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Chapitre10   E - K (Philosophie - Métaphysique - Grands Initiés - Mystiques - Spiritualité)

 


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10 E

ÉGYPTE : LE PASSAGE - LE CHEMIN DE LA LIBÉRATION ET L’ALLIANCE AVEC DIEU

Carole Aliya

Edition Rafael de Surtis

 2014

L’initiation ne supporte ni la grandiloquence, ni les effets de manche, ni l’exposition, ni le bruit. L’authenticité réside dans le silence, l’élégance minimaliste et l’interne.

Le voyage est au cœur du procès initiatique et c’est en Egypte que Carole Aliya a laissé venir à elle la matière de ce livre lors de deux séjours intitulés « Retrouver sa divinité » et « Le passage pour renaître ».

Loin de toute rhétorique, de toute érudition stérile, de toute polémique intellectuelle, elle avance sans adhérence dans les multiples facettes de l’expérience spirituelle. Elle invite à plonger dans la Ténèbre, et non les ténèbres, la demeure de l’Être.

« Ce qui est initié ici, dit-elle, est le chemin de la transcendance par la purification de nos croyances, de notre ego pour qu’il se remplisse de Lumière, qu’il se réajuste, s’élève, grandisse.

Comment parvenir au Père si vous avez un ego démesuré, ou si vous êtes dépassés par les problèmes du passe, non guéris, abusés par des illusions mal faites ou des illusions parfaites ? Comment y parviendrez-vous si vous ne déposez pas vos bagages ici présents et si vous ne vous laissez pas faire par Lui, si vous vous accrochez à vos acquis, à votre savoir, à vos diplômes, à vos titres de thérapeute ? Comment comptez-vous y parvenir avec un ego non purifié ? »

Carole Aliya invite à une nudité permanente conduisant à la non-séparation, à l’accueil de ce qui se présente. Dépouillement, guérison, amour, liberté, rayonnement constituent quelques-unes des étapes de ce chemin très christique mais qui transcende les formes, les identifications, les nominalisations et les attributs. Tout peut être traversé pour une toujours plus grande clarté pour un éveil sans fin. A chaque pas, la place se fait plus vaste pour l’être. La respiration se fait offrande et abandon. Le regard se fait étonnement. La conscience est émerveillement.

« Le souffle de Dieu, insiste-t-elle, est cette force qui balaie tout sur son passage.

Néanmoins, au lieu d’aller vers cet infini, nous stigmatisons notre passé. Nous le travaillons, retravaillons, « thérapeutons » dans tous les sens, avec une multitude d’outils. La vie nous invite pourtant à balayer tout ce qui n’est plus, à être présents à ce qui est et à aller vers nous : va. C’est l’enseignement du christ, cette puissance qui se révèle en nous et nous rend plus conscients et plus libres. Si au lieu de nous concentrer sur nos souffrances, nos épreuves, nous nous tournions véritablement vers Dieu, nous nous laisserions habiter par Lui, nous grandirions et nous serions lavés de notre passé. »

Cette libération passe par une réconciliation avec la chair, une chair allégée qui puisse, dans la lumière, accueillir l’Esprit. « Quoique nous fassions, l’important est de chercher à s’incarner encore et encore. Nous qui cherchons l’Esprit, la Sagesse, dans le ciel, c’est sur terre qu’elle est en réalité. Plus nous allons vers la matière avec des valeurs humaines et une conscience de la vie, plus nous nous élevons en vérité. Plus nous cherchons à nous élever, et plus nous risquons de nous déséquilibrer. Il est très important de vivre ce que nous avons à vivre et de ne pas essayer de le fuir ou essayer d’aller en haut avant même d’y être prêt, de toucher à des outils de « pouvoir » ou de l’irréel. C’est dans l’événement que tout se joue.

C’est au creux même de la vague que le Christ peut se manifester. Laissez-Le vous fissurer, ou laissez-vous fissurer par la vie, c’est le seul moyen pour qu’Il pénètre dans votre cœur. Si vous ne vous laissez pas ébranler, vous ne pourrez vous sacrifier et vous rendre humble. Si vous restez droits, ce sera une droiture de l’ego, de l’orgueil. Laissez-vous faire et emporter par le silence des profondeurs. Vous en reviendrez éveillés à vous-même. »

Ce texte, d’une grande exigence, est aussi d’une grande bienveillance. La justesse du propos conduit le lecteur à sauter dans le vide et à déployer ses ailes.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le contrat divin - le dépouillement - la guérison - le désert - l’amour - la purification - la Verbe - la Vérité - le mariage - les pièges - la divinité - le rayonnement - la transformation - la liberté - la manne - le veau d’or - le temple - le Christ - la foi - l’engagement - la conscience - le dépassement - 

 

ḖLOGE  DU VERTIGE  -  LE JEU DES SEPT QUESTIONS ESSENTIELLES

 Marc Favero

Colonna Edition

2016

Juriste expert du droit bancaire, Marc Favero est aussi un grand lecteur d’écrits de philosophes en tout genre, cherchant « systématiquement à comprendre, à analyser le raisonnement » et ayant « besoin de trouver des réponses ». Et c’est justement parce qu’il n’en trouvait pas qu’il décida d’écrire son propre ouvrage de philosophie.

 

Eloge du vertige se présente comme un catalogue d’interrogations portant sur les concepts philosophiques « d’existence, de divinité, d’esprit, de liberté, de morale, d’origine, de gouvernements ». L’auteur ayant dégagé des questions fondamentales se posant de manière duale, des sortes de « briques binaires » qui, plus ou moins consciemment, forment le socle de notre vision du monde et conditionnent nos convictions dans de nombreux domaines, tente pour chacune d’elles de démontrer l’une et l’autre de leurs réponses possibles. Sous-titré Jeu des sept questions, cet essai qui évoque ainsi malicieusement les sept piliers bibliques de la sagesse tout en adressant un clin d’œil à Aristote, n’a rien pour autant de véritablement récréatif, s’affirmant plutôt comme un exercice pour dérouiller l’esprit nous offrant l’occasion de sortir de notre paresse intellectuelle.

 

Sous cet habillage ludique et un bandeau rouge reprenant sous le mode exclamatif le commentaire de sa préfacière Françoise Thibaut, le présentant comme « le livre qui rend fou », ce livre au questionnement très sérieux nous conduit même à un vertige profondément angoissant. Car l’auteur ébranle les piliers de la connaissance sur lesquels reposent toutes nos certitudes, libérant notre esprit « des rigidités destructrices et mortifères du penser simple » pour nous renvoyer à notre ignorance et nous confronter à notre propre liberté. Mais le vertige sur lequel il débouche peut s’avérer réjouissant s’il nous mène à prendre conscience de nos limites et de notre responsabilité, et si on y entend comme Marc Favero un puissant appel à l’altérité.

 

Le livre se veut didactique et clair dans sa présentation – ne se privant pas d’appuyer un peu scolairement (avec des caractères gras ou en soulignant) sur les points importants – et il est agrémenté de multiples citations scientifiques, philosophiques ou littéraires et de schémas ou d’illustrations. Pour ceux qui veulent creuser un peu plus, de nombreux approfondissements sont judicieusement présentés dans des tableaux que l’on peut sauter sans dommage si on les juge trop complexes (ce qui peut être le cas de certaines analyses mathématiques), sans compter les nombreuses notes en fin d’ouvrage et l’impressionnante bibliographie…

 

La délimitation des questions donnant matière aux sept premières parties manque toutefois de netteté (les questions se recoupant parfois ou étant du moins fortement dépendantes). De plus, elles sont d’emblée présentées comme des axiomes – des propositions dont on ne peut ni prouver ni réfuter la véracité – alors que cette constatation ne devrait surgir qu’à l’issue du parcours, de la riche tentative de démonstration mise en œuvre par l’auteur. Mais à vrai dire tout le monde sait bien que personne n’a jamais pu valider de manière rigoureuse et universelle ces réponses qui ne reposent que sur la croyance ou sur une appréhension temporellement ou spatialement restreinte… Et l’important est moins le résultat que la manière par laquelle l’auteur y arrive. Car Marc Favero, s’appuyant sur la raison et l’expérience, explore de manière passionnante et souvent pointue de très nombreux domaines pour étayer sa démonstration et dissocier les croyances des connaissances : la philosophie, la métaphysique et la théologie, comme les données les plus actuelles de la science, des mathématiques et de la physique mais aussi l’histoire et la préhistoire, l’art et la littérature, s’aventurant dans toutes les aires géographiques.

 

Quant à la percutante partie finale éponyme de cet essai, elle résonne comme un vrai coup de théâtre puisque l’auteur y remet en cause le fonctionnement de sa propre pensée, sa référence aux « objets philosophiques » comme la détermination des propositions binaires étudiées, montrant combien la physique quantique a ébranlé la logique aristotélicienne sur laquelle a si longtemps reposé – et repose encore largement – toute la pensée occidentale.

 

Et pour avancer dans ce « monde mouvant sans souci de vérité absolue », il devient « nécessaire de suspendre son jugement », d’accepter pleinement l’incertitude pour « transformer [notre] angoisse en expérience de liberté ». D’accepter une pensée elle aussi en mouvement qui « s’enrichit, se remet en cause, s’infléchit grâce à l’autre ». « L’Autre » qui dans ce « monde flottant sans réalité fixe », devient alors le seul repère.

 

En cette période de montée des fanatismes et des extrémismes, où beaucoup « opposent “nous” et les “autres” » de manière inquiétante, cherchant à se rassurer en se positionnant dans des affrontements binaires et manichéens confortés par des justifications non exemptes d’hypocrisie, cet ouvrage philosophique sans précédent semble particulièrement bienvenu. Il s’attaque en effet au règne de la bêtise et de l’intolérance, « ces deux faces d’une même impuissance à penser la complexité des êtres et des choses ».

 

ENCYCLOPÉDIE DES  MYSTIQUES  - EN 4 TOMES

SOUS LA DIRECTION  DE  M.M DAVY

EDITION    PAYOT

 1995

Après une longue préface explicative (60 pages) de M.M DAVY expliquant la mystique, mot proche de  « mystère » mais tous deux désignant un « au-delà », cette encyclopédie se partage en 4 tomes de la façon suivante :

 

Tome 1 : Le Chamanisme par Mircea Eliade. La mystique Grecque, avec Platon, Aristote, Plotin, Orphée, Porphyre, Socrate, Eleusis, les Ennéades.

 

La mystique romaine et le culte impérial. La mystique de l’Ancien Testament par Serge Missatkine et composé de la Thora, des livres historiques, prophétiques, hagiographiques et poétiques, Isaïe, la lutte de Jacob, Abraham. La mystique juive avec Corbin, Maimonide. Philon d’Alexandrie, le Hassidisme. La mystique du Nouveau Testament, avec les évangiles.

 

La gnose et l’hermétisme par Robert Statlender, avec des explications de H.C Puech, de Leisegang, de Meynard, de Festugière. Clément d’Alexandrie, Proclus, Scholem. Mystique du christianisme primitif, avec les Pères grecs et latins par Jean Boesse et Jacques Lacoudre, où on retrouve : Scot Origène, le platonisme des Pères, les cappadociens, St Grégoire de Nysse, Saint Basile, Jean Chrysostome, Denys l’Aréopagite, les Pères latins avec Ambroise, Jérôme, Augustin, Jean Cassien, Grégoire le Grand.

Les sentences des Pères du désert et leurs apophtegmes. Antoine, le pseudo Macaire, Evagre le Pontique, Dorothée de Gaza, Isaac de Ninive, Jean Climaque, Maxime le confesseur, Hesychius le Sinaïte. La mystique byzantine et l’Eglise orthodoxe.

Tome 2 : La mystique byzantine (suite) avec le christianisme à Byzance, Grégoire Palamas, les moines de la Sainte Russie, Nicolas Cabasilas, le Mont Athos, Nicodème l’Hagiorite. Les mystiques monastiques occidentales avec les Bénédictins et St Benoit, Anselme de Cantorbéry, les Camaldules, les chartreux et la mystique, Guigues du Pont, l’Ordre de Cîteaux et ses célèbres cisterciens comme Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Le Graal. La mystique Cathare, les bogomiles et le bucher de Montségur. Les Victorins avec Hugues de Saint Victor, Richard de Saint Victor, les ordres mendiants, les franciscains, Raymond Lulle, les Dominicains, Albert le Grand, Catherine de Sienne, le Carmel, St Jean de la Croix, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Thérèse de Lisieux. La mystique Rhénane, Jean Tauler, Suso, Jacob Boehme, Bonaventure, Ruysbroeck, la mystique visionnaire d’Hildegarde de Bingen, Maître Eckhart, Hadewijch d’Anvers, Joachim de Flore, Béatrice de Nazareth, Nicolas de Cues. La mystique de la Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola. Le Jansénisme, St Vincent de Paul, Pascal, Fénelon, Madame Guyon, St François de Sales. Les poètes mystiques comme Angelus Silesius le mystique de l’intériorité et son magnifique Pèlerin Chérubinique. Novalis, Corberon, Cagliostro, Eckartshausen, Fournié, Haugwitz, Hessen-Kassel, Lavater, Kirchberger, Joseph de Maistre, Martinez de Pasqually, Oberlin, Oetinger, Pernety, Marsais, Salzmann,  L.C. de Saint- Martin, Swedenborg, Werner, Willermoz. La mystique Rosicrucienne et la Fama Fraternitatis. La Franc-Maçonnerie. La mystique musulmane avec H. Corbin, Rumi, Massignon. Mystique pour un nouveau monde avec Kierkegaard, Nicolas Berdiaev, Simone Weil.

 

Tome 3 : La mystique de l’ancienne Egypte, avec Hérodote, le livre des morts, les papyrus égyptiens, le culte d’Amon et d’Aton, la religion égyptienne, le culte d’Horus à Edfou, le jugement des âmes, le message spirituel de l’Egypte ancienne. Les Sumériens et les Hittites, Babylone, Sumer, l’Assyrie et les religions du proche Orient. La mystique de l’Iran ancien, le soufisme et la musique, le Zend-Avesta. L’Hindouisme des textes sacrés avec le Kali-Yuga, le Rig-Véda, les Brâhmanas, les Upanishad, le Yoga Tantrique, les darshanas, la Bhakti, Gandhi, et l’histoire du bouddhisme indien, Coomaraswamy, le Zen, la vie de Bouddha et la mystique bouddhiste.

 

Tome 4 : Le mysticisme Tibétain avec l’histoire du Tibet, le XIVe Dalaï Lama, le concile de Lhassa, le Bardo Thödol : livre des morts tibétain, Milarépa le poète. La mystique du Yi-King avec ses 64 hexagrammes. La mystique de Confucius et la pensée chinoise. La mystique Taoïste et les commentaires du Tao-Te-King de Lao Tseu. La mystique des Maîtres du Tch’an. La mystique du Japon ancien et nouveau avec le Zen et ses arts martiaux, Herrigel et son livre sur l’art chevaleresque du tir à l’arc, le bouddhisme Zen au Japon, le Shinto, le rôle des religions. La mystique au Vietnam, culte du génie tutélaire, ses fêtes, ses rites, ses coutumes, le Tonkin, l’Annam, le dinh, le culte des arbres.

 

enquÊte au cœur de l’Être

G.E. hourant

Edition ALBIN – MICHEL

 2005

dix-sept témoignages qui sont de nature à éclairer les discussions actuelles autour des religions et des spiritualités, des fanatismes et des sectes, ainsi que les justes questions que l’on se pose sur le besoin de sacré à l’intérieur de nous-mêmes. La quête de sagesse n’appartient en effet à aucun dogme religieux, elle est inhérente à la nature humaine.
Avec :


o Georges-Emmanuel HOURANT – Introduction : un paysage de la vie spirituelle
o Arnaud DESJARDINS –
Le maître demeure un disciple
o Joshin SENSEI – De cœur à cœur
o Annick de SOUZENELLE – Sortir de l’exil
o Christian DELORME – La pauvreté pour horizon
o Betoule Fekkar LAMBIOTTE –
Dieu est un
o Richard MOSS – Au commencement de nous-mêmes
o Andrew COHEN –
L’éveil radical
o Arouna LIPSCHITZ – La voie de l’amoureux
o AMMA – La compassion infinie
o Lytta BASSET – Guérir pour pardonner
o Roland Yuno RECH – Concentration et observation
o Stephen JOURDAIN –
Une silencieuse coïncidence
o Peter FENNER – L’expérience de la liberté
o Thich Nhat HANH – Dans la plénitude de l’instant
o Mario MERCIER –
Le pouvoir du cœur
o Lee LOZOWICK – Servir le divin
o Enzo BIANCHI – Écouter Dieu

 

enquÊte sur la rÉincarnation

Divers auteurs

Edition ALBIN MICHEL

 2001

Nous savons que la réincarnation est un principe éthique et métaphysique central de l’hindouisme et du bouddhisme. Il en va de même pour la plupart des cultures chamaniques. Mais qu’en est-il des autres religions, en particulier juive, chrétienne et musulmane ? De la philosophie ? Et de la psychanalyse ? Une dizaine d’auteurs et de journalistes ont mené une enquête en France et à l’étranger sur ce sujet. Ils en ont rapporté une matière qui s’organise autour de trois pôles : spirituel, historique et psychologique.

 

Il en ressort que la réincarnation ou la «transmigration des âmes» est omniprésent dans la quasi-majorité des traditions philosophiques et culturelles, posant à l’esprit moderne de troublantes et pertinentes questions.

Ce livre rassemble des faits, des croyances et des portraits passionnants et qui s’inscrivent au cœur des préoccupations de nos contemporains.


Ont contribué à cet ouvrage :

 

Bruno ABRAHAM-KREMER, Yvan AMAR, Catherine BARRY, Fayad BASSEM, Cheikh BENTOUNÈS, Marie-Thérèse de BROSSES, Jacques BROSSE, François BRUNE, Martine CASTELLO, Michel CAZENAVE, Dagpo RINPOCHÉ, Arnaud DESJARDINS, Denise DESJARDINS, Maurice de GANDILLAC, Dominique GODRÈCHE, Henri GOUGAUD, Marie JOCHER, Jacques LACARRIÈRE, Jean-Yves LELOUP, Jean-Pierre LENTIN, François L’YVONNET, Sylvain MICHELET, Mélik NGUÉDAR, Albert PALMA, Jean-Marie PELT, Bernard PERNEL, Matthieu RICARD, Jean-Pierre SCHNETZLER, Jean-Louis SIEMONS, Bruno SOLT, Annick de SOUZENELLE, Marie STANLEY, Rabbin Addin STEINSALTZ, Lama Denys TEUNDROUP, Alain VALADE, Didier VAN CAUWELAERT, Patrice VAN EERSEL, Dr Jacques VIGNE, François VILLIERS.

  

ENTRETIENS SPIRITUELS ET ḖCRITS MḖTAPHYSIQUES

Jean-Marc Vivenza

Ed. Le Mercure Dauphinois

2017

Cet ouvrage réunit des « entretiens » et des « études » de Jean-Marc Vivenza, dont le travail s'inscrit dans la continuité de penseurs tels Nâgârjuna (IIIème siècle), Origène (185-254), saint Augustin (354-430), Maître Eckhart (1260-1328), Jacob Boehme (1575-1624), Martinès de Pasqually (+ 1774), Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), Joseph de Maistre (1753-1821), et René Guénon (1886-1951).

Les éclairages délivrés, portant sur de nombreux sujets en relation avec la pensée traditionnelle, indissociable du cheminement et du questionnement initiatiques, se rattachent au courant « théosophique » et « mystique », dit « Illuminisme », ou « christianisme transcendant », qui s'est développé entre les XVIème et XVIIIème siècles en Europe, et dont le système maçonnique et chevaleresque, connu sous le nom de « Régime Écossais Rectifié » fondé par Jean-Baptiste Willermoz est l'héritier. Les entretiens, textes et analyses présentés en ce volume, regroupés pour la première fois, dont la plupart sont totalement inédits, témoignent d'une expérience existentielle fondée sur une exigence unique, celle de l'absolue transcendance, poursuivie en parallèle d'une réflexion métaphysique mûrie depuis de longues années, abordant différents thèmes nous permettant de comprendre comment accéder à la contemplation des vérités suressentielles.

La « voie spirituelle » décrite, exposée et approfondie en ces pages, ainsi que la doctrine qui l'accompagne, ont pour but de nous conduire vers les « lois et « mystères » cachés du monde visible et invisible, de sorte de nous unir au « Principe » par un retournement dialectique ontologique (via negationis), tout en nous invitant à nous engager dans l'entreprise d'ouverture vers « l'Incréé », oeuvre radicale s'il en est qui, depuis l'origine, est ce en quoi consiste réellement l'ésotérisme

Ce livre qui rassemble plusieurs études de Jean-Marc Vivenza couvrant les années 2001 à 2016, rendent compte du parcours de l’auteur et permettent de mieux discerner ce qui le caractérise que les études érudites très ciblées auxquelles il nous a habitués. Au cœur de la démarche de Jean-Marc Vivenza, au cœur de toute démarche initiatique réelle, se trouve la question ontologique du réel et du réel au-delà du réel. Jean-Marc Vivenza que l’on connaît surtout pour ses travaux sur l’illuminisme en général n’a pas oublié sa thèse sur l’œuvre de Nagarjuna ni ses explorations de la musique expérimentale. L’une des entrées les plus intéressantes de ce livre est celle du futurisme et en conséquence des relations entre traditions et avant-gardes, Julius Evola étant un cas exemplaire. Il convient de le signaler tant l’alliance entre les unes et les autres, alliance à la fois naturelle et logique, continue à surprendre.

 

Les questionnements de Jean-Marc Vivenza, qui prennent appui aussi bien sur Maître Eckhart, Jacob Boehme, Joseph de Maistre que Martin Heidegger ou René Guénon, tracent un chemin, inévitablement incertain, mais un chemin tout de même, de la dualité à la non-dualité. « Il ne s’agissait plus nous dit-il d’espérer en un quelconque régime ou éventuel système capable de résoudre les questions qui se posent, puisque l’origine du problème pour l’homme, mais aussi pour les civilisations et l’Univers lui-même, est un problème de l’« origine » ; la question, fondamentalement, participe d’une nature purement méta-ontologique. Voilà pourquoi, la seule attitude authentique, c’est-à-dire authentiquement en rupture, la seule position radicale qui nous apparut prendre le problème à sa source réelle, à sa « racine » effective, fut donc, uniquement d’ordre supérieur, elle relevait du spirituel et du transcendant, décidant dès lors de regarder d’où provenait l’essence de la détermination existentielle, en se confrontant à la cause première de la vocation destinale de toutes choses créées, au « nihil ».

 

Approcher la non-dualité à partir de la dualité, inscrite en premier lieu dans le langage, constitue un défi et comporte un paradoxe, que l’approche négative permet de réduire, tout au moins en partie. « Le propre de la tradition occidentale dans laquelle nous nous inscrivons qui ne se distingue en rien sur la finalité du cheminement spirituel d’avec les voies orientales – mais qui, évidemment, s’exprime en climat chrétien, et donc emprunte son vocabulaire théorique au patrimoine littéraire de la religion qui s’impose en Europe, participe de la perspective métaphysique qui dépasse, et de très loin, les formes et les cadres étroits avec lesquels sont tentés les rapports avec l’Invisible, puisque son but est d’entrer, par et dans le « non-être », en une négativité paradoxale qui nous révèle que la nuit est en réalité « lumière » à l’égard du monde, et qu’en elle s’effectue la génération transcendante, en un mode silencieux d’anéantissement, où la dimension, impensable, de « l’au-delà de l’Être et du non-être », aboutit au Rien suressentiel » qui est l’unique et véritable « vie éternelle ». Il y a, en filigrane ou en surexposition, la possibilité d’une voie directe, d’une immédiateté de cette « vie «éternelle » à la fois déjà et pas encore.

 

La première partie de l’ouvrage est formée d’entretiens spirituels sur « Voie spirituelle et pensée de l’Être », « Traditionalisme et doctrine de l’Illuminisme », « Esotérisme, initiation et ontologie ».La deuxième partie traite d’ontologie fondamentale et notamment de la question de « L’Être éternel et infini, selon l’ontologie du Régime Ecossais Rectifié », également de « L’Infini métaphysique et la nature du « Principe unique » La troisième partie est consacrée à l’Illuminisme mystique et la pensée de Joseph de Maistre y est déterminante.

 

En annexe, le lecteur trouvera deux contributions très intéressantes, la première sur « Julius Evola et les avant-gardes, nihilisme héroïque et métaphysique de l’Eveil », la deuxième sur « Mise en lumière par Joseph de Maistre, de la nature du projet « religieux » révolutionnaire d’instauration d’une « contre-église », la dernière sur « L’origine de l’idée d’Infini en métaphysique chez René Guénon ». L’ensemble, à la fois multiple et cohérent », donne à penser, c’est bien là sa finalité, et permet de mieux comprendre l’idée de cheminement initiatique dont la nature n’est jamais linéaire dans l’apparaître.

 

ÉPIGNÔSIS -aspects de la splendeur -   Cahier N° 21

épignôsis – Directeur  Yves Dauge

Edition DERVY

 1990

Ce Cahier 21 est consacré au thème de la Splendeur : réalité à la fois transcendante et immanente, vision des êtres et des choses qui défie toute définition, mais qui peut être clarifiée par nombre d’approches complémentaires. Quelques amis d’Épignôsis ont ici essayé de pénétrer dans ce domaine mystérieux, multidimensionnel, si nécessaire à la nourriture de notre Cœur et à l’accroissement de notre « Corps de résurrection ». Coups d’œil dans une plénitude incommensurable…

 

Splendeur… Est-ce un jaillissement de lumière depuis le centre de nous-même qui redescend en ruissellement de bénédictions pour le monde ? Est-ce un climat particulier, analogue au « 8e climat » de la gnose iranienne, où circulent la majesté et la Beauté, la Sagesse créatrice et l’Amour vainqueur. Est-ce l’éclat d’un autre monde, radiant, qui parvient jusqu’à nous, ou est-ce la gloire secrète propre à chaque être, qui ne se montre qu’au regard attentif et libéré. ? La cabale nous dit : » Imagine-toi que tu es Lumière, et que tout ce qui t’entoure est Lumière ». Nous dirions volontiers : « Si tu découvres la clef de ta propre splendeur, l’univers tout entier sera splendeur à tes yeux ». Joël Thomas a enquêté sur ce thème dans la spiritualité et la culture occidentales à partir de trois repères majeurs : l’Énéide de Virgile, la Divine Comédie de Dante et l’icône de la Trinité de Roublev. Puis Charles D’Hooghvorst s’attache à démontrer avec fidélité et précision que le fil conducteur du Message retrouvé de Louis Cattiaux n’est autre que l’idéal de splendeur, à atteindre par une particulière alchimie de notre être.

Enfin, les méditations ésotériques de Jean Biès et l’étude symbolique de Mathilde Danel nous plongent dans la vivante multiplicité, dans l’irradiation aussi bien quotidienne que métaphysique de cette qualité du Divin

 

La gloire veut dire la splendeur, l'éclat, la magnificence, le poids, la majesté, la condition la plus élevé d'une chose ou encore d'une personne. La gloire de Dieu c'est l'éclat, la splendeur, la magnificence, la condition la plus élevé de Dieu. Et quand on dit que Dieu manifeste sa gloire ça veut dire qu'il rend visible son éclat, sa splendeur, sa magnificence par ce qu'il est et par ce qu'il fait. C'est lorsque Dieu devient visible au travers de sa nature, de sa puissance et de ses œuvres. Par exemple on dit que toute la création témoigne de sa gloire. Ça veut dire qu'en regardant la création on peut Dieu dans sa sagesse, dans son intelligence et même dans sa puissance. Quand tu regardes comment Dieu a créé l'univers et comment il a créé l'homme tu te dis juste ‘’Quelle beauté’’. Tu vois toute sa splendeur, sa sagesse, son éclat, sa grandeur. Tu vois sa gloire, tu vois Dieu.

 

Dans Exode 33:18 quand Moïse a dit : Seigneur fais- moi voir ta gloire Dieu lui a montré son caractère, sa nature. Et dans Jean 1:14- Jean dit : nous avons contemplé sa gloire comme la gloire du Fils unique venu du père en d'autres termes ce que Jean voulait dire c'est qu'au travers de Jésus-Christ nous avons vus la gloire de Dieu, Dieu s'est rendu visible par Jésus-Christ au travers de son caractère, de sa puissance et de ses œuvres. Et c'est pourquoi vers la fin de son passage sur la terre Jésus dit : J'ai glorifié ton nom sur la terre. Jésus a manifesté la gloire de Dieu, et nous, nous avons contemplé sa gloire.

 

Donc quand on dit que tu vas voir la gloire de Dieu ça veut dire que tu vas expérimenter, voir Dieu manifester : 1) Sa nature - c’est à dire son caractère : son amour, sa bonté, sa fidélité, sa puissance, ses compassions, sa miséricorde, sa patience, sa grâce et tous ses autres attributs dans ta vie. 2) Ça veut dire aussi que tu vas expérimenter et voir Dieu manifester ses bonnes œuvres, ses projets de paix et non de malheur et ses promesses dans ta vie. La gloire de Dieu c'est Dieu lui-même. Quand on dit que tu vas voir la gloire de Dieu ça veut dire que Dieu va se manifester dans ta vie sous ses différentes facettes.

 

Au sommaire :

 

Vers le regard divin  par : Yves Dauge

Le thème de la splendeur dans la spiritualité et la culture occidentale par : Joël Thomas

Louis Cattiaux, le méconnu, présenté par Charles d’Hooghvorst

Les bûchers de la sagesse, par : Jean Biès

Soif de l’un ; faim de l’autre par : Henri Raynal

Le Dôme et la coupe par : Mathilde Danel

 

ÉPIGNÔSIS - avec ou sans maÎtre ?   Cahier  N° 17  -

épignosis –   Yves Dauge

Edition DERVY

 1987

Nous vivons un « tournant des temps », caractérisé à la fois par la recherche ardente et par la confusion des esprits. Dans ce contexte s’impose un problème capital, celui des maîtres.


Conscient de sa complexité, Yves A. Dauge lui a consacré un article qui vise à faire le tour de la question, intitulé « Les Quatre Maîtres ». Il y définit successivement le Maître humain extérieur, en présentant les neuf critères à connaître pour juger de sa valeur, le Médiateur invisible ou supraterrestre, qui nous guide sans avoir à passer par la psyché, le Maître personnel ou intérieur, notre Je éternel dont le rôle est décisif, et enfin le Maître essentiel, Dieu, qui est le fondement et l’aboutissement de toutes les maîtrises.

 

Un article solidement documenté et éminemment pratique, qui permettra d’éviter bien des erreurs et de travailler fructueusement. Des aspects particulièrement intéressants de ce même problème sont exposés par Jean Chevalier (« Le Maître spirituel dans la tradition soufie »), par Henri Blanquart (« Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange »), et par Michel Camus (Qu’est-ce que l’auto-initiation ?).


Dans ce Cahier sur les maîtres interviennent deux personnages remarquables de notre époque, bien que très différents ; M.M. Davy et R. Abellio. Jean Biès a réalisé, avec la première, un entretien aussi vivant qu’instructif, qui nous fait mieux connaître cette « Femme du Huitième Jour » et nous livre les clefs de son château intérieur.

 

Quant à Raymond Abellio, il fut certes un maître inimitable, un puissant éveilleur. J.P. Osmont nous donne ici une très riche étude sur la destinée de cette personnalité hors du commun, en utilisant toutes les ressources de l’astrologie américaine et tous les matériaux autobiographiques laissés par cet auteur : leur confrontation est vraiment passionnante.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les quatre Maîtres. Typologie du Maître spirituel  par Yves Dauge

Le Maître spirituel dans la Tradition soufie  par Jean Chevalier

Le Maître intérieur dans les Dialogues avec l’Ange  par Henri Blanquart

Qui initie qui ?  par Michel Camus

Marie-Madeleine Davy, Femme du Huitième jour, un entretien avec Jean Biès

Raymond Abellio le Noble voyageur  par Yves Dauge

Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance, son étude astrologique par  Jean-Pierre Osmont

L’interaction humaine : Nourriture de la conscience, clef de l’équilibre, de la Paix et de la Vie. par : Peter Roche de Coppens

Quand un théologien parle aussi d’ésotérisme par Pierre Erny

L’ésotérisme, pourquoi faire ? un livre d’Yves Dauge, commenté par Pierre Avel-Mor

Annick de Souzenelle ou l’exégèse transmutatrice  par Yves Dauge

Pleins feux sur le Vivant  par Jacqueline Bousquet

 

ÉPIGNÔSIS – LE CHRISTIANISME COMME ALCHIMIE –   CAHIER N° 18

Epignôsis  -  Yves DAUGE

Edition DERVY

1987 

Par-delà les institutions, les dogmes, les rites, les formes, quelle est la véritable nature du christianisme ? Quelles clés de salut, d’accomplissement nous a réellement apportées Jésus le Nazaréen ? Aujourd’hui plus que jamais il est nécessaire de répondre précisément à ces questions : elles concernent chacun d’entre nous en tant qu’Occidental, en tant que chercheur de la « voie intérieure », en tant que participant au vaste mouvement actuel de mutation.


Une étude préliminaire d’Yves A. Dauge cherche à faire saisir, par des approches et des éclairages différents, les quelques points essentiels qui font du christianisme une authentique alchimie. Présenté ensuite par Jean Biès, un large travail de synthèse centré sur le symbole de la croix récapitule de manière frappante des siècles d’exégèse et de mystique. Puis Joël Thomas, à partir d’un objet d’art méconnu et pourtant fort riche, la « Croix de Lothaire », rattache le christianisme à la Tradition et en montre l’importance pour notre époque. Et dans un article d’une remarquable densité, « Le Vivant dans l’Histoire », Annick de Souzenelle déroule sous nos yeux l’aventure humaine depuis le Béréshit de la Genèse jusqu’à la « crise de croissance » de ce XXème siècle.

Yves Dauge rappelle la centurie des moines Calliste et Ignace à la fin du 14e siècle : Jésus a légué aux siens trois choses essentielles : L’invocation de son Nom – Le pouvoir d’aimer - et la force de la Paix - ce que l’on peut comparer au soufre, au mercure et au sel de l’authentique alchimie.

On retrouvera également dans ce Cahier un essai de Jean Prieur qui dévoile d’étonnantes similitudes entre le tantrisme et le judéo-christianisme, ainsi que la fin de la belle étude de Jean-Pierre Osmont sur Raymond Abellio, Guerrier de la Connaissance », fondée sur l’astrologie américaine.


Au sommaire de cet ouvrage :

Yves Dauge : Suite sur le yoga du cœur et ésotérisme du Christ

Jean Biès : Le symbole de la Croix, essai de métaphysique chrétienne

Joël Thomas : Alchimie de la Lumière, la croix de Lothaire

Epignôsis et le travail

Annick de Souzenelle : Le vivant dans l’histoire

Jean Prieur et Lionel Jackel : Les Chakras et les Nâdis. Physiologie du corps subtil

Jean-Pierre Osmont : Raymond Abellio, guerrier de la connaissance. Etude astrologique.

 

ÉPIGNÔSIS - L’ÉSOTÉRISME, POURQUOI FAIRE ?

Epignôsis - Yves Albert Dauge

Edition Dervy

 1986

Le titre de ce livre est plus provocateur qu’autre chose car ce n’est pas un traité d’ésotérisme; c’est un livre de voyage, celui qui le mène au cœur des choses et des êtres, de nous même et du divin, il a pour but de guider les esprits vers l’essentiel, de les habituer a un langage aussi transparent que possible, de leur faire éviter les pièges des pseudos-maîtres et des doctrines incomplètes et de mettre en lumière la vérité et les exigences de la démarche ésotérique, tel est le but de cet ouvrage. Répondant aux grands problèmes de notre époque, il a été conçu comme un instrument fondamental de travail, de recherche personnelle, de réflexion et de méditation.

Comment utiliser la totalité de notre puissance intérieure, percevoir le réel dans sa globalité, comprendre la texture du Vivant, nous insérer dans le circuit des énergies créatrices ? Comment vaincre la pesanteur, la psyché, la mort, par le yoga du cœur ? Voilà quelques uns des thèmes traites dans cette sorte de vade-mecum de métamorphose, où le lecteur trouvera un itinéraire soigneusement balisé pour la joie de la découverte.

Le tétramorphe qui illustre la couverture de cet ouvrage est l’emblème du mouvement Epignôsis, fondé par l’auteur pour promouvoir une anthropologie de la création. Ce tétramorphe dans sa complexe unité, symbolise la totalité harmonieuse, l’équilibre des énergies, la souveraineté artiste, la fonction axiale propre à l’homme de Feu-Lumière : C’est une clé majeure de déchiffrement du Vivant et d’efficacité transfiguratrice.

Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages :

1e partie : Une école de sagesse et de mutation : Le défi actuel : l’enchevêtrement, la subversion et l’urgence - Prolifération des offres de salut - confusion de compétence, de pertinence, doctrinale et des niveaux de l’être - la caricature du Roi du monde - Fin de signe ou inter-règne - la conquête du temps - les armes de l’ésotérisme - les clefs de la véritable vie - Intériorité et intériorisation - tout est en nous - tout dépende l’homme intérieur - le yoga du cœur - la dualité de Dieu et le Nom Divin - Esotérisme et monachisme - la maitrise de la dialectique - Maât, l’Âme, et la dialectique - La connaissance transmutatrice et l’anthropologie maximale - Méprises et authenticité - connaissance essentielle, école d’éveil et de profondeur - l’opposition des mentalités - l’Essentialisme - Ecole de discernement et d’évolution - les lois de la juste perception - la Connaissance comme processus indéfini - La Connaissance transmutatrice et l’anthropologie globale - Connaissance libératrice - S’affranchir des limites de l’ego - Réduire le champs du mal - la conquête de la cohérence - Vers la perception divine - Texture du Vivant - L’anthropologie créative - le principe-germe de l’immortalité - La connaissance pacificatrice, école de sérénité -

2e partie : Texture et métamorphoses du Vivant : L’énergétique générale - la modification et l’insuffisance du regard - le concept d’énergie - la Réalité Suprême - Existe-t-il des noyaux d’êtres indestructibles ? - la circulation des Energies - le circuit énergétique universel - les risques de la Création et le problème du mal - L’Homme en tant que « lieu privilégié » des Energies Universelles - les plans ontologiques ou niveaux d’être-conscience-énergie - Le problème de l’ego - la signature de Dieu - Le Cœur : point de jonction des champs énergétiques constitutifs de l’homme - Le feu artiste et les fonctions du cœur - La faculté Thêta - Les 7 modalités de la faculté ø dans le cœur : 1/ La mémoire et l’éveil du cœur – 2/ la volonté et l’orientation du cœur – 3/ la Kénose et la libération du cœur - 4/ l’intellect et l’émerveillement du cœur – 5/ l’amour et l’expansion du cœur – 6/ la Créativité et l’art du cœur – 7/ la Synergie-fusion et l’harmonie du cœur - Divers tableaux et synopsis de l’entité humaine, des référentiels et des champs énergétiques -

 

ÉPIGNÔSIS - LES VEILLEURS DU SILENCE  CAHIER N°19

Un groupe de recherche, directeur  Yves Albert  Dauge

Edition Épignôsis

 1988

Veilleurs et silence sont étroitement liés. La véritable histoire n’est pas celle des événements, le véritable travail s’accomplit au-delà des discours.

C’est en comprenant la nature du silence, force de rupture et de mutation, que chacun peut accéder au plan des Veilleurs, des Justes cachés, des protecteurs de l’humanité : devenir un centre silencieux de rayonnement, de bénédictions et de création, telle est la vocation de « l’homme noble ».

Jean Biès nous explique les descentes successives depuis le silence primordial jusqu’à l’enfer du bruit, puis nous propose un itinéraire de « remontée » vers l’alliance des silences.

Dans une visée strictement opérative, il nous parle du silence de contemplation qui inspire des silences qui ont gardé mémoires de l’état d’avant l’éparpillement des choses divulguées: silence plénitude, comme il y a des vides-vacuité.

Yves Dauge nous fait découvrir nos « cinq paires d’oreilles » et les mondes qu’elles perçoivent, pour nous montrer ensuite comment reconquérir le silence originel, en passant progressivement du silence réceptif et libérateur à la Plénitude silencieuse du voyage en Dieu. Il nous donne une clé :

« Comment obtenir en nous ce précieux silence qui nous permettra de percevoir le rythme de la vie, la musique du cosmos, le travail de la Création, et la voix divine ? Non pas en nous concentrant sur le vide (entreprise vouée à l’échec), ni en essayant de supprimer tous les bruits l’un après l’autre. Il faut appeler et faire descendre en nous une « Présence » d’une intensité, d’une attractivité telle que tout ce qui n’est pas elle s’efface immédiatement. Cette descente est liée à l’éveil de notre être essentiel et à la médiation de l’Amour unificateur. Cette présence divine doit être complétée par celle de l’ange ou de son maître secret, et c’est ce dialogue à trois qui va nous sublimer et nous faire avancer sur le chemin ». Yves Dauge

M.M. Davy fait défiler devant nous les divers « visages du silence », afin de focaliser notre attention sur l’ensemble essentiel –solitude – secret- silence – qui est à la fois le laboratoire de notre réussite et le fondement de notre relation avec Dieu et les êtres. –

« L’homme silencieux passe par le mystère de la solitude, comprenant le vide, l’abandon des signes, des images, des systèmes et même des voies. Le silencieux peut seulement murmurer avec le prophète Isaïe (24,16) : Mon secret est à moi. Pourquoi mon secret ? Simplement parce qu’aucun langage ne peut en exprimer l’ampleur, situé au-delà du passage du temps et de l’espace, le silence s’implante dans l’éternité. Seul les enfants de l’éternité sont appelés à s’y abreuver » M.M. Davy

Deux thèmes sur l’Alchimie, science de la Vie, viennent compléter cet ouvrage, car l’Alchimie n’est pas une science à part, mais elle est la mise en œuvre du silence, tout comme le silence engendre l’œuvre alchimique.

Pascal Bernuau apporte à ce sujet la richesse transparente de son expérience et nous livre les éléments d’une éthique alchimique. Puis Jacques Pialoux nous parle de la tradition égyptienne en tant que révélatrice de la structure de l’homme : vision alchimique de l’homme.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’autre coté de la parole par : Jean Biès

Les centres silencieux de rayonnement par : Yves Albert Dauge

Proverbes du silence par : Michel Camus

Visages du silence par : Marie-Madeleine Davy

Le vivant et la transparence du réel par : Pascal Bernuau

Egypte, terre d’alchimie par : Jacques Pialoux

Divers ateliers sur Paris

 

ÉPIGNÔSIS - pour l’Émerveillement    Cahier  N° 20

EpignÔsis -  Yves DAUGE

 Edition  DERVY

 1989

Deux parties en ce cahier.

 

L’une, comportant de beaux textes de Jean Biès, de Henri Raynal, de Roger Munier, d’Alphonse Goettmann, d’Oguz Unat, tente d’expliquer la nature de cet état d’esprit, l’Émerveillement, indispensable à qui veut pénétrer au cœur des êtres et des choses, entrer en contact avec le Divin partout disséminé et partout présent.


L’autre, consacrée à Jésus, s’efforce de débarrasser cette entité de toutes les bandelettes institutionnelles et exégétiques qui l’emprisonnent, pour aller droit « au centre de l’Unique Merveille ». Pour ressusciter ce ressuscité, nous avons utilisé notre récente découverte, la Cabbale radiante, discipline qui joint une radiesthésie spéciale au travail sur les Lettres-Énergies de l’alphabet hébraïque pour décoder, comprendre et réunir tous les éléments du réel. Les résultats de cette méthode, concernant Jésus, sont étonnants, voire stupéfiants.


Mais, d’une façon générale, ce déchiffrement inédit du Vivant permet de donner, de chacun de nous, une « radiographie spirituelle » d’un intérêt majeur, pour la compréhension de soi-même et la réalisation correcte de notre vocation. Une immense perspective de connaissances nouvelles s’ouvre devant nous. Le véritable outil de notre mutation.

 

Dans un bel article, Oguz Unat nous décrit le processus et la finalité des Derviches tourneurs. Cette danse est appelée Semâ qui signifie Ciel et désigne la ronde des astres, ce qui a fait dire à Rumî : » Ô jour, lève toi, les atomes dansent, les ames éperdues d’extase dansent, la voûte céleste, à cause de cet Etre, danse ». Le Semâ exprime ainsi le tournoiement, le devenir incessant des atomes, des astres et des âmes. Lorsque les Derviches entrent dans la salle, ils sont habillés d’un ample manteau noir représentant la mort, la tombe, la lourdeur terrestre, le matérialisme et l’enveloppe charnelle. Ils sont coiffés d’une haute toque de feutre qui est l’image de la pierre tombale ; leur robe blanche symbolise le linceul et la résurrection, la couleur blanche symbolise la vie et la renaissance attendue.

 

Au sommaire :

 

Une merveille nommée Jésus par Yves Albert Dauge

L’Eclair, le sourire et l’Abîme  par Jean Biès

Qu’en faire, de ma merveille ?  par Henri Raynal

L’inexplicable beauté  par Roger Minier

Poème  de Michel Camus

La méditation : explosion de l’Amour  par Alphonse Goettmann

Le réseau, âme du monde et la mémoire de l’Amen  par Yves Dauge

La danse des Derviches tourneurs et son symbolisme  par Oguz Unat

 

ÉPIGNÔSIS - vaincre la mort ?    Cahier N° 16

 EPIGNÔSIS  -  Yves  dauge

Edition  ÉPIGNOSIS

 1986

Qu’est-ce que la mort ? : Une réalité complexe, qui ne concerne pas seulement l’homme physique. Un enchaînement de processus dont la source se situe au plan spirituel, et qui désorganise complètement notre système énergétique, du plus subtil au plus dense.


Dans son étude « La victoire sur la triple mort », Yves A. Dauge se livre à une analyse aussi précise que possible de ce problème fondamental, à tous ses niveaux et avec toutes ses implications. De cette analyse, il déduit une série de « remèdes », appropriés à chaque plan de l’être humain, et qui sont dès maintenant à notre disposition. Et il donne un certain nombre de conseils pratiques ayant pour but de maîtriser ou de vaincre la mort.


On trouvera en outre dans ce Cahier de riches et passionnantes réflexions sur ce thème dues à Jean Biès et à M.M. Davy ; un essai de Michel Bertrand sur les vertus résurrectrices de la prière telle que la conçoit le Mont Athos ; une interprétation dynamique de la fête de Pâques par Peter Roche de Coppens ; diverses études sur le Vivant.


Sans oublier d’importants entretiens de Jean Biès avec Frithjof Schuon, ainsi qu’une exégèse alchimique de trois Arcanes majeurs du Tarot (VIII, XIV, XVII) par Claudius Barbat.

 

Au sommaire :

 

La victoire sur la triple mort  par Yves Albert Dauge

Miroirs de la mort, suivie du poème « le seul Vivant » par Jean Biès

Morts et résurrections  par  Marie-Madeleine Davy

Le message de prière par les moines du Mont Athos  par Michel Bertrand

Seule est la vie – Extraits des Révélations de l’invisible

Pâques : l’archétype de la Résurrection ; ses mystères et ses applications pratiques par Peter Roche de Coppens

Les ondes d’esprit, extrait du livre de Jeanne Morrannier. La totalité du réel

Frithjof Schuon : un visage de la sagesse éternelle  par Jean Biès

Le Tryptique alchimique de la Justice, la Tempérance et l’Etoile dans le Tarot  par Claudius Barbat

 

ÉPIGNÔSIS - yoga du cœur et du feu  -  Cahier N° 15

Yves  dauge – epignÔsis

Edition DERVY

 1986

L’âge qui vient sera celui du Cœur, redécouvert et rendu à sa véritable fonction, qui est capitale.


Dans ce Cahier dû à Yves A. Dauge, Yoga du Cœur et du Feu, sont précisément définis la nature et le rôle de ce Cœur qui est l’essence de notre être et la clef de notre métamorphose. On y trouvera des réponses claires à des questions de toute première importance : Comment déclencher le processus de notre mutation ?

 

En quoi consiste la dynamique évolutive qui nous est propre ? Comment utiliser un outil majeur tel que le Nom divin (fondement du christianisme) ? Qu’est-ce que la démarche ésotérique et le « labeur du Cœur » ? Quel est notre rapport authentique avec le Divin ? Comment se servir des Chakras et des Sephiroth ? Quelle est la signification secrète du Buisson ardent ?


Le fil d’Ariane de la Bible est le thème de l’Homme de Feu, ou des « moines flamboyants ».

 

Depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, et depuis la Résurrection jusqu’aux Dialogues avec l’ange, on verra cet impératif nous solliciter sans cesse et s’imposer à nous comme le couronnement de notre vocation.

Au sommaire de cet ouvrage :

La nature et le processus de la mutation personnelle   -   Le rôle du Cœur dans la dynamique de l’être humain   -   L’importance du Nom Divin dans notre évolution   -   Le triple appel constitutif de la démarche ésotérique   -   Un seul appel mais à triple tonalité   -   les trois modalités du « labeur du cœur »   -   Les appel du Père, du Fils et de l’Esprit   -   comment passer par Dieu, ou le travail de Tipheret   -   le buisson ardent et l’homme de feu   -   le texte de l’exode   -   la découverte de soi  -   le thème e l’homme de feu   -   Dans la Genèse   -   A travers l’Ancien Testament   -   Le Christ et les « moines flamboyants »   -   Le Feu du Cœur   -   le témoignage des Dialogues avec l’ange   -   le laboratoire de l’homme de demain   -   les fonctions du cœur avec les Chakras et les Sephiroth   -   Parcours en 13 jours de la voie du cœur   -  

Divers tableaux des lettres mères et des lettres nombres de l’alphabet hébraïque    -  

 

ESSAI D’AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE

Nicolas BERDIAEV

Edition BUCHET CHASTEL

 1992

On pourrait qualifier cet extraordinaire ouvrage posthume de véritable testament spirituel. Le grand écrivain russe après avoir parlé de ses sources, de ses parents, de son enfance, retrace sa première conversion, sa première recherche du sens de la vie et de ses bonheurs.

 

Il fait revivre pour nous le monde révolutionnaire russe du début du XXe siècle et la renaissance culturelle qu’il a suscité. Puis c’est la révolution de 1917 et le communisme vu, si l’on peut dire, de l’intérieur. Enfin les années d’exil, en Allemagne, puis à Paris où Berdiaev trace des portraits saisissants de ses rencontres.

 

En même temps ou plutôt parallèlement à l’évolution des événements, Berdiaev nous fait assister à sa propre conquête spirituelle, depuis la tentative du christianisme, l’expérience de l’extase créatrice jusqu’à sa philosophie définitive et l’ultime connaissance de soi. Cette autobiographie est l’écrit le plus significatif de Berdiaef.

 

Berdiaev est né à Kiev en 1874, il est mort  en France en 1948, il appartenait par sa famille à l’aristocratie militaire russe et essaya lorsqu’il était étudiant de militer pour une meilleure justice, emprisonné, il fut ensuite exilé en Sibérie puis en Allemagne. D’un tempérament prophétique, ce philosophe de la liberté et de l’acte créateur inaugure un nouveau type de mystique correspondant à l’homme pourvu d’une supra-conscience.

 

Il considère que la « venue du Christ a une importance cosmique et cosmogonique ». Sa pensée relève à la fois de Maître Eckhart, de Grégoire de Nysse et de Jacob Boehme, il pense que la présence de l’image divine oriente l’homme vers sa déification, cette image de Dieu en l’homme signifie à la fois la personne et la liberté. Il part du principe que l’homme ne peut concevoir la profondeur de l’esprit que d’une façon existentielle, en vivant le destin tragique et en traversant la souffrance, l’angoisse, la mort, l’amour et la création.

 

Le drame de l’homme, selon Berdiaev, est de se trouver dans l’obligation d’assumer sa temporalité qui le jette dans le fini et le limité, tout en éprouvant en lui l’infini et l’illimité, le paradoxe est à la fois rupture et déchirement. Ce paradoxe sera vécu à son sommet grâce à l’expérience mystique. C’est en partant de l’élément divin que l’homme possède en lui, qu’il lui devient possible d’accéder au mystère : « Le mystique n’a pas à sortir de lui-même, mais a pénétrer son moi profond, la personne humaine est un être théandrique ». « La mystique est une victoire sur l’état de créature, seul y participe l’homme spirituel, grâce au principe spirituel qui est en lui, l’expérience mystique est l’aboutissement normal de la rencontre de Dieu et de l’homme, le transcendant est immanent à cette expérience car la différence même entre la transcendance et l’immanence s’efface puisque tout vient de la profondeur et de l’intérieur et non pas d’en haut et de l’extérieur  ».

 

Il fut un grand ami de M.M. Davy, avec qui il partagea des conférences et les mêmes idées.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 430 pages :

 

Sources et origines  -  L’univers et moi  -  le monde aristocratique  -  solitude  -  nostalgie  -  liberté  -  révolte  -  pitié  -  doutes  -  luttes spirituelles  -  méditations sur l’éros  -  la première conversion  -  A la recherche du sens de la vie  -  le monde de la connaissance philosophique  -  vers la révolution et le socialisme  -  marxisme et idéalisme  -  Renaissance culturelle russe du début du XXe siècle  -  Vers le christianisme et drames religieux  -  Rencontres spirituelles  -  le monde de la Création  -  le sens de l’acte créateur et l’expérience de l’extase créatrice  -  la révolution russe et le monde communiste  -  la Russie et le monde occidental  -  ma philosophie définitive et ma profession de foi  -  le monde eschatologique  -  Temps et Eternité  -  la connaissance de soi et ses limites  - 

 

 

et le divin dans tout ça ?

Jean charon

Edition Albin Michel

 1998

Ce livre est le testament spirituel d’un grand chercheur. À la fois physicien, auteur d’une Théorie de la relativité complexe, et philosophe en quête de la nature réelle de la conscience, Jean CHARON a tissé pendant quarante ans une toile originale et audacieuse entre l’étude de la matière et celle de l’esprit.


Son idée fondamentale : matière et esprit sont les deux faces inséparables du réel. Les particules atomiques renfermeraient un espace-temps assimilable à l’esprit, bien différent de celui auquel nous sommes accoutumés. La matière serait soumise à la loi d’entropie qui l’entraîne vers la dégradation et la mort alors que l’esprit obéirait au contraire à la loi de néguentropie qui conduit à un enrichissement continu des structures et de la conscience.


Par la publication conjointe d’ouvrages scientifiques pointus ou de haute vulgarisation – dont, chez Albin Michel, Treize questions pour l’homme moderne, l’Homme et l’Univers, et surtout L’Esprit cet inconnu –, Jean Charon a très tôt connu la célébrité. Aujourd’hui, à travers ces entretiens avec Érik Pigani, journaliste notamment à Psychologies, il passe en revue les idées qu’il a soutenues en précurseur à une époque où bien peu envisageaient des passerelles entre matière et esprit. Il nous guide dans ces dédales du savoir où il est bien difficile de faire la part des choses entre spéculations d’avant-garde et théories fantaisistes.


Un ouvrage utile pour éclairer en termes simples une recherche fondamentale.

 

Être simplement – questions et rÉponses en quÊte du soi

bernard

Edition LES DEUX OCEANS

 2003

BERNARD, comme il le dit en toute simplicité, a trouvé ce qu’il cherchait. Pour en témoigner il se réfère volontiers à Ramana MARHARSHI et à NISARGADATTA MAHARAJ sans prétendre exprimer quoi que ce soit de nouveau. Mais son témoignage est particulièrement éloquent pour les chercheurs d’aujourd’hui. Il est la preuve vivante de ce que son propre Maître lui avait dit alors qu’il doutait de pouvoir atteindre son but : « Ramana MAHARSHI est exceptionnel mais la réalisation n’est pas exceptionnelle ».


En effet, Bernard est tout à fait proche de nous, simple père de famille de condition modeste, il s’exprime dans un langage familier. À son contact toutes les idées préconçues au sujet de la réalisation s’effondrent.
Il communique ainsi la certitude que chacun peut découvrir ce que lui-même a trouvé : «Le Soi, notre véritable nature, dit-il, est simplement le fait d’Être. Ce n’est donc pas un état en devenir qu’il nous faudrait atteindre avec une multitude de conditions à remplir, de connaissances à acquérir et qui, de plus, serait réservé à une élite.

Nous sommes tous les Soi mais sans le sentiment d’être une vie particulière. Tout le monde peut réaliser sa vraie nature parce que tout le monde existe déjà. Il n’y a rien à faire pour être ce que l’on est, mais il nous reste à en prendre conscience au-delà du processus mental : je … dans le corps … dans le monde. »

 

 

EXOTÉRISME ET ÉSOTÉRISME DANS LA TRADITION PRIMORDIALE

David Frapet

Edition du Cosmogone

 2014

Ce livre est un voyage exotérique et ésotérique dans le monde qui nous habite et à l’intérieur du monde que nous habitons. Ce voyage va nous amener à travers le christianisme et l’islam, à rechercher les fonctions ésotériques et exoteriques dans cette Tradition Primordiale, porteuse de toutes les réponses, de tous les archetypes, de tous les mythes et légendes qui traversent toutes les traditions et toutes les religions.

La force génératrice est cette graine de vie du miracle de la création »soit » et « il devient ». Il y a des êtres dans l’intelligence de la foi qui sont capables de voyager dans l’humanité, puis reviennent plus humains, après avoir touché le Graal et s’être abreuvés au Bassin du mystère. Ce voyage initiatique que chacun d’entre nous se doit de faire, nous permet de rejoindre l’être qui est en nous, afin d’accéder au cercle des justes puis d’entrer en communion avec l’âme universelle.

Cet ouvrage nous offre toutes les traditions qui se retrouvent et se découvrent, puisant à la même source, c'est-à-dire dans la Tradition Primordiale que tous les initiés appellent de leurs vœux et veulent s’abreuver en se soumettant aux lois de la nature et de Dieu. La recherche de l’Unicité en dehors de la dualité est une priorité voire le but final.

Au sommaire de cet ouvrage nous trouvons :

Le Christianisme : Prolégomènes - Manifestation et Essence de Dieu - Appréhender le temps cosmique - divers concepts de la Tradition - Les trois séquences du monothéisme adamique - Le christianisme, religion de la Manifestation - Nature et fonction du christianisme sur les plans providentiels et historiques - L’Araméen n’est pas une langue sacrée - Fonction transitionnelle du Christianisme - L’Ordre du Temple, ultime présence de la Tradition Primordiale dans l’Occident chrétien - le concept du Temple - le Temple Arche de Paix, symbole de l’Ordre du monde - L’Ordre du Temple exotérique : une institution internationalisée dans l’Occident médiéval - L’Ordre du Temple ésotérique : une fonction de restauration, d’un juste équilibre entre l’autorité et le Pouvoir - La Voie de l’Esprit Saint dans la christianisme - le Rosaire des Catholiques - L’imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis - le Christianisme d’Orient -

L’Islam : La religion de l’Essence - la Charia - origine et importance de la prière - la prière musulmane, comme lieu de la rencontre entre l’exotérisme et l’ésotérisme - le Dhikr, cœur de l’adoration - le christianisme, une voie de l’islam intégral - la jonction entre l’islam et le christianisme - la croix symbole universel - le Savoir, un préalable à la connaissance - l’apparent et le subtil dans la Sunna du prophète - la guerre sainte - l’islam orthodoxe -

10 F

faust et le second faust

 goethe

 Edition J. de Bonnot

 1981

Le chef d’œuvre de Goethe.

 

‘’Je suis l’esprit qui toujours nie’’, affirme Méphistophélès à Faust. Dans l’œuvre mythique de Goethe, le docteur doit faire face à deux écueils : le sien propre qui consiste dans le désir d’un savoir total et celui incarné par Méphistophélès, conséquence du premier, qui renvoie à la propagation du néant.

De la transcendance à l’immanence, Faust symbolise le combat de l’homme avec sa double nature. Dans le Prologue dans le ciel, le Seigneur et Méphistophélès discutent du destin du docteur Henri Faust.

 

« Il me cherche ardemment dans l’obscurité, et je veux bientôt le conduire à la lumière », dit le premier. « Voulez-vous gager que celui-là, vous le perdrez encore ?

Mais laissez-moi le choix des moyens pour l’entraîner doucement dans mes voies », lance le second. Avant tout contrat avec le Diable, Faust fait l’objet d’un pari entre deux forces antagonistes, celle du ciel et celle de la terre, celle de la création et celle du néant.

Si Méphistophélès fera tout pour détourner Faust de la transcendance, Dieu compte sur la liberté qu’il a placée en l’homme pour que Faust se sauve de lui-même.

 

La pièce s’ouvre sur un Faust tourmenté et paradoxal : « Philosophie, hélas ! jurisprudence, médecine, et toi aussi, triste théologie !… je vous ai donc étudiées à fond avec ardeur et patience : et maintenant me voici là, pauvre fou, tout aussi sage que devant. Je m’intitule, il est vrai, maître, docteur, et, depuis dix ans, je promène çà et là mes élèves par le nez. – Et je vois bien que nous ne pouvons rien connaître !… Voilà ce qui me brûle le sang ! » Faust a épuisé la raison. Il a repoussé les limites de cette faculté que l’homme « emploie à se gouverner plus bêtement que les bêtes » (dixit Méphistophélès).

 

La raison est un outil qui révèle l’impuissance fondamentale de l’homme. Elle renvoie Faust au vieil adage socratique : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Mais Faust ne consent pas à cet état de fait. Il éprouve le besoin d’embrasser l’ensemble des savoirs, de comprendre la totalité du monde, de faire sien le « macrocosme ». Sa soif de connaissance l’oblige à renoncer à la rationalité, incapable de saisir la « nature infinie » qui caractérise l’esprit créateur. L’infirmité du docteur fait de lui le spectateur de l’œuvre divine auprès de laquelle il « languit vainement ». Ce sentiment de frustration va détourner Faust de la transcendance. Pourtant, jusqu’alors il n’avait « rien de terrestre, pas même le boire et le manger. Toujours son esprit chevauchait dans les espaces », explique Méphistophélès.

 

C’est l’orgueil de Faust qui est à l’origine de son mal. En n’acceptant pas les limites que lui impose sa condition, en voulant les dépasser dans une « nature surhumaine », en cherchant à se faire l’égal de Dieu, le misérable docteur ménage en son sein une place pour le mal. « Suis-je moi-même un dieu ? », s’interroge-t-il. Ce questionnement est problématique et renvoie à une thématique qui traverse l’ensemble de la littérature romantique : le Surhomme. En effet, Faust cède à la tentation de l’homme-Dieu. Créature arrogante, il veut être l’égal de ce dont il provient. Il a pour ambition de contenir en lui-même l’univers entier, de le porter et de le féconder. Déçu par le silence que lui impose l’esprit du macrocosme, il va s’incliner vers l’esprit de la terre. En se détournant de la positivité de la transcendance, Faust va se complaire dans la négativité de l’immanence.

 

Mais avant même le malin contrat signé de son sang avec Méphistophélès, Faust a conscience du péril qui le guette : « Moi, l’image de Dieu, qui me croyais déjà parvenu au miroir de l’éternelle vérité […] et créateur aussi, jouir de la vie d’un Dieu, ai-je pu mesurer mes pressentiments à une telle élévation ! Et combien de fois expier tant d’audace ! […] N’ai-je pas prétendu t’égaler ?… » Il oscille dangereusement, entre la vaniteuse conscience de sa supériorité et un pessimisme qui humilie l’homme et la rationalité. « Je n’égale pas Dieu ! Je le sens trop profondément : je ne ressemble qu’au ver, habitant de la poussière […] », s’exclame-t-il dans un moment de désenchantement.

 

D’un côté, les astres, l’éther et le mystère du grand Tout, de l’autre la matérialité la plus servile et la dépendance sensuelle. Faust arpente une étroite parcelle de terre barrée par deux abysses. Il y marche en funambule. Méphistophélès se chargera simplement de pousser ce qui tombe. « Voici le temps de prouver par des actions que la dignité de l’homme ne le cède point à la grandeur d’un Dieu ! Il ne faut pas trembler devant ce gouffre obscur où l’imagination semble se condamner à ses propres tourments, devant cette étroite avenue où tout l’enfer étincelle ! Ose d’un pas hardi aborder ce passage, au risque même d’y rencontrer le néant ! », proclame Faust.

 

Voici le point de rupture. Le moment où Faust se détourne de Dieu et plonge malgré lui dans les bras traîtres de Méphistophélès, « l’esprit qui toujours nie ». Goethe, comme Dostoïevski plus tard dans les ‘’démons’ identifie clairement la prétention à la surhumanité à la chute dans le nihilisme. L’abandon de la transcendance fait déchoir l’homme dans l’immanence la plus vile, celle que Méphistophélès loue pour ses vertus trompeuses, celle qui détruit l’innocence de Marguerite (encore un point commun avec Les Démons : Stavroguine commet le pire des crimes en violant une enfant) et qui condamne Faust à vivre dès lors sans la lumière de Dieu. Petit à petit, l’influence de Méphistophélès va se faire plus grande sur le docteur – bien que celui-ci montre des signes de résistance, rabrouant à plusieurs reprises l’esprit de la terre.

 

C’est d’abord sa propre destruction que Faust semble appeler de ses vœux : « Le dieu qui réside en mon sein peut émouvoir profondément tout mon être ; mais lui, qui gouverne toutes mes forces, ne peut rien déranger autour de moi. Et voilà pourquoi la vie m’est un fardeau, pourquoi je désire la mort et j’abhorre l’existence », explique-t-il. Vouloir sa propre mort, c’est nier Dieu en soi. Voilà pourquoi le suicide est un péché mortel pour le christianisme. Mais Faust ne s’arrête pas à sa seule personne. Il invite Méphistophélès : « Le dessous ne m’inquiète guère ; mets d’abord en pièces ce monde-ci, et l’autre peut arriver ensuite. » L’esprit du néant contamine le docteur. L’entreprise de Méphistophélès est claire. Il cherche à tuer Dieu en Faust, à le faire douter de sa « ressemblance divine », à le « dépouiller entièrement » de tout ce qu’il a « d’humain ».

 

 L’emprise du malin est à son apogée lorsque Faust dit à Marguerite : « Ma bien-aimée, qui oserait dire : Je crois en Dieu ? Demande-le aux prêtres ou aux sages, et leur réponse semblera une raillerie de la demande » Négation de la vie, négation de la raison, négation du monde, négation de Dieu, telle est l’ampleur des ravages de Méphistophélès sur l’esprit de Faust. La prétention à la surhumanité implique nécessairement le renoncement à Dieu. Vouloir être un homme-Dieu, ne pas consentir à l’infirmité de la condition humaine, c’est prendre le risque de se perdre dans le néant. Les arrogants auront toujours un Méphistophélès pour les écouter. « Le Diable, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout », écrit Bernanos dans M. Ouine. Synthèse parfaite de ce qu’on est en droit d’appeler « méphistophélisme ».

 

faustCahiers de l’HermÉtisme

 J.W.von Goethe

Edition Albin Michel

 1977

Un des grands mythes du monde occidental, sa naissance, son apogée, sa transformation et sa disparition.

 

Voilà les thèmes qui sont développés dans cet ouvrage.

 

Goethe, Marlowe, Thomas Mann, Lessing, Paul Valery et d’autres ont écrits sur cet homme de la Renaissance qui est toujours d’actualité.

 

La magie, l’ésotérisme, l’alchimie et le religieux y sont présents.

 

FAIRE FACE A LA PERVERSION – DES RESSOURCES SPIRITUELLES INATENDUES

Lytta Basset

Edition Albin Michel

 2019

De la pédophilie à l'inceste, du harcèlement moral ou sexuel en entreprise, en famille ou en groupe jusqu'aux relations mortifères que provoquent les « pervers narcissiques » : partout la perversion est un danger réel susceptible de culpabiliser, d'humilier, et même de détruire la personne. Certes, la psychologie apporte des outils de défense, mais la spiritualité peut, elle aussi, nous aider à « sortir par le haut » de situations inextricables. C'est ce que montre Lytta Basset en se fondant sur une exégèse originale de récits évangéliques pour répondre à dix facettes de la perversion (manipulation, harcèlement, humiliation...). Jésus, qui « ne juge personne », a des paroles et des attitudes propres à déjouer les pièges, à désamorcer la violence, qui sont autant de sources d'inspiration quelles que soient nos croyances. Et qui nous révèlent à l'inverse que nous sommes tous, un jour ou l'autre, tentés d'asseoir notre pouvoir sur l'autre de façon perverse. Lytta Basset, philosophe et théologienne, a publié de nombreux essais chez Albin Michel, dont les derniers (Aimer sans dévorer, Oser la bienveillance...) explorent un genre littéraire nouveau, au croisement de la psychologie, de la spiritualité et de l'éthique.

Interview avec Lytta Basset : La perversion a l’air si courante... Est-ce le péché par excellence?  Le péché dans la Bible n’est rien d’autre que la rupture de relation, la non-relation. Il pose la question du rapport à l’Autre et à l’autre. Or, la fermeture à autrui et l’enfermement total portent en eux tous les débordements pervers. C’est là le noyau de l’attitude perverse: l’autre n’existe pas, j’élimine l’altérité, parfois jusqu’au meurtre comme Caïn.
Cela nous menace tous parce que nous avons tous été blessés. Alors, plutôt que de soigner la blessure, on préfère couper la relation. Faut-il donc tous aller voir un psy? Ou bien faire un travail de conscientisation dans le cadre d’un accompagnement spirituel. Beaucoup le font grâce à leur conjoint, sans psy ni accompagnement spirituel. L’Esprit saint, le souffle de Dieu, fait ce qu’il veut! L’essentiel est: ne garde pas ta souffrance pour toi ou tu vas t’enfermer. Caïn était perplexe et il n’a pas voulu ou pas pu parler à Dieu de sa souffrance, ni de son sentiment d’injustice.


Vous n’hésitez pas à parler des «démons». Pourquoi? Le destructeur de lien, les démons sont Comprendre les manipulations des «pervers narcissiques» à la lumière des Évangiles, tel est l’exercice auquel s’est livrée la théologienne Lytta Basset. En ressort un ouvrage à la frontière entre la psychologie, la spiritualité et l’exégèse biblique.
 
Qu’il y ait des «pervers narcissiques» dans la vie de Jésus, pour Lytta Basset, cela crève les yeux: il en est même mort. Que l’on pense aux chefs religieux qui ne supportaient pas de limite à leur emprise sur les âmes, ou à Judas, traversé de forces de divisions intérieures si puissantes qu’il a commis l’impensable. Mais pas seulement: la théologienne se penche aussi sur ces personnages aux comportements peu nobles, qu’elle analyse comme ayant été d’abord des victimes de manœuvres perverses. Tel Hérode qui fit, contre son gré, décapiter Jean-Baptiste, ou Pilate qui ordonna l’exécution de Jésus contre son intuition personnelle. Mais que faire, très présents dans la Bible. Quand j’en parle, les gens ricanent. Mais si on remplace l’expression par «forces de division» ou «forces de mort», plus personne ne rigole. Parfois ces forces sont si puissantes que rien n’y fait. Mais heureusement, qu’il y a plus fort que nous!
 
Malgré nos efforts thérapeutiques, il existe des situations où l’on se retrouve confronté à un mur. C’est l’échec du psy et l’impuissance de l’accompagnateur spirituel. Mais heureusement qu’il y a plus fort que nous! Nous pouvons invoquer plus grand que nous, et c’est ce que je fais avec l’imposition des mains et la prière de déliement Dans le nom de Jésus. Je la propose aux personnes que j’accompagne quand elles butent. Mais ce n’est pas non plus une potion magique, ça s’inscrit dans un accompagnement au long cours.
 
Que faire face aux abus, y compris sexuels, dans les Églises? L’arme numéro un contre la perversion est la parole de vérité. Donc il faut commencer par croire la victime, car ça l’aide à mettre des mots sur son vécu. Elle s’écrit alors: «Enfin quelqu’un qui me croit!» Tout le travail qui est fait actuellement pour faire éclater la vérité devant la justice est excellent. Il faut aussi aider les personnes victimes à mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu et portent souvent encore en elles-mêmes.
 
Quelle est, au fond, la conviction qui vous anime le plus? Que rien n’est jamais fichu! C’est le message biblique de A à Z. Autant pour les victimes que pour les personnes perverses. Voyez l’autre malfaiteur sur la croix. Il a probablement tué. On est au cœur de la perversion: nier l’altérité jusqu’au meurtre. Or, si ce pervers-là a pu être «aujourd’hui» au paradis avec Jésus (car c’est le paradis que d’être avec Jésus), alors tous les espoirs sont permis. On ne sait jamais quels revirements de dernière minute des personnes perverses peuvent vivre sur leur lit de mort. Bien sûr, certaines expirent dans le désespoir le plus absolu, comme Hitler. Mais les autres? On ne sait pas. L’Esprit saint fait ce qu’il veut! Au final, la perversion n’aura pas le dernier mot. Il existe une vie plus forte que toute destruction. Celle de Pâques

 

fÉlix ou le livre des merveilles

Raymond lulle

Edition Du Rocher

 2000

Ce roman philosophique traduit et préfacé par Patrick GIFREU, nous conte l’histoire de FELIX qui est envoyé en voyage à travers le monde par son père, afin d’évaluer la distance qui sépare la doctrine reçue lors de son éducation avec la réalité du monde.

 

 Il sera confronté à toute une cosmogonie céleste mais également à l’injustice.

 

C’est un voyage initiatique.

 

FEMMES EN QUÊTE D’ABSOLU  -  ANTHOLOGIE DE LA MYSTIQUE AU FḖMININ

 Audrey  Fella

Edition  Albin Michel

 2016

Y- a-t-il une spiritualité spécifiquement féminine ? Dans la mesure où l'expérience mystique est souvent décrite comme des " noces " avec le divin, on est tenté de dire que la féminité représente la voie religieuse par excellence. De fait, les femmes mystiques des grandes traditions religieuses, qu'elles aient été des figures marginales vis-à-vis des institutions ou qu'elles aient joué au contraire un rôle fort dans l'Eglise de leur temps, ont livré à l'humanité un trésor sans pareil à travers leurs écrits. Leurs récits d'expériences extatiques ou visionnaires, où s'unissent l'intime et le sublime, ont peu d'équivalents du côté masculin.

 

Audrey Fella poursuit son œuvre sur le féminin et le sacré. Elle explore de nouveau l’expression de la mystique à travers le féminin et pose cette question : «Y a-t-il une spiritualité spécifiquement féminine ? Dans la mesure où l’expérience mystique est souvent décrite comme des « noces » avec le divin, on est tenté de dire que la féminité représente la voie religieuse par excellence.»

 

On pense bien évidemment d’emblée à Hildegarde de Bingen dont Audrey Fella est une spécialiste mais elles sont nombreuses ces femmes qui au cœur même des institutions des grands courants religieux ou à leur marge ont connu cette expérience d’union avec l’absolu.

 

« La mystique, précise Audrey Fella, concerne la possibilité pour l’âme humaine d’entrer en relation et d’intégrer Dieu, ou l’absolu. Précisons que cet absolu ne revêt pas toujours l’aspect d’un sujet ou d’une personne divine. L’expérience mystique n’est pas forcément une expérience théiste. Dans le bouddhisme ou le taoïsme par exemple, ni la vacuité, ni le Tao ne se laisse identifier à un Dieu suprême. Ainsi il existe des mystiques religieux et laïques, croyants, agnostiques et athées, qui ont cependant partagé une expérience commune : la conscience du Tout Autre, quelle que soit sa définition… »

 

Cette anthologie présente donc des parcours féminins très variés qui met en évidence la liberté infinie de l’esprit à se manifester en liberté quel que soit le contexte. Les portraits de plusieurs dizaines de femmes en quête d’absolu qui sont proposés au lecteur vont de Râbi‘a al-‘Adawiyya à Mâ Ananda Moyî, passant par Marguerite Porete, Rose de Lima, Lallâ, Diotime de Mantinée, Simone Weil, Liliane Silburn, Bernadette Soubirous Madame Guyon, Catherine Pozzi ou Edith Stein, parmi tant d’autres. Toutes les cultures, toutes les géographies et tous les temps sont présents, Occident et Orient.

Audrey Fella pose également la question d’une écriture mystique au féminin. Il existe une transmission féminine, orale ou/et écrite. « On peut parler aujourd’hui, nous dit-elle, d’une tradition de l’écriture féminine spirituelle. » Elle remarque que si certaine tradition ont privilégié l’oralité, ou si les femmes ont été parfois interdites d’enseigner et condamnées au silence, « la mystique affective au Moyen Âge est allée de pair avec un développement de l’écrit, souvent commandé et supervisé par un directeur de conscience ou un confesseur. »

 

En effet, l’influence ou le contrôle masculin est souvent présent. Parfois souhaité par les femmes elles-mêmes, parfois pesant et contraignant. Cependant, souvent, le processus d’écriture, supervisé ou non, apparaît nécessaire pour la personne qui vit ces expériences bouleversantes :

 

«La relation autobiographique, unifiante, permet à l’évidence une relecture apaisante d’une destinée personnelle déstabilisée par l’irruption du Tout Autre. L’écriture prend ici la place d’un exercice d’auto discernement et de connaissance de soi, quelle que soit la nature du contrôle exercé par la suite.»

 

Récits autobiographiques, journaux intimes, correspondances, poésies, traités, commentaires, participent d’un vaste corpus mystique féminin. Les textes sans être forcément « littéraires » sont très souvent beaux et profonds. Audrey Fella dresse un portrait très synthétique de chacune de ces femmes exceptionnelles pour nous introduire à une sélection particulièrement choisie et significative de leurs textes.

 

Ce voyage en féminin sacré est aussi un magnifique périple vers la liberté.

 

Au sommaire de cet ouvrage, l’auteur nous parle des femmes suivantes :

 

Diotime de Mantinée   -  Macrine la jeune   -  Rabi’a al-Adawiyya   -  Yeshé Tsogyal  -  Cao Daochong   -  Machik Labdrön   -  Hidegarde de Bingen  -  Sun Bu’er   -  Elisabeth de Schonau  -   Akha Mahâbiyya  -   Hadewijch d’Anvers  -  Mechtilde de Magdebourg   -  Aisha al-Mannubiyya   -  Angèle de Foligno  -  Marguerite Porete   -  Lallâ  -  Julienne de Norwich  -  Catherine de Sienne  -  Camilla da Varano   -   Mirâ Bâi  -   Thérèse d’Avila  -  Rose de Lima  -   Marie des Vallées   -   Marie Guyart de l’Incarnation   -   Jeanne Deléloë   -   Claudine Moine   -   Jacqueline Pascal   -  Marguerite-Marie Alacoque   -  Madame Guyon   -   Véronique Giuliani   -    Marie de la Nativité   -   l’abandon à la Providence Divine   -   Caroline Von Günderode   -   Thérèse Couderc   -   Marie-Véronique du cœur de Jésus   -   Emily Dickinson   -   Bernadette Soubirous   -   Elisabeth Leseur   -   Louise-Marguerite Claret de la Touche   -   Thérèse de Lisieux    -   Isabelle Eberhardt   -   Lilian Staveley   -   Elizabeth de la Trinité   -   Catherine Pozzi   -   Raïssa Maritain    -   Marie Noel    -   Mireille Dupouey    -    Edith Stein     -   Mâ Ananda Moyi    -     Marie Skobtsov    -    Jeanne Schmitz - Rouly  -   Catherine d’Hueck Doherty   -   Dina Bélanger    -    Maria Valtorta   -   Camille C.    -   Adrienne Von Speyr   -   Maryse Choisy   -   Marie de la Trinité   -  Madeleine Delbrel   -   Marie Faustine   -     Malek Jân Ne’mati   -   Gitta Mallasz    -   Irina Tweedie   -   Lilian Silburn   -   Simone Weil   -  Mère Teresa de Calcutta    -   Etty Hillesum   -   Bernadette Roberts   -    Christiane Singer   -   Carolyn Carlson   -      Tatiana Goritchéva  - Lydie Dattas    -

 

FIN  MARS.   LES  HIRONDELLES

LUC-OLIVIER  D’ALGANGE

Edition  ARMA ARTIS

 2009

Luc-Olivier d’Algange est écrivain, poète et essayiste français, il est né en Mai 1955 à Göttingen en Allemagne. Son œuvre est marquée par la Tradition au sens guénonien, la gnose, le christianisme et le paganisme.

 

« Toute œuvre digne  que l’on s’y attarde, ressemble à la part immergée de l’iceberg : ce qu’elle dit n’est que le signe de ce qu’elle ne dit point. L’implicite est, plus généralement, le propre de la haute littérature, ce qui la distingue de l’information, des sciences humaines et du bavardage où ce qui n’est pas dit, vaut encore moins que ce qui est dit. Lorsque l’écrit s’élève au rang de la Parole, lorsque les pages sont comme la réverbération du Logos-Roi, le moindre scintillement témoigne du gouffre lumineux du Ciel. Ce qui est dit est comme soulevé par la puissance de ce qui n’est pas dit, comme le roulement de la vague accordée au magnétisme des marées ».  Luc. Olivier d’Algange

 

Cet ouvrage comporte des commentaires de l’auteur sur les 12 thèmes suivants :

 

1 / Joseph Joubert : Fin Mars. Les hirondelles

2/ Ce Printemps d’Aquitaine. Notes sur l’œuvre d’Henry Montaigu

3/ René Guénon, écrivain et métaphysicien français. L’œuvre de R.G parait décisive dès lors que l’on comprend enfin l’interdépendance du symbole et de la métaphysique.

4/ Hommage à Gustave Thibon.

5/ Le songe impérial de Dominique de Roux.

6/ Nicolas Gomez Davila ou les « droits de l’âme ». « Les deux ailes de l’intelligence sont l’érudition et l’amour » N.G.D

7/ André Suarez, une vision paraclétique. Lucere et ardere, perfectum est.

8/ Cicindèles. Notes sur l’œuvre d’Ernst Jünger.

9/ « Clavis hermeneutica ». Notes sur Henry Corbin.

10/ « Le voyage en Dieu ». Notes sur le livre de l’Homme Parfait d’Azîzoddîn Nasafî.

11/ L’envers de la vague. Notes sur l’œuvre de Julien Gracq.

12/ Le voyage intérieur. Voyage herméneutique et ses différentes étapes.

  

FRANCIS BACONLA  NOUVELLE  ATLANTIDE

FRANCIS  BACON

EDITION   FLAMMARION

 1995

Francis Bacon (1560-1626), philosophe, alchimiste et homme politique, auteur de : Du Progrès et de la promotion des savoirs, et du Novum Organum, laissa à sa mort  une Atlantide inachevée, que son chapelain s’empressa de publier.

 

La Nouvelle Atlantide : C’est le rêve d’une société par et pour la science ; le premier tracé utopique de ce qu’on nommera plus tard l’Etat-Providence ; une île des mers du Sud où se combinent les souvenirs de l’Ancien Testament et le projet d’une épistémologie neuve que Bacon cherchait à promouvoir ; une description de parcs zoologiques qui semble inaugurer la science-fiction (Jurassic Park) ; une fête de la Famille où l’on vénère un père prolifique tandis que la mère reste cachée…

 

Le philosophe qui avait pensé une organisation collective de la recherche en déclinerait ici les attendus éthiques, politiques et surtout imaginaires. La capitale de cette île idéale s’appelle Bensalem, et que l’on peut appeler « Île de la découverte »,  en dehors des passages sur l’Ancien et le nouveau Testament et la façon dont les habitants sont devenus chrétiens, aucun conflit entre ses habitants ou ceux des autres îles n’est envisagé, ce qui fait de cette histoire un roman utopique pacifique.

 

FRANCIS  BACON,  L’HUMANISTE, LE MAGICIEN ET L’INGÉNIEUR

MICKAEL  POPELARD

EDITION   PUF

 2010

On a parfois décrit Francis Bacon (1560-1626) comme un « attardé », comme un penseur d’arrière garde qui n’aurait pas pris la pleine mesure de la révolution scientifique qui se jouait sous ses yeux. En réalité, en puisant dans l’héritage intellectuel de la Renaissance anglaise, et en réalisant la synthèse du courant humaniste, de la tradition magique et du débat autour des « arts mécaniques », Bacon propose une idée nouvelle de la science et de son rôle pour l’homme.

 

Si l’ensemble de son œuvre philosophique vise à ouvrir la voie à une science nouvelle qui ne se perde plus en vaines conjectures mais permette de découvrir les lois véritables de la nature et de produire des œuvres qui profitent à l’humanité tout entière, c’est peut-être dans la Nouvelle Atlantide que l’idée baconienne de la science trouve son expression la plus efficace et la plus originale. Car F. Bacon ne se contente pas d’y reprendre les thèmes qui traversent toute son œuvre : véritable appel à l’action, la Nouvelle Atlantide donne à voir ce que pourrait être cette science féconde, utile et salvatrice qu’il entend fonder.

 

Au sommaire de ce livre, est développé :

 

Pourquoi F. Bacon est il un humaniste, un magicien, un alchimiste et un ingénieur, avec une explication sur la Science et l’Humanisme en Angleterre  vers les années 1550. Deux exemples de savants humanistes : Thomas Linacre et Thomas Harriot. Francis Bacon mécanicien avec la science, la pratique et la théorie en Angleterre avant 1550 et après 1550. Le monde des métiers, les savants et les magiciens à l’époque de la révolution scientifique. La place de la magie dans la culture élisabéthaine et jacobéenne. Le rôle et le statut de Francis Bacon en tant que savant, alchimiste et ésotériste. Le voyage de sa Nouvelle Atlantide, avec ses expériences, son utopie et sa place dans la science.

Michael Popelard est maître de conférences en études anglophones à l’Université de Caen.

 

FRANCOIS MALAVAL ET LA CONTEMPLATION DE LA « DIVINE TÉNÈBRE »

J.M. VIVENZA  

Edition ARMA ARTIS 

 2003

Ecrivain, poète et ésotériste, François  Malaval naquit à Marseille en 1627. Jeune Aveugle, il apprit à développer ses sens et ses dons intellectuels ; il médita les écrits anciens et toucha à la contemplation mystique. Entraîné dans la querelle Quiétiste, il en tira de l’amertume et se réfugia dans son obscurité intérieure au plus profond de la lumineuse nuit de la « divine Ténèbre ». Il nous parle de sa Mission transcendante, de l’indicible mystère, du crée et de l’incréé et surtout des techniques de contemplation.

 

La ténèbre divine est cette lumière inaccessible où il est dit que Dieu habite. Bien qu’elle soit invisible, en raison de ses splendeurs éblouissantes, et inabordable, à cause de l’abondance de sa surnaturelle clarté, néanmoins quiconque a mérité de voir et de connaître Dieu repose en elle, et par cela même qu’il ne voit ni ne connaît, il est véritablement en Celui qui surpasse toute vue et toute connaissance ; il sait seulement que ce Dieu s’élève par-delà le monde matériel et intelligible, et il répète avec le prophète : « Votre science est trop merveilleuse pour moi, et elle dépasse tant mes forces que je n’y saurais atteindre » ( Ps 138,6 ). C’est en ce sens qu’on dit du divin Paul qu’il a connu Dieu, parce qu’il a su que Dieu échappe à toute pensée et à toute science. C’est pourquoi il proclame que ses voies sont impénétrables et ses jugements incompréhensibles que ses dons sont ineffables et que sa paix surpasse tout entendement (cf. Phil 4, 7) ; car il avait trouvé celui qui est supérieur à tout et il savait d’une science transcendante que Dieu, auteur de toutes choses, est aussi pardessus toutes choses.

 

françois schlatter – l’homme aux 100 000 guÉrisons

Gil alonso

Edition  ARQA

 2006

Après plus de trois années de recherches en France et aux USA, Gil Alonso-Mier nous propose la première biographie en langue française consacrée à François Schlatter, le plus grand thaumaturge de son temps.

 

Monsieur Philippe de Lyon connaissait certainement l’existence de François Schlatter aux USA et Papus, entre autres, consacra au guérisseur un article de référence sur François Schlatter dans le journal « L’Initiation ».

 

Gil Alonso-Mier en chercheur consciencieux et érudit nous livre là une somme considérable, un livre absolument remarquable de justesse avec des dizaines de documents inédits publiés pour la première fois, textes et correspondances de témoins directs retrouvés par l’auteur, de très nombreuses images d’archives inédites provenant du fonds personnel de l’auteur, plusieurs centaines de notes biobibliographiques en annexes du livre et plus de 60 photographies dans le texte pour illustrer cet ouvrage exceptionnel, qui restera comme un livre en deux tomes indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à la Mystique Chrétienne et à ses Bergers.

SON DESTIN, SA VIE & SA MORT DEMEURENT UN MYSTERE.

 

FREITAS  -   515 -   LE LIEU DU MIROIR - Art et numérologie

Lima de Freitas

Edition  Rafael de Surtis

 1993 

En partant du mystérieux « 515 », nombre de l’envoyé de Dieu, que Dante fait dire à Béatrice dans la Divine Comédie, l’auteur engage une enquête fascinante à travers les traditions pythagoriciennes et kabbalistiques dans l’art et dans la pensée traditionnelle. Il nous fait découvrir les traces secrètes de ce nombre pentagonal, tant dans l’iconographie égyptienne que dans les vitraux et gravures du Moyen Âge chrétien, certains chefs d’œuvre célèbres tels que « la mélancolia » d’Albrecht Dürer ou les précieux panneaux du triptyque du Maître portugais du XVe siècle, Nuno Gonçalves.

 

Dans sa préface, Gilbert Durand écrit de ce « maître livre » qu’il n’est pourtant pas seulement une étude savante sur un mystère artistique et littéraire, circonscrit quoique passionnant, mais une « minutieuse analyse » se plaçant à la tête d’une triple « avant-garde » : celle d’une science de pointe, celle d’une réflexion métaphysique et théophanique et celle, enfin, d’une sérieuse reprise en mains, de savoirs traditionnels tels que la numérologie, l’alchimie, l’astrologie etc.

 

La triple rigueur de ce livre contribuera sans doute à cette démystification au deuxième degré, »cœur de notre modernité la plus urgente »… tant il est vrai, pour reprendre le mot de Mircea Eliade, que la mystification a, elle aussi, radicalement changé de sens, et qu’il faut maintenant se méfier des démystifications si mystifiantes des modernismes du siècle passé.

 

Le titre du présent ouvrage est inspiré  d’une citation d’Henry Corbin, placé en point d’orgue, et précédé  curieusement d’un chiffre 515 et d’un titre littéral : le lieu du miroir, ce titre ne révèle sa cohérence rigoureuse que si l’on suit, ligne par ligne, la passionnante progression de cette recherche, partie du chiffre 515, attribué au Messo di Dio par Dante, au dernier chant du Purgatoire et parvenant à l’ultime citation d’Henry Corbin : « La divinité est dans l’humanité comme l’image dans un miroir. Le lieu de cette présence est la conscience de l’individu croyant, ou plus exactement l’imagination théophanique investie en lui » 

 

Les 14 chapitres de cette quête fascinante, déploient avec une rare érudition et une sureté d’information, la progression herméneutique qui, partie d’une date : 1515, va se rapprocher du fameux chiffre du Messo di Dio : 515. Tout cela passera par des considérations méthodologiques où sont étudiés et hiérarchisés le langage littéral et celui du chiffre numérologique, se référent alors à la kabbale juive, à son correctif par Raymond Abellio, Ananda K. Coomaraswamy et d’autres.

 

Après avoir dégagé la symbologie du 5 et des pentagrammes, s’appuyant sur des travaux de M. L. Von Franz, l’auteur décrypte le 515 et son rapport avec les mensurations angulaires du triangle lumineux (108° et 2 x 36°), du triangle de Pythagore et  la vision d’Ezéchiel.

 

Dans le chapitre 8, l’auteur revient sur le sens donné par les traditions – rosicrucienne, juive, hellénique, indienne, shiite, portugaise etc. – de cet archétype du reflet dans les eaux inférieures. Dans le chapitre suivant, on nous montre comment le mystérieux Veltro (le lévrier) de l’Enfer de Dante est  lié sémantiquement à la constellation du chien, à l’étoile Sirius, ainsi qu’au sixième ciel, celui de Jupiter, du Paradis où Dante élucide le mystère du Messo di Dio.

 

Le chapitre 11 est consacré aux apparitions du Christ à la Vierge avec des analogies sémantiques entre le chiffre 515 et les diverses phases de ces apparitions. Il y est question du prophète Elie, du Paraclet et de ses symboles que l’on retrouve dans l’histoire du Portugal et diverses œuvres attribuées à Nuno Gonçalves.

 

Le dernier chapitre « le cristal impossible », relie les symétries pentagonales, qui fondent la numérologie du 515, aux découvertes les plus récentes de la science de la matière et de la cristallographie. Les fractals sont invitées avec les diverses théories de Penrose sur la structure pentagonale de l’univers. Lima de Freitas fut un découvreur et un précurseur dans beaucoup de domaines ésotériques, ses talents de peintre lui ont fait mettre dans ses toiles ses idées métaphysiques et mythiques confirmant sa triple démarche : Une science de pointe, en aval de la mécanique quantique, une réflexion métaphysique et théophanique rejoignant les théories d’Henry Corbin, enfin une réaffirmation forte des savoirs traditionnels souvent oubliés ou mis à l’écart, comme l’astronomie, l’astrologie, l’alchimie, l’herméneutique, les tarots, la numérologie et bien d’autres.

 

Au sommaire de cet important ouvrage :

La date de 1515 sur un tableau de Madre-de-Deus.    Le Messo di Dio

Langage, chiffre et hermétisme.    Le reflet dans les eaux

Le DVX selon Benini et la filiation templière de Dante

Approches de la symbolique du 5.   Géométrie et numérologie du 515.

Le triangle de Pythagore et la vision d’Ezéchiel.     Le Veltro

Le polyèdre de la Mélancolia.    Un vol de mille colombes.

Le thème de l’apparition du Christ à la Vierge. 

La face du Paraclet et le cristal impossible, l’ordre et le chaos

 

FREITAS -   ÉGLISES, ARTS, ÉSOTÉRISME

Lima de Freitas 

Edition  Rafael de Surtis  

 2011

Lima de Freitas s’appuie sur des réflexions de Jung sur Dieu, sur l’extase chez Saint Bonaventure, en glosant Ezéchiel et les commentaires cabalistiques sur le « chariot » ou Merkaba. Il s’interroge sur le sens du mot religion, en rappelant des définitions du philosophe contemporain Michel Cazenave, et les travaux sur le sacré de Schleiermacher et Rudolf Otto, avant de s’appuyer sur Mircea Eliade et son livre fondateur « le sacré et le profane ». Lima de Freitas recourt aussi aux croyances des tribus amérindiennes et au chamanisme, phénomène quasi planétaire.

 

Il insiste sur la nécessité « de ne pas oublier le coté ésotérique des choses » des religions et des diverses voies initiatiques ou de réflexions. Pour cela il ne fait que reprendre les paroles de Clément d’Alexandrie, saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem.

 

Le peintre qu’il est, n’oublie pas les Arts et se fonde sur Ouspensky et Andrei Tarkovsky, non sans rappeler l’importance des travaux de notre regretté frère Gilbert Durant touchant à l’imaginaire.

 

FREITAS  -   LE BUISSON ARDENT

Lima de Freitas

Edition  Rafael de Surtis

 2011 

L’auteur, mort  en 1998, est, selon la présentation de Rémi Boyer, un « artiste majeur de la seconde partie du XXe siècle, et l’un des grands penseurs du Sébastianisme ». Rappelons aux lecteurs que la mort tragique du roi Sébastien du Portugal (1554-1578) en combattant les Maures, a suscité une grande émotion, et qu’un mouvement mystico-politique, appelé « Sébastianisme » a rêvé d’un « retour » du roi disparu, et de l’instauration d’un cinquième Empire. Il existe, notamment, une « société d’études er de recherches sur le cinquième Empire », qui publie des « cahiers de Lima de Freitas ».

 

« Le buisson ardent », en fait, devrait s’intituler « Les buissons ardents », puisque dans ce texte qui clôt ce petit ouvrage, l’auteur établit une comparaison entre les visions de Moïse sur le mont Sinaï, lorsqu’il reçut de Dieu les tables de la Loi, et un mythe de l’origine du feu chez les indiens Syaias de l’Amazonie brésilienne. Le héros de ce mythe, Kumaphriri le cadet, meurt et renaît, tel le phénix, et un vautour lui confie un brandon.

Dès lors, il possède le feu, tel Prométhée. L’analogie avec le Buisson ardent de la Bible est ainsi établie, très poétiquement par l’auteur. Dans la préface qu’a faite Rémi Boyer, il a repris un article qui est paru dans Historia Occultae N° 2, où il raconte sa rencontre avec Lima de Freitas juste avant sa mort. Il y insiste sur sa conviction qu’il existe au Portugal un « dépôt traditionnel de première importance » dont témoignerait le « triangle prophétique » constitué par trois écrivains que sont : Lima de Freitas, Fernando Pessoa et Agostino de Silva. On trouve dans cette préface des commentaires   sur les mots « initiatio et telete », également sur le « renoncement à l’imitatio et l’inventio ». 2 tableaux du peintre qu’était Lima, agrémentent cet ouvrage.

 

Lima de Freitas est une grande figure de la peinture et de l’hermétisme de la seconde partie du XXe siècle, mais son œuvre, universelle, imaginale, libertaire et prophétique, est révélatrice d’un futur toujours présent, ancré dans la tradition lusitanienne, qui trouvera toute sa place dans le monde qui approche. Son message, à l’intemporalité certaine, sait s’habiller des vêtements du temps pour conduire à l’essentiel.

 

FREITAS  -  LE FEU DU CIEL

Lima de Freitas 

Edition  Rafael de Surtis

 2012

Le feu du ciel est un texte fondamental qui vient renforcer et étendre la portée initiale, déjà d’une grande puissance, de son ouvrage essentiel « 515, le lieu du miroir ». Il reprend notamment nombre de points clés identifiés lors de ses échanges épistolaires avec Gilbert Durand.

 

De cette « correspondance imaginale » vont en effet jaillir des révélations aux portées cosmogoniques et alchimiques considérables. Plus encore, le Feu du ciel, porte des clés hermétistes nombreuses, universelles, qui font lien entre les enseignements traditionnels que nous avons connus ces 20 dernières années, particulièrement dans le domaine des alchimies internes, que celles-ci empruntent les habits de l’Occident ou ceux de l’Orient.

 

Au sommaire de ce puissant petit livre :

 

Chapitre 1 : Le nombre et le sens. « Le dieu Agni a gravi les cimes du ciel et en s’affranchissant du péché il nous a affranchis de la malédiction » (Atharva Veda 12,2)

Chapitre 2 : Eros, le héros et le cinq « Le feu de l’enfer est la lumière divine telle que la ressentent ceux qui la refusent » (Ste Catherine de Sienne)

Chapitre 3 : Le mystère du 515. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit, ne t’étonne pas que je te dise : Vous devez naître d’en haut (Evangile selon Jean III, 6-7)

Chapitre 4 : Le nombre du feu céleste. «  Brahma est identique au feu (Bhagavad-Gita, 4,25)

Chapitre 5 : L’Unus Mundus. «  La coopération du raisonnement conscient avec les données de l’inconscient s’appelle la « fonction transcendantale ». Cette fonction réunit progressivement les opposés. La psychothérapie s’en sert pour guérir les dissociations névrotiques, mais cette fonction servait déjà comme base à la méthode de la philosophie hermétique depuis 17 siècles. (C.G. Jung)

Chapitre 6 : Le triangle de feu. « ces modèles techniques du rythme circulaire, structurés par l’engramme du geste sexuel, vont peu à peu se libérer du schème de l’éternel recommencement pour rejoindre une signification messianique : celle de la production du Fils, dont le feu est un prototype. (Gilbert Durand)

Chapitre 7 : La lettre perdue. «  Ô flamme d’amour, vive flamme, qui me blesses si tendrement au plus profond centre de l’âme ! Tu n’es plus amère à présent, achève donc, si tu veux : rompt enfin le tissu de cet assaut si doux ! Ô cautère vraiment suave ! Ô plaie toute délicieuse ! Ô douce main… (St Jean de la Croix)

Chapitre 8 : Le feu dans le Buisson. «Il entre en tous les êtres, l’oiseau migrateur, et se fait présent en eux, tel le feu dans le bois que l’on frotte…Il est l’oiseau suprême, resplendissant de la lumière de dix millions de soleils et par qui toutes choses ont été pénétrées… Savoir cela, c’est vaincre la mort. (Hamsha Upanishad)

Chapitre 9 : Le double cinq et le doigt de Dieu. « L’homme est feu. Sa loi, comme celle de tous les feux est de dissoudre son enveloppe et de s’unir à la source dont il est séparé (Louis Claude de Saint Martin)

 

FRITHJOF SCHUON - CASTES & RACES

Frithjof Schuon

Edition ARCHÉ 

 1979

Ce métaphysicien contemporain de R. Guénon, nous donne ici sa version sur le sens des castes et des races, surtout en Inde, mais explique également cette noblesse en Occident.
« La caste prime la race, parce que l’esprit l’emporte sur la forme : la race est une forme, la caste un esprit. Même les castes hindoues, qui, à l’origine étaient purement indo-européennes, ne peuvent se limiter à une race : il y a des brahmanes tamouls, balinais, siamois, pourtant, il est impossible d’admettre que les races ne signifient rien en dehors de leurs caractères physiques, car s’il est vrai que les contraintes formelles n’ont rien d’absolu, les formes n’en doivent pas moins avoir une raison suffisantes ; si les races ne sont pas des castes, elles doivent néanmoins correspondre à des différences humaines d’un autre ordre »

Voici la définition du sacré d’après F. Schuon : « Le sacré est l’interférence de l’incréé dans le créé, de l’éternel dans le temps, de l’infini dans l’espace ; c’est l’introduction mystérieuse, dans un domaine d’existence, d’une présence qui en réalité contient et dépasse ce domaine et pourrait le faire éclater par une sorte d’explosion divine. Le sacré est l’incommensurable, le transcendant, caché dans une forme fragile de ce monde ; il a ses règles précises, ses aspects terribles, et ses vertus de miséricorde ; aussi la violation du sacré, et ne serait-ce que dans l’art, a-t-elle des répercutions incalculables. Le sacré est intrinsèquement inviolable. »

Comme toutes les institutions sacrées, le système des castes repose sur la nature des choses ou sur un aspect de celle-ci, donc sur une réalité qui ne peut pas ne point se manifester dans certaines conditions ; la même remarque vaut pour l’aspect opposé, celui de l’égalité des hommes devant Dieu.

En somme, pour justifier le système des castes, il suffit de poser la question suivante : la diversité des qualifications et l’hérédité existent-elles ? Si oui le système des castes est possible et légitime. Il en est de même pour l’absence des castes, là où elle s’impose traditionnellement : les hommes sont-ils égaux, non seulement du point de vue de l’animalité, qui n’est pas en cause, mais au point de vue de leurs fins dernières ? C’est certain, car tout homme a une âme immortelle ; cette considération peut donc l’emporter sur celle de la diversité des qualifications. L’immortalité de l’âme est le postulat de « l’égalitarisme » religieux, comme le caractère quasi divin de l’intellect et partant de l’élite intellectuelle est le postulat du système des castes.

 

FRITHJOF SCHUON - FORME ET SUBSTANCE DANS LES RELIGIONS

Frithjof Schuon

Edition Dervy

 1975

Cet ouvrage offre au lecteur une doctrine essentielle, intégrale, homogène et suffisante, une philosophie ou une théosophie. L’auteur y expose sa vue et sa vérité et sur la Philosophia Perrenis.

A priori ou exotériquement, l’élément Vérité dans le Christianisme, est l’axiome que le Christ est Dieu, et que seul le Christ est Dieu, mais a postériori ou ésotériquement, la Vérité christique signifie d’une part que toute manifestation de l’Absolu est identique à l’Absolu, et d’autre part que cette manifestation est à la fois transcendante et immanente.

Transcendante par le fait que le Christ est au dessus de nous, Immanente par le fait que nous acceptons l’idée que le Christ est en nous, ainsi elle est le cœur qui est à la fois intellect et Amour, entrer dans le cœur c’est entrer dans le Christ et inversement.

Au sommaire de cet ouvrage :

Vérité et Présence - Forme et substance dans les religions - Atmâ-Mâyâ - Les cinq présences divines - La croix « temps espace » dans l’onomatologie coranique - Quelques aperçus sur le phénomène mahammédien - la message coranique de Seyyidnâ Aïssâ - la doctrine virginale - Synthèse des Pâramitâs - Note sur l’élément féminin dans le Mahâyâna - le mystère des deux natures - la question des théodicées - quelques difficultés des textes sacrés - Paradoxes de l’expression spirituelle - la marge humaine - Remarques sur le problème eschatologique - les deux Paradis -

 

FRITHJOF SCHUON.      LES DOSSIERS   H

 Divers intervenants

Edition L’âge d’homme  -      Lausanne

 2002

L’œuvre de Frithjof Schuon demeure relativement mal connu en Europe. Né en 1907, à l’aube d’un siècle marqué par la fin de ce qui pouvait encore demeurer du vieil ordre européen, Frithjof  Schuon élabora son œuvre en marge des courants de pensée dominants de la modernité. Il s’est éteint en 1998, au terme d’un siècle, qui vit l’alternance d’une solidification matérialiste sans égale et d’une exagération et exaspération de la dissolution psychique d’un monde désorienté. L’œuvre de F. Schuon est l’expression du développement et de l’affinement conceptuel d’une conscience métaphysique qui ne doit rien aux conditionnements historiques de la modernité et qui constitue le « génie » propre d’un grand Maître de sagesse.

 

L’œuvre de Schuon est presque immanquablement situé dans le sillage de celle de René Guénon, elle s’abreuve aux mêmes principes fondamentaux que sont : la primauté épistémologique de l’intellect transrationnel, l’universalité de l’ésotérisme et du symbolisme, l’intégrité traditionnelle et la critique du monde moderne. Pourtant s’écartant  de certains aspects de l’œuvre de René Guénon, Schuon évite de toujours durcir les oppositions de principe et se garde de fournir des applications par trop unilatérales de la sapience et de la tradition.

 

L’objectif de cet ouvrage important est de contribuer à faire mieux connaitre la pensée de ce Maître de métaphysique et de ce grand écrivain ; la diversité des contributions ici rassemblées suffit à suggérer l’ampleur de son œuvre, son œuvre beaucoup plus connu en Amérique et en Asie, est également ici racontée.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Etudes : J. B. Aymard : Un portrait spirituel

Martin Lings : Frithjof Schuon et René Guénon

Jean Biès : F. Schuon et la primordialité hindoue

Jean Hanni : Hommage à F. Schuon

James Cutsinger : La Vierge

Patrick Laude : L’esthétique métaphysique et spirituelle de Frithjof Schuon

Michel Clermont : Frithjof Schuon et la métaphysique du langage

Jean Marc Vivenza : Logique et métaphysique dans la pensée de Frithjof Schuon

Seyyed Hossein Nasr : Quelques aspects de l’œuvre de F. Schuon

Jean Moncelon : Louis Massignon et Frithjof Schuon, une rencontre posthume

Reza Shah-Kazemi : Frithjof Schuon et la prière

Jeanne-Marie Gervy : A propos de Trésors du Bouddhisme

Mark Perry : La compassion intellective

Agustin Lopez Tobajas : Quelques traits distinctifs de l’œuvre de F. Schuon dans le contexte de « l’école traditionnelle »

Mateus d’Azevedo : Frithjof Schuon et les grandes figures spirituelles du XXe siècle

Jean-Paul Lippi : Le seing de Dieu au corps de l’autre

Olivier Dard : Paradoxes et masques de la misosophie

François Chenique : Actualité et métaphysique de l’unité transcendante des religions

Prolongements : Harry Oldmeadow : Mélodies de l’au-delà

Huston Smith : Deux traditions et la philosophie

William Stoddart : Le palamitisme de Vladimir Lossky à la lumière de Frithjof Schuon

Algis Uzdavinys : Approches de la philosophie, de la théologie et de la métaphysique : F. Schuon et la tradition néo-platonicienne

Christian J. Guyonvarc’h : Castes, classes et fonction

Lynna Dhanani : La voie de connaissance jaïn

Témoignages : Catherine Schuon : souvenirs et anecdotes  de F. Schuon

Hans Kury : Les jeunes gens dans la caverne : première rencontre

John Murray : Le Maître de primordialité

Mahmoud Bina : Le sceau des sages

Thomas Yellowtail : Hommage d’un ami indien

Jean-Louis Michon : Témoignage d’un disciple

Inédits et correspondances diverses et variées : Des lettres de René Guénon, de Titus Burckhardt,  de Martin Lings et de J. Pierre Laurent

Sa vie, son œuvre, sa démarche, sa philosophie, et ses amitiés sont ici racontées et répertoriées. Un ouvrage complet.

 

FRITHJOF SCHUON - L’ŒIL DU CŒUR

Frithjof Schuon

Edition Dervy

 1974

Considérons la fonction de l’Œil du cœur, au sens habituel de cette expression, en partant de l’œil corporel comme terme de comparaison : nous dirons alors que l’œil corporel voit l’aspect relatif, brisé pour ainsi dire, de Dieu, tandis que l’Œil du cœur s’identifie à Lui par la pureté de sa vision ; l’œil corporel est brisé lui-même par sa bipolarisation qui l’adapte à la perception, c'est-à-dire à la connaissance du manifesté comme tel, la manifestation procédant à son tour de la bipolarisation principielle de l’Être en Verbe ; l’œil du cœur par contre est unique et central, comme la Face divine qui est sa vision éternelle, et qui, étant au-delà de toute détermination, est aussi au-delà de toute dualité. Le cœur se trouve ainsi situé entre deux visions de Dieu.

La méditation contrairement à ce que l’on croit, ne possède point la vertu de provoquer des illuminations, son but étant d’éloigner les obstacles intérieurs qui s’opposent à la recherche de la connaissance, non pas nouvelle mais préexistante et innée et dont il s’agira de prendre conscience ; la méditation est donc comparable à une ouverture que l’on pratiquerait dans le mur d’une chambre obscure afin de laisser passer la lumière, lumière qui préexiste au dehors et non l’action de percer le mur.

L’homme est par définition un être pensant, et par conséquent, il ne peut pas considérer la pensée comme inutile, quelque puissent être ses intentions profondes, il doit donc nécessairement partir d’une pensée, non seulement pour les besoins de la vie extérieure où la chose va de soi, mais même dans l’effort spirituel de dépasser le plan des limites mentales.

L’homme puisqu’il pense, doit consacrer cette faculté à la seule chose nécessaire, comme du reste tout autre facultés, car tout doit s’intégrer dans le spirituel ; qui pense pour le monde doit aussi penser pour Dieu, et cela est vrai pour toute activité fondamentale de l’être humain, puisque nous devons aller vers Dieu avec tout ce que nous sommes.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e partie : Métaphysique et cosmologie - L’œil du cœur - de la connaissance - En-Nur - Nirvana - des états posthumes -

2e partie : Formes de l’esprit - Christianisme et bouddhisme - le mystère du Bodhisattva - remarques élémentaires sur l’énigme du Koan - Aman, islam et Ihsân - Intellectualité et civilisation -

3e partie : Vie spirituelle - Des modes de la Réalisation spirituelle - microcosme et symbolisme - de l’oraison et de l’intégration des éléments psychiques - Transgression et purification - du sacrifice - le double écueil - de la méditation -

 

FRITHJOF SCHUON - PERSPECTIVES SPIRITUELLES ET FAITS HUMAINS

Frithjof Schuon

Edition Cahiers du sud 

 1953

Une chose est la connaissance métaphysique, autre chose est son actualisation dans le mental. Toute la science que le cerveau peut contenir n’est rien au regard de la Vérité, bien que cette science soit une richesse incommensurable au point de vue humain.

La connaissance métaphysique, elle, est comme un germe divin dans le cœur ; les pensées n’en sont que des lueurs infimes. L’empreinte de la Lumière divine dans les ténèbres humaines, le passage de l’Infini au fini, le contact entre l’Absolu et le contingent, c’est tout le mystère de l’intellection, de la Révélation, de l’avatâra. « Une doctrine métaphysique, est l’incarnation mentale d’une vérité universelle »

L’homme peut avoir la certitude métaphysique sans avoir la « foi », c'est-à-dire sans que cette certitude soit dans l’âme comme une présence toujours agissante. La certitude métaphysique, si elle suffit sur le terrain doctrinal, est loin de suffire sur le plan spirituel, où elle doit être complétée et vivifiée par la foi. La foi n’est pas autre chose que l’adhésion de tout notre être à la Vérité, que nous ayons de celle-ci une intuition directe ou une notion indirecte. C’est un abus de langage que de réduire la « foi » à la « croyance » ; c’est l’inverse qui est juste ; il faut faire de la croyance, ou de la connaissance théorique, une « foi » qui déplace les montagnes. Pour les apôtres il n’y avait pratiquement pas de différence entre l’idée et sa mise en valeur spirituelle ; ils ne séparaient pas la théorie de sa réalisation, d’où le terme « amour » pour partager et désigner toute conformité à la Vérité divine.

Trois grandes vertus sont fondamentales dans le cheminement spirituel : Véracité, Charité et Humilité. Ces vertus doivent pénétrer jusqu’à notre pensée, puisque celle-ci est un acte et quand la Vérité se manifeste elle ne peut le faire sans ces vertus. L’humilité, c’est se regarder soi-même dans l’état limitatif d’individuation ; c’est jeter son regard sur l’égo, la limite, le néant. La charité c’est regarder autour de soi : c’est voir Dieu dans le prochain, et s’y voir soi-même, non comme une limite, mais comme une créature de Dieu faite à son image, se soumettre et s’attacher à elle et se pénétrer de sa lumière implacable. Chacune de ces trois vertus doit se retrouver dans chaque autre vertu ; elles sont les critères les unes des autres.

L’auteur donne sa vision sur la quête spirituelle, ses vertus, l’Amour, la Connaissance, les obstacles à franchir, explications basées sur le Vedanta et l’islam.

Schuon va reprendre la notion guénonienne de « tradition primordiale », principalement dans ses livres des années 1940-1950, marqués par les thèmes et le vocabulaire de Guénon [1], tout en recourant régulièrement à l’adjectif « primordial » pour évoquer une réalité spirituelle originelle. À partir du début des années 1960, il va néanmoins délaisser l’expression de « tradition primordiale », pour préférer celle de « philosophia perennis », qu’il délaissera également par la suite, puis principalement celles de sophia perennis et de religio perennis, qu’il emploiera jusque dans ses derniers livres. Pour Schuon, ces dernières expressions sont synonymes de gnose et d’ésotérisme

Par rapport à la perspective de Guénon (la tradition primordiale), la réinterprétation schuonienne de l’universalisme aboutit à une conséquence cruciale : la sophia / religio perennis n’exprime pas seulement l’unité de la tradition primordiale, elle entend rendre compte de l’unité du Verbe, révélateur de la tradition primordiale, et même du Sur-Être, c’est-à-dire du Principe suprême dont le Verbe est la première auto-détermination. Seul le plan purement divin, et non celui d’une tradition primordiale, est susceptible, selon Schuon, de résoudre entièrement les divergences entre les religions et entre certains ésotérismes. La tradition primordiale ne constitue qu’une universalité relative qui, bien que reflétant le Verbe, ne saurait exprimer l’unité ultime des archétypes divins des religions. De fait, Schuon ne conçoit pas d’abord l’apparition des traditions comme une série de réadaptations linéaires de la tradition primordiale, mais surtout et essentiellement comme des révélations directes du Verbe divin. Schuon situe ainsi les archétypes des religions dans le Verbe, considéré comme la source première et directe des religions historiques. La diversité des religions est ainsi préfigurée dans le Verbe, et leur apparition dans l’histoire constitue d’abord une révélation directe de l’Être divin et de l’un de ses archétypes, même si certaines traditions chamaniques sont issues de la spiritualité primordiale de l’âge d’or Il s’ensuit que l’unité des religions se situe d’abord, non point dans l’état et la tradition primordiaux comme l’affirme Guénon – et bien que celui-ci ait affirmé l’identité essentielle de la tradition primordiale et du Principe divin 

C’est donc en dépassant l’Être, en atteignant le Sur-Être, que l’Intellect peut percevoir l’unité ultime des religions, et une unité qui transcende la différenciation des archétypes des religions dans le Verbe. Schuon ne place pas seulement les divergences religieuses – doctrinales, rituelles, symboliques, etc. – sur le plan de la manifestation terrestre et historique des religions, mais affirme que ces divergences sont également préfigurées dans l’Intelligence divine. Il s’agit de sa thèse de la « marge humaine », par laquelle il veut rendre compte des facteurs humains, ethniques et culturels, qui affectent certains aspects plus ou moins secondaires de la religion donnée par Dieu, et qui accentuent encore les oppositions entre les religions. Or cette marge humaine, n’est pas seulement une problématique strictement humaine, elle trouve son origine profonde dans le Verbe divin. Pour Guénon, la tradition primordiale est la source aujourd’hui cachée et inexprimable des traditions historiques : elle se laisse percevoir à travers la convergence des symboles et des doctrines de toutes les traditions historiques, mais la tradition primordiale elle-même ne peut faire l’objet d’aucune reconstitution, laquelle aboutirait forcément, selon Guénon, à un syncrétisme artificiel. Schuon, en revanche, fait de la religio perennis une doctrine et une spiritualité précise et « opératoires ». Dès ses premiers livres, Schuon tendait à vouloir condenser en chacun un ensemble identique de thèmes métaphysiques et spirituels, mais exprimés chaque fois différemment. Or, à partir du début des années 1960 et de Comprendre l’Islam (1961), il a régulièrement repris l’idée d’une doctrine universelle et ésotérique, exprimable par deux principes : la distinction de l’Absolu et du relatif d’une part, l’attachement opératif et méthodique à l’Absolu d’autre part. Le premier principe fonde selon Schuon une métaphysique explicitant le rapport entre l’Absolu et l’existence, le second détermine une spiritualité essentielle qui réalise méthodiquement la vérité de l’Absolu.


Schuon va également introduire la notion d’un « ésotérisme en soi » ou d’un « ésotérisme absolu », inconnu dans l’oeuvre de Guénon, et qu’il va rendre solidaire de la sophia / religio perennis. Pour Guénon, chaque forme traditionnelle possède une dimension exotérique, caractérisée par un dogme, une morale et un rituel, et une dimension ésotérique ou initiatique, qui constitue l’aspect intérieur de la forme traditionnelle, et qui la rattache à la tradition primordiale et à une connaissance totale – la métaphysique. L’ésotérisme se manifeste différemment selon les traditions, les temps et les lieux : naturel en Inde, par exemple, il est nettement séparé de l’exotérisme dans l’islam, alors qu’en Chine le confucianisme et le taoïsme forment les versants respectivement exotérique et ésotérique de la tradition (cf. Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, 1921 / 1987, Schuon a repris cette conception, selon laquelle des doctrines métaphysiques ou ésotériques ont été plus ou moins directement manifestées par les formes traditionnelles historiques, et en particulier par les formes orientales (principalement, pour Guénon, le Védânta et le taoïsme). Toutefois, il va progressivement différencier plusieurs degrés de l’ésotérisme. Dans Castes et races (1957), il distingue, à propos de l’islam, quatre plans : premièrement l’exotérisme comme tel, deuxièmement la présence d’éléments ésotériques dans l’exotérisme, troisièmement la présence d’éléments exotériques dans l’ésotérisme, quatrièmement « “l’ésotérisme dans l’ésotérisme”, si l’on peut dire, qui n’est autre que la gnose dégagée, non de toute forme assurément, mais de tout formalisme intérieur et de tout absolutisme mythologique » Autrement dit, la sophia perennis, dont Schuon s’est voulu le porte-parole est présentée comme un ésotérisme quintessentiel et transhistorique : dégagé de toute interférence avec une perspective exotérique, libre aussi de la perspective confessionnelle attachée aux ésotérismes historiques, il constitue la doctrine suprême, pérenne et normative, susceptible d’éclairer, de l’intérieur. 


Ensuite, pour Schuon, comme pour Guénon, la connaissance est indissociable d’une réalisation spirituelle. Or, Schuon rend solidaire la métaphysique de la sophia perennis d’une spiritualité également quintessentielle. Cette spiritualité, de caractère ésotérique, est fondée sur la connaissance et l’actualisation de l’Intellect, non sur l’amour ou l’ascèse, et soumise à une méthode rigoureuse et précise. Elle est, écrit Schuon  la « religion du cœur » (religio cordis) : une religion intérieure, en connexion directe avec l’Avatâra, « Homme divin et Dieu humain » (Forme et substance dans les religions, p. 92), lequel est aussi l’Intellect, organe de la connaissance métaphysique, intuitive Or, cette spiritualité essentielle, plus ou moins libre d’une pratique exotérique (musulmane ou chrétienne), a pu s’imposer progressivement dans la confrérie soufie fondée par Schuon après son initiation en 1933, en Algérie, dans la tarîqa du cheikh al-Alâwï (1869-1934). Surtout depuis les années 1960, après que Schuon ait eu une vision de la Vierge sur un bateau en Méditerranée, il a imprimé une direction de plus en plus personnelle et universaliste à sa confrérie. Après son installation à Bloomington (Indiana) en 1980, le caractère soufi de son ordre s’effaça encore plus dans un ensemble de pratiques, plus ou moins anciennes (les Six Thèmes de méditation, « révélés » à Schuon en 1942) et nouvelles (vénération de la Vierge comme figure de la sophia perennis, pratique de rites indiens, rituels de nudité).

Au sommaire de cet ouvrage :

Pensées et civilisation - Esthétique et symbolisme dans l’art et la nature - Contours de l’esprit - Vedanta - Connaissance et amour - Des vertus spirituelles -

 

FRITHJOF SCHUONREGARDS SUR LES MONDES ANCIENS

Frithjof Schuon 

Edition Traditionnelles

1972 

Sur le plan extérieur, la religio perennis se trouve en rapport avec la nature vierge et du même coup avec la nudité primordiale, celle de la création, de la naissance, de la résurrection, ou celle du grand prêtre dans la saint des saints, de l’ermite au désert, du sanyasi hindou, du peau-rouge en prière silencieuse sur une montagne.

La nature inviolée est à la fois un vestige du Paradis terrestre et une préfiguration du Paradis Céleste ; les sanctuaires et les costumes différent, mais la nature vierge et le corps humain restent fidèles à l’unité première.

L’art sacré qui semble s’écarter de cette unité, ne fait au fond que restituer aux phénomènes naturels leurs messages divins, auxquels les hommes sont devenus insensibles ; dans l’art, la perspective d’amour tend vers le débordement, la profusion, tandis que la perspective de gnose tend vers la nature, la simplicité et le silence ; c’est l’opposition entre la richesse gothique et le dépouillement zen.

Mais ceci ne doit pas nous faire perdre de vue que les cadres ou modes extérieurs sont toujours choses contingentes, et que toutes les combinaisons et toutes les compensations sont possibles, d’autant que, dans la spiritualité, toutes les possibilités peuvent se refléter les unes dans les autres, suivant les modalités appropriées.

Une civilisation est intégrale et saine dans la mesure où elle se fonde sur le « religion invisible » ou « sous-jacente » la religio perennis ; c'est-à-dire qu’elle l’est dans la mesure où ses expressions ou ses formes laissent transparaitre l’informel et tendent vers l’ origine, véhiculant ainsi le souvenir d’un Paradis perdu, mais aussi, et à plus forte raison, le pressentiment d’une Béatitude intemporelle, car l’origine est à la fois en nous-même et devant nous ; le temps n’est qu’un mouvement spiroïdal autour d’un Centre immuable.

Au sommaire de cet ouvrage :

Regards sur les mondes anciens - Chute et déchéance - Dialogue entre Hellénistes et Chrétiens - Chamanisme peau-rouge - Sur les traces de Mâyâ - Propos sur la naïveté - L’homme dans l’univers - Universalité et actualité du monachisme - Clefs de la Bible - Religio Perennis

 

FROMAGET  -  DE L’ENFER INTROUVABLE A L’IMMORTALITḖ RETROUVḖE – LES FINS DERNIḔRES SELON LE CHRISTIANISME ORIGINEL

Michel Fromaget

Edition L’Harmattan

 2017

Le parti choisi par cet ouvrage, en vue de mettre à jour la manière dont Jésus-Christ, les évangélistes, les apôtres et les premiers Pères de l'Eglise comprenaient l'immortalité et la damnation a été de suivre le grand principe des sémioticiens qui leur intime de ne se fier qu'au texte. Avoir procédé ainsi permet d'affirmer que les soi-disant dogmes de l'enfer éternel et de l'immortalité naturelle de l'âme sont étrangers au christianisme originel. En cela, et en raison de l'ampleur de sa documentation scripturaire et historique, ce livre est aujourd'hui sans équivalent

 

Si l'enfer éternel existe, alors l'âme humaine est immortelle. Qu'est-ce que l'âme? Qu'est-ce que l'immortalité dans la conception chrétienne? Explication de Michel Fromaget, anthropologue. Un anthropologue pour nous dire si l'enfer éternel existe? S'intéresser à l'homme c'est se pencher sur les trois questions fondamentales que l'humanité se pose : D'où venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous? C'est cette dernière question et la façon qu'ont les hommes d'y répondre qui intéresse Michel Fromaget. Dans son livre "De l'enfer introuvable à l'immortalité retrouvée" (éd. L'Harmattan), il analyse la façon dont les évangélistes, les apôtres et les premières Pères de l'Église comprenaient l'immortalité et la damnation.

 

Alors d’où vient le dogme de l’enfer éternel ? Le mot "éternel" est la traduction de "aionios" en grec, lui-même traduit de l'hébreu "owlam". ​Ce terme désigne ce qui se développe dans toute sa puissance, dans toutes ses potentialités.

 

"La meilleure traduction, explique Michel Fromaget, est quelque chose de définitif." Ainsi, quand on parle de feu éternel, qui est l'image de l'enfer, "c'est un feu qui n'est pas éternel en existence, ce qui serait absolument hallucinant, on imagine Dieu éternellement en train de châtier, mais c'est grotesque !" L'anthropologue nous dit que "c'est un feu qui est éternel dans ses conséquences, c'est-à-dire définitif, on ne s'en relèvera pas." "Le dogme de l'enfer a pris consistance à la faveur de la croyance que l'âme humaine est immortelle par essence", explique Michel Fromaget. Or, ni le Christ, ni les premiers Pères de l'Église ne disent que l'homme est immortel par essence. Ils disent même que l'immortalité est conditionnelle, elle est à choisir. Comment en est-on arrivé au dogme de l'enfer éternel? C'est surtout à saint Augustin que l'on doit cette idée. Grand penseur chrétien particulièrement influencé par la philosophie grecque, Augustin d'Hippone (354-430) "ignorait tout de ce qu'ont dit les Pères avant lui" - ce dont est certain Michel Fromaget. Or chez les Grecs l'âme est par essence immortelle et la notion d'enfer très présente.

 

L’Homme ne naît pas immortel, il le devient- "Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre mort corporelle, à laquelle nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels." Comme l'exprime saint François d'Assise dans son Cantique des créatures, il y existe dans la conception chrétienne deux types de mort, la mort biologique et la mort spirituelle. L'anthropologue rappelle qu'aujourd'hui cette mort spirituelle paraît à nos contemporains symbolique, "mais autrefois il n'en allait pas du tout ainsi : c'est pour cela que Jésus insiste sans arrêt sur le thème de la mort qui nous guette et la nécessité de la métanoïa, de la transformation". Tout au long de son enseignement, en effet le Christ ne cesse de nous inviter à "renaître de l'eau et de l'Esprit" et à choisir la vie. "Qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie." (Jn 5, 24) "Il n'est pas question d'enfer" dans les paroles de Jésus, observe Michel Fromaget. Et "il ne dit absolument pas que tout homme est immortel". Jésus soumet l'immortalité à une condition : "qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé"... "Il s'agit d'une immortalité conditionnelle."

 

"L'être humain en son corps et en son âme a la possibilité, ça lui est offert par Dieu, de devenir immortel : c'est la naissance spirituelle", explique Michel Fromaget. Avant sa seconde naissance, "l'homme n'est pas immortel par nature". Avec le théologien et mystique Maurice Zundel on comprend que "s'ouvrir à l'esprit, dire oui à la vie, dire oui à l'amour, dire oui à la vérité, et s'immortaliser : tout cela c'est la même chose". Dans la Bible, on lit : "La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix." (Si 15, 16) Pour Michel Fromaget, "ça veut dire que l'homme est complètement libre de choisir la vie que lui propose Dieu, ou la mort, c'est-à-dire un anéantissement définitif : nous est proposée cette vie éternelle mais nous avons la possibilité de la refuser".

 

Il est nécessaire de bien comprendre que l'âme et l'esprit n'ont pas le même sens qu'on leur donne aujourd'hui. Chez saint Paul par exemple, ce que l'on a traduit par "âme" - anima en latin, psyché en grec - désigne l'intelligence, la pensée, le sentiment, le souvenir, l'imagination, la volonté, etc. Au fil du temps le mot "âme" a pris un sens religieux qu'il n'avait pas au début. À l'inverse, on a donné au mot "esprit" une connotation psychique. C'est notamment Descartes qui l'a vidé de son sens spirituel. Or l'esprit, selon la tradition chrétienne, et d'après les mystiques, c'est cette dimension de notre être la plus difficile à signifier. L'esprit c'est ce que les chrétiens appellent le royaume de Dieu. Ainsi l'homme naît avec un corps et une âme : le sens de sa vie est de développer son esprit. L'anthropologue parle de seconde naissance. Un thème qui revient sans cesse dans les paroles du Christ. "Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu." (Jn 3, 5) Comme l'explique Michel Fromaget, "l'esprit, dans la tradition biblique n'est que potentiel, pour exister il a à être mis en acte". Le sens de l'humanité c'est de devenir spirituel. Justin de Naplouse, philosophe chrétien du IIe siècle, écrit : "L'âme humaine ne doit pas être confondue avec la vie, elle participe de la vie mais elle devient véritablement vivante que grâce au souffle divin."

 

fromaget – dix essais sur la conception anthropologique « corps, Âme, esprit »

Michel Fromaget

Edition L’HARMATTAN

 2006

La civilisation occidentale a fait le choix, depuis le Second Moyen Âge, de concevoir l’être humain, et sa vie, selon un paradigme dualiste. Ce paradigme qui est une conception de l’homme, une image anthropologique fondamentale, est dualiste en ce qu’il affirme que l’homme est composé de deux « substances » seulement : le corps et l’âme, ce qui revient à dire que l’être humain n’a de réalité que physique et psychique. Ce paradigme est dualiste de deux manières. D’une part, en ce qu’il condamne l’homme à se concevoir et se vivre emprisonné dans les limites étroites de son moi et de sa personne et, d’autre part, en ce que, par là même, il l’éloigne et le coupe inexorablement, tant de son intériorité véritable que du monde extérieur, tant des animaux que des fleurs, tant des autres humains que de Dieu.


Cette conception fondamentale de l’homme tisse si étroitement nos vies, elle conditionne si profondément jusqu’à nos moindres pensées et nos moindres actes, elle nous semble si évidente et si conforme à la réalité, qu’il est extrêmement difficile d’apercevoir et de comprendre qu’elle est un simple postulat – donc qu’elle n’est par rien démontré – et que bien loin de dire la réalité de notre être et de notre vie, elle configure seulement cette réalité à ce qu’elle en dit.


Mais l’histoire des civilisations a connu et connaît encore des paradigmes anthropologiques non dualistes qui, au lieu d’enfermer l’individu dans le champ exigu d’une représentation partiale et injuste, au contraire l’en libèrent et l’aident ainsi à progresser vers l’achèvement auquel, de tout son être, il aspire.

Parmi ces conceptions anthropologiques non dualiste, pour des raisons tenant à l’anthropologie et à l’histoire, mais aussi, parce que, face au dualisme, il constitue sans doute pour l’homme moderne la seule et unique alternative, le paradigme tripartite « corps, âme, esprit » requiert une extrême attention.


Le propos des dix essais qui suivent, en approfondissant successivement différents aspects de ce paradigme, est de nous aider à le penser pour pouvoir mieux l’explorer. Ces essais ont été conçus à partir des textes repris et augmentés de dix conférences données entre 1992 et 1997. on pourra les considérer comme dix peintures d’un même paysage, mais regardé à des distances différentes, sous des angles différents et à différentes heures de la journée. Ou encore comme dix perspectives d’une même architecture autour de laquelle l’observateur monte et descend dans une progression en spirale. De là viennent l’unité et les recoupements, la diversité et les contrastes des textes qui suivent.


Tous les essais formant ce livre peuvent être lus indépendamment les uns des autres. Cependant, comme la plupart font référence à différentes notions fondamentales – telles celles d’image anthropologique primordiale, de dualisme anthropologique, de structure et de dynamique tripartites – qui sont exposées dans les deux premiers essais, il est préférable de lire ces deux là avant les autres.

Où il est question aussi de maître Eckhart, Jean de la Croix, de l’éveil spirituel, du psychisme, du moi, de l’individu, de la personne.

 

fromaget LA  DRACHME  PERDUE L’ANTHROPOLOGIE  «  CORPS, ÂME, ESPRIT »  EXPLIQUÉE.

MICHEL  FROMAGET

ÉDITIONS GRÉGORIENNES

 2010

Michel Fromaget reprend ici et enrichit considérablement une précédente version d’un ouvrage témoignant d’une compréhension très profonde de l’émerveillement et de l’amour, du vieillissement et de la mort et dont le contenu appartient en propre à l’anthropologie ternaire qui était le sujet de son précédent ouvrage « Corps, Âme et Esprit ».

 

La drachme perdue présente et explique avec la plus grande clarté qu’il se peut, à un large public, les principales affirmations de l’anthropologie « Corps, Âme, Esprit », qui aboutissent à une compréhension de l’être humain essentielle et vivante, quoique tombée en désuétude en raison des choix actuels de notre civilisation.

 

Le fait de refuser ou de consentir à cette conception de l’homme, et donc de nous-mêmes, conditionne en profondeur, sans que nous en ayons nulle conscience, jusqu’aux plus modestes pensées, paroles et gestes de notre vie quotidienne. Le lecteur pourra apercevoir l’immensité de l’enjeu psychologique et existentiel inhérent à cette anthropologie, ainsi que le poids de l’espérance qui l’habite afin de retrouver la drachme perdue et tout ce qu’elle véhicule.

 

Trois grands chapitres structurent cet ouvrage :

 

1/ Le dualisme « corps et âme »

2/ Qu’est-ce-que la trilogie « corps, âme, esprit » ? Avec les images, symboles et paraboles expliquant la naissance de l’esprit, et les analogies, allégories et mythes qui expliquent l’esprit, la mort et la vie, sur le Je et le Moi.

3/ L’Homme et sa métamorphose. La leçon de la nature. Ce que disent les grenouilles, les salamandres, les cigales, les libellules et les papillons. Pour mieux comprendre les manifestations psychiques et physiques de la « métanoïa ». Enfin les trois amours humaines, ainsi que la vieillesse inéluctable qui nous guette.

 

FROMAGET  -  LA VOCATION SPIRITUELLE DE L’HOMME

Michel Fromaget

Edition  U.P.P.R.

 2016

En Occident, l'homme est défini selon un modèle limité à deux dimensions : il est corps et âme. Michel Fromaget montre ici, conformément aux enseignements du Nouveau Testament, de l'hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme et à la suite des anciens égyptiens, des Présocratiques, de la tradition philosophique antique, des Pères de l'Église et, plus récemment de Nicolas Berdiaev et de Maurice Zundel, que l'esprit est une composante oubliée, et pourtant essentielle, de cette conception de l'être humain. Et c'est précisément la conception dualiste de l'homme comme seulement corps et âme qui, en tant que présupposé qui conditionne et limite notre façon de vivre et de penser, nous empêche de concevoir l'homme en trois dimensions comme « corps, âme, esprit ».

 

Dans cet essai, Michel Fromaget, nous invite à (re)découvrir cette dimension spirituelle en nous : il nous guide progressivement vers l'actualisation de cette «seconde naissance», naissance à la totalité de soi-même qui scelle la vocation de l'homme achevé. Un tel ouvrage n'est pas anodin : sa portée et son enjeu sont d'une gravité extrême puisqu'ils renvoient à la question de l'acceptation ou non des conditions de notre vie et de notre mort ou de notre éternité.

 

Pour ma part je préfère à cet ouvrage, « La drachme perdue » et « Corps, âme et esprit », ces livres ont une puissance que n’a pas la « vocation spirituelle » qui est une re-dite des précédents.

 

Biographie de l'auteur : Michel Fromaget, anthropologue social, est Maître de Conférence honoraire à l'Université de Caen Basse-Normandie. En 1981, il soutient à la Sorbonne une thèse de Doctorat ès Lettres et Sciences humaines intitulée : Individuation et idée de mort. Essai d'anthropologie de l'imaginaire. Auteur de nombreuses études de thanatologie et d'anthropologie spirituelle et en particulier de Corps, Âme, Esprit. Introduction à l'anthropologie ternaire (Albin Michel, 1991), il consacre l'essentiel de ses recherches à l'anthropologie du christianisme ancien, ainsi qu'à celles de Nicolas Berdiaev et Maurice Zundel. Il est, entre autres ouvrages, l'auteur de : Majestas Domini (Brépols, 2003), Naître et Mourir. Anthropologie spirituelle et accompagnement des mourants (F.X. de Guibert, 2007), Eros, Philia, Agape. Nouveaux essais d'anthropologie spirituelle (Éditions Romaines, 2008), La drachme perdue. Anthropologie « Corps, Âme, Esprit » expliquée (Éditions Grégoriennes, 2010), Mort et émerveillement dans la pensée de Maurice Zundel (Lethielleux, 2011), Un joyaux dans la nuit. Introduction à la vie spirituelle d'Etty Hillesum

 

FROMAGET - LES 3 VISAGES DE L’AMOUR – EROS, PHILIA, AGAPE

Michel Fromaget

Edition  le Mercure Dauphinois

 2018

À la lumière de nombreuses explications simples et précises concernant chacune des trois dimensions constitutives de l’homme - celle de son corps, celle de son âme qui l’ouvre sur le monde des idées et des pensées et enfin celle de son esprit qui l’ouvre sur le monde des réalités spirituelles - le propos du présent ouvrage est de faire apercevoir l’étonnante mesure dans laquelle cette compréhension « ternaire », ou « spirituelle » de l’être humain est à même de féconder et de renouveler la réflexion sur des sujets aussi fondamentaux, mais aussi infiniment proches de chacun de nous, que :

L’amour et le désir, l’émerveillement et la joie, la mort et le mourir, les coïncidences et la providence. Mais de se référer à cette conception de l’homme permet aussi d’éclairer à une grande profondeur l’étude de questions, certes moins immédiates et plus théoriques, mais tout aussi essentielles.

 

C’est là ce qu’illustrent différents essais de ce livre qui abordent, sous exactement le même angle anthropologique, des thèmes aussi divers que : l’évolution biologique, la problématique de l’inceste, les phénomènes mystiques extraordinaires, ou encore la pensée de Maurice Zundel. Soucieux, enfin, de faire découvrir, comprendre, et aimer l’histoire de la conception anthropologique ternaire, ce livre s’attache non seulement à en exposer les origines chrétiennes - notamment les racines scripturaires - mais aussi à en démontrer l’extraordinaire invariance.

 

Car, comme le montre l’étude des civilisations comparées, le paradigme anthropologique ternaire présente la singulière particularité de n’appartenir, en propre, à aucune culture, aucune période historique, aucune philosophie, aucune religion particulière. On le retrouve, en effet, aussi bien en Occident qu’en Orient, en Europe qu’en Asie, en Égypte qu’en Chine.

 

Pour tirer le meilleur parti de la lecture des douze essais formant cet ouvrage, aucune connaissance préalable de l’anthropologie spirituelle, ou ternaire, n’est requise. Chacun peut être lu en lui-même, pour lui-même et sans nulle référence aux autres.

Quelle est la nature de l’amour vécu avec l’autre ? Quel est son degré de « justesse » ? Le mot « amour » est extrêmement galvaudé et appelle un travail de discernement. Pour cela il convient de faire la différence entre l’amour « Éros », l’amour « Philia »,  et l’amour « Agapè ». 

 

L’amour « Éros » est fondé sur une relation sensuelle, charnelle, sexuelle, éventuellement amoureuse et passionnelle. Ce peut être l’ivresse d’un « coup de foudre » qui induit un fort désir de l’autre. Cela peut être délicieux et… ravageur. Il y a un risque de vivre une illusion, d’aimer l’image de l’autre basée sur des fantasmes et l’imaginaire. Le partenaire peut être vécu comme un objet d’amour conditionnel où l’ego possessif prend toute la place. Si l’attachement à une personne est uniquement conditionné par une passion érotique, le risque de perdition est présent et le Malin peut en faire un terrain de prédilection dévastateur. Cependant l’amour Éros peut initier une relation qui évoluera vers l’amour Philia ou Agapè afin de se vivre harmonieusement au long cours.

 

L’amour « Philia » est l’attachement lié à un sentiment d’amitié, associé à des valeurs, des centres d’intérêts et des objectifs communs. Il prend appui sur des plaisirs partagés, des échanges, du jeu, de la solidarité et de la complicité. La relation est chaleureuse et affective, chacun ayant le souci de l’autre. Cependant, il est conditionnel car fondé sur des activités ou des vécus partagés.

 

L’amour « Agapè » est un amour fraternel, universel, altruiste, spirituel. Il se donne « gratuitement », de manière désintéressée, sans attendre de retour. Il est inconditionnel, accepte l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Il souhaite son bien-être sans profit personnel. Il a de la compassion pour l’autre et l’aime… même s’il n’est pas aimé de lui. C’est un amour affranchi de l'ego qui se situe au-delà de l’émotionnel. Aimer l'autre, c'est cultiver des sentiments de bienveillance et de compassion à son égard, reconnaître ses blessures à l'origine d'agissements déviants, cultiver le non-jugement. Aimer l'autre, c'est respecter nos différences et accepter que nous sommes tous en chemin avec des degrés de maturité et d'évolution propres à chacun. Aimer l'autre, c'est écarter tout à priori à son égard, garder le cœur ouvert et reconnaître le Christ qui l'habite au-delà des ombres qui peuvent l'animer. C'est avoir un regard altruiste qui l'aidera à grandir. 

 

FROMAGET  LE  SYMBOLISME DES QUATRE VIVANTS Ézéchiel, Saint Jean et la Tradition

Michel Fromaget 

Edition du Félin

 1992 

Cet ouvrage est le fruit d’une étude autour des symboles de l’aigle, du taureau, du lion et de l’homme  dans le judaïsme –anges accompagnant Ezéchiel – et dans le christianisme –Evangélistes entourant le Christ.

 

Parallèlement à l’importance que leur donneront les Pères de l’Eglise dans leur exégèse, ces symboles tiendront une place privilégiée dans la peinture, la sculpture et la liturgie médiévale. Entourant le Christ en gloire, les quatre Vivants –encore appelés Evangélistes, Animaux ou Veilleurs – forment une figure dont les chrétiens du Moyen Âge connaissaient bien l’authentique valeur de guide spirituel.

 

Mais à partir du XIIIe siècle, l’Eglise d’Occident n’interrogera plus guère ces quatre images. La Kabbale et les courants mystiques de la Renaissance tardive, puis les mouvements occultistes du XIXe siècle et une certaine tradition ésotérique contemporaine, consacreront leurs recherches à cette étonnante métamorphose des qualités et activités symboliques du Christ.

 

Ils n’appartiennent pas à notre monde, bien certainement, ces Vivants, dont certains sont des mammifères portant des ailes, et qui sont « tout autour et au-dedans pleins d’yeux » Apocalypse 4, 8.

 

C’est une évidence : le tétramorphe est bien un symbole. Mais, nul ne peut espérer comprendre le dit des Vivants, s’il ne se pénètre d’abord de la signification de la notion de symbole, celle qui était couramment  expliquée et comprise dans l’Antiquité, par les grecs et les hébreux,  par les Pères de l’Eglise et par les chrétiens du premier Moyen Âge.

Dans cette acceptation ancienne, un symbole est une figure qui réunit deux réalités ou deux plans du réel ou des deux mondes. Les Anciens entendaient par là le monde de la matière et celui de l’esprit, celui de la Terre et celui du Ciel, celui des réalités manifestées et celui des archétypes, lesquels confèrent à ces réalités forme, sens et vie.


Un symbole comme figure perceptible qu’elle soit auditive, visuelle ou autre est donc une réalité appartenant au monde de la manifestation, et qui parle des réalités archétypales appartenant au monde invisible. Tel est le cas du Tétramorphe, mais c’est aussi le cas de toutes les réalités appartenant au monde terrestre.

 

Ces quatre Vivants ou animaux symboliques ne sont jamais sculptés seuls, sur les tympans des églises ou autre édifices religieux, un cinquième est presque toujours présent, et presque toujours il s’agissait du Christ en gloire ou pas, entouré de sa mandorle lumineuse, scène qui renvoyait à la scène de la Transfiguration sur le Mont Thabor, figure qui attire l’attention sur l’une des plus hautes significations du message délivré par les Vivants. Dans sa Transfiguration, le Christ manifeste en effet aux apôtres Pierre, Jean et Jacques cette faculté appartenant au Fils de l’Homme, et donc à tout homme accompli, de se transformer, de se métamorphoser en un être de condition divine ou humano-divine.

 

Le corps de cet être disposerait de facultés entièrement nouvelles, symbolisées par la mandorle lumineuse. C’est celui que saint Paul appelle « corps spirituel ou corps glorieux » et qui rejoint les explications métaphysiques de certaines traditions initiatiques et alchimiques  qui parlent de retrouver le   « corps de gloire », allusion à l’Adam Kadmon, le premier Adam d’avant la chute, et qui représente cette perfection que tout cherchant a comme but.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Les Vivants sur l’église –présence architecturale

Les Vivants sur les objets – présence liturgique

Les Vivants dans la messe – présence eucharistique

Les Vivants dans le baptême – présence sacramentelle

Le Mystère des Vivants au Moyen Âge : L’herméneutique des Pères de l’Eglise  -  Période apologiste avec saint Irénée, Origène, Eusèbe de Césarée  -  La période homélitique avec saint Jérôme, saint Ambroise, et saint Augustin  -  La dernière période avec le Pseudo-Denys et saint Grégoire le Grand  -

Les animaux mystiques au second Moyen Âge : La perfection carolingienne et romane  -  Le mystère des Vivants et le Saint Graal  -  Les Quatre Veilleurs et la loi des « trois Etats »  -  Les Vivants et le régime de la grâce  -

Les Quatre Animaux et notre temps : Les âges du tétramorphe à partir du XIIIe siècle  -  Le retrait des Quatre Animaux célestes  -  La mystique de la merkaba et la Kabbale  -  Les Vivants alchimiques  -  L’Hermétisme des Tarots et la lame XXI  -  Quatre effloraisons : Swedenborg et l’occultisme  -Rudolf Steiner et l’ésotérisme actuel  - 

Le tétramorphe comme « modèle anthropologique » :  -  Archétypes, correspondances, signature et homologie  -  Aperçu sur les Vivants et l’ontologie humaine  -  Les Vivants et le corps  -  Les Vivants et l’âme  -  Les Quatre Vivants et le sens de la vie  -

La dynamique des vivants : Le nom divin et les énergies spirituelles  -  L’esprit saint et la coïncidentia Oppositorum  -  Les quatre animaux et la Vierge Marie  -  La conversion des énergies  - 

Textes bibliques fondamentaux : Isaïe (6)  -  Ézéchiel (1, 10, 11, et 43)  -  Saint Jean : (Apocalypse 4)  - Commentaires des textes bibliques  -  Références et  index des noms cités  -

 

FROMAGET  MODERNITÉ ET DÉSARROI ou L’ÂME PRIVÉE D’ESPRIT

Michel  Fromaget

Edition  Le Mercure Dauphinois

 2007

« Soulignant ce fait, j’en vient à cette remarque d’apparence bénigne, mais que je crois capitale. Est-il vrai que la conception anthropologique moderne, prive l’homme de sa dimension spirituelle, qui le prive de l’esprit, et le condamne par là à n’être que physique et psychique, que corps et âme, est-il vrai que cette conception marche. Est-il vrai qu’elle marche si bien que cela ? Le contraire n’est-il pas bien plus évident ? Et si l’essentiel des maux qui accablent l’homme actuel : maladies, angoisses, solitudes, dépressions, suicide, drogues…, si l’essentiel des maux qui atterrent les sociétés modernes : chômage, inégalité, pauvreté, racisme, délinquance, criminalité, terrorisme, guerres… si l’essentiel des maux qui maintenant exténuent la terre : extinction des espèces animales, réchauffement climatique, marées noires, désertification, épuisement des ressources, déforestation éhontée…

 

Si cet essentiel venait, précisément de ce que l’homme se conçoit, se construit et se vit sur la base d’une représentation de lui-même qui soit fausse et ne rende pas justice à la réalité de son être ? D’une représentation de lui-même qui, parce qu’elle déforme tout ce qu’il voit et tout ce qu’il touche, ne lui donne pas accès au monde tel qu’il est et le plonge dan un immense désarroi ? »

 

Dans ce livre, l’auteur emploie le mot « âme » et « esprit » dans un sens particulier, qui n’est autre que leur sens natif, originel, or ce sens est quasiment à l’inverse du sens courant actuel. Aujourd’hui, en effet, le mot âme appartient principalement au vocabulaire religieux, où il désigne la part spirituelle et immortelle de l’être humain. Tel n’est pas le cas dans l’anthropologie ternaire lorsqu’on la présente sous sa forme la plus courante.

 

Dans cette forme, le mot âme, comme ses équivalents latin et grec –anima et psyché -  désigne tout simplement le système psychique, ce système dont l’existence est évidente chez tout être animé. En ce sens, l’animal, c'est-à-dire l’être doté d’une anima, a une âme.

 

Depuis Descartes au moins, on entend par « esprit » « l’âme en tant qu’elle pense ». Nous, nous  lui conférons un tout autre sens qui est celui fondamental, hérité de la Bible, où il signifie l’ouverture à Dieu et à la Sagesse divine, où il signifie l’intuition de l’Incréé et des vérités ultimes. L’esprit, non pas comme organe intellectuel, non pas comme organe d’intellection, mais de contemplation. Voila le sens qui sera retenu dans cet ouvrage.

 

Quant aux mots : « tripartition, trichotomie et ternaire », faisons attention et ne leur donnons pas un sens grossier qui désigneraient une combinaison de trois entités séparées des autres, le fractionnement de ces entités est une erreur.

 

Les représentations « corps et âmes » ou « corps, âme et esprit » de l’humain, sont des « paradigmes anthropologiques ». Le fait de le savoir apporte deux choses. Le propre d’un paradigme est d’être une représentation mentale qui se donne hypocritement à la conscience sous le jour d’une image imparfaite et vraie, qui plus est, neutre et inerte, dans le sens où elle n’agirait pas sur son objet. Or ceci est faux. L’épistémologie et la philosophie des sciences l’expliquent : un paradigme n’est jamais qu’un système fait de présupposés. Système viable, fiable et parfaitement utilisable par la culture qui l’adopte, mais qui n’en ai pas pour autant nullement démontrer.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le vocabulaire de l’histoire de l’anthropologie ternaire : Âme, esprit, dualisme et tripartition   -   La notion de Paradigme anthropologique  -  L’anthropologie du christianisme originel  -  Homme psychique, homme spirituel  -

L’Anthropologie « Corps, Âme et Esprit » telle qu’en elle-même :  Du corps et de l’âme  -  De l’Esprit  -  La Métanoïa  -  Une métamorphose et deux morts  -  L’expérience de l’esprit  -  Au Principe, à l’origine et aujourd’hui.

Modernité et Avènement de l’homme « domestique » : L’étouffement de l’esprit par la Psyché  -  Une inversion de la norme  -  Domesticité de l’homme  -  L’Âme, signifiant maternel  -  Une aliénation intellectuelle  -

Pouvoir scientifique et économique et domestication :  Prévenir et guérie l’esprit  -  Scientisme et intellectualisme  -  Retour à un dualisme platonicien  -  Confusion de l’âme et de l’esprit  -  Feuerbach  -  Marx et Freud  -  L’arbre de vie  -  Le pouvoir économique  -  L’homme de désir et le prix de la libération  -

Le devenir actuel de l’anthropologie tripartite : L’Eglise romaine  -  L’apport des Pères orthodoxes  -  Les grands ésotéristes modernes  -  C. G. Jung, du moi au Soi  -  Desoille, Dabrovski, Godel, Jean Guitton, Frankl, Jean Borella, Maine de Biran, Berdiaev,   -  La braise et les cendres  -  Psychologie existentielle et psychologie transpersonnelle  - 

Notes sur quelques aberrations de notre temps : L’essentiel et l’accessoire  -  Inversion et illusion  -  Fuite et marginalisation  -  L’homme mondain et l’homme spirituel  -

10 G 

GIRARD -   DES CHOSES CACHḖES DEPUIS LA FONDATION DU MONDE

 René  Girard 

Edition  Grasset

 1978

On savait, depuis La Violence et le Sacré, que toute société humaine est fondée sur la violence, mais une violence tenue à distance et comme transfigurée dans l’ordre du sacré. Dans ce nouveau livre, René Girard applique cette intuition originaire au grand recueil mythique de la mémoire occidentale, c’est-à-dire à la Bible qui est tout entière, selon lui, le cheminement inouï vers le Dieu non violent de notre civilisation.

Il s’ensuit une relecture critique et proprement révolutionnaire du texte évangélique qui apparaît du coup comme un grand texte anthropologique, le seul à révéler pleinement le mécanisme victimaire.

Il s’ensuit aussi la fondation d’une nouvelle psychologie fondée sur un mécanisme simple et universel que Girard appelle la « mimésis » et qui permet de faire le partage entre les processus d’appropriation, générateurs de violence, et les antagonismes, producteurs de sacré.Chemin faisant, on assiste à de magistrales analyses comparatives de Proust et de Dostoïevski, de Freud et de Sophocle, à la lumière de cette notion nouvelle et qui se révèle particulièrement féconde de « désir mimétique ».

René Girard, cette fois, approche du but, de cette anthropologie générale qui est, de son propre aveu, le projet ultime de son œuvre : c’est pourquoi il nous donne là peut-être un des livres clés pour comprendre les mystères de notre monde et de ses plus lointaines, de ses plus archaïques généalogies.

Depuis le début des années 1960, sa place intellectuelle fut singulière et sa pensée originale. C'est pourquoi son œuvre, pour avoir été rejeté pendant longtemps, restera comme l'une des plus importantes de l'époque. Il était mondialement reconnu mais ne le fut jamais vraiment en France - même s'il était membre de l'Académie Française. Il était trop archaïque pour les modernes, trop littéraire pour les philosophes, pas assez à la mode pour l'intelligentsia dominante et même trop chrétien pour un grand nombre - y compris certaines instances catholiques. S'il est reconnu (l'est et le sera de plus en plus), il l'a été contre l'époque, contre les pensées dominantes, contre les institutions en place, contre les médias. En France, il fut un marginal, un intellectuel qualifié «d'original» pour mieux le laisser en dehors de l'université quand, en elle, le règne des structures et du marxisme écrasait tout le reste. Et pourtant, il compte et comptera de plus en plus.

Pour avoir fait toute sa carrière universitaire aux Etats-Unis, à Stanford en particulier ; pour ne s'être rangé sous le drapeau d'aucunes des modes intellectuelles germanopratines, qu'elle soit structuraliste, sartrienne, foucaldienne, maoïste, deleuzienne ou autres ; Pour s'être intéressé, trente ans avant Régis Debray, au «fait religieux» quand il était encore classé dans l'enfer de la superstition ; pour avoir osé se dire «chrétien» - crime de lèse modernité - ce qui, aux yeux de nos maîtres à penser (et donc à excommunier), lui retirait toute légitimité scientifique ; pour n'avoir pas, ou peu, de relais en France (même s'il était devenu, sur le tard, membre de l'Académie française) alors qu'il est traduit en plus de vingt-cinq langues ; Pour toutes ces raisons et bien d'autres, René Girard fut à part dans le paysage intellectuel hexagonal.

En 1961, avec Mensonge romantique et vérité romanesque, Il s'intéresse à la littérature pour ce qu'elle dit de l'homme ; En 1972, avec La violence et le sacré, il décortique les mécanismes religieux pour mieux comprendre la violence ; En 1978, avec Des choses cachées depuis la fondation du monde, il considère le christianisme comme une sorte de «sur-religion» qui vient abolir les autres, les rendant inefficaces et presque obsolètes. Sa pensée s'inscrit mal dans une lignée clairement définie. Pour être ailleurs, certains la mette nulle part. Voilà qui est plus commode pour ronronner entre soi! Anthropologue Il critique l'anthropologie quand, avec Lévi-Strauss, elle condamne le sacrifice en le dépouillant de toute signification ; critique littéraire, il rejette ceux qui, comme Georges Poulet, pensent que la littérature, devenue un monde en soi, ne se réfère qu'à elle seule, n'a rien à révéler des vérités humaines radicales - comme le mimétisme ; chrétien, il critique les catholiques trop immergés dans le monde et peu conscients des enjeux de l'Apocalypse.

Tout débute par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la vengeance et la vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité entre ainsi dans un cercle sans fin.

René Girard, un Durkheim pascalien… Alors qui est-il? D'où sort-il? Sorte de guelfe chez les gibelins et de gibelin chez les guelfes, selon la posture d'un Erasme, soucieux de ne rien céder à personne, il était à la fois disciple de Durkheim et s'inscrit dans la lignée de Pascal. Posture intenable s'il en est. Dans le camp des religieux il est trop durkheimien ; dans le camp des sociologues, trop religieux. Et quand il est question de ces «maîtres du soupçon» qui depuis la fin du XIX ème siècle, tendent à renvoyer l'homme vers des forces qui, en coulisse, le domineraient, comme s'il était marionnette plutôt qu'acteur, René Girard, lui aussi, se réclame de cette tradition qui disqualifie l'autonomie moderne. Il ne met pas en exergue des forces sociales, des pulsions inconscientes ou des généalogies insoupçonnées, mais, dans un même effet de déplacement, une rivalité mimétique au fondement de tout. L'individu n'est jamais seul. La conscience s'acquiert non par la raison mais le désir.

Alors il est un Durkheim pascalien - ce qui équivaut à un oxymore intellectuel. Unique membre de cette singulière catégorie, il retient de l'auteur des Formes élémentaires de la vie religieuse, une approche qui fait de la religion un effet de coagulation sociale et une manière collective de réguler la violence. De Pascal il garde le souci d'une apologie chrétienne pleine de raison. «Tous mes livres», dit-il «sont des apologies plus ou moins explicites du christianisme.» Le Christ, première victime innocente, qui dit son innocence à la face du monde, dénude, par-là même, tous les mécanismes du religieux archaïque. Alors, aujourd'hui, nous ne pouvons qu'être chrétiens, même si le christianisme n'a pas été pleinement reçu. René Girard en appelle à une «éthique nouvelle» qui ne peut naître, selon lui, «qu'au sein du mimétisme libéré - libéré par le christianisme».

Qu'il soit du côté de Durkheim ou de celui de Pascal, il privilégie l'analyse et délaisse les a priori idéologiques. Ni rationalisme ni fidéisme. Il faut dire qu'aujourd'hui la situation est inédite. La violence est déchaînée. Plus rien ne la tient. Le religieux ne fait plus son office. Tenir les deux termes de l'équation: à la fois l'analyse du religieux, selon les méthodes durkheimiennes et l'horizon chrétien, dans la lignée d'un prophétisme pascalien. C'est ce que fit René Girard, laissant, dans son sillage, beaucoup de mécontentements, d'incompréhensions, d'incertitudes et de points d'interrogations.

Comment sortir de la nature violente de l'homme? René Girard, lui, insiste sur une histoire par nature tragique et une violence en dehors de toute maîtrise. Contrairement aux «modernes» qui pensent pouvoir contrôler les réactions en chaîne de la violence, comme on contrôle une fusion nucléaire, il met l'accent sur un processus qui finit par ne plus être tenu. Il échappe à tout le monde. Telle fut la leçon du siècle passé: cette «montée aux extrêmes», selon la formule de Clausewitz, stratège prussien mort en 1831 auquel il confronte sa pensée dans Achever Clausewitz (2007), ne conduit pas, après coup, à la réconciliation des hommes entre eux. Cette formule d'une «montée» de la violence lui parait pertinente. René Girard, lui, sorte d'écologiste de la violence, met l'accent sur un processus d'imitation qui oppose les hommes entre eux. Tout débute par la rivalité. Cette rivalité appelle en retour la vengeance et la vengeance le meurtre et le meurtre la vengeance. L'humanité entre ainsi dans un cercle sans fin. Notons que pour lui la violence vient toujours répondre à une offense - que cette offense soit réelle, imaginaire ou symbolique. La violence est une réponse. Elle n'est pas première. La rivalité, elle, est première. Le désir de ce que l'autre possède est à l'origine de tout. Le violent, lui, est d'abord un offensé. Du moins le croit-il. Toute vengeance est une revanche. Un retour. Un second temps. Une réponse.

Comment alors briser ce cercle, interrompre ce jeu à l'infini de renvoi? Seul, nous dit René Girard, le religieux, par l'instauration du sacrifice, rompt cette circularité de la vengeance et du meurtre. De toute évidence le sacrifice archaïque est arbitraire. La victime est chargée de «tous les péchés du monde». Son meurtre réconcilie la communauté avec les puissances divine et surtout avec elle-même. Dans toutes les sociétés, fussent-elles des plus primitives, on retrouve ce mécanisme du «bouc émissaire». Il permet d'évacuer la violence, d'apaiser les consciences et de mettre un terme, provisoire, aux rivalités en cascade. D'une certaine façon le sacrifice brise le miroir des rivalités. Elles ne se voient plus, ne se répondent plus l'une l'autre. La réconciliation s'opère donc sur le dos d'un autre. Ce meurtre fondateur, instaure des rites qui eux-mêmes font naître les institutions. Et c'est ainsi que naît la culture et toutes les institutions qui la mettent en forme.

Or, le christianisme, dans un souci de vérité, retire à l'homme ses «béquilles sacrificielles» en reconnaissant la pleine et entière innocence de la victime. Le Christ, dit et reconnu innocent, n'endosse plus la culpabilité sociale bien commode pour justifier des sacrifices. «Le religieux» dit rené Girard «invente le sacrifice ; le christianisme l'en prive». Cette privation est un pari éthique, une invitation à sortir du cycle de la violence par le haut (les Béatitudes). Et si les hommes s'accordaient entre eux au diapason de la bienveillance! Telle est le sens de l'invitation chrétienne.

L'avantage des intuitions creusées et explorées de bien des manières, comme celle de René Girard autour des rivalités mimétiques, est qu'elles prennent le risque de devenirs obsessionnels. Au début, il rêvait d'un savoir sur la violence qui, une fois connu, permettrait de la maîtriser. Cette prétention l'a quitté. La réconciliation des hommes entre eux, conçue, au début, comme quasiment automatique est devenue, au fil des années, incertaine pour ne pas dire problématique. Reste une certitude: le religieux empêche la société de se détruire. Certitude d'autant plus vitale que nous assistons à une montée planétaire de la violence religieuse avec le risque d'une déflagration totale. Sur ce versant-là de nos inquiétudes qui se profilent à l'horizon, René Girard peut nous aider à avancer. Il reste un appui sérieux pour nous éviter de mourir. Mourir par cet actuel jeu de miroir à l'infini des rivalités mimétiques - autre nom de la démocratie-égalitariste. Mourir par ce retour au fondamentalisme religieux, loin de l'intelligence des textes et de la compréhension du vrai mécanisme de la violence.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Le mécanisme victimaire : fondement du religieux   -   Mimésis d’appropriation et rivalité mimétique  -  Fonction de l’interdit et du rite   -  Sacrifice et mécanisme victimaire  -  Théorie du religieux   -

Chapitre 2 : Genèse de la culture et des institutions   -  Variantes rituelles  -  La royauté sacrée et le pouvoir central  -  Domestication animale et chasse rituelle  -  Les interdits sexuels et le principe de l’échange  -  La mort et les funérailles  -

Chapitre 3 : Le processus d’hominisation   -  Ethologie et ethnologie  -  Le signifiant transcendantal  -

Chapitre 4 : Les mythes : le lynchage fondateur camouflé   -  Elimination  -  Connotation radicale, négative et positive  -  Signes physique de la victime émissaire  -  Comment reproduite un triangle  -  Mimésis et représentation  -  La double genèse œdipienne  -  Pourquoi la bisexualité ?  -  Le narcissisme et le désir de Freud  -  les métaphores du désir  -

Chapitre 5 : Au-delà du scandale   -  La conversion proustienne   -  Sacrifices et psychothérapie  -  Au-delà du principe du plaisir et psychanalyse structurale  -  Instinct de mort et culture moderne  -  Le skandalon  -

 

GIRARD  -  LA VIOLENCE ET LE SACRḖ   - 

René Girard  

Edition  Hachette

 1999

Après son ouvrage « mensonge romantique et vérité romanesque », René Girard a entrepris dans cet ouvrage de remonter aux origines de l’édifice culturel et social qui est au cœur de notre civilisation. S’appuyant à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes d’explication, en particulier la psychanalyse.

 

L’enquête originale que mène l’auteur, met l’accent sur le rôle fondamental de la violence fondatrice et de la victime émissaire ; le religieux, secrètement fondé sur l’unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans cet essai majeur une définition inédite mais réelle.

 

Dans de nombreux rituels, le sacrifice se présente de deux façons opposés, tantôt comme « une chose très sainte » dont on ne saurait s’abstenir sans négligence grave, tantôt au contraire comme une espèce de crime qu’on ne saurait commettre sans s’exposer à des risques également très grave.

 

Pour rendre compte de ce double aspect, légitime et illégitime, public et presque furtif, du sacrifice rituel, l’auteur invoque le caractère sacré de la victime. Il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée… mais la victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas. Il y a là un cercle bizarre qui s’appellera ambivalence.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 480 pages :

 

Le sacrifice   -   la crise sacrificielle   -    Œdipe et la victime émissaire    -     la genèse des mythes et des rituels    -    Dionysos    -    Du désir mimétique au double monstrueux   -   Freud et le complexe d’Œdipe   -    Totem et tabou et les interdits de l’inceste   -    Lévi-Strauss, le structuralisme et les règles du mariage    -     les dieux, les morts, la sacré, et la substitution sacrificielle   -  L’unité de tous les rites   -

 

GIRARD   -   LE  BOUC  Ḗmissaire 

 René  Girard 

Edition  Grasset  

 1982

Dans le droit fil de « Des choses cachées depuis la fondation du monde », René Girard continue sa réflexion sur le « mécanisme sacrificiel ». Les persécutions, le Mal, sont-ils une fatalité ? Les sociétés humaines sont-elles vouées à la violence ? Un commentaire subtil de l’histoire et des Evangiles propose des éléments de réponses.

 

La violence collective, les violences individuelles, le mal, le sacré, le bouc émissaire, voilà un cocktail détonant et pourtant inhérent à la nature de l’homme.  Ecoutons ce que nous dit René Girard sur l’histoire du Paraclet :

 

«  Tous les passages des Evangiles que nous avons examinés se ramènent à des phénomènes de persécutions collectives ; les Evangiles contiennent tout un jeu de textes susceptibles de s’appliquer à des situations très diverses, tout ce dont les hommes ont besoin, en somme, pour critiquer leurs représentations persécutrices et pour résister aux mécanismes mimétiques et violents qui les y tiennent enfermés.

L’action concrète des Evangiles sur ces problèmes commence visiblement avec les violences contre ceux que les chrétiens appellent leurs « martyrs ». Nous voyons en eux des innocents persécutés, car pour avoir du sacré au sens mythologique il faut que la glorification de la victime s’effectue sur la base même de la persécution. L’innocence du martyr n’est jamais remise en cause. « Ils m’ont haï sans cause » et aussi « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »

 

En grec, de même, martyr signifie  témoin et c’est l’influence chrétienne qui fait évoluer le mot vers le sens actuel d’innocent persécuté, de victime héroïque d’une violence injuste, et lorsque nous écrivons « la victime est un bouc émissaire », nous recourons à une expression biblique, mais qui n’a plus le sens profond qu’elle avait.  Autrefois, son sens était  celui de la brebis innocente dans Isaïe ou de l’agneau de Dieu dans les évangiles.

Les Evangiles nous affirmant que le Christ est à la place de toutes les victimes, sous le rapport épistémologique c’est vrai, les hommes n’ont appris à identifier leurs victimes innocentes qu’en les mettant à la place du Christ. La vision mondiale du bouc émissaire va changer avec l’avènement de Constantin en 325, avec le christianisme triomphant, mais, de persécutés, les chrétiens se feront persécuteurs, non seulement en occident avec l’Inquisition mais par la conquête de terres en Amérique, en Afrique ou en Asie, sous la bannière religieuse des rois très chrétiens, et au nom de Dieu.

 

Il faut se demander pourquoi Jérôme, ce formidable traducteur qui généralement ne manque pas d’audace, a reculé devant la traduction du mot « parakleitos », il ne voit pas la pertinence du mot et va opter pour « paracletus » ; son exemple est suivie par d’autres interprètes aussi inintelligent que possible, et qui traduiront paracletus,  par Paraclet. Sur le Paraclet  beaucoup d’œuvres ont été écrites, mais aucunes n’est satisfaisante car sa définition n’est que théologique.

 

Pour les interprètes chrétiens, le Paraclet est l’avocat des disciples auprès du Père. Cette solution invoque un passage de la première épitre de Jean « Mais si quelqu’un vient de pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste »… Parakleitos. Le texte de Jean fait de Jésus un Paraclet.

 

De tous les textes sur le Paraclet, voici finalement le plus extraordinaire. Il parait fait de pièces et de fragments hétérogènes, comme s’il était le fruit incohérent d’une espèce de schizophrénie culturelle qui le fait paraître ainsi. On ne voit rien en lui tant qu’on pense l’éclairer à partir de principes et de méthodes qui forcement relèvent du monde et ne peuvent ni voir, ni connaître le Paraclet. Jean nous assène des vérités extraordinaires à un rythme tel que nous ne pouvons ni ne voulons les absorber. Le risque est grand de projeter sur lui la confusion et la violence dont nous sommes toujours un peu possédés.

 

« Quand viendra le Paraclet, dit Jésus, il me rendra témoignage, il révélera le sens de ma mort innocente et de toute mort innocente depuis le commencement jusqu’à la fin du monde ». Ceux qui viennent après le Christ vont donc témoigner comme lui, moins par leurs paroles ou croyances mais en devenant des martyrs comme Jésus. Ces martyrs seront les premiers chrétiens et tous ceux qui mourront pour la défense et la croyance en Jésus.

 

Au sommaire de ce livre :

Guillaume de Machaud et les juifs   -   Les stéréotypes de la persécution  -  Qu’est-ce qu’un mythe ?   -   Violence et magie  -  Teotihuacan  -  Ases, Kouretes et Titans  -  Les crimes des dieux   -   La science des mythes   -   Les maîtres mots de la passion évangélique   -   Qu’un seul homme meure   -   La décollation de saint Jean-Baptiste   -    Le reniement de Pierre   -   Les démons de Gérasa   -   Satan divisé contre lui-même   -   L’histoire et le Paraclet

 

GIRARD  -  CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE   -

René Girard  

Edition  Desclée de Brouwer

 2001

Cette relecture de la Bible à travers la théorie mimétique est certes discutable et discutée. Je n'ai ici donné que les grandes lignes de ce qui j'ai compris et retiré de cette lecture. Ce qui me gêne un peu dans Girard, c'est l'affirmation d'une spécificité de la tradition judéo-chrétienne. C'est le croyant qui parle, et l'Académie française ne s'y est pas trompée, en l'élisant au fauteuil 37, traditionnellement occupé par un ecclésiastique, où Girard succède au RP Carré. A quand une interprétation d'un tel niveau intellectuel par un non croyant ?

 

Recueil de trois essais inédits, suivis d'un long entretien avec Maria Stella Barberi, le présent ouvrage s'élève contre le relativisme qui mine les contemporains, incapables de saisir la violence à la racine de tout ordre symbolique. René Girard revient sur sa conviction que seuls les Evangiles et "L'Apocalypse" de Jean, prophétisés par la Bible, sont à même de dévoiler l'origine cachée de toute institution. Il révèle par là-même les grandes lignes de son travail en cours : un darwinisme revisité, une anthropologie résolument corrélée à une théologie.

 

Une autre découverte d'un auteur, par le biais d'un livre d'entretiens et de courts textes: René Girard, philosophe français, récent académicien. Ce petit opuscule "celui par qui le scandale arrive" est paru en 2001 et reprend bien la théorie mimétique, centre de l'oeuvre de René Girard. En résumé, cette théorie pose que le moteur de l'action humaine, c'est l'imitation, le désir mimétique. On désire une chose, non pour elle-même, mais parce qu'un autre la désire aussi. On se trouve de ce fait en permanence dans des relations humaines basées sur le conflit et la violence, qui mettent en péril l'équilibre des sociétés humaines.

 

Pour Girard, les sociétés humaines ont trouvé la solution à cette instabilité avec la pratique du bouc émissaire. Une victime innocente est régulièrement désignée comme coupable des désordres et de la violence, ce qui permet à la communauté de se refaire une unité et de donner ainsi un exécutoire à la violence collective, qui peut se déchaîner sans risque pour la survie de la société. Cette position, illustrée notamment par l'étude des mythes grecs, est intéressante et mérite discussion, mais ce n'est pas là ce qui m'a le plus intéressé chez René Girard.

 

A côté du philosophe, somme toute classique, il y a un chrétien, qui analyse les évangiles et apporte des interprétations personnelles aux écritures. Cette démarche est pour moi appréciable et brise heureusement le monopole des religieux sur l'interprétation de haut niveau des textes sacrés du christianisme. Bien que s'affirmant clairement catholique, Girard est un laïc, qui n'est en rien tenu par une quelconque hiérarchie religieuse, qui a le don, aujourd'hui encore, d'étouffer les recherches qui ne sont pas dans la ligne du Vatican. D'ailleurs, les recherches théologiques les plus vivantes et novatrices sont actuellement le fait des protestants, signe qui ne trompe pas.

 

Dans le cadre de sa théorie mimétique, Girard interprète la Bible comme le refus de cette logique d'imitation, qui prévalait depuis la fondation du monde. La loi de Moïse est sur ce point explicite "tu ne désireras pas la femme de ton prochain". Il va plus loin encore dans l'analyse, avec sa lecture des évangiles. Le Christ serait venu détruire le système du bouc émissaire, en rompant l'unanimité autour du sacrifice de la victime innocente. En effet, pour que  l'alchimie opère, il ne faut qu'aucune voix discordante ne viennent s'interroger sur la culpabilité ou l'innocence de la victime. Jésus, d'abord bouc émissaire, fait la preuve de son innocence par sa résurrection, signe de son caractère divin. Ses disciples proclament alors la nouvelle, rompant l'unanimité de la communauté, qui se déchire autour de la question de l'innocence ou de la culpabilité de la victime. Cela inverse même le processus puisque c'est la victime qui est innocente, et la violence collective envers elle, et donc la société, qui sont coupables. D'où les phrases de l'évangile où Jésus annonce qu'il est venu apporter le glaive, la guerre et non la paix.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Violence et réciprocité   -  Les bons sauvages et les autres   -  le don et l’échange  -  Echanges de cadeaux dans les iles du Pacifique  -  Jésus et la violence   -  la violence dans les sociétés primitives  -  Mythes et bouc émissaire  -  La vérité du judéo-chrétien  -   Le jugement de Salomon   -  Les héros infirmes   -  le chant du serviteur souffrant   -   L’expression des minorités   -   Satan et Rédemption   -  religions archaïques et mensonges révélés   -  judaïsme, islâm et christianisme   -   « Soi » comme persécuteur   -   Paradoxe de la croix et division du monde   -  L’évangile de Marc   -  L’Apocalypse   -   Il n’y a pas de 3e voie   -  De nouvelles couches de l’histoire   -   L4Inquisition et la Conscience de l’histoire   -   Le christianisme comme dernier rempart et dernière barrière   -   Le propre de l’homme et la violence   -   Ordre et désordre de Satan   -   Les païens qui se sont mal convertis    -   Jumeaux et identité   -    Violence, désordre et perte des différences   -   Individualisme et différences des jumeaux   -   Genèse du bouc émissaire    -   Le handicapé, l’étranger   -   Elever des tombeaux aux prophètes    -   Rôle des interdits   -  L’Apocalypse, révélation de la Vérité   -   Un monde sans églises    - 

 

goethe CAHIER DE L'HERMÉTISME.

 Divers auteurs et intervenants

Edition Albin Michel

 1979

Ce cahier d’étude consacré à Goethe se veut être une contribution à ce chapitre important de la pensée symbolique qu’est l’hermétisme goethéen. Il s’ouvre sur le récit intitulé Das Märchen (Le Conte), plus connu en français sous le titre «  Le Serpent vert ».

Chantal Nessler en donne une nouvelle traduction, tandis que Gonthier Fink fait le bilan d’une critique obsédée depuis prés de deux siècles par ce récit énigmatique, et qu’Yvette Centeno nous en livre une lecture alchimique. Un autre conte, La Nouvelle Mélusine, dans une traduction nouvelle due à Chantal Nessler, fait également l’objet d’une étude neuve et approfondie de G. L. Fink.

Goethe est aussi l’auteur d’une monumentale œuvre scientifique. L’étude qu’il a consacrée à la spirale paraît assez caractéristique de la pente hermétisante de sa pensée pour faire l’objet d’une première traduction du fragment du roman épistolaire, témoignage précieux sur la genèse d’une des orientations majeures du jeune Goethe.

L’ouvrage se termine par deux études historiques : l’une par Rolf Christian Zimmermann sur Agrippa et Goethe, l’autre par Roger Godard sur Macarié, le personnage peut-être le plus mystérieux de l’œuvre de Goethe – l’Initié dont l’esprit « éveillé » se mouvait parmi les espaces interstellaires, et qui est présenté ici, à l’intention des hommes d’aujourd’hui, comme la médiatrice des sources vives de l’imagination créatrice.

Au sommaire de cet ouvrage :

Avant propos de Frédérick Tristan et Antoine Faivre

Le Conte –Le Serpent vert de Johann Wolfgang Goethe

Les mille et une lectures du Serpent vert, bilan de la critique – De l’hermétisme à l’ésotérisme politique   par : Gonthier Louis Fink –

Le Serpent vert : Essai d’interprétation par : Yvette K. Centeno

La nouvelle Mélusine  par J. W. Goethe

La nouvelle Mélusine. Goethe à la recherche d’un nouveau langage ésotérique  par : Gonthier Louis Fink –

De la tendance spirale par : J. W. Goethe

Goethe et la tendance spirale – Le fragment de roman épistolaire de Goethe  par : Antoinette Fink-Langlois –

Les quatre « furores » d’Agrippa Von Nettesheim et le « Wanderers Sturmlied » de Goethe  par : Christian Zimmermann

Macarie ou l’anti-Grand Cophte  par : Roger Godard -

  

GORDON - CE QUE FUT LE DÉLUGE

Pierre Gordon

Edition Signature

 2006

Cette passionnante étude menée dans le prisme de cette vision typiquement gordienne nous ramène, à travers les initiations néolithiques, vers Noé et les Prêtres-rois de la première théocratie où « commence la véritable Civilisation, celle où l’homme cesse de borner ses regards aux apparences et soupçonne que le cosmos visible voile un océan infini de clarté » Le rite universel du Déluge, conçu par un centre initiatique supérieur et installé sur « la Grande Montagne, ou Sainte Montagne », en tant que « récréation liturgique » se confond avec « la création première » sauvegardant le leg initiatique des générations primordiales.


Cette étude de Pierre Gordon se fonde sur l’analyse des grands textes fondamentaux, tels que :

La Genèse, l’Ancien Testament, l’épopée de Gilgamesh, le Livre des morts égyptiens, la Conquête de la Toison d’Or, ainsi que les grands récits arméniens, chaldéens, iraniens et scandinaves.

Pierre Gordon a été à l’école de Durkheim et il n’ignore rien des méthodes rigoureuses appliquées par les scientifiques, qu’il cite d’ailleurs souvent dans cet ouvrage, cependant sa méthode est nette et sans ambigüité : l’être humain avant de sombrer dans un état mental inferieur, fut (selon lui) d’abord, un Surhomme.

 

Des lors, l’histoire humaine se présente comme une lente dégradation de la connaissance ontologique dont il était, dans l’univers de la radiance, nanti à l’origine. Conséquence de la chute qui l’a plongé dans l’opacité d’un cosmos matériel, il s’est « dessoudé de l’Être » et cherche désespérément à retrouver ce pouvoir mental supérieur qui fut le sien. « L’homo sapiens adamique », comme l’appelle Pierre Gordon, aurait connu la plénitude dans un univers de radiance dynamique, d’où sa nostalgie inextinguible du Paradis perdu.

Dans cette étude, l’auteur déclare qu’il ne lui eut été d’aucune utilité de réunir tous les textes connus mentionnant le Déluge, ceux-ci présentant peu ou prou le même type de scenario. La démarche mentale, spéculative donc, lui est apparue beaucoup plus pertinente.

Cependant, il pose comme un a priori que c’est l’Esprit et son essence dynamique qui créent et ordonnent le monde phénoménal et non pas l’inverse, que c’est l’homme, cet être aux pouvoirs entachés d’une paralysante limitation mentale, qui aurait inventé les dieux et leur demeure olympienne.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les traditions diluviennes en Amérique - Récits des diluviens et leurs significations dans tous les pays d’Amérique du Nord et du Sud - Les traditions diluviennes en Océanie - les traditions diluviennes dans l’archipel indien - les rites agraires - l’ancêtre initiateur - comment le Déluge devint un fait planétaire - Ancienneté des récits diluviens - Birmanie, Cochinchine, l’Assam - Polynésie - Nouvelle Zélande - Micronésie - Mélanésie - Australie - Iles de la sonde -

Provenance néolithique des récits diluviens - les Karans de Birmanie - les Tchingphô - les Ba-nhars - les Bhils - Deucalion et Ogiges - Dardanos - la Grèce - Merops - Phaéton - les récits diluviens en Chaldée - Bérose - les Héliques - Ninive et le mont Nisir - Le drame sacré du Déluge - La tradition diluvienne dans la Bible - Les deux récits diluviens de la Genèse - le récit élohiste et le récit yahviste - La mission salvatrice et l’ivresse sacré de Noé - la culture de la vigne - le vin sacré de la montagne - l’attitude des trois noachides - le scénario sacré de la tour de Babel - Suréminence de la Montagne diluvienne - Les deux montagnes diluviennes de la Bible - la montagne sainte de Moise - les monts Ararat - l’Urartu en Inde - le Mont Baris - masion - Koufah - Apamée - Elvend - Demavend - Kouner - Dagh - Yima -

La montagne en Egypte - la sainte montagne d’Abydos et le rituel osirien - les temps primordiaux - Thèbes et Coptos - rituel abydénien - ce que nous enseigne le rituel osirien - scenario diluvien en Egypte - La Tradition diluvienne en Afrique - les Pygmées et les tribus nègres - les montagnes artificielles - la Montagne comme notion religieuse rectrice - Hiérapolis en Syrie - le fente par où s’écoula l’eau diluviale - les deux colonnes - primauté de la Pierre Sacrée - Où la Montagne Primordiale se situait-elle ? les montagnes d’Ararat - le Paradis terrestre - les données égyptiennes et chaldéennes - les Enfers - voyage des morts - l’obole des morts - le Caucase - la sacralisation de la mer noire - les Ases - l’empire de Tanasis - Mardouk - les traditions iraniennes et autres - les traditions hindoues et tibétaines -

Reste-il- des traces de la Grande Montagne diluvienne ? - Selon Homère - théocratie préhistorique - le rituel de mort et de renaissance - l’Agarttha - Universalité du Déluge - le Déluge comme cataclysme géographique - Phaéton - le Déluge de l’Atlantide - Hracan - la disparition de l’Atlantide - Platon - Multiplicité des iles Saintes - La Montagne diluvienne et le Dieu de la Montagne - la Dame et le Seigneur de la Montagne - Pourquoi la Montagne est devenu l’habitat de Dieu - El- Shaddaï, Yahvé et la montagne diluvienne -

 

GORDON – DIEUX PAÏENS ET SAINTS CHRÉTIENS

Pierre Gordon

Edition Signatura

 2013

Ne devrait-on pas s’étonner de trouver dans nos églises autant de saints céphalophores, dont certains n’ont même jamais existé ? Tous, nous montrent Pierre Gordon, sont bien à la suite des dieux païens, les héritiers de personnages sacrés et grands initiateurs des premières théocraties paléolithiques et néolithiques.

S’appuyant sur une solide érudition, l’auteur analyse un grand nombre de rites qui ont perduré à travers le monde et seraient, selon lui, à l’origine des mythes, et non l’inverse, comme on le pense bien souvent, car, nous dit-il, « les traditions ne mentent pas, fixées depuis des millénaires sur le roc de la liturgie ». Le grand rite de mort et de résurrection serait ainsi l’apanage de cette grande Eglise théocratique de l’Âge d’Or qui transmit la Tradition Primordiale.

En cela, ce nouvel inédit de Pierre Gordon, s’inscrit bien dans l’ensemble de l’œuvre de ce grand préhistorien des religions, grâce à laquelle « une voie possible vers la Vérité nous est ouverte »

Les innombrables saints par exemple qui, une fois décapité, se baissent pour ramasser leur tête et courent la porter dans un endroit sacré, ne relèvent en rien de la crédulité humaine. Leur geste traduit de très vieux rites initiatiques qui datent du néolithique, et que le Christianisme a longtemps pratiqués dans les campagnes, en marge de ses rites spécifiques.

Ce qui explique, on le verra dans cet ouvrage, les survivances païennes dans le christianisme, c’est avant tout, que le paganisme, dans sa substance profonde, était aussi bien que le christianisme, une initiation au monde de radiance, et y conduisait par une liturgie analogue.

La christianisation n’a donc pas marqué, en beaucoup de cas, surtout dans les milieux rustiques, où se perpétuaient de très vénérables coutumes, une brisure avec la religion antécédente, elles en ont été plutôt la renaissance et l’épanouissement. Les saints chrétiens ont tout naturellement pris la place des dieux païens, parce que, dans le fond, ils étaient comme eux, des canaux du sacré et des initiateurs.

S’étonner que nombre des saints n’aient jamais existé en tant que personnages chrétiens, et transposer simplement des divinités païennes, c’est méconnaître à la fois la nature et la fonction des uns et des autres ; c’est ne pas se rendre compte que les dieux, comme les saints, se référent à une seule et unique réalité : l’être dynamique du surhomme, pivot de toutes les religions humaines.

Au sommaire de cet ouvrage :

Première partie : Le paganisme et le Christianisme, stade d’une religion unique - Importance et principe du matriarcat - le fond religieux primitif - les caractères du rituel diluvien - l’église néolithique - Paganisme et christianisme, leurs dieux - l’unité religieuse dans l’humanité et de l’Être dans le surhomme - la croix chrétienne et la croix païenne -

Deuxième partie : L’enceinte sacrée néolithique et ses survivances - la ceinturation sacrée et ses anneaux - les couronnes - le rite de la circumambulation -

Troisième partie : Pierres et objets sacrés venus du ciel : Les pierres bizarres venus du ciel - autres objets sacrés tombés du ciel -

Quatrième partie : Le rite de la décapitation et les personnages qui portent leur tètes à la main - Le sectionnement de la tête et les usages funéraires - Dyades et Triades matriarcales - le sens et l’importance de la tête coupée dans la religion hellénique - Athéna et la tête de Méduse - le poulpe comme tête coupée - le poulpe et Aphrodite - le rite initiatique de la tête coupée - la céphalophorie de saint Denis et son explication - Octobre, mois des saints céphalophores - les saints céphalophores, les emplacements sacrés du paganisme et les monastères bénédictins - la transition du paganisme au christianisme - les saints céphalophores et la traversée des cours d’eau -

Cinquième partie : Les passeurs géants du paganisme et saint Christophe : - Orion - les dieux et héros grecs, porteurs du sacré - Bran, Thor, Wade, Grettir - Rôle des passeurs géants, le sacré et ses modalités de transport - les héritiers des passeurs initiatiques - la saint Christophe oriental, ou saint Christophe à tête de chien - le saint Christophe occidental et les survivances folkloriques -

 

GORDON – LA MAGIE DANS L’AGRICULTURE, ORIGINE ET SENS DES RITES AGRAIRES

Pierre Gordon

Edition Signatura

 2009 

Ce texte inédit de Pierre Gordon paraît ici pour la première fois. « Jamais un auteur, nous dit Ange Duino dans son avant-propos, n’avait exposé de façon plus claire les origines lointaines des rites agraires et leurs liens, passés jusqu’ici inaperçus, avec le grand rite de mort et de résurrection qui, depuis l’origine de l’humanité, n’a cessé de véhiculer le message de la Tradition Primordiale ».

 

On comprend, à la lecture de ce texte, pourquoi l’antiquité connut des rois laboureurs, la profondeur des cultes phalliques, comment la terre fut assimilée à la Mère Divine.

Loin de la vision réductrice, mais satisfaisante pour nos ego modernes, qui fait de nos ancêtres des primitifs aux mentalités enfantines, Pierre Gordon démontre au contraire leur grandeur et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours.Ce livre nous fait découvrir non seulement le sens des coutumes et folklore agraires mais aussi l’origine de nombreuses toponymies et étymologies.

Il montre la grandeur de nos ancêtres et la puissance spirituelle et mentale dont ils ont imprégné l’humanité jusqu’à nos jours. Il met en exergue la notion de « mana » partagée universellement par tous les peuples de la terre sous des noms divers, il nous plonge aux racines mêmes de la compréhension de cette énergie dynamique, source de toute manifestation et paradis perdu auquel l’homme tache de se reconnecter depuis la nuit des temps.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : Rires agraires et initiatiques - Définition et méthodes à suivre pour l’étude des rites agraires - Le rituel de mort et de résurrection - l’influence du matriarcat - les rites initiatiques essentiels -

Chapitre 2 : Le champ de céréale comme sanctuaire - Le champ et la montagne sacrée - le roi laboureur - le labour rituel dans les fêtes d’Osiris et en Inde -

Chapitre 3 : Les rites agraires et le matriarcat - La Mère Divine et le champ de céréales - la femme et le travail des champs - le labour comme rite de sexualité - ce qu’est la mère des céréales -

Chapitre 4 : Les rites agraires et les éléments de la liturgie initiatique - L’arbre - la pierre et le feu - les hommes-animaux et les animaux porteurs du feu - les Brandons - L’eau - l’air, le vannage, le bernement - la montagne sacrée - la caverne sacrée et ses succédanés - les morts - la fête des mânes comme fête agraire - le vêtement neuf -

Chapitre 5 : Les rites agraires et l’offrande des prémices - Fondement de l’offrande des prémices et la fête du nouvel an - désécration et consécration - offrandes lors des semailles, de la moisson et lors du battage - l’engrangement -

Chapitre 6 : Les rites agraires et l’âme des plantes - l’âme des céréales - la céréale comme saint-sacrement - Dumuzi-Tammouz - Nisaba, Ezinu - l’âme du vin - Sinis - l’alcoolisme sacro-saint - Adonis - l’âme de la céréale et la gerbe -

Chapitre 7 : La première et la dernière gerbe comme centre des rites - D’où vient le privilège attribué à la première et à la dernière gerbe ? - personnification animale - Le grand chasseur et l’Ogre -

Chapitre 8 : Les rites agraires de deuil - Pourquoi les rites agraires comportent des rites de deuil - le Maneros égyptien - les plaintes d’Isis - les lamentations babyloniennes sur la mort de Tammouz - Kostrubonko - les jeux, la lutte et les danses - Hymne homérique à Déméter - les deux déesses agraires -

Chapitre 9 : Les sacrifices pour les récoltes - Les sacrifices humains - le dépeçage de pélops - les 100 enfants immolés en Equateur - les sacrifices mexicains pour la moisson - l’immolation printanière chez les indiens Pawnee - les sacrifices animaux pour les récoltes -

Chapitre 10 : Les rites agraires et les étrangers - Pourquoi les étrangers furent considérés comme pourvus d’un mana spécial - le mythe de Lityersès - Rôle réservé aux étrangers -

Chapitre 11 : Liens des rites agraires avec les rites nuptiaux et royaux - La résurrection initiatique - la dernière gerbe comme la « vierge, la fiancée, la jeune-fille, la mariée, la vierge, la reine, le berceau d’enfant, Kirn » - le sens des mots Kirn et corn - ce que révèle le mot « blé » -

Chapitre 12 : La nudité et les orgies dans les rites agraires - Orgies et mariages - les orgies religieuses ne furent point des rites bassement magiques - les figurations phalliques comme instrument de fertilité -

Chapitre 13 : Autres rites agraires - Les jardins d’Adonis - Le flottement de la chevelure et le balancement du sac de grains comme rites agraires - la procession comme rite de fertilité - le tir à l’arc - la danse et le bruit sacré comme rite agraire - les arts graphiques et les jardins d’Adonis -

Chapitre 14 : Conclusion - Place des rites agraires et de chasse dans l’ensemble des rites - rites de passage - unité des rituels humains -

 

GORDON  -  LA MAISON HUMAINE ET SON ORIGINE SACRÉE  -

Pierre Gordon

Edition  Signatura

 2012

Cet essai inédit de Pierre Gordon, nous offre un angle de vue tout à fait novateur et éclairant sur l’origine de la maison humaine. L’auteur nous apporte la preuve, en s’appuyant sur de solides travaux ethnologiques, que pas un détail de sa genèse n’échappe aux conceptions les plus anciennes du sacré et que c’est au sein du domaine rituel qu’elle fut inaugurée, sous forme de « résidence surnaturelle ».

 

La pose de la première pierre, l’inauguration d’un édifice, le seuil sous lequel on enterrait une hache de pierre ou bien encore des feuillages déposés sur une toiture que l’on vient de terminer, prennent alors tout leur sens.

A ce jour, il n’est pas de nouvelles découvertes archéologiques, ethnographiques, paléontologiques, qui ne viennent s’inscrire dans l’œuvre de Pierre Gordon comme une pièce manquante d’un puzzle dont il a donné le cadre, faisant de cet auteur, non seulement un grand chercheur dans le domaine de la Tradition, mais également un visionnaire.

 

Etant donné le caractère initiatique des premières constructions élevées dans les cavernes et les enceintes divines des hauteurs, il est hors de doute que le temple divin eut très exactement la même origine que la maison humaine. La demeure où s’abritait ces êtres saints qui étaient des néophytes ou des initiés, pouvait-elle différer de celle où résidait l’ancêtre initiateur, prototype des dieux locaux ? Pour tous, le mana transcendant était identique, et la vie, pendant longtemps, fut commune. D’autre part, les objets utilisés pour les rites – objets sacrosaints dont l’énergie surnaturelle se personnifia très souvent, par la suite, en déités spéciale – étaient, eux aussi, logés dans les mêmes conditions et abrités de la même manière.

 

Au sommaire de cet ouvrage

Ouranos et les cavernes sacrées de l’ère paléolithique  -  Le rituel de mort et de résurrection  -  Réaction de la terre-mère et des « filles des hommes »  -  La théocratie néolithique  -  Avènement de rites nouveaux  -  La lutte des dieux contre la Mère Divine  -  Participation progressive de l’homme au travail agricole  -  Les formes primitives de la maison humaine  -  Les architectures  -  Les enceintes sacrées anciennes et actuelles  -  Les cavernes  -  Les abris de feuillages  -  Les demeures quadrangulaires  -  Les maisons rondes  -  La tente  -  L’arbre sacré  -  La hauteur sacrée comme principe d’architecture  -  Mes monuments mégalithiques  -  Les montagnes sanctuaires transformées en œuvre d’art  -  La Ziggurat, les truddhi, les sesi, les talayots, les nuraghes, les brochs ou duns  -   Les veems et les cases  -  Colombiers et Moulins à vent  -  La maison d’Akitu  -  Les monticules sacrés  -  Le Temple du dieu identique à la maison humaine  -  Les Temples de l’antiquité classique  -  La colonne et l’obélisque  -  Le portique  -  Les sanctuaires portatifs et flottants  -  Les agglomérations humaines comme lieux sacrés, Rome et Paris  -  Les monastères  -  les camp militaires  -  La maison et le feu sacré  -  La maison troglodyte  -  Le bois comme matériau noble  -  L’entrée de la maison comme gueule du monstre  -  La maison et les arbres sacrés  -  L’eau sacrée  - Epoque propice à la construction de la maison  -  Les fêtes de la maison  - Les emplacements initiatiques  -  Les cimetières  -  La nécrolâtrie et la nécrophobie  -  Maisons groupées et maisons dispersées

 

GORDONLA NUIT DES NOCES

Pierre Gordon

Edition Dervy

 1951

L’on considère comme une évidence que les coutumes sexuelles des sauvages attestent le grossier niveau originel de l’humanité ; l’ancêtre lointain aurait eu les mœurs les animaux ; les cultes phalliques du néolithique prouveraient le terre-à-terre de ses vues religieuses ; et le fait que, chez quantité de peuplades contemporaines, un garçon se refuse à épouser une fille vierge, démontrerait l’inexistence de toute portée spirituelle dans l’union conjugale primitive.

L’acte de chair, aurait eu à la longue, la valeur d’un « charme magique de fécondité ». Voulant en finir avec cette théorie contraire aux faits, l’auteur a soigneusement récolté les données et les a longuement étudiées.

La conclusion qui s’en dégage est que l’humanité la plus ancienne, eut des idées d’une exceptionnelle élévation, dont les usages postérieurs marquent la dégénérescence.

Les mœurs qui actuellement déroutent, ne sont pas justifiées, elles sont assez embrouillées, aussi l’auteur s’efforce t-il de les rendre plus compréhensibles.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les Primanoxismes et les usages connexes – Afrique – Indonésie – Amérique – Polynésie – Australie – Europe –

Sources lointaines de ces coutumes – la valeur de la virginité - Pourquoi certains peuplent considèrent comme déshonorant, pour une femme, d’être déflorée par son mari - Valeur de la virginité -

Coutumes aberrantes relatives à la défloration - Défloration au moyen d’objets divers - du doigt - défloration par d’autres hommes, autre que le mari -

Les différentes modalités, et l’extension de la prostitution prénuptiale - Le mulierisme - le centaurisme - l’accouplement bestial - la hiérodulie - le sacerdotisme - le sénisme - le principisme - le nasamonisme - l’arkisme - le pérégrinisme - la prostitution babylonienne - le cadéberisme - le talisme - l’échangisme - la prostitution rituelle des femmes mariées - sens du primanoxisme -

Le lieu et le salaire de la prostitution nuptiale - Le sanctuaire - le harem - le don afférent à la défloration et à la prostitution sacrée - la dot de la femme et l’union hiérogamique - le don en argent - le mariage par achat -

Sens profond de la liturgie de sexualité et des conceptions phalliques - Le sacrement de sexualité d’après les vues anciennes - l’hermaphrodisme initial - la liturgie de sexualité et la notion du domaine rituel - la dégradation des rites sexuels - les « messes noires » -

 

GORDON  -  LA RÉVÉLATION PRIMITIVE

Pierre Gordon

Edition  Arma Artis 

 2008

L’on nomme Révélation Primitive, la communication spéciale qui s’est établie, tout au début de l’histoire humaine, entre l’homme et la préternature. Par préternature nous entendons l’univers transcendant ou dynamique qui forme le substrat des choses accessibles à nos sens. L’on peut concevoir cette communication de deux manières :

 

La première consiste à admettre que l’être humain fut jeté, dès le principe, dans le cosmos que nous avons sous les yeux, autrement dit dans le monde saisi comme physique, par l’intermédiaire des sensations, et que Dieu lui dévoila alors des notions plus hautes, propres à l’univers de la transcendance. Le péché originel mit fin à ces contacts, et notre espèce en fut, désormais réduite aux modalités empirique de la connaissance. La difficulté est de discerner par quelle voie, dans cette hypothèse, se communiquaient primitivement à l’homme, les idées qui l’exhaussaient au dessus du monde appréhendé comme physique ou spatio-temporel, et le renseignaient sur le royaume divin,  était-ce par l’intermédiaire des sensations ? ou au moyen d’intuitions mystiques, qui soustrayaient momentanément la pensée à l’emprise des perceptions sensibles ?

 

La seconde conjecture est, de toute évidence, seule acceptable. Mais autant dire alors que le milieu intuitif, caractéristique de l’état édénique primordial, différait de l’ambiance physique au sein de laquelle nous nous mouvons.

Nous retombons ainsi dans cette 2e conception, d’après laquelle l’homme fut primitivement placé dans le cosmos de la matière saisie directement comme radiante, en d’autres termes dans l’univers, extraspacial et extratemporel, de l’énergie pure, où la pensée n’est pas arrêtée par les impressions des sens et accède au dynamisme des l’être. Le milieu primitif de l’homme était donc, suivant cette seconde notion, à tous égards transcendant et divin.

L’initiation chez les « Primitifs » consiste essentiellement à révéler l’existence d’un monde réel, d’un univers divin, et à mettre en contact avec lui, les novices, après les avoir dépouillés de leur personnalité ancienne (c’est la mort du vieil homme dans les rites modernes).

 

Chez ces peuplades primitives d’Afrique ou d’Australie, les jeunes gens sont rassemblés, puis les surveillants se saisissent d’eux et les élèvent à bout de bras vers le ciel comme pour les confier à l’Être Suprême ; les gardiens sont ensuite eux-mêmes soulevés, le visage tourné du côté de leurs pays respectifs. Pendant ce temps tous les assistants tiennent le bras tendu vers la lumière du ciel ; il s’agit là de rattacher les jeunes novices à l’Être Souverain.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Etat primordial d’illumination, occultation primitive et révélation  -  Importance du premier ancêtre  -  L’existence de la tradition prouve que la pensée humaine ne relève point de l’animalité  -  La substance de la tradition primitive  -  Inconsistance présente de l’histoire et de l’homme  -

Chapitre 2 : Conséquence générales de l’occultation primitive  -  Rupture de l’être avec l’unité  -  Isolement du JE humain  -  Le travail comme condition de la vie du corps  -  Transformations organiques  -  La mentalité ontologique  -  Pourquoi la mentalité empirique actuelle ne fut point primitive  - 

Chapitre 3 : Les Initiations et les mystères, comme suite de la Révélation Primitive  -  Le rituel initiatique ou rituel de mort et de résurrection  -  Les diverses initiations, chez les primitifs, dans l’Antiquité, dans la chrétienté et dans divers courants spiritualistes  -  L’hermétisme  -  La tradition initiatique et son support rituel  -  La théocratie ancienne propagatrice des initiations et des mystères  -

Chapitre 4 : Le signe cruciforme comme symbole de l’occultation et de la révélation  -  La croix préhistorique à branches égales  -  Les symboles cruciformes  -  Survivances astrologiques  -  Le signe cruciforme païen et chrétien  -  L’illumination primordiale et le symbole du cœur  -

Chapitre 5 : La voyance  -  Les prophétesses sacrées  -  Pourquoi les Normes et les Moires l’emportaient sur les dieux  -  La voyance comme facteur d’unité religieuse  -

Chapitre 6 : La Religion, fruit de la Révélation primitive  -  Le sacré et les notions connexes  -  La religion et la science  -  La religion et la magie  -

Chapitre 7 : Le culte des ancêtres  -  La place du premier ancêtre dans les diverses civilisations  -  Le premier ancêtre et le diable  -  Le culte des morts  -

Chapitre 8 : L’univers rituel comme survivance de l’illumination primitive  -  L’île sacrée  -  La montagne sacrée  -  Les monts Atlas  -  La Rome primitive et le nombre 12  - Le monde souterrain ou les enfers  -  L’Autre monde et l’ici-bas

 

GORDON - LE GÉANT GARGANTUA

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 2012

Le personnage de Gargantua ressurgit des profondeurs de notre mythologie, grâce à Pierre Gordon, non à la manière burlesque propre à Rabelais mais avec sa puissante et géante réalité, celle du Grand Initiateur, qu’incarnait dans nos anciennes sociétés, l’Officiant sacré portant le masque d’une fausse tête de géant…

 

Car il s’agit bien de gigantisme rituel.


Gargantua, tout comme son père Belen, auquel Gordon consacre une partie importante et passionnante de cet ouvrage, ont laissés d’évidentes traces dans la toponymie, les mythes et le langage ainsi que dans certains jeux, prolongements de rituels sacrés dont nous refaisons les gestes en en ayant oublié le sens, ce dernier sujet formant une étude tout à fait originale et intéressante dans cet ouvrage.

 

Gargantua est l’ordonnateur d’une géographie sacrée marquée entre autre par les dolmens et les menhirs, éléments sacralisants, puisqu’émanant de la Montagne Sainte, dont il jalonne l’espace.

 

Gargantua n’est pas le représentant du paganisme ou le porte étendard de l’antichristianisme, nous dit Pierre Gordon car christianisme et paganisme se rejoignent dans les ondes souterraines d’une religion unique centrée sur le rituel primordial de mort et de résurrection. Idée que P. Gordon a lumineusement saisie et développée dans toute son œuvre qui, au fil des années, rencontre un intérêt et un enthousiasme croissants de la part des lecteurs.

Au sommaire de cet ouvrage :

1e Partie : Les ancêtres de Gargantua :

Chapitre 1 : Le géant qui mange les hommes – le vampirisme divin dans l’antiquité – Cronos – le vampirisme comme digesteur divinisant – les labyrinthes – régressions folkloriques – les carnavals – les incubes et les succubes – les lamies et les lémures – Hécate – Karkô – Krakos – Calchas – origine du mot « ogre » - l’île Gorgona –

Chapitre 2 : Les grees et les gorgones – les îles gorgates – la descendance de Méduse et de Poséidon – le sang dragon – la valeur salvatrice du sang – la hiérogamie de la Gorgone – la mère divine dans le christianisme et dans le paganisme –

Chapitre 3 : Où est né la Gorgone – le problème de l’Atlantide -  Tula et Ogygie – le rituel diluvien – qui étaient les Atlantes ? – les 10 rois de l’Atlantide – l’empire des Atlantes – les courses de chevaux dans l’île sainte –

Chapitre 4 : Les êtres et objets initiatiques désignés par le thème verbal G.R.G. – en Mésopotamie – les Kourganes russes – Le Mont Gargan – le Gargantua d’Angleterre – le galgan germanique – Gergovie, gargarius et galgerius – le mot gurges – la gorge initiatique – Grandgousier et Gargamelle – Grantgosier et Galemelle – la femme sacrée qui apporte des pierres dans son tablier –pourquoi le diable bat sa femme –

Chapitre 5 : Saint Gorgon – Rivières et mont sacrés désignés par le thème verbal G.R.G. – Saint Georges et son histoire –

Chapitre 6 : Ce que signifie les noms donnés au dragon – la fée Greg – la gargouille – le coquatrix et la cocadrille – crokos et crocodile – les monstres des sculptures romanes – la Tarasque – la Tarane – Dragon et cerf-volant – la tête coupée du dragon –

Chapitre 7 : L’épée d’or et le cheval divin – Les enfants du Dragon – le meurtre de la Gorgone comme rite de libération – le géant anguipède – le cheval Malet -  le cheval Gauvin – la blanque jument – le cheval Bayard et les divers chevaux –

2e Partie : Belen, « Père » de Gargantua

Etymologie – Belen-Baleine – Belen et Belisame – Belen dans les pays européens – le Bel et les Baals de l’Orient – Belen-Bel – les avatars de Vishnou – L’île de Bali, Balinac et Bolotoo – Abellio – Belen et Gargantua – D’où vient le mot Bal – La tombe de la Roque Balan – les grands chasseurs initiatiques – Les Ballachrades d’Argos – La boulé, le bain, la bulle – les jeux qui se rattachent à Belen-Bel –

3e Partie : Gargantua :

Chapitre 1 et 2 : Gargan et Gargantua – Evolution sémantique du mot Gargantua – Gargantua comme rameau de rosier sauvage –

Chapitre 3 : Naissance et enfance de Gargantua – la Grande montagne – Merlin démiurge – Gargantua fils de vache – Gargantua et les mutilations initiatiques – Gargantua teint la terre de son sang, rituel de sacralisation –

Chapitre 4 : Gargantua grand chasseur avec le roi Arthur – la « pierre gante » - Sainte Macrine – La reine Guenièvre – La Mesnie Hellequin – Caliburnus le glaive du roi Arthur – l’île où repose le roi Arthur – Arthur, enfant adultérin – le mythe d’Amphitryon – Gargantua croquemitaines – Saint Nicolas – Saint Leu – Loup garou –

Chapitre 5 : Gargantua, Digesteur divinisant – les tombes de Gargantua – Gargantua et les dragons –les os de baleine – Gargantua et la peste – 50 paires de bœufs portent Gargantua en terre – Descente de Gargantua aux enfers –

Chapitre 6 : Gargantua Libérateur et les rites terminaux des initiations – Gargantua et le soleil – Gargantua et les repas communiels – les festins du roi Luern -  L’universalité de la personnalité de Gargantua –

Chapitre 7 : Gargantua et son rôle d’initiateur – les empreintes et traces de Gargantua – la chaise du géant – les fesses de Gargantua – les culottes – l’écuelle – le lit – la barbe – les reliques – l’affiloire – l’ornière du chariot –

Chapitre 8 : Gargantua et la sacralisation des montagnes – les rites scatologiques de création – les vomissements – la hotte – les étrennes – le Mont St Michel -  les colonnes et les tours – les clochers et les cloches –

Chapitre 9 : Gargantua et les pierres sacrées – les jeux – les palets et les gravois – les pierres d’autel apportées au Mont St Michel par Galemelle et Grantgosier – Marie-Madeleine –

Chapitre 10 : Gargantua et les eaux sacrées – La traversée d’une rivière – le dragon maître des eaux – la sacralisation de l’eau par Gargantua – le Marais poitevin – les bateaux et les mariniers avalés par Gargantua – Construction de ponts –

Chapitre 11 : Gargantua et les rites agraires – les végétaux – Esus – Sucellus et Taranis – la fondation de Bourges – les dieux bûcherons – Donar-Thor et les géants nordiques – Gargantua berger et personnalité lunaire – la femme de Gargantua –

Chapitre 12 : Absence de connexion avec le feu sacré – rareté des danses et des rondes –

Chapitre 13 : Résumé de la légende de Gargantua – « les Grands Dieux » - les dieux ancestraux – les Saints successeurs des dieux –

 

GORDON - LE MYTHE D’HERMÈS

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 1985 

Comme tous les vieux mythes qui recouvrent une signification profonde, celui d’Hermès est, au premier abord, un tissu d’enfantillages, d’incohérences, et de non sens. Ce dieu naît dans une grotte du mont Cyllène, au nord ouest de l’Arcadie, il a pour mère la nymphe Maïa, à qui Zeus avait rendu des visites nocturnes. Aussitôt né, il sort de son berceau pour aller en maraude, son but principal est de mettre la main sur les troupeaux d’Apollon. Devant une caverne. Devant une caverne, il rencontre une tortue qui rampe, il lui ôte la vie, et dans le creux de la carapace, tend une peau de bœuf, il ajuste ensuite sur cette peau des baguettes de roseau, et des intestins de mouton : La lyre est découverte.

Après la chute du jour, il se faufile vers les montagnes de Piérie, où se trouvent les 50 vaches d’Apollon, il les amène à reculons pendant la nuit, après avoir attaché sous ses pieds des branches feuillus d’arbustes. Parvenu sur le bord de l’Alphée, il les enferme dans un antre, et en tue deux, non pour les manger mais se donner le plaisir de les sacrifier. Il invente à cette occasion le feu en faisant tourner une tige de laurier dans un morceau de bois tendre. A l’aube il regagne son berceau, sur le mont Cyllène ; Apollon ne tarde pas à s’apercevoir du rapt, et, grâce à ses facultés de clairvoyance, à trouver le coupable. Un vieillard affirme du reste avoir vu passer l’enfant et les vaches, mais le petit Hermès nie avec effronterie et adresse à Zeus, qui n’est nullement dupe de ses arguties, s’en amuse, et le condamne à restitution. Il se réconcilie avec Apollon.

Celui-ci est loin toutefois d’être complètement rassuré, il craint pour son arc ; d’autant plus qu’Hermès est fertile en tours, attestant son habileté (il se transforme notamment en brume pour passer par le trou d’une serrure). Un accord est finalement établi et Hermès donne sa lyre à Apollon en échange de la copropriété des vaches. Apollon lui fait en outre cadeau d’un fouet et d’une baguette, puis révèle à Hermès où se trouvent les Thries, vénérables sorcières en possession d’initier à l’art divinatoire (ces prophétesses recouraient aux petits cailloux sacrés appelés triai, que l’on jetait à la manière des sorts.

D’autres vols ont été attribués à Hermès, tel le vol du trident de Poséidon, l’épée d’Ares, la ceinture d’Aphrodite et les flèches d’Apollon. Il tranche la tête du géant Argus chargé par Héra de surveiller la génisse Io, amante de Zeus. Son dada est le bétail, il est d’ailleurs souvent représenté avec une brebis dans les bras ou sur les épaules.

Telle sont les principales informations fournies par un hymne homérique fameux sur l’enfance d’Hermès. Cela peut paraître étrange que ce récit ai pu être récité lors de cérémonies initiatiques, mais à cette époque le merveilleux faisait parti des cérémonies. Hermès est souvent représenté avec un double visage, précédent ainsi le Janus romain, on le symbolise également comme le dieu de la fécondité animale et de la fertilité, l’analogue du dieu Pan, lequel était du reste tenu pour son fils ou son frère. . Il est également le conducteur des hommes aux enfers, il est la divinité des chemins et le protecteur des voyageurs, il est le gardien des portes – comme le Janus romain –

Alors comment expliquer que ce dieu espiègle aux exploits disparates et chaotique soit devenu à la longue l’Hermès Trismégiste, le Maître des pensées transcendantes, le dispensateur de la lumière cachée, le révélateur des secrets initiatiques ? Les exégètes qui ont travaillé sur Hermès sont très partagé, certain tiennent Hermès pour une divinité solaire ou pour l’incarnation de l’aurore, d’autres y voit un dieu du vent, le crépuscule ou l’hypostase de l’obscur, mais la majorité se sont rallier à la phrase de Cicéron : « Hermès a des origines multiples. »

L’auteur démontre qu’Hermès malgré cette multiplicité de visages se ramène à l’unité, lorsqu’on pose comme essence première de ce dieu l’ensemble des rites initiatiques, dont il fut considéré comme l’instaurateur.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le rituel de mort et de résurrection – sens premier du mot Hermès – l’essence transcendante des hermai – Hermès bicéphale  et tricéphale – Hermès tétracéphale – L’hermaphrodite et l’androgyne initial – les travestissements initiatiques – Le caducée et les deux serpents enlacés – le trident d’Hermès – Hermès phallos è les hermai et leur culte – les fêtes d’Hermès – Hermès et le coq – l’éphèbe – la lyre , les vols de bétail – les chiffres de 100 et 50 – les vaches femmes et Io – les vaches d’Apollon – le vieillard d’Anchestos – Hermès inventeur du feu sacré – les Thries – hermès et le rire initiatique – les pléiades et la fille d’Atlas – Hermès psychopompe – Hermès dieu des voyageurs, messager de Zeus, dieu des marchands et des affaires –Hermès logios et logos – Hermès Thot – L’hermétisme –le mercure gaulois –

 

GORDON – LE SACERDOCE A TRAVERS LES ÂGES

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 1993

Le monde initiatique ou monde souterrain est au point de départ de toutes les religions certes il ne faut pas confondre religion et initiation, il n’en est pas moins indubitable que le rituel de mort et de résurrection fut le principe de base et resta toujours l’essence de toutes les formes religieuses quelles qu’elles fussent

Depuis toujours le prêtre peut se définir comme celui qui établit la liaison entre l’univers physique, soumis à l’espace-temps, et l’univers dynamique, soustrait à cette sujétion, et ceci dans l’intérêt d’un groupe social.

La connexion du cosmos phénoménal avec le cosmos du mana s’opéra d’abord par le père de famille, qui fut sans nul doute le premier prêtre.

Pierre Gordon nous invite à un voyage dans le temps où il nous fait rencontrer les premiers prêtres, les chamans, les guérisseurs, l’élaboration lente des premiers dieux et tout ce qui tourne autour du sacerdoce religieux païen qui par la suite va muter vers une structure religieuse plus élaborée et plus contraignante.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre premier : Cosmos physique et cosmos dynamique - religion et science - l’initiation - définition du prêtre et le père de famille comme premier prêtre - le rôle sacerdotal de l’ancêtre - la théocratie - les rois-prêtres -

Chapitre deuxième : les rois-prêtres - les Jukuns - les rois de France et leurs pouvoirs de guérir - L’investiture royale et la théocratie - Le roi-prêtre dans ses rapports avec le roi de substitution -

Chapitre troisième : Sacerdoce masculin et féminin - le sacerdoce des eunuques et des efféminés - les travestissements sacrés de l’homosexualité - la fonction sexuelle du sacerdoce - l’investiture par hiérogamie - l’investiture royale dans l’ancienne Chaldée - survivances sacerdotale dans le matriarcat -

Chapitre quatre : L’aptitude à la prêtrise, son principe, le vêtement sacerdotal - les clochettes et les grenades sacerdotales - les personnes aptes au sacerdoce dans l’antiquité - comment et pourquoi avaient t-elle du prestige -

Chapitre cinq : Les fonctions du sacerdoce ; La fonction initiatique - Le chamanisme - la fonction prophétique - la fonction cosmique et médicinale - la fonction funéraire - L’œil d’Horus - L’œil de Râ - la fonction phallique -

Chapitre six : Les fonctions du sacerdoce, sacrificielle et apparentées - La prêtrise du feu - les sacrifices sanglants - les habitudes alimentaires - le prêtre boucher et cuisinier - le prêtre laboureur et boulanger - la fonction de désécration - la chasse et la pèche comme sacerdoce - l’élevage des animaux - les bovidés, la lait, le fromage, le beurre et le prêtre laitier - la cheval et le porc - la poule, le chie,, le ver à soie, les abeilles, le prêtre apiculteur - le prêtre cannibale - comment se procurer des victimes humaines - les sacrifices humains comme rites initiatiques - déviation des idées sacerdotales relatives aux offrandes et aux sacrifices - les deux grandes étapes de la fonction sacrificielle -

Chapitre sept : Les dégradations de la fonction sacrificielle dans le sacerdoce antique - évolution du vocabulaire liturgique chaldéen - la fonction sacrificielle chez les hébreux - L’holocauste primitif - le sacerdoce en Inde, en Egypte, à Rome, au Japon et dans le Mexique précolombien - les sacrifices de substitution - Comment fut mangé Pélops - l’emploi des figurines - Origine des sacrifices humains et du passage par le feu - Préparation et lieu des sacrifices - comment choisir les victimes - les rites des Thesmophories - le soma - la grande fête des Pygmées - les mystères d’Eleusis - le costume des sacrifiants - le sacerdoce dans le bouddhisme et chez les Jaïns - les castes sacerdotales - la chaine initiatique - classification des rites et des mythes -

Chapitre huit : Bref aperçu sur la fonction royale et sacerdotale - le roi des Shillouks - la fonction liturgique du sacerdoce - le prêtre sacristain, administrateur, économe et banquier - le Potlatch - Les territoires sacro-saints dans le monde - le prêtre juriste, casuiste, magicien et exorciste - le sacerdoce dans le christianisme -

 

GORDON – LES FÊTES A TRAVERS LES ÂGES – LEUR UNITÉ – L’ORIGINE DU CALENDRIER

Pierre Gordon

Edition SIGNATURA

 2004

Pendant des millénaires, le Sacré et l’expérience liturgique ont été le support de l’élaboration du calendrier.


La vision de la science contemporaine n’a pas toujours été. Non ! Les anciens ne pensaient pas nécessairement comme nous ! Notre vision moderne dénature la compréhension de l’histoire et de l’évolution de l’humanité. Les divisions anciennes du temps s’appuyaient d’abord sur le Sacré. En ces temps de matérialité triomphante, quand abdique la science, c’est encore vers le ciel que l’on se tourne.


Nos doutes enfantent l’humilité et font des Saints nos porte-parole auprès du ciel. Qui se souvient que souhaiter leur fête à ceux qu’on aime n’est que réminiscence d’un temps où le divorce entre l’homme et le ciel n’était pas encore consommé ?


Pierre Gordon, dans ce livre dense et fécond, éclaire de la lueur du Sacré la genèse du calendrier à travers les âges. Après la lecture de ce livre, ce « Sacré » temps n’égrainera plus ses jours de la même manière…


Y sont développés :

Tous les calendriers, grecs, romain maçonnique, chaldéen, égyptien, copte, hébraïque, musulman, indou, chrétien, chinois etc… les fêtes et les chiffres sacrés, l’influence de la lune et du soleil sur la vie traditionnelle et les conséquences initiatiques et religieuses.


Un livre de référence sur le sujet.

 

GORDON – LES ORIGINES DE ROME, VALEUR HISTORIQUE DE LA LÉGENDE

Pierre Gordon 

Edition Arma Artis

 2004

Lorsqu’on remonte aux origines, l’on constate que l’emplacement de la Ville Eternelle fut d’abord occupé, suivant une règle universelle, par une multitude de communautés autonomes, dont chacune possédait son foyer religieux spécial qui était pour elle à la fois son réduit de défense, sa citadelle et l’omphalos du monde, le point d’où le mana surnaturel, c'est-à-dire la matière dynamique invisible, s’irradiait sur le territoire et sur les membres du groupe.

Au VIIIe siècle avant notre ère, on aperçoit ainsi de minuscules collectivités sur le Quirinal occupé par des Sabins, sur le Viminal, sur l’Esquilin, sur le Fagutal, l’Oppius et le Cispius, chacune de ces commines étaient le centre d petites sociétés distincte.

Sur le Coelius qui s’appelait le Querquetual ou colline de chêne ainsi que sur la Velia qui prolonge le Palatin, habitait deux petits groupes qui par la suite s’unirent et donnèrent le départ à une confédération de plus en plus puissante.

C’est sur le mont Germal que vint s’installer la colonie albaine qui fonda la Roma Quadrata, et c’est sur cette colline que l’on trouva la célèbre grotte de Lupercal, repaire de la Louve divine et le sacro-saint figuier Ruminal, Acca Larentia et son sépulcre.

Rumus ou ruma désignait anciennement la mamelle, le Tibre lui-même se nommait Rumon en sa qualité de nourricier, de son coté Jupiter portera l’épithète de Ruminus. La Louve nourricière figure d’autre part dans les Indigitamenta avec le qualificatif de Diva Rumina, elle possédait une petite chapelle au flanc du Germal : il est dès lors extrêmement vraisemblable que le nom de Rome provienne de l’allaitement divin qui s’y pratiquait.

Un superbe ouvrage sur la naissance de Rome avec sa sémantique, ses légendes, ses mythes et tout ce qui tourne autour de cette ville qui fut très longtemps le centre du monde et exporta sa culture dans le monde entier.

 

GORDON – LES RACINES SACRÉES DE PARIS ET LES TRADITIONS DE- L’ILE- DE- FRANCE

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 1992

Afin de mieux connaitre l’origine de Paris, l’auteur a eu recours aux traditions populaires. C’est à travers celle-ci que nous comprendrons mieux pourquoi et comment les données folkloriques se rapportent toujours à des rites qui furent propagés depuis le début et que l’Antiquité appelle des dieux ou fils de dieux.

Pour découvrir la source de ces thèmes, c’est vers les récits religieux qu’il faut se tourner ; l’on entrevoit ainsi la grandeur initiale et les précieux enseignements de ces récits. Par exemple si nous voulons connaitre pourquoi le méchant loup mange le petit chaperon rouge, il n’y a pas d’autre moyen que de se reporter à Cronos-Saturne, cet ogre divin qui mangeait tous ses enfants dès leur naissance.

Pour étudier l’origine de Paris, l’auteur remonte à une date assez éloignée de l’archéologie gallo-romaine et nous explique ce qui était à son sens Paris à la période préhistorique. Cette recherche s’accompagne par l’étude sémantique des noms de rues, de places, de lieux-dits, sur les langues parlées en Gaule avant l’arrivée des Gaulois, les noms des montagnes sont également riches en enseignements.

En étudiant l’image que les générations se formaient de l’univers, on constate que les éléments fondamentaux de leur représentation se ramenaient à trois visions : L’Océan, l’Île, et la Montagne. De ces trois éléments qui surgissaient de la mer, s’irradiait vers les quatre directions de l’espace le mana divin ; telle était pour eux la vision primordiale, avec ce monde souterrain s’ouvrant par la caverne et dont le point central était les enfers, Ouranos y enfermait ses enfants et Cronos digérait les siens, ce qui signifiait une période ascétique nécessaire à une métamorphose de l’être et à une transmutation de l’homme par une mort-renaissance.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : L’île de la cité - Lutèce - la nef de Lutèce - Paris - Ce que fut l’île primitive de Lutèce -

Chapitre 2 : La colline sainte du Nord : Montmartre du haut et du bas - le rite de la tête coupée et Montmartre - les personnages sans tête - Fusion ultérieure de l’initiateur païen et de l’évangélisateur chrétien - unité profonde du paganisme et du christianisme - la présence du Dionysos sur le mont Mercure -

Chapitre 3 : La montagne sante-Geneviève et le château d’Hautefeuille - le mont Lucotecius - le sommet du mont Lucotecius - Comment entendre sainte Geneviève - légendes diverses concernant l’origine de la civilisation française et de Paris -

Chapitre 4 : Le Montsouris et le tombeau des Géants - la tombe d’Isoris - les tombeaux des géants - appellations diverses du géant - les processions - leur sens et leur origine

Chapitre 5 : Saint Denis et le Géant Isoré - la colline du sud - le rite de la tête coupée et le géant Isoré - la tombe d’Isoré, ancien emplacement rituel -

Chapitre 6 : Saint Marcel et le dragon de la Bièvre, les Gobelins - Le bourg saint Marcel, premier emplacement chrétien de Paris - saint Marcel et le dragon - signification du rite - le monstre de la Bièvre et géant de la tombe d’Issoire - les Gobelins et les Gabales -

Chapitre 7 : Le diable Vauvert - la rue d’enfer - le diable vert - sa provenance et son domaine - l’expulsion du diable vert - comment expliquer qu’un domaine parisien ait appartenu au diable en plein XIIIe siècle chrétien - ce que révèle le diable Vauvert -

Chapitre 8 : Carrières et hauteurs, L’origine du Louvre - Ce que fut d’après diverses survivances Paris durant les derniers millénaires de la préhistoire - Transformation des cavernes en carrières - cavernes et hauteurs parisiennes -

Chapitre 9 : Feux, Géants, Ours, Moine bourru, Grand serpent et quelques corporations - Les feux de la Saint Jean - les géants de la rue aux ours - l’ours de la chandeleur - les survivances du grand chasseur - le grand serpent de la cité la corporation parisienne des bouchers - la noblesse parisienne - la corporation des « marchands d’eau » - les institutions municipales de Paris - les vignerons de la région parisienne - la saint Vincent - les jardiniers de la région parisienne : saint Fiacre et saint Ortaire -

Chapitre 10 : Fêtes de Paris et de l’île de France - Le jour de l’an à Paris - la fête des rois - la chandeleur - le carnaval parisien - le fête des fous - le fête des innocents - les sots et les soties - la mi-carême - les fêtes de Pâques - les rites de la sexualité - leur épuration par le christianisme - les rites du 1e Avril - la grande fête du 1e Mai - la fête de la moisson - le 1e Novembre - les vieux saints médiévaux de Paris - les 12 nuits - les jours alcyoniens - l’interdiction de la pomme - Notre Dame de l’O et les vierges noires de Paris - la fête de Noel -

Conclusion : La sacralisation antique par l’eau - La préhistoire et l’ogre - Caractère de la seconde théocratie - les trois personnalités fondamentales des initiations - Les îles de femmes - le rôle des arbres dans l’ancienne justice française - les rites slaves de Koupala - le région parisienne de Verrières -

 

GORDON - LES RELIGIONS DES PRIMITIFS

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 2004

Au-delà de ce qui semble être un simple traité d’ethnologie au demeurant extrêmement fouillé et documenté, l’on perçoit très vite les idées typiquement gordiennes, en particulier la mise en lumière de certains archétypes communs aux religions primitives : les rites de création (ou diluviens » les rites de mort et de résurrection, les rites d’initiation, le repas communiel, le totémisme, les tabous etc…, idées qui ne sont rien de moins que celles qui ont trait à la Grande Tradition Primordiale, formant la trame unique de toutes les manifestations religieuses.

L’œuvre abondante de Pierre Gordon qui refait surface grâce à la passion de quelques dévots, conjugue une connaissance précise de l’ethnologie et des sciences religieuses avec une conception très structurée sur le plan philosophique et métaphysique. A cet égard l’ensemble de ces travaux pourraient s’intituler « A la recherche de la radiance perdue ».

Qu’est-ce à dire. Pierre Gordon qui fut haut fonctionnaire de la marine marchande, était hanté par une certitude simple : notre monde a été précédé d’un monde spirituel lequel, à l’issu d’une catastrophe métaphysique – ce mot voulant précise au-delà de la matière – a donné naissance à ce monde actuel.

Ce monde présent est le produit de la matérialisation et de l’opacification des lumières du premier monde de la création, deux processus qui furent à l’origine des déterminismes physiques et de la mortalité biologique. Rejoignant les intuitions de Nicolas Berdiaev et d’Henry Corbin, la pensée de Pierre Gordon repose sur un questionnement d type ésotérique qui n’est pas sans rappeler la Tradition de la Gnose.

Pierre Gordon fut un savant pour qui la connaissance de l’histoire des religions, la foi en Dieu et en la permanence du monde divin ne formaient qu’une seule et même réalité spirituelle. Elève de Durkheim, il fut un acteur engagé religieusement dans l’histoire des religions qui pour lui ne faisaient qu’illustrer la vérité de son action centrale, selon laquelle toute forme d’organisation sociale des peuples premiers, qu’elle soit politique, religieuse ou autre, ne fait qu’exprimer une nostalgie douloureuse de la création dans son état originel qui se traduit par des tentatives inlassables pour rétablir la continuité du fondement ontologique du monde.

Les formes religieuses que l’auteur passe en revue dans cet ouvrage sont aimantées non seulement par la certitude de l’immortalité mais par une volonté constante de montrer comment les hommes ont cherché à restaurer l’état primordial de leur condition. La recherche de la radiance perdue forme la trame unique de toutes les manifestations religieuses car pour l’auteur, l’unité des religions est dans cette mémoire du monde divin maintenue et entretenue par les différents groupes humains.

Cet ouvrage n’est pas seulement s’intéresser aux religions des peuples premiers dans les années cinquante, mais c’est aussi au-delà du foisonnement des exemples, l’amorce d’une quête vers le retour à nos origines.

Au sommaire de cet ouvrage :

1 - Ce qu’il faut entendre par peuple primitif

2 – Les négrilles de l’Afrique équatoriale - les rites - le système religieux –

3 – Les peuplades archaïques de l’Afrique australe - les Damaras ou Bergdamas - les Bochimans ou Bushmen - les Hottentots - la religion khoisane - les Héréros -

4 – Autres peuplades africaines - les Bantous - civilisations africaines diverses - les Touaregs -

5 – Religions archaïques de l’Asie - Les Semang de Malacca - les Aeta des Philippines - les Andamans - les Todas de l’Inde méridionale - le Tibet - le nord de l’Asie - les éléments de la religion archaïque -

6 – Les religions archaïques du continent américain - le système religieux - les initiations et les rituels - la vie après la mort - le totémisme chez les amérindiens - le cannibalisme rituel - les indiens cultivateurs de la forêt amazonienne - l’Antiquité du groupe Tupi-Arawak-Caraïbe - ses migrations - le sacerdoce chez les peuplades primitives - les anciens emplacements sacrés -

 

GORDON – LES VIERGES NOIRES – L’ORIGINE ET LE SENS DES CONTES DE FÉES

Pierre  Gordon

Edition Arma Artis

 2003

L’auteur fait ressortir dans ces trois textes l’importance des rites (initiatiques, matrimoniaux, etc.) qui sont pratiqués depuis des millénaires dans toutes les sociétés humaines, ainsi que du totémisme et des tabous également reliés au domaine rituel.


Son étude sur les Vierges Noires nous emmène dans le monde souterrain (auprès de l’« Initiatrice », c’est-à-dire une personnalité sacrée (en réalité un personnage féminin déguisé ou travesti) « qui échappait au monde profane pour se réintégrer dans le monde surnaturel ». Car « le conte de fées n’est en fait, nous précise l’auteur, que la description scrupuleuse d’un rite ».

 

Cet ouvrage  sur les vierges noires se décline en 8 points qui sont les suivants :

 

1/ Les vierges noires du christianisme sont noires pour les mêmes raisons que le furent avant elles, les Mères, tenues par le paganisme, pour les plus puissantes

2/ Les Mères noires avaient cette couleur pour le même motif que les Maitres du monde souterrain (Hadès, Pluton, Balor, le Dispater etc.) qui eux même la possédaient, car ils siégeaient dans les ténèbres, au sens propre du mot, la caverne initiatique étant plongé dans le noir

3/ Cette origine rituelle est la même dans tous les pays, et ce sont les disciplines qui ont données cette couleurs à la Mère initiatrice.

4/ En toutes contrées on s’efforça de donner une couleur noire à tous les minéraux ou bois, rappelant ainsi la Mère souterraine

5/ Les Vierges noires prirent naturellement la place des Mères souterraine (cryptes, remplaçant les grottes)

6/ Des statues ou statuettes de Mères noires furent importées d’autres civilisations, renforçant cette idée de couleur, mais également ces statuettes ayant séjournées très longtemps dans l’obscurité des grottes avaient un aspect noirâtre.

7/ Bien que les autorités religieuses et royales luttèrent pour abolir ce culte des Vierges noires, le peuple eut le dernier mot et par exemple à Chartres, la Vierge noire fut l’objet d’un culte au même titre que les autres

8/ Le clergé essaya de déplacer ces vierges noires, mais elles revenaient aussitôt à leur endroit initial, c'est-à-dire souvent dans des endroits souterrains. De plus lorsqu’on sortait la statue de son contexte habituel, elle perdait  ses pouvoirs merveilleux, et donc on les remit vite à leur place.


L’œuvre de Pierre Gordon, redécouverte il y a une vingtaine d’années, ne cesse d’être reconnue comme fondamentale pour saisir l’origine, le sens et les fonctions des rites qui s’inscrivent dans ce que l’auteur nomme, à la suite de René Guénon, la « Tradition primordiale », fondement de tous les phénomènes religieux de l’humanité

 

GORDON - l’image du monde dans l’antiquitÉ

Pierre Gordon

Edition ARMA ARTIS

 2005

Le but de ce livre est de marquer les traits principaux de la représentation que les anciens se sont formée de l’univers et d’en établir si possible les origines.

 

Le problème est loin d’être simple, ce qui a contribué à l’embrouiller, c’est que l’on a toujours situé au point de départ une recherche mentale analogue à la nôtre ; les hommes se seraient posé, en des temps anciens, les questions que nous nous posons aujourd’hui, et ils les auraient résolu par des hypothèses. Ils se seraient demandé par exemple, d’où provenaient les choses physiques, de quelle manière elles avaient débuté et comment elles avaient revêtu l’aspect que nous leur voyons, ils auraient en tâtonnant dégagé quelques images et quelques idées, qui leur auraient paru explicatives, les générations postérieures auraient poursuivi ce travail, en t introduisant progressivement  plus de précisions, et en éliminant la gangue religieuse initiale ? La théogonie aurait ainsi évolué en cosmogonie, puis en cosmologie et en physique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Chapitre 1 : Considérations préliminaires  -  La hiérogamie néolithique et le rite de séparation comme origine du cosmos  -  Les cycles de culture  -  L’ascèse de l’Île sainte  -  Le rituel de mort et de résurrection  -  la Grande Montagne  -  la croix spatiale et les quatre régions de l’étendue  -  la sacralisation des animaux  et le revêtement de peux de bêtes  -  le serpent et l’oiseau  -  le Grand Chasseur  -

Chapitre 2 : Conséquences pour l’image antique du monde  -  Les traditions lointaines sur l’origine des choses  -   Le Hara-Berezaiti  -  le Mérou  -  les autres montagnes saintes antiques  -  le Temple-montagne  -  les hypostases du sacré contenu dans la montagne  -

Chapitre 3 : Les éléments principaux de l’image antique du Monde  -  Le feu  -  L’océan  -  la sainteté  -  la descendance de la mer d’après Hésiode  -  L’océan et l’eau douce  -  la conception chaldéenne de l’apsu  -  L’Île de l’ouest et de l’Est  -  les deux cornes de la montagne  -  la caverne initiatique et l’œuf cosmique  -  la noix cosmique  -

Chapitre 4 : L’image du monde dans l’Inde  -  Le jaïnisme  -  le bouddhisme  -  Le brahmanisme  - 

Chapitre 5 : La chute progressive de l’humanité  -  Prédilection de l’Inde pour les chiffres astronomiques  -

Chapitre 6 : La notion du retour éternel  -  L’ascension après la chute  -  Origine de la conception du retour éternel  -

Chapitre 7 : Le pommier et les pommes d’or  -  Héraklès et les pommes d’or  -  Les pommes initiatiques  -  la place de l’Inde  -

Chapitre 8 : Les trois étages cosmiques, les Enfers et le Ciel  -  Enfer et Ciel d’après le Jainisme, le bouddhisme et divers cultes Hindoues  -  Les ciels primitifs reposent sur une conception exactes et une réalité rituelle  -  La descente du Christ aux enfers et sa montée au Ciel  -  les volcans comme mondes souterrains  -  les paradis et les enfers astraux  -

Chapitre 9 : Les visites à l’autre monde  -  Pourquoi toutes les descriptions sont fautives  -  L’univers phénoménal comme création de l’homme  -

Chapitre 10 : L’origine des dieux et des démons  -  Identité première des dieux et des démons  -

Chapitre 11 : Origine de la croyance à la survie  -

Chapitre 12 : L’Essence de l’Homme et de l’univers  -  L’idée platonicienne  -  La philosophie des sauvages  -  Le yoga de l’Inde  -  la taoïsme chinois  -  Le çaktisme  -

Chapitre 13 : Le Karma  -  Les divers Karma de l’Inde à travers le bouddhisme, le Jaïnisme, le Brahmanisme  -  Comment l’Inde a faussé les conceptions initiatiques primordiales  -  Transmigration et métempsychose  -

Chapitre 14 : Les applications du Karma  -  Liaison avec le système des castes  -  Ce qui oriente les réincarnations  -  L’enfer des renaissances sans fin  -  La voie du salut  -

Chapitre 15 : L’harmonisation rituelle de l’homme et du cosmos  -  La détermination de l’omphalos et l’orientation rituelle  -  le rite de Circumambulation  -

Chapitre 16 : Passage à la cosmologie  -  Sens profond des rites néolithiques de création  -  Les cosmogonies créationnistes  -  les cosmogonies démiurgiques  -  les cosmogonies émanationnistes, philosophiques et scientifiques  -  Valeur pérenne du rituel ancien et de l’image antique de monde  - 

 

GORDON - L’INITIATION PRIMORDIALE ET L’ORIGINE DES RELIGIONS - Introduction à l’œuvre de Pierre Gordon

Roger Parisot

Edition Arma Artis

 1993 

Pierre Gordon est l’auteur d’une œuvre, aussi magistrale que méconnue, de véritable « préhistorien de la religion », et ses travaux projettent sur l’origine et les fondements de celle-ci, sur sa signification et sur ses fonctions, la lumière la plus neuve, la plus rare et la plus éclairante qui soit.


Ce qui fait l’originalité, la valeur et l’intérêt de cette œuvre, c’est que Gordon fut à la fois, tout en étant chrétien, élève de Graf Durkheim, et proche sue certains points de René Guénon, ce qui lui permit, en bénéficiant des lumières de la foi, de jeter un pont entre l’étude sociologique du phénomène religieux et les enseignements de l’ésotérisme traditionnel.

La conception de l’homme et des dieux à laquelle il aboutit, grâce à la largeur d ses vues et à la sureté de ses intuitions, le conduisit à donner des mythes et des rites, des croyances et des cultes, des superstitions du folklore ou du merveilleux des légendes et des contes de fées, l’interprétation la plus satisfaisante pour l’esprit, en montrant comment on peut les prendre à la lettre sans en sacrifier l’esprit, et les comprendre en esprit sans en dénaturer la lettre.

L’auteur, en présentant cette œuvre sur Gordon, a voulu montrer comment, en s’en tenant ainsi qu’il le dit lui-même, « au sens littéral des documents », et sans se contenter des vues biologiques et psychologiques, foncièrement inadéquates, quelle fut la méthode de Gordon et quels fut ses principes qui le guidèrent dans cette œuvre, qui sut donner au phénomène religieux une interprétation plus logique grâce à sa clairvoyance et à son discernement qui lui firent éviter toutes les explications réductionnistes.

Admis les principes et la méthode de P. Gordon, acceptées ses intuitions et ses idées directrices, le phénomène religieux dans son ensemble prend une intelligibilité nouvelle ; les rites, qu’ils soient initiatiques, funéraires, matrimoniaux, agraires oui autres, ainsi que les mythes qui leur correspondent, prennent un sens qui les éclaire et leur fait perdre tout caractère arbitraire ou irrationnel ; et l’on comprend que tout ce qu’enseigne les religions est vrai, et que rien de ce que dit la Fable n’est imaginaire.

Il est vrai que les Dieux ont vécu sur la terre, et il est vrai que jadis les bêtes parlèrent, il est vrai que les morts peuvent ressusciter et que les décapités peuvent ramasser leur tête, il est vrai que des « ogres » mangeaient les « petits enfants » et que la baleine avala Jonas, vrai qu’Apollon vint d’Hyperborée accompagné de cygnes, et que Lohengrin parti, emporté par eux, vrai que Siegfried combattit le serpent et que Mélusine disparut, transformée en Wouivre, vrai que le prophète Elie fit descendre le feu du ciel sur les autels et que le Verbe, qui est la lumière illuminant les hommes, s’est fait chair, et qu’il a habité parmi nous.

Le grand mérite de Gordon est d’avoir su établir l’existence, au fondement et à l’origine du phénomène religieux de faits socio-historiques réels et d’avoir ainsi pu reconstituer la pré-histoire des religions et du sacerdoce, en montrant la véritable Genèse, du péché d’Adam à la résurrection de Jésus de Nazareth.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre I : Pierre Gordon et la méthode sociologique -

Chapitre II : Le feu sacré et l’univers de la radiance

Chapitre II : Le péché originel et le Paradis perdu

Chapitre IV : L’Âge d’or, le mythe du Déluge et Noé –

Chapitre V : L’île sainte et la montagne sacrée

Chapitre VI : L’initiation : mort et résurrection -

Chapitre VII : Le grand veneur, le digesteur et le libérateur

Chapitre VIII : Le serpent et l’oiseau

Chapitre IX : Le combat initiatique

Chapitre X : Initiation et sexualité

Chapitre XI : Christianisme et initiatisme

 

GORDON - L’INITIATION SEXUELLE ET L’ÉVOLUTION RELIGIEUSE

Pierre Gordon

Edition Presse Universitaire de France

 1945

L’on rencontre dans l’histoire religieuse, et dans le folklore qui la prolonge, nombre de faits déroutants, dont aucune explication satisfaisante n’a encore été trouvée à ce jour. D’où viennent par exemple ces sacrifices au dragon et qui ont partout pour corolaire une lutte contre un dragon ?

Pourquoi d’autres animaux remplacent-ils souvent le dragon ou le serpent ? Pourquoi les victimes exigées par ces personnages mythiques sont elles presque toujours des jeunes filles de préférence vierges ?

D’autre part, d’où vient le fait que dans beaucoup de civilisations autrefois, les jeunes filles avant le mariage devaient se prostituer ou du moins coucher avec un homme autre que son mari ? D’où vient l’institution de la hiérodulie, ou prostitution sacrée ? Comment expliquer les accouplements avec des animaux ?

Dans les rites matrimoniaux comment entendre l’origine du mariage par rapt ? Comment se fait-il également que tant de cas de mariages se soient accompagnés de luttes ? Il y a là, se rapportant à l’union sexuelle, un ensemble de questions, dont la solution sinon l’explication doit être cherchée au cœur même des croyances et des pratiques religieuses, et l’auteur dans cet ouvrage va aller au plus loin et plus profond possible dans ses recherches, il nous offre donc des solutions, des explications, des idées de pistes qui donnent une base de réflexion logique et satisfaisante, tout en laissant la porte ouverte sur d’autres explications.

Au sommaire de cet ouvrage :

Chapitre 1 : L’initiation sexuelle du Néolithique et ses conséquences sociales - Aperçu d’ensemble - L’amazonisme - La prostitution rituelle avant le mariage - Mythes grecs relatifs à l’union sexuelle pratiquée dans les temples - Le sacrifice humain d’origine initiatique et l’accouplement bestial - Les réactions contre la défloration rituelle - la prostitution sacrée ou hiérodulie - la prostitution des mâles - Le monachisme païen - Le rôle de l’exogamie -

Chapitre 2 : L’initiation sexuelle et la Bible - le meurtre des Sichémites - La circoncision de Moïse - la guerre contre les Benjaminites - La fille de Jephté - Samson et Amaterasu - la saga de Samson -

Chapitre 3 : L’initiation sexuelle et la notion de paternité - Vue générale des initiations néolithiques - La Teoknonymie - L’évolution économique à la fin du néolithique -

Chapitre 4 : L’initiation sexuelle et la prohibition de l’inceste - Théories diverses concernant l’origine de la prohibition de l’inceste - l’inceste rituel primitif - Conséquences sociologiques de l’inceste, rituel primordial - l’exogamie dualiste - Corollaires de l’exogamie - Déduction des règles matrimoniales - Privilège de familiarités et avoidances - Récits anciens se rapportant à l’exogamie - Comment expliquer l’amazonisme, c'est-à-dire la formation de communautés exclusivement féminines ? - Le système dualiste dans l’Antiquité et chez les personnages divins - ses rapports avec l’eau - L’ethnographie et la préhistoire -

 

GORDON - L’ORIGINE DE L’HUMANITÉ D’APRÈS LES TRADITIONS ANCIENNES

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 2001 

L’étude de l’Ancien monde conduit de toutes parts à cette vérité, qu’il n’a existé originairement sur la terre qu’une seule religion, dont les cultes locaux ne furent primitivement que les émanations plus ou moins pures.

Outre l’éclatante uniformité des croyances, certains rites fondamentaux, extraordinaires de leur nature, et néanmoins communs à tous les peuples, rendent cette unité d’origine à travers soixante siècles.

Chez Gordon, la recherche érudite est au service d’une idée centrale, à savoir l’encrage historique ou même préhistorique des mythes, cette volonté vaut chez lui acte de foi et conditionne l’ensemble de son œuvre.

Cet ouvrage, brillante synthèse de sa doctrine, avance l’idée que la pensée humaine a connu, une révélation divine, que l’homme a été nanti d’un pouvoir mental supérieur occulté ensuite par la chute. Plongé dans l’univers physique d’un cosmos opaque, il tente de retrouver le monde de Lumière dont il est originaire.

C’est dans ce but que des inities, dont on a fait plus tard des « dieux » parce que la radiance divine émanait de leur personne auraient institué ; dès le néolithique, un rite initiatique de morte et de résurrection qui pourrait bien être à la base de toute religion.

Pour Gordon, la vraie patrie de l’homme se situerait dans l’univers de la radiance dynamique et non dans le monde physique saisi comme phénoménal ; l’homo sapiens adamique, comme il l’appelle, aurait connu cette plénitude d’être interdite à l’homme depuis sa chute, d’où sa nostalgie du Paradis perdu.

Seule l’initiation, prélude à une nouvelle naissance spirituelle, peut sauver l’homme ; c’est ce qui ressort des rites religieux pratiqués et axés sur les mythes de l’Ile Sainte au milieu des eaux, de la grande Montagne avec sa caverne initiatique et liturgique et bien d’autres.

Au sommaire de cet ouvrage de 320 pages :

Ce qu’est l’homme - Origine de la religion et du sacerdoce - la théocratie paléolithique et le matriarcat - la Déluge - L’Âge d’argent - La mère Divine, les rites de sang, les rites phalliques. - le revêtement de peaux animales - La décadence religieuse post néolithique - Les traditions égyptiennes - la tradition d’Hermopolis - La tradition d’Héliopolis - Amon-Min ou Amon Ithyphallique - les éléments de l’Ennéade héliopolitainne et leur provenance rituelle - la tradition Memphite -

Les traditions Chaldéennes et Assyriennes - Cosmogonies de Nippur - le monstre Tiamat - la création d’après Bérose - le Déluge - Les 7 âges - le Khidhr - la caverne des 7 dormants comme caverne cosmique - L’arbre de vie dans la Chaldée ancienne et sa place dans l’origine du monde - L’eau de vie - les deux montagnes, l’Arallu comme pays d’or -

Les traditions Hindoues - le Mérou - la Scythie - Les quatre couleurs et les quatre castes - les quatre métaux et les quatre âges - les quatre animaux -

Les traditions iraniennes et asiatiques - L’Airyana Vaedja - Migration des noms désignant le fleuve sacré et la Montagne Sainte - le Lanpolo - L’Oudyana (Eden) - le Khotan et le dieu Kuverâ - La montagne Sainte des juifs : le mont Moriyah - L’Ouschidarena - L’Arparcin - Le sens primitif du mot Paradis - le Paradis de Yima - L’enfer et la cosmogonie iranienne -

Les origines et la fin des choses d’après les traditions nordiques - Le rôle de l’arbre dans les traditions relatives aux origines - Le pilier cosmique - L’arbre, chemin du Ciel - Les créations celtiques par l’arbre de vie - Les traditions chinoises - La montagne de jade et le pêcher d’immortalité -

Les notions fondamentales de l’Orphisme - Phanès, ou le premier Dionysos - Zagreus ou le second Dionysos - Bacchus ou le troisième Dionysos - L’œuf cosmique -

Survivances diverses des vues traditionnelles relatives aux origines - Le Temple-Montagne et les constructions qui en relèvent - Origine des jardins zoologiques et botaniques - La montagne et la colonne - Les pierres dressées - les Yorubas -

Le centre du monde et les traditions relatives aux origines - la notion d’Omphalos et sa localisation - Le Templum - L’amphidromie - Les deux chemins - Rahû le grand Dragon - La transmigration et ma métempsychose expliquent-elles les origines humaines ? - La création par la pierre, le végétal, le bois - le rituel phallique - Création des animaux par l’homme ou l’homme par les animaux ? - Formation de l’homme à partir d’un œuf -

Le proto-rituel de création et ses déviances - Les deux rituels de création d’après la Bible - Comment la théocratie néolithique a déterminé les traditions relatives aux origines - Le rôle du surhomme et celui de la femme - L’eschatologie - La noyade comme mort initiatique - la mort des Niobides - le dépeçage de Pélops - Le monde des morts initiatiques identifié à celui des Mânes - Remus et Romulus - Les hiérogamies - Rituel de sexualité et les initiations - La caverne - les animaux cosmiques -

 

GORDON - ORIGINE ET SENS DES FÊTES

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 2006

On envisage habituellement, comme principe des fêtes, le culte du soleil, de la lune ou des étoiles, ou de la végétation ; parfois on accorde une grande place au travail du sol, et c’est ainsi qu’on donne le premier rang aux fêtes agraires. Le défaut commun de ces théories est d’abord de ne point expliquer tous les éléments des fêtes anciennes comme par exemple expliquer pourquoi les fêtes comportent des cortèges ou des processions, ni pour quel motif les solennités lointaines, s’étendaient sur une période plus ou moins longue.

 

Plus grave encore, elles ne rendaient pas compte du caractère religieux qui était celui des fêtes reculées. Etymologiquement, le mot fête (festus) veut dire sacré ; le dei festus est le jour soustrait au domaine profane et à la trame ordinaire du temps.

Selon P. Gordon, dans les temps primitifs il n’y avait qu’une seule fête, cette des initiations, qui était une fête annuelle. Les néophytes partaient en procession vers la grotte qui constituait « le monde souterrain » ; ils y séjournaient un certain temps, puis en ressortaient transformés ; la grande solennité était celle de leur résurrection ou renaissance, elle marquait le renouveau de tout, grâce au mana dont les initiés étaient détenteurs et qui, allié au rite de la « fabrication du monde » et la résurrection s’opérant, ne faisait qu’un et donnait à l’initié un nouveau départ sacralisé.

Au sommaire de cet ouvrage :

La fête d’origine : Insuffisance des théories naturistes - Le rituel de mort et de Résurrection comme principe des fêtes - La fête unique qui commémorait la création du monde, en même temps qu’elle en marquait la rénovation - la fête unique et universelle - la civilisation pastorale - les trois fonctions initiatiques -

Les cortèges des fêtes ou processions : la bateau et le maquillage initiatique - comment est né la fête des défunts - les mascarades sacrées - les déguisements sexuels -

Les fêtes et les initiations, l’Initiation royale - Le renouvellement des pouvoirs royaux - le roi temporaire et de substitution - l’intronisation royale - le Chalngo de Lhassa et le roi de l’impureté - le roi-dieu - le sceptre -

La mise à mort du roi lors des fêtes anciennes - le roi et les rites babyloniens du nouvel an - Les sacées - Sémiramis - le roi jardinier - Enlil-Bani - le monarque de remplacement - le roi était-il immolé de façon sanglante ? - sévices annuels contre le roi véritable - les sacrifices humains en Assyrie - les victimes humaines volontaires lors d’un décès -

Les fêtes et les représentations rituelles : Amenuisement des rites en scénarios liturgiques - Origine du théâtre - le rire rituel - Nietzsche et l’origine de la tragédie - la danse -Transcription des scénarios sacrés en hymnes -

Les fêtes, le feu sacré et les astres : L’enceinte sacrée, centre des fêtes - L’origine surnaturelle du feu - Le feu sacré et le roi - L’allumage et l’extinction des feux sacrés - la création initiatique par le feu - la marche sur le feu - le soleil et le feu initiatique - la lune et le rituel initiatique - la mère lune et ses deux enfants célestes - la lune et le mana - influence solaire et lunaire - identification de l’homme avec les astres -

Les fêtes et les rites de l’eau : L’eau sacrée comme véhicule du feu transcendant - le lien de l’eau avec le rituel de mort et de résurrection - L’eau comme breuvage d’immortalité - l’eau changé en vin lors des fêtes - L’eau celtique créatrice - survivances folkloriques - les eaux captives - la marche sur l’eau - le Déluge -

Les rites de l’Air : L’air en tant qu’espace et en tant que vent - les rois ou les seigneurs du vent -

Les fêtes et l’arbre cosmique ; la lutte contre le dragon, les sources du mana chez les végétaux : L’arbre cosmique inversé - l’arbre de jouvence et de tous les biens - l’arbre de la connaissance du bien et du mal - Divinités émergeant des arbres - leur habitat - les animaux et l’arbre sacré - l’arbre et la pierre - L’arbre et l’air -

La cueillette des fleurs et des herbes, la mère divine et les végétaux : fleurs d’or et plantes d’or -

L’arbre initiateur et créateur : L’arbre, père des hommes - origine des berceaux - L’homme arbre comme initiateur et père - Dégradations des vues anciennes, les arbres et les rites de fécondité -

Identité de l’être humain initié et du végétal sacré : Le mariage des arbres - mariage d’un être humain avec un arbre - l’arbre femme et les fleurs enfants - arbres plantés lors d’initiation et lors d’une naissance - l’arbre clanique - les arbres comme hommes vivants -

Les feuillages initiatiques, le transport de l’arbre sacré et le rituel royal : Huttes de feuillages - la légende de Midas - Les dendrophores - la poursuite de la décapitation du roi en Bohème - Le roi silésien et le fou de la Pentecôte -

Rites divers accomplis autour de l’arbre sacré durant les fêtes : Arbres à résine - Plantes à propriété stimulantes ou stupéfiantes - Fonctions des végétaux sacrés au cours des fêtes - culte rendu aux arbres -

Les fêtes et les rites relatifs aux pierres : la pierre et l’arbre - l’omphalos - la pierre créatrice - Jet de pierres (lithobolie) - Les monticules de pierres - la croix néolithique - les dolmens et les mégalithes mortuaires -

Les fêtes et les mégalithes : Origine des mégalithes mortuaires - la montagne sacrée - les menhirs masculin et féminins - les dolmens et les cromlechs - les cairns ou monticules sacrés - les alignements -

Le rôle des pierres sacrées lors des fêtes : Les pierres oraculaires - les pierres de fécondité et d’accouchement - les pierres d’amour, guérisseuses, percées, gardiennes, de pluie, - les pierres venues du ciel - les météorites - les pierres qui volent - les pierres qui parlent et qui déplacent toutes seules - les pierres noires - Pierres de prospérité, de jugement, à ordalie, les pierres-dieu, les pierres témoins, les pierres commémoratives, les pierres-serment, les pierres limites -

Les luttes rituelles aux cours des fêtes : Les avatars du dragon - carnaval - la mort - l’hiver - la grand-mère - les sorcières - le jeu de la soule - origine des jeux -

Autres rites de fête : Rite de deuil - rite agraires, de chasse et de pêche - rites de métiers - mutilations initiatiques - sacrifices humain et d’animaux - Nom nouveau et vêtement nouveau - les couleurs initiatiques - banquet communiel - Mariage et rites de sexualité - les cadeaux de noce et de nouvel an - Danse et nudité rituelle - le bruit sacré et la musique - les fêtes et les arts du dessin - le rire rituel - la fraternité initiatique -

L’effervescence des fêtes : la fête comme folie - Echelonnement des fêtes dans ses rapports avec les éléments - Fêtes patronales et individuelles - Les Panathénées - Les arrhephores - Les Thesmophories - Les Dionysies -

 

GORDON - ORIGINE ET SENS DES MYTHES

Pierre Gordon

Edition Arma Artis

 2006

Cet ouvrage de Pierre Gordon, montre que toute mythologie est un recueil de documents, d’une nature particulière, mais irremplaçable. Contrairement à ce que l’on admet, le mythe n’est jamais un produit de la fantaisie, sans rien définir ici, on indiquera que rien n’est moins inventif que l’imagination dite mythique ; elle se calque toujours étroitement sur une réalité, qu’elle décrit avec scrupule, seuls sont parfois façonnés à une date plus tardive, les raccords entre les éléments mythiques ; l’on aboutit ainsi à des interprétations qui dénaturent le sens primitif du récit ; néanmoins, grâce aux détails traditionnels qui surnagent, il est possible, le plus souvent d’entrevoir le sens.

Est analyser longuement les différentes méthodes d’exégèse mythologique proposées au cours des siècles : naturisme, mânisme et autre magisme. Concernant chacune d’elles, il est fourni des informations suffisamment détaillées pour qu’on puisse s’en former une notion exacte ou poursuivre des investigations personnelles.

L’on a longtemps supposé que les mythes décrivaient des phénomènes naturels, ce qui leur ôtait toute connexion avec l’histoire. Cette théorie, que l’on peut nommer naturiste ou naturaliste a été en vogue dès l’antiquité grecque, puisque les penseurs Ioniens assimilaient déjà Poséidon à l’eau, Héra à l’air etc… et que les Néoplatoniciens identifiaient quantité de dieux au soleil.

Aux temps modernes, tous les grands phénomènes cosmiques ont été considérés à tour de rôle comme le foyer cristallisateur de la mythologie. D’après Renan, le grand mythe néolithique de la Vierge Mère serait la transposition de l’Aurore Virginale, de l’Aurore aux doigts de rose, qui chaque matin tire du néant la nature.

Autre exemple : la lutte d’Œdipe contre le sphinx qui signifierait le combat d’un génie lumineux contre les nuages chargés de pluie. De même la légende d’Achille serait un drame mythique de l’orage.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le naturisme - L’évhémérisme - Le mânisme - Le symbolisme - Les mythes sont des phénomènes sociaux - Le magisme - Le cyclo-culturalisme - L’initiatisme - L’essence des mythes -

 

GORDON – ORIGINE LOINTAINE DE LA FRANC-MAÇONNERIE ET DU COMPAGNONNAGE

Pierre Gordon

Edition Signatura

 2013

La maison humaine primitive fut une construction sacrée, et, en tant que telle, elle fit, à toutes les étapes e son édification, l’objet de rites précis. Bâtir une maison, fut durant des millénaires une œuvre liturgique, ressortissant au rituel de mort et de résurrection.

La maison elle même n’avait d’ailleurs pour but, à l’origine, que de dispenser le mana surnaturel et d’en imprégner la pensée humaine ; si bien que la construction d’une demeure ou d’un temple équivalait à une véritable initiation.

Suivant la règle générale, admise par la théocratie ancienne, tous les instruments et tous les matériaux qui intervenaient dans le travail rituel, possédaient le caractère sacré et une valeur symbolique.

Chez beaucoup de peuples, ce lien étroit du travail et de l’initiation a subsisté jusqu’à nos jours. C’est le cas notamment chez de très nombreuses tribus de guerriers, de chasseurs, de pécheurs, d’agriculteurs et d’artisans.

En Occident l’alchimie qui était nettement une survivance des rites préhistoriques, a maintenu les vues du paganisme initiatique. Obtenir l’or pur, fabriquer du métal or, n’est pas un travail de recherche de la richesse, bien au contraire, l’alchimiste recherche à accéder à la radiance de l’univers cosmique et dynamique, il cherche à résoudre le cosmos comme phénoménal en sa substance énergétique immortelle. Le travail de laboratoire et le feu de l’Athanor, n’ont constitué pour les vrais alchimistes que le coté superficiel du Grand Œuvre, celui-ci n’étant rien d’autre que la métamorphose de l’esprit humain en lumière pure.

La franc-maçonnerie, qui a pris la suite de la franc-maçonnerie opérative, peut de son coté, revendiquer très légitimement une filiation directe à l’égard des initiations préhistoriques, en tant que celles-ci se trouvaient liées à l’art de bâtir la maison humaine et les temples.

Ce n’est pas par hasard que la franc-maçonnerie utilise dans ses rites le maillet, le ciseau, le compas, l’équerre, la règle, le levier, la truelle et autre niveau, elle se conforme à l’usage théocratique des anciennes traditions.

De plus elle utilise le rituel de mort et de résurrection, fondement de sa doctrine, surtout au grade de Maitre, où Hiram est tué, puis placé dans le monde souterrain, une branche d’acacia planté sur le tumulus et représentant la puissance de l’univers invisible, préfigurant la résurrection d’Hiram, qui sera relevé et ressuscité par trois frères.

L’auteur fait de très nombreux parallèles entre la franc-maçonnerie et le compagnonnage, il fait ressortir le caractère sacré de ces rites et justifie leurs attachements aux traditions anciennes.

 

GRASSET D’ORCET - Œuvres dÉcryptÉes        -TOME I    -

GRASSET D’ORCET

Edition EDITE

 2002

Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828-1900) est une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle. Son œuvre, très originale, reste encore presque entièrement à découvrir.


Paul Vuillaud, Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très rapidement cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que quelques articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux Cryptographiques C’est pourquoi la parution des œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le centenaire de sa mort, par les éditions édite, est un grand événement littéraire auquel nous pouvons rendre hommage.
 
L’essentiel de ce que nous savons de Grasset d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de sa mort. Claude Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ; son père, un notable local, était maire et conseiller général de Mauriac. Il fit ses études au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de 1843 de la Revue Britannique. Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et de la littérature.


Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le Monde illustré. Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La Nouvelle Revue à partir de 1883. D’après les témoignages de son biographe anonyme, Grasset d’Orcet n’a jamais eu d’ambitions personnelles dans le milieu littéraire et prêta souvent sa plume de rédacteur à autrui, il aurait même été plagié par Joséphin Péladan. Pour la méthode de cabale phonétique, à laquelle fait notamment allusion Fulcanelli, Grasset d’Orcet serait proche d’un certain P.L de Gourcy, auteur des Lettres philosophiques publiées à Metz en 1806.

Enfin Grasset d’Orcet avait la réputation d’être solidement attaché aux principes conservateurs et serait mort  en chrétien, à Cusset, dans l’Allier, le 2 décembre 1900. On sait aussi qu’il prit le pseudonyme d’Hiram Hull pour publier sa nouvelle La Comtesse Schylock, chez Plon. La liste de ses articles montre l’éclectisme de ses préoccupations, mais plus que les problèmes de politique et de diplomatie sur Chypre ou la route des Indes, il faut retenir que Grasset d’Orcet a été un précurseur et fervent utilisateur de la langue des dieux ou langue des oiseaux. Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes, archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer.

 

Depuis quelques décennies, venus d’horizons variés, des chercheurs se sont mis à découvrir les articles épars de La Revue Britannique ou de La Nouvelle Revue mais, vingt ans après, ces chercheurs n’avancent pas trop et nous plongent  dans l’ignorance sur des points essentiels et « incontournables ». Pas une biographie classique dans le domaine de l’histoire des idées : quelles sont les influences subies par Grasset ? Les sources utilisées ? L’audience exercée ? Les réseaux fréquentés ? Loin de l’histoire officielle enseignée dans les collèges, les lycées et les universités de la République, loin aussi de l’histoire pratiquée dans les séminaires catholiques et les académies, Grasset d’Orcet a construit son propre système de références, en apparence prolem sine matre creatam.

 

À mon avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la tradition antérieure.

 

En un mot, le problème des sources utilisées par Grasset d’Orcet peut et doit mobiliser les énergies de la recherche future. Il faudrait un énorme livre rempli de gloses, de commentaires et d’interprétations pour rendre compte des très nombreux articles de Grasset d’Orcet. Déjà en 1997, « Limousin Espalier » (in L’Art Royal, trahison des clercs. Les Brisées de Grasset d’Orcet) y a consacré 299 pages avec 831 notes infra-marginales érudites : c’est un bon début. D’autres étudient les collaborateurs et le contenu des revues où écrivait Grasset d’Orcet ; quelles furent les relations entre ces revues et les autres grandes revues de la vie intellectuelle parisienne : La Revue historique, La Revue des Questions historiques, La Revue des Deux Mondes, etc. ?

 

Au sommaire de ce 1e tome nous y trouvons :

 

Les empires de la lune et du soleil  -  Les quatre premiers livres de Pantagruel   -  Le 5e livre de Pantagruel   -   Le premier livre de Rabelais   -   La préface et le songe de Poliphile   -   Claudius Popelin et son œuvre   -   Le musée rétrospectif du Trocadéro   -   Le rire sardonique   -   Vêpres siciliennes   -   Les sectes musulmanes du Nord de l’Afrique et la conférence du capitaine Ney   -    Les prophéties de Dante   -   La Corse et Cosme de Médicis   -   L’encyclique « immortale Dei » et la sépulture de Fra Angelico. Un musée byzantin à Ravenne   -   La Bulgarie et les boulgres   -    La béatification de Jeanne d’Arc   -   les guelfes et l’ogive en Italie   -   Giordano Bruno   -   L’évolution pontificale   -    Un discours du commandeur Negri   -   Les sacrifices rituels en Orient et les juifs d’Orient   -   La Rose d’Or et son histoire   -   Un vers de Dante  et L’école dantesque   -  le coran des cordeliers, Virgile gaulois   -   France et Turquie, alliance et relations séculaire   -

 

GRASSET D’ORCET - Œuvres dÉcryptÉes       -    tome II  -

GRASSET d’orcet

Edition  Edite

 2003

 

Ce second tome de Grasset D’Orcet nous transporte dans un univers ésotérique et occulte :

 

Au sommaire de ce tome 2 et avant la Révolution française de 1789, l’auteur nous emmène :

 

De l’androgyne dans l’art ancien et moderne   -   Le noble savoir   -   Un blason   -   Les rapports des Druzes avec les Grands Ducs de Toscane   -   L’aiguille de Cléopâtre et le commandant Gorringe  -  les derniers instants de Lusignan   -   John Gilpin, héros solaire   -   La Côte d’Or  -   Le Ku-Klux-Klan    -   Anecdotes à propos de Cavour   -   A propos de la devise de Savoie   -    Un nouveau Stemma   -    Pie IX était-il Franc-maçon ?   -    Le 4e centenaire de Christophe Colomb   -    Les juifs et Christophe Colomb   -   Les Bonaparte   -   Publication du codex Atlanticus  de Léonard de Vinci    -    Les juifs dans l’Europe Orientale, les Karaïtes, Askénazim, et Sépharadim    -    La lettre de protestation du Pape   -   Une page d’histoire   -   Les Stratiotes   -   La Reine Victoria et l’Arioste   -    Les origines musulmanes de la Reine Victoria   -   Les collaborateurs de Shakespeare   -    Un portrait pseudo-divin   -    Souvenirs historique de l’Albanie et des albanais   -   Au Vatican autrefois et aujourd’hui   -        

 

GRASSET D’ORCET - souvenirs    de  GRASSET  D’ORCET

grasset d’orcet

Edition  ÉDITE

 2004

Pour mieux comprendre un auteur fondamental. Claude-Sosthène Grasset d'Orcet fait partie de ces auteurs dont on parle beaucoup, qu'on lit hélas trop peu, et dont on ignore tout de l'existence. Considéré comme le gourou des milieux occultistes de la fin du XIXème siècle, il jouit d'une réputation sulfureuse jamais démentie et atteint presque au statut de personnage mythique. ... Pourtant, si sa vie fut un roman, rien ne vient y confirmer cette étrange renommée. Homme pudique et discret, il ne livre que des notations éparses sur lui-même, mais suffisantes pour que l'on puisse reconstituer des pans entiers de sa biographie.


Du jeune mondain qui fréquentait Musset, Murger et Pradier au vénérable rédacteur en chef de l'Orient, ce volume de Souvenirs, recueil d'articles où il parle de lui-même, nous informe sur sa vie privée, ses convictions, ses voyages, sa carrière d'archéologue et de journaliste, l'évolution de ses recherches sur la " langue des oiseaux " et l'histoire, etc.

 

On y découvre la profonde sensibilité et l'infatigable ardeur d'un chercheur génial et désintéressé, un des rares, comme René Guénon, Robert Graves ou Mircea Eliade, capables de faire une synthèse entre l'ésotérisme, la mythologie et la science. Les textes présentés apportent aussi des compléments essentiels aux multiples sujets d'étude abordés dans les volumes précédents.

 

Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828-1900) est une figure fort méconnue de la littérature du XIXème siècle. Son œuvre, très originale, reste encore presque entièrement à découvrir. Paul Vuillaud, Fulcanelli et Eugène Canseliet furent les seuls à l’avoir très rapidement cité. Jusqu’à aujourd’hui, le lecteur n’avait à sa disposition que quelques articles publiés en 1976 sous le titre de Matériaux Cryptographiques C’est pourquoi la parution des œuvres complètes de Grasset d’Orcet, pour le centenaire de sa mort, par les éditions édite, est un grand événement littéraire auquel nous pouvons rendre hommage. 

 

L’essentiel de ce que nous savons de Grasset d’Orcet vient de la notice biographique que La Revue Britannique lui a consacrée au moment de sa mort. Claude Sosthène Grasset d’Orcet est né le 6 juin 1828 à Aurillac ; son père, un notable local, était maire et conseiller général de Mauriac.

Il fit ses études au petit séminaire de Clermont et au collège de Juilly. Licencié en droit à Paris, il se lie d’amitié avec Amédée Pichot, rédacteur en chef à partir de 1843 de la Revue Britannique. Sculpteur dans l’atelier d’Elias Robert, il voyagea ensuite dans la Méditerranée, fit des séjours à Chypre où il fut un moment agent consulaire à Famagouste. Ruiné, il rentra en France vers 1868 et vécut du journalisme et de la littérature.

 

Il collabora, avant 1870, à La Cloche, au Figaro, fit du reportage pour l’agence Havas sous la Commune et publia ensuite des études sur l’art, la politique, des nouvelles, des notes de voyage dans les journaux et revues de l’époque : La France, Le Gaulois, Le Soleil, L’Orient, Le Monde illustré. Érudit, philologue, historien, littérateur, il fournit à La revue Britannique plus de 160 articles de 1873 à 1900. Il donna aussi des articles à La Nouvelle Revue à partir de 1883.

  
Mais, l’homme est difficile à suivre dans les étapes de sa biographie extérieure : il s’est volontairement caché derrière des pseudonymes et des personnages de fiction. Arrivera-t-on un jour à percer ses secrets, à décrypter ses messages codés ? On peut l’espérer mais le travail sera long et pénible : il sera le résultat de recherches pluridisciplinaires et convergentes. Historiens, hellénistes, philologues, héraldistes, archéologues, alchimistes, poètes doivent collaborer.

 

À mon avis, la question essentielle est de retrouver dans la production littéraire du XIXe siècle d’autres témoignages permettant d’affirmer l’existence d’un large courant ésotérique, héritier lui-même des siècles précédents. Mais la difficulté majeure vient du fait que la Révolution française aurait, selon Grasset d’Orcet lui-même, détruit volontairement toutes traces de la tradition antérieure.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

De l’alcoolisme en littérature   -   Tragodes et moirologues   -     Chypre    -    La Bulgarie   -   Vieux types bretons   -    Idalie et ses sacrifices humains   -    Monsieur Renan en Phénicie   -   Mouzoura   -   Le vieux dictionnaire   -    Alfred de Musset au café de la Régence   -   Manuscrits inédits   -  Correspondances inédites    -

 

 

420 pages et de très nombreuses illustrations pour illustrer les souvenirs de ce grand occultiste de la fin du XIXème siècle qui fut un témoin de son temps.

 

Au chapitre  10 O,  il y a 2 tomes de Grasset d’Orcet : Œuvres décryptées -

 

 

GRASSET D’ORCET - VOYAGE A LA LḖGENDAIRE UTIQUE

Grasset D’Orcet

Edition L’Oeil du sphinx

2017

Claude-Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) est un personnage étonnant, aux multiples facettes. L’une de ses grandes passions fut l’archéologie. Les Editions L’Oeil du Sphinx, qui se sont spécialisées entre autres dans la publication des œuvres très diverses de Grasset d’Orcet, nous propose un ouvrage original, parfois étrange qui rend compte des fouilles archéologiques qu’il a menées en Tunisie, un épisode méconnu de sa vie aventureuse.

L’ouvrage fut publié sous le nom de Comte d’Hérisson mais le style si caractéristique de Grasset d’Orcet ne laisse aucun doute sur l’identité réelle de l’auteur.

 

Michel Aulonne, dans une précieuse introduction, clarifie les circonstances de ces recherches archéologiques et de la rédaction de ce rapport. Nous y apprenons que Maurice d’Irisson (1839 – 1898), après une belle carrière devient comte romain d’Hérission, il acheta en 1873 le château d’Hérisson dans le Bourbonnais. Il se lia d’amitié avec Grasset d’Orcet. Le contexte politique et culturel de l’époque conduisit les deux amis à envisager une expédition dans des contrées peu explorées de Tunisie qui fut financée par un groupe de commanditaires rassemblés par le comte. Ces recherches en Utique couvrirent une période allant du 31 janvier 1881 au 31 mars de la même année, trois mois d’aventures fructueuses sur le plan archéologique sans pour autant que des pièces exceptionnelles ne soient mises à jour. A la suite de l’expédition une exposition et une « Relation », compte-rendu des fouilles, furent organisées par le comte et son ami Grasset d’Orcet.

 

L’exposition souleva des polémiques. Les étiquetages et interprétations de Grasset d’Orcet furent contestés par les spécialistes de l’époque, non sans raison. L’affaire devint même publique et politique. Nos deux compères sauront retourner la situation à leur avantage par, déjà, leur maîtrise des médias.

 

Parmi les erreurs de Grasset d’Orcet, il y a l’élaboration d’un panthéon uticéen quelque peu fantaisiste, un ensemble aussi fascinant qu’il est scientifiquement faux. L'erreur vient de l’application irréfléchie de sa théorie cryptographique.

« Il est convaincu maintenant, nous dit Michel Aulonne, que la technique du blason, ou du grimoire, s’est pratiquée dans presque toutes les langues, tant anciennes que modernes. Sa théorie s’est révélée inexacte, le grimoire ne peut s’appliquer à toutes les écritures, ses limites se circonscrivent au français, voire au latin et au grec. » Grasset d’Orcet dut admettre son erreur.

 

Ce livre n’en est pas moins intéressant. Il est un témoignage de la vision de l’auteur sur les civilisations antiques et il contribue à mieux cerner cette personnalité aussi attachante qu’originale.

 

GRASSET D’ORCET -   LE DOUBLE LANGAGE DE Rabelais

Sosthène Grasset  D’Orcet

Edition L’Oeil du Sphinx

 2015

Cette réédition est d’importance. La contribution apportée par Claude Sosthène Grasset d’Orcet (1828 – 1900) à l’exégèse rabelaisienne est fondamentale et trop méconnue alors qu’elle permet de saisir toute la subtilité de l’enseignement de Rabelais et notamment sa dimension hermétiste mise en évidence par les remarquables travaux de Claude Gaignebet.

 

Dans une belle préface, Michel Aulonne nous rappelle l’apport de cet aventurier globe-trotter d’une grande lucidité. Passionné d’archéologie, spécialiste du déchiffrement des écritures, connaissant parfaitement le vieux français, le latin, le grec, ancien et moderne, l’anglais, l’italien, l’occitan, mais ayant de bonnes notions de bien d’autres langues, il fait dialoguer mythèmes et métaphores et maîtrise de manière originale et pertinente la symbolique comme l’héraldique.

 

Comme le remarque Michel Aulonne, les méthodologies choisies ou créées par Grasset d’Orcet ne sont guère scientifiques. Il reconnaît lui-même des erreurs. Cependant il nous propose selon Limousin Espalier, « une heuristique véritable et féconde ». C’est cette heuristique qui nous permet de saisir, dans l’absurde de l’apparence rabelaisienne, la profondeur d’un enseignement traditionnel et hermétiste en même temps qu’une critique libertaire très objective de la société du temps de François Rabelais.

 

Le livre rassemble cinq longs articles de Grasset d’Orcet sur l’œuvre de Rabelais : Rabelais et les quatre premiers livres de Pantagruel – Les Gouliards – Les ménestrels de Morvan et de Murcie – Le cinquième livre de Pantagruel – Le premier livre de Rabelais. Ils sont complétés par deux textes de Joséphin Péladan (1858 – 1918) qui s’est largement inspiré des travaux de Grasset d’Orcet tout en les esthétisant : Les songes drolatiques de Rabelais – La clé de Rabelais.

 

Grasset d’Orcet fait souvent le lien entre Rabelais et les sociétés de métier ou les corporations de son époque, gardiennes d’un enseignement à la fois technique et spirituel dans lequel, symboles et mythes s’organisent en un langage subtile et particulièrement riche. Cette dimension de l’œuvre rabelaisienne vaut à François Rabelais d’être un peu abusivement considéré comme un père de la Franc-maçonnerie. L’important est de ne pas perdre tout un art de la langue sans lequel les connaissances hermétistes, et particulièrement l’alchimie, deviennent inaccessibles. Le symbolisme à l’œuvre chez Rabelais est vivant et créatif quand celui de notre monde contemporain, réduit à une simple représentation, est devenu stérile.

 

GRASSET D’ORCET  -   ARCHḖOLOGIE MYSTḖRIEUSE  -    TOME  1

Sosthène Grasset dOrcet

Edition E-dite

2000

Les éditions E-dite poursuivent avec ce premier volume de L’Archéologie Mystérieuse la publication des oeuvres de Claude-Sosthène Grasset d’ Orcet (1828-1900), une des figures érudites les plus surprenantes de son siècle.

 

 Ayant sillonné le monde méditerranéen pendant quinze ans, cet amateur d’art éclairé est à l’origine de la cypriote du Louvre, à une époque où l’archéologie était encore balbutiante.

 

Helléniste et sémitisant avenir, il a longuement étudié l’épigraphie méditerranéenne, et a ainsi pu découvrir les principes de l’écriture héraldique grecque. L’accès à ce grimoire permet une lecture complètement originale d’un très grand nombre d oeuvres d’art antiques. Si Grasset d'Orcet n’a jamais pu réunir ses travaux dans un ouvrage systématique, il nous a toutefois livré ses réflexions dans une série de longs articles, qui donnent des aperçus saisissants sur l’art, la religion et la philosophie de l’Antiquité.

 

Cité par Fulcanelli, Canseliet et quelques autres rares adeptes ou Frères d'Héliopolis, pillé par des érudits ou chercheurs moins scrupuleux, Claude-Sosthène Grasset d'Orcet (1828-1900) fait toujours figure de noble voyageur énigmatique, au même titre que le comte de Saint-Germain. L'homme semble aussi irréductible qu'incernable, à la mesure d'une oeuvre qui, entre autres révélations, éclaire d'une lumière singulière les ténèbres de l'Histoire officielle en prétendant lui substituer une histoire secrète plus séculaire qui en serait la cause.

 

De quoi faire grincer les dents de tout rationaliste, et d'agacer l'historien de profession préoccupé surtout d'accumuler des matériaux. Grasset d'Orcet n'a que faire des archives ou témoignages: il prétend s'abreuver à la source même. Non pas en faisant appel à de mystérieux initiés (initié, il le fut certainement: son savoir l'atteste) mais à ce qui subsiste de ce savoir, d'une connaissance dont le fond et la forme ne font qu'un, c'est-à-dire aux vestiges toujours vivants, et donc parlants, du passé: les oeuvres d'art et, plus particulièrement, celles que l'on peut rencontrer quotidiennement en visitant églises et cathédrales.

 

Un art religieux qui, en réalité, exprime la réalité de l'art populaire, la vérité des constructeurs, des tailleurs de pierres, des maçons et autres maîtres d'oeuvres appartenant à toutes les corporations de métiers. Ces grands livres de pierres, dont il faut lire la statuaire à la manière des rébus, charades et autres jeux de mots, contiennent leur part de vérités éternelles.

 

De même, les productions à vocation strictement artistiques destinées à l'aristocratie, véhiculent sous la même forme cryptée différents messages de même nature, politiques, historiques, philosophiques ou métaphysiques. Selon une cryptographie identique, il est permis aussi d'appréhender bien des oeuvres littéraires ou picturales (les tableaux ayant eu la part belle dans la diplomatie occulte car ils permettaient de transmettre différents messages connus des seuls initiés. L'exemple le plus considérable étant l'utilisation du thème de l'Arcadie, et les variations de Poussin, du Guerchin, ...). Un des grands mérites de Grasset d'Orcet est d'avoir déchiffré cette "langue diplomatique", qui, jusqu'au XIXème siècle fut couramment utilisée pour véhiculer des informations réservées. Malheureusement, s'il nous en livre ici et là les principales clefs, il ne nous cache pas non plus que ce grimoire secret, fondé sur des calembours, des amphibologies et des à-peu-près en vieille langue d'oïl, est très difficile à démêler pour un lecteur moderne.

 

L'idée de secret irrite l'historien qui se refuse à considérer que le fondement même de l'Histoire, la politique, ne peut que relever du confidentiel; et que, selon cette perspective, la véritable histoire ne peut être que dissimulée. Critère apparemment incompatible avec l'idée même de démocratie impliquant une transparence que, par ailleurs, les régimes démocratiques n'appliquent guère. Il suffit pour s'en persuader de réfléchir quelque peu à l'histoire des deux derniers siècles...

 

La démarche de Grasset d'Orcet est donc une véritable provocation à l'encontre de nos dogmes et croyances issues de la logique et du rationalisme chers à l'homme occidental depuis les Lumières (la véritable étant mise sous le boisseau, si tant est qu'il en existe une). Nul doute qu'aujourd’hui, son oeuvre ne se heurte au spectre du politiquement correct, dont l'ambition est de devenir le prêt-à-porter de la pensée, tout en instiguant une manière de fascisme ordinaire reposant sur l'autocensure et le totalitarisme mou du social libéralisme ambiant. Ce sont des textes, inédits depuis plus de cent ans, qui sont livrés ici à la sagacité du lecteur.

 

Au sommaire de cet ouvrage:

 Préface : énigmes antiques - Note Liminaire - Pathos, ses monastères et la fête de Vénus - Les origines de la Race Grecque - Les Incendies -  Troie - Les fouilles de Tanagra et l’hiéroglyphie grecque - Les cabires et la Vénus mutilée

 

GRASSET  D’ORCET  -  ARCHḖOLOGIE MYSTḖRIEUSE   -      TOME 2

Sosthène Grasset  D’Orcet

Edition E-dite

2001

Les éditions e-dite poursuivent avec ce second volume de l'Archéologie mystérieuse la publication des oeuvres de Claude-Sosthène Grasset d'Orcet (1828-1900), une des figures érudites les plus surprenantes de son siècle. Cet amateur d'art éclairé, grand connaisseur de l'antiquité méditerranéenne, est à l'origine de la collection cypriote du Louvre, à une époque où l'archéologie était encore balbutiante. Chercheur pluridisciplinaire et atypique, il a en trente années de journalisme produit un certain nombre d'études sur l'histoire ancienne. Il y émet des théories novatrices et dérangeantes sur les courants politiques et philosophiques, l'art, la mythologie et la religion des peuples antiques. Le lecteur découvrira ici une nouvelle série de textes inédits depuis plus d'un siècle, où Grasset d'Orcet livre ses analyses sur des thèmes variés : entre autres, l'invention du bronze et de l'alphabet et leurs immenses conséquences, la rédaction des poèmes homériques, l'histoire et l'archéologie carthaginoise, ou encore la destinée de grands capitaines, comme Annibal et Mithridate.

 

Au sommaire de ce 2e  tome :

 

    • Des chiffres et des lettres
    • Les fouilles d'Utique
    • Le nom véritable de Carthage
    • Correspondance d'Orient (extrait)
    • La géographie de l'Odyssée
    • L'Etain dans l'antiquité
    • La formation de l'Angleterre (extrait)
    • De la diffusion de la langue grecque dans l'antiquité
    • Du culte des dioscures et des cabires
    • L'alphabet gréco-phrygien
    • Saint-Nazaire
    • Mithridate

 

GRASSET D’ORCET  -  LE CHEVAL A TRAVERS L’HISTOIRE DE L’HUMANITḖ

Sosthène Grasset d’Orcet

Edition E-dite

2012

"Au XIXe siècle, un grand voyageur ne pouvait se dispenser d´être un excellent cavalier.


C´est le cas de Grasset d´Orcet qui affirme avoir "" passé en selle les plus belles années de sa vie. "" Tout naturellement, il s´intéresse à l´histoire du cheval, compagnon et auxiliaire indispensable de l´homme encore pour quelques années, avant d´être détrôné par les moyens de transport modernes. L´auteur aborde cette étude selon sa méthode habituelle, préfigurant les approches pluridisciplinaires de la science moderne.


Outre des notations sur les diverses races et leur évolution, il s´attarde volontiers aux conséquences historiques, politiques et économiques de l´élevage du cheval.

 

On apprend ainsi pourquoi la face du monde a été changée en 732 à Poitiers par la cavalerie de Charles Martel, ou comment l´irrésistible développement de l´Amérique est dû pour une bonne part à l´expansion du cheval sur le nouveau continent.


Dans cet exceptionnel ouvrage, Grasset d´Orcet nous livre, au-delà de la simple histoire de l´art équestre, un aperçu essentiel de l´histoire de l´humanité."

 

Édité pour la première fois en 2005 sous sa forme actuelle, ce livre étonnant, écrit par un contemporain de Jules Verne, Claude-Sosthène Grasset d'Orcet, raconte l'histoire du cheval de la préhistoire aux années 1900.

Son intérêt tient à la méthode résolument pluridisciplinaire utilisée par cet érudit éclectique et mystérieux, grand voyageur, écrivain, romancier, journaliste, cavalier, féru d'histoire et d'ésotérisme.

Aux observations sur les diverses races chevalines et leur évolution en fonction des pays se mêle une analyse des conséquences historiques, politiques et économiques de l'élevage du cheval. Dans la préface, Michel Aulonne précise combien cette initiative fut, à l'époque, nouvelle et innovante : « Seulement deux synthèses ont été tentées sur ce sujet avant lui. »

 

Ce livre regroupe une vingtaine d'articles publiés entre septembre 1888 et novembre 1895 dans la Revue de la Société nationale d'acclimatation, devenue entre-temps Revue des sciences naturelles appliquées. S'il est permis et même souhaitable de douter d'un certain nombre d'affirmations et théories présentes dans cet ouvrage, dont les recherches se basent essentiellement sur la philologie et l'archéologie, bon nombre restent pertinentes. Pour ne citer qu'un exemple, la domestication initiale du cheval reste entourée de mystères. « La date comme la localisation en sont toujours très controversées, écrit Michel Aulonne, spécialiste de cet auteur, dans la préface. Malgré plus de cent cinquante ans de fouilles et de réflexions (…), nous ne sommes guère plus avancés sur le problème qu'à l'époque de Grasset d'Orcet. »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

- Le cheval préhistorique ;
- Le cheval égyptien ;
- Le cheval celto-éolien ;
- Le cheval assyro-libyco-grec ;
- Atalante et les Amazones ;
- Le cheval libyen et arabe ;
- L'invention du sport et le cheval gréco-athénien ;
- Le cheval de la mer Noire ;
- La Renaissance ;
- L'Histoire du cheval en Amérique.

 

10 H

HADOT - ÉLOGE DE SOCRATE - Suivi de l’ÉLOGE DE LA PHILOSOPHIE ANTIQUE

Pierre Hadot

Edition Allia 

 2014

« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » telle fut la phrase clé de Socrate tout au long de sa vie.

« Prend souci de toi-même » autre phrase clé de Socrate, cette phrase peut être rapprochée du célèbre « Connait toi toi-même » écrit avant Socrate, on pense à Thalès, sur le fronton de Delphes.

Il est très difficile, et peut être impossible, de dire ce que fut le Socrate historique, bien que les faits marquants de sa vie soient bien attestés. Mais les témoignages que ses contemporains nous ont laissés à son sujet, ceux de Platon, ceux de Xénophon, ceux d’Aristophane, ont transformé, idéalisé, déformé les traits du Socrate qui vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.C. Pourra t-on jamais retrouver et reconstituer ce qu’il fut réellement ? Mais au fond, peu importe ! car c’est sa figure idéale, telle qu’elle a été dessinée par Platon dans le Banquet, telle qu’elle a été perçue aussi par ces deux grands socratiques que furent Kierkegaard et Nietzsche, qui a joué un rôle fondateur dans notre tradition occidentale, et même dans la naissance de la pensée contemporaine.

Habituellement, faire l’éloge d’un personnage, c’est énumérer des qualités toutes aussi admirables les unes que les autres, c’est faire apparaitre une figure harmonieuse, atteignant à la perfection dans tous les domaines. Pourtant dans le cas de Socrate c’est tout le contraire du Socrate idéalisé par Platon et Xénophon. La figure de Socrate apparait d’emblée, comme déroutante, ambigüe et inquiétante.

Tout d’abord Socrate a une laideur physique qui est attesté par de nombreux témoignages, tout en lui est excessif, laid, bouffon, caricatural. Zopyre à l’époque disait de Socrate qu’il était un monstre et qu’il cachait en lui les pires vices, ce à quoi Socrate lui répondit « que tu me connait bien ». Selon Platon Socrate ressemblait à un Silène, ce qui en ce temps là n’était pas un compliment puisque les silènes et les satyres étaient la représentation populaire des démons hybrides, moitié animaux, moitié humains, et qui formaient le cortège de Dionysos.

Derrière cette laideur Socrate cache sa véritable nature, il en joue comme dans le théâtre grec, il porte un masque, il feint l’ignorance et l’impudence, il joue au naïf, il a l’art de dissimuler sa véritable nature, et son génie lui sert à mettre un masque sur les autres. Il était le prosopon, le masque de personnalités qui ont eu besoin de se dissimuler derrière lui, il leur a donné l’idée de se masquer et de prendre le masque de l’ironie socratique.

Socrate n’a rien écrit, mais a en permanence questionner les autres, ainsi il leur faisait prendre conscience de leur ignorance. Après sa mort, le souvenir de ses conversations a inspiré un genre littéraire, les « logoi sokratikoi », qui imite les discussions orales, Socrate devient donc un proposon, c'est-à-dire un interlocuteur, un personnage, un masque comme dans le théâtre antique

L’interlocuteur de Socrate et même le lecteur actuel, se trouve dans la situation où il ne sait pas où va le mener les questions de Socrate, il jette le trouble dans l’âme du lecteur et le conduit à une prise de conscience qui peut aller jusqu’à la conversion philosophique. Le trouble occasionné peut déstabiliser le lecteur qui est invité à venir se réfugier derrière le masque socratique, car il y a dans le récit de Platon de très nombreux moments où intervient le trouble, la crise qui risque de déboucher sur la rupture. Alors Socrate intervient et prend sur lui le doute, l’angoisse des autres, il renverse ainsi les rôles et assume un éventuel échec.

Il présente ainsi à ses interlocuteurs une projection de leurs propres moi ; les interlocuteurs peuvent ainsi transférer à Socrate leur trouble personnel et retrouver la confiance dans la recherche dialectique, dans le logos lui-même.

Au sujet de la maïeutique de Socrate, on sait que dans le Théétète, Socrate raconte qu’il a le même métier que sa mère qui est sage-femme et assistait donc aux naissances corporelles, Socrate de son coté est l’accoucheur des esprits, il les assiste dans leur naissance. Lui même n’engendre rien, puisqu’il ne sait rien, il aide seulement les autres à s’engendrer eux-mêmes.

Cette maïeutique socratique renverse totalement les rapports entre maitre et disciple, comme l’a bien vu Kierkegaard : « Etre maître, ce n’est pas trancher à coups d’affirmations, ni donner des leçons à apprendre, être maître c’est vraiment être disciple, et c’est que fit Socrate tout au long de sa vie.

Dans l’Eloge de la philosophie antique, Hadot nous propose de commencer notre histoire de la philosophie antique avec un événement hautement symbolique qui est l’expédition d’Alexandre et avec l’apparition du monde que l’on appelle hellénistique, c'est-à-dire l’apparition de cette forme nouvelle que prend la civilisation grecque à partir du moment où, grâce aux conquêtes d’Alexandre, puis à l’essor des royaumes qui s’ensuit, cette civilisation se répand dans le monde barbare, de l’Egypte aux frontières de l’Inde, et entre alors en contact avec les nations et les civilisations les plus diverses.

Ainsi s’établit une sorte de distance et d’éloignement historique entre la pensée hellénistique et la tradition grecque qui l’a précédée. Notre histoire voit alors l’essor de Rome, qui provoquera la destruction des royaumes hellénistiques, achevée en l’an 30 avant J.C., avec la mort de Cléopâtre ; ce sera ensuite l’expansion de l’empire romain, la montée et le triomphe du christianisme, les invasions barbares et la fin de l’empire d’Occident.

 

HADOT -  EXERCICES SPIRITUELS ET PHILOSOPHIE ANTIQUE

Pierre Hadot

Edition Albin Michel

 2002

« Exercices spirituels ». Non pas les pieuses et rigides méditations de Loyola, qui ne sont qu’un lointain écho, très déformé, de la tradition antique, mais ce travail de soi sur soi, qui s’esquive déjà chez les premiers philosophes grecs, et prend toute son ampleur avec le dialogue socratique et platonicien, les Lettres d’Epicure ou e Sénèque, le Manuel d’Epictète, les pensées de Marc Aurèle, les traités de Plotin, et que certains modernes, comme Montaigne, Descartes, Kant, Michelet, Bergson, Friedmann et Foucault, ont continué à pratiquer.

L’essence de la philosophie ne serait-elle pas alors cette perpétuelle remise en question de notre rapport à nous-même, à autrui et au monde ? Cette nouvelle édition du grand classique de Pierre Hadot est augmentée de plusieurs études parues depuis la publication des exercices spirituels en 1981.

Pour comprendre la radicalité et la profondeur de l’idée des exercices spirituels dans la conception de Pierre Hadot, il faut prendre conscience de la distinction essentielle qu’il opère entre le discours philosophique et la philosophie elle-même. C’est une distinction qui, au fond, fait ressortir la dimension pratique et existentielle des exercices spirituels. Partant de la distinction stoïcienne entre le discours selon la philosophie et la philosophie elle-même, Pierre Hadot, montre que l’on peut utiliser cette distinction « d’une manière plus générale pour décrire le phénomène de la philosophie dans l’Antiquité ».

Selon les Stoïciens, le discours philosophique se divise en trois parties – la logique, la physique et l’éthique – lorsqu’il s’agit d’enseigner la philosophie, on expose une théorie de la logique, une théorie de la physique et une théorie de l’éthique. Mais pour les Stoïciens, ce discours, ce discours philosophique n’était pas la philosophie elle-même, car elle n’est point une théorie divisée en trois partie mais « un acte unique qui consiste à vivre la logique, la physique et l’éthique ».

On ne fait plus la théorie de la logique bien parlante, au contraire on pense et on parle bien, on ne fait plus la théorie du monde physique mais on contemple le cosmos ; on ne fait plus la théorie de l’action morale mais on agit d’une manière droite eu juste ; autrement dit la « philosophie » est l’exercice effectif, concret, vécu de la pratique de la logique, de l’éthique et de la physique.

Pierre Hadot résume cela de la façon suivante : « Les théories de la philosophie sont au service de la vie philosophique…A l’époque hellénistique et romaine, la philosophie se présentait comme un mode de vie, comme un art de vivre, comme une manière d’être, en fait depuis Socrate, la philosophie antique avait un caractère, elle proposait à l’homme un art de vivre contrairement à la philosophie moderne qui se présente comme la construction d’un langage technique réservé à des spécialistes ».

Au sommaire de cet ouvrage :

Exercices spirituels antiques et philosophie chrétienne - La figure de Socrate - La physique comme exercice spirituel ou pessimisme et optimisme chez Marc Aurèle - Une clefs des pensées de Marc Aurèle - Les trois topoi philosophiques selon Epictète - Michelet et Marc Aurèle - Conversion - Théologie négative - Apophatisme et théologie négative - La leçon de la philosophie antique - L’histoire de la pensée hellénistique et romaine - la philosophie comme manière de vivre - Un dialogue interrompu avec Michel Foucault - Le loi et le monde - Réflexions sur la notion de « culture de soi » - Il y a de nos jours des professeurs de philosophie mais pas de philosophes - Le sage et le monde - La philosophie est-elle un luxe ? - Mes livres et mes recherches - Qu’est-ce que l’éthique ? - Nombreuses citations de Nietzsche et de Kierkegaard -

 

HADOT - INTRODUCTION AUX PENSÉES DE MARC AURÈLE La citadelle intérieure

Pierre Hadot 

Edition Fayard

 1992

En écrivant ses Pensées, Marc Aurèle bâtit en lui-même une citadelle inaccessible aux troubles des passions, mais cette citadelle, où règne la sérénité, n’est pas une tour d’ivoire dans laquelle il se réfugierait en un égoïsme transcendant ; elle est bien plutôt à la fois le haut lieu, d’où l’on accède à un immense champ de vision, et la base d’opération qui permet d’agir au loin.

 

Autrement dit, les Pensées ont le livre d’un homme d’un homme d’action, qui cherche la sérénité.

Une telle attitude n’est autre que le stoïcisme lui-même, précisément tel qu’Epictète l’avait révélé à Marc Aurèle, c’est pourquoi cet ouvrage « introduction aux Pensées de Marc Aurèle » pourra être lue comme une introduction au stoïcisme antique, et ainsi établir une base de compréhension et de réflexion de cette époque.

Au sommaire de cet important livre de Pierre Hadot :

L’Empereur philosophe : Une jeunesse heureuse, un règne tourmenté - L’évolution vers la philosophie - Insouciance d’un jeune prince et rêves de vie austère - Junius Rusticus - lecture d’Ariston - les professeurs et les amis - l’empereur philosophe -

Premiers aperçus sur les Pensées : Destin d’un texte - le titre - Hypothèses sur le genre littéraire de l’ouvrage - un étrange ouvrage - les Pensées comme notes personnelles -

Les Pensées comme exercices spirituels : La pratique et la théorie - les dogmes et leur formulation - Les trois règles de vie ou disciplines - Les exercices de l’imagination - L’écriture comme exercice spirituel - des exercices grecs -

L’esclave-philosophe et l’empereur-philosophe ; Epictète et les Pensées : Souvenirs de lectures philosophiques - l’enseignement d’Epictète - les citations d’Epictète dans les Pensées - les trois règles de vie ou discipline selon Epictète - Influence d’Ariston -

Le stoïcisme d’Epictète : Caractéristiques générales du stoïcisme - les parties de la philosophie selon les stoïciens - les trois actes de l’âme et les trois thèmes d’exercice selon Epictète - la cohérence du tout -

Le stoïcisme des Pensées. : La citadelle intérieure ou la discipline de l’assentiment - Explications sur l’assentiment et la citadelle -

Le stoïcisme des Pensées et la discipline du désir (l’amor fati) - : L’impulsion - circonscrire le présent - le présent, événement et conscience cosmique - Amor fati - la providence et les atomes - pessimisme ? - les niveaux de la conscience cosmique -

Le stoïcisme des Pensées. La discipline de l’action ou l’action au service des hommes - le sérieux de l’action - les actions appropriées (kathékonta) - l’incertitude et le souci - la liberté intérieure à l’égard des actions : pureté et simplicité de l’intention - la « clause de  réserve » et les exercices pour se préparer à affronter les difficultés - Résignation et altruisme - justice et impartialité - Pitié, douceur et bienveillance - l’amour d’autrui -

Le stoïcisme des Pensées, les vertus et la joie : les trois vertus et les trois disciplines - la joie -

Marc Aurèle dans ses Pensées : L’auteur et son œuvre - les limites de la psychologie historique - la recherche stylistique - repaires chronologiques - le souvenir des disparus - les « confessions » de Marc Aurèle - Verus ou fictus, sincère ou affecté - la solitude de l’empereur et celle du philosophe - N’espère pas la République de Platon -

 

HADOT - LA PHILOSOPHIE COMME MANIÈRE DE VIVRE

Pierre Hadot

Edition Albin Michel

 2001

Qu’ils traitent de Marc Aurèle ou de Plotin, du stoïcisme ou de la mystique, les ouvrages de Pierre Hadot, avec une érudition toujours limpide, montrent que pour les Anciens, la philosophie n’est pas construction de système, mais choix de vie, expérience vécues visant à produire un effet de formation, bref un exercice sur le chemin de la sagesse.

En suivant Pierre Hadot, nous comprenons en quoi les philosophies des Anciens, et la pensée de Marc Aurèle en particulier, peuvent nous aider à mieux vivre. Et si « philosopher, c’est apprendre à mourir », il faut aussi apprendre à « vivre dans le moment présent, vivre comme si l’on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ».

Un des thèmes qui a souvent fait réfléchir Hadot est le thème de la méditation sur la mort. Il raconte avoir toujours été étonné du fait que la pensée de la mort aide à mieux vivre ; vivre comme si l’on vivait son dernier jour, sa dernière heure. Une telle attitude exige une totale conversion de l’attention ; ne plus se projeter dans l’avenir, mais considérer en elle-même et pour elle-même, l’action que l’on fait. Cette attitude est à la fois une valeur existentielle et une valeur éthique ; elle permet tout d’abord de prendre conscience de la valeur infinie du moment présent, de la valeur infinie des moments d’aujourd’hui, mais aussi d la valeur infinie des moments de demain, que l’on accueillera avec gratitude comme une chance inespérée, elle permet également de prendre conscience du sérieux de chaque moment de la vie.

Au sommaire de cet ouvrage :

Introduction par Jeannie Carlier - Dans les jupes de l’église - Chercheur, enseignant et philosophes - le discours philosophique - Interprétation, objectivité et contresens - expérience unitive et vie philosophique - le discours philosophique comme exercice spirituel - la philosophie comme vie et comme quête de sagesse - de Socrate à Foucault ; une longue tradition - le présent seul est notre bonheur -

 

HADOT -  le voile d’isis

Pierre hadot

Edition  GALLIMARD

 2005

Un aphorisme hante la philosophie occidentale : celui d’Héraclite, qui veut que « la Nature aime à se voiler ».

Près de vingt-cinq siècles durant, ces quelques petits mots ont successivement signifié : que tout ce qui naît tend à mourir ; que la Nature s’enveloppe dans des formes sensibles et dans des mythes ; qu’elle cache en elle des vertus occultes ; mais également que l’Être est originellement dans un état de contraction et de non déploiement ; ou bien encore qu’il se dévoile en se voilant.

 

Ainsi cet aphorisme aura-t-il servi à expliquer les difficultés de la science de la nature, à justifier l’exégèse allégorique des textes bibliques ou à défendre le paganisme, à critiquer la violence faite à la nature par la technique et la mécanisation du monde, à expliquer enfin l’angoisse qu’inspire à l’homme moderne son être-au-monde.

La même formule, illustrée par l’image du voile d’Isis et déployée par Pierre Hadot dans l’histoire de l’Occident, aura justifié, par suite de contresens créateurs, l’attitude prométhéenne – l’homme doit se rendre maître et possesseur de la Nature – comme l’attitude orphique – nul ne peut soulever le voile des mystères de la Nature, sinon le poète et l’artiste.

 

Elle n’aura jamais cessé de tracer des perspectives nouvelles sur la réalité et de révéler les attitudes les plus diverses à l’égard de la Nature.

Par là, elle confirme le propos de Nietzsche : « Une bonne sentence est trop dure à la dent du temps et tous les millénaires n’arrivent pas à la consommer, bien qu’elle serve à tout moment de nourriture. »

 

HADOT -  PLOTIN ou la SIMPLICITÉ DU REGARD

Pierre HADOT

Folio

 1997

Ce livre présente l’expérience personnelle de Plotin. Homme mystique qui a su écrire et décrire quelques unes des plus belles pages de la littérature mystique universelle. Il a su allié son expérience de philosophe mystique avec ses responsabilités de la vie quotidienne.

 

Plotin n'aimait guère les biographies. Ce qui comptait à ses yeux était la pensée, aussi ne nous livra-t-il que peu de choses sur sa vie. Ce que nous savons se trouve, pour l'essentiel, dans la biographie écrite par son disciple, Porphyre.


Il naît en 205 à Lycopolis, en Haute Égypte. Il vient à Alexandrie alors qu'il est âgé de 28 ans et suit les leçons d'Ammonios, un platonicien. Il reste son disciple pendant onze ans. Nous ne connaissons rien de la philosophie d'Ammonios car il ne nous reste de son œuvre que quelques fragments mais nous savons que les contemporains de Plotin lui reprochaient de copier servilement son maître. Il nous est difficile de trancher sur ce point.


À 39 ans, Plotin s'engage dans l'armée de l'empereur Gordien III, afin d'étudier la sagesse des Perses et des Indiens. Mais Gordien n'étant pas Alexandre, il subit rapidement une défaite et meurt assassiné. Plotin sauve sa vie de justesse et se réfugie à Antioche puis s'établit à Rome où il ouvre une école c'est à dire un cours public qui attire les hommes et les femmes cultivés de l'époque. Il mène une vie austère mais est accueillant aux jeunes gens et sait être de bon conseil. L'empereur Galien admirait Plotin et ce dernier lui aurait proposé de fonder une ville destinée aux philosophes, Platonopolis, où l'on pourrait vivre selon les lois de Platon. Galien en fut d'accord mais le projet échoua en raison de la jalousie de certains proches de l'empereur.


En 268, Plotin renonce à poursuivre son enseignement, selon certaines sources à cause du départ de ses deux meilleurs disciples, selon d'autres en raison d'une grave maladie de peau. Il se retire en Campanie où il meurt en 270.
Plotin a longtemps hésité à écrire. Il s'y résout vers l'âge de 50 ans et, pendant 15 ans, rédige un résumé de ses leçons orales. Presque aveugle, il est obligé de dicter ces textes écrits d'un seul jet. Porphyre hérite de ces notes et les réorganise de façon à obtenir 54 traités, classés en 6 groupes de 9 qu'il publiera, en 301, sous le titre Ennéades (du grec enneas qui signifie "neuf"). L'ordre suivi par Porphyre n'est nullement l'ordre chronologique de composition. Cette œuvre nous est parvenue intégralement.

 

Un livre lumineux de clarté sur la philosophie et la métaphysique de ce grand penseur.

 

A avoir dans sa biblio sur cette époque et pour bien comprendre Plotin

 

HADOT -  QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ANTIQUE ?

PIERRE  HADOT

ÉDITION  GALLIMARD

 1995

Qu’est-ce que la philosophie antique ? A cette question, la tradition universitaire répond par une histoire des doctrines et des systèmes- réponse d’ailleurs très tôt induite par la volonté du christianisme de s’arroger la sagesse comme l’ascèse.

 

A cette question Pierre Hadot apporte une réponse tout à fait nouvelle : depuis Socrate et Platon, peut être même depuis les présocratiques, jusqu’au début du christianisme, la philosophie procède toujours d’un choix initial pour un mode de vie, d’une vision globale de l’univers, d’une décision volontaire de vivre le monde avec d’autres, en communauté ou en école. De cette conversion de l’individu, découle le discours philosophique qui dira l’option d’existence comme la représentation du monde.

 

La philosophie antique fut étudiée dans la région de l’Empire ottoman où l’on parlait grec tout au long de l’occupation turque, qui dura près de 400 ans. Des érudits tels que Theophilos Korydaleus, par exemple, qui vivaient à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècles, continuèrent à rédiger des commentaires sur la logique, la physique et la métaphysique d’Aristote d’une manière analogue à celle des commentateurs de l’Antiquité.

 

Même lorsqu’au xviiie siècle, les nouvelles idées philosophiques et scientifiques alors développées en Europe occidentale commencèrent à parvenir aux communautés grecques de l’Empire ottoman, les textes philosophiques de l’Antiquité ne furent pas complètement mis à l’écart.

 

Des érudits tels qu’Eugenios Voulgaris et Nikiphoros Theotokis traduisirent en grec des ouvrages scientifiques et philosophiques, tout en enseignant et en traduisant des ouvrages philosophiques de l’Antiquité. À partir du début du xixe siècle, nous avons une tradition ininterrompue d’érudits qui lisent et commentent assidûment les textes philosophiques de l’Antiquité et dont Adamantios Korais fournit un bon exemple : il soutenait avec ferveur les idées libérales de la Révolution française, mais aussi traduisait et commentait les textes grecs antiques comme l’Éthique à Nicomaque d’Aristote ou la Morale de Plutarque.

Après la Guerre d’Indépendance et l’établissement de l’État grec moderne, un important effort fut accompli pour relier la nation grecque moderne aux anciens Grecs et pour en rechercher ainsi les racines.

 

Des érudits tels que Neophytos Vamvas, Theophilos Kairis et Vrailas Armenis contribuèrent à cette tentative. La reconnaissance de la contribution de la pensée grecque antique comme facteur central de la continuité et de l’identité culturelle de la nation grecque était au cœur de l’idéologie de l’État grec moderne. Il faut également remarquer ici que c’est à cette époque que l’Église orthodoxe grecque déclara son indépendance à l’égard du Patriarcat de Constantinople : alors que ce dernier était œcuménique, l’Église orthodoxe grecque était désormais l’Église de la nation grecque et de l’État grec nouvellement institué. De plus, l’influence de l’idéalisme allemand fournit les outils conceptuels permettant l’émergence d’une nouvelle idéologie de l’État grec moderne. Selon cette idéologie, l’esprit de la nation grecque (Volksgeist), exprimé à travers la langue et l’histoire communes, résultait d’une synthèse de la tradition antique et de la tradition chrétienne orthodoxe – c’est-à-dire que la culture grecque moderne en vint à être considérée comme le produit d’un développement ininterrompu sur plus de trois mille ans d’histoire. On relevait dans ce cadre un intérêt croissant pour la philosophie de la Grèce antique.

 

Depuis les dernières décennies du xixe siècle, la vie intellectuelle en Grèce est dominée par des tendances idéalistes. L’idéologie politique de l’État grec moderne, les institutions sociales et surtout les institutions éducatives ont promu les idéaux de ce qu’elles présentaient comme la civilisation gréco-chrétienne, ce qui entraîna parfois des positions politiques conservatrices, voire réactionnaires. Mais dans le même temps, les idées socialistes parvenaient peu à peu en Grèce. La vie intellectuelle en Grèce – surtout dans la période allant de 1920 à 1967 – fut caractérisée par le conflit entre les idéalistes et la gauche marxiste, hostile aux idées nationalistes ainsi qu’à la tradition chrétienne, mais intéressée par la philosophie et la littérature de la Grèce antique. De nombreux intellectuels de gauche traduisirent des auteurs antiques et, pour des raisons évidentes, leur préférence allait aux Présocratiques, à Aristote et à Épicure.

 

Par conséquent, du moins depuis la fondation de l’État grec moderne au début du xixe siècle, la philosophie de la Grèce antique a toujours été considérée comme une partie essentielle de notre héritage national. Cette conception a motivé et facilité l’étude de la philosophie antique en Grèce, au point de susciter une longue tradition ininterrompue d’érudits qui lisaient et commentaient assidûment les textes philosophiques de l’Antiquité. Mais jusqu’à quel point cette tradition a-t-elle réellement aidé à nous faire comprendre les textes philosophiques de l’Antiquité ? Je veux seulement mentionner trois points, chacun éclairant les problèmes résultant de la conception de la philosophie grecque de l’Antiquité en particulier, comme la sagesse de nos ancêtres à cette époque. – Puisque la philosophie antique est considérée comme faisant partie de notre héritage national, il semble n’être en Grèce nullement besoin de tenter de convaincre le public de l’importance de la philosophie antique.

 

La philosophie antique n’est donc pas un système, elle est un exercice préparatoire à la sagesse, elle est  un exercice spirituel.

 

HARMONIES DES STRUCTURES GÉOMÉTRIQUE LES TRACÉS DE LUMIÈRE

Georges Darmon  

Edition de la Hutte

 2012

Tout tend à prouver qu’une structure universelle, cosmique, existe bel et bien. Les plus grands penseurs des siècles passés l’ont pressenti. Les penseurs contemporains et les scientifiques le disent. Ces lois semblent bien régir notre monde, même si la brisure de symétrie intervient partout dans la nature, tout « con-spire » vers une harmonie parfaite, géométrique, voire symétrique.

 

Nous ne pouvons que constater l’évidence des lois d’harmonie naturelle, et des justes proportions contenues dans ces schémas et ces grilles. Il ne reste que très peu de place au hasard. La recherche d’un idéal de perfection innée chez l’homme, sans cesse renouvelée, est liée à ce manque de perfection en lui-même et sur cette terre, c'est-à-dire l’absence de preuves matérielles, tangibles, de l’existence de Dieu. Ce qui se dégage de la démarche proposée, qui est d’ailleurs l’un des buts importants des premiers pas de l’initiation, c’est « d’acquérir l’esprit de géométrie » afin de mieux vivre la collectivité, de mieux comprendre que notre comportement est indéniablement relié au tout. Nos habitudes devenues séparatrice, sélectives, nous aveuglent et nous empêchent d’observer la totalité des paramètres face à nos problèmes

 

Les travaux présentés ici sont autant de nature exotérique qu’ésotérique, ce qui fait qu’il sera nécessaire d’approfondir le sujet, si l’on veut seulement comprendre mais surtout intégrer l’objet de ces recherches. L’observation, l’attention, la concentration, et bien sur la science analogique seront de mise. Le sujet n’a aucune prétention géométrique ou mathématique mais il peut être utile de se reporter à certaines œuvres magistrales, traitant de ces matières qui sont tout à fait superposables. Par une observation attentive, des formes tout à fait reconnaissables et familières apparaissent au travers d’une géométrie basique. On a si longtemps supposé la géométrie inerte, alors qu’elle est bien vivante, comme la matière.

 

En outre, n’est-il pas important de comprendre les lois qui régissent notre Univers ? N’est il pas important de découvrir que notre Temple Intérieur est structuré, à l’image des lois qui gouvernent le grand Tout ou que le centre de chacun de nous, universellement, est le même ?

 

N’êtes vous pas tenté d’explorer le cœur de cette matière, de comprendre comment naissent les formes ou comment sont élaborées les œuvres d’art anciennes et contemporaines ou encore comment développer votre créativité ?

Ces pages vous proposent un regard différent sur la science des nombres et celle du sacré. Certains disent ne pas vouloir être enfermé dans une prison, mais c’est tout le contraire que nous propose l’auteur. Ces révélations pourraient servir à toutes les sciences y compris celles, totalement embryonnaires, de notre psychisme, elle pourrait servir aussi aux cherchants en spiritualité, en symbolisme mystique ou en alchimie. Dans les voies initiatiques, le vieil homme doit mourir pour laisser la place à l’homme nouveau et à toutes les sciences qui sont à sa disposition pour pouvoir se transmuter.

 

Georges Darmon, à travers ses travaux sur la géométrie sacrée  est un spécialiste d’exploration de la notion de schéma universel de la connaissance

 

HEIDEGGHER,  QUI  SUIS-JE ?

JEAN- PAUL  BLANCHARD

Edition PARDES

 2000

Il n’est pas possible, pour un philosophe, de dire que tout ce qui touche au domaine de la vie ne puisse pas intéresser sa pensée. S’il prétendait ce genre de chose, il ne ferait que construire sur du sable, sa pensée ne serait qu’un rêve. Or bien souvent, tout ce qui touche à la pensée de certains philosophes, les préceptes qu’ils ont énoncés, débordent sur le champ du politique, on le voit notamment chez Platon qui est le philosophe par excellence de l’Idée, et qui, pour autant, dans sa République, s’est intéressé au champ du politique.

 

En est-il de même pour Heidegger ? Au premier abord, il peut sembler que tout, dans son travail de recherche philosophique, se situe en dehors de tout examen pratique ou métaphysique concernant l’être présent au monde, tel qu’il a voulu l’aborder dans sa philosophie. Pour certains, Heidegger aurait engendré une philosophie qui se trouverait hors du champ du quotidien et de l’empirique, et, on ne peut pas, à partir de là, porter un jugement sur ce qu’a été sa vie, notamment cette période très contestée : celle qui a vu le national-socialisme apparaître en Allemagne. Etant acteur de l’histoire comme tous les hommes, il ne pouvait pas ne pas tenir compte de cette réalité.

 

Et tout le fruit de ce travail sera de voir, au-delà de la polémique, au- delà des parts pris, quelle est la position la plus juste concernant l’approche d’un point de vue empirique et politique du monde allemand dans la première moitié du XXe siècle, tel qu’a pu l’aborder Heidegger à travers son œuvre et sa vie. Alors faut-il pour autant, pour rejoindre certains disciples de Heidegger, éluder cette question embarrassante, enlever de l’œuvre du philosophe toute dimension qui s’incarne dans le temps et ne voir qu’une quête au-delà du temps, une quête au bout du compte qui ne laisserait que désincarnés ?

 

Oui, la vie de l’homme est faite de choix et ces choix peuvent être bons ou mauvais, mais ces choix engagent toute son existence, l’on ne vit pas dans un monde désincarné, dans un monde purement de l’esprit, mais dans un monde où s’entrechoquent des forces, des forces qui nous interpénètrent et dont nous devons, à un moment ou à un autre, quel que soit notre désir, tenir compte et avec lesquelles nous devons composer. Pour autant, il faut souligner le danger réducteur de toute interprétation historiciste de la philosophie. Nous savons que tout système est le reflet du monde dans lequel  vit le philosophe, pourtant, le problème de la philosophie est de se dégager du factuel pour essayer d’englober la dimension de la temporalité qui s’inscrit dans la durée.

 

Toute la démarche du philosophe s’inscrit entre ces deux pôles, l’incarnation de sa pensée dans l’histoire et le désir de s’en dégager, du moins, de se dégager du conjoncturel pour aborder l’essentiel.

  

hermann hesse – lecture minute

Hermann hesse

Edition JOSE CORTI

 1992

Hermann Hesse est incontestablement, à côté de Thomas Mann, son contemporain, l’un des plus grands écrivains de langue allemande de ce siècle. Né Wurtembergeois en 1877, naturalisé Suisse en 1923, il s’est voulu non seulement romancier et poète, mais un véritable maître à penser pour son temps, défenseur des droits de l’esprit, de l’individu, des défavorisés, des faibles, contre l’État, la société, la bourgeoisie, les politiciens de tout poil, l’école, la guerre.


En 1946, le Prix Nobel de littérature vint récompenser cet effort soutenu depuis plus d’un demi-siècle, à travers deux guerres mondiales, et qui lui avait valu l’amitié d’un Romain Rolland, puis d’un Gide, pour nous en tenir à la France.
 
Romancier, poète, peintre et essayiste suisse d'origine allemande, Hermann Hesse et né à Calw (Wurtemberg, Allemagne) le 2 juillet 1877. Hermann Hesse est issu d'une famille de missionnaires protestants de tendances piétistes, dont l'austérité religieuse le conduit dès l'enfance au scepticisme, puis à la révolte.

 

À quinze ans, lorsque ses parents décident de faire de lui un théologien, il s'enfuit du couvent de Maulbron où on l'a placé, échappe à toutes les tentatives faites par sa famille pour l'y ramener. Dépressif et suicidaire, il fréquente plusieurs établissements scolaires et maisons de santé. Il interrompt ses études en 1892, travaille quelque temps comme apprenti horloger puis finit par trouver un emploi à la librairie Heckenhauer de Tübingen, ville universitaire où il peut fréquenter un milieu intellectuel et commencer sérieusement, en autodidacte, ses études: devenir poète, c'est la seule occupation qu'il désire. Il lit Goethe, Lessing, Schiller, Novalis et tous les romantiques allemands.

En 1899, à vingt-deux ans, Hermann Hesse s'établit à Bâle et publie sans aucun succès son premier livre, un recueil de poèmes intitulé Chants romantiques, suivi d'un recueil de textes en prose, Une heure après minuit, également un échec. Il voyage en Italie, publie divers textes dans des revues. Il lui faudra attendre 1904 pour connaître la notoriété avec la publication chez Fischer Verlag de Peter Camenzind, un roman d'éducation, et de Sous la roue (1905), deux protestations contre les enfances brimées par l'autorité des parents et des maîtres.

En 1904, il épouse Maria Bernoulli et s'installe dans une ferme proche du lac de Constance, espérant y mener une vie d'écriture en communion avec la nature. Trois fils naissent: Bruno, Heiner et Martin. Son deuxième roman, L'Ornière, où il raconte les péripéties de son enfance et de son adolescence, est publié en 1906. Il s'est définitivement libéré de sa famille, mais souffre encore de la pression sociale. Tourmenté par le sens de la vie, il se sent incapable de s'habituer aux conventions de la société comme au bonheur conjugal. Son mariage ne sera qu'une malheureuse tentative opprimant, sans parvenir à la vaincre, sa vocation esthétique qui ne trouvera finalement de salut que dans l'évasion. Le roman Gertrude, daté de 1910, évoque cette crise morale.

En 1911, Hermann Hesse fait un voyage aux Indes, pays où avaient résidé les parents de Marie Gundert, sa mère, mais qui devient aussi pour lui, selon une symbolique goethéenne, le pays des "Mères", qui imprégnera fortement la suite de son oeuvre. De retour à Berne, il est profondément bouleversé par la guerre. Il tente de s'engager comme soldat mais il est déclaré inapte et est affecté au service des prisonniers de guerre auprès de l'ambassade d'Allemagne. Il publie des textes pacifistes qui lui font perdre son public et la plupart de ses amis intellectuels, hormis quelques soutiens comme le français Romain Rolland. Une nouvelle crise dépressive, si grave qu'il doit être hospitalisé, le décide, la paix revenue, à quitter sa femme et sa famille. Entre-temps, il a rencontré Carl-Gustav Jung, entamé une psychanalyse et rédigé en trois semaines l'un de ses chefs-d’œuvre, Demian, qui sera publié en 1919 sous le pseudonyme d'Emil Sinclair.

Demian oppose à la vie bourgeoise le puissant appel d'une religion nouvelle où se réconcilieraient les contraires. C'est bien encore cet équilibre difficile du moi profond que poursuit l'écrivain dans la transposition hindoue de Siddharta (1922), et plus encore dans Le Loup des steppes en 1927, représentation encore symbolique de l'homme d'après guerre, du civilisé qui a vu soudain réapparaître en lui l'animal, l'homme-loup. La spiritualité et l'animalité sont-elles vraiment inconciliables ? L'animalité n'est-elle pas aussi une nourriture pour le dynamisme spirituel ?

Nous retrouvons encore ce dialogue intérieur dans Narcisse et Goldmund, où Goldmund, l'artiste proche de la nature, de la terre, en communion avec le monde originel des Mères, propose déjà l'esquisse d'une conciliation. Désormais, dans l'oeuvre de Hermann Hesse -- réfugié dans le Tessin depuis 1919, naturalisé Suisse, marié à Ruth Wenger en 1924, puis à Ninon Dolbin --, le déchirement caractéristique des ouvrages de l'après-guerre s'efface progressivement. Opposant au Nazisme, ses écrits sont censurés en Allemagne durant les années '30 et jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'effort de l'écrivain, jusqu'au Jeu des perles de verre (1943), aboutit au rêve, ou à la nostalgie, d'une classe supérieure, d'une aristocratie de l'esprit capable de recueillir le double héritage de l'Asie et de l'Europe, et de faire la synthèse de l'apollinien et du dionysiaque rêvée par Nietzsche. Récompensé en 1946 par le Prix Nobel de Littérature, Hermann Hesse meurt le 9 août 1962 à Montagnola (près de Lugano, Suisse), à l'âge de 85 ans.


Ce livre contient plus de 550 pensées ou citations d’Hermann, pris à travers toute son œuvre.

 

HERMḔS N° 2   -  LE VIDE  -  EXPḖRIENCE SPIRITUELLE EN OCCIDENT ET EN ORIENT

 Collectif – Nouvelle série  N° 2

Edition les Deux océans

2016

Un ensemble de textes, études et témoignages sur les principaux aspects de l'expérience du vide en Orient et en Occident, dans la pensée, la science, la vie spirituelle et l'art, en Occident et en Orient, de l'Apophatisme et du Rien de Maître Eckhart ou de St Jean de la Croix à la shunyata (vide) dans le bouddhisme, le shivaïsme, le taoïsme ou à « l'entre-deux cosmique » dans la peinture de Mi Fou et à des analyses de Cioran , Beckett, Durckheim...

 

La question du Vide, ou de son corollaire le Silence, est centrale à toute tradition initiatique et à toute philosophie de l’éveil. Elle anime également l’art, du classicisme aux avant-gardes. Plus encore qu’en 1969, nous sommes ensevelis sous la technologie et le factice, et plus encore, Vide et Silence constituent l’antidote naturel à la torpeur qui en résulte. Les enjeux de 1969 demeurent, l’urgence semble plus grande. Si un certain nombre de positions avancées en 1969 ne sont plus recevables aujourd’hui, l’ensemble de ces contributions restent une référence sur le sujet.

 

« Loin de nous l’intention d’esquisser une synthèse ou de ramener à quelques communs dénominateurs les différentes formes prises par l’expérience du vide dans les principales traditions. Il existe, certes, un monde de différence entre l’apophatisme chrétien, par exemple, et la vacuité bouddhique. Tous deux émanent cependant d’une expérience, mais leurs prémisses, comme d’ailleurs les conclusions, sont diamétralement opposées : l’une affirme l’ineffabilité de l’Etre, l’autre nie catégoriquement cet Être comme d’ailleurs l’âme individuelle ; tout est absolument vide de substance. »

 

Cet extrait de l’introduction présente une vision très réductrice et erronée. Il est fait référence ici à certaines formes de bouddhisme mais les grandes métaphysiques non-dualistes, notamment la doctrine de la Reconnaissance portée par Abhinavagupta, qui s’est opposé à certains penseurs bouddhistes sur ce point, ne nient pas radicalement l’Être. Elles véhiculent l’expérience de la non-séparation et de l’inclusivité absolue. Le rapport au Vide détermine parfois une absence alors qu’il conduit à une plénitude. Il est d’autant plus curieux d’introduire ainsi l’ouvrage quand la première contribution, majeure, est signée de Lilian Silburn, grande spécialiste du shivaïsme du Cachemire et traductrice d’Abhinavagupta.

 

« Ainsi, dit-elle, le vide donne relief et intensité aux êtres et aux choses qu’il enveloppe, il les situe à leur juste place et permet leur vivante interpénétration. Vide ou énergie vacuitante, pénétration et plénitude dépendent donc les uns des autres et engendrent une manière nouvelle d’éprouver et de comprendre. Dès que les cavernes de l’entendement et de l’imagination sont vacantes, l’essence divine se révèle : mais on pourrait aussi bien dire qu’une chose indicible s’infuse constamment dans l’intime de l’être et le vide de son contenu ; trop subtile pour être appréhendée, elle produit l’impression d’une étrange vacuité ; reconnue ensuite, elle devient plénitude ; trop puissante, elle cause ivresse, extase et ravissement. Mais à leur tour, des états qui ont d’abord fulguré comme plénitude apparaissent comme vide une fois dépassés.

 

En fait le vide mystique est d’une richesse inépuisable… » L’approche de l’ouvrage ne tend pas vers l’étude comparée mais vers une exploration de chemins qui invitent à emprunter, ou créer, d’autres chemins tant cette intimité fondamentale est absolument créatrice. Outre Lilian Silburn, nous retrouvons dans ces pages de nombreux auteurs, de Beckett à Susuki en passant par Tauler, Heidegger, Alexandra David-Neel ou Cioran. Nous croisons dans ces pages Boehme Nicolas de Cuse, saint Jean de la Croix, Bouddha, Daumal, Milosz ou Hadewijch d’Anvers ou les maîtres-architectes de l’Islam. A l’infinie richesse du Vide correspond une infinité d’expériences réalisatrices et une grande fécondité des auteurs qui laissent perdurer ainsi un écho de l’ineffable.

 

HILDEGARDE DE BINGEN – UNE VIE  UNE OEUVRE

ELLEN   BREINDL

Edition DANGLES

 1992

Une vie, une œuvre, un art de guérir en âme et en corps. Cette sainte et mystique du 12° siècle étonne par sa personnalité et sa vie. Elle rappelle un peu saint Bernard, car elle eu une vie publique incroyable et une vie scientifique stupéfiante. Elle rédigea des traités sur l’art de guérir, qui rencontre encore aujourd’hui un intérêt croissant pour ses applications thérapeutiques des plantes.

 

Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans  – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare.

 

Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias(Connais les voies). Suivent alors dix années d’un travail monumental  traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’ Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire».

 

Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et  l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante. 

 

Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin  masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses  propres ailes. Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie.

 

Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard.  

 

Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves  et Cologne.

 

Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés. Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. 

 

Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même

 

HILDEGARDE DE BINGEN - Corps et âme en Dieu

Audrey Fella,

Editions Points

 2015

Paradoxalement, Hildegarde de Bingen (1098-1179) érudite visionnaire, à la fois prophétesse et pragmatique, mystique et même mystérique, est tout à la fois très connue, populaire parfois dans certains milieux et étrangère, un peu comme le Don Quichotte de Cervantès, présent dans toutes les bibliothèques mais rarement lu. Cet ouvrage est une occasion de découvrir les multiples facettes de cette femme admirable, d’une grande liberté, précurseur dans de nombreux domaines.


Cette mystique, à la spiritualité remarquablement élevée, demeure inscrite dans le quotidien et dans l’attention aux besoins des hommes, ceux du corps comme ceux de l’âme. Elle développa une vision holistique de la médecine qui inscrit l’être humain dans une responsabilité universelle. La pensée médicale d’Hildegarde de Bingen constitue un prototype d’une écologie qui se cherche encore de nos jours. Son œuvre est étonnamment transdisciplinaire, son regard est toujours inclusif et non séparant. De ce point de vue, nous pouvons parler d’une puissance unifiante chez Hildegarde qui apparente sa pensée à celle des traditions non-dualistes.

 

« Réconciliant toutes les disciplines entre elles, rappelle Audrey Fella, littéraire, poétique et scientifique, artistique et médicale, esthétique et éthique, elle pose un regard unifié sur le monde et l’homme, qui doit choisir entre le parti des valeurs éternelles et celui des illusions terrestres. Selon elle, un lien mystérieux, issu de Dieu, unit toutes les créatures entre elles. Une unité régit tout le cosmos.


Dans sa vision, le monde et l’homme, le corps et l’âme, la nature et le salut sont interdépendants. Il s’ensuit que tout désordre introduit quelque part dans l’univers a nécessairement une répercussion jusqu’aux confins de celui-ci. Ce sens de l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à entrevoir la relation entre le désordre de l’univers et celui de la santé des hommes, issu des travers de leur conscience.

Créature préférée de Dieu, l’homme occupe une place centrale et déterminante dans le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le sens de sa destinée : parachever l’œuvre divine en participant à sa création. »

L’ouvrage, rigoureux et très pédagogique d’Audrey Fella rend compte de la cohérence de l’œuvre : Dimension visionnaire – vision unifiée de l’homme et de l’univers – prophétie comme révélation du salut – du salut de l’homme au salut de l’humanité – la symphonie des harmonies célestes – l’art de guérir…

Une métahistoire permet de saisir comment les événements servent l’entendement et font sens dans l’actuel de celui qui s’engage dans le chemin spirituel. Trinitaire, Hildegarde a une approche assez classique du chemin vers le salut mais elle l’inscrit dans une verticalité. C’est par une actualisation constante, dans l’instant présent, que la prophétie se fait éveil. Elle définit ainsi une ascèse atemporelle dans laquelle la musique mais aussi l’alphabet secret de sa lingua ignota font signe ou accord, sans passer par l’interprétation temporelle.

En nous introduisant à l’œuvre somptueuse d’Hildegarde de Bingen, Audrey Fella pose les jalons d’une spiritualité chrétienne affranchie des limites dogmatiques, d’une célébration de la vie, de l’inscription co-créatrice de l’être humain dans l’univers.

Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visions. Et cela durera soixante dix-huit ans ! C’est peut-être en partie pour cette raison que ses parents la confient très tôt – à huit ans  – au couvent dépendant du monastère bénédictin de Disibodenberg, à soixante kilomètres de là, tout près de Mayence. La mère supérieure du couvent, Jutta de Sponheim, une amie de ses parents, veille à son instruction. Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque.

À la mort de Jutta de Sponheim, Hildegarde a 38 ans. Elle est élue, par les sœurs du monastère, abbesse du couvent. Toutes ces années lui ont permis de se former à la vie monastique, rythmée par le travail, l’étude et la prière liturgique, et aussi d’acquérir une érudition immense – même si elle se dit volontiers ignare.

 Au cours d’une vision, à l’âge de 42 ans et sept mois (c’est elle qui précise !), Hildegarde reçoit de Dieu l’ordre de rendre ses visions publiques. Écris ce que tu vois et ce que tu entends ! Hildegarde doit vaincre de fortes résistances intérieures pour obéir à l’ordre reçu. Elle raconte elle-même qu’il a fallu qu’elle tombe malade pour commencer enfin, avec l’aide du moine Volmar qui écrit sous sa dictée, à composer son premier livre, le Scivias (Connais les voies).

Suivent alors dix années d’un travail monumental  traversées de beaucoup de doutes et d’hésitations. Hildegarde va même jusqu’à solliciter l’avis du pape. Pour cela elle demande son aide à Bernard de Clairvaux. En 1148, lors du grand synode de Trèves, devant toute l’assemblée des cardinaux, des évêques et des prêtres réunis, Eugène III prend un des écrits d’Hildegarde, le lit à voix haute et conclut à son adresse : «Écrivez donc ce que Dieu vous inspire».

Mais qu’y a-t-il donc dans ce livre plein de lumières, de couleurs et de visions étranges ? En réalité, Hildegarde retrace dans cet ouvrage l’histoire sainte depuis la création du monde jusqu’à la rédemption finale en passant par l’Incarnation, la crucifixion, la Résurrection et  l’édification de l’Église. À chaque chapitre, elle décrit la vision, l’interprète et lui donne son sens spirituel. Elle le fait avec les codes de son temps – qui sont les codes bibliques – enrichis par la lecture des Pères de l’Église. Elle y ajoute une vigueur et une audace de style tout à fait étonnantes. On comprend que ces pages incandescentes aient inspiré Dante Alighieri, lorsqu’il composa, deux siècles plus tard, la Divine Comédie, le chef-d’œuvre de la langue italienne naissante.

Pendant toutes ces années, le petit couvent féminin de Disbodenberg continue de vivre à l’ombre du monastère bénédictin  masculin dont il dépend. Pourtant, le couvent rayonne, les vocations se multiplient et c’est lui, sans doute à cause du rayonnement d’Hildegarde, qui attire les dons. Hildegarde, logiquement, veut fonder sa propre abbaye. Le père abbé s’y oppose. Hildegarde tombe malade et son état s’aggrave. Après quelque résistance, le père abbé laisse la supérieure du petit couvent voler de ses  propres ailes.

Mais c’est l’indépendance qu’elle veut, pas l’exil. Elle s’installe à quelques kilomètres de là, près de Bingen, à Ruperstberg où elle terminera sa longue vie. Et lorsqu’il s’agira pour elle, devant l’afflux des vocations, de fonder une autre abbaye, elle n’ira pas non plus bien loin. Le monastère d’Eibingen, qu’elle ouvre environ vingt ans plus tard, est lui aussi tout proche. Ainsi, celle dont les paroles ont franchi les frontières du temps et de l’espace ne sortit pas, de son vivant, d’un tout petit quadrilatère de quelques dizaines de kilomètres, au cœur de la Rhénanie.

Mais Hildegarde n’est pas seulement une visionnaire, c’est aussi une musicienne. Elle compose des pièces liturgiques, 77 pour être exact, dont certaines sont aujourd’hui disponibles en CD ! Car ces pièces sont parmi les premières à nous avoir été transmises intégralement. Ainsi, le drame de l’Ordo Virtutum (L’Ordre des vertus), entièrement composé par Hildegarde et mis en scène au monastère de Ruperstberg en 1152 par les religieuses du couvent naissant, sera joué à Cologne en 1982, huit cents ans plus tard.  

Hildegarde n’a pas fini de nous surprendre. Elle est femme de son temps, libre des préjugés que les siècles suivants imposeront aux femmes. Elle dirige, commande, fonde, acquiert, discute pied à pied avec les autorités religieuses et politiques. Mais surtout, chose étonnante chez cette femme recluse et qui n’a pas quitté sa Rhénanie natale, elle se met en route pour prêcher. Ainsi, de 1158 à 1170, elle prêche en public à Mayence, Wurtzburg, Bamberg, Trèves  et Cologne.

Mais surtout, inlassablement, elle écrit. Selon l’ordre jadis reçu, elle consigne ses visions. Le Livre des mérites de la vie l’occupe quatre ans, le Livre des œuvres de Dieu, onze ans. Pendant cette époque, elle écrit une Physique et un livre sur les causes des maladies et la manière de les soigner. Ce sont les deux seuls ouvrages médicaux qui nous soient parvenus du XIIe siècle. Certains y ont vu la partie émergée d’une science d’initiés.

Mais il s’agit beaucoup plus sûrement de faire droit, avec les connaissances du temps, au souci de soigner l’homme global. Car c’est l’homme qui est au centre de la théologie d’Hildegarde, l’homme-Dieu bien sûr, le Christ, mais qui rejoint à jamais l’homme concret. Hildegarde a retranscrit ses visions dans de superbes enluminures au symbolisme lumineux. Trois siècles avant Léonard de Vinci, elle représente dans une de ses visions l’homme aux bras étendus situé au centre du cosmos. Il a été créé libre. Il peut, à l’image de son créateur s’élever vers Lui. 

Telle est sans doute la leçon que l’on peut tirer de la vie de cette grande mystique aux multiples dons et au destin hors du commun qui meurt à 81 ans dans son monastère de Rupertsberg, entourée de ses sœurs et dont la renommée est si grande vers la fin de son existence que le récit de sa vie a déjà été commencé de son vivant. Puis oubliée par des siècles trop sages et masculins, elle fut redécouverte à la fin des années 80. Elle devint le porte-parole de toute une littérature hermétique, l’enseigne de certaines médecines parallèles et d’une vision holistique et féminine du monde et de Dieu même.

 

HILDEGARDE  DE  BINGEN,  LA  SENTINELLE  INVISIBLE

AUDREY  FELLA

Edition  LE COURRIER  DU  LIVRE

 2009

Comment expliquer l’extraordinaire réputation d’Hildegarde de Bingen, la large diffusion de son œuvre et la permanence de son culte ?

 

Certains personnages historiques sont plus ou moins appréciés selon qu’ils entrent ou non en résonnance avec les aspirations d’une époque. Hildegarde est l’exemple vivant d’un statut élevé de la femme au Moyen-âge et d’une liberté d’action sans égale. En outre, elle accorde un sens hautement spirituel à la vie. Elle reconnaît qu’un lien mystérieux unit toutes les créatures entre elles, qu’une unité régit tout le cosmos. Dans sa vision, la nature et l’homme, l’âme et le corps, sont interdépendants.

 

Ce sens de l’harmonie, indispensable à l’équilibre du monde, l’a conduite à entrevoir la relation entre le désordre de l’Univers et celui de notre conscience. Hildegarde de Bingen est plus proche de nous qu’il n’y parait. Son œuvre diverse et variée constitue un héritage précieux pouvant servir de base au renouveau spirituel et au ressourcement du monde. En cela, elle est toute désignée pour ouvrir ce nouveau millénaire et nous conduire sur des chemins intemporels, où il ne s’agit plus de consacrer tous nos efforts à ce que nous souhaitons devenir, mais bien d’habiter présentement ce que nous sommes.

 

Ce livre développe les sujets suivants :

La vie d’Hildegarde de Bingen entre contemplation et action, l’éloge de l’audace, l’enseignement bénédictin, le monastère, une nouvelle fondation, ses œuvres d’amour, son combat au sein de la vie religieuse, l’abbesse et le philosophe, l’hérésie cathare, l’heure du chien de feu, ses voyages, son œuvre : voie d’accès au divin, mystique et mysticisme, ses visions, ses prophéties, du Scivias au livre des heures divines, son œuvre scientifique, médicale, musicale et littéraire, Hildegarde gardienne de la tradition, le nouvel Adam, l’homme au centre de l’Univers, l’éternel retour, ses visions apocalyptiques, la Jérusalem céleste, le Temple de l’Homme, la roue cosmique ou l’achèvement de l’œuvre, du magistère spirituel, initiation royale et sacerdotale, les étapes du salut, les états multiples de l’être, l’expérience intérieure.

 

hildegarde de bingen – scivias

H. de bingen

Edition  ARBRE D’OR

 2006

Sainte Hildegarde n’avait pas quinze ans quand elle reçut le voile des mains de l’évêque de Bamberg ; c’est ce que nous apprennent les leçons de son office, que l’on récitait dès le XIIème siècle dans l’Abbaye de Gembloux.

Les années s’écoulaient rapides pour notre sainte au milieu de ses occupations et des visions célestes qui ne discontinuaient point. Outre ses longues et ferventes méditations, elle s’était adonnée à la langue latine ; et l’écrivait, sinon avec élégance, du moins avec facilité.

« Et il arriva que l’an onze cent quarante et un de l’incarnation du fils de Dieu Jésus-Christ, écrit-elle dans le prologue du Scivias, ayant quarante deux ans, une lumière de feu d’un très grand éclat venant du ciel ouvert transperça mon cerveau et échauffa sans les brûler mon cœur et toute ma poitrine, comme le soleil échauffe l’objet qu’il enveloppe de ses rayons.

A l’instant, je recevais l’intelligence du sens des livres saints, c’est-à-dire du Psautier de l’Évangile et des autres livres catholiques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Je ne connaissais cependant ni l’interprétation des paroles du texte, ni la division des syllabes, ni les temps et les cas de la grammaire. »

C’est en 1141 qu’elle commença à écrire les visions du Scivias (mot abrégé de Scito vias Domini, connaissez les voies du Seigneur). C’est, on peut le dire, son ouvrage principal, celui où les révélations sont plus abondantes, les prophéties plus claires, la doctrine théologique plus élevée. Elle mit dix ans entiers à l’achever. À peine les premiers chapitres en furent-ils terminés que Conon, Abbé de Disenberg, qui lui-même avait encouragé la sainte à les écrire, les porta à Mayence pour les communiquer à l’Archevêque Henri et aux principaux du clergé.

Quand le Pape Eugène III vint à Trêves avec Saint Bernard, il entendit certainement parler de la sainte abbesse, dont la renommée grandissait chaque jour, et il n’est pas improbable que les premières parties du Scivias lui aient été présentées pour être soumises à son approbation. Je dis les premières parties, car l’ouvrage ne fut achevé qu’en 1151 et la visite du Pape Eugène date de 1147.

 

histoire de la philosophie occulte

alexandrian

Edition PAYOT

 1994

La philosophie occulte, unit l’ésotérisme, transmission de la Tradition  qui est au cœur secret des grandes religions, et l’occultisme, théorie générale des vertus secrètes des choses. Cette quête sans cesse recommencée a pris des formes diverses selon les lieux et les époques –gnose, kabbale, alchimie, médecine universelle – mais elle se fonde toujours sur les mêmes bases et transmet ses secrets de génération en génération.

 

L’auteur, Alexandrian, s’attache à rendre compte de la variété et de la richesse de ces traditions ; des temps antiques au monde moderne, il en propose un panorama complet, fondé sur une documentation de première main avec des anciens manuscrits de magie, des traités métaphasiques, des manuels de l’Inquisition, les minutes de procès en sorcellerie. Il offre ainsi une boussole sûre pour s’orienter dans cet immense labyrinthe de ces doctrines mystérieuses et souvent difficile à comprendre.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 400 pages :

 

Prologue : Les origines de la magie occidentale  -  la recherche du secret des secrets   -  l’enseignement initiatique, la Rose+Croix et le Franc-maçonnerie   -   Triomphe des valeurs occultes   -

La grande Tradition et la Gnose : La gnose simonienne  -  les Pères du système gnostique  -  Hermès Trismégiste, les sept archontes   - la recette d’immortalité  -  Sophia et les femmes gnostiques  -  Le serpent Ouroboros et l’orgie rituelle  -  l’héritage du trésor de lumière  -

Les mystères de la Kabbale : Le Zohar   -  les débuts de la kabbale philosophique  -   la doctrine du siècle doré  -  les alphabets célestes et terrestres  -   le dogme de la Haute Magie  -  l’Ordre kabbalistique de la Rose+Croix  -

L’Arithmosophie : La mathèse et les lois du calcul métaphysique  -   la géométrie occulte  -    la stéganographie   -   Les nombres arithmiques de l’histoire   -   la philosophie de l’absolu  -

L’Alchimie triomphante : Le Grand Œuvre et la Pierre philosophale  -    les alchimistes malgré eux   -  les classiques de la littérature alchimique  -   l’hyperchimie et l’hylozoïsme   -  l’alchimie au XXe siècle  -

La conquête de l’avenir par les arts divinatoires : La pronostication et les prophéties  -   l’astrologie  -  la géomancie  -  la physiognomonie  -  la chiromancie  -  la métoposcopie  -  l’oniromancie  -  la divination par les miroirs et la boule de cristal  -   la cartomancie et les tarots  -  la rabdomancie  -

La médecine hermétique et la thaumaturgie : La révolte médicale de la Renaissance   -   la médecine spagyrique et Paracelse  -  le médecin des 3 S contre le médecin de l’archée  -   Théorie et application du magnétisme animal et Mesmer   -  la thaumaturgie et ses techniques   -  Médecine occulte mixte et métiatrie   -

Les communications avec l’invisible : La goëtrie  -  les duos médiumniques   -  l’illuminisme   -   les voyages extatiques   -  la poursuite de la « chose »   -  La voie interne du martinisme ave L. C. de Saint Martin, Willermoz et Martinez de Pasqually   -  la théodoxie universelle  -  l’occultisme contre le spiritisme  -  Allan Kardec   -   les expériences du dédoublement  -  la synthèse du visible et de l’invisible  -

La magie sexuelle : Ontologie de l’acte sexuel   -  l’érotisme diabolique   -   le sabbat   -  l’ensorcellement et la possession   -   la messe noire   -   les unions immatérielles   -   la sanctification du sexe   -   la hiérogamie dans les temps modernes   -

Index des Maîtres de l’Occulte (prés de 200 noms)   - 

 

 

histoire de l’imagination

Dom Pierre miquel

Edition    Le Léopard d’or

 1994

On part de l’imaginaire dans la Bible en passant par l’antiquité et le Moyen-Âge pour arriver aux temps modernes.   Une belle histoire.

 

« Folle du logis » selon Malebranche, « reine des facultés » selon Baudelaire, l’imagination a connu suivant les époques la faveur et la disgrâce. Après avoir parcouru brièvement cette histoire de l’imagination, on peut s’interroger sur son rôle dans le Révélation et dans la théologie. Pour se manifester aux hommes, Dieu a-t-il recours à l’imagination ou bien est-ce l’homme qui, pour franchir les limites où sa raison se heurte, fait appel à l’imagination ?

 

L’au delà est le domaine privilégié de l’imagination : l’enfer, le purgatoire, le ciel sont-ils des lieux de rêve, peuplés d’êtres fictifs, les démons et les anges, ou bien les descriptions qu’on en donne répondent-elles, non seulement à un besoin, mais à une réalité ?

 

Les descriptions de l’au-delà et des êtres intermédiaires sont très semblables dans toutes les religions. La révélation biblique est sobre sur ce point, mais certains théologiens, beaucoup de prédicateurs et quelques mystiques ont comblé ce qui leur paraissait une lacune. On peut comprendre ce souci : l’homme ne peut penser sans image ; elle lui sert de support, mais le risque est qu’elle devienne un écran au lieu de rester une étape. Par ailleurs, une abstraction ne peut mobiliser le dynamisme de la volonté : l’image seule entraîne. Ainsi la fonction de l’imagination se révèle à la fois indispensable- même en théologie- malgré les dérives que peut occasionner son emploi.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

L’imaginaire et l’imagination  -  Situation de l’imagination  -  la nature et la politique  -  le commerce et le jeu  -   L’art figuratif et l’art abstrait  -  la littérature et la science fiction   -   la mythologie et la liturgie   -   L’invisible au-delà  -  La Bible et l’imaginaire biblique  -  les récits d’origine et les événements fondateurs  -  les théophanies  -  les récits de visions  -  les Apocalypses   -   La Cantique des cantiques  -  L’inspiration créatrice dans le livre de Job  -  Les récits eschatologiques dans les synoptiques  -  L’Apocalypse johannique  -  les apocryphes  -  le midrash  -  la kabbale  -  les contes hassidiques  -

L’Antiquité et le Moyen Âge : Les philosophes grecs : Platon – Aristote – Plotin – Proclus --   les spirituels bouddhistes  -  L’illusion universelle  -  La pratique des mandalas et des mantras  -  Les mystiques musulmans : Ibn Arabi et Ibn al Faridh  -  Rumi et l’imagination maitresse d’illusion qui engendre la peur, l’imagination peut rendre fou, l’imagination est cause de souffrance, imagination et réalité, imagination et spiritualité   -   Attar   -  l’imagination facteur d’unité ou de dispersion ?  -   Les Pères grecs : L’inspiration biblique selon Origène   -  Le refus du docétisme  -  saint Basile et saint Cyrille de Jérusalem  -  Rien n’est beau que le réel par Grégoire de Nysse  -   Le monde symbolique de l’imagination chez le Pseudo Denys   -   Rôle positif de l’imagination chez Synésios de Cyrène   -   Dangers de l’imagination d’après la Philocalie  -  Calliste et Ignace Xanthopouloi   -  Les Pères latins :   Saint Augustin  -  Saint Grégoire le Grand et le dépassement des images  -  Scot Erigène et Théophania et phantasia  -  saint Bernard et l’imagination protectrice   -   Thomas de Cîteaux et les deux excès  -  Guillaume de Saint-Thierry, Dieu est inimaginable   -  Pierre le Vénérable : L’au-delà est inimaginable  -  Abélard et l’imagination inspiratrice de l’artiste   -  Guigues le chartreux et le renoncement aux images   -  Hugues de saint Victor : imagination, raison et contemplation   -  Saint Pierre Damien : l’incarnation en vérité  -   Les philosophes médiévaux   -

L’Âge classique : Les philosophes des 16e et 17e siècle : Léonard de Vinci : l’imagination et l’expérience   -  Montaigne : l’imagination et l’expérience  -  Ambroise Paré et l’imagination psycho-somatique   -  Giordano Bruno : l’imagination, faculté de synthèse   -  Cyrano de Bergerac et l’imagination extravagante  -    Spinoza et l’imagination prophétique  -  Jacob Boehme et les deux faces de l’imagination  -   Malebranche et l’imagination « folle du logis »   -  Pascal et l’imagination ennemi de la raison  -    Les saints des 16e et 17 siècles   -  Les réformateurs Luther  -  Calvin et Viret   -   Sainte Thérèse d’Avila et l’imagination source de distraction   -   Saint Robert Bellarmin et les images de la Trinité   -   Saint Jean de la Croix : l’imagination n’est qu’un moyen  -  Saint Ignace de Loyola et l’imagination utile à la composition du lieu   -   Saint François de Sales : l’imagination faculté ambigüe   -  Saint Vincent de Paul : l’imagination utile en spiritualité mais dangereuse en théologie   -   Marie de l’Incarnation : l’imagination, une puissance à surmonter   -  

Les temps modernes : Le romantisme : Caracciolo : l’imagination, remède contre la tristesse et l’ennui   -  Kant : l’imagination, le sensible et l’invisible   -   Schleiermacher : l’imagination, la foi et l’intériorité   -   Baudelaire : l’imagination inspiratrice des arts   -   L’existentialisme   -   Imagination et croyance  -   magie de l’imagination   -    l’imagination dépassement du réel   -  le surréalisme   -  la psychanalyse   -   illusions utiles ou sans avenir ?   -   Les paradis artificiels   -  Sainte Thérèse de Lisieux   -    le mythe, voie d’accès à l’invisible et à la connaissance  -  Déviations théologiques dues à l’imagination  - 

 

histoire de mes malheurs

Pierre abelard

Edition MILLE ET UNE NUITS

 2001

Abélard et Héloïse seraient le couple jumeau de Tristan et Yseult, incarnant l’idéal de l’amour en Occident ? Malheureusement, le mythe des amants unis jusqu’à la mort est contredit par la version très prosaïque qu’en donne lui-même Abélard (1079-1162) dans cette longue lettre. Il s’y montre jeune dialecticien orgueilleux, avide d’asseoir sa supériorité intellectuelle et d’acquérir une position bien en vue. Le mufle avoue avoir été prêt à tout pour séduire la belle Héloïse, alors qu’il n’envisageait que sa carrière de philosophe, et non le mariage.


De ses malheurs, le plus grand n’est pas celui que l’on croit : ce n’est pas tant son émasculation que la condamnation par l’Église à brûler son ouvrage « De l’Unité et de la Trinité divine » qui le fait souffrir…


Traduit du latin par M.R. L’Abbé Abélard donne sa version des faits qui l’ont opposé à Bernard de Clairvaux.Il n'y a pas d'amour heureux. Le mythe de l'amour en Occident, l'amour impossible à vivre a, pour archétype, la passion de Tristan et Yseult. Une légende. Dans la mythologie des amants séparés mais éternels, figurent en bonne place Héloïse et Abélard.

 

Et là, c'est une histoire vraie. Si vraie qu'elle se déroule en partie près de Nogent-sur-Seine, au Paraclet - en grec, le consolateur -, nom que donna Pierre Abélard à l'oratoire métamorphosé ensuite par et pour Héloïse, en une prospère abbaye. Si vraie qu'elle est connue grâce aux écrits des deux amants : l'autobiographie d'Abélard et l'échange épistolaire avec Héloïse, datée des années 1132-1133. Les lettres originales ont disparu mais la copie qui passe pour être la plus ancienne, est conservée à la médiathèque du Grand Troyes : c'est le fameux manuscrit 802. « Il aurait été copié entre 1231 et 1238, dans l'entourage de l'évêque de Paris Guillaume d'Auvergne, à partir de documents issus de l'abbaye du Paraclet », précise Pierre Gandil, directeur adjoint, avant de rappeler : « Le manuscrit renferme huit lettres explicitement attribuées à Abélard et Héloïse. » Ces textes, régulièrement réédités, méritent d'être lus et relus pour leur richesse et leur force.


Le manuscrit 802 s'ouvre sur l'autobiographie d'Abélard, L'histoire de mes malheurs, qu'il adresse vers 1132-1133 en guise de consolation à un ami. Cette confession tombe entre les mains d'Héloïse alors qu'elle est depuis 1130 au Paraclet. Les deux amants ne se sont pas vus depuis douze ans ; depuis qu'ils ont chacun prononcé leurs vœux, elle à l'abbaye d'Argenteuil et lui, à Saint-Denis. Ce déchirement marquait théoriquement, en 1117-1118, la fin de leur histoire d'amour. Elle aurait débuté à l'hiver 1 115. Pierre Abélard, environ 35 ans, est déjà un théologien de renom. Fulbert, un chanoine de Notre-Dame de Paris, lui confie l'éducation de sa nièce d'à peine 15 ans, Héloïse, déjà célèbre elle aussi pour « l'étendue de sa culture ». Se noue une passion réciproque, totale, dévorante, vertigineuse qui ne reste pas longtemps secrète puisqu'en 1116, naît leur fils, Astrolabe. Pour calmer Fulbert qui exige une réparation à cet affront public, Abélard épouse Héloïse mais exige que le mariage reste secret : c'est le point central de la genèse du drame. Abélard était clerc. Le mariage lui était permis mais pour faire une carrière brillante, il valait mieux le célibat. Héloïse s'est opposée de toutes ses forces au mariage parce que c'était un lien méprisable à ses yeux, qui ruinerait à la fois la gloire d'Abélard et leur amour

Finalement, elle a cédé pour ne pas contrarier Abélard…Mais tous deux ont tout fait pour que leur mariage reste ignoré. Héloïse en aurait subi les foudres de sa famille.
Pour la protéger, Abélard l'enleva et la cacha chez les religieuses d'Argenteuil. Fulbert crut qu'il voulait s'en débarrasser et pour le punir, le fit châtrer. C'était lui interdire à la fois Héloïse et la gloire puisque l'Église interdisait toute carrière aux castrats. Abélard réussit sans mal à convaincre Héloïse de devenir religieuse. Il en fit autant. Débutèrent pour le philosophe de nouveaux déboires, comme il le relate dans L'histoire de mes malheurs.

 

HISTOIRE DES IDÉES DES HOMMES SUR  DIEU

Marc-Alain  Descamps

Edition de la Hutte

 2012 

Aucun peuple n’a jamais existé sans une croyance en un ou plusieurs dieux. Chaque siècle a modifié le regard des hommes sur le Divin. Notre exploration du système solaire et, au-delà du Cosmos, change nos idées sur Dieu dans une colossale mutation spirituelle

 

Grâce à cette histoire, nous allons croiser Dieu dans le cœur des hommes, dans les systèmes de morale des sociétés, et dans notre vision de l’Univers infini et indéfini.

Qu’est-ce que Dieu ?  Un mot, un nom, une croyance ou un vécut ?

 

Dieu est devenu dans l’histoire de l’humanité un sujet passionné, source de conflits et de guerre. Pourquoi ? Parce que Dieu est un des mots auquel on a donné le plus de sens différents. Finalement il ne veut plus rien dire et chacun donne à ce mot des sens opposés. Le pire est quand certains veulent donner un nom à Dieu, alors reconstruisant la Tour de Babel, ils ne se comprennent plus et s’entretuent.

 

Dieu,  « une ténébreuse affaire », écrivait déjà le philosophe anglais Hume au XVIIIe siècle. L’affaire est si compliquée que l’on ne sait même pas comment poser la question : « Qui est Dieu ? » ou « Qu’est ce que Dieu ? ». Dans le second cas on préjuge que Dieu est une personne, comme un humain, et l’on tombe dans l’anthropomorphisme, qui est la tentation majeure et le défaut universel : on ne sort pas de l’homme et l’on pense Dieu comme s’il était un homme.

 

Pour éviter de retomber dans les guerres de religion, la première découverte à faire est de reconnaître que Dieu n’est jamais apparu de façon divine à tout un groupe d’hommes et ne leur a jamais parlé tout haut collectivement, pourquoi ?

 

Ainsi Dieu est-il pour beaucoup un objet de croyance et surtout un acte de foi. Pour beaucoup Dieu est une affaire de religion et l’on ne doit pas en parler en dehors. Chaque religion est un groupe d’hommes et de femmes qui s’arroge le droit exclusif de parler de Dieu. Les religions ont confisqué l’idée de Dieu et en ont dégouté les autres.

 

Au sommaire de cet ouvrage sur l’interprétation du mot Dieu :

 

Chapitre 1 : Dieu est il un animal ?  -le Totémisme et l’animisme  -  Fétichisme et chamanisme  -  Les bêtes ont été les mères de l’humanité  -  L’homme s’extrait et se sépare de l’animal  -  L’homme asservit et extermine les animaux  -  L’homme protège les animaux  - 

Chapitre 2 : Dieu est il une femme ?  -  la déesse Terre-Mère  -  Les civilisations patriarcales et le retour du féminin  -  le sexe de Dieu  -  les plaidoyers féministes  - 

Chapitre 3 : Dieu est il méchant ?  -  Conjurer les menaces de la nature  -  Les dieux des volcans  -  Les dieux cannibales  -  le dieu du mal ou le dualisme  -   L’invention du « bon Dieu » par les philosophes grecs  -  le dieu de la guerre chez les juifs  -  Excision et circoncision  -  Jésus et le christianisme  -  Mystiques,  Sacré-Cœur et Béguines  -  le dieu d’Amour des E. M. I. (expérience de mort imminente)  - 

Chapitre 4 : Dieu est-il unique ? ou l’invention du monothéisme  -  le premier monothéisme égyptien  -  La découverte du dieu unique par les grecs  -  Le passage du « vrai dieu » au « dieu universel »  -  Les drames de la Trinité et des hérésiarques  -  le monothéisme musulman  -  L’hénothéisme et le refus de l’intolérance  - 

Chapitre 5 : Dieu est il rationnel ?  -  Les premiers penseurs de Dieu  -  La raison dans la foi  -  De la théodicée à la théosophie  -  les contradictions et les apories  -  Les mystiques et la théologie apophatique  -  Le Dieu intérieur ou Dieu est en vous  - 

Chapitre 6 : Dieu est il mort ?  -  La mort de Dieu  -  Les athées célèbres et individuels  -  Les nouvelles idoles  -  Les preuves de l’existence de Dieu  -  Le Sacré cosmique  - 

Chapitre 7 : Dieu est il le Créateur ?  -  Le Dieu émanateur ou l’Univers corps de Dieu  -  Le Dieu Providence  -  Bibliographie des ouvrages sur le sujet  -

 

10 I

 

IMAGINAIRE ET PENSḖE –   DḖSIRḖE ERASME, MARTIN LUTHER, NICOLAS DE CUES – Trois imaginaires, trois modèles de pensées -

 Olivier  Rimbault

Presses Universitaires de Perpignan

 2016

L'auteur propose une découverte totalement inédite (même pour les spécialistes) de trois grands « humanistes » de la Renaissance, Nicolas de Cues, Erasme et Luther, en démontrant la fécondité de la notion d'imaginaire pour expliquer comment un intellectuel pense et écrit. Ce faisant, cette étude non seulement corrige certaines erreurs auxquelles conduisent les généralisations en histoire (comme autour de la notion d’humaniste), mais il démontre aussi l’actualité de ces penseurs et la pertinence des théories de l’imaginaire pour éclairer les débats d’idées d’aujourd’hui et la puissance des symboles à toutes les époques.

 

Faire l’apologie de la Folie, en voilà une drôle d’idée ! Un parti-pris qui n’intrigue pas que les béotiens… En effet, quoi de plus intemporel que nos fols comportements individuels, mais encore sociétaux, étatiques ou de croyance ? Car, qui de nos jours n’est pas persuadé que le monde est devenu fou ? Votre crémier, qui jure tous les quatre matins après le dieu crise qui fait s’affamer ses clients ?

 

Votre libraire, qui s’en va en croisade contre Internet et le livre numérique ? Vos grands-parents, pour qui c’était mieux avant (même s’ils ont une moyenne d’âge de 170 ans à eux deux, et que le « avant » nous ramène donc à une époque de ruelles mal éclairées, de misère crasse de l’ouvrier, de pauvreté rampante, de pigeon-voyageur, d’illettrisme, d’infériorité du beau sexe, de transports capricieux, etc.) ? Si vous aussi, vous croyez mordicus que le monde part à vau-l’eau, rassurez-vous. Dans une galaxie très lointaine perdue entre le 15e et le 16e siècle, Erasme pensait comme vous. Sa sagesse, en revanche, lui faisait croire que ça ne datait pas d’aujourd’hui !

La Folie que personnifie Erasme en lui donnant un droit de parole est à l’image d’une balancelle : vous pouvez vous servir d’elle d’avant et d’arrière, puis vous retrouver les quatre fers en l’air !

Si l’on devait résumer l’ouvrage d’après un thème botanique, la Folie serait le tronc commun de l’Humanité. Nos attitudes à répétition qui se suivent sans s’apprendre en seraient son écorce ou scories. Enfin, la philosophie, dans le droit-fil de la pensée des pères de l’Antiquité, en serait la sève. Avec son Eloge de la folie, celui qui cherche à pincer « plutôt qu’à mordre » signe un coup de maître. Il n’y a qu’à voir le nombre de contempteurs de l’ouvrage pour s’en rendre compte ! Du vivant de l’auteur déjà, son Eloge est condamné à Paris et à Oxford. Ses prises de position du style « des subtilités plus subtiles encore encombrent les voies où vous conduisent les innombrables scolastiques » ne lui valent pas une franche amitié de la part des instances d’autorité susnommées… En pleine Contre-Réforme, Erasme préférera, choisira un profil-bas et ira jusqu’à présenter ses excuses à ceux que ses paroles auraient blessés.

 

Entre Spinoza et Rabelais, se tient Erasme, prince des mots et chantre d’un utilitarisme humanitaire que beaucoup lui envieront, sans parvenir à son génie du sous-entendu critique. Le château mental d’Erasme est vaste. Ses étages sont ceux d’un roi mais ses oubliettes sont d’un juge. D’une langue sapide (puissamment retranscrite ici dans la traduction de Claude Blum), il dégorge nos travers (dé)raisonnables, passés ou actuels. Si la folie est sœur de l’imagination (cette dernière surnommée « la folle du logis »), alors l’esthétique Renaissance du propos saute aux yeux. Personne ne s’y trompe, et malgré un mea culpa hypocrite nonobstant la tranquillité de son auteur, l’Eloge de la folie est le bestselling book européen de son temps ! Rapidement traduit en langues vulgaires, le livre et son aura de brûlot anticlérical se répandent rapidement. L’Eloge, c’est aussi l’un des livres les plus pourchassés de tous les temps. Le parlement de Paris, la Sorbonne, les théologiens de Louvain, condamneront sa sortie. En 1559, c’est la Bibliothèque apostolique vaticane qui l’inscrit sur sa prestigieuse (et sinistre) liste des livres mis à l’Index, que tout bon chrétien doit se garder d’ouvrir sous peine de rôtir dans les flammes de l’Enfer ! Comme si une telle « publicité » ne suffisait pas, tous les écrits d’Erasme seront interdits par le Vatican jusqu’en… 1930. 

 

En cinq années, l’Eloge en était déjà à sa troisième réédition latine. C’est à cette occasion qu’en 1516 Hans Holbein se voit proposer d’apporter une touche picturale à l’édifice humaniste. Ses 82 saynètes successives, réalisées à la plume et à l’encre, ne servent pas tant à illustrer littéralement le texte qu’à l’enrichir sur la base de l’imagier populaire de l’époque. 17 ans avant son célèbre portrait des Ambassadeurs, Holbein s’essaie peut-être déjà au jeu des anamorphoses… spirituelles, celles-là…Des dessins originaux tenus au secret dans les profondeurs capitonnées du Cabinet des estampes du Kunstmuseum de Bâle. Très altérés par le temps, presque illisibles pour certains, ces derniers ont nécessité le recours à un scanner rotatif, le procédé le plus fin en matière de photogravure qui a permis de nettoyer les traits, du fond coloré de la page. Agrandis à 300%, scannés, puis débarrassés de leurs taches après cinq siècles d’humidité et d’oxydation du papier, l’intégralité des 82 dessins d’Holbein a trouvé sa logique au sein de cette édition flambant neuve. Soit à leur place exacte, conformément à l’ouvrage d’origine. Un travail exceptionnel auquel les éditions Diane de Selliers sont rompues par le poids de l’expérience. Depuis plus de 20 ans, cette recherche de la perfection prodigue aux grandes œuvres littéraires une vitalité nouvelle.

 

De fait, la pointe sèche d’Holbein le Jeune n’est pas la seule à se prêter à merveille à l’exercice. Les contemporains d’Erasme (Hans Holbein, Albrecht Dürer, Quentin Metsys) et leurs héritiers directs sont pour la première fois réunis au cœur rouge du coffret. Un Eloge à la folie de la peinture qui regroupe près de 200 pièces de la production artistique du Nord, dont bon nombre d’œuvres rarissimes ou inédites, soustraites au monde et cachées dans l’obscurité de collection privées… Telle cette version du Portrait du vieil homme grotesque (page 139), moins connue que « sa jumelle » conservée au musée Jacquemart-André, à Paris. Comme à son habitude, l’éditeur justifie avec intelligence son choix : « le diptyque qu’il forme avec le Portrait de la vieille femme grotesque, conservé à la National Gallery de Londres, est rarement reproduit. Ils ont été exposés ensemble pour la dernière fois à la National Gallery en 2008, après 150 ans de séparation ! »Cinq siècles après la parution de l’Eloge, lesquels de nos littérateurs/penseurs/philosophes se revendiquent avec authenticité de l’esprit d’Erasme ? Il y aurait pourtant à dire…

 

introduction à origÈne suivie d’une anthologie

Philippe henne

Edition du CERF

2004

Sans Origène, il n’y aurait pas de théologie. Tout commence avec lui parce que, grâce à lui, la réflexion pénètre dans le christianisme.


La grande innovation apportée par Origène est d’avoir structuré la pensée théologique en un système logique et cohérent. À partir de la foi transmise dans l’Église, le théologien pouvait aborder les grands problèmes de l’existence humaine et y apporter des éléments de réponse en lien avec une vaste vision du monde.


Son influence fut décisive, aussi bien dans la théologie grecque que latine. Elle marqua aussi la dogmatique, l’exégèse et la spiritualité. Dans le discours de Dieu, il apporta de nouvelles formules et de nouvelles images ; l’étude de la Bible devint grâce à lui une véritable science. Ses commentaires et ses homélies furent lus, recopiés et abondamment utilisés, même par ses détracteurs, Jérôme, Ambroise de Milan, Augustin, ces grands exégètes de l’Antiquité qui reprirent de nombreuses idées de leur lointain prédécesseur.

 

La vie mystique elle-même n’échappa pas à sa sagacité. Le commentaire et les homélies sur le Cantique des Cantiques sont l’œuvre d’un homme mûri par la réflexion et par l’épreuve. Et pourtant, cet auteur fécond est inconnu du grand public. Ce qui explique cette méconnaissance, c’est certainement le soupçon d’hérésie qui accable le maître d’Alexandrie.


Il est important de reprendre le dossier, de développer ses idées et de montrer ses erreurs. Alors sans doute seront rendus à la lecture et à l’étude les meilleurs passages de sa pensée chrétienne.

 

10 J 

 

jean pic de la mirandole

Christine sagnier

Edition De Vecchi

 2000

Son histoire – sa personnalité – ses influences.

 

Grand promoteur des études hébraïques, il fut à l’origine de renouveau de la Kabbale en occident. Ce penseur hors du commun eut maille à partir avec l’institution du moment. Malgré les obstacles, il ouvrit de nombreuses voies dans la pensée humaniste et n’eut de cesse de vouloir restaurer la vitalité de l’Église et d’édifier une véritable philosophie de l’homme. Ami de Marsile Ficin et de Savonarole, il influença l’esprit du quattrocento.


Le 17 novembre 1494 s'éteint à Florence un jeune homme dont le nom est encore employé dans notre langue avec une pointe d'ironie... Tout commence en 1463 ! La France se relève de la guerre de Cent Ans et Constantinople est depuis dix ans la capitale de l'empire turc. L'Italie, divisée en principautés perpétuellement en guerre les unes contre les autres, baigne en pleine Renaissance et découvre l’humanisme. Le 24 février de cette année-là, dans le duché de Ferrare, en Italie centrale, naît Giovanni Pico, comte della Mirandola e Concordia (Pic de la Mirandole en version française). Jeune homme surdoué, il entre à l'académie de Bologne à 14 ans et devient deux ans plus tard un spécialiste confirmé du droit.

Exalté par la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en passant par d’autres universités européennes.

Pic de la Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et chaldéens.

À 23 ans, il publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome, quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale. L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont révéler la Renaissance aux Français...

Analyse de l’oeuvre de Pic de la Mirandole : Cette transcendance divine par laquelle s’affirme la supériorité de Dieu sur l’homme en tant qu’homme, me semble soulignée avec justesse dans l’interprétation qu’offre Pic de la Mirandole, dans son fort célèbre De dignitate hominis. Naturellement, Pic a aperçu le fond ontologique du passage de la Genèse, et souligne le caractère divin de l’homme ; mais il ne conçoit celui-ci que sur un mode dynamique, c’est-à-dire que le « lieu de passage » constitué par l’endroit où dort Jacob se réalise pleinement dans le symbolisme de l’échelle, symbolisme qui désigne indubitablement une montée vers les cieux, c’est-à-dire un dynamisme, dynamisme qui n’est possible que parce qu’il repose sur l’identité ontologique du bas et du haut, de l’humain et du divin ; mais encore faut-il actualiser cette identité.   

L’humanisme de Pic de la Mirandole ne consiste pas en une apologie de l’homme en tant que tel ; nulle trace dans ses écrits d’une admiration béate d’une humanité unifiée ou de droits inaliénables. L’homme de Pic de la Mirandole est digne d’admiration parce qu’il est capable de se projeter au-delà de lui-même, parce qu’il est capable précisément de se projeter en Dieu ; ce n’est pas un humanisme intrinsèque qu’il décrit, mais un humanisme qui tire sa légitimité d’un possible, d’un potentiel inscrit en l’homme, qui n’est autre que celui de devenir Dieu. Or, rien n’est plus significatif à cet égard que l’interprétation qu’il donne de l’échelle de Jacob dans le De dignitate hominis

Après avoir loué les théologiens chrétiens, voici le dessein qu’il assigne à l’humanité : « Et sans nous contenter des nôtres, consultons le patriarche Jacob, dont la figure resplendit, sculptée sur le siège de la gloire. Ce père très sage (saptientissimus) nous instruira, lui qui dort dans le monde inférieur (in inferno dormiens) et qui veille dans le monde supérieur (mundo in superno vigilans). Mais il nous instruira en figure (per figuram) (car c’est en figure que tout leur arrivait), disant qu’il y avait une échelle dressée des tréfonds de la terre jusqu’aux sommets du ciel, répartie en une longue série de multiples degrés : au sommet siège le Seigneur, les anges contemplateurs y montent et descendent tour à tour.  C’est ce que nous devons faire, nous qui voulons imiter la vie angélique. »

Deux enseignements sont ici fondamentaux. D’une part, l’échelle de Jacob est conçue comme cela même qui établit un lien de continuité entre le monde sublunaire et le monde céleste, autrement dit entre le divin et l’humain. Le fond ontologique qui structure les interprétations majeures de ce texte demeure inchangé : il y a continuité ou identité entre le divin et l’humain, et non rupture ou dissemblance. Sur ce point, Pic ne fait que reprendre l’interprétation magistrale qu’en avait donnée Philon d’Alexandrie. Mais il convient d’autre part de considérer cette continuité sur le mode dynamique : il nous faut emprunter l’échelle pour nous convertir, au sens néoplatonicien du terme, pour retrouver notre essence divine. Autrement dit, ce mouvement de retour où se ressaisit l’essence divine de l’homme n’est possible que sur fond de l’identité de l’essence divine et de l’essence humaine. Grâce à cette identité ontologique, il nous est possible de gravir progressivement les échelons jusqu’à Dieu. 

« Il faut d’abord, écrit Pic, que nous soyons instruits et entraînés à nous mouvoir comme il faut de degré en degré, sans jamais dévier de l’axe de l’échelle ni faire obstacle au cheminement des autres. » Il est vrai que Pic insiste davantage sur la progressivité du retour en Dieu, et ne procède pas à la violence métaphysique de Maître Eckhart ; ou plutôt, si le résultat est identique, il n’en est pas moins plus progressif, plus lent à venir. Avant que l’homme ne se découvre Dieu, il lui faut avoir gravi chaque échelon, être passé par le stade angélique, et avoir reçu des anges, eux-mêmes descendus de l’échelle pour annoncer la bonne nouvelle, l’appel à la divinisation. 

« Appelés avec tant de douceur (blande), invités avec tant de bonté, les pieds ailés comme des Mercures terrestres, nous volerons vers l’étreinte de cette bienheureuse mère, et nous jouirons de la paix désirée – paix très sainte, indissoluble union, amitié unanime, grâce à laquelle toutes les âmes non seulement s’accordent en un unique esprit qui est au-dessus de tout esprit, mais d’une manière ineffable, se fondent complètement dans l’un. Voici l’amitié que les Pythagoriciens disent être la fin de toute philosophie ; voici la paix que Dieu établit dans les lieux élevés, et que les anges sont descendus sur terre annoncer aux hommes de bonne volonté, afin que les hommes, montant par elle au ciel, deviennent eux aussi des anges. »

Malgré l’apparente quiétude de ce mouvement, il ne faut guère sombrer dans une interprétation trop prudente des propos de Pic ; il est indubitable que le résultat est tout à fait similaire à celui qu’obtient Maître Eckhart ; de la même manière que celui-ci voyait dans le songe de Jacob une allégorie par laquelle l’âme se reposait en la déité, et inversement par laquelle Dieu se reposait dans la petite étincelle de l’âme, l’issue de l’ascension chez Pic n’est autre que le repos de l’âme dans la déité, et celui de la déité dans l’âme. Pic écrit ainsi sans équivoque que le dessein final de l’ascension de l’échelle n’est autre que cet « unique esprit » dans lequel se réconcilient l’homme et Dieu qui ne font plus qu’un, afin que « notre âme devienne elle aussi la demeure de Dieu (Dei domus), afin qu’après s’être dépouillée de toutes ses impuretés par la morale et la dialectique, elle s’one de la multiple philosophie comme d’une beauté princière, qu’elle festonne le sommet des portes par la théologie, que descende le Roi de gloire et qu’il vienne avec le Père établir en elle sa demeure. »[  

Nulle équivoque n’est ici possible. Dès lors que Dieu est en mesure de venir établir sa demeure dans l’âme, cela signifie l’actualisation de celle-ci en tant qu’elle a mis au jour son identité ontologique avec celui-là. La continuité de l’univers divin avec l’univers humain est ainsi à la fois la condition de possibilité de cette réconciliation finale, et l’effet de l’identité originaire. Condition de possibilité parce que sans elle l’élévation graduelle de l’échelle ne serait guère possible, mais aussi effet car s’il n’y avait plus cette identité du divin et de l’humain à reconstituer, il n’y aurait plus de raison que Dieu vienne annoncer par ses anges l’appel à la réunification

Pic de la Mirandole ne fonde pas l’autonomie du sujet, il fonde au contraire sa dignité dans la potentialité d’un devenir divin, qu’il lui faut toutefois actualiser, lorsque surgit l’appel. Il ne s’agit donc pas d’une dimension d’affranchissement toute faustienne du divin, mais d’un retour à celui-ci sur fond d’identité ontologique, héritée de toute une tradition néoplatonicienne et ésotérique. On partage ainsi pleinement l’interprétation de Louis Valcke pour lequel « l’intérêt de l’œuvre et de l’évolution intellectuelle de Pic ne réside donc pas dans quelque non-conformisme qui l’aurait conduit à ébaucher ou à anticiper, même inconsciemment, certains traits de la modernité. Sa pensée et sa réflexion se meuvent tout entières à l’intérieur du cadre philosophique et théologique qu’il avait reçu en héritage. 

Exalté par la découverte des textes de l'Antiquité, diffusés par des lettrés grecs qui ont fui les Turcs, il décide de s'instruire dans tous les domaines de la connaissance en allant d'université en université, de Rome à Paris, en passant par d’autres universités européennes.

Pic de la Mirandole mène un train de vie fastueux et possède une bibliothèque des plus réputées. Sa culture, son éloquence et son acuité de jugement lui valent d'être reçu par le roi de France Charles VIII comme par Laurent le Magnifique, le maître de Florence. Dans l'entourage de ce dernier, il se lie d'amitié avec le philosophe Marsile Ficin et tente avec lui de concilier la philosophie de Platon et la théologie chrétienne. La Grèce ne lui suffisant pas, il se jette aussi dans l'étude des textes hébraïques ainsi qu'arabes et chaldéens.

À 23 ans, il publie 900 thèses sous le titre : Conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques, et, grand seigneur, invite tous les érudits à en débattre avec lui à Rome, quitte à ce qu'il leur paie les frais de déplacement ! L'initiative déplaît en haut lieu et le 31 mars 1487, Pic de la Mirandole doit renoncer à plusieurs de ses conclusions, jugées hérétiques par une commission papale. L'année suivante, il tente de fuir en France la vindicte du Saint-Siège. Mais il est arrêté à Lyon et brièvement interné au donjon de Vincennes. À sa libération, il s'empresse de répondre à l'invitation de Laurent le Magnifique et, mettant fin à ses voyages, s'établit à Florence. Mais le savant est fauché en pleine jeunesse par une fièvre maligne et meurt pieusement à Florence, à 31 ans. Le même jour, dans la ville soumise à l'autorité impitoyable du moine Savonarole, entre le roi de France Charles VIII à la tête de ses troupes. C'est le début des longues guerres d’Italie qui vont révéler la Renaissance aux Français...

 

JEAN TAULER – LA NAISSANCE DE DIEU EN TOI

Gérard ESCHBACH 

Edition O.E.I.L.

 1986

Jean Tauler (1300-1361) est avec Maître Eckhart et Henri Suso, un des trois grands frères dominicains et penseurs de la « Mystique Rhénane ».

 

C’est avec des mots forts et puissants qu’il affirme notre condition divine.

 

L’auteur nous fait pénétrer dans la mystique Tauler.

Jean Tauler est né probablement né vers 1300, ou peu avant 1300, à Strasbourg. Était-il fils d’un échevin, ou d’un bourgeois ? D’après une phrase échappée pendant un sermon, il semble issu d’une famille qui ne connaissait pas l’indigence : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, quand j’étais le fils de mon père, j’aurais choisi de vivre de son héritage, et non pas d’aumônes ».

Cette petite phrase supporte plusieurs niveaux de lecture.

 Premier niveau, celui de la recherche de Jean Tauler : recherche de pauvreté, de simplicité. Jean Tauler nous parle ici de son désir de vivre en pauvre du Christ, et ce thème lui est cher.

Second niveau, celui des rapports entre l’ordre dominicain et la société strasbourgeoise au XIVe siècle. Ceci sous-entend l’examen des conditions dans lesquelles est née la mystique rhénane. Ainsi que le rappelle P. Dollinger : « il est vrai que les désordres, les scandales pouvaient inciter les âmes éprises d'idéal à se réfugier dans la contemplation. Il n'est pas douteux que mainte vocation mystique ait été affermie par la vue des laideurs du monde. (…) D'une façon générale, on a souvent exprimé l'opinion que le succès de la mystique [rhénane] s'explique, pour une large part, par le retentissement des catastrophes du XIVe siècle. Outre les querelles dans l'Église, on ne manque pas de rappeler la peste noire, les massacres des Juifs, les processions de flagellants, et pour l'Alsace, les invasions de routiers de la guerre de Cent Ans, qualifiés d’« Anglais » en 1365 et 1375. Il faut cependant noter que les plus dramatiques de ces événements propres à agir fortement sur la sensibilité des contemporains se sont produits au milieu du XIVe siècle, à l'époque où le mouvement mystique se trouvait à son apogée, voire même sur son déclin. Si l'on se place à la période décisive de l'éclosion du mouvement, c'est-à-dire au premier quart du XIVe siècle, on peut dire que les malheurs de l'Église et du monde n'étaient ni plus ni moins grands qu'à d'autres époques du Moyen Age. Les troubles du temps ont pu porter certains individus au mysticisme : ils n'expliquent en aucune façon que le XIVe siècle ait été un sommet dans l'histoire de la mystique ».

Le troisième niveau concerne la famille de Jean Tauler : il y avait un héritage… Il ne venait donc pas d'une famille pauvre. 

Vers 1315, Jean Tauler entre au couvent des dominicains de Strasbourg. Il a environ 15 ans, ce qui n’est, pour l’époque, ni trop jeune ni trop âgé… Selon le cursus alors en vigueur, il aurait dû étudier à Strasbourg jusqu’en 1323, puis ensuite jusqu’en 1327 à Cologne. Il n’a pas suivi cette longue formation, puisqu’on sait qu’il a pu commencer sa prédication à Strasbourg en 1323, l’année de la canonisation de Thomas d’Aquin. Sa formation a pu être écourtée en raison de sa santé fragile : il ne reçut jamais en effet le titre de Maître ou de Docteur en théologie. Ce qui l’amena d’emblée à être un Lebemeister (c'est-à-dire littéralement un maître de vie, en opposition à un Lesemeister, un maître en lectures, selon la terminologie des mystiques rhénans qui privilégie le premier, sans dénigrer le second) sa culture est solide. Il « cite Proclus, Thomas d’Aquin, Augustin, Bernard de Clairvaux, Hugues de S. Victor » et la qualité de ses sermons est certaine « même si, parfois, on a préféré voir en lui, un homme frustre, n’ayant jamais étudié comme “ceux de Paris”, le réduisant fallacieusement par là à un prédicateur de province, inspiré, mais peu instruit ». Un séjour à Cologne entre 1325 et 1330 est possible, mais rien ne le prouve. On pense donc sans savoir quand qu’il a dû séjourner à Cologne, y écouter Maître Eckhart, et peut-être rencontrer Henri Suso. Mais il a découvert Maître Eckhart lorsque celui-ci était à Strasbourg. Dans son couvent strasbourgeois, Albert le Grand, Vincensinus, et Eckhart avaient séjourné : leurs écrits étaient donc à la disposition des frères y résidant. Mais Tauler, Lebenmeister, ne fait pas étalage de ses savoirs : il les adapte pour un public parfois peu instruit. L’une de ces premières adaptations est de traduire ces autorités du latin en moyen-haut allemand, langue parlée alors à Strasbourg. 

En ce premier quart du XIVe siècle, le mouvement des « Frères du Libre Esprit », contre lequel s’était dépensé Maître Eckhart a disparu. Une autre tendance, qui dans ses excès verse dans l’hétérodoxie, se manifeste à travers les béguinages. Les historiens en comptent entre 70 et 80 à Strasbourg. Pour saisir l’ampleur de ces chiffres, précisons que la ville comptait au début du XIVe siècle un peu plus de 15 000 habitants, qu’il y avait sept couvents de dominicaines (dont celui de Saint-Nicolas in Undis, où réside la sœur de Jean Tauler). À ces couvents s’ajoutaient les couvents des ordres franciscains, les monastères de l’ordre de Saint-Benoît, les Ordres militaires, les couvents pour les « dames repentantes », hors de l’enceinte de la ville et les paroisses. Les membres des clergés séculier et régulier regroupent presque 10 % de la population.

Les béguinages existent depuis la fin du XIIe siècle. Perçus dans un premier temps comme des maisons où des veuves, principalement, ou des célibataires vivent en petites communautés, sans règle, mais avec beaucoup de dévotion, ils sont de plus en plus suspects. Or, en 1300, Guy de Colmieu, évêque de Cambrai, ordonne l’autodafé du Miroir des âmes simples de Marguerite Porète. Cette dernière est une béguine, qui sera arrêtée en 1309, jugée et brûlée en 1310 à Paris. Eckhart était alors à Paris. En son couvent logeait aussi l’inquisiteur instruisant le procès de Marguerite Porète. La mystique rhénane a beaucoup de points communs avec les écrits béghards. Ceux-ci vont initier un courant de spiritualité très vif au XIVe siècle. Beaucoup sont très réservés quant à l’autorité de l’église visible, lui préférant la communauté, parfois invisible, de ceux qui se veulent amis de Dieu, au sens de ceux qui aiment vraiment et sont vraiment aimés de Dieu. Les erreurs des bégards sont dénoncées en 1317 au concile de Vienne, et condamnées par bulle en 1318 et 1320.

Tauler commence ainsi à prêcher lorsque des personnes éprises de perfection doivent choisir entre se maintenir dans le béguinage ou bien s’inscrire dans une forme de vie reconnue par l’Église, c’est-à-dire un couvent, qui à Strasbourg est le plus souvent d’obédience dominicaine. « L’exécution à Cologne, en 1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre eux, Jean de Brünn, pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335 ». [10] Tauler, par sa prédication, aura la charge d’inciter les bégards à se maintenir dans l’orthodoxie, comme Eckhart le fit pour le mouvement du Libre-Esprit.

L’autre évènement qui marque le début de la prédication de Jean Tauler est le conflit entre Jean XXII et l’empereur Louis IV de Bavière. En Avignon, le pape Jean XXII excommunie l’Empereur germanique en 1324 pour sa politique italienne. Il le déclare privé d’Empire. Les villes de l’Empire soutiennent Louis IV. Le conflit dure, et le pape jette l’interdit sur l’Empire en 1329. Aucun sacrement ne doit plus y être célébré. L’interdit durera 15 ans. Les habitants sont appelés à choisir entre le Pape et l’Empereur. Jusqu’alors, Strasbourg était restée neutre. Dans les couvents des mendiants, les prises de position en faveur de l’un ou l’autre camp sont variées. Finalement, les dominicains se soumettent aux ordres pontificaux. En réponse, en 1339, la ville les chasse. Ils resteront « bannis » pendant 4 ans. Tauler se retrouve ainsi tout d’abord à Cologne, puis à Bâle. Durant ce séjour, il rencontre deux personnalités marquantes de la spiritualité rhénane du XIVe siècle : Henri de Nördlingen et Marguerite Ebner, tous deux parfois trop vite associés aux bégards, alors qu’ils semblent beaucoup plus appartenir à cette mouvance « des Amis de Dieu ». Revenu à Strasbourg en 1348, Tauler ne repartira plus, sauf, peut-être pour un hypothétique voyage à Paris, en 1350, voyage où il aurait rencontré Ruysbroeck. Il meurt à Strasbourg le 16 juin 1361.

Sa spiritualité est traversée par deux thèmes centraux : le détachement, et la naissance déifiante de Dieu dans l’âme qui est abordée dès le premier  de ses sermons, celui pour la Nativité. Parmi les mystiques rhénans, il se distingue par son sens du concret et son apologie des vertus. Un bref texte anonyme de la fin du XIVe siècle explique pourquoi il dut passer plusieurs longues années au purgatoire : en particulier pour son caractère entêté !  De fait, à la différence de Suso, il n’a jamais été proclamé Bienheureux et à la différence d’Eckhart, il ne fut jamais inquiété pour sa doctrine. Martin Luther lui rendit hommage en disant de lui qu'il était "l'un des plus solides et des plus corrects des mystiques". C’est pourtant bien de Maître Eckhart dont il se réclame, à mots couverts, nous donnant même la clef de lecture de son oeuvre : « Il parlait depuis l’éternité, et vous l’avez compris depuis le temps ».

 

JOACHIM  DE  FLORE (1132-1202)

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2009

Figure majeure du prophétisme médiéval et de l’histoire de la pensée occidentale, l’abbé calabrais Joachim de Flore, fondateur de la congrégation érémitique de Flore, étudie la concordance des deux testaments et applique le récit de l’apocalypse à l’histoire de son temps. Le prophétisme de Joachim est une lecture à la fois spirituelle et historique des Ecritures.

 

Après sa mort, tout une littérature « pseudo-joachimite » se développe, témoin d’une influence considérable que Joachim exerce du XIIIe siècle jusqu’à la Renaissance.

 

Il né vers 1132 à Cosenza en Calabre, et meurt à San Martino de Giove en 1202. Il est d’abord pèlerin, puis ermite, ordonné prêtre il est transféré au monastère de Corazzo, dont il devient l’Abbé en 1177, il intègre l’Ordre de Cîteaux et est un disciple et ami de Saint Bernard. En 1189 il édifie le monastère de saint Jean de Flore et crée sa propre congrégation érémitique, qui est reconnue par le Pape Lucius III.

 

Joachim de Flore est considéré comme un grand théologien, un savant et un philosophe. Mais ses conceptions originales lui valurent des critiques (concile de Latran), à cette époque l’Eglise devait lutter contre diverses hérésies dont celles des Bogomiles et autres Cathares.

 

L’Abbé de Flore a composé trois traités :

Le livre de la concordance de l’Ancien et du nouveau Testament

L’explication de  l’Apocalypse de Jean

Le Psaltérion à dix cordes

Le thème central de ces œuvres est celui de L’accord entre les divers livres des Ecritures, lus selon une exégèse traditionnelle, typologique et arithmologique. C’est pourquoi on parle de « L’Evangile Eternel » de Joachim de Flore

 

André Vauchez, nous explique pourquoi Joachim ne se considérait pas comme un prophète, mais estimait avoir reçu le don d’interpréter les Ecritures, et comment à partir de 1250, il y eut des remous chez les franciscains et du coté de l’Eglise. G. Huril nous explique l’enseignement de Joachim, qui repose sur la relecture des Evangiles et des textes de l’ancien Testament, avec en toile de fond l’avènement de l’Esprit-Saint, une Eglise plus spirituelle et une humanité de nouveau éclairer par la grâce divine.

 

Emmanuel Delorme, brosse un superbe tableau de Joachim de Flore, chantre du Troisième Temps et la fin des Templiers. Il développe le monachisme spirituel de Joachim, qui soutenu par l’Ordre du Temple, inspira des mouvements mystiques populaires basés sur la pauvreté et l’action dans le monde, les franciscains, le libre esprit, les Turlupins etc. L’Eglise en fut ébranlée. La répression de ces mouvements éclaire la fin des pauvres chevaliers du Temple.

 

Jean Boulier-Fraissinet, dans un remarquable essai, explique l’enseignement de Joachim et notre avenir spirituel. Il développe plusieurs leçons à retenir, la première étant celle  de « L’appel à l’unité intérieure », c'est-à-dire l’appel à l’ensemble focalisé des ressources intérieures.

 

L’œuvre magnifique de Joachim nous enseigne l’Amour de Dieu pour l’homme et l’amour que doit avoir l’homme pour Dieu, en ayant toujours à l’esprit que cette divinité que nous croyons lointaine est en réalité en nous.

Les œuvres de Joachim de Flore font l’objet d’une réimpression, qui est sorti  en 2010 aux éditions du Cerf

 

JOHANN FRIEDRICH Von MEYER – Un Maître de la Tradition Hermétique

Jacques Fabry  

Edition Signatura

 2014 

Johann Friedrich Von Meyer (1772-1849) est l’un des représentants les plus éminents de la pensée ésotérique chrétienne en Allemagne au 19e siècle. Dans le système théosophique de ce Naturphilosoph, contemporain de Goethe, la Bible et la Nature constituent les deux colonnes essentielles d’un temple sur lequel trône le delta lumineux de l’Esprit divin.

La première partie de cet ouvrage, évoque la vie et l’œuvre de l’auteur. La partie centrale est consacrée à la Franc-maçonnerie telle que la concevait Meyer (il fut initié au Rite Rectifié dans le courant de Willermoz), et à laquelle il a appartenu presque toute sa vie. La dernière partie développe la théosophie de l’auteur, son système symbolique et ésotérique, ses interprétations alchimiques et kabbalistiques qui s’ouvrent sur une perspective hermésienne et font de Von Meyer un théosophe et un alchimiste au système complet et achevé.

Par ailleurs, la découverte de la mystique indienne et des religions de l’Inde au 18e siècle grâce à Herder et Friedrich Schlegel, sera l’amorce chez Meyer, de l’idée d’une Révélation universelle, il adoptera donc ce « syncrétisme idéaliste » quand celui-ci ne sera pas en opposition avec sa foi et le dogme chrétien.

Meyer est ici assez proche de Jacob Böhme ; pour lui, Dieu « s’épanouit » progressivement dans la nature envisagée comme Sensorium Dei, afin de parvenir, à la fin des temps, à la pleine conscience de lui-même. Dans cette optique très ésotérique, la création n’est pas seulement une auto-révélation progressive, elle est aussi une manifestation corporelle, une sorte d’incarnation ou de corporéification constante de l’Esprit absolu.

On devine facilement que l’auto-manifestation de Dieu implique son intervention et même son insertion permanente dans l’univers, dans la mesure et dans l’histoire, mais cette idée de développement progressif de l’Unité Primordiale dans la multiplicité du monde et des mondes, implique celle d’un devenir, d’une métamorphose ou d’une palingénésie au sens à la fois corporel et spirituel du terme.

En bref, une telle conception a le mérite d’opposer à la philosophie rationaliste une interprétation de l’Être qui, récusant l’idéalisme abstrait hérité des philosophes grecs, réconcilie esprit et matière dans une science intuitive universelle dans laquelle non seulement foi et savoir, mais encore transcendance et immanence sont indissolublement liés.

Cet ouvrage, résultat de nombreuses années de recherche, n’intéressera pas seulement les philosophes, les germanistes, les alchimistes, les maçonnologues, les historiens des religions, mais aussi les « hommes de désir », lesquels pourront trouver là, beaucoup de sujets de réflexions et d’inspiration.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les années de formation : Kallias, l’unique roman de Meyer - Goethe et Meyer -

La maturité : Meyer, intendant du théâtre de Francfort - la kabbale - Meyer, alchimiste opératif - Le messager du Lumière - les débuts de la carrière juridique - le monde intermédiaire - les interprétations bibliques - Meyer sénateur -

Les écrits majeurs : Un travail gigantesque : la traduction de la Bible - Un juriste, docteur en théologie - la société biblique de Francfort - Johann Georg Hamann et Meyer - le mouvement du Réveil - la revue périodique pour une vérité supérieure - le précis de la doctrine chrétienne - Le Livre de la Création (Sepher Jezira) - Les clés pour la révélation johannique -

Johann Friedrich Von Meyer et la Franc-maçonnerie : L’attitude de Meyer avant son initiation - Meyer Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte en 1827 - les loges Francfortoises et l’Alliance Eclectique - Meyer et Charles de Hesse. Critique du système de Gotthorp - Meyer et le prince de Hesse-Darmstadt - six exposés symboliques - Le précis de l’histoire de la Franc-maçonnerie - La loge de Charles exclue de l’Alliance Eclectique -

Johann Friedrich Von Meyer Théosophe : Une pensée symbolique et ésotérique : Affinités et influences - De la philosophie à la théosophie - Des lignes directrices de la pensée de Meyer - La logique du contradictoire - La création et la chute - L’unité primordiale - Les métamorphoses de la Lumière - La prévarication de Lucifer - La seconde création et l’homme primordial - La cosmosophie meyerienne - L’homme actuel et le problème du mal - la réintégration promise - L’espace et le temps - De la triplicité des mondes et de l’homme - L’âme de l’homme - Intelligence et raison - Le gouvernement du monde et la providence divine -

L’Art d’Hermès : Affinités et influences - La magie du monde sensible - Apologie de l’Alchimie - Les rudiments de l’alchimie - La Genèse de la Table d’Emeraude - Les étapes de l’œuvre - Considérations sur le Grand Œuvre -

La Kabbale : Kabbale théosophique et kabbale magique - Le Sepher Jetzira - L’étymologie kabbalistique - Une pensée et une œuvre riche d’enseignements -

Conclusion : Portrait de Johann Friedrich Von Meyer - Notices d’Antoine Faivre et de Jacques Fabry -

 

john locke & la raison raisonnable

S. GOYARD – FABRE

Edition VRIN

1986

L’œuvre de celui que Voltaire appela « le sage Locke » devait apporter au monde un message d’espérance que le XVIIIème siècle recueillit aussitôt : si la raison des hommes, disait Locke, est assez raisonnable, le gouvernement des peuples sera, non pas la puissance coercitive d’un Minotaure, mais l’instrument de leurs libertés et de leurs droits. Au lendemain de la Glorious Révolution, le « libéralisme » de l’avenir était né.

 

Cependant, la philosophie libérale de Locke conserve de multiples attaches avec les traditions philosophiques enracinées dans le passé. Avec une évidente réminiscence stoïcienne projetée dans la modernité, Locke pense que la raison raisonnable qui oblige l’homme envers la loi de nature, l’oblige aussi envers lui-même et envers les autres. La liberté est donc une conquête à réaliser : c’est en effet seulement lorsque les hommes, capables de raison, découvrent dans l’univers les fins que Dieu leur a assignées, qu’ils peuvent accomplir les libertés sans lesquelles ils demeureraient privés d’humanité. La politique de Locke ne se sépare ni de la morale ni de la métaphysique.

Au XVIIe siècle, l'Angleterre connut deux révolutions. En 1649, après des années de guerre civile, la première révolution prit fin avec l'exécution du roi Charles Ier Stuart et avec l'instauration de la république (Commonwealth), remplacée en 1653 par le protectorat d'Olivier Cromwell. En 1660, la monarchie fut restaurée sous Charles II et, à la mort de celui-ci en 1685, c'est dans des conditions relativement paisibles que son frère cadet, Jacques, hérita du trône.

Cependant, il sembla une fois de plus que les traditions parlementaires du pays et l'Église protestante étaient menacées. Une nouvelle opposition à la monarchie des Stuart vit le jour et, en 1688, une seconde révolution éclata; cette fois, le roi Jacques II put s'enfuir en France, échappant ainsi au sort de son père. Le trône fut confié à sa fille aînée, Marie, et à son époux, le prince Guillaume d'Orange. Ces événements ont certainement retenti sur l'existence de bien des gens, voire de l'ensemble des populations de l'Angleterre, de l'Irlande, de l'Écosse et du Pays de Galles au cours du XVIIe siècle. Il faut absolument les prendre en compte pour comprendre la vie et l'oeuvre de John Locke, observateur averti des controverses politiques, constitutionnelles, religieuses, économiques et éducatives de cette époque capitale, auxquelles il lui arriva aussi de prendre part. En effet, il était étroitement lié à l'un des grands hommes politiques de l'époque, Anthony Ashley Cooper, premier Comte de Shaftesbury.

En 1683, Locke estima préférable de se retirer en Hollande, bien que l'on ne sache pas exactement si c'était sa santé physique ou sa santé politique qui l'exigeait. En 1688, il revint en Angleterre en partisan du nouveau régime, et Guillaume d'Orange souhaita même lui offrir le poste d'ambassadeur auprès de l'Electeur de Brandebourg, honneur qu'il refusa. Néanmoins, il fut nommé à d'autres fonctions publiques puisqu'il exerça les charges de commissaire d'appel et de membre du nouveau Conseil du commerce (Conseil of Trade). Mais si les années 1690 furent importantes, c'est moins parce que Locke y participa à la vie politique que parce qu'il lui fut désormais possible de publier ses principaux ouvrages, certains en chantier depuis de nombreuses années. On citera les Lettres sur la tolérance (1689), l'Essai philosophique concernant l'entendement humain (1690), les Deux traités sur le gouvernement (1690) et l'ouvrage sur lequel repose essentiellement sa réputation de pédagogue, Quelques pensées sur l'éducation, publié pour la première fois en 1693 (dénommé Pensées ci-après).

John Locke naquit le 29 août 1632 à Warrington, dans le comté de Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre. Son père, également prénommé John, exerçait la profession d'avoué; c'était un petit propriétaire terrien partisan du Parlement et adversaire du roi Charles Ier. Il avait servi comme capitaine dans l'armée parlementaire durant la guerre civile. Sa mère, Agnès, fille d'un tanneur local, Edmund Keene, avait quelque dix années de plus que son mari, et c'est à l'âge de 35 ans qu'elle mit au monde John, l'aîné de leurs trois fils. Le père semble avoir été un homme dur (il recommandait par exemple de fouetter sans ménagement les mères célibataires), qui pensait qu'il valait mieux ne
pas se montrer indulgent avec son jeune fils mais au contraire lui inspirer la crainte du père et le garder à distance. On ne sait exactement si, enfant, Locke fut sensible aux avantages de ce régime sévère, mais il est certain qu'une fois adulte il conseilla aux parents de suivre une ligne de conduite similaire: «la liberté et la complaisance ne peuvent être bonnes pour des enfants. Comme ils manquent de jugement, ils ont besoin de direction et de discipline» (Pensées, 40). «Celui qui n'a pas pris l'habitude de soumettre sa volonté à la raison des autres quand il était jeune aura quelque peine à se soumettre à sa propre raison quand il sera à l'âge d'en faire usage» (Pensées, 36).

À Westminster, Locke étudia essentiellement les langues anciennes, c'est-à-dire le latin et le grec, et aborda l'étude de l'hébreu. C'était à l'évidence un garçon travailleur et en 1650 il fut désigné boursier du roi. Il acquit ainsi le droit de loger gratuitement à l'école et put également espérer obtenir des grandes bourses pour Oxford et Cambridge. Mû désormais par cette ambition, Locke prit des leçons supplémentaires auprès de Busby au tarif d'une livre par trimestre et passa les étés non pas dans le Somerset mais à suivre les cours organisés par le sous-directeur, à Chiswick près de Londres, afin d'approfondir ses connaissances. En 1652, le zèle de Locke fut récompensé et il obtint une bourse de 20 livres pour le collège de Christ Church, à Oxford.

Locke ne voyait guère d'utilité aux discussions et disputes scolastiques qui prenaient tant de place dans les études de licence. Il réprouvait en particulier la rhétorique et la logique telles qu'on les enseignait de son temps à Oxford. Il était plutôt attiré par certains aspects de la science nouvelle (notamment par le rationalisme cartésien) et, dès les débuts de sa période oxfordienne, il tint un carnet médical qui, sans guère de prétention, commençait par les recettes médicales familiales que sa mère avait recueillies. Il passa ensuite à la lecture des manuels médicaux les plus récents et à des expériences simples. Il ressort du catalogue de sa bibliothèque à la fin de sa vie que, sur plus de 3 600 ouvrages, 402 traitaient de médecine et 240 de questions scientifiques. En décembre 1658, Locke bénéficia d'une bourse d'études supérieures à Christ Church et put donc désormais élargir le champ de ses investigations. En 1660, il devint répétiteur (lecturer) de grec et, en 1662, répétiteur de rhétorique. En 1663, il fut élu au poste de censeur de philosophie morale, l'un des principaux postes disciplinaires du collège.

Quand vinrent les années 1680, Locke avait acquis une expérience et une réputation considérables en tant que précepteur des fils de l'aristocratie et de la petite noblesse, aussi bien à l'université qu'au domicile des grands ou dans le cadre d'un tour de l'Europe. En Hollande, où il séjourna à partir de 1683, on lui demanda souvent des conseils en matière d'éducation. A partir de 1687, Locke vécut à Rotterdam chez son ami Benjamin Furly, qui avait à l'époque cinq enfants de six à un an: Benjohan, John, Joanna, Rachel et Arent. Sans aucun doute, Locke les observa de près et participa à leur éducation. En fait, c'est en pensant à Arent qu'il conçut une planche gravée pour apprendre à écrire aux enfants.

À partir de 1691, Locke passa les dernières années de sa vie à Oates, dans un petit manoir Renaissance de l'Essex, au nord de la forêt d'Epping, à une vingtaine de milles de Londres. Désormais pensionnaire de lady et lord Francis Masham, il composait de nouveaux ouvrages sur des questions pédagogiques, philosophiques et politiques, publiait des réponses à ses critiques, recevait ses amis, se plaisant beaucoup en la compagnie de deux des enfants des Masham, Esther et Francis, qui l'intéressaient vivement. C'était dorénavant un homme très célèbre, que lady Mary Calverley n'hésitait pas à qualifier de «plus grand homme au monde» Ses dernières années furent douloureuses, affligé qu'il était par un œdème des jambes et par la surdité, mais il avait l'esprit et la plume aussi vifs que jamais. Il mourut à Oates le 28 octobre 1704, et fut enterré dans le cimetière de l'église paroissiale voisine de High Laver. L'épitaphe (en latin) que Locke composa lui-même, peut se traduire ainsi: Ci-gît John Locke. Si tu veux savoir quel homme il fut, sache qu'il sut se satisfaire de son sort modeste. Savant de formation, il consacra toutes ses études à la poursuite de la vérité.


Si les Pensées traitent très directement de l'éducation, le principal écrit de Locke - qui a du reste une importance majeure pour l'éducation - est, de loin, l'Essai philosophique concernant l'entendement humain (ci-après nommé l'Essai Les origines de l'Essai remontent à 1671, date à laquelle, comme Locke le rappelle dans sa préface, un groupe de cinq ou six amis s'étaient réunis chez lui pour débattre d'une question de philosophie. Des difficultés s'étant présentées, Locke proposa à titre préalable «d'examiner notre propre capacité et de voir quels objets sont à notre portée, ou au-dessus de notre compréhension». Si deux ébauches de cet ouvrage furent établies dès 1671, ce n'est pas avant 1686 que l'ensemble de l'Essai commença de prendre sa forme définitive. Locke se propose d'examiner la nature et la portée du savoir humain ainsi que le degré d'assentiment qu'il convient de donner à une proposition. Il rejette tout d'abord la doctrine des idées innées, associée à Platon et, de son temps, à Descartes; c'est en effet à cette tâche qu'est en grande partie consacré le premier livre de l'Essai. Malheureusement, l'image nouvelle que Locke propose de l'esprit, qu'il représente comme «une table rase vide de tous caractères» (Essai, Livre second, chapitre I, par. 2) a souvent été interprétée en ce sens que tous les êtres humains sont, au départ, égaux. Ce n'était pas l'avis de Locke; au contraire, il avait conscience que les personnalités et capacités mentales ou physiques différentes des individus étaient dans une certaine mesure le produit de la nature plutôt que de la culture.

 

JOSEPH DE MAISTRE – PROPHÈTE DU CHRISTIANISME TRANSCENDANT

Présenté par Jean-Marc Vivenza

Edition Signatura

 2015 

Joseph de Maistre trouve dans le Régime écossais rectifié, dont il fut membre en Savoie, une doctrine ésotérique qui s’accorde à merveille avec ses propres convictions. Constatant chez Origène les mêmes thèses qu’il avait rencontrées dans le monde initiatique de l’illuminisme mystique, il développe dans son œuvre des conceptions surprenantes sur la création du monde, la chute d’Adam, le sens spirituel des écritures, l’ordre naturel et surnaturel, la rédemption du genre humain par le sacrifice, la destination immatérielle des âmes etc., qu’il désigne sous le nom de «christianisme transcendant ».

 

Sa famille était originaire du Languedoc. Son père, le comte Xavier de Maistre, président du sénat à Pavie, lui fit donner une éducation savante et chrétienne, et dès la fin de ses études, n’ayant encore que vingt ans, il entrait dans la magistrature. Il fut du nombre des magistrats délégués par le gouvernement sarde auprès du sénat de Savoie; de bonne heure sa gravité s’était révélée aussi bien que son génie. Il publia en 1775 un éloge de Victor-Amédée : c’était un premier essai; il fut suivi de quelques autres, et pendant ce temps les événements, qui se hâtaient, allaient exercer leur influence sur la maturité de son talent et la direction définitive de ses pensées. En 1787 il fut nommé sénateur.

La Révolution française commençait à remuer le monde. En 1793 l’invasion de nos armées en Savoie le força de se retirer en Piémont. De Maistre fut fidèle à son roi fugitif. Il le suivit en Sardaigne. Ce fut un asile protégé par les mers. Il y fut nommé régent de la grande-chancellerie.

Pendant cette première période de la révolution de France, de Maistre, dont l’esprit s’était déjà fortifié à la rude épreuve des calamités et des douleurs publiques, publia plusieurs écrits politiques. Le plus remarquable (1796) est celui qui a pour titre Considérations sur la France, ouvrage où le génie du philosophe et du publiciste jeta soudainement toutes ses clartés. À cette époque il n’avait pas encore vu la France. Il ne la connaissait que par le fracas de ses ébranlements, et pourtant il la jugeait comme s’il avait vécu dans l’intimité de ses factions; il lui pronostiquait la fin de ses ravages, et osait lui montrer dans l’avenir la restauration du trône, dont les débris servaient de jouet à mille tyrans.

En 1803 il fut envoyé à Pétersbourg avec le titre de ministre plénipotentiaire. C’est là qu’il publia, en 1810, son ouvrage de politique sociale : Essai sur le principe générateur des institutions politiques. Déjà une immense réaction se faisait en Europe contre la révolution, et la France elle-même se laissait aller au penchant qui, par degrés, la ramenait aux idées morales et aux principes monarchiques. De Maistre vit arriver avec une joie d’honnête homme la grande réparation de 1814. Il n’était plus à Pétersbourg. On suppose qu’il avait été rappelé par suite de ses liaisons avec les jésuites de Russie, dont le prosélytisme catholique avait effarouché l’empereur. Quoi qu’il en soit, il avait été reçu dans son pays avec des honneurs nouveaux. Nulle gloire ne manquait à sa vie. Mais ses travaux de philosophe étaient sa gloire de prédilection.

Il visita la France en 1816 : on courut à cet homme extraordinaire, qui vingt ans auparavant avait annoncé les événements qui se passaient. Alors se formèrent d’illustres amitiés. La France avait eu aussi ses grands philosophes, ses grands poètes, ses grands historiens. De Maistre aima à voir en eux d’autres présages de réparation. Et cependant il s’éloigna bientôt avec des pressentiments nouveaux : il voyait bien que la philosophie chrétienne qui respirait dans les livres de Bonald et de Chateaubriand n’aurait que des fruits tardifs, et que d’autres épreuves attendaient encore la société en Europe. Il n’en fut que plus ardent à reprendre ses œuvres de publiciste. En cette même année 1816 il publia sa traduction du traité de Plutarque Sur les délais de la Justice divine dans la punition des coupables. En même temps il s’occupait de travaux plus vastes, sans se hâter de les produire. Les plus importants étaient deux ouvrages qui devaient faire un grand bruit en France, l’un intitulé Du Pape, l’autre Soirées de Saint-Pétersbourg. C’est là qu’il jetait au monde ses magnifiques et dernières pensées sur la société chrétienne, sur l’Église, sur la Providence; mais il ne courait pas au-devant de la gloire. La publication n’en devait être complète qu’après sa mort. Il lui suffisait d’avoir préparé une œuvre de réaction contre la philosophie du matérialisme et du désespoir, et peut-être il ne soupçonnait pas ce qu’il y aurait quelque jour de puissant dans les sublimes théories qu’il semblait destiner seulement à la confidence de ses amis

 

JOSEPH DE MAISTRE. QUI SUIS–JE ?

J.M VIVENZA

Edition PARDES

 2003

Joseph de Maistre est marqué par le caractère profondément déchu de la créature, « l’homme entier, affirme-t-il, n’est qu’une maladie » (Soirée, IIe Entretien). Cependant, cette noire vision est compensée, équilibrée, par une quête ardente et immense de « l’Unité » perdue, c’est là tout le sens de la perspective doctrinale maistrienne.

Cette quête ne peut toutefois se concevoir, du moins avec la spécifique vigueur que lui conféra Maistre, si elle n’est pas préalablement fondée sur une conscience aiguë de la rupture originelle, de la fracture primitive ayant plongé l’homme dans cette »vallée » de larmes et de déréliction où, depuis lors, il erre en pleurs dans les ténèbres et l’obscurité, en espérant contre toute espérance trouver un chemin de retour, une voie assurée vers la « Réintégration » qui le délivrera enfin et pour toujours de son sac de chair, de son pesant fardeau le rivant tragiquement à la matière. Toute l’œuvre de Maistre est situé au centre de cette dramatique tension, sa doctrine n’étant que l’expression achevée, certes brillante mais néanmoins extrêmement lucide et rigoureuse, de cet état de corruption résultant d’une dégradation qui, plus que tout autre, est la condition véritable de l’humanité actuelle.

 

On sait que, lorsqu’on aborde la pensée de Joseph de Maistre, deux points de vue s’expriment le plus souvent. Pour les uns, nous sommes en présence d’une fin politique, habité par une seule idée, celle d’œuvrer à la restauration des structures traditionnelles de l’édifice politique européen. Pour les autres, Maistre est un « mystique », ou plus exactement un « illuminé », influencé par ses attaches maçonniques et théosophiques, en attente d’un « avènement » ou d’une imprévisible parousie. En réalité, la question ne se pose absolument pas de cette manière, et ceci pour la simple raison qu’ordre temporel et spirituel, sont, chez Maistre, intrinsèquement liés. Le Ciel, pour lui, se manifeste en intervenant directement dans le cours des choses et, réciproquement, rien de ce qui existe ici-bas ne subsiste sans posséder de puissantes attaches dans l’invisible. Ordre temporel et ordre spirituel ne s’opposent donc pas, ils sont profondément imbriqués l’un dans l’autre.

 

De la sorte, la pensée de Maistre ne peut et, surtout, ne doit pas, être fragmentée ; elle s’appuie incontestablement sur les bases doctrinales de l’illuminisme maçonnique, source aisément décelable dans ses divers écrits, mais s’exprime toujours par un souci constant de l’exemple concret. Vérité immédiate et Vérité «éternelle forment donc une totalité qu’il importe de déceler sous le voile qui, depuis la « Chute », nous plonge dans une tragique cécité. Ce fut là ce que servit de fil conducteur à Maistre tout au long de son existence, ce fut là également le principal souci qui l’anima dans l’écriture de ses ouvrages qui possèdent, encore de nos jours, la rare vertu de plonger le lecteur dans de profondes interrogations métaphysiques.

 

A ce sujet, nous devons reconnaître que c’est sans aucun doute Mgr Antonio De Angelis, de l’Université de Teramo, qui a résumé le plus justement l’impérative exigence qui doit s’imposer à ceux qui désirent sérieusement approcher l’œuvre de Joseph de Maistre :  « Il convient de s’engager, dit-il sans réserves, dans l’étude critique de la naissance de la pensée maistrienne, avec une particulière référence non seulement au contexte historique, familial, social de son temps, mais surtout aux doctrines illuminées des diverses « confrérie » maçonniques. »

Ces lignes, auxquelles nous souscrivons entièrement, nous expliquent en réalité pourquoi se dégage toujours comme une nette impression d’extériorité dans la plupart des textes des commentateurs de Maistre, et ce, même chez les plus avisés d’entre eux ; il leur manque en réalité cette intimité avec les sources qui fait que leurs analyses semblent le plus souvent incapables de pénétrer réellement au cœur du système maistrien.

En effet, aucune compréhension véritable de la vision de Joseph de Maistre sur le monde, l’histoire et la religion, ne peut s’effectuer sans une connaissance des enjeux doctrinaux de la maçonnerie spiritualiste en France et en Europe du XVIIIe siècle. Il pourra bien évidemment paraître surprenant, pour certains, que ce partisan déclaré du trône et de l’autel, ce catholique intransigeant ardent avocat de l’infaillibilité pontificale, ultramontain fervent, défenseur convaincu de la monarchie de droit divin, ait été également et au même titre, un franc-maçon initié aux plus hauts degrés de son Ordre, un lecteur assidu des auteurs ésotériques, un admirateur déclaré des écrits de Louis-Claude de Saint-Martin, dit le « Philosophe Inconnu », avec lequel il entretiendra, à plusieurs reprises, des relations non seulement épistolaires, mais aussi directes, puisqu’il lui offrira de séjourner en 1787 chez lui à Chambéry, non sans l’avoir préalablement rencontré à Lyon par l’intermédiaire de Jean-Baptiste Willermoz, par ailleurs maître d’œuvre de la réforme de la « Stricte Observance Templière », réforme qui aboutira, par le Convent des Gaules en 1778, et le Convent de Wilhelmsbad en 1782, à la création du « Régime Ecossais Rectifié ». 

Cet aspect des choses ne doit donc jamais être oublié lorsqu’on aborde la pensée de l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg. Paul Vulliaud, dans son ouvrage « Joseph de Maistre Franc-maçon », avait déjà signalé qu’un certain Bernard, qui publia en 1822 une série intitulée Opuscule théosophiques, qu’il signait du nom d’« Un ami de la Sagesse et de la Vérité », posa clairement dans ces textes, selon ses propos, que « la solution de toutes les questions importantes traitées dans les Soirées se Saint-Pétersbourg, est puisée dans les principes ou les écrits de M. Saint-Martin ».

 L’analyse, incontestablement, ne peut que nous conduire à soutenir cette affirmation, tout nous montrant clairement que les références de Maistre qui prennent largement leurs racines aussi bien chez les Pères grecs de l’Eglise, en passant par la théologie médiévale et le droit d’Ancien Régime, ont été réunis et constituées en un ensemble cohérent et précis de par un contact étroit entretenu avec les thèmes fondamentaux de l’illuminisme maçonnique. Il nous faut donc admettre, à l’évidence, que rien de ce qu’écris Joseph de Maistre ne peut être réellement dissocié de cette influence spécifique et, plus encore, être compris sans recourir aux lumières de sa doctrine originale : c’est là la source principale de la magistrale œuvre maistrienne, c’est là aussi la véritable clé de son « mystère ».

 

JOURDAN  -  VIVRE EN SOLITUDE

Michel Jourdan

Ed. Le Relié

2013

La plupart des grands sages ont vécu une partie de leur vie en ermites : la solitude et le silence les ont éveillés à la réalité essentielle, trame et source de toute existence. Mais l'expérience érémitique accompagne aussi l'humble cheminement de simples moines qui se sont retirés loin du monde pour être plus proches de leur intériorité et de la nature. Michel Jourdan est de ceux-là. Après de multiples voyages en Orient, il mène depuis plusieurs années en France une vie d'ermite toute tournée vers l'ascèse, la méditation et la " présence ". Passionnant témoignage de sa propre expérience, son livre se fait aussi l'écho de tous les précurseurs qui, des déserts d'Egypte aux sommets de la Chine et du Tibet en passant par les innombrables ermitages d'Occident, ont manifesté leur foi en l'Absolu et nous expliquent pourquoi ils ont fait ce choix hors du temps.

Poète ou ascète ? Philosophe intemporel ou donneur de leçons contemporain ? Michel Jourdan poursuit, dans ce nouveau livre, son œuvre littéraire, qu’il consacre depuis des années à la compréhension de sa vie monastique et nomade. Si, dans la plupart de ses précédents ouvrages, il avait choisi de décrire de manière poétique, parfois en vers, la tranquillité de son esprit solitaire plongé au cœur des paysages de Corse, des Antilles ou du Népal, il livre cette fois-ci une analyse philosophique de son choix d’existence. Cette dernière, dénuée de tout, se trouve à mille lieues de la société contemporaine, plus agitée et connectée que jamais. L’essai bâtit son argumentation sur les citations de nombreuses personnalités spirituelles, des Pères du désert aux moines bouddhistes. Il évolue entre de sévères condamnations énoncées contre une humanité imbue d’elle-même, et d’humbles hommages rendus aux ermites de tous les pays. Né en 1947 à Marseille, voyageur planétaire après 1968, Michel Jourdan semble, pour sa retraite d’ermite, avoir élu les terres pyrénéennes, où il vit sans rien, à l’abri d’une mansarde. Il y goûte la tranquillité de l’âme et la poésie des gestes quotidiens, ceux du menu jardinage ou des longues marches, sans toutefois diviniser la nature qu’il contemple. Seule la paix que l’homme trouve en lui permet d’observer l’instabilité du monde.

 

JOURDAN – LA VIE D’ERMITE

Michel Jourdan

Ed. Albin Michel

 2013

La plupart des grands sages ont vécu une partie de leur vie en ermites : la solitude et le silence les ont éveillés à la Réalité essentielle, trame et source de toute existence. Mais l'expérience érémitique n'est pas réservée aux fondateurs de religions ou d'ordres monastiques : elle accompagne aussi l'humble cheminement d'obscurs moines qui se sont retirés loin du monde pour être plus proches de leur intériorité et de la nature.

Michel Jourdan est de ceux-là. Après de multiples voyages en Orient, il mène depuis plusieurs années en France une vie d'ermite toute tournée vers l'ascèse, la méditation et la "présence". Passionnant témoignage de sa propre expérience, son livre se fait aussi l'écho de tous les précurseurs qui, des déserts d'Egypte aux sommets de la Chine et du Tibet en passant par les innombrables ermitages d'Occident, ont manifesté leur foi en l'Absolu et nous montrent l'intemporalité de ce choix.

Bien sûr, il y a presque autant de façons d’être ermite que d’ermites. Chacun décline à sa façon la nuance de solitude nécessaire qui peut varier de la simple distance jusqu’à l’éloignement extrême. La solitude n’est pas un but mais un moyen. Très clairement, l’ermite s’isole pour Dieu, en vue de Dieu. Mais il sait que de sa relation à Dieu dépend la qualité, la profondeur de sa relation à l’autre, à l’environnement, au monde qui l’entoure et qu’il porte en lui. Il convient donc de puiser l’amour divin à sa source, pour pouvoir l’incarner concrètement et le dispenser.

Car si l’ermite a fait l’expérience des limites de son époque et de ses façons, il a fait aussi celle de ses propres limites. Il a mesuré qu’il peut être entraîné contre son gré. C’est pourquoi la séparation est nécessaire. Non pour se protéger, fuir la difficulté ou les responsabilités, ni renier une société trop impure pour être fréquentée, mais pour déraciner en soi tout attachement qui donne prise et est incompatible avec l’amour divin. Et pour se fortifier en vue de demeurer inébranlable dans cet amour divin, si contraignante soit l’épreuve qui peut en détourner...

Je voudrais aborder d'une manière simple le thème de l'hésychia, la recherche de Dieu. Peut-être est-il important, pour commencer, de tenter de donner une traduction, une définition du mot hésychia. C'est un mot d'origine grecque que l'on pourrait traduire par " paix, silence ", peut-être aussi " tranquillité du coeur ". Vous savez combien il est difficile, à partir d'un mot étranger, de donner une traduction juste et, c'est pour cette raison que j'évoque plusieurs significations.

En tout cas, dans ce terme qui signifie paix, silence, repos, il faut faire attention de ne pas déformer le sens de la traduction. Par exemple, si nous faisons appel au mot " repos ", il ne s'agit pas d'un repos qui évoquerait le sommeil. Il n'est pas du tout question de sommeiller, dans la tradition hésychaste. Nous le verrons un peu plus tard, c'est au contraire une tradition active et de vigilance. Je ne veux pas faire un cours d'histoire sur les origines de l'hésychasme, mais je voudrais simplement rappeler rapidement comment s'est développée l'hésychia. Comment et où est-elle née? Eh bien, je dirais que nous l'avons reçue, comme nous avons reçu beaucoup d'autres choses, nous avons reçu l'hésychia de la part du Christ. Nous pouvons saisir quelle est l'attitude du Christ dans le Nouveau Testament : un court passage de l’Évangile qui montre l'attitude du Christ nous fera comprendre ce qu'est l'hésychia.

Dans cet épisode, l'entrée de Jésus dans la synagogue de Nazareth, son pays d'origine, est évoquée. Il parle et il est mal reçu, mal entendu. La fin du récit nous dit ceci : " Ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, lorsqu'ils entendirent ces choses, et s'étant levés, ils le chassèrent de la ville et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas. Mais Jésus, passant au milieu d'eux, s'en alla " (Lc 4, 28-30). La dernière phrase de ce texte est significative. L'hésychaste, celui qui cherche à vivre dans la paix du coeur, dans la quiétude, trouve son modèle dans l'attitude du Christ. lui qui, agressé, contesté, violenté, a pu passer au travers de cette foule sans rien dire, sans montrer aucune agressivité parce qu'il avait, évidemment à la perfection, un coeur rempli de paix. Seul son coeur silencieux, baigné d'hésychia, était la réponse à l'agressivité de l'entourage.

À partir de l'étude et de la méditation de la manière d'être du Christ pendant sa vie, les chrétiens, et surtout les premiers moines, ont cherché à acquérir cette hésychia, cette paix silencieuse, cette tranquillité du coeur. Et l'on peut dire que le mouvement monastique, l'idéal monastique, est totalement lié à la tradition hésychaste. Peut-être entend-on dire parmi les chrétiens orthodoxes qu'il y a des moines hésychastes et des moines non hésychastes. Je n'aime pas trop faire cette différence. Le moine, qui est fondamentalement un chercheur de Dieu, comme d'autres cherchent de l'or, le moine doit obligatoirement passer par cette quête de paix, de silence, d'abandon, qui entraînent d'autres vertus, nous le verrons plus tard. Donc, je ne fais pas de différence entre moines hésychastes et moines non hésychastes. Je pense qu'ils sont tous fondamentalement hésychastes. Les premiers moines, les premiers ermites, - puisque, on le sait, le monachisme est né au IVe siècle lorsque des hommes et des femmes, dont saint Antoine est le plus célèbre, sont partis dans le désert pour chercher Dieu. Et nous voyons tout de suite qu'il y a un but à l'hésychia. Ce but est la découverte de Dieu. Je dirais plutôt, c'est le désir de rencontrer Dieu. L'hésychaste est un homme de désir, son coeur est rempli du désir de Dieu, et, à cause de cela, il va chercher comment pouvoir libérer son coeur de ses passions pour rencontrer son Dieu. Les premiers moines partent dans le désert, et cela est significatif. Le désert, nous le savons, c'est le lieu du retrait, le lieu du silence. il est opposé, d'une certaine manière, à la cité turbulente. Cette solitude, cet isolement sont voulus et vont être un des terrains de l'hésychaste, du moine, pour rencontrer Dieu.

 

Nous ne pouvons pas rencontrer Dieu dans l'agitation. Dieu lui-même, dans certains textes de l'Ancien Testament, nous le dit. Il explique au prophète Élie : " Je ne suis pas dans la tempête, je ne suis pas dans les éclairs, je ne suis pas dans le tourbillon du vent violent, mais je suis dans cette brise légère que tu entends " (cf. 1 Rois 19,11-13). Dieu ne peut être rencontré que dans le silence et il faut que le moine hésychaste parte dans le désert ou qu'il recherche la solitude intérieure. Si je parle du moine c'est parce que tout ceci est venu de la tradition monastique, mais il est bien évident que chacun peut vivre de cette tradition hésychaste, s'il désire rencontrer Dieu. Un laïc peut être un hésychaste et certains laïcs ont été canonisés et reconnus saints par l'Église. À ses débuts, le mouvement monastique a été essentiellement érémitique et les premiers moines étaient surtout des solitaires. Il y a eu ensuite une évolution qui s'est faite assez rapidement, privilégiant la vie en communauté. Cela s'est précisé notamment autour de saint Basile, au lVe siècle, de saint Théodore Studite au IXe siècle et d'autres. Ils ont organisé le monachisme et proposé des règles de conduite concernant la manière de vivre ensemble dans cette quête de Dieu. Ceci a donné naissance aux monastères que nous connaissons et qui poursuivent cette tradition aujourd'hui.

 

Donc nous voyons deux courants : les ermites qui se retirent vraiment à l'écart et dans la solitude totale ou presque totale, et les moines qui vivent en communauté. Les deux ont une recherche identique et les deux passent par la tradition de l'hésychia, et non seulement par la méthode. Je suis réticent à utiliser le terme " méthode " parce qu'il faut faire attention. L'hésychia ne peut pas être une méthode, au sens de technique, où nous risquons de la comprendre aujourd'hui, et qui est ambigu. L'homme d'aujourd'hui est comme perdu, il cherche - mais nous cherchons tous depuis que nous existons sur cette terre -, il cherche comment se retrouver lui-même. Il oublie que c'est en se tournant vers celui qui l'a fait, à savoir Dieu, son Créateur, qu'il pourra se retrouver lui-même. Mais il vit cette recherche dans une telle agitation, dans un tel désordre, qu'il cherche à expérimenter n'importe quel moyen pour parvenir à se retrouver.

 

L'hésychia n'est pas une méthode comme il y a une méthode pour apprendre l'anglais, et comme existent toutes ces méthodes conduisant nécessairement à un résultat si elles sont bien appliquées. Non, l'hésychia n’est pas du tout de cet ordre-là. L'hésychia est une attitude, et ce n'est pas parce que le moine va se retirer dans le désert, ce n'est pas parce que le moine va fuir le monde, ce n'est pas parce que le moine va chercher le silence, qu'il va trouver Dieu. La méthode n'est pas magique. Elle est un support, mais elle nécessite une tension d'amour, un désir profond de la rencontre avec Dieu, et alors la méthode se mettra en place au moment qui convient et le moine cherchera à vivre de cette hésychia. Il va vivre dans le silence, comme je l'ai dit, vivre dans un certain retrait, et il va prier. Il va utiliser ce que nous appelons la prière du coeur ou la prière de Jésus. Cette forme de prière est totalement liée à la tradition hésychaste. Quelle est cette prière? Nous répétons sur un chapelet, que nous avons toujours à portée de la main, nous répétons : "Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs". Voilà la formule la plus complète. Elle peut se simplifier en disant simplement " Seigneur " ou " Jésus ".

 

Les Grecs disent Kyrie eleison, " Seigneur, aie pitié ". C'est la même chose, c'est la même formule, plus ou moins développée. Cette prière répétitive, que le moine utilise, elle non plus n'est pas un moyen qui, au bout de 200 ou 300 répétitions, nous permettrait de rencontrer Dieu. Elle est simplement un cri d'amour, car lorsque l'on s'aime, on aime à s'appeler par son nom ou par son prénom. L'amour, nous le savons bien, passe par la parole, mais la parole la plus dépouillée. Lorsqu'un couple se rencontre et décide de se marier, nous savons bien que l'effet amoureux leur donne une possibilité de rencontre qui passe par les mots. Chacun voudrait dire sans cesse à l'autre qu'il l'aime, mais lorsque nous retrouvons ce couple à la fin de la vie, ils ne disent plus rien, ils se regardent l'un l'autre. Le simple regard suffit pour manifester cet amour, qui se vit là dans le silence, dans la paix, dans un coeur totalement dépouillé de ce qui le gênait au début, probablement à cause de la passion.

 

Le moine vit cela, à sa manière bien sûr, en transposant cette expérience. Il faut qu'il se taise, il faut qu'il aille vers le silence et il faut qu'il répète ce nom d'amour : Jésus. " Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous ": il s'agit d'une déclaration d'amour. Nous reconnaissons notre Dieu, et nous lui disons : " Aie pitié de moi ", non pas dans une attitude misérabiliste où l'on serait comme piétiné par Dieu. Il ne s'agit pas de cela, en aucun cas. Simplement, nous reconnaissons, dans l'humilité, que nous ne savons pas aimer. C'est à cause de cela : nous ne savons pas aimer, mais nous voulons aimer, à cause de cela, que nous disons : " Aie pitié, aie pitié de nous. Aide-nous à aimer ". Car si nous voulons être des amants de Dieu, il faut que lui, qui nous a créés et qui est Amour, nous montre cet Amour, nous en fasse part, et nous accueille en lui. Il n'a pas d'autre source. Alors le moine hésychaste s'efforce tout au long de sa vie de prier le Christ, le Christ qui a dit : " Priez sans cesse " (Cf. Lc 18,1). Nous pourrions lui répondre : " Mais comment, Seigneur, prier sans cesse ? "

 

Que signifie donc cette invitation à la prière perpétuelle ? Il ne s'agit pas pour le Christ de nous dire : " Sans arrêt parlez-moi ", car il a averti : " Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter" (Mt 6,7). Vous savez, nous lui parlons beaucoup trop souvent pour lui demander, demander et encore demander. À certains moments il doit se mettre des cotons dans les oreilles, en disant : " Qu'il s'arrête, qu'il s'arrête de me demander toujours quelque chose ! " Il me semble que le Christ, notre Dieu, quand il nous dit de prier sans cesse, nous invite à le contempler, à le désirer : c'est cela, la prière. Ce n'est pas forcément une formulation extérieure. Il faut aussi une formulation extérieure, mais c'est surtout, et je reviens à ce que je disais au début, une attitude du coeur : il faut désirer le Seigneur. C'est dans ce désir que s'installe cette prière perpétuelle. La prière de Jésus, la prière du coeur que nous utilisons, nous aide à cela car elle est très dépouillée. Elle devient, il est vrai, une habitude, un appel intérieur auquel il nous faut répondre.

 

Très souvent, lorsque de jeunes moines viennent dans mon monastère, ces novices me disent : " Voilà, apprends-moi à prier ". Ils ne savent pas bien prier, alors je leur donne toujours un chapelet de prière. D'ailleurs ils le reçoivent, je dirais, liturgiquement, lors de la prise d'habit et je leur dis : Maintenant commence cette prière! Comme ce sont de jeunes moines pleins de désir, d'énergie et de fougue, ils veulent une règle de prière forte, dense, en dire le plus possible. Alors je les laisse faire et je dis oui. Et puis, quinze jours ou trois semaines plus tard, ils viennent frapper à la porte de ma cellule et ils disent : Je n'y arrive pas. Ils n'ont pas compris que ce n'est pas une méthode. Ils se fatiguent, et cela peut être même dangereux, de répéter cette invocation obstinément. Cela n'a aucun intérêt sur le plan spirituel et peut présenter un danger, sur le plan physique même. Ils ne comprennent pas qu'il faut commencer tout doucement, mais en ayant une attitude de désir de Dieu.

 

En fait, il faut peut-être tout simplement dire le Nom de Jésus. Vous savez combien, dans les traditions spirituelles, le Nom a de l'importance. Voilà, il faut tout simplement dire ce Nom et se couler dedans, tout doucement, sans désir d'exploit. Il faut que notre prière soit humble si elle veut être vraie et hésychaste. L'humilité est absolument indispensable. Il faut que, pas à pas, nous apprenions à être humbles. Il est bien évident qu'aucun de nous sur cette terre n'est parfaitement humble, aucun. Nous sommes des apprentis de l'amour et de l'humilité. Et il faut accepter cela, mais il faut lutter aussi pour acquérir le plus possible cette humilité qui nous permet alors la vraie rencontre avec Dieu. C'est une des autres attitudes indispensables au moine hésychaste que de chercher l'humilité, que de demander l'humilité à son Dieu.

 

Nous aimons beaucoup un saint russe du siècle dernier, saint Séraphin de Sarov, un homme extrêmement humble. Un jour il a expliqué à quelqu'un qui était venu le trouver comment vivre l'hésychia, comment vivre cette quiétude en Dieu. Et il lui a dit cette phrase : " Si tu as la paix dans ton coeur ", c'est-à-dire " si tu es hésychaste ", alors tu sauveras des milliers d'âmes autour de toi ". Que signifie cette phrase? il faut bien la comprendre. Si saint Séraphin dit : " Si tu as la paix dans ton coeur, tu sauveras des milliers d'âmes ", c'est parce qu'il est passé par tout un chemin qui est pour nous un exemple. Il nous a montré par toute sa vie qu'il fallait être humble, qu'il fallait accepter d'être petit, de ne pas savoir, de ne pas connaître Dieu, surtout de ne pas posséder Dieu, de ne pas chercher à le posséder, ce qui serait une erreur fondamentale. Il faut passer par l'humilité, et saint Séraphin est passé par là. il faut passer par l'abandon.

 

Qu'est-ce que l'humilité sinon la découverte objective de ce que nous sommes : pauvres, démunis, non aimants ? Cela peut nous conduire au désespoir, ce qui n'est pas la bonne vole. Il faut que cette découverte dans l'humilité nous conduise à la paix. Et la seule voie possible est l'abandon entre les mains de Dieu. SI je découvre que je suis pauvre, je ne dois pas me désespérer, je ne dois pas me révolter; ce n'est pas la bonne solution. Car lorsque je me désespère et me révolte, je fais référence à qui ? À moi, mais pas à mon Créateur ! Mais si je sais voir ma faiblesse humblement, si je sais ne pas me révolter, si je sais véritablement me tourner vers Dieu, dans la confiance, en lui disant : " Je suis petit et pauvre, mais toi, tu peux tout, prends-moi dans le creux de ta main et guide moi... ", alors cet abandon, qui est la deuxième étape - humilité, puis abandon - cet abandon va me conduire à la quiétude, à la paix du coeur, parce que le serai enfin entre les mains du Seul, du Seul qui peut me donner cette paix, celui qui est l'amour, notre Dieu. Voilà donc par l'exemple de saint Séraphin de Sarov comment la tradition hésychaste peut se vivre.

 

JOURDAN –    MARCHER  -   MḖDITER

Michel Jourdan et Jacques Vigne

Edition Albin Michel

2007

Le docteur Jacques Vigne, psychiatre, vit en Inde où il médite et écrit. Michel Jourdan se définit comme un ermite voyageur, se retirant dans des îles lointaines ou des coins de montagne encore préservés. Ensemble, ils ont déjà écrit Marcher, méditer, dont le succès inattendu prouve que nous sommes nombreux à vouloir retrouver un sens à nos activités quotidiennes et accéder à une véritable transformation de l'être. Le présent ouvrage approfondit le cheminement tracé alors, selon une double parole : " Cheminer dans la contemplation ", où Michel Jourdan nous fait partager ses réflexions, lectures et conversations ; et " La contemplation au fil du yoga ", où Jacques Vigne éduque notre regard à percevoir la nature authentique de notre réalité. Car il s'agit en fait, à l'aide de tout exercice pratiqué avec attention, à travers la marche comme par le yoga, de se relier à un état de clarté primordiale, à ce silence essentiel qui nous fonde.

 

Marcher, c’est lâcher prise. Méditer, c’est rompre son activité dans son quotidien. Marcher lentement, c’est remettre en question le sens de sa vie et la façon dont je marche à travers elle. Méditer, c’est créer en soi une présence totale à son être essentiel, au monde et au sacré. Marcher sur la terre qui nous accueille, c’est faire l’expérience du don de soi. Méditer, c’est prendre le risque de mettre en relation notre être existentiel avec notre être essentiel. Marcher jusqu’au sommet de la montagne, c’est découvrir la lumière, c’est aussi faire l’expérience de l’humilité quand, d’en haut, nous apercevons le paysage infiniment petit, tout en bas. Méditer, c’est trouver la lumière au plus profond de son être. Marcher, c’est vivre un temps de passage entre l’aller et le retour. Méditer, c’est faire silence. Méditer et marcher, c’est mettre en mouvement sa capacité à se  » transformer  » en se rafraîchissant, en se lavant la tête, le corps et le cœur. C’est faire monter le meilleur de soi-même pour le partager dans la rencontre avec l’autre. Ces deux voies sont liées et l’auteur vous montre leur cohérence. Marcher et méditer, c’est aussi ce que vous en ferez. Ce livre vous ouvre une piste pour aller vers vous-même, vers l’autre et vers la vie… et vous invite à faire le premier pas.

 

JULIUS EVOLA LA MḖTAPHYSIQUE DU SEXE

Edition Trédaniel – L’âge d’Homme

Julius Evola

1990

Fruit d'une fabuleuse érudition, cet ouvrage paru en 1958. Evola commence par l'indispensable nettoyage d'un terrain qui est loin d'être "vierge". "Ce n'est pas l'homme qui descend du singe par évolution, mais le singe qui descend de l'homme par involution". Ceci posé, la doctrine traditionnelle s'épanouit: "de la fréquentation, même sans contact, d'individus des deux sexes, naît, dans l'être le plus profond de l'un et de l'autre, une énergie spéciale ou "fluide" immatériel, appelé "tsing".

 

Celui-ci dérive uniquement de la polarité du yin et du yang". Cet enseignement de la tradition chinoise se trouve confirmé par Swamy Shivananda Sarasvati: "La semence est une énergie dynamique qu'il faut convertir en énergie spirituelle (ojas)". Cette opération, qui va à contresens de l'écoulement naturel des forces, "est appelée viparîta-karanî (opération de l'inversion)". "Un homme n'aime pas une femme parce qu'elle est< belle"; Evola, reprenant une idée connue dit: "II aime parce qu'il aime, au-delà de toute logique, et précisément ce mystère révèle le magnétisme de l'amour".

 "Le substratum du sexe est super physique, il a son siège dans ce que, avec les Anciens, nous appelons l'âme du corps —"le corps subtil " - ". "Le sexe qui existe dans le corps, existe aussi et d'abord dans l'âme et, dans une certaine mesure, dans l'esprit même".

 

Né en 1898, mort en 1974, le baron Julius Evola était un penseur traditionnaliste. Qu'est-ce que la Tradition? Dans le monde traditionnel aryen, c'est, entre autres héritages, une organisation sociale selon trois fonctions  ̶  religieuse, guerrière et économique. Mise en évidence par le philologue Georges Dumézil, ce sont, par exemple, les tripartitions Brahmanes/Ksatriyas/Vaishyas en Inde, Clergé/Noblesse/Tiers-État dans la France pré-révolutionnaire. De par sa naissance et sa conformation intérieure, Julius Evola se rattachait à l'ordre des guerriers. En ces temps troublés qui sont les nôtres, ses ouvrages sont donc à ranger dans toute bibliothèque dissidente qui se respecte.


Celui qui nous intéresse aujourd'hui s'intitule "Métaphysique du Sexe". Qu'est-ce que la métaphysique? Evola donne deux acceptions. La première est la définition philosophique courante : on appelle métaphysique la « recherche des principes et des significations ultimes ». La deuxième est étymologique : ("après", "au-delà de") et ("nature"), c'est la « science de ce qui est au-delà du physique ». Au sujet des sexes et des relations entre les sexes, Evola affirme que seule la métaphysique a quelque chose de valable à dire.

« Que dans toute expérience intense de l'éros un rythme différent s'établisse, qu'un courant différent investisse et transporte, ou bien suspende, les facultés ordinaires de l'individu humain, que se produisent des ouvertures sur un monde autre   ̶  c'est ce qu'on a su ou pressenti depuis toujours. (...) Lorsque nous indiquerons les significations les plus profondes qui se cachent dans l'amour en général et même dans l'acte brutal qui l'exprime et l'accomplit  ̶  cet acte où « se forme un être multiple et monstrueux », où l'on dirait qu'homme et femme « cherchent à humilier, à sacrifier tout ce qu'il y a de beau en eux » (Barbusse), la plupart des lecteurs, peut-être, ne se reconnaîtra pas dans tout cela et pensera qu'il ne s'agit là que d'interprétations toutes personnelles, imaginaires et arbitraires, abstruses et "hermétiques". »


De même que la manipulation des formes géométriques pures permet l'édification d'architectures solides, il ne peut y avoir de science de l'homme sans idée de l'homme. « A une époque où il parait approprié (…) d'écrire Sélection Naturelle avec la majuscule, comme on le faisait pour le nom de Dieu », Evola dit au contraire que le supérieur ne peut naître de l'inférieur. L'homme ne dérive pas du singe par évolution ; c'est le singe qui dérive de l'homme, par involution. Evola tient pour exact ce qui fut pressenti par certains scientifiques non-alignés (Kohlbrugge, Marconi, Dacqué, etc.), à savoir que les espèces animales seraient des « spécialisations dégénératives de possibilités comprises dans l'homme ». L'ontogénèse ne répète pas la phylogénèse: l'embryon humain passe outre là où les animaux s'arrêtent, parce qu'il est appelé à un développement supérieur. Par conséquent, rien ne saurait être dit sur la sexualité de l'homme qui ne tienne compte de sa destinée particulière : « Nous n'envisagerons pas la sexualité humaine comme un prolongement de la sexualité animale ; nous envisagerons au contraire  ̶  et nous dirons pourquoi  ̶  la sexualité animale  ̶  en elle-même, chez les bêtes et telle qu'elle se présente aussi, éventuellement, chez l'homme  ̶  comme la chute et la régression d'une impulsion qui n'appartient pas à la sphère biologique. »

De sorte que la reproduction, si elle est une conséquence de la sexualité couramment observée, n'en constitue pas pour autant le but. A la suite du poète russe Vladimir Soloviev, Evola remarque que de nombreux organismes se multiplient de manière asexuelle, et que le fait sexuel n'intervient que dans la reproduction des organismes complexes. En outre, « plus nous montons haut dans l'échelle des organismes, plus la puissance de multiplication s'amoindrit, tandis qu'au contraire augmente la force de l'inclination sexuelle… Enfin, chez l'être humain, la multiplication se fait beaucoup moins que dans tout le règne animal, alors que l'amour sexuel atteint l'importance et l'intensité les plus grandes. » (Soloviev) A titre d'exemple Evola mentionne le baiser, érotiquement nécessaire et que la génération n'exige en rien. Les amants des peuples qui ne connaissent pas le baiser ont d'autres pratiques, comme le fait de se toucher les fronts, qui permettent pareillement le "mélange des souffles".


Le "principe de plaisir" énoncé par Sigmund Freud, père de la psychanalyse, ne convient pas mieux à une métaphysique du sexe. Piètrement compensé par le "principe de réalité", il est pour Evola symptomatique d'une époque où la sexualité est ravalée au rang d'opium des masses et où ses potentialités subtiles sont presque systématiquement avortées. De quel plaisir est-il question, quand le simple contact mutuel des mains suffit à électriser les amants? "Dans la "normalité" de l'éros, il n'y a pas l'"idée" du plaisir en tant que motivation déterminante ", écrit Evola. "Il y a la pulsion qui, éveillée dans certaines circonstances par la polarité sexuelle en tant que telle, provoque à elle seule un état d'ivresse jusqu'à la crise du "plaisir" ».

 


Le terme de "polarité sexuelle" est central : il signifie que le masculin et le féminin sont à l'éros ce que le Nord et le Sud sont au champ magnétique terrestre. Selon la philosophie chinoise, il suffit même que deux individus de sexe opposé soit placés l'un à côté de l'autre, sans contact corporel, pour que s'éveille cette énergie spéciale appelée "tsing", dont l'intensité varie en fonction des degrés de "yin" et de "yang" présents en chacun d'eux. En Islam, la très stricte séparation des sexes est réputée porter cette tension à son maximum. De manière générale, pour l'ensemble des tenants de la Tradition, la différence des sexes n'est pas un constat mais un axiome.

 

 

Le caractère "fluidique", "magique" de l'attraction des sexes est comme la lettre volée d'Edgar Poe : invisible parce qu'évident. Evola reprend l'image de la "cristallisation" formulée par Stendhal : comme les branches des arbres se couvrent de cristaux dans les régions salines de Salzbourg, le désir de l'amant cristallise autour de l'aimée comme un halo immatériel, propre à induire chez lui l'émotion pré-requise au « traumatisme de l'étreinte ». C'est ainsi qu'en toute inconscience, les amants mettent en œuvre des techniques spirituelles. Dans son Liber de arte amandi, daté du XIIème siècle, le clerc André Le Chapelain a défini l'amour comme une « agonie due à une méditation extrême sur une personne de sexe opposé ».


Pour Evola, comme pour Aristophane dans Le Banquet de Platon, l'éros est une vocation inscrite à même le corps, et qui n'est d'abord sensible que comme dépossession de soi. De cette vocation, le sexe anatomique constitue le signe. A ce titre, l'Androgyne figure à la fois le but et l'obstacle : coïncidence miraculeuse des opposés et point de jonction des parallèles à l'horizon, il est la solution de l'énigme des tristesses post-coïtales. Abaissé au rang d'idéal consumériste, l'Androgyne perd sa signification mais non pas son pouvoir. Ce n'est certes pas un hasard s'il figurait en bonne place dans la symbolique alchimiste et sur le sceau du théologien Pierre Abélard, dont la liaison avec l'abbesse Héloïse d'Argenteuil, au XII siècle également, compte parmi les grandes amours de l'Histoire.


"Métaphysique du sexe" est un ouvrage extrêmement dense qui éclaire quantité de mythes, de hiérogamies et de rituels archaïques tels que la prostitution sacrée, les orgies saisonnières, le mariage hétérosexuel. Julius Evola y fait l'exégèse des plus rebattus des lieux communs de l'amour ("Tu es ma vie", "Je t'ai dans la peau", etc.) et de ses métaphores les plus persistantes : le cœur, la foudre, la mort. En passant, il évoque une tradition issue de la chevalerie médiévale nommée Amour Courtois, dont la branche ésotérique, qui n'est pas sans lien avec les Templiers, a fourni à la littérature européenne quelques-uns de ses plus magistraux chefs-d'œuvre.

 

JULIUS ÉVOLA LES DOSSIERS H

 LES DOSSIERS  H

Edition L’Âge d’Homme

 1997

Il est avec René Guénon, le grand maître de la pensée traditionnelle du XXème siècle. Sa vie fut entachée par la fréquentation des fascistes de Mussolini et des propos teintés de racisme. C’est pour cela que les oubliettes lui furent ouvertes. Aujourd’hui on s’aperçoit que sa pensée moderne, son analyse et ses prophéties sont d’actualité, son influence intellectuelle et spirituelle fait autorité.

 

Giulio (Julius) Evola était un aristocrate, un artiste dadaïste et un ésotériste d’extrême droite, né à Rome en 1898 et mort en 1974. Adepte d’un néopaganisme romain, la « religion italique », sa pensée est construite en réaction à l’aristocratie catholique dont il est issu, à la tradition chrétienne et au « monde moderne ». Politiquement, Evola se plaçait dans une optique antimoderne, aristocratique, inégalitaire et européiste : il était un réactionnaire radical. Sa critique intransigeante du monde moderne fut conçue après sa lecture des premiers livres de l’ésotériste réactionnaire français René Guénon. À l’instar de Guénon, Evola devint une figure importante du traditionalisme, c’est-à-dire d’un ésotérisme postulant l’existence d’une « tradition primordiale », de nature supra-humaine et transcendante.

Evola s’engagea donc, dans un premier temps, dans une voie artistique. Peu avant la guerre, il se lia avec les futuristes, en particulier avec Marinetti. Comme eux, il souhaitait la guerre. Il participa donc à la Grande Guerre comme officier d’artillerie, en qualité d’engagé volontaire. Si la guerre lui sembla nécessaire, c’est seulement en tant que fait révolutionnaire. Dès la fin du conflit, ses sympathies allèrent à ce qui restait des empires centraux. Après la première guerre mondiale, il se rapprocha du dadaïsme. Ses peintures firent de lui l’un des premiers dadaïstes italiens. Il commença alors à élaborer sa pensée, fondée sur un supposé réveil de forces spirituellement aristocratiques, dirigées contre l’hégémonie bourgeoise et ses valeurs (le matérialisme et l’utilitarisme) qu’il condamna jusqu’à sa mort. Il fut profondément influencé par la critique nietzschéenne de la modernité. En ce sens, il s’inscrivit dans le courant pessimiste de la « Révolution Conservatrice » allemande.

Evola connut, vers 1920-25, une crise intérieure provoquée par le matérialisme des activités humaines. Il ne retrouva le goût à la vie que grâce à la découverte de textes hindouistes et bouddhiques. Cette rupture psychologique fit qu’il se mit à s’intéresser aux questions ésotériques et occultistes. Fort logiquement, il se rapprocha des milieux ésotériques et francs-maçons italiens, avant de critiquer violemment la franc-maçonnerie comme agent de la contre-initiation moderne. Petit à petit, il se rapprocha aussi des milieux extrémistes de droite, assez présents dans la mouvance ésotérique italienne de son époque, avec Arturo Réghini et Guido De Giorgio notamment. Ses contacts avec des membres de la « Révolution Conservatrice » allemande firent qu’il fut lu en Allemagne dans les années 1930.

La parution en 1934 de son livre Révolte contre le monde moderne lui ouvrit les portes de l’Allemagne nazie. Evola ne fut jamais national-socialiste même s’il collabora à des publications officielles nationales-socialistes. En effet, il participa, pendant la guerre, à une revue européiste financée par les services de Joachim von Ribbentrop, La Jeune Europe, et entretint des contacts avec une certaine sphère dirigeante de la SS. En fait, les relations entre Evola et le national-socialisme sont complexes et plutôt houleuses. Il critiqua les thèses de Rosenberg et le dévoiement nazi de la « Tradition nordique ». En outre, il perçut la « culture » nazie comme une manifestation de l’esprit petit-bourgeois conservateur qu’il haïssait. Ce mépris fut d’ailleurs réciproque : il était fiché par les SS en tant qu’aristocrate réactionnaire. Mais paradoxalement, il fut apprécié par Wiligut, le fameux supposé « Raspoutine » de Himmler, qui l’invita à faire des conférences dans les châteaux de l’ordre en 1938 et collabora avec l’Ahnenerbe. Toutefois, il se peut aussi qu’Evola fût un agent du SD, le service de renseignement et de contre-espionnage de la SS, mais la question reste à éclaircir : selon Christophe Boutin, « Evola va travailler pour la SS à trois titres : en tant que conférencier invité ; en dépouillant, en liaison avec le SD et l’Ahnenerbe, des documents maçonniques à vienne ; et  collaborant directement et pratiquement avec le SD ». Evola se serait montré « d’autant plus sensible à cette reconnaissance qu’il reste un auteur marginal dans son propre pays. Cela l’amène à être plus conciliant à l’égard de la politique national-socialiste. Deux paramètres, l’un intellectuel, l’autre historique, contribuent par ailleurs à infléchir son jugement. Au plan intellectuel, Evola voit dans la constitution de la S.S. les germes d’une nouvelle élite de type aristocratique, capable de concilier l’esprit spartiate et la discipline prussienne. À terme, cet ordre d’initié pourrait se substituer au parti de masse pour devenir le noyau central d’un État organique et non plus totalitaire. »

Malgré tout, favorable au paganisme, il fréquenta des figures importantes des milieux völkisch qui rejoignirent le régime nazi, en particulier l’archéologue Hermann Wirth, le fondateur de l’Ahnenerbe, dont il diffusa les idées en Italie, et le raciologue nordiciste Hans F. K. Günther. Mais Evola s’aperçut rapidement que sa conception du paganisme était très différente de celles de Wirth et de Günther : le paganisme évolien était une métaphysique, au contraire des völkisch qui le concevaient comme un programme politique, raciste et nationaliste. Il considéra donc le néo-paganisme völkisch comme une manifestation de l’antitradition moderne honnie. Néanmoins, il continua de défendre ultérieurement les thèses de Günther : dans les années soixante-dix, il le fit en particulier au travers d’un article, publié le 15 août 1970 dans Il Conciliatore. Selon Evola, Günther soutenait une vision non raciste de la race, une position qui est loin d’être convaincante.

Evola resta aussi un marginal en Italie fasciste, malgré ce qu’a pu écrire Marie-Anne Matard-Bonucci. En 1930, il écrivit la chose suivante dans La Torre, un bimensuel cofondé avec Guido De Giorgio, et interdit par le régime au bout de six mois de publication : Nous ne sommes ni “fascistes”, ni “antifascistes”. L’“antifascisme” est nul. Mais pour  ennemis irréductibles de toute idéologie plébéienne, de toute idéologie “nationaliste”, de toute intrigue et esprit de “parti”  le fascisme est trop peu. Nous voudrions un fascisme radical, plus intrépide, un fascisme vraiment absolu, fait de force pure, inaccessible à tout compromis ». Il développa son concept de « surfascisme » dans un ouvrage, Impérialisme païen, paru en 1928, qui jetait les bases d’un mouvement plus fasciste que le fascisme. Il explicita son « surfascisme » lors de son procès de 1951 : « J’ai défendu, et je défends, des “idées fascistes”, non en tant qu’elles étaient “fascistes”, mais dans la mesure où elles reprenaient une tradition supérieure et antérieure au fascisme, où elles appartenaient à l’héritage de la conception hiérarchique, aristocratique et traditionnelle de l’État – conception ayant un caractère universel et qui s’est maintenue en Europe jusqu’à la Révolution française.

 En réalité, les positions que j’ai défendues et que je défends en qu’homme – car je n’ai jamais été inscrit à aucun parti, pas plus au P.N.F. qu’au M.S.I ne doivent pas être dites “fascistes”, mais traditionnelles et contre-révolutionnaires. » De fait, il n’accéda à une sorte de reconnaissance officielle de la part du régime qu’en 1941, peu de temps avant la crise de celui-ci, lorsque Mussolini approuva publiquement sa Synthèse de doctrine de la race, pour démarquer ce qui fait la romanité du racisme biologique nazi. Toujours en 1941, Evola soutint dans son manifeste racialiste Éléments pour une éducation raciale, l’origine « occidentale et nordico-occidentale » de la civilisation indo-européenne. Toutefois, selon Marie-Anne Matard-Bonucci, l’engagement fasciste d’Evola serait à réévaluer. Selon Philippe Baillet l’un des meilleurs connaisseurs de sa pensée, «  Evola n’a jamais été fasciste ; pourtant, il a reçu l’appui de quelques unes des personnalités les plus “dures” du régime mussolinien.  Evola est toujours resté un “marginal” du fascisme ; pourtant, jusqu’au bout, il ne lui a ménagé ni son soutien, ni sa fidélité.  Evola n’a jamais été national-socialiste ; pourtant, il a collaboré à des publications nationales-socialistes tout à fait officielles et a entretenu des contacts avec certaines sphères dirigeantes de la S.S. 4) Dans ces conditions, Pourquoi Evola a-t-il estimé nécessaire d’apporter son soutien, fût-ce de manière parfois très critique, au régime fasciste et au régime national-socialiste ? » La question reste en suspend… Néanmoins, lors du renversement de Mussolini, il le soutint et adhéra idéologiquement ensuite à la République Sociale Italienne de Saló.

Evola fut blessé à Vienne en 1945, à la toute fin de la guerre. Cette blessure le paralysa des membres inférieurs le forçant, lui le « guerrier » à se diriger vers la contemplation. Malgré cette paralysie, Julius Evola réarma moralement, dès la fin de la guerre, l’extrême droite italienne, avec notamment un ouvrage, Orientations, paru en 1950. Par la suite, il fournit des éléments doctrinaux à une partie de l’extrême droite européenne. Il fit ainsi partie du groupuscule Nation Europa qui édita une revue éponyme, de tendance nationale-européenne, qui était l’organe le plus représentatif du néofascisme européen. Nation Europa fut fondé par un ancien officier SS, Arthur Ehrhardt, auquel s’associèrent de nombreux ex-nazis qui cherchaient à réorganiser les activités nazies à travers l’Europe. Evola, ainsi que le nazi Hans Grimm et le fasciste Maurice Bardèche, firent partie des premiers collaborateurs de cette revue. Il fut même arrêté en 1951 pour avoir impulsé une organisation clandestine, « les faisceaux d’action révolutionnaire ». Il publia après guerre deux ouvrages politiques importants : Les Hommes au milieu des ruines en 1953, et Chevaucher le tigre en 1961. Jusqu’à sa mort, il affina et radicalisa son discours.

Malgré tout, comme le reconnaît Anthony James Gregor, il est impossible de considérer Evola comme un fasciste, ni même comme un néofasciste, même s’il eut le soutien de quelques-unes des personnalités les plus dures du régime mussolinien. Il doit plutôt être vu comme un réactionnaire radical, un point de vue reconnu à l’extrême droite. Ses modèles étaient davantage les anciens ordres de chevalerie, ainsi que les mouvements spiritualo-politiques, en particulier par la Légion de l’archange Saint Michel, plus connu sous le nom de la Garde de Fer. Evola vouait en effet une admiration sans faille au chef de la Garde de Fer roumaine, Corneliu Codreanu, qu’il avait rencontré à la fin des années 1930 via l’entregent de Mircea Eliade, mais il est vrai qu’il est difficilement tenable de soutenir le « fascisme » de la Garde de Fer : certains observateurs consciencieux ont en effet estimé que la Garde de Fer relèverait plus de la structure religieuse que du mouvement politique, qu’il s’agirait d’un « nationalisme spirituel-religieux » selon l’expression de Pierre-André Taguieff, voire d’un « faux fascisme ». Ainsi, une icône de Saint Michel, le saint préféré de Codreanu, était « veillée en permanence par une garde d’honneur ». La Garde de Fer était marqué par le millénarisme orthodoxe : « Dans le fascisme roumain, l’héroïsme et la camaraderie du front étaient remplacés par le culte d’un héroïsme “chrétien” associé à la valorisation presque obsessionnelle de la souffrance, du martyre et de la “mort légionnaire”. » Cependant, la vision légionnaire de l’engagement a permis à Ernst Nolte d’écrire que la Garde Fer était le « mouvement fasciste le plus intéressant et le plus complexe » de l’Europe des années trente. Le débat reste donc ouvert. Quoiqu’il en soit, Evola était fasciné par le mouvement légionnaire, ouvertement antisémite, le numéro deux du mouvement, Ion Mota, ayant traduit en roumain Les Protocoles des Sages de Sion : « Dans un premier article [sur le mouvement légionnaire], Evola met dans la bouche du chef de la Garde de Fer une description des valeurs quasi religieuses du mouvement qui, par sa longueur et sa cohérence, ne rappelle point les moyens d’expression assez limités et le style rocailleux et laconique du Capitaine. C’est un discours élaboré qui a été manifestement “travaillé” par Evola et l’on peut se demander si Eliade lui-même n’est pas intervenu pour détailler à l’hôte italien la nature “spirituelle” du mouvement légionnaire. »

L’ésotérisme évolien : Après Guénon, Evola fut l’un des grands représentants de la « Tradition primordiale », de la « tradition » avec un « T » majuscule, c’est-à-dire au sens ésotérique du terme, théorisée par René Guénon au début du XIXe siècle. Cette « Tradition » a une origine an-historique et non humaine. En effet, celle-ci est la conséquence d’une Révélation. La métaphysique évolienne n’est pas selon lui « la sienne », elle n’exprime nullement sa subjectivité singulière et l’évolution de celle-ci, au contraire « elle se confond avec “la” métaphysique, comme mode de réalisation (de soi), auto-réalisation à la fois contemplative (connaissance des principes) et active (voie héroïque). La métaphysique que Julius Evola ne prétend qu’exposer, et qu’il définit volontiers comme un “réalisme transcendant” (réalisme des idées et/ou des principes supérieurs, de type platonicien), comprend (ou enveloppe) une philosophie involutionniste de l’histoire fondée sur l’axiome double que l’histoire est processus de déclin. Cette métaphysique et cette philosophie de l’histoire peuvent s’identifier à la pensée de la Tradition ». Le traditionalisme radical d’Evola implique aussi une métaphysique de la politique, une métapolitique, fondée sur l’idée de décadence et conceptualisée après la lecture de La Crise du monde moderne de Guénon.

Contrairement à Guénon qui fut successivement catholique et musulman, Evola ne se raccrocha pas à une tradition religieuse précise. Il est en quelque sorte un « traditionaliste sans tradition », adepte d’une forme d’anarchisme nihiliste. En effet, Evola, à la fin de sa vie, théorisait l’« homme différencié ». Or, cet « homme différencié » n’est pas seulement un homme qui peut ne pas croire, c’est aussi un homme qui ne veut pas croire. La radicalité antimoderne d’Evola apparaît pour la première fois dans son livre le plus important, traduit en français sous le titre Révolte contre le monde moderne. Evola y expose sa « métaphysique de l’histoire » fondée sur la critique et le refus du monde moderne occidental et sur le postulat de la nature décadente de la modernité. Il fut influencé par Nietzsche, par Spengler et par Guénon. De ce dernier, il reprit la théorie traditionnelle et involutive des quatre âges. Chez Evola, cette radicalité antimoderne se manifeste par une intransigeance métapolitique, expliquant d’une part son engagement politique au sein de manifestations modernes (fascisme, national-socialisme) et d’autre part son désengagement aristocratique (juger et orienter par référence aux principes de la Tradition). Cette position paradoxale est l’expression du concept évolien de ‘’ l’homme différencié’’, sorte d’anarque, qui est à la fois dans le monde et hors du monde. Evola est de fait le théoricien du traditionalisme-révolutionnaire.

Le décadentisme d’Evola était influencé par celui théorisé au XIXe siècle par Arthur Joseph de Gobineau. À l’instar de Gobineau, Evola était nostalgique d’un âge d’or, définitivement perdu, de la race nordique. Toutefois, le système gobinien, s’il est un système décadentiste, est, contrairement au système évolien, dépourvu totalement de sotériologie : l’humanité est définitivement condamnée par le métissage. En effet, Gobineau voyait dans les peuples germaniques les ancêtres de la noblesse européenne dont il était issu. Une idée qui était assez partagée à l’époque, on doit bien le reconnaître. Cette thèse fut en effet élaborée au XVIIIe siècle pour légitimer les pouvoirs politiques de la noblesse face à l’absolutisme royal. Elle faisait des nobles les descendants des conquérants Francs. Elle établit aussi un lien entre hiérarchisation sociale et race. Au XXe siècle, cette idée fut notamment reprise par Evola, qui en fit l’une de ses références : comme le comte Gobineau, le baron Evola était obsédé par les notions de décadence et de dégénérescence. Celles-ci structuraient sa pensée anti-darwinienne.

 

JULIUS ḖVOLA  -  le chemin du cinabre

Julius Évola

Edition  ARCHÉ

 1983

Contemporain de R. Guénon, il échangea avec lui une correspondance intéressante, métaphysicien italien, il influença son époque.  Il nous parle du dadaïsme, du mythe païen, du groupe « d’UR », de la tradition, de l’hermétisme, du graal, de la doctrine de l’éveil, de la race, de la métaphysique du sexe, de la « voie de la main gauche ».

 

Evola est de ces auteurs, à vrai dire peu nombreux, qui ont pris soin d’expliquer leurs intentions, se défiant peut-être des interprétations erronées des commentateurs leurs héritiers, mais qui ont eu aussi l’honnêteté, en se relisant, d’apporter à leurs ouvres certains rectificatifs.

 

Le Chemin du Cinabre rend compte de cette double démarche. On voit Evola renier les influences nocives, dans ses premiers ouvrages, des théosophes et anthroposophes, condamner sa propre exaltation nietzschéenne dans sa vision de la vie, juger extrémistes ses thèses d’impérialisme païen. Il aurait pu sur sa lancée revoir certaines autres de ses positions, par exemple, à propos d’une égalité qu’il soutient, au profit de la première, entre la royauté-action et le sacerdoce-contemplation, nuancer son jugement sur Jung, son refus de l’Inconscient et du «séjour des Mères», atténuer son mépris du christianisme, dont il semble reléguer le fondateur au-dessous des Avâtara.

 

Il y a chez lui un nationalisme «aryo-romain» affirmé, un contentement de soi qui rappelle Cicéron, («J’ai dû m’ouvrir la voie seul»), quelque chose d’indomptable, de hautain, qui exprime adéquatement la mentalité olympienne dont il se réclame, un volontarisme chevaleresque et solaire étranger aux débordements dionysiaques, aux mystiques dégénérescences, à la grâce miséricordieuse. Mais tout cela dissimule une blessure profonde, celle de vivre solitaire, incompris, au sein d’un univers ignorant et vulgaire, celui des marchands cyniques et des esclaves prétentieux; la blessure de conclure à l’inanité des efforts, à l’absence des disciples: la vertu évolienne a quelque chose de désespéré… Mais qu’importe à une pensée non-conformiste et provocante d’être frappée d’ostracisme par les suppôts d’un monde crépusculaire qui n’en sont pas dignes? Demeurent comme exemple et référence un permanent souci de ramener toutes choses à leur plus haute origine, d’opérer les ruptures de niveau qui s’imposent, d’atteindre par ses propres moyens à une liberté supérieure qui, comme le reste, se mérite.

 

Telle doit nous apparaître cette œuvre puissante, d’une intransigeante lucidité, qui très lentement commence à trouver justification, cependant que s’effondre tout ce qu’elle dénonçait. Tel doit nous apparaître son auteur, ce «visionnaire foudroyé», dont les cendres reposent à 4200 mètres, au-dessus des bassesses humaines, dans les glaces du Monte Rosa.

 

JULIUS EVOLA  -  chevaucher le tigre

Julius evola

Edition Trédaniel

 2002

Dernier écrit important d’un iconoclaste sans passion, chevaucher le tigre, dresse une critique implacable des idoles, des structures, de théories et des illusions de notre époque de désillusion et de dissolution.

 

Le marxisme et la démocratie bourgeoise, l’existentialisme et la connaissance scientifique, le « retour à la nature » et le phénomène de la drogue, le roman et le mythe de la patrie, le jazz et la « pop music », le mariage, la famille et l’émancipation de la femme, sont tour à tour examinés à la lumière des événements internes, purement doctrinaux et indestructibles, de la Tradition. Il en va de même de la philosophie de Nietzsche elle aussi soumise à une longue analyse.

 

Sans faire de concessions au spiritualisme humanitaire et à son ascétisme frileux, l’auteur trace la figure d’un type humain aristocratique, capable de « chevaucher le tigre », c'est-à-dire de transformer en remède, en vue d’une libération intérieure, des processus extrêmes, presque toujours destructeurs pour la majorité de nos contemporains.

 

Aussi éloigné des crispations d’un traditionalisme viscéralement passéiste que de tout projet révolutionnaire naïvement utopique et optimiste, « l’homme différencié » ne compte que sur lui-même et n’a qu’un but : donner un sens absolu à sa vie dans un monde où il n’y a plus rien à aimer, plus rien à défendre et plus de rêves.

Au sommaire de cet ouvrage majeur de Julius Evola :

Le monde moderne et les hommes de la Tradition  -  Fin d’un cycle  -  Chevaucher le tigre  -  Le nihilisme européen, dissolution de la morale  -  Des précurseurs à la jeunesse perdue  -  Nietzsche  -  Etre soi-même  -  La dimension de la transparence  -  Au-delà des théismes, des athéistes  et des déismes  -  Invulnérabilité. Apollon et Dionysos  -  L’action sans désir  -  La loi causale  -  L’impasse de l’existentialisme  -  Sartre et la prison sans vie  -  Heidegger : la fuite en avant et « être pour la mort »  -  Double aspect de l’anonymat  -  Destructions et libérations dans le nouveau réalisme  -  L’idéal animal  -  Dissolution de la conscience  -  La phénoménologie  -  Le domaine de l’art de la musique aux stupéfiants  -  Musique moderne et jazz  -  Parenthèse sur les drogues  -  La dissolution du domaine social  -  L’apoliteia  -  Mariage et famille  -  Les relations entre les sexes  -  Le problème spirituel  -  La deuxième religiosité  -  La mort et le droit sur la vie  -

 

julius Évola  -  l’homme et son œuvre

Adriana romualdi

Edition Trédaniel

 1985

L’auteur nous entraîne sur les pas de ce grand philosophe qu’était Julius Evola Il nous parle de sa jeunesse, de ses périodes poétiques et philosophiques, de la doctrine de l’éveil, du livre central d’Evola qui est « révolte contre le monde moderne », du fascisme, du mythe de la race et des considérations générales de l’œuvre d’Evola et sur son livre phare « chevaucher le tigre ».

 

Julius Evola, après avoir publié en 1936 Le Mythe du Sang, une histoire du racialisme depuis l'Antiquité, un examen objectif des principales théories raciales du XVIIIe siècle à son époque, n'allait pas en rester là : Synthèse de doctrine de la race, édité en 1941, se veut le prolongement "à la fois critique et constructif' du Mythe du Sang. Si l'un et l'autre parurent chez le même éditeur, il est bon de souligner que le premier est un ouvrage de commande, tandis que l'idée du second vient d'Evola lui-même. Pour justifier son initiative, il invoque deux raisons majeures, qui sont liées à la situation du racialisme en Italie : d'une part, l'intégration officielle de la doctrine de la race à l'idéologie fasciste, et, d'autre part, l'atomisation du concept de race en une multitude de doctrines, toutes d'orientation plus on moins biologique, qui, en prêtant le flanc aux critiques des adversaires, discréditent le racialisme et, donc, le Fascisme, puisque, pour Evola, il est clair que le racialisme constitue un "instrument", une "puissance" du Fascisme.

 

D'où l'impérieuse nécessité d'une formulation "complète et cohérente" de la doctrine de la race. Il en trouve les principes dans l'enseignement traditionnel, dont il avait pris connaissance une dizaine d'années plus tôt à la lecture de l’œuvre de René Guénon. Selon cet enseignement, l'homme est un être tripartite : corps, âme et esprit, sachant que l'élément corporel comprend, outre la partie matérielle de l'être humain, l'hérédité et que l'élément spirituel, loin d'être l'intellect abstrait et analytique des modernes, constitue ce que Guénon appelle l' "intuition intellectuelle", principe supra-rationnel de la connaissance métaphysique. C'est donc, pour ainsi dire, tout naturellement qu'a dû s'imposer à Evola la doctrine des trois degrés de la race. ...

 

JULIUS ÉVOLA.    GUIDE  DES   CITATIONS.

A.  DECTOT  DE  CHRISTEN

Edition PARDES

2007

L’œuvre immense, complexe et étonnamment cohérente que nous a léguée Julius Evola (1898-1974) se caractérise par le paradoxe suivant, qui en fait toute la valeur et l’importance : « elle est à la fois intemporelle et d’une brûlante actualité ». Les principes traditionnels qu’elle expose et sur lesquels elle est bâtie sont des principes essentiellement métaphysiques et normatifs.

 

Par conséquent, bien qu’ils aient été reconnus partout et respectés par tous en des temps meilleurs, ces principes n’appartiennent pas au courant de l’histoire, parce qu’ils sont au-delà de l’histoire, et il est donc possible de s’y référer à n’importe quel moment de l’histoire.

 

Ce guide des « citations d’Evola », tente de restituer l’essentiel de cette œuvre, aussi bien de sa partie intemporelle que de celle concernant le monde moderne et les voies pour le combattre et/ ou s’y soustraire.

 

JULIUS ḖVOLA  -  les hommes au milieu des ruines

Julius evola

Edition  PARDÈS

 2005

En partant des principes du « traditionalisme intégral », Julius Evola trace, dans ce livre, les lignes essentielles d’une doctrine de l’État et d’une vision générale de la vie de caractère « révolutionnaire-conservateur » : révolutionnaire, par sa négation des idéologies et des mythes qui dominent dans le monde de l’actuelle décadence européenne (démocratie, marxisme, communisme) ; conservateur, comme reprise, en tous les domaines, de l’idée aristocratique, hiérarchique et qualitative qui a constitué, dans le passé, le fondement d’une tradition supérieure de l’Occident.


Le sens de l’autorité et de l’État vrai, l’idéal « organique », la dénonciation de la « démonie de l’économie », le sens d’un nouveau réalisme antibourgeois, positif, antimarxiste, l’indication des points de référence pour la formation d’un type humain supérieur et d’une élite, la condamnation de l’historicisme, un nouveau choix des traditions, la signification et les armes de la « guerre occulte » conduite par des forces masquées : tel sont quelques-uns des principaux sujets traités par Julius Evola. Sans oublier : la prise de position face au catholicisme actuel, la stigmatisation de l’intellectuel d’aujourd’hui, et ainsi de suite, jusqu’à des problèmes comme ceux de la surpopulation, de la forme et des conditions préalables de l’unité européenne.


Tous ces thèmes sont étudiés par Julius Evola sans compromis, avec la volonté de proposer des choix précis et courageux à ceux qui peuvent encore se considérer comme des hommes debout au milieu des ruines.
Les Hommes au milieu des ruines représentent le livre le plus « réactionnaire » (au sens positif et légitime) qui ait été écrit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

 

JULIUS ÉVOLA,   QUI SUIS-JE ?

J.P   LIPPI

Edition PARDES

 1999

Disparu voici un quart de siècle, Julius Evola demeure un auteur inclassable selon les critères usuels ; membre éminent de l’Ecole de la Tradition (au même titre que René Guénon ou Frithjof Schuon), métaphysicien, remarquable connaisseur des disciplines ésotériques d’Orient et d’Occident.

 

Il n’en fut pas moins un doctrinaire du radicalisme de Droite et un homme engagé dans les combats de son temps, au point de prendre clairement parti, durant la guerre, pour le fascisme et l’Axe. Mais le cataloguer, sans plus de précautions, parmi les penseurs « fascistes » constitue une absurdité, quand bien même certains trouveront toujours plus confortable de coller des étiquettes infamantes que de se donner la peine de penser.

 

Cet Evola, au rebours de cette attitude « politiquement correcte » mais intellectuellement incapacitante, se donne pour but de présenter, dans sa double vérité d’homme et de penseur, celui qui fut un authentique révolté contre le monde moderne.

 

IL retrace son parcours, depuis le « point zéro » du dadaïsme jusqu’à la possession du « cinabre), c’est -à- dire jusqu’à « l’accès à la sagesse contemplative ».

 

Giulio Cesare Evola, qui fera le choix de latiniser son prénom pour témoigner de sa fidélité aux idéaux dont il distinguait l’influence formatrice dans la romanité impériale, naquit à Rome le 19 mai 1898 et mourut dans cette même ville le 11 juin 1974, dans la maison paternelle, installé à sa table de travail à laquelle il avait demandé qu’on le transportât, lui dont les jambes étaient paralysées depuis près de trois décennies à la suite d’un bombardement soviétique sur Vienne en avril 1945.

Personnage définitivement inclassable selon les critères courants, celui qui devait devenir l’homologue italien de René Guénon dans le domaine des études traditionnelles (son homologue, mais non son alter ego, tant les différences de sensibilité entre les deux hommes resteront toujours grandes), appartenait à une famille catholique membre de la petite noblesse sicilienne et portait le titre de baron.

De son milieu d’origine, rien ou presque, ainsi que l’affirme son autobiographie spirituelle parue en 1963 et intitulée Le chemin du Cinabre, ne devait jouer un rôle sur la formation de la personnalité du jeune Evola : « Je ne peux rapporter les dispositions dont j’ai parlé à des influences du milieu, ni à des facteurs héréditaires (au sens courant, biologique).

 

Je dois très peu au milieu, à l’éducation, à la lignée de mon sang. Dans une large mesure, je me suis trouvé en opposition tant avec la tradition prédominante en Occident – le christianisme et le catholicisme – qu’avec la civilisation actuelle, avec le « monde moderne » démocratique et matérialiste, pour ne pas parler de la  culture et de la mentalité dominantes dans la nation où je suis né, l’Italie, et enfin, de mon milieu familial. Tout au plus l’influence de tout cela a-t-elle été indirecte, négative : elle n’a favorisé en moi que de réactions.»

 

JULIUS  ḖVOLA  -  HIÉRARCHIE  ET  DÉMOCRATIE

RENÉ GUÉNON ET JULIUS EVOLA

ÉDITION DE L’HOMME LIBRE

 2003

L’évolutionnisme repose totalement sur une impossibilité logique, à savoir qu’il est impossible que le plus puisse provenir du moins, pas plus que le supérieur ne le pourrait de l’inférieur. La réponse qu’on peut donner à une telle interrogation, dans laquelle se résume le sens même du « problème de la décadence », est que l’unique cause déterminante, dans le processus de destruction spirituelle, consiste en une « décision métaphysique » de révolte contre le principe hiérarchique inhérent à la nature humaine :

La négation de la hiérarchie en soi représente un stade préliminaire à la négation de la hiérarchie dans l’ordre politique. La démocratie, comme les autres formes historiques dans lesquelles apparaît l’esprit anti traditionnel, se révèle une conséquence directe de ce « meurtre de la hiérarchie ».

Ceci se rapporte donc à un complet renversement de l’ordre normal, c'est-à-dire à la suprématie du nombre, laquelle n’existe que dans le seul monde de la quantité. Une opposition radicale à la mentalité démocratique ne peut faire abstraction d’un retour de l’esprit aristocratique, dont la substance « Olympienne » caractérisait l’authenticité par rapport aux contrefaçons bourgeoises de l’élitisme. « Ascèse de la puissance » : Telle est la formule qui exprime les effets de l’esprit aristocratique dans le domaine politique.

Je cite : « …Ainsi se pourrait créer un nouveau groupement dirigeant, anti-intellectuel, ascétique et héroïque, quasi féodal et barbare dans sa dureté et intransigeant quant à sa forme, silencieux, clos hermétiquement et impersonnel comme un ordre… »


Un article de René Guénon et deux de Julius Evola sur ce sujet remplissent ce petit livre de 60 pages sur ce sujet de la hiérarchie et de la démocratie.

 

JULIUS EVOLA - la tradition hermÉtique – les symboles & la doctrine – l’art royal hermÉtique

Julius evola

Editions TRADITIONNELLES

 2000

Dans cet ouvrage, nous prendrons le terme « tradition hermétique », dans un sens spécial qui est en grande partie celui le Moyen-Âge et la Renaissance lui ont donné. Il ne s’agit pas de l’ancien culte égyptien et hellénique d’Hermès, ni seulement des doctrines des textes alexandrins réunions dans le Corpus Hermeticum.

 

Au sens particulier où nous l’envisageons, l’hermétisme a d’étroites relations avec la tradition alchimique. La tradition hermético-alchimique occidentale sera l’objet spécial de notre étude qui tend à préciser le sens réel et l’esprit d’un enseignement secret, de nature à la fois doctrinale, pratique et opérative qui, avec de grands caractères d’uniformité, s’est transmis des Grecs à travers les Arabes, avec des textes et des auteurs qui nous conduisent jusqu’au seuil des temps modernes.


On y parle : du dragon ouroboros, la femme l’eau, le mercure, le venin, le sel et la croix. Les quatre éléments, le soufre, les planètes, les cendres, la soif, l’âme, le corps, l’esprit saturne, l’épée et la rose, l’œuvre au noir, la voie sèche et humide, la voie de Vénus, les feux hermétiques, le corps de lumière, l’immortalité, l’œuvre au rouge, les couleurs alchimiques, le silence, la tradition, les maîtres invisibles et la connaissance prophétique.

  

JULIUS  EVOLA  -  le yoga tantrique

Julius Évola

Edition  Fayard

 1998

Issu des principaux courants spirituels et religieux de l’Inde, le tantrisme, apparu au 1er millénaire de notre ère, est une synthèse d’enseignements traditionnels contenus à l’origine dans les Védas, mais plus adaptés à ces siècles où se développe la grande civilisation indo-aryenne. Sans rejeter l’ancienne sagesse, les Tantras réagissent contre les spéculations et le ritualisme vides.

 

À la voie de la contemplation, ils opposent celle de l’action, de la réalisation pratique, de l’expérience directe. « Ce qui importe, c’est d’accomplir des actes surhumains et divins par la force de ses paroles de puissance (mantra) », dit un texte tantrique. Et un autre : « La particularité du tantra réside dans le caractère de son sâdhava (pratique) qui s’accomplit par le réveil des forces dans le corps. »

Dans cet exposé désormais classique, le grand orientaliste italien Julius Evola explique la vision du monde sous-jacent au yoga tantrique et ses fondements métaphysiques mais aussi les différentes pratiques et techniques qui lui sont propres, en particulier l’importance de la Kundalini en tant que source d’énergie.

 

JUNG C.G.  -   DICTIONNAIRE COMPARATIF – JUNG et la FRANC-MAÇONNERIE

Jean-Luc  Maxence

 

 2012

Ce premier dictionnaire comparatif entre le vocabulaire de la clinique des profondeurs de Carl Gustav Jung et celui de la Franc-maçonnerie universelle, s’adresse aux initiés comme aux profanes. Il constitue non seulement une initiative inédite, mais encore il ouvre sur l’ébauche d’une nouvelle thérapie de toute première importance pour ce début de siècle en manque d’équilibre personnel et collectif.

 

Psychanalyste « néo-jungien » et poète, J. Luc Maxence explique, en termes clairs et accessibles à tous, que l’Art royal base sa pratique en loge sur le langage des symboles et leur mise en situation commune, impliquant une graduelle transformation de l’être humain et se découvrant par là même de multiples connivences avec la clinique selon Jung.

Ce dictionnaire marie harmonieusement l’inspiration jungienne, déclenchant le processus d’individuation et la démarche initiatique du franc-maçon.

Avec sa règle, ses rites, ses concepts signifiants, une sorte de « maçonnerie jungienne » à effets thérapeutiques, peut-elle alors naître et se développer, se demande ici l’auteur avec une audace avouée et assumée.

 

Constat singulier : la psychologie des profondeurs, fondée et définie par C.G. Jung, gagne dans le monde entier, en influence. Le processus d’individuation jour un rôle essentiel dans la meilleure compréhension du mal-être de nos contemporains. L’apport de la psychanalyse en général n’est plus à prouver.

D’évidence grâce à l’éclairage jungien de l’inconscient, une clinique polyphonique ne cesse de s’affirmer quand il s’agit d’explorer et d’orienter l’âme humaine en quête de sens. Sous le signe du maître du Zurich, de nouvelles thérapies se construisent, lèvent et se peaufinent.

Chemin d’individuation et parcours initiatiques apparaissent de plus en plus, ainsi que des tracés, sur bien des points parallèles.

 

En France surtout, la Franc-maçonnerie base sa pratique en loge sur le langage des symboles et leur mise en situation commune, implique une graduelle transformation de l’être humain. Ainsi, l’apprenti qui, si tout se passe bien, deviendra un maître participe à cette logique. Quand le profane frappe à la porte du Temple, ne vient il pas réclamer un supplément de lumière en vue d’être plus libre et plus heureux ?

 

On le sait la Maçonnerie étudie de plus en plus la psychologie des profondeurs et se découvre de multiples connivences avec cette notion. Celle-ci aide aussi l’individu à mieux se connaître et s’accepter. Ce dictionnaire comparatif précise toutes les données prônant un rapprochement judicieux et audacieux entre les apports de Jung et ceux de l’ordre maçonnique.

 

En mariant harmonieusement et subtilement l’inspiration jungienne qui tourne sans cesse autour du processus d’individuation, l’individu en recherche de l’aventure initiatique  maçonnique ou de sa propre problématique thérapeutique trouvera dans l’un et l’autre des outils et des méthodes différentes  tout en étant les mêmes, qui le conduira à une praxis inédite.

 

Ce manuel est appelé comme toute invention utile, à être contredit, rectifié et amélioré au fil du temps et de la pratique thérapeutique d’aujourd’hui. La voie comparative complémentaire que nous adoptons est à peine esquissée. C.G. Jung et la Franc-maçonnerie ne peuvent plus, en effet se tourner le dos par crainte ou par homéostasie. C’est en cela que ce dictionnaire cherche à expliquer d’une définition à l’autre, d’un symbole à l’autre.

 

jung C.G. est l’avenir de la franc-maçonnerie

Jean-Luc maxence

Edition DERVY

 2004

Préfacé par Bruno Etienne, ce livre a le mérite de nous parler avec des mots simples, des rapports, de la psychanalyse avec la Franc-maçonnerie. Si effectivement les thèses de JUNG sont proches de l’enseignement maçonnique, l’auteur fait sortir la psychanalyse de son cabinet médical et la maçonnerie de sa loge discrète, il essaie de faire cohabiter le tout et tire l’initiation vers le haut.

 

L'œuvre polyphonique de Carl Gustav Jung, incitation à une dynamique transcendante de progressive transformation de soi, prouve qu'un tel cheminement n'est possible que par l'étude des symboles psychiques de l'homme contemporain.

Avec hardiesse l'auteur compare ce " processus d'individuation " de Jung à la démarche initiatique qui ne peut se comprendre que par la connaissance intégrée des symboles de toujours. Rappelant que ni la Franc-maçonnerie ni même Jung n'ont inventé le symbolisme, l'auteur montre, dans un langage accessible à tous, que le nouvel ordre de la psychologie analytique et l'ordre maçonnique ont hérité du code des traditions comme langage universel.

 

Ce livre, relecture de l'œuvre de C.G. Jung à la lumière de son rapport à la symbolique alchimique et maçonnique, est surtout un étonnant voyage permettant de comprendre les liens qui unissent la Franc-maçonnerie de l'avenir et la psychologie des profondeurs. Jean-Luc Maxence avance enfin l'hypothèse qu'en même temps que Jung fait prendre l'air à la " psychologie du cabinet médical ", il fait également sortir le Franc-maçon de sa loge discrète et recommande pour tous la méthode initiatique. En cela, ose conclure l'auteur, " Jung est l'avenir de la Franc-maçonnerie ".

 

JUNG – CARL GUSTAV JUNG – LA VOIE DES CONTRAIRES

Brigitte Boudon

 Edition Ancrages

2017

Jung a montré qu’il existait dans la psyché humaine des énergies contraires, des couples d'opposés, qui entraient en conflit tant que nous ne les dépassions pas : l’introversion et l’extraversion, le conscient et l’inconscient, la persona et l’ombre, l’animus et l’anima. Le processus d’individuation, ou voie des contraires, permet d’entrer en dialogue avec ces parties de nous-mêmes que nous réprimons, refoulons ou ignorons, de les accepter et de réaliser ainsi notre unité.

 

L’individuation est donc une voie de réalisation basée sur une harmonisation des pôles contraires qui sont en nous : en acceptant nos contradictions internes, nous élargissons notre conscience, notre personnalité se réorganise non plus autour de notre moi limité, mais autour de notre être intérieur, le Soi : notre âme retrouve les ailes qu’elle a perdues.

 

Cet exposé sur la voie des contraires, accessible à tous, est suivi de questions/réponses sur différents sujets, tels que la divergence entre Freud et Jung, les quatre fonctions essentielles de la psyché, l’alchimie, l’analyse des rêves, la synchronicité…

 

Jung distingue entre "une couche pour ainsi dire superficielle de l’inconscient", qu’il appelle "inconscient personnel", et une "couche plus profonde qui ne provient pas d’expériences ou d’acquisitions personnelles, mais qui est innée".

 

"Cet inconscient … a des contenus et des modes de comportement qui sont … les mêmes partout et chez tous les individus. En d’autres termes, il est identique à lui-même chez tous les hommes et constitue un fondement psychique universel de nature supra-personnelle présent en chacun".

 

Jung explique avoir choisi le terme "collectif" pour souligner le caractère universel de cette couche profonde de l’inconscient. Alors que les contenus de l’inconscient personnel sont "les complexes à tonalité affective, qui constituent l’intimité personnelle de la vie psychique"..., "les contenus de l’inconscient collectif sont les archétypes"

Ce terme, écrit Jung, "nous dit que nous avons affaire, dans les contenus inconscients collectifs, à des types anciens, ou, mieux encore, originels, c’est-à-dire à des images universelles présentes depuis toujours" (le grec "arkhaios" signifie "ancien"). Il précise aussitôt que "la notion d’archétype ne convient qu’indirectement aux représentations collectives", telles qu’on les trouve dans le mythe et le conte, "car elle ne désigne que les contenus psychiques qui n’ont pas été soumis à une élaboration consciente".

Il réserve donc ici la désignation d’archétype à "une donnée psychique encore immédiate", telle qu’elle surgit dans les rêves et les visions et qui est "beaucoup plus individuelle, plus incompréhensible ou plus naïve que, par exemple, dans le mythe". Puis, considérant que cette donnée psychique immédiate est "un contenu inconscient modifié en devenant conscient et perçu, et cela dans le sens de la conscience individuelle où il émerge", il finit par établir, dans la note relative à ce passage  qu’« on doit, pour être exact, distinguer entre "archétype" et "représentation archétypique". L’archétype en soi est un modèle hypothétique, non manifeste, comme le "pattern of behaviour" des biologistes ».

 

Dans Dialectique du moi et de l’inconscient, Jung parle des archétypes comme d’images virtuelles : "La forme et la nature du monde dans lequel l’être naît et grandit sont innées et préfigurées en lui sous forme d’images virtuelles". Ainsi les parents, la femme, les enfants, la naissance et la mort sont innés en lui sous forme de disponibilités psychiques préexistantes, sous forme d’images virtuelles, qui "sont comme le sédiment de toutes les expériences vécues par la lignée ancestrale ; elles en sont le résidu structurel, non les expériences elles-mêmes". "Tant que ces images … ne sont pas meublées de contenus déterminés par le vécu, il faut les penser comme des cadres vides ; à cause de cela elles demeurent invisibles et inconscientes. Elles n’acquièrent teneur et par conséquent influence sur le sujet ... qu’en tombant en concordance avec une donnée vécue"

 

L’être en soi des archétypes nous reste donc inconnu, mais leur existence se déduit de l’expérience des images archétypiques. L’image archétypique "n’est pas seulement image en soi, mais en même temps aussi dynamisme" Elle a un caractère numineux, c’est-à-dire un pouvoir de fascination (ibid.), le "pouvoir de saisir et d’émouvoir l’individu" On pourrait définir l’archétype comme un esprit ou un sens inhérent à l’instinct, et qui se manifeste, selon l’attitude du conscient humain, soit comme instinct, soit comme esprit (ce qu’il faut entendre non comme intellect, mais comme facteur spirituel)

 

JUNG CARL GUSTAV             ANIMUS   ANIMA

Emma Jung

Ed. La fontaine de pierre

 2017

Les recherches de C.G. Jung ont mis en évidence l'existence d'images ou de figures caractéristiques qui émergent en tout temps et en tout lieu, rappelle Emma Jung dans son introduction : le héros, le monstre, le magicien, la sorcière, l'enfant, etc. Jung nomme ces figures des « images primordiales ou archétypes », car ce sont des représentations tout à fait universelles et intemporelles. « Parmi ces archétypes, dit-elle, il en est surtout deux auxquels on accorde une importance particulière, car ils font partie de la personnalité tout en prenant racine dans l'inconscient collectif ; ils forment une sorte de lien ou de passerelle entre le personnel et l'impersonnel, entre le conscient et l'inconscient. Jung a nommé ces deux figures - l'une masculine et l'autre féminine - l'animus et l'anima. » L'animus est la composante masculine de l'inconscient de la femme, et l'anima la composante féminine de l'inconscient de l'homme. À l'aide de contes et de légendes, grâce aussi à son propre vécu de femme, à son expérience d'analyste, l'auteure entre dans les subtilités de la relation entre l'homme et la femme ; et elle montre que cette relation dépend aussi du lien qui se crée, à l'intérieur de soi, entre le masculin et le féminin. Sous la plume d'Emma Jung, la rencontre avec l'animus (pour une femme) et avec l'anima (pour un homme) semble être un processus naturel.

 

Dans ma manière un peu "impressionniste", par nombreuses petites touches, je comptais aborder l'"anima" et l'"animus" junguiens après d'autres thèmes tels que l'"ombre" ou les «fonctions". Cela aurait pu aider à la compréhension d'un sujet d'apparence facile mais en réalité très complexe. Mais, depuis que je me promène sur les blogs, je vois que parler de l'anima et de l'animus pourrait apporter certaines réponses à ceux qui s'interrogent sur leurs motivations et leurs  comportements.

 

Quand on rencontre dans les textes de C.G.Jung, en particulier ses interprétations de rêves, les termes anima et animus, une explication très simple peut leur être donnée : s'il s'agit d'un homme, l'anima est une personnification des tendances féminines de sa psyché ; s'il s'agit d'une femme, l'animus est une personnification de ses tendances masculines. Anima et animus sont des facteurs de relation entre l'inconscient et le Moi et entre les pôles opposés masculin-féminin ce qui, dans le cadre d'une sorte d'"érotique" junguienne, trace une voie allant du biologique le plus élémentaire à la complexité des rapports entre Eros (amour, relation) et Logos (organisation logique de la pensée et du langage).

 

L'anima (ce que je dis de l'anima est aussi valable pour l'animus) est ainsi nommée par Jung parce qu'elle émane d'une image intérieure, une image dans l'"âme", différente de la persona qui est une image extérieure. Jung, dans Les racines de la conscience, donne une explication biologique au fait qu'il y ait chez l'homme une sorte de résidu de caractères féminins : "L'image du sexe opposé réside, jusqu'à un certain point, dans chaque sexe, puisque biologiquement c'est seulement le plus grand nombre de gènes mâles qui fait pencher la balance dans le choix du sexe masculin. Le nombre moins grand de gènes féminins parait constituer un caractère féminin qui, cependant, demeure d'ordinaire inconscient par suite de son infériorité quantitative."

 

C'est sur cette présence des deux éléments masculin et féminin que Jung fonde son idée de l'androgynie de l'être humain, une idée enracinée dans le biologique qu'il prolonge jusqu'au niveau psychique.  Mais, comment rendre accessible à l'expérience, les manifestations de l'archétype du sexe opposé présentes en nous ? C'est très difficile car ces représentations archétypiques émergent d'un niveau profond de la totalité psychique. L'ombre, qui fait partie de l'inconscient personnel est plus visible. Elle est représentée dans les rêves ou phantasmes par des personnages du même sexe que le rêveur. C'est le côté refoulé, parce que peu présentable de la "persona". Les représentations de l'anima et de l'animus sont beaucoup plus difficilement perçues en tant que telles et concernent le sexe opposé. 

 

Non seulement anima et animus sont  très difficiles à discerner mais du fait que ce sont des "personnalités" de l’inconscient, ils se présentent, dans la vie courante, toujours projetés sur l'entourage car "tout ce qui est inconscient est projeté". Le premier réceptacle de l'"image de l'âme" sera la mère pour le fils et le père, ou un substitut, pour la fille. Une véritable infirmité psychique peut se rencontrer quand l'anima est "en jachère" ce qui signifie qu'aucune relation n'a été établie ou que la relation a été complètement rompue ou occultée. Jung a longtemps observé les manifestations de l'anima et s'il a décidé d'employer ce terme c'est parce que l'expression "âme" lui semblait trop générale et trop vague pour désigner une «réalité spécifique". Il écrit (Dialectique du moi et de l'inconscient) : "L'élément empirique compris sous le concept d'anima est un contenu extrêmement dramatique de l'inconscient ; si on peut le décrire en langage rationnel, scientifique, on ne parvient pas, et de loin, à en exprimer la nature vivante."

 

C'est pour cette raison qu'il a choisi une vision et un mode d'expression mythologique pour parler de l'anima. cela lui semblait plus expressif et plus exact qu'un langage scientifique abstrait. La notion d'animus est apparue plus tard chez Jung. Il lui a semblé qu'il devait exister chez la femme un équivalent de la représentation archétypique masculine. Il ne s'agit cependant pas d'une déduction abstraite car des expériences "nombreuses et minutieuses" lui ont été nécessaires pour mettre en évidence la nature de cet animus.

 

Biographie de l'auteur : Emma Jung-Rauschenbach (1882-1955), la femme de C.G. Jung, a su partager sa vie entre sa famille (cinq enfants sont nés de leur union) et son travail. Très vite elle s’est trouvée associée aux recherches de Jung, à ses activités. Elle devint analyste, puis, quand l’institut C.G. Jung de Zurich s’est créé, elle y donna de nombreux cours et en fut la vice-présidente jusqu’à sa mort.

 

JUNG CARL GUSTAV – MA VIE, SOUVENIRS, RÊVES ET PENSḖES

Carl Gustav Jung – Traduction Aniéla Jaffé

Edition Galimard

 1991

Traduit de l'allemand par le Dr Roland Cohen et Yves Le Lay avec la collaboration de Salomé Burckhardt Nouvelle édition revue et augmentée d'un index. Propos recueillis par Aniéla Jaffé.

«J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie.» C'est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung, un des grands fondateurs de la psychanalyse, se fait le témoin de lui-même. Très peu d'événements extérieurs : l'enfance de fils de pasteur, les combats psychiatriques du début du siècle, les voyages en Afrique du Sud et au Nouveau-Mexique, la construction sur un plan symbolique de la tour de Bollingen : autant de précisions autobiographiques qui éclairent cependant la genèse d'une des oeuvres qui ont le plus influencé l'essor contemporain de la psychologie des profondeurs.

C'est aussi la rencontre avec Freud, puis les démêlés avec le- maître, jusqu'à la rupture de l'héritier présomptif à propos du rôle de la sexualité dans le développement du psychisme. Mais toutes ces aventures ne sont évoquées qu'en fonction des rencontres plus fondamentales du conscient et de l'inconscient

 

Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa réalisation. Tout ce qui gît dans l'inconscient veut devenir événement et la personnalité, elle aussi, veut se déployer à partir de ses conditions inconscientes et se sentir vivre en tant que totalité. Pour décrire chez moi ce devenir tel qu'il a été, je ne puis me servir du langage scientifique ; je ne puis m'expérimenter comme problème scientifique.

 

Ce que l'on est selon son intuition intérieure et ce que l'homme semble être « sub specie aeternetatis », on ne peut l'exprimer qu'au moyen d'un mythe. Celui-ci est plus individuel et exprime la vie plus exactement que ne le fait la science. Cette dernière travaille avec des notions trop moyennes, trop générales, pour pouvoir donner une juste idée de la richesse multiple et subjective d'une vie individuelle.


La difficulté, lorsqu'on écrit une autobiographie, est qu'on ne possède aucune mesure, aucune base objective à partir de laquelle on pourrait porter un jugement. Il n'existe aucune possibilité pertinente de comparaison. Je sais qu'en bien des points je ne suis pas semblable aux autres hommes, mais j'ignore ce que je suis vraiment. L'homme ne saurait se comparer à quoi que ce soit : il n'est ni singe, ni bœuf, ni arbre ! Je suis homme ; qu'est-ce à dire ? Comme chaque être, j'ai été moi aussi scindé de la divinité infinie, mais je ne puis me confronter avec aucun animal, ni avec aucune plante, ni aucune pierre. Seul un être mythique dépasse l'homme. Comment peut-on avoir sur soi-même une opinion définitive ?


Chaque vie est un déroulement psychique, que l'in­dividu ne domine pas, ou seulement de façon bien partielle. Par suite, il est bien difficile d'avoir un jugement définitif sur soi-même ou sur sa vie. En aurait-on, qu'on connaîtrait tout sur ce sujet. Mais c'est là pure imagination. En somme, on ne sait jamais comment les choses se sont faites. L'histoire d'une vie commence quelque part, en un point quelconque dont on a tout juste gardé le souvenir et même, à l'origine déjà, tout était compliqué au plus haut degré. Ce qu'elle deviendra, cette vie, on l'ignore. C'est pourquoi l'histoire est sans commencement et le but n'est qu'approximativement indiqué.

 

JUNG ANIMISTE ? PSYCHḖ ET NATURE

Antoine Fratini

Ed. Entrelacs

2016

Parmi les pères de la psychanalyse, C.G. Jung fut le seul à faire pont entre les traditions et une démarche clinique moderne. Antoine Fratini, psychanalyste, anime un blog sur le psycho-animisme et explore les alliances possibles entre animisme et psychanalyse. Considérant l’animisme, entendu selon Edward Burnett Tylor comme « une conception du monde basée sur la croyance en l’existence d’un principe vital animant toute chose », telle la matrice des systèmes religieux et traditionnels, Antoine Fratini, dans les pas de Jung, réinvestit le monde perçu.

 

« L’approche psycho animiste précise-t-il, se fonde sur certains principes fondateurs. Le premier affirme que l’inconscient fonctionne selon des modalités proprement animistes. Le second soutient que les deux mécanismes inconscients primordiaux isolés par la psychanalyse, la projection et l’identification, ne représentent pas des accidents liés aux stades de développement psycho-sexuel ou à certaines situations particulières de l’existence, mais de véritables capacités de se mettre en lien avec le Soi profond et avec le monde. »

 

Nous voyons tout l’intérêt de cette démarche qui écarte les poncifs freudiens réducteurs qui ont tant nuit à une véritable exploration de la psyché telle que les courants traditionnels le proposent depuis l’Antiquité. Antoine Fratini introduit deux concepts pertinents, ceux d’inconscient animiste et de participation animiste. « Le premier, dit-il, se rapporte à la nature la plus profonde, originelle, de l’inconscient comme sédimentation culturelle, au-delà duquel il est possible d’avancer uniquement par des raisonnements spéculatifs. Ce que l’on constate en observant l’humanité ce sont des comportements et des formes de pensées qui renvoient directement et clairement à l’animisme, tandis que la notion d’archétype, par ailleurs extrêmement importante tant en psychanalyse qu’en anthropologie et sociologie, naît par inférence, de la comparaison de mythologèmes (structures symboliques sous-jacentes aux mythes). Le second concept définit un type particulier d’attitude psychologique basé sur l’intime interpénétration réalisée entre les mondes intérieurs et extérieur, attitude particulièrement stimulée par le rapport étroit et constant avec l’environnement naturel. »

 

L’ouvrage est composé de deux parties. Dans la première partie, Théorie et pratique de la psychanalyse animiste, l’auteur développe le modèle théorique psycho animiste en l’illustrant par des vignettes cliniques. La seconde partie traite des relations entre psycho animisme et écologie. En effet, comment explorer l’intimité entre la psyché et la nature sans aborder la question de l’écologie, individuelle, locale, planétaire. Il s’agit de renouveler ou restaurer, totalement ou partiellement, une ancienne alliance, peut-être originelle.

 

« Il faut bien comprendre conclut Antoine Fratini, que l’homme des origines n’a pas trouvé dans la nature uniquement de quoi assouvir ses exigences de survie. Il y a également découvert la source intarissable de son énergie spirituelle, c’est-à-dire de son inconscient le plus profond. Ainsi, la figure de l’animal sauvage devrait être, à mon avis, interprétée préférentiellement, non pas comme représentation d’une quantité de libido ou d’une partie inférieure de la personnalité, mais plutôt comme le symbole d’une partie inconsciente intimement ancrée dans la nature et renvoyant à des capacités supérieures qui nous demeurent encore et grande partie mystérieuses. Il paraît même souhaitable de s’interroger sur la véritable possibilité d’une quelconque réalisation du Soi en l’absence d’un rapport intense et approfondit avec la nature. Pour la culture animiste comme pour Jung, c’est donc avant tout par une imagination de la nature que la conscience peut se mettre en relation avec l’inconscient. » Toute réalisation du Soi, ou Eveil, peu importe le mot utilisé, ne saurait en effet tolérer une exclusion quelconque, l’expérience est totalement inclusive et intègre de manière privilégiée la nature.

 

Quelle place occupe votre "ressenti personnel" dans votre vie quotidienne ? La perception intervient-elle chez vous avant la fonction mentale, ou bien est-ce l’inverse ? L’une des caractéristiques de notre civilisation, c’est qu’elle a placé sur un piédestal la fonction du "penser" au détriment de toutes les autres, notamment les perceptions. Sous couvert de se draper des clinquant oripeaux de la "rationalité" et du "je pense donc je suis", ce mental s’est trouvé choyé, invité à grossir de plus en plus au point de s’autoalimenter quitte à devenir incontrôlable. Cette boursouflure que nombre d’entre nous refusons de constater, porte toutes les caractéristiques d’une tumeur maligne.

 

Certes, elle est invisible et relativement indolore, mais elle nous écarte de toute simplicité et authenticité. Du "Principe" dirait un métaphysicien, dans son système d’expression directement issu de son cerveau gauche. Le monde de l’homme moderne est un monde abstrait, technique, dénué de tout ressenti, et où l’observation est devenue une option inutile….

 

Jung a assez peu écrit sur "l’animisme", cette matrice qui a enfanté nombre de religions qui lui sont ultérieures. Pour certains psychiatres, l’inconscient universel/collectif réside dans la Nature, dans ses lieux les plus magiques, dans ses entités aux pouvoirs irrationnels. La Nature remplit, depuis la nuit des temps, la fonction de contenant de l’inconscient et de ses archétypes. Un "lieu" que les médecins -men, ou chamans, ont l’habitude de fréquenter… Antoine Fratini, essaie d’effectuer ce "retour aux sources" et décrypter les enseignements de Dame Nature ? Chemin faisant, vous comprendrez que notre vraie intelligence devrait plutôt nous servir à objectiver cette Nature : au lieu d’y plaquer des considérations anthropocentriques, nous devrions plutôt en extraire ses grands principes universels. Des principes qui embrasseraient d’ailleurs tout aussi bien les autres règnes : animaux, végétaux que minéraux…

 

jung C.G. et la question du sacrÉ

Ysé TARDAN MASQUELIER

Edition Albin Michel

 1998

À la différence de Freud, Jung n’a jamais voulu exclure la question spirituelle du champ de l’investigation scientifique. Pour lui, l’homme est directement confronté au sacré comme puissance par delà les dogmes et les croyances. C’est cette notion du sacré dans l’œuvre du Jung que l’auteur nous propose.

 

Carl Gustav Jung occupe une place à la fois éminente et tout à fait originale dans l'histoire de la psychanalyse. Cette singularité s'est manifestée, entre autres, par le fait qu'il n'a pas voulu à priori exclure la question spirituelle du champ de l'investigation scientifique. Pour lui, au "niveau de profondeur où le Soi, centre et totalité de l'âme, est impliqué, l'homme est directement confronté au sacré comme puissance, par-delà les dogmes et les croyances".

S'appuyant sur l'autobiographie du psychanalyste zurichois, et sur ses écrits concernant la religion, l'alchimie et l'orientalisme, Ysé Tardan-Masquelier souligne les liens entre l'évolution spirituelle de Jung et sa démarche scientifique.

Avec grande clarté, elle nous guide jusqu'au cœur de cette oeuvre capitale, plus que jamais actuelle à l'heure où les religions sont souvent remises en question en tant qu'institutions au profit d'une relation plus immédiate avec le divin.

 

A la fin de sa vie, Carl Gustav Jung,  au terme d’une profonde exploration des tréfonds de la psyché humaine entrevit, avec le physicien et prix Nobel Wolfgang Pauli, qu’il existait un niveau de « réalité profonde » où conscience et matière ne faisaient plus qu’un ? Ainsi avait-il établi ce que Christine Hardy, qui a consacré plusieurs livres sur le grand psychologue dont un récent sur ce sujet, appelle des prédictions sur l’évolution de l’humanité : « Jung a prédit pour ce début de siècle un véritable bond dans la conscience humaine qui sera déclenché par une double harmonisation Masculin-Féminin et Ciel-Terre. Avec le physicien quantique Pauli, Jung cherchait à rendre compte de la conscience en tant qu’énergie organisatrice. Ainsi la conscience, en tant qu’énergie sémantique, infuse tous les niveaux de l’esprit-corps-psyché et les organise. A l’échelle collective, un véritable réseau pensant se construit, en co-évolution avec la planète Terre, et qui progressivement s’harmonise à l’échelle planétaire. »

 

Selon ce qui en est dit sur son ouvrage*, après vingt ans de recherches en sciences cognitives et en pensée systémique, Christine Hardy poursuit les découvertes de Jung et s’avance dans les domaines de la réalité profonde, où aucune théorie – cognitive ou physique – n’a osé pénétrer. Dans la théorie des champs sémantiques, toute matière et tout système, jardin ou musée, est une constellation de sens. Ainsi nous baignons dans un gigantesque champ de conscience planétaire en création permanente, au sein duquel l’humanité et la Terre co-évoluent. Nous sommes actuellement à un seuil où l’humanité entière va passer à un autre rythme, un autre plan de conscience : nous avons déjà enclenché le processus de métamorphose !

 

On peut faire le résumé de la prédiction ainsi : A partir de l’an 2000, et pour un cycle de deux millénaires se réalise une triple conjonction (ou harmonisation, dans le sens de mariage mystique) :

1.  Avec la première, le principe féminin, symbolisé par la Sophia (la sagesse) retrouve sa place dans le monde spirituel et se conjoint au principe masculin. Alors le principe divin masculin, harmonisé au féminin, s’incarne à nouveau sur Terre, mais cette fois-ci dans le cœur de chaque être, accomplissant l’œuvre d’harmonisation intérieure entre la personnalité et le Soi, le conscient et l’inconscient, le féminin et le masculin en nous.

 

2.  Cette deuxième conjonction verticale du Moi et du Soi a été le but très difficile à atteindre de tous les chemins de connaissance dans le cycle passé : c’est le mariage du roi et de la reine dans l’alchimie, l’état de libération dans les religions orientales, la réalisation dans le mysticisme, la perte de l’ego et le silence intérieur chez les shamans amérindiens. Mais, nous prédit Jung, ce cycle verra l’atteinte de cet état par un grand nombre d’êtres.

 

3.  Enfin, alors que l’Esprit s’incarne ainsi dans les êtres, par une alchimie de l’énergie du Verbe, il spiritualise à la fois le corps de la matière, de la Terre, et de l’Humain : c’est l’avènement du Nouvel Adam. Du fait que les Soi revivifiés communiquent entre eux, nous entrons donc dans un cycle d’harmonisation collective des consciences et d’harmonisation avec la planète : nous tissons et créons ensemble le champ planétaire, nous nous approchons du Point Oméga de Teilhard de Chardin. C’est le cycle de la réconciliation Homme-Terre.

 

JUNG - LA  VOIE  DE  LA  TRANSFORMATION, D’APRÈS  C.G. JUNG ET L’ALCHIMIE

ETIENNE  PERROT 

EDITION  LA  FONTAINE DE  PIERRE

 2000 

Ce livre fondamental constitue une remarquable présentation théorique et pratique de la voie alchimique restaurée par C.G. Jung.

 

Il comprend deux parties distinctes qui s’enchaînent harmonieusement. La première est formée de six conférences ayant pour thèmes les aspects essentiels de l’œuvre de transformation et de réalisation décrite dans la psychologie des profondeurs de Jung. Ces exposés introduisent tout naturellement ceux de la deuxième partie, qui reproduit le contenu du premier séminaire alchimique public, ouvert à Paris le 16 Octobre 1969. L’auteur y parle le langage direct de l’alchimie traditionnelle, qui est celui du symbole transformant. Ces textes, intitulés « La Pierre des Transmutations », inaugurent l’enseignement de la « Nouvelle Alchimie » dispensée par Etienne Perrot et recueilli dans ses ouvrages dont la plupart sont publié aux « Editions La Fontaine de Pierre ».

 

1e Partie : Le passage au centre ou transformation dans la psychologie des profondeurs, et titre des six conférences :

La voie jungienne et le temps présent

La voie de connaissance et de transformation intérieure par les songes

De la transformation

Le passage au centre

Le transfert psychologique illustré par l’amitié spirituelle de Madame Guyon et de Fénelon.

C.G. Jung, l’alchimie et le sens de l’Homme.

2e Partie : La Pierre des transmutations ou la transformation dans l’alchimie

 

L’entrée dans la mer des sages ou la rencontre avec l’alchimie

Le Yi King premier livre des transmutations        

La vendange des raisons. L’athanor, fourneau hermétique. Les visions de Zozime

L’Arbre merle, l’Ouroboros, le zodiaque et l4homme, les deux ferments

Du Feu sacré des sages. Naissance et triomphe de la Pierre

Pierre Perrot a traduit et écrits les ouvrages suivants :

Les trois pommes d’Or. Yi King, le livre des transformations. L’Atalante fugitive. Le Rosaire des philosophes et de nombreux textes de Carl Gustav Jung et de Marie-Louise  von Franz.

 

JUNG C.G.   LE  LIVRE  ROUGE  de  CARL GUSTAV JUNG

C. G. JUNG

Edition  ICONOCLASTE

 2011

L’édition de ce livre grand format est un événement. C. Gustav Jung (1875-1961) a durant près de 17 ans, retranscrit, calligraphié et peint ses rêves et ses visions. Caché pendant près d’un siècle, ce livre a des dehors de trésor d’Indiana Jones. Sa sortie aux U.S.A en 2009 pour la première fois, faisait titrer au journal  New York Times magazine : « Le saint Graal de l’inconscient ».

 

A travers les pages de son livre rouge, Jung témoigne d’une pensée originale et profondément mystique. A mi-chemin entre une quête du Graal et une descente aux enfers faustienne, il répond à l’appel des profondeurs et descend en lui-même à la recherche de son âme perdue. Des dialogues avec différentes figures mythologiques se mêlent à des peintures aux styles et aux couleurs étonnants; aux détours desquels le psychologue devient artiste ou artisan au sens d’un fabricant d’images.

 

Sa confrontation avec l’inconscient est postérieure à sa rupture avec Freud, c’est le moment ou Jung accepte Jung et de ne plus être l’élève de Freud. Leur opposition était très forte surtout sur l’interprétation de la mythologie.

 

Pour Freud, la mythologie et la religion ne peuvent s’expliquer qu’à travers la psychanalyse, alors que pour Jung la psychanalyse doit apprendre de la mythologie et de la religion. La manière de Freud était branchée sur des explications sexuelles, ceci tournant à l’obsession.

 

Jung aura des explications beaucoup plus symboliques qui puiseront ses racines dans ce qu’il appelle « L’inconscient collectif ou l’inconscient supra personnel». Cette théorie lui fera découvrir un certain nombre de figures mythologiques. Il descendra beaucoup plus profond que l’inconscient freudien, ce qui l’amènera aux limites des structures de l’imagination humaine et universelles. Jung sera amené à définir l’archétype comme une possibilité de former des représentations, et il évoluera en faisant la différence entre l’image archétype et l’archétype, le même archétype pouvant donner lieu à des images archétypes très différentes.

Comme il l’explique dans son livre rouge, son activité visionnaire ou ses rêves sont la manifestation de son inconscient, par exemple lorsqu’il décrit ce vieillard qui lui apparaît d’abord sous la forme du prophète Elie, puis va se transformer en Philémon. Jung raconte que souvent, lorsqu’il se promène dans son jardin, Philémon est à coté de lui. Il n’est pas psychotique, il sait très bien que matériellement Philémon n’est pas à coté de lui, mais en même temps il est à ses cotés. C’est comme pour l’anima (dimension féminine de l’homme), il la comparera à Salomé et l’interrogera sous ce nom au fond de lui-même. Par ce coté Jung reconnaissait psychiquement que quelque chose existe qui n’est pas matériel.

 

Dans son livre rouge, Jung, rapporte ses expériences, il y dessine ses visions pour accumuler tout son matériau intérieur et pour pouvoir le travailler à sa façon.  Jung voit dans sa démarche une quête mystique et religieuse, Dieu n’est plus à chercher dans le ciel mais dans un cosmos intérieur, il existe une transcendance mais qui est immanente dans notre cœur. Il découvrira ces expériences dans les Upanishads indiennes. Il réfute l’idée de religion –religare (relié à Dieu), il parle de religere, qui est un processus « d’évaluation, d’explication avec » car pour lui le religieux est de l’ordre du rationnel, non pas selon les lois de la logique mais selon les procédés d’évaluation.

Jung est très proche de la pensée indienne, est-ce que le monde à été construit par une volonté bonne ? Est ce que l’humain n’est pas en permanence dans l’ignorance ? N’est il pas mené tout le temps par les puissances de l’Ego ? Ce qui mène inéluctablement à des résultats catastrophiques. Son livre s’arrête en 1930, c’est à ce moment là qu’il se lance véritablement dans la quête et dans l’essai de compréhension de l’Alchimie. Alchimie qu’il prendra comme une sorte de grand théâtre de l’inconscient avec cette transformation intérieure menant à la divinité. C’est ce qu’il dit dans son livre  Mysterium « Ce que j’appelle inconscient collectif, c’est ce que les Anciens appelaient l’âme du monde ».

 

Une des grandes qualités de Jung est qu’il doute de ceux qui disent détenir la vérité. Il disait « J’ai fréquenté beaucoup de milieux d’ésotéristes et ce qui me gène, c’est qu’ils ont toujours la vérité » Pour lui le problème n’est pas de savoir si c’est la vérité, mais de savoir comment est-ce que ça travaille en moi, si j’ai des relations avec Dieu et est-ce que ce Dieu est vivant ? Comment est-ce que je peux recevoir une volonté qui me dépasse et la retranscrire dans ma vie ? Dès 1930 il parle de l’individuation, c'est-à-dire de trouver cette relation avec « le divin en moi ». Pour lui le vrai problème est le Soi en tant que présence qui nous dépasse.

 

Une somptueuse calligraphie et des dessins merveilleux, tout cela de la main de Jung, en font un livre remarquable.

 

JUNG CARL GUSTAV - LA SYNCHRONICITḖ : L’ÂME ET LA SCIENCE

Divers auteurs

Ed. Albin Michel

1995

Théorie des événements porteurs de sens et conception d'un ordre sous-jacent de l'Univers qui échapperait aux lois physiques de la causalité, la synchronicité représente l'une des hypothèses les plus audacieuses de C. G. Jung, tant par la définition de l'inconscient qu'elle induit que par les liens qu'elle crée entre les différentes disciplines scientifiques. Visions, clairvoyance, phénomènes de coincidence - faits auxquels Jung fut confronté dans son expérience clinique - sont des notions dont il tente de rendre raison en les inscrivant dans un ordre universel a-causal, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives qui permettent de confronter ses travaux aux interrogations et aux formulations les plus récentes de l'activité scientifique. C'est donc cette recherche sur l'organisation du monde et sur la réalité de l'âme que les co-auteurs de cet ouvrage : Hubert Reeves, Michel Cazenave, Pierre Solié, Karl Pribram, Hansueli Etter et Marie-Louise von Franz, ont ici poursuivi avec des points de vue multidisciplinaires et une totale liberté de pensée.

 

L’exemple classique présenté par le père du concept de synchronicité (1946), Carl Gustav Jung, est celui d’une patiente ayant tendance à trop rationaliser ce qui lui arrive, rendant ainsi son analyse inefficace. Un jour elle raconte un rêve à Jung dans lequel elle reçoit un scarabée d’or. Au même moment, elle entend un bruit à la fenêtre et Jung va l'ouvrir puis saisit l'insecte qui s'y trouve et le montre à sa patiente: « Le voilà votre scarabée » dit-il, attrapant l’insecte qui vient de se cogner contre la vitre. Le choc ressenti par elle à cette vue eu alors pour effet de générer chez elle un déblocage mental qui aida grandement à la poursuite de sa thérapie.

 

Ce ne sont cependant pas ces évènements plus ou moins imputables au hasard et relativement subjectifs qui justifient à nos yeux la nécessité de rechercher une théorie physique de la synchronicité. Ce sont des évènements encore plus puissants dans leur improbabilité et dans leurs conséquences, par exemple des cascades de coïncidences significatives qui changent une vie profondément, que différents auteurs ont relaté dans de nombreux ouvrages et qu'il serait trop long de résumer ici. L'un des aspects du caractère le plus intriguant des synchronicités est qu'il semble aujourd'hui de plus en plus admis qu'il soit possible de les provoquer, ce qui en ferait ainsi un phénomène reproductible qui ouvre la porte à une possible approche scientifique et expérimentale.

 

Il semblerait toutefois que les synchronicités les plus improbables tendent à se produire dans certaines circonstances particulières de la vie où une transformation à la fois psychique et matérielle est à l'oeuvre, cette situation instable pouvant conduire le sujet à changer radicalement sa vie. La synchronicité semble alors jouer un rôle de guidage dans ce processus de changement. Au contraire, les personnes ayant une vie bien réglée par des habitudes ont très peu de chances d'en vivre. C'est pourquoi il s'agit d'un phénomène difficile à contrôler et qui se prète mal à une investigation rationnelle.

 

La pensée rationnelle dominante ne sait d'ailleurs y répondre qu'en invoquant le hasard ou la subjectivité de l'observateur, mais cela n'explique pas la caractéristique essentielle de ces phénomènes qui provient moins de leur subjectivité que de leur forte improbabilité. Le fait de mettre systématiquement cette improbabilité sur le compte du hasard lui-même en prétendant qu'il n'y a aucune autre explication à rechercher provient au mieux d'une méconnaissance des lois de la statistique, au pire d'une foi aveugle dans le caractère abouti d'une science qui reposerait exclusivement sur la causalité. Bien qu'il soit juste et sain d'invoquer en première hypothèse le hasard face à de tels phénomènes, il devient obscurantiste de maintenir envers et contre tout cette hypothèse en présence de cas où elle ne résiste pas au calcul des probabilités.

Depuis des décennies, de nombreux auteurs ont cherché à trouver d'autres explications et ont proposé différentes théories alternatives au hasard. Elles s'interessent toutes à la compréhension de l'ordre sous-jacent au réel qui semble présider à ces manifestations:

 

1 / Théorie de l'Acausalité : Carl Gustav Jung a étudié le phénomène de synchronicité conjointement avec le physicien Wolfgang Pauli, l'un des pères de la physique quantique qui a reçu le prix Nobel en 1945 pour la découverte du "principe d'exclusion de Pauli", un principe fondamentalement acausal. L'acausalité étant un concept émergeant de la mécanique quantique, la collaboration entre Jung et Pauli les a conduit a rattacher ce phénomène à un "synchronisme acausal " dans lequel les deux événements sont liés par un principe de correspondance dénué de causes. Autrement dit l'Acausalité est l'absence de lien causal entre deux événements corrélés.

 

Pauli a ainsi eu une participation décisive pour la préparation finale de la théorie de l'inconscient collectif de Jung (Théorie de l'Unus Mundus) dans laquelle il introduit la notion d'archétype comme provenant de la tendance humaine à utiliser une même « forme de représentation psychique donnée a priori ». L'archétype peut ainsi être considéré comme une "forme pensée" qui existe déjà dans un collectif humain et qui est même un principe fondateur de sa tradition. Si l'on essaie de se rapprocher de la physique on pourrait dire que l'archétype agit en tant qu'attracteur de toute autre "forme pensée" qui s'en rapproche. L'Acausalité peut alors se concevoir comme recouvrant le mécanisme encore inconnu qui tend à synchroniser des évènements reliés par le sens (similarité archétypale) et non par la cause.

 

Ce n'est qu'en 1992 qu'a été publiée la correspondance entre Jung et Pauli. Il s’agit surtout de discussions entre eux sur la relation entre la psyché et la matière, où l'on découvre qu'ils sont parvenus avec un accord remarquable à la supposition de l’existence d’un seul monde dans lequel la psyché et la matière seraient une seule et même chose. Nous verrons que cette absence de distinction entre matière et psyché, somme toute très objective dans une vision matérialiste, a des implications fortes sur une théorie de la synchronicité qui centre son approche sur le temps.

 

2/ Théorie de l'Ordre Implicite de David Bohm: La théorie de l'Ordre Implicite (ou encore implié, caché...) suppose que le comportement des particules élémentaires est à tout instant déterminé par une description d'un ordre supérieur, non observable dans notre espace temps ordinaire à 4 dimensions. En ce sens elle rejoint la théorie des cordes qui fait appel à des dimensions supplémentaires de l'espace, qualifiées de dimensions invisibles, car extrèmement petites ou encore repliées sur elles-mêmes. Le problème de cette hypothèse est qu'elle est à priori en contradiction avec les conclusions de la mécanique quantique, vérifiées depuis 1982 par l'expérience d'Alain Aspect, suivie de bien d'autres, selon lesquelles il ne peut exister de variables cachées qui détermineraient le comportement apparemment aléatoire des particules.

 

Cependant, en unifiant la mécanique quantique et la relativité générale d'Einstein, la théorie des cordes nous propose un modèle cohérent de l'univers dans lequel il existerait bien un ordre supérieur caché, qui serait contenu dans des dimensions supplémentaires de l'espace embobinées dans un espace de Calabi-Yau, décrivant les propriétés de vibration des cordes et notamment leurs formes géométriques. Le comportement des particules ne serait donc pas déterminé par des variables cachées faisant partie de notre espace-temps ordinaire mais par des informations extérieures à cet espace-temps, qui seraient contenues dans des dimensions spatiales supplémentaires, au nombre de 7 selon la théorie M.

 

JUNG ET LA GNOSE

Françoise Bonardel

Edition Pierre- Guillaume . de Roux

2017

Médecin de l’âme et homme de culture, Carl Gustav Jung (1875-1961) s’est intéressé à la gnose dès les années 1910 alors qu il effectuait des recherches sur les mythologies, mystères et croyances populaires. Son intuition lui disait que cette littérature étrange et difficile détenait un trésor d’images symboliques dont il lui fallait comprendre la signification. Peu après confronté à une crise intérieure(1913) dont il fit le récit dans Le Livre Rouge, Jung en vint à considérer les gnostiques comme les premiers explorateurs de l’inconscient, découvrant le monde des archétypes qui leur inspira leurs visions et leurs mythes.

 

Comme les alchimistes plus tard, ces visionnaires l’ont souvent guidé dans l’élaboration de la psychologie analytique, « gnostique » en ce qu elle restitue une plénitude de sens à la vie désorientée de l’homme contemporain. Jugées hérétiques par les premiers auteurs chrétiens, les gnoses dont l’origine est incertaine (Syrie, Iran, Judée ?) laissaient libre cours à l’imagination créatrice et avaient du salut une vision aussi proche des initiations antiques que du christianisme.

 

Valorisant la découverte de soi à travers l’expérience personnelle du divin, leur enseignement ne pouvait laisser Jung indifférent. Fut-il lui-même « gnostique » comme l’en accusèrent Martin Buber et certains théologiens chrétiens ? S’il le fut, c’est à sa manière : afin de répondre aux exigences spirituelles de son temps désireux de « savoir » plutôt que de croire.

 

La question religieuse fut un des principaux motifs de désaccord entre Freud et Jung, ce dernier considérant pour sa part que l’existence d’une « fonction religieuse », avérée par la pratique analytique, n’induit pas forcément la croyance en un Dieu personnel et révélé.

De quelle « religion » est-il alors question ? La réponse est loin d’être simple puisqu’en se démarquant aussi bien de l’athéisme que du fidéisme, Jung a tracé une voie nouvelle capable de transformer en « savoir » l’expérience vécue au contact du numineux. Ainsi est-ce une « gnose » (connaissance) qui vient remplacer la foi généralement associée à une appartenance confessionnelle.

 

Si l’expérience se substitue ainsi à la croyance, les contenus archétypiques qu’elle permet de découvrir restituent toutefois aux images et récits traditionnels le sens symbolique que les rituels religieux avaient contribué à évacuer. Loin donc d’être une illusion confortée par des comportements obsessionnels, cette religiosité faite d’attention respectueuse à ce qui advient dans l’âme humaine se révèle partie prenante du processus d’individuation.

Je cite Jung : « De 1918 à 1926, je me suis sérieusement plongé dans l'étude des gnostiques. je me suis intéressé à eux, car les gnostiques, eux aussi, avaient rencontré, à leur façon, le monde originel de l'inconscient. Ils s'étaient confrontés avec ses images et ses contenus qui, manifestement, étaient contaminés par le monde des instincts. De quelle façon comprenaient-ils ces images ? Cela est difficile à dire en raison de l'indigence des informations qui nous sont parvenues à ce propos, d'autant plus que ce qui nous en a été transmis provient le plus souvent de leurs adversaires, les Pères de l'Eglise. Que les gnostiques en aient eu une conception psychologique n'est, en aucun cas probable. De plus, ils étaient trop éloignés dans le temps pour pouvoir servir de point de départ à ma façon d'envisager les choses. la tradition entre la gnose et le présent me semblait rompue et, pendant longtemps il ne me fut pas possible de trouver le pont entre la gnose -ou  le néoplatonisme- et le présent. Ce n'est que lorsque je commençai à comprendre l'alchimie qu'il m'apparut qu'elle constitue un lien historique avec la gnose, et qu'ainsi, à travers l'alchimie, se trouve rétablie la continuité entre le passé et le présent. L'alchimie, comme philosophie de la nature en honneur au Moyen Age, jette un pont aussi bien vers le passé, la gnose, que vers l'avenir, la psychologie moderne de l'inconscient."

 

La Gnose est une mystique qui renvoie à une Connaissance, transcendante et universelle. A l’instar de l’injonction, devenue célèbre, du temple d’Apollon (Delphes, VIème siècle av. J.-C.), « Homme, connais-toi toi-même et tu découvriras l’univers et les Dieux », la Gnose nous invite à plonger au plus profond de nous, amorcer un dialogue intérieur avec le tréfonds de notre âme, et par ce processus de descente, entr'apercevoir une étincelle de Dieu. Etincelle préfigurant l’embrasement d’un feu intérieur, ardent et durable, nourri par cette Connaissance.

 

Cette Gnose, dont la proximité avec les cultes à mystères antiques (Eleusis, Mithra…) sont évidents tant sur un plan idéologique qu'historique, fut par la suite souvent déconsidérée par le christianisme, voire même, parfois, persécutée. En effet, si cette voie de salut individuel qui privilégie « la connaissance à la foi », « le savoir plutôt que le croire » étanche une soif de liberté, cette liberté prend les traits d’une menace pour tout clergé autoritaire. « Les gnostiques étaient les premiers psychologues deux mille ans avant que cette science ne voit le jour ».Carl Gustav Jung (1875-1961) était un médecin de l’âme. Il voua sa vie entière à identifier, soigner, les tourments psychotiques de ses patients. Pourquoi Jung s’est-il donc tant intéressé à la Gnose ? En quoi les mythes et symboles de cette sagesse pouvaient-ils représenter un quelconque intérêt thérapeutique pour ses patients ?



La réponse est assez simple, « dans le texte », du moins. Si Socrate fit sien l’adage de Delphes afin que ses élèves, par ce dialogue, accouchent du meilleur d’eux-mêmes (la  maïeutique), et que le continuateur de ce dernier, Platon, développa le premier la notion d’archétype, « ces images primitives », « idéelles » et « de tout temps éternelles » : Jung comprit le premier que cette descente au plus profond de Soi laissait s’entrouvrir une brèche chez ses patients et favorisait l’émergence de cette « matière à transformation », propice à l’analyse thérapeutique. Cette matière à transformation, comparable à la « materia prima » des alchimistes est un terreau psychique sensible, évolutif et où les archétypes, pris cette fois dans le sens de la psychologie des profondeurs, (rappelons que plus deux millénaires se sont entretemps écoulés), devenaient « ces grandes images qui structurent notre inconscient ».

Ces images, que le temps n’altère pas, portaient encore, selon Jung, concrètement, le pouvoir de soigner l’homme du XXème siècle…Françoise Bonardel, dans son dernier ouvrage « Jung et la Gnose » (revient sur la complicité amoureuse que Jung entretint avec la Gnose. Comment, grâce à cette Connaissance éternelle, et par la fulgurance de son intuition (précisons que Jung écrivit ses textes trente années avant les découvertes de Qumrân et de Nag Hammadi), il comprit que ces grandes images archétypiques, véhiculées depuis l'aube des temps par les gnostiques, permettaient à l’homme de recouvrer du Sens dans ce monde désorienté…

 

JUNG CARL GUSTAV -        Les cahiers de l’Herne

Directeur Michel Cazenave

Edition de L’Herne

 1984

515 pages pour expliquer et développer la vie et l’œuvre de ce grand psy et penseur mystique.

En dehors du désaccord fondamental avec Freud, désaccord qu’il va exposer au grand jour en 1912, Jung et Freud vont établir une correspondance importante faite de malentendus qu’ils ne voudront pas reconnaitre, mais qui les conduira inexorablement à une rupture dramatique pour les deux, et qui sera également lourde de conséquences pour leurs travaux futurs.

Ont participé à l’élaboration de cet ouvrage :

Jef Dehing _ Suzanne Kacirek-Delord - Rosemary Gordon- Montagnon - Geneviève Guy-Gillet - Denyse Lyard - Helene Wiart-Téboul - Gilles Quispel - Françoise Bonardel - Luigi Aurigemma - Magda Kerényi - John Freeman - Ernsr Benz - Helene Kiener - Henri Corbin - David Miller - Marie Louise Von Franz - José Zavala - Claude Maillard - Andréi Plesu - Gilbert Durant - Daryush Shayegan - Christian Gaillard - Marcel Schneider - James Hillman - Roland Cahen -

7 grands chapitres structurent cet ouvrage :

1/Les textes de Carl Gustav Jung - 2/ Les prémisses - 3/ Jung et l’analyse - 4/ La voie de Jung - 5/ Jung et la divinité - 6/ L’univers psychophysique - 7/ Aujourd’hui et demain -

Un ouvrage très important pour débroussailler la jungle métaphysique de Jung, pour connaitre son oeuvre, sa vie, autrement dit, sa bio-bibliographie.

 

JUNG C. G. - L’HOMME A LA DÉCOUVERTE DE SON ÂME – STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT DE L’INCONSCIENT

Carl Gustav Jung

Edition Albin Michel

 1998

Enfin à la portée de tout honnête homme de tout être, de tout esprit curieux de lui-même, ce chef-d’œuvre capital, clair, sans jargon, simple et limpide dans sa langue, profond dans ses apports, ses découvertes, ses vérités, devenues aujourd'hui des évidences. A la fois nouveau bien que déjà classique, L'Homme à la découverte de son âme fut trop longtemps introuvable. Depuis toujours l'homme se débat, pour le meilleur comme pour le pire, avec ces plans vivants qu'il sent s'agiter et palpiter au tréfonds de lui-même et qu'il a épinglé du nom d'âme. Rendre accessible ce qui est de l'ordre de l'âme à l'approche expérimentale, tel fut, faits et preuves en main, le miracle paradoxalement réussi par Jung. C'est ce lien expérimental à l'inconscient : que le génie de Jung apporta en dot au génie de Freud dans la période de leur compagnonnage.

Les complexes que Jung a mis en évidence, ces mélis-mélos, ignorés mais brûlants, de sensations et de besoins, ces nœuds, inconscients mais contraignants, d'idées, d'émotions et d'imaginations, sont à l'origine aussi bien du fameux complexe d'Oedipe que des enregistrements neurophysiologiques les plus modernes.

Ils révèlent, avec les rêves, attestés dans l'histoire sinon justement compris, la vie profonde, intense, bouleversante souvent, qui se déroule en tout être humain. Mais comme Einstein l'a souligné, il est, de nos jours, plus facile de faire exploser un atome que de se libérer d'un complexe
L'Homme à la découverte de son âme ouvre de nouvelles portes aux déroulements intérieurs, à l'intériorité et l'élargit de l'expérimental au divin

Le livre est articulé selon trois axes distincts et complémentaires :

Partie 1  

Jung fait état de l'homme face à ses angoisses intérieures, son rapport à la magie et la spiritualité, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, où les institutions religieuses et autres mouvements n'arrivent plus à combler chez lui un besoin de sens qui doit se construire par une quête éminemment personnelle. Il y définit ce qu'il entend par l'âme et pose la question qui jalonne toute son oeuvre "où cela me mène t'il ?".

"elle a la dignité d'une entité à laquelle il est donné d'être consciente d'une relation avec la divinité"

Partie 2

Voici le moment de découvrir les complexes, ces personnalités parcellaires qui se construisent en même temps que le moi...un long et passionnant chapitre traite notamment du fameux test d'association  et, c'est ici que se situe le plus palpitant, la manière dont ce sont établies les modalités d'interprétation. Ici, nous sommes dans la zone liminale entre conscient et inconscient !

Partie 3

Enfin, nous entrons de plein pied dans l'ombre de l'inconscient avec les rêves...nous retrouverons ici les notions déjà établies par Freud mais surtout, les spécificités de l'approche jungienne, avec sa fonction prospective.

Quelques extraits du livre: "nous sommes éternellement inachevés, nous croissons et changeons. La personnalité future que nous serons est déjà là, mais encore cachée dans l'ombre. Le moi, dans un certain sens, est comme une fente mobile qui se déplace sur un film, progressivement. Les potentialités futures du moi relèvent de son ombre présente. Nous savons ce que nous avons été, mais nous ignorons ce que nous serons."

"La fonction prospective forme à mon avis un attribut essentiel du rêve; l'on fera cependant bien de ne pas la surestimer; sinon l'on serait facilement tenté de voir dans le rêve une espèce de psychopompe qui, douée de sagesse supérieure, serait capable d'engager l'existence dans des voies infaillibles. Autant l'on sous-estime, d'une part, la portée psychologique du rêve, autant, d'autre part, le danger est grand, pour quiconque étudie les songes et pratique leur interprétation, de surestimer la validité de l'incons­cient pour la vie réelle."

"L'inconscient n'est pas un monstre démoniaque; c'est un organisme naturel, indifférent au point de vue moral, esthétique et intellectuel, qui ne devient réellement dangereux que lorsque notre attitude consciente à son égard est désespérément fausse."

"Nous comprenons toujours autrui comme nous nous comprenons nous-mêmes ou du moins comme nous cherchons à nous comprendre. Ce que nous ne comprenons pas en nous-mêmes nous ne le comprenons pas chez les autres et inversement. Ainsi, pour des raisons dont on n'a que l'embarras du choix, l'image d'autrui que nous portons en nous est en général hautement subjective. Comme l'on sait, même une connaissance intime ne saurait impliquer une appréciation d'autrui à son exacte valeur."

Au sommaire : L’angoisse de l’âme contemporaine - A la conquête de la conscience - Du conscient et de l’inconscient - L’expérience des associations - Des complexes - Les rêves - Richesse individuelle du rêve - Du rêve au mythe -

 

jung  C.G.  – l’œuvre – vie

Antony stevens

Edition Du Félin

 1994

Jung, tout comme Freud, figure parmi les « géants » de notre siècle finissant : deux maîtres à penser qui, tout comme Einstein dans un autre domaine, ont bouleversé notre vision de l’humanité.

 

L’œuvre de Jung est considérable. Ses articles et ses livres ne constituent pas moins de dix-huit volumes. Cette œuvre est intimement liée à sa vie.

 

Pour lui, tout système psychologique, y compris le sien, relevait du subjectif : « Même quand je traite de données empiriques, je parle nécessairement de moi. » Et il ajoutait : « Ma vie se définit par ce que j’ai accompli, par mon œuvre scientifique ; l’une est inséparable de l’autre. L’œuvre est l’expression de mon évolution intérieure. »Cette interprétation de la vie et de l’œuvre de JUNG est l’idée maîtresse du livre d’Anthony Stevens qui cherche à définir les principes fondamentaux de la psychologie jungienne à partir de la vie du grand psychanalyste.

 

La biographie d’Anthony Stevens est reconnue actuellement comme la plus importante, la plus significative mais aussi la plus attrayante pour un public non spécialisé dans la psychologie des profondeurs. Il faut noter à cet égard, dans une presse particulièrement louangeuse, ce commentaire du Guardian : « Un livre remarquable, plus provocant qu’une simple biographie. Pour la première fois, la vie et l’œuvre de Jung sont si étroitement liées que sa pensée devient accessible à tous. »

 

Lorsque, après s'être séparé de Freud sur le statut du religieux et du mythe dans la psychanalyse, Jung a peu à peu établi sa conception d'une réalité de l'âme, puis, comme il le dira dans Psychologie et alchimie, de la réalité d'un monde propre à cette âme, il ne reviendra plus jamais sur cette conquête décisive où se jouait pour lui, semble-t-il, un élément déterminant de vérité.

 

Encore faut-il s'entendre sur ce qu'on appelle le religieux : loin d'en faire un irrationalisme devant lequel on s'inclinerait - contresens répandu mais qu'il est urgent aujourd'hui de dissiper enfin -, Jung l'a toujours conçu selon la leçon de son étymologie latine, c'est-à-dire une attitude et une volonté très soigneuses de prise en considération, d'examen, d'évaluation. En bref, il s'agit pour lui, précisément, d'une démarche rationnelle qui, loin de nous incliner à nous laisser emporter par le sacré, tend au contraire à le mettre à distance, à s'expliquer avec lui et, en bout de course, à en rendre raison.Tout le travail d'une psychologie pratique est alors un travail de différenciation, où l'homme se recouvre dans son intégrité : l'individuation, telle qu'elle était déjà annoncée dans les Sept Sermons aux morts, n'est rien d'autre que ce processus où l'âme se découvre dans son entièreté, c'est-à-dire dans sa vérité singulière, vérité qui ne s'exprime que sous la puissance du symbole.

 

De ce rapport de Jung au religieux, La vie symbolique traitait déjà, dans le domaine particulier du christianisme et de ses hétérodoxies. Le présent volume est surtout centré sur l'accès que nous avons à la vie de cette âme, sur les étapes successives du processus d'individuation, sur la fonction d'ordre psychique qui s'y révèle et qui garantit à la fois qu'elle organise les relations du moi et du soi, du conscient et de l'inconscient.

D'une certaine façon, tout homme est comme l'objet d'un autre sujet que lui-même. C'est cet autre sujet qu'il doit pouvoir considérer dans sa pleine lumière, et en le reconnaissant, le mettre du même coup en rapport avec sa subjectivité initiale. L'inconscient lui-même, selon Jung, est rempli d'"étincelles" comme autant de conscience qui réclame à advenir, et ces étincelles "correspondent aux particules lumineuses prisonnières dans la physis obscure, dont la réunion était la préoccupation essentielle du gnosticisme et du manichéisme". 

 

JUNG C. G.  - MḖTAMORPHOSES DE L’ÂME ET SES SYMBOLES

Carl Gustav Jung

Livre de poche

2004

C'est en 1950 que le grand psychanalyste suisse donna cette quatrième édition, considérablement amplifiée, d'un essai de 1912 dans lequel, partant d'un cas individuel - celui, exposé par Théodore Flournoy, d'une jeune Américaine auteur de poèmes dans un état semi-inconscient - il ouvrait à sa discipline des perspectives radicalement neuves.

 

En partant de l'histoire de miss Miller, il s'y livre à une vaste enquête sur les symboles et les mythes culturels et religieux, développe sa théorie de l'inconscient collectif et archaïque, élargissant en fait le champ de la psychanalyse à une psychologie générale de l'humanité et de la culture. Dès sa première parution, ce livre qui marquait sa rupture avec Freud fut abondamment commenté et discuté.

 

C. G. Jung ne cessa par la suite de l'enrichir et d'en affiner les vues. C'est une de ses oeuvres maîtresses et l'un des classiques mondiaux de la psychanalyse. Livre de plus de 700 pages qui est à  la base des théories de Jung, c’est dans ce livre que Jung va développer pratiquement toutes ses intuitions

 

Dans son livre, Métamorphose de l'âme et ses symboles, Jung de toute évidence ne se résout pas à penser comme Freud au sujet de la nature toute sexuelle de l’énergie psychique. La rupture déclarée relative à sa divergence de vue avec Freud figure dans son texte "Du concept de libido".  Dans cet écrit, il jette une lumière explicative sur sa propre conception de la libido, posant ce faisant, les bases de la psychologie analytique.

 

Regardons en premier lieu sur quoi s’exprime son opposition à la conception de Freud. C’est sur l'évocation des causes possibles de la schizophrénie que porte son désaccord.  Il rappelle les idées nouvelles que développe Freud à propos de l’étude des troubles paranoïdes.

 

Ce dernier se demandait dans une de ses publications si dans la schizophrénie, il fallait incomber à la perte de l’intérêt en général, la disparition de la réalité, ou bien s’il fallait l’incomber à la perte de l’intérêt érotique. Finalement Freud a choisi d’incomber la perte du réel à la libido seule. En clair, pour Freud, le schizophrène a perdu tout contact avec le monde extérieur parce que sa libido a disparu, c’est-à-dire qu’elle s’est retirée dans le moi. Pour Jung, il ne peut pas en être ainsi. En ce sens où  "la libido ne peut pas expliquer toute la perte de relation avec le monde extérieur". Dans une telle éventualité, il faudrait en conclure que toutes nos relations au monde sont marquées par la libido, donc par de l’érotisme. Jung rappelle encore, que la libido ne peut pas être une fonction sexuelle, car si elle l’était alors dans la névrose, l’introversion de la libido déboucherait sur la schizophrénie ; Or dans les faits, ce n’est pas du tout ce que l’on observe : le névrosé ne présente pas de disparition de la fonction du réel.

 

Le premier ouvrage intitulé "Métamorphoses et symboles de la libido" paru en 1912."Métamorphose de l'âme et ses symboles" est un remaniement important de la première version et eut lieu vers 1950. L'idée fondamentale sur laquelle repose toute l'ouvre est celle d'inconscient. Non pas des forces inertes et passives, mais des forces vives et agissantes qui nous font ce que nous sommes, sans que nous puissions connaître directement et clairement leur existence. Elles plongent dans l'obscurité de notre être. Elles touchent son fond biologique... Une chose est certaine: elles sont là, ces forces obscures, teintant à tout moment notre comportement, nos réactions, nos idées, parfois accaparant notre être et l'aliénant au monde normal. Le conscient ne serait qu'une émergence de ces forces, une clarté partielle dont nous prenons conscience, point lumineux au-dessus d'un océan dont on ne perçoit ni la profondeur ni l'étendue, quoique nous sachions qu'elles existent.

 

Rappelons que dans la conception freudienne, l'inconscient semble être surtout une puissance malfaisante en nous, née du refoulement des tendances insatisfaites qui continuent à mener malgré nous une activité perturbatrice ; ces manifestations sont surtout morbides et troublent le plus souvent +/- profondément le cours normal de la vie. Pour Jung, sans méconnaître ce qu'il peut y avoir de morbide, il considère l'inconscient présent chez tout être humain ; et il peut être malfaisant aussi bien que bienfaisant. Toute vie psychique se compose nécessairement d'un conscient et d'un inconscient se compensant l'un l'autre. Cet ensemble constitue la totalité psychique dont nul élément ne peut disparaître sans dommage pour l'individu : la perte de la conscience est aliénation, la perte de l'inconscient est appauvrissement et désordre.

 

 Chacun de nous possède un inconscient individuel et "au-dessous" de cet inconscient individuel se trouvent des couches profondes et plus difficilement accessibles : ce sont les couches de l'inconscient archaïque. Sa particularité est qu'il n'est pas la propriété du seul individu ; ses traits sont ceux de l'espèce et se retrouvent chez tous les représentants de la race humaine. Appelé archaïque, à cause du caractère primitif de ces manifestations, il est aussi appelé collectif pour bien marquer qu'il n'est pas la propriété d'un individu mais celle d'une collectivité. Tel le corps, la psyché, en dépit de tout ce qui peut l'individualiser, de faire chacune quelque chose d'unique et de jamais vu, conserve des traits d'appartenance à l'espèce, par lesquelles elle rapproche jusqu'à les confondre les représentants de cette même espèce.

 

La différenciation tient uniquement au moyen d'expression. Les réactions aux éternels problèmes humains, une fois dépouillé des nuances personnelles par lesquelles elles s'expriment, se révèlent étonnamment semblables. Le langage diffère; l'objet reste le même. La pensée de l'homme d'aujourd'hui répète et continue celle de jadis... la raison est une méthode de réflexion et non une transformation de la nature; elle découvre l'enchaînement des phénomènes: elle ne le fait. Nous portons inscrites en nous les traces héritées des réactions ancestrales. Si nous créons ou croyons créer au cours des âges de nouveaux modes de penser, cela ne veut pas dire que les anciens modes disparaissent; nous les submergeons seulement.

 

De la pensée purement émotive, l'humanité est passée à la pensée rationnelle ... Les formes primitives n'ont pas disparu pour cela et nous ne sommes pas uniquement des êtres de raison. Ces formes anciennes sont maintenues parce qu'inscrites dans notre nature. Elles vivent en nous, se manifestent souvent à notre insu parce que nous ne sommes habitués à connaître de nous-mêmes que la conscience.

Sous-jacentes à toute psyché qu'elles sous-tendent à l'insu de l'individu qui en est porteur, elles apparaissent au cours du traitement d'une individualité. Tôt ou tard et d'une manière quelconque elles prendront place dans la vie comme elles l'ont fait au cours du développement historique de l'humanité.

 

On a souvent prétendu que tout homme qui réfléchit sur le monde, sur l'humanité et sur lui-même fait de la philosophie. Jung écrit dans "Guérison psychologique"... "que nous sommes au fond, ou devrions être des philosophes..."; ainsi que" La dominante suprême de la psyché est toujours de nature philosophico-religieuse." Tout ce qui vie est sexualité, c'est-à-dire tendant à la reproduction, à la conservation de l'espèce. À cette tendance, la plante et l'animal obéissent... Ils subissent la poussée implacable de cette loi de la nature. Il n'y a pas pour eux de problèmes sexuels. Le problème apparaît avec l'homme, parce qu'il réfléchit, pèse et juge, et que sa nature n'est pas seulement de subir la loi biologique, mais de l'accepter ou de la refuser, donc de la juger et de la dominer. La mise au point entre la poussée instinctuelle et la volonté n'est pas toujours facile...La sexualité est et il ne sert à rien de vouloir la supprimer. Au cours de l'analyse, on doit donc la rencontrer parce qu'il est impossible qu'un être humain puisse échapper à cet instinct puissant et autoritaire. Il n'y en nous rien qui soit inacceptable, sinon le jugement maladroit et mal informé que nous portons sur notre nature.

 

Le problème religieux : Il forme le ciment de la vie sociale parce qu'il retentit en chacun de ses membres et qu'il se réalise en des manifestations de caractère social. Qu'est-ce qu'une religion et comment se présente-t-elle à qui l'observe de l'extérieur ? Nous avons les gestes cultuels et rituels; les dogmes; les éléments psychologiques individuels conscients et en partie inconscients et enfin elle renferme un contenu transcendant.

-L'expression en symboles et en images: C'est utiliser la forme de pensée la plus spontanée et la plus primitive. Cette forme spontanée, c'est l'image inaccessible à autrui, incommunicable, rebut mystérieux fait d'analogie reposant sur des fondements individuels. Formes élémentaires de la pensée, qui naissent d'elles-mêmes en nous et que nous retrouvons dans la rêverie à laquelle nous nous abandonnons, et dans le rêve, ne sauraient être considérées comme un produit de notre volonté.

Il n'est pas question de mettre la psychologie analytique au service d'une quelconque confession ni de l'utiliser pour inculquer une foi. Le consultant reste le maître de sa destinée et c'est lui qui guide le médecin qui de son côté doit être dépourvu de tout sectarisme. Le travail de l'analyste doit rester absolument sans rapport avec toute question de confession ou d'appartenance à une église. La liberté est respectée au maximum; il s'agit de remettre l'individu dans le milieu spirituel qui est le sien et de l'aider à se comprendre entièrement. Jung ne traite jamais charme du problème de l'existence ou de la non existence de Dieu. Il se propose de sonder le phénomène psychologique religieux, la fonction religieuse, telle qu'il apparaît en chacun de nous, sans autre prétention que de constater ce qui est...

 

Les manifestations religieuses ont un caractère essentiellement humain. Toutes les religions reposent sur une base psychologique analogue chez tous les humains et à toutes les époques. Toutes reposent sur des pensés qui exaltent l'individu ou le troublent, des sentiments de dépendance, de petitesse, de dépassement, d'admiration ou de crainte, qu'il vit malgré lui ..."Anima naturaliter religiosa" (l'âme totalitaire est par nature religieuse) .Telle est l'indéniable réalité psychologique à laquelle s'intéresse Jung.

 

Tout nouveau perçu à quoi nous nous heurtons est, par nous, immédiatement et en premier lieu saisi dans les analogies qu'il présente avec le connu. Le rapprochement analogique est la forme première de la pensée dont il forme le fond naturel. Il nous aide efficacement dans notre comportement... sans lui il n'y aurait pas de poésie. Elle présente une infinité de degrés depuis la ressemblance vague, jusqu'à la presqu'identité, ... elle est aussi le lieu où s'exerce l’imagination. elle est créatrice... Nos goûts, nos désirs, nos préférences prennent ainsi un sens plus précis parce qu'ils se dévoilent comme l'expression consciente d'une assimilation analogique inconsciente.

-Déterminisme psychologique: C’est la liaison causale rigoureuse entre les différentes manifestations psychologiques. Le but est de "comprendre pour guérir". Or comprendre, c'est rattacher le non-connu au connu ; c'est le tirer de l'isolement où il se trouverait si nul moyen n'apparaissait de le rattacher à quelque chose. Ce rattachement ne consiste pas à une opération mentale quelconque. Nous ne sommes pas dans le domaine de la magie, mais dans celui des faits et ce sont eux qui nous indiquent, si nous savons les observer et les rapprochements possibles. Le fait est compris une fois établi le lien qui le tire de son isolement premier et montre en quoi il est conditionné par d'autres qui l'ont précédé. Pour Jung tout phénomène psychique se présente comme un maillon d'une chaîne illimitée ; il doit de quelque manière se rattacher à quelque chose, il est la résultante d'une activité.

 

La méthode des associations spontanées prend au sérieux la causalité dans le domaine psychique. La personnalité n'est pas une mosaïque de faits sans liens ; elle est un tout dont les parties sont étroitement intriquées les unes dans les autres. Et ce tout est en outre intriqué dans l'unité psychique universelle dont les fils conducteurs courent à travers les générations.

 

JUNG  C.G. prÉsent & avenir

C. G. jung

LIVRE DE POCHE

 2002

La connaissance de soi est au cœur de cet essai, écrit par JUNG vers la fin de sa vie, il résume sa pensée morale et sociale et peut à bon droit passer pour son testament spirituel. Malgré leurs divergences, JUNG et FREUD s’accordent pour penser que l’épanouissement de l’individu est menacé par le développement de la civilisation.


La pression des masses organisées plonge l’individu dans un état de « somnambulisme infantile » où il perd sa dignité. La science qui l’ignore au profit des abstractions de la statistique légitime cette évolution.
De surcroît, les grandes idéologies de masse – politiques ou religieuses – portent jusqu’à la dépossession de soi cette réduction de l’individu réel à la moyenne abstraite de l’homme commun entreprise par le rationalisme scientifique. Mais le pire, c’est que l’on fuit alors la raison pour le mythe, qu’il s’agisse des religions ou des dictatures, de la Cité de Dieu ou de l’État déifié.


Toutefois, cette perspective réductionniste n’est pas inéluctable. La voie indiquée par Jung pour y échapper consiste à porter le regard vers les « profondeurs » du Soi, pour intégrer les énergies archétypiques qu’il révèle. Ce « processus d’individuation » est la condition préalable qui ouvrira à terme les voies d’un « compromis entre l’individu et la société ».

 

JUNG C.G.  -  psychologie & alchimie

C.G. jung

Edition  BUCHET - CHASTEL

 1970

Avec Psychologie et Alchimie, nous pénétrons dans un domaine où le génie de Jung éclate avec une entière originalité. Jamais livre éclairant une énigme séculaire n’a été aussi clair et aussi lumineux. Son volume et son ampleur mêmes sont nécessaires à la limpidité. Les merveilleuses illustrations font le reste.

 

Cet ouvrage nous montre que dans l’alchimie, l’homme, en affrontant les énigmes de la matière, affrontait le plus souvent, et à l’époque sans guère le savoir les énigmes les plus brûlantes et les plus solennelles de son esprit et de sa vie.

 

Les archétypes qui se sont exprimés entre autres dans l’alchimie étant la matière première potentielle de toutes les structures mentales, cet ouvrage va irradier et jeter des lumières dans tous les domaines, scientifiques, philosophiques, psychologiques, voire métaphysiques et religieux.

Éclairant et élucidant une énigme fondamentale du passé, cet ouvrage ouvre aussi les portes d’un avenir plus humain : l’homme enrichi par les apports de l’inconscient collectif apprendra de mieux en mieux à se désaliéner des fascinations abusives et à se recentrer avec de plus en plus de fraternité sur le seul bien dont on doit être tout à fait certain, sur lui-même, sur l’homme et ses étonnantes potentialités.

 

JUNG C.G.  -  SA VIE ET SON ŒUVRE

Barbara  Hannah

Edition la Fontaine de Pierre

1e édition 1981-  Réed. 2005

Barbara Hannah a rencontré C.G. Jung en 1929. Après avoir été son élève, elle est devenue une collaboratrice, une amie. Une très grande compréhension de la psychologie jungienne alliée à un important travail d’analyse, des liens tissés avec Jung et sa famille, son entourage, font de l’auteur une des continuatrices les plus fidèles à son esprit ainsi qu’un des principaux témoins de sa vie. Les rencontres avec Jung étaient consignées dans un journal, si bien que les éventuelles défaillances de la mémoire se trouvent, dans cette biographie, relayées par des notes prises au moment même ou Jung vivait les événements relatés. Le récit des années vécues avant que l’auteur ne le connaisse se fonde sur les souvenirs autobiographiques de Jung, « Ma Vie », et sur ceux qu’il lui a directement confiés.

 

Dans cet ouvrage, c’est l’homme très vivant qui apparait et c’est aussi le chercheur des profondeurs de l’âme humaine. Les découvertes fondamentales de Jung dans le domaine de la psychologie sont en effet mises en relation avec son vécu, avec son exploration du monde intérieur, en même temps qu’elles sont présentées et analysées au fil de résumés pertinents de ses livres.

Selon Barbara Hannah : « Ce livre n’est pas une biographie de Jung, il s’offre simplement comme des mémoires biographiques, décrivant la vie de C.G. Jung telle qu’elle m’est apparue. Ayant donné ce livre à lire aux enfants de C.G. Jung, ils l’ont désapprouvé. Il n’y a là rien d’étonnant ni de surprenant  si l’on songe à quel point leur père nous est apparu sous un angle différent du leur. Je ne connais que peu de choses de la vie de famille de Jung, si ce n’est qu’elle était heureuse et comptait beaucoup pour lui.

 

Dans le livre « Ma Vie », Jung parle essentiellement de sa vie intérieure, qui revêtait pour lui une importance beaucoup plus grande que n’importe quel événement extérieur. C’est aussi cette vie intérieure qu’il évoquait la plupart du temps lorsque nous parlions ensemble. J’ai essayé de suivre sa vie chronologiquement pour montrer comment il a vécut sa psychologie avant de la mettre en mots, bien plus tard.

 

Jung disait souvent que notre point de rencontre à lui et à moi, c’était mon profond intérêt pour la totalité de la psyché et pour le processus d’individuation. Je me suis donc efforcé dans ce livre, de mettre en lumière le développement de ce processus chez Jung. J’ai aussi essayé de retranscrire des informations qui autrement disparaitraient avec moi. Ces faits inconnus des enfants de Jung, ne leur ont pas plu, ce qui a motivé le rejet de cet ouvrage, mais à tort, car les faits que je raconte sur Jung, ne font que le servir et augmenter son aura.

 

D’autre part je me suis donné pour tache, d’entrer dans la rumeur (fausse, mais persistante) qui fait de Jung un nazi. Les premiers jours de la montée du nazisme, jusqu’à sa chute finale, je les ai vécus à Kusnacht où je voyais Jung fréquemment. C’était un des rares sujets portant sur des événements extérieur qui revenait souvent dans nos discussions, je suis donc bien placée pour en parler et rendre témoignage.

 

On trouvera dans mon livre des choses et événements rapportés dans d’autres ouvrages, mais, je les ai entendu et vécut tant de fois que je me devais de les répéter. Si j’ai repris ces éléments, j’ai aussi essayé d’adopter un point de vue légèrement différent et j’ai toujours indiqué pour plus amples détails, mes sources. Cet ouvrage reste et restera le témoignage le plus profond et le plus authentique de la vie de C.G. Jung.

 

Je suis très reconnaissante à Marie Louise Von Franz de son soutien et de m’avoir fourni un excellent résumé de l’article de Jung sur la synchronicité, et de son soutien à l’écriture de ce livre. Merci aussi à Vernon Brooks qui après avoir lu 2 fois  ce livre, s’est lancé dans l’énorme travail de le corriger d’un bout à l’autre, il a le don d’améliorer la forme sans en altérer le sens ».

 

Au sommaire de cet important ouvrage de  480 pages :

La terre suisse et les premières impressions (1875-1886)

Le collège de Bâle (1886-1895) et l’université de Bâle (1895-1900)

L’Hôpital Psychiatrique du Burgholzli (1900-1909)

Les premières années à Kusnacht (1909-1914)

La première guerre mondiale, les frontières s’ouvrent à partir de 1919

Divers voyages (1919-1925) et retour en Europe (1926-1933)

Les nuages menaçants sur l’Europe et l’intermède indien (1937-1938)

Sombres nuages et la seconde guerre mondiale (1939

Le temps des moissons (1945-1952)

Le mystérieux Conjunctionis et les dernières années (1952-1959)

Retour au Rhizome (1960-1961)

Barbara Hannah (1891-1986) était d’origine britannique, elle a été peintre avant de se consacrer entièrement à la psychologie jungienne. Analyste, chargée de cours à l’institut C.G. Jung de Zurich, conférencière internationale, elle a écrit de nombreux ouvrages et articles.

 

jung C.G. son mythe en notre temps

M. Louise Von franz

Edition BUCHET - CHASTEL

 1975

Marie-Louise Von FRANZ, qui fut pendant près de trente ans la plus intime collaboratrice de Carl Gustav Jung, définit clairement le but de son ouvrage dans le sous-titre qu’elle lui a donné : C.G. Jung. Son mythe en notre temps. Il s’agit moins pour elle d’inventorier une pensée aux multiples facettes que de montrer celle-ci comme le produit d’une aventure vitale, remplie de péripéties et de dangers, à laquelle elle fut étroitement associée.


Alors que le « mythe chrétien » tombait en poussière et que Nietzsche célébrait le surhumain avant de s’écrouler, accablé par sa démesure, l’enfant JUNG était saisi la nuit par une réalité redoutable : celle du dieu descendu au tombeau et exigeant de ressusciter dans l’homme.


Des physiciens, fascinés eux aussi par l’inconscient mais le projetant dans la matière, ont fait exploser l’antinomie cartésienne : masse – énergie, mettant en danger l’humanité et la Terre. Alliant la hardiesse et la prudence, Jung, héritier conscient des anciens alchimistes, mène à bien le même grand œuvre, mais à l’intérieur de l’homme. Il nous offre comme but et sens de la vie non la désintégration, mais la réintégration des énergies cosmiques dans cet être à la fois frêle et souverain, l’individu humain, restauré dans sa dignité de « microcosme».


Dans ce livre concis, vigoureux et brillant, M.L. Von Franz fournit la clé de l’œuvre jungienne et met ainsi entre nos mais notre propre clé.

Elle nous aide à descendre dans nos profondeurs pour extraire, du sein de nos ténèbres et de nos angoisses, la clarté Renée de la conscience « divine » du Soi.

 

jung C.G.   UN CHEMIN VERS L’INCONSCIENT, Psychologie jungienne et images du tarot

Carole Sédillot

Edition Dervy

 1998

La pensée et les découvertes de C.G. Jung sont les fils conducteurs de cette ballade en compagnie des images du Tarot. Les arcanes du Tarot servent ici de support pour aborder d’une manière nouvelle et plus aisée les concepts essentiels de ce psychanalyste, qui place au centre de sa vie et de son œuvre l’Âme et la quête de celle-ci.

 

Ce livre ne conduit pas à une quelconque pratique du Tarot et ne présenta aucune méthode. En revanche, il permet d’entrer en contact  avec soi, de porter un regard vers l’intérieur en évitant de se projeter sur l’agitation du monde extérieur. Il s’agit donc dans ce cheminement et dans sa « reliance » avec les arcanes du Tarot, de prendre le temps de méditer, de chercher et de réfléchir.

 

Par conséquent, il convient de pénétrer l’univers de la psychologie des profondeurs non pas d’une manière simpliste, mais d’une façon simple et clarifiée afin d’en saisir les fondements et les mécanismes. Cet ouvrage offre quelques conseils et propositions, quelques pistes à emprunter, des espaces à découvrir, des arcanes à déchiffrer, afin d’engager la véritable aventure qui mène vers le Soi.

 

Pour tout individu, à partir du moment où son être se dégage des simples préoccupations matérielles, l’esprit s’éveille et se tourna vers la nécessité de donner sens à sa propre existence, il se met alors à participer activement à sa propre évolution, sa conscience s’élargit, il se différencie de plus en plus du monde environnant. Le mouvement qui en découle le relie de plus en plus à cette source comportementale d’énergie que constitue l’inconscient collectif et en même temps l’amène à s’en différencier. Loin d’être un déterminisme, la reliance consciente et active à l’inconscient collectif, donne à l’individu toute sa liberté de choix.

 

Cette quête de sens propre à l’humain, Jung l’a nommé Processus d’Individuation, archétype principal, qui guide le cheminement humain de l’état d’indifférenciation (l’inconscience), à un état de totalité psychique où toutes les instances se placent et fonctionnent en parfaite complémentarité (le Soi), à travers un élargissement de conscience incessant. Chacun, afin de s’accomplir, doit s’approprier les connaissances acquises par l’humanité au cours des âges. Plusieurs outils existent pour cette quête d’individuation, le Tarot en est une, lequel propose à travers des arcanes où tous les éléments ont potentiellement une portée symbolique, un support susceptible de recevoir ces Traditions.

 

Le Tarot, œuvre d’essence individuelle ou collective due à un auteur anonyme du Moyen-âge, se pose en instrument dans la quête de soi, sa fonction est d’offrir à celui qui veut s’en servir, un « contenant archétypal » issu de l’inconscient collectif à travers une symbolique qu’il doit faire sienne, avec ses propres images, représentations et ses propres mots. En favorisant ce recours à une référence commune, l’étude du Tarot est comme la trame d’un canevas sur lequel nous allons pouvoir tisser et laisser fleurir notre propre broderie. Pas à pas nous allons découvrir ce que nous avons d’unique et d’original, à la fois force et faiblesse, facteur d’espoir et de destruction, selon le choix de chacun. Les cartes ou arcanes étudiées sont le reflet de l’âme de chacun et c’est ainsi que petit à petit nous allons mettre en route et étudié le « Connais-toi toi-même »

 

Au sommaire de ce livre l’auteur nous parle de :

De la Taromancie à la Tarologie, Carl Gustav Jung, L’inconscient collectif, diverses approches du Tarot avec l’inconscient collectif, les archétypes et les arcanes du Tarot, la Grand-mère et la Papesse, le Vieux sage et l’Hermite, le processus d’individuation, la Psyché , le Moi et les arcanes, la persona et les arcanes, l’anima et l’animus, les couples dans le Tarot, Quaternité et mandala, les quatre éléments, Introversion et extraversion, le Feu, la Synchronicité et le phénomène divinatoire, L’alchimie, Hermès Trismégiste, la Pierre philosophale, les trois phases alchimiques, l’œuvre au noir, au rouge et au blanc, le Rosarium, la mort, l’ascension de l’âme, la purification, le retour de l’âme et la nouvelle naissance, le Mutus Liber, le réveil de l’homme endormi, le Tarot dans les pratiques analytiques et Thérapeutiques, un glossaire très intéressant clôt cet ouvrage superbe.

 

JÜNGER   QUI  SUIS-JE ?

I. GRAZIOLI- ROZET

Edition PARDES

 2007

L’itinéraire d’Ernst Jünger, figure saillante du monde politique et intellectuel, témoigne en huit décennies d’œuvre littéraire, des controverses idéologiques de son temps. Si les audaces de sa réflexion et la beauté de son écriture ont concouru à nimber cet auteur d’une aura particulière, il a été tout autant disqualifié aux yeux des thuriféraires du politiquement conforme.

 

Ce livre sur Jünger se distingue par l’ampleur des perspectives et la hauteur des points de vue. Certes dépendant du cadre de son siècle, il a su se rendre  « maître des hommes et des faits » ; convaincu de vivre un âge d’interrègne, il n’eut de cesse de répondre aux questions posées par les bouleversements de son époque. Il a traqué les lézardes qui menacent l’ordre des cités, les hiérarchies séculaires, comme ces failles qui fissurent l’intelligence rationnelle du discours, en consignant expériences intimes (rêves, drogues et ivresse) et interrogations sur la mort. Ernst Jünger a combattu le monde moderne, inquiet, amnésique, déraciné, avec le patrimoine mythologique et avec l’histoire dont il entendait tirer les leçons pour éclairer le présent et découvrir un futur possible.

 

Son souci était l’homme, exilé dans un monde désenchanté, malade de sa civilisation ; qu’il soit  cœur aventureux, rebelle, énarque, il doit échapper au désert du nihilisme, s’enfoncer dans la solitude du monde abandonné par les valeurs de la tradition.

 

L’originalité de Jünger est d’affirmer « Un monde libre ne peut être qu’un monde spirituel » de maintenir, envers et contre toute l’époque pourfendeuse des mystères, la puissance de l’imagination poétique, et de s’aventurer en direction du monde des dieux.

10 K

KANT – L’ART DE LA PENSḖE

Brigitte Boudon

Edition Maison de la philosophie

2016

Dans la collection « Petites conférences philosophiques » Brigitte Boudon en 70 pages, nous parle de la méthode, de la pensée, de la philosophie et de l’Art de Kant. Elle nous donne les clefs importantes de compréhension de ce philosophe  et ainsi nous éclaire et nous guide  pour comprendre l’oeuvre de ce penseur

 

Emmanuel Kant passe toute sa vie dans la même ville, sans jamais la quitter, comme si l'audace de sa pensée suffisait à satisfaire son désir d'aventure. Autant son quotidien est sans grand relief, autant sa pensée est révolutionnaire. Kant est un géant de la philosophie occidentale par la radicalité de son questionnement et de ses concepts. Personne ne peut lui échapper car il a transformé, en profondeur, les perspectives de la pensée philosophique. Il a mené une vie au service de la pensée, avec ses Critiques mondialement connues et pourtant si peu lues !

 

Emmanuel Kant est l'un des plus grands philosophes allemands, fondateur de la philosophie critique. Il est issu d'une famille modeste de Königsberg, où il demeurera toute sa vie.

Sa mère piétiste et dévote protestante influence profondément son esprit. Grâce à un oncle cordonnier aisé, il peut suivre des études complètes de théologie, de philosophie et de sciences (mathématiques). A partir de 1755, Kant enseigne la logique, la métaphysique et les sciences à l'université de Königsberg où il s'installe définitivement. Après 1794, il se consacre entièrement à ses recherches philosophiques. Toute sa vie, empreinte d'austérité et d'une extrême régularité, est tournée vers la méditation, l'étude et l'enseignement. Kant est un admirateur enthousiaste de la Révolution Française et heureux voir les idées de Rousseau se concrétiser.

On distingue généralement deux périodes dans la philosophie de Kant. Dans la première, dite pré-critique, il expose une métaphysique proche de celles de Leibnitz et de Wolf pour tenter de répondre à la question de l'origine du monde.

Mais à partir de 1770, sa pensée vit un tournant décisif, début de la période dite "critique" (examen des pouvoirs de la raison), où il va construire la philosophie qui lui est propre. Kant y aborde notamment la question de l'origine et des limites de la connaissance (raison théorique) et les possibilités de l'action (raison pratique).

 

Dans son ouvrage le plus célèbre, "Critique de la raison pure" (1781), Kant réalise ce qu'il dénomme "une révolution copernicienne" (la Terre tourne sur elle-même et non le ciel autour de la Terre), considérant dans une vision idéaliste que c'est le sujet qui construit l'objet de sa connaissance et non les objets qui définissent la connaissance. Il définit la "raison pure" comme la faculté de connaître a priori (sans recours à l'expérience) la nature des objets, par la sensibilité et l'entendement. Kant démontre en particulier l'impossibilité pour la métaphysique d'être une science en raison de l'absence d'objet réel pouvant lui apporter du contenu. Pour lui, l'homme ne connaît pas les choses "en soi", mais "telles qu'elles lui apparaissent d'après les principes de son organisation comme être sentant et pensant". Dit autrement, les connaissances de l'homme sont celles des phénomènes et il ne lui est donc pas possible, à partir de la "raison pure" de connaître Dieu, l'immortalité de l'âme, le monde, la liberté, le moi... qui ne sont que des concepts et n'appartiennent pas au domaine sensible. La métaphysique, qui en fait des objets, est donc une illusion.

 

C'est dans la partie "idéal" (traitant de Dieu) de la "Critique de la raison pure" que Kant réfute les trois "preuves" métaphysiciennes de l'existence de Dieu :

 

la preuve ontologique (à partir de l'idée de Dieu);

la preuve cosmologique (nécessité d'un être suprême pour expliquer toute existence);

la preuve physico-téléologique (sur la finalité du monde).

 

Dieu, aussi indémontrable qu'irréfutable, est considéré par l'auteur comme un idéal exempt de défauts. Quelques années plus tard, Kant publie "Critique de la raison pratique" (1788), où il soutient qu'une action est moralement bonne si elle s'accomplit par pur respect du devoir sans considération pour un intérêt ou une satisfaction espérée. La moralité se mesure donc dans l'intention qui conduit à l'action et non sur son aspect extérieur. La loi morale s'exprime sous forme d'un devoir impératif ("tu dois") tel qu'il puisse être érigé en règle universelle. Dieu, la liberté de la volonté et l'immortalité de l'âme ne sont pas du domaine de la connaissance, mais des postulats nécessaires à la raison pratique en tant qu'exigence rationnelle de la morale. Pour le philosophe allemand, l'existence de Dieu est donc une nécessité morale. Sa morale, cependant, ne se fonde pas sur la religion mais sur l'autonomie de la volonté.

Kant aborde également dans "Critique de la faculté de juger" le jugement esthétique et la téléologie (étude de la finalité des êtres et des choses). Ne croyant pas à la Révélation, ni en l'Incarnation de Dieu en Jésus, (lequel perdrait sa valeur d'exemple) il est cependant persuadé de l'utilité de la religion pour l'ordre et la paix sociale. Kant défend l'idée d'une religion morale dans laquelle Dieu, dont l'existence ne peut être démontrée, est l'initiateur de la conscience morale. Bien qu'approuvé, du fait de sa notoriété, par les théologiens de Königsberg, son ouvrage "La Religion dans les limites de la simple raison" (1793), en pleine révolution Jacobines, est sévèrement réprimandé par le roi pour sa "libre pensée". Respectueux de l'autorité constituée, Kant s'engage à ne plus écrire sur la philosophie de la religion. Son influence sur la philosophie, qu'il exerce tant par son enseignement que par ses écrits, est immense en Europe en particulier sur l'idéalisme allemand (Johann Gottlieb Fichte, Friedrich Schelling, Friedrich Hegel) dont il peut être considéré comme le fondateur.

 

KELEN   -  AMOUR,  INVINCIBLE AMOUR

J. Kelen

Edition Points

2016

Sur l’amour, on croit que tout a été dit, cependant, il demeure insaisissable et mystérieux. Seule la parole poétique peut effleurer sa beauté, et le paradoxe rendre sa puissance d’éveil. Jacqueline Kelen propose un chemin où se rencontrent philosophie, littérature et méditation personnelle. Dans la lignée des troubadours, des dames courtoises et des soufis, elle célèbre l’amour comme un chant d’altière liberté.
 
Jacqueline Kelen est écrivain. Dans ses livres et au cours de ses séminaires, elle dévoile la connaissance spirituelle que transmettent les mythes et explore les richesses de la vie intérieure. Elle est notamment l’auteur de Divine Blessure, disponible en « Points Vivre ». « Il n’y a pas d’objets d’amour. Il n’y a que des sujets aimants. ». Elle se défini comme une femme de passion et de liberté. Les trois termes sont d’égale importance et ils sont à mes yeux indissociables. La biographie en tant que telle (état civil, péripéties de l’existence...) ne me semble pas intéressante, du moins pas primordiale : elle concerne le moi social et historique, et ce qui me requiert est ce qui ne passe pas. La plupart des contemporains, même s’ils appartiennent à une religion et professent une foi, paraissent ne s’intéresser qu’à ce monde et à leur parcours terrestre alors que, depuis longtemps, je m’interroge sur le voyage de l’âme après le trépas.
 
« L’expérience première et cruelle, impossible à dater selon le temps terrestre, est celle de l’exil en ce monde. Mon âme a toujours su où était son royaume, en quel climat elle respirait. Dès l’enfance, le monde surnaturel était pour moi une évidence tout comme la présence divine. La religion catholique dans laquelle j’ai été élevée me convenait parfaitement avec ses rites sacrés, sa beauté, sa musique, et le sens de l’adoration qui ont, depuis, quelque peu disparu... Mais, en suivant des études supérieures de lettres classiques jusqu’à l’agrégation, j’ai pu aussi découvrir et explorer la riche philosophie de la Grèce antique ainsi que de nombreux mythes fondateurs de la Tradition occidentale. Aujourd’hui, je me sens autant néo-platonicienne que chrétienne : voilà pourquoi des personnes telles que Pic de la Mirandole38 et Simone Weil39 me sont chères. Mon amour pour le Christ (par-delà les différentes Églises) et ma fidélité envers Lui sont irréversibles, mais la quête de vérité et le salut de l’âme ne relèvent pas de la seule religion, ils reposent aussi sur une connaissance intérieure, une ascèse personnelle, une patiente méditation, comme l’enseignaient les philosophes grecs, de Pythagore à Plotin en passant par Socrate et Platon. Voilà donc ce qui oriente et nourrit mon existence : la quête de l’essentiel, l’aspiration à une connaissance supérieure touchant aux réalités célestes, le désir mystique de la « vie parfaite » ou « vie divine ». Tout le reste est accidentel ou accessoire ».

 

 

KELEN -  BRÉVIAIRE DU COLIMAÇON  -    Sur la vie spirituelle -

Jacqueline  Kelen

Edition Desclée de Brouwer

 2015

 

 

Petit livre (150 pages), mais livre dérangeant, comme beaucoup de livres venant de l'univers des mystiques. Les mystiques et les prophètes ne sont pas là pour rassurer ou endormir, mais pour éveiller à un autre monde et parfois réveiller, d'où la méfiance des institutions, quelles qu'elles soient, vis-à-vis des chemins buissonniers qu'ils nous invitent à emprunter (à travers Garrigues et Sentiers ?...).

 

Jacqueline Kelen rappelle en quelques lignes ce qu’est la démarche spirituelle, qui est le pèlerin spirituel, et nous propose l'image du colimaçon pour illustrer cette quête. Car cette petite limace à coquille « ne se traîne pas, comme jugent les gens pressés, mais va à son rythme sur son chemin singulier ». Elle nous avertit tout de suite qu'il ne s'agit pas de se couper de la vie quotidienne, mais au contraire d'y chercher la source pour aller vers la profondeur des choses et « trouver ce qui ne périt pas ».

 

Dans un premier temps, Jacqueline Kelen nous met en garde contre le dualisme ambiant, hérité de la culture grecque, et qui nous fait confondre âme et esprit tout en nous coupant en deux, l'âme ou l'esprit d'un côté, le corps de l'autre : « L’homme est corps, âme et esprit et ces trois dimensions – physique, psychique et spirituelle – ne s'excluent pas […]. Il est capital de discerner en soi ce qui appartient au domaine psychique et ce qui relève du spirituel ».

 

Voilà qui vient à l'appui de la récente inquiétude manifestée par Mgr Michel Santier devant les évêques de France sur les dangers de confusion des genres lors de retraites « psycho-spirituelles » et la nécessaire distinction entre les domaines psychologique et spirituel : « La vie spirituelle ne peut être le résultat d’un mieux-être psychologique ». Et Jacqueline Kelen poursuit en dénonçant certaines dérives : « La confusion continue d'être entretenue entre âme et esprit, en particulier par des thérapeutes qui se font passer pour des maîtres spirituels ». Et malheureusement les églises en général ont une responsabilité dans cette confusion des esprits en ayant remplacé leur vocation spirituelle par la seule démarche cultuelle et dogmatique : « Si la vie intérieure éveille l'individu à son irréductible liberté, on comprend que, dans toute religion qui tient à s'établir, on insiste davantage sur le culte et la doctrine que sur l’intériorité qui prend déjà l'allure d'un chemin buissonnier [...]. Assurément, une religion a pour rôle d'inviter et d'éveiller à la vie intérieure, mais par ses attaches terrestres elle se contente souvent de la pratique extérieure, de la croyance et de la dévotion de ses fidèles. »

 

Jacqueline Kelen insiste : un être spirituel ne se sent pas exempté des préoccupations terrestres, les grands saints nous l'ont montré. La vie spirituelle n'est pas une forme de mépris des autres hommes, ni un désintérêt de la vie quotidienne, mais la conscience que l'intériorité est personnelle et singulière. Pour la vie éternelle (au sens où l'entend Saint-Jean de vie en Dieu) il n'est programmé aucun voyage de groupe… Un être spirituel est éminemment libre, il n'exerce aucun pouvoir et répugne à devenir courtisan, mais le monde actuel fournit toutes sortes d'obstacles à cette liberté. L'un de ces pièges est la dictature de l'ensemble, la toute-puissance du groupe, du parti, de l'association – de la paroisse ? – dans lesquels on se sent rassuré : en voulant tromper sa solitude, on se débarrasse en même temps de sa liberté. Et le groupe permet de se fabriquer à peu de frais une bonne conscience à l'opposé d'une conscience éveillée.

 

La vraie grandeur de l'homme est d'ordre spirituel et, pour l'auteur, les prédicateurs chrétiens insistent beaucoup trop sur la misère de l'homme déchu, faible et pécheur en proposant comme remède le repentir et la contrition, sources potentielles de culpabilité. Tout ce qui réduit l'homme à ses déterminismes l'exempte de sa responsabilité : c'est l’homme charnel, l'homme extérieur, alors que l'homme intérieur se libère du joug, se met en marche pour quitter la maison de servitude. Jacqueline Kelen convoque Thomas d'Aquin : « Plus l'homme est grand et plus Dieu l'est aussi ». L'auteur insiste par ailleurs sur l'importance du désir dans une démarche spirituelle, désir qu'il ne faut pas confondre avec la convoitise ou l'avidité, encore moins avec la pulsion : « Le désir, c'est le feu de la vie, c'est l'énergie de la quête ». Et ce n’est pas un hasard si notre époque de narcissisme exacerbé est une époque de convoitise généralisée mais d'absence de désir vrai.

 

La vie spirituelle est d'abord une expérience ; loin de toute théorie et de toute abstraction, elle est le sentiment à la fois d'une présence et d'une transcendance, l’expérience de La Présence et de La Transcendance. Mais aussi présence à soi, à ce qu'on vit, présence au monde qui nous entoure, présence à ceux que l'on rencontre : on est loin de l'image stéréotypée du mystique détaché du monde. Aller vers l'intériorité c'est aller autant vers la profondeur que vers la transcendance. Jacqueline Kelen rappelle la célèbre phrase de saint Augustin : « Tu étais plus intérieur à moi que mon être le plus intime et plus élevé que ce qui est le plus haut en moi ».

 

La vie spirituelle n'est pas un savoir mais une connaissance – une naissance avec – et d'abord une connaissance de soi, grâce à l'étude, à la méditation des saintes Écritures et des textes des Pères de l’Église ou des mystiques. Il y faut du temps et du silence et nul ne peut entreprendre cette démarche pour un autre. Mais ne confondons pas cette connaissance de soi avec la recherche du moi dévorant, avec l'exaltation de l'ego si répandu chez nos contemporains. « La connaissance de soi aboutit à l'oubli du moi ».

 

On est loin d'une certaine psychologie utilitaire et l'auteur nous met en garde contre les formules magiques largement répandues chez certains praticiens de la psychologie, de la psychanalyse ou du développement personnel : « s’aimer soi-même », « s'affirmer », « prendre soin de soi », etc. Autant de formules qui n'ont rien à voir avec le domaine spirituel. Jacqueline Kelen juge sévèrement certaines pratiques d’aujourd’hui : « Tant qu'un individu ne s’intéresse qu'à soigner, engraisser ou lustrer son cher petit moi, il se trouve coupé de toute possibilité d'évolution spirituelle ». Dans cette aventure, chacun est seul avec lui-même, « terrible responsabilité de la solitude » selon l’expression de Kierkegaard. Point besoin de directeur de conscience ou de « coach ». Nul autre humain ne peut diriger l'embarcation à notre place.

 

Mais si la route est singulière, elle n'interdit pas d'accepter quelques nourritures : elles sont même recommandées à qui sait que l'histoire ne commence pas avec lui-même. Pour Jacqueline Kelen, qu'il s'agisse de poèmes mystiques, de traités de théologie, ou d'essais d'auteurs spirituels, les livres occupent une grande place dans une quête spirituelle car ils s'adressent à la liberté de chacun. L'auteur s'étonne - et on ne peut qu'aller dans son sens – de l'inculture religieuse de nombreux catholiques qui ne semblent pas avoir beaucoup ouvert la Bible et en sont restés au petit catéchisme de leur enfance. Charles Péguy est cité pour son trait d'humour : « Le juif est un homme qui lit depuis toujours, le protestant est un homme qui lit depuis Calvin, le catholique est un homme qui lit depuis Jules Ferry. »

 

La finalité de la vie spirituelle n'est pas la dévotion, mais la vie en Dieu, la vie éternelle. Jacqueline Kelen nous invite à distinguer religion et spiritualité. Si la religion est le support de la spiritualité, elle n'en est pas l'aboutissement. La religion re-lie, elle retient et contraint également ; la vie spirituelle dé-lie et libère de tout. En guise de conclusion, Jacqueline Kelen nous livre cette méditation de Nicolas Berdiaev : « Pour être homme tout à fait, pleinement, il faut ressembler à Dieu. Pour avoir une image humaine, il faut avoir une image divine. L'homme comme tel est très peu humain, il est même inhumain. Ce n'est pas l'homme qui est humain, mais Dieu. C'est Dieu qui exige que l'homme soit humain. »

 

Le petit livre de Jacqueline Kelen est certainement critiquable par certains aspects mais il est traversé par un souffle et on ne peut lui retirer un mérite, celui de poser de vraies questions : la révélation chrétienne n'est-elle qu'un humanisme ? Sans sa dimension verticale, que devient la foi chrétienne ? Qu'avons-nous fait du combat de Jacob avec…, avec qui, au fait ?

 

KELEN - DIVINE BLESSURE

J. KELEN

Edition ALBIN MICHEL

 2005

Guérir, se sentir « bien dans sa peau », refermer toutes nos failles et se débarrasser de tous nos maux pour accéder au but suprême de la quiétude et du bonheur, telles sont les obsessions du jour.

Nous vivons désormais sous le règne d’une idéologie thérapeutique, régressive et consumériste, qui nous infantilise en cherchant à nous détourner de tout risque. Jacqueline Kelen combat cette tyrannie du confort, qui voudrait faire l’impasse sur la vocation spirituelle de l’humain. Spécialiste des mythes, elle convoque ici ces héros, dieux et saints qui nous rappellent, par leurs blessures et leurs épreuves, que l’homme n’accède pas à sa plénitude dans la facilité : Achille et Ulysse, Lancelot et Tristan, Osiris dépecé et le Christ crucifié, tous nous disent, ainsi que le Jacob de la Bible ou les mystiques chrétiens et soufis, que la déchirure est aussi ouverture.

Il n’est pas de blessure qui ne renvoie à la blessure d’Amour. On part de la faille et de l’éveil, on navigue entre terre et ciel, on y rencontre Philoctète et la Dame à l’onguent, et on y étudie l’humilité, l’amour, la compassion, la bénédiction et l’illumination du cœur.

Dans les Évangiles officiels, Marie de Magdala garde le silence, mais dans les Évangiles secrets, elle transmet une parole prophétique, c’est-à-dire impérissable, toujours verdoyante, une parole qui fait danser les montagnes. Marie Madeleine a le rôle difficile, sans cesse contesté, d’éveiller le cœur de l’homme et c’est, pour moi, la nature profonde de la femme. Inlassablement, celle-ci doit parler et témoigner dans sa chair de l’amour. De cet amour qui se rit du temps et de la dégradation, qui est connaissance et ouverture à l’infini.

Dans cet ouvrage, Divine Blessure, l’auteur fait un éloge de la blessure qui rend vivant : «  Beaucoup d’auteurs ou de conférenciers parlent de réconcilier le masculin et le féminin. Les mythes me proposent autre chose, d’ordre vertical : l’union entre ma nature mortelle, humaine ; et ma nature immortelle, divine. Cette tâche qui nous est impartie ouvre une blessure en nous, nous rappelant une blessure ancienne, ontologique. Or, précisément, profondément, cette blessure est ce par quoi le fini peut s’ouvrir à l’infini. Aussi, je trouve beau de se sentir blessé, c’est-à-dire imparfait, en marche, empli de soif. Aujourd’hui, par crainte d’être accusés de dolorisme, nous refusons tout sens à la souffrance et toute valeur à l’épreuve. Nous voulons être indemnes, protégés de tout. Nous oublions que nous sommes mortels, limités. Vivre est un risque permanent et passionnant, une aventure pleine d’imprévus. Tous les héros des mythes naviguent sur des mers déchaînées, traversent des forêts peuplées de brigands et de monstres, découvrent des territoires inconnus, hostiles...

La vie nous demande confiance, ardeur et humilité. Il n’y a pas de chemin de maturité sans épreuves. Celles-ci sont autant de portes, autant de rencontres qui nous forgent et nous enseignent. Pour moi, une “belle vie” ne consiste pas en une succession de bonheurs, de plaisirs ou de gratifications. C’est une vie remplie de toutes sortes d’expériences, de souffrances comme d’espérances, c’est une vie intense, entière. Avoir une “bonne vie”, c’est tout embrasser, ne rien rejeter, c’est avoir envie de tout bénir, de tout serrer sur son cœur. 

 

KELEN - DU SOMMEIL ET AUTRES JOIES DÉRAISONABLES

Jacqueline KELEN

Edition La Renaissance du Livre

 2003

Dans une société qui veut tout maîtriser et rentabiliser, Jacqueline Kelen nous propose ici une célébration très personnelle du sommeil, moment de grâce et de plénitude, école de liberté et exercice spirituel.

 

C'est dans leur sommeil que les grands héros des mythes se sentent vulnérables, mais c'est aussi en ce temps privilégié de disponibilité que Dieu choisit de parler aux hommes, comme Jacob et Joseph en font l'expérience selon la Bible.

Voyageant dans les traditions d'Orient et d'Occident, Jacqueline Kelen fait escale dans les sommeils des poètes et des divinités, des philosophes et des mystiques, des écrivains tels que Kierkegaard, Pessoa, Giono... Dans la lignée de L'Esprit de solitude, elle nous invite à délaisser l'efficacité, et à répondre à l'appel de nos joies déraisonnables.

Le rôle exact du rêve est toujours inconnu, même si les recherches dans ce domaine avancent. Récemment en effet, des expériences ont permis de constater une activité cérébrale intense au cours du sommeil paradoxal, comparable à celle observée au cours de l’apprentissage d’une tâche dans la journée. Cela conduirait à penser que l’un des rôles importants du rêve serait de favoriser la mémorisation, à court et long terme, des actes vécus dans la vie.

Il y a plusieurs paramètres qui influent sur le fait que l’on se souvienne ou non de son rêve. Tout d’abord, le moment durant lequel on se réveille. En effet, si l’on se réveille pendant la phase de sommeil paradoxal (phase des rêves), il y a 80% de chance que l’on s’en souvienne, contre 20% si l’on émerge dans une autre phase. Mais chaque individu est différent : certains se souviennent toujours de leurs rêves, d’autres n’en conservent aucune trace.

Cela peut dépendre de l’intérêt de chacun pour le monde onirique, ou tout simplement d’une différence dans les capacités à mémoriser.

Certains possèdent une mémoire d’éléphant dans la vie de tous les jours, d’autres pas... et bien c’est pareil pour la mémorisation des rêves ! Le sommeil se divise en plusieurs stades successifs. L'analyse de ces différents stades permet de mieux comprendre comment, et à quel moment l'on rêve...

> Stade 1 : L’endormissement dure quelques minutes. Les mouvements du corps diminuent, et l’esprit plonge dans un état de semi-conscience.

> Stade 2 : Le sommeil léger représente environ la moitié du sommeil total. Le corps est immobile, mais l’individu reste réceptif aux stimuli extérieurs (il peut se réveiller facilement).

> Stade 3 : Le sommeil profond représente environ un quart du sommeil total. Le rythme cardiaque est ralenti et la respiration est régulière.

> Stade 4 : Le sommeil paradoxal est la période durant laquelle on observe de rapides mouvements oculaires, et une activité cérébrale très importante. Tout le reste du corps est quasiment immobile, d'où ce terme de sommeil paradoxal. C’est durant cette phase qui dure à peu près un quart d’heure, que beaucoup des rêves surviennent et peuvent être mémorisés. Toutes les 90 minutes environ, le cycle se répète, plusieurs fois dans la nuit, jusqu’au réveil. La phase paradoxale représente à peu près 2 heures de la durée totale du sommeil.

Célébrer le sommeil peut paraître inattendu mais l’auteur nous entraîne sur ce sentier peu exploré et nous fait partager les témoignages de bonheur des grands dormeurs :

La Belle aux Bois Dormant – Endymion – Ulysse – Le Roi Arthur – Boaz – Jesse – Les Gisants médiévaux – Bouddha et bien d’autres philosophes comme Bergson et Kierkegaard.

C’est un livre passionnant car ici le sommeil se révèle le lieu de repos de l’insondable.

 

KELEN- HISTOIRE DE CELUI QUI DEPENSA TOUT ET NE PERDIT RIEN

Jacqueline Kelen

Edition du Cerf

 2019

Un homme avait deux fils.
 Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
 Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
 Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux.
 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
 Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi,
 je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.
 Le fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ;
 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

 

On connaît cette parabole du fils prodigue mais pour la première fois, Jacqueline Kelen prolonge le récit et donne la parole à tous ses acteurs. Une fable sur la générosité, le don et le pardon. Et si la parabole du fils prodigue n'était pas qu'un message biblique mais une leçon universelle ? Et si en plus d'être l'histoire d'un fils ingrat et pécheur, elle constituait une injonction à la liberté qui nous concerne tous ? Et si elle n'était pas seulement une leçon pour les fils mais aussi pour les pères ? Dans cette variation littéraire et philosophique, Jacqueline Kelen file le mythe et ajoute des personnages qui, tour à tour, prennent la parole. Il y a le père, pieux et bon, la mère, inquiète et tendre, le frère aîné, sérieux et travailleur, un vieux serviteur compatissant, et bien sûr le fils prodigue, rebelle et rêveur, qui part pour explorer le monde et éprouver sa liberté avec ce que cela implique de joies et de risques. Un conte d'aujourd'hui sur l'amour humain et divin, l'absence et l'attente, les épreuves et la grâce, la justice et la réconciliation.

 

Dans cette parabole du fils prodigue, peu d’entre nous saisissent les dimensions initiatiques de ce message biblique, s’arrêtant à l’aspect éthique premier. Jacqueline Kelen nous permet de revisiter la célèbre parabole pour en explorer les subtilités et possibilités tant philosophiques que spirituelles en donnant la parole aux principaux protagonistes à chacune des étapes de cette histoire, fils, frère, père, mère et quelques autres. En campant ainsi chacun des personnages, en leurs complexités respectives, en leurs faiblesses et en leurs forces, Jacqueline Kelen leur donne une épaisseur supplémentaire, échappant au jeu familial et sociétal pour pointer vers des archétypes à l’œuvre dans le voyage initiatique. Le lecteur s’aperçoit rapidement que ce n’est pas seulement le fils qui voyage mais bien tous les acteurs de ce drame qui vivent une forme d’exil et de retour à eux-mêmes, à la fois douloureux et lumineux. L’écriture magnifique de Jacqueline Kelen se met au service des tableaux multiples de la psyché humaine. La littérature a toujours précédé la psychologie dans la compréhension des êtres humains, à la fois temporellement et dans la justesse. Jacqueline Kelen le démontre une fois encore en décrivant ce qui anime les êtres.

 

Exemple avec le Vieux Serviteur : « Avec l’âge on perd les mots, mais la sensibilité s’accroît. A la moindre émotion les yeux s’embuent de larmes et si les mains tremblent, c’est de ne plus vouloir prendre ni retenir. On effleure les êtres et les choses, on les regrette déjà, et tel un fleuve parvenant à l’estuaire on s’abandonne sans réticence à ce qui va advenir. Je ne sais pas si la vieillesse est le temps de la sagesse, mais elle creuse le silence qui tantôt semble un linceul, tantôt un manteau de lumière. »

 

Ou la Mère : « L’amour d’une mère est incompris ou moqué par beaucoup, on le dit trop indulgent, trop protecteur. Et pourtant, c’est une lame enfoncée dans le cœur, une sollicitude inapaisée. Une mère ne supporte pas même l’idée que son enfant puisse souffrir, être houspillé, elle refuse d’imaginer que le malheur puisse s’abattre sur ses jeunes épaules, elle veut le prémunir contre l’insulte et le chagrin, contre l’injustice et la trahison. Tout enfant, ressent-elle, a un destin de roi, rien ne devrait l’en priver. Et voici la blessure quand j’ai réalisé combien inutile, affreusement vain, était mon amour puisqu’il ne peut rien contre la mort vilaine. »

 

Jacqueline Kelen fait intervenir deux acteurs inattendus, invisibles et essentiels, pourtant si évidents. Le premier est l'ange de l'écriture, qui anime chaque page de ce livre : « Ma mission requiert une certaine adresse ainsi qu’une oreille musicale. Toutes les voix qui montent des passants de la Terre, je les recueille et les assemble : il y a beaucoup de cris, de pleurs et d’injures, des chants aussi et des prières, je perçois les diverses nuances des soupirs et me plais à attraper au vol les louanges, les rires et les déclarations d’amour. J’harmonise l’ensemble afin d’en composer une belle symphonie que je dépose ensuite au pied du Trône, espérant que mon Maître se réjouira. »

 

Le second est tellement actuel, l’ange du retournement, qui était si cher à Jean Canteins : « Moi, on ne me voit jamais, on ne me croit guère ou bien on rit quand j’annonce des choses à venir. Oh, ce n’est pas moi qui décide d’apporter une bonne nouvelle, de prévenir d’un danger, mais c’est avec bon cœur que je remplis scrupuleusement ma mission. Ce faisant, je porte secours aux hommes tout en obéissant au Seigneur. » Il est bien à l’œuvre cet ange, voyageur comme tous les anges, au côté du Fils, toujours disponible chaque fois que le Fils s’arrête pour saisir ce qui s’offre à lui en l’instant présent. La présence appelle la Présence. Avec Jacqueline Kelen, la parabole se fait conte initiatique, affranchi des époques, pour délivrer un enseignement et déchirer quelques voiles opaques qui nous dissimulent le Réel.

 

KELEN  -  IMPATIENCE  DE  L’ABSOLU, FACE AU GENRE INHUMAIN

Jacqueline Kelen

Edition de la Table Ronde 

 2012

« Ma thèse est sans équivoque, au risque de soulever des protestations indignées : l’humanisme actuel, qui n’a même pas le courage de se dire athée, engendre un genre inhumain dont nous constatons aujourd’hui l’amplitude. Et le monde sensible, auquel une propagande dite laïque veut assigner l’être humain comme seule résidence, devient irréversiblement un monde insensible, froid et cruel ». J. K.

 

C’est l’histoire d’un roi qui a lu dans les étoiles que tous les hommes qui mangeraient de la prochaine récolte seraient frappés de folie. Son conseiller le rassure, disant qu’il reste suffisamment de la précédente récolte pour les nourrir tous les deux et ainsi avoir la vie sauve. Mais le souverain, touché de compassion pour son peuple, refuse cette solution : il tient à partager le destin de la communauté et accepte de vivre dans la démence.

Seulement, afin de ne jamais oublier qui ils furent, le roi et son conseiller décident de graver sur leur front le signe de la folie : ainsi, plus tard, aux heures sombres, chaque fois que l’un regarderait l’autre, il saurait qu’ils sont devenus fous.

 

Cet apologue poignant que racontait Rabbi Nahman de Bratzlav à ses contemporains fait retentit son cri parmi nous, modernes satisfait. Plus de deux siècles ont passé, et la nourriture empoisonnée qu’absorbent les citoyens des pays riches ne semble ni amère ni d’aspect rebutant, bien au contraire : elle est étrangement lénifiante, elle s’appelle loisirs, bien être, jeux, achats permanents sur internet, réseaux virtuels, drogues diverses, images et bruits à profusion, alcoolisation collective, télé hypnotisante, téléphonite généralisée et délirante etc. Toutes ces facilitées vide les regards autant que les cerveaux, on court tout droit vers la catastrophe mais en s’amusant.

Nos contemporains pris de frénésie, de fièvre, d’égoïsme, de folie de convoitise, ne savent plus voir ni entendre les paroles prophétiques de nos divers maîtres, tel Bloy, Péguy, Berdiaev, Durkheim, M.M. Davy, Guénon, Desjardins, Bernanos, Suarès, de Lubac et bien d’autres.

 

Les deux mamelles de la France actuelle ont pour nom « bonheur et humanisme » et elles semblent inépuisables. Leur lait tiède réconforte et endort les braves citoyens. Le bonheur est érigé en finalité suprême, lui qui n’est ni une valeur morale ni une vertu spirituelle et qui, de plus, s’avère un état précaire et relatif.

 

J. Kelen tire la sonnette d’alarme sur cette dérive qui mène l’homme à sa perte si rien ni personne remet les choses en place, elle donne des solutions, mais seront-elles écoutées ? 

 

KELEN - LA NUIT

Jacqueline KELEN

Edition RENAISSANCE DU LIVRE

 2005

La nuit n’est pas seulement l’autre versant du jour. Elle figure à la fois l’immensité et l’intimité. Elle déploie tout un imaginaire fait de beauté, de silence, de douceur, mais aussi d’effroi et de maléfices. Elle procure le repos, le sommeil, ou fait lever des inquiétudes, des délires, et annonce la mort.

 

Elle veille sur l’amour, sur l’espace intérieur, sur la création artistique. Elle invite au recueillement et à la contemplation. Sans doute est-elle le manteau de l’invisible. Les poètes, les mystiques l’ont traversée et chantée. De Jean de la Croix à Charles Péguy, de Michel-Ange à Novalis, de Rûmî à Pessoa. Et les peintres et sculpteurs ont eux aussi œuvré dans l’obscur en tentant de représenter les figures étranges et enchantées de l’univers nocturne.

Depuis l’Antiquité des événements célèbres (ou qui ont pu avoir un impact non négligeable sur les consciences, à différentes échelles : régionales, nationales, internationales) se sont singularisés particulièrement, ou en partie, par leur nocturnité. Pour les plus célèbres on peut bien entendu penser à la Saint-Barthélemy (août 1572), la nuit de la Boston Tea Party (décembre 1773), la nuit du 4 août 1789, la nuit des longs couteaux (29 au 30 juin 1934), la nuit de cristal (du 9 au 10 novembre 1938)…

L’objectif de la nuit n’est pas d’apporter une description factuelle de ces épisodes célèbres, mais plutôt de réfléchir sur les processus (matériels, « environnementaux » ou psychiques) qui permettent d’affirmer que la nuit infléchit bien les événements.

Alors que le jour se « lève », la nuit « tombe » et amène avec elle des menaces tapies dans l’ombre. Encore de nos jours, beaucoup d’enfants s’endorment comme leurs ancêtres en ayant peur du loup, alors qu’il est absent depuis des siècles de notre biotope. Véronique Nahoum-Grappe remarquait à juste titre que « le fait que la nuit soit liée à la peur relève donc autant de la phénoménologie de sa perception récurrente que de son interprétation héritée dans une culture donnée ». La nuit s’impose dans notre imaginaire et dans notre quotidien comme le moment où tout peut arriver. Pourtant, l’obscurité ne procure-t-elle pas le plaisir intense d’un repos bien mérité ? Médecins, spiritualistes et philosophes depuis l’Antiquité ont démontré que la nuit était faite pour dormir et c’est pour cela qu’elle porte conseil. Certains personnages importants, saints, prophètes… peuvent même concilier nuit et spiritualité s’ils repoussent les limites du sommeil.

Dans la tradition chrétienne, mais aussi dans d’autres religions, nous découvrons une figure ambivalente de la nuit. C’est de nuit que Judas a trahi. La Bible révèle la nuit comme un temps privilégié. Les ténèbres c’est l’absence de Dieu : les promesses faites à Abraham, la libération d’Egypte, la Nativité et la Passion qui commence par l’agonie nocturne au jardin des Oliviers et s’achève sous un ciel enténébré en plein milieu du jour. Pourtant, comme nous l’avons déjà remarqué, la Chrétienté ne tente pas de dissimuler les dangers de la nuit, et comme pour Abraham, elle peut être un temps de souffrance qu’il faut savoir surpasser. Dans le silence de la nuit, pendant le sommeil, l’individu peut être amené à souffrir, et à ce moment-là, seule la foi pourra le sauver. Ce foisonnement des représentations et des vécus de la nuit des sociétés passées a bien entendu intéressé les historiens des différentes périodes L’historiographie de la nuit a trouvé son existence dans une histoire des mentalités qui cherchait à comprendre les représentations et les sensibilités collectives. Parmi ces dernières, ce sont les peurs nocturnes qui ont retenu en premier l’attention des historiens.

Au royaume des nuits, on rencontre Shéhérazade, la sage et inlassable conteuse de Bagdad, la Belle au bois dormant, la déesse Séléné amoureuse d’Endymion, Éros rejoignant Psyché à la tombée du jour, Jacob ou Joseph visités par de grands songes, Roméo et Juliette éternels amants voués au ciel étoilé…

 

KELEN - LA   PUISSANCE  DU   CŒUR

Jacqueline   Kelen

Edition LA  TABLE  RONDE

 2009 

Dans le domaine de la connaissance spirituelle, qu’on appelle aussi connaissance du cœur, il existe des affinités évidentes entre le silence, le secret et le désir. En effet, pour user de métaphores, voici comment on approche de la maison du cœur : le désir ouvre la porte, le silence permet d’y demeurer ; le secret protège l’habitation intérieure.

Méconnues ou méprisées par une société de pouvoir et d’apparence, ces trois dimensions représentent – et ce n’est pas leur moindre valeur- les clés de la liberté pour tout être humain. Se tenir dans la lumière impalpable du secret, dans la profondeur paisible du silence, et dans le feu vivant du désir désiré, c’est déjà, savourer l’infini.

Le désir de Dieu se cultive par une vigilance du cœur, une application à chercher Dieu. Il mobilise tout notre être. Chercher Dieu c’est être attentif à tout signe qui le révèle dans nos vies. Et en premier lieu, la Création. Elle est un don originel de Dieu, elle conduit à Lui. « La création manifeste l’art divin… Les créatures sont comme des paroles exprimant l’unique Verbe divin ». « Les créatures ne détournent pas de Dieu mais y conduisent Les mystères invisibles de Dieu sont saisis par l’intelligence au moyen des créatures. Et si les créatures détournent de Dieu c’est par la faute de ceux qui en usent comme des insensés ». La création est la parole première dans laquelle Dieu se révèle.

La connaissance de Jésus passe par l’expérience et ne peut se transmettre par les seuls mots. C’est venir à lui dans la foi et en suivant ses commandements, goûter sa douceur divine, approfondir notre intelligence de son mystère. L’attitude fondamentale de la foi invite à accueillir, prêter l’oreille, écouter la parole d’un Autre. En s’approchant davantage de Dieu, on devient plus humain. L’amour est l’achèvement de l’être humain. Des trois formes d’amour vécus par l’homme, le 3e est le seul véritable. L’amour pour un motif d’utilité, il s’évanouit quand s’évanouit l’utilité qu’il apportait. Pour un motif de plaisir, il disparaît quand disparaît le plaisir. Le 3e est amour de bienveillance qui a pour motif le bien de l’autre. Dieu nous rend capable de l’aimer ainsi pour lui-même. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu ; non c’est lui qui nous a aimé le premier. »

La prière est faite de désir et de parole. « Si la prière pour obtenir quelque chose de Dieu est nécessaire à celui qui prie, c’est pour qu’il prenne conscience de ses manques et qu’il s’amène à désirer avec ferveur et piété ce qu’en priant il espère obtenir : de cette façon, il se dispose à recevoir le bien demandé ». « Dieu se doit de remplir le désir de la créature raisonnable dans la mesure où celle-ci est proche de lui. Or ce rapprochement est dû à la contemplation, à un amour plein de dévotion et à une intention humble et forte. Une prière qui ne monte pas ainsi vers Dieu ne mérite pas d’être entendue de lui. D’où ce mot : il regarde la prière des humbles ».

La vie du cherchant mystique est un long exercice du désir, visant à libérer le cœur de tout ce qui l’empêche de chercher et de trouver Dieu, et à l’ouvrir au don ineffable de l’amour de Dieu. Ce qui dispose à la charité c’est l’écoute de la parole et la méditation des bienfaits du Seigneur. Ce qui la fait grandir en nous c’est la mise à l’écart des choses terrestres et la patience dans l’adversité. D’autre part, on ne connaît vraiment Dieu que si l’on comprend qu’il est toujours au-delà de ce qui peut être pensé. Nous progressons dans la connaissance de Dieu en apprenant ce qu’il n’est pas, en écartant les représentations que nous avons de lui.
Un excellent livre de profonde spiritualité sur le silence, le secret et le désir.

 

KELEN - LE BONHEUR

Jacqueline Kelen

Edition Oxus

 2003

Ce pourrait être une paire d’escarpins abandonnés au seuil de la chambre ou des bulles de savon qu’on lance à la volée, qu’on suit des yeux, ce pourrait être un panier de cerises, un café pris à l’aube en regardant partir les bateaux, ou encore une immense bibliothèque où l’on puise la sagesse ; l’odeur du pain chaud, l’écume des confitures, une conversation sans fin sur une terrasse en plein été, des rires d’enfants, des grappes de baisers, des bruits d’eau claire…

Le bonheur est imprévisible, il ne se plie pas aux idées reçues et ne se laisse pas enfermer, mais chaque jour il recèle des moments délicieux, d’infimes parcelles de paradis.

Peut être le filet des mots est-il capable d’attraper quelques bribes de bonheur : c’est ce que l’auteur a tenté de faire dans cet ouvrage, ce libre inventaire, avec un lexique rêveur, vagabond parfois indiscret.

Il est aussi cocasse de voir un être humain chercher le bonheur que de voir un poisson chercher l’eau. Tout le monde cherche le bonheur. Nous le cherchons, car nous l’avons perdu. Nous portons en nous les stigmates de notre séparation, d’une rupture avec notre essence. Sans trop savoir ce que nous cherchons, et sans même savoir que nous cherchons, nous nous affolons dans tous les sens pour fuir ce sentiment de manque ou d'insatisfaction qui nous hante. Faute de trouver ce que nous cherchons, nous trouvons des compensations dans le succès, l’argent, le pouvoir, le sexe, l’alcool, les stupéfiants, l’activisme, la connaissance, les relations, etc. ou peut-être dans la recherche de l’éveil ?

L’âme trouvera la félicité en se rapprochant de la Source, pas en s’adonnant aux plaisirs des sens. Ceux-ci sont parfaitement légitimes, mais ils sont incapables de vous apporter la plénitude. Ils vous font vivre des plaisirs passagers et cette recherche de plaisirs entraîne souvent des dépendances qui engendrent de la souffrance. Recherche de plaisir, sensation de plaisir et perte de la sensation de plaisir se succèdent continuellement. Comment s’appelle votre piège ? Qu’est-ce qui pourrait vous faire rater le rendez-vous le plus important de votre vie, le rendez-vous avec vous-même ? Arrêtez-vous un instant et demandez-vous : « Qu’est-ce que je veux vraiment ? » Il est possible que votre souhaite le plus profond soit de retrouver votre état originel, la Source.

Tant que vous cherchez le bonheur, la paix et la sérénité à l’extérieur de vous, vous ne les trouverez pas. Vous êtes la source du bonheur. La source n’est pas en vous, c’est vous ! Vous êtes source depuis toujours. Arrêtez dès maintenant toutes recherches extérieures, elles sont vouées à l’échec. Le seul endroit où vous trouverez la joie profonde, c’est en découvrant votre nature véritable. Tous ceux qui vivent dans le bonheur et la sérénité affirment que c’est en quittant l’agitation du mental qu’ils ont découvert le joyau qu’est l’Être. Réaliser qui vous êtes vraiment est la découverte ultime, c’est une grâce.

Thèmes abordés par J. Kelen dans cet ouvrage :

L’amitié - amour - anges - arbres - attentes - bain - baiser - barque et beauté - champagne - chanter - chat - cochon - commencer - contemplation - conversation - corps - danse - désir - Dieu - dormir - écrire - émerveillement - enfance - étoile - festin - feu - fleurs - gâteaux - gestes - gratitude - gratuité - hamac - ile - imaginaire - jardin - jeu - jeunesse - légèreté - liberté - livres - loisir - luciole - lumière - maison - marcher - mots - musique - mystère - neige - nounours - nuit - oiseaux - ombre - oranger - paix - paradis - passion - plage - porte-bonheur - rencontre - rêver - rire - rose - rosée - rouge - saisons - secret - sens - silence - soleil - toujours - unique - unité - vie - vin - voyage - yeux - Zéphyr -

 

KELEN - LE DÉSIR OU LA BRÛLURE DU COEUR

Jacqueline KELEN

Edition La Table Ronde

 2003 

Du désir charnel au désir de Dieu l’auteur nous fait vivre les divers stades de cet élan qui du charnel passe au mystique.

Souvent, on croit n'avoir de choix qu'entre congédier le désir ou bien y céder. Comme s'il s'avouait manque, convoitise ou souffrance. Pourtant, il se révèle soif de connaître et de s'aventurer, élan amoureux et créateur, il signe la liberté joyeuse de l'être et ouvre à l'illimité. Aussi peut-il être chanté pour lui-même, dans ses excès souverains. Ce désir inapaisé, juvénile, court à travers plusieurs mythes d'Occident et divers récits bibliques. Il enflamme la réflexion philosophique de Platon, de Nietzsche, de Spinoza. Il est, «long désir», à la source de l'amour courtois : approche infinie de l'autre, enchantement plus que conquête. Et les mystiques de toutes traditions célèbrent l'Ardent Désir, feu d'amour qui mène au total abandon de soi et se mue en une perte éblouie.

Spiritualité, désir : voilà deux mots dont l'association peut paraître étrange. En effet, depuis bien longtemps (peut-être des millénaires), l'idée de voie spirituelle évoque dans l'esprit des hommes, des images de monastères, de grottes et d'ermitages, lieux où, pour se rapprocher de Dieu, l'on se retirait du monde et l'on renonçait à ses tentations et à ses plaisirs. Cette conception dualiste, opposant recherche spirituelle et poursuite des plaisirs de la vie, a prévalu aussi bien en occident (on sait à quel point le christianisme est imprégné de notions de sacrifice et de culpabilité notamment en matière de sexualité) qu'en orient (dans l'hindouisme les pratiques ascétiques et de renoncement sont toujours très valorisées, et le bouddhisme vise à l'extinction des désirs et présente le monde comme source fondamentale de souffrance et d'illusion).

Les courants prônant une spiritualisation du désir et du plaisir, ont toujours été très minoritaires et spécifiques, et même en leur sein la satisfaction des désirs était notablement encadrée et limitée : ainsi dans le tantrisme (et seulement dans certaines branches) l'accès au plaisir était extrêmement ritualisé et contrôlé ; les philosophes grecs comme Épicure valorisant le plaisir recherchaient plutôt la modération et la simplicité, assez proches de la voie moyenne bouddhique ; quant à l'amour courtois médiéval, il s'agissait essentiellement d'un mode littéraire aboutissant rarement à une satisfaction concrète du désir, les « parfaits » cathares inspirateurs de cet art, recherchant avant tout la pureté ; enfin, on pourrait dire la même chose des poèmes d'amour exaltés de certains soufis, qui sont essentiellement des métaphores de leur relation avec le divin.

Bref, partout et depuis si longtemps, l'on s'est méfié du désir, et lorsque l'on a bien voulu lui accorder une place dans le processus de développement de l'homme, c'est pour ainsi dire « avec des pincettes » en le codifiant à l'extrême (pour contrôler ce qu'il peut avoir d'imprévisible et d'inconnu) et en laissant la satisfaction spontanée et naturelle des désirs, au vulgaire, au peuple et au profane.

À l'autre bout de l'histoire si l'on peut dire, se situe l'époque actuelle qui a vu le retour et même l'institutionnalisation du désir comme pilier de la vie de nos contemporains : en effet, la « société de consommation » qui est le système de base de notre fonctionnement économique et culturel, consiste à créer et exacerber des désirs matériels plus ou moins artificiels et factices, sans satisfaire les véritables désirs de l'âme, affectifs et spirituels, qui sont tout simplement niés et ignorés. Une économie toute entière est née de la systématisation de la dépendance et des comportements d'addiction, envers des produits sans grand rapport avec les besoins réels de l'être humain, quand ils ne sont pas franchement nocifs (tabac, alcool, drogues diverses, presse et films démagogiques, modes éphémères, alimentation malsaine, etc.). On le voit, la situation actuelle n'est pas tellement plus réjouissante.

 

KELEN  -  LE DIABLE PREFḔRE LES SAINTS

Jacqueline Kelen

Edition du Cerf

2016

Le chemin de sainteté passe par la rencontre avec le Démon. Ermites, moines et moniales, mystiques hommes et femmes, tous ont eu à subir ses tentations et ses assauts. C’est leur histoire, leur combat et, souvent, leur victoire que raconte ce livre.


D’Antoine le Grand à Padre Pio, de François d’Assise à Thérèse d’Ávila, de Catherine de Sienne au curé d’Ars, les plus grands ont témoigné qu’il ne s’agissait ni de superstition populaire ni d’hallucination.

 

À travers leurs épreuves, ces figures exemplaires ont aussi indiqué les remèdes et les armes pour contrer les attaques du Diable et triompher de lui.


À une époque qui ne croit plus guère en Dieu ni au Malin, et qui rejette tout phénomène surnaturel, voici un essai érudit et passionnant, qui rappelle la réalité de Satan.
Vade retro Satanas / Va-t’en Satan », murmura le Père Jacques Hamel avant de mourir assassiné.

 

Contrairement à ce que laisse croire notre époque à la fois matérialiste et immanentiste, les chrétiens savent pertinemment que le diable n’est pas une invention humaine. Désigné aussi comme le prince des ténèbres, Satan est un ange déchu qui hante le monde avec ses légions de démons pour la perte des âmes. Et, comme l’écrit fort bien Jacqueline Kelen, « le diable préfère les saints ».

Peu de risques qu’il s’attaque directement au tout-venant. Son « artillerie lourde », il la réserve aux grandes âmes : menaces, insultes, coups et morsures, rugissements de bête féroce, bruits et chahuts, etc. D’Antoine le Grand à Padre Pio, de François d’Assise à Thérèse d’Avila, de Catherine de Sienne au Curé d’Ars, tous en ont fait les frais. Non sans moquerie à l’égard du « grappin ». Leurs armes ? Prière, courage et humilité. Avec beaucoup d’exemples concrets et de clarté, cet essai lumineux, loin d’effrayer, ravive en nous le goût du Ciel. 

 

KELEN             LE JARDIN DES VERTUS

Jacqueline Kelen

Edition Salvator

 2019

 À une époque qui parle largement de bien-être, de méditation, de développement personnel et autres recettes de bonheur, où les psychologies et les thérapies ont évacué la morale et où poli­ticiens et citoyens invoquent des « valeurs » sans les préciser davantage, il est urgent de rappeler que la pratique des vertus est indispensable à l'édification de l'être humain. Avec clarté, Jacqueline Kelen revisite les quatre vertus morales léguées par la philosophie grecque, puis reprises par le christia­nisme, qui les nomme « vertus cardinales » : la force, la prudence, la tempérance et la justice. Le livre s'appuie sur la philosophie antique, les mythes et de grandes figures du christianisme. À rebours de la confusion actuelle des pseudo-spiritualités, l'auteur rappelle qu'il n'est pas de vie spirituelle authentique sans fondement moral. À nous de savoir cultiver le jardin des vertus, en toute liberté.

 

Une vertu est une qualité morale qu’une personne peut posséder, telle que l’honnêteté, la générosité, la justice, etc. Chaque école philosophique affiliée à l’éthique des vertus choisit quelles qualités morales sont importantes et comment définir le concept général de vertu. Néanmoins, il y a des traits que toutes ces écoles sont susceptibles d’attribuer aux vertus. Ainsi, une vertu se manifeste à travers l’action d’un agent. Ce dernier doit posséder une disposition de caractère pour agir vertueusement à une certaine fréquence. Sans fréquence et sans manifestations, il est difficile, voire impossible, de dire d’une personne qu’elle possède telle ou telle vertu. Par exemple, si votre voisin ne vous rend votre salutation qu’une fois sur deux, vous ne direz sans doute pas qu’il est attentionné, poli ou encore, ce qui n’impliquerait alors pas ses qualités morales, bien-entendant. Mais une vertu ne dépend pas de l’avis et du jugement des autres pour en être une. Une vertu est une disposition objective du caractère. De plus, elle est bien plus qu’une simple habitude, car elle ne se contente pas d’être une série d’opérations machinales et régulières. L’éducation morale, comprenant une série de techniques telles que l’influence d’un modèle et l’entraînement par des exercices pratiques, permet de sculpter ses dispositions de caractère en des vertus. Durant son éducation morale, l’aspirant à la vertu se forge un répertoire d’expériences visant, dans les situations concrètes qu’il rencontre, l’application immédiate et adaptative des préceptes appris et des exercices avec lesquels il s’est familiarisé. Pour reprendre une formulation, la vertu est un type de disposition qui permet à son possesseur d’accomplir, dans une situation donnée, la bonne action pour la bonne raison et de la bonne manière. La sagesse pratique n’est rien d’autre que la compétence d’accomplir de bonnes actions, c’est-à-dire des actions accomplies pour une bonne raison et de la bonne manière. Pour comprendre ce qu’est la sagesse pratique, il nous faut comprendre ce qu’on entend par «bonne action», «bonne raison» et «bonne manière».

 

Une action est bonne, dans le cadre de l’éthique des vertus, si, et seulement si, elle est accomplie pour une bonne raison d’agir et de la bonne manière. La compréhension de la nature d’une bonne action, selon cette théorie morale, dépend donc de la compréhension de la nature d’une bonne raison d’agir et de la nature d’une bonne manière d’agir. Un agent a une bonne raison d’accomplir une action s’il utilise correctement le raisonnement pratique. Je reviendrai plus bas sur la nature d’une bonne raison d’agir, car la sagesse pratique demande le raisonnement pratique le plus performant, c’est-à-dire le raisonnement qui permet, en tout temps et en fonction des circonstances, d’identifier la bonne raison d’agir pour une bonne action donnée. Mais avant cela il faut distinguer la bonne manière d’agir de la bonne raison d’agir.

 

Alors, qu’est-ce donc qu’une bonne manière d’agir? Pour les théoriciens de l’éthique des vertus, l’attitude compte pour déterminer la valeur morale d’une action. Si vous rendez à un ami un parapluie qu’il vous avait prêté lorsque vous en aviez besoin, mais le rendez à contre-cœur, il ne sera pas pertinent de dire que vous êtes honnête de manière exemplaire, et ceci même si vous avez une bonne raison de le faire du type «je ne souhaite pas que mon ami soit trempé par ma faute». L’exemplarité de l’attitude d’un agent est déterminante pour décider si cet agent possède véritablement une vertu donnée. Agir de la bonne manière signifie agir avec une attitude exemplaire, c’est-à-dire une attitude qui manifeste au degré le plus élevé les qualités humaines de l’agent impliquées dans l’action. Un passant n’est pleinement généreux, par exemple, que s’il donne de tout cœur de l’argent à un mendiant. On comprend donc qu’il est rare de posséder véritablement une vertu. Une bonne manière d’agir correspond à un engagement émotionnel entier de l’agent pour son action, sans regrets, sans aucune opposition interne. Pour le dire autrement, l’agent vertueux a le désir et la motivation d’agir de la bonne manière et c’est ce qui lui permet justement de choisir l’attitude appropriée. Manifester une bonne manière d’agir, fondée sur une acceptation émotionnelle entière de cette action, est déjà particulièrement exigeant. Mais comme nous l’avons vu, pour accomplir une bonne action, il faut encore une bonne raison d’agir: la bonne manière agir est nécessaire à la bonne action mais non suffisante, car la bonne manière d’agir et la bonne raison d’agir sont ensemble nécessaire et suffisantes pour la bonne action.

 

Alors, qu’est-ce donc qu’une bonne raison d’agir? Un agent qui accomplit une bonne action sans comprendre qu’il existe au moins une bonne raison d’accomplir cette action, n’agit pas par vertu mais par accident. C’est pourquoi Aristote considère qu’un penchant naturel, basé sur des préférences purement émotionnelles, même pour le bien, n’atteint pas la perfection de la sagesse pratique, basé sur des raisonnements conscients de tous les enjeux moraux des actions. L’individu vertueux est celui qui possède la sagesse pratique, c’est-à-dire qu’il a la capacité d’évaluer la situation dans laquelle il se trouve, de sélectionner la bonne chose à faire et la bonne manière de le faire, dans son répertoire d’expériences, et de comprendre qu’il accomplit la bonne action pour la bonne raison.

 

Dans ce cadre, une bonne raison d’agir est dépendante de la situation dans laquelle l’agent se trouve. Ainsi, selon Aristote une personne vertueuse devra choisir entre dire une vérité désagréable à un interlocuteur ou le préserver de la souffrance, en pondérant quels bénéfices moraux seront les mieux acquis et par quelle action. La personne vertueuse ne suit donc pas simplement une règle du type «je ne dois pas mentir», car elle a conscience de devoir choisir entre l’honnêteté et la bienveillance et qu’elle a la possibilité, en agissant véritablement en faveur de son interlocuteur, de composer une action à travers laquelle ses propres qualités morales et le bien-être de l’autre seront ensemble préservés, plutôt que de respecter l’intégrité d’une règle extérieure aux enjeux de la situation concrète. C’est pourquoi, contrairement aux deux autres théories éthiques dites classiques, l’éthique des vertus ne possède pas de «théorie de l’action bonne», c’est à dire une théorie qui nous indique une liste d’actions nécessairement, partout et toujours bonnes sous forme de règles utilisables par n’importe quel agent à n’importe quel stade de développement moral. Pour un défenseur de l’éthique des vertus, il est simplement invraisemblable qu’une telle théorie puisse exister, car, à ses yeux, la nature d’une bonne action est un composé complexe aux caractéristiques mouvantes. Ainsi, une bonne action dépend d’une bonne raison d’agir corrélative à la situation donnée évaluée par l’agent et au désir de ce dernier de préserver au mieux les bénéfices moraux pour lui-même et les autres. Une bonne raison d’agir est donc le résultat d’un raisonnement pratique d’un agent qui y évalue la situation, fait appel à son expérience pratique et mobilise sa motivation d’être une bonne personne. L’agent qui parvient en tout temps à sélectionner la bonne raison et la bonne manière d’agir, bref qui réussit toujours à choisir la bonne action à accomplir, possède la sagesse pratique.

 

Du point de vue de l’éthique des vertus, dans sa version dominante (néo-) aristotélicienne du moins, celui qui sait agir pour la bonne raison et de la bonne manière, peut atteindre la vie heureuse. Autrement dit, une vie vertueuse est une vie heureuse. Ce bonheur se trouve être l’objectif final de nos actions. Alors, qu’est-ce que le bonheur? Un sage comprend ce qu’est une bonne raison d’agir, parce qu’il comprend ce qui possède une vraie valeur, ce qui est vraiment avantageux dans la vie, et comment bien vivre. Ceci s’explique par le fait que, dans le cadre de l’éthique des vertus (néo-) aristotélicienne, une vie vécue vertueusement est nécessaire pour atteindre le bonheur. Il n’est pas envisageable de posséder le bonheur véritable sans agir, avec régularité et engagement, vertueusement. Les écoles gréco-romaines emploient toutes un vocabulaire et une base conceptuelle semblable pour parler du bonheur. Le bonheur y est dépeint comme un état stable et permanent de joie sans agitation, où la maîtrise des émotions est complète, la clarté de l’esprit parfaite et la perfection humaine accomplie. Bien sûr, la conception de ce qu’est, dans le détail, le bonheur véritable, que chaque école définit à sa manière, de la contemplation intellectuelle d’Aristote au calme sans trouble des stoïciens, dépend étroitement de la conception du rôle que jouent les vertus dans une vie. Autrement dit, vous ne reconnaissez cette conception du bonheur que si vous reconnaissez que les vertus sont déterminantes pour mener la vie que vous souhaitez mener lorsque vous vous posez la question «quelle sorte de personne être?». Mais aucun argument ne peut être produit pour convaincre un adepte des plaisirs purs que le seul vrai bonheur est celui donné à travers une vie vertueuse. Tout ce que les défenseurs de l’éthique des vertus peuvent faire, c’est tenter de convaincre que la seule bonne manière de penser la morale est de penser les vertus et leurs relations à nos vies concrètes.

 

Au sommaire de cet ouvrage : Au magasin de farces et attrapes  -   Quelle est la mesure de l’homme   -  Verdoyantes vertus   -  La Force  -  la Prudence  -  La Tempérance   -  La Justice  -  Quatuor pour le temps présent   - 

 

KELEN - - LE LIVRE DES LOUANGES

Jacqueline KELEN

Edition ALBIN-MICHEL

 2007

« La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie la douleur et l’incompréhension, surmonte le désespoir et le sentiment d’injustice. Telle une voix de pure grâce, elle acclame, remercie et bénit sans rien demander pour soi. N’attendant nulle réponse, elle est plus qu’une prière. Inexplicable, ailée, elle révèle en chacun la musique de l’être. »


À l’heure où la parole se fait trop souvent plaintive ou revendicatrice, Jacqueline Kelen, auteure de nombreux essais spirituels dont L’esprit de solitude et Divine blessure, vient nous éveiller aux merveilles de la louange. Unique occupation des myriades angéliques, le chant de louange traverse les cultures et les époques et nous fait accéder à la transcendance, dans un abandon jubilatoire à la plénitude de l’Autre. Des Psaumes à Péguy et de Dante à Rûmi, en passant par Homère et le Zohar, toute la gamme en est ici déployée. « Si j’affirme que seule vaut la louange, qu’elle est notre unique vocation, c’est d’abord pour rappeler aux contemporains que sa moindre vertu consiste à sauver l’homme de l’uniformité consentie, d’un asservissement généralisé. »

La louange ouvre tout l’espace du cœur. Elle défie la douleur, le désespoir, le sentiment d’injustice et l’incompréhension. Elle relie l’homme à la lumière. Elle est le chant d’une soif infinie qu’aucun homme n’étanchera jamais. Toujours à contre-courant de l’esprit du temps, Jacqueline Kelen, auteur de nombreux essais spirituels, fait l’éloge de la louange, seule façon pour elle de se hisser vers l’absolu, même face au silence de Dieu.

En demeurant dans les reproches, l’homme se voue à la mort, estime Jacqueline Kelen, qui a revisité à maintes reprises les mythes anciens et les textes bibliques. Elle fustige l’homme moderne qui répugne à dire merci, ignore la bénédiction parce qu’il croit que tout lui est dû, mais étouffe dans la cacophonie assourdissante du monde, n’écoutant plus sa petite musique intérieure et se privant de sa capacité d’émerveillement devant tout ce qui l’entoure.

Dans cet ouvrage J. Kelen rappelle l’abondance et la permanence des louanges qui montent depuis que l’homme se tient debout et embrasse le ciel de son regard. Quelle que soit la civilisation dont ils viennent, en premier lieu s’élèvent des hymnes : chants d’Egypte pharaonique, prières de Sumer, hymnes védiques, homériques et orphiques, invocations aztèques et chants de triomphe incas ou hymnes chrétiens, tous s’adressent à la lumière, au soleil, aux astres, à la terre-mère, à la pluie, au Dieu éternel, inconnu. « Quand le cœur déborde d’amour, il donne sans cesse des bénédictions ». L’inscription, en lettres cunéiformes, remonte au roi sumérien Gudea qui régna entre 2144 et 2124 avant l’ère chrétienne. Preuve que la louange n’est pas née de la dernière pluie. S’appuyant sur les textes des grands mystiques, qu’ils soient juifs, chrétiens ou soufis, Jacqueline Kelen souligne la gratuité de la louange, qui « acclame, remercie et bénit sans rien demander pour soi ».

Elle invite le lecteur à s’émerveiller de ce qui l’entoure, du visible et de l’invisible, à chanter le goût de vivre et la beauté, à sanctifier le quotidien. Pour elle, être attentif à tout ce qui existe, c’est déjà en prendre soin et reconnaître que tout mérite tendresse et amitié. « Cette effusion du cœur est centrale et essentielle », insiste-t-elle.

 

KELEN - LE MANTEAU DE MAGNIFICENCE

Jacqueline KELEN

EDITION RENAISSANCE

 2004

Mon âme, bénis l’Eternel
Eternel, mon Dieu, tu es infiniment grand
Tu es revêtu d’éclat et de magnificence
Il s’enveloppe de lumière comme d’un manteau;
Il étend les cieux comme un pavillon.
Il forme avec les eaux le faîte de sa demeure;
Il prend les nuées pour son char Il s’avance sur les ailes du vent. ‘’ Psaumes’’

Ils respirent dans un pays sans contours où s’enlace à la neige le jasmin fleuri, où la brûlure s’allie avec la douceur. Un pays introuvable et inoubliable que certains nomment le Royaume du Cœur. Ils rêvent le même récit, fait d’attente, de beauté et de douleur.

Portés par un désir plus grand qu’eux, ils se rencontrent ou s’éloignent sans se perdre jamais. Ces personnages sont une dame pensive, un chevalier errant à la noble ardeur, un vieil homme penché sur son écritoire, un jeune garçon qu’on croit idiot, et un chien aux yeux bleus.

Quelqu’un les observe, de près, de loin, du haut des siècles, un petit être mystérieux, assez volubile, qui entreprend de tisser un vêtement de pourpre et d’écarlate. Mais destiné à qui ?

L’histoire se situe en France à la fin du XIII° siècle, portant l’écho des croisades, des blanches églises et des bûchers cathares, et marquée de la figure miséricordieuse de la Vierge au manteau. Mais elle se déroule tout autant sur l’échiquier de l’invisible.

Ce récit s’inscrit dans la tradition médiévale du Songe. Il est à découvrir comme un cantique fragile et précieux.

 

KELEN - LE PROVISOIRE ET…L’ḖTERNEL   -  LES QUESTIONS INḖVITABLES

Jacqueline Kelen

Ed. Le Relié

2017

Nos contemporains sont, pour la plupart, cernés par des écrans et emportés dans un tourbillon d'activités, de bruits et d'images qui multiplient leurs angoisses. Ils se retrouvent décentrés, dépouillés de leur vie intérieure autant que d'une réflexion personnelle. Le silence et la lecture permettent de prendre du recul et quelque hauteur, afin de s'interroger et d'exercer son esprit critique. Mais surtout de renouer avec la culture et la philosophie en méditant sur des thèmes intemporels : l'amour, l'au-delà, l'âme, le mal, la beauté, la mort... Voici de petites pensées qui sont une façon de s'approcher de celle qui, selon une expression biblique, " est née avant les collines ", c'est-à-dire la Sagesse.

 

La révolution intérieure apporte la liberté et la seule façon de faire en sorte que l'on passe à travers cette révolution intérieure est de s'ouvrir à la méditation. Méditation veut simplement dire apprendre à oublier tout ce que vous avez appris. C'est un processus de déconditionnement.

 

La société a surchargé tout le monde avec les milliers de pensées. La méditation vous aide simplement à vous sortir de ce monde de pensées, à entrer dans un état de silence. C'est un procédé de nettoyage complet de votre ardoise, il vide tout ce qui a été forcé, bourré en vous.

 

Une fois que vous êtes vide, spacieux, silencieux, propre, la révolution est faite, le soleil s'est levé, alors vous vivez dans sa lumière ! Et vivre dans la lumière de votre soleil intérieur signifie vraiment vivre. En fait c'est la seule façon de vivre. Les autres meurent seulement, meurent simplement lentement, se déplaçant dans une file d'attente qui devient de plus en plus courte à chaque moment et à n'importe quel moment vous pouvez être le premier dans la file. En fait tout le monde essaie d'être le premier de la file, un grand désir d'être le premier partout.

 

La vie ordinaire est seulement appelée vie, en fait elle n´est pas la vie. C'est seulement soi-disant la vie. C'est un processus de mort graduelle ou être plus précis, un processus de suicide graduel. Dès l'instant ou vous devenez silencieux, conscient et clair et que votre ciel intérieur est plein de délices, vous connaissez le premier goût de la vraie vie. On peut appeler cela dieu, on peut appeler cela illumination, on peut appeler cela libération, expérience de la vérité, amour, liberté, félicité, différents noms mais le phénomène est le même.

 

KELEN - LES  AMITIÉS  CÉLESTES

JACQUELINE  KELEN

ÉDITION  ALBIN  MICHEL  

 2009

Héritière de la philosophie grecque qui place la philia au sommet des vertus, l’amitié spirituelle qui se développe dès les premiers temps du christianisme est à l’origine de fondations d’ordres, de missions, d’une riche correspondance et de textes magnifiques. C’est une émulation sur le chemin du ciel en même temps qu’une tendresse partagée et une indéfectible fidélité.

Jacqueline Kelen nous convie ici à un voyage à travers l’Europe chrétienne, depuis les ermites du IVe siècle jusqu’à nos jours, en racontant de belles amitiés, qu’elles soient passionnées ou plus sages, paisibles ou contrariées. Certains amis sont célèbres et auréolés de sainteté ; d’autres vivent des ambiguïtés et les risques d’un lien qui cherche à se hisser au dessus du simple attachement sentimental. Les amitiés célestes sont aussi une invitation à s’interroger sur ce qui nourrit et illumine toute relation terrestre.

 

Jacqueline Kelen nous raconte les amitiés entre :

 

Paul de Thèbes et Antoine le Grand (228-351)     -   Grégoire de Naziance et Basile de Césarée (330-379)    - 

Guillaume de Saint-Thierry et Bernard de Clairvaux (1085-1153)  -    Erasme et Thomas More (1469-1535)  -  

Ignace de Loyola et François Xavier (1491-1552) -         Charles Péguy et Alain Fournier (1873-1914)   

Geneviève et Clotilde (422-502)  -              Hidegarde de Bingen et Richardis von Stade (1098-1179)      -  

Claire d’Assise et Agnès de Pragues (1205-1300) -  Hans Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr (1925-1980)   

Gertrude d’Helfta  et  Mechtilde de Hackeborn (1256-1301) -  J. de vitry et Marie d’Oignies (1177-1240)

François d’Assise et Claire (1182-1226)     -   Jourdain de Saxe et Diane de d’Andalo (1190- 1237)    - 

Angèle de Foligno et frère Arnaud (1248-1309) – Maître Eckhart et sœur Catherine de Strasbourg (1260-1328) 

Catherine de Sienne et Raymond de Capoue (1347-1380) -    Thérèse d’Avila et Jean de la Croix (1515-1582)  -

François de Sales et Jeanne de Chantal (1572-1622) –     Pierre de Bérulle et Madame Acarie (1575-1641)  - 

Vincent de Paul et Louise de Marillac (1581-1660)        -        Fénelon et Madame Guyon (1651-1715)      - 

Marguerite Alacoque et Claude La Colombière (1647-1690)- Le curé d’Ars et Catherine Lassagne (1806-1883) 

Anne Catherine Emmerich et Clemens Brentado (1774-1824) -  Simone Weil et J. Marie Perrin (1909-2002) –

Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan (1881-1955)        -       Jerôme et Paule (347-420)

 

KELEN - LE SECRET

Jacqueline KELEN

Edition de la Table Ronde

 1997

Petite plaquette de 100 pages où l’auteur – spécialisé dans les mythes et la démarche spirituelle – nous donne des clefs sur le secret, qui n’appartient ni au savoir ni au sens.

 

Il ne se trouve pas enfermé entre les pages d’un livre, ni à l’intérieur d’un sanctuaire, il est ce qui déborde, irradie le savoir, les mots et les lieux.

 

Alors que tout secret d’ordre extérieur peut toujours être trahi, le secret initiatique seul ne peut jamais l’être en aucune façon, puisque, en lui-même et en quelque sorte par définition, il est inaccessible et inaccessible aux profanes et ne saurait être pénétré par eux, sa connaissance ne pouvant être que la conséquence de l’initiation en elle-même.

 

En effet, ce secret est de nature telle que les mots ne peuvent l’exprimer. A proprement parler, ce qui est transmis par l’initiation n’est pas le secret lui-même, puisqu’il est incommunicable, mais l’influence spirituelle qui a les rites pour véhicule, et qui rend possible le travail initiatique intérieur au moyen duquel, en prenant les symboles comme base et comme support, chacun atteindra ce secret et le pénétrera plus ou moins complètement, plus ou moins profondément, selon la mesure de ses propres possibilités de compréhension et de réalisation.»

 

Le secret initiatique est « quelque chose qu’il n’est au pouvoir de personne, quand bien même il le voudrait, de dévoiler et de communiquer à autrui. »

il peut arriver toutefois, que, outre ce secret qui lui seul est essentiel, une organisation initiatique possède aussi secondairement, et sans perdre aucunement pour cela son caractère propre, d’autres secrets qui ne sont pas du même ordre, mais d’un ordre plus ou moins extérieur et contingent ; ce sont ces secrets purement accessoires qui, étant forcément les seuls apparents aux yeux de l’observateur du dehors, seront susceptibles de donner lieu à diverses confusions. »

 

Dans cette même catégorie de secrets accessoires et non essentiels, on doit ranger aussi un autre genre de secret qui existe très généralement dans les organisations initiatiques, et qui est celui qui occasionne le plus communément , chez les profanes, cette méprise sur laquelle nous avons précédemment appelé l’attention : ce secret est celui qui porte, soit sur l’ensemble des rites et des symboles en usage dans une telle organisation, soit, plus particulièrement encore, et aussi d’une manière plus stricte d’ordinaire, sur certains mots et certains signes employés par elle comme « moyens de reconnaissance », pour permettre à ses membres de se distinguer des profanes, aussi doit-on insister sur ceci, que non seulement ce secret ne peut en aucune façon être confondu avec le véritable secret initiatique, sauf de ceux qui n’ont pas la moindre idée de la nature de celui-ci, mais que même il n’a rien d’essentiel, si bien que sa présence ou son absence ne saurait être invoquée pour définir une organisation comme possédant un caractère initiatique ou comme en étant dépourvue. »

 

Le silence  doit être rapportée ici aux choses qui, en raison  de leur nature même, sont inexprimables, tout au moins directement et par le langage ordinaire ; une des fonctions générales du symbolisme est effectivement de suggérer l’inexprimable, de la faire pressentir, ou mieux « assentir », par les transpositions qu’il permet d’effectuer d’un ordre à un autre, de l’inférieur au supérieur, de ce qui est le plus immédiatement saisissable à ce qui ne l’est que beaucoup plus difficilement.  L’enseignement concernant l’inexprimable ne peut évidemment que le suggérer à l’aide d’images appropriées, qui seront comme les supports de la contemplation ; d’après ce que nous avons expliqué, cela revient à dire qu’un tel enseignement prend nécessairement la forme symbolique. 

En résumé, on peut retenir, que :

Le « secret initiatique » désigne la Connaissance Suprême

Le secret initiatique n’est accessible que par la connaissance effective, conséquence de l’initiation

L’accès effectif au secret initiatique peut être gradué, comme l’est la connaissance initiatique ; il est la conséquence d’un processus actif et personnel, comme l’est la connaissance initiatique

Le secret initiatique est théoriquement accessible à chacun, par la réalisation initiatique, c’est-à-dire la connaissance effective. Le secret initiatique ne peut être dévoilé

Il peut exister des secrets secondaires (concernant les sciences, les arts traditionnels et les signes de reconnaissance) qui n’ont rien de commun avec la nature du secret initiatique le plus intérieur

Le secret étant par nature inexprimable et incommunicable, il est intransmissible en tant que tel, mais peut être faire l’objet d’un dépôt en mode virtuel « dans l’intellect de l’initié », qui devra faire le Travail personnel nécessaire pour accéder à une connaissance effective  

Au sommaire de ce petit ouvrage :

L’éclat des choses - l’ambassade de l’amour - le silence de la rose - le manteau étincelant -

 

KELEN - LE SENS DE L’HOSPITALITḖ

Jacqueline  Kelen

Edition Trédaniel

2017

L'hospitalité n'a rien d'une notion abstraite. C'est un élan du coeur, un devoir moral, un rite sacré, ou encore une décision mûrement réfléchie. En tout cas, loin d'être l'affaire de politiciens statuant sur "l'accueil des migrants", elle interroge chacun personnellement, et à travers la figure de l'étranger, de l'exilé, elle rappelle aussi notre condition humaine fragile et incertaine. La philosophie antique, les récits bibliques, les Tragiques grecs, les mythes et les contes offrent de nombreux exemples d'une hospitalité heureuse ou périlleuse dont on peut tirer des leçons pour aujourd'hui : Abraham, Ulysse, Sindbad, le Cheval de Troie, Lucrèce... Rien n'est résolu d'avance, l'équilibre demeure subtil entre confiance et discernement, entre générosité et justice. Un essai éclairant et profond.

 

L'hospitalité consiste à laisser entrer l'autre chez soi, ou à entrer à son tour dans sa maison. La communication se fait plutôt par des gestes que par des paroles (bien sûr les gestes peuvent être accompagnés de paroles mais l'essentiel est dans les gestes) : offrir à boire et à manger, héberger chez soi, en Orient laver les pieds de celui qui arrive, en Afrique "demander la nouvelle"… L'hospitalité est du domaine de l'ethos, de la manière d'être, de la manière de vivre ; c'est une expérience existentielle. L'hospitalité dérange, elle prend du temps ; il y a en elle quelque chose de la gratuité et de la surprise (sinon, c'est de l'hôtellerie !). Cette dimension de surprise est évoquée dans l'épître aux Hébreux (13,2) : "N'oubliez pas l'hospitalité, car c'est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges". 

 

Mais l'hospitalité ne se vit pas seulement à notre insu Elle consiste aussi par exemple à accueillir ce que vit l'autre. Un verset de Paul dans l'épître aux Romains (12,15) dit : "Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure". Il s'agit là d'accueillir en soi ce que vit l'autre, d'accueillir sa joie, ou sa souffrance, et de la faire nôtre. Donc de pouvoir élargir notre coeur, de sortir de nos intérêts propres et immédiats, pour faire place en nous à ce que vit l'autre. Je cite un passage d'une lettre de prison du pasteur Dietrich Bonhoeffer (29 mai 1944), pasteur allemand engagé dans la lutte contre Hitler et emprisonné à Berlin pendant les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Les avions bombardent la ville, et ses co-détenus ne peuvent héberger en eux que la peur.

 

Le pasteur Bonhoeffer écrit ensuite à son ami : "J'observe ici régulièrement qu'il y a peu d'hommes capables d'héberger en eux simultanément beaucoup de choses ; quand les avions approchent, ils ne sont que peur ; quand ils ont quelque chose de bon à manger, leur avidité triomphe ; lorsqu'un désir reste inassouvi, ils ne sont que désespérés, et lorsque quelque chose réussit, ils ne voient plus rien d'autre. Ils passent à côté de la plénitude de la vie et de l'intégralité d'une existence propre ; la réalité tant objective que subjective se désagrège pour eux en morceaux".

 

"En comparaison avec cette attitude, le christianisme nous place simultanément dans maints domaines de la vie très différents ; nous hébergeons en nous pour ainsi dire Dieu et le monde entier, continue le pasteur. Nous pleurons avec ceux qui pleurent, et nous nous réjouissons avec ceux qui sont dans la joie ; nous craignons pour notre vie, et en même temps nous pensons à ce qui importe plus que notre vie. Dès que, pendant une alerte, nos pensées se tournent vers autre chose que notre propre sécurité, si par exemple nous songeons à notre devoir de répandre le calme autour de nous, la situation devient tout autre ; la vie n'est pas repoussée dans une dimension unique, mais reste à plusieurs dimensions, polyphonique."

 

L'hospitalité, au sens large d'accueillir en soi la joie ou la souffrance de l'autre, nous fait vivre la vie comme polyphonique, à plusieurs dimensions. En accueillant les joies et les souffrances d'autrui, n'est-ce pas le christ que nous accueillons, lui qui vient vers nous à Noël comme chaque jour ?

 

KELEN - LES FEMMES DE LA BIBLE

Jacqueline KELEN

Edition La Renaissance du Livre 

 2002 

De quoi est tissée la mémoire des femmes ? Du parfum des fleurs et du goût de l’eau fraîche, de la couleur vive des étoffes et de la profondeur du ciel étoilée, des éblouissements amoureux, des joies passagères, des révoltes, des attentes, du rire des enfants, des gestes inlassables et fidèles qui font le fil des jours.

Lorsqu’on évoque la Bible, on cite le plus souvent des noms d’hommes : Moïse, Abraham, David, Salomon, Isaïe… Pourtant, les femmes ne sont pas moins présentes et précieuses dans l’épopée de Dieu.

A coté des Patriarches, des rois et des législateurs, elles rappellent, avec force ou discrétion, l’importance du cœur, du corps, du chant et de l’esprit nomade.

On trouvera dans ce livre une quarantaine de portraits pleins de vie : des jeunes filles rêveuses et fragiles, des mères tendres ou possessives, des guerrières, des séductrices, des épouses délaissées ou stériles, des prophétesses qui dansent…

Ces femmes qui passent dans la Bible, n’appartiennent pas à une religion particulière, elles ont, plus largement façonné la culture et la sensibilité de l’Occident et de l’Histoire.

Au sommaire de ce livre on trouve les femmes suivantes :

Les séductrices et les prostituées : Eve - les filles de Loth - Tamar - la femme de Potiphar - Rahab - Dalila - Gomer - Ohola - Oholiba -

Les trop belles : Bethsabée - Suzanne -

Les vierges : Dina - la fille de Jephté - Tamar, sœur d’Amnon - Abishag de Shunem -

Les épouses : les bonnes et les mauvaises - Saraï et Agar - Rébecca - Rachel et Léa - Mikal et Abigayil - les concubines -

Les veuves : La veuve de Sarepta - Ruth - Sarra -

Les redoutables et les rebelles : Judith - Yaël - Esther - Jézabel - Athalie - la femme de Job -

Les inspirées, les prophétesses : L’ânesse de Balaam - Miryam - Débora - Anne - la sorcière d’en-Dor - Hulda -

Les mystérieuses, les introuvables : Lilith - la femme de Noé - la reine de Saba - la fiancée du Cantique des cantiques - l’épouse de l’Eternel

 

KELEN - LES FLORAISONS INTÉRIEURES - MÉDITATIONS SUR LA DAME À LA LICORNE

Jacqueline Kelen

Edition La Table Ronde

 2015

Une fois encore, Jacqueline Kelen nous convie à une plongée en Imaginal au côté de la Dame. La Dame à la bannière, la Dame à l’oiseau, la Dame à l’œillet, la Dame musicienne, la Dame au miroir, la Dame de Haut Désir guident le lecteur dans un voyage initiatique où règnent la grâce et la beauté.

 

Jacqueline Kelen fait surgir la plus haute métaphysique d’une étude rigoureuse des mythèmes inscrits dans les six tapisseries exposées au Musée de Cluny. Le dialogue poétique et herméneutique entretenu avec les symboles transcende la simple lecture classique qui en fait une allégorie des cinq sens.


« Au fond, remarque-t-elle, les six tapisseries de la Dame à la Licorne sont autant de visions qui éclairent la quête du pèlerin. Et l’on retrouve Le Roman de la Rose, le Songe de Poliphile, Le Livre du Cœur d’amour épris, récits initiatiques qui tous se déroulent en songe, laissant entrevoir une autre réalité dont l’âme garde la nostalgie. A la fin du récit, qui se révèle épopée amoureuse et mystique, le pèlerin se réveille.


Il a à cœur de rejoindre dans un pays idéal la Dame du songe qui est Amour et Sagesse. Dame sans nom et sans visage, plus belle que toutes les femmes, plus désirable que toutes les richesses. Elle s’appellera Rose, Polia, Doulce Mercy, ou encore la Dame à la Licorne. Eternellement présente sous le voile du temps. » Eternel féminin. Dame initiatrice. Amante qui enseigne et éveille. La Sophia hante ces pages.

« Elle est une même femme en six apparitions, avertit Jacqueline Kelen, une seule femme derrière les apparences fragiles : sa silhouette juvénile, les traits de son visage sur lequel glissent les ans, et la grâce inaltérée de son maintien manifestent la percée de l’éternel sous la tapisserie du temps.

Elle est tout entière: printemps, fraîcheur de l’âme, jouvence du cœur. Et, sans jamais l’identifier, elle qui demeure lointaine, plus étrangère que la prêtresse de Mantinée dont Socrate reçut l’enseignement d’amour, chacune la rencontrant murmurera : voici la Beauté, ou encore : ainsi s’avance la Sagesse. »

Silence, solitude, immobilité, présence, immuabilité, la Dame incarne l’axialité couronnée. Souvent liée à l’Île, autre mythe qui évoque le centre, elle est à la fois inaccessible et inévitable. Elle rappelle que tout désir pointe l’Absolu, que tout désir est Désir de l’Un.

Jacqueline Kelen rend la parole aux symboles qui deviennent vivants. La poésie recouvre sa fonction prophétique, non une prophétie qui contraint mais une prophétie qui libère en indiquant le chemin du retour à sa nature originelle et ultime. Ce chemin, qui se parcourt sans personne, échappe à la morsure de chronos. Non seulement la Dame indique l’intervalle qui conduit hors temps mais elle se constitue en intervalle suprême.

« Embrasée d’amour divin, nous confie Jacqueline Kelen, la Dame entre dans la Lumière. Elle n’abandonne pas sur la rive des mortels ceux qui, un jour, répondant à son appel, sont venus en son jardin. Elle offre à discrétion la terre fertile, les couleurs et les parfums, l’ancolie et le myosotis, les gemmes étincelantes, les oiseaux qui chantent et ceux qui parlent, la caresse du vent, les arbres majestueux, les animaux tendres, ceux qu’on croit féroces et ceux qui, dit-on, n’existent pas… Comme tout cela est beau ! Comme l’intelligence est riche, et l’amour empli de merveilles !

Avons-nous oublié que nous avions part à tant de splendeur, à tant de douceur ? Et que certains soirs notre âme chantait ? » Ici, le chemin se fait Férie. L’opérativité ne réside plus dans quelque procédé mais dans la contemplation de la spontanéité du vivant.


Au sommaire de cet ouvrage :


La Dame à la bannière - La Dame à l’oiseau - La Dame à l’œillet - La Dame musicienne - La Dame au miroir - La Dame de haut désir -

 

KELEN - LES NUAGES ET LEUR SYMBOLIQUE

direction J. KELEN

Edition Albin Michel

 1995

Notre perception des nuages se réduit trop souvent au domaine de la météorologie. Leur présence est ressentie de façon négative, au point que de nombreuses métaphores les mettent en scène dans un sens dépréciatif.

Or les nuages ont longtemps été les images mêmes de la rêverie, du voyage de l’esprit, tandis que, dans certaines croyances religieuses, ils constituent le support de la méditation et sont considérés comme des lieux de vision.

Poètes, peintres, philosophes et mystiques, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, tous ont un jour rencontré ce motif ; symbole de fécondité et de douceur par la pluie qu’ils recèlent, appels à l’invisible, les nuages inspirent autant la mélancolie devant la fugacité de toutes choses qu’un sentiment de joie face à leur légèreté et à leurs métamorphoses ; ils invitent à la quête autant qu’à la contemplation.


A l’initiative de J. Kelen, des spécialistes de haut niveau, rendent aux nuages l’hommage qui leur est dû. Conjuguant rigueur et sensibilité, cet ouvrage nous amène de l’Egypte ancienne à la Chine, de l (Hindouisme à l’Islam, du judaïsme aux croyances des Celtes et des Germains, de la philosophie platonicienne au christianisme et à l’alchimie, et de la calligraphie chinoise à la peinture occidentale, est une magnifique invitation au voyage dans le royaume de la méditation et de la rêverie.

Au sommaire de ce livre :

Jacqueline Kelen : Nuages, mon beau désir

Christian Jacq : La route fertile, la symbolique des nuages selon l’Egypte ancienne

Catherine Despeux : Célestes randonnées, la symbolique du nuage dans la culture chinoise.

Jacques Bonnet : Les troupeaux du ciel ; le nuage dans la tradition hindoue et dans le soufisme islamique.

Salah Stétié : Théâtre des nuées.

Charles Mopsik : Les parures du roi ; expériences et symbolique du nuage dans la Bible, la mystique juive et la cabale médiévale.

M. M. Davy : La douceur de la Présence ; la nuée et les nuages dans le judéo-christianisme.

Claude Lecouteux : Le radeau des vents ; pour une mythologie des nuages au Moyen Âge.

Jean Markale : L’entrée ouverte au palais fermé du roi.

Denys Riout : La couleur des nuages ; notes sur les nuages dans la peinture occidentale.

Françoise Bonardel : Eloge de la nébulosité.

 

KELEN - LES NUITS DE SCHÉHÉRAZADE

Jacqueline KELEN 

EDITION ALBIN MICHEL

 1986

Un chant d’Amour, plein de poésie de symboles ou les qualités initiatiques de la femme sont omniprésentes.

« Quand je vous reverrai, Sultan, mon bien-aimé, je parlerai, parlerai... Moi Schéhérazade, je ne cesserai de vous raconter des folies, des rêves, des merveilles, afin que vous ne partiez pas, pour qu'il y ait une nuit après une nuit.

Je parlerai pour oublier que vous ne m'aimez pas, pour oublier que vous m'avez à peine regardée, que vous craignez ma beauté et que vous souhaitez ma mort.

Je parlerai pour vous consoler, pour bercer le monde et enchanter ma douleur. Je parlerai pour que se lève le jour et que s'approche, à peine voilée, la Divinité.

Je ferai danser cette chambre où vous et moi sommes reclus, je jouerai de votre désir et de votre curiosité, je bafouerai vos ordres de despote ombrageux. Je serai le cours de la lune, l'alphabet des oiseaux, le secret des amants. Je ferai reculer les murs, les tentures, les frontières et la mort. Je serai l'aurore en votre cœur.

L'amour est un conte et le conte d'amour est ma spécialité, ma seule spécialité de femme orientale, de femme entêtée à croire en la beauté. Shariar, écoutez-moi. Le conte d'amour n'existe que si l'on croit au conte. Venez en mes songes, en mes fables. Aimez-moi, c'est-à-dire rêvez-moi »

Shéhérazade, au fil des nuits et des contes, présente à Shariar une image du monde hallucinante par on étendue et sa variété, et procède sur lui aux divers degrés de l’initiation : elle en faisait à la fois un roi, un artiste, un lettré, un amant, un féministe, un sage et un philosophe… c’est-à-dire ce qu’elle est en droit d’appeler : un homme. Or cette initiation est bien passée inaperçue du plus grand nombre qui a préféré voir, dans ces contes de Mille et une nuits, des histoires coquines ou graveleuses… et qui n’a pas compris la puissance subversive* de la parole féminine, ni la force de transmutation de l’étreinte charnelle.

Face au pouvoir violent du sultan, Shéhérazade déploie sa puissance féminine : celle qui éveille les forces de vie et de lumière. Aux fantasmes grossiers, aux idées vengeresses d’un mâle désappointé et blessé, elle réplique par une superbe leçon d’amour. Au bout du conte, ce n’est pas Shéhérazade qui évite la mort à laquelle elle ne croit pas, c’est Shariar qui est sauvé. Sauvé parce qu’il a su reconnaitre, aimer et épouser la femme en lui, son Orient. Il est désormais hors du temps puisqu’il a accepté ce présent qu’est la Vie.

Experte dans l’art de capter les âmes, elle ne cherche pas à divertir le roi, à ruser au plus fin et à gagner chaque nuit un nouveau jour. Son but est plus noble : entrant par la porte de la curiosité, qu’elle découvre chez Shariar, ce qu’elle poursuit par le moyen des contes (d’abord enfantins pour préluder… jusqu’aux grands récits descriptifs), c’est l’éducation totale de celui qu’elle espère pouvoir considérer au terme de l’effort comme son époux. L’ayant pris dans son ignorance et sa rudesse, elle le crée une seconde fois : elle le fait monter de l’instinct à la conscience, du réflexe automatique à la décision volontaire. Mais en suivant cette instruction du roi, elle n’oublie pas qu’elle œuvre pour la cause des femmes : non point seulement pour sauver de la mort ses sœurs menacées, mais pour les réhabiliter devant le Khalifat et devant les Siècles.

 

KELEN - L’ESPRIT DE SOLITUDE

J. KELEN

Edition La Renaissance du Livre

 2002

On confond souvent solitude avec isolement, enfermement, abandon. Or c’est tout le contraire, la solitude doit nous faire passer à un état de plénitude heureuse, comme le furent beaucoup de philosophes, d’artistes, de saints, et de grands initiés.

Pour devenir soi-même, il faut marcher seul » Avec “L’Esprit de solitude”, l’écrivain Jacqueline Kelen publie un vibrant plaidoyer en faveur de l’autonomie.


La solitude est-elle indispensable ? Pour devenir soi-même, il faut lâcher le recours permanent au regard de l’autre, marcher seul. Tout être humain pourvu de conscience devrait apprendre à bâtir sa solitude.
Comment la solitude peut-elle permettre l’amour ? Beaucoup s’imaginent que l’amour va mettre fin à leur solitude, alors que c’est la solitude qui permet l’éclosion et la durée de l’amour. Tant que l’individu cherche à l’extérieur celui ou celle qui le complétera, il ne pourra que nouer des relations intéressées ou précaires, et fera un mariage bancal.


N’est-ce pas là une vision angélique ? La solitude est un défi qui demande de la vaillance, de l’ardeur et du courage. Elle n’a rien à voir avec l’isolement. Etre solitaire, c’est être ouvert à tout ce qui peut arriver, mais en défendant son intériorité et sa liberté. Je suis une grande solitaire très entourée d’amitié et d’amour. Celui qui vit souvent seul apprécie d’autant mieux la diversité des individus qu’il rencontre. Que chacun en fasse l’expérience.

L’auteur nous invite à découvrir en chacun de nous cette liberté personnelle et inaliénable qui passe par la solitude.

 

KELEN - LES REINES NOIRES : DIDON, SALOMÉ, ET LA REINE DE SABA

Jacqueline KELEN

Edition Albin Michel

 1987 

Ces Reines qui ont vécu à Carthage en Arabie et en Palestine, ont des points communs. Elles sont conquérantes et insolentes, elles dérangent et transgressent mais elles sont des initiatrices telles qu’il en existait dans les plus anciennes religions.

La grande civilisation de Méroé au sud de l’Égypte, s’étendait au sud de la cataracte du Nil en Nubie (Soudan). À partir de -300 avant JC et jusqu’au au 2e siècle de notre ère, il y avait beaucoup de femmes leaders, tant que l’on croyait qu’il n’y avait pas de dirigeants masculins du tout. Le troisième grand règne est celui reine Bartare 284 à 275 avant notre ère, dont le tombeau en forme de pyramide a été trouvé. Le royaume de Koush est l’appellation que les égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire égyptien. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne.

Les reines noires ou candaces (sœurs), ont régné durant sept siècles, à partir du IIIe siècle av. J-C. Au centre de la famille, les femmes possédaient les biens et choisissaient leur époux. Elles régnaient sur le foyer et le troupeau, les hommes étant chargés des travaux pénibles. Les reines noires ont vécu en paix avec les pharaons. Les deux pays ont entretenu des relations  diplomatiques et commerciales, jusqu’à ce que l’Égypte décide d’annexer la Nubie qui se défendit avec une force et une volonté qui surprit les assaillants.

L’auteur spécialiste des mythes nous fait vivre les vies flamboyantes de ces Reines noires qui ont vécu à l’époque des gnostiques.

Abraham, Moïse, Jésus, Mahomet, Râmakrishna… Apparemment la Divinité choisit toujours des hommes pour parler ou pour s’incarner. De là à conclure que la Divinité est masculine, il y a un pas aisé à franchir. À moins qu’on ne fasse la différence entre religion établie (du fait des hommes, des chefs, le plus souvent) et voie spirituelle, intérieure, qui, elle, ouvre vers le Féminin : c’est la voie de la Gnose, de la connaissance personnelle, intuitive, qui ne dépend ni d’une Église ni d’un clergé, qui recherche la libération personnelle et non le pouvoir. Et là, au cœur de la Gnose, on retrouve la Femme, occultée ou oubliée dans les religions, la Femme qui apparaît comme le chemin et la fin du chemin.

La Femme de la Gnose, on l’appelle Sophia, ou l’Âme du monde ; c’est la Marie-Madeleine des Évangiles secrets, la Ruah (vent, esprit saint) des Hébreux et la Shekhina (présence divine) de la Kabbale juive ; c’est encore la Shakti, et la Grande Déesse de l’hindouisme ; c’est la Sîmorgh (manifestation divine sous forme d’oiseau) du soufisme ; c’est Dame Alchimie et la pierre philosophale…Elle est le chemin et la fin du chemin, la Femme, seulement on ne voit et on ne parle que des hommes – apprentis, sages, ou adeptes – en quête de la Féminité, et on finit par confondre ceux qui cherchent avec ce qui est cherché : c’est toujours l’histoire du montreur de lune : on regarde le doigt pointé vers la lune au lieu de regarder la lumière indiquée…

On connaît la pensée, la vie et les écrits des Gnostiques grâce (ô ironie !) à leurs détracteurs : les Irénée, Épiphane, Tertullien, des Pères de l’Église caractérisés par une misogynie radicale ; et grâce au hasard récent, qui fit renaître le phénix de ses cendres, par la découverte, en 1945, en Haute-Égypte, d’une cinquantaine d’écrits gnostiques datant du IIe siècle de notre ère, dont l’Évangile selon Thomas fut le premier traduit et commenté.Aujourd’hui, on sait que les Gnostiques des premiers temps du christianisme vivaient librement et en égalité de communauté avec les femmes ; celles-ci n’étaient pas exclues, mais surtout avaient le même rôle : guérison des malades, enseignement spirituel, prophétisme… C’est surtout cette place de la femme que les Pères de l’Église et l’apôtre Paul ont critiquée et jugée intolérable ; ce sont eux qui ont chassé la femme de l’Église, tout en continuant à répéter la belle métaphore de l’Église épouse du Christ, alors que l’Église n’était qu’une assemblée d’hommes.

Or, si les femmes étaient dans les sectes gnostiques respectées et écoutées, c’est parce que la Gnose met au premier plan la Féminité. La Divinité créatrice est pour la plupart des Gnostiques ressentie comme féminine ou androgyne : elle s’appelle Sagesse, ou Esprit saint, ou encore Silence, Grâce, Vierge de lumière, ou Mère des Vivants. Elle est Connaissance et Amour De certains de ces qualificatifs, les « bons » Pères de l’Église et autres théologiens ont su tirer des conclusions pour des siècles : à partir de cette Puissance féminine originelle, qui est invisible et silencieuse, ils ont tracé une ligne de conduite pour les femmes (c’est-à-dire contre les femmes), à savoir : cache-toi (ou sois laide) et tais-toi. Avec les Pères de l’Église, la Mère divine s’est d’un coup fossilisée, ou est partie d’un grand coup d’ailes ; et désormais le Verbe a remplacé la Parole. Les femmes n’avaient plus qu’à écouter, à se repentir, à balayer l’église ou à être bonnes de curé…

Oui, ils étaient gênants et révolutionnaires, les Gnostiques du christianisme primitif. Ils exaltaient, en leurs écrits, le personnage de Marie-Madeleine, comme Initiée, Bienheureuse, pure lumière, disciple préférée de Jésus : « La compagne du Sauveur est Marie-Madeleine. Mais le Christ l’aimait plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Le reste des disciples s’en offensaient. Ils lui dirent : « pourquoi l’aimes-tu, elle, plus que nous tous ? » Le Sauveur leur répondit en disant : « Pourquoi ne vous aimé-je pas comme elle je l’aime ? » (Évangile de Philippe)

Marie-Madeleine symbolise la Sagesse et la Connaissance (le baiser sur la bouche est, outre un geste amoureux, signe de transmission de la Parole). Elle n’est pas cette prostituée en pleurs dont le catholicisme chérit l’image, elle n’est pas une « pécheresse » repentie. Elle figure, pour les Gnostiques, l’Âme du monde qui a chu et s’est éparpillée ici-bas, la Lumière aux prises avec les ténèbres du monde, avec les pièges de l’incarnation, avant de remonter dans la sphère céleste, le Plérôme. De même, Simon le Magicien, gnostique dont parlent les Actes des Apôtres, est accompagné d’une femme, qui avait été prostituée, et qu’il appela Hélène (la Lune) en la considérant comme son « Ennoïa » (Pensée, Esprit saint) : ce n’était pas là acte de charité envers une prostituée, mais affirmation d’une croyance gnostique, à savoir que la Femme (la féminité) est l’âme et la profondeur de l’homme. Dire que « la femme est l’avenir de l’homme » (Aragon) est rejeter la femme à demain, plus tard, bien loin. Les Gnostiques diraient : la femme est l’éternel présent, le ciel intérieur et l’aurore de l’homme. Mais cette femme, cette âme, est bien malmenée, emprisonnée ou dilapidée par l’homme ; elle échappe à qui veut la saisir, la posséder, elle demeure ambiguë et énigmatique pour ceux qui n’ont pas une vision unitive :

On pourrait donc énoncer que la Gnose est féminine, dans la mesure où elle échappe, où elle est nomade ; elle est le vent qui souffle où il veut, et qui bouscule les édifices. Elle est la connaissance cachée par rapport au savoir officiel, à l’Église canonique, comme le sexe féminin, intérieur, apparemment clos et vide, est au sexe masculin bien visible. La Gnose requiert des qualités féminines telles que l’intuition, la compréhension par le corps et le cœur ; elle est de l’ordre de l’expérience, au lieu de reposer sur des dogmes ou concepts d’une raison masculine. On a oublié que si la religion établie peut être une base vers la spiritualité, elle demeure à la base du triangle dont la Gnose est le sommet. L’édifice temporel ne parviendra jamais à contenir ni à remplacer la joie spirituelle.

 

KELEN - LES SEPT VISAGES DE MARIE-MADELEINE

Jacqueline KELEN

Edition DU RELIÉ 

 2006

La figure de Marie-Madeleine ne laisse personne indifférent mais elle demeure insaisissable. Chacun, chrétien ou non, privilégie d’elle une image : la courtisane, la désolée, l’ermite, la sainte, l’extatique. Là où les bibliques exégètes veulent discerner trois personnes distinctes – la pécheresse de la ville, Marie de Magdala et Marie de Béthanie -, les Gnostiques des premiers siècles ne retiennent que la femme éveillée et préférée de Jésus. Marie-Madeleine vagabonde entre histoire et légende.

 

Elle ne cesse, à travers les siècles, d’inspirer artistes, écrivains, bâtisseurs et religieux, qui rendent hommage à la femme dévorée d’amour et de douleur à qui le Christ aurait choisi de se montrer en premier au matin de Pâques. Première à être témoin de la résurrection de Jésus, elle ira l’annoncer aux disciples (Marc 16, 9-11). Première aussi à recevoir la mission d’apôtre: lorsque Jésus lui apparaît dans sa gloire de ressuscité il lui dit : "Va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu". (Jean 20;17)

 

Lazare et Marthe n’étaient pas présents avec les apôtres à Jérusalem car depuis sa résurrection Lazare devait se cacher de peur d’être arrêté. Les disciples de Jésus se cachaient aussi et la mort du Christ les avait anéantis. En qui avaient-ils cru ? Où était celui qui devait relever le monde par sa royauté ? Ils ne voyaient que mort et désolation. Le paradoxe de la croix est de faire éclater la Vérité à tous, au moment même ou les mensonges amenant à la crucifixion semblent triompher. Il fallut cependant le témoignage de Marie Madeleine, l’apparition aux témoins d’Emmaüs, la présence du Christ ressuscité parmi les apôtres jusqu’à l’ascension pour leur redonner courage et affermir leur foi. Il fallut aussi toutes les grâces de l’Esprit-Saint à Pentecôte afin de les confirmer dans leur mission et leur donner la force de l’accomplir.

Les apôtres et disciples organisaient peu à peu leurs rencontres et la première Eglise chrétienne, tout en se méfiant de ne pas se faire arrêter. Etienne, diacre, fut lapidé; ce fut le premier martyr chrétien (Actes 7, 54-60). Devant les miracles qu’ils accomplissaient au nom de Jésus Christ, Fils de Dieu et devant le monde qu’ils amenaient à la Foi chrétienne par leurs prédications, le roi Hérode Agrippa mis en place à Jérusalem par ses amis les empereurs Caligula et Claude recommença à persécuter les chrétiens pour plaire aux responsables juifs. Il fit emprisonner Pierre et décapiter Jacques (Actes 12;1-5).

C’est certainement devant cette nouvelle vague de persécution que Marie-Jacobée et Marie-Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), Marthe, Parménas, Marcelle leur servante, Marie Madeleine, Maximin (jeune disciple de Jésus), Sidoine (l’aveugle né) décidèrent de s’exiler par un navire qui faisait la liaison entre la Palestine et Narbonne. Ce devait être en l’année 43. Le débarquement de ce petit groupe se fit à l’embouchure du Rhône et fut recueilli par une troupe de gitans qui devinrent les premiers convertis à la nouvelle religion. Sarah la gitane, Marie-Jacobée et Marie-Salomé restèrent au bord de la mer dans ce village qui allait devenir les Saintes Maries de la Mer. Le reste du groupe poursuivit sur Arles où il retrouva des hommes et femmes s’étant déjà convertis à Jésus, partageant leurs biens, priant et annonçant la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité.

Les voies maritimes reliaient déjà les pays entre eux et les nouvelles allaient avec. Dans le sud de la France par les marins, les événements de Palestine étaient connus et certains avaient déjà adopté cette nouvelle religion. Le groupe continua sur Marseille où il séjourna chez des personnes rencontrées en Palestine, avant de s’installer sur la ville pour travailler et prêcher. Marie Madeleine connaissait les plantes, l’art de confectionner des encens et des parfums ce qui lui permit d’aider au temple. Sa position sociale en Palestine lui permit de rencontrer sur Marseille des personnes de la diaspora juive qui les aidèrent à s’établir. Sidoine se fit embaucher comme pêcheur. Grâce à tous, à leur travail et à cet environnement d’amitié, leur évangélisation touchait toutes les couches sociales de la ville. Ils y restèrent 2 ou 3 ans avant d’être rejoint par Lazare, arrivant de Chypre, qui prit la responsabilité de la communauté chrétienne de Marseille dont il devint l’Evêque. Par sa présence et son autorité, il réunifia certaines dissidences naissantes.

Maximin et Sidoine se déplacèrent sur Aix en Provence pour continuer leur chemin d’évangélisation.... tandis que Marie Madeleine se retirait en la grotte de la Sainte Baume pour terminer sa vie en prières. Ce fut lors d’une promenade dans cette belle forêt au-dessus de Marseille, en regardant la falaise, que Marie Madeleine découvrit le visage de son "Rabbouni" inscrit dans la roche. Pour elle, c’est une révélation. Elle restera ici dans la grotte jouxtant cette falaise proche de Celui qui fut sa raison de vivre. Ses allers et retours sur le plateau de la Sainte Baume ne lui servirent qu’à porter les teintures qu’elle confectionnait grâce aux plantes trouvées dans la forêt et à remonter, avec l’aide de son ânesse ce qui lui était nécessaire pour vivre.

De première Apôtre Marie Madeleine devenait première Ermite de l’Eglise et ouvrait la voie à la vie contemplative. La solitude ne la rebutait pas, elle y voyait même un grand attrait, celui de vivre enfin âme contre âme avec le Christ et l’univers céleste, en prières avec Dieu et les anges. De nombreux phénomènes miraculeux accompagnèrent ses prières selon les contes provençaux: elle aurait été transportée dans les airs par les anges jusqu’à plusieurs fois par jour. Elle serait restée ainsi plus d’une dizaine d’années entre la vie contemplative en sa grotte, ses allées et venues sur le plateau de la sainte Baume, les visites de ses amis Maximin, Sidoine et de quelques uns de Marseille. Ils se retrouvaient aussi pour célébrer l’eucharistie.

 

KELEN – LES SOLEILS DE LA NUIT – Et la nuit comme le jour illumine

Jacqueline Kelen 

Edition de la Table Ronde

 2008

Jacqueline Kelen nous emmène loin, sur le chemin de nos origines, à travers contes ancestraux et réflexions aussi lucides que poétiques. Un vrai bonheur de lecture… à nous faire aimer les nuits au moins autant que les jours.

Qu’elle évoque l’esprit de solitude, l’amitié ou des héros mythiques, Jacqueline Kelen a l’art de nous ensorceler. Ses livres sont autant de voyages pour l’âme et l’esprit, qui nous emmènent bien plus loin que peut porter notre regard. Dans ses pas, on apprend à percevoir l’invisible.

Son dernier livre nous convie à une véritable consécration de la nuit. Une nuit habitée, lumineuse, qui fait éclater les limites du jour. Au moment où les journées raccourcissent, alors qu’il nous faut apprendre à composer avec le manque de soleil, avec le soir qui tombe de plus en plus tôt, Les soleils de la nuit sont comme une invitation à considérer différemment les saisons plus sombres à venir. «La sérénité vient avec le soir. Même si on ne dort pas, la paix, la majesté du ciel nocturne invite à adopter un  autre rythme, plus ample et plus recueilli. C’est le temps de la méditation, de la douceur, des confidences.»

Souvent, la nuit engendre la peur. Pour Jacqueline Kelen, elle est au contraire un refuge, un monde fait d’immensité, porteur de notre part divine. «Ainsi, la nuit paraît claire ou sombre selon celui qui la contemple: elle est un gouffre, elle est une arche; elle mène à la perdition, elle invite à l’élévation; son immensité emplit l’homme d’effroi ou le pousse à le prosterner.»

J. Kelen s’appuie sur des contes et des mythes, parmi les plus célèbres, pour nous ouvrir aux différentes significations de la nuit. Nuits de prières, d’amour ou de débauche… «Toute l’existence humaine ressemble à un voyage nocturne où les meilleurs persistent jusqu’à l’aurore. Sans renoncer. Sans se laisser piéger par les fausses lueurs diurnes. Pour échapper au rêve, au mensonge d’ici-bas, l’âme chaque nuit doit se dévêtir de sa tunique de peau.»

Jacqueline Kelen insiste sur la sérénité liée à la nuit, sur le soir qui clôt une journée… ou une vie. «Le soir est serein: ainsi le désigne l’origine du mot en latin, serenus. Cette tranquillité particulière ne vient pas d’une absence de bruits extérieurs, ni de l’arrêt des activités, elle est la qualité d’un état intérieur où tout paraît se décanter et se mettre à sa juste place. (…) Aussi est-elle belle l’expression qui évoque le soir de la vie. Il n’en émane rien de triste, mais c’est toute la noblesse d’une vie d’homme accomplie, avec ses pertes et ses richesses, ses faux pas, ses joies intenses, sans rien renier.» Elle nous offre ainsi la nuit comme une renaissance. «Chaque nuit incite à revenir à ce qui nous précéda, elle propose ce bond en-deçà du temps qui rafraîchit et qui apaise, un printemps incroyablement jeune.» Celles et ceux d’entre nous qui parfois veillent, lisent, travaillent ou méditent au cœur de la nuit comprendront bien cette atmosphère si particulière, sur laquelle Jacqueline Kelen a su mettre des mots pour nous la faire savourer mieux que jamais.

 

KELEN - L’ÉTERNEL MASCULINTRAITÉ DE CHEVALERIE A L'USAGE DES HOMMES D'AUJOURD'HUI

Jacqueline KELEN 

Edition LAFFONT

 2005 

À une époque où l’identité masculine paraît vacillante, noyée dans l’uniformisation générale, réduite à des faits biologiques ou à des concepts psychanalytiques, Jacqueline Kelen ose s’interroger sur l’éternel masculin.
Un éternel masculin nourri de mythes héroïques, de chevaliers et de troubadours, d’enchanteurs et d’esthètes, d’hommes sauvages, d’hommes de cœur et de courage, de séducteurs défiant Dieu, de « ravis », de fous et de rois magnifiques.


Un livre somptueusement écrit, avec force et poésie, stimulant pour tout homme conscient de son devoir d’homme et source de désir pour toutes les femmes ; car elles rêvent de ces êtres mythiques ou, comme l’écrit l’auteur, de cet homme chimérique qui seul donne envie parce qu’il appelle au large et à l’imprévisible.

Un livre de grande culture, traversé par plus de soixante dix mythes masculins, dont Jacqueline Kelen propose une nouvelle lecture, parfois surprenante et toujours passionnée.

Les hommes féminins – Les ravages du terminisme – Le temps des semailles – Mythes et stéréotypes – Le blason masculin – La solitude, la liberté – L’admiration, miroir de beauté – Le premier héros – De la marionnette à l’homme relié – Virilité, « viridité » - L’éros du héros – Vif-Désir – Simbad l’infatigable – L’errance – Aller à la rencontre - Le goût de l’épreuve – Ulysse ou le voyage énamouré – Énée, Jason – Thésée et ses monstres - Navigations celtiques – Le cœur volant – La noblesse de l’échec – Icare ou le ciel qui s’ouvre – Le premier pas – Une morale guerrière – Les armes et les lettres – Le temps de la ferveur – Le guerrier spirituel - Jacob le fort – Tête d’or – Samson – Cuchullainn le flamboyant – La mort en face – Mourir en beauté – La gloire – La paix du guerrier – Les combats de l’esprit – Le tranchant de l’épée – Éloge de la fureur – La femme et le guerrier – Petit Poucet le futé – L’œil ouvert – Naïveté, nativité – Les faux enfants – Peter Pan le verdoyant – Aladin, le fervent d’amour – Jouvence du mythe – Prométhée, le voleur de feu – L’esprit titanesque – Asclépios le guérisseur – Les tourments de Faust – Pygmalion ou le geste qui donne vie – Vive l’homme occidental – La menace de Frankenstein – La sapience – Le mythe dédaigne le mariage – Narcisse ou l’impossible beauté – Les déserteurs de l’amour – Nuits cruelles, secrets égorgés – Don Juan et les intermittents de l’amour – Le donjuanisme – Tristan ou la douleur d’aimer – L’irrésistible passion – Hamlet, l’amant célestiel – Roméo, fou d’amour – L’invention des troubadours – Le désir continent – Le goût du secret – Le « Joy » amoureux – L’éducation chevaleresque – La Dame mystérieuse – Le cœur et l’épée – Dieu, le Roi, la Dame – Lancelot, chevalier courtois – Perceval, Galaad – La véritable chasteté – La mission cosmique – Don Quichotte l’admirable – La lignée chevaleresque – De la fraternité – La danse avec le danger – Pourvoir à la beauté – La mesure de l’élégance – L’horreur de la médiocrité – L’espace de la conversation – L’homme de concorde – Le jeu, la joie – La cité, la forêt – États d’arbre – L’ire d’amour – La hache et le houx – Pépinière de rebelles – Tarzan, gentleman de la jungle – Mémoire de chaman – La lampe et les fièvres – Noé, Väinämöinen : deux hommes dans un bateau – L’homme réconcilié – Le fou du roi – Dionysos le déchaîné – Zarathoustra le léger – Le fou d’amour – L’analphabète, l’idiot – Zorba, la volupté de vivre – La parole du jasmin – Vivre dans la splendeur – Pour en finir avec la pensée laïque/laide –L’homme ouroborique – Le roi Salomon – De ce côté-ci du Paradis.

 

KELEN - MARIE - MADELEINE OU LA BEAUTÉ DE DIEU

Jacqueline KELEN

Edition LA RENAISSANCE

 2004

La figure de Marie-Madeleine ne laisse personne indifférent. Pour certains, elle est courtisane, hermite, pleureuse, pour d’autres extatique ou sainte, pour les gnostiques de la 1ère heure elle était une femme éveillée, la préférée de Jésus.

 

Marie-Madeleine est "témoin de l'essentiel". Dans les évangiles, elle est présente au moment de la mort et de la résurrection de Jésus. Apôtre, prêcheuse, pécheresse repentie, ascète, mystique…

 

On a tout dit de Marie-Madeleine, visage ou personnage qui depuis longtemps fascine ou fait rêver. Parce qu'elle est une belle figure de femme. Parce qu'elle est pécheresse repentie. Parce que les évangiles la montrent proche de Jésus. Mais pourquoi donc cette proximité, qui en a fait gamberger plus d'un, surtout après la lecture de quelques apocryphes un peu croustillants. Mais qu'en est-il vraiment ? 

 

Marie-Madeleine est souvent nommée dans les évangiles. Et il serait intéressant de voir quels textes reviennent à la mémoire quand on parle d'elle et que l'on fait d'elle le portrait contrasté évoqué plus haut. Parmi ces textes figurerait sûrement celui, un peu énigmatique, de Luc : Jésus, dit-il, passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu.

 

Les Douze l'accompagnaient, ainsi que des femmes qu'il avait délivrées d'esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), Jeanne, femme de Kouza, l'intendant d'Hérode, Suzanne, et beaucoup d'autres, qui les aidaient de leurs ressources (Luc 8, 1-3). Une cohorte de femmes suit Jésus, montrant sa liberté de relation, dans une société qui supportait peu une telle proximité. D'autant que si l'une ou l'autre de ces femmes appartient à la bonne ou à la haute société, plusieurs portent encore la trace de la misère ou de la détresse qui les a marquées. C'est le cas de Marie-Madeleine, libérée de sept démons !  

 

Bien-sûr il faut se souvenir qu'au temps de Jésus, la maladie, la fièvre, la possession diabolique, étaient autant d'aspects, comme le péché, de la rupture avec le monde de Dieu. On ne parlerait plus ainsi aujourd'hui. Aussi demeurons-nous avec nos questions sur ce que pouvaient signifier ces sept démons. Le rapprochement dès lors avec la femme pécheresse qui intervient chez Simon le pharisien, dans le même évangile de Luc (Luc 7, 36-38), est tentant. Jésus est à table chez Simon le pharisien. Entre une femme, qui se jette aux pieds de Jésus et pleure, puis essuie les pieds de Jésus de ses cheveux, avant de verser sur eux un flacon de parfum rare. Cette femme n'est pas nommée et demeure ainsi - pour toujours - anonyme. Mais il était tentant d'y voir Marie-Madeleine, qui devient dès lors la prostituée que beaucoup imaginent. Et ses sept démons sont identifiés ! Mais tout repose sur l'imagination. 

 

Peu à peu, d'autres figures de femmes demeurées elles aussi anonymes dans les évangiles, et que rien n'autorise véritablement à identifier, rejoignent et enrichissent le portrait de Marie-Madeleine. On rapproche ainsi la pécheresse qui versa du parfum sur les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, de celle qui en versa sur la tête de Jésus… chez Simon le lépreux, et dont nous parle Marc, soulignant l'exception de ce geste, qui préfigure la mort de Jésus, Jean parle d'un même geste à Béthanie. Il s'agit alors de Marie sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Serait-ce la même ? Et un même geste suffit-il à les identifier toutes en une ? L'analyse sur ces textes, en effet, ne permet pas d'en dire entièrement l'histoire, ni le chemin qu'emprunta la transmission de la mémoire initiale. S'agissait-il d'un même geste ou de plusieurs ? D'une ou plusieurs Marie. La liberté de Jésus dans ses paroles, et sa proximité de tous, la proximité qu'il eut également à l'égard de plusieurs femmes qui le suivaient - verbe qui désigne le disciple -, la considération qu'il leur porta, le geste qui libéra Marie-Madeleine de sept démons, cela explique peut-être l'attachement qu'elle ou plusieurs, purent avoir envers lui.

 

KELEN - MARIE - MADELEINE UN AMOUR INFINI

Jacqueline KELEN

Edition Albin Michel

 1982

Qui est cette mystérieuse Marie de Magdala dont les chrétiens en ont fait une des figures majeures proches de Jésus et les gnostiques une grande initiée. Ici elle parle et se souvient : de sa vie en Palestine, de son exil en Provence et surtout de sa rencontre éblouissante avec Jésus dont elle partagea l’enseignement, la Passion et la Résurrection.

Le privilège de Magdeleine – et son immortalité – est d’avoir une légende et non une histoire. Les quatre évangélistes ont laissé témoignage d’une femme « possédée par sept démons » et guérie par Jésus ; d’une pécheresse repentante répandant du parfum ; d’une femme riche, originaire de Magdala, faisant partie de l’entourage de Jésus ; d’une Marie, vivant à Béthanie avec sa sœur Marthe et son frère Lazare, tous trois aimés du Christ. Marie (ou la Magdaléenne, ou la pécheresse) est citée dans les épisodes de la résurrection de Lazare, et de l’onction à Béthanie ; du Calvaire et de la mise au tombeau (elle se trouve au nombre des « saintes femmes ») ; enfin, celui de l’apparition du ressuscité.

Il y aurait donc, au moins, une double figure : Marie la pure, la douce, menant une vie simple, emplie de foi ; et la pécheresse, possédée, prostituée, la Magdaléenne. C’est l’apôtre Jean qui suggère la liaison entre ces personnages apparemment contradictoires (Jean XI 1-2). Et même si certains théologiens persistent à refuser l’assimilation, la tradition conserve, avec le nom double de Marie-Magdeleine, l’image d’une femme au grand cœur, compatissante et désolée, dont les attributs remarquables sont une longue chevelure et un pot de parfums. La douleur, la beauté : deux faces de l’amour, et Magdeleine apparaît comme le miroir ardent de Jésus, lumineux et crucifié. Elle s’appelle Marie, comme tant d’autres en Palestine ; de même Jésus est un nom répandu. Mais de ces « Miriam » ou « Yeshoua », très peu resteront dans l’Histoire et les cœurs.

Elle se nomme Marie, on l’appellera la Magdaléenne ; comme Jésus, dit le Nazaréen ; est-ce là un terme dépréciatif ou un constat de notoriété ? Est-ce une habitante ordinaire, ou la Dame de Magdala ? Sa conduite est-elle inqualifiable ou ineffable. On pense au personnage de Judith (c’est-à-dire « la Juive ») de l’Ancien Testament : elle est, comme Magdeleine, riche, et veuve (c’est-à-dire, seule, sans joug marital, autonome) ; elle habite, et sauve, la citadelle de Béthulie (une ville qui n’existe pas, inconnue comme le fameux « parfum » répandu par la pécheresse) ; or on fait dériver le nom de Magdala de l’hébreu « migdol » : « tour ». Judith, Magdeleine : femmes-forteresses, images de la Grande Déesse Cybèle au front ceint de remparts. Rahab la prostituée habite dans les fortifications de Jéricho.

« J’étais une muraille », chante la superbe épouse du Cantique des Cantiques, nommée sans plus de précision « la Sulamite » (« la Pacifiée »). Autre femme sans visage, plus belle, plus affolante, de demeurer sans identité. Femme noire et inquiétante, femme-sortilège, qui se définit aussi – si l’on peut dire, puisque ce sont choses mouvantes, choses fuyantes – par ses cheveux, et l’abondance de ses parfums (dont le fameux « nard ») : l’essence même de la féminité. Le chant d’amour de l’Époux et de l’Épouse est repris, quatre siècles plus tard, par Jésus et Magdeleine. Avant de décroître, de laisser la place à Jésus, Jean le Précurseur, le chaste, l’ascète solitaire, se définit, non comme l’époux (« qui a l’épouse est l’époux »), mais « l’ami de l’époux » (Jean III, 27). Dès lors, comment ne pas reconnaître en Marie-Magdeleine l’épouse, aux côtés de Jésus ?

Dans l’entourage féminin de Jésus, c’est elle qui est citée de la façon la plus marquante. D’autres indices et coïncidences abondent : « Femme publique », Magdeleine suit Jésus de Galilée en Judée, pendant son enseignement aux foules, sa Passion, et au-delà. Non seulement elle est témoin mais participe aux événements majeurs de la vie de Jésus : elle suscite, par ses larmes, sa confiance et sa tendresse, le miracle de la résurrection de Lazare ; elle héberge Jésus, avant sa Passion, dans la maison de Béthanie ; elle le voit et l’entend sur la croix ; et surtout elle est la première (la seule, selon l’évangéliste Jean) à voir et entendre le Christ ressuscité : le dialogue déchirant entre la femme éplorée et le faux jardinier (« Marie ! » – « Rabbouni ! » et cette étrange phrase « ne me touche pas ! » affirment leur union par-delà les corps et le temps, et « l’amour plus fort que la mort ».

Tendresse de Jésus pour Marie, mais aussi respect et admiration pour la « pécheresse » : lors de l’onction à Béthanie, il prend sa défense, la cite en exemple et la loue pour les siècles futurs. Bien sûr, on n’a pas attendu ce jour pour affirmer d’équivoques relations entre Jésus et la Prostituée, pour vouloir éclaircir ou préciser la vie sexuelle et sentimentale de l’homme-dieu. Il ne s’agit pas de cela, ni expériences sexuelles ; il s’agit d’amour ; d’amour incarné, comme Jésus lui-même. Magdeleine et Jésus représentent deux voies de l’amour qui se retrouvent et s’enlacent : lorsque deux figures de l’Absolu s’étreignent, c’est sans référence humaine, sociale ou morale, c’est au-delà du bien et du mal ; comme la rencontre du Jour et de la Nuit : qu’en sait-on et qu’en reste-t-il, et pourtant tout se joue à cette seconde-là. Si « tout est pur aux purs », l’union de Jésus et Magdeleine, charnelle et spirituelle, demeure sans commentaires, sans points de référence : évidente et inexplicable ; humaine et incomparable ; rien n’a eu lieu, ou tout en même temps : c’est le propre de l’extase, de l’union accomplie, et seuls le savent ceux qui l’ont partagée.

 

KELEN - MÉLUSINE OU LE JARDIN SECRET

J. KELEN

PRESSE DE LA RENAISSANCE

 2007

Dans le chef-d’œuvre qu’il composa à la fin du XIVème siècle, Jean d’Arras raconte l’étrange et magnifique histoire d’amour qui unit, pendant de longues années, le chevalier Raymondin et Mélusine la fée. Mais ce récit initiatique évoque tout autant l’alliance précieuse et très ancienne passée entre l’Eternel et la créature humaine, toujours libre de rompre son serment ou de garder la Parole confiée.


Bien plus qu’une simple histoire divertissante, ce premier titre de la collection L’intelligence des mythes, offre des sujets essentiels à méditer : les épreuves et la grâce, le désir, le secret, la solitude, la parole donnée… L’auteur les aborde l’un après l’autre pour nous dévoiler leur signification et nous montrer leur portée spirituelle. Ainsi décrypté, le conte devient roman d’apprentissage et quête de transcendance.

Il invite chacun à s’interroger sur le sens de l’amour, sur la vie de couple, sur la fidélité et la séparation, autant de thèmes universels.

 

Certains personnages, comme la reine de Saba ou Shéhérazade, me sont chers, mais il est un mythe celtique du Moyen Âge qui contient tout pour moi, c’est celui de Mélusine. Il y est question de l’amour et de son lien au mystère, au secret, à la dignité, à la solitude. C’est l’un des rares mythes qui évoquent l’histoire conjugale. En effet, le mythe s’intéresse à la quête de soi, non aux formes sociales et temporelles.

Ainsi, une fois le héros réalisé, libre à lui d’être ermite, marié ou en communauté. De même, les notions de maternité et de paternité sont rarement évoquées. La femme-fée Mélusine illumine l’existence de son époux, Raymond de Lusignan. Elle lui a promis de le rendre heureux et prospère, riche et respecté de tous, mais le mariage repose sur un pacte : elle demande une journée pour elle seule, le samedi. Cette condition est judicieuse : l’amour n’est ni la confusion ni la promiscuité, et la vie conjugale doit respecter, et même révérer, le secret et la solitude de chacun des époux. Notre époque se déroule sous le signe de la collectivité, mais l’aventure de conscience, de la quête spirituelle, ne peut se vivre que sous le signe de la singularité.

Un jour, assailli par le doute, le seigneur Raymond de Lusignan rompt l’interdit du samedi et cherche à surprendre le secret de Mélusine. Un peu plus tard, il tiendra des propos insultants à son égard. Mélusine, qui veillait sur cette distance d’étrangeté, d’émerveillement entre eux, va déployer ses ailes et quitter Raymond pour toujours. Leurs adieux, inépuisables, me font toujours monter les larmes aux yeux. Ils ne se combattent pas l’un l’autre ni ne se déprécient, comme on a tendance à le faire lors d’une séparation, mais, au contraire, ils se chantent et se remercient pour tout ce qu’ils se sont apportés l’un à l’autre. Les êtres nobles se séparent sans renier l’amour, ils se quittent mais l’amour ne les quitte pas....

Au sommaire de cet ouvrage :

Le droit de féerie - les très riches heures de Lusignan - Lignée terrestre, lignée céleste - Le destin, les épreuves et la grâce - Précieux désir - Faire alliance - La richesse d’aimer - La féminité souveraine - Heureuse solitude - Veiller sur le secret - L’affligeante infidélité humaine - La noblesse des adieux - Réparer et bénir - Retour à l’Eden - Sources -

 

KELEN - MISE AU TOMBEAU

Jacqueline Kelen

Edition  Salvator

 2021

Il était inévitable et surtout nécessaire que Jacqueline Kelen approche pour nous les mythèmes fondamentaux qui sont rassemblés dans la mise au tombeau du Christ. Son art à rendre vivant ce que nous figeons dans les concepts ou les dogmes restitue à ce moment, qui nous est commun, toute sa force et sa portée, considérable.

Ils sont sept, rassemblés autour d'un corps allongé, inerte et très beau. Ils semblent silencieux et pourtant, de leur douleur, de leur effarement, s'élèvent une clameur de pitié et d'amour, un flot de souvenirs et de questionnements, un chant de consolation et d'espérance. On reconnaît Marie la Mère, Marie-Madeleine l'amoureuse, le jeune disciple Jean, deux saintes femmes, ainsi que Nicodème le docte pharisien et Joseph d'Arimathie qui offre sépulture au Crucifié. Ils se sont réunis autour de celui qui se déclarait Fils de Dieu et qui vient de mourir. S'appuyant sur la statuaire des Mises au tombeau qui prit son essor en France au xive siècle et se développa dans toute l'Europe, ce livre propose une méditation fervente sur la mort et l'ensevelissement du Christ, tel un linceul tissé de paroles humaines Son récit s’intéresse tout d’abord aux quatre cent cinquante « Mises au tombeau du Christ » encore présentes dans la statuaire européenne, témoignages de la permanence de cet épisode charnière de la vie du Christ, offerts à la méditation, à la prière et à la contemplation. Chacun, chrétien ou non, est touché par ces représentations qui interrogent notre rapport à la mort, à la souffrance et à l’éternité. Cependant, remarque Jacqueline Kelen, la composition nous conduit au-delà du memento mori par sa symbolique, notamment numérique, ce un plus sept, nombre essentiel dans les divers récits de la Bible.

Huit personnages sculptés composent l’ensemble. Autour du Christ dans son linceul, quatre femmes, Marie la Mère, Marie-Madeleine, l’amoureuse, Marie Cléophas et Marie Salomé, trois hommes, Jean, le disciple bien-aimé, Joseph d’Arimathie, qui deviendra un personnage essentiel de la queste du Graal, et Nicodème. Jacqueline Kelen donne la parole aux sept personnages rassemblés par la mort du Christ et bientôt sa résurrection. La parole de chacun est à la fois située, dans une époque conflictuelle et dangereuse et dans l’intimité que chacun a développé au quotidien avec le Christ. Outre la beauté et la poésie de cette parole septuple, sa justesse, humaine, réveille en chacun le Vivant, faisant de la matière du quotidien un creuset pour l’épanouissement de l’Esprit. Magdeleine : « Embrouillée dans mes robes et mes rêves, je vous ai tant cherché. En cet instant où en un ultime sacrifice vous semblez abandonner vos proches, vos amis, où vous êtes déjà si loin, je me retiens de toucher votre front, d’appuyer ma joue contre votre poitrine, je me retiens, même si tout mon être frémit et s’élance : vous n’êtes pas à moi, non, vous n’êtes pas à moi mais à tous. » Jean : « Désormais je ne succomberai plus à la torpeur ni à la négligence. J’apprendrai à vous aimer. Déjà ma poitrine bouillonne de ferveur et de joie, et ma honte se dissipe. Je donnerai à mon tour de la force à vos futurs disciples, je parlerai de vous, je transmettrai vos précieuses paroles. Je verrai votre gloire. Pour le moment, ce que je sais, c’est que la lumière est venue en ce monde, et le monde ne l’a pas reçue. »

Jacqueline Kelen introduit le lecteur, devenu auditeur, à la voie (et voix) du cœur, déclinée à travers sept regards édifiants qui passent outre les clivages de la dualité. Nicodème : « Très tôt, je vous ai reconnu. Comme l’Envoyé, le Sauveur. Si tout à l’heure je suis arrivé chargé de myrrhe et d’aloès en abondance, ce n’était pas pour surenchérir sur Magdeleine avec son vase de nard. Elle, elle verse amoureusement le parfum précieux sur le front et les pieds de son Bien-Aimé. Moi, c’est une huile sacrée que j’apporte, en vue de l’onction réservée au Roi. Je vous ai reconnu et je vous rends hommage très humblement. Vous n’êtes pas le « Roi des Juifs » dont la foule se gaussait, vous êtes la Porte qui conduit au Royaume éternel. »  Le chemin de la parole va du déchirement, de l’intranquillité, à la lumière et à la quiétude par une sagesse qui naît du détachement érigé par un amour inconditionnel, libéré des contingences. C’est une lente éclosion par l’alchimie du Verbe. Le polyptique peint par Jacqueline Kelen, dont les couleurs sont paroles, paroles inspirées, trouve son unité dans le seul sujet qui est le Christ en nous et le Christ par nous

Dernière nouvelle sur le tombeau du Christ :Le mystère se lève un peu plus sur le tombeau supposé du Christ, situé dans l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. C'est là, selon la tradition chrétienne, que se situerait la sépulture de Jésus de Nazareth, crucifié au Ier siècle sur ordre des Romains, avant sa résurrection trois jours plus tard. Le tombeau se trouve sous un édicule, un sanctuaire bâti au sein de l'église, maintes fois restauré. Pour l'instant, les preuves archéologiques autour de ce tombeau remontaient seulement à la fin du XIe siècle, date des premières croisades. Mais les scientifiques sont parvenus à analyser des échantillons de mortier qui indiquent des aménagements du tombeau au IVe siècle après Jésus-Christ, soit un gain de 700 ans dans l'histoire ! Selon le National Geographic, qui fait part de cette découverte,

Quand Constantin décide d'édifier une église sur le tombeau du Christ, à partir de l'an 325, il envoie une délégation à Jérusalem pour enquêter précisément sur l'endroit sacré. La tradition et les témoignages indiquent alors un temple, construit par l'empereur Hadrien deux cents ans plus tôt, en 135, soit un siècle après la crucifixion de Jésus. Hadrien – qui lui n'était pas chrétien – a fait combler un ancien cimetière juif du Ier siècle, situé dans une carrière toute proche du Golgotha, à l'époque hors des murs de Jérusalem. En rasant le temple romain, les ouvriers de Constantin mettent alors à jour une tombe taillée dans la roche, dont toute la partie supérieure a été cisaillée, comme pour permettre d'exposer à tous la dalle funéraire. Convaincus d'avoir touché au but, c'est donc autour de cette sépulture que sera bâtie l'église de l'empereur converti, un édifice rasé au début de l'an mille par les musulmans puis reconstruit par les croisés environ cent ans plus tard.

 

KELEN - - PARLEZ-MOI JE VOUS PRIE DU ROYAUME DES CIEUX

Jacqueline Kelen

Edition François Bourin

 2013 

« Ils croient en l’avenir, j’ai foi en la vie éternelle, ils se disent humanistes, solidaires, citoyens, j’espère ne pas démériter de l’image de Dieu. Ils invoquent des valeurs, j’ai soif de vérité, ils veulent l’amour de soi, j’aime la discrétion et l’effacement propres aux mystiques, ils attendent les vacances, et moi j’attend la Parousie »

A trop se vouloir de leur temps, bien des chrétiens ne se soucient plus que de choses matérielles et temporelles, négligeant la vie spirituelle. Ils réduisent trop souvent la religion à une morale consensuelle, à des dogmes plus ou moins acceptés et quelquefois contestés, ils pensent que le clergé ne sert à rien, mais ils sont contents de l’avoir, leur pratique religieuse est minimale et sans l’avouer la tradition chrétienne leur sert de thérapie parmi d’autres.

Le message transcendant du Christ a été dénaturé et affadi, déplore Jacqueline Kelen, dès lors, que faire pour que le christianisme dans un monde matérialiste et largement athée, affirme sa verticalité, sa transcendance, et redonne envie aux chrétiens d’explorer leur intériorité et surtout le message de Jésus afin qu’ils renouent avec sa dimension mystique ?

Au sujet de l’intériorité J. Kelen écrit : « L’intériorité ressemble à l’amande ou à la noix que le chercheur découvre et savoure après en avoir brisé les écorces successives et en avoir ôté la peau. Révélant le lien d’intimité entre l’homme et Dieu, elle désigne la qualité et l’intensité d’une vie spirituelle. Si elle fait défaut, celui qui se dit chrétien se contente des formes extérieures de la religion, d’une pratique conventionnelle et d’une docilité qui oblitère toute expérience vivante, le formalisme ou le moralisme tiennent alors lieu de transformation personnelle.

Jésus rappelle en permanence la distinction entre l’extériorité et l’intériorité, entre la lettre et l’esprit, entre l’apparence mensongère et la vérité immuable, entre les simagrées et la piété. « Le royaume est à l’intérieur », assure t-il, autant dire qu’il est en tout lieu et que nul ne peut s’en saisir, nul ne peut s’en prévaloir.

Par cette parole révolutionnaire, révoltante pour beaucoup, Jésus fait trembler les structures établies, les pouvoirs que s’arrogent les Eglises, et indique la voie intérieure de salut offerte à chacun, pour peu qu’on veuille adhérer, car malheureusement le monde moderne non seulement désacralise de partout mais aussi combat le Beau, le Bien et la spiritualité. On refait 1789 mais avec des outils idéologiques, ainsi les athées et les libres penseurs s’en donnent-ils à cœur joie dans la démolition.

Avec l’institution des ordres monastiques chrétiens, on pourrait croire à une spéculation : les moines prient, les séculiers agissent. D’un coté il y a ceux qui gardent le silence, font oraison, se vouent à la contemplation, et de l’autre ceux qui, aux prises avec le monde, s’empressent auprès de leurs frères, or, c’est bien dans la même personne que s’accordent les deux dimensions de la vie spirituelle : l’action se médite, s’éclaire et se nourrit à la lumière de Dieu, et l’intériorité rayonne et porte des fruits dans le monde. »

Au sommaire de cet ouvrage :

Un léger décalage - les masques de l’athéisme - les quatre grandes tentations - Propositions pressantes - L’étude - l’intériorité - la quête mystique - la mission des laïcs - les ailes de l’aurore -

 

KELEN - PSYCHÉ  OU  LA  CHAMBRE DE  CRISTAL

Jacqueline   KELEN

EDITION PARDES

 1988

Je vais vous faire un aveu : les dieux qui ne vieillissent pas, les héros immortels, les monuments destinés à franchir les siècles, les paroles historiques et les bustes de marbre m’ennuient un peu. J’ai un faible pour tout ce qui passe et qui s’efface : la buée, le sourire, le givre et les déclarations d’amour, l’insecte transparent qui ne connaît de toute sa vie qu’un lever et un coucher de soleil, les soupirs, la rougeur d’un visage timide, le parfum d’une violette froissée, les larmes de désespoir, les bonnes résolutions, les fleurs de mimosées… Rien de tout cela n’encombre la création.


Sous mon bonnet de sage, la nuit dans le silence, j’ai tout le temps de méditer et la morale qui me convient tient en quelques mots : il faut préserver le duvet des choses et respecter infiniment le frisson des êtres. Tout le reste est pesante immortalité. C’est la petite hulotte qui parle, tandis que les dieux de l’Olympe mènent leur mascarade, qu’Eros et Psyché s’aiment dans la nuit du secret et que les humains s’affairent à leurs grands projets et dérisoires conflits.
Mais qui peut encore accorder confiance aux oiseaux ?

La psyché humaine est composée de deux principales parties : le conscient et l’inconscient. L’inconscient est une zone de notre esprit où nous stockons tout ce que nous avons vécu depuis notre naissance, tous nos souvenirs oubliés. Ces souvenirs sont stockés sous forme d’images, comme des photos. Chaque rêve est un ensemble d’images de souvenirs, ces souvenirs font écho avec une situation que nous vivons dans notre vie actuelle. Nos rêves sont des aides pour prendre conscience de certains de nos comportements et de nos réactions, que nous reproduisons en boucle depuis l’enfance. Les rêves sont donc un bon outil pour apprendre à s’analyser et à évoluer, ils révèlent également nos peurs et nos désirs inconscients. Il faut préciser que les désirs inconscients n’ont rien à voir avec les envies conscientes. L’inconscient et le conscient ne sont pas forcément reliés dans notre esprit, ils ne communiquent pas, ce sont comme deux personnes différentes qui veulent des choses différentes. Analyser ses rêves permet de rétablir le dialogue entre ces deux parties et de prendre en compte notre inconscient, de reconnaître et accepter cette partie de notre personnalité.

 

KELEN – SOIS COMME UN ROI DANS TON CŒUR

Jacqueline Kelen 

Edition Labor et Fides

 2015

Qui donc a décrété que la religion était une voie austère ? Qui a dit que la sagesse et la sainteté excluaient nécessairement le rire, la danse, les bons mots, l’exubérance ? A travers ses propos d’insoumise sur sa quête du divin, Jacqueline Kelen renverse gentiment les tables pour révéler l’essentiel. Dans une époque morose ou tragiquement soumise aux modes, elle présente des figures toniques, irrévérencieuses ou joyeuses permettant de s’abstraire des bonheurs et vérités obligatoires.

 

Avec notamment Bernanos, Plotin, Catherine de Sienne ou Dietrich Bonhoeffer, cet auteur de plus de trente livres esquisse une aventure spirituelle de la liberté dans laquelle elle s’est embarquée depuis l’enfance et dont elle nous dit ici les étapes significatives. Sur la saveur des gestes simples et des émotions sans fioritures, sur la recherche du vrai indépendamment des chapelles, Jacqueline Kelen entraîne vers des contrées où le cœur est roi, où l’humilité joyeuse au fond de soi permet toutes les audaces

Jacqueline Kelen nous parle de sa passion et de sa vision du monde : « Je suis une femme de passion et de liberté. Les trois termes sont d’égale importance et ils sont à mes yeux indissociables. La biographie en tant que telle (état civil, péripéties de l’existence...) ne me semble pas intéressante, du moins pas primordiale : elle concerne le moi social et historique, et ce qui me requiert est ce qui ne passe pas. La plupart des contemporains, même s’ils appartiennent à une religion et professent une foi, paraissent ne s’intéresser qu’à ce monde et à leur parcours terrestre alors que, depuis longtemps, je m’interroge sur le voyage de l’âme après le trépas.

L’expérience première et cruelle, impossible à dater selon le temps terrestre, est celle de l’exil en ce monde. Mon âme a toujours su où était son royaume, en quel climat elle respirait.


Dès l’enfance, le monde surnaturel était pour moi une évidence tout comme la présence divine. La religion catholique dans laquelle j’ai été élevée me convenait parfaitement avec ses rites sacrés, sa beauté, sa musique, et le sens de l’adoration qui ont, depuis, quelque peu disparu... Mais, en suivant des études supérieures de lettres classiques jusqu’à l’agrégation, j’ai pu aussi découvrir et explorer la riche philosophie de la Grèce antique ainsi que de nombreux mythes fondateurs de la Tradition occidentale. Aujourd’hui, je me sens autant néo-platonicienne que chrétienne : voilà pourquoi des personnes telles que Pic de la Mirandole et Simone Weil me sont chères. Mon amour pour le Christ (par-delà les différentes Églises) et ma fidélité envers Lui sont irréversibles, mais la quête de vérité et le salut de l’âme ne relèvent pas de la seule religion, ils reposent aussi sur une connaissance intérieure, une ascèse personnelle, une patiente méditation, comme l’enseignaient les philosophes grecs, de Pythagore à Plotin en passant par Socrate et Platon.


Voilà donc ce qui oriente et nourrit mon existence : la quête de l’essentiel, l’aspiration à une connaissance supérieure touchant aux réalités célestes, le désir mystique de la « vie parfaite » ou « vie divine ». Tout le reste est accidentel ou accessoire.  Notre société basse et vulgaire court à sa perte, mais dans la plus épaisse inconscience et même en rigolant. Le monde occidental actuel reste sous l’emprise du rationalisme, du positivisme et du scientisme. Sous prétexte de faire le bonheur de l’homme, cette idéologie confinée aux préoccupations matérielles et terrestres a voulu éradiquer tout sentiment religieux, tout désir d’éternité, toute démarche spirituelle ; mais, au lieu de libérer l’individu et d’émanciper les masses, elle les a asservis à des idoles telles que le progrès, l’argent, le plaisir, la notoriété, et le moi tout-puissant.


La négation de la transcendance divine et d’un monde invisible ne rend pas les modernes plus libres ni plus joyeux, mais elle profite aux politiciens avides et aux bonimenteurs qui vendent leur système ou leurs recettes de bien-être, à tous les maîtres à ne pas penser... Le citoyen se trouve réduit à l’état passif de consommateur et spectateur, il absorbe à longueur de temps bruits, images, slogans, sans esprit critique, affreusement conforme. Faute d’intériorité et de relations vivantes avec autrui, il est voué au virtuel, aux réseaux sociaux, aux mirages des écrans. Le bonheur ici-bas n’est autre que vivre selon le Bien, acquérir la sagesse, élever son âme et contempler les réalités célestes, et aussi répandre autour de soi des semences de beauté et d’amour.

Les valeurs sont humaines, autant dire fluctuantes, périssables, qu’elles relèvent du domaine politique, financier ou moral. Il en est des « valeurs » comme du « sens de la vie » : tel individu peut placer la réussite matérielle et sociale en haut de son échelle de valeurs, tel autre verra dans son couple et ses enfants l’accomplissement de sa vie. L’homme intérieur, lui, se réfère aux vertus. Vertus philosophiques que sont la Force, la Justice, la Prudence et la Tempérance, à quoi se sont ajoutées les vertus typiquement chrétiennes de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Un être humain conscient de sa dignité spirituelle et de sa dimension éternelle se conforme à ces vertus, il les met en pratique et les fait rayonner autour de lui. Mais il n’y a pas de mode d’emploi : c’est un long chemin de patience et de discrétion qui dure toute la vie.

Pour ma part, je n’ai la prétention de « transmettre » ni un message, ni, a fortiori, un enseignement ; et, par ailleurs, je doute que l’on puisse transmettre sa soif d’Absolu. Mais l’on peut donner le goût de se mettre en route, de s’aventurer et de prendre le large. Pour moi, le plus précieux consiste à témoigner, pendant mon passage sur terre, de l’immense liberté créatrice impartie à l’être humain. La quête de la sagesse n’est pas une aventure collective, mais une démarche singulière et solitaire. Je me méfie toujours des formules englobantes qui noient les individualités et qui déclarent, comme dans les publicités, « nous aimons tous ceci », « nous faisons tous cela ». Chaque être est unique, telle est la merveille, du moins s’il en est conscient.

 

KELEN - UNE ROBE DE LA COULEUR DU TEMPS - LE SENS SPIRITUEL DES CONTES DE FÉES

Jacqueline Kelen

Edition Albin Michel

 2014 

On continu de penser que les contes de fées s’adressent aux enfants, or, leur magie ne tient pas seulement aux histoires merveilleuses qu’ils racontent, mais surtout à ce qu’ils cachent : une sagesse précieuse, qui tantôt circule sous le manteau de Peau d’âne, tantôt scintille à travers des pantoufles de verre, ou veille silencieusement dans un château endormi…

Les contes de fées traditionnels ne cessent de tisser des fils entre le visible et l’invisible, se révélant des guides sûrs pour l’âme, exilée en ce monde, à la recherche de son chemin de lumière et de sa vérité.

Puisés dans le trésor transmis par Perrault, les frères Grimm et Andersen, 17 contes sont ici dévoilés et expliqués dans leurs dimensions spirituelle. A travers l’Ogre ou la Princesse, la Sirène ou le petit tailleur, ils nous entretiennent de l’amour, de la beauté, du mal et de l’innocence, d’une musique enfouie, d’un royaume à recouvrer, et rappelant à chacun la grandeur et la destinée humaine.

17 contes de fées magnifiquement expliqués par J. Kelen qui nous donne ici des clefs et des niveaux d’interprétations anagogiques et qui nous font avancer dans notre réflexion.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le vestiaire des âmes – Un monde immense à explorer

Le vilain petit canard (Andersen) – De l’exil à l’envol -

La petite fille aux allumettes (Andersen) - Se souvenir de l’autre monde -

Le Roi-Grenouille (Grimm) - Un pacte nécessaire -

La Barbe-Bleu (Perrault) - Le palais des illusions -

Les musiciens de la fanfare de Brême (Grimm) - Un petit bout du long chemin -

Le Vaillant Petit Tailleur (Grimm) - Prendre la mesure de l’homme -

La Princesse aux petits pois (Andersen) - L’inespérée -

Le Petit Poucet (Perrault) - Par delà la forêt -

Le Petit Chaperon Rouge (Perrault) - Le voyage périlleux -

Les habits neufs de l’Empereur (Andersen) - Dans l’atelier des magiciens -

Le Rossignol (Andersen) - Nocturne -

Histoire d’un qui s’en alla pour apprendre le tremblement (Grimm) - L’éveil du cœur -

La petite Sirène (Andersen) - Bienheureuse blessure -

La Belle au bois dormant (Perrault) - Une si longue patience -

Cendrillon (Perrault) - Poussière et lumière -

Blanche-Neige (Grimm) - Nostalgie de la beauté -

Peau d’âne (Perrault) - Le cercle d’or -

La parole scintillante -(épilogue)

 

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