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Chapitre 2  L     (  Symbolisme  )

 

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L’ABEILLELE  MIELLA RUCHELA CIRE

Divers  auteurs

ARCADIA

 2002

Le mot abeille vient de l’ancien provençal abelha, du latin apicula, diminutif d’apis. C’est au XVIe siècle qu'il remplace l’expression « mouche à miel ». Les abeilles produisent le miel et la cire. Leur élevage est l’apiculture et les éleveurs sont des apiculteurs. On nomme couvains leurs œufs. Ils sont pondus uniquement par la reine.

 

Le nid peut être constitué de milliers de cellules hexagonales, les alvéoles, collées les unes aux autres et qui renferment les jeunes abeilles aux différents stades de leur croissance (œufs, larves, nymphes). Le pain d’abeille est fait de pollen mêlé de miel et constitue la nourriture des larves et des nymphes. Les futures reines sont, quant à elles, nourries exclusivement de gelée royale.

 

Le peloton d’abeilles est le nom que l’on donne à l’essaim accroché à une branche d’arbre.  L’abeille (du latin : apis) est un insecte social, élevée dans des ruches, et selon la légende les abeilles sont nourricières des Dieux et symbolisent le pouvoir royal et divin. La légende  et Aristote les fait naître dans le ventre d’un taureau sacrifié, et le Dieu solaire des égyptiens, honoré dans la ville de Memphis sous la forme d’un taureau prend le nom d’Apis, incarnation du dieu Ptah.

 

Les abeilles dans l’histoire : En 1653, on découvrit, à Tournai, dans l’actuelle Belgique, le tombeau de Childéric 1er, roi des Francs saliens et père de Clovis. Parmi les nombreux artéfacts se trouvaient une trentaine d’insectes d’or et d’émail  — certains disent 300 — qui peut-être avaient constellé le manteau du roi défunt. La science du XVIIe siècle y distingua des abeilles et avec elles un symbole de souveraineté.

Le trésor de Childéric fut offert à Louis XIV par Léopold 1er (du saint Empire). Conservé à la Bibliothèque Royale depuis le début du XVIIIe siècle, il fut volé en 1831. On ne retrouva que deux exemplaires des joyaux en forme d’abeilles. De nos jours, les spécialistes ne sont plus tout à fait certains qu’il s’agisse d’insectes mellifères. On peut, en effet, y voir des mouches, des cigales, et même des hannetons, mais la corrélation entre abeilles et Mérovingiens perdure. Napoléon Bonaparte à beaucoup contribué à la persistance de cette croyance en prenant l’insecte butineur comme l’un des emblèmes de l’Empire, l’autre étant l’aigle. L’aigle le rattachait à Charlemagne et à l’empire carolingien ; les abeilles aux mérovingiens, la plus ancienne dynastie de France. Le jour de son sacre, le semis d’abeilles supplanta le semis de fleurs de lys des armoiries des rois. De royale, l’abeille devint impériale.

 

Héraldique : Vulson de la Colombière qui, dans la Science Héroïque (1644) aborde l’héraldique d’un point de vue symbolique, présente l’abeille comme symbole de vertu et voit dans l’essaim et la ruche l’incarnation de l’ « obéissance que les peuples sont obligés de rendre à leurs rois ». Elles symbolisent  aussi l’éloquence car ce qui sort d’elles, le miel, est doux et agréable. Il est dit qu’elles firent jadis du miel sur la bouche de Platon, de Pindare, et de saint Ambroise de Milan. Enfin, elles sont symbole de chasteté et de virginité. C’est pourquoi on utilise leur cire pour la confection des cierges qui brûlent dans les églises à l’occasion des services divins. Si on leur attribue une si grande pureté, c’est sans doute parce qu’elles sont censées ne se nourrir que du parfum des fleurs et ne  pas connaître la sexualité. En effet, on a longtemps cru par le passé que les abeilles, asexuées, naissaient spontanément des entrailles de la terre ou de la décomposition d’animaux morts, ou encore que leurs œufs provenaient du butinage des fleurs. On pensait aussi que la reine était en fait un roi, donc incapable d’enfanter. Virgile, dans les Géorgiques, livre IV, chante ces abeilles qui « ne s’adonnent point à l’amour, qui ne s’énervent pas dans les plaisirs, et ne connaissent ni l’union des sexes,  ni les efforts pénibles de l’enfantement »

 

Traditions et croyances antiques : Les idées symboliques d’ordre, d’industrie, de charité que l’on rattache de nos jours à l’abeille sont relativement récentes. Pour les anciens, elle est avant tout un emblème de résurrection et d’immortalité, ainsi qu’un symbole solaire. En Egypte, elles seraient nées des larmes de Ré [9] et est associé au roi de la Basse-Egypte, bîty qui désigne également l’apiculteur.  Ouvrières laborieuses, innombrables et organisées, elles travaillent tant sur le plan temporel que sur le plan spirituel. Par leur vol, elles relient la terre au ciel et symbolisent les âmes dans leur migration (âmes des morts) ou leur élévation (âmes des initiés). L’égyptologue Alexandre Moret signale une abeille sculptée dans les stucs d’un monument et accompagnant un fœtus entouré d’épis. Conjuguée avec les épis, est-elle un symbole de fertilité ? Ou l’abeille nourricière va-t-elle (re)donner la vie au fœtus ? Si le miel nourrit les vivants, il est aussi symbole d’immortalité et de résurrection dans tout le monde antique. On l’offrait aux mânes des morts pour leur assurer une protection dans l’au-delà. Hérodote et Strabon rapportent qu’en Assyrie, on enduisait de cire les corps des notables défunts avant de les ensevelir sous le miel. Glaucus fils de Minos et de Pasiphaé, tombé mort dans une cuve, revient à la vie après que ses lèvres aient été en contact avec le miel dans lequel il gisait. 

 

Chez les Celtes, l’insecte mellifère est une manifestation de la déesse Mère Henwen qui enfanta un grain de blé et une abeille. Le miel est l’un des ingrédients de la boisson des dieux, l’hydromel, et confère à l’insecte qui le conçoit le statut particulier qu’ont les créatures divines. Dans le monde gréco-romain, l’abeille est également assimilée à la déesse Mère dont Déméter, Cérès pour les latins, déesse vierge du blé, et Artémis sont des représentations. L’abeille est un des attributs d’Artémis d’Ephèse représenté sur les statues polymastes de la déesse, et l’insecte figure de façon continue au long des siècles sur les monnaies éphésiennes.

 

On lui porte depuis la nuit des temps un rôle initiatique et liturgique. A Eleusis et à Ephèse, les prêtresses de Déméter et d’Artémis portent le nom d’« abeilles ». Le grand-prêtre de l’Artémision d’Ephèse, qui par sa consécration devenait parèdre d’Artémis, était dit « seigneur des abeilles ». A Delphes, la Pythie était parfois appelée « l’abeille delphique ». Apollon, le frère d’Artémis, envoya aux Hyperboréens le deuxième temple de Delphes. Celui-ci avait été façonné par des abeilles. Dans l’Iliade, Homère qualifie les Amazones d’abeilles belliqueuses. Artémis en était la reine.  Le serpent et l’abeille sont analogues sur le plan symbolique, et complémentaire. Le serpent symbolise l’esprit, l’abeille l’âme. Tous deux sont de nature ignée, ils piquent et inoculent le feu dans la chair. Le serpent Python est une incarnation de la Terre et son nom signifie « putréfaction féconde ». Or l’abeille, dans l’antiquité, était censée naître de la putréfaction d’un animal, lion ou taureau (animaux solaires) et, comme le serpent, elle sortait des cavités de la terre. De même, si l’abeille s’envole, le serpent quant à lui, se hisse dans l’arbre du milieu du jardin d’Eden ou le long du caducée, deux symboles du pôle, l’axe qui relie la Terre au Ciel.

 

L’abeille dans le christianisme : En hébreu, le mot pour dire abeille possède la même racine que dabar, la « parole », raison pour laquelle les kabbalistes rapprochent l’abeille et le bourdonnement de la ruche du Verbe créateur. Au Moyen Âge, on parle du « chant » de l’abeille, chant véritablement sacré puisque que l’abeille porte en elle une parcelle de l’Intelligence divine. Rassemblées en essaim ou dans une ruche, ces milliers de parcelles se trouvent reliées entre elles pour ne former qu’un seul corps — le corps mystique du Christ — dont la tête est le roi (la reine). L’ensemble est une allégorie de l’Eglise qui, selon l’enseignement de saint Paul, possède à sa tête le Christ-Roi. La communauté des abeilles est donc un symbole de retour à l’unité et de réunification. De double nature, du fait qu’elle fabrique le miel et qu’elle pique, l’abeille personnifie le Christ aux douces paroles ou au contraire, le Christ-Juge de la fin des temps. Elle est aussi un des symboles de la Vierge Marie.

 

Universellement elle symbolise le travail, la persévérance, le don de soi, mais également l’âme d’un mort, la naissance, la mort et la renaissance, elle a une vie courte (environ 24 jours) et meurt dès qu’elle pique. A Eleusis l’abeille  symbolisait la sagesse et la clairvoyance, et les prêtresses de Grèce et d’Ephèse étaient appelées : des abeilles, car elles étaient sensée être des messagères des Dieux. Virgile dans son 4e livre des Géorgiques explique que les abeilles sont une partie de l’Esprit de Dieu, et ne pouvant pas mourir, elles montent directement au ciel. Pour Platon les âmes des hommes sobres et sages se réincarnent en abeille.

 

Ronecker nous explique comment le symbolisme des abeilles touche au spirituel, de par son double aspect- collectif et individuel, temporel et spirituel-.  En groupe elles symbolisent l’organisation et la discipline, individuellement elles deviennent les animatrices de l’Univers, entre ciel et terre, elles participent aux deux mondes, symbolisant le principe vital et matérialisant l’âme.

 

L’abeille produit donc du miel, de la cire, de la propolis et de la gelée royale. Le miel produit noble par excellence est très prisé dans toutes les cultures traditionnelles et dans toutes les parties du monde. La Bible (Ancien Testament) parle très souvent du miel, récompense suprême pour l’homme vertueux, et promesse d’un paradis où coulent en abondance le lait et le miel. Est raconté l’histoire de Samson avec les philistins, le miel associé à l’initiation et à la force. On  nous explique l’histoire de Jonathan fils de Saül et la forêt de miel. L’hydromel, boisson des dieux.

 

On parle des abeilles mérovingiennes, celles sur le manteau de Napoléon, remplaçant les fleurs de lys, les templiers et les Rose+Croix. Pour le christianisme l’abeille est emblème de Résurrection, et certains Pères de l’Eglise ont comparé l’activité incessante de l’abeille avec l’activité spirituelle et vivifiante du Christ. Christ-juge qui donnera aux justes les douceurs éternelles figurées par le miel. J. Lambert nous explique la ruche et les ruchers anciens, avec la Reine, son travail, la gelée royale et la propolis. On y trouve des guêpes, des frelons et autres bestioles proches des abeilles.

 

La cire produite sert à la fabrication de cierges, de bougies, de torches, à la confection de sceaux, d’effigies et d’autres fonctions de la vie journalière, sa consommation autrefois était très importante. Elle symbolise la Sagesse, la divine Sophia, elle figure la malléabilité de l’esprit qui procède de la douceur du cœur. St Bernard dans son texte « la vigne mystique » déclare : « L’âme chrétienne doit former une cire, capable de recevoir l’empreinte du sceau royal de la croix, et de nourrir la flamme de la charité ».

 

Enfin, Luc Olivier d’Algange, dans son texte : Les abeilles d’or, nous emmène dans les méandres de la voie hermétique et alchimique.

Je terminerais par cette magnifique phrase de Rainer Maria Rilke « Nous sommes les abeilles de l’invisible, nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’invisible »

  

L’ABEILLE  -  SYMBOLISME DE L’ABEILLE                  N° 87

Thomas Grison

Edition Maison de Vie

 2019

Le symbolisme de l’abeille a des racines anciennes et profondes que Thomas Grison nous présente ici. Associé à la royauté dès le début de l’Égypte pharaonique, cet industrieux insecte a suscité l’intérêt de nombreux naturalistes ou philosophes antiques, parmi lesquels Pline, Sénèque, Varron ou Virgile. Plus tard en Occident, rois et empereurs feront broder sur leur manteau d’apparat des abeilles, symboles de bon gouvernement, de fraternité et de paix. Véritable or comestible, le miel est une émanation de la lumière et du verbe divin. Il est offert aux dieux, ou à celui dont on ouvre la bouche, afin que le Verbe formulé par celle-ci soit nourricier et spirituellement fécondant. La ruche, dont l’abeille est l’architecte, est un modèle de la cité de Dieu. Son symbolisme a été utilisé par les Montagnards à la Révolution. Le milieu maçonnique l’a repris à son tour et développé, car il illustre parfaitement ce que doit être l’organisation d’une Loge. À partir du début du XIXe siècle, elle en est venue à symboliser l’idéal de fraternité et d’entraide propre au monde maçonnique. L’abeille a bien toute sa place dans l’univers des symboles maçonniques.

 

Les idées symboliques d’ordre, d’industrie, de charité que l’on rattache de nos jours à l’abeille sont relativement récentes. Pour les anciens, elle est avant tout un emblème de résurrection et d’immortalité, ainsi qu’un symbole solaire. En Egypte, elles seraient nées des larmes de Ré  et est associé au roi de la Basse-Egypte, bîty qui désigne également l’apiculteur Ouvrières laborieuses, innombrables et organisées, elles travaillent tant sur le plan temporel que sur le plan spirituel. Par leur vol, elles relient la terre au ciel et symbolisent les âmes dans leur migration (âmes des morts) ou leur élévation (âmes des initiés). L’égyptologue Alexandre Moret signale une abeille sculptée dans les stucs d’un monument et accompagnant un fœtus entouré d’épis]. Conjuguée avec les épis, est-elle un symbole de fertilité ? Ou l’abeille nourricière va-t-elle (re)donner la vie au fœtus ? Si le miel nourrit les vivants, il est aussi symbole d’immortalité et de résurrection dans tout le monde antique. On l’offrait aux mânes des morts pour leur assurer une protection dans l’au-delà. Hérodote et Strabon rapportent qu’en Assyrie, on enduisait de cire les corps des notables défunts avant de les ensevelir sous le miel. Glaucus fils de Minos et de Pasiphaé, tombé mort dans une cuve, revient à la vie après que ses lèvres aient été en contact avec le miel dans lequel il gisait. 

 

Chez les Celtes, l’insecte mellifère est une manifestation de la déesse Mère Henwen qui enfanta un grain de blé et une abeille. Le miel est l’un des ingrédients de la boisson des dieux, l’hydromel, et confère à l’insecte qui le conçoit le statut particulier qu’ont les créatures divines. Dans le monde gréco-romain, l’abeille est également assimilée à la déesse Mère dont Déméter, Cérès pour les latins, déesse vierge du blé, et Artémis sont des représentations. L’abeille est un des attributs d’Artémis d’Ephèse représenté sur les statues polymathes de la déesse, et l’insecte figure de façon continue au long des siècles sur les monnaies éphésiennes. On lui porte depuis la nuit des temps un rôle initiatique et liturgique. A Eleusis et à Ephèse, les prêtresses de Déméter et d’Artémis portent le nom d’« abeilles ». Le grand-prêtre de l’Artémision d’Ephèse, qui par sa consécration devenait parèdre d’Artémis, était dit « seigneur des abeilles ». A Delphes, la Pythie était parfois appelée « l’abeille delphique ». Apollon, le frère d’Artémis, envoya aux Hyperboréens le deuxième temple de Delphes. Celui-ci avait été façonné par des abeilles. Dans l’Iliade, Homère qualifie les Amazones d’abeilles belliqueuses. Artémis en était la reine.

 

Le serpent et l’abeille sont analogues sur le plan symbolique, et complémentaire. Le serpent symbolise l’esprit, l’abeille l’âme. Tous deux sont de nature ignée, ils piquent et inoculent le feu dans la chair. Le serpent Python est une incarnation de la Terre et son nom signifie « putréfaction féconde ». Or l’abeille, dans l’antiquité, était censée naître de la putréfaction d’un animal, lion ou taureau (animaux solaires) et, comme le serpent, elle sortait des cavités de la terre. De même, si l’abeille s’envole, le serpent quant à lui, se hisse dans l’arbre du milieu du jardin d’Eden ou le long du caducée, deux symboles du pôle, l’axe qui relie la Terre au Ciel.

 

L’abeille dans le christianisme : En hébreu, le mot pour dire abeille possède la même racine que dabar, la « parole », raison pour laquelle les kabbalistes rapprochent l’abeille et le bourdonnement de la ruche du Verbe créateur. Au Moyen Âge, on parle du « chant » de l’abeille, chant véritablement sacré puisque que l’abeille porte en elle une parcelle de l’Intelligence divine. Rassemblées en essaim ou dans une ruche, ces milliers de parcelles se trouvent reliées entre elles pour ne former qu’un seul corps — le corps mystique du Christ — dont la tête est le roi (la reine). L’ensemble est une allégorie de l’Eglise qui, selon l’enseignement de saint Paul, possède à sa tête le Christ-Roi. La communauté des abeilles est donc un symbole de retour à l’unité et de réunification. De double nature, du fait qu’elle fabrique le miel et qu’elle pique, l’abeille personnifie le Christ aux douces paroles ou au contraire, le Christ-Juge de la fin des temps. Elle est aussi un des symboles de la Vierge Marie

 

LA  CAVERNE   -      ARCHḖTYPE  INITIATIQUE

Georges Flour

Arcadia

2017

Certains symboles sont des symboles que l’on peut désigner comme universels. Ils existent dans toutes les religions, qu’elles soient « révélées » ou « archaïques », et ils sont retrouvés à toutes les époques, des plus anciennes jusqu’à nos jours.

Ce sont les symboles de la nature que l’homme, que ce soit l’homme de Néanderthal ou l’homo sapiens, a toujours trouvé devant lui et qui l’ont fasciné depuis les origines : tels le soleil, la lune, la mer, le rocher, l’arbre, la montagne, le désert et la caverne, qui figure dans les mythes d’origine, de renaissance et d’initiation de nombreux peuples.

Depuis la grotte de Lascaux, à la caverne de Platon et celle d’Ali Baba, la grotte ou la caverne a représenté tantôt un lieu de rencontre avec le surnaturel, le divin, le sacré, tantôt une image du monde, et tantôt un lieu secret et plein de richesses. De la grotte de la Nativité à la grotte de Hîra’, en passant par la caverne des dormants, elle représente un lieu de naissance ou de résurrection, un lieu protégé, un lieu de manifestation du sacré, un centre, un point axial dans le temps et l’espace, et par là hors du temps et de l’espace. Nous voulons esquisser ici une comparaison entre la caverne dans l’imaginaire universel : traditionnel, psychologique et même littéraire et la caverne dans l’imaginaire soufi, en décelant les points de rapprochement mais aussi en montrant la spécificité de l’approche soufie quant aux symboles.

 

La caverne dans la symbolique universelle est un lieu central où s’effectue une transformation (mort, renaissance, initiation) ou bien un lien avec l’autre monde. C’est un espace sacré réel, physique, pouvant aussi être mental, dans lequel se passe quelque chose, soit au niveau individuel, soit au niveau cosmique. Pour Guénon, la caverne est le centre, l’origine, le point de départ, indivisible, l’image de l’unité primordiale. De la Grèce antique (Platon) à l’Extrême-Orient, elle est conçue comme l’image du monde, le lieu de la naissance et de l’initiation, parfois aussi symbolisant le cœur. En tant que lieu et centre, la caverne est considérée tantôt comme un réceptacle d’énergie tellurique, ceci pour la caverne souterraine, tantôt comme un lieu illuminé par rapport aux ténèbres de l’extérieur, car une initiation y a lieu et l’initiation, la seconde naissance, est une illumination. En effet, la caverne qui serait en même temps lieu de mort initiatique et un lieu de seconde naissance, donne accès à la fois aux niveaux souterrains et aux niveaux supra terrestres. Là s’effectue la communication avec les états supérieurs et inférieurs : elle devient donc centre du monde, tous les états s’y reflétant.

 

En tant qu’archétype de la matrice maternelle (regressus ad uterum), la grotte et la caverne, comme la matrice, symbolisent les origines, les renaissances, ceci surtout au Proche-Orient  Elle est donc le lieu de naissance, de régénération et d’initiation comme nouvelle naissance, mais aussi un lieu de passage de la terre vers le ciel, ou du ciel vers la terre, ainsi que le lieu où se fait un passage des ténèbres à la lumière. Guénon explique : mort et naissance sont les deux faces d’un même changement d’état et ce passage d’un état à un autre doit toujours s’effectuer dans l’obscurité. Pour ce, la caverne est liée au voyage souterrain et elle est comparée à la baleine de Jonas. Notons cependant que nous traiterons ici d’une caverne en montagne, ou du moins au-dessus du niveau de la terre (pour la grotte), et non d’une caverne souterraine telle celle de Platon qui représente le niveau inférieur. La sortie de la caverne platonicienne correspondrait à l’entrée dans la caverne que nous traitons, qui symbolise l’éloignement du monde des ombres et des habitudes. La caverne est aussi le lieu d’une troisième naissance : la seconde étant une initiation aux petits mystères, relevant du domaine psychique, tandis que la troisième est l’initiation aux grands mystères, une renaissance spirituelle, précédée d’une seconde mort, non pas au monde profane mais au cosmos. C’est cette troisième naissance qui est une résurrection.

 

Enfin, Guénon ajoute que, « pour que cette résurrection, qui est en même temps la sortie de la caverne, puisse avoir lieu, il faut que la pierre qui ferme l’ouverture du sépulcre (caverne) soit enlevée », ce qui est en accord avec la fin de l’histoire des gens de la caverne (que ce soit dans les textes chrétiens de Jacques de Voragine ou Jacques de Saroug ou dans les textes musulmans d’exégèse coranique). Enfin, Guénon souligne le caractère électif de l’initiation, en affirmant que seuls ceux qui sont aptes à entrer dans la caverne peuvent y avoir accès. Si dans la symbolique universelle on ne voit pas la caverne comme refuge, lieu protégé ou lieu de repos, la littérature, elle, couvre cet aspect de la caverne ou de la grotte. Bachelard dit : « La grotte est un refuge dont on rêve sans fin. Elle donne un sens immédiat au rêve d’un repos tranquille, d’un repos protégé ». Elle a la fonction d’un « rideau naturel ». Notons qu’elle représente aussi le lieu idéal de refuge non seulement pour les poètes et écrivains mais aussi pour beaucoup de combattants, qu’ils soient résistants ou soldats. Finalement, la caverne symbolise aussi l’exploration du moi intérieur, et plus particulièrement du moi primitif, refoulé dans les profondeurs de l’inconscient. C’est probablement pour cette raison que Jung a voulu interpréter la sourate coranique de la Caverne, qu’il conçoit comme symbolisant la transformation. Cela n’est pas étonnant, car l’entrée en soi mène toujours à un changement profond, à un renouveau, voire même une renaissance. Loti illustre cela en décrivant son attachement aux grottes dans ses Fleurs d’Ennui : « Je m’y sens rafraîchi, retrempé de prime jeunesse et de vie neuve ». Il couvre par-là les deux thèmes du repos et de la régénération ou renaissance 

 

Selon l’égyptologue René Lachaud, ‘’Qererets’’ est le nom hiéroglyphique de caverne, ce nom se trouve sur un papyrus de l’époque d’Amenhotep II, il se trouve également sur les parois de l’Osireion d’Abydos. Les cavernes sont les 6 ou 12 espaces successifs que doit traverser le soleil dans le monde souterrain. Une importance particulière est accordée aux divinités chtoniennes comme Aket, Tatenem ou les serpents, manifestations du monde tellurique. Dans cette caverne qui est bâtie comme un athanor, le dieu solaire subit une série de transformations et de transmutations de type alchimique. Le message véhiculé par cette transmutation dans la caverne est celui d’une mort –renaissance, d’une régénération avec décomposition de la matière et reconstitution d’un homme nouveau dans un autre monde.

 

Frédéric Giaccardi nous explique « Du mythe de Platon à la symbolique maçonnique » Après une longue explication sur le mythe de la caverne qui développe les 3 grands principes de cette allégorie, à savoir : 1/ la caverne figure l’attachement de l’homme au monde sensible dans un espace providentiel sur lequel il ne peut agir. 2/ L’ascension vers le monde du jour, préfigure l’anabase (Xénophon) c’est à dite la montée de l’âme vers le monde intelligible, progressant tout d’abord de l’illusion à la réalité, puis jusqu'’à la vérité et le Bien. 3/ Le feu qui éclaire la caverne représente le soleil visible qui éclaire notre monde donc le monde souterrain, il est le prototype du soleil véritable extérieur à la caverne qui, lui ; illumine le monde du jour et donc symbolise le Bien. L’idée de Platon est que la contemplation du soleil assure la sagesse. Giaccardi développe ensuite les 3 niveaux d’interprétation et de compréhension sous 3 niveaux essentiels : Compréhension de l’Homme, compréhension de Dieu et compréhension du Monde. Il explique que sur le plan maçonnique, les chaines qui sont dans cette caverne, sont des entraves  matérielles à l’accès au spirituel, donc il faut savoir se libérer de ces chaines qui représentent l’Ego, les défauts, les vices, l’orgueil, les addictions, le fanatisme, l’ambition et autres obstacles. Le mot V.I.T.R.I.O.L. dans le cabinet de réflexion nous invitera à une réflexion sur cette descente transcendantale au fond de nous-même et d’y trouver le Trésor caché.

 

J.P. Bayard dans son livre « La symbolique du monde souterrain et de la caverne » nous rappelle l’utilité de la caverne comme œuf du monde avec ses épreuves du cheminement souterrain pour arriver à la chambre des « sculptures » illuminées par des symboles, tout en rappelant qu’y arrivera que ceux qui sont libres et de bonnes mœurs autrement dit ceux qui ont prouvé et fourni des preuves de leur bonne foi et de leur volonté de perfectionnement. Très souvent ces grottes sont des lieux de culte et de prières, comme en Inde le R.P. Henri le Saux qui vécut longtemps des une grotte/caverne d’Arunachala, également l’ashram de Romana Maharahi qui subsiste encore, était dans une caverne. Les cavernes de  Ferrand près de St Emilion, sont nommées grottes des druides. Gérard de Nerval dans son « Voyage en Orient » retrace l’activité d’Adoniram qui a établi ses forges et fonderies près du palais souterrain d’Hénoch. Jean Servier explique que cette caverne est une matrice où se développe le germe, elle est un lieu sacré, de par sa forme elle est féminine et rappelle l’enfantement, tout comme l’œuf primordial favorisera la transmutation grâce aux diverses cérémonies sacrées, cet œuf primordial sera en analogie avec la cavité du cœur considéré comme centre de l’être. René Guénon rappelle que le « développent du germe spirituel, implique que l’être sort de son état individuel, et du milieu cosmique qui en est le domaine propre, de même que c’est en sortant du corps de la baleine que Jonas est ‘’ressuscité’’. Le ventre de la baleine est un ventre maternel, celui de la régénération puisque Jonas y resta enfermé 3 jours, même durée que celle qui permit à Jésus de descendre dans les entrailles de la terre pour y puiser la force de sa réalisation ascendante. Que ce soit pour Jésus ou pour Jonas, ces 3 jours dans une caverne/entrailles sera régénérateur et renaissance

 

André Bassou fait le rapprochement entre la caverne de Garganus et la force du Franc-maçon. Après avoir expliqué les 6 mythes décrits dans la grotte du mont Gargano, il explique la solidarité qui doit prévaloir entre frères pour lutter contre l’intégrisme et le combat pour  la recherche du beau et du vrai. Le sanctuaire au flanc du mont Gargano devint vers l’an 800, un haut lieu de pèlerinage à cause des nombreuses apparitions. Il fait le rapprochement avec Hercule et la fondation de Rome, Hercule et le vol de son bétail que Cacus avait caché dans une caverne et qu'’Hercule récupéra. Selon Bassou, construire est la caractéristique de tout maçon, la solidarité est son corollaire, nous bâtissons ensemble un temple dédié au Principe Suprême, notre méditation doit s’appuyer sur les rituels dont il faut s’imprégner car pensée symbolique et démarche initiatique sont dialectiquement unies.

 

Jean Bernard Lévy nous explique qu'il faut entendre par caverne tout lieu souterrain, privé de lumière, caché et secret.  Ce sont des lieux de préparation de maturation avant la naissance, éventuellement des lieux de réflexion, de prise de conscience et de changement d'état, on peut y voir également des lieux de régression. L’auteur explique le distingo entre le rite initiatique et les mythes. Pour Mircea Eliade la définition de l’initiation est la suivante : « L’initiation est un ensemble de rites et d’enseignements oraux, qui poursuit la manifestation radicale du statut religieux et social du sujet à initier. L’initiation équivaut à une mutation ontologique du régime existentiel. A la fin de ses épreuves le néophyte est devenu un autre ». En fait, l’initiation repose sur un postulat : le Cosmos est régi par un Principe qui nous fait voir qu’une toute petite partie du monde, l’initié est appelé à contempler ce monde d’une autre façon afin d’acquérir un 3e Oeil, un 6e sens et une intuition plus fine ». On est frappé par la similitude entre les rites initiatiques et certaines pratiques dites magiques, comme les traces au sol, les formules incantatoires, les inscriptions sur les murs, dans tous les cas il y a appel à des pouvoirs extra-humain reposant sur la croyance en une transcendance, manifestation d’un seul et même principe. En Franc-maçonnerie le Cabinet de réflexion fait office de caverne initiatique avec ses symboles qui préfigurent la mort, d’ailleurs le néophyte est amené à écrire son testament philosophique. On est là dans une mort-renaissance, le Solve et Coagula. Les traditions grecques nous donnent à réfléchir sur le but de ces cavernes avec le Minotaure, les mystères d’Eleusis, les cavernes des travaux d’Hercule, Orphée, Thésée et autres Héphaïstos nous raconte la caverne et ses secrets.

 

John  Percy à travers le Cabinet de réflexion nous explique pourquoi cet endroit est si important dans une initiation avec son monde chtonien et ses dieux et déesses comme Cybèle, nom qui signifie ‘’déesse des cavernes’’ et dont le sanctuaire était au cœur de la Phrygie dans une caverne creusée dans le mont Dindyme. Ces cultes souterrains se poursuivront au Moyen-Âge avec le culte des Vierges Noires ou comme à Lourdes avec L’apparition de la Vierge dans une grotte. A l’entrée du cimetière de saint Bruno à Bordeaux, il y a un bas-relief illustrant la naissance et la mort de l’homme avec l’expression maçonnique « rien ne se perd, tout se transforme » cela rejoint la conception alchimique de ces deux extrémités de la vie. Comme toutes les cavernes, elles servent également de tombeau (Jésus), de lieux funéraires mais aussi de lieux de transmutation alchimique jouant le rôle d’un athanor qui va changer l’homme pour lui permettre à travers une réintégration de redevenir un Être de lumière.

 

Marc-Henri Cassagne nous invite dans la caverne de Platon et conclut que la démarche du Franc-maçon ressemble à celle de Platon: celle d’un dévoilement, d’une libération vers la vérité qui peut faire de l’homme un roi platonicien ou un dieu johannique, alors l’Art Royal prend un nouveau sens essentiel, celui de guider les hommes par l’exemple et la vertu, car au-delà du royaume, s’ouvre l’Empire… L’auteur explique longuement pourquoi dans la caverne de Platon, nous trouvons les notions de feu, de soleil et de lumière, tout comme en Franc-maçonnerie ces mêmes mots symbolisent des avatars ou des hypostases du Principe Créateur, ce que Platon appelle ‘’l’Idée des Idées, ou l’Idée du Bien’’. Ces  symboles qui sont répartis dans la loge et qui nous obligent d’étapes en étapes scalaires, d’avancer dans une progression assurectionnelle. Alors, l’allégorie de la caverne nous permet de mieux nous approcher de la Connaissance du Grand Architecte de l’Univers.

 

André Benzimra explique que la lettre Beth en hébreu signifie ‘’maison’’ et possède plusieurs directions. L’une se réfère à l’idée de confusion, d’obscurité et d’ignorance. L’autre, se réfère à la clarté, explication et éclaircissement. Il rappelle que la caverne possède une ouverture, elle est donc à mi-chemin entre les entrailles de la terre et la clarté issue du dehors, entre la nuit de l’ignorance et les premiers rayons de la connaissance. Comme lieu de maturation et de préparation, elle exige en premier lieu l’obscurité des profondeurs, la graine requiert d’être enfouie avant de germer et de s’épanouir en plante. Tout comme l’Univers avant de naître, a dû être couvé dans l’œuf primordial. A toute maturation l’obscurité est donc nécessaire, mais il lui faut aussi une ouverture à la lumière, et la caverne en est le bon exemple. En hébreu l’organe féminin est désigné par le mot ‘’baith qeboul’’ avec donc la racine beth, ce mot veut dire ’’maison de réception’’ c’est une caverne où l’épouse reçoit son époux et plus durablement l’enfant qui sera la moisson de ces semailles. Ce mot qeboul est de la même famille que Qabalah, la Kabbale, c’est pourquoi on dit que la femme porteuse de cette caverne, est naturellement initiée et naturellement initiatrice, tout comme la loge-mère a porté le franc-maçon en son sein, dans sa caverne initiatrice. L’auteur pose la question suivante :’’le monde est-il une caverne ou une prison’’, à cette question il donne la version hébraïque qui est une caverne, mais pour beaucoup de personne dans la vie courante, le monde est une prison, un enfermement psychique, psychologique, c’est ainsi qu'’Albert Camus qualifie le monde profane. Les sociétés initiatiques donnent une porte de sortie à cette prison, avec une initiation d’abord, et un enseignement philosophique et spirituel qui donne l’espérance d’un futur post mortem apaisé et radieux.

 

Narcisse Flubacher, dans une réflexion profonde nous décrit la caverne de Platon et nous explique l’analogie que l’on y trouve avec le temps des cathédrales et les livres de pierres où les tailleurs  inscrivaient une imagerie religieuse devant instruire le peuple illettré, puis vint l’imprimerie qui fit avancer la connaissance et modifia la mentalité des gens, qui purent ainsi sortir de leur obscurité en ayant accès à une connaissance beaucoup plus large, mais cet âge visuel de l’imprimerie, de l’écriture et de la typographie se termine et laisse la place à l’âge de l’informatique et des médias audio-visuels où les images subliminales jouent un rôle très important dans l’accélération du temps linéaire ce qui peut paraitre important et intéressant mais qui en réalité peut se révèle désastreux, nocif et pervers.

 

Jean Pataut décrit le mythe platonicien de la caverne et y trouve un parallélisme étonnant avec la Franc-maçonnerie. Il lui donne le nom de ‘’chemin du retour’’. Tout d’abord il parle du mythe comme d’un film où le soleil est le metteur en scène qui envoie sur le mur-écran des images virtuelles et nouménales. L’illusoire tient ici une grande place et fascine les prisonniers qui ainsi sont de plus en plus dépendant dans un confort illusoire mais qui les enchaine de plus en plus à la matière. C’est aussi ce que nous dit l’arcane 15 du Tarot avec le Diable qui enchaine les 2 diablotins et les oblige à vivre un matérialisme décadent, pervers et anxiogène qui ne peut que les conduire à une mort spirituelle. Si la vision, la vue l’obscurité, l’ombre, la lumière et l’éblouissement tiennent tant de place dans ce mythe c’est parce que Platon privilégie la voie de la connaissance, voie qui est relié à l’Oeil, organe perfectionné de notre information et de notre discrimination. Le prisonnier qui s’évade de la caverne commence une montée jusqu'’au début de l’ouverture vers la lumière. Cette montée est une montée ‘ initiation royale’ Dans l’arbre de vie, cette montée commence à la sortie de Malkuth pour s’arrêter avant Tipheret, elle correspond ainsi à la purification et à la traversée de tout le monde psychique, c’est l’oeuvre au blanc alchimique, ou la clé d’argent des Papes. On est dans les petits mystères.

 

Aurélie Ferrand  nous raconte l’histoire des 7 Dormants d’Ephèse et la caverne. « Au 3e siecle7 jeunes chrétiens originaires d’Ephèse sont condamnés par l’empereur romain Dèce, pour avoir refusé de renier leur foi chrétienne en un Dieu unique et de se soumettre au culte impérial et ses idoles. Condamnés à l’exil ils s’enfuient. Ils trouvent refuge dans une caverne mais retrouvé par les soldats romains ils sont emmurés vivant dans la caverne. Ils se réveilleront 2 ou 3 siècles plus tard, vivant et dans le même état de jeunesse. L’un deux sort de la caverne et descend dans la bourgade pour acheter des vivres. Il paye avec une pièce d’or datant de l’empereur Dèce, mais cette pièce n’a plus cours aussi le bruit se répand qu'’il aurait trouvé un trésor. Afin de prouver sa bonne foi il emmène les autorités religieuses et l’empereur dans la caverne, mais avant d’y pénétrer il demande à parler avec ses camarades qui unanimement décident de rester dans la caverne et demander leur mort à Dieu. Dans une autre version, ils témoignent de leur ‘’résurrection’’ puis disparaissent » Voilà l’histoire de ces 7 Dormants et qui fait consensus dans les 3 religions du livre (surtout dans le coran et chez les soufis). Le point de départ de cette histoire est la foi totale dans leur religion, la soif de vérité, d’Absolu et d’unicité semble être un préalable à l’exil rédempteur, ils choisissent ainsi le sacrifice de soi porté par leur foi. Selon Ibn Arabi ces 7 dormants forment une figuration de chevalier spirituel, lequel va seul à la conquête de sa conscience profonde en entamant ce voyage sans retour vers Dieu. Il s’agit d’opérer cette plongée dans les profondeurs régénérantes de la caverne et sortir de l’état de dépendance et d’asservissement, caractéristique de notre conscience ordinaire, pour atteindre l’état de discernement d’une réalité autre que celle du monde profane et qui prend racine dans ces mondes intermédiaires qu'’Henry Corbin a qualifié de ’’mundus imaginalis’’ ou monde imaginal, monde qui permet d’accéder à la connaissance effective, dont la moindre parcelle vaut plus que tous les raisonnements qui ne procèdent que du mental, connaissance rappelle René Guénon qui ne peut se faire que par l’âme et l’esprit. Dans cette caverne et durant 2 ou 3 siècles va se produire ‘’la dormition’’. Etape importante de spiritualité. Pour l’alchimie cette phase sera le solve et coagula, la dualité y verra le Yin et le Yang représentant les états  inférieurs et supérieurs de l’être. On peut y lire également le processus alterné d’involution et d’évolution, mais dans cette caverne comme dans toutes les autres le point central est qu’on ne peut qu’y dormir ou y mourir avec comme symbole premier un changement d’état à chaque dormition.

 

En conclusion : Saint Jean de la Croix et Qashâni se rejoignent donc puisque, pour l’un comme pour l’autre, la caverne symbolise les facultés propres à tous les êtres humains, et parce que tous deux proposent une voie de purification intérieure accessible à quiconque a la volonté de suivre la voie du dépouillement. Enfin, un dernier commentaire de la sourate est dans la ligne de pensée de Qashâni et de saint Jean de la Croix est le commentaire du psychanalyste mystique Carl Jung. Dans l’interprétation qu’il fait de la sourate la caverne, Jung représente la caverne comme un lieu de la renaissance, un espace clos où l’on est enfermé pour y être couvé et renouvelé. C’est initialement pour lui un lieu de transformation, et il rejoint par-là la symbolique universelle. Cependant son approche est elle aussi universelle comme celle de Qashâni et de Jean de la Croix. Il dit : « Celui qui d’aventure pénètre dans cette caverne, c’est-à-dire dans la caverne que chacun porte en lui, ou dans cette obscurité qui se trouve derrière sa conscience, celui-là est entraîné dans un processus de transformation d’abord inconscient. Entrant dans l’inconscient, il établit un lien entre les contenus de celui-ci et sa conscience. Il peut en résulter une modification de sa personnalité, lourde de conséquences positives ou négatives. Souvent cette transformation est interprétée dans le sens d’une prolongation de la vie naturelle, ou d’une perspective d’accès à l’immortalité. » [58]
Jung ne symbolise donc pas la caverne par le corps ni par les puissances, mais par l’inconscient, qui lui aussi, selon les psychanalystes, est chose commune à tous les hommes.

 

On a pu remarquer, dans les passages précédents, les différences entre les auteurs soufis, entre leurs goûts personnels, ainsi que la variété de leurs expériences et de leurs discours. Nous retrouvons cependant une homogénéité, que cela soit chez les auteurs soufis entre eux, ou bien entre les conceptions de ces auteurs et la symbolique humaine universelle. Il semble que tous perçoivent la caverne comme symbole de transformation, qu’elle soit lieu physique concret, lieu mental spirituel, ou lieu métaphorique. Et cette transformation peut être une initiation, une mort et une renaissance, une résurrection, un passage du fanâ au Baqa, un passage de la souillure du monde vers la purification, un passage du monde qui fait peur à la protection divine, ou bien un passage de l’ignorance à la connaissance, de l’éloignement de Dieu vers la proximité, de l’obscurité à la lumière, ou bien finalement une transformation provoquée par l’amour. N’empêche que l’on décèle une différence chez les mystiques ici étudiés dans leur relation à l’espace. Si chez Qushayri le lieu est important, nous remarquons que les autres montrent indirectement que ce n’est pas le lieu qui transforme la personne, qui la sanctifie, mais que c’est ou bien la personne elle-même qui se purifie, se sanctifie, sacralisant par-là l’espace, ou bien, ce qui est plus dans la thématique soufie : c’est Dieu qui sanctifie la personne, en l’enlevant à elle-même et la plaçant dans ce topos spirituel symbolique. Car en fin de compte, pour la pensée soufie, toutes les créatures, qu’elles soient humaines ou rocheuses (ou autres), n’existent que par Lui et ne dépendent ni d’elles-mêmes ni des autres, ni des lieux ni des temps, mais uniquement de Lui.

 

la caverne    -    

M. philibert

Edition Pardès

 2003

La caverne. Que peut-on rechercher dans cet antre obscur et terrifiant ? Un abri ? L’enfer ? Le contact magique avec d’autres univers ? L’homme des cavernes est allé en son sein, dès l’aube des temps, danser, battre du tambour et se livrer à d’étranges cérémonies.


A la splendeur des concrétions et des draperies de stalagmites, succède celle de peintures de lions effrayants ou de bisons furieux et, parfois, de femmes divinement attirantes. Des chamans masqués, en proie à la transe, ont procédé à des rites de passage à la lueur brasillante de torches devant un public happé par cet endroit envoutant et déroutant.

 

Creusés dans la terre, des souterrains, des cryptes, des hypogées, tous ténébreux, ont hébergé tout un peuple fantasmagoriques de fées, de dragons, de nains, de démons et autres monstres, s’adonnant à d’occultes travaux. Des devineresses inquiétantes ou des ermites fameux s’y sont terrés. Puis, par une étonnante mutation, des dieux y sont nés ou ont été inhumés dans ces abîmes souterrains ; ce matras ne recèle-t-il pas des pierreries miroitantes, des minerais oubliés ou, même, des trésors insoupçonnés ?

La peur au ventre, il faut se jeter dans ce lieu maudit pour y découvrir quelque secret. Pénétrons dans la caverne…

 

Le héros descend dans les entrailles de la terre, conduit par une force inconnue. Il cherche le centre afin de recouvrer son énergie psychique, dans cette zone du sacré, il doit retrouver sa réalité absolue. Mais ce sanctuaire naturel se trouve très difficilement. Avant d'édifier des constructions artificielles, l'individu songe à se rapprocher des données de la nature. La grotte, la caverne, condense ces forces telluriques ; mais c'est un lieu naturel, considéré bien souvent comme la porte souterraine du monde. La caverne devient ainsi l'antre des mystères ; sa forme même peut évoquer l'image de l'œuf primordial d'où la substance androgyne provient ; mais elle est aussi un ventre - celui de la terre régénératrice - puisqu'en ce lieu l'initié meurt fictivement pour renaître épuré. La caverne représente donc la matrice universelle. Je note au passage qu'en hébreu « puits » signifie aussi femme ou épouse.

 

La caverne engendre donc, mais elle permet à l'être humain de conquérir son immortalité. C'est rejoindre ici la notion de l'enfer qui régénère, puisque la mort n'est qu'une transformation nécessaire, sans devenir un anéantissement. Wirth a trouvé dans le symbolisme de la caverne le parallèle avec le cabinet de réflexion, puis de la chambre du milieu ou resplendit la lumière centrale, le culte des cavernes est toujours lié à l'idée de « lieu intérieur » ou « lieu central ». Pour Guénon, le symbole de la caverne et celui du cœur sont assez proches : la caverne représente la cavité du cœur considéré comme centre de l'être et aussi l'intérieur de l'œuf du monde. Cette caverne - ou Loge - ne sert qu'à la première initiation mais elle donne accès au vrai monde souterrain. Avec Platon, la caverne, antre cosmique de l'initiation, prend toute sa signification. Il établit la différence entre les deux mondes de la connaissance ; nous voyons surgir l'image désenchantée du monde sensible où passent les reflets de la réalité transcendante mais afin de ne pas violer la loi du silence le poète s'est exprimé en images voilées.

 

De nombreux épisodes de l'histoire Sainte se déroulent sous terre. L'Annonciation faite à Marie par l'ange Gabriel, a lieu dans une grotte, qui se situe près d'une source. Nous retrouvons les eaux - sous forme de source ou de puits - eaux supérieures, conception de la féminité la plus élevée où règne la Vierge (un autre exemple frappant avec la grotte de Lourdes !). Le même rapprochement être fait avec la caverne abritant la Nativité. Comme Zeus, Agni voit le jour lui aussi dans une grotte. Les Mexicains pensent que la grotte de Chicomotzoc ; qui signifie le « 7 grottes », donc un lieu sacré, fut le berceau de leur race. Homère note des arbres vénérés qui croissent près des grottes : c'est souvent l'olivier.

 

Toutes les cavernes sanctifiées par le passage de Jésus restent d'accès difficile, avec des montées périlleuses, des entrées fort étroites. Les entrées des temples initiatiques, toujours orientées, obligent le postulant à se baisser. Platon mentionne la présence de deux ouvertures : l'une qui donne accès au ciel, l'autre au monde souterrain. Dante sort de l'enfer et sa force ascensionnelle lui livre passage au monde d'En-Haut. Cette voûte correspond à la voûte étoilée, le trou à la porte solaire : la lumière pénètre ainsi par le toit du monde, s'établissant sous la forme d'une pyramide. Ce percement de la voûte nous ramène à l'ouverture localisée de la tête, à ce 3è œil de Shiva, à l'auréole du Saint, à la tonsure du prêtre. Guénon a montré que le rite de la trépanation posthume permettait à l'âme de se libérer plus rapidement et lorsque le Cardinal camerlingue frappe 3 fois au sommet de la tête du Pontife décédé, c'est encore pour évoquer la restitution de cette substance universelle.

 

Après avoir envisagé la caverne comme lieu initiatique regardons dans la littérature profane,  ces grandes cavités souterraines avec leur profondeur inconnue, leurs bruits, leurs cours d'eau ont attiré l'attention des hommes en causant terreur et superstition. Et indistinctement les cavernes sont nommées grottes des fées ou grottes du diable. Beaucoup de récits, sans fondements, établissent que les cavernes furent les 1è  habitations humaines. Des manuels scolaires ont illustré ces fables et ont imprégné les jeunes cerveaux, où les hommes vêtus de peaux de bêtes, vivent dans un état d'abrutissement complet. Historiquement, les hommes de Cro-Magnon, au front développé, sont grands et bien proportionnés. Il faut convenir que la caverne a pu servir momentanément de refuge, lors des guerres, d'épidémies ou de grands froids, mais en général les habitations s'élevaient en plein air. En réalité la grotte sert de sanctuaire, car il s'il déroule un rite magique ou religieux. Je pense qu'il est difficile de dissocier ces 2 modes de pensées, la religion étant par définition un acte magique.

 

Afin de rendre plus sensible le mystère qui émane de la caverne naturelle, l'homme songe à l'aménager ; ainsi naissent les peintures rupestres. Cette matrice des trésors, ce lieu de sépultures, cet antre qui donne accès au monde souterrain, devient le lieu de la divination et de la prophétie. Ces talismans totémiques attirent des forces cosmiques dont les bienfaits doivent se répandre sur la tribu.  Ces signes cruciformes, ces dessins symboliques apparaissent en noir et en rouge. Cette couleur rouge 'apparente à celle du sang, principe de vie. Ces totems pouvaient avoir une action sur la vie des bêtes ; dans un 1è stade, l'homme prenait soin d'elles afin qu'elles se multiplient ; dans un 2è stade le chasseur s'en emparait. Nous serions donc devant un acte magique et cérémoniel, un acte d'incantation et d'envoûtement. Il faut y voir un sentiment religieux très élevé.

 

Quant à Lascaux, où le rite est très observé, la grande salle des taureaux se nomme la « Chapelle Sixtine de la Préhistoire ». Elle est composée de 600 dessins d'animaux et de 400 signes divers. Mais seuls certains animaux ont été représentés : le renne est représenté 1 fois, alors qu'il représente 90% de la nourriture consommée ; le cheval est l'animal le plus représenté de tous dans l'art pariétal, ne représente que 1% des déchets consommés sous terre. Mais ces statistiques sont en contradiction avec l'affirmation précédente. L'étude de toutes les traces, notamment celle des pieds, est celles de jeunes, ce qui milite en faveur d'une initiation. L'acte d'accouplement n'est jamais représenté, il semble relever d'un interdit. Quant aux signes, il est impossible d'apporter des réponses directes ou des explications précises. C'est le domaine de l'intuition, de la supputation ; ils correspondaient vraisemblablement à des mots, des actes? Donc les cavernes avec leurs décorations, ne s'inscrivent pas dans un art gratuit. Nous ignorons comment  vivaient nos ancêtres, mais ces dessins nous prouvent qu'une civilisation existait. Ce sanctuaire nous met cependant sur la voie du totem ; un des aspects magiques nous reste avec la Vierge Noire, avec le Temple souterrain, cette grotte matrice de la terre-mère qui nous a donné la vie et qui nous recevra.

 

Des couloirs obscurs, mystérieux, tortueux, aboutissent aux chapelles souterraines ; majestueuse, la Vierge Noire apparaît et s'associe à la caverne. Elle trône dans la crypte, grotte sacrée, antre des mystères, dont la forme évoque l'image de l'œuf primordial d'où la substance androgyne est née. Ce lieu qui permet la condensation des forces telluriques donne accès au vrai monde souterrain, mais dans ce cœur du monde la Mère, éternellement jeune et vierge, replace le postulant dans son milieu originel en vue de sa régénération. Ce sanctuaire affecte souvent une forme circulaire, comme la terre. Cette crypte millénaire se situe en général dans un sanctuaire bâti sur une hauteur boisée et un puits y est placé près de la vierge. Les pénitents se plongent dans cette eau miraculeuse : « La vérité sort du puits » dit le proverbe. L'eau purificatrice isole au même titre que la forêt et elle se met en marge de l'action. Les Vierges Noires se présentent sous la forme de statuettes en bois, de petites dimensions. Les mains de ces vierges, souvent grandes, font songer à celles des dieux qui figurent dans les dessins rupestres. Le noircissement de la déesse peut nous intriguer. Seuls le visage et les mains se détachent sur une robe plus claire. La coloration noire indique un caractère bien particulier. La puissance et la sainteté des Vierges Noires, en Europe, ont fait naître des pèlerinages forts nombreux.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Abri ou refuge  -  Lieu magique et endroit sacré  -  Espace-temps sacré  -  La mort sacrée  -  Des grottes ornées aux sanctuaires souterrains  -  Espace-temps magique et mythique   -  l’archétype  -  Rites de passage et endroits à mystères  -  endroits de mort et de régénération  -  la caverne symbole de notre intériorité  -

 

la chaÎne d’union        -  N°  20  -

Jean onofrio

Edition MAISON DE VIE

 2006

Présentant les innombrables chaînes non humaines entre des éléments qui participent en s’assemblant à la perpétuation de la vie, cet ouvrage pose la question de l’importance de ce symbole qu’est la chaîne d’union. Il propose de découvrir comment, rattaché aux sciences traditionnelles, astrologie, magie, alchimie, ce symbole touche réellement les êtres au plus profond de leur matérialité et de leur humanité.


Est-elle un exemple simple d’une fraternité universelle d’entraide et de participation, ou représente-t-elle un enjeu si important que de sa compréhension dépend la survie de la Franc-maçonnerie ?


Cet ouvrage tente de mettre ces aspects en lumière et de faire percevoir cet enjeu essentiel.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les diverses catégories de chaîne d’union dans diverses traditions   -   les chaînes d’union naturelles   -   croisement des électrons des atomes   -   lumière et matière   -    la vie de la cellule  -   les formes de chaîne d’union dans la Franc-maçonnerie   -    les mains et les pieds   -   pourquoi le terme de chaîne ?   -   la chaine est un lien et une trame   -   la chaîne est une succession ininterrompue d’éléments   -   quels êtres la chaîne d’union unit-elle ?   -    ne pas confondre les tenues et les chaînes d’union   -   La chaine d’union aurait-elle une dimension alchimique ? Aurait-elle une dimension magique et astrologique ?   -

 

LA CHAÎNE D’UNION ET SON SYMBOLISME

Marcel SPAETH

Edition DETRAD

 1998

Il existe des rites maçonniques auxquels il vaut mieux ne pas s’associer, si l’on n’a pas pleine conscience de leur pouvoir occulte.

 

Le thème de la chaîne d’union, en dépit de sa simplicité apparente, constitue l’une des figures les plus complexes du rituel, en ce sens qu’elle implique des « entrelacements secrets » dépassant largement la simple idée que le commun se fait de la représentation sous forme tangible, d’une communauté de cœur et de pensée.

 

Les principaux symboles de cette chaîne sont les suivants :

 

Le symbole du cercle que forme la chaîne d’union obligatoirement fermée.

La polarité  de la chaîne, mise en évidence par le croisement des bras

La main qui joue un rôle actif dans la formation de la chaîne.

 

LA  CHAÎNE  D’UNION  -  LA  CORDE A nœuds  et  LA HOUPPE DENTELḖE

Divers  auteurs

  Arcadia

 2011

La chaîne d’union, la corde à nœuds et la houppe dentelée, voilà trois concepts maçonniques qui ont une ambigüité quant à leur finalité, leur symbolisme, leur positionnement et leurs explications.

 

Beaucoup de franc-maçon confondent et pensent que ces trois symboles représentent la même chose sur des plans différents, aussi indifféremment ils arrivent à donner le même nom à ces trois symboles. On peut effectivement y trouver des analogies, des passerelles, et des idées communes, mais il est plus logique et naturel d’y voir des finalités différentes

Essayons d’y voir un peu plus clair dans leurs différences :

 

Pour la chaine d’union, elle est d’abord de nature humaine, puis cette chaine est fermée, qu’elle soit courte ou longue, enfin elle se fait au centre du temple pour bien marquer son axe avec le céleste, avec l’étoile polaire.

Pour la corde à nœuds (certains la nomme à tort houppe dentelée) elle est un objet inanimé, elle marque la limite du temple sur les murs, elle a au maximum 12 nœuds ou lacs d’amour, elle n’est pas relié avec le céleste mais avec ses houppes (glands effiloches) en fin de corde elle se relie plutôt avec les forces terrestres

 

Pour la bordure dentelée, appelé houppe dentelée, elle est également un dessin inanimé puisqu’elle délimite sur le tableau de loge que l’on trace ou pas, les limites du Temple, d’ailleurs les rites qui tracent en début de la tenue le tableau de loge, on doit commencer par tracer cette houppe de gauche à droite, et à la fin de la tenue, on doit en effacer en dernier cette houppe de droite à gauche..

Elle est souvent symbolisée par une bordure de petits triangles alternativement noir et blanc, qu’on peut interpréter comme l’opposition entre lumière et ténèbre. Dans cette bordure on indique les quatre points cardinaux selon leur ancien nom : orient –occident-midi et septentrion – Dans un second modèle, certains y voient la figure héraldique des lacs d’amour, réservée aux prélats et aux veuves, et où l’on voit d’habitude la chaîne d’union qui unit tous les maçons de tous lieux et de tous les temps. En Ecosse cette houppe dentelée est symbole d’une vie vertueuse Cette houppe au XVIIIe siècle délimite le tableau de loge et se termine par une cordelière délimitant ainsi l’espace sacré. Depuis 300 ans ces trois appellations –chaîne d’union, corde à nœuds et houppe dentelée – ont évolué, changé de concept et de symbole, bien que proche, elles veulent souvent dire la même chose.

 

Dans l’Égypte ancienne, l’arpenteur utilise la corde à nœuds pour mesurer et tracer les plans des bâtiments importants, de nombreux temples sont élevés grâce à cet outil qui est aussi appelé Cordeau de Toth, Toth étant l’ibis sacré dont la longueur du pas détermine celle de la coudée qui se retrouve ainsi être une coudée divine. Dans les temples des pharaons, ce qui est en bas est comme ce qui est en haut afin de ne pas dissocier le ciel et la terre. Ainsi les mesures du temple sont les mesures de Toth, celui qui établit l’ordonnance, l’expert, l’exact et le juste.

 

Dans le livre de Job, Dieu demande à Job : “Où étais-tu quand je fondais la terre ? Parle, si ton savoir est éclairé. Qui en fixa les mesures et qui tendit sur elle le cordeau ? » Ce n’est ni la première ni la dernière fois que le grand architecte de l’univers se prévaut d’utiliser le cordeau. En effet dans l’Égypte ancienne et chez les grecs, le ciel est constitué de constellations c.-à-d. d’étoiles reliées entre elles par une corde et seuls les dieux sont capables de bouger les cordes. Ainsi c’est par l’origine céleste du cordeau qu’il est possible de justifier du caractère sacré de l’édifice que l’on construit grâce à l’acte fondateur de tendre le cordeau. C’est par cet acte que l’on se situe véritablement dans la tradition des bâtisseurs qui est celle de poursuivre l’œuvre du principe créateur, le grand architecte de l’univers.

 

Suivant la tradition des bâtisseurs du moyen Age, c’est par une intervention miraculeuse de saint Pierre, saint Paul et saint Étienne auprès d‘un vieux moine sur le point de mourir, l’abbé Gunzo qu’ont été indiquées les dimensions de la basilique de Cluny. En effet les trois saints lui dévoilèrent le plan de l’édifice et lui promirent une survie de 7 années s’il accomplissait la délicate mission de transmission de la volonté céleste à l’abbé Hugues de Semur. Enfin au monastère de Santa Maria de Alcobaça au Portugal, nous observons le parallélisme sur le même tableau de 2 scènes, la première, 3 hommes tendent un cordeau devant le roi Alphonse Henri et la deuxième scène en arrière-plan plusieurs anges qui tirent le cordeau. La concomitance de ces deux scènes illustre la volonté de faire de l’édifice en question le modelé terrestre d’une construction céleste. Ainsi la corde permet de créer sur terre un espace sacré.

 

Mais comment est fabriquée une corde ? La matière de la corde est végétale, pour l’obtenir ; elle doit être pure c.-à-d. débarrassée du putrescible pour ne laisser que l’élément offrant une grande résistance à la dégradation. Le cordier commet la corde, le verbe commettre vient du latin commitere : mettre plusieurs choses ensemble, unir, rassembler. Quant à son utilisation, la corde a permis la construction des pyramides et des cathédrales par l’acheminement des pierres nécessaires, cependant l’élément indispensable pour ce travail était l’esprit de groupe pour accorder les efforts en intensité et en rythme. Ainsi la corde établit les limites d’un espace sacré, rassemble, unit et met à l’ordre ses membres dans le travail.

 

La corde à nœuds est ouverte et se termine par deux houppes dentelées. Dans l’ancien testament, Dieu dit « Parle aux fils d’Israël, tu leur diras de se faire une houppe aux pans de leurs habits. Ce sera votre houppe et quand vous les verrez, vous vous souviendrez de tous les commandements de Yahvé et les pratiquerez » Ainsi les tsitsits qui se situent aux 4 coins du châle de prière correspondent aux 613 commandements qui règlent la vie quotidienne. Pour nous ces houppes nous rappellent nos engagements contractés par chacun à l’intérieur et poursuivis à l’extérieur. L’ouverture de la corde sur l’occident nous rappelle aussi l’accueil des récipiendaires venant du monde profane et intégrant la maçonnerie. Chaque nouvel entrant serait alors un des fils de la houppe se retrouvant lié à ces frères comme les fils se retrouvent liés entre eux dans la corde. Ainsi les houppes sont un symbole de nos promesses à respecter dans le monde profane et de l’individualisme régnant dans celui-ci par rapport à la fraternité de notre monde.

 

La corde à nœuds de l’arpenteur a de simples nœuds alors que dans notre temple ces nœuds sont des lacs d’amour. Ils sont faits par un cordon entrelacé en forme de huit dont les extrémités traversent le centre et ressortent par la base à dextre et à senestre. La forme de ce nœud sert de modèle de déplacement aux abeilles pour indiquer le lieu de la récolte. Il a servi aussi pour la formation du symbole de l’infini. Enfin, il représente un problème mathématique majeur le lemniscate de Bernoulli. Lemniscate que l’on retrouve d’ailleurs dans le chapeau de Bateleur dans le jeu de Tarot.

 

En Franc Maçonnerie, ces nœuds s’appellent lacs d’amour, ce mot provient du mot latin « laqueus » qui signifie lacet, nœud coulant et l’entrelacs est un art qui pour un profane n’est qu’un amas de motifs entrelacés alors que pour l’initié, il est un savant mélange d’organisation et d’interdépendance. Au moyen âge, lors des mariages, on faisait autour des mains des mariés un nœud qui est ainsi en forme de huit, ainsi le lacs d’amour symbolise l’amour éternel. Les veuves aussi portaient cette corde pour signifier de l’éternelle fidélité à leur défunt époux. Aussi, en héraldique, ce nœud représente le symbole de l’amitié indissoluble et de la foi jurée des chevaliers.

 

LA COLONNE D’HARMONIE SYMBOLISME DE LA MUSIQUE EN LOGE    -       N° 75

Hervé Mestron

Edition Maison de vie

2017

Au cours d’une tenue rituelle, la loge maçonnique devient une oreille immense, soudain habitée d’une singulière puissance. Tout rite est une musique et la musique elle-même devient, dans le Temple, le vecteur d'un accomplissement communautaire.

Elle n’est plus une émanation du monde profane mais le miroir d’une colonne invisible reliant ciel et terre, l’expression vivante d’une langue sacrée exprimant la pensée du Grand Architecte de l’univers. Retraçant brièvement l’histoire de la musique dans les loges maçonniques, l’auteur explicite ce que sont la colonne d’harmonie et la fonction de Maître d’harmonie avant d’examiner l’héritage, immense, du Frère Mozart, qui a retrouvé la dimension initiatique de la musique et donné à la musique maçonnique sa véritable place.

 

À l’instar de la musique liturgique et du chant sacré de l’église, la musique maçonnique a joué un rôle et des fonctions toujours plus importants dans les travaux et Tenues de la Loge. D’emblée, la communauté maçonnique a reconnu les effets exhaustifs exercés par la pratique musicale sur l’ambiance de la Loge et les sentiments animant les Frères.

 

En 1746 déjà, le F\ L.-F. Lenz relève, entre autres, dans la préface de son recueil de " Freymaurer=Lieder ", l’importance majeure (du chant) qui permet de diffuser l’esprit d’union des grands rassemblements. La pratique de la musique et du chant en Loge contribue essentiellement, jusqu’à ce jour, au maintien de la communion des esprits lors des travaux rituels, mais aussi - dans la mesure où elle est en adéquation avec le texte et la gestuelle - à marquer plus intensément la perception du déroulement du rituel. Dans son ensemble, la musique maçonnique peut se subdiviser en trois catégories :

 

1 - Chants et pièces instrumentales composés en vue des travaux rituels, Loges de table, fêtes de St Jean et autres manifestations analogues. Nous l’appellerons musique de circonstance.

2 - Compositions qui ne furent pas écrites expressément à des fins maçonniques, mais qui par leur caractère et leur contenu se prêtent adéquatement aux travaux en Loge.

3 - Œuvres originales" d’une haute inspiration maçonnique, telle, par exemple, la Musique funèbre maçonnique de Mozart

 

La Musique en Loge et les "Colonnes d’Harmonie" : On fera appel à la musique lors des travaux en Loge et au cours du déroulement du rituel, c’est-à-dire lors de l’entrée et de la sortie des Frères du Temple, durant les brèves poses prévues par le rituel ainsi que pour accompagner certaines déambulations (p. ex. durant les voyages symboliques au passage des trois grades). À l’époque de Mozart, dans les Loges viennoises et pragoises, les Frères entonnaient des chants à l’ouverture et à la clôture des travaux, parmi lesquels ceux rehaussant la Chaîne d’Union connaissaient une vogue particulière. L’accompagnement instrumental des Chœurs et soli utilisait le piano ou l’orgue dans les Loges germaniques et anglo-saxonnes et cela dès la seconde moitié du XVIIIe siècle ; en France, on avait souvent recours à l’harmonium.

 

En ce qui concerne la musique instrumentale, on ne saurait parler d’instruments ou d’ensembles "typiquement maçonniques". Bien que l’on ait tenté de tout temps de justifier la colonne "Beauté" par un apport musical de niveau élevé, certaines Loges ne pouvaient guère compter sur des " Frères musiciens ", voire d’amateurs éclairés, alors que d’autres n’en manquaient pas. Si aujourd’hui le cor de Basset (de la famille des clarinettes) garde toujours et encore une prédilection comme "instrument typique des Loges", cela ne vaut que pour celles de Vienne où cet instrument a joué un rôle prépondérant dans l’œuvre de Mozart ; d’un autre côté, certains interprètes du cor de basset, très en faveur à l’époque, étaient également membres des Loges. On peut faire le même constat dans les Loges françaises où les "colonnes d’harmonie" tenaient lieu d’institutions pratiquement incontournables. Celles-ci qui avaient compté des effectifs importants dans les Loges militaires se composaient de quelques clarinettes, cors et bassons, dont seules de rares Loges parisiennes, parmi lesquelles les célèbres "Les Neuf Sœurs" et "Les Amis Réunis", pouvaient se prévaloir du fait de la présence parmi leurs membres de Frères mélomanes. Cependant, à partir du milieu du XIXe siècle, ces formations disparurent pratiquement des Temples.

 

La raison qu’aujourd’hui, il ne se publie pratiquement plus d’œuvres maçonniques pour ensembles instrumentaux, s’explique par le fait que rares sont les Loges comptant dans leurs rangs d’authentiques interprètes, condition sine qua non pour une création d’une certaine envergure. Les Loges viennoises du temps de Mozart restent une exception en ce sens que de nombreux musiciens étaient entrés en Maçonnerie pour ainsi dire dans le sillage du maître réputé ; cela n’était pas seulement dû à l’originalité des compositions maçonniques de Mozart, mais surtout à la présence de nombreux interprètes de plusieurs instruments dans un cénacle relativement restreint.

 

Essence et Symbolisme de la Musique Maçonnique : Il est pratiquement impossible de définir les caractéristiques essentielles d’une musique appropriée aux activités de la Loge, exception faite de ce qu’elle doit impérativement être à même d’engendrer chez les adeptes un comportement digne durant les Tenues et une gaîté sereine lors des Loges de table. Les quelques compositions originales connues (des chants dans la plupart des cas) sont généralement des mélodies d’une facture sans apprêt, aisément accessibles afin de faciliter l’intégration de tous les Frères dans la " chorale ". Quelques compositions laissent entrevoir une tentative d’intégrer certaines dispositions spirituelles ou encore une certaine symbolique dans le phrasé musical en jouant sur ces paramètres que sont : rythme, harmonie, symbolique des nombres, ou mélodie ; ces tentatives, toutefois, ne sauraient être spécifiquement perçues dans les œuvres antérieures à celles de Mozart.

 

Vouloir attribuer au nombre "Trois" si important en Maçonnerie une présence ou même une référence dans une oeuvre musicale maçonnique reste très problématique ; en effet, ce nombre fait partie du patrimoine général de la musique : tonalités à trois signes d’altération, triolets, tierces, rythmes à trois temps, thèmes ternaires, phrasés musicaux sur trois notes, etc. On peut présumer avec davantage de vraisemblance d’une intention d’expression symbolique dans certaines œuvres de Mozart, bien que toute interprétation dans ce sens reste du domaine de la conjecture. Une systématique et une typologie des symboles maçonniques, communiquées à l’aide de figures musicales et rhétoriques, ne saurait être scientifiquement démontrée, surtout en l’absence d’un texte lié à la dite musique L’œuvre maçonnique la plus importante de Mozart reste la Maurerische Trauermusik [Musique funèbre maçonnique, composée vers le 10 novembre 1785 à Vienne à l’occasion du décès de frères,  ainsi que Mozart l’a noté dans le propre catalogue de ses œuvres

 

LA CORDE RITUELLE,  UN LIEN INITIATIQUE   - 

 Percy John Harvey

Edition Cépaduès

 2016

La corde et la cordelière ont une fonction initiatique variable selon les traditions mais qui présentent certaines constances malgré une multitude de variables notamment dans les nœuds. Percy John Harvey restaure avec ce livre un intérêt quelque peu perdu pour un élément qui se fond parfois dans le décor.

 

Si la corde exprime d’abord le lien, l’attachement, la relation, cette signification première est ambivalente. S’agit-il d’un lien contraignant et limitant ou d’un moyen pour s’élever ou descendre dans les profondeurs avec une certaine sécurité ? « La corde en Franc-maçonnerie est nouée de différentes façons, en correspondance avec le symbolisme du Rituel. Elle est principalement utilisée lors des cérémonies de réception et aussi sous sa forme décorative pour composer la Houppe. »

 

Il existe une véritable science des nœuds, notamment chez les marins mais pas seulement et un art des nœuds et entrelacs, porteurs de sens, que cela soit en héraldique ou en d’autres disciplines traditionnelles. « Les entrelacs, précise Percy John Harvey, sont constitués de nœuds de formes complexes, généralement destinés à la décoration ou des représentations symboliques et mystiques. »

 

L’auteur rend compte tout d’abord de nœuds remarquables comme, entre autres, la houppe, le nœud Tyet « qui symbolise la force d’Isis et sa magie qui lui ont permis de ressusciter Osiris », le Lacs d’amour, les deux colonnes nouées Boas et Jakin, le caducée, le nœud de Salomon, le célèbre nœud gordien à propos duquel Percy John Harvey omet de signaler l’existence d’une tradition chevaleresque qui propose une autre version, secrète, de la légende, particulièrement intéressante. Le caducée évoque les puissances serpentines à l’œuvre dans le corps comme dans la création, des nadis des traditions indiennes jusqu’à la double hélice d’ADN.

 

En Franc-maçonnerie, quatre nœuds dominent, nœud simple, nœud coulant, Lacs d’amour, houppe décorative. Percy John Harvey explique comment le passage des loges nomades, réunies autour d’un tableau de loge, ou « de la loge », éphémère, tracé à même le sol, à des loges sédentaires a permis la projection dans l’espace de ce qui était dessiné sur le tableau. « La houppe dentelée est venue décorer le haut des trois ou quatre murs du Temple. » Une série d’illustrations et de dessins illustrent ce mouvement d’expansion spatiale.

 

Percy John Harvey décrit ensuite l’usage fait des cordes en Franc-maçonnerie selon les rites et les grades avant d’aborder la question de la chaîne d’union : « On voit que la Chaîne longue, symbolisée par le nœud simple, correspond à la forme ordinaire de la chaîne humaine que l’on trouve dans le monde profane. Tandis que la Chaîne courte, symbolisée par le nœud en lacs d’amour, pourrait être considérée comme la vraie Chaîne maçonnique. » Et il poursuit, en rapprochant la Houppe dentelée de la Chaîne d’union : « La Houppe dentelée est la représentation métaphorique d’une chaîne ouverte à l’Occident. Tandis que la Chaîne d’union correspond à la fermeture de la chaîne maçonnique des Frères de la Loge, moment d’un ressenti intense partagé par chacun d’eux. »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La houppe  -  le nœud d’Isis  -  la cartouche égyptien  -  le lac d’Amour  -  les nœuds en héraldique  -  l’héraldique ecclésiastique  -  les colonnes Boaz et Jakin  -  les nœuds maçonniques et gordiens  -  les entrelacs celtiques  -  le Nœud de Salomon  -  les entrelacs maçonniques  -  la Visica Piscis  -  les serpents ésotériques  -  les nœuds et les courants énergétiques   -  la double hélice et l’ADN   -  la cordelière   -  le tableau de loge  -  la cordelière des veuves  -  les encadrements du tableau de loge  -  Anabase et catabase  -  le cabinet de réflexion  -  les grades d’apprenti et de compagnon  -  la câble tow  -  le grade de maître  -   du 4e degré au 30e degré  -  l’égrégore maçonnique   -  le cordeau à tracer  -  la corde à treize nœuds  -  le fil à plomb  -  le niveau  -  

 

la corde des Francs-maçons            -  N°  17  -

Michel lapidus

Edition MAISON DE VIE

 2006

La corde dont la présence en Loge fait l’unanimité des Franc-maçons, n’en demeure pas moins un symbole méconnu à bien des égards. Elle est cependant, pour de nombreuses traditions, le principe organisateur du ciel et de ses constellations.


Outil symbolique de construction de l’initié, la corde à nœuds ouvre le chemin de la connaissance des métiers et celui de la magie par la confection de nœuds : éléments qui allient à la fois les concepts les plus avancés de la science moderne aux perceptions les plus anciennes de la tradition.


La corde aux lacs d’amour par ses deux formes, sur le sommet des murs du temple et autour du tableau de Loge, nous questionne : d’où viennent-elles ? Quelles sont leurs fonctions rituelles ? N’y aurait-il pas une loi de la corde à respecter pour découvrir l’amour vrai ?

 

la charitÉ

Odile GANDON

Edition Autrement

 1993

Parler de la charité, est-ce parler d’amour, d’un mode d’être au monde  qui aurait à voir avec le don et la grâce ?

 

Pour définir les liens entre les hommes, il existerait alors un registre autre que la violence ou la justice ; aimer l’autre, partager sa détresse, soulager sa souffrance, se seraient plus seulement la réponse à un commandement.

Les multiples visages de l’amour, composent une figure paradoxale de la charité ; trop complexe, trop riche de possibles, trop insaisissable sans doute, elle devient ainsi compliquée à expliquer.

 

Objet de métamorphoses réductrices, le terme de charité semble devenu synonyme d’aumône ; elle n’évoque plus pour beaucoup que complicité avec un ordre social injuste, « bonne conscience » à peu de frais, compassion masochiste ou mépris condescendant, pour devenir enfin prétexte au tapage médiatique. La mise en acte de la charité, son inscription dans le jeu social et politique, entrainent de telles dérives que son nom, son but, sa forme et sa finalité sont devenus inaudibles.

 

Qu’en est-il de cet « amour » si vulnérable à la perversion ? Existe-t-il un espace où s’ouvre la possibilité d’actes désintéressés, de partage ou de don sans retour, fragiles brèches qui sans cesse répétées troueraient l’opacité de la violence rentable et efficace qui nous gouverne ?

 

Ces questions essentielles et vitales, que l’on n’ose plus se poser et encore moins énoncer de peur d’être soupçonné de naïveté ou d’angélisme, sont au cœur de cet ouvrage.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Figures de l’Amour :

Catherine Chalier : Equité et bonté

France Quéré : un mot qui prend feu

Christian Jambet : L’Epiphanie de la miséricorde

John Pappas : Le XVIIIe siècle, de la charité à la fraternité

Alain Brossat : Méfiez-vous des mendiants

 

Pièges et dérives :

Juliette Belly : La pauvre Lucie

Isabelle Grellet et Caroline Kruse : Le diable au cœur

Maurice Bellet : L’Abîme

Michel Daeron : Journal d’un globe-faussaire

Daniel Lindenberg : La loi d’amour et la révolution

Marie-Odile Terrenoire : Faute de mieux

 

L’Amour toujours recommencé

Micheline B. Servin : Le partage de la parole

Marie de Hennezel : Faut-il rester de marbre ?

Alain de Bures : Cet espoir absurde

Christine Cadiot : L’or mental de Juliette

L’abbé Pierre : La liberté de dire « je t’aime »

Jean-Luc Marion : Ni passion, ni vertu

 

LA CHARITÉ, LA FOI ET L’ESPÉRANCE - LES VERTUS THÉOLOGALES SELON Saint FRANÇOIS DE SALES

Gilles Jeanguenin

Editions de L’Emmanuel

 2011 

Aujourd’hui, parler des vertus est une gageure, elles font peur car elles sous-entendent la rigueur, l’effort, l’exigence et la volonté de bien faire. Pourtant, comment imaginer que l’homme puisse vivre sans croire, sans espérer et sans aimer ? Les vertus ne sont-elles pas un mouvement naturel vers l’Amour ? N’aurait-on pas oublié leur humanité, leur grâce, et leur douceur ?

Le père Jeanguenin nous propose ici de revisiter les trois vertus théologales à l’écoute de Saint François de Sales, avec lui il nous invite à contempler le Christ dans lequel s’harmonisent parfaitement toutes les vertus, il nous montre que, loin des idées reçues, elles ouvrent notre cœur à la révélation de l’amour divin et nous procurent joie, paix et fécondité spirituelle.

De plus elles sont une présence pénétrante et agissante dans l’âme du chrétien ; ces vertus divines, qui, en effet, parlent plus au cœur qu’à l’intelligence, nous apportent la consolante certitude d’être aimé de Dieu, d’un amour offert sans condition et pour toujours. Croire, espérer, aimer, trois vertus pour vivre différemment, trois vertus pour rencontrer Dieu et le prochain dans le même amour.

Au temps où les vertus apparaissaient comme des idéaux inaccessibles, François de Sales a su les habiller d’une humanité pleine de douceur et de compréhension. Il nous invite à faire connaissance de ces trois vertus théologales, vertus d’amour et de communion, en compagnie de celui qui avait si bien su les proposer aux chrétiens de son temps.

Au sommaire :

Les vertus théologales, dons de l’Esprit Saint : Pourquoi et comment parler de « Vertus théologales » ? - A l’écoute de saint François de Sales - Maximes et prières de saint François de Sales -

Croire : Qu’est-ce que la vertu de foi ? - La foi et la terrible crise du jeune François de Sales - Douter, est- ce manquer de Foi ? - Quelle est l’origine de nos doutes volontaires ou involontaires Comment se comporter face aux tentations contre la foi ? -

Espérer : Qu’est-ce que la vertu d’Espérance ? - Actes d’espérance et questions morales - Craindre de mourir ou pleurer la perte d’un être cher, est-ce là manquer d’espérance ? -

Aimer : Quelle est la place de la Charité dans les vertus théologales ? - Qu’est-ce la vertu de Charité ? - La Charité envers Dieu et envers son prochain - Témoignages - Charité bien ordonnée commence par soi-même - jusqu’où peut aller l’amour de ses ennemis ?

Biographie sommaire de saint François de Sales - sources salésiennes - ouvrages de référence sur les vertus -

 

LA FEMME DANS LES CONTES DE FÉES

Louise VON FRANZ

Edition Albin MICHEL

  2000

L’auteur collaboratrice durant 30 ans de Jung, s’est efforcé de mettre en lumière dans ce livre les facettes variées de l’âme féminine, en puisant dans ce réservoir des symboles de l’âme collective que sont les contes de fées.

 

L’un des traits marquants de l’époque contemporaine est incontestablement la prise de conscience que la femme opère d’elle-même ; toutefois ce mouvement de « libération » aboutit trop souvent à des impasses, faute de prémisses psychologiques satisfaisantes, autrement dit, de réalisme à base de connaissances et de discernement.

 

La psychologie des profondeurs offre à la femme en quête d’elle-même un instrument d premier ordre, par l’écoute de l’inconscient, la réflexion et la volonté de vouloir se changer.

 

Marie-Louise Von Franz a puisé dans ce réservoir de symboles de l’âme collective que sont les contes de fées, pour mettre en lumière les facettes variées de l’âme féminine ; son expérience de femme et de thérapeute lui permet d’en dégager de riches enseignements, permettant aux femmes désireuses d’évoluer, une direction.

 

La présente étude constitue une contribution de premier ordre à la restauration d’un équilibre indispensable à la vie de l’humanité, menacée par les productions de la démesure masculine.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La Belle au bois dormant   -  Mère et fille   -   la revanche de la Déesse   -   Neigeblanche et Roserouge   -   la jeune fille sans mains   -   la femme qui devint araignée   -   les six cygnes   -   la belle Wassilissa    -  

 

la forme & la pierre, triskell, pierre de vie

J. bonvin

Edition MOSAÏQUE

 2002

« Il y a cinq ans, Jacques Bonvin présentait les premiers résultats de ses travaux sur la tripartition des énergies. Aujourd’hui, dans ce nouveau livre revu et augmenté, il nous apporte d’autres révélations tout aussi troublantes, touchant l’action des formes sur notre santé et notre environnement. De nouvelles recherches enrichies de témoignages et de travaux de laboratoires de biophysique, spectrophotographies Kirlian ou Bioélectronique de Vincent.


Cette approche particulièrement riche se révélera utile à la fois pour le géobiologue ou le thérapeute, mais surtout pour le particulier, qui trouvera là des informations essentielles sur la dénitratation de l’eau, la régénération alimentaire, ou comment améliorer de façon considérable la production de son jardin, sans engrais, afin de retrouver le goût des légumes et des fruits sains.

Sensibilisé par le monde des formes, Jacques Bonvin retrouve aujourd’hui un principe de vie venu du monde des Celtes, qui est un apport incontestable pour les chercheurs de l’énergétique.

 

Une forme qui agit, parce que son procédé de fabrication géopolymérique est le même que celui utilisé par les anciens Égyptiens pour construite la pyramide de Kheops : le principe de la Pierre Coulée ! Une forme qui est une réalité régénératrice des principes de vie de l’Univers, une source de guérison tant physique que spirituelle ! »Pour Jean Servier, le Triskell ou Triscele est le symbole de l’évolution de l’homme dans le cosmos. Le terme triskèle (triskell ou triskel) est issu du grec τρισκελης, “triskélès” signifiant à “trois jambes”. Bien qu’on prête communément une origine celtique à ce symbole, ce n’est en réalité que partiellement exact.

 

S’il est vrai que ce peuple en fit un usage fréquent durant le second âge du fer que l’on appelle la Tène (Ve - IIe siècle av. J.-C.), le triskèle était représenté par l’homme depuis la période Néolithique, comme en témoigne le tombeau de Newgrange, daté d’environ 3 200 avant notre ère. Le symbole est gravé à plusieurs endroits, notamment sur une grande pierre à l'entrée. il aurait donc été utilisé plus de 2 500 ans avant que les celtes soient présents en Irlande.

Après avoir été oublié un temps, le triskèle réapparut à la fin du VIe siècle dans l’art Mérovingien, avant d’être à nouveau mis de côté sauf en Irlande, où il reste présent sur de nombreux monuments et enluminures. Le symbole du triskèle fut populaire dans les milieux druidiques dès la fin du XIXe siècle. Dans les années 1914, il fut redécouvert en Bretagne, notamment dans des revues à caractère nationaliste. Ultérieurement, il fut propagé par le Parti national breton qui l'adopta comme insigne en 1940. Il est encore utilisé de manière officielle en Irlande (Il figure également sur le drapeau de l’île de Man).Le renouveau de la musique celtique et son succès (Alan Stivell par exemple) contribua largement à faire connaître le symbole. La mode du triskèle popularisée par les médias et les promotions de concerts se propagea en Bretagne puis un peu dans toute la France, sous forme de logos, de bijoux, de vêtements etc. Aujourd’hui, le triskèle est fortement installé dans l’image symbolique de la Bretagne.

Un triskèle représentant trois jambes est également présent sur le drapeau de la Sicile depuis 1285.La signification et la symbolique du triskèle donnent lieu à de nombreuses interprétations. En effet, il est difficile de donner au triskèle celtique une symbolique exacte, la transmission du savoir chez les druides n’ayant été effectuée que de manière orale. La forme giratoire et courbée de ses branches serait symbole de dynamisme, de mouvement et d'enthousiasme en opposition à tout ce qui est droit et figé. C'est donc un symbole de la vie.

En breton, il signifie les "trois rayons". Certains, comme  l’archéologue et historien Venceslas Kruta, reconnaissent la nature solaire du triskèle. Le symbole pourrait représenter dans l'iconographie celtique les trois points du mouvement du soleil : le lever, le zénith et le coucher.

Dans la mythologie celtique, le panthéon des dieux est au nombre de trois: Lugh, Daghda, Ogme. Le triskèle pourrait les représenter. Il pourrait également incarner la déesse unique sous ses trois aspects: fille, mère, épouse.

Le triskèle pourrait  aussi symboliser le temps qui passe : passé-présent-avenir ou encore les trois âges de la vie (enfance-maturité-vieillesse)

le triskèle pourrait incarner les différents états des êtres humains : éveillé, endormi ou rêvant

il est également admis qu'il pourrait représenter les "Trois Mondes" : le monde des vivants, le monde des morts et le monde des esprits.

le triskell pourrait symboliser les trois éléments (eau, feu et terre), avec éventuellement l’air comme élément central. Cette signification ramène également aux trois états de la matière (solide, liquide, gazeux)

Certains pensent tout simplement que le triskèle serait un symbole végétal inspiré du trèfle. (voir notre article “signification des symboles : le trèfle”)

La symbolique du triskell nous amène à nous intéresser à celle du chiffre 3. En effet, Le 3 a une symbolique particulière. Outre le symbole celtique, La trinité, le symbolisme du triangle franc-maçonnique et bien d'autres choses font de ce chiffre, un chiffre à part. Le chiffre 3 est en premier lieu le symbole de la trinité, de l’union. Il est régulièrement associé à l’enfant, fruit de l’union entre l’homme et la femme (1+2 = 3). Il représente l’aboutissement, l’accomplissement et l’équilibre des forces. Bien qu’il soit très fortement associé au Christianisme, il n’est pas absent des autres religions comme de l’islam par exemple. Plus largement, le chiffre 3, se retrouve dans nombres d’éléments comme nous avons pu le voir concernant la symbolique du triskèle : les trois dimensions de l’espace (hauteur, longueur, largeur) ou les trois dimensions du temps (passé, présent, futur ou enfance, maturité, vieillesse).

Les trois états de la matière (solide, gazeux, liquide), les trois couleurs primaires (bleu, rouge et jaune) à l’origine de toutes les autres couleurs. Le chiffre 3 est également associé aux Trois mondes (spirituel, intellectuel, émotionnel), aux trois phases de la lune et aux trois règnes (animal, végétal, minéral) Dans la mythologie grecque, trois dieux se partagent le monde : Zeus le ciel, Hadès la terre  et Poséidon l'eau (La terre étant Gaïa) ;

Dans l’islam, les minarets des mosquées sont souvent surmontés de trois boules et d’un croissant. Ces trois boules symbolisent les trois mondes, céleste, " intermédiaire " et terrestre. Le croissant figure un quatrième monde, à savoir le monde inaccessible de Dieu.

Dans le Christianisme, le Dieu unique est représenté par le Père, le Fils et le Saint Esprit. C’est d’ailleurs, pour les Chrétiens, la perfection de l’Unité divine : Dieu est Un en trois Personnes. 3 est également le nombre de vertus théologales (foi, espérance et charité)

Chez les bouddhistes on compte trois caractéristiques de l’existence (impersonnalité, impermanence et insatisfaction) ainsi que trois "Poisons" (avidité, ignorance, colère). Le Bouddhisme possède également son expression achevée en un Triple Joyaux, ou Triratna (Bouddha, Dharma, Sangha).

Les taoïstes considèrent que le nombre 3 est parfait. Trois est universellement reconnu comme un nombre fondamental. Il exprime un ordre intellectuel et spirituel, en Dieu, dans le cosmos ou dans l’homme. Dans la mythologie chinoise, on retrouve les trois singes de la sagesse. Le caractère chinois Tsi, anciennement figuré par le triangle, exprime la notion d’union et d’harmonie. Ce triangle est d’autre part un symbole de la Grande Triade chinoise.

 

la grande dÉesse – mÈre

S. husain

Edition ALBIN MICHEL

 1998

L’ancienne prédominance  d’une Grande Déesse, Mère de tous les êtres vivants, garante de l’ordre cosmique, présidant à l’ensemble des processus naturels de fertilité et de fécondité, est l’une des découvertes majeures de la paléoanthropologie. Découverte qui coïncide avec le formidable regain d’intérêt que l’on constate depuis quelques décennies autour des thèmes comme la condition de la Femme, la défense de la Terre, la promotion des « valeurs féminines », l’écologie du bien être…

 

La Grande Déesse Mère explore un à un tous les cultes que les différentes civilisations ont rendus à cette Mère universelle depuis le paléolithique jusqu’à nos jours. Mythes, symboles et pratiques religieuses, anciens et contemporains, sont étudiés dans le détail, ainsi que les phénomènes récents comme le féminisme ou la réhabilitation de Gaïa.

 

Abondamment illustré avec les dernières découvertes archéologiques, les œuvres d’art, l’architecture, les fêtes et les cérémonies religieuses de tous les temps et de toutes les cultures, cet ouvrage constitue un guide unique, de plus il a été préfacé par le philosophe orthodoxe : Jean Yves Leloup

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La déesse redécouverte  -  paléolithique et néolithique   -   l’âge d’or de la femme   -    l’archétype de la Grande Mère   -   Conflits et survivances   -    L’Inde  -  l’Océanie   -   les Amériques   -  l’Afrique   -   le triomphe d’Isis   -    les Celtes occidentaux   -   Rome et le christianisme   -   le Déesse et les prophètes   -   Fêtes en l’honneur de la déesse   -   la déesse et le cosmos   -  les trois mondes   -   les eaux Primordiales   -   les déesses des cours d’eau et de la mer   -   l’œuf cosmique   -   la Déesse nourricière et celle du monde souterrain    -  l’ordre cosmique    -  les saisons et les éléments  -    le don de la vie et des céréales   -    la déesse  et l’équilibre naturel   -   couple divin et fécondité     descente aux enfers    -  Déméter   -   sécheresse et abondance   -   inceste divin   -   Iahvé  -  Shekinah   -   Eve   -  la vie sexuelle de la déesse   -   la fonction créatrice   -  la vulve   -   servante des dieux   -   de la créatrice à la prostituée   -   Déesse de l’amour   -   Marie-Madeleine    -   la Vierge, la mère et la vieille   -    les cycles    -   les multiples visages d’Ishtar   -    la Vierge, un idéal du classicisme   -   Marie, reine des cieux   -   Mères nourricières   -   porteuses de mort    -   Déesses et sorcières   -   guerriers et guerrières   -   Divines destructrices    -    déesse de la pitié et de la chance   -   la Déesse aujourd’hui   -     Wicca    -   l’essence de la féminité    -   festivités païennes modernes   -   la Déesse et les animaux   -   Travestisme   -   la tradition courtoise    - 

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l’aigle

Geneviève ST-MARTIN

Edition PARDES

 1996

« Roi des oiseaux », l’aigle trône dans le ciel. Il est la voie de communication vers l’immensité, le Soleil, la Lune et tous les astres. Il préside aux vents, aux pluies, aux orages. Il est l’oiseau-tonnerre.


L’aigle est l’instrument des forces supérieures, l’agent des dieux de l’empyrée, le compagnon des plus altières divinités. Il est l’emblème impérial par excellence, en Perse, à Rome, en Germanie, etc.

 

Rois et chefs de guerre ont orné leurs parures de ses attributs. Pour le monde chrétien, il symbolise l’ardente foi et la docte théologie. Il est associé au plus sublime des évangélistes, jean, « selon l’intelligence spirituelle », dit St Augustin.

Pour l’alchimie, faire voler l’aigle c’est manifester la lumière ; la préparation des aigles est considérée comme le premier degré de la perfection. À tous ces titres, il sera la monture privilégiée des dieux, et les hommes sages sauront le faire figurer aux frontons de leurs biens les plus subtils.

 

L’aigle est l’image du pouvoir suprême et inaccessible. Il symbolise la vision royale de l’esprit et l’emprise de soi.

 

On y développe : les rapports de l’aigle avec l’évangéliste St Jean, l’alchimie, la tradition chrétienne, les dieux, dans l’Islam où il est appelé Simorgh, le chamanisme etc.

 

L’AIGLE  -  SON SYMBOLISME  ÉSOTÉRIQUE ET SPIRITUEL

Divers  auteurs

ARCADIA

 2005

L’aigle est un symbole puissant, et ses supports de réflexion vont de l’héraldique à la religion en passant par une spiritualité omniprésente et cela depuis des millénaires, car l’aigle est, avec le dragon le seul animal qui appartienne à l’emblématique de tous les temps et de tous les pays, il est, dit on le seul animal à pouvoir regarder le soleil.

 

L'aigle biblique est appelé "nésher" (noun/shin/resh) qui est un signe de victoire sur l'ignorance, la connaissance "noun" étant transmise par la chaîne d'union "sher" (shin/resh). Sur le plan sémiologique, l'aigle nésher évoque le feu au sein de la lumière par la lettre "shin" au milieu du doublet "ner" (noun/resh). Sur le plan de la numérologie, nésher de valeur 550 est équivalent au mot "pétaa'", la soudaineté.

 

L'aigle véhicule du salut et de la rédemption : Lors de l'exode des Hébreux d'Egypte, l'image de l'aigle apparaît comme un véhicule rapide qui porte haut et loin. Exode 19/4: "…Vous, je vous ai portés sur l'aile des aigles, je vous ai rapprochés de moi" Lors de la sortie plus récente des Juifs du Yémen, ceux-ci ont pris les avions qui les transportaient vers Israël pour des aigles prévus par la Bible…

 

L'aigle est un véhicule de la vision et de la transcendance : La tradition ésotérique de la Qabalah décrit une vision de Salomon comme un voyage au-delà de l'espace-temps, avec comme monture un aigle aux ailes déployées.

"Le roi Salomon se levait à l'aube et tournait son regard vers l'Orient pour voir certaines choses, puis vers le Sud, où il voyait d'autres choses, puis finalement dans la direction du Nord. Il se tenait ainsi debout, la tête levée et les yeux mi-clos, jusqu'au moment où deux piliers s'avançaient vers lui, l'un de feu, l'autre de nuée, et au-dessus de ce dernier un aigle, puissant et de grande envergure, son aile droite posée sur le feu, et son aile gauche et tout son corps, posés sur la nuée. L'aigle a deux feuilles au bec. Et tout cet ensemble vient se prosterner devant Salomon. L'aigle baisse la tête un peu, tend son bec et donne les deux feuilles à Salomon. Salomon prend les feuilles les porte à ses narines et de leur parfum, il discerne l'origine et reconnaît leur propriétaire, l'une appartient à "celui qui a les yeux clos", l'autre à "celui qui a les yeux ouverts".

 

Et pour comprendre le message, que fait-il? Il scelle son trône avec un anneau sur lequel est inscrit le nom ineffable, tire un autre anneau portant également ce nom, monte sur la terrasse de son palais, enfourche l'aigle comme monture et s'en va, tiré par le feu et la nuée. L'aigle s'élevait alors vers les cieux, et partout où il passait la terre s'assombrissait. Les plus sages sur terre savaient que le roi Salomon passait, mais ignoraient sa destination. Les autres pensaient que ce n'était qu'un gros nuage. L'aigle continuait à monter, atteignant 400 parasangs, jusqu'à atteindre enfin la sombre montagne, où se trouve Tarmoud dans la solitude. Là il commençait à redescendre. Levant la tête Salomon, recevait là tout l'enseignement nécessaire pour pouvoir aller plus loin. Puis il reprenait sa monture pour entrer dans les profondeurs de la montagne sombre, au milieu de laquelle poussait un olivier. Alors Salomon criait de toutes ses forces "ta main s'est dressée, ô Seigneur! Et ils ne l'ont point aperçue…" Il entrait ensuite jusqu'à rencontrer ceux qui y habitaient, leur montraient son anneau et recevait alors toute la connaissance de sciences étranges (magie). Quand il avait terminé, il rentrait dans son palais comme il en était parti. Et assis sur son trône, toute sa sagesse venait de ce qu'il avait appris là-haut."

 

La vision d'Ezéchiel décrit des niveaux élevés de spiritualité dont une des faces est une face d'aigle, l'aigle étant réputé pour avoir une vision perçante de grande portée .Ailes déployées l'aigle est un oiseau qui protège sa progéniture d'autres prédateurs. Voici une métaphore da la protection accordée par Dieu au peuple d'Israël. Deutéronome 32/11: "Ainsi l'aigle veille sur son nid, plane au-dessus de ses jeunes aiglons, déploie ses aigles pour les recueillir, les porte sur ses pennes robustes"


Cet ouvrage parle également de l’aigle à deux têtes, emblème du St Empire dont le REAA se veut héritière du moins sur le plan spirituel. On retrouve l’aigle à deux têtes chez les Hittites, l’empire Austro- Hongrois, l’Allemagne, la Russie des tsars, etc ….En alchimie l’aigle est une des clés du grand Œuvre .La disparition progressive des emblèmes de l’aigle sur les drapeaux et bannières, marque peut être une transition spirituelle avec son remplaçant : le Phénix.


Dans l’ésotérisme chrétien, l’aigle représente St Jean l’évangéliste, mais surtout il représente le triomphe de Jésus Christ, loué par le pseudo Méliton qui déclara : aquila christus, et tous les Pères de l’Eglise à partir de St Paul assimilèrent l’aigle à Jésus Christ : l’aigle, emblème du Christ, conducteur des âmes vers Dieu et emblème de la résurrection du Christ et de celle des chrétiens.

 

Seul capable de voler au-dessus des nuages et de fixer le soleil en face, il est le symbole universel de l’homme libéré, chevauchant le vent, à la fois symbole céleste et solaire. Roi des animaux assimilés à des anges, il symbolise les états spirituels supérieurs ; en tant que symbole de contemplation, l’attribution chrétienne de l’Aigle (de Patmos), à St Jean, à son évangile et à son apocalypse, s’y rattache.

 

Dans le celtisme, l’aigle est du nombre de ces animaux primordiaux initiateurs, au même titre que le cerf, il est oiseau de lumière, d’illumination, il est l’œil qui voit tout : l’œil d’Horus (faucon divin des égyptiens), il est censé emporté l’âme du mort sur ses ailes afin de la faire retourner dans son état d’origine auprès de Dieu.

 

la justice

BARANES & FRISON – ROCHE

Edition AUTREMENT

 1995

La justice est une obligation puisqu’elle constitue un lien entre les individus. Mais cette obligation impossible dans la mesure où il faudrait, pour être juste, tout connaitre et combattre toutes les injustices, en ne se contentant pas de réfréner la sienne propre ; on ne peut jamais être certain d’avoir été tout-a fait juste.

 

Dans l’expérience, c’est l’injustice qui est première, la justice vient après, par réaction, encore faut-il pouvoir donner un contenu à cette vertu. Peut-on prendre pour modèle l’ordre naturel des choses ou bien ce modèle ne peut-il être que divin ? Il s’agit, en fait, de constituer un monde de justes rapports de soi à soi, de soi aux autres, des hommes et des choses. La justice est une harmonie, elle est le gage du lien social et du bon fonctionnement des institutions pour le bien être des hommes.

 

Que ces questions relatives au contenu soient résolues ou non, la justice apparait comme une impétueuse nécessité, un évident progrès social, dès lors qu’à la vengeance privée se substitue le procès. L’institution juridique, le législateur, les juges ont à leur charge de réaliser la justice, ainsi entendue. Il n’est pas sans signification que seule cette vertu ait son ministère.

 

On trouve cette justice en Grèce ancienne avec Thémis dans son sanctuaire de Delphes, mais la justice était d’inspiration divine, elle était étroitement liée avec la divination, ce qui la rendait terrible et attirante. Pour la justice des hommes, on parlait de Diké.

 

En Egypte cette justice était représentée par Maât, qui organisait la vie des égyptiens et faisait régner l’ordre dans le pays, autant de leur vivant que pour leur séjour post-mortem, puisque c’est dans son temple que se passait la « Psychostasie ou kérostasie ».

 

Enfin Salomon « inventa » la justice des hommes dont l’emblème est le glaive et la balance. On peut dire que ces trois personnages représentent dans le temps les trois pouvoirs que tout homme possède, et qu’il peut à tout moment mettre en application pour soi-même: le pouvoir prophétique (Thémis)  -  le pouvoir sacerdotal (Maât)  et le pouvoir Royal incarnait par Salomon

 

Au sommaire de cet ouvrage nous avons les intervenants suivants :

 

De la justice qui vient à l’esprit :

Serge Lebovici : C’est pas juste

Thierry Lévy : Vaut-il mieux subir l’injustice que la commettre ?

Dominique Terré-Fornacciari : L’homme juste

Catherine Chalier : Tribunal terrestre et tribunal céleste

William Baranès : Le droit naturel

Claude Tresmontant : Justification de l’homme

 

Le lien du tout :

François Terré : Au cœur du droit, le conflit

Jean-Guy Belley : Vous qui êtes un client juste et honnête…

Jean-Pierre Dupuy : Les affaires sont les affaires

Blandine Kriegel : La défaite de la justice

 

La façon de faire :

Henri Leclerc : Justice et exclusion

J. Michel Bélorgey et Philippe Ingall-Montagnier : Les fins et les moyens

Frédéric Zenati : Le citoyen plaideur

Alain Weber : Pratiques : danse avec les juges

Marie-Anne Frison-Roche : 2+1= la procédure

Joseph Staline : A examiner selon la procédure spéciale

 

 

la lumiÈre              -  N°  21  -

Olivier doignon

Edition MAISON DE VIE

 2007

Observant que le grand mérite de la Franc-maçonnerie est d’avoir conservé une tradition de la Lumière, l’auteur présente une étude des fondements de cette affirmation.


S’appuyant sur les notions symboliques et sur les thèmes les plus familiers des Loges de la Franc-maçonnerie se réclamant de la tradition des bâtisseurs, cet ouvrage révèle la multiplicité des aspects du rattachement de ces loges à cette tradition. Si ce rattachement trouve son assise dans un mythe de création d’essence lumineuse transmis par les anciens, les rites pratiqués prennent une importance majeure, et le rôle symbolique du Vénérable Maître est déterminant.

 

Ainsi cet ouvrage est-il une sorte de guide de voyage pour les adeptes et pour les Loges choisissant la Lumière comme mystère, comme matière première de l’œuvre, comme processus de création à incorporer.

Au sommaire de ce livre :

 

ténèbres, pénombre et lumière : Trois états du Temple ?  -  Que signifie « la lumière nait d’elle-même ?»   -    Les lumières de la loge   -   La lumière unique et éternelle de l’Orient   -   La lumière des initiés passés à l’Orient Eternel   -   la Sagesse qui illumine les travaux et les piliers   -   les trois Grandes Lumières   -   les Lumières de la table du banquet   -   La lumière et les rites, les rites sont-ils des transformateurs en lumière ?   -    qu’est-ce qui est transformé en lumière ?   -   Rites et choses   -  rites, voyage et lumière   -   reformuler les rituels   -   rites et magie   -   les rites dans la vie naturelle    -    l’intuition créatrice   -   le nombre de l’homme   -  Rituels et symboles   -  Pierre et Lumière   -  Impermanence   -   Comment nos regards peuvent-ils se tourner vers la lumière ?   -    Etre lumineux, être utile    -    Former la chaîne d’union   -   Comment et pourquoi est transmise la lumière au moment de l’initiation ?   -  

 

la lumiÈre

Divers Auteurs

ARCADIA

 2007

Important dossier sur cette notion de lumière, qui n’est pas facile à expliquer. 

 

Platon et la lumière du bien : Le philosophe grec Platon est un des plus grands penseurs de toute l’histoire de l’humanité. Il a consacré sa vie à définir comment devrait être constituée une cité juste, une cité qui ne ferait pas périr les plus sages de ses citoyens, comme l’avait fait Athènes en condamnant Socrate à mort. Dans les dialogues écrits par Platon pour sauvegarder la mémoire de son maître et propager ses idées, on voit Socrate amener ses interlocuteurs à comprendre que les connaissances les plus importantes s’acquièrent par un mode de vie philosophique qui consiste à tourner le regard de son âme vers l’éternel et l’immuable, un type de réalité qui échappe aux sens et qui ne peut être saisi que par la partie rationnelle de l’âme. La réalité accessible aux sens de notre corps n’est qu’un monde d’opinions changeantes et contradictoires, le savoir véritable ne s’obtient que par une sorte d’intuition purement intellectuelle difficile à décrire. Platon affirme que le savoir sur la justice et le bien qu’il a cherché toute sa vie ne peut se transmettre par écrit. Jamais, en lisant Platon, on ne trouvera une définition claire du bien absolu. Le savoir du bien est comme une lumière intérieure qu’un texte écrit ne peut contenir :« Là-dessus, il n’y a pas d’écrit qui soit de moi, et il n’y en aura jamais non plus; effectivement, ce n’est pas un savoir qui pourrait, comme les autres, se mettre en propositions, mais c’est le résultat d’une familiarité répétée avec ce qui constitue la matière de ce savoir, le résultat d’une existence qu’on partage avec elle; soudainement, comme s’allume une lumière lorsque jaillit la flamme, ce savoir-là se produit dans l’âme et désormais s’y nourrit tout seul, de lui-même. »

 

La connaissance du bien est comme la lumière d’une flamme qui brille dans l’âme. Dans la célèbre allégorie de la caverne, qui résume toute sa philosophie, Platon va justement utiliser le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le Soleil.

 

Dans la pensée platonicienne, cette lumière du bien est étroitement associée au beau. Dans les dialogues platoniciens, on remarque souvent une permutation des notions de beau et de bien. D’après Platon, la beauté d’un jeune garçon, d’une démonstration mathématique, d’une action morale ou d’une loi juste est causée par la présence en chacune de ces choses d’une forme unique, celle du beau en soi. C’est l’amour du beau qui conduit le philosophe vers la vérité, car le Beau est l’éclat de l’être intelligible, une émanation du bien qui nous guide vers la sortie de la caverne. Notons que chez Platon, le beau est une réalité qui n’a rien à voir avec les préférences personnelles. Le beau jouit d’un privilège qui lui est propre : « Le pouvoir d’être ce qui se manifeste avec le plus d’éclat ». Le beau, comme la lumière, n’existe que dans ses apparitions. Paraître, apparaître, transparaître, telle est la splendeur éclatante du beau. Le beau est la manifestation sensible de l’ordre rationnel du monde, l’éclat des justes proportions d’un corps bien formé. Comme le Soleil qui fait croître la vie sur la Terre et rend cette vie visible en l’éclairant, le bien est ce qui donne forme aux choses et les fait briller de l’éclat du beau.

 

Augustin et la lumière de Dieu : Saint Augustin est un des fondateurs de la théologie chrétienne. Il a beaucoup été influencé par le platonisme, car c’est la lecture de textes écrits par des platoniciens qui l’aurait conduit à se convertir au christianisme. Il n’est donc pas surprenant de retrouver chez lui la relation établie par Platon entre la lumière et la vérité, qu’il transmettra ensuite à toute la tradition chrétienne des siècles suivants. Il y a selon lui un parallèle évident entre le prologue de l’évangile de Jean qui proclame que le Christ est la lumière du monde qui éclaire tout homme et la lumière du bien absolu dont parle Platon. Il forge ainsi la notion chrétienne de « bon Dieu ».

 

Augustin écrit que soutenue par la grâce de Dieu, l’âme du croyant est éclairée par la lumière du Christ, qu’il appelle le « maître intérieur ». Cette lumière révèle tout le savoir nécessaire au salut de l’âme. « Mais, lorsqu’il est question des choses que nous contemplons par l’esprit, c’est-à-dire par l’intellect et la raison, nous disons assurément ce que nous voyons présent en nous dans cette lumière intérieure de la vérité, qui illumine celui qu’on appelle l’homme intérieur et l’emplit de joie. » Le Christ, comme le bien chez Platon, illumine de l’intérieur l’âme fidèle.

 

La lumière joue également un rôle cosmologique considérable d’après Augustin. Dans son commentaire du récit biblique de la création, Augustin souligne avec enthousiasme que la lumière est créée au moment où Dieu parle pour la toute première fois. La parole divine est lumière du monde, une lumière qui sort la matière des ténèbres du chaos, qui lui donne ses contours. C’est au moment de créer la lumière que Dieu parle pour la première fois. Pourquoi n’est-ce pas par sa parole qu’il crée le ciel et la terre ? Augustin répond que la matière brute est trop informe pour avoir quelque rapport avec la parole divine. Autrement dit, la matière informe n’a pas la dignité ontologique nécessaire pour prendre la parole divine comme modèle, alors que la lumière est le reflet sensible de la divine parole. Comme l’écrit Gadamer, « Saint Augustin voit dans la parole qui nomme et crée la lumière, l’illumination spirituelle qui permet la différenciation des choses qui prennent forme. C’est la lumière seule qui permet à la masse informe du ciel et de la terre initialement créée, de prendre corps en formes multiples. » La parole de Dieu crée la lumière, car la lumière est l’image sensible de l’intelligence divine, d’où son identification avec la vérité dans l’évangile de Jean.

 

Clairement identifiée à la lumière, la parole divine joue le même rôle chez Augustin que le bien chez Platon : elle est à la fois source de l’être et source de son intelligibilité. L’esprit qui connaît la vérité est comme l’œil qui voit les corps; « connaître est pour l’esprit ce que voir est au sens ». Comme le Soleil est la source de la lumière sensible qui rend visibles les corps, Dieu est la lumière spirituelle qui fait connaître les vérités ultimes. Dans l’esprit d’Augustin, l’âme est à Dieu ce que la Lune est au Soleil et la lumière est au corps ce que Dieu est à la vérité. La vraie lumière est la lumière divine qui éclaire l’esprit, la lumière du Soleil n’est qu’une imitation de celle de Dieu. Ce n’est pas Dieu qui éclaire comme le Soleil, mais le Soleil qui fait comme Dieu. C’est pourquoi le Soleil et la Lune sont créés après la lumière dans le récit de la Genèse. On peut donc dire en ce sens que la métaphore de la lumière est en fait une métaphysique de la lumière.

 

Danemans nous développe La Lumière à travers le coq du cabinet de réflexion et de l’Ibis Égyptien. L’Égypte ou le culte de La Lumière a reçu sa parfaite expression.

 

La Kabbale nous explique le Corps de Lumière qui désigne l'enveloppe charnelle dont fut revêtu Adam avant sa Chute et celle aussi qui advient aux initiés qui ont pu réintégrer l'état adamique.

 

H. Lustman nous explique pourquoi la notion de la lumière maçonnique recouvre un très vaste champ d'expériences humaines orientées par la quête d'un absolu et toute rencontre avec la lumière change radicalement une existence en l'ouvrant au monde de l'esprit

 

Daniel de Pariente développe que dans toutes les descriptions mythiques de la création de l'univers, la lumière est associée à la clarté tandis que les ténèbres le sont à son absence. S'interrogeant sur la nature physique du monde et remarquant que la partie brillante de la lune est toujours tournée vers le soleil, le Grec Parménide en avait déduit que celui-ci génère la lumière et qu'elle se déplace. Aristote y ajouta que les couleurs résultent d'un mélange de lumière et d'obscurité et Plotin que le soleil figure la puissance de l'Un, dont l'esprit reflète la clarté. C'est de ces constats que vient le mot lumière du latin "luminaria" en référence au soleil, à la lune et aux étoiles.

 

Gérard Abidh nous plonge dans le Johannisme "Il faut naître d'en haut" Jean 3. 8, pour expliquer l'ésotérisme chrétien qui coule dans les veines des structures écossaises, avec une intensité variable suivant le contenu initiatique du degré considéré.

 

Bernard Guillemain nous parle de la lumière en tant que métaphore traditionnelle et métaphore profane

 

Roger Girard développe la Lumière et les lumières en Franc-maçonnerie

 

Jean Murat explique pourquoi au REAA la Bible est ouverte au prologue de St Jean, il parle du Delta lumineux et du cabinet de réflexion où l'alchimie est présente. Il explique très longuement ce que représente la lumière au REAA, notamment avec cette décréation chtonienne par l'obscurité à la lumière de purification.

 

Bernard Caussin va des ténèbres à la Lumière en développant le chaos idéologique actuel avec sa matérialité dévastatrice, il nous amène ainsi à cette Lumière maçonnique qui n'illumine pas mais éclaire notre chemin et notre cœur.

 

Ghazali grand poète soufi persan nous a laissé un ouvrage remarquable "Le tabernacle des Lumières". Ouvrage en trois chapitres qui rassemble les thèmes soufi de ce Maître. Le verset de la Lumière et les voiles de la Lumière et des ténèbres sont des morceaux  remarquables sur cette vision de la divinité.

 

Max Radoszychi explique le symbolisme de l'Evangile de Jean, il parle des noces de Cana, du grain de blé, de l'Apocalypse, de la bête des nombres 7, 4 et 24, de l'aspiration à la lumière, de la tradition johannique avec ce Jean ésotériste et mystique qui nous laisse le soin de chercher, le solstice d'hiver avec sa porte des Dieux qui est la porte ultime de notre cheminement

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M.M. Davy dans une conférence qu'elle a donnée en 1980, nous parle de "cet homme du 8e jour" qui après le repos du 7e jour de la création va devenir lumineux, car il aura franchi les étapes nécessaires à son illumination.

 

Narcisse Flubacher nous parle de la lumière initiatique dans la maçonnerie opérative avec les lumières de l'intelligence, des illuminés de tous bords, qu'ils soient d'Avignon, ou de Bavière, la Stricte Observance avec Martinez de Pascually et termine avec Diogène et sa lampe. L'Arche Royale et ses lumières sont évoqués.

 

LA LUMIÈRE ET L’ILLUMINATION

RIBADEAU DUMAS

Edition Dangles

 1982

La lumière ! terme magique… base de notre création, de la Genèse, source de vie, elle est le point principiel d’où tout émane. De tout temps, l’homme s’interroge sur cette lumière, qui luit dans les ténèbres, qui embrase les mythologies, les contes, les rêves ; elle est comme une forme chamanique condensée, imagination fertile et féérique, mais aussi cheminement secret de l’homme à la recherche de son devenir spirituel. Elle transforme et transfigure l’Être et multiplie son imagination créatrice à travers temps et espace.

 

De l’Egypte aux temps bibliques, de la Kabbale au Coran, l’auteur explore ici l’embrasement de l’âme vers l’extase. Saint Augustin, Sainte Thérèse, François d’Assise, connurent entre autres, l’illumination salvatrice.

 

Rembrandt aussi bien que Goethe éprouvèrent cet enthousiasme délirant où Arthur Rimbaud voyait les feux aberrants et glorieux de l’enfer, et où Saint Paul trouva son chemin de Damas.

 

Un essai de psychanalyse traite l’irrigation dans la conscience du rayonnement incandescent où s’ouvrent les yeux de l’esprit aux prises avec l’au-delà ; l’extase s’explique par un dédoublement de la personnalité où la parapsychologie trouve de riches aliments.

 

Cette sublimation, celle des prophètes, des grands initiés, des grands artistes, tient-elle de Dieu ou du diable ? Allons-nous tomber dans l’aliénation mentale ? L’auteur trace pour nous un itinéraire passionnant : la voyance et la clairvoyance sèment sur son chemin bien des découvertes, car le domaine exploré est éblouissant.

 

Au sommaire :

 

Approche de la lumière  -  L’adoration du Soleil-Lumière  -  l’Or lumière  -  la lumière par le feu  -  l’Antiquité mythologique  -  Osiris, œil du soleil  -  L’exaltation bouddhique devant la lumière  -  le Tao  -  les lumières de Rabindranath Tagore et de Ramakrishna avec Civa  -  sous les feux du Zen  - la haute sagesse de la Brahmine  -  l’éveil dans le Tantra  - Orphée dieu de lumière  -  la vision d’Hermès Trismégiste  -  Apollon  -  les mystères d’Eleusis  -  les ombres dans la caverne de Platon  -  les temps bibliques et le verbe  -  le soleil spirituel  -  l’arbre de Vie  -  Moïse  -  Isaïe exalte la lumière divine qui auréole Israël  -  les visions fulgurantes de David  -  Elie sur son char de feu  -  l’hommage de Baruch  -  la kabbale  -  Jésus prêche la lumière  -  le témoignage de Jean et la lumière de Paul  -  Jésus et les visionnaires gnostiques  -  le Baptême comme sacrement générateur de lumière  -  la sainte alliance  -  le Coran  - 

Les illuminés : L’extase divine  -  le mysticisme dans l’illumination  -  le Cantique des cantiques  -  l’illumination à travers agapé et éros  -  Saint Augustin  -  Raymond Lulle docteur illuminé  -  la lumière dans les cathédrales  -  les stigmates de François d’Assise  - la transverbération de Thérèse  -  l’illumination en Sibérie mystique  -  de l’extase à la lévitation  -  Maître Eckhart et Jean de la Croix  -  Ignace de Loyola  -  Jakob Boehme  -  Robert Fludd  -  Rembrandt  -  Descartes  - Rudolf Steiner salue le Christ porte-lumière  -   Du soufre au sel selon Oswald Wirth  -  Swedenborg voit la lumière invisible des anges  - Martinez de Pasqually  - les chevaliers du soleil  - l’Etoile Flamboyante dans les sociétés initiatiques  -  Papus  -  René Guénon et le soleil spirituel  -  Arthur Rimbaud et ses « illuminations » du ciel et de l’enfer  -   Jung et Gaston Bachelard  -  les lumières des philosophes  -  la vision des lumières  - 

 

LA  LUNE,   LE  SOLEIL,  LA  VOÛTE  CÉLESTE,  LA  VOÛTE  ÉTOILÉE  

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2003

Important dossier symbolique et métaphysique sur ces  composants de la F.M. On y trouve des articles de divers auteurs dont : René Désaguliers, Edmond Mazet, Johfra, Bayard, Servier…


Y est développé : La lune et le  soleil dans diverses traditions, l’égyptienne étant la plus connue et la plus représentative avec ses pharaons, qui représentaient en quelque sorte le Soleil déifié, les traditions mésopotamiennes, chaldéennes, les traditions d’Amérique avec les peuples mayas, toltèques, aztèques et autres incas. Les peuplades de l’Océanie, les animistes, les traditions chinoises, hindous, japonaises qui se disent  «peuple du soleil levant ».


On retrouve ces astres dans le tarot de Marseille (lame 18 et 19). Avec le Maître de la loge, ils forment les trois lumières de la F.M en loge.

Pour les asiatiques ils sont le yin et le yang. Janus et ses portes prédisposent à voir dans la lune son équivalent céleste, « porte du ciel et de l’enfer ».

La lune noire associée à Lilith. Pour le soleil noir c’est le royaume de la mort.

 

Raymond Lulle dans son livre « la clavicule » dit : « Le soleil est le père de tous les métaux et la lune en est la mère », à ce titre il reprend la phrase écrite dans la table d’émeraude. Cette dualité lune-soleil, se retrouve chez Vishnu et Civa, et dans toutes les oppositions matérielles : jour-nuit, masculin-féminin, bien-mal, feu-eau, froid-chaud, lumière-ténèbres, actif-passif, plus-moins, père-mère, blanc-noir, etc.


Quant à la voûte céleste et étoilée, elles représentent l’espace illimité, toujours en mouvement et en création, ces immensités peuplées de planètes connues et inconnues, sont en quelque sorte représentative de notre « temple intérieur », qui ne sera jamais terminé et heureusement. Ces espaces gigantesques où le temps est aboli, où le mystère divin et sacré prend toute sa plénitude et sa raison d’exister. Cette voûte représente le macrocosme par rapport à notre microcosme. Ces voûtes nous indiquent le sens de l’immanence, sa Sagesse, sa Force et sa Beauté. Elles sont à la fois, la maison et l’œuvre du Principe Créateur, Déité Suprême.

 

L’histoire des temples est très liée à la voûte étoilée, symbole du ciel. Les voutes des temples, des mausolées, des grandes mosquées, des baptistères, des sales funéraires, des coupoles, sont souvent constellés d’astres ou d’images célestes. Elles reposent le plus souvent sur une base carrée, cette alliance de lignes courbes et de droites symbolise l’union du ciel et de la terre. Dans l’Egypte antique, nombreux étaient les temples qui avaient peint sur leurs plafonds la voute étoilée. A Rome, Vitruve préconisait de ne pas construire de toit au-dessus des temples dédiés à Jupiter afin que les énergies célestes puissent être mise en œuvre. La chrétienté a longuement représenté la voute étoilée dans ses édifices. Le temple Celte de Stonehenge, à ciel ouvert utilisait les solstices comme clef pour une lecture du ciel étoilée.  Dans nos temples maçonniques, enfin pas ici, le plafond devrait être bleu parsemé d’étoiles, un bleu clair, le bleu de nos cordons de maitres et des officiers de la Loge. La Maçonnerie ayant comme principe fondamental de n’avoir aucune limite à la recherche de la vérité, alors un plafond au-dessus de nos têtes, non! Mais l’ouverture sur l’infini, cela prend du sens. 

 

La voûte étoilée surplombe le pave mosaïque, l’un reflétant l’autre, comme il est dit que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, alors on peut y voir un symbole de multiplicité, une entrevue des infinis possibilités, des nombreux chemins possibles. Chaque étoile semble être similaire a une autre mais comme les humains chaque être est différent et la richesse vient de la non-conformité, de la différence, chaque étoile est une. Dans cette voute étoilée, on peut y voir par reflet, les FM éparpillés sur la terre, mais aussi les Maitres inconnus passés à l’orient éternels, tous ensembles sur la carte du ciel. Tous ensembles les plus humbles comme les plus illustres, les plus pauvres comme les plus riches ; le dernier initié, comme le premier, mort depuis des lustres. C’est une chaine d’union à travers les âges, à travers l’espace et le temps qui relie les cœurs et les âmes appelant puissamment l’Egrégore. On peut y voir aussi une représentation de toutes les loges du monde, chaque étoile symbolisant une loge allumée, une loge au travail au nom de la Franc maçonnerie universelle. Par toute la terre, il est toujours midi ou minuit quelque part, une loge s’ouvre, une autre s’éteint. Que ce ciel étoilé nous rappelle ainsi la fin des travaux lorsque nous rentrons content et que nous en avons retiré profit et joie.

 

La voute étoilée  rappelle, en tant que symbole fixe dans le temple, les outils de méditations que sont les mandalas qui sont une représentions de l’image du monde, le mandala est un guide imaginaire de la méditation. Il manifeste dans ses combinaisons variées de cercles et carrés l’univers spirituel et matériel ainsi que la dynamique des relations qui les unissent.  La contemplation d’un mandala est censé inspirer la sérénité, il a pour but de conserver l’ordre psychique, s’il existe déjà et de le rétablir s’il a disparu. On arrive facilement à faire le lien avec la voute étoilée en tant qu’outil de méditation, allongé dans l’herbe par une splendide nuit d’été, me sentant un trait d’union entre le ciel et la terre, l’esprit se calme et toujours les mêmes questions qui reviennent en écho à travers les étoiles: D’où venons nous, qui sommes-nous, ou allons-nous ?

 

Pour répondre à ces questions, les plus anciennes civilisations ont développé  un système parallèle à l’astronomie, l’astrologie.  Au début, elles étaient liées et même confondues, car pour les anciens, l’observation rigoureuse de la voute céleste permettait de prévoir des événements survenant sur la terre. Cette loi de correspondance universelle, qui permet de relier le cosmos a l’Homme est le substrat même de ce que l’on appelle l’Esotérisme, ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, ne l’oublions pas. L’astrologie permet de répondre à un besoin aussi vieux que l’humanité: trouver un sens et mettre de l’ordre au sein d’un monde imprévisible et chaotique, Ordo ab Chaos. A l’orient une seule étoile, entre le soleil et la lune, une étoile à visage humain, une étoile flamboyante. Placée au-dessus de notre VM, elle incarnerait la sagesse de l’homme mature, de l’homme ayant accompli un cycle, de l’homme prêt à transmettre, à réfléchir la lumière, sa propre lumière mais aussi celle du GADLU car cette étoile comme le VM est un vecteur lumineux…

 

Pour représenter le midi on peut y voir et y placer la croix du sud, cette étoile donne l’azimut sud lorsque l’on se trouve dans l’hémisphère ou proche de l’hémisphère sud, elle est composée de 4 étoiles formant une croix. Chez les peuples méditerranéens elle passe du ciel a la terre au travers d’un bijou surnommé : croix du sud, chez les Touaregs  lors de la transmission de ce bijou par le père, une phrase magnifique est dite : "Mon fils je te donne les quatre directions du monde, car on ne sait pas où tu iras mourir ". Le rôle du second surveillant étant de guider les apprentis dans les ténèbres, cette croix du sud rappelant un fil à plomb pourrait éclairer leurs pas communs et les aider à rester d’aplomb sur le chemin de la découverte.

 

La constellation du Lion, voilà celle que l’on peut très bien voir à l’occident. Le lion incarne la force, tel le pilier du 1er surveillant. Mais pas la force qui asservit, plutôt celle qui établit. Le 1er surveillant tel Héraclès devra aux côtés des compagnons vaincre le lion des passions néfastes. Le Lion avec son excès d’orgueil et son assurance rappellerai au surveillant de ne pas se laisser aller à imposer des contraintes étouffantes aux Compagnons, de ne pas faire preuve de fanatisme mais d’amour fraternel. Au Septentrion quoi de plus juste et parfait que l’Etoile Polaire, elle qui est située dans la constellation de la petite ourse ou en latin septentrio. Elle qui depuis des millénaires guide les marins, les pèlerins, les marchands. Cette Etoile symbolisant le centre autour duquel pivote le firmament, symbole de rotation donc de mouvement mais aussi d’immobilité de par son point fixe,  représente  bien, pour moi, les apprentis qui sont dans la dualité: immobiles, muets mais en perpétuels mouvement par leur questionnement, leurs doutes, leurs recherches et ils sont bien le centre car sans apprentis pas de renouvellement, et nous espérons bien sur les retrouver plus tard au centre du cercle.

 

la lunemythes et rites

    Divers  Auteurs

Edition du  Seuil

 1962

La lune objet de mythes et de rites est ici décortiquée par des chercheurs à travers diverses civilisations religieuses, philosophiques et populaires. On part en Égypte, Sumer, Babylone, Israël, l’Islam, l’Inde, la Chine, le Japon, la Sibérie etc.

 

Au sommaire de cet ouvrage collectif :

 

Philippe Derchain : Mythes et Dieux lunaires en Egypte :  les phases de la lune  -  le calendrier  -  les éclipses  -  les noms et représentations de la Lune  -  influence de la lune  -  Thoth  -  Khonsou  -  Osiris  -  les déesses et la lune  -  rôle de la lune dans la liturgie et la vie psychique  -  croyances et pratiques funéraires  -  la lune dans les textes des pyramides  -

 

Maurice Lambert : La lune chez les Sumériens :  Ur, ville lunaire  -  les dieux-lunes et ses noms  -  la barque lunaire  -  les temples  -  les thèmes littéraires  -  le dieu-lune, comme dieu d’empire, chef de la ferme modèle, seigneur du monde  -  la famille de la lune  -  la planète Vénus, fille du dieu-lune  -  l’Arabie  -

 

Marcel Leibovici : La lune en Babylonie :  Les phases de la lune  -  le dieu lune a été créé pour éclairer les ténèbres  -  l’accouchement  -  le dieu lune est dispensateur de la royauté  -  l’origine du dieu lune  -  les symboles lunaires  -  le croissant  -  le taureau  -  le culte de Sin  -  extrait de la 16e tablette « les démons mauvais »  -

 

Emmanuel Laroche : La lune chez les Hittites et les Hourrites : Les Hattis  -  les hittites et Louvites  - le nom de la lune  -  rituels magiques et fonctions lunaires  -  le dieu Kousoukh  -

 

Madeleine Petit : La lune en Canaan et en Israël : Les araméens  - lutte d’Israël contre les cultes astraux  -  supériorité de Yahvé  -  le calendrier lunaire  -  Néoménies  -  la Pâque  -  Pleine lune  -

 

Maxime Rodinson : La lune chez les Arabes et dans l’Islam : Les cultes lunaires de l’ancienne Arabie  -  les arbres aramaïsés du croissant fertile  -  l’Arabie fertile  -  le science et l’imagerie des classes supérieures du monde musulman  -  le rôle de la lune dans la religion musulmane  -  imagerie et symbolique lunaires  -  la lune dans le domaine de l’empirisme  -  mythes et magie de la lune  - 

 

Marijan Molé : La lune en Iran ancien : Rôle de la lune dans la théologie  -  nature bovine de l’astre  -  textes relatifs à la lune  -  sélections de Zatspram  -   satisfaction de la lune  -

 

Jean Varenne : La lune, mythes et rites dans l’Inde : Mythes lunaires  -  les limites du culte lunaire  -  absence de nom  -  naissance de la lune  -  la lune source de fécondité  -  le cycle lunaire  -  rituels de protection lors de la nouvelle lune  -  origine védique et hindouisme  -  les mânes et la lune  -   lune et soma  -  rôle de la lune dans le mariage  -  le lièvre dans la lune  -

 

Eveline Porée-Maspéro et Solange Thierry : La lune, croyances et rites du Cambodge :   La lune et le calendrier  -   les astres frères  -  les légendes de l’éclipse  -  le mariage de la lune  -  la lune mâle et femelle  -  l’union des princesses lunaires et des princes solaires  -  salutation royale à la lune  -  le Seigneur lune et le peuple des campagnes  -  rites dans les monastères  -  rôle des bougies dans la célébration de la fête  -   les rites de fécondité  -   les prédictions tirées de l’observation du ciel et de la lune  - 

 

Michel Soymié : La lune dans les religions chinoises : La mythologie antique, solaire et lunaire  -  les dix soleils et les douze lunes  -  histoire de l’archer  -  les animaux lunaires : le lièvre et le crapaud  -  la lune et le soleil dans le Yin et le Yang  -  la pleine lune  -   le palais de la lune  -  le palais du crapaud et le lièvre de jade  -  les arbres lunaires et le bûcheron  -  les divers habitants de la lune  -  restauration de la lumière lunaire d’après le théâtre de Pékin  -  promenade dans la lune  -  la contemplation et la fête de la lune le 15e jour du 8e mois  -   les poèmes de Li  Po  -  le culte officiel et non officiel de la lune  - 

 

René Sieffert : La lune au Japon : La lune dans la mythologie du shinto  -  croyances diverses  -  le quinze de la 8e lune

 

Eveline Lot-Falck : La lune chez les peuples sibériens et esquimaux : Importance de la lune  -  parenté du soleil et de la lune  -  relation avec les astres  -  sa place dans l’univers  -  le calendrier  -  la chasse et ses rapports avec la lune  -  culte  -  les habitants de la lune  -  rapports avec les âmes  -  la lune et les objets cultuels  -   

 

 

LA LUNE LE SOLEIL ET LA LUNE                N° 5

Jean Hover et Claire Vernon

Edition Maison de Vie

 2002

La première vision de tout initié franc-maçon qui entre dans la loge, est celle du soleil et de la lune encadrant le Vénérable Maître qui se trouve à l’Orient. Ces deux luminaires, souvent considérés comme opposés, apparaissent comme deux manières indissociables de suivre le chemin de l’initiation à travers leur symbolique.

 

La tradition maçonnique nous incite à connaître à la fois le chemin du soleil et celui de la lune pour se nourrir de leur lumière respective et découvrir la richesse de leur enseignement spirituel.

Soleil au nord, lieu de la lumière invisible et lune au midi exprimant la possibilité de vivre l’intériorité en pleine lumière, permettant de vivre l’initiation selon les eux polarités.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le soleil et l’alchimie de l’initiation  -  Le Soleil, Un et trois  -  Traditions solaires  -  les mutations du soleil, sa course diurne  -  la régénération nocturne  -  le cycle de l’année  -  La récréation de l’Être par le soleil  -  L’illumination  -  le soleil au nord  -  la transmission du feu symbole  -  l’or solaire  -  le point et le cercle  -  l’alchimie solaire  -  la lune et la découverte de l’action céleste  -  la lune, astre de la révélation et maîtresse du temps  -   le temps cyclique  -  construction de l’être et temps cyclique  -  l’instant juste  -  la lune guerrière et le sens du combat  -  la lune symbole du discernement et de la lucidité  -  justice et justesse  -  les deux luminaires ou les yeux de l’architecte des deux mondes  -

 

la main

Roger parisot

Edition PARDES

 2005

L’homme est-il intelligent parce qu’il a une main, ou a-t-il une main parce qu’il est intelligent ? La question opposait le présocratique Anaxagore de Clazomènes au post socratique Aristote.  En fait, il y a entre la main et la nature de l’homme une relation essentielle ; et la main caractérise autant l’Homo faber que l’Homo sapiens. C’est ainsi que Paul Valery jugeait les mains de l’homme « égales et rivales de sa pensée ». Sans doute, la main est-elle, du corps humain, la partie la plus riche en signifié symbolique. Elle représente le pouvoir et le commandement. Le pouvoir divin, d’abord, et le petit Eliacin, dans l’Athalie de Jean Racine, dit être un orphelin : « Entre les mains de Dieu tombé dès ma naissance. » Puis, le pouvoir royal et ses droits régaliens, que figure emblématiquement la « main de justice ». L’autorité cléricale, enfin, qui transmet sa bénédiction par l’imposition des mains.

 

L’universelle distinction entre la droite et la gauche – directus et sinister, en latin – les concerne évidemment ; et leur rôle socioculturel est marqué, chez nous, par l’opposition et la complémentarité, héritées de la Kabbale, entre le côté gauche – celui de la rigueur – et le côté droit – celui de la miséricorde – de l’Arbre séfirotique, c’est-à-dire des attributs de Dieu. Ainsi, le Christ sera dit la « main droite de Dieu ». En Chine, la main droite indique la voie de l’« agir », la gauche, celle du « non agir » (wou wei) ; mais il faut penser qu’il s’agit de la contemplation, réputée plus efficace que l’action.

 

En Inde, le tantrisme de la main droite est celui de la méditation, et le tantrisme de la main gauche est celui de toutes les transgressions divines, royales, sacerdotales, les mains sont aptes à toutes les conduites rituelles : elles bénissent, consacrent, ordonnent, enseignent, guérissent. Artisanales, ouvrières, laborieuses, elles manient l’archet, le pinceau, la plume, le ciseau, l’aiguille et tous les outils.

 

 Les signes de leurs doigts, les lignes de leur paume, sont des langages codés, et elles ont leur mot à dire en maçonnerie, en héraldique et en alchimie. Elles inspirent des jeux, des contes, des films et forces locutions linguistiques. Elles expriment l’homme tout entier, qui engage sa foi en prêtant serment en levant la main droite.

 

Dans l’ico­no­gra­phie chré­tienne comme dans les repré­sen­ta­tions boud­dhis­tes, la main a un rôle sym­bo­li­que pré­pon­dé­rant. Mouvement de la paume et posi­tion des doigts per­met­tent de com­mu­ni­quer une idée, un concept méta­phy­si­que de façon beau­coup plus effi­cace qu’un dis­cours ou un écrit. Il est inté­res­sant d’ana­ly­ser rapi­de­ment com­ment deux théo­lo­gies, pour­tant très éloignées, ont uti­lisé les gestes de la main comme des sym­bo­les ou des mots ren­voyant à des notions com­plexes.

 

La pensée asia­ti­que, et plus par­ti­cu­liè­re­ment la pensée boud­dhiste, accorde une grande impor­tance au corps comme signi­fiant. Les gestes sont comme des mots qui signi­fient des concepts forts et reconnais­sa­bles par tous. Dans le boud­dhisme Mahâyâna (boud­dhisme du « Grand véhi­cule » propre à l’Extrême-Orient), le corps même du Bouddha exprime, par ses dif­fé­ren­tes mani­fes­ta­tions, trois « plans » de l’Éveil : le « corps de trans­for­ma­tion » ou d’émanation illu­soire qui s’ins­crit dans l’Histoire, le « corps de jouis­sance » ou de féli­cité et le « corps de dharma » absolu, sans forme véri­ta­ble, incar­nant la sagesse par­faite.

 

Cependant, le pas­sage entre le corps lit­té­raire ou sym­bo­li­que et le corps de chair, repré­senté par le biais de l’art, ne se fait pas dès la nais­sance du boud­dhisme au VIe siècle avant J-C. A ses débuts, l’art boud­dhi­que ne repré­sente pas le Bouddha sous sa forme humaine et signi­fie sa pré­sence par l’empreinte de ses pieds, ou par des insi­gnes de dignité comme le trône ou le para­sol. C’est au tour­nant de l’ère chré­tienne que trois gran­des écoles de sculp­ture de l’Inde don­nent nais­sance à l’image du Bouddha sous sa repré­sen­ta­tion humaine. Bouddha appa­raît alors dans des images nar­ra­ti­ves ou des repré­sen­ta­tions auto­no­mes, adop­tant dif­fé­ren­tes pos­tu­res et effec­tuant des gestes précis.

 

Les mains jouent un rôle essen­tiel, en tant qu’ins­tru­ments de lan­gage sym­bo­li­ques. Les mou­ve­ments codi­fiés des mains sont appe­lés « mudras », terme sans­krit d’ori­gine védi­que signi­fiant « signe » ou « sceau », avec l’idée que la mudra est un geste qui scelle, confirme ou garan­tit une action. Les mudras s’appli­quent aux gestes d’une per­sonne (dan­seur), d’un per­son­nage artis­ti­que (pein­ture, sculp­ture) ou d’une divi­nité, et peu­vent véri­ta­ble­ment être lus par le spec­ta­teur, même si la sub­ti­lité de leur codi­fi­ca­tion n’est com­prise que par une élite.

 

En occi­dent, l’ère médié­vale est aussi celle du geste, ins­tru­ment de com­mu­ni­ca­tion pal­liant l’anal­pha­bé­tisme de la popu­la­tion, comme l’expli­que Jacques Le Goff dans La civi­li­sa­tion de l’Occident médié­val1. Au fémi­nin, com­pris dans le sens d’une action héroï­que, le terme est à la base d’un genre lit­té­raire à succès : la chan­son de geste.

 

Dans l’ico­no­gra­phie reli­gieuse, un cer­tain nombre de gestes de la main ont une portée sym­bo­li­que, notam­ment dans les repré­sen­ta­tions ico­ni­ques du Christ. Par exem­ple, lors­que le Christ bénit l’assem­blée de la main droite, joi­gnant l’index et le majeur, alors que l’annu­laire et le petit doigt tou­chent le pouce, cela sym­bo­lise les deux natu­res, divine et humaine, que le Christ unit en lui, ainsi que la Trinité du Père, du fils et du Saint-Esprit. Les trois états de la divi­nité ne sont pas repré­sen­tés par trois états du corps, mais par les doigts for­mant trois « grou­pe­ments ». Le plus connu est celui des mains en prière, geste qui existe aussi dans la tra­di­tion boud­dhiste, sous le nom d’anjalimudra, signi­fiant le salut, l’hom­mage ou l’ado­ra­tion.

 

Au sommaire :

 

L’homme, la main, le cerveau  -   L’image des mains dans la préhistoire  -  Les mains divines, royales et sacerdotales  -  Position des mains et gestes des doigts  -  Les mains dans l’Islam  et dans le bouddhisme  -  Les mais dans la Franc-maçonnerie et l’héraldique  -  Les mains dans la chiromancie, l’alchimie, la magie et autres rubriques  -  Les mains dans les locutions et les proverbes  -  Les mains dans la littérature et le cinéma  -  Des mains, des poèmes et des chansons  -  La main et les jeux  -

 

la mandragore

Albert m. schmidt

Edition FLAMMARION

 1958

Dirigée par M.M. DAVY, cette collection des symboles sur la mandragore étudie l’alchimie et le spirituel et démystifie le côté sorcellerie qui lui était attribué. Tirant de l’univers végétal les métaphores de ses rêves, l’homme souhaite pouvoir cueillir les objets qu’il croit propres à satisfaire ses divers désirs.


La mandragore, forme humaine que l’on cueille, par ses propriétés stupéfiantes, aphrodisiaques, obstétriques, semble restituer l’homme à son intégrité originelle. La mandragore naît de l’image laïcisée d’un Christ gnostique, frère puiné des dieux païens dont l’érotisme délirant ou funèbre féconde une terre en émoi. Qui veut s’emparer de la mandragore doit observer un rituel habile à lui conserver ses vertus, et se substituer un être vivant qui détourne à son dam la malédiction mortelle qu’elle profère en paraissant au jour. La mandragore, image de Dieu et des dieux, comble de bienfaits celui qui la soigne, mais si ce dernier lui voue un culte de latrie, elle devient l’instrument démonique de sa perte. Contemplant le symbole de la mandragore, les écrivains prennent conscience de leurs particularités affectives et les expriment par fables closes, sans les exténuer.

 

La mandragore est une plante qui jouit d’une réputation magique très forte dans les différentes traditions populaires européennes. L’étymologie du nom de cette plante nous renvoie à des temps très reculés car les linguistes pensent que le mot possède une origine antérieure aux Indo-Européens. Cette plante a conservé dans le folklore populaire le souvenir de certaines pratiques magiques bien particulières: “mandragore” possède un lien avec le terme ancien qui signifie “main de gloire”. Ce terme fait référence à la main desséchée d'un pendu dont se servaient les voleurs pour paralyser leurs victimes, ce qui démontre que la magie est la première propriété de la plante. Mais cette “main de gloire” renvoie aussi au fait que la mandragore avait la réputation de rendre au double tout ce qu’on lui offrait. C’est ainsi qu’une offrande d’une pièce d’argent devait à la fin du compte donner le double, c’est à dire deux pièces d’argent. L’étymologie du terme allemand est encore plus intéressante pour un païen, car elle se réfère à une voyante des anciens mythes germano-nordiques du nom d’Alruna. En allemand “mandragore” se dit “die Alraune”; ce terme vient de “Alb” qui veut dire “Elfe”, et du mot “Runa” qui veut dire “Rune”. Le mot allemand de mandragore pourrait donc se traduire par “la rune de l’elfe” ou encore “le secret de l’elfe”. Tout ceci nous confirme encore une fois l’aspect magique lié à cette plante.

Dans les traditions païennes, la mandragore symbolise la fécondité, elle permet d’entrevoir le futur, et favorise la richesse. Ce sont les trois aspects majeurs liés à la mandragore, aspects que l’on retrouve dans la tradition runique des Germains avec la rune Fehu. Bien qu’elle soit utilisée surtout comme un élément masculin, la racine nourricière de la mandragore possède un symbolisme aussi bien féminin que masculin. Cette racine rappelle fortement une figure humaine, ce qui a certainement contribué à son acceptation comme plante magique. Elle fut aussi énormément utilisée pour certaines vertus curatives. Mais elle est également un poison, ce qui implique que l’on doit savoir exactement la quantité nécessaire à consommer afin de ne pas dépasser les doses dangereuses. La racine ainsi que les baies de la mandragore avaient aussi la réputation d’avoir des vertus aphrodisiaques. Cet aspect est confirmé par une légende qui dit que la mandragore naît du sperme d’un pendu.

Chez les Grecs, la mandragore était dédiée logiquement à la Déesse Aphrodite, la Déesse de l’amour et de la fécondité. Dans ce contexte aussi elle était considérée comme aphrodisiaque. Il est intéressant de noter au passage que le mot “aphrodisiaque” vient justement du nom de la Déesse Aphrodite lui conférant ainsi le pouvoir de provoquer ou de prolonger les plaisirs de l’amour. Il existe d’ailleurs encore une description détaillée du rituel qui explique qu’il fallait dessiner 3 fois un cercle autour de la plante au moyen d’une épée, ensuite la déraciner avec le visage tourné vers l’Ouest. Pendant ce temps une autre personne devait exécuter une danse de l’amour en invoquant dans un chant bien particulier la force de l’amour qui réside dans la mandragore. On prenait alors la couche externe de la racine qui était broyée afin d’en obtenir un jus. Ce jus mélangé avec de l’huile rosat et du vin avait la réputation de guérir les inflammations des articulations et les douleurs des yeux. Dessiner un cercle, connecte la plante au pouvoir du soleil et à la magie qui réside à l’intérieur d’un cercle; le chiffre 3 indique que l’on cherche à activer le pouvoir de la plante. L’épée est ici à prendre comme un symbole phallique, tandis que le visage tourné vers l’Ouest est censé connecter avec le monde des Esprits et les forces chtoniennes. On peut constater avec l'exemple de ce rite, à quel point tout est connecté au niveau symbolique: tous les détails tournent autour de l'idée de fécondité et de magie curative ancienne.

Durant le moyen-âge, le christianisme tenta bien-sûr d’en faire une plante du diable, car l’objectif comme toujours était de diaboliser et de mettre un tabou sur tout ce qui était d’origine païenne, surtout sur tout ce qui ne pouvait pas être intégré dans le magma judéo-chrétien. Heureusement les “sorcières” du moyen-âge chrétien ont pu très souvent conserver l’aspect original du symbolisme de la mandragore en l’associant à la fécondité, à l’amour, et aux mystères du monde des Esprits.

 

la marelle ou les 7 marches du paradis

Gérard de Sorval

Edition Dervy

 1996

La marelle ou le jeu des 7 marches du Paradis, est un livre construit en forme du jeu de l’oie. C’est un parcours initiatique où, à chaque carrefour et obstacle, le lecteur est convié à s’orienter dans son cheminement intérieur.

 

Dans cette invitation au voyage, la poésie et l’art alchimique appellent à la rencontre de la sagesse divine. Rien n’y est gratuit, mais, l’enjeu suppose de jouer le jeu ; celui-ci a des règles précises, celles d’une guerre sainte intérieure où l’amour est le Maître des batailles, et l’arcane de la connaissance, selon la tradition chrétienne de la voie héroïque et contemporaine.

 

C’est une démarche intemporelle et contemporaine de chacun, dont le noble voyageur du livre retrace les repères et les méthodes à travers les dimensions de la vie quotidienne.

 

Chaque aventure du jeu est un événement de l’âme, un avènement de l’esprit dans le corps, jusqu’au sortir du labyrinthe, dans le jardin où l’enfant-roi, joue à la marelle avec la Pierre Philosophale.

Le jeu de la marelle,  qui renvoie à des souvenirs d’enfance, est utilisé depuis la haute antiquité sous diverses formes. En effet, la marelle apparaît en Egypte,  gravée sur les pierres du Temple de Kurna à Thèbes dans certaines tombes comme celle de la Reine Hatshepsout, en Grèce sur les marches de l’Acropole d’Athènes, et sur divers édifices de par le monde. On retrouve sa trace en Inde et d’anciens textes chinois mentionnent son existence. Elle porte autant de noms qu’il existe de peuples, se décompose en de multiples variantes : debout ou assise ; carrée, droite ou en colimaçon et s’intègre à certains rites initiatiques.

 

Si la marelle semble défier le temps c’est que sa structure archétypale est « Uni-vers-el ». Il fut des époques où ce n’était pas les enfants, mais les adultes qui jouaient à la marelle, de façon à se rappeler que leur passage sur Terre, est un voyage initiatique. Et, qu’à chaque étape de sa vie, l’être humain est  invité à se transformer vers la dimension la plus haute de son âme qui n’aspire qu’à déployer ses ailes pour rejoindre sa source unitaire.Le jeu de la marelle symbolise un parcours initiatique : Dans la cour d’école, les enfants  dessinent le jeu de la marelle à la craie sur le sol. Chaque enfant part de la Terre pour atteindre le Ciel en passant à cloche-pied par 7 cases chiffrées, en utilisant un caillou qu’il lance dans chaque case. Les règles sont précises et il faut absolument éviter de tomber en cours de route dans le puits, en enfer ou dans tout autre piège.

 

Au-delà d’être ludique et de favoriser l’équilibre, le jeu de la marelle symbolise un itinéraire initiatique entre Terre et Ciel, avec des étapes à franchir, qui sont autant d’expérimentations sur le chemin de l’alchimie spirituelle (de l’illumination, de l’ascension, de l’évolution…selon votre philosophie).La mérelle : mère de la Lumière : Le caillou qui permet de progresser dans ce jeu initiatique était appelé en ancien français « merel » signifiant « petit caillou » ou « palet » qui est devenu progressivement « marelle ». Il peut être rapproché de la pierre philosophale des alchimistes qui sert de support à la transmutation. Mais aussi de la Mérelle de Compostelle,  nom donné à la coquille Saint-Jacques symboliquement portée par les pèlerins en quête de l’intériorité sur cette voie initiatique. Mérelle signifie mère de la Lumière…une initiation qui vient de la « mer-elle »…

 

« Quand le joueur peut poser chaque pied dans des cases adjacentes,
l’être est bientôt appelé à quitter la dualité,
caractéristique du monde terrestre,
pour rejoindre l’axe, l’unité propre au monde céleste. »
 
 René Guénon : “Symboles de la Science sacrée”.

L’axe vertical du jeu de la marelle Les 7 étapes de la marelle me font penser aux sept  chakras principaux, ces centres énergétiques vitaux au travers desquels chacun peut expérimenter et intégrer les différents états de l’être afin de retrouver son unité intérieure. Quant au caillou qui dans le jeu représente le mouvement de montée et de descente le long de l’axe vertical unissant le Ciel et la Terre, je le rapproche des Minéraux que nous pouvons poser sur ces 7 vortex d’énergie, afin d’élever les vibrations de l’axe vertical de notre corps physique jusqu’à être au diapason de l’Univers

 

Au sommaire de cet ouvrage 7 parties sont engagées :Ma Mère l’oye  -  la chasse au cerf  -  le donjon   -  la grotte   -  l’oie qui se trouve dans les 7 anneaux  -  la coquille   -  l’épée et le fuseau   -  le cheval  -   l’hôtellerie   -  la vouivre   -  le pont de l’épée   -   les dés   -  le cœur flamboyant  -  le puits   -  la fontaine   -  le labyrinthe   -  le bouclier au lion   -   l’habit blanc  -   la prison   -  la fournaise du phénix   -  l’anneau d’or   -  le crâne  -  la nef   -   la triple enceinte   -  la marelle   -  Dieu n’aime que celui qui habite avec la sagesse (Livre de la sagesse de Salomon)   -

 

la nuit

Jacqueline kelen

Edition RENAISSANCE DU LIVRE

 2005

La nuit n’est pas seulement l’autre versant du jour.


Elle figure à la fois l’immensité et l’intimité. Elle déploie tout un imaginaire fait de beauté, de silence, de douceur, mais aussi d’effroi et de maléfices. Elle procure le repos, le sommeil, ou fait lever des inquiétudes, des délires, et annonce la mort.


Elle veille sur l’amour, sur l’espace intérieur, sur la création artistique. Elle invite au recueillement et à la contemplation. Sans doute est-elle le manteau de l’invisible. Les poètes, les mystiques l’ont traversée et chantée. De Jean de la Croix à Charles Péguy, de Michel-Ange à Novalis, de Rûmî à Pessoa.

 

Et les peintres et sculpteurs ont eux aussi œuvré dans l’obscur en tentant de représenter les figures étranges et enchantées de l’univers nocturne.
Au royaume des nuits, on rencontre Shéhérazade, la sage et inlassable conteuse de Bagdad, la Belle au bois dormant, la déesse Séléné amoureuse d’Endymion, Éros rejoignant Psyché à la tombée du jour, Jacob ou Joseph visités par de grands songes, Roméo et Juliette éternels amants voués au ciel étoilé…

 

Voir les autres livres de J. Kelen  au chapitre 10 K -

 

la patience – passion de la durÉe consentie

C. CHALIER

Edition AUTREMENT

 1994

En confondant le présent avec un absolu –tel sont les rêves de souveraineté dans le domaine de la pensée comme dans celui de l’action – ou en partant toujours plus loin, toujours plus vite, sous prétexte d’oublier une réalité décevante, l’homme tente de nier le temps.

 

Or la patience lui enseigne à vivre l’inachevé, non comme ce qu’il faut fuir à tout prix, mais comme ce qu’il faut à la fois aimer et dépasser. Accueillir le présent et attendre le lendemain qui portera plus loin ses limites, accepter une scansion du temps souvent laborieuse et sans triomphe ne signifient nullement qu’il n’y ait pas de limites à la patience.

 

Lorsqu’elle encourage l’oppression, la résignation, la soumission aux tyrannies, elle bris l’homme en s’exerçant à lui faite accepter des formes dégradantes d’existence.

 

Cet ouvrage nous invite à redécouvrir la patience, elle donne au temps sa chance pour que les hommes et les choses mûrissent et porte en elle le secret d’une appréciation positive de la passivité : non comme pur et simple renoncement à agir, mais comme consentement à laisser être et disponibilité envers ce qui advient. Dans une société pour qui le temps s’identifie à l’argent, plus que jamais il y a urgence à interroger la patience, il faut accepter ce paradoxe.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Une voie à travers les épreuves :

William Baranès : Renoncer au renoncement

Bertrand Vergely : Le retournement du mal

Betty Rojtman : Plaidoyer pour les heures

Marc-Alain Ouaknin : Un voyage au paradis

 

Pourquoi des veilleurs ?

Catherine Chalier : Ne pas hâter le temps de la fin

Jacques Ellul : De l’inertie au combat

Chantal Amoit : Itinéraire mystique

Elizabeth Visuvalingam : Compassion ou renoncement ?

 

Au vif de la patience

Alain : Se passer de preuves

Anne Marie Debarbieux : Mot par mot, la vie

Marie-claude  Tarnero-Pansart : L’impossible maîtrise

Gérard Chaliand : Vertu stratégique

 

La grâce du temps :

Christian Bobin : Une histoire faible

Hubert Haddad : Le coq d’Asclépios

Anne Baudart: A l’ombre de Narcisse

Farida Benlyazid : La patience est belle

Guy Walter : Pensif, pensant…

 

la pierre

M. philibert

Edition PARDES

 2004

La Pierre, sujet aride (s’il en est !), dense, pesant, mais également fondamental, originel, premier. Roche, minerai, minéral, joyau, pierre cubique, qu’est-elle vraiment ? Voilà le fruit de la Terre mère, lentement mûri dans ses entrailles fécondes, ou le météore produit par quelque feu ouranien. Lia Fail, reine pétrifiée, émettait des sons quand un roi venait s’asseoir près d’elle. Entre le rocher ou le bloc aux vertus curatives et magiques, et la pierre cubique, y a-t-il seulement une différence ? L’un est brut et l’autre taillée ou recomposée. Celui qui ne mortifie pas sa matière, peut-il espérer parvenir à la pierre philosophale ?

 

Le curieux, avide, recherche vainement le lien qui associe le porphyre, le cristal, le lapis-lazuli ou le marbre et l’or potable. Perdu dans le miroitement de pierreries étincelantes, aussi vaines que dispendieuses, il ne sait plus s’il faut broyer du cinabre ou avaler du diamant pour gagner l’immortalité. Pourtant, le principe actif du règne minéral est la meilleure des médecines. L’âme de la pierre égare les imprudents ou les sots. Quant au carrier, il se demande où il va quérir sa première pierre, ou sa pierre d’angle. Il a oublié, tout simplement, que la pierre principe existe de toute éternité, au centre du monde. Pour quelques-uns, la pierre suppose une vie entière d’études.

 

La pierre brute en tant qu’image primordiale ou archétypale est particulièrement prégnante dans l’Egypte ancienne car elle était considérée selon Olivier Doignon « comme la pierre d’avant la genèse, celle qui, disparue du traîneau originel, Atoum, est tombée dans l’océan primordial pour former la première émergence, le tertre primordial ».

Cette explication de la genèse tient sans doute à la transposition d’une réalité physique, la lente modification du cadre de vie par les crues successives du Nil, au cours desquelles seules émergeaient les iles limoneuses et après lesquelles, au milieu de marais, explosaient végétation luxuriante et vie animale.

 

A Héliopolis les prêtes appellent cette pierre primordiale, le Ben, la butte initiale, « habitat de Ogdoade primordiale, cet ensemble de huit divinités engendrées par le Principe pour mettre en œuvre la dynamique de la création ». Ces prêtres pensaient que les eaux du Noun avaient été repoussées dans l’univers formant ainsi le firmament. Cette représentation de la genèse comporte bien des analogies avec les textes bibliques…La tradition juive, dans le Talmud, rependra cet archétype de la pierre primordiale, la pierre Shethiyah, arrachée par Dieu de son trône et jetée dans l’abîme afin d’en faire une fondation pour le monde, à l’emplacement du temple de Jérusalem. A ce titre on peut la considérer comme le témoignage de l’alliance entre Dieu et les hommes.

 

Dans la religion chrétienne, l’évangile de Mathieu dans le chapitre 16 indique que Jésus donna à Simon le nom de Pierre en lui disant : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Pierre est la traduction du grec de Petros, s’agissant du prénom, Petra désignant la pierre. Même si cette analyse est sujette à polémiques on peut considérer que si Jésus a changé le nom de Simon en Pierre c’est parce qu’il est appelé à être l’élément de stabilité et de solidité sur lequel va se construire l’Eglise. Simon-Pierre reprendra cette image de la pierre à propos du Christ dans sa 1ere lettre : « Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. Car il y a dans l'Ecriture: Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse, et celui qui se confie en elle ne sera pas confondu. » On peut comprendre ce texte comme la possibilité pour les chrétiens en s'approchant du Christ, assimilé à la pierre, d’entrer dans la construction du temple messianique en cours d’édification et dont Dieu est lui-même l'architecte.

 

Son origine, réelle ou supposée, peut aussi expliquer la charge symbolique de la pierre : Ainsi, pour les grecs, l’Omphalos que Zeus aurait laissé tomber sur terre marquant ainsi le centre, le « nombril du monde » serait une météorite. Cette pierre, d’essence divine, représentait donc essentiellement le « centre du monde », car, dans le symbolisme ancien la circonférence, représente le Monde en un sens universel, c'est-à-dire tout ce qui existe, ce que le mot « manifestation » illustre particulièrement bien pour les F.M. Selon René Guénon, elle prenait cette signification lorsqu’il était placé « dans un lieu qui était simplement le centre d’une région déterminée, centre spirituel, d’ailleurs, bien plutôt que centre géographique ».En terre d’Islam, la Pierre Noire, dont l’origine est toujours sujette à bien des spéculations, est placée dans la Kaaba au centre de la mosquée de la Mecque et fait l’objet d’un rituel pour perpétuer la tradition de Mahomet. Selon la tradition islamique elle serait descendue du Paradis pour indiquer à Adam et Eve où édifier un autel qui deviendrait le premier temple. Le monde minéral est aussi, à l’échelle temporelle de l’homme, symbole d’éternité et donc objet de fascination. Il constitue la mémoire de l’homme restituée tant par les études géologiques que par les vestiges des civilisations passées. En ce sens on peut considérer que la pierre nous parle…

La composition et les caractéristiques de la pierre brute rendent ainsi possible toutes les actions créatrices, allant du support des premières écritures à l’édification de monuments en passant par la sculpture qui sont autant de moyens pour l’œuvrant ou son commanditaire de délivrer un message qui s’inscrira dans le long terme.

 

La Tradition maçonnique demande à l’apprenti de tailler sa pierre brute. Ce faisant elle symbolise l’Apprenti maçon par une pierre brute ce qui confirme son identification rituelle à l’archétype humain des origines. En le reliant à ses origines elle permet au F\M\ de se construire en tant qu’individu et de participer à la construction du monde. A ce sujet, Oswald Wirth dans l’Introduction de l’ouvrage d’Armand Bédarride, Le travail sur la Pierre Brute, écrit : « Le monde n’est pas achevé : il se construit, et nous sommes ses constructeurs dans le domaine humain. Chaque être se construit lui-même, physiologiquement d’abord, intellectuellement et moralement ensuite. Nous sommes chacun notre propre œuvre en petit, tout comme la société humaine est notre œuvre en grand, l’œuvre commune des Compagnons qui ont appris à travailler ».Le rituel de l’initiation permet à l’apprenti d’appréhender le travail symbolique qu’il devra réaliser. Après avoir prêté serment et qu’il ait été reçu maçon, l’apprenti, les mains gantées et ceint de son tablier se met immédiatement à l’œuvre : le genou droit posé sur le sol, il frappe trois coups sur la Pierre Brute à l’aide du ciseau et du maillet qui lui ont été remis par le maître de cérémonie. Il entreprend de dégrossir, de polir, de tailler la pierre brute dont il peut voir à l’orient, dans le prolongement de la colonne du midi, le but à atteindre, la Pierre Cubique, accomplissement du travail de l’apprenti.

 

René Guénon écrit dans, Pierre Brute et Pierre Taillée que, « pour les tailleurs de pierre et pour ses constructeurs qui employaient les produits de leur travail, la pierre brute pouvait-elle représenter autre chose que la «matière première» indifférenciée, ou le « chaos » avec toutes les correspondances tant microcosmiques que macrocosmiques, tandis que la pierre complètement taillée sur toutes ses faces représente au contraire l’achèvement ou la perfection de l’«œuvre». Pour accomplir «l’œuvre» l’apprenti doit apprendre le bon usage des outils pour travailler la pierre à laquelle il s’identifie. Au grade d’apprenti les instruments sont regroupés au sein d’une triade : maillet – ciseau – levier. Le maillet est le symbole de la volonté ou de la force agissante, le ciseau symbolise le discernement dans l’action et l’efficacité puisqu’il permet de placer avec précision la force du maillet, le levier enfin manifeste l’effort dans la réalisation et la puissance, ce qu’Archimède formulait en son temps par « donnez-moi un point d'appui, et un levier, je soulèverai le monde »Le maniement de ces outils permet à l’apprenti de faire l’inventaire de ses défauts, de ses préjugés et de les gommer comme le tailleur de pierre en gomme les aspérités. Cette démarche s’accompagne d’humilité –que l’impétrant symbolise physiquement en mettant le genou droit à terre pour frapper les trois coups sur la Pierre Brute, mais aussi de patience et de silence. Ce silence lui permet d’être plus attentif à sa voix intérieure et de profiter de la parole de ses FF\ pour organiser un travail d’introspection… En ce sens le silence est aussi un outil donné à l’apprenti pour commencer à tailler sa pierre.

 

Il est important de préciser que le travail sur la Pierre Brute se réalise dans le temple, dont les éléments symboliques sont autant d’indications que l’apprenti doit suivre pour accomplir son œuvre. Ainsi c’est guidé par les principes symbolisés par les trois grands Piliers qui soutiennent la loge, surmontés par les trois étoiles,  « le maçon reçoit la force et la sagesse et doit les conjuguer harmonieusement ». C’est donc avec la sagesse, fruit de son observation et de son introspection, mais aussi avec la force qui peut se comprendre comme une forme de courage et d’honnêteté intellectuelle indispensable à cette introspection, que l’apprenti doit appréhender le dégrossissage de la Pierre Brute et de la transformer en Pierre Cubique première étape vers l’Harmonie. A cet égard, on peut considérer que l’initié qui travaille sur lui-même va réaliser une construction d’un individu harmonieux en conjuguant son tout avec son unité dans une démarche semblable à celle de l’individuation au sens ou l’entendait Jung qui disait dans son ouvrage, « Ma vie » : « J'emploie l'expression d'individuation pour désigner le processus par lequel un être devient un individu psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité »

 

C’est ce travail de perfectionnement moral que nous propose la F\M\ par l’utilisation précise du ciseau sur nous-mêmes, employé avec la force maitrisée du maillet, qui nous permettra de suivre le principe hermétique appliqué au plan du perfectionnement spirituel et moral : « Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement avec grande industrie. (…) Tu auras par ce moyen la gloire du monde, et toute obscurité s'enfuira de toi.» (Extrait de la Table d’Emeraude traduite par Fulcanelli).Enfin, les trois coups portés par l’initié lui ouvrent une porte vers la pensée ternaire. Le binaire représenté par le couple maillet/ciseau ne peut s’opérer sans l’action de l’esprit qui permet, par l’analyse, d’atteindre l’objectif fixé. L’intellect au service de l’action des deux outils nous fait passer du binaire au ternaire qui se révèle dans la réalisation. Ainsi la méthode maçonnique permet de changer le regard de l’impétrant : il perçoit que la réalisation de l’œuvre est un travail personnel de progrès individuel au service d’un progrès universel de l’Humanité. En effet si nous en restions uniquement au « connais-toi toi-même » socratique auquel nous invite le travail sur la pierre brute notre démarche n’aurait qu’une dimension égocentrée et narcissique à l’opposé de la démarche initiatique, qui signifie introduire aux mystères, dont je perçois à ce jour qu’elle permet en premier lieu de découvrir et révéler la part de Divin qui existe en chacun d’entre nous

La référence au mythe cosmogonique selon lequel une pierre issue du tertre primordial se serait dédoublée en pierre brute et en pierre cubique permet d’orienter notre regard sur la manifestation du Principe à travers une « pierre de connaissance ».

 

C’est sur cette pierre que l’apprenti doit travailler en appliquant les trois grands principes que sont la sagesse, la force et la beauté qui doivent présider à l’édification de l’œuvre. Par ce travail de transformation de la pierre brute à la pierre cubique dernière étape avant la P\C\A\P\, il comprend que l’Art est le moyen de se recréer lui-même, par une imitation de la nature dans son mode opératoire, pour reprendre la définition de Saint-Thomas-d’Aquin, l’Œuvre devenant ainsi une imitation de l’action divine. Par ailleurs, nous avons pu voir que l’apprenti représente à la fois l’œuvre à accomplir et l’ouvrier qui travaille à sa réalisation. Il est à la fois matière première et outil. Il réalise ainsi un travail de sa conscience sur elle-même qui doit aboutir à une transformation, une amélioration de l’être et une élévation spirituelle au service d’une ambition métaphysique supérieure, à savoir, associer son destin personnel à celui de l’humanité en dépassant le « connais-toi-même » pour accéder au « découvres à quoi tu sers » : En ce sens la démarche initiatique, tout en permettant au F\M\ de chercher un sens à sa vie lui permet d’appréhender l’idée que de notre esprit peut rejoindre le Principe qui régit toutes choses et que lui seul peut conduire l'homme à l'accomplissement de sa destinée.

 

L’enseignement ésotérique nous dit qu’il faut concevoir la pierre brute, non pas parce qu’elle n’a pas été taillée mais plutôt parce que sa destination reste encore à découvrir, qu’il ne faut pas l’opposer à la pierre taillée puis qu’elles sont complémentaires l’une de l’autre. Cette idée sous-tend que pierre brute et pierre taillée sont les deux facettes d’une même réalité que le chemin initiatique permet d’appréhender. Olivier Doignon évoque pour sa part deux expressions de la pierre, deux approches indissociables, sans lesquelles la perception de l’origine ne serait pas possible. Ces deux expressions de la pierre permettent de comprendre les lois de la création, la pierre brute représente la matière de l’œuvre et recèle le germe de la création, la pierre cubique représente la forme de l’œuvre et contient l’ensemble des lois de la création. Au sein du temple, « imago mundi », dans l’intemporalité que seul un lieu sacré peut restituer, la pierre brute, située à l’orient, à l’endroit où apparait la lumière comme au premier matin du monde, symbolise le potentiel de création qu’elle porte en elle. Matéria prima indifférenciée et monde organisé coexistent aux yeux de l’apprenti par la présence complémentaire de la pierre brute et de la pierre cubique. Le nouvel initié peut concevoir l’idée de la genèse du monde par différentiation dont la F\M\ est l’héritière et que par la volonté de manifestation du principe, le Un est devenu Deux et que la pierre qu’il s’apprête à travailler constitue le support symbolique et intemporel de toutes les actions créatrices, éléments transcendants qui génèrent le Trois. C’est par les trois coups portés sur la pierre brute que l’apprenti renoue avec le mythe de la création : après le chaos primordial, par l’action de l’impulsion créatrice, les éléments s’organisent, l’Esprit se sépare de la matière et anime l’Œuvre.

 

la pierre brute         -   N°  9  -

Olivier doignon

Edition Maison de Vie

 2003

Le symbole de la pierre brute et celui de la pierre cubique transmis par la tradition maçonnique, sont issus des mythes très anciens et constituent deux approches indissociables de l’origine de la création. En raison du caractère essentiellement polyvalent de la pierre brute et du champ symbolique non spécifié de ce symbole, cet ouvrage présente une grande diversité d’angles d’attaque.

 

L’auteur invite le lecteur à un voyage et aborde ce symbole dans ses rapports avec quelques concepts majeurs de la voie initiatique : la matière et l’esprit, l’indifférencié, les métaux de transmutation, les quatre éléments, l’abstrait, le travail primordial etc.

 

En tournant autour de la pierre brute, et selon le point de vue adopté pour l’observation, on découvre telle ou telle vérité ; on est invité à changer son regard et à remettre en cause bien des manières de voir ; on découvre tel ou tel  aspect de la voie initiatique, et on suscite la perception du mystère de cette pierre.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Pourquoi la pierre brute est-elle à l’Orient ?   -  L’Océan primordial   -  la pierre dans diverses traditions   -   emplacement de la pierre brute   -  la différenciation, notion fondatrice d’une conception  de la Genèse   -   Matière, esprit et indifférencié   -  substance et essence issues de l’Un  -   Dynamisme de la dualité créatrice   -   Que contient la pierre brute ?   -   une pierre alchimique   -   la pierre brute est-elle la quintessence des quatre éléments ?   -      les trois coups sur la pierre brute et la ternarité créatrice   -    la pierre brute ne change pas de forme   -   l’apprenti n’est pas une pierre brute   -    les trois coups proviennent d’un rituel royal  -   la rencontre de l’abstrait et la naissance de la pensée ternaire   -  le nombre trois et la pensée   -  la ternarité, processus de la pensée sans limite   -  polyvalence de la pierre brute   -  

 

la pierre cubique        -     N°  10   -

Michel lapidus 

Edition Maison de Vie

 2003

Placée à l’Orient du Temple, en regard de la pierre brute, la pierre cubique pourrait tout simplement être considérée comme l’une de ses émanations. Suivre cette voie, n’est-ce pas rester dans une vision purement allégorique et se priver ainsi d’un véritable trésor de la pensée symbolique ?

 

La pierre cubique ne serait-elle pas celle qui fut rejetée par les bâtisseurs, tout simplement, parce qu’elle n’est pas un matériau de construction mais une pierre de connaissance ?

 

On ne bâtit pas avec la connaissance, même si elle a l’apparence d’une pierre. Placée à la tête de l’édifice, la Pierre cubique laisse aux hommes le choix de la nommer en fonction de leurs idéaux ; sa fonction essentielle ne serait-elle pas de leur apprendre à vivre en parfaite harmonie en créant des liens qui se nourrissent de leurs propres qualités ?

 

Pierre brute, Pierre cubique, Pierre cubique à pointe. L’auteur approche les singularités symboliques du processus initiatique par ces trois temps fondateurs de nombre de traditions, notamment de la Franc-maçonnerie.

 

C’est au grade de Compagnon que le « cube » prend toute sa puissance : « La première recommandation donnée au Compagnon concerne la nécessité d’ouvrir la Pierre, non pas avec désinvolture mais détermination. C’est là, pourrait-on dire, un acte de voie brève : un feu a scellé la Pierre, un feu est nécessaire pour l’ouvrir ! Un tel acte nécessite une préparation, et l’engagement de toute la personne pour le réaliser en « une seule fois ». C’est le « Sésame ouvre-toi », la recherche de la formule juste, laquelle guidera l’être tout au long de son voyage et à la réalisation de son chef-d’œuvre. C’est se fixer, une fois pour toute, un but et un chemin pour l’atteindre. »

 

A juste titre, l’auteur traite de la Pierre cubique à pointe comme clé du grade de Compagnon. « Observer la Pierre cubique à pointe, c’est percevoir immédiatement qu’elle n’est nullement un matériau de construction, encore moins « une pierre devant s’intégrer à l’édifice ». Elle est souvent représentée avec une hache fichée dans son sommet, manière d’évoquer la nécessité de la fendre pour parvenir à son cœur et découvrir son secret. J. Trescases indique toutefois que c’est « une entreprise difficile ; sa réalisation est cependant de nature à donner au Compagnon la force et la stabilité, la trempe de l’acier de la hache ». L’ouvrir, ce n’est pas la détruire ; elle n’est pas la « poule aux œufs d’or », comme pourraient l’affirmer ceux qui refusent l’exégèse symbolique. Ouvrir la Pierre, c’est lui donner la vie. La hache est d’ailleurs souvent remplacée par l’épée flamboyante, façon d’insister sur la nécessité de lui apporter l’énergie d’un feu pour la faire renaître. »

 

Origines, références à l’Egypte antique, géométries, fonctions de la Pierre cubique, musique et Pierre cubique, sont quelques-uns des thèmes abordés par Michel Lapidus avant de traiter du Cher d’œuvre du Compagnon, « immortalisé par et dans la Pierre ». Il établit un parallèle intéressant entre la tradition compagnonnique et la tradition pharaonique. « C’est l’or de la récompense, dit-il, que distribuait pharaon à ceux qui avaient, par un exploit exceptionnel, marqué leur temps d’un instant d’éternité. Ainsi, le Compagnon ayant acquis la maîtrise de son art est muni de ce qui est incorruptible, de ce qui en Egypte ancienne, était destiné à réaliser la chair des dieux. »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les origines de la pierre cubique   -   la pierre cubique : les approches de l’apprenti et du compagnon    -   la pierre cubique à pointe : clé de compréhension du grade de compagnon   -   la pierre cubique et le secret  -   le symbole géométrique   -   les fonctions de la pierre cubique   -   de l’Arche de Noé à la Jérusalem céleste   -  La pierre des philosophes   -   Cosi fan tutte : un voyage musical dans la pierre   -    la pierre cubique et le chef d’œuvre du compagnon   -   planche hiéroglyphique   -  

 

LA PIERRE CUBIQUE À POINTE  -        N°  34   -

JEANNE  LEROY

ÉDITION  MAISON  DE  VIE

 2010

La pierre cubique à pointe représente le chef-d’œuvre que tout maçon doit parvenir à réaliser en qualité de compagnon fini. Les tableaux de loge du XVIIIe siècle représentent clairement que tout itinéraire initiatique correspond à la transformation de la pierre brute en pierre cubique à pointe. Cette image de l’ascension vers la Transcendance, correspond aussi à la recherche de la pierre philosophale.

 

La hache fichée en son sommet, semblable à un marteau taillant, évoque la réalisation spirituelle à son apogée grâce à la réception de l’illumination initiatique. Elle a pour but de faire jaillir la lumière enfermée au cœur de la pierre. Le sommet de la pierre cubique à pointe est assimilable à un omphalos, une représentation visible et concrète du « centre du monde », d’une ouverture sur le divin, quintessence de l’être, point de rencontre du manifesté et du non-manifesté.

 

La pierre cubique à pointe symbolise l’achèvement de l’œuvre, l’aboutissement réalisé, le couronnement des efforts. Souvent oublié ou méconnue, elle synthétise l’ensemble des connaissances de l’adepte. Cette pierre polie et burinée est, avec la planche à tracer du Maître, le symbole le plus important de la connaissance initiatique de l’Ordre maçonnique.

 

Est développé :

 

Différence entre les acrotères et la pierre cubique, les bétyles, les pierres de foudre, les haches, l’omphalos, le terme de compagnon, processus initiatique par les transformation de la pierre, la pyramide et sa symbolique initiatique, l’ascension cosmique, l’ascia, la Tétraktys, les Grands Elus et les Rose+Croix, des Elus au Chevalier Kadosh, les quatre faces de la pierre cubique à pointe, la recherche de la pierre philosophal, pierre des philosophes, V.I.T.R.I.O.L.U.M.

 

la pierre      –         LE SYMBOLISME DE LA PIERRE A TRAVERS L’HISTOIRE -  DE LA BIBLE A LA PIERRE PHILOSOPHIQUE

Jean-François Blondel

Edition Trajectoire

 2015

De la pierre de Jacob, décrite dans la Bible à la pierre philosophale ; des mégalithes de Stonehenge à la pierre cubique des francs-maçons, combien de fois la pierre a-t-elle été représentée en tant que symbole !

 

L'auteur invite le lecteur à faire ce voyage dans l'espace et dans le temps, où, systématiquement, la pierre va se trouver associée à un événement qui a marqué l'humanité : les mégalithes, alignés dans la direction du lever du soleil aux solstices, les « pierres tombées du ciel », dont on s'est demandé si elles n'étaient pas messagères des dieux ; les pierres qui guérissent, celles utilisées pour prédire l'avenir...

 

La pierre résiste à l'usure du temps. Elle va donc servir de mémoire, de support pour transcrire les grands faits marquants qui ont ponctué notre histoire. Mais elle est aussi le matériau noble de la construction, celle avec laquelle on construit des temples pour rendre hommage aux divinités. La Franc-maçonnerie, ensuite, reprendra à son compte l'héritage et le corpus symbolique des métiers de la construction : la pierre brute, la pierre cubique, la pierre de fondation, la pierre d'angle, la clef de voûte, pour en tirer un enseignement philosophique.

La pierre, depuis les temps anciens, de par sa solidité et sa résistance, a souvent été présentée comme le principal matériau pour la construction et le décor des constructions importantes. Aussi, au-delà de la structure et la texture de la pierre, elle est pour nous maçons un symbole fort important pour nos travaux au double sens ésotérique et exotérique du terme. Ainsi, après avoir évoqué quelques repères historiques, je vais axer mon propos sur les questions visant à expliciter la symbolique de la pierre brute: pourquoi et comment tailler la pierre brute en notre qualité de maçon.

Au cours de cette période de l’histoire la pierre était considérée comme le premier matériau utilisé par l’homme pour en faire ses outils pour frapper, pour couper, pour moudre, etc. Ces outils ont été améliorés avec le temps par l’emploi d’un manche en bois. « L’homo saber » capable de chasser et de transformer son entourage grâce à des outils de plus en plus perfectionnés au lieu de rester passif face à tout ce que lui offrait la nature.

La pierre était à ce moment-là bien plus qu’une arme ou un outil. Elle était devenue bien vite un objet de vénération de l’homme primitif. Des pierres seront trouvées en plusieurs fouilles archéologiques notamment des cavernes habitées par les hommes de l’âge dite de la « pierre taillée ». De nombreux dieux étaient représentés comme par exemple Mithra dont le culte était opposé au christianisme en ces premiers temps.

Dans les Écritures Saintes, l ‘ épisode où Jésus intronise pierre comme étant le roc sur lequel il entend bâtir le temple des chrétiens un temple qu’il veut inébranlable, est une allégorie qui évoque en filigrane l’avènement de la Jérusalem céleste. Dans L’esprit de cette allégorie il est judicieux de ne pas considérer la Jérusalem céleste comme un espace géographique. Le maître de l’histoire, Dieu fait homme, invite ses disciples à œuvrer pour un monde meilleur, une nouvelle humanité dont -t-il définit la charte dans l’Évangile de Matthieu, au chap. 5, 1-12…

Pour y parvenir, le fils de Dieu trace le chemin à suivre: la kénose. Le fils de l’homme, indique St Paul dans sa lettre aux corinthiens, n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est appauvri pour nous enrichir de sa pauvreté. C’est dire, en effet, que le chemin qui conduira vers cette nouvelle humanité passe par la nouvelle naissance. Une nouvelle naissance qu’il convient de considérer comme une conversion, une reconversion sans cesse renouvelée. Car notre nature humaine est marquée par le péché. Il y a en chacun de nous le pire et le meilleur. Il s’agit donc de vivre dans l’humble reconnaissance de nos travers tout en nous appliquant sans relâche, avec la grâce de Dieu, à la pratique des vertus.

Nous retrouvons la symbolique de la pierre dès le premier grade où l’Apprenti doit polir la pierre brute avec le maillet et des pierres de diverses formes apparaissent dans les grades suivants. Souvenons-nous de l’inscription V.I.T.R.I.O.L. que nous voyons dans le cabinet de réflexion et qui signifie en latin: « visite l’intérieur de la terre et tu trouveras la pierre cachée ». Une invitation faite à l’impétrant de se constituer une pierre angulaire du temple ésotérique qu’il est appelé à construire.

 

LA PLANCHE A TRACER    -        N°  62  -

François Figeac

Edition Maison de vie

 2014

Ce sont les signes et symboles de la langue sacrée qui sont gravés sur cette planche peu ordinaire et dont l’origine se trouve en Egypte ancienne. En son nom de palette, elle était l’un des attributs de Thot, grand dieu faisant partie du conseil divin, mais aussi dieu de l’écriture des paroles divines, les fameux hiéroglyphes.

Indispensable pour formuler le Verbe et conserver la mémoire des éléments essentiels de la Tradition, la planche à tracer est le symbole de la capacité à concrétiser la pensée du Grand Architecte. Sans ce support sur lequel on trace, l’acte de fondation du Temple serait impossible, et la tenue ne serait pas sacralisé, ainsi la notion d’espace-temps-sacré perdrait tout son sens.

De même, lors de l’ouverture des travaux, conviendrait-il de disposer un tableau vierge au centre de la loge afin que l’expert, en y traçant les symboles, fasse apparaitre le tableau de loge qui révèle le véritable plan de l’œuvre. C’est pourquoi découvrir, ou redécouvrir, le symbole de la planche à tracer est un enjeu important de la vie rituelle des loges.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’origine de la planche à tracer - l’Egypte - l’Offrande de la palette du scribe égyptien - Thot -

L’arbre de vie comme planche à tracer et les noms royaux - le perséa vénérable -

Le dieu qui trace, Thot et la connaissance en acte - L’omniscient, l’intercesseur ; l’inventeur de la langue sacrée -

La déesse qui trace : Séchat et l’étoile des sages - la mère des bâtisseurs - la déesse de l’écrit - le sept, et l’étoile de la sagesse -

Ce qui est tracé : paroles et bâtons de dieu, formules de transformation en lumière - un chemin de connaissance -

Le tableau de loge est-il une planche à tracer ? - Fondation du Temple - Une fenêtre entre les mondes -

Les planches tracées du secrétaire, ou gardien du secret - une tradition de l’écrit - Des planches ou des stèles ? -

Le plan d’œuvre du Maître - Qu’est-ce qu’un plan d’œuvre ? Comment concevoir, rassembler et mettre en œuvre un tel plan - les qualités d’un plan d’œuvre -

La justesse de voix - Une expression égyptienne - formuler le Verbe - La justesse de voix, clé de la tenue -

 

LA  PYRAMIDE  -  LE SECRET D’UNE VIE EN ḖTERNITḖ                       80

François Figeac

Edition Maison de Vie

2018

Qui ne s’est jamais demandé, à propos des pyramides d’Égypte, pourquoi les Pharaons avaient entrepris d’élever ces gigantesques constructions de pierre ? Le présent ouvrage tente de répondre à cette question. Quelle est l’origine et le sens de cette forme, aussi familière que mystérieuse ? Pourquoi la construction d’une pyramide était-elle engagée dès l’intronisation d’un nouveau Pharaon, à l’ancien Empire et au-delà ? Comment fonctionnait le complexe pyramidal et quelle était son utilité ? Était-ce seulement un tombeau ou remplissait-il une fonction plus subtile ? Une certitude s’impose : la pyramide recèle le secret d’une vie en éternité, un secret Aujourd’hui bien oublié, dont la redécouverte est pourtant au coeur de toute démarche initiatique.

 

Demeure d'éternité, la tombe était évidemment plus importante aux yeux de l'Egyptien que sa propre maison. Aussi apportera-t-il à sa réalisation plus de soins, de travail et certainement plus de cœur. Les plus pauvres durent se contenter bien souvent d'un simple trou dans le sable du désert, où le corps momifié, de façon très médiocre, était déposé dans un cercueil ou à même le sol, avec juste quelques vases et quelques statuettes. Mais les plus privilégiés, souverains ou nobles, consacrèrent pour leurs constructions funéraires plus de richesses et d'attention que pour leurs palais. Ces derniers étaient en effet construits en briques crues, alors qu'on utilisait le dur, la pierre calcaire, pour la tombe, afin de répondre à sa vocation d'éternité. La forme des tombes a varié en fonction du lieu et des époques. On peut ainsi distinguer trois types de tombes :

Les mastabas :

Ce sont des constructions massives, établies à ras du sol en pierre dure. Initialement les mastabas, rectangulaires, et aux murs légèrement inclinés (d'où leur appellation d'origine arabe : banquette), étaient remplis de rocaille et n'étaient destinés qu'à enserrer et cacher un amas de terre parfois revêtu de briques crues, de forme rectangulaire (en effet, à l'époque prédynastique, la sépulture était déposée dans une simple fosse que l'on recouvrait ainsi d'un tas de sable en forme de rectangle. Assimilé à la butte de terre initiale qui, un jour, était sortie de l'Océan Primordial, ce tertre de sable était devenu le symbole de l'existence, de l'apparition de la vie dans le chaos, le symbole de l'éternité.

 

 

Les pyramides :

La pyramide a de tout temps frappé l'imagination du voyageur et a été la source de nombreuses interrogations. En commençant par l'étymologie du mot : certains y voient un mot grec, ayant rapport avec la racine du froment, et ainsi " pyramide " signifierait en grec " grenier à blé " ou viendrait du mot de cette même langue "   pyramis " avec le sens de "  gâteau de blé ", qualificatif attribué par un voyageur hellène à qui la forme des pyramides rappelait des souvenirs culinaires de son pays. Certains pensent que le mot provient "  Péri-m-ouisi " de l'égyptien, signifiant dans la langue mathématique de la vieille civilisation l'arête de la pyramide (précisément) ou encore " Pr-m-it ", toujours de l'égyptien, ayant pour sens la demeure des lamentations, la maison du mort. Ce seul point d'interrogation est déjà sujet à de nombreuses polémiques que nous ne viendrons pas ici alimenter. En égyptien, elles étaient toujours désignées par le phonogramme bilitère "  mr ", qui se rapporte aussi à l'escalier. Les pyramides sont des tombeaux exclusivement royaux (rois ou reines), datant essentiellement de l'Ancien et du Moyen Empire, ainsi que de la dynastie éthiopienne. 

 

La forme pyramidale est née avec la IIIe dynastie à Saqqarah, lorsque Djéser demanda à son architecte, Imhotep, d'agrandir son tombeau qui était, à l'origine, un mastaba. Est-elle donc née par hasard, à la suite d'agrandissements successifs de la forme traditionnelle du mastaba, ou bien est-elle la reprise du tertre symbolique de l'époque primitive ? Ou bien encore a-t-elle une signification magique et religieuse ? La pyramide à degré de Djéser est la plus ancienne. Quelques décennies plus tard, le pharaon Snéfrou fit construire la pyramide à Meïdoum et celle de Dashour, dite "rhomboïdale".Toutes ces questions sur le choix de la forme pyramidale appellent une réponse.Les égyptiens avaient une culture essentiellement basée sur le symbolisme. Le tertre primitif, nous l'avons vu, symbolisait la butte primordiale ; le mastaba était la représentation de la maison-type des vivants (la tombe étant censée être la maison d'éternité du mort), la pyramide, si sa forme n'est pas due au fait du hasard, pourrait très bien s'accommoder d'une signification solaire.

 

Lorsqu’Imhotep, qui était prêtre d'Héliopolis, construisit la pyramide à degrés pour son roi, Djéser, les croyances funéraires et la mythologie solaires étaient en pleine expansion. Or, selon celles-ci, le roi défunt vivait dans l'au-delà, en compagnie du dieu soleil Ré, ou même se confondait avec lui. Il fallait pour cela, bien sûr, qu'il puisse rejoindre le dieu au ciel. Les textes des pyramides décrivent divers modes d'ascension, entre autres, l'escalier ("  mr ", mot désignant précisément les pyramides) et les rayons du soleil. La pyramide à degrés ne serait-elle pas alors la symbolisation de cet escalier ? Et les pyramides régulières, si elles ont perdu cette première valeur symbolique (en-dessous du revêtement, les assises formaient toujours un escalier), pourraient-elles symboliser les rayons du soleil, de même que l'obélisque symbolisait un rayon de soleil pétrifié, l'ultime goutte de lumière, figée au contact de la terre, avant que Ré ne se détache de la Butte Primordiale ? Il existait d'ailleurs à Héliopolis un culte voué à la Pierre Sacrée, le ben ben (nom désignant précisément les obélisques). Pierre mystérieuse de la Butte Primordiale, qui avait émergé, avant toute chose, c'est peut-être sa forme triangulaire, devenue en quelque sorte le symbole du triomphe de l'existence sur le chaos originel, le symbole de la vie, qui inspira les constructeurs des pyramides.

 

L'intérieur de la pyramide était initialement vierge de toute ornementation. Ce ne sera qu'à partir de la Ve dynastie (pyramide d'Ounas) que l'on y trouvera des inscriptions, inventaires de formules incantatoires fort diverses, dont la réunion forme ce que l'on appelle les "  textes des pyramides ".J’ai l’intention de consacré une page spéciale (ou plusieurs !) aux pyramides de Gizeh, et plus particulièrement à celle de Chéops. C’est elle qui porte tous les mystères égyptiens et le plus d’interrogations : comment fut-elle construite ? Récemment, on a calculé qu’il aurait fallu poser une pierre (qui pèse, rappelons-le plusieurs tonnes) tous les 20 secondes), 6 jours sur 7, pendant 20 ans. Etait-elle vraiment une tombe ? (jamais aucune momie ni fut trouvée), les parois contrairement aux pyramides précédentes ne portent aucun texte, aucun ornement ! D’après plusieurs études, ses mesures correspondraient à des mesures terrestres extrêmement précises. Mais de tout cela je vous parlerai un peu plus tard. Je préfère rafraîchir mes connaissances !

 

Les hypogées


Ce style de tombe creusée dans le roc fut en usage durant toute l'histoire pharaonique. Cependant, les hypogées royaux de la Vallée des Rois et de la Vallée des Reines sont les plus remarquables (et les plus connues).Il n'était pas envisageable de construire dans la région de Thèbes des pyramides telles que celles de l'Ancien Empire. Le désert montagneux qui borde la vallée du Nil ne s'y prêtait pas. D’autre part, les vallées dessinées par le relief montagneux aux alentours de Thèbes étaient (et sont encore) dominées par une montagne dont l'aspect rappelle indéniablement la forme pyramidale, et de ce fait pouvait très bien assumer la valeur symbolique des pyramides du passé. Cette sorte de pyramide naturelle (que les égyptiens appelaient la cime) était adorée dans la région comme une divinité sous le nom de Mersegert.

 

Mais, forme pyramidale, mastaba ou hypogée, toutes les tombes égyptiennes ont la particularité d'avoir été construites du vivant même de leur bénéficiaire. Pharaon, quand il venait au pouvoir, entreprenait dès lors la construction de sa future tombe et la fabrication de son mobilier funéraire (c'est ce qui explique que l'on ait retrouvé certaines tombes inachevées ou terminées hâtivement, du fait de la mort subite du souverain). Il en était de même des tombes privées. Les nobles faisaient réaliser leur future demeure d'éternité peu après la prise de leurs fonctions, et d'ailleurs, très vraisemblablement, la tombe était à l'époque (par son emplacement, sa décoration et le luxe de son contenu) ce que nous appellerions aujourd'hui " un signe extérieur de richesse ".

 

Au sommaire de cet ouvrage : La pyramide et le ciseau  -  origine de la forme pyramidale  -  la pyramide, canal de l’amour créateur  -  La pyramide et la pierre cubique  -   la pyramide lieu de passage entre les mondes  -  la pyramide, Pierre Philosophale  -   A l’origine de la tradition alchimique  -   une matrice de transformation et de transmutation   -   le secret d’une vie en éternité   -  La pyramide, étoile de la maîtrise  -   faire la terre comme le ciel   -   la destinée de Pharaon   -   Devenir une étoile impérissable   -   Là où est la Pyramide, là est l’esprit de maîtrise   -   La pyramide, un tombeau ?   -   Sépulture, tombeau ou demeure d’éternité ?   -   Un lieu de régénération du Ka royal  -   la mort n’est pas une fin mais le début d’un voyage   -   La Pyramide, lieu de résurrection d’Osiris   -  La Pyramide lieu d’initiation  -  Un domaine sacré dédié aux rituels   -  Des formules de transformation en Lumière    -   La Pyramide incarnation du chemin  initiatique     -       un chemin vers la terre sacrée   -  un chemin intérieur   -   un parcours spécifique   -   l’amour comme dynamique du chemin   -    La Pyramide est un accomplissement de l’initié   -  La tradition maçonnique a intégré une partie de l’enseignement ésotérique des pyramides   -   Le couronnement de la Pyramide : le Pyramidion    -    Ne pas confondre pyramide et pyramidion   -   la pierre primordiale et le phénix   -   une pierre-synthèse   -      

 

la quadrature du cercle et ses mÉtamorphoses

Roger BEGEY

Edition du  Rocher

 1993

Ce livre propose une voie de méditation active, une quête spirituelle, libre de toute orientation doctrinale, capable d’offrir de très riches heures et des grands moments de bonheur à tous ceux qui voudront bien prolonger le voyage au pays du « nombre de l’harmonie principielle » plus connu sous le nom de « Nombre d’or ».

 

Fruit de l’alliance de la pensée et de la maîtrise de la main, le Trait créateur donne naissance au regard. Son origine échappe à toute notion d’espace ou de temps, sa force d’expression émane de la simplicité de sa conception ; il introduit l’être en éveil dans un autre monde, dans le monde subtil du Nombre et de la forme.

 

Il le conduit vers la perception de l’harmonie-métrie qui régit toute création en vérité et en humilité, telles qu’en témoignent les quelques œuvres données en exemple (pyramides, cathédrales, polyèdres…).

 

Peut-être que celles-ci tendent, au travers de leur volontaire diversité d’expression, vers une découverte de « l’homme-initiatique », de cet homme, en permanente édification, que l’on ne peut vraisemblablement rencontrer que sur la voie mystérieuse de l’ordonnance de la Création.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Le cercle et sa quadrature : Raison d’un choix  -  le nombre  -  le point et le centre   -  la ternarité des formes primordiales ou la vision des éléments de création  -  le cercle  -  le carré  -  le triangle  -  la sphère  -  la pierre  - 

La métamorphose du carré :  Le carré et sa puissance de création  -  la pierre cubique à pointe  -  dynamique de création et le site de la pyramide de Saqqarah  -   dynamique de création  -  la pierre cubique à pointe et le site du plateau de Guizeh avec ses pyramides  -  le carré dans la cathédrale de Chartres  -  une clef de voûte   -  la croix celte  -  

 

La quadrature du cercle est un symbole de l’œuvre alchimique, en ce sens qu’elle décompose l’unité originelle pour la réduire aux quatre éléments, qu’elle recombine ensuite en une unité supérieure. L’unité est représentée par un cercle et les quatre éléments par un carré. Cette transformation se vérifie lors de l’Initiation : le vieil homme profane disparaît, et il se recompose en un Homme Nouveau, en une Unité provenant de la synthèse des quatre éléments que sont la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu.

Les trois plans de la conscience sont indiqués, dans les églises romanes ou gothiques, par des points d'énergie tellurique qui dessinent un schéma toujours identique. Très souvent, l'abside, elle-même, détermine le cercle de base, le plan cosmique. La construction d'une église romane commençait par l'abside et la croisée de transept. Dérivé de ce cercle de base, le carré de l'esprit, quadrature du cercle, de même surface que lui. Un rectangle d'or, encore de même surface que les plans précédents, complétait la série : c’est l’unité de la trinité. Plus tard, les cathédrales gothiques, bien différentes, utiliseront néanmoins le symbolisme de la quadrature du cercle : on y entre par le narthex, qui est un carré, puis on chemine dans la nef qui est un carré long, pour arriver dans le chœur, qui est circulaire. C’est ce chemin que voulaient nous faire parcourir les compagnons, de la terre au ciel en passant par le carré long. Ces compagnons pratiquaient le symbolisme de la Science sacrée, en même temps que les symboles leur permettaient de mémoriser leurs procédés géométriques. Ils ont élaboré une symbolique de la relation de la Terre au Ciel, et ont transmis à leurs apprentis non seulement une formation technique et des outils pour travailler, mais une Connaissance et des outils pour vivre.

Certains se demandent si l’homme de Vitruve n’est pas une voie pour résoudre la quadrature du cercle. Le cercle et le carré ont une valeur symbolique qui va au-delà de l’aspect mathématique. Inscrire l’Homme dans un carré c’est mettre en évidence son origine terrienne, son aspect matériel et physique. L’inscrire dans un cercle, c’est rappeler sa nature cosmologique et spirituelle qui le situe au centre de l’Univers. Léonard de Vinci a peut-être voulu nous rappeler ces deux aspects de l’Homme.

La quadrature du cercle est tout autant un problème géométrique qu'un exercice spirituel symbolisant le passage du terrestre (le carré) au céleste (le cercle), de l'imparfait au parfait ; au Moyen Âge, on voit dans la quadrature du cercle un savoir secret qui donnerait accès au divin. Le centre du cercle, c'est l'Un, l'origine, le principe, Dieu. Du centre rayonne l'énergie de l'esprit divin ; le cercle est donc le monde céleste, l'éternité, la transcendance. Le carré, c'est l'univers créé, la stabilité terrestre, l'équilibre obtenu par la composition des quatre éléments. Remonter du carré au cercle, c'est non seulement associer le visible et l'invisible, mais c'est opérer le passage du sensible vers la transcendance divine, c'est rejoindre Dieu. Il s’agit là d’une Connaissance du cercle et de sa quadrature qui n’a plus rien à voir avec les savoirs géométriques et mathématiques, mais qui est la Connaissance de la relation intime entre les choses du ciel et celles de la terre.

Ainsi, qu’est-ce que la recherche de Dieu si ce n’est l’effort de l’homme pour se mettre en harmonie avec la création ? Qu’est-ce que bâtir un temple ou une cathédrale, si ce n’est inscrire dans l’espace un rapport conforme aux lois du cosmos ? Le temple permettra le dialogue entre Dieu et les hommes, car son orientation, ses dimensions, et tous les éléments qui le composent sont choisis dans les termes d’un langage compréhensible par les Dieux. Ce langage, c’est celui par lesquels les Dieux se sont exprimés, celui de la Création. Au cœur de la Tradition que nous ont léguée nos prédécesseurs opératifs, nous trouvons donc non pas un savoir, mais la Connaissance profonde de nous-même et de notre propre relation avec l’Univers et les Dieux, qui permet de vivre intimement le lien entre l’humain et le divin, ainsi qu’il est gravé sur la Table d’Emeraude : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour réaliser le mystère de l’Unique. » L’Esprit et Matière s'unissent donc pour former l'Unité à part entière : matérialiser l'esprit afin de spiritualiser la matière. Telle est l'admirable définition de la vie, exprimée symboliquement par la quadrature du cercle.

Un livre extraordinaire et merveilleux pour qui veut approfondir cette quadrature, qui finalement rejoint le chemin de l’intériorité, de la transformation et de la Réalisation spirituelle

 

LA  QUADRATURE DU CERCLE

Divers  auteurs

  Arcadia

 2008

Le problème de cette quadrature est la recherche d’un cercle et d’un carré imbriqué l’un dans l’autre et ayant tous deux une même surface. Apparemment sur le plan mathématique le problème est quasiment insoluble, sauf à y trouver des fantaisies ou des équations tirées par les cheveux. Il faut donc changer de paradigme et passer de la réalité mathématique à une méthode symbolique, métaphysique voire au concept de la géométrie sacrée. Deux images illustrent cette quadrature. La première, est un dessin de Villard de Honnecourt où deux personnages jouent aux dés, l’un (apprenti) a un dès carré, l’autre (le Maître) a un dès rond. La deuxième image est celle de Michel Maier, qui en 1600 représente un vieux sage avec un grand compas qui trace un cercle sur un mur carré, à l’intérieur de ce cercle, il y a un triangle dans lequel est inséré un cercle, un carré et deux personnages, masculin et féminin.

 

Ces deux illustrations décrivent parfaitement pour qui sait lire, le passage de l’équerre au compas, du matériel au spirituel,  du monde terrestre au monde céleste. C’est le rapport que peut avoir le Créateur avec sa création. Cela peut représenter aussi un exercice de méditation et de réflexion propice à sa construction intérieure.

 

D’autre part, Léonard de Vinci dans son « homme de Vitruve », évoque une solution s’approchant de cette quadrature en inscrivant l’homme à la fois dans un carré et dans un cercle. L’homme est ainsi placé entre la Terre et le Ciel : le carré ayant pour centre le sexe, organe de la reproduction assurant sa descendance, et le cercle ayant pour centre le nombril, trace corporelle de son ascendance.

 

Le 5° degré : Maître Parfait, déclare : « J’ai vu le cercle et sa quadrature » ou dans d’autres rituels «  j’ai résolu la quadrature du cercle ».

 

Ce cercle correspond au sceau divin. Sa marque est symbole de l’Unité, de l’infinité, de l’éternité et de la perfection divine. Le cercle dont tous les points sont à égale distance du centre, n’a ni commencement ni fin, c’est la forme parfaite, le symbole de l’Absolu et de l’Infini. En traçant ce cercle sur le chaos original, l’Eternel non seulement le marquait de son sceau, mais traçait aussi sa loi, la loi du cercle.

 

La question de la quadrature du cercle représente l’intérêt de l’esprit humain et ses tentatives de rejoindre le Divin, démarche du relatif temporel vers l’absolu intemporel illimité. Vouloir résoudre ce problème complexe, c’est pour l’initié en voie de perfection et de Réalisation personnelle, tenter de retrouver l’Unité Principielle qui parait si lointaine.

 

Le cercle symbolise également le mouvement cyclique sans fin : L’Ouroboros, ce serpent qui se mord la queue de la tradition ésotérique et alchimique et qui exprime la Connaissance Universelle, à laquelle on ne parvient que par une suite successive de cycles, représentant des changements d’état permanents, et qui par un lent et large mouvement de retournement, permettra à l’initié d’atteindre le but qu’il s’est fixé : résoudre la quadrature du cercle.

 

Il y a toujours analogie et correspondance entre le commencement et la fin d’un cycle, mais, à la fin du cycle, le cercle est remplacé par le carré, et ceci indique la réalisation de ce que les hermétistes désignaient symboliquement comme « la quadrature du cercle » : la sphère, qui représente le développement des possibilités par l’expansion du point primordial et central, se transforme en cube lorsque le développement est achevé et que l’équilibre final est atteint par le cycle considéré. Cette quadrature est rendue possible par la relation causale, l’homogénéité à partir de l’énergie vibratoire entre matière et esprit, c’est ce que nous explique le 5° degré avec le cube central.

 

N’oublions pas que tout est basé sur le chiffre 4, et que nous sommes jusqu’à la fin de nos jours terrestres dans le domaine de la matière, que nous ne passons pas du carré au cercle, mais que le cercle est présent dans la matière, à nous de retrouver son centre. C’est exactement comme la Bible : La Bible n’est pas le livre ou la Parole de Dieu, mais la Bible contient la Parole de Dieu, à nous de la trouver.

 

Une des plus belles images pour expliquer cette quadrature du cercle, se trouve dans l’Apocalypse avec la descente de la Jérusalem céleste qui va parfaitement s’emboiter dans la Jérusalem terrestre, symbolisant cette fusion parfaite entre le spirituel et le matériel, entre le monde terrestre et le monde céleste, entre le visible et l’invisible, confirmant l’adage hermétique « Spiritualiser la matière et matérialiser l’esprit »

 

Dans le domaine de l’architecture religieuse orientale, la relation entre le carré et le cercle se pose d’une autre manière. Il s’agit alors de matérialiser l’esprit en faisant descendre le Divin auprès des hommes, tout en spiritualisant la matière par son influence et son énergie divine. Ce qui revient à passer du cercle, symbolisé par le Dôme de l’édifice au carré du Sanctuaire, ou passer de la demi-sphère au cube, c’est l’explication que l’on trouve dans tous les édifices religieux d’Orient et du Moyen Orient (mosquées, églises orthodoxes, coptes et autres).

 

Ces belles images doivent nous conforter dans l’existence d’un Dieu Créateur qui est là pour nous aider et qui ne demande qu’à fusionner avec notre matérialité, afin de donner plus de sens à notre vie actuelle et future

 

L’ARBRE

ROGER       PARISOT

Edition PARDES

 2002

Par sa taille élancée, ses formes puissantes, son port majestueux, l’arbre a toujours séduit les poètes. Ronsard a chanté sa forêt de Gâtine, qu’il voulut dans ses vers protéger de la cognée des bûcherons. Musset a dit son amour du  saule, Lamartine a prêté sa voix aux cèdres du Liban, et célébré le chêne dans son hymne à Jéhovah. Victor Hugo dans ses contemplations, a montré le profond respect qu’il éprouvait pour les arbres, au milieu desquels, disait-il : «  Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime »

 

On peut dire que l’arbre, qu’il soit Chêne ou sapin, Cèdre ou figuier, Frêle ou Bouleau, est un symbole total, un carrefour des significations, un signe fondamental de ce que R. Guénon appelait «  la langue sacrée » : Il se prête à des interprétations aussi pertinentes que cohérente, dans leur diversité.

 

Mais on ferait un contre sens si l’on croyait que les idées, les croyances, et les conceptions qui sont liés à ce symbole ont une origine empirique, qu’elles sont nées de la contemplation des arbres dans la nature, qu’elles ont été suggérées par les impressions ressenties à ce spectacle et/ ou qu’elles sont le produit psychique d’une  fonction fabulatrice bergsonienne ou d’un onirisme poétique bachelardien.

Ce livre étudie les arbres  et symboles  suivants :

 

Le  monde  comme arbre géant                                                                                                      
L’arbre  renversé et l’arbre  aérien
Le pommier  dans le jardin et des arbres exemplaires
Le Frêne sacré de la mythologie Nordique : Yggdrasil
Le Chêne funeste du Kalevala
Le bois, la forêt et quelques essences
Mâts, piliers, poteaux et colonnes
L’arbre et son fruit, la vigne et le vin
Les deux arbres du Paradis,
L’arbre du « milieu » et le point de vue de René Guénon
L’arbre des Sephirot, donneur de vie, l’arbre sec et l’arbre vert
L’arbre aux oiseaux d’Ibn Arabî,  Palmes et rameaux
L’arbre de la Bodhi et l’arbre de Mai
Le Christ comme arbre de Vie, l’arbre de Jesse et ses généalogies
Marie et les vierges noires,
L’Alchimie et l’arbre héraldique, florilège de l’arbre

 

L’ARBRE ET SON  SYMBOLISME

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2002

Avec l’arbre, archétype symbolique plein de mystère, nous nous trouvons devant des horizons infinis. L’arbre est une réalité prodigieuse, et les hommes l’ont toujours pressenti.

 

Aussi loin qu’on remonte dans la nuit des temps, on trouve l’admiration de l’arbre, la vénération de l’arbre et même le culte de l’arbre, non pas un culte à l’arbre lui-même, mais à la force divine qui l’habite. Il représente une révélation, un univers de régénération permanente, en poussant, en verdissant, en fleurissant, en fructifiant, en se dépouillant et en renaissant à chaque printemps, il incarne la vie inépuisable.

 

On retrouve dans les diverses mythologies l’idée de l’arbre central, reliant le Ciel et la Terre, arbre cosmique et pilier central du Monde. Georges Chopiney célèbre l’arbre et ses bienfaits en nous dévoilant toutes ses qualités.

 

Le concept de L'Arbre de Vie a été utilisé dans différents domaines tels que la religion, la science, la mythologie, la philosophie, etc. La signification associée à la notion d'Arbre de Vie diffère selon les contextes. Dans différentes mythologies, théologies et philosophies à travers le monde, elle est utilisée comme un motif. Le concept d'Arbre de Vie est également utilisé en référence à l'évolution. Ce phénomène est aussi utilisé métaphoriquement dans l'explication de la notion d'origine commune. La signification de l'Arbre de Vie est présentée de différentes façons en citant différentes sources de savoirs. Selon l'Encyclopedia Britannica, arbre de vie et l'arbre de la connaissance sont deux formes de l'arbre-monde / arbre-cosmique. L'Arbre de Vie relie les différentes formes de la vie / création, alors que l'Arbre de la Connaissance relie le ciel et le monde souterrain.

Christianisme : L'Arbre de Vie dans le christianisme est un arbre qui porte des fruits qui confèrent l'immortalité. Pour les croyances des chrétiens catholiques, l'humanité qui est exempte de péchés et de corruption est symbolisée par l'Arbre de Vie. La bible Mormone a une vue légèrement différente de l'Arbre de Vie. Selon les Mormons, l'arbre de vie symbolise l'amour. L'arbre est également mentionné dans le «Livre de l'Apocalypse».

 

Il est dit qu'il possède des propriétés curatives, de soins. Darwin a proposé un Arbre de Vie qui, selon lui, est une représentation symbolique de l'origine ancestrale commune de tous les êtres vivants. Le rapport ou lien entre les oiseaux et les dinosaures a été représenté à l'aide de cet arbre. Il est également possible d'établir l'analogie entre le système de classification biologique et le concept de l'arbre de vie. Dans ce système, une espèce donnée peut être retracée grâce à ses racines soit les eucaryotes, les bactéries ou les archées.

 

Mythologie chinoise : Un dragon et le phénix sont inclus dans la représentation de l'Arbre de Vie dans la mythologie chinoise. Le dragon est vénéré pour l'immortalité et le "Fenghuang", une créature semblable au phénix est l'unique deuxième dragon en terme de respects qui sont offerts. Il y a une référence à l'Arbre dans une histoire taoïste où il porte la pèche comme fruit, une fois tous les trois mille ans.

 

Culture égyptienne : L'acacia de «Saosis» est considéré par les Egyptiens comme l'Arbre de Vie. De par le système d'Ennéade (neuf divinités) de la culture égyptienne antique, Isis et Osiris sont considérés comme les deux premiers. Ils sont sortis de l'Arbre de Vie à savoir l'acacia de Saosis.

 

Système de croyance Baha'i : Selon la foi baha'i, la manifestation de Dieu dans la réalité se fait via l'Arbre de Vie. " Baha'u'llah ", fondateur de la foi bahá'í, est considéré comme l'Arbre de Vie. Le «Livre de l'alliance» est également associé à l'Arbre de Vie.

 

Les croyances assyriennes : Dans la civilisation assyrienne, une série de lignes entrecroisées et des nœuds ont été utilisés pour décrire l'Arbre de Vie. La signification de ce symbole est dit être "multivalent" et les prêtres (ou scientifiques) n'ont pas encore conclu ce qui est son exacte interprétation / traduction.

 

Arbre de Vie Symbolisme : Le symbole de l'Arbre de Vie représente différentes qualités et vertus comme la sagesse, la force, la protection, la beauté, la bonté et la rédemption. Il est également considéré comme le symbole de «Créateur». Cet arbre est associé à la création, car elle assure la protection, permet une production abondante de fruits et de ce fait, la régénération. Cette analogie peut également être utilisée pour décrire la vie des humains. Nous, les humains développons des «racines» de nos croyances, " qui s'expriment " par le biais de la sagesse et le « tronc » (esprit et corps) les maintient connecté.

 

Les Celtes de l'Antiquité croyaient que les arbres avaient des pouvoirs et fournissaient plusieurs personnes avec de la nourriture, un abri et la chaleur. Des Forces de vie différentes, y compris les insectes et les animaux ont trouvé refuge dans ces arbres. Ces créatures étaient à leur tour soutenues par l'Arbre de Vie. Le symbole de l'arbre de vie celtique a été préservé pendant des siècles et est représenté de diverses manières aujourd'hui. Les différentes parties de cet arbre sont attribuées à des significations spécifiques. Les Racines de l'Arbre de Vie sont considérées comme le fondement et elles symbolisent l'autre monde. Le Tronc de cet arbre joint branches et racines. Il est donc associé avec le monde des mortels. Les branches se connectent aux mondes différents qui sont présents au-dessus et au-dessous. La raison pour laquelle l'arbre de la vie celtique a été vénéré, c'est que la nature est adorée par ce symbole. Dans la langue gaélique, l'Arbre de Vie est connu comme «crann bethadh».

 

Symbolisme des animaux : Des symboles d'animaux différents ont été incorporés dans les représentations de l'Arbre de Vie dans différentes cultures. Un dragon et le phénix sont représentés dans les oeuvres d'art avec l'Arbre de Vie. Le dragon symbolise l'immortalité, il est présenté à la base de l'arbre tandis que le Phoenix est en haut. Les arbres du monde de la Méso-Amérique ont aussi des instances de représentations animales. Les Oiseaux résident dans les branches de ces arbres. La Représentation du monde souterrain sous la forme d'eau-monstre (ou divinité de l'eau)  à l'aide de racines se retrouve en eux. Le sens de l'arbre de vie tel qu'il est perçu dans les différentes religions, les systèmes de croyances et de cultures résonne avec un message simple et fort d'unité. Ce symbole indique que toutes les formes de vie sont reliées par une énergie cosmique et que nous, les humains, devons vivre en harmonie avec le reste des êtres vivants.

 

Julien Behaeghel nous parle de l’arbre au trésor et le gardien – en général un serpent ou un dragon- qui le défend comme dans les légendes et mythes. Pour lui l’arbre est par excellence même l’expression de la vie, de la sagesse et de la réalisation de l’Un et du Multiple. Il nous parle également de l’arbre des Séphiroth, expression cabaliste de la pénétration/pérégrination de l’Esprit dans la Matière, et pénétration de l’éclair divin dans le crée. 

Jean Servier explique l’arbre dans l’Egypte pharaonique où le texte des pyramides affirme : Si tu es Atoum, tu es un arbre vert. Ré, Horus et d’autres divinités naissent des arbres, qui signalent et protègent la tombe d’Osiris.

G.C. Laugier nous parle des chênes en général et tout particulièrement de celui de St Louis, celui de Guernica, celui de Dom Rémy, les chênes de la forêt de Gastine chanté par Ronsard, les chênes des druides celtes et son célèbre gui, la légende de Philémon transformé en chêne, et pour les alchimistes le feu secret, celui qui ne mouille pas les mains, se trouvait dans un tonneau de chêne, sans oublier le chêne qui servit d’asile à Castor et Pollux, et celui qui servit de porte- manteau à la Toison d’Or.

L’alchimie nous parle de ses arbres, qu’ils soient philosophiques, Opus Magnum, mercuriel. Les ménestrels gallois et les poètes irlandais nous font participer à leurs gestes du combat des arbres dans leur livre mythique « Le livre rouge d’Hergest ». On participe aux rites forestiers avec le rituel de l’Ordre des fendeurs, rituel compagnonnique où, sur une souche placée à l’Orient et faisant office d’autel, était placée une Bible, et à l’occasion d’une initiation on remettait à l’impétrant une hache, destiné à fendre une bûche.

Le Père J.M. Martin explique l’arbre et la ville et fait un rapprochement entre l’Apocalypse, la descente de la Jérusalem Céleste et l’arbre-totem au centre de la ville.

Suzanne Braun, docteur en histoire d’art, développe le symbole de l’arbre dans l’iconographie chrétienne et explique le pourquoi des arbres dans tous les tableaux religieux chrétiens et pourquoi l’arbre de Vie et l’arbre de la Connaissance sont deux symboles antinomiques.

 Enfin par l’association maçonnique : Symboles et Traditions, une importante et remarquable étude très complète parue en 1990, sur la symbolique traditionnelle, ésotérique, mythique, alchimique, maçonnique et spirituelle de l’arbre.

 

la rÉgle des francs-maçons de la pierre franche  -     N°  4   -

Olivier doignon

Edition MAISON DE VIE

 2002

Les bâtisseurs de toutes époques, dont les Franc-maçons de la pierre franche sont les héritiers, considèrent que les forces créatrices à l’œuvre dans l’univers se conforment à la Règle. Règle d’assemblage, Règle de construction, elle assure la cohérence des mondes au sein de l’univers.


La connaître, la servir, pratiquer l’Art Royal en unissant le monde céleste et le monde terrestre, mettre l’éternité au présent et l’incarner dans l’accomplissement de l’œuvre, tels sont les enjeux proposés aujourd’hui par les Franc-maçons de la pierre franche.


Ce livre, rempli de références historiques, présente une approche méthodique de la Règle, et tente de nous faire percevoir sa vitalité. Cette quête de la Règle ne répond-elle pas pleinement à la question de la finalité de l’espèce humaine ?


On y trouve :

Règle et régularité, l’Égypte, Qumram, St Augustin, St Benoît, maître Eckhart, les landmarks, les anciens devoirs, les trois grandes lumières et l’Art Royal.

 

LA  ROSE,  MAÇONNIQUE, SYMBOLIQUE, ÉSOTÉRIQUE ET HERMÉTIQUE

Divers Auteurs

ARCADIA

 2008

La rose, symbole de la connaissance et de l’Amour, fleur multiple, éclatante et parfumée, est honorée par le compagnonnage comme un symbole de l’initiation.

La rose blanche symbolise le silence, la candeur; le bouton de rose est souvent l’image d’une jeune fille. Atys, dieu de la végétation, associé à l’équinoxe et à Pâques, en voulant cueillir une rose blanche, laisse une goutte de son sang vermeil sur les pétales, et il crée ainsi les roses rouges.

 

Symbole de la perfection achevée, elle est beauté parfaite, beauté de la Mère divine chez les chrétiens, de la déesse Mère chez les Celtes.

 

Dans l’iconographie chrétienne, elle est, soit le Graal qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit la rosée céleste de la Rédemption.

 

Placée au centre de la croix, emplacement du cœur du Christ, elle est le symbole de l’épanouissement de l’âme qui triomphe des épreuves terrestres, et dans cette tradition, la Vierge est la Rose mystique, elle est aussi un symbole d’amour, du don de soi et de l’amour pur.

 

Les roses celtiques ne sont pas dépourvues d’épines, »le chemin initiatique et spirituel est bordé d’épines », le symbolisme du Roman de la Rose en fait le mystérieux tabernacle du jardin d’amour de la chevalerie.

En Alchimie, la Rose noire signifie l’œuvre au noir, la calcination, la mort symbolique du Vieil homme, l’égo. La rose blanche est le but du petit œuvre, l’élixir de Jouvence. La rose rouge est le but du Grand Œuvre, la purification, la Pierre philosophale qui amène la transmutation, la régénération ou nouvelle naissance, le Phénix renait de ses cendres. 

 

Les trois roses réunies sur le même rosier, donnent l’image du « régénéré », du « Réalisé » ; comme sur le rosier, la rosée est le symbole de la régénération, de la connaissance divine et des influences célestes.

 

Pour Saint Exupery, « l’importance de la rose qui rayonne » fait l’admiration du Petit Prince. Les rosaces des cathédrales, ces énormes vides qui ont souvent de 8 à 14m de diamètre, sont des prouesses techniques mais aussi un message entre la terre et le ciel, une manifestation entre le rythme du temps et l’alchimie spirituelle, le signe de la Rédemption ; leurs vitraux filtrent et orientent la lumière qui pénètre la construction, au centre de la rosace ou rose, le soleil comme œil de notre conscience, contient souvent le sceau de Salomon, emblème des constructeurs de cathédrales, elle est toujours placée sous la marque du nombre sept, on y trouve également assez souvent le Christ qui apporte la lumière dans les ténèbres de la fin du jour, symbole d’un soleil hermétique autour duquel évolue toute la création.

 

Gil Alonso-Mier, dans son livre « La Rose mystique des Fidèles d’Amour » nous offre un florilège de la rose. « Ô Rose, ô ma reine, sublime promesse divine, réminiscence nostalgique du Paradesha ou jardin d’Eden perdu qu’il nous faudra un jour regagner. Rose-Graal, pure et immortelle jaillissant des eaux primordiales, éternellement chantée par les Aèdes, Bardes, troubadours et autres fidèles d’Amour ou portée sur le cœur des vrais chevaliers ou des rachetés de l’Eternel. Rose des sables, Rose aux vents de l’histoire. Rosa Gallica, Rose de Jéricho, Rose de Shiraz, d’Ispahan ou de Tabriz, Rose de Damas ou de Provins, Rose du Cantique des Cantiques, Rose d’Orient ou d’Occident, Rosa Candida, Rose secrète, Rosa Sancta, Rosa Mystica, Rose au parfum suave, délicat, subtil, nard de Chloris, Vénus-Aphrodite, Athéna, baume de Myriam de Magdala, fragrance de Marie qui déploie sa magnifique robe de velours blanche ou pourpre, couleur du Grand Œuvre, splendide corolle de cercles concentriques comme un tracé initiatique, singulier voyage elliptique qui ne peut que conduire au cœur même du Divin Maître.

 

Rose héraldique, Rose comme un mandala à méditer ou comme une énigme à déchiffrer, hiéroglyphes de nos multiples naissances, vies et morts passées, présentes ou futures, Rose de notre Rédemption. Rose Vierge à la beauté immaculée, Rose Rosace de la cathédrale de l’Être, Saint des Saints de la Présence Divine et Ineffable, gardée par de saintes épines qui crucifient la chair du vieil homme en nous dans l’enclos sacré et hermétique. Rose, fleur de l’âme qui nait, s’ouvre, s’épanouit sur la tige de notre moi, qui fleurit sur la croix du Mysterium Magnum, sang du Christ transfiguré en lumière de Gloire, Rose ô sublime quinte-essence, Rose de Saron, cœur du jardinier divin, Rose sainte relique pour éternellement célébrer les noces mystiques de l’Ami et de l’Aimée, chanter l’Amour des Amants immortels, des Ames-Sœurs et participer à la splendide communion de tous les Fidèles d’Amour.

 

J. Behaeghel nous invite à réfléchir sur le degré de Rose+Croix, cette association de la croix et de la rose à 5 pétales évoque le nombre 9 (4+5). Ce 5 symbolisé par l’étoile, devient ainsi la Rose de l’amour, figurant le Christ et son sacrifice, le Christ dont la mort rédemptrice est tout entière contenu dans la croix. Le symbole de Rose+Croix correspond donc à la quintessence alchimique, au passage de la matière (quatre) à la lumière (cinq).

 

Le Rabin Adin Steinsaltz dans son livre « La Rose aux 13 pétales » explique Israël, la Kabbale et les textes sacrés  en citant la Rose ; « Comme la rose au milieu des ronces, telle est mon aimée parmi les jeunes filles » (Cantique 2 :12). Qu’est-ce que la Rose ? C’est la communauté d’Israël. Telle la Rose parmi les ronces qui loge le rouge et le blanc, la communauté d’Israël comporte ensemble Rigueur et Tendresse. Telle la Rose couronnée de ses treize pétales, la communauté d’Israël comporte les treize mesures de tendresse qui la bordent de toutes parts (Le Zohar)

 

Serge Hutin nous fait part de ses réflexions sur la rose, symbole de vie et d’amour. Après nous avoir parlé des couleurs alchimiques de la rose, il nous entraine dans le Val de Loire, à Ste Cosme, chez Ronsard ce grand amateur de roses, qui a su les magnifiées dans ses poèmes « Mignonne, allons voir si la rose qui ce matin……..puisqu’une telle fleur ne dure que du matin jusqu’au soir !........cueillez, cueillez votre jeunesse, comme à cette fleur, la vieillesse fera ternir votre beauté.

 

Oscar Wilde nous a laissé un superbe conte poétique : « Le rossignol et la Rose ». Un étudiant se lamente du fait que sa fiancée veut des roses rouges alors qu’il n’y a autour de lui que des roses blanches. Un rossignol ayant entendu ce cri d’amour, va durant toute la nuit se saigner avec une rose blanche afin de lui donner la couleur rouge. Au petit matin, la rose blanche sera rouge mais le rossignol va mourir. On fera le rapprochement avec le Pélican du degré de Rose+Croix qui s’ouvre le ventre pour nourrir ses petits.

 

Bernard Moilay nous emmène chez Umberto Eco avec son film « Le nom de la Rose » qui aurait donné ce nom à son film car expliquant que la Rose ayant tellement de signification  finit par n’en avoir plus aucune, mais avoue qu’il adore la Rose et les roses. L’auteur nous entraine sur les pas des origines historiques et mythiques de la rose avec des arrêts dans les textes d’Apulée (les métamorphoses) et nous parle des diverses roses symboliques, ésotériques et alchimiques.

 

Roland Edighoffer nous parle du mouvement de la Rose+Croix, et détaille ce pèlerinage de 7 jours au cours duquel Christian Rosencreutz va se transmuter. L’auteur revient sur la monade hiéroglyphique de John Dee, précurseur et peut être inspirateur du mouvement Rose+Croix. Il termine en dissertant sur la fontaine mercurielle, le mot V.I.T.R.I.O.L.  La tour d’Olympe, le Corpus Hermeticum et la métamorphose d’Hermès.

 

la sagesse – la force du consentement

Alain LE NINEZE

Edition AUTREMENT

 2000

La sagesse, idéal ancien de mesure, de paix intérieure, de connaissance et de maîtrise de soi, a été l’objet d’une longue éclipse. Eclipse, oubli, discrédit ? La philosophie, contrairement à son idéal originel, l’a reléguée au rang de la pensée vulgaire, de la platitude du lieu commun, en oubliant qu’elle fut durant des millénaires la base des sociétés.

 

Depuis deux siècles, le mouvement des idées n’a guère été porteur, du romantisme au surréaliste, de la négation nietzschéenne à l’utopie marxienne, les valeurs dominantes sont celles de la passion, de l’excès, de la révolte, du rêve prométhéen, ainsi aujourd’hui, on est bien loin de l’idée grecque de mesure.

 

Aujourd’hui, nombreux sont les signes d’un renouveau d’intérêt, probablement nourri des grandes désillusions de cette fin de millénaire ; la transcendance ne séduit plus, le questionnement métaphysique a perdu de son sel et l’on assiste au grand retour de la morale. Une morale qui, à l’opposé de toute prétention à l’Universel, prend la forme, plus modeste, d’une sorte d’éthique pragmatique : comment, dans un monde plein de bruits et de fureur, reconquérir une forme d’harmonie avec soi-même et avec l’Univers ? Toutes ces questions qui revoient à une nouvelle interrogation sur la sagesse.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

1e partie : Penser, dire la sagesse :

Les vertus cardinales  -  savoir et connaitre  -  le bonheur du sage  -  la tranquillité de l’âme  -  dire oui au monde  -  le sage est un homme libre  -  les ressources du moi  -  vivre de façon accordée  -  morale, éthique et sagesse  -

Catherine Chalier : Qu’est-ce que la sagesse juive ? 

Marika Doux : Pour une sagesse chrétienne

Exercices de la sagesse : le commencement de la sagesse  -  s’éprouver  -  s’examiner  -  maîtriser la durée  -  sortir de soi  -  méditations et contemplations  -  sagesse des sens  - 

Daniel Sibony : Sagesse, éthique et psychanalyse

Paroles de la Sagesse : Verba volant  -  inquiéter, éveiller, suggérer et conforter  -

 

2e partie : Figures du Sage :

L’exemplarité de vie  -  Humanité du sage  -  origines, solitudes, errances  -  la lise à mort du sage  -  effacements  -  emblématique de la sagesse  -  le manteau du philosophe  -  l’homme aux semelles de vent  -  le bâton d’Œdipe  -  le sage et la prophétesse  -  sagesse des femmes   -   entretien avec Sylviane Agacinski  -

 

3e partie : La sagesse et l’action :

 La sagesse face à l’action  -  malaise dans l’éthique  -  l’action refusée, détournée, distanciée et ironique  -  l’agir sans espoir  -  l’Orient et l’Occident face à l’action  - 

Entretien avec Daniel Beresniak : La Franc-maçonnerie entre la sagesse et l’action  -   les nouveaux défis  -  perspectives actuelles  -  les avatars du besoin de croire  -  la sagesse travestie  -  travail sur soi ou régression ?  -  l’effondrement du cosmos  -  la tentation du repli  -  éthique et esthétique  - 

Claude Ber : Poésie, connaissance et sagesse  -  pour une sagesse tragique  -  les métamorphoses de l’amour  -  la co-responsabilité  -  le sens de l’action  -  la force du consentement  -

 

 

la science des symboles

René alleau

Edition Payot

 1996

Les premières tentatives  de classification cohérente, de comparaison systématique et d’interprétation des symboles, remontent au 16e siècle, depuis une cinquantaine d’années, l’évolution des sciences humaines a permis d’étudier signes, symboles et mythes dans leur rapports avec les méthodes et les principes de leurs diverses interprétations.

 

Le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver dans cet ouvrage un dictionnaire des symboles qui l’aiderait à comprendre une langue obscure à partir d’une traduction de ses signes, mais bien plutôt l’exposé des principes, méthodes et structures de la symbolique générale, appelée  science  des symboles.

 

Rien n’est plus proche de cette langue des symboles que la musique : si l’on ignore le solfège et les règles de l’harmonie, de même que si l’on refuse d’apprendre la grammaire d’une langue, le meilleur dictionnaire du monde ne permet pas de l’entendre réellement, et encore moins de la parler.

 

Pénétrer dans le monde des symboles, c’est essayer de percevoir des vibrations harmoniques, de « deviner une musique de l’univers » ; il y a une oreille symbolique comme il y a une oreille musicale, oreille dépendant en partie du degré d’évolution culturelle des individus.

 

L’oreille symbolique de l’aborigène australien, par exemple, est incomparablement plus développée que celle de l’occidental

L’homme est un « animal symbolisant » parce que le caractère même de la fonction symbolique interdit de se satisfaire d’un sens propre des êtres et des choses, et permet de leur ajouter ‘le surcroit d’autres sens qui les transfigurent ». Ainsi la parole toujours voilée du symbole nous garde-t-elle de la pire erreur : celle de la découverte d’un sens définitif et ultime des choses et des êtres.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La problématique du symbole : Origine et sémantique du mot symbole  -  signe et symbole  -

 

L’analogie : Les origines expérimentales du processus analogique  -  la logique de l’analogie  -

 

Le synthème : La fonction synthématique du symbole  -

 

L’allégorie : La fonction allégorique du symbole  -  l’apologue, la fable et la parabole   -  la devise et l’emblème  -  allégorie et iconologie  -

 

Le type : la fonction typologique du symbolisme  -   la divination et l’interprétation symbolique du cosmos   -  le mythe et le rite  -  la philosophie bourgeoise du symbole   -

 

Les recherches contemporaines dans le domaine de l’étude interdisciplinaire du symbolisme   -

 

 

René Alleau, philosophe et historien des sciences, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’alchimie, les sociétés secrètes et les symboles.

 

LA SYMBOLIQUE ANIMALE DANS LES ÉGLISES ROMANES

Joseph Caccamo

Edition Cosmogone

 2020

Joseph Caccamo, spécialiste universitaire, est connu pour ses travaux sur l’art roman. Avec cet ouvrage, très bien illustré en couleur, il nous permet de décrypter les livres de pierre des églises romanes et de saisir les héritages et les influences qui les caractérisent. La représentation animale dans l'art médiéval est riche par la diversité des formes artistiques et des animaux représentés, qu'ils soient réels ou imaginaires. Ces représentations médiévales sont grandement influencées par le christianisme : elles sont décoratives, mais surtout symboliques. Les animaux désignent la Création, le Bien et le Mal, Dieu ou le Diable. Ils s'épanouissent dans les églises, sur les vitraux, les bas-reliefs ou les pavages, seuls media d'apprentissage pour l’illettré qui compose la majorité de la société médiévale[1]. Ainsi, on retrouve les animaux sculptés sur les chapiteaux des églises ou les plaques d'ivoires, peints dans les enluminures des manuscrits ou dans des fresques des églises, ainsi que dans des œuvres d'orfèvrerie, les sceaux , les tapisseries et les vitraux. L'interprétation des animaux est complexe. En effet, il arrive qu'ils soient difficiles à identifier ou qu'un même animal ait plusieurs symboliques, parfois même opposées, comme le lion symbole du Christ mais aussi de l'Antéchrist.

L’art roman est riche de ses représentations, humaines ou animales, réelles ou imaginaires puisant en de multiples sources culturelles. Joseph Caccamo note que de nombreux courants « parallèles » au christianisme officiel persistèrent jusqu’au Moyen Âge à travers des traditions populaires, des confréries, des écoles initiatiques notamment. L’église romane, véhicule de ses influences, apparaît bien souvent comme « un lieu initiatique » avec lequel nous avons perdu le rapport. Son syncrétisme est aussi son originalité et la source de sa puissance symbolique. Parmi les influences les plus marquantes, nous trouvons l’influence celte mais aussi égyptienne, grecque et latine.

« Le symbolisme animal pour représenter les humains, nous dit-il, n’a pas été inventé par les imagiers romans. Les fabulistes grecs et latins, Esope, Phèdre, utilisent déjà ce moyen pour représenter vertus et vices humains. Et nous avons vu que c’était déjà un thème utilisé par les Egyptiens. » L’orientation des églises romanes reprend celle des temples antiques et le parcours initiatique va du nord au sud, passant par l’orient. Or, c’est bien au nord, froid et sombre, que les églises romanes concentrent les représentations animales symboliques des forces que nous devons affronter et maîtriser. En présentant les représentations de l’enfer, des châtiments, des diables et des démons, Joseph Caccamo nous rappelle le sens premier du diable, le séparateur qui permet la création, la dualité et invite au retournement. Les représentations du diable sont multiples, il peut prendre toutes les formes, notamment animales. Il fait signe avec insistance dans l’art roman y compris sous ses formes hybrides, particulièrement intéressantes 

« Ces hybridations, précise l’auteur, nous permettent de noter le degré d’animalité de l’homme ou inversement le degré d’évolution de l’animal. C’était, là encore, un moyen pour nous signifier cet éternel message, que nous verrons partout dans l’iconographie, que non seulement le diable mais aussi l’animal font partie de nous-mêmes, que ce ne sont pas des êtres tout à fait extérieurs à nous. » Joseph Caccamo détaille longuement les représentations et les fonctions des vices, des animaux fabuleux, des animaux domestiques et des animaux sauvages, puisant dans les traditions, chrétiennes et non chrétiennes, les sens possibles. Le griffon par exemple a pu évoquer aussi bien le diable que le Christ. Le bestiaire roman se déploie sous nos yeux en ses ramifications innombrables, miroir des voyages de l’homme en lui-même comme de ses projections.

Cible des diatribes hargneuses de Bernard, l'abbé Suger, son exact contemporain, fit graver sur les portes de bronze de Saint-Denis: "N'admire ni l'or ni la dépense, mais le travail de l'oeuvre (...) L'esprit engourdi s'élève vers le vrai à travers les choses matérielles". Le philosophe peut passer mille heures à peaufiner un ouvrage, ou pire, à simplement tenter de comprendre un texte... il fera toujours figure de paresseux face aux maîtres verriers, sculpteurs ou peintres qui affrontent la réalité matérielle pour lui donner, malgré son altérité, des formes dans lesquelles notre esprit se reconnaîtra. L'abbé Suger n'est pas un naïf qui veut faire peur au peuple avec des diables et éblouir les moines avec ses vitraux. Il sait que le travail est une valeur. "L'oisiveté est ennemie de l'âme. C'est pourquoi, à certaines heures, les frères doivent s'occuper au travail des mains, et à certaines autres à la lecture des choses divines" (Règle de saint Benoît, chapitre 48). Or les grandes images romanes, images de pierre des sculptures, images de couleur des fresques, peintures et enluminures, images de lumière des vitraux, sont les résultats de durs travaux accomplis dans l'éclairage de "la lecture des choses divines"... Nous devons en être certains, même si, regardant hippogriffes et sirènes avec quelque perplexité nous avons oublié qu'ils étaient, pour l'homme roman, les habitants d'un même monde.

A l'époque romane, ce souci de bâtir et d'embellir l'espace sacré n'est que rarement le fait d'une orgueilleuse ambition. L'esprit bénédictin façonne la chrétienté, et l'art se développe dans un esprit d'humilité et de charité. A côté des plus grandioses réalisations – dont Cluny nous donnerait une idée si plusieurs générations d'imbéciles plus ou moins haineux n'en avaient pas fait leur victime entre 1750 et 1823 – fleurissent prieurés et églises paroissiales. Nous sommes bouleversés par Saint-Gilles du Gard, par San Isidro de Leon, par les portails des stavkirker de Norvège, mais que cela ne nous fasse pas perdre de vue que des talents rustiques, modestes, parfois malhabiles, pouvaient s'exprimer sans s'exposer au mépris et à la risée d'esthètes s'autoproclamant maîtres absolus du goût.

« Si l’église romane donne des « réponses » aux angoisses de l’homme du Moyen Âge, elle le questionne en même temps pour qu’il aille au-delà de ces « réponses ». C’est ainsi qu’elle s’adresse à l’illettré et au simple d’esprit mais aussi au savant théologien et au philosophe qui cherche la vérité. » Ce livre, si nous nous l’approprions au-delà de sa dimension artistique, devient un manuel de voyage initiatique simultanément dans l’église romane et en nous-mêmes.

 

la symbolique de la lettre g

Édouard de ribaucourt

Edition  ARQA

 2005

"L’étoile flamboyante" était jadis l’image du fils du soleil, auteur des saisons et symbole du mouvement, de cet Horus, fils d’Isis, de cette matière première, source intarissable de vie, cette étincelle du feu incréé, semence universelle de tous les êtres. Au milieu de l’étoile paraît la lettre G. »


S’il est un symbole d’excellence, incontournable de l’initiation maçonnique et bien au-delà, de la Tradition polaire tout entière, c’est bien de la lettre G qu’il s’agit…


Édouard de Ribaucourt – Une des personnalités les plus en vue de son époque dans le milieu Traditionnel, haut grade du GODF puis fondateur de la GLIR ancêtre de la GNLF, Édouard de Ribaucourt à travers une analyse des différentes langues, grecque, hébraïque, phénicienne, ainsi que de la symbolique des nombres 3, 5, 7 nous invite à le suivre dans son étude de 1907.


La lettre G, que les historiens de l’Art Royal voient apparaître au centre de l’étoile flamboyante à partir de 1737 va, dès cette époque de Lumières, en tant qu’élément archétypal du temple à rebâtir devenir par excellence, l’icône de la pensée symbolique, langage muet s’il en fut pour mieux marquer les consciences concernées par cette conception spiritualiste de la Tradition Primordiale.

 

Celle-ci, lorsque maçonnique, a ses arcanes, ses grades, ses degrés. Sa vérité est d’initier en essence le profane, le cherchant. Subtilement. Comme une inhibition volontaire et sacrée dont le seul but est la vénération des mystères dans l’athanor véritable de la Loge.

 

Et l’Initiation authentique n’est-elle pas, assurément, comme le suggère Mircea Eliade « le phénomène spirituel le plus significatif de l’histoire de l’humanité » ?

 

la symbolique de la mort ou hermÉneutique de la rÉsurrection

J. trescases

Edition TREDANIEL

 1993

De Babylone à Eleusis, de l’Égypte à la Chrétienté, la Symbolique de la Mort et de la Résurrection a engendré et fécondé les plus prestigieuses civilisations. Le message transmis par les diverses expressions de cette symbolique est remarquablement concordant et peut-être explicité par l’analyse systématique d’un rituel préservé et vivant. La symbolique de la mort et de la résurrection, choquante pour l’intellect, mais réconfortante dans son intime compréhension, ne promet aucunement le prolongement indéfini de la vie de l’individu, ce qui serait d’ailleurs de peu d’intérêt ; mais elle invite l’adepte, ou le fidèle à s’éveiller immédiatement, – ici et maintenant, – à la vie véritable, saisie dans sa globalité, son unité et son identité.


Après « l’Étoile Flamboyante, ou la recherche d’une parole perdue », Jacques Trescases poursuit, dans une interprétation fidèle à la Tradition, mais dans un langage actualisé à la lumière de la psychologie de la motivation, l’élucidation méthodique des rites et des mystères, tels qu’ils nous ont été transmis depuis la Haute Antiquité, et tels qu’ils sont encore pratiqués de nos jours dans la franc-maçonnerie.

La compréhension de la symbolique de la mort et de la résurrection permet à l’initié de se réaliser dans la voie qu’il s’est choisie et au banalisé de devenir l’homme véritable, ou homme de vérité, – réintégré dans la chaîne de vie, porteur de lumière et facteur de paix, de joie et d’amour.

 

Selon Jean Chiarri : Approcher sereinement de notre fin, ne peut se faire qu'après avoir dépassé tous les éléments mortifères que produit notre univers mental, ce dépassement, lui-même, est en général acquis par un travail profond et permanent sur soi-même et en relation constante avec le Religieux, dans le sens de relié au monde invisible de l'Etre.

Ce que nous allons dire ne peut être reçu et accepté que par des hommes ou des femmes ayants engagés une véritable quête spirituelle, c.à.d. Un vécu intérieur et non une activité d'ordre mental intellectuel. Ce travail consiste à résorber notre nature duelle homme/Etre, en rétablissant par la vie et dans la vie le Royaume de cet Être, cette nature, qui est l'image du Principe en nous, cela de toute éternité, et dans toutes les composantes humaines sans aucunes exceptions.

 

De plus aborder la mort, n'est véritablement efficace qu'à partir du moment où nous avons quitté toutes les activités humaines classiques, ceci s'applique évidemment à notre seul monde moderne, qui exclue de ses structures toutes idées de mort, il n'est que de constater la disparition complète et totale de toute la symbolique mortuaire qui accompagnait les défunts il y a seulement une cinquantaine d'années.

Une vieillesse bien comprise doit être prise dans son sens religieux  de séparation et de détachement, le mot détachement est ici fondateur, il implique le détachement du corps, non pas dans une négation de ce corps, mais dans le fait qu'il n'est considéré que comme un véhicule dans lequel est enchâssé le vivant éternel.

 

L'âme en tant que principe animateur individuel, doit s'éteindre et laisser la place au principe de vie universel qui anime la Vie, dans cette réalisation, la conscience de l'Ame fait accepter la fin corporelle, quel que soit la déchéance du corps. Cette Ame/conscience perdure jusqu'au dernier instant, non seulement du souffle, mais de tout le processus neuronal, seule la dissolution est le signe du départ de cette Ame/conscience.

Le principe Ame/Conscience est le formateur créateur du corps et de l'âme, la formation est constituée par la mise en place de molécules, puis de cellules, qui toutes sont programmées pour une fonction ordonnatrice particulière des éléments constitutifs de notre corps.

 

Comment pouvons-nous envisager une harmonie universelle, cela ne peut être conçu mentalement que comme une totalité qui est en correspondance permanente avec l'ensemble des éléments qui la constitue, il y a donc simultanéité, synchronicité, superposition. le tout se faisant dans un enchevêtrement inaccessible à la dimension mentale. Cette vision présuppose, une intelligence organisatrice, ce que nos anciens nommaient : « l'Intellect Agent », qui n'est qu'une hypostase d'une puissance absolue. Pour l'homme en quête de la Lumière, la vieillesse est une période de réalisation, qui s'appuie sur l'expérience de toute une vie ; à la question sommes-nous vieux, la réponse dépend du résultat de cette quête du vivant dans le vivant. L'homme de la dimension intérieure connaît la réponse, la vieillesse n'est qu'un état particulier de la réalisation spirituelle, et les voies spirituelles sont par définition reliées à un hors temps/espace/matière.

 

Les divers états de la vie concourent tous à un accomplissement que nous nommons la Libération. Les traditions initiatiques est en particulier la F.M commence par une Illumination, ou naissance dans ce qui est définie  comme le Royaume de l'Etre ou intériorité, et ces initiations finissent de la même manière, par la restauration du corps de Lumière, les initiations considèrent que notre incarnation, n'est qu'une transition entre deux moments de Lumière, qui commencent par Eros et se terminent par Thanatos, la création est par définition une expérience lumineuse. L'incarnation est un processus totalement conditionné pour répondre à la vie, dans ce conditionnement, il est important de comprendre l'étape de la vieillesse, nous savons que nous sommes constitué d'un corps physique  et d'un corps mental, ces deux corps sont totalement intriqués, le corporel envoie une multitude d'informations au second, qui les transmet à notre conscience, cette conscience, qui siège au centre du mental, mais n'est pas du mental.

 

La fragilisation corporelle est donc transmise au corps mental, qui lui-même nous conditionne à faire ou ne pas faire, la conscience va appréhender en fonction de son évolution,  le type d'action à accomplir. La mission de ces corps est une protection de l'organisme vivant, mais il existe une partie négative, qui est liée au fait qu'ils subissent aussi le phénomène du vieillissement, devant cet état, ils déclenchent les processus négatifs du rejet de la vieillesse et engagent une pensée destructrice et déstabilisatrice de l'ensemble, seule la conscience éclairée par la relation constante avec une transcendance, permet de sortir de cette ultime illusion. Pour l'initié c'est l'Être qui compte, cet Être de Lumière, qui réside dans chaque particule de l'univers, accéder à cette dimension, c'est être dans l'éternelle jeunesse, non pas celle du scientisme technologique, des pilules de jouvence, de la chirurgie esthétique ou des cellules souches du bon docteur Faust. La vieillesse doit donc être le moment le plus exaltant de notre vie, celui du véritable détachement, nous reprendrons l'idée de la transformation de la chenille, la vieillesse est le moment où nous construisons le cocon de notre nouvelle naissance, ou passant au-delà des limites nous recevrons nos ailes d'Ange.

 

C'est dans cette dernière étape que nous devons réaliser la séparation (C.K.H), cette séparation ne peut jamais être de la seule volonté de l'homme, mais le résultat de son alchimie intérieure, qui est-elle même le produit de l'intelligence Divine. Les modifications de cet ordre sont toujours d'une extrême rapidité, pour ne pas dire d'instantanéité, le mot qui résume le mieux ces changements est celui d'effacement, la chose devient un simple souvenir appartenant à un autre monde. (Tchouan Tseu).Dans cet état, les ruptures se succèdes, et ce sont elles qui vont constituer la trame du cocon intérieur, nous entrons dans l'avènement de l'Être à l'intérieur de l'univers manifesté (rétablissement du Royaume) ou encore la vision finale de Dante dans sa Divine Comédie. Dans cette expérience finale, c'est l'intérieur qui va absorber l'extérieur, les valeurs internes étant universelles, elles effaceront l'ensemble du fonctionnement relatif du corps mental, c'est ici le moment du véritable lâcher prise, le passage à la Sanctification.

 

L'ensemble des turpitudes du plan corporel et de ses souffrances, ainsi que les souffrances psychologiques du corps mental sont relativisées, ces dernières sont le véritable enfer de la fin d'une vie ; nous n'avons cessé de lire cette horreur dans les yeux des mourants que nous avons accompagnés, ce que nous avons lu dans ces regards ne peut être défini, mais l'enfer de Dante en est une aimable représentation. Le moment de notre passage à l'Orient éternel, se prépare ici et maintenant, pour l'initié la Psychostasie n'est pas une expérience de l'au-delà, mais un jugement immédiat à l'instant de la séparation. La Psychostasie est la porte de passage par le tunnel de Lumière, cette vision est commune à toutes les traditions et émane de la Tradition, vision de Jérôme Bosch, de Salvador Dali, textes des Bardos ou des livres Egyptiens, portails de nos églises, ou expériences des comas dépassés...

 

Revenons au Bardo Thödol, improprement appelé livre des morts, et qui est dans sa signification traditionnelle signifie : «  libération par reconnaissance de la grande Lumière Primordiale » et mettons ce texte en rapport avec notre rituel de Maître secret, qui commence par l'affirmation de l'ouverture des travaux : «   que la Grande Lumière commence à paraître », nous pouvons alors avoir une lecture très différente de la hiérarchie des hauts grades, lecture qui n'est plus de nature strictement individuelle, mais une représentation des divers états de la réalisation spirituelle en tant que résorption complète du Karma, ce qui confirme pleinement la réalité de l'élévation à la Maîtrise.

Nous avons toujours affirmé que notre Ordre constituait une voie avatarique, ce que nous venons de dire  et qui est l'aboutissement de la réalisation ascendante, peut se lire en sens descendant et confirmer notre vision. Les signes intérieurs évidents de cette transformation ultime, peuvent se résumer en deux étapes, elles sont des ressentis, des vibrations intérieures, qui nous propulsent sur une onde  magnifique qui porte le nom de Bonté, mot totalement oublié de notre époque, cela est indéfinissable, nous ajouterons à ce terme et en complément celui de compassion.

 

La seconde étape est inscrite  et imprègne la précédente, elle est symbolisée par l'ouverture du cœur, le jaillissement d'une puissante énergie qui se nomme Amour, cette énergie est la seule capable de procéder à l'effacement du corps mental, et de le remplacer par une vision, un regard, qui est une non séparation de la création, c'est la véritable mise en œuvre du principe d'identification, de retour à la Parole créatrice ou connaissance, si bien affirmée par la tradition de notre Rite. Là, est le paradoxe total, la séparation réalisée dans cet état, est en réalité l’absorption complète des puissances vitales animatrices, ce que la Tradition nomme l'Homme Primordial. Nous devons dire et redire que cette expérience du vivant, libère l'homme et lui donne la maîtrise sur cette vie et sur sa destinée, mais qu'il reste toujours les attaches à cette manifestation, surtout dans sa représentation de beauté, il y aura toujours dans le regard de celui qui part pour l'ultime voyage, les sentiments de la séparation, le regret de quitter cette humanité, à la joie de la Libération, se joignent les larmes du départ. Dans tous les cas, nous devons être dans une tension permanente vers l'absolu, dans une disposition consciente qui affirme que sa volonté soit faîte, et suivant M.E. Non pas de ma volonté, mais de sa volonté.

Y  est développé : Osiris, les mystères d’Éleusis, les trois morts initiatiques, Hiram, la parole perdue, les voyages des 9 maîtres, l’acacia, le mot sacré et entre l’équerre et le compas.

 

la symbolique du feu

J.B. bayard

Edition TREDANIEL

 1992

Le Feu demeure l’un des plus grands symboles en raison de sa signification et de son rôle. D’origine divine, provenant du ciel, il anime, vivifie et spiritualise ; il est un grand thème initiatique, la lumière étant émanation du Feu.
L’importance du feu se révèle dans la gnose chrétienne, dans l’ésotérique soufi, dans la Kabbale. La symbolique du feu s’étend encore à la chaleur magique, aux qualités des différentes eaux de feu, à la nature même de l’homme qui est feu, par la combustion de son corps, par la chaleur de son sang et de son haleine ; par son énergie génératrice ; mais son Esprit participe aussi essentiellement à la valeur du Feu.

 

Le feu est divinisé dans de nombreuses cultures et a été l'objet de l'adoration d'un grand nombre de peuples et de tribus. Chez les anciens, les Perses regardaient le culte du feu comme la partie fondamentale de leur religion et les cérémonies de ce culte sont retracées avec détail dans le Zend Avesta. (l'ensemble des textes sacrés de la religion Mazdéenne) Les Perses saluaient tous les matins le soleil levant, symbole du feu le plus pur. Ils regardaient le feu comme le protecteur des États et conservaient dans des sanctuaires particuliers le feu sacré qui ne devait jamais s'éteindre.

 

Dans la mythologie grecque, il a été volé aux dieux et apporté aux Hommes par Prométhée. Les Juifs allument une Hanoukka (chandelier à neuf branches) lors de la fête de Hanoukka pour commémorer le miracle de la fiole d'huile se remplissant par miracle chaque jour. On trouve une multitude de lien entre le feu et des choses abstraites ou absentes tel que l’être suprême, le soleil, la magie des saisons, la fertilité de la chaleur du printemps ou des cendres générées par combustion des végétaux. D’autres multitudes de symboles s’entrelacent avec celui du feu pour former des mythes, d’autres types de symboles abstraits à leur tour contenant le credo, la formule dans laquelle la religion résume sa foi, ou le mythe, autre formule dans laquelle les civilisations mettent en scène une fable symbolique pour décrire la nature, l’univers ou aussi le plus souvent pour décrire la condition humaine ou celle de ses divinités.

 

Pour la maçonnerie, le feu représente donc la purification, le feu détruit le superflu, les métaux inutiles, c’est la mort de cet homme prisonnier de la nuit profane puis, instantanément c’est la résurrection, tel le phénix, d’un homme nouveau, comme rajeuni, car doté d’un nouveau sens ou d’un sens plus affiné avec lequel il peut regarder la Lumière en face. C’est l’initiation. Cette purification par le feu se déroule près de la colonne du midi, colonne du soleil au zénith. Lors de notre initiation, la terre, l’air, l’eau puis le feu, agissent comme agent purificateur. Par le feu nous brûlons notre enveloppe profane, matérielle, notre lien aux métaux pour devenir pur et ainsi pouvoir accéder aux lumières de la F.M. Le paradis est souvent entouré de flamme interdisant l’accès aux hommes corporels.

Le feu spirituel est représenté par la lumière. C’est la lumière qui éclaire, permet à l’œil de voir mais plus symboliquement, de comprendre, par opposition à l’absence de lumière, comme quand nous étions les yeux bandés, dans l’obscurité qui représente l’incompréhension. Les adeptes de la F\M\ sont les Enfants de la Lumière. Analogiquement, les prophètes sont des lumières qui illuminent le monde de leur amour, de leur puissance, de leur savoir…Dans le temple, les officiers sont possesseurs, chacun d’entre eux de la lumière, mais la Lumière Flamboyante, le G, est au-dessus du Vénérable. La lumière, émanation du Feu spirituel, est le but de l’initiation. Rechercher la lumière c’est aller vers la Vérité Primordiale


Jean-Pierre Bayard réunit ici toute une documentation sur la genèse du mythe et ses variantes dans les traditions religieuses ou dans les diverses formes de la Sagesse. Ce livre, écrit dans un langage direct et d’un accès facile, ne se borne pas uniquement à être descriptif ou à être un catalogue d’érudit. Tout document devient une source d’interprétation et c’est avec subtilité que Jean-Pierre Bayard explique le mythe du Phénix, le thème du rajeunissement et de la résurrection, car pour être initié ou pour renaître il convient de passer par le Feu. Une annexe qui donne des extraits du Dictionnaire Mytho-Hermétique de Dom Pernety, une bibliographie, un index, des tables achèvent de faire de cet ouvrage un auxiliaire précieux pour l’étude de la symbolique. Il s’adresse non seulement aux spécialistes mais à tous ceux qui s’intéressent à la recherche de la spiritualité.

Y est décrit :

Les forgerons, l’immortalité, la purification, la lumière, le feu initiatique, de St Jean, le sang, la couleur rouge, le soleil, l’eau, la chaleur magique, les bûchers, les incinérations et les rites funéraires.

 

la symbolique du temple

J.P. bayard

Edition EDIMAF

 1991

C’est un rare mélange d’érudition et de spiritualité que l’on trouve dans les ouvrages de Jean-Pierre Bayard. Docteur ès lettres en maçonnologie, il est en même temps l’un des grands spécialistes de la Franc-maçonnerie contemporaine. C’est à la notion de « Temple » dans la pensée occidentale qu’est consacré le présent ouvrage.

 

L’image archétypale et symbolique, les édifices mythiques, Tour de Babel ou Temple de Salomon, les monuments légendaires : Stonehenge, Borobudur ou Compostelle, véhiculent jusqu’à nous un imaginaire fortement marqué d’affectivité en même temps que le souvenir de technicités perdues. Voyage dans le temps et dans l’espace, à la recherche des vestiges d’une pensée mythique à l’origine de notre civilisation, voici un livre qui ne laissera aucun de nous indifférent, et dont l’intérêt soutenu vient sans doute des nombreuses perspectives qu’il ouvre à la réflexion.

 

Dès l'entrée en maçonnerie, et les grades suivant semblent le démontrer, le symbolisme du Temple de Salomon est mis en exergue. Aux premiers et seconds grades, c'est par la présence des 2 colonnes, lieux où s'assemblent les ouvriers pour recevoir leur salaire, que le Temple se manifeste.

 

On le retrouve aussi, par l'intermédiaire de l'escalier à sept marches, qui présente une forme en demi-cercle et qui se termine devant une porte fermée du Temple, et située à l'Occident... Ces marches sont montées et redescendues par l'apprenti et le compagnon, par 3 ou 5, âge du maçon, lors des rituels de passage de grade. En effet, la porte reste fermée, mais sur quoi donne-t-elle ?

On le sait, la partie supérieure, carrée et orientale du tapis de loge, correspond au Temple intérieur. On y trouve l'étoile à 5 branches marquée en son sein de la lettre G, le soleil et la lune, le tout surmonté et entouré du cordon à houppes dentelées, redescendant jusqu'au bas. Concrètement il n'y a donc que deux parties dans ce tableau, le porche, et le Temple intérieur. Sur le tapis du troisième grade, le carré supérieur représente cette fois la Chambre du Milieu, à laquelle on accède par l'escalier. D'un point de vue purement géométrique les tapis des 1er et deuxième grades, parfaitement superposables avec celui de Maître. On peut donc en déduire que le Temple intérieur comme la Chambre du Milieu, sont deux images représentant un lieu commun. Il en est de même avec l'étoile flamboyante au G central, et la lame triangulaire et ses lettres J et A. la porte est alors ouverte au grade de Maître permettant ainsi l'accès au Temple.

Toutefois il nous faut remarquer l'aspect purement symbolique de tout ceci. En effet, la description historique traditionnelle qui scinde le Temple de Salomon en trois parties, le porche, le Temple, et le Saint des Saints, diffère de cette division binaire (2 tapis, 2 parties), et où donc, Saint des saints et Temple intérieur sont confondus... En fait, apprentis et compagnons, n'ont pas encore la lumière de l'Esprit, leurs efforts seront donc vains, les éléments de l’initiation, sont communiqués au troisième grade et expliqué au quatrième...

Antoine Faivre a publié une illustration de la découverte liée au passage de la porte, après la 7ème marche, c'est à dire de la mort physique suivie de la résurrection, ou encore de la mort de la matière suivie de la renaissance de l'Esprit. Voyons cette illustration... Le Nombre 3, exprime 3 principes fondamentaux à l'origine du corps humain, ces 3principes se manifestent par 3 substances et leurs correspondances : soufre/feu/sang  -  sel/eau/parties molles  -  mercure/terre/parties solides

On peut dire que ces 3 principes forment la Loge de l'homme. Mais il manque alors les muscles et les nerfs à ce corps, on peut ainsi écrire que 5 la composent. Enfin il manque alors la vie, le mouvement, à cette créature, illustrant ainsi par le sénaire, les 6 jours de la création. L'esprit de la Divinité étant liée au 7ème jour, jour du sabbat, permettant ainsi de dire que 7 la rendent juste et parfaite...

La Franc-maçonnerie, distingue 4 Temples. Le premier Temple, qui est l'homme lui-même, initialement corps incorruptible il est devenu matériel, c'est la vrai loge du maçon, son Temple particulier. Souvenons-nous de la réception : " Les trois coups sur le cœur vous désignent l'union presque inconcevable qui est en vous de l'esprit, de l'âme et du corps, qui est le grand mystère de l'homme et du maçon, figuré par le Temple de Salomon". Et souvenons-nous aussi de la parole du Christ : "Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai", où bien évidement il est question de son corps... Par les montées de marches d'escalier, le maçon fait la propre ascension initiatique des trois étages de son Temple. En effet, l'homme est aujourd'hui tripartite, on y retrouve l'esprit émané au sein de la Divinité, mais aussi l'âme, émanée elle, d'agents secondaires, et enfin le corps matériel, formé lui, des trois principes élémentaires. Le corps et l'âme passive seuls, sont les attributs de l'animal, l'ensemble construit est à l'image du Saint des Saints, c'est-à-dire fait pour recevoir l'esprit, l'intelligence, permettant à la tête d'être le sanctuaire de ce Temple particulier.

Le second Temple est celui du Roi Salomon, le plus célèbre et le plus historique. Brièvement, c'est d'abord Dieu qui donne à Moïse les plans du Tabernacle afin d'être sa demeure au sein des 12 tribus d'Israël errantes. Ensuite, il communiquera à David, sur le même modèle du Tabernacle, les plans du nouveau Temple, du peuple d'Israël sédentarisé. Un Dieu, un Temple. Mais on parle alors dans l'instruction faite au Grands Profès, de Temple unique et général, par opposition au Temple personnel et particulier de l'homme... Notons que le Temple de Salomon comporte trois parties, le Porche, le Temple et le Sanctuaire, comme l'homme, lui-même de division ternaire : corps, âme, esprit...

La troisième symbolique liée au Temple, est l'Univers créé, encore appelé Temple universel, il a commencé avec le temps, et la Loge en est la représentation. Notons, que l'erreur classique est de confondre la loge et le Temple de Salomon. En fait le Temple universel possède pour seule décoration les 3 colonnes de l'univers (force, sagesse et beauté), et au centre de la loge, donc du Temple universel, est placé comme un point dans l'immensité, le Temple de Salomon, à côté duquel on trouve une poussière encore plus infime, le temple personnel de l'homme. A l'instar des deux premiers Temples, le Temple universel est lui-même divisé en trois parties, trois immensités terrestre, céleste et surcéleste.

Ces trois Temples tripartites, emboîtés les uns dans les autres, viennent renforcer la théorie selon laquelle le microcosme est à l'image du macrocosme, ainsi que la présence d'un cosme intermédiaire. Dans tous les cas, l'Esprit, l'essence Divine sont présent, et l'on peut faire correspondre le Sanctuaire du Temple de Jérusalem avec l'immensité surcéleste et la tête de l'homme. De même le porche correspond au ventre, et le Temple intérieur à la poitrine, ainsi il n'y pas de séparation de ces trois parties sans mort corporelle.

Enfin, le quatrième Temple est celui que les maçons doivent reconstruire, en s'inspirant des trois premiers. Reconstruction mystique bien sûr, comme le rappelle l'invocation de la prière du premier grade : "... afin que le Temple que nous avons entrepris d'élever pour ta gloire...", en travaillant la Pierre brute, afin de l'insérer parfaitement dans la construction du Temple. Ce Temple est élevé à la vertu, nous le savons, mais au sens latin du mot encore en vigueur au XVIIIème siècle, c'est-à-dire virilité, force, courage, indispensables au cherchant et signe que ce quatrième Temple est de nature humaine...

 

la symbolique maçonnique des outils

Robert  AMBELAIN

Edition Maçonnique de France 

 2002

Cet ouvrage est un  classique de la littérature maçonnique. La finalité de l’enseignement initiatique est l’harmonie ; l’initié se connait et connait, de ce fait, le moyen de s’intégrer dans le cosmos de manière à ce que toutes ses facultés s’épanouissent. La réflexion sur les outils du maçon opératif est nécessaire à celui qui veut avancer dans cette voie : chacun des outils est un stimulant pour certaines facultés bien précises, à condition d’être bien employé et bien étudié.

 

Reste qu’avant d’entamer son travail, il est nécessaire à l’Apprenti de se vêtir sous les formes accoutumées. C’est ainsi, que le Vénérable de Loge lui remet son tablier et ses gants blancs. Ces éléments symboliques feront dorénavant partie intégrante de sa tenue de maçon lorsqu’il devra réaliser ses travaux en Loge. Le Tablier est en quelques sortes un outil « passif » pour le maçon. Il est une marque de l’héritage des maçonneries dites « opérative » et comme il est coutume de le dire, « point de tablier sans travail ». Le travail agira donc comme un « moteur » pour nous permettre de progresser sur notre cheminement initiatique. A l’époque, le Tablier protégeait également de la saleté et des éclats les ouvriers qui travaillaient la taille de la pierre. Pour rappeler au jeune maçon qu’il est encore maladroit dans son geste, il lui sera demandé de toujours porter ce tablier avec la bavette relevée, formant ainsi cinq côtés, symbole de l’Esprit [le triangle de la bavette] qui doit dominer la Matière [le carré du tablier]. Ainsi porté, le Tablier représente également les « cinq sens » du corps humain, le toucher, le goût, l’odorat, la vue et l’ouïe.

 

Le Tablier est aussi le symbole de la Terre et se rapporte à la vertu cardinale de la prudence. Nous avons en effet démarré par visiter l’intérieur de la Terre au sein du cabinet de réflexion avant d’entamer nos travaux vêtus d’un tablier pour nous protéger. De plus, notre démarrage dans ce parcours passera tout d’abord par le respect de la règle du silence demandé à l’Apprenti. Le principe de prudence permet donc une réflexion nécessaire préalablement à l’action et qui vise à conduire à des conséquences toujours mesurées. Une autre caractéristique de cette prudence réside dans le silence qui s’impose durant notre parcours au 1er degré. Ce silence enseigne l’apprentissage de l’écoute. Il permettra de mener un travail afin d’apprendre à mieux se connaître, à faire taire ses passions et développer sa capacité d’interprétation des symboles qui nous entoure.

 

Après son baptême par les quatre Éléments, l’Apprenti se retrouve à nouveau face à ses sens. Bien que ces facultés soit indispensables au bon fonctionnement de notre vie corporelle, elles devront à présent faire l’objet d’un contrôle permanent afin d’en maîtriser leurs aspects néfastes et ainsi éviter de sombrer vers une dégradation de notre vie spirituelle. Pour compléter et renforcer cette idée, les gants, symboliseront par leur blancheur, la pureté qui doit régner dans l’esprit du maçon. Le magnétisme émis de sa main se voit ainsi purifier et devra lui permettre de rayonner dans son environnement au travers d’actions justes et vertueuses. Ce n’est qu’une fois équipé de sa tenue que l’Apprenti se voit remettre ses Outils. D’abord, le « Maillet » et le « Ciseau », avec lesquels il pourra réaliser son tout premier travail de maçon, à savoir frapper de trois coups symboliques la « Pierre brute » pour marquer le commencement de son perfectionnement.

 

Le couple d’outils « Maillet » et « Ciseau » représente une complémentarité forte. En effet, seule, ils seraient bien peu efficaces mais associé l’un et l’autre, ils permettront à l’Apprenti de travailler la taille de sa Pierre en élimant les aspérités qui l’empêche de s’insérer correctement dans une construction d’ensemble. Le « Maillet », impulsant l’action, représente la volonté agissante de l’Apprenti dans la démarche qu’il entame et la force qui lui sera nécessaire pour mener à bien cette réalisation. Le « Ciseaux » quant à lui, définit par sa précision une trajectoire au mouvement amorcé et lui permettra l’élimination de la matière superflue caractéristique de ses propres vices.

Enfin, un troisième Outil, le « Levier », sera nécessaire à l’Apprenti pour déplacer sa Pierre et ainsi pouvoir en contrôler les différentes faces. C’est donc par la volonté incarnée par le « Maillet » et le discernement nécessaire symbolisé par le « Ciseau », que l’Apprenti sera en mesure d’extraire les composantes néfastes de sa propre psychologie et de ses morales déréglées.

 

Comme nous l’avons évoqué, du point de vue Alchimique, l’Apprenti maçon réalise les premières étapes de son « œuvre au noir ». A l’aide d’un acide très puissant que les alchimistes gardaient secret sous le nom de « vitriol », il réalise son propre décrassage intellectuel et moral ayant pour but de débarrasser son esprit de tout ce qui empêche la « Lumière » de parvenir jusqu’à lui. Psychologiquement, c'est la destruction de son égo et de son attachement aux choses matérielles. Le catéchisme de l’Apprenti nous indique d’ailleurs très clairement ce que nous venons faire en loge : « Vaincre nos passions, soumettre nos volontés, et faire de nouveaux progrès dans la maçonnerie » sans oublier bien sûr « de déposer nos métaux à la porte du Temple ».Comme pour cette acide qui va attaquer la matière pour la rendre plus noble, la quête que nous menons sera difficile, parfois même douloureuse, car renoncer à ses passions et se délivrer des chaînes de nos volontés n’est pas chose aisée et demande une veille de chaque instant.

 

Cette « Pierre philosophale », objet de notre quête est nichée au plus profond de nous mais au fil de notre vie, nous l’avons enfoui de plus en plus se retrouvant enrobé de nos défauts les plus vils.

Grâce à ses outils, l’Apprenti cherchera donc à la retrouver notamment en développant en lui ses vertus. Tout ce travail d’Apprenti pourrait donc se résumer dans la célèbre phrase du chevalier de Ramsay sur le travail que réalisent les maçons : « Nous cherchons à bâtir, et tous nos édifices sont ou des cachots pour les vices, ou des temples pour les vertus ».En travaillant sur le symbolisme que lui suggèrent ces Outils et étudiant le Rituel de son grade, l’Apprenti sera en mesure de progresser sur son chemin. Cependant et afin que cela ne reste pas superficiel, il lui sera indispensable de demeurer prudent et de persévérer dans sa tâche car le route est longue et parfois difficile.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’art Royal  -  l’échelle philosophique  -  les origines de la Franc-maçonnerie  -  notions générales sur l’alchimie  -  de l’alchimie à l’androchimie  -  la scolastique exotérique et ésotérique  -

les instruments de l’apprenti : le tablier  -  les gants blancs  -  le maillet  -  le ciseau et le levier   -

Les instruments du compagnon : le niveau  -  l’équerre   -  la perpendiculaire  -

Les instruments du Maître : le compas  -  la règle  -  la truelle  -

La gnose maçonnique  -  le gnomon  -  le Tétragramme des Vénérables  -  comment raisonner maçonniquement  - 

  

la tolÉrance

Claude SAHEL

Edition AUTREMENT

 1996

Traité sur la tolérance où on apprend à ne pas confondre tolérance et indifférence car souvent la tolérance s’habille du voile de l’indifférence et du rejet muet. Également il y est question de l’intolérance qui revêt souvent des aspects curieux.

 

Lieux communs : la tolérance, c’est le sérieux qui « admet chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle qu’on adopte soi-même », qui respecte « la liberté d’autrui en matière de religion, d’opinions philosophiques et politiques ».

 

Admettre, respecter : postures intellectuelles qui présupposent une dissymétrie fondamentale dans la relation avec autrui ; car qui est en position de tolérer, sinon celui qui a le pouvoir d’écraser, et ne le fait pourtant pas ?

 

A-t-on jamais vu un vaincu « tolérer » son vainqueur, un esclave « tolérer » son maître ? Pour le faible, il est plutôt question d’obéir.

Tolérer certaines opinions ou certains actes par refus de tout interdit, revient bien souvent à un aveu d’indifférentisme : si toutes les opinions se valent, elles se rejoignent dans la nullité objective et aucune norme ne permet en fait d’en juger. N’y a-il pas, dans cette indifférence revêtue du voile de la tolérance, l’effet d’une déchirure du lien social, qui laisse l’individu en retrait de toute relation authentique à autrui, et empêche ainsi tout dialogue constructif.

Loin des leurres du consensus et de la concorde, cet ouvrage, interrogeant la tolérance, pose la question de l’intolérable, de la rencontre avec l’autre différent, et suggère l’idée d’un « humanisme hérétique » pour s’arracher aux dogmes des orthodoxies,  à la pesanteur de l’homogène et à l’inaction destructrice.

 

Au sommaire de cet ouvrage, ont planchés :

 

Humberto Giannini : Accueillir l’étrangeté

Françoise Coblence : Dictature de la raison

Pauline Bèbe : Sous la coupole des cieux

Claude Geffré : Conscience oblige

Alain Deniau : Quelle mouche l’a piqué ?

Michel Polac : 1’30 pour Hitler et pour les juifs

Jean Baubérot : Stratégies de la liberté

Oscar Camy : Tous les hommes naissent égaux…

Fernando Arrabal : Une salve sur 92

Francine Markovits : Entre croire et savoir

Jean Borreil : Le verbe absent

Emile Témime : Marseille malade de la peste

Michel Marcus : Le pouvoir de l’œil

Denis Charbit : Condamnés à vivre ensemble

Louis Sala-Molins : Toute guerre est civile

 

LA TOLÉRANCE DE LIN XI. L’IDÉE DE TOLÉRANCE DANS LA PENSÉE CHINOISE OU LA QUÊTE DU BONHEUR.

LIN XI

Edition QUIMETAO

 2001

Le grand maître à penser : Confucius, répétait à ses disciples : « de toutes les qualités de l’être humain, la tolérance est la plus fondamentale et la plus importante », et d’ajouter : « parmi cent stratégies de conduite, la tolérance est la première ».

 

La tolérance est l’essence du confucianisme, et par conséquent l’essence de la culture chinoise. Sur le long parcours de l’histoire chinoise, cette tolérance a nourri de grands stratèges, de remarquables talents et d’excellents hommes politiques et scientifiques.

 

Lin Xi, écrivain et poète chinois résident à Paris, est un chercheur inlassable de haut niveau sur le confucianisme. Dans ce remarquable ouvrage, il montre quatre éléments composant la tolérance et cinq moyens efficaces permettant une haute perfection de la personnalité incarnée par la tolérance, ainsi que ses limites.

 

La civilisation classique chinoise qui a éclairée le monde est une richesse spirituelle de la nation ; elle permet d’avoir une vue plus large, un esprit plus ouvert, une âme plus sereine et une vie heureuse.

 

Au sommaire de cet ouvrage tolérant :

 

Une arme omnipotente  -  quatre éléments  -  quatre voies  -  cinq moyens  -  limites tolérées  - 

Premier critère de la culture de l’esprit : Remède contre la suffisance, l’étourderie, l’arrogance et l’étroitesse de cœur  - 

Condition préalable à l’harmonie des relations humaines : la tolérance entre le supérieur et l’inférieur  -  entre frères et sœurs  -  entre mari et femme  -  entre Père et fils  -  entre voisins  -

Garantie de qualité dans la vie quotidienne : Devant les passions  -  devant les sympathies et les antipathies  -  devant les conquêtes et les défaites   devant la vie et la mort  -

Elément protecteur pour un bel avenir professionnel : Envers les responsabilités  -  les jalousies  -  les flatteries  -  les calomnies  -  la sagesse  et l’habilité  -  la critique et l’offense  -  envers un poste important et un meilleur traitement  -

Bonne conduite toujours victorieuse : Face à l’adversité  -  face aux circonstances critiques  -  face à la pauvreté  -  face à la richesse  -

 

la vouivre – un symbole universel

  K. APPAVOU & R.R. MOUGEOT

Edition LA TABLE D’ÉMERAUDE

 1988

Qu’est-ce que la Wivre ou la Vouivre ?

 

C’est en remontant à l’origine des temps et à travers le symbolisme toujours vivant que les diverses traditions ont conservé jusqu’à nos jours, que nous pouvons comprendre ce qu’est la Vouivre

La Vouivre ou Wivre, est l’énergie tellurique qui anime tout être vivant issu de la Terre (minéral, végétal, animal ou humain).

 

La conscience du cordon ombilical qui nous relie à Elle sera le premier pas révélateur de ce que nous pourrions appeler « l’évolution humaine », c'est-à-dire, la re-connaissance par toutes les fibres de notre corps de cette énergie première, sans laquelle nous ne pourrions vivre.

 

Chez les peuples dit « primitifs », cette conscience se manifeste à travers les cultes, les croyances, les mythes et les contes, qui nous sont parvenus sous forme d’images et de traditions orales (contes, légendes…). Ces images archétypales ou symboles représentent une Réalité Essentielle et, en tant que tels, ont une correspondance en chacun de nous.
Ces images s’adressent en fait à notre nature profonde et ne font pas partie du monde rationnel, catalogué et connu. Le symbole est justement le pont qui relie l’inconscient au conscient. Il implique un cheminement de notre conscience vers l’illimité qu’il traduit. En effet, il n’est pas quelque chose de figé, il nous permet l’accès à un nombre indéfini de niveaux de compréhension de l’univers dans lequel nous vivons et peut nous mener à la connaissance de soi.

 

La vérité est le fil conducteur de cet ouvrage, il nous mène par monts et par vaux à suivre les traces et les pistes de la Vouivre qui se trouve au fond des puits (tel le serpent de Mélusine) ou dans les grottes (tels les dragons, les Titans et les géants en leurs tanières), mais toujours près des sources, des fleuves ou des lacs, il est impératif que l’eau soit présente. Mais la Vouivre n’est pas tout, il faut des forces cosmiques qui aiguillent l’énergie de la Vouivre dans les douze Filières ; ces forces cosmiques vont également intervenir dans ces représentations par la présence de figures célestes ou de nature divine (Christ, Vierge, anges, Archanges, Saints, Dieux, Héros, Chevaliers…), parfois même sous la forme d’oiseaux sacrés tels que la colombe, le phénix, le pélican ou l’aigle, et qui viennent féconder cette énergie.

 

Il est également des représentations qui nous indiquent le parcours à effectuer en vue de cette incarnation : notamment est abordé le symbolisme de la tête coupée qui se retrouvent très souvent dans les hagiographies, mais aussi dans bon nombre de légendes se rapportant au Dragon-Wivre, soit dans les légendes celtiques, scandinaves ou autres.

 

La dernière partie du livre donne une approche plus matérielle de la Vouivre, on verra quel est son rôle dans la formation de la Terre qui est un organisme vivant, son influence dans toutes les productions émanant d’elle dans les quatre règnes et, enfin sera abordé le rôle de l’Homme dans la création : être le point de jonction des deux forces complémentaires que sont les Energies Telluriques et les Energies Cosmiques, à l’image du menhir ou de la cathédrale.

 

Au sommaire de ce remarquable ouvrage :

 

1e partie : Le symbolisme de la Vouivre : La Mère universelle, serpent premier  -  le chaos Primordial  -  Les serpents Mythiques dans toutes les civilisations et traditions  -  Les Dragons protecteurs  -  L’Or  -  La  fontaine d’immortalité  -  La pierre précieuse ou le troisième œil de la Vouivre  -  Les sacrifices au Dragon  -  La Tête tranchée  -  Gargantua, Morgane et Mélusine  -  Des relations entre Gargantua et Morgane  -  Le serpent guérisseur  -  La Gorgone  -  le caducée  -

 

2e partie : Les émanations de la Vouivre : La terre Mère  -  Le tissage des formes  -  Les courants telluriques  -  Vibrations et rythmes  - L’état naturel de l’Homme  -  Des Dolmens et des Pierres Dressées aux cathédrales  -  Pèlerinage et Labyrinthes  -  Le Pèlerinage sur le chemin de la Vouivre  -  Le Labyrinthe, image du serpent  -  Les émanations de l’humus  -  Le Hasard et les Rencontres  -  les fontaines  -  les cromlechs  -  la Licorne  -  les Aztèques  -  le serpent d’airain, mercuriel et salvateur  -

 

LA VOÛTE ÉTOILÉE et L’ASTROLOGIE INITIATIQUE   -    N°  45  -

François  FIGEAC

Edition  La Maison de Vie

 2011

Dans cette collection, cet ouvrage est un des meilleurs livres sur ce sujet

 

Par son architecture symbolique, le temple maçonnique exprime me monde de la création principielle. Y pénétrer, c’est entrer dans le ciel, à condition toutefois qu’il ait été construit comme il convient pour être effectivement « conforme au ciel en toutes ses parties ». C’est dans ce cadre, symbolique et rituel, que la voûte étoilée se présente aux Franc-maçons et doit être appréhendée. Elle est l’expression de l’Être cosmique, de ce corps vivant immense animé chaque jour par la lumière qui le traverse et dont chaque parcelle est reliée au Tout par des liens subtils.

 

L’initiation propose aux maçons de la pierre franche de participer au voyage de la Lumière, dont les étapes sont perceptibles au travers du cheminement et des interactions des astres, des planètes et des constellations. En tant que science de ce cheminement et de ces interactions, l’astrologie initiatique éclaire le chemin des initiés et balise le destin de chaque loge. Mais un tel destin n’a rien d’automatique. Il se concrétise à la condition que la loge ait développé son génie propre et construit la barque qui lui permettra de s’unir à la Lumière et de voyager à sa suite.

Ce voyage n’est pas accessible à un individu isolé mais demande que soit formé un corps communautaire animé d’un authentique amour fraternel, dans lequel les frères de la loge, dépassant leurs limites individuelles, s’intègrent par la magie du Rite. Lorsque les parties éparses sont rassemblées, un zodiaque est reconstitué et le feu de l’homme rayonne dans le Temple.

 

La première étape de la transformation nécessaire pour faire partie de l’équipage de la barque est la cérémonie d’initiation. Au cours de celle-ci, le néophyte reçoit le souffle de vie de l’Orient ; il devient un fils de la Lumière et voit le mystère. Puis vient la période d’apprentissage de la langue des symboles qui lui fait découvrir les différents modes d’expression du Verbe. Ainsi l’initié reçoit-il, dès le début du chemin, toutes les clés nécessaires pour s’intégrer au zodiaque de la Loge et découvrir, avec ses frères, les différentes facettes du mystère de la création vitale.

 

L’astrologie est l’une des expressions de la langue des symboles. Elle est la science par laquelle est connu le mystère du ciel des naissances et des puissances. On peut la qualifier de science sacrée car son objet ultime est l’étude des modes d’incarnation de l’énergie créatrice. Elle est la science du temps juste, de la « bonne heure ». La connaître donne donc la maîtrise du temps, et lorsque cette connaissance est intégrée dans un corpus rituel, elle donne à celui-ci une dimension cosmique qui est sa véritable dimension. Ainsi le Temple est mis en relation avec l’éternité de l’instant et l’éternité des cycles, et les rites qui s’y déroulent sont réalisés au moment juste. La voûte étoilée est un repère, un guide, l’endroit vers lequel le regard doit se tourner pour percevoir le sens de la quête initiatique. L’astrologie initiatique est l’art de connaître les étapes du voyage de la Lumière, voyage au cours duquel elle naît, se transforme, est transmutée et régénérée.

 

Tout en étant " à couvert ", une loge initiatique travaille en contemplant la voûte étoilée. Que signifie cette apparente contradiction, pourquoi les initiés doivent-ils apprendre à déchiffrer le ciel du temple, quels enseignements dispense-t-il ? L'astrologie initiatique qu'aborde cet ouvrage est une science symbolique d'une ampleur insoupçonnée ; en s'intégrant au zodiaque de la Loge, l'initié rétablit des liens vitaux avec l'univers. Réaliser l'acte juste au moment juste, être " à la bonne heure ", participer au voyage de la lumière, scruter l'éternité au coeur du temps... Voici quelques-uns des enjeux d'une juste perception de l'astrologie initiatique.

 

Les ciels des temples maçonniques sont bleus, cloutés d'étoi­les. Un bleu tendre et clair, le bleu des loges bleues et des cordons de Maître, un bleu de plein jour, bien différent du bleu-nuit des ciels étoilés qui voûtent quelques-uns des plus beaux tombeaux égyp­tiens. Bien différent, car il s'agit d'un symbolisme sans rapport. Point de nuit au-dessus de nos têtes, mais les étoiles rendues visibles de midi à minuit par la Lumière de la Loge. Même ceux qui ne savent presque rien de la Franc-Maçonnerie rattachent à notre tradition le symbolisme du Temple inachevé, à ciel ouvert. Ils vous diront, avec ou sans ironie, que les Francs- Maçons prétendent élever une construction déclarée par eux-mêmes interminable, ce qui permet de ne point juger trop sévèrement l'apport de chacun. Le langage courant a d'ailleurs adopté, en la galvaudant, notre expression « apporter sa pierre à l'édifice Malheureusement, il s'agit bien souvent de saluer par cette for­mule toute faite la touchante bonne volonté de celui qui n'a pas abouti faute de temps, de moyens ou d'envergure.

 

A cette réserve près, l'idée qu'on se fait en dehors de nos temples de notre symbolisme de la voûte étoilée, sidérale voussure du Temple inachevé, correspond peu ou prou à la pratique maçon­nique. Oui, c'est à peu près ça, pourrions-nous dire, du moins dans une rudimentaire approche de ce symbole apparemment très simple mais qui, de la même façon que tous les autres, s'enrichit et se ramifie à mesure que nous avançons dans la connaissance de nos trois degrés symboliques

 

D'où vient que ce symbole du Temple inachevé soit passé, presque seul, de nos loges au domaine public sans être trop réduit, raillé, déformé ? Peut-être parce qu'il est mieux vécu que d'autres par les Maçons eux-mêmes. Les moins portés d'entre nous à briser l'os pour sucer la moelle, comprennent et veulent que nos temples restent symboliquement sans toit. S'il est un trait commun à la quasi-totalité des Francs-Maçons de la Grande Loge de France n'est-ce pas leur commune volonté de rejeter les dog­matismes ressentis par eux comme chapes, toitures et couvercles ?

 

Ayant posé le principe fondamental qu'aucune limite ne peut être mise à leur recherche de la Vérité, les Francs-Maçons ne veulent donner de la tête dans aucun plafond. Si l'ambition de la loge était philosophique, scientifique, sociale, ce serait avoir là beaucoup d'orgueil et de présomption. Mais l'ambition de la loge est initiatique. Il s'agit, au bout du chemin, de ne point se retrouver tel qu'on était au départ, sans que la nature des transfor­mations intérieures de chacun ait été prescrite, voulue ou obtenue par quiconque. Aucun conditionnement : la diversité des Maçons, de leurs comportements, de leurs idées, en est la preuve. Donc, point de toit, car point de dogme. Point de couverture au-dessus des têtes, mais seulement la voûte céleste avec ses étoiles visibles en plein jour.

 

Ainsi la loge travaille à ciel ouvert et nous trouvons là un second trait commun à la très grande majorité des Francs-Maçons : ils se veulent solidaires du Cosmos. Avouons-le, la manière dont chacun exprime cette volonté au fil des jours en loge n'est pas toujours heureuse. L'infiniment grand de Pascal tourne les têtes peu solides et la Voie lactée emporte dans son espace-temps bien des pensées courtes. Une astrologie de pacotille, si répandue de nos jours, tient lieu parfois de vaisseau spatial aux cosmonautes du Zodiaque. Broutilles en vérité, qui expriment naïvement le besoin plus répandu encore d'opposer aux désordres du Moi, aux fureurs de l'inconscient, aux luttes et révolutions sociales, au monde obscur des mouvances et du Chaos, un Ordre universel, ce fameux Cosmos que la tradition pythagoricienne veut régir par les Nombres et dans lequel masses, multitude, profusion échappent à l'anarchie quantitative, au vertigineux gaspillage, par la valeur qualitative donnée à chaque parcelle du Tout.

 

Pour répondre à cette espérance, que tout Maître-Maçon a perçue chez tant de postulants, l'initiation maçonnique place le nouvel apprenti dans une Loge orientée et la Loge elle-même directement sous les étoiles, face à l'infini. Paul Valéry écrivait dans les années vingt : « Le temps du monde fini commence. » Il entendait par monde fini un monde qui serait bientôt totalement exploré. A quel monde pensait-il ? Au petit monde de notre petite planète ? Mais l'autre monde ? Celui de la longue nuit des tom­beaux égyptiens, celui dans lequel sont projetés nos cosmonautes, les vrais, celui où nous fléchons nos premières sondes, la voûte étoilée des temples maçonniques, ce monde-là, tout apprenti maçon apprend qu'il est sans toit et que le temps de le couvrir n'a certes pas encore commencé.

 

Puis, changeant d'âge, l'apprenti devient compagnon. Il dé­couvre alors, s'il veut bien s'en donner la peine, un nouveau réseau de symboles. Ce degré, plus directement branché que le premier sur la tradition opérative des constructeurs, va permettre au compagnon une nouvelle approche de la Voûte étoilée. Non qu'il s'agisse, en passant d'un degré à l'autre, de rejeter comme erreur ce qu'on a pu penser au degré précédent. Bien au contraire. La méthode initiatique ne crée pas de supériorité. Chacun avance à son pas, selon son âge avec les outils de cet âge, mais l'ensemble symbolique d'un degré n'est pas destiné à se fondre ou à se confondre dans l'ensemble du degré suivant. Les deux continueront toujours de coexister, mais ils se raccordent et ils entrent en réso­nance. De la qualité de cette résonance dépend l'enrichissement spirituel. C'est même en cela que la méthode initiatique se dis­tingue des autres méthodes de transmission des connaissances. Un degré n'est pas une classe au sens scolaire. L'apprenti n'est pas présumé incapable d'acquérir des notions devenues à portée du compagnon. Il ne s'agit pas, comme pendant la scolarité, d'aller petit à petit du simple au complexe, de l'élémentaire au subtil. Chaque degré a sa valeur et la garde. Le maître peut travailler au degré d'apprenti sans avoir le sentiment de déchoir comme l'aurait un élève des classes terminales qu'on rétrograderait. Le compa­gnon peut donc avoir une approche nouvelle du symbole de la Voûte étoilée qui ne réfute ni n'efface la précédente, mais qui lui est inspirée par le nouvel ensemble symbolique rattaché au deuxième degré.

 

Le compagnon est tout particulièrement appelé au travail. Or, on ne se met pas au travail de la même façon sur une construc­tion qui n'est pas commencée, sur une construction en cours, ou lorsque la toiture est déjà posée. Dans la construction maçonnique, la toiture n'est pas posée, puisque le temple est à ciel ouvert, mais le travail est déjà commencé. Le Franc-Maçon appartient à un Ordre traditionnel. S'il refuse les couvercles, il ne fait pas table rase. Le symbolisme du deuxième degré enseigne une méthode de travail pour chantier en cours. C'est là un point fondamental qui a donné lieu bien souvent de l'extérieur à de graves erreurs d'inter­prétation sur la méthode maçonnique. On a confondu chantier en cours et juste milieu, centrisme, radicalisme, en transposant abusi­vement le plan initiatique sur le plan politique. Cela n'a rien à voir, mais il est vrai qu'entre les novateurs qui se flattent de tout pouvoir tirer de rien et les passéistes convaincus que le destin de l'Homme est scellé depuis toujours, le Franc-Maçon, parce qu'il travaille à ciel ouvert avec les outils symboliques traditionnels, conserve sa liberté d'entreprendre et de concevoir sans se laisser intimider ou écraser par le poids mort des mondes finis mais échappe à l'angoisse existentielle de ceux qu'une liberté imaginée par eux absolue condamne à tout tirer d'eux-mêmes s'ils veulent exister.

 

Nous voici très loin des tiédeurs du juste milieu, mais la confu­sion entre chantier en cours et juste milieu est inévitable si le caractère initiatique de la démarche maçonnique n'est pas compris et sans cesse réaffirmé. Quand l'édification du Temple prend le caractère d'une élaboration sociale et contingente, l'absence de toit est nécessairement ressentie comme un manque de finalité et le symbole du chantier en cours comme un abandon aux habitudes, routines et acquis. Dans la pratique de la vie maçonnique, le compa­gnon en souffre parfois. A cet âge symbolique, mais néanmoins ingrat, des impatiences, il voudrait que ses efforts soient visible­ment couronnés de succès. En d'autres termes, il réclame la cou­ronne d'un toit dogmatique au lieu et place de la Voûte étoilée. Contradiction, bien sûr, mais qui échappe aux contradictions ? La lenteur de la construction a de quoi effrayer ou décourager certains. Si, après tant de millions d'années, nous en sommes encore aux premières assises d'un Temple dont on nous enseigne qu'il ne sera jamais achevé, comment ne pas craindre l'absurde ou le dérisoire de l'effort individuel, comment ne pas comparer l'infiniment petit de notre petite pierre à l'infiniment grand de la Voûte étoilée ? Pascal a répondu à cette question. L'initiation maçonnique, sans plus réfuter Pascal que quiconque, suggère une autre forme de réponse et elle ne repose sur aucun pari.

 

Au troisième de nos trois degrés symboliques, la Voûte étoilée, comme tous les symboles des deux premiers degrés, entre en résonance avec un nouvel ensemble au caractère métaphysique beaucoup plus prononcé. Le compagnon a été appelé au travail sur un chantier en cours. Le maître apprendra comment s'y pratique la relève. La Loge, cellule vivante, en perpétuelle transformation, sera le lieu de cet enseignement.

 

Issu d'une tradition de bâtisseurs, le Maître Maçon a une fonction essentiellement créatrice. Telle est son originalité, ce qui le distingue fondamentalement du prêtre, du saint, du sage ou du prophète. En lui, se réincarne la puissance créatrice avec ce qu'elle doit à la Mort. S'il est un intercesseur, il ne l'est point entre le Ciel et les Hommes de la Terre, mais seulement entre ceux qu'il a dû enjamber pour accéder à la maîtrise et ceux qui l'en­jamberont à leur tour pour que l'édification continue et que se renouvelle sans cesse la puissance créatrice. Que celle-ci n'ait ni commencement imaginable ni fin prévisible ne rend ni absurde ni dérisoire l'effort créateur du maître. Sa pierre, infiniment petite sous la Voûte étoilée, ne doit être comparée à nulle autre, encore moins à la profusion des constellations. Le maître s'est inscrit de par sa propre et libre volonté dans une chaîne. Il vaut ce qu'il vaut. Il transmet ce qu'il reçoit. Il apporte ce qu'il peut. Aucune totali­sation, génératrice de dogmes, ne lui est proposée ou demandée. Il apprend à ne point confondre son propre et inévitable achève­ment avec celui de l'ouvrage auquel il collabore. La Voûte étoilée se trouve en permanence au ciel du Temple pour le lui rappeler, sans qu'il s'agisse d'opposer dans l'angoisse l'infiniment petit à l'infiniment grand, mais pour ramener chaque chose à sa juste proportion.

 

Car toute création se gonfle d'elle-même et, si le chantier sur lequel nous sommes appelés à travailler n'a ni commencement ni fin, dans la loge, petit noyau, microcosme, tout fait date et la cadence du Temps y est rapide. Il est bon, il est naturel, que le maître, quand sonne l'heure pour lui d'apporter sa pierre, soit saisi de fierté. Comment pourrait-il créer sans cela ? Il est bon, il est naturel, qu'il donne de l'importance à ce qu'il fait. Tout créateur, quand il crée, s'investit de puissance sublime et, pour qu'il rayonne, il faut que sa foi en lui-même repousse les limites de sa propre per­sonne, mais le symbole de la Voûte étoilée, dans sa grande simpli­cité, reste présent au ciel du temple pour rappeler au maître que l'horloge de son microcosme n'est pas réglée à celle qui détermine la rotation des étoiles.

 

Sujets traités dans cet ouvrage :

La voûte étoilée du temple maçonnique – Le ciel du temple :ciel des naissances et des puissances – L’homme cosmique et l’intégration au zodiaque de la loge – L’astrologie sacrée et la langue des symboles – Qu’est-ce que l’astrologie et le zodiaque ?- L’astrologie initiatique et la pratique du rite – Le voyage de la Lumière – Le temps du rite et l’éternité Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire le miracle d’une seule chose – Une formule fondatrice de l’astrologie initiatique -

 

L’EAU-DELÀ DE L’EAUDE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR DE L’EAU

Jacques  COLLIN

Edition TREDANIEL

2011

Après la publication des livres « L’Eau le miracle oublié et L’Insoutenable Vérité de l’Eau », Jacques Collin poursuit sa quête vers l’ultime révélation de l’eau. En passant de l’autre côté du « Miroir de L’Eau », l’homme va découvrir de nouveaux univers avec lesquels il va retrouver l’essence et le sens de sa vie. La reconquête de ces nouvelles dimensions est, pour chacun de nous un chemin personnel et intime vers la totalité de son être.

 

A condition d’être à l’écoute de soi il expose : Comment l’intelligence de notre corps, de la vie et sa perfection peuvent nous amener à la certitude que le bonheur, la joie et l’amour sont les seules « fréquences » sur lesquelles la totalité de la Création fonctionne. Comment l’Eau, à la frontière des mondes physique et métaphysique, va devenir l’énergie du futur et refonder la société civile.

Les nouvelles découvertes scientifiques sur les dimensions du temps, démontrent qu’à chaque instant présent, nous sommes en communication avec notre futur et notre passé. Nous sommes des explorateurs du temps.

Notre corps biologique, système énergétique et informationnel, n’est qu’un simple point de rencontre provisoire au présent entre notre passé vécu et notre futur projeté. L’homme est un extra-temporel. Libéré de la matière, il est amené à travers les temps de la création à retrouver les lumières de son éternité et de son unité.

 

L’homme a écrasé sa propre grandeur poussé par l’incommensurable avidité, orgueil et cupidité de personnages et de personnalités qu’il s’est fabriqués ou a hérité à travers son histoire. Il a derrière ses personnalités, enfermé ainsi son être profond dans l’illusion de la matière et dans la quête d’un bonheur délétère et incertain. Il a créé ainsi sa propre misère par ses colères et ses violences. Il a entretenu la fatalité et sa croyance par l’ignorance, les souffrances et les peurs qui en ont résulté, et maintenant il gémit, maudissant le monde qui l’entoure, partagé entre riche et pauvre, entre victime et bourreau dans cette dualité de haine dont certains politiciens, idéologues et puissants au pouvoir, soi-disant sauveurs, exacerbant les contrastes et les fureurs.

 

Le potentiel de nuisance pour la planète est aussi fort chez un pauvre qui souffre de sa pauvreté que chez un riche qui l’écrase si l’un et l’autre n’ont pas retrouvé les dimensions et le chemin de leur être profond, leur « individuité », c'est-à-dire l’être unique qu’ils sont dans l’univers et ceci dans l’alliance avec cet univers visible et invisible. C’est le premier pas pour retrouver l’immensité de ce qu’ils sont, dans l’immensité des temps et des espaces où ils se trouvent.

 

Cet ouvrage de spiritualité sur l’eau visible et invisible parle de :

L’humanité en hiver – La quête du silence – Notre cerveau dans la conscience – Le cerveau, outil ignoré de toutes nos possibilités – A la conquête de nos émotions – La science dans l’obscurantisme – L’Eau de la renaissance – L’Eau de tous les possibles – Le souvenir océanique – L’au-delà de l’Eau – Notre corps dans les profondeurs du temps – L’insoutenable vérité de la vie – Et si nous n’étions que Lumière ? – Les secrets du cœur et du sang – Où sont passées les forces de l’Univers – Les entités du temps – Dans les dimensions du temps – L’inéluctable destin spirituel de l’Homme -

 

l’eau & les rÊves

Gaston bachelard

Edition Corti

 1997

C’est un essai sur l’imagination de la matière. On y explique les eaux claires, printanières, courantes, amoureuses. Narcisse, les eaux mortes et dormantes, l’eau lourde, l’eau composée, l’eau maternelle, féminine, violente.

Le complexe d’Ophélie, la pureté et les purifications.

 

À l’écoute de l’eau et de ses mystères, Gaston Bachelard entraîne son lecteur dans une superbe méditation sur l’imagination de la matière. Son domaine s’élargit, le philosophe se laissant davantage guider par les images des poètes, s’abandonne à sa propre rêverie. Des eaux claires, brillantes où naissent des images fugitives, jusqu’aux profondeurs obscures, où gisent mythes et fantasmes.


Avec L’eau et les rêves, la méthode de Bachelard s’assouplit — il ne s’agit plus d’une psychanalyse, mais, comme l’indique le sous-titre, d’un "Essai sur l’imagination de la matière"—, en même temps que son domaine s’élargit et que le philosophe se laisse davantage guider par les images des poètes, s’abandonne à sa propre rêverie. L’ouvrage suit une progression vers la profondeur, vers la substance. Commençant par les images qui "matérialisent mal", les eaux claires, brillantes, qui donnent naissance à des images fugitives et faciles, Bachelard aborde ensuite les eaux dormantes, en utilisant particulièrement les passages de l’œuvre de Poe où revient le thème, chez lui obsessionnel, de l’eau lourde, de l’eau de mort, ce qui le conduit au fleuve des morts (complexe de Caron), au noyé qui flotte (complexe d’Ophélie).

 

Dans les "eaux composées", Bachelard traite de l’équilibre des liqueurs, de l’eau qui brûle, de l’eau pénétrée par la nuit, de la terre imbibée d’eau. Remontant vers les archétypes symboliques, il montre l’eau, le liquide comme nourrissants, abreuvant et souligne leur caractère maternel, féminin. L’eau est aussi lustrale, moyen de purification ; il existe une "morale de l’eau". Deux chapitres, consacrés à la "suprématie de l’eau douce" et à l’"eau violente", précèdent la conclusion qui évoque l’eau murmurante, l’eau qui parle.

 

l’eau, le feu, la lumiÈre

D. MASSON

Edition Desclée de Brouwer

 1986

C’est à travers les trois religions monothéistes que l’auteur met en relief les trois valeurs fondamentales de celles-ci. L’eau facteur de vie, alliée au feu divin et solaire, ne peuvent qu’engendrer la lumière.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’eau : l’eau facteur de vie  -  la Création et les débuts du monde  -  l’eau dans la nature  -  l’eau dans les récits concernant la vie des Patriarches et des prophètes  -  l’eau qui guérit  -  l’eau, instrument de mort  -  le Déluge  -  Phénomènes naturels  -  l’eau purificatrice et le Baptême  - 

Le feu : Retour à la veillée pascale  -  le feu dans les traditions bibliques et coraniques  -  esprit et feu  -  Purifications  -  Justice divine  -  Eschatologie  La grâce  -  l’esprit saint  et les langues de feu  -

La Lumière : Le soleil  -  moments des prières quotidiennes réglés d’après le cadran solaire  -  Année liturgique chrétienne  -  la lumière dans les traditions bibliques et coraniques  -  Lumière et Révélation dans les Livres  -

La vie future : Les paradis dans les religions du Livre  -  l’enfer  - le paradis  -  le jardin d’Eden  - Ezéchiel  -  l’Apocalypse  -  les prophètes de l’Ancien testament  -

 

Un très bon livre sur ces trois symboles.

 

l’eau - le miracle de l’eau

Masaru emoto

Edition TREDANIEL

 2007

Que vous vient-il à l’esprit quand vous pensez à l’eau ? Les fleuves et l’océan ? Peut-être la pluie ou l’eau que vous buvez chaque jour ? Les 70 % environ de notre planète sont recouvert d’eau, et 70 % environ du corps humain ne sont qu’eau. Sans l’eau, nous ne pourrions exister et la Terre non plus ne pourrait exister telle que nous la connaissons. L’eau est aussi importante qu’irremplaçable.

Pendant des années, j’ai photographié des cristaux obtenus en congelant l’eau. Mais je ne prends pas toujours des photos des cristaux comme je les découvre. Souvent j’expose d’abord l’eau à des mots écrits, je la congèle, et je compare ensuite les différents cristaux qui se sont formés.

Des échantillons d’eau peuvent se ressembler, mais lorsqu’un échantillon est exposé à des mots positifs comme « Merci », et qu’un autre est exposé à des mots négatifs comme « Stupide », les deux échantillons forment distinctement des types différents de cristaux. Les cristaux de « Merci » sont équilibrés et bien formés alors que les cristaux de « Stupide » sont déformés et brisés. L’énergie des mots se reflète dans la formation des cristaux et, selon les mots, les cristaux sont soit beaux soit disgracieux.
Étant donné que notre corps est composé de 70 % d’eau, nous pouvons en déduire, d’après les cristaux, que l’eau qui est en nous contient l’énergie des mots.

 

Il n’est peut-être pas exagéré de le penser car nous employons souvent des adjectifs pour décrire le sang. Si vous pensez à la qualité de l’eau, il est alors plus facile de comprendre l’énergie contenue dans l’eau.

 

Masura Emoto a photographié des milliers de cristaux d’eau au cours de ses années de recherche, mais peu ont égalé en beauté et en affirmation de vie ceux qui ont été produits par les mots « amour et gratitude ». Dans Le miracle de l’eau, l’auteur démontre comment l’eau, en véhiculant la vibration naturelle de ces mots, peut vous aider à accueillir le changement et à vivre d’une manière plus positive et heureuse.

Le Dr Emoto étudie également l’importance du langage, la signification des mots, leur origine et leur influence sur l’eau de la nature, ainsi que sur l’eau interne qui constitue les 70 % de notre corps et entretient nos cellules. Il introduit et explique le concept-clé de la résonance et de la vibration par laquelle est transmise l’énergie. Partant de cette connaissance, il en tire des leçons que nous pouvons appliquer dans notre vie pour recueillir les bienfaits de la résonance positive, avoir des relations plus harmonieuses, améliorer sa santé et favoriser la communication.

Ce livre d’exception présente de nouvelles photos extraordinaires de cristaux à travers lesquels l’eau nous révèle sa véritable nature.

 

L’EAU.  MYTHES, LÉGENDES ET TEMPS MODERNES

Kircher et Becker

Edition  Ramuel

 2003

L’eau, élément d’origine, élément ultime, a toujours exercé une puissante attraction sur notre esprit avide de connaître le début et la fin de toutes choses. De la plus lointaine Antiquité jusqu’à l’extinction de l’univers, l’eau est là, au cœur de nos vies, mères nourricières, créatrice et destructrice ultime.

 

Tout part d’elle et revient à elle dans les phases d’une vaste respiration, celles des mondes inouïs abritant l’esprit vital du cosmos. Du sommet des ziggourats à l’ombre fraîche des sanctuaires de la Grèce lumineuse, on raconte l’histoire des premiers matins de l’existence où des divinités archaïques et monstrueuses s’accouplent et se battent afin de meubler, de dominer une terre vide couverte d’eau, domaine de toutes les virtualités.

 

La vie prend forme, enfle et se lance à la conquête du territoire de l’Infini, oubliant ses humbles origines. Elle cultive l’orgueil de soumettre à son terrible vouloir, l’essence même de la Création. Les Dieux prennent ombrage, maudissant et décident de retrouver leur puissance déchue.

 

De lourds nuages s’amassent à l’horizon. Une planète rendue folle de douleur déchaîne sa colère, brandissant l’éclair de la souffrance et ouvre les écluses célestes afin que les eaux régénératrices purifient une terre épuisées par une vie ingrate, oublieuse de son statut divin. De lointains mots résonnent dans l’air obscur, survolent de vastes étendues liquidiennes, chuchotant dans les méandres du Temps : « Ô homme ! Pourquoi m’as-tu fait cela ? »

L’Eau fera revivre un passé oublié dans les brumes du Temps d’où émergeront les formes inquiétantes du dieu Dagon, des sirènes à la voix traitresse et les terres rescapées du Grand Déluge Universel. Des eaux miraculeuses capables de guérir tous les maux et même de ressusciter les morts.

 

 Cet ouvrage passera aux grands défis auxquels se heurtera l’homme du XXIe siècle : La guerre climatique et la grande fonte des glaces. Pour les Anciens nos origines étaient issues de la mer, c’est pourquoi nous ferons la connaissance des dieux aquatiques des civilisations passées. L’Eau, vie primordiale certes, mais également considérée jadis comme l’élément d’où surgirent de mystérieux personnages apportant savoir et civilisation.

 

L’Eau, la mer, le domaine de rumeurs à peine chuchotées : les Sirènes, Ys, les vaisseaux fantômes qui hantent autant nos conscience que la mer elle-même ; l’eau, synonyme de frissons aussi, lorsqu’affleure la pensée du châtiment ultime de l’homme : Le déluge, engloutissant l’humanité sous les vagues furieuses lancées par une divinité outragée.

Au sommaire de cet ouvrage :

Les traditions Antiques   -   L’Enuma Elish   -   Les Dieux issus de l’océan et l’océan des Dieux   -   Mésopotamie et Syrie-Phénicie   -   L’Egypte   -  Dagon   -   Ces étranges civilisations venues du Ciel et de la Mer : Les Apkallus de l’antique Sumer, L’Arche du Nommo, Orejona l’étrange vénusienne   -    De L’eau et de l’au-delà    -    Platon et la nouvelle eschatologie    - Pour une quête de la Pérennité   -    les principaux fleuves de l’enfer : le Styx, L’Achéron, Le Cocyte, Le Pyriphlégéton    -    Un Osiris noyé   -    Quand l’eau recouvrit les Amériques   -   Vierges noires et Eaux miraculeuses   -  Les vaisseaux fantômes   -   Ys la maudite   -   Le pont symbole de passage  -   La guerre climatique   - Les secrets de l’eau   -  L’eau porteuse d’informations    -    Le cycle de l’eau sur la terre    -    La qualité de l’eau

 

LE BANQUET RITUEL – SIGNIFICATION INITIATIQUE DES TRAVAUX DE TABLE   -    N°  36   -

ANDRÉ  QUÉMET

ÉDITION  LA MAISON DE VIE

 2010

Célébration de l’amour initiatique, le banquet est le couronnement rituel d’une tenue de loge. En le célébrant, les initiés partagent les nourritures spirituelles et matérielles, et vivent l’accomplissement du mythe.

 

Cet ouvrage propose une étude en profondeur de la symbolique du banquet, bien connu dans la religion chrétienne, et au cœur de nombreuses traditions initiatiques. Il implique offrande, purification, communion et transmutation.Par les lumières du banquet, l’invisible se dévoile lors « des travaux de table »

 

Sujets traités dans cet ouvrage :

 

Banquet, agapes et travaux de table, leurs origines et leurs importances – Forme de la salle du banquet et l’importance du carré long – la nature de la table du banquet, banquet transmutatoire, nutrition, communion, comment se nourrir, verbe et nourriture – L’apport des offrandes et la purification, la table d’offrande, réversion des offrandes et banquet funéraire, présence de l’Orient éternel – Les lumières du banquet – L’invisible référence du banquet, la tenue rituelle et le voyage de la barque du temple – La communion par le pain et le vin – Consubstantialité divine –

 

Franc-maçon depuis plus de 25 ans André Quémet se consacre à l’étude des symboles maçonniques et ésotériques.

 

LE BESTIAIRE DE LA BIBLE

JF. FROGER et JP. DURAND

Edition DESIRIS

 1994

Pourquoi ce bestiaire de la Bible ? A cause d’un regard tout à fait nouveau sur le symbolisme. De la même façon que la Bible raconte comment Noé sauva toutes les espèces animales du Déluge d’eau, une théorie du symbole doit montrer comment toutes les interprétations culturelles, les métaphores et les usages figuratifs des objets du monde sont fondés en réalité sur la fonction symbolique qui les sauve tous du désordre psychique.

 

Pourquoi c’est précisément un « serpent » qui doit parler à Eve pour la tenter ? Pourquoi c’est une « colombe » qui doit apparaitre et se poser sur Jésus au moment de son baptême ? Il faut pour répondre à ces questions, comprendre ce que le serpent ou la colombe concrets, montrent à l’intelligence à travers le voile de l’analogie ; nous découvrons alors que tout le monde sensible est signifiant du monde intelligible, en particulier, les animaux montrent à l’homme le miroir de sa vie psychique.

 

C’est pourquoi Dieu les fait défiler devant Adam : il veut que cet Homme – que nous sommes- prenne conscience de lui-même sous tous les aspects et surtout découvre le secret de l’humanité. Si les multiples facettes de la vie psychique et spirituelle peuvent se refléter dans le monde des animaux, le côté unique qui fait que l’Homme est Homme est un secret non dévoilé dans la Nature.

L’Homme doit le découvrir après avoir tout examiné et après s’être réveillé de la connaissance de lui-même ; ce secret, c’est la merveille centrale de la Création : la Femme.

 

Pourquoi un bestiaire de la Bible ? Pour accompagner la recherche du vrai, du beau, et du bien jusques en son ultime dévoilement dans l’Apocalypse : la femme que le soleil enveloppe, la lune sous les pieds, la tête couronnée de douze étoiles. 

 

On trouve au sommaire :

 

Les quatre vivants  -  la quadrature du cercle  -  La Genèse de la femme  -  comment sortir de la bêtise en fréquentant les animaux  -  les dragons  -  les serpents  -  la difficulté de voir la beauté  -  les poissons  -  du pur et de l’impur  -  la fourmi  -  les insectes  -  le Daman  -  de la vigilance dans la lumière  -  la domestication  -  la famille des bovidés  --  le sacrifice  -  l’agneau égorgé  -  antilopes, gazelle, oryx et chamois  -  de l’épectase  - le cerf, la biche et la faon  -  la théoria et la praxis  -  le désert et l’onagre  -  panthère, léopard, lynx, lion et ours  -  le chameau  -  comment la recherche d’une épouse mène finalement à l’épreuve  -  l’éponge  -  cheval, âne et mulet  -  le coq, la poule et l’œuf  -  le scorpion  -  l’araignée  -  la perle, le byssus et la nacre  -  une courte excursion vers la Jérusalem céleste  -  le cochon  -  le lièvre  -  le chien et le loup  -  de la sublimation au sacrifice  -   rapaces, vautours et aigles  -  le chat  -  la baleine et autres cétacés  -  le poisson et la grenouille  -  on doit distinguer Nombre et Nombres  -  perroquets, autruche, chouette, rat et coucou  -  l’abeille, le frelon et la guêpe  -   sauterelles, criquets, grillons et autres  -  le rapport du nombre et de l(archétype  -  le renard, le chacal et la hyène  -  le crocodile, l’hippopotame et l’éléphant  -  le singe  -   ver er vermine, mouche et moustique  -  l’homme réalisé nu comme un ver ayant abdiqué toute puissance au profit de l’unité d’amour. 

 

Livre important de 550 pages, format 27x20 avec une belle  iconographie.

 

le bonheur : mythe ou rÉalitḖ ?

hiram

Edition le LÉOPARD D’OR

 2002

Définition de la vie et du bonheur, l’argent, la pensée discursive et rationaliste, la morale, notion du bien et du mal, la quête du pouvoir, la tolérance, l’égalité, l’ego, les faux bonheurs, les sectes, les solutions, l’âme, le corps et l’esprit, le sacré, l’humilité, maîtriser son dragon, chevaucher son tigre et trouver l’harmonie.

 

Le bonheur nous motive : « Normal, dirait le psychologue Paul Diel, la vie veut vivre de mieux en mieux. » Précurseur de la psychologie positive, il en fit, dès les années 1950, le principe de sa psychologie de la motivation. Car le bonheur motive. Plus encore que la satisfaction qu’il apporte, sa première qualité est de nous stimuler.

 

Si nous n’avions pas une vision du bonheur, que ferions-nous ? Il sert d’étalon de mesure à nos désirs, à nos projets et à nos actes, même les plus inconscients. Une expérience comportementaliste primaire (réagir à l’aide d’une manette à des mots défilant sur un écran) a ainsi montré que nous tendions naturellement à attirer vers nous les mots qui évoquent le bonheur et à repousser les mots désagréables, et qu’il était très difficile de résister à cette tendance.

 

Même pour de simples mots, notre soif de bonheur ne connaît pas de limites. Et cette motivation paye. Selon une autre étude, les gens les plus motivés pour devenir autonomes, avoir de bonnes relations, s’accepter et progresser sont aussi les plus heureux.

 

 Le bonheur repose sur l’équilibre : Serait-ce là encore une preuve que l’argent ne fait pas le bonheur, comme dit l’adage ? On dit aussi qu’il y contribue… Les Français le confirment : il n’est que leur septième source de satisfaction (après la famille, les enfants, la santé, l’amour, les amis et les loisirs), mais l’emporte comme la chose leur manquant le plus pour être « encore plus » heureux (devant « davantage de temps libre », « un enfant », « l’amour », « se rendre utile » ou « un meilleur logement »).

Il en va presque de même au niveau mondial. Certes, les pays très pauvres sont les plus malheureux, tout comme le sont, dans les autres pays, les personnes les plus défavorisées. Mais dès qu’un seuil de revenu est franchi – seuil relatif à chaque pays –, l’argent compte de moins en moins comme source du bonheur. La perte d’un tiers du revenu diminuerait le bonheur individuel quatre fois moins qu’une séparation amoureuse. Celui-ci repose plutôt sur une satisfaction équilibrée de nos besoins vitaux, affectifs et moraux.

 

Le bonheur souffre de la comparaison : Pourquoi, dès lors, continuons-nous à penser en premier à l’argent comme pouvant nous rendre plus heureux, alors que nous le sommes grâce à d’autres facteurs ? Parce que nous sommes prisonniers d’un système de valeurs dépassé, plaide sir Richard Layard, lord anglais et professeur à la London School of Economics, dans un autre livre décapant, largement nourri d’études scientifiques. Selon ce mode de pensée, qui fonde nos politiques économiques, le bonheur ne peut venir que de l’élévation de notre niveau de vie. Qui propage cette idée reçue ? Les médias, bien sûr, et la télévision en tête, quand elle diffuse à outrance un modèle de bonheur lié à la richesse, à la beauté et à la jeunesse, qui rehausse nos standards de comparaison. En nous bombardant d’« amour, gloire et beauté », elle perturbe les normes que nous avons l’habitude de prendre pour juger. Conséquences : notre niveau de vie paraît moins reluisant, et notre conjoint moins séduisant. « En diminuant le plaisir que nous tirons de ce que nous avons, la télévision a un impact négatif sur la perception de notre situation et nuit donc à notre bonheur ».

 

Résultat : nous quêtons sans fin un bonheur toujours inaccessible. Après Daniel Todd Gilbert et nos illusions psychologiques, sir Richard Layard dénonce donc nos illusions sociales. Il ne nous reste plus, individuellement et collectivement, qu’à inventer de nouvelles pistes pour construire un vrai bonheur. Le nôtre.

 

Le constat :

but de la vie qui est la recherche du Bonheur – la possession -  la position sociale – le savoir – la morale – les sources du bonheur – la quête de la jouissance et du pouvoir – la société et ses conditionnements – l’incompréhension – les faux-bonheurs – les drogues – le suicide – l’absence d’éthique et de règle de vie – les philosophies – les sectes et les gourous – le bonheur recherché est-il en soi ? – l’insatisfaction permanente – la vision ternaire – dominer son affectif et faire taire son intellect – l’ascèse – apprendre le détachement – diriger son égo – passer d’une pensée binaire immature à une pensée ternaire achevée – retrouver le sens du don et de l’amour – changer le regard – la Règle – la sérénité est-elle accessible ?

 

le chant des pierres

Marius schneider

Edition ARCHÉ

 1976

Études sur le rythme et la signification des chapiteaux dans trois cloîtres catalans de style roman : San Cugat, Gérone, et le cloître de Rippoll.

 

Le contenu de cet ouvrage repose sur les résultats d’une série de recherche archéologiques, mythologiques, ethnologiques et musicologiques portant sur l’origine, la nature et le développement de la symbolique du son que l’auteur a étudié et diffusé en Espagne entre 1946 et 1960,à travers divers travaux.

 

Cette étude se propose d’enseigner aux lecteurs quelques connaissances dans le domaine  musicologique et sur l’architecture romane, avec la place respectives des chapiteaux et des colonnes, dans le plan d’un cloitre, car rien n’est laissé au hasard et tout suit un plan musical, un rythme global ou idéologique.

 

LE CHIEN

DAVID  GATTEGNO

Edition PARDES

 1995

Le  symbolisme du chien est ici expliqué  dans une étude très complète, car le sujet est d’une extrême richesse. Toutes les civilisations, tous les temps l’ont connu. 

 

Les traditions répètent que Dieu a créé le chien pour qu’il soit le compagnon de l’homme. L’ancienne Egypte lui accordait la première place. La perse des mages lui a consacré la plus grande part d’un de ses livres sacrés.

 

D’ailleurs Hérodote relate que les mages de Perse s’abstenaient de tuer, rien qui ait vie, excepté ce qu’ils offraient en sacrifice. Alors, les Mages tuaient tout de leur propre main, tout, insiste l’historien, excepté l’homme et le chien.


La Grèce le place près de la grande Hécade. L’Inde avestique le signale comma associé au premier humain.

 

Il resta l’auxiliaire majeur des divinités de l’autre monde. Les philosophes « cyniques » prennent leur épithète de son nom. La divinité de l’Âge-  d’Or, Cronos, est appelé « chien », Hermès, Mithra, Héraclès, Nergal, Hadès, Sérapis, etc. avaient un chien pour compagnon. Tous les héros de la Grèce antique, ont pratiqué l’élevage des chiens, parce que  « cela plaisait  aux dieux ».

 

Guide, compagnon, chasseur, gardien, le chien n’a jamais failli à sa mission. Elle lui a été assignée dès le Commencement. Il est donné à chacun d’acquérir un chien et, selon une bonne intelligence, des récompenses insignes seront accordées au maître. Du plus humble au plus grand, «  il est permis à tout homme d’être aimé des dieux », par la grâce du chien…

 

Dans toutes les religions et mythologies, les animaux représentent des fonctions ou des caractères humains. Le chien en tant que symbole revêt des aspects multiples et contradictoires. Chaque culture n'ayant pas toujours tranché entre le positif et le négatif. Sa dualité en fait un personnage extrêmement riche.    L'image du chien est particulièrement négative dans le christianisme primitif comme dans le judaïsme. Au mieux, c'est un outil : gardien, éboueur. Au pire, il représente tout ce qu'il existe de plus vil et de méprisable sur la Terre.

 

La mort est historiquement l'une des premières symboliques du chien. Malgré les nombreux textes liant le chien au monde des enfers, la littérature a assez peu repris ce thème, qui se retrouve essentiellement dans la littérature contemporaine. L'un des textes les plus connus à ce sujet est le Chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle. L'auteur emploie des métaphores infernales : " démon des Baskerville ", " chien diabolique ", " bête sorti de l'Enfer ". Le cinéma n'est pas en reste avec "Cujo" par exemple, mettant en scène un animal tueur d'homme.

 

Mythologie : La première fonction mythique du chien universellement attestée est celle de guide de l'homme dans la mort, après avoir été son compagnon dans la vie : Anubis, Hécate, Thot, Cerbère, Hermès en sont les symboles occidentaux mais des variantes apparaissent dans toutes les cultures. Les cynocéphales égyptiens ont pour mission d'emprisonner ou de détruire les ennemis de la lumière et de garder les portes des lieux sacrés. Mais le chien ne se contente pas de guider les morts, il sert aussi d'intermédiaire entre ce monde et l'autre, il permet aux vivants d'interroger les divinités souterraines. Sa reconnaissance de l'Au-delà fait qu'il est souvent représenté comme un ancêtre mythique, un héros civilisateur.

 

Religion : Malgré les aspects négatifs, on peut noter de nombreuses apparitions du mot chien dans la Bible, annonciatrice d'une symbolique riche et variée dans la littérature occidentale. Dans le Coran, le chien est loué pour sa vigilance, sa patience et bien sûr, sa fidélité et détesté " pour sa gloutonnerie et son avidité". Les canidés sont considérés comme impurs, à l'exception du lévrier, qui est pur et protège d'un mauvais œil.

 

Littérature :     La fidélité est, dans la représentation positive du chien, la qualité la plus anciennement reconnue. Dans les mythologies, après avoir accompagné l'homme dans la vie, il le guide vers la mort : il reste donc toujours à ses côtés. Dans l'Odyssée d'Homère, Argos est le seul à reconnaître son maître Ulysse lorsqu'il revient déguisé en mendiant. On retrouve le même thème dans Tristan et Iseult : Tristan revient d'exil déguisé en fou et seul son chien Husdent le reconnaît. Ceci deviendra un thème courant de la littérature et de la symbolique du chien : plus fidèle que les humains, il reste attaché envers et contre tout à son maître ; d'abord tenu à l'écart comme une bête sauvage, puis toléré pour ses capacités de chasse et de garde, le chien finit par être domestiqué comme animal de compagnie. Il devient alors compagnon de l'homme, parfois même le dernier être vivant avec lequel le solitaire peut communiquer, ou devient même son successeur dans 'Demain les chiens’.

 

Fidélité : Comme dans la littérature, la fidélité est une qualité reconnue. Le courage, l'amitié, l'intelligence deviennent naturels chez le chien : milou, rintintin, lassie pour ne citer qu'eux. N'oublions pas non plus les comiques : droopy, plutot, goofy par exemple. Dans la majorité de la filmographie occidentale le chien devient un compagnon naturel de l'homme, un complice évident.


L’auteur étudie depuis longtemps le symbolisme; éleveur de chiens lui-même, il connaît par conséquent toute la matière ici traitée. Avec ce livre, il donne pour la première fois la clé des principaux mystères attachés à l’animal le plus proche de nous. Ce livre, riche d’une très importante documentation, propose en outre une rare réunion d’illustrations, éclairant tous les aspects de la question.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’esprit de la vie  -  L’ouverture de la bouche  -  La lumière des yeux  -  La chair de la Chair  -  Le meneur d’hommes  -  La chasse  -  Sous l’oeil de la divinité  -  « Courre d’amour »  -  Seigneur le chien  -  La Maisnie Hellequin  -  La grande chasse  -  L’immobile de cœur  -  La Grande Déesse  -  L’enchantement  -  Le pont des âmes  -  Le compagnon  -  L’ami bienveillant  -  Le Maître de la demeure  -   Le Maître du trait  -  le cœur éternel  -  La chaîne canine  -  

 

LE CHIEN,  SON SYMBOLISME

Divers auteurs

Arcadia

 2000

Sont réunis ici les commentaires de divers auteurs au sujet du chien et de son rôle dans les diverses traditions et civilisations, autant dans la Bible que dans les Grands Textes Sacrés, philosophiques et alchimiques.


En commençant par Anubis Dieu des morts pour les Egyptiens , puis les Grecs qui donnèrent une tête de chien à plusieurs dieux de la Mythologie , dont Hermès , jumeau du Dieu égyptien Thot : grand scribe et Dieu du savoir . Après un détour chez Cerbère , chien gardien des enfers , on visite diverses civilisations , chez les Ibo du Nigéria , les Aztèques , en Perse et chez les descendants de Zarathoustra : les Parsis qui sont en Inde , on visite les Celtes en général et le pays de Galle en particulier , chez les Murut de Bornéo , et chez les Tibétains qui partagent avec l’Islam le symbole du chien « mauvais œil » , chez les Chinois où le chien est le 11e signe du zodiaque . En Alchimie ou le chien de corascène (soufre) est appelé aussi « tête de corbeau », il se bat contre la chienne d’Arménie (mercure) pour former le Rébis.


Dans les premiers cahiers (rituels) maçonniques, le chien est associé au coq, pour annoncer la Lumière. Pour les compagnons du Tour de France, les chiens noirs étaient les compagnons forgerons, les chiens loups étaient les compagnons charpentiers de la fédération compagnonnique du bâtiment, puis après sa fusion en 1945 devint les chiens Soubise et les indiens charpentiers loups, les chiens blancs qui sont les compagnons boulangers, et les chiens en général qui désignent tous les compagnons charpentiers, couvreurs, de tous les rites compagnonniques.


Le livre des superstitions abonde dans son imagerie planétaire, sur les us, coutumes, symbole et dits, au sujet du chien. Mais en règle générale le chien est associé à la mort et aux enfers, au monde sombre d’en dessous et aux divinités chthoniennes et lunaires. Un premier ternaire Terre, Eau, Lune, peut être rapproché du ternaire symbolique : Féminité, sexualité et divination. Le chien est un Psychopompe, un guide et un conducteur des hommes et des âmes, c’est un ami fidèle, qui accompagne l’homme et l’aide souvent à passer d’une rive à l’autre, d’un état à un autre état. Il est de tous les voyages et n’oublions pas qu’il assiste – dans la religion Egyptienne - à la pesée des âmes.

 

Une longue histoire unit le chien et l’homme. Ce n’est pas pour rien qu’il est coutume de dire que le chien est le meilleur ami de l’homme. Une très forte relation s’est établie au cours des millénaires qui fit que l’homme et le chien allaient devenir de grands amis inséparables. Cette relation forgea un des aspects fondamentaux du symbolisme lié au chien : la fidélité. L’amitié à toute épreuve est le ciment de cette fidélité qui caractérise le lien homme-chien. Les plus anciens restes de chiens domestiqués furent trouvés en Belgique, dans les grottes de Goyet. Il y a 31.700 ans, l’homme apprivoisa le chien. Les études génétiques sur l’ADN mitochondrial ont démontré que le chien s’est séparé du loup il y a 100.000 ans. Le chien a donc vécu pendant plus de 68.000 ans de forme totalement sauvage, ce qui a bien-sûr largement forgé ses principaux traits de caractère. Malgré sa relation intime avec l’homme, le chien a conservé sa nature première : celle d’un animal de meute. Des études ont d’ailleurs indiqué que le chien considère en fait son maître comme un chef de meute auquel il doit être soumis. Outre l’amitié qui lie le chien à l’homme, il faut se rappeler du grand compagnon incontournable que représente le chien lors d’une activité aussi ancienne que l’être humain : la chasse. Mais nous allons voir que le symbolisme lié au chien est très vaste car il prend justement ses racines dans les plus anciens cultes chamaniques du paléolithique européen.

Dans presque toutes les mythologies du monde entier, le chien est avant tout associé à l’obscurité de l’infra monde, à la mort, et aux royaumes invisibles qui sont régis par les Divinités chtoniennes ou lunaires. Il est de par ce fait relié aux éléments fondamentaux et hautement symboliques que sont la Terre, l’Eau, et la Lune. Le chien fut ainsi mis en relation avec les forces naturelles occultes, féminines, et spirituelles. Le monde des Esprits est familier au chien. Sur le plan de la psychologie humaine, il est un miroir de l’inconscient, du royaume des instincts. Sa relation avec le monde des Esprits le convertit en un animal psychopompe, c'est-à-dire celui qui accompagne et guide l’homme dans la nuit de la mort. Comme presque tous les animaux sacrés des anciennes traditions polythéistes, le chien est un intermédiaire entre les différents mondes. Il guide le prêtre-chaman durant les rites qui lui permettent de prendre contact avec les royaumes invisibles. Ce rôle d’intermédiaire se retrouve aussi dans le fait que le chien permettait d’interroger les morts et les Divinités souterraines. En Sibérie, région où de très anciens cultes chamaniques se sont maintenus jusqu’à nos jours, il existe la tradition chez les Teleoutes d’offrir aux chiens la part du mort durant les banquets funéraires. Le chaman de la tribu portait parfois un habit fait de peaux de chien tannées, ce qui le mettait en contact direct avec l’Esprit du chien afin d’être guidé lors de ses transes rituelles.

Dans nos anciens mythes, le chien n’est pas seulement celui visite l’infra monde, il en est aussi le gardien suprême. Ce rôle de gardien est effectivement une autre caractéristique symbolique profondément liée au chien. Le gardien le plus connu est très certainement Cerbère, le chien à trois têtes de la tradition grecque. Il garde l’entrée des enfers, le monde des morts et le royaume du Dieu Hadès. Le terme « enfers » ne doit bien-sûr pas être pris dans sa forme chrétienne, mais dans sa forme originelle, celle qui relève des traditions païennes. « Enfers » y désigne l’infra monde, le monde souterrain et obscur, celui où erre les morts, mais sans aucune idée de châtiment. Ce n’est pas un lieu de punition et de souffrance comme dans la version dégénérée judéo-chrétienne. Ce même monde souterrain s’exprime aussi au travers de la figure divine de la Terre-Mère, la grande nourricière, la Mère de tous les êtres vivants. Le chien Cerbère gardait non seulement l’entrée des enfers, mais aussi la sortie. Ceux qui avaient passé le Styx, la rivière menant au royaume du Dieu Hadès, ne pouvaient plus revenir en arrière car Cerbère les en empêchait. Son aspect effrayant est à mettre en relation avec les forces mystérieuses et inconnues qui peuplent l’infra monde, celles qui éveillent le respect et l’admiration, mais aussi une grande crainte.


La Déesse Hécate, Déesse des ténèbres, possédait la possibilité de se transformer en cheval ou en chien. Elle avait l’habitude de hanter les carrefours suivie d’une meute de chiens. Les ténèbres symbolisent ici les mystères de l’inconnu. La présence du chien marque la capacité de la Déesse à voyager entre les différents mondes. Le carrefour quant à lui symbolise la croisée des chemins de la destinée, le moment où le destin d’un vivant ou d’un mort peut prendre un tournant décisif. Les anciens Grecs attribuaient également au chien des vertus médicinales. Il était à ce titre un des attributs du Dieu de la médicine, le Dieu Asclépios, fils d’Apollon.

Dans la tradition païenne des Celtes, le chien possède un aspect que l’on pourrait définir comme plurifonctionnel. En plus des aspects liés à l’infra monde, il se caractérise par les chiens de combat qu’utilisaient les Celtes durant la guerre. Ces chiens de combat, très présents dans la culture des Irlandais et des Gaulois, étaient vénérés comme de véritables guerriers. Comparer un héros à un chien était un honneur. Le grand héros mythique irlandais Cuchulainn, dont le nom signifie le « chien de Culann », est en relation très étroite avec les aspects sacrés du chien. Chez les Celtes insulaires, le mot « cu » (prononcer « kou ») désigne un grand chien fort et prêt à l’attaque. Il fait donc référence au chien de combat. À l’opposé était le « oircne » qui est le chien de compagnie de ces dames de l’aristocratie. C’est celui qu’on retrouvera associé au culte des Matrones celto-romaines comme chien de fertilité et de fécondité. De plus, le chien dans son rôle de chasseur, manifeste une grande capacité d’orientation, il retrouve ici son aspect symbolique de guide. Son ouïe et surtout son odorat font de lui le parfait compagnon en terrain inconnu. L’aspect médicinal du chien se retrouve dans le Dieu gallo-romain Apollon Cunomaglus, le prince des chiens. Mais il n’est pas le seul Dieu celte dont l’un des attributs soit le chien. On le retrouve en effet auprès de Dieux comme Nodens, Sucellus, ou les gallo-romains Silvanus, Diane, et Mars. Au travers de ces différents Dieux s’exprime bien la multiplicité symbolique qui caractérise le chien dans la tradition celte. Les restes archéologiques ont démontré par ailleurs que les Celtes sacrifiaient parfois un chien aux Dieux ou aux Déesses. L’animal devenait ainsi un messager du clan auprès des Divinités.

Dans la tradition germano-nordique, ce genre de sacrifice était plutôt réservé au cheval. Il n’existe pour ainsi dire aucune trace de sacrifice de chien. Cependant, le chien avait quand-même un rôle important. Les anciens mythes nordiques parlent du grand chien Garmr, qui tout comme le Cerbère de la tradition grecque, est un gardien de l’infra monde. Garmr hurle tout le temps, il est enchaîné à l’entrée de Gnipahellir. Cet endroit mythique dont le nom signifie « la grotte qui surplombe » est à mettre en relation avec une des entrées des enfers. Le chien Garmr restera attaché à cet endroit jusqu’au moment fatidique de Ragnarök où il affrontera le Dieu Tyr. Cet affrontement est celui qui oppose les forces de l’ordre solaire (le Dieu Tyr) à celui des forces obscures du chaos infernal (le chien Garmr).


Dans la tradition germanique, le chien était également lié au monde des Esprits et en étroite connexion avec les pouvoirs divinatoires. Il était souvent représenté en compagnie de la Déesse Holda ou de la Dame Blanche. En Bavière et en Allgäu, un chien qui hurle en regardant vers le haut, était considéré comme un avertissement, il annonçait la possibilité d’un incendie à venir. De manière générale, le hurlement d’un chien était synonyme d’un mauvais présage. De même, la direction dans laquelle regarde un chien en se couchant, est une indication pour savoir d’où viendra quelque chose de mauvais. Dans la région d’Oldenburg, on croyait pouvoir s’approprier les capacités divinatoires du chien en observant à minuit entre les oreilles ou les pattes de l’animal. Ce qui se voyait alors, était un signe prémonitoire. Dans ce même esprit, on se frottait les yeux avec des larmes de chien afin d’augmenter ses possibilités d’entrevoir les secrets du futur. Dans diverses régions d’Allemagne, on disait que voir un chien manger de l’herbe, était le signe qu’il allait y avoir du mauvais
temps. De même que voir un chien manger de la neige, était de bon augure car cela annonçait que la fonte des neiges était proche.

 

LE CISEAU ET LE MAILLET  -  Mise en Œuvre de l’initiation   -                 N° 66    -

  Joseph  Noyer

Edition Maison de Vie

 2015

L'origine mythique, la fonction pratique et la symbolique de ces deux outils sont étudiées séparément avant que ne soit examinée leur utilité dans la pratique du métier d'Apprenti, un métier relié au mystère. Dualité et ternarité (maillet-ciseau-pierre brute) rythment le travail de l'Apprenti et ouvrent son cœur, lui permettant ainsi de participer avec ses frères à la construction du Temple.

 

En maçonnerie opérative, le maillet et le ciseau ont pour fonction de dégrossir des blocs de pierres brutes, en vue de leur intégration à l’ensemble de l’édifice. (En F. ·.M. ·.) , le profane est assimilé à une pierre brute, produit grossier de la nature impropre à la construction, en cet état.

 

En tant que F. ·.M. ·. , nous sommes tous des pierres plus ou moins brutes sur lesquelles nous avons choisi librement de travailler. Ce dégrossissement s’opère au moyen du maillet et du ciseau. Ces deux outils participent à la réalisation du premier travail demandé à l’apprenti, lors de son initiation : les trois coups sur la pierre brute. En fait, c’est sur lui-même que l’apprenti est invité à travailler(. En tant qu’apprentis), le port du tablier avec la bavette relevée, qui nous protège des éclats provoqués par la taille, nous rappelle que nous nous sommes engagés à dégrossir notre pierre (brute).

La pierre brute symbolise l’imperfection inhérente à notre nature humaine. L’homme profane, mais aussi le F.M. , se laisse facilement enchaîner par ses préjugés, ses conditionnements, ses pulsions, et ses émotions. Nous sommes multiples et contradictoires et aspirons à davantage d’unité. Fondé sur la foi en la perfectibilité de l’homme, le parcours initiatique nous propose un travail régulier sur nous-même pour tenter d’échapper à cette emprise. L’initiation nous invite à un dépouillement personnel en vue d’une ouverture de l’esprit et du cœur. L’engagement de l’apprenti au silence favorise une écoute de ses propres travers, du rituel, des symboles et des autres FF.·. En fait, l’écoute attentive de soi et l’écoute de l’autre sont étroitement liées. Le dégrossissement de la pierre brute renvoie à ce travail de libération et d’unification, qui consiste à retirer un surplus, facteur d’aveuglement et de dysharmonie. Cette tâche nécessite l’emploi du maillet et du ciseau, dont nous allons évoquer le symbolisme.

 

Dans l’exécution de ce travail, le maillet est tenu de la main droite et le ciseau de la main gauche. Après que le ciseau ait été mis en contact avec la pierre, le maillet lui communique sa force. En maçonnerie opérative, le tailleur de pierre doit connaître, d’une part, les défauts et les qualités de la matière première sur laquelle il travaille, et d’autre part, le travail à accomplir afin de retirer la quantité de matière nécessaire. Cette tâche nécessite, de sa part, une maîtrise de soi, une précision du geste, une retenue et une connaissance des outils, afin de respecter la pierre et  ne pas l’endommager irrémédiablement.

 

(D’après un dictionnaire des symboles,) c’est un peu vague ou alors il faut citer l’ouvrage et l’auteur Dans la tradition chrétienne Occidentale, la droite possède un sens actif, alors que la gauche est passive. De même, la droite renvoie à l’avenir et la gauche au passé. La transposition se réalise facilement à nos deux outils. Selon la tradition maçonnique, le ciseau est passif à l’égard du maillet. Ce dernier est associé à l’activité et à l’énergie, transmise au ciseau, nécessaire au dégrossissement de la pierre. Le ciseau, par son inclinaison, permet de retirer la quantité juste et parfaite. De manière plus abstraite, le maillet figure la volonté, la fermeté et la persévérance dont découle la réalisation pratique. Le maillet, outil constitué uniquement de bois, n’est pas un marteau, masse métallique lourde et brutale.  En effet, la volonté est vaine si elle n’est pas appliquée avec mesure. La volonté n’est pas synonyme d’entêtement. Elle doit être simplement ferme et persévérante.

 

Le ciseau sert d’intermédiaire entre le maillet et la pierre, autrement dit entre notre volonté et nous-même. Le ciseau doit être guidé avec habileté et discernement, afin de mordre la pierre profitablement. Il s’agit de dégrossir la pierre avec détermination mais avec prudence, et non pas de la faire éclater en morceaux par méprise. Il représente le discernement  indispensable à un travail fructueux. Il devra souvent être affûté afin de ne pas s’émousser. Ce discernement nécessite beaucoup d’humilité. C’est pourquoi l’apprenti est enjoint à se mettre à genoux pour utiliser ses outils. L’antériorité de la gauche sur la droite, sur le plan chronologique, nous semble éclairante. En effet, l’acquisition du discernement, fruit de l’introspection et de l’observation, est une tâche plus intériorisée, en ce sens plus passive, qui doit précéder l’action de dégrossissement de sa pierre brute. Discernement et volonté sont indissociables, tout comme le maillet et le ciseau. Que serait le discernement sans la volonté ? Une potentialité stérile. Que serait la volonté mise en œuvre avant le discernement ? Une activité destructrice, dépourvue de finalité.

 

Ainsi, il est impossible à l’apprenti de travailler sur sa pierre brute, sans connaissance de sa nature propre et des outils qu’il manipule. Mal utilisés, ses outils peuvent provoquer l’éclatement de sa pierre (brute), autrement dit lui-même. Cette image nous invite donc dans un premier temps à nous examiner, à nous scruter, à nous comprendre, c'est-à-dire à nous regarder sans complaisance. Notre aveuglement sur nous-même n’est-il pas notre pire ennemi ? Nous préférons souvent nous étourdir et nous divertir pour fuir nos imperfections, plutôt que de les regarder en face. Ces deux outils nous appellent à un travail déterminé et circonspect sur nous-même.

 

Ils nous convient à une maîtrise accrue de notre volonté, à travers une meilleure connaissance de nous-même. (Nous avons crû percevoir un rapport entre la pierre brute et) soyons plus affirmatif, même au risque de nous tromper, c’est cela le fruit du discernement de nos outils… V.I.T.R.I.O.L. : Visita Interiora Terrae Rectificando que Invenies Occultum Lapidem (Visite l’Intérieur de la Terre, et en Rectifiant tu trouveras la Pierre Occulte).   La pierre occulte ne serait-elle pas celle qui se cache dans notre pierre brute, une fois la rectification réalisée, après être descendu au plus profond de soi-même ? Mais le ciseau et maillet ne sont pas suffisant comme outils pour tailler une pierre, il convient qu’elle soit mesurer, calibrer, contrôler pour l’inclure dans un édifice maçonnique afin qu’elle puisse y trouver sa place juste et parfaite.

 

LE COMPAS, LE CERCLE et le CHEMIN DU CIEL     -       N° 46  -

Alain  LEJEUNE

Edition LA MAISON DE VIE

 2011

Selon la tradition maçonnique, il existe trois « Grandes Lumières » qui permettent à une loge initiatique de mettre en œuvre les puissances de création: la règle, l’équerre et le compas. Objet à la fois familier et énigmatique, le compas utilisé par les « opératifs », les bâtisseurs de temples, fut aussi un support symbolique pour les « spéculatifs ». Démarche vitale, l’initiation ne saurait dissocier le spéculatif de l’opératif, le spirituel du matériel, l’abstrait du concret, et ce n’est pas un hasard si, sur un certain nombre de pierres tombales de Maîtres d’œuvre du Moyen Âge, on voit figurer le compas (souvent en compagnie de l’équerre). Ne se présente t-il pas ainsi comme un mode de communication avec l’au-delà et l’invisible ?

 

On ne peut pas se contenter d’indiquer que l’équerre représente le « terrestre » et le compas le « céleste ». En fait, dans l’initiation maçonnique, ce sont des objets rituels ayant une fonction qui leur est propre. La richesse des significations qu’ils sont susceptibles de faire percevoir traduit leur puissance.

 

En mettant à profit la grande diversité de ses représentations et la richesse de sa symbolique, on n’a pas manqué d’utiliser le compas pour illustrer tout au long de l’histoire de l’art, un grand nombre de concepts. Ainsi, sur 326 représentations des vices, vertus, passions et arts provenant de l’Egypte, de la Grèce et de la Rome antiques, le catalogue iconologia de Caesar Ripa comporte 12 figures montrant le compas, notamment pour formuler la théorie et la pratique bien qu’elles nous semblent très différentes.

 

Ce livre se propose de mettre en évidence les différents rôles du compas dans la Tradition et sur le chemin de l’initiation. Cette exploration commence par son origine et le symbole de création qu’il incarne dans la main du Grand Architecte de l’Univers. La découverte de cet outil symbolique ne serait pas complète si l’on ne s’arrêtait sur le sens des trois Grandes Lumières dont il fait partie, et qui projettent un éclairage riche d’enseignements sur le serment maçonnique.

 

L’ouvrage développe les thèmes suivants :

L’origine du compas – l’Egypte ancienne – mythes et compas – Dieu créant le monde avec le compas –le cercle du Ciel – le double cercle de Gosek – le compas et les trois Grandes Lumières – le serment du novice – l’éveil de la sensibilité à plus grand que soi – devenir un enfant de la veuve – de l’Art du trait à l’édification du temple – la spirale, tourbillon créateur – les quadratures et l’architecture sacrée – connaissance du cercle et cercle matriciel – intégration des lois de l’Univers dans la cathédrale de Chartres – les tracés lumineux – l’enseignement ésotérique du compas et de cercle – de l’auréole crucifère à l’étoile à cinq branches – poisson et tradition chrétienne – les cercles du monde quotidiens – l’intégration de la loge au cercle céleste. Couronnes et coiffes circulaires – le cercle de l’initiation –

 

le coq

Paul de ST HILAIRE

Edition LEBAUD

 1995

Au cœur des traditions européennes, emblème de la France et de la Wallonie, signe astrologique chinois, protecteur de nos clochers, signe annonciateur de la lumière initiatique pour les Franc-maçons, associé aux dieux par les Japonais, chéri par l’Islam, le coq est un symbole universel.


Les vertus qu’on lui prête sont innombrables : porte-bonheur, prophète, guérisseur, il incarne le courage, l’intelligence, et on l’associe volontiers à la résurrection.
Paul de St Hilaire met en évidence ce symbolisme dans cette passionnante et très documentée histoire du coq.

Y est expliqué :

la lumière, les œufs de Pâques, le rituel compagnonnique le papegault, le coq médecin, le coq prophète, le renard, le coq porte-bonheur, la résurrection et l’aube, le combat, la pierre cachée, le vaudou, Bonaparte, les messes noires, et le coq du jugement dernier.

 

LE  COQ

Divers  auteurs

Edition   ARCADIA

 2007

Le coq est connu comme emblème de fierté et emblème de la France, son symbolisme est fondé sous le double sens de gallus qui veut dire coq mais également gaulois.

 

Le coq consacré à Apollon et à Esculape, personnification du soleil, symbolise en général la vigilance et la vitalité. Emblème de la lumière, ce volatile annonce le jour nouveau, l’Aurore et par là même, la Résurrection, celle du soleil mais aussi la Résurrection spirituelle. La racine coq figure dans le caducée qui en grec signifie « annoncer » ou « Hérault », le coq est donc bien le héraut qui annonce le soleil.

 

Emmanuel Levinas disait  « L’alouette qui salue le soleil et l’arrivée de l’aurore, tout le monde peut en faire autant, mais distinguer dans la nuit obscure la proximité de la lumière avant son éclat… L’intelligence c’est peut-être cela ».

 

Symbole repris par l’Eglise, le coq combat le serpent qui a tenté Eve, il est aussi selon Dom Pernety le « vif argent, le soufre parfait »  des alchimistes. Cet animal qui règne sur la basse-cour, qui escalade les tas de fumier, sait se percher pour surveiller les alentours, aussi le retrouve t-on souvent au sommet des clochers, car il sait être vigilant.

Il est aussi girouette et s’oriente au gré des vents, en spiritualité il sera le symbole du souffle divin qui nous aide et nous conseille et réveille tous les jours nos forces endormies, il annonce avec vigueur le triomphe de la lumière sur les ténèbres. Dans le roman de Renard au Moyen Âge, face à Goupil et à Isengrin il est Chantecler, ce fier gallus qui défend le poulailler. Le coq a figuré sur les monnaies gauloises deux siècles avant notre ère, mais également sur de très nombreux objets de cette époque. Les tapisseries de la cathédrale de Reims montrent l’existence de cet emblème. Le service de santé à partir du 7 Février 1798 avait cet emblème sur son uniforme.

 

L’extrême- Orient honore ce volatile pour ses vertus guerrières, pour son courage et sa générosité. Les combats de coq sont un passetemps favori de ces civilisations. Le coq est également le symbole du repentir, et nous avons tous en mémoire le triple reniement de l’apôtre Pierre (Mathieu XXVI, 34), avant que le coq ne chante. L’Alchimie érige le coq en Père de l’humanité, géniteur de l’œuf primordial dans l’athanor cosmique. Plus humblement un proverbe de Côte d’Ivoire dit : « La mère du plus fier des coqs, n’est qu’un simple œuf ». Attribut de Saturne, il est l’emblème de chaque nouvelle génération. Pour les Franc-maçons, le coq est dans le cabinet de réflexion, annonçant une nouvelle naissance initiatique, la venue d’un jour nouveau, la vigilance et la persévérance dont il faut faire preuve en permanence.

 

Alexandre Danemans nous amène en Egypte où on attribuait au coq et à l’Ibis une faculté de prévision. L’Ibis annonçait les crues du Nil et le coq, grâce à son intelligence venue de Dieu annonçait le jour et la lumière avec le soleil. C’était d’ailleurs la grande hantise des égyptiens de savoir si le soleil parti la veille pour son voyage nocturne, allait réapparaitre, aussi le coq était-il particulièrement vénéré. Il est la voie de la lumière, symbole solaire, il chante tous les matins et connaît l’heure et le temps, il est fécondateur de l’œuf, il est sentinelle, veilleur et annonciateur Dans le vaudou, son sacrifice en fait un passeur vers les ténèbres et les mondes invisibles. L’auteur nous transporte en Grèce avec la mort de Socrate que raconte Platon « Criton, nous devons un coq à Asclépios. Paie ma dette, ne l’oublie pas ».

 

Louis Charbonneau Lassay dans son monumental Bestiaire du Christ, développe très longuement le symbole du coq. Il nous parle du coq dans les anciennes civilisations telles celles de Babylone, de l’Inde de Lycie où le coq était un symbole important. Une monnaie grecque du trésor de Vourla (600 ans av. J.C.) montre un coq sur lequel descend l’influx divin qui s’échappe d’un signe astral.

 

Rabelais nous rappelle que ce fut par le moyen du « coq vaticinateur » que l’empereur Probus connut à l’avance le nom de son successeur Théodose. Ce mode de divination par le coq égorgé se nommait l’alectryomancie et la pierre enfermée dans les entrailles du coq et recherchée était appelée pierre alectorienne, talisman précieux générateur d’esprit de décision, d’audace et de vigueur. Le coq, selon Ch. Lassay est bien sûr symbole du Christ en tant que guide, défenseur, époux mystique et fécond de l’Eglise, c’est lui qui veille, rassemble, et montre la voie, tel le coq à la proue  d’un navire. La voix du coq est appelée gallicinium, c’est un chant de guerre et de triomphe qui a le pouvoir d’éloigner les mauvaises puissances des ténèbres. Mais cette voix est aussi la Voix du Christ appelant les âmes à la prière en les faisant passer de l’ombre à la lumière de la vie spirituelle. L’antithèse du coq emblématique est le Basilic, qui de toujours fut l’emblème du mal de la mort et de Satan.

 

LE DELTA – La pensée ternaire         -      N°  3   -

Olivier JUMEAU

Edition La maison de vie

 2001

Souvent associé à la Franc-maçonnerie, le Delta est pourtant présent dans de nombreuses traditions. Situé à l’Orient d’une loge, il se présente comme un triangle créateur, incarnation de lois d’harmonie, concrétisées dans les œuvres architecturales érigées par des bâtisseurs initiés, tout au long de l’histoire des opératifs.

 

Le Delta  ne symbolise- t-il pas l’énergie de la vie en Esprit, au-delà de toute analyse réductrice ? Première forme manifestée et perceptible, sa réalité n’est pourtant pas limitée à une forme. En tant que « Delta lumineux », il est l’expression ternaire de la lumière du premier matin. Perpétuellement à l’œuvre, elle anime l’ensemble des symboles présents dans le Temple maçonnique, et les rends vivants, ainsi tous les initiés peuvent réfléchir, sur cet espace/temps sacré.

 

Le Delta est lié à l’œil dans son esprit créateur : voir, voir réellement, n’est-ce pas façonner, recréer, poursuivre, admirer et aider l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers ?

 

Au sommaire de cet ouvrage :

La ternarité et la pensée en construction : Un moyen de percevoir l’origine principielle  -  Une appréhension possible de la création par le trois  -  La pensée en construction  -  Le symbole, porte vers la pensée ternaire  -  Le Père, la Mère, le fils, paradigme de la pensée en esprit.

La ternarité et l’action mis en œuvre : Le Delta et la lumière  -  Les références mythiques du triangle  -

L’œil et le triangle : L’œil et l’activité créatrice  -  La reconstitution de l’œil complet ; le mythe osirien avec Horus et le mythe d’Hiram  -  L’œil, source de rayonnement de la lumière créatrice  -  L’œil et la pierre  -  L’ouverture des yeux  -  L’œil et l’intelligence  -

Les triades et quelques ternarités connues : L’Alchimie -  les Celtes  -  Les  Chaldéens  -   la Chine  -  Chrétienté  -  le compagnonnage  -  Les Druides  -  L’Egypte  -  L’Hermétisme  -  L’Hindouisme  -  le Japon  -  La Kabbale  -  Le Pérou  -  les Perses  -  Les Phéniciens  -  les Pythagoriciens  -  Les Scandinaves  - 

 

le dÉpouillement des mÉtaux           -         N°  24   -

François aries

Edition LA MAISON DE VIE

 2007

Pourquoi, selon une étrange expression maçonnique, l’initié doit-il se « dépouiller des métaux » ?


S’il ne s’agissait que d’un banal détachement des biens matériels, on resterait dans un domaine moralisateur fort éloigné de l’initiation. En réalité, cette expression est d’une extraordinaire richesse symbolique. Elle traduit la perception des forces transmutatrices à l’œuvre dans le cosmos et permet de percevoir la vie commune au minéral, au métallique, au végétal, à l’animal et à l’humain.


Que sont véritablement ces métaux, où et comment sont-ils purifiés, qu’est-ce que l’alchimie communautaire, la naissance d’un nouveau soleil est-elle possible ?


En tentant de répondre à ces questions, cet ouvrage met en lumière l’authentique trésor d’une Loge initiatique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Que sont les métaux ?  Pourquoi faut-il s’en dépouiller à la porte du Temple ?   -   Métaux et mythes fondateurs   -   les métaux en Franc-maçonnerie   -     les métaux et l’origine de la vie   -   origine céleste et entrailles de la terre     -     le passage de l’individu au frère   -   Où et comment les métaux sont-ils purifiés ?   -   trouver les métaux et les faire entrer dans le temple   -    la notion de vase   -     les métaux et la pierre brute   -   Qu’est-ce qu’une alchimie communautaire ?    -   Alchimie individuelle ou alchimie communautaire   -     la naissance d’un nouveau soleil est-elle possible ?   -    Mutation   -   transformation et transmutation   -   Qu’est-ce que le trésor de la loge ?   -   Faut-il vraiment travailler ?   -    importance de la méthode de travail et du mythe de création   -    importance des rituels   -

 

LE   DIABLE

Roger   Parisot

Edition PARDES

 1999

Le  mal qui existe dans le monde, celui que commettent les hommes, celui dont  souffrent  les innocents, a-t-il un responsable suprême, Satan ou Lucifer, c'est-à-dire le Diable, Prince des Ténèbres et Empereur des Enfers ?

 

Toutes les religions ont eu à répondre à ces questions. De ce maître trompeur, quelles sont les plus adroites ruses ? Celles qui ont fait croire qu’il existait à tant de témoins de ses apparitions et de signatures de pactes , avec lui, de sorcières et de possédés, de participants au Sabbat et d’officiants aux messes noires ?

 

Ou celles qui font croire aujourd’hui au plus grand nombre qu’il n’a jamais existé ? En tant que Diable (dia-bolein), il désunit, antithèse du symbole (sun-bolein)  qui réunit. Ainsi fait-il office, d’abord, d’anti-symbole et enfin, d’antéchrist.

 

Quand la divinité dit : « Je suis  celui qui est » la malignité ricane : «  Je ne suis pas celui qui n’est pas » Le diable existe bel et bien mais ici et maintenant, et voilà tout. Il s’acharne à nier son existence, la seule chose à laquelle il puisse prétendre, et, simultanément, à faire croire qu’il jouit d’une essence supérieure : celle, angélique de Lucifer, le Prince des Ténèbres et Lucifer,  le Porte – Lumière  révolté, ne se confondent pas, sauf si, à terme ;  le Diable l’emportait sur Dieu.

 

Le grand mystère du salut de Lucifer ne cessera jamais de nous hanter en raison de la confusion que le Diable veut opérer avec lui. Ceux qui ont été séduits par le Malin croient discerner parmi les ténèbres du Prince, la Lumière  de l’Ange.

 

Le mal, le laid, le fallacieux ne furent, ne sont et ne seront jamais ailleurs que dans l’instant illusoire de la double dépendance à l’avenir et au passé.  Le présent  vrai étant l’affranchissement du progrès et du regret. Le Diable existe par certains faits qui sont les siens, le mal commis en fait partie ; sorcelleries, possessions aussi ; Sabbats et messes noires pétrissent l’argile de sa chair lubrique et donnent souffle à sa voix salace. Aucune traditions n’a ignoré le Diable, lutté contre les ruses existentielles qui le façonne à chaque instant , et, plus que tout autre personnage, historique ou imaginaire , le Malin a inspiré peintres et musiciens, poètes et romanciers, producteurs ou metteurs en scène.


« l’existence du mal constitue le plus grand  mystère de la vie du monde ». La formule est de Dostoïevski, et elle est d’une extrême vérité ; une question peut avoir une réponse, un problème peut être résolu, mais un mystère n’a ni bonne réponse, ni vraie solution. Il reste à jamais, pour la raison, comme une énigme, et, pour le cœur, dans le cas du mal, comme un scandale, un véritable mysterium iniquitatis.

 

D’où viennent, en effet, tous les maux, tous les malheurs, toute la misère, dont souffre le monde depuis qu’il est monde ? Qui les cause ou qui les provoque, qui les permet ou qui les tolère ? Faut-il croire à un démon pervers, à un mauvais génie, à un esprit malin responsable de tout, inspirateur de tous les méchants, et instigateur de tous les méfaits ? En un mot faut- il croire au Diable, puisque c’est de lui qu’il s’agit ?

 

On sait que sous les noms de Satan, de Lucifer, de Belzébuth, de Seth, d’Ahriman, d’Iblis ou de Mâra, et sous bien d’autres encore, il est, pour nombre de croyants, le Principe du  Mal, ennemi du bien et rival de Dieu, l’Ange déchu, introducteur dans l’Univers du péché et de la mort, grand amateur d’âmes humaines  Georges Minois en rappelle l’étiologie : « Le satan de la racine hébraïque stn, signifiant l’opposant, celui qui met un obstacle, est un titre, et non pas un nom personnel, que la traduction grecque des Septante rendra par diabolos, du verbe diaballein : mettre un obstacle.

 


C’est ensuite qu’il recevra quantité de noms personnels. Sous la forme du serpent c’est lui qui séduisit Eve, qui trompa Adam, et qui, depuis l’origine, induit les humains à la tentation, pour les perdre et les conduire aux Enfers, où il règne. Mais croire au Diable, n’est pas résoudre le mystère du Mal, qui change de forme et devient celui de l’existence même du Diable, laquelle n’est pas compatible avec celle d’un Dieu, bon et tout puissant. D’où les problèmes auxquels les mythes et les dogmes auront à faire face.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

Le diable dans les croyances religieuses  -  Satan dans les religions du livre  -  Le diable dans les mondes gréco-romain et en Egypte  -  Le diable en Afrique noire et en Amérique latine  -  Les dragons d’Asie  -  Le diable dans l’histoire et dans la société  -  du bestiaire au diable  -  Des sorciers et des sorcières  -  De la clef et du marteau  -  Les exorcismes  -  Le sabbat et les messes noires  -  Du singe de Dieu  -  Le diable dans les arts plastiques  -  Vues de l’enfer  -  Des péchés capitaux et des tourments infernaux  -  Scènes de tentation et séances de sabbat  -  Le diable dans l’art musical  -  Le diable dans la littérature et le cinéma  -  Le diable dans les lettres classiques, le roman français, les lettres étrangères, le septième art et le mythe de Faust  -

 

le diable   –                               Colloque de Cerisy

 Divers auteurs

Edition Dervy

 1998

Ce nouveau cahier de l’hermétisme est totalement  tourné vers Satan et le diable

 

Que Satan existe, la question est résolue de manière affirmative par la foi chrétienne. Cette affirmation, tirée du liminaire du cahier des études Carmélites sur Satan est surchargée.

 

Le Prince des enfers conserve ainsi à notre époque une place irréductible, mais plus la curiosité pousse le chercheur à se pencher sur lui, plus le personnage du Diable s’évanouit, ne laisse que d’incertaines traces dans les textes canoniques, et perd en consistance.

 

S’il reste insaisissable comme entité, le Diable n’en demeure pas moins repérable comme fonction ; c’est cette fonction qui est ici interrogée et qui donne lieu aux répondes des conférenciers

 

L’historien, le théologien, le psychanalyste ont été invités à établir ce que la fonction, le signifiant Diable, met en acte dans notre société. Nous soumettons à la question, les textes canoniques, les écrits des mystiques, les manifestations de l’inconscient, les traces dans les arts pour dégager ce que l’ange déchu aux noms multiples, le singe de Dieu, exerce encore comme ministère, la manière dont il s’insère dans une structure et qu’elles marquent il imprime dans notre monde.

 

Le prince des enfers est toujours sujet à controverse et si la foi chrétienne a résolu le problème, il n’en reste pas vrai que les recherches sur le Diable sont troublantes, car les traces qu’il laisse sont incertaines et souvent inexistantes. Il reste toujours insaisissable.

 

Au sommaire de cet ouvrage nous avons les intervenants suivants :

 

 

HISTOIRE :

Jean-Claude Aguerre  -  avant-propos  -  De l’incertitude du diable

Jean Céard : Le diable singe de Dieu selon les démonologies des 16 e et 17 e siècles

Antoine Faivre : Le mythe de Lucifer dans la théosophie de l’époque préromantique et romantique

Jacques Lalouette : Le combat des  Archanges (St Michel et Satan dans les luttes politiques et religieuses de la France contemporaine –

Marco Pasi : Dieu du désir, Dieu de la raison (le diable en Californie dans les années soixante)

 

PHILOSOPHIE :

Pierre Lory : La tragédie de Satan dans la mystique musulmane

Pierre-Henri Salfati : Rencontre avec des diables remarquables (figures du diable dans la tradition juive)

Maurice de Gandillac : Une prétendue inadvertance de Lucifer

Georges Zimra : L’exorciste amoureux (la possession, théâtre du je)

 

PSYCHANALYSE :

Philippe Julien : Peut-on se passer du Diable ? (la réponse de la psychanalyse freudienne)

Gérard Pommier : Des dieux au monothéisme, des démons au diable

 

ART :

Jeannette Zwingenberger : De l’image du Diable à celle de la mort (la fascination de l’espace diabolique dans la peinture au 13e siècle

Michel Poizat : Diabolus in musica : la voix du diable

 

 

LE DIABLE -     MES RAPPORTS AVEC LE DIABLE      COUPS DE SONDE DANS LE MYSTḔRE

Charles Lancelin

Edition Ether et Egrégore

 2017

Charles Lancelin donna le 9 décembre 1912 à l’Institut de Recherches Psychiques de France, une conférence consacrée au Diable. Cette conférence ne manqua pas de renouveler les attaques contre son auteur alors même que l’objectif était de répondre aux accusations de satanisme dont il était déjà l’objet. A la suite de cette conférence, il rédigea ce texte, apparemment pour Henri et Hector Durville et le publia orné de 22 planches hors-texte, peu en lien avec le propos, prolongeant ainsi son premier livre sur le sujet publié en 1903, L’histoire mythique de Shatan. Cette édition augmentée, reprend le texte paru aux éditions Durville devenues Librairie du Magnétisme. Elle bénéficie d’une biographie de Charles Lancelin, personnage complexe, d’un ensemble de notes, d’une riche bibliographie et d’annexes fort utiles.

 

Charles Lancelin, occultiste brillant, ambitionnait de rencontrer le Diable ou de démontrer son inexistence, en privilégiant très probablement cette seconde hypothèse. Pour se faire, il mit en place cinq expériences au sérieux très variable. Il convient de replacer ces expérimentations dans le cadre de son époque caractérisée par un intérêt, entre science et superstition, pour les phénomènes psychiques et le spiritisme.

 

Charles Lancelin fut proche de Papus mais aussi du Colonel Albert de Rochas qui mena des recherches notamment dans le domaine de l’hypnose. Homme de lettres, il était également docteur en médecine, ce qui servit ses travaux dans les domaines de l’hypnose, de la réincarnation, de la vie post mortem. Il chercha généralement à introduire une rigueur nécessaire dans ses expériences. Un autre centre d’intérêt fortement investi par Charles Lancelin fut donc le Diable. Son Histoire mythique de Shatan devait comporter trois tomes, De la Légende au Dogme, paru en 1903, sur les origines du mythe dans la tradition judéo-chrétienne, Le ternaire magique de Shatan, paru en 1905, toujours chez Durville, consacré aux techniques de sorcellerie jugées malsaines. Un troisième tome, La faillite de Shatan, ne vit jamais le jour or il devait proposer une négation philosophique de Satan. Charles Lancelin fit ainsi de sa conférence et du texte qui en suivit la clôture de ce cycle de travail consacré au Diable.

Les démons sont des créatures célestes, des anges à l’origine créés par Dieu mais qui, par orgueil, se sont rebellés contre Lui, et incitent l’homme à faire de même. La foi chrétienne affirme l’existence du démon, mais proclame que son pouvoir n’est pas illimité. Il n’existe pas un « dieu du mal » : le démon est une créature soumise au pouvoir de Dieu. Les chrétiens admettent depuis toujours l’existence d’un être malin, ou d’une pluralité d’êtres malins, de nature angélique, dont l’action vise à détacher l’homme de Dieu, en le soumettant aux forces du mal, à travers la tentation.

En effet, le Christ s’est fait homme et est mort sur la croix pour libérer l’homme de cet état de soumission dans lequel il s’est trouvé à la suite du péché originel. L’existence du démon fait donc partie de la vérité révélée. Toutefois, la croyance chrétienne est très différente de celle d’autres religions : il n’existe pas un « dieu du mal » opposé au dieu du bien. Au contraire, selon la théologie catholique de saint Thomas d’Aquin, le mal n’existe pas en soi, il est l’absence du bien, un refus de l’amour de Dieu. Selon la doctrine chrétienne, si le démon peut pousser l’homme au mal, il ne peut pas lui enlever sa liberté. Il n’a pas de pouvoir sur son âme si l’homme ne le lui accorde pas.

 

Le démon est un ange créé par Dieu, appelé Satan ou Lucifer dans la tradition chrétienne, qui a usé de sa liberté pour s’opposer à son amour. Dieu permet son existence et sa rébellion, mais le démon est soumis à son Créateur, de même que les autres puissances angéliques. C’est l’une des raisons pour lesquelles la théologie chrétienne s’est peu appesantie sur le démon en soi, mais plutôt sur la victoire du Christ sur lui et la façon de lutter victorieusement contre son pouvoir dans la vie chrétienne. La Bible, et plus particulièrement les Evangiles, ainsi que le Magistère et la vie des saints, attestent de l’existence du démon. L’Ancien Testament considère les anges et les démons comme des créatures de Dieu, Créateur de tout l’univers, visible et invisible. Cependant, les textes qui parlent de Satan dans l’Ancien Testament sont rarissimes. C’est après l’exil de Babylone que l’on note une évolution : le mal parmi les hommes vient de Satan (‘satan’ en hébreu, adversaire) à la suite du péché d’Adam (Gn 3), lorsque « par l’envie du diable la mort est entrée dans le monde » (Sg 2, 24). Satan est le tentateur, l’accusateur, l’adversaire de Dieu. Deux siècles quasiment avant le Christ, la communauté monastique de Qumram, sur les rives de la mer Morte, élabore une démonologie structurée.

 

Mais c’est dans les quatre Evangiles que la présence de Satan acquiert une densité particulière : c’est un adversaire réel, un ennemi du Christ et de son Règne. Jésus s’adresse à Satan en personne pour l’admonester et parle de lui comme de « quelqu’un ». On connaît les passages des Tentations au désert (Mt 4, 1-11) et les nombreux exorcismes que Jésus a pratiqués (Capharnaüm Mc 1, 23-28, Gerasa Mt 8, 28-34, la fille de la Cananéenne Mc 7, 25-29, pour n’en citer que quelques-uns). Les écrits apostoliques et l’Apocalypse recueillent cette victoire du Christ qui se consommera à la fin des temps. Le Magistère et la Tradition de l’Eglise, dans l’enseignement comme dans la liturgie, ont toujours relevé cette vérité. Le Catéchisme de l’Eglise catholique parle du démon dans près de 40 paragraphes. La vie de nombreux saints qui ont vécu une expérience directe de ce combat contre le démon, témoigne également de la réalité de son existence.

 

Cette permission que Dieu a accordée aux démons de perturber la vie de ses enfants est un grand mystère : le mystère même du mal.  Pourquoi Dieu, s’il est bon et tout-puissant et qu’il a le mal en horreur, permet-il que les démons agissent et aient pouvoir sur l’homme ? C’est un grand mystère, le « mysterium iniquitatis », le mystère de l’iniquité. Dieu a créé l’homme – et les anges – par amour, et désire que l’homme l’aime en retour. Mais il n’y a pas d’amour sans liberté, c’est pourquoi Dieu laisse l’homme libre de choisir de l’aimer. Seul Dieu possède une liberté parfaite, incapable de choisir le mal. L’homme – et les anges – peuvent rejeter cet amour.

 

Pourquoi Dieu n’a-t-il pas détruit les anges déchus ? Il y a deux raisons : la première est que Dieu respecte cette liberté que Lui-même accorde ; la seconde, c’est que d’une façon ou d’une autre, Dieu se sert également d’eux pour réaliser ses desseins. Saint Augustin affirme que Dieu ne permettrait pas le mal si ce n’était pour en tirer un bien plus grand. En effet, c’est ce qui se produit avec l’histoire de la Rédemption dans laquelle le mal, en définitive, est vaincu par le bien. Dieu a racheté le monde du péché, mais sans cesser de respecter la liberté de l’homme, lequel est libre d’accueillir ou de refuser cette rédemption. Les chrétiens croient que la victoire définitive du bien et la destruction définitive du mal se produiront à la fin des temps. Cependant, le temps que nous vivons se caractérise par cette lutte entre le bien et le mal. La vie des saints témoigne de ce combat, parfois en face à face, avec les démons

 

LE DIABLE - PRINCE DE CE MONDE suivi par LE PḖCHḖ ORIGINEL

Auguste Siouville

Ed. Ether & Egrégore

2016

L’ouvrage fut publié en 1925 dans la revue Le Symbolisme. Oswald Wirth s’en explique dans un avant-propos. Il s’agit de « faire apprécier le Diable à sa juste valeur », d’en saisir le principe et la fonction, loin de toutes les superstitions. Cette édition reprend la composition originale en quatre livres : Le Prince de ce monde, Le Péché originel, La Diablerie de Léo Taxil, Le Diable au café. Il est complété d’une introduction remarquable d’Oswald Wirth, Parlons du Diable ! et dans la présente édition d’une biographie de l’auteur.

 

Auguste Siouville, de son vrai nom Auguste Lelong est né en 1855 pour décéder en 1933. On sait peu de choses de lui. Maître de conférences à la Faculté de Lettres de l’Institut Catholique de Paris, il exercera également comme vicaire jusqu’à ce que ses positions modernistes le conduisent à une mise à l’écart de l’Eglise. Proche d’Oswald Wirth, en relation avec la Grande Loge de France, il se consacra à l’écriture au cours des dernières vingt années de sa vie. Maîtrisant le latin et le grec, traducteur des textes anciens, il collabora notamment à la revue maçonnique Le Symbolisme et dans la Revue de l’histoire des religions. Plusieurs de ses articles traitèrent du gnosticisme.

 

Comprendre la figure du Diable, ce fonctionnaire émérite au service du plan divin, approcher Lucifer, le porteur de Lumière, c’est se connaître soi-même dans ses aspects les plus sombres pour les rectifier ou renverser, les illuminer.

L’érudition de l’auteur, ses références répétées à des passages de textes anciens connus et mal interprétés, ou simplement oubliés permettent de renouer avec la dynamique des mythes, des symboles et des archétypes. Comme le rappelle Oswald Wirth : « Gardons-nous des pièges d’une métaphysique mal inspirée. Dans la réalité, l’Adversaire n’est que la figuration mythique de toute résistance à vaincre.

 

Le maçon rencontre le Diable dans la pierre qui est dure à tailler ; mais cette pierre lui est précieuse et il apprécie sa valeur d’après la résistance qu’elle lui oppose. Le diable n’entre d’ailleurs en lutte avec l’homme fort que pour être vaincu : il ne nous résiste que pour nous astreindre à déployer toute notre force. Ses intentions ne sont pas plus perverses que celles du F :. Terrible, qui fait subir les épreuves initiatiques. La perte de nos âmes ! En quoi intéresserait-elle un esprit aussi subtil que le Malin ? Ne le calomnions pas en nous le figurant stupide, comme l’ignoble rôtisseur éternel, qui serait la honte du Dieu responsable de sa création. Et l’enfer, où le localiserions-nous, si ce n’est en nous-mêmes ? Le feu infernal brûle au centre de toute individualité, mais c’est un feu sacré, sans lequel il n’y aurait ni vie agissante ni travail fécond.

Soyons maîtres de notre feu intérieur, et l’ardeur diabolique nous servira, car le Diable se soumet de bonne grâce au sage qui a droit de lui commander. Il ne s’agit pas ici de formules magiques, mais d’une libération effective du joug des péchés capitaux.

 

Tant que nous donnons prise à l’un d’eux, nous restons esclaves du Diable, et, tant que nous lui obéissons, il se moque de nos ordres à juste titre. Nous ne dominons que ce qui n’a pas le pouvoir de nous dominer. Sachons donc résister aux forces que nous voulons dompter : si tu ne te laisses pas mener, tu mèneras ! » Derrière la lutte créatrice avec l’Adversaire, c’est la question de la maîtrise initiatique et de l’affranchissement de tout conditionnement qui est posée. La distinction entre la fonction du Diable et celle de Lucifer, le problème faussement posé de la chute et de la culpabilité, les conséquences de la doctrine augustinienne du Péché originel, sont quelques-uns des thèmes développés dans ce livre tout à fait passionnant

 

LE DIABLE  -  SATANISME    B.A BA

JEAN- PAUL   BOURRE

Edition PARDES

 2000

Satan apparaît dans les religions chrétienne, juive et musulmane comme  «  shatan », l’adversaire de Dieu, l’esprit du Mal, le Prince des Ténèbres. Il est en même temps le grand corrupteur, l’ange foudroyé dont parle saint Luc, le Prince des Ténèbres qui commande aux enfers. Ses adeptes le considèrent comme la divinité centrale d’un culte maudit qui propose à l’homme d’être l’égal de Dieu.

 

Son culte se célèbre la nuit, à la lueur des torches, dans les lieux hantés, désolés. Il apparaît avec l’attirail du Moyen- Âge chrétien : bouc noir, profanations d’hosties, sabbats des sorcières, messes diaboliques.
L’auteur révèle dans ce livre, les formes que prend le diable, à travers les rites et les croyances dont certains remontent à l’aube de l’humanité. Déjà, en Egypte, il apparaît sous la forme d’un bouc de Mendès auquel on offre des sacrifices de sang.

 

A l’époque médiévale, il est l’ange diabolique, la face d’ombre du christianisme. On l’invoque sous le nom de Belzébuth, Asmodée, Bélial ou Métatron. On le retrouve sur les chapiteaux et les bas-reliefs des cathédrales et des églises, il a ses prêtres et ses prêtresses, dont un grand nombre monteront sur les bûchers de l’Inquisition.

 


Les rites d’invocations, les pactes d’alliance, le tracé du cercle, l’accouplement avec un animal magique, se font souvent dans les cimetières ou au bord des gibets. Au XIXe siècle, le Satan médiéval entourée de flammes deviendra l’ange rebelle, orgueilleux et solitaire, prêt à rallumer la guerre dans le ciel, il sera le dieu de Byron, de Huysmans ou de Bernanos. C’est en son nom que se multiplieront les rites blasphématoires, la possession et les malédictions.

Le satanisme n’est pas absent du monde moderne, il est aujourd’hui amplifié par les nouvelles technologies, la publicité, les thrillers, le cinéma d’épouvante, où Satan apparaît comme une entité réelle.
L’auteur décrit les croyances et les comportements des satanistes, leurs pratiques rituelles- messes rouges ou noires et rites orgiaques- mais aussi l’espérance millénariste des adeptes du Diable, au commencement du 3e millénaire. Ceux-ci invoquent des guerres, de grandes catastrophes, des pandémies géantes et le retour de Satan, et sa victoire pour mille ans, comme le dit « l’Apocalypse de St Jean »

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Les soleils noirs du satanisme  -  Satan et le judéo-christianisme  -  El Hayyat, le Satan de l’Islam  -  Ounis, le dieu anthropophage égyptien  -  l’ange noir médiéval  -  Scènes d’une nuit de Sabbat  -  l’homme gris d’Auldearne  -  Cantianille et l’amour du diable  -  la messe noire  -  animaux et plantes du diable  -  dans les griffes de la nuit  -   les démons du romantisme noir  -  les Grands Maudits  -   les nouveaux barbares   -  le « fils de Satan »  -  Highgate, le réveil du vampire  -  les guerriers de Black métal  -  la fureur sacrée   -  le culte du loup  -  le rire de la pendaison  -  petite galerie du satanisme  -

 

le fil à plomb & la perpendiculaire      -      N°  18  -

Joseph noyer

Edition LA MAISON DE VIE

 2006

Pour élever le Temple en prolongeant l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers, une loge maçonnique se doit de trouver l’axe qui structure la loge et réunit les frères.

 

C’est à cette condition que la construction sera harmonieuse. De même, le mode de vie d’un Frère se construit autour du centre qu’est la vie rituelle sans renier sa dimension quotidienne.

 

Discerner l’essentiel, éveiller le centre vital et vivre suivant l’axe qui concilie les deux termes, c’est ce à quoi invitent Fil à plomb et Perpendiculaire.

 

Au sommaire de ce livre :

 

Chapitre 1 : Fil à plomb et perpendiculaire, est- ce la même chose ?   -    Verticalité et perpendicularité   -   Origine mythique du fil à plomb   -   Le fil à plomb et l’axe du monde selon diverses traditions   -    l’arbre de vie comme axe du monde   -   l’arbre et le principe féminin   -    le Fil à plomb dans la tradition des bâtisseurs    -  un seul axe, deux plans   -   les pôles, extrémités de l’axe du monde   -   Matérialiser l’axe pour construire le Temple   -  un axe ou plusieurs axes ?   -   sans axe, pas de tenue   -  construction, cardinalisation   - 

 

Chapitre 2 :  La perpendiculaire et la construction du cœur conscience de l’apprenti Franc-maçon   -   l’angle de rectitude   -   le peson et la pesée du cœur  -   un chemin à double sens    -la perpendiculaire et l’éveil de la sensibilité   -   Suivre l’axe du cœur conscience pour concrétiser   -     vivre selon la perpendiculaire   -   Rectitude et rectification   -    l’amour de l’œuvre et la liberté d’agir   -  

 

Chapitre 3 : Toute conduite doit-être conforme au fil à plomb   -   Découvrir le sens de la mesure   -  nécessité d’être bien centré   -   la perpendiculaire, clé de l’intégration de l’être au cosmos de la loge   -   Questions vitales et paroles de connaissance   -          

 

le grand architecte de l’univers         -         N°  1    -

Jean DELAPORTE

Edition La Maison de Vie

 2001

Le Grand Architecte de l’Univers est au cœur de la démarche et de la symbolique de la Franc-maçonnerie initiatique. C’est « à sa gloire », selon l’ancienne formule, et non à celle des hommes, que sont effectués les travaux des « maçons de la Pierre franche », et c’est en percevant le message dont il est l’expression, que la pensée et les mains des bâtisseurs œuvrent en harmonie.

 

Etant lui-même un symbole, le Grand Architecte de l’Univers ne peut être réduit à un objet de croyance, d’autant plus que sa réalité spirituelle transcende les croyances.

Elle offre à quiconque recherche l’initiation, la possibilité de participer « en esprit et en vérité », à la construction de son temple personnel, mais aussi à l’édification d’un temple universel basé sur l’amour.

 

En Egypte ancienne, le patron des artisans est le Dieu Ptah, dont le nom signifie « le façonneur ». Or, un texte surprenant affirme : « Ptah est le Père des dieux, et aussi la mère… son surnom est « la femme ».

 

Dans diverses traditions, les divinités créatrices sont présentées comme « Père et mère », et la notion de métier n’était pas réservée au monde masculin. La déesse Neith, qui crée le monde par le Verbe, était la patronne des confréries de tisserandes qui imprimaient dans la matière les lois harmoniques de l’esprit.

 

En réalité, le Grand Architecte de l’univers n’œuvre pas seul ; avant la création du monde, la Sagesse était présente car elle existait de toute éternité (Proverbe VIII, 23). C’est à cette Sagesse qu’il s’unit pour créer et, sans elle, sa création serait vide de sens, tant cette Sagesse est un des piliers fondamental de l’œuvre.

 

Au sommaire :

Le Grand Architecte de l’Univers, Dieu des Franc-maçons  -  Le G.A.D.L.U, un symbole  -  Le Grand Esprit  -  La Tradition du GADLU  -  Le charpentier céleste  -  Le potier divin  -  Le forgeron mythique  -  Le Géomètre et les Nombres  -  Le compas et le cercle  -  L’épouse du Grand Architecte de l’Univers  -  La pierre primordiale  -   Participer à la création  -  La Parole perdue et la connaissance avec les mots substitués  -  A la gloire du Grand Architecte de l’Univers  - 

 

Voir les références au Grand Architecte sur le chapitre 1 A (Grand Architecte)  -

 

LE  LABYRINTHE, IMAGE  DU  MONDE

DANIEL  BḔRESNIAK

EDITION  DETRAD

 1996

Tracé d’un parcours fait de détours, le labyrinthe égare et conduit. Prison, refuge et passage, il trace les voies sinueuses qui relient la perception au sens, le désir à l’idée et à l’acte.

L’exploration de l’image commence au palais des rois Minos, avec les guerres du Péloponnèse, au palais du roi Cnossos, avec ses légendes autour de Dédale, du Minotaure, de Thésée et d’Ariane. Elle se poursuit en d’autre lieux et en d’autres temps : la préhistoire et ses labyrinthes de pierre, l’Egypte pharaonique, les labyrinthes à une seule voie des cathédrales, les jardins où l’on s’égare, la ville et ses méandres. Ces constructions illustrent les pérégrinations du sens.

 

L’étymologie grecque du labyrinthe renvoie à Labrys, qui veut dire double hache et à Lab. qui veut dire : prendre, saisir, et c’est pourquoi les labyrinthes de Grèce et de Crète en particulier furent appelés : Les Palais de la hache ou de la double hache et, retranscrit en latin au Moyen Âge, le mot donne lieu à un jeu de mot présenté comme une explication, labor intus : peiner en dedans, autour de laquelle se développe l’idée de l’œuvre chez les alchimistes.

Puis le mot entre dans la littérature des langues parlées en Europe pour illustrer les rites sociaux et les parades d’Amour : c’est un labyrinthe d’amour. C’est aussi la rencontre avec le terme anglais : maze (Dédale, labyrinthe, lacis)

Repris par les conteurs et les poètes, génération après génération, la métaphore du labyrinthe porte le sens du monde, de la réalité dans son ensemble, dans ses ramifications et ses modalités.
Les détours sur le chemin permettent à la fantaisie et à l’inattendu de se manifester. Et c’est l’imprévisible qui fonde la liberté et la dignité de chacun.

 

Est développé par l’auteur :


La naissance de l’image, l’abri aux mille détours pour les vivants et les morts, Thésée le héros civilisateur, Dédale, le fondateur de la technique, la lignée des hommes tailleurs de pierres et de ce qui se passe dans certaines cavernes, unir et réunir la cité et la nature, Astérios, le Minotaure fruit d’un mariage sacré, l’oie et le destin, le passé labyrinthe temporel, depuis les cercles de pierres, les labyrinthes à une seule voie, y entrer pour en sortir, images réelles et images créées, le labyrinthe image du monde et ses entrées dans la littérature européenne, des voies et des venelles, les enjeux.

 

LE  LABYRINTHE  le livre des labyrinthes

Paolo santarcangeli

Edition GALLIMARD

 1974

C’est l’histoire d’un mythe et d’un symbole.

« Il ne semble pas que la capacité de créer ou de vivre des mythes ait été remplacée par celle d’en rendre compte. À tout le moins faut-il avouer que les tentatives d’exégèse ont été à peu près constamment décevantes », déclare Roger Caillois dans Le Mythe et l’Homme. L’analyse du mythe à partir d’un système d’explication, si fondé soit-il, laisse en effet généralement une impression d’insurmontable insuffisance, un résidu irréductible auquel on est tenté d’attribuer, par réaction, une importance décisive.


Paolo Santarcangelli a évité ce travers. Il ne se lasse pas d’insister sur la multiplicité des interprétations possibles d’un mythe tel que celui du Labyrinthe, qui résume une situation limite de l’âme lorsqu’elle se penche sur ses propres abîmes.

 

Il est à la fois la lutte du principe héroïque et solaire (Thésée) contre le principe animal et nocturne (le Minotaure), cérémonie de chasse, métaphore sexuelle, iter mysticum, symbole de la forteresse à vaincre, jeu qui masque les profondeurs semi conscientes, pour ne parler que de quelques configurations sémantiques.


Partant de la fable grecque et de ses diverses versions, remontant de là jusqu’à la préhistoire, l’auteur passe en revue les aspects et les significations multiples que le mythe a connus chez les primitifs, dans la civilisation crétoise et au XVIIIe siècle, et qu’il a conservés jusqu’à nos jours.

 

Il dégage de la sorte les composantes religieuses, initiatiques, symboliques et psychologiques du Labyrinthe, dans lequel il voit, malgré la variété des formes qu’il a revêtues au cours des âges, une représentation des motivations et de l’angoisse de l’âme humaine.

 

C’est en somme l’image que l’homme se fait de son destin – labyrinthe dont l’issue lui est donnée par la foi religieuse ou par la connaissance.

 

LE LABYRINTHE – LE MYSTÈRE DES LABYRINTHES

Paul de Saint-Hilaire

Edition Rossel

 1977

S’il est une frontière que le touriste des chemins de la connaissance ne peuvent franchir sans guide, c’est bien celle de ce monde parallèle où les phénomènes ésotériques, paranormaux, magiques, extra-terrestres se bousculent dans un désordre souhaité par d’aucuns. Vous est-il venu à l’idée que la solution de beaucoup de ces énigmes, dont on débat à longueur de livres ou d’articles, pourrait se trouver sur le chemin de votre prochain itinéraire ?


Le secret de ces labyrinthes, jetés dans le pavement de quelques cathédrales, comme étoiles d’une étrange constellation, pourrait être le premier pas d’une quête passionnante où le temps ni l’espace ne sont plus des barrières, le fil d’Ariane pour l’autre labyrinthe, celui d’un monde parallèle et fascinant que Saint-Hilaire nous propose d’explorer avec lui.

Au sommaire de cet ouvrage :

La danse du poisson dans la nasse - Le jeu de la mort et du hasard - L’impossible quadrature - La rose et la croix - La mort du taureau - Le vieil homme et l’oiseau - L’éternel retour - Les labyrinthes de l’antiquité en Egypte - Le labyrinthe argolique, maltais, lemnien, de Samos, de Sicile, d’Etrurie - Un immense jeu de l’oie - Le fini et l’infini - Les difficultés du Grand Œuvre - Le laboureur de labyrinthes - Labyrinthes philosophiques, philosophaux et autres dans l’art et la construction - La lieue de Jérusalem - Le sacrement de pèlerinage - Le matin de Lucifer - Catalogue des labyrinthes inscrits dans le pavement des églises, chapelles et cathédrales - L’épée et les brodequins - La bonne voile - St Bertin - Les métamorphoses d’Ariane - Thésée - Le déable Spins - Les labyrinthes gnostiques de l’Empire romain - Cap sur les étoiles - L’horloge astronomique de Saint-Omer - La saga de l’apprenti-sorcier - La troisième oreille - Le retour de Minos - L’itinéraire d’un pèlerin dans la cathédrale de Saint-Omer - Le minotaure - L’astrolabe - Dédale et Icare - La transfiguration au Thabor - Le portulan interpolé - L’Ourse, la Vierge et Lupin - Oghma ou le septième travail - Les labyrinthes et le retour d’Ulysse - L’Odyssée - Le labyrinthe crétois -

 

LE  LABYRINTHE  -   LES  LABYRINTHES -  Mythes traditionnels et applications modernes

   SIG LONEGREN

Edition DANGLES

 1993

C’est à travers de multiples labyrinthes que l’auteur va nous servir de guide et nous offrir des raccourcis essentiels alchimiques et libérateurs, car maîtriser son propre labyrinthe est le but de l’initié.

 

 

Au sommaire de ce livre remarquable :

 

L’espace sacré : La géométrie sacrée  -  L’archéoastronomie  -  les énergies telluriques  -  Les labyrinthes  -  Les autres catalyseurs  -  Cromwell sonne le glas de l’espace sacré  -

 

La forme : Dessinez vous-même votre labyrinthe  -  Les figures labyrinthiques de Nazca  -  L’Ohio et le tertre du serpent  -  les sept circonvolutions  -  Les Indiens Hopis  -  Les labyrinthes végétaux en Grande-Bretagne  -  La Scandinavie  -  Le labyrinthe de Tibble et de Chartres   -   Les miroirs  -

 

Le Mythe : Thésée et le labyrinthe, une mythe en cinq scènes  - Athènes  -  la Crète  -  Le voyage et la clé  -  La négligence de Thésée  -  Ariane et son fil  -  Dédale et Icare  -  Le taureau blanc  -  Hélène de Troie  -  La Déesse du centre  -

Le Rêve : Jung et les mythes  -  Souterrains et ombres  -  Thésée, Ariane et l’Anima  -  Patriarches contre déesses  -  L’ombre de l’homme occidental  -  La danse de la grue  - 

 

Elle était une fois : Marija Gimbutas  -  Le méandre et le labyrinthe  -  Le lien avec Troie  -  La déesse en Crète  -  Le Minotaure, une substitution  -  Les « labrys »  -  les Celtes  -

 

Les énergies : L’eau  -  Les énergies telluriques  -  La radiesthésie  -  Le cercle  -  la radiesthésie des sites sacrés, des leys énergétiques et des labyrinthes  -  Le schéma, le dôme et les veines énergétiques  -  Leçon de clairvoyance  - les murs du labyrinthe  -

 

La Planète : Mercure/Hermès : messager des dieux et des déesses  -  La visibilité de Mercure tout au long de l’année  -  les carrés magiques  -

 

Miroirs et « labrys » : Le mythe et le miroir  -  Les chakras  -  L’effet du miroir  -  Le miroir et les contes de fées  -  Le « labrys » et la géométrie sacrée  -  la Lune  -  L’œil et le « labrys » et le point d’inversion  - le miroir de Mercure  -

 

L’histoire au masculin : Les dieux anciens et l’archéologie  -  les nouveaux archéologues  -  L’âge d’or en danger  -  Les remparts  -  Les Indo-Européens  -  Le site Koster  -  La Déesse et les nouveaux historiens  -  La Déesse en Crète  -  Le regard de l’observateur  -  L’équilibre est-il possible ?  -  La poule ou l’œuf.  –

 

Les applications modernes : La résolutions des problèmes  -  Le labyrinthe en fête  -  La roue de médecine  -  Les labyrinthes planétaires  -  Les masques des planètes  -  Mort et renaissance  -  Les alignements de pierres  -  Le labyrinthes dans les cérémonies  -  L’appel des croisades  -  Le quatre et le sept  -  La construction de grands labyrinthes permanents ou pas  -  

 

LE  LABYRINTHE  les labyrinthes à travers le R.E.A.A.

Divers auteurs

 

  1994

Divers voyages initiatiques dans les labyrinthes de Chartres au Tibet. S’il est une frontière que le touriste des chemins de la connaissance ne peuvent franchir sans guide, c’est bien celle de ce monde parallèle où les phénomènes ésotériques, paranormaux, magiques, extra-terrestres se bousculent dans un désordre souhaité par d’aucuns.

 

On se demande bien souvent quelles sont les différences entre ce qui est mythe et ce qui est histoire. On accepte aisément comme histoire tous les faits qui ont une date, qui sont arrivés en quelque lieu déterminé de la terre, ou que l'on peut rapporter à des personnages connus. Par contre, on parle de mythes à propos de récits beaucoup plus fantastiques, imprécis dans le temps, difficiles à définir et attribués, non à des personnages historiques et réels, mais à des personnages fabuleux dont, généralement, on ne sait s'ils ont seulement existé.

 

  Dans le cas du labyrinthe, nous sommes justement en présence d'un mythe, avec le récit de faits, avec des personnages qui sont rien moins que symboliques ou que, pour le moins, l'histoire accepte difficilement comme réels. Mais on peut penser que tout mythe, tout récit symbolique, s'appuie sur une réalité, même si elle n'est pas nécessairement historique. Le mythe est vrai en tant que référence à des réalités psychologiques, à des vécus humains, à des processus et des formes qui se manifestent revêtus de symboles et se mettent à cheminer au fil du temps, parmi les hommes, pour arriver jusqu'à nous. Le travail qui nous incombe est de les dévoiler, c'est-à-dire d'enlever leurs voiles et de nous retrouver devant le sens occulte, le sens profond des choses.  

 

Le mythe du labyrinthe est très, très ancien et, j'ose dire, commun à toutes les civilisations antiques ; on y explique que le labyrinthe représente un passage difficile à parcourir, confus, où l'homme se perd par des sentiers enchevêtrés. Il y est parfois question de quelque homme fantastique, de quelque héros ou personnage mythique qui "défait" le labyrinthe et trouve la clé qui, finalement, apporte la solution de l'énigme posée sous la forme d'un chemin. Le labyrinthe le plus connu nous est parvenu dans la mythologie grecque, à travers des récits si accessibles, si naïfs, presque infantiles ; c'est le labyrinthe de Crète. Mais en remontant un peu plus en arrière, à la recherche d'éléments connus grâce aux dernières découvertes archéologiques en Crète, on peut savoir ce que les Crétois adoraient et ce sur quoi ils fondèrent leur labyrinthe. On voit alors que le récit n'est pas si puéril et qu'il apparaît toujours plus complexe et symbolique.

 

Par la magie de ses symboles, le Mandala est à la fois l'image et le moteur de l'ascension spirituelle qui procède par une intériorisation de plus en plus poussée. Le Mandala favorise la méditation en profondeur. Contempler un Mandala, vous permet de retrouver la sérénité, la paix et le sentiment que la vie a retrouvé son sens et son ordre. Chacun d'entre nous possède son propre Mandala, car nous vibrons tous sur une longueur d'ondes différente en fonction de nos expériences passées de notre vie. Le Mandala vous met en contact avec votre profonde sagesse et vous permet de devenir celui ou celle que vous êtes vraiment destiné à être.

 

" A l’origine mandala est un terme sanscrit qui, dans les textes les plus anciens, signifie centre, circonférence, cercle magique. Le cercle apparaît de bonne heure dans l’histoire humaine, dans la mythologie égyptienne, chez les Amérindiens dans leur modèle d’orientation, le zodiaque ; dans les rituels religieux, les derviches tourneurs, les mandalas tibétains, les labyrinthes des cathédrales ainsi que les rosaces… " " Le Mandala désigne à la fois un schéma linéaire agrémenté de couleurs symboliques, qui reproduit l’univers et un support rituel. Un mandala est donc la représentation de la réalité ultime de l’univers, du Tout sous la forme d’un graphique circulaire. " " La tradition occidentale et particulièrement la tradition chrétienne, connaissent de très nombreuses représentations qui sont exactement semblables aux mandalas orientaux par la recherche symbolique qu’elles comportent. La seule différence réside dans le fait que l’on n’utilise pas le terme de mandala pour les désigner. "  Le mandala est présent tout autour de nous.

 

Dans la nature : - le système solaire :

l’atome avec les électrons qui gravitent autour du noyau.

La cellule, avec son noyau et tous les organites qui vivent autour.

Le morceau de bois qui rassemble par ses cercles concentriques l’espace et le temps.

Les fleurs, les coquillages etc…

 

Dans l’art sacré : dans l’architecture : dès l’origine, l’Homme a construit des abris en harmonie avec les forces et les rythmes de la nature. Les villes sont également construites sur ce  modèle là. Exemple : les cités médiévales, le château fort au milieu, autour les habitations, cernées par les remparts. Les rosaces des cathédrales : la rose étant le symbole de la perfection achevée. Chaque rosace repose sur ce symbolisme.

 

"  A Chartres, les rosaces sont divisées en 12 segments, représentant le monde de la perfection. " "  A Beauvais, la rosace reproduit la roue du destin " "  Le jeu de la lumière sur les rosaces incite notre regard à s’arrêter sur l’essentiel, le centre. Les rosaces sont à la cathédrale ce que la lumière est au monde " les labyrinthes : gravés sur le sol des églises, les labyrinthes étaient à la fois la signature des confréries initiatiques de constructeurs et les substituts du pèlerinage en Terre Sainte. Le pèlerin faisait alors à genoux, tout le parcours du circuit. (labyrinthe de la cathédrale d’Amiens, de Chartres…)

 

LE   LABYRINTHE -   Son  Symbolisme ésotérique et spirituel

   Divers Auteurs

ARCADIA

 2006

Après que J.P. Bayard nous eut donné de belles définitions sur le Labyrinthe,

 

Jean Servier nous emmène dans la Rome antique, avec Virgile et son Enéide, et nous explique la danse des grues dans l’île de Délos, danse qui reproduit le parcours et les méandres du labyrinthe.

 

Dominique Aucher, parle du labyrinthe au cœur de l’Homme et explique comment on retrouve l’utilisation religieuse et initiatique du labyrinthe dans les mythes antiques, avec la grotte ou caverne qui donne un accès direct au domaine des profondeurs, de l’obscurité, du mystère et de l’ombre.

Bruno Gouesclou nous parle de ce  mythe universel, symbolisé par Thésée et le Minotaure, symbole récurent et voie initiatique.

 

Jean Ferto nous emmène dans le labyrinthe de la cathédrale de Reims. 

Alain Chaize élargit le symbole aux tracés labyrinthiques, en partant de l’antiquité, passe par le Moyen Âge et termine de la Renaissance à nos jours.

 

M. Cazeaux nous donne son fil d’Ariane pour comprendre le labyrinthe de Chartres.

 

Appavou et Mougeot, expliquent les similitudes entre les labyrinthes et le serpent sous toutes ses formes, dont la Vouivre ou Wivre, cette énergie souterraine ondulante, puissante et invisible, son alter- égo visible étant entre autre la Kundalini pour les orientaux et les énergies vitales pour les occidentaux. La spirale fait penser à un serpent qui se love et symbolise toutes ces représentations énergétiques, on la retrouve dans le paléolithique, les dallages d’églises, chez les indiens Hopi, et bien sûr dans les cathédrales.

 

M. Bolle de Bal nous entraîne au cœur de la solitude avec l’initiation maçonnique.

 

La loge Persévérance a donné la parole à 6 frères, qui nous déclinent leur vision sur ce labyrinthe, un et multiple, la quête de sens, un chemin initiatique et de vie.

 

J. F. Blondel nous parle des labyrinthes d’Eglises, avec forces dessins et schémas, Reims, Chartres, Orléansville, la villa de Diomède à Pompéi, Bayeux, Jérusalem, Amiens, Saint Quentin, Saint Omer, Cormerod en Suisse.

 

Gérard de Sorval, qui a écrit un excellent livre sur la Marelle, nous explique ici pourquoi la 13e case du jeu de l’oie est un labyrinthe, il part du principe que cette case récapitule l’ensemble du jeu de l’oie, qui est un dédale, et cette épreuve appelle à nous faire retrouver la Jérusalem intérieure.

 

Jean Tourniac nous propose une très belle étude sur la figure du labyrinthe de Villard de Honnecourt, son histoire, ses enseignements et la descente dans la caverne.

 

5 livres sont à retenir sur l’étude des labyrinthes :

-Le Labyrinthe, chemin initiatique par Marie Hover. Edition Maison de Vie. 2005

-Les labyrinthes  de  Sig Lonegren. Edition Dangles.  1985

- Le livre des labyrinthes  par Paolo Santarcangeli. Edition Gallimard.  1987

-Le labyrinthe image du Monde  par Daniel Béresniak. Edition Détrad.  1998

Les mystères du labyrinthe par Paul de saint-Hilaire  -  1977

 

le labyrinthe – un chemin initiatique          -     N°  19     

M. hover

Edition MAISON DE VIE

 2006

Le labyrinthe ne serait-il pas l’expression très ancienne du Pavé Mosaïque, dont il faudrait prendre en considération les valeurs initiatiques ?


De nombreux temples et édifices sacrés comprenaient un labyrinthe relié à plusieurs systèmes mythiques et ésotériques. Image du cosmos, figure du Grand Œuvre alchimique, incarnation du pèlerinage vers l’Orient, le labyrinthe paraît indissociable de la démarche initiatique des bâtisseurs et, à ce titre, méritait d’être examiné comme un symbole maçonnique.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le labyrinthe image du cosmos   -   Labyrinthe et tissage  -  Labyrinthe et spirale des Nombres   -   Labyrinthe, jeu et la danse des dieux   -   Le labyrinthe, symbole du Grand Œuvre   -   Les deux voies   -  Accéder à la chambre intérieure ou la connaissance de la matière   -  Sel, soufre et Mercure ou le ternaire et l’unité   -   La préparation de la matière au centre   -  Sortir du labyrinthe   -   Labyrinthe et pèlerinage vers l’Orient   -  Matrice de mort et de renaissance   -  Le labyrinthe pèlerinage solitaire et solidaire   -   Loin du centre, près du centre ?   -   Le fil d’Ariane   -  Nombre, Géométrie et Harmonie   -

 

Dans la tombe  de Sarenpout en Egypte, est écrit un texte magnifique se rapportant à l’Etoile mais aussi à ce labyrinthe que le défunt dans son voyage post-mortem emprunte pour trouver son but.

«  J’ai jubilé car on m’a fait toucher le ciel, ma tête a percé le firmament, j’ai éraflé le ventre des étoiles, j’ai atteint l’allégresse, de sorte que je brillais comme une étoile, que je dansais comme une constellation »

 

LÉGENDES MAÇONNIQUES   -  IMAGINATION ET PSYCHOLOGIE

 Jean- Luc  Maxence

Edition Dervy

 2015

La psychanalyse freudienne est inapte à saisir les enjeux de l’initiation comme l’avait perçu avant tout le monde René Guénon. L’approche des deux auteurs est jungienne.

 

On sait l’œuvre de Jung, quand elle n’est pas réduite par l’université ou vilipendée par des freudiens et lacaniens étroits et sectaires, très proche de la pensée traditionnelle. Jung fut membre d’une société initiatique et toute son œuvre est marquée de cette orientation dont on trouve une expression libre dans son « Livre rouge ».

 

Les auteurs croisent deux regards, celui de l’anthropologie avec Frédéric Vincent, celui de la psychanalyse jungienne avec Jean-Luc Maxence pour étudier, expliquer, les légendes maçonniques les plus courantes du Rite Ecossais Ancien et Accepté, du Rite Français, du Régime Ecossais Rectifié et du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm.

 

Pour cela, ils se placent sous le signe du groupe d’Eranos qui a rassemblé entre autres, Jung, Henri Corbin et Gilbert Durand, ces deux derniers étant d’ailleurs membres de l’ordre maçonnique : « Ouverture analytique et mythanalyse… Grâce à ces deux démarches, sur bien des aspects complémentaires, il est question de montrer la manière dont les légendes maçonniques véhiculent des mythèmes qui permettent à la fois de structurer la psyché et de mieux construire la vie sociale. Dans la continuité des travaux de Carl Gustav Jung et de Gilbert Durand, il faut insister sur le fait que le mythe est un produit de l’appareil psychique de l’homme et qu’il répond de la façon la plus adéquate qui soit aux problématiques humaines les plus fondamentales.

Ainsi, les légendes maçonniques doivent être comprises comme les outils psychosociaux indispensables qui rendent possible toute résolution de conflits ou de problématiques existentiels. Il s’agit pour le maçon d’aller au-delà d’une rationalisation stérile des légendes maçonniques afin d’accéder à une véritable prescience du fonctionnement psychique » qui nous dit l’attitude à adopter face aux maux les plus terribles. Hiram est la figure mythologique centrale des rituels maçonniques et révèle l’exemplarité devant la mort (résolution psychique) mais aussi devant la fourberie des trois mauvais compagnons (résolution sociale).

 

Les légendes maçonniques exploitent de nombreux mythèmes qui offrent un panorama des postures psychosociales les plus en adéquation avec l’ensemble des problématiques humaines. L’homme incomplet jeté dans l’absurdité et la contingence trouve sa raison d’être dans la beauté des mythes et se régénère en permanence à la mesure de leur réactualisation dans les différentes phases de l’histoire de l’humanité. » La dimension véritablement initiatique du mythe, véhicule des praxis qui libèrent l’être de l’histoire personnelle et collective, est donc absente du propos des auteurs au bénéfice d’une approche psychosociale, certes intéressante, mais terriblement réductrice alors même que le livre regorge d’intuitions qui relèvent clairement des voies d’éveil.

 

Contrairement à ce qui est annoncé, les mythes étudiés ne sont pas abordés dans le contexte du Régime Ecossais Rectifié ou des Rites Egyptiens. Il aurait pour cela fallu reprendre les mythèmes concernés dans le cadre spécifique de la doctrine de la réintégration des êtres pour le RER et de l’échelle de Naples pour  les rites égyptiens (en effet seuls les quatre derniers grades de l’échelle de Naples sont spécifiquement égyptiens). Par contre, la matière apportée par les auteurs est riche dans le cadre du Régime Ecossais Ancien et Accepté.

 

Un autre intérêt du livre réside dans le transfert de certains mythèmes traditionnels, notamment propres aux légendes chevaleresques dans les sagas de héros contemporains, de Batman à Dark Vador. Il est intéressant en effet d’observer comment les mythèmes, doués d’une vie propre, savent se répliquer dans des milieux et contextes fort différents.

 

LE LANGAGE INITIATIQUE DES SYMBOLES

HIRAM

ÉDITION LE LÉOPARD D’OR

 2002

Le symbole n’est-il pas la porte vers la connaissance ? L’outil privilégié pour communiquer avec l’invisible ? La clef qui permet d’ouvrir la conscience sur la réalité ? La voie royale qui mène à la sagesse et au confondement avec le Principe Créateur ?

 

Sous ses formes infinies, il est la figuration concrète d’une idée abstraite, d’un concept. Il est d’ordre métaphysique, il est vivant et conduit vers des domaines inaccessibles autrement. En effet, il ne peut s’étudier rationnellement, par la pensée binaire et fait appel prioritairement au cœur. Il va beaucoup plus loin dans sa signification que son expression apparente.

 

Le symbole permet donc d’entrer en communication avec le sacré, ce qui a été son rôle depuis l’apparition de l’homme. Il est intemporel et fait prendre conscience de l’immortel et de l’éternel, de plus il se suffit à lui-même et est compréhensible en dehors de toute parole, car il est aussi universel.

 

Les symboles se sont réfugiés en Occident, dans les courants maçonniques et compagnonniques qui les véhiculent. Beaucoup de monuments religieux en sont remplis. La pensée de l’homme évolue avec le temps et sa conscience se modifie, il convient de trouver une formulation vivante et actuelle des symboles touchant au concept.

 

Cet ouvrage résultat d’une longue étude développe les sujets suivants :

 

Acacia- Acclamation- Accolade – Air, Terre, Eau, Feu – L’alchimie – L’Amour – l’âme –Anagogie- Apprenti- L’Art- L’astrologie- L’athanor- L’autel des serments- Le bandeau- Le banquet- la beauté- le blanc- le cabinet de réflexion- la canne- le carré de la Genèse- le carré long-le centre- la chaîne d’union- la chambre du milieu- le chaos- le chef-d’œuvre- le cinq- le ciseau- les colonnes- la communauté- le compagnon- le compas- le concept- le cœur- la conscience- la corde- la coupe d’amertume- la création- le cube- le delta-le destin- le détachement- le deux- le devoir- le dix- le dodécaèdre- le don- le doute- le douze- la dualité- l’égalité- l’égrégore- les éléments- l’énergie- l’épée- épeler- l’équerre- l’espérance- l’ésotérisme- l’esprit- l’éternité- l’étoile flamboyante- l’éveil- l’expert- les fenêtres- le fil à plomb- la foi- les fonctions créatrices- la force- la forme- fraternité- gamma- la Genèse- la géométrie- le goût- le grade- le Grand Architecte- les grands mystères- les grenades- l’harmonie- les herbes de la Saint Jean- midi-minuit- la hiérarchie- l’Homme universel- l’hospitalier- le huit- l’humilité- l’icosaèdre- idée- immanence et transcendance- incréé-  individu- l’initiation- initié passé à l’Orient Eternel- l’intuition- l’inversion- l’invisible- joie- justesse- lac d’amour- larmes- liberté- la loge- lois causales- la lumière- la lune et le soleil- la magie et la maillet- la maître- la marche- la matéria prima- les métaux- le miroir- le moi et l’ego- la mort- mot de passe et mot sacré- le mouvement- mystère- mythe- neuf- le niveau- le nœud- le noir- les nombres- nom, nommer- nombre d’or- l’ennéade- le septentrion-obédience- Occident et Orient- l’octaèdre- odorat- les offices- le onze- l’orateur- l’ordre- ouïe-les outils- le pain- la parole et la parole perdue- le parrain-les pas- le pavé mosaïque- la perpendiculaire- la persévérance- les petits et grands mystères- la pierre brute, à pointe , cubique, philosophale et d’angle- le pilier- la planche- le point- les cinq points parfaits de la maîtrise- les polyèdres- la porte- les surveillants- le Principe Créateur- le quatre- la quintessence- la règle- la régularité- rite et rituel- le rouge- la royauté- le sacré et la sagesse-le secret et le sens- la sensibilité- le sept  - le serment et le silence- le six- le souffle- les sphères- la spirale- le syncrétisme- la synthèse- le tablier- le temple-les ténèbres- la tenue- tétraèdre- le toucher- la tradition- le trait- transmutation- trois- tronc de la veuve- tuilage- le verbe- la vertu- la veuve-viatique- vieil homme- vigilance- V.I.T.R.I.O.L- voie sèche ou humide- la vue- voyage-

 

LE LANGAGE SYMBOLIQUE DE LA FRANC-MAÇONNERIE

Pierre Dangle

Edition Maison de Vie

 2018

Le langage utilisé par les francs-maçons est porteur de richesses symboliques souvent méconnues ou mal comprises, y compris parfois des Maçons eux-mêmes. En présentant la signification symbolique de 33 mots-clés du vocabulaire maçonnique, tels que Initiation, Art royal, Agapes, Chaîne d’union, Chambre du Milieu, Delta, Enfants de la Veuve, Lacs d’amour, Luminaires, Pavé mosaïque, Orient éternel ou Tronc de la Veuve, Pierre Dangle offre aux profanes de découvrir en quoi consiste la tradition initiatique et la pratique maçonniques, et aux Maçons, qu’ ils soient expérimentés ou non, d’approfondir la connaissance qu’ ils ont du cosmos de la Loge et de l’univers du temple

 

Pour aborder les symboles maçonniques, il nous faut regarder de plus près le lieu où se donne l’initiation : c’est la loge. La loge est l’image de l’univers. Son plafond est une voûte azurée constellée d’étoiles qui est l’image du firmament tout fleuri d’astres. Le sol, ou pavé de la loge est dallé de grands losanges blancs et noirs, indiquant pour les initiés de hauts grades, l’harmonie qui naît de l’équilibre des contraires. Pour les adeptes de rangs inférieurs elle symbolise toutes les races, toutes les doctrines, toutes les opinions mêlées et unies, c’est l’image de la fraternité qui doit régner entre tous les humains. Le vrai maçon doit assister et éclairer indifféremment tous les hommes, à quelque race, quelque pays, quelque religion qu’ils appartiennent.

 

A l’orient est une estrade à trois marches où se trouve le fauteuil du Vénérable Maître. Les trois marches disent qu’il doit surpasser ses élèves sur les trois domaines : physique, sentimental et intellectuel. Il doit leur enseigner la lumière de l’esprit, c’est pourquoi son siège le présente comme venant de l’orient où naît le jour, car il est celui qui éclaire les esprits. A terre est posée la pierre brute, symbole de l’homme avant son initiation, la pierre prendra forme géométrique à mesure de l’initiation du maçon. Le fauteuil du vénérable est surmonté d’un dais. D’un côté de ce dais on voit le soleil image de la lumière directe qui se répand sur le monde y apportant vie et chaleur, comme doit l’être l’initié qui a reçu l’initiation pour en faire bénéficier ceux qui sont moins avantagés. De l’autre côté du dais se voit la lune, principe passif qui exprime mieux la situation des disciples : la lune reçoit la clarté du soleil et la réfléchit dans la nuit. Le tableau est un tapis rectangulaire étalé sur le dallage, les emblèmes des trois grades corporatifs d’apprenti, de compagnon et de maître y révèlent la synthèse de l’ésotérisme maçonnique.

 

Le tableau de maître a son fond décoré de losanges et non plus de carrés comme le dallage. Ils sont en effet composés de deux triangles droits et inversés respectivement reliés au plan divin et terrestre et indiquant la maîtrise. S’y trouve le cercueil d’Hiram, recouvert d’une draperie ornée des larmes d’argent du sacrifice et la croix latine du double épanouissement de l’être. La tête du cercueil porte un triangle orné d’un G et s’oriente vers l’occident ou pays des morts. L’autre extrémité sur laquelle sont posés le compas et l’équerre est tournée vers l’orient, la gauche du Tableau vers le septentrion, la droite vers le midi. Le rameau d’acacia symbolise la vie nouvelle, la résurrection succédant à la mort. Les tibias placés sous des crânes adoptent la forme de la croix de Saint André, symbole de vie et de perfection. Le tableau de compagnon porte des colonnes surmontées de sphères céleste et terrestre et trois marches mènent au temple. Le tableau d’apprenti est basé sur la même disposition que celui de compagnon, mais les deux colonnes sont surmontées de grenades ; en outre, 5 ou 7 marches donnent accès au temple.

 

L’œil, souvent représenté, indique la Lumière, le principe Créateur, le soleil physique d’où émanent la vie et le Grand Architecte de l’Univers. « Recevoir la lumière » signifie être admis à l’initiation. Le Vénérable la transmet au moyen de l’Epée Flamboyante, symbole du Verbe, ornée en son centre de la lettre G. Cette lettre G, est proche de l’idéogramme du sel emblème de la sagesse et du discernement, ainsi que le Gamma qui dessine une équerre. Elle a diverses significations qui, toutes, se rapprochent de la connaissance initiatique : Gnose ou connaissance, God, Dieu (en anglais), Géométrie sacrée, Génération, rendue possible par la conjonction du plus et du moins, de Jakin et de boaz…

 

L’étoile flamboyante à cinq branches ou pentagramme : placé face à l’occident est considérée comme androgyne (5=3+2) et peut être rapprochée de la rose rosicrucienne. Discrète, l’étoile parait le soir, remplace le soleil et prépare le lever de la lune, astre des philosophes, elle peut pénétrer à l’intérieur de tout chose. L’Homme contient l’étoile et l’étoile contient le Divin.La chambre du milieu fait tomber le compagnon (sans la lumière de l’étoile il est dans le noir absolu) : l’équerre et le compas ne mesure plus que vanité mais il s’y trouve un rameau d’acacia qui l’incite à s’orienter vers les valeurs du pur esprit animant le maître ressuscité.

 

Le niveau et le fil de plomb sont attribués aux surveillants. Leur perpendiculaire est en rapport avec le symbolisme des deux colonnes (voir la légende d’Hiram, un peu plus loin). Le niveau est constitué par une équerre au sommet de laquelle est suspendu un fil à plomb : le passage de la perpendiculaire au niveau est le passage du grade d’apprenti à celui de compagnon. La synthèse des deux est réalisée par l’équerre, attribut du vénérable.

 

LE LIVRE DE LA  LICORNE

Y. CAROUTCH

Edition PARDES

 1989

Origine orientale, liée à la production de la pluie, et  à la fertilité. Sens plus subtil : l’esprit d’éveil. Les premiers Pères de l’Eglise font du symbole androgyne celui de la Vierge ou du Christ.

 

La licorne de l’Eden. L’Egypte ancienne, la Grèce, les Celtes, Sumer, les plus anciens textes sacrés, l’Inde, le Déluge, les différents noms de l’Unicorne.

 

La racine KRN, indique la puissance de la corne, et le hiéroglyphe de la Lumière. Parzifal,  dragons, escarboucles, et licornes. Leibniz et le squelette de licorne : l’elasmotherium sibericum, doté d’une corne unique, que l’on retrouve dans de vieux chants toungouzes. Gengis Khan, licornes artificielles, licornes précolombienne, les sept cités de Cibola, licornes du paradis terrestre et du Talmud. C’est l’animal qui transcende les dualités.

 

Au commencement était la licorne. Rares sont les cosmogonies dans lesquelles elle n’occupa pas une place de choix, son origine orientale est indiscutable et dans le chapitre consacré à l’Unicorne d’Asie, on verra comment la bête sacrée fut d’abord un ermite cornu d’une pureté légendaire et dotée du pouvoir de régir la fertilité sur terre.

Cette histoire est relatée dans maints textes sanskrits, puis palis, chinois, tibétains, japonais, etc. L’existence de cet extraordinaire personnage, ascète sauvage qui finira par s’éprendre d’une femme, envoyée à lui pour que la saison des pluies revienne, n’est autre que l’une des vies antérieures du Bouddha, telle qu’elle est relatée dans les Jâtakas bouddhiques.

 

En Asie, l’animal de neige prend également la forme d’une sorte de bouc angora à corne unique ; il orne souvent le sommet des monastères himalayens, et les quatre portes du Palais de l’or du temps que constitue le Mandala.
L
es représentations iconographiques de Dieu nommant les animaux offrent souvent une licorne seule, marchant en tête du cortège formé par tous les couples de bêtes. Avant d’être dépossédée de sa nature sacrée, la licorne transfigurait l’Eden. Bien avant le XVe siècle, les Bibles illustrées faisaient encore surgir une bête surnaturelle entre Adam et Eve, la corne pointée vers le futur « arbre du  Bien et du Mal ».

 

Le terme unicorne, qui était toujours au masculin jusqu’à une date récente, met en évidence L’Un initial, qu’on le nomme Dieu unique ou retour à l’Unité.

 

LE LIVRE et le symbolisme de la licorne – Image d’un couple

j.p. jossua

Edition Du Cerf

 1985

De quel bestiaire fabuleux provient la licorne ? Que penser de la célèbre légende de sa capture par une jeune fille vierge. De la fortune littéraire et artistique de cette légende ?

 

La première partie de cet ouvrage retrace l’histoire du thème, présente les textes les plus significatifs et fait le point sur le dossier iconographique de cette légende.

 

La seconde partie détaille les motifs (le couple, l’animal, la corne, le miroir, l’enclos…). Par mode de rêverie, elle cherche à enregistrer leurs harmoniques inconscientes, où il apparait qu’une scène fondamentalement érotique reste telle, même quand on se plait à y voir le Verbe de Dieu amadoué par la Vierge Marie.

 

Une image sert ici de fil conducteur, parmi vingt autres reproduits, celle de la Vue, une tapisserie du musée de Cluny.

 

Au sommaire de cette licorne :

 

Repères historique  -  présentation de la licorne  -  la pucelle et la licorne dans l’art  -  les figures et le rêve  -  tendre couple et animal merveilleux  -   corne sensible  -  miroir tendu, espace clos   -   principaux témoins iconographiques  -

 

LE  LOTUS

Louis Frédéric

Edition du Félin

 1994

Le lotus à 8 pétales est Le symbole de l’harmonie cosmique. Il est aussi le trône du Bouddha. Au-dessus des eaux boueuses où trempent ses racines, le lotus est la perle naturelle et sacrée de la perfection accomplie.

 

Parmi tous les joyaux de la nature, aucun n’a donné naissance à autant de sentiments et vénération que cette fleur aquatique. On l’a souvent comparé à cette entité indéfinissable qu’est l’âme, à tel point qu’on a pu parler de sainteté, sa fragilité même et son impermanence ont été source de l’inspiration des poètes et des mystiques.

 

Une des plus anciennes représentations du lotus a été retrouvé en Namibie en 1917 par un ingénieur hollandais, ces peintures rupestres ont été datées vers  -3000, elles représentent une procession d’hommes et de femmes tenant une fleur de lotus à la main.

 

Dans la cosmogonie de l’ancienne Egypte, tout comme celle de l’Inde ou de la Chine, l’état d’avant la création était représentait comme une immense étendue d’eau, une mer infinie recélant en son sein d’immenses potentialités, encore fallait t-il qu’il y eut Création du monde, aussi les anciens égyptiens conçurent ils la naissance du monde crée comme l’émergence d’une terre, d’une île boueuse dans lequel la terre et l’eau étaient mélangés, puis il y eut séparation et naquit la terre.

Héliopolis, la cité du soleil, fêtait la fleur de lotus car, pour eux le soleil était issu du lotus. A Dendérah, le démiurge Harsomtous était figuré comme un long serpent dressé sur un lotus, comme s’il en sortait ; bien d’autres légendes et histoires racontent la sortie ou la naissance des êtres et des choses à partir d’une fleur de lotus. Les égyptiens appelaient ce lotus  bleu :

Nanoufar (ce qui a donné nénuphar, cousin du lotus). Les Pharaons étaient sensé naître dans un Lotus. Dans la fresque sur la Psychostasie, on voit devant Osiris un lotus qui supporte les 4 fils d’Horus, représentant les 4 vases canopes.

 

Dans les grands poèmes épiques hindous comme la Râmayana et la Mahabharata, le dieu créateur Brahma est représenté comme naissant d’un lotus surgit du nombril de Vishnu. Selon A.K. Coomaraswamy « Dans la formulation védique, le Lotus ou arbre de la Vie, s’élève dans l’espace à partir du centre ombilical de la divinité se reposant sur la surface des eaux, son tronc représentant l’axe de l’univers, ses branches toutes les extensions et différenciations appartenant aux divers plans de l’existence. Le lotus porte sur sa corolle épanouie le Père du monde Lokapîta,  Brahma-Prajâpati ». Dans le panthéon hindou les lotus symbolisent les rayons du soleil, la lumière, la chaleur créatrice.

 

Dans le panthéon du bouddhisme beaucoup d’effigies de déesses sont représentées ayant une fleur de lotus en main, car pour les bouddhistes le lotus est la fleur divinisée, le Bouddha serait né dans un lotus. Pour les Japonais (dont beaucoup sont bouddhistes), le lotus est le symbole parfait de la régénération spontanée et de la naissance à la divinité, à l’état de pureté parfaite. « Dans le bouddhisme ésotérique, le cœur des hommes est comme un lotus non encore ouvert : quand s’y développent les vertus du Bouddha le lotus s’épanouit »

 

Pour mieux expliquer sa doctrine, le bouddhisme fit usage de nombreux lotus, c’est ainsi que le lotus blanc symbolise l’état de pureté mentale et la perfection spirituelle du Bouddha, ses 8 pétales représentent les 8 points du « Noble octuple sentier » de la doctrine du Bouddha qui ne s’expriment qu’apophatiquement. Le lotus rose est réservé à la plus haute expression de la divinité, il représente également le Bouddha historique Siddhârta Gautama.

Le lotus rouge représente le cœur d’où provient la nature originelle du Bouddha et des Bodhisattva, ces êtres qui ont renoncé à l’état de Bouddha pour aider les hommes à se libérer des liens du karma. Quant au lotus bleu, il représente la puissance de l’esprit et sa victoire sur les sens, il est Sagesse et Intelligence, ce lotus n’est jamais montré ouvert car son centre doit rester invisible.

 

La fleur de lotus fait partie des 8 symboles bouddhiques de la Félicité avec : la conque, la roue de la loi, l’ombrelle, le baldaquin, le vase, les poissons jumeaux et le nœud mystique. Le lotus  est étroitement associé à la conque, qui symbolise la vulve féminine alors que le lotus symbolise la grâce féminine et la fécondité.

 

De très belles photos couleur sur l’Egypte, le bouddhisme et les pays du sud-est asiatique –Japon, Inde, Chine et Thaïlande - agrémentent ce livre.

 

LE LOTUS - symbolisme du lotus

Louis frederic

Edition Du Félin

 1992

Le lotus à huit pétales est le symbole de l’harmonie cosmique. Il est aussi le trône de Bouddha. Au-dessus des eaux boueuses où trempent ses racines, le lotus est la perle naturelle et sacrée de la perfection accomplie.

 

Y est expliqué le lotus fleur du soleil, son origine, son symbole de pureté divine, son éternel féminin, son sacré et sa place dans la spiritualité de l’Extrême Orient.

 

Les fleurs ont souvent des significations religieuses et spirituelles, car elles sortent de terre et montrent leur beauté, chaque année, pendant un court laps de temps. La fleur de Lotus n’est pas différente des autres fleurs utilisées pour la décoration et les cérémonies religieuses. Peu de fleurs sont aussi importantes pour les cultures orientales que le lotus. Cependant, chaque culture a son propre langage des fleurs et donne une signification légèrement différente à cette fleur mythique. Plongez dans les profondeurs de la signification de la fleur de Lotus en découvrant tous les aspects de cette plante fascinante.

 

Au global, toutes les fleurs de Lotus respirent la beauté et la grâce. La plupart des variétés poussent dans l’eau des étangs et des ruisseaux, ce qui leur procure une qualité surnaturelle qui les rend assez mystiques pour les cérémonies religieuses. Dans le langage victorien des fleurs, le Lotus représente l’éloquence. Le Lotus est une fleur délicate possédant de nombreux pétales disposés en couches autour d’un noyau central. Il existe quelques plantes différentes pour cette catégorie de fleurs, mais quand on en vient au symbolisme, elles ont toutes des significations semblables. Les fleurs sont également semblables et partagent d’autres caractéristiques liées à leurs propriétés médicinales et à leur caractère comestible.

 

Dans l’ancienne Egypte, on utilisait beaucoup cette fleur comme symbole dans les peintures et gravures laissées sur les murs des temples et des tombeaux. Les spécialistes pensent que les Égyptiens considéraient le Lotus comme un symbole de renaissance parce qu’elle semblait sombrer dans la nuit et ressusciter le matin. On sait maintenant que cette plante perd toutes simplement ses fleurs fanées et en ajoute de nouvelles en un cycle quotidien, mais c’est encore un puissant rappel de la réincarnation et des mystères de l’au-delà. Les prêtres et les autres chefs religieux avaient aussi coutume de broyer les fleurs pour en faire un thé ayant des effets sédatifs et psychotropes doux, ce qui développait leur sens du travail rituel.

 

La signification du Lotus dans la religion hindouiste est quelque peu différente. Après échanges d’idées avec les bouddhistes pendant des milliers d’années, les chefs religieux hindous ont commencé à utiliser la fleur comme symbole de paix et d’éternité. Les fleurs de Lotus blanches sont généralement représentées sous les pieds des divinités comme Lakshmi, Ganesha, et Saraswati. Brahma, le créateur ultime, émerge ainsi d’un Lotus. Ce sentiment de pureté provient du fait que la fleur pousse généralement dans la boue et qu’elle s’élève dans  l’eau pour fleurir.

 

Le Lotus est également présent dans le symbolisme lié aux chakras ou centres énergétiques localisés le long de la colonne vertébrale. Les traditions de guérison orientales et yogiques y font référence. La signification de la fleur dans le bouddhisme est similaire mais elle reste toutefois unique par rapport aux autres significations. Le Lotus bouddhiste représente :

  • Patience
  • Pureté
  • Mysticisme
  • Contact Spirituel Direct
  • Vacuité du désir
  • Détachement
  • Lumières et état Bodhi
  • Amour et compassion pour toutes les choses
  • Conscience de soi
  • Fidélité durant le développement Spirituel
  • Détachement de la souffrance

Ces significations spirituelles profondes ont donné lieu à une posture assise connue comme la position du Lotus. Les jambes sont croisées et placées d’une manière qui fait que les genoux ressemblent aux pétales d’une fleur de lotus. C’est une position importante à la fois dans la méditation bouddhiste et dans les pratiques de yoga hindou. Les semelles des pieds sont cachées, ce qui en fait une position respectueuse lors de la visite d’un temple où le fait d’exposer le dessous de ses pieds est considéré comme étant impoli.

 

Utilisation de la fleur de Lotus comme plante médicinale et comestible : En dehors de la décoration des trônes pour servir de sièges pour des êtres éclairés, les deux principaux types de Lotus ont aussi des potentiels en tant que plante comestible ou à des fins médicinales, ce qui peut surprendre. La famille du lotus bleu, ou Nymphaea, sert à faire un thé ayant des propriétés sédatives et vous aide à combattre l’insomnie sans subir de somnolence le lendemain. Le lotus sacré, ou celui de la famille Nelumbo, est aussi cultivé pour les graines et les racines comestibles. La version américaine de la fleur est aussi principalement utilisée comme nourriture.

 

Faire pousser des fleurs de Lotus : Si vous avez une fontaine profonde, ou un ruisseau qui s’écoule doucement, ou un étang sain, vous pouvez essayer de faire pousser vos propres fleurs de Lotus. Choisissez parmi les différentes couleurs et types en prenant à la fois de vrais Lotus qui fleurit et des nénuphars de cette famille chez un bon pépiniériste, puis enracinez-les dans des pots ou au fond d’un étang boueux. Assurez-vous qu’il y ait au moins vingt-cinq centimètres d’eau au-dessus du pot ou de la boue et pas plus de 25 cm d’eau. Vous pouvez les planter au printemps ou à l’automne, et ces fleurs ne requièrent pas d’ajouter de l’engrais ou de couper les feuilles. La plante va croître vigoureusement lorsque les températures se réchauffent à environ 15°C, puis se mettent en hibernation lorsque la saison froide arrive.

Très nombreuses illustrations couleur.

 

LE LOUP

Bernard MARILLIER

Edition PARDES

 1997

Toutes les civilisations de l’hémisphère nord de la terre ont connu le riche symbolisme du loup.


Le loup pariétal de la préhistoire, l’Oupouaout égyptien, le Fenrir germanique, le « loup bleu » des Mongols, la louve romaine, le « frère loup » cher à St François d’Assise et le galoup médiéval, la bête du Gévaudan et le loup des contes pour enfants témoignent de la permanence symbolique du lupin à travers le temps et l’espace …


Animal à la fois négatif et positif, médiateur psychopompe en rapport direct avec l’au-delà, le loup fut aussi l’incarnation de la Lumière en Chine, en Europe du Nord et en Grèce, où il fut le compagnon privilégié d’Apollon lycien et hyperboréen.


Symbole de la fonction guerrière chez les Indiens et les Indo Européens, mais aussi promoteur céleste de chefs, de dynasties et de peuples en Asie Centrale, le loup eut pour tâche de veiller sur la Création, à son « bon entretien » et, finalement, à son inévitable destruction lorsqu’elle devient caduque, contribuant ainsi à sa régénération périodique.

 

Monstre issu du « paganisme », entretenant des liens étroits avec la lycanthropie, le loup fut perçu comme une créature démoniaque par le christianisme, lequel a fait de cet animal-lumière le symbole de la débauche, de la méchanceté et de la force hostile à la foi du croyant.

Il devint l’animal fétiche des magiciens et des sorciers qui pouvaient prendre sa forme et comprenaient son langage.

 

Depuis, il est « le grand méchant loup » des contes, fables et légendes du monde entier, en passant par l’alchimie, l’héraldique et la symbolique moderne, l’auteur guide le lecteur sur les traces de l’animal-lumière qui connaît « les chemins du ciel et de la terre ».

 

Au sommaire de ce livre :

 

Les divers aspects de la symbolisation du loup  -  Le loup destructeur  -  Le loup et les enfers ainsi que la fin d’un cycle  -  Le loup est las saints chrétiens  -  la louve dantesque dans la Divine Comédie  -  Le loup viril et fécondant  -  La louve nourricière  -  Apollon, le dieu-loup  -  Le rite des Lupercales  -  La célébration du loup vert  -  Le loup funéraire, psychopompe et maître de la connaissance  -  Le passeur d’âme  -  Le loup, ancêtre, guide et symbole des exilés  -  Ancêtres lupins et peuple-loup  -  Les guides-loups  -  Le loup, symboles des exilés, des bannis et des fugitifs  -  Le loup et les confréries initiatiques  -  Les rites initiatiques non militaires et les confréries guerrières  -  La lycanthropie et les loups-garous  -  Le loup dans les mentalités  -  la mort du loup  -  Traditions, superstitions et croyances populaires  -  Le meneur de loups  -  le loup des contes  -  Le loup dans tous ses états  -  Le loup alchimique  -  les loups emblématiques  -  le loup héraldique  -  le loup dans la symbolique militaire  -  la rune du loup Calendrier odhinique de la cathédrale de Chartres  -

  

LE MIROIR ET L’INITIATION MAÇONNIQUE          -          

Jacques Rolland

Edition Maison de Vie

 2011

Lors de l’Initiation maçonnique, le postulant est confronté (selon les rites) à un miroir. S’agit-il d’une simple introspection, existe-il un bon et un mauvais miroir, à qui voulons nous ressembler ? En réalité, le miroir triche : à la fois extérieur et intérieur, un voile obscurcit notre regard. Grâce à l’initiation, il faut tenter de retourner aux origines, comme si l’on pouvait tout recommencer ; alors le miroir apparaît comme la source et le fondement de toute création.

Le trésor est caché, l’immortalité existe, grâce au miroir, nous pouvons extraire la lumière des ténèbres, conquérir la liberté et faire naître un regard spirituel, à condition de ne pas oublier que nous sommes responsables de la lumière du miroir.

 

Toutes les sociétés à mystères de l’Antiquité, les mythes fondateurs des traditions, et des religions nous parlent de l’aveuglement de l’homme face à sa propre image. Il en résulte un refus, allant de la castration – oculaire dans le cas d’Œdipe et d’Odin – à la noyade « accidentelle » par Narcisse. La métaphysique iranienne du IXe siècle insistera beaucoup sur « l’ennuagement » et « l’enténèbrement » accompagnant l’homme dans sa démarche initiatique. Cet ennuagement est souvent cité par H. Corbin « En islam iranien » ce texte du mystique persan Rûz-behân de Shîrâz, décrit le parcours d’une démarche initiatique, où des voiles successifs s’interposent entre le ciel et ses fidèles, et cela afin de les prémunir contre les pièges inévitablement dressés contre eux, puis il poursuit « il y a donc pour les cherchants spirituels l’ennuagement de la conscience intime et les voilement des lumières »

 

Il ne faut pas se retourner disent les anciens rituels. Témoins les filles de Loth et Orphée qui vont perdre leur terre natale ou la femme bien-aimée, ne pas se retourner avant d’être sorti du labyrinthe. Le miroir triche, le miroir est donc un instrument de vision tout autant qu’un outil symbolique de perfectionnement. La Maçonnerie l’a bien comprise pour l’avoir intégrer tout au long de ses degrés mais pas nécessairement sous sa seule morphologie première.

N’importe quel outil peut remplir le rôle du miroir, que l’on songe au face à face que constitue la rédaction du testament dans le cabinet de réflexion, que l’on songe aux innombrables serments qui ne sont qu’un terrifiant face à face de l’homme avec ses propres engagements et devant le Créateur, ils sont tous  aussi impitoyables que le miroir. Les Grecs avaient d’ailleurs pour décrire l’âme et le miroir un seul mot : Psyché. Le miroir est donc un très puissant révélateur des méandres de l’âme.

 

Ainsi se trouverait reconstituée le ternaire magique cher aux anciens : Cops, Âme et Esprit. Une aura psychique enveloppe l’être se contemplant dans le miroir, tout en éliminant, sans qu’il s’en aperçoive, ce qui reste encore de sensible en lui. Par sensible il faut entendre matérialité, et par contempler, regarder avec.

 

Au sommaire de ce livre, l’auteur nous parle :

L’ennuagement de la conscience et l’épreuve du voile – la folle du logis – la mémoire et le miroir – les contes d’Hoffmann – l’introspection et le miroir – les mythes grecs – les autres miroirs – l’étranger – métamorphose – la vision smaragdine – création et miroir – la nostalgie des origines – contemplation – le regard spirituel – le recto verso du miroir – la double mort – l’alchimie du miroir – l’immortel existe – le trésor caché – la parole perdue – la puissance spirituelle du miroir.

 

LE  MIROIRSON  SYMBOLISME  SPIRITUEL  ET  MÉTAPHYSIQUE

DIVERS   AUTEURS

ARCADIA

 2007

Speculum, qui est la racine du mot miroir, a donné le nom de spéculation, car à l’origine spéculer voulait dire regarder et observer le ciel et les étoiles.

Que reflète le miroir ? La vérité, la sincérité, le contenu du cœur et de la conscience : Comme le Soleil, comme la Lune, comme l’eau, comme l’or, lit-on sur un miroir chinois du musée de Hanoï, sois clair et brillant et reflète ce qu’il y a dans ton cœur.

 

Ce rôle est utilisé dans les contes de fées, les contes initiatiques d’Occident, dans les rituels des sociétés initiatiques et dans le rituel des sociétés secrètes chinoises. Presque tous les poètes ont traduits leur pensée à travers le miroir et ont exprimés leurs doutes, et leurs angoisses, comme Jean Cocteau avec sa traversée du miroir.

Le miroir est également symbole de sagesse et de connaissance, le miroir couvert de poussière étant symbole de l’obscurantisme et d’ignorance. Ces reflets de l’intelligence ou de la Parole céleste font apparaître le miroir comme le symbole de la manifestation reflétant l’intelligence créatrice. Pour le mythe japonais d’Amaterasu, le miroir fait sortir la Lumière divine de la caverne et la réfléchit sur le monde. Selon la table d’Emeraude de Trismégiste, le miroir inversé donne la manifestation comme reflet inversé du Principe.

Au R.E.A.A, le miroir du cabinet de réflexion, doit faire réfléchir sur l’intériorisation que nous devons faire par le V.I.T.R.I.O.L, au 1e degré le postulant en se retournant, et en regardant un miroir, est invité à voir dans ce symbole l’image de son pire ennemi, puis au second degré on lui expliquera que l’image de lui qu’il voit dans ce miroir n’est autre que son propre juge.


En Islam le thème du miroir permet de lire le passé, le présent et l’avenir. Certaines coupes sont en forme de miroir, et pour les soufis, l’Univers entier constitue un ensemble de miroirs dans lesquels l’Essence infinie se contemple sous de multiples formes, ou qui reflètent à divers degrés l’irradiation de l’Être Unique dans son sens cosmologique et infinie.


Nguyen Khac Man nous fait part de réflexions sur le miroir, à travers son étymologie, la lumière, la vision dans le miroir de la Tradition au sens guénonien, la considération symbolique profane, les contes de fées, il nous décortique la vision de Moïse sur le mont Sinaï, et cette espèce de miroir vision de l’invisible qui s’est rendu visible.

Jude Berton nous parle du reflet, avec comme thème central le Jumeau et son reflet, cette recherche de la complémentarité qui de deux êtres ne font plus qu’un, ce qui est la base de toutes recherches initiatiques et alchimiques avec l’androgynat. Le miroir a deux faces : une qui est vu par ceux qui savent voir et l’autre par ceux qui ne veulent pas voir, Jean Cocteau l’a bien explique dans sa traversée du miroir, c'est-à-dire vouloir aller plus loin dans sa recherche métaphysique. En 1960 fut trouver à Bergen en Norvège dans la cité « des êtres reflets » fondée en +800 ans, un rouleau révélant le secret de la gémellité, le but était de retrouver l’unité de chacun, ceux qui l’avait trouvée étaient appelé « Le reflet des anges ».

Roland Bermann dans un superbe article développe « Voir ou se voir par l’Alchimie du miroir » à travers le rite Ecossais Rectifié où le mot connaissance est lié au miroir.


Jean Claude Tribout nous conte la symbolique du miroir sur le chemin de la sagesse, en contrepoint de ce miroir attribut de Psyché dont il ne renvoie guère que le reflet de l’éphémère vanité.


Jean Canteins (l’ange et le retournement) nous parle de la caverne et du miroir. De la caverne de Platon qui est la chambre noire d’un appareil d’optique et au fond les images des prisonniers qui sont captées comme sur un miroir. Il nous emmène au Japon avec le mythe d’Izanagi et d’Izanami, et nous explique pourquoi le miroir, l’épée et le collier de 500 perles sont les trois joyaux/symboles du statut mi-humain mi-divin de l’empereur du Japon. Peu importe d’ailleurs si ces mythes se rapportent à l’homme ou aux dieux, l’important est que ces archétypes nous fassent prendre conscience que nous devons abandonner toutes les impuretés, les passions, les idoles que nous avons emmagasinées durant toute notre vie, afin de retrouver cette sérénité et cette unité principielle.


On n’oubliera pas Marguerite Porete avec son miroir des âmes simples et anéanties, tous les miroirs qui reflètent le bon et le mauvais, Narcisse et son miroir aux alouettes etc…..


Livre référence :

Le Miroir. De R. Mougeot. édition Dervy    -    Le miroir de J. Rolland édition Maison de vie -

 

LE MIROIR – SON SYMBOLISME                      89

Thomas Grison

Edition Maison de Vie

 2019

Objet en apparence anodin de la vie courante, le miroir n’en est pas moins porteur d’une riche symbolique. Outil de connaissance, de soi-même comme de l’univers et des dieux, il favorise, si l’on évite de tomber dans le piège qu’ il nous tend du narcissisme et de la vanité, l’accès progressif à la lumière spirituelle. Encore faut-il l’orienter correctement, non pas vers son individualité périssable mais vers le ciel et l’infini. À cette condition, on accèdera au pouvoir magique de divination qui, selon la Tradition, lui est attaché, ainsi qu’ à la sagesse, qualifiée de miroir sans tache de la lumière divine. Souvent attribué à la Vierge, ce qualificatif explique pourquoi la peinture sacrée et la littérature se sont beaucoup intéressées au thème de la femme et du miroir. Interrogeant bon nombre de ces œuvres, Thomas Grison nous entraîne dans le monde du reflet, qui nous conduit à nous interroger sur le frontière existant entre l’illusion et la réalité et nous éclaire sur son utilité dans certains rituels maçonniques.

 

Le miroir est la Référence amoureuse que l’on retrouve dans le mythe de Narcisse, jeune homme doué d’une très grande beauté qui surprenant son reflet dans l’eau d’une source en tombera amoureux et absorbé par la contemplation de son visage, se laissera mourir de langueur, la fleur qui poussa sur le lieu de sa mort porte son nom. D’ailleurs pour le devin Tirésias, Narcisse aurait pu vivre vieux à condition qu’il ne se regarde pas. Mais celui-ci séduit par l’image de la beauté qu’il aperçoit, s’éprend d’un reflet sans consistance, il contemple sans s’en rassasier de ses regards la mensongère image qui l’aime, il se tuera parce qu’il s’aime, ici le miroir pour satisfaire l’égo présentera des effets pervers de vanité et d’orgueil.

 

Lors du rituel d’initiation, le postulant est particulièrement marqué par deux séquences : le cabinet de réflexion et ce qui est convenu d’appeler « la scène du miroir ». Dans le cabinet de réflexion, le Néophyte doit écrire son testament philosophique dans un décor sommaire d’où se remarque un miroir. Dans la scène du miroir, au moment il reçoit la lumière, le postulant est invité à se réconcilier avec ses éventuels ennemis dans l’assemblée : « Vous avez peut-être des ennemis. Si vous en rencontriez dans cette assemblée, ou parmi les francs-maçons, seriez-vous disposé à leur tendre la main et à oublier le passé ? » Et ensuite : « Ce n’est pas toujours devant soi qu’on rencontre des ennemis. Les plus à craindre se trouvent souvent derrière soi. Veuillez-vous retourner. » Le futur maçon se retrouve en face d’un miroir lui renvoyant sa propre image. Littéralement, cette scène voudrait lui indiquer que l’un de ses ennemis est lui-même. Au-delà de cette signification, c’est sur le symbolisme du miroir dans l’initiation et la progression maçonniques que cette séquence semble mettre la lumière. En effet, dans la pratique initiatique, le miroir joue un rôle de premier plan car son pouvoir réfléchissant permet, entre autres, une mise en profondeur de l'être et rend possible un travail complexe sur lui-même


Le mot miroir vient du latin « mirari » qui signifie « admirer » mais aussi « regarder avec étonnement, avec surprise». Il existe également plusieurs synonymes de ce mot, dont un « spéculum » a donné le nom de spéculation. A l’origine, spéculer était le phénomène d'observation du ciel et des mouvements relatifs aux étoiles grâce à l’utilisation d'un miroir. Objet du quotidien, reflétant le monde extérieur dans un espace réduit, le miroir se voit attribuer la qualité essentielle de totalisation : il réduit, synthétise et enclot des choses, les concentrant dans son unité. Mais souvent bombé et convexe, il est aussi déformant et par conséquent associé à la tromperie et à l’illusion. Taché, il renvoie à l’imperfection ou à la souillure du péché originel.

 

Il se prête donc à une pluralité de connotations, oscillant entre perfection et imperfection, connaissance et illusion. Il pose la question de l’« être comme » qui est au cœur des réflexions sur l’identité, sur la connaissance et sur la représentation de soi, du monde ou de Dieu, qu’elle soit intellectuelle, visuelle ou plus généralement artistique. Le miroir est un objet qui crée une dynamique. En proposant un reflet, il pose à la fois une identité et une différence et révèle ainsi une inadéquation entre l’être et sa représentation. Il joue sur l’ambiguïté d’une proximité alliée à la distance et à la séparation, et partage l’espace entre un ici et un ailleurs où l’objet reflété serait pleinement appréhendé. Dans la contemplation au miroir, s’exacerbe le désir d’unité avec l’être désiré ou de l’homme avec Dieu, dans la béatitude d’une vision directe et sans médiation. Narcisse rêve ainsi d’embrasser son reflet. De même, le miroir est une métaphore privilégiée de l’union mystique. Par ailleurs, une partie de sa symbolique est basée sur le principe d’analogie, qui cherche à passer du visible à l’invisible, du connu à l’inconnu. Par exemple, dans la littérature et dans certaines traditions, il est le symbole d’une porte invisible qui ouvre vers une autre dimension comme l’illustre "Alice au pays des merveilles" puis "De l'autre côté du miroir" de Caroll Lewis. Il peut permettre un échange entre le regardant et le regardé, l’être et le...

 

le miroir symbole des symboles

R. mougeot

Edition Maison de Vie

 1995

Le miroir s’est prêté à toutes les spéculations.


L’homme a projeté sur lui tous ses fantasmes d’horreur, tous ses rêves de sainteté. Le mental humain s’est exercé à la réflexion sur la réflexion…


L’au-delà du miroir a fasciné les imaginations. Est-ce l’enfer, le royaume de la mort ou le royaume de féerie, un autre monde étrange où les lois de la pesanteur n’ont plus cours, le royaume de Dieu ? Est-ce cette surface froide qui sépare Manifesté et Non-Manifesté ?


Toute la création, miroir de Dieu, est-elle un fascinant jeu de miroirs aux alouettes qui séduit les âmes pour les enfermer dans un cycle incessant de réincarnations ?


L’homme serait le miroir de Dieu, mais que recouvre ce mot Dieu ? Un concept, une réalité, la vie ? Le miroir n’est-il en fin de « conte » qu’un objet manifesté comme un autre ou nous ouvre-t-il plus que tout autre sur l’illusion des apparences ?

L’œil, Vénus, Narcisse, le dragon, l’ego, le mental, la raison, les valeurs d’âme, la mort, le vieillissement, l’autre côté du miroir, le labyrinthe, la connaissance solaire, l’holographie, les fantasmes.

  

LE NOUVEAU LANGAGE SECRET DES SYMBOLES

DAVID  FONTANA

EDITION  SOLAR

 2010

Reflet de la fertilité de l’esprit humain et de sa capacité à créer du sens, les symboles ont été utilisés par toutes les civilisations comme vecteur puissant de communication. Simples correspondances ou association d’idées complexes, ils ont ainsi laissé de nombreuses traces dans tous les domaines de l’art.

 

Cet ouvrage richement illustré invite à partir à la découverte de toutes ces significations qui se sont accumulées au cours des siècles autour des formes, signes ou objets de notre environnement quotidien.  500 symboles sont présentés et expliqués thème par thème pour enfin comprendre les origines et l’évolution de notre imaginaire collectif

.

Ce livre développe les sujets, archétypes et grands symboles suivants :

 

C.G.Jung et sa théorie sur les archétypes, l’individuation et son inconscient collectif. Le cosmos avec ses corps célestes, le soleil et la lune et le mouvement astrologique. La Nature avec la Terre, la mer, les arbres, la kabbale, les fruits, les fleurs et plantes, le rosicrucianisme, les jardins, les métaux et pierres, les mammifères, le judaïsme, les créatures aquatiques et célestes, la royauté héraldique, les serpents et autres reptiles, les insectes et arachnides, les bêtes fabuleuses comme les centaures, les licornes et autres dragons, le Taoïsme, les chakras et la Kundalini, le sexe et la fertilité, le monde divin avec les dieux et les déesses, le bouddhisme, les couleurs, les nombres, les labyrinthes, la géométrie sacrée, l’islam, les croix, les armes, l’hindouisme, les instruments de musique, la Franc-maçonnerie, les mythes, le déluge, le sacrifice, le christianisme, la mort , l’Egypte ancienne, les travaux d’Hercule, la quête………..

 

le pardon

Olivier abel

Edition AUTREMENT

 1993

Piégé entre la rancune et l’oubli, le pardon serait-il un nom hypocrite pour désigner « les oubliettes » de la vie ? Ou alors, trop compromis avec d’obscures notions religieuses, comme le « péché », la « rémission », « l’absolution », la « rédemption », susciterait-il d’emblée la méfiance de l’autre ?

 

L’une des difficultés du pardon tient au fait que  chacun rencontre cette question avec son expérience propre, souvent intime, qui touche à l’identité de chacun.

 

En effet, dans l’histoire des individus comme dans celle des communautés, le pardon tantôt menace, tantôt fonde cette identité, consentir à l’idée du pardon, c’est se donner le courage de réparer dans une société où l’on ne répare plus, où l’on jette tout.

 

Du pardon à l’impardonnable : l’amnistie, la grâce, l’oubli, l’indifférence, la rancune, la vengeance… une série de dilemmes pour que chacun tisse sa propre intrigue et fasse son propre jugement.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Figures de l’impossible :

Pierre Legendre : L’impardonnable

Jean Baudrillard : Paysage sublunaire et atonal

Christian Bourguet : Entre amnistie et imprescriptible

Françoise Smyth : La transgression des origines

Julia Kristeva : Dostoïevski, une poétique du pardon

 

Au nom de l’autre :

Jacques Bertin : Depuis l’affaire du premier bonbon

Stanislas Breton : L’autrement du monde

Jacques Ellul : Car tout est grâce

Armand Abecassis : L’acte de mémoire

 

Impasses et passages :

Ter Minassian : Entretien avec Haldun Bayri et Anahide

René Louis : Au prix du silence

Michèle Visentini : « Histoire qu’ils comprennent… »

Olivier Abel : Tables du pardon

 

 

LE PARDON.    LA CLÉ DU LACHER-PRISE

D. RICHER et F. DOUCET

Edition  ADA. Canada

 2000

Le pardon est la clef essentielle qui ouvre les portes de la conscience, du détachement émotif et d’une spiritualité rayonnante ; le pardon crée le bonheur.

 

La magie du pardon œuvre en nous, apportant une paix tranquille et solide basée sur une libération complète du passé. Cet ouvrage va droit au but de façon simple, claire et concise : le pourquoi, le comment et le résultat, la spiritualité est simple, le pardon est aussi simple à qui garde son cœur et son âme d’enfant.

 

Plaquette de 90 pages sur cette notion qui passant par la spiritualité va ouvrir des horizons.

 

Au sommaire :

 

Qu’est-ce que la pardon ?  -  pourquoi pardonner  -  quand faut-il pardonner  -  le geste du pardon  -  pardonner par une lettre  -   pardonner par une rencontre  -  pardonner par un 77 fois pendant 7 jours   -   le pardon a-il fonctionné ?  -  que peut-on pardonner ?   -  et après le pardon que se passe t-il ?    - peut-on pardonner et oublier ?   -

 

le passeur de lumiÈre : Nivard de chassepierre, maÎtre verrier

 Bernard  Tirtiaux

Edition Denoël

 1993

Ce maître verrier du Moyen-Âge (1100) nous a laissé des vitraux superbes, il passa sa vie à rechercher la couleur et le passage de la lumière à travers le verre.

 

Animé par une passion presque charnelle pour le verre et ses sortilèges, il parcourt l’Orient et l’Occident, apprend l’Alchimie, il œuvre sur les vitraux de Chartres, de St Denis, du Mans, en Allemagne, mais il ne sera jamais satisfait et la quête déchirée de ce « passeur de lumière » sera alors celle d’un artisan sublime, funambule oscillant entre le ciel et l’ombre.

Un génie du vitrail et de la lumière.

 

le pavÉ mosaïque         -    N°  2    -

Didier michaud

 Edition  Maison de Vie

 2001

Étrange symbole que ce « Pavé mosaïque » présent sur le sol des temples de la Franc-maçonnerie initiatique !

 

On s’est souvent contenté de dire que cette mosaïque, composée de carreaux noirs et blancs, évoquait le perpétuel combat du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres. Le Franc-maçon initié doit-il se contenter d’accepter cette réalité ou peut-il envisager un troisième terme, une conciliation des contraires ?


Opposer l’esprit à la matière, l’univers à l’individu, la pensée à la main conduit à des séparations stériles.

 

Le pavé mosaïque, riche d’enseignements géométriques issus de la tradition des bâtisseurs, offre un chemin de connaissance qui permet de percevoir le jeu des polarités et l’unité dont elles procèdent.

 

 

Au sommaire de ce livre, on y parle :

 

De la mosaïque et du pavé : Des muses à Moïse  -  au centre de la loge  -  le sol du temple  -  l’humilité  -  la fraternité  - 

Des couleurs : Noir et blanc  -  rouge et blanc  -  entre les couleurs, les joints  -

De la dualité : Concilier les contraires  -  dualité des principes ou dualité née du Principe ?  -  quand la complémentarité s’oppose à l’opposition, une dualité chasse l’autre  -  de la double intelligence à la pensée ternaire  -  ordre, chaos et désordre  -  le plus ancien tableau de loge  -

Echec et maât : Jeu et voyage dans l’invisible  -  avec sa propre vie comme enjeu et l’infini pour seule limite  -  quelques pas de danse  -  l’initiation, du petit « jeu » au grand jeu  -  la pensée ternaire  -

 

l’ÉpÉe flamboyante      -         N° 13    -

Olivier doignon

Edition  MAISON DE VIE

 2005

Présente en Loge depuis une époque récente, l’épée flamboyante a-t-elle une légitimité ?


L’auteur procède avec méthode à cette vérification. Partant des textes anciens de plusieurs traditions où une épée ou un sceptre participe au combat de la Lumière contre les ténèbres, cet ouvrage présente une recherche de la source mythique la plus vraisemblable, ainsi que du champ symbolique qui se trouve concerné par cet axe de Lumière et par le combat auquel son emploi est associé.


Attribut de la fonction en charge de la conduite de l’œuvre, l’épée flamboyante est lié à la transmission. Aussi une large partie de cet ouvrage est-elle consacrée à l’étude de ce devoir majeur qu’est la transmission de la Lumière, la transmission de l’initiation.

 

L’auteur s’est interrogé sur la nature et les exigences de cette transmission.

 

On connait  2 cas "d'épée flamboyante.".

1° - le premier est dans la Bible... entre les mains des gardiens du paradis terrestre.
Ces épées flamboyantes n’ont que comme représentations symbolique... que la colère d'un Dieu paranoïaque...
Parano... car après avoir donné le "libre arbitre" il s’irrite que ce "libre arbitre" n’épouse pas ses visions... Ce n'est donc pas du libre arbitre... vu que l’on est puni par Dieu si on ne fait pas le bon choix... Ou alors la punition ne vient pas de Dieu... mais n’est que le résultat des choix malheureux.

2° - Le deuxième glaive flamboyant est dans les mains de "Manjusri".
"Manjusri" est un "Bodhisattva dans le "Mahayana" (grand véhicule) du Bouddhisme. Mais "Manjushri" est une émanation de la puissance divine dans le "Vajrayana" (véhicule de la foudre)  "Manjusri" est représenté par 2 symboles... un livre & un glaive flamboyant. Le livre est le symbole de la connaissance. Le glaive flamboyant est le symbole de la force qui tranche instantanément les liens de l’ignorance.

En réalité... le glaive et le livre sont une unique et même chose. Les émanations de la puissance divine sont toujours duelles. Elles ont toujours un aspect masculin et un aspect féminin. La facette féminine de "Manjusri" s’appelle "Sarasvati". Les techniques de "Manjusri" font plus partie du "Vajrayana" (véhicule de la foudre) que du "Mahayana". Il est relié à un mantra. Il est un guide vers la connaissance et conscience absolue. C'est le patron des "Gelugpa"... les robes jaunes... dont fait partie le "Dalaï-Lama".

 

L’ḖPḖE – LE SYMBOLISME DE L’ḖPḖE                       N° 79

Thomas Grison

Edition Maison de Vie

2017

Confronté au symbole de l’épée, un objet Aujourd’hui tombé en désuétude si l’on excepte sa présence dans quelques salles d’armes, le Maçon se trouve désarçonné. Pour comprendre la raison d’être de son utilisation dans certains rites, en particulier au Régime Écossais Rectifié, il lui faut en effet posséder quelques clés de lecture que généralement il ignore.

 

Ce sont ces clés que Thomas Grison est allé quérir pour lui dans les sources anciennes, principalement bibliques et médiévales. Au-delà d’une référence assez naturelle au combat chevaleresque, l’épée est porteuse de multiples sens. Elle est à la fois l’épée tranchante du Verbe divin, un axe reliant le ciel et la terre, ou le glaive tranchant entre le juste et l’injuste. Flamboyante, elle incarne la lumière créatrice jaillissante, indispensable pour créer un nouveau franc-maçon. Loin d’être désuet ou dépassé, le symbole de l’épée mérite assurément d’être redécouvert et approfondi. Tel est l’objet de ce livre.

 

L’épée tient une place centrale dans nombre de traditions de par le monde et tout particulièrement en Occident chrétien où la Chevalerie a laissé une empreinte durable à la fois dans l’ordre métaphysique, dans l’ordre philosophique et dans la symbolique initiatique. La double dimension, protectrice et destructrice, de l’épée, en fait un objet aussi délicat à manier dans le combat que dans le symbolisme. Thomas Grison, par ce travail très pertinent, veut nous rendre les clés de son usage dans le monde initiatique en général, maçonnique en particulier.

C’est par la Bible que commence son étude. L’épée y est omniprésente, Yahvé étant un « Dieu de l’épée », une épée souvent associée au principe du feu. Thomas Grison note la parenté entre épée et bâton, manifestation d’un pouvoir « venu d’en haut » et « agréé par Dieu ». L’épée représente une justice divine souvent déléguée à un ange porteur de l’épée qui vient exiger la soumission à Dieu. Avec le Nouveau Testament se développe la résonance entre l’épée et la parole, avec ou sans majuscule. Le Christ est ainsi associé couramment à l’épée. L’Apocalypse de saint Jean accordera une place importante et singulière à l’épée.

 

Thomas Grison évoque assez longuement la question chevaleresque tant à travers la fonction du Chevalier anonyme, défenseur de l’Eglise, que des prototypes comme Arthur, « Chevalier idéal » ou Roland, « Chevalier martyr ». Il aborde la question de la sexualité, refoulée et maîtrisée, et de la fonction phallique de l’épée.La dernière partie de l’ouvrage traite de la fonction de l’épée au sein de la Franc-maçonnerie et notamment dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté et dans le Régime Ecossais Rectifié. Ainsi, pour le RER : « Au Rite Ecossais Rectifié, l’épée apparaît dans un registre qui, sans doute, marque l’une des spécificités de ce rite. Ainsi, au moment de l’invocation du rituel d’ouverture de la loge, nous lisons que le « Vénérable Maître, debout à sa place, épée haute tenue de la main gauche et au signe d’Apprenti, se découvre ainsi que tous les Frères qui eux, tiennent leur épée, pointe contre terre ». Cette position particulière des épées appelle quelques commentaires. Tout d’abord, il convient de signaler que l’épée haute tenure par le Vénérable Maître rend compte, au même titre que l’épée tenue en pal par le connétable du roi, d’un pouvoir qui vient d’en haut et qui a été accordée par le Grand Architecte de l’Univers, objet de l’invocation. Dans un geste qui pourrait paraître comme une réminiscence du geste accompli par Moïse lequel, élevant son bâton vers le ciel, invoque une puissance divine qui se manifeste sous la forme de tonnerre et de grêle, le Vénérable Maître muni de l’épée demande au Grand Architecte de « [bénir et de diriger lui-même] les travaux de l’Ordre ». Ici, nous sommes confrontés à ce qui apparaît clairement comme une tentative de mise en relation des membres de la Loge, représentés par le Vénérable Maître, avec une puissance céleste dont, pour l’occasion, le Vénérable Maître est le médiateur… »

 

Chez les templiers l'épée représente l'état guerrier et ses vertus, la force, la puissance et le sacrifice, l'épée est dualité : destructrice du Mal, de l'injustice et de l'ignorance, et constructrice lorsqu'elle maintient la paix de Dieu et rétablit la justice. Elle sépare le bon du mauvais, établissant un équilibre, et frappe sans faiblesse le coupable. Aussi, l'épée est-elle le symbole du Logos, du Verbe, possédant un double tranchant, donc le double pouvoir. Symbole polaire et axial, elle est le lien entre le Ciel et la Terre, par lequel « descend » la puissance céleste pour féconder la terre. Surtout, l'épée est un symbole igné et lumineux, image de l'éclair et du feu. L’épée, est le symbole du Verbe au double pouvoir tranchant destructeur et créateur, arme de lumière qui frappe en plein cœur et vainc les ténèbres.

 

De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L'éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres de l’ignorance. On peut dire qu’elle est une arme de destruction positive puisqu’elle vise, par la conquête de la connaissance et la libération de l’ego (nafs), -laquelle ne peut véritablement être obtenue que par la soumission à la volonté divine, la justice, l’équilibre et la paix. L'épée, représente également la Loi de cause a effet (karma) et le principe de l'équilibre universel : " Celui qui tue par l'épée, périra par l'épée ! " " Vous récolterez, ce que vous avez semé ! "

En maçonneries l’Épée Flamboyante représente la création (sous toutes ces formez) et la purification : Cette épée est constituée d’une lame sinusoïdale qui représente le mouvement ondulatoire de la flamme intérieure qui doit exister dans le tréfonds du cœur de chaque Maçon. Elle peut être l’esprit et la matière, la vie ou la mort, le bien le mal, l’éclair et la foudre, la force et la sagesse, la création et la destruction, la protection et la punition. Elle protège et met en garde.

 

Un symbole universel : Le symbolisme de l’épée est universel et se retrouve dans toutes les Traditions. On peut déjà le déceler à l’âge de pierre sous forme du celt, la hache préhistorique dite encore trait de foudre. Dans l’hindouisme, la plus ancienne forme traditionnelle du cycle actuel de notre âge de fer, vajra (l’épée) est appelée également trait de foudre, mais aussi éclair ou diamant. C’est par les mains de Dieu, qu'Indra lance la foudre contre le Dragon. (Rig-Véda, VII, 87, 2). Au Japon, dans le Shintoïsme, c’est l’arme sacrée du Samouraï ; En Chine, le trigramme li correspond au soleil mais aussi à l’éclair et à l’épée, arme du Centre, symbole du pouvoir impérial qui représente l’Autorité spirituelle –la volonté divine- sur terre.

Dans la Genèse (3, 24) quand Dieu chasse Adam du Paradis, il établit deux chérubins munis d’une épée conduisant à l’Arbre de Vie. Dans la tradition chrétienne, l’Apocalypse I, 16 décrit une épée à deux tranchants sortant de la bouche du Verbe : « Il avait en sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée à deux tranchants et bien affilée ; son visage était aussi brillant que le soleil dans sa force. » C’est également l’arme des Templiers auxquels Saint Bernard s’est adressé par écrit en ces termes : «… N'oubliez que vous portez sur votre flanc la Lumière de notre Seigneur qui devra être prestement tirée du fourreau de l'obscurité, autant de fois qu'il vous semblera juste, non pour des raisons du monde ou la colère, mais pour détruire la nuit de la mécréance… »

 

Au sommaire de cet ouvrage : La Bible – Yahvé le dieu de l’épée -  l’épée et le bâton  -  l’épée et l’ange  -  les lieux saints – l’Apocalypse et l’épée sortant de la bouche – les sources médiévales -  le roi Arthur -  Roland et durandal – les sexualités -  l’épée de chasteté – phallus de gisants -  épée droite et épée courbe -  épée et balance -  perpendiculaire et niveau – épée et croix -  l’épée dans la tradition maçonnique  -   l’axe du monde  -  épée flamboyante  -   les hauts- grade et l’épée chevaleresque  -

 

le pÉlican

Lucienne portier

Edition du  CERF

 1984

Depuis l’Antiquité, le pélican suscite la curiosité des voyageurs et des naturalistes, l’imagination des spirituels et des poètes. Il est à l’origine de multiples légendes, au gré de l’ingéniosité des auteurs, jusqu’à la folie interprétative. Étrange oiseau !


Du pélican biblique – un solitaire – au pélican image du Christ, se perçant du bec la poitrine pour nourrir de son sang ses pélicaneaux affamés, cette partie de chasse pacifique et enjouée montre comment le récit et la figure s’enrichissent mutuellement.

 

Elle révèle surtout la puissance et la mobilité du symbole. Un symbole qui inspira tour à tour les auteurs de bestiaires sacrés ou profanes, les commentateurs de l’écriture, l’art religieux, et les poètes, de Dante à Apollinaire.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Le Pélican des naturalistes et des voyageurs   -   le pélican dans la Bible et sa postérité   -   le Physiologus et les Bestiaires   -   L’Horapollon et les emblèmes   -   les poètes   -   le pélican dans l’art   -  

 

LE PÉLICAN        -         N°  56  -

Constance Delpierre

Edition Maison de Vie

 2013

Le Pélican tient une place essentielle dans la tradition hermétique, que ce soit dans les textes des Pyramides et des sarcophages comme dans ceux de l’ésotérisme chrétien. Il est présent dans les bestiaires médiévaux, source d’inspiration pour les compagnons bâtisseurs.

Indissociable de la Réalisation du Grand Œuvre, il figure sur nombre de gravures alchimiques. Enfin, il apparait au 18e degré du REAA. Il est souvent représenté au côté des outils de construction du Temple. Symbole de la consécration du grade de Maître, il fait renaitre ses enfants dans la lumière de l’initiation, victorieuse de la mort. Le Pélican se tient au cœur du secret comme manifestation la plus parfaite de l’amour initiatique.

La référence au mythe christique, comme cela est le cas dans nombre de grades capitulaires aux côtés d’influences chevaleresques ou alchimiques, concerne celui-ci sous sa couleur ésotérique, les tabliers du 18e et 19e siècle reproduisent admirablement ce symbole du Pélican, accompagné des outils symboliques de construction du Temple, avec souvent l’Ouroboros ou la coupe du Graal.

Il faut lire les bestiaires médiévaux, ainsi que les textes égyptiens pour comprendre toutes les subtilités et les comportements de cet oiseau extraordinaire. Les textes des Pyramides, ceux des Sarcophages et le livre des morts égyptiens, décrivent le Pélican comme symbole de l’aboutissement du degré de maîtrise ainsi que comme protecteur du voyage post-mortem.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le Pélican et le secret de la Rose : La Rose, l’amour, la quintessence

Le Pélican et le mythe Osirien : Disparaitre pour renaitre, épreuve de la mort et processus de régénération, la chair quitte les os, cœur et chambre du milieu, Rassembler ce qui est épars pour reconstituer l’unité.

Le Pélican et la fonction nourricière de la Vie : Nourrir et aimer, l’initiation ou la voie de l’offrande, verbe et nourriture, frapper la pierre et façonner le corps divin.

La mort des petits du Pélican et le sang Régénérateur de leur Père : Aspirer à la mort symbolique, le mystère de l’ouverture du cœur, le symbole du sang et de l’eau, la coupe du graal.

Le sacrifice du point de vue initiatique : Sacrifice et création, l’offrande et le sacrifice, restituer à l’ancêtre son intégrité, unifier la vie.

Le Pélican et le nombre trois : La pensée ternaire, ternarité et temple, la construction de l’initié et le nombre trois.

Qu’est-ce qu’une vertu sur la plan initiatique ? Les vertus cardinales et théologales, la vertu une énergie créatrice qui traverse les mondes.

La Foi : Connaissance silencieuse, de quoi la Foi se nourrit elle ? Communion et vision de la Foi, voyage et transmission.

L’Espérance : Espérance ou espoir ? Le dépouillement, la liberté, agir par amour de l’œuvre, Espérance et transmission.

La Charité initiatique : Les différents sens du mot charité, le don, l’amour fraternel, la table du banquet, nature de l’œuvre.

Le Pélican et la lumière : Lumière et Initiation, Seigneur de l’Ennéade, le Pélican est le Verbe, la fonction et la construction de la Lumière, symbolisme du nombre neuf, le temple miroir du ciel, le tissage lumineux de la Grande Parole.

Pélican, naissance initiatique et sortie au jour : La naissance, la reconnaissance, le Verbe, la chemin dans le Temple, la sortie au jour ?

Le Pélican, père ou mère sacrificielle ?

 

le phallus

Alain danielou

Edition  PARDES

 1998

C’est seulement lorsque le pénis (upastha) se redresse, qu’il émet la semence, source de vie. Il est alors appelé « phallus » (Linga) et, depuis la lointaine préhistoire, il a été considéré comme l’image du principe créateur, du processus par lequel l’Être Suprême procrée l’univers.


Il ne s’agit pas d’un symbole pris au hasard, mais de la reconnaissance de la continuité du processus qui, selon la théorie cosmologique, relie les différents niveaux de la manifestation. Le phallus est réellement l’image du Créateur dans l’homme, et nous retrouvons sa vénération à l’origine de toutes les religions.


Source du plaisir, le phallus évoque la béatitude divine, l’Être de Joie. Il représente dans le microcosme, dans l’être vivant, le pro géniteur toujours présent dans son œuvre.


Le mépris, la dégradation, l’avilissement de cet emblème sacré éloignent l’homme de la réalité divine. Ils provoquent la colère des dieux et aboutissent au déclin de l’espèce.

 

L’homme qui méprise le symbole même du principe de vie abandonne son espèce aux forces de la mort.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’image du créateur du monde  -  Le Mahâ Linga ou signe transcendant  -  L’Eros divin  -  Le phallus comme organe de jouissance  -  Bîja la semence  -  La vulve (yoni)  -  l’union des sexes  -  Le Père porteur du phallus  -  Les représentations du phallus  -  La pierre dressée  -  les bétyles  -  L’Omphalos  -  Le linga de l’espace  -  Mukha Linga (phallus à visages)  -  Le phallus aux cinq visages  -  L’œuf cosmique  -  La flèche  -  le feu de l’autel  -  La charrue  -  Le seigneur des animaux  -  le dieu de la végétation et de la fertilité  -  les génie des forêts, le dieu lubrique et nu  -  la castration  -  Le dieu protecteur  -  Hermès  -  Priape  -  Dionysos et les satyres  -  le dieu des humbles  -  Les formes animales et végétales du dieu  -  le taureau  -  les cornes  -  le croissant de lune  -  le dieu guérisseur et le serpent  -  le Linga sharira ou code sexuel  -  Noms et aspects du dieu ithyphallique  -  le dieu androgyne  -  les phallophories, fêtes du printemps  -  l’universalité du culte  -  Les survivances  -  la vénération du phallus  -  Les œuvres d’Alain Daniélou

 

LE   PHÉNIX

DIVERS   AUTEURS

ARCADIA

 2000

Le  phénix est un des symboles de l’immortalité et de la résurrection. Il ressemble à un héron ou un ibis égyptien, son nom vient du grec et désigne une couleur rouge, en référence à la légende de sa mort et de sa résurrection dans le feu purificateur.

 

Son origine viendrait du Bénu ou Héron cendré égyptien, car en Egypte il symbolisait les révolutions solaires, et à ce titre il était associé à la ville d’Héliopolis. Pour Hérodote et Plutarque il viendrait de l’Ethiopie.

 

Pour la tradition arabe  il est l’Anquâ d’Arabie, et ressemble à un oiseau, mélange de phénix et de griffon qui vit dans les déserts d’Arabie. Pour les Perses il s’appelle Sîmorgh, cet oiseau des mystiques, qui s’envole vers la divinité.

Le grand poète persan Farid-ed dîn Attar a raconté ce merveilleux voyage du Simorgh : « au cours du voyage des 30 oiseaux si-morgh, ils arrivèrent au sommet de la montagne et virent le Sîmorgh spirituel, ils le contemplèrent et surent qu’eux aussi étaient Sîmorgh (divin). C’est ainsi que le mystique parvient à l’union lorsque son propre être s’est anéanti ».

 

Jean Servier explique comment en Egypte antique, le mort-ressuscité se transforme en phénix et devient l’âme d’Osiris, ce qui fait dire à l’adepte : « je suis entré en faucon(Horus) et je ressors en phénix(Osiris)» (livre des mort chap.122). Pour les égyptiens le phénix est un mode de déplacement de l’initié dans l’au-delà et le relie à la naissance de l’énergie.

 

Dans la Rome antique le phénix représente l’aboutissement du culte de l’androgyne, il est aussi le symbole du grand retour messianique de la Grande Année et du mythe de l’Âge d’Or, également il représente la mort et la résurrection individuelle.

 

Serge Riffard nous propose une étude sur le Cinabre, sulfure naturel de mercure, qui est de couleur rouge vermillon.

 

 M.Miguet  fait un panorama large de toutes les grandes traditions qui utilisent le phénix, et nous voyageons en Chine, dans la Rome antique, au Moyen Âge, avec des textes allégoriques  alchimiques et hermétiques.

 

 M.M Davy dans sa symbolique des oiseaux commente les versions diverses dont celle de Bachelard pour qui le phénix est une image conceptuelle de la vie et de la mort, il l’appelle : oiseau de feu, flamme qui vole, aile de l’éclair et rajoute Triomphe par la mort.

 

Paul-Augustin Deproost, développe les métamorphoses du phénix dans le christianisme ancien. Il nous parle du phénix oiseau unique, qui revient tous les 500 ans à Héliopolis, pour bien montrer ses affinités avec le culte solaire de l’Egypte. Il insiste sur le rituel palingénésique avec les aromates rares, la crémation de l’oiseau sur un nid parfumé et sa renaissance à partir du corps de son père. Il nous amène chez Tertullien pour qui le mythe du phénix procédant à ses funérailles et se renouvelant est une re-naissance : Tu fleuriras comme un phénix, c'est-à-dire de la mort, du cadavre, pour que tu croies que du feu aussi peur surgir la substance du corps (Psaume 17). Selon Lactance (livre VII des Institutions divines) le phénix est un oiseau millénaire qui est lié à l’image des « mille ans de bonheur » à venir, avant de sombrer dans la décadence. C’est alors un oiseau qui s’inscrit dans l’ère messianique anticipant le paradis eschatologique. Lactance décrira même le lieu où vit le phénix, un endroit sacré en Orient, qui garde intacte les âmes qui participent à aider le monde et qui se veut l’intermédiaire avec le divin. Le phénix est abstinent et chaste, car selon Ovide, l’oiseau merveilleux « ne vit ni de graines ni d’herbe, mais des larmes d’encens et du suc de l’amone ». Pour Claudien l’oiseau se nourrit de « la plus pure chaleur du soleil », et il boit « le vent nourricier de Thétys, en cueillant les sucs d’une vapeur légère » Lactance surenchérie en affirmant qu’il n’y a aucun aliment sur terre pour le phénix, car « il goûte du nectar céleste, les rosées d’ambroisie qui tombent en fines gouttes du ciel étoilé ». C’est également l’oiseau de l’espérance.

 

Alexandre Danemans développe le phénix et le feu régénérateur, il va de la fable du corbeau et du renard (Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois…) au Chevalier Rose+Croix, en passant par les traditions chinoises, le feu créateur et régénérateur et la Renaissance.

 

Le bestiaire du Christ nous raconte le symbolisme du phénix chez les grecs et les romains, mais surtout la symbolique chrétienne, dogme de la résurrection au début du christianisme, et dans l’art des bâtisseurs avec les figurations emblématiques du phénix/Christ. Saint Clément successeur de saint Pierre éleva le symbole du phénix en dogme, et les constitutions apostoliques du IIIe siècle ne firent qu’entériner la chose. Le phénix est emblème d’éternité et de diverses vertus, comme l’espérance, la justice, la pureté de conscience et la chasteté. L’Alchimie appelle le phénix : le soufre rouge des Philosophes, il est la phase finale du Grand Œuvre, la renaissance du principe de vie, l’immortalité.

 

Enfin Jean Tourniac nous donne une remarquable étude sur le Phénix = Symbole Initiatique, avec des références à ce phénix emblème central du rite écossais rectifié et des prieurés de C.B.C.S, il nous raconte Henri Corbin spécialiste de l’Iran ancien, de ses mystiques et du Simorgh. Il relate les rapprochements de l’ancien testament avec toutes les formes symboliques du phénix.

 

LE  PILIER  SAGESSE     -      N°  52   -

Estelle  Vannier

Edition  Maison de Vie

 2012

La Sagesse «  se tenait au commencement et réglait toutes choses ». Epouse symbolique du Grand Architecte de l’Univers, la Sagesse est une bâtisseuse. Maîtresse d’œuvre de la création, son symbole dans le temple se présente sous la forme d’un pilier. Sans lui aucun temple ne pourrait être « éveillé », aucune construction sacrée s’élever. Son illumination rituelle et symbolique révèle aux oeuvrants le secret de la puissance sans laquelle ils ne pourraient bâtir le temple.

 

En tant que rectrice des énergies divines, la Sagesse donne un cadre à la création permettant à la lumière de se manifester et de circuler entre ciel et terre. Celle que, d’un point de vue traditionnel, on nomme Régine, la reine, celle qui gouverne, ou encore divine majesté, investit la terre et lui assure son équilibre.

 

La création se déroule selon un ordre précis, que les anciens nommaient Loi et Règle, qui ne doit rien au hasard. « La loi, c’est l’intelligence qui organise le monde et la volonté divine qui produit éternellement toutes choses et toujours éternellement les conserve » disait Hiérocles. Percevoir et formuler cette Loi afin d’inscrire la lumière dans une œuvre, répond à l’appellation d’Art Royal.

 

Ce nom était donné à la pratique initiatique des bâtisseurs. L’Art Royal comprend celui d’édifier l’Homme et le Temple, les symboles, les rituels et l’enseignement initiatique dispensé dans les loges. Il est au service de la royauté de l’esprit. La Sagesse est la source de cet Art Royal et elle en est la consécration.

 

L’Art Royal consiste à bâtir le Temple à l’image du ciel et à l’animer à travers la hiérarchie des offices et la célébration des rites. Percer le secret de cet art, c’est rendre la matière en capacité de manifester l’esprit qu’elle contient et, ainsi, de formuler la Verbe.

 

Aimer la Sagesse, c’est garder ses lois ; observer ses lois, c’est être assuré de l’incorruptibilité, et celle-ci rend proche de Dieu. Ainsi le désir de la Sagesse élève jusqu’à la royauté en esprit.

 

Au sommaire de ce livre on y trouve des explications sur :

Les trois piliers du Temple – Sagesse et Tradition- la mère du monde – la pensée divine puissante et bâtisseuse – L’art royal et la maîtrise d’œuvre – Art royal, voyage de la pierre brute à la pierre cubique – la création par les nombres – le nombre sept et la Tradition – le septénaire et l’alchimie – les arts libéraux – Sagesse et Arbre de Vie – le pilier cosmique – le mouvement de la Lumière – l’échelle des philosophes – le voyage – le livre de la Sagesse – les degrés de conscience – pourquoi le livre fermé est-il scellé ? – transmettre par l’intelligence du cœur le contenu des livres de sagesse.

 

l’Épreuve de l’air – voyage & purification     -  N°  28  -

j. nogrene

Edition  la MAISON DE VIE

 2008

L’Air fait partie des épreuves des quatre éléments vécues par tout être ayant demandé à entrer dans le Temple maçonnique. Ces épreuves ne doivent pas être confondues avec les obstacles, de nature individuelle, que l’on rencontre sur le chemin initiatique et qui constituent des entraves à la perception de la lumière. Ainsi, les bâtisseurs de la cathédrale de Metz ont-ils pris soin de représenter les obstacles sur le bas d’un pilier alors que les épreuves initiatiques sont sculptées en hauteur, bien séparées de ceux-ci.

Ces épreuves, de nature rituelle et alchimique, sont attestées depuis la plus haute antiquité. Dans les initiations égyptiennes, orphiques ou éleusiennes, le néophyte devait traverser les quatre éléments correspondant à des « lieux de purifications ». En passant par eux, l’âme était purifiée afin de rejoindre son origine céleste. Selon Serge Mayassis : « L’âme est l’enfant de ces quatre éléments qui revêtent la parcelle d’Atoum-Rê (la lumière). »


Ainsi les quatre éléments, dans leur nature principielle, apparaissent-ils comme des aspects de la lumière primordiale et plus précisément, comme des modalités d’action de celle-ci. Par eux, il y a création en esprit du Frère. Autrement dit, construction d’un être en capacité de voyager vers la lumière.
Afin de percevoir le rôle décisif qu’ils jouent, lors de la cérémonie d’initiation, il convient de considérer non leur matérialité mais leur puissance purificatrice et transformatrice.

Que disent les mythes à propos de l’Air ?
Selon les Textes des Pyramides, lorsque Atoum – « Celui qui est et qui n’est pas encore » – se manifeste, il devient deux en formulant le couple créateur primordial : « Le Principe crache l’Air lumineux, Shou, il expectore le feu créateur, Tefnout, et il place ses bras derrière eux comme l’action de l’énergie vitale (Ka). » Cet extrait révèle que l’Air est contemporain du premier instant de la création et transmetteur de l’énergie vitale. Shou et Tefnout ont pour fonction d’assurer en permanence la circulation de la lumière dont leur Père, Atoum, se nourrit chaque jour.

 

Ainsi, l’Air est-il le milieu originel où la vie se révèle dans son principe et sa cause. Selon le mythe égyptien, lors de la création, l’Air remplit l’espace entre ciel et terre. Shou à la fois sépare le ciel et la terre et les réunit. Il correspond donc à la création d’un espace vital qui permet la circulation de la lumière et sa transmission. Sans lui, la lumière ne pourrait régner sur terre.


Cet Air lumineux, agent de liaison entre les mondes, manifeste la vie en l’une de ses formes premières, celle de vibration et de mouvement.
Y est développe le concept des épreuves de l’Air en Franc-maçonnerie.

 

l’Épreuve de la terre – voyage de purification    -    N°  27  -

C. duval

Edition la MAISON DE VIE

 2008

La Terre, avec les trois autres éléments que sont l’Air, l’Eau et le Feu, fait partie des épreuves rituelles qui attendent tout être ayant demandé à entrer en Franc-maçonnerie.


Pourquoi l’épreuve de la Terre est-elle la première ? Se limite-t-elle au passage par le Cabinet de réflexion durant lequel est vécue « la mort au vieil homme » ou se poursuit-elle dans le Temple ?

 

Quelles sont les transformations décisives générées par cette mort symbolique ?


Partant du passage dans le Cabinet de réflexion mais dépassant le cadre de celui-ci, ce livre met en lumière l’importance symbolique de cet élément dans la construction du futur, ou de la future, initié(e).


En s’appuyant sur les mythes et la tradition initiatique, l’auteur révèle la nature alchimique de cette Terre qui façonne l’initié(e) et l’équipe pour permettre sa marche vers la lumière.


Y est développé :

 

Le voyage  -  De quel voyage s’agit-il ? – Voyage au centre de la Terre – V.I.T.R.I.O.L. – La terre, matrice des minéraux – Marcher sur la terre sacrée du Temple – Le thème de la marche dans diverses traditions – Arpenter la Terre ou mesurer le cosmos – Libération de la marche et pas rituel – Le sol du Temple, support du voyage initiatique – Un sol de mutations – L’initié, pèlerin des étoiles – Le pèlerinage vers l’Orient – Devenir un être aux larges enjambées.   -   La purification    -   La nécessité de repasser par la Terre – Le dépouillement des métaux – La construction de l’initié par le carré de la Terre – Embrassement de la Terre – La terre célestielle – La butte primordiale – Le dieu Geb – De la terre au ciel – Bâtir le ciel sur la terre – Matrice de résurrection et terre d’éternité.   -   L’épreuve   -   De quelle terre s’agit-il ? – Le cabinet de réflexion ou le passage par la caverne primordiale – La présence des symboles au cœur des ténèbres – Vigilances et persévérance – La confrontation avec les ténèbres et le silence – Immobilité et capacité de mutations – Solitude et isolement – Mourir à ce qui limite pour naître à ce qui dépasse – La fonction transmutatrice de la mort – La mort au vieil homme – Séparer l’utile du périssable – Incarner l’Esprit – Formuler l’invisible – Le travail sur la matière – Les trois signes astrologiques liés à l’élément Terre – Le sens du don et la capacité de nourrissement – Le symbole du grain de blé – Le Verbe comme nourriture.

 

l’Épreuve de l’eau – voyage & purification    -      N° 29  -

C. vernon

Edition LA MAISON DE VIE

 2008

Le Temple maçonnique est un cosmos à l’intérieur duquel les puissances créatrices à l’œuvre dans l’Univers sont présentes. Pour entrer dans le Temple, être reconnu en tant que Frère ou Sœur, il est nécessaire de passer « les épreuves par les quatre éléments » au cours desquelles le postulant est mis en contact avec chacun d’eux.

Ces épreuves forment le noyau essentiel de son initiation.


L’eau est une puissance archétypale, une force opérative et constitutive de la création. Elle est l’une des quatre formes de différenciation de l’énergie primordiale.


Dans les temps anciens elle était perçue en ce sens, mais dès l’instant où l’humanité a entrepris de soumettre la nature, la connaissance de « l’être véritable » de l’Eau s’est peu à peu perdue pour finalement sombrer dans l’oubli. Il y a bien longtemps que la facilité avec laquelle on en dispose le fait concevoir comme un bien de consommation courante. Et pourtant, les épreuves par les quatre éléments ayant pour fonction une mise en contact avec leur force de création, c’est bien « l’être véritable » de l’Eau que le postulant rencontre lors de son initiation dans une Loge.

 

l’Épreuve du feu – voyage de purification   -      N°   30   -

l. perault

Edition LA MAISON DE VIE

 2009

Du baptême du feu à la régénération par le feu en passant par l’Epreuve du Feu, cet élément est l’une des clés de l’initiation maçonnique.


En recueillant les éléments des diverses traditions, en éclairant à la fois le chemin de l’initié et le travail de la Loge qui doit « réguler ses feux », l’auteur met en lumière les multiples dimensions de l’élément Feu, épreuve, voyage, purification, création et Verbe.Lors du rituel d’initiation, l’impétrant vit une confrontation, une rencontre, un passage par les éléments. Que sont donc ces quatre éléments pour qu’ils soient ainsi associés à l’admission d’un être dans le Temple ?


«Le concept des quatre éléments, précise Jean Servier, loin d’être une approche naïve du monde est un symbole ésotérique des forces créatrices qui naissent en permanence et entretiennent la vie. »

De fait, les textes sacrés du Temple d’Edfou, en Égypte, associent clairement les quatre éléments à la création du monde. Les évoquant, Champollion rappelle qu’Amon était l’âme du monde matériel sorti de son sein, organisé et animé par ses émanations.

Aussi Amon fut-il souvent représenté par un bélier à quatre têtes, symbole des quatre essences divines dont est formé le monde. Cette conception est reprise par Platon qui, dans le Timée, expose l’interaction harmonieuse des quatre puissances élémentaires dans le processus de création.

 

Et lorsque les physiciens décrivent, aujourd’hui, la naissance de l’univers, ils expliquent que celui-ci existe par le jeu et le parfait ajustement de quatre forces.
La genèse du monde est donc le fruit de l’interaction des quatre éléments. Or si chaque initiation correspond bien à l’admission d’un nouvel être dans le Temple, n’est-elle pas aussi comparable à une cosmogénèse ? Ne constitue-t-elle pas, en effet, la renaissance potentielle, la régénération de l’Initié primordial ? Quoi de plus juste alors que la présence dans ce rite d’admission des quatre éléments créateurs ?


Les épreuves initiatiques, dit René Guénon, sont essentiellement d’ordre rituel. Le devoir d’une Loge est en effet de faire face à l’incompatibilité de nature qui existe entre le monde du Temple, comparable au ciel, et l’individu qui frappe à sa porte. N’entre dans le Temple que ce qui est compatible avec sa nature. Par le Rite, l’être admis dans le Temple est créé en tant que Frère. En même temps, par le canal de l’être initié, les quatre puissances de création sont « activées » comme autant de dons réitérés à la Loge. En quoi consistent alors la « part du feu », le rôle et les dons de cet élément ?


Pour approfondir cette question, il nous a semblé important de partir des textes rituels qui évoquent la rencontre avec le feu comme une épreuve, mais aussi comme un voyage et une purification. Quel est le contenu et le sens de cette épreuve ? En quoi consiste ce voyage ? Qui y participe et quel est son but ? De quelle purification s’agit-il ? En quoi le Feu est-il l’agent des transmissions vécues par une Loge initiatique ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage se propose de répondre en s’appuyant sur la Tradition.

 

l’Équerre    -       N°  6   -

Didier michaud

Edition MAISON DE VIE

 2002

Portée par le Vénérable Maître, l’Équerre, l’une des trois Grandes Lumières, qui est présente dans toutes les Loges, est sans doute l’un des symboles les plus mal connus. Contrairement aux idées reçues, elle est bien plus qu’un outil puisqu’elle prolonge la Règle pour relier le haut et le bas afin que rien ne sépare le ciel de la terre.


Elle sert de référence pour l’instruction de l’Apprenti et c’est elle qui permettra au Compagnon d’accéder à la maîtrise.


L’Équerre évoque le chemin de rectitude, méthode d’action pour construire le temple et donner à la Loge sa raison d’être.

 

LE RITUEL DU PENTAGRAMME –SES ORIGINES, SA LOGIQUE ET SA PRATIQUE

Fred Mac Parthy

Edition Sesheta

2017

Ce livre sur le très connu rituel du Pentagramme est important. En remontant aux sources de cette pratique de haute magie, Fred MacParthy opère une rectification nécessaire et rend à ce rituel toute sa dimension métaphysique et opérative. Dans une préface très intéressante, Marie-Véronique Lechêne rappelle la finalité de la haute magie :

 

« S’élever vers le Divin en comprenant son organisation et ses lois ». Elle remarque les limites des travaux de divers auteurs ou organisations dans ce domaine : les simplifications extrêmes d’Alexandre Moryason, la pauvreté théorique et l’absence des clefs de compréhension dans les publications de Jean-Pascal Ruggiu, les mauvaises traductions, les erreurs et les incohérences de la Golden Dawn elle-même.

 

En remontant aux sources mêmes des rituels, ici le rituel de la Croix Kabbalistique et le rituel du Pentagramme, Fred MacParthy permet au lecteur de retrouver le sens spirituel d’un ensemble de gestes et de paroles qui ne seraient, sans cette dimension, qu’une scénographie stérile voire ridicule. Il replace la pratique au cœur du système logique traditionnel des courants juifs et rosicruciens.

 

Si, comme le suggère Marie-Véronique Lechêne, le rituel du Pentagramme est le plus pratiqué au monde, il est aussi le plus mal pratiqué. Nous mesurons la nécessité de ce retour aux sources traditionnelles. « Les questions qui se posent alors, nous dit Fred MacParthy, sont : qui, quand et où ce rituel a-t-il été pensé, élaboré et pratiqué pour la première fois ?

Ce qui nous amène donc nécessairement à un historique, sans pour autant que l’identité de son ou de ses créateurs soit nécessairement utile, mais bien dans quel courant de pensée ésotérique cela se situe initialement. Car ces notions nous permettent de comprendre l’intention première de son créateur, dans quel état d’esprit était-il, la raison pour laquelle cette pratique a été créée, et à quel fin… »

 

Ce dernier point est fondamental, la Rose-Croix est parfois présentée comme une voie de l’intention. C’est la coïncidence de l’intention première et de l’Orient qui rend une pratique opérative. En absence d’orientation ajustée, la pratique se dégrade. Fred MacParthy traite ainsi cette pratique sous l’angle historique avant d’étudier la structure du rituel comme théurgie puis comme magie élémentaire pour mieux détailler la technicité requise, formes, sons et autres, sans perdre de vue l’intention. Les anciennes sources rosicruciennes de ce rituel permettent de comprendre le continuum inclusif entre magie, théurgie et métaphysique traditionnelle.

 

 

Le pentagramme, qu’on appelle dans les écoles gnostiques l’étoile flamboyante, est le signe de la toute-puissance et de l’autocratie intellectuelle. C’est l’étoile des mages ; c’est le signe du verbe fait chair ; et, suivant la direction de ses rayons, ce symbole absolu en magie représente le bien ou le mal, l’ordre ou le désordre, l’agneau béni d’Ormuz et de saint Jean ou le bouc maudit de Mendès. C’est l’initiation ou la profanation ; c’est Lucifer ou Vesper, l’étoile du matin ou du soir. C’est Marie ou Lilith ; c’est la victoire ou la mort ; c’est la lumière ou la nuit. Le pentagramme élevant en l’air deux de ses pointes représente Satan ou le bouc du sabbat, et il représente le Sauveur lorsqu’il élève en l’air un seul de ses rayons.

 

Le pentagramme est la figure du corps humain avec quatre membres et une pointe unique qui doit représenter la tête. Une figure humaine la tête en bas représente naturellement un démon, c’est-à-dire la subversion intellectuelle, le désordre ou la folie. Or, si la magie est une réalité, si cette science occulte est la loi véritable des trois mondes, ce signe absolu, ce signe ancien comme l’histoire et plus que l’histoire, doit exercer et exerce en effet une influence incalculable sur les esprits dégagés de leur enveloppe matérielle. Le signe du pentagramme s’appelle aussi le signe du microcosme, et il représente ce que les cabalistes du livre de Zohar appellent le microprosope. L’intelligence complète du pentagramme est la clef des deux mondes. C’est la philosophie et la science naturelle absolues.

 

Le signe du pentagramme doit se composer des sept métaux, ou du moins être tracé en or pur sur du marbre blanc. On peut aussi le dessiner avec du vermillon sur une peau d’agneau sans défauts et sans taches, symbole d’intégrité et de lumière. Le marbre doit être vierge, c’est-à-dire n’avoir jamais servi à d’autres usages ; la peau d’agneau doit être préparée sous les auspices du soleil. L’agneau doit avoir été égorgé au temps de Pâques avec un couteau neuf, et la peau doit avoir été salée avec le sel consacré par les opérations magiques. La négligence d’une seule de ces cérémonies difficiles et arbitraires en apparence fait avorter tout le succès des grandes œuvres de la science.

 

On consacre le pentagramme avec les quatre éléments ; on souffle cinq fois sur la figure magique ; on l’asperge avec l’eau consacrée ; on la sèche à la fumée des cinq parfums, qui sont l’encens, la myrrhe, l’aloès, le soufre et le camphre, auxquels on peut joindre un peu de résine blanche et d’ambre gris ; on souffle cinq fois, en prononçant les noms des cinq génies, qui sont Gabriel, Raphael, Anaël, Samuel et Oriphiel ; puis on pose alternativement le pentacle sur la terre au nord, au midi, à l’orient, à l’occident et au centre de la croix astronomique, et l’on prononce l’une après l’autre les lettres du Tétragramme sacré ; puis on dit tout bas les noms bénis de l’Aleph et du Th au mystérieux réunis dans le nom cabalistique d’Azoth.

 

Le pentagramme doit être placé sur l’autel des parfums et sous le trépied des évocations. L’opérateur doit aussi en porter sur lui la figure avec celle du macrocosme, c’est-à-dire de l’étoile à six rayons, composée de deux triangles croisés et superposés. Lorsqu’on évoque un esprit de lumière, il faut tourner la tête de l’étoile, c’est-à-dire une de ses pointes, vers le trépied de l’évocation et les deux pointes inférieures du côté de l’autel des parfums. C’est le contraire s’il s’agit d’un esprit de ténèbres ; mais il faut alors que l’opérateur ait soin de tenir le bout de la baguette ou la pointe de l’épée sur la tête du pentagramme. Nous avons déjà dit que les signes sont le verbe actif de la volonté. Or la volonté doit donner son verbe complet pour le transformer en action ; et une seule négligence, représentant une parole oiseuse ou un doute, frappe toute l’opération de mensonge et d’impuissance, et retourne contre l’opérateur toutes les forces dépensées en vain. Il faut donc s’abstenir absolument des cérémonies magiques, ou les accomplir scrupuleusement et exactement toutes ! Le pentagramme tracé en lignes lumineuses sur du verre au moyen de la machine électrique exerce aussi une grande influence sur les esprits et terrifié les fantômes.

 

Les anciens magiciens traçaient le signe du pentagramme sur le seuil de leur porte pour empêcher les mauvais esprits d’entrer et empêcher les bons de sortir. Cette contrainte résultait de la direction des rayons de l’étoile. Deux pointes en dehors repoussaient les mauvais esprits, deux pointes en dedans les retenaient prisonniers ; une seule pointe en dedans captivait les bons esprits. Toutes ces théories magiques, basées sur le dogme unique d’Hermès et sur les inductions analogiques de la science, ont toujours été confirmées par les visions des extatiques et par les convulsions des cataleptiques se disant possédés des esprits. Le G que les francs-maçons placent au milieu de l’étoile flamboyante signifie Gnose et Génération, les deux mots sacrés de l’ancienne Kabbale. Il veut dire aussi Grand Architecte, car le pentagramme, de quelque côté qu’on le regarde, représente un A. En le disposant de manière que deux de ses pointes soient en haut et une seule pointe en bas, on peut y voir les cornes, les oreilles et la barbe du bouc hiératique de Mendès, et il devient le signe des évocations infernales.

 

L’étoile allégorique des mages n’est autre chose que le mystérieux pentagramme ; et ces trois rois, enfants de Zoroastre, conduits par l’étoile flamboyante au berceau du Dieu microcosmique, suffi - raient pour prouver les origines toutes cabalistiques et véritablement magiques du dogme chrétien. Un de ces rois est blanc, l’autre est noir, et le troisième est brun. Le blanc off re de l’or, symbole de vie et de lumière ; le noir de la myrrhe, image de la mort et de la nuit ; le brun présente l’encens, emblème de la divinité du dogme conciliateur des deux principes ; puis ils retournent dans leur pays par un autre chemin, pour montrer qu’un culte nouveau n’est qu’une nouvelle route pour conduire l’humanité à la religion unique, celle du ternaire sacré et du rayonnant pentagramme, le seul catholicisme éternel.

 

Dans l’Apocalypse, saint Jean voit cette même étoile tomber du ciel sur la terre. Elle se nomme alors absinthe ou amertume, et toutes les eaux deviennent amères. C’est une image saisissante de la matérialisation du dogme, qui produit le fanatisme et les amertumes de la controverse. C’est au christianisme lui-même qu’on peut alors adresser cette parole d’Isaïe : Comment es-tu tombée du ciel, étoile brillante, qui était si splendide à ton matin ? Mais le pentagramme, profané par les hommes, brille toujours sans ombre dans la main droite du verbe de vérité, et la voix inspiratrice promet à celui qui vaincra de le remettre en possession de l’étoile du matin : réhabilitation solennelle promise à l’astre de Lucifer. Comme on le voit, tous les mystères de la magie, tous les symboles de la Gnose, toutes les figures de l’occultisme, toutes les clefs cabalistiques de la prophétie, se résument dans le signe du pentagramme, que Paracelse proclame le plus grand et le plus puissant de tous les signes.

 

Faut-il s’étonner après cela de la confiance des magistes et de l’influence réelle exercée par ce signe sur les esprits de toutes les hiérarchies ? Ceux qui méconnaissent le signe de la croix tremblent à l’aspect de l’étoile du microcosme. Le mage, au contraire, lorsqu’il sent sa volonté faiblir, porte les yeux vers le symbole, le prend dans la main droite, et se sent armé de la toute-puissance intellectuelle, pourvu qu’il soit vraiment un roi digne d’être conduit par l’étoile au berceau de la réalisation divine ; pourvu qu’il sache, qu’il ose, qu’il veuille et qu’il se taise ; pourvu qu’il connaisse les usages du pentacle, de la coupe, de la baguette et de l’épée ; pourvu enfin que les regards intrépides de son âme correspondent à ces deux yeux que la pointe supérieure de notre pentagramme lui présente toujours ouverts.

 

le sacrÉ

Rudolf otto

Edition  PAYOT

 1995

Qu’est-ce que le sacré ? Pour Rudolf Otto, ce n’est pas uniquement le « religieux » ni le « non-rationnel », mais un sentiment spécifique qui permet la manifestation de forces psychiques inconscientes où se mêlent, dans une alchimie particulière, le rationnel et le non-rationnel. C’est l’impression produite par l’objet religieux, le sentiment du mystère, du « tout autre », analysé ici dans ses multiples développements.


Où l’on comprend comment la religion, fondée sur le « sacré », qui est une production de la raison, permet de maintenir le lien avec le mystère.


Rudolf Otto (1860 – 1937), professeur à l’université de Marburg, est unanimement considéré comme l’un des maîtres de la pensée religieuse du XXème siècle.


C’est Otto qui inventa le mot de « numineux » désignant un état ou comportement spécifique à l’intérieur d’un espace sacré.

 

le sacrÉ

Jean-Jacques WUNENBERGER

PUF

 2001

La notion de sacré semble inséparable de l’expérience religieuse et si dans notre société actuelle, le religieux décline, la notion du sacré a tendance à se développer et donc a un avenir.

 

Dès lors, notre modernité critique, qui a pris ses distances avec la sacralité traditionnelle, risque-t-elle réellement de nous faire perdre l (intelligibilité du sacré ?

 

Ne nous offre-t-elle pas au contraire des méthodes nouvelles propres aux sciences religieuses et aux sciences humaines, et susceptibles de favoriser l’évaluation des fondements et des effets du sacré ?

 

Cet ouvrage fait le pari qu’il est aujourd’hui possible de repenser les pratiques et les théories du sacré, et que le sacré, donc, a un avenir dans la capacité de l’homme à se réorienter dans son histoire.

Au sommaire de cet ouvrage :

Pratiques du sacré : L’expérience du sacré  -  le sentiment du numineux  -  les hiérophanies   -  les structures symboliques du sacré  -   le langage symbolique  -  le récit mythique  -  le jeu rituel  -  l’espace-temps sacré  -  les fonctions rituelles du sacré  -  origine sacré de la culture  -   classe sacerdotale et pouvoir clérical  -   la régulation symbolique du social  - 

Théories du sacré :  La nature du sacré  -  le sacré et le profane  -  l’interdit et le mystère  -   le pur et l’impur  -  les fondements du sacré  -  la théophanie  -   l’anthropomorphisme  -   l’herméneutique   -  les métamorphoses du sacré  -  la controverse de la désacralisation  -  la contestation intellectuelle du sacré  -  la sécularisation de la culture  -  resacralisation et modernité  -  L’avenir du sacré  -

 

LE SACRḖ - L’HOMME ET LE SACRÉ

Roger CAILLOIS

Collection GALLIMARD

 1950

L’auteur nous donne ici sa version sociologique et philosophique sur le sacré, cette source ou s’adresse les cherchant. Il part des acquis de Durkheim et en particulier des recherches de Marcel Mauss, qu’il confronte avec celles des maîtres de la sociologie allemande, anglaise et américaine. L’homme et le sacré, est à la fois un livre de sociologie et de philosophie, une étude originale et hautement personnelle sur le sacré « qui donne la vie et la ravit, est la source d’où elle coule, l’estuaire où elle se perd ».

 

On comprend que, parallèlement à la religion et au sacré, ces deux types de rites, se soit développé dans un effort pour échapper à une telle antinomie, c'est-à-dire pour communiquer avec la puissance inconditionnée sans pourtant abandonner la sécurité que procure une condition humaine enfermée dans des règles et garantie par elles. Toutefois, cela n'est possible que par une transposition, une élaboration rituelle qui transforme le principe numineux en un principe sacré, dont les symboles et les manifestations ne sont plus immanents, mais transcendants, c'est-à-dire à la fois extérieurs à la condition humaine et capable de la fonder. C'est pourquoi le sacré est représenté par des modèles archétypiques.

 

On trouve de nombreux exemples de cette élaboration. Ainsi, le mort, qui est pour la perception immédiate un objet impur, devient un ancêtre tutélaire. On a recours, pour cela, à des rituels qui le sacralisent. Certains peuples procèdent à des funérailles en deux temps : une fois passée la période pendant laquelle le cadavre est simplement numineux, une cérémonie a lieu qui le transforme en génie bienfaisant, ou bien en un être mi-humain, mi-animal, comme le totem du clan. Parmi les rites religieux, on peut distinguer ceux qui ont pour objet de poser la transcendance du sacré en le séparant du profane et ceux qui permettent à l'homme de participer au monde sacré.

 

Dans la première catégorie trouveront place toutes sortes de rites négatifs qui, dans leur aspect extérieur, ressemblent à des tabous. Ainsi il est interdit de manger l'animal-totem ; mais on le fera cependant dans certaines circonstances particulières qui seront des cérémonies de participation et de communion. Aux rites négatifs s'apparentent également toutes sortes de formes d'ascèse, tels les jeûnes, par exemple. Pour séparer le sacré du profane, il faut, en définitive, marquer symboliquement que tout ce qui est donné dans la nature ne peut être sacralisé qu'en étant marqué par des modèles archétypiques.

 

 

Au sommaire de ce livre :

Rapports généraux du sacré et du profane  -  L’ambigüité du sacré  -  Sainteté et souillure  -  la polarité du sacré  -  cohésion et dissolution  -  le sacré de respect : théorie des interdits  -  l’organisation du monde  -  lois saintes et actes sacrilèges  -  hiérarchie et lèse-majesté  -  le sacré de transgression : théorie de la fête  -  la fête, recours au sacré  -  la recréation du monde  -  fonction de la débauche  -  le sacré, condition de la vie et porte de la mort  -  sexe et sacré  -   jeu et sacré  -   guerre et sacré  -  guerre et fête  -  mystique de la guerre  - 

 

LE  SACRḖ -  LA VIOLENCE ET LE SACRḖ   - 

René Girard  

Edition  Hachette

 1999

Deuxième grand ouvrage de René Girard publié en 1972, après "Mensonge romantique et vérité romanesque" (1961), il ouvre la voie à toute une série d'études sur le rôle des religions dans la régulation de la violence dans les sociétés humaines et même au-delà. L'auteur remonte jusqu'aux origines de tout l'édifice culturel et social.

Dans "La violence et le sacré" , René Girard examine d'abord le sacrifice et la crise sacrificielle, revisite l'Oedipe, tente de déterminer la genèse des mythes et des rituels ainsi que leurs fonctions, s'attarde sur la figure du héros grec Dionysos, traite du désir mimétique et du double monstrueux, revient sur Freud et le complexe d'Oedipe, ainsi que sur "Totem et Tabou" et les interdits de l'inceste, conteste Lévi-Strauss, le structuralisme et ses conceptions des règles du mariage, et termine sur les dieux, les morts, le sacré, la substitution sacrificielle ainsi que sur l'unité de tous les rites. Cela fait autant de têtes de chapitre à l'érudition serrée qui conduisent le lecteur, depuis la remise en cause des acquis de l'anthropologie structurale et de la psychanalyse à une redécouverte des textes fondateurs de nombreuses cultures, surtout occidentales.   Cette redécouverte met à jour le rôle du sacrifice dans la cohésion des sociétés humaines en général.

Les deux premiers chapitres sur le sacrifice posent les fondations de toute la réflexion de René Girard sur la violence. Reprenant les textes de l'anthropologie aujourd'hui classique, des écrits du Moyen Age, des passages de la Bible, l'auteur veut éclaircir la fonction du sacrifice et le fait même de sa disparition, sous sa forme sanglante, à l'époque moderne.  Briser le cercle infini des vengeances. "Le religieux vise toujours à apaiser la violence, à l'empêcher de se déchaîner. Les conduites religieuses et morales visent la non-violence de façon immédiate dans la vie quotidienne et de façon médiate, fréquemment, dans la vie rituelle, par l'intermédiaire paradoxal de la violence. Le sacrifice rejoint l'ensemble de la vie morale et religieuse mais au terme d'un détour assez extraordinaire. Il ne faut pas oublier, d'autre part, que pour rester efficace, le sacrifice doit s'accomplir dans l'esprit de pietés qui caractérise tous les aspects de la vie religieuse. Nous commençons à entrevoir pourquoi il fait figure à la fois d'action coupable et d'action très sainte, de violence illégitime aussi bien que de violence légitime. Mais nous sommes très loin d'une compréhension satisfaisante.". Il faut tout le livre pour commencer à comprendre comment les rites, les interdits et les tabous forment un ensemble qui stoppe l'invasion de la violence mimétique dans un groupe humain.

 

Etudiant la tragédie grecque, Oedipe et Dionysos, René Girard définit la crise sacrificielle. "La notion de crise sacrificielle parait susceptible d'éclairer certains aspects de la tragédie. C'est le religieux, pour une bonne part, qui fournit son langage à la tragédie; le criminel se considère moins comme un justicier que comme un sacrificateur. On envisage toujours la crise tragique du point de vue de l'ordre qui est en train de naitre, jamais du point de vue de l'ordre qui est en train de s'écrouler.". Le thème des jumeaux, des frères ennemis, traverse les mythes grecs comme d'autres mythes de création du monde. La question de l'indifférenciation, de la réciprocité violente, des métamorphoses constamment présente dans ces mythes, oblige à entrer dans le détail des textes, à faire de l'analyse textuelle et inter-textuelle, comme il l'avait si bien fait dans son premier livre sur la littérature.

 

 L'analyse du texte de la pièce de théâtre grec "Oedipe roi", une des références de FREUD dans la construction de la psychanalyse, aboutit à de tout autres considérations que les siennes. Pour René GIRARD, la colère est partout présente dans le mythe, ou plutôt une alternance de sérénité et de colère. Le mythe résout le problème de la différence de façon brutale et formelle par le parricide et l'inceste. Dans le cours du récit grec, " à mesure que la crise s'exaspère, les membres de la communauté deviennent tous des jumeaux de la violence". "Ils sont les doubles les uns des autres".  "La permanence plusieurs fois millénaire du mythe œdipien, le caractère imprescriptible de ses thèmes, le respect quasi religieux dont la culture moderne continue à l'entourer, tout cela suggère, déjà, que les effets de la violence collective sont terriblement sous-estimés.

 

Le mécanisme de la violence réciproque peut se décrire comme un cercle vicieux; une fois que la communauté y a pénétré elle est incapable d'en sortir. On peut défini ce cercle en terme de vengeances et de représailles; on peut en donner diverses descriptions psychologiques. Tant qu'il y a, au sein de la communauté, un capital de haine et de méfiance accumulée, les hommes continuent à y puiser et à le faire fructifier. Chacun se prépare contre l'agression probable du voisin et interprète ses préparatifs comme la confirmation de ses tendances agressives. De façon générale, il faut reconnaître à la violence un caractère mimétique d'une intensité telle que la violence ne saurait mourir d'elle-même une fois qu'elle s'est installée dans la communauté.  Pour échapper au cercle, il faudrait liquider le redoutable arrière de violence qui hypothèque l'avenir, il faudrait priver les hommes de tous les modèles de violence qui ne cessent de se multiplier et d'engendre de nouvelles imitations.

 

 Si les hommes réussissent tous à se convaincre qu'un seul d'entre eux est responsable de toute la mimesis violente, s'ils réussissent à voir en lui la "souillure" qui les contamine tous, s'ils sont vraiment unanimes dans leur croyance, cette croyance sera vérifiée car il n'y aura plus nulle part, dans la communauté, aucun modèle de violence à suivre ou à rejeter, c'est-à-dire, inévitablement, à imiter et à multiplier. En détruisant la victime émissaire, les hommes croiront se débarrasser de leur mal et ils s'en débarrasseront effectivement car il n'y aura plus, entre eux, de violence fascinante.  Il nous parait absurde d'attribuer au principe de la victime émissaire la moindre efficacité. Il suffit de remplacer par violence au sens défini dans le présent essai, le mal ou les péchés que cette victime est censés assumer pour comprendre qu'on pourrait bien avoir affaire toujours, certes, à une illusion et à une mystification, mais à l'illusion et à la mystification la plus formidable et la plus riche en conséquences de toute l'aventure humaine." Cette efficacité de transfert collectif des fautes sur un seul, coupable de tous les maux, coupable de parricide et d'inceste, René Girard entend à la fois la démontrer et en montrer le fonctionnement. Comptez avec le fait que pour fonctionner avec efficacité, un tel mécanisme doit rester mystificateur et on aura là toute l'ampleur de la tâche que l'auteur se donne.

 

René Girard est si convaincu de l'importance d'Oedipe qu'il y revient plus loin (chapitre VII, Freud et le complexe d'Oedipe). Il pense que Sigmund Freud fait fausse route. Alors que toute la théorie psychanalytique est basée sur le désir rattaché à un objet, un désir objectivé, lequel se transfère tout au long de la vie du sujet vers un autre objet, "la conception mimétique détache le désir de tout objet; le complexe d'Oedipe enracine le désir dans l'objet maternel; la conception mimétique élimine toute conscience et même tout désir réel du parricide et de l'inceste; la problématique freudienne est au contraire toute entière fondée sur cette conscience.». Car pour René Girard, toute la culture humaine est basée sur l'imitation des pensées et des actions, et le désir s'accroche à tous les objets auxquels s'accroche le désir des autres, et notamment des plus proches, et notamment des frères, et notamment des jumeaux.

Le mécanisme de la victime émissaire est à l'origine des mythes et des rituels. "L'explication complète du mythe d'Oedipe, c'est-à-dire le repérage du mécanisme de la victime émissaire permet de comprendre le but que visent les sacrificateurs. Ils veulent reproduire aussi exactement que possible le modèle d'une crise antérieure qui s'est dénouée grâce au mécanisme de la victime émissaire." Dans cette perspective, "Dionysos est le dieu du lynchage réussi". L'analyse de "Les bacchantes" permet à l'auteur de bien montrer que ce n'est pas l'objet du conflit qui est important : "le sujet désire l'objet parce que le rival lui-même le désire". Le rôle de la mimesis dans les relations humaines est tel que le désir mimétique constitue un des liens les plus solides de la société, et ce même désir peut la détruire. Dans son chapitre sur le double monstrueux, René Girard avance ce qu'il répète n'être qu'une hypothèse : "Comme la fête et tous les rites, la tragédie grecque n'est d'abord qu'une représentation de la crise sacrificielle et de la violence fondatrice. Le port du masque dans le théâtre grec n'exige donc aucune explication particulière; il ne se distingue absolument pas des autres usages. le masque disparaît quand les monstres redeviennent des hommes, quand la tragédie oublie complètement ses origine rituelles,"

Comme Freud et la psychanalyse, Lévi-Strauss et le structuralisme se trompe en cours d'investigation scientifique. La critique de "Totem et Tabou" faite par tous les anthropologues et mêmes les psychanalystes postérieurs à Sigmund Freud, est passée à côté du meurtre fondateur. La prohibition de l'inceste et les règles de la parenté dans les sociétés dites primitives constituent pourtant les éléments qui permettent de voir le dynamisme de la réciprocité à l'oeuvre. " L'échange positif n'est que l'envers de la prohibition, le résultat d'une série de manœuvres, destinés à éviter, entre les mâles, les occasions de rivalité. Terrifiés par la mauvaise réciprocité endogamique les hommes s'enfoncent dans la bonne réciprocité exogamique". L'interdit est premier, mais cet interdit se pense en termes de "phobies". Dans sa critique de la psychanalyse et du structuralisme, c'est frappant dans le chapitre sur Lévi-Strauss et les règles du mariage, René Girard utilise finalement, selon un phénomène discret et profond décrit par Claude Lefort à propos de l'oeuvre de Machiavel, le travail séculaire de l'oeuvre, à la fois la psychanalyse et le structuralisme pour découvrir les mécanismes fondateurs du sacrifice, pour expliquer la véritable nature de l'interdit social. Si le jeu de la violence est dissimulé aux yeux de Freud et de Lévi-Strauss, c'est parce qu'ils s'arrêtent en chemin dans leur analyse, et non parce que leur analyse est fausse. L'un en se centrant sur le conflit psychique, l'autre en se situant dans la sphère du langage et du symbolique, perdent la possibilité de comprendre l'essence à la fois des dieux, des morts (de leur culte), du sacré et de la substitution sacrificielle qui fait l'objet de son dernier grand chapitre.


Il s'agit ni plus ni moins du rôle du religieux dans les sociétés. "Le religieux dit vraiment aux hommes ce qu'il faut faire et ne pas faire pour éviter le retour de la violence destructrice. Quand les hommes négligent les rites et transgressent les interdits, ils provoquent, littéralement, la violence transcendante à redescendre parmi eux, à redevenir la tentation démoniaque, l'enjeu formidable et nul autour duquel  ils vont s'entre-détruire, physiquement et spirituellement, jusqu'à l'anéantissement total, à moins que le mécanisme de la victime émissaire, une fois de plus, ne viennent à les sauver, à moins que la violence souveraine, en d'autres termes, jugeant les "coupables" suffisamment punis, ne condescende à regagner sa transcendance, à s'éloigner juste autant qu'il le faut pour surveiller les hommes du dehors et leur inspirer la vénération craintive qui leur apporte le salut."


René Girard entend là donner une nouvelle Anthropos-sociologie. "Il y a une unité non seulement de toutes les mythologies et de tous les rituels, mais de la culture humaine dans sa totalité, religieuse et anti-religieuse, et cette unité des unités est toute entière suspendue à un unique mécanisme toujours opératoire parce que toujours méconnu, celui qui assure spontanément l'humanité de la communauté contre la victime émissaire et autour d'elle."   Toute son oeuvre ultérieure veut d'abord convaincre de ce fait et explorer toutes les facettes de l'activité humaine, du mythologique à l'économique. En 1978, René Girard utilise la forme de l'interview investigatrice pour continuer à le faire, telle sa théorie est énorme. C'est par "Des choses cachées depuis la fondation du monde" qu'il touche le grand public et fait connaître au grand nombre sa théorie sur le mouvement multi-millénaire de maîtrise et de contrôle de la violence.

 

Au sommaire de cet ouvrage de 480 pages :

 

Le sacrifice   -   la crise sacrificielle   -    Œdipe et la victime émissaire    -     la genèse des mythes et des rituels    -    Dionysos    -    Du désir mimétique au double monstrueux   -   Freud et le complexe d’Œdipe   -    Totem et tabou et les interdits de l’inceste   -    Lévi-Strauss, le structuralisme et les règles du mariage    -     les dieux, les morts, la sacré, et la substitution sacrificielle   -  L’unité de tous les rites   -

 

le sacrÉ & le profane

Mircea Eliade

Edition  GALLIMARD

 1965

L’auteur examine dans ce volume la situation de l’homme dans un monde saturé de valeurs religieuses. Son livre est une introduction à l’histoire des religions, une mise au point de nos connaissances dans ce domaine. Pour Mircea, le langage sacré se manifeste toujours comme une réalité d’un tout autre ordre que les réalités naturelles.

Le langage peut exprimer naïvement le Trementum, ou la majestas ou le mysterium fascinants par des termes empruntés au domaine naturel ou à la vie spirituelle profane de l’homme, mais cette terminologie analogique est due justement à l’incapacité humaine d’exprimer la ganz andere.

 

Cet ouvrage de Mircea Eliade se situe dans une autre perspective que l’ouvrage par exemple de Rudolf Otto, l’auteur prétend présenter et expliquer le phénomène du sacré dans toute sa complexité et non pas seulement dans ce qu’il comporte  d’irrationnel, en ayant toujours à l’esprit que le sacré s’oppose au profane.

 

Ce livre a été écrit en 1956 par Mircea Eliade, et se veut comme un état des lieux des connaissances sur le sujet religieux. En ne s'attardant sur aucune religion spécifique (mais plutôt en citant certains lieux ou rites à titre d'exemple) l'auteur fait part de ses études antérieures autour de quatre grands axes, l'espace sacré, le temps sacré et les mythes, la religion cosmique et l'existence humaine et la vie sanctifiée.

Bien entendu, la première partie sur l'espace sacré permet, dans le cadre de la thématique de ce mémoire de mieux cerner le contexte d'édification d'un lieu sacré et de définir ce qu'est tout simplement un lieu sacré. Mircea Eliade utilise dès le début de cet ouvrage le terme de Hiérophanie, mot qu'il a inventé et qu'il définit comme étant la manifestation du sacré dans des objets ou lieux profanes (page 15). Profane signifie littéralement "devant le lieu consacré" (pro-fanum).

 

"Pour l'homme religieux, l'espace n'est pas homogène."  A partir de cette affirmation, appuyée par un passage de l'Exode, l'auteur différencie la nature de l'espace selon la vision de l'homme religieux et selon celle de l'homme profane. L'espace de l'homme religieux n'étant pas homogène, il existe pour lui des espaces "forts", "structurés", "orientés" et un espace "amorphe", non consacré et donc profane. Le profane, ne se définit, comme ici, seulement par son opposition au sacré. Le seul espace "vrai", "réel" est l'espace sacré pour l'homme religieux. Notre monde (sous-entendu habité par les nôtres) est l'espace habité, et consacré, c'est le cosmos, tout ce qui ne fait pas parti de ce "cosmos" est le "chaos", associé aux démons, etc... Cependant un territoire, pour devenir cosmos doit être "cosmisé", c'est à dire créé de la même façon que les dieux ont créé l'univers. Pour l'homme religieux, un territoire n'est donc pas investi ou colonisé, il est simplement créé, par le rite du sacrement.

 

Ces lieux sont généralement indiqués par l'apparition du sacré par des signes hiérophanes, si cela n'est pas le cas, ils sont provoqués. Par exemple, certains animaux sont pourchassés puis tués à un endroit qui deviendra sacré. Les hommes ne se laissent donc pas le choix du lieu sacré mais il s'impose à eux, par des signes plus ou moins mystérieux. Ces lieux, notre monde, le monde sacré, orienté est le centre du monde. Dans la majorité des civilisations, l’installation dans un territoire se fait à partir d'un même schéma : la recherche d'un point fixe (le centre) qui permet l'orientation de ce centre grâce à des axes (par exemple les points cardinaux). Ceci est la formation, la création de l'espace sacré. Au contraire, l'espace profane est relatif, il est homogène et ne possède pas de réelle orientation car il n'existe pas de centre, de point fixe issue de la hiérophanie.

Pour l'homme religieux, "son monde" (son habitat, sa cité) se situe au centre. A l'échelle d'une région, d'une ville, ou d'un lieu (par exemple la Palestine, Jérusalem et le temple de Jérusalem), l'homme religieux tend à se rapprocher du centre. Son habitat n'échappait pas à la règle, il devait être au centre, et être "une reproduction microscopique de l'univers" (page 40). Aussi il devait vivre dans un espace "ouvert vers le haut" et où "la communication avec l'autre monde, le monde transcendantal était rituellement possible". Cette vision traditionnelle de la demeure est maintenant remplacée (en tout cas dans nos sociétés occidentales) par la vision moderne.

"Selon la formule d'un célèbre architecte contemporain, Le Corbusier, la maison est une machine à habiter. Elle se range, donc, parmi les innombrables machines, produites en série dans les sociétés industrielles. La maison idéale du monde moderne doit être, avant tout, fonctionnelle, c'est à dire permettre aux hommes de travailler et de se reposer pour assurer le travail. On peut changer de "machine à habiter" aussi fréquemment qu'on change de frigidaire, de voiture. On peut également quitter sa ville ou sa province natales, sans autre inconvénient que celui qui découle du changement de climat." Ici donc, l'auteur commence donc à parler de la désacralisation de l'habitat, puis plus généralement de la sécularisation de la nature, notion qu'il n'approfondira pas.

Dans cette partie, l'auteur aborde la perception du temps sacré et profane. Le découpage du temps en année, etc ... est le symbole de la répétition éternelle. Chaque année le monde est ainsi recréé. Le temps sacré n'est pas plus homogène que l'espace sacré, il est ponctué par des rites. Puis l'auteur évoque le mythe de l'éternel retour développé en Grèce antique et en Inde. Le temps serait un cycle qui se répèterait à l'infini, les scènes de la vie auraient vocation à être jouées sans fin. A contrario pour le Judaïsme puis le christianisme, "le temps a un commencement et aura une fin". Le temps de l'homme non-religieux est pour Eliade lui aussi hétérogène. "Pour lui aussi il existe, outre le temps plutôt monotone du travail, le temps des réjouissances et du spectacle, le temps festif"


Dans la dernière partie, c'est la situation de l'homme "areligieux" qui est exposée. "L'homme moderne areligieux [...] se  fait lui-même, et il n'arrive à se faire complètement que dans la mesure où il se désacralise et désacralise le monde. Le sacré est l'obstacle par excellence devant sa liberté. Il ne deviendra lui-même qu'au moment où il sera radicalement démystifié. Il ne sera vraiment libre qu'au moment où il aura tué le dernier dieu." Cependant cet homme areligieux comme il se définit fait partie d'un processus plus large de sécularisation du monde. Il se "délivre" et se "purifie" des superstitions de ses ancêtres. Pour l'auteur, cet homme profane conserve donc l'héritage du comportement de l'homme religieux puisqu'il en est le produit. Puis, et comme le développe en partie Walter Benjamin dans son passage sur le capitalisme en tant que religion, Mircea Eliade fait un parallèle entre la religion et la politique. Il prend pour exemple le communisme dans lequel Marx reprend "un des grands mythes eschatologique du monde asiano-méditerranéen, à savoir : le rôle rédempteur du Juste"


Enfin, l'auteur affirme que l'homme uniquement rationnel n'existe pas. Même les hommes sans religion partages un héritage des religions. Selon lui, "les contenus et les structures de l’inconscient présentent des similitudes étonnantes avec les images et les figures mythologiques" Dans cet ouvrage, l'auteur s'attarde beaucoup plus sur l'essence même du sacré et sur le processus de sacralisation que sur le profane et le processus de désacralisation. Cependant il était très intéressant de comprendre ce qui unissait toutes les religions, concernant l'espace sacré. Le parallèle avec l'homme moderne et sa façon d'habiter interpelle sur la façon de bâtir les villes aujourd'hui. Les nouveaux projets urbains sont-ils des espaces "homogènes", sans "centre" et "non orientés" ? Sont-ils définis seulement par la préoccupation principale de l'homme moderne du XXI ème siècle, à savoir la fonctionnalité.

 

Au sommaire :

 

L’espace sacré et la sacralisation du monde    -      le temps sacré et les mythes     -     

La sacralité de la nature et la religion cosmique    -   Existence humaine et vie sanctifiée    - 

 

LE SACRḖ  - la nature et le sacrÉ

Dirigé par Frederick tristan

Edition C.E.A.P.T

 2007

« Un temps viendra où il n’y aura plus que des catastrophes ! » La multiplication des « catastrophes naturelles » semble aujourd’hui faire écho au sombre pronostic de Léon Bloy … au-delà des débats sur leurs « causes » (en particulier les dérèglements climatiques engendrés par le productivisme), le caractère spectaculaire et terrifiant des catastrophes repose les questions essentielles de la vie et de la mort, de « Dieu » et du « Mal », du destin spirituel de l’homme, de notre rapport aux autres et au monde …

 

Explorant, à travers les grandes traditions spirituelles (christianisme, judaïsme, islam, hindouisme, bouddhisme), les liens entre la « nature » et le « sacré », les auteurs montrent à la fois comment, dans un monde désacralisé par plusieurs siècles de matérialisme, la catastrophe peut être aussi spirituellement dévastatrice – ou, au contraire, vécue comme un « signe des temps » et l’occasion d’une véritable métanoïa. Il est urgent, soulignent-ils, d’ouvrir la voie à une « resacralisation de la nature », à une « écologie spirituelle » – et de renouer avec une « spiritualité du Vivant ».


Parrainé par l’écrivain Frederick TRISTAN, ce livre propose une série d’études inspirées de la grande Tradition et la redécouverte de deux auteurs majeurs : l’écrivain et l’historien Henry MONTAIGU (1936 – 1992), et René ALLEAU, spécialiste du symbolisme et de l’alchimie, qui publie ici, après un long silence, une magistrale étude inédite.


Des articles de : René GUENON, Gérard de SORVAL, Jean BIES, Cheikh BENTOUNES, Frithjof SCHUON, Xavier ACCART, Rousse LACORDAIRE, Th. ZARCONE, Ch. MARIAIS, Van DYCK etc.

 

LE SACRÉ et LE SENS DU SACRÉ

Sous la direction de Nathalie Calmé

Edition Albin MICHEL

 1998

Dans un monde contemporain désorienté, comment redonner une signification au sacré, renouer avec  la perception de cette dimension supérieure, et faire en sorte qu’elle puisse donner une direction à notre vie ? Pour nous éclairer sur le chemin d’une transcendance sans dogmatisme, des grands noms de la spiritualité contemporaine se sont réunis à l’invitation du CERFPA (Centre privé d’études, de recherche et de formation en psychologie appliquée).

 

La nature et la méditation sont deux havres de paix et du sens des choses, d’ailleurs les deux se confondent souvent. La méditation  ne se limite pas à des postures de yoga, à des exercices de respiration ou au silence, mais ces états y contribuent. La méditation matinale ou en fin de journée donne à la journée son tempo de départ, de même le soir elle va laver les scories du jour et va éclairer la nuit. C’est peut là que le sens du sacré prend toute sa signification, avec la vision de l’axe, de son centre, l’homme devient ou redevient chaque jour acteur de la Création, acte sacré qui fait séparer la lumière des ténèbres, le subtil de l’épais, acte qui me relie au divin et qui me conforte dans ma démarche. Retrouver le sens du sacré n’a rien à voir avec le fait d’entrer dans une église ou un lieu religieux, mais me rappelle que je dois construire mon temple intérieur.

La notion de « sacré » et le couple « sacré/profane » sont chez les historiens d'un usage courant, mais pas toujours bien réfléchi. Or, ce sont des concepts qu'il faut utiliser avec prudence et après en avoir examiné l'histoire. Comme F. A. Isambert l'a bien montré, la notion de sacré s'est répandue dans le champ des sciences sociales il y a un siècle environ, plus précisément depuis les travaux de W. Robertson Smith (Religion of the Semites, Londres, 1889) et à leur suite ceux d'Emile Durkheim.

Son émergence coincide avec la mise en cause par la sociologie et les « sciences des religions » du monopole culturel de la pensée chrétienne. Le christianisme subit comme les autres religions la loi du relativisme et du comparatisme qui, au-delà des caractères contingents de chaque civilisation (y compris la civilisation chrétienne), entend dégager des régularités universelles.

Dans ces conditions, Henri Hubert et Marcel Mauss sont parmi les premiers à faire de « sacré » et de « profane » des substantifs, qui désignent deux pôles extrêmes de l'activité et de la pensée religieuses dont le sacrifice assure la médiation. D'autres théoriciens ont moins mis l'accent sur l'expression rituelle du sacré que sur ses contenus psychologiques : Rudolf Otto a voulu analyser l'expérience subjective du « numineux », tandis que Roger Caillois a tenté d'élaborer une grammaire des expériences sacrées en distinguant le « sacré de respect » (contraint par l'ordre social) du « sacré de transgression » (notamment dans la fête). Allant plus loin encore, c'est dans la participation cosmique aux hiérophanies que Mircea Eliade a situé l'expérience du sacré. Sans entrer dans chacune de ces théories, résumons quelques points fondamentaux :

2 le sacré est ce qui est séparé, interdit, frappé de tabou ; on retrouve ces notions un peu partout, mais sous des formes diverses, par exemple dans l'Islam avec les notions de baraka et de haram (Ch. Decobert, p. 159) ;

3 le sacré est à la fois protégé par l'interdit et doué d'une puissance active qui l'oppose au profane. Subordonné, celui-ci n'en a pas moins, en retour, une puissance désacralisante, profanatrice ;

4 on peut parler légitimement avec Freud (Totem et tabou) d'ambivalence du sacré, qui à la fois fascine et terrifie, attire et repousse. Cette ambivalence est très claire dans la Rome antique, où est désigné comme sacer celui qui commet un crime contre la cité, ce qui signifie qu'il peut être tué sans que son meurtrier encoure l'accusation de parricide. Autre exemple, qui vaut pour bien des cultures : celui des interdits qui frappent la femme menstruée. Ici, la relation sacré/profane se conjugue avec la relation pur/impur : l'impureté se ligue avec le sacré puisque la femme impure (durant ses menstrues ou entre une naissance et le rituel de « purification » des nouvelles mères) est censée posséder une force sacrée, néfaste, qui justifie son exclusion des espaces sacrés (Y. Verdier).

5-. Paradoxalement, la théologie chrétienne contemporaine a parfaitement assimilé la réflexion sur le sacré et le profane venue des sciences des religions (G.-L. Müller). Il est vrai que la sociologie naissante avait, à l'égard du catholicisme, une position ambiguë : il est aisé de reconnaître dans la définition durkheimienne de la religion comme « administration du sacré » et comme ensemble de « croyances obligatoires » une influence de l'Eglise catholique après le concile Vatican I et la proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale.

Dans cet ouvrage, divers auteurs expliquent :

Robert Faure explique le sacré, qui est pour lui entre un Elan de vie et un don.

Arnaud Desjardins  (décédé en 2010) donne au sacré 3 mots, Paix, Amour et Sagesse. Il nous explique que la grande chance de sa vie est d’avoir pu rencontrer des Maîtres spirituels  comme Prâjnanpad, Mâ Amritânanda, des maîtres soufi ou zen. Il nous parle longuement du sens sacré de la tradition dans notre quotidien comment le cerner et comment s’en servir.

 

Cheikh Khaled Bentounes, maître soufi et responsable de la confrérie Alâwiyya, développe l’Homme universel et ce chemin de la primordialité où l’humanité a trouvé un sens  et une espérance dans son présent et son futur grâce à la découverte de la spiritualité.

 

Roland Rech en tant que moine zen fut très proche du maître Taisen Deshimaru, il nous parle de la voie du Zen et de la méditation à la voie éveillée.

 

Jacques Salomé, formateur en relations humaines enseigne la responsabilisation en étant créatif dans nos relations. Il nous donne des modes d’emploi et des directions tant au point de vue relationnel avec les autres qu’avec  nous-même. En chacun de nous sommeille un enfant-Bouddha.

 

Jean Letschert est resté 15 ans en Inde, il nous  explique la non dualité,  la réconciliation des contraires et la pratique de l’Art sacré comme voie d’éveil.

 

Stan Rougier, prêtre chrétien est un homme de conviction et de cœur, il s’occupe des jeunes et porte un regard d’espoir sur ce qui l’entoure. Il est œcuménique et participe à des colloques interreligieux, il met en avant la spiritualité et le sacré dans notre quotidien.

 

Faouzi Skali, est l’organisateur annuel des rencontres-festival de Fès (Maroc) sur les musiques sacrées soufies et traditionnelles. Il développe la dimension sacrée de ces communications.

 

Lama Denys Teundroup est le fils spirituel de Kalou Rimpoche, un des plus grands maîtres bouddhistes contemporains, lequel a autorisé Denys à enseigner et transmettre la tradition bouddhiste. Avant de répondre sur le sens du sacré de la vie, Denys pose des questions et affirme qu’il est important d’apprécier la valeur de la situation dans laquelle nous sommes, de prendre conscience des capacités et du potentiel dont nous sommes dotés, après ces évaluations, alors nous pourrons passer à l’étude du sacré dans toutes ses composantes.

Paule Salomon nous parle du gai savoir, pour elle le sacré s’éprouve, il n’a pas besoin de parole, le sacré est de l’ordre du présent, de l’instant, du vécu, c’est du gai savoir.

 

Annick de Souzenelle pose la question : Qu’est-ce que l’Homme ? Où est le sacré ? Bien sur le sacré est à rechercher au fond de nous-même, mais l’ambiance extérieure favorise l’éclosion du sacré surtout si on reste dans la Tradition en respectant les traditions.

 

M.M. Davy clôture ces entretiens, pour elle, l’essentiel est de comprendre que le sacré s’apparente au mystère, or le mystère est difficile à approcher, la nature, le silence et le non-dire enveloppent et véhiculent le sacré. La mise en condition et la mise en conformité de son être est primordial si on veut approcher  sans illusion ce grand mystère.

 

LE  SACRIFICE  DANS TOUS SES  ÉTATS

DIVERS  AUTEURS

ÉDITION  ARCADIA

 2007

Etymologiquement, sacrifice vient de « Rendre sacré, ou faire sacré »

 

Pour avoir une communion intime avec Dieu, il faut l’absorber, comme le suggère l’ange de l’Apocalypse en absorbant le Livre. Le démembrement ou le meurtre rituel du « Roi » dont le sang régénère toute la nature a été pratiqué dans toutes les civilisations et répond au même symbolisme que l’absorption des aliments qui peuvent représenter le corps de la divinité : le blé donnant le pain et le vin, sang de la vigne sont la base de la consécration de l’hostie. Il apparaît à l’origine que le sacrifice humain soit destiné à prévenir l’échec des récoltes, et qu’il remédie à la stérilité de la terre. Il y a toujours alliance entre l’homme et Dieu. C’est ainsi que les Aztèques pratiquaient les sacrifices humains, rendu consentant par les victimes, qui ainsi honoraient le Dieu-Soleil, il y avait alors consécration et sanctification.

 

Plusieurs interprétations ou niveaux de lecture peuvent être dégagés de cette notion du sacrifice, suivant les périodes, les lieux, les civilisations et les rites profanes ou spirituels.

 

Les premiers sacrifices mentionnés par le Bible, sont ceux d’Abel et Caïn, puis par Noé et par tous les Patriarches. Le plus connu est celui d’Abraham qui obéissant à Dieu va sacrifier son fils Isaac (pour les juifs) ou Ismaël (pour les musulmans). Pour le judaïsme, le sacrifice est très important car il renouvelle à chaque fois l’Alliance avec Dieu, à travers des offrandes expiatoires ou sacrificielles. On peut ainsi classer les sacrifices en trois grandes catégories : 1/ Les sacrifices offerts en signe de soumission à Dieu. 2/ Ceux qui le sont en signe d’action de grâces. 3/ Ceux qui le sont en signe de repenti pour une faute commise volontairement, soit par négligence, soit par inadvertance.

 

Tout un chapitre est consacré aux divers sacrifices anciens, tel  que les sacrifices des animaux, les sacrifices humains, la typologie des sacrifices, la profanation, l’espace sacré, le martyre.

 

G. Fleury, nous raconte en détail le sacrifice d’Isaac, et ses répercussions sur le futur, puisque c’est à partir de ce sacrifice, arrêté par la main de l’ange, que les sacrifices humains seront interdits ou du moins n’auront plus lieu d’être et seront remplacés par des offrandes.

 

Alain Chaize nous explique la liturgie juive qui a remplacé ces sacrifices d’expiation par des prières et offrandes.

 

Jacques Chaumelle nous emmène chez les Scandinaves, et nous raconte comment et pourquoi certains demi-dieux, se sont sacrifiés, comme par exemple Tyr (dieu solaire) qui va sacrifier son bras dans la gueule du loup Fenrir, pour sauver les hommes, c’est la lutte entre les forces maléfiques du désordre (le loup Fenrir) et les forces bénéfiques de l’Ordre (Tyr). Puis on passe à l’épopée d’Odin, ce fils d’Yggdrasill qui voulant donner la connaissance aux hommes, est d’abord refusé par les grands dieux (les Ases) mais accepté par les gardiennes des Portes (les Normes), mais en compensation de cette connaissance, Odin, devra accepter de se sacrifier, d’abord il devra subir une épreuve qui touchera son intégrité physique ( il se plongera le visage dans de la glace et perdra ainsi un œil), puis il devra être pendu par les pieds (devenant ainsi un des grands boiteux du panthéon de ceux qui ont reçu cette mutilation initiatique)à un arbre durant 9 jours. Odin accepte et ainsi les hommes bénéficieront de la connaissance des Ases, à travers l’alphabet runique.

 

Jean Beauchard, auteur de livres et de tarots maçonniques et alchimiques, nous explique pourquoi la 12e lame du tarot (le pendu) est une lame très importante dans toute démarche initiatique, avec cette notion de retournement, et de non-attachement. Ce chiffre 12 qui est celui des épreuves (12 travaux d’Hercule) représente aussi une fin de cycle par la dématérialisation et le renouveau annoncé. Ce retournement qui est la perte de son mauvais égo, de son mental, de ses passions et illusions, c'est-à-dire la démarche type de toute progression spirituelle métaphysique.

 

Christian Polin explique la notion du sacrifice dans la démarche maçonnique depuis le 1e degré jusqu’au grade de Rose+Croix. Enfin Francis Bouquillon développe les images et concept du sacrifice dans les sciences sacrées, c'est-à-dire dans la Tradition.

 

Le sceau de salomon  - Aujourd’hui – Clef du grand oeuvre

servranx & Collaborateurs

Edition servranx

 1997

Le sceau de Salomon figure sur des vestiges hébraïques très anciens et son origine semble bien remonter à Salomon, ce grand roi d’Israël dont la Bible et les traditions islamiques s’accordent à vanter la richesse et la gloire.

 

La légende rapporte que, par son célèbre sceau, Salomon avait tout pouvoir sur les esprits de l’Enfer. Si l’on considère les effets qu’on en obtient aujourd’hui, ces esprits de l’Enfer correspondraient (curieuse analogie), aux maladies, aux influences nocives, aux ennemis cachés et surtout aux manifestations de l’envoûtement.

 

S’il est bien plus ancien que les travaux des cabalistes et alchimistes, il revient à ces philosophes d’en avoir retrouvé le symbolisme : ce serait une clef du Grand-Oeuvre, rappelant que l’homme a le pouvoir de multiplier, créer, muter les éléments, en vertu de cet axiome hermétique : 

 

«  Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ». Le Haut étant la force créatrice, principe originel, le bas étant le plan humain de la manifestation.

Au sommaire de cet ouvrage de 70 pages,  dense et fort bien fait :

Le sceau de Salomon  -  Exdocin  -  Origine du symbolisme  - Tracé du sceau de Salomon  -  Parmi les tracés de base, un seul est traditionnel  -  Le sceau de Salomon et les couleurs émises  -  couleur traditionnelle du sceau de Salomon  -  comment agit le sceau de Salomon et quel parti peut-on en tirer ?  -  principales applications  -   Expérimentations et résultats  -  un curieux cas de revitalisation  -  figures émettrices d’ondes  -  un témoignage très important en faveur des dispositifs d’action à distance  -

 

LE  SCEAU DE SALOMON   .  SECRET PERDU DE LA BIBLE

JANIK    PILET

Edition  TRAFFORD

 2005

Partant de l’idée très simple que le premier texte de la bible – le récit de la création en six jours – décrit  géométriquement et mot à mot une représentation  symbolique de l’univers, J.Pillet  nous invite à travers cet essai de le suivre dans toutes les étapes de cette reconstruction  du monde.

 

Le résultat est une figure  étonnamment  équilibrée, qui semble bien être le mythique Sceau de Salomon tel qu’il a pu être réservé aux initiés .L’empreinte du Sceau de Salomon se retrouve dans d’autres textes de l’ancien  et du nouveau testament, comme la vision d’Ezéchiel et l’Apocalypse en particulier.

 

L’auteur va  nous entrainer à la recherche des origines de cette technique d’inspiration spirituelle plusieurs fois oubliée et plusieurs fois retrouvée au cours des âges. Les peuples de l’Indus, les astrologues chaldéens, Salomon, Ezéchiel, Esdras, Saint Jean, Saint Luc, les alchimistes du moyen-âge,  et ceux des 17e, 18e, et 19e siècles jalonnent ce parcours.

 

L’auteur avec les signes du Zodiaque, les quatre éléments, les planètes et les 12 tribus d’Israël, explique le symbolisme de l’évangile de Jean et de l’Apocalypse à travers  le Sceau  de Salomon.

 

LES   CINQ  POINTS  PARFAITS  DE  LA  MAÎTRISE

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2004

Important dossier  sur cette symbolique fondamentale de la Franc- Maçonnerie. Divers auteurs donnent leur perception de cette clé de base : L. Delecour, Claude Gagne, Laurent Bastard, A.M Lefebvre, Roger Brochiéro et d’autres.

 

Accessible à l’homme le concept même de fraternité, d’amour. Voilà la source de l’accomplissement de l’homme dans la perfection. C’est une unité qui se manifeste par un rapprochement de deux frères qui forment un axe unissant la terre et le ciel et faisant circuler une énergie. C’est le Deux qui devient Un. Pour éveiller les points, il y a deux frères. La démarche n’est pas solitaire. Il y a échange par une approche physique, intime, harmonique et symbolique. Il y a résonance de deux êtres, de celui qui n’est pas moi mais devient Soi.

 

Il est utile de resituer ce geste dans le rituel car il est rarement pratiqué. A l’exaltation au troisième degré, le Passé-Maître soulève le nouveau Maître, le Vénérable Maître le tire vers lui en empoignant son bras gauche, la coudée, et accomplit les Points Parfaits. C’est donc un contact particulier entre le Vénérable Maître (le Maître accompli qui représente la totalité de la loge) et le nouveau Maître tout frais sorti de son cocon. Le cycle de transmutation est achevé. Il se passe une transmission ou une consécration du cœur du grade. Il y a intégration dans la Chambre du Milieu, dans l’Unité.

 

Alors le secret de la construction harmonieuse d’un édifice se transmet, et les clefs de la manifestation restent connues ici-bas. En effet, la canne du Maître d’œuvre porte les cinq mesures de construction, toutes en proportion selon le Nombre d’Or.

Ces mesures sont liées au corps : la paume, la palme, l’empan, le pied, la coudée. Elles sont mises en œuvre par l’accomplissement du geste rituel car il faut remarquer que les distances entre le cœur et l’oreille, le pied et le genou, le genou et le cœur sont en rapport du Nombre d’Or ; et la main contient les trois premières mesures de la canne. La partie manquante du corps du Maître était peut-être la canne qui est ainsi reconstituée par l’axe autour duquel s’enroulent les deux frères ; elle équivaudrait au phallus d’Osiris, organe de création qu’Isis n'avait pu récupérer.

Dans certains rituels maçonniques, cet acte se pratique aussi entre le Vénérable Maître et les Surveillants. Il existait déjà en Egypte ancienne ce qui montre la permanence dans la transmission initiatique. Notamment on voit des représentations entre Pharaon et le Principe divin où les deux ont même visage, ce qui souligne l’identité qui se réalise.  Ce geste est alchimique, comme dans le Rebis alchimique où il y a reconstitution de l’unité du Roi et de la Reine. Il y a réunion des deux polarités qui créent l’unité. Par conséquent deux Maîtres qui se rencontrent, se reconnaissent par ces cinq points par lesquels ils ne peuvent plus se détacher l’un de l'autre ; l’unité physique est indestructible. Tel est le mystère de la réunion indissoluble.

 

Selon le pilier Force, l’aspect dynamique, les points sont corporellement localisés par l’Art du trait. Ils sont la transmission d’un tracé et animent les êtres. Ils ne sont pas anodins mais ne correspondent pas à des chakras. Il y a mise en avant de cinq fonctions vitales qui sont l’expression de la vie. « L’oreille à oreille » est la naissance à la vraie vie par l’échange des souffles. Le « cœur à cœur » est une jonction dans l’intimité de l’être, et la manifestation de l’amour fraternel par le cœur-conscience. Le « genou à genou » est la coordination d’un mouvement commun autour d’un pivot, centre générateur de l’initiation. Par le « pied à pied », on est destiné à l’autre, et la voie se révèle avec d’autant plus de force que par le pied on est en contact avec la Terre-Mère. Le « main à main » est une griffe qui manifeste le croisement des énergies.

 

Selon l’aspect Harmonie, celui de la réalisation dans le manifesté, les points sont cinq, Nombre de l’Harmonie qui unit tous les plans. Telle est la rose initiatique. Cependant, ce geste ne peut pas se faire avec un Compagnon, bien qu’il apprenne à maîtriser ce Nombre. Toute étape unissant des frères, si elle n’est pas bien vécue, ne permet pas le retour à l’unité. Au troisième degré, le cheminement est sans contingence ni contrainte, car le Maître est connaissant des Grands Mystères.

 

Ce geste est fort et pourtant souvent mal vécu, avec beaucoup de retenue dans le contact physique, ce qui en empêche l’expression énergétique. Mais l’emprise physique est indissociable de l’emprise spirituelle. L’équilibre corps-âme-esprit doit rendre ces trois plans de l’être indissociables par un contact à la fois physique, mental et spirituel. 


La symbolique du chiffre 5 est développé, les références à l’ancien testament avec Noé et les diverses résurrections, la guilbrette, les symboliques du genou, du cœur, de la main, du pied, de l’épaule. La maçonnerie de Samuel Prichard, Moabon, les 5 points d’acupuncture, des cinq points parfaits aux cinq plaies du Christ


Des références à Saint Augustin, aux mythes fondateurs de Isis et Osiris, à Caïn, à Remus et Romulus, à l’histoire des quatre frères Aymon et la légende de Renault de Montauban, la légende de Maître Jacques est racontée par le compagnon Agricol Perdiguier. Philibert de l’Orme à qui l’on attribue l’appellation de Grand Architecte a représenté la Jérusalem terrestre, par un carré centré.

Dans son discours de 1736 le Chevalier Michel de Ramsay reprendra les constitutions d’Anderson et affirmera que Noé est un des patriarches fondateurs de la F.M.

 

LES CINQ POINTS PARFAITS DE LA MAÎTRISEOU LA RÉSURRECTION SYMBOLIQUE   -        N°  42  -

Percy  John Harvey

ÉDITION  MAISON  DE  VIE

 2011

Lors de l’élévation au grade de Maître Maçon, moment essentiel de l’initiation, un rite surprenant est pratiqué : la mise en œuvre des « cinq points parfaits de la maîtrise », liée à une résurrection symbolique qui s’inscrit dans une longue tradition que décrypte l’auteur. En s’éveillant à la réalité spirituelle, le récipiendaire revit la légende d’Hiram et en découvre la véritable signification. Du mythe osirien à la présence alchimique de « l’homme debout », cet ouvrage approfondit la vaste symbolique des « points parfaits » à l’aide d’une très abondante iconographie, qui anime le livre.

 

Maître Hiram, notre modèle de conduite, a été abattu en affrontant les trois plus grands ennemis de la Franc-maçonnerie. Notre héros mythique gît sous l’Acacia, symbole de régénération, ce qui nous indique que nous sommes prêts pour une nouvelle transformation. Symboliquement nous sommes au fond de nous-mêmes au centre d’une mort dynamique et une nouvelle forme de vie nous attend… Mais nous ne pouvons pas nous mettre sur la voie par nous-mêmes. La chair a quitté les os, tout se désuni, et le squelette ne peut pas se relever tout seul. Le V.M., aidé par deux frères, relève le cadavre par les 5 points parfaits de la maîtrise. La posture finale scelle une alliance entre deux êtres qui n’en font plus qu’UN : le V.M. et le frère qui représente Hiram. Le nouveau Maître est encore faible. Seule la vie végétative est présente en lui. L’esprit est encore engourdi et pour le réveiller des paroles de Vie sont prononcées.

 

Le Mémento du Maître nous dit : « Question : Quelles sont les véritables marques (les traits distinctifs) d’un Maître ? » « Réponse : La Parole et les cinq points parfaits de la maîtrise ». Je crois que ceci permet d’affirmer que les Cinq Points Parfaits et la communication du mot substitué forment un tout : le Relèvement ! D’autre part si nous considérons que le nouveau Maître ne reste pas dans la mort, le Rituel semble nous indiquer que la légende d’Hiram est composée par deux phases indissociables : la Mort et le Relèvement. Notre rituel nous dit : « …Hiram renaît ainsi dans ses disciples et, en particulier, dans le Maître nouvellement initié… » Le nouveau Maître est debout maintenant et un homme debout est symbolisé par le nombre UN. Le Nombre UN est un symbole unificateur : il tend à unifier les contraires et à réaliser une synthèse des opposés. Le nouveau Maître régénéré est alors censé être capable d’accomplir en lui l’harmonie, l’équilibre et la cohabitation des contraires. Il peut se placer, donc, au Centre de l’Union, et travailler à réunir ce qui est épars. Pour moi mes frères, à ce moment-là, le nouveau Maître se trouve dans le point qui constitue le centre du cercle. Le point où se rejoignent tous les processus de retour et de convergence de recherche l’unité. Quand on parle d’unité je pense ce soir aux deux aspects de la dynamique qui est au centre de nous-mêmes en tant que Francs-Maçons la Mort Initiatique et la Vie Initiatique. Je vois, aussi, notre jeune Maître au centre d’une croix, dont chaque branche a deux dimensions : A la verticale : une dimension intellectuelle et une dimension spirituelle. A l’horizontale une dimension philosophique et une dimension social.

 

La philosophie est bien plus qu’un discours théorique. Comme dans la Grèce classique  la philosophie a un aspect vital, existentiel et que c’est un mode de vie. Ainsi sur le plan du Niveau le Franc-maçon a un rôle en société. Dans ce rôle il est censé être animé par la Lumière qui éclaire le Temple. Dans cette dimension horizontale je distingue aussi deux cercles. Un premier constitué par la famille, les amis et la Franc-maçonnerie. Le deuxième formé par l’activité au niveau professionnel, associatif et politique. Chaque frère choisi librement s’il agit dans les deux cercles ou s’il préfère le plus restreint. Celui de la cité n’attire pas forcement tous les Francs-Maçons. Le travail à la Perpendiculaire, d’autre part, implique une activité en vue de notre transformation. Les rituels du premier et du deuxième degré nous indiquent l’ensemble d’exercices moraux et intellectuels à suivre en vue de notre perfectionnement en tant qu’Initiés Francs-Maçons.

 

Lors de l’Initiation au premier degré les épreuves nous indiquent que les préjuges profanes doivent cesser d’animer notre intellect et que nous sommes censés acquérir des nouvelles habitudes morales, des nouvelles connaissances et renforcer notre volonté. Puis, en tant que Compagnon cette dimension intellectuelle est approfondie par les sujets de méditation des 5 voyages et par le renforcement de notre capacité à : donner à notre raisonnement une limite, à ramener les faits à leurs proportions réelles, à donner aux mots leurs sens propre, à donner aux rapports entre les choses une mesure et enfin à considérer toutes les choses en leur relativité. (Plantagenêt) Dans le troisième degré nous rencontrons les 5 points parfaits de la maîtrise. Le nombre 5 évoque l’homme accompli, ainsi les cinq points sont « parfaits » parce qu’ils unissent la nature humaine et la nature spirituelle du nouveau Maître. Les cinq points peuvent symboliser aussi ce qui permet, aux Maîtres Francs-Maçons, l’articulation à la force qui anime l’Univers et qui nous transcende.

 

Ce qui nous transcende et la spiritualité dont je vous parle, mes frères, est à faire en dehors de tout contexte ecclésiastique. Religion vient du latin unir, relier. Le sentiment d’union vient du cœur de l’Homme. L’être humain cherche à comprendre et à connaître ce qui le relie à toutes les espèces vivantes et à la création, car il a compris que tout ce qui l’entoure vit et meure comme lui. Dans nos Rituels dans le travail à la Perpendiculaire, la spiritualité est présente au premier degré avec la Mort symbolique au monde profane et au deuxième degré avec le symbolisme de la lettre G. Pour moi, « la spiritualité » est la mise en action de la partie immatérielle de l’être humain. C’est l’activité de l’ensemble de nos facultés psychiques et intellectuelles. Par conséquent, je considère que la spiritualité d’un Franc-maçon ne peut pas être circonscrite seulement à ce qui est de l’ordre de l’âme en tant que principe immortel subsistant après la mort.

 

La spiritualité d’un Franc-maçon peut être considérée comme humaniste, car nous sommes engagés dans la recherche de la vérité et de la moralité par l'intermédiaire des moyens humains et en solidarité avec l'humanité. La spiritualité maçonnique soutient une morale universelle fondée sur la communauté de la condition humaine. Enfin, elle nous suggère aussi que les solutions aux problèmes sociaux et culturels sont de caractère humain et ne doivent pas être égoïstes. Pour moi un Maître Franc-maçon doit chercher à se dépasser et je trouve, là, le lien avec la transcendance. « La transcendance », est quelque chose de plus qu’un simple phénomène de notre conscience. Elle est ce qui dépasse le subjectif dans notre Conscience. Elle est l’objet vers lequel la Conscience entreprend l’action de faire mieux qu’à l’ordinaire. La transcendance est dans le Vivant et elle est, donc, accessible à l’Homme. Pour moi c’est l’Etoile Flamboyante que nous sommes censés guetter et trouver dans notre propre vie. Et, en tant que Maîtres au centre du cercle. D’autre part, je pense que l’immanence est aussi une dimension humaine et donc liée à la transcendance dans l’Homme. C’est pourquoi je crois que la voie initiatique de la Franc-maçonneries nous permet de trouver le chemin vers la Connaissance qui est immanente en nous. Je crois, aussi, trouver là un des buts de la pratique de nos rituels : la découverte, en nous-mêmes, de ces deux dimensions, sans que cela implique nécessairement l'adhésion à un corpus de croyances religieuses-ecclésiastiques. Par conséquent, je crois que nous pouvons considérer la spiritualité maçonnique comme transcendante et humaniste : sans dogmes ni cultes mais uniquement des règles morales. Nous sommes des laïques ayant pris leur spiritualité en main.

 

Quand le Compagnon frappe à la porte de la Chambre du Milieu il entre dans un lieu de tristesse et il trouble les Maîtres dans leur deuil. Après le Relèvement la Lumière revient, la douleur des Maîtres s’estompe et le Temple devient resplendissant. Hiram est régénéré dans le nouveau Maître. Pour moi ceci symbolise le travail spirituel à mettre en route au centre de nous-même. Et nous trouvons le 1er des 5 points parfaits : le pied droit avancé, symbole de la marche vers un but unique. Je pense qu’à partir du 3ème degré la voie spirituelle est inévitable pour le Maître Franc-maçon qui veut continuer à développer cette dimension de sa Conscience. La Conscience en tant que force qui permet l’intégration de tous les éléments et structures physiques et psychiques de l’existence de l’être humain. En développant notre Conscience nous pouvons harmoniser non seulement le corps et l’esprit mais aussi les différentes facultés de l’esprit et par conséquent l’immanence et la transcendance présentes dans l’être humain. Sans Loge il n’y a pas de Travail maçonnique, le nouveau chemin qui se présente au nouveau Maître est favorisé par la réflexion collective en Loge en alliance avec nos frères. Nous rencontrons, maintenant, deux autres points parfaits : Le 3ème point parfait : Les mains droites entrelacées, symbole de l’union nos efforts qui tendent vers le même but. Et, le 5ème point : La main gauche sur l’épaule droite qui symbolise l’entraide dans la recherche de la Vérité. Ce chemin ne reste pas moins une voie personnelle, intérieure, silencieuse et nous voilà toujours en plein dans le Secret maçonnique.

 

Cette voie secrète n’est constituée que par l’éphémère empreint de notre navigation dans l’océan de notre Conscience. Mais à force de persévérance le sens spirituel de la Tradition progressivement finira peut-être par se dévoiler au Maître Franc-maçon. Et, le 2ème point nous apparaît: Le genou droit plié symbole du culte du travail. Mais il s’agit de l’hommage au travail initiatique c'est-à-dire sans la moindre intention d’obtenir une récompense. Cette voie où nous partons à la recherche des choses derrière les formes et au-delà des apparences je crois qu’elle s’accompli dans l’action et la morale et c’est la recherche de la raison d’être de notre Existence. Enfin, le symbole du 4ème point parfait de la maîtrise se présente à nous : Nos poitrines se touchent et nous partageons nos sentiments à travers nos cœurs spirituels. Ainsi, avec le renforcement de la spiritualité, structure de notre Conscience, animée par des valeurs personnelles et maçonniques ; avec la solidité et la force minérale de la pierre cubique ; placés au centre de nous-mêmes et au centre de l’Union nous pourrons, en tant que Maîtres Francs-Maçons, donner un dynamisme « autre » à notre comportement en Loge à notre agir à l’extérieur du Temple et à notre modeste contribution personnelle «…au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité ».

 

Est développé dans cet ouvrage :

L’imaginaire de la mort et de la résurrection, la putréfaction, la seconde naissance initiatique et la première mort allégorique, de la porte basse  à la porte étroite, la légende d’Hiram avec des extraits et des rappels, l’explication de la légende d’Hiram d’après le Régulateur du maçon ( 1801)et le Guide des maçons Ecossais (1890) , le relèvement et la résurrection, les énergies, la patte de lion ou la griffe de maître, les cinq points parfaits du compagnonnage appelé guilbrette,  les cahiers de 1829, les points suivants : la joue, la griffe, la main sur l’épaule, la poitrine, le genou, le pied, et le mot. L’étoile flamboyante. La verticalité de l’Homme debout.

 

Les deux grandes colonnes de la franc-maçonnerie

René DÉSAGULIERS

Edition  DERVY

 1997

Ornant l’entrée de toutes les Loges, les deux grandes colonnes du Temple du Salomon, et avant elles les deux Colonnes du Déluge, sont les plus anciens symboles de la tradition et de la mythologie maçonnique.


Au fil du temps, elles ont donné lieu à des exégèses parfois étranges, et souvent fort éloignées de leurs sources premières.


Appliquant sa méthode de redécouverte rigoureuse des textes fondateurs, René Désaguliers permet au lecteur de décrypter à son tour le message des Colonnes.


Publiée en 1961, la première édition de cet ouvrage, qui souleva un vif intérêt, était depuis longtemps épuisée et devenue introuvable. Cette troisième édition, enrichie de nouvelles références et de nouvelles découvertes historiques, poursuit une recherche commencée il y a plus de trente ans.

 

LES DEUX COLONNES DU TEMPLE

Divers Auteurs

Bibliothèque  ARCADIA

 2009

Le temple maçonnique est construit suivant le plan supposé du Temple que le Roi Salomon fit élever à Jérusalem. L’édifice salomonien constitue, dans la tradition maçonnique, la représentation idéale, autant qu’idéalisée du temple de l’univers et du temple de l’humanité.

 

Dans la logique de la filiation proclamée, les deux colonnes placées à l’entrée du temple, ont reçu les noms des deux colonnes d’airain dressées dans le portique du temple de Jérusalem. Les noms de ces deux colonnes sont cités dans la Bible, au livre des Rois et au livre des Chroniques. Le livre des Rois dit « Il dressa les colonnes dans le portique du temple, il dressa la colonne de droite et la nomma Jakin ; puis il dressa la colonne de gauche et la nomma Boaz » (I, Rois, 7,21)

 

Guy Trévoux (L’origine des rites et des symboles maçonniques) dans une sorte d’enquête policière, part à la recherche du mystère Salomon-Hiram et se demande comment et pourquoi Salomon et son grand Prêtre ont accepté le projet du bronzier phénicien Hiram, qui apparemment ne rentrait pas dans le cadre des croyances du peuple des douze tribus. Malgré un coût exorbitant à tous les niveaux et les faibles ressources de Salomon, va s’édifier une construction gigantesque et coûteuse. Il se demande pourquoi ces colonnes qui ne supportaient rien furent construites et pourquoi ces noms.
 

Guy Piau compare les colonnes du temple dans la tradition alchimique et dans la tradition maçonnique

Jean Ursin à travers un « entretien sous l’acacia 2 » se pose des questions quant aux couleurs de ces colonnes, l’une aurait été rouge (couleur du bronze) et l’autre blanche (couleur du marbre). Couleurs qui font référence aux couronnes des Pharaons, il nous raconte que près de la vallée des Rois était un village –Deir en Medineh- qui durant la construction des tombes royales était inaccessible car possédant le secret de fabrication des mastabas et tombes royales. Ce que l’on sait c’est que 2 équipes se relayaient, l’une en rouge appelée équipe du nord et l’autre en blanc, l’équipe du sud, selon l’auteur ces deux équipes étaient comme les deux colonnes d’un temple.

 

Eric Geoffroy (Sources bibliques et hébraïques) développe l’orientation des deux colonnes J et B. Le temple était orienté est/ouest, course apparente du soleil de son lever à son coucher. Ainsi au solstice d’été, le soleil levant éclairait le « Saint des Saints ». Pour les colonnes les textes disent « la porte de la maison est vers le levant », le problème dans l’orientation est de savoir où est placé celui qui dit « à gauche Boaz, à droite Jakin » était-il face aux colonnes ou face à l’est, à l’intérieur ou à l’extérieur ? Aucun documents ne le disant, il faut se résigner à des suppositions et à échafauder des théories.

Richard Khaitzine (De la parole perdue à la parole voilée) est sceptique quant à la construction de ces colonnes, il pense plutôt à une fiction littéraire. Pour lui ces deux colonnes représentent celles du Temple de la Nature, celui dont le Christ dit « Détruisez le et je le rebâtirais en trois jours » Ce temple-là qualifié de Nature, c’est celui qui meurt après le solstice d’été et commence à renaître avec le solstice d’hiver. La position des colonnes lui pose également problème, mais les théories qu’il développe sont plausibles.

 

Emile H. Ouaknine nous transporte sur le Mont Sinaï et l’Alliance avec Moïse, puis sur le Mont Thabor avec le témoignage des apôtres (Pierre, Jacques et Jean) lors de la transfiguration de Jésus. Il rapproche Moïse et Jésus de Boaz et Jakin.

 

Eliphas Levi (Abbé Constant) dans son ouvrage Dogme et rituel explique pourquoi ces deux colonnes sont antagonistes et complémentaires à la fois, en développant son argumentaire à travers la Kabbale, Malkut et Kether, positif et négatif, principe actif et passif qui se réunissent avec la Sagesse. Satan et Michael sont nécessaires et complémentaires.

 

I. Mainguy décortique ces deux colonnes, parle des inversions, de la décoration générale avec les grenades, symbole végétal représentant la fraternité mais aussi les possibilités infinies de la vie, sa fécondité et son renouvellement. Les noms de ces colonnes rejoint le mot du maçon indiqué dans tous les textes fondateurs et dont le manuscrit d’Edimbourg (1696) mentionne la plus ancienne présence des mots J et B comme formant les deux parties indissociables du mot du maçon. Ces colonnes délimitent également non seulement l’entrée du temple mais la porte basse ou étroite, rappel du nouveau testament.

 

les deux colonnes & la porte du temple    -     N°  12       -

F. figeac

Edition  MAISON DE VIE

2004

Dans la tradition des bâtisseurs, un temple est comme une porte s’ouvrant sur le mystère, la porte extérieure résumant l’enseignement du domaine sacré auquel elle donne accès. Il en va de même dans la tradition maçonnique qui a adopté une formulation, très épurée, essentiellement géométrique, de la porte du Temple.


Les deux colonnes font partie intégrante de cette formulation. Leur champ symbolique s’étend bien au-delà de celui auquel on se cantonne trop souvent : celui du temple de Salomon.


Des bétyles orientaux aux obélisques égyptiens, des colonnes hermétiques à celles d’Hercule, des stèles de l’Antiquité au mot de Maçon de la tradition opérative écossaise, plusieurs sources s’entremêlent sans se confondre pour mieux percevoir la raison d’être de leur présence dans le Temple maçonnique et la dynamique du passage qu’elles recèlent.



Y sont développés : les portes, les grenades, les colonnes, l’éveil, le gardien du seuil, les portes solsticiales, les obélisques.

 

les deux St jean et la chevalerie templiÈre

J. chopitel & c. gobry

Edition le mercure dauphinois

 2000

Les deux St Jean sont descendants d David, premier chevalier du monde judéo-chrétien et vainqueur de Goliath. Ils sont, à ce titre, chevaliers. Dans son Apocalypse, l’évangéliste apparait d’ailleurs comme le chevalier parfait, voué à la défense de la Vérité et de la justice. L’idéal des fondateurs de la chevalerie templière au Moyen Âge reposait sur le principe de la chevalerie immémoriale, aussi se considéraient-ils comme responsables de leur temple intérieur bien plus que gardiens du Temple et de la Terre Sainte.

 

Leur consécration aux deux saint Jean – que l’on retrouve d’ailleurs chez les compagnons au rite d’York – témoigne de la qualité de leur aspiration, qu’une filiation de chevaliers d’origines et de noms divers continue à transmettre et à défendre sans relâche.

 

L'histoire "officielle" a retenu qu'au lendemain de la première Croisade (1118), 9 chevaliers du Nord-Est de la France et de Flandres se retrouvent en Terre Sainte et créent l'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ. Ils avaient pour nom Hugues de Payns, Geoffroy Bisol, Payen de Montdidier, André de Montbard, Godefroy de St-Omer, Rosal, Archambaud de St-Amand, Godemar et Geoffroy.


Leur mission (autorisée par le roi Baudoin II de Jérusalem) était la mise en place d'une troupe permanente qui, sous la forme d'un ordre à la fois militaire et religieux garantirait la défense de la ville sainte ; ils assureraient également la sécurité des pèlerins. On leur octroya un terrain situé sur les ruines du Temple de Salomon. C’est pourquoi on les appelle les Chevaliers du Temple...

En 1127, le pape Honoré II convoque un concile à Troyes qui consacrera l'existence officielle de l'Ordre et surtout, qui lui assurera une indépendance totale, morale et financière, par rapport aux souverains temporels en Europe. Les Templiers ne rendent compte de leurs agissements qu'au Pape...Ce Concile leur donnera également une règle fixant leur mode de vie, leur hiérarchie et qui installe un nouveau concept, celui de « Moine-Soldat ». Ils faisaient vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, et devaient vivre d'aumônes. A partir du Concile de Troyes, les Templiers bénéficient d'un courant de grande sympathie, bénéficiant du sentiment de piété qui portait les familles à soutenir Croisades et pèlerinages. Les dons affluent, en argent, en terres, en cadets de famille pour lesquels l'aventure en Terre est plus attrayante que la vie monastique...Un rôle essentiel de l’ordre du templier était la santé des pèlerins. En face du Saint Sépulcre, ils s'activaient auprès des blessés. Il fut créé le quartier des hospitaliers de St Jean.

 

L'idée des Templiers était aussi de fédérer les divers royaumes européens sous la suzeraineté d'une haute autorité détenant un pouvoir moral et matériel lui permettant d'arbitrer les conflits avant qu'ils ne se déclarent et de maintenir une paix universelle profitable à tous les peuples chrétiens, juifs et musulmans... En Orient, le Temple ne néglige pas les accords avec les soit disant « infidèles », protégeant même des peuplades musulmanes dont ils reçoivent le tribut. Il traite directement avec les Sultans et les Emirs sans en référer au Roi ni au Patriarche de Jérusalem. Ils sont souvent entraînés dans des ruptures de trêves qu'ils ne souhaitent pas, par des « croisés » qui, une fois repartis, leur laissent le poids de la guerre. Il faut donc visiblement (selon les historiens) bien différencier la violence des croisades avec l’action des templiers. Les croisades étaient des campagnes militaires prêchées au nom de la libération de Jérusalem contre l’occupation par les arabes musulmans. La croisade était en quelque sorte une guerre sainte fanatique. Toutes les actions des croisés ne furent pas héroïques, loin de là. Ils commirent des atrocités non seulement contre les musulmans mais aussi contre les juifs et les chrétiens. Par exemple la quatrième croisade n'arriva jamais jusqu'à la Palestine, mais au lieu de cela elle mit à sac Constantinople, la capitale de l'empire byzantin chrétien. Beaucoup de reliques et d'objets volés à Constantinople sont encore au Vatican et ailleurs.

 

Après la chute du royaume de Jérusalem (1187), ils se retirèrent à St-Jean-d ‘Acre et après la prise de cette dernière place par les Arabes (1291), à Limisse (Limassol) à Chypre; puis ils se répandirent par toute l'Europe, et y augmentèrent infiniment, avec leur réputation de bravoure, leur puissance et leurs richesses : il y eut un moment où ils comptèrent 15 000 membres, tous revêtus du fameux manteau blanc frappé de la croix rouge sang, chargés de la défense des places fortes. Mais à plusieurs reprises, les templiers sont dénoncés pour avoir pactisé avec les musulmans, et accusés de la défaite finale des croisés.
Les Templiers se révélèrent rapidement en avance sur leur temps. Au plan financier notamment. En ces époques troublées, les routes étaient peu sûres. Quiconque s'aventurait avec son or n'était pas assuré d'arriver à destination sans être dévalisé. Les Templiers révolutionnèrent leur époque en instituant la lettre de change. Dans les régions où ils étaient implantés, il suffisait au voyageur de se rendre dans une Commanderie, d'y déposer son argent contre un reçu. Au passage un pourcentage était prélevé. Mais les conséquences d'une mauvaise rencontre considérablement atténuées.

 

Le Temple possède au moment de sa suppression 9000 maisons réparties en Europe. Toutes ces maisons reçoivent des dépôts et accordent des prêts et des avances à des emprunteurs publics et privés. Les Templiers jouent un rôle important dans les campagnes où ils financent des moulins à vent, à eau et des forges à la catalane. Leur compétence se traduit dans la pratique des changes et dans celle de la comptabilité. Banquiers des pèlerins, les Templiers amassèrent une véritable fortune qui en firent une puissance aussi importante que celle de la royauté. Ils prêtèrent même des sommes fabuleuses au roi Philippe le Bel qui s'endetta ainsi considérablement. Mais les Croisades et les batailles vont se multiplier, des milliers e Templiers laisseront la vie pour la sauvegarde du Royaume de Jérusalem. Mais les temps changent et il devient de plus en plus difficile de contenir l'ennemi, malgré les fantastiques forteresses (St Jean d’Acre par exemple) que les chrétiens ont bâties aux points-clé du Royaume.

 

L’indépendance des templiers, leur vision originale et le fait qu’ils ne soutenaient pas toujours la royauté a débouché sur une tragédie : le 13 octobre 1307, tous les Templiers qui se trouvaient en France furent arrêtés par la royauté. Un procès truqué, reposant sur l'extorsion, par les promesses ou les tortures, de quelques aveux, conduit à leur condamnation. Certains furent brûlés. Pour des raisons politiques et d’intérêt personnel, en 1308 le pape Clément V remet certains chevaliers du temple aux mains de Philippe le Bel alors même que les chevaliers étaient fidèles au pape depuis 2 siècles !!!Le dernier Grand Maître des Templiers Jacques de Molay fut supplicié sur le bûcher en 1314. Il déclara alors : "Pape Clément... chevalier Guillaume de Nogaret... roi Philippe...avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! ... Maudits ! Maudits ! vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !..." Cette parole alimente jusqu’à aujourd’hui le mystère...- car le 20 avril 1314, Clément V meurt d'une affection intestinale. - le 29 novembre, Philippe le Bel meurt au court d'une chasse au sanglier, jeté bas de son cheval. Entre temps, Guillaume de Nogaret est mort dans des conditions étranges. - Esquieu de Florian, Grand Inquisiteur de France, est poignardé. - Les deux principaux témoins de l'accusation, Gérard de Laverna et Bernard Palet, sont pendus. Est-ce là la force existentielle de l’ordre des templiers ? Une chose est sûre, c’est que personne n’a jamais retrouvé le fameux trésor des templiers ?

 

Mais peut-être que finalement, le trésor de Templiers n'était pas tant financier que spirituel. Les Templiers étaient très reliés à l’Orient, où ils ont côtoyé différentes civilisations possédant chacune des connaissances différentes. Il n'est pas impossible non plus, qu'ayant vécu en Terre Sainte, et côtoyant de très près d'autres religions, ils finirent par « découvrir » un secret très important au niveau spirituel et ésotérique. Dans ce cas, il était aisé de comprendre le souhait du Saint-Siège de se débarrasser d'un ordre puissant, numérairement important, ayant des croyances différentes, ou modifiées par rapport aux règles de l'Eglise. Cette même puissance gêne évidemment le roi de France qui dans sa volonté d'étendre son pays se voit limiter sur son propre sol par un ordre religieux indépendant. L’ordre fut officiellement dissous en 1312. Mais il continua d'exister sous d'autres noms en Espagne et au Portugal où la persécution n'avait pas été aussi brutale qu'en France. Les Hospitaliers de Saint-Jean, en revanche, après avoir été chassés de la Méditerranée orientale, à partir de 1530, se sont implantés solidement à Malte - où ils ont pris le nom de Chevaliers de Malte. Ils y ont constitué leur État jusqu'au début du XIXe siècle, et continuent d'exister aujourd'hui, après être revenus à leur première vocation hospitalière.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Jésus-Christ  -  saint Jean  -  Janus   -   Principes fondamentaux de la doctrine chrétienne    -   Etat de l’être humain, temple de Dieu   -   Saint Jean Baptiste   -   Elie   -   Saint Jean Baptiste le « fils de la veuve »   -     L’essénisme   -   L’Eglise intérieure   -    la décollation de saint Jean Baptiste   -    le solstice de Juin et de Décembre   -   Saint Jean l’évangéliste  -   les évangélistes   -    Boanergès, les « fils du tonnerre »    -    l’évangile de Jean   -    le prologue de saint Jean   -   l’Apocalypse   -   le royaume du prêtre Jean   -

 

LES FÊTES INITIATIQUES DES DEUX SAINT-JEAN              2 TOMES    -   N° 81 ET 82

Jean-Patrick Dubrun

Edition Maison de Vie

 2018

Associées au deux temps forts de l’année que sont les solstices, les fêtes de la Saint-Jean rythment l’année maçonnique et lui donnent son unité : au solstice d’hiver, le 27 décembre, jour de Jean l’Évangéliste, la lumière tend à disparaître, et l’enjeu du rituel de fête est la renaissance du feu dont dépend l’émergence de l’année nouvelle.

Au solstice d’été, le 24 juin, jour de la saint Jean-Baptiste, le soleil parvient à son apogée et la lumière rayonne. Elle est accueillie et célébrée par un grand feu de joie auquel est offert le travail de l’année. Le saut du feu régénère la puissance d’action de la Loge, de même que le banquet, rite central des fêtes solsticiales et moment de plénitude, nourri par le feu de l’amour fraternel et illuminé par la lumière de Jean. Comprendre le sens essentiel de ces deux fêtes indissociables qui conduisent de la lumière secrète à la lumière révélée est le but de cet ouvrage.

Ces fêtes sont des franchissements symboliques de portes donnant accès à la connaissance des mystères antiques liés à la lumière et à la vie. C’est un héritage de la tradition antique de l'initiation qui faisait de la lumière, l’élément essentiel de la compréhension de soi et de l’univers. Cette initiation qui n’est autre qu’un éveil à soi, en soi et au monde, s’est transmise dans le cadre rigoureux des traditions de métier L’initiation de métier s'est transmise au monde chrétien pour se poursuivre au Moyen Âge au travers des corporations de constructeurs et du Compagnonnage qui eurent les Deux Saint-Jean pour patrons.

Les Saint-Jean eux-mêmes sont les Héritiers du Dieu Janus qui présidait aux « Collegia Fabrorum ». Les constructeurs transmettaient l’initiation où était présente la lumière comme la condition nécessaire à l’exercice de leur “Art ”qui deviendra "Art royal". Ceux qui bénéficiaient de leur transmission étaient jugés capables de percevoir la notion de mystère autrement, de comprendre et de voir au-delà de l'apparence. Ils étaient donc initiés aux Mystères de la vie, de la création et donc de la lumière.

La lumière est une notion diminutive du Logos et du Verbe Ces fêtes sont des franchissements symboliques de portes donnant accès à la connaissance des mystères antiques liés à la lumière et à la vie, la lumière est une notion diminutive du Logos et du Verbe divin et porte en elle une notion de puissance associée au mystère de la création et au mystère de la vie. La lumière est une philologie cognitive du « Commencement », une production mentale propre à chacun qui semble se fondre dans un seul et même archétype, celui de la lumière naissante ! Elle est à la fois une source universelle de vie et la source du trait du bâtisseur. Sans lumière point de forme, d’ombre ni de trait. La lumière emporte la structuration et l’ordonnancement du monde par l’apparition. La notion d’apparition, comprise au sens de la représentation mentale, porte aussi bien sur la forme, la structuration des choses et des êtres, les sens, l’intelligence de l’acte, l’intuition, etc. on peut affirmer que la lumière induit le monde des formes des sensations et des pensées qui fondent l’homme dans les profondeurs de son être.

 

Le fondement vital de la Saint-Jean se situe dans la métamorphose du grain en épi. Il s’agit donc d’une dimension élévatrice et multiplicatrice propre à la germination jusqu'à l’épi, partant d’une unité initiale et répondant au Gn 1, 22 : « croissez et multipliez » du 5ème jour. Dans la multiplication elle-même réside et se transmet le mystère de l’origine de la vie. Cette part divine, inaccessible à notre intelligence est qualifiée depuis l’antiquité de « Mystères ». Rappelons que le soleil qui chasse l’inconnu et l’effroi fut la divinité Hélios chez les Grecs ou Ra chez les Égyptiens, la Lune apporta l’imagination et une lumière floue, intériorisée, donnant une forme imprécise et portant en elle une dimension parfois négative. L’allégorisme agraire polythéiste succède à l’animisme, et va rapidement donner naissance à une évolution accompagnant l’homme dans sa destinée que sera caractérisée par le mythe de Perséphone : apparaît le symbolisme qui est une évolution puissante de l’allégorie à un niveau éthique. Désormais le symbole est signifiant au-delà du discours et occupe un vide qui n’est rien d’autre que l’angoisse de l’homme face au mystère de la vie (sous-entendu que se passe-t-il après la mort ?).Arrive enfin l’idée que la Lumière féconde l’âme et l’esprit… Il s’agit donc d’une lumière considérée comme nourriture spirituelle que l’on associera aux nourritures terrestres les plus symboliques.

 

Nous verrons dans la Bible, une assimilation extraordinaire faisant apparaître le pain et le vin, nés de la lumière, comme la nourriture du corps et de l’esprit… c’est ici notre héritage ancestral de la période polythéiste agraire qui se transmet dans la période monothéiste du Nouveau Testament sur un plan moral et psychique. La lumière serait dans son essence, une nourriture pour l’esprit. Les mystères de la Saint-Jean nous permettent d’établir que l’homme a toujours personnifié le mystère pour lui donner un sens qui soit à son image, car toute représentation mentale passe par le filtre du corps de matière. La personnification johannique du mystère de la lumière et son dédoublement serait une réponse à deux angoisses, l’angoisse métaphysique et l’angoisse de la mort. Face à l’angoisse de la mort et au désir de posséder et de comprendre, va naître la grande aventure de la psyché, perçue comme une intention consciente, et du soma, conçu comme le corps agissant, qui donneront au mystère de la vie et au mystère de la création, un visage « humanisé », et parfois idolâtre. La psyché s’affirmera en l’homme en même temps que son évolution consciente. L’acquisition de la conscience de soi passe par l’épreuve d’une sorte de dédoublement où l’on est capable de se voir agir et être. C’est une projection de soi en soi comme si on se regardait dans un miroir. Cet exercice typiquement maçonnique de la conscience et plus qu’une autocritique, il est à l’origine de l’estime de soi et ne peut se départir de la notion éthique qui met en exergue ce qui est bon et bien et ce qui est mauvais et mal.

Mais il n’y a pas d’éthique sans la production préalable d’une norme surplombante. Donc l’éthique et les valeurs et vertus des hommes, s’inféodent historiquement à une origine plus haute et plus inaccessible, plus métaphysique, que l’homme retraduira en autorité divine et ses dérivées institutionnelles.

 

Dans tous les cas nous pouvons dire que si l’homme est à l’image du divin c’est parce que l’homme peut concevoir le sacré comme une « présence » dans le particulier comme dans l’universel. Il y a donc une corrélation directe entre la création des 6 jours et la dimension sacrale du 7ème jour qui est le jour du repos et de la sanctification par dieu de son « chef d’œuvre ».Ce chef d’œuvre est une double création, soit le monde et l’homme. Notre capacité à ressentir le sacré dépend ne notre acceptation « consciente » de la qualité de sujet mythiquement « crée » habitant un monde « manifesté » par le souffle et la lumière. Cette acceptation induit le double mystère et sa personnification pour le rendre lisible à tous. Nous aurons un Saint-Jean dédié à la frontière des petits mystères antiques et un Saint-Jean dédié aux limites inférieures des grands mystères. Le passage de l’un à l’autre impliquera un niveau de conscience plus approfondi, ce qui traduira un développement de la conscience dans le sens de l’éclairement voir de l’illumination.

 

Ces deux Saints ont une valeur symbolique importante en maçonnerie par leur place dans le calendrier. C’est en effet un point de retournement du cycle des saisons et du temps cyclique. À ce sujet ce point de retournement est commun aux petits mystères et aux grands mystères en ce sens que le macrocosme (l’univers / création) est intervenant dans le microcosme (l’homme / vie). Ce point est donc une porte d’accès entre les petits et grands mystères, mais aussi un point commun entre le mystère de la manifestation et le mystère de la vie. De plus le temps cyclique est parfaitement représenté dans les loges symboliques avec le cycle lunaire et solaire (grands luminaires du 3ème jour), avec les travaux qui s’effectuent de midi à minuit, conçu comme des plus hauts et des plus bas cycliques etc…Les points de retournement sont présentés sur un plan éthique dans le cabinet de réflexion par le renversement du sablier, par la faux et la graine germinale, par la mort qui fait place à la vie….Il est représenté aussi par la marche à reculons du futur apprenti dans sa dernière épreuve, celle du feu de vérité ou feu purificateur.

 

Les loges de Saint-Jean sont héritières des loges opératives et des confréries de métiers consacrées à un saint, médiateur céleste. Saint Jean-Baptiste, fut surnommé le « Baptiste » parce qu'il baptisait dans le Jourdain, et Jean le Précurseur prêchait le renoncement et le repentir. Il est le Saint jean de l’Ancien Testament, de l’ancien cycle. C’est pour ses idées de fraternité et de justice qu'il fut décapité sur l'ordre d'Hérode d’où le sens ésotérique pour les Maçons. Sa décapitation marque la fin du cycle où la relation au divin était d’une nature descendante et craintive. Il s’agit d’un signe qui nous invite à penser différemment, non plus avec nos habitudes et nos préjugés craintifs, mais avec notre nature spirituelle « renouvelée ».Le baptême par l’eau est celui de la matière. C’est celui du franchissement du Jourdain du passage d’une rive à l’autre de l’Ancienne Loi à la Nouvelle Loi, de la Première Alliance à la Seconde Alliance. La tête tranchée est symboliquement un changement de repère, un changement d’état, une purification au sens alchimique (tête de corbeau).La Maçonnerie moderne ayant une origine chrétienne, ceci nous fait comprendre pourquoi saint Jean-Baptiste, en analogie avec son rôle dans la Bible, représente dans le contexte maçonnique, l'initiateur et le purificateur par excellence, se purifier avant d’entrer dans la lumière du nouveau cycle ou le divin intègre le cœur de l’homme.

 

Les deux Jean et Jésus vont prendre symboliquement la place des « dieux » solaires. Ils vont définir la lumière dans sa forme apparente et dans son essence invisible et purement intérieure: le Baptiste annonce le lever du soleil. Il est donc représenté par un coq du réveil ou plus symboliquement de l’éveil. Le Rite Ecossais Primitif ne reprend pas le coq païen dans sa symbolique, il s’appuie sur le mercure qui est un métal à l’état liquide fort à propos en guise d’eau de la métamorphose de la matière et du passage d’état à un autre. Ce mercure a donc la même signification par son aspect et sa capacité transformatrice et volatile que le coq situé au sommet de l’axe du clocher des églises.

Quant à l'Evangéliste, il était le disciple préféré de Jésus et c'est lui qui posa sa tête sur « le cœur » du maître assimilé « au centre » ou « lumière en soi » et fût logiquement symbolisé par un aigle, « l’Aigle de Patmos », le seul animal à pouvoir fixer et intérioriser le soleil dans tout son éclat. Il reste à nos yeux le représentant du Nouveau Testament l’apôtre d’une parole d’amour fraternel et pour les francs-maçons celui qui dans sa grotte de Patmos transmet le message de lumière : « La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’on point reçue …». C’est une lumière illuminatrice dont il s’agit, celle d’une intériorité intemporelle, qui ne tient sa force de briller que d’elle-même, au-delà des cycles.

 

Le futur Christ du Nouveau Testament se tient dans le juste milieu qui est le centre d’une croix tridimensionnelle, comme le fera Saint-André suivant la légende. L’image archétypale des trois croix sur le sommet du Mont du Crâne (Golgotha) est suffisamment explicite, et suggère qu’entre les deux croix-colonnes se situe une troisième sommitale plus élevée. Il ouvre la voie de l’esprit et de sa renaissance en soi, telle la lumière oubliée qui rejaillit des ténèbres. Le Christ prenant l’exemple de Saint-Lazare nous dit qu’il est possible de passer de l’autre côté de la nécessité et de la contingence, de l’insatisfaction de l’avoir, et de vivre en esprit de réveiller l’âme mourante en nous, de sortir de la grotte et de se libérer de ses bandelettes…soit renaitre en esprit libre de ses contraintes. Comme l’apprenti chemine par trois pas dans l’axe de la lumière, comme le compagnon se tient entre la perpendiculaire et le niveau et comme le maître se tient entre l’équerre et le compas, il semblerait que la vérité lumineuse se tienne à la croisée des chemins, au centre de la croix formée de trois axes et six directions. Ce centre, foyer de l’origine, semble être la porte d’accès aux niveaux de conscience les plus éclairés. C’est ici le sens universel de l’élévation initiatique fondée sur la fraternité des hommes. La fraternité ne tient que par l’amour au sens du Nouveau Testament. Cet amour est dit « fraternel » en maçonnerie et emporte dans sa définition la transmission des capacités transformatrices de l’homme par le devoir de mémoire. Ceci introduit au cœur de l’homme, et donc en son centre, la lumière des Saint-Jean pour une évolution spirituelle qui se traduit par une plus grande humanisation. C’est ainsi que le maçon arrive à situer sa lumière intérieure en son centre.

 

Les fêtes de Saint-Jean, aux deux solstices sont la continuité de la fête de Janus le dieu des portes. . Les fêtes solsticiales renvoient au symbolisme romain de Janus, le dieu aux deux visages et, plus tardivement, aux fêtes chrétiennes de la Saint-Jean d'hiver (Jean l'Évangéliste fêté le 27 décembre) et de la Saint-Jean d'été (Jean le Baptiste fêté le 24 juin).La fête de Janus qui « ouvre » et qui « ferme » sur un intérieur et un extérieur a soi, sont aussi les portes du cycle annuel, « Janua » signifiant « porte, accès ». Janus, le dieu bifront, regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil, sous-entendu à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Son unité corporelle suppose donc une double- vue. Après la christianisation des mythes traditionnels ancestraux, les deux Jean prirent la place d’une des deux faces du Janus. Ceci souligne que le dédoublement est toujours issu de l’unité, soit un Saint-Jean aux deux visages ou plus précisément aux deux domaines d’intervention, celui qui intervient sur la matière (l’eau) et celui qui intervient sur l’esprit (la lumière). Le Christ, héritier du mythe d’Orphée, l’illuminateur réconcilié avec Apollon, viendra parfaire l’unité et le principe d’équilibre de la matière et de l’esprit, de la substance et de l’essence que nous retrouvons dans l’entrelacement du compas et de l’équerre.

 

Ce fut Jean le Précurseur, dit le Baptiste, celui qui baptisait d’eau et annonçait la venue de celui qui baptiserait du feu, puis ce fut Jean l’Evangéliste, le confirmateur, témoin de cet amour fusionnel et symbolique du feu et de l’eau et qui allait inaugurer baptême en esprit. Tous les deux avaient pour point de convergence Jésus. Le nom de la « Noël », qui signifie « fête », n’est apparu que vers 330. Il s’agit encore d’une fête de la lumière, qui cette fois-ci renaît en l’homme, en son cœur comme le nouveau-né dans la grotte. Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante tant matérielle que spirituelle. Le Baptiste inaugure la descente en soi, la décroissance de la lumière s’analyse en introspection jusqu’à la découverte de cette pierre de fondement ou pierre philosophale suggérée par l’acronyme maçonnique et alchimique V.I.T.R.I.O.L et par l’adage pythagoricien « connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux »Saint-Jean d’hiver représenté par l’Evangéliste annonce l’élévation et la sortie de l’enferment corporel, il sera associé au passage des petits mystères aux grands mystères. Cette approche est fort ancienne : Elle nécessite l’usage de clé pour ouvrir les portes qui donnent accès à la connaissance. Janus alias les Saint-Jean, auront successivement une clé pour la porte des petits mystères (Le Baptiste) et une clé pour les grands mystères (L’Évangéliste).

 

Le Baptiste détient la clé d'argent (ou le sceptre) qui ouvre ou ferme la voie descendante vers l'obscurité ou l'ignorance (spirituelle) c’est l’eau descendante du baptême. L’Evangéliste possède en lui la clé d'or qui ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle, c’est l’élévation de l’esprit hors du corps. Les clés font de Janus le dieu de l'initiation aux “mystères”, pour passer la porte il faut avoir la clef. Cette clé n’est rien d’autre qu’une clé de lecture, un schème agissant en soi. L’association successive des deux clés ouvre sur un champ d’investigation qui remet l’homme au centre du Tout originel.

 

les dieux, les anges et les dÉmons

 

Edition  Le Jardin des Dragons

 1992

De superbes articles tel : l’ange et l’initiation de Jean Tourniac. Le G.A.D.L.U. est-il l’ange de la Franc-maçonnerie.  Les anges selon Swedenborg. La Cathédrale, C. G. Jung et tout ce qui touche aux intermédiaires y est expliqué.

A quel moment précis Dieu créa les anges est un débat qui reste toujours ouvert : mais ce qui est sûr, c’est que Dieu créa toutes choses bonnes - car Dieu, dans Sa sainteté, ne peut pas créer quelque chose qui soit empreint de péché. Ainsi, lorsque Satan (qui était auparavant l’ange Lucifer) se rebella contre Dieu et tomba du ciel, un tiers du monde angélique se joignit à son insu- rection. Aucun doute possible, ces anges déchus sont bel et bien ce que nous appelons de nos jours les démons.

Nous savons que l’enfer a été préparé pour le diable et ses anges, d’après Matthieu 25 : 41 : « Ensuite il dira à ceux qui sont à Sa gauche : ‘Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ». Jésus, en utilisant l’adjectif possessif « ses », montre clairement que ces anges appartenaient bien à Satan.

Apocalypse 12 : 7-9 décrit une bataille angélique qui aura lieu à la fin des temps entre Michaël et « ses anges » d’une part, et le diable et « ses anges » d’autre part. D’après ces versets et d’autres très semblables, il est évident que les anges déchus et les démons désignent la même réalité : ces sont des mots synonymes.

Certains rejettent l’idée que les démons soient des anges déchus à cause du texte de Jude 6 qui dit que les anges qui avaient péché ont été « liés avec des chaînes éternelles ». Il est pourtant évident que tous les anges qui ont péché ne sont pas « liés » et que Satan est toujours libre.

Pourquoi Dieu retiendrait-il prisonniers le reste des anges, alors qu’Il permettrait au chef de la rébellion de demeurer libre ? Il semble que Jude  fait allusion ici au fait que Dieu enferme peut-être autrement les anges déchus qui se sont rebellés, tel l’épisode des « fils de Dieu » dans Genèse, L’explication alternative la plus commune concernant l’origine des démons, c’est qu’au moment du Déluge, lorsque les Nephilim de Genèse 6 furent détruits, leurs âmes désincarnées devinrent des démons.

 

La Bible ne dit pas précisément ce qui arriva aux âmes des Nephilim lorsqu’ils furent tués : mais il est peu probable que Dieu ait détruit les Nephilim pendant le Déluge uniquement dans le but de permettre à leurs âmes de faire encore plus de mal, comme c’est le cas des démons. L’explication biblique la plus solide concernant l’origine des démons, c’est qu’ils sont tout simplement les anges déchus qui s’étaient rebellés contre Dieu avec Satan.

 

Les Grecs ne niaient pas la divinisation des phénomènes de la nature. On lui donnait même un nom : emphaneis theoi, les divinités qui se manifestent. Les astres ne pouvaient être que des dieux, mais ils restent sans contact avec les hommes et n’interviennent pas dans leur vie. Ils n’ont donc pas besoin de témoignages pieux. Les dieux grecs avaient une forme humaine ; ils s’attachaient à un lieu ou à une cité (divinités poliades). Les cités considèrent leur religion comme l’expression même et le garant du pacte social. Cette anthropomorphie explique dans une très large part le développement de la structure. On adore un pieu qui d’informe est devenu sculpté à l’image du dieu, c’est-à-dire à l’image de l’homme.

 

Le nombre des dieux grecs est infini : grands dieux, spécialisés ou non, petits dieux, dieux subalternes, demi-dieux, dieux étrangers, orientaux surtout. Les dieux grecs ne font preuve d’aucune exclusive jalouse. Ils n’exigent pas de choses très strictes. Ils en conçoivent aucune amertume de l’incrédulité des hommes. Les Grecs ne comprennent pas l’attachement obstiné à une divinité. Cependant, la législation protège les dieux de la cité, et le crime d’impiété est passible de grandes peines. La religion représente le patriotisme. La personnalité de chaque dieu grec est extrêmement complexe. Il n’y a pas de divinité monolithique. Les caractères de chaque dieu sont quelquefois contradictoires. On peut cependant distinguer à l’origine deux grandes catégories de dieux : les ouraniens et les chthoniens.

 

Les dieux ouraniens sont les dieux du ciel. Ils prennent leur forme définitive chez Homère. Ils siègent sur l’Olympe. Pourtant le sommet de l’Olympe est terrestre, il est géographiquement localisé. Mais son sommet, dans l’esprit des Grecs, justement parce qu’il est très haut, appartient beaucoup plus au ciel qu’à la terre. Et puis surtout, le terme Ouranos est à rapprocher du terme aithèr. Tous les auteurs grecs, quand ils qualifient l’aithèr, le disent flamboyant, resplendissant. Or, le climat du nord de la Grèce n’est pas méditerranéen. Le sommet de l’Olympe disparaît dans les nuages. Son sommet est donc au- dessus de l’aer, dans l’aithèr.

Zeus aithèrinaiôn commande une société assez agitée et hiérarchisée, de type féodal, une société divine qui est la réplique de la société achéenne. Les grands vassaux ne se soumettent pas toujours aux ordres du suzerain. Zeus et Arès, c’est Agamemnon et Achille. Ils sont tous plus ou moins parents à l’intérieur d’un système patriarcal. Ils sont bien d’ascendance nordique, apportés par les envahisseurs indo-européens :les Hellènes, guerriers pasteurs à organisation patriarcale, sans préoccupation agricole autres que celle du pâturage et du troupeau. La terre pour eux ne représente pas cet attachement affectif qu’éprouve pour elle le sédentaire, et le pasteur n’inhume pas ses morts, il les incinère. Ce sont les urnes contenant les cendres qu’il transporte avec lui. Ces dieux n’étaient pas faits pour la ferveur religieuse. Ils n’avaient pas de signification religieuse. Quand un mortel prétend se rapprocher d’eux, alors, il est puni. L’homme est démuni devant ces dieux là. Pourtant, les dieux peuvent venir sur la terre. On peut faire des marchés avec eux. Mais ils trichent. Les dieux ouraniens n’apportent à l’homme aucune expérience. Ils ont conservé, au moins officiellement, leur influence bien des siècles après la disparition des sociétés qui les ont créés, grâce aux poèmes homériques, de Biblos, le livre par excellence. Mais ils ne représentent plus qu’une valeur humaine. Ils ne servent plus qu’à maintenir l’unité de la cité. L’émotion tient plus au sentiment patriotique qu’à la ferveur religieuse. Quand les dieux perdront leur influence, la cité sera dépassée par une autre forme politique : celle de l’état.

 

Les dieux chthoniens : Dieux de la terre, dieux souterrains sont les dieux chthoniens. La terre joue auprès des hommes un double rôle. Par sa fertilité, elle les nourrit. Elle les reçoit dans son sein quand ils sont morts. Les chthoniens ont donc deux fonctions qui les font intervenir dans la vie des hommes : ils assurent la richesse du sol et ils règnent sur le royaume des morts. Ils sont symbolisés par des animaux du sol ou des cavernes. Alors que les ouraniens sont symbolisés par des oiseaux, le cygne, le paon, l’aigle, les chthoniens ont pour symboles la chouette ou le serpent. Ils sont étroitement localisés et très nombreux. Ils comprennent des divinités ordinaires, mais aussi des génies, des héros, et surtout, leur chef de file est une divinité féminine : la terre-mère. Les autres divinités sont aussi des femmes : le symbole de tous les dieux chthoniens est la fécondité. Eux sont d’ascendance méridionale. Ce sont les divinités des sociétés pré-helléniques, sédentaires, agriculteurs cultivant le blé. Bien plus, toutes ces sociétés sont fondées sur le matriarcat. Les divinités chthoniennes n’étaient pas éternelles : elles naissaient et elles mouraient. Elles ressuscitaient ensuite, mais elles mouraient quand même, comme la graine enterrée qui donne naissance à une moisson future. Il y avait dans le culte des aspects mystiques. Il y avait union entre le fidèle et l’objet de sa dévotion, avec des cérémonies d’initiation entourées de mystère, de ferveur et d’obscurité. Non seulement on s’assimilait à la divinité, mais on croyait que l’on renaîtrait après la nuit. La promesse d’un salut pour les seuls initiés faisait que l’on initiait le plus possible de fidèles.

 

Il y a plusieurs façons pour ces divinités d’entrer en contact. L’une d’elle est le combat. Dans la lutte entre les ouraniens et les chthoniens, les ouraniens finissent par l’emporter. Les Titans, fils de la terre, sont foudroyés par Zeus. Apollon tue le serpent Python. Mais ces combats ne se traduisent généralement pas par l’annihilation totale du culte antérieur. Le second type de contact est l’union conjugale, l’hiérogamie, le mariage sacré. On assiste ainsi à l’hiérogamie du ciel et de la terre, dont la pluie est l’élément fécondant. Le ciel sacré sent le désir de pénétrer la Terre, un désir prend la Terre de jouir de l’hymen : la pluie, du Ciel époux, descend comme un baiser vers la Terre, et la voilà qui enfante aux mortels les troupeaux qui vont paissant et le fruit de vie de Déméter, cependant que la frondaison printanière s’achève sous la rosée de l’hymen. Les hiérogamies, dans les cérémonies d’initiation, pouvaient être accomplies véritablement ou symboliquement, parfois par l’archonte-roi dont la fécondité était signe de prospérité pour la communauté. Certains éléments ouraniens et chthoniens se fondent dans la personnalité d’un seul et même dieu, le tout d’un dieu étant supérieur à la somme des parties ouraniennes et chthoniennes. Pour l’Athénien moyen, le dieu est cohérent et non pas fait de pièces et de morceaux.

 

le secret

Jacqueline KELEN

Edition de la  Table Ronde

 1997

Petite plaquette de 100 pages où l’auteur – spécialisé dans les mythes et la démarche spirituelle – nous donne des clefs sur le secret, qui n’appartient ni au savoir ni au sens. Il ne se trouve pas enfermé entre les pages d’un livre, ni à l’intérieur d’un sanctuaire, il est ce qui déborde, irradie le savoir, les mots et les lieux. 

   

Superbe !

 

Au sommaire de ce petit ouvrage :

L’éclat des choses   -   l’ambassade de l’amour   -     le silence de la rose   -     le manteau étincelant   -

 

Voir les livres de J. Kelen regroupés au chapitre 10 K

 

le secret et le partage

Daniel beresniak

Edition Vega

 2003

Cacher et montrer sont les actions les plus indissociables qui régissent les relations humaines, et aussi feindre de cacher et feindre de montrer.

 

La cité s’organise par la culture du secret. Le dominant est, en principe, plus et mieux informé que le dominé, le dominé croit que le dominant connait ce qui lui ignore, ou bien le dominé ignore qu’il est tel,  et, manipulé selon l’art, un certain savoir-faire, croit être lui-même un initié, qui dispose d’un secret, ou est perçu comme tel, se valorise en faisant savoir qu’il le détient et a le pouvoir de partager.

 

Et le secret est bien plus qu’une arme défensive-offensive utilisée, avec plus ou moins de bonheur, par les rivaux, les compétiteurs, les guerriers. Il est cela, la hache à deux tranchants qui pérennise le sens du labyrinthe de Cnossos (le palais des haches) et qui définit le hacker de notre temps, l’expert en informatique, tantôt pirate et tantôt corsaire, constructeur et destructeur de forteresse ; mais au plan de l’essentiel, le secret est l’indicible, par tous reconnu comme tel et repéré dans le mystère, ce qui reste à décrypter, à explorer, à éclaircir, pour maitriser la nature.

Le Sphinx attend le voyageur sur son chemin, il le défie en lui posant des questions énigmatiques, mais sans attendre de réponses, à la manière de Socrate, il tue ceux qui ne savent pas, qui n’ont pas de réponses, il meurt malgré tout quand la réponse est juste.

 

Au sommaire de ce  livre :

 

Montrer ? cacher, montrer   -   le roi ne veut pas convenir qu’il est nu   -   la déesse Métis   -   le secret   -   le jardin secret, le totalitarisme,  la mode et la transparence   -   le jardin  -  Raconte-moi une histoire   -   le spectacle   -   les pantins   -   le masque, l’automate et le décor   -   l’acrobate   -   le barbier d’Alexandrie   -    Héros et modèles exemplaires   -   l’idéologie du héros   -   la gloire et le mérite   -   le peuple, la référence suprême des idéologies totalitaires   -   Nous sommes tous des Marranes   -   les marranes historiques et leur secret   -   la marque des origines et l’apport de la pensée marrane   -  l’expérience du secret  -  le vrai et le recevable  -   le conte, l’enfance de l’art de parler vrai   -   le fantasme de la pureté   - l’ile, lieu paradisiaque perdu et retrouvé   -  Robinson Crusoé, le né deux fois et le souverain   -   les contes du devenir   -   la communication  -    l’affiche   -   le hacker   -     la censure interdit au citoyen de fermer sa porte    -  le secret et le mystère   -      penser et expérimenter le secret    -    ésotérisme, gnose et hermétisme    -   l’Académie platonicienne de Florence   -     l’occultisme    -   le secret de soi-même    -    le dévoilement, la transparence, le pouvoir et le silence   -     la peste émotionnelle   -    le dévoilement impossible du secret des secrets    -   faire parler le cadavre   -  Hamlet et la tragédie du dévoilement    -

 

 

LE  SECRET  MAÇONNIQUE.  MYTHE OU RÉALITÉ ?        -     N° 40  -

MICHEL  LAPIDUS

ÉDITION LA MAISON DE VIE

 2010

Le fameux « secret maçonnique » continu à faire débat. De quoi s’agit-il ?

 

L’auteur établit une distinction fondamentale entre les secrets de convention, tous trahissables et trahis, et le secret par nature, qui est le vécu de l’initiation et la perception des rituels, mise en acte du mystère de la création. A travers les langages symboliques, les chemins de lumière, la transmission sans trahison, les relations du mythe et du mystère, cet ouvrage nous convie à pénétrer au cœur du secret maçonnique.

 

Ce qui dérange le plus les détracteurs du secret maçonnique, c’est de ne pas en comprendre le véritable sens et, par suite, l’utilité. Par leur initiation les frères pénètrent dans le secret et en travaillant rituellement ils expérimentent le secret par nature, celui que nul ne saurait trahir puisqu’il n’est pas de nature humaine mais de nature principielle. Sa fonction est de protéger le cœur du Principe, la vie dans son essence.

 

Cet ouvrage traite les sujets suivants :

La réalité du secret maçonnique  -  le vécu  -  la conscience du secret  -  la fraternité impliquée  -  Faire vivre le secret  -  Et si le secret était le travail  -  Mystère et initiation  -  Mystère et métier de l’initié  -  Le métier et les grades  -  Le secret par nature  -  Paradoxe de la transmission du secret  -  Secret et création  -  Purification et ouverture du cœur au secret  -  De la juste attitude en loge : la tenue  -  Le port de la serviette rituelle  -  L’apport des nourritures  -  Ritualisation de la parole  -  Secret, trahison et silence  -  Quel sont les langages du secret  -  Le rituel  -  L’Architecture sacrée  -  L’Art du trait et la géométrie sacrée  -  Le son et la musique  -  La Poésie  -  La représentation des mythes, danses sacrées et mystères  -  Les arts plastiques  -  L’écriture  -  Mozart et le secret, transmettre le secret sans trahir  -  La langue sacrée : Les bâtons divins  -  Une écriture monumentale et une grammaire du sacré et du secret  -  L’Unité reconstitué par le secret  -  Les divinités porteuses du secret  -  Les deux voies d’accès au secret  -  La fonction du secret  -  La première ternarité de fonctions  -  La mise en œuvre et l’achèvement de l’œuvre  -   

 

LE   SECRET,  SON  SYMBOLISME,  SES  VERTUS   ET SES  DEVOIRS

DIVERS  AUTEURS  

ARCADIA

 2003

Cette obligation du secret que prend chaque profane, de ne pas révéler les secrets de la Franc Maçonnerie est capitale pour la poursuite de sa démarche, par la suite à chaque degré supplémentaire il fera la même obligation. Divers auteurs donnent ici leur point de vue sur cette notion du secret, dans le monde profane et surtout en Franc Maçonnerie, même si certains secrets sont des secrets de polichinelle, puisque la majorité des livres sont à disposition du public.

 

On y parle de la gestuelle, des mots, des enseignements, de la fraternité, des valeurs que nous devons comprendre, assimilées, et mettre en pratique.


Un survol des différentes cultures, nous explique le ou les secrets attachés à ces cultures, que ce soit chez les aborigènes d’Australie, le judaïsme, l’Egypte, l’Occident moderne, la Rome antique.

 

Michel Warnery se demande quel est le secret en F.M ? secret d’appartenance ? secret spirituel ? Explication du secret qui est contenu dans la règle en 12 points et dans le rituel.

 

René Guénon se demande quelle est la conséquence du secret initiatique ? La notion d’ordre, les landmarks, le sens du secret.

 

André Buscail traite des secrets et de leur trahison.

 

Denis Roman explique ce secret sur le plan moral et philosophique.

 
J. Olivier D’Algange nous parle du secret de nature, du secret de convention, de la sauvegarde et de l’apocalypse du secret, des nuances et nuées du langage initiatique, enfin des innombrables langages secrets et sacrés qui conduisent à une expérience personnelle, comme autant de labyrinthes, vers le cœur dont ils sont issus

 

LES ÉGRÉGORES

Divers  auteurs

ARCADIA

 2008

Egrégores – Egoroi, Egregori, Grigori, Veilleurs – dans la tradition légendaire juive, les Egrégores sont un ordre d’anges supérieurs dans les 2e et 5e Cieux (selon le fait qu’ils soient saints ou pas). En apparence ils ressemblent aux hommes, mais ils sont plus grands que les géants et éternellement silencieux.

 

Dans la terminologie maçonnique, l’égrégore est une « entité spiritueuse » qui s’exprime à partir du travail ou de la « conscience collective » d’un groupe. Elément de communion spirituelle, c’est au moment de la chaîne d’union que l’égrégore prend toute sa densité, sans oublier que cette entité a pris forme tout au long de la tenue. Une définition répandue dans nos loges apparente l’Egrégore à un état supérieur de fraternité atteint grâce à la création d’un espace sacré dans lequel nous travaillons.

 

En ésotérisme l’Egrégore est un concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et les émotions de plusieurs individus unis dans un but commun.

 

Certains donne une racine latine donnant Grex ou Gregis, qui veut dire troupeau et avec le E privatif (extraire), l’explication est « extraire du troupeau », ce qui dans les légendes  expliquait qu’il fallait extraire du troupeau l’animal le plus beau et le plus pur, pour l’offrir aux dieux en sacrifice.

 

René Guénon dans Initiation et Réalisation Spirituelle nous parle des égrégores et rappelle qu’il n’a jamais fait l’amalgame entre égrégore et entité collective, le premier à avoir employé cette comparaison est Eliphas Levi. Pour Guénon ce mot est uniquement de racine grecque et veut dire  « veilleur », mot qui se trouve dans le livre d’Hénoch, et qui désigne les entités d’un caractère énigmatique et qui appartiennent au « monde intermédiaire »

 

Narcisse Flubacher nous donne la définition d’un dénommé Pierre Mabille qui dans un ouvrage édité en 1938 dit : « J’appelle égrégore - mot utilisé jadis par les hermétistes- le groupe humain doté d’une personnalité différente de celle des individus qui le composent, la condition indispensable réside dans un choc émotif puissant ». Narcisse Flubacher continu en expliquant pourquoi et comment se forment des égrégores négatifs et destructeurs. Il revient sur une étude de Raymond Devis qui démontre que le mot égrégore vient de: egregoros (les veilleurs).

 

Jacques Noseda explique qu’en fait c’est une expérience personnelle de libération spontanée de toute explication rationnelle ou intellectuelle. Si Jung se réfère à l’alchimie et à l’apparition d’un microcosme d’inconscience collective, la perception intérieure due aux frères de la loge, constitue une approche intéressante.

 

J.M. Couvert et Jean Lalande nous racontent l’allégorie du vin depuis Noé et surtout au Moyen Âge, avec moultes poèmes, la passerelle avec l’agape est facile.

 

H. Loti raconte la Genèse XXIX.I avec le récit intertestamentaire d’Hénoch et la milice céleste. Est donné la version éthiopienne du livre d’Hénoch.

 

LES ÉGRÉGORES ET l’ÉgrÉgore

Jean-Luc maxence

Edition Dervy

 2003

Après avoir expliqué le mot Egrégore, l’auteur développe les différents courants qui peuvent générer des Egrégores autour d’un centre commun. Mais ces accumulations d’énergie que Yung a appelé « Archétypes » sont la propriété de chacun, le trésor de tout homme. On peut les explorer et surtout bien s’en servir.

 

A l’heure des confrontations meurtrières des religions, des civilisations, des castes, l’idée même de l’égrégore ne pourrait-elle pas nous servir à rassembler les êtres humains de manière constructive et pourquoi pas fraternelle, en leur rendant force et espérance ? En effet elle est large et variée la palette des égrégores.

 

Le mot égrégore suggère un être collectif composé d’une multitude d’influences s’unissant autour d’un centre commun. Pour René Guénon, O. Wirth, Eliphas Levi et la Bible, tout égrégore, créateur de formes, puise ses secrets, ses comportements, ses pulsions contradictoires dans ces accumulations d’énergies de l’inconscient collectif que C. G. Jung a baptisé archétypes. Or ces figures archétypales sont le lot, le trésor de tous les hommes. Dans ce creuset de révélations étranges, chacun peut puiser et explorer.

 

L’auteur sort ici l’égrégore du carré sorcier de l’occultisme à trop bon marché et décrypte le mythe. L’égrégore n’est pas une métaphore sans objet, une douteuse obsession maçonnique ou l’Ombre des Dieux. C’est l’Ombre qui devient jour, générateur puissant de pouvoirs inconnus, de transformations intérieure.

 

Ainsi comme l’Ange Gabriel, l’égrégore peut avoir une aile de lumière et une aile sombre.

 

les ÉgrÉgoresforces psychiques des groupes humains

Alain brêthes

Edition Oriane

1999

Pour la première fois, un ouvrage est consacré aux Égrégores. Jusqu’à ce jour, cette réalité a été ignorée du public et connue des seuls vrais initiés à travers l’histoire.


Nous vivons dans un monde régi par des forces énergétiques. L’une d’elles nous concerne particulièrement tout au long de notre existence, celle des égrégores.

 

Dès qu’un groupe se constitue, un égrégore se crée. Il est la somme des énergies psychiques émises par chacune des personnes du groupe. L’ensemble de ces mouvements vibratoires exerce en retour une puissante influence sur ses membres.


Un égrégore est une « forme – pensée » ou « idée – force » de qualité neutre qui se colore, pour le meilleur ou pour le pire, des intentions du groupe. Selon la qualité vibratoire des membres, l’égrégore enchaînera ces derniers à leurs croyances limitatives, ou dynamisera leur potentiel créateur et les déliera de toutes influences extérieures.


Alain Brêthes nous incite à prendre conscience des nombreux égrégores qui nous influencent à chaque instant, tels que les égrégores familiaux, politiques, religieux, nationaux, raciaux, afin de nous dégager de leur influence et d’accéder à une plus grande liberté d’être.

 

Au sujet des égrégores, ci-dessous un excellent article sur ce sujet :

Nous connaissons l'inconscient collectif, la mémoire collective ou encore les archétypes décrits par Jung. De bien des manières, nous nommons déjà ce phénomène mal connu et pourtant inscrit en nous : l'égrégore. Mais si nous sommes capables de générer ensemble cette conscience partagée, elle aussi a le pouvoir d'agir sur nous...

Un égrégore est produit par un puissant courant de pensée collective. Lorsque plusieurs personnes se focalisent ensemble sur un même objet, avec une même intensité, ils développent une énergie commune. Nous connaissons tous cet effet stimulant, éprouvé lorsque l'on partage avec d'autres un projet passionnant ou un moment fort. L'activité concentrée rassemble les intentions de chacun en une conscience collective, qui semble porter le groupe. Mais derrière l'impression personnelle, un processus réglé se déroule entre nous.

Une émotion active les atomes de nos cellules, transformant le corps en une pile électrique, capable de fabriquer sa propre énergie. Ainsi, par la seule force d'une émotion mutuelle et sans même s'en rendre compte, nous connectons nos sources d'énergie et en créons une plus grande, globale. Comme branchés les uns sur les autres, nous vibrons sur la même longueur d'onde. La tension est alors assez haute pour qu'émerge un esprit de groupe. « Le biochimiste Rupert Sheldrake parle de champ morphogénétique. Le ressenti d'un individu exerce une force sur celui de l'autre. Ce mouvement, par résonance, va influencer leurs comportements et leurs pensées », explique Rosa Claire Detève, formatrice en psychologie quantique. Mais cet esprit de groupe n'est pas que la résultante passive d'un instinct grégaire.

Pierre Mabille, médecin et anthropologue, proche des artistes du surréalisme, considérait que l'égrégore possède « une personnalité différente de celles des individus qui le forment ». A l'échelle individuelle par exemple, nous savons qu'une pensée enracinée depuis longtemps finit parfois par nous dépasser. Elle est en quelque sorte devenue autonome et agira sur nous aussi longtemps que nous l'alimenterons par nos croyances. De la même manière, l'égrégore est une entité vitalisée. Il agit comme un accumulateur d'énergies, nourri par les sentiments, les désirs, les idéaux ou les peurs de ses membres. Plus ces derniers sont nombreux, plus l'égrégore se renforce jusqu'à influencer leurs existences. 

« Dès lors qu'au moins deux personnes partagent une vision, elles forment un égrégore. Certains auront une durée de vie courte, d'autres traverseront les siècles : une histoire d'amour peut durer quelques jours, l'égrégore de l'église catholique a plus de 2000 ans », nous dit Alain Brêthes qui a beaucoup écrit sur le phénomène. L'auteur a répertorié les égrégores en trois catégories. Les égrégores neutres sont les plus nombreux. Ce sont les amicales de quartiers, les cercles professionnels ou les groupes d'amis de longue date. Ces égrégores ne sont pas très inductifs sur le plan de la pensée. Les gens partagent des choses mais vivent leur quotidien sans que cela n'ait de réelle incidence sur leur psyché.

Ensuite, nous trouvons les égrégores dits « limitatifs » ; ce sont les égrégores de l'égo. L'individu se doit d'adopter les croyances et schémas comportementaux du groupe. C'est le cas des partis politiques, des religions. Ces dernières sont sans doute les égrégores les plus puissants car les plus longuement et largement partagés. L'égrégore s'appuie souvent sur une représentation. Et, de tous temps, les sociétés ont associé leur conviction à une symbolique forte. Or, le symbole c'est justement l'être humain qui projette sa pensée. Il est la manifestation formelle d'une énergie latente dirigée vers son accomplissement. Typiquement, l'étoile de David, la croix latine ou le yin et le yang servent de support de visualisation et de point de contact entre les membres, qui, célébrant leur foi, cultivent ainsi leur égrégore. A l’extrémité de cette catégorie, on trouve les radicaux, les gangs et les sectes.

Enfin, les égrégores « féconds » sont ceux qui élèvent la conscience, qui s'efforcent d'unir et de rassembler, qui expriment des valeurs de justice, d'équité et de bienveillance. Ce sont des énergies utiles à la communauté mondiale, qui prennent la forme de courants de psychologie humaniste, d'associations humanitaires ou de mouvements spirituels contemporains.
 

« Observez un dîner entre amis, il y a toujours celui qui fait rire, celui qui râle etc. Chacun joue un rôle qu'il quitte une fois rentré chez lui. Ils entretiennent leur égrégore. Un match de foot avec son équipe préférée, la rentrée des classes de son enfant ou un déjeuner dans la maison de famille... Nous évoluons en permanence parmi ces zones sociales invisibles, très conditionnantes. Même quelqu'un qui voudrait échapper à ce phénomène en partant vivre sur une île déserte, se relierait encore à l'égrégore des gens qui aspirent à s'isoler sur une île déserte », plaisante l'auteur. Parfois trop forte, l'empreinte peut néanmoins donner cette impression d'être englué dans l'existence d'un autre. « Pour autant, souligne Kaly, magnétiseur, il ne faut pas confondre égrégore et possession. On sort d'un égrégore en quittant les gens ou les idées qui nous y rattachent. Cela peut être difficile mais il n'y a que ça à faire ». Dans ce cas, la psychothérapie peut être un moyen pour prendre conscience du parasitage « énergétique » qu'exercent les valeurs de notre cercle ou de notre communauté.

Mais quitter un égrégore n'est jamais que l'occasion d'en intégrer un autre. Un cheminement de vie clairvoyant permettra simplement de choisir ses sources d'inspiration, toujours avec le cœur. « Car, insiste Alain Brêthes, on ne peut pas y échapper. Tout est égrégore, c'est l'archétype universel, ce qui vient conditionner nos représentations ». Lorsque l'enfant qui naît prend son premier inspire, il se relie déjà à l'égrégore de la famille dans laquelle il arrive, mais également à l'égrégore de son pays et de l'histoire de son pays. Il inhale une quantité d'énergie collective qui ne lui appartient pas en propre et qu'il va faire sienne. « L'égrégore est la contrepartie psychique d'un groupe humain », ajoute-t-il. Il vit donc à la fois sur un plan physique, au travers des êtres qui le portent et sur un plan astral. Celui-ci est un espace intermédiaire, une sorte de canal qui nous relie à notre dimension éthérique, ultra-profonde. C'est par lui que communiqueraient les énergies subtiles des uns et des autres qui, unifiées, forment l'égrégore. Nul besoin donc d'être physiquement ensemble ; l'égrégore est comme le négatif de notre expérience vécue, une réalité alternative dans laquelle nous sommes en présence les uns des autres.

Le rapport entre le caractère invisible, impalpable de cette énergie et son pouvoir bien tangible a très tôt fait sa dimension sacrée. Dans certains courants occultes, l'égrégore est un véritable support rituel. Les premiers à avoir exploré leur potentiel égrégorique furent les francs-maçons, reliés à travers le monde et les époques par leurs codes et initiations mystérieuses. Les écoles ésotériques utilisent l'égrégore comme un puissant outil divinatoire. Le chamanisme fait également de la transe et des cérémonies collectives une porte d'accès vers l'énergie universelle. Mais aujourd'hui, notre sacro-sainte science moderne tend elle aussi à s'emparer du phénomène.
 

Depuis un peu plus de quinze ans, une théorie discrète est en train de révolutionner toutes nos connaissances sur la conscience humaine. Le Global Consciousness Project (Projet de Conscience Globale) est une expérience parapsychologique débutée en 1998 au sein de la prestigieuse université de Princeton, aux États-Unis. L'initiative, qui réunit scientifiques et ingénieurs, cherche à établir l'existence d'une activité énergétique universelle, grâce à un générateur aléatoire de nombres, un petit boîtier conçu au départ pour détecter les mouvements de pensées d'un cobaye. Après en avoir éprouvé l'efficacité sur une seule personne à la fois, l'appareil, baptisé Egg, est testé sur un groupe. On réunit une trentaine de personnes et on les invite à parler et à bouger comme bon leur semble. L'appareil de mesure, placé dans un coin de la pièce, ne réagit pas. Mais quand on demande ensuite au groupe de s'asseoir et de méditer ensemble, l'appareil semble capter une synergie et amorce une courbe. La découverte fait l'effet d'une bombe dans la communauté scientifique. Bientôt, des dizaines d'autres boîtiers Egg sont envoyés aux quatre coins du globe, de l'Alaska aux Fidji, avec une question précise : est-il possible de détecter un émoi collectif à l'échelle planétaire ? Les premiers résultats sont étonnants : lors des funérailles de Lady Di, les boîtiers enregistrent jusqu'en Chine une variation du champ psychique.

A ce jour, 65 générateurs sont positionnés dans presque autant de pays, dont deux en France. Tous reliés en réseau, ils archivent en continu l'encéphalogramme terrestre. Chaque fois qu'un événement mondial se produit, des fluctuations sont enregistrées. Plus il est fort et médiatisé, plus elles sont importantes. L'informaticien Pierre Macias héberge l'un des deux Egg français à Toulouse : « Le flot de données des capteurs tend à s'éloigner des valeurs attendues lorsque se produit un événement public qui concentre les pensées et les émotions d'un grand nombre de gens. Le jour de l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, la probabilité pour que les capteurs enregistrent une telle variation ''par hasard'' fut de l'ordre de 1 pour 1 million... Nous ne savons pas encore comment expliquer ces relations subtiles entre des événements d'importance pour les hommes et les données obtenues mathématiquement, mais elles sont indéniables aujourd'hui. Ces résultats montrent à l'évidence que le monde physique et le monde de l'esprit humain sont liés d'une relation encore inconnue ». 

 

LE   SERPENT

V. GIMARAY

Edition PARDES

 2003

Le  serpent rampant, en osmose avec la Terre mère, génie des eaux, connaît les secrets de l’ombre et le cycle immuable de la  Nature. Il est l’énergie primordiale qui ordonne le chaos, le cercle maintenant l’intégrité physique du Monde. Il assure  la fertilité des terres et la fécondité des femmes.


Mais son énergie peut à tout moment s’inverser, car le serpent possède intrinsèquement la possibilité de mener le monde à sa chute, à l’image du venin qu’il peut injecter à ses proies.


Symbole profondément ambivalent, le serpent exprime la peur de tout ce qui est inhumain en même temps que la crainte révérencielle devant l’être supérieur, soustrait à la sphère des hommes. Pour reprendre les termes de Yung, il est ce qu’il y a de plus bas : le diable, et ce qu’il y a de plus élevé : le fils de Dieu.


Serpent à plumes au Mexique, python sacré en Afrique ou cobra royal en Egypte, le serpent est une divinité vénérée et respectée dans toutes les civilisations.

 

Sa forme, qui dessine une ligne en perpétuel mouvement, et ses caractéristiques biologiques, dominées par les mues et la reptation, l’ont fait assimiler à la fertilité, à l’énergie vitale et aux mystères de la Nature.

Né des profondeurs de la terre et de l’humidité aquatique, détiens-t-il le secret des origines ? Malgré sa responsabilité dans la chute du Paradis, le serpent a résisté au triomphe de la raison, lui opposant cette partie pulsionnelle de l’homme que nous appelons le cerveau reptilien. A la fois ange et démon, il continu d’exercer sa fascination.

 

Par la naissance, la mort et le renouveau, la mythologie de la Déesse mère révèle une représentation cyclique du temps, où il n’y a ni commencement (création) ni fin, et non linéaire. Le temps cyclique c’est celui des saisons, avec le labourage, les semailles et les récoltes. L’hiver est le temps du repos afin d’accumuler les forces pour le réveil du printemps. Vouloir s’activer toute l’année sans discontinuité est antinaturel et néfaste pour l’homme. Car l’homme fait et fera toujours un avec la nature malgré ce que veulent lui faire croire les religions patriarcales. Ainsi, le dieu-serpent Apophis des anciens Égyptiens apparaît dans le Livre des Morts comme le grand régénérateur et initiateur du monde souterrain et solaire. Mais il ne va pas tarder à apparaître comme une puissance hostile, en déclenchant intempéries et raz-de-marée, tout comme le serpent Midgardorm des livres sacrés de l’Edda scandinave. En revanche, dans la Bible, le temps est représenté comme une « flèche » (la flèche du Temps), dressée du Commencement, la Création, jusqu’au Jugement dernier, avec l’avènement du Messie ou du Royaume de Dieu. La vision cyclique de l’Histoire est une vision païenne. Dans tous les mythes païens, le labyrinthe était le symbole de la vie cyclique, du devenir.

 

« Tout revient éternellement, mais avec une dimension nouvelle, parfaite contradiction de la ligne, de la conception unilinéaire du temps. ». En revanche la croyance dans le Dieu biblique, implique donc la croyance au progrès, et fait du Progrès, ce « désir d’avenir », un mythe. « Ce mot magique [le Progrès] fait de l’avenir un but et un accomplissement et conduit à imaginer que le temps est le chemin de la perfection » Dans de nombreux mythes, le serpent tellurique (parfois deux) vit autour d’un Arbre de la Vie, situé dans un jardin divin. Dans la Genèse, de la Torah et de l’Ancien Testament, l’arbre de la connaissance du bien et du mal est situé dans le jardin d’Eden, ensemble avec l’Arbre de Vie et le Serpent. L’arbre de vie est parfois rattaché à la Menorah (grand chandelier sacré) du temple de Jérusalem. Les chrétiens ont souvent assimilé la croix du Christ avec l’arbre de vie car, comme lui, elle donne vie à l’humanité.  Il donne la perpétuation de l’espèce. Il est à ne pas confondre avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cet arbre est aussi mentionné plusieurs fois dans l’Apocalypse

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’enroulement original  -  l’énergie première  -  le souffle de vie  -  le corps du monde  -  la chaîne du vivant  -  les reliefs de la terre  -  la cohésion de l’univers  -  les anneaux d’encerclement  -  l’œuf cosmique  -  l’axe du monde  -  les strates de l’univers  - l’arche entre ciel et terre  -  L’élan fécondateur  -  l’alliance fertile  -  l’éternel renouveau  -  les naissances miraculeuses  -  la semence divine et la tension féconde  -  La menace du Chaos  -  les cataclysmes natures  -  le crépuscule du monde  -  l’abîme des profondeurs  -  la violence des forces obscures  -  L’incarnation démoniaque  -  la chute du Paradis  -  La bête de l’Apocalypse  -  la lutte contre le mal  -  la Déesse, mère déchue  -  Les monstres reptiliens  -  Un corps hybride  -  une taille gigantesque  -   un regard fascinant et une gueule dévorante  -  des membres à foison  -  Le secret des ombres  -  L’art divinatoire  -  les pouvoirs guérisseurs  -  les prodigues  -  l’immortalité et la réincarnation  -  Les tensions contraires  -  Les héros jumelés  -  la dualité fondatrice  -  la double spirale  -  Ombre et lumière  - l’ennemi céleste  -  La sagesse retrouvée  -  Un trésor du centre  -  une aura protectrice  -  les messages divins  -  la voix de la sagesse et la clé du pouvoir -

 

LE SERPENT ET LE MIROIR

Marcel SENDRAIL

Edition PLON

 1954

L’auteur de cet ouvrage nous parle de la médecine du corps, comme très important dans un processus spirituel, car «  bien dans sa tête, bien dans son corps, donc bien dans son Moi profond ». Mais il nous met en garde contre le narcissisme, l’orgueil, l’ambition démesurée qui au final peut faire peur, tel cette fable antique sur Hercule et l’immortalité.

 

«  Il est rapporté que, quand Hercule eut cueilli, aux jardins des îles du soir, les pommes d’or, aliment d’immortalité, il prit peur ; il écouta alors le conseil de la déesse Athéna et il alla les remettre à leur place ».

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

La médecine éducatrice de l’esprit   -  la cantique d’Avicenne  -  connaissance poétique du corps  -  Sanche le sceptique  -  la biologie du Moi  -  Rilke au pays de Tourment  -  l’homme et ses maux  -  Hygie et Psyché  -   Monsieur Hamon ou médecine et prière   -   civilisations et styles pathologiques    -   par l’épaule d’ivoire   -

 

le serpent & ses symboles

Alliance Mondiale des Religions

Edition DESIRIS

 1994

L’A.M.R. (Alliance Mondiale des Religions) a été fondée en France par Mme Maryse CHOISY, le 9 juillet 1965, à la suite du congrès du World Fellowship of Religions qui avait eu lieu à Delhi en février 1965.


L’A.M.R. se propose de favoriser l’étude et la compréhension des diverses religions et de toutes les spiritualités en vue d’intensifier par une action commune la Vie, la Lumière et l’Amour, source de toute Paix.


Les moyens d’action de l’association sont principalement la tenue de colloques et la publication de leurs actes.


C’est ainsi que l’A.M.R. depuis sa création en 1965 a organisé vingt-neuf congrès ou colloques. Elle a tenu un colloque sur le thème Le Serpent et ses symboles à Paris les 14 et 15 décembre 1974, dont le compte rendu exact est donné dans ce volume.

 

Le serpent est un thème très riche, même les psychanalystes ne sont pas toujours d’accord sur sa signification quand ils le rencontrent dans les rêves de leurs patients.

 

Avant d’aller plus loin dans ces conférences il faut énumérer toutes les ambivalences qui s’attachent à la notion même du serpent, cela nous a donné une répartition en 5 catégories :

L’ambivalence de polarité – Le serpent est-il masculin ou féminin ? – Représente - il un vagin denté ou un phallus ?  - 

Ambivalence supérieur- inférieur  -  Symbolisme de la libido  -  La nuit pulsionnelle des instincts  -  Le psychisme spinal (de la moelle épinière au cervelet) selon Jung  -

Le serpent est-il ange ou démon ?  -  Quelle est l’opinion des scientifiques ?  -  le serpent est-il d’origine divine  -  L’Irlande  et les celtes  -  Apollodore  -  Les Mayas Quichés  -  Le serpent comme lumière créatrice de vie  -

Statique et dynamique : Qu’est-ce que la Kundalini (serpent lové)  -  La Kundalini n’est autre que Shakti  - 

Sublimation et synthèse : Comment intégrer les ambivalences dans une bonne sublimation ?  - 

 

Après avoir défini ces 5 grandes orientations, nous avons au sommaire de cet ouvrage :

 

Maryse Choisy : Présentation du thème du serpent  -

Père Michel Sales : La symbolique chrétienne du serpent qui donne la mort et du serpent qui donne la vie  -

Mr le doyen Marc Lods : Misère et grandeur du serpent d’après les données de la Bible  -

Professeur Subhash Chandra : L’Hindouisme et le symbolisme du serpent  -

Bernard Guillemain : le serpent dans la Franc-maçonnerie  -

Docteur Paul Chauchard : Le point de vue du naturaliste  -

Jacques d’Ares : Le symbolisme du serpent chez les Celtes et chez les Grecs  -

 

Docteur Hubert Larcher : La symbolique et la magie du serpent –

Monsieur Raphael Cohen : Le serpent dans la tradition juive –

Docteur Laurent Stévenin : Le point de vue du psychiatre –

Marina Sciabine : Le serpent dans la religion égyptienne et dans l’Egypte ancienne –

Paul Arnold : le symbolisme du serpent dans le bouddhisme  -

 

Conclusion de ce colloque

 

LE   SERPENT,  SA  SYMBOLIQUE  ÉSOTḖRIQUE

DIVERS   AUTEURS  

ARCADIA

 2005

Rare sont les animaux qui ont une ambivalence aussi forte que le serpent, il est tantôt le mal absolu, comme le tentateur du jardin d’Eden, tantôt le symbole de l’Amour pur et de l’abnégation totale comme le Christ qu’il représente au Moyen Âge.


Divers auteurs nous donnent leur point de vue :

 

Bernard Guillemain nous explique le serpent dans la maçonnerie,

 

Don Pernety et le serpent dans les différentes opérations alchimiques , l’Ouroboros , le serpent d’airain dans la traversée du désert par les Hébreux , le serpent dans les tarots , là où les serpents qui forment le caducée, le rôle du serpent dans les opérations magiques en général , Moïse et son bâton qui devient serpent , le serpent Atoum en Egypte , ainsi que l’Uraeus symbole de souveraineté , de connaissance et d’éternité , emblème de la réunification des deux Egypte .

A partir du Moyen Âge va se développer la figure du Christ , sous la symbolique du serpent cloué sur la croix ,

C’est cette croix de 12 mètres de haut , enroulée par un serpent , que l’on trouve sur le Mont Nébo en Jordanie , là où Moïse a vu la Terre Promise , sans pouvoir y aller ) , rappelant ainsi le serpent d’airain , et personnifiant ce que Jésus est venu apporter aux hommes – la connaissance et l’Amour -sans être compris , puisqu’il fut mis à mort sur la croix .

Le serpent dragon est à l’honneur dans l’Extrême - Orient et en Irlande, le Mexique a son serpent à plumes le Quetzalcoatl. Adam et Eve ont eu aussi leur serpent tentateur, pierre angulaire et fondatrice de la Bible, la mythologie grecque regorge de serpents, avec entre autres les gorgones et l’Hydre à 7 têtes, on y trouve Goethe et son serpent vert, le 19e degré du R.E.A.A, parle du serpent tricéphale, symbole du mal (dragon). Il est aussi gardien de l’arbre de la connaissance.


Chez les Hindous le serpent est porteur de l’énergie vitale et divine à travers la kundalini (lové /serpent) lorsque cette énergie part du 1e chakra (Muladhara) elle traverse le corps en passant par les 6 autres chakras et 320 millions de canaux, pour arriver au 7e et dernier chakra (le coronal) ainsi cette énergie complexe irrigue tout le corps en y déposant bien-être physique et spiritualité.

  

LE SERPENT VERT - Conte Philosophique de GOETHE

Traduction et commentaires de Jean-Patrick Dubrun

Edition Maison de Vie

 2010

Traduire un texte est toujours délicat, car sans trahir l’auteur, il faut quand même l’adapter à notre siècle ; travail difficile surtout quand cela s’adresse à une œuvre de Goethe tout particulièrement car Goethe était méticuleux, ordonné et exact dans le choix de ses mots, que ce soit pour éclairer le mot ou pour le voiler.

L’auteur de cette traduction et commentaires a pris le risque de cette traduction car Das Märchen (le conte du serpent vert), fait partie de ces rares œuvres que le temps n’épuise pas mais renforce au contraire.

Quand on traduit, affirmait Goethe, il faut toucher à l’intraduisible.

Ce court roman, loin d’être une simple histoire pour enfants, recèle une pluralité de sens et de niveaux d’interprétation parmi lesquels l’Alchimie et la Franc-maçonnerie occupent une place importante.

Quête de l’origine, temps sacré du rituel, chaine d’union, sacrifice, renaissance, reconstitution du couple royal, vénérable, accomplissement du Grand Œuvre, sont quelques-uns des thèmes abordés dans cette polyphonie harmonique qui se lit comme l’on écoute une œuvre musicale : en se laissant pénétrer par sa beauté ; on ne lit pas le « conte », on s’en imprègne et le sens, ou plutôt les sens, petit à petit s’en dégagent.

La quête de l’origine, le temps sacré du rituel, la Lumière, l’Amour, la chaine d’union, les mutations et la transmutation, font partie des thèmes que développe Goethe dans ce conte d’une densité rare ;

le titre choisi par Goethe, Das Märchen (le conte) met l’accent sur la nature typique, exemplaire et intemporelle du récit, car le conte est un moyen de transmission du secret du Grand Oeuvre fréquemment utilisé dans la tradition alchimique.

En rédigeant « le conte », Goethe agit donc en alchimiste, l’un des derniers de son temps, et l’on comprend mieux, dès lors, pourquoi il est toujours resté silencieux et si mystérieux sur le sens véritable de ce conte ; le secret du Grand Œuvre devait être à la fois voilé et révélé : voilé aux non-initiés, à ceux qui n’entendent pas la langue des mythes et des symboles, et révélé aux adeptes, quoique de manière très subtile, afin que la tradition soit transmise et qu’à nouveau, dans dix ans, dans cent ans, dans mille ans, le temps vienne de réaliser la prophétie qui veut que le temple soit construit sur la rive du fleuve, et que le chemin de lumière soit tracé.

Au sommaire de cet ouvrage, Goethe développe les points suivants :

Traduction du conte, dit du Serpent vert -

Commentaires sur les principaux personnage du conte - Le grand fleuve - la barque et le passeur - Les deux feux Follets - Le serpent vert et la terre feuillée des sages - Les rois d’or, d’argent et d’airain et le Roi composite - L’homme à la lampe - La Vieille et le Carlin - Le Géant et son ombre - Le prince et la belle Lilia -

Interprétation du Conte - Résumé du conte et esquisse d’une interprétation -

Il y a près de 100 ans, Oswald Wirth a traduit ce conte, le temps a passé et une nouvelle traduction s’imposait, plus conforme peut être au XXIe siècle et à sa métaphysique.

 

le serpent vert – conte symbolique

goethe - Oswald Wirth

Edition DERVY

 1999

« Le Serpent Vert » est un conte merveilleux à tous les points de vue, qui n’a pu être conçu que sous l’influence de ce somnambulisme spécial auquel Goethe attribuait lui-même la production de ses plus purs chefs-d’œuvre. Je n’ai pas la prétention de révéler tout ce que Goethe a voulu taire.


Le fait est que la clef de tout un côté de la symbolique de Goethe nous est très probablement fournie par ce fantastique récit qui réserve le rôle principal à un certain « Serpent Vert ».


Ce conte préfacé par A. Lantoine a été traduit et commenté par Oswald Wirth voilà près de 100 ans.


Il y est question du fleuve et de ses deux rives, du passeur, sa barque, sa rame et sa cabane, de l’or, des feux follets, du vieux à la lampe, de l’ermite, du géant et de son ombre, du serin et de l’épervier.

 

les fÊtes à travers les Âges - leur unitÉ – l’origine du calendrier

Pierre gordon

Edition SIGNATURA

 2004

Pendant des millénaires, le Sacré et l’expérience liturgique ont été le support de l’élaboration du calendrier. La vision de la science contemporaine n’a pas toujours été.


Non ! Les anciens ne pensaient pas nécessairement comme nous !


Notre vision moderne dénature la compréhension de l’histoire et de l’évolution de l’humanité. Les divisions anciennes du temps s’appuyaient d’abord sur le Sacré. En ces temps de matérialité triomphante, quand abdique la science, c’est encore vers le ciel que l’on se tourne.


Nos doutes enfantent l’humilité et font des Saints nos porte-parole auprès du ciel. Qui se souvient que souhaiter leur fête à ceux qu’on aime n’est que réminiscence d’un temps où le divorce entre l’homme et le ciel n’était pas encore consommé ?


Pierre Gordon, dans ce livre dense et fécond, éclaire de la lueur du Sacré la genèse du calendrier à travers les âges.


Après la lecture de ce livre, ce « Sacré » temps n’égrainera plus ses jours de la même manière…


Y sont développés : tous les calendriers, grecs, romain maçonnique, chaldéen, égyptien, copte, hébraïque, musulman, indou, chrétien, chinois etc… les fêtes et les chiffres sacrés, l’influence de la lune et du soleil sur la vie traditionnelle et les conséquences initiatiques et religieuses.


Tous les livres de Gordon sont au chapitre  10  G.

 

les fÊtes cÉlÈbres de l’antiquitÉ,  du moyen-Âge & des temps modernes

F. bernard

Edition HACHETTE

 1878

Des dizaines de fêtes et leur explication : Isis, Diane, Mercure. Les fêtes grecques et romaines, fête de fous, de l’âne, les tournois, en Égypte, au Japon, en Inde, en Chine, la fête des fleurs au Tibet, fête du soleil au Pérou, fête en Russie, en Laponie, en Allemagne, en Angleterre, en France, les courses de taureaux en Espagne, et les fêtes saintes en Italie.


Site des Jeux Olympiques antiques, Olympie est située à l'ouest du Péloponnèse qui, selon la mythologie grecque, est l'île de "Pélops", fondateur des Jeux Olympiques. D'imposants temples, monuments votifs et trésors côtoyaient palestre et gymnase dans un site d'une beauté naturelle et mystique unique. Dès le début du Xe siècle av. J.-C., Olympie fonctionna comme un lieu de rencontre destiné aux activités religieuses et politiques. Au centre s'élevaient les majestueux temples de Zeus et d'Héra. Le Stade, où l'on pénétrait par le Portique d'Echo, pouvait accueillir 40 000 spectateurs. Des constructions auxiliaires furent bâties dans les alentours jusqu'au IVe siècle av. J.-C., pour servir de lieu d'entraînement ou d'hébergement.

 

Les Jeux Olympiques étaient étroitement liés aux fêtes religieuses et au culte de Zeus, sans pour autant être partie intégrante d'un rite. Ils avaient en effet un caractère séculier et visaient à démontrer les qualités physiques et l'évolution des performances accomplies par les jeunes gens, ainsi qu'à faire prévaloir de bonnes relations entre les cités grecques. Selon les spécialistes, les Jeux Olympiques devaient leur pureté et leur importance à la religion.

L'olympionique était récompensé immédiatement après la compétition. À l'annonce du nom du gagnant par le héraut, un hellanodice (juge) plaçait une palme dans ses mains, tandis que les spectateurs l'acclamaient et lui jetaient des fleurs. On lui nouait des rubans rouges autour de la tête et des mains en signe de victoire. La cérémonie officielle de remise des prix se déroulait le dernier jour des Jeux dans le vestibule surélevé du temple de Zeus. D'une voix forte, le héraut annonçait le nom du vainqueur olympique, de son père et de sa cité. Puis, l'hellanodice ceignait la tête du vainqueur d'une couronne faite d'un rameau d'olivier, le kotinos.

Les tragédies et comédies grecques, dont la représentation remonte aux vie et ve siècles avant J.-C., ont une origine religieuse, liée au culte de Dionysos. Le théâtre est donc dans son origine lié au sacré.
Ces représentations ont lieu lors de fêtes organisées par l'État. Deux fois par an, elles réunissent les citoyens autour d'un concours entre trois auteurs sélectionnés à l'avance. Pendant les trois jours de cérémonies, ceux-ci font représenter plusieurs pièces chacun. Ainsi le public assiste-t-il à une quinzaine de représentations, depuis le matin jusqu'au crépuscule. Cette manière de voir du théâtre est assez éloignée de celle qui est la nôtre aujourd'hui, à part à l'occasion de certains festivals.


Le lieu de ces représentations est un édifice à ciel ouvert, pouvant accueillir un public très nombreux, occupant les gradins. Face à lui se trouve la scène, au-dessus de laquelle un balcon peut voir apparaître les dieux. Il y a également une fosse d'orchestre, un espace circulaire dans lequel se trouve un autel dédié à Dionysos et réservé au chœur (par conséquent situé à la fois « avec » les acteurs, et séparé d'eux). Le chœur est composé d'un certain nombre de choreutes, qui prennent en charge la partie lyrique du spectacle (le chant). Il était accompagné au départ d'un acteur (le protagoniste) puis on en ajouta deux autres : le deutéragoniste et le tritagoniste. Avec l'évolution du théâtre, la part lyrique a diminué, au profit du dialogue.


À l'époque, tous les rôles sont tenus par des hommes, portant des masques : le visage de l'acteur n'exprime donc pas une psychologie nuancée et les nuances de l'émotion passent par le ton et les gestes. Les acteurs portent des tuniques colorées, la couleur permettant d'aider les spectateurs à distinguer les différents rôles. Les pièces grecques se composent d'un certain nombre de « moments » définis : un prologue, puis l'entrée du chœur (« parodos »), puis des épisodes coupés par des chants du chœur, enfin la sortie du chœur (« exodos »). Eschyle, Sophocle, Euripide sont les auteurs tragiques les plus célèbres. Leurs œuvres sont non seulement reprises encore aujourd'hui, mais sont aussi des sources d'inspiration pour certains dramaturges contemporains.

 

Comme à Athènes, le théâtre romain a une dimension religieuse : les représentations sont liées au culte de Bacchus. Comme à Athènes également, la dimension politique est présente, puisque le théâtre se joue lors des Jeux, ou lors de cérémonies importantes réunissant le peuple. Le chant, la danse, la musique accompagnent encore le texte – le théâtre est un « spectacle total ».
Les accessoires sont plus nombreux que dans le théâtre grec : le rideau de scène apparaît, les costumes sont parfois somptueux, la machinerie se développe. Les masques sont toujours présents.
Sur la scène, pas de « décor » au sens moderne : quelques portes, signifiant une demeure ou un palais, et parfois une machinerie permettant de faire apparaître un dieu récitant une tirade – d'où l'expression « deus ex machina ».
Plaute et Térence ont écrit de nombreuses comédies, dont Molière a parfois pu s'inspirer.

 

Au XIIIe siècle en France et en Europe, le théâtre se joue sur la place du village ou de la ville. Les spectateurs sont des « bourgeois » (habitants du bourg), tandis que les cours des seigneurs préfèrent les spectacles de tournois, de ballets, etc.


On peut alors répartir les pièces de théâtre en deux « genres » : les mystères, qui reprennent des épisodes bibliques ou des vies de saints, et les farces. Au cours des XIVe  et XVe siècles, les spectacles deviennent payants. De ce fait, le théâtre se joue de plus en plus souvent dans des lieux clos et non plus sur la Grand-Place.


Peu de décors sont utilisés au Moyen Âge : on se contente parfois d'écriteaux signalant les lieux. Mais les machineries se développent, afin de créer des « effets spéciaux ».
Au milieu du XVIe siècle, les mystères (c'est-à-dire le genre théâtral le plus prestigieux) sont interdits. En effet, l'Église estime désormais que la foi doit être l'affaire des doctes, et non des acteurs. Ainsi, malgré quelques résistances, le théâtre sombre dans le déclin. Il faudra attendre une redéfinition de cet art pour qu'il reprenne consistance.

 

les fleurs mythes & symboles

Y. laurent

Edition SOLEIL NATAL

 1994

En feuilletant cet ouvrage, vous retrouverez les mythologies égyptiennes, grecques, latines, celtes et autres qui ont utilisé les symboles des plantes, évoquant leur apparition au fil des civilisations, la façon dont les hommes les ont utilisées au cours des âges et des diverses traditions, depuis la nuit des temps.

 

La découverte des fleurs et leur utilisation, ont donné lieu à des faits curieux, à des histoires savoureuses, à des aventures inattendues, étonnantes et à peine croyables.

La Genèse nous raconte : Au commencement, Dieu dit : « Que la terre verdisse de verdure ; des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur le terre des fruits contenant semence » et il en fut ainsi.

 

 

Des centaines de fleurs sont étudiées avec leur symbolique et les diverses correspondances avec les planètes, chacune a sa légende, son caractère, ses couleurs, son odeur, son origine, son parfum et sa médecine.

 

Cela va de l’Absinthe à la violette en passant par le papyrus, le sésame, la sauge, le safran, la rose, la réglisse, l’ortie, l’oseille, le narcisse, le muguet, le lys, le houblon et quelques centaines d’autres.

 

LES  GRANDS  BOITEUX  DE  L’HISTOIRE  BIBLIQUE  ET MYTHIQUE

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

2001

L’histoire  ancienne, biblique et mythique comporte de très nombreuses références à ces grands boiteux, qui eurent, à un moment donné de leur vie, une blessure, occasionnant une boiterie.


Basile Valentin dans une de ses célèbres clefs, nous montre le feu secret, sous les traits d’un vieillard avec une jambe de bois.

 

La Bible (Michée 4,6) explique la Boiteuse et la bannie, Jacob après sa lutte avec l’ange, boite de la cuisse. Cet important dossier parle également de la chaussure, de la pantoufle, des jambes, du déchaussement, de la claudication, et des divers symbolismes du pied.

Apulée décrivant l’âne boiteux dans la descente aux enfers. Référence est faite à tous les diables boiteux, célèbres, connus et inconnus. Legba est le dieu vaudou en Haïti. Dionysos le dieu boiteux, deux fois né et grand organisateur de fêtes.

En général tous les forgerons mythiques boitent, que ce soit Héphaïstos en Grèce, ou Volund et Thor en Scandinavie. Dans la mythologie du Japon, beaucoup de dieux sont borgnes ou unijambistes, le dieu-forgeron s’appelle : ame no ma hitotsu no kami. Tubalcaïn dans la Bible, Vulcain chez les romains. Montaigne dans ses essais consacre quelques pages aux grands boiteux. Œdipe et Pythagore étaient boiteux. Toutes ces boiteries et infirmités, proviennent selon la Tradition de « mutilations initiatiques »

 

Annick de Souzenelle, évoque la signification profonde des pieds, des jambes et des genoux, en le rapportant à l’arbre des Séphiroth et aux diverses scènes de la Bible ancien et nouveau testament, où les pieds, les jambes, les genoux et les diverses boiteries sont décrits. N’oublions pas le rôle du feu, qui est au centre des manipulations du forgeron, et toutes les légendes entourant cet élément

 

Le boiteux est bancal. Boiter est le contraire de marcher droit. Le boiteux marche de travers, à moins qu’il ne se serve d’un bâton pour rétablir l’équilibre. Le Sphinx posa cette énigme à Œdipe : « Qui marche à quatre pattes le matin, à deux pattes à midi, et à trois pattes le soir ? ». Œdipe répondit : « l’homme » et c’était effectivement la bonne réponse. Enfant, il se traîne à quatre pattes, puis il marche sur ses deux pieds, et, à la fin de sa vie, l’homme vieux et infirme s’aide d’une canne. Comme le boiteux, le vieillard est bancal, il a besoin d’une troisième jambe pour avancer droit. Ces trois « jambes » sont à rapprocher du symbolisme du Trépied, du Caducée, et des Trois Piliers maçonniques (à ne pas confondre avec les deux colonnes d’airain). Tous sont des représentations symboliques de l’affrontement de deux forces contraires équilibrées par une troisième force qui stabilise l’ensemble.

 

Les mythes antiques mettent en scène des héros et des dieux boiteux. Dionysos, Héphaïstos, Harpocrate boitent. Jason dans sa quête de la Toison d’Or, devient boiteux en perdant sa sandale gauche après avoir aidé Héra déguisée à traverser une rivière en crue. Héra, en échange, lui accorda sa protection. Œdipe boite également, et il est fils d’un gaucher et petit-fils d’un boiteux. Héphaïstos (Vulcain pour les Latins) est décrit dans l’Iliade (XVIII, 412) comme un être monstrueux, laid et bancal. Il est forgeron. Il possède la connaissance du Feu intérieur — donc de l’alchimie —. Il est devenu boiteux après un corps à corps avec Zeus, son père, qui le précipita hors de l’Olympe, sur la terre. Héphaïstos devint le maître du feu, maître de la Forge. De la matière brute, le fer informe et disgracieux, et à l’aide du feu dont il possède le secret depuis son combat et sa chute, il façonne des armes admirables, des glaives, des sceptres et des boucliers pour les dieux. L’estropié, le difforme, se reconstruit lui-même quotidiennement  dans le monde souterrain où couve le feu sacré. Héphaïstos, lorsqu’il est sous terre, symbolise le soleil d’hiver dont la plus grande partie de sa course se situe sous la ligne d’horizon. « En symbolique, boiter, c’est être faible, c’est finir ou commencer ».  Le soleil devient faible à partir du solstice d’été jusqu’au solstice d’hiver qui est la nuit la plus longue de l’année. Alors, jeune nouveau-né, le soleil commence sa course ascendante et, de plus en plus fort, il culmine au solstice d’été, dernier jour avant sa lente descente hivernale.

 

L’affrontement des deux forces antagonistes évoqué plus haut, est également illustré par un épisode de la Genèse (Genèse 32, 24-32), dans lequel un homme lutte dans un corps à corps d’une extrême violence avec Jacob jusqu’au lever du jour. Constatant qu’il ne peut le vaincre, l’homme frappe Jacob à l’emboiture de la hanche et celle-ci se démet. Jacob devient boiteux. En fait, c’est Dieu qui est descendu sur terre sous une forme  humaine. Après le combat, il donne à Jacob le nom d’Israël. Dans les textes vétéro et néotestamentaires, le changement de nom intervient toujours après une initiation ou une élection. Jacob est l’élu de Dieu, comme Simon est l’élu du Christ dans les évangiles. A cette occasion, Simon prend le nom de Képhas — Pierre —. Dans la Genèse, l’initiation de Jacob s’accompagne de la vue du visage de Dieu — une transgression en quelque sorte —. Le prix à payer pour avoir dérober par la force (le combat) la Connaissance, est la claudication.

 

Le Talmud et les Toledoth Jechou rapportent que Jésus boitait. Il se serait estropié en essayant de voler. Robert Graves, dans son livre Le Roi Jésus, suggère l’hypothèse que cette tradition serait en fait « une allusion à une cérémonie secrète du couronnement sur le Mont Thabor. Jésus y serait devenu le nouvel Israël après avoir été rituellement rendu boiteux au cours d’une lutte ». Il est donc le successeur de Jacob dans la nouvelle alliance. De même qu’Israël eut douze fils, chefs des douze tribus, le Christ choisit douze apôtres (les Douze) pour lui succéder. En outre, il semble que le dieu des Hébreux IHVH ait été identifié dès l’antiquité avec Dionysos Sabazius, un dieu qui boite aussi. Selon une croyance populaire, le diable serait boiteux. Le diable est de double nature, du ciel — c’est un ange déchu — et du monde infernal. Il possède les deux forces antagonistes en lui, ce qui le rend boiteux au mettre titre que Vulcain / Héphaïstos.

 

Selon Marguerite Loeffer-Delachaux, un personnage boiteux dans un mythe, un conte ou un récit initiatique désigne toujours :

 

— En symbolique exotérique : le pâle soleil du début ou de la fin de l’année.

 

— En symbolique ésotérique : le moment où le futur initié commence ou termine un cycle initiatique.

 

La Descente aux Enfers décrite par Apulée en est  l’illustration la plus citée. On peut y lire : « Quand une bonne partie de la route infernale sera faite, tu rencontreras un âne boiteux chargé de fagots et un ânier qui boite comme lui. » 

 

En Franc-maçonnerie, le Profane est déchaussé du pied gauche pour être mis en état de boiter. Il va en boitant jusqu’à ce qu’il soit reconnu Apprenti.

 

 Nous retrouvons la symbolique de la boiterie ou de la claudication dans toutes les parties du monde, sous des formes diverses comme par exemple, des danses à pas boités. Selon Curt Sachs, elles auraient pour origine la Chine antique. M. Loeffler-Delachaux rapporte cet autre exemple particulièrement significatif : Au Siam, chaque année, on nommait pour trois jours une sorte de « ministre de l’agriculture » qu’on appelait le Roi Bancal et qui était Seigneur des Armées célestes. Pendant une cérémonie qui durait trois heures, il devait se tenir sur une seule jambe sans tomber ni poser le second pied à terre, en quel cas, il était dépouillé de ses biens et sa famille entrait en esclavage. Ce roi bancal avait pour mission de rappeler aux agriculteurs que labourage et semailles doivent s’accomplir sous le règne du soleil déclinant, donc boiteux.

 

Certains ordres religieux catholiques n’acceptent pas les boiteux ni ceux qui présentent une déficience physique commençant par la lettre B [12]. Au XVIIIe siècle, ce sont les Francs-maçons qui reprennent cette règle des B (B comme bancal, bâtard, bègue, bigle, boiteux, borgne, bossu, bougre). Les infirmités physiques seraient perturbatrices du psychisme et constitueraient un obstacle à l’initiation.   Dans les rêves, la boiterie symbolise l’exclusion, la solitude, mais aussi l’ombre, les éléments insolites, inadaptés de notre personnalité.

 

les habits des francs-maçons, gants, tabliers & autres vÊtements    -     N°  25    -

Lucien brÉlivet

Edition MAISON DE VIE

 2008

Chacun sait que les Franc-maçons portent un tablier. Mais ce vêtement rituel, hérité de la tradition des bâtisseurs, est-il le seul en usage, et quelle est son importante symbolique ? Pour la première fois, un livre aborde l’ensemble de la vêture des Frères et des Sœurs, qu’il s’agisse des gants, des robes, des sandales, des cordons ou d’autres emblèmes. S’agit-il d’un folklore désuet, ou bien cette prise d’habits revêt-elle un sens initiatique qu’il convient d’approfondir ? À partir d’une étude détaillée de la documentation, d’informations inédites et de la pratique des rituels, l’auteur offre la vision parfois surprenante d’un monde de signes trop négligés.

 

L'origine du Tablier maçonnique remonte à celui porté par les maçons opératifs du Moyen Age. Les quelques exemplaires qui nous sont parvenus montrent que ce tablier était, très probablement, en peau de mouton, assez grand pour couvrir de la poitrine aux chevilles soutenu par un tour de cou et attaché autour de la taille par de grandes lanières. Ce tablier rustique fut utilisé durant des siècles et ce n'est qu'au XVIIIe siècle qu'ait apparu le tablier brodé employé par les maçons modernes. Nous trouvons les premières représentations de tabliers maçonniques sur le portrait d'Anthony Sayer, premier G.M. de la Maçonnerie moderne et sur l'illustration du frontispice du Livre des Constitutions d'Anderson de 1723. Sur la première on distingue clairement la bavette relevée, quant à la seconde, on y voit le Tuileur porter de grands tabliers semblables à ceux des opératifs que nous venons de décrire. Nous ne savons pas quand ces longs tabliers disparurent. Ils ne sont représentés que sur 4 des 83 illustrations de Rylands. La plus intéressante, datée de 1754, montre un groupe de six maçons qui en sont vêtus. Seuls le 1er Surveillant et, semble-t-il, le V: .M: portent la bavette baissée.

A la vue des tabliers et des illustrations de l'époque, les Tabliers avaient été initialement conçus pour être portés bavette relevée boutonnée au manteau ou au gilet.

Plusieurs de ces vieux tabliers ont une boutonnière dans la bavette mais la tendance, parmi les Maîtres Maçons, était de porter la bavette baissée voire de s'en passer.

 

En France, le compagnon portait la bavette relevée et boutonnée au manteau comme on peut le lire dans de nombreuses divulgations (Catéchisme des Francs-Maçons en 1744, L'ordre des Francs-Maçons Trahi en 1745).

Par exemple, dans Le Maçon Démasqué, en 1751, la description de la cérémonie de MM:. contient ce qui suit : "… le Vénérable détacha l'oreille de mon tablier qui tenait à un bouton de la veste, & me dit qu'en qualité de Maître j'avais acquis le droit de la baisser" que l'on retrouve quasiment à l'identique dans le "Rit Français" de 1785.Les illustrations de Rylands offrent seulement trois exemples de bavette relevée : celle, déjà mentionnée, d'Anthony Sayer datant de 1717 ; celle dont nous avons parlé, datant de 1754 ; et la dernière, datant de 1784. Sur une douzaine d'illustrations les tabliers n'ont plus de bavette, sur les autres elle est baissée.

 

Le cuir épais fut rapidement remplacé par des cuirs plus souples. Il a continué à être utilisé au moins jusqu'en 1811. Ceci est mis en avant dans la première référence officielle au tablier trouvée dans les minutes du 17 mars 1731 de la G.L. de Londres, je cite :"Les Maîtres et Surveillants de Loges peuvent revêtir leurs Tabliers de cuir blancs avec de la soie blanche, et peuvent accrocher leurs Bijoux aux Rubans blancs mis autour du cou". (A.Q.C., X, p. 146.) Ce règlement sera repris en 1738 et dans les éditions suivantes des Constitutions. Dans ces minutes il est également précisé que "seuls le Grand Maître, le Député et les Surveillants porteront [...] un tablier de cuir blanc à ruban bleu". Le 24 juin 1735, il est accordé aux Grands Stewards le privilège d'arborer un tablier rouge. A partir de 1731, le tablier eut une forme plus pratique. Le cuir est remplacé par des tissus plus légers, soie, satin, velours, toile et peau de chamois. La bavette, lorsqu'elle était présente, était triangulaire ou arrondie, forme de plus en plus prisée par les MM:., vraisemblablement pour marquer leur rang distinctif. La partie inférieure du tablier était parfois carrée, mais, plus généralement, les coins étaient arrondis et les lanières en cuir remplacées par des rubans ou des cordons.

 

La tendance à décorer les tabliers avec des symboles a commencé dans les années 1730. Les tabliers étaient artistement peints ou brodés avec raffinement, souvent faits maison, et devinrent à la mode jusqu'à l'Union en 1813. A partir de 1760 les tabliers imprimés sont apparus. Rylands résume ainsi : "… aux environs de 1784 la taille du tablier a été considérablement réduite… il y eut longtemps un grand laxisme… aucune définition quant à l'uniformité. Tant que le support était blanc, il pouvait être décoré de symboles maçonniques ou autres sans enfreindre les règles du moment que cela n'interférait avec les privilèges des Grands Officiers dont la bordure des tabliers était brodée de pourpre. La taille s'est réduite au fur et à mesure "Chez les Antients il devint habituel de dessiner ou peindre le blason de leur propre Grande Loge. Ils donnaient libre court à leur fantaisie dans le choix et l'utilisation des embellissements. Le 2 septembre 1772, la G.L. Atholl adopta la résolution suivante :"Il a été indiqué à la G.L. que plusieurs Frères étaient apparus publiquement avec lacet et frange dorés, ainsi qu'avec beaucoup de décors sur leur tablier, ce qui est contraire à la notion même de dignité et aux us et coutumes antiques du Métier, il fut décidé et ordonné qu'à l'avenir, aucun Frère, exceptés les Grands Officiers, n’apparaîtra avec lacet doré, frange dorée, broderie d’or ou quel qu’autre chose dorée sur leur habillement maçonnique ou ornements."

 

C'était une interdiction pure et simple de toute décoration dorée mais il n'y avait toujours aucune tentative d'uniformisation. Il faut attendre l'Union de 1813 pour réaliser une uniformisation des décors. Une Commission de Travail, établie en décembre 1813, définit la taille, la coupe et la couleur des tabliers, je cite : Apprenti Entré,- Un rectangle de peau d’agneau blanche de 14 à 16 pouces de large, 12 à 14 pouces de longueur, sans ornement ; cordes blanches. Compagnon,- identique à celui d’apprenti entré, avec seulement deux rosettes bleu ciel en bas. Maître Maçon,- le même, avec la doublure et la bordure bleu ciel d'1 ½ pouce de large et une rosette complémentaire sur la face ou la bavette. Aucune autre couleur ou décoration ne sera autorisée sauf pour les officiers et les anciens officiers des loges qui peuvent avoir les emblèmes de leurs offices en argent ou en blanc au centre du tablier. Ces modifications, entérinées par la Grande Loge Unie d'Angleterre au début de 1814, entrèrent en vigueur dès la publication des nouvelles Constitutions en 1815.En France, en 1778, le Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées de France, faisant suite au Convent National de Lyon, définit les Tabliers comme suit :Les Apprentis ont le tablier de peau blanche, sans doublure ni bordure, la bavette haute; les Compagnons ont le même tablier, avec des rubans bleus; les Maîtres ont le tablier doublé et bordé de bleu, la bavette abattue.

 

La codification du Rit Français en 1785, reste assez vague si ce n'est une précision au 3ème grade, savoir que le tablier des MM\ doit être blanc bordés de bleu et, comme nous l'avons vu supra, que la bavette sera "désormais" rabaissée, sous entendant qu'elle est relevée aux 2 premiers grades. Quelques années plus tard, un Décret, en date du 15 décembre 1808, donne une description des Cordons et Bijoux des 33 grades du REAA. Ainsi le Tablier des 3 premiers degrés doit être de peau blanche, bordé en soie couleur de feu et attaché avec des cordons de la même couleur. Un Triple Triangle Couronné est peint ou brodé au centre. La résolution de la Grande Loge le 17 mars 1731, ordonnait ce qui suit :" Personne, à part le Grand Maître, son Adjoint et les Surveillants, ne peut porter de bijou en or ou doré pendu à un ruban bleu autour du cou, ni de Tablier en cuir blanc avec de la soie bleue ; ces derniers pouvant cependant être portés par les anciens Grands Officiers."

 

C'est la première référence à la soie bleue sur les tabliers et il est clair que le bleu était à l'origine réservé pour les Grands Officiers. Le MS Rawlinson, c. 1740, précise :"Deux tabliers de Grands Maîtres sont garnis de soie bleu Jarretière et retournés sur deux pouces avec des cordes de soie blanche." En 1745-50 les Grands Officiers commencèrent à border leurs tabliers de ruban pourpre. Le bleu clair fut graduellement abandonné par les Grands Officiers et adopté par les Maîtres Maçons et, puisqu'il n'y avait aucune règle sur le sujet, les tabliers bordés de bleu devinrent de plus en plus courants. Comme nous l'avons vu il fallut attendre 1815 pour arriver à une uniformité et une régularité dans la matière, la conception, la forme et les décorations du tablier. Ce texte perdura avec très peu de modifications. La principale concerne "les glands argentés" qui doivent pendre sur la face, dépassant de sous la bavette.

 

Les glands, dans leur forme rudimentaire, ont dû apparaître très tôt comme le prolongement naturel des cordes attachées à l'avant du tablier. Plusieurs exemples de tabliers, bien conservés, datant du XVIIIe siècle, ont de larges rubans dont les extrémités se terminent avec des franges dorées, de sorte, qu'une fois noués à l'avant, ces extrémités frangées ont l'aspect d'une paire de glands. Il est impossible à dire quand les glands argentés ont fait leur apparition en tant que décor "standard" sur les Tablier de Maîtres Maçons. Ils ont été officiellement prescrits pour la première fois dans le Livre des Constitutions de 1841 mais ont probablement été utilisés avant.

 

L'origine des rosettes des Compagnons et des M\M\ sur les tabliers est également inconnue. En Angleterre leur introduction fut tardive et ne furent officiellement prescrites qu'en 1815 pour différencier les trois grades. Il est cependant probable que leur but original fut purement ornemental. La première représentation d'une rosette sur un tablier date de 1736 sur le portrait de Lord William Saint Clair, premier Grand Maître de la Grande Loge d'Ecosse. Malheureusement, il n'y a aucune trace d'une Grande Loge Anglaise ou Européenne, à cette époque, ayant prescrit l'utilisation de telles rosettes et, de ce fait, nous sommes contraints de supposer qu'elles étaient purement décoratives. Ceci n'exclut pas la possibilité, cependant, qu’elles aient pu avoir une signification plus pratique dans les Loges dans lesquelles elles étaient portées.

 

 les "Tau" renversés : Il semble qu'il n’y ait eu aucun nom officiel pour les "Tau" renversés qui décoraient le tablier d'un Maître ou d'un Passé Maître. Les Constitutions de 1815 les décrivent comme "lignes perpendiculaires sur traits horizontaux, formant de ce fait 3 séries de deux angles droits " ; à l'origine ils étaient de ruban d’un pouce de large. La même définition apparaît dans les présentes Constitutions, bien que de nos jours ces emblèmes soient habituellement argentés ou blancs. Ils étaient seulement destinés à marquer une distinction.

 

Si le "Métier" est aujourd'hui spéculatif, si chaque maçon doit être, dans une certaine mesure, spéculatif dans son attitude et conformément à ses principes, il ne faut cependant pas tomber dans l'excès et repousser les limites de la recherche en amplifiant les valeurs des symboles. Vous en conviendrez, si on ne peut être maçon sans être initié - puisque cette cérémonie nous "fait maçon" -, de même, la Franc-Maçonnerie ne peut être sans le symbolisme qui est un moyen d'accès à la connaissance. L’enseignement par le symbolisme est une pratique séculaire et la Franc-Maçonnerie, à l'instar de toutes les grandes organisations civilisées telles l'Etat, les Eglises, les Armées, etc, s'approprie des symboles qui ont tous une interprétation acceptable. Acceptable dans la limite de la pensée spéculative, savoir d'une réflexion abstraite et théorique qui considère les tenants et aboutissants d'une chose comme si elle était vraie, sans pour autant la considérer comme vraie. La définition la plus connue et le plus largement acceptée de la Maçonnerie, est qu'elle représente "Un système particulier de moralité... illustré par des symboles" que le Métier interprète à sa manière d'une façon claire et simple, avec les symboles des Outils et du Tableau de Loge.

 

Avant d'aller plus avant, il serait opportun de faire une différentiation claire entre les termes Symbole, Emblème et Insigne. Le Symbole est une idée, un signe ou un objet qui a en soi une signification qui peut être trouvée s'il est étudié. Certains symboles sont simples, d'autres plus complexes et permettent une interprétation étendue. L’Emblème est également un dispositif symbolique dont la signification est évidente, connue et acceptée par tous : par exemple, une couronne représente la royauté, le blanc signifie la pureté. Le Signe est une marque ou une indication par laquelle une personne ou un objet se distingue ; c'est un moyen permettant de reconnaître l'appartenance à un groupe ; il sert réellement à établir l'identité de son propriétaire au même titre que son propre nom. Les trois sont utilisés en maçonnerie.

 

Le tablier comporte des symboles ou des emblèmes comme éléments décoratifs ; par exemple, le liseré bleu, les rosettes et les glands. Sont-ce des symboles ou des emblèmes ? Ont-ils une valeur en dehors de toute forme artistique ou de décorations ? Certains enseignent que ce sont des symboles et vont même beaucoup plus loin en déclarant que la forme actuelle du tablier et de la bavette ainsi que la position de cette dernière sont importantes de par leur contenu symbolique. Attention à de telles affirmations. Au mieux les décorations sur le tablier sont probablement emblématiques, mais ce que ces emblèmes signifient est impossible à énoncer exactement ; par exemple, il est dit que le liseré bleu symbolise la charité. Cela se peut, mais la charité est une vertu commune du Métier or beaucoup de tabliers ont une bordure de couleur différente !!! Couleur qui a changé et évolué avec le temps et au fur et à mesure de la création des rites maçonniques. Il n'y a, au final, que peu d'indications dans les rituels ou les documents officiels sur les couleurs précises à utiliser si ce n'est :

 

la référence à l'Ordre du Saint Esprit pour le Rite Français (bleu clair) - L'ordre des francs-maçons trahi (1745) et encore aujourd'hui explicitement en Belgique -,

l'ordre de la Jarretière pour les Grands Officiers (bleu foncé) - le MS Rawlinson (c. 1740) –

le rouge "couleur de feu" pour le REAA - décret du 15 décembre 1808 –

et le bleu ciel dans les Constitutions de 1815.

 

Le fait de vouloir rapprocher les couleurs des Tabliers à celles des ordres nationaux ou monarchiques serait une idée de Frédéric Tristan, alors Grand Orateur de la GLNF dans les années 1980's. Nous le voyons, peu de symbolisme ésotérique dans ces choix…Quant aux trois rosettes dites représenter les Trois Degrés, aucun érudit n'en connaît leur origine. De même, l'origine symbolique des glands et de leurs sept chaînes est entourée de mystère. Il vaut bien mieux accepter le fait très probable que les fabricants, à compter de 1830, ont conçu une représentation symétrique pour le tablier en plaçant les glands avec leurs chaînes décoratives de chaque côté du tablier. Enfin, les jusqu'au-boutistes iront jusqu'à voir dans le "crochet" et le "fermoir" des symboles fantastiques et mystiques ; une telle affirmation sur d'humbles dispositifs d'attache, si couramment utilisés, est complètement injustifiée. Rappelons-nous que lors de sa réception le candidat est informé : Que le tablier est le signe marquant son appartenance à la Fraternité et qu'il doit toujours le porter en Loge. Il est le symbole du travail et de la vie active et laborieuse que le Maçon doit mener.

 

Rappel utile puisque, lors du Convent de 1948 de la GLDF, au sortir de la guerre, la Commission des Rituels faisait l'amer constat de "l'abandon progressif du tablier de Maître et son remplacement par le cordon». Le tablier est donc, dans sa finalité, non seulement le signe officiel de notre appartenance à l'"ancienne et honorable Société" mais, également, une mise en garde qu'un frère doit toujours comprendre et se conformer à l'éthique de l'Art, de sorte qu'en loge, au moins, règne une paix juste, agréable et fructueuse, appelée par certains "égrégore"…Les explications symboliques qui sont pratiquement normalisées dans les rituels modernes sont claires, simples et tout à fait satisfaisantes. C'est le droit incontesté pour chaque Maçon de chercher plus loin une interprétation qui viendra répondre à ses besoins spirituels. Mais il devra se rappeler la phrase de Tennyson sur "la fausseté des extrêmes" et n'accepter progressivement "des explications plus profondes" que lorsqu'il pourra le faire "en son âme et conscience». Ainsi vu, le symbolisme qui montre sans chercher à démontrer, qui pousse chacun à aller plus loin dans son questionnement personnel sans jamais apporter de réponse définitive, permet à la Franc-Maçonnerie spéculative d'être le trait d'union entre tradition initiatique ancestrale et humanisme moderne.

 

LE SIGNE DE LA CROIX  -  SYMBOLISME

Mgr.  Jean-Joseph Gaume

Edition Saint-Sébastien

2016

 Parfaitement certains que le salutaire mystère de la Rédemption et la vertu divine sont contenus dans le signe de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les fidèles de la primitive Église faisaient de ce signe le plus fréquent usage, ainsi que nous l’apprennent les plus anciens et les plus insignes monuments. C’est même par ce signe qu’ils commençaient toutes leurs actions. » S.S. Pie IX « Or, le signe de la croix est l’arme de précision contre le démon. Instruits immédiatement par les apôtres, les premiers chrétiens le savaient. En lutte permanente avec Satan, dans toute la puissance de son règne et la cruauté de sa rage, régulateur des mœurs, des idées, des arts, des théâtres, des fêtes et des lois, maître des autels et des trônes, souillant tout et faisant de tout un instrument de corruption, ils avaient sans cesse recours à l’infaillible moyen de dissiper le charme fascinateur, et de parer les traits enflammés de l’ennemi. De là, l’usage continuel du signe de la croix, devenu pour eux un exorcisme de tous les instants : quacumque nos conversatio exercet, frontem crucis signaculo terimus. »

 

Une profession de foi : Car le signe de croix n’est pas un acte anodin : il rappelle, de façon symbolique et condensée, les trois grands mystères de la vie chrétienne : celui de la Trinité, mystère d’un Dieu unique en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; celui de l’incarnation du Fils, qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie ; et celui de la rédemption, c'est-à-dire du rachat de l’humanité par la passion et la mort du Christ sur la croix. Fait avec foi, c'est-à-dire adhésion de l’intelligence à ce que l’on fait et dit, il constitue une véritable profession de foi en ces mystères. « C’est un bref résumé du “Je crois en Dieu” », traduit le Père Fabien, qui rappelle aux enfants que le signe de croix nous relie instantanément à la passion et à la mort de Jésus, à travers l’instrument majeur de son supplice : « ces deux morceaux de bois qu’il a dû porter, sur lesquels il a été cloué, où il a agonisé, jusqu’à la mort. Tout cela par amour pour nous ». Et grâce à quoi nous avons été sauvés, comme le rappelle cette phrase du chemin de croix : « Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons, parce que tu as racheté le monde par ta sainte Croix ».

Une belle et grande prière : C’est pourquoi on ne se signe pas (comme on disait autrefois) n’importe comment. « Et pour commencer, pas à toute vitesse, comme on le voit parfois faire à la télé ou dans certains films », insiste le Père Fabien. « À l’Île-Bouchard, a témoigné Jacqueline Aubry, l’une des voyantes, Marie l’a fait très lentement. Elle a voulu nous dire que le signe de croix est une grande et belle prière ». On vit cette prière non seulement dans la foi, mais aussi dans l’amour et la gratitude, uni au Christ et aux chrétiens crucifiés à sa suite. Comme ces martyrs japonais, dont Louis, 12 ans, et Pierre, plus jeune encore, qui périrent à Nagasaki en 1596. Ou plus récemment Damare, cet enfant soudanais qui a été cloué sur une croix, puis détaché, et qui a pardonné à ses bourreaux. Ou encore ceux qui sont cloués sur la croix de la maladie, de la peur, de la solitude… Pensons-nous à tous ces « autres Christ », quand nous faisons notre signe de croix ?

Un signe de la vie quotidienne : Mais d’abord, quand faut-il le faire ? « Le chrétien commence sa journée, ses prières, ses actions par le signe de croix », pose le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Ce qui n’empêche pas de se signer aussi en se couchant, ou à la fin d’une prière ou d’une action. Ainsi, la messe, qui actualise la mort, la passion et la résurrection du Seigneur, commence et se termine par le signe de la croix. « Je ne me suis jamais endormie sans avoir fait mon signe de croix, ajoute Magdalena, 75 ans. Je me signe aussi quand je passe devant une église ou un calvaire ». La croix peut également être tracée « en miniature » sur les personnes ou les objets : fidèle lui-même, mourant, malade, enfant que l’on bénit le matin avant le départ pour l’école, ou le soir au coucher, pain que l’on marque d’une croix avant de le rompre… Plus discret et plus rapide à réaliser que le « grand », le « petit » signe de croix peut s’avérer précieux.

Dans tous les cas, il ne faut pas mésestimer la puissance de ce geste, fait avec piété. « Il nous fortifie dans les tentations et les difficultés », annonce le Catéchisme de l’Église catholique. Pensons à y recourir dans nos combats : une petite croix sur la bouche pour se garder d’une médisance, une autre sur le front pour que s’éclaire notre intelligence, un beau et lent signe de croix quand le découragement nous guette… « Je me signe souvent dans la journée, pour m’unir au Christ et me revêtir de Lui », ajoute Magdalena. (Bien) faire le signe de la croix, c’est puiser dans les mérites, infinis, de la passion et de la mort du Christ. Et attirer la bénédiction de Dieu.

 

Les Églises issues de la réforme protestante l’utilisent avec parcimonie. Avec des variantes : si son usage est un peu répandu chez les luthériens, la plupart des courants évangéliques ne l’utilisent pas du tout. Chez les orthodoxes, le signe de croix se fait « à l’envers », c’est-à-dire de l’épaule droite à celle de gauche, au moment du « et du Saint-Esprit » (tout comme d’ailleurs chez les catholiques de rite oriental). Par ailleurs, au moment de se signer, les fidèles relient le pouce, l’index et le majeur, pour rappeler le mystère de la Trinité, tout en repliant l’annulaire et l’auriculaire, pour signifier la double nature du Fils.

 

le sîmorgh

Christian charriere

Edition  Les deux Océans

 1991

Ce livre est le récit d’une initiation spirituelle, et lorsque la cime est atteinte, le Simorgh prend son envol. C’est le mythe éternel du héros à la recherche de son Moi caché que décrit ce roman. L’oiseau fabuleux des 1 000 et 1 nuits nous vient du mazdéisme et fut développe par la suite par Sohrawardi, célèbre philosophe persan, il est aussi l’image de la totalité reconquise  et des potentialités qui, sommeillant au cœur de l’homme, vont vers leur pur accomplissement.

 

 

Ce récit d’une initiation spirituelle, se lit avant tout comme un roman d’aventures fantastiques ; on retrouve dans ce livre, le lyrisme, la richesse imaginative et le talent visionnaire de Christian Charrière.

 

Les textes anciens retrouvés concernant cet oiseau mystique ne nous renseignent pas sur sa véritable origine, ni sur sa première apparition sous forme littéraire. D’un point de vue étymologique, le nom Sîmorgh serait issu du pahlavi Senmurv et du pazand Sîna-Mrû, qui a leur tour viennent de l’avestique m r yô Saênô ou "l’oiseau Saêna", décrit comme étant une sorte de rapace ressemblant à l’aigle ou au faucon. Cette expression viendrait elle-même du sanskrit syenah, désignant une sorte d’aigle ou d’épervier.

 

Cependant, les contes traditionnels persans et notamment le fameux récit de ’Attâr que nous allons évoquer ont souvent joué sur le sens du préfixe "si-" signifiant "trente" en persan, pour alléguer qu’il serait aussi grand que trente oiseaux réunis - "morgh" signifiant "oiseau" -, ou encore que son plumage comporterait trente couleurs.

 

Si l’on suit les légendes iraniennes, le Sîmorgh aurait vécu assez longtemps pour assister trois fois à la destruction du monde. En outre, sa longue existence lui aurait permis d’accéder à la connaissance de toutes les époques et, dans certains récits mystiques, aux hautes connaissances théosophiques.

 

Selon d’autres récits, il vivrait jusqu’à 1700 ans avant de se consumer dans les flammes pour renaître ensuite de ses cendres sous la forme d’un nouveau Sîmorgh.

Dans la littérature persane et dans les diverses œuvres artistiques où il apparaît, il a souvent pris la forme d’une créature ailée ressemblant à un paon pourvu de longues griffes et à la tête tantôt humaine, tantôt animale. Il serait une sorte de mammifère femelle, étant donné qu’il est parfois mentionné qu’il allaite ses petits. Ses plumes sont couleur cuivre ou pourpres. Il fait preuve d’une hostilité déclarée envers les serpents, et habite généralement dans un endroit aquatique.

 

Dans les anciens écrits pahlavis, il est indiqué qu’il résiderait sur un arbre guérisseur appelé "vispubish" ou "harvisp tokhmak" qui porterait les graines de toutes les plantes existantes. En outre, l’Avesta nous apprend que cet arbre est situé dans la mer de "varoukâshâ", également appelée "farâkhkart". De nombreux récits mystiques chiites allèguent quant à eux que son nid se trouverait au sommet de l’arbre Tûbâ - l’arbre de la connaissance - situé au cœur de la montagne de Qâf se trouvant elle-même au sommet du Malakût, monde imaginal et terre des événements mystiques de l’âme. Enfin, il est parfois dit que la secousse provoquée par son envol fait tomber de l’arbre Tûbâ toutes les graines de toutes les plantes du monde. Ces dernières prennent alors racine et se développent sur terre, fournissant aux hommes des remèdes contre leurs maladies. Par conséquent, le Sîmorgh est parfois considéré comme étant un symbole de la fertilité ou un médiateur entre le ciel et la terre.

 

L’existence de cet oiseau légendaire semble remonter à la Perse antique, étant donné qu’il est mentionné à plusieurs reprises dans l’Avesta [1] ainsi que dans de nombreuses œuvres en pahlavi. Il figure également sur des monuments historiques de l’époque sassanide, notamment sur de nombreux bas-reliefs datant de cette période. De plus, il pourrait avoir été un emblème officiel de cette dynastie, étant donné que certaines représentations du bas-relief ouest du mur d’Afrasyâb à Samarkand mettent en scène un roi portant l’emblème du Sîmorgh sur son vêtement, à l’instar de Khosro Parviz sur le bas-relief de Tâgh-e Bostân. De nombreuses autres représentations de cet oiseau ont été retrouvées sur divers objets tels que des vêtements, des mosaïques ou de la vaisselle de cette même époque. Il apparaît également à plusieurs reprises dans l’art médiéval arménien et byzantin.

 

Figure centrale du Livre des rois, le Sîmorgh intervient à plusieurs reprises pour aider certains héros de cette épopée. Il apparaît tout d’abord lors de la naissance de Zâl, fils de Sâm, né albinos. Considérant les cheveux blancs de Zâl comme un signe maléfique, son père décide de l’abandonner dans le désert en plein hiver. Le Sîmorgh prend alors le nouveau-né en pitié et l’emporte dans son nid pour l’élever durant le jour, tandis qu’il est nourri par une gazelle la nuit. Lorsque Zâl atteint l’âge adulte, il exprime le souhait de retourner dans le monde des hommes. Très peiné, le Sîmorgh lui fait cependant cadeau de l’une de ses plumes qu’il suffira à Zâl de brûler pour provoquer, en cas de difficulté, l’apparition instantanée de l’oiseau.  Ce dernier assistera Zâl à deux reprises : lors de la naissance difficile de son fils Rostam où le Sîmorgh lui apprend à faire une césarienne, et une seconde fois lors du combat de Rostam contre Esfandyâr sur lequel nous reviendrons.

 

Dans ce récit, la blancheur de la chevelure de Zâl donne à penser qu’il vient du monde des êtres de lumière, d’où le refus du Sîmorgh de le laisser dépérir. Cette idée est reprise dans le "Récit de l’archange empourpré" de Sohrawardî, où ce dernier indique que dans "son" monde, tout est blanc, alors que le désert symbolise le monde matériel et l’exil occidental dans lequel est plongée l’âme lorsqu’elle s’incarne dans un corps matériel. On y retrouve également la symbolique du jour et de la nuit. Cette dernière symbolise le monde de la perception sensible alors que le jour, moment choisi par le Sîmorgh pour se manifester à son protégé, typifie la conscience des hautes réalités spirituelles.

 

Le Sîmorgh est donc le guide de l’âme, la protégeant dans ce monde tout en visant à lui faire reprendre conscience de son existence céleste antérieure et à l’initier aux hautes connaissances spirituelles. Il permet de remettre en scène un thème cher à la littérature mystique, celui de l’exil de l’âme en ce monde matériel et de sa "remontée" aux mondes spirituels supérieurs, lui permettant simultanément de découvrir le sens vrai de son être. Le Sîmorgh intervient dans un autre récit du Shâhnâmeh, celui du combat de Rostam, fils de Zâl, contre Esfandyâr, héros quasi-invincible ayant longtemps typifié pour le zoroastrisme le chevalier parfait de la foi. Après la première défaite de Rostam, Zâl fait appel à l’aide du Sîmorgh qui guérit son fils sorti du combat grièvement blessé et lui donne une branche de tamarix qu’il transforme en une flèche à deux pointes. Il lui révèle également le seul point faible d’Esfandyâr, ses yeux, en indiquant qu’en le visant à cet endroit, Rostam pourra s’assurer la victoire.

 

L’histoire précise également que si l’on place un miroir devant le Sîmorgh, l’image reflétée éblouira jusqu’à l’aveuglement tout regard ayant aperçu le reflet de l’oiseau mystique. Dans ce but, Zâl revêtit son fils d’une armure et d’un casque de fer à la surface parfaitement polie, tout en recouvrant son cheval de morceaux de miroir. Lorsqu’au cours du combat Esfandyâr se retrouve face à Rostam, l’image du Sîmorgh se réfléchissant dans les miroirs éblouit Esfandyâr. S’imaginant que la flèche à deux pointes de Rostam lui a porté un coup fatal aux yeux, il tombe, mort, dans les bras de Rostam. Selon les commentaires de mystiques tels que Sohrawardî, l’éblouissement d’Esfandyâr symbolise le réveil de la vision intérieure de l’âme qui, à ce moment précis, voit non pas les deux pointes de la flèche, mais les deux ailes du Sîmorgh ou la Face divine [3] qui entraîne sa mort à ce monde et sa nouvelle naissance aux mondes divins supérieurs. Par la suite, ce motif du miroir et de la vision intérieure sous forme d’épiphanie sera maintes fois repris dans les récits mystiques iraniens.

 

Ces deux histoires présentent un Sîmorgh qui, bien qu’intervenant dans le monde et les affaires des hommes, se situe au-delà du monde de la matière et revêt une dimension essentiellement supra-rationnelle et mystique. Ses actes ont ainsi été l’objet de nombreuses gnoses et interprétations de poètes, écrivains et mystiques iraniens au cours des siècles suivants.

 

LES LUTINS    -       B.A -  BA

Jean Paul RONECKER

Edition PARDES

2000

Jadis, il était d’usage, dans les campagnes, de laisser dans la grange ou devant la maison, un bol de bouillie destiné au lutin protecteur du foyer. Il fut un temps, en effet, où ces petits génies, tantôt aimables et serviables, tantôt terribles et vengeurs, faisaient partie intégrante de la vie de tous les jours.

 

Qu’ils soient lutins, korrigans, lepréchauns, follets, sotrés, servants, poulpiquets, pucks, lamignacs, korandons, phookas, criards, elfes ou brownies, ils étaient partout.

On les voyait à travers les branches et dans les buissons. On entendait leur rire cristallin se mêler aux remous des cascades, et leurs cris rageurs courir avec le vent.

 

Hélas ! que reste-t-il, aujourd’hui, de ces joyeux compagnons de notre enfance enfui ? Rien qu’un souvenir qui vacille et s’étiole, comme la pauvre flamme fatiguée d’une chandelle, sans jamais, pourtant, s’éteindre  tout à fait. Les lutins sont immortels, mais il est une arme terrible qui peut les faire disparaître à jamais : l’oubli. Il faut donc raviver la mémoire ensommeillée, afin de faire reculer le sombre spectre de l’absence, et ranimer le feu éternel de notre âme d’enfant.

 

Ce B.A. – BA  des lutins  se veut donc un guide pour découvrir l’univers du Petit Peuple, une passerelle vers l’Autre Monde merveilleux de Féerie.

Les lutins que vous rencontrerez au détour des pages ne seront peut-être pas ceux attendus, car ces petits génies ont souffert d’une uniformisation qui les a réduits à n’être plus que la caricature d’eux-mêmes. Avec nous, laissez-vous emporter par le vent qui mène à Magonia, et découvrez le vrai visage des lutins, sans fards ni tromperie.

 

C’est ce lutin, génie ou esprit, ramené à sa dimension première, que nous souhaitons vous faire connaître, dans ses métamorphoses ; ses sourires, ses grimaces… non pas un lointain souvenir, mais un être bien vivant, toujours présent.

Au sommaire de ce livre :  Origine des lutins  -  l’ambigüité du lutin  -  le bon lutin et le lutin maléfique  -  le génie familier  -  une cohabitation difficile avec les hommes  -  rituels et rites   -  liaisons dangereuses   -   les elfes  -  lutins de la terre et de la montagne  -  lutins sylvestres   -  lutins des landes et des prairies    -   lutins domestiques   -   lutins des eaux douces, de la mer et des rivages   -   lutins artisans  -   disparitions des lutins   -   entités mythologiques  -   le petit peuple  -

 

LUTINERIES -  A LA RENCONTRE DES LUTINS DE FRANCE

Gilles Kerloc’h – Thiry-Duval

Ed. Le Temps présent

2016

Voici un livre merveilleux et indispensable en ces temps où notre rapport à la nature se dissout dans les nuages numériques.

 

« Où sont passés les lutins ? interrogent les auteurs, Ceux qui gambadaient dans les pages des livres ou les mots des conteurs. Ceux qui vivaient encore, il n’y a pas si longtemps, à quelques pas des mortels. Cohabitation souvent douloureuse qui, par l’inconstance de la nature profonde de nos petits êtres, rendait les relations humano-lutines difficiles. Tel un Janus non plus mythologique mais féérique, il passait de la bienveillance à la cruauté en un clignement de paupières. Où sont passés les lutins ? » Gilles Kerloc’h et Hervé Thiry-Duval nous emmènent en quête du petit peuple

 

« Pourtant, le petit peuple, devenu un écho des contes d’autrefois, se révèle toujours là. Mais il faut savoir le respecter, l’apprivoiser, le rassurer, pour espérer un jour l’apercevoir. Lors d’une balade en forêt, observez tous les petits signes qu’ils aiment à laisser derrière eux, comme autant de messages vaporeux qui nous sont destinés Observez, écoutez, patientez et vous les trouverez. Mais avant tout, en tournant les pages de ce livre, apprenez à les connaître pour ensuite les aimer, ils vous le rendront au centuple. »

 

La quête commence par une carte de France lutine, une manière de constater qu’ils sont partout, ou presque, comme le révèle d’ailleurs la toponymie. Elle se poursuit par un souci de distinction. Les auteurs notent que nous avons tendance à nier leur diversité et leur spécificité. Il y a bien sûr les Farfadets, dont l’origine est incertaine. Troglodytes venus de l’Ouest, ils se distinguent en Fadets, Frères-Fadets, Fras ou Fradets. « On les décrit généralement comme des êtres très velus, un peu crasseux, toujours mal fagotés ». Ils aiment faire des trous, creuser la terre, avec leurs mains de taupe et nous apprenons qu’ils préfèrent les blondes et veillent sur des trésors.

 

Il y a le Teuz, un lutin des eaux douces, breton, qui fut proche de l’homme, trop proche, ce qui déclencha une guerre avec les Korrigans. Il y a le Drac, le ricaneur malfaisant du Quercy, dont le nom évoque par l’étymologie le dragon, voire le diable. Spécialiste des mauvais tours et de l’art de la métamorphose, il recherche les milieux aquatiques. On dit que des adolescents peuvent devenir disciples du Drac, surtout en période de Carnaval, on dit qu’ils « font le drac ».

 

Il y a le Nuton qui habite les Ardennes, belges et françaises. Lutin des cavernes, travailleur, il est un maître des arts manuels. Les Nutons sont mineurs, forgerons, bourreliers, chaudronniers, menuisiers, etc. Ils rendaient service aux humains jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Depuis, ils ont disparu dans les profondeurs de la terre.

 

Ce livre vous fera découvrir ou redécouvrir aussi les Morgans de l’Île d’Ouessant, le Tac des forêts landaises, les Afars du Haut-Vivarais, le Goubelin normand, les Sarvins, farceurs de Haute-Savoie, le Fullettu corse, les Foultots du pays Comtois, le Lamina des montagnes Basques, le Sotré des Vosges, l’étrange Matagot, un chat d’argent de Gascogne…

 

Le nom " Deva " vient du Sanskrit et signifie "Etre de lumière brillante". Il est employé pour parler d'être non physique. Le mot " Deva " est, ici, pris au sens général pour représenter des êtres spirituels de la nature et des êtres angéliques, comme les lutins, les gnomes ou autre habitant de lieux magiques. On dit qu'au commencement, quand la terre s'est solidifiée et que les formes de la vie ont été formées, les Devas étaient présents dans l'évolution mais n'existaient pas sous la forme d'un corps physique.

 

La conscience des Devas est dirigée vers l'expansion contrairement à notre conscience qui est focalisée et limitée par la forme du corps humain. Les Devas sont toujours conscients de leur environnement cosmique et veulent devenir toujours plus conscients de que ce qui les entourent. Les êtres des Devas veulent être, alors que les êtres physiques veulent faire. Les êtres du Monde Dévique se concentrent pour créer alors que les êtres physiques veulent se développer.

 

Les Devas ont une connaissance instinctive des modèles, des rapports et des harmonies cosmiques. Leur monde est celui du plan astral, Royaume où ils sont comme des vortex ouverts à la conscience cosmique. Certaines personnes peuvent les percevoir, il faut pour cela avoir un don de clairvoyance affiné. Les représentations des Dévas ont des formes plus ou moins humaines mais ceux sont essentiellement des vortex d'énergie.

 

Ils ont attachés à la mémoire et apprennent des expériences antérieures. Ils sont conscients des archétypes du champ dans lequel ils travaillent et réagissent et s'améliorent selon les influences physiques ou les formes de vie avec lesquelles ils travaillent. Ils sont intéressés uniquement par leur propre champ de travail. Par exemple, le Deva de l'arbre " le chêne " est intéressé par la croissance de cet arbre, un Deva des fleurs, ne sera intéressé que par les formes de la vie des fleurs et ses travaux de guérison dévique ne seront focalisés que pour cela. Il est donc inutile de demander à un Deva d'arbre comment guérir un corps humain. Les Devas sont informés uniquement de leur propre domaine.

 

Travailler avec des Devas est un avantage mutuel. Les Devas acquièrent l'expérience de la conscience et de l'action focalisées, alors que les humains peuvent apprendre le silence de la conscience Dévique et de sa sensibilité en liaison avec les influences cosmiques. Les Devas sont toujours disposés à aider les humains.

 

Il existe de nombreux êtres spirituels de la Nature et il est difficile d'en faire la liste. Ce qui importe est d'avoir une idée de ce qu'ils sont et de vivre en conscience que ce monde merveilleux existe autour de nous. Vous aurez, peut-être un jour, la grâce d'en voir un au détour d'un chemin ou dans votre jardin et serez émerveillé de la joie qui émane de ces êtres divins.

 

Et comme le suggèrent les auteurs, il faut être particulièrement ignorant et  sot pour ne pas croire aux lutins. Si les lutins se replient aujourd’hui loin des êtres humains, la raison première en est évidente. Notre rapport destructif avec la nature les met bien évidemment en danger. Seul le Matagot s’est rapproché, entrant dans nos maisons, dissimulé parmi nos compagnons de fortune, les chats. Adoptons comme devise, la forte affirmation d’Hervé Thiry-Duval : « La féérie vaincra ! ».

 

L’ŒIL    ,  SON   SYMBOLISME   ÉSOTḖRIQUE,  SPIRITUEL   ET  UNIVERSEL   

DIVERS  AUTEURS

ARCADIA

 2004

Important dossier sur le symbolisme de l’œil, qu’il soit maçonnique, égyptien, ou philosophique, l’œil a toujours fasciné, depuis la nuit des temps l’homme l’a assimilé à la divinité ou à sa propre conscience. Il ne laisse indifférent, ni les sociétés spirituelles, ni religieuses, ni animistes.

 

On trouve dans cette étude : Le Graal, Lucifer et son émeraude, Adam, l’œil d’Horus coupé en 64 morceaux par Seth, le 3e œil des Hindous, représenté par le 6e chakra, l’œil du cœur, Victor Hugo et son œil dans la tombe, l’œil pinéal, le mauvais œil. Tout ce qui se rattache à l’œil comme la cécité, les aveugles, les borgnes, l’intériorité, les ténèbres.

Le mot Ayin veut dire œil en hébreu et il désigne la source. Pratiquement toutes les religions et les philosophies parlent d’œil Divin, l’œil qui voit tout, l’œil Divin au centre du tétragramme et du triangle Maçonnique.

 

L’œil ou la conscience qui s’éveille, était accompagnée en Egypte du Scarabée d’o. On y trouve l’histoire de Tobie aveugle qui fut guéri par l’ange Raphael. Les grands cyclopes, le célèbre borgne Odin dans la mythologie scandinave, St Paul devenu aveugle sur le chemin de Damas, le poisson aux 4 yeux, les yeux du Bouddha Gautama dans son célèbre sermon de Bénarès.


L’un de nos plus frappants symboles est assurément le Delta lumineux, signe du ternaire. Il y a trois parties dans l’ensemble de l’emblème: un triangle, qui porte en son centre l’œil de l’intelligence ou du principe conscient; des rayons exprimant l’activité, l’expansion constante de l’être, en vertu de laquelle le point mathématique sans dimensions, qui est partout, remplit l’immensité sans limite; un cercle de nuages figurant le retour sur elles-mêmes des émanations expansives, ou plus exactement leur condensation sous la pression de leur rencontre, puisqu’il s’agit de vibrations provenant d’une infinité de foyers, écrit Oswald Wirth.

 

Ce ternaire comporte la thèse (affirmation), l’antithèse (négation) puis la synthèse (solution). Autrement dit: bien dire, bien faire, et bien penser.

 

Aux cinéphiles on rappellera «L’homme qui voulut être Roi» de John Huston, d’après Kipling. Sans doute le film le plus célèbre consacré à la franc-maçonnerie. Le Delta lumineux y tient une place de premier plan. En passant, relevons que le Delta lumineux est aussi fort en honneur chez nos «Bons Cousins», les Compagnons du Devoir. Ils y voient justement la force qui entreprend, la beauté qui orne, la sagesse qui harmonise. Suivant les cas, on voit dans le Delta le tétragramme sacré IEVH, en lettres hébraïques: Iod, Hé, Vav, Hé sont les lettres du nom divin dont la prononciation était réservée au grand prêtre une seule fois l’an, dans le Debir (Saint des Saints) du Temple de Jérusalem.

 

Dans notre tradition, l’œil du Delta symbolise sur le plan physique le soleil, d’où émanent la vie et la lumière; sur le plan intermédiaire ou astral, le verbe, le logos, le principe créateur; sur le plan spirituel ou divin, le Grand Architecte de l’Univers. L’œil unique, sans paupière est le symbole de la connaissance divine. Inscrit dans un triangle, il est en ce sens un symbole à la fois maçonnique et chrétien. L’œil unique du Cyclope, au contraire, indique une condition sous-humaine, de même que la multiplicité des yeux d’Argus, deux, quatre, cent yeux dispersés sur tout le corps et ne se fermant jamais tous ensemble; ce qui signifie l’absorption de l’être par le monde extérieur, et une vigilance qui n’est jamais tournée que vers l’extérieur.

 

Parce que l’œil tient une place essentielle dans notre Delta lumineux, il paraît intéressant d’élargir notre champ de réflexion en abordant d’autres cultures, là surtout où il relève aussi du ternaire. Sa symbolique y demeure celle de la perception intellectuelle. On considère successivement l’œil physique dans sa fonction de réception de la lumière. Puis l’œil frontal, le troisième œil de Civa, enfin l’œil du coeur, qui reçoivent l’un et l’autre la lumière spirituelle. Selon Platon et saint Clément d’Alexandrie, l’œil de l’âme est non seulement unique, mais sans mobilité. Il n’est susceptible que d’une perception globale et synthétique. La même expression d’œil du coeur ou de l’esprit est relevée chez Plotin, saint Paul et saint Augustin. C’est aussi une constante de la spiritualité musulmane (Ayin-el-Qalb). On la trouve chez la plupart des soufis, notamment chez Al-Hallâj. Mais, également, le mauvais œil est une expression très répandue dans le monde islamique, symbolisant une prise de pouvoir sur quelqu’un ou quelque chose, par envie et avec une intention méchante.

 

Le mauvais œil, dit-on, est cause de la mort d’une moitié de l’humanité. Le mauvais œil vide les maisons et remplit les tombes. Auraient des yeux particulièrement dangereux les vieilles femmes et les jeunes mariées. Y sont particulièrement sensibles les petits enfants, les accouchées, les chevaux, les chiens, le lait, le blé. Heureusement, il existe des moyens de défense contre le mauvais œil: des dessins géométriques, des objets brillants, des fumigations odorantes, le fer rouge, le sel, l’alun, des cornes, le croissant, une main de Fatma. Le fer à cheval est aussi un talisman contre le mauvais œil. Il semble réunir à cause de sa matière, de sa forme et de sa fonction les vertus magiques de plusieurs symboles: corne, croissant, main et cheval (animal domestique et primitivement sacré).

 

Chez les Egyptiens, l’œil Oudjat (œil fardé), était un symbole sacré, que l’on retrouve sur presque toutes les œuvres d’art. Il était considéré comme une source de fluide magique, l’œil-lumière purificateur. On connaît aussi la place du faucon dans l’art et la littérature religieuse de l’Egypte ancienne. Or, les Egyptiens avaient été frappés par la tache étrange qu’on observe sous l’œil du faucon, œil qui voit tout. Autour de l’œil d’Horus se développe toute une symbolique de la fécondité universelle. Rê, le dieu soleil, était doté d’un œil brûlant, symbole de la nature ignée; il était représenté par un cobra dressé, à l’œil dilaté. Les sarcophages égyptiens sont souvent ornés d’un dessin de deux yeux censés permettre au mort de suivre sans se déplacer le spectacle du monde extérieur. Pour nous francs-maçons encore sur terre, l’œil du Delta lumineux, dans le symbolisme constructif, devient l’œil du dôme, au sommet de la voûte ou du temple. Il exprime la porte étroite située au zénith du cosmos, ou de la voûte étoilée qui ouvre sur l’inconnaissable. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La voie parcourue passera de la porte étroite franchie par l’apprenti, à la porte étroite du maître maçon


Enfin les célèbres phrases de St EXUPERY:


On ne voit bien qu’avec le cœur
L’essentiel est invisible pour les yeux

L’important n’est pas de se regarder l’un vers l’autre, mais de regarder vers la même direction

 

les mystÈres de l’œil

Claude durix

Edition TREDANIEL

 1990

Claude Durix a exercé l’Ophtalmologie à Casablanca de 1950 à 1987. Élève de Louis Paufique, il fut le premier à pratiquer la microchirurgie au Maroc.


Il consacre son temps libre aux Arts Martiaux depuis 1944 et participe comme combattant à trois championnats du Monde de Kendo. Il est actuellement l’un des plus hauts gradés européens, titulaire de douze grades de ceinture noire : 4ème dan de Kendo, 3ème dan de laïdo, 3ème dan de Judo, 2ème dan d’Aïkido.


Il fut initié au Zen au Japon, en 1956, par Sengoku Rôshi, le Maître du Monastère d’Obaku-san, près de Kyoto. Il fut ainsi amené, sur la demande de ce Maître, à introduire le Zen, pour la première fois sur le continent africain, en fondant des dôjos à Casablanca, Rabat, Marrakech, où il dispensa son enseignement.


Ces trois activités : pratique et enseignement du Zen, des arts martiaux et de la microchirurgie de l’œil se sont révélées parfaitement compatibles et même profondément complémentaires.

Ce livre est une illustration de cette complémentarité et une réflexion sur le mystère de l’œil, inséparable du mystère de la vie. L’humour, l’anecdote chargée de sens y tiennent sans cesse le lecteur en haleine.


Ce livre se lit comme un roman : le roman de la Vie.


Claude Durix vit maintenant retiré dans son ermitage, au nord du Maroc, sur les bords du détroit de Gibraltar.

 

les nuages et leur symbolique

Direction J. kelen

Edition Albin Michel

 1995

Notre perception des nuages  se réduit trop souvent au domaine de la météorologie. Leur présence est ressentie de façon négative, au point que de nombreuses métaphores les mettent en scène dans un sens dépréciatif.

 

Or les nuages ont longtemps été les images mêmes de la rêverie, du voyage de l’esprit, tandis que, dans certaines croyances religieuses, ils constituent le support de la méditation et sont considérés comme des lieux de vision.

 

Poètes, peintres, philosophes et mystiques, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, tous ont un jour rencontré ce motif ; symbole de fécondité et de douceur par la pluie qu’ils recèlent, appels à l’invisible, les nuages inspirent autant la mélancolie devant la fugacité de toutes choses qu’un sentiment de joie face à leur légèreté et à leurs métamorphoses ; ils invitent à la quête autant qu’à la contemplation.

 

A l’initiative de J. Kelen, des spécialistes de haut niveau, rendent aux nuages l’hommage qui leur est dû. Conjuguant rigueur et sensibilité, cet ouvrage nous amène de l’Egypte ancienne à la Chine, de l (Hindouisme à l’Islam, du judaïsme aux croyances des Celtes et des Germains, de la philosophie platonicienne au christianisme et à l’alchimie, et de la calligraphie chinoise à la peinture occidentale, est une magnifique invitation au voyage dans le royaume de la méditation et de la rêverie.

Au sommaire de ce livre :

 

Jacqueline Kelen : Nuages, mon beau désir

Christian Jacq : La route fertile, la symbolique des nuages selon l’Egypte ancienne

Catherine Despeux : Célestes randonnées, la symbolique du nuage dans la culture chinoise.

Jacques Bonnet : Les troupeaux du ciel ; le nuage dans la tradition hindoue et dans le soufisme islamique.

Salah Stétié : Théâtre des nuées.

Charles Mopsik : Les parures du roi ; expériences et symbolique du nuage dans la Bible, la mystique juive et la cabale médiévale.

M. M. Davy : La douceur de la Présence ; la nuée et les nuages dans le judéo-christianisme.

Claude Lecouteux : Le radeau des vents ; pour une mythologie des nuages au Moyen Âge.

Jean Markale : L’entrée ouverte au palais fermé du roi.

Denys Riout : La couleur des nuages ; notes sur les nuages dans la peinture occidentale.

Françoise Bonardel : Eloge de la nébulosité.

 

Voir les autres livres de J. Kelen  au chapitre  10 K

 

le silence

Divers Auteurs

ARCADIA

 2007

Dossier très important sur cette notion du silence dans la voie spirituelle. On y parle du silence intérieur. M.M. Davy du désert intérieur et de sa solitude. Des pensées sur le schéma de nombreux philosophes anciens et récent de toutes traditions. J. Kelen nous explique cette notion du silence à travers l’Exode, Samson et Dalida, Mélusine et Psyché. Le silence en loge, le silence chez Louis Claude de Saint-Martin, le désert et la grotte, hauts lieux de la quête spirituelle. La parole et le son de la parole, indissociable du silence dans la descente intérieure. Le pèlerinage intérieur associé à celui de St Jacques de Compostelle.

 

Le silence semble être vécu comme un vide angoissant, comme si en faisant silence, on perdait une « plénitude », un « tout » et qu’on était alors confronté à un abîme. Si l’homme moderne a vite tendance à réduire le silence au vide, au rien, c’est justement ce soi-disant « vide » du silence qu’il nous faut interroger. Car dans ses Pensées Pascal nous dit le contraire : c’est dans le divertissement que l’homme se perd et dans le silence qu’il se trouve – au silence revient une épaisseur d’être, une valeur ontologique. Or par ce silence, Pascal n’évoque pas quelque chose d’extérieur à l’homme mais une réalité qui serait constitutive de son être spirituel. Quelle est donc cette réalité du silence ? Peut-on seulement la nommer ?

Si, comme le dit l’Ecclésiaste « il y a un temps pour se taire et un temps pour parler », quel est donc ce temps où l’on se tait ? On répondrait spontanément que c’est un temps qui s’oppose à celui du verbe, du discours : un temps où l’on garde le silence, un temps sans mots.

Mais alors comment parler du silence, comment l’interroger en philosophe, sans aussitôt le rompre ? Si paradoxal que cela puisse paraître, il nous faut donc prendre le temps de parler de ce qui semble échapper à la parole, il nous faut questionner le silence pour comprendre ce qu’il est. Le silence n’est donc pas si étranger que cela à l’expression – car il nous faut bien avoir recours à un dire pour déchiffrer le silence, sans quoi ce dernier resterait dans le domaine de l’intraduisible, de l’indicible, et ne serait que lettre morte. Or si le silence peut-être ce dont on ne peut pas parler, faut-il pour autant le taire ? Ne peut-on envisager une expression du silence qui ne soit pas elle-même silencieuse – qui ne soit pas absence de formes ? Tenter de dire le silence c’est donc tenter d’exprimer ce qu’il est, ce qui le constitue comme silence – tenter d’entendre son épaisseur ontologique.

 

Interroger le silence c’est aussitôt se confronter à ses apories, c’est achopper sur l’ambivalence même du terme. Car si l’on peut fuir le bruit et rechercher le calme, on peut aussi être « effrayé » par « le silence éternel de ces espaces infinis ». S’agit-il alors du même silence ? On peut également être contraint au silence par la censure ou obligé au silence par un secret ou un serment. Dans les deux cas, il s’agit de « silence », mais pas du même silence.

 

Que dit-on alors quand on dit que « le silence est d’or », quand on l’oppose à une parole qui ne serait que d’argent ? Ne veut-on pas ainsi signifier qu’il vaut mieux se taire que de parler ? Mais pourquoi ne serait-ce pas le contraire ? Car parfois ne va-t-il pas mieux briser le silence pour dénouer les tensions ? On répondrait volontiers que cela dépend des situations humaines, des relations entre individus. Le silence n’est donc pas seulement un concept ou un fait drapé d’objectivité. Il est aussi une expérience que nuance la subjectivité de chacun. Il ne peut se passer de faire corps avec l’espace, d’être serré dans les mailles du temps. « Aux pays fréquentés sont les plus grands silences », écrivait Saint-John Perse.

 

Il semble donc que le silence en soi nous échappe, qu’il soit difficile de cerner son identité tant il semble relatif, variable, pluriel. En effet, il est difficile de circonscrire le silence au singulier tant celui-ci recouvre de multiples acceptions : il peut aussi bien être le silence de la connivence entre amis, de la complicité ou de la communion amoureuses, le silence de la pudeur ou de la discrétion, ou encore exprimer un malaise profond (alors « un ange passe » comme on dit pour briser la chape du silence). Le silence peut aussi signifier un non-dit – des secrets de famille –, ou encore être un mutisme, une impuissance à dire, l’expression d’un traumatisme. Mais ne sommes-nous pas là comme Ménon qui donnait à Socrate un essaim de vertus, en train de donner un essaim de silences… ? Quelle est donc l’essence du silence ? Qu’ont de commun tous ces silences que nous avons évoqués ? Est-ce seulement l’absence de mots ? Le silence résiste à l’analyse, se soustrait infiniment.

 

Quelques  citations :

Le silence n'est pas évasion mais rassemblement de nous-mêmes au creux de Dieu ..." ("La sainteté des gens ordinaires", tome VII des Œuvres Complètes, Nouvelle Cité 2009, p168)
 

Ce n'est pas pour que nous nous taisions que le silence existe. Dans ce cas, il ressemblerait fort au mutisme qui n'a jamais été autre chose qu'une infirmité chez des êtres auxquels Dieu a donné la parole, vraisemblablement pour parler.
("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p120)

 

Quand nous avons la possibilité de faire vraiment silence, nous ne devons pas passer à côté, car sans pauses de vrai silence, très vite, on ne sait plus ce que c'est. ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - 125-126)
 

Faire silence, c'est écouter Dieu ; c'est supprimer
tout ce qui nous empêche d'écouter ou d'entendre Dieu (...).
C'est écouter Dieu partout où il exprime sa volonté, dans la prière et ailleurs que dans la prière proprement dite. ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p120)

 

Il nous faut le silence pour faire la volonté de Dieu, le silence prolongé par cette autre disposition de nous-même que nous amputons tellement…ou que nous méprisons par ignorance : le recueillement.
Il nous faut " recueillir " les traces, les indices, les invitations, les ordres de la volonté de Dieu, comme le cultivateur recueille sa récolte dans la grange, comme le savant recueille le fruit d'une expérience. ("La Joie de croire", Seuil,


Il me paraît impossible d'envisager une vie évangélique sans vouloir et sans savoir qu'elle doit être une vie de silence. ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p121)


Si nous attendons le silence pour prier, nous risquerons de prier rarement ; ou bien si nous prions, ce ne sera pas dans la part du monde la plus dépourvue de prière, celle des grandes villes où le travail comme le plaisir s'unissent contre le silence. ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p119)


Le silence ne nous manque pas, car nous l'avons. Le jour où il nous manque, c'est que nous n'avons pas su le prendre.
Tous les bruits qui nous entourent font beaucoup moins de tapage que nous-mêmes.
Le vrai bruit, c'est l'écho que les choses ont en nous. Ce n'est pas de parler qui rompt forcément le silence. Le silence est la place de la Parole de Dieu et si, lorsque nous parlons, nous nous bornons à répéter cette parole, nous ne cessons pas de nous taire. ("La sainteté des gens ordinaires", tome VII des Œuvres Complètes, Nouvelle Cité 2009, p24)


Une journée pleine de bruits et de voix peut être une journée de silence si le bruit devient pour nous écho de la présence de Dieu. ("La sainteté des gens ordinaires", tome VII des Œuvres Complètes, Nouvelle Cité 2009, p166)

 

Le silence, c'est quelquefois se taire, mais le silence c'est toujours écouter. Une absence de bruit qui serait vide de notre attention à la parole de Dieu ne serait pas silence. ("La sainteté des gens ordinaires",


Le silence n'aime pas la profusion des mots. Nous savons parler ou nous taire, mais nous savons mal nous contenter des mots nécessaires. Sans cesse nous oscillons entre un mutisme qui abîme la charité et une explosion de paroles qui déborde la vérité. Le silence est charité et vérité. ("La sainteté des gens ordinaires", tome VII des Œuvres Complètes, Nouvelle Cité 2009, p166)


Le tapageur, le fanfaron, le brise-tout, non seulement n'écoutent pas le Seigneur, mais ils lui coupent la parole, plus encore, ils le contredisent. ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p122)

 

Il me semble que la base du silence, pour nous, pourrait être une phrase d'allure bien séculière peut-être : "On ne coupe pas la parole à Dieu"  ("La Joie de croire", Seuil, coll. "Livre de Vie", 1995 - p123)

 

LE  SILENCE     -       SPḖCIAL HORS SḖRIE     -

LE  MAILLON

Edition Détrad

 2016

Nous évoquons ici le silence intérieur atteint lorsque nous parvenons à établir une séparation entre le bruit extérieur et nos pensées. Il permet l’écoute, celle de soi et surtout des autres, cette vraie écoute qui consiste à entendre vraiment ce qui est dit.

 

Entendre, c’est recevoir de l’information, en s’extrayant au maximum de tout contexte émotionnel et percevoir ainsi le vrai sens des paroles. Pour cela il faut faire le vide, devenir un réceptacle non «pollué» de nos acquis individuels (éducation, a priori, expériences personnelles, etc). Créer le vide nous place en position de récepteur, non d’émetteur.

 

Pour que les idées circulent il faut un flux limpide dans les deux sens, ce qui permet d’éviter la thrombose, parfois physiologique dans le corps humain, mais aussi intellectuelle dans le cas de discussions à sens unique. La communication entre les hommes nécessite malgré tout la parole, car elle ne peut se contenter de seuls sous-entendus.

Mais, méfiance, car même si elle n’est pas toujours un bavardage inepte elle peut prêter au quiproquo, se révéler inadaptée ou mensongère, ce qui laisse la pensée démunie.

Les valeurs du silence sont celles de notre rapport à l’être. Elles sont autant de degrés d’intériorité, de concentration ou de dispersion, de présence ou d’absence. Le silence de l’inquiétude traduit le manque d’existence du moi. Le silence de l’ennui est celui du vide d’existence à l’ego qui tourne en rond. Le silence du désespoir se manifeste dans un naufrage intérieur où le sens de l’existence du monde s’effondre. Terminons cette excursion silencieuse par le silence de la paix intérieure qui s’oppose à la confusion et aux tourments. Si en deçà des mots il existe bel et bien une réalité indicible, par conséquent nous pouvons affirmer que le silence est porteur de signification. Il a le pouvoir de manifester cette réalité qui n’entre pas dans le langage, mais que le langage vise. Seule la fermeté d’un silence appuyé sur l’intelligence, un silence lucide et serein, donne à l’intellect sa vraie clarté. Mais de quel ordre est-il? Il peut manifester la réalité affective, et se rattacher à l’intimité des sentiments. C’est vrai qu’il est certaines pressions de main plus éloquentes que de beaux discours de remerciements. Il peut manifester la réalité inconsciente. Les actes manqués, les lapsus ne sont pas intentionnels, et pourtant ils révèlent à leur manière le contenu de l’inconscient, des intentions que l’on se cache souvent à soi-même. Ce qui est refoulé reviendra dans les moments d’inattention.

 

Il peut aussi interpeller la réalité spirituelle. L’expérience mystique induit un tel recueillement, que l’intériorité domine toute expression. Toutes les traditions spirituelles insistent sur la valeur de purification du silence. La nôtre en franc-maçonnerie ne fait pas exception. Le silence vrai consiste avant tout à se taire au fond de soi, ce qui n’est pas incompatible avec un bruit extérieur. Le véritable bruit se niche dans la pensée. Sa prolifération inutile, ce blabla continu, n’est souvent que l’effet d’une pensée parasite. Le premier pas vers le silence implique d’arrêter les vagues du mental, et non de se boucher les oreilles. À partir du moment où le mental s’apaise, la pensée se fait plus intuitive et la présence à soi plus dense.

 

Dans notre parcours de vie on nous apprend à développer la parole, mais jamais notre capacité à faire silence, alors que l’un ne va pas sans l’autre. Les deux, silence et parole sont indispensables mais à des moments bien choisis, pour que se créent l’échange, la communication, l’équilibre et l’harmonie. Notre Ordre autorise la mise en place de cette dualité équilibrée, de la pratiquer en opposition à la vie profane où souvent ceux qui parlent le plus fort s’imposent. Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel. «Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence». Euripide

 

Au sommaire de cette revue :

 

Se taire, faire - Marie-Dominique Massoni
Entretien avec Guillaume Bardet
Le silence de ces espaces infinis m’effraie… - Jean Moreau


Le Silence :


L'effrayant vacarme du silence - Irène Mainguy
Silence intérieur et méditation - Claude J. Delbos
La résistance au silence - Alain Subrebost
Le Silence d’une apprentie - S L. M.
La voie du silence - Pierre Pelle Le Croisa
Tout commence avec un grand Silence - Massimiliano Verardi
Du secret et du mystère - Dominique Paul
L’enjeu - Daniel Béresniak
Le Silence de l’adepte - Jacques Fontaine

 

L’Éloge du silence

Marc de smedt

Edition ALBIN MICHEL

 1994

« Si le mot que tu vas prononcer n’est pas plus beau que le silence, ne le dis pas » Précepte soufi.

 

Si l’on peut dire qu’il n’existe pas de silence total, on peut affirmer que le silence ne cesse jamais d’impliquer son contraire et que seul le fond sonore de notre environnement nous permet de le reconnaitre.   

    

Le silence c’est du temps perforé par des bruits, c’est la couleur des événements, ainsi il peut être léger, épais, gris, joyeux, vieux, lourd, aérien, triste, désespéré ou encore heureux…

 

Il se teinte de toutes les infinies nuances de nos vies. Sans cesse, si on l’écoute, il nous parle et nous renseigne sur l’état des lieux et des êtres, sur la texture et la qualité des situations rencontrées. Lieu de la conscience profonde, il fonde notre regard et notre écoute.

 

Le silence intérieur : comment, dans le tumulte des pensées, fantasmes, images qui nous habitent, peut-on arriver à retrouver le silence en soi ? Artistes, poètes, philosophes, mystiques savent depuis toujours que dans l’attention au silence de la pensée s’enracine toute créativité, que de lui, ainsi que l’exprime un Koan zen, s »élève l’esprit immortel.

 

Dans un monde de plus en plus bruyant, la valeur du silence est à redécouvrir, nous l’avons peut-être oublié, mais nous sommes des êtres porteurs de toute la sagesse immémoriale su silence.

 

Au sommaire de ce silence :

 

Les états du silence   -   les seuils du bruit   -   les signes de la communication   -   le langage des yeux   -   le miroir de la Psyché   -   le huitième note   -   le langage des oiseaux   -   la bibliothèque de Babel   -   le sens du dessin   -   images du sacré et mémoire des ruines   -   derrière les murs, l’espace   -   Sotie sur la mer   -   mort et solitude   -   le dit d’Elohim   -   le calme méditant   -   Eveils   -   échos du silence   -  

 

LE SILENCE

Daniel BERESNIAK

Edition DETRAD

 2000

Le premier livre de la collection « Repères ».

 

L’auteur explique le silence chez les Franc-maçons, comment le vit-on ? Quel est son sens ? Son but ? Ses moyens ?

 

Une plaquette de 54 pages où Beresniak nous parle de :

 

L’enjeu  -  Le silence et le tabou des outils d fer  -  le silence de l’apprenti et l’apprentissage du métier  -  l’expérience du silence, la plongée en soi et les voies mystiques  -  le silence et l’art martial, l’idéologie du battant et la morale chevaleresque aujourd’hui  - 

 

LE SILENCE ET L’ART DU SILENCE

Anselm Grün

Edition Albin Michel

 2014

Alors que nous vivons dans un monde de communication de plus en plus « connecté » tout le monde s’accorde à déplorer la dégradation successive et progressive de notre culture du dialogue. Nous sommes sans cesse sollicités par de très nombreux discours, en particulier dans l’espace public, mais nous avons rarement l’occasion de rencontrer ou de prononcer une vraie parole.

Pour Anselm Grün, celle-ci ne peut être authentique que si elle jaillit d’un silence intérieur retrouvé, comme l’ont enseigné les traditions monastiques immémoriales, mais aussi les enseignements métaphysiques des écoles de pensées depuis le Moyen Âge. Alors comment entrer dans cette dimension où chaque mot retrouve son sens et sa pleine sensibilité ?

Avec son art habituel, et en s’appuyant sur la Bible comme sur la psychologie, l’auteur propose des clés de lecture et de réflexion, pour accéder au vrai silence, et donc à la pleine conscience de la langue. Cette nouvelle approche peut nous conduire non seulement à renouer le dialogue avec autrui, avec le monde mais aussi avec Dieu qui est le dialogue parfait et idéal.

Jean débute son évangile par la célèbre phrase : « Au commencement, ou selon les kabbalistes, dans le principe, était le Verbe –logos- ». Une phrase sur laquelle philosophes et écrivains n’ont cessé de réfléchir, elle ne dit pas seulement quelque chose de Jésus et de sa relation avec Dieu, elle indique aussi que le Verbe est au commencement de toute chose et sans le Verbe il n’y a pas d’existence humaine.

De plus cette phrase annonce la communication entre les hommes : « … et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ». Le Verbe passe en Dieu et Dieu lui-même s’exprime par et dans le Verbe, et Dieu crée par le Verbe. Tout ce qui est a été créé par le Verbe et la parole que Dieu nous adresse est perceptible dans toute la création issue du Verbe. Le Verbe gouverne la création, c’est ainsi que Jean formule ce mystère selon lequel les mots sont toujours des mots créateurs.

Les moines d’autrefois considéraient le silence comme la voie spirituelle la plus importante, aussi observaient ils le silence complet ; ils parlaient seulement pour instruire les autres et témoigner de leur rencontre avec Dieu. Ils y a des gens qui ne s’arrêtent jamais de parler, qui sont incapables de supporter le silence, du coup leur paroles se transforment en bavardages souvent inintéressant, mais pour eux, parler leur évite de se confronter au silence.

Au sommaire de cet ouvrage :

Nous ne pouvons pas ne pas communiquer, selon le psychologue autrichien Paul Watzlawik - La langue maternelle - la patrie - la langue de l’évangile de Luc et de Jean - Le lexique du dire - Parler et savoir écouter - le langage et la foi - la langue religieuse - Le langage du corps et de la liturgie - le langage de l’écriture - Parler de l’autre - le langage public - Parler et agir - langage de protestation - Quelques règles de communication - Parler et se taire - Parler et pouvoir - Les mots du cœur - Mots agissants et paroles transformatrices - Parole et prière - la parole est parlante -

 

LE SILENCE – REVUE DU 3e MILLḖNAIRE  -  N° 106 

 Divers  auteurs

Edition 3e Millénaire.com

 2012

Ce N° 106 d’hiver 2012, est entièrement consacré au silence.

Silence plein où, au-delà de tout langage, on est simplement bien ensemble, en pleine communion. Silence qui n'est qu'écoute amoureuse, attente, émerveillement, contemplation, recueillement.

Silence porteur de paix, mais aussi de chant, de lumière, d'espace. Après tout, la surdité de Beethoven et de Gabriel Fauré ne les a pas empêchés de composer la musique qu'ils entendaient intérieurement !

Au plus profond de chacun, existe aussi ce qu'on appelle le silence intérieur, qui est la condition d'une présence à soi-même, qui ouvre à la présence aux autres et à Dieu. «Le silence de l'homme ne se cache pas derrière sa vie, et il n'est pas ce que l'on croit rechercher en un ailleurs introuvable, quand la fatigue, les déceptions et les échecs nous accablent et nous rongent, explique Jean de la Croix, c’est ce que nous dit Robert, moine bénédictin, abbé de l'abbaye de Landevennec jusqu'en 1990 et qui continu : «  Le silence, c'est notre vie pressentie en sa source, là où, inaccessible, elle inaugure en nous, comme une sève, sa montée irrésistible et irradiante».

Peut-on devenir le compagnon de son propre silence, étrange et insaisissable, qui habite au plus vrai de soi ? C'est ce que s'efforcent justement de faire les moines, pour qui, comme le dit encore Jean de la Croix Robert, le silence est «l'immense espace du dedans où la présence de Dieu cherche la mienne, où nos vies se guettent et se nouent, peut-être, en un jeu d'une infinie et divine subtilité». Mais tout cœur écoutant peut chercher le chemin de ce silence où, peut-être, un Autre peut advenir.

 

Le silence est pourtant parfois difficile à faire advenir.  Question d'approfondissement de soi-même, d'absolu oubli de soi, et de vigilante écoute. Le prophète Élie en fait l'expérience. Fuyant la cruauté de Jézabel, idolâtre de Baal, il se rend au désert où il veut mourir. Mais il est sommé de se remettre en route. Il marche alors quarante jours et quarante nuits jusqu'au mont Horeb. Là, éclatent coup sur coup un grand ouragan, un tremblement de terre, un feu violent. Dieu ne s'y trouve pas, précise le texte (1 R 19,12). Puis autre chose advient : « Le bruit d'une brise légère. » Exténué par la marche et le jeûne, épuré par le désert, Élie en perçoit le souffle ténu. « Un brin de silence qui vibre à peine, et qui déjà s'en va. Dieu », commente sobrement Sylvie Germain.

 

Le chrétien sait aussi, quant à lui, qu'entre les harmoniques du silence se glisse la parole du Christ. L'épisode de la vie de Jésus, qui se déroule dans la lumière ténue d'une demeure et dans les bruits anodins d'un repas à préparer et d'un couvert à mettre, indique le chemin d'intimité de ce silence. «Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour beaucoup de choses, pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée.» (Luc 10, 41-42.)

 

Le silence est pourtant parfois difficile à faire advenir. L'important, dit-on, est d'y venir et d'y revenir. Car seul un cœur « fécondé de silence » peut être visité par un « inaudible soupir ». « Et quand bien même la parole resterait à jamais enfouie dans la nuit, ne parviendrait pas à luire, insiste Sylvie Germain, le fait de l'avoir attendue, d'avoir profondément désiré son surgissement, son bruissement, suffit déjà à éclairer cette nuit noire, d'un halo minuscule, soit, mais porteur d'espérance.

 

Au sommaire de cette revue :

 

Le silence est une musique par Viator     -      La soumission du mental au silence par Gangaji    -     Le silence et le chant de la vie par Paul Pujol     -     Le silence, espace de la rencontre  par Nicole Montinéri    -      Explorer la dimension du silence  par Vimala Thakar    -    Le silence ou comment naître à la plénitude par John Martin Sahajananda    -     Etre silence par Jean-Marc Mantel     -    La peur et son double : le silence par Monique Virelaude    -    Le ‘’veilleur silencieux’’  par Serge Pastor    -     L’impensable présence au milieu du silence créateur  par David Ciussi    -     L’indéfinissable silence  par Betty     -    Silence naturel et impensabilité profonde par Peter Fenner    -   Les trois sortes de silence par Miguel Molinos    -    L’enseignement du silence par Ramana Maharshi     -    La voie du silence de Rudolf Steiner     -      La clé de la vie par David Anza    -     Le silence de l’esprit par J. Krishnamurti      -     Poèmes de Marianne Dubois     - 

  

le silence des apprentis

Joël jacques

Edition Maison de Vie

 2007

À chaque grade de la Franc-maçonnerie correspond une étape du chemin initiatique qui doit conduire l’homme à se parfaire. Pour l’Apprenti Franc-maçon, le nouvel initié, ce moment du parcours est particulièrement difficile car il va être confronté à une obligation de silence.


Le Silence de l’Apprenti, cinquième voyage des épreuves de l’initiation, sera proposé à celui qui vient d’être reçu comme on donne la Lumière.


Au cours de ces lignes, nous tenterons de comprendre la nature de ce Silence des Apprentis et de déterminer sa place au sein de la quête maçonnique entre la revendication du profane à faire valoir ses droits et les craintes de l’initié face à l’ampleur de ses devoirs.


Le Silence qui relie les Apprentis Francs-maçons d’aujourd’hui à ceux d’hier par-delà le temps, au cœur des rituels et des traditions antiques, comme un espace entre chaque mot, comme une pause entre les voyages, permettra peut-être d’exprimer ce que les symboles de la cérémonie d’initiation n’ont pas dit.

 

LE SILENCE -  l’Être et le silence

Maryse CHOISY

Edition Mont-Blanc

 1965

Ce livre ne ressemble à aucun autre, il concerne chacun de nous au plus profond de lui-même. Dans l’univers écrasant que les savants nous révèlent, quelle est la place de l’homme ? le sens de sa vie ?

 

Maryse Choisy écarte les fausses réponses du rationalisme, des théories et des morales desséchées, de la psychanalyse elle-même. La réponse vraie, elle la trouve à travers les initiations et les mythologies, dans le vécu mystique, qui est un en tout temps et lieux. Et la physique nouvelle ne dira pas non : l’Amour chanté par Platon et par six mille ans de sagesse coïncide avec l’énergie cosmique.

 

Cette œuvre lumineuse, aux arrière-plans poétiques, conduit à l’expérience de l’être, en nous faisant accéder à un certain silence, « océan où se jettent les fleuves de toutes les religions et de tous les savoirs ». L’angoisse de la mort n’est plus alors qu’un faux problème.

 

Ce livre est la confidence d’une âme engagée sur le chemin balisé par les Grands Sages, autant que le fruit d’une immense recherche personnelle. L’auteur donne une clé nouvelle pour comprendre les grands mythes : Hercule, Orphée, Œdipe, Narcisse et beaucoup d’autres.

 

Elle bouscule les frontières où s’isolent les spécialistes. Sa place est au premier rang des « généralistes », ces encyclopédistes du XXe siècle qui mettent de l’ordre dans le chaos des connaissances actuelles.

Maryse Choisy apporte une synthèse originale de la science et de la spiritualité, qui est un message d’espoir. Elle s’adresse à l’honnête homme d’aujourd’hui dans un style merveilleusement clair et vivant, qui préfère à l’abstraction pédante le riche langage des apologues à plusieurs dimensions, elle opère une révision des idées et des valeurs qui fait voir le monde avec des yeux neufs et démontre une fois de plus qu’elle ne pense pas avec la tête des autres mais qu’elle sait tout dire et faire entendre par l’humour.

Elle vécut longtemps en Inde et reçut l’enseignement des Sages.

 

 

Ce livre comporte 500 pages et 11 chapitres qui traitent de :

 

Chapitre 1: L’angoisse de la mort  -  La mort chez les anciens  - la résurrection  -  l’angoisse secrète des incroyants  -  Pascal  - les purgatoires  -  la cassure du moi  -  les 5 masques  -  le jugement de Salomon  -

Chapitre 2 : La vie dans notre Univers  -  Archimède  -  les quanta  -  Bohr  -  Heisenberg  -  énergie des énergies  -  Champs électromagnétiques  -  les particules étranges  - l’anti-matière  -  principe d’exclusion de Paumi  -  nouvelle classification de Gell-Mann  -  ordre et désordre  -  l’entropie  -  la conscience  -  le zéro  -  la thanatologie  -  Etrifier  -

Chapitre 3 : L’homme social et l’Homme universel  -  Contes chinois et caucasiens  -  la peur de la liberté  - dialectique existentiel  -  la guenon de Kolher  -  l’objectif et le réel  - le problème fondamental  -

Chapitre 4 : Les religions, les morales et les rites  -  la prière de Henry VIII  -  la morale des amours de David et de Bethsabée  -  Hou-man ou humanité  -  l’oblique géniale de Teilhard  -  la réponse du verbe  -  les Ecritures  -  l’âge politico-agressif  -  la domination et la colère  -  l’agressivité  - la foi  -  le problème du mal  -  la souffrance des théologiens et chez les Hassidim  -  Ramana Maharshi  -  le mal chez Teilhard de Chardin  -  les rites  -  la névrose obsessionnelle  -  les rites conservent  -  le cercle se referme  -

Chapitre 5 : Le défi du rationnel  -  Descartes était-il cartésien ?  -  le temps des angoisses  -  le retournement  -  Descartes et Francis Bacon  -  le doute méthodique  -  le scientisme  -  les vérités mortes  -  la gérontologie  -  écologie des vieux  -

Chapitre 6 : La pioche de Freud  -  Freud arriva  -  Le diable qui mène à Dieu  -  Découverte de l’inconscient  -  l’angoisse freudienne  -  les Parques  -  Freud et Jung  -  l’homme assis et l’homme couché  -  le rationalisme de Freud  -  la recherche de l’immortalité  -  Au-delà des instincts de la mort  -  les deux nirvanas  -  la croissance du 3e âge  -  Détachement et impasse  -

Chapitre 7 : Eros contre Thanatos  -  la lutte contre la mort  -  les rites funéraires  -  accroissement de vie au seuil de la mort  -  Tristan et Yseult  -  l’orgasme-agonie  -  le cinquième orgasme  -  l’érotisme sacré de l’Inde  -  la magie sexuelle  -  les sexes devant l’humain et le social  -  le Çabda yoga et le mariage sacré  -  le baiser à Moïse  -

Chapitre 8 : La résurrection dans l’utérus et les quêtes  -  le destin  -  Traditions  -  Résurrection dans l’utérus  -  le taureau et le serpent  -  combat du héros contre le dragon  -  le héros solaire  -  Héraclès  -  les 12 travaux  -  les voyages  -  la descente aux enfers  -  les pommes des Hespérides  -  Thésée  -  Œdipe  -  la fondation de Thèbes  -  la Sphinge et le Sphinx  -  le complexe d’Œdipe  -  le commentaire de Nietzsche  -  les masques de Dionysos  -  la théorie de Bachofen  -  Arganatha  -  les Argonautes  -  Orphée  -  Descente aux enfers  -  Eurydice et le doute  -  la théophagie  -  l’orphisme yoga du verbe  -  Narcisse  -  mythe de l’Advaïta  -   le reflet chez Rumi  -

Chapitre 9 : Forces et faiblesses du monde moderne  -  Initiations sociales  -  Bona Dea  -  l’initiation d’Horace  -  les Pères de l’Eglise  -  la chevalerie  -  l’ange de l’œuvre  -  les dieux païens  -  les idoles anthropophages  -  le bon sauvage de Rousseau  -  le sel de la terre  -  les exercices spirituels des jésuites  -  les rêves des morts  -  le Bardo Thödol  -  le cas de Maria Goretti  -

Chapitre 10 : Le baiser de Dieu  -  L’Un et le multiple  -  le péché de la connaissance  -  Caïn  -  le rythme binaire  -  la nacelle du couple  -  le portrait de Moïse  -  Universalité de l’expérience mystique  -  l’hésychasme byzantin  -  Mourir avant la mort chez les mystiques rhénans  -  Devenir Dieu  -  l’amour  -  rapport entre l’Absolu et le dieu personnel  -  les deux amours  -  l’amour est-il possible aujourd’hui ?  -

Chapitre 11 :  Le zéro absolu  -   le paradoxe de l’anti-matière  -  la mort : une question mal posée  -  le paradoxe de l’intelligence  -  les sophistes  -  le roi et l’éléphant  - L’Atmavicara ou la recherche du Soi  -  l’acteur sur la scène  -  la doctrine du vide de Huang-Po et sa maïeutique  -  le raisonnement est une forme d’attachement  -  La Transmission  -  le paravent de Dieu pour ne pas éblouir l’homme  -  La libération n’est qu’une étape  -  Le renversement et la voie glorieuse  -   Vers un Dieu sans forme  -  les idées de Platon  -  le non-voir et le néant essentiel  -  La vie continue dans l’agapé  -  La vérité est le premier mensonge  -  l’échec existentialiste  -  Pourquoi le Zen séduit l’Occident  - l’angoisse de la mort est une grâce  -  la téléspititualisation  -  le silence et la grâce  -  la civilisation des mots  -  Etapes de la sublimation dans les diverses techniques  -

 

Livre central de Maryse Choisy dans sa recherche spirituelle  -  Voir ses autres livres au chapitre 10C -

 

LE SILENCE – le son du silence

Graf dürckheim

Edition DU CERF

 1993

Une méditation au-delà de l’objet ? Oui, dans la mesure où elle est en quête de quelque chose qui n’est pas un objet. Mais alors, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de l’Essence, de la manière par laquelle la Vie supraterrestre, qui est l’Essence de toute chose, est présente en nous et aspire à se manifester à travers nous sur la terre. Essence signifie aussi, toujours, vie créatrice et libératrice.

 

Tout ce qui se fixe ou s’arrête lui oppose une résistance : la conscience des objets, le centre de cette conscience, le Je qui gravite autour de sa propre permanence et s’y accroche, les objets dont il fait constat, les concepts et images qu’il pose. S’unir à l’Essence n’est possible que si la conscience d’objet est suspendue au profit d’une conscience tout autre : d’une conscience qui se tient en soi. En elle, l’homme ne se fixe plus, et se libère de tout ce qui est quelque chose

.
Le bambou chez les Japonais, est la figure de ce qui plie mais ne rompt pas : après chaque pliure, il se redresse de lui-même.

Les textes brefs ici publiés ont tous la même signification. Ils voudraient aider l’homme qui souffre à se redresser, quelle que soit sa souffrance.


Karlfried Graf Durckheim (1896-1988), docteur en philosophie et en psychologie, compte parmi les maîtres spirituels de ce temps. Pendant quarante ans, il a travaillé comme psychothérapeute à Todtmoss-Rütte (Forêt Noire), où il avait fondé un Centre de formation et de rencontre de psychologie existentielle. Son action et son œuvre écrite – une vingtaine de livre – s’affirment comme un des hauts-lieux de la rencontre entre la tradition mystique chrétienne (Maître ECKHART) et la « Voie orientale » (zen).

 

 

LE SILENCE- LES VEILLEURS DU SILENCE  CAHIER N°19

Un groupe de recherche, directeur  Yves Albert  Dauge

Edition Épignôsis

 1988

Veilleurs et silence sont étroitement liés.

 

La véritable histoire n’est pas celle des événements, le véritable travail s’accomplit au-delà des discours. C’est en comprenant la nature du silence, force de rupture et de mutation, que chacun peut accéder au plan des Veilleurs, des Justes cachés, des protecteurs de l’humanité : devenir un centre silencieux de rayonnement, de bénédictions et de création, telle est la vocation de « l’homme noble ».

Jean Biès nous explique les descentes successives depuis le silence primordial jusqu’à l’enfer du bruit, puis nous propose un itinéraire de « remontée » vers l’alliance des silences.

Dans une visée strictement opérative, il nous parle du silence de contemplation qui inspire des silences qui ont gardé mémoires de l’état d’avant l’éparpillement des choses divulguées: silence plénitude, comme il y a des vides-vacuité.

Yves Dauge nous fait découvrir nos « cinq paires d’oreilles » et les mondes qu’elles perçoivent, pour nous montrer ensuite comment reconquérir le silence originel, en passant progressivement du silence réceptif et libérateur à la Plénitude silencieuse du voyage en Dieu.
Il nous donne une clé :

« Comment obtenir en nous ce précieux silence qui nous permettra de percevoir le rythme de la vie, la musique du cosmos, le travail de la Création, et la voix divine ? Non pas en nous concentrant sur le vide (entreprise vouée à l’échec), ni en essayant de supprimer tous les bruits l’un après l’autre. Il faut appeler et faire descendre en nous une « Présence » d’une intensité, d’une attractivité telle que tout ce qui n’est pas elle s’efface immédiatement. Cette descente est liée à l’éveil de notre être essentiel et à la médiation de l’Amour unificateur. Cette présence divine doit être complétée par celle de l’ange ou de son maître secret, et c’est ce dialogue à trois qui va nous sublimer et nous faire avancer sur le chemin ». Yves Dauge

M.M. Davy fait défiler devant nous les divers « visages du silence », afin de focaliser notre attention sur l’ensemble essentiel –solitude – secret- silence – qui est à la fois le laboratoire de notre réussite et le fondement de notre relation avec Dieu et les êtres. –

« L’homme silencieux passe par le mystère de la solitude, comprenant le vide, l’abandon des signes, des images, des systèmes et même des voies. Le silencieux peut seulement murmurer avec le prophète Isaïe (24,16) : Mon secret est à moi. Pourquoi mon secret ? Simplement parce qu’aucun langage ne peut en exprimer l’ampleur, situé au-delà du passage du temps et de l’espace, le silence s’implante dans l’éternité. Seul les enfants de l’éternité sont appelés à s’y abreuver » M.M. Davy

Deux thèmes sur l’Alchimie, science de la Vie, viennent compléter cet ouvrage, car l’Alchimie n’est pas une science à part, mais elle est la mise en œuvre du silence, tout comme le silence engendre l’œuvre alchimique.

Pascal Bernuau apporte à ce sujet la richesse transparente de son expérience et nous livre les éléments d’une éthique alchimique. Puis Jacques Pialoux nous parle de la tradition égyptienne en tant que révélatrice de la structure de l’homme : vision alchimique de l’homme.

Au sommaire de cet ouvrage :

L’autre côté de la parole par : Jean Biès

Les centres silencieux de rayonnement par : Yves Albert Dauge

Proverbes du silence par : Michel Camus

Visages du silence par : Marie-Madeleine Davy

Le vivant et la transparence du réel par : Pascal Bernuau

Egypte, terre d’alchimie par : Jacques Pialoux

 

LE SILENCE - UNE HISTOIRE DU SILENCE – DE LA RENAISSANCE A NOS JOURS

Alain Corbin

Edition Albin Michel

2016

Le silence n'est pas la simple absence de bruit. Il réside en nous, dans cette citadelle intérieure que de grands écrivains, penseurs, savants, femmes et hommes de foi, ont cultivée durant des siècles. A l'heure où le bruit envahit tous les espaces, Alain Corbin revient sur l'histoire de cet âge où la parole était rare et précieuse. Condition du recueillement, de la rêverie, de l'oraison, le silence est le lieu intime d'où la parole émerge. Les moines ont imaginé mille techniques pour l'exalter, jusqu'aux chartreux qui vivent sans parler. Philosophes et romanciers ont dit combien la nature et le monde ne sont pas distraction vaine. Une rupture s'est produite, pourtant, aux confins des années 1950, et le silence a perdu sa valeur éducative.

 

 L'hypermédiatisation du XXIe siècle nous contraint à être partie du tout plutôt que de se tenir à l'écoute de soi, modifiant la structure même de l'individu. Redécouvrir l'école du silence, tel est l'enjeu de ce livre dont chaque citation est une invitation à la méditation, au retour sur soi. Avec ce goût pour l'insaisissable qui a donné naissance à ses plus grands livres, (Le miasme et la jonquille, Les cloches de la terre...), Alain Corbin nous invite à entendre une autre Histoire.

 

Recueillement, écoute de soi, méditation, rêverie, voire même condition de la création : le silence a toutes les saveurs et toutes les fonctions. Faire l'histoire du silence, de la Renaissance à nos jours, en deux cents pages, pourrait relever de la gageure. Alain Corbin — qui, dans tous ses travaux, a exploré des motifs inscrits dans l'histoire des sociétés de façon impalpable ou difficilement cernable, tels que l'odorat (Le Miasme et la Jonquille), les rivages (Le Territoire du vide), les paysages sonores (Les Cloches de la terre), la sexualité (Les Filles de noce, L'Harmonie des plaisirs) ou encore l'ombre (La Douceur de l'ombre) — réussit pourtant une nouvelle fois son pari, caressant toute la gamme des silences, dont les conceptions et les pratiques sont différentes selon les époques.

 

Un livre d'Histoire au sens classique ? Plutôt le livre d'un historien qui sollicite le lecteur en lui fournissant de quoi méditer sur le sujet. Ces silences, écrit-il, « comment les éprouver sinon en plongeant dans les citations de tant d'auteurs partis dans une véritable quête esthétique ? En les lisant, chacun met à l'épreuve sa propre sensibilité. Trop souvent l'Histoire a prétendu expliquer. Quand elle aborde le monde des émotions, il lui faut aussi et surtout faire ressentir, en particulier quand les univers mentaux ont disparu ». Ils sont nombreux, les auteurs cités, et chacun d'eux s'agrège aux thèmes retenus par Alain Corbin. Au xixe siècle, les écrivains américains Walt Whitman, Henry David Thoreau ou John Muir ont ainsi placé la nature au centre de leurs écrits, façonnés autant qu'envoûtés par elle. D'autres s'y sont attardés, comme cueillis par un instant suspendu. Mallarmé, poète acoustique, voyait naître un « grand plafond silencieux » dans l'accumulation soudaine des brouillards. Chateaubriand, au milieu des ruines de Sparte, entendait les pierres qui « se taisaient » autour de lui. Et Albert Camus, à Tipasa, disait distinguer « un à un les bruits imperceptibles dont était fait le silence ».

 

L'historien ne s'efface pas devant les citations. En guide scrupuleux, Corbin pose quelques rappels. Ainsi, le silence des petites villes de province décrites par Balzac et d'autres romanciers du xixe siècle traduit-il une France des sous-préfectures obsédée par son histoire et en marge de l'agitation des grandes villes. De même, pour comprendre les textes qui traitent du silence aux XVIe et XVIIe siècles, convient-il de se souvenir que le silence était alors « la condition nécessaire de toute relation avec Dieu ». Le « Créateur » est bien l'inspirateur de tous ceux qui se réfugièrent dans une solitude méditative : « Ce n'est que dans le silence et dans le retranchement des discours inutiles et distrayants qu'Il vous visitera par ses inspirations et par ses grâces », enseigne ainsi Bossuet aux ursulines de Meaux.

 

Si le silence n'est pas religieux, il participe des codes sociaux. Se taire poliment, dans la bonne société du xixe siècle, c'est se différencier à la fois du paysan taiseux et du « provincial » trop volubile. Qu'ils émanent des domaines de la peinture et du cinéma, du thème de l'amour — quelle silencieuse indiscrétion de Proust sur le corps endormi d'Albertine ! — et même de celui de la politique — l'assourdissant mutisme dans Le Silence de la mer, de Vercors —, nombreux sont les exemples choisis par Alain Corbin où la parole fait reddition. Dans ce beau livre où, une fois encore, les émotions sont au centre de ses recherches, l'historien, toujours curieux de comprendre avec quoi l'Histoire s'édifie, chuchote au lecteur toutes les pistes que l'on peut suivre. Un livre où il s'impose à lui-même une discrétion qui prend alors la forme d'un murmure intellectuel.

 

LE SILENCE  par un Frère dominicain  -  Texte transmit par Michel Warnery

 Un  dominicain

 

2017

Le silence est premier, il ignore le temps et l’espace, le silence est de toute éternité. La nature du silence est principielle, d’ailleurs exprimée par le dicton populaire selon lequel le silence est d’or par référence au soleil, au Principe, et la parole d’argent, par référence à la Lune, au reflet ; il est l’Alpha et l’Omega de toute démarche initiatique.

 

Parce que le Silence est l’Alpha de tout chemin initiatique, l’apprenti est tout d’abord invité à rentrer dans le silence, à devenir silence.

Silence du corps, trouvé dans l’immobilité et la rectitude à l’équerre tenue en loge. Dans cette position, la colonne vertébrale devient un axe de verticalité qui attire tout l’être vers le haut alors que, dans le même temps, le corps semble se densifier et les membres s’enraciner dans l’espace sacré de la loge.

 

Le Silence est la colonne vertébrale de l’Être réunifié, la voie de réédification de la colonne brisée. Le Silence c’est entrevoir comment l’Être peut constituer un microcosme parfaitement à l’image du macrocosme qui l’entoure, et dont il est partie intégrante.

 

Le Silence doit être ressenti au plus profond de l’âme et s’extraire de son environnement et de son fonctionnement mental habituel, lesquels, tentent, malheureusement le plus souvent, de s’emparer des premiers moments du silence.

C’est donc à une véritable mort de tout ce qui constitue l’ego, l’individualité déchue, l’état profane, que le Silence nous appelle, ainsi d’ailleurs que nous le rappelle le passage dans le cabinet de réflexion ou encore le symbole du dépouillement des métaux. Ce dépouillement, pour parvenir à cet état de silence, est le sens profond du symbole du travail sur la pierre brute, Le silence est d’essence métaphysique et dépasse, même s’il l’embrasse, le seul silence imposé à celui qui ne sait pas. Bien plus qu’un silence pédagogique, le silence maçonnique est une véritable disposition de l’être qui, seule, permet l’émergence et la prééminence du Soi sur le Moi.

 

Le silence maçonnique est alors très similaire au « Vacare pro Deo » du moine qui lui aussi est appelé à accomplir cette métanoïa pour s’affranchir de l’horizontalité et s’élever dans la verticalité de la croix Ce n’est que si le maçon parvient à s’extraire de ces contingences individuelles et à retrouver un état de virginité, de silence, qu’il peut, au fil même du rituel, pénétrer le véritable espace sacralisé du Temple. Virginité retrouvée et silence trouvent leur représentation dans la virginité du tablier de celui qui est maintenu dans ce silence. Et même si, au fil des ans, ce tablier vient à s’orner de signes, de distinctions, le maçon ne devra pas oublier la prééminence et la beauté de son « tablier du silence ».  Un jour, ce tablier retrouvera sa virginité originelle.

 

C’est dans le silence que le maçon sentira le Verbe s’opérer en lui. Comme sur une feuille blanche, l’apprenti sent le verbe s’inscrire en un point minuscule dont il ressent les vibrations et l’énergie jusqu’au plus profond de son corps, de son âme et de son esprit. Ce point, ce yod, ce grain de sénevé contient l’Essence et le Principe de toute création. C’est dans le silence méditatif de la loge, au fil du rituel, doucement dans son Être, que ce point va se projeter, s’agrandir, occupant un espace de plus en plus vaste sur la feuille blanche. Le jeu du Verbe et du Silence permet de percevoir combien le Silence et le Verbe sont deux expressions du Principe, indissociables l’un de l’autre, comme le Yin est indissociable du Yang.

 

Le silence est « materia prima » indéterminée, principe réceptif, et le Verbe, principe actif et fécondant. Verbe emplit ainsi doucement le Silence et préfigure le silence de l’Être accomplie Verbe va habiter et féconder le Silence ; le Silence deviendra Verbe, et le Verbe pourra faire Silence…Pleinement unifié et fondu dans le Principe originel, l’Être totalement réalisé ne peut plus être que Silence, le Silence de l’Unique, le Silence de l’Incréé

 

LE  SILENCE - LA  PAROLE  EST  AU  SILENCELE  SIGNE  DU  SECRET

PIERRE  PELLE  LE  CROISA

EDITION  DU  COSMOGONE

 2009

Parler du silence…c’est le tuer ! Il faut donc le dépasser pour en parler. Mais qu’en dire ? Les mots du silence, par la parole, le cachent. Et si l’univers l’évoque, Big-Bang !, c’est pour nous dire qu’en ce monde il n’existe pas ! En fait, le silence n’est jamais…silencieux ! Car il n’est pas absence de son, mais absence d’audition. Il ne s’entend pas, il s’écoute, et que perçoit-on dans le silence ? Les bruits de la vie. Soyons réceptifs à ce qu’ils nous en disent.

 

Pour vivre les voix secrètes du silence dans toutes leurs tonalités : silence des bêtes, silence des hommes, silence du corps et de ses messages, silence de l’inconscient, silence de l’introspection, silence du recueillement, silence de la foi, silence de l’écriture et de ses pensées, silence de la spiritualité et de ses symboles, silence du secret et du serment gardé, silence de la sagesse et de la voie d’éveil, silence de la vie et de la mort…

 

L’enseignement du silence commence par la métamorphose des sens : L’éclairage du cœur donne sa lumière aux êtres et aux choses. Et cette harmonie qui rayonne en soi conduit peu à peu, par l’apprentissage du silence, à une véritable maîtrise de la parole.

 

Quelques mots clé de cet ouvrage :

Le serment, le signe du silence, la coupe des libations, la rose du petit Prince, la parole circule, le silence règne, rassembler ce qui est épars, écouter avec les yeux et entendre avec le regard, les grands inities, l’arc en ciel, les mots de passage, le nomadisme, le maître des hiéroglyphes, la voix secrète, l’introspection, la méditation, la lumière bleue du Verbe, les trois piliers - Sagesse, Force et Beauté, la parole de vie, le mimétisme, Dieu est l’ami du silence, le miroir, la voie de l’éveil, le monde du silence, le silence parfait, l’insupportable silence,  le silence blanc, le faiseur de pluie, le bandeau, etc.

 

Bibliographie sur le Silence :

Le silence  par Beresniak  Edition  Détrad  2000

Le Silence  par Divers auteurs  Edition Arcadia  2007

Eloge du Silence  par  Marc de Smedt    Edition Albin Michel -Réédité-

Le désert intérieur    par  M.M Davy   Edition Albin Michel -Réédité-

Les veilleurs du Silence  par  M.M Davy  Edition  Berg  1976

Les sentences des Pères du désert  en 3 volumes Edition Abbaye de Solesmes 1966-1976

Désert, déserts  par J. Yves  Leloup  Edition Albin Michel –Réédité-

 

L’ESPACE TEMPSSACRÉ     en   LOGE

Divers  Auteurs

ARCADIA

 2008

Des travaux et articles sur cette notion d’Espace- Temps- Sacré qui caractérise l’ouverture des travaux dans une loge. Des notions de physique moderne avec explication de cette 4e dimension. Le rapport entre cette physique moderne qui donne le vertige et l’ouverture des travaux en loge symbolique.

 

Ce temps qui n’existe que par la volonté de l’homme qui a créé le temps linéaire, alors que toutes les traditions parlent de temps cyclique ou circulaire. Ce temps qui n’existe pas, c’est l’homme qui se déplace.

 

Le sacré, si difficile à définir, surtout depuis que la Révolution française à couper la tête du Roi, désacralisant ainsi les traditions et la vie de l’homme en France et dans une moindre mesure, dans tous les pays occidentaux. Subsiste les pays asiatiques, africains à majorité animiste, et les pays qui n’ont pas détruit la substance religieuse et spirituelle. Le siècle des lumières, le positivisme d’Auguste Comte, Descartes, Condorcet etc.

 

La notion du  « Numineux » de Rudolf Otto, repris  et développé par C.G. Yung. La géographie sacrée qui commence lors de la sacralisation de la loge. Les mystères du temps avec le rapport C.O.M.E.T.A sur les O.V.N.I, l’expérience de Philadelphie, les Crop circles. L’attitude et le travail en loge, l’égrégore.

Est également traité le problème de la création du monde à travers la Kabbale et l’arbre séphirotique, les chakras et la Kundalini cette énergie divine et sacrée, Yggdrasil et son arbre sacré représentant la création du monde dans la mythologie Scandinave, les arbres du Bien et du Mal et de la Connaissance dans la Bible etc.

 

Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère » a pu écrire Maurice Barrès dans « la colline inspirée ». Qui n’a fait cette expérience ? A l’instant où l’on pénètre en certains lieux on est pris d’un singulier respect et le silence s’impose. Certains de ces endroits – temples, églises, lieux de prières – sont sacrés car dédiés à une divinité, d’autres, on ne sait pourquoi, imposent le respect et peut-être plus encore, l’admiration, une ferveur particulière. On est envahi de ce que Rudolf Otto nommait « le sentiment du numineux », lequel comporte d’une façon inconsciente un élément  de crainte devant une puissance absolue, un élément de mystère devant ce que l’on ne connaît pas. On se ressent profane franchissant une enceinte sacrée,  notre moi semble  faire partie de quelque chose de plus grand que nous qui agit dans l’univers, en dehors de nous et pourrait être un refuge suprême si notre être inférieur venait à faire naufrage. Ajoutons que cette expérience du numineux est ambivalente, car, si d’un côté l’être est saisi d’une sensation d’effroi devant une grandeur incommensurable, de l’autre, il est irrésistiblement attiré vers quelque chose de merveilleux (ce qui  n’est pas sans rappeler  le frisson sacré éprouvé par les mystiques dans le  silence et la pénombre d’un sanctuaire, frisson qui  évoque la présence de  quelque chose  de tout autre, qui arrache l’être à lui-même et le trouble).

De tout ce qui précède-t-on se rend compte qu’il existe deux domaines : l’un est réglé de manière transcendante, d’une certaine façon à la fois dangereuse et capitale, et un autre où l’homme  a loisir et liberté de penser et d’agir à sa  guise. La  vie est en fait l’équilibre entre ces deux domaines. En effet, si le sacré envahissait tout, il s’ensuivrait une sorte de paralysie craintive  et de scrupule obsédant,  mais si le sacré disparaissait totalement, le profane ne  pourrait que se ressentir vide  et orphelin.

L’établissement d’une limite séparant l’espace en deux parties, l’une profane et l’autre sacrée, est le moyen inventé par les  hommes  pour sauvegarder l'équilibre de la société en  imposant des  règles bénéfiques et des interdits nécessaires. La  vie est constituée par  la régulation entre le caractère intense du sacré et le caractère praticable du profane, par l’équilibre entre ces deux domaines.

Dans les civilisations archaïques et figées,  la vie sociale est réglée uniquement par la tradition  et  le sacré, on se réfère en tout à une  croyance. Dans les civilisations plus dynamiques, le  sacré se retire dans un espace réservé où l’on va librement pour se ressourcer dans un temps où tout ne s’écoule pas vers la fuite, mais où tout s’enracine dans la naissance d’un espace  où la terre n’est  pas constituée par des  territoires concurrentiels mais par un immense domaine  fraternel et commun. En ce sens, on peut dire que le sacré devient alors pour l’homme qui s’y rend librement, lieu  de ressourcement, de pause, de retour sur soi, de méditation, de pensée, à l’écart de l’agitation qui règne dans le  monde profane. Le sacré ainsi conçu  a besoin de mystères pour exister, car, selon le mot d’Oswald Wirth, « tout ce qui doit prendre corps s’élabore en secret, dans l’antre obscur des gestations où se poursuit l’oeuvre cachée ».

Dans les rituels maçonniques, quel que soit le rite, trois coups frappés invitent les Frères au silence et au recueillement, trois coups qui ne sont pas sans nous rappeler les coups précédant un spectacle théâtral. Le rideau se lève, la lumière paraît et le spectateur est transporté dans un monde, où rien ne sera comme à l’extérieur dans le monde profane. Le silence se fait, chacun sent monter en lui une quiétude, une sensation d’élévation  spirituelle qui relève  déjà d’une hiérophanie, de la révélation d’un espace sacré. Chacun ressent confusément que quelque chose qui le dépasse est en train d’arriver. Cet état  affectif qui  submerge le moi, ce sentiment diffus qu’a la  conscience d’être conditionnée par quelque chose qui ne dépend pas  d’elle, qui est indépendant de sa  volonté  et qui  ne se laisse pas appréhender comme une chose visible, est justement le « sentiment du numineux » dont il était question plus haut. Mais cette configuration émotionnelle intime ne se transformera vraiment  en sacré que par l’adjonction d’une représentation intellectuelle. C’est là qu’intervient le rituel, il relaie ce sentiment immédiat et implique le  Frère présent sur les colonnes.

La première fonction du rituel d’ouverture est de sacraliser le lieu où s’effectueront les  travaux : ce dernier doit en effet recevoir une  légitimation surnaturelle, il  doit être délimité, consacré, car il est désormais chargé de puissance numineuse. Après s’être assuré que l’espace sacré n’avait pas été profané, le Vénérable Maître fait confirmer le paysage du lieu sacré dans sa valeur hiérophanique par une série de constructions symboliques : les trois piliers (Sagesse, Force et Beauté) sont allumés pour présider à la construction de l’Edifice Sacré, puis apparaissent les trois Grandes Lumières sur l’Autel des Serments avant que le Tableau de Loge soit déroulé par le Frère Expert sur le  Carré Long . Il procède ensuite par une série de  questions-réponses avec ses deux  surveillants au découpage du lieu (de l’Orient à l’Occident, du Septentrion au Midi et du  Zénith au Nadir). L’espace sacré devient alors un point de référence absolue, centre du monde, lequel est recréé  à partir de ce  lieu. C’est là,  en ce lieu orienté, en ce lieu de convergence des forces cosmiques que se pratiquent les initiations,  le Temple devient l’endroit où se pratiquent   les rites, les gestes archétypaux  devant régénérer le monde. Pour les Frères, demeurer dans l’espace sacré, c’est se retirer des lois du monde profane et accéder à une pureté inviolable.

L’espace étant délimité, il ne reste plus  au Vénérable qu’à déterminer le temps du travail : « Quelle heure est-il Frère second Surveillant ? » - Il est midi ! Le temps fait l’objet d’une différenciation analogue à celle de l’espace. Le temps des activités profanes est suspendu. Les coups  de maillet et les batteries ponctueront désormais l’écoulement d’un temps immuable,  du Grand Temps Mythique, d’un temps sacré, caractérisé par la suspension des habitudes  ou des normes du temps de labeur. Ce temps sacré se confond avec le temps mythique des dieux, le «  Grand Temps » dont parle Dumézil, « celui durant lequel sont survenus les éléments primordiaux ». Ce Temps Sacré est la répétition du Grand Temps et le Franc-Maçon est ainsi  le contemporain  du temps des origines, il  en capte la force pour assurer  la rénovation de la société.

On le voit bien, grâce à des représentations et des techniques symboliques, le Franc-Maçon  échappe au  monde unidimensionnel du travail  et des préoccupations matérielles. Cette sacralisation met les Frères  dans une disposition de réceptivité et de tension intérieure et le Rituel apparaît comme un acte créateur. L’atmosphère du lieu change, il se  remplit d’une  force invisible qui pénètre chaque Frère et chacun se concentre sur son être intérieur, il oublie sa condition matérielle et chasse définitivement les métaux hors  du Temple.

Un autre niveau du Sacré apparaît, qui se manifeste en certaines occasions et n'est pas sans rappeler la religion: L’expérience du sacré vécue par le Franc-Maçon à l’intérieur du Temple ne reste jamais privée et intime : tous les Frères, en effet,  la partagent, elle est mise en forme collective à travers un mythe, que ce soit celui d’Hiram en ce qui concerne la Maçonnerie que nous pratiquons, ou Osiris, en ce qui concerne le rite de Memphis Misraïm. Le mythe apparaît alors comme le complément  de l’expérience du sacré.  Au moment de l’élévation ou exaltation au 3ème degré (ou au 13ème et 14ème degré), nous le vivons sur un plan ludique, incarné, mis en scène et théâtralisé. « l’action sacrée est quelque chose qui se fait, ce qui est représenté est un drame. Sa fonction n’est pas une  pure imitation, mais une communion ou une imitation ».

La  pratique du sacré comprend donc à ce niveau un jeu qui est pour le corps ce que le symbole est pour  l’esprit, quant au rite, il règle le déroulement des  actions sacrées par une tradition.   L’initiation elle-même n’est, elle  aussi, rien d’autre qu’un jeu rituel qui sert de cérémonie de  passage. Elle symbolise la mort et la renaissance – mort du vieil homme et naissance de l’homme nouveau, renaissance d’une nouvelle personnalité dotée d’une sagesse supérieure.

Pénétrant dans le Temple, le Franc-Maçon va du Profane vers le Sacré qui se révèle être une ouverture de l’esprit sur une puissance invisible.  L’accès à cette représentation ne s’explique ni par la seule  perception empirique (puisque le Sacré est suprasensible), ni par la seule  pensée rationaliste (le  Sacré n’est pas fait  d’abstractions) mais par l’imagination symbolique grâce à  laquelle l’esprit peut s’émanciper des seules données immédiates du réel et découvrir, derrière le sens propre des choses un second  sens, figuré, qui les « leste d’une profondeur  insoupçonnée »

On peut dire d'une façon générale que le Sacré est l'un des domaines qui organisent nos vies. Il est réglé de manière transcendante et s'oppose au Profane où l'homme est libre de penser et d'agir à sa guise. Le Sacré nous fait prendre conscience de la place que nous occupons dans le cosmos. Il est pour celui qui s'y rend librement lieu de ressourcement, de retour sur soi, de pensée, de réflexion à l'écart de l'agitation du monde.  Il existe bien en Franc-Maçonnerie, dans notre vie maçonnique où à chaque instant nous baignons dans le Sacré:

Dès le jour de notre initiation nous sommes amenés à participer à un jeu rituel et sacré par lequel nous mourons et renaissons symboliquement. En d'autres moments, toujours par le jeu, "une action sacrée" et collective nous vivons physiquement un mythe qui nous relie à nos Maîtres passés, nous rattache à une histoire qui remonte au fond des âges.

D'autre part, à l'ouverture des travaux, à chaque tenue, l'une des fonctions du Rituel est de sacraliser le lieu où va s'effectuer le travail, il reçoit une légitimation supranaturelle, il est délimité, consacré, chargé de puissance numineuse: le Temple devient l'endroit où se pratiquent des gestes archétypaux qui ont pour fonction de régénérer le monde. Grâce à cette sacralisation, les Frères deviennent réceptifs et se concentrent sur leur être intérieur, oubliant leurs conditions matérielles, donc leurs métaux.

Les travaux en Loge sont un moment d’élévation spirituelle et de ressourcement, comme nous l'avons vu. Cette démarche, cependant, serait  stérile si nous en restions uniquement au stade spéculatif:    Les deux premiers grades de la Franc-Maçonnerie permettent à l’Initié de dégrossir  la pierre brute et de s’instruire. Le Maître maçon a su  s’approprier les symboles qu’il a désormais le devoir de projeter dans le monde profane. Il est passé de l’équerre au compas, du domaine  du tangible à celui des idées.  Il  a pour mission de  combattre dans la cité les  préjugés qui s’opposent au développement de  la  Connaissance.   Il  a médité sur le Mythe  d’Hiram et sait que  l’Ignorance,  le Fanatisme et l’Ambition (les trois mauvais compagnons) peuplent le  monde profane. Son devoir est désormais d'y retourner afin de les  combattre pour que règnent la Liberté, l’Egalité et la Fraternité

 

LES  PORTES  DU  TEMPLE

Franck Zimmer

Ed. Maison de Vie

 2019

Le postulant à l’initiation est, au sens littéral, un profane ; il se trouve « devant le lieu consacré », en l’occurrence le temple maçonnique, plus précisément devant la petite porte du nord, celle des alchimistes. Parvenir à franchir cet obstacle fait entrer dans un monde sacré, réglé par des rites et des symboles légués par la Tradition.

 

Mais cela n’est que la première étape d’un chemin sur lequel l’initié rencontrera une succession de portes, en particulier celle des éléments, qu’il lui faudra passer au moment juste, car chacune d’elles recèle un enseignement indispensable pour progresser sur la voie de la connaissance jusqu’ à l’ultime mystère, défendu par la redoutable porte de l’Orient éternel.

 

Examinant la nature et l’enseignement des différentes portes du temple, l’auteur met ici en évidence la difficulté, mais aussi la dynamique et la cohérence de la quête initiatique.

 

Cet ouvrage commence de manière très intéressante en interrogeant la question d’un « monde profane ». Avec Teilhard de Chardin, pour qui tout est sacré à qui sait voir, Franck Zimmer envisage autrement le « monde profane » comme étant la porte même du Temple.

 

Il décline cette porte en quatre modalités, porte de la Terre, porte de l’Air, Porte de l’Eau et porte du Feu.

 

La porte de la Terre renvoie au Cabinet de réflexion, à une mise à nu indispensable pour trouver « assise », « stabilité » mais aussi « rythme », le rythme sans lequel la marche ne saurait être féconde et permettre la puissance. L’élément terre s'exprime dans tout ce qui est dur, dense, fermé, figé, fixé, obscur. Chez l'homme le squelette osseux révèle une qualité de froid et de sec, le crâne étant la partie la plus figée; Chez la plante, c'est la racine qui a les qualités de cet élément. C'est l'organe végétal le plus durable, qui se revêt parfois d'une écorce ligneuse. Pourtant, c'est la partie végétale, à partir de laquelle la vie peut s'épanouir. Ainsi, l'élément terre fournit à la plante l'ancrage grâce auquel elle peut se développer.

 

La porte de l’Air ouvre non seulement sur le respir, qui se doit d’être conscient pour être créateur mais aussi sur la parole et la capacité de nommer les choses. Cette capacité exige lucidité pour édifier à bon escient. L'élément AIR,  ne sert pas à la formation ou au fonctionnement d'organes végétaux, mais provoque leur affinement. L'air autour de nous n'est pas seulement une des substances les plus légères, mais il rend aussi les autres choses plus légères, plus subtiles. L'élément air est celui qui éveille l'être humain. Étant invisible, impalpable et discret, il nous permet de percevoir par nos sens, les couleurs, les sons, les odeurs de notre environnement...  Dans la plante, par exemple, l'élément air transforme la feuille végétale en fleur, organe très léger, coloré et odorant.

 

La porte de l’Eau évoque de multiples sens, celui du multiple au sein de l’unité, celui de la mémoire, celui du voyage initiatique, celui de l’écoute, celui du lavement : « Le passage par l’eau lave le cœur et met son possesseur en état de franchir la porte du Feu qui bientôt se présentera. L’Eau a construit le cœur afin qu’il soit apte à verdoyer en humilité et devienne celui qui voit. Alors l’impétrant sera bien avisé de construire le cœur le temps de son existence. Le cœur construit par le passage par l’Eau est spirituel et sensible comme elle. Lorsque l’impétrant suivra ce cœur, il se construira en accord avec l’éternité. »  l'élément EAU  est d'une mobilité extrême, comme la substance eau qui passe facilement de l'état liquide à l'état solide (glace) et à l'état aérien (vapeur d'eau). L'élément eau ne se fige jamais, et il donne forme à tout (comme l'eau qui modèle les abords de lacs, des cours d'eau, de la mer, etc.). Chez l'homme, cet élément s'exprime dans tout ce qui est en mouvement constant, le sang et les autres liquides, mais aussi dans les organes qui n'arrêtent jamais leur activité.  Chez la plante, c'est la feuille qui est le plus étroitement liée à l'élément eau. Elle s'étale dans l'espace comme l'eau. Elle est capable de toutes sortes de métamorphoses. Les feuilles ne sont jamais exactement identiques et varient sous les influences extérieures tout comme, par ses ondes, l'eau qui reflète dans son miroir toutes les influences extérieures: les nuages, le vent, etc.

 

 La porte du Feu est celle par laquelle se réduisent les opposés, donnant ainsi accès à la connaissance. L'élément feu/chaleur a un côté destructeur, mais dispense aussi de la chaleur. Sans chaleur, aucune vie ne pourrait se développer sur Terre, et sans feu destructeur, la vie ne pourrait se renouveler sur terre. Chez l'homme, le feu se manifeste par l'enthousiasme, ce que les expressions «le feu de l'enthousiasme», «le feu de l'action» font clairement comprendre. Dans le monde végétal, cet élément s'exprime dans la graine et dans le fruit. La graine est d'une concentration extrême. Elle est comme minéralisée. Pourtant, c'est d'elle que la vie peut ressurgir. Dans le fruit, c'est la concentration de la chaleur solaire qui engendre les sucres et les arômes accumulés.

Bien entendu, les quatre éléments s'expriment dans toute la plante, mais chacun de ses organes est plus particulièrement dominé par l'un d'eux. Or, chaque constellation zodiacale favorise un des quatre éléments. C'est ce rapport entre les organes végétaux et l'impulsion venant des constellations que Maria Thun a pu mettre en évidence par ses travaux comparatifs. Il s'avère qu'en choisissant les dates des semis et des autres travaux en fonction de l'organe végétal à favoriser et selon la constellation correspondante, le rendement en quantité et en qualité augmente sensiblement. 

 

Pour l’auteur, ces quatre passages préparent à l’entrée par la porte des Symboles : « Les symboles ne sont pas des œuvres mortes et des valeurs désuètes, réservées aux archéologues, aux érudits et aux esthètes. Ils sont nés de la main d’artisans et d’initiés qui leur ont donné vie. C’est la pensée de celui, qui, aujourd’hui, cherche l’initiation qui sera capable de leur redonner naissance en les concrétisant dans l’instant, au présent, chacun dans sa propre chair. La porte des symboles ouvre le cœur des êtres et les oriente vers une réalisation lumineuse et une communion avec l’esprit de création. »

 

LES QUATRE ḖLḖMENTS ET LE MYSTḔRE DE LA VIE

Myriam Philibert

Edition du Rocher

1998

Qui ne s’est pas interrogé, un jour, de quoi le monde était fait ? Et par la même occasion, de quoi sommes-nous fait, puisque nous faisons partie du monde ? Bien souvent, on cherche midi à quatorze heures, alors que nous avons tout sous la main, devant les yeux, sous le nez et sous la semelle !


Le pire, c’est de se rendre à l’évidence que toute vie ne doit la vie qu’aux seuls quatre éléments : La Terre  -  L’air  -  L’eau  -  Le Feu

L’absence d’un de ces éléments dans la manifestation de la vie, serait un non-sens à la vie. Les éléments réunis sont la seule et l’unique réponse à la question de la vie !… Puisque la Vie, quel que soit sa forme ou son image, reste inéluctablement liée aux quatre éléments. Pas besoin de dogmes religieux pour en comprendre et admettre l’existence !…

 

Si la science n'a retenu que 3 états, sources de vie dans la matière (gaz, liquide, solide), l'ésotérisme les incorpore dans les 4 éléments fondamentaux: le feu, la terre, l'air et l'eau. La tradition nous montre l'homme et l'univers par la croix et ses 4 branches (le feu, la terre, l'air et l'eau) formant l'horizontalité et la verticalité. Si Luc Besson y ajoute leloo au centre comme le 5ème élément, on n'est pas loin de penser que ce centre est la quintessence de l'homme reliant les forces cosmiques et telluriques dans une telle harmonie universelle qu'on peut le nommer Amour. Plus scientifiquement c'est : L’Éther. Il transcende tous les autres, en étant le support électromagnétique, l'aspect énergétique. Nous entrons ici dans le monde vibratoire, non visible, infiniment petit où la matière se dématérialise, où tout devient énergie, de l'atome vers le proton, puis les quarks etc...un univers vibratoire qui répondrait parfaitement à l'intelligence de la vie. A craindre ici, que l'égo de l'homme soit la source de déséquilibre de tout ce potentiel qui lorsqu'il n'est plus en communion à l'univers créé une telle anarchie que les manifestations s'en lisent dans les maladies (le mal à dit) ou accidents.

Nous verrons que chacun des 4 éléments apporte au rêve sa signification symbolique et permet de trouver comment se manifestent en images, les énergies, les éléments en chacun de nous. IL est l'énergie créatrice de vie. IL est matériel et immatériel, dense ou non, palpable ou non palpable.  Le feu c'est le soleil, la lumière, le réchauffement, la chaleur, la flamme, la lave. Il anime tout, il permet la création, la transformation, l'expansion. Par rapport au rêve, et nos états d'esprit, il correspond à notre énergie créatrice dans un domaine particulier. Domaine qu'il faudra bien identifier. Il est relié à l'esprit car toute création part de l'esprit: l’esprit créé la forme. Vu Positivement, le feu sera vital et montrera une belle énergie créatrice. Voir un beau feu de cheminée montrera que vous aimez créer de belles ambiances chaleureuses. Vu négativement, le feu sera destructeur (trop d'énergie feu) ou absent (le froid) bloquant toute possibilité de création. Voir un incendie montrera que vous mettez une énergie vitale trop forte dans votre créativité au risque de tout détruire. signes astrologiques : Bélier, Lion, Sagittaire


L'air est relié à la pensée à la communication. C'est le premier niveau de la création. Avant de faite ceci ou cela, on y a déjà pensé, puis on en a parlé... Acteur dans la communication, car les échanges se font dans l'air par les ondes, les fréquences (téléphone, télévision) la pensées comme les paroles sont de l'ordre de l'élément AIR car on est encore dans l’abstrait. On découvre comment on pense dès qu'apparait l'élément AIR. (animaux ou insectes volants, avion, fumée, cigarette, nuages, ciel, vent etc....) Vu Positivement, la pensée est agréable et prépare à de belles réalisations. vu négativement (un avion prend feu, un frelon agressif....) les pensées sont négatives et peuvent se matérialiser à travers des réalisations désastreuses. *signes astrologiques : Gémeaux, Balance, Verseau


L’eau est de nature intérieure contrairement au feu qui exprime l’extraversion, l’expansion. Elle évoque la condensation, la rétention, la concentration. On connaît cet élément sous sa forme fluide et condensée, les océans, les rivières, la pluie, mais plus subtilement elle est le magnétisme parce qu’elle porte en elle tout un monde vibratoire infiniment petit, qui dans sa pureté est relié au monde infiniment grand, universel : l’intelligence de la vie.
C’est avec le feu, et les premières décharges électriques qu’est née la vie. L’eau véhicule en elle tout ce potentiel énergétique depuis la nuit des temps. Le Christ disait "de votre cœur s’écouleront des sources d’eaux vives". L’eau est par conséquent reliée au cœur, le 4ème chakra (vert), celui d'où émanent les sentiments. " Celui qui croit en moi, deviendra une source intarissable. De son sein s'écouleront des fleuves d'eau vive " qui le vivifieront et qui ressusciteront tous ceux qui l'entourent.


A partir de ces phrases, nous voyons que l’eau représente le monde des sentiments et des émotions car elle porte et retient en elle toutes les vibrations dont la vie sera une manifestation. Il est à en déduire que de beaux sentiments entraineront de belles vies et à contrario des sentiments négatifs seront destructeur de vie. (Voir les travaux du Dr Masaru Emoto) Rien ne se faisant sans sentiment, l’eau vue en rêve en précise la tonalité. Tout ce qui est eau (océan, mer, rivière, pluie..) parle de nos sentiments, nos émotions, nos relations affectives, ainsi que tout ce qui y est relié : les poissons, les bateaux, les salles de bains, les liquides, boissons, les verres d’eau, vases etc…Il faudra toujours l’étudier et discerner si elle vous est montrée positivement ou négativement. Si l’eau donne la vie, si elle purifie elle peut aussi noyer….à chaque fois il faudra voir sous quelle forme, elle se manifestera.  signes astrologiques : cancer, scorpion, poisson


La terre est le réceptacle de tous les autres éléments, comme un résultat concret. En elle tout se matérialise, se fige, tout prend sa forme tout prend son identité. Par rapport aux autres éléments, elle est fixe. Elle cristallise, les pensées et les émotions. La terre représente le monde matériel, nos actions, nos réalisations concrètes. Elle touche au corps physique et à l'action dans la matière. Tous les éléments du rêves vus en rapport à l’élément terre, c'est-à-dire tout ce qui est créé sur terre de main d’homme ou de dame nature, représente les actions concrètes, ce qui se voit, se réalise, se matérialise. Ici on n’est plus dans les pensées (AIR) ou les émotions (EAU) mais dans les réalisations. Les maisons, les arbres, les animaux, les personnages sont reliés à la terre. Les actions quotidiennes se verront en surface de la terre tandis que les mémoires plus en sa profondeur (ex les archéologues) ’élément terre est le témoin visible du mélange des éléments. (Feu, air et eau). Harmonie ou non ? Équilibre ou déséquilibre ? Juste dosage ? signes astrologiques: Taureau, Vierge, Capricorne


L’élément invisible, ésotérique dans l’absolu. IL transcende tous les autres, il renferme tous les autres. Il est la mémoire du monde, la spiritualité, la connaissance. De là les mémoires akashiques, mémoires du monde conservées, la conscience et le créateur…..Élément qui dans l'invisible, dirige les autres, les transcende, les guide, à trouver, retrouver leur équilibre, leur harmonie, le vrai sens de leur vie, leur fonction originel.
IL est partout. Le plan éthérique : Selon la théosophie et divers occultistes, dont Franz Bardon, qui remontent jusqu'à Paracelse, le « plan éthérique » serait peuplé des « esprits des quatre Éléments » ou « esprits élémentaires » : les esprits de la Terre (les gnomes), les esprits de l'Eau (les ondines), les esprits de l'Air (les sylphes), les esprits du Feu (salamandres).

 

LES  QUATRE  ÉLÉMENTS

Anne et Fabian DA COSTA

ÉDITION  DE  VECCHI

 2005

Depuis la nuit des temps, les hommes se sont trouvés en contact avec quatre éléments aussi indispensables à leur vie matérielle qu’à leur vie psychique. Les progrès de la science et de la conscience, peuvent supprimer l’essentiel, mais reste l’impérieux besoin de l’eau pour se désaltérer, de l’air pour respirer, du feu pour se nourrir et se réchauffer, de la terre pour en tirer sa subsistance et pour s’y reposer.

 

L’homme infiniment adaptable et intelligent, s’est au fil du temps rendu maître de techniques toujours plus avancées et plus performantes. Les éléments qui terrorisaient ses ancêtres les plus lointains par leurs mystères et leurs violences ne lui font plus peur, il pense même les avoir domestiquées et placés à son service.

La terre, l’eau, l’air et le feu sont devenus des moyens de production, des outils que l’on utilise.

Dans l’intense désir qui nait aujourd’hui d’un retour vers la vie à la campagne, se cache le besoin plus ou moins conscient de retrouver l’harmonie avec la terre, l’eau, l’air et le feu, dans une relation égalitaire et enrichissante.

 

Ce que les Anciens pressentaient, l’homme moderne le sait : Nous sommes faits, et notre planète également, de poussières d’étoiles, et chacun récapitule en lui-même la Création tout entière. L’esprit universel de Léonard de Vinci l’avait ainsi génialement formulé « Les Anciens ont appelé l’Homme microcosme, et la formule est bien venue puisque l’Homme est composé de terre, d’air, d’eau et de feu, et le corps de la terre est analogue ».

 

Cette fraternité entre l’homme et sa planète est le fruit  de milliards d’années d’échanges mystérieux, de correspondances secrètes, et ce que les intellects humains ont oubliés, nos corps s’en souviennent jusqu’au plus profond de leurs cellules.

Les peuples primitifs ont toujours associé à leur vie quotidienne les puissances protectrices et destructrices du feu, la légèreté et les senteurs de l’air, les effets dissolvants et purifiants de l’eau, les fermentations et les putréfactions de la terre, c’est ainsi que ces éléments se sont mélangés aux cosmogonies magico-religieuses de tous les continents.

 

La plupart des grands philosophes du monde et surtout les Grecs, ont sublimé les quatre éléments, ainsi Platon déclare dans son ouvrage : Le Timée  « A la terre nous attribuons la figure cubique, car la terre est la plus difficile à mouvoir les quatre espaces et c’est de tous les corps le plus tenace… le tétraèdre régulier représentera le feu, l’octaèdre régulier l’air, et l’icosaèdre régulier l’eau ».

 

L’Arche Royale reprendra ces éléments et les intégrera sans sa méthodologie et dans sa représentation symbolique sur le tapis de loge, de même presque toutes les sociétés initiatiques et ésotériques s’en serviront lors d’une réception ou initiation. La Bible dans son premier chapitre de la Genèse nous explique pourquoi et comment la Terre fut créé par les quatre éléments, socle fondateur des religions monothéistes.

 

Un excellent livre sur la symbolique des quatre éléments

 

LES  SIRÉNES

A. BULTEAU

Edition PARDES

 1995

Viens ici ! Viens à nous ! Ulysse tant vanté !arrête ton vaisseau ! Viens écouter nos voix ! Jamais un noir navire n’a doublé notre cap sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres.

Tout le monde connaît le célèbre épisode de l’Odyssée d’Homèreles Sirènes tentèrent de charmer Ulysse enchaîné à son mat.


L’originel mythe des sirènes ailées et musiciennes de l’antiquité se poursuivra jusqu’à nos jours avec la Sirène empaillée de Monsieur Barnum !

 

Entre temps, la légende resurgira au Moyen Âge, fortement modifiée puisque- Dames Blanches ou Dames du Lac ?  Mélusine restant la plus célèbre- aura troqué leurs ailes pour une queue de poisson ! Ondines ou Nixes, la tradition germanique émaillera ses légendes de ces divinités fluviales.


Sirènes, Nymphes, Naïades, Ondines, Vierges-Cygnes, Déesses marines japonaises ou indiennes, Walkyries, Roussalkis slaves, tous ces esprits aquatiques féminins ont rempli l’imaginaire des peuples de la Grèce et de la Celtide jusqu’à ceux d’Orient.

A l’aide des récits anciens, des témoignages des historiens marins, des contes et légendes de la littérature mondiale, en passant par les sciences alchimiques et zoologiques, sans oublier les représentations picturales, musicales, et archéologiques, A. Bulteau conduit le lecteur vers des lieux où le vol féerique de ces enchanteresses reste à jamais mystérieux.

Au sommaire de ce livre :

Mystère et richesse d’un mythe  -  Dans les entrailles de l’eau primordiale brille le son  -  Les sirènes légendaires de la Méditerranée  -  la sirène ailée de l’Antiquité ou une grande famille de musiciennes  -  Les fées nordiques, sœurs des sirènes  -  Au cœur des forêts profondes, la sirène-liane se nomme-t-elle Fée ?  -  La sirène universelle  -  de par le monde toute une humide peuplade guette  -  La sirène alchimique  -  Quand Or, son souffle, se transmutera, l’amour régnera  -  Les étranges créatures du grand large  -  Vite, on embarque  -  que la mer est belle et cruelle  -  Quelques caractéristiques de la sirène dans l’Art  -  « Dessine-moi un triton ! ô poète »  -  La sirène, les poètes et la science  -  L’insolite à l’école, suivi de la paix des étoiles  -  La musique des sirènes  -  20.000 notes sous les mers   -  Magie de la sirène et des enchanteurs  -  la quintessence du rythme  - Le chant du cygne  -  Les nuages de nacre, traîne des dieux, bruissent alentour du cygne léger  - 

 

 

LES SYMBOLES  ba – BA 

David Gattegno

Edition  Pardès

 2009

Le  symbolisme  est une espèce d’univers de subtilité. On n’y accède  pas  sans s’être affranchi, au préalable, de ses préjugés personnels et des sentiments inhérents au langage commun

du monde sensible.

 

Ce livre des symboles propose une véritable initiation à l’univers symbolique par l’observation des principes et des formes qui régissent les 120 symboles fondamentaux qui ont été  étudiés.

 

Le bagage indispensable à la compréhension des traditions, est ramené au seul volume nécessaire. Ainsi, cet ouvrage offre la possibilité de saisir d’emblée le système de la perception analogique et le

 principe intuitif de compréhension, sans présenter au lecteur le surcroît des  applications subsidiaires, le plus souvent strictement contingentes, qui ne feraient qu’encombrer son étude.

 

Les images mentales, supports de réflexion, sont simplement indexées, mais également traitées selon une exposition, suggèrent tous les rapports, les parallèles,  les relations et les affinités  (clefs du monde des symboles) .Un choix  de  550  illustrations  précises  vient enrichir le texte, y est donc développé :

 

Abeille , aigle, aile , âme,  androgyne,  âne ,  ange , animal ,  araignée,  arbre,  arche,  balance,  barque,  bélier,  breuvage,  caducée,  carré,  caste,  cercle,  cerf,  chasse,  chat,  cheval,  cheveux, 

chèvre,  chien,  chouette, clef,  cœur,  colombe,  compas,  coq,  corbeau,  cornes,  couleur,  croix,  cygnes,  dauphins,  diable,  dragon, échelle,  élément,  éléphant,  épée,  équerre,  étoile,  faucon,  flèche,  fleur,  fontaine,  foudre,  grenouille,  griffon,  hache,  île,  jardin,  jumeaux,  labyrinthe,  langue,  lapin,  licorne,  lion,  lis, 

 loup,  lune,  main,  masque,  métaux,  miroir,  montagne,  mort,  monstres,  nœud,  nombres,  océan,  œil,  œuf,  oiseau,  oreille,  ours,  paon,  papillon,  parole,  phallus,  phénix,  pied, 

 pierre,  planètes, poisson,  pont,  porte,  renard,  roi,  rose,  roue,  runes,  saison,  sanglier,  scarabée , sceau,  sceptre,  scorpion,  serpent,  singe,  sirène,  soleil,  sphinx,  spirale,  svastika,  taureau,  tortue,  triangle,  triscèle,  vase,  vautour,  végétaux,  vigne,  vulve,  yin-yang,  zodiaque . 

 

les symboles dans l’art, dans les religions & dans la vie de tous les jours

Philippe seringe

Edition SUM LE HAMEAU

 2003

Un travail érudit, à la portée du grand public ; voici le défi relevé par le Professeur Seringe. En effet, cet ouvrage présente les interprétations les plus récentes des symboles tout en donnant une vision claire de leur évolution au cours des siècles dans les nombreux pays où l’auteur s’est rendu pour ses recherches.


Un livre pratique : grâce à ses index très détaillés et à son organisation thématique, cet ouvrage peut être aisément consulté.


Une centaine d’illustrations ainsi qu’une biographie de plus de 400 ouvrages font de cette œuvre une somme de référence.


La préface de René Louis constitue à elle seule une œuvre des plus originales qui nous entraîne à de véritables découvertes.


Y sont développés : plusieurs animaux dont : le bœuf, le taureau, l’agneau, le bélier, le lapin, l’éléphant, le cheval, le tigre, le lion, le cerf, le loup, le renard, le singe, le serpent, le dragon, la grenouille, l’œuf, les oiseaux, le faucon, l’aigle, la chouette, le coq, l’autruche, le paon, les poissons, la licorne, le sphinx, le corps humain, le crâne, les danses macabres, le sang, l’œil, la main, l’arbre de vie, les arbres, la rose, les fleurs, le vin, la vigne, la grenade, les fruits, la mandragore, les 4 éléments, les pierres, les points cardinaux, les étoiles, les planètes, la ziggourat, la pyramide, les couleurs, les nombres etc…

 

les symboles chrÉtiens primitifs

Jean daniélou

Edition du  SEUIL

 1996.

La charrue, la couronne, le char, l’étoile, le poisson, la palme : autant de symboles chrétiens un peu oubliés ou incompris. Sait-on que la Croix elle-même est apparue à l’origine non comme une allusion à la Passion du Christ, mais comme une désignation de sa Gloire divine ? Ou encore que les douze Apôtres ont été assimilés au symbolisme du zodiaque ?

 

Ces symboles ont eu une considérable importance théologique et spirituelle dans les premières communautés chrétiennes, encore très liées à des milieux juifs où on parlait araméen. Spécialiste de ce « judéo-christianisme primitif », le Père Jean Daniélou explicite ici l’origine, le contexte culturel, le sens spirituel de ces images et de ces signes légués par le christianisme antique, qui sont aussi des images et des signes religieux universels.

 

L'image de loin la plus fréquente pour représenter le Christ et ce qu'il nous apporte est un berger portant un agneau. Cela est révélateur de ce qui a été considéré par les premiers chrétiens comme étant le coeur de l'Évangile du Christ, et le salut offert par Dieu en Christ. Bien entendu, Jésus n'était pas berger au sens littéral du terme (il était charpentier, puis rabbi). Et la plupart des disciples ne l'ont pas connu adolescent comme il apparait le plus souvent sur ces représentations.

Le berger portant une brebis fait référence à une parole fondamentale de Jésus, c'est une courte parabole où Jésus explique son attitude vis-à-vis des personnes pas bien comme il faut. Il se compare alors à un berger qui va rechercher la moindre des brebis perdues, et qui se réjouit beaucoup quand il a pu la trouver et ramener sur ses épaules (Luc 15) Cette figure du berger comme l'image même de la grâce est très connue de la Bible. Dieu lui-même est souvent comparé à un berger (Psaume 23,...), et les plus grandes figures de l'histoire d'Israël étaient bergers (Abel, Abraham, Moïse, David...)

Si le Christ est représenté comme un jeune homme, et non pas comme un homme d'une trentaine d'année, c'est là aussi un message théologique. Il est l'Homme véritable, puisqu'il est vraiment Fils de Dieu. Pour représenter cela, les chrétiens l'ont figuré dans la force de la jeunesse. Cela illustre également des passages de la Bible parlant de la nouvelle naissance (Jn 3), ou du rajeunissement intérieur par l'Esprit (le 2 Cor 5).Dans plusieurs de ces images, le Christ berger porte non pas une brebis mais visiblement un bouc, et dans la fresque ronde, on distingue à ses pieds une brebis à sa droite et un bouc à sa gauche. Cela fait immanquablement penser à une autre parabole essentielle de Jésus que l'on trouve dans l'évangile selon Matthieu (chapitre 25:31-46) où les boucs représentent les pécheurs et les brebis les justes. Il y a par conséquent dans cette image une lecture très intéressante par la jonction de ces deux paraboles, Christ étant ainsi venu pour sauver les pécheurs, même les boucs que nous sommes par certains côtés. Les colombes encadrent cette scène, signifiant le salut et la paix

 

Y est développé :

 le symbolisme chrétien de la charrue, de la palme, de la couronne, de la vigne, de l’arbre de vie, de l’eau, du poisson, du navire, le char d’Elie, la hache, l’étoile de Jacob, les 12 apôtres, le zodiaque et le Tav.

 

les symboles de la franc-maçonnerie – signes – mots – couleurs & nombres

J.J. gabut

Edition DERVY

 2008

Les anciens rituels du XVIIIème siècle, déjà, nous questionnaient : « Â quoi reconnaîtrais-je que vous êtes Franc-maçon ? » La réponse déjà était : « À mes signes, paroles et attouchements, etc. »


Dès l’origine donc, et déjà au temps de la Maçonnerie opérative, les signes et les mots – on pourrait tout aussi bien dire les paroles ou les noms – revêtent une importance capitale dans le symbolisme de la Franc-maçonnerie. Ils sont à la fois moyens de connaissance et de reconnaissance, invitation à approfondir l’idée qui se cache sous le mot et traduction par le geste ou la parole de tout un enseignement symbolique de règles, de principes et de vérités principielles.


Si ces signes et ces mots dictent la conduite des Franc-maçons et constituent pour une part le secret inviolable de l’ascèse initiatique – le seul secret véritable de notre Ordre ! – les nombres et les couleurs traduisent, eux, une autre dimension de cette ascèse, analogue d’ailleurs souvent à celles que l’on rencontre dans d’autres traditions dont la Kabbale nous donne un exemple particulièrement éloquent.


La réflexion de Jean-Jacques GABUT tend à éclairer ainsi un panorama longtemps inexploré ou abordé de manière moins approfondie par les exégètes du symbolisme maçonnique. Il nous invite ainsi à explorer un monde d’une étonnante richesse, par de constants renvois à d’autres domaines ou enseignements.

Y sont expliqués :
Première partie : les signes
Les trois formes majeures du signe – Le signe en tant que geste : des chakras à l’Arbre des Sephiroth – Le signe en tant que marque – L’importance capitale du signe symbole – Les signes dans les trois degrés de la Maçonnerie « bleue » - L’apprenti : attention, transmutation, intuition – Le compagnon : l’appel aux forces supérieures – Le maître : l’éveil des énergies cachées – Les cinq points parfaits de la maîtrise : un acte de pure magie – L’accolade : un condensé des cinq points – Les signes dans les hauts grades écossais – Les signes d’admiration – Les signes du Chevalier Rose-Croix – La culmination des signes dans la chaîne d’union
.

Deuxième partie : les mots, les noms, les lettres
La puissance du mot – Au commencement était le Verbe – Les mots, partie intégrante du Rite – Mots de passe et mots sacrés dans la Maçonnerie « bleue » – Boaz : la « force » de l’apprenti – La beauté du compagnonnage – La Sagesse des maîtres – La multiplication des mots clefs dans les Hauts Grades – Omniprésence des noms de Dieu – Trois mots clefs : Ziza, Stibium et Salix – Les mots du Chevalier Rose-Croix.

Troisième partie : les couleurs
Le divin blason de la Création – Dans l’arc-en-ciel symbolique – Bleu et vert, les froides couleurs de l’Esprit et de la Nature – Rouge et or : les couleurs chaudes de l’amour et du soleil – Le noir et le blanc : l’ombre et la Lumière – Les couleurs des grades symboliques – L’apprenti : blanc, bleu, rouge – Le compagnon : sous un dais d’or et d’azur – Le maître… Ou le rouge et le noir – Les couleurs des Hauts Grades – Le noir est la « racine » – Et le rouge en est le cœur.

Quatrième partie : les nombres
La divine Tétraktys et le Nombre d’Or – Les dix premiers nombres : De l’Unité au retour à l’Unité – Les autres nombres clefs dans la tradition maçonnique – L’apprenti : sous le signe du 3 – Le 5, nombre du compagnon – Le 7 et le 9 dirigent le maître – Le 3 et ses multiples : pas moins de 17 Hauts Grades écossais – Le 9, nombre de la Divine Ennéade – Le 5, le 7 et le 12, nombres de l’union, de la lumière et du changement.

Cinquième partie
: les métaux, la faune et la flore de la symbolique maçonnique
Les métaux sacrés : l’or, l’argent, l’airain – Des symboles « oubliés » : l’ancre, le sablier, la faux et la ruche – La faune – Le bestiaire symbolique (I) : l’aigle, la colombe, le corbeau et le coq – Le bestiaire symbolique (II) : le phénix et le pélican – Le bestiaire symbolique (III) : l’agneau et le serpent – La flore sacrée maçonnique – de l’acacia à la rose… en passant par le laurier et l’olivier – L’Arbre de Vie, l’encens et la « plante qui guérit ».

 

les symboles maçonniques d’aprÈs leurs sources suivi des Diagrammes cosmologiques traditionnels

Patrick négrier

Edition TELETES

 1998

Cet ouvrage réunit deux études. La première se présente comme un dictionnaire : classés par ordre alphabétique, les symboles des trois degrés (apprenti, compagnon, maître) de la maçonnerie universelle y sont interprétés à la lumière de ses textes fondateurs (Anciens Devoirs et catéchismes symboliques du XIVème et XVIIIème siècles), ainsi qu’à celle de leurs sources essentielles que sont la Bible, la philosophie grecque, le compagnonnage, la chevalerie et l’alchimie.


La seconde étude est une présentation et une analyse des divers diagrammes cosmologiques traditionnels, c’est-à-dire des diverses représentations symboliques du cosmos, schémas initiatiques à la famille desquels appartiennent les tableaux de loge.

 

Au sommaire de cet ouvrage, l’auteur explique les symboles suivants :

Acacia  -  acclamation   -   accolade   -   adoubement   -   agapes   -   arithmétique   -  Art royal    -   arts libéraux   -   astronomie et sphères célestes   -    attouchement   autel   -  baiser fraternel   -   bannières   -    loge bleue   -   Boaz   -   breuvage d’amertume   -   cabinet de réflexion   -    canne de maitre de cérémonie   -   cercle   -   chaine d’union   -   chaire du vénérable    -  chambre du milieu   -   chapeau de maître   -   chevalerie    -   cinq  -   cinq points parfait du compagnonnage  -    cinq sages  -   cinq sens   - 

circumambulations   -    clef    -   colonnes   -  compas    -   coq   -   corde   -   couvreur   -   crane, faux  -  ossements   -     delta lumineux   -   planche à boule et à bascule   -   enfants de la veuve   -   épée   -   épée flamboyante   -   épeler   -    équerre   -    escalier    -étoile flamboyante   -   fenêtres   -    fil à plomb   -  lettre G   -   génération   -  gloire   -   grand architecte de l’univers   -    grenades   -   griffe  -   Hiram   -   houppe dentelée    -  impressions d’initiation   -   installation   -  Jean-Baptiste  -   lacs d’amour   -   levier    -loge   -   lotus   -  lumière   -  lune   -  maillet   -   marche et marche à reculons   -   M. B.   -   métaux   -  microcosme   -    miroir   -   mot de passe   -   mystère  -  ni nu ni vêtu  -  niveau  -  œil   - ordres architecturaux   -   orient éternel   -   outils   -   ouverture et fermeture des travaux   -   pain et eau   -   parole perdue   -   pas   -  pavé mosaïque   -   pentagramme   -   pierre brute et pierre cubique   -   piliers   -  planche à tracer  -   points cardinaux   -  porte du temple  -   quintessence  -   règle à 24 divisions  -   roi Hiram de Tyr   -  rouge  -  sablier   -Salomon   -   secret   -  sept   -  shibolet  -  signes et signes de détresse   -   signe d’horreur   -   signe d’ordre  -   signes pénaux   -   silence  -  soleil   -   surveillants   -  tablier   -  testament philosophique  -   Touva-qayin ou Tubalcain   -   trois coups   - trois grandes lumières   -  trois mauvais compagnons   -   trois points   -   tronc de la veuve  -  truelle  -V.I.T.R.I.O.L.  – volume de la loi sacrée   -  voute d’acier   -   Jakin   -  

 

Qu’est-ce qu’un diagramme cosmologique traditionnel ? L’archétype des diagrammes : le symbolisme stellaire et planétaire des sanctuaires mégalithiques et des ziggourats   -   l’astronomie mésopotamienne  -  la mythologie égyptienne   -   le judaïsme   -  le christianisme   -   l’islam   -   le chamanisme africain   -  l’hindouisme   -  la  physique grecque   -   le celtisme   -   la mithriacisme   -  le bouddhisme et le tantrisme   -   le taôisme   -   les chamanismes australien, polynésien, américain, mexicain   -     la sphère céleste d’Albert Durer   -  la théurgie   -    l’ennéagramme de Georges Ivanovitch Gurdjieff    -   le diagramme univers : l’hexagramme    -    le cas des tracés labyrinthiques   -   les tableaux de loge maçonniques    - 


Patrick Négrier, né en 1956 à Aubusson et maçon depuis 1980, est spécialisé dans l’exégèse symbolique de la Bible ainsi que l’herméneutique des symboles cosmiques des diverses traditions spirituelles.

 

LE SYMBOLISME MAÇONNIQUE ET HERMÉTIQUE DU CHAT BOTTÉ

Richard Khaitzine

Edition La Pierre Philosophale

 2011

Après les contes de Peter Pan et du petit chaperon rouge, voici l’histoire symbolique, maçonnique et hermétique du Chat Botté.

 

L’ère des Poissons s’achève et l’humanité va entrer dans un nouveau cycle –l’ère du Verseau- un cycle de 2160 ans qui va privilégier la communication, les échanges interactifs d’internet, les smartphones, les tablettes numériques, la rapidité de l’information mais aussi la consommation boulimique des images. Tout ceci va accélérer le temps –Chronos et laissera de moins en moins de temps à l’homme pour se poser, réfléchir et se poser des questions sur son devenir et celui de notre planète. L’homme a chaussé les bottes de 7 lieu et veut aller plus vite que la musique, les fées sont reléguées au magasin d’accessoires et la pratique de la spiritualité en loge est remplacée par du théâtre avec des mauvais acteurs, l’entreprise de démolition de la Tradition avec des dirigeants qui se prennent pour des envoyés divins est en marche et le symbolisme est galvaudé. Quelle erreur, que de temps perdu, que d’énergie gaspillée. Mais voyons plutôt l’histoire de ce chat.

 

L’Egypte ancienne vénérait, sous les traits du chat divin la déesse Bastet comme une bienfaitrice et une protectrice de l’homme, de nombreuses œuvres d’art le représentent, un couteau dans une patte tranchant la tête du serpent Apophis, le dragon des ténèbres, personnifiant les ennemis du soleil.

 

Le chat symbolise ici la force et l’agilité du félin, qu’une déesse tutélaire met au service de l’homme pour triompher de ses ennemis cachés.

 

La liste du symbolisme des chats est immense, chaque pays, chaque continent, chaque religion, chaque tradition a adoré ou diabolisé le chat, au moyen Âge les chats surtout noir, portait le mauvais œil et les chats roux symbolisaient Judas l’Iscariote, mais revenons à notre chat botté.

 

Ce chat botté assure dans un premier temps la nourriture pour son maître, il nous fait assister à tout un processus alchimique dans la succession du gibier entre autre, dévoilant des moyens supranormaux. Puis il oblige son maître à subir un bain d’ouverture, le baptême initiatique, indispensable pour pouvoir accéder au chemin royal, il reçoit également le sel virginal émanant de la Vierge lunaire, fille du Roi, afin que l’œuvre accède à sa phase principale.

 

Le chat alerte tout le monde y compris le roi, en criant « au voleur, mon maître s’est fait voler ses habits » cela pour que le roi lui donne des habits royaux et c’est dans le carrosse royal que le marquis parcourt le chemin de l’investiture définitive.

 

Notre thaumaturge à moustaches saura également intimider les faucheurs puis les moissonneurs, au point de leur faire dire que les terres sur lesquelles ils travaillent sont en fait la propriété du marquis, alors que jusque-là il ne possédait rien.

 

Pour réaliser pleinement la fortune de son maître, le chat initié-initiant, devra encore aborder l’Ogre, en une progression alchimique et stellaire. L’Ogre-Orion laisse sa place céleste au lion puisqu’il se métamorphose en roi du désert, qui lui-même diminue peu à peu, avant de se volatiliser comme le fait le Mercure (alchimique) dans la sublimation opérative.

 

Finalement ce chat me fait penser au Mat-Fou du Tarot qui accompagne l’homme dans son voyage à travers les lames du tarot, il lui sert de conseiller et de garde-fou, lui indique le meilleur chemin et sous le nom d’intuition et de persévérance l’amène à l’œuvre rouge pour le  mariage final.

 

les trois fenÊtres du tableau de loge       -    N°  11   -

Didier michaud

Edition MAISON DE VIE

 2004

Symbole très négligé s’il en est, les trois fenêtres représentées sur les tableaux de Loge de certains rites maçonniques ont rarement retenu l’attention qu’elles mériteraient pourtant.

 

Peu abordées dans les travaux, peu étudiées dans les livres, elles ne suscitent généralement que des idées très simples, pour ne pas dire simplistes : les fenêtres sont là pour permettre à la lumière de pénétrer dans le Temple.

 

Certes, mais il conviendrait encore de remarquer d’une part que les fenêtres laissent également passer l’air et le son, et d’autre part que celles dont il s’agit ici ne sont pas ouvertes dans les murs de la Loge, mais dessinées sur un tableau sur lequel figurent de façon symbolique tous les éléments nécessaires à la création de la Vie en esprit. Quelle est donc la vraie nature de cette Lumière, de cet Air et de ces Voix qui traversent nos fenêtres ?

 

Mais qu’est-ce qu’une fenêtre ? Le dictionnaire historique de la langue française définit la fenêtre comme une ouverture faite dans un mur pour y laisser pénétrer l’air et la lumière. Il précise que son étymologie latine, fenestra, a été mise en relation avec le grec phanein, « venir à la lumière », « apparaître ».
 
Sur le tableau de loge, on voit trois fenêtres munies d’une grille, la première à l’orient, la seconde au midi, la troisième à l’occident. On ne trouve pas de fenêtre au nord, car il n’y a pas de lumière, c’est la colonne du septentrion celle des apprentis qui se trouve dans le froid et l’obscurité ou plutôt qui reçoit la lumière par reflet, ont besoin d’être éclairés en recevant ainsi la plaine lumière de la fenêtre du midi,  puisque cette région n’est éclairée que par un croissant de lune.

La notion de fenêtre est donc en étroit rapport avec celle de lumière que génère le ciel, le grillage, avec celle de silence et de secret essentielles à mon grade étant donné que le travail des ouvriers est soustrait à la vue du profane dont le regard ne sait pénétrer dans le temple. Bien entendu, le fait qu’il y ait trois fenêtres met celles-ci en relations étroites avec toute la symbolique du chiffre 3, le chiffre de l’apprenti que je suis.

J’imagine également que le grillage des fenêtres protège l’initié des travers et des vices et qu’il rappelle au maçon que s’il ne peut pas matériellement voir à l’extérieur du temple, son travail consiste à s’élever spirituellement, à prendre de nouvelles forces de façon à répandre, une fois revenu dans le monde profane les étincelles de lumière qu’il a reçue. Le temple permet, par l’intermédiaire de ses fenêtres tracées sur le tableau de loge, le passage de l’Air lumineux et la lumière naissante à l’orient, rayonnante au midi, douce et souveraine à l’occident. Le temple est le lieu d’un échange de souffle, d’un Inspir et d’un Expir créateur de conscience.
 
A l’inspiration je reçois l’air par les trois fenêtres. Cet air représente la vie en ce qu’elle allie le verbe à son expression orale. A l’expiration je tente de me bâtir en homme nouveau. Sur notre rituel à l’ouverture des travaux, l’on y trouve, des réponses à des questions précises qui peuvent m’aider à comprendre le cheminement de l’apprenti maçon que je suis par rapport au symbole des trois fenêtres :
 
Le vénérable Maître demande au Frère premier surveillant, qu’avons-nous demandé lors de notre première entrée dans le temple ? Le premier surveillant de répondre La lumière vénérable maître ;
 
Le Vénérable maître de rétorquer, que cette lumière nous éclaire. Et c’est de par ces fenêtres que cette lumière pénètre dans le temple pour éclairer nos travaux ; Elles indiquent les 3 principales heures du temps maçonnique, celle où les ouvriers se mettent à l'ouvrage, celle où ils l'accomplissent, et celle où ils le quittent.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Une affaire d’orientation    -   Fenêtres ou grilles ?    -    des fenêtres pour entendre   -    A propos de la lumière   -   L’air lumineux   -    les passeurs de lumière   -   Une fenêtre au Nord ?   -

 

LES  TROIS  GRANDES  LUMIÈRES  ou le  Chemin  de  la  Création     -    N°  43      -

JEAN  ONOFRIO

ÉDITION  MAISON  DE  VIE 

 2011

Les trois Grandes Lumières sont des outils créateurs d’ordre céleste, ceux avec lesquels la création principielle agit et façonne la vie. Lorsqu’elles se trouvent assemblées, les initiés sont en présence de l’âge d’or où les puissances causales « s’aiment » et se recréent entre elles. Ils assistent alors à l’origine des temps, au moment où les trois Grandes Lumières, puissances organisatrices du début des choses, sont en pleine création permanente, en pleine effervescence, en pleine puissance. « L’énergie universelle dans laquelle l’action est versée vers le divin, tout ce qui est offert n’est autre qu’une forme du divin », a écrit A. K. Coomaraswamy.

 

Cet univers auquel l’humain est absolument étranger et qu’il ne comprendra jamais, peut cependant être non seulement perçu et contemplé, mais célébré rituellement. En bâtissant le temple au moyen de la Règle, de l’équerre et du Compas, l’initié s’intègre à l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers.

 

C’est précisément à l’approche symbolique de l’action créatrice de cette architecture de réciprocité suscitée par les trois Grandes Lumières que cet ouvrage est consacré.

 

Sont expliqué les outils et symboles suivants :

 

Coexistence du catholicisme et de l’initiation au Moyen Âge, Bible ou Règle, le double aspect des trois Grandes Lumières, la Règle, l’équerre et le Compas, pourquoi ces objets sont-ils des Lumières ?, le passage de la puissance à l’acte, pourquoi ces Lumières sont grandes ?, disposition de ces Lumières selon les grades et degrés, pluralité des naissances, naissance par les outils, le banquet et l’accomplissement du mythe osirien, l’éveil de la conscience et regard créateur, voie brève et voie longue, les divers types naissant des trois Grandes Lumières, les mutations que déclenchent les trois Grandes Lumières séparées ou unies, l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers en fonction des trois Grandes Lumières, le Livre de la Vie, Permanence de l’initiation et impermanence des initiés, comment les trois Grandes Lumières permettent-elles à l’initié d’agir ?, le devoir de formuler, modalité  spécifiquement initiatique de l’agir….

 

les trois grands piliers     -     N°   8  -

Alain lejeune

Edition Maison de Vie

 2003

Trois grands piliers nommés Sagesse, Force et Beauté soutiennent le temple maçonnique. Trois et non quatre, comme la logique le voudrait. Quelle réalité symbolique se cache derrière cette apparente singularité ? Que signifie la disposition des piliers dans la loge ? Quels concepts fondateurs dévoilent-ils ? Que penser des ordres architecturaux ?

 

S’appuyant sur la tradition et la pratique de la pensée symbolique, A. Lejeune répond à ces questions et nous révèle la dynamique d’un chemin tracé de toute éternité par les loges maçonniques afin que le temple devienne réalité, et nous enseigne la manière de nous construire.

 

Au sommaire :

 

Etymologie et fonction des piliers   -   la ternarité comme assise   -  le lien vivant dressé entre Ciel et Terre   -  la tradition maçonnique  -   Trois grands piliers soutiennent notre loge   -  disposition des piliers   -   les ordres architecturaux   -  la Grèce antique   -   le Moyen Âge   -  la Renaissance   -   pourquoi trois piliers et non quatre ?   -   nécessité d’œuvrer pour faire apparaitre le quatre   -   la légende des quatre couronnés   -   les quatre couronnés, patrons des maçons et des tailleurs de pierre   -    les piliers Sagesse, Force et Beauté   -   la tradition de l’Egypte ancienne   -   la cité du pilier   -  Pharaon comme pilier du Ciel   -   l’enseignement du mythe d’Osiris   -   Quels autres noms pourrait-on donner aux trois grands piliers ?   -     un chemin de lumière   -  Animation et Occultation des étoiles   -    L’animation rituelle des trois grands piliers   -    la voie des piliers   -   le rituel de fondation du Temple, un tracé maçonnique de la lumière   -  comment trouver le chemin tracé par les trois grands piliers ?

 

LES  TROIS  LUMIÈRES  DE  LA  LOGE

PHILIPPE  LANGLET

ÉDITIONS DE LA HUTTE

 2011

La configuration symbolique des lumières de la loge, à tous les rits, est d’inspiration chrétienne, cela va sans dire. Création, Lumière, Trinité. Il y a bien trois éléments fondamentaux pour soutenir la loge, ou la rende matérielle à nos yeux, et qui sont associés directement à la Demeure Divine, au Temple, ou au Trône de Dieu. Ainsi, la Loge semble être le point au centre d’un triangle lumineux.

 

Quels que soient les multiples du nombre trois, qui reste le fondement symbolique, les Maçons se situent, lorsque les travaux sont ouverts, à l’intérieur d’un triangle de lumière. La question est alors : comment ces lumières leur sont extérieurs. Ils ne les voient que comme décors symbolique. Pourquoi ne perçoivent-ils pas qu’ils sont en réalité DANS LA LUMIERE TRINE ?

 

Comment faire coïncider des colonnes, des chandeliers, des vertus et des officiers ? Cela parait difficile, mais les Rites le font presque toujours. Le but de cette étude sera de souligner les configurations communes à 5 Rits. Le Rite Emulation, le R.E.A.A, le R.E.R, le Rite Français, et le Rite d’York. On y dégagera des invariants du Rite maçonnique qui vont nous apporter quelques enseignements spirituels, sinon moral qui fasse bouger notre être intérieur et ainsi favoriser une modification ontologique.

 

Sont donc développé dans cette étude :

 

Les rituels – Les hauts chandeliers – Une colonne invisible – Les neuf lumières – Les différences rituelles – Maçons modernes et Maçons anciens – Le Rit moderne de France – Les divulgations – Sagesse, Force et Beauté – L’étoile et le colonne – Le soleil, la lune et le maître maçon – Les divers rites Ecossais – L’illumination de la loge au R.E.A.A  - Les invariants -

 

LE     SWASTIKA

Bernard Marillier

Edition Pardès

 2002

Directement lié à la Tradition Primordiale et issu de l’Hyperborée – cette terre de l’Âge d’Or  située au-delà du vent du nord -, le Swastika est l’un des plus anciens symboles. Omniprésent, il a été utilisé par de nombreux peuples de l’extrême-Asie et de l’Amérique, en passant par la Chine, la Mongolie, l’Inde et l’Europe. Par définition, le swastika est  « su asti », le signe de bon augure par excellence. Signe de bénédiction et de salut, il fut investi au Moyen- Âge d’une valeur nettement apotropaïque. Il est l’image du mouvement giratoire perpétuel du soleil, source de toute fécondité, autour de l’axe immobile du Pôle. Ses quatre branches, brisées à angles droit, représentent les quatre positions cardinales de la grande ourse, s’ordonnant autour de l’étoile polaire. En ce sens, le swastika est le symbole de la vie, du rôle vivifiant du Principe par rapport à l’Ordre cosmique.

 

Symbole du feu qui meut la Création, de la manifestation cyclique et de la régénération universelle, le swastika est aussi, par extension, une image du temps, et surtout de l’énergie divine, perpétuellement présente et active dans le cosmos. Source première de toute vie, le swastika fut toujours associé aux grandes figures salvatrices temporelles et surtout spirituelles, telles Thor, Jupiter, le Bouddha et le Christ, ce dernier étant, comme le swastika, « la voie, la vérité et la vie ».

Le svastika est l'un des symboles les plus répandus et les plus anciens qui soient. Il consiste en une croix à branches coudées, rencontrée à toutes les époques et sur tous les continents, en usage en Inde de toute antiquité, répandu en Chine par le bouddhisme présent dans la Grèce ancienne sous la figure de Prométhée (qui dérobe une parcelle de feu à la "roue du Soleil" et l'apporte aux hommes) et dans d'autres civilisations (chez les Touareg par exemple).

Le terme "croix gammée" (allusion aux 4 branches, qui ont chacune la forme de la lettre grecque "gamma" majuscule) vient du grec "gammadion". Les Grecs qualifiaient aussi le svastika de "tétrascèle" (quatre jambes). Signe favorable, symbole de paix et de bonheur, peut-être aussi du Soleil (Feu), le svastika s'est répandu en Europe, aux Amériques, en Extrême-Orient et notamment en Inde où il garde toujours son sens bénéfique. Quelle qu'en soit sa complexité symbolique, le svastika, par son graphisme même, indique manifestement un mouvement de rotation autour du centre immobile, qui peut être le moi, où le pôle. Il est donc symbole d'action, de cycle et de régénération perpétuelle. C'est en ce sens qu'il a souvent accompagné l'image des sauveurs de l'humanité :- le Christ, des catacombes à l'Occident médiéval et au nestorianisme des steppes. Les Christs romans sont souvent conçus autour d'une spirale ou d'un svastika symbolisant le tourbillon de la Création ;- le Bouddha, car il figure la Roue de la Loi (Dharma chakra) tournant autour de son centre immuable, centre qui représente souvent Agni (le Feu).

Le svastika est l'image du développement en puissance de la Réalité ou de l'Univers :


- développement de l'univers créé, il s'associe aux grandes figures créatrices ou rédemptrices évoquées ci-dessus.
- développement d'une réalité humaine, il exprimera l'extrême développement d'un pouvoir séculier, ce qui explique ses attributions historiques, de Charlemagne à Hitler. "Ici interviendra le sens de sa giration, qu'il s'agisse du sens direct astronomique, cosmique et donc lié au transcendant (c'est le svastika de Charlemagne) ou du sens inverse, celui des aiguilles d'une montre, voulant placer l'infinitude et le sacré dans le temporel et le profane (c'est le svastika hitlérien) ; Guenon interprète ces sens opposés comme la rotation du monde vue de l'un et l'autre pôle, les pôles en question sont plutôt l'homme et le pôle céleste que les pôles du globe terrestre" .

On accorde deux sens de rotation au Svastika : la position de ses branches lui confère un sens rotatif, de droite à gauche ou de gauche à droite. Pour certaines civilisations, ce sens est important et a une symbolique ; pour d’autres, cela n’a aucune importance et, pour d’autres encore, un seul sens de rotation est recevable. Si les branches sont orientées vers la droite, le svastika est dit "dextrogyre". Si les branches sont tournées vers la gauche, le svastika, qui prend le nom de "sauvastika", est dit "senestrogyre" ou "lévogyre». Cependant, considérant qu'il s'agit à l'origine de la représentation symbolique d'une rotation (symbole solaire diurne ou, à l'inverse, symbole stellaire nocturne), d'aucuns ont tendance à considérer que celle-ci s'effectue dans le sens inverse de celui indiqué par les pointes ; les coudes de la croix, et non la pointe des barres, indiquent donc le sens de rotation (on peut se le représenter de façon imagée comme s'il s'agissait de quatre petits drapeaux qui sont entrainés vers l'arrière quand la roue tourne).

Dans l’hindouisme, ce symbole est utilisé avec les deux sens de rotation. Dans la religion hindoue, les deux sens de rotation sont associés à l'activité du dieu Brahma constructeur de l'univers : le svastika proprement dit pointant vers la droite (dextrogyre) représente la construction, la croissance, alors que celui pointant vers la gauche (senestrogyre), appelé "sauvastika", représente l'involution, la destruction. Inscrit dans un carré à base horizontale (graphie nettement plus fréquente que la position à 45°), il représente la stabilité, ses branches indiquant les quatre orients. Il peut également être le symbole du dieu solaire Surya. Il y a un lien entre le svastika et "l’arâni", le briquet à rotation du rituel védique, dont les deux éléments sont placés l’un sur l’autre en forme de croix. Les hindous et les jains, qui utilisent le svastika pour marquer les pages de leurs livres de comptes, le seuil de leurs maisons, leurs portes et leurs offrandes, font une nette distinction entre le svastika senestrogyre et le svastika dextrogyre.

Ce dernier est lié au dieu solaire Surya, mais également, en tant que symbole guerrier, au dieu Indra. Symbole solaire, il imite par la rotation de ses branches la course quotidienne apparente du Soleil qui, dans l’hémisphère Nord, part de l’est pour aller vers le sud, puis vers l’ouest. Le svastika sénestrogyre symbolise plus fréquemment la nuit, la déesse Kâlî et les pratiques magiques. Pour le bouddhisme Mahayana (Grand Véhicule, pratiqué notamment en Chine), il figure les 10 milles mérites, le Nirvâna ; son sens est antihoraire ; on le retrouve sur la poitrine de Bouddha et de Guanyin. Pour le bouddhisme Zen (pratiqué au Japon), il représente l’amour et la compassion lorsqu’il est dans le sens antihoraire ; dans le sens horaire, il symbolise la sagesse et l’énergie. Au Japon, les deux formes de svastika sont quelquefois associées aux deux composantes de l'illumination : le svastika pointant vers la gauche, "omote manji" (svastika externe) ou simplement "manji" représente l'amour et la compassion (associés au bouddha Amitabha), alors que le svastika pointant vers la droite, "ura manji" (svastika interne) ou "gyaku manji" (svastika inversé) représente la sagesse et l'énergie associées à Akshobhya .

Le svastika des hindous, des bouddhistes et des jaïns est l’emblème du septième tirthamkara. Ses quatre branches sont supposées rappeler au croyant les quatre niveaux de l'existence, c'est-à-dire les quatre domaines dans lesquels l'homme peut renaître : le monde animal ou végétal, l'enfer, la terre, le monde de l'esprit. Il est aussi la combinaison des principes mâle et femelle, du soleil et de la lune ; il est placé à l'entrée du temple jaïn. Pris dans son acception spirituelle, le svastika remplace parfois purement et simplement la roue dans l'iconographie hindoue, par exemple comme emblème des nagas. Mais il est aussi l'emblème de Ganesha, divinité de la connaissance, et parfois manifestation du principe suprême. Des monnaies de cuivre du 1er siècle avec des motifs "éléphant-svastika, cheval-svastika, lion-svastika" et "déesse hindoue Lakshmi-svastika", ont été découvertes au Sri Lanka.

En Chine, le svastika est le caractère "wan" (sans doute d'origine indienne, il a été introduit par le bouddhisme) et aussi le signe du nombre 10 000, qui est la totalité des êtres et de la manifestation, l'aboutissement. C’est aussi la forme primitive du caractère "fang" qui indique les quatre directions de l'espace. Il pourrait être aussi en rapport avec la disposition des nombres du Lo-chou, qui évoque le mouvement de giration cyclique. Pour le bouddhisme tibétain : le sens, ainsi que l’interprétation, varient selon les écoles. Le sigle de la secte des Bonnets Jaunes est un svastika dextrogyre ; celui de la secte des Bonnets Rouges un svastika senestrogyre. Les bön-po, pratiquants de l'ancienne religion tibétaine prébouddhique Bön, utilisent le svastika pointant vers la gauche. Le svastika est appelé "yung-drung", ce qui signifie "éternel".

Le svastika pointant vers la droite (dextrogyre), auspicieux et bénéfique, est presque seul représenté et jouit d'une popularité inaltérée par les événements en Europe. On le retrouve même sur des objets non proprement religieux. Le sauvastika pointant vers la gauche (senestrogyre), considéré comme néfaste, n'est en général pas employé. Certaines interprétations font du svastika dextrogyre un symbole de l'énergie masculine, du svastika senestrogyre celui de l'énergie féminine associée à la magie noire et aux influences négatives. Le svastika dextrogyre est particulièrement utilisé par des civilisations non indo-européennes, notamment en Amérique du nord et dans le monde méditerranéen. Le svastika senestrogyre symbolise plus fréquemment la nuit et les pratiques magiques.

Pour les Nordiques, le svastika est une Croix Solaire. Les quatre pointes symbolisent le Lever, le Zénith, le Couchant et la Nuit mais aussi le Printemps, l'Eté, l'Automne et l'Hiver, et enfin les étoiles d'Aldébaran, de Regulus, d'Antarès et de Fomalhaut assimilées aux quatre saisons. Les Francs-maçons se placent dans une stricte observance de la symbolique cosmographique en considérant le centre du svastika comme l'étoile polaire, et les quatre gammas qui le constituent comme les quatre positions cardinales de la Grande Ourse autour d'elle. En effet, dans les temps anciens, la Grande Ourse se situait exactement autour de l'étoile polaire et semblait avancer à intervalles réguliers dans le sens des aiguilles d'une montre, l'étoile polaire demeurant immobile en son centre.

La forme à branches courbes, le "lauburu" (quatre têtes), en honneur de tout temps au Pays Basque, qui évoque avec une netteté particulière la figure de la double spirale, figure sur un os trouvé dans la grotte préhistorique d'Isturitz, sur des tombes du XVIIe siècle et sur un battoir à linge de la même époque (il était aussi constituée de quatre bouquetins tournant autour d’un cercle) ; le lauburu figure le dieu solaire Egu (ou Ekhi) qui chassait les forces des ténèbres ou le dieu Sugaar (Sugoi ou Maju), représenté aussi par un dragon ou un serpent, une déité préchrétienne basque associée aux orages et à la foudre et époux de la déesse Mari (Maya, Lezekoandrea ou Loana-gorri) ; Mari vit sous terre, normalement dans une caverne en haute montagne, où elle et son époux se rencontrent chaque vendredi (la nuit de l'Akelarre ou le rendez-vous des sorcières pour concevoir des orages qui apporteront la fertilité (et parfois le déshonneur) à la terre et au peuple.

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Sur les traces du swastika  -  Etymologie et description  -  Origine et migration  -  Le swastika giratoire  -   le swastika « grinça »  -  Le centre et les mouvements  -  Le mouvement centripète et centrifuge  -  le symbole du cœur  -  L’étoile polaire et la Grande Ourse  -  le swastika, le Ming-tang et le zodiaque  -  Les deux swastika et la double spirale  -  Le Swastika des peuples et des civilisations  -  le swastika en terre asiatique, dans le monde moderne et en Europe antique et médiévale  -  Le swastika et les autres symboles  -  Le feu et l’éclair  -  Les lettres G et Gamma  -  l’équerre  -  le swastika héraldique et insignologique  -  symboles apparentés  -

 

le symbole

Luc nefontaine

Edition derVy

 2002

Le symbole et la pensée symbolique sont au cœur de la démarche et méthode maçonnique. Les symboles lient entre eux les membres de la communauté maçonnique, en « incluant » et « excluant ».

 

Langage initiatique par excellence, le symbole remplit une fonction de médiation : il réunit des éléments séparés, la réalité sensible et supra-sensible, la raison humaine et la réalité essentielle, la Terre et le ciel, la matière et l’esprit.

 

De manière didactique, ce livre absorbe la nature, la fonction du symbole et les différentes herméneutiques, cosmologiques, morales, spirituelles, sociologiques, psychologiques, etc., auxquelles il donne lieu.

 

Il pose également la question de savoir si la pensée rationnelle et la pensée symbolique sont antinomiques et répond à cette question d’ordre épistémologique, point nodal d’une interrogation sur la légitimité d’une méthode symbolique, pratiquée à l’aube du XXIe siècle, où la science se réconcilie avec le mythe.

 

L’auteur traite des questions suivantes :

 

Des dangers de l’étymologie

De l’interprétation des symboles

Symbole contre raison

Qu’est-ce que le symbolisme maçonnique ?

 

le symbole du caducÉe

j.p. bayard

Edition TRÉDANIEL

 1997

À la suite d’un long article écrit sur le caducée pour la revue Médecine de France en 1972 (n° 225) et à la suite des très vives félicitations du Docteur Jean-Robert Debray, membre de l’Institut, Jean-Pierre Bayard a voulu élargir son investigation sur cet emblème que l’on voit très souvent, tant auprès des médecins que des pharmaciens, et que l’on connaît cependant si mal.
 
Grâce à ses recherches sur le symbolisme, à ses nombreux documents puisés dans la pensée ésotérique mondiale, Jean-Pierre Bayard aborde les multiples interprétations que ce talisman peut suggérer.
 
Docteur des lettres de l’Université de Rennes sa rigueur basée sur une recherche formelle laisse aussi pénétrer la poésie ; cet ouvrage, au ton facile et agréable, fort bien illustré, cerne ainsi un symbole qui peut par sa compréhension nous apporter la Rectitude et la Connaissance.
 
Au sommaire de ce livre :


Représentation anciennes du Caducée - Les traditions grecques et romaines - le serpent tentateur de l’Eden - l’emblème guérisseur dans la tradition chrétienne - symbolisme du serpent - symbolisme de la prudence, serpent miroir et blason - l’insigne du service de santé militaire - la coupe des pharmaciens - symbolisme du bâton - le Caducée et ses rapports avec : le feu serpent, la médecine hermétique, l’astrologie, l’union mystique et le Grand Œuvre -

 

LE SYMBOLE DU   CADUCḔE    -   

Divers Auteurs

Arcadia

2009

Esculape, dieu de la médecine. Esculape était le fils du dieu Apollon et de la nymphe Coronis. Son père le confie au centaure Chiron, instruit en médecine par Artémis et Apollon lui-même. Chiron enseigne à son tour la médecine à Esculape. Il reçoit alors le caducée des mains de son père Apollon. Esculape ne se contente pas seulement de guérir les malades, mais se permet également de ressusciter les morts, ce qui n’est réservé qu’aux dieux. Pour cette usurpation, son grand-père, Zeus, le foudroie, à la grande fureur d’Apollon.


Selon plusieurs historiens, Esculape a pu être un humain célèbre pour ses connaissances et sa bonté, et qui fut divinisé par la suite. Homère le décrit comme un praticien génial dont les fils, Machaon et Podalirios, sont les médecins de l’armée grecque qui assiège Troie. Il est toujours représenté avec un bâton sur lequel s’enroule un serpent, surnommé pour cela la couleuvre d’Esculape, et parfois accompagné de ses filles Hygie (la mère de l’hygiène, médecine préventive) et Panacée (la mère des remèdes, médecine curative), ainsi que du génie guérisseur
Telesphoros (Temple d’Esculape à Athènes).

 

Le symbolisme du caducée d’Esculape. Le caducée appartenait originellement à Apollon. Comme attribut de ce dieu, le caducée ne portait qu’un seul serpent enroulé autour d’un bâton-massue, tête vers le haut. Le symbolisme du serpent est très ancien et a toujours été associé à l’idée de la Mort et de la Vie. Son venin provoque le passage de la vie à la mort ; mais, utilisé à de faibles doses, il avait aussi la réputation d’être un remède (on le trouvait en abondance dans les recettes des sorciers). Son utilité n’est pas une légende : en biologie moderne, les enzymes protéolytiques du venin de serpent sont utilisés pour la séparation des chaînes d’ADN. Le serpent était également souvent associé aux forces secrètes de la terre d’où il surgissait. L’explication du caducée médical réside, peut-être, dans l’association serpent-bâton. Le serpent représenterait le remède (dont la composition est souvent gardée secrète) tandis que le bâton symboliserait l’Arbre de Vie, vie que le praticien essaye de maintenir grâce à ce remède.

Hermès, dieu du commerce… et du mensonge ! Hermès (le dieu Mercure latin) est le dieu grec messager des Olympiens. Fils de Zeus et de Maïa, il reçoit de nombreuses attributions : il est, entre autres, le guide des voyageurs, le conducteur des âmes des morts, le dieu du vol et du mensonge, de l’habileté et de la ruse, le patron des orateurs et des commerçants et, enfin, le dieu berger et… celui de la santé. Au départ, son attribut était la lyre, qu’il va échanger avec son demi-frère Apollon contre le caducée. (Or, nous avons vu plus haut qu’Apollon avait également offert le caducée à son fils Asclépios !)

 

Le symbolisme du caducée d’Hermès. Sur le caducée d’Hermès-Mercure on trouve souvent deux ailes fixées sur la partie supérieure. Les ailes symbolisent le voyage, le commerce, le messager et n’ont évidemment rien à voir avec la médecine ou la santé. Les deux serpents se faisant face est un symbole très ancien dont les premières traces remontent aux alentours de 2600 avant J.C à Babylone.


À l’origine, il pourrait avoir été un bâton muni de rameaux entrelacés qui se transformeront, vers le Vème siècle avant J.C., en serpents, vraisemblablement suite à une influence orientale.
En Grèce, une légende relate qu’Hermès découvrit le premier la puissance de son bâton magique lorsqu’il l’utilisa pour séparer deux serpents engagés dans un combat mortel. Les reptiles cessèrent immédiatement le combat, s’enlacèrent autour du bâton et s’embrassèrent. Cette légende repose sur un fond de vérité car, dans les combats rituels entre les mâles Elaphe longissima, les antagonistes s’enlacent entre eux et les têtes se redressent. Les deux serpents d’Hermès s’enroulèrent naturellement autour de son bâton puisque Elaphe longissima est une espèce semi-arboricole.


Le caducée à deux serpents devint alors le symbole de la paix et de la neutralité ; c’est ainsi que les Romains envoyèrent aux Carthaginois un messager portant une javeline et un caducée d’Hermès, en leur demandant de choisir entre la guerre et la paix. Il faut voir, dans l’enlacement des serpents qui se font face, l’équilibre des forces antagonistes utilisé par l’hermétisme et sa discipline-fille, l’alchimie, pour décrire la notion d’unité dans l’opposition.

 

Le Caducée est, à la fois, le bâton du berger et celui du pèlerin, le sceptre (le bâton de pouvoir) et l’arbre (le lien entre la Terre et le Ciel, entre l’Homme et les Dieux). Et le serpent, en chamanisme amérindien, est l’animal de la connaissance et de la guérison. Il représente la transformation, l’énergie vitale, la mort et la renaissance, et aussi l’énergie sexuelle. Rien d’étonnant, direz-vous. Il n’est point de hasard. Et le serpent ailé, le serpent de feu, le cobra sacré, représente en Inde la Kundalini, s’enroulant autour de la colonne vertébrale, lors de l’éveil à la connaissance.

 

Le cobra n’est pas inscrit dans la réalité quotidienne des européens, il l’est dans celle des Hindous. Ici les pouvoirs de la nature, de l’océan, de l’éléphant, du singe, du cygne, de certaines plantes etc. entrent en en résonance avec les qualités que désirent les hommes. Le cygne, par exemple, est l’emblème de la pureté et du discernement. Le cobra est élevé au rang d’une divinité appelée « Naag ». Lorsqu’ils prononcent le mot, immanquablement les Hindous lèvent l’avant-bras, arrondissant la paume… « Naag ! », disent-ils en agitant le cobra de leur bras, roulant des yeux emplis d’admiration, de saisissement, de crainte…

 

Enroulé autour du Lingam, le Cobra est un objet de culte quotidien. Il représente la Kundalini Shakti, énergie lovée à la base de la colonne vertébrale, et son ascension le long du Nadi central, la Sushumma… Cette énergie puissante est celle de l’éveil. Les trois anneaux du Cobra autour du cou de Shiva symbolisent les trois états de conscience : sommeil profond, rêve, éveil.

 

Le venin mortel stocké derrière les yeux du Cobra, entre les deux yeux, est associé au pouvoir de ce que nous appelons « le troisième œil », et que les Hindous appellent « gyaan ka netr », œil de connaissance. Lorsque l’énergie de la Kundalini, s’éveillant trouve son chemin jusqu’au sommet du crâne, s’ouvre l’Œil de la connaissance. C’est un œil de destruction, capable de réduire en cendres tous les attachements retenant l’être dans la prison de ses conceptions mentales. Il détruit l’illusion des Trois Temps – Passé, Présent, Futur – dans laquelle rêve l’homme ordinaire. L’éveil du Cobra intérieur – la Kundalini– produit le Feu purificateur illuminant le cœur.

 

Ceux qui fréquentent les Chemins d’Elishams savent que destruction et création sont des aspects intimement mêlés. Dans l’histoire du Barattage de l’Océan de Lait, le Cobra est associé à la création du monde : il est la corde permettant le barattage. Un poison extrêmement violent (le mauvais) dont seul Shiva est capable de débarrasser la création, est d’abord produit. Seulement alors le nectar d’immortalité (le bon) peut émerger. Toujours dans l’image de la création du monde, qui pour les Hindous a duré des millions d’années et comportent autant d’épisodes, Vishnu est allongé sur un Cobra Infini (anant sheshnag) qui représente ce qui reste, les résidus (shesh) de l’univers précédent et à partir desquels une nouvelle création se développe. L’image du Cobra est alors associée à l’Eternité, et en un tour d’anneau nous retrouvons la symbolique de l’éveil spirituel qui conduit à la libération des chaînes du Temps.

 

Une toile relie de ses fils invisibles les divers concepts fondant l’hindouisme. Le Cobra associe la symbolique de Shiva, de Vishnu, du Feu, de l’Union (Yog), la transcendance du Temps, du lotus du cœur, dont les mille pétales s’ouvrent au passage de la Kundalini. Un Cobra sommeille en tout être humain…

 

Le serpent (ou dragon) est aussi le symbole du pouvoir de la manifestation. Chez les occultistes, c’est Nahash, le fluide séducteur qui attire les âmes vers l’incarnation, ce qui a donné l’image « diabolique » du serpent tentateur de la Bible. Chez les Chinois, il a donné le dragon gardien des trésors, de la perle de sagesse. C’est un Nagades eaux et aussi de l’air. Chez les Chrétiens, il a pris la forme démoniaque du dragon vaincu par St Georges, ou encore le pouvoir de la manifestation terrassé par l’âme. Dans la Genèse, c’est encore le Serpent qui offre à l’homme d’accéder à la Connaissance. Toujours « diabolique » et négatif chez les chrétiens, il garde cette ambivalence instructive en Asie. D’ailleurs Loung (dragon en chinois) n’est-il pas à rapprocher du grec Logos, le Verbe, la Langue, dont la symbolique est la même ?

 

Pour indiquer l’union du monde tellurique et du monde céleste, on a recours, dans certains cas, au serpent ailé (cf. les dragons d’Extrême-Orient, capables de s’enfoncer dans la terre comme de voler à travers les cieux), ou au serpent à plumes (cf. les mythologies amérindiennes, avec surtout le Quetzalcóatl des Toltèques, puis des Aztèques, qui reproduit indéfiniment le cycle incarnation-assomption). Mais souvent serpent et oiseau sont dissociés quoique reliés par un axe vertical : le reptile assume alors les valeurs du bas — forces chthoniennes, involution, point de conversion du temps descendant en temps montant. Précisons qu’il ne s’agit pas du « serpent maléfique », puisqu’il est de toute manière relié l’oiseau, mais d’une réduction, d’une spécialisation de la symbolique ophidienne. Exemple : le serpent (Nâga) dit Ananta (Sans-fin) ou Shesha (Survivant), demi-frère de l’oiseau Verbe-aile (Garuda) ; l’un et l’autre sont associés à Vishnu, qui fait de ces opposés des complémentaire (temps / espace, immanence / transcendance, « ondes inférieures » / « ondes supérieures », etc.).

 

 La conception de l’Arbre du Milieu, ou de l’Arbre de Vie, avec un serpent à la base du tronc et un ou plusieurs oiseaux au sommet des branches, relève du même schéma : d’un pôle à l’autre de l’Axis mundi, les états incarnés et les états supérieurs de l’être, les concrétisations ou les germes, et les sublimations ou les accomplissements — qui sont aussi archétypes. On retrouve naturellement ces mêmes éléments dans des représentations de la croix chrétienne, mais avec davantage de cohérence à cause de l’axe que constitue le Fils de Dieu lui-même. Voir par exemple le « Crucifix de Lothaire » (vers 1000), comportant un serpent qui s’enroule au pied de la croix, et une colombe surmontée d’une coupe de flammes au-dessus de la tête de Jésus. Un intéressant panneau d’ivoire byzantin du XI siècle, figurant le triple Arbre de Vie, montre une croix centrale ornée de cinq roses et flanquée de deux arbres : ceux-ci inclinent leur feuillage vers le centre de la croix et sont enlacés d’une végétation serpentine au trajet hélicoïdal — le tout environné de 3 x 8 = 24 étoiles. Voilà qui signifie le rétablissement par le Christ de la circulation normale des Énergies : les roses indiquant la descente de la Gloire divine, le mouvement serpentiforme convergent, la montée de la Terre purifiée, et les étoiles, le juste circuit de l’Amour divin. Dans ce même contexte, on ne peut s’empêcher de citer la fameuse recommandation de Jésus à ses disciples (Mt. 10, 16) : « Possédez donc la sagesse terrestre des serpents et la pureté spirituelle des colombes », ce qui implique, plus qu’une complémentarité, une dialectique.

 

Mais c’est le double serpent — ou les serpents « jumeaux » — s’enroulant autour d’un axe selon deux orientations contraires, qui est le symbole le plus approprié du circuit énergétique normal. A propos de la double spirale, des deux sens de rotation du svastika, de la dualité du yin et du yang, R. Guénon indique que la meilleure figuration des deux forces complémentaires s’obtient « par deux lignes hélicoïdales s’enroulant en sens inverse l’une de l’autre autour d’un axe vertical, comme on le voit par exemple dans certaines formes du Brahma-danda ou bâton brâhmanique, qui est une image de l’Axis mundi ». Et de parler du caducée, qui signifie, avec ses deux serpents opposés, l’équilibre dynamique de forces contraires. Cependant, par souci de symétrie, les têtes desdits serpents sont en général représentées toutes deux en haut, les queues en bas. Or, la vraie représentation de ce schéma énergétique comporte un serpent descendant, donc tête en bas, et un serpent ascendant, donc tête en haut. On la trouve sur une ancienne croix celtique précisément destinée à expliciter la maîtrise de la force vitale : deux reptiles s’entrelacent en formant des boucles de 8, l’un montant, l’autre descendant ; l’axe est constitué de trois têtes logées à l’intérieur des replis et, au sommet, d’une main radiante.

 

Le nombre 3 est celui du complexe dialectique (le triple Arbre de Vie, le Shin hébraïque pointé au centre, les deux serpents et leur axe, etc.) ; les têtes correspondent aux états et fonctions de l’Énergie, et la main à la puissance créatrice totale. Une lecture particulièrement suggestive du Tétragramme (Y H W H) peut être faite en conformité avec ce schéma : autour de l’axe Père-Fils (Yod-Waw) qui est l’épine dorsale de la Trinité, s’enroulent en sens inverse deux serpents équivalant aux deux aspirations de l’Esprit, l’amour descendant du Père pour le Fils (1er Hé) et l’amour ascendant du Fils pour le Père (2e Hé) ; noter que ces deux formes de l’Esprit féminin sont nommées Mère et Fille, ou encore « sœurs jumelles ». Le système une fois « symétrisé » s’exprime dans le caducée ordinaire, qui est l’attribut d’Hermès/Mercure, dieu présidant aux changements d’état et à la circulation du Verbe-Énergie entre Ciel et Terre. Le défaut de la figure symétrique est de prêter à confusion : ou bien il s’agit d’une transposition approximative du circuit total (caducée), ou bien de la simple complémentarité d’énergies montantes (= duplication du serpent d’en bas ; cf. l’ivoire byzantin ci-dessus, ou les nâdî, Idâ et Pingalâ courant autour de Sushumnâ). R. Guénon rapporte que, dans le symbolisme chinois, Fohi et sa sœur Niu-Koua — qui constituent un couple — « sont parfois représentés avec un corps de serpent et une tête humaine ; et il arrive même que ces deux serpents sont enlacés comme ceux du caducée, faisant sans doute allusion alors au complémentarisme du yang et du yin ». Deux possibilités d’explication : ou bien en fonction du schéma symétrisé (cf., dans ce cas, le Tai-ki), ou bien selon la duplication du serpent montant (cf. alors Idâ et Pingalâ). Retenons toujours bien ceci : le circuit énergétique normal comporte des courants descendants et ascendants, involutifs et évolutifs, des forces spirituelles qui se « corporalisent » et des forces corporelles qui se « spiritualisent », des allées et venues de type « hermétique » entre pôles céleste et terrestre.

 

 Mais il y a des cas où deux serpents enlacés ne correspondent qu’à une seule orientation — donc à un seul des serpents jumeaux du « vrai » caducée. Le serpent figure donc la circulation des Énergies entre un point de départ qui est également le point de retour (cf. l’Ouroboros), et autour d’un axe comprenant différent « nœuds » de dynamisme créateur (orientés vers le bas et vers le haut). Il peut être considéré, lorsque tout fonctionne correctement, comme « Ange » ou « Esprit », celui, selon l’exégèse d’Annick de Souzenelle, « qui conduit à la racine trinitaire de l’être (au Shin) », c’est-à-dire à la compréhension et à la maîtrise de la Force essentielle — puissance axiale de Vie avec ses deux courants unis-opposés. Mais lors de son passage dans les plans inférieurs, il constitue pour l’homme une provocation et un danger : il oblige en effet celui-ci à recentrer son être dans l’axe des Énergies divines sous peine de se laisser entraîner par la gravitation d’en bas ; il l’oblige à une rigoureuse dialectique entre haut et bas, Ciel et Terre, pour garder son équilibre entre les impératifs dictés par l’involution et l’évolution.

 

Or, le péril sera encore bien plus grand si le serpent, c’est-à-dire le courant énergétique descendant, se trouve déjà dégradé, perverti au moment où il touche l’homme ; si, dans une sphère ontologique plus élevée, il y a déjà eu détérioration ou même rupture locale du circuit, du fait d’une entité qui a dévié et qui véhicule vers le bas une forme aberrante de l’Énergie serpentiforme universelle. Et nous voilà au cœur de la Genèse ! La difficulté pour les anges comme pour les hommes de maîtriser l’activité du double serpent aux mouvements contraires entraîne des scissions et des chutes, et provoque l’apparition d’anges-serpents déchus ou d’hommes-serpents destructeurs. Bref, lorsque prévaut, au détriment de l’ensemble, le serpent involutif, il devient maléfique. D’où toutes les connotations sataniques ou ahrimaniennes de cet « archétype » : il désigne alors l’espace livré aux forces du mal, le tellurisme envahissant, l’obscurité, le matérialisme, la fermeture sur soi, le désordre, le mensonge, la haine, la révolte contre le Père ou contre le Divin, le chaos, le monde infernal, le péché, la négativité. Il est devenu « l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier » (Apocalypse XII, 9) ; ou encore Samaël, la face obscure de Métatron, le Serpent qui est le « mauvais génie de ce monde »

Penchons-nous un instant sur le IIIe chapitre de la Genèse, où se manifeste pour la première fois dans la Bible le Tentateur ophidien (v. 1, 2, 4, 13, 14). Le terme utilisé pour serpent est nâhâsh (N cH Sh) dont le numérogramme est 43.16.7 (notons le nombre-racine 7) ; 43 est aussi la valeur de Bâsâr, la « chair » (c’est-à-dire corps et psyché), et celle de ‘Ets, l’arbre. Or, 43 est le « miroir » de 34, nombre de l’Esprit, Rouach (R W cH) : les deux courants de descente et de montée, 43 + 34, totalisent 77, le circuit entier. Mais ici, le courant ascendant est absent. Quant à l’Arbre, il est celui de la connaissance en mode séparatif — alors que l’« Arbre des Vies », l’Arbre complet, a pour nombre-racine 1. Ce serpent est lié à la terre (v. 1), involué, séparé.

 

Selon le Dr Chauvet, il représente originellement le principe de l’incarnation des lois et des formes dans le monde sensible, l’agent de l’individualisation des êtres, de leur fixation dans la « Nature naturée » ; certes, c’est un reflet/aspect du Verbe créateur, mais « spécialisé » dans les plans inférieurs, et — chose capitale — dévié puisque dissocié, coupé du courant ascendant. La langue hébraïque est subtile : elle nomme le serpent avec l’article (ha-nâhâsh) pour obtenir en outre le numérogramme 48.21.3 et faire ainsi apparaître l’ombre du 3, de l’ensemble correct ! Mais ce n’est qu’une ombre, un rappel ; il aurait fallu en fait, dans l’Éden, le double serpent, pour constituer, pour présenter à l’homme le circuit énergétique normal ; or, l’élément d’élévation vers Dieu manque, le circuit est rompu, et ce qui aurait dû être une « descente » devient une « chute ». Certaines représentations de cet épisode poussent la précision ontologique jusqu’à montrer un serpent-femme sortant du feuillage de l’arbre par-dessous, et donc en un mouvement descendant.

 

LE SYMBOLISME DE LA ROSE

Thomas Grison

Maison de Vie

 2021

Quand on se penche sur le symbolisme de la rose, il est tellement vaste qu’il paraît inépuisable et parfois difficile à cerner. La rose n’évoque pas seulement une fleur charmante, mais tout un univers qui peut nous émerveiller quel que soit notre grade. Symbole de beauté et de perfection, elle peut aussi symboliser l’épanouissement de la réalisation la plus haute que peut atteindre l’état humain.

Les caractères de la rose lui ont valu très tôt une symbolique forte ; éphémère et fragile, elle éveille les sens et révèle l’instant précieux. Elle est probablement la fleur la plus connue, celle que l’on offre à son amour, tel un présent sans prix, telle une image de vie.

Au sein de notre Ordre, la rose occupe une place importante dans la cérémonie d’adoubement des Dames du Temple. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité tracer ce parchemin dans lequel j’évoquerai successivement la place de la rose en botanique, dans les traditions, les légendes et la mythologie, dans l’alchimie et dans les arts. Après un survol de son histoire, j’aborderai plus en détails son vaste symbolisme, celui de ses couleurs, du nombre des folioles des rosiers, son importance en héraldique et dans quelques emblèmes nationaux.

La rose est sans doute la fleur la plus cultivée au monde, mais il ne faut pas oublier que le rosier est d'abord une plante sauvage, dont le représentant le plus connu en Europe est l'églantier.

 

Le mot « rose », apparu en français au début du 12ème siècle, est dérivé du latin rosa, rosae (substantif féminin) qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même. Ce terme, apparenté au grec rhodon, aurait été emprunté à une langue orientale. Il est tentant de rapprocher « rose » de « rosée », pourtant cette rencontre, source d'inspiration inépuisable pour les poètes, est fortuite en français. En effet « rosée » dérive, par l'intermédiaire du bas-latin rosata, du latin ros, roris (substantif masculin), peut-être apparenté au grec drosos, venant d'une autre racine indo-européenne. Des églantiers fossiles ont été retrouvés aux États-Unis, dans l'Oregon et le Colorado. Leur âge a été évalué à ± 40 millions d'années. La plus ancienne représentation de la rose a été retrouvée en Mongolie, dans les tombeaux de Tchoudi. Dans tout l’hémisphère nord, l’histoire de la rose remonte à la nuit des temps. Reine du jardin à juste titre, la rose est un joyau que les jardiniers ont façonné patiemment de génération en génération. Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l'Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, et pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs », présente dans presque tous les jardins et presque tous les bouquets. D'après les témoignages historiques, des roses étaient également cultivées en Chine il y a environ 5 000 ans. Ces fleurs originaires d'Asie centrale, se sont répandues dans tout l'hémisphère nord sans jamais toutefois franchir l'équateur. Les roses ont aussi été cultivées en Perse depuis plus de 5 000 ans et en Grèce à partir de l’âge du bronze. 

 

Selon les scientifiques, l’apparition des premiers rosiers remonte, au minimum, à près de 35 millions d'années. Si l’on ne sait pas grand-chose sur ces premiers spécimens, de nombreux écrits de l’Antiquité démontrent que déjà la « reine des fleurs » était appréciée des Égyptiens, des Grecs et des Romains. A l’époque, seule une variété blanche était cultivée principalement pour ses vertus médicinales. Des représentations de la rose en Crète, datant de 1 600 av. J.-C., nous montrent des fleurs à 5 pétales de couleur blanc rosé. Toute l’Antiquité a vénéré la rose et lui a donné une place dans ses mythes et légendes. C’est le symbolisme de la régénération et de l’éternité des cycles de vie, lié à une renaissance spirituelle. La rose a été utilisée lors des rituels de momifications durant le règne de Ramsès II et a fait partie de l'ornement des sarcophages et tombeaux. Un bouquet de rose a été découvert dans le sarcophage de Toutankhamon.

 

En Grèce, la rose avec son parfum doux et subtil, le parfum des Dieux, était appréciée pour ses vertus médicinales et sa symbolique. Hérodote put alors observer des roses à 60 pétales dans le jardin du Roi Midas. La rose symbolisait la naissance lorsqu'elle était associée à Vénus mais était aussi constamment présente lors des funérailles. Cette symbolique de la naissance existe également dans l'empire romain : un esclave affranchi était couvert de roses. La rose ornait sous forme de couronnes les mariés et les guerriers. Mais, sous forme de poudre, d'infusion, d'eau de rose, elle était principalement utilisée en médecine pour guérir les douleurs, les infections, la nausée … C'est à cette époque que Pline rédigea le premier ouvrage sur la culture des rosiers. Pline l'Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance. Il les décrit, ce qui permet des suggestions d'identification. Dès l’Antiquité, la fleur fut vénérée : les Grecs et les Romains la considéraient comme un cadeau des dieux fait à la terre et aux hommes. Ils la cultivaient abondamment, notamment pour les cérémonies nuptiales. En effet, elle était l’apanage de la déesse Aphrodite (Venus chez les Romains), déesse de l’Amour. Sa fraîcheur et sa douceur en faisait l’emblème de la virginité. Les roses étaient également présentes lors de nombreuses fêtes, comme les fêtes de Bacchus, où elles étaient portées en couronne et où leurs pétales recouvraient le sol. La rose symbolisait alors la liesse. Elle servait aussi à accueillir les soldats au retour du combat. On retrouvait aussi la fleur dans les cérémonies funéraires, où elle servait de plus à honorer les morts, notamment en ornant les monuments.

 

Dans la religion chrétienne, la rose est également symbolique : elle y est à la fois l’expression du martyre et du sang du Christ, et la représentation de la Vierge Marie. Vers l'an 400, « Rosa alba » devint l’emblème de la Vierge. Mais le christianisme avait d’abord rejeté la rose parce qu’elle était un symbole païen vu son attachement à Vénus et elle fut même l'emblème des prostituées. La rose survécut cependant dans quelques jardins comme ceux de Childebert 1er (511 – 558) et dans quelques couvents ou monastères où elle fut cultivée pour ses propriétés médicinales. La rose reprit de l'importance en France grâce à la littérature (Cf. « Le Roman de la Rose » de G. de Lorris) et elle se retrouva de nouveau associée à la femme. En 1402, à l'occasion de sa « fête des roses », le Duc d'Orléans a créé « L'Ordre de la Rose » au sein duquel les gentilshommes s'engageaient à défendre l'honneur des dames. Depuis le Moyen Age, sa symbolique a rejoint aussi celle de l’Antiquité : la rose devint alors l’allégorie de l’amour puissant et fragile à la fois, comme elle, mais aussi la personnification-même de l’être aimé. C'est au Moyen Age qu’a débuté la culture des premières roses importées de l'Orient par les Croisés. Au 12ème siècle, saint Bernard fit de la rose le symbole de la Vierge et donc de la pureté. Le pape bénit lui aussi la rose qui devint l'emblème de la fidélité à l'Eglise. Aux 12ème et 13ème siècle, alors que les Croisades embrasaient les cœurs et les passions, les voyageurs armés ramenèrent du Proche Orient de nouvelles variétés de roses dont la mythique « rose de Damas » qui, dès le 13ème siècle, fit la fortune de Provins en région parisienne. Cette rose avait été plantée originellement sur l'Ile de Samos en l'honneur de la déesse Aphrodite. Plus tard, elle fut honorée à Rome avec Venus, déesse de l'amour. C’est à cette époque que la culture du rosier débuta réellement en France avec la « Rose des apothicaires» (Gallica officinalis).

 

Dans la seconde moitié du 18ème siècle, la rose redevint la « reine des fleurs », le symbole du retour à la nature. La nouvelle place de la rose est alors le reflet des tendances nouvelles en matière d’esthétique, le renouveau des parcs et des jardins. Au 19ème siècle, la rose est devenue une fleur ornementale essentielle ; ses vertus médicinales sont presque oubliées, son symbolisme religieux également. Venant de Perse, la rose était aussi cultivée à Babylone dans les célèbres jardins suspendus. Puis on la trouve en Grèce vers le 5ème siècle avant notre ère. Les Grecs consacraient la rose à Harpocrate, le dieu du silence. De l’Antiquité au Moyen Age, le terme « sub rosa » était utilisé en Europe. En plus d’être un symbole de l’amour, la rose est aussi porteuse symbolique de secrets ou de compréhension tacite. Le terme « sub rosa » signifie « sous la rose » et vient de la pratique des pendaisons romaines des roses au-dessus des tables de réunion. Ici, il était entendu que ce qui s’est dit à cette table, sous les roses suspendues, a été interdit de se répéter ailleurs. Ainsi on signale qu’une réunion devait se tenir secrète en suspendant une rose au plafond. Par la suite elle fut représentée en stuc ou autre matériau solide que l’on trouve dans les châteaux ou des bâtiments anciens. Sa signification originelle fut petit à petit oubliée. Enfin dans la chrétienté médiévale on confectionnait des colliers de prière avec des roses, appelés « rosaires » par saint Dominique, en 1208 (du latin « rosarium », guirlande de roses). Rappelons à ce sujet que, selon la tradition, c'est saint Dominique qui a reçu le Rosaire des mains de la Vierge Marie. Le rosaire est le nom d'une prière catholique composée de quatre chapelets d’oraisons. Un rosaire de quinze dizaines consiste à dire trois chapelets. Un chapelet consiste en cinq dizaines, et une dizaine consiste en un Pater, dix Ave et un Gloria.

 

La rose est associée à Aphrodite, déesse de l’amour qui a été souvent représentée ornée de roses autour de sa tête, les pieds et ou le cou. L’Antiquité faisait remonter l’origine de la rose à la mort d’Adonis, l’amant massacré de l’Aphrodite. Selon cette tradition, un osier aurait grandi au sein de la mare de sang déversé d’Adonis. Ce sang aurait fait naître les premières roses rouges. La rose devint alors le symbole de l’amour qui parfois vainc la mort. De même, dans la tradition chrétienne, il est dit qu’un rosier a grandi sur le site de la mort du Christ. Très vieux symbole alchimique, la rose représente la connaissance des mystères du Grand Œuvre, la connaissance intégrale, l'illumination. Elle possède 5 ou 8 ou 15 pétales, liés aux correspondances sacrées de Pythagore. Elle est le symbole de la perfection achevée. La rose blanche signifie le sacrifice, la rose rouge le devoir. Elle conduit au symbole de la roue, utilisé aussi bien en alchimie qu'en kabbale, qui, à son tour, conduit aux rosaces des églises. En kabbale, la roue est le rouha, c'est-à-dire le souffle.       

Dans les textes alchimiques et de l’art, une rose à sept pétales est un symbole de l’intégration, de la compréhension universelle et de l’ordre. Vraisemblablement, parce que, dans la numérologie, le nombre sept est emblématique de la perfection dans le déroulement précis de l’univers ainsi que de la compréhension humaine. Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue. L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit. Cet aspect n'est d'ailleurs pas étranger à l'Inde, où la rose cosmique Triparasundarî sert de référence à la beauté de la Mère divine. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l’amour. On peut la contempler comme un mandala et la considérer comme un centre mystique. Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun le bras de la Croix. Cette image évoque soit le Graal, soit la rosée céleste de la Rédemption.  Toujours à propos des Rose-Croix, remarquons que leur emblème place la rose au centre de la croix, c'est-à-dire à l'emplacement du cœur du Christ, du Sacré-Cœur. Ce symbole est le même que la Rosa candida de la Divine Comédie, laquelle ne peut manquer d'évoquer la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la Vierge, le même peut-être aussi que celui du Roman de la Rose.

 

Angelus Silesius a fait de la rose l’image de l'âme, et aussi celle du Christ, dont l'âme reçoit l'empreinte. La rose d'or, autrefois bénie par le Pape le quatrième dimanche de Carême, était un symbole de puissance et d'instruction spirituelle. Mais aussi sans doute un symbole de résurrection et d'immortalité. La rose est une synthèse poétique et naturelle de la beauté et de l'harmonie. Elle a une grande valeur symbolique.  Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle désigne une perfection, un accomplissement. On lui reconnait une certaine similitude avec le lotus en Asie, l’une et l’autre étant proches du symbole de la roue. La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue. Symbole de l’amitié et de l’amour, la rose quelle que soit sa couleur est l’une des meilleures façons d’exprimer ses émotions. Il existe un langage quasi universel qui permet d’identifier et de comprendre le message délivré. (Exemple : Rose rouge = amour et respect). La rose est devenue symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. La rose comme fleur d'amour remplace le lotus égyptien et le narcisse grec. Les roses représentent le cœur et elles sont belles à l’œil, et leur arôme est aussi très important. Avec une telle présence impressionnante, la rose attise l’attention dans la culture humaine et a donc des significations symboliques anciennes à travers l’histoire humaine. La rose est une fleur de contraste. Belle, dégageant un parfum subtil et agréable, sa tige est parsemée d’épines, enseignant qu’il faut se défier des apparences séduisantes mais trompeuses, et que, pour parvenir à son objectif, il faut savoir se préserver des embûches ; elle enseigne donc aussi la prudence. Le symbolisme de la couleur rouge de la rose est celui de l’amour pouvant aller jusqu’au sacrifice. Le blanc, celui de la pureté, de la beauté.

 

C'est surtout par sa valeur symbolique que la rose a laissé son parfum dans l'histoire. Voici quelques exemples :

Chez les Grecs, la rose était la fleur d'Aphrodite, déesse de l'amour et d'Aurora, la déesse aux doigts de roses.

Les Romains rattachaient la rose à Vénus. La rose aurait été blanche, mais rougie accidentellement quand Cupidon renversa son verre de vin sur elle.

La première nuit d'amour entre Cléopâtre et Marc Antoine se serait déroulée sur un lit de pétales de roses de quarante-cinq centimètres d'épaisseur.

Dans le Cantique des Cantiques, la rose symbolise Israël. Et dans le livre des Parsis, la rose naît sans épines et n'en est armée qu'après l'apparition du génie du mal sur terre.

Quand, en 1187, Saladin reprit Jérusalem aux Croisés, il fit purifier la mosquée d'Omar par de l'eau de rose amenée par une caravane de 500 chameaux. Et en 1453, Mehmed II purifia aussi à l'eau de rose l'église byzantine de Constantinople avant de la convertir en mosquée.

Les rosières, jeunes filles vertueuses et pures, étaient à l'origine couronnées de roses.

La « Rose blanche de Finlande », ordre national finlandais, a été créé en 1919 pour récompenser les services rendus au pays.

La rose est, dans l'iconographie chrétienne, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies du Christ.

Il faut enfin noter le cas particulier, en mystique musulmane, de Saadi de Chiraz, pour qui le Jardin des Roses est celui de la contemplation : « j'irai cueillir les roses du jardin, mais le parfum du rosier m’a enivré », langage que la mystique chrétienne ne refuserait en aucune manière, en commentaire du Cantique des Cantiques sur la rose de Saron. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole d’une renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers... 

Selon F. Portal, « la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de régénération du fait de la parenté sémantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rosée. La rose et sa couleur, dit-il, étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères... L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand prêtre d'IsisLe rosier, ajoute cet auteur, est l'image du régénéré, comme la rosée est le symbole de la régénération. » Et la rose, dans les textes sacrés, accompagne bien souvent le vert, ce qui confirme cette interprétation suivante dans l'ecclésiaste : « J'ai grandi comme les plants de roses de Jéricho, comme un olivier magnifique dans la plaine ». L'olivier était consacré à Athéna, la déesse aux yeux pers qui naquit à Rhodes, l’île des roses, ce qui suggère les mystères de l'initiation. Et les rosiers étaient consacrés à Aphrodite en même temps qu'à Athéna. La rose était chez les Grecs une fleur blanche, mais lorsque Adonis, protégé d'Aphrodite, fut blessé à mort, la déesse courut vers lui, se piqua à une épine et le sang colora les roses qui lui étaient consacrées.

 

C'est ce symbolisme de régénération qui fait que, depuis l'Antiquité, on dépose des roses sur les tombes : les anciens nommaient cette cérémonie « rosalia » ; tous les ans, au mois de mai, ils offraient aux mânes des défunts des mets de roses. Et Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte d’une guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq succédant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le départ d'un nouveau cycle. Au 7ème siècle, selon Bède, le tombeau de Jésus-Christ était peint d’une couleur mélangée de blanc et de rouge. L'on retrouve ces deux éléments composants de la couleur rose, le rouge et le blanc, avec leur valeur symbolique traditionnelle, sur tous les plans, du profane au sacré, dans la différence accordée aux offrandes de roses blanches et de roses rouges, ainsi que dans la différence entre les notions de passion et de pureté et celles d'amour transcendant et de sagesse divine. « Aux armes des religieuses, dit le Palais de l'honneur, l'on met une couronne composée de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses épines, qui dénotent la chasteté qu’elles ont conservée, parmi les épines et les mortifications de la vie. »

 

 

 

LE SYMBOLISME DU CENTRE – CONSIDḖRATION MḖTAPHYSIQUE ET ASPECT HISTORIQUE

Pierre-Yves Lenoble

Edition Archè-Edidit

2016

Pierre-Yves Lenoble est né le 25 août 1981 à Dijon. Il est titulaire d'une Licence d'Histoire à l'Université de Bourgogne. Passionné depuis son plus jeune âge par le Moyen-âge, les spiritualités du monde entier et la mythologie comparée, il se veut autodidacte, préférant la liberté de penser et la création personnelle à toute compromission universitaire. Auteur traditionaliste apolitique, sa vision du monde et ses réflexions ont été influencées par le platonisme, la philosophie médiévale islamo-chrétienne et les penseurs de la Tradition (Guénon, Coomaraswamy, Evola, Eliade...). En humble continuateur, ses travaux, qui abordent le rôle anthropologique primordial joué par le Sacré, visent à montrer l'unicité métaphysique des diverses croyances et religions humaines, et, par là-même, à mettre en lumière la grave crise spirituelle et la décadence socio-historique traversées par notre monde contemporain.

 

Je cite René Guénon qui nous explique que  l'Omphalos représentait essentiellement le « Centre du Monde », et cela même lorsqu'il était placé en un lieu qui était simplement le centre d'une région déterminée, centre spirituel, d'ailleurs, bien plutôt que centre géographique, quoique les deux aient pu coïncider en certains cas. Il faut, pour le comprendre, se rappeler que tout centre spirituel régulièrement constitué était considéré comme l'image d'un Centre suprême, où se conservait intact le dépôt de la Tradition primordiale ; nous avons fait allusion à ce fait dans notre étude sur la légende du Saint Graal (août-septembre 1925).

 

Le centre d'une certaine région était donc véritablement, pour le peuple qui habitait cette région, l'image visible du « Centre du Monde », de même que la tradition propre à ce peuple n'était en principe qu'une adaptation, sous la forme qui convenait le mieux à sa mentalité et à ses conditions d'existence, de la Tradition primordiale, qui fut toujours, quoi que puissent en penser ceux qui s'arrêtent aux apparences extérieures, l'unique vraie Religion de l'humanité tout entière.

On connaît surtout, d'ordinaire, l'Omphalos du temple de Delphes ; ce temple était bien réellement le centre spirituel de la Grèce antique, et, sans insister sur toutes les raisons qui pourraient justifier cette assertion, nous ferons seulement remarquer que c'est là que s'assemblait, deux fois par an, le conseil des Amphictyons, composé des représentants de tous les peuples helléniques, et qui formait d'ailleurs le seul lien effectif entre ces peuples, politiquement indépendants les uns des autres. La force de ce lien résidait précisément dans son caractère essentiellement religieux et traditionnel, seul principe d'unité possible pour une civilisation constituée sur des bases normales : que l'on songe par exemple à ce qu'était le Chrétienté au moyen âge, et, à moins d'être aveuglé par les préjugés modernes, on pourra comprendre que ce ne sont pas là de vains mots.

La représentation matérielle de l'Omphalos était généralement une pierre sacrée, ce qu'on appelle souvent un « bétyle » ; et ce dernier mot est encore des plus remarquables. Il semble, en effet, que ce ne soit pas autre chose que l'hébreu Beith-El, « maison de Dieu », le nom même que Jacob donna au lieu où le Seigneur s'était manifesté à lui dans un songe : « Et Jacob s'éveilla de son sommeil et dit : Sûrement le Seigneur est en ce lieu, et je ne le savais pas. Et il fut effrayé et dit : Que ce lieu est redoutable ! c'est la maison de Dieu et la porte du Ciel. Et Jacob se leva tôt le matin, et il prit la pierre sur laquelle il avait reposé sa tête, la dressa comme un pilier, et versa de l'huile sur son sommet (pour la consacrer). Et il donna à ce lieu le nom de Beith-El ; mais le premier nom de cette ville était Luz » (Genèse, XXVIII, 16-19).

 

Ce nom de Luz a aussi une importance considérable dans la tradition hébraïque ; mais nous ne pouvons-nous y arrêter actuellement, car cela nous entraînerait dans une trop longue digression. De même, nous ne pouvons que rappeler brièvement qu'il est dit que Beith-El, « maison de Dieu », devint par la suite Beith-Lehem, « maison du pain », la ville où naquit le Christ ; la relation symbolique qui existe entre la pierre et le pain serait cependant digne d'attention, mais nous devons nous borner. Ce qu'il faut remarquer encore, c'est que le nom de Beith-El ne s'applique pas seulement au lieu, mais aussi à la pierre elle-même : « Et cette pierre, que j'ai dressée comme un pilier, sera la maison de Dieu » C'est donc cette pierre qui doit être proprement l'« habitacle divin » (mishkan) suivant la désignation qui sera donnée plus tard au Tabernacle ; et, quand on parle du « culte des pierres », qui fut commun à tant de peuples anciens, il faut bien comprendre que ce culte ne s'adressait pas aux pierres, mais à la Divinité dont elles étaient la résidence.

 

En franc-maçonnerie, tout voyage se fait sur deux versants l’un extérieur, le savoir par l’appréhension matérielle, l’autre intérieur, la connaissance par l’assimilation de l’essence. La tradition maçonnique semble nous indiquer qu’il est possible de se connaître soi-même par le voyage. Mais l’homme se ment à lui-même, il ne consent que très rarement à expérimenter l’acronyme VITRIOL. Perdu dans une impasse narcissique, il recourt parfois à la médecine de l’âme par la psychanalyse, ce dont peut se passer l’initié. L’initié participe activement à la sculpture de soi. Tel un bloc de marbre qui le représente, le franc-maçon va faire surgir la forme cachée. La sculpture de soi se fait par le voyage hardi et volontaire. Il faut vouloir se connaître.

 

« Tout le monde visible extérieur est la figure du monde intérieur » d’après Jacob Bohème, qui implique qu’en voyageant physiquement on découvre la topographie d’une l’intériorité. C’est le sens profond des voyages initiatiques. Se mettre en route c’est d’abord emprunter la voie, le chemin sur lequel s’effectuent les rencontres. Toutes extérieures qu’elles paraissent, dans ces rencontres c’est soi-même que l’on envisage. Montaigne nous dit que l’homme se forme en voyageant et nous pensons que le franc maçon redécouvre sa forme c'est-à-dire ce qu’il est, en voyageant. Si l'on admet que le voyage induit le savoir puis la connaissance alors tous les éléments rencontrés dans les voyages maçonniques sont support de la connaissance.

 

Il faut donc analyser le phénomène de la connaissance par le voyage. Nous pouvons décomposer les effets de la découverte des éléments en trois phases. Chaque élément rencontré (terre, eau, air, feu) crée une identification par le sujet de l’objet, puis enfin une identification du sujet dans l’objet pour aboutir à une assimilation de l’objet par le sujet. C’est ce que nous enseigne la tradition opérative du travail sur la matière que nous mettons en œuvre dans nos loges. L’initiation artisanale a toujours reposé sur les voyages et l’expérience. Cette expérience devient alors connaissance par le jeu fusionnel que nous avons décrit et la révélation à soi qui en découle.

Ainsi la rencontre de l’objet par le voyageur met en jeu un échange subtil entre matière et esprit qui vise à l’unité par identification puis par assimilation.

 

Comment définir la connaissance ? Par une vérité intégrale que l’on va chercher en voyageant vers notre centre. Nous retiendrons que par le voyage nous apprenons à être dans le monde pour sa face externe et à connaître le monde pour sa face interne. « Connaître » et « être » sont alors les deux aspects d’un seul et même état qualifié d’initiatique. C’est un des aspects du « Connais-toi toi-même » de Socrate. , le voyage du maçon n’est pas sans direction. Il est « orienté » à l’Est vers la lumière. Cet Orient de lumière est dans la tradition des pèlerins, la Jérusalem, véritable centre du monde pour les croyants. Tout pèlerinage se fait vers un centre spirituel. Ce fameux centre métaphysique est dans la glose maçonnique une porte étroite. Il n’y a plus qu’un pas à faire pour franchir la frontière tout intérieure qui nous sépare de la Jérusalem terrestre à la Jérusalem céleste. C’est le sens même de l’expression maçonnique : « Bâtir son temple intérieur »

 

le symboliSME du monde souterrain & de la caverne

J.P. bayard

Edition TREDANIEL

 1994

Le monde souterrain, par sa richesse infinie et inviolée, hante l’imagination de l’homme. Ce domaine mystérieux ne se révèle que rarement ; la caverne obscure et profonde, aux bruits étranges, inspire la terreur et la superstition.


Il faut interroger ces bouches de l’enfer, examiner ces grottes où l’homme a parfois dessiné son rêve et son émoi, il faut prier devant la Vierge noire, accessible après un long parcours, un labyrinthe où l’eau souterraine serpente et luit dans les ténèbres.

 

Eclairée par une lumière indirecte projetée en général sur ses parois et provenant d’un soleil invisible, la grotte ou la caverne indique la route que l’âme doit suivre pour découvrir enfin le Bien et le Vrai, donc, sa propre signification est non seulement ésotérique, mais également éthique ou morale.

 

Cet antre sombre et souterrain, censé déboucher sur la Lumière, comme dans les expériences vécues en mort approchée, chargé de courants telluriques sous la terre et d’où peuvent surgir des monstres, des entités malveillantes, n’est autre que le symbole de notre inconscient et de ses dangers pour un esprit non dégagé de ses peurs et de ses fantasmes.

 

Son franchissement n’est autre que l’indispensable descente en soi, l’introspection nécessaire à cette démarche, en même temps que la grotte, désigne le lieu où l’on puise la matière première du Grand Œuvre, à savoir les composantes de l’égo humain sur lesquelles il va falloir travailler pour découvrir l’étincelle de grâce que la Divinité projette en nous et qui nous fait découvrir et désirer l’au-delà, l’infini, hors l’espace et le temps, ce que l’on appelle : « Le Graal »

 

Il faut visiter les entrailles de la Terre-Mère et en revenir transfiguré : tout au long de cet ouvrage l’auteur aborde le thème de la descente de l’Esprit dans la matière et sa lente cristallisation.


Ce livre est un excellent outil de référence mais surtout le résumé d’une quête spirituelle conduisant le lecteur aux mystères de l’Absolu.

Au sommaire de ce monde souterrain :

 

Le monde souterrain :

La terre, sang minéral  -  les courants telluriques  -  la racine et l’eau souterraine  -  la roche  -  les gemmes du sous-sol  -  descente aux enfers  -  le Temple souterrain  -  les couloirs initiatiques et le tombeau de la chrétienté  -  un couloir initiatique : le labyrinthe souterrain  -  la Vierge de la crypte, du vert au noir  -  le reptile tellurien et la spirale  -  sanctuaires rupestres  -  grottes sépulcrales  -  les usines souterraines  -

 

La caverne :

Le plan terrestre  -  Troglodytisme  -  Troglodytes de falaise et de plaine   -   les grottes naturelles  -  cavernes sculptées  -  sépultures  -  le plan divin  -  cultes souterrains  -  à l’image de la caverne  -  caverne et vierge noire  -  la caverne et le labyrinthe  -  le plan cosmique  -  la caverne, œuf du monde  -  initiation dans la caverne  - 

 

le symbolisme animal

 J.P. ronecker

Edition DANGLES

 1994

Entre l’homme et l’animal, c’est une vieille histoire d’amour et de haine, tantôt affective, tantôt combative, allant de l’animal divinisé à la bête pourchassée, de la relation affectueuse à l’élevage alimentaire…

 

Bien qu’issus du même règne, ce sont deux frères ennemis. Mais l’homme contemporain, aveuglé par l’intellectualisation et la technicité, a perdu le sens du sacré et du divin, et est à la recherche de ses racines, de ce lien qui l’unit à notre Grande Mère la Nature.

 

Si l’homme est un animal évolué, il est surtout un animal dénaturé ; or, c’est justement dans sa propre animalité (et non bestialité) que réside la vraie nature humaine : l’animalité du cœur qui vibre à l’unisson de la Création sous toutes ses formes.

Le but de cet ouvrage n’est pas de recopier les bestiaires du Moyen Âge, mais de présenter le symbolisme animal venu de cultures, de régions, d’époques et de traditions différentes, pour montrer une image pan culturelle de la représentation que se fait l’être humain du monde animal.

 

L’animal est présent partout : dans les légendes, le folklore, les récits anciens, l’art, les religions, la pensée traditionnelle, les coutumes, les rêves, les croyances populaires… Il fait partie de l’histoire de l’homme.

 

Il nous parle et nous accompagne. Si nous voulons voir le fond des choses, ne nous limitons pas aux seules apparences. Le symbolisme n’échappe pas à cette règle. Disséquer un animal ne nous apprendra rien sur sa nature réelle. Pour cela, au contraire, nous devons le comprendre, l’aimer, faire un avec lui. Seule la voie du cœur et de l’intuition peut nous ouvrir les portes de l’infini.

Pour percevoir l’essence réelle, intime, de la nature et du monde, il nous faut regarder avec les yeux du cœur et non du haut de notre orgueil. Nous avons à retrouver cette animalité en nous, cette « raison du cœur » qui, loin d’être maudite, est en réalité divine. Elle est gage de salut par l’acceptation et le respect des lois naturelles de la Mère souveraine. En retrouvant la Nature en nous, nous pouvons nous ouvrir les portes du devenir… un devenir enfin humain.

Des centaines d’animaux y sont étudiés avec leurs symboles.

 

le symbolisme dans la bible

Paul diel

Edition PAYOT

 1976

Ce livre est l’aboutissement d’une recherche qui marque un tournant dans l’histoire de l’esprit. Paul Diel dont l’œuvre entière a eu pour fond l’étude des motifs intimes et de leurs expressions symboliques, dégage ici de façon saisissante les causes les plus profondes du désarroi de l’époque. Elles tiennent à l’erreur séculaire de l’esprit envers ses propres productions symboliques les plus élevées : les anciennes visions mythiques, fondements des cultures, même la Bible n’a pas été épargnée. De ce langage universel et énigmatique, Diel montre méthodiquement l’origine et le sens. Le passage évolutivement nécessaire, de la pensée symbolisante et mythique, à la pensée conceptuelle et consciente, a entrainé un blocage de l’esprit, lourd de conséquences individuelles et sociales, que la science du psychisme a pour tâche de surmonter. La psychologie des profondeurs a permis cet espoir, que Diel a réalisé dans son œuvre, d’une épistémologie des sciences humaines : base de certitude mentale qui unifie la recherche et lui donne un sens qui est celui de la vie, ici et maintenant.

 

Les mythes sont une expression du sur-conscient humain, une explosion sur-consciente de vérité, un rêve sur-consciemment senti de la réalité. Ils sont la réponse de l'homme devant l'effroi qui le saisit lorsqu'il pense au mystère de ses origines, au problème métaphysique du mystère de la création, et lorsqu'il tente de répondre à la question fondamentale qui se pose à lui depuis qu'il a quitté le stade évolutif de l'animal pour devenir un être conscient (en réalité mi-conscient): D'où viens-je, où vais-je ? En d'autres mots, les mythes sont capables, par l'émotion qu'ils suscitent en nous et par une compréhension de leur vraie signification, de nous éclairer sur le sens de la vie.

De tout temps l'homme s'est vu confronté au mystère de l'intentionnalité immanente de l'univers. Les hommes des peuplades pré-mythiques y ont répondu en projetant leurs propres intentionnalités dans la nature et dans les animaux, ou encore dans une croyance en l'esprit des ancêtres. Viennent ensuite les mythologies grecques et enfin la mythologie judéo-chrétienne qui en est une évolution. Mais fondamentalement la signification reste la même: ce que les mythes de toute les époques expriment c'est le fait essentiel de la vie, c'est-à-dire le conflit permanent entre nos motivations justes et fausses. En accédant à la conscience, l'homme a la capacité de valoriser faussement les désirs qui l'assaillent, à laisser son imagination exalter les désirs (désirs matériels, sexuels et pseudo-spirituel), ce qui conduit au déséquilibre psychique pouvant aller jusqu'à la mort (non pas réelle mais de l'âme). Ici la symbolique des mythes rejoint la théorie principale de Paul Diel, telle que développée dans son livre de référence "Psychologie de la Motivation".

La symbolique universelle commune à tous les mythes est mise en évidence à travers le mythe de Persée: le héros qui vainc la Méduse (symbole de la vanité) grâce à un bouclier prêté par Athéna (symbole de la sagesse). Ce mythe a la même signification que celui de Jésus Divinisé, c’est le message d'espoir (la bonne nouvelle) que l’homme, en utilisant le regard introspectif, peut assumer la prise de connaissance des intentions subconsciemment cachées qui sont la cause de la mort de l'âme; il s'ensuit la résurrection symbolique. C'est toujours la thèse principale de P. Diel: le regard introspectif de l'homme sur sa propre délibération intime seul permet de dissiper l'obscurité, de rendre consciente la fausse motivation, de la traquer jusque dans son repaire subconscient. Mythiquement parlant, c'est la lumière qui luit dans les ténèbres (prologue de Jean).

Les mythes de toutes les époques n'expriment rien d'autre que ce conflit permanent entre nos motivations justes et fausses. Je cite; "Le symbolisme le plus constant, le fondement même de la vision commune à tous les mythes, est la lutte entre divinités d'une part, démons et monstres d'autre part, exprimant le conflit entre les motivations justes et fausses, conflit qui n'exprime rien d'autre que la délibération humaine. Le langage mythique aurait donc un vocabulaire extrêmement précis et même une grammaire commune à toute les mythologies, du fait qu'elles sont fondées sur les lois qui régissent la valeur sensée ou la valeur insensée de la délibération intime".

Dans la seconde partie du livre, l'auteur procède à l'analyse symbolique de trois parties essentielles de la bible, à savoir la Genèse (mythe de la création de l'univers et mythe du péché originel, dont il donne une interprétation passionnante), le prologue de l'évangile de Saint Jean (mythe de la rédemption, voir l'ouvrage le Symbolisme dans l'évangile de Jean) et les épîtres de Paul (mythe de la résurrection et une discussion enrichissante sur croyance et foi). Ce n'est pas le lieu ici de discuter ou comparer une lecture symbolique et dogmatique. Disons juste que l'apport de cette analyse est énorme, en jetant un éclairage nouveau sur ces textes Paul Diel leur rend une dimension insoupçonnée par la plupart des lectures traditionnelles. Il est d'ailleurs très enrichissant de relire les textes à la lumière de cet apport, on peut parler d'une redécouverte des textes.

Précisons que Paul Diel n'est pas 'croyant' (dans le sens traditionnel en tout cas) : il rejette catégoriquement l'idée de Dieu en tant que personne réelle. Bien plus l'interprétation dogmatique des textes est selon lui coupable de tuer l'esprit de la lettre, de cacher le sens profond voulu par les évangélistes ('La lettre tue, seul l'esprit vivifie" nous dis l'apôtre Paul). Il fustige la croyance magique et superstitieuse en un Dieu réel. Ainsi la citation suivante, p. 19: "La religiosité s'intensifie à mesure que l'homme se détache, jusque dans l'enracinement magique, de l'idée d'une providence, et commence à entrevoir, à sentir, à savoir que personne ne s'occupe de lui et surtout pas Dieu. Dieu est l'image du mystère et l'homme n'est responsable que de ses propres intentions sensées ou insensées Le fondement [de la religiosité] est le sentiment éthique: la certitude de l'auto-responsabilité. L'homme est sa propre providence: de lui seul dépendent son sort essentiel, sa joie ou son angoisse de vivre,..".

J'aime beaucoup cette citation qui a le mérite d'éveiller en nous le sentiment fort que l'on ressent lorsqu'on réalise notre profonde solitude face à notre destin (Il nous faut bien accepter le fait que fondamentalement nous vivons et nous mourrons seuls, et cette acceptation, effrayante à première vue, devient en fait source d'apaisement). Mais à cette croyance magique Paul Diel oppose la foi active, celle qui selon lui est prônée par l'apôtre Paul, celle qui rend grâce à Dieu (Dieu comme symbole on l'aura compris !), c'est-à-dire qui "rend à Dieu la grâce imméritée d'être appelé à la vie". On l'aura compris cet ouvrage est absolument essentiel et passionnant.

 

 

Au sommaire de cet ouvrage  nous étudions :

 

L’’animisme, le polythéisme, le monothéisme, le Dieu unique, les textes bibliques, Adam, le salut, l’âme immortelle, Jésus, la Genèse, la chute, l’Évangile de St Jean, l’incarnation, la résurrection, St Paul et une étude générale sur le symbolique des mythes de la Bible. – la victoire sur la vanité   -  l’universalité du langage symbolique   -  le problème de la méthode   -   le Dieu créateur   -  l’histoire de l’image divinité   -   épistémologie philosophique   -   déchiffrement des textes et des symboles dans la Bible   -

 

Les autres livres de Paul Diel sont au chapitre  10 D  -

 

le symbolisme de l’espÉrance

Claude delbos

Edition DÉTRAD

 2001

Dans « Le Symbolisme de l’Espérance », Claude Delbos pose avec lucidité les questions que soulève l’engagement dans la « voie initiatique maçonnique ».

 

Il porte sur l’initiation, le rite et le symbole aux trois degrés de la Maçonnerie Bleue, le regard de l’homme de la fin du vingtième siècle, respectueux de la tradition certes mais décidé à la mettre à l’épreuve des connaissances de notre temps.

 

Il nous présente le symbolisme maçonnique en proposant une réflexion sur ce qui le rattache aux traditions initiatiques antérieures et aux grands courants philosophiques, tout en caractérisant les spécificités qui le distinguent des philosophies et des religions ou des ésotérismes des sectes.

 

La voie initiatique maçonnique apparaît ici comme une quête de spiritualité, ce qu’elle est, mais à la recherche d’une spiritualité laïque, acceptable par tout esprit ouvert et tolérant, quelles que soient ses origines culturelles, religieuses ou ethniques.

« Il m’a semblé que [l’espérance] était un terme emblématique autour duquel tournent toutes les questions que l’on peut se poser à propos du cheminement initiatique en général et donc du cheminement initiatique maçonnique en particulier.

 

Quelle est l’Espérance capable de donner à l’Homme des raisons de vivre ? Quelles espérances font courir le Franc-maçon se rendant le soir après son travail à ses réunions rituelles ? La voie initiatique maçonnique est-elle de nature, en comblant les espérances de Maçon, à proposer une réponse à la soif d’Espérance de l’Homme ? »

Au sommaire de cette espérance :

 

Le symbolisme au 1e degré :

Symbolisme et maçonnerie  -  L’espérance  -  le rite initiatique du premier degré  -  les symboles maçonniques au grade d’apprenti  -  le rituel au grade d’apprenti  -  les Pythagoriciens  -

 

Le symbolisme au 2e degré :

Le rite initiatique au deuxième degré  -  la parole au grade de compagnon  -  la liberté de pensée  -  ésotérismes de pacotille  -  le rituel au 2e degré : libération ou aliénation ?  -  la tradition compagnonnique  -  légende templière et franc-maçonnerie  -  l’art des bâtisseurs du passé  -  l’alchimie dans la tradition symbolique  -  l’inexpliqué et le surnaturel  -  pensée symbolique et pensée rationnelle  -

 

Le symbolisme au 3e degré :

Le rite initiatique du troisième degré  -  la planche tracée du Maître  -  la tolérance maçonnique et ses limites  -  la voie initiatique maçonnique  -  la notion de sacré est-elle maçonnique ?  -  le Grand Architecte de l’Univers et l’espérance  -

 

le symbolisme des jeux

J. M. lhÔte

Edition Berg

 1976

Le jeu a toujours exprimé un besoin profond de l’homme : celui de transcender la réalité, de recréer un monde où tout est possible, où le hasard règne en maître, mais aussi où l’adresse et l’imagination trouvent à se manifester.


Après l’exposé d’une classification adaptée à l’étude du symbolisme, Jean-Marie Lhôte passe en revue toutes les familles de jeux : jeux rituels liés au sacré, fêtes de Carnaval remises de nos jours à la mode, jeux de société tels que les dames, l’oie, le loto, les échecs, la balle, les différents jeux de cartes et, bien sûr, les jeux de l’enfance : poupées, constructions, modèles réduits, marelles, etc.


Fondé sur une recherche rigoureuse, ce livre laisse néanmoins place à la poésie, en même temps qu’il nous fait découvrir les origines des jeux et la fonction qu’ils ont eue à travers les civilisations, celle qu’ils ont de nos jours encore. L’auteur fait de nombreuses incursions dans le monde contemporain, à travers entre autres les anti-jeux que sont pour lui les « jeux éducatifs ».

 

L’auteur dégage 6 chapitres, important pour lui : L’espace croisé des jeux  -  L’ordre du monde  -  Le sort des rêves  -  Le plaisir d’être ensemble  -  La magie des objets  -  La mémoire des sources  -
Un livre de référence.

 

LE   SYMBOLISME DES 4 VIVANTS  ÉZÉCHIEL ST JEAN ET LA TRADITION

Michel FROMAGET

Edition du  FELIN

 1992

Cet ouvrage est l’étude autour des symboles de l’aigle, du Taureau, du Lion  et de l’homme dans le Judaïsme et le Christianisme. Une symbolique très forte que quelquefois on oublie.

 

Nous sommes depuis longtemps habitués à retrouver, plus ou moins stylisés, sur le tympan des cathédrales ou dans les enluminures des vieux missels, les quatre « Vivants » de l'Apocalypse le lion, le taureau, l'homme et l'aigle. Le symbolisme qu'on leur applique est-il fidèle aux données de l'Écriture ou est-il né dans l'imagination des artistes chrétiens ?

 

Et, à proprement parler, où gît la valeur symbolique ? Faut-il retenir le symbole qui s'attache à chaque Vivant, ou le grand symbole qu'ils constituent à eux quatre ? Diversité irréductible, ou nécessaire cohésion ? Pour répondre à ces questions, référons-nous simplement à deux moments majeurs de l'élaboration de ce symbole des quatre Vivants : l'Apocalypse johannique et l'œuvre d'Irénée de Lyon.

 

Au début de l'Apocalypse, les sept lettres aux églises d'Asie Mineure (ch.2-3) ressortissent plutôt au genre prophétique, qui affectionne les exhortations directes et véhémentes. La section proprement apocalyptique commence au chapitre 4 par une vision du trône de Dieu et une première phase du culte céleste. Une porte s'ouvre dans le ciel. Une voix, puissante comme une trompette, invite Jean à monter. Et c'est alors que, saisi par l'Esprit, il voit un trône dressé, noyé dans la lumière d'une sorte d'arc-en-ciel, et sur ce trône, Quelqu'un. Le trône de Dieu, qu'Ezéchiel imaginait comme un char à quatre roues (Ez 1 et 10), Jean le voit immobile, mais la toute-puissance de Dieu s'y manifeste : "Du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres".

Devant ce trône brûlent sept lampes ardentes. Ce sont les sept esprits de Dieu", ou l'Esprit de Dieu dans sa septuple efficience (Is 11,2). Si le trône est ainsi immobile, c'est qu'il occupe le centre de l'espace : "Devant le trône, comme une mer de verre, semblable à du cristal", qui n'est autre que le firmament. Vu d'en bas, celui-ci apparaît, d'après les idées cosmologiques anciennes, comme la voûte piquetée d'étoiles qui supporte "les eaux supérieures" ; vu d'en haut par Jean qui a franchi la porte, il se présente comme le dallage liquide du temple céleste, sur lequel repose le trône de Dieu.

 

C'est alors que le regard du visionnaire s'attarde sur ce trône lui-même :"Au milieu du trône et l'entourant, quatre animaux couverts d'yeux par-devant et par-derrière. Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol. Les quatre animaux avaient chacun six ailes, et tout autour et au-dedans ils étaient pleins d'yeux. Ils ne cessent jour et nuit de proclamer: "Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Dieu Tout-puissant, celui qui était, qui est et qui vient! " (Ap 4, 6-8).

 

Selon toute vraisemblance, et d'après les parallèles fournis par les livres apocryphes, les quatre Vivants sont groupés sous le trône, chacun faisant face à l'extérieur. Ils sont "pleins d'yeux par-devant et par-derrière, tout autour et au-dedans" (v. 6.8), entendons : ils sont revêtus d'étoiles scintillantes. En effet l'origine astrale de tout ce symbolisme ne fait guère de doute. Les noms des Vivants renvoient à quatre constellations aisément reconnaissables et diamétralement opposées deux à deux (équivalent, peut-être, de la cosmologie babylonienne) : le Lion, le Scorpion (parfois représenté sous les traits d'un homme), le Taureau, et Pégase, le cheval ailé. Ainsi, selon le visionnaire de l'Apocalypse, tout l'espace du monde créé se trouve à la fois déployé devant Dieu comme une mer aveuglante et ramassé symboliquement comme base de son trône, sous la forme de quatre poudroiements d'étoiles, venus des confins du ciel et de la terre.

 

Selon certains interprètes, le lion, le taureau, l'homme et l'aigle en vol suggéreraient ce qu'il y a de plus noble, de plus fort, de plus sage et de plus rapide au sein de l'univers et, par-là, personnifieraient des qualités de l'agir divin et son omniprésence dans la création. Mais les versets 8-11 nous orientent vers une lecture un peu différente. En effet, l'auteur de l'Apocalypse rapproche explicitement les quatre Vivants des quatre "Brûlants" (séraphins) d'Isaïe 6, 13, qui avaient chacun six ailes et se tenaient au-dessus du trône de Dieu, dans le Temple. Le cantique que les Vivants ne cessent jour et nuit de proclamer n'est qu'une reprise chrétienne du Trisagion des Brûlants : "Saint, saint, saint est Yahweh Sabaot. Sa gloire remplit toute la terre". Ces quatre vivants de l'Apocalypse sont donc chargés d'ouvrir la liturgie cosmique, de "rendre gloire, honneur et action de grâces à celui qui siège sur le trône, au vivant pour les siècles des siècles" (v.9) ; et à ce cantique des Vivants au Vivant fait écho la louange des vingt-quatre anciens qui se prosternent et qui jettent leurs couronnes devant le trône de Dieu (v.10-11).Les Vivants renvoient donc ici en même temps à deux niveaux de symbolisme : par leur référence astrale, ils apparaissent comme rassemblant l'univers et le condensant sous le trône de Dieu ; par leur fonction liturgique, ils donnent une voix au cosmos et amorcent le cantique de l'humanité fidèle, figurée par les Anciens vêtus de blanc. Gouvernement du monde, liturgie céleste : ce sont bien les fonctions que la tradition juive assignait aux anges de Dieu.

 

Le visionnaire de l'Apocalypse a délibérément regroupé et unifié des éléments qu'il tenait de ses devanciers, et sa description des quatre Vivants amalgame des traits des Kéroubim et des "Roues" d'Ezéchiel 1 et 10, des Brûlants d'Isaïe 6 et des Vigilants de la tradition apocalyptique (Hénoch éthiopien, lxxi). L'aspect étrange des quatre animaux d'Ezéchiel, qui offraient chacun quatre faces différentes, n'a pas été retenu. En revanche la disposition des quatre Vivants de l'Apocalypse, qui se tournent le dos et regardent vers l'extérieur, rappelle ce qu'Ezéchiel dit des Roues du char de Yahweh : "Elles avançaient dans quatre directions et ne se détournaient pas en marchant, car elles allaient du côté où était dirigée la tête... Là où l'Esprit les poussait, les Roues allaient" (Ez 1, 17-20; 10,11).

 

N'imaginons pas les Roues d'Ezéchiel allant droit devant elles mais n'importe où, au gré de leur fantaisie. La route de l'une ne prend sens qu'en fonction de la route des trois autres, car ce sont les roues d'un même char, le char paradoxal de Dieu, qui se meut à la fois dans les quatre directions. Il faut ces quatre directions pour exprimer la totalité de l'univers et l'ubiquité de la présence active de Dieu. De même les quatre Vivants de l'Apocalypse ne cessent de scruter l'horizon, leur horizon, au moment même où ils entonnent ensemble leur cantique. L'horizon de chacun est nécessaire ; aucun n'est suffisant à lui seul. Le panorama cosmique n'est intégral que si chacun des quatre regarde droit devant lui, et cependant ce que chacun aperçoit n'épuise pas le réel. La diversité de ce qu'ils voient se résout merveilleusement dans l'unicité de la louange, parce que chacun, là où il est, a reçu mission pour un quart du monde. Interrogeons maintenant saint Irénée. Bien qu'il ait écrit vers la fin du IIe siècle, la spontanéité et la vigueur de sa pensée font de lui l'un des plus modernes des Pères de l'Église. Son témoignage ici est particulièrement important, car le commentaire qu'il a donné des quatre Vivants de l'Apocalypse dans le livre III de l'Adversus haereses (11,8) a orienté pour des siècles l'interprétation chrétienne de ce passage.

 

Au chapitre 4 de l'Apocalypse, la description du trône de Dieu ne contient encore aucun élément spécifiquement chrétien. Tout change au chapitre 5, avec l'intervention de l'Agneau et le cantique qui lui est adressé. Irénée, lui, se situe d'emblée au niveau chrétien et les quatre Vivants évoquent d'abord pour lui des aspects divers du mystère du Fils de Dieu ; et, s'il introduit aussitôt les quatre Évangélistes, c'est parce qu'ils ont proposé quatre approches complémentaires de ce même mystère : "En somme, telle se présente l'activité du Fils de Dieu, telle aussi la forme des Vivants, et telle la forme de ces Vivants, tel aussi le caractère de I ‘Evangile  : quadruple forme des Vivants, quadruple forme de l'Évangile, quadruple forme de l'activité du Seigneur». En synthétisant la pensée d'Irénée, on pourrait présenter de la manière suivante les correspondances qui l'ont frappé.

 

L'image du lion caractérise en effet "la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu", qui "parlait aux Patriarches selon sa divinité et sa gloire". Or c'est l'Évangile de Jean qui raconte "sa génération prééminente, puissante et glorieuse" et cet Évangile "est rempli de toute hardiesse".

 

Le taureau évoque pour Irénée la fonction de sacrificateur et de prêtre que le Fils de Dieu a instituée pour son peuple et qu'il a assumée lui-même. Or c'est Luc qui met en scène, au début de son récit, le prêtre Zacharie offrant à Dieu le sacrifice de l'encens, au moment où "déjà était préparé le Veau gras (le Christ lui-même) qui serait immolé pour le recouvrement du fils cadet".

 

"Le troisième vivant, explique Irénée, a un visage pareil à celui d'un homme, ce qui évoque clairement la venue humaine du Fils de Dieu". Or "c'est Matthieu qui raconte sa génération humaine en disant : La génération du Christ arriva ainsi". "Cet évangile est donc bien à forme humaine, et c'est pourquoi, tout au long de celui-ci, le Seigneur demeure un homme d'humilité et de douceur".

 

Irénée voit dans l'Aigle le symbole de l'Esprit volant sur l'Église, et c'est l'Évangile de Marc qui lui paraît d'emblée placé sous le signe de l'Esprit : "Marc commence par l'Esprit prophétique survenant d'en haut sur les hommes, lorsqu'il dit: 'commencement de l'Évangile, selon qu'il écrit dans le prophète Isaïe'. Il montre ainsi une image ailée de l'Évangile ; et c'est pourquoi il annonce son message en raccourci et par touches rapides, car tel est le style prophétique". Et sur sa lancée, avec son intrépidité coutumière, Irénée enchaîne deux variations inimitables sur le thème des ailes et de l'envol : le Verbe de Dieu fait homme "a envoyé le don de l'Esprit céleste sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes", et à ce don correspond la quatrième alliance conclue avec l'humanité, "celle qui renouvelle l'homme et récapitule tout en elle, celle qui, par l'Évangile, élève les hommes et leur fait prendre leur envol vers le royaume céleste". Inattendue, déroutante, mais attachante par sa liberté créatrice, l'exégèse d'Irénée a fait école dans toute la tradition chrétienne. Parfois, il est vrai, les quatre figures ont été réparties autrement. On a préféré attribuer à Jean le symbole de l'aigle, à Marc celui du lion (qui rugit "dans le désert", Mc 1,3) ; et à l'époque où l'imagination populaire a placé un bœuf dans la crèche de Jésus, ce bœuf a pu devenir l'emblème de l'Évangile de Matthieu. Mais ce ne sont là que des modifications mineures, qui attestent à leur manière la fécondité de l'intuition d'Irénée.

 

Plus encore que la fantaisie géniale de l'évêque des Gaules, ce qu'il importe de souligner, c'est qu'Irénée reste étonnamment fidèle à l'esprit du texte biblique. On retrouve en particulier chez lui, comme dans le passage de l'Apocalypse, une articulation très audacieuse de l'universel et du singulier. Le nombre quatre constitue pour lui aussi le chiffre de la totalité, celle du monde créé, mais surtout celle de l'Église : "Puisqu'il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d'autre part, l'Église  est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour colonne de soutien l'Évangile et l'Esprit de vie, il est normal qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l'incorruptibilité et rendent la vie aux hommes. De là vient, manifestement, que le Verbe, Artisan de l'univers qui siège sur les chérubins et maintient toutes choses, lorsqu'il s'est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit".

 

La christianisation des thèmes est complète et les symboles s'enrichissent par surimpression. Celui qui siège sur les chérubins est maintenant le Verbe de Dieu ; et ce même Artisan qui assure la cohésion de l'univers, de ses quatre régions et de ses quatre vents, a voulu garantir la solidité de l'Église en l'asseyant, elle aussi, et sur le socle nouveau de l'Évangile et sur celui de l'Esprit de vie. Mais parce que l'Église, ainsi fondée et centrée, est en même temps "semée" sur toute la terre, et responsable de l'universel, voici que le socle, de lui-même, se diversifie et devient quatre colonnes, quatre colonnes spirituelles qui se mettent à "souffler" la vie.

 

Ainsi, à mesure qu'Irénée poursuit le rêve éveillé de sa foi, par d'étranges métamorphoses les colonnes deviennent chérubins et les chérubins évangélistes ; et la certitude qui suscite et ordonne tout ce monde onirique, c'est que le Verbe de Dieu crée à la fois l'unité et la différence. Si les grands témoins de Jésus offrent quatre visages irréductibles l'un à l'autre, c'est afin que l'Église, par la diversité de leur regard sur le Christ, puisse faire face à sa mission universelle. Le pluralisme des témoins ne prend tout son sens que s'il continue d'exprimer la communion originelle et s'il reste constamment vivifié par l'unique Esprit, force d'expansion et de cohésion de l'Eglise. Il en va de même tout au long du temps chrétien : le témoignage rendu à Jésus se diversifie à l'infini, il emprunte à chacun les inflexions de sa voix et les résonances irremplaçables de sa propre histoire ; mais la mission originale de chaque baptisé n'est créatrice de communion et n'ouvre vraiment sur l'universel que si elle s'inscrit d'avance dans le témoignage premier et englobant de l'Esprit. "Lorsque viendra le Paraclet, disait Jésus, c'est lui qui témoignera à mon sujet ; et vous aussi, vous témoignerez, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement" (Jn 15,26s).

 

Les livres de Fromaget dont celui-ci, sont au chapitre 10 E (Fromaget) avec les détails

 

le symbolisme du corps humain

Annick de souzenelle

Edition Dangle

 1984

Si on a dit des cathédrales qu’elles sont des « livres de pierres », on peut dire que le corps humain – dont la structure s’ordonne sur le même schéma – est un « livre de chair ». Apprendre à le lire, c’est être attentif à son dessin, à la toponymie de sa géographie anatomique ; c’est entendre ce que nous disent les grands mythes de l’humanité de chacun des organes du corps et de leur fonction subtile ; c’est aussi découvrir l’Arbre des Kabbalistes, Arbre du « corps divin » à l’image duquel est créé le corps humain.

Nous découvrons alors ceci : Notre corps est un langage et nous propose un programme à réaliser ; il est, entre les mains de l’ouvrier que nous sommes, tout à la fois matière première à partir de laquelle nous œuvrons, ainsi qu’outil et creuset dans lequel nous opérons. S’il est en soi un langage, le corps aussi s’exprime : il a un langage, celui de la jouissance et, le plus souvent, de la souffrance !

 

Décrypter celui-là, c’est entrer en communication avec nous-mêmes, et proposer à nos sciences humaines et médicales une profonde remise en question ; nous n’avons plus à leur donner tout pouvoir ; elles n’ont plus à le prendre, mais nous avons à cheminer ensemble, et dans nos rôles respectifs, pour écouter le message du corps. Écouter, comprendre et obéir à ce message, c’est entrer dans la grande geste de l’Homme et du Dieu que chacun de nous est en devenir.

Le Symbolisme du corps humain représente le versant pratique du discours mythologique et historiosophique d’Annick de Souzenelle. La théologienne orthodoxe s’inscrit bien dans la tradition des pères de l’Église pour qui comme l’a écrit saint Maxime le Confesseur « une théologie sans action est la théologie des démons’. Il faut  redécouvrir avec elle certains passages énigmatiques ou que l’on croyait comprendre des écritures saintes, du lavement des pieds des apôtres par le Christ le soir de la sainte Cène à l’apparition de la femme vêtue de soleil dans l’Apocalypse, la tête couronnée de douze étoiles… Disons pour résumer que le corps de l’homme, temple du Saint-Esprit pour saint Paul, est selon Annick de Souzenelle l’arbre des Séphiroth de la mystique juive, le lieu par excellence de la révélation progressive de Dieu en l’homme et de l’homme en Dieu. « Le corps, écrit Annick de Souzenelle, est à la fois notre outil, notre laboratoire et notre ouvrage pour atteindre à notre vraie stature qui est divine ».

L’anthropologie judéo-chrétienne d’Annick de Souzenelle ouvre par ailleurs des perspectives passionnantes dans trois domaines : la médecine, la rencontre des religions et l’exégèse biblique. Les conséquences thérapeutiques des analyses anthropologiques d’Annick de Souzenelle trouvent leur source dans une expérience vécue du dépassement de l’antinomie entre les pôles féminin et masculin de l’humanité. Elle écrit : « Ces deux pôles sont constitutifs de l’Adam créé mâle et femelle (Gn 1, 27). Mâle – Zakhor – est celui qui « se souvient’ (c’est le même mot en hébreu) de sa réserve d’énergie Nqévah (« femelle’), « contenant » qui recèle la puissance du NOM. Est mâle celui qui se souvient de son féminin inaccompli et qui prend le chemin de la conquête de son NOM. Là est la vocation fondamentale de chaque Adam, homme ou femme. L’Adam et son féminin s’inscrivent dans la même dialectique que Tov veRA Le féminin, notre « ombre » à chacun, contient le secret de notre NOM.’

Annick de Souzenelle inverse ici dans une perspective anthropologique l’adage des pères cité par le père Paul Florensky : « Se souvenant Dieu crée ». Ainsi le dépassement de l’antinomie est eschatologique. La déification pour l’homme est avant tout une œuvre de mémoire. On retrouve certains accents sophrologiques chez Annick de Souzenelle : « L’homme déifié,  en ses noces divines, participe de la Sagesse et de celle qui lui est comme une épouse, Intelligence. » Cela a bien entendu des conséquences déterminantes en particulier sur un plan psychanalytique. Comme le jeune prince du conte nous devons accepter de défricher la forêt de notre mémoire pour aller au fond de nous-même réveiller d’un baiser la Belle et toute la nature autour d’elle endormie de fatigue et de dépression.

 Cinq siècles avant Jésus Christ,  les acuponcteurs chinois avaient remarqué que l’oreille humaine symbolisait de façon fractale l’ensemble du corps humain. Dans le Lévitique, il est conseillé au sacrificateur de mettre un peu d’huile dans sa main et de l’appliquer « sur le lobe de l’oreille droite de celui qui se purifie » (Le 14, 17). Selon  Annick de Souzenelle ; c’est pour tendre l’oreille à l’écoute du NOM (le fameux Shema juif : Écoute Israël !) que le corps se verticalise et trouve son équilibre… Ceci explique pourquoi le Christ fit entendre les sourds et parler les muets tout en prévenant de la fonction symbolique de l’oreille (Éphéta, ouvre-toi (Mc 7, 32-37).

On passe facilement aujourd’hui dans les milieux orthodoxes bien-pensants de l’interrogation sur les médecines douces au rejet du « fatras ésotérique » et finalement à la condamnation du New-Age. En revanche, on construit des sépulcres à la spiritualité philocalique des Pères de l’Église et on décore les tombeaux des principaux acteurs de l’école de Paris. Il est salutaire dans ce contexte de rappeler avec l’un des héritiers de cette école, Paul Evdokimov, que les starets « lisaient les pensées sans rien demander, savaient le contenu d’une lettre sans l’ouvrir ». Le théologien russe rapporte l’adage d’un Père du désert, l’abbé Joseph : « si tu veux être parfait, deviens tout feu. » Et lorsqu’il tendait ses mains vers le ciel, « ses mains devenaient comme dix cierges allumés. »

De la rencontre des religions et les analyses de Annick de Souzenelle, on trouve de profondes similarités entre le bouddhisme, le judaïsme et le christianisme dès lors qu’on accepte de sortir pour un temps de la problématique traditionnelle, – nécessairement close sur elle-même car héritée de l’antiquité grecque et néo-platonicienne –, fondée sur les concepts de procession, d’autorité et de grâce. La mythologie judéo-chrétienne a été réinterprétée aux XVe-XVIe siècles dans les textes de l’alchimie chrétienne par de grands savants comme Pic de la Mirandole. La « voie » qui permet de suivre le Christ (qui est lui-même la voie, hodos en grec) est marquée par le passage de « l’œuvre au noir » puis de « l’œuvre au blanc » enfin de « l’œuvre au rouge ». On trouve selon Olivier Clément dans ce cheminement, dans cette « méta-hodos-logie », de nouvelles clefs pour l’interprétation non seulement des mythes les plus importants de la culture occidentale mais aussi des récits fondateurs des religions orientales. L’œuvre au noir écrit-il, est « une mort, un mariage, et une descente aux enfers ». L’œuvre au blanc est la découverte de « la luminosité subtile » de la materia. L’œuvre au rouge est le flamboiement de l’Esprit. « Et l’or apparaît, conscience solaire de la toute présence… »

Pour rester sur l’exemple du symbolisme de l’oreille, Annick de Souzenelle voit une profonde similitude entre les petits personnages sculptés sur le linteau du tympan de la cathédrale de Vézelay et l’iconographie hindoue de Ganesha le fils de Shiva. Si les petits hommes de Vézelay sont munis d’énormes oreilles et se tiennent le pied, c’est, explique l’auteur du Symbolisme du corps humain, parce qu’ils ont « entendu’, pris conscience que leur pied est blessé, et marchent à cloche-pied vers leur verticalisation pour leur accomplissement divin. Ganesha quant à lui est représenté traditionnellement avec une tête d’éléphant, un corps d’homme et montant un rat. Car sa force spirituelle est symbolisée par l’amplitude de la tête avec ses larges oreilles et sa trompe. Et pénétré de la lumière divine, Ganesha est sans poids et n’écrase pas le rat, animal rusé qui sait pénétrer dans les endroits difficiles et symbolise l’intelligence apte à pénétrer les problèmes les plus ardus. Il n’y a là nul syncrétisme car il ne s’agit pas de transformer l’hindouisme en religion de l’incarnation. Dans les deux cas en revanche, on retrouve l’idée d’obéissance et d’ouverture à l’esprit que traduit le terme d’oreille en hébreu, ozen. On ne trouve pas non plus chez Annick de Souzenelle de relativisme quant aux fondements de la dogmatique chrétienne. On retrouve plutôt en elle une inspiration philocalique : « Le cœur, écrit-elle, n’est entendu que par celui qui, tel l’apôtre Jean, “au secret divin”, y place son oreille. Car le cœur du labyrinthe c’est aussi le Christ, le Verbe. » 

On y trouve : l’Épée – l’Arbre de vie – le Bien et le Mal – les Séphiroth – Malkut – les Genoux – les Jambes – la Circoncision – le Déluge – le Labyrinthe – la Porte des hommes – Jacob – le Christ – la Porte des Dieux – les Reins – les Os – le Sang – le Feu – le Cœur – les Poumons – l’Estomac – l’Œuvre au noir – les Enfers – la Souffrance – l’Aigle – DANTE – Prométhée – l’Œuvre au blanc – l’Oreille – la Langue – le Rouge – la Salive – Tobie – l’Émeraude – les Cheveux – la Mandorle – les Larmes – les Yeux.

 

le symbolisme ÉsotÉrique

M. centini

Edition de VECCHI

 2000

Pour découvrir et comprendre le mystérieux langage ésotérique, les codes, et les secrets.


L’ésotérisme est souvent objet de méprises, liées à l’ignorance des uns ou victime de cette « volonté de mystère » qui, aujourd’hui, caractérise l’homme moderne, apparemment fils de la raison et de la rationalité.


Cet ouvrage, écrit par un spécialiste des sciences traditionnelles, nous propose une étude passionnante sur l’ésotérisme, exempte de tout romantisme et de toute interprétation faussée par notre regard moderne. Symbolisme ésotérique chrétien, symbolisme des autres religions, symbolisme architectural, l’auteur nous offre un panorama historique et culturel complet des symboles et nous fait découvrir les arcanes d’une tradition ancestrale qui cimente plus qu’on ne le croit notre culture européenne.

 

Quels secrets se cachent derrière le Saint Graal ? Qu’est-ce qui a motivé le grand œuvre des alchimistes ? Quelle est la quête des Franc-maçon ?

Quel est le mystère des Templiers ? Le symbolisme des nombres et de la poésie ?       C’est ce que nous découvrirons dans cet ouvrage passionnant, riche et instructif.

 

Au sommaire :

Les pyramides, les labyrinthes, les druides, Zarathoustra, Hénoch, le Golem, la croix, le Graal, la pierre noire, les soufis, Chartres, St Jacques de Compostelle, le un, le deux, le trois, le quatre, le cinq, le six, le sept, le huit, le neuf, le dix, le zéro, le 666, Hermès Trismégiste, les esséniens, les chamans, la Franc-maçonnerie, l’Absolu, Jonas.

 

le symbolisme maçonnique & hermÉtique de peter pan

Richard khaitzine

Edition RAMUEL

 1996

Ce premier livre, inaugurant la collection « Il était une fois », s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes. L’étudiant, le frère Maçon, le professeur y trouveront matière à réflexion.


« Peter Pan », le chef-d’œuvre de James Barrie, ne dépareille en rien les contes traditionnels. Il s’agit d’un livre d’une haute portée spirituelle et symbolique. Comme tous les contes, cette histoire à dormir debout constitue un excellent moyen de demeurer éveillé.


Le présent ouvrage se situe dans la droite ligne du précédent livre écrit par l’auteur : « La Langue des Oiseaux ». Il est une invitation à lire autrement, plus intelligemment. Si vous souhaitez comprendre le sens de votre existence, accompagnez-nous dans ce voyage vers l’île de Nulle Part !

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Biographie de James Matthew Barrie  -  Avant de pousser la porte   -  de l’enfance à l’âge adulte   -   Qui est donc Peter Pan ?  -   de Pan à Peter Pan, tout est Un   -   la langue des oiseaux   -  des mondes naturels et surnaturels  -   de l’île de Nulle part à l’île de Délos   -  Jack Crochet   -   charbonnier est maître chez lui   -  

 

le symbolisme maçonnique et hermÉtique du « petit chaperon rouge

Richard khaitzine

Edition Ramuel

 1997

A travers cet ouvrage, l’auteur nous invite à découvrir la signification des charmants contes de Charles Perrault.

 

Chargés d’un savoir ancestral, les dits contes, connus également comme étant ceux de « Ma mère l’Oie », nous parlent de la Loi Mère, la Grande Nature et la Loi cosmique. Pour les fervents de l’explication psychanalytique, le « petit chaperon rouge » serait un résumé des théories freudiennes avant la lettre ; quant aux universitaires, ils n’y voient qu’une « moralité » attirant l’attention sur les dangers de la désobéissance ; mais voyons, pour qui est-elle dangereuse cette désobéissance civile ?

 

En fait, les contes furent toujours un véhicule privilégié de la Science Hermétique, destinés à nous enseigner la nécessité de procéder à un bouleversement de notre vision, à un renversement des valeurs. C’est en cela que l’Alchimie se montre contestataire et attractive pour une jeunesse n’ayant plus confiance dans les institutions, mais assoiffée d’idéal.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

Biographie de Charles Perrault  -  Des mots-scions et merveilles des mots  -  A propos de la Mère l’Oye  -   les sources linguistiques de Charles Perrault   -  de la sagesse, de l’ouïe et du bleu  -  lettres de Charles Perrault à Mademoiselle  -  l’arbre qui cache la forêt  -   avez-vous vu le grand méchant loup ?   -  voyage dans les étoiles  -  mutation de conscience et transmission alchimique    -   ce cabinet dit de réflexion   -  de la Galette des Rois au Moulin de la Galette  -  le dernier mot n’est pas dit…

 

LE SYMBOLISME OCCULTE DE LA FRANC-MACONNERIE

Oswald WIRTH

Edition Dervy

 1997

La force de la maçonnerie réside dans sa tradition, ainsi, elle se rattache au passé vivant de l’initiation et prépare la revivification de ce qui veut vivre en plus complète conscience que jusqu’ici.

 

L’occultisme éclaire-t-il en ce sens ? Vraisemblablement, mais à la condition d’être bien compris. Par malheur, que ses adeptes se laissent éblouir par des ambitions mesquines et les voilà diriger vers une voie substituée. La conquête des pouvoirs occultes les pousse alors aux extravagances et quand ils parlent de Grand Œuvre, ils ne visent que la cuisine des souffleurs, que ne consentent-ils à entrer dans la voie traditionnelle !

 

Ce petit livre d’Oswald Wirth encourage le lecteur et lui donne la conviction que le symbolisme maçonnique est une mine très riche en un minerai dont l’esprit peut extraire le plus pur or philosophique, pour son plus grand bien, et lui permettra de prendre conscience que le chemin est périlleux mais exaltant.

 

Au sommaire :

 

Le Delta lumineux   -   le Zodiaque   -   les deux colonnes   -   le Pentagramme planétaire   -   les outils   -   la Pierre des Sages   -   Crane et Acacia   -     le pavé mosaïque   -    la chaine d’union    -

 

le taureau

Tristan lafranchis

Edition PARDES

 1993

L’aurochs de Lascaux, l’Apis des pharaons, la victime de Mithra et le bœuf ailé de St Luc témoignent de la permanence symbolique du taureau à travers les âges.

 

Gibier de nos ancêtres, domestiqué pour sa viande, sa force de travail et son sang qui arrosait les autels, le bovin reste très présent dans l’imaginaire de nombreux peuples.

 

Animal sacré en Inde, signe de richesse en Afrique noire, le taureau continue de représenter la force et la virilité : rodéos et corridas se font l’écho des exploits d’Hercule et de Thésée.


Symbole ancien entre tous, le taureau évoque à la fois la terre et l’eau fécondante, le chaud soleil et la lune cornue, le pouvoir des chefs et des dieux.

 

Garant de l’ordre cosmique, le taureau apporte la prospérité à l’éleveur et l’harmonie universelle à l’humanité. Symbole de force et de fécondité, le taureau est un témoin privilégie de l’aventure humaine.

Au sommaire de ce livre :

 

Symbole et symbolique  -  Intérêt et importance de l’étude du symbolisme animal  -  L’Aurochs : un duel à mort  -  Comportement et chasse  -  les peintures de Lascaux  -  Extinction et reconstitution  -  La domestication  -  le Néolithique  -  Diversification de l’élevage  -  la richesse bovine  -  les razzias  -  Le Taureau, les astres et la Terre  -  le taureau, symbole solaire et lunaire, géophore   -  astrologie  -  le taureau fécond  -  Emblème des dieux de l’orage et de la pluie  -  symbole de fertilité lié à l’eau  -  Victime des rites de fertilité  -  Le taureau viril  -  le dieu Min et Apis  -  les taureaux virils de Crète et d’Inde  -  quand l’homme conquiert la virilité du taureau  -  Le taureau, chef et dieu  -  Les rois taureaux  -  le taureau et la corne, symbole de force, de pouvoir et attributs divins  -  Rôle protecteur de la corne  -   le taureau funéraire  -  sacrifices funéraires : le taureau donne sa force, sa puissance de vie et engendre le troupeau de l’au-delà  -  le taureau dans l’architecture funéraire  -  Le sang du taureau  -  les étapes du sacrifice : choix, consécration, immolation et partage de la dépouille  -  les fonctions symboliques du taureau expliquent son choix comme victime favorite  -  Le taureau et les autres animaux  -  le lion  -  le cerf  -  le cheval  -  le serpent  -  l’oiseau  -  Quand le taureau combat  -  Rôles symboliques de la chasse à l’aurochs  -  jeux taurins de l’Antiquité   -   Combats de taureau  -  Courses et corridas  -  les apports de la mythologie et de la psychanalyse  -  le taureau : évolution d’un symbole  -  Les origines  -  naissance des dieux  -  enrichissement symbolique au néolithique  -  les grandes civilisations et l’éloignement de la nature  -  un témoin privilégié de l’aventure humaine  -  Bœuf et taureau dans l’art moderne  -  le taureau dans le cinéma et la littérature  -

 

LE TEMPLE DE SALOMON     -     N° 61            -

Xavier Tacchella

Edition Maison de Vie

 2014

Symbole emblématique de la Franc-maçonnerie, le Temple de Salomon est l’essence même d’une grande partie des légendes maçonniques. Construire, ou plus exactement reconstruire ce temple idéal, lieu intemporel qui offre la sacralité nécessaire pour donner à la cérémonie de l’initiation toute la solennité et la profondeur qu’elle mérite, est l’affaire de tous les maçons et l’objet principal de leur travail en loge.

S’appuyant sur les sources hébraïques, bibliques et historiques, Xavier Tacchella décrit les différentes parties du Temple : les parvis, le Saint et le Saint des Saints, il examine leur fonction et ouvre de nouvelles voies de compréhension de leur symbolisme.

Au sommaire de cet ouvrage :

Le Temple, les données bibliques

Le Temple, les données historiques – David et Salomon

Le Temple et sa symbolique - les parvis - la mer d’airain –

L’Oulam et le second Oulam -

Le Saint ou Hekal - la Menorah - la table des pains de propositions - l’autel des parfums -

Le Saint des Saints : Ourim et Toumin - le vase de manne - la verge d’Aaron - l’Arche d’Alliance - le grand prêtre -

Le Temple et l’homme - la sortie de la Loge -

 

LE TEMPLE MAÇONNIQUE   ET  SES  MYSTÈRES   -   N°  31  -

André   Quemet

Edition LA  Maison de Vie

 2009

Si chaque courant spirituel a un temple qui lui est spécifique, cet ouvrage s’interroge sur la nature et la fonction du temple maçonnique. Quels sont son origine, son modèle, son fondement, son but ? A quels critères doit-il répondre ? Peut-il être profané ? Quel parcours implique t-il ?


L’auteur établit que, si l’on se demande comment construire le Temple, plusieurs questions doivent être posées : celle de l’identification du mythe de création auquel il se rattache, celle des symboles qui décorent ses différentes parties, celle du rituel qui l’anime, mais également celle du devoir de formulation qui doit être respecté avec une rigueur absolue.


Bien qu’il n’occupe plus le centre de la cité et qu’il se réduise souvent à un espace exigu et multifonctionnel, le Temple n’est pas un simple lieu de réunion.

 

Sans lui, la société des hommes ne peut vivre en harmonie, car ils négligent fatalement ce qui est essentiel à leur vie intérieure.

 

 

L’Ḗtoile  FLAMBOYANTE    -    

 Jacques  Trescases

Edition Trédaniel

 1993

L'étoile à cinq branches figure sur quarante-huit étendards de pays aussi différents que les U.S.A., la Chine, l'Europe, le Maroc et l'ancienne l'U.R.S.S. Elle doit donc avoir un sens, même si le secret de sa traduction en a été quelque peu oublié. Sa signification apparaît lorsqu'on se rappelle qu'héritée des Égyptiens, elle était l'emblème d'Hygie, déesse de la santé préventive, et de Pythagore, géomètre, philosophe et initié. Mieux encore, guide des Mages vers Bethléem, elle constitue l'architecture secrète des églises romanes et cathédrales gothiques qu'elle décore discrètement, mais de manière significative. Symbole de l'harmonie, elle représente la vie dans son dynamisme évolutif ou récessif, telle qu'elle s'incarne dans l'homme et, plus précisément, décrit le fonctionnement psychique de celui-ci.

Symbole clef de la franc-maçonnerie et du compagnonnage, son actualité et son universalité sont confirmées par les plus récentes découvertes de la psychologie de la motivation et de la chirurgie du cerveau. Sa fécondité ne se limite d'ailleurs pas à ces applications précises : symbole commun à toutes les symboliques, elle contient en elle-même son propre principe explicatif et la justification de l'ésotérisme, tandis qu'elle constitue un guide sûr pour comprendre le sens de la vie, dans l'infinie variété de ses manifestations, situations ou types d'organisation.

L'Etoile Flamboyante est une figure centrale de la symbolique maçonnique, non seulement parce qu'elle brille à l'Orient dans la Loge, c'est à dire dans le temple, lorsque les travaux sont ouverts au grade de compagnon, mais ce temple, qu'il appartient à chaque maçon de construire symboliquement, est lui-même architecture sur son modèle. 

L'Etoile Flamboyante est considérée comme le symbole du Microcosme, de L'Homme considère, en soi, comme une réplique du Microcosme, c'est à dire représentant, en vertu de la loi d'analogie "en haut comme en bas", un petit univers. L'Etoile Flamboyante est le symbole de la réunion de toutes les vérités conciliées par la Lumière, en même temps que la clarté personnelle de la vie intérieure. Chacun crée son Etoile par ses pensées, ses sentiments, sa conscience et ses actes. L'Etoile Flamboyante est le résultat du travail matériel et du travail intellectuel réunis, dans tous les domaines, pour une meilleure exactitude et son plus complet rendement, vers une plus haute synthèse.


L'Etoile Flamboyante représente la lumière, illuminant le disciple des Maîtres, l'ouvrier capable de les servir utilement: elle est donc le signe de L'Intelligence et de la Science. Elle est l'emblème de la pensée libre, du feu sacre du génie, qui élève l'homme aux grandes choses.


En son centre L'Etoile Flamboyante se trouve la lettre "G". Dans un sens initiatique, L'Etoile Flamboyante et la lettre "G" nous montrent L'Initié en qui le feu est  éveillé, feu qui peut le conduire à l'Adeptat s'il sait se dégager du sens purement moral du symbole et ne s'enlise pas dans les gloses qui abondent autour des termes : Gloire, Grandeur, Géométrie, Gravitation, Génération, Génie, Gnose, etc.

Les Rois Mages

Ils perdirent l’étoile, un soir ; pourquoi perd-on
L’étoile ? Pour l’avoir parfois trop regardée,
Les deux rois blancs, étant des savants de Chaldée,
Tracèrent sur le sol des cercles au bâton.

Ils firent des calculs, grattèrent leur menton,
Mais l’étoile avait fui, comme fuit une idée.
Et ces hommes dont l’âme eût soif d’être guidée
Pleurèrent, en dressant des tentes de coton.

Mais le pauvre Roi noir, méprisé des deux autres,
Se dit « Pensons aux soifs qui ne sont pas les nôtres,
Il faut donner quand même à boire aux animaux. »

Et, tandis qu’il tenait son seau d’eau par son anse,
Dans l’humble rond de ciel où buvaient les chameaux
Il vit l’étoile d’or, qui dansait en silence.

(Edmond Rostand)

 

L’Ḗtoile  FLAMBOYANTE ET LES ḖTOILES

Divers auteurs

Arcadia

 2010

L’étoile à cinq branches a été le signe de ralliement des disciples de Pythagore, elle a guidé, comme elle le fit pour les Rois Mages, le Père Soubise et Maître Jacques, mais aussi elle guide le Franc-maçon dans sa loge : elle représente l’idéal dans les sociétés initiatiques comme le compagnonnage et la Franc-maçonnerie.

 

Ce pentagramme est une figure de base contenant la divine proportion, le mystérieux nombre d’or et révèle l’harmonie cosmique ; basée sur des valeurs triangulaires, y apparait les angles de 36° et de 108°. L’étoile flamboyante apparait dès le 2° degré, mais sa place en loge peut varier selon les rites et les degrés.

 

L’étoile flamboyante enfermant la lettre G, est la grande révélation du second degré de la Franc-maçonnerie. Entourée des outils du constructeur, elle permet à l’homme de s’affirmer et de prendre la mesure de son être intérieur.

Elle rayonne dans toutes les directions et apporte le feu nécessaire à toute la construction qui doit rayonner, comme le fit le Buisson ardent ; elle symbolise l’ascension et impose à l’homme sa verticalité mais aussi sa rectitude ; elle tourne et flamboie en contenant toutes les puissances harmonieuses qui découlent de la géométrie, du cercle et du nombre d’or ; en guématrie ou dans une symbolique ésotérique, elle peut aussi bien représenter « 2+3 » c’est à dite le ternaire associé à la dualité, que « 4+1 » qui peut représenter la quaternité, la terre avec l’Un, ou le point dans le carré.

 

En Egypte ancienne, le terme le plus usité pour « étoile » est « seba », elle fait double sens avec les mots : porte du ciel, enseignement, sagesse, instrument d’arpentage. La déesse Eternité est formée de 10 étoiles. Le grand prêtre, lors des célébrations est vêtu d’une peau de fauve constellé d’étoiles. Toute la religion égyptienne baigne dans cette cosmogonie représentée par le dieu Râ, mais aussi par les étoiles.

 

Les textes des Pyramides font références aux étoiles et prouvent ainsi l’importance de la symbolique de l’Etoile comme incarnation d’une puissance transcendante que l’initié utilise et à laquelle il s’identifie. On lira avec bonheur le texte sublime écrit sur la tombe de Sarenpout à Assouan : « J’ai jubilé, car on m’a fait toucher le ciel, ma tête à percer le firmament, j’ai éraflé le ventre des étoiles ; j’ai atteint l’allégresse, de sorte que je brillais comme une étoile, je dansais comme une constellation ».

 

En ésotérisme et dans la symbolique universelle, l’Etoile polaire joue un rôle privilégié, celui de : « Centre absolu autour duquel, éternellement, pivote le firmament ». Ainsi dans les loges écossaises, le fil à plomb au centre de la loge évoque cet Axis mundi, axe vertical indiquant la transcendance divine et la direction de nos recherches.

 

Dans ce cahier ésotérique les auteurs suivants nous parlent de cette Etoile flamboyante :

 

Irène Mainguy nous rappelle le symbolisme puissant du Pentagramme, de la lettre G au 2e degré, de Pythagore, de géométrie, de gnose, de gravitation, de génération et de génie. Elle rappelle qu’il ne faut pas s’arrêter à une seule interprétation mais d’aller voir ailleurs les nombreuses idées qui dorment sous le symbole. Elle nous donne quelques idées sur le Génie en particulier et nous rappelle également qu’il faut aller voir au centre de cette Etoile.

 

Zergué dans un long article fait le rapprochement entre l’identité de notre symbole avec l’Etoile des rois mages et l’Etoile polaire, il fait également le rapport avec le Pythagorisme et d’autres traditions grecques.

 

Jean Granger nous développe le concept de gloire du Grand Architecte de l’Univers dans la Franc-maçonnerie de Tradition. La gloire de Dieu est représentée par l’étoile flamboyante, qui à elle seule représente tous les symboles de la divinité et de sa Gloire, il énumère 22 points qui à ses yeux symbolisent le mieux cette Shekinah au centre de l’étoile.

 

S. Lussoi, développe la lettre G, inscrite au centre de cette étoile et nous emmène de la géométrie à la gnose en passant par la notion de Génie que nous trouvons dans beaucoup d’enseignements

 

l’Étoile flamboyante    -     N°  7  -

Olivier doignon

Edition Maison de Vie

 2002

Symbole dont la présence est avérée dans de nombreuses traditions depuis la plus haute antiquité, l’Étoile flamboyante fait partie du deuxième degré de la Franc-maçonnerie. Il est demandé, en effet, au Compagnon de voir « l’Étoile flamboyante ».

En voyant l’Étoile flamboyante, le Compagnon voit un chemin tracé par elle. Traçant le chemin, l’Étoile trace le plan du Temple.


Afin de restituer à ce symbole, norme de la multiplicité de la création dans laquelle l’Unité originelle reste perceptible, toute la place qui lui revient, ce livre s’interroge sur le sens de cette « vision », et s’efforce de déjouer les pièges auxquels une approche analogique de l’homme et de l’étoile conduit.

 

Au sommaire de cet ouvrage :

 

L’étoile dans diverses traditions   -  l’étoile dans la tradition égyptienne   -   la première forme de la Genèse   -   Pourquoi l’étoile flamboie-t-elle ?   -   Quelle est la nature de son flamboiement ?  -  l’appui des piliers du Temple   -   la magie de l’étoile   -    les étoiles impérissables   -   la présence de l’Orient éternel   -   la force, nourriture du feu de l’étoile   -   l’étoile, compagnon du Verbe    -   la joie du chemin    -   L’étoile flamboyante est-elle la forme secrète d’un outil ?    -   l’étoile est-elle un but inaccessible ?   -   l’étoile, origine et terme du chemin   -   communier avec la lumière de l’étoile   -   les deux chemins de l’étoile    -   l’étoile flamboyante est-elle de même nature que les autres étoiles du temple ?   -     l’étoile flamboyante est-elle l’expression du Grand Œuvre alchimique ?    -   la résurrection alchimique du Maître   -   l’étoile, clé géométrique de la régénération   -   l’étoile flamboyante naît-elle de la pierre ou la pierre naît-elle de l’étoile flamboyante ?   -   appréhender l’origine      -

 

« Sur le chemin de l’étoile est la quête
De celui qui cherche l’illumination.
Au-delà des êtres et des nations,
A la recherche de la parole perdue,
Aux ténèbres de l’esprit voilé
La lumière de l’Etoile Flamboyante
Guide et illumine l’âme vaillante
Et indique au pèlerin la direction secrète.

Entre le ciel et la terre, entre l’esprit et la matière,
Sur la voie de l’illumination mystique,
Selon les rites de l’initiation antique,
Tracée entre l’équerre et le compas,
La lumière de l’étoile  donne les pas.

Ainsi est l’homme entre les Ténèbres et la Lumière.

Au centre est le divin principe
Au fond du cœur de l’initié,
Dans l’amour il est fortifié.

Car dans le pentagramme élancé
La dimension de l’homme est tracée.

Elle guide le compagnon et elle l’émancipe »

 

LE  VÉNÉRABLE MAÎTRE -  Fonction,    Devoir    et    symbolique  -   N°  33  -

JEAN     DELAPORTE

Edition LA  MAISON  DE  VIE

 2009

Siégeant à l’orient de la loge, le Vénérable Maître est chargé de la diriger et de l’orienter vers la lumière. Héritage de la tradition initiatique des bâtisseurs, la fonction Vénérable rassemble en son sein toutes les fonctions créatrices utilisées lors de la construction du Temple.


Expert en l’Art royal, initiateur par excellence, rendu rituellement apte à manier le feu de l’orient, lié au pilier Sagesse, le Vénérable Maître dispose d’une vêture spécifique et de symboles particuliers.


Que signifie cette fonction, comment est formé un Vénérable Maître, vit-il une initiation propre à sa charge, par qui et comment est-il élu ? En tentant d’approcher les mystères et la symbolique de la fonction Vénérable, cet ouvrage souligne son importance vitale tant pour la loge que pour l’initiation.


Y est expliqué :
La signification de Vénérable Maître, l’Orient, le chiffre trois, la lumière, le feu, la pierre primordiale, l’Art royal, bâtir le Temple, la fraternité initiatique, la barque de lumière, la lutte contre les ténèbres, la sacralisation, le pilier Sagesse, la vêture, l’épée flamboyante, le maillet, etc.

 

le voyage

J.P. laurant

Edition LEBAUD

 1995

Le voyage est une rupture qui permet à l’homme d’échapper au destin de son quotidien. Le lointain d’autrefois est aujourd’hui accessible en quelques heures d’avion et l’image du danger d’une traversée en mer est effacée par le confort des paquebots. Et pourtant, l’invitation au voyage n’a jamais été aussi vive. Le voyageur moderne recherche, comme le premier des croisés, le mystère des terres inconnues, le souffle des grands espaces, et le merveilleux d’une cité enfin idéale.


Adaptés aux techniques modernes, les symboles associés au voyage n’ont rien perdu de leur vitalité. New York porte l’écho de Babylone, la croisière en Méditerranée veut figurer l’Odyssée, et le Télémaque du XXème siècle à l’attitude et les gestes éternels du voyageur : l’appel, le départ, le passage, la rencontre, le guide, le retour et le souvenir du si beau voyage…

 

L’initiation est un voyage voire même plusieurs mais c’est un voyage sans retour car ce que nous allons découvrir est sans commune mesure et pourtant ce que nous allons découvrir était déjà en nous, secrètement enfoui…Nous sommes des nomades parcourant la vie …

 

 

Parce qu’on les associe à l’aventure les voyages ont toujours inspiré la plume des écrivains et fasciné les hommes avides d’aller à la découverte pour mieux connaître cette terre si belle sur laquelle nous avons le privilège de séjourner. Qui n’a pas rêvé un jour de visiter tel ou tel pays, d’approcher telle ou telle civilisation ayant laissé son empreinte indélébile qui le long d’un fleuve, qui dans la forêt tropicale, qui sur les hauteurs vertigineuses d’une chaîne de montagne ou encore sur une île perdue au milieu de l’océan. C’est la curiosité de la découverte, le besoin de dépaysement, parfois aussi la recherche de contacts humains qui justifient les voyages.

 

Les poètes, eux, ont vu la possibilité d’utiliser le voyage pour échapper momentanément au réel, pour se mouvoir sans  se déplacer en laissant à l’esprit et à l’imagination le soin de pérégriner dans les pays du rêve et de l’imaginaire. Louis-Ferdinand Céline écrit : « Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Et puis tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie. » Je cite maintenant Guy de Maupassant : « Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. » Et c’est ainsi que le lecteur voyage en lisant, le cinéphile en allant au cinéma et l’amateur de photos ou de peinture en allant voir une exposition.

 

Arrêtons-nous maintenant sur le voyage initiatique en prenant quelques exemples non exhaustifs tirés de la mythologie, de l’Histoire ou de la religion et qui, tous, revêtent une importante signification symbolique : Voici Bouddha puis Jésus qui parcourent leur pays. Fuyant l’Egypte, Moïse emmène son peuple dans  une longue marche vers la Terre promise

 

On peut multiplier les exemples à l’envi, mais une chose est certaine : il n’y a pas de héros sédentaires. Plus près de nous nous connaissons les périples des Compagnons du Tour de France et, dans la Franc-Maçonnerie, les voyages des Apprentis, des Compagnons et des Maîtres. Le voyage initiatique est une expérience fondamentale pour l’Homme : il est même une nécessité, l’outil de son émancipation et l’occasion de découvrir d’autres aspects de sa personnalité. Mais ce voyage est également une épreuve car il présuppose une confrontation avec soi-même et l’on sait que cet exercice est éminemment difficile. Le vrai voyage est toujours un voyage intérieur, une plongée dans notre être profond sur lequel nous allons poser un regard neuf. Et ce regard correspond à une réelle découverte car il participe du « Connais-toi toi-même » prôné par Socrate. En ce sens il est le premier pas vers la connaissance, celle de soi, puis celle des autres.

 

Nous l’avons vu, le voyage est un outil de connaissance, mais aussi de liberté. Pour le présenter de façon imagée disons qu’il est à la fois marche et cheminement, errance parfois, mais aussi et surtout une quête, celle de notre réalité, de notre vérité. Au commencement le chemin est rocailleux puis, petit à petit les aspérités s’aplanissent. Au fur et à mesure de notre progression nous parvenons à nous affranchir de multiples contingences, bref, à nous libérer. Comme la vie, la mort est aussi un voyage. Voilà matière à plus ample réflexion.

 

Peut-être le voyage est-il non seulement l’image de la longue histoire nomade de l’humanité (rappelons-nous Adam chassé du Jardin d’Eden et les Hommes dispersés après la chute de la Tour de Babel) mais encore le symbole de la marche de l’Humanité vers le progrès, vers la connaissance et vers cette sagesse que les éternels voyageurs  que nous sommes savent ne jamais pouvoir atteindre.

 

On y trouve :

 

le rêve, les gardiens du seuil, l’épreuve du temps, les combats, la carte, le guide divin, la perle, et les souvenirs du voyage.

 

LEXIQUE DES SYMBOLES MAÇONNIQUES

Roger Dachez et Alain Bauer

Edition PUF

 2014

La Franc-maçonnerie offre à ses membres un univers de signes, de figures, d’objets ou de mots, tous dotés d’un sens moral ou spirituel. Tout ou presque, est signifiant dans une loge maçonnique, qu’il s’agisse de sa décoration, de son agencement ou de son rituel ; il en va de même pour les ornements dont se parent les francs-maçons ou pour les termes utilisés pendant les cérémonies.

La plupart de ces symboles ne sont pas pour autant spécifiques à la maçonnerie car, si certains proviennent du métier de maçon (ciseau, maillet, niveau…), d’autres sont astronomiques (soleil et lune), alchimiques (sel, mercure), bibliques (temple de Salomon), voire à caractère universel comme le triangle ou le cercle, mais aussi hermétiques (table d’émeraude).

D’Abeille à voûte, du nombre quinze à la houppe dentelée, ce lexique est une invitation à découvrir plus de 200 symboles en usage dans la Franc-maçonnerie et à les replacer dans leur histoire, leur contexte et leurs différents niveaux.

Les auteurs nous expliquent les symboles suivants :

Abeille - acacia - accolade - baiser fraternel - agapes - âge symbolique - agenouilloir - agneau triomphant - aigle - air - éléments - alchimie - alliance - anneau - alphabet - ancre - anneau - arc et arche - arc en ciel - arche d’alliance - arche de Noé - attouchements - Babel - bague - balance - balustre - bandeau - bannière - batterie - baudrier - piliers - beauté - Bible - volume de la loi sacrée - bijou - blé - loges bleues - Boaz - signe du bon pasteur - boulier - bouclier - cabinet de réflexion - calendrier maçonnique - corde - calice - canon - centre - cercle - chaine et chaine d’union - chambre du milieu - chandeliers - chapeau - charte et patente - vertus - cinq - ciseau - clé - cœur - collier et sautoir - colonne brisée - compas - composite - coq - corinthien - dorique - ionique - corne d’abondance - les couleurs symboliques - crane - coupe d’amertume - crayon - croix - crypte - décors - delta lumineux - triangle - Deus Meumque jus - dévidoir - diplôme - dormant - douze - drap mortuaire - eau, feu, terre, air - égalité - échelle - épée - équerre - escalier en forme de vis - espérance - étendard - bannière - étoile de David - étoile flamboyante - faux - fil à plomb - perpendiculaire - flambeaux - fleurs - foi - force - gants - GADLU - glaive - hache - hexagramme - houppe dentelée - huile - INRI - Jakin - justice - lacs d’amour - légende d’Hiram - la lettre G - levier - loge - louve et louveteau - lion - lumière - lune et soleil - lys - maillet - manteau - marches - Marianne - marque - mercure - métaux - miroir - toscan - neuf - niveau - nombres - serments - orient - ornements - pain - pavé mosaïque - pélican - pentagramme - phénix - pierres - parole perdue - planches - poignard - pot de manne - prudence - quinze - règle - robe et manteau - rose - ruche - sablier - sceau de Salomon - secret - sagesse et sautoir - sel - sept - serment - signes - soufre - squelette - tablier - tapis - tau - tempérance - temple - triangle - trois - tronc de la veuve - truelle - vitriol - vertus - vin - virolet et dévidoir - voile - volume de la loi sacrée - voûte - voyages -

 

l’humilitÉ

C. LAMARCHE – VADEL

Edition AUTREMENT

 1992

Aux antipodes du monde occidental  contemporain, des stéréotypes du « star-système », l’humilité développe une pensée paradoxale, propose une autre échelle de valeurs, une autre mesure des choses ; ainsi l’image augustinienne des « sommets de l’humilité ».Cette élévation-là, est le résultat d’un travail de creusement, d’approfondissement, de terrassement ; par là on rejoint l’étymologie : « humus » terre. Comme la hauteur de la montagne se mesure à la profondeur de la vallée, l’altitude de l’âme, l’abîme la révèle ; ici se rencontrent la pensée mystique et la parole poétique, ce croisement étant au cœur de cet ouvrage.

 

Traiter l’une des vertus les plus contestées implique d’oublier la chape moralisante qui a pesé sur l’humilité pour redécouvrir sa puissance critique.

 

La fausse humilité de la stigmatisation de soi, de la minimisation, voire de l’avilissement de soi-même, a souvent recouvert l’autre, quelquefois appelée : grâce, don, vision, révélation. Au fil des textes, le philosophe, le poète, le marcheur et l’artiste, tracent la ligne imperceptible où l’insignifiant et l’essentiel se rejoignent, s’écartent en permanence, essayant de trouver l’équilibre.

 

Si l’humilité consiste à résister à la pression, que l’on devine puissante, de l’orgueil, elle demande nécessairement un effort. Et comme tout effort, elle a besoin d’une justification : après tout, si l’illusion d’un ego surdimensionné fait partie de ma nature fondamentale, et tant qu’elle reste dans les limites du raisonnable, pourquoi chercher à la faire disparaître, à supposer que cela soit possible ?

 

On peut distinguer au moins deux raisons qui pourraient nous motiver à fournir cet effort :

La première raison est éthique et renvoie à ce qu’on a pu appeler « l’amour de la vérité ».

Il est certes dans ma nature d’être aveugle sur la place réelle que j’occupe dans le monde, mais il est tout autant dans ma nature, quand j’ai pris conscience d’une illusion, d’essayer de m’en libérer. A moins d’être spirituellement mort, personne ne peut se satisfaire de vivre sciemment dans la fausseté sans chercher à en sortir ; notre nature profonde est donc de rechercher la vérité, quelle qu’elle soit, même quand elle est désagréable à notre ego. Puisque l’orgueil est mensonge et illusion, il est de notre devoir éthique de travailler pour être plus humble, de façon à sortir de ce mensonge et nous rapprocher de la vérité de ce que nous sommes.

 

La seconde est d’ordre psychologique, car l’orgueil est, si on y réfléchit bien, à la source de la plus grande partie de nos souffrances psychiques. Le problème de l’orgueil, on l’a vu, c’est qu’il nous pousse à maintenir sur nous-même une illusion qui ne correspond pas à la réalité et qui donc est perpétuellement battue en brèche par la réalité. Constamment, la vie vient nous rappeler douloureusement que nous ne sommes ni le centre, ni le sommet de l’univers. Et tout aussi constamment, nous cherchons à construire des stratégies qui nous permettent de dénier cette évidence. Notre ego illusoire est comme un bateau trop gros qui prendrait l’eau de tous les côtés, et nous dépensons une énergie démesurée pour essayer de colmater les brèches pour maintenir coûte que coûte l’illusion.

 

Par opposition à l’orgueil, l’humilité nous permet de redevenir nous-même et donc de coïncider, enfin, avec la réalité. Elle nous permet de cesser l’agitation vaine et inutile de l’ego pour retrouver une forme de stabilité : en étant humble, je sais que je ne suis presque rien, mais ce presque rien a les pieds posés sur le sol solide de la réalité. Ainsi, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’humilité est une force, elle est source d’assurance, de dynamisme et de confiance en soi.

 

Au sommaire de cet ouvrage, voici les intervenants et leurs sujets :

 

Bernard Collin : Homélie

Charles Mopsik : Sagesse excentrique

Jean-louis Chrétien : Une liberté paradoxale

André Comte-Sponville : Une lucidité sur soi

Jean Bollack : L’éclatement de la cité

Jean Monod : Terres plurielles

Herbert Thomas : Néant et vivant objectifs : les sciences de la terre

Régine Azria : Les vicissitudes d’une vertu

Gaetane Lamarche-Vadel : L’écueil

Anne de Staël : Une tenue dans l’éboulis

Pierre L. : Divagations

Pierre Lartigue : La revanche de l’imperceptible

Daniel Dobbels : La seconde mort de Socrate

Ramon Aguilella-Cueco : Sur le long chemin du compost  

 

LIBRE ET DE BONNE MŒURS  –  Les grandes étapes de l’Initiation maçonnique  -      N°  57   

Gaëlle Charpentier

Edition Maison de Vie

 2013

Condition indispensable pour accéder aux mystères de la Franc-maçonnerie : « Etre libre et de bonnes mœurs ». Phrase énigmatique qui mérite d’être décryptée afin d’entrer sur un chemin dont ce livre précise des étapes majeures : vivre en fonction du devoir de liberté, affronter des épreuves, connaitre la lumière, découvrir le cœur d’une loge, percevoir le sens de la création avec l’espoir de bâtir un monde où, lorsque l’esprit règne, selon le Frère Montesquieu, il n’est besoin de lois.

La liberté : la liberté est tout d’abord celle du choix. A ce titre, elle est une puissance qui a guidé l’être jusqu’à la porte du Temple. Maître Eckhart en parle ainsi : «  Il est dans l’âme une puissance, qui n’est liée, ni au temps, ni à la chair, qui émane de l’esprit, reste dans l’esprit, et, est absolument spirituelle, cette puissance est la liberté ».

Le sens de la liberté nait en l’être lorsqu’il choisit de ne plus subir sa vie et de s’affranchir de ses conditionnements en s’engageant sur un chemin d’éveil et de conscience. C’est cette liberté de choix spirituel qui est reconnue à la porte du Temple.

Mais « la fine pointe de l’âme », comme la nomme Maître Eckhart, libre par son origine céleste, a besoin d’être dégagée de la matérialité et de l’ignorance. Elle a besoin d’être révélée, à travers des actes de nature à s’inscrire dans la vie du Temple, il en est de même pour des « bonnes mœurs ».

Le sens de l’éthique, constaté lors des enquêtes et de l’épreuve sous le bandeau ou à travers les garantis de son parrain, se confirme à travers une certaine manière de se conduire dans le Temple.

Le mot grec ethikos, signifiant éthique a aussi pour sens « qui concerne les mœurs », et peut également se traduire par « la conduite, la manière de penser et d’agir ». Les bonnes mœurs traduisent donc une certaine conduite afin que le travail s’effectuant en loge, soit mené à bon terme et en toute fraternité pour le bien de tous.

Cette conduite, induit, entre autre, la bienveillance et le respect pour son frère. Liberté et bonne mœurs sont, à la fois, un « sésame » permettant de franchir le seuil du Temple et une conquête à entreprendre pour que tout le chemin, à l’intérieur du Temple soit cohérent et efficient.

Au sommaire de cet ouvrage :

1 – L’initiation : Libre et de bonnes mœurs - Pratique des arts libéraux et libération - L’affranchissement par le métier - La vie du chantier et les bonnes mœurs -

2 – Suivre le chemin initiatique : « Fais ce que dois, advienne que pourra » - La dette envers les dieux -Le devoir, une nécessité cosmique - Le Devoir est indissociable du métier bien fait - Advienne que pourra -

3 – Les épreuves initiatiques : « Il faut de grandes épreuves pour faire de grands initiés » - Les épreuves de la vie et les épreuves rituelles - Cohérence et combats individuels - Les grands initiés -

4 – Découvrir la lumière : « D’où viens-tu ? Des crevasses où réside l’or… » - L’or - la lumière - la Parole -

5 – La qualité d’initié : « Es-tu initié ? Mes frères me reconnaissent comme tel » - Qui interroge - Au commencement - Reconnaissance -

6 – Vaincre la mort : « Un homme qui ne craint ni la nuit, ni la mort sera initié » - La traversée des ténèbres - Pamina et l’incarnation de la voie initiatique - La puissance de vision d’un Vénérable -

7 – Au cœur de la loge : « Qu’est-ce qu’une loge juste et parfaite ? Le centre d’un cœur fidèle » - La loge, corps des initiés - Cœur et perfection - Perfection de l’œuvre et union des cœurs -

8 – Le sens de la Création : « Pour créer, il faut rester dans l’idée » - l‘idée ou l’invisible essence des choses sensibles - Tracer le plan d’œuvre - Rester dans l’idée -

9 – La formulation initiatique : « Dieu écrit droit avec des courbes » - L’œuvre du Grand Architecte de l’Univers, une œuvre écrite - La Création, fruit de la géométrie divine - Que signifie, écrire droit avec des courbes ? - Respecter le jeu du vivant -

10 – La recherche initiatique « Le vrai chercheur, celui qui avait le désir de trouver, ne devait embrasser aucune doctrine… » - Le centre et le cœur - Connaître - Le voyage - S’élever vers une pensée libre -

11 – Vivre une spiritualité initiatique : « Quand l’esprit règne, point n’est besoin de lois » - La Loi et le règne de l’esprit - La Loi et les lois - Le règne de l’esprit et les fonctions de création - La loyauté - La liberté -

 

loge  maçonnique, loge symbolique ?      -    N°  14  -

C. vernon

Edition MAISON DE VIE

 2005

Qu’est-ce qu’une Loge maçonnique qui pratique l’initiation, sur quelle Tradition se fonde-t-elle, de quel mythe s’inspire-t-elle, quels rituels vit-elle ?


Sur le chemin des symboles, une Loge initiatique s’attache à des valeurs fondamentales, comme l’intelligence du cœur, la Fraternité et la Sécurité, le sens de la liberté ou la lucidité, sans oublier l’humour et la joie de vivre une expérience incomparable.


Ce témoignage permet de mieux connaître et de mieux comprendre le fonctionnement d’une Loge initiatique, le choix de ses travaux et son désir d’accomplir « l’Art royal », voie de Connaissance.


Quelques valeurs sont développées : le respect, la solidarité, la hiérarchie, la liberté, la responsabilité spirituelle, la parole, la volonté, la lucidité, l’humour, l’humilité, la fidélité et la joie.

 

L’origine des rites et symboles maçonniques

Guy TREVOUX

Edition du  ROCHER

 2002

Le secret qui entoure les rites et les symboles maçonniques n’a pas favorisé la découverte de leurs origines réelles.

Si les références au compagnonnage sont nombreuses, la littérature maçonnique se contente ordinairement d’allusions plus ou moins claires aux mystères grecs, à la magie égyptienne, et finalement au chantier du roi Salomon.

Cette recherche propose de remonter plus loin, en reconstituant notamment dans le cadre de la religion des prêtres dactyles, ancêtres des druides. Cette tradition très secrète mais d’une grande fécondité –elle a notamment favorisé la création de l’alphabet phénicien- apporte de troublants éclairages sur le développement ultérieur de la franc-maçonnerie.

Certains rites remontent à des sources protohistoriques si anciennes que la franc-maçonnerie les partage avec diverses religions ; ce véritable tronc commun de la foi replace ainsi les symboles et les rites maçonniques dans un éclairage plus large qui lui restitue une signification aujourd’hui occultée.

Cet ouvrage assez original, invite à une passionnante exploration des origines les plus lointaines de la tradition maçonnique, il s’adresse aux lecteurs aussi bien férus de franc-maçonnerie que ceux qui sont passionnés par l’histoire des mythes et des religions.

Au sommaire de cet ouvrage :

Une loge de saint Jean   -   un exemple d’identification à la nature : les déambulations de Pâque   -   les rites de purification par les quatre éléments : terre, eau, air et feu   -    la coupe sacrée et les boissons   -   la carré long ou pavé mosaïque   -     Triskell et swastika    -     le nombre cinq chez les dactyles et les Pandava   -   le cinq et les doigts   -   le nombre cinq et la géométrie   -     construction d’un polygone à cinq cotés égaux   -    le nombre d’or   -    rapport entre le nombre cinq et le nombre d’or     -  passage de l’alphabet des arbres à l’alphabet phénicien   -   histoire de l’invention de l’alphabet   -   l’alphabet phénicien   -     les lettres constellations de l’Alf-bet   -    une version cunéiforme de l’alphabet phénicien : l’alphabet ougaritique     -     les colonnes du temple   -   Les châtiments     -   Hiram et sa légende   -  

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