Chapitre10 E - K
(Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité) |
10 E
ÉGYPTE : LE PASSAGE - LE CHEMIN DE LA LIBÉRATION ET L’ALLIANCE AVEC DIEU |
Carole Aliya |
Edition Rafael de Surtis |
2014 |
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Carole
Aliya invite à une nudité permanente conduisant à la non-séparation, à
l’accueil de ce qui se présente. Dépouillement, guérison, amour, liberté,
rayonnement constituent quelques-unes des étapes de ce chemin très christique
mais qui transcende les formes, les identifications, les nominalisations et
les attributs. Tout peut être traversé pour une toujours plus grande clarté
pour un éveil sans fin. A chaque pas, la place se fait plus vaste pour
l’être. La respiration se fait offrande et abandon. Le regard se fait
étonnement. La conscience est émerveillement. « Le
souffle de Dieu, insiste-t-elle, est cette force qui balaie tout sur son
passage. Néanmoins,
au lieu d’aller vers cet infini, nous stigmatisons notre passé. Nous le
travaillons, retravaillons, « thérapeutons » dans tous les sens, avec une
multitude d’outils. La vie nous invite pourtant à balayer tout ce qui n’est
plus, à être présents à ce qui est et à aller vers nous : va. C’est
l’enseignement du christ, cette puissance qui se révèle en nous et nous rend
plus conscients et plus libres. Si au lieu de nous concentrer sur nos
souffrances, nos épreuves, nous nous tournions véritablement vers Dieu, nous
nous laisserions habiter par Lui, nous grandirions et nous serions lavés de
notre passé. » Cette
libération passe par une réconciliation avec la chair, une chair allégée qui
puisse, dans la lumière, accueillir l’Esprit. « Quoique nous fassions,
l’important est de chercher à s’incarner encore et encore. Nous qui cherchons
l’Esprit, la Sagesse, dans le ciel, c’est sur terre qu’elle est en réalité.
Plus nous allons vers la matière avec des valeurs humaines et une conscience
de la vie, plus nous nous élevons en vérité. Plus nous cherchons à nous
élever, et plus nous risquons de nous déséquilibrer. Il est très important de
vivre ce que nous avons à vivre et de ne pas essayer de le fuir ou essayer
d’aller en haut avant même d’y être prêt, de toucher à des outils de «
pouvoir » ou de l’irréel. C’est dans l’événement que tout se joue. C’est
au creux même de la vague que le Christ peut se manifester. Laissez-Le vous
fissurer, ou laissez-vous fissurer par la vie, c’est le seul moyen pour qu’Il
pénètre dans votre cœur. Si vous ne vous laissez pas ébranler, vous ne
pourrez vous sacrifier et vous rendre humble. Si vous restez droits, ce sera
une droiture de l’ego, de l’orgueil. Laissez-vous faire et emporter par le
silence des profondeurs. Vous en reviendrez éveillés à vous-même. » Ce
texte, d’une grande exigence, est aussi d’une grande bienveillance. La
justesse du propos conduit le lecteur à sauter dans le vide et à déployer ses
ailes. Au
sommaire de cet ouvrage : Le contrat divin - le dépouillement - la guérison - le désert - l’amour - la purification - la Verbe - la Vérité - le mariage - les pièges - la divinité - le rayonnement - la transformation - la liberté - la manne - le veau d’or - le temple - le Christ - la foi - l’engagement - la conscience - le dépassement - |
ḖLOGE DU
VERTIGE - LE JEU DES SEPT QUESTIONS ESSENTIELLES |
Marc Favero |
Colonna Edition |
2016 |
Juriste expert du
droit bancaire, Marc Favero est aussi un grand lecteur d’écrits de
philosophes en tout genre, cherchant « systématiquement à comprendre, à
analyser le raisonnement » et ayant « besoin de trouver des
réponses ». Et c’est justement parce qu’il n’en trouvait pas qu’il
décida d’écrire son propre ouvrage de philosophie. Eloge du vertige se présente comme un catalogue
d’interrogations portant sur les concepts philosophiques « d’existence,
de divinité, d’esprit, de liberté, de morale, d’origine, de gouvernements
». L’auteur ayant dégagé des questions fondamentales se posant de manière
duale, des sortes de « briques binaires » qui, plus ou moins
consciemment, forment le socle de notre vision du monde et conditionnent nos
convictions dans de nombreux domaines, tente pour chacune d’elles de
démontrer l’une et l’autre de leurs réponses possibles. Sous-titré Jeu des
sept questions, cet essai qui évoque ainsi malicieusement les sept
piliers bibliques de la sagesse tout en adressant un clin d’œil à Aristote,
n’a rien pour autant de véritablement récréatif, s’affirmant plutôt comme un
exercice pour dérouiller l’esprit nous offrant l’occasion de sortir de notre
paresse intellectuelle. Sous cet habillage
ludique et un bandeau rouge reprenant sous le mode exclamatif le commentaire
de sa préfacière Françoise Thibaut, le présentant comme « le livre qui
rend fou », ce livre au questionnement très sérieux nous conduit même à
un vertige profondément angoissant. Car l’auteur ébranle les piliers de la
connaissance sur lesquels reposent toutes nos certitudes, libérant notre
esprit « des rigidités destructrices et mortifères du penser simple
» pour nous renvoyer à notre ignorance et nous confronter à notre propre liberté.
Mais le vertige sur lequel il débouche peut s’avérer réjouissant s’il nous
mène à prendre conscience de nos limites et de notre responsabilité, et si on
y entend comme Marc Favero un puissant appel à l’altérité. Le livre se veut
didactique et clair dans sa présentation – ne se privant pas d’appuyer un peu
scolairement (avec des caractères gras ou en soulignant) sur les points
importants – et il est agrémenté de multiples citations scientifiques,
philosophiques ou littéraires et de schémas ou d’illustrations. Pour ceux qui
veulent creuser un peu plus, de nombreux approfondissements sont
judicieusement présentés dans des tableaux que l’on peut sauter sans dommage
si on les juge trop complexes (ce qui peut être le cas de certaines analyses
mathématiques), sans compter les nombreuses notes en fin d’ouvrage et
l’impressionnante bibliographie… La délimitation des
questions donnant matière aux sept premières parties manque toutefois de
netteté (les questions se recoupant parfois ou étant du moins fortement
dépendantes). De plus, elles sont d’emblée présentées comme des axiomes – des
propositions dont on ne peut ni prouver ni réfuter la véracité – alors que
cette constatation ne devrait surgir qu’à l’issue du parcours, de la riche
tentative de démonstration mise en œuvre par l’auteur. Mais à vrai dire tout
le monde sait bien que personne n’a jamais pu valider de manière rigoureuse
et universelle ces réponses qui ne reposent que sur la croyance ou sur une
appréhension temporellement ou spatialement restreinte… Et l’important est
moins le résultat que la manière par laquelle l’auteur y arrive. Car Marc
Favero, s’appuyant sur la raison et l’expérience, explore de manière
passionnante et souvent pointue de très nombreux domaines pour étayer sa
démonstration et dissocier les croyances des connaissances : la
philosophie, la métaphysique et la théologie, comme les données les plus
actuelles de la science, des mathématiques et de la physique mais aussi
l’histoire et la préhistoire, l’art et la littérature, s’aventurant dans
toutes les aires géographiques. Quant à la
percutante partie finale éponyme de cet essai, elle résonne comme un vrai
coup de théâtre puisque l’auteur y remet en cause le fonctionnement de sa
propre pensée, sa référence aux « objets philosophiques » comme
la détermination des propositions binaires étudiées, montrant combien la
physique quantique a ébranlé la logique aristotélicienne sur laquelle a si
longtemps reposé – et repose encore largement – toute la pensée occidentale. Et pour avancer dans
ce « monde mouvant sans souci de vérité absolue », il
devient « nécessaire de suspendre son jugement », d’accepter
pleinement l’incertitude pour « transformer [notre] angoisse en
expérience de liberté ». D’accepter une pensée elle aussi en mouvement
qui « s’enrichit, se remet en cause, s’infléchit grâce à l’autre
». « L’Autre » qui dans ce « monde flottant sans réalité
fixe », devient alors le seul repère. En cette période de
montée des fanatismes et des extrémismes, où beaucoup « opposent
“nous” et les “autres” » de manière inquiétante, cherchant à se rassurer
en se positionnant dans des affrontements binaires et manichéens confortés
par des justifications non exemptes d’hypocrisie, cet ouvrage philosophique
sans précédent semble particulièrement bienvenu. Il s’attaque en effet au
règne de la bêtise et de l’intolérance, « ces deux faces d’une même
impuissance à penser la complexité des êtres et des choses ». |
ENCYCLOPÉDIE DES MYSTIQUES - EN 4 TOMES |
SOUS
LA DIRECTION DE M.M DAVY |
EDITION
PAYOT |
1995 |
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Tome 2 : La mystique byzantine (suite) avec le christianisme à Byzance, Grégoire Palamas, les moines de la Sainte Russie, Nicolas Cabasilas, le Mont Athos, Nicodème l’Hagiorite. Les mystiques monastiques occidentales avec les Bénédictins et St Benoit, Anselme de Cantorbéry, les Camaldules, les chartreux et la mystique, Guigues du Pont, l’Ordre de Cîteaux et ses célèbres cisterciens comme Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Le Graal. La mystique Cathare, les bogomiles et le bucher de Montségur. Les Victorins avec Hugues de Saint Victor, Richard de Saint Victor, les ordres mendiants, les franciscains, Raymond Lulle, les Dominicains, Albert le Grand, Catherine de Sienne, le Carmel, St Jean de la Croix, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux. La mystique Rhénane, Jean Tauler, Suso, Jacob Boehme, Bonaventure, Ruysbroeck, la mystique visionnaire d’Hildegarde de Bingen, Maître Eckhart, Hadewijch d’Anvers, Joachim de Flore, Béatrice de Nazareth, Nicolas de Cues. La mystique de la Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola. Le Jansénisme, St Vincent de Paul, Pascal, Fénelon, Madame Guyon, St François de Sales. Les poètes mystiques comme Angelus Silesius le mystique de l’intériorité et son magnifique Pèlerin Chérubinique. Novalis, Corberon, Cagliostro, Eckartshausen, Fournié, Haugwitz, Hessen-Kassel, Lavater, Kirchberger, Joseph de Maistre, Martinez de Pasqually, Oberlin, Oetinger, Pernety, Marsais, Salzmann, L.C. de Saint- Martin, Swedenborg, Werner, Willermoz. La mystique Rosicrucienne et la Fama Fraternitatis. La Franc-Maçonnerie. La mystique musulmane avec H. Corbin, Rumi, Massignon. Mystique pour un nouveau monde avec Kierkegaard, Nicolas Berdiaev, Simone Weil. Tome 3 : La mystique de l’ancienne Egypte, avec Hérodote, le livre des morts, les papyrus égyptiens, le culte d’Amon et d’Aton, la religion égyptienne, le culte d’Horus à Edfou, le jugement des âmes, le message spirituel de l’Egypte ancienne. Les Sumériens et les Hittites, Babylone, Sumer, l’Assyrie et les religions du proche Orient. La mystique de l’Iran ancien, le soufisme et la musique, le Zend-Avesta. L’Hindouisme des textes sacrés avec le Kali-Yuga, le Rig-Véda, les Brâhmanas, les Upanishad, le Yoga Tantrique, les darshanas, la Bhakti, Gandhi, et l’histoire du bouddhisme indien, Coomaraswamy, le Zen, la vie de Bouddha et la mystique bouddhiste. Tome 4 : Le mysticisme Tibétain avec l’histoire du
Tibet, le XIVe Dalaï Lama, le concile de Lhassa, le Bardo Thödol : livre
des morts tibétain, Milarépa le poète. La mystique du Yi-King avec ses
64 hexagrammes. La mystique de Confucius et la pensée chinoise. La
mystique Taoïste et les commentaires du Tao-Te-King de Lao Tseu. La
mystique des Maîtres du Tch’an. La mystique du Japon ancien et nouveau
avec le Zen et ses arts martiaux, Herrigel et son livre sur l’art
chevaleresque du tir à l’arc, le bouddhisme Zen au Japon, le Shinto, le rôle
des religions. La mystique au Vietnam, culte du génie tutélaire, ses
fêtes, ses rites, ses coutumes, le Tonkin, l’Annam, le dinh, le culte des
arbres. |
enquÊte au cœur de l’Être |
G.E.
hourant |
Edition
ALBIN – MICHEL |
2005 |
dix-sept
témoignages qui sont de nature à éclairer les discussions actuelles autour
des religions et des spiritualités, des fanatismes et des sectes, ainsi que
les justes questions que l’on se pose sur le besoin de sacré à l’intérieur de
nous-mêmes. La quête de sagesse n’appartient en effet à aucun dogme
religieux, elle est inhérente à la nature humaine.
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enquÊte sur la rÉincarnation |
Divers auteurs |
Edition
ALBIN MICHEL |
2001 |
Nous
savons que la réincarnation est un principe éthique et métaphysique central
de l’hindouisme et du bouddhisme. Il en va de même pour la plupart des
cultures chamaniques. Mais qu’en est-il des autres religions, en particulier
juive, chrétienne et musulmane ? De la philosophie ? Et de la psychanalyse ?
Une dizaine d’auteurs et de journalistes ont mené une enquête en France et à
l’étranger sur ce sujet. Ils en ont rapporté une matière qui s’organise
autour de trois pôles : spirituel, historique et psychologique. Il
en ressort que la réincarnation ou la «transmigration des âmes» est
omniprésent dans la quasi-majorité des traditions philosophiques et
culturelles, posant à l’esprit moderne de troublantes et pertinentes
questions.
Bruno ABRAHAM-KREMER, Yvan AMAR, Catherine BARRY, Fayad BASSEM,
Cheikh BENTOUNÈS, Marie-Thérèse de BROSSES, Jacques BROSSE, François BRUNE,
Martine CASTELLO, Michel CAZENAVE, Dagpo RINPOCHÉ, Arnaud DESJARDINS, Denise
DESJARDINS, Maurice de GANDILLAC, Dominique GODRÈCHE, Henri GOUGAUD, Marie
JOCHER, Jacques LACARRIÈRE, Jean-Yves LELOUP, Jean-Pierre LENTIN, François
L’YVONNET, Sylvain MICHELET, Mélik NGUÉDAR, Albert PALMA, Jean-Marie PELT,
Bernard PERNEL, Matthieu RICARD, Jean-Pierre SCHNETZLER, Jean-Louis SIEMONS,
Bruno SOLT, Annick de SOUZENELLE, Marie STANLEY, Rabbin Addin STEINSALTZ,
Lama Denys TEUNDROUP, Alain VALADE, Didier VAN CAUWELAERT, Patrice VAN
EERSEL, Dr Jacques VIGNE, François VILLIERS. |
ENTRETIENS SPIRITUELS ET ḖCRITS MḖTAPHYSIQUES |
Jean-Marc Vivenza |
Ed. Le Mercure Dauphinois |
2017 |
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Ce
livre qui rassemble plusieurs études de Jean-Marc Vivenza couvrant les années
2001 à 2016, rendent compte du parcours de l’auteur et permettent de mieux
discerner ce qui le caractérise que les études érudites très ciblées
auxquelles il nous a habitués. Au cœur de la démarche de Jean-Marc Vivenza,
au cœur de toute démarche initiatique réelle, se trouve la question
ontologique du réel et du réel au-delà du réel. Jean-Marc Vivenza que l’on
connaît surtout pour ses travaux sur l’illuminisme en général n’a pas oublié
sa thèse sur l’œuvre de Nagarjuna ni ses explorations de la musique
expérimentale. L’une des entrées les plus intéressantes de ce livre est celle
du futurisme et en conséquence des relations entre traditions et
avant-gardes, Julius Evola étant un cas exemplaire. Il convient de le
signaler tant l’alliance entre les unes et les autres, alliance à la fois
naturelle et logique, continue à surprendre. Les questionnements de Jean-Marc Vivenza, qui prennent appui
aussi bien sur Maître Eckhart, Jacob Boehme, Joseph de Maistre que Martin
Heidegger ou René Guénon, tracent un chemin, inévitablement incertain, mais
un chemin tout de même, de la dualité à la non-dualité. « Il ne s’agissait
plus nous dit-il d’espérer en un quelconque régime ou éventuel système
capable de résoudre les questions qui se posent, puisque l’origine du
problème pour l’homme, mais aussi pour les civilisations et l’Univers
lui-même, est un problème de l’« origine » ; la question, fondamentalement,
participe d’une nature purement méta-ontologique. Voilà pourquoi, la seule
attitude authentique, c’est-à-dire authentiquement en rupture, la seule
position radicale qui nous apparut prendre le problème à sa source réelle, à
sa « racine » effective, fut donc, uniquement d’ordre supérieur, elle
relevait du spirituel et du transcendant, décidant dès lors de regarder d’où
provenait l’essence de la détermination existentielle, en se confrontant à la
cause première de la vocation destinale de toutes choses créées, au « nihil
». Approcher la non-dualité à partir de la dualité, inscrite
en premier lieu dans le langage, constitue un défi et comporte un paradoxe,
que l’approche négative permet de réduire, tout au moins en partie. « Le
propre de la tradition occidentale dans laquelle nous nous inscrivons qui ne
se distingue en rien sur la finalité du cheminement spirituel d’avec les
voies orientales – mais qui, évidemment, s’exprime en climat chrétien, et
donc emprunte son vocabulaire théorique au patrimoine littéraire de la
religion qui s’impose en Europe, participe de la perspective métaphysique qui
dépasse, et de très loin, les formes et les cadres étroits avec lesquels sont
tentés les rapports avec l’Invisible, puisque son but est d’entrer, par et
dans le « non-être », en une négativité paradoxale qui nous révèle que la
nuit est en réalité « lumière » à l’égard du monde, et qu’en elle s’effectue
la génération transcendante, en un mode silencieux d’anéantissement, où la
dimension, impensable, de « l’au-delà de l’Être et du non-être », aboutit au
Rien suressentiel » qui est l’unique et véritable « vie éternelle ». Il y a,
en filigrane ou en surexposition, la possibilité d’une voie directe, d’une
immédiateté de cette « vie «éternelle » à la fois déjà et pas
encore. La première partie de l’ouvrage est formée d’entretiens
spirituels sur « Voie spirituelle et pensée de l’Être », « Traditionalisme et
doctrine de l’Illuminisme », « Esotérisme, initiation et ontologie ».La
deuxième partie traite d’ontologie fondamentale et notamment de la question
de « L’Être éternel et infini, selon l’ontologie du Régime Ecossais Rectifié
», également de « L’Infini métaphysique et la nature du « Principe unique »
La troisième partie est consacrée à l’Illuminisme mystique et la pensée de Joseph
de Maistre y est déterminante. En annexe, le lecteur trouvera deux contributions très
intéressantes, la première sur « Julius Evola et les avant-gardes, nihilisme
héroïque et métaphysique de l’Eveil », la deuxième sur « Mise en lumière par
Joseph de Maistre, de la nature du projet « religieux » révolutionnaire
d’instauration d’une « contre-église », la dernière sur « L’origine de l’idée
d’Infini en métaphysique chez René Guénon ». L’ensemble, à la fois multiple
et cohérent », donne à penser, c’est bien là sa finalité, et permet de mieux
comprendre l’idée de cheminement initiatique dont la nature n’est jamais
linéaire dans l’apparaître. |
ÉPIGNÔSIS -aspects de la
splendeur - Cahier
N° 21 |
épignôsis – Directeur Yves Dauge |
Edition
DERVY |
1990 |
Ce Cahier 21 est consacré au thème de la Splendeur : réalité à la fois transcendante et immanente, vision des êtres et des choses qui défie toute définition, mais qui peut être clarifiée par nombre d’approches complémentaires. Quelques
amis d’Épignôsis ont ici essayé de pénétrer dans ce domaine mystérieux,
multidimensionnel, si nécessaire à la nourriture de notre Cœur et à
l’accroissement de notre « Corps de résurrection ». Coups d’œil dans une
plénitude incommensurable… Splendeur…
Est-ce un jaillissement de lumière depuis le centre de nous-même qui
redescend en ruissellement de bénédictions pour le monde ? Est-ce un
climat particulier, analogue au « 8e climat » de la
gnose iranienne, où circulent la majesté et la Beauté, la Sagesse créatrice
et l’Amour vainqueur. Est-ce l’éclat d’un autre monde, radiant, qui parvient
jusqu’à nous, ou est-ce la gloire secrète propre à chaque être, qui ne se
montre qu’au regard attentif et libéré. ? La cabale nous
dit : » Imagine-toi que tu es Lumière, et que tout ce qui t’entoure
est Lumière ». Nous dirions volontiers : « Si tu découvres la
clef de ta propre splendeur, l’univers tout entier sera splendeur à tes
yeux ».
Puis Charles D’Hooghvorst s’attache à démontrer avec fidélité et précision que le fil conducteur du Message retrouvé de Louis Cattiaux n’est autre que l’idéal de splendeur, à atteindre par une particulière alchimie de notre être. Enfin,
les méditations ésotériques de Jean Biès et l’étude symbolique de Mathilde
Danel nous plongent dans la vivante multiplicité, dans l’irradiation aussi
bien quotidienne que métaphysique de cette qualité du Divin. Au sommaire : Vers le regard divin par : Yves
Dauge Le thème de la splendeur dans la spiritualité et la culture
occidentale par : Joël Thomas Louis Cattiaux, le méconnu, présenté par Charles
d’Hooghvorst Les bûchers de la sagesse, par : Jean
Biès Soif de l’un ; faim de l’autre par : Henri
Raynal Le Dôme et la coupe par : Mathilde
Danel |
ÉPIGNÔSIS - avec
ou sans maÎtre ? Cahier N° 17 - |
épignosis – Yves Dauge |
Edition
DERVY |
1987 |
Nous
vivons un « tournant des temps », caractérisé à la fois par la recherche
ardente et par la confusion des esprits. Dans ce contexte s’impose un
problème capital, celui des maîtres.
Un
article solidement documenté et éminemment pratique, qui permettra d’éviter
bien des erreurs et de travailler fructueusement. Des aspects
particulièrement intéressants de ce même problème sont exposés par Jean
Chevalier (« Le Maître spirituel dans la tradition soufie »), par Henri
Blanquart (« Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange »), et
par Michel Camus (Qu’est-ce que l’auto-initiation ?).
Quant
à Raymond Abellio, il fut certes un maître inimitable, un puissant
éveilleur. J.P. Osmont nous donne ici une très riche étude sur la
destinée de cette personnalité hors du commun, en utilisant toutes les
ressources de l’astrologie américaine et tous les matériaux autobiographiques
laissés par cet auteur : leur confrontation est vraiment passionnante. Au sommaire de cet ouvrage : Les quatre Maîtres. Typologie du Maître spirituel par Yves Dauge Le Maître spirituel dans la Tradition soufie par Jean
Chevalier Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange par Henri
Blanquart Qui initie qui ? par Michel
Camus Marie-Madeleine Davy, Femme du Huitième jour, un entretien
avec Jean Biès Raymond Abellio le Noble voyageur par Yves Dauge Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance, son étude
astrologique par Jean-Pierre Osmont L’interaction humaine : Nourriture de la conscience, clef
de l’équilibre, de la Paix et de la Vie. par : Peter
Roche de Coppens Quand un théologien parle aussi d’ésotérisme par Pierre
Erny L’ésotérisme, pourquoi faire ? un livre d’Yves Dauge, commenté
par Pierre Avel-Mor Annick de Souzenelle ou l’exégèse transmutatrice par Yves Dauge Pleins feux sur le Vivant par Jacqueline
Bousquet |
ÉPIGNÔSIS – LE CHRISTIANISME COMME ALCHIMIE – CAHIER N° 18 |
Epignôsis - Yves DAUGE |
Edition DERVY |
1987 |
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On retrouvera également dans ce Cahier un essai de Jean Prieur qui dévoile d’étonnantes similitudes entre le tantrisme et le judéo-christianisme, ainsi que la fin de la belle étude de Jean-Pierre Osmont sur Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance », fondée sur l’astrologie américaine.
Yves Dauge : Suite sur le yoga du cœur et ésotérisme du Christ Jean Biès : Le symbole de la Croix, essai de métaphysique chrétienne Joël Thomas : Alchimie de la Lumière, la croix de Lothaire Epignôsis et le travail Annick de Souzenelle : Le vivant dans l’histoire Jean Prieur et Lionel Jackel : Les Chakras et les Nâdis. Physiologie du corps subtil Jean-Pierre Osmont : Raymond Abellio, guerrier de la connaissance. Etude astrologique. |
ÉPIGNÔSIS - L’ÉSOTÉRISME, POURQUOI FAIRE ? |
Epignôsis - Yves Albert Dauge |
Edition Dervy |
1986 |
Le titre de ce livre est plus provocateur qu’autre chose car ce n’est pas un traité d’ésotérisme; c’est un livre de voyage, celui qui le mène au cœur des choses et des êtres, de nous même et du divin, il a pour but de guider les esprits vers l’essentiel, de les habituer a un langage aussi transparent que possible, de leur faire éviter les pièges des pseudos-maîtres et des doctrines incomplètes et de mettre en lumière la vérité et les exigences de la démarche ésotérique, tel est le but de cet ouvrage. Répondant aux grands problèmes de notre époque, il a été conçu comme un instrument fondamental de travail, de recherche personnelle, de réflexion et de méditation. Comment utiliser la totalité de notre puissance intérieure, percevoir le réel dans sa globalité, comprendre la texture du Vivant, nous insérer dans le circuit des énergies créatrices ? Comment vaincre la pesanteur, la psyché, la mort, par le yoga du cœur ? Voilà quelques uns des thèmes traites dans cette sorte de vade-mecum de métamorphose, où le lecteur trouvera un itinéraire soigneusement balisé pour la joie de la découverte. Le tétramorphe qui illustre la couverture de cet ouvrage est l’emblème du mouvement Epignôsis, fondé par l’auteur pour promouvoir une anthropologie de la création. Ce tétramorphe dans sa complexe unité, symbolise la totalité harmonieuse, l’équilibre des énergies, la souveraineté artiste, la fonction axiale propre à l’homme de Feu-Lumière : C’est une clé majeure de déchiffrement du Vivant et d’efficacité transfiguratrice. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : 1e partie : Une école de sagesse et de mutation : Le défi actuel : l’enchevêtrement, la subversion et l’urgence - Prolifération des offres de salut - confusion de compétence, de pertinence, doctrinale et des niveaux de l’être - la caricature du Roi du monde - Fin de signe ou inter-règne - la conquête du temps - les armes de l’ésotérisme - les clefs de la véritable vie - Intériorité et intériorisation - tout est en nous - tout dépende l’homme intérieur - le yoga du cœur - la dualité de Dieu et le Nom Divin - Esotérisme et monachisme - la maitrise de la dialectique - Maât, l’Âme, et la dialectique - La connaissance transmutatrice et l’anthropologie maximale - Méprises et authenticité - connaissance essentielle, école d’éveil et de profondeur - l’opposition des mentalités - l’Essentialisme - Ecole de discernement et d’évolution - les lois de la juste perception - la Connaissance comme processus indéfini - La Connaissance transmutatrice et l’anthropologie globale - Connaissance libératrice - S’affranchir des limites de l’ego - Réduire le champs du mal - la conquête de la cohérence - Vers la perception divine - Texture du Vivant - L’anthropologie créative - le principe-germe de l’immortalité - La connaissance pacificatrice, école de sérénité - 2e partie : Texture et métamorphoses du Vivant : L’énergétique générale - la modification et l’insuffisance du regard - le concept d’énergie - la Réalité Suprême - Existe-t-il des noyaux d’êtres indestructibles ? - la circulation des Energies - le circuit énergétique universel - les risques de la Création et le problème du mal - L’Homme en tant que « lieu privilégié » des Energies Universelles - les plans ontologiques ou niveaux d’être-conscience-énergie - Le problème de l’ego - la signature de Dieu - Le Cœur : point de jonction des champs énergétiques constitutifs de l’homme - Le feu artiste et les fonctions du cœur - La faculté Thêta - Les 7 modalités de la faculté ø dans le cœur : 1/ La mémoire et l’éveil du cœur – 2/ la volonté et l’orientation du cœur – 3/ la Kénose et la libération du cœur - 4/ l’intellect et l’émerveillement du cœur – 5/ l’amour et l’expansion du cœur – 6/ la Créativité et l’art du cœur – 7/ la Synergie-fusion et l’harmonie du cœur - Divers tableaux et synopsis de l’entité humaine, des référentiels et des champs énergétiques - |
ÉPIGNÔSIS - LES VEILLEURS DU SILENCE CAHIER N°19 |
Un groupe de recherche, directeur Yves Albert Dauge |
Edition Épignôsis |
1988 |
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« Comment obtenir en nous ce précieux silence qui nous permettra de percevoir le rythme de la vie, la musique du cosmos, le travail de la Création, et la voix divine ? Non pas en nous concentrant sur le vide (entreprise vouée à l’échec), ni en essayant de supprimer tous les bruits l’un après l’autre. Il faut appeler et faire descendre en nous une « Présence » d’une intensité, d’une attractivité telle que tout ce qui n’est pas elle s’efface immédiatement. Cette descente est liée à l’éveil de notre être essentiel et à la médiation de l’Amour unificateur. Cette présence divine doit être complétée par celle de l’ange ou de son maître secret, et c’est ce dialogue à trois qui va nous sublimer et nous faire avancer sur le chemin ». Yves Dauge M.M. Davy fait défiler devant nous les divers « visages du silence », afin de focaliser notre attention sur l’ensemble essentiel –solitude – secret- silence – qui est à la fois le laboratoire de notre réussite et le fondement de notre relation avec Dieu et les êtres. – « L’homme silencieux passe par le mystère de la solitude, comprenant le vide, l’abandon des signes, des images, des systèmes et même des voies. Le silencieux peut seulement murmurer avec le prophète Isaïe (24,16) : Mon secret est à moi. Pourquoi mon secret ? Simplement parce qu’aucun langage ne peut en exprimer l’ampleur, situé au-delà du passage du temps et de l’espace, le silence s’implante dans l’éternité. Seul les enfants de l’éternité sont appelés à s’y abreuver » M.M. Davy Deux thèmes sur l’Alchimie, science de la Vie, viennent compléter cet ouvrage, car l’Alchimie n’est pas une science à part, mais elle est la mise en œuvre du silence, tout comme le silence engendre l’œuvre alchimique. Pascal Bernuau apporte à ce sujet la richesse transparente de son expérience et nous livre les éléments d’une éthique alchimique. Puis Jacques Pialoux nous parle de la tradition égyptienne en tant que révélatrice de la structure de l’homme : vision alchimique de l’homme. Au sommaire de cet ouvrage : L’autre coté de la parole par : Jean Biès Les centres silencieux de rayonnement par : Yves Albert Dauge Proverbes du silence par : Michel Camus Visages du silence par : Marie-Madeleine Davy Le vivant et la transparence du réel par : Pascal Bernuau Egypte, terre d’alchimie par : Jacques Pialoux Divers ateliers sur Paris |
ÉPIGNÔSIS - pour
l’Émerveillement Cahier
N° 20 |
EpignÔsis - Yves DAUGE |
Edition
DERVY |
1989 |
Deux
parties en ce cahier. L’une, comportant de beaux
textes de Jean Biès, de Henri Raynal, de Roger Munier, d’Alphonse Goettmann,
d’Oguz Unat, tente d’expliquer la nature de cet état d’esprit,
l’Émerveillement, indispensable à qui veut pénétrer au cœur des êtres et des
choses, entrer en contact avec le Divin partout disséminé et partout présent.
Dans
un bel article, Oguz Unat nous décrit le processus et la finalité des
Derviches tourneurs. Cette danse est appelée Semâ
qui signifie Ciel et désigne la ronde des astres, ce qui a fait dire à
Rumî : » Ô jour, lève toi, les atomes dansent, les ames éperdues
d’extase dansent, la voûte céleste, à cause de cet Etre, danse ». Le Semâ exprime ainsi le tournoiement, le devenir
incessant des atomes, des astres et des âmes. Lorsque les Derviches entrent
dans la salle, ils sont habillés d’un ample manteau noir représentant la
mort, la tombe, la lourdeur terrestre, le matérialisme et l’enveloppe
charnelle. Ils sont coiffés d’une haute toque de feutre qui est l’image de la
pierre tombale ; leur robe blanche symbolise le linceul et la
résurrection, la couleur blanche symbolise la vie et la renaissance attendue. Au sommaire : Une merveille nommée Jésus par Yves
Albert Dauge L’Eclair, le sourire et l’Abîme par Jean Biès Qu’en faire, de ma merveille ? par Henri
Raynal L’inexplicable beauté par Roger
Minier Poème de Michel Camus La méditation : explosion de l’Amour par Alphonse
Goettmann Le réseau, âme du monde et la mémoire de l’Amen par Yves Dauge La danse des Derviches tourneurs et son symbolisme par Oguz Unat |
ÉPIGNÔSIS - vaincre
la mort ? Cahier N° 16 |
EPIGNÔSIS
- Yves dauge |
Edition
ÉPIGNOSIS |
1986 |
Qu’est-ce
que la mort ? : Une réalité complexe, qui ne concerne pas seulement
l’homme physique. Un enchaînement de processus dont la source se situe au
plan spirituel, et qui désorganise complètement notre système énergétique, du
plus subtil au plus dense.
Au sommaire : La victoire sur la triple mort par Yves
Albert Dauge Miroirs de la mort, suivie du poème « le seul
Vivant » par Jean Biès Morts et résurrections par Marie-Madeleine
Davy Le message de prière par les moines du Mont Athos par Michel
Bertrand Seule est la vie – Extraits des Révélations de l’invisible Pâques : l’archétype de la Résurrection ; ses
mystères et ses applications pratiques par Peter
Roche de Coppens Les ondes d’esprit, extrait du livre de Jeanne
Morrannier. La totalité du réel Frithjof Schuon : un visage de la sagesse éternelle
par Jean Biès Le Tryptique alchimique de la Justice, la Tempérance et
l’Etoile dans le Tarot par Claudius Barbat |
ÉPIGNÔSIS - yoga du
cœur et du feu - Cahier
N° 15 |
Yves dauge – epignÔsis |
Edition DERVY |
1986 |
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La nature et le processus de la mutation personnelle
- Le rôle du Cœur dans la dynamique de l’être humain
- L’importance du Nom Divin dans notre évolution
- Le triple appel constitutif de la démarche
ésotérique - Un seul appel mais à triple
tonalité - les trois modalités du « labeur du
cœur » - Les appel du Père, du Fils et de
l’Esprit - comment passer par Dieu, ou le travail de
Tipheret - le buisson ardent et l’homme de
feu - le texte de l’exode -
la découverte de soi - le thème e l’homme de
feu - Dans la Genèse - A
travers l’Ancien Testament - Le Christ et les
« moines flamboyants » - Le Feu du
Cœur - le témoignage des Dialogues avec
l’ange - le laboratoire de l’homme de
demain - les fonctions du cœur avec les Chakras et
les Sephiroth - Parcours en 13 jours de la voie du
cœur - Divers tableaux des lettres mères et des lettres nombres de
l’alphabet hébraïque - |
ESSAI
D’AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE |
Nicolas
BERDIAEV |
Edition
BUCHET CHASTEL |
1992 |
On
pourrait qualifier cet extraordinaire ouvrage posthume de véritable testament
spirituel. Le grand écrivain russe après avoir parlé de ses sources, de ses
parents, de son enfance, retrace sa première conversion, sa première
recherche du sens de la vie et de ses bonheurs. Il
fait revivre pour nous le monde révolutionnaire russe du début du XXe siècle
et la renaissance culturelle qu’il a suscité. Puis c’est la révolution de
1917 et le communisme vu, si l’on peut dire, de l’intérieur. Enfin les années
d’exil, en Allemagne, puis à Paris où Berdiaev trace des portraits
saisissants de ses rencontres. En
même temps ou plutôt parallèlement à l’évolution des événements, Berdiaev nous
fait assister à sa propre conquête spirituelle, depuis la tentative du
christianisme, l’expérience de l’extase créatrice jusqu’à sa philosophie
définitive et l’ultime connaissance de soi. Cette autobiographie est l’écrit
le plus significatif de Berdiaef. Berdiaev
est
né à Kiev en 1874, il est mort en France en 1948, il appartenait par sa
famille à l’aristocratie militaire russe et essaya lorsqu’il était étudiant
de militer pour une meilleure justice, emprisonné, il fut ensuite exilé en
Sibérie puis en Allemagne. D’un tempérament prophétique, ce philosophe de la
liberté et de l’acte créateur inaugure un nouveau type de mystique
correspondant à l’homme pourvu d’une supra-conscience. Il
considère que la « venue du Christ a une importance cosmique et
cosmogonique ». Sa pensée relève à la fois de Maître Eckhart, de
Grégoire de Nysse et de Jacob Boehme, il pense que la présence de l’image
divine oriente l’homme vers sa déification, cette image de Dieu en l’homme
signifie à la fois la personne et la liberté. Il part du principe que l’homme
ne peut concevoir la profondeur de l’esprit que d’une façon existentielle, en
vivant le destin tragique et en traversant la souffrance, l’angoisse, la
mort, l’amour et la création. Le
drame de l’homme, selon Berdiaev, est de se trouver dans l’obligation
d’assumer sa temporalité qui le jette dans le fini et le limité, tout en
éprouvant en lui l’infini et l’illimité, le paradoxe est à la fois rupture et
déchirement. Ce paradoxe sera vécu à son sommet grâce à l’expérience
mystique. C’est en partant de l’élément divin que l’homme possède en lui,
qu’il lui devient possible d’accéder au mystère : « Le mystique n’a pas à sortir de lui-même, mais a
pénétrer son moi profond, la personne humaine est un être théandrique ».
« La mystique est une victoire sur
l’état de créature, seul y participe l’homme spirituel, grâce au principe spirituel
qui est en lui, l’expérience mystique est l’aboutissement normal de la
rencontre de Dieu et de l’homme, le transcendant est immanent à cette
expérience car la différence même entre la transcendance et l’immanence
s’efface puisque tout vient de la profondeur et de l’intérieur et non pas
d’en haut et de l’extérieur ». Il
fut un grand ami de M.M. Davy, avec qui il partagea des conférences et les
mêmes idées. Au sommaire de cet ouvrage de 430 pages : Sources et origines - L’univers et moi
- le monde aristocratique - solitude -
nostalgie - liberté - révolte -
pitié - doutes - luttes spirituelles -
méditations sur l’éros - la première conversion - A
la recherche du sens de la vie - le monde de la connaissance
philosophique - vers la révolution et le socialisme -
marxisme et idéalisme - Renaissance culturelle russe du début du
XXe siècle - Vers le christianisme et drames religieux
- Rencontres spirituelles - le monde de la Création
- le sens de l’acte créateur et l’expérience de l’extase
créatrice - la révolution russe et le monde communiste
- la Russie et le monde occidental - ma philosophie
définitive et ma profession de foi - le monde
eschatologique - Temps et Eternité - la connaissance
de soi et ses limites - |
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et le divin dans tout ça ? |
Jean
charon |
Edition Albin Michel |
1998 |
Ce
livre est le testament spirituel d’un grand chercheur. À la fois physicien,
auteur d’une Théorie de la relativité complexe, et philosophe en quête de la nature
réelle de la conscience, Jean CHARON a tissé pendant quarante ans une
toile originale et audacieuse entre l’étude de la matière et celle de
l’esprit.
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Être simplement
– questions et rÉponses en quÊte du soi |
bernard |
Edition
LES DEUX OCEANS |
2003 |
BERNARD,
comme il le dit en toute simplicité, a trouvé ce qu’il cherchait. Pour en
témoigner il se réfère volontiers à Ramana MARHARSHI et à NISARGADATTA
MAHARAJ sans prétendre exprimer quoi que ce soit de nouveau. Mais son
témoignage est particulièrement éloquent pour les chercheurs d’aujourd’hui.
Il est la preuve vivante de ce que son propre Maître lui avait dit alors
qu’il doutait de pouvoir atteindre son but : « Ramana MAHARSHI est
exceptionnel mais la réalisation n’est pas exceptionnelle ».
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EXOTÉRISME ET ÉSOTÉRISME DANS LA TRADITION PRIMORDIALE |
David Frapet |
Edition du Cosmogone |
2014 |
Ce livre est un voyage exotérique et ésotérique dans le monde qui nous habite et à l’intérieur du monde que nous habitons. Ce voyage va nous amener à travers le christianisme et l’islam, à rechercher les fonctions ésotériques et exoteriques dans cette Tradition Primordiale, porteuse de toutes les réponses, de tous les archetypes, de tous les mythes et légendes qui traversent toutes les traditions et toutes les religions. La force génératrice est cette graine de vie du miracle de la création »soit » et « il devient ». Il y a des êtres dans l’intelligence de la foi qui sont capables de voyager dans l’humanité, puis reviennent plus humains, après avoir touché le Graal et s’être abreuvés au Bassin du mystère. Ce voyage initiatique que chacun d’entre nous se doit de faire, nous permet de rejoindre l’être qui est en nous, afin d’accéder au cercle des justes puis d’entrer en communion avec l’âme universelle. Cet ouvrage nous offre toutes les traditions qui se retrouvent et se découvrent, puisant à la même source, c'est-à-dire dans la Tradition Primordiale que tous les initiés appellent de leurs vœux et veulent s’abreuver en se soumettant aux lois de la nature et de Dieu. La recherche de l’Unicité en dehors de la dualité est une priorité voire le but final. Au sommaire de cet ouvrage nous trouvons : Le Christianisme : Prolégomènes - Manifestation et Essence de Dieu - Appréhender le temps cosmique - divers concepts de la Tradition - Les trois séquences du monothéisme adamique - Le christianisme, religion de la Manifestation - Nature et fonction du christianisme sur les plans providentiels et historiques - L’Araméen n’est pas une langue sacrée - Fonction transitionnelle du Christianisme - L’Ordre du Temple, ultime présence de la Tradition Primordiale dans l’Occident chrétien - le concept du Temple - le Temple Arche de Paix, symbole de l’Ordre du monde - L’Ordre du Temple exotérique : une institution internationalisée dans l’Occident médiéval - L’Ordre du Temple ésotérique : une fonction de restauration, d’un juste équilibre entre l’autorité et le Pouvoir - La Voie de l’Esprit Saint dans la christianisme - le Rosaire des Catholiques - L’imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis - le Christianisme d’Orient - L’Islam : La religion de l’Essence - la Charia - origine et importance de la prière - la prière musulmane, comme lieu de la rencontre entre l’exotérisme et l’ésotérisme - le Dhikr, cœur de l’adoration - le christianisme, une voie de l’islam intégral - la jonction entre l’islam et le christianisme - la croix symbole universel - le Savoir, un préalable à la connaissance - l’apparent et le subtil dans la Sunna du prophète - la guerre sainte - l’islam orthodoxe - |
10 F
faust et
le second faust |
goethe |
Edition
J. de Bonnot |
1981 |
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Si
Méphistophélès fera tout pour détourner Faust de la transcendance, Dieu
compte sur la liberté qu’il a placée en l’homme pour que Faust se sauve de
lui-même. La
pièce s’ouvre sur un Faust tourmenté et paradoxal : « Philosophie,
hélas ! jurisprudence, médecine, et toi aussi, triste théologie !…
je vous ai donc étudiées à fond avec ardeur et patience : et maintenant
me voici là, pauvre fou, tout aussi sage que devant. Je m’intitule, il est
vrai, maître, docteur, et, depuis dix ans, je promène çà et là mes élèves par
le nez. – Et je vois bien que nous ne pouvons rien connaître !… Voilà ce
qui me brûle le sang ! » Faust a épuisé la raison. Il a
repoussé les limites de cette faculté que l’homme « emploie à se gouverner plus
bêtement que les bêtes » (dixit Méphistophélès). La
raison est un outil qui révèle l’impuissance fondamentale de l’homme. Elle
renvoie Faust au vieil adage socratique : « je ne sais qu’une chose, c’est
que je ne sais rien ». Mais Faust ne consent pas à cet état
de fait. Il éprouve le besoin d’embrasser l’ensemble des savoirs, de
comprendre la totalité du monde, de faire sien le « macrocosme ».
Sa soif de connaissance l’oblige à renoncer à la rationalité, incapable de
saisir la « nature
infinie » qui caractérise l’esprit créateur. L’infirmité du
docteur fait de lui le spectateur de l’œuvre divine auprès de laquelle il « languit
vainement ». Ce sentiment de frustration va détourner Faust
de la transcendance. Pourtant, jusqu’alors il n’avait « rien de
terrestre, pas même le boire et le manger. Toujours son esprit chevauchait
dans les espaces », explique Méphistophélès. C’est
l’orgueil de Faust qui est à l’origine de son mal. En n’acceptant pas les
limites que lui impose sa condition, en voulant les dépasser dans une « nature
surhumaine », en cherchant à se faire l’égal de Dieu, le
misérable docteur ménage en son sein une place pour le mal. « Suis-je moi-même
un dieu ? », s’interroge-t-il. Ce questionnement est
problématique et renvoie à une thématique qui traverse l’ensemble de la
littérature romantique : le Surhomme. En effet, Faust cède à la
tentation de l’homme-Dieu. Créature arrogante, il veut être l’égal de ce dont
il provient. Il a pour ambition de contenir en lui-même l’univers entier, de
le porter et de le féconder. Déçu par le silence que lui impose l’esprit du
macrocosme, il va s’incliner vers l’esprit de la terre. En se détournant de
la positivité de la transcendance, Faust va se complaire dans la négativité
de l’immanence. Mais
avant même le malin contrat signé de son sang avec Méphistophélès, Faust a
conscience du péril qui le guette : « Moi, l’image de Dieu, qui me croyais déjà parvenu
au miroir de l’éternelle vérité […] et créateur aussi, jouir de la vie d’un
Dieu, ai-je pu mesurer mes pressentiments à une telle élévation ! Et
combien de fois expier tant d’audace ! […] N’ai-je pas prétendu
t’égaler ?… » Il oscille dangereusement, entre la vaniteuse
conscience de sa supériorité et un pessimisme qui humilie l’homme et la
rationalité.
« Je n’égale pas Dieu ! Je le sens trop profondément : je ne
ressemble qu’au ver, habitant de la poussière […] »,
s’exclame-t-il dans un moment de désenchantement. D’un
côté, les astres, l’éther et le mystère du grand Tout, de l’autre la
matérialité la plus servile et la dépendance sensuelle. Faust arpente une
étroite parcelle de terre barrée par deux abysses. Il y marche en funambule.
Méphistophélès se chargera simplement de pousser ce qui tombe. « Voici le
temps de prouver par des actions que la dignité de l’homme ne le cède point à
la grandeur d’un Dieu ! Il ne faut pas trembler devant ce gouffre obscur
où l’imagination semble se condamner à ses propres tourments, devant cette
étroite avenue où tout l’enfer étincelle ! Ose d’un pas hardi aborder ce
passage, au risque même d’y rencontrer le néant ! »,
proclame Faust. Voici
le point de rupture. Le moment où Faust se détourne de Dieu et plonge malgré
lui dans les bras traîtres de Méphistophélès, « l’esprit qui toujours nie ».
Goethe, comme Dostoïevski plus tard dans les ‘’démons’ identifie clairement
la prétention à la surhumanité à la chute dans le nihilisme. L’abandon de la
transcendance fait déchoir l’homme dans l’immanence la plus vile, celle que
Méphistophélès loue pour ses vertus trompeuses, celle qui détruit l’innocence
de Marguerite (encore un point commun avec Les Démons : Stavroguine commet le pire
des crimes en violant une enfant) et qui condamne Faust à vivre dès lors sans
la lumière de Dieu. Petit à petit, l’influence de Méphistophélès va se faire
plus grande sur le docteur – bien que celui-ci montre des signes de
résistance, rabrouant à plusieurs reprises l’esprit de la terre. C’est
d’abord sa propre destruction que Faust semble appeler de ses vœux : « Le dieu qui
réside en mon sein peut émouvoir profondément tout mon être ; mais lui,
qui gouverne toutes mes forces, ne peut rien déranger autour de moi. Et voilà
pourquoi la vie m’est un fardeau, pourquoi je désire la mort et j’abhorre
l’existence », explique-t-il. Vouloir sa propre mort, c’est nier
Dieu en soi. Voilà pourquoi le suicide est un péché mortel pour le
christianisme. Mais Faust ne s’arrête pas à sa seule personne. Il invite
Méphistophélès : « Le dessous ne m’inquiète guère ; mets d’abord
en pièces ce monde-ci, et l’autre peut arriver ensuite. »
L’esprit du néant contamine le docteur. L’entreprise de Méphistophélès est
claire. Il cherche à tuer Dieu en Faust, à le faire douter de sa « ressemblance
divine », à le « dépouiller entièrement » de tout
ce qu’il a « d’humain ». L’emprise
du malin est à son apogée lorsque Faust dit à Marguerite : « Ma
bien-aimée, qui oserait dire : Je crois en Dieu ? Demande-le aux
prêtres ou aux sages, et leur réponse semblera une raillerie de la
demande » Négation de la vie, négation de la raison,
négation du monde, négation de Dieu, telle est l’ampleur des ravages de
Méphistophélès sur l’esprit de Faust. La prétention à la surhumanité implique
nécessairement le renoncement à Dieu. Vouloir être un homme-Dieu, ne pas
consentir à l’infirmité de la condition humaine, c’est prendre le risque de
se perdre dans le néant. Les arrogants auront toujours un Méphistophélès pour
les écouter. « Le
Diable, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout »,
écrit Bernanos dans M. Ouine. Synthèse parfaite de ce qu’on est en
droit d’appeler « méphistophélisme ». |
faust – Cahiers
de l’HermÉtisme |
J.W.von
Goethe |
Edition
Albin Michel |
1977 |
Un
des grands mythes du monde occidental, sa naissance, son apogée, sa
transformation et sa disparition. Voilà
les thèmes qui sont développés dans cet ouvrage. Goethe, Marlowe, Thomas Mann, Lessing, Paul Valery et d’autres ont écrits sur cet homme de la Renaissance qui est toujours d’actualité. La
magie, l’ésotérisme, l’alchimie et le religieux y sont présents. |
fÉlix ou le
livre des merveilles |
Raymond lulle |
Edition Du Rocher |
2000 |
Ce
roman philosophique traduit et préfacé par Patrick GIFREU, nous conte
l’histoire de FELIX qui est envoyé en voyage à travers le monde par son père,
afin d’évaluer la distance qui sépare la doctrine reçue lors de son éducation
avec la réalité du monde. Il
sera confronté à toute une cosmogonie céleste mais également à l’injustice. C’est
un voyage initiatique. |
FEMMES EN QUÊTE D’ABSOLU - ANTHOLOGIE DE
LA MYSTIQUE AU FḖMININ |
Audrey
Fella |
Edition Albin Michel |
2016 |
||
Audrey Fella pose également la
question d’une écriture mystique au féminin. Il existe une transmission
féminine, orale ou/et écrite. « On peut parler aujourd’hui, nous dit-elle,
d’une tradition de l’écriture féminine spirituelle. » Elle remarque que si
certaine tradition ont privilégié l’oralité, ou si les femmes ont été parfois
interdites d’enseigner et condamnées au silence, « la mystique affective au
Moyen Âge est allée de pair avec un développement de l’écrit, souvent
commandé et supervisé par un directeur de conscience ou un confesseur. » En effet, l’influence ou le
contrôle masculin est souvent présent. Parfois souhaité par les femmes
elles-mêmes, parfois pesant et contraignant. Cependant, souvent, le processus
d’écriture, supervisé ou non, apparaît nécessaire pour la personne qui vit
ces expériences bouleversantes : «La relation autobiographique,
unifiante, permet à l’évidence une relecture apaisante d’une destinée
personnelle déstabilisée par l’irruption du Tout Autre. L’écriture prend ici
la place d’un exercice d’auto discernement et de connaissance de soi, quelle
que soit la nature du contrôle exercé par la suite.» Récits autobiographiques, journaux
intimes, correspondances, poésies, traités, commentaires, participent d’un
vaste corpus mystique féminin. Les textes sans être forcément « littéraires »
sont très souvent beaux et profonds. Audrey Fella dresse un portrait très
synthétique de chacune de ces femmes exceptionnelles pour nous introduire à
une sélection particulièrement choisie et significative de leurs textes. Ce voyage en féminin sacré est aussi
un magnifique périple vers la liberté. Au sommaire de cet ouvrage, l’auteur nous
parle des femmes suivantes : Diotime de Mantinée - Macrine la jeune - Rabi’a al-Adawiyya - Yeshé Tsogyal - Cao Daochong - Machik Labdrön - Hidegarde de Bingen - Sun Bu’er - Elisabeth de Schonau - Akha Mahâbiyya - Hadewijch d’Anvers - Mechtilde de Magdebourg - Aisha al-Mannubiyya - Angèle de Foligno - Marguerite Porete - Lallâ - Julienne de Norwich - Catherine de Sienne - Camilla da Varano - Mirâ Bâi - Thérèse d’Avila - Rose de Lima - Marie des Vallées - Marie Guyart de l’Incarnation - Jeanne Deléloë - Claudine Moine - Jacqueline Pascal - Marguerite-Marie Alacoque - Madame Guyon - Véronique Giuliani - Marie de la Nativité - l’abandon à la Providence Divine - Caroline Von Günderode - Thérèse Couderc - Marie-Véronique du cœur de Jésus - Emily Dickinson - Bernadette Soubirous - Elisabeth Leseur - Louise-Marguerite Claret de la Touche - Thérèse de Lisieux - Isabelle Eberhardt - Lilian Staveley - Elizabeth de la Trinité - Catherine Pozzi - Raïssa Maritain - Marie Noel - Mireille Dupouey - Edith Stein - Mâ Ananda Moyi - Marie Skobtsov - Jeanne Schmitz - Rouly - Catherine d’Hueck Doherty - Dina Bélanger - Maria Valtorta - Camille C. - Adrienne Von Speyr - Maryse Choisy - Marie de la Trinité - Madeleine Delbrel - Marie Faustine - Malek Jân Ne’mati - Gitta Mallasz - Irina Tweedie - Lilian Silburn - Simone Weil - Mère Teresa de Calcutta - Etty Hillesum - Bernadette Roberts - Christiane Singer - Carolyn Carlson - Tatiana Goritchéva - Lydie Dattas - |
FIN MARS. LES HIRONDELLES |
LUC-OLIVIER
D’ALGANGE |
Edition
ARMA ARTIS |
2009 |
Luc-Olivier d’Algange est écrivain, poète et essayiste français,
il est né en Mai 1955 à Göttingen en Allemagne. Son œuvre est marquée par la
Tradition au sens guénonien, la gnose, le christianisme et le paganisme. « Toute
œuvre digne que l’on s’y attarde, ressemble à la part immergée de
l’iceberg : ce qu’elle dit n’est que le signe de ce qu’elle ne dit
point. L’implicite est, plus généralement, le propre de la haute littérature,
ce qui la distingue de l’information, des sciences humaines et du bavardage
où ce qui n’est pas dit, vaut encore moins que ce qui est dit. Lorsque
l’écrit s’élève au rang de la Parole, lorsque les pages sont comme la
réverbération du Logos-Roi, le moindre scintillement témoigne du gouffre
lumineux du Ciel. Ce qui est dit est comme soulevé par la puissance de ce qui
n’est pas dit, comme le roulement de la vague accordée au magnétisme des
marées ». Luc. Olivier d’Algange Cet
ouvrage comporte des commentaires de l’auteur sur les 12 thèmes
suivants : 1 / Joseph Joubert : Fin Mars. Les hirondelles 2/ Ce Printemps d’Aquitaine. Notes sur l’œuvre d’Henry
Montaigu 3/ René Guénon, écrivain et métaphysicien français. L’œuvre de
R.G parait décisive dès lors que l’on comprend enfin l’interdépendance du
symbole et de la métaphysique. 4/ Hommage à Gustave Thibon. 5/ Le songe impérial de Dominique de Roux. 6/ Nicolas Gomez Davila ou les « droits de l’âme ».
« Les deux ailes de l’intelligence sont l’érudition et l’amour »
N.G.D 7/ André Suarez, une vision paraclétique. Lucere et ardere,
perfectum est. 8/ Cicindèles. Notes sur l’œuvre d’Ernst Jünger. 9/ « Clavis
hermeneutica ». Notes sur Henry Corbin. 10/ « Le voyage en Dieu ». Notes sur le livre de
l’Homme Parfait d’Azîzoddîn Nasafî. 11/ L’envers de la vague. Notes sur l’œuvre de Julien Gracq. 12/ Le voyage intérieur. Voyage herméneutique et ses
différentes étapes. |
FRANCIS BACON – LA
NOUVELLE ATLANTIDE |
FRANCIS
BACON |
EDITION
FLAMMARION |
1995 |
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FRANCIS BACON, L’HUMANISTE, LE MAGICIEN ET
L’INGÉNIEUR |
MICKAEL
POPELARD |
EDITION
PUF |
2010 |
On
a parfois décrit Francis Bacon (1560-1626) comme un
« attardé », comme un penseur d’arrière garde qui n’aurait pas pris
la pleine mesure de la révolution scientifique qui se jouait sous ses yeux.
En réalité, en puisant dans l’héritage intellectuel de la Renaissance
anglaise, et en réalisant la synthèse du courant humaniste, de la tradition
magique et du débat autour des « arts mécaniques », Bacon
propose une idée nouvelle de la science et de son rôle pour l’homme. Si
l’ensemble de son œuvre philosophique vise à ouvrir la voie à une science
nouvelle qui ne se perde plus en vaines conjectures mais permette de
découvrir les lois véritables de la nature et de produire des œuvres qui
profitent à l’humanité tout entière, c’est peut-être dans la Nouvelle
Atlantide que l’idée baconienne de la science trouve son expression la
plus efficace et la plus originale. Car F. Bacon ne se contente
pas d’y reprendre les thèmes qui traversent toute son œuvre : véritable
appel à l’action, la Nouvelle Atlantide donne à voir ce que pourrait
être cette science féconde, utile et salvatrice qu’il entend fonder. Au sommaire de ce livre, est développé : Pourquoi F. Bacon est il un humaniste, un magicien, un
alchimiste et un ingénieur, avec une explication sur la Science et
l’Humanisme en Angleterre vers les années 1550. Deux exemples de
savants humanistes : Thomas Linacre et Thomas Harriot. Francis Bacon
mécanicien avec la science, la pratique et la théorie en Angleterre avant
1550 et après 1550. Le monde des métiers, les savants et les magiciens à
l’époque de la révolution scientifique. La place de la magie dans la culture
élisabéthaine et jacobéenne. Le rôle et le statut de Francis Bacon en tant
que savant, alchimiste et ésotériste. Le voyage de sa Nouvelle Atlantide,
avec ses expériences, son utopie et sa place dans la science. Michael Popelard est maître de conférences en études
anglophones à l’Université de Caen. |
FRANCOIS MALAVAL ET LA CONTEMPLATION DE LA « DIVINE TÉNÈBRE » |
J.M.
VIVENZA |
Edition
ARMA ARTIS |
2003 |
Ecrivain,
poète et ésotériste, François Malaval
naquit à Marseille en 1627. Jeune Aveugle, il apprit à développer ses sens et
ses dons intellectuels ; il médita les écrits anciens et toucha à la
contemplation mystique. Entraîné dans la querelle Quiétiste, il en tira de
l’amertume et se réfugia dans son obscurité intérieure au plus profond de la
lumineuse nuit de la « divine Ténèbre ». Il nous parle de sa Mission
transcendante, de l’indicible mystère, du crée et de l’incréé et surtout des
techniques de contemplation. La
ténèbre divine est cette lumière inaccessible où il est dit que Dieu habite.
Bien qu’elle soit invisible, en raison de ses splendeurs éblouissantes, et
inabordable, à cause de l’abondance de sa surnaturelle clarté, néanmoins
quiconque a mérité de voir et de connaître Dieu repose en elle, et par cela
même qu’il ne voit ni ne connaît, il est véritablement en Celui qui surpasse
toute vue et toute connaissance ; il sait seulement que ce Dieu s’élève
par-delà le monde matériel et intelligible, et il répète avec le
prophète : « Votre science est trop merveilleuse pour moi, et elle
dépasse tant mes forces que je n’y saurais atteindre » ( Ps 138,6 ).
C’est en ce sens qu’on dit du divin Paul qu’il a connu Dieu, parce qu’il a su
que Dieu échappe à toute pensée et à toute science. C’est pourquoi il proclame
que ses voies sont impénétrables et ses jugements incompréhensibles que ses
dons sont ineffables et que sa paix surpasse tout entendement (cf. Phil 4,
7) ; car il avait trouvé celui qui est supérieur à tout et il savait
d’une science transcendante que Dieu, auteur de toutes choses, est aussi
pardessus toutes choses. |
françois schlatter
– l’homme aux 100 000 guÉrisons |
Gil alonso |
Edition
ARQA |
2006 |
Après
plus de trois années de recherches en France et aux USA, Gil Alonso-Mier nous
propose la première biographie en langue française consacrée à François
Schlatter, le plus grand thaumaturge de son temps. Monsieur
Philippe de Lyon
connaissait certainement l’existence de François Schlatter aux USA et Papus,
entre autres, consacra au guérisseur un article de référence sur François
Schlatter dans le journal « L’Initiation ». Gil
Alonso-Mier en chercheur consciencieux et érudit nous livre là une somme
considérable, un livre absolument remarquable de justesse avec des dizaines
de documents inédits publiés pour la première fois, textes et correspondances
de témoins directs retrouvés par l’auteur, de très nombreuses images
d’archives inédites provenant du fonds personnel de l’auteur, plusieurs
centaines de notes biobibliographiques en annexes du livre et plus de 60
photographies dans le texte pour illustrer cet ouvrage exceptionnel, qui
restera comme un livre en deux tomes indispensable pour tous ceux qui
s’intéressent à la Mystique Chrétienne et à ses Bergers. |
FREITAS - 515 - LE LIEU DU MIROIR - Art et numérologie |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
1993 |
En
partant du mystérieux « 515 »,
nombre de l’envoyé de Dieu, que Dante fait dire à Béatrice dans
la Divine Comédie, l’auteur engage une enquête fascinante à travers les
traditions pythagoriciennes et kabbalistiques dans l’art et dans la pensée
traditionnelle. Il nous fait découvrir les traces secrètes de ce nombre
pentagonal, tant dans l’iconographie égyptienne que dans les vitraux et
gravures du Moyen Âge chrétien, certains chefs d’œuvre célèbres tels que
« la mélancolia » d’Albrecht Dürer ou les précieux panneaux du
triptyque du Maître portugais du XVe siècle, Nuno Gonçalves. Dans
sa préface, Gilbert Durand écrit de ce « maître livre »
qu’il n’est pourtant pas seulement une étude savante sur un mystère
artistique et littéraire, circonscrit quoique passionnant, mais
une « minutieuse analyse » se plaçant à la tête d’une triple
« avant-garde » : celle d’une science de pointe, celle d’une
réflexion métaphysique et théophanique et celle, enfin, d’une sérieuse
reprise en mains, de savoirs traditionnels tels que la numérologie,
l’alchimie, l’astrologie etc. La
triple rigueur de ce livre contribuera sans doute à cette démystification au
deuxième degré, »cœur de notre modernité la plus urgente »… tant il
est vrai, pour reprendre le mot de Mircea Eliade, que la mystification a,
elle aussi, radicalement changé de sens, et qu’il faut maintenant se méfier
des démystifications si mystifiantes des modernismes du siècle passé. Le
titre du présent ouvrage est inspiré d’une citation d’Henry Corbin,
placé en point d’orgue, et précédé curieusement d’un chiffre 515 et
d’un titre littéral : le lieu du miroir, ce titre ne révèle sa
cohérence rigoureuse que si l’on suit, ligne par ligne, la passionnante
progression de cette recherche, partie du chiffre
515, attribué au Messo di Dio par Dante, au dernier chant du
Purgatoire et parvenant à l’ultime citation d’Henry Corbin : « La divinité est dans l’humanité comme l’image dans un
miroir. Le lieu de cette présence est la conscience de l’individu croyant, ou
plus exactement l’imagination théophanique investie en lui » Les
14 chapitres de cette quête fascinante, déploient avec une rare érudition et
une sureté d’information, la progression herméneutique qui, partie d’une
date : 1515, va se rapprocher du fameux chiffre du Messo di Dio :
515. Tout cela passera par des considérations méthodologiques où sont étudiés
et hiérarchisés le langage littéral et celui du chiffre numérologique, se
référent alors à la kabbale juive, à son correctif par Raymond Abellio,
Ananda K. Coomaraswamy et d’autres. Après
avoir dégagé la symbologie du 5 et des pentagrammes, s’appuyant sur des
travaux de M. L. Von Franz, l’auteur décrypte le 515 et son rapport avec les
mensurations angulaires du triangle lumineux (108° et 2 x 36°), du triangle
de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Dans
le chapitre 8, l’auteur revient sur le sens donné par les traditions –
rosicrucienne, juive, hellénique, indienne, shiite, portugaise etc. – de cet
archétype du reflet dans les eaux inférieures. Dans le chapitre suivant, on
nous montre comment le mystérieux Veltro (le lévrier) de l’Enfer de Dante
est lié sémantiquement à la constellation du chien, à l’étoile Sirius,
ainsi qu’au sixième ciel, celui de Jupiter, du Paradis où Dante élucide le
mystère du Messo di Dio. Le
chapitre 11 est consacré aux apparitions du Christ à la Vierge avec des
analogies sémantiques entre le chiffre 515 et les diverses phases de ces
apparitions. Il y est question du prophète Elie, du Paraclet et de ses
symboles que l’on retrouve dans l’histoire du Portugal et diverses œuvres
attribuées à Nuno Gonçalves. Le
dernier chapitre « le cristal impossible », relie les symétries
pentagonales, qui fondent la numérologie du 515, aux découvertes les plus
récentes de la science de la matière et de la cristallographie. Les fractals
sont invitées avec les diverses théories de Penrose sur la structure
pentagonale de l’univers. Lima de Freitas fut un découvreur et un précurseur
dans beaucoup de domaines ésotériques, ses talents de peintre lui ont fait
mettre dans ses toiles ses idées métaphysiques et mythiques confirmant sa
triple démarche : Une science de pointe, en aval de la mécanique
quantique, une réflexion métaphysique et théophanique rejoignant les théories
d’Henry Corbin, enfin une réaffirmation forte des savoirs traditionnels
souvent oubliés ou mis à l’écart, comme l’astronomie, l’astrologie,
l’alchimie, l’herméneutique, les tarots, la numérologie et bien d’autres. Au sommaire de cet important ouvrage : La date de 1515 sur un tableau de Madre-de-Deus. Le Messo di Dio Langage, chiffre et hermétisme. Le reflet dans les eaux Le DVX selon Benini et la filiation templière de Dante Approches de la symbolique du 5. Géométrie et numérologie du 515. Le triangle de Pythagore et la vision d’Ezéchiel. Le Veltro Le polyèdre de la Mélancolia. Un vol de mille colombes. Le thème de l’apparition du Christ à la Vierge. La face du Paraclet et le cristal impossible, l’ordre et le chaos |
FREITAS - ÉGLISES, ARTS, ÉSOTÉRISME |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2011 |
Lima
de Freitas s’appuie sur des réflexions de Jung sur Dieu, sur l’extase chez
Saint Bonaventure, en glosant Ezéchiel et les commentaires cabalistiques sur
le « chariot » ou Merkaba. Il s’interroge sur le sens du mot
religion, en rappelant des définitions du philosophe contemporain Michel
Cazenave, et les travaux sur le sacré de Schleiermacher et Rudolf Otto, avant
de s’appuyer sur Mircea Eliade et son livre fondateur « le sacré et
le profane ». Lima de Freitas recourt aussi aux croyances des tribus
amérindiennes et au chamanisme, phénomène quasi planétaire. Il
insiste sur la nécessité « de ne pas oublier le coté ésotérique des
choses » des religions et des diverses voies initiatiques ou de
réflexions. Pour cela il ne fait que reprendre les paroles de Clément d’Alexandrie,
saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem. Le peintre qu’il est, n’oublie pas les Arts et se fonde sur Ouspensky et Andrei Tarkovsky, non sans rappeler l’importance des travaux de notre regretté frère Gilbert Durant touchant à l’imaginaire. |
FREITAS - LE BUISSON ARDENT |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2011 |
||
Dès
lors, il possède le feu, tel Prométhée. L’analogie avec le Buisson ardent de
la Bible est ainsi établie, très poétiquement par l’auteur. Dans la préface
qu’a faite Rémi Boyer, il a repris un article qui est paru dans Historia
Occultae N° 2, où il raconte sa rencontre avec Lima de Freitas juste avant sa
mort. Il y insiste sur sa conviction qu’il existe au Portugal un « dépôt
traditionnel de première importance » dont témoignerait le
« triangle prophétique » constitué par trois écrivains que
sont : Lima de Freitas, Fernando Pessoa et Agostino de Silva. On
trouve dans cette préface des commentaires sur les mots
« initiatio et telete », également sur le « renoncement à
l’imitatio et l’inventio ». 2 tableaux du peintre qu’était Lima,
agrémentent cet ouvrage. Lima de Freitas est une grande figure de la peinture et de l’hermétisme de la seconde partie du XXe siècle, mais son œuvre, universelle, imaginale, libertaire et prophétique, est révélatrice d’un futur toujours présent, ancré dans la tradition lusitanienne, qui trouvera toute sa place dans le monde qui approche. Son message, à l’intemporalité certaine, sait s’habiller des vêtements du temps pour conduire à l’essentiel. |
FREITAS - LE FEU DU CIEL |
Lima de Freitas |
Edition Rafael de Surtis |
2012 |
Le feu du ciel est un texte fondamental qui vient renforcer
et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage
essentiel « 515, le lieu du miroir ».
Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges
épistolaires avec Gilbert Durand. De
cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des
révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus
encore, le Feu du ciel, porte des
clés hermétistes nombreuses, universelles, qui font lien entre les
enseignements traditionnels que nous avons connus ces 20 dernières années,
particulièrement dans le domaine des alchimies internes, que celles-ci
empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient. Au sommaire de ce puissant petit livre : Chapitre 1 : Le nombre et le sens. « Le dieu Agni a gravi les cimes du ciel et en s’affranchissant du péché il nous a affranchis de la malédiction » (Atharva Veda 12,2) Chapitre 2 : Eros, le héros et le cinq « Le feu de l’enfer est la lumière divine telle que la ressentent ceux qui la refusent » (Ste Catherine de Sienne) Chapitre 3 : Le mystère du 515. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit, ne t’étonne pas que je te dise : Vous devez naître d’en haut (Evangile selon Jean III, 6-7) Chapitre 4 : Le nombre du feu céleste. « Brahma est identique au feu (Bhagavad-Gita, 4,25) Chapitre 5 : L’Unus Mundus. « La coopération du raisonnement conscient avec les données de l’inconscient s’appelle la « fonction transcendantale ». Cette fonction réunit progressivement les opposés. La psychothérapie s’en sert pour guérir les dissociations névrotiques, mais cette fonction servait déjà comme base à la méthode de la philosophie hermétique depuis 17 siècles. (C.G. Jung) Chapitre 6 : Le triangle de feu. « ces modèles techniques du rythme circulaire, structurés par l’engramme du geste sexuel, vont peu à peu se libérer du schème de l’éternel recommencement pour rejoindre une signification messianique : celle de la production du Fils, dont le feu est un prototype. (Gilbert Durand) Chapitre 7 : La lettre perdue. « Ô flamme d’amour, vive flamme, qui me blesses si tendrement au plus profond centre de l’âme ! Tu n’es plus amère à présent, achève donc, si tu veux : rompt enfin le tissu de cet assaut si doux ! Ô cautère vraiment suave ! Ô plaie toute délicieuse ! Ô douce main… (St Jean de la Croix) Chapitre 8 : Le feu dans le Buisson. «Il entre en tous les êtres, l’oiseau migrateur, et se fait présent en eux, tel le feu dans le bois que l’on frotte…Il est l’oiseau suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils et par qui toutes choses ont été pénétrées… Savoir cela, c’est vaincre la mort. (Hamsha Upanishad) Chapitre 9 : Le double cinq et le doigt de Dieu. « L’homme est feu. Sa loi, comme celle de tous les feux est de dissoudre son enveloppe et de s’unir à la source dont il est séparé (Louis Claude de Saint Martin) |
FRITHJOF SCHUON - CASTES & RACES |
Frithjof Schuon |
Edition ARCHÉ |
1979 |
Ce
métaphysicien contemporain de R. Guénon, nous donne ici sa version sur le sens
des castes et des races, surtout en Inde, mais explique également cette
noblesse en Occident. Voici la définition du sacré d’après F. Schuon : « Le sacré est l’interférence de l’incréé dans le créé, de l’éternel dans le temps, de l’infini dans l’espace ; c’est l’introduction mystérieuse, dans un domaine d’existence, d’une présence qui en réalité contient et dépasse ce domaine et pourrait le faire éclater par une sorte d’explosion divine. Le sacré est l’incommensurable, le transcendant, caché dans une forme fragile de ce monde ; il a ses règles précises, ses aspects terribles, et ses vertus de miséricorde ; aussi la violation du sacré, et ne serait-ce que dans l’art, a-t-elle des répercutions incalculables. Le sacré est intrinsèquement inviolable. » Comme toutes les institutions sacrées, le système des castes repose sur la nature des choses ou sur un aspect de celle-ci, donc sur une réalité qui ne peut pas ne point se manifester dans certaines conditions ; la même remarque vaut pour l’aspect opposé, celui de l’égalité des hommes devant Dieu. En somme, pour justifier le système des castes, il suffit de poser la question suivante : la diversité des qualifications et l’hérédité existent-elles ? Si oui le système des castes est possible et légitime. Il en est de même pour l’absence des castes, là où elle s’impose traditionnellement : les hommes sont-ils égaux, non seulement du point de vue de l’animalité, qui n’est pas en cause, mais au point de vue de leurs fins dernières ? C’est certain, car tout homme a une âme immortelle ; cette considération peut donc l’emporter sur celle de la diversité des qualifications. L’immortalité de l’âme est le postulat de « l’égalitarisme » religieux, comme le caractère quasi divin de l’intellect et partant de l’élite intellectuelle est le postulat du système des castes. |
FRITHJOF SCHUON - FORME ET SUBSTANCE DANS LES RELIGIONS |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1975 |
Cet ouvrage offre au lecteur une doctrine essentielle, intégrale, homogène et suffisante, une philosophie ou une théosophie. L’auteur y expose sa vue et sa vérité et sur la Philosophia Perrenis. A priori ou exotériquement, l’élément Vérité dans le Christianisme, est l’axiome que le Christ est Dieu, et que seul le Christ est Dieu, mais a postériori ou ésotériquement, la Vérité christique signifie d’une part que toute manifestation de l’Absolu est identique à l’Absolu, et d’autre part que cette manifestation est à la fois transcendante et immanente. Transcendante par le fait que le Christ est au dessus de nous, Immanente par le fait que nous acceptons l’idée que le Christ est en nous, ainsi elle est le cœur qui est à la fois intellect et Amour, entrer dans le cœur c’est entrer dans le Christ et inversement. Au sommaire de cet ouvrage : Vérité et Présence - Forme et substance dans les religions - Atmâ-Mâyâ - Les cinq présences divines - La croix « temps espace » dans l’onomatologie coranique - Quelques aperçus sur le phénomène mahammédien - la message coranique de Seyyidnâ Aïssâ - la doctrine virginale - Synthèse des Pâramitâs - Note sur l’élément féminin dans le Mahâyâna - le mystère des deux natures - la question des théodicées - quelques difficultés des textes sacrés - Paradoxes de l’expression spirituelle - la marge humaine - Remarques sur le problème eschatologique - les deux Paradis - |
FRITHJOF SCHUON. LES
DOSSIERS H |
Divers
intervenants |
Edition
L’âge d’homme - Lausanne |
2002 |
L’œuvre
de Frithjof Schuon demeure relativement mal connu en Europe. Né en
1907, à l’aube d’un siècle marqué par la fin de ce qui pouvait encore
demeurer du vieil ordre européen, Frithjof Schuon élabora son œuvre en
marge des courants de pensée dominants de la modernité. Il s’est éteint en
1998, au terme d’un siècle, qui vit l’alternance d’une solidification
matérialiste sans égale et d’une exagération et exaspération de la
dissolution psychique d’un monde désorienté. L’œuvre de F. Schuon est
l’expression du développement et de l’affinement conceptuel d’une conscience
métaphysique qui ne doit rien aux conditionnements historiques de la
modernité et qui constitue le « génie » propre d’un grand Maître de
sagesse. L’œuvre
de Schuon est presque immanquablement situé dans le sillage de celle de René
Guénon, elle s’abreuve aux mêmes principes fondamentaux que sont : la primauté épistémologique de l’intellect
transrationnel, l’universalité de l’ésotérisme et du symbolisme, l’intégrité traditionnelle
et la critique du monde moderne. Pourtant s’écartant de
certains aspects de l’œuvre de René Guénon, Schuon évite de toujours durcir
les oppositions de principe et se garde de fournir des applications par trop
unilatérales de la sapience et de la tradition. L’objectif
de cet ouvrage important est de contribuer à faire mieux connaitre la pensée
de ce Maître de métaphysique et de ce grand écrivain ; la diversité des
contributions ici rassemblées suffit à suggérer l’ampleur de son œuvre, son
œuvre beaucoup plus connu en Amérique et en Asie, est également ici racontée. Au sommaire de cet ouvrage : Etudes : J. B.
Aymard : Un portrait spirituel Martin Lings : Frithjof Schuon et René
Guénon Jean Biès : F. Schuon et la primordialité
hindoue Jean Hanni : Hommage à F. Schuon James Cutsinger : La Vierge Patrick Laude : L’esthétique
métaphysique et spirituelle de Frithjof Schuon Michel Clermont : Frithjof Schuon et la
métaphysique du langage Jean Marc Vivenza : Logique et métaphysique
dans la pensée de Frithjof Schuon Seyyed Hossein Nasr : Quelques aspects de
l’œuvre de F. Schuon Jean Moncelon : Louis Massignon et
Frithjof Schuon, une rencontre posthume Reza Shah-Kazemi : Frithjof Schuon et la
prière Jeanne-Marie Gervy : A propos de Trésors du
Bouddhisme Mark Perry : La compassion intellective Agustin Lopez Tobajas : Quelques traits
distinctifs de l’œuvre de F. Schuon dans le contexte de « l’école
traditionnelle » Mateus d’Azevedo : Frithjof Schuon et les
grandes figures spirituelles du XXe siècle Jean-Paul Lippi : Le seing de Dieu au
corps de l’autre Olivier Dard : Paradoxes et masques de
la misosophie François Chenique : Actualité et
métaphysique de l’unité transcendante des religions Prolongements : Harry
Oldmeadow : Mélodies de l’au-delà Huston Smith : Deux traditions et la
philosophie William Stoddart : Le palamitisme de
Vladimir Lossky à la lumière de Frithjof Schuon Algis Uzdavinys : Approches de la
philosophie, de la théologie et de la métaphysique : F. Schuon et la
tradition néo-platonicienne Christian J. Guyonvarc’h : Castes, classes
et fonction Lynna Dhanani : La voie de connaissance
jaïn Témoignages : Catherine Schuon :
souvenirs et anecdotes de F. Schuon Hans Kury : Les jeunes gens dans la
caverne : première rencontre John Murray : Le Maître de
primordialité Mahmoud Bina : Le sceau des sages Thomas Yellowtail : Hommage d’un ami indien Jean-Louis Michon : Témoignage d’un
disciple Inédits et correspondances diverses et variées :
Des lettres de René Guénon, de Titus Burckhardt, de Martin Lings et de
J. Pierre Laurent Sa
vie, son œuvre, sa démarche, sa philosophie, et ses amitiés sont ici
racontées et |
FRITHJOF SCHUON - L’ŒIL DU CŒUR |
Frithjof Schuon |
Edition Dervy |
1974 |
||
L’homme puisqu’il pense, doit consacrer cette faculté à la seule chose nécessaire, comme du reste tout autre facultés, car tout doit s’intégrer dans le spirituel ; qui pense pour le monde doit aussi penser pour Dieu, et cela est vrai pour toute activité fondamentale de l’être humain, puisque nous devons aller vers Dieu avec tout ce que nous sommes. Au sommaire de cet ouvrage : 1e partie : Métaphysique et cosmologie - L’œil du cœur - de la connaissance - En-Nur - Nirvana - des états posthumes - 2e partie : Formes de l’esprit - Christianisme et bouddhisme - le mystère du Bodhisattva - remarques élémentaires sur l’énigme du Koan - Aman, islam et Ihsân - Intellectualité et civilisation - 3e partie : Vie spirituelle - Des modes de la Réalisation spirituelle - microcosme et symbolisme - de l’oraison et de l’intégration des éléments psychiques - Transgression et purification - du sacrifice - le double écueil - de la méditation - |
FRITHJOF SCHUON - PERSPECTIVES SPIRITUELLES ET FAITS HUMAINS |
Frithjof Schuon |
Edition Cahiers du sud |
1953 |
Une chose est la connaissance métaphysique, autre chose est son actualisation dans le mental. Toute la science que le cerveau peut contenir n’est rien au regard de la Vérité, bien que cette science soit une richesse incommensurable au point de vue humain. La connaissance métaphysique, elle, est comme un germe divin dans le cœur ; les pensées n’en sont que des lueurs infimes. L’empreinte de la Lumière divine dans les ténèbres humaines, le passage de l’Infini au fini, le contact entre l’Absolu et le contingent, c’est tout le mystère de l’intellection, de la Révélation, de l’avatâra. « Une doctrine métaphysique, est l’incarnation mentale d’une vérité universelle » L’homme peut avoir la certitude métaphysique sans avoir la « foi », c'est-à-dire sans que cette certitude soit dans l’âme comme une présence toujours agissante. La certitude métaphysique, si elle suffit sur le terrain doctrinal, est loin de suffire sur le plan spirituel, où elle doit être complétée et vivifiée par la foi. La foi n’est pas autre chose que l’adhésion de tout notre être à la Vérité, que nous ayons de celle-ci une intuition directe ou une notion indirecte. C’est un abus de langage que de réduire la « foi » à la « croyance » ; c’est l’inverse qui est juste ; il faut faire de la croyance, ou de la connaissance théorique, une « foi » qui déplace les montagnes. Pour les apôtres il n’y avait pratiquement pas de différence entre l’idée et sa mise en valeur spirituelle ; ils ne séparaient pas la théorie de sa réalisation, d’où le terme « amour » pour partager et désigner toute conformité à la Vérité divine. Trois grandes vertus sont
fondamentales dans le cheminement spirituel : Véracité, Charité et
Humilité. Ces vertus doivent pénétrer jusqu’à notre pensée, puisque
celle-ci est un acte et quand la Vérité se manifeste elle ne peut le faire
sans ces vertus. L’humilité, c’est se regarder soi-même dans l’état limitatif
d’individuation ; c’est jeter son regard sur l’égo, la limite, le néant.
La charité c’est regarder autour de soi : c’est voir Dieu dans le
prochain, et s’y voir soi-même, non comme une limite, mais comme une créature
de Dieu faite à son image, se soumettre et s’attacher à elle et se pénétrer
de sa lumière implacable. Chacune de ces trois vertus doit se retrouver dans
chaque autre vertu ; elles sont les critères les unes des autres. L’auteur
donne sa vision sur la quête spirituelle, ses vertus, l’Amour, la
Connaissance, les obstacles à Schuon
va reprendre la notion guénonienne de « tradition primordiale »,
principalement dans ses livres des années 1940-1950, marqués par les thèmes
et le vocabulaire de Guénon [1], tout en recourant régulièrement à l’adjectif
« primordial » pour évoquer une réalité spirituelle originelle. À partir du
début des années 1960, il va néanmoins délaisser l’expression de « tradition
primordiale », pour préférer celle de « philosophia perennis », qu’il
délaissera également par la suite, puis principalement celles de sophia
perennis et de religio perennis, qu’il emploiera jusque dans ses
derniers livres. Pour Schuon, ces dernières expressions sont synonymes de
gnose et d’ésotérisme C’est
donc en dépassant l’Être, en atteignant le Sur-Être, que l’Intellect peut
percevoir l’unité ultime des religions, et une unité qui transcende la
différenciation des archétypes des religions dans le Verbe. Schuon ne place
pas seulement les divergences religieuses – doctrinales, rituelles,
symboliques, etc. – sur le plan de la manifestation terrestre et historique
des religions, mais affirme que ces divergences sont également préfigurées
dans l’Intelligence divine. Il s’agit de sa thèse de la « marge humaine »,
par laquelle il veut rendre compte des facteurs humains, ethniques et
culturels, qui affectent certains aspects plus ou moins secondaires de la
religion donnée par Dieu, et qui accentuent encore les oppositions entre les
religions. Or cette marge humaine, n’est pas seulement une problématique
strictement humaine, elle trouve son origine profonde dans le Verbe divin.
Pour Guénon, la tradition primordiale est la source aujourd’hui cachée et
inexprimable des traditions historiques : elle se laisse percevoir à travers
la convergence des symboles et des doctrines de toutes les traditions
historiques, mais la tradition primordiale elle-même ne peut faire l’objet
d’aucune reconstitution, laquelle aboutirait forcément, selon Guénon, à un
syncrétisme artificiel. Schuon, en revanche, fait de la religio perennis
une doctrine et une spiritualité précise et « opératoires ». Dès ses premiers
livres, Schuon tendait à vouloir condenser en chacun un ensemble identique de
thèmes métaphysiques et spirituels, mais exprimés chaque fois différemment.
Or, à partir du début des années 1960 et de Comprendre l’Islam (1961),
il a régulièrement repris l’idée d’une doctrine universelle et ésotérique,
exprimable par deux principes : la distinction de l’Absolu et du relatif
d’une part, l’attachement opératif et méthodique à l’Absolu d’autre part. Le
premier principe fonde selon Schuon une métaphysique explicitant le rapport
entre l’Absolu et l’existence, le second détermine une spiritualité
essentielle qui réalise méthodiquement la vérité de l’Absolu.
Au sommaire de cet ouvrage : Pensées et civilisation - Esthétique et symbolisme dans l’art et la nature - Contours de l’esprit - Vedanta - Connaissance et amour - Des vertus spirituelles - |
FRITHJOF SCHUON – REGARDS SUR LES MONDES ANCIENS |
Frithjof Schuon |
Edition Traditionnelles |
1972 |
Sur le plan extérieur, la religio perennis se trouve en rapport avec la nature vierge et du même coup avec la nudité primordiale, celle de la création, de la naissance, de la résurrection, ou celle du grand prêtre dans la saint des saints, de l’ermite au désert, du sanyasi hindou, du peau-rouge en prière silencieuse sur une montagne. La nature inviolée est à la fois un vestige du Paradis terrestre et une préfiguration du Paradis Céleste ; les sanctuaires et les costumes différent, mais la nature vierge et le corps humain restent fideles à l’unité première. L’art sacré qui semble s’écarter de cette unité, ne fait au fond que restituer aux phénomènes naturels leurs messages divins, auxquels les hommes sont devenus insensibles ; dans l’art, la perspective d’amour tend vers le débordement, la profusion, tandis que la perspective de gnose tend vers la nature, la simplicité et le silence ; c’est l’opposition entre la richesse gothique et le dépouillement zen. Mais ceci ne doit pas nous faire perdre de vue que les cadres ou modes extérieurs sont toujours choses contingentes, et que toutes les combinaisons et toutes les compensations sont possibles, d’autant que, dans la spiritualité, toutes les possibilités peuvent se refléter les unes dans les autres, suivant les modalités appropriées. Une civilisation est intégrale et saine dans la mesure où elle se fonde sur le « religion invisible » ou « sous-jacente » la religio perennis ; c'est-à-dire qu’elle l’est dans la mesure où ses expressions ou ses formes laissent transparaitre l’informel et tendent vers l’ origine, véhiculant ainsi le souvenir d’un Paradis perdu, mais aussi, et à plus forte raison, le pressentiment d’une Béatitude intemporelle, car l’origine est à la fois en nous-même et devant nous ; le temps n’est qu’un mouvement spiroïdal autour d’un Centre immuable. Au sommaire de cet ouvrage : Regards sur les mondes anciens - Chute et déchéance - Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens - Chamanisme peau-rouge - Sur les traces de Mâyâ - Propos sur la naïveté - L’homme dans l’univers - Universalité et actualité du monachisme - Clefs de la Bible - Religio Perennis |
fromaget –
dix essais sur la conception anthropologique « corps,
Âme, esprit » |
Michel
fromaget |
Edition
L’HARMATTAN |
2006 |
||
Parmi
ces conceptions anthropologiques non dualiste, pour des raisons tenant à
l’anthropologie et à l’histoire, mais aussi, parce que, face au dualisme, il
constitue sans doute pour l’homme moderne la seule et unique alternative, le
paradigme tripartite « corps, âme, esprit » requiert une extrême attention.
|
fromaget –
LA DRACHME PERDUE – L’ANTHROPOLOGIE « CORPS,
ÂME, ESPRIT » EXPLIQUÉE. |
MICHEL
FROMAGET |
ÉDITIONS
GRÉGORIENNES |
2010 |
Michel
Fromaget
reprend ici et enrichit considérablement une précédente version d’un ouvrage
témoignant d’une compréhension très profonde de l’émerveillement et de
l’amour, du vieillissement et de la mort et dont le contenu appartient en
propre à l’anthropologie ternaire qui était le sujet de son précédent ouvrage
« Corps, Âme et Esprit ». La
drachme perdue présente et explique avec la plus grande clarté qu’il se peut,
à un large public, les principales affirmations de l’anthropologie « Corps, Âme, Esprit », qui aboutissent à
une compréhension de l’être humain essentielle et vivante, quoique tombée en
désuétude en raison des choix actuels de notre civilisation. Le
fait de refuser ou de consentir à cette conception de l’homme, et donc de
nous-mêmes, conditionne en profondeur, sans que nous en ayons nulle
conscience, jusqu’aux plus modestes pensées, paroles et gestes de notre vie
quotidienne. Le lecteur pourra apercevoir l’immensité de l’enjeu
psychologique et existentiel inhérent à cette anthropologie, ainsi que le
poids de l’espérance qui l’habite afin de retrouver la drachme perdue et tout
ce qu’elle véhicule. Trois
grands chapitres structurent cet ouvrage : 1/ Le dualisme « corps et âme » 2/ Qu’est-ce-que la trilogie « corps, âme,
esprit » ? Avec les images, symboles et paraboles expliquant la
naissance de l’esprit, et les analogies, allégories et mythes qui expliquent
l’esprit, la mort et la vie, sur le Je et le Moi. 3/ L’Homme et sa métamorphose. La leçon de la nature. Ce que
disent les grenouilles, les salamandres, les cigales, les libellules et les
papillons. Pour mieux comprendre les manifestations psychiques et physiques
de la « métanoïa ». Enfin les trois amours humaines, ainsi que la
vieillesse inéluctable qui nous guette. |
FROMAGET - LE SYMBOLISME DES QUATRE VIVANTS – Ézéchiel, Saint Jean et la Tradition |
Michel Fromaget |
Edition du Félin |
1992 |
Cet
ouvrage est le fruit d’une étude autour des symboles de l’aigle, du taureau, du lion et de l’homme
dans le judaïsme –anges accompagnant Ezéchiel – et dans le
christianisme –Evangélistes entourant le Christ. Parallèlement
à l’importance que leur donneront les Pères de l’Eglise dans leur exégèse,
ces symboles tiendront une place privilégiée dans la peinture, la sculpture
et la liturgie médiévale. Entourant le Christ en gloire, les quatre Vivants
–encore appelés Evangélistes, Animaux ou Veilleurs – forment une figure dont
les chrétiens du Moyen Âge connaissaient bien l’authentique valeur de guide
spirituel. Mais
à partir du XIIIe siècle, l’Eglise d’Occident n’interrogera plus guère ces
quatre images. La Kabbale et les courants mystiques de la Renaissance tardive,
puis les mouvements occultistes du XIXe siècle et une certaine tradition
ésotérique contemporaine, consacreront leurs recherches à cette étonnante
métamorphose des qualités et activités symboliques du Christ. Ils
n’appartiennent pas à notre monde, bien certainement, ces Vivants, dont
certains sont des mammifères portant des ailes, et qui sont « tout autour et au-dedans pleins d’yeux »
Apocalypse 4, 8. C’est une évidence : le tétramorphe est bien un
symbole. Mais, nul ne peut espérer comprendre le dit des Vivants, s’il ne se
pénètre d’abord de la signification de la notion de symbole, celle qui était
couramment expliquée et comprise dans l’Antiquité, par les grecs et les
hébreux, par les Pères de l’Eglise et par les chrétiens du premier
Moyen Âge. Dans
cette acceptation ancienne, un symbole est une figure qui réunit deux
réalités ou deux plans du réel ou des deux mondes. Les Anciens entendaient
par là le monde de la matière et celui de l’esprit, celui de la Terre et
celui du Ciel, celui des réalités manifestées et celui des archétypes,
lesquels confèrent à ces réalités forme, sens et vie. Un symbole comme figure
perceptible qu’elle soit auditive, visuelle ou autre est donc une réalité
appartenant au monde de la manifestation, et qui parle des réalités
archétypales appartenant au monde invisible. Tel est le cas du Tétramorphe,
mais c’est aussi le cas de toutes les réalités appartenant au monde
terrestre. Ces
quatre Vivants ou animaux symboliques ne sont jamais sculptés seuls, sur les
tympans des églises ou autre édifices religieux, un cinquième est presque
toujours présent, et presque toujours il s’agissait du Christ en gloire ou
pas, entouré de sa mandorle lumineuse, scène qui renvoyait à la scène de la
Transfiguration sur le Mont Thabor, figure qui attire l’attention sur l’une
des plus hautes significations du message délivré par les Vivants. Dans sa
Transfiguration, le Christ manifeste en effet aux apôtres Pierre, Jean et
Jacques cette faculté appartenant au Fils de l’Homme, et donc à tout homme accompli,
de se transformer, de se métamorphoser en un être de condition divine ou
humano-divine. Le
corps de cet être disposerait de facultés entièrement nouvelles, symbolisées
par la mandorle lumineuse. C’est celui que saint Paul appelle « corps spirituel ou corps glorieux »
et qui rejoint les explications métaphysiques de certaines traditions
initiatiques et alchimiques qui parlent de retrouver le
« corps de gloire »,
allusion à l’Adam Kadmon, le premier Adam d’avant la chute, et qui représente
cette perfection que tout cherchant a comme but. Au sommaire de cet ouvrage : Les Vivants sur l’église –présence architecturale Les Vivants sur les objets – présence liturgique Les Vivants dans la messe – présence eucharistique Les Vivants dans le baptême – présence sacramentelle Le Mystère des Vivants au Moyen Âge : L’herméneutique des Pères de l’Eglise - Période apologiste avec saint Irénée, Origène, Eusèbe de Césarée - La période homélitique avec saint Jérôme, saint Ambroise, et saint Augustin - La dernière période avec le Pseudo-Denys et saint Grégoire le Grand - Les animaux mystiques au second Moyen Âge : La perfection carolingienne et romane - Le mystère des Vivants et le Saint Graal - Les Quatre Veilleurs et la loi des « trois Etats » - Les Vivants et le régime de la grâce - Les Quatre Animaux et notre temps : Les âges du tétramorphe à partir du XIIIe siècle - Le retrait des Quatre Animaux célestes - La mystique de la merkaba et la Kabbale - Les Vivants alchimiques - L’Hermétisme des Tarots et la lame XXI - Quatre effloraisons : Swedenborg et l’occultisme -Rudolf Steiner et l’ésotérisme actuel - Le tétramorphe comme « modèle anthropologique » : - Archétypes, correspondances, signature et homologie - Aperçu sur les Vivants et l’ontologie humaine - Les Vivants et le corps - Les Vivants et l’âme - Les Quatre Vivants et le sens de la vie - La dynamique des vivants : Le nom divin et les énergies spirituelles - L’esprit saint et la coïncidentia Oppositorum - Les quatre animaux et la Vierge Marie - La conversion des énergies - Textes bibliques fondamentaux : Isaïe (6) - Ézéchiel (1, 10, 11, et 43) - Saint Jean : (Apocalypse 4) - Commentaires des textes bibliques - Références et index des noms cités - |
FROMAGET - MODERNITÉ ET DÉSARROI ou L’ÂME PRIVÉE D’ESPRIT |
Michel Fromaget |
Edition Le Mercure Dauphinois |
2007 |
« Soulignant
ce fait, j’en vient à cette remarque d’apparence bénigne, mais que je crois capitale.
Est-il vrai que la conception anthropologique moderne, prive l’homme de sa
dimension spirituelle, qui le prive de l’esprit, et le condamne par là à
n’être que physique et psychique, que corps et âme, est-il vrai que cette
conception marche. Est-il vrai qu’elle marche si bien que cela ? Le
contraire n’est-il pas bien plus évident ? Et si l’essentiel des maux
qui accablent l’homme actuel : maladies, angoisses, solitudes,
dépressions, suicide, drogues…, si l’essentiel des maux qui atterrent les
sociétés modernes : chômage, inégalité, pauvreté, racisme, délinquance,
criminalité, terrorisme, guerres… si l’essentiel des maux qui maintenant
exténuent la terre : extinction des espèces animales, réchauffement
climatique, marées noires, désertification, épuisement des ressources,
déforestation éhontée… Si
cet essentiel venait, précisément de ce que l’homme se conçoit, se construit
et se vit sur la base d’une représentation de lui-même qui soit fausse et ne
rende pas justice à la réalité de son être ? D’une représentation de
lui-même qui, parce qu’elle déforme tout ce qu’il voit et tout ce qu’il
touche, ne lui donne pas accès au monde tel qu’il est et le plonge dan un
immense désarroi ? » Dans
ce livre, l’auteur emploie le mot « âme »
et « esprit » dans un sens
particulier, qui n’est autre que leur sens natif, originel, or ce sens est
quasiment à l’inverse du sens courant actuel. Aujourd’hui, en effet, le mot âme appartient principalement au vocabulaire
religieux, où il désigne la part spirituelle et immortelle de l’être humain.
Tel n’est pas le cas dans l’anthropologie ternaire lorsqu’on la présente sous
sa forme la plus courante. Dans
cette forme, le mot âme, comme ses équivalents latin et grec –anima et psyché - désigne tout
simplement le système psychique, ce système dont l’existence est évidente
chez tout être animé. En ce sens, l’animal, c'est-à-dire l’être doté d’une
anima, a une âme. Depuis
Descartes au moins, on entend par « esprit »
« l’âme en tant qu’elle pense ». Nous, nous lui conférons un
tout autre sens qui est celui fondamental, hérité de la Bible, où il signifie
l’ouverture à Dieu et à la Sagesse divine, où il signifie l’intuition de
l’Incréé et des vérités ultimes. L’esprit, non pas comme organe intellectuel,
non pas comme organe d’intellection, mais de contemplation.
Voila le sens qui sera retenu dans cet ouvrage. Quand
aux mots : « tripartition, trichotomie et ternaire »,
faisons attention et ne leur donnons pas un sens grossier qui désigneraient
une combinaison de trois entités séparées des autres, le fractionnement de
ces entités est une erreur. Les
représentations « corps et âmes » ou « corps, âme et
esprit » de l’humain, sont des « paradigmes
anthropologiques ». Le fait de le savoir apporte deux choses.
Le propre d’un paradigme est d’être une représentation mentale qui se donne
hypocritement à la conscience sous le jour d’une image imparfaite et vraie,
qui plus est, neutre et inerte, dans le sens où elle n’agirait pas sur son
objet. Or ceci est faux. L’épistémologie et la philosophie des sciences
l’expliquent : un paradigme n’est jamais qu’un système fait de
présupposés. Système viable, fiable et parfaitement utilisable par la culture
qui l’adopte, mais qui n’en ai pas pour autant nullement démontrer. Au sommaire de cet ouvrage : Le vocabulaire de l’histoire de l’anthropologie ternaire : Âme, esprit, dualisme et tripartition - La notion de Paradigme anthropologique - L’anthropologie du christianisme originel - Homme psychique, homme spirituel - L’Anthropologie « Corps, Âme et Esprit » telle qu’en elle-même : Du corps et de l’âme - De l’Esprit - La Métanoïa - Une métamorphose et deux morts - L’expérience de l’esprit - Au Principe, à l’origine et aujourd’hui. Modernité et Avènement de l’homme « domestique » : L’étouffement de l’esprit par la Psyché - Une inversion de la norme - Domesticité de l’homme - L’Âme, signifiant maternel - Une aliénation intellectuelle - Pouvoir scientifique et économique et domestication : Prévenir et guérie l’esprit - Scientisme et intellectualisme - Retour à un dualisme platonicien - Confusion de l’âme et de l’esprit - Feuerbach - Marx et Freud - L’arbre de vie - Le pouvoir économique - L’homme de désir et le prix de la libération - Le devenir actuel de l’anthropologie tripartite : L’Eglise romaine - L’apport des Pères orthodoxes - Les grands ésotéristes modernes - C. G. Jung, du moi au Soi - Desoille, Dabrovski, Godel, Jean Guitton, Frankl, Jean Borella, Maine de Biran, Berdiaev, - La braise et les cendres - Psychologie existentielle et psychologie transpersonnelle - Notes sur quelques aberrations de notre temps : L’essentiel et l’accessoire - Inversion et illusion - Fuite et marginalisation - L’homme mondain et l’homme spirituel - Michel Fromaget, anthropologue, est Maître de conférences à l’université de Caen. Il a publié de nombreux ouvrages, dont « corps, âme et esprit », « La drachme perdue », « Les quatre vivants » et d’autres. |
10 G
GIRARD - DES
CHOSES CACHḖES DEPUIS LA FONDATION DU MONDE |
René
Girard |
Edition
Grasset |
1978 |
||
René
Girard, cette fois, approche du but, de cette anthropologie générale qui est,
de son propre aveu, le projet ultime de son œuvre : c’est pourquoi il nous
donne là peut-être un des livres clés pour comprendre les mystères de notre
monde et de ses plus lointaines, de ses plus archaïques généalogies. Depuis le
début des années 1960, sa place intellectuelle fut singulière et sa pensée
originale. C'est pourquoi son œuvre, pour avoir été rejeté pendant longtemps,
restera comme l'une des plus importantes de l'époque. Il était mondialement
reconnu mais ne le fut jamais vraiment en France - même s'il était membre de
l'Académie Française. Il était trop archaïque pour les modernes, trop
littéraire pour les philosophes, pas assez à la mode pour l'intelligentsia dominante
et même trop chrétien pour un grand nombre - y compris certaines instances
catholiques. S'il est reconnu (l'est et le sera de plus en plus), il l'a été
contre l'époque, contre les pensées dominantes, contre les institutions en
place, contre les médias. En France, il fut un marginal, un intellectuel
qualifié «d'original» pour mieux le laisser en dehors de l'université quand,
en elle, le règne des structures et du marxisme écrasait tout le reste. Et
pourtant, il compte et comptera de plus en plus. Pour avoir
fait toute sa carrière universitaire aux Etats-Unis, à Stanford en
particulier ; pour ne s'être rangé sous le drapeau d'aucunes des modes
intellectuelles germanopratines, qu'elle soit structuraliste, sartrienne,
foucaldienne, maoïste, deleuzienne ou autres ; Pour s'être intéressé, trente
ans avant Régis Debray, au «fait religieux» quand il était encore classé dans
l'enfer de la superstition ; pour avoir osé se dire «chrétien» - crime de
lèse modernité - ce qui, aux yeux de nos maîtres à penser (et donc à
excommunier), lui retirait toute légitimité scientifique ; pour n'avoir pas,
ou peu, de relais en France (même s'il était devenu, sur le tard, membre de
l'Académie française) alors qu'il est traduit en plus de vingt-cinq langues ;
Pour toutes ces raisons et bien d'autres, René Girard fut à part dans le
paysage intellectuel hexagonal. En 1961,
avec Mensonge romantique et vérité romanesque, Il s'intéresse à la
littérature pour ce qu'elle dit de l'homme ; En 1972, avec La violence et le
sacré, il décortique les mécanismes religieux pour mieux comprendre la
violence ; En 1978, avec Des choses cachées depuis la fondation du monde, il
considère le christianisme comme une sorte de «sur-religion» qui vient abolir
les autres, les rendant inefficaces et presque obsolètes. Sa pensée s'inscrit
mal dans une lignée clairement définie. Pour être ailleurs, certains la mette
nulle part. Voilà qui est plus commode pour ronronner entre soi!
Anthropologue Il critique l'anthropologie quand, avec Lévi-Strauss, elle
condamne le sacrifice en le dépouillant de toute signification ; critique
littéraire, il rejette ceux qui, comme Georges Poulet, pensent que la
littérature, devenue un monde en soi, ne se réfère qu'à elle seule, n'a rien
à révéler des vérités humaines radicales - comme le mimétisme ; chrétien, il
critique les catholiques trop immergés dans le monde et peu conscients des
enjeux de l'Apocalypse. Tout débute
par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la vengeance et la
vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité entre ainsi dans
un cercle sans fin. René Girard, un Durkheim pascalien… Alors qui est-il?
D'où sort-il? Sorte de guelfe chez les gibelins et de gibelin chez les
guelfes, selon la posture d'un Erasme, soucieux de ne rien céder à personne, il
était à la fois disciple de Durkheim et s'inscrit dans la lignée de Pascal.
Posture intenable s'il en est. Dans le camp des religieux il est trop
durkheimien ; dans le camp des sociologues, trop religieux. Et quand il est
question de ces «maîtres du soupçon» qui depuis la fin du XIX ème siècle,
tendent à renvoyer l'homme vers des forces qui, en coulisse, le domineraient,
comme s'il était marionnette plutôt qu'acteur, René Girard, lui aussi, se
réclame de cette tradition qui disqualifie l'autonomie moderne. Il ne met pas
en exergue des forces sociales, des pulsions inconscientes ou des généalogies
insoupçonnées, mais, dans un même effet de déplacement, une rivalité
mimétique au fondement de tout. L'individu n'est jamais seul. La conscience
s'acquiert non par la raison mais le désir. Alors il est
un Durkheim pascalien - ce qui équivaut à un oxymore intellectuel. Unique
membre de cette singulière catégorie, il retient de l'auteur des Formes
élémentaires de la vie religieuse, une approche qui fait de la religion un
effet de coagulation sociale et une manière collective de réguler la
violence. De Pascal il garde le souci d'une apologie chrétienne pleine de
raison. «Tous mes livres», dit-il «sont des apologies plus ou moins
explicites du christianisme.» Le Christ, première victime innocente, qui dit
son innocence à la face du monde, dénude, par-là même, tous les mécanismes du
religieux archaïque. Alors, aujourd'hui, nous ne pouvons qu'être chrétiens,
même si le christianisme n'a pas été pleinement reçu. René Girard en appelle
à une «éthique nouvelle» qui ne peut naître, selon lui, «qu'au sein du
mimétisme libéré - libéré par le christianisme». Qu'il soit
du côté de Durkheim ou de celui de Pascal, il privilégie l'analyse et
délaisse les a priori idéologiques. Ni rationalisme ni fidéisme. Il faut dire
qu'aujourd'hui la situation est inédite. La violence est déchaînée. Plus rien
ne la tient. Le religieux ne fait plus son office. Tenir les deux termes de
l'équation: à la fois l'analyse du religieux, selon les méthodes durkheimiennes
et l'horizon chrétien, dans la lignée d'un prophétisme pascalien. C'est ce
que fit René Girard, laissant, dans son sillage, beaucoup de mécontentements,
d'incompréhensions, d'incertitudes et de points d'interrogations. Comment sortir de la nature violente de l'homme? René Girard, lui,
insiste sur une histoire par nature tragique et une violence en dehors de
toute maîtrise. Contrairement aux «modernes» qui pensent pouvoir contrôler
les réactions en chaîne de la violence, comme on contrôle une fusion
nucléaire, il met l'accent sur un processus qui finit par ne plus être tenu.
Il échappe à tout le monde. Telle fut la leçon du siècle passé: cette «montée
aux extrêmes», selon la formule de Clausewitz, stratège prussien mort en 1831
auquel il confronte sa pensée dans Achever Clausewitz (2007), ne conduit pas,
après coup, à la réconciliation des hommes entre eux. Cette formule d'une
«montée» de la violence lui parait pertinente. René Girard, lui, sorte
d'écologiste de la violence, met l'accent sur un processus d'imitation qui
oppose les hommes entre eux. Tout débute par la rivalité. Cette rivalité
appelle en retour la vengeance et la vengeance le meurtre et le meurtre la
vengeance. L'humanité entre ainsi dans un cercle sans fin. Notons que pour
lui la violence vient toujours répondre à une offense - que cette offense
soit réelle, imaginaire ou symbolique. La violence est une réponse. Elle
n'est pas première. La rivalité, elle, est première. Le désir de ce que
l'autre possède est à l'origine de tout. Le violent, lui, est d'abord un
offensé. Du moins le croit-il. Toute vengeance est une revanche. Un retour.
Un second temps. Une réponse. Comment
alors briser ce cercle, interrompre ce jeu à l'infini de renvoi? Seul, nous
dit René Girard, le religieux, par l'instauration du sacrifice, rompt cette
circularité de la vengeance et du meurtre. De toute évidence le sacrifice
archaïque est arbitraire. La victime est chargée de «tous les péchés du
monde». Son meurtre réconcilie la communauté avec les puissances divine et
surtout avec elle-même. Dans toutes les sociétés, fussent-elles des plus
primitives, on retrouve ce mécanisme du «bouc émissaire». Il permet d'évacuer
la violence, d'apaiser les consciences et de mettre un terme, provisoire, aux
rivalités en cascade. D'une certaine façon le sacrifice brise le miroir des
rivalités. Elles ne se voient plus, ne se répondent plus l'une l'autre. La
réconciliation s'opère donc sur le dos d'un autre. Ce meurtre fondateur,
instaure des rites qui eux-mêmes font naître les institutions. Et c'est ainsi
que naît la culture et toutes les institutions qui la mettent en forme. Or, le
christianisme, dans un souci de vérité, retire à l'homme ses «béquilles
sacrificielles» en reconnaissant la pleine et entière innocence de la
victime. Le Christ, dit et reconnu innocent, n'endosse plus la culpabilité
sociale bien commode pour justifier des sacrifices. «Le religieux» dit rené
Girard «invente le sacrifice ; le christianisme l'en prive». Cette privation
est un pari éthique, une invitation à sortir du cycle de la violence par le
haut (les Béatitudes). Et si les hommes s'accordaient entre eux au diapason
de la bienveillance! Telle est le sens de l'invitation chrétienne. L'avantage
des intuitions creusées et explorées de bien des manières, comme celle de
René Girard autour des rivalités mimétiques, est qu'elles prennent le risque
de devenirs obsessionnels. Au début, il rêvait d'un savoir sur la violence
qui, une fois connu, permettrait de la maîtriser. Cette prétention l'a
quitté. La réconciliation des hommes entre eux, conçue, au début, comme
quasiment automatique est devenue, au fil des années, incertaine pour ne pas
dire problématique. Reste une certitude: le religieux empêche la société de
se détruire. Certitude d'autant plus vitale que nous assistons à une montée
planétaire de la violence religieuse avec le risque d'une déflagration
totale. Sur ce versant-là de nos inquiétudes qui se profilent à l'horizon,
René Girard peut nous aider à avancer. Il reste un appui sérieux pour nous
éviter de mourir. Mourir par cet actuel jeu de miroir à l'infini des
rivalités mimétiques - autre nom de la démocratie-égalitariste. Mourir par ce
retour au fondamentalisme religieux, loin de l'intelligence des textes et de
la compréhension du vrai mécanisme de la violence. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Le mécanisme victimaire : fondement du
religieux - Mimésis d’appropriation et rivalité
mimétique - Fonction de l’interdit et du rite -
Sacrifice et mécanisme victimaire - Théorie du
religieux - Chapitre 2 : Genèse de la culture et des institutions -
Variantes rituelles - La royauté sacrée et le pouvoir
central - Domestication animale et chasse rituelle -
Les interdits sexuels et le principe de l’échange - La mort et
les funérailles - Chapitre 3 : Le processus d’hominisation -
Ethologie et ethnologie - Le signifiant transcendantal - Chapitre 4 : Les mythes : le lynchage fondateur
camouflé
- Elimination - Connotation radicale, négative et
positive - Signes physique de la victime émissaire -
Comment reproduite un triangle - Mimésis et représentation
- La double genèse œdipienne - Pourquoi la
bisexualité ? - Le narcissisme et le désir de Freud
- les métaphores du désir - Chapitre 5 : Au-delà du scandale -
La conversion proustienne - Sacrifices et
psychothérapie - Au-delà du principe du plaisir et psychanalyse
structurale - Instinct de mort et culture moderne -
Le skandalon - |
GIRARD -
LA VIOLENCE ET LE SACRḖ - |
René
Girard |
Edition
Hachette |
1999 |
Après
son ouvrage « mensonge romantique et vérité romanesque », René
Girard a entrepris dans cet ouvrage de remonter aux origines de l’édifice
culturel et social qui est au cœur de notre civilisation. S’appuyant à la
fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une
discussion serrée des principaux systèmes d’explication, en particulier la
psychanalyse. L’enquête
originale que mène l’auteur, met l’accent sur le rôle fondamental de la
violence fondatrice et de la victime émissaire ; le religieux,
secrètement fondé sur l’unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans
cet essai majeur une définition inédite mais réelle. Dans
de nombreux rituels, le sacrifice se présente de deux façons opposés, tantôt
comme « une chose très sainte » dont on ne saurait s’abstenir sans
négligence grave, tantôt au contraire comme une espèce de crime qu’on ne
saurait commettre sans s’exposer à des risques également très grave. Pour
rendre compte de ce double aspect, légitime et illégitime, public et presque
furtif, du sacrifice rituel, l’auteur invoque le caractère sacré de la
victime. Il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée… mais la
victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas. Il y a là un cercle bizarre
qui s’appellera ambivalence. Au sommaire de cet ouvrage de 480 pages : Le sacrifice - la crise sacrificielle - Œdipe et la victime émissaire - la genèse des mythes et des rituels - Dionysos - Du désir mimétique au double monstrueux - Freud et le complexe d’Œdipe - Totem et tabou et les interdits de l’inceste - Lévi-Strauss, le structuralisme et les règles du mariage - les dieux, les morts, la sacré, et la substitution sacrificielle - L’unité de tous les rites - |
GIRARD - LE
BOUC Ḗmissaire |
René
Girard |
Edition
Grasset |
1982 |
||
L’action
concrète des Evangiles sur ces problèmes commence visiblement avec les
violences contre ceux que les chrétiens appellent leurs « martyrs ».
Nous voyons en eux des innocents persécutés, car pour avoir du sacré au sens
mythologique il faut que la glorification de la victime s’effectue sur la
base même de la persécution. L’innocence du martyr n’est jamais remise en
cause. « Ils m’ont haï sans cause »
et aussi « Père, pardonne leur, ils ne
savent pas ce qu’ils font » En grec, de même, martyr signifie témoin et c’est l’influence chrétienne qui fait évoluer le mot vers le sens actuel d’innocent persécuté, de victime héroïque d’une violence injuste, et lorsque nous écrivons « la victime est un bouc émissaire », nous recourons à une expression biblique, mais qui n’a plus le sens profond qu’elle avait. Autrefois, son sens était celui de la brebis innocente dans Isaïe ou de l’agneau de Dieu dans les évangiles. Les
Evangiles nous affirmant que le Christ est à la place de toutes les victimes,
sous le rapport épistémologique c’est vrai, les hommes n’ont appris à
identifier leurs victimes innocentes qu’en les mettant à la place du Christ.
La vision mondiale du bouc émissaire va changer avec l’avènement de
Constantin en 325, avec le christianisme triomphant, mais, de persécutés, les
chrétiens se feront persécuteurs, non seulement en occident avec
l’Inquisition mais par la conquête de terres en Amérique, en Afrique ou en
Asie, sous la bannière religieuse des rois très chrétiens, et au nom de Dieu. Il
faut se demander pourquoi Jérôme, ce formidable traducteur qui généralement
ne manque pas d’audace, a reculé devant la traduction du mot « parakleitos »,
il ne voit pas la pertinence du mot et va opter pour « paracletus » ;
son exemple est suivie par d’autres interprètes aussi inintelligent que
possible, et qui traduiront paracletus, par Paraclet. Sur le
Paraclet beaucoup d’œuvres ont été écrites, mais aucunes n’est
satisfaisante car sa définition n’est que théologique. Pour
les interprètes chrétiens, le Paraclet est l’avocat des disciples auprès du
Père. Cette solution invoque un passage de la première épitre de Jean « Mais
si quelqu’un vient de pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus
Christ, le juste »… Parakleitos.
Le texte de Jean fait de Jésus un Paraclet. De
tous les textes sur le Paraclet, voici finalement le plus extraordinaire. Il
parait fait de pièces et de fragments hétérogènes, comme s’il était le fruit
incohérent d’une espèce de schizophrénie culturelle qui le fait paraître
ainsi. On ne voit rien en lui tant qu’on pense l’éclairer à partir de
principes et de méthodes qui forcement relèvent du monde et ne peuvent ni
voir, ni connaître le Paraclet. Jean nous assène des vérités extraordinaires
à un rythme tel que nous ne pouvons ni ne voulons les absorber. Le risque est
grand de projeter sur lui la confusion et la violence dont nous sommes
toujours un peu possédés. « Quand viendra le Paraclet, dit Jésus, il me rendra
témoignage, il révélera le sens de ma mort innocente et de toute mort
innocente depuis le commencement jusqu’à la fin du monde ».
Ceux qui viennent après le Christ vont donc témoigner comme lui, moins par
leurs paroles ou croyances mais en devenant des martyrs comme Jésus. Ces
martyrs seront les premiers chrétiens et tous ceux qui mourront pour la
défense et la croyance en Jésus. Au sommaire de ce livre : Guillaume de Machaud et les juifs -
Les stéréotypes de la persécution - Qu’est-ce qu’un mythe ?
- Violence et magie - Teotihuacan
- Ases, Kouretes et Titans - Les crimes des
dieux - La science des mythes -
Les maîtres mots de la passion évangélique - Qu’un
seul homme meure - La décollation de saint
Jean-Baptiste - Le reniement de
Pierre - Les démons de Gérasa
- Satan divisé contre lui-même -
L’histoire et le Paraclet |
GIRARD -
CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE - |
René
Girard |
Edition
Desclée de Brouwer |
2001 |
Cette
relecture de la Bible à travers la théorie mimétique est certes discutable et
discutée. Je n'ai ici donné que les grandes lignes de ce qui j'ai compris et
retiré de cette lecture. Ce qui me gêne un peu dans Girard, c'est
l'affirmation d'une spécificité de la tradition judéo-chrétienne. C'est le
croyant qui parle, et l'Académie française ne s'y est pas trompée, en
l'élisant au fauteuil 37, traditionnellement occupé par un ecclésiastique, où
Girard succède au RP Carré. A quand une interprétation d'un tel niveau
intellectuel par un non croyant ? Recueil
de trois essais inédits, suivis d'un long entretien avec Maria Stella
Barberi, le présent ouvrage s'élève contre le relativisme qui mine les
contemporains, incapables de saisir la violence à la racine de tout ordre
symbolique. René Girard revient sur sa conviction que seuls les Evangiles et
"L'Apocalypse" de Jean, prophétisés par la Bible, sont à même de
dévoiler l'origine cachée de toute institution. Il révèle par là-même les
grandes lignes de son travail en cours : un darwinisme revisité, une
anthropologie résolument corrélée à une théologie. Une
autre découverte d'un auteur, par le biais d'un livre d'entretiens et de
courts textes: René Girard, philosophe français, récent académicien. Ce petit
opuscule "celui par qui le scandale arrive" est paru en 2001 et
reprend bien la théorie mimétique, centre de l'oeuvre de René Girard. En
résumé, cette théorie pose que le moteur de l'action humaine, c'est
l'imitation, le désir mimétique. On désire une chose, non pour elle-même,
mais parce qu'un autre la désire aussi. On se trouve de ce fait en permanence
dans des relations humaines basées sur le conflit et la violence, qui mettent
en péril l'équilibre des sociétés humaines. Pour
Girard, les sociétés humaines ont trouvé la solution à cette instabilité avec
la pratique du bouc émissaire. Une victime innocente est régulièrement
désignée comme coupable des désordres et de la violence, ce qui permet à la
communauté de se refaire une unité et de donner ainsi un exécutoire à la
violence collective, qui peut se déchaîner sans risque pour la survie de la
société. Cette position, illustrée notamment par l'étude des mythes grecs,
est intéressante et mérite discussion, mais ce n'est pas là ce qui m'a le
plus intéressé chez René Girard. A
côté du philosophe, somme toute classique, il y a un chrétien, qui analyse
les évangiles et apporte des interprétations personnelles aux écritures.
Cette démarche est pour moi appréciable et brise heureusement le monopole des
religieux sur l'interprétation de haut niveau des textes sacrés du
christianisme. Bien que s'affirmant clairement catholique, Girard est un
laïc, qui n'est en rien tenu par une quelconque hiérarchie religieuse, qui a
le don, aujourd'hui encore, d'étouffer les recherches qui ne sont pas dans la
ligne du Vatican. D'ailleurs, les recherches théologiques les plus vivantes
et novatrices sont actuellement le fait des protestants, signe qui ne trompe
pas. Dans
le cadre de sa théorie mimétique, Girard interprète la Bible comme le refus
de cette logique d'imitation, qui prévalait depuis la fondation du monde. La
loi de Moïse est sur ce point explicite "tu ne désireras pas la femme de
ton prochain". Il va plus loin encore dans l'analyse, avec sa lecture des
évangiles. Le Christ serait venu détruire le système du bouc émissaire, en
rompant l'unanimité autour du sacrifice de la victime innocente. En effet,
pour que l'alchimie opère, il ne faut qu'aucune voix discordante ne
viennent s'interroger sur la culpabilité ou l'innocence de la victime. Jésus,
d'abord bouc émissaire, fait la preuve de son innocence par sa résurrection,
signe de son caractère divin. Ses disciples proclament alors la nouvelle,
rompant l'unanimité de la communauté, qui se déchire autour de la question de
l'innocence ou de la culpabilité de la victime. Cela inverse même le
processus puisque c'est la victime qui est innocente, et la violence
collective envers elle, et donc la société, qui sont coupables. D'où les
phrases de l'évangile où Jésus annonce qu'il est venu apporter le glaive, la
guerre et non la paix. Au sommaire de cet ouvrage : Violence et réciprocité - Les bons sauvages et les autres - le don et l’échange - Echanges de cadeaux dans les iles du Pacifique - Jésus et la violence - la violence dans les sociétés primitives - Mythes et bouc émissaire - La vérité du judéo-chrétien - Le jugement de Salomon - Les héros infirmes - le chant du serviteur souffrant - L’expression des minorités - Satan et Rédemption - religions archaïques et mensonges révélés - judaïsme, islâm et christianisme - « Soi » comme persécuteur - Paradoxe de la croix et division du monde - L’évangile de Marc - L’Apocalypse - Il n’y a pas de 3e voie - De nouvelles couches de l’histoire - L4Inquisition et la Conscience de l’histoire - Le christianisme comme dernier rempart et dernière barrière - Le propre de l’homme et la violence - Ordre et désordre de Satan - Les païens qui se sont mal convertis - Jumeaux et identité - Violence, désordre et perte des différences - Individualisme et différences des jumeaux - Genèse du bouc émissaire - Le handicapé, l’étranger - Elever des tombeaux aux prophètes - Rôle des interdits - L’Apocalypse, révélation de la Vérité - Un monde sans églises - |
goethe – CAHIER DE
L'HERMÉTISME. |
Divers
auteurs et intervenants |
Edition
Albin Michel |
1979 |
Ce
cahier d’étude consacré à Goethe se veut être une contribution à ce chapitre
important de la pensée symbolique qu’est l’hermétisme goethéen. Il s’ouvre
sur le récit intitulé Das Märchen (Le Conte), plus connu en français sous le
titre « Le Serpent vert ». Chantal
Nessler en donne une nouvelle traduction, tandis que Gonthier Fink fait le
bilan d’une critique obsédée depuis prés de deux siècles par ce récit
énigmatique, et qu’Yvette Centeno nous en livre une lecture alchimique. Un
autre conte, La Nouvelle Mélusine, dans une traduction nouvelle due à Chantal
Nessler, fait également l’objet d’une étude neuve et approfondie de G. L.
Fink. Goethe
est aussi l’auteur d’une monumentale œuvre scientifique. L’étude qu’il a
consacrée à la spirale paraît assez caractéristique de la pente hermétisante
de sa pensée pour faire l’objet d’une première traduction du fragment du roman épistolaire, témoignage
précieux sur la genèse d’une des orientations majeures du jeune Goethe. L’ouvrage
se termine par deux études historiques : l’une par Rolf Christian
Zimmermann sur Agrippa et Goethe, l’autre par Roger Godard sur Macarié, le
personnage peut-être le plus mystérieux de l’œuvre de Goethe – l’Initié dont
l’esprit « éveillé » se mouvait parmi les espaces interstellaires,
et qui est présenté ici, à l’intention des hommes d’aujourd’hui, comme la
médiatrice des sources vives de l’imagination créatrice. Au sommaire de cet ouvrage : Avant propos de Frédérick Tristan et Antoine Faivre Le Conte –Le Serpent vert de Johann Wolfgang Goethe Les mille et une lectures du Serpent vert, bilan de la
critique – De l’hermétisme à l’ésotérisme politique par :
Gonthier Louis Fink – Le Serpent vert : Essai d’interprétation par :
Yvette K. Centeno La nouvelle Mélusine par J. W. Goethe La nouvelle Mélusine. Goethe à la recherche d’un nouveau
langage ésotérique par : Gonthier Louis Fink – De la tendance spirale par : J. W. Goethe Goethe et la tendance spirale – Le fragment de roman
épistolaire de Goethe par : Antoinette Fink-Langlois – Les quatre « furores » d’Agrippa Von Nettesheim et
le « Wanderers Sturmlied » de Goethe par : Christian
Zimmermann Macarie ou l’anti-Grand Cophte par : Roger Godard - |
GORDON - CE QUE FUT LE DÉLUGE |
Pierre Gordon |
Edition Signature |
2006 |
||
Des lors, l’histoire humaine se présente comme une lente dégradation de la connaissance ontologique dont il était, dans l’univers de la radiance, nanti à l’origine. Conséquence de la chute qui l’a plongé dans l’opacité d’un cosmos matériel, il s’est « dessoudé de l’Être » et cherche désespérément à retrouver ce pouvoir mental supérieur qui fut le sien. « L’homo sapiens adamique », comme l’appelle Pierre Gordon, aurait connu la plénitude dans un univers de radiance dynamique, d’où sa nostalgie inextinguible du Paradis perdu. Dans cette étude, l’auteur déclare qu’il ne lui eut été d’aucune utilité de réunir tous les textes connus mentionnant le Déluge, ceux-ci présentant peu ou prou le même type de scenario. La démarche mentale, spéculative donc, lui est apparue beaucoup plus pertinente. Cependant, il pose comme un a priori que c’est l’Esprit et son essence dynamique qui créent et ordonnent le monde phénoménal et non pas l’inverse, que c’est l’homme, cet être aux pouvoirs entachés d’une paralysante limitation mentale, qui aurait inventé les dieux et leur demeure olympienne. Au sommaire de cet ouvrage : Les traditions diluviennes en Amérique - Récits des diluviens et leurs significations dans tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud - Les traditions diluviennes en Océanie - les traditions diluviennes dans l’archipel indien - les rites agraires - l’ancêtre initiateur - comment le Déluge devint un fait planétaire - Ancienneté des récits diluviens - Birmanie, Cochinchine, l’Assam - Polynésie - Nouvelle Zélande - Micronésie - Mélanésie - Australie - Iles de la sonde - Provenance néolithique des récits diluviens - les Karans de Birmanie - les Tchingphô - les Ba-nhars - les Bhils - Deucalion et Ogiges - Dardanos - la Grèce - Merops - Phaéton - les récits diluviens en Chaldée - Bérose - les Héliques - Ninive et le mont Nisir - Le drame sacré du Déluge - La tradition diluvienne dans la Bible - Les deux récits diluviens de la Genèse - le récit élohiste et le récit yahviste - La mission salvatrice et l’ivresse sacré de Noé - la culture de la vigne - le vin sacré de la montagne - l’attitude des trois noachides - le scénario sacré de la tour de Babel - Suréminence de la Montagne diluvienne - Les deux montagnes diluviennes de la Bible - la montagne sainte de Moise - les monts Ararat - l’Urartu en Inde - le Mont Baris - masion - Koufah - Apamée - Elvend - Demavend - Kouner - Dagh - Yima - La montagne en Egypte - la sainte montagne d’Abydos et le rituel osirien - les temps primordiaux - Thèbes et Coptos - rituel abydénien - ce que nous enseigne le rituel osirien - scenario diluvien en Egypte - La Tradition diluvienne en Afrique - les Pygmées et les tribus nègres - les montagnes artificielles - la Montagne comme notion religieuse rectrice - Hiérapolis en Syrie - le fente par où s’écoula l’eau diluviale - les deux colonnes - primauté de la Pierre Sacrée - Où la Montagne Primordiale se situait-elle ? les montagnes d’Ararat - le Paradis terrestre - les données égyptiennes et chaldéennes - les Enfers - voyage des morts - l’obole des morts - le Caucase - la sacralisation de la mer noire - les Ases - l’empire de Tanasis - Mardouk - les traditions iraniennes et autres - les traditions hindoues et tibétaines - Reste-il- des traces de la Grande Montagne diluvienne ? - Selon Homère - théocratie préhistorique - le rituel de mort et de renaissance - l’Agarttha - Universalité du Déluge - le Déluge comme cataclysme géographique - Phaéton - le Déluge de l’Atlantide - Hracan - la disparition de l’Atlantide - Platon - Multiplicité des iles Saintes - La Montagne diluvienne et le Dieu de la Montagne - la Dame et le Seigneur de la Montagne - Pourquoi la Montagne est devenu l’habitat de Dieu - El- Shaddaï, Yahvé et la montagne diluvienne - |
GORDON – DIEUX PAÏENS ET SAINTS CHRÉTIENS |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
Ne devrait-on pas s’étonner de trouver dans nos églises autant de saints céphalophores, dont certains n’ont même jamais existé ? Tous, nous montrent Pierre Gordon, sont bien à la suite des dieux païens, les héritiers de personnages sacrés et grands initiateurs des premières théocraties paléolithiques et néolithiques. S’appuyant sur une solide érudition, l’auteur analyse un grand nombre de rites qui ont perduré à travers le monde et seraient, selon lui, à l’origine des mythes, et non l’inverse, comme on le pense bien souvent, car, nous dit-il, « les traditions ne mentent pas, fixées depuis des millénaires sur le roc de la liturgie ». Le grand rite de mort et de résurrection serait ainsi l’apanage de cette grande Eglise théocratique de l’Âge d’Or qui transmit la Tradition Primordiale. En cela, ce nouvel inédit de Pierre Gordon, s’inscrit bien dans l’ensemble de l’œuvre de ce grand préhistorien des religions, grâce à laquelle « une voie possible vers la Vérité nous est ouverte » Les innombrables saints par exemple qui, une fois décapité, se baissent pour ramasser leur tête et courent la porter dans un endroit sacré, ne relèvent en rien de la crédulité humaine. Leur geste traduit de très vieux rites initiatiques qui datent du néolithique, et que le Christianisme a longtemps pratiqués dans les campagnes, en marge de ses rites spécifiques. Ce qui explique, on le verra dans cet ouvrage, les survivances païennes dans le christianisme, c’est avant tout, que le paganisme, dans sa substance profonde, était aussi bien que le christianisme, une initiation au monde de radiance, et y conduisait par une liturgie analogue. La christianisation n’a donc pas marqué, en beaucoup de cas, surtout dans les milieux rustiques, où se perpétuaient de très vénérables coutumes, une brisure avec la religion antécédente, elles en ont été plutôt la renaissance et l’épanouissement. Les saints chrétiens ont tout naturellement pris la place des dieux païens, parce que, dans le fond, ils étaient comme eux, des canaux du sacré et des initiateurs. S’étonner que nombre des saints n’aient jamais existé en tant que personnages chrétiens, et transposer simplement des divinités païennes, c’est méconnaître à la fois la nature et la fonction des uns et des autres ; c’est ne pas se rendre compte que les dieux, comme les saints, se référent à une seule et unique réalité : l’être dynamique du surhomme, pivot de toutes les religions humaines. Au sommaire de cet ouvrage : Première partie : Le paganisme et le Christianisme, stade d’une religion unique - Importance et principe du matriarcat - le fond religieux primitif - les caractères du rituel diluvien - l’église néolithique - Paganisme et christianisme, leurs dieux - l’unité religieuse dans l’humanité et de l’Être dans le surhomme - la croix chrétienne et la croix païenne - Deuxième partie : L’enceinte sacrée néolithique et ses survivances - la ceinturation sacrée et ses anneaux - les couronnes - le rite de la circumambulation - Troisième partie : Pierres et objets sacrés venus du ciel : Les pierres bizarres venus du ciel - autres objets sacrés tombés du ciel - Quatrième partie : Le rite de la décapitation et les personnages qui portent leur tètes à la main - Le sectionnement de la tête et les usages funéraires - Dyades et Triades matriarcales - le sens et l’importance de la tête coupée dans la religion hellénique - Athéna et la tête de Méduse - le poulpe comme tête coupée - le poulpe et Aphrodite - le rite initiatique de la tête coupée - la céphalophorie de saint Denis et son explication - Octobre, mois des saints céphalophores - les saints céphalophores, les emplacements sacrés du paganisme et les monastères bénédictins - la transition du paganisme au christianisme - les saints céphalophores et la traversée des cours d’eau - Cinquième partie : Les passeurs géants du paganisme et saint Christophe : - Orion - les dieux et héros grecs, porteurs du sacré - Bran, Thor, Wade, Grettir - Rôle des passeurs géants, le sacré et ses modalités de transport - les héritiers des passeurs initiatiques - la saint Christophe oriental, ou saint Christophe à tête de chien - le saint Christophe occidental et les survivances folkloriques - |
GORDON – LA MAGIE DANS L’AGRICULTURE, ORIGINE ET SENS DES RITES AGRAIRES |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2009 |
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Il montre la grandeur de nos ancêtres et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours. Il met en exergue la notion de « mana » partagée universellement par tous les peuples de la terre sous des noms divers, il nous plonge aux racines mêmes de la compréhension de cette énergie dynamique, source de toute manifestation et paradis perdu auquel l’homme tache de se reconnecter depuis la nuit des temps. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Rires agraires et initiatiques - Définition et méthodes à suivre pour l’étude des rites agraires - Le rituel de mort et de résurrection - l’influence du matriarcat - les rites initiatiques essentiels - Chapitre 2 : Le champ de céréale comme sanctuaire - Le champ et la montagne sacrée - le roi laboureur - le labour rituel dans les fêtes d’Osiris et en Inde - Chapitre 3 : Les rites agraires et le matriarcat - La Mère Divine et le champ de céréales - la femme et le travail des champs - le labour comme rite de sexualité - ce qu’est la mère des céréales - Chapitre 4 : Les rites agraires et les éléments de la liturgie initiatique - L’arbre - la pierre et le feu - les hommes-animaux et les animaux porteurs du feu - les Brandons - L’eau - l’air, le vannage, le bernement - la montagne sacrée - la caverne sacrée et ses succédanés - les morts - la fête des mânes comme fête agraire - le vêtement neuf - Chapitre 5 : Les rites agraires et l’offrande des prémices - Fondement de l’offrande des prémices et la fête du nouvel an - désécration et consécration - offrandes lors des semailles, de la moisson et lors du battage - l’engrangement - Chapitre 6 : Les rites agraires et l’âme des plantes - l’âme des céréales - la céréale comme saint-sacrement - Dumuzi-Tammouz - Nisaba, Ezinu - l’âme du vin - Sinis - l’alcoolisme sacro-saint - Adonis - l’âme de la céréale et la gerbe - Chapitre 7 : La première et la dernière gerbe comme centre des rites - D’où vient le privilège attribué à la première et à la dernière gerbe ? - personnification animale - Le grand chasseur et l’Ogre - Chapitre 8 : Les rites agraires de deuil - Pourquoi les rites agraires comportent des rites de deuil - le Maneros égyptien - les plaintes d’Isis - les lamentations babyloniennes sur la mort de Tammouz - Kostrubonko - les jeux, la lutte et les danses - Hymne homérique à Déméter - les deux déesses agraires - Chapitre 9 : Les sacrifices pour les récoltes - Les sacrifices humains - le dépeçage de pélops - les 100 enfants immolés en Equateur - les sacrifices mexicains pour la moisson - l’immolation printanière chez les indiens Pawnee - les sacrifices animaux pour les récoltes - Chapitre 10 : Les rites agraires et les étrangers - Pourquoi les étrangers furent considérés comme pourvus d’un mana spécial - le mythe de Lityersès - Rôle réservé aux étrangers - Chapitre 11 : Liens des rites agraires avec les rites nuptiaux et royaux - La résurrection initiatique - la dernière gerbe comme la « vierge, la fiancée, la jeune-fille, la mariée, la vierge, la reine, le berceau d’enfant, Kirn » - le sens des mots Kirn et corn - ce que révèle le mot « blé » - Chapitre 12 : La nudité et les orgies dans les rites agraires - Orgies et mariages - les orgies religieuses ne furent point des rites bassement magiques - les figurations phalliques comme instrument de fertilité - Chapitre 13 : Autres rites agraires - Les jardins d’Adonis - Le flottement de la chevelure et le balancement du sac de grains comme rites agraires - la procession comme rite de fertilité - le tir à l’arc - la danse et le bruit sacré comme rite agraire - les arts graphiques et les jardins d’Adonis - Chapitre 14 : Conclusion - Place des rites agraires et de chasse dans l’ensemble des rites - rites de passage - unité des rituels humains - |
GORDON - LA MAISON HUMAINE ET SON ORIGINE SACRÉE - |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2012 |
Cet
essai inédit de Pierre Gordon, nous offre un angle de vue tout à fait
novateur et éclairant sur l’origine de la maison humaine. L’auteur nous
apporte la preuve, en s’appuyant sur de solides travaux ethnologiques, que
pas un détail de sa genèse n’échappe aux conceptions les plus anciennes du
sacré et que c’est au sein du domaine rituel qu’elle fut inaugurée, sous
forme de « résidence surnaturelle ». La pose de la première pierre, l’inauguration d’un édifice, le seuil sous lequel on enterrait une hache de pierre ou bien encore des feuillages déposés sur une toiture que l’on vient de terminer, prennent alors tout leur sens. A
ce jour, il n’est pas de nouvelles découvertes archéologiques,
ethnographiques, paléontologiques, qui ne viennent s’inscrire dans l’œuvre de
Pierre Gordon comme une pièce manquante d’un puzzle dont il a donné le cadre,
faisant de cet auteur, non seulement un grand chercheur dans le domaine de la
Tradition, mais également un visionnaire. Etant
donné le caractère initiatique des premières constructions élevées dans les
cavernes et les enceintes divines des hauteurs, il est hors de doute que le
temple divin eut très exactement la même origine que la maison humaine. La
demeure où s’abritait ces êtres saints qui étaient des néophytes ou des
initiés, pouvait-elle différer de celle où résidait l’ancêtre initiateur,
prototype des dieux locaux ? Pour tous, le mana transcendant
était identique, et la vie, pendant longtemps, fut commune. D’autre part, les
objets utilisés pour les rites – objets sacrosaints dont l’énergie
surnaturelle se personnifia très souvent, par la suite, en déités spéciale –
étaient, eux aussi, logés dans les mêmes conditions et abrités de la même
manière. Au sommaire de cet ouvrage Ouranos et les cavernes sacrées de l’ère paléolithique - Le rituel de mort et de résurrection - Réaction de la terre-mère et des « filles des hommes » - La théocratie néolithique - Avènement de rites nouveaux - La lutte des dieux contre la Mère Divine - Participation progressive de l’homme au travail agricole - Les formes primitives de la maison humaine - Les architectures - Les enceintes sacrées anciennes et actuelles - Les cavernes - Les abris de feuillages - Les demeures quadrangulaires - Les maisons rondes - La tente - L’arbre sacré - La hauteur sacrée comme principe d’architecture - Mes monuments mégalithiques - Les montagnes sanctuaires transformées en œuvre d’art - La Ziggurat, les truddhi, les sesi, les talayots, les nuraghes, les brochs ou duns - Les veems et les cases - Colombiers et Moulins à vent - La maison d’Akitu - Les monticules sacrés - Le Temple du dieu identique à la maison humaine - Les Temples de l’antiquité classique - La colonne et l’obélisque - Le portique - Les sanctuaires portatifs et flottants - Les agglomérations humaines comme lieux sacrés, Rome et Paris - Les monastères - les camp militaires - La maison et le feu sacré - La maison troglodyte - Le bois comme matériau noble - L’entrée de la maison comme gueule du monstre - La maison et les arbres sacrés - L’eau sacrée - Epoque propice à la construction de la maison - Les fêtes de la maison - Les emplacements initiatiques - Les cimetières - La nécrolâtrie et la nécrophobie - Maisons groupées et maisons dispersées |
GORDON – LA NUIT DES NOCES |
Pierre Gordon |
Edition Dervy |
1951 |
L’on considère comme une évidence que les coutumes sexuelles des sauvages attestent le grossier niveau originel de l’humanité ; l’ancêtre lointain aurait eu les mœurs les animaux ; les cultes phalliques du néolithique prouveraient le terre-à-terre de ses vues religieuses ; et le fait que, chez quantité de peuplades contemporaines, un garçon se refuse à épouser une fille vierge, démontrerait l’inexistence de toute portée spirituelle dans l’union conjugale primitive. L’acte de chair, aurait eu à la longue, la valeur d’un « charme magique de fécondité ». Voulant en finir avec cette théorie contraire aux faits, l’auteur a soigneusement récolté les données et les a longuement étudiées. La conclusion qui s’en dégage est que l’humanité la plus ancienne, eut des idées d’une exceptionnelle élévation, dont les usages postérieurs marquent la dégénérescence. Les mœurs qui actuellement déroutent, ne sont pas justifiées, elles sont assez embrouillées, aussi l’auteur s’efforce t-il de les rendre plus compréhensibles. Au sommaire de cet ouvrage : Les Primanoxismes et les usages connexes – Afrique – Indonésie – Amérique – Polynésie – Australie – Europe – Sources lointaines de ces coutumes – la valeur de la virginité - Pourquoi certains peuplent considèrent comme déshonorant, pour une femme, d’être déflorée par son mari - Valeur de la virginité - Coutumes aberrantes relatives à la défloration - Défloration au moyen d’objets divers - du doigt - défloration par d’autres hommes, autre que le mari - Les différentes modalités, et l’extension de la prostitution prénuptiale - Le mulierisme - le centaurisme - l’accouplement bestial - la hiérodulie - le sacerdotisme - le sénisme - le principisme - le nasamonisme - l’arkisme - le pérégrinisme - la prostitution babylonienne - le cadéberisme - le talisme - l’échangisme - la prostitution rituelle des femmes mariées - sens du primanoxisme - Le lieu et le salaire de la prostitution nuptiale - Le sanctuaire - le harem - le don afférent à la défloration et à la prostitution sacrée - la dot de la femme et l’union hiérogamique - le don en argent - le mariage par achat - Sens profond de la liturgie de sexualité et des conceptions phalliques - Le sacrement de sexualité d’après les vues anciennes - l’hermaphrodisme initial - la liturgie de sexualité et la notion du domaine rituel - la dégradation des rites sexuels - les « messes noires » - |
GORDON - LA RÉVÉLATION PRIMITIVE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2008 |
L’on
nomme Révélation Primitive, la
communication spéciale qui s’est établie, tout au début de l’histoire
humaine, entre l’homme et la préternature. Par préternature
nous entendons l’univers transcendant ou dynamique qui forme le substrat des
choses accessibles à nos sens. L’on peut concevoir cette communication de
deux manières : La
première consiste
à admettre que l’être humain fut jeté, dès le principe, dans le cosmos que
nous avons sous les yeux, autrement dit dans le monde saisi comme physique,
par l’intermédiaire des sensations, et que Dieu lui dévoila alors des notions
plus hautes, propres à l’univers de la transcendance. Le péché originel mit
fin à ces contacts, et notre espèce en fut, désormais réduite aux modalités
empirique de la connaissance. La difficulté est de discerner par quelle voie,
dans cette hypothèse, se communiquaient primitivement à l’homme, les idées
qui l’exhaussaient au dessus du monde appréhendé comme physique ou
spatio-temporel, et le renseignaient sur le royaume divin, était-ce par
l’intermédiaire des sensations ? ou au moyen d’intuitions mystiques, qui
soustrayaient momentanément la pensée à l’emprise des perceptions
sensibles ? La seconde conjecture est, de toute évidence, seule acceptable. Mais autant dire alors que le milieu intuitif, caractéristique de l’état édénique primordial, différait de l’ambiance physique au sein de laquelle nous nous mouvons. Nous retombons ainsi dans cette 2e conception, d’après laquelle l’homme fut primitivement placé dans le cosmos de la matière saisie directement comme radiante, en d’autres termes dans l’univers, extraspacial et extratemporel, de l’énergie pure, où la pensée n’est pas arrêtée par les impressions des sens et accède au dynamisme des l’être. Le milieu primitif de l’homme était donc, suivant cette seconde notion, à tous égards transcendant et divin. L’initiation
chez les « Primitifs » consiste essentiellement à révéler
l’existence d’un monde réel, d’un univers divin, et à mettre en contact avec
lui, les novices, après les avoir dépouillés de leur personnalité ancienne
(c’est la mort du vieil homme dans les rites modernes). Chez
ces peuplades primitives d’Afrique ou d’Australie, les jeunes gens sont
rassemblés, puis les surveillants se saisissent d’eux et les élèvent à bout
de bras vers le ciel comme pour les confier à l’Être Suprême ; les
gardiens sont ensuite eux-mêmes soulevés, le visage tourné du côté de leurs
pays respectifs. Pendant ce temps tous les assistants tiennent le bras tendu
vers la lumière du ciel ; il s’agit là de rattacher les jeunes novices à
l’Être Souverain. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Etat primordial d’illumination, occultation primitive et révélation - Importance du premier ancêtre - L’existence de la tradition prouve que la pensée humaine ne relève point de l’animalité - La substance de la tradition primitive - Inconsistance présente de l’histoire et de l’homme - Chapitre 2 : Conséquence générales de l’occultation primitive - Rupture de l’être avec l’unité - Isolement du JE humain - Le travail comme condition de la vie du corps - Transformations organiques - La mentalité ontologique - Pourquoi la mentalité empirique actuelle ne fut point primitive - Chapitre 3 : Les Initiations et les mystères, comme suite de la Révélation Primitive - Le rituel initiatique ou rituel de mort et de résurrection - Les diverses initiations, chez les primitifs, dans l’Antiquité, dans la chrétienté et dans divers courants spiritualistes - L’hermétisme - La tradition initiatique et son support rituel - La théocratie ancienne propagatrice des initiations et des mystères - Chapitre 4 : Le signe cruciforme comme symbole de l’occultation et de la révélation - La croix préhistorique à branches égales - Les symboles cruciformes - Survivances astrologiques - Le signe cruciforme païen et chrétien - L’illumination primordiale et le symbole du cœur - Chapitre 5 : La voyance - Les prophétesses sacrées - Pourquoi les Normes et les Moires l’emportaient sur les dieux - La voyance comme facteur d’unité religieuse - Chapitre 6 : La Religion, fruit de la Révélation primitive - Le sacré et les notions connexes - La religion et la science - La religion et la magie - Chapitre 7 : Le culte des ancêtres - La place du premier ancêtre dans les diverses civilisations - Le premier ancêtre et le diable - Le culte des morts - Chapitre 8 : L’univers rituel comme survivance de l’illumination primitive - L’île sacrée - La montagne sacrée - Les monts Atlas - La Rome primitive et le nombre 12 - Le monde souterrain ou les enfers - L’Autre monde et l’ici-bas |
GORDON - LE GÉANT GARGANTUA |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2012 |
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Au sommaire de cet ouvrage : 1e Partie : Les ancêtres de Gargantua : Chapitre 1 : Le géant qui mange les hommes – le vampirisme divin dans l’antiquité – Cronos – le vampirisme comme digesteur divinisant – les labyrinthes – régressions folkloriques – les carnavals – les incubes et les succubes – les lamies et les lémures – Hécate – Karkô – Krakos – Calchas – origine du mot « ogre » - l’île Gorgona – Chapitre 2 : Les grees et les gorgones – les îles gorgates – la descendance de Méduse et de Poséidon – le sang dragon – la valeur salvatrice du sang – la hiérogamie de la Gorgone – la mère divine dans le christianisme et dans le paganisme – Chapitre 3 : Où est né la Gorgone – le problème de l’Atlantide - Tula et Ogygie – le rituel diluvien – qui étaient les Atlantes ? – les 10 rois de l’Atlantide – l’empire des Atlantes – les courses de chevaux dans l’île sainte – Chapitre 4 : Les êtres et objets initiatiques désignés par le thème verbal G.R.G. – en Mésopotamie – les Kourganes russes – Le Mont Gargan – le Gargantua d’Angleterre – le galgan germanique – Gergovie, gargarius et galgerius – le mot gurges – la gorge initiatique – Grandgousier et Gargamelle – Grantgosier et Galemelle – la femme sacrée qui apporte des pierres dans son tablier –pourquoi le diable bat sa femme – Chapitre 5 : Saint Gorgon – Rivières et mont sacrés désignés par le thème verbal G.R.G. – Saint Georges et son histoire – Chapitre 6 : Ce que signifie les noms donnés au dragon – la fée Greg – la gargouille – le coquatrix et la cocadrille – crokos et crocodile – les monstres des sculptures romanes – la Tarasque – la Tarane – Dragon et cerf-volant – la tête coupée du dragon – Chapitre 7 : L’épée d’or et le cheval divin – Les enfants du Dragon – le meurtre de la Gorgone comme rite de libération – le géant anguipède – le cheval Malet - le cheval Gauvin – la blanque jument – le cheval Bayard et les divers chevaux – 2e Partie : Belen, « Père » de Gargantua Etymologie – Belen-Baleine – Belen et Belisame – Belen dans les pays européens – le Bel et les Baals de l’Orient – Belen-Bel – les avatars de Vishnou – L’île de Bali, Balinac et Bolotoo – Abellio – Belen et Gargantua – D’où vient le mot Bal – La tombe de la Roque Balan – les grands chasseurs initiatiques – Les Ballachrades d’Argos – La boulé, le bain, la bulle – les jeux qui se rattachent à Belen-Bel – 3e Partie : Gargantua : Chapitre 1 et 2 : Gargan et Gargantua – Evolution sémantique du mot Gargantua – Gargantua comme rameau de rosier sauvage – Chapitre 3 : Naissance et enfance de Gargantua – la Grande montagne – Merlin démiurge – Gargantua fils de vache – Gargantua et les mutilations initiatiques – Gargantua teint la terre de son sang, rituel de sacralisation – Chapitre 4 : Gargantua grand chasseur avec le roi Arthur – la « pierre gante » - Sainte Macrine – La reine Guenièvre – La Mesnie Hellequin – Caliburnus le glaive du roi Arthur – l’île où repose le roi Arthur – Arthur, enfant adultérin – le mythe d’Amphitryon – Gargantua croquemitaines – Saint Nicolas – Saint Leu – Loup garou – Chapitre 5 : Gargantua, Digesteur divinisant – les tombes de Gargantua – Gargantua et les dragons –les os de baleine – Gargantua et la peste – 50 paires de bœufs portent Gargantua en terre – Descente de Gargantua aux enfers – Chapitre 6 : Gargantua Libérateur et les rites terminaux des initiations – Gargantua et le soleil – Gargantua et les repas communiels – les festins du roi Luern - L’universalité de la personnalité de Gargantua – Chapitre 7 : Gargantua et son rôle d’initiateur – les empreintes et traces de Gargantua – la chaise du géant – les fesses de Gargantua – les culottes – l’écuelle – le lit – la barbe – les reliques – l’affiloire – l’ornière du chariot – Chapitre 8 : Gargantua et la sacralisation des montagnes – les rites scatologiques de création – les vomissements – la hotte – les étrennes – le Mont St Michel - les colonnes et les tours – les clochers et les cloches – Chapitre 9 : Gargantua et les pierres sacrées – les jeux – les palets et les gravois – les pierres d’autel apportées au Mont St Michel par Galemelle et Grantgosier – Marie-Madeleine – Chapitre 10 : Gargantua et les eaux sacrées – La traversée d’une rivière – le dragon maître des eaux – la sacralisation de l’eau par Gargantua – le Marais poitevin – les bateaux et les mariniers avalés par Gargantua – Construction de ponts – Chapitre 11 : Gargantua et les rites agraires – les végétaux – Esus – Sucellus et Taranis – la fondation de Bourges – les dieux bûcherons – Donar-Thor et les géants nordiques – Gargantua berger et personnalité lunaire – la femme de Gargantua – Chapitre 12 : Absence de connexion avec le feu sacré – rareté des danses et des rondes – Chapitre 13 : Résumé de la légende de Gargantua – « les Grands Dieux » - les dieux ancestraux – les Saints successeurs des dieux – |
GORDON - LE MYTHE D’HERMÈS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1985 |
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D’autres vols ont été attribués à Hermès, tel le vol du trident de Poséidon, l’épée d’Ares, la ceinture d’Aphrodite et les flèches d’Apollon. Il tranche la tête du géant Argus chargé par Héra de surveiller la génisse Io, amante de Zeus. Son dada est le bétail, il est d’ailleurs souvent représenté avec une brebis dans les bras ou sur les épaules. Telle sont les principales informations fournies par un hymne homérique fameux sur l’enfance d’Hermès. Cela peut paraître étrange que ce récit ai pu être récité lors de cérémonies initiatiques, mais à cette époque le merveilleux faisait parti des cérémonies. Hermès est souvent représenté avec un double visage, précédent ainsi le Janus romain, on le symbolise également comme le dieu de la fécondité animale et de la fertilité, l’analogue du dieu Pan, lequel était du reste tenu pour son fils ou son frère. . Il est également le conducteur des hommes aux enfers, il est la divinité des chemins et le protecteur des voyageurs, il est le gardien des portes – comme le Janus romain – Alors comment expliquer que ce dieu espiègle aux exploits disparates et chaotique soit devenu à la longue l’Hermès Trismégiste, le Maître des pensées transcendantes, le dispensateur de la lumière cachée, le révélateur des secrets initiatiques ? Les exégètes qui ont travaillé sur Hermès sont très partagé, certain tiennent Hermès pour une divinité solaire ou pour l’incarnation de l’aurore, d’autres y voit un dieu du vent, le crépuscule ou l’hypostase de l’obscur, mais la majorité se sont rallier à la phrase de Cicéron : « Hermès a des origines multiples. » L’auteur démontre qu’Hermès malgré cette multiplicité de visages se ramène à l’unité, lorsqu’on pose comme essence première de ce dieu l’ensemble des rites initiatiques, dont il fut considéré comme l’instaurateur. Au sommaire de cet ouvrage : Le rituel de mort et de résurrection – sens premier du mot Hermès – l’essence transcendante des hermai – Hermès bicéphale et tricéphale – Hermès tétracéphale – L’hermaphrodite et l’androgyne initial – les travestissements initiatiques – Le caducée et les deux serpents enlacés – le trident d’Hermès – Hermès phallos è les hermai et leur culte – les fêtes d’Hermès – Hermès et le coq – l’éphèbe – la lyre , les vols de bétail – les chiffres de 100 et 50 – les vaches femmes et Io – les vaches d’Apollon – le vieillard d’Anchestos – Hermès inventeur du feu sacré – les Thries – hermès et le rire initiatique – les pléiades et la fille d’Atlas – Hermès psychopompe – Hermès dieu des voyageurs, messager de Zeus, dieu des marchands et des affaires –Hermès logios et logos – Hermès Thot – L’hermétisme –le mercure gaulois – |
GORDON – LE SACERDOCE A TRAVERS LES ÂGES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1993 |
Le monde initiatique ou monde souterrain est au point de départ de toutes les religions certes il ne faut pas confondre religion et initiation, il n’en est pas moins indubitable que le rituel de mort et de résurrection fut le principe de base et resta toujours l’essence de toutes les formes religieuses quelles qu’elles fussent Depuis toujours le prêtre peut se définir comme celui qui établit la liaison entre l’univers physique, soumis à l’espace-temps, et l’univers dynamique, soustrait à cette sujétion, et ceci dans l’intérêt d’un groupe social. La connexion du cosmos phénoménal avec le cosmos du mana s’opéra d’abord par le père de famille, qui fut sans nul doute le premier prêtre. Pierre Gordon nous invite à un voyage dans le temps où il nous fait rencontrer les premiers prêtres, les chamans, les guérisseurs, l’élaboration lente des premiers dieux et tout ce qui tourne autour du sacerdoce religieux païen qui par la suite va muter vers une structure religieuse plus élaborée et plus contraignante. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre premier : Cosmos physique et cosmos dynamique - religion et science - l’initiation - définition du prêtre et le père de famille comme premier prêtre - le rôle sacerdotal de l’ancêtre - la théocratie - les rois-prêtres - Chapitre deuxième : les rois-prêtres - les Jukuns - les rois de France et leurs pouvoirs de guérir - L’investiture royale et la théocratie - Le roi-prêtre dans ses rapports avec le roi de substitution - Chapitre troisième : Sacerdoce masculin et féminin - le sacerdoce des eunuques et des efféminés - les travestissements sacrés de l’homosexualité - la fonction sexuelle du sacerdoce - l’investiture par hiérogamie - l’investiture royale dans l’ancienne Chaldée - survivances sacerdotale dans le matriarcat - Chapitre quatre : L’aptitude à la prêtrise, son principe, le vêtement sacerdotal - les clochettes et les grenades sacerdotales - les personnes aptes au sacerdoce dans l’antiquité - comment et pourquoi avaient t-elle du prestige - Chapitre cinq : Les fonctions du sacerdoce ; La fonction initiatique - Le chamanisme - la fonction prophétique - la fonction cosmique et médicinale - la fonction funéraire - L’œil d’Horus - L’œil de Râ - la fonction phallique - Chapitre six : Les fonctions du sacerdoce, sacrificielle et apparentées - La prêtrise du feu - les sacrifices sanglants - les habitudes alimentaires - le prêtre boucher et cuisinier - le prêtre laboureur et boulanger - la fonction de désécration - la chasse et la pèche comme sacerdoce - l’élevage des animaux - les bovidés, la lait, le fromage, le beurre et le prêtre laitier - la cheval et le porc - la poule, le chie,, le ver à soie, les abeilles, le prêtre apiculteur - le prêtre cannibale - comment se procurer des victimes humaines - les sacrifices humains comme rites initiatiques - déviation des idées sacerdotales relatives aux offrandes et aux sacrifices - les deux grandes étapes de la fonction sacrificielle - Chapitre sept : Les dégradations de la fonction sacrificielle dans le sacerdoce antique - évolution du vocabulaire liturgique chaldéen - la fonction sacrificielle chez les hébreux - L’holocauste primitif - le sacerdoce en Inde, en Egypte, à Rome, au Japon et dans le Mexique précolombien - les sacrifices de substitution - Comment fut mangé Pélops - l’emploi des figurines - Origine des sacrifices humains et du passage par le feu - Préparation et lieu des sacrifices - comment choisir les victimes - les rites des Thesmophories - le soma - la grande fête des Pygmées - les mystères d’Eleusis - le costume des sacrifiants - le sacerdoce dans le bouddhisme et chez les Jaïns - les castes sacerdotales - la chaine initiatique - classification des rites et des mythes - Chapitre huit : Bref aperçu sur la fonction royale et sacerdotale - le roi des Shillouks - la fonction liturgique du sacerdoce - le prêtre sacristain, administrateur, économe et banquier - le Potlatch - Les territoires sacro-saints dans le monde - le prêtre juriste, casuiste, magicien et exorciste - le sacerdoce dans le christianisme - |
GORDON – LES FÊTES A TRAVERS LES ÂGES – LEUR UNITÉ – L’ORIGINE DU CALENDRIER |
Pierre Gordon |
Edition SIGNATURA |
2004 |
Pendant
des millénaires, le Sacré et l’expérience liturgique ont été le support de
l’élaboration du calendrier.
Tous les calendriers,
grecs, romain maçonnique, chaldéen, égyptien, copte, hébraïque, musulman,
indou, chrétien, chinois etc… les fêtes et les chiffres sacrés, l’influence de
la lune et du soleil sur la vie traditionnelle et les conséquences
initiatiques et religieuses.
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GORDON – LES ORIGINES DE ROME, VALEUR HISTORIQUE DE LA LÉGENDE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
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C’est sur le mont Germal que vint s’installer la colonie albaine qui fonda la Roma Quadrata, et c’est sur cette colline que l’on trouva la célèbre grotte de Lupercal, repaire de la Louve divine et le sacro-saint figuier Ruminal, Acca Larentia et son sépulcre. Rumus ou ruma désignait anciennement la mamelle, le Tibre lui-même se nommait Rumon en sa qualité de nourricier, de son coté Jupiter portera l’épithète de Ruminus. La Louve nourricière figure d’autre part dans les Indigitamenta avec le qualificatif de Diva Rumina, elle possédait une petite chapelle au flanc du Germal : il est dès lors extrêmement vraisemblable que le nom de Rome provienne de l’allaitement divin qui s’y pratiquait. Un superbe ouvrage sur la naissance de Rome avec sa sémantique, ses légendes, ses mythes et tout ce qui tourne autour de cette ville qui fut très longtemps le centre du monde et exporta sa culture dans le monde entier. |
GORDON – LES RACINES SACRÉES DE PARIS ET LES TRADITIONS DE- L’ILE- DE- FRANCE |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
1992 |
Afin de mieux connaitre l’origine de Paris, l’auteur a eu recours aux traditions populaires. C’est à travers celle-ci que nous comprendrons mieux pourquoi et comment les données folkloriques se rapportent toujours à des rites qui furent propagés depuis le début et que l’Antiquité appelle des dieux ou fils de dieux. Pour découvrir la source de ces thèmes, c’est vers les récits religieux qu’il faut se tourner ; l’on entrevoit ainsi la grandeur initiale et les précieux enseignements de ces récits. Par exemple si nous voulons connaitre pourquoi le méchant loup mange le petit chaperon rouge, il n’y a pas d’autre moyen que de se reporter à Cronos-Saturne, cet ogre divin qui mangeait tous ses enfants dès leur naissance. Pour étudier l’origine de Paris, l’auteur remonte à une date assez éloignée de l’archéologie gallo-romaine et nous explique ce qui était à son sens Paris à la période préhistorique. Cette recherche s’accompagne par l’étude sémantique des noms de rues, de places, de lieux-dits, sur les langues parlées en Gaule avant l’arrivée des Gaulois, les noms des montagnes sont également riches en enseignements. En étudiant l’image que les générations se formaient de l’univers, on constate que les éléments fondamentaux de leur représentation se ramenaient à trois visions : L’Océan, l’Île, et la Montagne. De ces trois éléments qui surgissaient de la mer, s’irradiait vers les quatre directions de l’espace le mana divin ; telle était pour eux la vision primordiale, avec ce monde souterrain s’ouvrant par la caverne et dont le point central était les enfers, Ouranos y enfermait ses enfants et Cronos digérait les siens, ce qui signifiait une période ascétique nécessaire à une métamorphose de l’être et à une transmutation de l’homme par une mort-renaissance. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’île de la cité - Lutèce - la nef de Lutèce - Paris - Ce que fut l’île primitive de Lutèce - Chapitre 2 : La colline sainte du Nord : Montmartre du haut et du bas - le rite de la tête coupée et Montmartre - les personnages sans tête - Fusion ultérieure de l’initiateur païen et de l’évangélisateur chrétien - unité profonde du paganisme et du christianisme - la présence du Dionysos sur le mont Mercure - Chapitre 3 : La montagne sante-Geneviève et le château d’Hautefeuille - le mont Lucotecius - le sommet du mont Lucotecius - Comment entendre sainte Geneviève - légendes diverses concernant l’origine de la civilisation française et de Paris - Chapitre 4 : Le
Montsouris et le tombeau des Géants - la tombe d’Isoris - les
tombeaux des géants - appellations diverses du géant - les processions - leur
sens et leur origine Chapitre 6 : Saint Marcel et le dragon de la Bièvre, les Gobelins - Le bourg saint Marcel, premier emplacement chrétien de Paris - saint Marcel et le dragon - signification du rite - le monstre de la Bièvre et géant de la tombe d’Issoire - les Gobelins et les Gabales - Chapitre 7 : Le diable Vauvert - la rue d’enfer - le diable vert - sa provenance et son domaine - l’expulsion du diable vert - comment expliquer qu’un domaine parisien ait appartenu au diable en plein XIIIe siècle chrétien - ce que révèle le diable Vauvert - Chapitre 8 : Carrières et hauteurs, L’origine du Louvre - Ce que fut d’après diverses survivances Paris durant les derniers millénaires de la préhistoire - Transformation des cavernes en carrières - cavernes et hauteurs parisiennes - Chapitre 9 : Feux, Géants, Ours, Moine bourru, Grand serpent et quelques corporations - Les feux de la Saint Jean - les géants de la rue aux ours - l’ours de la chandeleur - les survivances du grand chasseur - le grand serpent de la cité la corporation parisienne des bouchers - la noblesse parisienne - la corporation des « marchands d’eau » - les institutions municipales de Paris - les vignerons de la région parisienne - la saint Vincent - les jardiniers de la région parisienne : saint Fiacre et saint Ortaire - Chapitre 10 : Fêtes de Paris et de l’île de France - Le jour de l’an à Paris - la fête des rois - la chandeleur - le carnaval parisien - le fête des fous - le fête des innocents - les sots et les soties - la mi-carême - les fêtes de Pâques - les rites de la sexualité - leur épuration par le christianisme - les rites du 1e Avril - la grande fête du 1e Mai - la fête de la moisson - le 1e Novembre - les vieux saints médiévaux de Paris - les 12 nuits - les jours alcyoniens - l’interdiction de la pomme - Notre Dame de l’O et les vierges noires de Paris - la fête de Noel - Conclusion : La sacralisation antique par l’eau - La préhistoire et l’ogre - Caractère de la seconde théocratie - les trois personnalités fondamentales des initiations - Les îles de femmes - le rôle des arbres dans l’ancienne justice française - les rites slaves de Koupala - le région parisienne de Verrières - |
GORDON - LES RELIGIONS DES PRIMITIFS |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2004 |
Au-delà de ce qui semble être un simple traité d’ethnologie au demeurant extrêmement fouillé et documenté, l’on perçoit très vite les idées typiquement gordiennes, en particulier la mise en lumière de certains archétypes communs aux religions primitives : les rites de création (ou diluviens » les rites de mort et de résurrection, les rites d’initiation, le repas communiel, le totémisme, les tabous etc…, idées qui ne sont rien de moins que celles qui ont trait à la Grande Tradition Primordiale, formant la trame unique de toutes les manifestations religieuses. L’œuvre abondante de Pierre Gordon qui refait surface grâce à la passion de quelques dévots, conjugue une connaissance précise de l’ethnologie et des sciences religieuses avec une conception très structurée sur le plan philosophique et métaphysique. A cet égard l’ensemble de ces travaux pourraient s’intituler « A la recherche de la radiance perdue ». Qu’est-ce à dire. Pierre Gordon qui fut haut fonctionnaire de la marine marchande, était hanté par une certitude simple : notre monde a été précédé d’un monde spirituel lequel, à l’issu d’une catastrophe métaphysique – ce mot voulant précise au-delà de la matière – a donné naissance à ce monde actuel. Ce monde présent est le produit de la matérialisation et de l’opacification des lumières du premier monde de la création, deux processus qui furent à l’origine des déterminismes physiques et de la mortalité biologique. Rejoignant les intuitions de Nicolas Berdiaev et d’Henry Corbin, la pensée de Pierre Gordon repose sur un questionnement d type ésotérique qui n’est pas sans rappeler la Tradition de la Gnose. Pierre Gordon fut un savant pour qui la connaissance de l’histoire des religions, la foi en Dieu et en la permanence du monde divin ne formaient qu’une seule et même réalité spirituelle. Elève de Durkheim, il fut un acteur engagé religieusement dans l’histoire des religions qui pour lui ne faisaient qu’illustrer la vérité de son action centrale, selon laquelle toute forme d’organisation sociale des peuples premiers, qu’elle soit politique, religieuse ou autre, ne fait qu’exprimer une nostalgie douloureuse de la création dans son état originel qui se traduit par des tentatives inlassables pour rétablir la continuité du fondement ontologique du monde. Les formes religieuses que l’auteur passe en revue dans cet ouvrage sont aimantées non seulement par la certitude de l’immortalité mais par une volonté constante de montrer comment les hommes ont cherché à restaurer l’état primordial de leur condition. La recherche de la radiance perdue forme la trame unique de toutes les manifestations religieuses car pour l’auteur, l’unité des religions est dans cette mémoire du monde divin maintenue et entretenue par les différents groupes humains. Cet ouvrage n’est pas seulement s’intéresser aux religions des peuples premiers dans les années cinquante, mais c’est aussi au-delà du foisonnement des exemples, l’amorce d’une quête vers le retour à nos origines. Au sommaire de cet ouvrage : 1 - Ce qu’il faut entendre par peuple primitif 2 – Les négrilles de l’Afrique équatoriale - les rites - le système religieux – 3 – Les peuplades archaïques de l’Afrique australe - les Damaras ou Bergdamas - les Bochimans ou Bushmen - les Hottentots - la religion khoisane - les Héréros - 4 – Autres peuplades africaines - les Bantous - civilisations africaines diverses - les Touaregs - 5 – Religions archaïques de l’Asie - Les Semang de Malacca - les Aeta des Philippines - les Andamans - les Todas de l’Inde méridionale - le Tibet - le nord de l’Asie - les éléments de la religion archaïque - 6 – Les religions archaïques du continent américain - le système religieux - les initiations et les rituels - la vie après la mort - le totémisme chez les amérindiens - le cannibalisme rituel - les indiens cultivateurs de la forêt amazonienne - l’Antiquité du groupe Tupi-Arawak-Caraïbe - ses migrations - le sacerdoce chez les peuplades primitives - les anciens emplacements sacrés - |
GORDON – LES VIERGES NOIRES – L’ORIGINE ET LE SENS DES CONTES DE FÉES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2003 |
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7/ Bien que les autorités religieuses et royales luttèrent
pour abolir ce culte des Vierges noires, le peuple eut le dernier mot et par
exemple à Chartres, la Vierge noire fut l’objet d’un culte au même titre que
les autres 8/ Le clergé essaya de déplacer ces vierges noires, mais elles
revenaient aussitôt à leur endroit initial, c'est-à-dire souvent dans des
endroits souterrains. De plus lorsqu’on sortait la statue de son contexte
habituel, elle perdait ses pouvoirs merveilleux, et donc on les remit
vite à leur place.
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GORDON - l’image du monde
dans l’antiquitÉ |
Pierre
Gordon |
Edition
ARMA ARTIS |
2005 |
Le
but de ce livre est de marquer les traits principaux de la représentation que
les anciens se sont formée de l’univers et d’en établir si possible les
origines. Le
problème est loin d’être simple, ce qui a contribué à l’embrouiller, c’est
que l’on a toujours situé au point de départ une recherche mentale analogue à
la nôtre ; les hommes se seraient posé, en des temps anciens, les
questions que nous nous posons aujourd’hui, et ils les auraient résolu par
des hypothèses. Ils se seraient demandé par exemple, d’où provenaient les
choses physiques, de quelle manière elles avaient débuté et comment elles
avaient revêtu l’aspect que nous leur voyons, ils auraient en tâtonnant
dégagé quelques images et quelques idées, qui leur auraient paru
explicatives, les générations postérieures auraient poursuivi ce travail, en
t introduisant progressivement plus de précisions, et en éliminant la
gangue religieuse initiale ? La théogonie aurait ainsi évolué en
cosmogonie, puis en cosmologie et en physique. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : Considérations préliminaires - La
hiérogamie néolithique et le rite de séparation comme origine du cosmos
- Les cycles de culture - L’ascèse de l’Île sainte
- Le rituel de mort et de résurrection - la Grande
Montagne - la croix spatiale et les quatre régions de
l’étendue - la sacralisation des animaux et le revêtement
de peux de bêtes - le serpent et l’oiseau - le Grand
Chasseur - Chapitre 2 : Conséquences pour l’image antique du monde - Les
traditions lointaines sur l’origine des choses - Le
Hara-Berezaiti - le Mérou - les autres montagnes
saintes antiques - le Temple-montagne - les hypostases
du sacré contenu dans la montagne - Chapitre 3 : Les éléments principaux de l’image antique du
Monde
- Le feu - L’océan - la sainteté -
la descendance de la mer d’après Hésiode - L’océan et l’eau
douce - la conception chaldéenne de l’apsu - L’Île de
l’ouest et de l’Est - les deux cornes de la montagne
- la caverne initiatique et l’œuf cosmique - la noix
cosmique - Chapitre 4 : L’image du monde dans l’Inde - Le
jaïnisme - le bouddhisme - Le brahmanisme
- Chapitre 5 : La chute progressive de l’humanité -
Prédilection de l’Inde pour les chiffres astronomiques - Chapitre 6 : La notion du retour éternel -
L’ascension après la chute - Origine de la conception du retour
éternel - Chapitre 7 : Le pommier et les pommes d’or -
Héraklès et les pommes d’or - Les pommes initiatiques
- la place de l’Inde - Chapitre 8 : Les trois étages cosmiques, les Enfers et le
Ciel
- Enfer et Ciel d’après le Jainisme, le bouddhisme et divers cultes
Hindoues - Les ciels primitifs reposent sur une conception
exactes et une réalité rituelle - La descente du Christ aux
enfers et sa montée au Ciel - les volcans comme mondes
souterrains - les paradis et les enfers astraux - Chapitre 9 : Les visites à l’autre monde -
Pourquoi toutes les descriptions sont fautives - L’univers
phénoménal comme création de l’homme - Chapitre 10 : L’origine des dieux et des démons -
Identité première des dieux et des démons - Chapitre 11 : Origine de la croyance à la survie - Chapitre 12 : L’Essence de l’Homme et de l’univers - L’idée
platonicienne - La philosophie des sauvages - Le yoga
de l’Inde - la taoïsme chinois - Le çaktisme - Chapitre 13 : Le Karma - Les divers Karma de
l’Inde à travers le bouddhisme, le Jaïnisme, le Brahmanisme -
Comment l’Inde a faussé les conceptions initiatiques primordiales
- Transmigration et métempsychose - Chapitre 14 : Les applications du Karma -
Liaison avec le système des castes - Ce qui oriente les
réincarnations - L’enfer des renaissances sans fin -
La voie du salut - Chapitre 15 : L’harmonisation rituelle de l’homme et du
cosmos
- La détermination de l’omphalos et l’orientation rituelle
- le rite de Circumambulation - Chapitre 16 : Passage à la cosmologie - Sens profond des rites néolithiques de création - Les cosmogonies créationnistes - les cosmogonies démiurgiques - les cosmogonies émanationnistes, philosophiques et scientifiques - Valeur pérenne du rituel ancien et de l’image antique de monde - |
GORDON - L’INITIATION PRIMORDIALE ET L’ORIGINE DES RELIGIONS - Introduction à l’œuvre de Pierre Gordon |
Roger Parisot |
Edition Arma Artis |
1993 |
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Il est vrai que les Dieux ont vécu sur la terre, et il est vrai que jadis les bêtes parlèrent, il est vrai que les morts peuvent ressusciter et que les décapités peuvent ramasser leur tête, il est vrai que des « ogres » mangeaient les « petits enfants » et que la baleine avala Jonas, vrai qu’Apollon vint d’Hyperborée accompagné de cygnes, et que Lohengrin parti, emporté par eux, vrai que Siegfried combattit le serpent et que Mélusine disparut, transformée en Wouivre, vrai que le prophète Elie fit descendre le feu du ciel sur les autels et que le Verbe, qui est la lumière illuminant les hommes, s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous. Le grand mérite de Gordon est d’avoir su établir l’existence, au fondement et à l’origine du phénomène religieux de faits socio-historiques réels et d’avoir ainsi pu reconstituer la pré-histoire des religions et du sacerdoce, en montrant la véritable Genèse, du péché d’Adam à la résurrection de Jésus de Nazareth. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre I : Pierre Gordon et la méthode sociologique - Chapitre II : Le feu sacré et l’univers de la radiance Chapitre II : Le péché originel et le Paradis perdu Chapitre IV : L’Âge d’or, le mythe du Déluge et Noé – Chapitre V : L’île sainte et la montagne sacrée Chapitre VI : L’initiation : mort et résurrection - Chapitre VII : Le grand veneur, le digesteur et le libérateur Chapitre VIII : Le serpent et l’oiseau Chapitre IX : Le combat initiatique Chapitre X : Initiation et sexualité Chapitre XI : Christianisme et initiatisme |
GORDON - L’INITIATION SEXUELLE ET L’ÉVOLUTION RELIGIEUSE |
Pierre Gordon |
Edition Presse Universitaire de France |
1945 |
L’on rencontre dans l’histoire religieuse, et dans le folklore qui la prolonge, nombre de faits déroutants, dont aucune explication satisfaisante n’a encore été trouvée à ce jour. D’où viennent par exemple ces sacrifices au dragon et qui ont partout pour corolaire une lutte contre un dragon ? Pourquoi d’autres animaux remplacent-ils souvent le dragon ou le serpent ? Pourquoi les victimes exigées par ces personnages mythiques sont elles presque toujours des jeunes filles de préférence vierges ? D’autre part, d’où vient le fait que dans beaucoup de civilisations autrefois, les jeunes filles avant le mariage devaient se prostituer ou du moins coucher avec un homme autre que son mari ? D’où vient l’institution de la hiérodulie, ou prostitution sacrée ? Comment expliquer les accouplements avec des animaux ? Dans les rites matrimoniaux comment entendre l’origine du mariage par rapt ? Comment se fait-il également que tant de cas de mariages se soient accompagnés de luttes ? Il y a là, se rapportant à l’union sexuelle, un ensemble de questions, dont la solution sinon l’explication doit être cherchée au cœur même des croyances et des pratiques religieuses, et l’auteur dans cet ouvrage va aller au plus loin et plus profond possible dans ses recherches, il nous offre donc des solutions, des explications, des idées de pistes qui donnent une base de réflexion logique et satisfaisante, tout en laissant la porte ouverte sur d’autres explications. Au sommaire de cet ouvrage : Chapitre 1 : L’initiation sexuelle du Néolithique et ses conséquences sociales - Aperçu d’ensemble - L’amazonisme - La prostitution rituelle avant le mariage - Mythes grecs relatifs à l’union sexuelle pratiquée dans les temples - Le sacrifice humain d’origine initiatique et l’accouplement bestial - Les réactions contre la défloration rituelle - la prostitution sacrée ou hiérodulie - la prostitution des mâles - Le monachisme païen - Le rôle de l’exogamie - Chapitre 2 : L’initiation sexuelle et la Bible - le meurtre des Sichémites - La circoncision de Moïse - la guerre contre les Benjaminites - La fille de Jephté - Samson et Amaterasu - la saga de Samson - Chapitre 3 : L’initiation sexuelle et la notion de paternité - Vue générale des initiations néolithiques - La Teoknonymie - L’évolution économique à la fin du néolithique - Chapitre 4 : L’initiation sexuelle et la prohibition de l’inceste - Théories diverses concernant l’origine de la prohibition de l’inceste - l’inceste rituel primitif - Conséquences sociologiques de l’inceste, rituel primordial - l’exogamie dualiste - Corollaires de l’exogamie - Déduction des règles matrimoniales - Privilège de familiarités et avoidances - Récits anciens se rapportant à l’exogamie - Comment expliquer l’amazonisme, c'est-à-dire la formation de communautés exclusivement féminines ? - Le système dualiste dans l’Antiquité et chez les personnages divins - ses rapports avec l’eau - L’ethnographie et la préhistoire - |
GORDON - L’ORIGINE DE L’HUMANITÉ D’APRÈS LES TRADITIONS ANCIENNES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2001 |
L’étude de l’Ancien monde conduit de toutes parts à cette vérité, qu’il n’a existé originairement sur la terre qu’une seule religion, dont les cultes locaux ne furent primitivement que les émanations plus ou moins pures. Outre l’éclatante uniformité des croyances, certains rites fondamentaux, extraordinaires de leur nature, et néanmoins communs à tous les peuples, rendent cette unité d’origine à travers soixante siècles. Chez Gordon, la recherche érudite est au service d’une idée centrale, à savoir l’encrage historique ou même préhistorique des mythes, cette volonté vaut chez lui acte de foi et conditionne l’ensemble de son œuvre. Cet ouvrage, brillante synthèse de sa doctrine, avance l’idée que la pensée humaine a connu, une révélation divine, que l’homme a été nanti d’un pouvoir mental supérieur occulté ensuite par la chute. Plongé dans l’univers physique d’un cosmos opaque, il tente de retrouver le monde de Lumière dont il est originaire. C’est dans ce but que des inities, dont on a fait plus tard des « dieux » parce que la radiance divine émanait de leur personne auraient institué ; dès le néolithique, un rite initiatique de morte et de résurrection qui pourrait bien être à la base de toute religion. Pour Gordon, la vraie patrie de l’homme se situerait dans l’univers de la radiance dynamique et non dans le monde physique saisi comme phénoménal ; l’homo sapiens adamique, comme il l’appelle, aurait connu cette plénitude d’être interdite à l’homme depuis sa chute, d’où sa nostalgie du Paradis perdu. Seule l’initiation, prélude à une nouvelle naissance spirituelle, peut sauver l’homme ; c’est ce qui ressort des rites religieux pratiqués et axés sur les mythes de l’Ile Sainte au milieu des eaux, de la grande Montagne avec sa caverne initiatique et liturgique et bien d’autres. Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages : Ce qu’est l’homme - Origine de la religion et du sacerdoce - la théocratie paléolithique et le matriarcat - la Déluge - L’Âge d’argent - La mère Divine, les rites de sang, les rites phalliques. - le revêtement de peaux animales - La décadence religieuse post néolithique - Les traditions égyptiennes - la tradition d’Hermopolis - La tradition d’Héliopolis - Amon-Min ou Amon Ithyphallique - les éléments de l’Ennéade héliopolitainne et leur provenance rituelle - la tradition Memphite - Les traditions Chaldéennes et Assyriennes - Cosmogonies de Nippur - le monstre Tiamat - la création d’après Bérose - le Déluge - Les 7 âges - le Khidhr - la caverne des 7 dormants comme caverne cosmique - L’arbre de vie dans la Chaldée ancienne et sa place dans l’origine du monde - L’eau de vie - les deux montagnes, l’Arallu comme pays d’or - Les traditions Hindoues - le Mérou - la Scythie - Les quatre couleurs et les quatre castes - les quatre métaux et les quatre âges - les quatre animaux - Les traditions iraniennes et asiatiques - L’Airyana Vaedja - Migration des noms désignant le fleuve sacré et la Montagne Sainte - le Lanpolo - L’Oudyana (Eden) - le Khotan et le dieu Kuverâ - La montagne Sainte des juifs : le mont Moriyah - L’Ouschidarena - L’Arparcin - Le sens primitif du mot Paradis - le Paradis de Yima - L’enfer et la cosmogonie iranienne - Les origines et la fin des choses d’après les traditions nordiques - Le rôle de l’arbre dans les traditions relatives aux origines - Le pilier cosmique - L’arbre, chemin du Ciel - Les créations celtiques par l’arbre de vie - Les traditions chinoises - La montagne de jade et le pêcher d’immortalité - Les notions fondamentales de l’Orphisme - Phanès, ou le premier Dionysos - Zagreus ou le second Dionysos - Bacchus ou le troisième Dionysos - L’œuf cosmique - Survivances diverses des vues traditionnelles relatives aux origines - Le Temple-Montagne et les constructions qui en relèvent - Origine des jardins zoologiques et botaniques - La montagne et la colonne - Les pierres dressées - les Yorubas - Le centre du monde et les traditions relatives aux origines - la notion d’Omphalos et sa localisation - Le Templum - L’amphidromie - Les deux chemins - Rahû le grand Dragon - La transmigration et ma métempsychose expliquent-elles les origines humaines ? - La création par la pierre, le végétal, le bois - le rituel phallique - Création des animaux par l’homme ou l’homme par les animaux ? - Formation de l’homme à partir d’un œuf - Le proto-rituel de création et ses déviances - Les deux rituels de création d’après la Bible - Comment la théocratie néolithique a déterminé les traditions relatives aux origines - Le rôle du surhomme et celui de la femme - L’eschatologie - La noyade comme mort initiatique - la mort des Niobides - le dépeçage de Pélops - Le monde des morts initiatiques identifié à celui des Mânes - Remus et Romulus - Les hiérogamies - Rituel de sexualité et les initiations - La caverne - les animaux cosmiques - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES FÊTES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
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Au sommaire de cet ouvrage : La fête d’origine : Insuffisance des théories naturistes - Le rituel de mort et de Résurrection comme principe des fêtes - La fête unique qui commémorait la création du monde, en même temps qu’elle en marquait la rénovation - la fête unique et universelle - la civilisation pastorale - les trois fonctions initiatiques - Les cortèges des fêtes ou processions : la bateau et le maquillage initiatique - comment est né la fête des défunts - les mascarades sacrées - les déguisements sexuels - Les fêtes et les initiations, l’Initiation royale - Le renouvellement des pouvoirs royaux - le roi temporaire et de substitution - l’intronisation royale - le Chalngo de Lhassa et le roi de l’impureté - le roi-dieu - le sceptre - La mise à mort du roi lors des fêtes anciennes - le roi et les rites babyloniens du nouvel an - Les sacées - Sémiramis - le roi jardinier - Enlil-Bani - le monarque de remplacement - le roi était-il immolé de façon sanglante ? - sévices annuels contre le roi véritable - les sacrifices humains en Assyrie - les victimes humaines volontaires lors d’un décès - Les fêtes et les représentations rituelles : Amenuisement des rites en scénarios liturgiques - Origine du théâtre - le rire rituel - Nietzsche et l’origine de la tragédie - la danse -Transcription des scénarios sacrés en hymnes - Les fêtes, le feu sacré et les astres : L’enceinte sacrée, centre des fêtes - L’origine surnaturelle du feu - Le feu sacré et le roi - L’allumage et l’extinction des feux sacrés - la création initiatique par le feu - la marche sur le feu - le soleil et le feu initiatique - la lune et le rituel initiatique - la mère lune et ses deux enfants célestes - la lune et le mana - influence solaire et lunaire - identification de l’homme avec les astres - Les fêtes et les rites de l’eau : L’eau sacrée comme véhicule du feu transcendant - le lien de l’eau avec le rituel de mort et de résurrection - L’eau comme breuvage d’immortalité - l’eau changé en vin lors des fêtes - L’eau celtique créatrice - survivances folkloriques - les eaux captives - la marche sur l’eau - le Déluge - Les rites de l’Air : L’air en tant qu’espace et en tant que vent - les rois ou les seigneurs du vent - Les fêtes et l’arbre cosmique ; la lutte contre le dragon, les sources du mana chez les végétaux : L’arbre cosmique inversé - l’arbre de jouvence et de tous les biens - l’arbre de la connaissance du bien et du mal - Divinités émergeant des arbres - leur habitat - les animaux et l’arbre sacré - l’arbre et la pierre - L’arbre et l’air - La cueillette des fleurs et des herbes, la mère divine et les végétaux : fleurs d’or et plantes d’or - L’arbre initiateur et créateur : L’arbre, père des hommes - origine des berceaux - L’homme arbre comme initiateur et père - Dégradations des vues anciennes, les arbres et les rites de fécondité - Identité de l’être humain initié et du végétal sacré : Le mariage des arbres - mariage d’un être humain avec un arbre - l’arbre femme et les fleurs enfants - arbres plantés lors d’initiation et lors d’une naissance - l’arbre clanique - les arbres comme hommes vivants - Les feuillages initiatiques, le transport de l’arbre sacré et le rituel royal : Huttes de feuillages - la légende de Midas - Les dendrophores - la poursuite de la décapitation du roi en Bohème - Le roi silésien et le fou de la Pentecôte - Rites divers accomplis autour de l’arbre sacré durant les fêtes : Arbres à résine - Plantes à propriété stimulantes ou stupéfiantes - Fonctions des végétaux sacrés au cours des fêtes - culte rendu aux arbres - Les fêtes et les rites relatifs aux pierres : la pierre et l’arbre - l’omphalos - la pierre créatrice - Jet de pierres (lithobolie) - Les monticules de pierres - la croix néolithique - les dolmens et les mégalithes mortuaires - Les fêtes et les mégalithes : Origine des mégalithes mortuaires - la montagne sacrée - les menhirs masculin et féminins - les dolmens et les cromlechs - les cairns ou monticules sacrés - les alignements - Le rôle des pierres sacrées lors des fêtes : Les pierres oraculaires - les pierres de fécondité et d’accouchement - les pierres d’amour, guérisseuses, percées, gardiennes, de pluie, - les pierres venues du ciel - les météorites - les pierres qui volent - les pierres qui parlent et qui déplacent toutes seules - les pierres noires - Pierres de prospérité, de jugement, à ordalie, les pierres-dieu, les pierres témoins, les pierres commémoratives, les pierres-serment, les pierres limites - Les luttes rituelles aux cours des fêtes : Les avatars du dragon - carnaval - la mort - l’hiver - la grand-mère - les sorcières - le jeu de la soule - origine des jeux - Autres rites de fête : Rite de deuil - rite agraires, de chasse et de pêche - rites de métiers - mutilations initiatiques - sacrifices humain et d’animaux - Nom nouveau et vêtement nouveau - les couleurs initiatiques - banquet communiel - Mariage et rites de sexualité - les cadeaux de noce et de nouvel an - Danse et nudité rituelle - le bruit sacré et la musique - les fêtes et les arts du dessin - le rire rituel - la fraternité initiatique - L’effervescence des fêtes : la fête comme folie - Echelonnement des fêtes dans ses rapports avec les éléments - Fêtes patronales et individuelles - Les Panathénées - Les arrhephores - Les Thesmophories - Les Dionysies - |
GORDON - ORIGINE ET SENS DES MYTHES |
Pierre Gordon |
Edition Arma Artis |
2006 |
Cet ouvrage de Pierre Gordon, montre que toute mythologie est un recueil de documents, d’une nature particulière, mais irremplaçable. Contrairement à ce que l’on admet, le mythe n’est jamais un produit de la fantaisie, sans rien définir ici, on indiquera que rien n’est moins inventif que l’imagination dite mythique ; elle se calque toujours étroitement sur une réalité, qu’elle décrit avec scrupule, seuls sont parfois façonnés à une date plus tardive, les raccords entre les éléments mythiques ; l’on aboutit ainsi à des interprétations qui dénaturent le sens primitif du récit ; néanmoins, grâce aux détails traditionnels qui surnagent, il est possible, le plus souvent d’entrevoir le sens. Est analyser longuement les différentes méthodes d’exégèse mythologique proposées au cours des siècles : naturisme, mânisme et autre magisme. Concernant chacune d’elles, il est fourni des informations suffisamment détaillées pour qu’on puisse s’en former une notion exacte ou poursuivre des investigations personnelles. L’on a longtemps supposé que les mythes décrivaient des phénomènes naturels, ce qui leur ôtait toute connexion avec l’histoire. Cette théorie, que l’on peut nommer naturiste ou naturaliste a été en vogue dès l’antiquité grecque, puisque les penseurs Ioniens assimilaient déjà Poséidon à l’eau, Héra à l’air etc… et que les Néoplatoniciens identifiaient quantité de dieux au soleil. Aux temps modernes, tous les grands phénomènes cosmiques ont été considérés à tour de rôle comme le foyer cristallisateur de la mythologie. D’après Renan, le grand mythe néolithique de la Vierge Mère serait la transposition de l’Aurore Virginale, de l’Aurore aux doigts de rose, qui chaque matin tire du néant la nature. Autre exemple : la lutte d’Œdipe contre le sphinx qui signifierait le combat d’un génie lumineux contre les nuages chargés de pluie. De même la légende d’Achille serait un drame mythique de l’orage. Au sommaire de cet ouvrage : Le naturisme - L’évhémérisme - Le mânisme - Le symbolisme - Les mythes sont des phénomènes sociaux - Le magisme - Le cyclo-culturalisme - L’initiatisme - L’essence des mythes - |
GORDON – ORIGINE LOINTAINE DE LA FRANC-MAÇONNERIE ET DU COMPAGNONNAGE |
Pierre Gordon |
Edition Signatura |
2013 |
La maison humaine primitive fut une construction sacrée, et,
en tant que telle, elle fit, à toutes les étapes e son édification, l’objet
de rites précis. Bâtir une maison, fut durant des millénaires une œuvre liturgique,
ressortissant au rituel de mort et de résurrection. La
maison elle même n’avait d’ailleurs pour but, à l’origine, que de dispenser
le mana surnaturel et d’en imprégner la pensée humaine ; si bien que la
construction d’une demeure ou d’un temple équivalait à une véritable
initiation. Suivant
la règle générale, admise par la théocratie ancienne, tous les instruments et
tous les matériaux qui intervenaient dans le travail rituel, possédaient le
caractère sacré et une valeur symbolique. Chez
beaucoup de peuples, ce lien étroit du travail et de l’initiation a subsisté
jusqu’à nos jours. C’est le cas notamment chez de très nombreuses tribus de
guerriers, de chasseurs, de pécheurs, d’agriculteurs et d’artisans. En
Occident l’alchimie qui était nettement une survivance des rites
préhistoriques, a maintenu les vues du paganisme initiatique. Obtenir l’or
pur, fabriquer du métal or, n’est pas un travail de recherche de la richesse,
bien au contraire, l’alchimiste recherche à accéder à la radiance de l’univers
cosmique et dynamique, il cherche à résoudre le cosmos comme phénoménal en sa
substance énergétique immortelle. Le travail de laboratoire et le feu de
l’Athanor, n’ont constitué pour les vrais alchimistes que le coté superficiel
du Grand Œuvre, celui-ci n’étant rien d’autre que la métamorphose de l’esprit
humain en lumière pure. La
franc-maçonnerie, qui a pris la suite de la franc-maçonnerie opérative, peut
de son coté, revendiquer très légitimement une filiation directe à l’égard
des initiations préhistoriques, en tant que celles-ci se trouvaient liées à
l’art de bâtir la maison humaine et les temples. Ce
n’est pas par hasard que la franc-maçonnerie utilise dans ses rites le
maillet, le ciseau, le compas, l’équerre, la règle, le levier, la truelle et autre
niveau, elle se conforme à l’usage théocratique des anciennes traditions. De plus
elle utilise le rituel de mort et de résurrection, fondement de sa doctrine,
surtout au grade de Maitre, où Hiram est tué, puis placé dans le monde
souterrain, une branche d’acacia planté sur le tumulus et représentant la
puissance de l’univers invisible, préfigurant la résurrection d’Hiram, qui
sera relevé et ressuscité par trois frères. L’auteur fait de très nombreux parallèles entre la franc-maçonnerie et le compagnonnage, il fait ressortir le caractère sacré de ces rites et justifie leurs attachements aux traditions anciennes. |
GRASSET
D’ORCET - Œuvres
dÉcryptÉes -TOME I - |
GRASSET
D’ORCET |
Edition EDITE |
2002 |
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Enfin
Grasset d’Orcet avait la réputation d’être solidement attaché aux principes
conservateurs et serait mort en chrétien, à Cusset, dans l’Allier, le 2
décembre 1900. On sait aussi qu’il prit le pseudonyme d’Hiram Hull pour
publier sa nouvelle La Comtesse Schylock, chez Plon. La liste de ses articles montre l’éclectisme
de ses préoccupations, mais plus que les problèmes de politique et de
diplomatie sur Chypre ou la route des Indes, il faut retenir que Grasset
d’Orcet a été un précurseur et fervent utilisateur de la langue des dieux ou
langue des oiseaux. Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de
sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des
pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses
secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail
sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires
et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes,
archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer. Depuis
quelques décennies, venus d’horizons variés, des chercheurs se sont mis à
découvrir les articles épars de La Revue Britannique ou de La Nouvelle Revue mais, vingt ans après, ces chercheurs n’avancent pas
trop et nous plongent dans l’ignorance sur des points essentiels et «
incontournables ». Pas une biographie classique dans le domaine de l’histoire
des idées : quelles sont les influences subies par Grasset ? Les sources
utilisées ? L’audience exercée ? Les réseaux fréquentés ? Loin de l’histoire
officielle enseignée dans les collèges, les lycées et les universités de la
République, loin aussi de l’histoire pratiquée dans les séminaires
catholiques et les académies, Grasset d’Orcet a construit son propre système
de références, en apparence prolem sine matre creatam. À mon
avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire
du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un
large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la
difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon
Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la
tradition antérieure. En un
mot, le problème des sources utilisées par Grasset d’Orcet peut et doit mobiliser
les énergies de la recherche future. Il faudrait un énorme livre rempli de
gloses, de commentaires et d’interprétations pour rendre compte des très
nombreux articles de Grasset d’Orcet. Déjà en 1997, « Limousin Espalier » (in
L’Art Royal, trahison des clercs. Les Brisées de Grasset d’Orcet) y a consacré 299 pages avec 831 notes infra-marginales
érudites : c’est un bon début. D’autres étudient les collaborateurs et le
contenu des revues où écrivait Grasset d’Orcet ; quelles furent les relations
entre ces revues et les autres grandes revues de la vie intellectuelle
parisienne : La Revue historique, La Revue des Questions
historiques, La Revue des Deux Mondes, etc. ? Au sommaire de ce 1e
tome nous y trouvons : Les empires de la lune et du soleil - Les quatre premiers livres de Pantagruel - Le 5e livre de Pantagruel - Le premier livre de Rabelais - La préface et le songe de Poliphile - Claudius Popelin et son œuvre - Le musée rétrospectif du Trocadéro - Le rire sardonique - Vêpres siciliennes - Les sectes musulmanes du Nord de l’Afrique et la conférence du capitaine Ney - Les prophéties de Dante - La Corse et Cosme de Médicis - L’encyclique « immortale Dei » et la sépulture de Fra Angelico. Un musée byzantin à Ravenne - La Bulgarie et les boulgres - La béatification de Jeanne d’Arc - les guelfes et l’ogive en Italie - Giordano Bruno - L’évolution pontificale - Un discours du commandeur Negri - Les sacrifices rituels en Orient et les juifs d’Orient - La Rose d’Or et son histoire - Un vers de Dante et L’école dantesque - le coran des cordeliers, Virgile gaulois - France et Turquie, alliance et relations séculaire - |
GRASSET
D’ORCET - Œuvres
dÉcryptÉes - tome II - |
GRASSET d’orcet |
Edition Edite |
2003 |
Ce
second tome de Grasset D’Orcet nous transporte dans un univers ésotérique et
occulte : Au sommaire de ce tome 2 et avant la Révolution française de
1789, l’auteur nous emmène : De l’androgyne dans l’art ancien et moderne
- Le noble savoir - Un blason
- Les rapports des Druzes avec les Grands Ducs de
Toscane - L’aiguille de Cléopâtre et le commandant
Gorringe - les derniers instants de Lusignan
- John Gilpin, héros solaire - La Côte
d’Or - Le Ku-Klux-Klan -
Anecdotes à propos de Cavour - A propos de la devise
de Savoie - Un nouveau Stemma
- Pie IX était-il Franc-maçon ?
- Le 4e centenaire de Christophe
Colomb - Les juifs et Christophe
Colomb - Les Bonaparte -
Publication du codex Atlanticus de Léonard de Vinci
- Les juifs dans l’Europe Orientale, les Karaïtes,
Askénazim, et Sépharadim - La lettre de
protestation du Pape - Une page
d’histoire - Les Stratiotes -
La Reine Victoria et l’Arioste - Les origines
musulmanes de la Reine Victoria - Les collaborateurs
de Shakespeare - Un portrait pseudo-divin
- Souvenirs historique de l’Albanie et des
albanais - Au Vatican autrefois et aujourd’hui - |
GRASSET D’ORCET -
souvenirs de GRASSET D’ORCET |
grasset d’orcet |
Edition
ÉDITE |
2004 |
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Il fit ses études
au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à
Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de
1843 de la Revue Britannique.
Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la
Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à
Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et
de la littérature. Il collabora, avant
1870, à La Cloche,
au Figaro, fit du reportage
pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art,
la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues
de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil,
L’Orient, Le Monde illustré.
Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La
revue Britannique plus de 160 articles de
1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La
Nouvelle Revue à partir de 1883. À mon avis, la
question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe
siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large
courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la
difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon
Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la
tradition antérieure. Au sommaire de cet
ouvrage : De l’alcoolisme en littérature - Tragodes et moirologues - Chypre - La Bulgarie - Vieux types bretons - Idalie et ses sacrifices humains - Monsieur Renan en Phénicie - Mouzoura - Le vieux dictionnaire - Alfred de Musset au café de la Régence - Manuscrits inédits - Correspondances inédites - 420 pages et de très nombreuses illustrations pour illustrer les
souvenirs de ce grand occultiste de la fin du XIXème siècle qui fut un témoin
de son temps. Au
chapitre 10 O, il y a 2 tomes de Grasset d’Orcet : Œuvres
décryptées -
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GRASSET D’ORCET - VOYAGE A LA
LḖGENDAIRE UTIQUE |
Grasset D’Orcet |
Edition L’Oeil du sphinx |
2017 |
Claude-Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) est un
personnage étonnant, aux multiples facettes. L’une de ses grandes passions
fut l’archéologie. Les Editions L’Oeil du Sphinx, qui se sont spécialisées
entre autres dans la publication des œuvres très diverses de Grasset d’Orcet,
nous propose un ouvrage original, parfois étrange qui rend compte des
fouilles archéologiques qu’il a menées en Tunisie, un épisode méconnu de sa
vie aventureuse. L’ouvrage fut publié sous le nom de Comte d’Hérisson mais
le style si caractéristique de Grasset d’Orcet ne laisse aucun doute sur
l’identité réelle de l’auteur. Michel Aulonne, dans une précieuse introduction, clarifie
les circonstances de ces recherches archéologiques et de la rédaction de ce
rapport. Nous y apprenons que Maurice d’Irisson (1839 – 1898), après une
belle carrière devient comte romain d’Hérission, il acheta en 1873 le château
d’Hérisson dans le Bourbonnais. Il se lia d’amitié avec Grasset d’Orcet. Le
contexte politique et culturel de l’époque conduisit les deux amis à
envisager une expédition dans des contrées peu explorées de Tunisie qui fut
financée par un groupe de commanditaires rassemblés par le comte. Ces
recherches en Utique couvrirent une période allant du 31 janvier 1881 au 31
mars de la même année, trois mois d’aventures fructueuses sur le plan
archéologique sans pour autant que des pièces exceptionnelles ne soient mises
à jour. A la suite de l’expédition une exposition et une
« Relation », compte-rendu des fouilles, furent organisées par le
comte et son ami Grasset d’Orcet. L’exposition souleva des polémiques. Les étiquetages et
interprétations de Grasset d’Orcet furent contestés par les spécialistes de
l’époque, non sans raison. L’affaire devint même publique et politique. Nos
deux compères sauront retourner la situation à leur avantage par, déjà, leur
maîtrise des médias. Parmi les erreurs de Grasset d’Orcet, il y a l’élaboration
d’un panthéon uticéen quelque peu fantaisiste, un ensemble aussi fascinant
qu’il est scientifiquement faux. L'erreur vient de l’application irréfléchie
de sa théorie cryptographique. « Il est convaincu maintenant, nous dit Michel
Aulonne, que la technique du blason, ou du grimoire, s’est pratiquée dans
presque toutes les langues, tant anciennes que modernes. Sa théorie s’est
révélée inexacte, le grimoire ne peut s’appliquer à toutes les écritures, ses
limites se circonscrivent au français, voire au latin et au grec. »
Grasset d’Orcet dut admettre son erreur. Ce livre n’en est pas moins intéressant. Il est un
témoignage de la vision de l’auteur sur les civilisations antiques et il
contribue à mieux cerner cette personnalité aussi attachante qu’originale. |
GRASSET D’ORCET - LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais |
Sosthène
Grasset D’Orcet |
Edition
L’Oeil du Sphinx |
2015 |
Cette réédition est d’importance. La
contribution apportée par Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à
l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et trop méconnue alors qu’elle
permet de saisir toute la subtilité de l’enseignement de Rabelais et
notamment sa dimension hermétiste mise en évidence par les remarquables
travaux de Claude Gaignebet. Dans une belle préface, Michel Aulonne
nous rappelle l’apport de cet aventurier globe-trotter d’une grande lucidité.
Passionné d’archéologie, spécialiste du déchiffrement des écritures,
connaissant parfaitement le vieux français, le latin, le grec, ancien et
moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais ayant de bonnes notions de
bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes et métaphores et maîtrise
de manière originale et pertinente la symbolique comme l’héraldique. Comme le remarque Michel Aulonne, les
méthodologies choisies ou créées par Grasset d’Orcet ne sont guère
scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs. Cependant il nous propose
selon Limousin Espalier, « une heuristique véritable et féconde ». C’est
cette heuristique qui nous permet de saisir, dans l’absurde de l’apparence
rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement traditionnel et hermétiste en
même temps qu’une critique libertaire très objective de la société du temps
de François Rabelais. Le livre rassemble cinq longs articles
de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de Rabelais : Rabelais et les quatre
premiers livres de Pantagruel – Les Gouliards – Les ménestrels de Morvan et
de Murcie – Le cinquième livre de Pantagruel – Le premier livre de Rabelais.
Ils sont complétés par deux textes de Joséphin Péladan (1858 – 1918) qui
s’est largement inspiré des travaux de Grasset d’Orcet tout en les
esthétisant : Les songes drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais. Grasset d’Orcet fait souvent le lien
entre Rabelais et les sociétés de métier ou les corporations de son époque,
gardiennes d’un enseignement à la fois technique et spirituel dans lequel,
symboles et mythes s’organisent en un langage subtile et particulièrement
riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne vaut à François Rabelais d’être
un peu abusivement considéré comme un père de la Franc-maçonnerie.
L’important est de ne pas perdre tout un art de la langue sans lequel les
connaissances hermétistes, et particulièrement l’alchimie, deviennent
inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais est vivant et créatif
quand celui de notre monde contemporain, réduit à une simple représentation,
est devenu stérile. |
GRASSET D’ORCET - ARCHḖOLOGIE
MYSTḖRIEUSE - TOME 1 |
Sosthène Grasset dOrcet |
Edition E-dite |
2000 |
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De quoi faire
grincer les dents de tout rationaliste, et d'agacer l'historien de profession
préoccupé surtout d'accumuler des matériaux. Grasset d'Orcet n'a que faire
des archives ou témoignages: il prétend s'abreuver à la source même. Non pas
en faisant appel à de mystérieux initiés (initié, il le fut certainement: son
savoir l'atteste) mais à ce qui subsiste de ce savoir, d'une connaissance
dont le fond et la forme ne font qu'un, c'est-à-dire aux vestiges toujours
vivants, et donc parlants, du passé: les oeuvres d'art et, plus
particulièrement, celles que l'on peut rencontrer quotidiennement en visitant
églises et cathédrales. Un art religieux
qui, en réalité, exprime la réalité de l'art populaire, la vérité des
constructeurs, des tailleurs de pierres, des maçons et autres maîtres
d'oeuvres appartenant à toutes les corporations de métiers. Ces grands livres
de pierres, dont il faut lire la statuaire à la manière des rébus, charades
et autres jeux de mots, contiennent leur part de vérités éternelles. De même, les
productions à vocation strictement artistiques destinées à l'aristocratie,
véhiculent sous la même forme cryptée différents messages de même nature,
politiques, historiques, philosophiques ou métaphysiques. Selon une
cryptographie identique, il est permis aussi d'appréhender bien des oeuvres
littéraires ou picturales (les tableaux ayant eu la part belle dans la
diplomatie occulte car ils permettaient de transmettre différents messages
connus des seuls initiés. L'exemple le plus considérable étant l'utilisation
du thème de l'Arcadie, et les variations de Poussin, du Guerchin, ...). Un
des grands mérites de Grasset d'Orcet est d'avoir déchiffré cette
"langue diplomatique", qui, jusqu'au XIXème siècle fut couramment
utilisée pour véhiculer des informations réservées. Malheureusement, s'il
nous en livre ici et là les principales clefs, il ne nous cache pas non plus
que ce grimoire secret, fondé sur des calembours, des amphibologies et des
à-peu-près en vieille langue d'oïl, est très difficile à démêler pour un
lecteur moderne. L'idée de secret
irrite l'historien qui se refuse à considérer que le fondement même de
l'Histoire, la politique, ne peut que relever du confidentiel; et que, selon
cette perspective, la véritable histoire ne peut être que dissimulée. Critère
apparemment incompatible avec l'idée même de démocratie impliquant une
transparence que, par ailleurs, les régimes démocratiques n'appliquent guère.
Il suffit pour s'en persuader de réfléchir quelque peu à l'histoire des deux
derniers siècles... La démarche de Grasset d'Orcet est donc une véritable provocation à
l'encontre de nos dogmes et croyances issues de la logique et du rationalisme
chers à l'homme occidental depuis les Lumières (la véritable étant mise sous
le boisseau, si tant est qu'il en existe une). Nul doute qu'aujourd’hui, son
oeuvre ne se heurte au spectre du politiquement correct, dont l'ambition est
de devenir le prêt-à-porter de la pensée, tout en instiguant une manière de
fascisme ordinaire reposant sur l'autocensure et le totalitarisme mou du
social libéralisme ambiant. Ce sont des textes, inédits depuis plus de cent ans, qui
sont livrés ici à la sagacité du lecteur. Au
sommaire de cet ouvrage: Préface : énigmes antiques - Note Liminaire
- Pathos, ses monastères et la fête de Vénus - Les origines de la Race
Grecque - Les Incendies - Troie - Les
fouilles de Tanagra et l’hiéroglyphie grecque - Les cabires et la Vénus
mutilée |
GRASSET
D’ORCET - ARCHḖOLOGIE MYSTḖRIEUSE -
TOME 2 |
Sosthène Grasset D’Orcet |
Edition E-dite |
2001 |
Les éditions e-dite poursuivent avec ce second volume de
l'Archéologie mystérieuse la publication des oeuvres de Claude-Sosthène
Grasset d'Orcet (1828-1900), une des figures érudites les plus surprenantes
de son siècle. Cet amateur d'art éclairé, grand connaisseur de l'antiquité
méditerranéenne, est à l'origine de la collection cypriote du Louvre, à une
époque où l'archéologie était encore balbutiante. Chercheur
pluridisciplinaire et atypique, il a en trente années de journalisme produit
un certain nombre d'études sur l'histoire ancienne. Il y émet des théories
novatrices et dérangeantes sur les courants politiques et philosophiques,
l'art, la mythologie et la religion des peuples antiques. Le lecteur
découvrira ici une nouvelle série de textes inédits depuis plus d'un siècle,
où Grasset d'Orcet livre ses analyses sur des thèmes variés : entre autres,
l'invention du bronze et de l'alphabet et leurs immenses conséquences, la
rédaction des poèmes homériques, l'histoire et l'archéologie carthaginoise,
ou encore la destinée de grands capitaines, comme Annibal et Mithridate. Au
sommaire de ce 2e
tome :
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GRASSET D’ORCET - LE CHEVAL A TRAVERS L’HISTOIRE DE L’HUMANITḖ |
Sosthène Grasset d’Orcet |
Edition E-dite |
2012 |
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Aux observations sur les diverses
races chevalines et leur évolution en fonction des pays se mêle une analyse
des conséquences historiques, politiques et économiques de l'élevage du
cheval. Dans la préface, Michel Aulonne précise combien cette initiative fut,
à l'époque, nouvelle et innovante : « Seulement deux synthèses ont
été tentées sur ce sujet avant lui. » Ce livre regroupe une vingtaine
d'articles publiés entre septembre 1888 et novembre 1895 dans la
Revue de la Société nationale d'acclimatation, devenue entre-temps Revue des
sciences naturelles appliquées. S'il est permis et même souhaitable de douter
d'un certain nombre d'affirmations et théories présentes dans cet ouvrage,
dont les recherches se basent essentiellement sur la philologie et
l'archéologie, bon nombre restent pertinentes. Pour ne citer qu'un exemple,
la domestication initiale du cheval reste entourée de mystères. « La
date comme la localisation en sont toujours très controversées, écrit Michel
Aulonne, spécialiste de cet auteur, dans la préface. Malgré plus de cent
cinquante ans de fouilles et de réflexions (…), nous ne sommes guère plus
avancés sur le problème qu'à l'époque de Grasset d'Orcet. » Au
sommaire de cet ouvrage : -
Le cheval préhistorique ; |
10 H
HADOT - ÉLOGE DE SOCRATE - Suivi de l’ÉLOGE DE LA PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Allia |
2014 |
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Tout d’abord Socrate a une laideur physique qui est attesté par de nombreux témoignages, tout en lui est excessif, laid, bouffon, caricatural. Zopyre à l’époque disait de Socrate qu’il était un monstre et qu’il cachait en lui les pires vices, ce à quoi Socrate lui répondit « que tu me connait bien ». Selon Platon Socrate ressemblait à un Silène, ce qui en ce temps là n’était pas un compliment puisque les silènes et les satyres étaient la représentation populaire des démons hybrides, moitié animaux, moitié humains, et qui formaient le cortège de Dionysos. Derrière cette laideur Socrate cache sa véritable nature, il en joue comme dans le théâtre grec, il porte un masque, il feint l’ignorance et l’impudence, il joue au naïf, il a l’art de dissimuler sa véritable nature, et son génie lui sert à mettre un masque sur les autres. Il était le prosopon, le masque de personnalités qui ont eu besoin de se dissimuler derrière lui, il leur a donné l’idée de se masquer et de prendre le masque de l’ironie socratique. Socrate n’a rien écrit, mais a en permanence questionner les autres, ainsi il leur faisait prendre conscience de leur ignorance. Après sa mort, le souvenir de ses conversations a inspiré un genre littéraire, les « logoi sokratikoi », qui imite les discussions orales, Socrate devient donc un proposon, c'est-à-dire un interlocuteur, un personnage, un masque comme dans le théâtre antique L’interlocuteur de Socrate et même le lecteur actuel, se trouve dans la situation où il ne sait pas où va le mener les questions de Socrate, il jette le trouble dans l’âme du lecteur et le conduit à une prise de conscience qui peut aller jusqu’à la conversion philosophique. Le trouble occasionné peut déstabiliser le lecteur qui est invité à venir se réfugier derrière le masque socratique, car il y a dans le récit de Platon de très nombreux moments où intervient le trouble, la crise qui risque de déboucher sur la rupture. Alors Socrate intervient et prend sur lui le doute, l’angoisse des autres, il renverse ainsi les rôles et assume un éventuel échec. Il présente ainsi à ses interlocuteurs une projection de leurs propres moi ; les interlocuteurs peuvent ainsi transférer à Socrate leur trouble personnel et retrouver la confiance dans la recherche dialectique, dans le logos lui-même. Au sujet de la maïeutique de Socrate, on sait que dans le Théétète, Socrate raconte qu’il a le même métier que sa mère qui est sage-femme et assistait donc aux naissances corporelles, Socrate de son coté est l’accoucheur des esprits, il les assiste dans leur naissance. Lui même n’engendre rien, puisqu’il ne sait rien, il aide seulement les autres à s’engendrer eux-mêmes. Cette maïeutique socratique renverse totalement les rapports entre maitre et disciple, comme l’a bien vu Kierkegaard : « Etre maître, ce n’est pas trancher à coups d’affirmations, ni donner des leçons à apprendre, être maître c’est vraiment être disciple, et c’est que fit Socrate tout au long de sa vie. Dans l’Eloge de la philosophie antique, Hadot nous propose de commencer notre histoire de la philosophie antique avec un événement hautement symbolique qui est l’expédition d’Alexandre et avec l’apparition du monde que l’on appelle hellénistique, c'est-à-dire l’apparition de cette forme nouvelle que prend la civilisation grecque à partir du moment où, grâce aux conquêtes d’Alexandre, puis à l’essor des royaumes qui s’ensuit, cette civilisation se répand dans le monde barbare, de l’Egypte aux frontières de l’Inde, et entre alors en contact avec les nations et les civilisations les plus diverses. Ainsi s’établit une sorte de distance et d’éloignement historique entre la pensée hellénistique et la tradition grecque qui l’a précédée. Notre histoire voit alors l’essor de Rome, qui provoquera la destruction des royaumes hellénistiques, achevée en l’an 30 avant J.C., avec la mort de Cléopâtre ; ce sera ensuite l’expansion de l’empire romain, la montée et le triomphe du christianisme, les invasions barbares et la fin de l’empire d’Occident. |
HADOT - EXERCICES SPIRITUELS ET PHILOSOPHIE ANTIQUE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2002 |
« Exercices spirituels ». Non pas les pieuses et rigides méditations de Loyola, qui ne sont qu’un lointain écho, très déformé, de la tradition antique, mais ce travail de soi sur soi, qui s’esquive déjà chez les premiers philosophes grecs, et prend toute son ampleur avec le dialogue socratique et platonicien, les Lettres d’Epicure ou e Sénèque, le Manuel d’Epictète, les pensées de Marc Aurèle, les traités de Plotin, et que certains modernes, comme Montaigne, Descartes, Kant, Michelet, Bergson, Friedmann et Foucault, ont continué à pratiquer. L’essence de la philosophie ne serait-elle pas alors cette perpétuelle remise en question de notre rapport à nous-même, à autrui et au monde ? Cette nouvelle édition du grand classique de Pierre Hadot est augmentée de plusieurs études parues depuis la publication des exercices spirituels en 1981. Pour comprendre la radicalité et la profondeur de l’idée des exercices spirituels dans la conception de Pierre Hadot, il faut prendre conscience de la distinction essentielle qu’il opère entre le discours philosophique et la philosophie elle-même. C’est une distinction qui, au fond, fait ressortir la dimension pratique et existentielle des exercices spirituels. Partant de la distinction stoïcienne entre le discours selon la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot, montre que l’on peut utiliser cette distinction « d’une manière plus générale pour décrire le phénomène de la philosophie dans l’Antiquité ». Selon les Stoïciens, le discours philosophique se divise en trois parties – la logique, la physique et l’éthique – lorsqu’il s’agit d’enseigner la philosophie, on expose une théorie de la logique, une théorie de la physique et une théorie de l’éthique. Mais pour les Stoïciens, ce discours, ce discours philosophique n’était pas la philosophie elle-même, car elle n’est point une théorie divisée en trois partie mais « un acte unique qui consiste à vivre la logique, la physique et l’éthique ». On ne fait plus la théorie de la logique bien parlante, au contraire on pense et on parle bien, on ne fait plus la théorie du monde physique mais on contemple le cosmos ; on ne fait plus la théorie de l’action morale mais on agit d’une manière droite eu juste ; autrement dit la « philosophie » est l’exercice effectif, concret, vécu de la pratique de la logique, de l’éthique et de la physique. Pierre Hadot résume cela de la façon suivante : « Les théories de la philosophie sont au service de la vie philosophique…A l’époque hellénistique et romaine, la philosophie se présentait comme un mode de vie, comme un art de vivre, comme une manière d’être, en fait depuis Socrate, la philosophie antique avait un caractère, elle proposait à l’homme un art de vivre contrairement à la philosophie moderne qui se présente comme la construction d’un langage technique réservé à des spécialistes ». Au sommaire de cet ouvrage : Exercices spirituels antiques et philosophie chrétienne - La figure de Socrate - La physique comme exercice spirituel ou pessimisme et optimisme chez Marc Aurèle - Une clefs des pensées de Marc Aurèle - Les trois topoi philosophiques selon Epictète - Michelet et Marc Aurèle - Conversion - Théologie négative - Apophatisme et théologie négative - La leçon de la philosophie antique - L’histoire de la pensée hellénistique et romaine - la philosophie comme manière de vivre - Un dialogue interrompu avec Michel Foucault - Le loi et le monde - Réflexions sur la notion de « culture de soi » - Il y a de nos jours des professeurs de philosophie mais pas de philosophes - Le sage et le monde - La philosophie est-elle un luxe ? - Mes livres et mes recherches - Qu’est-ce que l’éthique ? - Nombreuses citations de Nietzsche et de Kierkegaard - |
HADOT - INTRODUCTION AUX PENSÉES DE MARC AURÈLE – La citadelle intérieure |
Pierre Hadot |
Edition Fayard |
1992 |
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Premiers aperçus sur les Pensées : Destin d’un texte - le titre - Hypothèses sur le genre littéraire de l’ouvrage - un étrange ouvrage - les Pensées comme notes personnelles - Les Pensées comme exercices spirituels : La pratique et la théorie - les dogmes et leur formulation - Les trois règles de vie ou disciplines - Les exercices de l’imagination - L’écriture comme exercice spirituel - des exercices grecs - L’esclave-philosophe et l’empereur-philosophe ; Epictète et les Pensées : Souvenirs de lectures philosophiques - l’enseignement d’Epictète - les citations d’Epictète dans les Pensées - les trois règles de vie ou discipline selon Epictète - Influence d’Ariston - Le stoïcisme d’Epictète : Caractéristiques générales du stoïcisme - les parties de la philosophie selon les stoïciens - les trois actes de l’âme et les trois thèmes d’exercice selon Epictète - la cohérence du tout - Le stoïcisme des Pensées. : La citadelle intérieure ou la discipline de l’assentiment - Explications sur l’assentiment et la citadelle - Le stoïcisme des Pensées et la discipline du désir (l’amor fati) - : L’impulsion - circonscrire le présent - le présent, événement et conscience cosmique - Amor fati - la providence et les atomes - pessimisme ? - les niveaux de la conscience cosmique - Le stoïcisme des Pensées. La discipline de l’action ou l’action au service des hommes - le sérieux de l’action - les actions appropriées (kathékonta) - l’incertitude et le souci - la liberté intérieure à l’égard des actions : pureté et simplicité de l’intention - la « clause de réserve » et les exercices pour se préparer à affronter les difficultés - Résignation et altruisme - justice et impartialité - Pitié, douceur et bienveillance - l’amour d’autrui - Le stoïcisme des Pensées, les vertus et la joie : les trois vertus et les trois disciplines - la joie - Marc Aurèle dans ses Pensées : L’auteur et son œuvre - les limites de la psychologie historique - la recherche stylistique - repaires chronologiques - le souvenir des disparus - les « confessions » de Marc Aurèle - Verus ou fictus, sincère ou affecté - la solitude de l’empereur et celle du philosophe - N’espère pas la République de Platon - |
HADOT - LA PHILOSOPHIE COMME MANIÈRE DE VIVRE |
Pierre Hadot |
Edition Albin Michel |
2001 |
Qu’ils traitent de Marc Aurèle ou de Plotin, du stoïcisme ou de la mystique, les ouvrages de Pierre Hadot, avec une érudition toujours limpide, montrent que pour les Anciens, la philosophie n’est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécues visant à produire un effet de formation, bref un exercice sur le chemin de la sagesse. En suivant Pierre Hadot, nous comprenons en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si « philosopher, c’est apprendre à mourir », il faut aussi apprendre à « vivre dans le moment présent, vivre comme si l’on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ». Un des thèmes qui a souvent fait réfléchir Hadot est le thème de la méditation sur la mort. Il raconte avoir toujours été étonné du fait que la pensée de la mort aide à mieux vivre ; vivre comme si l’on vivait son dernier jour, sa dernière heure. Une telle attitude exige une totale conversion de l’attention ; ne plus se projeter dans l’avenir, mais considérer en elle-même et pour elle-même, l’action que l’on fait. Cette attitude est à la fois une valeur existentielle et une valeur éthique ; elle permet tout d’abord de prendre conscience de la valeur infinie du moment présent, de la valeur infinie des moments d’aujourd’hui, mais aussi d la valeur infinie des moments de demain, que l’on accueillera avec gratitude comme une chance inespérée, elle permet également de prendre conscience du sérieux de chaque moment de la vie. Au sommaire de cet ouvrage : Introduction par Jeannie Carlier - Dans les jupes de l’église - Chercheur, enseignant et philosophes - le discours philosophique - Interprétation, objectivité et contresens - expérience unitive et vie philosophique - le discours philosophique comme exercice spirituel - la philosophie comme vie et comme quête de sagesse - de Socrate à Foucault ; une longue tradition - le présent seul est notre bonheur - |
HADOT - le voile
d’isis |
Pierre
hadot |
Edition GALLIMARD |
2005 |
||
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HADOT - PLOTIN ou la SIMPLICITÉ DU
REGARD |
Pierre
HADOT |
Folio |
1997 |
Ce
livre présente l’expérience personnelle de Plotin. Homme mystique qui
a su écrire et décrire quelques unes des plus belles pages de la littérature
mystique universelle. Il a su allié son expérience de philosophe mystique
avec ses responsabilités de la vie quotidienne. Plotin
n'aimait guère les biographies. Ce qui comptait à ses yeux était la pensée,
aussi ne nous livra-t-il que peu de choses sur sa vie. Ce que nous savons se
trouve, pour l'essentiel, dans la biographie écrite par son disciple,
Porphyre.
Un
livre lumineux de clarté sur la philosophie et la métaphysique de ce grand
penseur. A
avoir dans sa biblio sur cette époque et pour bien comprendre Plotin |
HADOT - QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE
ANTIQUE ? |
PIERRE
HADOT |
ÉDITION
GALLIMARD |
1995 |
Qu’est-ce
que la philosophie antique ? A cette question, la tradition
universitaire répond par une histoire des doctrines et des systèmes- réponse
d’ailleurs très tôt induite par la volonté du christianisme de s’arroger la
sagesse comme l’ascèse. A cette question Pierre Hadot apporte une
réponse tout à fait nouvelle : depuis Socrate et Platon, peut être même
depuis les présocratiques, jusqu’au début du christianisme, la philosophie
procède toujours d’un choix initial pour un mode de vie, d’une vision globale
de l’univers, d’une décision volontaire de vivre le monde avec d’autres, en
communauté ou en école. De cette conversion de l’individu, découle le
discours philosophique qui dira l’option d’existence comme la représentation
du monde. La
philosophie antique fut étudiée dans la région de l’Empire ottoman où l’on
parlait grec tout au long de l’occupation turque, qui dura près de 400 ans.
Des érudits tels que Theophilos Korydaleus, par exemple, qui vivaient à la
fin du XVIe et au début du XVIIe siècles, continuèrent
à rédiger des commentaires sur la logique, la physique et la métaphysique
d’Aristote d’une manière analogue à celle des commentateurs de l’Antiquité.
Même lorsqu’au xviiie siècle, les nouvelles idées philosophiques
et scientifiques alors développées en Europe occidentale commencèrent à
parvenir aux communautés grecques de l’Empire ottoman, les textes
philosophiques de l’Antiquité ne furent pas complètement mis à l’écart. Des
érudits tels qu’Eugenios Voulgaris et Nikiphoros Theotokis traduisirent en grec
des ouvrages scientifiques et philosophiques, tout en enseignant et en
traduisant des ouvrages philosophiques de l’Antiquité. À partir du début du
xixe siècle, nous avons une tradition ininterrompue d’érudits qui
lisent et commentent assidûment les textes philosophiques de l’Antiquité et
dont Adamantios Korais fournit un bon exemple : il soutenait avec ferveur les
idées libérales de la Révolution française, mais aussi traduisait et
commentait les textes grecs antiques comme l’Éthique à Nicomaque
d’Aristote ou la Morale de Plutarque. Après
la Guerre d’Indépendance et l’établissement de l’État grec moderne, un
important effort fut accompli pour relier la nation grecque moderne aux
anciens Grecs et pour en rechercher ainsi les racines. Des érudits tels que
Neophytos Vamvas, Theophilos Kairis et Vrailas Armenis contribuèrent à cette
tentative. La reconnaissance de la contribution de la pensée grecque antique
comme facteur central de la continuité et de l’identité culturelle de la
nation grecque était au cœur de l’idéologie de l’État grec moderne. Il faut
également remarquer ici que c’est à cette époque que l’Église orthodoxe
grecque déclara son indépendance à l’égard du Patriarcat de Constantinople :
alors que ce dernier était œcuménique, l’Église orthodoxe grecque était
désormais l’Église de la nation grecque et de l’État grec nouvellement
institué. De plus, l’influence de l’idéalisme allemand fournit les outils
conceptuels permettant l’émergence d’une nouvelle idéologie de l’État grec
moderne. Selon cette idéologie, l’esprit de la nation grecque (Volksgeist),
exprimé à travers la langue et l’histoire communes, résultait d’une synthèse
de la tradition antique et de la tradition chrétienne orthodoxe –
c’est-à-dire que la culture grecque moderne en vint à être considérée comme
le produit d’un développement ininterrompu sur plus de trois mille ans
d’histoire. On relevait dans ce cadre un intérêt croissant pour la
philosophie de la Grèce antique. Depuis
les dernières décennies du xixe siècle, la vie intellectuelle en
Grèce est dominée par des tendances idéalistes. L’idéologie politique de
l’État grec moderne, les institutions sociales et surtout les institutions
éducatives ont promu les idéaux de ce qu’elles présentaient comme la
civilisation gréco-chrétienne, ce qui entraîna parfois des positions
politiques conservatrices, voire réactionnaires. Mais dans le même temps, les
idées socialistes parvenaient peu à peu en Grèce. La vie intellectuelle en
Grèce – surtout dans la période allant de 1920 à 1967 – fut caractérisée par
le conflit entre les idéalistes et la gauche marxiste, hostile aux idées
nationalistes ainsi qu’à la tradition chrétienne, mais intéressée par la
philosophie et la littérature de la Grèce antique. De nombreux intellectuels
de gauche traduisirent des auteurs antiques et, pour des raisons évidentes,
leur préférence allait aux Présocratiques, à Aristote et à Épicure. Par
conséquent, du moins depuis la fondation de l’État grec moderne au début du
xixe siècle, la philosophie de la Grèce antique a toujours été
considérée comme une partie essentielle de notre héritage national. Cette
conception a motivé et facilité l’étude de la philosophie antique en Grèce,
au point de susciter une longue tradition ininterrompue d’érudits qui
lisaient et commentaient assidûment les textes philosophiques de l’Antiquité.
Mais jusqu’à quel point cette tradition a-t-elle réellement aidé à nous faire
comprendre les textes philosophiques de l’Antiquité ? Je veux seulement
mentionner trois points, chacun éclairant les problèmes résultant de la
conception de la philosophie grecque de l’Antiquité en particulier, comme la
sagesse de nos ancêtres à cette époque. – Puisque la philosophie antique est
considérée comme faisant partie de notre héritage national, il semble n’être
en Grèce nullement besoin de tenter de convaincre le public de l’importance
de la philosophie antique. La philosophie antique n’est donc pas un système, elle est un
exercice préparatoire à la sagesse, elle est un exercice spirituel. |
HARMONIES DES STRUCTURES GÉOMÉTRIQUE – LES TRACÉS DE LUMIÈRE |
Georges Darmon |
Edition de la Hutte |
2012 |
Tout
tend à prouver qu’une structure universelle, cosmique, existe bel et bien.
Les plus grands penseurs des siècles passés l’ont pressenti. Les penseurs contemporains
et les scientifiques le disent. Ces lois semblent bien régir notre monde,
même si la brisure de symétrie intervient partout dans la nature, tout
« con-spire » vers une harmonie parfaite, géométrique, voire
symétrique. Nous
ne pouvons que constater l’évidence des lois d’harmonie naturelle, et des
justes proportions contenues dans ces schémas et ces grilles. Il ne reste que
très peu de place au hasard. La recherche d’un idéal de perfection innée chez
l’homme, sans cesse renouvelée, est liée à ce manque de perfection en
lui-même et sur cette terre, c'est-à-dire l’absence de preuves matérielles,
tangibles, de l’existence de Dieu. Ce qui se dégage de la démarche proposée,
qui est d’ailleurs l’un des buts importants des premiers pas de l’initiation,
c’est « d’acquérir l’esprit de géométrie » afin de mieux
vivre la collectivité, de mieux comprendre que notre comportement est
indéniablement relié au tout. Nos habitudes devenues séparatrice, sélectives,
nous aveuglent et nous empêchent d’observer la totalité des paramètres face à
nos problèmes Les
travaux présentés ici sont autant de nature exotérique qu’ésotérique, ce qui
fait qu’il sera nécessaire d’approfondir le sujet, si l’on veut seulement
comprendre mais surtout intégrer l’objet de ces recherches. L’observation,
l’attention, la concentration, et bien sur la science analogique seront de
mise. Le sujet n’a aucune prétention géométrique ou mathématique mais il peut
être utile de se reporter à certaines œuvres magistrales, traitant de ces
matières qui sont tout à fait superposables. Par une observation attentive,
des formes tout à fait reconnaissables et familières apparaissent au travers
d’une géométrie basique. On a si longtemps supposé la géométrie inerte, alors
qu’elle est bien vivante, comme la matière. En
outre, n’est-il pas important de comprendre les lois qui régissent notre
Univers ? N’est il pas important de découvrir que notre Temple Intérieur
est structuré, à l’image des lois qui gouvernent le grand Tout ou que le
centre de chacun de nous, universellement, est le même ? N’êtes vous pas tenté d’explorer le cœur de cette matière, de comprendre comment naissent les formes ou comment sont élaborées les œuvres d’art anciennes et contemporaines ou encore comment développer votre créativité ? Ces
pages vous proposent un regard différent sur la science des nombres et celle
du sacré. Certains disent ne pas vouloir être enfermé dans une prison, mais
c’est tout le contraire que nous propose l’auteur. Ces révélations pourraient
servir à toutes les sciences y compris celles, totalement embryonnaires, de
notre psychisme, elle pourrait servir aussi aux cherchants en spiritualité,
en symbolisme mystique ou en alchimie. Dans les voies initiatiques, le vieil
homme doit mourir pour laisser la place à l’homme nouveau et à toutes les
sciences qui sont à sa disposition pour pouvoir se transmuter. Georges Darmon, à travers ses travaux sur la géométrie sacrée est un spécialiste d’exploration de la notion de schéma universel de la connaissance |
HEIDEGGHER, QUI SUIS-JE ? |
JEAN-
PAUL BLANCHARD |
Edition
PARDES |
2000 |
Il
n’est pas possible, pour un philosophe, de dire que tout ce qui touche au
domaine de la vie ne puisse pas intéresser sa pensée. S’il prétendait ce genre
de chose, il ne ferait que construire sur du sable, sa pensée ne serait qu’un
rêve. Or bien souvent, tout ce qui touche à la pensée de certains
philosophes, les préceptes qu’ils ont énoncés, débordent sur le champ du
politique, on le voit notamment chez Platon qui est le philosophe par
excellence de l’Idée, et qui, pour autant, dans sa République, s’est
intéressé au champ du politique. En
est-il de même pour Heidegger ? Au premier abord, il peut sembler que tout,
dans son travail de recherche philosophique, se situe en dehors de tout
examen pratique ou métaphysique concernant l’être présent au monde, tel qu’il
a voulu l’aborder dans sa philosophie. Pour certains, Heidegger aurait
engendré une philosophie qui se trouverait hors du champ du quotidien et de
l’empirique, et, on ne peut pas, à partir de là, porter un jugement sur ce
qu’a été sa vie, notamment cette période très contestée : celle qui a vu
le national-socialisme apparaître en Allemagne. Etant acteur de l’histoire
comme tous les hommes, il ne pouvait pas ne pas tenir compte de cette
réalité. Et
tout le fruit de ce travail sera de voir, au-delà de la polémique, au- delà
des parts pris, quelle est la position la plus juste concernant l’approche
d’un point de vue empirique et politique du monde allemand dans la première
moitié du XXe siècle, tel qu’a pu l’aborder Heidegger à travers son
œuvre et sa vie. Alors faut-il pour autant, pour rejoindre certains disciples
de Heidegger, éluder cette question embarrassante, enlever de l’œuvre du
philosophe toute dimension qui s’incarne dans le temps et ne voir qu’une
quête au-delà du temps, une quête au bout du compte qui ne laisserait que
désincarnés ? Oui,
la vie de l’homme est faite de choix et ces choix peuvent être bons ou
mauvais, mais ces choix engagent toute son existence, l’on ne vit pas dans un
monde désincarné, dans un monde purement de l’esprit, mais dans un monde où
s’entrechoquent des forces, des forces qui nous interpénètrent et dont nous
devons, à un moment ou à un autre, quel que soit notre désir, tenir compte et
avec lesquelles nous devons composer. Pour autant, il faut souligner le
danger réducteur de toute interprétation historiciste de la philosophie. Nous
savons que tout système est le reflet du monde dans lequel vit le
philosophe, pourtant, le problème de la philosophie est de se dégager du
factuel pour essayer d’englober la dimension de la temporalité qui s’inscrit
dans la durée. Toute
la démarche du philosophe s’inscrit entre ces deux pôles, l’incarnation de sa
pensée dans l’histoire et le désir de s’en dégager, du moins, de se dégager
du conjoncturel pour aborder l’essentiel. |
hermann hesse
– lecture minute |
Hermann hesse |
Edition
JOSE CORTI |
1992 |
||
À
quinze ans, lorsque ses parents décident de faire de lui un théologien, il
s'enfuit du couvent de Maulbron où on l'a placé, échappe à toutes les
tentatives faites par sa famille pour l'y ramener. Dépressif et suicidaire,
il fréquente plusieurs établissements scolaires et maisons de santé. Il
interrompt ses études en 1892, travaille quelque temps comme apprenti
horloger puis finit par trouver un emploi à la librairie Heckenhauer de
Tübingen, ville universitaire où il peut fréquenter un milieu intellectuel et
commencer sérieusement, en autodidacte, ses études: devenir poète, c'est la
seule occupation qu'il désire. Il lit Goethe, Lessing, Schiller, Novalis et
tous les romantiques allemands. En 1899, à vingt-deux ans, Hermann
Hesse s'établit à Bâle et publie sans aucun succès son premier livre, un
recueil de poèmes intitulé Chants romantiques, suivi d'un recueil de
textes en prose, Une heure après minuit, également un échec. Il voyage
en Italie, publie divers textes dans des revues. Il lui faudra attendre 1904
pour connaître la notoriété avec la publication chez Fischer Verlag de Peter
Camenzind, un roman d'éducation, et de Sous la roue (1905), deux
protestations contre les enfances brimées par l'autorité des parents et des
maîtres. En 1904, il épouse Maria
Bernoulli et s'installe dans une ferme proche du lac de Constance, espérant y
mener une vie d'écriture en communion avec la nature. Trois fils naissent:
Bruno, Heiner et Martin. Son deuxième roman, L'Ornière, où il raconte
les péripéties de son enfance et de son adolescence, est publié en 1906. Il
s'est définitivement libéré de sa famille, mais souffre encore de la pression
sociale. Tourmenté par le sens de la vie, il se sent incapable de s'habituer
aux conventions de la société comme au bonheur conjugal. Son mariage ne sera
qu'une malheureuse tentative opprimant, sans parvenir à la vaincre, sa
vocation esthétique qui ne trouvera finalement de salut que dans l'évasion.
Le roman Gertrude, daté de 1910, évoque cette crise morale. En 1911, Hermann Hesse fait un
voyage aux Indes, pays où avaient résidé les parents de Marie Gundert, sa
mère, mais qui devient aussi pour lui, selon une symbolique goethéenne, le
pays des "Mères", qui imprégnera fortement la suite de son oeuvre.
De retour à Berne, il est profondément bouleversé par la guerre. Il tente de
s'engager comme soldat mais il est déclaré inapte et est affecté au service
des prisonniers de guerre auprès de l'ambassade d'Allemagne. Il publie des
textes pacifistes qui lui font perdre son public et la plupart de ses amis
intellectuels, hormis quelques soutiens comme le français Romain Rolland. Une
nouvelle crise dépressive, si grave qu'il doit être hospitalisé, le décide,
la paix revenue, à quitter sa femme et sa famille. Entre-temps, il a
rencontré Carl-Gustav Jung, entamé une psychanalyse et rédigé en trois
semaines l'un de ses chefs-d’œuvre, Demian, qui sera publié en 1919
sous le pseudonyme d'Emil Sinclair. Demian oppose
à la vie bourgeoise le puissant appel d'une religion nouvelle où se
réconcilieraient les contraires. C'est bien encore cet équilibre difficile du
moi profond que poursuit l'écrivain dans la transposition hindoue de Siddharta
(1922), et plus encore dans Le Loup des steppes en 1927,
représentation encore symbolique de l'homme d'après guerre, du civilisé qui a
vu soudain réapparaître en lui l'animal, l'homme-loup. La spiritualité et
l'animalité sont-elles vraiment inconciliables ? L'animalité n'est-elle pas
aussi une nourriture pour le dynamisme spirituel ? Nous retrouvons encore ce
dialogue intérieur dans Narcisse et Goldmund, où Goldmund, l'artiste
proche de la nature, de la terre, en communion avec le monde originel des
Mères, propose déjà l'esquisse d'une conciliation. Désormais, dans l'oeuvre
de Hermann Hesse -- réfugié dans le Tessin depuis 1919, naturalisé Suisse,
marié à Ruth Wenger en 1924, puis à Ninon Dolbin --, le déchirement
caractéristique des ouvrages de l'après-guerre s'efface progressivement.
Opposant au Nazisme, ses écrits sont censurés en Allemagne durant les années
'30 et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'effort de l'écrivain,
jusqu'au Jeu des perles de verre (1943), aboutit au rêve, ou à la
nostalgie, d'une classe supérieure, d'une aristocratie de l'esprit capable de
recueillir le double héritage de l'Asie et de l'Europe, et de faire la
synthèse de l'apollinien et du dionysiaque rêvée par Nietzsche. Récompensé en
1946 par le Prix Nobel de Littérature, Hermann Hesse meurt le 9 août 1962 à
Montagnola (près de Lugano, Suisse), à l'âge de 85 ans.
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HERMḔS N° 2 - LE VIDE -
EXPḖRIENCE SPIRITUELLE EN OCCIDENT ET EN ORIENT |
Collectif – Nouvelle série N° 2 |
Edition les Deux océans |
2016 |
Un ensemble de textes, études
et témoignages sur les principaux aspects de l'expérience du vide en Orient
et en Occident, dans la pensée, la science, la vie spirituelle et l'art, en
Occident et en Orient, de l'Apophatisme et du Rien de Maître Eckhart ou de St
Jean de la Croix à la shunyata (vide) dans le bouddhisme, le shivaïsme, le
taoïsme ou à « l'entre-deux cosmique » dans la peinture de Mi Fou et à des
analyses de Cioran , Beckett, Durckheim... La question du Vide, ou de son corollaire le Silence, est centrale
à toute tradition initiatique et à toute philosophie de l’éveil. Elle anime
également l’art, du classicisme aux avant-gardes. Plus encore qu’en 1969,
nous sommes ensevelis sous la technologie et le factice, et plus encore, Vide
et Silence constituent l’antidote naturel à la torpeur qui en résulte. Les
enjeux de 1969 demeurent, l’urgence semble plus grande. Si un certain nombre
de positions avancées en 1969 ne sont plus recevables aujourd’hui, l’ensemble
de ces contributions restent une référence sur le sujet. « Loin de nous l’intention d’esquisser une synthèse ou de
ramener à quelques communs dénominateurs les différentes formes prises par
l’expérience du vide dans les principales traditions. Il existe, certes, un
monde de différence entre l’apophatisme chrétien, par exemple, et la vacuité
bouddhique. Tous deux émanent cependant d’une expérience, mais leurs
prémisses, comme d’ailleurs les conclusions, sont diamétralement
opposées : l’une affirme l’ineffabilité de l’Etre, l’autre nie
catégoriquement cet Être comme d’ailleurs l’âme individuelle ; tout est
absolument vide de substance. » Cet extrait de l’introduction présente une vision très
réductrice et erronée. Il est fait référence ici à certaines formes de
bouddhisme mais les grandes métaphysiques non-dualistes, notamment la
doctrine de la Reconnaissance portée par Abhinavagupta, qui s’est opposé à
certains penseurs bouddhistes sur ce point, ne nient pas radicalement l’Être.
Elles véhiculent l’expérience de la non-séparation et de l’inclusivité absolue.
Le rapport au Vide détermine parfois une absence alors qu’il conduit à une
plénitude. Il est d’autant plus curieux d’introduire ainsi l’ouvrage quand la
première contribution, majeure, est signée de Lilian Silburn, grande
spécialiste du shivaïsme du Cachemire et traductrice d’Abhinavagupta. « Ainsi, dit-elle, le vide donne relief et intensité aux
êtres et aux choses qu’il enveloppe, il les situe à leur juste place et
permet leur vivante interpénétration. Vide ou énergie vacuitante, pénétration
et plénitude dépendent donc les uns des autres et engendrent une manière
nouvelle d’éprouver et de comprendre. Dès que les cavernes de l’entendement
et de l’imagination sont vacantes, l’essence divine se révèle : mais on
pourrait aussi bien dire qu’une chose indicible s’infuse constamment dans
l’intime de l’être et le vide de son contenu ; trop subtile pour être
appréhendée, elle produit l’impression d’une étrange vacuité ; reconnue
ensuite, elle devient plénitude ; trop puissante, elle cause ivresse,
extase et ravissement. Mais à leur tour, des états qui ont d’abord fulguré
comme plénitude apparaissent comme vide une fois dépassés. En fait le vide mystique est d’une richesse
inépuisable… » L’approche de l’ouvrage ne tend pas vers l’étude comparée
mais vers une exploration de chemins qui invitent à emprunter, ou créer,
d’autres chemins tant cette intimité fondamentale est absolument créatrice.
Outre Lilian Silburn, nous retrouvons dans ces pages de nombreux auteurs, de
Beckett à Susuki en passant par Tauler, Heidegger, Alexandra David-Neel ou
Cioran. Nous croisons dans ces pages Boehme Nicolas de Cuse, saint Jean de la
Croix, Bouddha, Daumal, Milosz ou Hadewijch d’Anvers ou les
maîtres-architectes de l’Islam. A l’infinie richesse du Vide correspond une
infinité d’expériences réalisatrices et une grande fécondité des auteurs qui
laissent perdurer ainsi un écho de l’ineffable.
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HILDEGARDE DE BINGEN – UNE VIE UNE OEUVRE |
ELLEN
BREINDL |
Edition
DANGLES |
1992 |
Une vie, une œuvre, un art de guérir en âme et
en corps. Cette sainte et mystique du 12° siècle étonne par sa personnalité
et sa vie. Elle rappelle un peu saint Bernard, car elle eu une vie publique
incroyable et une vie scientifique stupéfiante. Elle rédigea des traités sur
l’art de guérir, qui rencontre encore aujourd’hui un intérêt croissant pour
ses applications thérapeutiques des plantes. Dixième enfant d’une famille noble de
Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des
visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie
pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans –
au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante
kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de
Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde
prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans,
le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim,
Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du
couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique,
rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir
une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et
sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de
rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends !
Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à
l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour
commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à
composer son premier livre, le Scivias(Connais les voies). Suivent alors dix
années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et
d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour
cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand
synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des
prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’ Hildegarde, le lit à voix
haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous
inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de
lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde
retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde
jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la
Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle
décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait
avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la
lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de
style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient
inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine
Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. Pendant toutes ces années, le petit couvent
féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère
bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les
vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement
d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa
propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état
s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du
petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance
qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près
de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il
s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye,
elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre
environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les
paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de
son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres,
au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas seulement une
visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques,
77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces
pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement.
Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé
par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les
religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans
plus tard. Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre.
Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants
imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à
pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose
étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale,
elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en
public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle écrit.
Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de
la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant
cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies
et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui
nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée
d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire
droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global.
Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde,
l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret.
Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au
symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle
représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre
du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers
Lui. Telle est sans doute la leçon que l’on peut
tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors
du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de
ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que
le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des
siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années
80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne
de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du
monde et de Dieu même |
HILDEGARDE DE BINGEN - Corps et âme en Dieu |
Audrey Fella, |
Editions
Points |
2015 |
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Créature préférée de Dieu, l’homme occupe une place centrale et déterminante dans le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le sens de sa destinée : parachever l’œuvre divine en participant à sa création. » L’ouvrage, rigoureux et très pédagogique d’Audrey Fella rend compte de la cohérence de l’œuvre : Dimension visionnaire – vision unifiée de l’homme et de l’univers – prophétie comme révélation du salut – du salut de l’homme au salut de l’humanité – la symphonie des harmonies célestes – l’art de guérir… Une métahistoire permet de saisir comment les événements servent l’entendement et font sens dans l’actuel de celui qui s’engage dans le chemin spirituel. Trinitaire, Hildegarde a une approche assez classique du chemin vers le salut mais elle l’inscrit dans une verticalité. C’est par une actualisation constante, dans l’instant présent, que la prophétie se fait éveil. Elle définit ainsi une ascèse atemporelle dans laquelle la musique mais aussi l’alphabet secret de sa lingua ignota font signe ou accord, sans passer par l’interprétation temporelle. En nous introduisant à l’œuvre somptueuse d’Hildegarde de Bingen, Audrey Fella pose les jalons d’une spiritualité chrétienne affranchie des limites dogmatiques, d’une célébration de la vie, de l’inscription co-créatrice de l’être humain dans l’univers. Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare. Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias (Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire». Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie. Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard. Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves et Cologne. Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même. |
HILDEGARDE DE BINGEN, LA
SENTINELLE INVISIBLE |
AUDREY
FELLA |
Edition
LE COURRIER DU LIVRE |
2009 |
Comment
expliquer l’extraordinaire réputation d’Hildegarde
de Bingen, la large diffusion de son œuvre et la permanence de son
culte ? Certains
personnages historiques sont plus ou moins appréciés selon qu’ils entrent ou
non en résonnance avec les aspirations d’une époque. Hildegarde est l’exemple
vivant d’un statut élevé de la femme au Moyen-âge et d’une liberté d’action
sans égale. En outre, elle accorde un sens hautement spirituel à la vie. Elle
reconnaît qu’un lien mystérieux unit toutes les créatures entre elles, qu’une
unité régit tout le cosmos. Dans sa vision, la nature et l’homme, l’âme et le
corps, sont interdépendants. Ce
sens de l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à
entrevoir la relation entre le désordre de l’Univers et celui de notre
conscience. Hildegarde de Bingen est plus proche de nous qu’il n’y parait.
Son œuvre diverse et variée constitue un héritage précieux pouvant servir de
base au renouveau spirituel et au ressourcement du monde. En cela, elle est
toute désignée pour ouvrir ce nouveau millénaire et nous conduire sur des
chemins intemporels, où il ne s’agit plus de consacrer tous nos efforts à ce
que nous souhaitons devenir, mais bien d’habiter présentement ce que nous
sommes. Ce livre développe les sujets suivants : La vie d’Hildegarde de Bingen entre contemplation et action,
l’éloge de l’audace, l’enseignement bénédictin, le monastère, une nouvelle
fondation, ses œuvres d’amour, son combat au sein de la vie religieuse,
l’abbesse et le philosophe, l’hérésie cathare, l’heure du chien de feu, ses
voyages, son œuvre : voie d’accès au divin, mystique et mysticisme, ses
visions, ses prophéties, du Scivias au livre des heures divines, son œuvre
scientifique, médicale, musicale et littéraire, Hildegarde gardienne de la
tradition, le nouvel Adam, l’homme au centre de l’Univers, l’éternel retour,
ses visions apocalyptiques, la Jérusalem céleste, le Temple de l’Homme, la
roue cosmique ou l’achèvement de l’œuvre, du magistère spirituel, initiation
royale et sacerdotale, les étapes du salut, les états multiples de l’être,
l’expérience intérieure. |
hildegarde de bingen
– scivias |
H.
de bingen |
Edition
ARBRE D’OR |
2006 |
Sainte
Hildegarde n’avait pas quinze ans quand elle reçut le voile des mains de
l’évêque de Bamberg ; c’est ce que nous apprennent les leçons de son office,
que l’on récitait dès le XIIème siècle dans l’Abbaye de Gembloux. Les années
s’écoulaient rapides pour notre sainte au milieu de ses occupations et des
visions célestes qui ne discontinuaient point. Outre ses longues et ferventes
méditations, elle s’était adonnée à la langue latine ; et l’écrivait, sinon
avec élégance, du moins avec facilité. Quand
le Pape Eugène III vint à Trêves avec Saint Bernard, il entendit certainement
parler de la sainte abbesse, dont la renommée grandissait chaque jour, et il
n’est pas improbable que les premières parties du Scivias lui aient été
présentées pour être soumises à son approbation. Je dis les premières
parties, car l’ouvrage ne fut achevé qu’en 1151 et la visite du Pape Eugène
date de 1147. |
histoire de la philosophie occulte |
alexandrian |
Edition
PAYOT |
1994 |
La
philosophie occulte, unit l’ésotérisme, transmission de la Tradition
qui est au cœur secret des grandes religions, et l’occultisme, théorie
générale des vertus secrètes des choses. Cette quête sans cesse recommencée a
pris des formes diverses selon les lieux et les époques –gnose, kabbale,
alchimie, médecine universelle – mais elle se fonde toujours sur les mêmes
bases et transmet ses secrets de génération en génération. L’auteur,
Alexandrian, s’attache à rendre compte de la variété et de la richesse de ces
traditions ; des temps antiques au monde moderne, il en propose un
panorama complet, fondé sur une documentation de première main avec des
anciens manuscrits de magie, des traités métaphasiques, des manuels de
l’Inquisition, les minutes de procès en sorcellerie. Il offre ainsi une
boussole sûre pour s’orienter dans cet immense labyrinthe de ces doctrines
mystérieuses et souvent difficile à comprendre. Au sommaire de cet ouvrage de 400 pages : Prologue : Les origines de la magie occidentale - la
recherche du secret des secrets - l’enseignement
initiatique, la Rose+Croix et le Franc-maçonnerie -
Triomphe des valeurs occultes - La
grande Tradition et la Gnose : La gnose
simonienne - les Pères du système gnostique - Hermès
Trismégiste, les sept archontes - la recette d’immortalité
- Sophia et les femmes gnostiques - Le serpent Ouroboros et
l’orgie rituelle - l’héritage du trésor de lumière - Les
mystères de la Kabbale : Le Zohar
- les débuts de la kabbale philosophique - la
doctrine du siècle doré - les alphabets célestes et
terrestres - le dogme de la Haute Magie -
l’Ordre kabbalistique de la Rose+Croix - L’Arithmosophie : La mathèse et les lois du calcul métaphysique
- la géométrie occulte - la stéganographie
- Les nombres arithmiques de l’histoire -
la philosophie de l’absolu - L’Alchimie
triomphante : Le Grand Œuvre et la Pierre philosophale
- les alchimistes malgré eux - les
classiques de la littérature alchimique - l’hyperchimie et
l’hylozoïsme - l’alchimie au XXe siècle - La
conquête de l’avenir par les arts divinatoires :
La pronostication et les prophéties - l’astrologie
- la géomancie - la physiognomonie - la
chiromancie - la métoposcopie - l’oniromancie
- la divination par les miroirs et la boule de cristal
- la cartomancie et les tarots - la rabdomancie
- La
médecine hermétique et la thaumaturgie : La révolte
médicale de la Renaissance - la médecine spagyrique
et Paracelse - le médecin des 3 S contre le médecin de
l’archée - Théorie et application du magnétisme animal et
Mesmer - la thaumaturgie et ses techniques
- Médecine occulte mixte et métiatrie - Les
communications avec l’invisible : La goëtrie
- les duos médiumniques - l’illuminisme
- les voyages extatiques - la poursuite de la
« chose » - La voie interne du martinisme ave L.
C. de Saint Martin, Willermoz et Martinez de Pasqually - la
théodoxie universelle - l’occultisme contre le spiritisme
- Allan Kardec - les expériences du
dédoublement - la synthèse du visible et de l’invisible - La
magie sexuelle : Ontologie de l’acte sexuel -
l’érotisme diabolique - le sabbat -
l’ensorcellement et la possession - la messe
noire - les unions immatérielles
- la sanctification du sexe - la
hiérogamie dans les temps modernes - Index
des Maîtres de l’Occulte (prés de 200 noms)
-
|
histoire de l’imagination |
Dom
Pierre miquel |
Edition Le Léopard d’or |
1994 |
On part de l’imaginaire dans la Bible en
passant par l’antiquité et le Moyen-Âge pour arriver aux temps
modernes. Une belle histoire. « Folle du logis » selon
Malebranche, « reine des facultés » selon Baudelaire, l’imagination
a connu suivant les époques la faveur et la disgrâce. Après avoir parcouru
brièvement cette histoire de l’imagination, on peut s’interroger sur son rôle
dans le Révélation et dans la théologie. Pour se manifester aux hommes, Dieu
a-t-il recours à l’imagination ou bien est-ce l’homme qui, pour franchir les
limites où sa raison se heurte, fait appel à l’imagination ? L’au delà est le domaine privilégié de
l’imagination : l’enfer, le purgatoire, le ciel sont-ils des lieux de
rêve, peuplés d’êtres fictifs, les démons et les anges, ou bien les
descriptions qu’on en donne répondent-elles, non seulement à un besoin, mais
à une réalité ? Les descriptions de l’au-delà et des êtres
intermédiaires sont très semblables dans toutes les religions. La révélation
biblique est sobre sur ce point, mais certains théologiens, beaucoup de
prédicateurs et quelques mystiques ont comblé ce qui leur paraissait une
lacune. On peut comprendre ce souci : l’homme ne peut penser sans
image ; elle lui sert de support, mais le risque est qu’elle devienne un
écran au lieu de rester une étape. Par ailleurs, une abstraction ne peut
mobiliser le dynamisme de la volonté : l’image seule entraîne. Ainsi la
fonction de l’imagination se révèle à la fois indispensable- même en
théologie- malgré les dérives que peut occasionner son emploi. Au sommaire de cet ouvrage : L’imaginaire et l’imagination
- Situation de l’imagination - la nature et la
politique - le commerce et le jeu - L’art
figuratif et l’art abstrait - la littérature et la science
fiction - la mythologie et la liturgie
- L’invisible au-delà - La Bible et l’imaginaire
biblique - les récits d’origine et les événements
fondateurs - les théophanies - les récits de
visions - les Apocalypses - La Cantique
des cantiques - L’inspiration créatrice dans le livre de
Job - Les récits eschatologiques dans les synoptiques
- L’Apocalypse johannique - les apocryphes - le
midrash - la kabbale - les contes hassidiques - L’Antiquité et le Moyen Âge :
Les philosophes grecs : Platon – Aristote –
Plotin – Proclus -- les spirituels bouddhistes -
L’illusion universelle - La pratique des mandalas et des
mantras - Les mystiques musulmans : Ibn Arabi et Ibn al
Faridh - Rumi et l’imagination maitresse d’illusion qui engendre
la peur, l’imagination peut rendre fou, l’imagination est cause de
souffrance, imagination et réalité, imagination et spiritualité
- Attar - l’imagination facteur d’unité ou de
dispersion ? - Les Pères grecs : L’inspiration
biblique selon Origène - Le refus du docétisme
- saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem - Rien n’est
beau que le réel par Grégoire de Nysse - Le monde
symbolique de l’imagination chez le Pseudo Denys -
Rôle positif de l’imagination chez Synésios de Cyrène
- Dangers de l’imagination d’après la Philocalie -
Calliste et Ignace Xanthopouloi - Les Pères
latins : Saint Augustin - Saint Grégoire le
Grand et le dépassement des images - Scot Erigène et Théophania
et phantasia - saint Bernard et l’imagination protectrice
- Thomas de Cîteaux et les deux excès - Guillaume de
Saint-Thierry, Dieu est inimaginable - Pierre le
Vénérable : L’au-delà est inimaginable - Abélard et
l’imagination inspiratrice de l’artiste - Guigues le
chartreux et le renoncement aux images - Hugues de saint
Victor : imagination, raison et contemplation - Saint
Pierre Damien : l’incarnation en vérité - Les
philosophes médiévaux - L’Âge classique : Les
philosophes des 16e et 17e siècle :
Léonard de Vinci : l’imagination et l’expérience -
Montaigne : l’imagination et l’expérience - Ambroise Paré et
l’imagination psycho-somatique - Giordano Bruno :
l’imagination, faculté de synthèse - Cyrano de Bergerac et
l’imagination extravagante - Spinoza et l’imagination
prophétique - Jacob Boehme et les deux faces de
l’imagination - Malebranche et l’imagination « folle
du logis » - Pascal et l’imagination ennemi de la
raison - Les saints des 16e et 17
siècles - Les réformateurs Luther - Calvin et
Viret - Sainte Thérèse d’Avila et l’imagination
source de distraction - Saint Robert Bellarmin et les
images de la Trinité - Saint Jean de la Croix :
l’imagination n’est qu’un moyen - Saint Ignace de Loyola et
l’imagination utile à la composition du lieu - Saint
François de Sales : l’imagination faculté ambigüe -
Saint Vincent de Paul : l’imagination utile en spiritualité mais
dangereuse en théologie - Marie de l’Incarnation :
l’imagination, une puissance à surmonter - Les temps modernes : Le
romantisme : Caracciolo : l’imagination, remède contre la
tristesse et l’ennui - Kant : l’imagination, le
sensible et l’invisible - Schleiermacher :
l’imagination, la foi et l’intériorité -
Baudelaire : l’imagination inspiratrice des arts
- L’existentialisme - Imagination et
croyance - magie de l’imagination
- l’imagination dépassement du réel - le
surréalisme - la psychanalyse -
illusions utiles ou sans avenir ? - Les paradis
artificiels - Sainte Thérèse de Lisieux
- le mythe, voie d’accès à l’invisible et à la
connaissance - Déviations théologiques dues à l’imagination
- |
histoire de mes malheurs |
Pierre
abelard |
Edition
MILLE ET UNE NUITS |
2001 |
||
Et
là, c'est une histoire vraie. Si vraie qu'elle se déroule en partie près de
Nogent-sur-Seine, au Paraclet - en grec, le consolateur -, nom que donna
Pierre Abélard à l'oratoire métamorphosé ensuite par et pour Héloïse, en une
prospère abbaye. Si vraie qu'elle est connue grâce aux écrits des deux amants
: l'autobiographie d'Abélard et l'échange épistolaire avec Héloïse, datée des
années 1132-1133. Les lettres originales ont disparu mais la copie qui passe
pour être la plus ancienne, est conservée à la médiathèque du Grand Troyes :
c'est le fameux manuscrit 802. « Il aurait été copié entre 1231 et 1238, dans
l'entourage de l'évêque de Paris Guillaume d'Auvergne, à partir de documents
issus de l'abbaye du Paraclet », précise Pierre Gandil, directeur adjoint,
avant de rappeler : « Le manuscrit renferme huit lettres explicitement
attribuées à Abélard et Héloïse. » Ces textes, régulièrement réédités,
méritent d'être lus et relus pour leur richesse et leur force.
Finalement, elle a
cédé pour ne pas contrarier Abélard…Mais tous deux ont tout fait pour que
leur mariage reste ignoré. Héloïse en aurait subi les foudres de sa famille. |
HISTOIRE DES IDÉES DES HOMMES SUR DIEU |
Marc-Alain Descamps |
Edition de la Hutte |
2012 |
Aucun
peuple n’a jamais existé sans une croyance en un ou plusieurs dieux. Chaque siècle
a modifié le regard des hommes sur le Divin. Notre exploration du système
solaire et, au-delà du Cosmos, change nos idées sur Dieu dans une colossale
mutation spirituelle Grâce à cette histoire, nous allons croiser Dieu dans le cœur des hommes, dans les systèmes de morale des sociétés, et dans notre vision de l’Univers infini et indéfini. Qu’est-ce
que Dieu ?
Un mot, un nom, une croyance ou un vécut ? Dieu
est devenu dans l’histoire de l’humanité un sujet passionné, source de
conflits et de guerre. Pourquoi ? Parce que Dieu est un des mots auquel
on a donné le plus de sens différents. Finalement il ne veut plus rien dire
et chacun donne à ce mot des sens opposés. Le pire est quand certains veulent
donner un nom à Dieu, alors reconstruisant la Tour de Babel, ils ne se
comprennent plus et s’entretuent. Dieu,
« une ténébreuse affaire », écrivait déjà le philosophe
anglais Hume au XVIIIe siècle. L’affaire est si compliquée que l’on ne sait
même pas comment poser la question : « Qui est Dieu ? »
ou « Qu’est ce que Dieu ? ». Dans le second cas on
préjuge que Dieu est une personne, comme un humain, et l’on tombe dans
l’anthropomorphisme, qui est la tentation majeure et le défaut
universel : on ne sort pas de l’homme et l’on pense Dieu comme s’il
était un homme. Pour
éviter de retomber dans les guerres de religion, la première découverte à
faire est de reconnaître que Dieu n’est jamais apparu de façon divine à tout
un groupe d’hommes et ne leur a jamais parlé tout haut collectivement,
pourquoi ? Ainsi
Dieu est-il pour beaucoup un objet de croyance et surtout un acte de foi.
Pour beaucoup Dieu est une affaire de religion et l’on ne doit pas en parler
en dehors. Chaque religion est un groupe d’hommes et de femmes qui s’arroge
le droit exclusif de parler de Dieu. Les religions ont confisqué l’idée de
Dieu et en ont dégouté les autres. Au sommaire de cet ouvrage sur l’interprétation du mot Dieu : Chapitre 1 : Dieu est il un animal ? -le Totémisme et l’animisme - Fétichisme et chamanisme - Les bêtes ont été les mères de l’humanité - L’homme s’extrait et se sépare de l’animal - L’homme asservit et extermine les animaux - L’homme protège les animaux - Chapitre 2 : Dieu est il une femme ? - la déesse Terre-Mère - Les civilisations patriarcales et le retour du féminin - le sexe de Dieu - les plaidoyers féministes - Chapitre 3 : Dieu est il méchant ? - Conjurer les menaces de la nature - Les dieux des volcans - Les dieux cannibales - le dieu du mal ou le dualisme - L’invention du « bon Dieu » par les philosophes grecs - le dieu de la guerre chez les juifs - Excision et circoncision - Jésus et le christianisme - Mystiques, Sacré-Cœur et Béguines - le dieu d’Amour des E. M. I. (expérience de mort imminente) - Chapitre 4 : Dieu est-il unique ? ou l’invention du monothéisme - le premier monothéisme égyptien - La découverte du dieu unique par les grecs - Le passage du « vrai dieu » au « dieu universel » - Les drames de la Trinité et des hérésiarques - le monothéisme musulman - L’hénothéisme et le refus de l’intolérance - Chapitre 5 : Dieu est il rationnel ? - Les premiers penseurs de Dieu - La raison dans la foi - De la théodicée à la théosophie - les contradictions et les apories - Les mystiques et la théologie apophatique - Le Dieu intérieur ou Dieu est en vous - Chapitre 6 : Dieu est il mort ? - La mort de Dieu - Les athées célèbres et individuels - Les nouvelles idoles - Les preuves de l’existence de Dieu - Le Sacré cosmique - Chapitre
7 :
Dieu est il le Créateur ? - Le Dieu émanateur ou l’Univers
corps de Dieu - Le Dieu Providence - Bibliographie
des ouvrages sur le sujet - |
10 I
IMAGINAIRE
ET PENSḖE – DḖSIRḖE
ERASME, MARTIN LUTHER, NICOLAS DE CUES – Trois imaginaires, trois
modèles de pensées - |
Olivier
Rimbault |
Presses
Universitaires de Perpignan |
2016 |
||
Si
l’on devait résumer l’ouvrage d’après un thème botanique, la Folie serait le
tronc commun de l’Humanité. Nos attitudes à répétition qui se suivent sans
s’apprendre en seraient son écorce ou scories. Enfin, la philosophie, dans le
droit-fil de la pensée des pères de l’Antiquité, en serait la sève. Avec
son Eloge de la folie, celui qui cherche à pincer « plutôt
qu’à mordre » signe un coup de maître. Il n’y a qu’à voir le nombre de
contempteurs de l’ouvrage pour s’en rendre compte ! Du vivant de
l’auteur déjà, son Eloge est condamné à Paris et à Oxford. Ses
prises de position du style « des subtilités plus subtiles encore
encombrent les voies où vous conduisent les innombrables scolastiques »
ne lui valent pas une franche amitié de la part des instances d’autorité
susnommées… En pleine Contre-Réforme, Erasme préférera, choisira un
profil-bas et ira jusqu’à présenter ses excuses à ceux que ses paroles
auraient blessés. Entre
Spinoza et Rabelais, se tient Erasme, prince des mots et chantre d’un
utilitarisme humanitaire que beaucoup lui envieront, sans parvenir à son
génie du sous-entendu critique. Le château mental d’Erasme est vaste. Ses
étages sont ceux d’un roi mais ses oubliettes sont d’un juge. D’une langue
sapide (puissamment retranscrite ici dans la traduction de Claude Blum), il
dégorge nos travers (dé)raisonnables, passés ou actuels. Si la folie est sœur
de l’imagination (cette dernière surnommée « la folle du logis »),
alors l’esthétique Renaissance du propos saute aux yeux. Personne ne s’y
trompe, et malgré un mea culpa hypocrite nonobstant la
tranquillité de son auteur, l’Eloge de la folie est le bestselling
book européen de son temps ! Rapidement traduit en langues
vulgaires, le livre et son aura de brûlot anticlérical se répandent
rapidement. L’Eloge, c’est aussi l’un des livres les plus pourchassés
de tous les temps. Le parlement de Paris, la Sorbonne, les théologiens de
Louvain, condamneront sa sortie. En 1559, c’est la Bibliothèque apostolique
vaticane qui l’inscrit sur sa prestigieuse (et sinistre) liste des livres mis
à l’Index, que tout bon chrétien doit se garder d’ouvrir sous peine de rôtir
dans les flammes de l’Enfer ! Comme si une telle « publicité »
ne suffisait pas, tous les écrits d’Erasme seront interdits par le Vatican
jusqu’en… 1930. En
cinq années, l’Eloge en était déjà à sa troisième réédition latine.
C’est à cette occasion qu’en 1516 Hans Holbein se voit proposer d’apporter
une touche picturale à l’édifice humaniste. Ses 82 saynètes successives,
réalisées à la plume et à l’encre, ne servent pas tant à illustrer
littéralement le texte qu’à l’enrichir sur la base de l’imagier populaire de
l’époque. 17 ans avant son célèbre portrait des Ambassadeurs, Holbein
s’essaie peut-être déjà au jeu des anamorphoses… spirituelles, celles-là…Des
dessins originaux tenus au secret dans les profondeurs capitonnées du Cabinet
des estampes du Kunstmuseum de Bâle. Très altérés par le temps, presque
illisibles pour certains, ces derniers ont nécessité le recours à un scanner
rotatif, le procédé le plus fin en matière de photogravure qui a permis de
nettoyer les traits, du fond coloré de la page. Agrandis à 300%, scannés,
puis débarrassés de leurs taches après cinq siècles d’humidité et d’oxydation
du papier, l’intégralité des 82 dessins d’Holbein a trouvé sa logique au sein
de cette édition flambant neuve. Soit à leur place exacte, conformément à
l’ouvrage d’origine. Un travail exceptionnel auquel les éditions Diane de
Selliers sont rompues par le poids de l’expérience. Depuis plus de 20 ans,
cette recherche de la perfection prodigue aux grandes œuvres littéraires une
vitalité nouvelle. De
fait, la pointe sèche d’Holbein le Jeune n’est pas la seule à se prêter à
merveille à l’exercice. Les contemporains d’Erasme (Hans Holbein, Albrecht
Dürer, Quentin Metsys) et leurs héritiers directs sont pour la première fois
réunis au cœur rouge du coffret. Un Eloge à la folie de la
peinture qui regroupe près de 200 pièces de la production artistique du Nord,
dont bon nombre d’œuvres rarissimes ou inédites, soustraites au monde et
cachées dans l’obscurité de collection privées… Telle cette version du Portrait
du vieil homme grotesque (page 139), moins connue que « sa
jumelle » conservée au musée Jacquemart-André, à Paris. Comme à son habitude,
l’éditeur justifie avec intelligence son choix : « le diptyque
qu’il forme avec le Portrait de la vieille femme grotesque,
conservé à la National Gallery de Londres, est rarement reproduit. Ils ont
été exposés ensemble pour la dernière fois à la National Gallery en 2008,
après 150 ans de séparation ! »Cinq siècles après la parution de l’Eloge,
lesquels de nos littérateurs/penseurs/philosophes se revendiquent avec
authenticité de l’esprit d’Erasme ? Il y aurait pourtant à dire… |
introduction à origÈne suivie d’une
anthologie |
Philippe
henne |
Edition
du CERF |
2004 |
Sans
Origène, il n’y aurait pas de théologie. Tout commence avec lui parce que,
grâce à lui, la réflexion pénètre dans le christianisme.
La
vie mystique elle-même n’échappa pas à sa sagacité. Le commentaire et les
homélies sur le Cantique des Cantiques sont l’œuvre d’un homme mûri par la
réflexion et par l’épreuve. Et pourtant, cet auteur fécond est inconnu du
grand public. Ce qui explique cette méconnaissance, c’est certainement le
soupçon d’hérésie qui accable le maître d’Alexandrie.
|
10 J
jean pic de la mirandole |
Christine
sagnier |
Edition
De Vecchi |
2000 |
||
Exalté par
la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui
ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la
connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en
passant par d’autres universités européennes. Pic de la
Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus
réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent
d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le
Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie
d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la
philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant
pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et
chaldéens. À 23 ans, il
publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques,
et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome,
quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative
déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à
plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale.
L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais
il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa
libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique
et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est
fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à Florence,
à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité impitoyable du
moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la tête de ses
troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont révéler la
Renaissance aux Français... Analyse de l’oeuvre de Pic de la Mirandole : Cette
transcendance divine par laquelle s’affirme la supériorité de Dieu sur
l’homme en tant qu’homme, me semble soulignée avec justesse dans
l’interprétation qu’offre Pic de la Mirandole, dans son fort célèbre De dignitate
hominis. Naturellement, Pic a aperçu le fond ontologique du passage de la
Genèse, et souligne le caractère divin de l’homme ; mais il ne
conçoit celui-ci que sur un mode dynamique, c’est-à-dire que le
« lieu de passage » constitué par l’endroit où dort Jacob se
réalise pleinement dans le symbolisme de l’échelle, symbolisme qui désigne
indubitablement une montée vers les cieux, c’est-à-dire un dynamisme, dynamisme
qui n’est possible que parce qu’il repose sur l’identité ontologique du bas
et du haut, de l’humain et du divin ; mais encore faut-il actualiser
cette identité. L’humanisme
de Pic de la Mirandole ne consiste pas en une apologie de l’homme en tant que
tel ; nulle trace dans ses écrits d’une admiration béate d’une humanité
unifiée ou de droits inaliénables. L’homme de Pic de la Mirandole est digne
d’admiration parce qu’il est capable de se projeter au-delà de lui-même,
parce qu’il est capable précisément de se projeter en Dieu ; ce n’est
pas un humanisme intrinsèque qu’il décrit, mais un humanisme qui tire sa
légitimité d’un possible, d’un potentiel inscrit en l’homme, qui n’est autre
que celui de devenir Dieu. Or, rien n’est plus significatif à cet égard que
l’interprétation qu’il donne de l’échelle de Jacob dans le De dignitate
hominis. Après
avoir loué les théologiens chrétiens, voici le dessein qu’il assigne à
l’humanité : « Et sans nous contenter des nôtres, consultons
le patriarche Jacob, dont la figure resplendit, sculptée sur le siège de la
gloire. Ce père très sage (saptientissimus) nous instruira, lui
qui dort dans le monde inférieur (in inferno dormiens) et qui veille
dans le monde supérieur (mundo in superno vigilans). Mais il nous
instruira en figure (per figuram) (car c’est en figure que tout leur
arrivait), disant qu’il y avait une échelle dressée des tréfonds de la terre
jusqu’aux sommets du ciel, répartie en une longue série de multiples
degrés : au sommet siège le Seigneur, les anges contemplateurs y montent
et descendent tour à tour. C’est ce que nous devons faire, nous qui
voulons imiter la vie angélique. » Deux
enseignements sont ici fondamentaux. D’une part, l’échelle de Jacob est
conçue comme cela même qui établit un lien de continuité entre le
monde sublunaire et le monde céleste, autrement dit entre le divin et l’humain.
Le fond ontologique qui structure les interprétations majeures de ce texte
demeure inchangé : il y a continuité ou identité entre le divin et
l’humain, et non rupture ou dissemblance. Sur ce point, Pic ne fait que
reprendre l’interprétation magistrale qu’en avait donnée Philon d’Alexandrie.
Mais il convient d’autre part de considérer cette continuité sur le mode
dynamique : il nous faut emprunter l’échelle pour nous convertir, au
sens néoplatonicien du terme, pour retrouver notre essence divine. Autrement
dit, ce mouvement de retour où se ressaisit l’essence divine de l’homme n’est
possible que sur fond de l’identité de l’essence divine et de l’essence
humaine. Grâce à cette identité ontologique, il nous est possible de gravir
progressivement les échelons jusqu’à Dieu. « Il
faut d’abord, écrit Pic, que nous soyons instruits et entraînés à nous
mouvoir comme il faut de degré en degré, sans jamais dévier de l’axe de
l’échelle ni faire obstacle au cheminement des autres. » Il est vrai que
Pic insiste davantage sur la progressivité du retour en Dieu, et ne
procède pas à la violence métaphysique de Maître Eckhart ; ou plutôt, si
le résultat est identique, il n’en est pas moins plus progressif, plus lent à
venir. Avant que l’homme ne se découvre Dieu, il lui faut avoir gravi chaque
échelon, être passé par le stade angélique, et avoir reçu des anges,
eux-mêmes descendus de l’échelle pour annoncer la bonne nouvelle, l’appel à
la divinisation. « Appelés
avec tant de douceur (blande), invités avec tant de bonté, les pieds
ailés comme des Mercures terrestres, nous volerons vers l’étreinte de cette
bienheureuse mère, et nous jouirons de la paix désirée – paix très sainte,
indissoluble union, amitié unanime, grâce à laquelle toutes les âmes non
seulement s’accordent en un unique esprit qui est au-dessus de tout esprit,
mais d’une manière ineffable, se fondent complètement dans l’un. Voici
l’amitié que les Pythagoriciens disent être la fin de toute
philosophie ; voici la paix que Dieu établit dans les lieux élevés, et
que les anges sont descendus sur terre annoncer aux hommes de bonne volonté,
afin que les hommes, montant par elle au ciel, deviennent eux aussi des
anges. » Malgré
l’apparente quiétude de ce mouvement, il ne faut guère sombrer dans une
interprétation trop prudente des propos de Pic ; il est indubitable que
le résultat est tout à fait similaire à celui qu’obtient Maître
Eckhart ; de la même manière que celui-ci voyait dans le songe de Jacob
une allégorie par laquelle l’âme se reposait en la déité, et inversement par
laquelle Dieu se reposait dans la petite étincelle de l’âme, l’issue de
l’ascension chez Pic n’est autre que le repos de l’âme dans la déité, et
celui de la déité dans l’âme. Pic écrit ainsi sans équivoque que le dessein
final de l’ascension de l’échelle n’est autre que cet « unique
esprit » dans lequel se réconcilient l’homme et Dieu qui ne font plus
qu’un, afin que « notre âme devienne elle aussi la demeure de Dieu (Dei
domus), afin qu’après s’être dépouillée de toutes ses impuretés par la
morale et la dialectique, elle s’one de la multiple philosophie comme d’une
beauté princière, qu’elle festonne le sommet des portes par la théologie, que
descende le Roi de gloire et qu’il vienne avec le Père établir en elle sa
demeure. »[ Nulle
équivoque n’est ici possible. Dès lors que Dieu est en mesure de venir
établir sa demeure dans l’âme, cela signifie l’actualisation de celle-ci en
tant qu’elle a mis au jour son identité ontologique avec celui-là. La
continuité de l’univers divin avec l’univers humain est ainsi à la fois la condition
de possibilité de cette réconciliation finale, et l’effet de
l’identité originaire. Condition de possibilité parce que sans elle
l’élévation graduelle de l’échelle ne serait guère possible, mais aussi effet
car s’il n’y avait plus cette identité du divin et de l’humain à
reconstituer, il n’y aurait plus de raison que Dieu vienne annoncer par ses
anges l’appel à la réunification Pic
de la Mirandole ne fonde pas l’autonomie du sujet, il fonde au contraire sa dignité
dans la potentialité d’un devenir divin, qu’il lui faut toutefois actualiser,
lorsque surgit l’appel. Il ne s’agit donc pas d’une dimension
d’affranchissement toute faustienne du divin, mais d’un retour à celui-ci sur
fond d’identité ontologique, héritée de toute une tradition néoplatonicienne
et ésotérique. On partage ainsi pleinement l’interprétation de Louis Valcke
pour lequel « l’intérêt de l’œuvre et de l’évolution intellectuelle de
Pic ne réside donc pas dans quelque non-conformisme qui l’aurait conduit à
ébaucher ou à anticiper, même inconsciemment, certains traits de la
modernité. Sa pensée et sa réflexion se meuvent tout entières à l’intérieur
du cadre philosophique et théologique qu’il avait reçu en héritage. Exalté par
la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui
ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la
connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en
passant par d’autres universités européennes. Pic de la
Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus
réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent
d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le
Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie
d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la
philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant
pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et
chaldéens. À 23 ans, il
publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques,
et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome,
quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative
déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à
plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale.
L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais
il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa
libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique
et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est
fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à
Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité
impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la
tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont
révéler la Renaissance aux Français... |
JEAN TAULER – LA NAISSANCE DE
DIEU EN TOI |
Gérard ESCHBACH |
Edition O.E.I.L. |
1986 |
Jean
Tauler (1300-1361) est avec Maître Eckhart et Henri Suso, un des trois grands
frères dominicains et penseurs de la « Mystique Rhénane ». C’est
avec des mots forts et puissants qu’il affirme notre condition divine. L’auteur
nous fait pénétrer dans la mystique Tauler. Jean
Tauler est né probablement né vers 1300, ou peu avant 1300, à Strasbourg.
Était-il fils d’un échevin, ou d’un bourgeois ? D’après une phrase
échappée pendant un sermon, il semble issu d’une famille qui ne connaissait
pas l’indigence : « Si j’avais su ce
que je sais maintenant, quand j’étais le fils de mon père, j’aurais choisi de
vivre de son héritage, et non pas d’aumônes ». Cette
petite phrase supporte plusieurs niveaux de lecture. Premier
niveau,
celui de la recherche de Jean Tauler : recherche de pauvreté, de
simplicité. Jean Tauler nous parle ici de son désir de vivre en pauvre du
Christ, et ce thème lui est cher. Second
niveau,
celui des rapports entre l’ordre dominicain et la société strasbourgeoise au
XIVe siècle. Ceci
sous-entend l’examen des conditions dans lesquelles est née la mystique
rhénane. Ainsi que le rappelle P. Dollinger : « il est vrai que les
désordres, les scandales pouvaient inciter les âmes éprises d'idéal à se
réfugier dans la contemplation. Il n'est pas douteux que mainte vocation
mystique ait été affermie par la vue des laideurs du monde. (…) D'une façon
générale, on a souvent exprimé l'opinion que le succès de la mystique
[rhénane] s'explique, pour une large part, par le retentissement des
catastrophes du XIVe siècle. Outre les querelles dans l'Église, on
ne manque pas de rappeler la peste noire, les massacres des Juifs, les
processions de flagellants, et pour l'Alsace, les invasions de routiers de la
guerre de Cent Ans, qualifiés d’« Anglais » en 1365 et 1375. Il
faut cependant noter que les plus dramatiques de ces événements propres à
agir fortement sur la sensibilité des contemporains se sont produits au
milieu du XIVe siècle, à l'époque où le mouvement mystique se
trouvait à son apogée, voire même sur son déclin. Si l'on se place à la
période décisive de l'éclosion du mouvement, c'est-à-dire au premier quart du
XIVe siècle, on peut dire que les malheurs de l'Église et du monde
n'étaient ni plus ni moins grands qu'à d'autres époques du Moyen Age. Les troubles
du temps ont pu porter certains individus au mysticisme : ils
n'expliquent en aucune façon que le XIVe siècle ait été un sommet
dans l'histoire de la mystique ». Le
troisième niveau
concerne la famille de Jean Tauler : il y avait un héritage… Il ne
venait donc pas d'une famille pauvre. Vers
1315, Jean Tauler entre au couvent des dominicains de Strasbourg. Il a
environ 15 ans, ce qui n’est, pour l’époque, ni trop jeune ni trop âgé… Selon
le cursus alors en vigueur, il aurait dû étudier à Strasbourg jusqu’en 1323,
puis ensuite jusqu’en 1327 à Cologne. Il n’a pas suivi cette longue
formation, puisqu’on sait qu’il a pu commencer sa prédication à Strasbourg en
1323, l’année de la canonisation de Thomas d’Aquin. Sa formation a pu être
écourtée en raison de sa santé fragile : il ne reçut jamais en effet le
titre de Maître ou de Docteur en théologie. Ce qui l’amena d’emblée à être un
Lebemeister (c'est-à-dire littéralement un maître de vie, en opposition à un
Lesemeister, un maître en lectures, selon la terminologie des mystiques
rhénans qui privilégie le premier, sans dénigrer le second) sa culture est
solide. Il « cite Proclus, Thomas d’Aquin, Augustin, Bernard de
Clairvaux, Hugues de S. Victor » et la qualité de ses sermons est
certaine « même si, parfois, on a préféré voir en lui, un homme frustre,
n’ayant jamais étudié comme “ceux de Paris”, le réduisant fallacieusement par
là à un prédicateur de province, inspiré, mais peu instruit ». Un séjour
à Cologne entre 1325 et 1330 est possible, mais rien ne le prouve. On pense
donc sans savoir quand qu’il a dû séjourner à Cologne, y écouter Maître
Eckhart, et peut-être rencontrer Henri Suso. Mais il a découvert Maître
Eckhart lorsque celui-ci était à Strasbourg. Dans son couvent strasbourgeois,
Albert le Grand, Vincensinus, et Eckhart avaient séjourné : leurs écrits
étaient donc à la disposition des frères y résidant. Mais Tauler,
Lebenmeister, ne fait pas étalage de ses savoirs : il les adapte pour un
public parfois peu instruit. L’une de ces premières adaptations est de
traduire ces autorités du latin en moyen-haut allemand, langue parlée alors à
Strasbourg. En
ce premier quart du XIVe siècle, le mouvement des « Frères du Libre
Esprit », contre lequel s’était dépensé Maître Eckhart a disparu. Une
autre tendance, qui dans ses excès verse dans l’hétérodoxie, se manifeste à
travers les béguinages. Les historiens en comptent entre 70 et 80 à
Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, précisons que la ville
comptait au début du XIVe siècle un peu plus de 15 000 habitants, qu’il
y avait sept couvents de dominicaines (dont celui de Saint-Nicolas in Undis,
où réside la sœur de Jean Tauler). À ces couvents s’ajoutaient les couvents
des ordres franciscains, les monastères de l’ordre de Saint-Benoît, les
Ordres militaires, les couvents pour les « dames repentantes »,
hors de l’enceinte de la ville et les paroisses. Les membres des clergés
séculier et régulier regroupent presque 10 % de la population. Les
béguinages existent depuis la fin du XIIe siècle. Perçus dans un premier
temps comme des maisons où des veuves, principalement, ou des célibataires
vivent en petites communautés, sans règle, mais avec beaucoup de dévotion,
ils sont de plus en plus suspects. Or, en 1300, Guy de Colmieu, évêque de
Cambrai, ordonne l’autodafé du Miroir des âmes simples de Marguerite Porète.
Cette dernière est une béguine, qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en
1310 à Paris. Eckhart était alors à Paris. En son couvent logeait aussi
l’inquisiteur instruisant le procès de Marguerite Porète. La mystique rhénane
a beaucoup de points communs avec les écrits béghards. Ceux-ci vont initier
un courant de spiritualité très vif au XIVe siècle. Beaucoup sont très
réservés quant à l’autorité de l’église visible, lui préférant la communauté,
parfois invisible, de ceux qui se veulent amis de Dieu, au sens de ceux qui
aiment vraiment et sont vraiment aimés de Dieu. Les erreurs des bégards sont
dénoncées en 1317 au concile de Vienne, et condamnées par bulle en 1318 et
1320. Tauler
commence ainsi à prêcher lorsque des personnes éprises de perfection doivent
choisir entre se maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une
forme de vie reconnue par l’Église, c’est-à-dire un couvent, qui à Strasbourg
est le plus souvent d’obédience dominicaine. « L’exécution à Cologne, en
1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé
l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre
eux, Jean de Brünn, pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335 ».
[10] Tauler, par sa prédication, aura la charge d’inciter les bégards à se
maintenir dans l’orthodoxie, comme Eckhart le fit pour le mouvement du
Libre-Esprit. L’autre
évènement qui marque le début de la prédication de Jean Tauler est le conflit
entre Jean XXII et l’empereur Louis IV de Bavière. En Avignon, le pape
Jean XXII excommunie l’Empereur germanique en 1324 pour sa politique
italienne. Il le déclare privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent
Louis IV. Le conflit dure, et le pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329.
Aucun sacrement ne doit plus y être célébré. L’interdit durera 15 ans. Les
habitants sont appelés à choisir entre le Pape et l’Empereur. Jusqu’alors,
Strasbourg était restée neutre. Dans les couvents des mendiants, les prises
de position en faveur de l’un ou l’autre camp sont variées. Finalement, les
dominicains se soumettent aux ordres pontificaux. En réponse, en 1339, la
ville les chasse. Ils resteront « bannis » pendant 4 ans. Tauler se
retrouve ainsi tout d’abord à Cologne, puis à Bâle. Durant ce séjour, il
rencontre deux personnalités marquantes de la spiritualité rhénane du XIVe
siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner, tous deux parfois trop
vite associés aux bégards, alors qu’ils semblent beaucoup plus appartenir à
cette mouvance « des Amis de Dieu ». Revenu à Strasbourg en 1348,
Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour un hypothétique voyage à
Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré Ruysbroeck. Il meurt à
Strasbourg le 16 juin 1361. Sa
spiritualité est traversée par deux thèmes centraux : le détachement, et
la naissance déifiante de Dieu dans l’âme qui est abordée dès le
premier de ses sermons, celui pour la Nativité. Parmi les mystiques
rhénans, il se distingue par son sens du concret et son apologie des vertus.
Un bref texte anonyme de la fin du XIVe siècle explique pourquoi il dut
passer plusieurs longues années au purgatoire : en particulier pour son
caractère entêté ! De fait, à la différence de Suso, il n’a jamais été
proclamé Bienheureux et à la différence d’Eckhart, il ne fut jamais inquiété
pour sa doctrine. Martin Luther lui rendit hommage en disant de lui qu'il
était "l'un des plus solides et des plus corrects des
mystiques". C’est pourtant bien de Maître Eckhart dont il se
réclame, à mots couverts, nous donnant même la clef de lecture de son oeuvre
: « Il parlait depuis l’éternité, et vous l’avez compris depuis le
temps ». |
JOACHIM DE FLORE (1132-1202) |
DIVERS
AUTEURS |
ARCADIA |
2009 |
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Le thème central de ces œuvres est celui de L’accord entre les
divers livres des Ecritures, lus selon une exégèse traditionnelle,
typologique et arithmologique. C’est pourquoi on parle de « L’Evangile Eternel » de Joachim de Flore André
Vauchez,
nous explique pourquoi Joachim ne se considérait pas comme un prophète, mais
estimait avoir reçu le don d’interpréter les Ecritures, et comment à partir
de 1250, il y eut des remous chez les franciscains et du coté de l’Eglise. G.
Huril nous explique l’enseignement de Joachim, qui repose sur la
relecture des Evangiles et des textes de l’ancien Testament, avec en toile de
fond l’avènement de l’Esprit-Saint, une Eglise plus spirituelle et une
humanité de nouveau éclairer par la grâce divine. Emmanuel
Delorme,
brosse un superbe tableau de Joachim de Flore, chantre du Troisième Temps et
la fin des Templiers. Il développe le monachisme spirituel de Joachim, qui
soutenu par l’Ordre du Temple, inspira des mouvements mystiques populaires
basés sur la pauvreté et l’action dans le monde, les franciscains, le libre
esprit, les Turlupins etc. L’Eglise en fut ébranlée. La répression de ces
mouvements éclaire la fin des pauvres chevaliers du Temple. Jean
Boulier-Fraissinet,
dans un remarquable essai, explique l’enseignement de Joachim et notre avenir
spirituel. Il développe plusieurs leçons à retenir, la première étant
celle de « L’appel à l’unité intérieure »,
c'est-à-dire l’appel à l’ensemble focalisé des ressources intérieures. L’œuvre magnifique de Joachim nous enseigne l’Amour de Dieu
pour l’homme et l’amour que doit avoir l’homme pour Dieu, en ayant toujours à
l’esprit que cette divinité que nous croyons lointaine est en réalité en
nous. Les
œuvres de Joachim de Flore font l’objet d’une réimpression, qui est
sorti en 2010 aux éditions du Cerf |
JOHANN FRIEDRICH Von MEYER – Un Maître de la Tradition Hermétique |
Jacques Fabry |
Edition Signatura |
2014 |
Johann Friedrich Von Meyer (1772-1849) est l’un des représentants les plus éminents de la pensée ésotérique chrétienne en Allemagne au 19e siècle. Dans le système théosophique de ce Naturphilosoph, contemporain de Goethe, la Bible et la Nature constituent les deux colonnes essentielles d’un temple sur lequel trône le delta lumineux de l’Esprit divin. La première partie de cet ouvrage, évoque la vie et l’œuvre de l’auteur. La partie centrale est consacrée à la Franc-maçonnerie telle que la concevait Meyer (il fut initié au Rite Rectifié dans le courant de Willermoz), et à laquelle il a appartenu presque toute sa vie. La dernière partie développe la théosophie de l’auteur, son système symbolique et ésotérique, ses interprétations alchimiques et kabbalistiques qui s’ouvrent sur une perspective hermésienne et font de Von Meyer un théosophe et un alchimiste au système complet et achevé. Par ailleurs, la découverte de la mystique indienne et des religions de l’Inde au 18e siècle grâce à Herder et Friedrich Schlegel, sera l’amorce chez Meyer, de l’idée d’une Révélation universelle, il adoptera donc ce « syncrétisme idéaliste » quand celui-ci ne sera pas en opposition avec sa foi et le dogme chrétien. Meyer est ici assez proche de Jacob Böhme ; pour lui, Dieu « s’épanouit » progressivement dans la nature envisagée comme Sensorium Dei, afin de parvenir, à la fin des temps, à la pleine conscience de lui-même. Dans cette optique très ésotérique, la création n’est pas seulement une auto-révélation progressive, elle est aussi une manifestation corporelle, une sorte d’incarnation ou de corporéification constante de l’Esprit absolu. On devine facilement que l’auto-manifestation de Dieu implique son intervention et même son insertion permanente dans l’univers, dans la mesure et dans l’histoire, mais cette idée de développement progressif de l’Unité Primordiale dans la multiplicité du monde et des mondes, implique celle d’un devenir, d’une métamorphose ou d’une palingénésie au sens à la fois corporel et spirituel du terme. En bref, une telle conception a le mérite d’opposer à la philosophie rationaliste une interprétation de l’Être qui, récusant l’idéalisme abstrait hérité des philosophes grecs, réconcilie esprit et matière dans une science intuitive universelle dans laquelle non seulement foi et savoir, mais encore transcendance et immanence sont indissolublement liés. Cet ouvrage, résultat de nombreuses années de recherche, n’intéressera pas seulement les philosophes, les germanistes, les alchimistes, les maçonnologues, les historiens des religions, mais aussi les « hommes de désir », lesquels pourront trouver là, beaucoup de sujets de réflexions et d’inspiration. Au sommaire de cet ouvrage : Les années de formation : Kallias, l’unique roman de Meyer - Goethe et Meyer - La maturité : Meyer, intendant du théâtre de Francfort - la kabbale - Meyer, alchimiste opératif - Le messager du Lumière - les débuts de la carrière juridique - le monde intermédiaire - les interprétations bibliques - Meyer sénateur - Les écrits majeurs : Un travail gigantesque : la traduction de la Bible - Un juriste, docteur en théologie - la société biblique de Francfort - Johann Georg Hamann et Meyer - le mouvement du Réveil - la revue périodique pour une vérité supérieure - le précis de la doctrine chrétienne - Le Livre de la Création (Sepher Jezira) - Les clés pour la révélation johannique - Johann Friedrich Von Meyer et la Franc-maçonnerie : L’attitude de Meyer avant son initiation - Meyer Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte en 1827 - les loges Francfortoises et l’Alliance Eclectique - Meyer et Charles de Hesse. Critique du système de Gotthorp - Meyer et le prince de Hesse-Darmstadt - six exposés symboliques - Le précis de l’histoire de la Franc-maçonnerie - La loge de Charles exclue de l’Alliance Eclectique - Johann Friedrich Von Meyer Théosophe : Une pensée symbolique et ésotérique : Affinités et influences - De la philosophie à la théosophie - Des lignes directrices de la pensée de Meyer - La logique du contradictoire - La création et la chute - L’unité primordiale - Les métamorphoses de la Lumière - La prévarication de Lucifer - La seconde création et l’homme primordial - La cosmosophie meyerienne - L’homme actuel et le problème du mal - la réintégration promise - L’espace et le temps - De la triplicité des mondes et de l’homme - L’âme de l’homme - Intelligence et raison - Le gouvernement du monde et la providence divine - L’Art d’Hermès : Affinités et influences - La magie du monde sensible - Apologie de l’Alchimie - Les rudiments de l’alchimie - La Genèse de la Table d’Emeraude - Les étapes de l’œuvre - Considérations sur le Grand Œuvre - La Kabbale : Kabbale théosophique et kabbale magique - Le Sepher Jetzira - L’étymologie kabbalistique - Une pensée et une œuvre riche d’enseignements - Conclusion : Portrait de Johann Friedrich Von Meyer - Notices d’Antoine Faivre et de Jacques Fabry - |
john locke
& la raison raisonnable |
S.
GOYARD – FABRE |
Edition
VRIN |
1986 |
L’œuvre
de celui que Voltaire appela « le sage Locke » devait apporter au monde un
message d’espérance que le XVIIIème siècle recueillit aussitôt : si la raison
des hommes, disait Locke, est assez raisonnable, le gouvernement des peuples
sera, non pas la puissance coercitive d’un Minotaure, mais l’instrument de
leurs libertés et de leurs droits. Au lendemain de la Glorious Révolution, le
« libéralisme » de l’avenir était né. Cependant, la philosophie libérale de
Locke conserve de multiples attaches avec les traditions philosophiques
enracinées dans le passé. Avec une évidente réminiscence stoïcienne projetée
dans la modernité, Locke pense que la raison raisonnable qui oblige l’homme
envers la loi de nature, l’oblige aussi envers lui-même et envers les autres.
La liberté est donc une conquête à réaliser : c’est en effet seulement
lorsque les hommes, capables de raison, découvrent dans l’univers les fins
que Dieu leur a assignées, qu’ils peuvent accomplir les libertés sans
lesquelles ils demeureraient privés d’humanité. La politique de Locke ne se
sépare ni de la morale ni de la métaphysique. Au XVIIe siècle, l'Angleterre
connut deux révolutions. En 1649, après des années de guerre civile, la
première révolution prit fin avec l'exécution du roi Charles Ier Stuart et
avec l'instauration de la république (Commonwealth), remplacée en 1653 par le
protectorat d'Olivier Cromwell. En 1660, la monarchie fut restaurée sous
Charles II et, à la mort de celui-ci en 1685, c'est dans des conditions
relativement paisibles que son frère cadet, Jacques, hérita du trône.
Cependant, il sembla une fois de plus que les traditions parlementaires du
pays et l'Église protestante étaient menacées. Une nouvelle opposition à la
monarchie des Stuart vit le jour et, en 1688, une seconde révolution éclata;
cette fois, le roi Jacques II put s'enfuir en France, échappant ainsi au sort
de son père. Le trône fut confié à sa fille aînée, Marie, et à son époux, le
prince Guillaume d'Orange. Ces événements ont certainement retenti sur
l'existence de bien des gens, voire de l'ensemble des populations de
l'Angleterre, de l'Irlande, de l'Écosse et du Pays de Galles au cours du
XVIIe siècle. Il faut absolument les prendre en compte pour comprendre la vie
et l'oeuvre de John Locke, observateur averti des controverses politiques,
constitutionnelles, religieuses, économiques et éducatives de cette époque
capitale, auxquelles il lui arriva aussi de prendre part. En effet, il était
étroitement lié à l'un des grands hommes politiques de l'époque, Anthony
Ashley Cooper, premier Comte de Shaftesbury.
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JOSEPH DE MAISTRE – PROPHÈTE DU CHRISTIANISME TRANSCENDANT |
Présenté par Jean-Marc Vivenza |
Edition Signatura |
2015 |
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La Révolution française commençait à remuer le monde. En 1793 l’invasion de nos armées en Savoie le força de se retirer en Piémont. De Maistre fut fidèle à son roi fugitif. Il le suivit en Sardaigne. Ce fut un asile protégé par les mers. Il y fut nommé régent de la grande-chancellerie. Pendant
cette première période de la révolution de France, de Maistre, dont l’esprit
s’était déjà fortifié à la rude épreuve des calamités et des douleurs
publiques, publia plusieurs écrits politiques. Le plus remarquable (1796) est
celui qui a pour titre Considérations sur la France, ouvrage où le génie du
philosophe et du publiciste jeta soudainement toutes ses clartés. À cette
époque il n’avait pas encore vu la France. Il ne la connaissait que par le
fracas de ses ébranlements, et pourtant il la jugeait comme s’il avait vécu
dans l’intimité de ses factions; il lui pronostiquait la fin de ses ravages,
et osait lui montrer dans l’avenir la restauration du trône, dont les débris
servaient de jouet à mille tyrans. |
JOSEPH
DE MAISTRE. QUI SUIS–JE ? |
J.M
VIVENZA |
Edition
PARDES |
2003 |
Joseph
de Maistre est marqué par le caractère profondément déchu de la créature,
« l’homme entier, affirme-t-il, n’est qu’une maladie » (Soirée, IIe
Entretien). Cependant, cette noire vision est compensée, équilibrée, par une
quête ardente et immense de « l’Unité » perdue, c’est là
tout le sens de la perspective doctrinale maistrienne. Cette quête ne peut toutefois se concevoir,
du moins avec la spécifique vigueur que lui conféra Maistre, si elle n’est
pas préalablement fondée sur une conscience aiguë de la rupture originelle,
de la fracture primitive ayant plongé l’homme dans cette »vallée »
de larmes et de déréliction où, depuis lors, il erre en pleurs dans les
ténèbres et l’obscurité, en espérant contre toute espérance trouver un chemin
de retour, une voie assurée vers la « Réintégration » qui le
délivrera enfin et pour toujours de son sac de chair, de son pesant fardeau
le rivant tragiquement à la matière. Toute l’œuvre de Maistre est situé au
centre de cette dramatique tension, sa doctrine n’étant que l’expression
achevée, certes brillante mais néanmoins extrêmement lucide et rigoureuse, de
cet état de corruption résultant d’une dégradation qui, plus que tout autre,
est la condition véritable de l’humanité actuelle. On sait que, lorsqu’on aborde la pensée de
Joseph de Maistre, deux points de vue s’expriment le plus souvent. Pour les
uns, nous sommes en présence d’une fin politique, habité par une seule idée,
celle d’œuvrer à la restauration des structures traditionnelles de l’édifice
politique européen. Pour les autres, Maistre est un « mystique »,
ou plus exactement un « illuminé », influencé par ses
attaches maçonniques et théosophiques, en attente d’un
« avènement » ou d’une imprévisible parousie. En réalité, la
question ne se pose absolument pas de cette manière, et ceci pour la simple
raison qu’ordre temporel et spirituel, sont, chez Maistre, intrinsèquement
liés. Le Ciel, pour lui, se manifeste en intervenant directement dans le
cours des choses et, réciproquement, rien de ce qui existe ici-bas ne
subsiste sans posséder de puissantes attaches dans l’invisible. Ordre
temporel et ordre spirituel ne s’opposent donc pas, ils sont profondément
imbriqués l’un dans l’autre. De la sorte, la pensée de Maistre ne peut et,
surtout, ne doit pas, être fragmentée ; elle s’appuie incontestablement
sur les bases doctrinales de l’illuminisme maçonnique, source aisément
décelable dans ses divers écrits, mais s’exprime toujours par un souci
constant de l’exemple concret. Vérité immédiate et Vérité «éternelle forment
donc une totalité qu’il importe de déceler sous le voile qui, depuis la
« Chute », nous plonge dans une tragique cécité. Ce fut là
ce que servit de fil conducteur à Maistre tout au long de son existence, ce
fut là également le principal souci qui l’anima dans l’écriture de ses
ouvrages qui possèdent, encore de nos jours, la rare vertu de plonger le
lecteur dans de profondes interrogations métaphysiques. A ce sujet, nous devons reconnaître que c’est
sans aucun doute Mgr Antonio De Angelis, de l’Université de Teramo, qui a résumé
le plus justement l’impérative exigence qui doit s’imposer à ceux qui
désirent sérieusement approcher l’œuvre de Joseph de Maistre : « Il
convient de s’engager, dit-il sans réserves, dans l’étude critique de la
naissance de la pensée maistrienne, avec une particulière référence non
seulement au contexte historique, familial, social de son temps, mais surtout
aux doctrines illuminées des diverses « confrérie »
maçonniques. » Ces lignes, auxquelles nous souscrivons
entièrement, nous expliquent en réalité pourquoi se dégage toujours comme une
nette impression d’extériorité dans la plupart des textes des commentateurs
de Maistre, et ce, même chez les plus avisés d’entre eux ; il leur
manque en réalité cette intimité avec les sources qui fait que leurs analyses
semblent le plus souvent incapables de pénétrer réellement au cœur du système
maistrien. En effet, aucune compréhension véritable de
la vision de Joseph de Maistre sur le monde, l’histoire et la religion, ne
peut s’effectuer sans une connaissance des enjeux doctrinaux de la maçonnerie
spiritualiste en France et en Europe du XVIIIe siècle. Il pourra bien
évidemment paraître surprenant, pour certains, que ce partisan déclaré du
trône et de l’autel, ce catholique intransigeant ardent avocat de l’infaillibilité
pontificale, ultramontain fervent, défenseur convaincu de la monarchie de
droit divin, ait été également et au même titre, un franc-maçon initié aux
plus hauts degrés de son Ordre, un lecteur assidu des auteurs ésotériques, un
admirateur déclaré des écrits de Louis-Claude de Saint-Martin, dit le
« Philosophe Inconnu », avec lequel il entretiendra, à plusieurs
reprises, des relations non seulement épistolaires, mais aussi directes,
puisqu’il lui offrira de séjourner en 1787 chez lui à Chambéry, non sans
l’avoir préalablement rencontré à Lyon par l’intermédiaire de Jean-Baptiste
Willermoz, par ailleurs maître d’œuvre de la réforme de la « Stricte
Observance Templière », réforme qui aboutira, par le Convent des Gaules
en 1778, et le Convent de Wilhelmsbad en 1782, à la création du « Régime
Ecossais Rectifié ». Cet aspect des choses ne doit donc jamais
être oublié lorsqu’on aborde la pensée de l’auteur des Soirées de
Saint-Pétersbourg. Paul Vulliaud, dans son ouvrage « Joseph de Maistre
Franc-maçon », avait déjà signalé qu’un certain Bernard, qui publia en
1822 une série intitulée Opuscule théosophiques, qu’il signait du nom
d’« Un ami de la Sagesse et de la Vérité », posa clairement dans
ces textes, selon ses propos, que « la solution de toutes les questions
importantes traitées dans les Soirées se Saint-Pétersbourg, est puisée dans
les principes ou les écrits de M. Saint-Martin ». L’analyse, incontestablement, ne peut
que nous conduire à soutenir cette affirmation, tout nous montrant clairement
que les références de Maistre qui prennent largement leurs racines aussi bien
chez les Pères grecs de l’Eglise, en passant par la théologie médiévale et le
droit d’Ancien Régime, ont été réunis et constituées en un ensemble cohérent
et précis de par un contact étroit entretenu avec les thèmes fondamentaux de
l’illuminisme maçonnique. Il nous faut donc admettre, à l’évidence, que
rien de ce qu’écris Joseph de Maistre ne peut être réellement dissocié de
cette influence spécifique et, plus encore, être compris sans recourir aux
lumières de sa doctrine originale : c’est là la source principale de la
magistrale œuvre maistrienne, c’est là aussi la véritable clé de son
« mystère ». |
JOURDAN -
VIVRE EN SOLITUDE |
Michel Jourdan |
Ed. Le Relié |
2013 |
La plupart des
grands sages ont vécu une partie de leur vie en ermites : la solitude et le
silence les ont éveillés à la réalité essentielle, trame et source de toute
existence. Mais l'expérience érémitique accompagne aussi l'humble cheminement
de simples moines qui se sont retirés loin du monde pour être plus proches de
leur intériorité et de la nature. Michel Jourdan est de ceux-là. Après de
multiples voyages en Orient, il mène depuis plusieurs années en France une
vie d'ermite toute tournée vers l'ascèse, la méditation et la " présence
". Passionnant témoignage de sa propre expérience, son livre se fait
aussi l'écho de tous les précurseurs qui, des déserts d'Egypte aux sommets de
la Chine et du Tibet en passant par les innombrables ermitages d'Occident, ont
manifesté leur foi en l'Absolu et nous expliquent pourquoi ils ont fait ce
choix hors du temps. Poète ou ascète ? Philosophe intemporel ou
donneur de leçons contemporain ? Michel Jourdan poursuit, dans ce
nouveau livre, son œuvre littéraire, qu’il consacre depuis des années à la
compréhension de sa vie monastique et nomade. Si, dans la plupart de ses
précédents ouvrages, il avait choisi de décrire de manière poétique, parfois
en vers, la tranquillité de son esprit solitaire plongé au cœur des paysages de
Corse, des Antilles ou du Népal, il livre cette fois-ci une analyse
philosophique de son choix d’existence. Cette dernière, dénuée de tout, se
trouve à mille lieues de la société contemporaine, plus agitée et connectée
que jamais. L’essai bâtit son argumentation sur les citations de nombreuses
personnalités spirituelles, des Pères du désert aux moines bouddhistes. Il
évolue entre de sévères condamnations énoncées contre une humanité imbue
d’elle-même, et d’humbles hommages rendus aux ermites de tous les pays. Né en
1947 à Marseille, voyageur planétaire après 1968, Michel Jourdan semble, pour
sa retraite d’ermite, avoir élu les terres pyrénéennes, où il vit sans rien,
à l’abri d’une mansarde. Il y goûte la tranquillité de l’âme et la poésie des
gestes quotidiens, ceux du menu jardinage ou des longues marches, sans
toutefois diviniser la nature qu’il contemple. Seule la paix que l’homme
trouve en lui permet d’observer l’instabilité du monde. |
JOURDAN
– LA VIE D’ERMITE |
Michel
Jourdan |
Ed.
Albin Michel |
2013 |
||
En tout cas, dans ce terme qui signifie paix, silence, repos, il faut faire
attention de ne pas déformer le sens de la traduction. Par exemple, si nous
faisons appel au mot " repos ", il ne s'agit pas d'un
repos qui évoquerait le sommeil. Il n'est pas du tout question de sommeiller,
dans la tradition hésychaste. Nous le verrons un peu plus tard, c'est au
contraire une tradition active et de vigilance. Je ne veux pas faire un cours
d'histoire sur les origines de l'hésychasme, mais je voudrais simplement
rappeler rapidement comment s'est développée l'hésychia. Comment et où
est-elle née? Eh bien, je dirais que nous l'avons reçue, comme nous avons
reçu beaucoup d'autres choses, nous avons reçu l'hésychia de la part
du Christ. Nous pouvons saisir quelle est l'attitude du Christ dans le
Nouveau Testament : un court passage de l’Évangile qui montre l'attitude
du Christ nous fera comprendre ce qu'est l'hésychia. Dans
cet épisode, l'entrée de Jésus dans la synagogue de Nazareth, son pays
d'origine, est évoquée. Il parle et il est mal reçu, mal entendu. La fin du
récit nous dit ceci : " Ils furent tous remplis de colère dans la
synagogue, lorsqu'ils entendirent ces choses, et s'étant levés, ils le
chassèrent de la ville et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur
laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas. Mais Jésus,
passant au milieu d'eux, s'en alla " (Lc 4, 28-30). La dernière
phrase de ce texte est significative. L'hésychaste, celui qui cherche à vivre
dans la paix du coeur, dans la quiétude, trouve son modèle dans l'attitude du
Christ. lui qui, agressé, contesté, violenté, a pu passer au travers de cette
foule sans rien dire, sans montrer aucune agressivité parce qu'il avait,
évidemment à la perfection, un coeur rempli de paix. Seul son coeur
silencieux, baigné d'hésychia, était la réponse à l'agressivité de
l'entourage. À partir de l'étude et de la méditation de la manière
d'être du Christ pendant sa vie, les chrétiens, et surtout les premiers
moines, ont cherché à acquérir cette hésychia, cette paix silencieuse,
cette tranquillité du coeur. Et l'on peut dire que le mouvement monastique,
l'idéal monastique, est totalement lié à la tradition hésychaste. Peut-être
entend-on dire parmi les chrétiens orthodoxes qu'il y a des moines hésychastes
et des moines non hésychastes. Je n'aime pas trop faire cette différence. Le
moine, qui est fondamentalement un chercheur de Dieu, comme d'autres
cherchent de l'or, le moine doit obligatoirement passer par cette quête de
paix, de silence, d'abandon, qui entraînent d'autres vertus, nous le verrons
plus tard. Donc, je ne fais pas de différence entre moines hésychastes et
moines non hésychastes. Je pense qu'ils sont tous fondamentalement
hésychastes. Les premiers moines, les premiers ermites, - puisque, on le
sait, le monachisme est né au IVe siècle lorsque des hommes et des femmes,
dont saint Antoine est le plus célèbre, sont partis dans le désert pour
chercher Dieu. Et nous voyons tout de suite qu'il y a un but à l'hésychia.
Ce but est la découverte de Dieu. Je dirais plutôt, c'est le désir de
rencontrer Dieu. L'hésychaste est un homme de désir, son coeur est rempli du
désir de Dieu, et, à cause de cela, il va chercher comment pouvoir libérer
son coeur de ses passions pour rencontrer son Dieu. Les premiers moines
partent dans le désert, et cela est significatif. Le désert, nous le savons,
c'est le lieu du retrait, le lieu du silence. il est opposé, d'une certaine
manière, à la cité turbulente. Cette solitude, cet isolement sont voulus et
vont être un des terrains de l'hésychaste, du moine, pour rencontrer Dieu. Nous ne pouvons pas rencontrer Dieu dans l'agitation. Dieu
lui-même, dans certains textes de l'Ancien Testament, nous le dit. Il
explique au prophète Élie : " Je ne suis pas dans la tempête,
je ne suis pas dans les éclairs, je ne suis pas dans le tourbillon du vent
violent, mais je suis dans cette brise légère que tu entends " (cf.
1 Rois 19,11-13). Dieu ne peut être rencontré que dans le silence et il faut
que le moine hésychaste parte dans le désert ou qu'il recherche la solitude
intérieure. Si je parle du moine c'est parce que tout ceci est venu de la
tradition monastique, mais il est bien évident que chacun peut vivre de cette
tradition hésychaste, s'il désire rencontrer Dieu. Un laïc peut être un
hésychaste et certains laïcs ont été canonisés et reconnus saints par
l'Église. À ses débuts, le mouvement monastique a été essentiellement
érémitique et les premiers moines étaient surtout des solitaires. Il y a eu
ensuite une évolution qui s'est faite assez rapidement, privilégiant la vie
en communauté. Cela s'est précisé notamment autour de saint Basile, au lVe
siècle, de saint Théodore Studite au IXe siècle et d'autres. Ils ont organisé
le monachisme et proposé des règles de conduite concernant la manière de
vivre ensemble dans cette quête de Dieu. Ceci a donné naissance aux
monastères que nous connaissons et qui poursuivent cette tradition
aujourd'hui. Donc nous voyons deux courants : les ermites qui se
retirent vraiment à l'écart et dans la solitude totale ou presque totale, et
les moines qui vivent en communauté. Les deux ont une recherche identique et
les deux passent par la tradition de l'hésychia, et non seulement par
la méthode. Je suis réticent à utiliser le terme
" méthode " parce qu'il faut faire attention. L'hésychia
ne peut pas être une méthode, au sens de technique, où nous risquons de
la comprendre aujourd'hui, et qui est ambigu. L'homme d'aujourd'hui est comme
perdu, il cherche - mais nous cherchons tous depuis que nous existons sur cette
terre -, il cherche comment se retrouver lui-même. Il oublie que c'est en se
tournant vers celui qui l'a fait, à savoir Dieu, son Créateur, qu'il pourra
se retrouver lui-même. Mais il vit cette recherche dans une telle agitation,
dans un tel désordre, qu'il cherche à expérimenter n'importe quel moyen pour
parvenir à se retrouver. L'hésychia n'est pas une méthode comme il y a une
méthode pour apprendre l'anglais, et comme existent toutes ces méthodes
conduisant nécessairement à un résultat si elles sont bien appliquées. Non,
l'hésychia n’est pas du tout de cet ordre-là. L'hésychia est
une attitude, et ce n'est pas parce que le moine va se retirer dans le
désert, ce n'est pas parce que le moine va fuir le monde, ce n'est pas parce
que le moine va chercher le silence, qu'il va trouver Dieu. La méthode n'est
pas magique. Elle est un support, mais elle nécessite une tension d'amour, un
désir profond de la rencontre avec Dieu, et alors la méthode se mettra en
place au moment qui convient et le moine cherchera à vivre de cette hésychia.
Il va vivre dans le silence, comme je l'ai dit, vivre dans un certain
retrait, et il va prier. Il va utiliser ce que nous appelons la prière du
coeur ou la prière de Jésus. Cette forme de prière est totalement liée à la
tradition hésychaste. Quelle est cette prière? Nous répétons sur un chapelet,
que nous avons toujours à portée de la main, nous répétons :
"Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs".
Voilà la formule la plus complète. Elle peut se simplifier en disant
simplement " Seigneur " ou " Jésus ". Les Grecs disent Kyrie eleison,
" Seigneur, aie pitié ". C'est la même chose, c'est la
même formule, plus ou moins développée. Cette prière répétitive, que le moine
utilise, elle non plus n'est pas un moyen qui, au bout de 200 ou 300
répétitions, nous permettrait de rencontrer Dieu. Elle est simplement un cri
d'amour, car lorsque l'on s'aime, on aime à s'appeler par son nom ou par son
prénom. L'amour, nous le savons bien, passe par la parole, mais la parole la
plus dépouillée. Lorsqu'un couple se rencontre et décide de se marier, nous
savons bien que l'effet amoureux leur donne une possibilité de rencontre qui
passe par les mots. Chacun voudrait dire sans cesse à l'autre qu'il l'aime,
mais lorsque nous retrouvons ce couple à la fin de la vie, ils ne disent plus
rien, ils se regardent l'un l'autre. Le simple regard suffit pour manifester
cet amour, qui se vit là dans le silence, dans la paix, dans un coeur
totalement dépouillé de ce qui le gênait au début, probablement à cause de la
passion. Le moine vit cela, à sa manière bien sûr, en transposant
cette expérience. Il faut qu'il se taise, il faut qu'il aille vers le silence
et il faut qu'il répète ce nom d'amour : Jésus. " Seigneur
Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous ": il s'agit d'une
déclaration d'amour. Nous reconnaissons notre Dieu, et nous lui disons :
" Aie pitié de moi ", non pas dans une attitude
misérabiliste où l'on serait comme piétiné par Dieu. Il ne s'agit pas de
cela, en aucun cas. Simplement, nous reconnaissons, dans l'humilité, que nous
ne savons pas aimer. C'est à cause de cela : nous ne savons pas aimer,
mais nous voulons aimer, à cause de cela, que nous disons :
" Aie pitié, aie pitié de nous. Aide-nous à aimer ". Car
si nous voulons être des amants de Dieu, il faut que lui, qui nous a créés et
qui est Amour, nous montre cet Amour, nous en fasse part, et nous accueille
en lui. Il n'a pas d'autre source. Alors le moine hésychaste s'efforce tout
au long de sa vie de prier le Christ, le Christ qui a dit : " Priez
sans cesse " (Cf. Lc 18,1). Nous pourrions lui répondre :
" Mais comment, Seigneur, prier sans cesse ? " Que signifie donc cette invitation à la prière
perpétuelle ? Il ne s'agit pas pour le Christ de nous dire :
" Sans arrêt parlez-moi ", car il a averti :
" Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils
s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter" (Mt
6,7). Vous savez, nous lui parlons beaucoup trop souvent pour lui demander,
demander et encore demander. À certains moments il doit se mettre des cotons
dans les oreilles, en disant : " Qu'il s'arrête, qu'il
s'arrête de me demander toujours quelque chose ! " Il me
semble que le Christ, notre Dieu, quand il nous dit de prier sans cesse, nous
invite à le contempler, à le désirer : c'est cela, la prière. Ce n'est
pas forcément une formulation extérieure. Il faut aussi une formulation
extérieure, mais c'est surtout, et je reviens à ce que je disais au début,
une attitude du coeur : il faut désirer le Seigneur. C'est dans ce désir
que s'installe cette prière perpétuelle. La prière de Jésus, la prière du
coeur que nous utilisons, nous aide à cela car elle est très dépouillée. Elle
devient, il est vrai, une habitude, un appel intérieur auquel il nous faut
répondre. Très souvent, lorsque de jeunes moines viennent dans mon
monastère, ces novices me disent : " Voilà, apprends-moi à
prier ". Ils ne savent pas bien prier, alors je leur donne toujours
un chapelet de prière. D'ailleurs ils le reçoivent, je dirais, liturgiquement,
lors de la prise d'habit et je leur dis : Maintenant commence cette
prière! Comme ce sont de jeunes moines pleins de désir, d'énergie et de
fougue, ils veulent une règle de prière forte, dense, en dire le plus
possible. Alors je les laisse faire et je dis oui. Et puis, quinze jours ou
trois semaines plus tard, ils viennent frapper à la porte de ma cellule et
ils disent : Je n'y arrive pas. Ils n'ont pas compris que ce n'est pas une
méthode. Ils se fatiguent, et cela peut être même dangereux, de répéter cette
invocation obstinément. Cela n'a aucun intérêt sur le plan spirituel et peut
présenter un danger, sur le plan physique même. Ils ne comprennent pas qu'il
faut commencer tout doucement, mais en ayant une attitude de désir de Dieu. En fait, il faut peut-être tout simplement dire le Nom de
Jésus. Vous savez combien, dans les traditions spirituelles, le Nom a de
l'importance. Voilà, il faut tout simplement dire ce Nom et se couler dedans,
tout doucement, sans désir d'exploit. Il faut que notre prière soit humble si
elle veut être vraie et hésychaste. L'humilité est absolument indispensable.
Il faut que, pas à pas, nous apprenions à être humbles. Il est bien évident
qu'aucun de nous sur cette terre n'est parfaitement humble, aucun. Nous
sommes des apprentis de l'amour et de l'humilité. Et il faut accepter cela,
mais il faut lutter aussi pour acquérir le plus possible cette humilité qui
nous permet alors la vraie rencontre avec Dieu. C'est une des autres
attitudes indispensables au moine hésychaste que de chercher l'humilité, que
de demander l'humilité à son Dieu. Nous aimons beaucoup un saint russe du siècle dernier,
saint Séraphin de Sarov, un homme extrêmement humble. Un jour il a expliqué à
quelqu'un qui était venu le trouver comment vivre l'hésychia, comment vivre
cette quiétude en Dieu. Et il lui a dit cette phrase : " Si tu as
la paix dans ton coeur ", c'est-à-dire " si tu es
hésychaste ", alors tu sauveras des milliers d'âmes autour de
toi ". Que signifie cette phrase? il faut bien la comprendre. Si
saint Séraphin dit : " Si tu as la paix dans ton coeur, tu sauveras
des milliers d'âmes ", c'est parce qu'il est passé par tout un
chemin qui est pour nous un exemple. Il nous a montré par toute sa vie qu'il
fallait être humble, qu'il fallait accepter d'être petit, de ne pas savoir,
de ne pas connaître Dieu, surtout de ne pas posséder Dieu, de ne pas chercher
à le posséder, ce qui serait une erreur fondamentale. Il faut passer par
l'humilité, et saint Séraphin est passé par là. il faut passer par l'abandon. |