement l’hypothèse d’un Dieu transcendant le
monde. Il ne nie pas son existence, mais l’associe à la Nature. Aucune
tractation n’est désormais plus possible avec lui, contrairement à la vision
judaïque. Dans le même ordre d’idées, l’être humain se trouve lavé du péché
originel pour reprendre la conception chrétienne, car il ne peut avoir commis
de “péché” vis-à-vis de la Nature. Spinoza s’oppose clairement au “Dieu des
religions” qui, à son avis, n’a contribué qu’à asservir les êtres humains en
les privant de leur individualité, tout en leur cultivant des passions pour
le moins néfastes. Dans le domaine politique, le philosophe s’avère
avoir une bonne longueur d’avance sur ces contemporains. D’après lui, il ne
saurait exister de gouvernement idéal pour une humanité parfaite. Cela
s’explique simplement par la nature de l’être humain elle-même qui est bien
loin d’être parfaite. L’homme étant de tout temps en proie à ses passions, il
est important que le gouvernement qui le guide en soit un de raison. À
l’idée d’obéissance introduite par Hobbes, Spinoza oppose une notion de
consensus. L’État d’après lui se doit de protéger les citoyens sans pour
autant les priver de leur liberté. Certaines
personnes estiment que Spinoza a énoncé les bases de la démocratie telle
qu’elle est vécue aujourd’hui. C’est un leurre. La vision de Spinoza dépasse
largement ce que nous vivons de nos jours. Sa vision s’apparenterait plutôt à
une forme de démocratie absolue qui pour l’instant n’est pas encore sur le
point de voir le jour et n’a même que peu de chances d’être expérimentée dans
un futur proche. Parlant de Spinoza, il est une chose que l’on peut affirmer
avec certitude : cet homme était largement en avance sur son époque. Il n’est
pas surprenant qu’il ait eu autant de soucis avec ses contemporains. Par
ailleurs, lorsqu’on prête un regard attentif et critique sur la société
contemporaine, force est de remarquer que même de nos jours, ses points de
vue restent encore assez révolutionnaires tant dans les dictatures que les
sociétés dites civilisées. |
spiritualitÉs & mondialisation |
Divers
Auteurs |
Edition
ALBIN MICHEL |
2004 |
Il est des mots dont l’impact sur
les esprits outrepasse d’emblée le sens exact qu’on est en mesure de leur
donner. Mondialisation et spiritualité sont de ceux-là. L’a-t-on assez
ressassé depuis quelques décennies, que le XXIe siècle
serait »spirituel » ou ne serait pas ! Mais
quant à savoir vers quelle spiritualité s’achemine de gré ou de force le
siècle naissant, les paris restent plus que jamais ouverts et les surenchères
prophétiques continuent à aller bon train : si renouveau spirituel
il y a, les formes seules en seront-elles novatrices, ou bien aussi les fins
dernières et les motivations premières ? Pour nous parler de cette immense mutation sont invités les
philosophes suivants : Unus mundis, unité du monde et quête de l’universel par :
Philippe Faure Le monde, selon la pensée médiévale - Extraits de textes
choisis par Philippe Faure Barthélémy l’anglais, le livre des propriétés des choses –
Livre VIII Universalité et mondialisation par : Jean Biès Tradition et images de la modernité par : Paul
Ballanfat Mondialisation et retour des sciences traditionnelles
par : Jean-Claude Dubois Réflexions sur la religion et l’Europe par : Raimon
Panikkar Pour une civilisation de l’Holos au XXIe siècle (les attendus
de la modernité dans l’histoire culturelle et religieuse) par :
Constantin Von Barloewen Un mandala pour le monde par : Françoise
Bonardel Postmodernisme, mondialisme et « New Âge »
par : Charles Lipton Cosmopolitisme et individuation – entretien avec Françoise
Bonardel et Daryus Shayegan Nostalgie de l’unité et uniformisation de la nostalgie
par : Christian Rangdreuil Mondialisation et religions par : Jean-Baptiste de
Foucauld Le poème du monde par : Fabrice Midal |
ST EXUPERY - LA PHILOSOPHIE DU PETIT
PRINCE OU LE RETOUR A L’ESSENTIEL |
Paul
MEUNIER |
Edition
Carte Blanche |
2003 |
||
"C'est
rien de fixe, c'est très incarné au quotidien. La philosophie, c'était, à
l'origine, mieux penser pour mieux vivre. Pour Socrate, la philosophie était
la médecine de l'âme et les philosophes, les guérisseurs de l'âme ",
souligne M. Meunier. À
17 ans, Paul Meunier tombe en amour avec le roman de St-Exupery. " Je
n'ai jamais cessé de le découvrir depuis et d'approfondir sa pensée. J'ai
ensuite lu le reste de son oeuvre, ce qui n'est pas évident. C'est plus
compliqué que Le Petit Prince ", pense-t-il. Pourquoi devrait-on lire
votre ouvrage ? " D'abord, tout le monde connaît Le Petit Prince. Dans
mon livre, je parle de l'art de vivre et ça, ça touche tout le monde. C'est
facile de vivre quand on est heureux, mais quand on est confronté à
l'obstacle, comment réagit-on ? Il y a un art de vivre quand ça va bien et
aussi quand ça va mal. On peut s'arranger pour que les choses aillent bien
dans notre vie, on peut agir sur des choses que l'on peut contrôler, mais il
arrive que des événements se produisent indépendamment de notre volonté, qui
viennent briser une harmonie ", explique l'auteur. Dans son livre, on
retrouve peu de théorie et beaucoup d'exemples. " C'est une pensée, mais
simple au niveau du langage. C'est donc accessible à un large public ", L’auteur nous parle du pilote, du désert, des baobabs, du
Roi, de l’allumeur de réverbères, du serpent, du puits et nous dissèque la
philosophie et la spiritualité de ce chef d’œuvre symbolique, ésotérique et
merveilleux. |
st exupéry |
collectif |
EDITION GÉNIES & RÉALITÉS |
1968 |
Est
ici retracée la vie de St Exupery accompagnée de photos. On y
trouve de superbes témoignages. Si l'on veut se représenter
Antoine de Saint-Exupéry enfant, il faut l'imaginer à travers Le Petit
Prince, blond et bouclé, découvrant le monde avec émerveillement, heureux
d'explorer le domaine que possède sa famille à Saint-Maurice-de-Remens,
dans l'Ain. Un garçon turbulent, malicieux, plein de vie, intelligent,
sensible, pas toujours réfléchi, mais sérieux quand il parle de ses
recherches et de ses projets d'avenir, rêveur et fantaisiste, épris d'une
liberté qui admet la contrainte de l'éducation et du travail. Dès l'âge de
raison, il écrit ses premiers poèmes, se créant un univers à sa mesure, et il
consacre déjà une partie de ses loisirs à inventer de nouveaux moyens de
locomotion, telle une bicyclette à voiles. Il est doué d'une singulière
puissance de concentration qui lui sera d'un grand secours dans sa carrière
de pilote. Aucun détail ne lui échappe: il sait établir des relations entre
ce qu'il voit et ce qu'il ressent, et leur donner un sens humain profondément
élevé. Passionné dans tout ce qu'il commencé
d'entreprendre, exalté dans ses sentiments, il a besoin de tendresse -- cette
tendresse dont une mère admirable n'a jamais cessé de l'entourer -- mais il
n'est pas sans apprécier une certaine austérité qui s'appuie sur le respect
de l'autorité. Plus tard, lorsqu'il sera pensionnaire chez les Maristes, à
Fribourg, il prendra conscience de sa responsabilité personnelle en
s'interrogeant sur le problème de Dieu et de la religion. S'il n'échappe pas
à l'angoisse métaphysique, à la crainte du néant, du moins n'est-il pas
atteint par le scepticisme des jeunes, sa vie intérieure le portant plus à
croire qu'à nier, avec ce désir de se convaincre lui-même de la beauté d'une
existence qui est de source divine. Poète dans l'âme, magicien, diplomate, il
est l'apôtre, le chevalier du monde moderne, et surtout le conquérant de
l'homme. Adulte, il apparaît non pas
comme une "grande personne" jalouse de ses mérites et assurée de
son importance, mais comme un adolescent qui a atteint avant l'âge une
parfaite maturité de pensée, à la fois enthousiaste et songeur, véhément et
généreux. Sa stature impressionne (1m84). De larges épaules au milieu
desquelles trône une tête massive, presque ronde, font évoquer quelque rocher
de la côte bretonne, défiant les tempêtes. Son regard perçant, parfois amusé
ou ironique, qu'éclaire la flamme d'une intelligence toujours en éveil, et où
l'on devine une franchise assez brutale, mais affectueuse, inspire aussitôt à
ceux qui l'approchent une confiance sans limite. Peu expansif quand on essaie
de le faire parler de lui -- il ne se livrait à des confidences qu'avec les
rares amis dont il était sûr -- il se montre au contraire fort communicatif
lorsqu'on l'interroge sur ses camarades, sur l'aviation, sur les mille
questions auxquelles il s'intéresse (musique, philosophie, sciences physiques
et mathématiques, biologie, astronomie, etc...). Entier dans ses jugements,
il n'aime pas qu'on le contredise, même si les objections qu'on lui oppose
sont fondées. Il veut avoir le privilège de résoudre lui-même les
contradictions décelées dans un raisonnement qu il a pourtant longuement
médité. Mais il n'y a pas d'être qui ait une noblesse de coeur comparable à
la sienne. Sa fidélité en amitié, sa bonté, sa probité sont vraiment
exemplaires. Tous ceux qui ont entretenu des rapports avec lui, aussi brefs
qu'ils aient été, savent le pouvoir de séduction qu'il exerçait sur son
entourage. Ses qualités d'homme sont donc
exceptionnelles. Quelle était sa valeur en tant que pilote ? Quelques
biographes rappellent ses distractions et son audacieuse fantaisie lors de
certains atterrissages ou décollages, mais ses camarades aviateurs ont
toujours reconnu son habileté, sa ténacité, la précision et la rapidité de
ses réflexes, et sa remarquable présence d'esprit dans les "coups
durs". Le docteur Georges Pélissier a interrogé sur ce point le
lieutenant-colonel Gavoille qui fut pendant les
années 1943-1944 Ie chef de l'escadrille à laquelle appartenait
Saint-Exupéry, et celui-ci lui a répondu: "Saint-Ex était un excellent pilote,
très adroit, ii faisait bien quelques petites fautes, non par distraction en
vol (il était au contraire, là-haut, très méticuleux, et il avait une telle
expérience !) mais par distraction au sol, au moment où nous lui donnions des
explications !". Ce témoignage convaincra les plus sceptiques. Quelle image nous reste-t-il de cet homme qui lutta pour le ciel et pour la terre ? S'il est entré dans l'histoire en guerrier vainqueur de tout litige, n'appartient-il pas déjà à la légende, tel un infatigable messager de paix voguant sur le navire qui "ramène au vrai ceux que le faux repoussa" ? Sans doute, mais la permanence de son oeuvre fait surtout qu'il est de notre temps, plus présent que jamais, aussi jeune qu'il y a vingt ans, bien qu'il n'ait jamais cessé de croître, et l'héritage qu'il laisse aux hommes est en soi plus précieux que la somme des souvenirs qui s'y rattachent directement. |
ST EXUPERY
- le petit prince |
St exupéry |
EDITION Gallimard |
2001 |
Enrichi
des très belles aquarelles de St Exupery, ce best-seller mondial est toujours
d’actualité. A
en croire Saint-Exupéry, Le Petit Prince est un livre pour enfants écrit à
l’intention des grandes personnes. Ses niveaux de lecture offrent du plaisir
et des sujets de réflexion aux lecteurs de tous les âges. L’auteur, aviateur, tombe avec son avion en
plein désert du Sahara. Pendant qu’il s’efforce de réparer son appareil,
apparaît un petit garçon qui lui demande de lui dessiner un mouton. L’auteur
apprend aussi que ce « Petit Prince » vient de l’astéroïde B 612 où
il a laissé trois volcans et une rose. Avant d’arriver sur la Terre, il a visité
d’autres planètes et rencontré des gens bizarres : un roi, un vaniteux, un
buveur, un allumeur de réverbères, un géographe… Sur la Terre, il a pu parler
avec un renard qui lui a appris que pour connaître il faut
« apprivoiser », et que cela rend les choses et les hommes uniques.
« L’essentiel est invisible pour les yeux », dit-il. Pour retrouver sa rose, Le Petit Prince repart
chez lui en se faisant mordre par un serpent venimeux : c’est trop loin, il
ne peut pas emporter son « écorce ». L’aviateur, qui a fini de réparer son
avion, quitte lui aussi le désert. Il espère toujours le retour du Petit
Prince et nous prie de le prévenir si jamais nous le rencontrons. Chaque planète que visite le Petit Prince peut être perçue comme une allégorie de la nature humaine. A vous qui avez déjà lu le Petit Prince une fois, je vous invite, à travers cet ouvrage à revisiter ces planètes d’une nouvelle manière. |
st exupery - l’ÉsotÉrisme
du petit prince de st exupéry |
Yves
MONIN |
Auto
- Édition |
1999 |
||
Le suicide se comprend toujours comme un acte
de désespoir, quand la vie a cessé d’avoir un sens. C’est aussi une décision
qui se prend dans la solitude. Le petit prince s’écarte du pilote afin que
le serpent, enfoui sournoisement dans le sable, puisse le mordre comme
convenu. La mort le frappe comme un “éclair jaune près de sa cheville”. Il
tombe en silence sur le sable mou qui étouffe sa chute. On pense bien sûr au
suicide de Cléopâtre mordue par le serpent libéré de son panier. Le reptile
porteur de mort fut à diverses époques un agent actif du suicide chez les
grands de ce monde. Dans l’illustration originale, le
serpent portait la croix gammée, signe ésotérique connu depuis très longtemps
par diverses civilisations, mais qui au moment de l’écriture du récit est
irrémédiablement associé au nazisme du 3ème Reich. Il symbolise alors
l’ennemi outre-Rhin qui séduit ses victimes ignorantes, qui tue le rêve de
paix et de liberté, qui sacrifie la jeunesse envoyée sur le front. Le serpent
mord au cœur même des idéaux et de l’avenir incarné par les générations
montantes. La Terre n’est pas un endroit pour
l’enfance et l’innocence. Pour survivre à la folie humaine qui débite les
cadavres sur les champs de bataille comme une machine débite des boulons, il
faut tuer une partie de soi-même, la partie la plus vulnérable, celle
incarnée par le petit prince. L’œuvre est rédigée en 1942. La guerre mondiale
fait rage et la présence permanente de la mort mine peut-être le moral de St
Exupery. Le suicide devient la porte de sortie que se réservent des
officiers, des résistants et des civils pendant cette époque troublée qui
incite parfois à fuir jusque dans la mort ou tout simplement à sauver
l’honneur. L’inadaptation du poète écrivain, du pilote téméraire et de
l’enfant ignorant de la réalité de la mort, véritable trinité de la quête de
l’immortalité, semble légitimer le suicide comme négation des contraintes et
revendication de la liberté suprême. Le pilote lui-même défie la mort à
chaque mission. Après son accident dans le désert, il doit affronter
l’isolement et la dépression, sources inhérentes du suicide. Le petit prince
fait ainsi l’expérience d’un enchaînement de faits qui le conduit à sa fin
inéluctable. Les portraits de solitude, comme nous le rappelle Eugen
Drewermann dans Discovering the Royal Child Within, prennent tout leur
sens au cœur du désert, symbole même de l’isolement, de l’absence de vie dans
cette “vallée de la mort” (p45). Pour retrouver sa rose et l’harmonie de son
monde, le petit prince doit renoncer à sa vie. Sa présence sur terre est
devenue inutile et obsolète. “La mort est une nécessité et ne saurait
effrayer personne”, souligne Yves Monin dans L’ésotérisme du Petit Prince. Mais
le désert de la vie est comme celui du géographe. Il n’est qu’une apparence
laissée par le goût amer du vide intérieur. En profondeur, la vie et l’espoir
existent. Et le renard du récit ne manque pas de
le répéter au petit prince au terme du chapitre 21: “on ne voit bien qu’avec
le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux”. Le départ est impératif.
Il requiert l’abandon physique, celui du corps terrestre, cette “écorce” trop
pesante comme le déclare le personnage enfantin de l’histoire, pour retrouver
le corps astral et permettre ainsi l’accession aux étoiles comme le pilote
s’élevant dans le ciel pur. Le petit prince ne met pas fin à ses jours de
lui-même. Ignorant et naïf, il se laisse séduire par le serpent menteur
“mince comme un doigt” mais “plus puissant que le doigt d’un roi” (chapitre
17). La mort qu’il redoute – “j’aurais bien plus peur ce soir” (chapitre 26)
– signe que le suicide cesse d’être d’actualité, lui rendra ce qu’il a perdu:
son monde, sa petite planète, sa rose, un univers qu’il comprend mieux à
présent qu’il a fait l’expérience de ses rencontres et de ses découvertes au
gré de son périple initiatique. Ce n’est pas un suicide puisque, comme le
confie l’auteur lui-même, “la mort n’équivaut pas à l’arrêt définitif: ce
n’est qu’un passage vers une autre planète”. Les convictions religieuses de
St Exupery ressurgissent au détour des symboles et des références bibliques.
Le suicide n’est pas une option enviable dans l’idéologie chrétienne qui
condamne l’acte et excommunie ceux qui y succombent. De plus, l’enfant
intègre souvent la mort dans ses jeux de simulation, qu’il soit prince,
guerrier ou tout autre héros dont il est l’acteur. Le venin du serpent
rappelle le mercure philosophique de l’alchimiste, ingrédient indispensable
dans la recherche de la connaissance. Le petit prince renonce à ses chaînes
humaines pour reprendre ses ailes angéliques. C’est le mythe accompli
d’Icare, l’ascension du Christ après sa crucifixion. La similitude avec la
passion du Christ et la mort symbolique du petit prince révèle les
convictions de St Ex., le saint du X, le X de la croix. Le pilote n’enterre
pas la dépouille inerte. Il n’est donc pas mort, il n’en a que l’apparence.
Il aura “l’air d’avoir mal”, et “un peu l’air de mourir” seulement. Il aura
“l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai” (fin du chapitre 26). Le mythe est
renouvelé. Comme Jésus, le petit prince se sacrifie pour
sauver le monde. Son retour espéré dans l’épilogue sera le signe que l’homme
n’est pas perdu. Afin de poursuivre son chemin, il a accepté
de laisser disparaître cette partie de lui-même qu’il lui fallait intégrer à
sa personnalité sans pour autant lui laisser les commandes. L’être humain est
un tout. Oublier son passé, aussi lointain soit-il, c’est cesser d’apprécier
la vie à sa juste valeur. Le pilote reprend son vol après la réparation
miraculeuse de l’appareil, accède de nouveau aux cieux limpides. Vue du ciel,
la “terre des hommes” semble si paisible, presque paradisiaque… Antoine de Saint-Exupéry, représente l'homme en
général, perdu dans le "désert" de son ignorance. Prenez de ces
trois mots les deux premières lettres : AN-SA-EX, c'est l'anagramme de : EX
SANA, "en dehors de ce qui est sain." En avion, il est "tombé du Ciel ", parce
que l'homme est une Semence Céleste. A lui de sortir du "désert stérile,
des apparences de la Matière à l'aide de son cœur et de sa raison. Le Petit
Prince. Lui aussi tombé du Ciel, prince et petit, donc fils de famille
Princière ou Royale. Symbole important, il est jeune et naïf mais d'essence "royale
". Il va représenter l'âme de l'homme, parcelle de Dieu. Il est l'amour,
le cœur, la spontanéité des sentiments, fraîcheur et naïveté. Le Renard, Autre "personnage important".
Mais c'est un animal, le Rusé Renard, le malin ! Il est la pensée qui va
"animer " le cœur. Il est la froide Raison qui sait mais qui est
subjective, mais qui n'est pas manifestée. Elle sait, mais ne possède pas le
moyen de faire. Bien comprise cette individualité de l'homme, il s'agit
pour lui de marier cœur et raison pour : Savoir faire
! Autrement dit, pour Être. Le Petit Prince sent très bien tout ce qui lui
manque : "J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaitre
!" Amis, parce qu'il Aime, lui ; il lui faut absolument des objets à son
Amour, alors il cherche, fait les Sept Planètes (les 7 péchés capitaux, les
tendances qui influencent l'homme soumis à l'attraction Terrestre), Il ne
comprend pas tout. surtout les apparences, les surfaces, tout ce qui est
superficiel. Le Renard, lui. sait, il sait surtout ce qui lui manque,
le sentiment et l'amour. il n'a que l'appétit : les poules ! Mais il sait
parfaitement le processus qu'il faudrait à ce qu'il ne possède pas pour être
séduit aux yeux des réalités Invisibles de l'amour qui laissent néanmoins ses
traces dans le symbole des objets. Pour cela : il veut être Aimé, apprivoisé
! Et il répond justement au Petit Prince sur ses ambitions de connaitre:
"On ne connaît que les choses que l'on apprivoise". Autrement dit :
que l'on Aime et dont on se fait aimer. C'est pourquoi il connaît toute la
valeur des astuces, des "rites". Car l'intelligence va pouvoir
amplifier par des subtilités les valeurs frustes de l'Amour... De même,
l'intelligence, "apprivoisée" par l'Amour, va prendre une ampleur
qui va dépasser la Matière et vivre Ce qui est important et ne se voyait pas
pour les yeux de l'intelligence seule, sera lumineux par celle du cœur. " Les étoiles sont belles à cause d'une fleur
que l'on ne voit pas ". " Adieu, dit le Renard, voici mon secret,
on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est Invisible pour les
yeux." Ce qui est intéressant, c'est que le Renard sait cela sans jamais
l'avoir éprouvé, de même le Petit Prince l'a éprouvé mais sans le savoir ! Une fois le Renard apprivoisé et Aimé, il sait et
sent, en regardant seulement les blés d'or, son Petit Prince parti. que ces
blés sont sa présence dorée et que l'Amour est partout puisque ressenti, donc
Vivant, mais il fallait le faire naître, mais il fallait aussi le faire
apprécier et comprendre au Petit Prince. Aussi le Renard pleurera pour la
première fois de sa vie à leur séparation. Les pleurs symbolisent toute la
sensibilité du cœur éveillé. Mais ces pleurs sont de Tendresse ! Rien n'est responsable de rien tant qu'un lien ne
réunit pas deux éléments. Le Petit Prince est responsable de sa rose parce
que l'Amour les réunit à travers le temps l'espace. Celui qui offre l'Amour
est responsable de son objet. Faut-il que l'objet se laisse apprivoiser.
sinon aucun lien n'implique alors une responsabilité. "Tu deviens responsable
pour toujours de ce que tu as apprivoisé..." Tout autre intelligence qui n'est pas liée à
l'Amour est inéluctablement faussée, incomplète et dangereuse. "Le
Renard" ne reste alors à l'affût que de "ripailles". Le Petit
Prince dans son Amour naïf fait deux miracles : la réparation du moteur de
l'avion et le puits dans le désert. En l'homme, dès que la bonne volonté du
cœur se met en oeuvre, les éléments obéissent à l'amour. Le Petit Prince est
l'âme. il se fait mourir dans l'apparence par le serpent pour se déplacer à
travers l'Espace : "J'aurai l'air d'avoir mal - j'aurai l'air de mourir
- J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai. Je ne peux pas emporter
ce corps-là ! Le Renard n'est que de la matière programmée,
instinctive, intelligente mais fruste, alors que le Petit Prince est le Germe
de Vie qui va ensemencer cette Matière... De la pensée mécanique doit naître
la Vie à l'aide de l'Amour, Ainsi est "exhumé, l'Homme de la poussière
de son désert et " périt " pour d'autres Cieux comme l'indique les
symboles de Saint-Exupéry. |
ST EXUPERY - donner un sens à l’existence ou pourquoi
le petit prince est le plus grand traitÉ de mÉtaphysique du xxème
siècle |
J.P.
ravoux |
Edition Robert Laffont |
2008 |
Le
Petit Prince,
traduit dans plus d’une centaine de langues, est après la Bible le livre le
plus vendu au monde. Quel est le secret de son universalité ? Un enfant, un
aviateur, une rose, un renard, un mouton, un serpent… Parce qu’il a été
considéré un peu vite comme un conte pour enfants, les critiques littéraires
et les philosophes n’ont jamais pris la peine d’étudier en profondeur le
texte de Saint-Exupéry. Pour la première fois, un philosophe se penche sur
cette œuvre si mince mais d’un si grand poids afin de la décrypter et de nous
en transmettre les clés.
Il
manifeste les qualités qui distinguent les livres pour enfants : il est
profondément vrai, ne donne aucune explication et propose une morale, et l’on
pourrait ajouter que le texte est accompagné de dessins qui suggèrent plus
qu’ils ne représentent, ce qui laisse une place à l’imagination poétique. Mais
c’est aussi, à l’évidence, un livre pour adultes puisqu’à travers l’odyssée
du petit prince, ils sont invités, par un retour à l’esprit d’enfance, à une
conversion au terme de laquelle ils auront acquis les moyens de comprendre le
monde, la volonté de s’engager dans une existence partagée avec les autres,
pour en déterminer le sens. |
st exupéry - |
Jules roy |
EDITION LA MANUFACTURE |
1990 |
||
C'est pourquoi l'on ne doit pas
s'étonner si cet écrivain procède presque uniquement par affirmations.
D'ailleurs, sa vie n'a-t-elle pas été l'illustration d'une de ses plus belles
assertions: la primauté de l'homme sur l'individu ? "Je combattrai
pour l'Homme. Contre ses ennemis. Mais aussi contre moi-même"
écrit-il au cours d'une sorte de profession de foi émouvante par la
simplicité et la générosité des sentiments qui l'inspirent. Ce besoin
d'affirmer, de construire, ce désir d'aller droit au but, de rendre clair ce
qui semble le plus complexe et le plus obscur, était devenu pour
Saint-Exupéry une règle de conduite et de travail. Et l'on retrouve dans
l'homme, comme dans le créateur, la même intelligence, la même rigueur, la
même recherche du noeud essentiel d'actes
divers qui ne se découvre qu'à travers l'évidence de sa nécessité. Saint-Exupéry se méfiait des
prétextes à faire de la littérature. Il a toujours lutté contre cette maladie
de l'écrivain qui s'efforce d'enjoliver un récit par de savantes évocations
stimulant l'imagination du lecteur, mais trahissant l'authenticité des faits
sous le couvert d'histoires vraisemblables. Ainsi, dans un des passages de Pilote
de Guerre il compare le nuage de condensation qui s'étire derrière
son avion en plein vol à une robe à traîne d'étoiles de glace. L'image
est valable en soi puisqu'il l'a inventée sans dégoût. Mais aussitôt
il se reprend, mortifié d'avoir cédé a la tentation
d'une poésie de pacotille. C'était faux à vomir. Voilà comment il
dénonce la pose. Il éprouve une véritable aversion pour tout ce qui est
attitude. Lui qui a si souvent côtoyé la mort ne se demande pas comment on
doit se comporter devant elle. Chaque fois qu'il la rencontrera sur son
chemin, il ne pensera pas à elle, mais à la nouvelle expérience qui
peut l'enrichir et à la signification existentielle qu il faut lui donner.
C'est cet attachement à la vie qui étonne chez un être qui a choisi de ne
s'en soucier que dans la mesure où elle est partage et amour, grandeur et
misère. Qu'il se penche sur le mystère
du monde, qu'il médité sur la corruption d'un peuple, qu'il veuille bousculer
les événements en y prenant une part active, et forcer l'histoire en lui
appliquant des lois qu elle ignore, il poursuit la même conquête de l'homme
dans l'universalité de sa conscience, l'homme étant celui qui porte en soi
plus grand que lui. La figure de Saint-Exupéry semble correspondre
étrangement à sa définition de l'homme. Et c'est justement cette présence en
lui de quelque chose de supérieur à sa personne qui lui a permis de concevoir
une éthique fondée sur le respect et la ferveur. Faire un choix dans l'oeuvre
de Saint-Exupéry est bien arbitraire. Quoique chacun de ses ouvrages ait sa
signification propre, les thèmes qui y sont développés sont liés entre eux
avec tant de force qu'il semble impossible, au premier abord, de les analyser
séparément. Mais ce serait une erreur de ne pas les considérer dans le cadre
d'une évolution spirituelle où l'on observe les différents moments d'une
progression ascendante vers un but déterminé. Chez Saint-Exupéry chaque idée
correspond à un besoin d'élévation comparable à cette faim
de lumière. Son outil sera l'avion, son arme l'amour. Avant d'agir
efficacement, il est normal qu'il se penche sur son outil et sur son arme
pour savoir comment il convient de s'en servir. Et bientôt il s'aperçoit que
leur usaçe conduit à un métier, à un style de vie,
tout en lui apprenant à justifier le sens de son aventure. Saint-Exupéry,
dans la plupart de ses écrits, ne fera que nous rendre compte de ce double
apprentissage essentiel à la connaissance des êtres et des choses. C'est
pourquoi nous serons amenés a
distinguer dans son oeuvre deux thèmes prédominants: l'action comme
moyen de se surpasser soi-même, et la foi conçue comme une passion qui
bouleverse les données de la conscience. Indiquons toutefois que
Saint-Exupéry ne sépare pas la pensée de l'action, et que la volonté d'agir
n'est que la réalisation du désir de croire. Si Saint-Exupéry a délibérément
opté pour l'action, c'est qu'il avait la ferme conviction que l'homme, pour
s'affirmer, devait livrer un combat dont l'issue pouvait lui être fatale.
Dans l'homme il y a toujours l'individu qui domine, cette part de soi-même
qui refuse d'adhérer à la communauté, et qui se rebelle quand on lui impose
des règles lésant ses intérêts et limitant ses ambitions. Saint-Exupéry
rejette le culte de l'individu, car il ne mène qu'à la déchéance, la branche
étant incapable de vivre une fois détachée de l'arbre ou privée de sa sève.
L'homme est constamment menacé de dégénérescence s'il ne se délivre pas de ce
double encombrant et nuisible. Notre première tâche sera donc d'anéantir en
nous tout ce qui favorise notre prédisposition à l'égoisme.
Le mal est en nous, et il ne se déclare pas toujours au moment où il est
encore temps de le guérir. Il faut le prévenir. Saint-Exupéry nous propose
comme remède infaillible l'action qui poussera l'individu à régner sur
soi-même. La valeur de chacune de nos démarches sera proportionnelle à
l'effort que nous aurons à faire pour sortir de nous-memes.
Ainsi agir, c'est aller au- devant de quelque chose, lutter contre des forces
adverses, vaincre une résistance, mais c'est également s'oublier, s'offrir
sans restriction, s'engager du meilleur coeur dans une quete
de pureté que rien ne pourra ternir. On devient alors invulnérable, comme cet
équipage de vainqueurs que Saint-Exupéry ramena au-dessus de la
défaite, et dont il nous retrace l'épopée dans Pilote de Guerre. Courrier-Sud
annonce déjà cette conception de l'action, mais elle n'y figure qu'à l'état
d'ébauche. Bien que l'auteur ait adopté pour ce livre la forme romancée,
l'expérience qui y est relatée ne sert pas de noeud
à une intrigue. C'est le contact de l'homme avec sa terre qui importe
ici. La découverte d'un monde nouveau, fait d'espoir et de solitude.
L'aviateur reconnaît son monde, lancé dans un espace dont il meuble
les dimensions de sa présence. De là-haut, la terre semble nue et morte,
mais lorsque l'avion descend elle s'habille, et le cours des choses
s'accélère. Les points de repère ne sont plus les mêmes. Certes, il y a
la mer, les montagnes, les villes, les fleuves, les instruments de bord qui
renseignent le pilote sur sa position. Mais comment se fier à des chiffres, à
des calculs, à l'enseignement de la géographie ? Au sol, tout n'est que
pensée figée, représentation abstraite. Mieux vaut observer sur son chemin la
fermière qui vaque à ses occupations, les moutons qui rentrent au bercail,
trois orangers, un ruisseau, autant de signes vivants qui vous guident, car
là où ils sont, on devine les refuges et les pièges que n'indique
aucune carte. Jacques Bernis, le héros du roman, commence ainsi son aventure.
Il recherche la trace de l'homme. Il se fait. Pilote de ligne, il
transporte le courrier. Courrier plus précieux que la vie. De quoi faire
vivre trente mille amants. En vol il ne s'appartient plus: il a le
sentiment d'être responsable des autres. Il est momentanément le centre des
relations humaines. Que de joies, que de drames aussi dépendent de lui ! Il
ne réfléchit pas sur le pouvoir qui lui est donné. Le courrier arrivera; il
s'en persuade. C'est sa raison de ne pas mourir. Mais quand le pilote part
accomplir sa mission, il laisse derrière lui plus qu'un rivage de souvenirs,
et, pendant son absence, des vagues imprévues en changeront le contour.
Lorsqu'il sera revenu à son port d'attache, les gens, les objets, tout aura
évolué sans qu'il comprenne pourquoi. Bernis retrouve ainsi son amie
d'enfance Geneviève, épouse malheureuse qui perd un enfant adoré. Il l'aime,
désespéré de ne jamais atteindre cette femme dans son âme et dans sa chair.
Une épaisseur les empêchait de se rejoindre. Que cachait cette
épaisseur ? Bernis n'aura pas le temps de le savoir. Geneviève meurt, et
lui-même disparaît dans le désert. Mais le courrier est bien arrivé. Le type d'homme décrit dans Courrier-Sud
est encore vulnérable. Sa tendresse, ses épanchements, sa nostalgie,
son indulgence, son échec en amour ont une résonance individuelle. Dans Vol
de Nuit, second roman de Saint-Exupéry, le modèle d’homme est mieux
défini en la personne de Rivière. Quel motif invoquer pour légitimer ce défi
au bonheur terrestre ? Il y a l'éternité, la conquête de l'absolu, la
victoire sur la peur de la mort, la recherche d'une divinité, réponses qui ne
satisferont pas entièrement Saint-Exupéry. Indifférent à la justice ou a l'injustice, Rivière donne une âme a la matière
humaine; il façonne des volontés, il enracine. Don bien inutile s'il
n'était accueilli avec reconnaissance. Fabien, deuxième héros du livre, est
pilote de la Ligne, un de ceux qui reçoivent et exécutent l'autre aspect du
modèle. Fabien, dès qu'il entre dans la nuit, sait qu'il s'agit de défendre
la cause des vols de nuit. S'il y a trop de pertes dans les équipages, ce
sera la défaite. Son devoir est de remettre coûte que coûte le courrier à sa
destination. Lui-même n'existe pas. Lourd des consignes qui lui ont été
transmises, il décolle. Le voilà lancé hors de lui-même. S'étant
découvert solidement assis dans le ciel, il commence cette profonde
méditation du vol, où l'on savoure une espérance inexplicable. S'il
n'éprouve ni vertige, ni ivresse, il sent le travail mystérieux
d'une chair vivante. Il est prêt à s'accomplir, et s'installe dans une
paix qu'il n'a pas encore méritée. Le danger ne l'effraie pas; pour l'instant
il n'est que spéculation. Le temps est limité aux quelques heures de
carburant contenu dans le réservoir de son avion. Où est sa liberté puisqu'il
est soumis aux exigences de son outil ? Il n'a pas le loisir d'y réfléchir.
Il surveille ses cadrans. Un orage s'annonce. Les lumières des villages, ou
de maisons isolées, s'effacent sous lui. Au-dessus de sa tête, le champ de
clarté se rétrécit. Le voilà prisonnier d'un gouffre noir. Tendu, il affronte
les éléments. Il souhaiterait se nourrir de lueurs, aussi vacillantes
fussent-elles. Il s'enfonce dans la tempête, il plonge dans une boue
d'ombre. Il est en face de la nature. Il n'est plus qu'un jouet, écrasé
par la pluie, la neige, le vent. Il ne sait plus rien. C'est Le moment où les
fautes vous attirent comme un vertige. Il faut descendre, s'approcher de
la terre. Mais le ciel se déchire soudain. La première étoile est un phare,
une sorte d'appel de l'Au-delà qui vous invite à monter toujours plus haut.
Fabien ne résiste pas à la tentation. Il prend de la hauteur. Il quitte le
cyclone. Maintenant il n'a plus d'obstacles à vaincre. Il s'est abandonné à
la beauté d'un spectacle qui rassure le naufragé, mais qui l'épuise et le
condamne. Tel est le drame qui attend le pilote. Quand celui-ci parvient à se
sauver de la mort, il devine qu'il n'a bénéficié que d'un sursis. Toute son
existence est fondée sur ce délai. Vol de Nuit est le récit d'un
échec, mais cet echec ne diminue en rien la qualité
du renoncement de Fabien. Saint-Exupéry, dans Terre
des Hommes, raconte que Guillaumet, ayant eu un accident dans les Andes
avait décidé de descendre des hauts sommets où son appareil s'était abîmé
pour qu'on retrouvât son corps, car sa femme n'aurait pu toucher le montant
de l'assurance que si l'on avait des preuves formelles de sa mort. Pendant
cinq jours et cinq nuits il bravera le froid, luttera contre le sommeil,
l'engourdissement et la faim. En cours de route, il ne cessera de penser: je
suis un salaud si je ne marche pas, car sa femme, ses camarades, tous
ceux qui ont confiance en lui croient qu il marche s'il est encore en vie.
Son devoir était de ne pas trahir cette confiance. Lorsqu'il sera en présence
de son ami Saint-Ex, il lui confiera: Ce que j'ai fait, je le jure, jamais
aucune bête ne l'aurait fait. Et Saint-Exupéry d'affirmer: Cette
phrase, la plus noble que je connaisse, cette phrase qui situe l'homme... qui
rétablit les hiérarchies vraies. Guillaumet avait défini l'homme avec un
admirable orgueil. Rivière, Fabien, deux êtres qui instituent une hiérarchie.
Guillaumet, Saint-Exupéry, et quelques autres pilotes de la même trempe ont
été l'expression vivante de cette hiérarchie. Revendiquer l'action comme
moyen de se dépasser soi-même conduit donc à créer un ordre de valeurs. Pour
les pilotes, le vol n'est qu'une initiation à un rite sacré. Ce rite, chacun
de nous l'accomplit quand il exerce sa profession en ayant conscience de sa
responsabilité individuelle dans le jeu des forces qui contribuent à donner
une unité au monde. La signification du geste du semeur serait nulle si elle
ne traduisait pas une intention plus secrète que celle de faire pousser du
blé. De même, le poète qui élabore son poème, le forgeron qui martèle son
morceau de fer, le médecin qui soigne ses malades trahit son espèce s'il agit
seulement dans un but de satisfaction personnelle. Car au-dessus de tous les
métiers, il y a le métier d'homme (peut-être est-ce une vocation ?) qui
consiste à la fois à découvrir ce que l'on est et à respecter ce
dont on est. En d'autres termes, l'action, telle qu'elle apparaît dans
l'oeuvre de Saint-Exupéry, est le trait d'union entre deux aventures, l'une
qui est tout intérieure, l'autre qui correspond à un besoin d'émancipation, à
un état d'affranchissement. Courrier-Sud et Vol de Nuit nous apportent un témoignage. Aussi achevés que soient ces livres, leur portée ne manquera pas de paraître restreinte, à tort d'ailleurs. Ils ont l'intérêt de documents, mais ils ne convainquent pas toujours. Qu'ils exaltent notre imagination, qu'ils nous émeuvent, qu'ils nous arrachent à notre ennui du quotidien, nul ne le contestera (c'est d'ordinaire ce que l'on exige d'un bon romancier, en plus de la qualité du style). Ils nous montrent que le serviteur est forcé d'obéir au maître pour ne pas perdre sa place, et que, malgré son manque d'autonomie, il est aussi grand, aussi victorieux que son chef. C'est le rôle du soldat en temps de guerre. C'est le jeu auquel consent le militant. Comme chez Rousseau, c'est la volonté particulière, qui se soumet à la volonté générale, celle-ci étant incarnée par le chef. Conclusion à en dégager: la liberté n'est pas l'indépendance, mais bien le contraire. Elle est l'adhésion totale à une contrainte, toutefois, pour qu'il y ait contrainte il est indispensable que le sujet puisse refuser de se comporter comme on le lui ordonne. Et c'est reposer le problème de la liberté sous une autre forme. Avec Terre des Hommes, Pilote de Guerre et Citadelle, Saint-Exupéry transformera cette conception de la liberté par la contrainte en partant de nouvelles bases. Il semble avoir remarqué que toute contrainte extérieure ou organisée, si elle ne s'appuie pas sur des règles générales, prend vite un caractère systématique: elle justifie l'autocratie, l'impérialisme, la dictature, le pouvoir absolu. On objectera que chacun est libre de se faire esclave. Pour Saint-Exupéry l'argument n'est pas valable, car ce serait se renier soi-même, l'équivalent d'un suicide. |
ST EXUPERY - ALBUM ST EXUPERY COLLECTION DE
LA PLḖIADE |
Frédéric
d’agay et Jean Daniel Pariset |
Edition
Gallimard |
1994 |
«Né avec le siècle, Antoine de Saint-Exupéry
est un des rares auteurs à ne pas vieillir, le seul peut-être ; son immortel Petit
Prince continue sa vie dans les rêves des enfants et des parents du monde
entier. Pour d'autres, il reste le pilote décrivant avec une grande pureté de
langue l'épopée de l'aviation naissante ; et cet aviateur défricheur de
ligne, chef d'escale, côtoie dans le panthéon des pilotes Mermoz ou
Guillaumet.
|
ST EXUPERY - OEUVRES - COLLECTION DE
LA PLḖIADE |
Préface
de Roger Caillois |
Edition Gallimard |
1959 |
Écrire
avec son corps, « n’écrire que ce que l’on a risqué », telle devait être,
selon Saint-Exupéry (1900-1944), la littérature ou l’incarnation en
littérature. Pilote de l’Aéropostale (Vol de nuit, 1931), habitué des
solitudes et du désert (Terre des hommes, 1939), volant à bord d’un
avion de reconnaissance en 1939-1940 (Pilote de guerre), et de nouveau
en 1943-1944, il disparut en mission après avoir publié la simple mais
mystérieuse fable du Petit Prince, traduite dans le monde entier, et
laissé un précieux manuscrit de ses méditations : Citadelle. Cet
ouvrage comporte les oeuvres suivantes : Indications biographique - Courrier Sud - Vol de nuit - Terre des hommes - Pilote de guerre - Lettre à un otage - Le Petit Prince - Citadelle - |
St exupéry l’homme du silence |
R.P. guillot |
EDITION Dervy |
2002 |
||
Pour pénétrantes que soient ces réflexions,
qui portent sur des sujets extrêmement divers (de l'entropie aux Assurances
sociales, en passant par la psychanalyse et le communisme) elles ne nous
autorisent pas à conclure sur la nature précise de ses opinions politiques.
D’ailleurs Saint-Exupéry est toujours resté en dehors de la politique
proprement dite, et, chez lui, il convient de respecter ce détachement. Comme
le dit Pierre Reverdy: "l'homme dégagé permet au poète de
s'engager". Saint-Exupéry a soutenu une certaine position
de l'humanisme moderne, bien différente de celle de Malraux. Malraux déclare
que l'humanisme, ce n'est pas affirmer: "Ce que j'ai fait, aucun animal
ne l'aurait fait" répond Saint-Exupéry. Il arrive cependant qu'une
nation ne sache pas préserver son patrimoine, et ses voisines s'en emparent.
C'est la guerre, puis la défaite. Mais une défaite est un bienfait,
puisqu'elle réveille un peuple (c'est la conclusion de Pilote de Guerre).
C'est pourquoi le chef de Citadelle exhorte ses guerriers à aimer
leurs ennemis, car ils les révèlent à eux-mêmes. Ne nous méprenons pas. S'il
nous laisse croire qu'un peuple peut trouver une occasion de grandeur dans la
guerre, Saint-Exupéry n'a jamais songé à préconiser le militarisme. Il se
moquait des généraux pour qui le patriotisme était une sorte d'esprit
d'équipe. Mais, ne l'oublions pas, ce qui le préoccupait au plus haut point,
c'était l'unité spirituelle des hommes sur la Terre, cette merveilleuse
demeure qu'ils n'ont pas su rendre habitable, faute d'une éducation de
l'esprit. Héritier de Pascal et de Nietzsche,
Saint-Exupéry a réussi à dépasser le christianisme de l'un, et l'athéisme de
l'autre. A la formule de Nietzsche: "Dieu est mort", il oppose une
autre formule: "Dieu est silence". Si Pascal soutient que la force
de l'homme est de savoir qu'il est faible, il affirme, lui, que la force de
l'homme est de pouvoir surmonter sa faiblesse. C'est en partant de ces deux
principes qu'il s'est attaqué aux problèmes contemporains qui mettent en jeu
la grandeur de l'homme, et sa servitude, problèmes qui se ramènent tous a cette question: comment vivre ? celle-ci en appelant
une autre: quelle est la meilleure et la plus juste
des manières de vivre ? Mais cette question, qui la pose ? L'intellectuel.
Saint-Exupéry y a répondu en homme d'action. Agissez dans le domaine qui vous
est propre, en vous astreignant a bien taire votre
métier, et le plan de votre vie prendra forme. Mais il s'est aussitôt aperçu
que ce conseil se transformait en ordre, et qu'un tel ordre ne serait jamais
accepté sans l'intervention d'un chef. D'où, la nécessité de fonder une
mystique qui supporte une morale disciplinaire, et d'imaginer un personnage
qui ait suffisamment d'expérience pour apprendre à vivre aux autres, et
instituer une hiérarchie. Ce sont les guerres, les révolutions, les
coups d'État qui, dans la pratique, permettent à ceux qui pensent être dans
le vrai d'accéder au pouvoir et d'imposer leur loi. Politiquement, le plus
fort a toujours raison. Cependant, si l'on suit Saint-Exupéry, une politique
n'a de sens que si elle sert une évidence spirituelle. Alors, quel chef
assumera-t-il le rôle de bon tyran. Le chef est celui qui a besoin des
autres; mais s'il ne se suffit pas à lui-même, dans quelle mesure est-il
capable de découvrir une évidence spirituelle. Ce sont les autres qui
préparent le terrain sur lequel il établira cette évidence. Ainsi, pour
Saint-Exupéry, tous les hommes doivent se situer dans une action, de quelque
nature qu'elle soit. De leur situation dépend la liberté qu'ils
revendiquent. En d'autres termes, ils sont obligés de se choisir, de naître.
Une fois ce choix opéré, le chef apparaîtra avec son arbitraire, et deviendra
nécessite naturelle. Il pratiquera alors une politique de l'homme pour
l'homme, et sa devise sera: amour et fidélité. Saint-Exupéry préférait donc les vertus de
l'amour qui ouvrent le chemin de la foi, à celles de l'intelligence qui
conduisent au doute. Aimer, c'est aimanter, créer un champ de forces.
Saint-Exupéry s'est proposé d'éduquer les hommes dans la perfection aussi
a-t-il été amené à construire une échelle de valeurs fondée sur le sacrifice
et l'échange comme si chacun de nous était apte à engendrer la vérité.
L'essentiel était que cette vérité, à laquelle notre amour donne naissance,
fût commune à tous. Pour cela, il lui était nécessaire de se fixer un but
hors de soi, d'inventer un visage à aimer. D'où dans son oeuvre, cette
recherche d'une identité de l'Homme et de Dieu correspondant à l'identité de
vie et de conscience qui confère à un être sa qualité d'existant. Philosophique, la pensée de Saint-Exupéry l'est assurément, mais elle s'est si bien soumise à la rigueur de la forme poétique, qu'elle échappe à tout système, et présidé a cette difficile opération qui consiste à associer vie et connaissance dans un même acte de création. Saint-Exupéry a pensé le monde moderne, à l'encontre d'autres écrivains contemporains qui le subissent ou l'ont subi. C'est à ce titre qu'il s'est élevé au niveau intellectuel des philosophes les plus marquants de ce demi-siècle, en même temps qu'il pénétrait avec la même aisance que les plus grands poètes dans cet univers où le sensible déborde l'intelligible. |
ST EXUPERY - LE CHEMIN INITIATIQUE DU PETIT PRINCE |
Hervé
Priëls |
Edition Oxus |
2014 |
En
rédigeant « Le Petit Prince », Antoine de Saint Exupéry est parti à la
recherche de l'enfant qu'il avait été. L'ouvrage est une introspection, un
testament philosophique. Ce petit livre, qui sort du cadre de la littérature
ordinaire, a su plaire à tous les âges et toucher le lecteur profane comme le
plus érudit. On peut distinguer quatre niveaux de lecture, chacun offrant des
sujets de discussion infinie. Tout d'abord, primauté à l'enfance. Ce
conte a été écrit pour elle. Qui peut croire que les humains parlent aux
roses ? Pour les grandes personnes : c'est une leçon de vie et une
critique sociale. Saint Exupéry aborda une réflexion sur les comportements
humains, les notions de hiérarchie et d'autorité, le vivre ensemble, la
raison Pour le sage : il s'agit plutôt d'une évocation avec une
approche plus spirituelle, une suite d'allégories sur la nature humaine. L'auteur
fait le siège de la vigilance, du « Connais-toi toi-même », de l'Eveil. C'est
une porte ouverte vers la maîtrise et le devoir jusqu'au sacrifice. 4. Enfin,
une lecture anagogique nous entraîne vers le modèle parfait d'une quête qui
conduit la réflexion vers le divin. La complexité de ces approches nourrit
l'inconscient collectif. Nous sortons des voies traditionnelles et devons
découvrir les sens cachés. Ce livre grand public n'étant ni un début ni une
fin, à chacun d'y trouver sa vérité. Au sommaire de cet ouvrage : Saint Exupery, l’aviateur - les étapes
initiatiques - un lumineux chemin vers la mort
- les personnages clefs - les globes célestes -
l’arbre dit « pain de singe » - porteur de
lumière - du microcosme au macrocosme - la
Terre, clef d’ivoire - le potentat - le
fat - le poivrot - la traversée du
désert - la fleur à trois pétales -
l’ascension et la fleur d’Eden - Goupil
- le contrôleur - le camelot
- les éditions - le petit Prince dans les
affaires - l’Edition new-yorkaise - la
quête de la source - la mort -
derrière la mort - L’avenir - |
ST EXUPERY - LA SAGESSE DU PETIT PRINCE – A la recherche de l’enfant perdu avec Saint-Exupéry |
Pierre Lassus |
Edition Albin Michel |
2014 |
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Ainsi l’énoncé célèbre : « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », ce secret que le renard offre au petit Prince, n’est-il pas compréhensible qu’à partir du moment où il est possible de s’identifier à l’enfant qui a la capacité de saisir l’essence des choses parce qu’il n’a pas encore muselé ses émotions, et c’est bien ce qu’il se passe dans ce récit : c’est immédiatement après qu’il a, pour la première fois, pu évoquer son enfance, car cette maison qui cache un trésor, l’aviateur soudain, comprend que ce qui fait la beauté des choses est invisible. Au sommaire de cet ouvrage : La fin du commencement - une drôle de petite histoire - Une énigme - une planète à peine plus grande qu’une maison - D’un astre à l’autre - la voix qui crie dans le désert - sur la terre comme au ciel - Tribulations - et verbum caro factum est - tu es mon fils bien-aimé - Eli,Eli, lema sabaqthani - Dessines- moi un mouton - L’annonciation - L’ascension - le découvrement - la rose et le mouton - la sortie d’Eden - |
ST EXUPERY - RḖFLEXION SUR LE
PETIT PRINCE ET L’INITIATION PAR LE CONTE |
Walter
Boralis |
Arcadia |
2005 |
Conte initiatique et humaniste, qui interroge
notre être profond et notre civilisation. Texte littéraire reconnu dans le
monde entier comme un joli conte pour enfant, il est aussi porteur d’une
critique forte et engagée de l’homme contemporain et du monde qui l’entoure.
Il réaffirme la nécessité de solidarité, d’amour, d’ouverture à l’autre.
C’est aussi une invitation d’Antoine de Saint-Exupéry à retrouver l’enfant en
soi, conte philosophique tout en tendresse et poésie. Le roi, le vaniteux, le
buveur, le businessman, l’allumeur de réverbère, le géographe, le serpent,
l’écho, le renard etc… tous seront sur la route du Petit Prince, petit
bonhomme à l’écharpe dorée, au regard candide, neuf. Le Petit Prince est sans aucun doute un des
plus beaux plaidoyers jamais écrits contre le nihilisme et pour le
réenchantement de la vie. C'est un chef-d'œuvre, une consolation, un puits
dans le désert du monde, une promesse... " Lorsqu’en 1942 Curtice Hitchcock, l’éditeur
américain de Saint-Exupéry, lui demande de rédiger un « conte de Noël », il
cherche à exploiter sa notoriété immense aux États-Unis pour réaliser une
opération commerciale. Saint-Exupéry s’attelle à la tâche, mais, préoccupé
par d’autres questions d’ordre existentiel, il va alors faire évoluer l’idée
initiale vers un projet autrement plus ambitieux : Le Petit Prince dépasse le
cadre du conte pour devenir un mythe. La reprise de la structure du conte
philosophique : Le Petit Prince reprend le schéma du conte philosophique
tel que Voltaire a pu l’inventer, avec « Candide » ou « Micromégas » par
exemple : comment ne pas voir en effet dans le voyage intersidéral du petit
prince une réécriture de la visite de la terre par un extraterrestre venu
d’une planète proche de l’étoile Sirius, conte qui s’inspirait lui-même de la
mode des voyages extraordinaires ? Les visites successives des six
planètes puis de la terre par le petit prince, où chaque planète constitue
une étape dans la formation du petit prince, donne ainsi au récit une
dimension clairement initiatique qui l’enracine dans le genre du conte
philosophique. La reprise des codes du conte
philosophique : Mais surtout Le Petit Prince s’inscrit dans la dimension satirique
propre au conte philosophique. En effet, Saint-Exupéry reprend également la
technique du regard étranger, inaugurée par Montesquieu dans ses Lettres
persanes, où le regard perçant des Persans rend soudain visible les
bizarreries du mode de vie français que les Français, anesthésiés par
l’habitude, n’arrivent plus à déceler : le regard étranger par sa naïveté
feinte porte une critique de la société et Voltaire exploitera ce procédé du
regard candide et ingénu dans… Candide et L’ingénu. Le point de vue naïf
et innocent, typique du regard enfantin que porte le petit prince, se
manifeste dans la conclusion de la visite de chaque planète : « Les grandes
personnes sont décidément très bizarres » et permet de dénoncer aussi bien le
comportement du roi que du vaniteux, du buveur, du businessman ou du
géographe – personnages croqués qui ne sont pas sans rappeler les portraits
de La Bruyère dans Les caractères (d’où leur absence de nom). Une parodie de conte
philosophique : Saint-Exupéry dépasse cependant le simple
cadre du conte philosophique et le réécrit parfois de façon parodique : « [Un
astronome turc] avait fait alors une grande démonstration de sa découverte à
un congrès international d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru à cause
de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement, pour la
réputation de l’astéroïde B 612, un dictateur turc imposa à son peuple, sous
peine de mort, de s’habiller à l’européenne. L’astronome refit sa
démonstration en 1920, dans un habit très élégant. Et cette fois-ci tout le
monde fut de son avis ». Cet épisode constitue une réécriture du célèbre «
Comment peut-on être Persan ? » de Montesquieu, mais sur un mode dégradé :
peut-être peut-on voir Mustapha Kemal Attatürk dans la figure du dictateur
turc mais c’est surtout l’antiphrase “ heureusement ” qui donne tout son
caractère ironique à ce passage… Un conte à la frontière du
mythe : Mais à partir de la rencontre avec le renard le texte change
de dimension et quitte le conte pour entrer dans le mythe. Le petit prince ne
rencontre plus des personnages humains mais des animaux symboliques (le
renard et le serpent), qui vont lui dévoiler des vérités éternelles – à la
différence du conte où le parcours initiatique dévoile des vérités
personnelles sur le héros : « l’essentiel est invisible pour les yeux » (qui
reprend la théorie de Platon sur le monde des Idées qu’illustre l’éléphant
caché dans le boa) et « on ne voit bien qu’avec le cœur » (qui reprend la
distinction de Pascal sur les vérités sensibles au cœur, c’est-à-dire à
l’intuition, par opposition aux vérités que l’on peut atteindre par la
déduction et la raison). Paradoxalement, c’est ce petit
livre, tant décrié à sa parution en 1943 et que l’on taxa de futilité en
temps de guerre, qui assure aujourd’hui la notoriété de l’auteur ; peut-être
parce que – plutôt que de chercher à être immédiatement utile – il s’est
intéressé à ce que l’amitié, l’amour et la mort peuvent avoir
d’universel. Évidemment Saint-Exupéry a bien choisi les titres de ses
livres ! ... "Vol de nuit",
"Courrier sud"... Les mots et les images évoqués ainsi concourent
tous à exprimer cette direction unique et essentielle de son message, la
ligne de force de toute son œuvre : la découverte, le maintien conscient et
le partage du Mouvement bien ordonné... Quel message intégral,
rappelant le symbole du "Serpent Ouroboros" de l'alchimie! Ne
pouvons-nous pas résumer ainsi : la ligne de force de son œuvre, c'est le
rappel des Lignes de Forces de la Vie...Le voici déjà, lui qui, pionnier de
l'aéronautique ouvre des terrains et des lignes d'aviation, de l'aéropostal
"la ligne" et autres itinéraires aériens à travers le monde...,
comme si ses conceptions, ses intimes pulsions de vie s'incarnaient ainsi
dans la matière. Préoccupation naturelle se "somatisant"
pourrait-on dire, en occupation contraire: un couple intérieur-extérieur si
souvent antagoniste chez les êtres qui n'ont pas su, ou accepté de, relier
déjà leur cœur et leur tête... et dont le métier est douloureusement sans
rapport avec leur idéal et leurs souhaits ! Saint-Exupéry a constaté cette
nécessité d'incarnation; il l'explique très nettement ainsi : "Tu ne
trouveras point la paix si tu ne te fais véhicule, voie et charroi".
Mouvement vers... la "Terre des Hommes"; vers la découverte, le
maintien conscient et le partage d'"un sens à la vie", comme
ses autres ouvrages nous le font de nouveau découvrir par leurs titres. Mais attention! "Vol de
Nuit", "Pilote de Guerre": tant de difficultés dans ce
cheminement obscur et violent de l'existence! Il faudra prendre ses
distances, voir les choses "d'en haut" : Le cheminement devient
alors épreuve initiatique, Cheminement initiatique; dans le cas contraire le
résultat est terrible : "myope et le nez contre, je n'ai rien vu
jamais que lâcheté, sottise et lucre. Mais de la montagne où je m'assieds,
voici que j’aperçois l'ascension d'un temple dans la lumière". Ayant pris ses distances
vis-à-vis des relativités terrestres, grâce à son avion comme par
l'intermédiaire du désert, Saint-Exupéry, comme tous les guides dignes de ce
nom, les "voyants", les connaissant de quoi que ce soit, a "vu
quelquefois ce que l'homme cru voir" (Rimbaud); il peut le
révéler pour ses lecteurs, pour ses "amis" au sens phonétiquement
cabalistique du mot, pour ceux dont l'âme est déjà proche de la sienne... Qui n'a jamais connu, au lycée
ou dans "les chemins de grand vagabondage", une telle rencontre, un
tel lien intellectuel et affectif, de "cœur", avec un auteur qui
expose pour lui les lignes de force de l'existence, est fort à plaindre! Qui
n'a jamais perçu ainsi, comme Dante: Béatrice et Virgile, comme tant de
troubadours: la "Dame" comme tant d'autres : des "stars"-
modèles, "une étoile pour guider sa marche", aura beaucoup à
peiner, à se fourvoyer pour redécouvrir, solitaire, "ce champ de force
qui seul l'anime", qui est " direction et tendance vers".
"tout le monde n'a pas eu un ami" constate Saint-Exupéry dans le
"Petit Prince". Lui, tout comme il lançait des
lignes à travers le désert pour transporter les messages des hommes
(l'Aéropostale), le voici qui lance, dans tous ses ouvrages, ces "lignes
de force", ces "structures" essentielles pour aider dans la
traversée d'un désert tant intérieur ("On ne voit rien. On entend
rien" (P.P) "le désert c'est moi" (Terre des Hommes)
qu'extérieur ("à mille milles de toute terre habitée"... "Où
sont les hommes" (P.P). C'est bien là ce que tente de faire tout ouvrage
initiatique, toute voie initiatique, diamétralement opposée en cela aux
romans "à l'eau de rose", aux récits de cas psychanalytiques et
autres ouvrages ("créations" ou conseils ) concluant à la faiblesse
inhérente à l'être humain ou à l'ineptie, à l'absurdité de l'existence ; à
l'aliénation (alien?)... Saint-Exupéry affirme bien
clairement, lui l'existence de liens : "Comptent pour l'homme d'abord et
avant tout la tension des lignes de force dans lesquelles il trempe".
Pas les impulsions des désirs personnels! Les pulsions sous-tendant celles-ci
: il ne s'agit pas "de cultiver tes désirs. Car si rien ne s'y meut, il
n'est point de lignes de force"... Ainsi, comprenons-le bien, pas
de mouvements vers "le repos du 7ème jour", les "diamants en
vrac", "les femmes (qui) se vendent", "l'île
heureuse" qui rendraient l'être semblable au "bétail morne"...
Non! Le mouvement est en direction des hauteurs de soi-même, de l'origine de
soi-même (sens véritable d'"initiation"), vers la "connaissance
du nœud divin qui noue les choses", vers
le Maître du champ des forces, ce point mystérieux que Saint-Exupéry nomme
tout-à-tour "Seigneur", "Dieu", "Eau, Désert",
etc... Il s'explique
plus catégoriquement à ce sujet : "Les lignes de force
créées doivent te dominer de plus haut pour que tu y trouves tes pentes et
tes tensions et tes démarches (...) et (pour te) rassembler à quelque chose
qu'il n'est point de toi de comprendre". Heureux ceux qui le
réalisent et vivent ainsi! Les autres sont en "exil" - et
Saint-Exupéry, exilé en Angleterre, incompris de ses amis, calomnié par
d'autres sait de quoi il parle! La terre est alors pour eux, comme pour le
Petit Prince, un véritable désert... "les grandes personnes (elles),
s'imaginent tenir beaucoup de place" (P.P); mais celui qui n'est ni
mégalomane, comme le roi rencontré par le Petit Prince, ni un vaniteux
schizoïde, ni un drogué s'auto-justifiant toujours, ni un
"responsable" de futilités, ni un obsédé de travaux inutiles, ni
un... "mouton", sera bien vite amené à "ne voir personne"
(P.P passim) sur la terre...Il ne rencontrera que ce qu'il cherche
véritablement, même si inconsciemment: un sage renard pour le guider, un
Petit Prince qui "réveille" ou un Aviateur en quête, comme lui, de
cet "essentiel (...) invisible pour les yeux" (P.P); le
Maître n'arrive-t-il pas, comme le révèlent aussi bien le Bouddhisme que la
théorie des champs morphogénétiques, lorsque l'élève est prêt ? Les "lignes de force"
qui sous-tendent l'existence ne sont-elles pas toujours présentes, actives et
utilisables pour l'être qui ne s'enfourne pas, pour les éviter ou les
contrer, dans les "trains" où il va "bailler", "dormir",
pour l'être qui ne cherche pas à faire "des économies de temps" ?
(P.P). Et ne sont-elles pas données à l'être dès sa naissance? Les familiers
du "Petit Prince" ou des héros de " l'Oiseau Bleu" de
Maeterlinck iront plus loin dans ce constat: ils réaliseront vraiment que
l'on puisse "profiter d'une migration d'oiseaux sauvages", de
lignes de forces naturelles pour changer de planète! Ce sont de solides champs de
forces que révèlent toutes les aventures- devenant ainsi épreuves-aides
"initiatiques" - relatées par l'auteur, " des lignes de force
dans lesquelles il trempe" lui, comme tous les êtres humains ou les
animaux... Leur solidité de base, leur inné consciemment perçu! Voilà bien
alors pourquoi le Pilote de ligne s'exclame : "J'ai toujours connu
comme tristes les émigrés"... Aujourd'hui, ajoute-t-il, "les
hommes manquent de racines" (P.P) car ils les ont quittées pour les "remous
contradictoires" de leurs "pentes naturelles",
c'est-à-dire de leurs désirs égotiques de leurs "fausses structures
(qu'ils) inventent par jeu"..."Ils ont tout désaimanté"
(Et le mot, ambigu dans son double-entendement, maintenu par la langue des
Oiseaux sacrée, est fort parlant) "en défaisant ce nœud divin qui noue les choses". Les retrouver, les maintenir,
ces coutumes, ces traditions, ces fêtes, ces lois et ce langage de l'"empire"
c'est sauver la "citadelle", la "demeure"
et ses habitants "des projets de sable", de "l'effritement
des choses", de l'existence ou l'on vit "seul, sans personne
avec qui véritablement parler" et "tellement triste" "Je
t'ai dit qu'il fallait des objets reliés", lance
Saint-Exupéry... Reliés avec le passé... liens par là, avec ce que Saint-Exupéry nomme "Dieu",
"Rose", "Renard", "Petit Prince", c'est-à-dire
lien avec un état édénique que l'on a connu imagé par des êtres, des choses,
des mots "imagerie", "symboles", "concepts",
qui rappellent, comme "le blé qui est doré" fera "souvenir
(...) des cheveux couleur d'or" du Petit Prince et ("Ce sera
merveilleux" !) de lui, par conséquent, de son amitié... L'existence est ainsi
ritualisée... et Saint-Exupéry est formel : "il faut des rites. un
rite c'est quelque chose de trop oublié". C'est un cérémonial
"à la façon d'un conte de fées pour ceux qui comprennent la vie",
ou, comme tous les "livres de l'enfance, (...) notant tout le long les
prières, les concepts charriés par cette imagerie" réitération de
légendes au sens étymologique de "liens", une ligne de force qui
"charrie" partout et toujours des "vérités"
symboliques", des " concepts strictement religieux"
(étymologiquement encore : qui relient !), " l'amour, les trésors
invisibles, le sacrifice, l'universel". Nous trouvons ainsi : le Puits
du Village, le Désert, le Serpent, le Baobab, la Rose, le Volcan, le Petit
Prince, l'Avion, les Etoiles, la Maison, l'Eau, dans "le petit
prince" et, ailleurs, la Sentinelle, la Jeune Femme criminelle, le Père,
les Courtisanes, la Panne, le Berger, le Forgeron...Tous sont, dans le
cheminement initiatique, "souvenirs d'étapes et d'efforts et de
sacrifices", objets qui rayonnent, comme le "puits dans le
désert" d'une "invisible (...) beauté", de cet "essentiel
(...) invisible pour les yeux" mais qui touche "le cœur",
"embellit", chante, révèle en fin de compte " le nœud"
entre les choses. Il y a en effet, conclut Saint-Exupéry, "ta
présence au travers qui me permet d'y déchiffrer" une construction
future, car "les objets sont vides et morts s'ils ne sont point d'un
royaume spirituel". Ainsi, on l'aura compris par
ces exemples, "les rites sont dans le temps ce que la demeure est
dans l'espace" : des images éternelles qui, comme des fils
invisibles, me relient éternellement à ma "vérité (qui) se creuse
comme un puits", à ce qui "rassemble", à la "semence"
qui fait espérer les moissons et "se réjouir de la croissance des
moissons", aux "assises de la citadelle", à cette
Terre que "la corde du puits accouche" et qui "redonne
le goût des victoires".. On demeure ainsi, par ces
vecteurs, ces lignes de force entre la réalité profonde originelle et le
présent, dans l'intimité et la plénitude, chez soi, dans la sérénité, dans la
conscience cependant de la nécessité de maintenir et cette
connaissance, et le processus de création pour les générations futures. Oui! "tout
s'ouvre sur plus vaste que soi" : "la manivelle rouillée est
cantique", "un puits porte loin... comme l'amour" (Terre
des Hommes), et tout objet ainsi re-sacralisé, relié par cette conscience des
Rites fera le même. Mais ce sont là, bien entendu,
des liens ainsi et aussi entre les hommes : liens entre le Pilote et le Petit
Prince, entre le Petit Prince et le serpent ou le Renard (très humanisés !),
entre Saint-Exupéry et ses lecteurs à qui il s'adresse personnellement, les
priant de lui écrire...C'est ce qu'il veut établir car si les hommes "ne
savent plus ce qu'ils cherchent", lui, Saint-Exupéry, sait que ce
qu'ils cherchent "pourrait se trouver dans un peu d'eau ou dans une
rose" : "soyez mes amis", crie le Petit Prince
! "Créez des liens" conseille le Renard, car "il
n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis"
(P.P)! Il faut donc apprendre à "apprivoiser" : "cela signifie
créer des liens"... mais cela peut-il se faire avec des "gens
sérieux" qui ne parlent que de "bridge, de golfe, de politique et
de cravates"? Non! Il faut
"organiser", "opposer son arbitraire à cet effritement des
choses et n'écouter point ceux qui parlent des pentes naturelles" : "
je les sollicite de m'aider" conclut Saint-Exupéry, comme le renard
avait prié le Petit Prince de suivre le rituel de l'approche, des horaires..."Seuls
sont frères les hommes qui collaborent" explique Saint-Exupéry ;
aussi va-t-il inventer "un empire ou tout soit fervent",
soutendu par les forces vives des êtres humains qui doivent s'en ressentir "dominés".
Il les invite à la soumission, ainsi, à leurs intimes moteurs; non à la
passivité! "les sédentaires de cœur (...) qui n'échangent rien ne
deviennent rien" affirme-t-il, tout comme Nietzsche ("tout
n'est que passages que Dieu emprunte") ou Teilhard de Chardin, un de
ses auteurs favoris ("arrière les immobilistes! La vie n'est que
perpétuelle découverte"!)... Éternel message des
enseignements initiatiques : Yin et Yang de l'androgynat, Détachement et
"extinction de l'extinction": "Il faut se soumettre pour
survivre" mais "il faut lutter pour continuer de vivre».
Nous le constatons, si nous résumons ainsi son œuvre par cette phrase
synthétique, Saint-Exupéry prône en fait le seul : LIEN AVEC SOI...Lien
avec ses racines, car l'être "vaut, dans le désert, ce que valent (ses)
divinités" Lien avec son monde extérieur auquel il confie des images
utiles ("s'ils voyagent un jour ca pourra leur servir")
(P.P) des mots d'ordre "urgents" "pour avertir ses amis
d'un danger qu'ils frôlaient depuis longtemps sans le connaître",
des conseils ("Ne vous pressez pas, attendez un peu sous
l'étoile"), de justes catalyseurs ("ma maison cachait un
secret au fond de son coeur") (P.P).Voilà bien une nourriture vitale
sous forme d'aliments des sens physiques, émotionnels et mental pour qu'elle "se
fasse aliment pour le coeur") (P.P). Lien avec le monde intérieur,
avec ce "cœur" pour qui l'eau trouvée dans le désert, la Source de
la Vie, est bonne; avec ce cœur pour qui cette "eau-là" doit être
cherchée (P.P), cette eau merveilleuse, cette "bonne eau" de Byron,
transfigurée par le don ("la différence réside dans le don (...) acte de
baigner de son amour") : dans le lien d'amour au-delà des formes, cet
"amour exprimé", seulement là... Car " quel serait ton bonheur
si tu n’avais pas ceux que tu éclaires? ", questionne Nietzsche ;
l'essentiel du cierge n'est point la cire qui laisse des traces mais la
lumière" explique Saint-Exupéry. LIEN AVEC L'ESSENTIEL... "Quiconque
demeure logique tue en lui la vie"... et c'est pourquoi
Saint-Exupéry nous avertit que ce lien d'Amour est "mystérieux" :
il relie à l'unité ontologique de tout, dans la source initiale où
l'Initiation est censée faire pénétrer; il est ligne de force entre l'homme
et le terre-Mère ("Celui qui épouse le puits épouse la terre" ),
entre la terre et "dieu" ("la marche vers Dieu"),
Dieu étant dit également "Citadelle, Épanouissement, Mystérieux
Rayonnement", le nœud divin qui noue les
choses, le Centre des "liens avec le monde" : "je te
conduirais à l'épanouissement de toi-même" à la "drôle
de petite voix qui réveille et qui sait" (P.P) écrit
l'auteur...Évidemment ce nœud octroie la toute conscience et la toute
connaissance : Comment le Petit Prince connaîtrait-il autrement l'existence
des moutons, absents de sa planète? Comment devinerait-il que la panne est
réparée ("Comment sais-tu?" questionne le pilote) ou que
l'heure de quitter la terre est arrivée? "On ne voit bien qu'avec les
yeux du cœur" : mais ce "Cœur", Saint-Exupéry ne cesse de
la rappeler, n'est pas le cœur des désirs! En cette source même la faim et la
soif n'existent pas : le Pilote le remarque bien au sujet du Petit prince
qui, de plus, " ne mesure pas le danger" et ne craint pas la mort. Ainsi tout le cheminement de
l'existence, consciemment vécu, donc en état de "bonheur"
("démarche d'obtenir") se perçoit comme une remontée par des
filières, des lignes de force, des images, des symboles, des héros reliés
entre eux par des mythes, des légendes, vers l'ouverture "sur plus
vaste que soi", sur la délivrance qui permet la seule vraie
création. Ces lignes, ces fils lumineux, ces "émanations" Don Juan
les a évoqués pour Castaneda au cours du cheminement initiatique de ce
dernier; n'est-ce pas une image similaire que le Christ, à ce que rapportent
les Évangiles, utilise pour envoyer ses disciples pêcher les âmes? "Les
Noces Chymiques" de Christian Rosencreutz ne parlent-elles pas de même
d'une pêche à l'homme au moyen d'une corde lancée du sommet de la grotte où
il attend ?... Saint-Exupéry, en révélant
aussi vigoureusement leur présence, réveille et révèle leur souvenir dans la
pensée du lecteur, leur présence au coeur des choses les plus anodines ou
dégénérées. En leur exposant les lignes de force dont sont issues les
"pierres avec lesquelles ils bâtissent la haine", peut-être s'en
serviront ils pour "bâtir l'amour", pour suivre les souhaits réels,
les pulsions non égocentriques et non les impulsions individuelles; au-delà,
donc, "des biens en grand nombre (où) il est offert aux hommes plus de
chances de se tromper sur la nature de leurs joies" ? Car "il ne
s'agit point de nous; nous sommes ensemble passage pour Dieu qui emprunte un
instant notre génération et l'use"...Ils atteindront alors à la
"perfection de l'état de l'homme", à cette créativité de la Nature
naturante en eux; de même, "le cèdre se nourrit de la boue du sol,
mais la change en épais feuillage qui se nourrit, lui de soleil"... Ainsi replacé en sa juste
filière originelle, "l'orgueil (des hommes) devient tour et
temple et rempart" de la "citadelle"; "leur
cruauté devient grandeur et rigueur dans sa discipline. Et voilà qu'ils
servent une ville née d'eux-mêmes et contre laquelle ils se sont échangés
dans leur cœur". La Voie initiatique, c'est donc faire "germer et
croître" l'être humain, mais lui accorder, de plus, la conscience de son
action: telle est la plénitude à laquelle l'homme peut atteindre si
un maître du désert peut le nouer à ces lignes de vie,
l'apprivoiser, le faire "collaborer" ("tous à travers tous
et à travers chacun" à l'"œuvre" et le rendre "responsable d'un
empire qui n'est pas des choses mais du sens des choses L'appel de ce maître : "
Je suis la clé de voûte d'un certain goût des choses et je te noue.
Et s'en est fini de ta solitude". C'en est fini alors du
"Mozart assassiné", de la "belle promesse de la vie" en
l'homme "marquée par la machine à emboutir de la civilisation"...
C'en est fini alors "des fourmis pour la vie de la fourmilière",
des feux "sans emploi ni règle" (toujours prêts à éclater
comme des volcans longtemps réprimés). "Bien ramonés de leurs
connaissances mortes", de leur ironie de cancre", de leurs liens
avec les biens matériels, de leur mensonge et délation, de leur
racornissement hors échange, les êtres humains brûlent doucement et
régulièrement, sans éruptions"... "grand miracle de la mue
et du changement de soi-même". Ultime épreuve du Cheminement
initiatique, si l'expression "soi-même" est justement comprise, non
comme entité profonde mais comme entité globale! Ultime épreuve à laquelle
Saint-Exupéry nous convie par chacune de ses lignes dont nous avons tenté de
dégager, en quelques lignes, les grandes lignes! De là, tout commence alors
de la vraie Vie où "tous les pas ont un sens" et qui se
synthétise ainsi : "je protège celui qui de son aïeul le chanteur
hérite le poème anonyme et, le redisant à son tour, y ajoute son suc, son
usure, sa marque. Car je suis d'abord celui qui habite (...) et les sollicite
(tous ses semblables) de m'aider"... Cheminement initiatique, pour
Saint-Exupéry comme pour son lecteur, à travers les lignes qui sous-tendent
et rassemblent les images-clefs de tout quotidien; lignes de parcours
"aérien" pour lui comme pour le lecteur; seulement en densités
différentes pour l'un et pour l'autre, suivant le degré d'incarnation ou de
simple constat intellectuel de chacun... Voie opérative ou spéculative de
l'Alchimie... Préhension ou compréhension pour la future conjonction des
deux; respectivement volatilisation du fixe (solve) ou fixation du volatil
(coagula)... réseau de lignes d'aviation ou immense réseau international de
tous les passionnés, de tous ceux qui offrent à leurs amis leur livre de
chevet, ce "Petit Prince" l'un des ouvrages les plus traduits au
monde... Nous le percevons bien: toute
l'œuvre de Saint-Exupéry est ésotérique, c'est-à-dire qu'elle contient non un
enseignement "caché" mais l'Enseignement de ce qui est caché sous
les formes de la nature. Enseignement, donc, initiatique, c'est-à-dire aidant
à la découverte, sous ces formes, de "l'essentiel invisible pour les
yeux", de l'importance des choses au-delà de leurs beautés
"vides", ce que les aveugles, les "sans-cœur" nient, ne
l'ayant point perçu et qui, par conséquent, n'est pas un enseignement
généralisé..."C'est pourquoi tu ne sauras point, si nul ne descend
vers toi de sa montagne et ne t'éclaire, quelle route à suivre te sauvera. De
même que tu ne croiras point aussi savamment que l'on te raisonne, quel homme
naîtra de toi ou s'y éveillera puisqu'il n'y est point encore. C'est pourquoi
ma contrainte est puissance de l'arbre et par elle, libération de la
rocaille"... En cette fin de XXème siècle,
beaucoup préfèrent suivre la pente de leurs désirs personnels, refusant
"le chef, le maître, le responsable" : et cela se comprend! Les
jeunes, notamment éprouvent une immense soif de liberté individuelle,
traumatisés, castrés, ou voyant les autres l'être, par de fausses
structures" dont "faible et pitoyable est la joie que l'on tire,
par la machine à emboutir...Observons : à ceux qui posent des questions sur
les "énigmes", la réponse des "marchands de pilules
perfectionnées", des "gens sérieux", des gens qui se disent
"qualifiés", n'est jamais : "Tu deviens responsable pour
toujours de ce que tu as apprivoisé", "On ne voit bien
qu'avec le cœur", "les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent"
Non! Avec
"opportunisme", créateurs de "faux litiges", de clans, de
sectes, de partis, et de factions, comme des chiens qui tournent autour de
l'auge" qu'ils convoitent, car "n'ayant point encore compris, ils
s'indignent ; et ils exposent "leurs mauvaises raisons", les
matériaux de leur vaine justice...Ne sont-ils pas, eux, "soumis aux
illusions de leur langage", inconscients du "seul patrimoine à
sauver", agglutinés qu'ils sont aux "temples auxquels ils tiennent"
? Ils condamnent alors l'attitude "élitiste", voire la
"mégalomanie" de celui qui a des réponses simples à tout. D'autres
que Saint-Exupéry avaient déjà transmis de telles réponses; d'autres de ces
porteurs de lumière, de solutions aux questions humaines vitales; il fut suivi
également d'autres personnages à fonction d'"ami
«-qui-prend-par-la-main, "car le véritable enseignement n'est point
de te parler mais de te conduire". Certains les nommeraient
sans nul doute aujourd'hui, avec dédain, des "gourous", si un
phénomène de mode... ou de conscience faisait redécouvrir "en
grand" les Gide, les Rimbaud, Georges Sand, etc... qui avaient tenté de
véhiculer certaines vérités de base... Et les calomnieraient, leur lançant
des traits, des flèches -lignes de tir en contre-offensive de ceux à qui
leurs lignes de conduite ou leurs lignes "inspirées" déplaisaient! Les calomnies dont il est
l'objet... Ses ennemis... notent les éditeurs de Citadelle : ce sont d'autres
lignes de force, celles de "celui qui cherche à connaître"...Celles
de Saint-Exupéry sont celles de celui qui "sait que l'esprit seul
gouverne les hommes et qu'il les gouverne absolument" et voit
"l'arrangement". Lui, il demeure serein, éternel, rappelant
éternellement : "Je t'ai dit qu'il fallait des objets reliés ( ), pour
te faire communiquer avec des trésors de plus en plus vastes". Les
autres "s'écorchent aux ronces, luttent contre le fouet des
rafales" ; "leur liberté, c'est la liberté de n'être
point"; On n'est "plus que partage de provisions dans une
réalité haineuse", "dans la hargne de son voisin, la
jalousie de son égal, l'égalité avec la brute". Non! Crie Saint-Exupéry à
longueur de page, à toutes les lignes : "J'espère, moi, que l'on me
donne le meilleur. Car, alors seulement, vous voilà grands". Que l'on
crée le meilleur! "Il s'agit de la soumission, non de chacun à tous mais
de chacun à l'œuvre et chacun force les autres de grandir". Pas pour
paraître, pas pour gagner de l'argent, de la considération, du pouvoir; pas
pour être mieux dans sa société "fourmilière"! Non! Pour la seule
plénitude, la seule force manifestée pour "inventer un empire où tout
simplement tout soit fervent", où tout soit lié par "le nœud
divin qui noue les choses" : Au-delà du
psychologique, du personnel, de la personnalité, de l'"humain"!
La perfection tout simplement! Et "la perfection", c'est
l'échange en Dieu... et c'est l'initiation au sens véritable du mot et du
concept |
10 T
TEILHARD DE CHARDIN ET L’INDE |
Maryse Choisy |
Editions Universitaires |
1963 |
||
Dans
une lettre datée du 12 octobre 1926, de Tien-Tsin, Teilhard avoue à l’abbé
Gaudefroy :« Je rêve d’une espèce de « Livre
de la Terre », où je me laisserais parler, non comme Français, ni comme
élément d’un compartiment quelconque, mais comme homme, ou comme « terrestre
» simplement. Je voudrais dire la confiance, les ambitions, la plénitude, et
aussi les déceptions, les inquiétudes, l’espèce de vertige, de celui qui
prend conscience des destinées et des intérêts de la Terre (Humanité) tout
entière. Dans ces pages, où je ne chercherais à m’accorder avec aucun des
courants d’idées reçues, mais seulement à traduire ce que je sens, je
voudrais faire passer l’expression de ma foi en l’œuvre humaine et l’unité
humaine, — de ma colère contre les cloisons et les plafonds qui
compartimentent encore des fragments spirituels destinés à se joindre, — de
notre déception en nous voyant emprisonnés sur une boule dont l’intérêt
limité s’épuise, de notre angoisse en nous voyant seuls, tous ensemble, au milieu
de l’espace sidéral… » Cette
conscience planétaire, si proche déjà de la sensibilité indienne, est dans le
style du prophète. Indienne aussi, la manière de dépasser l’angoisse de la
mort. Il n’y a qu’une seule issue vers la plus grande Vie, — et c’est la
Mort. La seule vraie mort, la bonne mort, est un paroxysme de vie : elle
s’obtient par l’effort acharné des vivants pour être plus purs, plus unis,
plus tendus hors de la zone où ils sont confinés. Son
propre salut ne suffit pas à Teilhard. Dès 1923, il est tout entier dans son
désir d’achever l’Univers avec Dieu. « Puisque,
une fois encore, Seigneur, non plus dans les forêts de l’Aisne, mais dans les
steppes d’Asie, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel, je m’élèverai par-dessus
les symboles jusqu’à la pure majesté du Réel, et je vous offrirai, moi, votre
prêtre, sur l’autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde,
Jadis, on traînait dans votre temple les prémices des récoltes et la fleur
des troupeaux. L’offrande que vous attendez vraiment, celle dont vous avez
mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser votre faim, pour étancher
votre soif, ce n’est rien moins que l’accroissement du Monde emporté par
l’universel devenir. » Teilhard
veut « psychiser » la matière, car la forme supérieure d’existence et l’état
final d’équilibre pour l’étoffe cosmique est d’être pensée. Il veut donc
sauver la pensée du monde et par là donner un sens nouveau au monde. Il veut
rapporter la terre à Dieu et ainsi donner une valeur à la terre. Dans ce
dépassement, sans le savoir, il rencontre les Upanishads. Cet amour de la
terre émet un son unique dans la spiritualité chrétienne. Rome l’a reproché à
Teilhard. L’Osservatore Romano du 30 juin-1er juillet 1962 parait
scandalisé par ces lignes. Oui les mythes ont toujours raison. Teilhard de Chardin éternellement présent nous aide à vivre, et nous savons déjà que nous ne mourrons pas… |
TEILHARD DE CHARDIN
- introduction à la pensÉe de teilhard de chardin |
Claude
tresmontant |
Edition Du Seuil |
1956 |
||
Le concordisme est un
essai illégitime de rechercher dans l'Ecriture sainte des connaissances qui
ne sont pas de son ressort, puisqu'elles doivent être fournies normalement
par une enquête scientifique. La démarche du Père Teilhard n'a rien de
commun avec le concordisme. Parler de concordisme dans son cas, c'est caser
paresseusement un problème nouveau dans un tiroir ancien. La démarche de
Teilhard ne consiste pas à rechercher dans l'Ecriture des vérités
scientifiques – il en est loin ! – mais à laisser se rejoindre en lui les
sources du savoir, comme inévitablement l'esprit est amené à le faire, s'il
ne veut pas construire artificiellement des cloisons étanches, à l'intérieur
de lui-même, entre sa foi et sa science." L’évolution nous a
appris ce qu’était le temps. La grande découverte de Teilhard est que
l’univers n’est pas cosmos mais cosmogénèse. Dans un autre sens,
l’univers n’est pas clos sur lui-même, il se fait sans cesse et reste
à faire, ce qui est l’occasion pour Tresmontant de critiquer ce qu’il
appelait "la philosophie tentante", à la mode : La désertion
de la question du réel par la philosophie a relégué celle-ci au rang d'une
science humaine ; or, la philosophie est bien plus qu’une science
portant sur l’humain… Dans son refus du fixisme, Teilhard remarque que
l’évolution est orientée selon une loi de récurrence dont l'Omega demeure le
phénomène humain. "L'homme n'apparaît plus, comme dans l'ancien
anthropocentrisme naïf, au centre spatial de l'Univers, - mais il se découvre
réellement situé au sommet du Temps, à la flèche d'une Evolution orientée
vers les hauts Complexes." C’est donc un
fait : dans l’histoire de l’univers, nous passons du plus simple au plus
complexe : "la biologie ne serait pas autre chose que la
Physique du très grand complexe." Toutefois, le reproche que
l’on continue à faire dans ce cas de figure est que le simple n’est pas aussi
simple que cela. Le professeur connaît ce reproche. C’est pourquoi il écrit,
à la suite de Teilhard :"Assemblés dans l’ordre, les 360 types
de noyaux atomiques aujourd’hui reconnus par la Physique, de l’hydrogène à
l’Uranium, constituent une hétérogénéité, non une complexité. En ce sens, une
Planète est hétérogène elle n’est pas complexe. La complexité est une hétérogénéité
organisée." En effet, par le
biais des travaux de Teilhard, Tresmontant constate que nous allons des
formes les plus simples aux plus complexes, des monocellulaires jusqu’à
l’homme capable de dire "Je". "Avec
l'apparition de la Pensée, tout change : la Noosphère [l’ordre de
la conscience réfléchie] tend à constituer une unité biologique réelle"
De fait, avec la venue de la conscience réfléchie dans l’univers, la
conception traditionnelle du temps éclate : "Contrairement
au temps cyclique des mythologies panthéistes, le temps de l'Univers est
orienté d'une manière irréversible." (p. 71) Devant ce constat,
Teilhard remarque que l’anthropogenèse continue la biogenèse, laquelle
poursuivait l’œuvre de la cosmogénèse. La vision de Teilhard est
unitive : le terme du monde est l’Unité réelle des êtres dans la
diversité de leurs personnes. "L’évolution cosmique poursuit une
œuvre de nature personnelle" rapporte Tresmontant. L’être
humain aussi est inachevé. Le point dit "Omega" désigne
cette personnalisation visée, laquelle a pour axe le Christ, Pantocrator.
Le dessein est l’ultra-humain : non pas vers
le mieux-être mais vers le plus-être,
soit l’accomplissement de la plénitude de l’Homme dans son être |
TEILHARD DE CHARDIN LA MESSE SUR LE MONDE |
TEILHARD
DE CHARDIN |
Edition
ARQA |
2009 |
||
Un à un, aussi, je les compte, les membres de cette
autre et si chère famille qu'on rassemblée peu à peu, autour de moi, à partir
des éléments les plus disparates, les affinités du cœur, de la recherche
scientifique et de la pensée. Plus confusément, mais tous sans exception, je
les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des
vivants : ceux qui viennent et ceux qui s'en vont ; ceux-là surtout
qui, dans la vérité ou à travers l'erreur, à leur bureau, à leur laboratoire
ou à l'usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément
aujourd'hui la lumière. Cette multitude agitée, trouble ou distincte, dont
l'immensité nous épouvante, cet Océan humain, dont les lentes et monotones
oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants, je veux
qu'en ce moment mon être résonne à son murmure profond. Tout ce qui va
augmenter dans le Monde au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, tout
ce qui va mourir aussi, voilà, Seigneur, ce que je m'efforce de ramasser en
moi pour Vous le tendre ; voilà la matière de mon sacrifice, le seul
dont Vous ayez envie. Jadis, on traînait dans Votre temple les prémices des
récoltes et la fleur des troupeaux. L'offrande que Vous attendez vraiment,
celle dont Vous avez mystérieusement besoin chaque jour pour apaiser Votre
faim, pour étancher Votre soif, ce n'est rien moins que l'accroissement du
Monde emporté par l'universel devenir. Recevez, Seigneur, cette Hostie totale
que la Création, mue par Votre attrait, Vous présente à l'aube nouvelle. Ce
pain, notre effort, il n'est de lui-même, je le sais, qu'une désagrégation
immense. Ce vin, notre douleur, il n'est encore, hélas, qu'un dissolvant
breuvage. Mais, au fond de cette masse informe, Vous avez mis - j'en suis
sûr, parce que je le sens - un irrésistible et sanctifiant désir qui nous
fait tous crier, depuis l'impie jusqu'au fidèle : « Seigneur,
faites-nous un ! ». Parce que, à défaut du zèle spirituel et de la
sublime pureté de vos Saints, Vous m'avez donné, mon Dieu, une sympathie
irrésistible pour tout ce qui se meut dans la matière obscure, - parce que,
irrémédiablement, je reconnais en moi, bien plus qu'un enfant du Ciel, un
fils de la Terre - je monterai, ce matin, en pensée, sur les hauts lieux,
chargé des espérances et des misères de ma mère ; et là, - fort d'un
sacerdoce que Vous seul, je le crois, m'avez donné - sur tout ce qui, dans la
Chair humaine, s'apprête à naître ou à périr sous le soleil qui monte,
j'appellerai le Feu. Amen. »
|
TEILHARD DE CHARDIN le
milieu divin |
P.
teilhard de chardin |
Edition
DU SEUIL |
1957 |
Chaque
période dans l’histoire de l’Église voit surgir un nouveau type de chrétien, une
nouvelle concrétisation et incarnation de l’esprit évangélique. La
spiritualité du « Milieu divin » ne nous mène-t-elle pas à découvrir cette
forme de vie chrétienne, qui sera celle des chrétiens des temps
nouveaux après le chrétien rendant témoignage de sa foi jusqu’au
martyre, illustrant les premiers siècles de l’Église ; après le chrétien
ambitionnant l’honneur de servir en chevalier courageux et fidèle le suprême
suzerain de l’époque féodale ; après le chrétien préoccupé avant tout de son
salut personnel des derniers siècles, - voici le chrétien des temps nouveaux,
soucieux avant tout de construire le monde dans le Christ et de contribuer
par son effort et son travail à l’édification de son Corps mystique. Dans
cette perspective, le travail, la science, la technique, l’art, toute la
culture humaine, prennent leur place dans une conception chrétienne de la
vie. « Chacune de nos œuvres, lisons-nous dans le beau livre qu’est Le Milieu
divin et qui prend figure d’une nouvelle Imitation pour les siècles à venir,
- chacune de nos œuvres, par la répercussion plus ou moins lointaine et
directe qu’elle a sur le Monde spirituel, concourt à parfaire le Christ dans
sa totalité mystique. » Au sommaire de cet ouvrage : La divinisation des activités - le problème
chrétien de la sanctification de l’action - une solution
incomplète : la sanctification par la seule intention
- la solution définitive : l’achèvement du monde « in christo
Jesu » - La communion par l’action
- la perfection de l’effort humain
- l’humanisation de l’effort chrétien - La divinisation des activités : Extension, profondeur et
formes des passivités humaines - Passivités de croissance,
les deux mains de Dieu - passivités de
diminution - la lutte avec Dieu contre le mal -
notre défaite apparente et sa transfiguration - la
communion - la vraie résignation - Vues
d’ensemble sur l’ascétique chrétienne - attachement et
détachement - le sens de la croix - la puissance
spirituelle de la Matière - Le milieu Divin : Les attributs du milieu divin
- la nature de ce milieu - le Christ Universel et la Grande
Communion - le gout de l’être et la Diaphanie
de Dieu - la pureté, la foi et la fidélité qui
opèrent - la communion des saints et la charité -
remarques et intensification sur la valeur de ce milieu divin
- les ténèbres extérieures et les ames perdues -
L’attente de la Parousie - |
TEILHARD de CHARDIN L’EXPÉRIENCE DE DIEU |
Ph.
GAGNON |
Edition
FIDES |
2001 |
Fascinant
personnage que celui de Teilhard de Chardin ! Né en 1881, mort en 1955,
il demeure d’une étonnante actualité. En réponse à un monde en quête de sens
bouleversé par les atrocités de la Première guerre mondiale, il élabore peu à
peu la vision saisissante d’un monde entièrement unifié par un centre au-delà
de lui. Cette perception est au cœur d’une démarche intellectuelle dans
laquelle foi et raison, foi et science s’interpellent, nouant un dialogue
d’une grande fécondité. Des
ouvrages comme « le phénomène humain ; le milieu divin ; les
écrits du temps de la guerre ; ou encore le cœur de la matière »,
témoignent éloquemment de son intuition : la « mystique
vraie » et le mouvement de la science qui spiritualise la terre coïncident
et ne font qu’un. En plus d’introduire à la vie et à l’œuvre de Teilhard de
Chardin, cet ouvrage se veut un recueil de ses grands textes où il livre ses
intuitions mystiques. Quelques
citations de Teilhard de Chardin : Ce n'est ni d'un
tête-à-tête, ni d'un corps à corps que nous avons besoin, mais d'un cœur à
cœur. Ce qui est passé est
mort et ne m'intéresse plus. Dans le monde,
l'homme est entré sans bruit. En son fourmillement
d'âmes, dont chacune résume un monde, l'humanité est... l'amorce d'un esprit
supérieur. Il n'existe qu'un
seul Mal : la désunion. Il n'y a pas,
concrètement, de la Matière et de l'Esprit : mais il existe seulement de
la Matière devenant Esprit. L'âme humaine est
faite pour n'être pas seule. L'amour est la plus
universelle, la plus formidable et la plus mystérieuse des énergies
cosmiques. L'Évolution, en
découvrant un sommet au Monde, rend le Christ possible, tout comme le Christ,
en donnant un sens au Monde, rend possible l'Évolution. L'Homme non plus
seulement « un être qui sait » mais un être « qui sait qu'il sait ». La foi a besoin de
toute la vérité. La moindre chose qui
se forme au monde est toujours le produit d'une formidable coïncidence. Le monde, je le sens
de plus en plus, est une grande et terrible chose. Nous ne saisissons
positivement qu'une seule intériorité au Monde : la nôtre
directement ; et du même coup, par une équivalence immédiate, grâce au
langage, celle des autres hommes. Pour continuer à
vivre, il faut muer. Rien dans l'univers
ne peut résister à l'ardeur convergente d'un nombre suffisamment grand
d'intelligences groupées et organisées. Rien ne vaut la peine
d'être trouvé que ce qui n'a jamais existé encore. Si nous ne croyons
pas, les vagues nous engloutissent, le vent souffle en tempête, la nourriture
vient à manquer, la maladie nous terrasse ou nous tue, la puissance divine
demeure impuissante et lointaine. Si au contraire, nous croyons, les eaux
nous sont accueillantes et douces, le pain est multiplié, nous recouvrons la
vue, les morts se lèvent, la puissance de Dieu est comme tirée par LUI par sa
force et se répand à travers la nature. Tout ce qui monte
converge. Tous ceux qui
veulent dire une vérité avant son heure risquent de se retrouver hérétiques. Vous m'avez dit, mon
Dieu, de croire à l'enfer. Mais vous m'avez interdit de penser, avec absolue
certitude, d'un seul homme, qu'il était damné |
TEILHARD DE CHARDIN - SUR LE BONHEUR, SUR L’AMOUR |
TEILHARD
DE CHARDIN |
ÉDITION
DU SEUIL |
1997 |
Comme
tous les autres êtres animés, l’Homme désire essentiellement être heureux,
mais cette exigence fondamentale, chez lui, prend une forme compliquée et
nouvelle. De par son « hominisation » il est devenu un
vivant réfléchi et critique. Or ce don de la réflexion entraîne avec soi deux
propriétés redoutables, qui sont : la perception du possible et la
perception de l’avenir, double pouvoir dont l’apparition suffit à jeter
le trouble et la dispersion dans la montée jusqu’alors si cohérente et si
limpide de la Vie. Perception du possible et perception de l’avenir, l’une et
l’autre se conjuguant pour rendre inexhaustibles et pour disperser en tous
sens nos craintes aussi bien que nos espérances… Là où l’animal ne paraît pas
trouver de difficultés à avancer, infailliblement, vers ce qui le satisfait,
l’Homme, lui, voit, à chaque pas et dans chaque direction, un problème,
auquel il n’a pas cessé, depuis qu’il est Homme, de chercher, sans succès,
une solution définitive et universelle. Ce petit livre de 90 pages donne la définition de
l’amour et du bonheur par ce grand philosophe. Sur le Bonheur : Ajouter un seul point, si petit
soit-il, à la magnifique broderie de la Vie ; discerner l’Immense qui se
fait et qui nous attire au cœur et au terme de nos activités infimes ;
le discerner et y adhérer : tel est au bout du compte, le grand secret
du bonheur. Sur l’Amour : L’Amour est la plus universelle,
la plus formidable et la plus mystérieuse des énergies cosmiques. A la suite
de tâtonnements séculaires, les institutions sociales l’ont extérieurement
endigué et canalisé. Socialement, on feint de l’ignorer, dans la science,
dans les affaires, dans les assemblées, dans certains comportements – alors
que subrepticement il est partout-. Est-il vraiment possible à l’humanité de
continuer à vivre et à grandir sans s’interroger franchement sur ce qu’elle
laisse perdre de vérité et de force dans son incroyable puissance d’aimer. |
teilhard de chardin UN AVENTURIER DE LA
MÉTAPHYSIQUE |
Claude cuenot |
Edition
DU SEUIL |
1962 |
||
En Chine, à Chou-Kou-Tien, Teilhard se trouve à l’heure
du rendez-vous préhistorique avec le Sinanthrope. Nous sommes en 1929. Dans les environs de
Pékin, se trouvent confirmées à quelque 600 000 ans de nous, les enfances
asiatiques de l’humanité et la trace de ses premiers foyers allumés dans
l’histoire. Loin de relativiser l’importance de l’homme dans la nature, de
telles découvertes sont pour Teilhard le signe de l’enracinement de
l’humanité dans l’histoire de l’univers et de la vie. Et
puisque nous nous trouvons nous-mêmes en pleine évolution culturelle, et que
nous sommes aussi parfois tellement déroutés par elle, pourquoi ne pas voir
en Teilhard non pas celui qui a réponse à tout, mais celui qui est allé si
loin dans sa réflexion sur l’homme, sur l’évolution et sur le Christ, qu’il
peut nous apporter encore énormément par son inspiration ? Teilhard est l’un
des premiers à avoir proposé une synthèse de l’Histoire de l’Univers telle
qu’elle nous est généralement expliquée aujourd’hui par la communauté
scientifique. Sa vision, présentée entre autre dans Le Phénomène Humain, est
conçue autour du thème central de l’évolution. Il a notamment développé le
concept de « noosphère », enveloppe pensante autour de la terre, et
explicité le phénomène de planétisation auquel nous assistons. Il est resté
tout au long de sa carrière scientifique internationale en contact avec le
Muséum National d’Histoire Naturelle qui accueille sa Fondation. « Depuis Galilée, écrit-il, il pouvait sembler que l’homme eût perdu toute position privilégiée dans l’Univers, sous l’influence grandissante des forces combinées d’invention et de socialisation. Le voilà en train de reprendre la tête, non plus dans la stabilité mais dans le mouvement, non plus en qualité de centre mais sous forme de flèche du monde en croissance. Néo-anthropocentrisme non plus de position, mais de direction de l’évolution. ». Rappelons à quel titre et avec quelle conséquence. Dans son dernier livre Le genou de Lucie, Coppens rappelle qu’il y a une « histoire naturelle de l’humanité » : pas seulement culturelle, mais aussi naturelle. De son côté, comme astrophysicien, Reeves a pu dire que « nous sommes de la poussière d’étoiles ». Pas seulement cela, mais cela aussi et d’abord il n’en reste pas moins que l’homme ainsi compris est celui qui a franchi le Rubicon de la pensée, grâce au « pas de la réflexion », c’est-à-dire, commente Teilhard, « au pouvoir qu’il a de se replier sur soi, et de prendre possession de soi-même comme d’un objet doué de consistance et de valeur particulière. Non plus seulement connaître mais se connaître, non plus seulement savoir mais savoir que l’on sait. » Il n’est donc pas possible pour Teilhard qu’une telle grandeur finisse dans la disparition pure et simple de son bénéficiaire, ce qui serait le cas dans l’hypothèse d’un « univers qui continuerait à agir laborieusement dans l’attente consciente de la mort absolue. Ce serait un monde stupide, un monstre d’esprit, autant dire une chimère. Donc le monde porte en soi [doit porter en soi] les garanties d’un succès final dès lors qu’il admet en lui de la pensée. Un univers ne saurait plus être simplement temporaire, ni à évolution limitée. Il lui faut par structure émerger dans l’absolu. » Il
faut en effet pour Teilhard « refonder » ou même plus simplement
fonder la dynamique de l’évolution. Elle le conduit, pour sa part, à la redécouverte
d’un Dieu au toucher créateur qui soit d’évolution. Capable
de désirer, de soutenir, d’accompagner de l’intérieur les effets cosmiques et
planétaires des atomes, des cellules, des vivants et finalement des hommes,
ce Dieu, Teilhard l’appelle Oméga, ultime lettre de l’alphabet grec.
Il veut signaler ainsi l’originalité entièrement singulière d’un type de
présence, de fonction et de divine identité, qui relève d’un Dieu dont les
chrétiens confessent qu’il s’est incarné. Par son Incarnation, le Christ ne se
rapporte donc pas seulement au péché pour le détruire, mais d’abord à
l’identité de l’homme dans l’Univers que Dieu veut s’affilier
(saint Paul, Ephésiens 1, 2-6). C’est pourquoi, tout en étant « le
Rédempteur, [le Christ, pour Teilhard,] n’a pu pénétrer l’étoffe du Cosmos,
s’infuser dans le sang de l’univers, qu’en se fondant d’abord dans la matière
pour en renaître ensuite. La petitesse du Christ dans son berceau
et les petitesses bien plus grandes qui ont précédé son apparition parmi les
hommes n’est pas seulement une leçon morale d’humilité. Elles sont d’abord
l’application d’une loi de naissance et consécutivement le signe d’une emprise
définitive de Jésus sur le monde. C’est parce que le Christ s’est
inoculé dans le monde comme un élément du monde qu’il n’est
plus séparable de la croissance du monde, tellement incrusté dans le monde
visible qu’on ne saurait plus l’en arracher désormais qu’en ébranlant les
fondements mêmes de l’univers. » (IX, 89). L’incarnation est donc d’abord une
incorporation de Dieu à la réalité du monde qui commande celle de l’homme,
pour assurer à l’homme et au monde la signification dont ni l’un ni l’autre,
vu l’amour qu’est dieu, ne peuvent finalement se passer. « La Résurrection, pense Teilhard,
nous cherchons beaucoup trop à la regarder comme un événement apologétique et
momentané, comme une petite revanche individuelle du Christ sur le tombeau.
Elle est bien autre chose et bien plus que cela. Elle est un événement
cosmique. Elle marque la prise de possession effective par le Christ de
ses fonctions de Centre universel. Il s’est étendu jusqu’aux
cieux après avoir touché les profondeurs de la terre. Ceci suppose donc
un déplacement de la réflexion sur l’incarnation, du seul péché à détruire,
vers une finitude à transfigurer. Non pas que ce déplacement
évacue le péché. Mais ce péché est à comprendre de l’intérieur d’une
condition humaine qui cherche dans le monde le pôle absolu dont il ne peut se
dispenser… Le message chrétien le lui révèle et c’est ce message qui
commande, pour Teilhard, ce qu’on peut appeler sa mystique. La
mystique de Teilhard comporte un programme que l’on peut résumer dans trois
verbes qui lui sont chers et par lesquels il définit les conditions du
bonheur : se
centrer, se décentrer, se surcentrer. »Se
centrer » sur soi, afin d’exister dans le monde comme un individu, et
non s’y disperser comme une vapeur d’eau. « Se décentrer », pour
devenir soi-même grâce à l’amour de l’autre, donné et reçu. « Se
surcentrer » sur un plus grand que soi, pour accomplir en nous
l’Humanité. Pascal, parlant à mots couverts de l’infini de l’homme, a dit
dans une sobriété littérairement géniale que « l’homme passe
l’homme ». Or, celui qui passe l’homme sans le détruire, c’est
évidemment le Christ. Tel
était pour Teilhard « le secret de la Terre ». Tel fut le secret de
sa vie. Tel devrait être, à ses yeux, le secret de l’Église à laquelle il demeura fidèle sa vie
entière, malgré des incompréhensions cruelles, injustes et continues.
Celles-ci auraient pu aigrir à tout jamais un cœur moins généreux que le sien
et démobiliser un esprit moins assuré que lui. Mais à ses veux, « il
suffit, pour la Vérité, d’apparaître une seule fois, dans un seul esprit,
pour que rien ne puisse jamais l’empêcher de tout envahir et de tout
enflammer. » (XIII, 117). Ces lignes sont du 15 mars 1955, un mois à
peine avant sa mort. De tels propos éclairent ce que fut la vraie mystique de
Teilhard qui peut fonder la nôtre. Ils nous disent ce qu’a pu être, à New
York, la mort du Père Teilhard le 10 avril 1955, jour de Pâques, fête de la
Résurrection. |
TEILHARD
DE CHARDIN -
LE PHḖNOMḔNE HUMAIN
|
Teilhard de Chardin
|
Edition du seuil
|
2004
|
« Le choix même du titre l’indique.
Rien que le Phénomène. Mais aussi tout le Phénomène. Rien que le
Phénomène, d’abord. Qu’on ne cherche donc point dans ces pages une
explication, mais seulement une Introduction à une explication du
Monde. Établir autour de l’Homme, choisi pour centre, un ordre cohérent entre
conséquents et antécédents ; découvrir, entre éléments de l’Univers, non
point un système de relations ontologiques et causales, mais une loi expérimentale
de récurrence exprimant leur apparition successive au cours du Temps, Mais tout
le Phénomène, aussi. Comme il arrive
aux méridiens à l’approche du pôle, Science, Philosophie et Religion
convergent nécessairement au voisinage du Tout. Elles convergent, je dis bien
; mais sans se confondre, et sans cesser, jusqu’au bout, d’attaquer le Réel
sous des angles et à des plans différents. » Teilhard
de Chardin, s’adresse à tous ceux, croyants et non-croyants, qui cherchent un
sens à l’aventure humaine. Faut-il rappeler les nombreux témoignages perçus
lors de la célébration du centenaire de
Comment
se présente la “ non-croyance “ aujourd’hui ? Elle n’a pas forcément quitté
l’irrationnel. sociétés démocratiques sont à l’origine d’une liberté que les
Hommes n’avaient jamais connue et en l’absence de tout repère débouche le
plus souvent sur un individualisme exacerbé. Pour un grand nombre, la
croyance est devenue crédulité et le religieux a basculé dans la superstition
et l’ésotérisme. Pour eux, le gourou, le chaman et l’astrologue ont pris la
relève du prêtre, du pasteur ou du rabbin. Les horoscopes apportent les
réponses à l’angoisse existentielle de ceux qui veulent savoir mais ne savent
qu’ils ne font que croire. Le retour à un monde de croyance gouverné par un
pouvoir religieux développant des valeurs supérieures “, n’est plus accepté
par les démocraties. Par contre, ce retour se manifeste sur le terreau
l’intégrisme. Les théocraties modernes offrent un exemple sinistre de ces
résurgences qui rappellent temps archaïques, que l’on croyait à jamais
révolus. Le
passage du XXe au XXIe siècle est marqué par l’abandon des croyances
dogmatiques qui ne se diluent pas dans la “ non-croyance “, mais
s’éparpillent dans une nébuleuse de croyances. Les vérités définies jadis,
par les religions révélées et par les grandes philosophies, ne sont plus
perceptibles. Un doute profond s’est généralisé et devant ce désarroi, une
anarchie s’est installée qui consiste à croire tout et n’importe quoi. Les
ouvrages ésotériques sont en constante augmentation dans les librairies. Ils dépassent
largement le nombre d’ouvrages classés sous la rubrique “ Religion” et “
Philosophie “. S’imaginant émancipés, nouveaux croyants butinent de tous
côtés et certains, déçus de ne pas trouver de réponses à leur angoisse,
finissent par se réfugier à l’abri d’une secte ou d’une communauté
intégriste. échoué, parce qu’elles allaient à l’encontre de la notion de
transcendance qui pousse l’Homme à se dépasser lui-même. “ L’Homme passe
infiniment l’Homme “ s’exclamait Pascal. Les religions historiques ont-elles
pris suffisamment en compte ce vide qui taraude l’être humain? Ont-elles
situé Dieu au-delà de tout concept, comme “étant” et non comme” existant “,
selon le message de Yahvé à Moïse “Je suis celui qui suis” ? Le
savoir a permis au croire de situer la transcendance au cœur de l’évolution
dans la direction d’une complexité toujours croissante. Cette complexité ne
peut s’abîmer dans l’absurde, à moins de rendre absurde le processus de
complexification qui, partie de la matière la plus inorganisée est devenue
vivante, puis pensante. Répondant à Sartre pour qui “l’homme est une passion
inutile “, Jean Guitton s’écria “Entre l’absurde et le mystère, j’ai choisi
le mystère à cause de l’absurdité de l’absurde “. Ce que recherchent les
Hommes au fond d’eux-mêmes, sans en être toujours conscients, c’est la vérité
par rapport à leur propre réalité, mais aussi par rapport au monde. Une
vérité qui donne sens à leur vie. Aujourd’hui, la vérité ne se présente plus
sous une forme intangible et définitive, mais au contraire, comme un ordre à
créer par l’Homme en vue, non seulement de son plus grand épanouissement,
mais surtout de son plus grand accomplissement. Cette démarche est à l’opposé
des croyances sauvages qui, par leur incohérence, donnent des arguments à l’agnosticisme
et au nihilisme. Une relation étroite doit s’instaurer entre la recherche de
la vérité et la découverte d’une désillusion qui accompagne Souvent le
progrès Or, le progrès n’est au service de l’être humain que s’il induit une
augmentation de conscience, donc de responsabilité qui est le corollaire de
la liberté. Teilhard
de Chardin définit clairement le progrès comme une “montée de conscience “.
Il restera un des grands visionnaires de cette quête toujours recommencée,
jamais achevée qui ne peut enrichir l’Homme qu’à travers un équilibre subtil
entre croire et savoir, le rôle du savoir étant de décaper le croire de ses
archaïsmes: “La marque spécifique de la Vérité est de pouvoir se développer
indéfiniment, non seulement sans jamais développer de contradiction interne,
mais encore en formant un ensemble positivement construit, où les parties se
supportent et se complémentent toujours mieux mutuellement. Dans ce
cheminement, l’être humain est appelé à renoncer à deux tentations : s’isoler
ou devenir le rouage passif d’une communauté. Pour éviter ces deux pièges :
l’individualisme et le communautarisme, il importe que chacun prenne
conscience que le “je “ne deviens “ moi “qu’à travers l’autre “. Teilhard
nous rappelle que “Pour être pleinement nous-mêmes, c’est dans le sens d’une
convergence avec tout le reste, c’est en direction de l’Autre qu’il nous faut
avancer.” |
teilhard de chardin UNE GRANDE ET
SPLENDIDE AVENTURE |
Claude
CuENOT |
Edition
ÉCRIVAINS DE TOUJOURS |
1990 |
||
Le jésuite et scientifique
percevait ces tendances vers l’unification comme étant perpétuellement à
l’œuvre dans le monde. Il estimait en particulier qu’il existe une aspiration
profonde de l’être humain à réaliser son unité, à travers l’amour, qu’il
considérait comme une force cosmique. Il voyait dans la venue du Christ sur
terre la plus importante manifestation de cette dynamique vers la communion
universelle. Pour Pierre Teilhard de Chardin, la Résurrection réalise la
victoire de la vie sur la mort, des forces d’organisation sur celles de
dispersion et préfigure le «point Oméga». C’est là, un aspect
important de la pensée du théologien, pour qui le christianisme n’est pas une
«religion de l’évasion». La foi de Pierre Teilhard de Chardin est ainsi
«incarnée». Le salut n’est pas dans la soustraction à un monde destiné à la
déchéance, mais dans la participation à l’accomplissement de ce dernier. Le
jésuite a toute sa vie regretté que le christianisme ait de tout temps tenté
de «se dégager de l’humanité». Pour cette raison, le philosophe a toujours
soutenu l’action concrète dans le monde, aussi bien à travers l’engagement
social que le progrès technique et scientifique. Mais Pierre Teilhard
de Chardin a été confronté, dans sa vie, à des événements contredisant à
priori sa théorie d’une évolution vers l’unité. Il a notamment vécu l’horreur
de la Première guerre mondiale, où il a officié en tant que brancardier, au
plus près de la ligne de front. Cette expérience l’a mis devant un choix
décisif: admettre l’absurdité du destin et du travail humain, ou tenter de
trouver un sens à ce brutal et profond épisode de division de l’humanité. Des
expériences parallèles à la violence et la haine des combats le persuaderont
que loin de signifier un échec du mouvement vers l’unité, la guerre peut être
une étape nécessaire vers l’unification. Il vivra notamment la puissante
fraternité entre les camarades de combat, qu’il verra comme la montée d’une
force de rassemblement. Il remarquera également que la guerre peut faire
éclater le carcan de conventions qui emprisonnent les consciences
individuelles. Ces découvertes le mèneront à considérer les événements
tragiques dans une théorie de la «montée de complexité», de l’organisation,
concomitante à un accroissement de la conscience. Basée sur ces
concepts, la pensée de Pierre Teilhard de Chardin adopte une approche quelque
peu originale des principaux éléments de la théologie chrétienne. Ainsi, le
péché originel n’est pas considéré comme une «perversion de l’histoire du
monde», mais comme la révélation de la présence du mal dans le monde. La
vision «non académique» du jésuite a provoqué des controverses et une
certaine animosité à son égard au sein de l’Eglise. Il a ainsi été, à cause
d’un texte sur le péché originel, démis de ses fonctions de professeur de
géologie à l’Institut catholique de Paris, et quelque temps «exilé» en Chine
par sa hiérarchie, qui craignait les répercussions de ses idées. Pierre
Teilhard de Chardin avait le sentiment d’être incompris par les chrétiens de
son temps. D’autant plus que son but n’était pas de réviser l’exégèse
biblique traditionnelle, mais de juste y apporter une vision contemporaine.
François Euvé note que cette prudence vis-à-vis de
son confrère jésuite est encore présente dans certains milieux d’Eglise, même
si de nombreux prêtres, prélats et même le pape Benoît XVI se réfèrent,
souvent implicitement, à sa pensée*. Pour le directeur de revue, cela résulte
principalement d’une difficulté d’accepter une vision évolutive de l’histoire
et du christianisme. Quoiqu’il en soit, depuis les années 1980, les idées de
Pierre Teilhard de Chardin sont de plus en plus admises et étudiées au sein
de l’Eglise. « Celui qui aimera passionnément Jésus caché
dans les forces qui font grandir la Terre, la Terre, maternellement, le soulèvera
dans ses bras géants, et elle lui fera contempler le visage de Dieu ». |
TEILHARD
DE CHARDIN – SA VIE – SON ŒUVRE –
SA RḖFLEXION
|
Patrice Boudignon
|
Edition du Cerf
|
2008
|
Pierre Teilhard de Chardin né le 1er mai 1881 à Orcines
(France) et mort le 10 avril 1955 à New York (États-Unis), est un prêtre
jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe.
Scientifique de renommée internationale, considéré comme l'un des théoriciens
de l'évolution les plus remarquables de son temps, Pierre Teilhard de Chardin
est à la fois un géologue spécialiste du Pléistocène et un paléontologue
spécialiste des vertébrés du Cénozoïque. L'étendue de ses connaissances lui
permet de comparer les premiers hominidés, tout juste découvert, aux autres
mammifères, en constatant l'encéphalisation propre à la lignée des primates
anthropoïdes. Que retenir de cette
nouvelle exploration du cas Teilhard, qui fit couler tellement d’encre dans le
catholicisme français (et états-unien) d’après la Seconde guerre
mondiale ? Plusieurs points, simplement, en insistant sur des dimensions
plus théologico-spirituelles qu’historiennes. C’est qu’en effet, face à cette
biographie plus que classique dans sa construction et sa psychologisation du
personnage (c’est un itinéraire intérieur qui est construit), l’historien ne
peut qu’être dépité. Aussi passera-t-on vite sur l’absence de mise en
perspective historique, tant en ce qui concerne le catholicisme que la
paléontologie ou la Chine, sur la non insertion de Teilhard au sein du milieu
intellectuel du premier vingtième siècle, et bien d’autres points encore. On retiendra plutôt
la mise en avant de paradoxes teilhardiens qui paraissent fondamentaux.
D’abord, le Jésuite eut de très fortes amours féminines successives ou
contemporaines (avec Ida Treat, Lucile Swan, Rhoda de Terra, toutes trois
mariées ou récemment divorcées, sans oublier sa cousine Marguerite Teilhard
de Chardin et sa légataire Jeanne Mortier), sans que jamais il ne violât la
chasteté sacerdotale. Ces amours lui servirent en fait à construire sa
pensée, puisque c’est souvent par le biais de la correspondance qu’il
entretenait avec ses amantes frustrées qu’il teste et formule ses idées.
Ensuite, dans la logique de cette chasteté conservée en acte et sublimée dans
une correspondance intellectuelle et amicale (qui fit souffrir en particulier
Lucile Swan), une obéissance à ses supérieurs qui lui interdisent toute
publication – tout en contournant l’interdiction par la diffusion volontaire
et bientôt organisée de textes ronéotypés. Bref, un paradoxe vivant, un
funambule finalement. Un point cependant, une
mention qu’il faudrait sans doute creuser, et dont la seule présence peut
justifier le livre. Soit p. 177 une lettre à l’abbé Gaudefroy (de juillet
1932 peut-être, à suivre le développement des pages précédentes) :
« Il m’a semblé que, dans l’Église actuelle, il y a trois pierres
périssables dangereusement engagées dans les fondations : la première
est un gouvernement qui exclut la démocratie ; la deuxième est un
sacerdoce qui exclut et minimise la femme ; la troisième est une
révélation qui exclut, pour l’avenir, la Prophétie… » Comment ne pas
reconnaître ici une des formes du messianisme humaniste du XIXe siècle,
lointainement inspiré de Joachim de Flore et étudié notamment par le P. Henri
de Lubac dans La postérité spirituelle de Joachim de Flore (1978,
1980) ? Car s’y retrouvent les trois éléments du socialisme ou de
l’humanisme romantico-religieux : démocratie, femme, renouvellement à
venir de la vérité. Teilhard serait alors à comprendre comme une expression,
au sein du catholicisme du XXe siècle, d’une pensée messianique : une
relecture spiritualiste de l’évolution matérielle, à partir de textes de
l’Écriture plus particulièrement privilégiés (les doxologies des épitres
pauliniennes). On comprend mieux alors la dimension gnostique de son expression
(« Point Omega, Ultra Humain, Matière amorisée, Être participé de
pléromisation et de convergence »…), la rigueur scientifique du
vocabulaire paléontologique étant paradoxalement sans influence sur
l’expression poétique de la pensée religieuse teilhardienne, affirmée telle
et qui revendique pourtant en même temps sa validité métaphysique. Si cette
hypothèse est bonne, le succès de Teilhard dans les années 1950-1960, outre
les tensions intellectuelles à l’œuvre dans le catholicisme qu’elles
révèlent, est à relier au développement de tendances gnostiques parmi les
professions intellectuelles et d’encadrement supérieur, qui en France,
s’exprimèrent dans Le Matin des magiciens de Jacques Bergier et Louis
Pauwels, puis dans la revue Planète. En
tout cas, on est bien loin de la réduction finale de Teilhard par l’auteur à
« une extraordinaire leçon d’espérance » (p. 12), à un appel à
construire « une société solidaire » qui nous révèlera à nous-mêmes
en correspondant à « un désir déjà présent au fond de nous » (p. 384),
« cette disposition inscrite au fond de chacun de pour œuvrer ensemble à
l’achèvement d’une humanité unifiée » (p. 12). Bref, une sécularisation
qui, quoiqu’elle entende prendre au sérieux la pensée teilhardienne, et ce au
passage contre l’Église catholique (p. 177-179), ne rend pas justice à
l’ampleur de vue du Jésuite, quand bien même celle-ci, d’un pur point de vue
théologique assumant l’hypothèse de l’évolution, souffre de graves
déficiences, spécialement en ce qui concerne l’historicité du Christ.
L’incarnation (avec ce qu’elle implique : la rédemption du péché
originel) se manifeste alors bien comme l’originalité absolue du
christianisme, et demeure un scandale pour les Juifs et une folie pour les
païens. Indirectement, et sans doute involontairement, ce livre en témoigne à
sa manière. |
teilhard de chardin
UN
MYSTIQUE DE LA TRAVERSÉE |
E.
de la héronnière |
Edition Pygmalion |
2003 |
Teilhard
de Chardin est l’un des grands pionniers de la pensée chrétienne de notre
temps. Il a consacré sa vie à définir la place de l’homme dans l’Univers.
Eloigné par l’église, ce jésuite a passé plus de 20 ans à explorer la Chine,
y menant à bien, ses recherches géologiques et paléontologiques sur les
origines de l’homme. Il
a mis au point sa théorie de l’évolution de l’humanité vers une
spiritualisation progressive de la matière centrée sur la personne du Christ.
Edith de la Héronnière est partie jusqu’en Chine sur les traces de cet homme
profondément humain et chrétien, grand voyageur, chercheur insatiable, habité
par une curiosité dévorante et doué de talents multiples : car, on
l’oublie souvent, il fut aussi un poète de la terre et un écrivain fécond. L’auteur
nous révèle également l’existence d’une grande et bouleversante amitié avec
une artiste américaine, elle dégage et met en exergue les grandes lignes de
la mystique chrétienne inscrite au cœur de la pensée de Teilhard de Chardin,
mystique qu’il mettra toujours en avant, notamment avec sa « Messe au
bout du monde » Prêtre jésuite, géologue et paléontologue,
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) a été avant tout un inlassable
chercheur. Il est l'un des premiers à avoir proposé une synthèse évolutive de
l'Histoire de l'Univers et de la Vie telle qu'elle nous est expliquée
aujourd'hui par la communauté scientifique, et de l'avoir étendue à une
dimension religieuse chrétienne. Sa vision du monde, présentée entre autre
dans son ouvrage posthume "Le Phénomène Humain", est conçue autour
du thème central de l'évolution : évolution comme montée de la complexité qui
supporte la conscience avec l’hypothèse d’une convergence en un point
‘Oméga’, le Christ Universel ou Christ Cosmique de St Paul. Il a notamment développé
le concept de "noosphère", enveloppe pensante de la Terre, et
explicité le phénomène de planétisation en cours. Tout au long de sa carrière scientifique
internationale il est resté en contact avec le Muséum National d'Histoire
Naturelle qui accueille actuellement sa Fondation. Sa vision du monde Teilhard porte sur la matière un regard nouveau. Darwin
vient de présenter sa théorie : "… l’homme descendrait du singe
!...". L’Eglise, mais pas seulement elle, proteste ! Mais très vite,
Teilhard comprend que l’évolution des espèces s’inscrit dans la réalité des
découvertes en cours de l’anthropologie. A partir de là, à la place de la
représentation ancienne du monde, qui était celle d’un monde figé où l’action
de l’Homme, apparu d’un coup et ‘tout fait’ dans la nature, s’inscrivait de
façon immuable entre les pôles du bien et du mal, il propose une
représentation anthropologique nouvelle dégagée d’une vision du monde compris
comme une montée de complexité et de conscience. La conscience émergeant
progressivement des profondeurs de la matière au fur et à mesure qu’elle
s’organise. Emergence procédant par création d’entités organiquement liées de
plus en plus complexes et conscientes comme le montre la vie animale. Et cela
jusqu’au niveau de l’humain. Mais cheminement opérant par
grandes ruptures séparées par des phases d’évolution lente préparant ces
sauts : saut de la Vie, puis saut de l’Homme, c'est-à-dire d'apparition d’une
conscience réfléchie ou conscience de soi. L’Homme est la créature la plus
complexe. Si l'Humanité n’est plus le centre du monde, depuis Galilée, elle
en est le sommet de complexité - la flèche - qui vise Dieu, pas moins, au
point ultime de la trajectoire du Monde. Ce point Oméga Ω, ne pouvant
être que celui de la rencontre plénifiante attendue depuis les origines,
Alpha α, par les entrailles du Monde. L’Homme n’est donc pas le fruit
d’un hasard. Il est voulu pour sa conscience et son pouvoir d’action. Pour sa
conscience réfléchie qui a maintenant les mains sur les leviers de
l’évolution Pour Teilhard l’enfance de
l’humanité s’achève. Une ultra-humanité, unie, adulte et responsable, est en
train d'éclore; et nous assistons, dans les difficultés de la mondialisation,
à l’accouchement de cette noosphère, couche de pensée humaine unifiée
entourant la Terre (Internet en serait un exemple). C’est "la mise à feu
de l’étage suivant de la fusée Evolution", qui précipite les
évènements sous la poussée active de la conscience humaine. Religieusement, Teilhard s’inscrit
dans la christologie cosmique de St Paul et St Jean («. Je suis l’α et
l’Ω..») qu’il traduit ainsi : « …le rédempteur n’a pu pénétrer l’étoffe
du cosmos, s’infuser dans le sang de l’univers (phase α), qu’en se
fondant d’abord dans la matière pour renaître ensuite (phase Ω)».
Teilhard propose donc une lecture chrétienne modernisée de l’univers qui
intègre la connaissance scientifique intime de la matière à la vision
paulinienne du Corps du Christ Universel : un corps cosmique en phase de
sublimation sous l’action transformatrice des énergies de l’amour. Il n’y a
pas de place dans cette vision paulinienne de l’Incarnation pour un dualisme
(= séparation âme/corps des philosophes grecs où l’âme est créée spécialement
par Dieu, tandis que le corps n’est qu’une forme de la matière, lieu de la
souffrance et du mal) car pour Pierre Teilhard, il n’y a pas de corps
possible séparée de l’âme, celle-ci en maintenant unies toutes les parties.
De ce point de vue il est indéniable que Teilhard irrite encore chez les
chrétiens des résidus de dualisme hérités des grecques et du modèle manichéen
du mal identifié à la matière. Philosophiquement, Teilhard réduit le vieil
antagonisme Esprit/matière dans une vision unifiée du réel : matière et
esprit sont les deux faces d'un même réel : un Esprit-Matière. Au sommaire de cet ouvrage : La sainte Matière - un baptême dans le réel - Dans les Ordos - Exil illimité - Chou-Kou-Tien - la croisière jaune - le tournant - l’énergie humaine - L’éternel féminin - L’homme est entré sans bruit - le cœur de la matière - Bien finir - |
teilhard de chardin
visionnaire du monde nouveau |
A.
DANZIN & J. MASUREL |
Edition
ROCHER |
2005 |
||
Annonçant la planétisation que nous connaissons
aujourd’hui, Teilhard de Chardin développe le concept de
« noosphère » (du mot grec, « noos », esprit), une couche
pensante formée des communications humaines qui entoure le globe. Si l’on
veut maintenir un ordre, il faut créer des liens entre nous, des liens de
nature spirituelle, de confiance, d’amitié. D’amour. Par une démarche
scientifique, Pierre Teilhard de Chardin démontre que l’évolution de l’homme
ne peut se faire que par la spiritualité et en développant des forces
d’amour. Devenu paléontologue après la Première guerre
mondiale, il effectue plusieurs recherches en Chine où il réside de
nombreuses années. Jusqu’à son installation à New York en 1951, il
poursuit une carrière de scientifique ponctué de nombreux voyages
d’étude à travers le monde. Il meurt à New York le jour de Pâques 1955 d’une
hémorragie cérébrale. Ses écrits ne seront publiés qu’après sa mort. Son
œuvre inclut les deux ouvrages rédigés pour être édités, dont Le Phénomène
humain, sorti six mois après sa mort. Sujet de différentes controverses avec
l’Eglise de son vivant, il n’y a plus d’opposition frontale entre le Vatican
et Teilhard de Chardin. Nous l’avons vu, Teilhard de Chardin admet la théorie
de l’évolution. Nous sommes le produit d’une histoire, le fruit d’une
construction progressive. Le Créateur poursuit son œuvre au travers de ses
créatures et c’est à nous, fort de notre état de conscience, de prendre en
main notre destinée. L’humanité entre dans l’Age adulte et c’est à elle de
trouver des solutions pour poursuivre l’espèce. Tous ensembles, nous avons
une responsabilité sur notre avenir. Nous ne pouvons pas procéder par la seule raison.
Nous devons procéder par tâtonnement, comme cela s’est toujours fait depuis
le début de l’Evolution. Il faut partir d’une hypothèse de travail, faire un
essai, et le généraliser si cela fonctionne. Pour ce faire, il faut être
habité par le doute, vérifier que l’essai est valable, le mettre en
concurrence avec d’autres. Il faut savoir s’adapter au monde qui change,
savoir créer l’avenir. Teilhard de Chardin nous dit que toute la société, et
pas seulement les dirigeants politiques, est responsable de ce que nous
allons devenir. Nous sommes responsables de la biosphère (économies
d’énergie, d’eau, moins de pollution…), responsable des avancées
scientifiques… En ce siècle nouveau, il faut que nous fassions une étude
prospective de notre avenir prochain. Selon Teilhard de Chardin, pour accroître
une sphère de connaissances et l’esprit d’amour, l’homme crée une
planétisation, qui permet d’augmenter les inter- réactions entre êtres
humains. Nous y sommes. Cette nécessité de ne plus être seul nous engage dans
l’aide à la personne. Nous avons des choses tellement positives à faire
qu’il ne faut pas craindre l’avenir. Malgré la période troublée que nous
traversons, il faut rester positif. Nous allons vers la maturité. Il faut que
chacun comprenne, quelle que soit sa foi et ses convictions personnelles, que
le monde ne peut être que multipolaire, diversifié et que personne ne détient
LA vérité. |
THḖATRES
ET INITIATIONS – suivi de : LE LIEU
D’OỦ L’ON REGARDE
|
Christian de Caluwe -
Michel Langinieux
|
Edition de la Tarente
|
2018
|
Quel que soit le lieu d'où l'on regarde, le
théâtre a toujours été étroitement lié aux initiations les plus antiques. Au
Moyen Âge, il connait une renaissance en Europe occidentale où le mystère se
joue dans les églises, pour passer, dans la seconde partie de cette période,
sur les parvis puis dans la rue. C'est ce que nous content Michel Langinieux
et Christian de Caluwe chacun dans une approche personnelle. Les deux textes qui sont rassemblés dans ce
livre, tout à la fois exigeants et pertinents, renouent avec la fonction
primitive du Théâtre, exaltée tant en Inde ancienne qu’en Grèce antique, mais
présente en toutes les cultures traditionnelles, quand le Théâtre demeurait
le tout premier des arts initiatiques, avec la grammaire. Il rappelle, à
celui qui n’est pas encore l’un de ses cadavres ajournés que désigne Fernando
Pessoa, la liberté immédiate de la conscience et le devoir de liberté de
l’individu, celui qui refuse de se constituer esclave volontaire. Le théâtre, en libérant les corps, désigne la
liberté intrinsèque de l’esprit. L’usage, tant traditionnel
qu’avant-gardiste, du masque, peut régler la problématique de la forme à
donner aux visages tout en évoquant « l’homme sans tête » de Douglas
Harding ou encore l’acéphalité explorée par Georges Bataille. Cependant, le
masque suscite aussi l’imagination, le masque de l’acteur, fut-il visage,
étant miroir du masque, souriant, neutre ou grimaçant, du monde. Entre les
deux, la dimension de l’imaginaire offre l’opportunité de l’instant présent.
Le théâtre décloisonne les arts. En stupéfiant, il rend « idiot »,
soit, selon une étymologie grecque ancienne, « éveillé ». Le
théâtre, même dit « de boulevard », demeure éminemment subversif
par nature. Il éveille. Il peut rassurer jusqu’au vertige et, par
renversement, mettre en évidence nos mascarades. Il éclaire la profonde
spiritualité (la vie de l’esprit) de la banalité. De la même manière que nous
parlerons d’une esthétique du grotesque, nous évoquerons une transcendance du
commun, geste, parole et sentiment… Le théâtre met d’abord en scène la puissance
poétique du vivant, celle qui fait et défait la réalité, ouvrant l’intervalle
où l’esprit libre peut s’immerger et se déployer. Au théâtre de l’illusion du monde, des voies
se découvrent, accès au Grand Réel. Toutes conduisent sur les rives de l’imaginal, selon
Henry Corbin, au bout du bout de l’imaginaire, selon Gilbert Durand, là où
l’autonomie est possible afin de se donner à soi-même sa propre loi, selon
Cornélius Castoriadis. Le théâtre est rituel par excellence. Il est
aussi l’île des métamorphoses, souvenir d’un âge d’or ou reconnaissance d’une
réalité autre, inclusive de toutes les réalités particulières tout en les
transcendant. Le théâtre s’estompe dans sa mise en scène pour laisser vivre
l’écrit mais, il est bien le feu qui permet d’inscrire l’écrit, le mot, le
sens dans la parole et la mémoire du vivant. La sacralité du théâtre, portée
d’abord par l’acteur, est confiée au spectateur comme révélateur de sa propre
sacralité, de l’archaïque au sublime. Face au monde prométhéen de la
rentabilité et de la quantité, le théâtre demeure voix d’Orphée et voie de
Psyché, porteur de la fonction imaginale et opérateur de changements créatifs
au cœur même de la psyché. Le théâtre, ce monde éminemment magique, s’adresse
à la dimension mystérique de l’être, celle qui se saisit sans besoin
d’explicitation ou de commentaire, celle qui traverse la personne et ses
codes, émanation de la part indivisible de l’être, celle qui demeure. Michel Langinieux, éveilleur et lanceur
d’alertes, a fait le tour du monde avec un spectacle intitulé Le Fou de
Rien, destiné à faire saisir au passant pressé de ce monde qu’il était
tout à la fois, l’unique spectateur, l’unique créateur, l’unique réalisateur
et l’unique acteur de son propre spectacle. Solipsisme désespéré ? Bien
au contraire, félicité de l’Un. Ce spectacle qui n’en était pas un,
heureusement décalé, voie d’Eveil en soi, qui non seulement ne pouvait
laisser indifférent, mais rendait différent, avait pour fonction de créer,
dans l’opaque et terne dualité, une brèche, un intervalle, pour laisser
passer la lumière. « Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière» nous
disait Michel Audiard qui, sans le savoir peut-être, invitait ainsi à la
folie créatrice et libertaire. Cette brèche, cet intervalle, cet entracte,
cette pause inattendue et spontanée dans la fuite du monde vers l’accident de
vitesse, Michel Langinieux n’aura eu de cesse que de l’agrandir, la répéter,
l’indiquer, mettant en perspective nos contradictions, nos lâchetés, voire
nos aberrations. C’est bien la même attention au Soi et la même
intention originelle qui se sont manifestées dans son combat mano a mano
contre l’Etat-tueur, l’Etat-assassin, quand il dénonça le scandale de
l’amiante. Imaginez ! Un homme seul, de théâtre, et un homme du Théâtre
de l’Eveil sur les scènes grises et poussiéreuses de nos tribunaux,
bousculant les règles et montrant du doigt les criminels assis dans leurs
fauteuils ministériels. Combat inégal d’un David artiste contre un Goliath
qui se serait fait lui-même Golem afin de ne pas penser. Arpenter les
tribunaux endormis pour y chercher en vain la justice et n’y trouver pas même
la loi ! Eveilleur et lanceur d’alertes. Les deux temps d’un même
mouvement salutaire, destiné à nous extraire de la torpeur, nous extirper de
nos médiocres rêveries pour choisir le Songe. Michel Langinieux revendique,
pour tous ceux qui ont renoncé, le droit de rêver si cher à Gaston Bachelard.
Il demande à l’homme ordinaire de croire en ses rêves extraordinaires. Et de
les réaliser. Michel Langinieux invoque, sur la scène du monde tel qu’il est,
la liberté et la beauté de l’être en soi. Christian de Caluwe aborde lui aussi le thème de
l’identité entre le spectateur et le spectacle, sous d’autres rapports, celui
des mythes, celui de l’imaginaire, celui des neurosciences. Il nous rappelle
que « lorsqu’on va voir une pièce de théâtre, on va se
« voir ».Replongeant le lecteur dans les racines du théâtre, de
l’Inde à la Catalogne, passant par la Grèce, la Chine, le Japon, parmi
d’autres contrées, il identifie les composants dynamiques d’une
« culture secrète » qui sous-tend le théâtre rituel et sacré,
serpente à travers les cultures communes et officielles tout en les
nourrissant. En interrogeant « le théâtre et son double », il
renouvelle la problématique, finalement faustienne, du doppelgänger. Sur la
scène de théâtre, ce qui est caché peut sortir de l’ombre, le non encore
conscient peut apparaître et se laisser traverser. Symboles, métaphores et
autres procès thérapeutiques, c’est-à-dire qui réconcilient avec soi-même,
l’autre et le monde, s’ordonnancent opérativement selon les principes de
l’alchimie. Il n’est pas anodin de retrouver le personnage du fou, mis en
scène si brillamment par Michel Langinieux dans les analyses et les
explorations subtiles de Christian de Caluwe. La folie orientée « à plus
haut sens » libère des multiples masques de la farce du monde, seul lieu
de l’entendement, et permet l’émergence d’une connaissance ésotérique de
soi-même. C’est une chance de découvrir conjointement ces
deux arpenteurs, l’un de l’acte à la pensée, l’autre de la pensée à l’acte,
sur la double scène du livre et du monde. Si le théâtre est un regard, il
veut embrasser toutes les directions et inclure les dimensions cachées. Avec
l’un et l’autre, nous métamorphosons la triste farce de ce monde en Théâtre
vivant de l’Eveil. |
thÉisme – dÉisme – athÉisme –
agnosticisme & autres ismes |
Divers
Auteurs |
ARCADIA |
2008 |
||
On
distingue le "théisme" du christianisme, parce que le théisme n'admet
pas une révélation surnaturelle et exclusive. Il ne veut pas accorder un
privilège à la Bible. Dieu se manifeste de diverses manières, principalement
dans l'âme et dans la nature. Certains théistes sont très sévères pour l'idée
d'une révélation scripturaire qui, selon eux, corrompt, la révélation, et
entraîne toutes sortes de malheurs (intolérance, dogmatisme, etc..). D'autres
discernent dans la Bible une révélation à côté et parmi d'autres. On
distingue également le théisme du déisme. Le déisme est une opinion, ou une
théorie purement intellectuelle, qui affirme qu'à l'origine du monde se
trouve un être suprême qui l'a créé et qui lui donne des lois. "Pour le
déisme, écrit Henri Arvon, "Dieu est l'horloger qui a composé et mis en
marche le mouvement de l'univers, mais il n'exerce plus aucune influence sur
son œuvre qui a acquis une entière autonomie". Le déisme n'entraîne
aucune religiosité. Il correspond à une conception purement objective de
Dieu, sans élément existentiel. Voltaire représente assez bien le déisme (il
estime le monde inexplicable sans Dieu, mais il ne cultive aucune piété),
alors que Rousseau donne un assez bon exemple de théisme (il prie, il médite,
il adore Dieu, il a des sentiments religieux). Comme l’écrit Kant, « le
déisme croit en un Dieu, mais le théiste en un Dieu vivant » En
philosophie, très souvent "théisme" désigne une certaine manière,
parmi d'autres possibles de concevoir les relations de Dieu avec le monde. En
ce sens, le théisme s'oppose au polythéisme, au panthéisme et au
panenthéisme. Le polythéisme admet l'existence de plusieurs dieux, alors que
pour le théisme il y a un seul dieu. Le
panthéisme pense que Dieu est présent en toutes choses, qu'il est, en quelque
sorte l'âme du monde, et que le monde est son corps, voire que Dieu se
confond avec l'univers. On peut représenter le panthéisme par le schéma
suivant : Le panthéisme souligne la présence et l'incarnation de Dieu dans le
monde. Par contre, il supprime son altérité. Il aboutit donc à poser une
autonomie du monde, qui ne se réfère à rien qui lui soit extérieur et ne
dépend de rien d'autre que de lui-même. Finalement, il rend inutile de parler
de Dieu; il suffit de dire "l'Univers", la "Nature" (Deus
sive natura selon une formule de Spinoza) ou la "Réalité". On a
parfois de la peine à le distinguer de l’athéisme. Le
panenthéisme pense que tout s'enracine en Dieu et que Dieu agit en toutes
choses. Panenthéisme vient de trois mots grecs pan (tout), theos
(Dieu), en (en). Pour le panenthéisme, il y a à la fois extériorité et
intériorité entre Dieu et le monde. Dieu est en tout, tout est en Dieu sans
qu'il y ait confusion. De même, la plante est dans la terre, et la terre
entre dans la plante en la nourrissant sans qu'il y ait identification de
l'une et de l'autre. Le théisme voit en Dieu une personne qui a en face
d'elle des choses et des êtres: « Le théisme affirme la distinction de
Dieu et du monde en faisant du premier une personne et en accordant au second
la substantialité, qui devient dans le cas de l'homme la
personnalité. » De même Paul Tillich définit ainsi le
théisme : « Le Dieu du théisme théologique est un être à côté des
autres, et comme tel une partie de l'ensemble de la réalité. On le considère
certes comme la partie la plus importante, mais néanmoins comme une partie
soumise à la structure de la totalité ... On le considère comme un "soi
qui a un monde, comme un "je" en rapport avec un "tu",
comme une cause séparée de ses effets, comme possédant un espace ... et un
temps... » Le
néo théisme critique vivement ce théisme. Il lui reproche de proposer une
conception de Dieu qui n’est ni vraisemblable philosophiquement ni conforme à
la Bible et qui serait en partie responsable du développement de l’athéisme.
Chez les théologiens de tendance luthérienne, "théisme" caractérise
tout discours sur Dieu qui lit l’être de Dieu et qui discerne son action
ailleurs que dans la Croix, autre part que dans le Christ crucifié. Selon
Luther la croix, et la croix seule, révèle qui est, ce qu'est, ce que fait
Dieu. Il oppose la "théologie de la croix", la sienne, à ce qu'il
nomme une "théologie de la gloire" qui parle de Dieu en dehors de
la Croix, en le qualifiant, par exemple, d'infini, d'omnipotent,
d'omniscient, etc. Pour les luthériens, Dieu ne se limite certes pas à la
Croix, mais nous ne savons de Dieu que ce que la crucifixion nous en révèle.
Ainsi, certains luthériens considèrent la théologie de Calvin comme un
théisme, parce que pour Calvin, Dieu révèle son être également dans la
création, dans la providence, dans la nature et dans l'histoire. Les
néo calvinistes appellent "théisme" une théorie qui affirme qu'il
n'y a nulle contradiction ou incompatibilité entre la toute-puissance de Dieu
et la liberté humaine. Dieu a une puissance telle qu'il nous fait faire librement
ce qu'il veut que nous fassions. Les néo calvinistes l'opposent au déisme qui
désigne, chez eux, toute pensée qui oppose, et met en concurrence la
puissance de Dieu et la liberté humaine. Le déisme, ainsi défini, estime que
Dieu doit renoncer à exercer sa souveraineté et qu'il lui faut refuser de
déterminer l'univers, pour que ses créatures soient libres. Pour
le théisme classique, Dieu réside ailleurs, en dehors du monde. Il est
transcendant, ce qui veut dire deux choses. D'abord, qu'il se tient à
distance, il habite, même s'il lui arrive d'en sortir, dans un lieu qui nous
est inaccessible. La terre n'est pas sa demeure; il la visite, certes, mais y
est étranger. Ensuite qu'il est différent; son être n'est soumis à aucune des
catégories qui façonnent et conditionnent notre existence. Il n'est pas
soumis par exemple au temps et à l'espace (il peut se trouver au même moment
dans plusieurs endroits, ce qu'on appelle l'ubiquité); il peut être à la fois
un et trois; il peut agir sans tenir compte des lois de la causalité, etc. On
reproche à cette conception de n’être pas biblique. Le Dieu de la Bible
n'habite pas dans une sorte d'Olympe métaphysique; il se trouve au milieu de
nous. Nous sommes appelés non pas à sortir des réalités quotidiennes, de ce
qui préoccupe notre monde pour le rencontrer, mais à discerner sa présence et
son action dans notre monde. Au Dieu lointain et tout autre du théisme
s'oppose le Dieu proche de la Bible. Il est Emmanuel (Dieu avec nous) et nous
pouvons lui dire "tu", entrer en dialogue avec lui. Selon le
théisme classique, de même qu'il se situe en dehors de l'espace, Dieu ne
relève pas du temps. Il est intemporel. On le déclare "Éternel.
L'éternité que lui attribue le théisme classique ne signifie pas seulement qu'il
a toujours existé et qu'il existera toujours, mais qu'il n'est pas soumis à
l'écoulement du temps. Il n'y a pas pour lui d'avant et d'après, ni par
conséquent de changement. Il est immuable. Il reste toujours le même. Il n'a
pas à proprement d'histoire. Au
contraire, le dynamisme et l'espérance caractérisent le Dieu biblique. Selon
une expression empruntée à Bergson, il est élan créateur. Il est tendu vers
un but qu'il veut réaliser, vers un avenir qu'il prépare. "Mon Père
travaille jusqu'à présent" dit Jésus*, et l'Apocalypse* affirme qu'il était, qu'il est et qu'il
vient, ce qui implique bien qu'il y a en lui un mouvement, une progression.
Ses relations avec sa créature le marquent. A un certain moment il devient le
Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, plus tard le Dieu de Jésus-Christ, ce
qu'il n'était pas auparavant. Il y a donc bien une histoire de Dieu, et pas
seulement une histoire humaine. Le
théisme classique soutient, en général, la thèse de l'impassibilité et de
l'invulnérabilité de Dieu. Ce qui veut dire qu'il ne peut pas souffrir. Rien
ne le blesse, ne le touche, ni ne l'émeut. Ce qui se passe dans le monde ne
l'affecte pas; il se situe au-dessus des événements qui ne l'atteignent pas,
qui ne troublent pas sa sérénité, qui ne diminuent ni n'augmentent sa
béatitude. Les scolastiques du Moyen Age, Anselme de Cantorbéry au onzième
siècle, Thomas d'Aquin au treizième expliquent qu'il n'y a aucun rapport,
aucune ressemblance entre l'amour que connaissent les êtres humains, et celui
de Dieu. L'amour humain est une passion; il nous affecte, nous fait souffrir
ou nous rend heureux; il ne nous laisse pas intact. L'amour de Dieu, au
contraire, désigne ce qui sort de lui et vient vers nous, donc un acte, et
nullement ce que Dieu éprouve en lui-même, ce qu'il ressent dans son être. Sur
ce point également, le théisme classique se trouve en opposition avec la Bible
qui parle d'un Dieu qui se réjouit ou s'attriste, qui éprouve des sentiments.
Ce qui se passe dans le monde l'affecte. La Croix permet même de parler de la
souffrance de Dieu. Pour la théologie classique, pour Calvin, par exemple, à
Golgotha, seule la nature humaine de Jésus est torturée et crucifiée, pas sa
nature divine. Jésus souffre en tant qu'homme, pas en tant que Dieu. Au
contraire le néo-théisme (mais déjà Luther allait dans ce sens), parle
beaucoup du Dieu humilié, crucifié, douloureux et vulnérable. Le
théisme classique affirme très fortement la toute-puissance de Dieu, ce qui
veut dire non pas seulement qu'il peut tout, que rien ne lui est impossible (omnipotentia),
mais qu'il exerce en fait une souveraineté totale, un pouvoir absolu (potestas
absoluta) sur l'ensemble de l'univers. Il ne se contente pas de permettre
que tel événement se produise; il décide qu'il se produira. Il détermine
chaque détail de ce qui se passe dans le monde. Rien n'arrive ni n'existe
sans sa volonté. Cette
thèse se heurte à trois objections : - D'abord, elle rend Dieu
directement responsable de toutes les catastrophes et malheurs du monde. Elle
fait de lui un bourreau et un criminel. Il aurait voulu Hitler et les camps
de concentrations, les massacres du Ruanda, le sida, la malnutrition qui tue
des millions d'êtres humains. - Ensuite, elle enlève toute liberté et toute
autonomie aux humains et aux autres êtres du monde qui deviennent de simples
marionnettes, que Dieu manipulerait à sa guise. Nous croyons décider, choisir;
en fait ce serait Dieu qui nous déterminerait. Les théologiens du Process
soutiennent qu'en réalité le Dieu de la Bible n'oblige jamais. Il agit non
pas en contraignant, mais en persuadant, en convaincant (d'où l'importance
donnée dans le judéo-christianisme à la parole de Dieu). Ensuite,
elle s'oppose aux textes bibliques qui parlent de la désobéissance des
humains, et des échecs de Dieu. On pourrait rétorquer que la Bible parle de
la toute-puissance de Dieu. En fait, souvent ce sont les traducteurs qui ont
introduit cette idée dans les textes. Ils l'ont fait en toute bonne foi, sans
s'en apercevoir, tellement elle leur paraissait évidente. Ainsi, ils ont
rendu l'hébreu El Shaddaï, et le grec Pantocrator par tout-puissant; or le
premier mot veut dire celui qui agit avec force, qui a de la puissance, et le
second celui qui guide, qui oriente. Quand Jésus déclare qu'il ne tombe pas
un moineau à terre sans votre Père (traduction littérale)*, les versions anciennes, et encore
aujourd'hui certaines écrivent : "sans la volonté de votre Père",
alors que l'on pourrait aussi bien comprendre : "sans que votre Père
soit là, sans sa présence". Il ne va pas de soi que la Bible affirme la
toute-puissance de Dieu; elle dit qu'il est la puissance qui finira pas
l'emporter sur toutes les autres, mais pas celle qui décide de tout
actuellement. Pour
le théisme classique, Dieu garantit l'ordre du monde, l'ordre cosmique, mais
aussi l'ordre social et politique. Il l'a établi, et le maintien. Il appuie
les autorités en place et les lois existantes. Il nous demande d'accepter ce
qui est, de nous soumettre, et de nous résigner, puisqu'il a voulu et veut le
monde tel qu'il est. Essayer de le transformer relève de l'impiété et du
blasphème. Tous les courants de pensée sont ici disséqués et expliqués ce
qui permet d’en avoir une meilleure idée. |
thÉodicEe –
essai |
g.m. leibniz |
Edition
FLAMMARION |
1969 |
Inventeur
du mot « théodicée » Leibniz nous offre ici sa vision de la justice de Dieu
en 1680.
Mais
dès le moment où l’on est malade ou dans la misère, Dieu serait lointain.
Quelle opinion peut être plus funeste ? Si nous avons besoin d’être délivrés
et rédimés de quelque chose, ce serait de cette opinion qui, vu notre
condition mortelle, ne peut conduire qu’au désespoir. Il est vrai qu’il ne
peut pas y avoir en principe de réponse à la théodicée. Cela ne tient
toutefois pas aux limites de notre faculté de penser. La question de la
théodicée part plutôt de présuppositions logiquement contradictoires : Dieu y
est pensé comme un élément de système du monde, dont on peut déduire la
réalité concrète du monde.
Tout
ce qui existe dans l’univers n’est que relation unilatérale à Dieu. De cette
façon, la tentative de déduire dans la direction inverse quelque chose de
Dieu manque de tout fondement dans le réel. Naturellement, il est logique de
chercher par exemple les causes d’un crash d’avion, afin de les prévenir à
l’avenir. Mais si au lieu de se poser cette question, on spécule sur la
question de savoir pourquoi Dieu n’empêche pas le crash, on part de ces deux
présupposés logiquement incohérents qu’il serait possible de déduire quelque
chose de Dieu, et que l’on pourrait, pour ainsi dire, se placer encore
au-dessus de Dieu pour le juger. Si c’est seulement à partir du monde encore
réel et vrai que nous pouvons parler de Dieu, on ne peut pas faire ensuite
valoir cette réalité du monde contre Dieu. Dieu n’est pas non plus «
tout-puissant » dans le sens seulement potentiel qu’il pourrait faire
n’importe quoi, tout le possible ; il est « puissant en tout », en tout ce qui
arrive de fait.
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THÉOLOGIENS
ET MYSTIQUES AU MOYEN - ÂGE |
ALAIN
MICHEL |
ÉDITION
GALLIMARD |
1997 |
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TOLLE -
L’ART DU CALME INTḖRIEUR – UN LIVRE DE SAGESSE QUI NOUS RAMḔNE
A L’ESSENTIEL |
Eckhart Tolle |
Edition
j’ai lu |
2011 |
Pour
Eckhart Tolle, le calme ne consiste pas en une simple absence de bruit.
"Il est l'essence de toutes les galaxies et de tous les brins d'herbe;
de toutes les fleurs, de tous les arbres, de tous les oiseaux et de toutes
les autres formes." En accédant à ce calme intérieur, nous nous alignons
sur le pouvoir et l'intelligence de la vie elle-même. Dans cet état, il n'y a
ni souffrance, ni peur, juste une source d'amour, de joie et de paix
intensément vivante. Ecrit sous une forme propice à la méditation, L'art du
calme intérieur nous connecte, quel que soit le moment de la journée, à notre
essence en nous rappelant qui nous sommes et ce qui compte réellement. L’écoute du silence éveille la dimension de calme. Lorsque vous prenez conscience du silence,
cette vigilance intérieure est immédiate. Vous voilà présent : • Le silence est
utile, mais non indispensable pour trouver la quiétude. Même dans le bruit
vous pouvez porter attention au calme de fond, à l’espace dans lequel
survient ce bruit. Cet espace intérieur de pure vigilance, c’est la
conscience même. Tout bruit dérangeant peut-être aussi utile que le
silence. Comment? Si vous abandonnez votre résistance intérieure au bruit, si
vous laissez celui-ci être comme il est, cette acceptation vous amène à ce
domaine de paix intérieure que le calme. • L’intelligence véritable agit dans le silence. Le calme est l’espace de
la créativité et des solutions. Au-delà du mental - La prochaine étape de l’évolution humaine
consistera à transcender la pensée.- En vous identifiant ou mental,
vous tomberez très facilement dans l’ennui et l’agitation. L’ennui signifie
que le mental a faim de de stimulation intellectuelle. Lorsque vous vous
ennuyez, vous pouvez satisfaire la faim du mental en ouvrant un magazine, en
faisant un appel téléphonique, en consultant votre messagerie. Prendre
conscience de ce sentiment d’ennui et d’impatience, l’entoure soudainement
d’espace et de calme. Le soi égotique : Savoir que l’on est la conscience derrière la voix, c’est être libre. Le
«je» est fugace, une formation temporaire semblable à des vagues à la surface
de l’eau. En vivant selon l’égo, vous réduisez l’instant présent à un moyen.
Vous vivez pour l’avenir. Les plaintes et la réactivité sont les
schémas mentaux par lesquels l’égo se renforce le plus volontiers. Le
sentiment de soi égotique a besoin de conflit. L’égo tire sa force de la
lutte et vit de comparaisons. Dans vos rapports avec les gens, décelez-vous
en vous-même de subtil sentiment de supériorité ou d’infériorité à leur
égard? L’envie est un sous-produit de l’égo qui se sent diminué si
quelque chose de bon arrive à un autre. Le malheur ne vient pas de votre
condition de vie, mais du conditionnement de votre esprit. Établissez des
buts, mais sachez qu’ils n’ont pas tellement d’importance. Tout résulte de la
présence. La présence : • «J’ai tellement de choses à faire !»
Oui, sans doute, mais quelle est la
qualité de vos gestes? En vous rendant au travail, en parlant à des
clients, en travaillant un ordinateur, êtes-vous pleinement de ce que vous
faites? Vos agissements sont-ils marqués par le lâcher-prise par la
rigidité? C’est cela qui détermine votre succès dans la vie et non la
quantité de vos efforts. L’effort implique le stress et la tension, le besoin
d’atteindre un stade futur ou d’accomplir un certain résultat. Une chose à la
fois, c’est ainsi qu’un maître zen défini le sens du zen. Faire une
chose à la fois, c’est vous plonger entièrement dans ce que vous faites à
l’instant, y accorder toute votre attention. C’est agir dans le lâcher-prise,
la maîtrise. Abandonner la résistance intérieure, accepter
l’inacceptable est la plus grande source de grâces en ce monde. Parfois
lâcher-prise signifie se sentir à l’aise dans le fait de ne pas y
savoir. Lâcher prise est la
transition intérieure de la résistance à l’acceptation. La nature : Nous avons oublié ce que les pierres,
les plantes et les animaux savent encore. Nous avons oublié comment être
calme, nous-mêmes, être là, là où se trouve la vie : ici et maintenant. Pour vous relier à l’être, vous devez
suivre les enseignements de la nature. Vous avez besoin d’elle mais
elle a aussi besoin de vous. Les relations : Nous sommes souvent prompt
à juger une personne car nous ne voyons pas le sens de cette personne mais
son apparence. Nous confondons sa nature avec ses schémas mentaux
conditionnés. La clé, c’est l’attention, la quiétude éveillée. Si son passé était le vôtre, sa douleur la
vôtre, son niveau de conscience le vôtre, vous penseriez et agiriez
exactement comme lui. Avec cette prise de conscience vient le pardon, la
compassion et la paix. L’écoute véritable est un autre moyen
d’apporter le calme dans la relation. Lorsque
vous écoutez vraiment, la dimension de calme émerge. L’écoute
véritable dépasse largement la perception auditive, c’est l’action éveillée, un espace de présence dans lequel les
paroles sont reçues. En définitive, il n’y a bien entendu personne
d’autre, c’est toujours vous-même que vous rencontrez. |
Tollé -
quiÉtude – Â l’Écoute de sa nature essentielle |
Eckhart tolle |
Edition
ARIANE |
2003 |
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Cet incessant bruit mental vous
empêche de trouver ce royaume de calme intérieur qui est indissociable de
l'Etre ". Ce bruit crée également un faux moi érigé par l'ego qui
projette une ombre de peur et de souffrance sur tout. L'identification au
mental crée chez vous un écran opaque de concepts, d'étiquettes, d'images, de
mots, de jugements et de définitions qui empêchent toute vraie relation. Cet
écran s’interpose entre vous et vous-même, entre vous et votre prochain,
entre vous et la nature, entre vous et le divin. C'est cet écran de pensées
qui amène cette illusion de divisions, l'illusion qu'il y a vous et un "
autre ", totalement séparé de vous. Vous oubliez un fait essentiel :
derrière le plan des apparences physiques et de la diversité des formes, vous
ne faites qu'un avec tout ce qui est. Exercice pour se libérer du mental
: Ecoutez aussi souvent que possible
cette voix dans votre tête. Prêtez particulièrement attention aux schémas de
pensée répétitifs, à ces vieux disques qui jouent et rejouent les mêmes
chansons peut-être depuis des années. C'est ce que j'entends quand je vous
suggère " d'observer le penseur ". C'est une autre façon de vous
dire d'écouter cette voix dans votre tête, d'être la présence qui joue le
rôle de témoin. Lorsque vous écoutez cette voix, faites-le objectivement,
c'est à dire sans juger. Ne condamnez pas ce que vous entendez, car si vous
le faites, cela signifie que cette même voix est revenue par la porte de
service. Vous prendrez bientôt conscience qu'il y a la voix et qu'il y a
quelqu'un qui l'écoute et qui l'observe. Cette prise de conscience que
quelqu'un surveille, ce sens de votre propre présence, n'est pas une pensée.
Cette réalisation trouve son origine au-delà du " mental ". Y sont développés : le silence, le mental, le
soi égoïste, le présent, le lâcher prise, la nature, la mort et l’éternel, la
souffrance et l’ego. |
TOPOLOGIE
DE L’IMAGINAL
|
Divers Intervenants
|
Edition du Cosmogone
|
2020
|
Ce volume rassemble
les contributions des intervenants au colloque transdisciplinaire tenu à
Epinal en mai 2019 dans le cadre des Imaginales d’Epinal, riche événement
culturel que nous ne saurions trop vous conseiller de découvrir. Sur les
traces d’Henri Corbin et Gilbert Durand, à la croisée des sciences humaines
et des traditions, les diverses interventions permettent d’approcher, en
théorie et en pratique, ce qui caractérise l’imaginal, le mundus
imaginalis, l’entre deux mers de Sohrawardi. Au sommaire : Perspectives
théoriques : Jean-Jacques Wunenburger : L’imaginal chez Henri
Corbin, d’un concept contextuel à une catégorie universelle – Daniel
Proulx : De l’imaginal corbinien vers la question de l’art – Véronique
Liard : Le Livre Rouge de C.G. Jung, imagination active et mundus
imaginalis. Imaginal et textes
sacrés : Chao Ying Durand : La topologie de l’imaginal dans le Yijing,
le Livre des Transformations – Georges Bertin : L'Apocalypse de
Jean, topos de l'Imaginal. Perspectives sociétales :
Céline Bryon-Portet : La dimension imaginale du temple maçonnique
– Gregory Moigne : Du hiérophante au
druidiste – Frédéric Vincent : L’imaginal et l’inconscient aux
rencontres d’Eranos : vers une psychanalyse spiritualisée. Perspectives littéraires :
Florence Dravet et Gustavo de Castro : Le Sertão du Brésil :
quid de l’Imaginal chez João Guimarães Rosa ? – Lauric
Guillaud : De l’imaginal gothique à l’imaginal maçonnique – Rémi
Boyer : Du roi caché au Cinquième Empire – Fabienne Leloup :
De l’expérience cataphile dans la littérature fantastique :
« émergence, résurgence » du monde imaginal ? Un extrait de
l’introduction de Georges Bertin nous permet de saisir l’intérêt de la
démarche mise en œuvre dans ces rencontres : « Cet ouvrage
explore diverses traditions et situations sociales et culturelles pour rendre
compte de la fascination pour l’Imaginal et son caractère opératoire que nous
constatons aujourd’hui. Il s’est donc agi, pour nos auteurs, d’étudier ces
ponts suprêmes situés entre un hic et nunc prosaïque et un illud
tempus mythique, en fait, un véritable inter-monde, la fonction du mundus
imaginalis et des formes imaginales se définissant par leur situation
médiane et médiatrice entre le sensible et
l’intelligible. Pluridisciplinaire, il revêt donc un grand intérêt dans
les situations de tensions sociales et culturelles que nous vivons, il nous
invite à renouer des liens avec les sagesses traditionnelles. Il est,
résolument, transculturel. » En insistant sur la
dimension opérative de l’Imaginal, Georges Bertin éclaire un point
fondamental. Il ne s’agit pas d’une construction intellectuelle et une
cascade de concepts ne permet pas de l’approcher. Il est question d’une mise
en œuvre au quotidien et d’un art de l’être. Il poursuit : « Nous
nous sommes intéressés à divers lieux transitionnels, là où des hommes et des
groupes sociaux ont pu ou peuvent dépasser leurs limites dans le sentiment de
reliance au Monde et à l’Autre, lieux intermédiaires que nul ne pourrait
répertorier sur aucune carte géographique ni intégrer à aucune frise
chronologique. Ce sont autant d'espace-temps fabuleux, d’espaces
initiatiques ; tour à tour domaines de la peur ou des enchantements, de
l’initiation philosophique, de la satire politique ou de l’utopie. » « Le contact
entre Dieu et l’homme se fait « entre Ciel et Terre », dans un
monde médian et médiateur » - Selon le mot du philosophe Christian
Jambet, Henry Corbin a ressuscité « la métaphysique de l’imaginal en
terre d’islam ». Et l’on peut tenir cette « résurrection »
comme un apport les plus significatifs de son œuvre. Dans son ouvrage, Corps
spirituel et Terre céleste, le Prélude à la deuxième édition (1978)
s’intitule « Pour une charte de l’Imaginal ». On y lit ceci :
« La fonction du mundus imaginalis et des Formes imaginales
se définit par leur situation médiane et médiatrice entre le monde
intelligible et le monde sensible. D’une part, elle immatérialise les Formes
sensibles, d’autre part, elle « imaginalise » les formes
intelligibles auxquelles elle donne figure et dimension. Le monde imaginal
symbolise d’une part avec les Formes sensibles, d’autre part avec les Formes
intelligibles. C’est cette situation médiane qui d’emblée impose à la
puissance imaginative une discipline impensable là où elle s’est dégradée en
« fantaisie », ne secrétant que de l’imaginaire, de l’irréel, et
capable de tous les dévergondages. » L’apport le plus
remarquable chez Henry Corbin est donc d’avoir « revivifié » pour
l’Occident ce mundus imaginalis, « qui n’est ni le monde empirique
des sens ni le monde abstrait de l’intellect » – dont la notion – et
donc la réalité – s’était éclipsée depuis plusieurs siècles de pieux
agnosticisme et de Lumières. On conviendra qu’il s’agit de quelque chose qui
éclaire considérablement le sens de notre pèlerinage vers nos origines, vers
l’Orient, cette nostalgie du « paradis perdu », qui aiguise notre
sentiment d’exil en ce monde et avive, pour les uns, le désir eschatologique
du monde à venir, pour les autres, l’attente de leur délivrance. « Que l’on entende pas le mot « images » au sens où de
nos jours on parle à tort et à travers d’une civilisation de l’image ;
il ne s’agit jamais là que d’images restant au niveau des perceptions
sensibles, nullement de perceptions visionnaires. Le mundus imaginalis
de la théosophie mystique visionnaire est un monde qui n’est plus le monde
empirique de la perception sensible, tout en n’étant pas encore le monde de
l’intuition intellective des purs intelligibles. Monde entre-deux, monde
médian et médiateur, sans lequel tous les événements de l’histoire sacrale et
prophétique deviennent de l’irréel, parce que c’est en ce monde-là que ces
événements ont lieu, ont leur « lieu ». |
traitÉ d’athÉologie |
Michel
onfray |
Edition GRASSET |
2005 |
« Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine d |